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Le Comité chargé des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 61 organisations et reporte sa décision sur 24 autres

Session de 2018,
3e & 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6880-ONG/862

Le Comité chargé des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 61 organisations et reporte sa décision sur 24 autres

Le Comité des ONG a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 61 organisations.  D’autres ONG, au nombre de 24, ont été priées de patienter dont « Dream Makers for North Korea- DMNK, Mulmangcho », de la République de Corée. 

Cette ONG a été créée en juin 2012, afin d’aider les réfugiés de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à s’intégrer dans la société sud-coréenne.  Elle leur fournit des ressources pour qu’ils puissent surmonter leurs problèmes psychologiques.  Pour « Dream Makers for North Korea- DMNK, Mulmangcho », le statut consultatif auprès de l’ECOSOC permettrait de diffuser des informations sur la situation des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité commis en RPDC.  Que fait cette ONG pour les réfugiés de la RPDC en Russie? a demandé le représentant de la Fédération de Russie.

Le Comité peut recommander ou retirer trois statuts: le statut consultatif général est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste regroupe les ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Outre « Dream Makers for North Korea- DMNK, Mulmangcho », le Comité a aussi reporté sa décision sur 23 autres ONG dont la canadienne « Chin Human Rights Oranization » qui devra donner, à la Chine, des précisions sur les organisations qui financent ses activités.  Plusieurs autres « ONG du Sud » devront également apporter des précisions sur leurs sources de financement, comme la Népalaise « The Small Earth Nepal », largement déficitaire, selon la Mauritanie.  Comment compte-elle résorber son déficit?  Comment la Philippine « Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) » fait-elle pour réaliser son programme de travail alors qu’elle est déficitaire? s’est demandé, à son tour, le Venezuela.  L’Inde a voulu que sa compatriote « Vishnu Dayal Shiksha Samiti » lui dise si elle reçoit des financements extérieurs et si elle travaille à l’étranger.

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mercredi 31 janvier, à partir de 10 heures.

Octroi du statut consultatif spécial

  1. SAFE (Social Activities For Environment) (Bangladesh)
  2. Sahara Economic Development Organization (Iraq)
  3. Sankalpa - Women Alliance for Peace and Democracy (Népal)
  4. Semilla Warunkwa (Colombie)
  5. Shola Mese Foundation (Nigéria)
  6. Shorab Ali Dewan Cultural Society (Bangladesh)
  7. Silatech (Qatar)
  8. Singapore Anti-Narcotics Association (Singapour)
  9. Sudan Volunteers Organization for Human Rights and Development (Soudan)
  10. Suivi des couvents Vodoun et conservation du patrimoine occulte (SUCOVEPO) (Bénin)
  11. Support Women Initiatives to Transform Children (Nigeria)
  12. Tarhuk Samaj (Inde)
  13. The Arab Chamber of Commerce & Industry (Chine)
  14. The Bahrain Young Ladies Association (Bahrein)
  15. The Vision for Teenagers Adolescents and Youths Wellbeing Initiative (Nigéria)
  16. The Youth Coalition for Education in Liberia (YOCEL) Inc. (Libéria)
  17. Udayan Care (Inde)
  18. Voice of Animal – Nepal (Népal)
  19. We Yone Child Foundation Sierra Leone (Sierra Leone)
  20. Welfare (Togo)
  21. Youth Foundation of Bangladesh (Bangladesh)
  22. Youth Reformation and Awareness Centre (Nigéria)
  23. African Law Center, Inc. (États-Unis)
  24. AfroPresencia.com (États-Unis)
  25. Al Baqee Organization Nfp (États-Unis)
  26. Alliance Vita (France)
  27. Amazon Conservation Team (États-Unis)
  28. B.C. Aboriginal Network on Disability Society (Canada)
  29. Belediye Ve Özel İdare Çalişanlari Birliği Sendikasi (Turquie)
  30. Black Alliance for Just Immigration (États-Unis)
  31. British Columbia Council for International Cooperation (Canada)
  32. CLAN (Caring & Living as Neighbours) Incorporated (Australie)
  33. Can-Go Afar Foundation (Canada)
  34. Centralized Religious Organization - Muslim Religious Board of the Republic of Tatarstan (Fédération de Russie)
  35. Centre de politique internationale et d'analyse des conflits- CDPIAC (France)
  36. Children of the Caribbean Inc. (États-Unis)
  37. Confederación AUTISMO ESPAÑA (Espagne)
  38. Congregazione delle Suore Ospitaliere del Sacro Cuore di Gesù (Italie)
  39. Consortium for Sustainable Urbanization Inc (États-Unis)
  40. Damanhur Education (Italie)
  41. David Lynch Foundation for Consciousness-Based Education and World Peace (États-Unis)
  42. Detroit Rescue Mission Ministries (États-Unis)
  43. EVEIL (France)
  44. Edfu Foundation Inc. (États-Unis)
  45. Educators without Borders (République de Corée)
  46. Environmental Justice Foundation Charitable Trust (Royaume-Uni)
  47. Euro Atlantic Diplomacy Society Association (Roumanie)
  48. Europäische Plattform für die Gewinnung unterirdischer Energie "Earth Energy" e.V (Allemagne)
  49. FSD Fahrzeugsystemdaten GmbH (Allemagne)
  50. Federación de Mujeres y Familias de Ámbito Rural (Espagne)
  51. Fondation CIOMAL de l'Ordre de Malte- Campagne internationale de l'Ordre de Malte contre la lèpre (Suisse)
  52. Fondation Jean et Jeanne Scelles (France)
  53. Fundación del Empresariado Chihuahuense AC (Mexique)
  54. Giving Back Fund Inc (États-Unis)
  55. Global Applied Disability Research and Information Network on Employment and Training (États-Unis)
  56. Greater Impact Foundation Inc (États-Unis)
  57. Guerrand Hermes Foundation for Peace (Royaume-Uni)
  58. Institut International pour les Droits et le Développement (Suisse)
  59. International Cable Protection Committee Limited (Royaume-Uni)
  60. Balance Promoción para el Desarrollo y Juventud (Mexique)
  61. Ocean Sanctuary Alliance, Inc. (États-Unis)

Examen des demandes de statut consultatif

Quelles sont les organisations internationales qui ont versé la somme de 75 000 dollars à « SOS EXCLUS pour la protection et l’épanouissement de la famille, de l’enfant et des personnes vulnérables » (Mauritanie)? a demandé le représentant de la Mauritanie.  Quelles sont les activités de « SOS Urgence » (Mauritanie) dans le domaine de la santé? Quel est le calendrier d’exécution? a voulu savoir le même délégué de la Mauritanie.  « Savera Society for Human Initiatives » (Inde) reçoit-elle des financements extérieurs? a demandé la représentante de l’Inde.

La représentante du Nicaragua a rappelé à « Sierra Leone Campus Civitan International » (Sierra Leone) qu’elle doit encore répondre à une question posée pendant la précédente session sur son site Internet.  Quel est le nombre d’employés de « The National Alliance of Women- NAWO » (Inde)? a voulu savoir la représentante de l’Inde qui a ajouté: dans quels autres pays ou régions a-t-elle des bureaux?  « The Reproductive and Family Health Association of Fiji (RFHAF) (Fidji) est déficitaire.  Comment fait-elle pour mener à bien ses activités? s’est inquiétée la représentante du Nicaragua.

« The Small Earth Nepal » (Népal) est largement déficitaire, a constaté le représentant de la Mauritanie.  Comment compte-elle résorber son déficit?  Comment la « Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) » (Philippines) fait pour réaliser son programme de travail alors qu’elle est déficitaire? s’est demandé, à son tour, la représentante du Venezuela.  Son homologue de l’Inde a voulu que « Vishnu Dayal Shiksha Samiti » (Inde) lui dise si elle reçoit des financements extérieurs et si elle travaille à l’étranger.

« Women Information Network » (Nigéria) devra donner à la représentante du Nicaragua la liste des autres organisations auxquelles elle est affiliée.  « Wynad Social Service Society » (Inde) fait-elle des activités charitables? Quelles sont ses sources de financement? a questionné la représentante de l’Inde.  De quelles nationalités sont les membres de « 28. Jun » (Canada)? a voulu savoir le représentant de la Mauritanie.

Quel est le lien entre « Balance Promoción para el Desarrollo y Juventud » (Mexique) et les autres pays d’Amérique latine? a demandé la représentante du Nicaragua.  Peut-on avoir des précisions sur les organisations qui financent « Chin Human Rights Organization » (Canada)? a prié la représentante de la Chine.  Quelles sont les activités internationales de « Concord – Sverige » (Suède).  Dans quels pays est-elle présente? a voulu savoir le délégué de Cuba.

Le représentant de la Fédération de Russie a demandé à « Dream Makers for North Korea- DMNK, Mulmangcho » (République de Corée) le travail qu’elle fait pour les réfugiés en Russie.

« Drug Reform Coordination Network Inc. » (États-Unis) reçoit de l’argent d’une autre ONG.  Quelle est cette ONG? a demandé la représentante de la Chine.  La même déléguée a voulu que « EURORDIS European Organisation for Rare Diseases » (France) respecte le nom officiel de la Province chinoise de Taiwan.  Peut-on avoir la liste des États desquels sont issus les membres de « Global Dialogue Foundation Australia Limited » (Australie)? a demandé le représentant de Cuba.

Le même délégué a voulu savoir d’où vient l’argent de « Global Utmaning » (Suède).  « International Action Network for Gender Equity and Law » (États-Unis) est-elle une organisation internationale?  Peut-on obtenir la liste des 22 pays où est présente l’ONG? a demandé la représentante du Nicaragua.  Quelles sont les tâches auxquelles doivent s’acquitter les 3 138 membres de « International Association of Professionals in Humanitarian Assistance and Protection » (Belgique)? a voulu savoir la représentante du Venezuela.  Quels sont les exercices d’intervention humanitaire qu’ils doivent faire?

Dialogue avec les ONG

« Balance Promoción para el Desarrollo y Juventud » (Mexique) a expliqué qu’elle veut créer un monde équitable pour les adolescents et adolescentes, en se basant sur les droits de l'homme et la justice sociale, aux niveaux national et régional.  Le travail se focalise surtout sur l’accès aux services de santé.  L’ONG se rend dans les écoles mais a aussi des centres pour diffuser les informations sur la santé.  Elle veut obtenir le statut consultatif pour pouvoir travailler avec les organes des Nations Unies.  

« Hardwired, Incorporated » (États-Unis) a dit qu’elle travaille au Liban, en Iraq, au Maroc et au Soudan, donnant une formation sur la religion, la résilience des jeunes, le pluralisme et le droit constitutionnel.  Le représentant de Cuba a demandé à l’ONG la liste de tous les pays dans lesquels elle est présente.  Quel type d’aide vos membres au Soudan apportent-ils aux victimes?  Quel est le montant du budget alloué à la formation donnée au Soudan? a demandé le représentant du Soudan.      

« Stichting CHOICE for Youth and Sexuality » (Pays-Bas) a indiqué qu’elle est active dans l’éducation sexuelle des jeunes mais elle ne travaille pas au Moyen-Orient, a-t-elle répondu au représentant de l’Iran.  Par contre, l’ONG est présente sur quatre continents.  En réponse au délégué du Soudan et à son homologue de la Fédération de Russie, l’ONG a ajouté qu’elle ne compte pas de membres mais des volontaires et qu’elle n’a qu’un siège:  Amsterdam.  Elle a aussi précisé qu’elle promeut le respect mutuel et tient compte des différentes opinions et des différences culturelles de chaque communauté.  Le délégué de la Mauritanie s’est demandé pourquoi 30% du budget est consacré aux frais administratifs.

« Ocean Sanctuary Alliance, Inc. » (États-Unis) a dit qu’elle se focalise sur la réalisation de l’objectif 14 de développement durable « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable » en particulier dans les petits États insulaires en développement.  L’objectif est de créer plus de 10% de zones maritimes protégées supplémentaires d’ici à 2020, a-t-elle avoué, avant d’obtenir son statut.       

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum de la jeunesse souligne l’importance de donner aux jeunes les moyens de devenir les agents du développement durable

Session de 2018,
Matin & après-midi
ECOSOC/6879

Le Forum de la jeunesse souligne l’importance de donner aux jeunes les moyens de devenir les agents du développement durable

Le Forum de la jeunesse a ouvert aujourd’hui ses deux jours de débats sur le thème « Le rôle des jeunes dans l’édification de la viabilité et à la résilience des communautés urbaines et rurales ».  « Votre avenir est en jeu et les décisions que les hommes et femmes politiques prennent aujourd’hui auront une incidence sur vos vies, par conséquent nous sommes ici pour vous écouter. »  C’est en ces termes que la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marie Chatardová, a accueilli les jeunes, cette catégorie de la population qui a atteint le chiffre sans précédent de 1,8 milliard dans le monde.

« Notre système international n’a laissé aucune place aux jeunes », a reconnu le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, qui a invoqué les images de la signature de la Charte des Nations Unies où on ne voit aucun jeune.  « C’est pour cette raison que depuis des années, les jeunes n’étaient ni vus ni entendus dans les salles de réunion et les couloirs de l’ONU. »  Le Président de l’Assemblée générale est venu avec trois messages dont le premier est qu’on ne peut parler de communautés durables et résilientes sans parler de la planète qui les abrite.  Nous consommons plus vite que la planète ne produit et pour inverser la tendance, nous avons besoin de jeunes. 

Le deuxième message est que le développement durable est crucial à la fois pour les communautés rurales et urbaines.  Mais si nous négligeons les jeunes, nous ne pourrons mettre en œuvre aucun des 17 objectifs de développement durable.  La paix est le troisième message: depuis des décennies, la communauté internationale s’est focalisée sur le lien entre jeunes et conflits.  « C’est une erreur. »  Les jeunes, a annoncé le Président, seront dûment invités à la réunion de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra en avril sur la paix durable et, en mai, au Dialogue sur la jeunesse.  L’engagement des jeunes sera aussi une priorité en mars, à une réunion sur l’eau, et en juin, à une autre sur les financements innovants. 

L’ONU, a plaidé le Président, doit devenir « une serre de partenariats », servant de pont entre les jeunes pourvus d’idées et les structures de soutien qui peuvent aider à concrétiser ces idées.  Au nombre de 1,8 milliard, un chiffre sans précédent, les jeunes doivent imprégner les populations urbaines et rurales avec leur énergie et leur créativité et devenir des partenaires incontournables.  Il faut en effet « améliorer l’interface entre l’ONU et les gouvernements, en y impliquant les jeunes », a plaidé, à son tour, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed.  La participation des jeunes « n’est pas un privilège mais un droit », a commenté l’une des coordonnatrices des jeunes.  L’Assemblée générale et l’ECOSOC doivent leur ouvrir leurs portes, a insisté l’Envoyée de la jeunesse, Jayathma Wickramanayake. 

Cette première journée a aussi été l’occasion d’organiser une table ronde à laquelle ont participé des ministres de la jeunesse, des organisations de jeunes et des agences de l’ONU.  Le Forum a également entendu le résumé des discussions sur certains des objectifs de développement durable et l’élan que les jeunes peuvent y imprimer.

Le Forum de la jeunesse reprendra ses travaux demain matin, mercredi 31 janvier, à 10 heures.

THÈME « LE RÔLE DES JEUNES DANS L’ÉDIFICATION DE LA VIABILITÉ ET À LA RÉSILIENCE DES COMMUNAUTÉS URBAINES ET RURALES »

Déclarations liminaires

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné que le thème du Forum cette année montre que les défis sont immenses comme en atteste la fréquence des inondations, des feux de forêt, des ouragans et de la sècheresse.  Aujourd’hui dans le monde, 3 personnes sur 10 n’ont toujours pas accès à l’eau potable, 6 personnes sur 10 n’ont pas de système d’assainissement et un milliard n’a pas accès à l’énergie moderne.  Les modes de consommation, les émissions de gaz à effet de serre et l’exploitation non viable des ressources naturelles sont tous au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les jeunes sont aujourd’hui au nombre d’1,8 milliard, « un chiffre sans précédent ». 

« Vous imprégnez les populations urbaines et rurales avec votre énergie et votre créativité, et nous avons besoin de vos idées et de votre engagement pour assurer l’accès équitable à l’eau potable et à l’assainissement, une bonne gestion des ordures pour minimiser la pollution et une exploitation viable des ressources », a lancé Mme Chatardová.  « Vous êtes des partenaires incontournables pour rendre nos villes et établissements humains inclusifs, sûrs et viables et pour lancer une coalition mondiale visant à inverser la tendance à la dégradation des terres et de la biodiversité. »

« Votre avenir est en jeu et les décisions que les hommes et femmes politiques prennent aujourd’hui auront une incidence sur vos vies, par conséquent nous sommes ici pour écouter vos voix », a ajouté la Présidente, en rappelant que cette plateforme de l’ONU doit pousser les jeunes à créer un réseau solide et à planter des idées innovantes qui motiveront les gens partout dans le monde pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Pendant ces deux jours, les jeunes s’exprimeront et seront entendus.  « Parlez-nous de vos idées et de vos espoirs et transformez-les en réalité », a conclu la Présidente, en encourageant une interaction entre les diplomates et les jeunes.  « Je suis sûre qu’ensemble nous pouvons construire un avenir meilleur et plus prospère. »

Le Forum est l’occasion d’entendre deux voix différentes, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, M. MIROSLAV LAJČÁK, en parlant de la voix de ceux qui n’ont pas souvent l’occasion de parler dans ce genre de forum, et celle de ceux qui en ont l’habitude et qui sont prêts à partager ce privilège avec d’autres. 

Le Président de l’Assemblée générale est venu avec trois messages et le premier est qu’on ne peut parler de communautés durables et résilientes sans parler de la planète qui les abrite.  « Nous consommons plus vite que la planète ne produit.  Nous sommes à un fil du point de basculement. »  Pour inverser la tendance, le Président a souligné que nous avons besoin de jeunes.  Il a salué leur esprit d’innovation, des innovations qui viennent de plus en plus d’eux « Investir dans la jeunesse n’est pas un acte d’altruisme mais un investissement dans notre avenir à tous ».

Le deuxième message, a poursuivi le Président, est que le développement durable est crucial à la fois pour les communautés rurales et urbaines.  Mais si nous négligeons les jeunes, nous ne pourrons mettre en œuvre aucun des objectifs de développement durable.  C’est vrai pour l’eau, l’énergie, les modes de consommation et la viabilité des villes et ça l’est aussi pour l’ensemble du Programme 2030.  Il faut donc mieux appréhender le lien entre jeunes et développement et s’attaquer, ce faisant, à la question du chômage.  Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), près de 70 millions de jeunes sont sans emploi et 40% des jeunes sont des travailleurs pauvres.  Les chiffres sont encore pires quand il s’agit des jeunes femmes dont la participation au monde du travail est 17% moindre que celle des jeunes hommes.  Le Président a donc plaidé pour de nouvelles initiatives en faveur d’emplois formels, ce qui exige le renforcement des capacités et une approche innovante de l’éducation.  Les jeunes, a-t-il rappelé, sont à l’avant-garde des mécanismes de financement, qu’il s’agisse de la cryptomonnaie ou du financement participatif.  « En matière de croissance et de développement, les jeunes sont une ressource et pas des bénéficiaires. » 

La paix est le troisième message que le Président de l’Assemblée générale a voulu faire passer.  Depuis des décennies, la communauté internationale s’est focalisée sur le lien entre jeunes et conflits.  « C’est une erreur », a tranché le Président, arguant que la majorité des jeunes sont passionnés et s’activent en faveur de la paix.  Il s’est d’ailleurs réjoui que les choses commencent à changer: le Conseil de sécurité a intégré dans son programme de travail la question du « rôle des jeunes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix ».  On a vu, a insisté le Président, l’engagement fort des jeunes dans la prévention de l’extrémisme violent.  En avril prochain, l’Assemblée générale tiendra une réunion de haut niveau sur la paix durable, avec la participation des jeunes qui feront partie des groupes de discussions et de la plénière. 

Il faut plus de dialogues sur la jeunesse mais aussi avec les jeunes eux-mêmes et c’est dans cette optique qu’il faut que l’ONU agisse comme « une serre de partenariats », servant de pont entre les jeunes pourvus d’idées et les structures de soutien qui peuvent aider à concrétiser ces idées.  En mai, l’Assemblée générale organisera un Dialogue sur la jeunesse pour exploiter les idées qui jailliront de ce Forum, tout en créant un espace pour de nouvelles idées.  En plus de ces manifestations, le Président a indiqué que l’engagement des jeunes sera une priorité au cours de deux autres réunions: en mars, sur l’eau, et en juin, sur les financements innovants en juin prochain.

« Notre système international n’a laissé aucune place aux jeunes », a reconnu le Président, en invoquant les images de la signature de la Charte des Nations Unies où on ne voit aucun jeune.  « C’est pour cette raison que depuis des années, les jeunes n’étaient vus ni entendus dans les salles de réunion et les couloirs de l’ONU. »  « Les jeunes ne doivent plus être dépeints comme des rebelles, des terroristes, des hors-la-loi.  Ce sont des innovateurs, des créateurs de solutions, des entrepreneurs sociaux et environnementaux », a-t-il souligné.  Considérer les jeunes comme l’avenir c’est hypothéquer l’avenir.  Les jeunes sont présents.  Ils ont donc besoin « d’investissements maintenant, de participation maintenant, du droit à la parole maintenant et d’écoute maintenant ».

Fille d’immigrés érythréens qui a grandi aux États-Unis, « dans le confort », SALINA ABRAHAM, Présidente de International Forestry Students Association (IFSA), a expliqué que c’est cet héritage qui l’a poussée à s’engager activement dans la réalisation du développement durable.  Quitter son pays pour mettre sa famille à l’abri, ce n’est pas renoncer à sa culture, à sa langue.  Ce n’est pas promouvoir un monde fragmenté et polarisé.  Le développement durable c’est faciliter l’accès ressources, à la sécurité et aux outils pour créer de nouvelles opportunités partout dans le monde.

La résilience est un vain mot dans un monde aux inégalités croissantes et à l’empreinte écologique marquée.  « Nous ne pouvons continuer à aliéner des communautés entières et à surconsommer.  Pour lancer les transformations qui s’imposent, la jeune femme a témoigné de son expérience à l’IFSA, une organisation mondiale d’étudiants qui sensibilise les jeunes aux objectifs de développement durable, dont l’objectif 15 relatif aux forêts, remparts contre les changements climatiques et berceau de la biodiversité. 

« Notre monde n’est pas si simple mais la bonne nouvelle c’est est que nous en sommes conscients et travaillons à un objectif commun. »  Le problème est que nous y travaillons indépendamment les uns des autres.  La jeune femme a encouragé une approche holistique et de collaboration et cela commence par des espaces de discussion entre toutes les parties prenantes, y compris les jeunes.  En tant que coordonnatrice des jeunes auprès de ce Forum, elle s’est dite consciente de l’énorme potentiel inexploité chez les jeunes du monde entier. 

Comment les toucher?  En soutenant, a-t-elle répondu, leurs organisations et en les encourageant à travailler à un développement inclusif et durable.  Cela suppose des mécanismes et des espaces d’échanges avec des mandats clairs.  Cela suppose aussi que l’on considère les jeunes comme des indicateurs de la résilience communautaire.  Il est impératif d’associer les jeunes aux processus de prise de décisions.  Ce n’est pas un privilège mais un droit.  « Nous ne voulons pas nous battre pour chaque partenariat, pour chaque dollar », a martelé la jeune femme.  « L’heure est venue de faire tomber les cloisons entre tranches d’âge. »

Conversation entre l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse et la Vice-Secrétaire générale de l’ONU

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, et l’Envoyée du Secrétaire générale pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, ont échangé sur la participation des jeunes au développement durable.

Comment envisagez-vous la participation des jeunes dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable?  La Vice-Secrétaire générale a d’abord rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été établi avec la participation des jeunes du monde entier, par le biais d’un sondage sur Internet.  Le Programme adopté, il faudra, a estimé le Vice-Secrétaire général, améliorer l’interface entre l’ONU et les gouvernements, en y impliquant les peuples, y compris les jeunes.  Cette interface doit être comptable de ses actes devant les peuples pour « ne laisser personne sur le côté ».

« Nous parlons d’engagement mais les jeunes n’ont toujours pas d’espaces de participation et encore moins de ressources », a fait observer l’Envoyée de la jeunesse, jugeant qu’en plus du Forum de la jeunesse, d’autres fora comme l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) pourraient donner l’exemple en ouvrant leurs portes aux jeunes.  Quelle est la place des jeunes dans les réformes du Secrétaire général?

Le Secrétaire général, a assuré son adjointe, tient beaucoup à l’intégration des jeunes.  Il a déjà fait beaucoup pour la parité hommes-femmes au sein du système de l’ONU et il est conscient que la moyenne d’âge du personnel est de 42 ans, soit trop vieille.  Encore faut-il que l’on sache ce que veulent les jeunes et ce qu’ils attendent de ce Forum?

Les jeunes vous disent, a répondu l’Envoyée spéciale, qu’ils ne sont pas ici pour se plaindre mais pour apporter des solutions aux problèmes de société.  Ils attendent du Forum le soutien des plus âgés à la matérialisation de leurs idées.  Le Forum est un lieu où se rencontrent les dirigeants et les jeunes pour échanger, et la chose est importante, sur l’essor des jeunes.  

La Vice-Secrétaire générale s’est dite ouverte à tout conseil venant des jeunes, avant de demander aux États de se mobiliser et soutenir les réformes de l’ONU pour une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable.  Aux ministres de la jeunesse présents dans la salle, elle a demandé de plaider pour la cause des jeunes et à ces derniers, elle a conseillé de rassembler les énergies pour combler les lacunes car le chemin sera long.  « Surtout, faites-vous entendre. »  

Table ronde

Cette table ronde, qui était animée par l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a permis de faire le point sur les actions prises par les gouvernements pour associer les jeunes à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Chez nous, cinq ministres sont des jeunes, soit 20% des portefeuilles ministériels, s’est enorgueillie la Ministre d’État pour la jeunesse des Émirats arabes unis prouvant ainsi la participation des jeunes aux processus de prise de décisions. Des conseils de la jeunesse ont été mis en place pour agir au niveau fédéral et certains ministères ont créé des conseils des jeunes, dont celui de l’environnement ou encore l’Agence spatiale.  La notion de « conseil des jeunes » est revenue dans la déclaration de la Ministre de l’égalité des chances du Danemark, plus précisément dans celle de sa déléguée à la jeunesse qui a parlé de partenariats sociaux, dont un avec la Tunisie pour aider les jeunes entrepreneurs.

2018 sera l’année de l’alignement des objectifs de développement durable avec l’ambition des jeunes, a promis, à son tour, le Ministre de la Jeunesse et des sports de l’Indonésie, qui a insisté sur les actions prises pour autonomiser les jeunes dans leur participation à la réalisation du Programme 2030.  Un plan national d’action a été mis en place ainsi qu’un index de développement de la jeunesse.  Une cartographie de l’action des jeunes en Asie a par ailleurs été mise au point par le grand groupe des jeunes et des enfants

La capacité des jeunes à enclencher des actions dépend de leur niveau d’éducation et de formation.  Le Ministre de la jeunesse et de l’éducation civique du Cameroun a parlé des lycées agricoles, des centres de formation technique et de l’installation de 5 000 ordinateurs dans les universités.  La quatrième révolution est « inévitable » et il faut revoir en profondeur les systèmes éducatifs, s’est impatienté le Ministère de la jeunesse de l’Argentine.  La technologie doit être mise au service de la réduction des inégalités et de l’élimination de la pauvreté, et ne pas devenir « un ennemi » qui accentue les fossés.  Il faut des solutions concrètes pour cette quatrième révolution et pour l’accès de tous aux nouvelles technologies.  En Uruguay, l’accent est déjà mis sur la réduction de la fracture numérique, a expliqué le représentant de l’Institut national pour les jeunes.  Démocratiser l’accès aux connaissances et aux technologies est une priorité nationale qui passe par la réforme des universités dans l’optique d’une décentralisation et compte tenu de l’exode rural, les Philippines promeuvent des incitations financières pour l’éducation dans les campagnes, a indiqué la Présidente de la Commission de la jeunesse des Philippines

En Côte d’Ivoire où l’on vit aussi un fossé entre milieux urbain et rural, la politique nationale de la jeunesse passe par cinq stratégies nationales, a dit le Ministre ivoirien de la promotion de la jeunesse, de l’emploi et des services civiques.  En Somalie, ce sont huit domaines clefs qui ont été mis en avant dont l’emploi, la paix et la sécurité, l’égalité hommes-femmes et la justice, a indiqué la Ministre somalienne de la jeunesse et des sports.  C’est aussi une approche intégrée et transsectorielle qui a été adoptée à Chypre, a souligné le Président du Conseil directeur des jeunes chypriotes.  Le Ministre de la jeunesse de la Bulgarie a annoncé l’adoption d’un document sur le renforcement des droits des jeunes quand son pays présidera l’Union européenne.  L’Organisation de la jeunesse ibéro-américaine a d’ailleurs lancé un pacte social pour promouvoir les droits des jeunes et demandé à l’ECOSOC de signer la Convention ibéro-américaine des droits de jeunes et son Protocole facultatif.  La violence et les taux d’homicide élevés en Amérique latine, a alerté l’Organisation, compromet l’efficacité des politiques en faveur des jeunes.  En Ukraine, des centres pour les jeunes sont installés dans toutes les régions, offrant formation, activités sportives et assistance sociale, a indiqué le Ministre des sports et de la jeunesse de l’Ukraine.

Ce qu’il faut, ce sont des mécanismes efficaces pour autonomiser les jeunes, a prévenu la déléguée de la jeunesse belge, qui a fait remarquer que le nombre de délégués de la jeunesse aux discussions sur le développement durable est encore trop faible.  Le Réseau des jeunes de l’eau et de l’assainissement milite d’ailleurs pour faire des jeunes des partenaires égaux dans ces deux domaines.  Au Costa Rica, la participation des jeunes à la transition énergétique est bien réelle, a affirmé la Ministre costaricienne de la jeunesse qui a parlé du « Cadre vert », rendu possible grâce à des actions qui commencent de l’école primaire à l’université.

Les jeunes doivent devenir des protagonistes de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques, a encouragé l’organisation « Plant for the Planet ».  Il est tout aussi important de les impliquer dans l’amélioration de la résilience des villes, a ajouté le Point focal pour Habitat III.  Les jeunes peuvent aussi être des acteurs incontournables dans la lutte contre les modes de production et de consommation, a rappelé le Point focal de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.  Quid de la biodiversité? s’est demandé le Réseau MGCY pour la promotion de la Convention sur la biodiversité qui a regretté le niveau « extrêmement faible » de sensibilisation et de compréhension de cette question parmi les jeunes.  Pourtant la philosophie du « bien vivre » et du respect de la « Terre nourricière » a ouvert de nouvelles opportunités aux jeunes boliviens, a rassuré le Directeur de la jeunesse au Ministère de la justice de la Bolivie.

Encore faut-il avoir une forte population de jeunes.  La Ministre de la famille et de la jeunesse de la Hongrie a ainsi rappelé que son pays vit depuis 30 ans un déclin démographique, les jeunes ne représentant plus que 17% de la population totale.  Tout l’enjeu est d’encourager une politique nataliste laquelle engloutit 5% du PNB.  « Nous sommes des agents de changement prêts à agir », a assuré son délégué de la jeunesse, une jeunesse qui, au Bangladesh, représente plus du tiers de la population, a indiqué le Ministre bengali de la jeunesse et des sports.  « Ne nous laissons pas découragés par la grande ambition des objectifs de développement durable », a conclu Jeremy Akhavi de la Fondation Starlight, un jeune de 18 ans diagnostiqué d’un cancer l’année dernière et qui depuis lors a appris « à voir les choses autrement et à ne pas renoncer ».  

Sessions thématiques sur 6 des 17 objectifs de développement durable

« Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », l’objectif 6 de développement durable était le thème de la première session.  L’animatrice a expliqué que les participants ont souligné que le renforcement des communautés locales était particulièrement important et relevé que cet objectif avait un lien avec d’autres objectifs comme celui sur l’égalité entre les sexes, car dans de nombreuses communautés, ce sont les jeunes filles et les femmes qui vont puiser de l’eau pour les besoins domestiques, sacrifiant le temps qu’elles auraient pu consacrer aux études.      

Les jeunes ont appelé à des progrès réels dans la mise en œuvre de l’objectif 7 de développement durable, « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ».  Ces progrès pourraient déteindre sur la réalisation d’autres objectifs de développement durable, ont-ils souligné.  C’est pourquoi les jeunes doivent avoir accès aux technologies énergétiques propres, question pour eux de bénéficier aussi des opportunités d’emploi dans le secteur énergétique.  Des appels ont été lancés pour soutenir les efforts des jeunes entrepreneurs et garantir l’accès à l’énergie dans des régions les plus affectées par les changements climatiques.  Il faut démocratiser cet accès pour les communautés les plus défavorisées et les jeunes.

« Il faut que les villes soient plus sûres ».  Voilà la quintessence des discussions sur l’objectif 11 de développement durable portant sur les « Villes et communautés durables ».  Il faut des logements durables, tenant compte de la présence des jeunes migrants et réfugiés dans les villes.  L’implication des jeunes dans la gestion des municipalités est aussi cruciale.  Il faut renforcer leur présence dans les conseils municipaux par le biais de quotas ou mettre en place des « conseils municipaux de jeunes ».  

« Établir des modes de consommation et de production durables », l’objectif 12 de développement durable, était au cœur d’une des sessions.  Les jeunes ont notamment recommandé l’établissement de passerelles entre ceux qui produisent les produits alimentaires et ceux qui les consomment, insistant sur le rôle des technologies.  Il faut aussi partager les connaissances entre producteurs et consommateurs, notamment entre communautés rurales et urbaines, tout en veillant à établir des règles et normes pour une consommation durable.  Un tel modèle de consommation proscrit l’utilisation de plastiques, ont insisté les jeunes, rappelant leur impact néfaste sur l’environnement. Les jeunes ont d’ailleurs dit leur intention d’insister sur l’organisation de « réunions sans plastiques ».  Il faut partager les meilleures pratiques entre pays développés et pays en développement.   

Pour « Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres », l’objectif 15 de développement durable, les participants au Forum de la jeunesse ont appelé à la valorisation des savoirs des communautés locales et des peuples autochtones dont « les connaissances sont essentielles ».  Il faut également rapprocher les jeunes de la nature par des visites de terrain et les sensibiliser à l’impact de leur empreinte écologique.  En outre, les bailleurs de fonds se doivent d’investir davantage dans la préservation des écosystèmes.  Enfin, pour les jeunes, il faut que les cibles de cet objectif soient véritablement mises en œuvre grâce à des partenariat. 

