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Le Conseil de sécurité rappelle dans une déclaration sa préoccupation face aux « liens étroits » entre terrorisme et criminalité internationale organisée

8247e séance – matin
CS/13325

Le Conseil de sécurité rappelle dans une déclaration sa préoccupation face aux « liens étroits » entre terrorisme et criminalité internationale organisée

Le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, une déclaration présidentielle dans laquelle il « exprime de nouveau sa préoccupation quant aux liens étroits qui existent entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée » et engage États Membres et organisations internationales à améliorer la coopération et les stratégies visant à empêcher les terroristes de tirer profit d’activités de criminalité transnationale organisée.

Le Conseil, qui engage notamment l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à continuer d’étudier la nature et l’étendue de tels liens, exhorte « à titre prioritaire » les États Membres à envisager d’adhérer aux conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée et leur rappelle qu’ils sont tenus « d’appliquer pleinement » les prescriptions figurant dans les résolutions qu’il adopte sur cette question, y compris pour réprimer le financement du terrorisme ou empêcher la circulation de terroristes. 

Rappelant son appui à la « mise en œuvre équilibrée » de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le Conseil rappelle qu’il faut, face à la menace que le terrorisme fait peser sur la paix et la sécurité internationales, « mener une action collective dans le respect du droit international et de la Charte ».  Il insiste en particulier, dans ce cadre, sur le respect par les États de leurs obligations au titre du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire, notant que le non-respect de telles obligations internationales « est un des facteurs favorisant la radicalisation conduisant à la violence et instaurant un climat d’impunité ».

Le Conseil souligne l’importance de partenariats efficaces entre les Nations Unies et les organisations et instances internationales compétentes de même que celle d’un renforcement de la coordination et de la coopération entre la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme.  Il reconnaît en outre les « compétences essentielles » de l’ONUDC, de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, des autres entités compétentes des Nations Unies et d’INTERPOL. 

Enfin, le Conseil, qui se félicite que son Comité contre le terrorisme s’apprête à tenir une réunion publique d’information sur les liens entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée, prie celui-ci ainsi que le « Comité 1267 » et le « Comité 1988 » de tenir « d’ici 12 mois une réunion spéciale conjointe consacrée à la question des liens entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée ».

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité, rappelant les buts et principes de la Charte des Nations Unies, réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Le Conseil exprime de nouveau sa préoccupation quant aux liens étroits qui existent entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée et, à cet égard, engage fortement les États Membres et les organisations régionales, sous-régionales et internationales compétentes à améliorer, selon qu’il conviendra, la coopération et les stratégies visant à empêcher les terroristes de tirer profit d’activités de criminalité transnationale organisée, ainsi qu’à se donner les moyens de sécuriser les frontières de façon à pouvoir enquêter sur les terroristes et leurs complices au sein des groupes criminels transnationaux et les poursuivre en justice, notamment grâce au renforcement des systèmes nationaux, régionaux et mondiaux de collecte, d’analyse et de partage de l’information, y compris l’information émanant des services de police et de renseignement.

Le Conseil note que la nature et l’étendue des liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée varient selon la situation et, à cet égard, engage les États Membres et les organisations et instances internationales, régionales et sous-régionales à continuer de mener des recherches pour mieux comprendre la nature et l’étendue desdits liens, engage également l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à continuer d’inscrire cette question dans ses programmes de recherche et dans les rapports qu’il lui incombe d’établir, y compris le Rapport mondial sur les drogues, et engage en outre la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme à tirer parti à cette fin du Réseau mondial de recherche placé sous son égide.

Le Conseil exhorte à titre prioritaire les États Membres d’envisager, selon le cas, de ratifier les conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, d’y adhérer et de les mettre en œuvre dès que possible, y compris la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (2000) et les Protocoles s’y rapportant, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la corruption (2003), rappelle aux États Membres qu’ils ont l’obligation d’appliquer pleinement les prescriptions figurant dans les résolutions qu’il adopte eu égard au terrorisme international et à la criminalité transnationale organisée, et réitère son appui à la mise en œuvre équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Le Conseil rappelle que le terrorisme fait peser une menace sur la paix et la sécurité internationales et que pour lutter contre cette menace il faut mener une action collective aux niveaux national, régional et international dans le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies, et souligne qu’il incombe au premier chef aux États Membres de lutter contre les actes de terrorisme et l’extrémisme violent qui peut conduire au terrorisme.

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure prise pour lutter contre le terrorisme soit conforme à toutes leurs obligations au titre du droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, souligne que le respect des droits de l’homme, celui des libertés fondamentales et celui de l’état de droit se complètent et renforcent les mesures antiterroristes effectives et sont à leur tour renforcés par elles, et qu’ils constituent un élément essentiel de toute action antiterroriste efficace, note qu’il importe de respecter l’état de droit pour prévenir et combattre efficacement le terrorisme, et note également que le non-respect de ces obligations internationales ou d’autres, comme celles imposées par la Charte des Nations Unies, est un des facteurs favorisant la radicalisation conduisant à la violence et instaurant un climat d’impunité.

Le Conseil engage les États Membres et les organisations et instances internationales, régionales et sous-régionales à mieux faire connaître et à appuyer davantage les initiatives visant à prendre en compte, dans le cadre de l’élaboration et de l’application des stratégies mondiales, régionales et nationales de lutte contre le terrorisme, les liens qui existent entre terrorisme et criminalité transnationale organisée, y compris au sens de la résolution 2242 (2015), selon qu’il convient. 

Le Conseil rappelle ses résolutions et les déclarations de son Président qui soulignent combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations et instances régionales et sous-régionales, des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations et instances. 

Le Conseil souligne qu’il importe, à cet égard, de renforcer la coordination et la coopération entre la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, et reconnaît le rôle et les compétences essentiels de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice, des autres entités compétentes des Nations Unies et d’INTERPOL.

Le Conseil demande aux États Membres d’empêcher les terroristes de profiter du produit de la criminalité transnationale organisée et de recevoir l’appui de groupes criminels transnationaux organisés et, à cet égard, rappelle que les États Membres ont l’obligation de prévenir et de réprimer le financement du terrorisme quelle qu’en soit la finalité, invite la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à renforcer leur coopération avec le Groupe d’action financière et les organes régionaux de ce type, et engage le Groupe d’action financière à continuer de placer la lutte contre le financement du terrorisme au cœur de son action.  Le Conseil salue toutes les initiatives visant à renforcer les efforts internationaux de lutte contre le financement du terrorisme, y compris la conférence qui s’est tenue à Paris les 25 et 26 avril 2018. 

Le Conseil demande en outre aux États Membres d’empêcher la circulation de terroristes en effectuant des contrôles efficaces aux frontières, en surveillant de près la délivrance de documents d’identité et de voyage, et en prenant des mesures visant à empêcher la falsification de documents d’identité et de voyage, la fabrication de faux et l’utilisation frauduleuse de tels documents, et engage les États Membres à tirer pleinement parti de tous les outils, bases de données et instruments existants élaborés par des organisations internationales et régionales telles que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, l’Organisation de l’aviation civile internationale, INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes, ainsi qu’à renforcer l’action et la coopération internationales visant à lutter contre la menace posée par le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, et, à cet égard, rappelle qu’il a demandé aux États Membres d’exiger des compagnies aériennes opérant sur leur territoire qu’elles communiquent à l’avance aux autorités nationales compétentes des informations sur les passagers, conformément au droit interne et aux obligations internationales, et de renforcer la capacité de recueillir, traiter et analyser les données des dossiers passagers (PNR), en application des normes et pratiques recommandées de l’Organisation de l’aviation civile internationale.

Le Conseil encourage l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales à continuer d’aider les États Membres à renforcer leurs capacités et de mettre en commun leurs bonnes pratiques en vue de prévenir et combattre le terrorisme pouvant tirer parti de la criminalité transnationale organisée.

Le Conseil rappelle les résolutions 2331 (2016) et 2388 (2017), dans lesquelles a été constaté le lien qui existe entre le terrorisme, la violence sexuelle et les activités criminelles transnationales organisées, notamment la traite des êtres humains.

Le Conseil se félicite que le Comité contre le terrorisme s’apprête à tenir une réunion publique d’informations sur les liens entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée, et prie le Comité, le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) et le Comité créé par la résolution 1988 (2011) de tenir d’ici 12 mois une réunion spéciale conjointe consacrée à la question des liens entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum sur les forêts débute son examen du Plan stratégique « pour faire de la gestion durable des forêts la pierre angulaire du développement durable »

Treizième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
END/DEV/1848

Le Forum sur les forêts débute son examen du Plan stratégique « pour faire de la gestion durable des forêts la pierre angulaire du développement durable »

Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa treizième session.  Première session politique après l’adoption, par l’Assemblée générale en 2017, du Plan stratégique sur les forêts (2017-2030), cette semaine de travail sera l’occasion pour les délégations d’examiner en détail la mise en œuvre de cette stratégie qui offre un cadre global pour gérer de manière durable tous les types de forêts et d’arbres hors forêt.

Le Plan vise aussi à enrayer et inverser la tendance à la déforestation et à la dégradation des forêts et, au-delà, à étendre la superficie des zones forestières.  Il contient « six objectifs d’ensemble », assortis de 26 cibles à atteindre d’ici à 2030, ainsi que des dispositions pour des contributions nationales volontaires en vue de la réalisation de ces objectifs.

Les enjeux de cette mise en œuvre sont de taille, a souligné le Président de la session, M. Shahrul Ikram Yaakob, de la Malaisie, car si les États Membres respectent fidèlement le Plan stratégique, il sera non seulement possible d’inverser les pertes du couvert forestier, notamment dans le domaine tropical où 7 millions d’hectares de forêts continuent d’être perdus chaque année, mais aussi de les augmenter de 3% chaque année.  Outre la gestion durable de tous les types de forêts et d’arbres, cette avancée permettra de faire des contributions notables à la lutte et l’adaptation aux changements climatiques.

Pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, il s’agit de « faire de la gestion durable des forêts la pierre angulaire du développement durable dans le monde ».  M. Liu Zhenmin a en effet souligné que les forêts, qui couvrent 30% de la planète, jouent un rôle essentiel pour combattre la pauvreté, étant un filet de sécurité pour les communautés rurales les plus pauvres.  Qui plus est, elles sont essentielles pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques: en leur état actuel, elles constituent le deuxième puits de séquestration de carbone au monde en absorbant un tiers des émissions de gaz à effet de serre, et leur bonne gestion leur permettrait d’en absorber encore plus.

En outre, comme l’a soulevé le Directeur du Secrétariat du Forum, M. Manoel Sobral Filho, les forêts permettent de lutter contre l’érosion des sols et les inondations.  Autre atout des forêts, les produits sylvicoles se retrouvent dans plus de 70% des médicaments consommés de nos jours.

Pour l’Union européenne, il est donc très important que le Forum apporte des arguments irréfutables et des propositions au Forum politique de haut niveau pour le développement durable en ce qui concerne la contribution des forêts et de leur gestion durable à la réalisation des objectifs de développement durable.

Le Plan stratégique est « une véritable feuille de route pour promouvoir une gestion forestière durable », a souligné la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marie Chatardová, qui a toutefois averti qu’il ne sera pas possible d’atteindre ces objectifs si on ne renforce pas la résilience des communautés face aux différents chocs, en particulier économiques et climatiques.

 « Ce qu’il nous faut, a souligné le Président du FNUF, c’est réaliser une transformation catalytique de nos systèmes et de nos comportements moyennant une application idoine des ressources, des expertises et de la technologie, le tout devant être appuyé par la volonté et la prévoyance politiques. »  Il a vu dans la réalisation des six objectifs d’ensemble la possibilité d’éliminer la pauvreté extrême pour toutes les personnes qui dépendent des forêts, d’augmenter la sécurité alimentaire, en eau et en énergie, et de soutenir la biodiversité et les écosystèmes. Ce faisant, il sera également possible de mobiliser des financements significatifs pour les forêts, tout en rehaussant la coopération, la coordination, la cohérence et les synergies entre les secteurs et parties prenantes.

C’est la question du financement qui a d’ailleurs retenu l’attention de l’Égypte qui, au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, a appelé au renforcement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, par le biais notamment de ressources financières, techniques et humaines prévisibles.  De son côté, le Nigéria, au nom du Groupe des pays d’Afrique, a demandé le renforcement des capacités pour mieux faire face aux défis forestiers.

La Présidente de la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme, Mme Geraldine Byrne Nason (Irlande), a en outre souligné l’importance fondamentale de l’intégration des femmes et filles au Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.

Avant le débat général qui commencera demain, de nombreuses délégations sont intervenues pour annoncer leurs contributions nationales volontaires au plan stratégique, une majorité d’initiatives visant à contrer la perte et la dégradation du couvert forestier naturel dans le monde.

La tenue, dans l’après-midi, de deux tables rondes ministérielles a aussi été l’occasion pour les délégations de réfléchir aux solutions basées sur les forêts pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, mardi 8 mai, à partir de 10 heures.

PROGRÈS ACCOMPLIS DANS L’APPLICATION DE LA RÉSOLUTION 2015/33 DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclarations

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB, Président du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), de la Malaisie, a déclaré que si les États Membres respectent fidèlement le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, il sera possible d’inverser les pertes du couvert forestier et arriver à une augmentation de 3% chaque année, d’assurer une gestion durable de tous les types de forêts et d’arbres, et de faire des contributions notables à la lutte contre de nombreux défis mondiaux, à commencer par la lutte et l’adaptation aux changements climatiques.  En réalisant les six objectifs d’ensemble relatifs aux forêts contenus dans le Plan, a-t-il poursuivi, il sera possible d’éliminer la pauvreté extrême pour toutes les personnes qui dépendent des forêts, d’augmenter leur sécurité alimentaire, en eau et en énergie, et d’appuyer la biodiversité et les écosystèmes.  Ce faisant, il sera également possible de mobiliser des financements significatifs pour les forêts, tout en rehaussant la coopération, la coordination, la cohérence et les synergies entre les secteurs et parties prenantes. 

Le Président du FNUF a reconnu l’ampleur des défis actuels, caractérisés par une perte et une dégradation continues du couvert forestier naturel dans de nombreuses régions du monde, notamment dans le domaine tropical où 7 millions d’hectares de forêts continuent d’être perdus chaque année.  « Ce qu’il nous faut, c’est réaliser une transformation catalytique de nos systèmes et de nos comportements moyennant une application idoine des ressources, des expertises et de la technologie, le tout devant être appuyé par la volonté et la prévoyance politiques. »  Le Président du FNUF a estimé que la présente session doit être l’occasion de concrétiser les avancées réalisées dans certains domaines clefs du Programme 2030 en renforçant la mise en œuvre du Plan stratégique.

La déléguée de la Suisse a demandé l’ajout d’un nouveau point à l’ordre du jour intitulé « Information sur la réforme du Département des affaires économiques et sociales relatif au FNUF ».  Ce point ayant été adopté par le Forum, le Président de celui-ci a indiqué qu’il y aura une résolution omnibus pour rassembler les différentes décisions prises au cours de la session.

Mme MARIE CHATARDOVÁ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a demandé des mesures concrètes pour une gestion forestière durable, qui est une priorité du Conseil.  Le Forum, l’un des organes subsidiaires de l’ECOSOC, est unique en raison de sa composition universelle, a-t-elle fait valoir.  Mme Chatardová a souligné le rôle fondamental que jouent les forêts dans la vie économique et sociale, avant de rappeler que le premier Plan stratégique sur les forêts avait été adopté en 2017.  C’est, a-t-elle précisé, une véritable feuille de route pour promouvoir une gestion forestière durable.  Dans cet objectif, elle a plaidé pour la pleine mise en œuvre des objectifs de développement durable et une bonne coopération entre l’ECOSOC et le Forum.  Il ne sera pas possible d’atteindre ces objectifs si on ne renforce pas la résilience des communautés face aux différents chocs, en particulier économiques et climatiques, a poursuivi la Présidente.  Enfin, elle a encouragé le Forum à jouer un rôle actif pour alimenter les travaux du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, et ce, en vue de la bonne mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a indiqué que les forêts couvrent 30% de la planète et jouent un rôle essentiel pour combattre la pauvreté et les changements climatiques, représentant en outre un filet de sécurité pour les communautés rurales les plus pauvres.  Elles sont essentielles pour atténuer les changements climatiques et pour s’adapter à ceux-ci, étant le deuxième puits de séquestration de carbone au monde en absorbant un tiers des émissions de gaz à effet de serre.  Leur bonne gestion permettrait d’ailleurs d’absorber encore plus de carbone, a précisé M. Liu. 

Le Secrétaire général adjoint a rappelé les grandes lignes du Plan stratégique sur les forêts et s’est félicité de la réussite de la première Conférence internationale intersectorielle sur la déforestation et la re-forestation qui s’est déroulée à Rome, début février.  Il a également salué le travail du Réseau mondial de facilitation du financement forestier qui a réussi à mobiliser 500 millions de dollars.  Il a souhaité que la présente session permette de renforcer la contribution du FNUF aux efforts entrepris pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut arriver à ce que la gestion durable des forêts soit la pierre angulaire du développement durable dans le monde, a-t-il conclu.

M. MANOEL SOBRAL FILHO, Directeur du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a détaillé le programme des cinq jours de la session 2018.  Il a souligné l’importance de ce Forum pour alimenter les travaux du prochain Forum politique de haut niveau pour le développement durable en 2018.  Comment les forêts peuvent-elles contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable et à la promotion de villes résilientes et durables, qui sera le thème du Forum politique cette année? , a-t-il dit.  Il a rappelé que les forêts permettent de lutter contre l’érosion des sols et contre les inondations, avant de souligner les conséquences graves de la déforestation.  Il a aussi indiqué que les forêts sont une source importante d’énergie pour les plus pauvres, les ménages dans nombre de pays en développement utilisant du bois ou du charbon pour se chauffer et cuisiner.  « Les produits forestiers se retrouvent dans plus de 70% des médicaments que nous consommons », a-t-il ajouté.  Les forêts sont essentielles à l’édification de sociétés résilientes et cette session est l’occasion de réfléchir à la prise d’actions concrètes et à la mobilisation de ressources financières en vue de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, a déclaré le Directeur.  Enfin, M. Sobral Filho a souligné la « trajectoire impressionnante » suivie par le FNUF depuis sa création à la fin des années 90, en prédisant que « 2018 sera une année essentielle de plus pour le FNUF ».

Annonces des contributions nationales volontaires au Plan stratégique des Nations Unies pour les forêts

L’Ukraine a annoncé l’adoption, le 21 novembre, d’un nouveau décret qui prévoit de procéder à un inventaire des forêts et de créer un fonds pour assurer leur gestion durable.  L’Ukraine vise aussi à augmenter le couvert forestier du pays et à hausser de 18% les zones protégées.

Des mesures semblables sont envisagées par la Jamaïque qui compte augmenter de 10% le nombre d’hectares de mangroves protégés.  La gestion des mangroves sera également transférée au Département des forêts, une mesure essentielle pour le pays compte tenu du rôle que jouent ces arbres pour combattre l’érosion des sols.

L’Équateur s’est fixé pour objectif un taux zéro de déforestation, tandis que la Nouvelle-Zélande s’engage à planter un milliard d’arbres au cours des dix prochaines années, et de veiller de surcroît à ce que « les bons arbres soient plantés aux bons endroits ».  Une attention particulière sera portée aux territoires maoris.

Le Maroc compte éviter les changements de « vocation forestière », augmenter la cadence des reboisements et réduire l’envasement des barrages qui ont d’ores et déjà été réduits de 33%.  Les inquiétudes du Maroc portent aussi sur la dégradation des forêts sur le pourtour méditerranéen en raison des incendies qui frappent l’ensemble des pays de la région.

La Malaisie a alloué 25 millions de dollars sur cinq ans pour compenser la perte du couvert forestier.  Des sommes conséquentes ont aussi été affectées à la protection des mangroves.  Le Ghana espère réduire la quantité d’émissions liées à la déforestation et restaurer 25 millions d’hectares de forêts.

La Colombie compte de son côté prévenir le déboisement et la dégradation des forêts par l’intermédiaire de l’initiative « Ceinture verte pour l’Amazonie » qui vise en premier lieu les communautés affectées par le conflit qui a récemment pris fin dans le pays.

La Slovaquie a lancé un système de paiements directs pour les propriétaires de forêts afin d’appuyer les fonctions non productives des forêts.  L’an dernier, deux millions d’euros ont ainsi pu être alloués à 118 propriétaires forestiers slovaques.

Madagascar a attiré l’attention sur les défis qu’engendre l’équilibrage entre les besoins en bois de construction et en bois d’énergie et les impératifs de protection des forêts.  Le pays compte restaurer 4 millions d’hectares de forêts d’ici à 2030 et une stratégie nationale de reforestation vient d’ailleurs d’être adoptée, tandis que les aires protégées ont été triplées.  Le pays vise aussi à développer des initiatives dans les domaines de l’aromathérapie, des cosmétiques et de la pharmacopée.

De son côté, l’Indonésie a mis sur pied une unité chargée de délivrer des certificats pour tout produit sylvicole produit de manière durable.  Le pays compte aussi réduire son taux de déboisement, tout en adoptant des politiques pour soutenir les populations locales.  Ces dernières figurent aussi au centre des préoccupations du Népal dont le couvert forestier représente 45% de la superficie du pays, et qui vise notamment à impliquer la jeunesse dans la communauté forestière. 

Le Costa Rica a indiqué que son couvert forestier était passé de 75%, pendant les années 40, à 25% à la fin des années 80.  Une tendance qui a heureusement pu être inversée, le pays comptant à présent 50% de couvert forestier, l’objectif étant d’atteindre 60%.  Le pays promeut également une politique de tourisme durable qui repose notamment sur le fait que 25% du couvert forestier est classé zone protégée.

Le Pérou, qui compte 50 millions d’hectares de forêts, a créé une plateforme technologique pour fournir des informations sur les forêts, la faune, les communautés et les entreprises afin de prendre les meilleures décisions possibles en termes de gestion durable de forêts.  Cette plateforme permet notamment d’identifier si le bois d’œuvre a été exploité légalement ou pas.

Les coupes illégales du bois d’œuvre préoccupent également les Philippines qui se sont dotées d’un programme national pour étendre le couvert forestier.  Son programme vert national a en plus été prolongé jusqu’à 2028, tandis que 1,8 million d’hectares ont été réhabilités, permettant d’employer 613 000 personnes dans ce secteur.  Des millions de dollars ont aussi été investis pour réhabiliter des milliers d’hectares supplémentaires.

Au Paraguay, où environ 200 000 hectares sont reboisés, le Gouvernement travaille avec les propriétaires fonciers qui détiennent moins de 25% des réserves légales, tout en œuvrant à la conservation des bassins hydriques.

L’Inde a annoncé avoir déjà atteint la plupart des objectifs du Plan stratégique, avec plus de 60 000 hectares reboisés l’an dernier.  Alors que 300 millions de personnes dépendent directement ou indirectement des forêts pour leurs moyens de subsistance, le Gouvernement met l’accent sur la sylviculture et le marketing de produits non ligneux.  L’Inde compte en outre des populations importantes de tigres et d’éléphants, un phénomène directement lié à la superficie importante des forêts.

Au cours des 10 dernières années, le couvert forestier de la Turquie a augmenté de 1,5 million d’hectares, « le taux le plus important au monde ».  Le pays poursuivra cette tendance à l’avenir, sachant que 7,3 millions de personnes en Turquie sont tributaires des forêts et que 4 milliards de plantes ont été plantées sur 5 milliards d’hectares. 

Le Mexique s’engage lui aussi à promouvoir la gestion durable des écosystèmes moyennant l’utilisation d’outils écosystémiques efficaces.  Il ne perd pas non plus de vue l’importance d’impliquer les populations locales et de veiller à l’équité entre les sexes.  Le plan national de développement met en outre à contribution tous les secteurs à la protection du secteur forestier.  Le Gouvernement lutte également contre l’exploitation illégale des espèces sauvages.

Débat général

Mme SHEYAM HAMED ABDELHAMIED ELGARF (Égypte), s’exprimant au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, a indiqué que la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), ainsi que de son programme de travail quadriennal pour la période 2017-2020 est fondamentale pour tous les pays, notamment ceux en développement.  ELle a détaillé la position du G77 et de la Chine qui souligne l’importance de disposer de ressources adéquates pour la mise en œuvre du Plan stratégique.  Le Groupe prend note du rapport du Secrétaire général (E/CN.18/2018/6) sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution 2015/33 de l’ECOSOC.  La déléguée a misé sur les discussions de la table ronde ministérielle sur « une solution fondée sur les forêts pour l’accélération de la réalisation des objectifs de développement durable », espérant que cela permette un dialogue essentiel sur les politiques et les recommandations.  Le Groupe des 77 et la Chine entendent voir leurs interventions à ladite table ronde et aux réunions d’experts figurer au résumé que le Forum transmettra à la session 2018 du Forum politique de haut niveau pour le développement durable. 

Mme Elgarf a rappelé l’importance de la communication et de la sensibilisation comme éléments centraux du Plan stratégique, insistant sur le fait que la communication doit s’atteler à souligner et partager les meilleures pratiques et les histoires à succès dans la mise en œuvre du Plan stratégique et de l’instrument des Nations Unies sur les forêts, tout en précisant les domaines où des actions supplémentaires sont nécessaires.  Le G77 et la Chine rappellent le rôle unique dévolu au Forum et à son secrétariat, ainsi qu’à son nouveau mandat allant jusqu’en 2030, en vertu de la résolution 2015/33 de l’ECOSOC.  La déléguée a aussi souligné la nécessité de renforcer le rôle et l’indépendance du Forum et de son secrétariat dans le cadre du processus de réforme du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, afin de garantir que les résultats du Forum ne soient pas mis à mal.

Le G77 et la Chine attachent également du prix au renforcement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, plaidant pour l’exploitation de nouvelles opportunités de financement tout comme des anciennes.  Parmi ces opportunités, la représentante a mentionné le renforcement des capacités, la facilitation des mécanismes pour permettre aux pays en développement d’accéder aux fonds et de partager les meilleures pratiques en gestion durable des forêts, dans le but d’atteindre les objectifs du Plan stratégique.  Le Groupe des 77 et la Chine estiment en outre que des ressources financières, techniques et humaines suffisantes et prévisibles sont nécessaires pour le fonctionnement optimal du Réseau mondial de facilitation du financement forestier.  Le G77 et la Chine invitent enfin les États et les donateurs à augmenter leur contribution volontaire au Fonds d’affectation spéciale du Forum afin qu’il joue son rôle de soutien à l’égard du Réseau mondial de facilitation du financement forestier.

Le délégué de l’Union européenne a rappelé que l’objectif de la présente session du Forum des Nations Unies sur les forêts, la première depuis l’adoption du Plan stratégique en 2017, était de fournir des éléments en vue de la prochaine session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, l’organe chargé notamment d’examiner l’état de mise en œuvre de l’objectif 15 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il est très important que ce Forum, y compris la présente discussion au niveau ministériel, apporte des arguments irréfutables et des propositions au Forum politique en ce qui concerne la contribution des forêts et de leur gestion durable à la réalisation des objectifs de développement durable, a souhaité le représentant. 

Pour l’Union européenne, la promotion et la mise en œuvre d’une gestion durable des forêts suppose une bonne gouvernance à tous les niveaux, à commencer par des institutions capables de faire respecter efficacement la loi et d’assumer leurs responsabilités.  Il est également essentiel d’impliquer tous les acteurs concernés, notamment la communauté scientifique, la société civile et le secteur privé, ainsi que les organes régionaux et sous-régionaux, a plaidé la délégation.

L’Union européenne souhaite également que le Forum des Nations Unies sur les forêts soit doté d’un secrétariat efficace qui le soutienne dans tous les aspects de son programme.  Elle insiste sur l’importance des synergies entre les objectifs du Plan stratégique et les travaux menés dans le cadre des agences spécialisées des Nations Unies, de la Convention-cadre sur les changements climatiques et des autres organisations internationales et processus concernant les forêts.  Le représentant a exprimé le souhait de voir se renforcer la coopération avec le Partenariat de collaboration sur les forêts.  Enfin, la délégation a insisté sur l’importance des discussions relatives à une stratégie de communication et de plaidoyer ainsi que sur l’adoption de lignes directrices pour le fonctionnement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, afin de le rendre plus efficace en lui donnant accès à toutes les sources de financement existantes.

Le délégué du Nigéria qui s’exprimait au nom du Groupe des pays d’Afrique, a mentionné la grande diversité des forêts africaines: forêts tropicales, savanes, mangroves…  Nous connaissons notre responsabilité de protéger les forêts contre les changements climatiques et la désertification, a-t-il dit, en plaidant pour une gestion forestière durable.  Il a cité les initiatives prises par l’Union africaine dans ce domaine, telles que le « grand mur panafricain » contre la désertification et le reboisement du Sahara.  Une commission ad hoc de l’Union africaine a été mise en place pour une gestion durable des forêts, associant les communautés concernées, a-t-il dit.  Il a aussi plaidé pour des projets transfrontaliers.  Le représentant a salué le Plan stratégique de l’ONU 2017-2030, arguant que « les forêts ne connaissent pas de frontières ».  Il a demandé le renforcement des capacités pour mieux faire face aux défis forestiers, avant de souhaiter que la voix des femmes soit pleinement entendue.  Enfin, le délégué a dit que la mise en œuvre du Plan stratégique précité devait être un premier pas vers l’adoption de mesures permettant de répondre aux préoccupations des pays africains s’agissant des forêts.  La mobilisation des moyens pour une telle mise en œuvre devra être débattue, a-t-il conclu.

MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017 -2030) CONCERTATION SUR LES PRIORITÉS THÉMATIQUES ET OPÉRATIONNELLES, LES MESURES PRIORITAIRES ET LES RESSOURCES NÉCESSAIRES POUR LA PÉRIODE 2017-2018, COMPTE TENU DU CYCLE D’EXAMEN DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE PENDANT CETTE PÉRIODE ET DU THÈME DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FORÊTS

Solutions basées sur les forêts pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable

La mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), en vue de réaliser les objectifs de développement durable, a été au cœur de cette première table ronde ministérielle.  Le Plan stratégique adopté par l’Assemblée générale, dans sa résolution 71/285, offre un cadre global pour gérer de manière durable tous les types de forêt et d’arbre hors forêt, inverser la tendance à la déforestation des sols et étendre la superficie des zones forestières.  Il contient six objectifs d’ensemble relatifs aux forêts, assortis de 26 cibles à atteindre d’ici à 2030. 

