Syrie: une nouvelle attaque présumée à l’arme chimique relance les discussions autour d’un successeur au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU

8174e séance – matin
CS/13196

Syrie: une nouvelle attaque présumée à l’arme chimique relance les discussions autour d’un successeur au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU

Au lendemain d’une attaque présumée à l’arme chimique à Edleb, en Syrie, les membres du Conseil de sécurité ont, ce matin, évoqué la création d’une entité pour prendre la relève du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont le mandat n’avait pu être renouvelé le 16 novembre dernier.

Si l’utilisation d’armes chimiques était « avérée » ou « probable », « notre obligation de fournir une réponse concrète se fera d’autant plus urgente », a assuré la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, pour qui cette réponse « devrait favoriser l’unité, plutôt que l’impunité ».  Cependant, les membres du Conseil ont de nouveau affiché leurs divergences sur les modalités qu’elle devrait prendre. 

Tandis que la Fédération de Russie rappelait l’existence de son projet de résolution sur la création d’un nouveau mécanisme, les États-Unis affirmaient que ce texte ne remplirait pas les critères qui doivent permettre d’établir les responsabilités en toute impartialité. 

Le Mécanisme d’enquête conjoint était chargé d’identifier les « personnes, entités, groupes ou gouvernements » à l’origine d’attaques à l’arme chimique.

Un nouveau mécanisme devrait être « apolitique » et contrôlé par des experts, a affirmé la représentante américaine, rejointe par son homologue britannique, qui a reproché à la proposition russe de se concentrer uniquement sur les « acteurs non étatiques ».

« La coopération du régime syrien avec l’OIAC se fait à la carte, depuis des mois, et les soupçons qui pèsent sur l’état des stocks syriens ne sont toujours pas clarifiés », a déploré le délégué de la France, qui a prévenu que son gouvernement, très « vigilant », n’acceptera pas un mécanisme « dégradé ».

La Fédération de Russie ne l’a pas entendu de cette oreille, ironisant sur ce qu’elle a dénoncé comme des attaques visant aussi Moscou.  « Le Congrès du dialogue national syrien mené à Sotchi et couronné de succès, de même que la perspective de redonner de l’élan au processus politique syrien, voilà ce qui dérange », a tranché le représentant, en s’enorgueillissant du rôle joué par sa capitale dans le règlement de la crise politique syrienne. 

Jamais, a-t-il assuré, la Russie n’a nié l’utilisation d’armes chimiques dans la localité syrienne de Khan Cheïkhoun, le 4 avril 2017, attaque dont la responsabilité avait été imputée par le Mécanisme d’enquête conjoint au Gouvernement syrien. 

« Simplement, nous n’avons pas été convaincus par les conclusions », a précisé le délégué, arguant aussi que la Russie n’était pas responsable de la disparition du Mécanisme.  Il s’est élevé contre une « nouvelle formule » qui soit toujours aussi « biaisée » contre Damas.

Rejetant les accusations « fallacieuses » visant son pays et la « rengaine » des pays occidentaux siégeant au Conseil, le délégué de la Syrie a vigoureusement condamné « tout emploi d’armes chimiques » dans son pays, déterminé à identifier les véritables responsables contre son peuple.  « Nous avons en outre honoré tous nos engagements, en mettant un terme à notre programme d’armes chimiques », a-t-il poursuivi, ajoutant que cela était corroboré dans le rapport de 2014 de l’OIAC.  « La Syrie veut la vérité », a-t-il insisté.

Venue présenter au Conseil les dernières informations en date relatives à la destruction des stocks d’armements chimiques, Mme Nakamitsu a toutefois indiqué que, suite aux « amendements » apportés par le Gouvernement syrien à sa déclaration initiale, la traduction et l’analyse des documents fournis par Damas en novembre avaient été achevées.  L’Organisation, a-t-elle ajouté, continue d’assurer un suivi, avec le Gouvernement syrien, d’un certain nombre de « lacunes, incohérences et disparités ».

Appuyée par la Suède et les États-Unis, la France, soucieuse de lever « blocages » et « obstructions », a rappelé aux membres du Conseil le lancement à Paris d’un partenariat associant les États qui refusent l’impunité des acteurs impliqués dans des attaques chimiques ou le développement de programmes chimiques. 

« Ce partenariat rassemble tous les États qui s’inquiètent des risques d’affaiblissement du régime de non-prolifération et de la stabilité stratégique », a expliqué le représentant français, pour qui « il s’applique à tous les cas de recours à ces armes partout dans le monde, et par tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (SYRIE) (S/2018/84)

Lettre datée du 1er février 2018, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré qu’au moment de son dernier exposé en date, la planification était en cours pour détruire les deux dernières « installations fixes en surface » sur les 27 qui avaient été déclarées par la Syrie.  « J’ai été informée, a-t-elle dit, que la démolition sera finalisée dans un délai de deux mois, par une compagnie privée sélectionnée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets. »

La Haut-Représentante a ensuite fait état de nouveaux développements sur les questions relatives à la déclaration initiale de la Syrie et aux « amendements subséquents ».  Si la traduction et l’analyse des documents fournis à l’OIAC par Damas en novembre ont été menées à bien, celle-ci continue d’assurer un suivi, en coopération avec le Gouvernement syrien, sur des « lacunes, incohérences et disparités ».  Le Directeur général de l’OIAC présentera un rapport à ce sujet au mois de mars, a précisé Mme Nakamitsu. 

Les échantillons obtenus par l’équipe de l’OIAC au cours de sa deuxième inspection du Syrian Scientific Studies and Research Center sont en cours d’analyse dans les deux laboratoires désignés par l’Organisation. 

De son côté, la Mission d’établissement des faits continue d’examiner les allégations sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie, dont la majorité font état d’agents toxiques tels que le chlore, dans des domaines qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement.  Un rapport sera présenté sous peu. 

En outre, une autre équipe de la Mission s’est penchée sur les allégations relatives à l’utilisation d’armes chimiques que le Gouvernement syrien a portées à son attention.  Dans ce cas également, un rapport sera prochainement rendu public. 

Si ces rapports devaient conclure à l’utilisation avérée ou probable d’armes chimiques, « notre obligation de fournir une réponse concrète se fera d’autant plus urgente », a déclaré la Haut-Représentante, « une réponse qui devrait favoriser l’unité, plutôt que l’impunité ». 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que les nouvelles en provenance de Syrie étaient inquiétantes.  Une nouvelle attaque chimique aurait eu lieu dimanche, a-t-elle dit.  « Peu de choses ont autant effaré le monde que l’utilisation par le régime de Bashar Al-Assad d’armes chimiques contre son peuple. »

Elle a rappelé que les obligations de ce régime étaient claires s’agissant de ces armes chimiques.  Il doit cesser de les utiliser et les détruire, a-t-elle dit.  La déléguée a vivement déploré qu’un pays continue de protéger ce régime et refuse qu’il rende des comptes.  Le monde est témoin d’un Conseil de sécurité qui ne parvient pas à agir alors que le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies a constaté que le régime d’Assad utilisait des armes chimiques, a-t-elle dit. 

Mme Haley a déploré que la Fédération de Russie ait refusé que le Conseil adopte un texte condamnant les armes chimiques en Syrie.  Rien n’a changé depuis que la Russie a tué dans l’œuf le Mécanisme, a-t-elle déclaré.  Elle a estimé qu’un nouveau mécanisme devait être apolitique et contrôlé par des experts, ajoutant que le projet russe ne remplissait pas de tels critères. 

Le projet russe fait en outre fi des conclusions du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, a-t-elle dit.  Elle a ajouté que la Russie voulait choisir à sa guise les enquêteurs et imposer des normes arbitraires s’agissant du nouveau mécanisme.  Nul ne peut croire que cela est une bonne résolution, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative française d’un partenariat de lutte contre l’impunité d’utilisateurs d’armes chimiques. 

Mme Haley a déclaré que son pays contribuerait à l’établissement d’un mécanisme impartial pour définir les responsables des attaques chimiques en Syrie, avant de rappeler l’utilité du Mécanisme.  « C’est une tragédie que la Russie nous ait ramenés à la case départ », a-t-elle déclaré, ajoutant que les États-Unis ne cesseraient d’exiger la vérité.  « C’est pourquoi nous avons accueilli les membres du Conseil à Washington pour une exposition sur les crimes commis en Syrie.  Les États-Unis n’oublient pas le peuple syrien », a-t-elle dit. 

En conclusion, elle a déclaré que son pays ne voulait pas régler des comptes, mais mettre un terme aux souffrances indicibles en Syrie. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que l’organisation de cette séance publique faisait suite à des informations concernant une attaque à l’arme chimique ce week-end contre des infrastructures civiles à Edleb.  Il a regretté l’opposition de la Fédération de Russie à l’établissement des responsabilités, comme le fait que son projet de résolution se concentre uniquement sur les « acteurs non étatiques ». 

Compte tenu du fait que le régime de Bashar Al-Assad a eu recours à des armes chimiques, il est absolument nécessaire de concevoir un nouveau mécanisme établissant la lumière sur la totalité des incidents, en s’appuyant sur des experts indépendants, et sans s’exposer au risque de voir Moscou exercer son droit de veto, a préconisé la délégation britannique. 

La Russie, a-t-elle accusé, a pu profiter de l’absence de visites du Mécanisme d’enquête conjoint sur le site de Khan Cheïkhoun alors que des échantillons ont prouvé que du gaz sarin y avait été utilisé.  Le régime syrien affirme ne pas utiliser des armes chimiques, alors qu’il a été établi avec certitude qu’en 2014, 2015 et 2017, il y avait recouru, a-t-il tranché.  Sans compter l’attaque au gaz sarin perpétrée en août 2013 dans la Ghouta orientale, laquelle attaque avait contraint la Syrie à annoncer qu’elle renoncerait à son arsenal chimique.  Pourquoi la Russie ne contraint-elle pas son allié à respecter les engagements qu’il a pris au lendemain de cette attaque, s’est demandé le représentant. 

« Rendons possible une enquête internationale qui montre notre volonté d’établir les responsabilités, même si un membre permanent du Conseil de sécurité s’y refuse », a-t-il lancé en conclusion.

« La réalité, c’est que les recours à des substances toxiques comme armes n’ont jamais cessé en Syrie », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Il a déploré que ces armes « que nous pensions appartenir au passé » soient à nouveau employées par le régime syrien, de manière méthodique, de manière systématique, contre sa propre population.  « La coopération du régime syrien avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) se fait à la carte, depuis des mois, et les soupçons qui pèsent sur l’état des stocks syriens ne sont toujours pas clarifiés. »

Il a rappelé que les équipes d’experts de l’OIAC avaient, à de multiples reprises, trouvé sur les sites syriens des indicateurs de produits non déclarés par la Syrie, sans que celle-ci n’ait fourni d’explications convaincantes.  « Alors que des armes chimiques continuent d’être employées, le régime syrien nous laisse penser que la Syrie a menti et a maintenu des capacités clandestines », a-t-il déclaré. 

M. Delattre a exhorté la communauté internationale à ne pas laisser cette situation se banaliser et les responsables de ces crimes odieux rester impunis.  « C’est la responsabilité du Conseil de sécurité de l’empêcher et c’est notre devoir partagé. »

Les blocages et les obstructions à l’action de la communauté internationale dans les enceintes existantes contribuent à favoriser l’impunité, a-t-il poursuivi.  M. Delattre a rappelé que la France avait lancé à Paris un partenariat, ouvert et pragmatique, qui associait les États qui refusent l’impunité des acteurs impliqués dans des attaques chimiques ou le développement de programmes chimiques. 

Ce partenariat rassemble tous les États qui s’inquiètent des risques d’affaiblissement du régime de non-prolifération et de la stabilité stratégique, a-t-il dit, ajoutant qu’il a été conçu pour venir en soutien à toutes les instances et mécanismes d’enquête internationaux afin de les soutenir dans leur action.  « Ce partenariat est universel: il s’applique à tous les cas de recours à ces armes partout dans le monde, et par tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques. »

Le délégué a souhaité qu’un mécanisme d’identification des responsabilités soit reconstitué le plus rapidement possible.  « Mais tout effort crédible et sincère en ce sens doit se faire dans le respect des standards essentiels d’indépendance, d’impartialité et de professionnalisme qui ont présidé à la création du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU. »

Il a déclaré que la France sera extrêmement vigilante sur le respect des principes énumérés et n’acceptera pas un mécanisme dégradé, avant d’appeler tous les membres du Conseil de sécurité « à sortir des postures et à se ressaisir ».  « La lourde responsabilité qui pèse sur chacun d’entre nous nous commande de nous rassembler et d’agir, de nous rassembler pour agir », a-t-il conclu. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déclaré que rien ne pouvait justifier l’utilisation d’armes chimiques, qui constituait une infraction au droit international et une menace à la paix et à la sécurité internationales, quels qu’en fussent les auteurs.  Il s’est dit préoccupé par les allégations selon lesquelles des armes chimiques auraient été utilisées en Syrie récemment. 

Il a lancé un appel à la Syrie pour qu’elle coopère avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Syrian Scientific Studies and Research Center, pour que l’on puisse déterminer de manière méthodique la véracité des allégations portées. 

Mais, a ajouté le représentant, « si nous voulons créer un nouveau mécanisme, nous avons la responsabilité de ne pas “manipuler politiquement” le Conseil de sécurité ».  C’est la raison pour laquelle il a appelé ses membres à se lancer dans un processus de négociation positif pour parvenir à l’établissement d’un mécanisme d’enquête indépendant.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné l’utilisation de toute arme chimique en Syrie, avant d’appuyer le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Les derniers rapports sur les allégations d’armes chimiques dans le pays sont préoccupants, mais le plus inquiétant est le fait que le Conseil n’ait pas mis en place de nouveau mécanisme depuis la fin du Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’Organisation des Nations Unies, a-t-il déclaré. 

Le délégué a jugé nécessaire qu’un nouveau mécanisme soit établi en rappelant que les membres du Conseil n’étaient pas des experts en armes chimiques.  Un nouveau mécanisme devra être impartial et indépendant, a-t-il conclu. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné l’utilisation d’armes chimiques quels qu’en soient les auteurs et les circonstances.  Aussi, le Conseil de sécurité doit-il rester uni dans sa détermination à exiger du Gouvernement syrien qu’il continue de coopérer avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour éliminer la totalité des armes chimiques restantes dans le pays. 

Il a souhaité que les 19 documents qui viennent d’être traduits et remis à l’OIAC permettent de faire la lumière sur les lacunes, incohérences et disparités pointées par la Haut-Représentante.  L’établissement des responsabilités est au cœur de la dissuasion et de la lutte contre l’impunité, a dit le représentant, avant d’appuyer la proposition d’œuvrer à la création d’un mécanisme indépendant. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a demandé que le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies enquête sur les attaques à l’arme chimique qui auraient eu lieu dernièrement en Syrie. 

Il a souligné la nécessité de lutter contre l’impunité, avant d’apporter son soutien à l’initiative française d’un partenariat international de lutte contre l’impunité.  Le délégué de la Suède a en outre demandé la mise en place d’un nouveau mécanisme impartial, indépendant et efficace.  Le Conseil doit protéger le régime de non-prolifération, a-t-il conclu. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est réjouie de la réception par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) des résultats des analyses d’un certain nombre de documents fournis par le Gouvernement syrien.  Selon elle, il est nécessaire d’adresser un message clair selon lequel l’impunité ne saurait être tolérée.  Le Conseil de sécurité doit maintenant établir un mécanisme indépendant et professionnel capable d’enquêter sur les allégations invérifiées et établir les responsabilités, a affirmé la représentante. 

Son pays a soutenu le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU et continuera de soutenir un futur mécanisme, qui devra s’appuyer sur les grandes réalisations de son prédécesseur, dans le respect du mandat de la résolution 2235 (2015). 

En outre, l’un des éléments les plus importants sera de veiller qu’il soit indépendant et « apolitique » dans son modus operandi, a conclu la délégation.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit satisfait par la quasi-destruction des armes chimiques en Syrie.  « Mais nous devons rester vigilants », a-t-il affirmé.  Le représentant a demandé que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie soient jugés, avant d’inviter les membres du Conseil de sécurité à renoncer à leurs considérations stratégiques pour le bien du peuple syrien. 

Évoquant le projet de texte russe, le délégué de la Guinée équatoriale a souligné la nécessité que le nouveau mécanisme soit indépendant, impartial et efficace. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que les questions en suspens concernant les stocks d’armes chimiques doivent trouver réponse dans le cadre d’une coopération de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) accrue avec le Gouvernement syrien.  Or, les Syriens répondent, mais l’on continue de poser des questions, comme on ferait « tourner un carrousel sans fin », a-t-il ironisé. 

Par ailleurs, a-t-il souligné, on a l’impression que certaines délégations ne s’intéressent pas à la Syrie, mais préfèrent lancer des accusations à l’encontre de la Russie.

« Le Congrès du dialogue national mené à Sotchi et couronné de succès, de même que la perspective de redonner de l’élan au processus politique syrien, voilà ce qui dérange », a tranché le représentant, en s’enorgueillissant du rôle joué par Moscou dans le règlement de la crise politique syrienne. 

Jamais la Russie n’a nié l’utilisation d’armes chimiques à Khan Cheïkhoun, a assuré M. Nebenzia.  « Simplement, nous ne sommes pas convaincus par les conclusions du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU sur l’identité des auteurs de cette attaque », a-t-il précisé, en arguant que la Russie n’était pas responsable de la disparition de ce Mécanisme.

« La première chose que nous devons faire, c’est de dépêcher une mission d’établissement des faits dans la région pour y mener une enquête », a-t-il dit.  « Qu’est-il arrivé à la présomption d’innocence?  Pourquoi alors avoir un mécanisme indépendant? » s’est interrogé le représentant.  Toute conclusion doit être précédée d’une investigation, a-t-il insisté. 

En janvier, la Russie a fait circuler un projet de résolution sur l’établissement d’un nouveau mécanisme permettant de mener une enquête véritablement indépendante.  Aujourd’hui, on met au contraire sur la table l’idée d’un mécanisme conjoint nouvelle formule toujours aussi biaisé contre Damas, a-t-il dénoncé.  « Nous espérons, a dit M. Nebenzia, que l’ONU et le Secrétariat de l’OIAC se distancieront de cette proposition. » 

Quant à la déclaration présidentielle sur l’accès humanitaire de la semaine dernière, la Fédération de Russie était prête à l’adopter, a-t-il assuré.  Des amendements seront communiqués aux membres du Conseil pour une déclaration à la presse, a annoncé le représentant.

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a demandé la bonne mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) qui prévoit le démantèlement intégral de l’arsenal chimique syrien.  Le Conseil doit mettre fin à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et identifier clairement les auteurs de ces actes criminels, a-t-il déclaré. 

Les personnes qui commettent ces actes ignobles continueront leurs agissements aussi longtemps que le Conseil restera divisé sur la nécessité de mettre en place un cadre consensuel à même de situer les responsabilités et de présenter devant la justice les auteurs de ces crimes, a-t-il déclaré. 

Le délégué a donc encouragé en conclusion « toutes les initiatives en cours, allant dans le sens de la mise en place d’un mécanisme de reddition de comptes qui serait accepté par tous ».  

M. WU HAITAO (Chine) a condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  La Chine est favorable à des enquêtes objectives et approfondies sur l’utilisation de ces armes pour traduire leurs auteurs en justice, a-t-il affirmé.  Il a appuyé les efforts de la Russie pour promouvoir un nouveau mécanisme d’enquête et espéré que les membres du Conseil parviendront à un consensus. 

La question des armes chimiques est indissociable d’un règlement politique en Syrie, a-t-il dit, en notant les progrès accomplis sur la voie d’un tel règlement, avec un élan renouvelé du processus de Genève. 

Enfin, le délégué de la Chine a espéré que les parties syriennes appuieront le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que le régime de Bashar Al-Assad continuait d’user d’armes chimiques contre son propre peuple, avant de rappeler que le Mécanisme d’enquête conjoint avait un mandat robuste pour lutter contre l’impunité, indépendamment de toute considération politique.  Mais le renouvellement de son mandat n’a pu se faire en raison de ces mêmes considérations politiques, a-t-il affirmé. 

Il a indiqué qu’un nouveau mécanisme devrait agir indépendamment du Conseil, y compris dans l’attribution des responsabilités, et devrait décider de lui-même de la manière dont il conduit ses enquêtes. 

Enfin, un tel mécanisme doit identifier les responsables parmi toutes les parties, a-t-il déclaré, ajoutant que le projet en discussion ne remplissait pas ces critères.  Il a souhaité que la situation en Syrie soit renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI). 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que l’utilisation d’armes chimiques était injustifiée et qu’elle sapait le régime de non-prolifération.  Il a déploré que le Conseil n’ait pu renouveler le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies.  « Si nous ne parvenons pas à surmonter les divergences et à trouver une issue à notre impasse, nous enverrons un message erroné », a-t-il prévenu. 

Après avoir salué l’initiative de la Fédération de Russie, le représentant a exprimé l’espoir que ce Conseil trouvera un terrain d’entente et sera en mesure de constituer un nouveau mécanisme à même d’établir les responsabilités. 

Sa délégation a ajouté qu’elle attendait avec impatience le rapport définitif sur l’analyse des documents transmis pas le Gouvernement syrien. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a regretté une « régression » de l’action du Conseil de sécurité sur le dossier des armes chimiques en Syrie et déploré le non-renouvellement du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies, qui agissait pourtant de manière indépendante. 

Il a condamné tout emploi d’armes chimiques en Syrie, ainsi que le ciblage délibéré des civils dans la Ghouta orientale.  Il a plaidé pour un nouveau mécanisme impartial, neutre et efficace et espéré que le Conseil parvienne à un consensus.  Le but de ce nouveau mécanisme doit être d’identifier les responsables des attaques chimiques, a-t-il dit. 

Enfin, il a souligné la volonté de son pays pour que la justice triomphe en Syrie. 

M. ALLEN (Royaume-Uni) a repris la parole pour souligner le fait qu’il ne niait pas le rôle important joué par la Fédération de Russie à Sotchi.  Cependant, la notion selon laquelle ce serait une autre entité que la Russie qui aurait mis fin au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU est absurde, puisque c’est elle qui a exercé son droit de veto.  Il a enfin apporté son soutien aux Casques blancs.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a condamné tout emploi d’armes chimiques en Syrie.  La cible de ces armes est le peuple syrien, qui est la première victime des groupes terroristes, a-t-il dit.  « Mon pays veut identifier les véritables criminels responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie », a-t-il dit.  « Mon pays a en outre honoré tous ses engagements, en mettant un terme à son programme d’armes chimiques, a-t-il poursuivi, ajoutant que cela était corroboré dans le rapport de 2014 de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  « La Syrie veut la vérité. »

Il a condamné toutes les accusations fallacieuses proférées par les pays occidentaux contre son pays, les qualifiant de « rengaines ».  Le Royaume-Uni, la France et les États-Unis sont responsables de la paralysie des mécanismes d’enquête, a-t-il déclaré, rappelant que c’est la Syrie qui avait demandé d’enquêter sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie.

Les États-Unis et leurs alliés ont détruit le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU quand ils ont exercé des pressions sur son président et ont refusé de se rendre à Khan Cheïkhoun, a-t-il déclaré.  Il a accusé les États-Unis de politiser le travail du Mécanisme en refusant de s’appuyer sur des conclusions irréfutables d’un point de vue scientifique. 

La Syrie poursuivra ses efforts contre le terrorisme, a-t-il déclaré.  Le délégué a indiqué que la Syrie n’avait jamais utilisé de produits chimiques et ne les utiliserait pas « puisqu’elle n’en possède pas ». 

Enfin, il a apporté son appui à la Russie, pays qui recherche la vérité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 6 organisations et reporte sa décision sur 48 autres, dont 2 après de longs débats

Session de 2018,
9 & 10e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6884-ONG/865

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 6 organisations et reporte sa décision sur 48 autres, dont 2 après de longs débats

Le Comité des ONG a achevé sa première semaine de travaux en recommandant au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à sept organisations, tout en reportant sa décision sur 48 autres.  Deux de ces dernières, les organisations américaines « Syrian American Medical Society Foundation » et « US Committee for Human Rights in North Korea », ont fait l’objet de longs débats.

La seconde ONG a fait l’objet d’un vote négatif du Comité après le dépôt d’une motion de la part des États-Unis visant à lui octroyer le statut.  Neuf des membres du Comité -Afrique du Sud, Burundi, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, Pakistan, République islamique d’Iran et Venezuela- ont voté contre l’octroi du statut, alors que les États-Unis votaient en faveur, rejoints par la Grèce, Israël, la Turquie et l’Uruguay.  L’Azerbaïdjan, l’Inde, la Mauritanie et le Soudan se sont abstenus. La Guinée était absente lors du vote.

Le délégué de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), s’exprimant en tant qu’observateur, a rappelé que la demande de « US Committee for Human Rights in North Korea » avait été à plusieurs reprises rejetée, affirmant en outre qu’il ne « s’agissait en fait pas d’une ONG, mais d’un organisme contrôlé et financé par le Gouvernement des États-Unis, hostile au Gouvernement de la RPDC et ne respectant pas sa souveraineté. 

La représentante des États-Unis avait demandé un vote, estimant que la demande de l’ONG remontait à 2016 et que cette dernière avait depuis lors été soumise aux mêmes questions de certains membres du Comité, session après session.  Après le scrutin, elle a indiqué qu’elle soumettrait la demande de l’ONG directement à l’ECOSOC, en rappelant que ce dernier s’était plusieurs fois par le passé prononcé contre des recommandations du Comité et y voyant un signe que ce dernier « ne remplit pas pleinement son mandat ».  Ces propos ont été jugés « irrespectueux » par la déléguée du Venezuela, tandis que son homologue de Cuba contestait cette « déclaration mal venue ».  Le représentant de la Fédération de Russie a exigé des États-Unis qu’ils cessent de faire pression sur le secrétariat du Comité et sur ses membres et son homologue de la République islamique d’Iran a lui aussi dénoncé la méthode utilisée par les États-Unis, jugeant qu’elle n’était pas constructive et ne favorisait pas le travail des ONG aux Nations Unies. 

Le statut de la « Syrian American Medical Society Foundation » avait lui aussi donné lieu un peu plus tôt à de longs échanges.  La représentante des États-Unis a parlé d’une organisation dont les membres risquent leur vie pour sauver celle de citoyens syriens affectés par la guerre, alors que son homologue de la Fédération de Russie a dit disposer d’éléments faisant croire que les activités de cette organisation ne sont pas objectives « du fait de ses activités de déstabilisation menée en Syrie ».  Observateur au sein du Comité, le représentant de la République arabe syrienne avait quant à lui affirmé que l’organisation en question n’avait pas d’agrément dans son pays et appuyait les activités terroristes.  Le Comité a reporté sa décision concernant cette ONG, comme il l’a fait pour 46 autres ONG dont les demandes de statut consultatif ou de reclassement ont été examinées.

Le Comité peut recommander ou retirer trois statuts.  Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste regroupe les ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

La prochaine séance du Comité aura lieu lundi 5 février à 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Fondation Cordoue de Genève (Suisse)
  2. International Women's Peace Group Corporation (République de Corée)
  3. Jubilee USA Network Inc. (États-Unis)
  4. Keeping Children Safe (Royaume-Uni)
  5. Soulforce, Inc. (États-Unis)
  6. Universal Rights Group (Suisse)

Examen des demandes de statut consultatif et de reclassement

Le représentant de la Chine a demandé à l’organisation « Electronic Frontier Foundation, Inc. » (États-Unis) de fournir davantage de documents étayant ses activités dans le domaine de la cybersécurité.  Il a ensuite demandé à l’organisation « GAHT-US Corporation » (États-Unis) de rectifier les erreurs contenues sur son site Internet en utilisant la terminologie onusienne en vigueur sur « Taiwan ».  Pour la représentante du Nicaragua, « Global Network of Sex Work Projects Limited » (Royaume-Uni) doit préciser la nature de ses activités au Nicaragua et dans les pays où elle intervient.

