En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

8246e séance – après-midi
CS/13321

Le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, prorogé jusqu’au 31 octobre 2018, soit six mois au lieu d’un an habituellement, le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), déployée en septembre 1991 afin d’y surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un référendum qui permettrait aux habitants de décider du futur statut de ce territoire.

Par la résolution 2414 (2018), adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie), le Conseil de sécurité souligne qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique « réaliste, pragmatique et durable » à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin. 

Le Conseil se dit préoccupé par la présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et demande son retrait immédiat.  Préoccupé également par le fait que le Front Polisario a annoncé qu’il prévoyait de déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou, le Conseil lui demande de s’abstenir de se livrer à de tels actes déstabilisateurs.

En outre, le Conseil considère que des questions fondamentales concernant le cessez-le-feu ne sont pas réglées et engage le Secrétaire général à s’entretenir avec les parties afin de mieux comprendre ces questions. 

Une fois de plus, le Conseil demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général et prie ce dernier de lui faire régulièrement, « à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat », des exposés sur l’état d’avancement de ces négociations. 

Le Conseil se félicite des initiatives prises par le Secrétaire général en vue d’instituer « une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies », et il le prie notamment de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la MINURSO, et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations. 

Dans le rapport dont le Conseil était saisi, le Secrétaire général explique que la MINURSO a procédé à une série d’inspections pour renforcer la sécurité, améliorer les résultats et réorganiser les effectifs, afin d’accomplir ses objectifs de manière plus efficace et d’envisager de nouvelles technologies pour réduire les risques, renforcer la protection de la force et mieux s’acquitter du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité. 

Bon nombre de mesures recommandées nécessiteront des ressources suffisantes, pour lesquelles l’appui du Conseil demeurera essentiel, fait observer le Secrétaire général.  Comme suite à ces initiatives, il indique qu’il compte mener, à la mi-2018, un examen stratégique de la Mission. 

Pour les États-Unis, la délégation porte-plume de la résolution, la MINURSO aurait dû terminer son mandat il y a longtemps.  Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte, a commenté la représentante, qui a estimé qu’après 27 ans, il fallait « absolument sortir du statu quo ». 

Les trois délégations qui se sont abstenues lors du vote, Chine, Éthiopie et Fédération de Russie, ont déploré que les propositions qu’elles avaient présentées pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’elles ont jugé déséquilibré, une position d’ailleurs partagée par certaines des délégations qui ont voté en sa faveur, comme la Bolivie et la Suède.  Le représentant russe a ainsi mis en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé « en coulisses », alors que l’Éthiopie invitait le Conseil à « ne pas donner l’impression qu’il prend parti ».  Pour sa part, la Chine a regretté la « précipitation » dont avait fait preuve la délégation porte-plume, précipitation qui ne peut avoir qu’une « incidence négative » sur les travaux du Conseil, alors que ce dernier devrait chercher à faire preuve d’unité, une exigence également rappelée par la Suède et le Kazakhstan. 

Quant à la durée limitée à six mois de la prorogation, le représentant du Royaume-Uni a fait valoir qu’elle témoignait de l’importance que la communauté internationale accorde à la question du Sahara occidental.  En revanche, son homologue de la France a souhaité que le renouvellement du mandat de la Mission pour cette courte période « reste une exception », afin de ne pas perturber la gestion et la planification de ses ressources.  « Le cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix », a-t-il estimé. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LA SITUATION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL (S/2018/277)

Texte du projet de résolution (S/2018/394)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,

Réaffirmant son ferme appui aux efforts que le Secrétaire général et son Envoyé personnel font pour mettre en application ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016) et 2351 (2017),

Exprimant son plein appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Horst Köhler, l’ancien Président de la République fédérale d’Allemagne, et se félicitant de la participation des parties et des États voisins aux efforts que celui-ci déploie en vue de faciliter les négociations,

Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard,

Demandant à nouveau aux parties et aux États voisins de coopérer plus intensément avec l’Organisation des Nations Unies et les uns avec les autres et de s’impliquer plus résolument pour progresser sur la voie d’une solution politique,

Considérant que la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région,

Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix et de gestion efficace des ressources,

Rappelant qu’il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, soulignant qu’il convient d’évaluer régulièrement la performance de la MINURSO pour que la Mission conserve les compétences et la souplesse dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat, et notant à cet égard qu’une évaluation indépendante de la mission est prévue plus tard dans l’année,

Rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Constatant que la MINURSO joue un rôle important sur le terrain, s’agissant, notamment, d’aider l’Envoyé personnel à trouver une solution politique mutuellement acceptable, et qu’elle doit pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat,

Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur, demandant aux parties de se conformer à leurs obligations et de s’abstenir de toute action qui pourrait déstabiliser la situation ou menacer le processus engagé par les Nations Unies, et prenant acte de la réaction mesurée du Maroc à la suite des inquiétudes les plus récentes exprimées au sujet de la zone tampon,

Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement; et prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,

Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives et en s’engageant de nouveau envers l’action menée par les Nations Unies en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, et encourageant en outre les pays voisins à contribuer au processus politique,

Prenant note des quatre séries de négociations tenues sous les auspices du Secrétaire général et estimant qu’il importe que les parties s’engagent à faire avancer les négociations sans conditions préalables et de bonne foi,

Encourageant les parties à poursuivre leur coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en vue de définir et de mettre en œuvre des mesures de confiance pouvant servir à susciter la confiance nécessaire à la réussite du processus politique,

Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, et encourageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour élaborer et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international,

Encourageant vivement les parties à poursuivre les efforts qu’elles mènent chacune pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association,

Se félicitant à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc, du rôle joué par les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et à Laayoune et de l’interaction entre le Maroc et les mécanismes relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,

Encourageant à renforcer la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), y compris en facilitant des visites dans la région,

Prenant note avec une vive préoccupation des souffrances persistantes endurées par les réfugiés sahraouis et de leur dépendance à l’égard de l’aide humanitaire extérieure et conscient en outre de l’insuffisance des fonds alloués à ceux qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf et des risques associés à la diminution de l’aide alimentaire,

Demandant à nouveau que l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf soit envisagé, et soulignant qu’il convient de déployer des efforts à ce sujet,

Rappelant ses résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015) et ses résolutions connexes, soulignant l’importance de l’engagement pris par les parties de poursuivre les négociations dans le cadre des pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies et encourageant une participation réelle et effective des femmes à ces pourparlers,

Considérant que le statu quo n’est pas acceptable, et notant en outre qu’il est essentiel que les négociations progressent pour que la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliore dans tous les domaines,

Se félicitant de la nomination de Colin Stewart comme Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, et l’assurant de son plein appui dans l’exercice de ces fonctions,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 29 mars 2018 (S/2018/277),

1.    Décide de proroger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2018;

2.    Souligne qu’il convient de faire des progrès dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin;

3.    Demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités des parties à cet égard;

4.    Demande également aux États voisins d’apporter une contribution importante au processus politique et de s’engager plus avant dans les négociations;

5.    Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;

6. Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés et exhorte les parties à y adhérer pleinement;

7.    Se dit préoccupé par la présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et demande son retrait immédiat;

8.    Se dit préoccupé par le fait que le Front Polisario a annoncé qu’il prévoyait de déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou et lui demande de s’abstenir de se livrer à de tels actes déstabilisateurs;

9.    Considère que des questions fondamentales concernant le cessez-le-feu et les accords y relatifs ne sont pas réglées et engage le Secrétaire général à s’entretenir avec les parties afin de mieux comprendre ces questions;

10.   Demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;

11.   Souligne qu’il importe que les parties s’engagent à nouveau à faire avancer le processus politique dans la perspective d’une cinquième série de négociations, rappelle qu’il fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251), selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations, et encourage les pays voisins à apporter une contribution importante à ce processus;

12.   Demande aux parties de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016) et 2351 (2017) et le succès des négociations;

13.   Affirme qu’il soutient pleinement l’intention du Secrétaire général et de son Envoyé personnel de relancer dans ce contexte les négociations en y imprimant un nouvel élan et en les animant d’un nouvel esprit, l’objectif étant de parvenir à une solution politique qui soit mutuellement acceptable et qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies;

14.   Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat, des exposés sur l’état d’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;

15.   Se félicite des initiatives prises par le Secrétaire général en vue d’instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et l’engage à poursuivre les efforts qu’il fait pour établir un dispositif de gestion de la performance intégré et l’appliquer à la MINURSO et prie le Secrétaire général de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la Mission et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations;

16.   Exhorte la MINURSO à continuer de réfléchir à la manière dont les nouvelles technologies peuvent servir à réduire les risques, à améliorer la protection de la force et à l’aider à mieux s’acquitter de son mandat;

17.   Incite les parties à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin que des mesures de confiance soient prises et appliquées et notamment à encourager la participation des femmes et des jeunes, et incite les États voisins à contribuer à ces efforts;

18.   Exhorte les États Membres à verser des contributions volontaires ou à augmenter leurs contributions pour financer les programmes alimentaires, afin de s’assurer que les besoins humanitaires des réfugiés sont dûment pris en compte et d’éviter la réduction des rations alimentaires;

19.   Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures voulues pour veiller à ce que la MINURSO respecte pleinement la politique de tolérance zéro instituée par l’Organisation des Nations Unies en ce qui concerne l’exploitation et les atteintes sexuelles et de le tenir informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre les mesures préventives voulues, notamment d’organiser avant tout déploiement des activités de sensibilisation à ces questions, et d’adopter d’autres mesures pour faire en sorte que les membres de leur personnel qui seraient mis en cause soient amenés à répondre pleinement de leurs actes;

20.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis), dont le pays était porte-plume du projet de résolution, a estimé que la MINURSO aurait dû terminer son mandat il y a longtemps.  Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte.  « Nous devons appuyer l’Envoyé personnel du Secrétaire général et insister sur les négociations avec les parties », a-t-elle recommandé, soulignant que le Conseil renouvelle le mandat pour six mois au lieu d’un an.

Mme Tachco a souhaité que les pays voisins reconnaissent le rôle important qu’ils peuvent jouer pour appuyer le processus.  Elle a demandé aux parties de trouver une solution réaliste et durable en reprenant les négociations sans conditions et de bonne foi, et de respecter leurs obligations en ce qui concerne le cessez-le-feu.  Pour la représentante, le statu quo sur le terrain ne permettra pas de parvenir à une paix juste et durable après 27 ans.  « Il faut absolument sortir du statu quo », a-t-elle insisté. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), qui s’est abstenue, a indiqué qu’elle aurait aimé voter pour le texte.  Hélas, a-t-elle ajouté, les remarques que sa délégation a formulées en faveur d’un projet plus neutre, plus équilibré, n’ont pas été prises en compte.  L’Éthiopie continuera toutefois d’appuyer la MINURSO pour apporter une solution politique au Sahara occidental et enjoint les parties de coopérer étroitement avec la Mission. 

Mme Guadey a dit espérer que les nouvelles tensions n’empêchent pas un règlement.  Elle a souligné que les deux parties devaient s’abstenir de toute mesure susceptible d’accroître ces tensions.  Il est plus urgent que jamais que le Conseil de sécurité appuie le travail de l’Envoyé personnel, a-t-elle ajouté, estimant que tout progrès significatif dépend de la coopération des deux parties avec celui-ci.  Le Conseil de sécurité doit s’abstenir de prononcer des déclarations qui sont de nature à compromettre la volonté des parties de participer au processus de paix, a encore ajouté la représentante, qui a conclu en appelant le Conseil à « ne pas donner l’impression qu’il prend parti ».

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie), qui s’est abstenu lors du vote, a déploré que les propositions présentées par son pays pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’il a jugé « déséquilibré ».  Voter pour ce projet aurait conduit à lâcher du lest sur la position du principe d’un règlement acceptable par tous, a-t-il dit, ajoutant que la Russie, qui a des relations avec tous les pays de la région, était sur ce dossier un acteur impartial. 

M. Safronkov a mis en garde contre l’effet négatif que le texte adopté pourrait avoir sur les efforts de l’Envoyé personnel.  Il a indiqué que la surveillance des droits de l’homme n’entrait pas dans le domaine de la MINURSO.  Le représentant s’est ensuite dit convaincu que le règlement de ce dossier devait satisfaire tant le Maroc que le Front Polisario.  La MINURSO a un rôle uniquement stabilisateur sur le terrain, a-t-il conclu, en mettant en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé « en coulisses ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé qu’il y a 10 jours, le Représentant spécial et Chef de la MINURSO, M. Colin Stewart, avait encouragé le Conseil de sécurité à envoyer un message clair pour endiguer tout risque d’escalade.  « L’adoption de cette résolution permet de répondre à cet appel », a-t-il estimé avant de réitérer son plein soutien à la MINURSO, qui « effectue un travail exceptionnel et indispensable » sur le terrain. 

Le représentant a ensuite souhaité que le renouvellement du mandat de la Mission pour six mois seulement « reste une exception », afin de ne pas perturber la gestion et la planification de ses ressources.  « Le cadre annuel garantit la stabilité des opérations de maintien de la paix », a-t-il ajouté.  M. Delattre a également demandé que les membres du Conseil se rassemblent et fassent preuve d’une dynamique constructive, afin de pouvoir apporter un élan nouveau au processus politique.  Le représentant a d’ailleurs réitéré le « plein soutien » de la France au processus politique mené sous les auspices du Secrétaire général et facilité par son Envoyé personnel.  « Nous espérons que ce renouvellement permettra d’encourager la consolidation de cette dynamique », a ajouté le représentant en souhaitant voir avancer le processus, conformément aux paramètres fixés par le Conseil de sécurité.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a souligné l’importance d’une solution politique au Sahara occidental.  Le texte adopté permet de sortir de l’impasse politique, a-t-il estimé, avant de souhaiter que les jeunes soient associés au règlement de la situation.  Il faut réévaluer la situation dans six mois, a poursuivi le représentant, qui a estimé que « la routine n’est plus acceptable ».  Jugeant que le texte adopté manquait d’équilibre, M. Orrenius Skau a déclaré que le Conseil devrait rechercher l’unité.  Le Conseil est plus fort quand il parle d’une seule voix, a-t-il ajouté, estimant que les préoccupations « assez mineures » exprimées par certaines délégations auraient pu être prises en compte afin de parvenir à un consensus. 

M. Orrenius Skau a demandé une solution durable, acceptable par tous, qui permettrait de réaliser le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  « Malgré ses défauts, cette résolution est un pas dans la bonne direction », a-t-il toutefois estimé avant de conclure en déclarant que le Conseil avait envoyé aujourd’hui « le signal clair que sa patience ne peut pas durer éternellement ».

M. SHEN BO (Chine), dont le pays s’est abstenu, a dit appuyer la prorogation de la MINURSO.  Mais la situation au Sahara occidental est complexe, a-t-il reconnu, estimant que la priorité était de maintenir la stabilité régionale et de créer des conditions propices à la reprise des négociations. 

« Le Conseil de sécurité doit rester uni et parler d’une seule voix », a ensuite souligné le représentant.  Pour la Chine, le Conseil aurait dû consacrer davantage de temps à rechercher le consensus, plutôt que de sombrer dans la « précipitation », laquelle ne peut avoir qu’une « incidence négative » sur les travaux du Conseil.  M. Shen a ainsi regretté le fait que le projet n’ait pas pleinement fait droit aux préoccupations de chacun.  Enfin, il a encouragé les parties à fonder leurs efforts sur les résolutions du Conseil de sécurité. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a considéré que la résolution, en faveur de laquelle son pays a voté, envoyait un message clair d’appui à la désescalade et aux activités de la MINURSO.  Pour progresser vers une solution mutuellement acceptable, le représentant a encouragé les parties à mener maintenant un processus politique dans un esprit de compromis.  La fenêtre de six mois est une indication de l’importance que la communauté internationale accorde à cette question, a-t-il plaidé avant d’apporter son soutien aux efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, ainsi qu’aux activités de la MINURSO et de son nouveau Chef. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a souligné le rôle essentiel joué par la MINURSO.  Il a réitéré son appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour qu’il relance les négociations, sous les auspices de l’ONU, pour aboutir à une solution acceptable par tous, consacrant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a estimé que la résolution adoptée était un bon point de départ pour sortir de l’impasse actuelle.  La représentante a salué les efforts et sacrifices des parties au conflit et souhaité une solution définitive rapide sur ce dossier, qui permettrait d’instaurer une paix durable, ce conflit ayant duré trop longtemps. 

M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a salué les efforts entrepris par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour trouver un compromis dans la région et au-delà.  Il a dit avoir voté pour la prorogation du mandat en espérant la reprise des négociations.  Pour lancer un message fort aux parties concernées, il est important que le Conseil de sécurité préserve son unité et que les parties s’abstiennent de toute escalade, a-t-il ajouté. 

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a expliqué qu’il avait voté en faveur du texte « car il faut relancer le processus politique ».  Il a apporté son plein appui à la proposition du Secrétaire général qui vise à reprendre les négociations avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit, en vue d’arriver à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  Il s’est toutefois dit préoccupé de constater que les suggestions de certaines délégations n’avaient pas été prises en compte, ce qui aurait permis d’avoir un texte plus équilibré approuvé par tous.  Ainsi, par exemple, la durée du mandat n’a-t-elle pas été débattue.  « La délégation porte-plume a été assez arbitraire », a-t-il asséné. 

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) s’est réjoui de l’adoption de la résolution, un texte qui détermine clairement le cadre et les objectifs du mandat assigné par le Conseil de sécurité au Secrétaire général.  Cela doit lui permettre d’avancer concrètement par la voie de la négociation pour sortir de l’impasse politique du différend sur le Sahara occidental, a estimé le représentant, pour qui le déblocage « passe nécessairement par un engagement renouvelé et déterminé des parties prenantes à s’approprier le processus politique en vue d’une cinquième série de négociations menées sous les auspices du Secrétaire général ».  M. Dah a salué « les efforts sérieux et crédibles du Maroc à œuvrer au règlement définitif du différend, à travers son initiative d’autonomie », ainsi que l’engagement du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour la promotion d’un cadre de dialogue.  Il a également dit apprécier que le Conseil de sécurité invite les États voisins à s’impliquer dans le processus politique et à contribuer ainsi à la sortie de la crise.

