Syrie: une nouvelle attaque présumée à l’arme chimique relance les discussions autour d’un successeur au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU
Au lendemain d’une attaque présumée à l’arme chimique à Edleb, en Syrie, les membres du Conseil de sécurité ont, ce matin, évoqué la création d’une entité pour prendre la relève du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont le mandat n’avait pu être renouvelé le 16 novembre dernier.
Si l’utilisation d’armes chimiques était « avérée » ou « probable », « notre obligation de fournir une réponse concrète se fera d’autant plus urgente », a assuré la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, pour qui cette réponse « devrait favoriser l’unité, plutôt que l’impunité ». Cependant, les membres du Conseil ont de nouveau affiché leurs divergences sur les modalités qu’elle devrait prendre.
Tandis que la Fédération de Russie rappelait l’existence de son projet de résolution sur la création d’un nouveau mécanisme, les États-Unis affirmaient que ce texte ne remplirait pas les critères qui doivent permettre d’établir les responsabilités en toute impartialité.
Le Mécanisme d’enquête conjoint était chargé d’identifier les « personnes, entités, groupes ou gouvernements » à l’origine d’attaques à l’arme chimique.
Un nouveau mécanisme devrait être « apolitique » et contrôlé par des experts, a affirmé la représentante américaine, rejointe par son homologue britannique, qui a reproché à la proposition russe de se concentrer uniquement sur les « acteurs non étatiques ».
« La coopération du régime syrien avec l’OIAC se fait à la carte, depuis des mois, et les soupçons qui pèsent sur l’état des stocks syriens ne sont toujours pas clarifiés », a déploré le délégué de la France, qui a prévenu que son gouvernement, très « vigilant », n’acceptera pas un mécanisme « dégradé ».
La Fédération de Russie ne l’a pas entendu de cette oreille, ironisant sur ce qu’elle a dénoncé comme des attaques visant aussi Moscou. « Le Congrès du dialogue national syrien mené à Sotchi et couronné de succès, de même que la perspective de redonner de l’élan au processus politique syrien, voilà ce qui dérange », a tranché le représentant, en s’enorgueillissant du rôle joué par sa capitale dans le règlement de la crise politique syrienne.
Jamais, a-t-il assuré, la Russie n’a nié l’utilisation d’armes chimiques dans la localité syrienne de Khan Cheïkhoun, le 4 avril 2017, attaque dont la responsabilité avait été imputée par le Mécanisme d’enquête conjoint au Gouvernement syrien.
« Simplement, nous n’avons pas été convaincus par les conclusions », a précisé le délégué, arguant aussi que la Russie n’était pas responsable de la disparition du Mécanisme. Il s’est élevé contre une « nouvelle formule » qui soit toujours aussi « biaisée » contre Damas.
Rejetant les accusations « fallacieuses » visant son pays et la « rengaine » des pays occidentaux siégeant au Conseil, le délégué de la Syrie a vigoureusement condamné « tout emploi d’armes chimiques » dans son pays, déterminé à identifier les véritables responsables contre son peuple. « Nous avons en outre honoré tous nos engagements, en mettant un terme à notre programme d’armes chimiques », a-t-il poursuivi, ajoutant que cela était corroboré dans le rapport de 2014 de l’OIAC. « La Syrie veut la vérité », a-t-il insisté.
Venue présenter au Conseil les dernières informations en date relatives à la destruction des stocks d’armements chimiques, Mme Nakamitsu a toutefois indiqué que, suite aux « amendements » apportés par le Gouvernement syrien à sa déclaration initiale, la traduction et l’analyse des documents fournis par Damas en novembre avaient été achevées. L’Organisation, a-t-elle ajouté, continue d’assurer un suivi, avec le Gouvernement syrien, d’un certain nombre de « lacunes, incohérences et disparités ».
Appuyée par la Suède et les États-Unis, la France, soucieuse de lever « blocages » et « obstructions », a rappelé aux membres du Conseil le lancement à Paris d’un partenariat associant les États qui refusent l’impunité des acteurs impliqués dans des attaques chimiques ou le développement de programmes chimiques.
