Comité de l’information: plaidoyer en faveur du multilinguisme pour se faire entendre de « Nous les peuples » partout dans le monde
« On ne peut pas simplement s’attendre à ce que “Nous les peuples”* comprennent et s’engagent dans la seule langue de Shakespeare », a lancé, ce matin, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Comité de l’information, qui a bouclé son débat général avec un plaidoyer en faveur du multilinguisme, un thème sur lequel s’est attardée, aujourd’hui encore, la Secrétaire générale adjointe à la communication, après les propos tenus dès hier, à l’ouverture de la session, par le Groupe des Amis de la langue espagnole et la Communauté des pays de langue portugaise.
« Nous continuons nous aussi de penser que le multilinguisme se doit d’être au centre des débats sur l’information et la communication, ainsi qu’un élément clef de la réforme en cours », a affirmé l’OIF qui compte 84 États membres. « Faire passer les bons messages, par les bons médias et à tous les publics » sur le travail des Nations Unies est essentiel, a-t-elle résumé, en saluant la vision développée hier par la Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale.
Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise, le Brésil a également encouragé le Département de l’information à renforcer le multilinguisme, soulignant que le portugais est la langue maternelle d’environ 260 millions de personnes dans le monde. L’Inde a insisté sur ce multilinguisme pour promouvoir « l’unité dans la diversité ».
Comme la plupart des intervenants, l’OIF a estimé que la traduction des contenus en anglais « ne peut et ne doit se substituer complètement à une production pour l’instant quasi inexistante dans d’autres langues ». Elle a partagé les préoccupations relatives à la disponibilité des Webcasts dans les langues officielles, permettant à tous de suivre sur un pied d’égalité les grands débats du jour.
La Secrétaire générale adjointe à la communication, Mme Alison Smale, a dit avoir dûment pris note de ces appels à une information multilingue. Elle a rappelé que l’Assemblée générale a rejeté toutes les propositions budgétaires avancées en ce sens mais promis que son Département entend, malgré tout, poursuivre son « idéal multilingue », en exploitant les ressources humaines talentueuses qu’il possède, les opportunités offertes par les outils technologiques et les partenariats avec les écoles de langues.
Mme Smale a parlé, en particulier, des communiqués de presse. Pour les publier dans les quatre autres langues officielles de l’ONU, il fallait une enveloppe supplémentaire de 1,5 million de dollars que l’Assemblée, ici encore, a refusé d’ouvrir. Quant au Webcast, le budget 2018-2019 ayant été réduit, le Département n’a pu garder les cinq personnes chargées d’apprêter à la demande les vidéos dans les six langues officielles des Nations Unies.
Si les efforts du Département de l’information pour s’adapter à l’évolution rapide de l’univers de l’information ont été unanimement salués, la défense de la radio en tant que support traditionnel a également marqué les discussions. L’OIF, dont le prochain Sommet se tiendra à Erevan, en octobre prochain, sur le thème « Vivre ensemble », s’est dite prête à promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès de relais et de partenaires locaux au sein de ses États membres. « La radio constitue le mode d’information et de communication principal dans un grand nombre de pays de l’espace francophone », a-t-elle souligné.
Dans plusieurs parties du monde, comme l’ont rappelé le Brésil, Cuba ou l’Afrique du Sud en évoquant la fracture numérique, la radio continue de jouer un rôle fondamental. Elle a rempli sa mission dans le processus de paix au Libéria, à travers la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), et ce, pendant plus d’une décennie. La crédibilité de la MINUL était telle que les gens disaient: « si c’est la radio de la MINUL qui le dit, ce doit être vrai », a témoigné le Libéria.
L’Inde, le Pakistan et le Bangladesh se sont félicités du succès de la campagne « Services et sacrifices », qui met à l’honneur les pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix et leurs Casques bleus. Le Japon et l’Iran ont vanté l’initiative Impact universitaire de l’ONU, à laquelle participent 51 établissements d’enseignement supérieur japonais et 25 universités iraniennes.
Les avis ont toutefois divergé sur le Programme d’information spécial sur la question de Palestine, défendu par l’État de Palestine et l’Iran, mais critiqué par Israël pour son manque d’impartialité.