Première panéliste à prendre la parole, Mme NOAKO ISHHI, Directrice exécutive du Fonds pour l’environnement mondial, a indiqué que 75 États avaient élaboré un plan national relatif aux forêts.  « Malheureusement, la déforestation se poursuit et nous sommes arrivés à un stade critique », a-t-elle dit en citant le cas de l’Amazonie: alors que les forêts amazoniennes étaient des puits de carbone, elles émettent désormais du carbone.  « Nous pouvons inverser la tendance », a cependant affirmé Mme Ishii pour qui les forêts sont une solution qui peut contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La gestion durable des forêts fait partie de l’objectif de développement durable 15, a-t-elle rappelé.  Les progrès accomplis sont-ils suffisants? a-t-elle lancé.  « Pas vraiment et nous ne pouvons pas nous contenter de la situation actuelle. » Elle a exhorté les investisseurs à investir dans une gestion durable des forêts et les consommateurs à « consommer durablement ».  Ceux qui ne suivent pas les bonnes pratiques doivent être sanctionnés, a-t-elle recommandé.  Enfin, la Directrice exécutive a plaidé pour une amélioration du système foncier et pour une intensification des investissements du secteur privé en vue d’une gestion forestière durable. 

M. NICOLAU DOS SANTOS, Ministre de l’agriculture, des forêts et du bétail de la Guinée–Bissau, second panéliste, a insisté sur l’importance des forêts pour son pays où entre 30 000 et 40 000 hectares de forêts sont perdus chaque année, alors que les mangroves jouent un rôle économique et écologique essentiel.  Il a mentionné les sept axes de la politique forestière de son pays qui vise la conservation des forêts tout en répondant aux besoins de la population.  Ainsi, par exemple, une nouvelle loi foncière fournit une incitation aux communautés rurales pour la préservation des forêts.  Il faut établir un partenariat entre l’État, les organisations non gouvernementales et les communautés locales, celles-ci devant être associées à toutes les décisions les concernant, a-t-il conclu. 

Le troisième panéliste était M. PENG YOUDONG, Vice-Ministre d’administration forestière de la Chine.  Il a insisté sur l’importance du Plan stratégique pour une gestion forestière durable, « véritable reflet de la sagesse des nations ».  Ces 20 dernières années, la couverture forestière de la Chine est passée de 12,7% à 21% de son territoire, grâce à une robuste politique d’encouragement, a-t-il dit.  Il a indiqué que la réforme du régime de propriété foncière avait été élaborée en vue d’une meilleure gestion durable des forêts, dans le droit fil du Plan stratégique.  Ce plan a été décliné dans toutes les politiques de mon pays relatives aux forêts, a fait valoir M. Youdong. 

Dernière panéliste, Mme MARIA PATE, Vice-Ministre pour l’eau et les forêts de l’Autriche, a souligné le rôle crucial du secteur forestier pour réaliser les objectifs de développement durable, avant d’insister sur l’importance des forêts pour l’économie de son pays.  La Vice-Ministre a déclaré que les forêts, dans un pays aussi montagneux que l’Autriche, permettent de protéger les villages et autres infrastructures humaines contre les catastrophes naturelles.  Une gestion forestière durable requiert une gouvernance forestière efficace à tous les niveaux, a-t-elle précisé.  Elle a détaillé les piliers sur lesquels cette gestion repose en Autriche.  Cette gestion durable est ainsi une obligation juridique dans son pays et bénéfice d’une grande variété d’instruments financiers, a-t-elle dit.  Mme Pate a insisté sur la solidité du cadre juridique, grâce notamment à la clarté du régime de propriété foncière, avant de mentionner le dialogue forestier engagé en Autriche, auquel participe près de 90 institutions et organisations.  Elle a en outre souligné la nécessité de disposer de données actualisées afin d’évaluer les progrès accomplis et d’offrir une meilleure gouvernance forestière.  « Le renforcement de la couverture forestière mondiale et la gestion durable des forêts seront des éléments indispensables à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. »

Dans le dialogue interactif qui a suivi, les délégations ont appelé à la pleine mise en œuvre du plan stratégique avant de détailler les initiatives prises par leur pays pour une gestion durable des forêts.  Le Ministre de l’agriculture, de l’alimentation et des forêts de la Bulgarie, au nom de l’Union européenne, a ainsi insisté sur l’importance d’une bonne gouvernance forestière, grâce notamment à une bonne coopération entre toutes les parties prenantes.  Le Ministre des forêts du Pakistan a évoqué en particulier la coordination entre les provinces de son pays pour protéger les forêts et permettre l’avènement d’un « Pakistan vert ». 

La Ministre de l’économie forestière de la République du Congo a, de son côté, tenu à rappeler que la déforestation dans son pays était due au fait que les communautés locales utilisent toujours le bois comme principale source d’énergie.  Ces communautés doivent donc être associées à toute politique forestière, a-t-elle déclaré.  Elle a en outre évoqué la politique de « certification » des forêts appliquée par son pays en vue d’une gestion durable forestière. 

De son côté, la ministre slovaque a mentionné le système d’incitation financière qui a été mis en place pour que les propriétaires fonciers prennent en compte les éléments non monétaires dans leurs décisions d’investissement.  Le Ministre des eaux et des forêts de la Roumanie a, lui, évoqué le durcissement des contraventions en cas de coupes illégales et souligné l’importance du rôle des communautés locales pour identifier les coupes de bois suspectes. 

Mon pays a décrété un moratoire de 90 jours sur les coupes de bois, a enchaîné le ministre du Kenya.  Il s’agit là d’un des axes suivis pour augmenter la couverture forestière de 7% à 10%, objectif avoué du Kenya.  Un autre axe consiste à encourager les investissements des propriétaires fonciers privés, a-t-il dit. 

Au même titre que la ministre de l’Autriche, son homologue de la Bolivie a insisté sur l’importance du cadre juridique pour défendre les droits environnementaux et forestiers des peuples autochtones et assurer une meilleure répartition des terres.  Environ 1,5 million de personnes dépendent des forêts en Bolivie, a-t-elle dit. 

Enfin, la ministre du Lesotho a suggéré la création d’un groupe d’experts qui serait chargé d’élaborer « un modèle simple de gestion forestière durable qui pourrait être suivi par tous les pays ». 

La modératrice de la deuxième table ronde, Mme BETH MACNEIL, qui est Vice-Ministre adjointe des ressources naturelles du Canada, a posé deux questions aux participants: quels sont les obstacles qui limitent la contribution des forêts au Programme 2030 et que faut-il faire pour les surmonter.  Et quels sont les messages à envoyer au prochain Forum politique de haut niveau pour le développement durable? 

Le Ministre de la terre et des ressources naturelles du Ghana, M. JOHN PETER AMEWU, a répondu en pointant l’absence d’efforts conjoints des pays en développement et des pays développés pour réaliser les objectifs de développement durable en particulier les objectifs relatifs à l’environnement.  Il y a ajouté l’absence d’incitation du secteur privé.  « Face aux défis environnementaux, nous procédons de manière non durable », a-t-il prévenu.  La solution passe notamment par les transferts de technologies aux pays en développement, a suggéré le Ministre, en soulignant aussi que le financement constitue un grand problème pour les pays en développement.  Le Ghana a commencé par examiner les raisons de la dégradation des forêts, de la déforestation et des feux de forêts, a-t-il dit.  Pour résoudre ces problèmes, la question du renforcement des capacités s’est posée.  Il a aussi indiqué que le Gouvernement avait lancé plusieurs initiatives de reforestation afin d’augmenter la couverture forestière, et qu’il s’était attelé à mettre en œuvre le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Il prévoit en outre d’augmenter de 10% l’utilisation de l’énergie renouvelable, sachant que l’énergie solaire est en plein développement au Ghana.  En outre, le Gouvernement s’assure que les villes se développent conformément aux normes environnementales. 

Le Vice-Ministre de l’agriculture de la République tchèque, M. PATRIK MLYNÁŘ, a noté une prise de conscience du rôle et du potentiel des forêts dans le développement pour ce qui concerne son pays.  Pour lui, il est important d’envoyer un message sur le rôle multifonctionnel des forêts.  L’autre obstacle est le manque d’échanges d’informations sur ce secteur notamment sur le lien entre l’agriculture et les forêts.  Il faut en outre une approche unique sur les forêts et encourager la biodiversité des forêts, a conseillé M. Mlynář.  Son gouvernement a adhéré au réseau européen intégré pour mettre en œuvre ce projet.  Conscient que le secteur forestier peut contribuer au développement durable grâce à une gestion durable des forêts, il a souhaité donner plus de visibilité au rôle des forêts pendant le Forum politique de haut niveau, en soulignant son rôle dans la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le Ministre de l’agriculture, des pêches, des ressources naturelles et des coopératives de Sainte-Lucie, M. EZECHIEL JUNIOR JOSEPH, s’est concentré sur les problèmes du développement des forêts dans son pays.  Les changements climatiques et leurs effets négatifs sur l’île constituent la menace la plus importante en tant que petit État insulaire en développement (PIED).  La dernière tempête a provoqué d’importants dégâts, ce qui a eu des conséquences négatives sur le développement du pays, a rappelé le Ministre.  « Lorsqu’une catastrophe nous touche, nos objectifs de développement durable reculent. »  L’autre problème est l’utilisation de l’espace terrestre disponible, car 20% des forêts de Sainte-Lucie se trouvent sur les terres gouvernementales et 15% sur des terres privées.  Le Ministre a indiqué que le Gouvernement avait élaboré une stratégie sectorielle pour réaliser les objectifs de développement durable relatifs à l’environnement.  Toutefois, les capacités manquent, a-t-il regretté.  Or, a-t-il fait remarquer, la mise en œuvre de l’objectif 15 sur la vie terrestre doit permettre de réaliser d’autres objectifs de développement durable comme la sécurité alimentaire et la consommation durable.  Défendant la cause des PEID, le Ministre a vu le Réseau mondial de facilitation du financement forestier comme un outil idéal pour combler les écarts dans la réalisation des objectifs sur les forêts. 

À l’issue de ces interventions, la Ministre de l’environnement, de l’écologie et des forêts de Madagascar a appelé à améliorer le contrôle des produits forestiers, la délimitation consensuelle des terrains et l’harmonisation de la politique forestière avec les autres activités sectorielles.  Elle a aussi dénoncé les lacunes en matière de financement, notamment à l’intention des pays en développement qui dépendent des contributions non pérennes des bailleurs de fonds.

L’Allemagne a exhorté les parties prenantes à bâtir des synergies et le Forum à déboucher sur la formulation d’une requête claire.  Il importe aussi d’éduquer les populations car la foresterie durable est l’activité durable ultime, a commenté à son tour l’Australie, tandis que la Finlande a dit l’importance de mettre en place des systèmes de compensation et de collaboration entre les parties prenantes.  La République islamique d’Iran a jugé nécessaire de procéder à une évaluation globale des ressources nécessaires pour atteindre les objectifs d’ici à 2030.

Il ne faut pas non plus négliger la gestion participative des ressources forestières, a ajouté le Cameroun.  Ce dernier a aussi appelé à l’examen des cadres législatifs nationaux en tenant notamment compte des secteurs agricole et minier, suggérant par ailleurs de promouvoir la création de marchés intérieurs du bois, afin de promouvoir l’accès de l’ensemble des citoyens au bois exploité de manière légale.

La Fédération de Russie a constaté pour sa part que l’importance des ressources hydriques n’est pas suffisamment prise en compte, nomment au vu de leur rôle en matière d’atténuation des effets des catastrophes naturelles, avant de vanter les mérites des « boucliers verts », des forêts urbaines qui sont plantées autour des villes russes.  L’Ouzbékistan a insisté sur l’importance de préserver la biodiversité, appelant par ailleurs à une consolidation des efforts déployés pour préserver les forêts qui longent le pourtour de la mer d’Aral.

En amont, l’Équateur a appelé à une véritable restructuration de l’économie, pour en réduire la dépendance aux industries extractives, soulignant aussi l’importance de tenir compte des populations autochtones.  En la matière, l’Argentine s’est d’ailleurs dotée d’une politique spéciale pour la gestion des forêts autochtones.  C’est la promotion de la bio économie qui s’impose, a renchérie la Lituanie, de même que la réglementation des coupes et des travaux de construction.  La Turquie a appelé de son côté à promouvoir l’entrepreneuriat des villages forestiers et l’exploitation des produits sylvicoles.

Il importe aussi de développer plus avant la coopération économique et ne pas négliger la promotion de la Convention sur la diversité biologique, a commenté à son tour la Malaisie, avant que le Viet Nam ne mette l’accent sur l’importance du financement.

L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué qu’elle présenterait prochainement les grandes lignes d’un forum mondial prévu à la fin 2018, tandis qu’une ONG pour les jeunes et les femmes a appelé à sensibiliser davantage la société civile.

La Thaïlande a fait savoir que son gouvernement voulait passer de 32% à 40% de couvert forestier et éradiquer la déforestation avant 20 ans, tandis que le Venezuela s’est enorgueilli de la création récente, par le Président Maduro, du plus important parc national au monde, près du fleuve Orinoco.  De son côté, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a indiqué s’être lancée dans le premier inventaire de ses forêts, tandis que la Pologne a fait savoir qu’elle plante 500 000 nouveaux arbres chaque année.  Dans ce pays, plus de 80% des forêts sont gérées par l’État.

Dans ses observations finales, le ministre du Ghana a appelé à intensifier le transfert de technologie et d’expertise, ainsi que les coopérations Nord-Sud et Sud-Sud, tandis que le ministre adjoint de la République tchèque a insisté sur l’importance des modes de production et de consommation durables.  Le ministre de Sainte-Lucie a, pour sa part, appelé à renforcer les capacités et à améliorer l’accès au financement, faisant observer que l’obtention de fonds en temps voulu pose souvent problème.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: craintes de l’impact d’un budget en baisse sur l’efficacité des 16 opérations de maintien de la paix

Soixante-douzième session, Deuxième partie de la reprise de session,
35e séance – matin
AG/AB/4276

Cinquième Commission: craintes de l’impact d’un budget en baisse sur l’efficacité des 16 opérations de maintien de la paix

Si le Secrétariat de l’ONU n’a pas encore présenté officiellement l’enveloppe des opérations de maintien pour 2018-2019, plusieurs États ont néanmoins parlé d’une proposition de 7,26 milliards de dollars, à l’ouverture de la session de mai de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Comme il s’agirait d’une réduction de près de 700 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent, la Fédération de Russie a mis en garde contre les conséquences d’une recherche aveugle de l’efficacité sur l’exécution des mandats. 

Le financement des opérations de maintien de la paix sera, comme à l’accoutumée, le thème phare de cette deuxième reprise de session.  Outre les problèmes récurrents, tels que les retards dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et de police, les États vont se pencher sur le budget des 16 opérations de maintien de la paix en cours.  Une fois n’est pas coutume, un thème supplémentaire sans lien direct avec le maintien de la paix, a été ajouté à l’ordre du jour: les réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’ONU.

La Commission a d’ores et déjà sur la table les propositions budgétaires de 271,1 millions de dollars pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) et de 55,1 millions de dollars pour la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP).  Mais le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires propose une réduction de 1,7 million pour la première et de 713 100 dollars pour la seconde.  Pour le Centre de services régional d’Entebbe, c’est une enveloppe de 35,2 millions qu’il faudra, soit une augmentation d’environ 2,2 millions, à laquelle le CCQAB s’oppose. 

Sans entrer dans le détail, le Groupe des États d’Afrique a indiqué que l’enveloppe totale de 7,26 milliards de dollars que le Secrétariat de l’ONU serait sur le point de présenter est inférieure à celle de 2017-2018, qui était elle-même largement inférieure à celle de 2016-2017. 

La « diminution constante » des ressources du maintien de la paix risque de porter atteinte à l’exécution des mandats, au profit d’une recherche aveugle de l’efficacité, a mis en garde la Fédération de Russie.  Le principe consistant à « faire plus avec moins », a renchéri le Pakistan, n’est ni « viable », ni adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui.  Pour leur permettre d’accomplir leur mandat, il faut éviter les coupes budgétaires « arbitraires », a ajouté la Norvège.

Les États-Unis ont au contraire insisté sur le caractère « essentiel » de l’efficacité, au nom du devoir qu’ont tous les États envers leurs contribuables: veiller à une utilisation « sage » des ressources.  La Commission, ont-ils poursuivi, doit faire en sorte que les budgets reflètent les « demandes réelles », soient guidés par des hypothèses de planification réalistes et montrent les avantages des initiatives de gestion en cours. 

Les délégations ont aussi pris note de la situation financière de 29 missions de maintien de la paix dont le mandat était terminé au 30 juin 2017.  Parmi elles, 24 présentent un excédent de trésorerie de 103,3 millions de dollars pouvant être porté au crédit des États Membres.  Les cinq missions qui étaient en République centrafricaine, en Somalie, au Cambodge, au Guatemala et en Haïti, présentent, quant à elles, un déficit de trésorerie de 86 millions de dollars, en raison des contributions statutaires non acquittées.

La Cinquième Commission se réunira à nouveau demain, mardi 8 mai, à 10 heures du matin, pour examiner les enveloppes budgétaires de six opérations de maintien de la paix et d’une mission politique spéciale.

ORGANISATION DES TRAVAUX

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que la deuxième reprise de session de la Cinquième Commission est traditionnellement consacrée au financement des opérations de maintien de la paix.  Étant donné l’importance de cette question, le représentant a appelé la Commission à conclure ses travaux à temps pour fournir aux missions les ressources nécessaires à l’accomplissement de leur mandat. 

Parallèlement, M. Edrees a indiqué que la Commission allait aussi se pencher sur la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation.  Tout en réaffirmant son soutien au Secrétaire général sur ces deux volets, le représentant a tenu à souligner « le caractère exceptionnel » de l’inscription à l’ordre du jour d’un budget sans lien direct avec les opérations de maintien de la paix.  Cette exception ne doit en aucun cas créer un précédent, a-t-il souligné.

M. Edrees a ensuite demandé que les rapports de la Commission soient publiés suffisamment à l’avance dans les six langues officielles de l’ONU pour laisser le temps aux États de les étudier.  « Or, il est regrettable que nous soyons à nouveau confrontés à la publication tardive d’un nombre important de rapports », a-t-il déploré.

Sur le fond, le représentant a voulu que les budgets des opérations de maintien de la paix soient déterminés en fonction des mandats et des besoins « réels » des missions sur le terrain.  Il a aussi appelé à des « solutions équitables » au problème du passif des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé, en particulier les missions présentant un déficit de trésorerie.

M. Edrees a également souhaité que des solutions « équitables et réalistes » soient trouvées concernant les problèmes « systémiques et chroniques » liés au taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, aux spécificités du déploiement de contingents féminins et à la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents dans les divers départements du Secrétariat responsables des missions de maintien de la paix.

Enfin, s’agissant des propositions liées à la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’ONU, le représentant a voulu que les gains d’efficacité ne soient pas « le critère principal » des décisions.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a demandé que l’examen des opérations de maintien de la paix, et plus particulièrement l’approbation des budgets de différentes missions, reste l’objet des délibérations.  Il a donc réitéré son appel pour que le temps nécessaire soit consacré à ces discussions importantes.  Il a exhorté le Secrétariat à veiller à ce que les informations supplémentaires que demandent les États leur soient livrées à temps pour faciliter les négociations.  Le représentant a noté avec préoccupation que les propositions budgétaires font l’objet de coupes importantes.  Il a annoncé son intention d’en examiner avec soin les raisons et de faire en sorte que les mandats soient effectivement exécutés et que la sécurité de tous les Casques bleus soit assurée.  L’Assemblée générale, a rappelé le représentant, a insisté pour que les propositions budgétaires s’alignent avec les mandats.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance de donner à toutes les opérations les ressources dont elles ont besoin.  Nous ne souscrirons à aucune approche visant à nuire au mandat de l’une ou l’autre de ces opérations, a prévenu le représentant.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a constaté que la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation figurait à l’ordre du jour.  Il a demandé au Secrétariat de faire en sorte que les discussions sur ces questions respectent le périmètre et les recommandations formulés dans les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.

Le représentant a dit attacher une grande importance aux discussions sur l’exécution du budget de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour la période 2016-2017 et sur le budget de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) pour la période 2018-2019.  Cette dernière, a-t-il martelé, doit avoir les ressources suffisantes pour l’accomplissement de son mandat, s’agissant notamment du financement des activités programmatiques, une approche, selon lui, « innovante » et « à fort potentiel ».

Le représentant a en outre réclamé que le budget de chaque opération de maintien de la paix soit considéré individuellement, en tenant compte de la spécificité de chaque mandat. 

Constatant, par ailleurs, l’incapacité de la Commission à engager les réformes nécessaires sur le financement et l’appui technique aux missions politiques spéciales, le représentant a estimé que les dispositions administratives et budgétaires de ces missions étaient « inadaptées » et perturbaient le budget ordinaire de l’ONU.  Il faut remédier à ce problème, a-t-il estimé, en demandant aussi que l’on règle la question des retards dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents aux opérations dont le mandat est terminé, en particulier les missions qui ont un déficit de trésorerie.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est dit prêt à aider le Secrétaire général à doter les missions de maintien de la paix des moyens nécessaires pour réussir dans un environnement de plus en plus complexe.  Nos travaux, cette année, auront des répercussions au-delà de la Commission, a-t-il prévenu, et afin de permettre la mise en œuvre effective des réformes du Secrétaire général, avant le 1er janvier 2019, l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, doit faire tous les efforts possibles pour trouver un accord sur toutes les initiatives de réforme.  Les éléments de cette réforme sont cruciaux pour le fonctionnement efficace de l’Organisation, compte tenu des défis nouveaux et complexes auxquels elle fait face, a insisté le représentant.  Pour toutes ces raisons, il a appuyé l’idée de prolonger la session. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a estimé que la détermination du budget des 14 opérations de maintien de la paix créées par le Conseil de sécurité devait tenir compte, d’une part, de la capacité de paiement de chaque État Membre et, d’autre part, de la « responsabilité spécifique » des cinq membres permanents du Conseil.  Il a appelé à ce que la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) soit dotée des ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs et stabiliser le pays.  Il a également appelé au respect de la politique de « tolérance zéro » définie par le Secrétaire général, concernant les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU dans le cadre des opérations de maintien de la paix. 

Le représentant a estimé que la proposition du Secrétaire général visant à établir un modèle décentralisé de prestation de services aux opérations de maintien de la paix, via la création de centres de services régionaux en Afrique, en Europe et en Asie, constitue un « pas dans la bonne direction » pour améliorer l’efficacité du Secrétariat.  Il a enfin appuyé la proposition de M. António Guterres de séparer plus « clairement » les activités de maintien de la paix et les missions politiques spéciales. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a insisté sur le caractère « essentiel » de l’efficacité, ajoutant que les États ont tous des devoirs envers leurs contribuables: veiller à une sage utilisation des ressources.  La représentante a donc promis qu’elle examinera « avec minutie » la proposition budgétaire de 7,26 milliards de dollars pour l’exercice 2018-2019, notant une baisse globale de moins de 1% par rapport au budget précédent.  Cette Commission, a-t-elle martelé, a l’importante responsabilité de faire en sorte que les budgets reflètent les demandes réelles, soient guidés par des hypothèses de planification réalistes et montrent les avantages des initiatives de gestion en cours. 

Nous soutenons, a-t-elle dit, les politiques qui encouragent la performance globale de la mission, celle de ses composantes civile, militaire et policière et celle du personnel d’appui au Siège.  Cela exige des normes de performance claires et des mesures de responsabilisation.  Les États Membres doivent avoir une idée claire de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. 

Nos efforts pour apporter plus d’efficience et plus d’efficacité doivent s’inscrire dans le contexte global de la réforme de l’ONU, a poursuivi la représentante, qui a dit attendre avec intérêt d’examiner la proposition du Secrétaire général sur l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation et sur la meilleure façon de planifier, gérer, soutenir et faciliter les missions sur le terrain.  Nous examinerons attentivement les différents niveaux de responsabilité proposés et l’alignement des politiques et des opérations.  Nous examinerons aussi, a conclu la représentante, comment la réforme de la gestion peut améliorer les prestations de service, améliorer la responsabilisation et optimiser les systèmes et les stratégies en place, y compris UMOJA et la stratégie d’information et de communication, afin de rendre l’Organisation plus efficace et plus efficiente.   

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a estimé que le principe consistant à « faire davantage avec moins » de ressources n’est ni « viable », ni adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui.  Selon lui, octroyer un financement adapté aux opérations de maintien de la paix est la « la seule solution acceptable ».  De ce point de vue, le représentant a tenu à rappeler la « responsabilité particulière » des cinq membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a aussi appelé à renforcer la « coopération triangulaire » entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité.  Il a enfin voulu que l’on améliore la représentation des pays fournisseurs de contingents, aussi bien aux postes de commandement des opérations de maintien de la paix sur le terrain qu’au Siège de l’Organisation.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit qu’il examinera scrupuleusement les propositions du Secrétaire général pour veiller à ce que les budgets reflètent les besoins réels pour remplir les mandats conférés par le Conseil de sécurité aux opérations de maintien de la paix.  Le représentant a souligné l’importance d’un bon niveau de responsabilité s’agissant de la performance mais aussi des cas de mauvaise conduite.  Il s’est dit particulièrement intéressé par cette question, en particulier pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, par les entités non membres de l’ONU mais dont les activités sont financées par le budget du maintien de la paix de l’ONU.  C’est là un grave sujet de responsabilité étant donné que ces activités sont financées par nos contribuables, a rappelé le représentant. 

M. SERGEY V. KHALIZOV (Fédération de Russie) a noté, à son tour, que les réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation se sont rajoutées à l’ordre du jour de cette reprise de session.  La Commission va donc faire face à un « volume de travail sans précédent », a-t-il souligné.  Dans ce contexte, il est particulièrement important que les États aient les rapports en temps voulu.  Le représentant a noté que la Commission est saisie d’une demande globale de 7,268 milliards de dollars, soit une réduction par rapport à l’année précédente.  Constatant une « diminution constante » des ressources accordées au maintien de la paix, il a mis en garde contre l’impact d’une recherche aveugle de l’efficacité sur la réalisation des mandats.  S’agissant des réformes, le représentant a prôné « l’équilibre des compétences » entre le Secrétaire général et l’Assemblée générale.  « Les États Membres doivent garder la maîtrise du processus », a-t-il insisté. 

Notant, enfin, que plusieurs budgets à l’étude ne sont pas directement liés au maintien de la paix, le représentant s’est dit préoccupé par la « surcharge du programme de travail », qui risque, à ses yeux, de nuire à la capacité de la Commission de prendre les bonnes décisions.

M. FU DAOPENG (Chine) a dit que la préparation et l’examen du budget de maintien de la paix doivent se baser sur des faits et se fonder sur une approche « scientifique et prudente ».  Le représentant a noté que si le budget total est de 7,269 milliards de dollars, soit moins qu’en 2017-2018, les budgets individuels de la mission en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de celle au Soudan du Sud (MINUSS) connaissent une légère augmentation.  Le représentant a appelé à des consultations « démocratiques » et, en attendant, a appelé le Secrétaire général à mettre rapidement en œuvre les recommandations du Comité des commissaires aux comptes.  Nous devons travailler ensemble pour surmonter les difficultés financières de l’ONU, a poursuivi le représentant, pointant le doigt sur les arriérés de paiement importants.  Il a appelé les États à payer leurs contributions à temps, en totalité et sans condition, en particulier « les pays qui ont la capacité de payer et qui doivent des montants considérables ».  Le Secrétariat doit, pour sa part, prendre des mesures efficaces pour améliorer la gestion budgétaire, durcir la réglementation pertinente, appliquer rigoureusement la discipline et veiller à utilisation efficace des ressources pour gérer « sagement chaque centime du contribuable ». 

« La Cinquième Commission entame ce qui pourrait être sa reprise de session la plus décisive depuis des décennies », a affirmé Mme LILL-ANN BJAARSTAD MEDINA (Norvège), mentionnant les choix qui attendent les États en matière de réforme de l’Organisation et en particulier, le dispositif de prestation de services centralisée et celui des responsabilités.  « Le moment est venu de répondre à l’appel à l’action du Secrétaire général en matière de maintien de la paix », a-t-elle déclaré, abordant la question du financement des opérations de maintien de la paix.  La représentante a toutefois mis en garde contre les coupes budgétaires « arbitraires ».  Constatant le programme de travail particulièrement chargé de cette reprise de session, elle a demandé au Président de la Commission d’entamer les démarches nécessaires pour prolonger le calendrier de la session. 

Aspects administratifs et budgétaires du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le point au 30 juin 2017 de la situation financière des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé (A/72/838)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/72/649) qui rend compte de la situation financière au 30 juin 2017 de 29 missions de maintien de la paix dont le mandat est terminé.  Le Secrétaire général précise que cinq des missions terminées avaient un déficit de trésorerie net d’un montant total de 86 041 000 dollars en raison des contributions statutaires non acquittées et que les 24 autres missions présentaient un excédent de trésorerie pouvant être porté au crédit des États Membres, d’un montant total de 103 351 000 dollars, au 30 mars 2018. 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.9)

Dans ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, qui s’est penché sur les rapports (A/72/639) et (A/72/777) du Secrétaire général et (A/72/5 (Vol. II)) du Comité des commissaires aux comptes, rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 39 203 600 dollars (montant net: 36 416 900 dollars) et que le montant brut des dépenses de l’exercice s’est établi à 36 332 600 dollars (montant net: 33 346 000 dollars).  Le solde inutilisé, d’un montant brut de 2 871 dollars, représente 7,3% du crédit ouvert et résulte de l’effet combiné des éléments suivants: montant plus élevé que prévu des dépenses au titre du personnel civil (223 200 dollars, soit 0,9%) et montant moins élevé que prévu des dépenses opérationnelles (3 094 200 dollars, soit 21,1%). 