Justement, les « Partenariats pour la réalisation des objectifs », objectif 17 de développement durable, fut le thème de la dernière session.  Les participants ont établi que les jeunes peuvent apporter leur contribution à la mise en œuvre des objectifs de développement durable s’ils sont imprégnés de la science, de la technologie et de l’innovation.  Dans la mise en œuvre des partenariats, il faut aussi garantir le respect de l’éthique, notamment en ce qui concerne les innovations scientifiques et technologiques, ont plaidé les jeunes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: l’aide transfrontalière doit reprendre de toute urgence, exhorte devant le Conseil de sécurité la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires

8171e séance – matin
CS/13190

Syrie: l’aide transfrontalière doit reprendre de toute urgence, exhorte devant le Conseil de sécurité la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires

Au cours du mois de janvier, ni les organismes humanitaires de l’ONU ni leurs partenaires n’ont été en mesure d’emprunter, depuis la Jordanie, l’Iraq et la Turquie, les postes frontière agréés pour acheminer en Syrie l’aide à la population en détresse, a souligné, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller, laquelle a vigoureusement plaidé pour la levée de ces entraves.

« Pas un seul convoi n’a été en mesure d’être déployé », a insisté Mme Mueller, qui est également Vice-Coordonnatrice des secours d’urgence de l’ONU.  Pourtant, le 19 décembre dernier, le Conseil avait, par sa résolution 2393 (2017), autorisé « pour une nouvelle année » courant jusqu’au 10 janvier 2019, ces organismes à utiliser les points de passage en question, cinq au total, et prorogé le mécanisme de surveillance de l’acheminement de l’aide transfrontalière humanitaire en Syrie.

« Les discussions ont bloqué sur la demande de baisser le nombre des destinataires de l’aide, et de séparer les convois d’une façon qui ne nous permettrait pas de fournir des denrées alimentaires ou autres articles de première nécessité.  Nos livraisons doivent continuer d’être basées sur les principes humanitaires et le droit international humanitaire, et en toute impartialité sur les besoins des civils syriens », a expliqué la haute fonctionnaire.

Ils sont aujourd’hui 13,1 millions à nécessiter une protection et une assistance humanitaire, dont 6,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et environ 5,5 millions de personnes réfugiées dans des pays voisins, a précisé Mme Mueller. 

Pour sortir de l’impasse actuelle, a-t-elle poursuivi, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, a identifié cinq domaines d’action prioritaires.  Tout d’abord, il est indispensable de financer complètement le Plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour 2018, dont le montant a été fixé à 3,5 milliards de dollars, a expliqué la Vice-Coordonnatrice des secours d’urgence.

Ensuite, il faut parvenir à un accord sur les évacuations médicales pour des centaines de patients pris au piège dans des localités assiégées, en particulier la Ghouta orientale, où rien qu’au cours des 10 premiers jours de janvier, 81 civils sont morts, dont 25 femmes et 30 enfants, un sort dont se sont émus les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. 

« Bien que 29 patients qui exigeaient des soins médicaux d’urgence aient pu être évacués de la Ghouta orientale, des centaines d’autres, principalement des femmes et des enfants, ont besoin d’être pris en charge le plus rapidement possible », s’est alarmée Mme Mueller, qui a chiffré à 21 le nombre des morts déjà causés par cette situation.

Par ailleurs, l’accès humanitaire doit être amélioré, a souligné la Sous-Secrétaire générale, qui a annoncé que l’Organisation demande la circulation, « chaque semaine », de « trois à quatre » convois transfrontaliers interagences ONU-Croissant-Rouge arabe syrien. 

Un autre accord est également nécessaire en ce qui concerne les convois d’aide humanitaire soutenus par l’ONU qui rallient Damas à Rukban, dans le sud-est de la Syrie.  La Bolivie a souhaité une coopération accrue entre l’ONU et le Gouvernement de la Syrie pour un meilleur acheminement de l’aide.

Enfin, a conclu la Vice-Coordonnatrice, des arrangements plus efficaces doivent être trouvés pour permettre à l’ONU d’appuyer le travail d’organisations non gouvernementales syriennes et aux organisations non gouvernementales internationales de jouer le rôle crucial qui est le leur.  Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont demandé le soutien du Conseil de sécurité aux cinq chantiers présentés par Mme Mueller.

« Médecins sans frontières (MSF) a signalé hier que des frappes aériennes ont touché un hôpital qu’ils administrent dans un district d’Edleb, faisant cinq morts et des blessés, et causant des dégâts considérables.  Il s’agissait de la seconde frappe contre cet hôpital en l’espace de neuf jours », a déploré Mme Mueller, qui a comptabilisé au moins 16 attaques contre des centres médicaux en Syrie rien qu’en décembre.

La délégation britannique a accusé Damas de se servir de la restriction de l’accès humanitaire comme d’une « arme de guerre ».  De son côté, la France a estimé que le régime syrien a délibérément fait obstruction au neuvième tour de pourparlers intrasyriens qui s’est tenu à Vienne les 25 et 26 janvier, pointant « le décalage criant » entre la violence qui perdure sur le terrain et les offensives diplomatiques qui cherchent à faire l’impasse sur cet état de fait.

Les combats se poursuivent en effet dans différentes régions du pays, a rappelé la Sous-Secrétaire générale, en faisant mention du nord-ouest de la Syrie, où les frappes aériennes et les combats au sud d’Edleb et au nord d’Hama sont à l’origine d’une vague de déplacements de 270 000 personnes depuis le 15 décembre.  Plutôt que d’essayer de s’installer dans des camps surpeuplés, nombre d’entre elles sont contraintes de se bâtir des « abris de fortune », « en plein hiver », a-t-elle relaté.

La délégation française a prévenu qu’elle n’accorderait « aucun sérieux » aux efforts diplomatiques en cours « sans assurance complète » et sans amélioration significative et durable de la situation humanitaire à Edleb et dans la Ghouta orientale, laquelle a également suscité la préoccupation de son homologue de la Guinée équatoriale. 

Les États-Unis se sont félicités du projet de déclaration présidentielle, préparé par la Suède et le Koweït et qui circule actuellement parmi les membres du Conseil de sécurité, pour répondre à ces défis.  La délégation américaine a rappelé que l’« écrasante majorité » des membres est d’accord pour demander aux autorités syriennes d’autoriser les évacuations de patients et de reprendre l’aide transfrontalière.

Le représentant du Pérou a pour sa part attiré l’attention sur l’importance d’intensifier les activités de déminage dans le pays, devant le nombre de victimes causées par les engins explosifs improvisés, entre 30 et 50 chaque semaine à Raqqa, par exemple. 

Or, près de 60 000 personnes seraient de retour dans cette ville depuis octobre 2017, a rappelé la Sous-Secrétaire générale.  « Plus de 534 civils ont été blessés depuis la chute de ce bastion de Daech, 112 ayant succombé à leurs blessures », a-t-elle précisé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité salue l’évolution positive de la situation en Afrique de l’Ouest, tout en se disant préoccupé par les graves défis sécuritaires

8170e séance – matin  
CS/13189

Le Conseil de sécurité salue l’évolution positive de la situation en Afrique de l’Ouest, tout en se disant préoccupé par les graves défis sécuritaires

Le Conseil de sécurité s’est félicité, ce matin, de l’évolution positive de la situation dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, tout en exprimant sa grave préoccupation devant les « problèmes de sécurité » en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en particulier les menaces posées par les attentats terroristes asymétriques, la piraterie maritime et la criminalité transnationale organisée. 

Le Conseil de de sécurité, dans une déclaration présidentielle, se félicite ainsi de la tenue pacifique au Libéria d’élections législatives, le 10 octobre, et du second tour de l’élection présidentielle, le 26 décembre 2017, avant d’insister sur l’importance de maintenir l’attention internationale sur ce pays après le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) en mars 2018. 

Le Conseil se dit en revanche préoccupé par la situation en Guinée-Bissau et engage tous les responsables politiques à respecter les dispositions des Accords de Conakry et à mener leur mise en œuvre à bien dans les plus brefs délais.  Le Conseil prend note également avec préoccupation de la situation au Togo et se félicite de la poursuite des efforts régionaux visant à aider les acteurs nationaux à définir la voie à suivre par le dialogue. 

Plus globalement, les parties prenantes nationales doivent faciliter la préparation des élections en temps opportun et la tenue d’élections pacifiques, transparentes et crédibles, insiste le Conseil, en soulignant l’importance de favoriser une participation accrue des femmes et d’augmenter le nombre de femmes nommées à des postes à responsabilité. 

Le Conseil se dit ensuite préoccupé par les menaces terroristes, notamment par la « manière dont les terroristes utilisent leurs discours pour diviser les communautés », et juge « particulièrement inquiétants » les attentats visant les civils dans la région. 

Face à ces défis, le Conseil se félicite des initiatives des pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel pour combattre l’insécurité dans la région et des efforts de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en particulier par la Force multinationale mixte et la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel.  Les États de la région doivent veiller à ce que les mesures prises respectent le droit international, insiste le Conseil. 

Le Conseil de sécurité salue en outre les efforts des partenaires concernés afin d’aider les États du G5 Sahel, au moyen de contributions volontaires et par l’offre d’une assistance technique et de conseils. 

Il souligne la contribution importante du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) en vue d’apporter une assistance technique au Secrétariat permanent du G5 Sahel. 

Enfin, le Conseil souligne la nécessité que l’action sécuritaire menée dans le contexte de la crise au Sahel s’inscrive dans le cadre d’une « démarche globale et coordonnée » visant à remédier aux causes profondes des crises. 

À cette fin, le Conseil demande une amélioration de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et exhorte l’UNOWAS à renforcer ses activités en matière de prévention des conflits, notamment en menant « des analyses détaillées des outils d’alerte rapide et en perfectionnant les dispositifs d’alerte rapide ». 

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité prend note du rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et accueille avec satisfaction l’exposé présenté le 11 janvier 2018 par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas. 

Le Conseil rappelle ses résolutions 2391 (2017), 2359 (2017), 2364 (2017), 2349 (2017) et 2320 (2016), ainsi que les déclarations de son président portant les cotes S/PRST/2017/2 et S/PRST/2017/10.

Le Conseil exprime son plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général et attend avec intérêt la poursuite des activités menées par l’UNOWAS dans les domaines de la prévention des conflits, la médiation et les bons offices, la coopération sous-régionale et régionale visant à traiter les causes profondes et les problèmes transfrontières et transversaux qui compromettent la paix et la sécurité, ainsi que la promotion de la bonne gouvernance, le renforcement des capacités institutionnelles, le respect de l’état de droit et les droits de l’homme, l’accès et l’aide humanitaires et la prise en compte de la problématique femmes-hommes, et souligne en outre la nécessité de lui apporter un appui constant et des ressources suffisantes à cette fin.  De plus, il se félicite des efforts faits pour donner un nouvel élan à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, afin d’améliorer la coordination et l’efficacité de la réponse internationale aux besoins des peuples et communautés de la région du Sahel, et demande aux donateurs de se mobiliser et d’harmoniser leurs activités avec ces priorités et objectifs.

Le Conseil se félicite de l’évolution positive de la situation dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment la poursuite des activités de réforme politique et constitutionnelle et de réforme du secteur de la sécurité afin d’améliorer la gouvernance, consolider la démocratie et accroître la participation pacifique des parties prenantes, ainsi que des mesures prises pour promouvoir les droits de l’homme, et encourage les acteurs nationaux, y compris la société civile, à engager le dialogue dans un esprit de tolérance et d’ouverture. 

Le Conseil souligne qu’il importe que les parties prenantes nationales collaborent pour faciliter la préparation des élections en temps opportun et la tenue d’élections pacifiques, transparentes et crédibles, et leur demande instamment de garantir des conditions égales à tous les candidats et de favoriser une participation accrue des femmes, notamment en vue d’augmenter le nombre de femmes nommées à des postes à responsabilité, conformément aux engagements qu’ils ont pris à l’échelle nationale, régionale et mondiale.

Le Conseil souligne l’importance du rôle que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation de la paix et dans les situations d’après conflit, comme il a été noté dans ses résolutions pertinentes, notamment les résolutions 1325 (2000) et 2242 (2015)

Le Conseil de sécurité se félicite de la tenue pacifique au Libéria d’élections législatives, le 10 octobre, et du second tour de l’élection présidentielle, le 26 décembre 2017, et remercie de leurs travaux le Représentant spécial du Secrétaire général, Farid Zarif, et la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), ainsi que l’ancien Président du Nigéria, Olusegun Obasanjo (membre du Conseil consultatif de haut niveau du Secrétaire général), le Représentant spécial du Secrétaire général de l’UNOWAS, M. Chambas, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine.  Les membres du Conseil encouragent la communauté internationale et les donateurs à continuer d’aider le Libéria à poursuive son action visant à instaurer une paix durable, notamment à l’appui des engagements pris dans le plan de consolidation de la paix au Libéria.  Le Conseil a conscience qu’il importe de maintenir l’attention internationale axée sur le Libéria après le retrait de la MINUL en mars 2018, conformément à la résolution 2333 (2016), ainsi que pendant la période de transition qui suivra, et souligne l’importance du rôle que joue la Commission de consolidation de la paix à cet égard. 

Le Conseil se dit à nouveau préoccupé par la situation en Guinée-Bissau, engage tous les responsables politiques à respecter les dispositions des Accords de Conakry et à mener leur mise en œuvre à bien dans les plus brefs délais.  Il salue l’action constante de la CEDEAO à l’appui de tout effort axé sur la sortie de l’impasse politique et se déclare prêt à envisager d’appuyer de nouvelles mesures d’appui qu’elle pourrait prendre en ce sens.  Il souligne l’importance de l’organisation d’élections législatives libres et régulières en Guinée-Bissau, conformément à la Constitution.

Le Conseil prend note avec préoccupation de la situation au Togo et se félicite de la poursuite des efforts régionaux visant à aider les acteurs nationaux à définir la voie à suivre par le dialogue. 

Le Conseil exprime sa grave préoccupation concernant les problèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en particulier les menaces que représentent les attentats terroristes asymétriques, la piraterie maritime et la criminalité transnationale organisée, notamment la traite des êtres humains et le trafic d’armes, de drogues et de ressources naturelles, qui peuvent être liés entre eux.

Le Conseil de sécurité se dit préoccupé par les menaces terroristes, notamment par la manière dont les terroristes utilisent leurs discours pour diviser les communautés, mobiliser des ressources, recruter et inciter autrui à commettre des actes de terrorisme dans la région, dans certains cas en tirant parti des réseaux de la criminalité transnationale organisée.  Il condamne fermement toutes les attaques terroristes perpétrées dans la région, en particulier dans le Sahel, notamment par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), l’État islamique d’Iraq et du Levant et Ansar al-Islam, et dans la région du bassin du lac Tchad, notamment par Boko Haram et l’État islamique d’Iraq et du Levant, et souligne qu’il importe de combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, notamment en éliminant les facteurs qui permettent sa propagation, conformément aux obligations découlant du droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire. 

Le Conseil de sécurité juge particulièrement inquiétants les attentats visant des civils, qui sont les principales victimes des attentats terroristes dans la région, et réitère que c’est aux États Membres qu’incombe au premier chef la responsabilité de protéger les civils sur leurs territoires respectifs conformément aux obligations découlant du droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, et les exhorte à prendre des mesures d’urgence afin de prévenir les atteintes aux droits de l’homme et les violations de ces droits, y compris les arrestations et détentions arbitraires, à s’assurer que les personnes privées de liberté sont traitées conformément au droit international et que les responsables d’atteintes aux droits de l’homme et de violations de ces droits soient amenés à répondre de leurs actes, à renforcer les capacités et le pouvoir d’intervention des mécanismes chargés des droits de l’homme dans la région, à prendre les mesures voulues pour venir en aide aux personnes enlevées par Boko Haram, en particulier les enfants, et pour leur réinsertion, et à prendre des mesures pour accroître le nombre de femmes dans le secteur de la sécurité et les organes nationaux qui gèrent la crise.

Le Conseil se félicite que les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel soient à l’origine d’initiatives visant à combattre l’insécurité dans la région et salue les efforts que font l’Union africaine et la CEDEAO, ainsi que les États Membres de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, pour renforcer la sécurité aux frontières et la coopération régionale, et pour remédier aux conséquences du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, notamment par l’intermédiaire de la Force multinationale mixte (FMM) et de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, et réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur fait le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire.

Le Conseil de sécurité se félicite des efforts que font les partenaires concernés afin d’aider les États du G5 Sahel, au moyen de contributions volontaires et par l’offre d’une assistance technique et de conseils, dans leurs efforts pour établir et appliquer un cadre réglementaire solide que devront suivre les États du G5 Sahel et la Force conjointe, pour prévenir toute violation du droit des droits de l’homme et du droit international humanitaire en rapport avec la Force conjointe, enquêter, prendre des sanctions et rendre compte à ce sujet.  Il a conscience de la contribution importante de l’UNOWAS pour ce qui est de procurer une assistance technique au Secrétariat permanent du G5 Sahel, et encourage une coopération et un échange d’information accrus.

Le Conseil de sécurité condamne de nouveau avec la plus grande fermeté tous les actes de traite d’êtres humains, notamment aux fins du travail forcé et de l’esclavage, dans les zones en proie à un conflit armé, qui nuisent à l’état de droit, favorisent d’autres formes de criminalité transnationale organisée et peuvent exacerber les conflits, l’insécurité et l’instabilité et nuire au développement.  Il réaffirme que les organismes des Nations Unies doivent veiller à l’organisation et à la cohérence de leur action en matière de lutte contre la traite d’êtres humains dans les zones touchées par un conflit armé ou en situation d’après conflit, et a conscience qu’il faut continuer d’œuvrer à la mise en place d’une approche renforcée, globale et coordonnée pour prévenir et combattre la traite.  Il encourage la poursuite de la coopération entre l’Union européenne, l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies, en particulier au sein de la Force multinationale mixte, afin de sauver et de protéger la vie des migrants et des réfugiés le long des itinéraires qu’ils empruntent, et en particulier à l’intérieur de la Libye.

Le Conseil de sécurité reconnaît qu’il importe que l’action menée en matière de sécurité dans le contexte de la crise au Sahel s’inscrive dans le cadre d’une démarche globale et coordonnée qui vise à remédier aux causes profondes des crises, à empêcher de nouvelles tensions et de nouvelles violences, à lutter contre l’exclusion et la pauvreté, à renforcer la résilience des institutions et des communautés, à promouvoir une bonne gouvernance et à édifier des sociétés pacifiques, justes et inclusives, et attend avec intérêt à cet égard que lui soient communiqués de nouveaux détails sur les efforts engagés récemment pour affiner la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et améliorer sa mise en œuvre par l’adoption d’une démarche plus intégrée qui fasse le lien entre les piliers développement, action humanitaire et paix.  Le Conseil souligne par ailleurs l’importance du rôle fédérateur de la Commission de consolidation de la paix pour ce qui est d’œuvrer à la pérennisation et à la consolidation de la paix et, en collaboration avec l’UNOWAS, de faire en sorte que les organismes des Nations Unies, les pays du Sahel et d’autres partenaires internationaux et régionaux, notamment les institutions financières internationales, s’engagent de manière plus affirmée et travaillent davantage en partenariat. 

Le Conseil se félicite de l’action menée par les gouvernements de la région du bassin du lac Tchad et les organisations régionales et sous-régionales pour empêcher une aggravation de la crise humanitaire, tout en reconnaissant que davantage d’efforts doivent être consentis à l’échelle nationale pour faire face à l’ampleur des besoins humanitaires.  Le Conseil remercie les donateurs internationaux, dont les efforts ont dépassé ce qui était attendu à la Conférence humanitaire d’Oslo sur le Nigéria et la région du lac Tchad, en février 2017, appelle au décaissement des fonds dus au titre des engagements pris et exhorte tous les acteurs à poursuivre leur action et à assurer une coordination étroite, y compris entre les acteurs du développement et ceux de l’aide humanitaire, en particulier pour réaliser des progrès dans les domaines de la protection, du relèvement rapide et de la nutrition et de la sécurité alimentaire, pour améliorer les conditions de vie et pour accroître les moyens de subsistance. 

Le Conseil a conscience des effets néfastes des changements climatiques et écologiques, entre autres facteurs, sur la stabilité de l’Afrique de l’Ouest et de la région, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des sols et l’insécurité alimentaire, et souligne que face à ces facteurs, il importe que les gouvernements et les organismes des Nations Unies adoptent des stratégies appropriées d’évaluation et de gestion des risques. 

Le Conseil apprécie les efforts déployés par la Commission du bassin du lac Tchad et se félicite de la tenue d’une première conférence de stabilisation régionale dans la région du bassin du lac Tchad, ainsi que de l’initiative régionale lancée par le Président du Nigéria, M. Buhari, afin de revitaliser l’écosystème du bassin du lac Tchad pour faire en sorte qu’existent des moyens de subsistance durables et favoriser la sécurité et le développement dans la région. 

Le Conseil remercie la Commission mixte Cameroun-Nigéria de l’action qu’elle continue de mener aux fins de la démarcation de la frontière entre les deux pays, dans un contexte d’insécurité régionale accrue, et appelle au déploiement de nouveaux efforts pour que les bornes soient construites et placées le long de la frontière terrestre. 

Le Conseil se déclare préoccupé par la situation humanitaire d’ensemble dans la région, caractérisée par les répercussions des conflits armés et du terrorisme, la pauvreté extrême, l’insécurité alimentaire, les déplacements forcés de population, les effets néfastes des changements climatiques et les épidémies, qui contribuent au degré élevé de vulnérabilité structurelle, chronique et aigüe dans la région, continuent de toucher les populations et rendent indispensable une action d’envergure sur le plan humanitaire et en matière de développement. 

Le Conseil rappelle que le commerce illicite, l’accumulation excessive et le détournement d’armes légères et de petit calibre continuent de poser une menace pour la paix et la sécurité internationales, sont la cause de nombreuses pertes en vies humaines et contribuent à l’instabilité et à l’insécurité dans de nombreuses régions, dont l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, et engage à cet égard l’UNOWAS à examiner ce qu’il pourrait faire pour contribuer à la lutte contre cette menace et demande aux donateurs internationaux et bilatéraux de consentir une aide durable à cette fin. 

Le Conseil encourage l’UNOWAS et le BRENUAC à poursuivre leur coopération, à définir ensemble les priorités et se répartir clairement les tâches entre eux, en vue de renforcer les organisations régionales et sous-régionales pour pouvoir faire face aux menaces transfrontières, et salue l’engagement de l’UNOWAS et le concours qu’il prête aux organisations régionales et sous-régionales en vue de promouvoir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, y compris les efforts consentis par la Commission de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest pour appliquer son cadre régional pour la réforme et la gouvernance du secteur de la sécurité et promouvoir l’adoption d’une démarche coordonnée dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité dans la région. 

Le Conseil reconnaît le rôle joué par l’UNOWAS dans l’analyse stratégique et intégrée périodique des possibilités, des risques et des difficultés rencontrés dans l’action menée pour aider les acteurs nationaux et locaux dans les efforts qu’ils déploient pour pérenniser la paix, attend de l’UNOWAS qu’il renforce ses activités en matière de prévention des conflits, notamment en menant des analyses détaillées des outils d’alerte rapide et en perfectionnant les dispositifs d’alerte rapide, et se félicite à cet égard des efforts consentis pour améliorer les capacités sous-régionales de coopération dans le domaine de la prévention des conflits, en particulier pour ce qui est de la coopération de l’UA, de la CEEAC et de la CEDEAO concernant les systèmes d’alerte rapide. 

Le Conseil affirme son intention de suivre régulièrement les progrès accomplis et prie à cet égard le Secrétaire général de continuer de l’informer des efforts déployés par l’UNOWAS dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration et demande de nouveau que l’UNOWAS fasse figurer dans ses rapports une évaluation de l’état d’avancement de l’application de la résolution 2349, en accordant une attention particulière à cette question dans son prochain rapport, qu’il doit soumettre au mois de juillet 2018.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité renouvelle pour un an les sanctions imposées à la République centrafricaine

8169e séance – matin
CS/13188

Le Conseil de sécurité renouvelle pour un an les sanctions imposées à la République centrafricaine

Le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, prorogé jusqu’au 31 janvier 2019 l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine ainsi que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs infligés aux personnes ou entités désignées par son comité des sanctions, lequel continuera d’être aidé par le Groupe d’experts dont le mandat a été prorogé jusqu’au 28 février 2019. 

« Ce dispositif conserve toute sa pertinence compte tenu de la situation actuelle en République centrafricaine », a estimé, lors des explications de vote, le délégué de la France. 

Aux termes de la résolution 2399 (2018), adoptée à l’unanimité, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou les transferts directs ou indirects à la République centrafricaine, d’armements et de matériels connexes de tous types, ainsi que toute assistance technique ou formation, et toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires.

Tous les États devront également continuer de prendre les mesures nécessaires pour interdire l’entrée ou le passage en transit sur leur territoire des personnes désignées par le Comité des sanctions.  Les fonds et les avoirs financiers de ces personnes et entités continueront d’être gelés.

Il s’agit, précise le Conseil dans sa résolution, des personnes et entités qui se livrent ou apportent un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en République centrafricaine, violent l’embargo sur les armes, recrutent des enfants, aident les groupes armés ou les réseaux criminels par l’exploitation ou le trafic illicites des ressources naturelles, font obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire ou attaquent la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), celle de l’Union européenne et les forces françaises qui les soutiennent.

Le représentant de la Côte d’Ivoire s’est félicité de ce que, pour la première fois, les incitations à la violence sont reconnues comme critère de désignation. 

En effet, par la résolution, les dispositions relatives à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs s’appliquent désormais aux individus et entités qui commettent des actes d’incitation à la violence, en particulier à motivation ethnique ou religieuse, compromettant la paix, la stabilité et la sécurité dans le pays. 

« Ces incitations sont un fléau pour la République centrafricaine et sont à l’origine de violences faisant de trop nombreuses victimes, aussi bien parmi les populations civiles que parmi les Casques bleus », a affirmé le délégué de la France.  La résolution reconnaît également comme critère de désignation les attaques contre les travailleurs humanitaires.

Les délégués de la Côte d’Ivoire et des Pays-Bas se sont félicités de cette disposition, la représentante néerlandaise exprimant sa préoccupation devant l’augmentation de la violence contre les travailleurs humanitaires.  Les sanctions à elles seules ne résoudront pas la crise en République centrafricaine, a-t-elle néanmoins affirmé, en appelant les parties impliquées à s’engager dans le processus de paix. 

Son homologue ivoirien a, lui, estimé que les sanctions, « lorsqu’elles sont strictement respectées », sont des mécanismes efficaces pouvant accompagner l’action du Conseil. 

Enfin, par la présente résolution, le Conseil se dit prêt à renforcer, modifier, suspendre ou lever les sanctions « en fonction des progrès accomplis dans la stabilisation du pays ».

« S’il ne s’agit pas d’envisager, à court terme, un allègement de cet embargo, compte tenu de la situation actuelle dans le pays, il s’agit de montrer que l’embargo sur les armes pourra évoluer, le moment voulu, et notamment en fonction des progrès de la réforme du secteur de la sécurité », a déclaré le représentant de la France. 

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Lettre datée du 6 décembre 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts sur la République centrafricaine reconduit dans son mandat par la résolution 2339 (2017) (S/2017/1023)

Texte du projet de résolution (S/2018/73)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur la République centrafricaine, en particulier ses résolutions 2121 (2013), 2127 (2013), 2134 (2014), 2149 (2014), 2181 (2014), 2196 (2015), 2212 (2015), 2217 (2015), 2262 (2016), 2264 (2016), 2281 (2016), 2301 (2016), 2339 (2017) et 2387 (2017) ainsi que sa résolution 2272 (2016) et les déclarations de son président en date des 18 décembre 2014 (S/PRST/2014/28), 20 octobre 2015 (S/PRST/2015/17), 16 novembre 2016 (S/PRST/2016/17), 4 avril 2017 (S/PRST/2017/5) et 13 juillet 2017 (S/PRST/2017/9),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République centrafricaine, et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale,

Rappelant qu’il incombe au premier chef aux autorités centrafricaines de protéger toutes les populations du pays contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité,

Se déclarant préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire, en particulier dans le sud-est et le nord-ouest de la République centrafricaine, en raison de la poursuite des affrontements entre groupes armés et autres fauteurs de troubles armés dans leurs tentatives de prendre par la force le contrôle de territoires et de ressources et de déstabiliser le pays, ainsi que du manque de moyens des forces de sécurité nationales, de l’autorité limitée de l’État sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine et de la persistance des causes profondes du conflit,

Insistant sur le fait que tout règlement durable de la crise en République centrafricaine, y compris le processus politique, doit être aux mains de la République centrafricaine et accorder la priorité à la réconciliation du peuple centrafricain, dans le cadre d’un processus sans exclusive associant les hommes et les femmes, y compris les personnes qui ont été déplacées du fait de la crise, quelle que soit leur origine sociale, économique, politique, religieuse et ethnique,

Demandant aux autorités centrafricaines de poursuivre leurs efforts afin de mettre en œuvre des mesures transparentes et sans exclusive en vue de parvenir à la stabilisation et à la réconciliation dans le pays et de rétablir l’autorité effective de l’État sur l’ensemble du territoire; de lutter contre l’impunité par le rétablissement de l’administration de la justice et du système de justice pénale, notamment le système pénitentiaire, dans tout le pays; de mener à bien la réforme des Forces armées centrafricaines (FACA) et des forces de sécurité nationales afin de mettre en place des services de sécurité multiethniques, professionnels et républicains dans le cadre d’une réforme adaptée du secteur de la sécurité; de prendre des mesures effectives de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement s’appliquant à l’ensemble des groupes armés, y compris aux enfants qui leur étaient associés, et de faire en sorte que ceux-ci ne soient pas recrutés de nouveau; et d’instaurer une gestion efficace des finances publiques pour faire face aux dépenses de fonctionnement de l’État, mettre en œuvre des plans de relèvement rapide et relancer l’économie,

Se félicitant de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, qui a conduit à l’adoption de la feuille de route, lors de la Conférence ministérielle tenue à Libreville le 17 juillet 2017, par les autorités centrafricaines, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs avec l’appui de l’Angola, du Congo, du Gabon et du Tchad, et réaffirmant que cette initiative et cette feuille de route constituent le principal cadre pour une solution politique en République centrafricaine, comme les autorités centrafricaines en sont convenues et sous leur direction,

Encourageant les autorités centrafricaines, en collaboration avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et la Mission militaire de formation PSDC de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA), à assurer l’égalité des chances aux membres des groupes armés, qu’il s’agisse d’éléments anti-balaka ou d’éléments de l’ex-Séléka, lors de la sélection des membres démobilisés qui remplissent les conditions requises pour intégrer les forces de défense et de sécurité nationales, se félicitant du lancement du projet pilote de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement et engageant les autorités centrafricaines à veiller à ce que les soldats des FACA de toutes les préfectures aient accès sur un pied d’égalité à la procédure d’enregistrement et de vérification simplifiée,

Soulignant qu’il importe de refonder en République centrafricaine une armée nationale qui soit multiethnique, républicaine et professionnelle, reconnaissant à cet égard le travail réalisé par l’EUTM-RCA, se félicitant du soutien apporté par d’autres partenaires internationaux et régionaux à la formation des forces de défense et de sécurité nationales à l’appui des autorités nationales, et encourageant une coordination effective avec la MINUSCA et l’EUTM-RCA,

Demandant aux autorités centrafricaines de veiller à ce que les auteurs de violations du droit international applicable, y compris celles commises contre des enfants et des femmes, soient exclus des services de sécurité et des forces armées nationaux, et demandant le soutien du Gouvernement de la République centrafricaine pour mettre au point une stratégie globale de lutte contre les violences sexuelles et sexistes pour réduire globalement l’ampleur des violences sexuelles,

Accueillant avec satisfaction l’engagement pris par le Secrétaire général d’appliquer rigoureusement sa politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles, prenant note des différentes mesures prises par la MINUSCA et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police pour combattre l’exploitation et les agressions sexuelles, grâce auxquelles le nombre de cas signalés a diminué, se déclarant toutefois toujours gravement préoccupé par les nombreuses allégations d’exploitation et d’agressions sexuelles imputées à des soldats de la paix en République centrafricaine ainsi qu’à des forces non onusiennes, soulignant qu’il importe au plus haut point que les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police ainsi que la MINUSCA, selon le cas, ouvrent sans tarder des enquêtes sur ces cas de façon crédible et transparente et fassent en sorte que les auteurs de telles infractions pénales ou de fautes répondent de leurs actes, et soulignant également qu’il faut prévenir l’exploitation et les agressions sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à la résolution 2272 (2016),

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général du 16 octobre 2017 (S/2017/865) présenté en application de la résolution 2301 (2016), et prenant note de la lettre datée du 10 juillet 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité (S/2017/597) en application du paragraphe 29 de la résolution 2339 (2017),

Saluant le bilan à mi-parcours et le rapport final (S/2017/1023) du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé en application de la résolution 2127 (2013) et reconduit successivement dans son mandat par les résolutions 2134 (2014) et 2339 (2017), et prenant note des recommandations du Groupe d’experts,

Condamnant fermement les actes de violence qui se poursuivent et l’instabilité qui règne toujours en République centrafricaine, les menaces de violence, les incitations à la haine et à la violence ethniques et religieuses, les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, les violations du droit international humanitaire, ainsi que les violences sexuelles et sexistes, en particulier à l’encontre d’enfants, commises notamment par des éléments de l’ex-Séléka, des éléments anti-balaka et d’autres groupes armés; les attaques et les incitations à la violence contre des soldats de la paix des Nations Unies et le personnel humanitaire; le cycle continu de provocations et de représailles imputables à des groupes armés, tant à Bangui qu’à l’extérieur de la ville et le refus d’accès humanitaire, par des éléments armés, aggravant encore la situation humanitaire extrêmement difficile dans laquelle se trouve la population civile et entravant l’accès des acteurs humanitaires aux populations vulnérables,

Soulignant qu’il est urgent et impératif de mettre un terme à l’impunité dont jouissent tous les auteurs de ces actes en République centrafricaine – dont certains peuvent constituer des crimes au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, auquel ce pays est partie – et de traduire ces auteurs en justice, notant à cet égard que le Procureur de la Cour a ouvert, le 24 septembre 2014, à la demande des autorités nationales, une enquête sur les crimes qui auraient été commis depuis 2012, et se félicitant de la coopération continue des autorités centrafricaines dans ce domaine,

Soulignant également qu’il est primordial d’instaurer un système judiciaire national efficace et qu’il faut renforcer à cette fin les mécanismes nationaux d’établissement des responsabilités, notamment en poursuivant la mise en œuvre du Mémorandum d’accord du 7 août 2014 sur les mesures temporaires d’urgence, se félicitant à cet égard que la Cour pénale spéciale chargée d’enquêter sur les crimes graves commis en République centrafricaine et d’en traduire les auteurs en justice ait commencé à s’acquitter progressivement de ses fonctions, rappelant qu’il importe que la communauté internationale continue d’appuyer le processus engagé par les autorités centrafricaines,

Soulignant en outre que ceux qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine ou les appuient, mettent en péril ou entravent le processus politique de stabilisation et de réconciliation, et dirigent des attaques contre des civils ou des soldats de la paix, pourraient répondre aux critères de désignation aux fins de sanctions énoncés dans la présente résolution,

Se déclarant préoccupé par le fait que le trafic, le commerce et l’exploitation illicites ainsi que la contrebande de ressources naturelles, notamment l’or, les diamants et la faune et la flore sauvages, ont un impact négatif sur l’économie et le développement du pays et continuent de menacer la paix et la stabilité de la République centrafricaine,

Rappelant la décision administrative du Processus de Kimberley relative à la reprise des exportations de diamants bruts de la République centrafricaine, de son cadre opérationnel joint en annexe, et de la mise en place de l’Équipe de suivi du Processus de Kimberley pour la République centrafricaine, et considérant que les efforts faits par les autorités centrafricaines et le Processus de Kimberley pour réintégrer de façon responsable et progressive la République centrafricaine dans le commerce mondial des diamants, par l’établissement préalable de « zones conformes », doivent être renforcés,

Prenant note avec inquiétude des conclusions formulées par le Groupe d’experts dans son rapport final, à savoir que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) reste active dans le sud-est de la République centrafricaine et qu’elle a perpétré des meurtres et enlèvements de civils, y compris de femmes et d’enfants.