Pour M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), le fait que la résolution n’ait pas reçu le soutien unanime du Conseil ne doit pas occulter ce qui est véritablement important: « la relance du processus politique ».  Notre ambition commune doit être d’aboutir à une solution politique mutuellement acceptable, a-t-il ajouté, avant d’exhorter les parties à poursuivre leur engagement de bonne foi avec l’Envoyé personnel.  En conclusion, il a souligné la nécessité d’une reprise des négociations sans conditions préalables. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a encouragé les parties à coopérer avec l’Envoyé personnel en vue d’une solution politique mutuellement acceptable, dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.  Il a en outre apporté l’appui de son pays aux efforts de l’Envoyé personnel.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a jugé nécessaire le renouvellement du mandat de la MINURSO pour appuyer le processus politique, qui doit conduire à une solution à la question du statut du Sahara occidental et résoudre les besoins humanitaires de la population sahraouie.  Il a vu comme un impératif urgent la reprise du processus politique sous les auspices des Nations Unies, en particulier de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi.  L’objectif poursuivi est de faciliter une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable par les parties, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui conduise à la libre détermination du peuple du Sahara occidental, a déclaré le représentant.  Enfin, M. Duclos a exprimé ses préoccupations face aux difficultés que rencontrent les réfugiés sahraouis et à leur dépendance à l’aide humanitaire extérieure.  Il a souhaité que les progrès dans les négociations permettent d’améliorer la situation des droits de l’homme et la qualité de vie de la population.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité, de concert avec l’Assemblée générale, affirme son attachement à la consolidation et à la pérennisation de la paix

8245e séance – après-midi
CS/13319

Le Conseil de sécurité, de concert avec l’Assemblée générale, affirme son attachement à la consolidation et à la pérennisation de la paix

Au lendemain de sa réunion de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, cet après-midi, sa résolution 2413 (2018), identique sur le fond à la résolution adoptée quelques heures plus tôt par l’Assemblée générale, à l’issue de trois jours de débat sur le même thème.

Aux termes de cette résolution, le Conseil de sécurité se félicite de la présentation du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la consolidation et la pérennisation de la paix et décide d’examiner plus avant des recommandations et propositions qui y sont formulées.

Le Conseil prend également note de la décision de l’Assemblée générale d’inviter les organismes des Nations Unies et organes de l’Organisation compétents, y compris la Commission de consolidation de la paix, à approfondir, étudier et envisager d’appliquer, selon qu’il conviendra, les recommandations et propositions énoncées dans le rapport de M. António Guterres.

Il y a deux ans, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité avaient, pour la première fois, affirmé de concert leur attachement à la consolidation et à la pérennisation de la paix.  Dans deux résolutions jumelles faisant suite à l’examen, par ces deux organes, du dispositif de consolidation de la paix, à savoir la résolution 70/262 de l’Assemblée générale et la résolution 2282 (2016) du Conseil de sécurité, ils avaient souligné que les États Membres devaient mieux conjuguer leurs efforts aux fins de la pérennisation de la paix à tous les stades d’un conflit et dans toutes ses dimensions, insistant également sur la nécessité impérieuse de pérenniser la paix en vue de prévenir « le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence des conflits ».

Le prochain examen d’ensemble du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU aura lieu en 2020.

CONSOLIDATION ET PERENNISATION DE LA PAIX

Rapport du Secrétaire général sur la consolidation et la pérennisation de la paix (S/2018/43)

Lettre datée du 9 avril 2018, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Pérou auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/325)

Texte du projet de résolution S/2018/373

Le Conseil de sécurité,

Guidé par les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,

Rappelant son mandat et celui de l’Assemblée générale, les décisions et résolutions que chacun a adoptées sur la question ainsi que les déclarations de son Président des 21 décembre 2017 (S/PRST/2017/27) et 18 janvier 2018 (S/PRST/2018/1).

Réaffirmant sa résolution 2282 du 27 avril 2016 et la résolution 70/262 de l’Assemblée générale, prenant acte des efforts et des progrès accomplis jusque-là et encourageant les États Membres et les organismes des Nations Unies à poursuivre leur action afin d’appliquer ces résolutions,

Accueillant avec satisfaction les consultations que le Secrétaire général a engagées avec les États Membres au sujet de ses projets de réforme et prenant note des travaux en cours à cet égard,

Prenant note des débats sur la consolidation et la pérennisation de la paix qui se sont tenus dans le cadre de la réunion d’information de haut niveau du Conseil de sécurité, tenue le 25 avril 2018, et de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, tenue les 24 et 25 avril 2018,

1. Se félicite de la présentation du rapport du Secrétaire général sur la consolidation et la pérennisation de la paix, prend note avec satisfaction des recommandations et propositions qui y sont formulées et décide de les examiner plus avant;

2. Prend note de la décision de l’Assemblée générale d’inviter les organismes des Nations Unies et organes de l’Organisation compétents, y compris la Commission de consolidation de la paix, à approfondir, étudier et envisager d’appliquer, selon qu’il conviendra, les recommandations et propositions énoncées dans le rapport du Secrétaire général, conformément aux procédures établies, à ses soixante-douzième et soixante-treizième sessions;

3. Prend note également de la décision de l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-treizième session, un rapport dans lequel il approfondira davantage ses recommandations et propositions, y compris celles concernant le financement des activités de consolidation de la paix des Nations Unies;

4.    Prend note en outre de la décision de l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-quatorzième session, un rapport détaillé en lien avec le prochain examen d’ensemble du dispositif de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies, axé sur la poursuite de la mise en œuvre de la résolution 70/262 et sur la suite qui aura été donnée aux recommandations et propositions figurant dans son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix;

5.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: Le Coordonnateur spécial met en garde contre une « implosion » de Gaza et un nouveau conflit entre le Hamas et Israël

8244e séance – matin
CS/13318

Moyen-Orient: Le Coordonnateur spécial met en garde contre une « implosion » de Gaza et un nouveau conflit entre le Hamas et Israël

À l’occasion du deuxième débat trimestriel de l’année consacré à la situation au Moyen-Orient, et plus particulièrement au conflit israélo-palestinien, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a mis en garde, ce matin, devant le Conseil de sécurité, contre une « implosion » de la bande de Gaza, décrite comme une véritable « poudrière ».  Alors que les manifestations qui se déroulent chaque vendredi à Gaza depuis le 30 mars ont déjà fait au moins 35 morts et près de 5 000 blessés, M. Mladenov a agité le spectre d’un nouveau conflit entre le Hamas et Israël, dont les conséquences seraient dévastatrices.

C’est « le cœur lourd » que M. Mladenov a pris la parole, en appelant d’emblée à la « désescalade » au Moyen-Orient, où se joue une bataille entre « radicaux et modérés ».  « Chaque acteur au Moyen-Orient doit s’éloigner du précipice » a-t-il plaidé, tout en rappelant que la question de Palestine reste un élément central du « bourbier régional ».

Le Coordonnateur spécial a décrit une bande de Gaza « en train d’imploser sous le poids d’une combinaison explosive de facteurs humanitaires, politiques et sécuritaires négatifs ».  Parmi ces facteurs, il a cité la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires de la zone décidée par l’Autorité palestinienne, l’impasse dans laquelle se trouvent les efforts visant à restaurer le contrôle de cette dernière à Gaza ou encore le manque de ressources de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.

Autre facteur inquiétant, les manifestations de la « grande marche du retour », qui doivent s’achever le 15 mai.  Face au lourd bilan, M. Mladenov a appelé les forces de sécurité israéliennes à faire un usage proportionné de la force, tout en demandant au Hamas d’éviter toute action violente.  Il s’agit pour le Coordonnateur spécial d’empêcher une nouvelle guerre dans la bande, qui aurait des conséquences dévastatrices pour les Palestiniens de Gaza et saperait la stabilité en Cisjordanie.  Pour M. Mladenov, Gaza n’est toutefois « qu’une partie de l’histoire ».  Répétant une nouvelle fois que « le conflit israélo-palestinien est une constante source d’oxygène pour les éléments radicaux dans toute la région », il a appelé à réaliser enfin la solution des deux États.

C’est une toute autre vision des manifestations actuelles qu’a présentée au Conseil le représentant d’Israël, pour qui les manifestations prétendument pacifiques décrites par les Palestiniens dissimulent une instrumentalisation par le Hamas d’hommes et de femmes innocents pour servir ses propres desseins.  « Il n’y a rien de pacifique dans le fait de placer des explosifs sur la barrière séparant Israël de Gaza », a-t-il ainsi dénoncé, affirmant que « les terroristes se cachent en laissant leur peuple mourir, voire même en espérant qu’il meure ».  Il a reçu un ferme soutien de la représentante des États-Unis, qui a dénoncé l’utilisation de « boucliers humains » par le Hamas et le Hezbollah, les comparant aux tactiques de Daech et invitant « ceux qui se préoccupent des enfants à Gaza à dénoncer le Hamas ».

Souvent accusé de faire un usage excessif de la force pour réprimer les protestations, le représentant d’Israël a assuré que son pays était prêt à mener des enquêtes, lorsque c’est nécessaire, sur les incidents dont seraient responsables ses propres forces de sécurité.  « Mais permettez-moi d’être clair », a-t-il ajouté, « Israël ne s’excusera jamais de se défendre ».

« Pourquoi la Puissance occupante est-elle si surprise qu’un peuple se soulève pour demander sa dignité et sa liberté? » a demandé pour sa part l’Observateur permanent de l’État de Palestine, qui a affirmé que, « contrairement à ce que dit la propagande israélienne, ces manifestations sont pacifiques ».  Il a qualifié de « terrorisme » le fait que les autorités israéliennes aient ordonné à leurs forces militaires de tirer sur des manifestants.

Parmi la cinquantaine d’intervenants, beaucoup ont blâmé, à l’image de la France, la réponse « inadéquate et disproportionnée » des forces de sécurité israéliennes, tout en dénonçant la « récupération » de ces manifestations par le Hamas.  Les Palestiniens ont le droit de manifester pacifiquement, tandis qu’Israël a le droit de réagir face à des actes violents, tout en faisant un usage proportionné de la force, a résumé le représentant du Pérou.

Tout en appelant la communauté internationale à demander des réponses à Israël, l’Observateur permanent de la Palestine a dénoncé « l’injustifiable incapacité du Conseil de sécurité à traiter de cette situation », vite appuyé par de nombreux représentants de pays arabes ou musulmans, dont celui du Koweït, membre du Conseil, qui s’est étonné que celui-ci n’ait pas condamné la manière dont les manifestations « pacifiques » ont été réprimées.  La France a elle aussi encouragé le Conseil à adopter « une expression publique claire ».

Alors que, selon M. Mladenov, la perspective de paix entre Israéliens et Palestiniens s’éloigne, un grand nombre de délégations, à l’instar de celles de la Bolivie, de l’Égypte ou des Pays-Bas, ont de nouveau appelé à réaliser la solution des deux États, ajoutant que Jérusalem devait être considérée comme la future capitale de ces deux États.  Plusieurs ont de ce fait déploré la prochaine cérémonie de transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, dont la Fédération de Russie a dénoncé le « potentiel de déstabilisation ».

Dédié à la situation au Moyen-Orient dans son ensemble, ce débat ouvert a aussi permis à de nombre d’États non membres du Conseil de sécurité de s’exprimer sur la situation en Syrie, en particulier pour condamner le recours à des armes chimiques et demander que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques puisse enquêter sur les allégations d’une attaque chimique à Douma au début du mois.  La situation au Yémen et les prochaines élections au Liban ont également été abordées.

Enfin, plusieurs délégations ont pris la défense du Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, le représentant israélien ayant en effet appelé les États-Unis à le modifier, afin d’en prolonger la durée d’application ou de le rendre caduque.  « Ce plan est l’accord clef qui rend le monde plus sûr et contribue à la stabilité mondiale », a répondu la représentante du Royaume-Uni, alors que le représentant iranien dénonçait en fin de séance les propos « iranophobes » de ceux qui cherchent à créer un « ennemi imaginaire » afin de « vendre des armes ou de les utiliser pour perpétuer l’occupation ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré que « ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient a des répercussions immédiates sur le reste du monde », en soulignant la bataille qui s’y joue entre modérés et radicaux. « Les anciennes blessures continuent de saigner, au risque d’une nouvelle guerre », a-t-il ajouté, indiquant que le conflit israélo-palestinien se poursuit sans aucune perspective d’une solution politique.

Estimant que « Gaza est au bord de l’explosion », M. Mladenov a mis en garde contre les risques d’une plus grande déflagration encore, dans un environnement dangereux et volatile. « En Syrie, au Yémen ou à Gaza, un mot est critique : désescalade », a-t-il dit, en appelant à une désescalade des manœuvres de renforcement militaire et de la rhétorique employée. « Chaque acteur au Moyen-Orient doit s’éloigner du précipice », a-t-il averti, ajoutant qu’il n’y avait pas de solution militaire aux conflits dans la région.

Pour le Coordonnateur spécial, la Palestine reste un élément central du « bourbier régional » et Gaza est « en train d’imploser sous le poids d’une combinaison explosive de facteurs humanitaires, politiques et sécuritaires négatifs ».  M. Mladenov a mis en garde contre la survenue d’un nouveau conflit entre le Hamas et Israël, qui aurait des conséquences dévastatrices pour les Palestiniens de Gaza et saperait la stabilité en Cisjordanie. Il a affirmé dire cela « le cœur lourd et dans l’espoir que nous ferons tout notre possible, dans l’esprit de la diplomatie préventive ».

M. Mladenov a évoqué les manifestations de la « grande marche du retour » à Gaza, entamées depuis quatre semaines, au cours desquelles 35 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes. « Aucune victime israélienne n’est à déplorer », a-t-il précisé.  Mettant en garde contre les risques de tout incident supplémentaire, il a exhorté Israël à faire un usage proportionné de la force, toute force létale devant être employée en dernier ressort. Pour leur part, le Hamas et les responsables des protestations devraient faire en sorte que les manifestants se tiennent à distance de la clôture de sécurité et prévenir toute action violente et provocation. 

M. Mladenov a déploré la mort de quatre enfants lors de ces manifestations, avant de rappeler, dans les termes les plus forts, que les enfants ne doivent pas être visés.  Les civils doivent pouvoir exercer leur droit de manifester pacifiquement, a-t-il ajouté, tout en demandant l’arrêt des forages de tunnels et des tirs de roquettes depuis Gaza.

Le Coordonnateur spécial a insisté sur la détérioration de la situation humanitaire à Gaza à la suite de la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires de la zone, décidée sans préavis par l’Autorité palestinienne. Les conséquences de cette décision sont dévastatrices, a-t-il dit, les services publics étant au bord de l’effondrement.  Il a appelé l’Autorité palestinienne à revenir sur cette décision, avant d’exhorter Israël à assouplir les restrictions apportées à l’approvisionnement de Gaza.  M. Mladenov a également déploré la cessation des efforts visant à restaurer le contrôle de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza.  Malgré les efforts de l’Égypte, la mise en œuvre de l’Accord du Caire est dans l’impasse, a-t-il constaté.

Qualifiant la situation à Gaza de véritable « poudrière », M. Mladenov a appelé tous les acteurs à empêcher une nouvelle guerre dans la bande.  Les événements tragiques à Gaza ont renforcé les risques d’implosion et d’explosion, avec potentiellement des conséquences graves pour la région, a-t-il averti, en soulignant la vulnérabilité des camps de Palestiniens au Liban, en Jordanie ou en Syrie.

La situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est très préoccupante, ses opérations n’étant financées que jusqu’à l’été, a en outre rappelé, M. Mladenov, qui a jugé l’UNRWA essentiel pour les Palestiniens et a exhorté les États Membres à assurer son financement.

Aucun plan pour la construction de colonies n’a été récemment approuvé en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, a poursuivi le Coordonnateur spécial, avant de rappeler l’illégalité de telles implantations.

M. Mladenov a encore noté les préparatifs des premières élections législatives depuis près de 10 ans au Liban, avant de décrire une situation toujours tendue autour de la Ligne bleue au sud de ce pays.

En résumé, le Coordonnateur spécial a estimé que « ce qui se passe à Gaza est une injustice qu’aucun homme, femme et enfant devrait subir: les conditions de vie déplorables et le risque grandissant d’un nouveau conflit ».  Les habitants de Gaza ne doivent pas vivre dans des frontières qu’ils ne peuvent pas franchir et sous le contrôle du Hamas, qui investit dans des activités militantes aux dépens de la population.  « Je pense qu’il y a une stratégie de sortie », a-t-il toutefois ajouté, en appelant les parties à trouver les solutions pratiques pour Gaza.

« Mais Gaza n’est qu’une partie de l’histoire », a encore fait observer M. Mladenov, qui a appelé à un renforcement des efforts visant à réaliser la solution des deux États, bien que les perspectives de paix s’éloignent de plus en plus, ce qui fait le jeu des extrémistes.  « Le conflit israélo-palestinien est une constante source d’oxygène pour les militants et les éléments radicaux dans toute la région », a-t-il conclu.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a évoqué la situation terrible dans la bande de Gaza, où deux millions de Palestiniens, en majorité des réfugiés, sont soumis depuis plus de 10 ans à un blocus israélien.  Ce blocus a aggravé la misère infligée au peuple palestinien par 50 ans d’occupation militaire israélienne et 70 ans de déni de leur droit au retour depuis le déracinement de la Nakba, a-t-il ajouté.

Et pourtant, a poursuivi M. Mansour, en dépit de toutes les crises, notre peuple, à Gaza, dans la Palestine occupée et dans les camps de réfugiés en Jordanie, au Liban et en Syrie, est resté patient et inébranlable.  Cet esprit est au cœur de la « grande marche du retour » lancée par les Palestiniens à Gaza le 30 mars dernier.

Contrairement à la propagande israélienne, ces manifestations sont pacifiques, a affirmé M. Mansour.  Exerçant leur droit de réunion pacifique, des hommes, des femmes et des jeunes manifestent contre une oppression qui n’est plus supportable et réclament que leurs voix soient entendues.

« Pourquoi la Puissance occupante est-elle si surprise qu’un peuple se soulève pour demander sa dignité et sa liberté? » a demandé l’Observateur permanent.  « Pourquoi est-elle si choquée qu’un peuple utilise tous les moyens pacifiques possibles pour mettre fin à sa persécution? »  Et, a-t-il protesté, « pourquoi les autorités israéliennes ont-elles ordonné à leurs forces militaires de tirer sur des manifestants pacifiques? » 

M. Mansour a noté qu’au moins 41 Palestiniens avaient été tués et plus de 5 000 autres blessés depuis le début des manifestations.  D’après lui, le fait de prendre des manifestants pour cibles constitue « du terrorisme », dans tous les sens du terme.  « La communauté internationale doit demander des réponses à Israël », a-t-il martelé, ajoutant que « l’incapacité du Conseil de sécurité à traiter de cette situation est injustifiable ». 

Le Conseil doit parler d’une seule voix pour condamner ces crimes, demander qu’il y soit mis fin, y compris la levée complète de l’embargo, demander une enquête, et garantir la protection du peuple palestinien sur la base du droit international, a exigé M. Mansour.

Mais, s’il a salué l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente sur les tueries récentes et demandé qu’elle soit rapidement lancée via un mécanisme international, l’Observateur permanent a toutefois estimé qu’une telle enquête ne constituait pas une fin en soi. 