Nous avons des informations selon lesquelles l’organisation « Insamlingsstiftelsen Kvinna till Kvinna » (Suède) finance des structures de l’opposition en Arménie; peut-on en savoir davantage? a demandé le délégué de la Fédération de Russie.  Pourquoi les pays d’origine de huit des membres de « International Association of Genocide Scholars, Inc. » (États-Unis) ne sont-ils pas précisés? a voulu savoir la représentante de la Turquie.  L’organisation « International Child Rights Center » (République de Corée) devra préciser l’origine de ses financements et les détails des budgets des deux dernières années à la demande de la déléguée du Venezuela.

Le délégué de la République islamique d’Iran s’est étonné des avis contradictoires émis par « Jerusalem Institute of Justice » (Israël) sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a ainsi noté qu’en 2017, l’organisation saluait le travail de l’agence onusienne alors qu’en 2015, elle critiquait la politisation de l’UNRWA, appelant même à sa dissolution.  Pour la représentante de l’Afrique du Sud, cette organisation doit aussi fournir la liste des organisations et universités avec lesquelles elle dit travailler à l’échelle internationale.  La déléguée de la Turquie a demandé à « Jeunesse Étudiante Tamoule » (France) de fournir des détails sur sa coopération avec les parlements des pays dans lesquels elle dit travailler.  « Korea Human Rights Foundation » (République de Corée) devra préciser, à la demande de la Fédération de Russie, les pays d’Asie impliqués dans son réseau pour le développement de la démocratie, et quelles sont les sources de financement de ce projet.

Le représentant de l’Arménie a demandé des détails sur les donateurs de l’organisation « Mangfoldhuset » (Norvège).  Pour une autre organisation du même pays, « NDLH International Network of International Diplomacy, International Law and Human Rights » (Norvège), la Chine veut savoir les tâches dévolues au siège et aux bureaux installés dans certains pays.  « NK Watch » (République de Corée) devra répondre au représentant de la République islamique d’Iran qui s’est étonné de l’absence de détails sur ses activités de 2014 à 2017.

La représentante de Cuba a demandé comment l’organisation « Norsk organisasjon for reform av marihuanalovgivningen » (Norvège) entendait contribuer aux travaux de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de la Commission des stupéfiants.  « Parents and Friends of Ex-Gays and Gays, Inc. (P-FOX) » doit répondre à la préoccupation de la déléguée d’Israël sur les « différences entre homosexuels de sexe masculin et ceux de sexe féminin » comme le prétendrait l’organisation sur son site Internet.  Pour la Fédération de Russie, il faut trancher au plus vite sur des demandes comme celle de cette organisation qui attend depuis déjà quatre ans.  Le délégué de la Chine a voulu savoir quels étaient les « changements sociaux pacifiques » auxquels fait allusion l’organisation « Peace Brigades International » (Royaume-Uni), et quels étaient les moyens qu’elle utilise pour y parvenir.

La délégation de l’Azerbaïdjan demande à voir la liste des donateurs de « Peace Islands Institute Inc. » (États-Unis).  Le délégué de la Chine veut des détails sur les deux organisations qui ont fusionné pour former la « Presbyterian Women in the Presbyterian Church (U.S.A.), Inc. » (États-Unis).  Quels sont les donateurs de « Reprieve » (Royaume-Uni), s’est enquis le délégué de la Mauritanie.  Le représentant de Cuba a voulu connaître les noms des 23 pays dans lesquels l’organisation travaille.  

« Right Livelihood Award Foundation » (Suède) a publié un article sur son site Internet dans lequel on parle de « l’invasion chinoise du Tibet ».  « C’est un peu comme si on parlait de l’invasion américaine de la Californie », a ironisé le délégué de la Chine en demandant que cette « erreur » soit rectifiée.  À « Salam for Democracy and Human Rights » (Royaume-Uni), le représentant de la Chine a demandé des précisions sur les activités de terrain et l’origine des fonds y relatifs.  « Sex & Samfund » (Danemark) doit préciser ses partenaires locaux en Asie du Sud-Est, a demandé le représentant du Pakistan

Le représentant du Burundi voudrait une liste des activités prévues en 2018 par la « Solidarity for Peace and Reunification of Korea » (République de Corée), tandis que sa collègue du Nicaragua souhaite des détails sur les activités menées en 2017 et 2018 par « Stichting CHOICE for Youth and Sexuality » (Pays-Bas).  Son homologue de la Fédération de Russie veut connaître les partenaires de l’organisation en Indonésie.  Le délégué du Soudan s’est dit surpris du fait que cette organisation prétend n’avoir pas de membres, mais plutôt des salariés temporaires.  « Stichting Pro Papua » (Pays-Bas) devra pour sa part préciser à la délégation de l’Inde la nature de ses activités de terrain. 

Le statut de la « Syrian American Medical Society Foundation » (États-Unis) a donné lieu à de longs échanges.  Le représentant de la République islamique d’Iran a demandé si cette organisation avait une présence dans les pays voisins de la Syrie, où elle opère.  La représentante des États-Unis a dit soutenir l’organisation, dont les membres risquent leur vie pour sauver celles de citoyens syriens affectés par la guerre.  Le délégué de la Fédération de Russie a dit disposer d’éléments faisant croire que les activités de cette organisation ne sont pas objectives.  « Nous pensons demander, au cours de la prochaine session du Comité, que l’on ne puisse pas accorder le statut consultatif à cette organisation du fait de ses activités de déstabilisation menée en Syrie », a-t-il justifié.  Il a demandé à la délégation des États-Unis de ne pas se servir de la population syrienne, affirmant que ses souffrances proviennent des actions des États-Unis. 

Après une motion d’ordre demandée par la délégation des États-Unis, qui a objecté en notant que ces questions relèvent plus du Conseil de sécurité, le Fédération de Russie a continué en précisant que la « Syrian American Medical Society Foundation » travaillait en Syrie sans l’aval du Gouvernement local.

Le représentant de la République arabe syrienne, observateur au sein du Comité des ONG, a précisé que l’organisation en question n’avait pas d’agrément dans son pays et appuyait les activités terroristes.  Il a affirmé que cette organisation figurerait sur les listes des organisations terroristes établies par le Conseil de sécurité, estimant qu’elle ne mérite pas le statut consultatif auprès de l’ECOSOC.  La représentante des États-Unis a déclaré que son pays ne possédait aucune information corroborant les allégations du délégué syrien, déplorant en outre la « politisation du Comité » et en invitant sa présidence à établir des règles claires pour éviter de tels débordements. 

Le représentant de la Fédération de Russie a alors repris la parole pour dire que la délégation des États-Unis avait précédemment pris l’initiative de faire reporter l’examen des dossiers de nombreuses ONG, y compris une organisation de la Fédération de Russie.  Il a ensuite demandé à la représentante des États-Unis si une ONG d’un pays étranger pouvait travailler sur le sol américain sans l’accord des autorités locales.  La représentante des États-Unis lui a répondu que son pays était une société ouverte et qu’aucune loi n’exigeait qu’une organisation s’enregistrât avant d’opérer dans son pays.

Le représentant de la République islamique d’Iran a ensuite fait part de sa « déception » face aux « déclarations hors contexte » qui ont suivi ses observations sur cette organisation, non sans inviter ses collègues à se familiariser aux méthodes de travail du Comité avant de faire passer des messages politisés.  Il a estimé que le problème tenait au fait que certaines organisations sont financées par des gouvernements à des fins politiques.

« The Simons Foundation » (Canada) doit préciser si elle a des rapports avec des gouvernements étrangers, a demandé la représentante de la Turquie.

Le Comité s’est prononcé par 9 voix contre 5 pour et 4 abstentions contre l’octroi du statut consultatif spécial à « US Committee for Human Rights in North Korea » (États-Unis).  L’Afrique du Sud, le Burundi, la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, l’Iran, le Nicaragua, le Pakistan, et le Venezuela se sont opposés à la motion déposée par les États-Unis pour réclamer un vote visant à recommander le statut pour cette ONG à l’ECOSOC.  Outre les États-Unis, s’étaient prononcés en faveur de cette motion la Grèce, Israël, la Turquie et l’Uruguay.  L’Azerbaïdjan, l’Inde, la Mauritanie et le Soudan se sont abstenus.  La Guinée était absente lors du vote.

Pour la représentante des États-Unis, la demande de cette ONG est pendante depuis mai 2016 et elle a été depuis lors soumise aux mêmes questions de certains membres du Comité, session après session.  La représentante a affirmé que l’ONG contribuerait de manière effective aux travaux de l’ECOSOC car elle répond aux critères de la résolution 1996/31 du Conseil.  Le représentant de l’Union européenne a souligné l’importance de l’application d’un traitement juste et équitable aux ONG au sein du Comité.  Pour sa part, la représentante de l’Uruguay a estimé que l’ONG répondait aux exigences de la résolution 1996/31 et qu’il n’y avait pas de raison de ne pas recommander l’octroi du statut.

Le représentant de la République islamique d’Iran a dénoncé cette approche des États-Unis, jugeant qu’elle n’était pas constructive et ne favorisait pas le travail des ONG aux Nations Unies.  Il a aussi demandé de respecter la résolution 1996/31 de l’ECOSOC et a appelé à ne pas politiser le travail du Comité.  Le représentant de la Fédération de Russie a exigé des États-Unis qu’ils cessent de faire pression sur le secrétariat du Comité et sur ses membres, ajoutant que le secrétariat ne travaille pas pour les États-Unis, mais pour servir les intérêts communs de tous.  Le représentant de la Chine a fait observer que la demande de statut de l’ONG ne datait que de mai 2016.  Si l’ONG a répondu à toutes les questions posées depuis, le Comité a encore d’autres questions à lui poser.  Le représentant de la Fédération de Russie a ajouté que le vote demandé avait une arrière-pensée politique.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en tant qu’observateur, a rappelé que la demande de cette ONG avait été à plusieurs reprises rejetée.  Il a estimé qu’il ne s’agissait en fait pas d’une ONG, mais d’un organisme contrôlé et financé par le Gouvernement des États-Unis, qui est hostile au Gouvernement de la RPDC et ne respecte pas la souveraineté de la RPDC.  Ses activités n’ont rien à voir avec la promotion et la protection des droits de l’homme, a encore affirmé le représentant. 

Après le vote, la représentante des États-Unis a répété qu’elle soumettrait prochainement au vote la demande de cette ONG, même si certains membres du Comité ont politisé le scrutin.  Elle n’a pas manqué de rappeler que l’ECOSOC s’était à plusieurs reprise prononcé à l’encontre des recommandations du Comité et y a vu une preuve que celui-ci ne remplit pas son mandat.   

Ces propos ont été qualifiés de « déclaration irrespectueuse » par la déléguée du Venezuela, tandis que son homologue de Cuba contestait une « déclaration mal venue ».  Satisfait de l’issue du scrutin, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le Comité a pris une décision sensée et a appelé à ce que les décisions du comité soient respectées par l’ECOSOC.  Il a, lui aussi dénoncé la déclaration faite après le vote par la représentante des États-Unis, la qualifiant de « manque de respect ».

Par ailleurs, la représentante du Nicaragua a demandé à « White Ribbon Alliance for Safe Motherhood, Inc » (États-Unis) quels étaient ses partenaires.  Quels sont les projets de « Women Living under Muslim Laws - International Solidarity Network (WLUML) » (Royaume-Uni)? a demandé le représentant du Pakistan, qui a réclamé l’état financier de l’ONG.  Le représentant du Soudan a noté lui aussi que le Comité attendait que l’ONG lui envoie son état financier de l’exercice précédent.  Le représentant de la République islamique d’Iran a demandé à « Women's Freedom Forum, Inc. » (États-Unis) quelles ressources elle consacre à la production de rapports. 

Donnez des détails sur vos actions, a demandé le représentant de la Mauritanie à « WomenNC-NC Committee for CSW/CEDAW », qui a demandé comment cette ONG couvrait ses dépenses administratives.  Quels sont vos projets et dans quels pays? a demandé la déléguée du Nicaragua à « World Association for Sexual Health » (Royaume-Uni).  Le représentant du Soudan a exigé de « World Without Genocide » (États-Unis) qu’elle donne la liste des pays d’origine des étudiants bénéficiaires de son aide.  Son homologue du Burundi a voulu des précisions sur la relation entre l’ONG et la Cour pénale internationale.

Quels sont les projets de « Youth RISE (Resource, Information, Support, Education) Limited » (Royaume-Uni) en Amérique latine et dans quels pays de ce continent cette ONG compte-t-elle s’installer? a voulu savoir la déléguée du Nicaragua.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a demandé à « "SEG" Civil Society Support Center NGO » (Arménie) des informations sur ses projets en 2018 et 2019.  La représentante des États-Unis a demandé à « AMPHTS » (Syrie) dans quels pays elle comptait ouvrir des bureaux.

Le représentant du Pakistan a exigé des informations sur les publications de « Akhil Bharatiya Human Rights Organisation » (Inde) faisant observer que le site Internet de l’ONG ne répond pas.  « Ambedkar Center for Justice and Peace » (Inde) devra elle aussi répondre, à l’Inde, sur les problèmes techniques sur son site Internet.  « Associación Red de Mujeres Afrolatinoamericanas, Afrocaribeñas y de la Diáspora » (Nicaragua) a été priée par la représentante de Nicaragua de lui donner les conclusions d’une réunion qu’elle a organisée dans le pays.  Son homologue de Cuba a voulu savoir si l’ONG était présente dans son pays.

Enfin, la représentante de l’Afrique du Sud a voulu savoir quelle était la stratégie de « Cameroon League for Development- CAMLEAD » (Cameroun) sur les grossesses des adolescentes.

Quels sont les projets de formation que dispense « Diplomatic Mission Peace AndProsperity » (Albanie)? a demandé le représentant de la Grèce.  Quelles sont les activités entreprises par l’« Establishment of Sheikh Thani bin Abdullah Al Thani for Humanitarian Services » (Qatar)? a voulu savoir la déléguée des États-Unis.  Quel est le lien de « Family Policy Institute » (Afrique du Sud) avec la « Family Policy Institute », basée à Washington? a questionné la représentante de l’Afrique du Sud.

La même déléguée a demandé à « Imam Khomeini Relief Foundation » (République islamique d’Iran) des détails sur ses investissements.  La représentante de l’Inde a demandé à l’« International Non-Olympic Committee » (Inde) de lui transmettre la totalité de ses recherches, ses sources de financement et la liste de ses chercheurs.  Le sport non olympique est-il du sport? a-t-elle demandé, avant que le représentant d’Israël rappelle que le Comité ne pouvait pas demander l’identité d’individus, en l’occurrence les chercheurs de l’organisation.  

Dialogue avec les ONG

Le représentant de « The Union of Non-governmental Associations "The International Non-governmental Organization "The World Union of Cossack Atamans » (Kazakhstan), a déclaré que les Cosaques avaient subi un génocide de la part des autorités communistes lors du siècle passé.  Le délégué de la Fédération de Russie a demandé des éclaircissements sur les liens existant sur le site Internet de l’ONG, demandé quelles étaient les autorités communistes qui auraient fait subir un tel génocide et quelles étaient les preuves que le peuple cosaque avait subi le génocide.  Le représentant de l’ONU a annoncé qu’il répondrait par écrit.

Le représentant de « Ambedkar Center for Justice and Peace » (Inde) a expliqué que son ONG avait été fondée en 2003 pour suivre les pas du docteur Ambedkar, qui a consacré sa vie à faire le bien autour de lui.  Notre ONG se consacre à l’éducation des personnes défavorisées dans l’État indien de Maharashtra, a-t-il ajouté, affirmant que le Gouvernement de cet État avait demandé à l’ONG de poursuivre son travail, dont un projet d’éducation aux droits de l’homme.  La représentante de l’Inde a voulu connaître les projets futurs de l’ONG et lui a réclamé des données financières actualisées, à fournir par écrit.

Le représentant de « The International Center for Supporting Rights and Freedoms » (Suisse) a déclaré que l’une des missions de son organisation était d’encourager les pays à rejoindre la Cour pénale internationale (CPI).  Il a parlé de la difficulté de travailler dans les pays du Golfe, ajoutant que cela ne ferait pas reculer son organisation.  Quels étaient vos projets en 2017? a demandé le représentant de la Fédération de Russie.  « Nous avons publié quatre rapports annuels visibles sur Internet sur les violations des droits de l’homme au sein du Conseil de coopération du Golfe », a répondu l’ONG.  Le représentant du Soudan a demandé à connaître les partenariats de l’ONG dans les autres pays, en exigeant une réponse écrite.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: la jeunesse demande à être davantage associée à la réalisation des objectifs de développement durable

Cinquante-sixième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
SOC/4860

Commission du développement social: la jeunesse demande à être davantage associée à la réalisation des objectifs de développement durable

Les deux séances de la Commission du développement social de ce jour ont été marquées par plusieurs interventions de représentants de la jeunesse, au lendemain de la clôture du septième Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), qui avait rassemblé pendant deux jours plus de 500 participants.

Une représentante des jeunes, Mme Ruxanda Renita, est venue informer la Commission des débats tenus lors du Forum, consacré au « rôle des jeunes dans l’édification de la viabilité et de la résilience des communautés urbaines et rurales ».  Rappelant que près de la moitié de la population mondiale a aujourd’hui moins de 25 ans, elle a lancé des appels aux jeunes pour les inciter à mener plusieurs combats: lutter en faveur d’une gouvernance plus transparente et de la protection de la biodiversité, tout en combattant les changements climatiques, l’extrémisme ou encore les flux financiers illicites.

Aux Nations Unies et à ses États Membres, Mme Renita a conseillé de « ne pas toujours reporter au lendemain » les efforts à mener pour atteindre les cibles du développement durable prévues pour 2020.  Elle n’a pas oublié non plus de dénoncer l’« état catastrophique » des fonds des Nations Unies destinés à faciliter la participation des jeunes aux travaux de l’Organisation.  « On ne peut pas compter sur la passion des jeunes et ne pas investir réellement en eux », a-t-elle lancé. 

Fournissant un exemple de la volonté de participation des jeunes, le délégué jeunesse qui représentait les Pays-Bas a expliqué que les jeunes de son pays avaient pu préparer leur propre contribution au rapport national sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi insisté sur la nécessité de faciliter le développement des talents des jeunes, tout en faisant observer que c’était un objectif beaucoup moins facile à réaliser en milieu rural, notamment pour les jeunes femmes.

À leur tour, d’autres délégués jeunesses sont intervenus lors du débat général de la Commission.  Ceux de la Bulgarie ont prôné le dialogue interculturel et l’utilisation du sport comme instrument capable de favoriser l’égalité et la compréhension mutuelle.  Celle qui représentait l’Allemagne a appelé les délégations à imaginer un monde où chacun pourrait être un leader pour la mise en œuvre du Programme 2030 car chacun aurait les compétences nécessaires pour ce faire.  Ceci a amené les représentant de la jeunesse roumaine à plaider pour un soutien financier accru aux jeunes disposant de faibles revenus, afin de compenser les « coûts cachés » d’une éducation présentée comme gratuite. 

Au total, plus de 50 délégations ont pris la parole aujourd’hui.  Nombre d’entre elles ont, plus généralement, mis l’accent sur l’importance de l’éducation pour tous, y compris pour les personnes âgées et celles vivant avec un handicap, afin de permettre à chaque membre de la société d’apporter sa contribution à la réalisation des objectifs de développement durable.

Il s’agit aussi d’offrir aux jeunes, aux femmes, aux personnes handicapées ou âgées et aux membres de tous les groupes encore trop marginalisés, de contribuer à l’innovation, que plusieurs délégués ont présentée comme un élément essentiel pour réaliser les objectifs.  Ainsi, le représentant du Japon a indiqué que son pays participerait, demain, à un événement parallèle sur le thème des compétences numériques pour les personnes âgées.  À cette occasion, sa délégation a invité une Japonaise de 82 ans, qui met au point des applications pour téléphone mobile, pour expliquer comment les technologies peuvent améliorer le sort des personnes âgées. 

La représentante de l’Union internationale des télécommunications (UIT) était aussi là pour rappeler que la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès à Internet, et que les femmes, les personnes âgées ou handicapées font face à des obstacles supplémentaires pour se connecter.  Même les jeunes, a-t-elle indiqué, n’ont pas toujours les capacités numériques que les employeurs recherchent. C’est pourquoi une campagne UIT-OIT a été lancée en faveur « des aptitudes numériques pour des emplois décents pour la jeunesse ».

Certains intervenants, comme le représentant de l’Azerbaïdjan, ont aussi reconnu que la pauvreté relative avait progressé ces dernières années dans les pays développés.  En outre, pour que le développement durable ne s’entende pas comme la préservation sur le long terme de gains au bénéfice de pays déjà développés, le délégué du Saint-Siège a plaidé pour un partage avec les plus pauvres, au lieu d’une « économie de l’exclusion » basée sur des pratiques discriminatoires qui empêchent la pleine participation des pauvres.  Dans un même sens, l’ONG Soroptimist International a invité à « rompre les cercles vicieux où le bonheur est associé aux gains personnels ». 

Tout au long de la journée, les délégations ont mis en avant les politiques sociales qu’ils ont mises en place pour lutter contre l’exclusion et pour réduire les inégalités.  Celle de la Bolivie, par exemple, a rappelé qu’en 12 ans, son pays avait réduit l’écart de revenu entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres, qui est passé de 1 à 128 en 2005 à 1 à 47 aujourd’hui.  Dans le même temps, la Bolivie a réduit de 28% à 17% en 2017 son taux de pauvreté extrême. D’autres ont présenté des politiques sociales innovantes, comme la Finlande avec son expérience de revenu minimum de remplacement de divers minima sociaux destiné à inciter les bénéficiaires à rependre un travail, même temporaire ou à temps partiel.

Ce débat a aussi été l’occasion de lancer des appels à la solidarité internationale, avec une demande insistante aux pays développés pour qu’ils honorent leurs engagements en matière d’aide publique au développement.

La Commission du développement social reprendra et achèvera son débat général lundi 5 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous

Déclaration

Mme RUXANDA RENITA, Représentante de la jeunesse, est venue informer la Commission du développement social des débats tenus lors du Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), qui s’est achevé hier.  Le Forum prend de l’ampleur, a-t-elle affirmé, en précisant que pour la première fois il avait été coorganisé par des organisations de jeunes.  Elle a en outre rappelé qu’actuellement, près de la moitié de la population mondiale a moins de 25 ans et 50 millions de jeunes sont migrants ou réfugiés.

Présentant les conclusions du Forum, Mme Renita a expliqué que celui-ci avait identifié la résilience comme une problématique transversale du développement durable.  Elle a mis en avant plusieurs des thématiques discutées, en mettant notamment l’accent sur la nécessité de faire respecter le droit à l’eau potable et à l’assainissement.  Elle a aussi réclamé plus d’espace pour les jeunes dans l’accès aux technologies renouvelables et écologiques, demandé qu’on s’assure de la robustesse, de la résilience et de la souplesse des sources d’énergie dans les régions frappées par les changements climatiques et insisté sur la nécessité pour les villes de fournir des services de proximité et des logements pour leurs jeunes.  Elle a encore appelé à appuyer les réseaux de migrants et à considérer l’inclusion sociale comme un processus et non seulement comme un résultat à atteindre. 

La session du Forum de la jeunesse a permis d’avoir des discussions sur des sujets de fond, s’est félicitée Mme Renita.  Elle a appelé les jeunes à lutter pour une gouvernance plus transparente et en faveur de la protection de la biodiversité, ainsi qu’à combattre les changements climatiques mais aussi l’extrémisme ou encore les flux financiers illicites.  Elle a exhorté les Nations Unies et ses États Membres « à ne pas toujours reporter au lendemain » les efforts pour atteindre les cibles du développement durable prévues pour 2020.  « Ne sommes-nous pas tous fatigués ou ennuyés d’utiliser toujours les mêmes stratégies et de ne pas mieux prendre en compte nos communautés? », a-t-elle lancé.

Enfin, la représentante a dénoncé l’« état catastrophique » des fonds destinés à faciliter la participation des jeunes aux travaux des Nations Unies, alors même que ces derniers sont devenus, ces dernières années, de plus en plus présents au sein de l’Organisation.  « On ne peut pas compter sur la passion des jeunes et ne pas investir réellement en eux », a-t-elle conclu. 

Suite du débat général

M. SIDY GUEYE, Secrétaire permanent, Ministère de la famille, de la femme et du genre du Sénégal, a indiqué que son gouvernement avait opérationnalisé plusieurs programmes qui ciblent notamment les jeunes et les femmes.  Il a parlé du programme d’urgence de développement communautaire, « qui a généré beaucoup d’espoir parmi la population » en fournissant des outils postrécoltes et des moyens de créer des microentreprises.  Le volume des dépenses consacrées aux secteurs sociaux a doublé, et le Gouvernement s’attache aussi à assurer une couverture maladie universelle, avec pour objectif une couverture de 75% d’ici à 2020.  Des bourses économiques ont également été offertes dans le cadre d’un autre programme, tandis que le projet d’appui à la réduction de la migration cible la création d’emplois en milieu rural. 

Un axe important de l’intervention de l’État consiste à mettre en place des fonds qui doivent être octroyés à des conditions plus souples, précisant que cela contribue au développement des petites et moyennes entreprises.  Pour promouvoir l’emploi des jeunes, le Gouvernement a lancé un programme d’urgence qui octroie des bourses pour favoriser un « entreprenariat rapide ».  En outre, l’agence de la grande muraille verte met en place de nombreux programmes de lutte contre la désertification, ce qui, a espéré le représentant, aura un impact direct sur la population des trois plus grandes régions du pays. 

M. MIWAIS BAHEEJ, Directeur général de la planification et de la consolidation du Ministère de l’économie de l’Afghanistan, a indiqué que le Cadre afghan national pour la paix et le développement, qui sert de feuille de route pour assurer le développement du pays au cours des cinq prochaines années, accordait une attention particulière à la réduction de la pauvreté et à l’inclusion sociale.  Dans ce cadre, il a annoncé le lancement, au mois de mars 2018, d’un programme visant à créer un million d’emplois dans différents secteurs.  De son côté, le Ministère de l’économie vise à augmenter la production nationale afin qu’elle reprenne sa place dans les marchés domestiques et qu’elle se substitue aux importations.  Il a mentionné des analyses en cours qui doivent identifier plusieurs produits importés capables d’être produits sur place afin de créer des perspectives d’emplois pour 200 000 personnes au cours des deux prochaines années.

M. Baheej a ensuite indiqué que de nombreuses villes afghanes accueillent un nombre important de réfugiés rapatriés et de personnes déplacées, ce qui exerce de fortes pressions sur leur économie déjà faible.  Aussi le Gouvernement et la Banque mondiale se sont accordés pour mettre sur pied un plan à moyen et plus long terme pour aider à absorber cet important afflux de personnes déplacées dans l’économie du pays.  Il a aussi parlé du projet « des emplois pour la paix » qui a permis de créer 1,7 million d’emplois rémunérés pour la population rurale depuis 2014, avec un salaire moyen de 6 dollars par jour.  L’Afghanistan s’est en outre doté d’une politique nationale de la jeunesse pour répondre au manque d’investissement dans le capital humain ainsi qu’au problème du taux important de chômage parmi les jeunes.

M. ABDESSAMAD LAURANI (Maroc) a mis en avant les grands progrès réalisés par son pays depuis 15 ans en matière de développement social et économique ainsi qu’au plan des libertés publiques et individuelles, qui se sont traduites par de grandes avancées en matière d’éducation et de réduction de la pauvreté.  Le Maroc a en outre souhaité intégrer la jeunesse dans les différents aspects de sa politique de développement social, en lui offrant des emplois décents et en l’incitant à prendre des initiatives, a ajouté le représentant.

M. Laurani a par ailleurs vanté un « modèle marocain » en matière notamment de développement de l’accès à l’eau potable ou encore de protection de l’environnement.  Il a évoqué les politiques nationales en faveur de l’égalité hommes-femmes, de la protection de l’enfance ou encore du soutien aux personnes âgées.  Le Maroc, a-t-il aussi expliqué, a entrepris une importante réforme de sa couverture sociale et dispose d’un programme national qui vise spécialement la famille et les personnes âgées, ainsi que de fonds de développement en faveur de différentes catégories de la population.  Enfin, le Maroc dispose d’une stratégie nationale relative à l’immigration qui permet de garantir les droits des migrants quel que soit leur statut. 