« Ce partenariat rassemble tous les États qui s’inquiètent des risques d’affaiblissement du régime de non-prolifération et de la stabilité stratégique », a expliqué le représentant français, pour qui « il s’applique à tous les cas de recours à ces armes partout dans le monde, et par tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques ».
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (SYRIE) (S/2018/84)
Lettre datée du 1er février 2018, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général
Déclarations
Mme IZUMI NAKAMITSU, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré qu’au moment de son dernier exposé en date, la planification était en cours pour détruire les deux dernières « installations fixes en surface » sur les 27 qui avaient été déclarées par la Syrie. « J’ai été informée, a-t-elle dit, que la démolition sera finalisée dans un délai de deux mois, par une compagnie privée sélectionnée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets. »
La Haut-Représentante a ensuite fait état de nouveaux développements sur les questions relatives à la déclaration initiale de la Syrie et aux « amendements subséquents ». Si la traduction et l’analyse des documents fournis à l’OIAC par Damas en novembre ont été menées à bien, celle-ci continue d’assurer un suivi, en coopération avec le Gouvernement syrien, sur des « lacunes, incohérences et disparités ». Le Directeur général de l’OIAC présentera un rapport à ce sujet au mois de mars, a précisé Mme Nakamitsu.
Les échantillons obtenus par l’équipe de l’OIAC au cours de sa deuxième inspection du Syrian Scientific Studies and Research Center sont en cours d’analyse dans les deux laboratoires désignés par l’Organisation.
De son côté, la Mission d’établissement des faits continue d’examiner les allégations sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie, dont la majorité font état d’agents toxiques tels que le chlore, dans des domaines qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement. Un rapport sera présenté sous peu.
En outre, une autre équipe de la Mission s’est penchée sur les allégations relatives à l’utilisation d’armes chimiques que le Gouvernement syrien a portées à son attention. Dans ce cas également, un rapport sera prochainement rendu public.
Si ces rapports devaient conclure à l’utilisation avérée ou probable d’armes chimiques, « notre obligation de fournir une réponse concrète se fera d’autant plus urgente », a déclaré la Haut-Représentante, « une réponse qui devrait favoriser l’unité, plutôt que l’impunité ».
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que les nouvelles en provenance de Syrie étaient inquiétantes. Une nouvelle attaque chimique aurait eu lieu dimanche, a-t-elle dit. « Peu de choses ont autant effaré le monde que l’utilisation par le régime de Bashar Al-Assad d’armes chimiques contre son peuple. »
Elle a rappelé que les obligations de ce régime étaient claires s’agissant de ces armes chimiques. Il doit cesser de les utiliser et les détruire, a-t-elle dit. La déléguée a vivement déploré qu’un pays continue de protéger ce régime et refuse qu’il rende des comptes. Le monde est témoin d’un Conseil de sécurité qui ne parvient pas à agir alors que le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies a constaté que le régime d’Assad utilisait des armes chimiques, a-t-elle dit.
Mme Haley a déploré que la Fédération de Russie ait refusé que le Conseil adopte un texte condamnant les armes chimiques en Syrie. Rien n’a changé depuis que la Russie a tué dans l’œuf le Mécanisme, a-t-elle déclaré. Elle a estimé qu’un nouveau mécanisme devait être apolitique et contrôlé par des experts, ajoutant que le projet russe ne remplissait pas de tels critères.
Le projet russe fait en outre fi des conclusions du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU, a-t-elle dit. Elle a ajouté que la Russie voulait choisir à sa guise les enquêteurs et imposer des normes arbitraires s’agissant du nouveau mécanisme. Nul ne peut croire que cela est une bonne résolution, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative française d’un partenariat de lutte contre l’impunité d’utilisateurs d’armes chimiques.
