En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
24e séance – après-midi
CPSD/653

Quatrième Commission: le Commissaire général de l’UNRWA avertit que ses programmes risquent d’être réduits d’ici deux semaines, faute de fonds

La Quatrième Commission s’est penchée, cet après-midi, sur la situation de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l’occasion pour les délégations de se préoccuper de la situation financière de cette structure qui vient en aide à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens dans le monde, mais dont certains programmes risquent d’être suspendus d’ici deux semaines si des fonds supplémentaires ne sont pas mobilisés.

Devant la Commission, le Commissaire général de l’UNRWA a notamment indiqué que l’Office connaît actuellement un déficit budgétaire de 77 millions de dollars. Précisant que cette somme représente le montant nécessaire pour maintenir les activités de l’UNRWA sur le terrain d’ici à la fin de l’année, Pierre Krähenbühl a averti qu’à moins de combler rapidement ce manque, il se verra obliger, dans moins de deux semaines, de prendre des décisions urgentes sur les programmes qui doivent être suspendus.

« À un moment de grande instabilité au Moyen-Orient, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’incertitude programmatique et financière pour l’UNRWA », a affirmé le Commissaire général.

M. Krähenbühl a présenté des pistes pour surmonter cette situation, dont la création d’un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et d’un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, suggérant par ailleurs aux États Membres de passer des accords pluriannuels avec l’UNRWA pour lui permettre de bénéficier d’un financement pérenne.

Il a aussi fait état des réformes en cours, « sans lesquelles les besoins financiers auraient été de 81 millions de dollars plus élevés ».  Il a cité en exemple le remplacement de la distribution de nourriture en vrac par un système de e-cartes et de coupons en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie depuis le printemps 2016.

Principal contributeur à l’UNRWA, le représentant de l’Union européenne a estimé que plus d’efforts doivent encore être réalisés en urgence pour réduire les coûts et donner la priorité à la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens les plus vulnérables, défendant notamment une approche plus opérationnelle et une meilleure planification financière.

De son côté, la représentante de la Palestine a dénoncé le blocage « par une délégation » du projet de résolution L.79, qui prévoit notamment le financement des opérations essentielles de l’Office sur le budget ordinaire de l’ONU au lieu de contributions volontaires, comme c’est le cas actuellement.  

« Si nous pouvions améliorer la stabilité financière, cela pourrait créer moins d’angoisse, en particulier pour les réfugiés palestiniens », a martelé le Commissaire général en ajoutant que « la solution idéale serait de trouver une solution politique qui résoudrait leur situation » et en partageant l’espoir suscité par la récente visite à Gaza du Premier Ministre Hamdallah et du cabinet palestinien.

Car la situation dans les camps de réfugiés reste extrêmement difficile, le Commissaire rapportant que « les forces de sécurité israéliennes opèrent en moyenne deux incursions par jour » et citant l’exemple du camp de Aida, à Bethléem, où les réfugiés « sont davantage exposés au gaz lacrymogène que n’importe quelle autre population étudiée dans le monde », et bien sûr la situation dans la bande de Gaza où un blocus est imposé depuis 10 ans.

M. Krähenbühl a aussi évoqué la situation au Liban, mais surtout en Syrie, où la guerre a fait voler en éclats une communauté palestinienne autrefois très soudée et a provoqué la fuite de 120 000 de ses membres, « le deuxième déplacement le plus massif de réfugiés palestiniens depuis 1948 ».  Les 440 000 Palestiniens qui se trouvent toujours en Syrie dépendent à 95% de l’UNRWA pour survivre, a-t-il souligné.

De son côté, l’observatrice de l’État de Palestine a confirmé que « le découragement et le désespoir sont généralisés parmi nos réfugiés d’aujourd’hui » en raison d’« une réalité difficile et de l’absence de perspectives pour une solution juste et durable ».  Toutefois, elle s’est félicitée de la contribution positive des services éducatifs, sociaux, de santé, de secours et des programmes de protection et de développement humain que leur apporte l’UNRWA, qui reste, pour sa délégation, « un pilier de la stabilité régionale ».

Sur le plan des défis, M. Krähenbühl a déploré la mort, depuis 2010, de 30 collègues palestiniens dans les violences en Syrie et à Gaza et a aussi attiré l’attention sur la neutralité, soulignant qu’elle est essentielle pour préserver la confiance dont jouissent l’UNRWA et le personnel.  Une question sur laquelle a longuement insisté, au cours du dialogue interactif, la représentante d’Israël qui est revenue sur le cas de deux membres du personnel de l’UNRWA qui ont été élus à des positions au sein du Hamas, ainsi que sur la découverte, sous une école de l’Office, de tunnels qui avaient été creusés par le Hamas.  La déléguée israélienne a remis en cause l’impartialité du rapport du Secrétaire général et de l’UNRWA, l’Office n’ayant pas, selon elle, spécifiquement condamné le Hamas dans le communiqué publié suite à la découverte d’un second tunnel.  À cela, le Commissaire général a affirmé que toute déclaration à la presse devait prendre en considération tous les acteurs et qu’il ne voulait pas créer d’équivalence entre eux.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux lundi 6 novembre, à partir de 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (A/72/13/REV.1, A/72/313, A/72/326, A/72/332 ET A/72/334)

Déclaration liminaire du Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a déclaré que 2017 avait été une année spéciale pour l’UNRWA, marquée par une mobilisation diplomatique et politique qui a permis de franchir des étapes cruciales.  Il a particulièrement mis en évidence le travail de consultation impulsé par le Secrétaire général.  « Inédites dans leur portée et leur impact, ces consultations ont approfondi les engagements non seulement avec les partenaires proches et les membres de la Commission consultative de l’UNRWA, mais aussi avec les États Membres qui nous ont manifesté une solidarité inflexible lors de l’Assemblée générale », s’est-il notamment félicité.