S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019, qui est de 35 194 800 dollars, soit une augmentation de 2 194 800 dollars (6,7%) par rapport à l’exercice 2017/18, le CCQAB rappelle que le Secrétaire général a indiqué que, en 2018/19, le Centre de services régional participerait au processus de gestion de la chaîne d’approvisionnement de bout en bout visant à concrétiser le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est.  Ce projet permet d’appliquer à titre expérimental le concept d’une chaîne d’approvisionnement intégrée de bout en bout pour un nombre limité de produits de base. 

Le Comité consultatif a été informé que le projet avait commencé d’être exécuté en avril 2016 et concernait principalement les six opérations de maintien de la paix en Afrique suivantes: le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de donner dans son prochain rapport des précisions sur le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, notamment sur l’état d’avancement de son application, les ressources utilisées et les résultats obtenus.

Compte tenu du fait que la restructuration prévue pour l’exercice 2017/18 a été reportée, le Comité considère que le poste de responsable de la prestation de services (P-5) n’aurait pas dû être créé pendant cet exercice.  Le Comité recommande donc qu’il soit supprimé.  Le Comité consultatif réaffirme que les taux de vacance retenus pour établir les budgets doivent être conformes aux taux effectifs.  Il recommande donc que les taux suivants soient appliqués: 14,9% pour le personnel recruté sur le plan international, 19,4% pour les administrateurs recrutés sur le plan national et 15,0% pour les agents des services généraux recrutés sur le plan national. 

Le CCQAB dit aussi ne pas avoir compris la raison pour laquelle les missions clientes ne peuvent plus continuer à fournir cet appui.  Il s’oppose donc à la création de deux postes au Service régional de l’informatique et des communications.  De même, il ne trouve aucune justification à l’augmentation des ressources qui est proposée pour les voyages au titre de la formation.  Il recommande donc de réduire de 16 500 dollars les ressources demandées.  S’agissant des installations et des infrastructures, le Comité doute des explications qui lui ont été données et recommande donc de réduire de 15%, soit 365 700 dollars, les ressources demandées, de sorte qu’elles s’élèveraient à 2 072 100 dollars.

Le CCQAB recommande par ailleurs de réduire de 10 000 dollars les ressources demandées pour les transports terrestres, de 76 600 dollars celles pour les communications et l’information et de 123 800 dollars celles pour la rubrique « fournitures, services et matériel divers ».

Financement des opérations de maintien de la paix

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.13)

Dans ce rapport, le CCQAB, qui a examiné ceux du Secrétaire général (A/72/644) et (A/72/730), rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 268 624 600 dollars (montant net: 267 763 975 dollars) destiné à financer le fonctionnement de la FISNUA pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017.  Par la suite, l’Assemblée a autorisé le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 11 300 000 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, en sus du crédit de 268 624 600 dollars déjà ouvert, portant à 279 924 600 dollars le montant total (brut) des ressources disponibles pour l’exercice.  Le montant brut des dépenses totales de l’exercice s’est établi à 279 867 300 dollars (montant net: 277 479 900 dollars), ce qui représente un taux d’exécution de près de 100%.  Le solde inutilisé s’établit à 57 300 dollars et le montant net du crédit supplémentaire devant être approuvé par les États Membres se chiffre à 11 242 700 dollars.

S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 qui s’élève à 271 115 600 dollars, en augmentation de 4 415 600 dollars (1,7%) par rapport aux crédits ouverts pour 2017/18, le CCQAB espère que, dans l’hypothèse où le Conseil de sécurité déciderait de ne pas renouveler le mandat de la Force lié au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le Secrétaire général examinera les besoins de la FISNUA et présentera un budget révisé.  En attendant, il recommande la suppression des quatre postes toujours vacants. 

Sans être tout à fait convaincu du bien-fondé de l’augmentation proposée pour les services d’entretien, il estime que la décision d’externaliser les services d’entretien devrait s’accompagner d’une réduction des dépenses au titre d’autres rubriques budgétaires.  Le Comité recommande que l’augmentation proposée pour les services d’entretien, d’un montant de 1 462 000 dollars, soit compensée par une réduction d’un montant correspondant au titre d’autres rubriques budgétaires.

Le Comité consultatif estime que la majoration des crédits demandés au titre des voyages n’est pas totalement justifiée et recommande que les ressources demandées pour les voyages en 2018/19 soient maintenues au montant approuvé en 2016/17.

Le Comité consultatif propose donc de réduire de 271 115 600 dollars à 269 358 100 dollars le montant des crédits demandés (soit une diminution de 1 757 500 dollars). 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.3)

Le CCQAB, qui a étudié les rapports (A/72/628 et A/72/735) du Secrétaire général, rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 54 849 900 dollars (montant net: 52 607 600 dollars) pour financer le fonctionnement de la Force pendant l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017.  Le montant brut des dépenses de l’exercice a été de 54 006 900 dollars (montant net: 51 743 200 dollars), soit 98,5% du montant du crédit ouvert. 

S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 qui est de 55 152 000 dollars, soit une augmentation de 1 152 700 dollars (2,1%) par rapport au crédit ouvert pour 2017/18, le CCQAB recommande de réduire de 26 400 dollars le montant des ressources prévues pour les honoraires, fournitures et services de formation.  Il recommande aussi de réduire de 140 200 dollars le montant des ressources prévues pour le matériel informatique et de communication, au titre de l’informatique et des communications.

En résumé, le Comité consultatif recommande que les crédits demandés soient réduits de 713 100 dollars et passent de 55 152 000 dollars à 54 438 900 dollars. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a déclaré que comme le Secrétaire général indiquait, dans son rapport A/72/789/Add.9, qu’en 2018-2019, le Centre de services régional participera au processus de gestion de la chaîne d’approvisionnement de bout en bout visant à concrétiser le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, il attend plus d’informations sur la portée du projet ainsi que la manière avec laquelle il peut être renforcé au-delà des six missions qu’il couvre actuellement.  Le représentant a accueilli favorablement la structure proposée du Centre de services régional, telle que recommandée par l’examen indépendant, en quatre sections de prestation de services afin de fournir des services plus centrés sur le client, uniformisés, respectant les délais et de qualité aux utilisateurs finaux.  Le Groupe s’assurera que la nouvelle structure soit pourvue de suffisamment de personnel, et que le Centre dispose de ressources adéquates pour assurer la mise en œuvre effective de ses travaux.  Il a également réaffirmé la validité du plan de nationalisation, et encouragé sa reprise dans les plus brefs délais.  Mon Groupe, a-t-il conclu, souhaite obtenir des précisions sur la structure de gouvernance du Centre et sur sa compatibilité avec les dispositions de la résolution 69/307 concernant son indépendance opérationnelle et administrative.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme CAROLINE NALWANGA (Ouganda) s’est félicitée de la mise en œuvre du projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, qui permet d’appliquer à titre expérimental le concept d’une chaîne d’approvisionnement intégrée de bout en bout pour un nombre limité de produits de base.  La représentante a estimé qu’à terme, ce projet pourrait être étendu aux chaînes d’approvisionnement de l’ensemble des opérations de maintien de la paix sur le continent africain.

La représentante s’est en outre réjouie de l’augmentation future des services partagés pris en charge par le Centre de services régional d’Entebbe, en Ouganda.  Dans cette perspective, elle a salué le Secrétaire général pour avoir entamé une restructuration du Centre, afin de fournir aux utilisateurs finaux des services uniformes, plus rapides, de meilleure qualité et axés sur le client.

La représentante a toutefois appelé M. António Guterres à renforcer la coordination entre le Centre de contrôle intégré des transports et des mouvements et le Centre stratégique des opérations aériennes.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de transférer « un certain nombre » de fonctions supplémentaires au Centre de contrôle intégré des transports et des mouvements.

En sa capacité nationale, Mme NALWANGA (Ouganda) a dit que le Centre de services régional d’Entebbe réalise la vision du Secrétaire général des services partagés à huit missions de maintien de la paix et sept missions politiques spéciales, desservant ainsi le plus grand nombre de missions dans le monde.  La coexistence de services complémentaires dans une même localité n’a pas seulement permis des économies de temps et d’argent mais a également fait du Centre un lieu auquel les troupes et le personnel ont un accès direct pour faire le suivi de leur démarche administrative.  Le Centre est aussi un lieu qui garde l’expertise et la spécialisation quand une mission arrive au terme de son mandat.  La représentante a tenu à réitérer son appui à la mise en œuvre du couloir de l’Afrique de l’Est et à l’idée de son expansion à toutes les missions en Afrique, compte tenu de l’argent et du temps qu’il permettrait d’économiser.  Elle a salué le Secrétaire général pour avoir commencé à réorganiser la structure du Centre et a promis d’étudier soigneusement les recommandations du CCQAB. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a indiqué que son Groupe ne fera qu’une seule déclaration pour toutes les opérations de maintien de la paix, afin de gagner du temps et de passer rapidement en consultations officieuses.  Le représentant a toutefois souligné l’intention de son Groupe de « passer au peigne fin » les projets de budget de chaque mission. 

Le représentant a rappelé que l’ONU finance actuellement 16 opérations de maintien de la paix, dont 13 financées par des comptes spéciaux individuels et deux missions de longue date financées par le budget ordinaire (le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan et l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve) et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).

Pour la période 2017-2018, a poursuivi le représentant, le budget proposé pour le maintien de la paix était de 7,972 milliards de dollars et le budget approuvé de 6,803 milliards.  Il a pris note du fait que le budget proposé pour 2018-2019 était inférieur de 277 millions au budget proposé l’année précédente et de 980 millions à celui proposé en 2016-2017.

Le représentant a appelé à appuyer davantage les forces africaines dans le maintien de la paix, sur la base de « mandats forts » du Conseil de sécurité et d’un financement plus « prévisible ».

S’agissant du personnel déployé, le représentant s’est inquiété du faible pourcentage de femmes au sein des équipes, soit 3% des soldats de la paix et 10% des unités de police.  Il s’est cependant félicité du recours aux projets à impact rapide.

Le représentant a en outre appelé à des solutions concrètes à la question des paiements dus aux pays fournisseurs de contingents aux opérations dont le mandat est terminé.  Enfin, il s’est opposé à l’idée de tenir des consultations « à huis clos » et « en petit comité » sur ces différents points, prônant l’ouverture et la transparence. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC achève son segment de l’intégration consacré aux communautés résilientes et « maintient l’élan en faveur du Programme 2030 »

Session de 2018,
24e et 25e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6912

L’ECOSOC achève son segment de l’intégration consacré aux communautés résilientes et « maintient l’élan en faveur du Programme 2030 »

Le cinquième segment de l’intégration du Conseil économique et social (ECOSOC) a pris fin ce soir, après trois journées de débats « sur toutes les dimensions de la résilience », a indiqué la Présidente du Conseil, Mme Marie Chatardová (République tchèque), non sans se féliciter du succès d’une session qui a permis de « maintenir l’élan dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, avait, dès l’entame du segment, précisé que « la technologie et l’innovation doivent aider à réaliser le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba », lançant ainsi les échanges autour du thème central: « Communautés innovantes: tirer parti de la technologie et de l’innovation pour bâtir des sociétés durables et résilientes ».

Après trois jours organisés autour de tables rondes et d’un débat général qui a impliqué les États Membres, le système des Nations Unies, des organisations internationales, le secteur privé, les universités et la société civile, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Mahmadamin Mahmadaminov (Tadjikistan) a retenu quatre messages majeurs.

Premièrement, la nature multidimensionnelle de la résilience a été soulignée.  La résilience est devenue inhérente à de nombreuses disciplines comme la psychologie, la sociologie et récemment l’économie, les technologies de l’information ainsi que la réduction des risques de catastrophe. 

Deuxièmement, le segment s’est focalisé sur les stratégies nécessaires pour bâtir la résilience, sachant que de nombreux pays et villes du monde ont déjà élaboré les leurs.

Troisièmement, la résilience des diverses communautés d’un pays a été jugée cruciale.  D’où l’importance de la cohésion sociale, de la participation de tous, de la prise de décisions inclusive et de la confiance.  La technologie peut être un outil efficace dans ces processus, car elle permet de mieux tirer parti des solutions trouvées.  Mais il faut veiller à ce que la technologie soit gérée à bon escient afin d’éviter des dérapages susceptibles de produire de nouvelles vulnérabilités. 

Enfin, le quatrième message qu’a retenu le Vice-Président de l’ECOSOC est que « la réussite des stratégies de résilience repose sur nous tous ».  Dans un monde de plus en plus interconnecté, a-t-il noté, la sensibilisation aux défis mondiaux à travers l’information, l’éducation et la formation est essentielle. 

La dernière journée de ces travaux s’est articulée autour de deux tables rondes.  « Tirer parti de la technologie et de l’innovation pour soutenir la résilience et l’inclusion en Afrique dans le contexte du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 » était le thème de la première discussion au cours de laquelle la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique, Mme Bience Gawanas, est intervenue.  Elle a précisé que maîtriser l’innovation exige d’énormes investissements dans les infrastructures.  C’est pourquoi elle a invité l’Afrique non seulement à investir dans des systèmes d’alerte précoce mais aussi à lutter résolument contre les flux illicites de capitaux.

La Ministre de la santé et du bien-être social du Libéria a présenté un exemple concret de renforcement de la résilience après une catastrophe sanitaire.  Elle a fait le diagnostic de systèmes de santé défaillants qui ont conduit à la tragédie de l’épidémie de l’Ebola en 2014, dont le bilan a été 11 000 décès.  « Les choses sont maintenant différentes », a promis la Ministre en expliquant qu’elle avait désormais des informations sur l’évolution des cas d’infection au Libéria et dans la sous-région.  Ce qui a changé?  Les pays se sont dotés de laboratoires médicaux performants et le Libéria a innové en mettant sur pied un système d’information moderne relié à ceux des pays de la région.

Les participants à ce débat ont aussi noté que « la technologie ne peut fonctionner sans les gens », soulignant de ce fait la nécessité de renforcer la maîtrise technologique des populations, notamment les jeunes et les femmes. 

Quels sont les outils disponibles pour concevoir un avenir résilient et durable?  Comment éviter les catastrophes?  Les experts qui se sont exprimés à la table ronde de l’après-midi ont répondu: il faut améliorer les lois et prévoir des stratégies, créer des fonds pour financer les efforts de prévention, souscrire une assurance contre les risques climatiques, faire des exercices de simulation, communiquer les informations rapidement et à tous, former et impliquer les jeunes comme les femmes dans la prévention.  Au rang des outils technologiques, ils ont exposé les possibilités qu’offrent les technologies spatiales et l’intelligence artificielle.  Les images satellites, par exemple, sont utilisées de plus en plus dans le secteur de l’agriculture et dans la gestion des « villes intelligentes ».

Ce segment 2018 de l’intégration s’inscrit dans le cadre d’une série d’événements sur les possibilités de tirer parti de la technologie et de l’innovation pour atteindre les objectifs de développement durable, notamment la session annuelle de la Commission des sciences et technologies pour le développement (14-18 mai 2018), la deuxième édition de la session sur « l’intelligence artificielle au service du bien social » (15-17 mai 2018) et le Forum multi-acteurs sur la science, la technologie et l’innovation pour les objectifs de développement durable (5-6 juin 2018). 

Le résumé du segment de l’intégration sera transmis au Président de l’ECOSOC pour examen par les États Membres au cours du segment de haut niveau de 2018 et de la session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable sous les auspices de l’ECOSOC.

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

Tirer parti de la technologie et de l’innovation pour soutenir la résilience et l’inclusion en Afrique dans le contexte du Programme 2030 et de l’Agenda 2063

Cette session, animée par Mme GOGONTLEJANG PHALADI, fondatrice et Directrice exécutive de « Gogontlejang Phaladi Pillar of Hope Project » (GPPHP), était consacrée aux problèmes particuliers des pays africains qui font face à d’énormes défis dans les domaines économique, social et environnemental, les trois piliers du développement durable.  Lutter contre la fracture numérique, renforcer les systèmes de données, stimuler les capacités productives et promouvoir l’innovation et l’esprit d’entreprise sont autant de propositions évoquées pour renforcer la résilience et parvenir à une croissance inclusive en Afrique, en droite ligne du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). 

Pour le Vice-Président de l’ECOSOC, la technologie et l’innovation sont des moyens qui peuvent permettre à l’Afrique de rattraper son retard en matière de développement.  En même temps, « l’Afrique ne peut pas saisir les chances technologiques si elle ne comble pas son retard en matière de technologies de l’information et des communications (TIC) », a averti de son côté la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique.  Mme BIENCE GAWANAS a précisé que maîtriser l’innovation exige d’énormes investissements dans les infrastructures.  Pour M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), c’est tout de même une note d’espoir de voir que le continent peut arriver à dépasser les autres régions lorsque des décisions adéquates sont prises.

Mme Gawanas a malheureusement dépeint un continent marqué par des vulnérabilités multidimensionnelles, citant entre autres les catastrophes naturelles, le manque d’infrastructures diverses, les conflits ou encore les épidémies.  Alors que la moitié des pauvres du monde vit en Afrique, elle a rappelé que les dirigeants du continent se doivent d’adopter des mesures d’ensemble pour faire face à ces vulnérabilités, des mesures qui doivent inclure la réduction des risques de catastrophe. 

C’est pourquoi elle a invité l’Afrique non seulement à investir dans des systèmes d’alerte précoce mais aussi à lutter résolument contre les flux illicites de capitaux.  Les fonds récupérés grâce à cette lutte pourraient servir à financer nombre de projets, même si l’aide publique au développement (APD) reste importante à ses yeux.  Pour Mme Gawanas, « il est honteux que des millions d’Africains n’aient toujours pas accès à de l’eau potable, et que les femmes du continent, au moment où l’on parle de quatrième révolution industrielle, passent encore des heures à la recherche de bois de chauffe ou perdent la vie en couches du fait des systèmes de santé obsolètes ».

C’est justement la défaillance du système de santé du Libéria et des pays voisins qui a conduit à la tragédie des 11 000 morts au cours de la crise d’Ebola en 2014, a témoigné Mme WILHELMINA JALLAH, Ministre de la santé et du bien-être social du Libéria.  La propagation rapide du virus a été facilitée par l’incapacité des systèmes de santé de mener une veille épidémiologie, faute de technologie adéquate pour recueillir et analyser les données. 

Les choses sont maintenant différentes, a promis la Ministre en expliquant qu’elle avait désormais des informations sur l’évolution des cas d’infection au Libéria et même dans la sous-région.  Ce qui a changé?  Les pays se sont dotés de laboratoires médicaux performants et le Libéria a mis en place un système d’information moderne qui est relié à ceux des pays de la région.  Parmi les défis qui restent à surmonter, la Ministre a cité l’insuffisance du réseau électrique national et la non-disponibilité des larges bandes passantes, tout comme le manque de capacités humaines.  Mais la Ministre s’est quand même félicitée que le système de surveillance en réseau ait permis de renforcer la résilience du système de santé du Libéria.

La résilience commence par la disponibilité des données et la connaissance de la situation.  Et « connaître, c’est mesurer », a rappelé M. FRANK SELKER en citant le philosophe français Léon Brunschvicg.  Ce panéliste, qui est Directeur des ventes internationales à « Trans-African Hydro-Meteorological Observatory (TAHMO) », a signalé une initiative néerlandaise qui vise à établir un vaste réseau de stations météorologiques à travers l’Afrique afin de collecter des données qui seront mises gratuitement à la disposition de la science, tout en étant payantes pour le secteur des affaires.

Revenant 40 ans en arrière, l’expert a indiqué qu’il existait alors de bons centres d’observation de données météorologiques en Afrique, avant d’expliquer que les choses avaient changé depuis lors.  Pourtant, avec les changements climatiques, il devient crucial pour les agriculteurs africains de savoir quand il va pleuvoir afin d’établir leur calendrier agraire, car « la connaissance est la base de la résilience », a-t-il relevé.  Pour lui, la solution passe par des partenariats public-privé, afin d’établir un réseau de laboratoires pérenne, puisque ce n’est que grâce à des données à l’échelle du continent qu’il est possible de faire des prévisions certaines et de prévoir notamment les catastrophes.  Les informations tirées des laboratoires seraient par exemple partagées avec les agriculteurs sur leurs téléphones.  Il y a désormais 500 stations sur le continent et le but est d’établir, à terme, 20 000 stations, a précisé M. Selker.  Cela nécessite un investissement de 60 millions de dollars, a—t-il noté en tablant sur le secteur privé.

D’autres investissements sont nécessaires sur le continent quand on sait que la moitié des populations d’Afrique n’a pas accès à des services de base tels que l’électricité ou l’eau.  Pourtant, a rappelé la Vice-Présidente et Cheffe du marché d’Afrique et du Moyen-Orient à Ericsson, une augmentation de 10% de la pénétration de l’Internet pourrait entraîner jusqu’à 2,8% de croissance du produit intérieur brut (PIB) sur le continent.  Et Mme RAFIAH IBRAHIM a estimé que le bond technologique était possible.  On compte 817 millions d’abonnés à la téléphonie mobile en Afrique et ce chiffre pourrait atteindre le milliard en 2023.  Il faut donc prendre les devants et prévoir des infrastructures adéquates, a-t-elle prôné, notamment un réseau d’Internet à haut débit pour connecter, en particulier, les zones rurales qui sont les plus vulnérables du continent.  Elle a donc appelé les gouvernements à libérer les fréquences afin de promouvoir la connectivité en Afrique. 

La représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a tempéré en arguant qu’investir dans l’éducation des jeunes était tout aussi crucial qu’investir en faveur des infrastructures de résilience.  La Ministre du Libéria a acquiescé en disant que les jeunes doivent en effet être formés pour s’approprier les nouvelles technologies. 

La Conseillère spéciale pour l’Afrique a déploré en outre le fait que ces jeunes africains, ingénieux, ne puissent tirer parti de leurs capacités d’innovation, faute de moyens financiers.  « Parfois, leurs idées sont récupérées par les plus riches qui en tirent tout le bénéfice en les brevetant. »  C’est pourquoi il faut faire en sorte que la propriété intellectuelle des inventions revienne à ces jeunes qui en sont les initiateurs, a plaidé Mme Ibrahim d’Ericsson

C’est dans cette optique que l’animatrice a demandé si le renforcement des capacités locales n’était pas une voie salutaire pour l’Afrique face au développement technologique.  Pensons effectivement aux capacités de nos citoyens, a renchéri la déléguée du Maroc.  La Ministre du Libéria a dit que son pays attendait le soutien de la communauté internationale dans ce sens.  N’oublions pas, a rappelé le représentant du Nigéria, qu’il existe le Centre africain de formation et de recherche administratives pour le développement, une organisation intergouvernementale panafricaine comptant 36 pays et basée à Tanger (Maroc) depuis 1964. 

      D’autres initiatives ont été mentionnées.  Par exemple, Ericsson a offert l’accès à l’Internet gratuitement à plus de 500 000 personnes dans plus de 25 pays d’Afrique, dont 120 000 étudiants.  Consciente du fait que « la technologie ne peut fonctionner sans les gens », cette entreprise organise en outre des cours sur les TIC dans des écoles primaires du Cameroun et d’Afrique du Sud. 

Trans-African Hydro-Meteorological Observatory (TAHMO) forme de son côté des élèves qui s’occupent de l’entretien de ses stations météorologiques en nettoyant régulièrement les panneaux solaires servant à l’alimentation électrique.  De même, des personnels locaux formés se chargent d’en assurer la maintenance. 

Au Kenya, le renforcement des capacités a été également au centre d’un projet communautaire qui a transformé des jeunes désœuvrés en férus d’informatique.  Ils ont ainsi pu transformer une zone marécageuse a priori inhabitable en champ d’exploration scientifique.  M. JOSHUA OGURE, Coordonnateur de « Map Kibera Trust », a ainsi expliqué que la population de Kibera, ce bidonville de Nairobi, avait décidé de se prendre en main, en 2009, en créant une carte interactive numérique.  S’en sont suivies peu après « Voice of Kibera » et « Kibera News network », des plateformes d’information en ligne, alimentées par des journalistes citoyens. 

Pour que le continent africain puisse tirer parti de la technologie et des innovations comme celle de Kibera, la Conseillère pour l’Afrique a suggéré une meilleure cohérence entre les politiques des 54 États membres de l’Union africaine.  La représentante d’Ericsson a proposé également de renforcer les partenariats avec le secteur privé dans le but de « saisir ces avantages technologiques qui sont à la portée de l’Afrique ».  Elle a en outre plaidé pour la création de centres d’innovation sur le continent. 

Concevoir un avenir résilient et durable - une boîte à outils pour mieux se préparer à demain

Quels outils pour concevoir un avenir résilient et durable?  C’est à cette problématique posée par le modérateur M. JEFFERY HUFFINES, Représentant de CIVICUS auprès des Nations Unies, que les participants à cette table ronde ont répondu. 

Comment éviter les catastrophes, a reformulé le Directeur général de la protection civile du Centre national de la prévention des catastrophes (CENAPRED) du Mexique, M. CARLOS VALDES GONZALEZ, pour mieux articuler sa réponse.  En parlant de ce qui s’est fait dans son pays, il a dit que le Gouvernement fédéral, les gouvernements locaux et les collectivités locales avaient adopté leurs stratégies et programmes respectifs d’évaluation des risques.  Notant que 24 États fédérés mexicains ont des lois sur la protection civile, il a estimé que l’important était d’améliorer les textes existants.  De plus, a-t-il indiqué, un fonds pour les catastrophes doté de 421 millions de dollars a été créé ainsi qu’un fonds de prévention de 20 millions de dollars.  À cette occasion, l’expert a fait valoir qu’il fallait mieux confier l’argent aux femmes parce qu’elles « savent mieux l’utiliser ». 

Le Mexique, a-t-il poursuivi, a aussi mis en place un système d’alerte précoce qui est testé tous les ans lors de séances d’exercices de simulation.  Les guides et les exercices de prévention et de secours doivent être écrits et menés dans toutes les langues parlées dans le pays.  En outre, les jeunes mexicains sont impliqués parce que ce sont eux qui hériteront de cette terre.  Selon l’expert, un problème qui se pose en matière de prévention est l’ignorance.  Il a donc plaidé pour que l’information soit communiquée rapidement, en étant disponible non seulement pour les autorités mais aussi pour tout le public.  « Tous les moyens de communication doivent être utilisés, comme la radio, la télévision, Internet et surtout les téléphones mobiles. »  Il faut également, a-t-il ajouté, atteindre ceux qui n’ont pas de moyens de communication et les populations isolées.  Enfin, un travail de persuasion doit être mené pour que les gens s’impliquent dans la prévention, a-t-il conseillé en appelant les gouvernements à montrer l’exemple. 

La fondatrice et Présidente de l’« Institute for Imagination and Ingenuity (i2institute) », et membre du Mécanisme de facilitation des technologies (2016-2017), Mme HAYAT SINDI, qui travaille également pour la Banque islamique de développement, a indiqué que cette institution fournit un soutien technique et financier à 56 pays membres.  La Banque aide à intégrer les considérations relatives aux changements climatiques dans ses interventions auprès des membres.  Elle s’attaque à la vulnérabilité par la formation, le financement de projets de développement et le renforcement de la coopération qui visent à préserver les moyens de subsistance des populations.  Mme Sindi a en outre parlé de l’aide de la Banque dans l’utilisation des technologies spatiales qui offrent des perspectives nouvelles pour préserver la planète.  Elle a évoqué le rôle que joue l’intelligence artificielle pour améliorer les activités humaines.  La technique sur le génome humain constitue aussi une piste pour arriver à un plus grand bien-être et une meilleure santé humaine.  Par ailleurs, la Banque a créé, le mois dernier, deux plateformes, l’une pour l’accès des pays en développement aux données dont ils ont besoin pour renforcer leurs activités de développement, et l’autre pour les transferts de fonds visant à financer des projets de développement individuels ou communautaires dans les pays membres. 

Le Directeur par intérim du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à New York, M. JAMIL AHMAD, a mis l’accent sur l’assurance contre les risques climatiques pour les pays en développement.  L’efficacité de cette assurance peut être améliorée en la combinant avec d’autres instruments de prévention, a-t-il remarqué avant de décrire son application à trois niveaux: le niveau local auprès des populations, le niveau communautaire et associatif, et le niveau national pour le gouvernement.  En 2017, 73 000 assurés ont été recensés en Afrique, a-t-il indiqué. 

L’outil qu’il faut, a dit le fondateur d’UPSTREAM, M. MARSHALL MOUTENOT, est l’image obtenue par les satellites.  Les clichés satellitaires permettent au secteur agricole de simuler la récolte future, gérer les lignes de partage des eaux et adopter les meilleures pratiques de culture.  Il faut mettre ces données entre les mains de ceux qui en ont besoin, a-t-il plaidé en n’oubliant pas de prévoir des interfaces pour les aider à les comprendre, les interpréter et les utiliser.  Plus encore, avec ces images, les agriculteurs peuvent décider de précéder ou de suspendre une saison agricole. 

Les données satellitaires permettent aussi de se prémunir contre les impacts des catastrophes, a renchéri le Vice-Ministre de la science et de la technologie de la République dominicaine et Président de la vingt-et-unième session de la Commission de la science et de la technologie pour le développement, M. PLÁCIDO GÓMEZ.  « On peut même avoir des villes intelligentes qui utilisent ces données pour gérer notamment le trafic automobile, la mobilité urbaine et la sécurité publique », a-t-il ajouté avant de souligner lui aussi l’intérêt des images satellitaires pour la gestion de l’agriculture et de l’environnement. 