« La vérité est qu’Israël ne veut pas la paix », a accusé M. Mansour, qui a jugé « totalement illogique » de récompenser le comportement illégal d’Israël en appuyant sa « candidature éhontée » pour un siège non permanent au Conseil de sécurité.  Si Israël cherchait véritablement la paix, nous ne serions pas aujourd’hui témoins des meurtres de tant de Palestiniens, a-t-il insisté.  « Ils ont été tués car ils sont Palestiniens, car ils ne sont pas juifs, dans une campagne de nettoyage ethnique, de colonisation et de déshumanisation du peuple palestinien. »

Des milliers de personnes sont encore emprisonnées et torturées, en violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l’homme, pour avoir rejeté l’occupation illégale et la violation de leurs droits, a encore accusé M. Mansour, qui a parlé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Pourtant, a encore assuré M. Mansour, le peuple palestinien reste attaché à la recherche d’une solution juste et pacifique.  C’est la raison pour laquelle le Président Mahmoud Abbas est venu au Conseil le 20 février dernier.  Une fois de plus, nous avons lancé un appel pour nos droits et tendu la main de la paix. 

Le plan de paix, qui se fonde sur les paramètres d’une solution pacifique conformément aux résolutions de l’ONU, aux Principes de Madrid et à l’Initiative de paix arabe, représente « une tentative sérieuse d’éviter de tomber dans l’abime », a insisté M. Mansour.   

Néanmoins, a-t-il regretté, nous pouvons réaffirmer à l’envie notre attachement à la paix et redoubler d’efforts, Israël continue de répondre en utilisant l’agression et le mépris.  L’Observateur permanent a reproché à Israël d’avoir ignoré à dessein la volonté de la communauté internationale et opté pour des politiques de peuplement et d’annexion, détruisant la solution des deux États.  La paix ne sera pas possible sans respect du droit international et des droits inaliénables du peuple palestinien, surtout le droit à l’autodétermination, a-t-il averti.

M. Mansour a en outre affirmé que la décision des États-Unis sur le statut de Jérusalem avait une incidence négative sur les chances de reprendre les pourparlers de paix.  « Jérusalem-Est est la capitale de l’État de Palestine », a-t-il affirmé, jugeant en conséquence « regrettable de voir que quelques États encouragent cette impunité ».  Pour lui, ces décisions récentes sont synonymes de complicité avec les violations commises par Israël et devraient être annulées séance tenante.

« Nous continuerons d’utiliser tous les moyens pacifiques, diplomatiques et juridiques pour défendre notre population et protéger nos terres », a conclu M. Mansour avant d’enjoindre la communauté internationale d’afficher sa solidarité constante avec le peuple palestinien. 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a accusé le Hamas d’avoir, ces dernières semaines, orchestré une série de « provocations » et de « confrontations » le long de la barrière de sécurité entre Israël et Gaza.  « Le Hamas et l’Autorité palestinienne continuent de prétendre que ces événements sont des manifestations pacifiques de solidarité », a poursuivi le représentant, pour qui « il n’y a rien de pacifique dans le fait de placer des explosifs sur la barrière séparant Israël de Gaza ». 

Pour M. Danon, au travers des émeutes du mois écoulé, le Hamas n’a fait qu’instrumentaliser des hommes et des femmes innocents pour servir ses propres desseins.  « Les terroristes se cachent en laissant leur peuple mourir, voire même en espérant qu’il meure », a-t-il affirmé.

S’agissant de la répression de ces émeutes, Israël est prêt à mener des enquêtes, lorsque nécessaire, sur les incidents dont seraient responsables ses propres forces de sécurité.  « Mais permettez-moi d’être clair », a ajouté le représentant, « Israël ne s’excusera jamais de défendre son pays ». 

Selon le représentant, les objectifs du Hamas sont plus qu’évidents: infiltrer le territoire israélien, « à l’air libre ou en sous-sol », et nuire au plus grand nombre d’innocents possibles, comme en témoigne, selon lui, la découverte, il y a deux semaines, du « plus long et plus profond tunnel de la terreur jamais découvert ».

Par ailleurs, le représentant a estimé que les menaces posées par le Hamas, le Hezbollah et le « régime d’Assad » en Syrie menaient toutes à une même source: l’Iran.  En février, a-t-il notamment déclaré, le régime iranien a lancé en Israël, depuis la Syrie, un véhicule aérien téléguidé, abattu par l’aviation israélienne.  « Lorsque nous avons analysé les restes du drone, nous avons découvert qu’il contenait des matières explosives », a-t-il affirmé. 

Face à de telles pratiques, le représentant a appelé les États-Unis à modifier les termes du Plan d’action global commun afin d’en prolonger la durée d’application ou, si cela n’est pas possible, de le rendre caduque.  Il a également appelé à mettre en place davantage de suivi des flux financiers iraniens, ces derniers étant en augmentation depuis la levée des sanctions dans le cadre du Plan d’action.

Cet argent, M. Danon a affirmé que l’Iran l’utilisait pour financer les activités terroristes du Hezbollah, lequel s’en serait servi pour produire des armes et semer la terreur au Liban et en Syrie.  Par conséquent, le représentant a estimé que les signataires du Plan d’action global commun devaient désormais choisir entre procéder aux changements nécessaires à l’accord ou laisser l’Iran soutenir le terrorisme dans la région.

Sur ce point, M. Danon a clairement affiché la position de son pays.  « Nous ne permettrons pas que des régimes recherchant la destruction d’Israël acquièrent des armes nucléaires », a-t-il dit.  « Un point c’est tout. »

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a dénoncé l’utilisation de civils innocents en tant que boucliers humains, un « acte lâche » qu’elle a dit avoir constaté dans de nombreux conflits au Moyen-Orient, notamment de la part de Daech et du Hezbollah.  Elle a dénoncé les stocks d’armes du Hezbollah entreposés dans des villages libanais, ajoutant qu’au Yémen, les houthistes en faisaient autant.  La semaine dernière, le Hamas a placé des armes dans des écoles et des installations onusiennes, a-t-elle affirmé, en accusant l’Iran de parrainer ces groupes. L’Iran veut déstabiliser la région, en livrant des armes au Yémen et en faisant voler des drones au-dessus du territoire israélien, a-t-elle accusé.

Mettant de nouveau en garde contre le danger posé par les groupes non étatiques qui usent des civils comme boucliers humains, Mme Haley a jugé intolérable la mise en danger des civils pour poursuivre des objectifs politiques et dénoncé cette tactique.  Ceux qui se préoccupent des enfants à Gaza devraient dénoncer le Hamas, qui utilise les enfants comme boucliers humains, a-t-elle insisté, ajoutant que le Conseil devait « se montrer à la hauteur de cette menace et y remédier ».

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dite très préoccupée par la flambée de violence à Gaza, a exhorté Israël à faire montre de retenue dans sa riposte aux manifestations et a appelé tous les acteurs à respecter leurs obligations en vertu du droit international.  Considérant que le Hamas et ses affiliés avaient exploité cette situation, la représentante a aussi reconnu le droit d’Israël de se protéger.  Elle s’est prononcée en faveur d’une enquête transparente et indépendante et a salué l’engagement d’Israël à procéder à une enquête sur ses opérations. 

La préoccupation immédiate est d’éviter toute violence supplémentaire et une escalade des tensions, a poursuivi Mme Pierce, qui a demandé à Israël d’éviter d’utiliser des balles réelles et aux Palestiniens de ne pas recourir à la violence.  Les Palestiniens ont le droit de manifester pacifiquement mais ceux qui ont une influence sur le Hamas doivent le décourager de recourir à des tactiques violentes, a-t-elle insisté. 

En outre, a poursuivi la représentante, les parties doivent mettre tout en œuvre pour s’attaquer aux causes profondes de la crise économique.  Ainsi Israël doit-il mettre fin aux restrictions de la liberté de circulation des biens et des personnes.  Quant au Hamas, il doit également décider s’il est prêt à travailler en faveur du bien de Gaza et de son peuple, ou s’il va continuer sur la voie de la terreur.  Mme Pierce a appuyé la réconciliation avec le Hamas et souhaité que l’Autorité palestinienne restaure son autorité sur Gaza.  Il convient urgemment de reprendre les négociations, a-t-elle conclu, et le Royaume-Uni s’est engagé à mettre tout en œuvre à cette fin.

Par ailleurs, Mme Pierce a qualifié le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien d’« accord clef qui rend le monde plus sûr et contribue à la stabilité mondiale ».

M. ZHAOXU MA (Chine) a souligné l’urgence d’un règlement de la question de la Palestine en vue d’un apaisement au Moyen-Orient. Le Conseil doit rester uni et avancer en vue d’un tel règlement, a-t-il dit, en rappelant que la solution des deux États demeure la seule possible.  Pour la Chine, la résolution 2334 (2016) doit être pleinement mise en œuvre.  Le représentant a appelé les parties à la retenue et à s’engager dans un dialogue constructif et rappelé que la Chine appuie la création d’un État palestinien indépendant.  La Chine continuera de jouer un rôle constructif dans le processus de règlement du conflit israélo-palestinien, a poursuivi M. Ma, tout en reconnaissant la complexité de la situation concernant Jérusalem.  Il a également souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza et insisté sur le rôle clef joué par l’UNRWA, appelant en conclusion les États Membres à faire tout leur possible pour appuyer les activités de l’Office.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que les événements des dernières semaines à Gaza illustraient de nouveau tragiquement les conséquences humaines de l’impasse du conflit israélo-palestinien.  Outre le risque permanent d’escalade armée, le représentant a pointé du doigt le bilan « dramatique » de la répression israélienne des manifestations qui ont lieu depuis plus d’un mois à Gaza.  Selon lui, le bilan très lourd de ces manifestations, dans lesquelles 35 personnes au moins ont trouvé la mort, est directement lié à la réponse « inadéquate et disproportionnée » des forces de sécurité israéliennes.  « Toute la lumière devra être faite sur ces graves événements », a-t-il déclaré, appelant Israël à faire preuve de retenue dans l’usage de la force.

Parallèlement, M. Delattre a appelé les manifestants à s’abstenir de tout débordement et de toute violence, mettant en garde ceux, au premier rang desquels le Hamas, qui tenteraient de récupérer et d’instrumentaliser ces manifestations, notamment afin de remettre en cause la sécurité d’Israël le long de la barrière de sécurité. 

Plus généralement, le représentant a estimé que les violences des dernières semaines étaient indissociables de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, marquée depuis environ un an par une dégradation, une tendance qui vient s’ajouter au problème structurel du blocus israélien, qui dure depuis plus d’une décennie.  Pour M. Delattre, une telle situation ne pourra pas non plus s’améliorer sans la mise en œuvre complète de l’accord conclu au Caire en octobre dernier entre le Fatah et le Hamas et censé aboutir au plein exercice, par l’Autorité palestinienne, de ses compétences à Gaza.  C’est d’autant plus important, a-t-il conclu, qu’il n’y aura pas d’État palestinien sans Gaza, « et donc pas d’accord de paix viable avec Israël sans unité palestinienne ».

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a jugé « extrêmement alarmants » les événements des dernières semaines à Gaza, qui ont rendu la situation sur le terrain « fortement volatile », au point de faire craindre un débordement du conflit sur l’ensemble de la région.  Pour éviter que cela ne se produise, la représentante a appelé Israël à faire preuve de retenue dans son recours à la violence à l’encontre des manifestants non armés, tout en défendant ses intérêts légitimes de sécurité.  Dans le même temps, elle a appelé les organisateurs à éviter les incitations à la violence et l’instrumentalisation des manifestants.  « Nous appelons toutes les parties à agir avec le plus de discernement et de responsabilité possible », a-t-elle résumé.

S’agissant de Jérusalem, Mme Wronecka a rappelé son attachement à la solution des deux États, en vertu de laquelle chaque partie au conflit serait à même de réaliser ses aspirations, à savoir, d’une part, le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à l’indépendance, et d’autre part, le droit des Israéliens à la sécurité et à la normalisation de leurs relations avec les États arabes.  À cette fin, la représentante a appelé les Palestiniens à hâter leur processus de réconciliation politique, notamment pour faire en sorte que l’Autorité palestinienne puisse à nouveau assumer ses responsabilités à Gaza.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), qui s’est dit effaré par la situation humanitaire au Moyen-Orient, a constaté que les crises syrienne et yéménite étaient loin d’une solution politique.  Préoccupé par la situation à Gaza et la perte en vies humaines, il a exhorté toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Soulignant la nécessité de revitaliser l’économie de Gaza, il a estimé qu’il fallait permettre à l’Autorité palestinienne de contrôler Gaza conformément à l’Accord du Caire.  

L’Éthiopie, a réaffirmé M. Alemu, a toujours appuyé le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et le droit de la Palestine d’exister en tant qu’État libre et indépendant.  Cependant, il a déploré les actions récentes qui remettent en cause les progrès vers la solution des deux États et a appelé à l’intensification des efforts internationaux et régionaux pour y remédier.  La tragédie à Gaza, a-t-il ajouté, montre que l’exigence de justice ne disparaîtra pas.

Quant à la reprise des négociations, elle requiert le soutien de toutes les parties, a estimé M. Alemu, pour qui le Conseil de sécurité doit s’acquitter de ses responsabilités et appuyer les efforts faits dans l’intérêt de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déploré les conséquences humanitaires catastrophiques des conflits au Moyen-Orient, comme au Yémen et à Gaza.  Il n’y aura pas de paix dans la région sans un règlement durable du conflit entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il estimé.  Il a souligné l’importance de prévenir l’escalade et appelé à la retenue les parties, qui doivent s’engager dans un dialogue constructif et éviter toute décision unilatérale.

M. Ndong Mba a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) et plaidé pour la solution des deux États, la seule possible à ses yeux.  La communauté internationale doit intensifier ses efforts diplomatiques en ce sens.  Les revendications palestiniennes sont justes, tandis qu’Israël a le droit de vivre dans la sécurité, a poursuivi le représentant.  Enfin, ce dernier a condamné les violences qui ont émaillé la « grande marche du retour » à Gaza, et exhorté la communauté internationale à remédier à la grave situation humanitaire à Gaza et à appuyer l’UNRWA.  

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) a déploré le lourd bilan des manifestations relatives à « la grande marche du retour » à Gaza.  Il a exhorté les parties à la retenue et à s’engager dans un dialogue constructif, avant de se dire préoccupé par la situation humanitaire à Gaza.  Il a appuyé la proposition du Président de l’Autorité palestinienne d’organiser à la mi-mai une conférence internationale de paix.

À propos du reste du Moyen-Orient, le représentant a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) qui demande une trêve humanitaire en Syrie et rappelé qu’il n’y avait pas de solution militaire à cette crise.  Il a appelé les parties yéménites à revenir à la table des négociations et condamné les frappes aériennes sur un mariage à Hajjah, dans le nord-est du pays, qui auraient causé la mort d’au moins 50 civils.  Enfin, il a réaffirmé son soutien au Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a reconnu que le Moyen-Orient traversait une période historique très difficile.  Les conflits en Syrie et au Yémen restent à résoudre et il faut se préoccuper de la situation en Libye, du relèvement en Iraq, et de la stabilité au Liban.  « Au cœur du chaos, on retrouve des expériences géopolitiques menées de l’extérieur », a dénoncé M. Safronkov.  L’évolution de la situation dans les territoires palestiniens occupés suscite de graves préoccupations en raison de l’absence de progrès, a ajouté le représentant, qui y a vu « un vide comblé par des discours de provocation et des décisions unilatérales ».

Déplorant l’escalade des tensions à Gaza et le nombre élevé de victimes, M. Safronkov a rappelé le droit de manifestation pacifique et condamné toute action terroriste, ainsi que toute action disproportionnée contre des civils.  La probabilité de voir la situation se détériorer est élevée, a-t-il mis en garde.  D’après lui la prochaine cérémonie de transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem a « un véritable potentiel de déstabilisation, dont l’impact se fera sentir dans l’ensemble de la région ».

Selon M. Safronkov, il faut urgemment redoubler d’efforts afin de relancer le processus politique entre les Palestiniens et les Israéliens sur la base du droit international, connu de tous, et de parvenir à la solution des deux États.  À ce sujet, il a réitéré la proposition de la Russie d’organiser un sommet entre les responsables israéliens et palestiniens.  Convaincu qu’un des obstacles à la paix est la fracture au sein des rangs palestiniens, il a jugé essentiel que toutes les parties palestiniennes confirment leur attachement à la mise en œuvre des accords conclus, en octobre 2017, au Caire. Il est également impératif de poursuivre l’assistance humanitaire aux Palestiniens.

La Russie, a assuré son représentant, est en faveur d’un travail positif et fédérateur sur la question du Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, tant au Conseil de sécurité qu’avec l’ensemble de la communauté internationale.  Il a suggéré un examen complet de la situation au Moyen-Orient.

Enfin, M. Safronkov a jugé essentiel de rétablir la confiance entre le monde arabe et l’Iran et estimé que le Plan d’action global commun jouerait, à cet égard, un rôle décisif.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a d’abord abordé le dossier syrien en exprimant sa profonde préoccupation quant au sort de milliers de civils, dont des réfugiés palestiniens, après plus d’un mois de violence accrue et d’intenses combats dans la région de Yarmouk.  Il a appelé les parties à épargner les civils et les infrastructures civiles, souhaitant aussi que les personnes qui le désirent puissent quitter les lieux du conflit. 

Passant au Liban, le représentant a appelé de ses vœux la consolidation de la Constitution du pays et de son processus démocratique, appelant aussi les Forces armées libanaises à jouer un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité le long de la frontière avec la Syrie et dans tout le Liban, notamment pour contrer la menace de Daech et d’el-Nosra.

À propos de l’Iraq, M. Umarov a soutenu le processus de consolidation de l’État et notamment de la Constitution.  Le retour du pays à la stabilité doit être basé sur l’égalité des droits et la justice pour tous les citoyens, a-t-il plaidé.  Il s’est dit très choqué par le sort d’une femme turque de 42 ans, Amina Hassan, qui n’a eu que deux minutes pour se défendre alors qu’elle était accusée de soutenir l’État islamique.  Son procès a duré en tout 10 minutes avant qu’elle ne soit condamnée à mort par pendaison. Il y a eu 14 peines de mort prononcées en l’espace de deux heures d’audience, a-t-il déploré. 

Le représentant a par ailleurs estimé que le conflit au Yémen n’aura pas de solution militaire, mais sera résolu par le dialogue national et inclusif.  Il a souhaité que toutes les parties se réengagent à établir un nouveau régime pour la cessation des hostilités.  Il a également jugé inacceptable de tirer des missiles contre des cibles civiles sur le territoire de l’Arabie saoudite. 