Le Commissaire général a ensuite indiqué que les réfugiés palestiniens se trouvent actuellement dans une conjoncture véritablement difficile, ajoutant que 2017 marque le cinquantième anniversaire de l’occupation israélienne et la septième année du conflit syrien.  Il a rapporté que les forces de sécurité israéliennes opèrent en moyenne deux incursions par jour dans les camps de réfugiés, citant aussi une étude qui indique que les habitants du camp de Aida, à Bethléem, sont davantage exposés au gaz lacrymogène que n’importe quelle autre population étudiée dans le monde.  « Quand des mères palestiniennes sont forcées d’enfermer leurs enfants dans des placards pendant que ces gaz saturent leur abri, c’est que la situation est allée trop loin », s’est indigné M. Krähenbühl.

Il a aussi parlé de la situation dans la bande de Gaza, qui après 10 ans de blocus, connaît le plus haut taux de chômage au monde, et où l’eau et l’électricité sont rares, les enfants obligés de prendre leur bain dans de l’eau contaminée ou d’étudier à la lueur de la bougie.  Sur les deux millions de personnes qui vivent à Gaza, dont 1,3 million de réfugiés, seul un petit nombre est autorisé à sortir.  M. Krähenbühl a évoqué la situation de personnes atteintes du cancer qui ne peuvent avoir accès à un traitement médical à l’extérieur, et ce, alors que le système médical à Gaza est détruit et ne peut se rétablir en raison du blocus.  Il a averti en outre qu’une crise de santé mentale endémique signifie que les choses vont empirer. 

Poursuivant, il a indiqué que le cataclysme qui ravage la Syrie depuis 2011 a fait voler en éclats une communauté palestinienne autrefois très soudée.  Yarmouk a été dévastée par cinq ans de guerre urbaine et la plupart des réfugiés ont fui, bien que plusieurs milliers de palestiniens soient restés, incapables de se déraciner.  En tout, 120 000 d’entre eux ont quitté le pays, victimes du deuxième déplacement le plus massif de réfugiés palestiniens depuis 1948.  Pour les 440 000 Palestiniens qui se trouvent toujours en Syrie, la vie est précaire et ils dépendent à 95% de l’UNRWA pour survivre.  Il a aussi regretté qu’au Liban, les réfugiés palestiniens soient exclus de toute opportunité sociale et économique en dehors des camps, notant qu’ils souffrent d’un des taux de pauvreté les plus élevés de la région, et vivent dans des camps surpeuplés, où la criminalité est en hausse et où les luttes de faction affectent la vie des familles.

Dans ce contexte, M. Krähenbühl s’est félicité du processus de dialogue entre les parties palestiniennes.  Il a indiqué qu’il se trouvait à Gaza lorsque le Premier Ministre Hamdallah et le Cabinet palestinien ont fait leur importante visite, témoignant de l’espoir qu’elle avait suscité.  Rien n’est plus important que de recréer un horizon politique, a insisté le Commissaire, pour qui « seul un processus politique global pourra ramener la paix dans la région ».

Malgré ce contexte plein d’épreuves, M. Krähenbühl a fait part des résultats positifs des opérations menées par l’UNRWA: 515 000 enfants enrôlés dans le système éducatif de base, tandis que le respect de la parité dans les 700 écoles permet aux fillettes réfugiées d’exceller.  Par ailleurs, le système de soins de santé de l’UNRWA s’est réinventé ces cinq dernières années, en intégrant le concept de médecin de famille, en mettant fin à la pratique de prescrire massivement des antibiotiques, et en intégrant les soins de santé physique et mentaux, en commençant par Gaza.  L’UNRWA a également aidé 85 000 familles à reconstruire leurs maisons endommagées ou détruites durant les hostilités de l’été 2014.

Poursuivant, le Commissaire général a indiqué que l’UNRWA avait mis en œuvre les plus difficiles des réformes inscrites dans la stratégie à moyen terme 2016-2021, soulignant qu’elles étaient impératives en dépit des risques politiques et de réputation élevés.  Il a donné l’exemple de la transition de la distribution de nourriture en vrac vers un système de e-carte et de coupons en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie depuis le printemps 2016.  Cette nouvelle approche stimule l’économie locale, y compris dans les camps de réfugiés, et la dignité qu’elle procure est évidente.  Au Liban, l’UNRWA a ajusté sa subvention à l’hospitalisation pour assurer une meilleure cohérence et couverture pour les réfugiés les plus vulnérables.  Le Commissaire a aussi abordé les changements au programme de microfinance, qui visent à étendre le nombre et le type de prêts, et à les rendre accessibles à plus de candidats, dont les petits propriétaires d’entreprise. L’approvisionnement médical a aussi été revu en 2016, et les économies significatives ont permis de fournir les cliniques en statine qui permettent de traiter les maladies cardiaques, une des principales causes de décès parmi les réfugiés palestiniens.  Sans ces réformes introduites en 2015 et 2016, les besoins financiers auraient été de 81 millions de dollars plus élevés, a-t-il indiqué.

Sur le plan des défis, M. Krähenbühl a déploré la mort, depuis 2010, de 30 collègues palestiniens dans les violences en Syrie et à Gaza.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que le personnel palestinien est exclu du système de gestion sécuritaire des Nations Unies, indiquant qu’un département de la gestion du risque est en train d’être mis en place.  Il a précisé que cette nouvelle approche sécuritaire avait été testée pendant la dernière étape du siège d’Alep, où l’UNRWA a maintenu du personnel et des services après que toutes les autres agences des Nations Unies aient été relocalisées ailleurs.