Un autre « outil » a été présenté par M. ARNO ZIMMERMANN, le fondateur de COOLAR, un système permettant de pallier le manque d’électricité.  Avec ce système, les vaccins peuvent être gardés longtemps à la bonne température dans les coins les plus isolés du monde.  Ce système préserve également l’environnement car il n’émet pas de carbone.  M. Zimmermann a aussi indiqué que Coolar peut être utilisé dans les secteurs de l’agriculture et du transport.  C’est une chaîne du froid fiable et efficiente, a-t-il assuré.  Fort de cette expérience, M. Zimmermann a vanté les mérites des résultats que l’on peut ainsi atteindre en combinant technologie et partenariat.  Pour lui, « l’entrepreneuriat peut contribuer à un monde meilleur si les gouvernements mettent la main à la pâte avec des partenariat ».  Le représentant du Mexique a abondé en ce sens en soulignant l’importance des partenariats en faveur du développement, avant de plaider pour l’utilisation efficace de l’énergie dans le monde.  Ces partenariats doivent être inclusifs et appliqués dans les trois piliers du développement, a recommandé le représentant du PNUE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Amman, Medellín, New York, trois villes, trois stratégies pour résoudre les problèmes en matière de résilience

Session de 2018,
22e et 23e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6911

ECOSOC: Amman, Medellín, New York, trois villes, trois stratégies pour résoudre les problèmes en matière de résilience

Le segment du Conseil économique et social (ECOSOC) sur l’intégration a mené, au cours de cette deuxième journée de travaux, trois tables rondes pour cerner les problèmes en matière d’infrastructures et de résilience, en particulier en milieu urbain.  Deux maires et un responsable municipal de trois grandes villes -Amman, Medellín et New York– avaient fait le déplacement pour présenter leurs stratégies visant l’équilibre entre le développement d’infrastructures et la durabilité.  

Dans son rapport* intitulé « Adaptation et établissements humains: les principaux résultats et les perspectives », le secrétariat du Programme de travail de Nairobi sur les incidences des changements climatiques et la vulnérabilité et l’adaptation à ces changements indique que « l’adaptation est davantage qu’une protection physique contre les risques climatiques; c’est un processus de planification et de mise en œuvre dynamique, itératif, intersectoriel et évolutif qui demande un appui politique, institutionnel et financier, ainsi qu’une évolution sur le plan des comportements ».

Les trois villes prises en exemple ont été amenées à adopter des plans visant à renforcer leur résilience pour faire face à des problèmes différents (poids des migrations, taux élevé de violence, évènements climatiques extrêmes), mais elles ont en commun une volonté d’œuvrer en partenariat avec le secteur privé pour intégrer les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le secteur du transport et les énergies renouvelables ont aussi été au centre de leurs efforts.

Amman, la capitale de la Jordanie, voit ses infrastructures mises sous pression à cause de migrations successives depuis 1948, notamment en 1974 et en 2011, a indiqué son maire, M. Youssef Al-Shawaarbeh.  La solution trouvée en l’espèce est un partenariat avec la Fondation Rockefeller, avec laquelle une stratégie à trois volets de transport public a été élaborée.  Elle couvre un plan à court terme visant à augmenter l’offre, un plan de création du premier réseau de bus public qui sera réalisé d’ici à 2020, et un plan stratégique plus large visant à intégrer les zones éloignées.

Medellín, la ville colombienne qui a vu passer le taux d’homicides de 361 à 23 pour 100 000 habitants entre 2011 et 2017, doit son salut à l’intégration des 17 objectifs de développement durable et ses 169 cibles dans son plan local de développement, a expliqué le maire, M. Federico Gutierrez.  Il a mis cette réussite sur le compte du partenariat public-privé et de la résilience de « la communauté citadine de Medellín qui s’est levée comme un seul homme pour se relever ».  Le modèle mis en place repose sur un réseau de transport public inclusif qui « fonctionne avec l’énergie renouvelable et qui tient compte des besoins des pauvres ».

À New York, tout a commencé en 2012 avec l’ouragan Sandy, a expliqué le responsable de la résilience de la ville.  La municipalité a consacré 20 milliards de dollars au développement d’infrastructures résilientes après les ravages de cet ouragan.  En outre, un plan ainsi qu’un guide d’intégration des objectifs de développement durable et d’alignement sur l’Accord de Paris sur les changements climatiques ont été lancés en janvier 2018.  Dans le cadre de son programme de responsabilisation, des procès sont intentés contre les entreprises consommant une trop grande quantité d’énergie fossile, a ajouté M. Daniel Zarrilli.

Le Directeur du Programme des Nations Unies pour les établissements humains à New York (ONU-Habitat), M. Christopher Williams, a jugé important d’examiner la résilience des municipalités sous des angles différents et en fonction des contextes.  Pour cela, a prôné M. Williams, il faut un outil de profilage des villes établi en collaboration avec toutes les parties prenantes.

Au niveau des outils, la science et la technologie ont été examinées en tant que facteurs de renforcement de la résilience, notamment grâce aux commissions économiques régionales de l’ECOSOC.  Ainsi, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) a mis au point une méthodologie d’analyse des vulnérabilités dans cette région, tandis que celle de l’Afrique, la CEA, a établi un système d’alerte météorologique pour prévenir et mieux gérer les sécheresses et inondations.  

Ces deux problèmes liés à la météorologie sont gérés, en Thaïlande, grâce à l’analyse des données reçues de trois centres d’observation météorologique, a indiqué le représentant du Ministère des sciences et de la technologie, M. Royol Chitradon en se félicitant que les inondations de l’an dernier n’aient ainsi duré que deux semaines, alors que les eaux avaient stagné pendant deux mois en 2011.

Enfin, plusieurs conférenciers ont relevé l’importance de l’application sur le terrain des stratégies de résilience en autonomisant le niveau local.  La technologie disponible au plan mondial, qu’elle soit numérique ou géospatiale, doit descendre jusqu’au niveau local, a plaidé la Présidente du Conseil d’administration des services des registres fonciers et de la cartographie des Pays-Bas, Mme Dorine Burmanje.  C’est selon elle un moyen imparable pour faire en sorte que les villes soient résilientes, car les informations géospatiales donnent un aperçu des réalités et aident à prendre des décisions au niveau local.

De même, le Ministre de l’environnement et du logement des Bahamas a jugé essentiel de fournir des ressources aux gouvernements locaux, notamment car les moyens de communication sont quasi inexistants dans l’archipel quand surviennent des catastrophes.

La session de l’intégration se poursuit et se termine demain, jeudi 3 mai, dès 10 heures, avec un débat sur la résilience et l’inclusion en Afrique dans le contexte du Programme 2030. 

*FCCC/SBSTA/2018/3

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

Équilibre entre le développement des infrastructures et la durabilité

Animée par M. MICHAEL SHANK, Directeur des communications de « Carbon Neutral Cities Alliance », la discussion de la table ronde a porté sur la difficulté d’établir des infrastructures durables et résilientes dans plusieurs secteurs comme les transports et les institutions publiques. 

Pour M. YOUSEF AL-SHAWAARBEH, le maire d’Amman, capitale de la Jordanie « qui a accueilli depuis 1948, puis en 1974 et depuis 2011, des milliers de réfugiés », la question est aujourd’hui de savoir si la ville peut continuer de recevoir encore plus de réfugiés.  « Toutes les infrastructures sont sous pression et nous devons trouver des solutions. »  En partenariat avec la Fondation Rockefeller, une stratégie à trois volets en matière de transport urbain a été élaborée pour la ville d’Amman, a-t-il dit: un plan à court terme visant à augmenter l’offre, un plan de création du premier réseau de bus public qui sera réalisé d’ici à 2020, et un plan stratégique plus large visant à intégrer les zones éloignées.  La participation des femmes et le déplacement des touristes sont pris en compte, a assuré le maire. 

Le Directeur du Programme des Nations Unies pour les établissements humains à New York (ONU-Habitat), M. CHRISTOPHER WILLIAMS, a souligné qu’il existe des milliers de modèles différents pour les villes.  Il a attiré l’attention en particulier sur les villes dont les plans datent d’avant 1950 et sur celles qui ont mis à jour leurs plans mais qui demandent de l’aide.  Il a fait une différence entre les villes qui n’ont pas du tout mis à jour leurs plans faute de moyens et les villes qui ont mis à jour leurs plans mais qui ont du mal à les respecter.  Il a également parlé des villes qui font face à des conflits et des déplacements de population.  Fort de ce constat, il a recommandé d’examiner la résilience des municipalités sous des angles différents et en fonction des contextes.  Pour cela, il faut un outil de profilage des villes établi en collaboration avec toutes les parties prenantes, a-t-il prôné avant de mettre en garde qu’il n’y a pas de panacée pour la résilience. 

« Quand on parle de résilience, il faut parler d’inclusion », a enchaîné Mme NANCY ODENDAAL, professeure associée à l’École d’architecture, de planification et de géomatique de l’Université du Cap (Afrique du Sud), qui a conseillé de consulter les planificateurs, « car ce sont eux qui exploitent la technologie pour assurer une plus grande inclusion et une plus grande connectivité ».  Une ville inclusive est une ville intelligente, a encore déclaré Mme Odendaal.  Pour ce qui est des infrastructures, elles doivent rendre visible ce qui invisible, a-t-elle dit.  Pour la professeure, la technologie et l’innovation doivent permettre aux gens d’améliorer les moyens de subsistance et l’espace urbain, et surtout être au service des pauvres.

Quelques principes de base ont été avancés par le Président de la cinquante et unième session de la Commission de la population et du développement (CPD), M. ION JINGA (Roumanie), qui présentait les dernières conclusions de la session: il faut une gestion durable des villes, des partenariats novateurs pour les villes et un contrôle de l’exode rural.  Il a en outre encouragé les industries à sortir des centres urbains pour s’installer dans les zones environnantes.  M. Jinga a réitéré la nécessité d’assurer un bon système d’élimination des déchets urbains et l’inclusion des femmes et des filles dans l’espace urbain, en tenant compte de leurs besoins spécifiques. 

Ces solutions sont connues, a rétorqué le Président de la cinquante-sixième session de la Commission du développement social, M. NIKULÁS PETER JOHN HANNIGAN (Islande).  « Ce dont on a vraiment besoin, c’est de la volonté politique. »  La Commission, a ajouté le représentant, a encouragé des investissements privés dans les infrastructures pour qu’elles soient véritablement des instruments d’inclusion et d’interconnectivité.  Il a aussi souligné l’importance de la crédibilité politique des responsables pour attirer les investissements, se disant préoccupé par les inégalités flagrantes dans les villes et la question du financement des infrastructures urbaines. 

Comment dès lors mobiliser la volonté politique? a relancé le Modérateur.  « Nous avons la volonté politique d’agir et nous agissons pour être résilients, a assuré le maire d’Amman, avant d’ajouter que sa ville veille à intégrer les jeunes dans les plans conçus pour créer une ville innovante.  Il a tenu à préciser que la solution valable est celle qui peut être réalisée rapidement et qui répond aux besoins des gens.  Pour ONU-Habitat, la solution se trouve dans la réforme du système des Nations Unies pour le développement, une réforme qui devra avoir des conséquences sur la question de la résilience.  Elle exige déjà que l’ONU soit plus intelligente et plus résiliente.  Enfin, pour l’experte de l’Université du Cap, la mobilisation passe par des partenariats avec le secteur privé. 

Le maire de Medellín (Colombie), M. FEDERICO GUTIERREZ, a d’emblée prévenu que « la Medellín d’aujourd’hui n’est pas la Medellín de Netflix ».  C’est une ville nouvelle, a-t-il expliqué, qui a intégré les 17 objectifs de développement durable et ses 169 cibles dans son plan de développement.  En 2011, si l’on a dénombré 361 homicides pour 100 000 habitants, le taux est tombé en 2017 à 23, le taux le plus bas en 45 ans, s’est-il félicité.  Il a mis cette réussite sur le compte du partenariat public-privé et de la résilience de « la communauté citadine de Medellín qui s’est levée comme un seul homme pour se relever ».  Le maire a présenté le modèle urbain mis en place, qui repose sur le transport, l’éducation, la santé et la culture.  Il a estimé que le transport public jouait un rôle fondamental et a vanté « un système intégré qui fonctionne avec l’énergie renouvelable et qui tient compte des besoins des pauvres », précisant: « Notre objectif est de devenir avant 2 030 la première ville 100% électrique d’Amérique latine. » 

Puis ce fut au tour du responsable de la résilience de la ville de New York, M. DANIEL ZARRILLI, de présenter les efforts de résilience de la municipalité.  « Tout a commencé en 2012 avec l’ouragan Sandy qui nous a coûté beaucoup d’argent et des vies humaines », a-t-il rappelé en indiquant que la ville avait alors décidé de consacrer 20 milliards de dollars au développement d’infrastructures résilientes.  Un plan a ainsi été lancé en janvier 2018, ainsi qu’un guide d’intégration des objectifs de développement durable et d’alignement sur l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  En outre, dans le cadre de son programme de responsabilisation, des procès sont intentés contre les entreprises consommant une trop grande quantité d’énergie fossile, a ajouté M. Zarrilli. 

Un danger résultant des projets de villes résilientes et intelligentes a été toutefois soulevé par la responsable du Bureau de liaison de l’Union internationale des télécommunications (UIT) à New York.  Dans la mesure où ces projets reposent sur les technologies de l’information et des communications et (TIC), Mme URSULA WYNHOVEN a prévenu des risques de cybercriminalité, dont le coût s’élève à 600 milliards de dollars par an.  Ces projets sont des proies pour la cybercriminalité, a-t-elle en effet remarqué.  Mme Wynhoven a donc recommandé que les TIC prévoient ce risque et y parent dès le départ.  Elle a aussi déclaré que cette situation ne devait pas faire renoncer à utiliser les TIC pour avoir des villes résilientes et intelligentes.  Au contraire, l’accès aux TIC doit être sûr, libre, ouvert à tous, a-t-elle plaidé en faisant valoir les avantages des TIC: elles peuvent faciliter l’accès aux services financiers, la croissance économique, la transition vers la ville intelligente, et elles servent à protéger les infrastructures numériques.  À cet égard, le système de partage d’informations de l’UIT est déjà utilisé par 50 villes dans le monde, a déclaré Mme Wynhoven. 

Le cofondateur et Président-Directeur général de City Heroes Inc., M. DANIEL PONDE GANDARILLAS, a regretté que de nombreux responsables publics ne soient pas toujours au courant de l’importance de l’apport de la technologie dans la gestion urbaine.  Il a aussi dénoncé la corruption qui freine le partenariat avec le secteur privé. 

De son côté, la Présidente du Conseil d’administration des services des registres fonciers et de la cartographie (cadastre) des Pays-Bas et Coprésidente du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale, Mme DORINE BURMANJE, a vu un moyen imparable pour faire en sorte que les villes soient résilientes: la technologie disponible au plan mondial, non seulement sur le plan numérique mais aussi dans le domaine des informations géospatiales, doit descendre jusqu’au niveau local.  Les informations géospatiales peuvent donner un aperçu des réalités et aider à prendre des décisions, a fait valoir Mme Burmanje qui en est revenu, en conclusion, à l’exigence de mobilisation des autorités: « La volonté politique reste nécessaire pour faire du monde un bel endroit pour vivre. » 

Stratégies nationales de résilience

Plusieurs exemples de stratégies et de politiques nationales intégrées qui favorisent le développement durable et la résilience ont été fournis au cours de cette session, dans l’idée d’un partage d’expériences et de meilleures pratiques.

Le développement durable devant prendre pied dans les communautés, l’animateur de cette session, M. DOMINIC ALLEN, a insisté sur l’importance de la participation des populations qui peuvent apporter leur contribution de manière bénévole.  Le Chef du Bureau de New York des Volontaires des Nations Unies (VNU) a d’ailleurs rappelé que 109 millions de volontaires sont à pied d’œuvre à travers le monde.  En juillet prochain, un rapport sera présenté au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC, afin d’étudier comment les communautés peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.

Aux Pays-Bas, les communautés participent déjà à l’approche gouvernementale de renforcement de la résilience qui se base sur les « cinq C ».  M. HENK OVINK, Envoyé spécial pour les affaires internationales de l’eau des Pays-Bas, a ainsi expliqué que le premier C tient de « Commitment ».  L’« engagement » de tous est crucial, a—t-il expliqué en faisant valoir que « personne n’est une île et aucun ne peut être résilient sans la collaboration des autres ».  Le second C renvoie à l’expression « cross cutting », soit les approches transversales.  Le troisième C souligne l’importance d’une « collaboration » qui prenne en compte les manières traditionnelles d’agir.  Ensuite, toute solution doit être « cohérente », c’est le quatrième C, alors que le cinquième fait référence au renforcement des « capacités » de tous les acteurs clefs.

L’Envoyé spécial a donné l’exemple de l’île de Saint-Martin qui a été littéralement détruite l’an dernier à la suite du passage de plusieurs ouragans.  Un fonds fiduciaire de 100 millions de dollars avait été créé pour sa reconstruction par les Pays-Bas et la Banque mondiale notamment.  Il a souligné que cette reconstruction doit tenir compte du besoin de renforcer la résilience de l’île en prévision de futures catastrophes.

Aux Pays-Bas, on construit en tenant compte des catastrophes, a aussi rappelé M. Ovink.  En effet, la gestion des deltas permet de renforcer les côtes pour qu’elles puissent mieux résister à toute élévation du niveau de la mer.  Le pays est du reste disposé à partager son expérience en matière de résilience des villes côtières.  C’est ce qui a motivé un projet que les Pays-Bas ont mis en œuvre dans trois villes d’Asie: Chennai en Inde, Khulna au Bangladesh, et Semarang en Indonésie.

M. ROMAULD SOTARIO FERREIRA, Ministre de l’environnement et du logement des Bahamas, s’est dit hanté par les images de débris flottants, l’an dernier, alors que la nouvelle saison des ouragans approche aux Bahamas.  « Nous ne contribuons presque pas à la production de gaz à effet de serre, mais nous sommes obligés de financer notre résilience de notre poche. »  Le Ministre a rappelé que le secteur du tourisme avait perdu 68 millions de dollars l’an dernier après les catastrophes, alors que les habitudes alimentaires ont changé dans ce pays qui importe 90% de sa consommation alimentaire.  La première conséquence est la recrudescence des maladies non transmissibles, a-t-il déploré. 

Fournir des ressources aux gouvernements locaux est donc essentiel pour cet archipel où les moyens de communication sont quasi inexistants quand surviennent des catastrophes.  Le Gouvernement entend également réduire les cloisonnements et remédier au manque de coordination en adoptant une approche intégrée de préparation aux catastrophes.

Le Ministre a en outre regretté que les Bahamas ne puissent bénéficier de fonds pour la reconstruction en cas de catastrophe au motif que c’est un pays à revenu intermédiaire, alors que les Bahamas demandent qu’on les classe en tenant davantage compte de leurs vulnérabilités.  Les Bahamas entendent assurer la transition vers les énergies renouvelables et adopter les technologies vertes, d’autant plus que le pays est l’un de ceux ayant les frais d’électricité les plus élevés de la région des Caraïbes.    

Parmi les exemples évoqués au cours de la session, M. ROYOL CHITRADON, Conseiller au sein de l’Institut « Hydro and Agro Informatics Institute (HAII) », Ministère des sciences et de la technologie de la Thaïlande, a parlé de la mise en place de trois centres d’observation météorologique dans son pays.  L’analyse des données de ces centres permet désormais de prévenir les inondations et les sécheresses afin d’en atténuer les effets néfastes sur les communautés.  C’est ainsi que les inondations de l’an dernier n’ont duré que deux semaines, alors que les eaux avaient stagné pendant deux mois en 2011.  

Ce système de prévention se base sur ce qu’il a appelé « l’hydro-informatique », une combinaison de l’informatique et de l’hydrologie qui permet d’établir une cartographie des risques.  Le Gouvernement prend également en compte les capacités d’innovation des communautés, car « le développement durable doit se faire au niveau local » en tenant compte de la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique et la sécurité énergétique des communautés.  Il a donc expliqué qu’en Thaïlande, la science et la technologie ont pour alliées les connaissances endogènes des communautés.

C’est ainsi qu’un projet mené dans la région de Khlong Yan a permis de viabiliser un canal fluvial, long de 70 km, qui serpente les montagnes jusqu’au delta.  Les communautés ont établi, le long du lit du fleuve, 540 barrages, tout en créant des forêts de production et des zones de pêche.  Depuis cinq ans, il n’y a pas eu d’inondation le long du canal, alors qu’auparavant, on en comptait une par an, laquelle était suivie d’une période de sécheresse.  De plus, dans la communauté de Phu Tum Phu Kratae, du nord-est de la Thaïlande, les populations ont créé des criques artificielles afin de conserver l’eau du canal qui serpente la région, assurant ainsi des réserves qui démontrent leur utilité quand les pluies se font rares.

Le représentant de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN) a salué le fait que de nombreux États, comme la Thaïlande, et parties prenantes, utilisent des « solutions naturelles » pour faire face aux changements climatiques et aux risques de catastrophe.  « Il faut combiner l’offre de la nature avec les technologies modernes », a—t-il soutenu en notant que les solutions naturelles sont parfois plus efficaces sur le plan financier face à une technologie essentiellement onéreuse. 

Au vu des exemples présentés par les panélistes, le Directeur du Bureau des commissions régionales à New York, a invité tous les États à intégrer la résilience dans les budgets.  M. AMR NOUR a rappelé que le Forum sur le financement du développement de la semaine dernière avait laissé voir que 7% des investissements tombent à l’eau du fait des catastrophes naturelles.  Il a parlé de la région Asie-Pacifique qui a perdu des milliers de milliards de dollars du fait des catastrophes, évoquant également la situation de stress hydrique dans les pays du Moyen-Orient qui a des conséquences sur les conflits que la région connaît.  Pour lui, le diagnostic est clair, la résilience s’impose.  L’ECOSOC y contribue déjà par le biais de ses commissions économiques régionales.  C’est ainsi que la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a mis au point une méthodologie d’analyse des vulnérabilités en Amérique latine et dans les Caraïbes.  En Afrique, la Commission économique (CEA) a établi un système d’alerte météorologique pour prévenir et mieux gérer les sécheresses et inondations. 

Il y a aussi des initiatives régionales comme ce fonds bleu pour le bassin du Congo qui a été l’objet d’un sommet à Brazzaville, il y a quelques jours, a rappelé la déléguée du Maroc.  Elle a expliqué qu’il est question de développer l’économie du bassin du Congo par le biais de l’écotourisme et de l’agriculture irriguée.

De son côté, la représentante de l’ONG « Women Thrive alliance » a fait part de son inquiétude de voir que l’on privilégie la technologie pour renforcer la résilience, au détriment des efforts en faveur des femmes, « la moitié de l’humanité » qui coure le risque d’être laissée de côté. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: plaidoyer en faveur du multilinguisme pour se faire entendre de « Nous les peuples » partout dans le monde

Quarantième session,
3e et 4e séances – matin & après-midi
PI/2229

Comité de l’information: plaidoyer en faveur du multilinguisme pour se faire entendre de « Nous les peuples » partout dans le monde

« On ne peut pas simplement s’attendre à ce que “Nous les peuples”* comprennent et s’engagent dans la seule langue de Shakespeare », a lancé, ce matin, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Comité de l’information, qui a bouclé son débat général avec un plaidoyer en faveur du multilinguisme, un thème sur lequel s’est attardée, aujourd’hui encore, la Secrétaire générale adjointe à la communication, après les propos tenus dès hier, à l’ouverture de la session, par le Groupe des Amis de la langue espagnole et la Communauté des pays de langue portugaise. 

« Nous continuons nous aussi de penser que le multilinguisme se doit d’être au centre des débats sur l’information et la communication, ainsi qu’un élément clef de la réforme en cours », a affirmé l’OIF qui compte 84 États membres.  « Faire passer les bons messages, par les bons médias et à tous les publics » sur le travail des Nations Unies est essentiel, a-t-elle résumé, en saluant la vision développée hier par la Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale. 

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise, le Brésil a également encouragé le Département de l’information à renforcer le multilinguisme, soulignant que le portugais est la langue maternelle d’environ 260 millions de personnes dans le monde.  L’Inde a insisté sur ce multilinguisme pour promouvoir « l’unité dans la diversité ».

Comme la plupart des intervenants, l’OIF a estimé que la traduction des contenus en anglais « ne peut et ne doit se substituer complètement à une production pour l’instant quasi inexistante dans d’autres langues ».  Elle a partagé les préoccupations relatives à la disponibilité des Webcasts dans les langues officielles, permettant à tous de suivre sur un pied d’égalité les grands débats du jour. 

La Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale, a dit avoir dûment pris note de ces appels à une information multilingue.  Elle a rappelé que l’Assemblée générale a rejeté toutes les propositions budgétaires avancées en ce sens mais promis que son Département entend, malgré tout, poursuivre son « idéal multilingue », en exploitant les ressources humaines talentueuses qu’il possède, les opportunités offertes par les outils technologiques et les partenariats avec les écoles de langues.

Mme Smale a parlé, en particulier, des communiqués de presse.  Pour les publier dans les quatre autres langues officielles de l’ONU, il fallait une enveloppe supplémentaire de 1,5 million de dollars que l’Assemblée, ici encore, a refusé d’ouvrir.  Quant au Webcast, le budget 2018-2019 ayant été réduit, le Département n’a pu garder les cinq personnes chargées d’apprêter à la demande les vidéos dans les six langues officielles des Nations Unies.

Si les efforts du Département de l’information pour s’adapter à l’évolution rapide de l’univers de l’information ont été unanimement salués, la défense de la radio en tant que support traditionnel a également marqué les discussions.  L’OIF, dont le prochain Sommet se tiendra à Erevan, en octobre prochain, sur le thème « Vivre ensemble », s’est dite prête à promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès de relais et de partenaires locaux au sein de ses États membres.  « La radio constitue le mode d’information et de communication principal dans un grand nombre de pays de l’espace francophone », a-t-elle souligné. 

Dans plusieurs parties du monde, comme l’ont rappelé le Brésil, Cuba ou l’Afrique du Sud en évoquant la fracture numérique, la radio continue de jouer un rôle fondamental.  Elle a rempli sa mission dans le processus de paix au Libéria, à travers la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), et ce, pendant plus d’une décennie.  La crédibilité de la MINUL était telle que les gens disaient: « si c’est la radio de la MINUL qui le dit, ce doit être vrai », a témoigné le Libéria. 

L’Inde, le Pakistan et le Bangladesh se sont félicités du succès de la campagne « Services et sacrifices », qui met à l’honneur les pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix et leurs Casques bleus.  Le Japon et l’Iran ont vanté l’initiative Impact universitaire de l’ONU, à laquelle participent 51 établissements d’enseignement supérieur japonais et 25 universités iraniennes. 

Les avis ont toutefois divergé sur le Programme d’information spécial sur la question de Palestine, défendu par l’État de Palestine et l’Iran, mais critiqué par Israël pour son manque d’impartialité. 

La prochaine réunion publique du Comité de l’information sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* Premiers mots de la Charte des Nations Unies

Suite du débat général

Déclarations

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a appuyé l’initiative de la Secrétaire générale adjointe pour réformer le Département de l’information, au sein duquel il va y avoir une réorganisation des responsabilités.  La réforme, a-t-il noté, n’aura aucune incidence budgétaire.  Il a souligné trois points à prendre en considération: les ressources existantes, comme les centres d’information des Nations Unies et la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, seront revues pour être mieux utilisées; des partenariats avec des parties prenantes extérieures seront explorés; et les opérations des Nations Unies et les informations publiques devront aller de pair.

M. Kawamura a fait remarquer que le Centre d’information de Tokyo fonctionne également en tant que Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies au Japon, renforçant les partenariats avec les mondes des affaires et de la finance, et avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo 2020.  Il a également vanté l’initiative Impact universitaire de l’ONU, à laquelle participent déjà 51 établissements d’enseignement supérieur japonais.  Il a salué le travail de la Division de l’information et des médias et noté que l’application mobile d’« ONU Info » permet de recevoir des informations actualisées sur les activités de l’Organisation. 

Enfin, le représentant a apprécié la série « Services et sacrifices » pour laquelle le Département de l’information a œuvré avec le Département des opérations de maintien de la paix.  Pour appuyer le concept de paix durable du Secrétaire général, la délégation japonaise a lancé l’initiative « La paix est… » en avril 2017.  La prochaine manifestation, organisée dans ce cadre, aura lieu le 18 mai avec pour thème « Les cultures du thé dans le monde ». 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a souligné que la question de l’utilisation et de l’accès à Internet et aux technologies de l’information et des communications (TIC) revêt une importance particulière à l’heure actuelle, d’aucun estimant que l’alphabétisation numérique est le savoir nécessaire pour tout citoyen du XXIe siècle.  Elle a jugé regrettable que des millions de personnes demeurent excluent des « vastes » ressources disponibles sur Internet, une situation qui contribue, a-t-elle déploré, à approfondir le fossé numérique entre les pays du Nord et du Sud.  Elle a appelé le Comité à agir pour assurer une plus large appropriation des technologies de l’information afin de réduire les fossés technologique et social.  Il ne faut cependant pas perdre de vue l’importance des médias traditionnels, la radio notamment, pour les milliers de pauvres et d’analphabètes dont c’est la seule source d’information.

La représentante s’est ensuite inquiétée du fait que les communiqués de presse ne soient toujours pas disponibles dans les six langues officielles de l’Organisation, en dépit de la résolution adoptée par l’Assemblée générale lors de sa soixante-neuvième session.  Elle a aussi engagé le Département de l’information à poursuivre ses efforts pour diffuser sur le Web les séances du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale dans les six langues.  Elle a insisté pour que l’utilisation des TIC se fasse dans le respect de la souveraineté des États, avant de rejeter fermement et de condamner l’« agression radiophonique et télévisuelle » perpétrée par les États-Unis contre Cuba, pointant la diffusion illégale de programmes qui, a-t-elle dénoncé, incitent à renverser l’ordre constitutionnel établi par le peuple cubain.  En 2017, a-t-elle fait savoir, 1 631 heures d’émission ont été transmises chaque semaine contre Cuba sur 19 fréquences du territoire américain.

Quant à la réforme du Département de l’information, elle a appelé à des consultations avec les États Membres sur les propositions concrètes.  Le Comité doit contribuer au processus, a conclu la représentante.

M. MASOOD ANWAR (Pakistan) s’est félicité de l’augmentation du nombre d’utilisateurs des produits du Département de l’information, que ce soit via les médias traditionnels ou sociaux.  Il a fait observer que les délibérations du Comité ne sont pas suffisamment diffusées.  L’absence d’informations à l’âge de l’information est un oxymore qu’il faut corriger, a dit le représentant.

Il a constaté que les vastes mouvements de réfugiés et de migrants avaient mobilisé à juste titre l’attention de la communauté internationale mais a appelé le Département à ne pas oublier les crises prolongées: le Pakistan abrite des millions de réfugiés afghans depuis plus de quatre décennies.