Enfin, concernant le processus de paix au Moyen-Orient, M. Umarov a soutenu la solution des deux États et appelé à la reprise des négociations, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et d’autres initiatives en cours.  Quant à la situation à Gaza, il a réitéré que les forces de sécurité israéliennes devaient protéger les civils et a appelé les Palestiniens à éviter les frictions à la barrière de Gaza.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a cité comme bilan des quatre dernières semaines de manifestations à Gaza le chiffre de 30 morts, dont 3 mineurs.  Le représentant a appelé Israël à assurer que ses réponses soient proportionnelles et conformes aux obligations du droit international, estimant que le nombre élevé de victimes, y compris le journaliste Yasser Murtaga, suscitait des questions concernant la proportionnalité de la réponse d’Israël, y compris face au droit de protester pacifiquement.

Les faits doivent être établis concernant les informations faisant état d’attaques violentes contre Israël sous le couvert des protestations, a poursuivi M. van Oosterom, qui a aussi appelé l’autorité de fait à Gaza et l’Autorité palestinienne à s’assurer que ces protestations demeurent pacifiques.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir de déclarations belliqueuses et a demandé une enquête indépendante et transparente.  Le représentant a également pris note de la création d’un mécanisme d’évaluation des faits par les Forces de défenses israéliennes pour examiner leurs actions et d’autres incidents spécifiques depuis le 30 mars 2018.

L’aggravation de la crise à Gaza exige une solution, a estimé M. van Oosterom, qui s’est dit préoccupé des difficultés financières de l’UNRWA.  Il a appelé Israël à alléger les restrictions à la circulation des biens et des personnes, et le Hamas à mettre fin à ses efforts pour acquérir des armes et rebâtir son infrastructure militaire.  Il a dit soutenir les efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous l’unique et légitime Autorité palestinienne.  Toutes les factions palestiniennes doivent travailler ensemble pour dépasser l’impasse actuelle, a-t-il ajouté.

Rappelant que le droit international, y compris le droit humanitaire et les droits de l’homme, était la pierre angulaire de la paix et de la sécurité dans la région, M. van Oosterom a cité les résolutions 2334 (2016) et 478 (1980) du Conseil de sécurité, qui jettent les bases d’une solution durable au conflit.  Seules les parties concernées pourront conclure un accord sur la question du statut final, y compris Jérusalem et les réfugiés, a-t-il rappelé, tout en appelant chacun à s’abstenir d’actions unilatérales qui rendraient difficile la solution des deux États. 

Par ailleurs, le représentant a encouragé les Libanais à voter, le 6 mai prochain, à l’occasion des premières élections législatives organisées depuis 2009, y voyant l’occasion pour la population de renforcer l’élan acquis lors des conférences de Rome, Paris et Bruxelles dans le cadre d’une compétition pacifique.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a mentionné le « moment charnière » que connaît le conflit israélo-palestinien et insisté sur le caractère pacifique de la « grande marche du retour » à Gaza.  Il a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas condamné le lourd bilan humain de ces manifestations légitimes.  Israël, Puissance occupante, ne remplit aucun critère pour siéger au Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, rejetant la candidature annoncée de ce pays.  M. Alotaibi a dénoncé la non-application de la résolution 2334 (2016) et déclaré nulles et non avenues les décisions sur le transfert d’ambassades à Jérusalem.  Il a demandé le règlement de toutes les questions du statut final en vue de la création d’un État palestinien indépendant, avant d’affirmer en conclusion que « la cause palestinienne est juste ».

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a cité le dernier rapport en date de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) selon lequel, entre le 15 et le 20 avril, au cours de la quatrième mobilisation de la « marche du retour », quatre Palestiniens avaient été tués, dont un enfant, et 832 blessés par les Forces de défense israéliennes, alors qu’ils demandaient la levée du blocus subi à Gaza depuis plus de 11 ans.  Pour le représentant, il y a des preuves suffisantes qu’Israël viole le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et les Conventions de Genève de 1949.  Le Conseil de sécurité doit donc exiger du Gouvernement d’Israël qu’il remplisse son obligation internationale de protéger les civils palestiniens qui se sont mobilisés.  Le Conseil doit aussi exiger des instances internationales qu’elles mènent sans tarder une enquête sur ce qui s’est passé les trois dernières semaines « à la frontière entre Gaza et Israël ».

M. Llorentty Solíz a condamné la décision du Gouvernement des États-Unis et d’autres de déménager leurs ambassades à Jérusalem, prévenant que, plus on se rapproche de la date, plus les tensions et la violence augmentent.  Il a aussi dénoncé l’intention du Gouvernement d’Israël de construire d’autres logements dans les territoires palestiniens occupés, en violation de la résolution 2334 (2016) et d’autres, soulignant l’illégalité de telles constructions.  Il a ensuite exprimé ses préoccupations quant aux capacités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avant d’appeler à une solution pacifique du conflit israélo-palestinien, la seule solution à ses yeux étant celle des deux États.  Pour finir, le représentant a lu le texte d’un jeune palestinien qui vit dans un camp de réfugiés au Liban et souhaite attirer l’attention sur le sort de son peuple et sa soif de liberté et de justice.

M. OLOF SKOOG (Suède) a noté que, depuis le début des événements tragiques à Gaza le 30 mars, 34 Palestiniens avaient été tués et des milliers d’autres blessés par les forces de sécurité israéliennes, qui ont tiré à balles réelles, y compris contre des enfants.  Comme les six rapporteurs spéciaux mandatés par le Conseil des droits de l’homme, la Suède condamne ces crimes.  Israël, a poursuivi le représentant, a le droit de se protéger, mais les mesures utilisées doivent toujours être proportionnées.  Il a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une enquête indépendante et transparente.  Il a également jugé impératif que tous les acteurs, y compris ceux qui organisent les manifestations, fassent de la protection des enfants une priorité.

Ces événements, a noté M. Skoog, ne se produisent pas dans le vide: Gaza, qui a en gros la taille de la ville de New York, est au bord de la faillite sociale et économique.  « Nous devons éviter un désastre humanitaire », a-t-il plaidé.  Il a notamment souhaité l’arrêt de la politique de fermeture d’Israël, qui entrave la reconstruction et empêche tout développement économique.  Il a aussi appelé toutes les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour la réconciliation, permettant à l’Autorité palestinienne d’assumer ses responsabilités à Gaza.  

S’agissant du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, prévu à la mi-mai, M. Skoog a réitéré la position de la Suède et de l’Union européenne sur le statut final de Jérusalem, à savoir qu’elle est vue comme la capitale future des deux États.  Au regard de la violence récente sur le terrain, il a exhorté toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à prendre des mesures de désescalade, un effort auquel doit contribuer le Conseil de sécurité.  À cet égard, il a jugé utile d’examiner le plan du Président Abbas pour organiser une conférence internationale et établir un mécanisme unilatéral pour la paix.     

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par l’instabilité dans la région et la violence à Gaza.  Il a reconnu le droit à manifester pacifiquement des Palestiniens, tout en reconnaissant le droit d’Israël à réagir face à des actes violents, mais en rappelant aussi que l’usage de la force doit se faire de manière proportionnée.  Le représentant a plaidé pour un financement pérenne de l’UNRWA et exhorté les parties à œuvrer en vue de réaliser la solution des deux États.  Il a dénoncé la construction des colonies de peuplement israéliennes, qui compromet la solution précitée.  En conclusion, M. Meza-Cuadra a plaidé pour la retenue et un dialogue constructif au Moyen-Orient.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a noté que le Sommet arabe de Dahran, qui s’est tenu à la mi-avril en Arabie saoudite, avait mis une fois de plus l’accent sur le droit de l’État de Palestine à sa souveraineté sur tous les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.  À cette occasion, a-t-elle rappelé, les dirigeants arabes ont unanimement condamné et rejeté la décision de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d’Israël, et d’y transférer l’ambassade des États-Unis.  Par ailleurs, le Liban condamne le meurtre de civils innocents à Gaza et souhaite également une commission d’enquête internationale pour traduire en justice les responsables.  Combien faudra-t-il d’innocents tués, de sommets, d’appels et de condamnations pour que le Conseil de sécurité assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui est la sienne? a demandé Mme Mudallali.  

Par ailleurs, le Liban, qui accueille plus de 1,2 million de réfugiés syriens, appelle à une solution politique au conflit en Syrie.  Dans une région en plein bouleversement, le pays s’efforce de maintenir sa stabilité et se félicite de l’appui apporté par les conférences de Rome, de Paris et de Bruxelles, qui viennent de se tenir en mars et avril.

Mme Mudallali a ensuite rappelé que, le 6 mai prochain, les Libanais allaient voter pour un nouveau parlement.  Toutefois, le Liban continue de faire face à des défis, notamment du fait des violations israéliennes quotidiennes de sa souveraineté, a fait observer la représentante, pour qui les efforts de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ne sauraient remplacer la pleine mise en œuvre des résolutions des Nations Unies qui demandent le retrait complet d’Israël du Territoire palestinien occupé et le respect des frontières terrestres et maritimes du Liban.  

M. KORO BESSHO (Japon) a, évoquant la situation à Gaza, défendu le droit des Palestiniens de manifester pacifiquement, ainsi que le droit d’Israël de veiller à sa sécurité.  Il a appelé les parties à la retenue et à tout faire pour prévenir l’escalade, avant de demander une enquête sur les violences à Gaza.  Abordant la « crise budgétaire » à l’UNRWA, M. Bessho a annoncé une contribution supplémentaire de son pays de 10 millions de dollars.  « Une paix durable ne pourra découler que de négociations entre les parties », a-t-il ajouté, avant de rappeler le soutien de son pays à la solution desà deux États, la seule qui permette de prendre en compte les aspirations des deux parties.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a condamné l’occupation israélienne depuis plus de cinq décennies des territoires libanais et syrien.  En dépit de cette occupation illégale et des autres violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité par Israël, certains États, en particulier les États-Unis, continuent de fournir une aide à ce pays, a déploré le représentant.  Quant aux événements des dernières semaines, le représentant a condamné la répression violente perpétrée par les forces de sécurité israéliennes à l’encontre des manifestations pacifiques à Gaza.

Dans ce contexte, M. Ja’afari a regretté que le rapport du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient n’ait pas mentionné les agissements d’Israël dans le Golan syrien, alors même que ces agissements rentrent, selon lui, dans le cadre du mandat M. Mladenov.  De même, s’est-il interrogé, pourquoi le rapport ne mentionne-t-il pas les problématiques ayant trait à la gestion de l’eau et de l’énergie dans le Golan, à commencer par les tentatives de certaines compagnies d’extraire du pétrole dans la zone, au mépris du droit international?  « La Syrie dispose d’un droit souverain et inaliénable sur le Golan », a protesté le représentant, pour qui « les colons israéliens devront quitter la zone tôt ou tard ».  Aussi a-t-il appelé en conclusion le Conseil à agir pour faire en sorte de mettre fin à l’occupation d’Israël dans le Golan syrien, au mépris des résolutions du Conseil.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déploré que de nombreux enfants soient tombés sous les balles de l’occupant israélien alors qu’ils manifestaient de façon pacifique pour leurs droits légitimes.  Les Palestiniens n’ont rien revendiqué d’autre que leurs droits au retour, à l’autodétermination, à l’établissement d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale, et le droit de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-il insisté.  Il a demandé une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur la journée du 13 mars 2018, afin qu’Israël rende des comptes.  Le représentant a en outre insisté sur la centralité de la question palestinienne pour tous les pays arabes, plaidant pour le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan.

M. Al-Mouallimi a, par ailleurs, dénoncé l’ingérence continue et flagrante de l’Iran dans les affaires des pays arabes, l’accusant de propager le terrorisme.  Il est le premier soutien du Hezbollah, a affirmé le représentant, qui a reproché à l’Iran d’attiser la guerre en Syrie et d’exercer un blocus et une purification ethnique au Yémen en soutenant les milices houthistes, l’accusant de leur fournir les missiles qui ont été lancés contre son pays.  Des rapports indépendants des Nations Unies ont démontré que ces missiles ont été fabriqués en Iran, a-t-il insisté.  Face aux violations répétées des résolutions de l’ONU par l’Iran qui, par ses actes, continue de saper la paix et la sécurité internationales, il est grand temps que le Conseil de sécurité adopte une position stricte, a poursuivi le représentant.  Enfin, M. Al-Mouallimi a déploré l’attaque à l’arme chimique infligée à sa propre population par le régime syrien.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a rappelé que le peuple palestinien vivait depuis des décennies sous le joug de l’occupation israélienne, au mépris de toutes les normes de droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour mettre un terme à cette situation, le représentant a appelé la communauté internationale à rejeter unanimement la politique du statu quo mise en œuvre par Israël.  

Lors d’une réunion récente des États de la Ligue arabe, le 15 avril dernier en Arabie saoudite, ces derniers ont souligné l’importance d’une paix durable au Moyen-Orient, a rappelé M. Khiari.  À cette occasion, ils ont rappelé leur attachement au statut de Jérusalem–Est en tant que future capitale de la Palestine.  Ils ont par conséquent appelé la communauté internationale à ne pas établir de missions diplomatiques à Jérusalem et à ne pas reconnaître la ville comme capitale d’Israël.  Réaffirmant, en outre, l’attachement des dirigeants arabes à la solution des deux États, le représentant a rejeté toute mesure unilatérale israélienne visant à saper cette solution et à modifier le statu quo sur le terrain.

Cette séance, a poursuivi M. Khiari, intervient alors que les autorités israéliennes répriment dans le sang des manifestations pacifiques à Gaza.  Il a appelé à mettre sur pied une enquête transparente et indépendante sur ces « effusions de sang », qui en sont maintenant à leur quatrième semaine.  Le représentant a également appelé Israël à faire preuve de retenue dans son recours à la violence à l’encontre de manifestants pacifiques. 

Face à la difficile situation humanitaire à Gaza, le représentant a appelé la communauté internationale à garantir la viabilité de l’UNRWA, qui apporte une aide précieuse aux réfugiés dans la zone.  Il a également appelé à engager les démarches nécessaires pour que la Palestine devienne un États Membre à part entière de l’Organisation.  Enfin, il a demandé aux parties de retourner à la table des négociations pour faire avancer la solution des deux États.

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a fait part de son inquiétude face à la situation à Gaza, qui rappelle à chacun combien la situation est insoutenable sur le terrain.  L’Union européenne considère comme prioritaire d’aider à une désescalade de la situation.  Attachée à la solution des deux États, l’Union européenne estime qu’il faut éviter toute action de nature à la saper davantage.

L’Union européenne a suivi de près les protestations à la frontière de Gaza, déplorant les nombreuses personnes tuées, y compris des enfants et des journalistes, a poursuivi le représentant.  L’Union européenne est favorable à une enquête transparente et indépendante car il faut établir des faits, y compris concernant les attaques violentes qui seraient menées contre Israël sous couverture de manifestations.  M. Vale de Almeida a demandé aux parties d’agir avec retenue et en faisant preuve de responsabilité.  Israël doit respecter et garantir la liberté de manifestation et d’expression et s’abstenir de tout usage disproportionné de la force quand il défend son droit légitime.  L’Union européenne estime que l’évolution de la situation à Gaza pourrait être lourde de conséquence sur la sécurité régionale et internationale.  Elle exhorte le Conseil de sécurité à agir pour une désescalade.

S’agissant de la Syrie, l’Union européenne condamne l’emploi répété d’armes chimiques par le régime en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle considère l’attaque de Douma comme un affront à l’humanité et regrette les multiples vetos opposés par la Fédération de Russie aux projets de résolution du Conseil de sécurité.  M. Vale de Almeida a conclu en réitérant l’appui de l’Union européenne aux enquêtes en cours menées par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et sa volonté de lutter contre la tendance émergente à recourir à des armes chimiques.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États pour un règlement permanent du conflit israélo-palestinien, la question du statut final de Jérusalem devant être définie par des négociations entre Israël et la Palestine.  Préoccupé par la situation dans la bande de Gaza, il a souligné le droit des civils de manifester pacifiquement et appelé les parties à la retenue.

S’agissant du conflit en Syrie, M. Duque Estrada Meyer a jugé impératif d’enquêter sur toutes les allégations relatives à l’usage d’armes chimiques et, si elles sont confirmées, de traduire les responsables en justice.  Il a redit le plein appui du Brésil aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et aux négociations politiques de Genève.

À propos du Yémen, le représentant a estimé que la seule voie pour mettre fin au conflit et à la crise humanitaire était politique, à travers un dialogue inclusif.  Il a salué les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths, et a invité tous les États Membres à respecter la résolution 2216 (2015) du Conseil relative à l’embargo sur les armes à destination du Yémen.   

M. AZIZ PAHAD (Afrique du Sud) a estimé que les récents événements de Gaza étaient symptomatiques de l’absence de volonté de résoudre le conflit israélo-palestinien.  Il a ainsi appelé le Conseil à mettre un terme à ses divisions internes, lesquelles ne contribuent selon lui qu’à pérenniser le conflit.  Condamnant le recours excessif à la force contre les manifestants à Gaza par les forces de sécurité israéliennes ces dernières semaines, le représentant a affirmé que cette population, en butte au blocus illégal imposé par Israël, s’efforçait simplement de se faire entendre.

« Le processus de paix est dans l’impasse », a en outre regretté le représentant, mentionnant la perte de confiance réciproque entre les parties, dont la région entière risque à terme de faire les frais.  M. Pahad a appelé la région à prendre exemple sur ce qu’a accompli l’Afrique du Sud pour surmonter ses divisions internes.  « La réalisation de la paix incombe avant tout aux Israéliens et aux Palestiniens », a-t-il insisté.

Le représentant a par ailleurs mentionné le sort injustement infligé aux enfants palestiniens détenus en Israël.  « Cette situation ne peut qu’alimenter la haine », a-t-il noté, exhortant les autorités israéliennes à y mettre fin.  Enfin, M. Pahad a appelé les États Membres à tout faire pour pérenniser le financement de l’UNRWA, qui souffre d’un déficit de ressources chronique.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a estimé que l’occupation israélienne de la Palestine constituait la pierre angulaire des conflits au Moyen-Orient.  « L’injustice se prolonge depuis plus de sept décennies, intensifiée par l’expansionnisme d’Israël et ses politiques d’apartheid à l’encontre des Palestiniens et de la région », a-t-il encore déploré, pointant du doigt les tentatives d’Israël et des États-Unis de masquer leur agressivité croissante au Moyen-Orient.  Pendant ce temps, a-t-il insisté, les territoires palestiniens et le Golan syrien continuent de subir une occupation illégale.

Chaque fois que nous nous réunissons, a par ailleurs déploré le représentant, nous prenons connaissance de la construction de nouvelles colonies illégales et de l’élaboration de nouvelles politiques agressives.  « Le régime israélien travaille désormais jour et nuit pour réduire à néant le droit des Palestiniens et pour asseoir encore davantage son occupation », a-t-il accusé.  En dépit de cette situation, a ironisé le représentant, Israël, un « régime voyou par définition », se targue d’être la seule démocratie du Moyen-Orient.  Or, selon lui, les agissements du pays dans la région ne diffèrent en rien des agissements des États-Unis à l’encontre des populations amérindiennes.