Pour M. Krähenbühl, un des autres défis auxquels fait face l’UNRWA est la neutralité, qui est essentielle pour préserver la confiance dont jouissent l’Agence et le personnel.  Des politiques et des protocoles permettent de prévenir, surveiller, détecter et répondre aux abus lorsqu’ils arrivent, a-t-il indiqué, précisant que l’UNRWA avait dû gérer deux cas importants cette année.  D’abord, une enquête interne avait révélé que deux membres du personnel avaient été élus à des positions au sein du Hamas.  Ces personnes ont été licenciées, des actions prises rapidement et de manière décisive, a indiqué le Commissaire général.  Ensuite, des tunnels ont été découverts sous deux écoles de l’UNRWA.  « Ils ont été scellés et nous avons condamné sans réserve le Hamas dans une déclaration publique », a-t-il affirmé.

M. Krähenbühl est ensuite revenu sur la situation financière de l’UNRWA.  Il a indiqué que des progrès notables ont été réalisés dans le cadre de la création d’un fonds d’affectation spéciale de l’UNRWA au sein de la Banque mondiale et d’un « waqf » en soutien aux réfugiés palestiniens géré par la Banque islamique de développement.  Le Commissaire général a cependant regretté l’incapacité d’avoir accès à une plus large part du budget des Nations Unies, malgré le large soutien des États Membres.  Il a indiqué que l’UNRWA continuera de diversifier sa base de contributeurs volontaires, soulignant qu’elle doit refléter la diversité des membres de l’Assemblée générale.  L’UNRWA cherche également à nouer des partenariats avec des contributeurs publics et privés.

Le Commissaire général a ensuite indiqué que l’UNRWA fait face à un déficit budgétaire de 77 millions de dollars.  Précisant que cette somme représente le montant nécessaire pour maintenir les activités de l’UNRWA sur le terrain d’ici à la fin de l’année, il a averti qu’à moins de combler rapidement ce manque, il se verra obliger, dans moins de deux semaines, de prendre des décisions urgentes sur les programmes qui doivent être suspendus.  Les conséquences seront extrêmement sérieuses pour la région, a-t-il mis en garde.  « À un moment de grande instabilité au Moyen-Orient, la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’incertitude programmatique et financière pour l’UNRWA », a insisté le Commissaire général, qui a rappelé que les écoles et les cliniques de l’UNRWA apportent une des dynamiques de développement les plus réussies au Moyen-Orient.  « Nous sommes à nouveau à un point de rupture financière majeur.  J’appelle à une action collective urgente pour empêcher une crise majeure de se développer ».

Évoquant les propos d’un partenaire proche qui lui a affirmé récemment qu’il ne fallait pas tenir pour acquises les contributions financières versées à l’UNRWA, M. Krähenbühl a demandé en retour de ne pas prendre pour acquis le fait que des milliers de membres du personnel de l’UNRWA risquent leur vie, année après année, pour aider les réfugiés palestiniens, « dans des lieux aussi difficiles qu’Alep, Homs ou Dera’s, aussi ardus que Shatila ou Ein El Helweh, aussi tendus et complexes que Balata et Shu’afat, ou aussi critique que Khan Younis et Beit Hanoun ».

Dialogue interactif

Lors du débat interactif, la représentante de la Turquie a déploré les problèmes de budget récurrents auxquels fait face l’UNRWA.  Rappelant que le Secrétaire général avait recommandé la création d’un fonds d’affectation spéciale de la Banque mondiale et un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, elle a voulu savoir ce que les États pouvaient faire de plus pour que ces recommandations deviennent concrètes.

« Nous avons besoin de bailleurs de fonds qui nous soutiennent pour créer le fonds d’affectation et lancer l’engrenage », a répondu le Commissaire général de l’UNRWA qui a souligné qu’avec l’action de la Banque mondiale et la participation de partenaires il sera possible de passer à « des actions très concrètes ».  Il a notamment salué le soutien des pays qui accompagnent la création d’un fonds de dotation spéciale de la Banque islamique de développement, indiquant qu’elle participait à la pérennisation des ressources de l’UNRWA.

Prenant ensuite la parole, la représentante d’Israël a relevé que le rapport du Commissaire général  « ne faisait qu’une seule allusion au Hamas », et « néglige sa responsabilité pour la situation à Gaza ».  « On parle du Hamas comme une autorité de facto », a-t-elle déploré.  Mettant en cause la crédibilité du rapport, elle a signalé que le  Hamas a accéléré ses activité en stockant, en développant et en tirant des roquettes sur Israël, ils ont creusé des tunnels, mené des attentats. Dès lors, pourquoi n’y a-t-il aucune mention du contrôle de Hamas sur la bande de Gaza?

Elle a ensuite expliqué que son pays avait démontré à l’UNRWA que deux de ses membres avaient aussi été élus au Bureau politique du Hamas.  « Ces cas sont très graves et ils devraient être mentionnés dans votre rapport, il s’agit d’une violation du principe de neutralité et d’impartialité des Nations Unies », a-t-elle insisté.

La représentante est aussi revenue sur la découverte, après la publication du rapport, d’un tunnel creusé par le Hamas sous une école de l’UNRWA.  Tout en reconnaissant que l’URNWA a pris des mesures suite à cela, elle a souligné que cette situation est une menace pour les Palestiniens et pour Israël.  « Vous dites que vous avez condamné le Hamas pour ce tunnel, mais dans votre communiqué de presse, vous ne mentionnez pas le Hamas !», s’est-elle agacée.  Elle a encore déploré que le rapport ignore le fait que le Hamas « détourne régulièrement les ressources humanitaires destinées à la reconstruction de Gaza pour creuser des puits et des tunnels ».  « Les forces israéliennes ont détecté de nombreuses tentatives d’attaques, avec des saisies de matériels militaires », a-t-elle indiqué, citant par ailleurs un cas où des femmes palestiniennes auraient tenté de se rendre dans un hôpital israélien, vêtues de ceintures d’explosives.  « Cela remet en question la crédibilité du rapport et votre discours est partial », a critiqué la représentante.