Après avoir demandé aux centres d’information des Nations Unies (CINU) d’étendre leur portée au-delà des grandes villes, le représentant a affirmé que le Pakistan vit actuellement une renaissance culturelle dans les domaines de la musique, de la peinture et du cinéma.  De jeunes artistes s’inspirent de la riche histoire du pays, tout en brisant les stéréotypes pour présenter le véritable visage du Pakistan.  Il a salué le Département de l’information pour avoir aidé la délégation pakistanaise à faire connaître cette production artistique à l’ONU.

Il a ensuite exhorté le Département à redoubler d’efforts pour mieux sensibiliser au maintien de la paix de l’ONU, estimant par ailleurs que le Département doit aussi créer des programmes et des campagnes sur les médias sociaux pour promouvoir l’harmonie interconfessionnelle.  Le Département se doit également d’attirer l’attention sur les graves violations des droits de l’homme, notamment ceux des Rohingya, de la population du « Jammu et Cachemire occupé par l’Inde » et des Palestiniens.

M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a salué l’initiative « Espace médias Objectifs de développement durable » qui a été menée à bien au cours de la dernière session de l’Assemblée générale.  Il s’est félicité des nouvelles alliances avec les gouvernements, la société civile, les établissements d’enseignement et les centres d’information des Nations Unies.  Il est très important, a-t-il ajouté, d’autonomiser les jeunes et de faire entendre leurs voix, comme le fait « L’ONU mise en scène » à laquelle ont participé 21 centres et 12 000 étudiants l’année dernière.

M. Castro Córdoba a souhaité que la coopération avec les autres départements se poursuive, notamment avec les Départements des opérations de maintien de la paix et des affaires politiques.  Il s’est félicité de la nouvelle plateforme intégrée d’information qui a permis une diffusion des informations « plus rapide et plus efficace ».

Le représentant a ensuite souligné l’importance d’avoir « une véritable présence du multilinguisme dans toutes les communications des Nations Unies ».  Le Webcast doit transmettre dans toutes les langues officielles les réunions les plus importantes de l’Organisation.  Les communiqués de presse, a-t-il relevé, ne sont toujours pas disponibles en espagnol.  Il reste encore beaucoup à faire pour garantir une parité linguistique entre les six langues officielles, en a-t-il conclu, avant de demander des consultations entre le Département et les États Membres sur tous les aspects de la réforme. 

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a salué la participation du Département de l’information au projet vidéo « Add your voice », tout en estimant nécessaire de réfléchir aux moyens de connecter les personnes qui vivent dans les zones les plus reculées, privées de leurs droits, notamment les Rohingya du Myanmar.  Il a rappelé que plus d’un million de Rohingya se trouvent actuellement à Cox’s Bazar, au Bangladesh, et que le Conseil de sécurité effectue actuellement une visite dans la région.  Il a appelé le Département à faire entendre la voix de ces personnes « qui n’ont aucune représentation ». 

Le représentant s’est ensuite félicité du succès de la campagne « Services et sacrifices » mettant à l’honneur l’engagement des pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix.  Il a proposé au Département de promouvoir le concept de pérennisation et de culture de la paix.  Le Département doit aussi sensibiliser le public au futur cadre pour la migration internationale.  S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a suggéré de mettre l’accent sur les succès et les défis qui méritent l’attention de la communauté internationale.  Il s’est dit très attaché à la Journée internationale de la langue maternelle.

Il est essentiel d’avoir des informations précises pour comprendre les questions mondiales et les événements historiques, a souligné M. YARON WAX (Israël).  Il s’est dit encouragé par les efforts entrepris par le Programme de communication sur l’Holocauste des Nations Unies pour continuer d’inculquer aux jeunes les valeurs de la tolérance et de la compassion, et lutter contre la haine et l’antisémitisme.  Dans ce contexte, M. Wax a condamné le discours fait hier par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, à Ramallah, qui a « blâmé les Juifs pour leur propre persécution, en utilisant des stéréotypes antisémites ». 

M. Wax s’est dit préoccupé par le fait que « certaines des informations publiées par le Département ne sont pas toujours exactes et objectives ».  Ainsi le Programme d’information spécial sur la question de Palestine continue-t-il, selon lui, de parler de façon partiale de la situation dans la région.  Il a déploré que la majorité des participants aux nombreuses et coûteuses manifestations organisées sur la question soient « ouvertement alignés avec la cause palestinienne ».  De telles activités, a-t-il critiqué, sapent l’intégrité de l’ONU et sabotent la perspective d’un règlement pacifique.  En conclusion, il a demandé au Département de l’information de « consolider toutes les plateformes médias sous une autorité pour renforcer son rôle de supervision dans tous les organes de l’ONU ».

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a appelé le Département à continuer d’utiliser des moyens de communication traditionnels, faisant observer que l’accès à Internet demeure limité dans les pays en développement où, en revanche, 75% des ménages ont accès à la radio.  Il a aussi encouragé le Département à renforcer le multilinguisme, soulignant que le portugais est la langue maternelle d’environ 260 millions de personnes dans le monde.  La CPLP appuie d’ailleurs fermement le travail d’« ONU Info » en portugais qui arrive en troisième place parmi les huit langues, juste derrière l’anglais et l’espagnol.  Il a aussi rappelé que l’unité portugaise avait été la première à devenir, dès 2013, une opération multimédia à part entière. 

Le représentant a ensuite fait part de son appui aux centres d’information des Nations Unies (CINU), notamment à ceux de Rio de Janeiro et de Bruxelles, et a espéré que les pays lusophones d’Afrique pourront bientôt avoir le leur.  La CPLP encourage donc le Secrétaire général et le Gouvernement de l’Angola à accélérer la création du centre de Luanda.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a appuyé les campagnes de sensibilisation sur les objectifs de développement durable et encouragé le Département à renforcer les centres d’information, à réduire la fracture numérique et à offrir des services dans plusieurs langues, tant sur les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux.  Il est essentiel, a-t-elle ajouté, de marquer les anniversaires importants, comme le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  L’Arménie, a-t-elle insisté, a toujours soutenu les efforts internationaux visant à mettre en exergue l’importance de cet instrument et de la prévention du crime de génocide.

L’Arménie, a ensuite annoncé la représentante, accueillera le prochain Sommet de la Francophonie, à Erevan, les 11 et 12 octobre 2018, sur le thème « Vivre ensemble », pour « réfléchir sur la francophonie de paix, de solidarité et de développement que nous visons ». 

Par ailleurs, la représentante a regretté que l’Azerbaïdjan ait continué d’utiliser « de manière erronée notre forum de travail ».  Elle a jugé que l’intervention du délégué azéri hier « constitue un affront, notamment contre la liberté d’expression ».  Les journalistes travaillent dans un environnement très difficile en Azerbaïdjan, classé à la cent soixante-troisième place s’agissant de la liberté de la presse, a-t-elle dénoncé.  Elle a condamné l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan contre le peuple du Haut-Karabakh, « la déshumanisation terrible des civils » et l’incitation à la haine contre les Arméniens. 

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a tout d’abord rejeté le fait que certaines délégations utilisent « une fois de plus » le Comité pour faire des déclarations qui ne relèvent pas de ses compétences.  Il a insisté sur l’importance du multilinguisme pour promouvoir « l’unité dans la diversité » et noté que la diminution des ressources limite les capacités du Département à s’acquitter de ses tâches, notamment dans les langues non officielles.  Il l’a appelé à faire preuve de créativité pour lever des fonds et poursuivre ses activités, notamment dans les langues les plus parlées dans le monde.  Ces activités sont encore plus importantes qu’il y a 70 ans en raison de l’interconnexion du monde, a-t-il souligné.

Il a salué les efforts déployés par le Département pour créer des espaces médiatiques autour du développement durable, ainsi que la création de comptes sur les médias sociaux spécialisés, l’exhortant par ailleurs à continuer d’attirer l’attention sur les changements climatiques.  Le représentant s’est aussi félicité du lancement de la campagne « Services et sacrifices » sur les pays contributeurs aux missions de maintien de la paix, ainsi que du partenariat qui a permis la refonte du site Internet sur le maintien de la paix.  En la matière, il a encouragé le Département à envisager des mises à jour dans les langues des pays contributeurs.  Le représentant a par ailleurs souhaité que des visites guidées du Siège soient disponibles en hindi.  Il s’est aussi félicité du fait que le Siège ait été le décor du film bollywoodien « Padman » qui, a-t-il expliqué, est consacré à l’hygiène menstruelle et aux questions liées à l’objectif 4 de développement durable relatif à l’accès à une éducation de qualité.

S’il a reconnu l’utilité des médias sociaux, M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) a toutefois mis en garde contre leur mauvaise utilisation.  Des informations inexactes et déformées peuvent avoir un impact négatif sur des pays et leurs citoyens, a-t-il dit craindre, rappelant que l’utilisation des nouvelles technologies doit se faire conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Il a donc encouragé le Département de l’information à continuer de promouvoir les décisions et accords importants auxquels parvient la communauté internationale, et à se concentrer sur les questions qui concernent directement la paix et la sécurité, comme l’occupation, la violence, l’extrémisme, le désarmement, l’élimination de la pauvreté, les changements climatiques ou le terrorisme.

M. Sahraei a rappelé la responsabilité de l’ONU vis-à-vis de la question de Palestine.  Il faut sensibiliser l’opinion publique internationale aux conséquences négatives de l’occupation et de l’embargo contre le peuple palestinien, a-t-il insisté.  Il a également jugé important de renforcer les centres d’information des Nations Unies, avant de saluer l’initiative Impact universitaire, à laquelle participent 25 universités iraniennes. 

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a salué les efforts de réforme du Département de l’information en vue « de son adaptation au XXIsiècle », ainsi que les différentes campagnes de communication, notamment sur les changements climatiques et les violences contre les femmes, qu’il a lancées.  Elle a souligné la nécessité de continuer à mettre l’accent sur le multilinguisme, avant d’inviter le Département à user de manière équilibrée des différents moyens de communication à sa disposition.  Des disparités entre pays et régions existent en effet s’agissant des nouveaux médias sociaux, a-t-elle dit.  Elle a en outre souhaité que le Département place les jeunes au cœur de son travail de sensibilisation et appelé au renforcement des capacités des centres d’information des Nations Unies. 

Mme ANA SOLEDAD SANDOVAL ESPÍNOLA (Paraguay) a jugé fondamental, pour le Département, de s’adapter aux TIC, sans perdre de vue l’étendue du fossé numérique, d’où l’importance de préserver des espaces dans les médias traditionnels.  Il faut donc cibler les plateformes les plus adaptées pour faire passer les messages, a-t-elle souligné.  Après avoir indiqué que le Paraguay est attaché à la promotion du multilinguisme, étant un pays bilingue où sont parlés l’espagnol et le guarani, elle a invité le Département à continuer de faire connaître le travail de l’ONU dans différentes langues et à envisager de créer des produits dans les langues autochtones.  S’agissant de la réforme du Département, la représentante a souhaité que les changements prévus soient présentés aux États Membres à l’avance et soient conformes aux recommandations du Comité de l’information.

M. ISRAEL CHOKO DAVIES (Libéria) a estimé que la promotion du multilinguisme, la réduction de la fracture numérique entre les pays développés et en développement, et le maintien des médias traditionnels requièrent une attention urgente.  En particulier, il a demandé au Département de répondre aux préoccupations relatives à la disparité dans l’utilisation des six langues officielles de l’ONU dans les produits d’information.  Sa délégation, a-t-il témoigné, a eu du mal à accéder aux vidéos des séances publiques.  M. Davies a rappelé que la radio a joué un rôle clef dans le processus de paix au Libéria, à travers la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), et ce, pendant plus d’une décennie.  La crédibilité de la MINUL était telle que les gens disaient: « si c’est la radio de la MINUL qui le dit, ce doit être vrai ». 

M. OYAMA MGOBOZI (Afrique du Sud) a dit sa reconnaissance envers les États Membres pour l’organisation du Sommet pour la paix Nelson Mandela, le 24 septembre prochain, à l’Assemblée générale.  Il a encouragé les États Membres, à l’occasion de ce centième anniversaire de la naissance du père de la nation arc-en-ciel, à intensifier leurs efforts contre la pauvreté, le sous-développement et les conflits.  Mon pays continue de travailler avec le Département de l’information pour promouvoir la Journée internationale Nelson Mandela qui s’articule autour des valeurs telles que le règlement des conflits, l’égalité entre les genres, la protection des droits humains et la réconciliation, entre autres.  Le délégué a souligné le rôle des centres d’information des Nations Unies et les a félicités pour avoir traduit les objectifs de développement durable en 61 langues.  Enfin, M. Mgobozi a insisté sur la nécessité de remédier à la fracture numérique entre pays développés et pays en développement. 

Mme SAHAR SALEM, de l’État de Palestine, a insisté sur l’importance d’impliquer les jeunes et la société civile aux activités de sensibilisation du Département de l’information.  Elle a salué le Programme d’information spécial sur la question de Palestine qui contribue de manière « effective et objective » à attirer l’attention de la communauté internationale.  Elle a aussi parlé du dernier Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s’est tenu à Vienne, l’an dernier, et a souligné l’importance du Programme de formation des journalistes palestiniens.  « Une attaque contre un journaliste est une attaque contre notre droit de connaître la vérité », a poursuivi l’observatrice.  Elle a parlé de Yasser Murtaja, journaliste palestinien tué par un sniper israélien le 7 avril 2018 alors qu’il couvrait la grande marche du retour, une manifestation pacifique à Gaza, et portait une veste indiquant clairement son statut de professionnel des médias.  Quelques jours plus tard, « un autre journaliste palestinien, un autre sniper israélien, et la même histoire », a-t-elle déploré, en parlant cette fois-ci d’Ahmad Abu Hussein, qui n’avait que 24 ans et qui portait lui aussi sa veste de presse.

L’observatrice a vivement dénoncé le fait qu’après la diffusion d’une vidéo montrant un sniper israélien se réjouissant qu’un Palestinien non armé ait essuyé des tirs, le Ministre israélien de la défense, M. Avigdor Liebermann, ait déclaré que « le sniper mérite une promotion, le caméraman une rétrogradation ».  De toute évidence, ce qui le troublait n’était pas qu’un sniper ait ciblé un homme non armé, mais que la preuve existait, a-t-elle dit.

« Nous continuons nous aussi de penser que le multilinguisme se doit d’être au centre des débats sur l’information et la communication, ainsi qu’un élément clef de la réforme en cours », a assuré Mme NARJESS SAIDANE, Observatrice permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  « Faire passer les bons messages, par les bons médias et à tous les publics » sur le travail des Nations Unies est essentiel, a-t-elle ajouté, en saluant la vision développée sous l’impulsion de Mme Smale.  Il y va aujourd’hui de la crédibilité de la démocratie internationale, a-t-elle considéré.

L’observatrice a partagé deux préoccupations principales.  La première, a-t-elle dit, a trait à la production de contenus en français et dans les autres langues officielles de l’ONU.  En effet, si la traduction de contenus en anglais est importante, « elle ne peut et ne doit se substituer complètement à une production pour l’instant quasi inexistante dans d’autres langues ».  Nous le savons tous, a-t-elle insisté, avec une langue passe également une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir.  La langue française est également l’une des deux langues de travail et il est fondamental que les messages et les supports développés puissent aussi l’être en d’autres langues que la langue anglaise, particulièrement si l’on ambitionne aujourd’hui d’atteindre « Nous les peuples » là nous nous trouvons.  La seconde préoccupation concerne la communication par les médias sociaux émanant des différents organes de l’ONU.  À ce jour, tout particulièrement sur les médias sociaux tels que Twitter, par lesquels se fait la communication mondiale de l’Assemblée générale ou de l’ECOSOC, « nous regrettons qu’aucune des communications ne soit faite dans une autre langue que l’anglais et nous voyons là un rôle de coordination et un effet d’entraînement important que doit jouer le Département pour faire en sorte que le multilinguisme soit effectif dans l’ensemble des communications du système », a poursuivi la déléguée. 

« On ne peut pas simplement s’attendre à ce que “Nous les peuples” comprennent et s’engagent dans la seule langue de Shakespeare », a lancé l’observatrice.  Par ailleurs, elle a soutenu les préoccupations relatives à la disponibilité des Webcasts dans les langues officielles, permettant à tous de suivre sur un pied d’égalité les grands débats du jour.  Elle s’est également dite prête à promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès de relais et de partenaires locaux au sein des États membres de l’OIF, « tant la radio constitue un mode d’information et de communication principal dans un grand nombre de pays de l’espace francophone ».  

Droits de réponse

Le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté que la déléguée de l’Arménie ait eu recours à un « récit insultant ».  Ce pays mène une campagne de désinformation, s’est-il impatienté, soulignant que certaines zones de l’Azerbaïdjan sont sous occupation arménienne.  Il a encouragé son homologue à porter plutôt son attention sur la crise de son propre pays, dont la « politique antidémocratique » du Gouvernement actuel.  Il a dénoncé la glorification du nazisme comme « politique officielle » de l’Arménie.

« Informations fabriquées de toutes pièces », a récusé la représentante de l’Arménie qui a rappelé les scandales de corruption du Gouvernement azéri et de l’Assemblée nationale.  La répression y a atteint un niveau sans précédent, le nombre des personnes portées disparues augmente et une véritable guerre contre la liberté d’expression se mène.  Des journalistes sont emprisonnés et ne sont pas non plus en sécurité à l’étranger a-t-elle accusé, citant le meurtre de la femme d’un journaliste qui s’était réfugié à Toulouse, en France.  L’Azerbaïdjan est géré de manière médiévale depuis des décennies, a-t-elle lancé.

Le représentant d’Israël a dénoncé les accusations sans fondement proférées contre son pays par la Palestine.

Déclaration de clôture

Merci, a conclu la Secrétaire générale adjointe à la communication, en remerciant les délégations pour avoir confirmé leur confiance et leur appui au Département dans son ensemble, « la famille des professionnels de la communication ».  Mme ALISON SMALE a promis que là où les efforts de réforme concerneront un produit ou un service spécifique, ou encore un réajustement des dépenses, le Département en informera l’Assemblée générale.  Le Département serait heureux de poursuivre la pratique consistant à faire régulièrement le point avec le Comité de l’information dans un esprit « collectif ».  Dans tout notre travail, a aussi promis la Secrétaire générale adjointe, l’égalité entre les sexes sera à la fois un but en soi mais aussi un élément intrinsèque du travail. 

Résumant le débat général, Mme Smale a dit avoir pris note des appels à une information exacte, impartiale, complète, équilibrée, à temps et pertinente.  Cette information doit être multilingue, a-t-elle retenu.  Dans sa proposition budgétaire 2018-2019, le Secrétaire général avait d’ailleurs prévu un montant supplémentaire de 4,2 millions de dollars pour que le Département puisse faire avancer le multilinguisme.  La proposition a été rejetée et le Département a subi des coupes budgétaires.  Il entend malgré tout poursuivre son « idéal multilingue », en exploitant les ressources humaines talentueuses qu’il possède, les opportunités offertes par les outils technologiques et les partenariats avec les écoles de langues.  Mme Smale a adhéré à l’idée que le multilinguisme ne veut pas dire un nombre limité de langues et que les visites guidées des Nations Unies, en particulier, doivent se faire dans les langues parlées par les visiteurs. 

Les communiqués de presse requièrent un travail intensif, a-t-elle poursuivi.  Pour couvrir les réunions dans plus de deux langues, il faut un accroissement des ressources.  Là encore, l’Assemblée générale a rejeté la proposition de 1,5 million de dollars pour financer la traduction externe dans toutes les six langues officielles de l’ONU.  Quant au Webcast, le budget 2018-2019 ayant été réduit, le Département n’a pu garder les cinq personnes chargées d’apprêter à la demande les vidéos dans les six langues officielles de l’ONU.  Le Département, a insisté Mme Smale, est déterminé à produire les contenus de « un.org » dans les six langues et à les rendre accessibles aux personnes handicapées.  Elle a précisé que les 158 sites qui relèvent directement du Département ainsi que les sites des principaux organes de l’ONU et des grandes commissions sont totalement disponibles dans les six langues officielles de l’ONU.

Le Département a pris soin de créer des équipes de médias sociaux dans ces six langues, mais aussi en portugais et en kiswahili.  Ces équipes sont prêtes à arranger avec les diplomates des cours de formation et des manifestations sur la « diplomatie numérique ».  Maintenant que le Département a des analyses plus précises, il peut aussi penser à la façon de toucher au mieux les différents publics et créer des produits spécifiques.

Le Département entend bien poursuivre la presse radio, vidéo et écrite.  Se félicitant de la satisfaction des États devant le travail des centres d’information des Nations Unies, Mme Smale s’est réjouie des progrès liés au Centre de Luanda.  Elle a aussi répondu aux préoccupations s’agissant d’une manifestation spécifique à l’Holocauste et du travail fait sur les réfugiés.  Répondant à d’autres remarques sur la liberté d’expression, la sécurité des journalistes et des professionnels des médias et les dangers de la désinformation, elle a paraphrasé le Secrétaire général qui a dit « nous voulons des leaders qui défendent des médias libres.  C’est crucial pour combattre la désinformation ambiante.  Nous voulons que chacun se lève pour le droit à la vérité ».  La manifestation liée à la Journée mondiale de la liberté de la presse est ouverte à tous les États Membres et aura lieu demain, à partir de 10 heures, au Siège des Nations Unies, à New York.  La Secrétaire générale adjointe a aussi promis la parution d’un rapport préparé par le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse. 

Elle a conclu en insistant sur le fait que les attachés de presse prennent leur travail très au sérieux.  L’exactitude est leur pilier. Quand une erreur factuelle est commise, elle est corrigée dès qu’elle est portée à l’attention de l’équipe, et malgré la pression du temps et le volume gigantesque de travail, seule une poignée de fautes a été signalée dans les près de 1 700 communiqués de presse produits en 2017, « témoignage, s’il en est, du professionnalisme et du dévouement des attachés de presse ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC ouvre son Segment de l’intégration en quête des technologies et d’innovation pour bâtir des sociétés durables et résilientes

Session de 2018,
20e et 21e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6910

L’ECOSOC ouvre son Segment de l’intégration en quête des technologies et d’innovation pour bâtir des sociétés durables et résilientes

« La technologie et l’innovation doivent aider à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement ».  Tels furent l’appel et le vœu du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, à l’ouverture, ce matin, de la cinquième édition du segment du Conseil économique et social (ECOSOC) dédié à l’intégration.

Avec pour thème « Communautés innovantes: tirer parti de la technologie et de l’innovation pour bâtir des sociétés durables et résilientes », cette session s’étale sur trois jours, avec des tables rondes, des panels de discussion et un débat général, en rassemblant les principales parties prenantes -États, système des Nations Unies, organisations internationales, secteur privé, universités et société civile-.  Il est question pour eux de discuter de solutions innovantes aux niveaux national, régional et mondial sur les moyens d’améliorer la résilience des sociétés et gérer les risques grâce à la technologie, tout en mettant l’accent sur les plus vulnérables, en droite ligne du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.

Il faut rappeler que l’ECOSOC s’était vu confier un rôle clef dans l’intégration des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable dans le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) et dans la résolution 68/1 de l’Assemblée générale. 

Pour contribuer à cette intégration des piliers du développement durable, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a invité à tirer parti du mécanisme de facilitation des technologies.  Selon M. Liu, ce mécanisme pourrait contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable notamment en soutenant les efforts des communautés locales.  En référence au thème de la session, il a rappelé que la technologie et l’innovation doivent aider à bâtir des capacités de prévention de risques.  Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Mahmadamin Mahmadaminov (Tadjikistan), a même assuré que la technologie et l’innovation sont deux éléments « facilitateurs » dont l’usage approprié, efficace, équitable et durable peut soutenir les efforts de construction et de maintien de sociétés résilientes. 

C’est d’ailleurs ce qui se fait déjà au Tadjikistan.  Son Vice-Ministre du développement économique et du commerce, M. Kamoliddinzoda Ilios Jamoliddin, a expliqué que « dans un contexte de crises, dont la dégradation de l’environnement et une crise alimentaire », le pays se concentre sur des approches novatrices censées l’aider à mieux gérer les conséquences des changements climatiques.  Il a ainsi parlé de la construction d’infrastructures hydroélectriques et bien d’autres, utiles pour le développement et le renforcement de la résilience des communautés.

En outre, les échanges de cette première journée ont permis de noter que les sociétés et groupes vulnérables peuvent gagner en résilience grâce à la technologie et l’innovation.  « Pour parler de groupes vulnérables, regardez tout simplement la situation des personnes handicapées », a suggéré la Conseillère principale à « International Disability » au cours d’une table ronde.  Elle a noté que les femmes handicapées font face à une double vulnérabilité, et qu’une société résiliente se fonde sur des valeurs telles que l’égalité, le partenariat et le respect des droits.  La vulnérabilité se vit aussi en fonction du genre, a poursuivi une conférencière du King’s College de New York qui a parlé d’une recherche qu’elle a menée en Inde, et qui laisse voir que les femmes des villes y sont plus vulnérables à l’insécurité que les hommes. 

Loin de se résigner, les populations ont également « cette volonté de rechercher des solutions à leurs problèmes », ce que la psychologue Rashmi Jaipal a appelé la « résilience psychologique ».  Elles se servent ainsi parfois de la technologie qui est souvent gracieusement offerte par des inventeurs comme le Président-Directeur général de Volute Inc., M. Daniel Recht, qui a souligné que chacun est libre de les utiliser ou non. 

Mais attention, la technologie à elle seule n’est pas suffisante pour faire face aux défis auxquels sont confrontées les populations pauvres, a relevé la fondatrice et Directrice de Society for Promotion of Area Resource, Mme Sheela Patel.  Elle a rappelé que plus d’un tiers des enfants de Bombay sont pauvres, sans éducation, sans accès aux soins, sans domicile, mais ils ont pourtant accès à des téléphones intelligents.  Un autre paradoxe a été souligné par la Vice-Présidente de la vingtième session du Comité des politiques du développement.  Mme Sakiko Fukuda-Parr a déploré le fait que des investisseurs privés s’appuient sur les brevets pour contrôler la technologie et l’innovation, alors que ce sont les pays les moins avancés qui en ont le plus besoin pour renforcer leur résilience.

Mme Patel s’est du reste félicitée de la résilience des jeunes, comme cette jeune fille de 14 ans qui a créé une application pour signaler les abus dont sont victimes les filles sur Internet.  La représentante du grand groupe des jeunes et des enfants a assuré que le 1,8 milliard de jeunes du monde, dont 84% vivent dans les pays en développement, ont besoin d’éducation et de capacitation pour résoudre leurs problèmes.  Les obstacles que rencontrent les femmes et les filles pour accéder aux technologies ont été aussi mentionnés, sans oublier le cas des populations autochtones qui, bien que vulnérables, sont « l’exemple vivant de ce que c’est que la résilience », si l’on considère les multiples exactions qu’elles ont dû endurer.

 Cette première journée du segment sur l’intégration s’est achevée par un débat général alors que de courtes vidéos ont aussi permis de visionner le quotidien des populations en proie aux défis de la résilience.

La session de l’intégration se poursuit demain, mercredi 2 mai, dès 10 heures, avec un débat sur les infrastructures et la durabilité.

DÉBAT CONSACRÉ À L’INTÉGRATION

Déclarations

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan), Vice-Président de l’ECOSOC, a souligné que malgré les progrès déjà accomplis en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et modeler « l’avenir que nous voulons », le monde est toujours marqué par des incertitudes économiques, une hausse des inégalités et des conséquences de plus en plus fortes des changements climatiques.  Dans la droite ligne du mandat de l’ECOSOC, qui est de servir de plateforme centrale pour promouvoir le dialogue et explorer des solutions intégrant tout le monde, ce segment 2018 sur l’intégration va réunir, a-t-il relevé, des parties prenantes clefs.  Le but est d’analyser les possibilités de construction de la résilience à travers des politiques intégrées, et avec comme objectif final la réalisation du Programme 2030.  Comment les décideurs peuvent-ils utiliser des politiques intégratives pour renforcer la résilience et l’inclusion dans le but de réaliser le Programme 2030 à tous les niveaux? 

Le segment doit également permettre l’échange des meilleures pratiques sur les technologies et l’innovation pour bâtir un avenir résilient, a ajouté le Vice-Président de l’ECOSOC.  Il est censé en outre présenter des exemples d’instruments politiques et de mécanismes utiles dans la gestion des risques.  Enfin, le segment doit discuter de la technologie et de l’innovation sous l’angle de leur capacité à renforcer les politiques publiques et les structures de gouvernance afin de favoriser des sociétés durables et résilientes. 

Le Vice-Président de l’ECOSOC a ensuite souligné combien la résilience est importante, tant pour les pays développés que pour ceux en développement, tout en remarquant qu’il n’y a pas de programme qui la définisse clairement ni ne prévoie comment y parvenir.  En effet, a-t-il rappelé, les approches et définitions des concepts multidimensionnels de résilience et de vulnérabilité peuvent varier.  Mais les moyens d’avancer ont déjà été identifiés et les outils y afférents sont contenus dans le Programme 2030, a poursuivi M. Mahmadaminov en citant la technologie et l’innovation, deux éléments « facilitateurs » dont l’usage approprié, efficace, équitable et durable peut soutenir les efforts de construction et de maintien de sociétés résilientes. 

Il a aussi parlé des défis complexes que posent la technologie et l’innovation, sur les plans de la politique et des ressources, de même qu’en termes de fossé technologique et de capacités.  Des défis auxquels il faut s’attaquer de manière urgente, a-t-il précisé.  Si les politiques et structures nationales vont continuer d’être au cœur des efforts de mise en œuvre, il a recommandé que les actions, à tous les niveaux, soient concertées et cohérentes.  Il faut aussi veiller à la mise en place et au maintien de voies de collaboration solides avec tous les partenaires, sur la voie de la réalisation des objectifs de développement nationaux auxquels chacun adhère.