Condamnant tant la volonté israélienne de remettre en cause le statu quo sur l’esplanade des mosquées que le transfert imminent de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, M. Khoshroo a, enfin, appelé à mettre un terme à l’impunité dont bénéficie Israël et a réaffirmé son soutien au droit des Palestiniens à l’autodétermination.

M. TORE HATTREM (Norvège) a regretté l’aggravation des tensions au Moyen-Orient, qui rendent encore plus difficile d’impliquer Israël et la Palestine dans un processus politique.  Pour la Norvège, il est dès lors impératif de réfléchir à des initiatives politiques susceptibles de mener à de nouvelles négociations sur la solution des deux États.

La Norvège est profondément préoccupée par les violences à la frontière entre Israël et la Palestine.  Nous exhortons les parties à agir avec responsabilité et retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait engendrer une escalade des violences et des pertes en vies humaines, a déclaré M. Hattrem, qui a jugé inacceptable l’usage de la force létale contre des manifestants pacifiques désarmés.  Le représentant a estimé que, si Israël a le droit légitime de protéger ses frontières, toute utilisation de la force doit être proportionnée.  En outre, les incidents les plus graves doivent faire l’objet d’une enquête transparente et indépendante.  Le représentant a également jugé impératif que l’Autorité palestinienne rétablisse son autorité à Gaza, dont le blocus doit cesser.

S’agissant de la situation en Syrie, une source de grande préoccupation pour la Norvège, M. Hattrem a déploré l’utilisation d’armes chimiques et a demandé un accès sans entrave sur le terrain aux équipes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a, en outre, appelé le Conseil de sécurité à créer un mécanisme permettant d’amener les auteurs de ces actes à rendre des comptes.

Évoquant ensuite le dossier iranien, le représentant a indiqué que la Norvège appuyait pleinement le Plan d’action global commun, signé en 2015, qu’elle considère comme un jalon important sur la voie de la paix et de la sécurité internationales.  L’Iran a respecté sa part du contrat et il est dès lors crucial de s’assurer que cet accord survive, a estimé M. Hattrem.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est inquiété de la paralysie du Conseil de sécurité à propos de la situation en Syrie.  Pas moins de 12 vetos ont été enregistrés, a-t-il rappelé, critiquant par ailleurs comme inefficaces les rares décisions qui ont été prises, comme la résolution 2401 (2018) qui demande un cessez-le-feu de 30 jours consécutif pour des raisons humanitaires.  Or le conflit syrien, caractérisé par des violations massives du droit international humanitaire, menace aujourd’hui la stabilité de la région et au-delà, a affirmé le représentant, qui a appuyé le projet mécanisme de la responsabilité pour la Syrie, qui devrait être bientôt opérationnel et qui est déjà en mesure de recevoir des informations et des preuves, y compris sur l’usage d’armes chimiques.

Pour M. Wenaweser, le processus de paix au Moyen-Orient, qui est déjà dans l’impasse, est compromis encore plus avant par les développements récents à Gaza.  Le représentant a appuyé l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente et a rappelé que la situation en Palestine fait l’objet d’un examen préliminaire de la part du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a également dit suivre de près les discussions sur une action possible de la part du Conseil des droits de l’homme.  Par ailleurs, il a salué la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité qui demande un accès humanitaire accru au Yémen. 

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), au nom du Mouvement des non-alignés, a réaffirmé le soutien du Mouvement à la solution des deux États.  Il a cependant regretté les agissements d’Israël, qui ne cesse selon lui de saper les bases de cette solution.  « Nous ne pouvons plus permettre que les souffrances infligées au peuple palestinien héroïque se poursuivent », a-t-il protesté, appelant le Conseil à assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix dans la région.

Le représentant a par ailleurs rejeté la volonté israélienne de modifier le statut juridique du Golan arabe syrien, tentative qu’il a considérée comme « nulle et non avenue ».  Il a ainsi appelé Israël à se retirer du Golan arabe syrien comme le demande la résolution 242 (1967) du Conseil, et à respecter le tracé de la frontière d’avant le 4 juin 1967. 

Vivement préoccupé par la situation humanitaire à Gaza, le représentant a, d’autre part, appelé à une levée totale du blocus israélien qui affecte la population de la bande.  Eu égard à l’occupation « illégitime et belliqueuse » par Israël du Territoire palestinien, notamment à Jérusalem-Est, M. Moncada a estimé que la répression dans le sang des manifestations pacifiques récentes à Gaza par les forces de sécurité israéliennes était inacceptable.  Il a appelé le Conseil de sécurité à garantir qu’Israël rendra des comptes en la matière, via l’ouverture d’enquêtes sur les abus des forces israéliennes.  Toutefois, face à ce qu’il a présenté comme l’incapacité d’Israël à s’acquitter de ses responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien en tant que Puissance occupante, le représentant a appelé le Conseil à garantir de lui-même la protection des civils palestiniens.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déploré que l’occupation illégale se poursuive dans les territoires palestiniens.  Les Palestiniens sont privés de leurs droits les plus fondamentaux et des générations de Palestiniens sont victimes de violence systématique et de discrimination, a affirmé le représentant.  Pour lui, le retard dans la mise en œuvre du processus de paix et l’impasse qui prévaut attisent la violence et créent un nouveau cycle.  La poursuite des colonies de peuplement est un obstacle à la paix et vise à modifier la composition démographique et le statut de Jérusalem.  L’inaction face à la persistance des violations et le non-respect du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016) encouragent Israël à poursuivre dans la même voie.

Ce qui nous a été donné de voir lors de la « grande marche du retour » en est un triste exemple, a déclaré M. Sinirlioğlu, qui a condamné Israël pour son recours délibéré à la force contre des manifestants pacifiques.  Israël doit respecter ses obligations en vertu du droit international, des droits de l’homme et du droit humanitaire, a poursuivi le représentant.

Pour la Turquie, les derniers développements soulignent l’urgence de redynamiser le processus de paix.  Le Conseil de sécurité ne peut pas fermer les yeux et doit prendre des mesures pour cesser le ciblage des civils.

Abordant ensuite la situation en Syrie, le représentant a affirmé que la Turquie poursuivait ses efforts pour rétablir le calme dans le pays et faire avancer le processus de paix.  Il a rappelé le plein soutien qu’apporte son pays à tous les efforts internationaux à cette fin.

Mgr SIMON KASSAS, Observateur du Saint-Siège, a mentionné les nombreux défis auxquels fait face le Moyen-Orient, y compris la croissance démographique, le chômage, l’effondrement des institutions d’État, l’arrivée en masse de migrants, le terrorisme et les crises humanitaires.  Il a en outre condamné le « mépris pour la vie humaine » dont font preuve les parties aux conflits en cours en Syrie et au Yémen.

S’agissant du conflit israélo-palestinien, l’observateur a réaffirmé le soutien du Saint-Siège à la solution des deux États, seule solution viable, selon lui, pour garantir la paix dans la zone.  Il a par conséquent appelé les parties à prendre des mesures propices à un retour à la table des négociations, à l’opposé des événements des dernières semaines à Gaza.

Mgr Kassas a en outre appelé à maintenir le « statut historique de la ville sainte », qui vise à préserver le caractère unique de Jérusalem.  Il a enfin renouvelé l’appel lancé cette année par le pape François, qui a encouragé tous ceux ayant des responsabilités politiques dans la région à faire en sorte que la justice et la paix puissent l’emporter.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a souligné qu’à la veille du soixante-dixième anniversaire de la guerre de 1948, qui sera célébré le 15 mai prochain, des manifestations seraient organisées.  Cette campagne vise au retour des Palestiniens expulsés en 1948, a rappelé le représentant, qui a regretté que, depuis le 30 mars 2018, au moins 33 personnes aient perdu la vie sous les balles israéliennes.  Les civils doivent pouvoir exercer leur droit de manifester pacifiquement, a déclaré M. Gertze, qui a rappelé les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et regretté la reconnaissance, par les États-Unis, de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, mesure qui va à l’encontre des résolutions du Conseil.  Une telle décision est de nature à compliquer la solution viable des deux États, a en outre estimé M. Gertze.

Entre décembre 2017 et mars 2018, 22 programmes de colonies illégales représentant 1500 logements ont été approuvés par les autorités israéliennes, a rappelé M. xxx, qui y a vu un obstacle majeur au processus de paix. Le représentant a dénoncé les destructions de logements palestiniens comme un autre obstacle à la paix. Il a, en outre, fait part de sa préoccupation devant la situation humanitaire déplorable qui prévaut à Gaza.

Par ailleurs, abordant le conflit en Syrie, le représentant a condamné l’utilisation des armes chimiques, tout en mettant en garde contre toute action unilatérale.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a condamné l’escalade militaire israélienne à l’encontre des manifestants de Gaza, qui sape les efforts de paix.  Tout en réaffirmant le soutien de son pays envers la solution des deux États et l’Initiative de paix arabe, la représentante a condamné l’occupation par Israël de tous les territoires arabes, y compris le Golan arabe syrien.  Cette occupation et toutes les activités de colonisation israéliennes doivent prendre fin, a-t-elle ajouté. 

S’agissant de la Syrie, la représentante a condamné l’utilisation d’armes chimiques au début du mois.  Elle a apporté son soutien aux représailles militaires des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France contre des cibles militaires du régime syrien.  Elle a également appuyé tous les efforts visant à un règlement pacifique du conflit, dans le respect des aspirations du peuple syrien et de l’unité du pays.

Dans ce contexte de tensions internationales considérables, Mme Al-Thani a rappelé que son propre pays faisait l’objet d’un « blocus unilatéral, injustifié et sans fondement », désormais entré dans sa deuxième année, en vertu d’intérêts nationaux contraires à la paix et à la sécurité internationales.  Cette crise « montée de toute pièce » dont le Qatar est la cible doit prendre fin et céder la place au dialogue, en application de la Charte des Nations Unies, a-t-elle conclu.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que le Secrétaire général avait tiré le signal d’alarme, mettant en garde contre un retour à la guerre froide qui laisse présager la poursuite des conflits existants et un risque de conflits encore plus importants.  Personne n’a subi autant d’injustice depuis 70 ans que le peuple palestinien qui vit dans des conditions semblables à l’apartheid, a ensuite affirmé la représentante.  Elle en a voulu pour preuve le fait qu’une manifestation pacifique se soit transformée en scène de guerre, affirmant que le monde avait été témoin de l’assassinat d’innocents.

Malgré cela, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de demander une enquête indépendante et encore moins de condamner ce qui constitue pour elle un « mépris arrogant », a déploré Mme Lodhi.  La paix ne peut être obtenue en niant ses droits à un peuple, a-t-elle averti, estimant que la poursuite de l’occupation israélienne n’était pas propice à la paix.  Elle a, en outre, estimé déplorables les contraintes imposées à l’UNRWA.  Aujourd’hui, les perspectives d’un règlement du conflit israélo-palestinien sont plus sombres que jamais et la région se trouve à une croisée des chemins dangereuse, a poursuivi la représentante.

Mme Lodhi a également fait part de sa préoccupation face à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, un acte qu’elle a vivement condamné, tout en se félicitant de la visite sur le terrain d’équipes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Elle a, de même, déploré la situation tragique au Yémen et s’est félicitée de la prochaine tenue d’élections en Iraq, y voyant un jalon sur la voie de la démocratie dans ce pays.

Pour M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc), force est de reconnaître que les tensions au Moyen-Orient ont été omniprésentes sur la scène internationale ces derniers temps, et ce, au détriment de la question palestinienne.  Parallèlement, le représentant a déploré la poursuite de la politique israélienne d’agression, de « judaïsation » et de colonisation à l’encontre des Palestiniens.

Le recours à la force contre des civils désarmés est déplorable, a par ailleurs déclaré M. Atlassi, en référence aux événements récents à Gaza.  La violence à l’encontre des Palestiniens, a-t-il ajouté, n’a jamais servi la paix, pas plus que la colonisation de leurs territoires, qui n’a de cesse de se poursuivre au mépris de la communauté internationale.

En tant que lieu saint de l’islam, la ville de Jérusalem bénéficie d’un statut spécial qui ne doit pas être remis en cause, sous peine de saper les efforts de paix internationaux, a déclaré M. Atlassi.  Le représentant a enfin appelé la communauté internationale à tout faire pour ramener les parties à la table des négociations, afin de parvenir à une solution des deux États.

Pour M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, la réunion de ce jour intervient alors qu’à l’échelle internationale et régionale des conflits se poursuivent, menaçant le système multilatéral et notamment le Conseil de sécurité, qui risque d’y perdre sa légitimité.  De nombreux innocents perdent la vie dans plusieurs régions du monde arabe, notamment en Palestine, en Syrie, en Libye et le Conseil de sécurité reste inactif du fait de la paralysie que connaissent ses mécanismes décisionnels, a déploré M. Abdelaziz.  L’Observateur permanent a souligné que ces crises étaient exacerbées par l’incapacité du Conseil de sécurité et de ses mécanismes à offrir des perspectives claires qui pourraient constituer un pas vers la paix et la sécurité au Moyen-Orient.

Les territoires arabes ne doivent pas être utilisés par les grandes puissances, a affirmé M. Abdelaziz, qui a exhorté le Conseil à cesser sa politique de « deux poids, deux mesures » face aux enjeux dans la région, sous peine de perdre sa légitimité.  La solution des deux États est en danger et doit être sauvegardée comme base des négociations.  C’est à travers des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens que le statut final de Jérusalem pourra être défini, a encore déclaré l’Observateur permanent.

En attendant, la Ligue des États arabes continuera à appeler à la protection du peuple palestinien, particulièrement après le triste épisode de la manifestation « de la grande marche du retour ».  Dans ce contexte, M. Abdelaziz a demandé au Conseil de répondre à l’appel du Secrétaire général pour une enquête impartiale autour de cet événement.  Les violations perpétrées par Israël sont des menaces graves qui pèsent sur la paix et la sécurité régionales, a-t-il poursuivi, estimant, dès lors, qu’Israël ne saurait prétendre à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, ce pays ne réunissant pas, à ses yeux, les conditions exigées par la Charte des Nations Unies.

Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a appelé à une intensification des efforts en vue de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, facilitée par l’ONU, le Quatuor, l’Initiative de paix arabe et le mandat de la Conférence de Madrid.  Après avoir dénoncé « les actions unilatérales qui manquent de légitimité et risquent de saper les perspectives de paix », elle a condamné les colonies de peuplement illégales, la répression des droits des manifestants pacifiques et le manque de progrès sur les questions liées au statut final.  Mme Motsumi a réitéré l’appui de son pays à la solution des deux États et réaffirmé sa solidarité avec la cause du peuple palestinien. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dénoncé l’impuissance de la communauté internationale à mettre en œuvre la solution des deux États au Moyen-Orient.  Appelant le Conseil de sécurité à « sortir de sa dangereuse inertie », il a jugé crucial de remettre la question palestinienne à l’ordre du jour.  Préoccupé par l’escalade de la violence à Gaza, il a rappelé que le meurtre de civils non armés violait tous les principes de droit international et la dignité humaine.  À titre d’exemple positif, il a cité la résolution 2334 (2016) du Conseil qui réaffirme l’illégalité des colonies de peuplement juives dans le Territoire palestinien occupé.  À cet égard, M. Djani a prié les États de s’abstenir de toute provocation ou déclaration contraire aux résolutions du Conseil relatives au statut de Jérusalem. 

Abordant le conflit syrien, M. Djani a appelé toutes les parties à respecter le droit international et à garantir la sécurité des civils.  Il a plaidé pour une solution qui respecte la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit continuer de faire pression pour la cessation des hostilités et un accès humanitaire sans entrave.

M. ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a condamné « l’agression criminelle » perpétrée par l’armée israélienne contre la population de Gaza, le 30 mars dernier.  Cet acte brutal, d’une violence disproportionnée, a-t-elle dit, n’a eu pour effet que de saper les efforts de paix dans la région.  La représentante a jugé particulièrement regrettable que le Conseil de sécurité, « en raison de l’obstruction de l’un de ses membres », n’ait pas été en mesure de condamner cet acte ou encore de protéger les Palestiniens, alors même qu’une action urgente de la communauté internationale s’impose.   La représentante a également appelé Israël à mettre immédiatement un terme à son occupation des territoires palestiniens et à ces pratiques de colonisation « agressives ».

En outre, Mme Rodríguez Camejo a rappelé que son pays défendait une solution au conflit juste, sur la base du principe des deux États et des frontières d’avant 1967.  Elle s’est ainsi opposée à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem en tant que capitale d’Israël, une décision qui vise, selon elle, à modifier le statut historique de la ville et à saper les efforts de paix, au mépris de la Charte des Nations Unies et du droit international.

Par ailleurs, la représentante a condamné l’attaque perpétrée le 13 avril dernier par les États-Unis et leurs alliés contre des installations militaires et civiles en République arabe syrienne, sous prétexte de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, et ce, avant même que l’enquête en cours ne fournisse ses conclusions.  À ses yeux, cette attaque unilatérale constitue une nouvelle violation flagrante des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Enfin, la représentante a appelé Israël à restituer le Golan arabe syrien occupé, condamnant toute tentative israélienne de remettre en cause le statut de ce territoire.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a souligné l’importance de ce débat compte tenu de l’évolution constante de la dynamique politique et de la situation sur le terrain.  La poursuite de la violence laisse présager de graves conséquences sur la paix et la sécurité internationales, s’est-elle inquiétée.

La paix au Moyen-Orient ne peut se faire sans une solution viable à la question israélo-palestinienne, a insisté Mme Zahir.  Les Maldives, qui ont toujours cherché à trouver des solutions innovantes et pacifiques en prônant le dialogue, ont ainsi apporté leur soutien à l’appel lancé au Conseil de sécurité en février dernier par le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, pour la tenue d’une conférence internationale de paix visant à relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens.  La représentante a encouragé Israël à s’y engager de bonne foi.