Répondant à ces allégations, le Commissaire général de l’UNRWA a affirmé qu’il avait condamné de manière très claire les actes du Hamas, soulignant que l’Office opère dans un environnement délicat et doit formuler au mieux ses messages.  Parfois nous nous abstenons de condamner des actes de l’État d’Israël, nous faisons des concessions », a-t-il expliqué, ajoutant que l’UNRWA avait été explicite dans ses condamnations du Hamas et de ses tunnels et n’était pas responsable des actions de partis ou de mouvements politiques.  « Je crois avoir été limpide, nous n’hésitons pas à parler du Hamas et à condamner des actions qui menaceraient la population de Gaza », a-t-il encore indiqué.

À propos des deux personnels de l’UNRWA élus au Bureau politique du Hamas, le Commissaire a rappelé qu’il était « prêt à recevoir toute information qui montrerait des comportements inappropriés », précisant que l’UNRWA ne prendrait pas d’action « sur la base d’informations reçues de la part d’une seule partie au conflit ».  « Nous faisons notre enquête, indépendante et, nous l’avons prouvé, nous prenons des mesures: ces deux membres du personnel ne sont plus membres de l’UNRWA », a-t-il insisté.

Enfin, à propos des femmes qui tenteraient de passer des explosifs en profitant de visites dans des hôpitaux d’Israël, le Commissaire général a estimé que c’était « un exemple fascinant ayant trait à l’essence même du droit humanitaire qui, a-t-il rappelé, repose sur l’équilibre entre le paramètre de sécurité et l’obligation humanitaire de protéger des civils ».  « Toute la question est: arrivez-vous à équilibrer ces deux idées sans faire une punition collective? », a-t-il indiqué.

Tout en saluant les efforts menés par l’UNRWA dans le cadre de la stratégie 2016-2021 et pour assurer que l’accès aux services de base est louable, le représentant de l’Égypte s’est interrogé sur les moyens de surmonter les difficultés opérationnelles, réclamant aussi des précisions sur l’établissement de la nouvelle division de la protection.  Par ailleurs, quel est le taux d’alphabétisation des enfants réfugiés, comparé à d’autres pays au niveau de développement comparable?

Le représentant de l’Indonésie s’est préoccupé de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, pointant notamment à l’insécurité alimentaire, le taux de chômage extrêmement élevé et le manque d’accès aux traitements médicaux, demandant à connaître les moyens identifiés par l’UNRWA pour renverser la trajectoire actuelle et accélérer les efforts de reconstruction à Gaza.

La représentante de la Palestine a affirmé que face aux défis d’ordres financiers et sécuritaires, il était remarquable que l’UNRWA continue de s’acquitter de son programme humanitaire, se félicitant notamment des services d’enseignement fournis à 500 000 enfants réfugiés et des programmes de formation pour la jeunesse.  Elle a demandé aux bailleurs de fonds de renforcer les efforts dans cette voie, citant notamment les Jeux d’été, et ce « même si nous savons qu’il faut hiérarchiser les priorités ».

Répondant sur la stratégie à moyen terme, le Commissaire général de l’UNRWA a affirmé que le plus grand défi est de ne pas savoir d’où viendront les financements dans les deux semaines à venir.  « Va-t-on devoir fermer les systèmes scolaires? a-t-il lancé, faisant observer qu’une telle situation est l’antithèse de la planification.  « Tous les mois on se demande si on va résister à la prochaine crise de liquidités.  Être dans l’inconnu, ne pas savoir si nos programmes existeront dans 10 jours, c’est ça le plus grand défi. »  Il a indiqué que la communauté des réfugiés est extrêmement sensible à tout changement perçu car ils ne savent pas de quoi sera fait leur avenir.

Il a notamment parlé des changements en cours au Liban, où les réfugiés doivent contribuer au coût de leur couverture médicale alors que les soins secondaires étaient auparavant entièrement pris en charge à cause du taux de pauvreté.  Du point de vue des familles, cela n’a pas de sens car elles vivent dans la pauvreté et cela ne les rassure pas, aussi a-t-il fallu dialoguer pendant des mois.

 Sur le développement d’une division de la protection au sein de l’UNRWA, il a indiqué que, face à des victimes de conflits armés, on ne peut pas se limiter à fournir une assistance, il faut également renforcer l’élément de protection, ajoutant que comparée à d’autres organismes, cette dimension est encore très modeste.

Il a par ailleurs fait savoir que le taux d’alphabétisation des Palestiniens était universel, au-delà des 90%, un élément remarquable compte tenu de la situation, fruit de « l’investissement historique » des Palestiniens dans l’enseignement.

S’agissant des tendances de développement négatives à Gaza, il a pointé certaines mesures prises par l’Autorité palestinienne en matière d’approvisionnement en eau et en électricité pour la population de Gaza, précisant que dans la bande, « il y a un avant et un après » du fait du blocus.  Il a aussi fait savoir qu’en l’an 2000, l’UNRWA aidait 2 000 familles, aujourd’hui au-delà de 950 000 familles, car l’économie de Gaza a été pratiquement décimée.  Il a notamment cité l’exemple de commerçants qui ne peuvent plus exporter vers Israël alors qu’ils pouvaient le faire auparavant.