Prenant également note avec inquiétude des activités liées à la criminalité transnationale qui se poursuivent dans la région, soulignant que la situation en République centrafricaine risque de créer un climat propice à une intensification de ces activités, notamment celles liées au trafic d’armes et à l’utilisation de mercenaires, et de constituer un terreau pour les réseaux extrémistes,

Reconnaissant, à cet égard, que l’embargo sur les armes par lui décrété peut jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le transfert illicite d’armes et de matériels connexes en République centrafricaine et dans la région et concourir de façon non négligeable à la consolidation de la paix après les conflits, au désarmement, à la démobilisation, au rapatriement et à la réintégration ainsi qu’à la réforme du secteur de la sécurité, rappelant ses résolutions 2117 (2013), 2127 (2013), 2220 (2015), 2262 (2016) et 2339 (2017) et se déclarant vivement préoccupé par la menace que font peser sur la paix et la sécurité en République centrafricaine le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le détournement d’armes légères et de petit calibre ainsi que l’emploi de ces armes contre les civils touchés par le conflit armé,

Réaffirmant qu’il importe que tous les États Membres appliquent intégralement les mesures énoncées dans ses résolutions 2127 (2013), 2134 (2014), 2196 (2015), 2262 (2016), 2339 (2017) ainsi que dans la présente résolution, y compris l’obligation de mettre en œuvre des sanctions ciblées contre les personnes et entités désignées par le Comité des sanctions créé en application de la résolution 2127 (2013),

Notant l’importance déterminante d’une bonne application du régime de sanctions, notamment le rôle clef que les États voisins, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales, peuvent jouer à cet égard, et encourageant les efforts visant à renforcer encore la coopération et l’application du régime des sanctions sous tous ses aspects,

Prenant note avec inquiétude des informations selon lesquelles des personnes visées par les sanctions voyagent dans la région en violation de l’interdiction de voyager, et soulignant que les individus ou entités qui facilitent délibérément le voyage de personnes inscrites sur la Liste en violation de ladite interdiction, peuvent être considérées par le Comité comme remplissant les critères de désignation pour figurer sur la Liste,

Notant avec préoccupation les informations selon lesquelles les fonds, les avoirs financiers et les ressources économiques de personnes et entités inscrites sur la Liste n’ont toujours pas été gelés, et soulignant l’obligation qui incombe aux États Membres et aux autorités centrafricaines de le faire sans plus attendre,

Se félicitant des dispositions prises par son président et par le Président du Comité des sanctions pour appuyer et renforcer l’application des mesures imposées en application de la résolution 2339 (2017), notamment du dialogue établi avec les États Membres, en particulier les États de la région,

Constatant que la situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Embargo sur les armes

1.    Décide que, jusqu’au 31 janvier 2019, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes, ainsi que toute assistance technique ou formation et toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériels connexes, y compris la mise à disposition de mercenaires armés venant ou non de leur territoire, et décide également que cette mesure ne s’applique pas:

a)    Aux fournitures destinées exclusivement à l’appui de la MINUSCA et aux missions de formation de l’Union européenne déployées en République centrafricaine, aux forces françaises, dans les conditions prévues au paragraphe 65 de la résolution 2387 (2017), ainsi qu’aux forces d’autres États Membres qui assurent une formation ou prêtent assistance, sur notification préalable conformément au paragraphe 1 b) ci-après, ou à leur utilisation par celles-ci;

b)    Aux livraisons de matériel non létal et à la fourniture d’une assistance, y compris les activités de formation opérationnelle et non opérationnelle dispensée aux forces de sécurité de la République centrafricaine, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, exclusivement destinés à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine, ou à être utilisés dans le cadre de celui-ci, en coordination avec la MINUSCA, et sur notification préalable au Comité, et demande à la MINUSCA de lui faire rapport sur la contribution de cette exemption au processus de réforme du secteur de la sécurité, dans le cadre des rapports périodiques qu’il lui soumet;

c)    Aux fournitures apportées en République centrafricaine par les forces soudanaises ou tchadiennes pour leur usage exclusif dans le cadre des patrouilles internationales de la force tripartite créée le 23 mai 2011 à Khartoum par la République centrafricaine, le Soudan et le Tchad, pour renforcer la sécurité dans leurs zones frontalières communes, en coopération avec la MINUSCA, telles qu’approuvées préalablement par le Comité;

d)    Aux livraisons de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection et à l’assistance technique ou à la formation connexes, qui auront été approuvées à l’avance par le Comité;

e)    Aux vêtements de protection, dont les gilets pare-balles et les casques militaires, temporairement exportés en République centrafricaine, pour leur usage personnel uniquement, par le personnel des Nations Unies, les représentants des médias et les agents humanitaires et d’aide au développement ou le personnel connexe;

f)    Aux livraisons d’armes légères et autre matériel connexe destinés exclusivement à être utilisés dans le cadre des patrouilles internationales qui assurent la sécurité dans l’aire protégée du Trinational de la Sangha afin de lutter contre le braconnage, la contrebande d’ivoire et d’armes, et d’autres activités contraires au droit interne de la République centrafricaine ou aux obligations que lui impose le droit international, dont le Comité aura préalablement reçu notification;

g)    Aux livraisons d’armes et autre matériel létal connexe, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci, sous réserve de l’approbation préalable du Comité;

h)    Aux autres ventes ou livraisons d’armes et de matériels connexes, ou à la fourniture d’une assistance ou de personnel, sous réserve de l’approbation préalable du Comité;

2.    Décide d’autoriser tous les États Membres qui découvrent des articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l’exportation sont interdits par le paragraphe 1 de la présente résolution à les saisir, les enregistrer et les traiter (par exemple en les détruisant, en les mettant hors d’usage, en les entreposant ou en les transférant à un État autre que le pays d’origine ou de destination aux fins de leur élimination), et décide également que tous les États sont tenus de coopérer à cet effort;

3.    Demande de nouveau aux autorités centrafricaines de s’attaquer, avec l’aide de la MINUSCA et des partenaires internationaux, au transfert illicite, à l’accumulation déstabilisatrice et au détournement d’armes légères et de petit calibre en République centrafricaine et d’assurer de façon sûre et efficace la collecte et la destruction des stocks excédentaires et des armes et munitions saisies, non marquées ou détenues illicitement, et souligne à quel point il importe d’intégrer ces éléments à la réforme du secteur de la sécurité et aux programmes de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement;

4.    Se félicite à cet égard de la création de la « Commission nationale de lutte contre la prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre » (COMNAT-ALPC) et demande aux autorités centrafricaines de la rendre pleinement opérationnelle;

5.    Se félicite également de la création du Groupe de travail de la MINUSCA chargé de l’embargo sur les armes, qui vise à coordonner les efforts déployés par la Mission pour faire appliquer l’embargo sur les armes et à renforcer son rôle dans la lutte contre le trafic d’armes, et encourage le Groupe de travail chargé de l’embargo sur les armes à servir de plateforme pour l’échange d’informations sur le trafic d’armes et la formulation de recommandations sur les activités de contrôle devant être menées en application du mandat de la MINUSCA, tel qu’il est défini au paragraphe 44 de la résolution 2387 (2017), y compris, s’il y a lieu, la saisie d’armes;

6.    Engage vivement les autorités centrafricaines à continuer de renforcer leurs capacités, avec l’appui de la MINUSCA, du Service de la lutte antimines, ainsi que des autres partenaires internationaux, pour ce qui est de stocker et gérer les armes et munitions qu’elles détiennent, y compris celles qui sont transférées des stocks de la MINUSCA, conformément aux pratiques internationales optimales et aux normes internationales, tout en veillant à ce que les unités des FACA et des forces de sécurité intérieures qui reçoivent de telles armes et munitions soient pleinement formées et contrôlées;

7.    Encourage les États voisins, en coopération avec les autorités centrafricaines, à prendre des mesures efficaces pour lutter contre les mouvements illicites d’armes et de munitions à destination de la République centrafricaine et pour assurer la traçabilité des armes et munitions produites sur leur territoire, comme le prévoit la Convention de Kinshasa pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage;

8.    Engage tous les États Membres, en particulier les États voisins et ceux qui sont membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, à user des procédures de notification préalable et d’exemption énoncées au paragraphe 1 de la présente résolution pour restituer des armements et matériels connexes de tous types appartenant aux FACA, ou pour fournir toute assistance technique ou formation et toute autre aide en rapport avec les activités militaires menées par les forces de défense et de sécurité nationales centrafricaines, et demande à cet égard au Groupe d’experts d’apporter l’aide voulue en application du paragraphe 32 b) de la présente résolution;

Interdiction de voyager

9.    Décide que, jusqu’au 31 janvier 2019, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour interdire l’entrée ou le passage en transit sur leur territoire des personnes désignées par le Comité, étant entendu que rien dans les dispositions du présent paragraphe n’oblige un État à refuser l’entrée sur son territoire à ses propres nationaux, et demande à cet égard au Gouvernement de la République centrafricaine de renforcer la coopération et les échanges d’informations avec les autres États;

10.   Engage les États Membres à exiger des compagnies aériennes opérant sur leur territoire, s’il y a lieu et conformément à leur droit interne et aux instruments juridiques et documents cadres internationaux pertinents, qu’elles communiquent à l’avance aux autorités nationales compétentes des informations sur les passagers afin de détecter le départ de leur territoire, ou la tentative d’entrée sur leur territoire ou de transit par leur territoire, à bord d’appareils civils, de personnes désignées par le Comité;

11.   Engage également les États Membres à signaler au Comité le départ de leur territoire, ou toute tentative d’entrée sur leur territoire ou de transit par leur territoire, de personnes désignées, ainsi que d’en informer l’État de résidence ou de nationalité s’il y a lieu et conformément à leur droit interne et à leurs obligations internationales;

12.   Demande instamment aux autorités centrafricaines de veiller, lorsqu’elles mettront en œuvre les mesures énoncées au paragraphe 9 ci-dessus, à ce que les passeports et autres documents de voyage faux, falsifiés, volés ou perdus, ainsi que les passeports diplomatiques annulés, soient dès que possible retirés de la circulation conformément aux lois et pratiques nationales, et de communiquer les informations qu’elles possèdent sur ces documents aux autres États Membres en passant par la base de données d’INTERPOL;

13.   Engage les États Membres à transmettre, lorsqu’ils en disposent et dans le respect de leur législation nationale, des photographies et les données biométriques des personnes désignées par le Comité afin qu’elles puissent figurer sur les notices spéciales INTERPOL-Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies;

14.   Décide que les mesures imposées par le paragraphe 9 ci-dessus ne s’appliquent pas dans les cas suivants:

a)    Lorsque le Comité établit que tel ou tel voyage se justifie par des raisons humanitaires, y compris un devoir religieux;

b)    Lorsque l’entrée ou le passage en transit est nécessaire aux fins d’une procédure judiciaire;

c)    Lorsque le Comité conclut que telle ou telle dérogation favoriserait la réalisation des objectifs de paix et de réconciliation nationale en République centrafricaine et la stabilité dans la région;

15.   Souligne que les violations de l’interdiction de voyager peuvent mettre en péril la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine et que les personnes ou entités qui facilitent délibérément le voyage d’une personne inscrite sur la liste en violation de l’interdiction de voyager peuvent être considérées par le Comité comme remplissant les critères de désignation prévus dans la présente résolution et engage toutes les parties et tous les États Membres à coopérer avec le Comité et avec le Groupe d’experts en ce qui concerne l’application de l’interdiction de voyager;

Gel des avoirs

16.   Décide que, jusqu’au 31 janvier 2019, tous les États Membres resteront tenus de geler sans délai les fonds et autres avoirs financiers et ressources économiques se trouvant sur leur territoire en la possession ou sous le contrôle direct ou indirect des personnes ou entités désignées par le Comité ou de toute personne ou entité agissant pour le compte ou sur les ordres de celles-ci ou de toute entité en leur possession ou sous leur contrôle, et décide en outre que tous les États Membres doivent continuer d’empêcher leurs nationaux ou toute personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre à la disposition de ces personnes ou entités des fonds, avoirs financiers ou ressources économiques ou d’en permettre l’utilisation à leur profit;

17.   Décide que les mesures visées au paragraphe 16 ci-dessus ne s’appliquent pas aux fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques dont les États Membres concernés auront déterminé:

a)    Qu’ils sont nécessaires pour régler des dépenses ordinaires – denrées alimentaires, loyers, mensualités de prêts hypothécaires, médicaments, soins médicaux, impôts, primes d’assurance, factures de services collectifs de distribution – ou pour régler ou rembourser des dépenses engagées dans le cadre de la prestation de services juridiques, notamment des honoraires, conformément à la législation nationale, ou des frais ou commissions liés au maintien en dépôt de fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques gelés, conformément à la législation nationale, après que l’État Membre concerné a informé le Comité de son intention d’autoriser, dans les cas où cela serait justifié, l’accès à ces fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques et en l’absence de décision contraire du Comité dans les cinq jours ouvrables suivant cette notification;

b)    Qu’ils sont nécessaires pour régler des dépenses extraordinaires, à condition que le ou les États Membres concernés en aient avisé le Comité et que celui-ci ait donné son accord;

c)    Qu’ils font l’objet d’un privilège ou d’une décision judiciaire, administrative ou arbitrale, auquel cas ils peuvent être utilisés à cette fin, à condition que le privilège ou la décision soient antérieurs à la date de la présente résolution, que le créancier privilégié ou le bénéficiaire de la décision judiciaire, administrative ou arbitrale ne soit pas une personne ou une entité désignée par le Comité et que le privilège ou la décision judiciaire, administrative ou arbitrale aient été portés à la connaissance du Comité par l’État ou les États Membres concernés;

18.   Décide que les États Membres pourront autoriser le versement, aux comptes gelés en vertu des dispositions du paragraphe 16 ci-dessus, des intérêts et autres rémunérations revenant à ces comptes ou des paiements dus au titre de marchés, d’accords ou d’obligations souscrits avant la date à laquelle ces comptes ont été assujettis aux dispositions de la présente résolution, étant entendu que ces intérêts, rémunérations et paiements resteront assujettis auxdites dispositions et resteront gelés;

19.   Décide que les mesures visées au paragraphe 16 ci-dessus n’interdisent à aucune personne ou entité désignée d’effectuer des paiements au titre d’un contrat passé avant son inscription sur la liste, dès lors que les États concernés se sont assurés que le paiement n’est pas reçu directement ou indirectement par une personne ou entité visée au paragraphe 16 ci-dessus et qu’ils ont signifié au Comité avec un préavis de 10 jours leur intention d’effectuer ou de recevoir de tels paiements ou d’autoriser, selon qu’il conviendrait, le déblocage à cette fin de fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques;

Critères de désignation

20.   Décide que les mesures visées aux paragraphes 9 et 16 s’appliquent aux personnes et entités que le Comité aura désignées comme se livrant ou apportant un appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine, notamment des actes qui menacent ou entravent la stabilisation et la réconciliation ou alimentent les violences;

21.   Décide également, à cet égard, que les mesures visées aux paragraphes 9 et 16 s’appliquent aussi aux individus et entités que le Comité aura désignés comme:

a)    Agissant en violation de l’embargo sur les armes imposé au paragraphe 54 de la résolution 2127 (2013) et prorogé au paragraphe 1 de la présente résolution ou ayant directement ou indirectement fourni, vendu ou transféré à des groupes armés ou à des réseaux criminels opérant en République centrafricaine des armes ou du matériel connexe ou des conseils techniques, une formation ou une assistance, notamment financière, en rapport avec des activités violentes, ou en ayant été les destinataires;

b)    Préparant, donnant l’ordre de commettre ou commettant, en République centrafricaine, des actes contraires au droit international des droits de l’homme ou au droit international humanitaire ou constituant des atteintes aux droits de l’homme ou des violations de ces droits, notamment des attaques dirigées contre des civils, attentats à motivation ethnique ou religieuse, attentats commis contre des biens de caractère civil, y compris des centres administratifs, des tribunaux, des écoles et des hôpitaux, enlèvements, déplacements forcés;

c)    Préparant, donnant l’ordre de commettre ou commettant des actes de violence sexuelle ou sexiste en République centrafricaine;

d)    Recrutant des enfants ou utilisant des enfants dans le conflit armé en République centrafricaine, en violation du droit international;

e)    Apportant un appui à des groupes armés ou à des réseaux criminels par l’exploitation ou le trafic illicites de ressources naturelles de la République centrafricaine telles que les diamants, l’or, la faune et la flore sauvages ou les produits qui en sont tirés;

f)    Faisant obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire destinée à la République centrafricaine, à l’accès à cette aide ou à sa distribution dans le pays;

g)    Préparant, donnant l’ordre de commettre, finançant ou commettant des attaques contre les missions de l’ONU ou les forces internationales de sécurité, notamment la MINUSCA, les missions de l’Union européenne et les forces françaises, déployées sous les conditions prévues au paragraphe 65 de la résolution 2387 (2017) et qui les soutiennent, ainsi que contre le personnel humanitaire;

h)    Dirigeant une entité désignée par le Comité en application des paragraphes 36 et 37 de la résolution 2134 (2014), des paragraphes 11 et 12 de la résolution 2196 (2015), des paragraphes 12 et 13 de la résolution 2262 (2016) ou de la présente résolution, ou ayant apporté un soutien à une personne ou une entité désignée par le Comité en application des paragraphes 36 et 37 de la résolution 2134 (2014) des paragraphes 11 et 12 de la résolution 2196 (2015), des paragraphes 12 et 13 de la résolution 2262 (2016), des paragraphes 16 et 17 de la résolution 2339 (2017) ou de la présente résolution ou à une entité appartenant à une personne ou une entité désignée ou contrôlée par elle, ou ayant agi en son nom, pour son compte ou sur ses instructions;

22.   Condamne tous les actes d’incitation à la violence, en particulier à motivation ethnique ou religieuse, qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine et décide que les personnes et entités qui commettent de tels actes et perpètrent ainsi ou appuient des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine sont susceptibles de remplir les critères de désignation énoncés au paragraphe 20 ci-dessus;

23.   Se félicite des mesures prises par les États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs pour mettre en œuvre l’Initiative régionale contre l’exploitation illégale des ressources naturelles approuvée dans la Déclaration de Lusaka de 2010, notamment la promotion de l’utilisation par les acteurs économiques de directives en matière de diligence telles que le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque, et encourage tous les États, en particulier ceux de la région, à continuer de faire connaître les directives de ce type;

Comité des sanctions

24.   Décide que le mandat du Comité s’applique aux mesures prévues aux paragraphes 54 et 55 de la résolution 2127 (2013) et aux paragraphes 30 et 32 de la résolution 2134 (2014), reconduites par la présente résolution;

25.   Souligne qu’il importe de tenir des consultations régulières avec les États Membres concernés, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, selon que de besoin, en particulier les États voisins et les États de la région, afin d’assurer la mise en œuvre de toutes les mesures reconduites dans la présente résolution et, à cet égard, encourage le Comité à envisager, le cas échéant, que son président ou ses membres se rendent dans certains pays;

26.   Demande au Comité de recenser tout cas de non-respect des mesures visées aux paragraphes 1, 2, 9 et 16 ci-dessus et de décider pour chaque cas de la conduite à suivre, et prie le Président du Comité de lui rendre compte des activités menées par le Comité sur cette question dans les rapports qu’il lui présentera en application du paragraphe 41 ci-après;

27.   Rappelle que le Processus de Kimberley a décidé que la République centrafricaine pouvait reprendre le commerce de diamants bruts en provenance de « zones conformes » établies aux conditions fixées par le Processus, note que le Processus entend tenir le Conseil de sécurité, le Comité et son groupe d’experts, ainsi que la MINUSCA, informés de ses décisions, et prie la présidence du Groupe de travail chargé du suivi d’informer régulièrement le Comité des travaux de l’Équipe de suivi pour la République centrafricaine et notamment de toute décision concernant les zones désignées comme « zones conformes » et le commerce des stocks de diamants bruts détenus en République centrafricaine;

28.   Demande aux centres diamantaires internationaux et aux États de la région de redoubler de vigilance pour appuyer l’action que mènent les autorités de la République centrafricaine afin de rétablir le commerce légitime et tirer parti de ses ressources naturelles, et se félicite de ce que la République centrafricaine prenne des mesures spéciales pour améliorer la traçabilité des diamants en provenance de zones conformes afin qu’ils ne soient pas utilisés au profit de groupes armés ni pour la déstabiliser;

29.   Constate les progrès accomplis par le Processus de Kimberley concernant la question des stocks de diamants, et encourage le Processus à faciliter le règlement de la question, en coopération avec les autorités centrafricaines et en consultation avec le Groupe d’experts;

Groupe d’experts

30.   Exprime son appui sans réserve au Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé par le paragraphe 59 de la résolution 2127 (2013);

31.   Décide de proroger jusqu’au 28 février 2019 le mandat du Groupe d’experts, entend réexaminer le mandat et faire le nécessaire concernant sa reconduction le 31 janvier 2019 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les dispositions administratives voulues pour soutenir son action;

32.   Décide que le Groupe d’experts devra notamment exécuter les tâches suivantes:

a)    Aider le Comité à s’acquitter du mandat défini dans la présente résolution;

b)    Réunir, examiner et analyser les informations reçues des États, des organismes des Nations Unies compétents, des organisations régionales et d’autres parties intéressées, concernant l’application des mesures édictées dans la présente résolution, en particulier les violations de ses dispositions, notamment pour fournir aux États Membres, à leur demande, une assistance en matière de renforcement des capacités;

c)    Remettre au Conseil de sécurité, après concertation avec le Comité, un bilan à mi-parcours le 30 juillet 2018 au plus tard et lui présenter d’ici au 31 décembre 2018 un rapport final sur la mise en œuvre des mesures visées aux paragraphes 54 et 55 de la résolution 2127 (2013) et aux paragraphes 30 et 32 de la résolution 2134 (2014), reconduites aux paragraphes 1, 2, 9 et 16 de la présente résolution;

d)    Présenter des mises à jour au Comité, en particulier dans les situations d’urgence ou lorsque le Groupe d’experts le juge nécessaire;

e)    Aider le Comité à préciser et à actualiser les informations concernant la liste des personnes et entités désignées par le Comité conformément aux critères réaffirmés aux paragraphes 20 et 21 ci-dessus, notamment en fournissant des données biométriques et d’autres renseignements pouvant servir à établir le résumé des motifs présidant à leur inscription sur la liste, qui est rendu public;

f)    Aider le Comité en lui fournissant des renseignements sur les individus et entités susceptibles de remplir les critères de désignation énoncés aux paragraphes 20 et 21 ci-dessus, notamment en communiquant ces renseignements au Comité à mesure qu’ils deviennent disponibles, faire figurer dans ses rapports écrits les noms des individus et entités à inscrire, les informations permettant de les identifier et tous éléments tendant à montrer que ces critères de désignation sont réunis;

g)    Recueillir, en coopération avec la MINUSCA, tout élément attestant d’actes d’incitation à la violence, en particulier à motivation ethnique ou religieuse, qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine et permettant d’identifier les auteurs de tels actes, et en rendre compte au Comité;

h)    Coopérer avec l’Équipe de suivi du Processus de Kimberley pour la République centrafricaine pour appuyer la reprise des exportations de diamants bruts en provenance de la République centrafricaine et signaler au Comité si la reprise du commerce déstabilise le pays ou profite à des groupes armés;

33.   Demande au Groupe d’experts de coopérer activement avec les autres groupes d’experts qu’il a créés, si cela est utile à l’exécution de leur mandat;

34.   Se déclare préoccupé en particulier par les informations selon lesquelles des réseaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, et encourage le Groupe d’experts à prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux dans le cadre de l’exécution de son mandat;

35.   Demande au Groupe d’experts de se doter des compétences requises en matière de problématique femmes-hommes, conformément au paragraphe 6 de la résolution 2242 (2015), et l’encourage à considérer cette problématique comme une question transversale dont il doit tenir compte dans ses enquêtes et rapports;

36.   Prie instamment la République centrafricaine, les États voisins et les autres États membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs de coopérer au niveau régional en vue d’enquêter sur les réseaux criminels et les groupes armés impliqués dans l’exploitation illégale et la contrebande des ressources naturelles, notamment l’or et les diamants, et le braconnage et le trafic d’espèces sauvages;

37.   Demande instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts et d’assurer la sécurité de ses membres;

38.   Prie instamment tous les États Membres et tous les organismes compétents des Nations Unies de permettre au Groupe d’experts de consulter toutes personnes et d’accéder à tous documents et sites, afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat;

39.   Demande à la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé et à la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit de continuer de communiquer au Comité des informations sur ces questions, conformément au paragraphe 7 de la résolution 1960 (2010) et au paragraphe 9 de la résolution 1998 (2011);

Notification des mesures prises et suivi de la situation

40.   Demande à tous les États, en particulier ceux de la région et ceux dans lesquels se trouvent des personnes ou des entités désignées, de mettre en œuvre activement les mesures prévues par la présente résolution et de rendre régulièrement compte au Comité de ce qu’ils font pour appliquer les mesures prévues aux paragraphes 54 et 55 de la résolution 2127 (2013) et aux paragraphes 30 et 32 de la résolution 2134 (2014), reconduites aux paragraphes 1, 2, 9 et 16 de la présente résolution;

41.   Prie le Comité de lui faire oralement au moins une fois par an, par la voix de son président, un bilan de ses travaux, le cas échéant avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine, et de lui rendre compte en tant que de besoin de la situation en République centrafricaine, et invite le Président du Comité à tenir régulièrement des réunions d’information à l’intention de tous les États Membres intéressés;

42.   Affirme qu’il continuera de suivre l’évolution de la situation en République centrafricaine et se tiendra prêt à examiner l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, et notamment à apprécier s’il convient de les renforcer par de nouvelles mesures, de les modifier, de les suspendre ou de les lever, en fonction des progrès accomplis dans la stabilisation du pays et le respect de la présente résolution;

43.   Prie, à cet égard, le Secrétariat de lui fournir, dans les 6 prochains mois, des critères permettant d’évaluer les mesures d’embargo sur les armes, en tenant compte des progrès accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité, y compris dans la réforme des FACA et des forces de sécurité nationales et compte tenu de leurs besoins, sur la base de l’option 3 proposée dans la lettre du Secrétaire général adressée au Président du Conseil de sécurité le 10 juillet 2017;

44.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force de l’ONU et demande aux parties de redoubler d’efforts pour un règlement global

8168e séance – matin
CS/13187

Chypre: le Conseil de sécurité renouvelle le mandat de la Force de l’ONU et demande aux parties de redoubler d’efforts pour un règlement global

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) jusqu’au 31 juillet 2018.  Saluant les progrès dans les négociations pour un règlement durable et global à Chypre, le Conseil a demandé instamment aux dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs de continuer de rechercher un règlement sous les auspices de l’ONU. 

Le Conseil de sécurité, par sa résolution 2398 (2018), adoptée à l’unanimité, note néanmoins que la Conférence sur Chypre de juin 2017 n’a pas abouti « à un règlement durable, global et juste », et exhorte les dirigeants à « redoubler d’efforts pour faire converger leurs points de vue sur les questions essentielles ».

Les dirigeants devront également continuer à travailler avec les comités techniques afin d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes, améliorer le climat général qui entoure les négociations, « notamment en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents », et accroître la participation de la société civile au processus.

Les membres du Conseil prient le Secrétaire général de l’ONU, dans la perspective d’un règlement de la situation, « d’accélérer l’établissement de nouveaux plans de transition en tenant compte des progrès des négociations ».

Par cette résolution, le Conseil espère, en outre, que les parties s’accorderont sur des mesures de confiance militaires et sur l’ouverture de points de passage, en vue de contribuer à « l’instauration d’un climat propice à un règlement ».

Enfin, le Conseil leur demande de continuer à mener d’urgence des consultations avec la Force sur la démarcation de la zone tampon et de permettre aux démineurs d’accéder dans ladite zone.  La partie chypriote turque et les forces turques devront également rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000, précise la résolution. 

LA SITUATION À CHYPRE

Rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2018/25)

Texte du projet de résolution (S/2018/72)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 28 novembre 2017 sur l’examen stratégique de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (S/2017/1008), en date du 28 septembre 2017 sur sa mission de bons offices à Chypre (S/2017/814) et en date du 9 janvier 2018 (S/2018/25) sur l’opération des Nations Unies à Chypre,

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire d’y maintenir la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre au-delà du 31 janvier 2018,

Se faisant écho de la ferme conviction du Secrétaire général selon laquelle c’est aux Chypriotes eux-mêmes qu’il incombe au premier chef de trouver une solution et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir à un règlement global et durable du conflit à Chypre et du problème de la division de l’île,

Prenant note avec satisfaction des engagements pris aux termes de la Déclaration conjointe publiée le 2 avril 2017 par les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs sur la base de la Déclaration conjointe qu’ils ont adoptée le 11 février 2014, et se félicitant de l’avancée notable des négociations depuis cette date, notamment de l’organisation en juin 2017 d’une nouvelle Conférence sur Chypre sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, ainsi que de la volonté exprimée par les participants de soutenir le règlement global de la question de Chypre et de l’appui prêté par le Secrétaire général et par sa Représentante spéciale, Elizabeth Spehar,

Rappelant combien il importe à la communauté internationale que toutes les parties participent pleinement aux négociations en faisant preuve de souplesse et d’un esprit constructif pour parvenir à un règlement et notant que la Conférence sur Chypre tenue l’an dernier n’a pas abouti à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, demandant instamment aux parties de s’engager à nouveau à rechercher un tel règlement et soulignant que le statu quo n’est pas viable,

Notant qu’il importe de progresser dans l’examen de mesures de confiance militaires et dans les échanges s’y rapportant, et demandant que davantage soit fait pour mettre en œuvre toutes les autres mesures de confiance ainsi que pour parvenir à un accord sur de nouvelles mesures propres à renforcer la confiance entre les communautés et pour les appliquer,

Réaffirmant qu’il importe que les Chypriotes puissent continuer à traverser la Ligne verte et préconisant l’ouverture, d’un commun accord, d’autres points de passage,

Convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes un règlement global et durable de la question de Chypre, engageant vivement les deux parties et leurs dirigeants à cultiver un discours public positif et les encourageant à exposer clairement aux deux communautés, suffisamment de temps avant l’organisation de tout référendum, les avantages d’un règlement et la nécessité à cette fin de faire preuve de davantage de souplesse et d’esprit de compromis,

Soulignant l’importance, tant politique que financière, du rôle d’accompagnement que jouent la communauté internationale et en particulier toutes les parties disposées à prendre des mesures concrètes pour encourager les dirigeants chypriotes grecs et chypriotes turcs à s’engager à nouveau à rechercher un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies; notant que le Secrétaire général juge que les conditions de sécurité sur l’île et le long de la Ligne verte demeurent stables et priant instamment toutes les parties de s’abstenir de toute action, notamment de toute violation du statu quo militaire, qui puisse accroître les tensions, remettre en question les progrès accomplis ou entamer la bonne volonté sur l’île,

Rappelant que le Secrétaire général est fermement convaincu que la situation dans la zone tampon s’améliorerait si les deux parties acceptaient l’aide-mémoire de 1989 utilisé par l’Organisation des Nations Unies,

Déplorant que les parties bloquent l’accès aux champs de mines qui subsistent dans la zone tampon, estimant que le déminage de Chypre doit se poursuivre, notant le danger que les mines continuent de représenter pour Chypre, notant également les propositions faites en matière de déminage, les discussions tenues à ce sujet et les initiatives constructives qui ont été prises, et demandant instamment qu’un accord soit rapidement trouvé pour permettre la reprise des opérations et le déminage des champs de mines restants,

Saluant les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre, soulignant qu’il importe que celui-ci intensifie ses activités et qu’il faut donc lui procurer toutes les informations dont il a besoin comme il l’a indiqué dans son communiqué de presse du 28 juillet 2016 concernant l’examen des documents d’archives, notant que les restes de 1 147 personnes disparues sur un total de 2 002 n’ont toujours pas été identifiés avec certitude, demandant instamment qu’un accès à toutes les zones lui soit rapidement donné pour lui permettre d’accomplir ses tâches et convaincu que ce processus favorisera la réconciliation des communautés,

Convenant que la participation active et le rôle moteur des femmes sont essentiels au processus politique et peuvent contribuer à assurer la viabilité de tout règlement futur, rappelant que les femmes jouent un rôle crucial dans les processus de paix, comme il l’a souligné dans sa résolution 1325 (2000) et dans des résolutions connexes, et rappelant en outre l’importance de la participation active des jeunes, conformément à sa résolution 2250 (2015),

Demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour promouvoir les contacts et manifestations intercommunautaires et la participation active de la société civile, notamment les initiatives bicommunautaires et les projets de développement où les deux communautés puissent œuvrer de concert et dont elles puissent bénéficier ensemble, et pour encourager la coopération entre organismes à vocation économique et commerciale et lever tous les obstacles à ces relations,

Soulignant qu’il lui faut adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement des opérations de maintien de la paix,

Conscient de la nécessité d’examiner régulièrement toutes les activités de maintien de la paix de façon à en assurer l’efficacité au moindre coût et notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition assortis de recommandations sur les nouveaux aménagements qu’il pourrait être opportun d’apporter au mandat de la Force, à ses effectifs, à ses autres ressources et à son concept d’opération, compte tenu de l’évolution de la situation sur le terrain et des vues des parties,

Remerciant de leurs efforts le Secrétaire général et la Représentante spéciale, Elizabeth Spehar,

S’associant au Secrétaire général pour exprimer sa gratitude au Gouvernement chypriote et au Gouvernement grec, qui ont versé des contributions volontaires pour le financement de la Force, et pour demander que d’autres pays et organisations versent également des contributions volontaires, et remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à la Force,

Appréciant et encourageant les efforts que l’Organisation des Nations Unies déploie dans toutes ses opérations de maintien de la paix pour sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la question de la prévention du VIH/sida et d’autres maladies transmissibles et à la lutte contre ces maladies,

1.    Se félicite des progrès du processus conduit par les dirigeants depuis le 11 février 2014 et des efforts faits par les dirigeants et les négociateurs en vue de parvenir à un règlement global et durable, prend note du document final de la Conférence sur Chypre et demande instamment aux parties et à tous les participants concernés de continuer de rechercher un règlement sous les auspices de l’ONU;

2.    Prend note des rapports du Secrétaire général (S/2017/814, S/2017/1008 et S/2018/25);

3.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier la résolution 1251 (1999) du 29 juin 1999 et les résolutions ultérieures;

4.    Rappelle sa résolution 2369 (2017) et demande aux deux dirigeants:

a)    De redoubler d’efforts pour faire converger leurs points de vue sur les questions essentielles;

b)    De continuer à travailler avec les comités techniques afin de renforcer les contacts intercommunautaires et d’améliorer la vie quotidienne des Chypriotes;

c)    D’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue d’un règlement, notamment en insistant dans les messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir, et en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents; et en s’abstenant de tout discours qui risquerait de rendre plus difficile la réussite du processus; et

d)    D’accroître la participation de la société civile au processus, selon qu’il convient;

5.    Salue la volonté du Secrétaire général de rester prêt à user de ses bons offices pour aider les parties si elles décident ensemble de reprendre les négociations avec la volonté politique nécessaire, comme il l’a dit dans son rapport du 28 septembre 2017; et le prie de continuer d’établir des plans de transition dans la perspective d’un règlement, en tenant compte des progrès des négociations, et encourage les parties à collaborer entre elles ainsi qu’avec la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et la mission de bons offices des Nations Unies à cet égard;

6.    Demande instamment l’application et l’élaboration de mesures de confiance fondées sur une vision commune de l’avenir et des activités conjointes, espère que de nouvelles mesures mutuellement acceptables seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, notamment des mesures de confiance militaires et l’ouverture de points de passage, dont ceux déjà agréés, et demande instamment aux parties de promouvoir les contacts, les échanges et la coopérations entre les deux communautés de sorte à contribuer à l’instauration d’un climat propice à un règlement;

7.    Souligne qu’il importe que la société civile et les femmes participent pleinement et véritablement à toutes les étapes du processus de paix et demande instamment qu’elles soient associées à l’élaboration et à la mise en œuvre de stratégies d’après-conflit aux fins d’une paix durable; et souligne en outre qu’il importe que les jeunes y participent pleinement et véritablement;

8.    Se félicite de tous les efforts visant à donner suite aux demandes d’exhumation présentées par le Comité des personnes disparues à Chypre, ainsi que de l’appel à informations lancé conjointement par les deux dirigeants le 28 mai 2015, et demande à toutes les parties d’octroyer au Comité un accès plus rapide et sans entrave à toutes les zones, étant donné que celui-ci doit intensifier ses travaux;

9.    Exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 juillet 2018;

10.   Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur l’examen stratégique de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (S/2017/1008), et souscrit à la mise en œuvre de ses recommandations dans la limite des ressources disponibles;

11.   Souscrit à l’idée qu’il faut améliorer la capacité de liaison et de dialogue de la mission avec les parties à tous niveaux, notamment les contacts personnels, pour maintenir la stabilité et le calme et ainsi contribuer efficacement à l’instauration de conditions propices aux progrès d’un processus de règlement;

12.   Demande aux deux parties de continuer à tenir d’urgence, dans le respect du mandat de la Force, des consultations avec celle-ci sur la démarcation de la zone tampon et sur l’aide-mémoire de l’Organisation des Nations Unies de 1989, en vue de parvenir rapidement à un accord sur les questions en suspens;

13.   Demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000;

14.   Demande aux deux parties de permettre aux démineurs d’accéder à la zone tampon et de faciliter l’élimination des mines qui s’y trouvent encore, et exhorte les deux parties à étendre les opérations de déminage au-delà de la zone tampon;

15.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès accomplis sur la voie d’un règlement le 15 juin au plus tard et de l’application de la présente résolution le 10 juillet 2018 au plus tard, et de le tenir au courant de la situation en tant que de besoin;

16.   Se félicite des efforts que déploie la Force pour donner effet à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et pour veiller à ce que son personnel respecte strictement le code de conduite de l’Organisation des Nations Unies, prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes mesures nécessaires à cette fin et de l’en tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents d’adopter des mesures de prévention appropriées, notamment d’organiser des séances de sensibilisation préalables au déploiement, et de prendre des mesures disciplinaires et autres pour amener les membres de leurs contingents qui se seraient rendus coupables de tels actes à en répondre pleinement;

17.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social entame ses travaux préoccupée par le creusement des inégalités dans le monde

Cinquante-sixième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
SOC/4856

La Commission du développement social entame ses travaux préoccupée par le creusement des inégalités dans le monde

La Commission du développement social, organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa cinquante-sixième session consacrée aux « stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous », dans un contexte marqué par un net creusement des inégalités dans le monde.  De nombreux ministres étaient là pour témoigner à la fois des progrès et des obstacles dans la mise en œuvre des engagements pris en 1995 lors du Sommet mondial pour le développement social.