Mme GEISSEL, déléguée jeunesse de l’Allemagne, a invité les délégués à mettre de côté leurs ordinateurs portables et smartphones pour prêter attention aux idées innovantes des jeunes.  Elle a souligné que les jeunes aiment les échanges interculturels et le dialogue.  Les jeunes ont une vision d’une société où l’égalité de droits et de chances est une réalité, a-t-elle assuré.  Il en va de même pour l’orientation sexuelle, a-t-elle ajouté, invitant les délégués à imaginer ce qu’aurait été leur vie s’ils ne pouvaient pas épouser la personne aimée.

Elle a ensuite cédé la parole à son collègue, qui a appelé à imaginer un monde où chacun pourrait être un leader pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, car chacun aurait les compétences nécessaires pour ce faire.  Il a appelé à renforcer la présence des jeunes au sein de l’ONU, moyennant notamment la création d’un programme à l’intention des délégués de jeunes.  Il faut aussi, à son avis, appuyer les organisations de jeunes qui permettent à ces derniers d’obtenir des compétences pour appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  « Lorsque vous prenez une décision, a-t-il ensuite lancé, prenez le moment de réfléchir si vous avez au préalable écouté la voix de ceux qui seront le plus directement impactés par celle-ci. »

Mme PATRYCJA PUZ (Pologne) a d’abord mis l’accent sur la politique de la famille suivie par son pays, en précisant que le Gouvernement avait l’an dernier investi plus de 3% du PIB dans des programmes liés à la famille, ce qui a permis notamment de faire baisser de quatre points le taux de pauvreté infantile, alors que dans le même temps le nombre de naissances augmentait.  Le Gouvernement a en outre lancé un programme de logements en faveur des familles et dispose de programmes pour les foyers qui comptent un enfant handicapé. 

La représentante a ensuite présenté le Programme gouvernemental de participation des personnes âgées, qui doit permettre à celles-ci de rester actives et indépendantes le plus longtemps possible.  De même, le Gouvernement a révisé à la hausse les pensions de retraites les plus faibles.  Enfin, la Pologne a adopté une stratégie pour un développement responsable axé sur la personne afin de mieux couvrir les personnes exposées à la pauvreté et l’exclusion sociale.  Le revenu minimum, a précisé Mme Puz, a été augmenté et le chômage a pu être réduit, se situant désormais nettement en dessous de la moyenne européenne. 

PASCAL FOUDRIÈRE, Directeur adjoint des affaires européennes et internationales, Ministère des solidarités et de la santé de la France, a dénoncé l’échec des politiques publiques à s’attaquer au creusement des inégalités.  « L’Europe doit actualiser ses modèles sociaux pour les adapter aux enjeux du XXIe siècle », a-t-il lancé.  Il a estimé que la tenue récente du Sommet de Göteborg était une première étape importante car il s’agit d’un engagement impliquant notamment les parlements.  Pour le délégué, la lutte contre la pauvreté doit être un objectif globalement partagé.  Il a préconisé un champ d’intervention allant du logement à la santé, en passant par l’éducation, la culture et les loisirs.  Il a appelé à plus de cohérence et d’ambition, soulignant que les politiques publiques de lutte contre la pauvreté doivent se renforcer et s’articuler avec les autres politiques sociales.  Il faut aussi insister davantage sur l’innovation et l’expérimentation sociale pour dépasser l’échec des politiques passées, a-t-il ajouté.

Passant ensuite à la question du handicap, il a préconisé une véritable politique d’accompagnement.  Il a parlé de la réunion, le 20 septembre 2017, du Comité interministériel du handicap, précisant que celui-ci illustre la volonté du Président Macron de faire des questions de handicap une priorité nationale.  Il a expliqué que des mesures sont prévues à cet égard en matière de scolarisation, de logement et de transports publics.  Dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024, qui se dérouleront à Paris, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) entend par exemple investir une somme considérable dans l’adaptation des transports.  Il a aussi indiqué que des incitations à l’embauche seront par ailleurs mises en œuvre pour favoriser l’emploi des personnes handicapées.

Mme NAJAT DAHAM AL ABDALLAH (Qatar) s’est dite convaincue de l’importance de la protection des droits fondamentaux.  Le Qatar, a-t-elle indiqué, a donc fait d’importants efforts pour créer des environnements favorables aux différentes composantes de la société, afin que chacun y puisse jouer son rôle.  Ainsi, le Qatar entend investir dans le potentiel des jeunes et assurer leur participation à la société et à l’innovation, ce qui permet aussi de lutter contre le terrorisme.  Le Qatar a en outre adopté des programmes en faveur des personnes handicapées, a poursuivi la représentante, avant de mentionner aussi les efforts de son pays pour assurer le développement par le sport.  Le Qatar, a-t-elle rappelé à cet égard, organisera en 2020 la coupe du monde de football.  La déléguée a également mis l’accent sur les programmes de son pays en faveur de la famille.

La représentante a ensuite dénoncé les défis rencontrés par le Qatar du fait de l’embargo dont il est l’objet depuis plusieurs mois et qui a des répercussions néfastes sur les conditions de vie de nombreuses catégories de la population.  Le Qatar n’en poursuivra pas moins ses politiques de développement social et de coopération avec les Nations Unies, a conclu la représentante. 

Mme RALITSA DIKANSKA, déléguée jeunesse de la Bulgarie, a indiqué que la participation politique des jeunes était devenue une tradition dans son pays, les jeunes ayant contribué de manière notable au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a estimé que les jeunes devaient être en mesure de jouer un rôle moteur dans le changement social.  Elle a ensuite annoncé que les délégués jeunesses de son pays allaient prochainement lancer un projet dans les universités bulgares pour sensibiliser les jeunes aux objectifs de développement durable et encourager la recherche en faveur de leur réalisation.

À son tour, Mme ASSYA PANDZHAROVA, autre déléguée jeunesse de la Bulgarie, a indiqué que le dialogue interculturel et le sport étaient des instruments essentiels dans le développement des sociétés, en ce qu’ils favorisent l’égalité et encouragent une compréhension mutuelle.  Elle a évoqué les résultats bénéfiques d’une manifestation sportive ayant rassemblé des jeunes de divers horizons, avant d’assurer que les délégués jeunesse bulgare œuvraient sans relâche pour promouvoir l’intégration des migrants et des réfugiés.

Mme JAHKINI BISSELINK, déléguée jeunesse des Pays-Bas, a mis l’accent sur les moyens de renforcer la résilience des communautés tant urbaines que rurales.  Elle a jugé essentiel de permettre la participation des jeunes à la réalisation des objectifs de développement durable, ce qui se fait aux Pays-Bas par exemple par le biais d’un rapport spécifique préparé par les jeunes sur le processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a souligné l’importance d’un dialogue inclusif entre groupes de jeunes différents.  Elle a enfin insisté sur la nécessité de faciliter le développement des talents des jeunes, en faisant observer que c’était beaucoup moins facile en milieu rural, notamment pour les jeunes femmes.  C’est en reconnaissant le potentiel des jeunes de toutes les communautés qu’on pourra renforcer la résilience de cette catégorie de la population, a conclu la représentante. 

M. SAMEDIN ROVCANIN, délégué jeunesse de la Serbie, a souligné que les jeunes insufflent un nouvel élan au changement social.  Il a souligné qu’en autonomisant les jeunes pour leur permettre de mettre en œuvre les objectifs de développement durable en matière de qualité de l’éducation, de réduction des inégalités et de pauvreté, on pourra créer une génération de dirigeants capables de s’attaquer aux défis de la durabilité énergétique et de la croissance économique, permettant ainsi de réaliser l’ensemble des objectifs de développement durable.  Le délégué a ensuite parlé de la signature récente, d’un cadre de partenariat pour le développement entre la Serbie et l’équipe de pays de Nations Unies pour la période 2016-2020, précisant que celui-ci fournit des directives pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, mettre en place un cadre financier et initier un dialogue sur leur mise en œuvre.

Mme IOANA COVEI et M. VLAD MACELARV, délégués jeunesse de la Roumanie, ont plaidé pour un soutien financier accru aux jeunes disposant de faibles revenus, afin de compenser les « coûts cachés » d’une éducation gratuite, tels que le transport ou l’achat de fournitures scolaires.  Il y a une corrélation pernicieuse entre le manque d’éducation et la pauvreté, qui peut toucher plusieurs générations, ont-ils déclaré.  Ils ont ensuite défendu un meilleur accès à l’éducation des personnes handicapées, ainsi que le bénéfice pour ces dernières de conditions de travail appropriées et d’une rémunération adéquate.  Ils ont ensuite évoqué les cas d’exclusion en raison d’une appartenance ethnique, mentionnant les jeunes Roms de Roumanie.  Mais, ont-ils remarqué, « il est naturellement très difficile de convaincre des personnes marginalisées par un système qu’elles doivent travailler à l’intérieur de ce système pour le retourner en leur faveur plutôt que de le rejeter complètement ».

M. KAI SAUER (Finlande) a plaidé en faveur d’une action déterminée et intégrée pour mettre en œuvre la vision que représente le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en recourant à des indicateurs de suivi.  Pour sa part, la Finlande mène actuellement plusieurs réformes et projets pilotes liés aux droits économiques et sociaux.  M. Sauer a notamment cité le lancement d’une expérience qui sera menée pendant deux ans sur quelque 2 000 personnes consistant à remplacer toute une série de prestations sociales de base telles que les allocations familiales, maladie ou chômage, par un revenu plancher non imposable de 560 euros.  L’idée est d’encourager les bénéficiaires à accepter un emploi temporaire ou à temps partiel, et de rendre le système social plus incitatif et plus autonomisant.  Il vise aussi à réduire la bureaucratie, a expliqué le représentant.

M. Sauer a ensuite rappelé la nécessité d’adapter les sociétés aux besoins d’une population vieillissante, en promouvant des mesures qui garantissent la bonne santé, les capacités et les ressources des aînés.  Il est important de pouvoir considérer aussi les personnes âgées comme des consommateurs et des bénévoles, a-t-il noté.  Enfin, M. Sauer a rappelé que « la technologie modèle chaque jour le monde ».  La Finlande, qui considère l’innovation comme un élément essentiel pour réaliser les objectifs de développement durable, est fière d’accueillir le premier des laboratoires de l’innovation technologique des Nations Unies, qui se concentrera sur des domaines dans lesquels la Finlande a une riche expérience, comme l’économie circulaire, l’éducation, la paix et la sécurité, et la santé.  « Nous devons nous assurer que l’innovation technologique bénéficie aussi à l’innovation sociale », a conclu le représentant. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a constaté que les causes profondes de la pauvreté extrême n’avaient pas changé et que dans certains pays, la pauvreté avait même avancé.  Elle a souligné qu’outre la volonté politique, les gouvernements devaient disposer de suffisamment de ressources matérielles et financières, de transferts technologiques et de savoir, afin de progresser dans l’élimination de la pauvreté.  Elle a appelé les pays développés à honorer leur engagement en matière d’aide publique au développement, engageant par ailleurs la communauté internationale à créer une véritable culture de solidarité.  « Les politiques protectionnistes et discriminatoires à l’égard des pays du Sud doivent cesser », a lancé la représentante, appelant les pays développés à assumer leur responsabilité historique face à la gravité de la crise environnementale.  À ses yeux, les pays pauvres ne devraient plus avoir à payer une dette extérieure qui a déjà été largement remboursée.  En outre, a-t-elle suggéré, les milliards consacrés aux dépenses militaires devraient être consacrés au développement.

La représentante a indiqué que son gouvernement avait mis en œuvre une stratégie de développement qui se focalise sur l’être humain et vise notamment les personnes handicapées.  La politique jeunesse accorde la priorité à la formation professionnelle et à l’insertion des jeunes dans le marché du travail ainsi qu’à leur participation au processus de prise de décisions à tous les niveaux.  En outre, Cuba devant compter, d’ici à 2030, 3,3 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, le Gouvernement s’attache à assurer la qualité de vie de cette tranche de la population.  La représentante a par ailleurs indiqué qu’en dépit de l’embargo imposé contre son pays, Cuba avait déjà réalisé plusieurs objectifs de développement durable: le pays a enregistré son plus faible taux de mortalité infantile en 2017, l’accès à la santé est universel et plus des deux-tiers du budget national sont consacrés à l’amélioration de la qualité de l’éducation, la santé, le bien-être social, la culture, les sports et la recherche scientifique et technique.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a fait valoir le fort potentiel agropastoral de son pays, où le secteur agricole emploie 80% de la population active.  « Mon gouvernement alloue 15% du budget national à l’agriculture », a-t-il dit.  Le délégué a ensuite détaillé le projet de loi visant à renforcer la protection juridique des personnes handicapées, dont le nombre est estimé à plus de deux millions dans le pays, grâce notamment à la promotion de l’insertion sociale et de l’égalité des chances et à l’adaptation des services publics et privés pour leur bénéfice.  Le Gouvernement malien, a-t-il poursuivi, a adopté en 2016 le Cadre stratégique pour la relance et le développement durable pour la période 2016-2018 dont l’objectif est de promouvoir un développement inclusif et durable en faveur de la réduction de la pauvreté et du renforcement des capacités dans un « Mali uni et apaisé », a-t-il dit.  M. Konfourou a également déclaré que les autorités attachaient une grande importance à la prise en charge sanitaire du plus grand nombre possible de la population malienne.  Enfin, le Gouvernement a institué le « mois de la solidarité », célébré chaque octobre, a conclu le délégué. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a estimé que la route sera encore longue pour réduire nettement les disparités entre pays.  L’éradication complète de la pauvreté reste un objectif difficile à atteindre, a poursuivi le représentant.  Pour Cabo Verde, le développement sans exclusive implique de satisfaire les besoins de tous les groupes.  Le pays cherche non seulement à mettre en place des politiques de qualité pour satisfaire les aspirations des jeunes, mais aussi à répondre aux besoins des personnes handicapées ou encore des personnes âgées.  Le représentant a également rappelé l’importance des partenariats extérieurs pour avancer sur la voie du développement.  Il a dès lors regretté que le reclassement de Cabo Verde, qui est passé en 2008 de la catégorie des pays les moins avancés à celle de pays à revenu intermédiaire, l’exclue des prêts publics, alors que les investissements directs étrangers ne sont pas suffisants pour réduire à eux seuls les inégalités.

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que 5,8% de la population de son pays vit dans la pauvreté, une situation qui a conduit le Gouvernement à établir la « Vision 2036 » et le Plan national de développement 11, lesquels sont alignés sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Un système de protection sociale ciblant les plus vulnérables et les plus nécessiteux est doté de fonds équivalant à 4,4% du produit national brut (PNB) du pays.  Ce système couvre les plus démunis, les orphelins et enfants vulnérables, les soins de santé à domicile, les vétérans de la Deuxième Guerre mondiale et leurs veuves, ainsi que les personnes âgées et ceux souffrant de handicap. 

En outre, pour lutter contre la malnutrition, le Gouvernement a mis sur pied une stratégie nationale dans ce domaine et établi deux centres de nutrition d’enfants et d’adolescents à Gaborone et Francistown, ainsi que dans des écoles primaires et des centres de santé.  Le Botswana a également mis sur pied une agence de développement de l’entrepreneuriat citoyen afin de soutenir les petites et moyennes entreprises, y compris celles des jeunes et des femmes.  Un sondage organisé par le Gouvernement a permis de constater que le niveau de pauvreté dans le pays avait baissé sur la période de 2010 à 2016, passant par exemple de 6,4% à 5,8% pour la proportion de gens vivant avec moins de 1,90 dollars par jour.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a souhaité que les travaux de la Commission débouchent sur l’adoption d’un texte orienté vers l’action.  Il appelé à axer l’attention sur la situation des pays les plus démunis, soulignant notamment l’importance d’élaborer des partenariats plus forts afin de fournir des emplois décents et de veiller à la sécurité alimentaire des populations.  Le Bangladesh a réussi à réduire la pauvreté au cours des cinq dernières années, ce qui donne au pays des bases solides pour pouvoir réaliser les objectifs de développement durable, s’est félicité le représentant.  Un comité de suivi de mise en œuvre du Plan d’action national des objectifs de développement durable a notamment été mis sur pied.  Des filets de sécurité sont prévus, a-t-il dit en précisant que le Gouvernement veille à la situation de toutes les tranches de la population pour que personne ne soit laissé de côté.

Le représentant a aussi fait valoir les progrès réalisés au Bangladesh pour réduire la mortalité infantile et la malnutrition, ainsi que pour améliorer la couverture vaccinale.  M. Bin Momen a ensuite parlé des difficultés sociales et environnementales liées à l’arrivée des réfugiés rohingya et a souhaité leur retour pérenne.  Pour conclure son intervention, il a de nouveau insisté sur l’importance d’élaborer des partenariats avec toutes les parties prenantes.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé le lien fort qui existe entre développement social et croissance économique, ces deux domaines se renforçant mutuellement.  Malgré les immenses progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté au niveau mondial, les disparités persistent entre pays et au sein des États, a constaté la représentante qui a misé sur une croissance économique inclusive pour promouvoir un développement social pérenne.  Le Pakistan considère que l’éducation est le principal investissement à faire pour l’avenir, a-t-elle dit avant de parler des mesures prises à cet égard dans son pays.  Ainsi, le Pakistan a pu envoyer à l’école plus de 2,5 millions d’élèves supplémentaires grâce à des innovations destinées à lutter contre la déscolarisation. 

La représentante a ensuite prôné l’égalité hommes-femmes dans le développement économique et social.  Mme Lodhi a également en mis en avant, comme un exemple de coopération Sud-Sud, le Corridor économique Chine-Pakistan, qui doit permettre de contribuer à la lutte contre la pauvreté et à réaliser les objectifs de développement durable en offrant des opportunités économiques non seulement au peuple du Pakistan mais à tous les peuples de la région.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a déclaré que l’élimination de pauvreté était l’objectif suprême de son gouvernement, précisant que les politiques et stratégies adoptées en la matière étaient axées sur les personnes et les communautés.  Elle a indiqué que les politiques adoptées depuis 2007 avaient débouché sur des résultats notables en matière de croissance équitable, d’augmentation de l’emploi et de réduction de la pauvreté.  Le pays a aussi dépassé l’objectif de 50% d’émancipation des femmes, s’est-elle félicitée.  Des lois promeuvent l’investissement et l’accès au crédit, tandis que la Banque productive et différentes coopératives permettent à la population d’accéder aux richesses du pays.  La représentante a mentionné l’éducation gratuite et universelle dans son pays, où la population jouit aussi du droit à la santé et au logement.  Mme Rubiales de Chamorro s’est aussi enorgueillie des avancées réalisées au Nicaragua dans la lutte contre la pollution et l’accès à la culture.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a décrit un contexte mondial très sombre « qui donne plutôt une sensation de recul que de progrès ».  Le fossé entre ceux qui n’ont pratiquement rien et ceux qui ont beaucoup plus que ce dont ils ont besoin ne cesse de se creuser, a-t-il fait remarquer.  La Bolivie a, pour sa part, mené des politiques publiques qui ont permis de diminuer les écarts de revenu, passés d’un rapport de 1 à 128 entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres en 2005, à un rapport de 1 à 47 12 ans plus tard.  De même, la pauvreté extrême a chuté de 28% en 2005 à 17% en 2017.  Avec 12,6% de son PIB, la Bolivie est le pays qui a le plus d’investissements publics en Amérique du Sud et elle contribue d’ailleurs activement à la croissance économique de la toute la région, a poursuivi le représentant.

Le représentant a également cité une baisse de la déscolarisation en Bolivie, passée de 4,5% à 2,5%, une diminution de près de 50% de la mortalité infantile et une forte baisse de la malnutrition chronique, alors que la couverture de l’approvisionnement en eau potable a considérablement augmenté.  La Bolivie a donc fait d’importants progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable, a déclaré le représentant, qui a expliqué que cela avait été rendu possible grâce au rétablissement de la souveraineté de son pays sur ses ressources économiques, notamment le gaz et le pétrole.  « La Bolivie est un pays qui peut servir d’exemple social », a conclu le représentant. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a expliqué que son gouvernement se préoccupait du sort de toutes les tranches de la population, appelant à assurer l’équilibre entre la vision du développement des sociétés et les besoins de chaque individu.  Il a souligné que l’amélioration des méthodes de travail de la Commission lui permettra de mieux contribuer au développement durable.  Le délégué a appelé à mettre en place des politiques à l’intention des jeunes, dans le domaine de l’éducation notamment, pour leur permettre de devenir de véritables contributeurs dans leurs sociétés.  L’Italie s’attache notamment à veiller à ce qu’ils aient les connaissances nécessaires en matière de droit et de dialogue interculturel.  M. Cardi a indiqué que son pays célèbre cette année le quarantième anniversaire de l’adoption de la loi Basaglia, qui a fait de l’Italie le premier pays au monde à interdire les hôpitaux psychiatriques.  Le représentant a par ailleurs fait savoir que l’Italie s’était portée candidate pour siéger au sein du Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021

« Sans éducation pour les filles, il n’y aura pas de développement durable », a prévenu Mme ISABELLE PICCO (Monaco), avant d’expliquer ce que fait son gouvernement dans ce domaine: Monaco offre une éducation primaire et secondaire gratuite, ainsi que des contrats d’apprentissage et de formation.  Monaco s’engage aussi en faveur de la préscolarisation et de l’appui à la formation professionnelle dans le cadre de la coopération internationale, a-t-elle dit, mentionnant la signature d’un accord avec le Bureau du Haut-Commissaire aux réfugiés pour soutenir un programme de scolarisation d’enfants syriens.  Elle a ajouté que son gouvernement avait mis en place le premier incubateur accélérateur de « start-up » Monaco Tech qui vise à soutenir de jeunes entreprises et des projets innovants.  « Aux fins de tirer parti des nouvelles technologies au service du développement durable, Monaco a adopté le Pacte national pour la transition énergétique. » Enfin, Mme Picco a évoqué, s’agissant des personnes âgées, les services de gériatrie de moyen et long séjour offerts par la Principauté, en vue notamment d’accueillir des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. 

Mme GEORGINA GALANIS, Soroptimist International, au nom de la Coalition pour une citoyenneté globale, a vu les objectifs de développement durable comme la voie vers une « citoyenneté mondiale ».  Elle a fait remarquer que les systèmes mis en place avaient une influence sur la vie des personnes, et que les citoyens mondiaux cherchaient à s’émanciper.  Elle a appelé à prendre davantage conscience de la manière dont nos actions influent sur le monde, soulignant par ailleurs que les programmes superficiels de lutte contre la pauvreté ne suffisent pas.  Il faut, a-t-elle souligné, s’attaquer à ses causes profondes.  La représentante a invité à se départir des paradigmes actuels et à ne pas suivre des démarches qui privilégient le succès individualiste.  « Il faut éduquer les citoyens du monde, reconnaître la valeur intrinsèque de chaque individu et rompre les cercles vicieux où le bonheur est associé aux gains personnels. »  Au lieu de perpétuer l’individualisme, elle appelé à favoriser la créativité et une citoyenneté mondiale.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a qualifié la pauvreté d’« ennemie de toutes les sociétés civilisées », qui doit donc être éliminée.  Les Maldives, a-t-il indiqué, cherchent à promouvoir une politique de développement qui bénéficie à tous et à autonomiser chaque membre de la société, notamment en créant des emplois.  Tandis que le pays a mis en place un système de logement abordable, il a mentionné les investissements des Maldives dans une éducation gratuite pour tous et dans les filets de sécurité sociale.  Les personnes handicapées reçoivent ainsi un soutien à la fois financier et en termes d’emploi.  Les personnes âgées reçoivent, elles, un soutien affectif et financier. 

Le représentant a ensuite mis en avant la nécessaire émancipation des femmes, qui doit rester la principale stratégie d’éradication de la pauvreté, selon lui.  Il a d’ailleurs expliqué que les Maldives avaient fait de l’égalité hommes-femmes une de leurs priorités.  La tâche titanesque de l’élimination de la pauvreté implique que l’on investisse dans les personnes, y compris dans les plus vulnérables, a rappelé le représentant, qui a affirmé en conclusion que cette méthode avait fonctionné pour son pays.

Mme PAULINE IRÈNE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a vu dans la pauvreté une « bombe à retardement ».  Son gouvernement, a-t-elle indiqué, s’emploie à améliorer la situation socioéconomique des personnes vulnérables.  Elle a expliqué que son pays s’était inscrit dans une approche transversale qui tient compte du respect des droits, du développement et de la promotion de l’entrepreneuriat.  Le Cameroun, a-t-elle poursuivi, ambitionne de faire de la population l’acteur principal de son propre développement, par une politique volontariste de création d’emplois décents et en veillant à la protection sociale des couches les plus vulnérables, entre autres.  Le Gouvernement compte aussi sur le dynamisme du secteur privé, a-t-elle ajouté en signalant les programmes mis sur pied dans le secteur agroalimentaire et de l’industrie extractive, parmi d’autres.

La Ministre a par ailleurs fait savoir que, depuis 2015, la multiplication des attaques commises par Boko Haram avait entraîné des vagues de réfugiés vers le Cameroun, tandis que les aléas climatiques ont causé une crise alimentaire dans le nord du pays.  Pour pouvoir véritablement réduire la pauvreté, elle a jugé souhaitable que les pays développés tiennent les engagements pris envers les pays pauvres.

Mme ZELMA YOLLANDE NOBRE FASSINOU (Bénin) a estimé que l’élimination de l’extrême pauvreté passait nécessairement par la promotion de la transformation structurelle des économies, la création d’emplois décents et adéquats, le renforcement de la sécurité alimentaire et celui des partenariats.  La représentante a ensuite présenté le Programme d’action gouvernemental lancé fin 2016, intitulé « le Bénin révélé », qui vise à relancer la croissance économique tout en luttant contre les facteurs structurels de marginalisation des couches les plus vulnérables de la société dans un pays où 40,1% de la population vit toujours sous le seuil de la pauvreté.  Elle a d’ailleurs signalé que l’indice de développement humain plaçait le Bénin au 167e rang mondial. 

La déléguée a ainsi expliqué que les nombreux filets sociaux déjà existants avaient été renforcés et que des moyens conséquents avaient été alloués à l’éducation, notamment pour la scolarisation des filles, le fonctionnement des écoles ou encore l’organisation de cantines scolaires.  Elle a également présenté le projet d’assurance pour le renforcement du capital humain, qui vise à accorder des soins de qualité à tous, ainsi qu’un projet visant à assurer l’accès de toute la population à l’eau potable à l’horizon 2021.  La représentante a conclu en soulignant que le Bénin souscrivait pleinement aux principales recommandations du rapport du Secrétaire général.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a indiqué qu’une meilleure collecte de données avait permis d’améliorer l’octroi des services sociaux à la population du pays, précisant que ces services ciblent en premier lieu les familles vulnérables.  Le programme Bolsa Família a ainsi permis de fournir une aide à 13,8 millions de familles, contribuant de ce fait à l’autonomie des femmes.  Un salaire minimum est aussi octroyé aux personnes handicapées et il existe un programme spécial pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté.  M. Vieira a jugé nécessaire d’améliorer la coopération sur le plan du vieillissement et a appelé à adopter un instrument juridiquement contraignant pour assurer le respect des droits des personnes âgées.  Il a aussi appelé à protéger les droits de la famille, précisant que le Brésil reconnaît différents types de structures familiales.  Outre les jeunes, le Gouvernement se préoccupe des discriminations auxquelles font face les jeunes hommes d’ascendance africaine.

M. FERIDUN HADI SINIRIOĞLU (Turquie) a déclaré que l’accès des personnes handicapées aux services de base ainsi que leur accès à des systèmes d’aide sociale et juridique est d’une importance suprême.  Il a aussi jugé nécessaire de sensibiliser davantage aux droits des personnes âgées.  Le représentant a aussi fait observer que le développement social demeurera inachevé à moins de faire avancer l’autonomisation des femmes, et a par ailleurs appelé à prêter une attention particulière à l’Afrique et au pays les moins avancés (PMA) pour pouvoir éliminer le fléau de la pauvreté.