M. Krähenbühl a aussi attiré l’attention sur la prolifération des problèmes mentaux, avertissant que seule la volonté politique pourra résoudre cette situation qui risque fort de se détériorer, « ce qui n’est pas un investissement positif pour la sécurité régionale ni pour les personnes qui vivent à Gaza ».  Il a par ailleurs estimé possible d’agir davantage sur le plan de la jeunesse, surtout avec les parlements des jeunes, qui existent dans toutes les écoles.  « Quand les jeunes apprennent à se connaître les uns les autres, c’est très positif », a-t-il indiqué, précisant que 100 étudiants de la bande de Gaza et de la Cisjordanie avaient pu échanger avec d’autres.  Il a aussi indiqué qu’à Alep, des membres du parlement des jeunes passent beaucoup de temps à aider ceux qui ont décroché à cause de la guerre pour les remettre en selle.

Suite à une question, le représentant du Nicaragua a voulu savoir comment l’UNRWA pouvait participer à la réalisation des engagements du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, le Commissaire général a indiqué qu’il travaillait pour établir un lien entre la stratégie à moyen terme de l’UNRWA pour la période 2016-2021 et la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

 « Quelles sont les initiatives de l’UNRWA pour atténuer l’impact de la situation, notamment au Liban et en République arabe syrienne, quand la sécurité et la pauvreté sont la vie courante des réfugiés? », a demandé à son tour la représentante de la Malaisie.

Le Commissaire général a expliqué qu’avant le début du conflit en Syrie, les réfugiés palestiniens pouvaient couvrir leurs besoins de base car ils avaient accès à des emplois, et que le nombre de réfugiés dépendants de l’UNRWA était à l’époque assez bas.  Mais aujourd’hui, 95% des réfugiés de Palestine présents en Syrie dépendent de l’UNRWA, car ils ont tout perdu ».  « Le cas du Liban est particulier », a-t-il poursuivi, expliquant que les réfugiés de Palestine n’avaient pas accès à l’emploi, ce qui explique la pauvreté dans les camps.

La représentante du Bahreïn a alors voulu savoir comment l’UNRWA peut s’acquitter de son mandat face aux restrictions qu’il rencontre dans l’accès à certaines régions? « Y a-t-il des plans pour contourner ces restrictions? »

Le Commissaire général a reconnu qu’il était très difficile d’agir, notamment en Syrie où 440 000 réfugiés palestiniens vivent encore.  Il a toutefois fait observer que l’un des atouts de l’UNRWA est sa présence de longue date dans la région et son expérience réelle, avec 4 000 membres du personnel en Syrie.  « Voilà comment nous contournons la question des difficultés d’accès, par notre présence dans le temps qui nous permet de mieux gérer les temps de crise », a ajouté M. Krähenbühl.

Exprimant son « indignation face au blocus de la bande de Gaza », le représentant du Venezuela a voulu savoir dans quelle mesure l’UNRWA est-il lésé par cette « politique de punition collective? »  « Pouvez-vous nous donner des chiffres sur la situation collective et sociale dans la bande de Gaza et y a-t-il des conditions fixées par certains pays donateurs? » a-t-il ajouté.

Le Commissaire général a expliqué que, « comme en Syrie mais à une autre échelle », l’UNRWA tirait profit de son expérience, de la présence de 12 000 membres du personnel de l’UNRWA, d’écoles, de cliniques dans la bande de Gaza.  « Le problème est en période de conflit où les restrictions de circulation sont plus importantes, ou bien quand il y a des mesures prises par des parties qui limitent nos capacités », a-t-il expliqué, citant aussi l’exemple de la découverte des tunnels « qui compromettent la réputation de l’UNRWA ».  Pour le Commissaire, il y a « beaucoup de paramètres ».  « L’un des plus grands enjeux est l’entrée du matériel dans Gaza et nous avons mis en œuvre une procédure sérieuse avec l’Autorité palestinienne et Israël, qui nous permet de gérer cette question, mais cela implique des procédures et des coûts additionnels », a-t-il expliqué. 

Quant à la question des critères imposés par des pays donateurs, le Commissaire a indiqué que quand l’UNRWA avait eu besoin de 750 millions de dollars pour financer ses activités humanitaires, il y avait des dons non consacrés à des buts spécifiques, mais aussi des donations pour des projets types, ainsi que des appels éclairs.

Quel est votre pronostic pour l’année prochaine? a lancé à son tour le représentant de l’Équateur qui a aussi voulu savoir comment l’UNRWA allait surmonter sa situation financière complexe sans qu’il y ait d’incidences sur ces programmes.  Le représentant de la République islamique d’Iran a estimé pour sa part qu’il n’était pas possible de ne passer que par des contributions volontaires, trop imprévisibles.  Avez-vous fait des progrès à ce niveau?  La situation est-elle meilleure qu’il y a cinq ans?  Dans un monde parfait, avec des fonds venant de manière prévisible, pourriez-vous faire des économies? a demandé à son tour le représentant de l’Égypte, estimant que ceux qui demandent à l’UNRWA d’épargner de l’argent seraient bien avisés de s’assurer une plus grande prédictibilité.

Reprenant la parole, la représentante d’Israël a indiqué que l’UNRWA n’avait pas condamné le Hamas pour le deuxième tunnel.  Quelles sont les autres considérations qui vous font décider de ne pas condamner clairement cette organisation qui fait courir des risques à notre peuple et celui de Gaza?

Le Commissaire général a alors indiqué que l’UNRWA se trouvait dans la dernière étape de l’élaboration du budget.  « Il y a un déficit mais nous n’allons pas permettre qu’il augmente.  Nous allons tout faire pour enrayer les coûts, ce qui est difficile car les besoins augmentent.  Chaque année, il y a plus d’étudiants, donc il faut construire des écoles, on ne peut changer cela ».  Il a ensuite appelé les bailleurs à passer des accords pluriannuels pour garantir une plus grande stabilité financière.  « Pour nous, il n’est pas possible de dire qu’on aura 500 000 élèves dans nos écoles cette année, et 450 000 l’année prochaine. »

Il a noté que la diversité des contributions volontaires était plus grande dans les années 60, notamment en provenance d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique. Il a aussi indiqué qu’il n’y avait pas d’accord entre tous les États sur les contributions mises en recouvrement, ajoutant qu’elles ne suffiront pas pour couvrir les activités de l’UNRWA qui obtient 28 millions de dollars chaque année de cette façon.  C’est un montant modeste et nous aimerions que cela évolue, a-t-il indiqué.