M. KAMOLIDDINZODA ILIOS JAMOLIDDIN, Vice-Ministre du développement économique et du commerce du Tadjikistan, a rappelé que son pays était recouvert de 93% de montagnes et que celles-ci constituent une source importante d’eau pour toute l’Asie centrale.  Il n’en reste pas moins, s’est-il inquiété, que le Tadjikistan est extrêmement vulnérable car il est exposé aux changements climatiques dont les effets ont provoqué de graves destructions et des pertes financières.  Ce qui n’empêche pas le pays de continuer de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 « dans un contexte de plusieurs crises, dont la dégradation de l’environnement et une crise alimentaire », a-t-il indiqué.

Le Tadjikistan se concentre sur des approches novatrices censées l’aider à mieux gérer les conséquences des changements climatiques, a poursuivi le Ministre.  M. Jamoliddin a ainsi parlé de la construction d’installations hydroélectriques qui doivent contribuer à réduire les menaces liées à l’eau.  Il a estimé que les ressources renouvelables étaient essentielles pour le développement et assuré que le Tadjikistan continuerait à coopérer avec l’ONU et d’autres partenaires pour aller de l’avant dans la réalisation du développement durable. 

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le rythme rapide des changements technologiques et de l’innovation ne permettait pas toujours aux gouvernements de tirer parti des innovations technologiques et d’en faire profiter les plus vulnérables.  Pourtant, la science offre des solutions aux différents problèmes auxquels les pays font face, y compris, lorsqu’ils visent en priorité à ce que « personne ne soit laissé de côté. »  La hausse des émissions de gaz à effet de serre que le monde a connue ces dernières années reste la menace la plus sérieuse, a averti M. Liu qui a appelé à la mise en œuvre de stratégies claires afin de trouver des solutions pour parvenir à un développement plus durable.  La technologie et l’innovation peuvent contribuer à la création d’emplois, a-t-il fait valoir.  Il a ajouté que ces atouts donnent l’occasion de renforcer la durabilité des villes, faciliter la mise en place de moyens de transport, et mieux gérer les ressources naturelles. 

M. Liu a poursuivi en expliquant que si le modèle de consommation actuel menace les océans, il peut être combattu par la pratique de la pêche durable et par la lutte contre la pollution marine.  En définitive, la technologie et l’innovation doivent aider à réaliser le Programme 2030 et le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, a-t-il souligné en rappelant que ces programmes prévoient la création du mécanisme de facilitation des échanges de technologies.  M. Liu a indiqué trois pistes vers lesquelles ce mécanisme doit s’orienter pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable: soutenir les efforts des communautés locales; être inclusive; adopter une approche intégrée.  En dernier lieu, la technologie et l’innovation doivent aider à bâtir des capacités de prévention de risques, a-t-il conclu. 

La recherche de la résilience et de la durabilité: saisir le moment

Animée par M. EDUARDO PORTER, Journaliste au New York Times, cette première table ronde qui portait sur le thème « La recherche de la résilience et de la durabilité: saisir le moment » devait apporter des réponses à trois questions sur le rôle de la technologie face aux changements climatiques, l’accès aux technologies et les défis de l’inclusion technologique, et le rôle de la mobilisation des jeunes autour de la technologie. 

C’est d’abord le Président-Directeur général de Volute Inc., M. DANIEL RECHT, qui a pris la parole pour donner des exemples d’innovations technologiques développées par son entreprise pour faire face notamment aux ouragans ou aux accidents aériens.  M. Recht est aussi Ingénieur en chef d’OtherLab, une entreprise en Californie dont les fondateurs se définissent comme « des scientifiques espiègles, des rêveurs pratiques, qui œuvrent pour rendre le monde tel qu’il doit être ».  Le panéliste a souligné que si la technologie offre des choix et des solutions divers, ce qui manque c’est parfois la volonté de déployer ces innovations.  En d’autres termes, « les inventeurs ne font qu’inventer des solutions mais la suite appartient à tout le monde », a-t-il dit en soulignant que chacun est libre de les utiliser ou non.

De plus, la technologie à elle seule n’est pas suffisante pour faire face aux défis auxquels sont confrontées les populations pauvres, a relevé la Fondatrice et Directrice de Society for Promotion of Area Resource, Mme SHEELA PATEL.  À cet égard, elle a rappelé que plus d’un tiers des enfants de Bombay sont pauvres, sans éducation, sans accès aux soins, sans toits, mais ils ont pourtant accès à des téléphones intelligents.  Dans la recherche de solutions, Mme Patel a suggéré de reconnaître l’apport du secteur informel et du travail non rémunéré, en tenant compte des modes de vie des personnes vulnérables.  Elle a aussi plaidé pour la participation des jeunes aux efforts de développement, avant de dénoncer la division artificielle entre le monde urbain et le monde rural.  « C’est une fiction contre laquelle il faut trouver de nouvelles formes de solution. »  Mme Patel a insisté sur l’importance d’inclure les pauvres dans le processus de développement, tout en montrant du doigt les dirigeants qui en restent à une vision du XVIIIe siècle en prenant les pauvres pour des ennemis.  « Les pauvres font face, au quotidien, aux inondations, aux pollutions et aux crises de toutes sortes, et donc ils ont des solutions », a-t-elle clamé.

« Quel rôle pour les jeunes et comment mobiliser la jeunesse pour faire pression sur les gouvernements afin de trouver de nouvelles solutions pour le développement? » a enchaîné Mme JOLLY AMATYA, du grand groupe des enfants et des jeunes.  Comme les jeunes du monde entier représentent 1,8 milliard de personnes et que 84% d’entre eux vivent dans les pays en développement, il faut faire en sorte qu’ils aient la capacité de résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, a-t-elle dit.  Selon elle, la situation de fragilité actuelle ne décourage pas mais pousse à trouver des solutions pour respecter les droits de l’homme, investir dans l’éducation et promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie. 

De leur côté, a poursuivi Mme Amatya, les jeunes doivent prendre conscience de leur pouvoir.  Ils ont aussi besoin d’un leadership stratégique à tous les niveaux et de partenariats entre les générations.  Elle a préconisé d’intégrer les jeunes dans les processus de prise de décisions, notamment les jeunes de moins de 30 ans qui représentent la moitié de la population mondiale.  Toutes les plateformes doivent être utilisées en tenant compte de chaque situation spécifique, a-t-elle résumé.  Elle a aussi invité les jeunes à contribuer à réaliser au niveau national les objectifs du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  En effet, a estimé Mme Amatya, les nombreux programmes, plans et projets internationaux ne seront efficaces que s’ils sont mis en œuvre au niveau national.  La clef est l’inclusion, a-t-elle fait valoir, car sans inclusion des jeunes vulnérables et des jeunes des minorités, le Programme 2030 ne sera qu’un rêve, et le dividende démographique se transformera en catastrophe démographique.

« Quelle est l’urgence aujourd’hui et maintenant? » a demandé le modérateur aux intervenants.  Pour le Président-Directeur général de Volute Inc., la priorité c’est la généralisation de l’utilisation des énergies renouvelables, tandis que pour la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, c’est le financement qui est le plus important.  Ce dernier a également plaidé pour que les solutions répondent à des besoins concrets, c’est-à-dire qu’elles soient adaptées au contexte et aux besoins locaux.  Par ailleurs, l’ONU doit aussi contribuer à la résilience, a-t-elle souhaité en appelant à une cohésion institutionnelle dans tout le système des Nations Unies, et à la mise en pratique d’une feuille de route aux niveaux national et local.  Pour ce qui le concerne, l’ECOSOC doit continuer de jouer son rôle de plateforme d’échanges de savoir-faire et des pratiques optimales, a estimé la représentante.

« Si les choses ne fonctionnent pas au niveau local, vous pouvez avoir les plus belles technologies, les meilleures innovations, cela ne résoudra rien », a prévenu la Directrice de Society for Promotion of Area Resource pour qui le vrai défi est de traduire les engagements internationaux au niveau local.  C’est ce que fait son organisation qui représente des pauvres urbains. 

Une intervenante de la Banque islamique de développement a demandé à ce que l’on intègre les connaissances et le savoir-faire autochtones pour aider les sociétés à être résilientes, en particulier dans les pays en développement.  Le Président-Directeur général de Volute Inc. a promis d’y réfléchir: « nous devons écouter ce que l’on veut nous dire, et examiner les problèmes pour trouver des solutions ».  Ce n’est pas un hasard si les entreprises de technologie californiennes vont sur le terrain, a-t-il poursuivi, expliquant l’importance de comprendre les réalités.

La représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a elle aussi jugé importantes les connaissances autochtones en matière de prévention des risques.  Il faut en tenir compte dans les politiques, dans le cadre d’un dialogue multipartite, a-t-il suggéré.  Pour la Directrice de Society for Promotion of Area Resource c’est aux pauvres qu’il appartient d’exiger pour eux-mêmes la reconnaissance de leurs connaissances et de leurs droits.  « Les autochtones et les populations pauvres doivent se donner la main », a-t-elle ajouté. 

Une représentante de la société civile a demandé à ce que les obstacles que rencontrent les femmes et les filles pour accéder aux technologies ne soient pas oubliés.  Le Président-Directeur général de Volute Inc. a d’ailleurs fait remarquer que de nombreuses femmes travaillent dans les sociétés technologiques et que leurs contributions ont permis de faciliter l’accès des femmes et des filles aux technologies.  Il faut renforcer la résilience des jeunes, les autonomiser, a enfin plaidé le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes en soulignant que la résilience et le développement durable ne sont pas deux choses différentes. 

Décoder la résilience et les vulnérabilités: construire des blocs pour 2030

Cette discussion a permis de « décoder » les concepts multidimensionnels de la résilience et des vulnérabilités.  La résilience s’entend ici comme la capacité de récupérer ou de s’ajuster facilement à la calamité ou au changement, ce qui peut avoir un impact significatif sur les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Renforcer la résilience nécessite donc de prévenir et de réduire les risques de catastrophe, les phénomènes météorologiques extrêmes et autres risques naturels, les chocs économiques, les crises de santé publique, l’insécurité alimentaire et les crises hydriques, les lacunes institutionnelles, les dysfonctionnements de connectivité et les cyberattaques, entre autres.

Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR) souligne que la résilience est la capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposée à des dangers d’y résister et de les absorber, de s’adapter à leurs effets et de s’en relever rapidement et efficacement, notamment en préservant et en rétablissant ses structures et fonctions essentielles.  Le Cadre d’action de Hyogo définit pour sa part la vulnérabilité comme les « conditions déterminées par des facteurs ou processus physiques, sociaux, économiques ou environnementaux qui accentuent la sensibilité d’une collectivité aux conséquences des aléas ».

Les participants à cette session ont donc présenté divers cas de vulnérabilité, avant de parler de l’importance et des modes de résilience, en soulignant le rôle de la technologie et de l’innovation dans la résilience des communautés. 

L’animateur du débat, M. VINICIUS PINHEIRO, Directeur, Représentant spécial de l’Organisation internationale du Travail (OIT) auprès des Nations Unies, a indiqué que le terme « résilience » est proche des concepts de résistance et de résignation.  En ce 1er mai, jour symbole pour son organisation, il a rappelé que c’est bien la résistance des travailleurs qui est célébrée, ces travailleurs qui ont résisté aux velléités de destruction du patronat et ont su faire respecter leurs droits.  Si la résilience fait plutôt référence aux mécanismes d’adaptation par rapport aux difficultés ambiantes, il a, a contrario, proscrit la résignation qui résulte souvent de l’intériorisation de nos vulnérabilités.

« Pour parler de groupes vulnérables, regardez tout simplement la situation des personnes handicapées », a suggéré Mme ORSOLYA BARTHA, Conseillère principale à « International Disability » (IDA).  Elle a noté que les femmes handicapées font face à une double vulnérabilité.  Elle a aussi parlé des sociétés dans lesquelles on cache les enfants handicapés qui font face à la stigmatisation.  Au contraire, a-t-elle dit, une société résiliente se fonde sur des valeurs tels que l’égalité, le partenariat et le respect des droits.  L’égalité s’acquiert notamment par l’autonomisation de groupes vulnérables et cela permet de renforcer leur participation, a-t-elle ajouté en soulignant qu’il ne faut « laisser personne à la traîne ».  L’experte, a dès lors regretté le manque d’implication des personnes handicapées dans l’élaboration de politiques, ce qui explique, a-t-elle dit, qu’elles soient souvent oubliées dans des situations d’urgence.  « Si vous voulez savoir si une société tient compte des personnes handicapés, a-t-elle indiqué, regardez s’il y a des infrastructures facilitant l’accès des chaises roulantes dans des salles de conférence, regardez s’il y a des documents en braille distribués au cours des discussions, et cherchez des spécialistes du langage des signes. » 

Parmi les populations les plus vulnérables, Mme CARLA MUCAVI, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à New York, a parlé des 124 millions de personnes qui ont souffert de la famine l’année dernière.  Ce chiffre était de 108 millions en 2016, a-t-elle rappelé tout en prévoyant que cette tendance se confirme, vu les crises actuelles dans le monde et notamment les déplacements de masse.  Pourtant, « prévenir coûte moins cher que gérer les situations d’urgence », a noté la représentante de la FAO en invitant la communauté internationale à mieux se préparer en renforçant la résilience des communautés. 

La vulnérabilité se vit aussi en fonction du genre, a poursuivi Mme AYONA DATTA, Conférencière au King’s College de New York.  Elle a parlé d’une recherche qu’elle a menée en Inde, et qui laisse voir que les femmes en milieu urbain sont plus vulnérables face à l’insécurité que les hommes.  Ainsi, elles courent davantage le risque de se faire agresser dans leur activité quotidienne de recherche d’un point d’eau.  L’absence d’infrastructures est donc ici également un facteur de vulnérabilité.  Comme parade, les femmes ont la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour s’informer sur les points d’eau les plus sûrs.  Mme Datta a également donné un exemple de résilience chez des populations urbaines pauvres, vivant dans les bidonvilles, et qui échangent entre elles des informations juridiques afin de se défendre en cas de menace d’éviction.  

Cette volonté de rechercher des solutions à ses problèmes et la confiance en soi font partie de ce que Mme RASHMI JAIPAL appelle la « résilience psychologique ».  Cette dernière tient compte des facteurs tels que l’environnement familial, le milieu de vie, le milieu scolaire et l’environnement professionnel.  Pour la principale représentante de l’Association américaine de psychologie aux Nations Unies et enseignante au Bloomfield College du New Jersey, il est inquiétant de voir que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, notamment dans les pays développés, selon des données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Pour cette psychologue, cela signifie qu’il y a des facteurs non durables dans le modèle de développement.  Elle a ainsi pointé le fait que l’on utilise de plus en plus les technologies de l’information et des communications (TIC), notamment les téléphones portables et les réseaux sociaux, qui conduisent au raccourcissement du temps de sommeil et la baisse des facultés de mémoire.  L’utilisation des TIC rogne également la confiance en soi et conduit à l’isolement, la solitude, la dépression et l’angoisse, surtout pour les groupes les moins éduqués.  D’autres facteurs de vulnérabilité sont la perte de valeurs de sa culture originelle.  Face à cette déferlante technologique, Mme Jaipal a proposé d’enseigner une bonne utilisation des TIC et des médias sociaux dans les établissements scolaires.  Elle a aussi rappelé les autres dangers que posent les TIC comme on a pu le voir récemment avec la divulgation des données privées des utilisateurs de Facebook.  Elle a salué la résilience de certains jeunes, comme cette jeune fille de 14 ans qui a créé une application pour signaler les abus dont sont victimes les filles sur Internet.

Dans cette même veine, Mme SAKIKO FUKUDA-PARR a souligné que même si on a besoin d’innovation, des accords institutionnels sont nécessaires pour développer en priorité des technologies qui contribuent au bien commun.  Il faut aussi démocratiser l’accès aux innovations lorsqu’il s’agit de produits à l’utilité avérée, a prescrit cette professeure d’université qui est Vice-Présidente de la vingtième session du Comité des politiques du développement.  C’est parce qu’il faut des technologies qui répondent aux besoins du développement inclusif et des pauvres notamment qu’elle a déploré des lacunes dans le progrès technologique, notant que « c’est le marché qui oriente les progrès et non pas les besoins des plus vulnérables ».  Elle a, de ce fait, déploré ces lacunes et contradictions qui font que les investissements privés s’appuient sur les brevets pour contrôler la technologie et l’innovation, alors que les pays les moins avancés en ont le plus besoin, même après leur passage à la catégorie de pays à revenu intermédiaire.

« Même si la technologie est cruciale, n’oublions pas les droits de l’homme », a plaidé M. BRIAN KEANE, Rapporteur de la dix-septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones.  Il a rappelé l’importance de tenir compte des savoirs endogènes des populations autochtones qui peuvent aider à comprendre et gérer les défis de nos jours, comme elles l’ont fait depuis des siècles avec les écosystèmes et la biodiversité qu’elles ont su conserver.  Il faut donc que ces populations puissent être représentées à la table de discussion.  Pour lui, les populations autochtones sont « l’exemple vivant de ce que c’est que la résilience » car, elles ont été victimes de diverses tentatives d’extermination, mais elles sont toujours là et participent au progrès social et à la construction des blocs pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Technologie et réduction des risques de catastrophe

Cette table ronde animée par la Vice-Présidente de la Commission de la condition de la femme, Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya), devait répondre à deux questions: quelles sont les mesures de réduction des risques de catastrophe prises par les pays et quelles sont les expériences nationales dans ce domaine en prenant en compte, par exemple, l’égalité du genre et les jeunes. 

Le Premier Vice-Président du Comité des situations d’urgence et de la défense civile du Tadjikistan, M. RUSTAM SHOHIYON, a déclaré que le Gouvernement de son pays avait pris des mesures pour mettre en œuvre les recommandations du Cadre de Sendai en utilisant les technologies de l’information et des communications (TIC) et d’autres solutions innovantes.  Le Tadjikistan a aussi mené des initiatives pour la préservation de l’écosystème des régions montagneuses, qui sont les principales caractéristiques du pays.  Ces mesures seront réalisées dans le cadre d’une plateforme nationale de dialogue et d’un groupe de travail en vue d’élaborer une nouvelle stratégie nationale de réduction de risques de catastrophe avant 2030.  M. Shohiyon a réitéré les engagements du Gouvernement tadjik à renforcer les capacités de réduction des risques de catastrophe, mais s’est plaint que les changements climatiques compliquent la situation.  Il a dénombré pas moins de 75 catastrophes naturelles depuis janvier 2018 au Tadjikistan.  En 2015, un nouveau système d’alerte précoce a été lancé qui prévoit notamment de s’équiper contre les catastrophes et qui permet de limiter les pertes agricoles.  Les catastrophes nous coûtent 5 milliards de dollars par an, a indiqué M. Shohiyon qui a insisté sur la nécessité de mettre à jour les technologies pour équiper un centre d’urgence. 

Le Directeur exécutif de l’Agence de gestion des catastrophes des Caraïbes, M. RONALD JACKSON (Jamaïque), a dit que l’Agence dispose d’une stratégie et d’une feuille de route pour réaliser les objectifs du Programme 2030 et ceux de la réduction des risques de catastrophes naturelles.  C’est le cas notamment du mécanisme d’assurance des moyens de subsistance qui permet de trouver les fonds nécessaires pour le relèvement après une catastrophe.  M. Jackson a aussi souligné l’importance des TIC pour accompagner les mesures de réduction des risques tout en soulignant l’importance des liens entre le développement régional et local et les plans nationaux de développement.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de protéger les infrastructures et de renforcer les actions d’urgence au moment des catastrophes.  À cet égard, il faut créer un système fondé sur des données et des informations accessibles à tous, un système qui permette de faciliter à la fois la réduction de risques et la recherche.  L’idée est de créer un centre d’échange d’informations entre les 18 membres de l’Agence, a expliqué le Directeur exécutif.  Il a aussi indiqué que les TIC peuvent être utilisées pour renforcer les capacités, nouer des partenariats avec le secteur privé, et utiliser au maximum le potentiel des universités.  Il a enfin souligné la nécessité des investissements dans les forêts et le besoin d’associer les communautés locales dans la gestion des forêts. 

La technologie aide à parvenir à la résilience, a, elle aussi, souligné la Représentante des jeunes au Comité directeur du Groupe consultatif des organisations non gouvernementales du Centre pour la science et la technique au service du développement, Mme ANNISA TRIYANTI, tout en prévenant du danger de faire de la technologie une fin au lieu d’un moyen.  Puis, elle a attiré l’attention sur l’importance de l’éducation qui est la source de l’innovation et de la technologie.  Elle a réitéré la nécessité de renforcer les capacités des jeunes et d’identifier les compétences nécessaires dans l’utilisation des technologies.  Mme Triyanti a en outre appelé au débat entre les générations pour former les jeunes, prônant une discussion sur le développement durable et le financement des initiatives dans le cadre de réduction des risques de catastrophe.  Dans la réduction des risques de catastrophe, il faut tenir compte des trois piliers du développement, a-t-elle complété.

Si les technologies jouent un rôle central dans la réduction des risques de catastrophe, la prévention se décline dans trois autres dimensions, a pour sa part estimé le Conseiller spécial sur le développement durable, M. YOUBA SOKONA.  La première dimension est la protection des infrastructures physiques; la deuxième concerne les approches, les méthodologies, les processus; et la troisième est l’appropriation et les accords de mises en pratique.  Il faut une bonne coordination pour bien agencer ces trois dimensions, a-t-il ajouté.  Pour M. Sokona, la réduction des risques de catastrophe dépend des contextes, ce qui oblige à développer un éventail de technologies adaptées.  En outre, il faut savoir harmoniser les stratégies de réduction nationales et le Programme 2030, a-t-il ajouté. 

Le Président du Forum des Nations Unies sur les forêts, M. MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie), a dit que le Forum avait adopté, en 2017, le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Le Plan, qui s’étalera jusqu’en 2030, se focalise sur l’objectif 5 de développement durable relatif à la « préservation d’écosystème terrestres ».  Il a rappelé que plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde dépendent de la forêt pour leurs moyens de subsistance.  Les forêts contribuent au maintien de la biodiversité, a encore déclaré M. Yaakob en précisant l’objectif du Plan qui est d’inverser la perte de terre à couverture forestière d’ici à 2030.  Il n’a pas oublié de dire que la gestion durable des forêts nécessite des financements de la part des États Membres.  C’est là que la technologie peut jouer un rôle, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: l’ONU se positionne pour communiquer avec un public féru d’Internet, méfiant des institutions et vulnérable à la désinformation

Quarantième session,
1re et 2e séances – matin & après-midi
PI/2228

Comité de l’information: l’ONU se positionne pour communiquer avec un public féru d’Internet, méfiant des institutions et vulnérable à la désinformation

Comment l’Organisation doit et devrait-elle communiquer sur les valeurs qu’elle promeut au nom de tous les États Membres?  C’est la question qui est à l’origine de la réforme du Département de l’information dont les grandes lignes ont été présentées, ce matin, par la Secrétaire générale adjointe à la communication, à l’ouverture des travaux de la session annuelle du Comité de l’information.

Nous vivons dans un monde, a décrit Mme Alison Smale, où la 5G est dans un avenir proche mais où un fossé numérique énorme existe entre pays et au sein même des pays.  Nous vivons dans un monde, a-t-elle poursuivi, où la confiance dans les institutions est de plus en plus difficile à maintenir.  Nous vivons dans un monde où le public est submergé du bruit des nouvelles qui sont parfois inventées.

La Secrétaire générale adjointe a expliqué que l’objectif de la réforme est de créer une communication « rapide, stratégique et intégrée » pour répondre aux besoins du monde actuel et raconter l’histoire de l’ONU aux peuples du monde dans les langues qu’ils comprennent et sur des plateformes qu’ils peuvent utiliser et auxquelles ils peuvent avoir accès, qu’elles soient numériques ou traditionnelles. 

Le changement a d’ores et déjà commencé avec le nom même du Département, que la Secrétaire générale adjointe souhaite rebaptiser « Département des communications mondiales ».  « Bien plus qu’un changement cosmétique, c’est le signe de la direction que nous prenons », a-t-elle souligné.

Le Président du Comité de l’information, M. Jan Kickert, a aussi parlé du « contexte extrêmement fluide » de la communication notant que face à la transformation de plus en plus rapide du paysage médiatique, « il ne s’agit plus simplement de présenter des informations, il s’agit désormais d’interactions ». 

Aujourd’hui, les gens ne sont pas de simples récepteurs d’informations, ils veulent participer aux efforts de communication, contribuer, réagir, d’où l’importance, pour le Département de l’information, de s’adapter à ce nouveau phénomène et de s’adresser aux plus jeunes dans le monde, a-t-il estimé. 

Les délégations ont donc insisté sur le multilinguisme, notamment le Groupe des 77 et la Chine qui ont dénoncé les disparités « tenaces » entre l’anglais et les cinq autres langues officielles des Nations Unies.  Pour l’Algérie, le Sénégal, le Népal ou encore l’Union européenne, la diversité linguistique au Secrétariat de l’ONU doit être de la plus haute importance pour le Département de l’information.  Le Groupe des Amis de la langue espagnole a souligné que l’espagnol a connu l’augmentation la plus importante du nombre des consultations sur les pages Internet de l’ONU.  L’Organisation doit, en conséquence, s’adapter aux demandes et aux besoins des hispanophones du monde entier.

L’Argentine, qui a souligné l’importance des communiqués de presse du Département de l’information, a déploré le fait qu’ils ne soient disponibles que dans deux des six langues officielles, « sans justification aucune ».  La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a appelé le Secrétaire général à corriger cette « situation injuste » dans les limites des ressources existantes.  La capacité du Département à travailler dans toutes les langues officielles doit être reflétée dans les prochaines propositions budgétaires. 

L’Algérie est revenue sur les communiqués de presse pour appeler à la constance et au respect de l’esprit et de la lettre des déclarations prononcées par les États Membres et toute autre partie prenante. 

La décision du Secrétariat de ne plus diffuser sur le Webcast les séances plénières de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC) dans toutes les langues des Nations Unies a également été dénoncée par de nombreuses délégations.  Alors qu’il y a de plus en plus de « fake news », il est inacceptable de limiter l’accès multilingue aux informations de base, a notamment dénoncé la Fédération de Russie. 

Le Comité de l’information poursuivra ses travaux demain, mercredi 2 mai, à partir de 10 heures.

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations liminaires

M. JAN KICKERT (Autriche), Président du Comité de l’information, s’est félicité de la relation constructive entre le Comité de l’information et le Département de l’information.  Nous avons un objectif commun, à savoir mieux faire comprendre le travail de l’ONU, a-t-il dit.

En tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale, le Comité de l’information supervise les travaux du Département de l’information et oriente ses politiques, programmes et activités, a rappelé M. Kickert.

Le Président a souligné que la Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale, a déjà, lors d’une réunion informelle en début d’année, fait part au Comité de ses nouvelles idées. 

Le Comité va mener ses travaux « dans ce qui est devenu le contexte extrêmement fluide de la communication globale contemporaine », a noté M. Kickert. 

En effet, au cours des dernières années, nous avons été témoins de la transformation de plus en plus rapide du paysage médiatique, a-t-il précisé.  « Il ne s’agit plus simplement de présenter des informations, il s’agit désormais d’interactions. » 

Aujourd’hui, les gens ne sont pas de simples récepteurs d’informations, ils veulent participer aux efforts de communication, contribuer, réagir, a continué le Président.  « Il s’agit d’un nouveau phénomène auquel doit s’adapter le Département de l’information. »

Il est très important également de pouvoir nous adresser aux plus jeunes dans le monde, a déclaré M. Kickert, et de veiller à ce que le Département soit sur la bonne voie. 

En tant que Président du Comité de l’information, M. Kickert a annoncé qu’il participera à la Journée mondiale de la liberté de la presse, jeudi 3 mai. 

Le mandat du Département est tout aussi valable aujourd’hui qu’il l’était à l’époque de sa création, il y a 72 ans, a-t-il conclu. 

Mme ALISON SMALE, Secrétaire générale adjointe à la communication, a indiqué que le Département entreprend actuellement un processus de réforme qui a commencé avec une question: comment l’Organisation doit et devrait communiquer sur les valeurs qu’elle promeut au nom de tous les États Membres?  Nous vivons dans un monde, a-t-elle poursuivi, où la 5G est dans un avenir proche mais où un fossé numérique énorme existe entre pays et au sein même des pays.  Nous vivons dans un monde, a-t-elle poursuivi, où la confiance dans les institutions est de plus en plus difficile à maintenir.  Nous vivons dans un monde où le public est submergé du bruit des nouvelles qui sont parfois inventées. 

L’objectif de la réforme, a-t-elle poursuivi, est de créer une communication rapide, stratégique et intégrée pour répondre aux besoins du monde actuel et raconter l’histoire de l’ONU aux peuples du monde dans les langues qu’ils comprennent et sur des plateformes qu’ils peuvent utiliser et auxquelles ils peuvent avoir accès, qu’elles soient numériques ou traditionnelles. 

Notre plan pour le changement a commencé avec notre nom, a souligné la Secrétaire générale adjointe: de Département de l’information, passer à Département des communications mondiales.  Bien plus qu’un changement cosmétique, c’est le signe de la direction que nous prenons.

Le Département innove déjà s’agissant de ses produits et de sa structure.  Il a trouvé de nouveaux moyens de travailler, des moyens plus intelligents de nouer des partenariats et des moyens plus efficaces d’avoir un impact, a enchaîné la Secrétaire générale adjointe.  Elle a parlé du lancement, à la fin de l’année dernière, du nouveau portail intégré d’« ONU Info ».  Elle a aussi parlé d’une application pour smartphone qui donne accès à l’actualité de l’ONU dans les six langues officielles, ainsi qu’en portugais et kiswahili.  Le Département modernise aussi ses systèmes de gestion des contenus audio et vidéo, de photos et d’archivage, et de Webcast.  Il crée de meilleurs reportages et habillages pour les produits multimédias.  Il a commencé à explorer des films en réalité virtuelle pour offrir des expériences à 360 degrés.  Le premier film devrait sortir à la fin du mois.

Depuis la création de l’équipe multilingue chargée des médias sociaux, il y a huit mois, le nombre des utilisateurs dans les huit langues est passé de deux millions à 31 millions.  Le site principal « un.org », qui continue à se développer, va bientôt être rafraîchi.  La numérisation des archives historiques audiovisuelles se poursuivra également.