Il a souligné que la science, la recherche et l’innovation, ainsi que le transfert de technologies sont essentiels pour le développement des PMA.  La Banque de technologies pour les PMA, qui doit être inaugurée au printemps et qui aura son siège en Turquie, jouera un rôle important pour accélérer la transformation structurelle de ces pays et marquera un jalon dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a-t-il indiqué.  Cette institution, a-t-il précisé, permettra aussi de promouvoir la recherche scientifique et de renforcer les infrastructures de propriété intellectuelle des PMA. 

Après avoir indiqué que son gouvernement accordait une attention particulière à l’éducation et à la santé pour briser le cycle de la pauvreté, M. Sinirioğlu a rappelé que la Turquie accueille actuellement 3,4 millions de réfugiés syriens à qui elle octroie des vivres, des services de santé et d’éducation ainsi qu’un appui psychologique et des possibilités de formation professionnelle.  Il a aussi indiqué que depuis 2016, certains Syriens sous protection temporaire peuvent accéder au marché du travail et que plus de 26 000 d’entre eux ont pu obtenir un permis de travail.  À ce jour, a-t-il poursuivi, la Turquie a déboursé 30 milliards de dollars pour aider les Syriens.  Alors que les contributions de la communauté internationale demeurent bien en deçà des besoins, cette situation a un impact direct sur le développement social de la Turquie, a-t-il fait remarquer.

M. WU HAITO (Chine) a indiqué que la Chine souhaitait construire un mode de développement qui profite à tous, invitant tous les États à inclure les concepts d’inclusivité et de partage des bénéfices dans leurs stratégies de développement et à rechercher l’équilibre entre l’efficacité et l’équité.  Il a préconisé la mise en place de politiques bien ciblées de réduction de la pauvreté, fondées sur les conditions nationales propres à chaque pays et une bonne connaissance de l’état de pauvreté de leur population.  Il a aussi plaidé pour un renforcement de la coopération internationale pour éradiquer la pauvreté, appelant la communauté internationale à accroître son assistance aux pays africains et aux PMA, et les pays développés à honorer leurs engagements en matière de soutien financier et technique, sans y adjoindre de conditions politiques.

Le représentant a ensuite rappelé que, depuis 1978, son pays avait permis à 700 millions de Chinois de sortir de la pauvreté, dont 10 millions de ruraux chaque année entre 2013 et 2016.  La Chine, a rappelé M. Wu, s’est d’ailleurs engagée à éradiquer la pauvreté rurale d’ici à 2020.  Elle est en outre venue en aide à 166 pays et organisations internationales et a envoyé 600 000 personnes sur le terrain, qui ont apporté une assistance médicale dans 69 États et aidé plus de 120 pays à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.  Le représentant a insisté sur le fait que son pays mettait en œuvre une stratégie de développement axée sur l’innovation et avait accompli des progrès majeurs dans les domaines de la science et de la technologie.

M. Wu a soutenu le projet de la Commission du développement social de tenir un symposium sur les personnes handicapées afin d’assurer le suivi des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui leur sont liés.  La Chine considère en outre que tout doit être fait pour assurer une vie décente aux personnes âgées en mobilisant la société et en veillant au respect des personnes âgées.  Le représentant a également invité à aider les jeunes à bénéficier du développement social et à y contribuer.  Enfin, la Chine considère la famille comme une unité de base essentielle de la société et un socle pour le développement harmonieux de la société, a conclu le délégué. 

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a relevé qu’en matière de pauvreté, la situation de la Zambie n’était pas différente de celle du reste du monde, avec une pauvreté rurale estimée à 76,6% et une pauvreté urbaine se chiffrant à 23,4%.  Les effets néfastes des changements climatiques, notamment la sécheresse, ainsi que les températures élevées et des cycles de pluie imprévisibles ont eu un impact négatif sur la vie des groupes vulnérables tels que les femmes chefs de familles, les personnes handicapées et les personnes âgées, a-t-elle expliqué. 

Pour protéger les couches sociales les plus défavorisées, le Gouvernement a mis en place des programmes de transferts de fonds et d’autres mesures de protection sociale tels que les programmes d’assistance alimentaire, y compris dans les écoles, a poursuivi la déléguée.  Elle a précisé que les transferts de fonds avaient bénéficié à 590 000 familles, soit près de 3,5 millions de personnes, tandis que 900 000 enfants reçoivent des repas scolaires gratuits au primaire.  La Zambie accorde du prix à la situation des personnes handicapées, a-t-elle ajouté en indiquant que leurs préoccupations sont désormais traduites, de manière transversale, dans toutes les politiques et stratégies nationales de développement durable.

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a expliqué que le plan de développement des Philippines se situait dans le cadre de la vision 2040 dont le pays s’est doté, c’est-à-dire dans l’objectif d’élimination de la pauvreté et de garantie de la santé et de la sûreté pour tous.  Le Gouvernement a ainsi mis en place un programme de transfert de fonds en direction des plus démunis, le « Pantawid Pamilya Program » qui vise à éradiquer la faim, réaliser l’éducation primaire universelle, promouvoir l’égalité entre les sexes, réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle.  Le programme couvre 42 029 communautés dans 144 villes et 1 490 municipalités, touchant un total de 4,4 millions de personnes.

En outre, 80 000 personnes bénéficient également de transferts d’argent dans le cadre d’un programme de soutien à l’emploi par le développement de petites entreprises ou par le biais de l’assistance à la recherche d’emplois.  La représentante a aussi vanté les mérites d’un programme gouvernemental qui permet d’apporter un soutien aux toxicomanes, à leur famille et communauté, avec pour but de les transformer en volontaires communautaires, en militants et en membres productifs de la société. 

M. PARK CHULL-JOO (République de Corée) a indiqué que pour mettre fin à la pauvreté, son gouvernement avait décidé de s’attaquer aux racines du problème.  Pour ce faire, le salaire minimum a été augmenté de 17% et des mesures ont été prises pour éviter tout problème vis-à-vis des travailleurs étrangers qui, a expliqué le représentant, font souvent face à des conditions de travail instables, voire « exécrables ».  Des programmes spéciaux sont adaptés aux différentes situations de vulnérabilité sociale, a-t-il ajouté en prenant comme exemple les soins de santé prodigués à tous les enfants jusqu’à l’âge de 5 ans, ou encore l’augmentation prévue des pensions de retraite.  Au final, la République de Corée espère réduire la pauvreté de 10% d’ici à 2030.  Le représentant a aussi indiqué que les entreprises d’une certaine taille étaient obligées d’employer des personnes handicapées.

Le délégué a ensuite passé en revue les initiatives menées par son gouvernement en matière d’aide au développement.  Il a notamment indiqué que la République de Corée avait établi le Fonds mondial pour les maladies non transmissibles.  Le pays collecte par ailleurs 150 millions de dollars par an pour combattre les maladies partout dans le monde, a-t-il ajouté.

Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a indiqué que le Viet Nam avait lancé en mai 2017 le Programme national d’action sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, avec des orientations pour la mise en œuvre et le suivi du programme de développement international.  Par ailleurs, les programmes nationaux de réduction durable de la pauvreté et de développement rural pour la période 2016-2020 ambitionnent d’améliorer le bien-être social des groupes les plus vulnérables, a-t-elle ajouté.

La proportion de ménages vivant dans la pauvreté au Viet Nam est passée de 14,2% en 2010 à 6,9% en 2017, a-t-elle signalé.  De 2015 à 2017 notamment, le Gouvernement a offert un soutien financier et une assurance médicale à plus de 2,6 millions de personnes vivant dans la pauvreté ou l’extrême pauvreté.  Cependant, a tempéré la représentante, les efforts du pays sont sapés par les changements climatiques, ce fléau faisant courir le risque de voir les populations des zones les plus affectées retomber dans la pauvreté.

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a déclaré qu’il fallait, pour réaliser les objectifs de développement durable, éradiquer complétement la pauvreté.  Rappelant que son pays avait connu des décennies de conflits qui avaient freiné son développement et n’était pas encore complètement sorti de cette période, elle a affirmé que le Gouvernement mettait en place un plan national de santé visant à apporter des services de base à toute la population d’ici à 2020.  Le pays a en outre créé un système d’éducation primaire pour les populations les plus pauvres et a révisé sa législation sur le droit de l’enfant.  La représentante a aussi parlé des projets de modernisation du secteur agricole et des efforts menés pour assurer l’accès de 100% de la population à l’électricité en 2030 et lutter contre les effets des changements climatiques. 

Le Gouvernement est déterminé à faire avancer tout le pays, a assuré la représentante.  Elle a reconnu que la situation était particulièrement difficile dans l’État Rakhine, très en retard, mais assuré que le Gouvernement était engagé à fournir des services sociaux vitaux à la population de cet État, y compris avec l’assistance des agences des Nations Unie.  À ce propos, la représentante a affirmé que le Gouvernement avait tenu compte des recommandations de la « Commission Annan », publiées à l’automne dernier.  Le Gouvernement travaille aussi avec différents partenaires pour assurer le retour des résidents du Myanmar déplacés à la suite des événements survenus dans l’État Rakhine, a-t-elle également affirmé.

Mme IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a expliqué que la vision 2010-2038 de son pays visait en premier lieu l’éradication de la pauvreté extrême.  Elle a estimé que la classification des pays selon leur niveau de revenu ne permettait pas de subvenir au problème de la pauvreté et notamment à la pauvreté extrême qui existe dans les pays à revenu intermédiaire.  Le Gouvernement du Honduras vise également à combattre la corruption dans le cadre de sa politique de lutte contre la pauvreté, a-t-elle ajouté.  Parmi les projets sociaux lancé dans le pays, elle a parlé de la construction de logements dignes, des programmes de cantine scolaire et de l’octroi de titres de propriété.  La représentante a ensuite annoncé que le Honduras avait signé, le 29 mars 2017, le Traité de Marrakech pour faciliter l’accès des personnes souffrant d’une forme ou autre de cécité aux textes écrits.  Une politique publique pour la jeunesse adoptée dans son pays espère par ailleurs faciliter la coordination des politiques et programmes dans ce domaine, a-t-elle dit avant de signaler aussi l’existence de programmes d’accès à l’emploi et d’octroi de bourses scolaires. 

M. MOHAMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a expliqué que son pays avait adopté trois grands programmes pour réaliser les objectifs de développement durable mais a rappelé les multiples obstacles auxquels il était confronté, y compris les coûts de trois années de guerre contre le terrorisme, les problèmes de pollution environnementale liés au conflit ou encore la baisse des cours du pétrole.  En dépit de ces conditions difficiles, le pays a adopté une stratégie nationale qui vise à faire baisser la pauvreté de 20% d’ici à 2022 et de 75% d’ici à 2030, a-t-il indiqué.  Ce programme vise à créer les moyens de réinsérer les pauvres dans l’activité économique et à mettre en place un réseau efficace de sécurité sociale, a expliqué le représentant.  Il a remercié le Koweït pour organiser la conférence internationale visant à aider les pays victimes du terrorisme, qui doit avoir lieu en février.  En revanche il a souhaité davantage de coopération, d’appui et d’accompagnement des efforts du Gouvernement de la part de la communauté internationale. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a salué les progrès substantiels réalisés au niveau mondial en matière d’élimination de la pauvreté, se préoccupant toutefois des importantes inégalités qui persistent et même de la détérioration de la situation dans certaines parties du monde.  Il a aussi constaté que les conflits armés contribuaient à exacerber la situation, de même que les visées territoriales indues.  Le représentant a ensuite indiqué que le sixième plan de développement national de l’Iran accordait la priorité à l’autonomisation des femmes et des foyers menés par les femmes.  Une aide est aussi prévue pour les provinces sous-développées du pays, a-t-il ajouté avant de parler de certaines organisations qui fournissent une aide financière en liquide pour aider des foyers où vivent des personnes handicapées ou qui sont dirigés par des femmes.  Il a ensuite parlé du travail de la Fondation Baraka, une ONG nationale.

M. PHILIP CHARWATH (Autriche) a indiqué qu’un travail décent pour tous était essentiel pour combattre la pauvreté et l’exclusion sociale, précisant que son pays œuvrait pour renforcer la participation des femmes, des jeunes, des personnes âgées et des personnes handicapées au marché du travail.  La réforme de la loi sur la tutelle tient compte de la liberté, pour les personnes ayant un handicap intellectuel ou psychosocial, de prendre leurs propres décisions, a-t-il ajouté, avant de dire que l’Autriche s’attache aussi à encourager une vie active plus longue et à assurer la participation active des personnes âgées à la société.  Une stratégie nationale sur la démence a été élaborée en 2015, laquelle privilégie la coopération entre les pharmaciens ainsi que la formation des forces de l’ordre et des aides-soignants.  Il est en outre désormais possible de prendre un congé pour s’occuper d’un parent âgé, et les soins palliatifs et les hospices bénéficient de fonds supplémentaires.  Une campagne est par ailleurs en cours pour lever le tabou sur la violence au sein des organismes de santé, a signalé le représentant.

Pour ce qui est des jeunes, M. Charwath a indiqué que les efforts de l’Autriche portaient en premier lieu sur l’emploi et l’éducation.  En outre, pour améliorer la participation politique des jeunes, l’Autriche a abaissé à 16 ans l’âge minimum pour voter, le seul pays européen et un des rares dans le monde à l’avoir fait, a-t-il précisé.  De nombreuses études ont démontré qu’une participation institutionnalisée précoce débouche souvent sur un désir plus marqué de participer aux processus de prise de décisions, a-t-il expliqué.  Il a enfin indiqué que l’Autriche garantit l’octroi d’un stage aux jeunes âgés de 18 à 25 ans issus de milieux défavorisés, ainsi qu’aux jeunes qui ont un apprentissage plus lent que les autres ou qui ont quitté l’école avant l’heure.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a jugé très insatisfaisants les progrès dans le domaine du développement social et donc très nécessaire de mettre l’accent sur l’élimination de la pauvreté, qui exige de la volonté politique et la pleine participation de toutes les parties prenantes.  Pour sa part, le Népal a réduit son taux de pauvreté qui est tombé à 31% en 2015 dans le cadre d’un programme qui établit un véritable partenariat avec toutes les personnes concernées et les différents gouvernements provinciaux du pays.  L’inclusivité reste un axe fondamental de toutes les activités de développement, a poursuivi le représentant, qui a insisté sur les efforts de son gouvernement en faveur des enfants et notamment des fillettes, ainsi que des femmes, des personnes handicapées ou âgées, ainsi que des communautés autochtones.  Pays enclavé, le Népal fait face à des difficultés géographiques particulières et a besoin de l’assistance internationale, a rappelé le représentant, qui a demandé un appui technologique de la part de la communauté internationale et a rappelé la nécessité de mettre pleinement en œuvre plusieurs plans d’actions mondiaux. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a réclamé une transformation structurelle des politiques économiques et sociales de manière à y faire figurer l’être humain au centre.  Elle a indiqué que son gouvernement privilégiait une politique de développement axée sur le « Sumak Kawsay » (le « bien-vivre »).  Grâce au plan national de développement 2017-2021 intitulé « Toute une vie », l’accent est porté sur la lutte contre la pauvreté et la garantie des droits de l’homme et de la nature, ainsi que sur la création d’emplois dignes, la redistribution équitable des richesses, la participation citoyenne et la construction d’une nouvelle éthique sociale.  Sur le plan international, la représentante a réclamé l’adoption de stratégies capables d’opérer les changements structurels nécessaires pour pouvoir véritablement combattre la pauvreté.

Mme CARONA POPOVICI (Moldova) a estimé que la protection sociale était un aspect clef du développement durable.  C’est un défi pressant pour son pays, confronté à une forte baisse démographique.  La protection de l’enfance et de la famille est la priorité numéro 1 du pays, a poursuivi la représentante, expliquant que le Gouvernement revoyait régulièrement les aides à l’enfance et essayait de mettre sur pied un programme pour l’enfance 2020-2040.  Le nombre des personnes âgées devrait quant à lui passer de 17,2% actuellement à plus de 35% en 2050, a par ailleurs fait observer la représentante, qui a toutefois fait observer qu’une société vieillissante n’était pas forcément une société inactive.  Le Gouvernement essaie ainsi d’assurer la participation des personnes âgées à la vie de la société tout en assurant leur niveau de vie et leur santé.  La représentante a également rappelé l’importance des migrations, expliquant que le pays veillait à réintégrer ses migrants rapatriés. 

M. CORREAL (Colombie) a appelé à adopter des stratégies novatrices pour éliminer la pauvreté dans le monde soulignant qu’il n’existe pas de modèle qui s’applique à tous.  Il a aussi jugé souhaitable de fournir suffisamment d’aide aux pays qui en ont besoin.  Le représentant a ensuite indiqué que la Colombie traversait une période historique de transformation sociale.  Il a aussi fait savoir que son gouvernement s’attachait à promouvoir un vieillissement actif, tout en reconnaissant la nécessité de disposer de statistiques dans ce domaine.  Un plan d’action pour la famille est en cours d’élaboration, a-t-il indiqué en précisant que les politiques dans ce domaine tiennent compte de l’existence de divers types de famille.  Il a souligné que les groupes vulnérables ont besoin d’une attention toute particulière, évoquant notamment la situation des personnes handicapées.  Le délégué a par ailleurs espéré que les travaux de cette session puissent déboucher sur l’élaboration de solutions innovantes pour faire face au fléau de la pauvreté.

Mme IRINA SHOULGIN NYONI (Suède) s’est félicitée que le rapport du Secrétaire général mette l’accent sur l’accès à l’emploi comme moyen de lutter contre la pauvreté.  Elle a demandé de réaliser la pleine égalité hommes-femmes, y compris dans l’accès à l’emploi, insistant aussi sur l’importance des systèmes de protection sociale à grande échelle.  L’allongement de la durée de vie entraîne de nouveaux défis, a fait observer la représentante, qui a rappelé que la Suède avait mis en place dès les années 1950 un système de protection sociale pour les personnes âgées.  Elle a également rappelé que les structures familiales suédoises étaient en pleine évolution.  Ainsi, la plupart des enfants bénéficient, en cas de séparation des parents, d’un système de garde alternée.  Enfin, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue également une pierre angulaire du programme suédois de lutte contre le handicap et le pays accorde une grande importance à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a ajouté la déléguée. 

M. YOSHIAKI KATAYAMA (Japon) a estimé que le principe de base des objectifs de développement durable, ne laisser personne sur le bord de la route, reflétait le concept de sécurité humaine dont le Japon a toujours été un fervent partisan.  Par la promotion de ces objectifs, le Japon entend faire preuve de leadership pour garantir à chacun la possibilité de réaliser un avenir brillant, en mettant en commun les efforts non seulement des gouvernements, mais aussi du secteur privé, de la société civile, des autorités locales et de nombreux autres acteurs.

Le représentant a cité ensuite différents efforts concrets déployés par son gouvernement.  Concernant les personnes handicapées, il a expliqué que, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo de 2020, le pays avait consenti des efforts au plan national pour réformer ses infrastructures et les rendre accessibles à tous.  Concernant le vieillissement, le Japon promet sa coopération au sein du système des Nations Unies, a-t-il poursuivi.  Le pays a organisé une série d’événements parallèles à la session en cours, dont l’un sur le rôle des compétences numériques pour les personnes âgées.  Une Japonaise de 82 ans y a été invitée, car elle met au point des applications pour téléphone mobile, afin d’expliquer comment les technologies peuvent aider à améliorer le sort des personnes âgées. 

M. Katayama a également cité un projet réalisé par le Japon à Dehli en Inde pour créer un métro dont l’accès est rendu plus facile pour les femmes et les personnes âgées et handicapées.  Enfin, il a mis en avant la dimension sociale de l’aide publique au développement en rappelant l’engagement de son pays en faveur non seulement de la croissance économique de l’Afrique mais aussi du développement de ses infrastructures sociales, comme le système de couverture sanitaire universelle dans les pays africains. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a souligné que les processus de développement durable sont intrinsèquement liés au contexte de chaque pays.  Il a expliqué que le programme de lutte contre la pauvreté mené par son gouvernement était calqué sur les objectifs de développement durable.  L’inclusion financière et la création d’emploi pour les pauvres figurent parmi les objectifs, a-t-il dit en citant la loi Mahatma Gandhi sur l’emploi garanti pendant un minimum de 100 jours par famille et par an dans les zones rurales.  Il a aussi parlé d’une loi qui facilite l’accès aux services financiers, comme les comptes en banque et les microcrédits.  En outre, des millions de toilettes ont été construites et le gouvernement espère aussi assurer l’accès à l’eau potable dans le pays.  La situation des veuves est également prise en compte en Inde, a assuré le représentant.

M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a indiqué que depuis la fin du conflit dans son pays, en 2009, la croissance économique nationale augmentait en moyenne de 6,2% par an.  Il a aussi indiqué que l’économie, jusqu’à présent rurale, était en train de se transformer en une économie urbaine axée sur la manufacture et le secteur des services.  Des progrès ont également été réalisés en matière de développement humain, le niveau de pauvreté ayant baissé, mais de nouveaux défis se profilent à l’avenir du fait du vieillissement de la population, a-t-il relevé.

Le représentant s’est ensuite inquiété que les plus pauvres parmi les pauvres soient piégés par la pauvreté intergénérationnelle, une situation exacerbée par le décalage entre les aptitudes professionnelles et les emplois disponibles.  Depuis la fin du conflit au Sri Lanka, le Gouvernement s’attache à briser ce cycle en accordant une attention particulière aux jeunes et aux enfants, a-t-il assuré, avant de mentionner des programmes sociaux à l’intention des familles sans emploi.  Sri Lanka connaît par ailleurs des défis en ce qui concerne la collecte de données sur la migration interne et l’accès aux infrastructures.  Le délégué a aussi fait savoir que les évènements climatiques extrêmes qu’avait connus Sri Lanka ces trois dernières années étaient les principaux facteurs qui contribuent à perpétuer les cycles de pauvreté.  Aussi le Gouvernement est-il en train de mettre sur pied un programme pour aider les pauvres à faire face aux conséquences des catastrophes naturelles.

Mme INASS A. T. ELMARMURI (Libye) a estimé que la pauvreté restait le plus grand défi auquel l’humanité fait face, notamment en Afrique où, a-t-elle rappelé, vit la moitié des 800 millions de pauvres.  Cette situation pousse les personnes à migrer dans des conditions dangereuses, ce qui représente une véritable catastrophe humaine, a affirmé la représentante.  Elle a rappelé que l’Agenda 2063 de l’Union africaine représentait, avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, un ensemble cohérent.  Elle a invité la communauté internationale à respecter ses engagements en matière d’aide au développement, avant d’appeler aussi au renforcement de la coopération Sud-Sud. 

Malgré l’instabilité politique et institutionnelle, le Gouvernement libyen tente d’aller de l’avant en essayant notamment de mobiliser les ressources locales et en recouvrant les fonds détournés vers l’étranger, a déclaré la représentante.  En outre, le Gouvernement cherche à améliorer les droits de diverses catégories de personnes vulnérables, y compris les personnes âgées.  La Libye espère en outre le retour des agences onusiennes à Tripoli afin de bénéficier de leur assistance, a-t-elle dit en conclusion.

M. ALEXANDER TEMITOPE ADEYEMI AJAYI (Nigéria) a parlé du lancement du plan de croissance et de reprise économique récemment mis sur pied par son gouvernement.  Une loi sur les personnes âgées a été signée en début d’année, laquelle engage à ouvrir des centres de soin pour ces dernières.  Pour appuyer l’emploi des jeunes, 200 000 diplômés ont été déployés dans les secteurs agricoles et d’autres dans le cadre d’un programme de développement des capacités entrepreneuriales.  Pour l’an prochain, ce sont 300 000 volontaires qui ont été sélectionnés pour participer à ce programme, a-t-il ajouté.  Un programme pour l’alimentation scolaire en milieu rural a en outre permis de nourrir plus de six millions d’écoliers.  Le représentant a également cité un programme d’entreprise qui vise à financer des commerces et coopératives dirigées par les femmes en leur octroyant des prêts à des conditions souples et en les aidant à ouvrir des comptes en banque.  Il a aussi vu dans l’octroi de pensions un moyen de combattre la pauvreté.

M. HECTOR BROWN (États-Unis) a estimé que les voix des personnes âgées, des jeunes, des personnes handicapées et autres membres de groupes vulnérables devraient pouvoir être entendues aux Nations Unies.  Il a ensuite formulé des observations quant aux méthodes de travail de la Commission du développement social.  Rappelant la volonté du Secrétaire général d’éliminer tout doublon dans le travail des Nations Unies, il a souhaité des sessions plus courtes ainsi des négociations portant sur un document unique.  Il a ajouté que les États-Unis aimeraient voir la Commission traiter d’un thème annuel, dans la ligne des travaux de l’ECOSOC et avec une plus grande souplesse.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a rappelé que la pauvreté ne touchait pas que les pays en développement et que la pauvreté relative avait augmenté ces dernières années dans les pays développés.  Pour la réduire et l’éliminer, les pays doivent stimuler une croissance économique durable et inclusive, promouvoir l’agriculture et le développement rural, créer des emplois décents, développer les infrastructures, renforcer la protection sociale, a poursuivi le représentant.  Mais il faut aussi redoubler les efforts pour prévenir ou régler les conflits armés, car il ne peut y avoir de développement durable sans paix et réciproquement, a-t-il argué.

Le délégué a expliqué que son gouvernement avait mis en place plusieurs stratégies de lutte contre la pauvreté en élevant le niveau de vie de la population et a affirmé que les fruits des bonnes performances économiques du pays avaient été partagés parmi toutes les couches de la population.  Ainsi, le chômage a été ramené à 5% avec la création de 200 000 emplois l’an dernier, a-t-il indiqué, signalant aussi la construction de 3 000 écoles et 600 hôpitaux durant la dernière décennie, ainsi que la construction de logements pour 265 000 personnes déplacées alors que 100 000 familles bénéficient d’une assistance sociale ciblée.  Le Gouvernement accorde en outre une grande importance à la diversification de l’économie et met l’accent sur le développement des infrastructures afin d’assurer le développement socioéconomique des différentes régions. 

Ces différents accomplissements ont été reflétés dans le rapport remis l’an dernier au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a rappelé le représentant, qui s’est félicité que l’étude publiée récemment par le Forum économique mondial ait placé l’Azerbaïdjan parmi les trois économies les plus inclusives.

Mme TYESHA O’LISA TURNER (Jamaïque) a appelé à investir davantage dans le capital humain afin de faire avancer le développement national.  Elle a indiqué que le Fonds jamaïcain pour l’investissement social, créé en 1996, visait désormais une croissance économique qui privilégie les pauvres.  Il soutient les efforts pour créer une force de travail productive et stimuler la création d’emplois ainsi que l’augmentation des revenus.  La Jamaïque s’est dotée en 2014 d’une stratégie nationale de protection sociale, a-t-elle indiqué en citant un programme de promotion de la santé et de l’éducation qui fournit des allocations à 70% des familles vivant en dessous du seuil national de pauvreté.  Au final, le pays espère avoir moins de 10% de prévalence de la pauvreté d’ici à 2030.

La représentante a ensuite indiqué qu’à compter du mois de juin 2016, plus de 30 000 personnes avaient été inscrites au registre des personnes handicapées.  Il existe un code de conduite pour combattre la discrimination à leur égard et 340 personnes handicapées ont pu suivre une formation professionnelle, a-t-elle ajouté.  En outre, elle a signalé que la loi sur les personnes âgées était en cours de révision en vue de renforcer la protection de ces personnes et de souligner leur contribution aux efforts de développement du pays.  La création d’un registre des personnes âgées est également prévue afin de faciliter l’assistance sociale.  Mme Turner a par ailleurs appelé à accorder une attention particulière à la situation des pays à revenu intermédiaire hautement endettés qui, a-t-elle indiqué, n’ont pas la capacité fiscale nécessaire pour préserver les gains réalisés sur le plan social.