M. Krähenbühl a souligné qu’il n’était pas possible que le budget d’une institution humanitaire soit toujours parfaitement prévisible.  « Si nous pouvions améliorer la stabilité cela pourrait créer moins d’angoisse en particulier pour les réfugiés.  Mais la solution idéale serait de trouver une situation politique qui résoudrait leur situation », a-t-il indiqué. Il a averti que les réserves opérationnelles de l’UNRWA étaient épuisées, évoquant « un problème stratégique énorme » et insistant sur l’importance, pour l’UNRWA, de disposer de réserves opérationnelles pour au moins pouvoir remplacer et protéger ce qu’il a.  Il a ensuite rappelé que plus de deux millions de Palestiniens ont obtenu des diplômes, et ce grâce aux États Membres qui ont contribué, et ont insisté sur la nécessité de poursuivre cet investissement dans l’intérêt de tous.

Répondant ensuite à Israël, le Commissaire général a précisé que toute déclaration à la presse devait prendre en considération tous les acteurs.  « Je ne veux pas créer d’équivalence entre les acteurs, ce n’est pas mon rôle de commenter. Le droit humanitaire a été établi pour que toutes les parties endossent des responsabilités, les obligations s’appliquent pour eux de manière similaire.  Il s’applique à vous, au Hamas, et lorsqu’on viole ces obligations, nous devons en faire mention.  J’ai notamment condamné les tirs de roquette, les tunnels créés par le Hamas.  Je n’hésiterai pas à mettre en exergue ce qui concerne Israël. Il ne s’agit pas d’une déclaration politique mais d’une déclaration sur la manière dont certains acteurs agissent vis-à-vis de la loi.  La Convention de Genève entraîne des obligations, y compris pour vous, la Puissance occupante.  Cela fait partie de notre dialogue », a-t-il affirmé.

Déclaration liminaire du Rapporteur du Groupe de travail chargé d’étudier le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient

M. KJETIL J. HALVORSEN, Rapporteur du Groupe de travail chargé d’étudier le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a souligné que pour la troisième année consécutive, son groupe s’était rencontré dans un contexte de déficit financier qui « menace le développement humain des réfugiés palestiniens » et qu’il était extrêmement préoccupé par cette situation qui affecte le programme budgétaire de l’UNRWA pour 2017.

« Malgré les efforts de l’UNRWA pour améliorer l’efficacité des coûts et des contributions supplémentaires de plusieurs donateurs, le déficit s’élève actuellement à $77,5 million » a précisé M. Halvorsen.  Il a ajouté que l’Assemblée générale et la communauté internationale avaient la responsabilité de maintenir les services de l’agence à un niveau acceptable, afin qu’elle puisse remplir ses mandats et répondre aux besoins grandissants de la population réfugiée.  Il a ensuite détaillé le contenu du rapport, adopté à l’unanimité en août 2017, qui décrit les progrès de l’UNRWA dans la mise en œuvre de ses réformes ainsi que les besoins financiers de ses opérations de terrain, lesquelles sont affectées, à des degrés divers, par les troubles actuels au Moyen-Orient.  « Le groupe de travail est préoccupé par l’impact des multiples crises dans la région sur les opérations de l’UNRWA et ses besoins budgétaires ».

Le groupe de travail, a fait savoir le rapporteur, demande aux États Membres d’augmenter et de maintenir pendant plusieurs années leurs contributions volontaires, en se référant aux trois portails de financement de l’UNRWA et en accordant la priorité à un financement complet du programme budgétaire.  « Les contributions doivent s’adapter à la nécessité de répondre aux besoins grandissants de la population de réfugiés palestiniens, à l’inflation et aux autres factures qui influent les coûts de fourniture », a-t-il précisé.  Il a ensuite salué les efforts de l’UNRWA pour augmenter son efficacité tout en maintenant la qualité de ses services, l’encourageant à poursuivre dans cette voie.  Enfin, il a pris note des recommandations du rapport du Secrétaire général (A/71/849) et des résolutions sur le financement de l’UNRWA qui cherchent à répondre au problème récurrent de déficit budgétaire et à assurer un soutien suffisant et durable à son travail vital. M. Halvorsen a demandé aux États Membres d’avoir ces recommandations à l’esprit lorsqu’ils envisagent le financement de l’UNRWA pour 2017 et au-delà.

Débat général

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, de l’État de Palestine, a réaffirmé d’emblée la profonde appréciation de sa délégation pour le travail humanitaire de l’UNRWA au service des réfugiés palestiniens depuis bientôt 70 ans.  Elle a salué la contribution des près de 30 000 membres de son personnel, dont la plupart sont des réfugiés, ainsi que le soutien sans faille des pays hôtes (Jordanie, Liban et Syrie) et des pays donateurs aux opérations de l’Office au cours des 50 dernières années, y compris ceux qui ont répondu à ses appels de fonds d’urgence et ceux qui l’ont aidé à dépasser ses déficits financiers ponctuels.