La prochaine réunion publique du Comité de l’information sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
* Premiers mots de la Charte des Nations Unies
Suite du débat général
Déclarations
M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a appuyé l’initiative de la Secrétaire générale adjointe pour réformer le Département de l’information, au sein duquel il va y avoir une réorganisation des responsabilités. La réforme, a-t-il noté, n’aura aucune incidence budgétaire. Il a souligné trois points à prendre en considération: les ressources existantes, comme les centres d’information des Nations Unies et la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, seront revues pour être mieux utilisées; des partenariats avec des parties prenantes extérieures seront explorés; et les opérations des Nations Unies et les informations publiques devront aller de pair.
M. Kawamura a fait remarquer que le Centre d’information de Tokyo fonctionne également en tant que Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies au Japon, renforçant les partenariats avec les mondes des affaires et de la finance, et avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Il a également vanté l’initiative Impact universitaire de l’ONU, à laquelle participent déjà 51 établissements d’enseignement supérieur japonais. Il a salué le travail de la Division de l’information et des médias et noté que l’application mobile d’« ONU Info » permet de recevoir des informations actualisées sur les activités de l’Organisation.
Enfin, le représentant a apprécié la série « Services et sacrifices » pour laquelle le Département de l’information a œuvré avec le Département des opérations de maintien de la paix. Pour appuyer le concept de paix durable du Secrétaire général, la délégation japonaise a lancé l’initiative « La paix est… » en avril 2017. La prochaine manifestation, organisée dans ce cadre, aura lieu le 18 mai avec pour thème « Les cultures du thé dans le monde ».
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a souligné que la question de l’utilisation et de l’accès à Internet et aux technologies de l’information et des communications (TIC) revêt une importance particulière à l’heure actuelle, d’aucun estimant que l’alphabétisation numérique est le savoir nécessaire pour tout citoyen du XXIe siècle. Elle a jugé regrettable que des millions de personnes demeurent excluent des « vastes » ressources disponibles sur Internet, une situation qui contribue, a-t-elle déploré, à approfondir le fossé numérique entre les pays du Nord et du Sud. Elle a appelé le Comité à agir pour assurer une plus large appropriation des technologies de l’information afin de réduire les fossés technologique et social. Il ne faut cependant pas perdre de vue l’importance des médias traditionnels, la radio notamment, pour les milliers de pauvres et d’analphabètes dont c’est la seule source d’information.
La représentante s’est ensuite inquiétée du fait que les communiqués de presse ne soient toujours pas disponibles dans les six langues officielles de l’Organisation, en dépit de la résolution adoptée par l’Assemblée générale lors de sa soixante-neuvième session. Elle a aussi engagé le Département de l’information à poursuivre ses efforts pour diffuser sur le Web les séances du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale dans les six langues. Elle a insisté pour que l’utilisation des TIC se fasse dans le respect de la souveraineté des États, avant de rejeter fermement et de condamner l’« agression radiophonique et télévisuelle » perpétrée par les États-Unis contre Cuba, pointant la diffusion illégale de programmes qui, a-t-elle dénoncé, incitent à renverser l’ordre constitutionnel établi par le peuple cubain. En 2017, a-t-elle fait savoir, 1 631 heures d’émission ont été transmises chaque semaine contre Cuba sur 19 fréquences du territoire américain.
Quant à la réforme du Département de l’information, elle a appelé à des consultations avec les États Membres sur les propositions concrètes. Le Comité doit contribuer au processus, a conclu la représentante.
M. MASOOD ANWAR (Pakistan) s’est félicité de l’augmentation du nombre d’utilisateurs des produits du Département de l’information, que ce soit via les médias traditionnels ou sociaux. Il a fait observer que les délibérations du Comité ne sont pas suffisamment diffusées. L’absence d’informations à l’âge de l’information est un oxymore qu’il faut corriger, a dit le représentant.
Il a constaté que les vastes mouvements de réfugiés et de migrants avaient mobilisé à juste titre l’attention de la communauté internationale mais a appelé le Département à ne pas oublier les crises prolongées: le Pakistan abrite des millions de réfugiés afghans depuis plus de quatre décennies.
Après avoir demandé aux centres d’information des Nations Unies (CINU) d’étendre leur portée au-delà des grandes villes, le représentant a affirmé que le Pakistan vit actuellement une renaissance culturelle dans les domaines de la musique, de la peinture et du cinéma. De jeunes artistes s’inspirent de la riche histoire du pays, tout en brisant les stéréotypes pour présenter le véritable visage du Pakistan. Il a salué le Département de l’information pour avoir aidé la délégation pakistanaise à faire connaître cette production artistique à l’ONU.