Mme FRANCES ZAINOEDDIN, Fédération internationale du vieillissement (FIV), a estimé que la reconnaissance du caractère multidimensionnel de la pauvreté dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offrait de nouvelles perspectives dans la quête de solutions à la pauvreté des personnes âgées.  Elle a souhaité que le troisième examen du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement soit pris en compte dans le contexte de la mise en œuvre du Programme 2030, afin de ne laisser personne de côté. 

Les personnes âgées sont plus exposées que les autres à la pauvreté, a relevé la déléguée, notant aussi que la pauvreté à cette période de la vie est généralement plus grave, étant donné que les discriminations d’accès aux opportunités économiques s’accumulent avec le temps et accroissent la vulnérabilité.  Si la pension de retraite permet de réduire la pauvreté, 80% de personnes âgées n’en bénéficient pas et comptent sur un emploi ou sur le soutien familial, a-t-elle aussi constaté.  Or, « les personnes âgées ne peuvent dépendre de la famille comme source de revenus », s’est-elle indignée, soulignant aussi l’aspect sexiste de cette pauvreté des personnes âgées, puisque les femmes ont tendance à vivre plus longtemps que les hommes.  Les veuves les plus âgées et les femmes sans enfant sont particulièrement vulnérables économiquement et socialement.  Mme Zainoeddin a appelé le système onusien à œuvrer pour l’amélioration de la disponibilité des données concernant les personnes âgées.  Elle a enfin plaidé pour que les systèmes de sécurité sociale et les services de santé soient adaptés aux besoins des personnes âgées dont le nombre ne cesse de croître. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a affirmé que le développement durable ne devait pas s’entendre comme la préservation sur le long terme de gains au bénéfice de pays déjà développés, mais comme un partage avec les plus pauvres.  Loin d’être une entrave au développement durable, « les pauvres sont des ressources de grande valeur », a-t-il dit.  Il a dénoncé une « économie de l’exclusion » basée sur des pratiques discriminatoires qui empêchent la pleine participation des pauvres.  Les personnes sans emploi, sans éducation, sans domicile, handicapées ou malades, sont souvent stigmatisées et exclues, a-t-il déploré, en appelant à mettre un terme à ce cycle d’exclusion.

Le nonce a aussi dénoncé l’exclusion des migrants et leur relégation aux marges de la société, regrettant qu’ils soient privés de la protection de la loi.  Usant des mots du pape François, il a dénoncé les trafiquants sans scrupules qui exploitent les migrants.  Une exploitation, a-t-il observé, qui s’est insérée dans notre économie globalisée de la demande, puisque nous consommons tous, régulièrement ou sans le savoir, des articles produits par le travail forcé.  « Nous devons tous devenir des abolitionnistes convaincus de cette forme brutale d’esclavage moderne et de ces économies de l’exclusion », a conclu Mgr Auza. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 18 organisations et maintient le suspense sur des ONG des droits de l’homme

Session de 2018,
7e et 8e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6883-ONG/864

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 18 organisations et maintient le suspense sur des ONG des droits de l’homme

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 18 organisations mais 52 autres devront patienter dont plusieurs ONG des droits de l’homme.

Deux organisations, qui demandaient le statut consultatif général, figurent parmi celles qui ont été appelées à la patience: l’indienne « The Sant Nirankari Mandal, Delhi » et la bengladaise « Global Economist Forum ».  Établie en septembre 1948 et voulant passer du statut consultatif spécial, reçu en 2012, au statut consultatif général, la première ONG a été sommée par la représentante de l’Inde d’expliquer pourquoi elle ne prévoit aucun plan pour ses projets.  Créée en 2007 et également titulaire d’un statut consultatif spécial depuis 2012, la deuxième organisation a été priée par la même représentante de donner la liste complète de ses activités.

Le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.

Des ONG de défense des droits de l’homme devront aussi apporter des explications à certains membres du Comité.  L’américaine « Tom Lantos Foundation for Human Rights and Justice », née en 2008 pour renforcer le rôle des droits de l’homme et de la justice dans la diplomatie américaine, a été montrée du doigt par le représentant de la Fédération de Russie pour avoir traité son pays et la Chine de « régimes brutaux ».  En déposant une demande de statut consultatif spécial, les ONG doivent savoir qu’il y a des règles à suivre dans les relations internationales, a martelé le délégué russe.

Établie en 1990, la britannique « Medical Foundation for the Care of Victims of Turture » a également été priée par le représentant de la Mauritanie d’expliquer comment et où elle a accueilli les victimes de torture qu’elle affirme prendre en charge, malgré son déficit. 

Une autre britannique « Lawyers for Justice in Libya » doit préciser au représentant du Pakistan si elle est « physiquement » présente en Libye.  L’ONG, qui a vu le jour en août 2011, devra en outre apaiser les doutes sur son indépendance « étant donné qu’elle reçoit des financements de l’Union européenne et de la Suisse ». 

Notant que 52% du budget de la sud-coréenne « Citizens'Alliance for North Korean Human Rights » vient du secteur privé, le représentant de Cuba a exigé la liste détaillée des donateurs privés en 2017.  Quelles sont les activités que l’ONG réalise pour « atteindre La réunification des deux Corée? », un de ses objectifs depuis sa création en mai 2000.

Outre le statut consultatif général, le Comité chargé des ONG peut recommander ou retirer deux autres statuts et d’abord le statut consultatif spécial qui est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste quant à elle regroupe les ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux demain, vendredi 2 février, à partir de 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. American Society of Criminology (États-Unis)
  2. PathFinders Justice Initiative, Inc. (États-Unis)
  3. Union Internationale des Transports Publics (Belgique)
  4. AIM Education & Research Society (Inde)
  5. Aleradah & Altageer National Society (Bahreïn)
  6. Eaglesworth Human Empowerment Foundation (Nigéria)
  7. Emperor Gaza International Foundation (Ghana)
  8. Ertegha Keyfiat Zendegi Iranian Charitable Institute (Iran)
  9. Global Campaign for Education (Afrique du Sud)
  10. International Charitable Foundation « Alliance for Public Health » (Ukraine)
  11. Migrant Forum in Asia (MFA) Inc. (Philippines)
  12. Ohaha Family Foundation (Nigéria)
  13. Okuolu International Limited (Nigéria)
  14. Uganda Youth Development Link (Ouganda)
  15. Wockhardt Foundation (Inde)
  16. Center of Political Analysis and Information Security (Fédération de Russie)
  17. Commonwealth Medical Trust (Royaume-Uni)
  18. UNESCO Center for Peace (États-Unis

Examen des demandes de statut consultatif et de reclassement

Le représentant de Cuba a demandé à « Alianza Americas » (États-Unis) de ventiler les donations philanthropiques qu’elle reçoit car ces donations représentent plus de 90% de ses fonds.  Son homologue de l’Iran a voulu que l’« Association canadienne pour le droit et la vérité » (Canada) s’explique sur la tension entre son budget et ses projets.  Comment la canadienne « Canadian Human Rights International Organization – CHRIO » compte faire pour combler son déficit budgétaire »? a souhaité savoir la déléguée du Venezuela.  

Peut-on avoir la liste détaillée des activités en 2017 de « Cercle Martin Buber » (Suisse) et la liste exhaustive des activités pour 2018? a exigé le délégué de Cuba.  Le même représentant a voulu connaître de « Cooperación Internacional » (Espagne) la nature de ses activités en Amérique latine.  L’ONG envisage-t-elle de s’implanter dans d’autres régions?  Quels sont les projets réalisés par « EGAM - European Grassroots Antiracist Movement » (France) et leurs résultats concrets? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.

« Federal Bar Association » (États-Unis) a-t-elle des contacts avec les universités étrangères avant de rédiger ses articles?  Quels sont les critères utilisés pour participer aux séminaires que l’ONG organise? a voulu savoir le représentant de Cuba.  Qu’a l’intention de faire « Friends of Angola » (États-Unis) dans des pays africains autres que l’Angola?  Pourquoi ce nom? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.  « Hamkkehaneun Sarangbat Corporation » (République de Corée) a été priée par la représentante de la Chine d’utiliser le nom officiel de Hong Kong.

« Lawyers for Justice in Libya » (Royaume-Uni) est-elle présente physiquement en Libye?  Comment préserve-t-elle son indépendance alors qu’elle reçoit des financements de l’Union européenne et de la Suisse? a demandé le représentant du Pakistan.  Celle de la Turquie a voulu en savoir plus sur les partenaires internationaux de « Le Collectif de la Paix au Sri Lanka » (France).  Si elle en a, est-ce qu’ils partagent les mêmes objectifs?  Le représentant de la Mauritanie a demandé à « Medical Foundation for the Care of Victims of Torture » (Royaume-Uni) où elle accueille les victimes de la torture?  Au Royaume-Uni?  Comment fait-elle face à son déficit budgétaire? 

L’« Organisation Suisse d'aide aux réfugiés » (Suisse) et « Stichting Global Partnership for the Prevention of Armed Conflict » (Pays-Bas) ont été priées par le représentant de la Chine de réparer le problème technique sur leur site Internet.  Le représentant de Cuba a demandé à la deuxième ONG de lister ses activités à Cuba.  Est-ce que cette ONG a établi un partenariat avec la Mission des Nations Unies en Colombie?  La représentante de l’Afrique du Sud a voulu des informations sur les recherches effectuées par l’ONG.  A-t-elle des bureaux sur le terrain?  Son homologue du Soudan a demandé: comment l’ONG défend son indépendance alors que 50% de son budget est assuré par le Gouvernement.  Où ont été réalisés ses travaux?  Comment « Recreation Vehicle Industry Association, Inc. » (États-Unis) fera pour combler son déficit budgétaire? a demandé la représentante du Venezuela.

Quels sont les projets de « The Bianca Jagger Human Rights Foundation » (Royaume-Uni) en Amérique latine? a voulu savoir la représentante du Venezuela.  Combien d’argent a-t-elle a reçu après les manifestations caritatives en 2017? a questionné le délégué de Cuba.  Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que sur son site Internet, « Tom Lantos Foundation for Human Rights and Justice » (États-Unis) traite les Gouvernements russe et chinois de « régimes brutaux ».  En déposant une demande de statut consultatif spécial au Comité des ONG, cette ONG doit savoir qu’il y a des règles à respecter dans les relations internationales, a tonné le délégué russe.

Demandant un statut consultatif général, « The Sant Nirankari Mandal, Delhi » (Inde) a été sommée, par la représentante de l’Inde, d’expliquer pourquoi elle ne prévoit aucun projet pour ses projets.  « Global Economist Forum » (Bangladesh), qui demande le même statut, doit encore satisfaire à la curiosité de la même déléguée qui a exigé une liste complète de ses activités.

Passant aux demandes de reclassement, le représentant du Pakistan a demandé à l’« Association Concerning Sexual Violence against Women » (Chine) de donner des détails sur les manifestations qu’elle vient d’organiser.  « Coordination Waï (Eveil) relative à l’unité nationale et la lutte contre l'esclavage » (Mauritanie) a-t-elle des membres en dehors de la Mauritanie?  A-t-elle des membres de nationalité américaine?  Ses membres paient-il la même cotisation annuelle? a voulu savoir le délégué de la Mauritanie.  La représentante de l’Inde a voulu que « Dalit Welfare Organization » (Népal) lui donne la liste des ONG qui la financent. 

Combien de personnes vont bénéficier du programme de bourses de « Danjuma Atta Eye Foundation » (Nigéria)?  Qui finance ce programme? a demandé le représentant de l’Azerbaïdjan.  Quelle est la stratégie de gestion de « Engineering Association for Development and Environment » (Iraq) et combien consacre-t-elle à ses projets? a questionné la représentante de la Turquie.  Peut-on avoir des détails sur le projet mené avec le Département de la santé?  C’est à cette question du représentant du Pakistan que « Formation Awareness and Community Empowerment Society- FACES » (Pakistan) devra répondre. 

Le même délégué a demandé à « Gulshan-e-John » (Pakistan) de donner les résultats de ses recherches sur la discrimination.  Serait-il possible à « International Human Right Organization » (Pakistan) de donner des détails sur les protocoles d’entente qu’elle a signés avec ses partenaires? a demandé le représentant du Pakistan.  Le délégué de la Chine a prié « Iraqi Al-Amal Association » (Iraq) de lui donner des précisions sur ses projets. 

Son homologue du Burundi a exigé de « Legal Advice Centre » (Kenya) une actualisation de son budget.  Le même délégué a demandé à « Mkokoteni Aid Development Organization » (Kenya) la liste de ses activités pour 2018.  À la demande du représentant du Pakistan, « Pak Special Persons Welfare Society » (Pakistan) devra donner des détails sur la gestion d’un centre d’accueil construit avec un budget de 10 000 dollars.  Quelles sont les sources de financement de « Pakistan International Human Rights Organization (Pakistan), y compris le financement étranger? a voulu savoir le même délégué.

Quelle est la part du Gouvernement dans le budget de « Public Aid Organization » (Iraq)? a demandé la représentante de la TurquieSon homologue de Cuba a demandé à « The New Woman Foundation » (Égypte) dans quels pays elle travaille.  Quels sont ses projets?  « The Voice Society » (Pakistan) devra donner davantage d’informations sur ses projets, son financement et ses rapports d’activité, après une question du Pakistan.

Qui sont les partenaires de « VDay Karama » (Égypte)?  Peut-on avoir une liste? a réclamé le délégué de la Fédération de Russie.  « West Papua Interest Association » (Indonésie) n’a que 167 dollars de budget dont 111 dollars de dépenses administratives, a noté la représentante de l’Inde.  Comment compte-t-elle, dans ces conditions, contribuer aux travaux de l’ECOSOC?  « American Human Rights Council » (États-Unis) devra donner au délégué de la Chine la liste de ses donateurs privés.

Que veut dire « Arab Center for the Promotion of Human Rights » (États-Unis) l’ONU par « lutte régionale et lutte nationale »?  Quelles organisations arabes soutient-elle?  Telles sont les questions du représentant de la Fédération de Russie.  Qui sont les partenaires de l’« Arab-European Center of Human Rights and International Law- AECHRIL » (Norvège)?  Dans quels domaines travaille-t-elle? a demandé le délégué du Pakistan.  Dans quels autres pays que l’Iraq « Assyrian Aid Society of America Inc. » (États-Unis) travaille-t-elle?  Quelles sont les activités de sensibilisation qu’elle mène? a demandé la représentante de la Turquie.

Quels sont les projets que « Bahrain Center for Human Rights » (Danemark) met en œuvre avec ses partenaires? a demandé le représentant du Pakistan.  Celle de la Turquie a voulu en savoir plus sur le budget alloué à chaque projet par « Centre universitaire de droit international humanitaire » (Suisse).  Cinquante-deux pour cent du budget de « Citizens’Alliance for North Korean Human Rights » (République de Corée) vient du secteur privé, a observé le représentant du Cuba qui a exigé la liste détaillée des donateurs privés en 2017.  Quelles activités l’ONG réalise-t-elle pour « atteindre la réunification des deux Corée? » 

Au « Congrès mondial Amazigh – CMA » (France), le représentant du Burundi a demandé la liste des activités en 2018.  Son homologue de l’Afrique du Sud a voulu savoir ce qu’elle compte faire pour redresser son déficit budgétaire.  « Coptic Solidarity » (États-Unis) a été invitée à apporter au délégué du Pakistan les détails de sa conférence annuelle de juin: titre, participants, coût.  « Database Center for North Korean Human Rights- NKDB » (République de Corée) devra donner au délégué de la Chine le détail des financements qu’elle a reçus du Gouvernement en 2015, 2016 et 2017.  « Diakonia » (Suède) a été priée par la représentante de l’Afrique du Sud de donner une liste de ses activités depuis 2015.

Dialogue avec les ONG

« UNESCO Center for Peace » (États-Unis) a expliqué qu’elle fait la promotion des idéaux de l’UNESCO et des Nations Unies en Amérique.  L’utilisation du logo de l’UNESCO, « strictement réglementée », est autorisée par le Directeur général des Centres de l’UNESCO comme c’est le cas pour tous les Centres de l’UNESCO dans le monde.  L’ONG a dit qu’elle travaille depuis 10 ans avec l’UNESCO, avant que le Comité ne lui octroie le statut consultatif spécial.

« Palestinian Association for Human Rights » (Witness) (Liban), a indiqué qu’elle travaille avec le Gouvernement du Liban qui l’autorise à apporter une assistance juridique aux prisonniers palestiniens.  Quelles mesures avez-vous prises pour la défense des droits de l’homme au Liban? a demandé la représentante d’Israël.  Protégez-vous les droits des Palestiniennes au Liban?  Quel est le processus requis pour devenir membre de l’ONG? 

Nous sommes, a répondu l’ONG, la seule organisation qui s’occupe des droits des prisonniers palestiniens.  Tout le monde connaît la situation.  Nous ne faisons pas de distinction entre les femmes et les hommes palestiniens lorsqu’il s’agit de leurs droits: droit au travail, à la santé, etc.  Nous sommes, a insisté l’ONG, ouverts à tous et nous travaillons avec l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Nous coopérons aussi avec les étudiants palestiniens dont certains travaillent bénévolement pour nous.

« Chinese Culture Promotion Society » (Chine) a précisé que ses membres sont des volontaires du monde entier qui souhaitent promouvoir la culture chinoise et les échanges interculturels.  La déléguée des États-Unis a voulu en savoir plus sur la relation entre l’ONG et les Ministères chinois des affaires étrangères et de la culture et avec le « Conseil pour la promotion de la réunification nationale ». 

Nous n’avons aucune relation avec le Ministère des affaires étrangères mais nous travaillons avec celui de la culture, a répondu l’ONG, précisant que les fonctionnaires de ce Ministère ne travaillent pas pour elle et affirmant n’avoir jamais entendu parler du « Conseil de la promotion de la réunification nationale ».

« Iraqi Al-Amal Association » (Iraq) a déclaré qu’elle a pour objectif DE rendre l’espoir à ses compatriotes après tant d’années de souffrances.  La représentante de l’Inde a voulu en savoir plus sur les partenaires régionaux et internationaux de l’ONG et obtenir la liste des activités régionales auxquelles elle a participé.   

« Public Aid Organization » (Iraq) a précisé qu’elle s’occupe de la promotion des droits des enfants et des femmes déplacés notamment à Erbil.  Elle ne travaille pas avec le Gouvernement mais exclusivement avec les autres organisations de la société civile.  La représentante de la Turquie a demandé combien d’argent l’ONG a reçu du Gouvernement.  Nous avons donné un état financier très détaillé, a répondu l’ONG.  Pourquoi vous décrivez-vous comme un groupe de sensibilisation et de pression? a ajouté la représentante turque qui a exigé une réponse par écrit.

« Coptic Solidarity » (États-Unis) a d’emblée fait observer que la société civile agit parce que les gouvernements ne peuvent pas tout faire.  Il se peut aussi que nous ne sommes pas toujours d’accord avec tout ce que font les gouvernements mais il faut savoir travailler ensemble et chacun de son côté.  Nous travaillons, a expliqué l’ONG pour faire avancer les droits de l’homme et l'égalité totale des Coptes en Égypte.  Le représentant du Burundi a voulu savoir si l’ONG reçoit de l’argent des organisations religieuses.  Qui peut devenir membre de cette ONG? 

Nous ne recevons d’argent ni de gouvernements ni d’entités religieuses, a répondu l’ONG.  Nos fonds viennent des adhérents et des organisations exclusivement privées. Toutes les nationalités peuvent adhérer et nos membres viennent de nombreux pays et religions.  Qu’entendez-vous par « solidarité coptique »? s’est demandé le délégué du Burundi.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le nouveau Président de la Commission de consolidation de la paix fait du renforcement des liens avec le Conseil de sécurité une priorité en 2018

Douzième session,
1re séance plénière – matin
CCP/126

Le nouveau Président de la Commission de consolidation de la paix fait du renforcement des liens avec le Conseil de sécurité une priorité en 2018

Le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu par acclamation, aujourd’hui, le Représentant permanent de la Roumanie, M. Ion Jinga, à la tête de la Commission, dont l’une des cinq priorités sera le renforcement de son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité.  « Le rehaussement du rôle de la Commission dépend de sa bonne relation avec le Conseil, dans le respect de ses compétences », a-t-il dit.

Les délégations ont favorablement accueilli la déclaration du Président, la représentante de la France notant le rôle complémentaire de la Commission et du Conseil sur certains dossiers, en particulier s’agissant de la situation dans le Sahel. 

La déléguée de la Colombie a, elle, estimé que la Commission avait d’ores et déjà « gagné sa place en tant qu’organe consultatif du Conseil » et encouragé la Commission à poursuivre dans cette voie.

M. Jinga remplace le Représentant permanent de la République de Corée auprès des Nations Unies, M. Cho Tae-yul, dont le pays assumera la vice-présidence de la Commission, aux côtés de l’Allemagne, également élue à la vice-présidence. 

Les pays suivants ont été réélus, par acclamation, à la présidence des configurations de la Commission jusqu’au 31 décembre 2018: le Brésil pour la Guinée-Bissau; le Canada pour la Sierra Leone; le Maroc pour la République centrafricaine; la Suède pour le Libéria; et la Suisse pour le Burundi. 

Les présidents de ces configurations ont brièvement pris la parole pour décrire la situation dans les pays à leur examen.  La Commission est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU qui appuie les efforts de paix dans les pays sortant d’un conflit. 

Le nouveau Président a donc fixé cinq priorités pour cette année, la première d’entre elles étant la promotion d’une approche régionale de la Commission.  « Depuis sa première réunion sur la crise à virus Ebola en 2014, la Commission a en effet montré sa valeur en tant qu’élément catalyseur de la réponse à des situations régionales », a-t-il dit. 

M. Jinga a ainsi annoncé qu’un accent sera mis sur les situations au Sahel et dans la région des Grands Lacs.  La Commission est bien positionnée pour prôner une approche cohérente dans le domaine de la consolidation de la paix et répondre aux causes profondes des conflits, a-t-il poursuivi, y voyant là l’occasion de montrer « le rôle unique » de la Commission dans les avis et le soutien qu’elle apporte au Conseil.

La deuxième priorité sera le renforcement des partenariats avec les organisations régionales, dont l’Union africaine, les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale, et la société civile, a affirmé le Président.

M. Jinga a prôné un engagement accru avec le secteur privé, estimant en effet que le principal enjeu de la consolidation de la paix d’un point de vue économique était d’instaurer un environnement durable pour le développement durable. 

« Je vous propose d’utiliser la session annuelle de 2018 afin de réunir les acteurs clefs pour examiner les défis sécuritaires, politiques et socioéconomiques que le Sahel doit relever et faciliter la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. »

Pour sa troisième priorité, le Président a défendu la mise en œuvre d’une paix durable, en insistant sur l’importance de la prévention.  La Commission devait appuyer, dans le respect de son mandat, les pays en proie à un conflit qui cherchent à engager la communauté internationale lors de toutes les étapes d’un conflit, a-t-il déclaré, estimant que la Commission était un organe unique de recherche du consensus. 

Quatrième priorité, M. Jinga a prôné des synergies accrues entre la Commission et le Fonds de consolidation de la paix, dont il a espéré qu’il jouera un rôle accru dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil et de l’Assemblée générale. 

« Je propose de tenir des discussions régulières sur ce Fonds, en vue de maintenir la Commission informée sur la situation des pays qu’il soutient », a-t-il dit, soulignant l’importance de préserver l’indépendance dudit Fonds. 

Le délégué du Kenya a noté, à ce propos, que ce Fonds est gravement sous-financé et a invité les États Membres à y remédier, sans quoi « la Commission ne pourra pas aller bien loin ».

Enfin, au titre de sa cinquième priorité, le Président a défendu une visibilité accrue de la Commission et suggéré, pour ce faire, l’organisation de débats publics de la Commission, qui seraient retransmis par le webcast de l’ONU.  Les médias doivent devenir nos partenaires pour la consolidation de la paix, a-t-il déclaré. 

En conclusion, le Président a invité la Commission à œuvrer en vue de présenter une plus grande valeur ajoutée au Conseil et aux pays qu’elle soutient.

Avant de passer le flambeau à M. Jinga, qui présidera la douzième session de la Commission, M. Cho a fait adopter le projet de rapport* de la CCP sur les travaux de sa onzième session.  Avant cette adoption, le délégué du Japon a pris la parole pour affirmer que la Commission allait dans la bonne direction « même si nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers ».

Faisant le bilan de sa présidence, M. Cho a indiqué qu’il s’était efforcé de rendre la Commission plus transparente, visible et efficace.  Il a mis en lumière certaines des avancées accomplies sous son mandat, mentionnant notamment la considération par la Commission de certaines situations régionales, notamment dans le Sahel, le bassin du lac Tchad ou encore dans la région des Grands Lacs. 

M. Cho a noté le renforcement des partenariats avec certains acteurs clefs, comme la Banque mondiale, avec laquelle la Commission a convenu de réunir des rencontres annuelles sur les pays qu’elle soutient.  Il a également souligné l’amélioration des liens avec le Conseil de sécurité, en prenant pour preuve le fait que l’année dernière le Conseil avait sollicité les avis de la Commission sur les situations au Libéria et au Burundi et dans la région du Sahel. 

« Pour améliorer de manière continue la perception de la Commission au sein de l’ONU, la Commission doit continuer de mobiliser les parties prenantes pertinentes et de fournir des avis de qualité. »

Les liens avec l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales ont été au cœur des interventions des nombreuses délégations qui ont pris la parole, le délégué de l’Allemagne plaidant pour leur renforcement. 

« Je ne suis pas surpris que le Conseil de sécurité ait un regard différent sur la Commission, car nous travaillons sur des sujets qui sont au cœur des missions de l’ONU », a affirmé de son côté le délégué du Kenya.

Son homologue de la France a salué la volonté du Conseil de faire davantage appel à la Commission, avant de louer la synergie entre les deux organes dans la région du Sahel en vue de renforcer la Force conjointe du G5 Sahel et d’œuvrer au développement économique de la région.  « Il s’agit là de deux priorités de mon pays. »

Le délégué de la Bolivie, qui a rappelé que son pays était membre élu du Conseil, a dit que la Commission jouait un rôle essentiel au sein d’un système multilatéral qui est en proie « à de nombreuses attaques ».  Il a souligné le rôle de la Commission pour répondre aux causes profondes, notamment la question des ressources naturelles.  « Certaines entreprises profitent en effet de l’instabilité de certains pays pour s’accaparer ces pays », a-t-il dénoncé. 

Son homologue du Burundi a, lui, pointé le « fossé grandissant » qui existe entre les pays africains inscrits à l’ordre du jour de la Commission et les pays non africains sur les stratégies de développement des premiers cités. 

Enfin, à l’instar du Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, M. Oscar Fernandez-Taranco, de l’Argentine, les délégations ont souligné l’importance de la réunion de haut niveau sur la pérennisation de la paix organisée par le Président de l’Assemblée générale en avril prochain. 

Le représentant de la République de Corée a demandé, à ce titre, que cette réunion aboutisse à un document final, une « résolution brève », tandis que le Président élu a souhaité que les délégations soient représentées à un haut niveau. 

* PBC/11/OC/1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social examine les défis posés par le vieillissement et le handicap à l’heure où l’on cherche à atteindre les objectifs de développement durable

Cinquante-sixième session,
6e & 7e séances – matin & après-midi
SOC/4859

La Commission du développement social examine les défis posés par le vieillissement et le handicap à l’heure où l’on cherche à atteindre les objectifs de développement durable

Pour la troisième journée de travaux de sa cinquante-sixième session, la Commission du développement social a fait le point, au cours de deux tables rondes, sur la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement ainsi que sur les moyens à déployer pour intégrer la question du handicap dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce débat a été l’occasion pour plusieurs délégations d’appeler à la tenue, en 2020, d’une nouvelle assemblée mondiale sur le vieillissement.

Dans un monde où le nombre de personnes âgées devrait doubler, tripler ou quadrupler d’ici à 2050, selon les pays, les experts venus éclairer la discussion n’ont eu de cesse de souligner l’importance pour les gouvernements de se préparer à cet important changement démographique.  Il leur faut dès maintenant adopter des politiques et prendre des mesures pour permettre aux personnes âgées de demeurer actives le plus longtemps possible et de vivre une vie digne, exempte de violences et de maltraitances.