Mme Haley a déclaré que son pays contribuerait à l’établissement d’un mécanisme impartial pour définir les responsables des attaques chimiques en Syrie, avant de rappeler l’utilité du Mécanisme. « C’est une tragédie que la Russie nous ait ramenés à la case départ », a-t-elle déclaré, ajoutant que les États-Unis ne cesseraient d’exiger la vérité. « C’est pourquoi nous avons accueilli les membres du Conseil à Washington pour une exposition sur les crimes commis en Syrie. Les États-Unis n’oublient pas le peuple syrien », a-t-elle dit.
En conclusion, elle a déclaré que son pays ne voulait pas régler des comptes, mais mettre un terme aux souffrances indicibles en Syrie.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que l’organisation de cette séance publique faisait suite à des informations concernant une attaque à l’arme chimique ce week-end contre des infrastructures civiles à Edleb. Il a regretté l’opposition de la Fédération de Russie à l’établissement des responsabilités, comme le fait que son projet de résolution se concentre uniquement sur les « acteurs non étatiques ».
Compte tenu du fait que le régime de Bashar Al-Assad a eu recours à des armes chimiques, il est absolument nécessaire de concevoir un nouveau mécanisme établissant la lumière sur la totalité des incidents, en s’appuyant sur des experts indépendants, et sans s’exposer au risque de voir Moscou exercer son droit de veto, a préconisé la délégation britannique.
La Russie, a-t-elle accusé, a pu profiter de l’absence de visites du Mécanisme d’enquête conjoint sur le site de Khan Cheïkhoun alors que des échantillons ont prouvé que du gaz sarin y avait été utilisé. Le régime syrien affirme ne pas utiliser des armes chimiques, alors qu’il a été établi avec certitude qu’en 2014, 2015 et 2017, il y avait recouru, a-t-il tranché. Sans compter l’attaque au gaz sarin perpétrée en août 2013 dans la Ghouta orientale, laquelle attaque avait contraint la Syrie à annoncer qu’elle renoncerait à son arsenal chimique. Pourquoi la Russie ne contraint-elle pas son allié à respecter les engagements qu’il a pris au lendemain de cette attaque, s’est demandé le représentant.
« Rendons possible une enquête internationale qui montre notre volonté d’établir les responsabilités, même si un membre permanent du Conseil de sécurité s’y refuse », a-t-il lancé en conclusion.
« La réalité, c’est que les recours à des substances toxiques comme armes n’ont jamais cessé en Syrie », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France). Il a déploré que ces armes « que nous pensions appartenir au passé » soient à nouveau employées par le régime syrien, de manière méthodique, de manière systématique, contre sa propre population. « La coopération du régime syrien avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) se fait à la carte, depuis des mois, et les soupçons qui pèsent sur l’état des stocks syriens ne sont toujours pas clarifiés. »
Il a rappelé que les équipes d’experts de l’OIAC avaient, à de multiples reprises, trouvé sur les sites syriens des indicateurs de produits non déclarés par la Syrie, sans que celle-ci n’ait fourni d’explications convaincantes. « Alors que des armes chimiques continuent d’être employées, le régime syrien nous laisse penser que la Syrie a menti et a maintenu des capacités clandestines », a-t-il déclaré.
M. Delattre a exhorté la communauté internationale à ne pas laisser cette situation se banaliser et les responsables de ces crimes odieux rester impunis. « C’est la responsabilité du Conseil de sécurité de l’empêcher et c’est notre devoir partagé. »
Les blocages et les obstructions à l’action de la communauté internationale dans les enceintes existantes contribuent à favoriser l’impunité, a-t-il poursuivi. M. Delattre a rappelé que la France avait lancé à Paris un partenariat, ouvert et pragmatique, qui associait les États qui refusent l’impunité des acteurs impliqués dans des attaques chimiques ou le développement de programmes chimiques.