L’appui de la communauté internationale dont bénéficie l’Office dans son mandat prouve, selon Mme Abdelhady-Nasser, qu’il reste la pierre angulaire de la responsabilité des Nations Unies vis-à-vis de la question palestinienne et cela tant qu’elle n’y trouve pas de réponse juste, y compris au sort des réfugiés palestiniens, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU.  Cette responsabilité est d’autant plus lourde, à ses yeux, que cette année marque le centième anniversaire de la Déclaration de Balfour et la cinquantième année de l’occupation israélienne ainsi que les 70 ans depuis la partition de la Palestine par l’Assemblée générale.  À ce jour, plus de 5,3 millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNRWA et des millions d’entre eux vivent toujours dans les camps créés en 1948 à la suite de la Naqba, s’est indignée l’observatrice.  « Le découragement et le désespoir sont généralisés parmi nos réfugiés d’aujourd’hui qui vivent dans le contexte d’une réalité difficile et de l’absence de perspectives pour une solution juste et durable », a déploré Mme Abdelhady-Nasser, tout en reconnaissant la contribution positive des services éducatifs, sociaux, de santé, de secours et des programmes de protection et de développement humain que leur apporte l’Office, qui reste, pour sa délégation, un pilier de la stabilité régionale.

L’observatrice a dénoncé le blocus de Gaza, qui dure depuis plus de 10 ans et dont les conséquences humanitaires sont graves, allant de la dépendance accrue de l’aide à des conditions socioéconomiques insoutenables, un taux de chômage élevé et des infrastructures croulantes.  En Cisjordanie, elle a mis l’accent sur le sort des Bédouins qui font l’objet de brutalités de la part des colons ainsi que sur les déplacements forcés, les démolitions de maisons et de biens palestiniens ou encore sur les arrestations arbitraires sans oublier les restrictions à la liberté de circulation qui y sont imposées.  En Syrie, les réfugiés palestiniens ont souffert aux côtés du reste de la population civile de l’impact du conflit alors qu’au Liban, les plus vulnérables d’entre eux vivent dans une pauvreté abjecte et sont marginalisés.

Ces réalités amplifient, de l’avis de l’observatrice, le besoin accru du soutien de l’UNRWA, allant jusqu’à affirmer que pour les plus vulnérables il y va de leur survie.  Invoquant la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants, l’observatrice a exigé que les réfugiés palestiniens ne soient pas la seule exception à de tels engagements et principes universels.  Elle a martelé à nouveau que les conflits armés, y compris l’occupation étrangère, n’invalident en rien l’applicabilité du droit international dont les dispositions sont claires et juridiquement contraignantes.  Cela s’applique à la fois à la population civile palestinienne qui subit les politiques et pratiques illégales d’Israël, mais également à l’UNRWA qui voit ses opérations entravées par Israël à de nombreux égards.

Passant ensuite aux problèmes financiers de l’Office, qui sont désormais récurrents, l’observatrice a dénoncé le blocage par une délégation du projet de résolution L.79, qui prévoit notamment le financement des opérations essentielles de l’Office sur le budget ordinaire de l’ONU au lieu de contributions volontaires, comme c’est toujours le cas.  Sa délégation a soumis d’autres propositions, en ligne avec les recommandations du rapport du Secrétaire général, pour remédier au déficit financier de l’Office, précisant qu’elles sont comprises dans le projet de résolution sur les opérations de l’UNRWA dont la Commission est saisie.  Elle espère que ces propositions seront soutenues par les délégations et contribueront à générer un soutien financier plus important et prévisible aux opérations de l’Office.

Intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a affirmé qu’à l’approche du soixante-dixième anniversaire de la partition du mandat de la Palestine par l’Assemblée générale et de la Nakba (catastrophe) qui s’ensuivit pour le peuple palestinien, le représentant a déclaré que c’est un euphémisme que de dire qu’une solution, déjà bien tardive, demeure centrale pour arriver à une solution juste, durable, intégrale et pacifique de la question Palestinienne sous ses différents aspects.

Rappelant que l’UNRWA apporte, depuis 1949, une assistance vitale et des services humanitaires aux communautés de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les Territoires palestiniens occupés, il a estimé que son mandat et son rôle demeurent indispensables jusqu’à une solution définitive.  Il a demandé à la communauté internationale de continuer son soutien, ferme et généreux à l’UNRWA, compte tenu des déficits financiers récurrents et graves qui affectent ses programmes humanitaires vitaux, mais aussi de la situation critique des réfugiés palestiniens à cause de l’instabilité constante et de la violence généralisée dans la région ainsi que de leur marginalisation et pauvreté.

Le représentant s’est inquiété des événements récents dans les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, avec une augmentation sans précédent du nombre de déplacements forcés, la violence généralisée de la part des colons israéliens, la poursuite et l’escalade de la démolition des maisons et des avoirs économiques, ainsi que la politique et campagne illégales d’expansion des colonies de peuplement.  Il a dénoncé par ailleurs la détérioration économique à Gaza suite au blocus illégal imposé par Israël depuis 10 ans. I l a souligné que la crise de Gaza doit être abordée d’une manière intégrale et conforme au droit international, dans le contexte des efforts globaux visant à mettre fin à l’occupation étrangère illégitime et belliqueuse.  Il a lancé un appel à la cessation pleine et immédiate, du blocus illégal de Gaza, seul moyen pour la population réfugiés de Palestine à Gaza de diminuer sa dépendance de l’UNRWA.  Il a exhorté les donateurs à garantir un financement adéquat, suffisant, prévisible et soutenu à l’UNRWA, notamment pour garantir l’exécution de la stratégie à moyen terme 2016-2017, et d’une façon générale, à augmenter leur contribution, ce qui contribuera à éviter une incertitude et une intensification de l’instabilité parmi les réfugiés. 