La question des ressources, en particulier des pensions de retraites, a occupé une large part des débats, certains jugeant impérative la participation des personnes âgées au marché du travail le plus longtemps possible, en raison des contributions qu’elles peuvent y apporter et des revenus qu’elles peuvent en retirer.

« On ne doit pas considérer les populations vieillissantes comme un fardeau, mais reconnaître leur potentiel pour l’économie et le développement durable », a ainsi insisté le Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, M. José António Vieira Da Silva, qui a déploré la vision à court terme du monde des entreprises.

Pour d’autres délégations, l’activité professionnelle des personnes âgées s’impose en raison du fait que, dans certains pays, le système de pension ne suffit pas et pèse trop sur la population active.  « Pour de nombreuses personnes âgées, la retraite n’est tout simplement pas envisageable », a déploré un panéliste.

La dépendance financière de nombreuses personnes âgées a par ailleurs mis en évidence leur grande vulnérabilité en général.  Certains se sont inquiétés du risque de violences commises par ceux qui les considèrent comme un fardeau, tandis que d’autres ont dénoncé les pratiques prédatrices de certains conseillers financiers, mais aussi de proches qui réussissent à s’approprier les biens d’un membre âgé de leur famille grâce à une procuration.

La situation des femmes âgées a également été soulevée, ces dernières pâtissant, selon les régions du monde, d’un faible niveau d’éducation et de l’absence de droits, comme le droit à la propriété.

Parmi les autres défis identifiés aujourd’hui, il faut citer le manque de reconnaissance de la gériatrie comme spécialité médicale, la difficile prise en charge de personnes atteintes de démence et l’absence de ressources financières et humaines adéquates.  Plusieurs délégations ont en effet reconnu qu’il n’y avait pas eu suffisamment d’efforts en pratique pour mettre en œuvre le Plan d’action de Madrid, le premier programme mondial dans ce domaine.  Ce plan, adopté en 2002, avait pourtant marqué un tournant dans la prise en compte au niveau mondial de ce défi majeur qu’est le vieillissement de la population.

Dans l’après-midi, les délégations se sont penchées sur la question du handicap, en discutant de l’intégration du handicap dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Délégations et panélistes se sont inquiétés du fait que, malgré les efforts de la communauté internationale, les politiques et stratégies nationales de développement ne parviennent toujours pas à prendre pleinement en compte les besoins, inquiétudes et perspectives des personnes handicapées. 

Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’importance de la collecte de statistiques ventilées par handicap, regrettant par ailleurs que, pendant longtemps, le manque de méthodologie valable ait servi d’excuse pour retarder les efforts à consentir en faveur des droits des personnes handicapées. 

Des défis ont également été identifiés pour ce qui est des différences de développement de la statistique selon les pays, du manque d’expertise pour analyser les données et des différences sur la manière dont est mesuré le handicap, selon les pays et, pour un même pays, dans le temps.

Parmi les suggestions faites, la Présidente de la Fédération chinoise des personnes handicapées, Mme Zhang Haidi, a proposé de créer un système d’évaluation du développement durable des personnes handicapées, ainsi qu’une « organisation mondiale du handicap » au sein des Nations Unies.

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er février, à partir de 10 heures, avec la reprise de son débat général.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies

Table ronde de haut niveau sur le thème « Troisième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement » (E/CN.5/2018/4)

« Nous vieillissons tous et nous voulons tous vieillir dans un monde décent. »  C’est en ces termes que la modératrice de la table ronde, Mme SYLVIA BEALES, consultante sur le développement social inclusif, a lancé cette matinée de discussions sur la question du vieillissement.

Le nombre de personne âgées dans la région Amérique latine et Caraïbes devrait doubler d’ici à 2030 et ces personnes constitueront 30% de la population dans les décennies suivantes, a indiqué d’emblée M. HÉCTOR CARDENAS, Ministre de l’action sociale du Paraguay.  C’est pourquoi les pays de la région, caractérisée par la présence de nombreux emplois informels et une couverture sociale faible, voire inexistante, ont lancé de nombreuses initiatives à l’intention des personnes âgées, notamment en matière de prévention de la violence et de prise en charge des personnes atteintes de maladie mentale, comme Alzheimer, a-t-il signalé. 

Le Ministre a présenté les résultats de la quatrième Conférence intergouvernementale régionale sur le vieillissement et les droits des personnes âgées tenue à Asunción, du 27 au 30 juin 2017, qui a été marquée par l’adoption de la Déclaration d’Asunción sur l’établissement de sociétés sans exclusive.  Ce texte, a-t-il dit, appelle les gouvernements à intégrer de manière transversale la question du vieillissement en mettant en place des politiques qui tiennent compte de l’inégalité entre les sexes et qui combattent la violence et l’abandon.  L’accent est mis, également, sur la collecte de données ventilées, l’élaboration de programmes de soins et de prévention des différentes formes de démence, ainsi que sur les services palliatifs.

En ce qui concerne l’Europe, M. JOSÉ ANTÓNIO VIEIRA DA SILVA, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a présenté les résultats de la Quatrième Commission de la conférence ministérielle sur le vieillissement en Europe, qui s’est tenue les 21 et 22 septembre 2016 à Lisbonne, qui a été l’occasion de souligner l’importance de reconnaître le potentiel et la capacité à travailler des personnes âgées, et de garantir leur dignité.  Il a indiqué que la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid s’est effectuée dans un contexte d’incertitude économique qui a conduit plusieurs pays à réduire leurs dépenses sociales.  En outre, a-t-il ajouté, la population vieillit rapidement en Europe où les taux de fécondité sont faibles.  Face aux nouveaux risques qui se profilent, il a réclamé de nouvelles mesures et a appelé à changer d’état d’esprit pour dissiper les stéréotypes.  « On ne doit pas considérer les populations vieillissantes comme un fardeau, mais reconnaître leur potentiel pour l’économie et le développement durable », a-t-il insisté. 

Aussi les ministres se sont-ils engagés, à Lisbonne, à utiliser les possibilités qu’offre une vie plus longue, en autonomisant les individus, en promouvant une image positive du vieillissement et en permettant aux personnes âgées de participer plus longtemps au marché du travail et à la société.  Par la Déclaration de Lisbonne, les pays se sont aussi engagés à créer des services de recherche d’emploi adapté à tous, inciter au recrutement et proposer des programmes de formation tout au long de la vie.  Le Ministre a ajouté qu’il fallait inciter à repousser le départ à la retraite et fournir des services pour assurer une bonne qualité de vie et la dignité.  Il faut des soins de qualité et des programmes communautaires adaptés aux personnes âgées, en relevant notamment les défis de la démence et de l’isolation sociale, a-t-il ajouté.

À son tour, Mme SHIRIN SHARMIN CHAUDHARY, membre du Parlement du Bangladesh, a fait le point sur l’action menée par les pays membres de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) pour faire face au défi du vieillissement.  Elle a appelé à élaborer des stratégies pour permettre aux personnes âges de contribuer au développement durable, précisant que dans son pays le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait être multiplié par 3 d’ici à 2050.  « Le Bangladesh est donc en train de se transformer d’une société vieillissante en une société âgée. » La plupart des pays d’Asie-Pacifique, a-t-elle indiqué, se sont dotés d’un plan d’action pour gérer le vieillissement et de lois spécifiques aux personnes âgées.  Ainsi, le Bangladesh a adopté une politique nationale en 2013, le Myanmar un plan d’action en 2014 et le Népal un même plan en 2017, « autant de mesures qui démontrent que les pays à faible revenu sont de plus en plus conscients du problème que pose le vieillissement », selon la Ministre. 

En outre, de nombreux pays de la région ont adopté des mesures et lancé des initiatives pour permettre aux personnes âgées d’être actives sur le marché du travail, a-t-elle poursuivi.  Le Bangladesh œuvre de surcroît pour augmenter le nombre de retraites dans le pays, tandis que d’autres pays ont élargi les systèmes de soins à l’intention des personnes âgées.  Outre la promotion d’une image positive du vieillissement, Mme Chaudhary a jugé nécessaire de combattre la violence à l’égard de personnes âgées, d’assurer leur dignité et de renforcer l’attachement filial. 

Pour ce qui concerne l’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE, Représentant permanent de la Zambie, a expliqué que bien qu’elle soit souvent décrite comme un « continent jeune », sa structure démographique connaît une modification spectaculaire, la part des personnes âgées devant passer de 4,9% en 2015 à 7,6% en 2050.  La situation est très contrastée selon les pays, a-t-il ajouté: les personnes de plus de 60 ans représentant plus de 15% de la population à Maurice et dans l’île de la Réunion, 11% aux Seychelles, et 8% en Afrique du Sud, mais moins de 4% de la population totale en Angola, au Burkina Faso ou encore en Gambie.

Depuis 2012, davantage de gouvernements africains ont élaboré des politiques sur le vieillissement, mais de nombreux défis existent, à commencer par une connaissance insuffisante des droits des personnes âgées et une faible couverture sanitaire.  Le panéliste a aussi pointé le manque de personnel spécialisé, le faible soutien des organisations internationales et le manque de ressources budgétaires.  En outre, seul un tiers des pays africains disposent de données facilement accessibles sur le vieillissement, ce qui restreint les possibilités d’analyse de qualité.  Il a aussi déploré l’absence de programmes pour assurer la formation continue des personnes âgées, notamment dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC). 

Autres difficultés rencontrées en Afrique, moins d’une personne sur cinq touche une retraite et aucune mesure n’existe pour aider les personnes âgées handicapées.  Seul un petit nombre de pays ont adopté des programmes de promotion du vieillissement et aucune mesure n’existe pour lutter contre la maltraitance de personnes âgées ou promouvoir une image positive du vieillissement. 

M. Kapambwe a ensuite fait le point sur les mesures adoptées en Zambie où l’âge de la retraite est passé de 55 à 65 ans.  Une politique nationale sur le vieillissement a été élaborée pour fournir des soins aux personnes de plus de 60 ans, a-t-il aussi indiqué avant d’appeler à une meilleure coopération entre les ministères et à déployer les ressources et le personnel nécessaires.

Pour la dernière région examinée, l’Asie occidentale, le docteur ABLA SIBAI, Présidente du Département d’épidémiologie et de la santé de la population de l’Université américaine de Beyrouth et Cofondatrice du Centre d’études sur le vieillissement du Liban, a fait le point sur la situation du vieillissement dans les pays membres de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), précisant que le nombre de personnes âgées dans la région devrait être multiplié par 4 d’ici à 2050 et atteindre 85 millions.  Elle a fait état d’une augmentation des maladies chroniques dégénératives, se préoccupant également du déclin des structures familiales élargies.  En outre, les conflits que connaît la région, en République arabe syrienne notamment, provoquent des vagues de migration de jeunes, qui laissent derrière eux de nombreuses personnes âgées. 

Les personnes âgées, en particulier les femmes, pâtissent également d’un faible niveau d’éducation, comme c’est le cas au Yémen où le taux d’analphabétisme chez les femmes âgées peut atteindre 80%.  En outre, de nombreuses personnes âgées travaillent jusqu’à un âge avancé, en raison du manque de programmes de protection sociale.  Pour de nombreuses personnes âgées, la retraite n’est tout simplement pas envisageable, a déploré le Docteur Sibai.

En outre, la région connaît les débuts d’une transition épidémiologique, caractérisée par des taux importants de maladies transmissibles et nontransmissibles, comme le diabète et l’obésité, qui touchent de nombreuses femmes des pays du Golfe.  Comme autre obstacle, elle a mentionné le nombre très limité de pays de la région qui considèrent la gériatrie comme une spécialité médicale.  Dans la région, a-t-elle poursuivi, la famille demeure le principal pilier des politiques de vieillissement, ainsi que le principal filet de sécurité.  D’un autre côté, outre les modifications apportées à la configuration familiale multigénérationnelle, la maltraitance des personnes âgées est souvent gardée par le secret familial.

Enfin la panéliste a déploré l’écart entre l’adoption de politiques et leur mise en œuvre, dénonçant le manque de ressources, une faible coordination au niveau ministériel et l’absence de données ventilées.  À ses yeux, la question du vieillissement exige une réponse régionale.

Débat avec les délégations

De nombreuses délégations ont profité de l’échange avec les panélistes pour présenter les mesures lancées au niveau national afin de mettre en œuvre le Plan d’action de Madrid et appeler, à l’instar de la représentante de l’Afrique du Sud, à la promotion d’une image positive du vieillissement.

Les représentants de l’Argentine, de l’Indonésie, du Kenya, de l’Iran et du Brésil ont fait un large tour d’horizon des politiques qu’ils ont ainsi adoptées.  La déléguée du Costa Rica a donné des précisions sur ce que fait son gouvernement face aux problèmes de l’abandon des personnes âgées et des cas de démence.

La question des ressources, en particulier des retraites, a occupé une large part des discussions, le représentant de la Russie estimant qu’on ne parviendrait pas à régler la question des personnes âgées avec le seul système de pension, car celui-ci pèse énormément sur la population active.  Il a plutôt jugé utile d’inciter les personnes âgées à rester actives sur le marché du travail, ce qui implique de promouvoir leur accès à l’information et à la formation. 

« Quelles incitations fournir aux entreprises pour les inciter à recruter des personnes âgées, et comment rendre la retraite moins attrayante? » a alors demandé le représentant du Japon qui a fait observer que certaines personnes sont contraintes de prendre leur retraite pour s’occuper d’un parent âgé.  Ces commentaires ont conduit le Ministre du Portugal à déplorer la vision à court terme des entreprises et appeler à redoubler d’efforts pour assurer la durabilité des systèmes de retraite.  La parlementaire du Bangladesh a proposé d’envisager de donner des incitations financières aux employeurs.

Également préoccupée par la promotion d’une vie indépendante pour les personnes du troisième âge, la représentante de la Finlande a jugé nécessaire d’établir des partenariats et de trouver de nouveaux instruments technologiques pour appuyer les professionnels et les personnes âgées.  Comme autre élément de solution, le représentant de HelpAge International a invité à réfléchir aux moyens de verser des allocations sociales à toutes les personnes âgées du monde. 

La dépendance financière de nombreuses personnes âgées a mis en évidence leur grande vulnérabilité en général.  Le délégué du Guatemala s’est notamment inquiété du risque de violences commises par ceux qui les considèrent comme un fardeau.  Son homologue de la Namibie a dénoncé les pratiques prédatrices de certains conseillers financiers qui incitent les personnes âgées qui n’ont plus toutes leurs facultés à investir leur épargne dans des plans à risques élevés.  De tels prédateurs existent également au sein même des familles, a réagi la représentante de la République dominicaine, citant une multitude de cas où, munie d’une procuration acquise de manière douteuse, une personne aurait réussi à voler les épargnes, le logement ou un terrain appartenant à un membre âgé de sa famille. 

Pour sa part, le représentant de la France a regretté l’absence de moyens pour la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid, faisant remarquer que si les plans paraissent « parfaits sur le papier », ils sont trop peu souvent mis en pratique.

Il faut relier les plans nationaux de développement aux plans de défense des droits de l’homme, a conseillé le représentant du Paraguay.  Ces droits, par exemple, ne sont pas tous respectés pour les femmes âgées vivant en zone rurale au Radjasthan, ces dernières n’ayant aucun droit à la propriété, a signalé le représentant d’une ONG.  Plusieurs délégations, à l’instar du Guatemala et du Costa Rica, ont donc appelé à l’élaboration d’un instrument juridique contraignant pour garantir les droits inaliénables des personnes âgées.

« Ne devrait-on pas envisager de tenir, en 2020, une nouvelle assemblée mondiale sur le vieillissement? » a lancé pour finir la représentante de l’Autriche, fortement appuyée par le Président de l’Association internationale de gérontologie et de gériatrie.  Cette assemblée devrait même être envisagée comme le débouché des travaux de cette session, a renchéri le panéliste de la Zambie, tandis que la Présidente du Département d’épidémiologie et de la santé de la population de l’Université américaine de Beyrouth a fait observer que sa tenue permettrait d’assurer la mise en conformité des objectifs de développement durable.

Table ronde de haut niveau sur le thème « En vue de l’instauration d’un développement durable, résilient et partagé: une approche fondée sur des preuves pour la prise en compte systématique de la question du handicap dans la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du Programme 2030 » (E/C.2/2018/1)

La table ronde, qui avait pour objet de discuter des problèmes liés à la prise en compte du handicap dans le contexte du développement durable et du renforcement de la résilience de chacun, a été largement consacrée à la question de la collecte des données relatives au handicap, mettant en lumière certaines différences de vues entre les intervenants.  

Comme l’a rappelé le Président de séance, M. BRUNO RIOS, Vice-Président de la Commission du développement social, malgré les efforts de la communauté internationale et de ses États Membres, les politiques et stratégies nationales de développement ne parviennent toujours pas à prendre pleinement en compte les besoins, inquiétudes et perspectives des personnes handicapées et ce, bien que la question du handicap soit abordée dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à la fois de manière transversale et dans le cadre de cibles spécifiques de plusieurs objectifs liés à l’éducation, la croissance économique, l’emploi ou encore les établissements humains. 

Une des difficultés vient de ce que les données relatives aux personnes handicapées restent encore trop limitées dans de nombreux pays, malgré d’évidents progrès puisque quelque 120 États et régions collectent aujourd’hui des statistiques sur le handicap, alors qu’ils n’étaient que 19 dans les années 1970. Pour sa part, le Département des affaires économiques et sociales produit un rapport sur le handicap et le développement à la demande de l’Assemblée générale.

Mme ZHANG HAIDI, Présidente de la Fédération chinoise des personnes handicapées, elle-même paralysée depuis l’âge de 5 ans, a mis en avant le rôle de chef de file de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique pour mettre en place des sociétés intégrant pleinement le handicap.  Elle a ensuite détaillé les efforts consentis par la Chine en faveur des quelque 85 millions de personnes handicapées que compte le pays.  Avant toute chose, il faut savoir qui sont les personnes handicapées, où et comment elles vivent et quelles sont leurs besoins, a-t-elle remarqué avant de mentionner à cet égard les grandes enquêtes menées à partir de 2015.  Celles-ci ont permis de recueillir des informations sur plus de 33 millions de personnes officiellement enregistrées en Chine comme handicapées, a-t-elle précisé en soulignant que le plus grave problème dont souffrent les citoyens chinois handicapés est la pauvreté. 

Mme Zhang a proposé la création d’un système d’évaluation du développement durable des personnes handicapées, ainsi qu’une augmentation de la coopération et des échanges internationaux dans ce domaine, en suggérant que la Commission du développement social crée un forum du développement durable pour les personnes handicapées et que les Nations Unies créent une « organisation mondiale du handicap ».

Celle qui, aux Nations Unies, est spécialement chargée de ces questions, Mme CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, a surtout mis l’accent sur l’importance de la collecte de statistiques ventilées par handicap dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mme Aguilar a rappelé que l’Article 31 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées – à laquelle sont parties 174 États Membres ainsi que l’Union européenne -  exige que les États parties collectent de telles données afin de leur permettre de définir et mettre en œuvre des politiques de promotion des droits de ces personnes.  Elle a estimé que, pendant longtemps, le manque de méthodologie valable avait servi d’excuse pour retarder les efforts à consentir en faveur des droits des personnes handicapées. 

Cette situation a changé, a indiqué la Rapporteuse spéciale en citant la méthode qui a fait ses preuves au cours des 10 dernières années: celle dite du Groupe de Washington sur les statistiques relatives au handicap, élaborée en 2001 par la Commission de la statistique des Nations Unies.  Cette méthode est basée sur six questions et fait l’objet d’un large consensus.  Elle peut être intégrée facilement et à peu de frais dans le cadre des collectes nationales de statistiques, comme le font déjà plus de 80 pays, a précisé Mme Aguilar, qui a aussi fait observer que plusieurs commissions régionales des Nations Unies et le Comité des personnes handicapées avaient recommandé cette méthode pour assurer le suivi de la Convention.  

La Rapporteuse spéciale a dénoncé les attitudes dilatoires des entités responsables, qui retardent l’adoption de cette méthode au motif qu’il en existe d’autres, même si elles n’ont pas été testées, sont beaucoup plus lourdes et plus coûteuses.  Mme Aguilar a donc plaidé pour que les méthodologies en matière de statistiques ventilées par handicap aux fins du suivi de la réalisation des objectifs de développement durable soient adoptées une fois pour toute.  En l’absence de recommandation de la part de la Division de la statistique de l’ONU, cette charge incombe actuellement à la Commission de la statistique du Groupe d’experts interagences sur les indicateurs, a-t-elle rappelé, en estimant que la prochaine session de la Commission de la statistique des Nations Unies offrait une occasion unique d’avancer enfin sur cette question.

La question de l’inclusion du handicap a ensuite été abordée sous le chapitre de l’action humanitaire.  Mme MARY CROCK, professeur de droit public à la faculté de droit de l’Université de Sydney, s’est penchée sur ce problème, en particulier dans le cadre des déplacements de populations.  Les personnes handicapées déplacées à l’intérieur de leur pays ont tendance à être oubliées, à devenir invisibles, a observé Mme Crock, qui a rappelé qu’il était très important, là encore, de collecter des données sur le handicap.  En effet, dans toute société, il existe des personnes qui, pour des raisons diverses, dissimulent leur handicap ou celui de leurs proches.  Or, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), toute population compte jusqu’à 15% de personnes handicapées, qui, lorsqu’elles sont contraintes au déplacement, le font souvent dans des conditions très difficiles et en souffrant.

Si Mme Crock s’est félicitée qu’on inclue de plus en plus la question du handicap dans les questions humanitaires, elle a regretté les barrières qui existent encore entre de nombreuses organisations, qu’il s’agisse des agences de l’ONU ou d’ONG nationales ou internationales, ainsi qu’entre les acteurs du développement et les intervenants humanitaires.  Elle a en outre apporté son soutien aux propositions de Mmes Aguilar et Zhang, notamment pour la création d’une « organisation internationale du handicap ».

Après les différentes remarques des experts précédents sur l’importance cruciale des statistiques relatives aux questions de handicap et sur les lacunes dans ce domaine, Mme MARGARET MBOGONI, statisticienne senior à la Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales, est venu apporter un éclaircissement en tant que spécialiste de la question.  Elle a rappelé que, d’un point de vue statistique, il existe une grande diversité de situations nationales, du fait des différences de développement de la statistique. C’est la raison principale pour laquelle, après être restée pendant plusieurs années sans programme de statistique sur le handicap, la Division de la statistique des Nations Unies s’est lancée dans un tel programme, a-t-elle expliqué.  Elle a indiqué que les collectes de données s’étaient fortement accrues depuis le début du millénaire, mais a précisé qu’il restait d’importantes différences entre régions ou pays sur la manière dont sont collectées les données, ainsi que sur les sources utilisées.  En outre, de nombreux pays souffrent du manque d’expertise pour analyser les données sur le handicap, a fait observer Mme Mbogoni.  Enfin, il existe des différences sur la manière dont est mesuré le handicap, selon les pays et, pour un même pays, dans le temps.

M. Mbogoni a également expliqué que les lignes directrices et principes sur le développement de statistique sur le handicap, mis au point par sa division, étaient en cours de révision.  Elle a expliqué que les outils du Groupe de Washington et de l’OMS –ICF International Classification of Functioning, Disability and Health- seraient tous deux inclus car ils sont complémentaires. 

Cette remarque a suscité des réactions.  La Vice-Présidente du Costa Rica s’est dite préoccupée de voir se rouvrir le débat sur l’opportunité des méthodes de collecte des données relatives au handicap.  Elle s’est notamment interrogée sur le bien-fondé de l’utilisation de la méthode ICF de l’OMS et sa quarantaine de questions, tandis que les représentants de la République dominicaine et du Soudan souhaitaient obtenir l’avis des experts sur les différentes méthodes.

Ce à quoi Mme Mbogoni a répondu que la méthode de l’OMS était destinée plus à des études qu’à des recensements.  Elle a invité à ne pas perdre de vue les nombreux objectifs pour lesquels la collecte de données sur le handicap est nécessaire, qui vont selon elle beaucoup plus loin que la simple ventilation des données.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît l’existence de modèles, démarches et approches différentes pour réaliser le développement durable, a encore rappelé Mme Mbogoni, qui a confirmé que la prochaine réunion de la Commission de la statistique des Nations Unies, en mars prochain, traitera de la question des statistiques relatives au handicap pour la première fois depuis l’adoption des objectifs de développement durable.

Mais si elle a jugé elle aussi important d’aller au-delà de la ventilation des données, ne serait-ce que pour avoir aussi des informations pour des politiques à long terme, Mme Aguilar a rappelé que la ventilation était essentielle pour disposer d’informations sur les personnes handicapées dans n’importe quel type d’études.  Or, on ne peut inclure 41 questions d’un coup dans n’importe quelle étude, a fait observer la Rapporteuse spéciale, qui a invité les États à faire attention à ce débat lors de la prochaine réunion de la Commission de la statistique. 

Parmi les différentes interventions de la salle, la représentante du Kenya a expliqué que les recensements nationaux du pays, dont le prochain aura lieu en 2018, collectent des informations sur le handicap, mais elle a aussi reconnu qu’il fallait améliorer cette collecte et a rappelé que les services statistiques des Nations Unies devaient continuer de renforcer les capacités nationales des États pour ce faire.  Pour sa part, le représentant de la Namibie a expliqué que son pays disposait de statistiques sur le handicap temporaire et le handicap permanent mais s’est interrogé sur la dimension sociale du handicap.  La représentante de la Roumanie a, d’ailleurs, rappelé la corrélation entre le handicap, le faible niveau de formation et la pauvreté.

La représentante de l’Argentine, pays qui a adopté en 2017 un plan national du handicap, a insisté sur le rôle clef que doit jouer la Convention relative aux droits des personnes handicapées dans la réalisation du Programme 2030.  En outre, les représentants du Guatemala, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud, de l’Union européenne et du Nigéria, ont expliqué les mesures prises sur le plan national en faveur de l’intégration des personnes handicapées dans le cadre de l’application de ladite Convention et de la réalisation des objectifs de développement durable.  Le représentant du Soudan s’est par ailleurs montré très intéressé par l’idée d’une « agence ou organisation internationale du handicap ».  Les représentants de Cuba, du Mexique, du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes et de l’ONG Panthères vertes ont également pris la parole.

En conclusion, le Vice-Président de la Commission du développement social a souhaité que les préoccupations exprimées lors de la présente table ronde soient transmises aux membres de la Commission de la statistique.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 42 organisations et reporte sa décision sur 44 organisations dont « Rohingya League Ltd. »

Session de 2018,
5e & 6e séances – matin & après-midi   
ECOSOC/6882-ONG/863

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 42 organisations et reporte sa décision sur 44 organisations dont « Rohingya League Ltd. »

Le Comité chargé des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 42 organisations.  D’autres ONG, au nombre de 44, ont été priées d’attendre dont « Rohingya League Ltd. » du Royaume-Uni.

Créée en juin 2014, cette ONG anciennement dénommée « Rohingya Federation », offre des bourses ou d’autres formes d’aide financière aux victimes des violations des droits de l’homme pour leur permettre de poursuivre leur scolarité et de subvenir à d’autres besoins élémentaires.  Comme elle s’est muée en « Rohingya League Ltd. », le représentant de l’Inde a demandé les raisons de ce changement de nom, ses conséquences sur les activités de l’ONG et la nature des projets, sous la nouvelle dénomination.  Le représentant de la Chine a relevé un problème technique sur le site Internet de l’ONG.

La russe « National Committee on BRICS Research » qui a vu le jour en 2011 avec pour objectif principal de promouvoir la position de la Fédération de Russie et son expertise en matière de développement, entre autres, devra patienter.  La représentante des États-Unis a dit attendre la liste complète des projets en 2017 et leurs liens avec les travaux de l’ECOSOC.

« Aide et Action internationale », de la Suisse, doit respecter le nom officiel de la « Région administrative spéciale de Hong Kong » sur son site Internet, a exigé le représentant de la Chine.  L’ONG appuie les communautés marginalisées pour qu’elles prennent le contrôle de leur avenir à travers l’éducation et notamment l’initiative « Éducation pour Tous ».