Ce partenariat rassemble tous les États qui s’inquiètent des risques d’affaiblissement du régime de non-prolifération et de la stabilité stratégique, a-t-il dit, ajoutant qu’il a été conçu pour venir en soutien à toutes les instances et mécanismes d’enquête internationaux afin de les soutenir dans leur action. « Ce partenariat est universel: il s’applique à tous les cas de recours à ces armes partout dans le monde, et par tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques. »
Le délégué a souhaité qu’un mécanisme d’identification des responsabilités soit reconstitué le plus rapidement possible. « Mais tout effort crédible et sincère en ce sens doit se faire dans le respect des standards essentiels d’indépendance, d’impartialité et de professionnalisme qui ont présidé à la création du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU. »
Il a déclaré que la France sera extrêmement vigilante sur le respect des principes énumérés et n’acceptera pas un mécanisme dégradé, avant d’appeler tous les membres du Conseil de sécurité « à sortir des postures et à se ressaisir ». « La lourde responsabilité qui pèse sur chacun d’entre nous nous commande de nous rassembler et d’agir, de nous rassembler pour agir », a-t-il conclu.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déclaré que rien ne pouvait justifier l’utilisation d’armes chimiques, qui constituait une infraction au droit international et une menace à la paix et à la sécurité internationales, quels qu’en fussent les auteurs. Il s’est dit préoccupé par les allégations selon lesquelles des armes chimiques auraient été utilisées en Syrie récemment.
Il a lancé un appel à la Syrie pour qu’elle coopère avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et le Syrian Scientific Studies and Research Center, pour que l’on puisse déterminer de manière méthodique la véracité des allégations portées.
Mais, a ajouté le représentant, « si nous voulons créer un nouveau mécanisme, nous avons la responsabilité de ne pas “manipuler politiquement” le Conseil de sécurité ». C’est la raison pour laquelle il a appelé ses membres à se lancer dans un processus de négociation positif pour parvenir à l’établissement d’un mécanisme d’enquête indépendant.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné l’utilisation de toute arme chimique en Syrie, avant d’appuyer le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Les derniers rapports sur les allégations d’armes chimiques dans le pays sont préoccupants, mais le plus inquiétant est le fait que le Conseil n’ait pas mis en place de nouveau mécanisme depuis la fin du Mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et de l’Organisation des Nations Unies, a-t-il déclaré.
Le délégué a jugé nécessaire qu’un nouveau mécanisme soit établi en rappelant que les membres du Conseil n’étaient pas des experts en armes chimiques. Un nouveau mécanisme devra être impartial et indépendant, a-t-il conclu.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné l’utilisation d’armes chimiques quels qu’en soient les auteurs et les circonstances. Aussi, le Conseil de sécurité doit-il rester uni dans sa détermination à exiger du Gouvernement syrien qu’il continue de coopérer avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour éliminer la totalité des armes chimiques restantes dans le pays.
Il a souhaité que les 19 documents qui viennent d’être traduits et remis à l’OIAC permettent de faire la lumière sur les lacunes, incohérences et disparités pointées par la Haut-Représentante. L’établissement des responsabilités est au cœur de la dissuasion et de la lutte contre l’impunité, a dit le représentant, avant d’appuyer la proposition d’œuvrer à la création d’un mécanisme indépendant.
M. OLOF SKOOG (Suède) a demandé que le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies enquête sur les attaques à l’arme chimique qui auraient eu lieu dernièrement en Syrie.
Il a souligné la nécessité de lutter contre l’impunité, avant d’apporter son soutien à l’initiative française d’un partenariat international de lutte contre l’impunité. Le délégué de la Suède a en outre demandé la mise en place d’un nouveau mécanisme impartial, indépendant et efficace. Le Conseil doit protéger le régime de non-prolifération, a-t-il conclu.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est réjouie de la réception par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) des résultats des analyses d’un certain nombre de documents fournis par le Gouvernement syrien. Selon elle, il est nécessaire d’adresser un message clair selon lequel l’impunité ne saurait être tolérée. Le Conseil de sécurité doit maintenant établir un mécanisme indépendant et professionnel capable d’enquêter sur les allégations invérifiées et établir les responsabilités, a affirmé la représentante.
Son pays a soutenu le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU et continuera de soutenir un futur mécanisme, qui devra s’appuyer sur les grandes réalisations de son prédécesseur, dans le respect du mandat de la résolution 2235 (2015).