Il faut, en outre, encourager l’action sur le terrain pour réduire les souffrances des populations, a poursuivi Mme Zahir, qui a fait part de sa préoccupation face au déficit financier de l’UNRWA et a exhorté les États Membres à se pencher sur la question.  Réitérant son appui à la solution des deux États, la représentante a appelé le Conseil de sécurité à adopter des mesures concrètes pour honorer son mandat.  Elle a conclu en préconisant à la communauté internationale de travailler à l’unisson pour trouver des solutions pertinentes et se concentrer sur la pérennisation de la paix.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) s’est dit convaincu que la communauté internationale devait sauvegarder la solution des deux États.  À cet égard, il a jugé important de maintenir un consensus international sur la question du statut final de Jérusalem.  En outre, Malte s’oppose aux activités de peuplement illégales qui sont un obstacle à la paix.  M. Inguanez a également condamné tous les actes de violence commis par toutes les parties, en particulier contre des civils et des mineurs, et a appelé au respect de la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Pour le représentant, la réconciliation intrapalestinienne est un élément clef pour réaliser la solution des deux États et améliorer la situation humanitaire à Gaza.  Il a salué en ce sens le rôle de médiation joué par l’Égypte et a plaidé pour mettre fin au blocus.  Par ailleurs, M. Inguanez a mis l’accent sur la reprise du dialogue intersyrien sous l’égide de l’ONU, à Genève, comme cela a été souligné hier à la Conférence de Bruxelles sur le financement de l’aide humanitaire à la Syrie.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) s’est alarmé de la situation en Palestine et a estimé que les efforts internationaux devaient se poursuivre sur une voie qui permette la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens.  Il a insisté sur la pertinence de la diplomatie multilatérale et a souligné qu’une approche multilatérale était le seul moyen de répondre à ce « dilemme ».  Il a appelé au plein respect des résolutions sur la question israélo-palestinienne et a encouragé Israël à prendre des mesures concrètes pour geler ses activités de peuplement dans les territoires occupés.  Les dirigeants palestiniens doivent quant à eux démontrer leur volonté de retourner à la table des négociations, notamment en renforçant leurs efforts pour forger une unité et traiter du militantisme.  Il ne fait aucun doute que la violence et les actions unilatérales ne permettront pas de résoudre ce vieux conflit, a-t-il souligné.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Présidente du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que le mois écoulé était venu rappeler la raison pour laquelle le conflit israélo-palestinien doit demeurer une priorité du Conseil de sécurité.  Lors des récentes manifestations de civils palestiniens, a-t-elle déploré, 37 manifestants ont été tués et plus 4 900 autres blessés en raison de l’usage excessif de la force par Israël, notamment pour disperser la manifestation de la « grande marche du retour » le long de la clôture frontalière entre Gaza et Israël.  Elle a réclamé une enquête indépendante et transparente sur ces incidents.  Elle a aussi condamné l’attaque perpétrée le 13 mars contre le convoi du Premier Ministre palestinien et a appelé les parties palestiniennes à œuvrer en faveur de l’unité.

La Vice-Présidente du Comité a ensuite invité les États Membres à participer, les 17 et 18 mai, à New York, à un forum intitulé « 70 ans après 1948 - les enseignements nécessaires pour une paix durable ».

Mme Rubiales de Chamorro a par ailleurs engagé les donateurs à intervenir promptement pour appuyer les activités de l’UNRWA, notamment face à l’aggravation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza.  Elle a regretté qu’Israël ait décidé de poursuivre la construction de colonies de peuplement et encouragé à suivre l’exemple du Parlement danois et de la Commission européenne qui, a-t-elle expliqué, ont décidé de faire une distinction entre le territoire d’Israël et les territoires occupés depuis 1967.

Enfin, la Vice-Présidente du Comité a averti que la décision unilatérale de certains États de relocaliser leur ambassade à Jérusalem était en train de faire reculer de manière irréversible les perspectives de paix et d’une solution des deux États.  Elle a appuyé l’initiative de paix présentée par le Président Mahmoud Abbas.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a blâmé la défiance d’Israël pour l’absence de solution au conflit israélo-palestinien.  Il a condamné l’usage excessif de la force par Israël dans sa réponse aux manifestants palestiniens impliqués dans la « grande marche du retour » à Gaza.  Rappelant qu’il appartient à tous les États Membres des Nations Unies de trouver une solution juste et pacifique au conflit, le représentant s’est dit très préoccupé par la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de transférer leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.  Non seulement cette décision sape les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, mais elle risque de conforter Israël dans son occupation brutale, a-t-il estimé.  Pour sa part, la Malaisie continuera d’assister le peuple palestinien et les réfugiés palestiniens, notamment via l’UNRWA.

Par ailleurs, M. Mayong Onon s’est inquiété de la situation humanitaire en Syrie et a appelé toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire.  Il a répété qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit syrien et a condamné fermement l’usage d’armes chimiques par quelque partie que ce soit.     

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a estimé que la désescalade des tensions sur le terrain constituait un prérequis pour la reprise des négociations.  À ce titre, elle a appelé toutes les parties à respecter le droit international, à faire preuve de retenue et à s’abstenir de tout acte de provocation.  La représentante a également appelé Israël à mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens, au blocus de Gaza, ainsi qu’à sa politique de colonisation des territoires palestiniens.  Elle a en outre réaffirmé son appui sans réserve à la volonté légitime des Palestiniens de pouvoir jouir d’un État à part entière et à leur droit à l’autodétermination.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que le droit des Palestiniens à créer un État indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, est inaliénable en vertu du droit international.  Ce droit n’a pas expiré, même s’il est difficile de le réaliser sans lutter contre les causes profondes du problème, à savoir l’occupation, a poursuivi le représentant.

Pour M. Edrees, les Palestiniens sont victimes d’une occupation continue et chaque parcelle de leur terre a été expropriée.  C’est un peuple qui souffre de l’apartheid, a-t-il affirmé en évoquant le mur de séparation et la situation à Gaza.  Le représentant a appelé à concrétiser la solution des deux États, afin que les deux peuples puissent vivre dans la paix et la sécurité et que les Palestiniens soient traités sur un pied d’égalité par rapport aux autres peuples du monde.  Il a mis en garde contre les conséquences de cette question, dont les dimensions dépassent la région.  S’élevant contre l’arbitraire, il a affirmé que vivre en paix et en sécurité est un droit pour toutes les personnes qui vivent dans la région, y compris pour les Palestiniens.

M. EINAR GUNNARSSON (Islande) a affirmé que l’emploi d’armes chimiques par le Gouvernement syrien était bien étayé, tout en reconnaissant que l’enquête sur les « informations choquantes » venant de Douma devait encore aboutir.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité sur cette question, dans l’intérêt des Syriens mais aussi pour « sauver » le régime international de non-prolifération.  L’Assemblée générale se retrouve encore une fois à devoir trouver des alternatives à l’action du Conseil de sécurité, a-t-il déploré.

Le représentant a indiqué que l’Islande avait augmenté ses contributions en appui à l’aide humanitaire en Syrie, et que celles-ci devraient atteindre 9 millions de dollars pour la période 2017-2020.  Il a ensuite engagé le Gouvernement syrien et ses alliés à démontrer leur réel engagement en faveur d’un règlement politique négocié.

Au sujet du Yémen, M. Gunnarsson a souligné que la recherche d’une solution politique devait se faire sans exclusive, notamment en ce qui concerne les femmes, engageant par ailleurs les acteurs externes à ne pas saboter les pourparlers dans « l’espoir erroné » d’obtenir d’un avantage militaire.

M. MOHAMED SAHIB MAJEED (Iraq), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a noté la tension grandissante à Gaza et déploré les tirs à balles réelles de l’armée israélienne sur des manifestants qui protestaient contre l’injustice de l’occupation.  Le Conseil doit prendre des mesures rapides afin de remédier à cette situation, a-t-il demandé.  Le représentant a ensuite réclamé la levée du blocus qui frappe Gaza et a appelé les parties à œuvrer pour empêcher toute escalade.  Pour M. Majeed, les actions illicites d’Israël risquent d’alimenter la radicalisation dans la région.  Il a condamné la poursuite des colonies de peuplement israéliennes, ajoutant que la communauté internationale devait assumer ses responsabilités et faire en sorte que les résolutions onusiennes soient appliquées.  Le Conseil doit veiller à maintenir la solution des deux États, a-t-il encore affirmé, avant de conclure en insistant sur la nécessité d’un financement pérenne de l’UNRWA.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré qu’il fallait unir les efforts pour relever les défis au Moyen-Orient.  Hélas, les divisions au sein du Conseil de sécurité et son inaptitude à régler le conflit israélo-palestinien ne font que renforcer l’instabilité dans la région et saper les possibilités de règlement, a-t-elle déploré, et ce, alors que l’élimination totale des groupes terroristes doit passer par une vision commune.  Compte tenu de la centralité de la question palestinienne, la représentant a exhorté la communauté internationale à donner la priorité à une solution globale.  « Des solutions temporaires et morcelées ne suffiront plus », a-t-elle averti.

Le peuple palestinien continue de pâtir de l’occupation et de violations systématiques de ses droits, ce qui met en danger les perspectives d’une paix durable, a résumé Mme Bahous.  Elle a appelé de ses vœux un consensus international pour mettre un terme au conflit, sur la base d’une solution des deux États.  La paix est une valeur à laquelle nous n’avons cessé de nous attacher lors des sommets arabes, présidés par la Jordanie, l’année dernière, et par l’Arabie saoudite, cette année, a précisé la représentante.  Elle a aussi souligné l’importance d’une mise en œuvre effective des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier de la résolution 2334 (2016) qui condamne les colonies illégales de peuplement israéliennes.

Mme Bahous a condamné les attaques illégales d’Israël contre le territoire palestinien et notamment les violations de la mosquée Al-Aqsa « au mépris des sentiments des musulmans ».  Évoquant le statut juridique de Jérusalem-Est, elle a estimé que « Jérusalem est la clef de la paix dans la région » et rappelé l’importance de la ville pour les trois grandes religions monothéistes.  Elle a dénoncé les violences commises contre des civils dans la bande de Gaza, les manifestations pacifiques constituant un droit des Palestiniens.  Enfin, elle a appuyé la demande de l’État de Palestine pour obtenir un statut de membre à part entière à l’ONU et appelé la communauté internationale à venir en aide aux réfugiés palestiniens et à fournir un soutien financier à l’UNRWA.

Le conflit Syrien ne pourra être réglé que par le biais d’une solution politique, a encore déclaré Mme Bahous, qui a rappelé le soutien de la Jordanie en appuyant les pourparlers de Genève sous les auspices de l’ONU.  Elle a dit craindre que les combats actuels jouent en faveur des groupes extrémistes.  Enfin, elle a condamné l’emploi d’armes chimiques par qui que ce soit et souligné la nécessité de mener une enquête internationale à ce sujet.  

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a demandé une intensification des efforts internationaux en vue de régler la situation au Moyen-Orient et a souligné la légitimité des revendications des Palestiniens.  « La solution des deux États est la seule possible », a-t-il affirmé, ajoutant que le statut de Jérusalem serait réglé lors des négociations.

Par ailleurs, le Bahreïn entend jouer tout son rôle pour protéger la légitimité au Yémen face aux milices putschistes qui menacent la sécurité des civils.  Le représentant a dénoncé les tirs de ces milices, appuyées par l’Iran, contre l’Arabie saoudite.  Enfin, il a demandé pour la Syrie une solution politique basée sur le Communiqué de Genève.

M. TAREQ MD. ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a appuyé le plan de paix présenté par le Président de l’État de Palestine au Conseil de sécurité, le 20 février dernier.  Il a exhorté toutes les parties concernées à donner à ce plan l’attention qu’il mérite, le statu quo sur la question de Palestine n’étant pas acceptable.  Après les manifestations et la violence à Gaza, le représentant a prié le Conseil de prendre fermement position contre le meurtre de civils palestiniens innocents et appuyé l’appel du Secrétaire général pour une enquête indépendante et transparente.  Il a demandé à Israël, Puissance occupante, de se conformer à ses obligations au regard du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes du Conseil.

Le Bangladesh insiste sur la levée du blocus israélien de la bande de Gaza, a poursuivi M. Islam.  Les provocations vis-à-vis de Jérusalem-Est occupée et de la mosquée Al-Aqsa doivent cesser.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la non-application de la résolution 2234 (2016) du Conseil sur les colonies de peuplement israéliennes.  Il a enfin insisté sur l’importance d’un financement durable de l’UNWRA.   

Reprenant la parole, le représentant de l’Iran a déploré certaines interventions « iranophobes » proférées ce jour.  Certaines délégations ont besoin de créer un ennemi imaginaire pour vendre leurs armes ou encore pour perpétuer l’occupation grâce à ces armes, a-t-il dit.  Le représentant a dénoncé les politiques agressives du « régime israélien », avant d’ajouter que la présence « consultative » de l’Iran en Syrie avait été sollicitée par ce pays pour lutter contre le terrorisme et était donc légale.  Il a rejeté catégoriquement les allégations d’Israël, ainsi que son cynisme.

Le représentant a en outre dénoncé les propos de son homologue saoudien, avant de mentionner l’agression wahhabite au Yémen.  Il a enfin dénoncé les ventes, par les États-Unis, d’armes destinées au Yémen, avant de condamner les crimes contre l’humanité commis par la coalition internationale au Yémen.

La représentante d’Israël a tenu à répondre à diverses interventions.  Arguant que les manifestations palestiniennes à Gaza ne sont pas entièrement pacifiques, elle a mentionné le lancement de cocktails Molotov et le tir de roquettes.  Elle a ensuite reproché à la délégation de la Bolivie, une délégation qui n’a jamais contacté celle d’Israël depuis qu’elle siège au Conseil de sécurité, d’avoir prononcé « une déclaration incorrecte ».  Elle a estimé que le Hezbollah jouait un rôle important au sein du Gouvernement libanais et que celui-ci discriminait systématiquement les Libanais d’origine palestinienne.  Enfin, Mme Meitzad a accusé l’Iran d’être « l’un des parrains principaux du terrorisme dans le monde », et d’alimenter des conflits en Syrie, en Iraq, au Yémen et ailleurs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum sur le financement du développement ferme ses portes en se félicitant d’un « grand succès »

Forum sur le suivi du financement du développement,
7e et 8e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6909

Le Forum sur le financement du développement ferme ses portes en se félicitant d’un « grand succès »

Quatre jours de débats, 13 pages de recommandations, trois « grandes mesures », un Fonds commun: le Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi de financement du développement a terminé ses travaux aujourd’hui, en se félicitant d’un « grand succès ».  Le Forum a renforcé les moyens de booster la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, feuille de route financière du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Ministres, vice-ministres, autres représentants d’État, experts des institutions de Bretton Woods et des banques régionales de développement, agences de l’ONU, ONG et société civile ont passé au crible les grandes tendances mondiales après le Programme adopté en 2016 dans la capitale éthiopienne.  Ils ont parlé de la mobilisation des ressources intérieures, des secteurs privé et financier, du commerce, de l’innovation scientifique et technologique, du renforcement des capacités, de la coopération au développement, de la crise de la dette, de l’investissement étranger direct (IED) et de l’autonomisation des femmes. 

Dans des recommandations étalées sur 13 pages*, les ministres et représentants d’État ont pris trois « grandes mesures »:  faciliter l’emploi de toutes les sources de financement, notamment le financement innovant, en étant soucieux de la soutenabilité fiscale et de celle de la dette; œuvrer à ce que les mesures prises pour inciter les acteurs des secteurs public et privé favorisent le développement viable à long terme; rendre les cadres financiers nationaux opérationnels pour les projets et filières ayant besoin d’investissement. 

« C’est l’argent qui gouverne le monde », avait dit le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, à l’ouverture du Forum, sachant qu’il faut 7 000 milliards de dollars par an pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour éviter la « concurrence stérile » entre les agences de l’ONU, la Vice-Secrétaire générale a lancé un « Fonds commun » de 290 millions de dollars par an.  Les promesses de contributions s’élèvent déjà à 71 millions de dollars, dont 47 millions pour 2018. 

Mme Amina J. Mohammed a rappelé que le Secrétaire général organise une réunion de haut niveau sur le financement du développement en septembre prochain.  L’ONU, a-t-elle promis, aidera les pays à négocier des partenariats, à rechercher des financements innovants, à mobiliser leurs ressources intérieures et à renforcer les capacités nécessaires.  Avant cela, le Président de l’Assemblée générale avait fixé rendez-vous au 11 juin prochain, pour « connecter l’argent aux priorités du développement et dégager les goulets d’étranglement ». 

Si l’Afrique renforçait la mobilisation de ses ressources intérieures de seulement 13%, elle n’aurait plus aucun mal à réaliser le Programme 2030, avait affirmé, au premier jour du Forum, le Haut-Représentant du Fonds pour la paix de l’Union africaine.  Parce qu’il manque aujourd’hui à son continent 2 500 milliards de dollars par an, M. Donald Kaberuka a réclamé des améliorations dans le fonctionnement des institutions financières internationales et dans le commerce mondial, fustigeant les relents du protectionnisme.

Les pays doivent s’approprier leur développement, a dit aujourd’hui la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC) qui, avant d’insister sur six autres points, s’est félicitée du « grand succès » du Forum.  Mme Marie Chatardova a ensuite souligné la nécessité pour les pays d’améliorer leur système fiscal et de tirer parti de la coopération internationale en la matière, entre autres, dans la lutte contre les flux financiers illicites.  Les pays doivent aussi pouvoir explorer toutes les sources de financement et aligner au mieux les incitations au secteur privé et financier avec les objectifs de développement durable.  Ils doivent également mettre en place la bonne législation pour exploiter le potentiel de la numérisation de l’économie. 

Les financements mixtes, a poursuivi la Présidente, peuvent maximiser l’impact de l’aide publique au développement (APD).  Elle a également plaidé pour un système commercial fondé sur des règles, pour des règles et institutions de prévention, de réduction et de réaction aux risques.  Elle a estimé que des mécanismes efficaces de restructuration de la dette souveraine, les allègements ciblés et l’utilisation des titres de la dette publique dont les intérêts et le principal sont indexés sur le PIB peuvent promouvoir la viabilité de la dette.  Dans nos efforts de développement durable, nous ne devons laisser personne sur le côté, a conclu la Présidente, en fermant les portes du Forum dont la quatrième édition aura lieu du 15 au 18 avril 2019. 

*E/FFDF/2018/L.2

FORUM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC) SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Table ronde sur la coopération internationale au service du développement

La coopération au développement est de plus en plus centrée sur le rôle de catalyseur de l’aide publique au développement (APD) et des autres flux financiers pour le vaste chantier des 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Animée par M. ELLIOT HARRIS, Sous-Secrétaire général au développement économique et Économiste en chef de l’ONU, la table ronde a examiné les nouvelles tendances et obstacles.