En français, Mme Smale a dit son intention de renforcer la contribution des 59 centres d’information et de leurs 80 langues locales à toutes les fonctions du Département.  Nous menons, a-t-elle précisé, un examen programmatique et opérationnel de chacun de nos bureaux extérieurs afin de nous assurer qu’ils répondent aux besoins de communication stratégique de l’Organisation.  Le Département, a-t-elle souligné, veut s’assurer que les centres sont pleinement équipés pour soutenir la réforme du système de développement et renforcer la cohérence du système, en particulier autour du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Reprenant en anglais, la Secrétaire générale adjointe a parlé de la campagne « Services et sacrifices », qui honore les Casques bleus, et du projet vidéo « Add Your Voice » sur le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Parmi ses autres activités, a-t-elle poursuivi en russe, le Département fournira, le mois prochain, un appui à la coordination de la communication autour de la toute première Conférence de haut niveau des chefs des agences de lutte contre le terrorisme.  Il fera de même en ce qui concerne les préparatifs et la tenue, en décembre, à Marrakech, de la Conférence sur l’adoption du premier pacte mondial pour les migrations.  Le Département participe aussi aux préparatifs de la vingt-quatrième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se déroulera à Katowice, en Pologne, au mois de décembre, ainsi qu’au Sommet sur le climat de l’ONU, qui se tiendra lui en septembre 2019.

En anglais, Mme Smale a parlé de la Bibliothèque numérique de l’ONU qui continue à se développer.  S’agissant de la sensibilisation aux objectifs de développement durable, le Département place l’accent sur les jeunes.  Si nous voulons assurer le succès du Programme 2030, les jeunes doivent être informés et impliqués, a-t-elle souligné, et le Bureau de l’Envoyée pour la jeunesse, qui est financé par des ressources extrabudgétaires, doit être appuyé.  Le Département examine de nouvelles façons de lever des fonds.

Mme Smale a ensuite annoncé le lancement, aujourd’hui même, par l’initiative Impact universitaire, d’une série d’articles sur l’importance de l’enseignement supérieur pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a aussi fait savoir que la soixante-septième Conférence annuelle du Département de l’information/ONG se tiendra au Siège du 22 au 23 août.

La Secrétaire générale adjointe a par ailleurs rappelé son passé de journaliste et a appelé les États Membres à marquer, jeudi, la Journée mondiale de la liberté de la presse, « une cause qui me tient fort à cœur ».  Hier, neuf journalistes comptaient parmi les personnes tuées lors d’une attaque à Kaboul, en Afghanistan, ce qui illustre les graves dangers qu’affrontent, chaque jour dans le monde, les journalistes et les professionnels des médias.

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a pris note des nouvelles campagnes de communication du Département de l’information sur les objectifs de développement durable, le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’action climatique, l’élimination de la violence sexiste, les soldats de la paix et les futurs pactes mondiaux pour la migration et les réfugiés.

M. Elshandawily a encouragé le Département de l’information à continuer de promouvoir tous les faits nouveaux liés, entre autres, au développement durable, aux changements climatiques, à la décolonisation, à la migration et aux réfugiés et à la lutte contre le terrorisme. 

Le multilinguisme, a-t-il rappelé, en tant que valeur fondamentale de l’ONU, promeut l’unité et la compréhension internationale.  Le Groupe des 77 et la Chine sont donc préoccupés par les disparités « tenaces » entre les langues officielles des Nations Unies.  Ils soulignent aussi l’importance des langues locales, qui permettent d’exploiter le potentiel de tous les peuples du monde.  Le représentant s’est félicité que les centres d’information des Nations Unies aient traduit en 61 langues les objectifs de développement durable. 

L’utilisation des médias traditionnels doit continuer, a fait valoir M. Elshandawily, car la presse, la radio et la télévision restent des moyens de communication prédominants dans beaucoup de pays.  Il a mis en garde contre la manipulation des nouvelles technologies de l’information « pour perturber l’ordre juridique et politique de certains États, ce qui pourrait avoir un impact négatif très important sur la communauté internationale ».  L’utilisation de ces technologies, a-t-il insisté, doit se faire de façon compatible avec les buts et principes de la Charte et du droit international, en particulier le respect de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  

La question de la Palestine doit rester au cœur de nos préoccupations, a-t-il ajouté.  Enfin, le processus de réforme du Département doit prendre en compte les priorités établies par le Comité de l’information et ses membres doivent être dûment consultés, a conclu M. Elshandawily. 

M. GERTON VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, a souligné le rôle crucial du Département pour communiquer sur le succès des nombreux efforts diplomatiques initiés par l’ONU.  Il s’est notamment félicité des efforts continus pour maintenir l’élan du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a aussi cité le lancement de campagnes sur la violence contre les femmes et les filles ou les Casques bleus.  Il a insisté sur la nécessité de créer des alliances stratégiques avec la société civile, le monde universitaire, les fondations, le secteur privé et les institutions culturelles.  Il a aussi appelé à renforcer les partenariats avec les équipes de pays de l’ONU, par l’intermédiaire des centres d’information, afin d’améliorer la diffusion des informations sur les plateformes numériques et traditionnelles.  Il importe aussi de rationaliser l’administration et de mettre en place un système de partage d’informations, de coordination et de communication entre le Siège et le terrain de manière à privilégier le rapport coût-efficacité.  La création de partenariats s’impose aussi pour atteindre des publics « inexploités » en mettant l’accent sur les jeunes et les questions liées aux droits de l’homme.

Poursuivant son intervention en français, le représentant a indiqué que le multilinguisme est une question prioritaire pour l’Union européenne qui compte 24 langues officielles.  Il faut intégrer le multilinguisme dans tous les aspects de communication et d’information de l’ONU et la diversité linguistique parmi le personnel du Secrétariat doit être de la plus haute importance pour le Département de l’information, « en vue de l’accomplissement de son mandat de la manière la plus rentable et la plus efficace possible ».

Revenant à l’anglais, le représentant a aussi longuement insisté sur l’importance de la liberté d’opinion et d’expression.  Il s’est alarmé du fait que selon « Reporters sans frontières », les journalistes font l’objet d’une animosité croissante dans le monde.  Même en Europe, a-t-il déploré, les indicateurs régionaux font état d’un déclin de la liberté de la presse.  Il est de la responsabilité collective des États Membres, a-t-il souligné, de veiller à ce que les journalistes puissent faire leur travail.  Les attaques contre les journalistes et les professionnels des médias sont des attaques contre la pierre angulaire de nos sociétés et les principales valeurs de l’ONU.  Le représentant a appuyé les efforts déployés par le Département pour marquer la Journée mondiale de la liberté de la presse et la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a appuyé les efforts engagés par le Secrétaire général pour adapter le travail du Département de l’information au XXIsiècle.  Il a estimé qu’une fois l’évaluation interne achevée, les États Membres doivent pouvoir exprimer leur point de vue avant la mise en œuvre de la réforme qui, a-t-il souligné, doit tenir compte des recommandations du Comité, notamment en ce qui concerne la question du multilinguisme.

Le représentant a reconnu le potentiel de la communauté numérique pour favoriser les échanges sur une multiplicité de plateformes.  Il s’est toutefois inquiété de l’impact négatif du fossé numérique entre les pays développés et en développement et a appelé le Département de l’information à tenir compte des besoins du public du Sud.  Il a insisté sur le rôle fondamental des centres d’information pour diffuser les messages de l’ONU et a appelé le Département à renforcer l’appui qu’il leur accorde.

La CELAC insiste sur le respect de la Déclaration spéciale sur les processus de la gouvernance de l’Internet, adoptée au Costa Rica.  Elle souligne aussi qu’une « société du savoir » repose sur l’utilisation « massive » des technologies de l’information et des communications (TIC), d’où l’importance d’adopter des politiques et des stratégies visant à combler le fossé numérique et à protéger la pluriculturalité.  Le représentant a fermement rejeté toute utilisation des TIC contraire au droit international et contre un État Membre.  Il s’est également inquiété de la violation des espaces de fréquence radioélectronique qui doivent être utilisés dans l’intérêt du public.

Le représentant a ensuite longuement insisté sur l’importance de respecter la parité entre les six langues officielles de l’ONU et de promouvoir le multilinguisme.  Il est essentiel, a-t-il affirmé, que toutes les informations soient diffusées dans autant de langues que possible, y compris le portugais et les langues autochtones, par des moyens de communication traditionnels, comme la radio.

Il s’est dit profondément préoccupé par le fait que les communiqués de presse ne sont pas disponibles dans les six langues officielles de l’ONU et a appelé le Secrétaire général à résoudre cette équation, dans les limites des ressources existantes.  C’est le seul moyen de corriger la situation « injuste » actuelle où les communiqués de presse ne sont rédigés que dans deux langues.  La capacité du Département à travailler dans toutes les langues officielles doit aussi être reflétée dans ses prochaines propositions budgétaires.  La CELAC appelle aussi à une répartition équitable de ressources financières et humaines dans les six langues.  Des efforts supplémentaires s’imposent également pour améliorer la diffusion en direct des sessions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité dans les six langues, en plus de la langue dans laquelle s’expriment les intervenants.  La CELAC est par ailleurs préoccupée par le fait que les archives vidéo de l’Assemblée et du Conseil ne soient pas disponibles dans les six langues.  Il a exhorté le Secrétariat à faire disparaître cet « inconvénient ».

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a expliqué que son Groupe avait pour objectif principal la défense et la promotion du multilinguisme en tant que valeur essentielle de l’ONU, en ce qu’il contribue à améliorer l’efficacité, le fonctionnement et la transparence au sein de l’Organisation. 

Le Groupe souligne l’importance de l’espagnol, qui est la deuxième langue la plus parlée au monde et la plus consultée sur les pages Internet, d’après le rapport du Secrétaire général.  L’espagnol a en effet connu l’augmentation la plus importante du nombre des consultations, ce qui représente « un défi pour l’ONU qui doit s’adapter aux demandes et aux besoins des hispanophones du monde entier », a souligné le représentant.

Le Groupe réitère sa préoccupation face aux disparités dans l’utilisation de l’anglais d’une part, et des cinq autres langues officielles de l’ONU, d’autre part.  Dans sa projection vers le monde, l’ONU doit faire en sorte que le volume et la qualité de l’information soient les mêmes dans toutes les langues, a martelé le représentant. 

Les campagnes de communication doivent également adopter une approche fondée sur le multilinguisme, a-t-il poursuivi.  Il a soutenu les efforts visant à renforcer les centres d’information et l’utilisation des langues locales, le processus de rationalisation des centres devant être analysé « au cas par cas ». 

Préoccupé par les incidences budgétaires de la réforme du Département de l’information, le représentant a dit attendre les propositions concrètes du Secrétaire général, jugeant souhaitable que le Département mène des consultations avec les États Membres et les différents groupes, dont le Groupe des Amis de la langue espagnole. 

M. BUIAKEVICH (Fédération de Russie) a salué les travaux du Département de l’information et noté une amélioration des indicateurs de volume et de qualité.  Il a reconnu l’attention portée aux réseaux sociaux et « l’intention du Secrétariat de vivre avec son temps ».  Se demandant toutefois si les innovations peuvent être intégrées dans le budget des Nations Unies, il a relevé que la réforme du Département ne se fait pas toujours avec l’accord des États.  « Les initiatives ne doivent pas viser à se débarrasser des méthodes qui ont pourtant fait leurs preuves », a-t-il mis en garde, rappelant que le multilinguisme est une pierre angulaire du système des Nations Unies. 

Le représentant s’est dit en particulier très préoccupé par la décision du Secrétariat de ne plus diffuser sur le Webcast les séances plénières de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC) dans toutes les langues des Nations Unies.  Une grande partie du public ne peut pas avoir accès aux vidéos dont la recherche est réduite à l’anglais, a-t-il déploré.  « Toute mesure allant à l’encontre de la parité linguistique et sapant le multilinguisme est inacceptable. »  Alors qu’il y a de plus en plus de « fake news », a-t-il insisté, il est inacceptable de limiter l’accès multilingue aux informations de base. 

Le représentant a également regretté que le rapport du Secrétaire général n’envisage pas de présenter de façon plus équilibrée le travail du Département.  Aussi a-t-il noté avec mécontentement que le Festival mondial de la jeunesse organisé à Sotchi, en octobre 2017, n’a pas été mentionné. 

La Fédération de Russie participe toujours de façon active aux manifestations du Département concernant la Deuxième Guerre mondiale, a-t-il rappelé, en dénonçant ceux qui cherchent à réécrire l’histoire.  Le 3 mai, a-t-il annoncé, la délégation russe organisera la projection d’un film sur le camp de concentration de Sobibor.  Soulignant l’importance du travail sur l’Holocauste, le représentant s’est encore étonné de voir que l’exposition historique organisée en janvier dernier, en coopération avec Moscou, ne soit pas reflétée dans le rapport du Secrétaire général. 

Lorsque la situation politique se détériore, les nouvelles technologies de l’information peuvent devenir des armes de guerre, s’est ensuite inquiété le représentant, avant de réclamer une stratégie de lutte contre les « fake news ».  Certains États risquent d’utiliser ces « fake news » pour promouvoir un contrôle plus serré des informations, ce qui réduit l’accès équitable de tous à l’information et la liberté d’expression, a-t-il argué. 

M. SURENDRA THAPA (Népal) a encouragé le Département de l’information à élargir encore sa « palette » de langues et à y inclure le népalais, langue parlée par des millions de personnes au Népal et ailleurs.  Des contenus médiatiques en népalais sur la contribution du Népal aux efforts de maintien de la paix renforceraient l’adhésion du peuple aux activités de l’ONU, a-t-il expliqué.  Le délégué a demandé le renforcement des capacités techniques des centres d’information des Nations Unies et de la synergie entre eux.  Il a rappelé que la radio, la télévision et la presse écrite demeurent le canal privilégié de l’information dans de nombreux pays en développement.  Par conséquent, l’ONU doit veiller au bon dosage entre médias traditionnels et nouveaux médias.  Enfin, le représentant du Népal a réclamé la gratuité de l’accès par téléphone aux contenus de l’ONU, ce qui aurait des conséquences positives sur le terrain. 

M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a dit que, malgré certaines critiques, l’ONU continue de bénéficier d’une aura et d’une légitimité inégalées de par le monde.  Il a salué les campagnes de communication développées par le Département de l’information, notamment celles qui concernent le continent africain, ainsi que le Programme d’information spécial sur la question de la Palestine.  D’autres activités onusiennes gagneraient à être médiatisées davantage, a-t-il poursuivi, en demandant une couverture accrue des activités de la Commission de consolidation de la paix.  Il a invité le Département à prendre en compte le fait que la radio et la presse écrite demeurent le canal privilégié de l’information dans de nombreux pays en développement.  Enfin, le délégué a souligné le rôle important du Centre d’information de l’ONU de Rabat et salué les efforts visant à réduire les inégalités de traitement entre les six langues. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a souhaité que le pamphlet intitulé « ce que les Nations Unies peuvent faire pour appuyer les territoires non autonomes » soit traduit dans les autres langues officielles de l’ONU et a appelé le Département de l’information à accorder une attention spéciale à la dissémination de l’information sur la mise en œuvre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  L’autodétermination demeure un principe fondamental de la politique étrangère de l’Algérie, a-t-il souligné, avant de se féliciter de la couverture, par le Département, des activités organisées dans le cadre de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.  Le représentant a d’ailleurs appelé à la poursuite du Programme de formation à l’intention des journalistes palestiniens.

Il a insisté, à son tour, sur l’importance du multilinguisme et a salué la décision d’inclure dans le budget-programme 2018-2019 les ressources pour assurer la pleine mise en œuvre du multilinguisme dans le travail du Département de l’information.  Il convient, a-t-il souligné, d’utiliser l’ensemble des langues officielles de l’ONU, en veillant notamment à la mise à jour des sites Internet en langue arabe et aux capacités humaines dans les six langues officielles.  Le représentant a appelé à élargir les services de diffusion de l’information sur le Web, insistant, entre autres, sur le dialogue entre les civilisations et la culture de paix.

Après avoir appelé au respect du Règlement intérieur de l’Assemblée générale, le représentant s’est inquiété des différences entre les communiqués de presse, en particulier ceux sur la Quatrième Commission.  Il a en effet jugé « inacceptable » qu’une même déclaration y soit reflétée différemment.  Il faut, a-t-il insisté, respecter l’esprit et la lettre des déclarations prononcées par les États Membres et toute autre partie prenante.  Les communiqués de presse sont produits certes sous pression et ils doivent être publiés deux heures maximum après la fin d’une réunion.  Mais, a martelé le représentant, il ne doit pas y avoir de différences entre eux.

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a estimé que la stratégie de communication de l’ONU doit être adaptée à un monde médiatique dans lequel « tout se dématérialise ».  Le discours public, a-t-il constaté, est refaçonné d’une manière que nous ne pouvons pas totalement comprendre.  L’ONU doit relever ce défi en faisant passer son message à un public de plus en plus divers et de plus en plus fragmenté.  L’Organisation doit continuer de présenter des informations objectives, sans perdre de vue la persistance d’un fossé numérique entre pays et au sein même des régions, a-t-il dit. 

S’agissant de la réforme du Département, l’Argentine juge fondamental de donner aux États Membres la possibilité de faire entendre leur opinion, notamment via le Comité de l’information, a déclaré le représentant.  Le multilinguisme, qui est une valeur fondamentale de l’ONU, doit être intégré pleinement dans toutes les activités d’information.  Il faut, a-t-il insisté, « délaisser la culture de la traduction de l’anglais comme point de départ ».  Le représentant a d’ailleurs salué l’augmentation du nombre des visites sur la page espagnole du site de l’ONU, consolidant sa deuxième place de langue la plus utilisée, ce dont le Département doit tenir compte.  Il s’est dit préoccupé par la disparité entre les six langues officielles, certains sites n’étant pas mis à jour avec la même fréquence. 

La couverture multilingue des sessions des organes principaux et subsidiaires de l’ONU devrait être une priorité de la réforme, a poursuivi le représentant.  Il a souligné en particulier « l’importance des communiqués de presse qui permettent d’avoir des informations quasi instantanées », garantissant la transparence, la reddition de comptes et la mémoire institutionnelle.  Il a toutefois regretté que ces communiqués ne soient disponibles que dans deux des six langues officielles, « sans justification aucune ».  Il s’est aussi inquiété de ce que les archives des séances des organes principaux de l’ONU ne soient plus disponibles dans les six langues officielles. 

Enfin, le représentant a salué le rôle des centres d’information des Nations Unies, notamment celui de Buenos Aires qui a organisé diverses campagnes de sensibilisation comme « Carton rouge pour le travail des enfants » ou « Les hommes pour l’égalité ».  Il s’est également félicité du travail réalisé par ONU Info qui produit un contenu en espagnol. 

Mme YUANCHUN MA (Chine) s’est félicitée de l’augmentation du nombre des visites sur les sites en langue chinoise, ainsi que de la collaboration accrue avec les médias chinois, citant notamment les entretiens accordés par le Secrétaire général.  Elle a appelé le Département à réorienter ses travaux et à mieux cibler les besoins de la population mondiale.  Il faudra notamment aborder les difficultés financières, travailler dans les limites des ressources existantes, privilégier le multilinguisme et combler le fossé numérique, tout en veillant au respect des droits de tous, à commencer par les pays en développement.  La représentante a aussi regretté que le volume des produits créés en chinois demeure faible.

M. OLEH NIKOLENKO (Ukraine) a noté l’efficacité des stratégies mises au point par le Département s’agissant des médias sociaux, en phase avec les tendances mondiales et les besoins des différents publics dont les jeunes et le milieu universitaire.  Il a tout de même insisté sur la pertinence toujours réelle des médias traditionnels.  L’Ukraine, a-t-il assuré, s’efforce de créer un environnement propice à la liberté de la presse, en limitant l’influence de l’État.  Aussi le Classement mondial de la liberté de la presse 2018, publié par « Reporters sans frontières », a-t-il noté pour la deuxième année consécutive des progrès.  Le Classement relève également que les journalistes et observateurs internationaux ne sont pas autorisés à se rendre dans les zones de l’est de l’Ukraine, qui échappent au contrôle gouvernemental, et la situation n’est pas meilleure en Crimée, qui est aussi sous occupation russe.  « Prendre pour cible des journalistes ukrainiens est une tactique de guerre de la Russie », a affirmé le représentant qui a également dénoncé la campagne de propagande et d’incitation à la haine contre les Ukrainiens menée par les médias d’État russes.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à intensifier la lutte contre la désinformation. 

Mme KHADY MBACKÉ DIOP (Sénégal) a déclaré que la radio reste un « médium très efficace d’intermédiation politique, sociale et culturelle » et souhaité qu’elle garde toute sa place au sein « du dispositif communicationnel onusien ».  La déléguée a souligné l’importance pour l’ONU de contribuer à combler le fossé numérique qui sépare les pays riches et les pays en développement.  Elle a salué le dynamisme des centres, services et bureaux d’information des Nations Unies, qui contribuent à une diffusion rapide de l’information en étroite collaboration avec les responsables gouvernementaux.  « Le multilinguisme, qui est une composante essentielle du multilatéralisme, doit faire l’objet d’une attention constante », a poursuivi la représentante du Sénégal.  « Il a, certes, un coût, mais surtout un prix, celui de l’avenir plus équitable, plus démocratique, plus pacifique que nous voulons bâtir. »

M. JORGE ARTURO REYES HERNÁNDEZ (Venezuela) a insisté sur le rôle des femmes et des jeunes pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a salué les campagnes menées par le Département.  Le représentant a reconnu l’importance des réseaux sociaux, mais a toutefois averti que leur utilisation inappropriée risque de saper le travail de l’ONU.  Il a dénoncé « l’utilisation aveugle » d’informations sur les États Membres et a estimé qu’un examen approfondi s’impose pour définir des règles.  Une situation mal présentée peut saper la légitimité des États, a-t-il averti.  Le représentant s’est aussi inquiété de la persistance du fossé numérique qui frappe les pays du Sud et a réclamé des mesures pour promouvoir l’accès universel aux TIC.  Il a conclu sur la parité entre les six langues de l’ONU, ajoutant que les sites Internet doivent aussi être accessibles aux personnes handicapées.

Mme MARATEE NALITA ANDAMO (Thaïlande) a demandé la bonne coordination des activités de communication de l’ONU, ce qui exige que les acteurs clefs soient bien informés et écoutent les différents points de vue.  Le multilinguisme renforce la transparence et la responsabilisation au sein de l’ONU, a poursuivi la déléguée.  Elle a salué le fait que le site de l’ONU et certains comptes sur les réseaux sociaux soient disponibles en langue thaïe.  Elle a souligné la nécessité d’examiner la question de la désinformation dont la diffusion s’est accélérée avec les avancées technologiques.  La déléguée a rappelé que la radio, la télévision et la presse écrite demeurent le canal privilégié de diffusion de l’information dans de nombreux pays en développement. 

M. ILKIN HAJIYEV (Azerbaïdjan) a expliqué que son pays s’efforçait de promouvoir les objectifs de développement durable et l’action de l’ONU en Azerbaïdjan depuis son indépendance.  Il a soutenu le multilinguisme, la multiplicité culturelle et le dialogue entre les civilisations.  Bien que conscient des attentes très élevées qui pèsent sur l’ONU en matière de paix et de sécurité, le représentant a demandé au Département de mettre davantage l’accent sur les politiques dans des régions particulières et, par exemple, sur le fait que « les troupes qui doivent quitter son pays ne le font pas ».  Le représentant a mis en garde contre « la guerre des mots » sur les médias sociaux.  Les conflits armés sont un terreau fertile pour la propagande, a-t-il déploré, en accusant l’Arménie, « coupable d’occuper des zones en Azerbaïdjan », de campagnes de désinformation dans les médias. 

M. YOUNG-HYO PARK (République de Corée) a estimé que les messages stratégiques sur la réforme en cours doivent être communiqués de manière cohérente au grand public.  Il a salué les efforts visant à renforcer la communication stratégique, les activités sur les médias sociaux et l’ouverture vers les jeunes.  Il s’est également félicité du succès des campagnes de communication liées au développement durable et aux changements climatiques.  Pour impliquer les jeunes, il a conseillé de ne pas se limiter à l’organisation de manifestations hors ligne mais de communiquer également avec eux sur différents médias sociaux.

Le représentant a par ailleurs estimé que la nouvelle appellation du Département doit s’accompagner d’une redistribution des ressources et d’un réajustement des principales priorités de manière à privilégier une communication stratégique mieux planifiée et mieux coordonnée.  Il a aussi appelé à améliorer la cohérence des messages de l’ONU à travers l’ensemble du système.  Il a appuyé les efforts déployés par le Département pour revitaliser et repositionner les centres d’information des Nations Unies (CINU) face à l’évolution du paysage médiatique. 

Le représentant a ensuite salué les efforts déployés pour encourager l’initiative Impact universitaire en appui à la réalisation du Programme 2030.  Co-présidente de l’initiative, la République de Corée s’engage à diriger les activités du nouveau Groupe des Amis de l’éducation à la citoyenneté mondiale.

Mme ANDREA STANFORD (États-Unis) a affirmé que son pays est un chantre de la liberté d’expression et qu’il s’engage à appuyer la libre circulation de l’information.  Elle a insisté sur la nécessité de combattre le manque d’objectivité au sein du Département de l’information, pointant notamment le Programme d’information spécial sur la question de Palestine qui, a-t-elle affirmé, promeut une mauvaise perception de la situation, au détriment d’Israël.  Le Programme ne présente que la perspective palestinienne, a-t-elle estimé.  Le Département devrait éviter tout message anti-israélien dans ses activités, a-t-elle martelé. 

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a souligné le rôle crucial du multilinguisme pour diffuser le message de l’ONU le plus loin possible.  Elle a salué les équipes du Département qui produisent chaque jour des informations dans huit langues différentes, dont le portugais.  Elle a également rappelé l’importance du Centre régional d’information des Nations Unies pour l’Europe occidentale de Bruxelles et du Centre d’information de Rio de Janeiro qui disséminent un grand nombre de produits en portugais.  Estimant que la création d’un centre à Luanda permettrait de renforcer la communication en Angola et vers les pays lusophones, elle s’est félicitée des progrès réalisés en ce sens. 

La représentante a salué la clairvoyance du Département qui met l’accent sur les réseaux sociaux, tout en rappelant l’importance des médias traditionnels, notamment la radio, qui a la diffusion la plus large dans le monde.  Le portugais, a-t-elle ensuite souligné, est parlé par 260 millions de personnes dans le monde.  Véritable « langue mondiale », c’est la langue officielle de neuf pays sur quatre continents.  De plus, on estime qu’à la moitié du XXIsiècle, elle sera parlée par 400 millions de personnes.  À notre avis, a-t-elle conclu, il est indispensable que la stratégie de communication de l’ONU reflète l’importance de la langue portugaise et continue d’en consolider l’utilisation dans ses travaux.  Les lusophones forment le troisième public le plus important d’« ONU Info », a-t-elle précisé.   

M. PABLO IGNACIO CALLIS GIRAGOSSIAN (Chili) a appelé à renforcer le multilinguisme, l’objectif étant non seulement d’élargir le public, mais aussi de répondre à l’impératif de créer des normes de redevabilité et de transparence plus exigeantes.  À l’ère des « fake news » et de la « postvérité », il s’est alarmé du fait que les émotions et les préjugés prennent le dessus sur des faits vérifiés.  Il a appelé le Département à redoubler d’efforts pour contrer cette tendance.

 Il a salué le lancement du site « ONU Info », tout en insistant sur l’importance qu’il y a à ne pas négliger les médias traditionnels afin de tenir compte des besoins de communication des populations sans accès à Internet.  L’étendue du fossé numérique demeure problématique, a-t-il indiqué.

Dialogue interactif

« À qui s’adresse-t-on?  Quel est le public cible? »  Voilà des questions que Mme ALISON SMALE, Secrétaire générale adjointe à la communication, a dit se poser.  L’une des décisions qui a présidé à la réforme du Département est la nécessité de relever les défis, notamment pour travailler efficacement avec les jeunes, un groupe âgé de 15 ans à 35 ans environ.  Dans les orientations pour 2018, quatre domaines ont été identifiés dans lesquels seule l’ONU a suffisamment d’incidence: opérations de maintien de la paix; changements climatiques; aide humanitaire; égalité entre les sexes.  Dans ce cadre, les objectifs de développement durable sont la toile de fond, a ajouté Mme Smale, tout en rappelant que les budgets sont limités.  Le plus important est d’être bien organisé pour « arriver à se saisir des faits nouveaux qui modifient les relations entre les êtres humains ».  Nous devons être les plus impartiaux possible, et veiller à diffuser les différents points de vue des États Membres, a aussi déclaré Mme Smale. 

Le Département, a ajouté la Directrice de la Division de l’information et des médias, accorde une grande importance aux médias traditionnels et produit des programmes quotidiens en Afrique ou en Amérique latine, tout en élargissant sa présence sur les réseaux sociaux.  Mme HUA JIANG a précisé que le programme « L’ONU en action », par exemple, est proposé dans les six langues officielles.  Une chaîne câblée new-yorkaise retransmet les réunions importantes de l’ONU et le point de presse du Porte-parole du Secrétaire général.  L’ONU n’a pas de station radio mais elle est relayée par un millier de partenaires dans le monde.  « En quelque sorte, nos opérations se déroulent 24 heures sur 24. » 

Quant à l’archivage des vidéos dans toutes les langues officielles de l’ONU, la Directrice a fait observer que les financements ont été réduits.  Lors du dernier exercice biennal, nous avions reçu des financements pour le multilinguisme; cette année, rien, a-t-elle expliqué.  Seules les archives du Conseil de sécurité sont disponibles dans les six langues et même là, le moteur de recherche ne peut être activé qu’en anglais.  Nous cherchons des solutions, a assuré la Directrice.  Quant à une plus grande implication du Département dans les questions liées à la protection physique des journalistes, la Secrétaire générale adjointe a dit craindre les doublons avec l’UNESCO qui est dotée d’un mandat en la matière et qui organise d’ailleurs une conférence pour la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai.  Le Siège de l’ONU à New York a aussi prévu des manifestations. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Instance permanente: pas de développement durable, sans respect des droits des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources

15e séance – après-midi
DH/5392

Instance permanente: pas de développement durable, sans respect des droits des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources

Après 15 jours de travail sur le thème « Les droits collectifs des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources », l’Instance permanente a fermé ses portes aujourd’hui, non sans avoir fait plusieurs recommandations au Conseil économique et social (ECOSOC) dans cinq textes de fond oralement amendés* et prévenu que sans le respect de ces droits collectifs, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 restera lettre morte.