En outre, l’un des éléments les plus importants sera de veiller qu’il soit indépendant et « apolitique » dans son modus operandi, a conclu la délégation.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit satisfait par la quasi-destruction des armes chimiques en Syrie. « Mais nous devons rester vigilants », a-t-il affirmé. Le représentant a demandé que les responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie soient jugés, avant d’inviter les membres du Conseil de sécurité à renoncer à leurs considérations stratégiques pour le bien du peuple syrien.
Évoquant le projet de texte russe, le délégué de la Guinée équatoriale a souligné la nécessité que le nouveau mécanisme soit indépendant, impartial et efficace.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que les questions en suspens concernant les stocks d’armes chimiques doivent trouver réponse dans le cadre d’une coopération de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) accrue avec le Gouvernement syrien. Or, les Syriens répondent, mais l’on continue de poser des questions, comme on ferait « tourner un carrousel sans fin », a-t-il ironisé.
Par ailleurs, a-t-il souligné, on a l’impression que certaines délégations ne s’intéressent pas à la Syrie, mais préfèrent lancer des accusations à l’encontre de la Russie.
« Le Congrès du dialogue national mené à Sotchi et couronné de succès, de même que la perspective de redonner de l’élan au processus politique syrien, voilà ce qui dérange », a tranché le représentant, en s’enorgueillissant du rôle joué par Moscou dans le règlement de la crise politique syrienne.
Jamais la Russie n’a nié l’utilisation d’armes chimiques à Khan Cheïkhoun, a assuré M. Nebenzia. « Simplement, nous ne sommes pas convaincus par les conclusions du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU sur l’identité des auteurs de cette attaque », a-t-il précisé, en arguant que la Russie n’était pas responsable de la disparition de ce Mécanisme.
« La première chose que nous devons faire, c’est de dépêcher une mission d’établissement des faits dans la région pour y mener une enquête », a-t-il dit. « Qu’est-il arrivé à la présomption d’innocence? Pourquoi alors avoir un mécanisme indépendant? » s’est interrogé le représentant. Toute conclusion doit être précédée d’une investigation, a-t-il insisté.
En janvier, la Russie a fait circuler un projet de résolution sur l’établissement d’un nouveau mécanisme permettant de mener une enquête véritablement indépendante. Aujourd’hui, on met au contraire sur la table l’idée d’un mécanisme conjoint nouvelle formule toujours aussi biaisé contre Damas, a-t-il dénoncé. « Nous espérons, a dit M. Nebenzia, que l’ONU et le Secrétariat de l’OIAC se distancieront de cette proposition. »
Quant à la déclaration présidentielle sur l’accès humanitaire de la semaine dernière, la Fédération de Russie était prête à l’adopter, a-t-il assuré. Des amendements seront communiqués aux membres du Conseil pour une déclaration à la presse, a annoncé le représentant.
M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a demandé la bonne mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) qui prévoit le démantèlement intégral de l’arsenal chimique syrien. Le Conseil doit mettre fin à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et identifier clairement les auteurs de ces actes criminels, a-t-il déclaré.
Les personnes qui commettent ces actes ignobles continueront leurs agissements aussi longtemps que le Conseil restera divisé sur la nécessité de mettre en place un cadre consensuel à même de situer les responsabilités et de présenter devant la justice les auteurs de ces crimes, a-t-il déclaré.
Le délégué a donc encouragé en conclusion « toutes les initiatives en cours, allant dans le sens de la mise en place d’un mécanisme de reddition de comptes qui serait accepté par tous ».
M. WU HAITAO (Chine) a condamné l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. La Chine est favorable à des enquêtes objectives et approfondies sur l’utilisation de ces armes pour traduire leurs auteurs en justice, a-t-il affirmé. Il a appuyé les efforts de la Russie pour promouvoir un nouveau mécanisme d’enquête et espéré que les membres du Conseil parviendront à un consensus.
La question des armes chimiques est indissociable d’un règlement politique en Syrie, a-t-il dit, en notant les progrès accomplis sur la voie d’un tel règlement, avec un élan renouvelé du processus de Genève.