Le Comité peut recommander ou retirer trois statuts: le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste regroupe les ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Le Comité chargé des ONG poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er février, à partir de 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. International Housing Coalition, Incorporated (États-Unis)
  2. Internationale Romani Union-IRU (Autriche)
  3. Jubilee Debt Campaign (Royaume-Uni)
  4. Kamer-Kadın Merkezi Eğitim Üretim Danışma, ve Dayanışma (KAMER) Vakfı (Turquie)
  5. Kayan - Feminist Organization (Israël)
  6. Korea LOHAS Association (République de Corée)
  7. LatinoJustice PRLDEF (États-Unis)
  8. Líderes Promoviendo la Cultura de la Legalidad, AC (Mexique)
  9. Muslims for Progressive Values (États-Unis)
  10. New Vision International– NVI (Suisse)
  11. Nutrition & Education International (États-Unis)
  12. Operation Smile, Inc. (États-Unis)
  13. Partenariat Français Pour l'eau- PFE (France)
  14. Panafrican Women Association- PAWA (Norvège)
  15. Parents - Enfants maltraités - Renouveau et espérance pour les familles (France)
  16. Public Eye, Verein auf der Grundlage der Erklärung von Bern, Bern (Suisse)
  17. Queensland Advocacy Incorporated (Australie)
  18. Ruh Sağlığında İnsan Hakları Girişimi Derneği (Turquie)
  19. SDSN Association, Inc. (États-Unis)
  20. SIETAR Austria - Gesellschaft für interkulturelle Bildung, Training und Forschung (Austria)
  21. Save Cambodia (États-Unis)
  22. Shalva - The Israel Association for Care and Inclusion of Persons with Disabilities- R.A. (Israël)
  23. Terra Renaissance (Japon)
  24. The Athena Fund –Laptop Computer for each Teacher (Israël)
  25. The Foundation for AIDS Research (États-Unis)
  26. The Irish Society for the Prevention of Cruelty to Children (Irlande)
  27. The Order of St. Stanislas (Der Orden des Heiligen Stanislaus) e.V (Allemagne)
  28. The PsySiP Project (États-Unis)
  29. Together for Safer Roads Inc (États-Unis)
  30. Truth in Reality Inc (États-Unis)
  31. University College Dublin (Irlande)
  32. Unspoken Smiles Foundation (États-Unis)
  33. World Protection for Dogs and Cats in the Meat Trade (Royaume-Uni)
  34. Young Diplomats of Canada (Canada)
  35. Österreichischer Bundesverband – Österreichische Lebens - und Rettungs – Gesellschaft (Autriche)
  36. Iranian Association for United Nations Studies (Iran)
  37. Iranian Institutional Investors Association (Iran)
  38. Jameh Ehyagaran Teb Sonnati Va Salamat Iranian (Iran)
  39. Living Proof Initiative for Hope (Nigéria)
  40. SPHER International Ltd (Royaume-Uni)
  41. The Global Alliance for TB Drug Development, Inc. (États-Unis)
  42.  Malteser International e.V. (Allemagne)

Examen des demandes de statut consultatif

Peut-on obtenir des informations sur le financement de « Juridisk Rådgivning for Kvinner » (Norvège)? a demandé le représentant de la Chine.  Quelles sont les sources utilisées par « Kaleidoscope Human Rights Foundation Ltd. » (Australie) pour ses recherches? a voulu savoir le représentant de la Fédération de Russie.  Quels sont les projets de « Legal Action Worldwide » (Suisse)?  Quel est le budget par projet et quels sont les pays bénéficiaires? a questionné le représentant du Soudan.

Quels étaient les projets de « Mittetulundusühing G-Global Development Community » (Estonie) en 2017?  Quels sont leurs liens avec le travail du Conseil économique et social (ECOSOC)? a demandé la représentante des États-Unis.  Quels sont les projets de « Mother Helpage » (Royaume-Uni), au Jammu-et-Cachemire? a voulu savoir la représentante de l’Inde.  « NIGH World » (Canada) travaille-t-elle avec d’autres organisations en Amérique latine? a interrogé la représentante du Venezuela.

Celle de l’Inde a voulu savoir ce que fait « Namati Inc » (États-Unis) en Inde.  La déléguée des États-Unis a demandé à « National Committee on BRICS Research » (Fédération de Russie) ses projets en 2017 et leurs liens avec les travaux de l’ECOSOC.  Le représentant de Cuba a exigé que « Nepperhan Community Center, Inc. » (États-Unis) s’explique sur son indépendance vis-à-vis du Gouvernement des États-Unis.  Qui sont les partenaires de l’ONG au Ghana? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.

Peut-on obtenir des détails sur le budget et notamment sur les dépenses administratives?  C’est à cette question de la représentante de l’Uruguay que « Nonprofit Partnership "Strategic Partnership with the Islamic World" » (Fédération de Russie) devra répondre.  L’« Organisation Aide et Action internationale » (Suisse) doit respecter le nom officiel de la « Région administrative spéciale de Hong Kong » sur son site Internet, a exigé le représentant de la Chine.  Quels sont les liens de l’« Operation HOPE Inc » (États-Unis) avec le Gouvernement?  Nous voudrions des informations détaillées sur les financements issus du secteur privé, a indiqué le représentant de Cuba.

Quelle est la source des revenus d’« Operation Underground Railroad Inc » (États-Unis)?  Que fait-elle en Inde? a demandé la représentante de l’Inde.  Avec un budget de 878 dollars, comment l’« Organisation Internationale pour l’avancement politique des Africaines- L’OIAPA » (Canada) a pu organiser un séminaire de trois jours en Tunisie? s’est étonné le représentant de la Mauritanie.  Quels sont vos projets avant le 16 août 2016?  Quel est le montant exact du budget?  Quels sont les projets futurs? a demandé le délégué de Cuba.  Le même délégué a voulu savoir si « Otro Tiempo México, Asociación Civil » (Mexique) reçoit de l’argent du Gouvernement.  Qui sont ses donateurs?

Quel est le travail de « Peace Development Fund » (États-Unis) au niveau international?  Est-ce qu’elle distribue de l’argent à d’autres ONG? a demandé la représentante du Nicaragua.  Son homologue de la Chine a demandé à « Perkins School for the Blind » (États-Unis) de respecter les noms officiels de Hong Kong et de Taïwan.  « Reproductive Health Matters » (Royaume-Uni) est déficitaire.  Comment va-t-elle financer ses projets? a interrogé le représentant du Burundi.

Pourquoi « Rohingya League Ltd. » (Royaume-Uni) a changé de nom en 2016? Quelles en sont les conséquences?  Pourquoi elle n’a aucun projet? a commenté la représentante de l’Inde.  Son site Internet ne s’ouvre pas, a observé le représentant de la Chine.  Comment fait « SPHER International Ltd » (Royaume-Uni) pour financer ses projets sans aucun budget? a demandé le représentant de Cuba.  Quels sont les projets? Quelles sont les activités? a voulu savoir le représentant de la Grèce de « Sahipkıran Stratejik Araştırmalar Merkezi » (Turquie).

Hong Kong et Taïwan ne sont pas des pays, a fait observer le représentant de la Chine à « Society for Nutrition Education and Behavior » (États-Unis) qui a été priée de respecter les noms officiels.  Le délégué a fait la même remarque à « Stichting Mama Cash » (Pays-Bas).  Comment fait « The Chittagong Hill Tracts (CHT) Foundation Inc. » (États-Unis) pour financer ses projets? a voulu savoir la représentante de l’Inde.

Pourquoi le budget de recherche de « The Dame Jane Foundation » (Nouvelle-Zélande) est de 1 dollar? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud.  Que fait cette ONG en matière de secours dans les cas de catastrophes naturelles? a voulu savoir le représentant de Cuba

La représentante de l’Afrique du Sud a demandé à « The Denis & Lenora Foretia Foundation Inc » (États-Unis) si elle a des partenaires au Cameroun.  Dans quels pays travaille « The Task Force for Global Health Inc » (États-Unis)? a voulu savoir la représentante du Nicaragua.  Peut-on obtenir la liste des 16 pays dans lesquels « Trocaire » (Irlande) dit qu’elle est présente? a réclamé le délégué de la Chine.

La représentante de l’Uruguay a voulu en savoir plus sur les futurs projets de « UNESCO Center for Peace » (États-Unis).  L’ONG a-t-elle obtenu l’autorisation de l’UNESCO et de l’ONU pour utiliser leur logo?  Le représentant de Cuba a constaté que « Wonder Foundation » (Royaume-Uni) travaillait au Guatemala, au Pérou et au Mexique.  Peut-on avoir la liste exhaustive des pays où est présente l’organisation?  Le délégué de la Mauritanie a voulu connaître les bureaux africains de « Word of Life International, Inc. » (États-Unis).  Déficitaire de 2 000 dollars, comment l’ONG compte-t-elle réaliser ses projets?    

Le délégué de la Mauritanie a indiqué que « World Youth Organization » (Royaume-Uni) a épuisé tous ses fonds au cours d’une seule manifestation pendant la Journée internationale de la femme en 2016.  Pourquoi l’ONG ne fait aucune dépense administrative?  Comment est organisée l’administration de cette organisation?  La déléguée du Venezuela a voulu en savoir plus sur les activités de « Young Global Leadership Foundation, Inc. » (États-Unis) en Amérique latine.  Le délégué de Cuba a demandé qu’on lui explique comment ont été utilisés les fonds américains reçus par « Young Professionals in Foreign Policy » (États-Unis).

Le site de « Al-Imdaad Trust » (Afrique du Sud) peut-il expliquer pourquoi l’ONG affirme être accréditée auprès de l’ECOSOC? a exigé la représentante de l’Afrique du Sud.  Dans quels pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe l’« Association pour la Diffusion des Droits Humains aux Peuples Autochtones- Humanitarian Law Agency » (Cameroun) est présente? a questionné le représentant de la Mauritanie.

Tous les groupes culturels de la Chine peuvent-ils participent au Forum culturel organisé par « Chinese Culture Promotion Society » (Chine)? a demandé la représentante des États-Unis.  Le représentant de la Grèce a dit ne pas s’opposer à l’octroi d’un statut consultatif spécial à « Citizen Association H.E.R.A. Health Education and Research Association » (« Macédoine ») pour autant que l’ONG respecte le nom officiel du pays qui est « ex-République yougoslave de Macédoine ».  La déléguée du Nicaragua a voulu connaître l’impact des coupes budgétaires sur un des partenaires de l’ONU.  Quel est la nature du travail de « Palestinian Association for Human Rights- Witness » (Liban) dans les prisons libanaises?  A-t-elle reçu l’autorisation du Gouvernement du Liban pour y travailler? a interrogé le représentant d’Israël.

Peut-on obtenir la liste complète des sources de financement de « Talent Incubator » (Bénin)? a demandé la représentante des États-Unis.  Quels sont les membres de « World Fund for Development and Planning-WFDP » (Ouganda)? a voulu savoir le représentant du Burundi.

Dialogue avec les ONG

« SPHER International Ltd » (Royaume-Uni) a déclaré que c’est avec l’aide de son fondateur qu’elle assure son financement.  Ce qui n’a pas satisfait le représentant de Cuba qui a réclamé des détails supplémentaires, avant que le Comité ne recommande tout de même l’octroi du statut consultatif spécial.

« National Committee on BRICS Research » (Fédération de Russie) a expliqué qu’elle cherche à diffuser les expériences positives sur le développement et des voies alternatives avec les jeunes, les universités et la société civile.  Comment comptez-vous contribuer aux travaux de l’ECOSOC? a demandé la représentante des États-Unis.  Le BRICS compte pour 40% de la population mondiale, a répondu l’ONG, et nous comptons travailler sur l’objectif 11 de développement durable relatif aux villes et aux communautés durables pour assurer la stabilité globale et la paix dans le mode.  Quels sont vos rapports avec le Gouvernement de la Fédération de Russie? a demandé la déléguée américaine.  « Nous n’avons pas d’affiliation directe et n’avons aucune relation avec le Gouvernement », lui a répondu l’ONG.  La représentante américaine a demandé des explications sur le fait que 80% du budget de l’ONG sont consacrés aux dépenses administratives.

« The Global Alliance for TB Drug Development, Inc. » (États-Unis) a souligné qu’elle se consacre à la recherche sur la lutte contre la tuberculose, avec deux bureaux en États-Unis et en Afrique du Sud.  L’ONG vise à réaliser l’objectif 3de développement durable sur la santé et le bien-être.  Le représentant de Cuba a souhaité voir les rapports quadriennaux de l’ONG et sans attendre, le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif spécial.

« Research Society of International Law » (Pakistan) a dit qu’elle mène des recherches avec d’autres spécialistes du droit sur les conventions internationales ratifiées par le Pakistan.  Elle explique aussi aux populations que l’état de droit signifie non seulement le respect des lois locales et nationales mais aussi des traités internationaux.  La représentante de l’Inde a noté que 93% des dépenses de l’ONG sont administratives.  Quel est le nombre d’employés?  Quel est leur travail?  Payez-vous vos chercheurs?  Comment comptez-vous atteindre vos objectifs avec zéro dollar pour les projets?

« Global Peace Foundation » (États-Unis) a expliqué qu’elle se spécialise notamment dans l’organisation de manifestations culturelles sur la paix.  Elle a parlé d’une Convention mondiale sur la paix qui a réuni 700 éducateurs pendant une journée, l’année dernière, aux Philippines.  Au Kenya, l’ONG a organisé avec les jeunes un Forum sur la nécessité de préserver la paix, en 2017 qui était une année électorale.  Le représentant de la Chine a avoué ne pas comprendre la position de l’ONG sur la Région autonome du Tibet.  Pourquoi l’ONG a-t-elle invité un représentant de la « Maison du Tibet » à New Dehli, l’année dernière?  Nous n’avons de pas position politique sur la Chine, ses régions et ses provinces, a répondu l’ONG, avant que le représentant chinois n’exige « une déclaration officielle écrite » reconnaissant la Région autonome du Tibet comme partie intégrante de la Chine.

« Malteser International e.V. » (Allemagne) a dit qu’elle travaille dans les domaines de l’eau, de l’environnement et de la prévention des catastrophes naturelles.  Elle est présente dans plus de 80 pays depuis plus de 60 ans.  Le Comité a décidé de recommander le statut consultatif spécial à l’ONG.     

« Gulf Centre for Human Rights- GCHR Limited » (Irlande) a souligné qu’elle ne fait pas de politique et défend les droits de l’homme au Moyen-Orient.  L’ONG a formé à ce jour plus de 800 défenseurs de droits de l'homme dans une région où les abus sont nombreux.  Le représentant du Soudan a voulu des précisions sur le partenariat avec l’UNICEF.  Son homologue de la Mauritanie a demandé une liste complète des membres du Comité exécutif de l’ONG.  Le représentant de la Chine a dit ne pas comprendre la notion de « sécurité numérique » évoquée par l’ONG.  « Nous n’avons pas reçu d’argent de l’UNICEF mais de l’UNESCO et la sécurité numérique est nécessaire pour protéger les données des gens qui travaillent avec nous », a répondu l’ONG.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum de la jeunesse bat un record de participation et s’achève sur un plaidoyer pour la présence des jeunes dans tous les fora sur le développement durable

Session de 2018,
Matin & après-midi
ECOSOC/6881

Le Forum de la jeunesse bat un record de participation et s’achève sur un plaidoyer pour la présence des jeunes dans tous les fora sur le développement durable

Le septième Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) qui s’est déroulé sur le thème « Le rôle des jeunes dans la construction de collectivités urbaines et rurales durables et résilientes » a pris fin ce soir.  Les deux jours de travaux ont été marqués par de nombreux plaidoyers en faveur des 1,8 milliard de jeunes, qualifiés d’essentiels pour réaliser le développement durable.    

Le Forum de la jeunesse a battu un record de participation, s’est félicité le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin.  « Les 500 jeunes présents ici sont la preuve que ce Forum répond à un besoin réel », a renchéri l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Jayathma Wickramanayake.

« Peu importe où vous allez maintenant, mettez votre énergie et votre vision en pratique.  Défendez les objectifs de développement durable, soutenez leur mise en œuvre et demandez des comptes à vos gouvernements », a conclu la Présidente de l’ECOSOC, en s’adressant aux jeunes.  Mme Marie Chatardová a aussi demandé aux pays qui vont participer au Forum politique de haut niveau de juillet prochain d’utiliser les messages des jeunes dans leurs présentations nationales et d’inclure des jeunes dans leurs délégations.

Les jeunes sont « les moteurs et les ingénieurs » des changements dans le monde, a rappelé la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONUHabitat).  Mme Maimunah Mohd Sharif a averti que d’ici à 2030, 60% de la population urbaine aura moins de 18 ans, soulignant de ce fait l’urgence pour les gouvernements locaux d’élaborer des politiques de soutien aux jeunes et de les associer à la gestion de l’avenir. 

Hier déjà, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, avait déclaré que le développement durable est crucial à la fois pour les communautés rurales et urbaines.  Mais si nous négligeons les jeunes, nous ne pourrons mettre en œuvre aucun des 17 objectifs de développement durable, avait-il averti.  L’ONU, a plaidé le Président, doit devenir « une serre de partenariats », servant de pont entre les jeunes pourvoyeurs d’idées et les structures de soutien qui peuvent aider à concrétiser ces idées.  Le Président a annoncé que les jeunes seront dûment invités à la réunion de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra en avril sur la paix durable et, en mai, au Dialogue sur la jeunesse.  L’engagement des jeunes sera aussi une priorité en mars, à une réunion sur l’eau, et en juin, à une autre sur les financements innovants.

La Présidente de l’ECOSOC a annoncé qu’elle publiera demain une déclaration présidentielle sur les principaux messages qui ont émergé de ce Forum, avant de présenter une synthèse plus détaillée au Forum politique de haut niveau.

Synthèse des sessions thématiques par région

Ce matin, le Forum de la jeunesse a commencé ses travaux par des sessions thématiques sur les principales préoccupations et priorités régionales pour une participation significative des jeunes à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les cinq ateliers régionaux ont abordé le rôle et les besoins spécifiques des jeunes. 

« Il ne faut pas se voiler la face.  La corruption est un obstacle majeur au développement de l’Afrique et il n’y a toujours pas la volonté politique de lutter contre ce problème. »  C’est le constat majeur de l’Atelier Afrique, qui était animé par Mme Gogontlejang Phaladi, Fondatrice et Directrice exécutive du projet « Gogontlejang Phaladi Pillar of Hope Project (GPPHP) » au Botswana.  Les jeunes africains ont demandé des mécanismes de redevabilité, s’agissant des traités des droits de l’homme que la plupart des pays africains ont ratifiés mais dont l’application laisse à désirer.  Qu’il s’agisse de corruption ou des droits de l’homme, les jeunes africains se sont lancé des défis les uns aux autres pour veiller à la reddition de comptes. 

Ces jeunes, qui représentent 60% de la population africaine, se sont aussi plaints de n’avoir pas leur place dans les processus de prise de décisions, ce qui ne les démotive pour autant car, comme l’a signalé la Rapporteuse de ce segment, « si en tant que jeunes nous n’avons pas notre place à table, nous nous assiérons par terre et nous nous imposerons ».  Elle a lancé un défi à la jeunesse africaine: « Le changement doit commencer par nous, il faut utiliser l’espace, si petit soit-il, pour prendre les choses en main ».

L’Atelier Europe, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande a été l’occasion pour les jeunes de dialoguer avec les décideurs politiques.  Comme l’a expliqué le modérateur, M. Dejan Bojanic, Vice-Président du « Forum européen de la jeunesse », le dialogue a abouti à cinq recommandations:  Les gouvernements doivent se montrer plus accessibles aux jeunes, en veillant à un langage plus accessible et en aidant, d’autre part, les jeunes à s’engager en politique, notamment en baissant l’âge fixé pour être parlementaire et pour voter.  Les jeunes doivent avoir accès à une éducation civique de qualité, dans tous les curriculums scolaires.  Ils doivent avoir une place à la table des organes gouvernementaux chargés de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les gouvernements doivent investir davantage dans les organisations de la jeunesse.  Enfin, les gouvernements doivent assurer le lien entre les projets et les initiatives des jeunes.

Le Rapporteur a demandé aux gouvernements qui préparent leur examen national volontaire pour le Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC de veiller à ce que la jeunesse soit associée à leurs travaux.

Il faut aligner les programmes scolaires avec les réalités d’aujourd’hui et de demain, a exigé le Rapporteur de l’Atelier Amérique latine et Caraïbes, M. Max Trejo, Secrétaire général de l’Organisation Ibéro-Américaine de la jeunesse.  À la lumière de la quatrième révolution, celle des nouvelles technologies, qui est d’ores et déjà en marche, il a plaidé pour l’inclusion, au risque de voir encore plus d’inégalités.  Il faut miser sur la fibre optique et l’accès de tous à Internet, sans oublier une éducation de qualité en phase avec le marché du travail du XXIsiècle et des incitations à l’entreprenariat des jeunes.  Le Rapporteur a attiré l’attention sur le problème de la drogue parmi les jeunes qui rend difficile la prévention de l’abandon scolaire dans les quartiers défavorisés.

Le Président élu du Conseil caraïbéen de la jeunesse, M. Shaquille Knowles, a conseillé aux gouvernements et aux médias de lancer des campagnes de sensibilisation, les jeunes ne savent trop ce que sont les objectifs de développement durable.

L’absence de voie de communication entre les politiques et les jeunes est en effet un obstacle à l’implication des jeunes.  « Il y a une véritable rupture entre la classe politique et les jeunes », a noté le Rapporteur, exhortant les responsables politiques à faire participer les jeunes à leurs processus de prise de décisions, en particulier sur le Programme 2030. 

Il est ressorti de l’Atelier Asie Pacifique que l’une des préoccupations majeures des jeunes a été la résilience et la viabilité des économies et la manière dont les jeunes peuvent y contribuer.  Comme l’a indiqué la Rapporteuse, Mme Tahere Siisiialafia, Présidente du Conseil de la jeunesse du Pacifique, les jeunes ont réclamé des moyens pour réaliser leur potentiel et ont donné la préférence aux solutions locales, inspirées de l’expérience sur le terrain.  Pour les motiver à s’impliquer dans la mise en œuvre du Programme 2030, les jeunes ont préconisé leur association aux processus de prise de décisions à tous les niveaux et des solutions novatrices.

Dans les États arabes plus de 60% de la population a moins de 30 ans et ce Groupe de pays est loin d’être homogène, a rappelé d’emblée la Rapporteuse de l’Atelier Région arabe, Mme Moneera Yassien, Représentante de la jeunesse, Programme de leadership des jeunes.  Néanmoins, les jeunes cherchent tous à être associés à la mise en œuvre des objectifs de développement durable mais rencontrent des difficultés liées en partie à la détérioration et l’inadéquation des programmes scolaires par rapport au marché du travail et aux réalités du XXIsiècle.  La problématique de l’égalité entre les sexes est également une réalité de même que le manque d’incitations pour encourager l’entreprenariat.  Pour leur permettre de devenir des acteurs du développement durable, les jeunes ont demandé aux Nations Unies de s’associer à eux pour lever les obstacles nationaux et régionaux.  

À l’instar des autres régions, les participants de cet atelier ont demandé plus de possibilités d’investissements, des programmes de formation adéquats et des campagnes médiatiques pour promouvoir le rôle des jeunes dans la société.

Table ronde interactive sur les « Moyens de mise en œuvre et de financement du développement des jeunes »

C’est la qualité de ces moyens de mise en œuvre qui va déterminer l’impact des objectifs de développement durable sur les jeunes, ont souligné de nombreux ministres, parlementaires, représentants de gouvernements et délégués d’organisations de jeunesse, en partageant leur expérience et avis au cours de cette session en deux temps.   

Pour de nombreux orateurs, parler de mise en œuvre revient à parler de politiques et programmes, lesquels doivent nécessairement, pour être efficaces, s’appuyer sur des données fiables.  Ces données doivent aussi être désagrégées en tenant compte de la variable « jeunesse », a souligné l’Envoyée du Secrétaire général des Nations Unies pour la Jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake.

La Vice-Ministre de la jeunesse de l’Autriche a présenté des données propres à son pays où 33% de la population a moins de 15 ans.  L’Autriche a fait passer l’âge du vote de 18 à 16 ans afin de renforcer la participation des jeunes à la vie publique et aux décisions politiques, s’est-elle enorgueillie en notant que c’est le seul pays d’Europe qui a adopté une telle mesure.   

C’est conscient de l’importance des données sur les jeunes que l’Institut national des statistiques du Mexique en a publiées, permettant ainsi de tenir compte des jeunes dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a affirmé un jeune représentant du Mexique.   En Indonésie, le manque de données sur les jeunes sera bientôt comblé, a promis un représentant du Gouvernement.  Il a annoncé la mise en place d’une plateforme d’échanges d’informations entre les jeunes et les autres parties prenantes pertinentes, un futur « espace de discussion sur les objectifs de développement durable ».

L’éducation est également un moyen des plus cruciaux de mise en œuvre, permettant aux jeunes d’acquérir les compétences nécessaires, ont plaidé des intervenants à la table ronde.  C’est pourquoi « 10 000 bourses sont allouées à nos jeunes pour des études supérieures dans les 300 meilleures universités du monde », a déclaré la représentante du Gouvernement du Paraguay.

Le Ministre de la jeunesse, de la citoyenneté et de la promotion du volontariat du Sénégal a insisté sur les financements dont le secteur de l’éducation a besoin, rappelant aussi que Dakar accueillera, le 2 février prochain, la troisième Conférence internationale de reconstitution des fonds du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE).  Cette rencontre vise à récolter 3,1 milliards de dollars pour soutenir l’éducation des enfants et jeunes dans le monde d’ici à 2020.   

Une bonne éducation et une formation adéquate sont des passeports pour le monde de l’emploi.  La Ministre des sports et de la jeunesse de la Namibie a assuré que son gouvernement favorise la création d’emploi en faveur des jeunes, même si les projets pour les jeunes sont fragmentés et répartis entre plusieurs ministères, ce qui ne facilite pas les résultats.  Au Ghana, c’est un programme de soutien aux jeunes agriculteurs qui permet à la fois de soutenir les jeunes ruraux et la sécurité alimentaire.

« Il faut garder à l’esprit que l’automatisation va aggraver le problème du chômage des jeunes, d’autant plus que deux milliards d’emplois vont disparaître ou changer de nature », a prédit le Conseiller spécial sur les questions de jeunesse du Département d’État des États-Unis.   Il a invité les jeunes à se préparer aux défis du marché du travail du XXIe siècle, suggérant aux gouvernements d’investir davantage dans la formation des jeunes aux nouvelles compétences.     

À côté des emplois, un autre moyen de mise en œuvre des objectifs de développement durable réside dans l’accès à une santé de qualité.  La santé mentale est cruciale, a noté la représentante de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine.  Face à la stigmatisation qui entoure les maladies mentales, elle a tenu à dire: « ce n’est pas une honte de souffrir de maladie mentale, mais s’en est une de ne pas prendre en charge les malades ».  Malades, les jeunes ne peuvent pas participer à la vie publique et contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pourtant, l’appropriation et la participation sont des moyens de mise en œuvre capitaux.  C’est ce qu’a expliqué le représentant de la jeunesse des Pays-Bas, se félicitant que les jeunes néerlandais participent librement aux rapports nationaux de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a invité les participants au Forum de la jeunesse à s’impliquer dans les examens volontaires, arguant que leur participation n’est pas seulement une « obligation morale », mais elle tient aussi au fait que les jeunes sont « les meilleurs experts » de leur situation.

Une jeune députée russe a indiqué qu’en plus de la participation aux fora mondiaux, les jeunes doivent aussi pouvoir influer sur les politiques internationales et nationales.  Ce vœu est déjà réalité au Portugal où, a témoigné le Secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports, les jeunes du pays ont contribué à l’élaboration du budget national en 2017, orientant de ce fait les domaines qui leur sont prioritaires.  Pour une meilleure participation des jeunes, il faut même qu’ils siègent dans les parlements nationaux, a prescrit, un membre de l’Union interparlementaire (UIP).   