Il a ensuite exhorté le Département à redoubler d’efforts pour mieux sensibiliser au maintien de la paix de l’ONU, estimant par ailleurs que le Département doit aussi créer des programmes et des campagnes sur les médias sociaux pour promouvoir l’harmonie interconfessionnelle. Le Département se doit également d’attirer l’attention sur les graves violations des droits de l’homme, notamment ceux des Rohingya, de la population du « Jammu et Cachemire occupé par l’Inde » et des Palestiniens.
M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a salué l’initiative « Espace médias Objectifs de développement durable » qui a été menée à bien au cours de la dernière session de l’Assemblée générale. Il s’est félicité des nouvelles alliances avec les gouvernements, la société civile, les établissements d’enseignement et les centres d’information des Nations Unies. Il est très important, a-t-il ajouté, d’autonomiser les jeunes et de faire entendre leurs voix, comme le fait « L’ONU mise en scène » à laquelle ont participé 21 centres et 12 000 étudiants l’année dernière.
M. Castro Córdoba a souhaité que la coopération avec les autres départements se poursuive, notamment avec les Départements des opérations de maintien de la paix et des affaires politiques. Il s’est félicité de la nouvelle plateforme intégrée d’information qui a permis une diffusion des informations « plus rapide et plus efficace ».
Le représentant a ensuite souligné l’importance d’avoir « une véritable présence du multilinguisme dans toutes les communications des Nations Unies ». Le Webcast doit transmettre dans toutes les langues officielles les réunions les plus importantes de l’Organisation. Les communiqués de presse, a-t-il relevé, ne sont toujours pas disponibles en espagnol. Il reste encore beaucoup à faire pour garantir une parité linguistique entre les six langues officielles, en a-t-il conclu, avant de demander des consultations entre le Département et les États Membres sur tous les aspects de la réforme.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a salué la participation du Département de l’information au projet vidéo « Add your voice », tout en estimant nécessaire de réfléchir aux moyens de connecter les personnes qui vivent dans les zones les plus reculées, privées de leurs droits, notamment les Rohingya du Myanmar. Il a rappelé que plus d’un million de Rohingya se trouvent actuellement à Cox’s Bazar, au Bangladesh, et que le Conseil de sécurité effectue actuellement une visite dans la région. Il a appelé le Département à faire entendre la voix de ces personnes « qui n’ont aucune représentation ».
Le représentant s’est ensuite félicité du succès de la campagne « Services et sacrifices » mettant à l’honneur l’engagement des pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix. Il a proposé au Département de promouvoir le concept de pérennisation et de culture de la paix. Le Département doit aussi sensibiliser le public au futur cadre pour la migration internationale. S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a suggéré de mettre l’accent sur les succès et les défis qui méritent l’attention de la communauté internationale. Il s’est dit très attaché à la Journée internationale de la langue maternelle.
Il est essentiel d’avoir des informations précises pour comprendre les questions mondiales et les événements historiques, a souligné M. YARON WAX (Israël). Il s’est dit encouragé par les efforts entrepris par le Programme de communication sur l’Holocauste des Nations Unies pour continuer d’inculquer aux jeunes les valeurs de la tolérance et de la compassion, et lutter contre la haine et l’antisémitisme. Dans ce contexte, M. Wax a condamné le discours fait hier par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, à Ramallah, qui a « blâmé les Juifs pour leur propre persécution, en utilisant des stéréotypes antisémites ».
M. Wax s’est dit préoccupé par le fait que « certaines des informations publiées par le Département ne sont pas toujours exactes et objectives ». Ainsi le Programme d’information spécial sur la question de Palestine continue-t-il, selon lui, de parler de façon partiale de la situation dans la région. Il a déploré que la majorité des participants aux nombreuses et coûteuses manifestations organisées sur la question soient « ouvertement alignés avec la cause palestinienne ». De telles activités, a-t-il critiqué, sapent l’intégrité de l’ONU et sabotent la perspective d’un règlement pacifique. En conclusion, il a demandé au Département de l’information de « consolider toutes les plateformes médias sous une autorité pour renforcer son rôle de supervision dans tous les organes de l’ONU ».
Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a appelé le Département à continuer d’utiliser des moyens de communication traditionnels, faisant observer que l’accès à Internet demeure limité dans les pays en développement où, en revanche, 75% des ménages ont accès à la radio. Il a aussi encouragé le Département à renforcer le multilinguisme, soulignant que le portugais est la langue maternelle d’environ 260 millions de personnes dans le monde. La CPLP appuie d’ailleurs fermement le travail d’« ONU Info » en portugais qui arrive en troisième place parmi les huit langues, juste derrière l’anglais et l’espagnol. Il a aussi rappelé que l’unité portugaise avait été la première à devenir, dès 2013, une opération multimédia à part entière.
Le représentant a ensuite fait part de son appui aux centres d’information des Nations Unies (CINU), notamment à ceux de Rio de Janeiro et de Bruxelles, et a espéré que les pays lusophones d’Afrique pourront bientôt avoir le leur. La CPLP encourage donc le Secrétaire général et le Gouvernement de l’Angola à accélérer la création du centre de Luanda.
Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a appuyé les campagnes de sensibilisation sur les objectifs de développement durable et encouragé le Département à renforcer les centres d’information, à réduire la fracture numérique et à offrir des services dans plusieurs langues, tant sur les médias traditionnels que sur les réseaux sociaux. Il est essentiel, a-t-elle ajouté, de marquer les anniversaires importants, comme le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. L’Arménie, a-t-elle insisté, a toujours soutenu les efforts internationaux visant à mettre en exergue l’importance de cet instrument et de la prévention du crime de génocide.
L’Arménie, a ensuite annoncé la représentante, accueillera le prochain Sommet de la Francophonie, à Erevan, les 11 et 12 octobre 2018, sur le thème « Vivre ensemble », pour « réfléchir sur la francophonie de paix, de solidarité et de développement que nous visons ».
Par ailleurs, la représentante a regretté que l’Azerbaïdjan ait continué d’utiliser « de manière erronée notre forum de travail ». Elle a jugé que l’intervention du délégué azéri hier « constitue un affront, notamment contre la liberté d’expression ». Les journalistes travaillent dans un environnement très difficile en Azerbaïdjan, classé à la cent soixante-troisième place s’agissant de la liberté de la presse, a-t-elle dénoncé. Elle a condamné l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan contre le peuple du Haut-Karabakh, « la déshumanisation terrible des civils » et l’incitation à la haine contre les Arméniens.
M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a tout d’abord rejeté le fait que certaines délégations utilisent « une fois de plus » le Comité pour faire des déclarations qui ne relèvent pas de ses compétences. Il a insisté sur l’importance du multilinguisme pour promouvoir « l’unité dans la diversité » et noté que la diminution des ressources limite les capacités du Département à s’acquitter de ses tâches, notamment dans les langues non officielles. Il l’a appelé à faire preuve de créativité pour lever des fonds et poursuivre ses activités, notamment dans les langues les plus parlées dans le monde. Ces activités sont encore plus importantes qu’il y a 70 ans en raison de l’interconnexion du monde, a-t-il souligné.
Il a salué les efforts déployés par le Département pour créer des espaces médiatiques autour du développement durable, ainsi que la création de comptes sur les médias sociaux spécialisés, l’exhortant par ailleurs à continuer d’attirer l’attention sur les changements climatiques. Le représentant s’est aussi félicité du lancement de la campagne « Services et sacrifices » sur les pays contributeurs aux missions de maintien de la paix, ainsi que du partenariat qui a permis la refonte du site Internet sur le maintien de la paix. En la matière, il a encouragé le Département à envisager des mises à jour dans les langues des pays contributeurs. Le représentant a par ailleurs souhaité que des visites guidées du Siège soient disponibles en hindi. Il s’est aussi félicité du fait que le Siège ait été le décor du film bollywoodien « Padman » qui, a-t-il expliqué, est consacré à l’hygiène menstruelle et aux questions liées à l’objectif 4 de développement durable relatif à l’accès à une éducation de qualité.
S’il a reconnu l’utilité des médias sociaux, M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) a toutefois mis en garde contre leur mauvaise utilisation. Des informations inexactes et déformées peuvent avoir un impact négatif sur des pays et leurs citoyens, a-t-il dit craindre, rappelant que l’utilisation des nouvelles technologies doit se faire conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Il a donc encouragé le Département de l’information à continuer de promouvoir les décisions et accords importants auxquels parvient la communauté internationale, et à se concentrer sur les questions qui concernent directement la paix et la sécurité, comme l’occupation, la violence, l’extrémisme, le désarmement, l’élimination de la pauvreté, les changements climatiques ou le terrorisme.