Enfin, le délégué de la Chine a espéré que les parties syriennes appuieront le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a déclaré que le régime de Bashar Al-Assad continuait d’user d’armes chimiques contre son propre peuple, avant de rappeler que le Mécanisme d’enquête conjoint avait un mandat robuste pour lutter contre l’impunité, indépendamment de toute considération politique. Mais le renouvellement de son mandat n’a pu se faire en raison de ces mêmes considérations politiques, a-t-il affirmé.
Il a indiqué qu’un nouveau mécanisme devrait agir indépendamment du Conseil, y compris dans l’attribution des responsabilités, et devrait décider de lui-même de la manière dont il conduit ses enquêtes.
Enfin, un tel mécanisme doit identifier les responsables parmi toutes les parties, a-t-il déclaré, ajoutant que le projet en discussion ne remplissait pas ces critères. Il a souhaité que la situation en Syrie soit renvoyée devant la Cour pénale internationale (CPI).
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que l’utilisation d’armes chimiques était injustifiée et qu’elle sapait le régime de non-prolifération. Il a déploré que le Conseil n’ait pu renouveler le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies. « Si nous ne parvenons pas à surmonter les divergences et à trouver une issue à notre impasse, nous enverrons un message erroné », a-t-il prévenu.
Après avoir salué l’initiative de la Fédération de Russie, le représentant a exprimé l’espoir que ce Conseil trouvera un terrain d’entente et sera en mesure de constituer un nouveau mécanisme à même d’établir les responsabilités.
Sa délégation a ajouté qu’elle attendait avec impatience le rapport définitif sur l’analyse des documents transmis pas le Gouvernement syrien.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a regretté une « régression » de l’action du Conseil de sécurité sur le dossier des armes chimiques en Syrie et déploré le non-renouvellement du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies, qui agissait pourtant de manière indépendante.
Il a condamné tout emploi d’armes chimiques en Syrie, ainsi que le ciblage délibéré des civils dans la Ghouta orientale. Il a plaidé pour un nouveau mécanisme impartial, neutre et efficace et espéré que le Conseil parvienne à un consensus. Le but de ce nouveau mécanisme doit être d’identifier les responsables des attaques chimiques, a-t-il dit.
Enfin, il a souligné la volonté de son pays pour que la justice triomphe en Syrie.
M. ALLEN (Royaume-Uni) a repris la parole pour souligner le fait qu’il ne niait pas le rôle important joué par la Fédération de Russie à Sotchi. Cependant, la notion selon laquelle ce serait une autre entité que la Russie qui aurait mis fin au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU est absurde, puisque c’est elle qui a exercé son droit de veto. Il a enfin apporté son soutien aux Casques blancs.
M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a condamné tout emploi d’armes chimiques en Syrie. La cible de ces armes est le peuple syrien, qui est la première victime des groupes terroristes, a-t-il dit. « Mon pays veut identifier les véritables criminels responsables de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie », a-t-il dit. « Mon pays a en outre honoré tous ses engagements, en mettant un terme à son programme d’armes chimiques, a-t-il poursuivi, ajoutant que cela était corroboré dans le rapport de 2014 de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). « La Syrie veut la vérité. »
Il a condamné toutes les accusations fallacieuses proférées par les pays occidentaux contre son pays, les qualifiant de « rengaines ». Le Royaume-Uni, la France et les États-Unis sont responsables de la paralysie des mécanismes d’enquête, a-t-il déclaré, rappelant que c’est la Syrie qui avait demandé d’enquêter sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie.
Les États-Unis et leurs alliés ont détruit le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU quand ils ont exercé des pressions sur son président et ont refusé de se rendre à Khan Cheïkhoun, a-t-il déclaré. Il a accusé les États-Unis de politiser le travail du Mécanisme en refusant de s’appuyer sur des conclusions irréfutables d’un point de vue scientifique.
La Syrie poursuivra ses efforts contre le terrorisme, a-t-il déclaré. Le délégué a indiqué que la Syrie n’avait jamais utilisé de produits chimiques et ne les utiliserait pas « puisqu’elle n’en possède pas ».
Enfin, il a apporté son appui à la Russie, pays qui recherche la vérité.