Alors que la Commission doit adopter à l’issue de ses travaux, le 7 février, une résolution orientée vers l’action, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardova, a formulé l’espoir que les recommandations politiques qui émaneront de ses débats permettront de faire de cette génération « celle qui éradiquera la pauvreté et qui assurera le développement durable ».

Le Président de la Commission élu en début de séance, l’Islandais Nikulás Hannigan, a expliqué que la Commission avait pour mandat de promouvoir le développement social à tous les niveaux et de faciliter un dialogue constant sur les questions émergentes qui pourront contribuer à tenir les promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

S’appuyant sur un rapport d’Oxfam, M. Hannigan, s’est, pour l’heure, inquiété de voir que 1% de personnes les plus fortunées détenaient 82% des richesses générées dans le monde en 2017, tandis que les 50% de la population la plus défavorisée, soit 3,7 milliards de personnes, n’ont vu aucune augmentation de leur « richesse ».

Un constat repris par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhemin, qui a noté que si 1,1 milliard de personnes ont échappé à l’extrême pauvreté depuis 1990, un grand nombre vit toujours juste au-dessus de la ligne de pauvreté absolue et risque à tout instant de retomber en dessous.  La Vice-Secrétaire générale, Mme Amina J. Mohammed, a souligné quant à elle que les crises liées à la santé et à divers chocs ont provoqué des reculs à plusieurs niveaux.

La prévalence de la pauvreté chez les femmes et les personnes âgées a été la source de nombreuses préoccupations, de même que la situation souvent précaire des jeunes qui souffrent tout particulièrement du chômage.  M. Zhemin a précisé que cela touche 71 millions d’entre eux, tandis que 160 millions de jeunes vivent dans la pauvreté bien qu’ils aient un emploi.  Il faut notamment « encourager le milieu des affaires à aider les jeunes à réaliser leurs aspirations », a préconisé Mme Mohammed comme élément de solution.

Le représentant de la jeunesse, M. Luis Alvarado Martinez, a plaidé pour que, de manière générale, les stratégies d’élimination de la pauvreté prennent en compte les besoins des jeunes, avertissant que ces derniers sont les plus touchés par les mesures d’austérité et par les coupures dans les programmes sociaux, ainsi que l’objet de nombreuses discriminations, quel que soit le niveau de revenu des pays.  « On ne peut espérer parvenir au développement durable sans tenir compte des besoins des jeunes », a-t-il affirmé.

Face à des inégalités aussi flagrantes, M. Hannigan a appelé à créer des emplois décents à un rythme suffisant, augmenter les investissements dans une éducation et une santé de qualité, ainsi que dans l’agriculture, les infrastructures et les systèmes de protection sociale.

La Vice-Secrétaire générale a appelé avec force à la mise en œuvre de programmes de protection sociale, déplorant le fait que quatre milliards de personnes n’en bénéficient pas.  M. Zhenmin a lui aussi fait valoir le rôle essentiel des programmes sociaux et des filets de protection sociale, en tant que partisan d’un véritable investissement dans la personne. 

« La protection sociale n’est pas une question partisane.  Elle n’appartient ni au nord, ni au sud, ni à la droite, ni à la gauche », a considéré pour sa part le Président du Comité des organisations non gouvernementales pour le développement social, M. Daniel Perell, qui a appelé à parvenir à un consensus sur la question de la dignité humaine.  Évoquant le « sentiment de responsabilité des uns envers les autres », il a fait valoir que « le bien-être de l’individu contribue au bien-être de l’ensemble ».  Ce qui lui a fait dire que la protection sociale doit être le fil conducteur pour l’édification de sociétés plus solides.

La table ronde de l’après-midi, consacrée au thème prioritaire, avait comme intervenant principal le Directeur de l’Académie diplomatique chilienne, M. Juan Somavia, qui a parmi ses anciens titres ceux de Président de l’ECOSOC et de Directeur général de l’Organisation internationale du Travail.  Il s’est fait l’avocat de l’« approche multidimensionnelle » aux Nations Unies pour réaliser le Programme 2030 et a prédit un « avenir extrêmement important » à la Commission du développement social puisqu’elle traite de l’aspect social du développement durable.  Prônant une participation proactive des délégués, il les a invités à prendre des initiatives sans attendre les instructions détaillées de leurs capitales.

Outre l’élection de son président pour la session, la Commission a élu M. Lot Dzonzi, du Malawi, et Mme Mihaela Mecea, de la Roumanie, aux postes de vice-président, cette dernière devant aussi exercer les fonctions de rapporteur.

La Commission du développement social poursuivra son débat général demain, mardi 30 janvier, à partir de 10 heures, avant de tenir une autre table ronde dans l’après-midi sur « l’innovation et l’interconnectivité en faveur du développement social ».

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Thème prioritaire: stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous

Déclarations

M. NIKULÁS HANNIGAN, Président de la Commission du développement social, a souligné la capacité unique de la Commission à faire des contributions majeures au volet social du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a rappelé que ce programme, de même que le Sommet mondial pour le développement social de 1995, vise à trouver des solutions durables pour éliminer le fléau de la pauvreté extrême, créer le plein emploi et susciter des perspectives de travail décent pour tous, ainsi que bâtir des sociétés plus inclusives.  Outre la promotion du développement social à tous les niveaux, a-t-il ajouté, la Commission doit promouvoir un dialogue constant sur les questions nouvelles et émergentes qui pourront avoir une influence sur l’engagement de ne laisser personne de côté, qui découle du Programme 2030.

Parmi les nombreux défis à relever, le Président a notamment pointé l’exacerbation des inégalités entre et au sein des nations.  Il a cité un rapport d’Oxfam qui indique que le 1% des personnes les plus riches de la planète détiennent 82% des richesses générées en 2017, tandis que les 50% de la population la plus défavorisée, soit 3,7 milliards de personnes, n’ont vu aucune augmentation de leur « richesse ».  Face à des inégalités aussi flagrantes, M. Hannigan a appelé à créer des emplois décents à un rythme suffisant pour absorber la force croissante du travail, augmenter les investissements dans une éducation et une santé de qualité, ainsi que dans l’agriculture, les infrastructures et les systèmes de protection sociale.

Pour la mise en œuvre des objectifs poursuivis, M. Hannigan a recommandé de mobiliser des ressources domestiques suffisantes, en recourant à des investissements dans le secteur privé, et à s’appuyer sur l’aide publique au développement (APD).  Dans un monde de plus en plus interconnecté, a-t-il poursuivi, nous devons aussi veiller à ce que les dividendes de la mondialisation soient partagés par tous et répondre de surcroît à la menace continue que représentent les changements climatiques.

Le Président a indiqué qu’à l’issue de ses travaux, la Commission est censée adopter une résolution orientée vers l’action.  Il a appelé les délégations à veiller à ce que ce texte accorde une place importante aux politiques et stratégies sociales qui se sont démontrées efficaces pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes.

Mme MARIE CHATARDOVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé la place centrale de l’ECOSOC dans le système de Nations Unies pour mener à bien le développement durable, ajoutant que les travaux de la Commission du développement social étaient, eux, au cœur de la volonté et des efforts pour créer un avenir plus prospère, plus équitable et plus durable.  Le thème prioritaire de la Commission,« stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous », est au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a souligné Mme Chatardova, dans la mesure où l’éradication de la pauvreté est son objectif numéro 1.

La Présidente de l’ECOSOC a ainsi espéré que le travail de la Commission alimentera les travaux du Forum de haut niveau pour le développement durable en 2018 et permettra de renforcer les piliers -social, économique et environnemental -du développement durable.  Pour Mme Chatardova, les discussions sur les politiques et stratégies en matière d’éradication de la pauvreté sont indispensables.  Les recommandations politiques qui émaneront des débats de la Commission permettront, à son avis, de faire de cette génération celle qui éradiquera la pauvreté et qui assurera le développement durable.

Rappelant que débute parallèlement, demain, le Forum de la jeunesse, Mme Chatardova a souhaité que les deux enceintes produisent des synergies.  Elle a d’ailleurs annoncé son intention d’informer la Commission du développement social du message qu’elle entend adresser au Forum de la jeunesse.  La Présidente a enfin jugé essentiel que les différentes commissions opérationnelles de l’ECOSOC redoublent d’efforts pour exercer leurs mandats.  En conclusion, elle a assuré la Commission du développement social du soutien et de la disponibilité tant de l’ECOSOC que du Département des affaires économiques et sociales « et ses 70 ans d’expérience ». 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déploré que la pauvreté continue de peser de tout son poids sur les habitants de la planète.  Elle a indiqué que si plus d’un milliard de personnes a échappé à la pauvreté par rapport à 1990 et vit désormais avec plus d’un dollar par jour, les crises liées à la santé et à divers chocs ont néanmoins provoqué des reculs à plusieurs niveaux. Elle s’est également inquiétée de la prévalence de la pauvreté chez les femmes, ainsi que de l’important taux de chômage parmi les jeunes, pour ensuite appeler les États à veiller à la pleine participation sociale des personnes vivant dans la pauvreté.  Elle a en outre cité l’impact des changements climatiques et de la migration sur le bien-être des personnes.

La Vice-Secrétaire générale a poursuivi son intervention en appelant à mettre en œuvre des programmes de protection sociale, mesures fondamentales, selon elle, pour promouvoir un travail décent dans le monde.  Quatre milliards de personnes sont dépourvues de toute mesure de protection sociale, a-t-elle dénoncé.  Elle a aussi appelé à garantir le développement durable, mettant l’accent sur l’importance des partenariats.  Il faut notamment encourager le milieu des affaires à aider les jeunes à réaliser leurs aspirations, a-t-elle préconisé.  Enfin, Mme Mohammed a conseillé d’utiliser les instruments les plus à même de combattre la pauvreté, encourageant les délégations à faire preuve de créativité.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que la thématique principale des travaux de la Commission du développement social était essentielle pour aider les États Membres à mettre en œuvre les résultats du Sommet mondial pour le développement social de 1995 ainsi que la dimension sociale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce dernier reconnaît l’aspect pluridimensionnel de la pauvreté, a fait remarquer le Secrétaire général adjoint.  M. Zhenmin a rappelé que l’économie mondiale connaissait une plus forte croissance. Pourtant, a-t-il aussitôt ajouté, cette croissance ne suffit pas et si 1,1 milliard de personnes ont échappé à l’extrême pauvreté depuis 1990, un grand nombre vit toujours juste au-dessus de la ligne de pauvreté absolue et risque à tout instant de retomber en dessous.  Il a aussi rappelé que le monde comptait toujours 201 millions de personnes sans emploi, dont 71 millions de jeunes, alors que 160 millions de jeunes vivent dans la pauvreté bien qu’ils aient un emploi.

La Commission du développement social a joué depuis 1995 un rôle de plateforme essentiel pour le partage des bonnes pratiques et des politiques sociales visant à éradiquer la pauvreté, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, qui a jugé fondamental de mettre au point un cadre exhaustif de politique économique et sociale.  Il a rappelé la synergie qui existe entre création d’emplois décents, meilleure redistribution et croissance.  Il faut donc créer des emplois productifs et décents pour tous et améliorer la productivité en favorisant la transition du secteur informel au secteur formel, a poursuivi M. Zhenmin.  Il faut investir dans les personnes, notamment dans les infrastructures sociales et les ressources humaines, a-t-il insisté, en mettant également l’accent sur le rôle essentiel des programmes sociaux et des filets de protection sociale, lesquels doivent encore être étoffés.  Le Secrétaire général adjoint a également mis l’accent sur le renforcement de la résilience des personnes vivant dans la pauvreté, dans des situations vulnérables et dans les pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques.

M. DANIEL PERELL, Président du Comité des ONG pour le développement social, a dénoncé la persistance des inégalités dans le monde.  Il a proposé que le Comité devienne le « foyer » des efforts pour la réalisation de l’objectif 10 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui vise à « réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre ».  M. Perell a appelé à adopter des stratégies cohérentes pour assurer une prospérité commune, engageant par ailleurs à parvenir à un consensus sur la question de la dignité humaine.  Des liens doivent être établis entre la dignité et la protection sociale, a-t-il indiqué, soulignant par ailleurs que la protection sociale doit être le fil conducteur pour l’édification de sociétés plus solides.

M. Perell a fait observer que la protection sociale, l’éthique de la réciprocité et le sentiment de responsabilité des uns envers les autres sont des éléments du contrat social, étant donné que le bien-être de l’individu contribue au bien-être de l’ensemble.  Dénonçant les temps incertains actuels, il a souligné que la protection sociale n’est pas une question partisane.  « Elle n’appartient ni au nord, ni au sud, ni à la droite, ni à la gauche.  Sa mise en œuvre dépend du consensus dont elle doit être l’objet », a-t-il souligné.

M. LUIS ALVARADO MARTINEZ, Représentant de la jeunesse, a déclaré qu’on ne pouvait espérer parvenir au développement durable sans tenir compte des besoins des jeunes.  Rappelant qu’en 2003, près de 500 millions de jeunes âgés de 18 ans à 24 ans vivaient avec moins de 2 dollars par jour, il a insisté sur la nécessité de se baser sur des données pour adopter des politiques adaptées aux jeunes.  Les jeunes sont les plus touchés par les mesures d’austérité et par les coupures dans les programmes sociaux, a fait remarquer le représentant, qui a donc plaidé pour que les stratégies d’élimination de la pauvreté prennent en compte les jeunes et leurs besoins.

Faire face à la pauvreté au sein de la jeunesse nécessite une perspective globale, a poursuivi M. Martinez.  S’il a reconnu qu’on s’inquiétait davantage, depuis quelques années, de l’accès des jeunes au marché de l’emploi, il a estimé que les politiques actuelles étaient loin de suffire aux besoins de jeunes dans ce domaine.  Il a plaidé pour des emplois de qualité, une rémunération décente et un accès à la protection sociale.  Il a aussi dénoncé les discriminations dont sont victimes les jeunes, y compris dans les pays développés.  Autre problème qu’il a soulevé, la sous-représentation systématique des jeunes dans les organes décisionnels: il faut que soient mis en place des systèmes assurant leur pleine participation à tous les niveaux, a souhaité le délégué de la jeunesse.

Mme DANIELA BAS, Directrice de la  Division des politiques de développement social, a présenté les rapports dont la Commission du développement social est saisie, dont celui sur les stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous (E/CN.5/2018/3), qui rend compte des progrès accomplis jusqu’ici dans l’élimination de la pauvreté ainsi que des différentes stratégies mises en place par les États Membres, et qui comprend des recommandations visant ce processus.  Dans ses recommandations, le rapport demande que soient mises en œuvre des politiques sociales et économiques inclusives qui favorisent une transformation structurelle en faveur de l’emploi productif dans les secteurs secondaire et tertiaire, qui accroissent la capacité productive de ceux qui exercent encore des emplois informels, qui remédient aux inégalités, monétaires et non monétaires, y compris les disparités entre les zones urbaines et rurales, et qui favorisent l’inclusion sociale et financière.  Les pays devraient en outre, souligne le rapport, élaborer des politiques actives du marché du travail qui permettent aux personnes vivant dans la pauvreté, aux femmes, aux jeunes et aux autres groupes sociaux défavorisés d’accéder à des emplois décents et aux travailleurs de récupérer une part équitable des gains issus de l’augmentation de la productivité découlant de la transformation structurelle et du commerce.

Autre rapport du Secrétaire général à l’ordre du jour de la Commission, celui sur les volets sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (E/CN.5/2018/2), qui recommande aux pays africains de promouvoir activement une transformation structurelle inclusive, grâce à l’industrialisation et à l’augmentation de la productivité agricole et à la montée en puissance des programmes de protection sociale, y compris les socles de protection sociale.  Ces pays sont également encouragés à investir dans une éducation et des soins de santé de qualité, ainsi que dans des infrastructures modernes, et à intensifier la mobilisation des ressources intérieures, notamment en luttant contre les flux financiers illicites, a précisé Mme Bas.

La Directrice a ensuite fait mention du rapport du Secrétaire général sur le troisième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement.  Ce rapport recommande d’inviter les États Membres et les commissions régionales à renforcer la poursuite de l’application du Plan d’action et à l’utiliser comme moyen d’inclure les personnes âgées dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les États Membres sont également invités à tenir compte des réussites et bonnes pratiques, des déficiences et des priorités futures qu’ils ont recensées dans le cadre de leurs examens et évaluations à l’échelle nationale et régionale, afin de faire avancer la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid.  Il est en outre demandé aux commissions régionales de continuer à faciliter la poursuite de l’application du Plan d’action, sur la base des priorités recensées à l’issue de l’examen et de l’évaluation qu’elles ont respectivement menés à l’échelle régionale, a précisé Mme Bas.

Le rapport sur la réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et mécanismes mis en œuvre pour y donner suite (A/73/61–E/2018/4) met l’accent sur les initiatives prises récemment par les États Membres, les entités des Nations Unies et la société civile en vue d’atteindre les objectifs de l’Année internationale de la famille et de mettre en place les mécanismes requis pour y donner suite.  Les États Membres, a relevé la Directrice, y sont notamment invités à continuer de tenir compte du fait que les politiques et les programmes axés sur la famille sont indispensables à l’exécution du Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin notamment d’éliminer la pauvreté et la faim, de promouvoir le bien-être de tous à tout âge, d’assurer des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie et de parvenir à l’égalité des sexes.

Enfin, dans le rapport sur les questions nouvelles: « pour des sociétés durables et résilientes : l’innovation et l’interconnectivité au service du développement social » (E/CN.5/2018/5), le Secrétaire général recommande de soutenir les innovations locales en travaillant avec les couches les plus pauvres et les plus défavorisées de la population et en se concentrant sur leurs droits et sur le respect de la dignité humaine.  Dans ce contexte, le Secrétaire général recommande à la Commission du développement social de réfléchir aux moyens pour la communauté internationale de veiller à ce que chacun, en particulier les groupes et les communautés vulnérables, puisse bénéficier des avantages de l’innovation, de la technologie et de l’interconnectivité.  « Comment les États Membres et la communauté internationale peuvent-ils gérer les effets perturbateurs de l’innovation technologique sur le monde du travail et l’économie, notamment les incidences négatives potentielles sur l’emploi et la sécurité de l’emploi? » s’interroge en outre le Secrétaire général dans son rapport.

Débat général

Mme GHADA WALY, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a voulu aborder l’élimination de la pauvreté comme un phénomène multidimensionnel, car c’est le défi le plus important à relever et, de surcroît, il est essentiel pour la réalisation du développement durable, notamment en Afrique et dans les pays les moins avancés (PMA).  Elle a dénoncé les inégalités notables qui persistent dans le monde, la prévalence de la pauvreté parmi les femmes, les enfants et les personnes âgées et l’augmentation de la faim dans le monde.

La Ministre s’est déclarée profondément préoccupée par l’inégalité des progrès réalisés pour mettre en œuvre les engagements pris lors du Sommet mondial pour le développement social, ainsi que par le manque de progrès en général dans le domaine du développement social, pointant notamment les conflits, un ralentissement de la croissance économique mondiale, le taux de chômage élevé chez les jeunes, les urgences humanitaires, la corruption ou encore les changements climatiques.

Elle a mis l’accent sur l’importance du plein emploi, insistant notamment sur l’importance du droit du travail et notamment le principe d’égalité de salaire pour travail égal.  Elle a aussi appelé à renforcer les politiques sociales en accordant une attention particulière aux personnes désavantagées, notamment les jeunes, les personnes handicapées, celles qui vivent avec le VIH/sida, ainsi que les membres de communautés autochtones, les migrants, les réfugiés et les déplacés.  Mme Waly a aussi insisté sur les contributions des personnes âgées au développement de leur société et a appelé les États à répondre aux défaillances identifiées lors du troisième examen du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.

Poursuivant, la Ministre égyptienne a souligné que les progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du NEPAD dépendaient de l’existence d’un environnement national et international favorable à la croissance et au développement de l’Afrique.  Elle a insisté sur l’« importance cruciale » de la coopération internationale, notamment Nord-Sud et Sud-Sud, pour compléter la coopération triangulaire et promouvoir le Programme d’action du Sommet de Copenhague.  Enfin, elle a souhaité que les avancées technologiques soient mises au service de la création de sociétés inclusives et résilientes.

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie), au nom de l’Union européenne, a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offrait à l’Union européenne et ses États membres une occasion historique de jouer un rôle essentiel en faveur du développement durable, aussi bien en Europe qu’au-delà des frontières de celle-ci.  Ce travail est déjà en cours dans deux domaines principaux, a-t-il expliqué.  Le premier concerne l’intégration des objectifs de développement durable dans le cadre de la politique européenne.  L’Union européenne a toujours eu au cœur un projet social, a expliqué le représentant, qui a rappelé que le Traité européen exige de l’Union qu’elle travaille en faveur du développement durable sur la base d’une croissance économique équilibrée et d’une économie sociale de marché marquée par le plein emploi et le progrès social.  À cet égard, M. Panayotov a rappelé que l’économie européenne en est à sa sixième annone consécutive de croissance, laquelle touche désormais tous ses membres et s’accompagne d’une amélioration du marché du travail et de la situation sociale dans les États membres.

Le représentant a rappelé que le pilier européen des droits sociaux était appelé à jouer un rôle important.  Ce dernier compte, a-t-il rappelé, 20 principes et droits –du droit à un salaire décent à au droit à la santé ou encore à un meilleur équilibre entre travail et vie privée-, et vise à ne laisser personne sur le bord du chemin.  M. Panayotov a détaillé notamment les mesures en faveur des jeunes, des femmes et des personnes handicapées.  Tous ces efforts, a-t-il résumé, font partie d’une stratégie proactive destinée à bâtir une société à l’épreuve de l’avenir, dont les membres seront formés pour être compétitifs dans des marchés ouverts et évolutifs.  Il a notamment rappelé le problème que pose la formation des adultes et surtout des moins qualifiés d’entre eux, tandis que pour les jeunes, il existe la Stratégie de l’Europe pour la jeunesse qui vise à inclure systématiquement ces derniers dans les processus de décision européens, sans compter le programme Erasmus +, destiné à favoriser la mobilité et la meilleure connaissance de l’autre.

Le second domaine concerne la contribution de l’Union européenne et de ses États membres à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à l’extérieur, a expliqué le représentant.  Il a rappelé à cet égard l’adoption du nouveau Consensus européen sur le développement, centrée autour des « cinq P » (peuple, planète, prospérité, paix et partenariat), par lequel l’Union européenne entend contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable de manière intégrée avec ses partenaires, y compris en établissant de nouvelles formes de relations.  Le représentant a notamment affirmé que l’Union européenne allait renforcer ses partenariats avec les pays à revenu intermédiaire.

Mme PHUONG NGA NGUYEN (Viet Nam), qui s’exprimait au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné les grandes avancées accomplies par l’ASEAN dans la réduction de la pauvreté, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans cette région étant passé de 138 millions en 2000 à 44 millions en 2015.  Si cette tendance se poursuit, ce nombre devrait passer à 25 millions en 2030, a-t-elle affirmé.  Soulignant l’importance de l’innovation et de la technologie, la déléguée a mentionné l’adoption, en 2017, de la Déclaration sur l’innovation qui vise à renforcer les liens entre le Gouvernement, le milieu universitaire, l’industrie et la société en vue d’optimiser les apports des nouvelles technologies.

Le Programme d’action de l’ASEAN sur l’autonomisation des femmes, adopté également en 2017, vise notamment à instaurer un environnement favorable pour les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes et à augmenter la représentation des femmes au sein des postes de responsabilité, a poursuivi la déléguée.  Elle a également détaillé le plan de travail 2016-2020 sur la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants, qui vise notamment à éliminer le mariage des enfants, à sensibiliser le public sur les conséquences dues aux changements climatiques sur les femmes et les enfants, et à lutter contre le harcèlement en milieu scolaire.  La représentante a insisté sur les efforts de l’ONU et de l’ASEAN en vue d’harmoniser les objectifs de la Communauté de l'ASEAN à l’horizon 2025 avec ceux du Programme de développement à l’horizon 2030, en particulier dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, des infrastructures et de la gestion durable des ressources naturelles.  Avant de conclure, la déléguée a assuré que l’éradication de la pauvreté figurait tout en haut de l’ordre du jour de l’ASEAN.

Mme MELE COLIFA (Guinée équatoriale), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dite préoccupée par le fait que, si 1,1 milliard de personnes sont sorties de la pauvreté depuis 1990, 390 millions vivent toujours dans l’extrême pauvreté au sud du Sahara.  Elle a rappelé que la pauvreté extrême était beaucoup plus forte dans les PMA et a rappelé la détérioration de la sécurité alimentaire dans de nombreux pays touchés par des conflits ou les changements climatiques.  Les guerres et troubles civils continuent de déchirer de nombreuses économies africaines et à contribuer à l’extrême pauvreté sur le continent, a également rappelé la représentante.

Soulignant les mesures prises par l’Union africaine pour faire taire les armes sur le continent et présentant par ailleurs comme « inspirant » l’Agenda 2063 adopté par l’Union africaine, la représentante a rappelé qu’il fallait aborder les inégalités dans toutes leurs dimensions.  Or, ces inégalités ont augmenté entre pays et à l’intérieur des pays, a-t-elle fait observer, avant de rappeler combien il est difficile de rompre la transmission de la pauvreté d’une génération à l’autre.  Les perspectives de croissance en Afrique restent fragiles et beaucoup de jeunes restent sans emploi, sans perspective et sans protection sociale, d’où le recours à la migration, régulière ou pas, au sein de l’Afrique ou vers l’extérieur, s’est désolée la représentante.

La représentante a cependant indiqué que la fréquentation des écoles augmente en Afrique, tout en insistant sur la nécessaire amélioration de la qualité de l’enseignement, ainsi que de la formation professionnelle, et appelant à l’assistance internationale dans ces deux domaines, afin de « permettre à l’Afrique de profiter du potentiel de ses jeunes ».  La représentante a également mis en avant la protection et la promotion des droits économiques des migrants indépendamment de leur statut migratoire et l’importance d’une amélioration de la santé de la population.

Enfin, la déléguée a rappelé que l’Afrique est convaincue que l’industrialisation reste la voie la plus viable pour assurer son développement. Dénonçant l’absence de débouchés pour ses produits, elle a rappelé l’attachement du continent aux efforts de développement social et son attachement au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), demandant donc aux partenaires de l’Afrique de redoubler d’efforts pour en assurer la mise en œuvre.

S’exprimant au nom du Groupe des amis des personnes âgées, Mme ANA HELENA CHACON ECHEVERRIA, Vice-Présidente du Costa Rica, a expliqué que la hausse du nombre de personnes âgées représente un des changements les plus significatifs sur le plan démographique dans le monde, avec des estimations laissant entrevoir 1,4 milliard de personnes âgées d’ici à 2030, faisant d’elles le premier groupe de la population au niveau mondial.  Dès lors, a-t-elle dit, il faut prendre conscience des défis qui se posent à elles, y compris dans le domaine de l’inclusion et de l’intégration sociales.  Or, il est indéniable que les personnes âgées peuvent faire des contributions significatives au développement social, économique et durable de leurs sociétés, a assuré la Vice-Présidente, pour qui il est impératif d’autonomiser ce segment de la population afin de faire d’eux aussi des agents du changement.

Dans cette perspective, Mme Chacon Echeverra a souhaité que les politiques de développement social tiennent complètement compte des besoins et des préoccupations des personnes âgées, et qu’elles prévoient des cadres juridiques adéquats.  À cet égard, elle s’est dite alarmée de constater que les principaux obstacles à la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid demeurent les mêmes que ceux identifiés lors du précédent examen, en 2012: un manque de ressources financières, de volonté de politique, et de données disponibles.  La Vice-Présidente du Costa Rica a donc appelé à la mise en œuvre des dispositions de ce plan d’action, qui représente pour les personnes âgées une passerelle vers le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Intervenant ensuite en sa capacité nationale, la Vice-Présidente du Costa Rica a appelé à accélérer le rythme et à mieux faire sur la voie de l’éradication de la pauvreté, insistant sur l’importance de veiller à la dignité humaine de la personne. « Sommes-nous vraiment en train d’avancer vers l’épanouissement de l’être humain? », a-t-elle lancé.  Elle a déploré que plus de sept milliards de personnes dans le monde n’aient pas pu profiter de la mondialisation et a appelé à mettre en œuvre des stratégies pour assurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Costa Rica, a-t-elle donné en exemple, a mis sur pied un plan de lutte contre la pauvreté en fixant des objectifs pluridimensionnels.  Une stratégie de réduction du fossé numérique a aussi été lancée, ainsi que d’autres initiatives à l’intention des groupes autochtones, a indiqué Mme Chacon Echeverria pour donner une idée de quelques mesures prises.  « Ma patrie est aujourd’hui une terre beaucoup plus juste et digne », s’est-elle enorgueillie.  Elle a affirmé que le Costa Rica est le pays à revenu intermédiaire qui investit le plus dans sa population.  Investir dans la personne avec urgence et sans mesquinerie politique est, selon elle, la meilleure chose à faire pour le monde.  Elle a souhaité l’avènement d’un monde où l’être humain, et non pas les luttes de pouvoir, pourrait dominer.

M. JORGE MELÉNDEZ CELIS, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a rappelé ses origines rurales en Amazonie pour souligner son « parcours très atypique » dans un pays qui compte encore six millions de pauvres et bien davantage de personnes en situation de vulnérabilité.  Il a néanmoins mis en avant les progrès réalisés par son pays depuis 15 ans, grâce aux effets combinés de la politique de croissance économique et de mesures sociales efficaces qui ont notamment permis de faire chuter la pauvreté de 54,8% en 2004 à 20,7% en 2016.  M. Meléndez Celis n’en a pas moins présenté le Pérou comme un pays marqué par de vastes inégalités territoriales, sociales et de genre, dans laquelle la richesse reste concentrée dans une partie de la population et où les communautés autochtones restent trop souvent à l’écart du développement social.  Ainsi, a-t-il indiqué, le taux de pauvreté dépasse 40% dans 1 028 des 1 874 districts du pays.  Il a également rappelé la vulnérabilité du Pérou aux changements climatiques.

Le programme social péruvien est pleinement conforme au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le pays s’est fixé des objectifs très ambitieux, comme l’élimination totale de la pauvreté extrême –qui touche encore 1,2 million de personnes- et l’abaissement du niveau de pauvreté à 15%, a précisé le Ministre.  Le Pérou cherche aussi à améliorer le développement infantile précoce, assurer à chacun l’accès à un ensemble de services sociaux de base et à améliorer le développement des communautés autochtones de l’Amazonie.  Il a cité à cet égard les mesures prises pour désenclaver ces derniers, grâce à l’utilisation de plateformes administratives itinérantes.  Le Gouvernement, a poursuivi le Ministre, cherche à concevoir une stratégie de protection sociale réactive pour éviter que des populations ne rechutent dans la pauvreté en cas de catastrophe.  M. Meléndez Celis a toutefois reconnu que l’État ne pourrait seul relever l’ensemble des défis auxquels le pays est confronté, plaidant dès lors pour l’appui du secteur privé et celui de la communauté internationale.