La participation des jeunes n’est pas aisée chez nous, a reconnu la Ministre de la jeunesse et des sports du Soudan du Sud, expliquant le contexte national de conflit armé.  Le Représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis l’accent sur l’égalité entre les sexes pour l’essor des jeunes.  Les conseils locaux des jeunes comptent ainsi autant de filles que de garçons.  Le Ministre de la jeunesse et des sports du Nigéria s’est félicité de voir que son pays a légiféré sur la participation des jeunes, en faisant baisser l’âge d’éligibilité à des postes clefs.  Pour une jeune des États-Unis par contre, « les jeunes ne peuvent pas toujours attendre que d’autres leur donnent l’opportunité d’agir et de participer, car ce sont les jeunes qui sont le changement ».

Les financements étant le nerf de l’implication et la prise en charge des jeunes, le Ministre de la jeunesse, des sports et de la culture du Burundi a relevé que le budget national de 2018 prévoit une ligne spécifique de financements des projets initiés par des jeunes.  Des financements locaux seront davantage mobilisés dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable au Burundi, a-t-il promis.

Un représentant du grand groupe des enfants et des jeunes a dit qu’il faut réfléchir aux politiques économiques et œuvrer pour que l’architecture financière internationale soit plus juste et plus équitable pour financer le développement et l’essor des jeunes du monde entier.  C’est pourquoi les partenariats sont de la plus grande importance, a acquiescé l’animateur de la table ronde, M. Andreas Karsten, Membre du Conseil d’administration de l’organisation « Demokratie & Dialogue ».

Engagements des parties prenantes en faveur de la construction de communautés résilientes et durables

Le représentant de la jeunesse du Mexique a annoncé une conférence internationale qui sera organisée au Mexique sur la jeunesse et le Programme 2030.  Ce sera une occasion de parler du rôle des jeunes dans la mise en œuvre de ce Programme, en tirant partie des bonnes pratiques du monde entier.  Le représentant de Singapour a lui aussi annoncé que son pays accueillera 1 000 jeunes talentueux du monde entier entre le 30 mai et le 6 juin à une réunion internationale.  « Il faut que les jeunes forgent eux-mêmes l’avenir auquel ils aspirent » et cette initiative est un moyen pour le faire.

La déléguée jeunesse de l’Arabie saoudite a exposé les mesures prises dans son pays pour l’autonomisation des jeunes et des femmes depuis 2016.  Elle a salué les nouvelles libertés accordées aux femmes saoudiennes qui jouent un rôle accru dans différents domaines.  S’agissant des autres objectifs de développement durable, le pays avance à grand pas notamment pour ce qui est des énergies renouvelables où il consacre des millions de dollars à l’énergie solaire.  « Le développement de l’Arabie saoudite vise celui de tous ses citoyens », a-t-elle conclu.

Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, (ONUHabitat) a noté que ce sont souvent les jeunes qui sont « les moteurs et les ingénieurs » des changements dans le monde.  Rappelant que d’ici à 2030, 60% de la population urbaine aura moins de 18 ans, elle a souligné l’urgence pour les gouvernements locaux d’élaborer des politiques pour soutenir les jeunes et les associer à la gestion de l’avenir.  « Il faut investir dans les jeunes », a-t-elle martelé et ONU-Habitat a agi en ce sens, en mettant en place dès 2003 son Programme pour les jeunes.  ONU-Habitat va également assurer des formations aux jeunes et mènera des actions de sensibilisation au nouveau Programme urbain.

« Les couloirs de l’ONU ont été remplis d’enthousiasme au cours des deux derniers jours », a remarqué avec plaisir Mme LAURA LONDÉN, Vice-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Les jeunes sont une priorité pour le Secrétaire général et pour le FNUAP, a assuré Mme Londén.  Elle a rappelé que le FNUAP avait mis les adolescents et les jeunes au cœur de son action.  Son plan stratégique se concentre sur cette tranche de la population, notamment en termes de santé reproductive et sexuelle.  Le FNUAP œuvre aussi à l’autonomisation des jeunes dans le domaine humanitaire.  « Il faut faire respecter les droits des jeunes et les aider à réaliser leur potentiel », a-t-elle conclu.

M. RICHARD CURTIS, Cinéaste et défenseur des objectifs de développement durable, a salué les jeunes qui, comme lui, travaillent pour mettre en avant ces objectifs.  Il dit avoir remarqué que les politiques ont plus envie d’écouter les jeunes et de leur faire confiance, que les personnes plus âgées.  Il les a encouragés à être confiants dans leur potentiel et dans leur interaction avec les dirigeants.  « C’est merveilleux de se battre pour des convictions », leur a lancé M. Curtis en les encourageant à tendre la main aux autres et à les entraîner dans leurs causes.  Il a ensuite parlé de la date de 2020, et les a invités à participer à la campagne pour l’éradication de la pauvreté qu’il organisera à ce moment-là.

Mme TAŤÁNA GREGOR BRZOBOHATÁ, Miss Monde 2006, activiste et philanthrope, a dit vouloir être une source d’inspiration et aider les autres à prendre conscience de la puissance de l’effet domino.  « Chacun peut agir à son niveau ».  Mon ONG, a-t-elle dit, en est la preuve puisqu’elle vient en aide à d’autres organisations qui soutiennent les personnes âgées malgré des ressources limitées.  « Imaginez ce que nous pourrions faire ensemble au service des autres », parce que le service à autrui est un langage commun.  Elle a appelé les jeunes à se joindre à elle et à trouver une initiative ou une cause qui leur tient à cœur et à s’engager sans plus tarder.

M. WANG YUAN, mandataire spéciale pour l’éducation de l’UNICEF, a mis en avant la puissance de l’éducation pour rendre les enfants résilients et autonomes.  Il a dénoncé les inégalités criantes dans le domaine de l’éducation, en appelant les jeunes à militer pour une éducation universelle de qualité.  M. Yuan a dit vouloir s’investir en Chine.  « Les jeunes doivent mieux comprendre le sens et l’importance des objectifs de développement durable ».  Pour ce faire, il a promis d’user de sa notoriété sur les réseaux sociaux.

Mme JOLLY AMATYA, du Secrétariat du grand groupe des enfants et des jeunes, a insisté sur l’obligation des États envers les jeunes qui ont un rôle critique à jouer dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle s’est engagée à faire entendre la voix des jeunes au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC en juillet prochain et à galvaniser les jeunes pour qu’ils lancent des initiatives en faveur des objectifs de développement durable, promettant de « cartographier » les initiatives.

Mme EVELINA CABRERA, Présidente de l’Association du football féminin, s’est engagée en faveur des filles pour qu’elles puissent jouer au football, estimant que c’est un moyen de les autonomiser et d’assurer leur intégration sociale.  Son association veut faire passer les bonnes valeurs à travers des partenariats et s’élargir dans six nouvelles régions en Argentine.  Pour être née dans une famille pauvre et victime de violence, elle a dit vouloir lutter pour les Argentines et leur donner les moyens de se réaliser indépendamment de leur origine sociale.

M. RALPH JOHNSON, Représentant du Conseil consultatif des jeunes d’Amérique du Nord, au nom de la Réunion internationale de coordination des organisations de jeunesse (ICMYO), a expliqué que son organisation est active aux quatre coins du monde et a mis l’accent sur le rôle de la société civile dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a cité certaines initiatives menées en ce sens, notamment pour la promotion de la redevabilité et la lutte contre la corruption.  L’ICMYO est déterminé à s’approprier le Programme 2030 pour que les jeunes puissent changer leurs sociétés, a-t-il conclu.

Remarques de clôture

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a affirmé que cette année, le Forum de la jeunesse a battu un record de participation et a encouragé les jeunes à poursuivre leurs actions et leur engagement en faveur de l’épanouissement de leurs sociétés.  Rappelant que son Département est chargé de la mise en œuvre du Programme mondial pour la jeunesse, il a indiqué qu’actuellement, il se penche sur la collecte de données et leur ventilation.  M. Zhenmin a salué les expériences des jeunes venus en témoigner ici, notamment dans les domaines de l’eau et de l’assainissement ou encore dans la résilience énergétique ou l’adoption de modes de consommation durables.  Comme il est ressorti des discussions de ce matin, les contextes spécifiques et régionaux nécessitent différentes solutions, et, par conséquent, il est important que les jeunes continuent à travailler avec leurs décideurs politiques pour faire entendre leur voix.

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a remercié les jeunes des quatre coins du monde qui sont venus assister à ce Forum. v« Les 500 jeunes présents ici sont la preuve que ce Forum répond à un besoin réel » et contribue à faciliter la participation des jeunes à la réalisation du Programme 2030.  Elle a appelé le Forum politique de haut niveau à tenir compte des messages de la jeunesse.  Après avoir invité les participants à lui transmettre leur impression, elle s’est adressée aux ministres et représentants gouvernementaux pour leur demander aussi de rendre compte de leur expérience dans leur capitale et de contribuer à créer des espaces de dialogue avec les jeunes.

S’adressant aux jeunes dans la salle, la Présidente de l’ECOSOC, Mme MARIE CHATARDOVÁ, a déclaré « votre passion nous a dynamisés, vos idées nous ont inspirés et nous avons pris vos messages à cœur ».  Elle leur a annoncé les deux mesures qu’elle a l’intention de prendre pour que ces deux derniers jours aient un impact sur le système de l’ECOSOC, en particulier sur son Forum politique de haut niveau qui se tiendra cette année en juillet.  Demain elle fera une déclaration présidentielle sur les principaux messages et recommandations qui ont émergé de ce Forum.  Une synthèse plus détaillée de cette session sera préparée ultérieurement et transmise aux participants ainsi qu’au segment de haut niveau de l’ECOSOC et au Forum politique de haut niveau.

Mme Chatardová a ensuite demandé aux pays qui vont participer cette année au Forum politique de haut niveau d’utiliser ces messages dans leurs présentations nationales, et d’inclure des représentants de jeunes dans leurs délégations.  La Présidente de l’ECOSOC a rappelé aux ministres qu’au sein de leurs gouvernements et dans leurs pays, ils peuvent donner la priorité aux jeunes et collaborer avec eux pour réaliser les objectifs du Programme 2030.  Aux représentants de la jeunesse, elle a dit « nos regards sont maintenant tournés vers vous ».  Espérant que ce Forum stimulera leurs actions une fois rentrés chez eux, elle les a appelés à rester activement engagés dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Peu importe où vous allez maintenant, mettez votre énergie et votre vision en pratique.  Défendez ces objectifs, soutenez leur mise en œuvre et demandez des comptes à vos gouvernements. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Conseil de sécurité dressent le bilan d’un mois de janvier marqué par le rôle de la diplomatie préventive et de l’intégration régionale

8173e séance – matin
CS/13192

Les membres du Conseil de sécurité dressent le bilan d’un mois de janvier marqué par le rôle de la diplomatie préventive et de l’intégration régionale

Dressant le bilan d’un mois de janvier particulièrement chargé, le représentant du Kazakhstan, dont la présidence du Conseil de sécurité s’achève aujourd’hui, a rappelé l’accent mis par son pays sur les nouvelles menaces qui pèsent sur la communauté internationale, et le rôle que la diplomatie préventive et la restauration de la confiance mutuelle peuvent jouer pour les contrecarrer.

Lors d’une séance récapitulative, le délégué kazakh a rappelé que l’Asie centrale, dont son pays fait partie, avait été parmi les priorités de sa présidence, comme en témoigne le débat ministériel du 19 janvier 2018, consacré à la coopération régionale, interrégionale et internationale dans la sous-région, mais aussi la mission effectuée plus tôt par le Conseil en Afghanistan.

« Un des objectifs de ce déplacement a été d’obtenir des informations sur les menaces auxquelles fait face le pays et les capacités dont il a besoin pour y répondre », a expliqué le représentant, en précisant qu’il s’agissait de la première mission du Conseil de sécurité en Afghanistan depuis 2010. 

La représentante des États-Unis s’est félicitée de l’importance prise par l’Afghanistan ce mois-ci, en soulignant que la situation sur place était aussi une priorité pour Washington.  Selon la Chine, la mission et la réunion du 19 janvier ont aidé le Conseil à mieux appréhender les moyens de résoudre les problèmes afghans dans une perspective régionale. 

Pour la Bolivie, la coopération entre Kaboul et l’Asie centrale est essentielle pour leur stabilité commune, ainsi que pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, alors que quatre attaques terroristes meurtrières ont été récemment perpétrées dans le pays. 

La déléguée américaine a par ailleurs déclaré qu’il est temps pour le Conseil de renforcer le régime de sanctions applicable au Soudan du Sud, un point de vue repris à son compte par le Royaume-Uni, pour qui un embargo sur les armes montrerait aux parties « qui contreviennent » au processus de paix et au Forum de revitalisation que leurs actes ne resteront pas sans conséquences. 

Le Pérou, qui préside le Comité des sanctions 2140 (2014), applicables au Yémen, a, quant à lui, annoncé que le prochain rapport en date de cet organe subsidiaire serait examiné sous peu par les membres du Conseil.

Pour la France, le bilan du mois écoulé est riche dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération, non seulement en Asie centrale, mais aussi en Afrique de l’Ouest et centrale.  En effet, a observé la délégation, le Mali et la République démocratique du Congo (RDC) ont fait l’objet de séances, de même que la République centrafricaine.

« La reconduction, hier, du régime de sanctions en vigueur dans ce pays est un signe de l’attention renouvelée du Conseil, alors que les groupes armés qui y sévissent continuent de se procurer des armes en provenance de la région », s’est-elle félicitée.

De son côté, l’Éthiopie a regretté qu’un an après la signature de l’Accord politique du 31 décembre 2016 en RDC, des divisions profondes persistent dans ce pays, comme l’a révélé la réunion du 9 janvier, une « impasse » qui exige une coopération renforcée avec l’Union africaine et les organisations régionales et sous-régionales pertinentes.

Alors que le Royaume-Uni a plaidé pour l’unité du Conseil de sécurité afin d’obtenir de Damas l’autorisation d’évacuer de la Ghouta orientale les patients nécessitant des soins médicaux d’urgence, le Koweït et la Suède ont annoncé leur détermination, en tant que délégations porte-plumes sur les questions relatives à la Syrie, « à tout mettre en œuvre pour soutenir l’ONU et ses partenaires humanitaires » sur le terrain.

La Fédération de Russie s’est en revanche félicitée qu’à Sotchi se soit achevé, hier, un « sommet d’une ampleur inédite », qui a entériné selon elle l’idée que ce sont les Syriens qui doivent décider eux-mêmes de leur avenir. 

Le Koweït a rappelé que le débat public du 25 janvier sur la situation au Moyen-Orient avait permis de mettre en évidence la nécessité de réaliser dans les meilleurs délais la solution des deux États pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, des propos appuyés par la Chine, qui a estimé qu’il est temps pour les parties de reprendre les pourparlers de paix.

Si la Pologne a salué le Kazakhstan pour avoir mis à l’honneur en janvier la diplomatie préventive, les Pays-Bas ont annoncé leur souhait de faire de la réforme des opérations de maintien de la paix un temps fort de leur propre présidence du Conseil en mars prochain, à la lumière d’un nouveau rapport rendu public le 22 janvier à la demande du Secrétaire général de l’ONU.

Dans la continuité de la séance d’aujourd’hui, le Koweït, qui présidera les travaux du Conseil en février, a indiqué qu’il organiserait, dès la semaine prochaine, un débat public relatif aux méthodes de travail de l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales, avec pour objectif d’accroître la « transparence » et l’« efficacité » de ses travaux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Darfour: devant la persistance de certains défis, le Conseil de sécurité demande une reconfiguration de la MINUAD avant le 1er juin 2018

8172e séance – matin
CS/13191

Darfour: devant la persistance de certains défis, le Conseil de sécurité demande une reconfiguration de la MINUAD avant le 1er juin 2018

Le Conseil de sécurité a, ce matin, souscrit à la recommandation de la Présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) et du Secrétaire général de l’ONU, qui ont souhaité qu’avant la prorogation du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), en juin 2018, soit envisagé un « nouveau concept de mission dans lequel les priorités seraient mises à jour » en fonction des tendances récentes et de l’évolution de la situation sur le terrain. 

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration lue par son Président pour le mois de janvier, M. Kairat Umarov, du Kazakhstan, précise que cette étude devra faire l’objet d’un rapport écrit qui lui sera présenté d’ici au 1er juin 2018.

Si le Conseil de sécurité constate avec satisfaction l’amélioration de la situation humanitaire et des conditions de sécurité « partout au Darfour », ainsi que la poursuite de l’absence d’affrontement armé entre les forces gouvernementales et l’opposition armée, il n’en demeure pas moins préoccupé par les défis considérables qui restent à relever dans cette région soudanaise, en particulier celui consistant à assurer des solutions durables pour 2,7 millions de déplacés. 

Le Conseil de sécurité prie à nouveau toutes les parties au conflit au Darfour de créer les conditions propices au retour « librement consenti, informé, sûr, digne et durable » des réfugiés et des déplacés.

Ces derniers mois, plus de 5 000 réfugiés sont revenus du Tchad et de la République centrafricaine.  La déclaration note que le Gouvernement soudanais a déclaré qu’il voulait et comptait régler durablement le problème des déplacés.

En dépit de l’apaisement notable des conflits intercommunautaires, le Conseil demeure préoccupé par le fait qu’ils soient l’une des sources de violence au Darfour.  Il s’inquiète de ce que l’amélioration des conditions générales de sécurité ne se traduise pas par une diminution correspondante du niveau des violations des droits de l’homme, qui sont perpétrées en toute impunité.

Le Conseil de sécurité, dans sa déclaration présidentielle, souligne également qu’il importe de supprimer les causes profondes du conflit, notamment celles qui sont liées à la gestion des terres, de l’eau et d’autres ressources, pour parvenir à une paix durable « dont le peuple du Darfour devrait rapidement retirer des bénéfices réels ». 

Or, six ans après l’adoption du Document de Doha pour la paix au Darfour, les habitants du Darfour ne bénéficient pas encore pleinement des changements politiques et législatifs, et l’application des dispositions de cet accord est encore « inégale et peu viable ».

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclaration du Président du Conseil de sécurité concernant l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)

Le Conseil de sécurité constate avec satisfaction l’amélioration des conditions de sécurité et la poursuite de l’absence d’affrontement armé entre les forces gouvernementales et l’opposition armée, parallèlement à la prolongation de la cessation unilatérale des hostilités par les deux parties.  Il constate également avec satisfaction l’amélioration de la situation humanitaire, notamment de l’accès humanitaire partout au Darfour, et le retour du Tchad et de la République centrafricaine de plus de 5 000 réfugiés ces derniers mois.

Le Conseil demeure préoccupé par les défis considérables qui restent à relever, en particulier celui consistant à assurer des solutions durables pour les 2,7 millions de déplacés à l’intérieur du Darfour, tout en notant qu’aucun nouveau déplacement n’a eu lieu pendant la période d’évaluation à proximité des bases d’opérations fermées.  Il prie à nouveau toutes les parties au conflit au Darfour de créer les conditions propices au retour librement consenti, informé, sûr, digne et durable des réfugiés et des déplacés.  Il note que le Gouvernement soudanais a déclaré qu’il voulait et comptait régler durablement le problème des déplacés, souligne que tout retour doit être sûr et librement consenti et se faire dans le respect du droit international applicable et demande que le Gouvernement et la communauté internationale intensifient leur coopération et trouvent pour les déplacés des solutions qui soient durables et respectueuses de leur dignité.

Le Conseil, en dépit de l’apaisement notable des conflits intercommunautaires, demeure préoccupé par le fait que ce conflit soit l’une des sources de violence au Darfour et s’inquiète de ce que l’amélioration des conditions générales de sécurité ne se traduise pas par une diminution correspondante du niveau des violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits, telles que les violences sexuelles et sexistes et les violences graves faites aux enfants, qui sont perpétrées en toute impunité.  Il note également une augmentation progressive du nombre d’enquêtes ouvertes par les institutions judiciaires.

Le Conseil note que, six ans après l’adoption du Document de Doha pour la paix au Darfour, les habitants du Darfour ne bénéficient pas encore pleinement des changements politiques et législatifs qui doivent en découler, l’application de ses dispositions étant encore inégale et peu viable.  Il réaffirme qu’il appuie le Document de Doha pour la paix au Darfour, un cadre viable pour le processus de paix.  Tout en se déclarant favorable à son application accélérée, en particulier à l’application de la loi foncière et des dispositions relatives à l’indemnisation et à la création des conditions propices au retour des déplacés et des réfugiés, il exige que les mouvements armés non signataires du Document s’abstiennent de faire obstacle à son application et engage la MINUAD ainsi que l’équipe de pays des Nations Unies à continuer de s’employer activement à appuyer la mise en œuvre du Document.  Il se félicite de la signature de la feuille de route du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine par le Gouvernement soudanais et les mouvements armés, prie toutes les parties de progresser immédiatement sur la mise en œuvre de la feuille de route, notamment la signature des accords de cessation des hostilités et d’aide humanitaire établis par les parties, conformément à la première phase prévue dans la feuille de route, et prie en outre les groupes armés non signataires de la signer au plus vite.

Le Conseil rappelle qu’il a autorisé, dans sa résolution 2363 (2017), la restructuration en deux phases de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), conformément au rapport spécial de la Présidente de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies en date du 18 mai 2017 (S/2017/437), et félicite l’Opération d’avoir mené à bien la première phase de sa restructuration, en coopération avec le Gouvernement soudanais.  Tout en notant qu’aucun effet préjudiciable n’a été signalé jusqu’à présent, il reconnaît qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur toutes les conséquences de la restructuration de l’Opération.  Il note les conclusions de l’évaluation selon lesquelles la fermeture de bases d’opérations a laissé un vide dans les systèmes d’alerte rapide conçus pour prévenir les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, touché les activités de renforcement des capacités menées par l’Opération et limité la capacité de celle-ci de vérifier les allégations de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits.  Il demande en conséquence à l’Opération et à l’équipe de pays des Nations Unies de continuer à suivre de près les incidences de la restructuration sur le terrain, notamment les effets sur le dialogue que l’Opération entretient avec les parties au conflit, les capacités d’alerte rapide, le suivi et l’établissement de rapports en ce qui concerne les droits de l’homme, et l’évolution de l’état de droit, et de lui signaler rapidement tout effet préjudiciable.  Il souligne qu’il importe de disposer d’institutions crédibles et d’une bonne gouvernance et, pour ce faire, de renforcer la capacité des autorités étatiques et des autres acteurs locaux de protéger effectivement les civils.  Il souligne également qu’il importe de supprimer les causes profondes du conflit, notamment celles qui sont liées à la gestion des terres, de l’eau et d’autres ressources, pour parvenir à une paix durable dont le peuple du Darfour devrait rapidement retirer des bénéfices réels.  Il souligne en outre qu’il importe de tenir compte de la problématique hommes-femmes dans toutes les activités de planification de la transition.

Le Conseil demande aux bailleurs de fonds, aux autorités régionales du Darfour et au Gouvernement soudanais de fournir les ressources financières nécessaires pour atteindre les populations dans le besoin.  Il souligne que le financement de la consolidation des efforts de paix au Darfour devrait être considéré par les États Membres de l’Organisation des Nations Unies comme une question politique hautement prioritaire, l’objectif étant de protéger les investissements en faveur de la paix et d’éviter une reprise du conflit.  Tout en soulignant qu’il importe de doter l’équipe des Nations Unies de ressources suffisantes, il constate avec satisfaction que la MINUAD et l’équipe de pays des Nations Unies élaborent actuellement une stratégie conjointe de collecte de fonds aux fins de l’application du cadre stratégique intégré (2017‑2019) qui définit les priorités communes pour une paix durable au Darfour.  Il prie le Gouvernement soudanais et les autorités locales de veiller à la création des conditions nécessaires au bon déroulement desdites activités, y compris en améliorant l’accès des acteurs du développement. 

Le Conseil se félicite que le Gouvernement soudanais ait consenti par écrit, le 8 janvier, à l’ouverture d’une base temporaire de la MINUAD à Golo (Jebel Marra), pour appuyer les efforts humanitaires déployés afin de sauver des vies et assurer la protection des civils.  Il regrette toutefois que le consentement tardif du Gouvernement soudanais ait entraîné des retards dans la mise en œuvre du calendrier fixé pour l’ouverture de la base tel que présenté dans le rapport spécial du Secrétaire général et de la Présidente de la Commission de l’Union africaine en date du 18 mai 2017 (S/2017/437) et validé par sa résolution 2363 (2017).  Il se félicite de la signature d’un mémorandum d’accord entre la MINUAD et le Gouvernement soudanais au sujet de l’ouverture d’une base opérationnelle temporaire à Golo et du transfert du terrain nécessaire et demande au Gouvernement soudanais, puisque celui-ci a donné son consentement, signé le mémorandum d’accord et convenu de transférer le terrain nécessaire, de faire preuve de coopération afin que la MINUAD puisse établir sa base et la rendre opérationnelle sans autre nouveau délai. 

Le Conseil note les conclusions du rapport d’évaluation selon lesquelles le programme de collecte d’armes lancé par le Gouvernement aurait contribué à l’amélioration des conditions de sécurité au Darfour, au-delà des chefs-lieux des États et souligne l’importance de la coordination que le Gouvernement soudanais a instaurée avec les représentants de la MINUAD et des déplacés pour mener à bien ce programme; il salue la constitution d’un comité tripartite chargé de collecter les armes à l’intérieur du camp de Kalma et encourage vivement toutes ces parties prenantes à coopérer plus largement dans le cadre de la collecte d’armes sur l’ensemble du territoire du Darfour.  Il insiste par ailleurs sur la nécessité d’assortir la campagne de collecte des armes d’un programme complet de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), en veillant au plein respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire et en prêtant toute l’attention voulue aux besoins des femmes et des enfants.

À l’approche de la deuxième phase de la restructuration de la MINUAD (31 janvier-30 juin 2018), le Conseil souscrit à la recommandation formulée dans le rapport d’évaluation selon laquelle, en raison de l’insécurité qui règne dans le camp de Kalma et des moyens opérationnels qu’elle exige, des ajustements seront apportés afin de prolonger la présence militaire dans le camp jusqu’à la fin de la deuxième phase, et le transfert de Kalma aux unités de police constituées de la MINUAD se fera à l’issue de la deuxième phase.  Il prie le Secrétaire général de continuer à fournir dans les rapports qu’il présente tous les 60 jours des informations actualisées sur la situation dans le camp de Kalma et sur les faits nouveaux concernant l’acheminement de l’aide humanitaire, la situation des droits de l’homme et l’état de droit.

Le Conseil souscrit en outre à la recommandation de la Présidente de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général, qui ont souhaité qu’une étude soit menée avant la prorogation du mandat de la MINUAD, en juin 2018, afin d’envisager un nouveau concept de mission dans lequel les priorités seraient mises à jour.  Il demande que cette étude fasse l’objet d’un rapport écrit qui lui soit présenté d’ici le 1er juin 2018 et qui comporte les éléments suivants: une évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la deuxième phase, concernant en particulier ses incidences sur le transfert militaire de la MINUAD aux unités de police constituées; des informations actualisées sur la situation dans les zones dont la MINUAD s’est retirée durant la première phase, y compris en ce qui concerne les besoins en matière de protection et les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits; la coopération du Gouvernement soudanais avec la MINUAD, notamment en ce qui concerne l’établissement de la base opérationnelle temporaire de Golo et sa mise en service; la liberté de mouvement de la MINUAD; et une étude de l’opportunité d’un nouveau concept de mission dans lequel les priorités seraient mises à jour en fonction des tendances récentes et de l’évolution de la situation sur le terrain.  Le rapport devrait également présenter un bilan de l’exécution du mandat de la MINUAD et de la concrétisation de ses priorités stratégiques tels qu’énoncés dans sa résolution 2363 (2017), ainsi qu’une évaluation des progrès accomplis pour ce qui est de remédier aux causes profondes du conflit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.