M. PIERRE-CHRITSOPHE CHATZISAVAS, de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne était le principal contributeur à l’UNRWA.  Il a déploré qu’en dépit de ces contributions, et de celles d’autres pays, l’URNWA soit toujours confronté à des problèmes de ressources financières chroniques, avec un déficit budgétaire de 77 millions de dollars, alors qu’il apporte des services humanitaires essentiels aux Palestiniens.  Il a reconnu et salué les efforts faits par l’UNRWA pour trouver de nouveaux moyens de financement et des voix pour trouver une stabilité financière structurelle.  « Plus d’efforts doivent encore être réalisés en urgence pour réduire les coûts et donner la priorité à la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens les plus vulnérables », a-t-il estimé, défendant notamment une approche plus opérationnelle et une meilleure planification financière.

Le représentant a ensuite reconnu les efforts déployés par les pays limitrophes qui accueillent des réfugiés palestiniens, soulignant leurs difficultés croissantes dans le contexte régional actuel.  « Nous comptons sur leur soutien pour aller de l’avant », a-t-il insisté.

Il a ensuite salué la tenue du processus de consultations mis en œuvre lors de la dernière Assemblée générale pour trouver des solutions pérennes au financement de l’UNRWA, estimant qu’il fallait encore des consultations pour persévérer et sécuriser le financement de l’UNRWA.  Il a souligné l’importance de mieux partager le poids financier au sein de la communauté internationale, notamment dans la région, et d’accroître la flexibilité du financement dans la ligne du Pacte relatif au financement de l’action humanitaire.  

M. AL-MALKI (Qatar) a rappelé que son pays comptait parmi les principaux donateurs avec un milliard de dollars versés pour appuyer la reconstruction de Gaza après la guerre de l’été 2014.  Il a salué l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah (accord du Caire du 12 octobre 2017), le qualifiant d’espoir pour une réconciliation du peuple palestinien.

Le représentant a rappelé les attentes des cinq  millions de réfugiés de Palestine et le rôle essentiel de l’UNRWA pour leur permettre de jouir d’un développement humain, dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux.  Il a déploré l’absence d’une solution globale et durable et la persistance du blocus de la bande de Gaza.  Il a insisté sur l’importance de trouver une solution intégrant le retour des réfugiés de Palestine.

Déplorant ensuite le déficit budgétaire chronique de l’UNRWA et l’impact sur ses activités opérationnels, le représentant a réclamé un financement pérenne et un usage meilleur des ressources disponibles.  Il a indiqué que son pays allait poursuivre « son appui au peuple frère de Palestine, pour qu’il jouisse de ses droits inaliénables ».  

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a souligné l’importance que les pays donateurs accroissent leurs contributions volontaires et s’engagent à aider financièrement sur une base pluriannuelle l’UNRWA.  Elle a estimé que la communauté des donateurs devait inclure des donateurs de différentes régions afin de rendre le financement de l’Office plus prévisible, durable et suffisant.  En tant que pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés palestiniens, la Jordanie reste pleinement engagée dans l’appui, qui relève de la responsabilité partagée, à l’Office ainsi que dans la protection de ces personnes, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué qu’en septembre dernier, la Jordanie, la Suède et l’Organisation de la conférence islamique (OCI) avaient organisé une réunion de haut niveau destinée à identifier les moyens d’aider plus efficacement l’Office à s’acquitter de ses activités.  Elle a précisé qu’à cette occasion, l’accent avait été mis sur l’établissement de nouveaux mécanismes de financement par les institutions financières régionales et internationales comme la Banque mondiale et donc l’OCI.  Sur ce dernier point, il a mentionné un projet de mise en place d’un fonds par l’OCI en faveur des réfugiés palestiniens à partir d’une étude de la Banque islamique de développement.  Le représentant a rappelé que tout problème durable de financement de l’Office aurait des conséquences néfastes, non seulement pour le bien-être des cinq millions de réfugiés palestiniens mais aussi pour les pays qui les accueillent.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a salué le travail « inestimable dans le domaine humanitaire de l’UNRWA, insistant sur l’assistance apportée dans le développement humain à cinq millions de réfugiés de Palestine.  Il a souligné la situation financière critique de l’UNRWA liée à son manque de fonds et l’insécurité de son budget, rappelant que cela avait de graves conséquences sur la capacité de l’UNRWA à exécuter son mandat humanitaire de manière pérenne.  Il a déploré l’absence de consensus sur la résolution L.79 de l’année dernière destiné à régler ce problème récurrent du financement, rappelant que 500 000 enfants étaient scolarisés dans des écoles de l’UNRWA.

« La situation des Palestiniens ne peut être ignorée », a-t-il souligné, appelant les états à soutenir de manière durable l’UNRWA pour assurer des ressources financières sûres. I l a ensuite cité les efforts de son pays pour venir en aide aux Palestiniens, notamment sa contribution à l’UNRWA à hauteur de 200 000 dollars sur quatre ans. 

M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a salué le travail de l’UNRWA, ainsi que le « courage, la bravoure et le dévouement de son personnel qui travaille dans des circonstances « difficiles et souvent dangereuses ».  Il a rappelé que plusieurs d’entre eux avaient perdu la vie en faisant leur devoir.

Le représentant a estimé que la dégradation de la situation des réfugiés de Palestine était la conséquence « de l’occupation et du blocus de la bande de Gaza qui a un impact sur tous les aspects de leur vie quotidienne, de la sécurité à la liberté de mouvement, en passant par l’emploi et leurs moyens de subsistance ». « Cet acte cruel a affecté la vie de toute la population civile palestinienne, en particulier des réfugiés », a-t-il dénoncé, appelant « la Puissance administrante à cesser son embargo et assurer la liberté de mouvement des personnes et des biens entre Gaza et le reste du monde ».  Il a rappelé la responsabilité « morale, politique et légale » de la communauté internationale « de prendre des mesures pour mettre fin à l’occupation de la Palestine et imposer à la Puissance administrante de cesser toutes formes de violences contre les palestiniens ».

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