M. HECTOR CARDENAS, Ministre de l’action sociale du Paraguay, a indiqué que l’indice de pauvreté de son pays était passé de 7,38% à 5,73% entre 2012 et 2016. Il a aussi fait état d’une augmentation des investissements sociaux, grâce au programme national Tekopora, citant notamment les programmes de transferts monétaires qui ont connu plus de 80% d’augmentation ces dernières années.  En outre, 95% des personnes âgées souffrant de pauvreté ont accès à des programmes d’alimentation.  Il a aussi parlé d’initiatives lancées pour assurer l’autosubsistance des ménages pauvres et construire des logements abordables, entre autres.  Pour le Ministre, outre la poursuite des progrès en matière de lutte contre la pauvreté, le défi principal est de veiller à ce que les personnes extirpées de la pauvreté n’y sombrent pas à nouveau.  Aussi le Paraguay a-t-il mis sur pied des programmes complémentaires à la réduction de la pauvreté, notamment des initiatives d’inclusion financière.  Le Ministre a notamment cité un programme qui permet aux membres des communautés autochtones fluviales d’obtenir des fonds grâce à leur téléphone mobile.  Une micro-assurance sociale en cas de décès a aussi été établie, a-t-il ajouté.

M. JOSÉ ANTÓNIO VIERRA DA SILVA, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a déclaré que l’éradication de la pauvreté devait être la priorité de toute économie aspirant à être compétitive, avant d’insister sur la nécessité de remédier à la pauvreté des enfants.  L’éradication de la pauvreté demande, sur le moyen et le long terme, des mesures stratégiques, intégrées et cohérentes couvrant tous les groupes de la population et prenant en compte les aspects territoriaux, a-t-il affirmé.  Le Ministre a appelé à trois actions spécifiques, la première en vue de mettre en place un système éducatif robuste pour remédier à l’échec et l’abandon scolaires et concrétiser le droit à l’éducation.  En second lieu, il a plaidé pour un marché du travail plus inclusif, jugeant essentiel de réduire la portion de travailleurs à revenu faible et de favoriser un retour à l’emploi des personnes au chômage.  En troisième lieu, il a demandé des systèmes de protection sociale plus efficaces, au bénéfice notamment des familles avec de jeunes enfants, des personnes âgées et des groupes vulnérables.

« Il est essentiel d’assurer une répartition plus équilibrée des revenus, grâce aux impôts et à des transferts sociaux », a poursuivi le Ministre, avant de détailler la politique de son pays de réduction de la pauvreté, en particulier le revenu d’insertion sociale qui est un apport financier au bénéfice des familles et des individus vivant dans une extrême pauvreté.  Il a également évoqué l’augmentation du salaire minimum comme instrument de réduction des inégalités.  Enfin, le Ministre a déclaré que les programmes des Nations Unies étaient des instruments vitaux pour le développement et le suivi des politiques mises en place par les pays, avant d’apporter d’emblée le soutien de son pays aux résolutions qui seront adoptées par la Commission à l’issue de la session.

Mme GHADA WALY, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a expliqué que son pays avait mis en place à partir de 2014 un programme social prioritaire qui inclut des réformes politiques et institutionnelles, afin de mettre en place des politiques structurelles en faveur des femmes ou des jeunes.  Ce sont des politiques intégrées qui traitent de la pauvreté sous un aspect multidimensionnel, a expliqué la Ministre.  Elle a notamment insisté sur les efforts menés pour assurer la sécurité alimentaire, a cité un programme d’assistance financière aux familles conditionné à la scolarisation des enfants, et a parlé du renforcement de la politique de logements sociaux et des mesures prises pour remplacer les bidonvilles par des logements modernes.

Mme Waly a également cité des mesures destinées à augmenter la participation des femmes, y compris à la vie politique et parlementaire, et à lutter contre les violences sexistes.  L’Égypte a été l’un des premiers pays à ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a en outre rappelé la Ministre, qui a toutefois reconnu que les premières mesures dans ce domaine n’avaient été prises qu’en 2017.  Enfin, Mme Waly a mis l’accent sur la mise en place d’infrastructures susceptibles d’attirer les investissements internationaux dans le pays.  En conclusion, elle a appelé la Commission du développement social à garantir la participation à ses travaux de la société civile, du secteur privé, des femmes et de la jeunesse.

Mme OTIKO AFISAH DJABA, Ministre de l’égalité des sexes, des enfants et de la protection sociale du Ghana, a indiqué que son pays avait réalisé des progrès notables pour réduire la pauvreté, son incidence étant passée de 18,2% en 2002-2003 à 8,4% en 2013-2014.  Elle s’est toutefois inquiétée des inégalités socioéconomiques qui persistent dans son pays, précisant que 2,2 millions de personnes souffrent de la pauvreté extrême.  Le Ghana a fait de la protection sociale le principal mécanisme de son programme d’élimination de la pauvreté, celui-ci étant consacré dans plusieurs articles de la Constitution du pays, a-t-elle fait savoir.  Un plan national de protection sociale a été mis sur pied et une loi est actuellement à l’étude pour assurer la durabilité de son financement et de sa mise en œuvre.

Elle a aussi expliqué que son ministère, qui a été créé en 2015, est en train d’établir une base de données sur les ménages vulnérables ou vivants dans la pauvreté extrême afin de cibler les récipiendaires de l’aide sociale.  Un intérêt particulier est accordé aux personnes de plus de 65 ans, aux orphelins, aux personnes handicapées et aux femmes enceintes ou allaitantes, a-t-elle indiqué, avant de mentionner un guichet établi pour renforcer le système de référence des services sociaux, doté notamment d’un centre d’appel inédit qui permet aux citoyens de faire connaître leurs griefs et de partager des informations par des SMS ou des emails.

Poursuivant, la Ministre a fait savoir que le Livelihood Empowerment Against Poverty, un programme de transfert de fonds qui avait commencé en 2008 avec 1 645 ménages, touche désormais plus de 213 000 ménages, l’objectif étant d’en atteindre 450 000 en 2018.  Le programme de cantine scolaire a été augmenté de 30%, a-t-elle ajouté, une initiative qui permet également de créer des marchés et des emplois dans l’industrie agricole et hospitalière.  Elle a aussi parlé d’un programme de bourses d’études, le Education Capitation Grant, dont ont bénéficié 39 614 écoliers en 2016-2017, tandis qu’une initiative lancée par le Président ghanéen a permis à 90 000 jeunes de poursuivre leurs études au lycée au lieu de devoir y renoncer en raison de la pauvreté.  Elle a encore cité d’autres programmes qui visent à moderniser le secteur agricole et industriel pour assurer l’autosuffisance alimentaire tout en répondant au problème du chômage des jeunes dans le secteur agricole.

M. ALCIDES RENE OBREGON MUÑOZ, Ministre du développement social du Guatemala, a reconnu des lacunes structurelles dans les pays, comme la faible productivité, la ségrégation sociale ou encore la malnutrition qui affecte notamment les personnes âgées.  Pour éliminer la pauvreté, il faudra que les gouvernements fassent preuve de détermination politique et mettent en œuvre correctement des politiques socioéconomiques appropriées, a fait remarquer le Ministre, ajoutant qu’il faudrait aussi assurer la paix et lutter contre les changements climatiques.  Ce sont là des aspects à examiner en faisant le lien entre eux, et non pas séparément, a poursuivi M. Obregon Muñoz, qui a appelé une nouvelle fois à placer l’être humain au centre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Ministre a appelé à œuvrer à une croissance soutenue de l’économie et à une politique d’emploi décent.  Le Guatemala, qui dispose d’une stratégie en ce sens, a mis en place des réformes visant à une plus grande transparence de l’administration publique en vue de créer un État moderne qui assurera notamment la pleine participation des citoyens.  Le Ministre a ensuite attiré l’attention sur la dépendance dans laquelle se trouvent les personnes âgées, en ce qu’elles ne bénéficient pas d’un système de retraite et sont victimes de violences car considérées comme un fardeau quand elles ne travaillent plus.

Réunion-débat de haut niveau sur les « Stratégies d’élimination de la pauvreté visant à parvenir à un développement durable pour tous »

Conférencier principal de cette table ronde, M. JUAN SOMAVIA, Directeur de l’Académie diplomatique chilienne, ancien Conseiller spécial du Secrétaire général pour la politique de coopération interrégionale, ancien Président de l’ECOSOC et ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souhaité aborder les obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable.  Alors que l’on en est seulement au début de la mise en œuvre de ces objectifs, de grandes différences apparaissent déjà entre les pays, a-t-il constaté.  Il a décrit le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme un « tabouret à trois pieds dont l’un a quelques faiblesses ».  Il a estimé que le volet environnemental ne posait guère de problème, pas plus que le volet social, mais qu’en revanche, le socle des Nations Unies dans le domaine économique restait insuffisant et manquait de profondeur.  Quelles sont les notions économiques sous-jacentes au développement durable du point de vue des Nations Unies, s’est-il interrogé, avant d’estimer que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) pourrait apporter des réponses.

M. Somavia a également estimé qu’on pourrait compter sur les doigts de la main le nombre de pays qui abordent réellement la lutte contre la pauvreté de manière multidimensionnelle, estimant en outre que, du fait de cet aspect multidimensionnel, l’importance de la pauvreté était sans doute sous-estimée.  Pour M. Somavia, le DAES pourrait là encore, du fait de ses multiples divisions et leurs approches respectives, apporter des solutions.  Mais il a prévenu que l’approche multidimensionnelle était très compliquée du fait des approches sectorielles qui sont le lot des administrations.  Le défi est donc colossal mais c’est aussi un défi fascinant à relever, qui incombe aux Nations Unies, a-t-il estimé, car ce changement d’approche ne viendra pas à son avis des acteurs traditionnels de l’économie. 

M. Somavia a aussi mis l’accent sur l’importance des régions, très différentes les unes des autres, estimant qu’il faudra travailler davantage à leur niveau.  Il a ensuite qualifié « d’animal intriguant » le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en regrettant qu’ait été « perdu » le travail technique qu’apportait la Commission du développement durable.  Quant à la Commission du développement social, il a jugé son avenir extrêmement important car elle traite de l’aspect social du développement durable.  « Il faut passer du Sommet social au Programme 2030. »  Pour M. Somavia, la Commission a une occasion à ne pas manquer dans la mesure où la Deuxième Commission de l’Assemblée générale a souhaité que le Secrétaire général prépare un plan d’action à l’échelle du système de Nations Unies pour éradiquer la pauvreté.  Il a invité les délégués à prendre des initiatives sans attendre les instructions détaillées de leurs capitales et a mis en avant le rôle que peuvent jouer des délégués ou des commissions dont les membres prennent à cœur leurs activités.  Il a conclu en estimant que traiter de l’égalité hommes-femmes était sans doute la décision la plus importante qui puisse être prise au niveau de la Commission. 

Une représentante d’El Salvador a apporté son soutien à M. Somavia, saluant l’idée d’une approche régionale de la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a aussi estimé que la Commission du développement social devrait concentrer ses efforts sur la mise en œuvre de certains instruments juridiquement contraignants et a appelé le système des Nations Unies à se préparer à des demandes de la part des pays à revenu intermédiaire. 

Lui aussi attaché à une approche intégrée de la réalisation des objectifs de développement durable, le représentant de l’Union européenne a demandé comment la Commission pourrait contribuer à des politiques sociales et comment elle pourrait aider les efforts faits par les Nations Unies, les régions, les États et la société civile pour mettre progressivement en place des systèmes plancher de protection sociale. 

Ces questions ont montré qu’on est en train de définir les fonctions de la Commission du développement social dans le cadre du Programme 2030, comme l’a fait remarquer M. Somavia en soulignant que la Commission est en avance sur les autres commissions dépendantes de l’ECOSOC, et en préconisant la mise en place d’un fonctionnement qui dépasse les anciens secteurs traditionnels.

En réponse à une question d’un représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), il a estimé que pour certaines organisations, comme justement l’OIT, il n’était pas très difficile de s’intégrer dans le cadre des objectifs de développement durable.  Mais d’autres organisations doivent faire un effort pour cesser de vouloir apporter leur contribution sous un angle sectoriel limité, voire se comporter comme si ce secteur relevait de leur seule responsabilité, a-t-il estimé, comparant avec la Commission du développement social qui a beaucoup avancé sa réflexion sur la multidimensionalité.

Un indice de pauvreté multidimensionnelle a été pris en compte au Costa Rica, a enchaîné la Vice-Présidente du Costa Rica, Mme MARIA HELENA CHACON, en présentant les différentes stratégies adoptées par son pays pour éradiquer la pauvreté et en mentionnant le pacte passé entre toutes les composantes de la société pour réaliser les objectifs de développement durable.  Elle s’est félicitée des résultats de ces efforts, puisque la pauvreté générale a été ramenée en deux ans de 22,4% à 20%, et la pauvreté extrême de 7,2% à 5,7%.  En réponse à des représentantes d’ONG sur ce qui était déjà fait en matière de réalisation des différents objectifs de développement durable, Mme Chacon a donné des précisions sur le processus national de mise en œuvre, en expliquant que chacun pouvait suivre son avancée.  En revanche, ce qui ne va pas, c’est que tout n’avance pas au même rythme, a-t-elle expliqué, en soulignant la nécessité des données pour voir où faire porter les efforts.

En Égypte, l’accent a été mis sur l’inclusion financière, a indiqué à son tour Mme GHADA WALY, Ministre des affaires sociales de l’Égypte, après avoir présenté un diaporama des défis rencontrés ces dernières années pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable: mauvais ciblage du système de protection sociale, chômage, fort niveau de sous-alimentation, surtout dans le nord du pays, fréquence des mariages précoces.  La Ministre a expliqué que les transferts de fonds avaient pour objectif d’atteindre 100% des villages les plus pauvres et les plus reculés, en mettant au point une gigantesque base de données qui compte désormais plus de cinq millions de familles, même si toutes ne bénéficient pas de tels transferts de fonds.  La ministre a, par ailleurs, insisté sur l’importance de la sécurité, de la stabilité, de la bonne gouvernance et de la coopération internationale. 

À cet égard, le représentant de Cuba a demandé quelle place devrait être accordée à l’aide publique au développement dans la réalisation des objectifs de développement durable, faisant valoir que le caractère multidimensionnel de la pauvreté appelle une réaction elle aussi multidimensionnelle.

Les défis de la lutte contre la pauvreté ne pourront être relevés pleinement sans la coopération internationale, a, lui aussi, affirmé M. MARK KEMPERHOFF, Chef de l’Unité de coordination de l’Union européenne et des affaires internationales au Ministère fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, après avoir précisé que la stratégie nationale de développement durable de son pays était entrée en vigueur il y a un an.  L’Allemagne parle de « risque de pauvreté » lorsque le revenu d’une famille est en dessous de 60% du revenu médian, a-t-il expliqué.  Convaincu que le moyen le plus efficace de lutter contre la pauvreté est d’avoir un emploi décent, l’Allemagne a pris des mesures comme l’introduction en 2015 d’un salaire minimum, ou encore l’adoption de mesures de compensation salariale qui permettent de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, la création de crèches supplémentaires, le versement de prestations pour les enfants qui aident leurs vieux parents, etc.  Il a également cité de multiples mesures visant à renforcer l’égalité hommes-femmes.

Autre catégorie de personnes sur lesquelles doivent porter les efforts, les sans-logis.  M. MARK MCGREEVY, responsable de DePaul International, qui coordonne des activités caritatives dans plusieurs pays du monde, a mis l’accent sur ces personnes, en particulier ceux qui vivent dans les grandes villes.  Les sans-abris augmentent dans le monde pour de multiples raisons et ils concernent tous les groupes -hommes, femmes, familles, enfants, personnes handicapées personnes LGBTI- et ce, dans les pays pauvres comme dans les pays riches, a-t-il constaté.  Or, a-t-il averti, on manque de données sur ces personnes, dont le nombre est d’ailleurs inconnu, même si on l’a estimé au début du millénaire à quelque 100 millions de personnes, chiffre qui pourrait en réalité être « beaucoup plus élevé ».  M. McGreevy a estimé que pouvait réduire considérablement le nombre des sans-abris, citant en exemple des programmes suivis au Canada, en Finlande ou au Royaume-Uni, mais aussi au Chili ou au Viet Nam. 

Le représentant du Brésil a estimé que la question des sans-abris pourrait faire l’objet d’un thème de discussions à part entière lors d’une prochaine session de la Commission.  Avant cela, M. McGreevy s’est demandé si on pourrait mettre en place des indicateurs concernant spécifiquement la question des sans-abris dans le cadre de l’éradication de la pauvreté. 

À cet égard, Mme Chacon a mis l’accent sur l’importance des données, sans lesquelles les politiques sont aveugles.  Mme Waly a elle aussi insisté sur l’importance des données, moins pour les sans-abris, « qui n’existent pas en Égypte », que pour les enfants des rues, qui sont eux, très nombreux, tout en expliquant les difficultés à cartographier ces enfants des rues.  M. McGreevy a déclaré que les données existaient, mais qu’il n’était pas actuellement possible de les relier.  Les représentants de plusieurs ONG ont demandé comment on pouvait encore disserter sur la collecte de données et comment on pouvait continuer à mettre en place des politiques alors que les données restent insuffisantes pour leur servir de fondement.  Une explication donnée par Mme Waly a fait remarquer que le coût de la collecte de données la rendait difficile dans certains pays. 

Le débat est revenu sur la question de l’emploi décent avec une remarque d’une représentante du Ministère des affaires sociales de la Hongrie.  Elle a fait référence à toute une génération d’enfants qui n’avaient jamais vu leurs parents travailler, avant de mettre en avant la forte baisse des foyers sans emploi dans son pays.  Le problème de la pauvreté est souvent moins un problème d’individus, que de famille, a-t-elle fait observer.  Rien ne vaut un emploi décent pour lutter contre la pauvreté et sa transmission intergénérationnelle, a renchérit un représentant du Ministère du développement social du Mexique.

Une représentante, membre du Conseil national de la personne adulte âgée du Costa Rica, a ensuite invité à lutter contre les préjugés et à éduquer la population face aux personnes âgées atteintes de maladies comme l’Alzheimer.  La Vice-Présidente du Costa Rica a saisi cette occasion pour souligner que la grande majorité des personnes soignantes qui s’occupent des personnes âgées sont des femmes.

Parmi les autres préoccupations exprimées, le représentant de la Namibie a mis l’accent sur les difficultés à identifier les activités du secteur informel, par exemple le petit commerce itinérant, et à faire en sorte que les travailleurs de ce secteur puissent bénéficier de protection sociale. 

La représentante du Maroc s’est dite en accord avec M. Somavia sur la nécessité de faire participer les personnes pour les sortir de la pauvreté et a rappelé que c’était ce qu’avait fait le Maroc depuis 2005, au profit de plus de 10 millions d’habitants.  Dans la même veine, la représentante de l’Afrique du Sud a expliqué que son plan national de lutte contre la pauvreté avait été adopté avec la participation active de la population et a mis en avant les dispositions sociales de la Constitution sud-africaine. 

Un représentant de la société civile a d’ailleurs estimé que les droits économiques et sociaux devraient être inscrits dans la Constitution pour en assurer la pérennisation, comme c’est le cas par exemple au Kenya.  Il a aussi observé qu’en Afrique, beaucoup de gouvernements perçoivent la protection sociale comme relevant de l’œuvre caritative, ou encore comme une récompense pour les affiliés, avant de demander comment on pourrait lutter contre une telle perception.  M. Somavia a répondu qu’historiquement, les premières œuvres sociales relevaient de la charité et que ce n’est que progressivement qu’était venue -notamment dans l’Allemagne du XIXe siècle- l’idée d’une politique sociale utile à la société, approche qui s’est considérablement développée au XXe siècle avec le militantisme social. 

La table ronde s’est conclue sur une attention particulière pour les migrants.  Une représentante de la société civile a en effet estimé que le pacte international sur les migrations pourrait avoir une forte influence sur l’élimination de la pauvreté.  « Qu’est-il possible de faire pour assurer la protection sociale des migrants les plus vulnérables dans le cadre du futur pacte? »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité chargé des ONG ouvre sa session 2018 et octroie le statut consultatif spécial à 95 organisations

Session de 2018,
1re & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6878-ONG/861

Le Comité chargé des ONG ouvre sa session 2018 et octroie le statut consultatif spécial à 95 organisations

Le Comité des ONG, qui a ouvert aujourd’hui la première partie de sa session 2018, a recommandé au Conseil économique et social d’octroyer le statut consultatif spécial à 95 organisations non gouvernementales.  Le Comité a reporté sa décision sur 37 ONG, priées d’apporter des précisions à certains de ses membres.

Trois statuts peuvent être accordés aux ONG: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.  La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.

Au début de la séance, M. Jorge Dotta, de l’Uruguay, a été élu Président du Comité et Mme Ceren Hande Orgur, Turquie, Vice-Présidente.  Le Comité se réunira jusqu’au 7 février puis une nouvelle fois, le 23 février.  Il a prévu une reprise de session du 21 au 31 mai et une dernière réunion le 11 juin 2018.

La charge de travail est lourde, a prévenu le Président du Comité, en attirant l’attention sur les 321 nouvelles demandes de statut consultatif spécial, 162 demandes reportées des sessions précédentes, 412 rapports quadriennaux et 82 rapports reportés des sessions précédentes.  Le Comité aura aussi à se prononcer sur des demandes de reclassement, de fusion et de changement de nom.  

Le Directeur du Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination, M. Navid Hanif, a déclaré que les ONG ont continué de montrer un grand intérêt pour l’ONU, avec la ferme volonté de contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Après avoir joué un rôle crucial dans l’élaboration du Programme 2030, les ONG se retrouvent au front de la mobilisation et de l’action. 

Alors qu’il y a quatre ans, 440 ONG demandaient un statut consultatif et 747, l’année dernière, ce sont, cette année, 774 organisations qui ont fait la démarche, une autre occasion pour l’ECOSOC et les autres organes des Nations Unies de maintenir, au-delà des gouvernements, une forte mobilisation autour du Programme 2030.

Le Directeur du Bureau de l’appui à l’ECOSOC et de la coordination a indiqué que son bureau et le Comité des ONG ont pris des initiatives pour faciliter et accélérer le traitement des demandes de statut consultatif, ce qui exige plus de ressources humaines et d’outils techniques appropriés.  Or, cette année, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a gelé les fonds, plongeant le Comité dans l’incapacité de procéder à l’examen de tous les dossiers au cours d’une même session.  Mon bureau, a insisté M. Hanif, a besoin de ressources humaines et techniques. 

La représentante d’Israël a approuvé la requête de Cuba sur une réunion formelle consacrée aux méthodes de travail du Comité et salué, avec d’autres, la décision de l’ECOSOC de diffuser les séances du Comité en direct sur Internet.  Après que le représentant de la Chine s’est opposé à la demande de parole d’une ONG, son homologue de l’Union européenne a plaidé pour que les organisations non gouvernementales puissent s’exprimer librement. 

Le représentant des États-Unis a d’ailleurs rappelé les dispositions de la résolution 1996/31 qui consacre le droit des ONG d’intervenir au Comité et à l’ECOSOC.  Il est préoccupant, a commenté le délégué de l’Uruguay, que certains États Membres s’opposent à ce droit, ce qui marque « un retour en arrière inquiétant ».  L’objectif de ce comité, a renchéri le représentant du Royaume-Uni, est d’assurer un plus grand accès des ONG à l’ONU et à ses travaux.  Il s’est dit favorable à des réunions informelles avec les ONG avant les séances publiques du Comité, une position soutenue par son homologue de la Fédération de Russie, dans la mesure où cela permettrait de mieux gérer le temps et d’avancer sur les nouvelles demandes de statut consultatif.

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mardi 30 janvier, à partir de 10 heures. 

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Fondation - Afrique développement international (F.A.D.I.) (Togo)
  2. 21st Century Community Empowerment for Youth and Women Initiative (Nigéria)
  3. AAINA (Inde)
  4. ABRACE - Associação Brasileira de Assistência às Famílias de Crianças Portadoras de Câncer e Hemopatias (Brésil)
  5. ACSA (Cameroun)
  6. ANA-VIE (Togo)
  7. Afri-health Optonet Association (Nigéria)
  8. Africa Network for Animal Welfare (ANAW) (Kenya)
  9. African Centre for the Constructive Resolution of Disputes Education Trust (Afrique du Sud)
  10. African Network of Young Leaders for Peace and Sustainable Development (Cameroun)
  11. African Youths Initiative on Crime Prevention (Nigéria)
  12. Ageing Nepal (Népal)
  13. Al-Shafa'a Humanitarian Organization (Iraq)
  14. Amis d'Afrique Francophone-Bénin (AMAF-Benin) (Bénin)
  15. Asociación Cubana de Producción Animal (Cuba)
  16. Asociación de Pedagogos de Cuba (Cuba)
  17. Association Avenir NEPAD-Congo (République du Congo)
  18. Association de lutte contre la dépendance (Mauritanie)
  19. Association de l’Unité Spéciale Républicaine (ASUS RELUC) (Cameroun)
  20. Association nationale des partenaires migrants (Sénégal)
  21. Association pour l’amélioration des conditions de vie des prisonniers en Mauritanie (Mauritanie)
  22. Bahjat Al-Baqir Charity Foundation (Iraq)
  23. Blessed Aid (République démocratique du Congo)
  24. Centre Intercommunautaire Congolais Pour Les Personnes Avec Handicap (République démocratique du Congo)
  25. Centre for Youth and Development Limited (Malawi)
  26. Centre for Youth and Social Development (Inde)
  27. China Water Engineering Association (Chine)
  28. City2000 Youth Action International (Ghana)
  29. Community Agenda for Peace Ltd/Gte (Nigéria)
  30. Community Restoration Initiative Project (Ouganda)
  31. Consejo de Iglesias de Cuba (Cuba)
  32. Cooperation for Peace and Development (Afghanistan)
  33. Corporación Equipo Colombiano Interdisciplinario de Trabajo Forense y Asistencia Psicosocial (Colombie)
  34. Culture and Development East Africa (République-Unie de Tanzanie)
  35. Dave Omokaro Foundation (Nigéria)
  36. Eau Vive Internationale (Burkina Faso)
  37. Ethiopia Africa Black International Congress Church of Salvation (Jamaïque)
  38. Excellent World Foundation LTD/GTE (Nigeria)
  39. First Modern Agro. Tools - Common Initiative Group (FI.MO.AT.C.I.G) (Cameroun)
  40. Forum méditerranéen pour la promotion des droits du citoyen (Maroc)
  41. Freehearts Africa Reach Out Foundation (Nigéria)
  42. Fundacion Educando (Argentine)
  43. Fundación Descúbreme (Chili)
  44. Fundação Antonio Meneghetti (Brésil)
  45. Giving Life Nature Volunteer (Ghana)
  46. Global Medicare Foundation (Cameroun)
  47. Goodness and Mercy Missions Common Initiative Group (Cameroun)
  48. Great Africa Youth Empowerment & Development Initiative (Nigéria)
  49. Hamraah Foundation (Inde)
  50. Hape Development & Welfare Association (Pakistan)
  51. Haritika (Inde)
  52. Heritage Life Bouy Foundation (Nigéria)
  53. Hope For the Needy Association (Cameroun)
  54. Human Development Initiatives (Nigéria)
  55. Independent Development Council (Iraq)
  56. Instituto Global Attitude (Brésil)
  57. Instituto São Paulo Sustentável (Brésil)
  58. Instituto de Tecnologia e Sociedade (Brésil)
  59. Integrated Regional Support Programme (Pakistan)
  60. International Academy of Environmental Sanitation and Public Health (Inde)
  61. International Centre for Environmental Education and Community Development (Cameroun)
  62. International Centre for Women and Child (Inde)
  63. International Confucian Association (Chine)
  64. International Relief Services (République démocratique du Congo)
  65. Jeunes Verts (Togo)
  66. Kurdistan Institute for Human Rights (Iraq)
  67. Majlis Kanser Nasional (Malaisie)
  68. Media Foundation for West Africa (Ghana)
  69. Mijoro Mandroso (Mi.Ma.) (Madagascar)
  70. More Trust (Inde)
  71. Mother of Hope Cameroon Common Initiative Group (Cameroun)
  72. Mouvement alternatives citoyennes (Maroc)
  73. Mukti Nari -O- Shishu Unnayan Sangstha (Bangladesh)
  74. Murna Foundation (Nigéria)
  75. Network of Organizations Working for People with Disabilities (Pakistan)
  76. Nobel Laurate Mother Teresa Charitable Trust (Inde)
  77. Organisation Sociale des Missionnaires pour l'Éducation des Enfants Démunis (Haïti)
  78. Organisation des femmes pour la formation et le développement (République démocratique du Congo)
  79. Organisation pour une nouvelle vision de la jeunesse d’Haïti OPNVJH (Haïti)
  80. Oui Pour une Enfance Noble (Mali)
  81. Partage et Action en Synergie pour le Développement (Togo)
  82. Patriotic Vision (Liban)
  83. Persatuan Kesedaran Komuniti, Selangor (Malaisie)
  84. Persatuan Pengasih Malaysia (PENGASIH) (Malaisie)
  85. Persons with Disability Initiative (Nigéria)
  86. Radha Soami Sat Sang Beas (Inde)
  87. Rastriya Adiwasi janajati Mahila Manch (Népal)
  88. Reachout and smile Initiative for social empowerment (Nigéria)
  89. Rehabilitation International-Arab Region (Liban)
  90. Réseau d’intervention pour la protection de l’enfant et famille dans la communauté (RDC)
  91. Resource Center for Environmental and Sustainable Development (Cameroun)
  92. Resource Institute of Social Education (Inde)
  93. Reyada for capacity Building Studies & Consultations (Soudan)
  94. Rural Care Ministries Jupudi (Inde)
  95. Children´s Hope India, Inc. » (Inde)

Examen des demandes de statut consultatif

Le représentant de la Grèce a demandé à « İqtisadi və Sosial İnkişaf Mərkəzi ictimai birliyi » (Azerbaïdjan) plus de détails sur ses projets.  Quelles sont les sources de financement de l’ONG? a voulu savoir le délégué de la Chine.  L’ONG est-elle indépendante et neutre?  La représentante de l’Inde a demandé si la mission de « Aryab Hatt Seva Sansthan » (Inde) a changé avec son changement de nom.  Est-ce qu’elle finance ses activités exclusivement avec l’argent qu’elle reçoit?  Quel est le lien entre « ASPAM Foundation » (Inde) et « Golf Petroleum »? a-t-elle encore demandé.

Peut-on en savoir plus sur les activités de « Al-Anwar Al Najafia Foundation for Culture and Development » (Iraq)? a questionné la déléguée de l’Inde.  Le représentant de la Mauritanie a voulu connaître les sources de financement de « Anciens esclaves nouveaux citoyens » (Mauritanie).  Celle d’Israël a demandé à « Association Najdeh » (Liban) l’identité des militants dont elle affirme défendre les droits sur Internet.  Son homologue de la Mauritanie a voulu en savoir plus sur les projets de « Association du développement communautaire en Mauritanie » (Mauritanie) dans la lutte contre la faim.

Le même délégué a exigé que « Association mauritanienne d’appui aux nécessiteux » (Mauritanie) transmette au Comité la liste de ses sources financières.  La représentante du Nicaragua a voulu la liste des ONG partenaires de « Centre for Gender Justice and Women Empowerment » (Cameroun).  Peut-on obtenir le calendrier des activités de « Club des Amis de la moughataa de Moudjeria » (Mauritanie)?  Quels en sont les résultants? a demandé le représentant de Mauritanie.

Son homologue de l’Afrique du Sud a noté que la « Coalition of African Lesbians (CAL) » (Afrique du Sud) n’a pas fait de rapport national.  Comment compte-t-elle travailler au niveau international?  Le représentant de la Fédération de Russie a voulu connaître le nom des gouvernements qui financent l’ONG.  Quels sont les projets financés par les sources étrangères?  Donnez des détails sur l’ONG partenaire « Freedom House », a encore demandé le représentant.  « Community Initiatives for Development in Pakistan (CIDP) » (Pakistan) devra dire à la représentante de l’Inde si elle a d’autres bureaux qu’au Pakistan.  Quelle est la différence entre les rubriques « dépense et ressource »? a demandé le représentant du Pakistan à « Direct Focus Community Aid » (Pakistan).

Peut-on en savoir plus sur le financement?  C’est à cette question de la représentante de l’Inde qu’« EMPOWER » (Inde) et « Global Interfaith WASH Alliance India » (Inde) devront répondre, sans oublier les exemples de projets et leurs résultats.  Que peut véritablement faire une ONG avec un si petit budget? a demandé la représentante de l’Afrique du Sud à propos de « Goringhaicona Khoi Khoin Indeginious Traditional Council » (Afrique du Sud).

Peut-on avoir des exemples des activités et de leurs résultats les plus récents?  Avez-vous reçu un financement extérieur?  Ce sont les questions de la représentante de l’Inde à « Healthier Hearts Foundation » (Inde).  Elle a aussi demandé à Hope Ek ASHA (Inde) la liste des sources financières étrangères et celle des activités que ces sources ont financées.  Quels sont les activités et les projets dont ceux sur la réforme démocratique et la gouvernance? a voulu savoir la représentante s’agissant d’« Individual Land Trust » (Pakistan).

Comment « International Integration Bond » (Inde) compte réaliser ses activités avec un budget de 7 000 dollars? s’est également préoccupée la déléguée de l’Inde.  À quelle fin la Fondation Soros a financé « International Public Foundation "Roza Otunbayeva Initiative" » (Kirghizistan)? s’est demandé le représentant de la Fédération de Russie.  Dans quels autres pays est enregistrée « International Youth Committee » (Inde)? a voulu savoir la représentante de l’Inde.

Comment « International Youth Council - Yemen Chapter (IYCY) » (Yémen) compte-t-elle dépenser son budget? a aussi demandé la déléguée de l’Inde.  Quels sont les projets de « Jamia Islamiya Umar Faruk Charitable Trust Solapur » (Inde) « sur le terrain?  A-t-elle des projets pour les veuves et les personnes démunies? a voulu savoir la même déléguée de l’Inde.  Son homologue du Pakistan a demandé plus de précisions sur les activités de « Justice Centre Hong Kong Limited » (Hong Kong).

La « Ligue Mauritanienne pour l'appui aux initiatives associatives » (Mauritanie) a été priée de soumettre au représentant de la Mauritanie la liste de ses activités et des résultats obtenus en faveur des femmes des femmes.  Quelles sont les activités de « Lion Damien Club » (Afrique du Sud) dans le domaine de la gestion des crises? s’est interrogée la représentante de l’Afrique du Sud.  Quelle est la durée du mandat des membres du Comité exécutif de l’« Organisation Attawassoul pour la Santé, la Femme et l'Enfant » (Mauritanie? a demandé le représentant de la Mauritanie.