L’une des nouveautés de la coopération internationale au développement, a indiqué M. Elliot, est que même si l’APD a globalement augmenté, les conflits et les catastrophes naturelles ont eu un effet négatif sur cette aide qui semble, du reste, se muer davantage en un outil pour les secteurs productifs plutôt que pour les secteurs sociaux.  C’est en tout cas le constat qui a été fait au Burkina Faso où la dernière Stratégie nationale de développement, adoptée en 2016 après le Programme 2030, met l’accent sur la redynamisation des secteurs productifs créateurs de richesses.  Le pays entend ainsi réduire sa dépendance à l’APD qui représente 60% à 65% des investissements publics, a expliqué Mme ALIMATOUR ZONGO-KABORE, Directrice de la coordination et de l’efficacité de l’aide au développement au Ministère burkinabé de l’économie, des finances et du développement

Mais 25% de l’APD mondiale est désormais consacrée aux urgences humanitaires, a indiqué M. JORGE MOREIRA DA SILVA, Directeur de la coopération au développement à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Il faut, selon lui, certes accroître le volume global de l’APD pour booster les secteurs productifs mais surtout impliquer davantage le secteur privé.  C’est ce que l’OCDE s’efforce de faire dans ses six projets pilotes sur l’efficacité de l’aide.  De toute façon, s’est impatienté le délégué de Cuba, cela fait 40 ans que l’on ne respecte pas les promesses en matière d’APD.  « Pourtant l’argent est là. »  « Regardez du côté de la course aux armements », a-t-il lancé.  La promesse faite par les pays développés de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD reste d’actualité, a renchéri un représentant de la société civile africaine qui a invité ces pays à respecter leur engagement. 

Comme mesure immédiate, M. ABDOULAYE MAR DIEYE, Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a demandé aux pays en développement de mettre en place des cadres intégrés de développement pour déterminer toutes les sources de financement possibles.  C’est ce qui a été conseillé à la Gambie qui a besoin de 2 milliards de dollars pour les deux prochaines années.  Le rôle du PNUD est d’aider les pays à multiplier leurs sources de financement, a souligné le Directeur, conscient que l’APD ne suffira pas.  En collaboration avec l’OCDE, le PNUD a lancé l’initiative « Inspecteurs des impôts sans frontières » pour aider les pays du Sud à renforcer leur contrôle fiscal.  Il a salué le succès de cette approche qui permet même aux entreprises non auditées de se conformer à la réglementation par peur des sanctions.  Le PNUD conseille également aux pays du Sud d’explorer les marchés financiers.  La Côte d’Ivoire, par exemple, vient de lancer avec succès plusieurs emprunts obligataires, a noté M. Dieye.  Nous l’avons aussi fait, a confirmé la Directrice burkinabé de la coordination et de l’efficacité de l’aide au développement.  

La tendance des marchés financiers est d’investir de plus en plus dans les projets de développement, ont relevé la plupart des intervenants.  Ma Banque, a confirmé, Mme LOTTE SCHOU-ZIBELL, Chef du Groupe du secteur finance de la Banque asiatique de développement, a investi pas moins de 17,5 milliards en 2016 et 18 milliards en 2017.  L’objectif est d’atteindre les 20 milliards en 2020 et une augmentation de 15% des investissements dans des projets de développement durable.

Notre « club » entend orienter ses membres vers la durabilité, a confirmé, à son tour, M. RÉGIS MARODON, Conseiller spécial sur « International Development Finance Club » (IDFC) à l’Agence française de développement (AFD), qui a parlé d’un groupe regroupant 23 agences de développement dotées de 800 milliards d’euros par an.  Le groupe d’experts sur le climat est déjà opérationnel et celui sur les villes durables est en création.  En attendant, le Fonds vert pour le climat manque de ressources, a noté M. KILAPARTI RAMAKRISHNA, Chef de la planification stratégique au Fonds.  Les 5 milliards de dollars dont le Fonds dispose ne peuvent couvrir toutes les demandes de financement.  Il faut renflouer le Fonds et rationaliser les procédures d’analyse des projets pour accélérer les financements.

L’animateur du débat a reconnu un autre problème, celui du « piège du revenu intermédiaire » dans lequel tombent les pays qui se voient barrer l’accès aux financements concessionnels, alors que plusieurs d’entre eux sont particulièrement vulnérables aux chocs externes et aux catastrophes naturelles.  Ces pays sont soi-disant « privilégiés » mais on oublie trop vite que, bien souvent, 60% vivent encore dans la pauvreté, a fait observer le représentant de Cuba.  Ils n’auront plus accès à l’APD, a prévenu le Conseiller spécial sur « International Development Finance Club » (IDFC) à l’Agence française de développement (AFD).  Les pays à revenu intermédiaire ont tout intérêt à prospecter les financements innovants comme les envois de fonds des travailleurs migrants et les fonds de pension, sans oublier d’améliorer leur gouvernance, et de diversifier leur économie, a ajouté le Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du PNUD.  Que dire des financements mixtes?  Ce n’est pas la panacée, a tempéré le Directeur de la coopération au développement à l’OCDE.  On n’a pas encore de données fiables pour étayer leur efficacité.

Table ronde sur la dette et les questions systémiques

Animatrice de la table ronde, la Directrice du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement, Mme MARILOU UY, a structuré les discussions autour de trois axes: l’action de l’ONU pour aider les États à rendre leur économie résiliente à l’impact des catastrophes, les mesures de prévention et d’atténuation des risques de ces catastrophes et la situation de la dette. 

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophes, Mme MAMI MIZUTORI, a indiqué que plusieurs pays et organismes internationaux ont créé des mécanismes pour décaisser rapidement des fonds et répondre aux besoins immédiats après les catastrophes, dont des polices d’assurance.  Ce qui est important, a souligné Mme Mizutori, c’est d’aider les gouvernements à comprendre les risques et de s’y préparer.  Il reste beaucoup à faire, a-t-elle avoué, pour mettre en œuvre le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Dans une bonne anticipation des risques et sans un renforcement des capacités institutionnelles dont les ministères des finances et de la planification, les stratégies nationales ne seront pas complètes, a prévenu Mme Mizutori. 

Nous avons été les premiers à créer des polices d’assurance pour les risques de catastrophe naturelles, a indiqué la chef des opérations du Dispositif d’assurance catastrophes naturelles pour les Caraïbes (CCRIF-SPC), Mme GILLIAN GOLAN.  Le CCRIF a mis au point des modèles très précis contre les conséquences des ouragans et des tremblements de terre.  Il collabore avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d’autres institutions financières internationales.  Ce modèle, qui peut être implanté dans d’autres régions, est aujourd’hui disponible dans le Pacifique.  Tout fonctionne sur le même principe mais le plus important, ce sont les cadres juridiques nationaux.  Le « système CCRIF » coûte cher, il est très sélectif et il ne couvre pas les grandes catastrophes, a prévenu le délégué de la République dominicaine. 

Les efforts de reconstruction poussant les pays à s’endetter, la table ronde s’est attardée sur la crise de la dette qui touche directement 18 pays à faible revenu dans le monde.  En outre, en dépit des réformes menées depuis la crise financière de 2008, le monde reste vulnérable aux chocs et à l’instabilité financière, a précisé l’Animatrice.  Les risques systémiques qui menacent le secteur privé ne sont pas suffisamment reconnus, a estimé le Directeur de MADHYAM, M. KAVALJIT SINGH.  Il s’est élevé contre le report en 2019 de l’entrée en vigueur des cadres de réduction des risques élaborés par le G20, et surtout les États-Unis.  Les risques sont mondiaux et aucun pays ne peut les traiter isolément.  On peut commencer avec un noyau de 30 pays, a argué M. Singh, appuyant l’idée que l’ONU est « l’endroit idéal » pour traiter de ces questions car 193 pays y sont représentés

Il faut tout de même savoir que même si 60% des pays sont dans une situation à risque d’endettement, « nous ne sommes pas encore dans une crise totale de la dette », a tempéré le Directeur adjoint au Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, M. MARK FLANAGAN.  Selon les prévisions, la vulnérabilité pourrait diminuer dans les années à venir pour autant que tous les pays prennent les mesures qui s’imposent, à savoir améliorer les partenariats public-privé, l’efficacité des investissements, multiplier les sources et mobiliser l’épargne nationale, bref améliorer la gouvernance. 

Au CNUCED, nous sommes plus alarmistes qu’au FMI, a avoué le Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), S’il a reconnu que le contexte international n’est pas « instable », M. RICHARD KOZUL-WRIGHT a mis en garde contre les facteurs de vulnérabilité, comme la dette souveraine qui a grossi depuis la crise financière.  Le Directeur a estimé qu’il faut être « attentif » à la situation des banques centrales qui peuvent devenir « agressives » avec les liquidités d’un PNB mondial en hausse de plus de 3 000 milliards de dollars, approchant les 80 000 milliards.  Les premières victimes seront toujours les pays en développement, « complètement désarmés ». 

Une étude de cas de la viabilité? Les Maldives.  L’Envoyée pour le financement du développement, Mme AZEEMA ADAM a d’abord rappelé que son pays vient d’accéder au rang de « pays à revenu intermédiaire ».  Mais le Gouvernement doit financer les infrastructures et contrer les effets des changements climatiques.  La décision est certes d’élargir l’assiette fiscale mais d’émettre, pour la première fois, des obligations pour créer des hôpitaux, agrandir l’aéroport international et éponger les dettes.  « Ce n’est pas une situation que nous avons souhaitée.  Ce que nous souhaitons, c’est l’aide de nos créanciers traditionnels. »  Le fameux cercle vicieux « développement-endettement », a commenté la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe.  Obligations, prêts prorogeables, négociations avec le Club de Paris ou intérêts fixes.  Il existe beaucoup d’instruments liés à la dette mais le plus important, a souligné le FMI, c’est de bien surveiller les risques d’endettement comme les prix des biens de consommation ou l’impact des catastrophes naturelles.  Nous ne sommes pas convaincus des réponses actuelles à la crise de la dette, a avoué la CNUCED, prônant la création d’un environnement « véritablement propice » au développement, un système commercial basé sur des règles, bref l’état de droit au niveau international.  « Pourquoi certains sont sanctionnés lorsqu’ils outrepassent les règles et d’autres pas? » 

Il est vrai, a reconnu le FMI, que le Club de Paris qui a été créé pour trouver des solutions ponctuelles aux crises, dont la restructuration de la dette, est confronté à de sérieux problèmes, après le départ de certains créanciers.  L’Argentine a fait appel à des conseillers financiers pour trouver des idées sur la restructuration de sa dette.  Nous offrons aussi des idées, a affirmé le CCRIF-SPC.  Il faut faire vite, a pressé une représentante de la société civile parce que l’endettement a un réel impact négatif sur l’exercice des droits de l’homme.  Elle a pris l’exemple de Porto Rico dont la dette dépasse les 100% du PNB.  Les milieux financiers ont la particularité de nourrir l’opacité.  Il est temps d’appliquer les directives du Conseil des droits de l’homme. 

Discussion d’experts: Encourager les investissements étrangers dans les pays en situation spéciale

Bien que les investissements aient été en hausse en 2017, le gâteau n’a pas été équitablement partagé avec les pays les moins avancés (PMA); les pays en développement sans littoral; et les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’attaquent avec peine à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les ouragans de 2017 ont prouvé la vulnérabilité des PEID aux catastrophes naturelles mais aussi la pertinence d’instruments novateurs comme les titres de créance conditionnels qui, en réduisant ou retardant les paiements du service de la dette en période de crise, peuvent atténuer les difficultés financières.

Animée M. MARC PECSRTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), Vice-Président de l’ECOSOC, a passé en revue les initiatives pour promouvoir les investissements pour les pays en situation spéciale.  C’est la Chambre de commerce qui facilite l’investissement étranger direct (IED), a par exemple indiqué, Mme KAYULA SIAME, Secrétaire permanente du Ministère zambien du commerce et de l’industrie.  Pour ce faire, le Gouvernement assume sa responsabilité de créer un bon climat des affaires.  Les parcs industriels et les zones industrielles spéciales font partie de la palette des mesures prises. 

L’IED, c’est bien mais nous visons surtout les investissements locaux, a affirmé M. KAZI AMINUL ISLAM, Président exécutif de l’Autorité d’investissement pour le développement du Bangladesh, dont le pays a mis en branle des incitations fiscales.  Comme les entrepreneurs et investisseurs honnissent la bureaucratie et la paperasse, nous avons développé des services en ligne.  Le but est de diversifier l’économie au-delà de l’industrie.  En effet, les investissements ne peuvent porter des fruits que dans un climat approprié, a insisté M. MUNA B.  NDULO, professeur de droit à « Cornell Law School » de New York.  L’IED, qui dépasse de loin l’aide publique au développement (APD), n’a pas un impact très fort sur le développement ou sur l’économie locale.  La raison en est que, par manque d’encadrement juridique, les entreprises ont tout latitude pour rapatrier leurs bénéfices, en laissant derrière une empreinte écologique catastrophique.  Les États doivent créer un « climat de confiance » avec les investisseurs, grâce à une législation adéquate.  Ils doivent s’efforcer d’orienter l’IED vers des domaines prioritaires, en améliorant les infrastructures de base et les capacités technologiques et humaines.  Il est tout aussi crucial, a expliqué le professeur, de renforcer le système financier national pour qu’il soit capable d’accompagner et de compléter l’IED. 

Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD), a présenté un programme sur le renforcement des capacités juridiques des PMA.  L’objectif est de les préparer aux négociations.  Les experts des pays en développement doivent arriver « armés » et prêts à négocier des contrats complexes de 800 pages ou plus et à démasquer les clauses cachées, a acquiescé M. Ndulo de la « Cornell Law School ».  Il a prodigué un dernier conseil: la libéralisation du commerce pour booster le développement. 

Table ronde sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

Animée par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE, de la Belgique, la table ronde a été axée sur les mesures fiscales pour améliorer la situation socioéconomique des femmes.  Que faut-il faire pour que la fiscalité bénéficie aux femmes?  La Directrice du Réseau mondial pour la justice fiscale, du Royaume-Uni, et professeure à la Faculté de droit de l’Université Queens, du Canada, Mme KATHLEEN LAHEY a estimé que pour corriger « le tir fiscal », les mesures sont simples: égalité salariale, égalité devant l’emploi, formalisation du secteur informel, accès à la propriété foncière, meilleure répartition des richesses.  Si les lois de travail restrictives étaient abrogées, le revenu des femmes augmenterait de 3 600 dollars par an.  Dans sa forme actuelle la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) coûte 41 dollars par mois aux femmes.  La TVA appauvrit la femme, en particulier dans les pays à faible revenu, a plaidé Mme Lahey.   

Nous avons mis en place un cadre juridique de discrimination positive, a indiqué la Secrétaire du développement humain et social de l’État mexicain d’Oaxaca.  Au niveau national, des lois et des politiques d’égalité entre les sexes ont été adoptées et le Gouvernement a pris soin de faire adopter une loi électorale protégeant les femmes de la violence politique et des lois spéciales sur la participation réelle des femmes à la vie économique et financière.  D’autres initiatives ont été prises comme l’établissement d’un cadre local pour le développement des micros et petites entreprises dirigées par des femmes, l’élargissement de leur accès aux crédits, des subventions à l’énergie et à la formation professionnelle. 

Quels sont les défis les plus importants?  La Chef de la recherche et de l’analyse d’informations d’ONU-Femmes, Mme SHAHRA RAZAVI a d’abord indiqué qu’à part l’objectif 5 sur « l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes », tous les autres 13 objectifs du Programme 2030 sont marqués par des lacunes « flagrantes ».  Il faudra faire beaucoup pour y remédier et la première mesure doit être la répartition équitable des richesses.  Plus de 100 pays au monde ont pris des mesures pour réduire leurs budgets nationaux, alors que ces baisses affecteront plus les femmes que les autres composantes de la société.  Elle a mis en garde contre les restrictions budgétaires car ce sont les femmes qui en « paient les pots cassés ».  Avec ou sans budget, elles assument les travaux domestiques et trouvent les moyens d’aller avec les enfants chez le médecin ou de les envoyer à l’école.  Mme Razavi en a profité pour fustiger les paradis fiscaux qui détournent des milliards de dollars, accentuant les inégalités entre Nord et Sud.  Le prix de l’inaction politique est très élevé et ce sont les femmes qui paient, s’est-elle emportée.  Au Rwanda, en 2006, les flux illicites de capitaux représentaient 52% du budget national, c’est une question sur laquelle la communauté internationale doit se pencher avec sérieux.  Une représentante de la société civile a soulevé une question, celle des envois des travailleurs migrants à leur femme.  La représentante d’ONU-Femmes a reconnu que les conditions liées à ces fonds qui rendent la vie impossible aux récipiendaires. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale invite les organismes des Nations Unies à étudier les recommandations du Secrétaire général sur le dispositif de consolidation de la paix

Soixante-douzième session,
87e séance plénière – matin
AG/12014

L’Assemblée générale invite les organismes des Nations Unies à étudier les recommandations du Secrétaire général sur le dispositif de consolidation de la paix

L’Assemblée générale a avancé, aujourd’hui, dans son processus de restructuration du dispositif onusien de consolidation et de pérennisation de la paix, en invitant les organismes de l’ONU à examiner les recommandations et propositions formulées par le Secrétaire général. 

Le Conseil de sécurité, qui s’est réuni hier sur le même sujet, devait adopter une résolution identique en fin de journée, comme les deux organes l’avaient déjà fait en 2016 en lançant ce processus.

En adoptant, à l’unanimité, la résolution sur la suite à donner au rapport* du Secrétaire général, l’Assemblée invite les organismes des Nations Unies et organes de l’Organisation compétents, notamment la Commission de consolidation de la paix (CCP), à « approfondir, étudier et envisager d’appliquer » les recommandations et propositions énoncées dans celui-ci.  L’Assemblée s’engage aussi à les examiner plus avant.

Elle prie en outre le Secrétaire général de lui présenter deux rapports, le premier, à sa soixante-treizième session, qui approfondira ses recommandations et propositions, y compris celles concernant le financement des activités de consolidation de la paix des Nations Unies.  Puis, en vue du prochain examen d’ensemble du dispositif, en 2020, le Secrétaire général devra présenter un nouveau rapport axé sur la poursuite de la mise en œuvre de la résolution initiale (70/262).

Mardi, en lançant le débat, le Secrétaire général avait présenté son objectif: forger une vision commune à l’ensemble du système des Nations Unies et y favoriser le partage de mécanismes et de capacités dans le but d’appuyer les actions entreprises par les États Membres pour consolider la paix et édifier des nations résilientes et prospères.  M. António Guterres a proposé plusieurs options en vue, notamment, d’accroître le financement des activités menées à l’ONU en appui de la consolidation de la paix.

L’adoption de la résolution vient ainsi clore un long débat de haut niveau au cours duquel, trois jours durant, les délégations n’ont cessé d’insister sur les liens intrinsèques qui unissent les concepts de consolidation et pérennisation de la paix à celui du développement.  « Les perspectives économiques et sociales à long terme - c’est là que se joue la consolidation de la paix », avait d’ailleurs déclaré le Président de la Colombie, au premier jour des discussions.

Aujourd’hui encore, les délégations ont insisté sur cet argument, ainsi que sur l’importance de la médiation, de la diplomatie et de la prévention.  Elles ont engagé l’ONU à établir des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, l’Union africaine notamment, à appuyer l’autonomisation nationale, et à veiller au financement prévisible et adéquat des activités liées à la paix. 