M. Sahraei a rappelé la responsabilité de l’ONU vis-à-vis de la question de Palestine. Il faut sensibiliser l’opinion publique internationale aux conséquences négatives de l’occupation et de l’embargo contre le peuple palestinien, a-t-il insisté. Il a également jugé important de renforcer les centres d’information des Nations Unies, avant de saluer l’initiative Impact universitaire, à laquelle participent 25 universités iraniennes.
Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a salué les efforts de réforme du Département de l’information en vue « de son adaptation au XXIe siècle », ainsi que les différentes campagnes de communication, notamment sur les changements climatiques et les violences contre les femmes, qu’il a lancées. Elle a souligné la nécessité de continuer à mettre l’accent sur le multilinguisme, avant d’inviter le Département à user de manière équilibrée des différents moyens de communication à sa disposition. Des disparités entre pays et régions existent en effet s’agissant des nouveaux médias sociaux, a-t-elle dit. Elle a en outre souhaité que le Département place les jeunes au cœur de son travail de sensibilisation et appelé au renforcement des capacités des centres d’information des Nations Unies.
Mme ANA SOLEDAD SANDOVAL ESPÍNOLA (Paraguay) a jugé fondamental, pour le Département, de s’adapter aux TIC, sans perdre de vue l’étendue du fossé numérique, d’où l’importance de préserver des espaces dans les médias traditionnels. Il faut donc cibler les plateformes les plus adaptées pour faire passer les messages, a-t-elle souligné. Après avoir indiqué que le Paraguay est attaché à la promotion du multilinguisme, étant un pays bilingue où sont parlés l’espagnol et le guarani, elle a invité le Département à continuer de faire connaître le travail de l’ONU dans différentes langues et à envisager de créer des produits dans les langues autochtones. S’agissant de la réforme du Département, la représentante a souhaité que les changements prévus soient présentés aux États Membres à l’avance et soient conformes aux recommandations du Comité de l’information.
M. ISRAEL CHOKO DAVIES (Libéria) a estimé que la promotion du multilinguisme, la réduction de la fracture numérique entre les pays développés et en développement, et le maintien des médias traditionnels requièrent une attention urgente. En particulier, il a demandé au Département de répondre aux préoccupations relatives à la disparité dans l’utilisation des six langues officielles de l’ONU dans les produits d’information. Sa délégation, a-t-il témoigné, a eu du mal à accéder aux vidéos des séances publiques. M. Davies a rappelé que la radio a joué un rôle clef dans le processus de paix au Libéria, à travers la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), et ce, pendant plus d’une décennie. La crédibilité de la MINUL était telle que les gens disaient: « si c’est la radio de la MINUL qui le dit, ce doit être vrai ».
M. OYAMA MGOBOZI (Afrique du Sud) a dit sa reconnaissance envers les États Membres pour l’organisation du Sommet pour la paix Nelson Mandela, le 24 septembre prochain, à l’Assemblée générale. Il a encouragé les États Membres, à l’occasion de ce centième anniversaire de la naissance du père de la nation arc-en-ciel, à intensifier leurs efforts contre la pauvreté, le sous-développement et les conflits. Mon pays continue de travailler avec le Département de l’information pour promouvoir la Journée internationale Nelson Mandela qui s’articule autour des valeurs telles que le règlement des conflits, l’égalité entre les genres, la protection des droits humains et la réconciliation, entre autres. Le délégué a souligné le rôle des centres d’information des Nations Unies et les a félicités pour avoir traduit les objectifs de développement durable en 61 langues. Enfin, M. Mgobozi a insisté sur la nécessité de remédier à la fracture numérique entre pays développés et pays en développement.
Mme SAHAR SALEM, de l’État de Palestine, a insisté sur l’importance d’impliquer les jeunes et la société civile aux activités de sensibilisation du Département de l’information. Elle a salué le Programme d’information spécial sur la question de Palestine qui contribue de manière « effective et objective » à attirer l’attention de la communauté internationale. Elle a aussi parlé du dernier Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui s’est tenu à Vienne, l’an dernier, et a souligné l’importance du Programme de formation des journalistes palestiniens. « Une attaque contre un journaliste est une attaque contre notre droit de connaître la vérité », a poursuivi l’observatrice. Elle a parlé de Yasser Murtaja, journaliste palestinien tué par un sniper israélien le 7 avril 2018 alors qu’il couvrait la grande marche du retour, une manifestation pacifique à Gaza, et portait une veste indiquant clairement son statut de professionnel des médias. Quelques jours plus tard, « un autre journaliste palestinien, un autre sniper israélien, et la même histoire », a-t-elle déploré, en parlant cette fois-ci d’Ahmad Abu Hussein, qui n’avait que 24 ans et qui portait lui aussi sa veste de presse.