Dans quelles communautés villageoises l’« Organisation tunisienne de développement social » (Tunisie) travaille-t-elle? a demandé le représentant du Burundi.  Son homologue de l’Inde a voulu des informations sur les activités d’aide à la réinsertion professionnelle de « PECB (Professional Evaluation & Certification Board – Educational & Welfare Society) » (Inde).  Le délégué de Cuba a noté que « Pacific Islands Association of Non-Governmental Organisations » (Fidji) n’est pas présente dans le domaine humanitaire.  Quelle est l’aide humanitaire qu’elle a apportée après le passage du cyclone Winston?

La représentante de l’Inde a demandé à « Patiala Foundation » (Inde) si elle était affiliée à d’autres ONG.  Quels sont ses liens avec la « RED CROSS Society HOSHIARPUR?  Elle a aussi demandé à « People’s Cultural Centre » (Inde) d’énumérer ses sources de financement étrangères.

Son homologue de Cuba a posé trois questions à « Polis Institu.de Estudos Forma être Asses. Em Politi Sociais » (Brésil): qu’est-ce qui a été fait dans le cadre du projet décrit dans la partie 4 de sa demande; comment l’ONG compte-t-elle réaliser ce projet malgré son déficit budgétaire; et quel est le nombre total des projets et quels sont les gouvernements qui les soutiennent?

Le représentant du Burundi a demandé des informations sur l’identité de l’organisation internationale qui finance « Regional Center for International Development Cooperation Limited » (Ouganda) à hauteur de 26%.  La déléguée de l’Inde a axé sa question sur la partie 5 du dossier « SADHANA » (Inde) et demandé des détails sur sa collaboration avec d’autres organisations internationales, s’agissant du projet d’élevage dans les fermes durables.  Le représentant de la Fédération de Russie a fait observer que le Comité a consacré en moyenne une minute à l’analyse de chaque dossier.  C’est insuffisant.  Il faut au moins deux, a-t-il estimé.

Dialogue avec les ONG

Le Comité a recommandé l’octroi d’un statut consultatif spécial à « Children´s Hope India, Inc. » (Inde) sans même avoir eu un dialogue avec l’organisation qui avait brièvement exposé sa mission.  En revanche, « Muslims for Progressive Values » (États-Unis) n’a pas pu obtenir ce statut après les questions soulevées par l’Iran. 

« Muslims for Progressive values (MPV) » a rappelé sa mission qui est d’encourager le dialogue sur l’Islam et ses textes.  L’ONG cherche à incarner et à devenir une voix porteuse pour les « véritables idéaux islamiques » de la dignité humaine, de l’égalité, de la compassion et de la justice sociale. L’ONG a été conçue en réponse à l’islamophobie croissante et à la manipulation des préceptes islamiques pour justifier l'extrémisme violent.  Son but est d’informer les non-musulmans des vertus de l’égalité entre les hommes et de l’ouverture et de contrer l’idéologie extrémiste qui instrumentalise l’Islam. Grâce à des plaidoyers dans le monde et à des programmes mis en œuvre localement, MPV touche à la fois les communautés musulmanes et non musulmanes.  L’ONG analyse les livres et les textes fondamentaux pour promouvoir les valeurs progressistes de l’Islam et son travail, a-t-elle souligné, est conforme à la Charte des Nations Unies et à la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

L’ONG propose-t-elle une base théologique pour interpréter les textes? s’est demandé le représentant de l’Iran qui a aussi voulu obtenir une ventilation détaillée des ressources que l’ONG reçoit sous forme de dons, lesquels représentent 99% du budget total. 

Si le représentant a demandé une réponse écrite, l’ONG a tout de même pris le temps de répondre que l’essentiel de l’analyse critique sur laquelle elle se fonde est celle fournie par les universitaires et penseurs, membres de son Conseil d’administration.  Jusqu’à présent, a reconnu l’ONG, nous n’avons pas établi de partenariats institutionnels mais nous envisageons de travailler dans le cadre d’un séminaire en Tunisie. 

La réponse orale suffit-elle? a voulu savoir son homologue États-Unis.  Le représentant iranien a demandé plus de temps pour étudier la ventilation des fonds et insisté sur une réponse écrite.

« Children´s Hope India, Inc. », qui existe depuis 25 ans et qui est composée de femmes professionnelles volontaires, a aidé 250 000 enfants depuis sa création, des enfants en besoin de soutien scolaire, de formation professionnelle, de soins médicaux ou encore de nourriture.  La mission de l’ONG est de fournir à tous les enfants ce que tout le monde donne à ses propres enfants.  L’ONG finance des écoles et espère en ouvrir une nouvelle cette année à Bhopal pour 800 filles.  Elle travaille aussi avec les communautés et surtout avec les femmes qui sont l’épine dorsale de la famille.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: lancement d’un appel au respect de la Trêve olympique et proclamation de la « Journée de réflexion sur le génocide des Tutsis »

Soixante-douzième session,
77e séance plénière – après-midi
AG/12000

Assemblée générale: lancement d’un appel au respect de la Trêve olympique et proclamation de la « Journée de réflexion sur le génocide des Tutsis »

Avant de décider, cet après-midi, que le 7 avril sera désormais la « Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 »*, l’Assemblée générale a d’abord entendu son Président lancer un appel solennel à l’occasion de la Trêve olympique**, une tradition née dans la Grèce antique au VIIIe siècle avant J.C. et un principe sacré de l’Olympisme.  En 1992, le Comité international olympique (CIO) a fait revivre cette tradition, en invitant toutes les nations à respecter la Trêve.

M. Miroslav Lajčák a solennellement invité tous les États Membres à manifester leur attachement à la Trêve olympique à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de 2018 qui se tiendront à Pyeongchang, en République de Corée, et à adopter des mesures concrètes aux échelons local, national, régional et mondial, afin de promouvoir et de renforcer une culture de paix et d’harmonie dans l’esprit de la Trêve.  

Le Président de l’Assemblée générale a aussi appelé tous les belligérants engagés dans des conflits armés partout dans le monde à être fidèles à la tradition antique de la Trêve olympique que rappelle la résolution 72/6, et à avoir le courage de conclure de véritables cessez-le-feu pendant cette période, ouvrant ainsi la voie au règlement pacifique des différends.

Le 13 novembre 2017, l’Assemblée générale avait adopté la résolution 72/6 par laquelle elle demande instamment aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tant individuellement que collectivement, tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des XXIIIe Jeux olympiques d’hiver au septième jour suivant la clôture des XIIe Jeux paralympiques d’hiver.

L’Assemblée a ensuite adopté sans vote une décision par laquelle elle change le nom du 7 avril qui, de la « Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda », devient « Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 ».  Cette décision, présentée par le Rwanda, rappelle que, durant le génocide, des Hutus et d’autres personnes s’étant opposés au génocide ont également été tués.

La représentante rwandaise a expliqué qu’il s’agit de corriger « les erreurs » du titre et du premier paragraphe du dispositif de la résolution 58/234 du 23 février 2004 « sans toutefois en modifier les autres parties ».  Il s’agit, a-t-elle précisé, de capturer sans ambiguïté les faits historiques de ce qui s’est passé en 1994 et qui est bien un « génocide contre les Tutsis au Rwanda ».   L’exactitude historique et la précision des mots sont « essentielles » lorsqu’on parle du génocide, a martelé la représentante.  Les tactiques du déni et du révisionnisme sont bien connues: ceux qui ont été impliqués par leur action ou leur omission aiment avancer la théorie du double génocide dans l’espoir futile de se soustraire à leur responsabilité.  Au Rwanda, a poursuivi la représentante, la réflexion et la commémoration du génocide de 1994 est une partie importante de la réconciliation et de l’unité nationale. 

Les plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants, qui sont morts, n’étaient ni victimes de catastrophes naturelles ni combattants.  C’étaient des gens ordinaires qui ont été tués, dans des conditions atroces, parce qu’ils appartenaient à un groupe déshumanisé et ciblé pour son extermination totale.  Toute personne appartenant à une autre communauté et s’opposant à ce plan d’extermination a été sommairement exécutée.  Tous les ans au Rwanda et à chaque commémoration, nous honorons le courage et l’humanité de tous les Rwandais qui ont payé le prix le plus fort parce qu’ils s’opposaient au génocide des Tutsis. 

La décision d’aujourd’hui, a insisté la représentante, s’aligne avec le libellé du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a conclu, le 6 juin 2006, à « un fait de notoriété publique qu’entre le 6 avril et le 17 juillet 1994, un génocide a été perpétré au Rwanda contre le groupe ethnique tutsi ».  Il est particulièrement regrettable, a-t-elle conclu, que malgré les nombreuses résolutions de cette Assemblée condamnant le déni du génocide, l’on continue à voir ce déni et le révisionnisme se répandre dans le monde.  Le représentant du Groupe africain a fait le même constat, avant de rappeler que plus de 20 ans après le génocide, certains de ses auteurs sont toujours en liberté en Europe et en Amérique du Nord, « en première ligne de la propagande négationniste ».

La représentante des États-Unis a émis des réserves quant à l’idée d’amender une résolution antérieure alors que son homologue de l’Union européenne « regrettait profondément » que le consensus n’ait pas été possible sur le fait que la Journée devrait aussi inviter à réfléchir sur le sort des autres victimes, les non-Tutsis qui s’étaient opposés au génocide.  Ce génocide sera toujours « une tâche sur la conscience internationale », a tranché la représentante d’Israël.

*A/72/L.31

**A/72/700

ADOPTION DE LA DÉCISION SUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE RÉFLEXION SUR LE GÉNOCIDE DES TUTSIS AU RWANDA EN 1994 (A/72/L.31)

La représentante des États-Unis a insisté sur l’importance qu’il y a à commémorer la mémoire des plus de 800 000 personnes qui ont perdu la vie pendant des violences innommables au Rwanda en 1994.  En se ralliant au consensus sur ce texte, les États-Unis, a confié la représentante, voient l’occasion de nous rappeler notre humanité commune pour pouvoir prévenir ce type d’atrocités de masse et défendre les droits et la dignité de chaque être humain.  Toutefois, la représentante a estimé que la seule modification du titre et de certains termes du dispositif de la résolution de 2003 ne permettait pas de couvrir toute l’ampleur des atrocités.  Elle n’a pas caché ses réserves quant à l’idée de revenir des textes précédents, sans pour autant s’opposer au texte adopté aujourd’hui.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant de la Guinée équatoriale s’est félicité de la décision qui est « le moins que l’on puisse faire » pour honorer la mémoire des enfants, des femmes et des hommes qui ont été brutalement assassinés, il y a 24 ans, et pour se souvenir de toutes les victimes de ce chapitre sombre et tragique de notre histoire.  En ce moment de réflexion et de souvenir, a-t-il poursuivi, nous nous tenons aux côtés du peuple rwandais et nous saluons les progrès qu’il a faits pour se remettre de cet évènement innommable et tracer la voie d’un brillant avenir.

Citant le « grand panafricaniste », Nelson Mandela, le représentant a dit: un peuple courageux n’a pas peur de pardonner pour l’intérêt de la paix ».  Le peuple courageux du Rwanda, a commenté le représentant, a fait le choix de s’unir et d’impliquer tout le monde dans le processus de justice et de réconciliation.  Il a fait le choix de construire un pays qui appartient à tous et de renforcer le tissu social pour prévenir tout autre crime de masse.  Nous ne tiendrons notre promesse d’éviter à d’autres pays de connaître les peines et les souffrances que les Rwandais ont endurées que si nous tirons les leçons de l’expérience du Rwanda, a prévenu le représentant, en rappelant que l’Union africaine a consacré ces leçons dans les valeurs panafricaines de solidarité et d’unité et de son principe essentiel de non-indifférence consacré dans son Acte constitutif.

Pourtant plus de 20 ans après le génocide des Tutsis, nous voyons encore négationnisme, révisionnisme et déni, « huitième et étape finale d’un génocide » selon Gregory Stanton, un ancien du Département d’État américain.  Il est donc impératif de rejeter d’une même voix le négationnisme par des lois.  Plus de 20 ans après le génocide, certains de ses auteurs sont toujours en liberté en Europe et Amérique du Nord, en première ligne de la propagande négationniste.  Ils doivent être traduits en justice, a martelé le représentant, avant d’appuyer l’appel du Président de l’Assemblée à démontrer l’engagement en faveur de la Trêve olympique et à prendre des actions concrètes pour promouvoir et renforcer la culture de paix et d’harmonie. 

Le représentant a tenu à souligner que le sport a toujours été utilisé en Afrique pour appuyer les luttes d’indépendance.  Il a donné l’exemple de la guerre de libération de l’Algérie, connue pour avoir eu recours au football pour sa lutte pour la liberté.  C’est l’équipe de football qui porte la voie du peuple algérien sur les terrains aux quatre coins du monde. 

L’Afrique, s’est enorgueilli le représentant, vient d’ailleurs de battre un nouveau record: après avoir porté une femme à la présidence, le Libéria vient de faire cet honneur à un ancien footballeur international.  S’appuyant sur ce fait, il a voulu que l’on ne voit plus seulement l’Afrique comme une terre d’exploitation, d’industries minières illégales et de flux illicites de capitaux.  Les partenaires des secteur public et privé doivent, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, promouvoir des investissements responsables qui apportent développement et paix. 

L’Assemblée générale a adopté plusieurs résolutions pour engager les États à se servir du sport pour promouvoir la culture de paix et de développement mais nulle part, s’est étonné le représentant, le calendrier de l’ONU ne prévoit des activités sportives entre délégations ou avec les hauts responsables du Siège de l’ONU.  Ne sommes-nous pas tous d’un État ou d’un autre?  C’est là, pure hypocrisie: « faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». 

Si nous voulons, a estimé le représentant, que l’humanité dépasse les politiques, nous devons nous livrer à des activités sportives au sein des Nations Unies et renforcer ainsi la diplomatie.  Le Groupe africain lance donc un défi à ses collègues de l’Union européenne et toute autre région volontaire pour jouer à un match de football inédit dès que la météo le permettra.

Le représentant de l’Union européenne a jugé essentiel de se souvenir et de réfléchir, au niveau international, à des tragédies comme le génocide qui a frappé le Rwanda il y a 23 ans.  L’Union européenne se félicite donc de la décision adoptée ce jour mais elle regrette profondément que le consensus n’ait pas été possible sur le fait que la Journée devrait aussi inviter à réfléchir sur le sort des autres victimes, les non-Tutsis qui s’étaient opposés au génocide.  L’Union européenne estime qu’une réunion aussi importante aurait requis davantage de temps et qu’il aurait été adéquat de débuter les discussions bien avant le 20 novembre 2017.

La représentante d’Israël s’est associée au consensus et a souligné que la réflexion est une responsabilité collective de la communauté internationale.  Les meurtres systématiques qui ont eu lieu au Rwanda seront toujours une tâche sur la conscience internationale, a-t-elle estimé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Processus de paix au Moyen-Orient: le « paradigme de règlement » du conflit a laissé place à un « paradigme de gestion », selon le Coordonnateur spécial

8167e séance – matin
CS/13178

Processus de paix au Moyen-Orient: le « paradigme de règlement » du conflit a laissé place à un « paradigme de gestion », selon le Coordonnateur spécial

Compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a déclaré au Conseil de sécurité, ce matin, que la communauté internationale est passée d’un « paradigme de règlement » à un « paradigme de gestion » du conflit.  Il est temps de rompre un « cycle destructeur », a déclaré M. Nickolay Mladenov.

« Certains croient en des décisions unilatérales qui n’aboutiront qu’à une réalité à un État, laquelle est incompatible avec les aspirations des deux peuples.  Et il y a ceux qui croient en la violence.  Ils ne reconnaissent pas le fait que Palestiniens et Israéliens – juifs, chrétiens et musulmans– ont un lien national, historique et religieux légitime avec cette terre.  Ils s’imaginent qu’une partie doit perdre pour que l’autre triomphe et que la terre peut et devrait appartenir à un seul peuple », a déploré le haut fonctionnaire, lors du débat trimestriel du Conseil sur la situation au Moyen-Orient.

Depuis l’annonce, par les États-Unis le 6 décembre, de leur décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer prochainement leur ambassade –décision désavouée* par tous les autres membres du Conseil de sécurité quelques jours plus tard– des manifestations émaillées de violences ponctuelles secouent la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, sur fond d’annonces par Tel-Aviv de nouvelles colonies de peuplement, a rappelé le haut fonctionnaire.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, a réitéré la position « inébranlable » de sa délégation: la décision américaine est « nulle et non avenue » et « sans effet juridique » sur le statut de la Ville sainte, qui fait l’objet d’un consensus international depuis plusieurs décennies.

Si le représentant d’Israël n’a pas fait mention une seule fois aujourd’hui du processus de paix, préférant se lancer dans un réquisitoire implacable contre l’Iran, son homologue des États-Unis a annoncé qu’elle dérogerait exceptionnellement à la règle qu’elle s’est imposée depuis son arrivée à l’ONU: dénoncer en priorité « les régimes et les organisations terroristes » qui fragilisent la paix dans la région.

« Aujourd’hui, je vais prendre la parole sur la question d’Israël et des Palestiniens », a-t-elle annoncé.  L’« élément fondamental » du processus de paix, c’est la « volonté politique » des dirigeants, a-t-elle martelé.  « Une paix véritable exige d’eux qu’ils soient disposés à aller de l’avant, à reconnaître des vérités difficiles et à faire des compromis. »  Cela exige des dirigeants « tournés vers l’avenir, plutôt que vers les ressentiments du passé ».  Et par-dessus tout, des dirigeants qui ont du courage », a-t-elle dit, avant de citer comme inspiration l’ancien Président égyptien Anouar el-Sadate et feu le Roi Hussein de Jordanie, qui tous deux avaient signé des accords de paix avec Israël.

La représentante des États-Unis a désapprouvé aujourd’hui les propos du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui aurait « rejeté tout rôle américain dans les pourparlers de paix » et « insulté » le Président Donald Trump.  Devant les « distorsions répétées » de la position palestinienne, l’Observateur a dit qu’il ne s’agit pas « d’un manque de respect » par quiconque.  Notre position est ancrée dans le plein respect du droit international, des principes d’équité et de justice et dans le consensus international qui prévaut depuis des décennies.  « Aucun prix ne peut être mis sur les droits et la dignité de tout un peuple », a-t-il martelé, ajoutant « que ni les menaces, ni les intimidations et les actions punitives ne sauraient les annuler ».  La représentante américaine a prévenu: « nous ne courrons pas après un leadership palestinien qui manque des qualités nécessaires ». 

À l’instar de M. Mladenov, plusieurs des 50 intervenants se sont dits préoccupés par la baisse significative du niveau des contributions habituellement consenties par les États-Unis au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  La Bolivie s’est toutefois félicitée de l’annonce de la Suède de revoir à la hausse sa contribution à cet organisme de secours, dont dépendent 5,3 millions de personnes.

Pour la France, la situation dans les camps de réfugiés palestiniens constitue une « bombe à retardement ».  « Une interruption des services de l’UNRWA pourrait entraîner une escalade des tensions à Gaza, mais également des répercussions en matière de sécurité dans les pays qui accueillent des réfugiés, notamment le Liban », a mis en garde le représentant.  Un appel repris à son compte par sa collègue de la Jordanie, un des autres principaux pays d’accueil des réfugiés palestiniens. 

Le représentant d’Israël s’est étonné que de nombreux pays restent « les bras croisés » devant la « menace iranienne », affirmant que « le croissant chiite est à nos portes ».  Pour étayer ses accusations, il a présenté des « informations confidentielles » sur l’accumulation d’armements et de militaires iraniens en Syrie, où se trouveraient selon lui 82 000 combattants aux ordres de Téhéran, 3 000 membres de la Garde révolutionnaire iranienne, 9 000 du Hezbollah et 10 000 miliciens chiites violents.  Soixante-mille combattants syriens locaux seraient en outre placés sous le commandement direct du régime iranien, a-t-il soutenu.

Cette « obsession étrange et forme d’hystérie » a été moquée par son homologue de l’Iran qui a souligné que l’occupation par Israël du territoire palestinien est au cœur de tous les conflits de la région depuis des décennies.  Il a accusé le « régime israélien » de continuer de violer au moins 86 résolutions du Conseil de sécurité, depuis la résolution 54 (1948) jusqu’à la résolution 2334 (2016), « grâce à l’impunité que lui procurent les États-Unis ». 

* Communiqué de presse CS/13125 du 18 décembre 2017

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré que « nous sommes tombés dans le paradigme de la gestion, davantage que dans celui de la résolution du conflit israélo-palestinien ».  « Certains croient en des décisions unilatérales qui n’aboutiront qu’à une réalité à un État, laquelle est incompatible avec les aspirations des deux peuples.  Et il y a ceux qui croient en la violence.  Qui sont convaincus que la confrontation est la seule option.  Ils ne reconnaissent pas le fait que Palestiniens et Israéliens –juifs, chrétiens et musulmans– ont un lien national, historique et religieux « légitime » à cette terre.  Ils s’imaginent qu’une partie doit perdre pour permettre à l’autre de prévaloir », a déploré le haut fonctionnaire.

« Nous –les Nations Unies, le Conseil de sécurité, la communauté internationale– avons la responsabilité de prouver que ceux qui croient en la violence et la confrontation ont tort », a-t-il poursuivi.  Alors que nous nous apprêtons à célébrer cette année le vingt-cinquième anniversaire des Accords d’Oslo, il a demandé de ne pas renoncer à ces accords.  Au contraire, « l’heure est venue de favoriser les politiques de nature à renforcer la confiance sur le terrain; l’heure est venue de se pencher sur les questions relatives au statut final sur la base d’un consensus international; l’heure est venue de démontrer une volonté politique pour lever les obstacles à une solution durable ».  Et quelle est cette solution? a demandé M. Mladenov.  « Je crois qu’il s’agit de celle qui répondra à l’ensemble des préoccupations et permettra aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre en paix et en sécurité en tant que voisins et partenaires dans deux États distincts. »

L’heure est maintenant venue de faire preuve de leadership, a insisté le Coordonnateur spécial, pour qui il s’agit de prendre des mesures concrètes pour changer de cap, sous peine de s’exposer au risque d’un nouveau conflit et d’une catastrophe humanitaire.  Il s’est ensuite dit profondément préoccupé par la réduction significative du niveau des contributions que font traditionnellement les États-Unis au budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  M. Mladenov s’est toutefois félicité de l’appel lancé par cet organisme en vue d’élargir sa base de donateurs internationaux, dans le but de maintenir la continuité des services qu’il fournit à 5,3 millions de réfugiés palestiniens. 

Selon le haut fonctionnaire, le conflit israélo-palestinien continue d’avoir un coût humain élevé.  Au cours du mois écoulé, en Cisjordanie comme à Gaza, les manifestations, accompagnées de niveaux de violences généralement bas, se sont poursuivies après la reconnaissance par Washington, le 6 décembre dernier, de Jérusalem comme capitale d’Israël.  Depuis le 18 décembre, 7 civils palestiniens, dont 3 enfants, ont été tués par les forces de sécurité israéliennes lors de telles manifestations et d’affrontements –4 dans la bande de Gaza et 3 en Cisjordanie– et 2 autres Palestiniens ont succombé à leurs blessures subies lors des manifestations au cours des deux semaines précédentes.  En outre, le 9 janvier, un civil israélien a été abattu près de Naplouse, a ajouté M. Mladenov, qui a également mentionné la mort, lors d’un raid mené le 18 janvier à Djénine, d’un Palestinien et l’arrestation de plusieurs autres.

Au cours de la période considérée, des militants palestiniens ont effectué huit tirs de roquettes et de mortier depuis Gaza en direction d’Israël, causant des dégâts matériels.  En représailles, les forces de défense israéliennes ont pris pour cibles des installations militaires du Hamas et détruit un autre tunnel de Gaza qui s’étendait jusqu’en Israël et en Égypte, situé sous le point de passage de Kerem Shalom.

Par ailleurs, les activités de peuplement d’Israël se poursuivent malgré une condamnation internationale très large.  Le 10 janvier, les autorités israéliennes ont présenté les projets relatifs à plus de 1 400 logements dans la zone C.  En outre, la construction de neuf unités de logement à Psagot a été approuvée et quatre offres ont été rendues publiques pour quelque 500 unités.  « En comparaison, en 2017, à peine 50 appels d’offres avaient été publiés », a observé le Coordonnateur spécial.  De plus, Tel-Aviv a annoncé qu’une dizaine de nouvelles offres pour 880 logements dans sept colonies serait publiée dans les semaines à venir.  « La construction de colonies de peuplement est illégale en vertu du droit international et constitue l’un des principaux obstacles à la paix », a rappelé le haut fonctionnaire. 

Parallèlement, la démolition de structures appartenant à des Palestiniens se poursuit également, avec pas moins de 16 rasées au cours du mois écoulé, a relevé M. Mladenov.  Le risque de démolition de 46 établissements scolaires dans la zone C et à Jérusalem-Est est particulièrement préoccupant, s’est-il alarmé. 

En ce qui concerne Gaza, il a noté que l’aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire contribue à la détérioration de la situation générale, sachant en outre que la mise en œuvre de l’accord interpalestinien négocié par l’Égypte est à l’arrêt.  « Les deux parties ont été incapables de parvenir à un accord sur la levée des principaux obstacles, comme la collecte des impôts, le paiement des salaires aux employés du secteur public, le retour de l’administration gouvernementale dans les ministères et autres institutions et, en fin de compte, le contrôle de la sécurité à Gaza », a regretté M. Mladenov.

Cependant, il s’est dit encouragé par le fait que les passages à Gaza sont, depuis le 1er novembre dernier, contrôlés par les autorités palestiniennes légitimes.  Il s’est également dit satisfait par la décision prise, le 3 janvier, par l’Autorité palestinienne, de reprendre les paiements de la facture totale d’électricité achetée à Israël, permettant de fournir entre six et huit heures d’électricité par jour dans la bande de Gaza.  Mais, alors que le blocus par Israël se poursuit, le « cocktail explosif » de défis humanitaires, politiques et sécuritaires doit être « désamorcé » d’urgence, a mis en garde le Coordonnateur spécial, qui s’est donc félicité de la session extraordinaire du Comité de liaison ad hoc qui se tiendra en Norvège le 31 janvier au niveau ministériel.

Venant à la situation au Liban, M. Mladenov a relevé que les efforts continuent à consolider la stabilité, après le retour du Premier Ministre Hariri.  Dans le cadre de la mise en œuvre du communiqué du groupe de soutien international de Paris du 8 décembre, les préparatifs sont en cours pour une conférence de soutien aux forces armées libanaises et à la sécurité, qui se tiendra fin février en Italie.  Et la situation dans la zone d’opérations de la FINUL est restée généralement calme au cours du mois écoulé, a encore noté M. Mladenov.

En concluant son exposé, le Coordonnateur a déclaré qu’il est temps de briser le « cycle destructeur » en cours dans le conflit israélo-palestinien, et de recommencer à poser les fondations de la paix.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a estimé que l’année 2017 s’était terminée sur une note décourageante suite aux décisions prises, qui renient à la fois les droits et les aspirations nationales du peuple palestinien, bafouant au passage le consensus international qui existait depuis des décennies sur le statut de Jérusalem et le conflit israélo-palestinien en général.  « En même temps, nous avons trouvé le réconfort et l'espoir dans le rejet retentissant de ces décisions et les réaffirmations sans équivoque –ici dans cette salle, à l’Assemblée générale et dans les capitales du monde- des résolutions pertinentes 476(1980), 478 (1980) et 2334 (2016); du respect pour le statut juridique, politique et historique de la ville de Jérusalem; du statut de territoire occupé de Jérusalem-Est qui fait intégralement partie du reste du Territoire palestinien occupé depuis 1967; du respect du status quo historique d’Al-Haram Al-Charif et de la Jordanie gardienne des lieux saints musulmans et chrétiens de la ville; et des positions et principes fondamentaux qui reconnaissent le statut spécial, la sensibilité et la centralité de Jérusalem dans le processus de paix, et donc le fait qu’elle figure parmi les questions du statut final à résoudre pour parvenir à une paix juste et durable », a poursuivi l’Observateur permanent.  Pour sa délégation, les hypothèses selon lesquelles la paix pourrait être réalisée autrement -que ce soit par voie unilatérale ou par l'imposition illégale de faits sur le terrain- sont des hypothèses fausses au mieux et dangereuses et répréhensibles au pire.

La position de la Palestine, qui rejette la décision du 6 décembre 2017 sur Jérusalem par les États-Unis, a été transmise au Conseil et demeure inébranlable, a-t-il réaffirmé: il s’agit d’une décision nulle et non avenue qui n’a pas d’effet juridique sur le statut de Jérusalem.  M. Mansour a salué au passage l’affirmation de cette position par l’Assemblée générale le 21 décembre dernier.

Suite à certaines « distorsions répétées » de la position palestinienne, il s’est dit dans l’obligation d’apporter des précisions, notamment pour dire qu’il ne s’agit pas « d’un manque de respect » par quiconque.  Au contraire, la position palestinienne est ancrée dans le plein respect du droit, des principes d’équité et de justice, de la Charte des Nations Unies, de ce Conseil, de l’Assemblée, ainsi que du consensus international qui prévaut depuis des décennies sur les paramètres d’une solution pacifique, a expliqué l’Observateur.  C’est une position de respect des aspirations nationales légitimes du peuple palestinien, mais aussi des droits de l’homme et de la dignité de ce peuple.  « Aucun prix ne peut être mis sur les droits et la dignité de tout peuple », a estimé M. Mansour, ajoutant « que ni les menaces, ni les intimidations et les actions punitives ne sauraient les annuler ».  Il a demandé à ce que « tous ceux qui recherchent la paix et la justice et qui croient sincèrement au droit international comme voie idoine pour les réaliser » rejettent toute tentative en ce sens.

Allant de l’avant, sa délégation continuera à exiger que le droit international soit appliqué à la question de la Palestine dans la quête de la paix et de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.  Il s’est indigné de constater que « son peuple, le peuple occupé » ne cesse de devoir justifier qu’il mérite qu’on lui accorde ces droits, alors même qu’il n’a cessé de prouver son attachement de bonne foi à la paix.  L’Observateur permanent a aussi rejeté les accusations israéliennes selon lesquelles le Président Abbas ne serait pas « un homme de paix », et toute autre forme de diabolisation des Palestiniens.  « En exploitant les circonstances actuelles et la colère et le ressentiment qu’ils ont causés, ils essayent encore de distraire l’attention de la communauté internationale et d’échapper à leur responsabilité dans l’impasse politique et la situation déplorable sur le terrain, avec des revendications fausses et honteuses à l´égard de la partie palestinienne. »

Sur cette toile de fond sombre, c’est un euphémisme que de dire que la situation dans le territoire occupé, y compris à Jérusalem-Est et dans les camps de réfugiés, est grave et que les Palestiniens font face à une crise existentielle, a-t-il affirmé.  « Le monde est en train d’assister à la déshumanisation du peuple palestinien, à sa subjugation et à sa déchéance, à des tentatives visant à effacer son histoire, son héritage et son identité; et à la décimation de ses communautés et de leurs espoirs, sans qu’il y ait une quelconque perspective de mettre fin à cette parodie », s’est-il indigné avant d’avertir les membres du Conseil qu’un tel déni de justice et du droit international crée un précédent dangereux qui va bien au-delà de la question palestinienne.

Quel est le message que nous envoyons à nos jeunes, et comment leur expliquer la baisse de l’aide humanitaire à ceux dans le besoin? a-t-il demandé en questionnant le fondement même de la politisation de l’aide humanitaire.  M. Mansour a lancé un appel urgent aux donateurs de l’UNRWA pour qu’ils garantissent à l’Office les moyens de poursuivre ses activités vitales.  

Un an après l’adoption de la résolution 2334(2016) dans cette salle, la détérioration dramatique de la situation, l’escalade des tensions et l’aggravation de l’impasse politique sont de graves causes de préoccupation, a dit le représentant.  Nous croyons toujours que la résolution 2334(2016) est la meilleure chance de rectifier la trajectoire et de sauver la solution des deux États avec les lignes de 1967 vers la fin de l’occupation israélienne qui a commencé cette année-là, a-t-il ajouté.  Pour lui, c’est le moment pour la communauté internationale de mobiliser la volonté politique nécessaire pour garantir l’application des résolutions pertinentes et pour relancer le processus de paix.  Il a réitéré l’appel lancé par les dirigeants palestiniens pour un processus de paix collectif sous les auspices internationales en vue de parvenir à une solution juste et de doter les Palestiniens des droits qui leur ont longtemps été déniés.  C’est à son avis une requête juste car, malgré nos meilleurs efforts, il est clair que les initiatives unilatérales ont échoué.  Les mécanismes pour un tel processus collectif existent déjà et devraient être activés immédiatement, a-t-il précisé.

Pour conclure, M. Mansour en a appelé au Quatuor, lui rappelant ses responsabilités; au Conseil de sécurité, en vertu des devoirs que lui a confiés la Charte et des résolutions pertinentes; et aux Nations Unies, citant leur responsabilité permanente sur la question de la Palestine.  « Nous réitérons notre appel aux pays qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine de le faire, sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. »

M. DANY DANON (Israël) s’est dit préoccupé par la menace qui pèse au-dessus « de nous tous dans cette salle: la menace iranienne ».  Il a salué le combat moral actuel du peuple iranien, avant de dénoncer les activités dangereuses du régime iranien.  « Nous vous avons mis en garde contre le danger iranien », a-t-il rappelé en s’étonnant que nombreux pays restent les bras croisés.  Le délégué a partagé des « informations confidentielles » sur l’accumulation militaire de l’Iran en Syrie.  Il y a dans ce dernier 82 000 combattants relevant de l’autorité de l’Iran, 3 000 membres de la Garde révolutionnaire iranienne, 9 000 membres du Hezbollah et 10 000 membres de milices chiites violentes, a-t-il précisé.  L’Iran commande en outre 60 000 combattants syriens locaux, a poursuivi le délégué.  « Ce sont là des faits incontestables. »

M. Danon a déclaré que l’Iran a la volonté de terroriser le monde libre.  Ce pays fabrique des bombes en Syrie et vise à faire de ce pays la plus grande base militaire au monde, a-t-il déclaré.  « Le croissant chiite est arrivé à notre porte. »  Il a indiqué que l’Iran est prêt à frapper à tout moment, avant d’assurer que son pays se défendra et protégera ses citoyens.  Si l’Iran commence par s’attaquer à Israël, vous serez les prochains, a-t-il lancé aux membres du Conseil.  Le délégué a déclaré que les revenus des accords commerciaux signés avec les grandes entreprises européennes financent le programme balistique iranien, en violation des résolutions du Conseil.  Il a dénoncé l’appui financier de l’Iran à ses affidés partout dans le monde, « en Judée-Samarie », au Liban ou encore au Yémen.  L’Iran se construit un empire, a-t-il déclaré, ajoutant que le croissant chiite est bien la réalité.  Ce croissant chiite veut détruire Israël, déstabiliser la région et menacer le monde entier, a-t-il déclaré.  « Nous sommes tous en danger, parce que bientôt les fusils iraniens vous viseront. »  Il est temps que le Conseil confronte fermement le danger iranien, a conclu M. Danon.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré qu’au cours de l’année écoulée, elle avait été le plus souvent d’avis que cette séance sur le Moyen-Orient était « impropre ».  « Comme je l’ai souligné à plusieurs reprises, cette session consacre beaucoup trop de temps à Israël et aux Palestiniens et trop peu de temps aux régimes et groupes terroristes qui minent la paix et la sécurité dans la région, notamment l’Iran, Daech, le Hezbollah, et le Hamas.  Cependant, aujourd’hui je vais mettre de côté ma pratique habituelle.  Aujourd’hui, moi aussi, je me concentrerai sur la question de la paix entre Israël et les Palestiniens.  Qu’est ce qui a changé? » s’est-elle demandé.