Aussi divers qu’aient été les témoignages entendus au cours de cette session, le sentiment général a été « l’exaspération », a avoué la Présidente de l’Instance, Mme Mariam Wallet Mohamed Aboubakrine, alors que la Responsable régionale de l’Assemblée des premières nations de l’Alberta ajoutait « en tant que peuples aux enseignements immémoriaux, c’est notre devoir de prendre notre place de peuples dotés du droit à l’autodétermination ».  « Nous devons continuer de nous motiver dans notre travail collectif de changer la tendance au déni de nos droits et de la pauvreté imposée par les processus et structures coloniaux », a estimé Mme Marlène Poitras.

Pour assurer la bonne exécution du Programme 2030, l’Instance permanente recommande que le Groupe d’experts des Nations Unies chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable mette en place l’indicateur foncier et que les États lui communiquent, dès l’année prochaine, les mesures prises pour mettre fin à l’aliénation des terres dans les territoires des peuples autochtones; l’aide financière et technique prêtée à ces peuples pour cartographier les frontières de leurs terres communales; les instruments juridiques et décisionnels permettant d’enregistrer les titres collectifs entrés en vigueur; et les lois adoptées avec le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones lorsque leurs territoires, leurs terres et leurs ressources naturelles sont en jeu.

Comme les financements alloués aux États pour morceler les terres des peuples autochtones engendrent des conflits, détruisent les moyens de subsistance et les stratégies de gestion des ressources ancestrales et sapent les structures de gouvernance propres à ces peuples, l’Instance permanente propose que la Banque mondiale prenne d’urgence des mesures pour remédier à ce problème et de réviser le paragraphe 29 de sa Norme environnementale et sociale no 7.

L’Instance estime aussi qu’il faut inviter le Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires à mener une étude sur le recours aux sociétés militaires et de sécurité privées dans les industries extractives et l’agro-industrie et ses conséquences sur les droits individuels et collectifs des peuples autochtones.  Elle estime d’ailleurs que le Gouvernement bolivien ne consulte pas suffisamment les peuples autochtones qui subiront les conséquences de la construction de superbarrages hydroélectriques à El Bala-Chepete et à Rositas.

Elle constate aussi avec préoccupation la situation des peuples autochtones du Sahel et d’autres régions d’Afrique, où l’absence de reconnaissance des droits collectifs entraîne la perte de territoires et de ressources et l’apparition de conflits complexes, prenant notamment la forme de l’extrémisme violent.  Elle recommande donc que le Groupe de travail sur les populations autochtones de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples formule des recommandations visant à régler cette situation.

Pour l’Instance, les établissements universitaires dotés du statut consultatif auprès de l’ECOSOC doivent convoquer une conférence sur les peuples autochtones séparés par des frontières internationales, y compris les peuples autochtones et les communautés d’ascendance africaine le long de la frontière entre l’Équateur et la Colombie.  Le Gouvernement bangladais doit aussi définir un calendrier sur l’application de l’Accord de Chittagong Hill Tracts de 1997.

L’Instance insiste sur le nombre d’actes d’intimidation et de représailles signalés partout dans le monde, y compris les obstacles qui sont mis à la participation des représentants des peuples autochtones à ses sessions.  Elle recommande que le Secrétaire général rassemble les informations sur ce type d’atteintes et de présenter, l’année prochaine, un rapport sur les mesures prises ou proposées pour y remédier.

Elle dénonce en particulier le précédent dangereux qui consiste à traiter les défenseurs des droits des peuples autochtones comme des terroristes, y compris la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz.  Elle juge qu’il faut que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme renforce la lutte contre les menaces et les représailles subies par ces défenseurs.

En attendant, l’Instance se félicite de l’action menée par le système des Nations Unies pour mettre en œuvre un plan d’action à l’échelle du système consacré aux droits des peuples autochtones.  L’Instance salue le travail de l’UNESCO pour élaborer le plan d’action de l’Année internationale des langues autochtones, en 2019, dans le respect du principe « Rien de ce qui nous concerne ne peut se faire sans nous. »  Elle recommande que le Secrétaire général nomme un envoyé spécial sur les langues autochtones et que les États Membres créent des structures de financement permanentes pour assurer la protection des initiatives linguistiques des peuples autochtones, comme le projet Giellagál en Finlande, Norvège et Suède.

L’Instance prend note du lancement par l’OPS/OMS de la bibliothèque virtuelle sur la médecine traditionnelle, complémentaire et intégrée pour les Amériques.  Elle recommande aussi que la Stratégie Halte à la tuberculose de l’OMS et le Partenariat mondial parrainent une réunion d’un groupe d’experts en 2020 pour analyser les facteurs sanitaires, socioculturels et économiques entrant en jeu dans la prévention, la prise en charge et le traitement de la tuberculose dans les communautés autochtones.  L’Instance commandite d’ailleurs pour l’année prochaine une étude sur la question, tout en constatant que sur les 170 recommandations qu’elle a faites sur la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes autochtones, 10 seulement ont été mises en œuvre.

L’Instance regrette donc que l’Assemblée générale n’ait pas établi une nouvelle catégorie de participation des peuples autochtones mais elle se félicite tout de même de l’initiative prise par le Président de l’Assemblée générale de conduire des auditions informelles interactives durant cette session et les trois prochaines.  Elle propose que le Secrétaire général organise, avant l’année prochaine, des consultations dans chacune des sept régions autochtones afin de débattre des modalités de participation des peuples autochtones aux travaux des organismes des Nations Unies.  Elle recommande que la Commission de la condition de la femme organise un dialogue interactif de haut niveau sur les droits des femmes autochtones à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en 2020.

L’Instance, qui demande à l’ECOSOC de pouvoir organiser sa prochaine réunion du 22 avril au 3 mai 2019, sur le thème « Connaissance traditionnelle: développement, transmission et protection », lui recommande aussi d’autoriser la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « La protection de l’environnement et les droits des peuples autochtones. »  Ce faisant, l’Instance commandite deux autres études, l’une sur la mise en œuvre des décisions judiciaires liées aux peuples autochtones, et l’autre sur les institutions autochtones et leurs relations avec les gouvernements locaux et nationaux.

*E/C.19/2018/L.1 à L.7 et Document informel

INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES

Déclarations de clôture

La Présidente de l’Instance, Mme MARIAM WALLET MOHAMED ABOUBAKRINE, a constaté que les interventions entendues au cours de la session étaient frappantes de diversité, les sujets abordés allant de la santé maternelle à la sécurité alimentaire en passant par les conflits, les changements climatiques et la transmission des savoirs traditionnels.  Toutefois, aussi divers que soient ces témoignages, les thèmes communs qui s’en dégagent reflètent « l’exaspération » que suscite la situation sur le terrain.

Elle s’est alarmée du fait que tant dans les pays développés que dans les pays en développement, « les autochtones continuent d’être à la traine », pointant notamment le niveau de pauvreté, l’accès limité aux soins de santé et à l’éducation, les écarts « considérables » en termes d’espérance de vie et les taux de suicide élevés, ainsi que la situation particulièrement inquiétante des jeunes.  En outre, les allégations persistances de violations des droits des femmes autochtones et des défenseurs des droits des peuples autochtones suscitent de vives inquiétudes.

La Présidente s’est dite « très heureuse » d’entendre que certains États ont pris d’importantes mesures pour rompre avec les politiques d’assimilation et de discrimination qui ont privé les autochtones de leur intégrité en tant que peuple distinct.

Revenant sur le thème principal de cette session, Mme Aboubakrine a souligné que les peuples autochtones entretiennent des liens spirituels, culturels, sociaux et économiques profonds avec leurs terres, leurs territoires et leurs ressources.  Elle a aussi constaté que la tradition des peuples autochtones, selon laquelle les droits sur les terres et les ressources sont collectifs, se situe généralement aux antipodes des modèles dominants, centrés sur la propriété individuelle, la privatisation et la croissance.

Nous avons entendu, a-t-elle déploré, que les pressions immenses liées aux industries extractives, à la construction d’infrastructures, à l’agriculture intensive, aux barrages hydroélectriques, voire aux effets de la protection de l’environnement, avaient dépossédé des peuples autochtones de leurs terres et conduit à leur déplacement.

« Les peuples autochtones attribuent une valeur intrinsèque à leurs terres, territoires et ressources, qu’ils considèrent comme un héritage voué à être transmis aux générations futures, a-t-elle souligné.  Nous ne passons qu’un bref moment sur cette terre.  Il est de notre devoir de laisser à nos enfants et à nos petits-enfants un monde préservé et durable. »

La Responsable régionale de l’Assemblée des premières nations de l’Alberta, Mme MARLENE POITRAS, a dit que le travail collectif pour réaliser les droits des peuples autochtones, y compris le droit à l’autodétermination, doit continuer.  Le thème spécial de cette session est au cœur de notre lutte commune.  La terre et nos responsabilités envers elle, donnent du sens, de la nourriture et de l'espoir aux peuples autochtones.  Tous les peuples du monde ont une responsabilité envers la terre, l’eau et les autres êtres humains.  Chaque année, ce Forum montre sa pertinence en tirant parti des différentes traditions du savoir et de la sagesse collective de tous les peuples.  C’est ce respect mutuel et cette responsabilité réciproque qui doivent nous guider.  C’est le chemin indispensable vers la paix, la sécurité et le bien-être pour tous sur notre planète verte et bleue.  Nous devons continuer de nous motiver dans notre travail collectif pour inverser la tendance au déni de nos droits et de la pauvreté imposée par les processus et structures coloniaux. 

Après des années d’oppression, nous devons reconnaître que le manque de confiance peut entraver les progrès vers de bonnes relations de travail.  Elle a alors exhorté les membres de l’Instance à s’écouter les uns et les autres.  Nous sommes ici pour donner de l’espace aux peuples autochtones.  Ils ont beaucoup à partager, compte tenu de la richesse de leur histoire et de leur culture qui peuvent assurer la paix et le bien-être de tous.  La voix des anciens et des ancêtres sont avec nous. 

Nous devons, par exemple, revitaliser les langues autochtones, garantir la sécurité des femmes et des filles autochtones, combattre la discrimination systémique des systèmes judiciaires et améliorer les conditions de vie des jeunes.  Nos histoires et nos valeurs sont différentes mais elles résonnent dans toutes les régions.  En tant que peuples aux enseignements immémoriaux, il est de notre devoir de prendre notre place de peuples dotés du droit à l’autodétermination, dans un dialogue respectueux avec toutes les nations du monde.  « Je crois que nous y arriverons, et je vous tends la main dans ce travail qui consiste à reconnaître, à respecter et à valoriser tous les peuples », a achevé Mme Poitras.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

8246e séance – après-midi
CS/13321

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, prorogé jusqu’au 31 octobre 2018, soit six mois au lieu d’un an habituellement, le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), déployée en septembre 1991 afin d’y surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un référendum qui permettrait aux habitants de décider du futur statut de ce territoire.

Par la résolution 2414 (2018), adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie), le Conseil de sécurité souligne qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique « réaliste, pragmatique et durable » à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin. 

Le Conseil se dit préoccupé par la présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et demande son retrait immédiat.  Préoccupé également par le fait que le Front Polisario a annoncé qu’il prévoyait de déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou, le Conseil lui demande de s’abstenir de se livrer à de tels actes déstabilisateurs.

En outre, le Conseil considère que des questions fondamentales concernant le cessez-le-feu ne sont pas réglées et engage le Secrétaire général à s’entretenir avec les parties afin de mieux comprendre ces questions. 

Une fois de plus, le Conseil demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général et prie ce dernier de lui faire régulièrement, « à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat », des exposés sur l’état d’avancement de ces négociations. 

Le Conseil se félicite des initiatives prises par le Secrétaire général en vue d’instituer « une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies », et il le prie notamment de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la MINURSO, et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations. 

Dans le rapport dont le Conseil était saisi, le Secrétaire général explique que la MINURSO a procédé à une série d’inspections pour renforcer la sécurité, améliorer les résultats et réorganiser les effectifs, afin d’accomplir ses objectifs de manière plus efficace et d’envisager de nouvelles technologies pour réduire les risques, renforcer la protection de la force et mieux s’acquitter du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité. 

Bon nombre de mesures recommandées nécessiteront des ressources suffisantes, pour lesquelles l’appui du Conseil demeurera essentiel, fait observer le Secrétaire général.  Comme suite à ces initiatives, il indique qu’il compte mener, à la mi-2018, un examen stratégique de la Mission. 

Pour les États-Unis, la délégation porte-plume de la résolution, la MINURSO aurait dû terminer son mandat il y a longtemps.  Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte, a commenté la représentante, qui a estimé qu’après 27 ans, il fallait « absolument sortir du statu quo ». 

Les trois délégations qui se sont abstenues lors du vote, Chine, Éthiopie et Fédération de Russie, ont déploré que les propositions qu’elles avaient présentées pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’elles ont jugé déséquilibré, une position d’ailleurs partagée par certaines des délégations qui ont voté en sa faveur, comme la Bolivie et la Suède.  Le représentant russe a ainsi mis en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé « en coulisses », alors que l’Éthiopie invitait le Conseil à « ne pas donner l’impression qu’il prend parti ».  Pour sa part, la Chine a regretté la « précipitation » dont avait fait preuve la délégation porte-plume, précipitation qui ne peut avoir qu’une « incidence négative » sur les travaux du Conseil, alors que ce dernier devrait chercher à faire preuve d’unité, une exigence également rappelée par la Suède et le Kazakhstan. 

Quant à la durée limitée à six mois de la prorogation, le représentant du Royaume-Uni a fait valoir qu’elle témoignait de l’importance que la communauté internationale accorde à la question du Sahara occidental.  En revanche, son homologue de la France a souhaité que le renouvellement du mandat de la Mission pour cette courte période « reste une exception », afin de ne pas perturber la gestion et la planification de ses ressources.  « Le cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix », a-t-il estimé. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LA SITUATION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL (S/2018/277)

Texte du projet de résolution (S/2018/394)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,

Réaffirmant son ferme appui aux efforts que le Secrétaire général et son Envoyé personnel font pour mettre en application ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016) et 2351 (2017),

Exprimant son plein appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Horst Köhler, l’ancien Président de la République fédérale d’Allemagne, et se félicitant de la participation des parties et des États voisins aux efforts que celui-ci déploie en vue de faciliter les négociations,

Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard,

Demandant à nouveau aux parties et aux États voisins de coopérer plus intensément avec l’Organisation des Nations Unies et les uns avec les autres et de s’impliquer plus résolument pour progresser sur la voie d’une solution politique,

Considérant que la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région,

Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix et de gestion efficace des ressources,

Rappelant qu’il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, soulignant qu’il convient d’évaluer régulièrement la performance de la MINURSO pour que la Mission conserve les compétences et la souplesse dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat, et notant à cet égard qu’une évaluation indépendante de la mission est prévue plus tard dans l’année,

Rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Constatant que la MINURSO joue un rôle important sur le terrain, s’agissant, notamment, d’aider l’Envoyé personnel à trouver une solution politique mutuellement acceptable, et qu’elle doit pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat,

Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur, demandant aux parties de se conformer à leurs obligations et de s’abstenir de toute action qui pourrait déstabiliser la situation ou menacer le processus engagé par les Nations Unies, et prenant acte de la réaction mesurée du Maroc à la suite des inquiétudes les plus récentes exprimées au sujet de la zone tampon,

Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement; et prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,

Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives et en s’engageant de nouveau envers l’action menée par les Nations Unies en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, et encourageant en outre les pays voisins à contribuer au processus politique,

Prenant note des quatre séries de négociations tenues sous les auspices du Secrétaire général et estimant qu’il importe que les parties s’engagent à faire avancer les négociations sans conditions préalables et de bonne foi,

Encourageant les parties à poursuivre leur coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en vue de définir et de mettre en œuvre des mesures de confiance pouvant servir à susciter la confiance nécessaire à la réussite du processus politique,

Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, et encourageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour élaborer et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international,

Encourageant vivement les parties à poursuivre les efforts qu’elles mènent chacune pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association,

Se félicitant à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc, du rôle joué par les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et à Laayoune et de l’interaction entre le Maroc et les mécanismes relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,

Encourageant à renforcer la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), y compris en facilitant des visites dans la région,

Prenant note avec une vive préoccupation des souffrances persistantes endurées par les réfugiés sahraouis et de leur dépendance à l’égard de l’aide humanitaire extérieure et conscient en outre de l’insuffisance des fonds alloués à ceux qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf et des risques associés à la diminution de l’aide alimentaire,

Demandant à nouveau que l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf soit envisagé, et soulignant qu’il convient de déployer des efforts à ce sujet,

Rappelant ses résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015) et ses résolutions connexes, soulignant l’importance de l’engagement pris par les parties de poursuivre les négociations dans le cadre des pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies et encourageant une participation réelle et effective des femmes à ces pourparlers,

Considérant que le statu quo n’est pas acceptable, et notant en outre qu’il est essentiel que les négociations progressent pour que la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliore dans tous les domaines,

Se félicitant de la nomination de Colin Stewart comme Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, et l’assurant de son plein appui dans l’exercice de ces fonctions,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 29 mars 2018 (S/2018/277),

1.    Décide de proroger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2018;

2.    Souligne qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin;

3.    Demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités des parties à cet égard;

4.    Demande également aux États voisins d’apporter une contribution importante au processus politique et de s’engager plus avant dans les négociations;

5.    Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;

6. Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés et exhorte les parties à y adhérer pleinement;

7.    Se dit préoccupé par la présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et demande son retrait immédiat;

8.    Se dit préoccupé par le fait que le Front Polisario a annoncé qu’il prévoyait de déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou et lui demande de s’abstenir de se livrer à de tels actes déstabilisateurs;

9.    Considère que des questions fondamentales concernant le cessez-le-feu et les accords y relatifs ne sont pas réglées et engage le Secrétaire général à s’entretenir avec les parties afin de mieux comprendre ces questions;

10.   Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;

11.   Souligne qu’il importe que les parties s’engagent à nouveau à faire avancer le processus politique dans la perspective d’une cinquième série de négociations, rappelle qu’il fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251), selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations, et encourage les pays voisins à apporter une contribution importante à ce processus;

12.   Demande aux parties de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016) et 2351 (2017) et le succès des négociations;

13.   Affirme qu’il soutient pleinement l’intention du Secrétaire général et de son Envoyé personnel de relancer dans ce contexte les négociations en y imprimant un nouvel élan et en les animant d’un nouvel esprit, l’objectif étant de parvenir à une solution politique qui soit mutuellement acceptable et qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies;

14.   Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat, des exposés sur l’état d’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;

15.   Se félicite des initiatives prises par le Secrétaire général en vue d’instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et l’engage à poursuivre les efforts qu’il fait pour établir un dispositif de gestion de la performance intégré et l’appliquer à la MINURSO et prie le Secrétaire général de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la Mission et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations;

16.   Exhorte la MINURSO à continuer de réfléchir à la manière dont les nouvelles technologies peuvent servir à réduire les risques, à améliorer la protection de la force et à l’aider à mieux s’acquitter de son mandat;

17.   Incite les parties à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin que des mesures de confiance soient prises et appliquées et notamment à encourager la participation des femmes et des jeunes, et incite les États voisins à contribuer à ces efforts;

18.   Exhorte les États Membres à verser des contributions volontaires ou à augmenter leurs contributions pour financer les programmes alimentaires, afin de s’assurer que les besoins humanitaires des réfugiés sont dûment pris en compte et d’éviter la réduction des rations alimentaires;

19.   Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures voulues pour veiller à ce que la MINURSO respecte pleinement la politique de tolérance zéro instituée par l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les atteintes sexuelles et de le tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre les mesures préventives voulues, notamment d’organiser avant tout déploiement des activités de sensibilisation à ces questions, et d’adopter d’autres mesures pour faire en sorte que les membres de leur personnel qui seraient mis en cause soient amenés à répondre pleinement de leurs actes;

20.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis), dont le pays était porte-plume du projet de résolution, a estimé que la MINURSO aurait dû terminer son mandat il y a longtemps.  Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte.  « Nous devons appuyer l’Envoyé personnel du Secrétaire général et insister sur les négociations avec les parties », a-t-elle recommandé, soulignant que le Conseil renouvelle le mandat pour six mois au lieu d’un an.

Mme Tachco a souhaité que les pays voisins reconnaissent le rôle important qu’ils peuvent jouer pour appuyer le processus.  Elle a demandé aux parties de trouver une solution réaliste et durable en reprenant les négociations sans conditions et de bonne foi, et de respecter leurs obligations en ce qui concerne le cessez-le-feu.  Pour la représentante, le statu quo sur le terrain ne permettra pas de parvenir à une paix juste et durable après 27 ans.  « Il faut absolument sortir du statu quo », a-t-elle insisté. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), qui s’est abstenue, a indiqué qu’elle aurait aimé voter pour le texte.  Hélas, a-t-elle ajouté, les remarques que sa délégation a formulées en faveur d’un projet plus neutre, plus équilibré, n’ont pas été prises en compte.  L’Éthiopie continuera toutefois d’appuyer la MINURSO pour apporter une solution politique au Sahara occidental et enjoint les parties de coopérer étroitement avec la Mission. 

Mme Guadey a dit espérer que les nouvelles tensions n’empêchent pas un règlement.  Elle a souligné que les deux parties devaient s’abstenir de toute mesure susceptible d’accroître ces tensions.  Il est plus urgent que jamais que le Conseil de sécurité appuie le travail de l’Envoyé personnel, a-t-elle ajouté, estimant que tout progrès significatif dépend de la coopération des deux parties avec celui-ci.  Le Conseil de sécurité doit s’abstenir de prononcer des déclarations qui sont de nature à compromettre la volonté des parties de participer au processus de paix, a encore ajouté la représentante, qui a conclu en appelant le Conseil à « ne pas donner l’impression qu’il prend parti ».

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie), qui s’est abstenu lors du vote, a déploré que les propositions présentées par son pays pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’il a jugé « déséquilibré ».  Voter pour ce projet aurait conduit à lâcher du lest sur la position du principe d’un règlement acceptable par tous, a-t-il dit, ajoutant que la Russie, qui a des relations avec tous les pays de la région, était sur ce dossier un acteur impartial. 

M. Safronkov a mis en garde contre l’effet négatif que le texte adopté pourrait avoir sur les efforts de l’Envoyé personnel.  Il a indiqué que la surveillance des droits de l’homme n’entrait pas dans le domaine de la MINURSO.  Le représentant s’est ensuite dit convaincu que le règlement de ce dossier devait satisfaire tant le Maroc que le Front Polisario.  La MINURSO a un rôle uniquement stabilisateur sur le terrain, a-t-il conclu, en mettant en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé « en coulisses ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’il y a 10 jours, le Représentant spécial et Chef de la MINURSO, M. Colin Stewart, avait encouragé le Conseil de sécurité à envoyer un message clair pour endiguer tout risque d’escalade.  « L’adoption de cette résolution permet de répondre à cet appel », a-t-il estimé avant de réitérer son plein soutien à la MINURSO, qui « effectue un travail exceptionnel et indispensable » sur le terrain. 

Le représentant a ensuite souhaité que le renouvellement du mandat de la Mission pour six mois seulement « reste une exception », afin de ne pas perturber la gestion et la planification de ses ressources.  « Le cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix », a-t-il ajouté.  M. Delattre a également demandé que les membres du Conseil se rassemblent et fassent preuve d’une dynamique constructive, afin de pouvoir apporter un élan nouveau au processus politique.  Le représentant a d’ailleurs réitéré le « plein soutien » de la France au processus politique mené sous les auspices du Secrétaire général et facilité par son Envoyé personnel.  « Nous espérons que ce renouvellement permettra d’encourager la consolidation de cette dynamique », a ajouté le représentant en souhaitant voir avancer le processus, conformément aux paramètres fixés par le Conseil de sécurité.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a souligné l’importance d’une solution politique au Sahara occidental.  Le texte adopté permet de sortir de l’impasse politique, a-t-il estimé, avant de souhaiter que les jeunes soient associés au règlement de la situation.  Il faut réévaluer la situation dans six mois, a poursuivi le représentant, qui a estimé que « la routine n’est plus acceptable ».  Jugeant que le texte adopté manquait d’équilibre, M. Orrenius Skau a déclaré que le Conseil devrait rechercher l’unité.  Le Conseil est plus fort quand il parle d’une seule voix, a-t-il ajouté, estimant que les préoccupations « assez mineures » exprimées par certaines délégations auraient pu être prises en compte afin de parvenir à un consensus. 

M. Orrenius Skau a demandé une solution durable, acceptable par tous, qui permettrait de réaliser le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  « Malgré ses défauts, cette résolution est un pas dans la bonne direction », a-t-il toutefois estimé avant de conclure en déclarant que le Conseil avait envoyé aujourd’hui « le signal clair que sa patience ne peut pas durer éternellement ».

M. SHEN BO (Chine), dont le pays s’est abstenu, a dit appuyer la prorogation de la MINURSO.  Mais la situation au Sahara occidental est complexe, a-t-il reconnu, estimant que la priorité était de maintenir la stabilité régionale et de créer des conditions propices à la reprise des négociations. 

« Le Conseil de sécurité doit rester uni et parler d’une seule voix », a ensuite souligné le représentant.  Pour la Chine, le Conseil aurait dû consacrer davantage de temps à rechercher le consensus, plutôt que de sombrer dans la « précipitation », laquelle ne peut avoir qu’une « incidence négative » sur les travaux du Conseil.  M. Shen a ainsi regretté le fait que le projet n’ait pas pleinement fait droit aux préoccupations de chacun.  Enfin, il a encouragé les parties à fonder leurs efforts sur les résolutions du Conseil de sécurité. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a considéré que la résolution, en faveur de laquelle son pays a voté, envoyait un message clair d’appui à la désescalade et aux activités de la MINURSO.  Pour progresser vers une solution mutuellement acceptable, le représentant a encouragé les parties à mener maintenant un processus politique dans un esprit de compromis.  La fenêtre de six mois est une indication de l’importance que la communauté internationale accorde à cette question, a-t-il plaidé avant d’apporter son soutien aux efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, ainsi qu’aux activités de la MINURSO et de son nouveau Chef. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a souligné le rôle essentiel joué par la MINURSO.  Il a réitéré son appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour qu’il relance les négociations, sous les auspices de l’ONU, pour aboutir à une solution acceptable par tous, consacrant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a estimé que la résolution adoptée était un bon point de départ pour sortir de l’impasse actuelle.  La représentante a salué les efforts et sacrifices des parties au conflit et souhaité une solution définitive rapide sur ce dossier, qui permettrait d’instaurer une paix durable, ce conflit ayant duré trop longtemps. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a salué les efforts entrepris par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour trouver un compromis dans la région et au-delà.  Il a dit avoir voté pour la prorogation du mandat en espérant la reprise des négociations.  Pour lancer un message fort aux parties concernées, il est important que le Conseil de sécurité préserve son unité et que les parties s’abstiennent de toute escalade, a-t-il ajouté. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a expliqué qu’il avait voté en faveur du texte « car il faut relancer le processus politique ».  Il a apporté son plein appui à la proposition du Secrétaire général qui vise à reprendre les négociations avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit, en vue d’arriver à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Il s’est toutefois dit préoccupé de constater que les suggestions de certaines délégations n’avaient pas été prises en compte, ce qui aurait permis d’avoir un texte plus équilibré approuvé par tous.  Ainsi, par exemple, la durée du mandat n’a-t-elle pas été débattue.  « La délégation porte-plume a été assez arbitraire », a-t-il asséné. 

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) s’est réjoui de l’adoption de la résolution, un texte qui détermine clairement le cadre et les objectifs du mandat assigné par le Conseil de sécurité au Secrétaire général.  Cela doit lui permettre d’avancer concrètement par la voie de la négociation pour sortir de l’impasse politique du différend sur le Sahara occidental, a estimé le représentant, pour qui le déblocage « passe nécessairement par un engagement renouvelé et déterminé des parties prenantes à s’approprier le processus politique en vue d’une cinquième série de négociations menées sous les auspices du Secrétaire général ».  M. Dah a salué « les efforts sérieux et crédibles du Maroc à œuvrer au règlement définitif du différend, à travers son initiative d’autonomie », ainsi que l’engagement du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour la promotion d’un cadre de dialogue.  Il a également dit apprécier que le Conseil de sécurité invite les États voisins à s’impliquer dans le processus politique et à contribuer ainsi à la sortie de la crise.

Pour M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), le fait que la résolution n’ait pas reçu le soutien unanime du Conseil ne doit pas occulter ce qui est véritablement important: « la relance du processus politique ».  Notre ambition commune doit être d’aboutir à une solution politique mutuellement acceptable, a-t-il ajouté, avant d’exhorter les parties à poursuivre leur engagement de bonne foi avec l’Envoyé personnel.  En conclusion, il a souligné la nécessité d’une reprise des négociations sans conditions préalables. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a encouragé les parties à coopérer avec l’Envoyé personnel en vue d’une solution politique mutuellement acceptable, dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.  Il a en outre apporté l’appui de son pays aux efforts de l’Envoyé personnel.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a jugé nécessaire le renouvellement du mandat de la MINURSO pour appuyer le processus politique, qui doit conduire à une solution à la question du statut du Sahara occidental et résoudre les besoins humanitaires de la population sahraouie.  Il a vu comme un impératif urgent la reprise du processus politique sous les auspices des Nations Unies, en particulier de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi.  L’objectif poursuivi est de faciliter une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par les parties, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui conduise à la libre détermination du peuple du Sahara occidental, a déclaré le représentant.  Enfin, M. Duclos a exprimé ses préoccupations face aux difficultés que rencontrent les réfugiés sahraouis et à leur dépendance à l’aide humanitaire extérieure.  Il a souhaité que les progrès dans les négociations permettent d’améliorer la situation des droits de l’homme et la qualité de vie de la population.

 

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