L’observatrice a vivement dénoncé le fait qu’après la diffusion d’une vidéo montrant un sniper israélien se réjouissant qu’un Palestinien non armé ait essuyé des tirs, le Ministre israélien de la défense, M. Avigdor Liebermann, ait déclaré que « le sniper mérite une promotion, le caméraman une rétrogradation ». De toute évidence, ce qui le troublait n’était pas qu’un sniper ait ciblé un homme non armé, mais que la preuve existait, a-t-elle dit.
« Nous continuons nous aussi de penser que le multilinguisme se doit d’être au centre des débats sur l’information et la communication, ainsi qu’un élément clef de la réforme en cours », a assuré Mme NARJESS SAIDANE, Observatrice permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « Faire passer les bons messages, par les bons médias et à tous les publics » sur le travail des Nations Unies est essentiel, a-t-elle ajouté, en saluant la vision développée sous l’impulsion de Mme Smale. Il y va aujourd’hui de la crédibilité de la démocratie internationale, a-t-elle considéré.
L’observatrice a partagé deux préoccupations principales. La première, a-t-elle dit, a trait à la production de contenus en français et dans les autres langues officielles de l’ONU. En effet, si la traduction de contenus en anglais est importante, « elle ne peut et ne doit se substituer complètement à une production pour l’instant quasi inexistante dans d’autres langues ». Nous le savons tous, a-t-elle insisté, avec une langue passe également une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir. La langue française est également l’une des deux langues de travail et il est fondamental que les messages et les supports développés puissent aussi l’être en d’autres langues que la langue anglaise, particulièrement si l’on ambitionne aujourd’hui d’atteindre « Nous les peuples » là nous nous trouvons. La seconde préoccupation concerne la communication par les médias sociaux émanant des différents organes de l’ONU. À ce jour, tout particulièrement sur les médias sociaux tels que Twitter, par lesquels se fait la communication mondiale de l’Assemblée générale ou de l’ECOSOC, « nous regrettons qu’aucune des communications ne soit faite dans une autre langue que l’anglais et nous voyons là un rôle de coordination et un effet d’entraînement important que doit jouer le Département pour faire en sorte que le multilinguisme soit effectif dans l’ensemble des communications du système », a poursuivi la déléguée.
« On ne peut pas simplement s’attendre à ce que “Nous les peuples” comprennent et s’engagent dans la seule langue de Shakespeare », a lancé l’observatrice. Par ailleurs, elle a soutenu les préoccupations relatives à la disponibilité des Webcasts dans les langues officielles, permettant à tous de suivre sur un pied d’égalité les grands débats du jour. Elle s’est également dite prête à promouvoir les contenus francophones de la Radio des Nations Unies auprès de relais et de partenaires locaux au sein des États membres de l’OIF, « tant la radio constitue un mode d’information et de communication principal dans un grand nombre de pays de l’espace francophone ».
Droits de réponse
Le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté que la déléguée de l’Arménie ait eu recours à un « récit insultant ». Ce pays mène une campagne de désinformation, s’est-il impatienté, soulignant que certaines zones de l’Azerbaïdjan sont sous occupation arménienne. Il a encouragé son homologue à porter plutôt son attention sur la crise de son propre pays, dont la « politique antidémocratique » du Gouvernement actuel. Il a dénoncé la glorification du nazisme comme « politique officielle » de l’Arménie.
« Informations fabriquées de toutes pièces », a récusé la représentante de l’Arménie qui a rappelé les scandales de corruption du Gouvernement azéri et de l’Assemblée nationale. La répression y a atteint un niveau sans précédent, le nombre des personnes portées disparues augmente et une véritable guerre contre la liberté d’expression se mène. Des journalistes sont emprisonnés et ne sont pas non plus en sécurité à l’étranger a-t-elle accusé, citant le meurtre de la femme d’un journaliste qui s’était réfugié à Toulouse, en France. L’Azerbaïdjan est géré de manière médiévale depuis des décennies, a-t-elle lancé.
Le représentant d’Israël a dénoncé les accusations sans fondement proférées contre son pays par la Palestine.