Les événements du mois dernier ont mis en lumière un aspect critique du problème israélo-palestinien, a-t-elle avancé.  Non, a-t-elle dit, ce ne sont pas les questions de sécurité, des frontières, des réfugiés ou des colonies de peuplement.  L’élément indispensable, ce sont des dirigeants qui ont la volonté de faire ce qui est nécessaire pour parvenir à la paix, a tranché la représentante.  Selon elle, la paix véritable exige des dirigeants qui soient disposés à aller de l’avant, à reconnaître des vérités difficiles et à faire des compromis.  Cela exige des leaders qui se tournent vers l’avenir plutôt que de s’attarder sur les ressentiments du passé.  Avant tout, de tels leaders ont besoin de faire preuve de courage.  Le Président égyptien Anouar el-Sadate était un tel chef, a-t-elle estimé.  « Il y a 40 ans, le Président el-Sadate a fait une chose exceptionnelle.  L’Égypte et Israël étaient toujours en guerre.  En fait, el-Sadate lui-même avait lancé l’Égypte dans une guerre contre Israël seulement quelques années auparavant.  Mais il a pris la décision courageuse de réaliser la paix.  Et lorsqu’il a pris cette décision, il s’est rendu à Jérusalem et a prononcé un discours devant la Knesset israélienne. »

El-Sadate, a poursuivi Mme Haley, n’est pas allé à Jérusalem « à genoux ».  Il a parlé en termes non équivoques des concessions difficiles qu’il attendait des Israéliens.  Et puis il a dit aux législateurs israéliens: « Nous vous rejetions.  Pourtant, aujourd’hui, je vous le dis, et je le déclare au monde entier, nous acceptons de vivre avec vous dans une paix permanente basée sur la justice. »  Ce sont là les mots qui ont conduit à la paix entre l’Égypte et Israël.  Ce n’était pas un processus facile.  Il a fallu encore 16 mois de négociations difficiles pour parvenir à un traité de paix.  Mais les paroles d’el-Sadate ont aidé Israël à comprendre qu’il avait un partenaire avec qui il pourrait faire de tels compromis.  « Certains ont dit que ce sont les mots qui ont tué Anouar el-Sadate.  Mais personne ne peut contester que des générations d’Égyptiens et de citoyens israéliens aient bénéficié d’une paix qui a résisté à l’épreuve du temps.

Comparez ces mots à ce que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, a dit il y a 11 jours: « Il a rejeté tout rôle américain dans les pourparlers de paix.  Il a insulté le Président américain.  Il a appelé à suspendre la reconnaissance d’Israël.  Il a invoqué un passé repoussant et fictif, remontant au XVIIe siècle, pour dépeindre Israël comme un projet colonialiste conçu par les puissances européennes ».  Curieusement, le discours du Président Abbas a eu peu d’échos dans les médias.  « J’encourage tous ceux qui se soucient de la cause d’une paix juste et durable au Moyen-Orient à lire le discours du Président Abbas par eux-mêmes », a proposé Mme Haley.

Malgré tout, les États-Unis restent pleinement préparés et désireux de poursuivre la paix, a-t-elle assuré. « Nous n’avons rien fait pour préjuger des frontières définitives de Jérusalem.  Nous n’avons rien fait pour modifier le statut des lieux saints.  Nous restons attachés à la possibilité des deux États, si les parties en conviennent ».

Comme pour l’Égypte, la paix exige un compromis, a-t-elle souligné.  Cela nécessite des solutions qui tiennent compte des intérêts fondamentaux de toutes les parties.  C’est ce sur quoi les États-Unis se concentrent pour le conflit israélo-palestinien.  « Les discours remplis de haine et la fin des négociations ne nous mènent nulle part », a lancé la représentante.

Le Roi Hussein de Jordanie était un autre chef de file.  En 1994, il a mis fin à 46 ns de guerre et conclu un accord de paix avec Israël, un accord toujours en vigueur à ce jour.  « Je pose la question aujourd’hui: où est le Roi Hussein palestinien? Où est le Anouar el-Sadate palestinien?  Si le Président Abbas démontre qu’il peut être ce type de leader, nous l’accueillerons volontiers.  Ses actions récentes démontrent le contraire », a conclu la délégation.

Les États-Unis restent profondément engagés à aider les Israéliens et les Palestiniens à parvenir à un accord de paix historique pour les deux peuples, tout comme nous l’avons fait avec succès avec les Égyptiens et les Jordaniens.  Mais nous ne courrons pas après un leadership palestinien à qui manquent les qualités nécessaires pour obtenir la paix.  Pour obtenir des résultats historiques, nous avons besoin de leaders courageux, a conclu Mme Haley en faisant référence à l’histoire qui nous a donné de tels dirigeants dans le passé.  « Pour les peuples palestinien et israélien, nous prions pour que ce soit à nouveau le cas. »

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a demandé un règlement juste et négocié du conflit israélo-palestinien, sur la base du droit international.  Le processus s’est nettement compliqué, en raison non seulement de la poursuite de la colonisation mais aussi d’annonces récentes autour de la ville de Jérusalem, a-t-il déploré.  Il a mentionné le manque de confiance des Palestiniens à l’endroit des États-Unis et déploré les coupes dans le budget de l’UNRWA.  Les Palestiniens se trouvent dans une situation où ils n’ont plus rien à perdre, a-t-il dit, en soulignant les dangers inhérents à cette situation.  Il a demandé l’accès de tous les fidèles aux Lieux saints à Jérusalem, avant de souligner la nécessité d’appliquer les recommandations du dernier rapport du Quatuor.

La Russie continuera d’œuvrer pour que le processus de paix soit débloqué, a-t-il dit, en réitérant sa proposition d’accueillir le Président de l’Autorité palestinienne et le Premier Ministre israélien pour un sommet à Moscou.  Si la Syrie a été débarrassée de ses éléments terroristes et reste un État souverain, c’est grâce à l’action de la Russie, a-t-il argué.  Le délégué s’est dit ensuite préoccupé par la situation au Yémen, avant de saluer les efforts humanitaires de l’Arabie saoudite et d’appeler à la reprise du processus politique.  Enfin, le délégué a fait valoir les relations harmonieuses que la Russie entretient avec tous les pays du Moyen-Orient, en raison de sa non-ingérence dans les affaires intérieures de ces États. 

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé son attachement à la solution des deux États, avec la création d’un État palestinien dans le respect des frontières d’avant 1967 et Jérusalem-Est pour capitale.  « C’est là notre position de principe et elle ne changera pas », a-t-il déclaré.  La question de Jérusalem est complexe, a poursuivi le représentant, pour qui son statut doit être réglé dans le respect des différentes sensibilités religieuses présentes sur le terrain.  Il a rappelé l’existence d’un consensus international sur le statut de Jérusalem, entériné par de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Le délégué chinois a enfin attitré l’attention sur le sort des réfugiés palestiniens, soulignant notamment le fardeau que leur présence occasionne pour les pays qui les accueillent.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) s’est dit préoccupé par les développements sur le terrain qui continuent de saper la recherche de la solution des deux États, condamnant tous les actes de violence.  Il n’y a pas de justification au terrorisme, a déclaré M. van Oosterom, inquiet également du nombre élevé des victimes palestiniennes dans les protestations et les confrontations de ces derniers mois.  La réponse à la violence devrait être proportionnée, a-t-il suggéré en demandant aux deux parties de prévenir l’escalade.  Il s’est fermement opposé aux dernières annonces d’expansion des colonies par Israël.

Le représentant a souhaité que les deux parties prennent d’urgence des mesures positives et décisives pour forger la confiance et améliorer la situation sur le terrain.  Il a appelé Israël à geler l’expansion des colonies et à permettre le renforcement de l’Autorité palestinienne.  Il a exhorté les dirigeants palestiniens à condamner les attaques terroristes, à continuer la coopération sur le plan sécuritaire, et à poursuivre les efforts sur la voie difficile de la réconciliation intrapalestinienne. 

Il a également jugé nécessaire un horizon politique pour la solution des deux États, conformément notamment aux résolutions 2334 (2016) et 478 (1980).  « Les démarches unilatérales sont inutiles. »  À la place, les Pays-Bas attendent avec impatience la réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens pour aborder la situation à Gaza.  Le représentant, qui est aussi préoccupé par la situation financière de l’UNRWA, a encouragé les autres États à soutenir l’Office le plus rapidement possible à l’instar des Pays-Bas qui ont décidé d’avancer leurs contributions pour 2018.  Avant de terminer, M. van Oosterom a attiré l’attention sur deux autres questions régionales à savoir l’impact négatif du Hezbollah dans les conflits régionaux et le Yémen.  Il a appelé le Hezbollah à désarmer et à cesser son comportement déstabilisant.  Au Yémen, il a répété l’appel du Conseil de sécurité aux parties pour un accès rapide et sans entrave de l’aide et du personnel humanitaires et des autres importations essentielles. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé la position historique de son pays en faveur de la réalisation des droits des Palestiniens.  Aucune partie ne doit se soustraire à ses obligations de mettre en œuvre les résolutions du Conseil, a-t-il dit, en dénonçant les provocations d’Israël.  Il a dénoncé l’expansion des colonies de peuplement israéliennes et la démolition de structures palestiniennes.  Le délégué a plaidé pour la solution des deux États et appelé de ses vœux une paix « globale et juste ».  L’adoption de toute mesure unilatérale, sur le statut de Jérusalem notamment, est dangereuse, a-t-il averti.  Le délégué a souligné le rôle crucial que joue l’ONU dans l’appui fourni aux Palestiniens et salué le travail accompli par l’UNRWA, qui contribue à la stabilité de la région.  Enfin, il a indiqué que son pays a fourni une contribution de 9 millions de dollars à l’UNRWA et invité les pays à combler les coupes dans son budget.

M. OLOF SKOOG (Suède) a réitéré l’engagement de son pays à la solution des deux États, la seule qui peut répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens et aider à parvenir à la sécurité et à la paix.  Le représentant est aussi profondément préoccupé par les politiques et les démarches législatives israéliennes qui risquent de porter préjudice aux futures négociations et saper les recherches de la solution des deux États.  Ceci est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit des politiques et des lois qui aliènent le statut de Jérusalem, y compris la politique israélienne de révocation des droits de résidence des Palestiniens en violation du droit international humanitaire.

M. Skoog a martelé que « Jérusalem est la future capitale des deux États ».  Il a appelé tous les États Membres à continuer de respecter le consensus international sur Jérusalem dans la résolution 478 (1980), y compris sur l’implantation des représentations diplomatiques jusqu’à ce que le statut final de Jérusalem soit résolu.  Le représentant a également dénoncé le rétrécissement de l’espace pour la société civile et de la possibilité de promotion des droits de l’homme à la fois du côté palestinien et du côté israélien.  Cette image sombre doit nous obliger à accroître nos efforts pour aider à relancer un processus de paix significatif qui permet à Israël et à la Palestine de vivre, côte à côte, dans la paix et la sécurité avec Jérusalem comme future capitale des deux États.  Avant de terminer, M. Skoog a lancé un appel à tous les États Membres à renforcer leur aide à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que les crises meurtrières qui traversent le Moyen-Orient ne banalisent pas le conflit israélo-palestinien.  « Par sa dimension symbolique, son écho régional et sa place dans l’imaginaire collectif, ce conflit conserve son caractère central et mobilisateur », a-t-il affirmé, en jugeant que toute escalade sur le terrain porte le risque de conséquences régionales incontrôlables.  Ce conflit est le seul dont la solution soit à ce point connue et partagée au sein de la communauté internationale, a-t-il poursuivi, mentionnant la solution des deux États.  Le délégué a pris note de l’engagement des États-Unis à rechercher une reprise des négociations en vue d’un accord sur le statut final et encouragé ce pays à formuler des propositions en ce sens.  Il n’existe pas d’alternative aux paramètres internationalement agrées, a déclaré M. Delattre.

S’agissant des lignes de 1967, le délégué a déploré que l’entreprise de colonisation des territoires palestiniens soit en train d’imposer une autre réalité, ajoutant que 2017 a été une année record en la matière.  « Nous condamnons la colonisation sous toutes ses formes. »  Concernant le statut de Jérusalem, M. Delattre a déclaré qu’il devait être déterminé par les parties dans le cadre d’un accord de paix, la ville ayant vocation à devenir la capitale des deux États.  En l’absence d’accord, la France ne reconnaît aucune souveraineté sur Jérusalem, a-t-il dit, en désapprouvant les annonces américaines de l’année dernière.

Pour M. Delattre, la situation dans les camps de réfugiés palestiniens constitue une bombe à retardement, ce qui rend indispensable l’assistance apportée par l’UNRWA.  Une interruption des services de l’UNRWA pourrait conduire à une escalade à Gaza, mais également des répercussions en matière de sécurité dans les pays qui accueillent des réfugiés, notamment au Liban, a-t-il averti en exprimant sa préoccupation quant aux annonces de gel partiel de la contribution américaine à l’UNRWA.  Il a ensuite réaffirmé solennellement qu’il n’existe pas d’alternative viable à la solution des deux États.  L’État unique, présenté par certains comme une réponse possible au blocage actuel, marquerait une double impasse: pour les Palestiniens, l’abandon de leurs aspirations étatiques; pour les Israéliens, la ruine de leur projet national démocratique, a-t-il déclaré.

Enfin, M. Delattre a affirmé qu’il n’y aura pas de solution politique durable sans unité entre Gaza et la Cisjordanie et dit son attachement à l’accord signé au Caire le 12 octobre par le Fatah et le Hamas.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a fait observer que, pour les États de la Corne de l’Afrique, la situation au Moyen-Orient avait des implications directes en matière de paix et de stabilité.  Déjà, les conséquences de la crise dans le Golfe et du conflit au Yémen se font sentir de l’autre côté de la mer Rouge, a-t-elle ajouté, en citant notamment les inquiétudes que suscitent les tentatives de Daech pour établir des cellules en Somalie.  Certains développements ont clairement le potentiel de saper les gains récemment acquis en matière de paix et de sécurité dans la région, a commenté Mme Guadey.

Concernant le conflit israélo-palestinien, la représentante a rappelé la position de principe de son pays en faveur de la solution des deux États, estimant que les blocages actuels ne font que retarder la quête de justice, voire constituent une « recette pour un désastre » au moment où le terrorisme représente un défi majeur pour la région et où la violence sectaire augmente.  L’Éthiopie demande aux deux parties de reprendre des négociations directes dans un esprit de compromis et de confiance mutuelle.  Mme Guadey a dit souhaiter que la session extraordinaire du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, qui doit avoir lieu avant la fin du mois à Bruxelles, permettra à toutes les parties de discuter des mesures permettant d’accélérer les efforts en vue d’une solution négociée des deux États.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé les conditions de vie inhumaines qu’endurent les Palestiniens, dont plus de cinq millions sont réfugiés, ainsi que les annonces faites récemment par Israël d’accélérer la construction de nouvelles colonies de peuplement sur le Territoire palestinien occupé.  Le représentant s’est également dit préoccupé de la décision des États-Unis de revoir à la baisse le montant de sa contribution au budget de l’UNRWA, avec pour corollaire une aggravation de la situation humanitaire dans les camps de réfugiés administrés par cet organisme de secours.  Aussi a-t-il salué l’annonce de la Suède de revoir sa contribution à la hausse pour la porter à hauteur de 58,5 millions de dollars.  M. Llorenty Solíz a en outre considéré que la décision des États-Unis de déclarer Jérusalem capitale d’Israël, contraire au droit international et aux résolutions pertinentes de ce Conseil, est susceptible de raviver les tensions sur le terrain.  La Bolivie est convaincue que la seule solution viable sur le long terme au conflit israélo-palestinien est celle qui verra l’émergence de deux États coexistant en paix et en sécurité, dont la Palestine, dans le respect des frontières d’avant 1967.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déploré le manque de progrès s’agissant du règlement du conflit israélo-palestinien.  Elle a plaidé pour la solution des deux États et encouragé les parties à garantir la dignité des Lieux saints à Jérusalem.  Elle a indiqué que son pays continuera de respecter le statut de Jérusalem, ajoutant que le statut final de la ville devra être réglé par des négociations.  La déléguée de la Pologne a défendu un dialogue significatif entre les trois religions monothéistes.  Puis, elle a appelé les deux parties à s’engager en faveur de la paix en prenant des mesures concrètes allant en ce sens.  La représentante s’est dite très préoccupée par la réduction du budget de l’UNRWA, agence qui joue un rôle important pour la stabilisation de la région.  La communauté internationale doit garantir la poursuite des travaux de l’agence sur une base financière saine, a-t-elle conclu, en promettant l’appui financier de son pays.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a condamné la rhétorique incendiaire entendue récemment de part et d’autre dans le cadre du conflit israélo-palestinien.  Après avoir pris acte de l’engagement de l’Autorité palestinienne en faveur d’une solution des deux États, il a dénoncé la recrudescence des activités de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en particulier les 10 nouvelles offres annoncées par Israël pour la construction de 880 logements, une décision qui remet en cause l’intégrité du territoire d’un futur État palestinien.  Évoquant la situation à Gaza, le représentant britannique a salué la meilleure fourniture d’électricité, à la suite de la reprise des paiements par l’Autorité palestinienne à Israël.

La délégation britannique, a-t-il poursuivi, reste fermement engagée auprès de l’UNRWA, qui fournit des services de base indispensables.  Tout retard ou réduction dans le financement de cet organisme serait dommageable à la population palestinienne réfugiée qui en dépend.  « Chaque Palestinien et Israélien a le droit de vivre en paix et en sécurité, et nous continuerons de soutenir toute initiative des États-Unis de nature à relancer le processus de paix », a assuré le représentant.  Il est temps pour les parties et la communauté internationale d’œuvrer de concert à l’avènement de la solution des deux États, a ajouté M. Hickey en conclusion.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré la dégradation de la situation au Moyen-Orient, en raison notamment des faits survenus à la fin de 2017.  Il a dit l’attachement de son pays à la stabilisation de la région et plaidé pour un processus négocié de règlement.  Les Israéliens et les Palestiniens doivent s’engager dans un dialogue franc et direct, a-t-il dit, en défendant la solution des deux États.  Le délégué a déclaré que les revendications historiques des Palestiniens sont légitimes, tout en soulignant le droit d’Israël de vivre dans la sécurité.  Le droit d’exister ne peut être refusé ni à la Palestine, ni à Israël, a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a exhorté le Conseil à prendre les mesures nécessaires pour un retour des parties à la table des négociations. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a déploré une cristallisation des positions en présence, depuis que les États-Unis ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et décidé de transférer leur ambassade dans cette ville.  L’enlisement du processus de paix et le raidissement des parties, a prévenu le représentant, sont de nature à saper durablement les efforts de la communauté internationale dans la recherche d’une solution des deux États vivant côte-à-côte, dans la paix, la sécurité et « la reconnaissance mutuelle des droits légitimes de chacun ».  La Côte d’Ivoire réaffirme son soutien à la solution des deux États comme la seule viable et, quant au statut définitif de Jérusalem, estime qu’il doit être négocié dans le cadre d’une solution concertée entre les deux parties, comme le prescrivent les résolutions pertinentes des Nations Unies. 

Le représentant a donc invité la communauté internationale à poursuivre ses efforts auprès des deux parties et a invité les acteurs israéliens et palestiniens à un dialogue constructif.  Il a aussi encouragé le Hamas et l’Autorité palestinienne à poursuivre le dialogue sur l’unité palestinienne pour permettre un retour effectif de « l’Autorité centrale palestinienne » à Gaza et l’atténuation des conséquences de la crise humanitaire.  S’agissant de la Syrie dont il s’est dit gravement préoccupé, le représentant a félicité la France pour le lancement du « Partenariat international contre l’impunité d’utilisation des armes chimiques ».  Il s’est aussi réjoui de la prorogation du Mécanisme de surveillance de l’acheminement de l’aide transfrontalière humanitaire.  Il a appelé toutes les parties à un arrêt total des hostilités dans les zones dites de désescalade, sans oublier d’appeler à l’accélération des négociations de paix dans le cadre du processus de Genève.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appuyé la solution des deux États avec des frontières internationalement reconnues et sûres, qui doit être négociée directement entre Israël et la Palestine sur la base des frontières en vigueur jusqu’en 1967.  Ces négociations devront, en même temps, déterminer le statut final de Jérusalem, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que son pays avait été l’un des 33 à voter en faveur de la résolution 181 adoptée en 1947 à l’Assemblée générale, concernant la formation des deux États.  Il a souligné que, 70 ans plus tard, la solution à la question de la Palestine restait la même, citant à cet égard les propos du Secrétaire général selon lequel « il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États.  Il n’y a pas de plan B ».

M. Meza-Cuadra a plaidé pour que, ce faisant, on respecte le droit international et la Charte des Nations Unies.  À cela il a ajouté le respect de l’état de droit et des normes minimales de coexistence.  C’est pourquoi il a demandé aux parties de punir les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, tout acte terroriste et toute attaque contre des civils; et de rejeter les discours de haine et d’antisémitisme, ainsi que les discriminations.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël de préserver sa sécurité par l’exercice de la légitime défense, il a demandé à ce pays de cesser les pratiques de colonisation et les démolitions dans les territoires palestiniens occupés.  Enfin, le délégué a salué les efforts en faveur d’une paix durable menés par différents acteurs, avant de souligner l’importance d’un financement stable et prévisible de l’UNRWA.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a souligné le soutien de sa délégation aux mesures prises par l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, ainsi que par la Fédération de Russie, la Turquie, l’Iran, les États-Unis et la communauté internationale dans son ensemble, pour rapprocher le Gouvernement syrien et l’opposition syrienne.  Après l’adoption, le 22 décembre 2017, d’une déclaration conjointe par les États garants du processus d’Astana, qui prévoit notamment la création d’un Groupe de travail, sur la remise en liberté des personnes détenues/enlevées, le Kazakhstan a, a assuré son représentant, l’intention de coopérer étroitement avec le « dialogue/congrès » national syrien qui se déroulera à Sotchi les 29 et 30 janvier prochains, avec la participation de toutes les composantes de la société syrienne.  

S’agissant de la position du Kazakhstan sur le processus de paix au Moyen-Orient, M. Umarov a rappelé le soutien de sa délégation à la solution des deux États, appelant à la reprise le plus rapidement possible des négociations de paix, en particulier au niveau bilatéral, et ce, sans conditions préalables.  Il a considéré que ces pourparlers devraient avoir pour paramètres la Feuille de route pour la paix, l’Initiative de paix arabe, les Principes de Madrid et la formule « terre contre paix ».  Après avoir plaidé pour des sources de financement prévisibles pour l’UNRWA, le représentant a voulu compléter les propos de son homologue des États-Unis, qui avait cité en exemples l’ancien Président de l’Égypte, Anouar el-Sadate, et le Roi Hussein de Jordanie.  Il a voulu ajouter à ces noms celui du Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, qui avait défendu lui aussi les idéaux de justice et de paix.

M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé que l’année 2017 avait commencé avec un espoir pour le peuple palestinien après l’adoption de la résolution 2334(2016), la première en près de 10 ans sur la question palestinienne, et s’était achevée avec des décisions qui ébranlaient les fondations même du travail accompli.  Alors que le Conseil avait dès 1980, par ses résolutions 476 et 478, déclaré nuls et non avenus l’annexion par Israël de la ville sainte de Jérusalem, le transfert de sa capitale et toute décision par un État de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, il semble que ce Conseil ne soit plus capable de parvenir aujourd’hui à un consensus sur ce qui été agréé autrement, a déploré le ministre.  M. Asim a rappelé le soutien de son pays à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, comme étant la seule capable de garantir une paix durable.

Le Ministre s’est par ailleurs félicité que le Secrétaire général ait fait de la situation en Syrie une de ses priorités pour 2018 et a estimé que les « petites graines d’espoir » plantées l’année dernière devaient pouvoir grandir, tout en estimant qu’il fallait faire beaucoup plus.  De même, il a appelé à maintenir l’espoir dans le cœur des Yéménites et des Libyens, afin de contrer le terrorisme.  Dans tous les cas, M. Asim a appelé la communauté internationale à travailler ensemble, avec les pays concernés et les peuples affectés, pour trouver des solutions.  Pour garantir des paix durables, il a mis l’accent sur le renforcement des structures de l’État dans le cadre des efforts de maintien et de consolidation de la paix et il a appelé le Conseil à recourir, pour résoudre les conflits, à la vaste panoplie d’outils à sa disposition et pas seulement aux options militaires.   

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a constaté que la paix au Moyen-Orient semblait plus éloignée que jamais.  Les écarts déjà vastes entre les parties se creusent, et les Arabes et les Palestiniens sentent que les principes de base de la paix sont abandonnés.  Jérusalem reste la question la plus sensible du statut final, à son avis.  Pourtant, la revendication israélienne du contrôle exclusif sur Jérusalem et la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël ont virtuellement évincé le processus de paix pour les Arabes, a-t-elle estimé en regrettant aussi qu’elles fassent « désespérer nos peuples ».  Or les peuples désespérés font des choses désespérées, a averti la représentante.  Elle a ajouté que le Liban, qui a payé le plus lourd tribut de l’absence de paix pendant les nombreuses invasions israéliennes, comprend la gravité de la situation lorsque toutes les voies de la paix sont bloquées.

Au Liban, a-t-elle poursuivi, en particulier dans le sud, la population subit quotidiennement des violations israéliennes de l’espace aérien et maritime, et de l’intégrité territoriale, en violation de la résolution 1701 (2006).  La semaine dernière, nous avons reçu l’intention unilatérale d’Israël de construire un mur non seulement le long de la Ligne bleue mais également dans des zones occupées sensibles, qui, une fois de plus menace de déstabiliser la situation dans le sud et qui pourrait conduire à un conflit, a indiqué Mme Mudallali avant de réaffirmer la ferme détermination de son gouvernement à mettre en œuvre la résolution 1701 (2006).  Celui-ci reste également résolu à travailler avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et, à travers le Mécanisme tripartite, à accélérer la délimitation de la Ligne bleue en particulier dans les zones sensibles.  « La non-résolution de ces problèmes menace la paix et la sécurité. »

En outre, en dépit des défis économiques, sociaux et sécuritaires, du fardeau d’accueillir plus d’un million de Syriens, et du conflit en Syrie, les dirigeants libanais sont engagés à tenir les élections législatives en mai 2018.  Ils sont totalement déterminés à consolider la stabilité du Liban dans le cadre de trois conférences à venir: la Conférence de « Rome 2 » sur le renforcement des capacités des Forces armées libanaises, la Conférence du Cèdre, à Paris, sur la revitalisation de l’économie libanaise et la Conférence de Bruxelles pour aider le Liban à faire face à la crise des réfugiés.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé que la gravité des crises au Moyen-Orient rendait nécessaire que les États non membres du Conseil de sécurité s’expriment sur la nécessité pour celui-ci d’assumer d’urgence ses responsabilités, qu’il exerce au nom l’ensemble de la communauté internationale.  Il a dénoncé en premier lieu l’échec répété du Conseil à répondre à la commission des crimes les plus graves en Syrie, à la lumière des récentes attaques chimiques, puis a déploré l’arrêt du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU et a rappelé que le redevabilité devrait être assurée par le biais d’autres mécanismes.  Il a cité notamment le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne.  M. Wenaweser a appelé tous les États à coopérer pleinement avec le Mécanisme, en lui fournissant aussi bien un soutien politique ou financier qu’en lui livrant des informations.

Rappelant que le Conseil joue un rôle essentiel dans la protection des civils contre la commission des crimes internationaux les plus graves, le représentant a ensuite insisté sur la catastrophe humanitaire sans précédent qui affecte le Yémen.  Il a appelé le Conseil, « et en particulier ses neuf membres qui ont signé le Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), à traiter de la situation dans ce pays avec l’attention et le sens de l’urgence qu’il mérite ».

Enfin, M. Wenaweser a estimé que le processus de paix au Moyen-Orient avait été encore fragilisé par les récents événements et a rappelé que seule une solution des deux États permettrait de parvenir à une paix juste et durable.  Le Liechtenstein reste attaché au cadre juridique international qui permet de parvenir à cette solution, et en particulier aux résolutions 478(1980) et 2334 (2016), « qui continuent d’être contraignantes pour nous tous ».  Il soutient en outre l’appel de l’Assemblée générale pour une intensification et une accélération des efforts en vue d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, efforts dans lesquels le Conseil de sécurité reste un acteur majeur.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) s’est dite très inquiète face à l’absencede projet tangible pour trouver une solution juste, complète, pacifique et durable au conflit israélo-palestinien.  Elle a condamné la décision du Président des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.  L’intention de modifier le statut historique de Jérusalem menace les intérêts légitimes du peuple palestinien et des nations arabes et musulmanes et aura de graves conséquences pour tout le Moyen-Orient, a ajouté la représentante.  Cuba souhaite que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités et exige d’Israël qu’il mette fin immédiatement à la colonisation du territoire palestinien et respecte ses décisions.  La représentante a en outre demandé que soit mis fin au blocus de Gaza.  Cuba continuera d’appeler à la recherche d’une solution des deux États dans les frontières de 1967, qui assure le droit au retour des réfugiés.  Cuba rappelle également que toute mesure pour modifier le statut du Golan syrien occupé est contraire au droit international et inacceptable.

La solution des deux États est en péril et les perspectives de paix sont plus éloignées que jamais, a alerté Mme MALEEHA LODHI (Pakistan).  La décision de certains pays d’installer leur ambassade à Jérusalem, en se fondant sur une « fausse » interprétation du droit à la souveraineté, a enflammé encore plus la situation.  Le statut juridique de Jérusalem est sans ambigüité, a insisté la représentante qui a cité les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, dont la résolution 478 qui appelle les États qui auraient établi leur mission diplomatique à Jérusalem à se retirer de la Ville Sainte.  Toute action contraire serait non seulement une violation flagrante de la résolution mais aussi une tentative tout aussi flagrante de légitimer l’occupation illégale par Israël de Jérusalem.  Nous rejetons un tel révisionnisme, a martelé la représentante. 

Quand les principes sont relégués au second plan au profit d’intérêts égoïstes, la rationalité et la raison sont invariablement supplantées par les menaces et les intimidations.  Nous avons assisté à ce « malheureux » spectacle avec une fréquence troublante ces derniers jours, y compris à l’ONU, une organisation créée pour porter haut les idéaux de l’état de droit et de la coopération internationale.  Malgré ces provocations, s’est félicitée la représentante, la communauté internationale n’a pas cédé et est restée ferme dans son appui à la cause palestinienne.  Mon pays, a-t-elle rappelé, est fière d’avoir été coauteur de la résolution de l’Assemblée générale sur Jérusalem-Est, le mois dernier.  Le Moyen-Orient ne profitera des dividendes de la paix que si cette paix s’appuie sur les fondations de la justice, un impératif qui implique l’édification d’un État de Palestine viable, indépendant et contigu sur la base des paramètres internationalement agréés et des frontières d’avant 1967, et avec Al-Qods Al-Charif comme capitale. 

La déléguée s’est également inquiétée des pressions financières que connaît l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) en raison de « la décision unilatérale d’un grand bailleur de fonds » de retirer la moitié de ses contributions.  Elle a appelé la communauté internationale à ne pas délaisser les réfugiés palestiniens et à veiller à ce qu’ils aient accès à l’aide dont ils ont besoin.

Mme Lodhi a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts pour trouver une solution au conflit au Yémen, estimant urgent de nommer dès que possible un nouveau représentant spécial.  Elle a aussi souhaité l’aboutissement des négociations intrasyriennes.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a espéré que 2018 marquerait la fin du conflit syrien et le début d’un processus politique de transition accepté par toutes les parties.  Profondément préoccupé par la situation humanitaire au Yémen, il a appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit humanitaire et à faciliter l’accès sans entrave de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin, tout en s’engageant dans un dialogue sincère, sous les auspices des Nations Unies, en vue de trouver une solution politique durable à ce conflit.

Passant ensuite à la menace de Daech au Moyen-Orient, le délégué a souligné la capacité des terroristes d’évoluer, à la fois dans leurs méthodes, leur organisation et leur réseau.  Aucun pays ne peut mener seul le combat contre ce fléau, a-t-il souligné, plaidant en faveur d’une coopération internationale soutenue.  Il faut renforcer les capacités humaines et institutionnelles des pays et leur système d’alerte rapide.  Ce sont des instruments essentiels pour fortifier les États face à la menace terroriste, a insisté le représentant qui a indiqué que son pays travaille en ce sens sur les plans bilatéral et régional.

S’agissant de la question palestinienne et de l’escalade des tensions dans la région depuis l’annonce, par les États-Unis, de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, le représentant a condamné l’intensification marquée des activités de colonisation israéliennes qui indiquent, selon lui, qu’Israël s’oriente vers une solution à un seul État au mépris des droits inaliénables du peuple palestinien.  Tout acte consistant à reconnaître que Jérusalem appartient à Israël est de facto un soutien à ses activités illégales voire un encouragement à les poursuivre.

Le représentant a appelé tous les États à ne pas céder à la provocation ou faire des déclarations contraires aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Il a également regretté que le Conseil n’ait pas été en mesure d’adopter le projet de résolution en décembre dernier, tout en saluant les 14 membres qui l’ont soutenu.  Leur vote et celui de l’Assemblée générale sont la preuve du large consensus international autour du statut de la Ville sainte et du rejet de toute décision.  « La Palestine est un test décisif pour le Conseil de sécurité », a prévenu le représentant pour lequel c’est une question de crédibilité et de confiance.  « Si nous sapons ou autorisons la remise en cause des résolutions du Conseil sur la Palestine, quelle sera la position du Conseil et des États Membres de l’ONU si des violations similaires se produisaient ailleurs? a-t-il demandé, avant d’appeler à des efforts internationaux et régionaux plus intenses pour parvenir à une paix juste et durable sur la base des résolutions de l’ONU, de la Feuille de route du Quatuor, des Principes de Madrid et de l’Initiative de paix arabe.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne (UE), a réitéré son soutien à la solution des deux États, ajoutant que la position de l’Union européenne sur Jérusalem reste inchangée.  Le statut final de Jérusalem devra être défini par les négociations et la solution des deux États est la seule à pouvoir instaurer une paix durable.  Le représentant s’est opposé à la poursuite des colonies de peuplement qui menace la solution des deux États.  Il a encouragé les Palestiniens à combattre la violence et les incitations à la violence, et salué les efforts visant à placer la Cisjordanie et Gaza sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.  Vivement préoccupé par les coupes budgétaires imposées à l’UNRWA, il a rappelé l’appui constant de l’UE à l’agence depuis 1971.  L’UE et ses États membres comptent parmi les principaux contributeurs et entendent bien le rester, a-t-il assuré.  Enfin, le délégué a indiqué que l’UE usera de ses bons offices, y compris auprès des donateurs actuels et potentiels, pour assurer le bon fonctionnement de l’agence.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a constaté que l’année a commencé en confrontant la communauté internationale à des situations qui exigent une action.  La question de Palestine, a-t-elle souligné, est la clef de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient.  Si une solution n’est pas trouvée sur la base de l’Initiative de paix arabe, les tensions s’aggraveront de manière notable, a-t-elle prévenu.