Déclaration de clôture
Merci, a conclu la Secrétaire générale adjointe à la communication, en remerciant les délégations pour avoir confirmé leur confiance et leur appui au Département dans son ensemble, « la famille des professionnels de la communication ». Mme ALISON SMALE a promis que là où les efforts de réforme concerneront un produit ou un service spécifique, ou encore un réajustement des dépenses, le Département en informera l’Assemblée générale. Le Département serait heureux de poursuivre la pratique consistant à faire régulièrement le point avec le Comité de l’information dans un esprit « collectif ». Dans tout notre travail, a aussi promis la Secrétaire générale adjointe, l’égalité entre les sexes sera à la fois un but en soi mais aussi un élément intrinsèque du travail.
Résumant le débat général, Mme Smale a dit avoir pris note des appels à une information exacte, impartiale, complète, équilibrée, à temps et pertinente. Cette information doit être multilingue, a-t-elle retenu. Dans sa proposition budgétaire 2018-2019, le Secrétaire général avait d’ailleurs prévu un montant supplémentaire de 4,2 millions de dollars pour que le Département puisse faire avancer le multilinguisme. La proposition a été rejetée et le Département a subi des coupes budgétaires. Il entend malgré tout poursuivre son « idéal multilingue », en exploitant les ressources humaines talentueuses qu’il possède, les opportunités offertes par les outils technologiques et les partenariats avec les écoles de langues. Mme Smale a adhéré à l’idée que le multilinguisme ne veut pas dire un nombre limité de langues et que les visites guidées des Nations Unies, en particulier, doivent se faire dans les langues parlées par les visiteurs.
Les communiqués de presse requièrent un travail intensif, a-t-elle poursuivi. Pour couvrir les réunions dans plus de deux langues, il faut un accroissement des ressources. Là encore, l’Assemblée générale a rejeté la proposition de 1,5 million de dollars pour financer la traduction externe dans toutes les six langues officielles de l’ONU. Quant au Webcast, le budget 2018-2019 ayant été réduit, le Département n’a pu garder les cinq personnes chargées d’apprêter à la demande les vidéos dans les six langues officielles de l’ONU. Le Département, a insisté Mme Smale, est déterminé à produire les contenus de « un.org » dans les six langues et à les rendre accessibles aux personnes handicapées. Elle a précisé que les 158 sites qui relèvent directement du Département ainsi que les sites des principaux organes de l’ONU et des grandes commissions sont totalement disponibles dans les six langues officielles de l’ONU.
Le Département a pris soin de créer des équipes de médias sociaux dans ces six langues, mais aussi en portugais et en kiswahili. Ces équipes sont prêtes à arranger avec les diplomates des cours de formation et des manifestations sur la « diplomatie numérique ». Maintenant que le Département a des analyses plus précises, il peut aussi penser à la façon de toucher au mieux les différents publics et créer des produits spécifiques.
Le Département entend bien poursuivre la presse radio, vidéo et écrite. Se félicitant de la satisfaction des États devant le travail des centres d’information des Nations Unies, Mme Smale s’est réjouie des progrès liés au Centre de Luanda. Elle a aussi répondu aux préoccupations s’agissant d’une manifestation spécifique à l’Holocauste et du travail fait sur les réfugiés. Répondant à d’autres remarques sur la liberté d’expression, la sécurité des journalistes et des professionnels des médias et les dangers de la désinformation, elle a paraphrasé le Secrétaire général qui a dit « nous voulons des leaders qui défendent des médias libres. C’est crucial pour combattre la désinformation ambiante. Nous voulons que chacun se lève pour le droit à la vérité ». La manifestation liée à la Journée mondiale de la liberté de la presse est ouverte à tous les États Membres et aura lieu demain, à partir de 10 heures, au Siège des Nations Unies, à New York. La Secrétaire générale adjointe a aussi promis la parution d’un rapport préparé par le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.
Elle a conclu en insistant sur le fait que les attachés de presse prennent leur travail très au sérieux. L’exactitude est leur pilier. Quand une erreur factuelle est commise, elle est corrigée dès qu’elle est portée à l’attention de l’équipe, et malgré la pression du temps et le volume gigantesque de travail, seule une poignée de fautes a été signalée dans les près de 1 700 communiqués de presse produits en 2017, « témoignage, s’il en est, du professionnalisme et du dévouement des attachés de presse ».