Elle a aussi souligné que la question de Jérusalem doit être résolue dans le cadre de négociations, en veillant à la légitimé du processus international et non pas en prenant des décisions unilatérales.  La Jordanie restera aux côtés de la communauté internationale pour condamner toute tentative de modifier le statut actuel de Jérusalem.  La ville, a insisté la représentante, doit rester ouverte à tous les descendants d’Abraham.  Elle a dénoncé les actes provocateurs qui jouent sur l’émotion des fidèles quelle que soit leur confession.

La représentante n’a pas manqué d’attirer l’attention sur la situation de l’UNRWA et a appelé la communauté internationale à faire tout son possible pour veiller à ce que les services fournis par l’Office ne soient pas interrompus.  S’agissant de la Syrie, elle a espéré que le neuvième cycle de pourparlers permettra de faire prévaloir la paix.  Elle a aussi appelé les parties à faire en sorte que l’aide humanitaire parviennent à toutes les zones de Syrie.  La déléguée a aussi parlé du terrorisme, appelant à plus d’efforts concertés pour combattre les organisations terroristes takfiristes.

Mgr BERNARDINO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a jugé urgent que le Conseil de sécurité mette en œuvre des solutions prévues par la Charte pour résoudre les multiples conflits au Moyen-Orient et mettre fin aux crises humanitaires qui continuent de frapper des peuples, des religions et des cultures anciennes.  C’est le processus de paix israélo-palestinien qui est au centre du maelstrom du Moyen-Orient et un des plus anciens points à l’ordre du jour du Conseil, a-t-il rappelé, avant d’appeler à la reprise des négociations entre les parties sur les questions qui sont au cœur du conflit et sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a également appelé au respect du caractère particulier de Jérusalem, « dont la signification va bien au-delà des questions territoriales » et concerne non seulement les habitants de la Ville sainte mais aussi les croyants des trois grandes religions monothéistes.  Seul un statut internationalement garanti peut préserver ce caractère unique et garantir le dialogue et la réconciliation en faveur de la paix dans la région, a estimé le nonce.

M. GHOLAM HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a déclaré que l’occupation par Israël du territoire palestinien était au cœur de tous les conflits de la région, ajoutant que l’injustice se poursuit depuis plus de 70 ans, exacerbée par la politique « agressive, expansionniste et d’apartheid » d’Israël à l’égard du peuple palestinien et de la région.  Chaque fois que nous nous réunissons ici, on nous annonce de nouvelles implantions illégales ou des plans d’annexion, s’est lassé le représentant, qui a accusé Israël de « travailler jour et nuit pour nier le moindre droit à un État palestinien et enraciner l’occupation.

Le représentant a dénoncé la décision « provocatrice » des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme la capitale du « régime israélien », y voyant « la complicité des deux régimes pour priver les Palestiniens de leurs droits fondamentaux à créer un État indépendant ayant Al Qods pour capitale ».  Il a rappelé que, le 21 décembre dernier, l’Assemblée générale avait manifesté son soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien malgré « toutes les intimidations grotesques » formulées avant le vote.  Il a dénoncé la politique de colonisation d’Israël comme non seulement une grave violation de la quatrième Convention de Genève mais aussi un « crime de guerre ».  Il a accusé le « régime israélien » de continuer de violer au moins 86 résolutions du Conseil de sécurité, depuis la résolution 54 (1948) jusqu’à la résolution 2334 (2016), grâce à l’impunité que lui procurent les États-Unis.

Le représentant a également accusé Israël de faire fi de tous les régimes de non-prolifération des armes de destruction massive et de refuser d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à la Convention sur les armes biologiques.  Il a aussi dénoncé le « rôle destructeur » des États-Unis dans les conflits internationaux et notamment au Moyen-Orient.  Jamais les États-Unis n’ont été un partenaire honnête dans ce conflit et jamais ils ne le seront, a prévenu le représentant.

Il n’a pas épargné le Conseil de sécurité, dénonçant l’échec de ce dernier dans les conflits de la région, en premier lieu au Yémen.  Là encore, il a attribué la situation au comportement des États-Unis.  Affirmant que les interventions extérieures, comme l’occupation, ne pouvaient que contribuer à l’instabilité et favoriser le terrorisme, le représentant s’est étonné de « l’obsession étrange, une forme d’hystérie » des États-Unis pour son pays.  Il a conclu en réaffirmant la solidarité de longue date de la République islamique d’Iran avec le peuple palestinien.

La situation au Moyen-Orient demeure volatile et les solutions militaires ne donneront rien, a prévenu M. KORO BESSHO (Japon).  Il a dénoncé la persistance des actes de violence et a insisté sur l’importance qu’il y a à résoudre les conflits de manière pacifique.  Il a réitéré l’appui du Japon à la solution des deux États, avant d’attirer l’attention sur certaines mesures de rétablissement de la confiance lancée par son pays.  Il a ainsi annoncé que le parc industriel « Jericho Agro » est entré dans une nouvelle phase.  Le Japon compte également poursuivre un programme lancé, il y a 20 ans, en faveur de la jeunesse israélo-palestinienne.  De telles mesures de confiance, a estimé le représentant, contribuent à créer un environnement propice à la reprise des négociations.  Le Japon appuie également le travail de l’UNRWA et, à ce moment critique, la communauté internationale doit se montrer unie pour obtenir la concrétisation de la solution des deux États.  Il a espéré que la prochaine réunion du Comité spécial de liaison sera utile à cet égard.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a réaffirmé le soutien « plein et absolu » de son organisation aux efforts internationaux et régionaux visant à parvenir à une paix durable, fondée sur le Processus de Madrid, la Feuille de route du Quatuor, l’Initiative de paix arabe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui forment le cadre de référence des Nations Unies  pour une solution visant à créer un État palestinien souverain et indépendant.  Il a rappelé le caractère très sensible de Jérusalem, pour les croyants des trois religions monothéistes. 

Si le choix d’une ambassade revient à un pays, il doit néanmoins se faire dans le cadre international, a souligné l’Observateur permanent, en parlant d’un cadre qui existe de longue date puisque la résolution 2234 de 2016 est venue renforcer la résolution 478 de 1980.  L’Observateur permanent a donc rejeté la position américaine exprimée le 6 décembre, estimant qu’elle porte atteinte au processus de paix.  Il s’est réjoui du « consensus international » illustré par les 14 voix obtenues au Conseil sur le projet de résolution soumis par les États arabes et la « majorité écrasante » sur le même texte à l’Assemblée générale.  Il a dénoncé le chantage à l’aide économique des États-Unis pour tenter de changer les intentions de vote, y compris les menaces contre l’UNRWA et l’Autorité palestinienne. 

Enfin, l’Observateur permanent a condamné les « mesures provocatrices » d’Israël, Puissance occupante, l’accusant d’avoir encore accéléré la colonisation, y compris à Jérusalem-Est.  Si Israël veut devenir un membre non permanent du Conseil de sécurité, il devrait tenir compte de la légitimité internationale et cesser de violer les résolutions du Conseil de sécurité, a conseillé l’Observateur. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a constaté que les perspectives de paix diminuent au Moyen-Orient.  Il a insisté sur le rôle fondamental des négociations pour trouver une solution juste et durable au conflit et pour faire valoir les droits inaliénables du peuple palestinien.  Il a engagé le Conseil de sécurité à faire respecter ses propres résolutions, faisant observer que celles-ci constituent la base d’une solution juste au conflit.  Il a appelé à intensifier les efforts régionaux et internationaux allant dans ce sens et estimé que la résolution 2334 est la voie la plus viable pour parvenir à la paix, ce texte établissant les paramètres essentiels d’une solution juste.  Le mépris à l’égard du Conseil de sécurité et de ses résolutions, mettant en garde contre les conséquences d’une telle position.

Il s’est inquiété de l’évolution de la situation après la décision unilatérale « d’un certain Gouvernement » de transférer son ambassade à Jérusalem, soulignant que toute tentative de modifier le statut de la Ville sainte doit être considérée comme nulle et non avenue et que la question de son statut final doit être résolue dans le cadre de négociations.

Il s’est aussi inquiété d’une possible aggravation de la situation sur le terrain, dénonçant notamment les lois adoptées par Israël pour asseoir son occupation et faciliter l’acquisition illégale de territoires par la force.  Il a averti que de telles mesures pourraient avoir des conséquences très graves pour la solution des deux États et dénoncé la poursuite, par Israël, de ses activités de peuplement.

M. Moncada a appelé à la levée du blocus de Gaza, appelant à résoudre la situation dans la bande sur la base du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il a aussi averti que les menaces qui pèsent contre l’UNRWA pourraient avoir des conséquences humanitaires tragiques à Gaza et avoir des effets déstabilisateurs dans les pays où vivent les réfugiés palestiniens.  Il a engagé les États à revoir de toute urgence à la hausse leurs contributions à l’UNRWA.  Le délégué a par ailleurs appelé Israël à respecter la résolution 497 du Conseil de sécurité et à se retirer du Golan syrien occupé.  Il a aussi engagé Israël à se retirer de l’ensemble des territoires libanais occupés.

M. EDGAR SISA (Botswana) a apporté son soutien aux différentes initiatives de paix entreprises par les Nations Unies, le Quatuor et la communauté internationale afin de trouver une solution stable, juste et durable à la question du Moyen-Orient, y compris au conflit israélo-palestinien, dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et de la solution des deux États, la seule viable.  Le Botswana continuera donc d’appuyer une solution négociée et souligne que la question de Jérusalem relève des négociations sur le statut final.  Le représentant a donc dénoncé la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. 

M. LYLE PATRICK DAVIDSON (Afrique du Sud) a dit continuer de croire que la meilleure option pour résoudre le conflit israélo-palestinien est de se fonder sur le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et l’indépendance, le droit des peuples israélien et palestinien de vivre côte-à-côte dans la paix dans leur État respectif, le fait qu’il n’y pas de solution militaire au conflit et qu’une négociation pacifique est le seul moyen pour assurer la paix, la sécurité et la stabilité; et l’attachement au multilatéralisme.  Aucun acte unilatéral ne doit préjuger de l’issue des négociations sur le statut final.

Le représentant a souhaité que le débat d’aujourd’hui soit l’occasion de parler du sort des enfants détenus dans les prisons militaires israéliennes.  À la lumière des données du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), nous sommes préoccupés, a avoué le représentant, par le taux élevé de violences physiques, des fouilles corporelles, de mise en isolement, de menaces et d’abus verbaux dont sont victimes ces enfants.  De tels abus ne feront que renforcer la haine entre les deux parties, prolongeant la crise, a prévenu le représentant.

M. Davidson s’est également dit préoccupé de l’action unilatérale de certains États Membres pour reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, ce qui sape le processus de paix.  Les résolutions de l’ONU et les accords bilatéraux sur le statut de Jérusalem devraient rester l’élément central de toute solution négociée à trouver par les parties.  Jérusalem reste un espace sacré pour les grandes religions abrahamiques et c’est l’unique raison pour laquelle elle est un des aspects les plus disputés du processus de paix.  Préjuger de l’issue des négociations peut mettre en péril l’ensemble du processus de paix, et en particulier la solution des deux États, a prévenu le représentant qui a également voulu mobiliser les soutiens à l’UNRWA.     

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a souligné que Jérusalem est le berceau des trois religions d’Abraham et que la ville est la capitale historique de la Palestine.  Il est revenu sur les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil de sécurité qui soulignent que toute tentative de modifier le statut historique de Jérusalem sera considéré, entres autres, comme une violation des conventions agréées.  Il a souligné que ces textes ne peuvent être ignorés et a dénoncé les actions prises par Israël pour modifier le statut de Jérusalem, soulignant que ces actes ne sont fondés sur aucune norme.

Le représentant a rappelé que son pays est à l’origine de l’Initiative de paix arabe et a insisté sur le fait que tout transfert d’ambassade à Jérusalem ne contribuera qu’à attiser les tensions au Moyen-Orient.  Il a aussi dénoncé « l’ingérence flagrante » de l’Iran dans les affaires des autres États.  Il a accusé ce pays d’être le parrain du Hezbollah, qui déstabilise le Liban.  L’Iran, a-t-il poursuivi, fournit des armes aux Houthistes, au Yémen, qui ont lancé plus de 90 attaques contre l’Arabie saoudite avec des roquettes de fabrication iranienne.  Il a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de fermeté face à l’Iran et aux pratiques terroristes qui menacent la région.  Il est plus que temps de répondre à la menace que représente le Hezbollah, a-t-il souligné.

S’agissant de la Syrie, le délégué a estimé que la seule solution au conflit est d’obtenir un consensus syrien, indiquant que la Conférence de Riyad, qui s’est tenue en 2017, a contribué à l’unification de l’opposition syrienne.  Le délégué s’est aussi dit préoccupé par la situation humanitaire dans le pays et a réclamé un accès immédiat aux personnes dans le besoin.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a dit sa vive préoccupation face à la situation alarmante dans plusieurs zones du Moyen-Orient.  Il rappelé le soutien de son pays à la solution des deux États et estimé que les efforts devaient viser à une reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens.  Il a salué l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur Jérusalem et a insisté sur le fait que l’évolution récente de la situation ne devait pas masquer les problèmes sous-jacents.  Il a demandé à Israël de cesser sa politique d’implantation mais aussi aux dirigeants palestiniens de démontrer leur disponibilité à retourner à la table des négociations, y compris en se montrant unis.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a prévenu qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États et souligné que le statu quo n’est plus une option.  La solution des deux États se voit constamment érodée par une situation en constante évolution.  Il faut que la question de Jérusalem soit réglée dans des négociations qui doivent reprendre le plus rapidement possible.  Le représentant a ensuite voulu que l’on inverse la tendance négative qui prévaut sur le terrain et que l’on mette fin à la violence.  Il a exhorté Israël à cesser ses activités de peuplement et à lever les obstacles au développement des Palestiniens.  Il s’est aussi dit profondément préoccupé par les coupes budgétaires à l’UNRWA, « bouée de sauvetage des Palestiniens ».  L’aide humanitaire ne saurait être politisée, a martelé le représentant.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a rappelé que son pays appuyait tous les efforts en faveur de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient, y compris les efforts régionaux et ceux des grandes puissances pour faire progresser une solution négociée.  Dès lors, l’Argentine souhaite que l’on évite les actions unilatérales ou les provocations et condamne avec insistance toutes formes de violence.  Le représentant a rappelé le soutien de son pays au peuple palestinien et à son droit d’édifier son propre État, vivant en paix avec ses voisins dans des frontières reconnues internationalement.  Il a exprimé sa préoccupation face à la poursuite des implantations illégales israéliennes.  Citant la résolution 2334 (2016), il a rappelé que ces implantations sont contraires au droit international et sapent la perspective de la solution des deux États.  Il a aussi dénoncé comme inacceptables les attaques contre les citoyens israéliens, tout en s’inquiétant de l’usage excessif de la force par Israël et des actes de violence perpétrés par les colons.

La représentant a réaffirmé le statut particulier de Jérusalem et s’est dit en accord avec les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  L’Argentine est en conséquence opposée à tout acte unilatéral tendant à porter atteinte à ce statut et considère que l’accès des croyants des trois grandes religions monothéistes à leurs lieux saints doit être garanti.  Toute tentative de nier ou de relativiser la signification profonde de ces lieux est inacceptable et ne contribue en rien à résoudre le conflit.

S’agissant de la Syrie, a poursuivi le représentant, l’Argentine est favorable à une solution politique qui respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays.  C’est pourquoi elle soutient les discussions de Genève et le travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, de même que le Processus d’Astana.  L’Argentine, a conclu son représentant, condamne tout recours aux armes chimiques et salue le travail indépendant et technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU.  Elle souhaite la poursuite d’enquêtes impartiales.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a condamné, à son tour, la décision prise par les États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem, dénonçant une décision unilatérale qui « entre dans la logique d’oppression du peuple palestinien ».  Il a aussi rappelé le veto des États-Unis, le 18 décembre dernier, qui montre, si besoin en était, que ce pays n’a jamais été un acteur viable du processus de paix au Moyen-Orient.  Il a aussi dénoncé la politique d’agression qui ne fait que déstabiliser davantage la région.  Alors que la communauté internationale se tient aux côtés du peuple palestinien, les États-Unis sont isolés comme jamais, a-t-il déclaré.  Le représentant a appuyé le droit au retour des réfugiés et la reconnaissance de la Palestine comme État Membre à part entière de l’ONU.

Il s’est étonné que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient n’ait pas parlé de la situation dans le Golan syrien où Israël étend ses colonies et pose des mines.  Il a rappelé le cas du « Mandela syrien », Sedqi al-Maqt, arrêté de nouveau en 2015, alors qu’il avait déjà passé 27 ans dans les geôles israéliennes pour avoir diffusé des vidéos prouvant la coopération entre Israël et le Front el-Nosra.  Le représentant a rejeté les préparatifs pour élire de prétendus conseils locaux.  Les colons doivent quitter le Golan car la Syrie entend bien reconquérir son territoire, a prévenu le représentant, en appelant le Conseil de sécurité à obtenir le respect de ses propres résolutions.

Réagissant à l’intervention de l’Arabie saoudite, le délégué a souligné que pour parvenir à un consensus en Syrie, la famille royale saoudienne doit cesser de publier des fatwas en faveur du terrorisme.  Le régime saoudien, a-t-il accusé, soutient plus de 100 groupes terroristes en Syrie auxquels il fournit des substances toxiques.  Ce régime est totalement responsable du fléau du terrorisme qui frappe de nombreux pays du monde, a-t-il martelé.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a tenu à réitérer l’appui de son pays à la solution des deux États et souligné qu’au cœur de cette « formule » se trouve la nécessité de travailler à l’émergence d’un État palestinien pleinement souverain, économiquement viable et territorialement contigu.  L’expansion des colonies de peuplement en Palestine compromet donc la réalisation d’une paix durable dans la région, a estimé le représentant.  Mon gouvernement, a-t-il précisé, compte que le statut final de la ville de Jérusalem sera défini dans les négociations entre Israël et la Palestine, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 478 de 1980 et 2334 de 2016. 

S’agissant de la Syrie, le représentant a pleinement appuyé les efforts de l‘Envoyé spécial et les négociations intersyriennes de Genève.  Il est temps, a-t-il dit, que la communauté internationale envoie un message unifié pour appuyer une solution politique inclusive à la crise syrienne, fondée sur les paramètres fixés par la résolution 2254 de 2015.  Le but, a précisé le représentant, est d’avoir un processus mené par et pour les Syriens et de préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  L’appui de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, est essentiel pour obtenir que les négociations avancent de manière constructive et concrète.  Le représentant a plaidé pour l’accès humanitaire à la Ghouta orientale, exprimant aussi sa préoccupation face à la situation dans le nord de la Syrie et à la violence à Afrin.  Il a demandé à toutes les parties de respecter le droit international et a conclu en soulignant la nécessité d’un plan de stabilisation et de reconstruction à long terme en Iraq et d’un règlement négocié au Yémen, sans oublier de mentionner le rôle toujours vital de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dont le Brésil dirige la composante maritime depuis 2011.

M. HICHAM OUSSIHAMOU (Maroc) a rappelé l’importance que son pays attache à la question palestinienne et ses efforts inlassables en faveur d’une paix juste au Moyen-Orient sur la base de l’Initiative de paix arabe et des décisions de la communauté internationale.  Il a dénoncé la poursuite de la colonisation et de la judaïsation des territoires occupés et a dit ne pas avoir d’espoir de paix à court terme.  Il a rappelé les préoccupations exprimées par le Roi du Maroc lorsque les États-Unis ont décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.  Le Roi du Maroc avait prévenu des violences liées à cette « décision unilatérale dangereuse ».  Le représentant a conclu en insistant sur le respect du statut juridique et historique de Jérusalem. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. FERIDUN H. SINIRLIOĞLU (Turquie) a condamné la décision des États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem, y voyant non seulement une violation des droits des Palestiniens mais aussi un « affront douloureux » aux droits religieux des Chrétiens et des Musulmans.  Il en va de la responsabilité de l’ensemble de la communauté internationale de préserver le statut historique de la ville, a-t-il estimé, ajoutant que les décisions unilatérales sapent les perspectives d’une paix juste et durable au Moyen-Orient.

Toute mesure visant à modifier la composition démographique et le statut de Jérusalem doit être considérée comme illégale, a insisté le représentant qui a dénoncé la poursuite des activités de peuplement d’Israël et les mesures visant à modifier le caractère démographique de Jérusalem-Est et à changer le statut historique et juridique de la mosquée Al-Aqsa.  Il a engagé le Conseil à prendre des décisions fermes face à la situation, sans oublier celle des colons qui commettent des actes de violence comme à Al-Khali/Hebron.  De tels actes risquent de transformer un conflit politique en guerre religieuse sans fin, a averti le représentant.

L’inaction du Conseil de sécurité, a-t-il dit craindre, ne fera qu’enhardir Israël et l’encourager à poursuivre ses violations dans les territoires palestiniens occupés.  L’espoir est revenu après l’adoption de la résolution 2334 et pourtant les activités de peuplement se sont accélérées spectaculairement.  Les condamnations de la communauté internationale doivent prendre une forme concrète.  L’OCI appelle aussi cette communauté internationale à maintenir son appui aux efforts de réconciliation palestinienne et réclame la levée du blocus de Gaza.  Le représentant a aussi souligné la nécessité de donner toute l’assistance nécessaire à l’UNRWA, après la décision des États-Unis de réduire substantiellement leur contribution

S’agissant de la Syrie, il est revenu sur les mesures de confiance prises à la Conférence d’Astana, estimant que les Processus de la capitale kazakhe et de Sotchi doivent être vus comme complémentaires aux négociations menées sous l’égide de l’ONU.  Le délégué n’a pas oublié de mentionner le lancement par son pays de l’opération « Rameau d’olivier ».  Il s’agit de combattre le terrorisme et de protéger les frontières turques des attaques des rebelles kurdes et de Daech, a-t-il assuré.

Au nom du Groupe arabe, M. SAUD HAMAD GHANEM HAMAD ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a souligné le mépris d’Israël pour le Conseil et pour ce qu’il représente.  Il a dénoncé la stratégie de ce pays qui veut rendre la solution des deux États « caduque » sur le plan pratique.  Nous tenons à réaffirmer que le cœur du conflit est l’occupation israélienne, a martelé le représentant, en jugeant nécessaire que les négociations se déroulent dans un cadre de référence agréé.  Il a rejeté la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y établir l’ambassade américaine.  Il s’agit d’une action « dangereuse », qui viole le droit international et d’une attaque contre les nations arabes et musulmanes, mais aussi contre les chrétiens du monde entier, a-t-il prévenu.  Le délégué a exhorté les États Membres à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, avant de formuler les recommandations suivantes: ne pas reconnaître les mesures unilatérales qui portent atteinte au statut particulier de Jérusalem ou à sa composition démographique; s’abstenir d’établir des missions diplomatiques à Jérusalem; souligner que le statut final de la Ville sainte doit être tranché dans des négociations directes entre les parties; mettre en évidence la gravité des actions unilatérales qui menacent la solution des deux États; et intensifier les efforts en faveur d’une paix durable au Moyen-Orient.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé que l’objection de sa délégation aux colonies est « ancienne et ferme » car ces colonies sapent la recherche de la solution des deux États et doivent s’arrêter.  En ce moment critique et avec le soutien des parties et autres parties prenantes, la Norvège et l’Union européenne ont décidé de convoquer, à Bruxelles le 31 janvier, une session ministérielle extraordinaire du Comité spécial de liaison pour la coordination de l'assistance internationale aux Palestiniens.

La réunion répondra à deux questions dont la première est la nécessité urgente de débattre des mesures qui pourraient avoir un impact positif sur les efforts visant à redémarrer les négociations sur le statut final, car il faut faire des progrès vers la réalisation de la solution des deux États.  La deuxième question est celle des efforts visant à aider l’Autorité palestinienne à exercer son contrôle à Gaza comme l’indique l’Accord du Caire du 12 octobre 2017.

Le représentant a reconnu une situation « critique » à l’UNRWA, lequel risque de ne plus être en mesure de s’acquitter de son mandat.  Avec l’Office, les donateurs doivent trouver des solutions pour faire face à cette crise, a exhorté M. Hattrem qui, avant de conclure, a demandé au Gouvernement iraquien de s’attaquer aux facteurs qui ont conduit à l’émergence de l’État islamique.  Concernant la Syrie, il a réitéré la nécessité de respecter la résolution 2393 (2017) du Conseil de sécurité sur l’accès de l’aide humanitaire.  La Norvège, a-t-il précisé, a versé plus d’un milliard de dollars d’aide en Syrie depuis 2011 et elle déboursera une autre somme de 500 millions de dollars au cours des deux prochaines années.  

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a mis en garde contre une mauvaise gestion de la question palestinienne et du risque de voir le conflit se transformer en conflit confessionnel.  Il s’est dit profondément préoccupé par les souffrances humanitaires du peuple palestinien.  Il a engagé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités pour mettre un terme aux exactions sans précédent contre le peuple palestinien.  Le délégué a condamné les activités de peuplement d’Israël, y voyant un obstacle majeur à la paix.  Il a affirmé que la partie arabe agit de bonne foi et cherche à obtenir une paix juste.  Il a également averti du risque de voir des extrémistes exacerber la situation.  Il faut se saisir de l’intérêt « renouvelé » pour la cause palestinienne et mener des négociations sérieuses, a estimé le représentant qui a attiré l’attention sur l’Initiative de paix arabe.

M. EINAR GUNNARSSON (Islande) a rappelé qu’il y a à peine plus d’un an, l’Assemblée générale avait créé, par sa résolution 71/248, le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne.  Cet organe, s’est-il réjoui, témoigne de la volonté d’assurer la justice sur le long terme.  Le représentant a demandé que davantage d’attention soit accordée à la situation au Yémen, en proie à une guerre « stupide » où la population paie un lourd tribut et qui fait s’interroger sur l’humanité de ceux qui en sont responsables.

Face à ces conflits, celui qui oppose Israéliens et Palestiniens, semble soluble, a poursuivi le représentant, qui a rappelé qu’il existe un objectif clair: la solution des deux États.  Il faut donc s’abstenir de toute mesure qui nous éloigne de cette solution, a-t-il conseillé, en appelant les « États influents » à créer un environnement favorable à la reprise des négociations de paix.  Rappelant que la situation à Gaza est à la fois une question humanitaire et de sécurité, il a mis en garde contre toute mesure qui affaiblirait l’UNRWA et son travail « essentiel ».  Ne pas répondre aux besoins humanitaires des réfugiés palestiniens, c’est risquer de créer un terrain favorable à l’extrémisme des jeunes privés d’enseignement et d’espoir.  « Saper l’UNWRA maintenant, c’est saper la paix et la stabilité au Moyen-Orient », a averti le représentant.

M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a jugé « grave » l’évolution de la question palestinienne et a rappelé que son pays avait mis en garde à plusieurs reprises contre les mesures unilatérales contraires au droit international.  L’Égypte estime que la paix passe avant tout par le respect de ce droit qui, seul, peut garantir ceux des peuples.  Tout ce qui sape le droit international ne peut que servir de prétexte aux partisans de la violence, a prévenu le représentant.  La communauté internationale se retrouve aujourd’hui face à un dilemme, a-t-il poursuivi.  Est-on capable de faire appliquer les décisions prises?  Sommes-nous dans une situation où n’importe quel pays peut violer impunément des décisions agréées?  Nous sommes tous responsables, a-t-il répondu, et c’est ensemble que nous devons résoudre les difficultés de la région. 

Le représentant, qui a dit craindre l’effondrement des institutions, a rappelé que malgré ses nombreux défis, l’Égypte a toujours recherché les moyens de faire face à la situation humanitaire à Gaza, sans pour autant oublier d’insister sur la responsabilité de la Puissance occupante.  Les mesures unilatérales n’apporteront pas la paix, a averti le représentant.  Seule la solution des deux États protégerait les intérêts des deux parties.  L’Égypte, a-t-il conclu, est attachée à la réconciliation palestinienne, qui est l’un des meilleurs moyens de faire d’une société palestinienne unie et forte un partenaire de négociations.   

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a jugé que la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient pointe vers la nécessité de renforcer la coopération entre les pays de la région.  Elle a appuyé les efforts visant à relancer les négociations pour trouver une solution au conflit palestinien, en n’oubliant pas de souligner qu’Al-Qods fait partie intégrante de la solution.  Elle a donc dénoncé toute tentative d’en modifier la composition démographique, avant de s’inquiéter de la situation en Syrie.  Elle a appelé au maintien de l’unité du pays et a appuyé les efforts visant à y éradiquer le terrorisme.

La représentante a ensuite prévenu que le blocus imposé à son pays a un impact néfaste sur les efforts de lutte contre le terrorisme.  Elle a prôné des relations de bon voisinage et dénoncé toute violation de la souveraineté du Qatar.  Elle a appelé la communauté internationale à appuyer l’initiative lancée par le Koweït pour trouver une issue à la crise que connaît son pays.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est dit profondément préoccupé par les décisions et les actions unilatérales qui compromettent la place de Jérusalem comme une question relevant des négociations sur le statut final et qui contribuent à changer le statut historique et juridique de la Ville, sa composition démographique et son caractère arabo-islamique.  Le représentant a réaffirmé l’importance primordiale de préserver le statut de Jérusalem établi par les résolutions de l’ONU.

M. Bin Momen a exhorté le Conseil de sécurité à persuader Israël d’arrêter immédiatement ses implantations illégales dans les territoires palestiniens occupés, de lever le blocus de Gaza et de mettre fin à toutes les formes d’occupation et de violence.  Nous sommes inquiets du mépris total d’Israël à l’égard de la résolution 2234 (2016) du Conseil de sécurité, s’est indigné le représentant.  La protection internationale du peuple palestinien qui souffre depuis des décennies des punitions collectives de la Puissance occupante doit être une priorité, a-t-il estimé avant de demander aux États Membres de maintenir la capacité de l'UNRWA à faire la différence dans la vie des réfugiés palestiniens. 

Le Président du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, M. FODÉ SECK, a rappelé la résolution de l’Assemblée générale, adoptée lors d’une session extraordinaire le 21 décembre, qui déclare nulle et non avenue toute décision ou action visant à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de Jérusalem et qui demande à tous les États de s’abstenir d’établir des missions diplomatiques dans la Ville sainte. 

Signalant un projet de loi adopté, début décembre, par le Parlement israélien qui, dans les faits, empêchera tout futur gouvernement israélien de céder tout ou partie de Jérusalem, y compris Jérusalem-Est, à un État palestinien dans le cadre de négociations de paix, M. Fodé Seck a aussi fait observer que le Comité central du Likoud, parti au pouvoir en Israël, avait adopté en décembre dernier une résolution dans laquelle il demande que la loi israélienne soit imposée dans toutes les colonies de Cisjordanie, ce qui reviendrait de facto à les annexer.  M. Seck a redouté qu’un tel texte, une fois devenu loi, ferme par principe la porte à une solution négociée.  Il incombe, a-t-il dit, à la communauté internationale de défendre les droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance de son État, ayant Jérusalem-Est pour capitale.

M. Seck a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer les institutions palestiniennes et l’UNRWA qui restent des piliers essentiels, porteurs de stabilité et d’espoir dans la région.  « Il est de notre responsabilité collective de garantir le droit à un État indépendant et souverain au peuple palestinien dans un souci de justice et de paix », a martelé le Président du Comité.

M. JA SONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a attribué l’absence de solution à la question de Palestine à la politique antipacifique d’occupation d’Israël mais aussi à la politique de « deux poids, deux mesures » des États-Unis au Moyen-Orient, dans le seul but de protéger Israël.  Le représentant a rappelé que la création d’un État palestinien ayant Al-Qods comme capitale est une revendication immuable de la communauté internationale, confirmée par l’adoption en décembre dernier de la résolution de l’Assemblée générale sur le statut de Jérusalem.  Il a estimé que la décision prise par le Président des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël méritait la condamnation la plus ferme de la communauté internationale dans la mesure où elle constitue « une insulte ».  Il a pressé Israël et les États-Unis de prêter attention aux efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit au Moyen-Orient, dans le cadre du droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.  La République populaire démocratique de Corée a reconnu dès 1988 le statut d’État à la Palestine et lui a toujours démontré sa solidarité, a rappelé le représentant. 

M. M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a estimé que la faiblesse des perspectives de paix au Moyen-Orient était imputable pour une large part à l’attitude de défiance d’Israël, la Puissance occupante, face aux résolutions du Conseil de sécurité, dont la résolution 2234(2016).  Il a demandé à Israël de mettre fin à ses activités illégales et de se soumettre à toutes les obligations que lui imposent ces résolutions.

Rappelant qu’il incombe à tous les États Membres des Nations Unies de contribuer à une solution juste et durable, le représentant a exprimé sa préoccupation face à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y déplacer son ambassade.  Cette décision, qui sape les efforts pour une paix durable, a suscité « consternation et frustration » dans la majorité des États Membres et notamment dans le monde musulman et chez tous ceux qui recherchent la paix, la stabilité et la sécurité dans la région, a-t-il rappelé.  Plus grave encore, cette décision viole et sape les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, y compris les résolutions 478 (1980) et 2334 (2016), qui sont la base du processus de paix et affirment que la question de Jérusalem relève des négociations directes sur le statut final.  La Malaisie appelle donc les États-Unis à revenir sur leur décision, a indiqué le représentant, avant de s’inquiéter, à son tour, de l’assèchement des ressources de l’UNRWA et de demander aux États Membres de renforcer leur soutien à l’agence.  La Malaisie continuera de soutenir l’UNRWA, a-t-il promis.

Mme HADAS ESTER MEITZAD (Israël) a tenu à répondre à la déclaration de son homologue libanais, qui a notamment décrit le « rôle complémentaire » joué par le Hezbollah aux côtés de l’Armée libanaise.  Elle a plutôt encouragé le Gouvernement du Liban à mettre en œuvre la résolution 1701 (2006) du Conseil et à rétablir son autorité sur tout le territoire libanais.  Elle a ensuite rappelé que le régime syrien attaque ses propres citoyens et les massacre dans la Ghouta orientale.  Mon pays, a souligné la représentante, fournit de l’aide à de nombreux réfugiés syriens, en particulier en les recevant dans les hôpitaux israéliens.  Après avoir qualifié le Venezuela de « pays en banqueroute » et dénoncé la déclaration « incorrecte » du délégué bolivien de la situation sur le terrain, elle a attiré l’attention sur les restrictions à la liberté d’expression au Koweït, jugeant « absurde » la déclaration faite aujourd’hui par son représentant. 

 

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