La nécessité d’assurer une plus grande cohérence entre les piliers paix et sécurité, développement et droits de l’homme a été souligné à plusieurs reprises, et les États Membres ont aussi appelé à mieux faire entendre la voix des femmes et des jeunes.

« Inclusion, inclusion, inclusion », a d’ailleurs martelé le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, qui a constaté que lorsqu’on invite plus d’acteurs à la table, des résultats s’ensuivent.  Il a rappelé notamment le rôle qu’avaient joué les femmes dans le règlement du conflit au Libéria, ou celui des jeunes dans les Balkans.

M. Lajčák s’est félicité que le succès du débat de haut niveau ait permis de « concrétiser une vision » et de faire évoluer la compréhension même de ce qu’est la paix, car c’est bien plus que la simple absence de guerre.  Les activités ponctuelles ne suffisent pas, il faut aussi savoir s’attaquer aux causes profondes de conflits, a-t-il souligné, tout en reconnaissant que la pérennisation de la paix ne sera pas chose aisée.

« Parvenir à la paix n’est pas un processus facile, mais la maintenir est encore plus compliqué », a témoigné l’Indonésie en tant que pays qui a connu son propre processus de transition vers l’édification d’un État démocratique et pacifique.

La Russie a toutefois appelé à débattre davantage du concept de « pérennisation de la paix », jugeant « dangereux » de transposer un modèle universel à chaque situation.  L’assistance de l’ONU doit se cantonner « aux causes profondes et pas à des paramètres flous, sans consensus », a-t-elle estimé.  Elle a également invité la CCP à suivre une approche « impartiale, transparente ».

Sur le plan du financement, si le Burkina Faso a déploré la mauvaise adéquation des fonds pour répondre aux besoins réels, les États-Unis ont estimé que l’accès au financement ne permet pas de régler tous les obstacles à la consolidation de la paix.  En tant qu’initiative récente de l’ONU « qui n’a pas encore fait ses preuves », la consolidation de la paix devrait être financée par des fonds volontaires et non par le budget du maintien de la paix, ont préféré les États-Unis.  La délégation s’est expliquée en arguant que « jeter de l’argent là où il y a conflit ne servira pas pour autant la paix ». 

Au cours de cette réunion, l’Assemblée générale a par ailleurs décidé** de reporter à une date ultérieure la Conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire, qui devait se tenir du 14 au 16 mai, ainsi que sa réunion d’organisation. 

Elle a aussi approuvé*** la proposition du Conseil économique et social (ECOSOC) d’élire l’Italie et le Tchad au Comité du programme et de la coordination, pour un mandat qui prendra fin le 31 décembre 2020. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/72/707
** A/72/L.50
*** A/72/612/Add.1

FIN DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA CONSOLIDATION ET LA PÉRENNISATION DE LA PAIX (A/72/L.49)

Déclarations

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a constaté que les conflits coûtent beaucoup plus cher que leur prévention et a appelé à faire figurer la prévention au cœur de la consolidation et de la pérennisation de la paix.  Il a invité à conjuguer les efforts à cette fin du niveau national, jusqu’aux Nations Unie en passant par les niveaux sous-régional et régional.  Le représentant a déploré que beaucoup d’efforts restent à fournir en matière de financement pour que des fonds suffisants soient alloués aux pays touchés par les conflits et a lancé un appel à une contribution plus soutenue au Fonds pour la consolidation de la paix.  Il convient aussi de canaliser et d’aligner les ressources sur les stratégies nationales et régionales pour une paix durable.

Le représentant a rappelé le rôle actif du Burkina Faso dans la création du G5 Sahel.  De nombreuses initiatives ont aussi été prises en vue d’instaurer un dialogue inclusif et permanent, notamment la création, en 2017, du Haut Conseil pour le dialogue social, chargé de répondre aux différentes revendications des travailleurs, ainsi que la création, en 2015, du Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné qu’en tant que pays qui a connu son propre processus de transition vers l’édification d’un État démocratique et pacifique, l’Indonésie est le témoin des différents défis et opportunités inhérents à la consolidation de la paix.  De son expérience, il a tiré les enseignements que parvenir à la paix n’est pas un processus facile, mais la maintenir est encore plus compliqué.  Car une paix durable nécessite un travail collectif, a-t-il fait observer, appelant à saisir ce forum pour faire avancer l’action mondiale qui promeut cet objectif.

De plus, a ajouté le délégué dont le pays coordonne, avec la Norvège, le financement de la consolidation de la paix au sein de la CCP, les efforts de consolidation de la paix de l’ONU doivent relever les défis liés au financement et leur mauvaise allocation pour répondre aux besoins réels.  « Nous avons besoin de financements adéquats et prévisibles », a-t-il insisté.  Il a souligné qu’il ne peut y avoir une paix clef en main, si les pays affectés par les conflits ne prennent pas les rênes de leur propre destinée.  Il a appelé, en conclusion, à être créatif dans « notre approche » pour soutenir les efforts de l’ONU en matière de consolidation de la paix. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué que son pays est un ferme défenseur du désarmement nucléaire mondial et de la non-prolifération.  Afin d’appuyer une approche plus holistique en matière de consolidation de la paix, le Kazakhstan a proposé une stratégie qui repose sur le renforcement des liens entre la sécurité et le développement, une approche régionale et la coordination des efforts des différentes agences et structures de l’ONU. 

M. Umarov a estimé que les mesures de rétablissement de la confiance sont « une boîte à outils puissante » pour la consolidation de la paix.  Il s’est enorgueilli du fait que la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie, initiée en 1992 par le Président Nazarbayev, compte à présent 26 États membres et ait su s’imposer sur la scène de la politique internationale.  De plus, le Kazakhstan accueille aussi les pourparlers sur la Syrie ainsi que sur l’accord nucléaire iranien, agissant de manière honnête et impartiale.

Face à la montée des conflits sectaires et de l’extrémisme violent, M. Umarov a aussi insisté sur l’importance du dialogue et du respect des identités, de la pluralité religieuse et de la diversité culturelle.  C’est dans cet esprit qu’Astana accueille depuis 2003 le Congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a jugé dommage que certaines délégations utilisent la tribune de l’Assemblée pour se faire une « publicité politique », qui « accuse sans fondement certains acteurs ».  Il s’est toutefois dit satisfait des résolutions adoptées ce jour, en ce sens qu’elles montrent une politique de concertation entre États Membres.  Le représentant a aussi souhaité que la responsabilité des pays soit renforcée dans leur individualité et leur spécificité.  Pour lui, le concept de « pérennisation de la paix » doit être davantage débattu.  S’il s’est montré d’accord pour renforcer l’action de l’ONU en la matière, le représentant a déclaré que les pays eux-mêmes devaient jouer le rôle principal au final, jugeant « important que l’ONU respecte son mandat et n’empiète pas sur les plates-bandes des autres ».

Appelant à la précaution et à l’impartialité, et se disant favorable à une résolution unique de chaque conflit, le représentant a trouvé dangereux de transposer un modèle universel à chaque situation.  L’assistance de l’ONU doit se cantonner « aux causes profondes et pas à des paramètres flous, sans consensus », a-t-il déclaré.  « Mieux vaut prévenir que guérir », a-t-il ajouté, suggérant d’« adopter le bon diagnostic, sinon le remède peut être pire que la maladie ». 

Au chapitre des droits de l’homme, le délégué a incité à la prudence, parlant d’un thème souvent « déformé », « politisé », « influencé » au sein de l’Organisation.  Pour le représentant, la solution est d’améliorer les institutions de chaque État, de consolider la paix dans la droite ligne des priorités du pays d’accueil et avec le soutien de la CCP.  À celle-ci, il a préconisé de suivre une approche « impartiale, transparente », « sans imposer des recettes toutes faites », comme une condition indispensable de son succès.

M. MAGDI AHMED MOFADAL ELNOUR (Soudan) s’est alarmé de la multiplication des conflits armés dans le monde, notant que l’absence de développement mène souvent au conflit armé, ce qui entrave ensuite les efforts de développement durable.  C’est un véritable cercle vicieux, a-t-il constaté, appelant à mettre l’accent sur l’appui aux efforts de développement des pays.  Cette assistance, a-t-il estimé, équivaudrait à une pérennisation de la paix.  Le représentant a aussi réclamé des changements structurels dans la livraison de l’aide humanitaire afin de donner des possibilités de vie décentes aux récipiendaires de cette aide et de façon à préserver leur dignité en leur permettant de devenir productifs.

Le représentant a ensuite appelé à établir les bases pour « une nouvelle génération d’opérations de consolidation de la paix ».  Il a estimé nécessaire de commencer à agir sur le terrain avant le déploiement des missions, en établissant une communication par le biais des équipes de pays.  Pour le délégué, il importe aussi d’accorder une plus grande attention à l’assistance à l’ingénierie et aux infrastructures, comme la construction de routes, ainsi qu’à la réhabilitation de terres et l’octroi des services.  Le représentant a également appelé au renforcement du rôle de l’ONU et des partenariats stratégiques, estimant par ailleurs que la coopération avec les pays hôtes et les gouvernements locaux doit tenir compte de leurs capacités.  Il a aussi invité à augmenter les contributions au Fonds pour la consolidation de la paix. 

Tournant ensuite son attention sur la situation au Darfour, il a dit que c’était l’occasion d’appliquer la nouvelle vision et de passer de la consolidation à la pérennisation de la paix.  Il a estimé qu’on pouvait transférer une partie des ressources disponibles de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) au soutien des activités de développement, en réduisant le personnel militaire et de police de la mission.  Les ressources humaines de qualité au Darfour peuvent, avec une peu d’aide internationale, jouer un rôle de levier vers un développement économique rapide, a-t-il estimé.

L’adoption, en 2015, par les États Membres dans cette même salle du Programme de développement durable à l’horizon 2030 marque le triomphe du multilatéralisme, a rappelé Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) pour qui ce « programme centré sur les peuples » traduit la volonté de ne laisser personne de côté.  Cependant, a-t-elle fait observer, ce programme inclusif et ambitieux ne doit pas se perdre dans la rhétorique.  Elle a souligné le soutien de son pays à l’idée qu’on ne peut parvenir à une paix sans développement, deux concepts qui supposent, a-t-elle rappelé, le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.

Le défi, pour nous, est de parvenir à un monde pacifique et sûr, a-t-elle poursuivi.  « Nous ne sommes pas touchés par un conflit armé mais nous souffrons de violence armée. »  En effet, a-t-elle indiqué, « le crime organisé transfrontalier est un défi pour les petits états insulaires: cela rend la gouvernance plus vulnérable, contribue à l’instabilité et menace les fondements de nos démocraties naissantes ».  Elle a souligné cette préoccupation des petits États insulaires –le sien et tous les États membres de la CARICOM– pour qui le maintien de la paix et la sécurité internationales, y compris la consolidation et la pérennisation de la paix, sont d’une importance particulière.  « Le développement durable de ces pays, a-t-elle argué, est intimement lié à la sûreté et à la sécurité de nos peuples. »

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a dit s’aligner sur l’Union européenne (UE) en incluant quelques points spécifiques à la situation serbe.  Il a d’abord approuvé le rapport du Secrétaire général et encouragé le multilatéralisme.  Le représentant a aussi mis l’accent sur le lien entre développement et pérennisation de la paix, et a souhaité rendre les bases de la société serbe plus inclusive.  Il a également noté l’importance cruciale de la cohérence entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.

La présence de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) est jugée par la Serbie comme nécessaire pour atteindre une solution pérenne dans la région et obtenir la sécurité au Kosovo et à Metohija, a-t-il dit, en jugeant cette présence indispensable pour la sécurité d’ensemble, la stabilité et la mise en place des accords atteints grâce à l’UE entre Belgrade et Pristina.  M. Milanović s’est enfin déclaré confiant pour l’avenir et l’intégration future de la région des Balkans occidentaux au sein de l’UE.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) s’est fait l’écho de récents propos de la Vice-Secrétaire générale, qui préconisait une synergie des trois piliers de l’action de l’ONU, de façon à ce qu’ils se renforcent mutuellement.  « La prévention et la paix doivent se faire dans un cadre national et inclusif », a ensuite souligné le représentant, qui a mis en exergue le rôle important des jeunes et des femmes dans ce processus, conformément aux deux résolutions jumelles, et promu le concept de pérennisation de la paix.  Le représentant a en outre souhaité que, lorsque l’ONU assiste un gouvernement national à maintenir la paix, elle le fasse au cours de toutes les étapes d’un conflit.

Le délégué a également appelé à « l’audace » et au développement de nouveaux partenariats avec la société civile, les organisations régionales et sous-régionales.  « L’Angola vit maintenant dans la paix, assurant son développement économique et social, et approfondissant sa démocratie », s’est-il félicité: « Ce succès devrait rendre fières toutes les nations du monde. »

L’actualité nous rappelle tous les jours que nous sommes loin de réaliser l’objectif de développement durable 16 sur la paix, la justice et des institutions fortes, a constaté M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie).  Il a toutefois offert l’exemple de son pays, indépendant depuis 28 ans, comme « raison d’espérer ».  Malgré les défis qui perdurent, les Namibiens sont engagés dans une politique de réconciliation qui a porté ses fruits, a-t-il fait valoir en citant les services, notamment l’électricité et l’éducation, qui ont augmenté; la mortalité maternelle et infantile et les décès dus au VIH/sida qui ont décru.  Il a salué les efforts de consolidation de la paix, entrepris avec les Nations Unies et d’autres partenaires, qui contribuent au progrès. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a salué l’accent placé, dans le cadre de la réforme du pilier « paix et sécurité », sur la prévention et la pérennisation de la paix, estimant que cela fournit le cadre nécessaire pour la coordination d’une réponse cohérente aux causes sous-jacentes des conflits.  Elle a souhaité que la réforme débouche sur une réduction des structures duplicatives, des doublons dans les mandats, ainsi que sur une plus grande transparence et responsabilisation, et une meilleure planification budgétaire.  Il importe aussi de répondre à la fragmentation institutionnelle et de veiller à la cohérence politique et opérationnelle dans l’ensemble du système, a-t-elle ajouté.

Mme Guadey a estimé qu’il sera impossible de réaliser les objectifs susmentionnés sans utiliser le plein potentiel de la CCP.  Elle a donc appelé à renforcer son rôle et à veiller à ce qu’elle continue de promouvoir une approche intégrée, stratégique et cohérente.  La déléguée a également insisté sur le rôle important du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.

La représentante a ensuite appelé à renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, les gouvernements, le secteur privé et la société civile.  Elle a notamment espéré que le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité permette une coopération plus grande dans le domaine de la consolidation et de la pérennisation de la paix en Afrique.  Notant enfin que la pérennisation de la paix est un impératif national, elle a insisté sur le fait que l’ONU et les partenaires internationaux doivent appuyer les capacités locales et nationales.

M JOAN JOSEP LÓPEZ LAVADO (Andorre) a souligné la responsabilité essentielle des États de promouvoir la paix et de prévenir les conflits.  Il s’est de nouveau engagé en faveur de la paix et du multilatéralisme, saluant l’adaptation de l’ONU aux défis actuels.  « L’Andorre est en paix depuis de nombreux siècles », s’est-il réjoui, grâce à un « pacte », une « entente, une architecture institutionnelle robuste sur laquelle s’est bâti son état de droit ».  Cependant, « la paix n’est jamais acquise », a prévenu le représentant, parlant d’une culture de la paix à préserver et d’une perspective holistique comme conditions de la réussite.

Mettant en avant l’éducation comme garante du développement d’une pensée critique, il a plaidé pour la formation de la jeunesse à une citoyenneté globale, et à une culture démocratique respectueuse de la diversité et des questions de genre.  Le délégué a, enfin, encouragé une réforme du système de développement durable, pour résoudre en amont les conflits potentiels: « la paix n’est pas seulement la résolution d’un conflit, mais un ensemble de conditions à maintenir en amont », a-t-il plaidé.

« La paix n’est pas l’absence de conflit.  Ce n’est pas simplement faire taire les armes », a dit Mme KELLEY A. ECKELS-CURRIE (États-Unis).  La paix et un processus qui se construit dans la durée, qui se forge dans la confiance, l’ouverture et la bonne foi entre le gouvernement et ses citoyens, a expliqué la déléguée.  Les missions de maintien de la paix ne peuvent à elles seules produire une paix durable, a fait observer la déléguée, expliquant que ces missions peuvent certes créer un espace pour instaurer la paix, mais doivent faire partie d’une stratégie de plus grande envergure.  Les États, pour leur part, doivent remplir leur part du contrat.  Car, pour elle, il ne peut y avoir de paix durable sur le long terme sans solutions politiques et un engagement sur le terrain. 

La représentante a estimé que l’ONU devait changer sa façon d’agir pour la réalisation de la paix.  À cet égard, les États-Unis soutiennent fermement les initiatives de réforme du Secrétaire général qui sont centrées sur la nécessité d’une plus grande intégration de toutes les parties du système des Nations Unies pour rendre l’Organisation plus efficace.  Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, soutiennent également la proposition du Secrétaire général d’intégrer le Bureau d’appui à la consolidation de la paix au Département des affaires politiques, y voyant un important changement structurel.

Abordant l’aspect financier, elle a estimé que « jeter de l’argent là où il y a conflit ne servira pas pour autant la paix ».  En effet, un accès au financement n’est pas un remède à tous les problèmes et ne réglera pas tous les obstacles qui empêchent une consolidation de la paix efficace.  En tant qu'initiative récente de l’ONU « qui n’a pas encore fait ses preuves », la consolidation de la paix doit disposer de fonds volontaires et ne pas être liée au budget du maintien de la paix, de l’avis de la délégation américaine.  La représentante a cependant préconisé de renforcer les liens opérationnels entre maintien et consolidation de la paix.  En conclusion, elle a cité le cas du Libéria comme exemple de bonnes pratiques de travail entre le Conseil de sécurité et la CCP.  Après 15 années de maintien de la paix et une élection présidentielle réussie l’année dernière, la mission de l’ONU s’est retirée et le pays a repris les rênes, a-t-elle constaté, en s’exclamant: « Quelle belle histoire pour l’ONU et quel bel exemple à appliquer dans les transitions futures! »

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a tout d’abord insisté sur l’importance de la coopération.  Il a ensuite souligné que la promotion de la sécurité et de la stabilité au Moyen-Orient nécessite l’implication et l’engagement de la communauté internationale, sur la base des principes de bons voisinages et du respect de traités internationaux.  Il s’est alarmé de la montée du terrorisme dans le monde, notant que ce fléau ne se limite pas aux actes odieux relayés par les médias.  Il a avancé que « certains pays » créent des crises dans le but de servir leurs propres intérêts.  Agissant ainsi, ils se rendent complices du terrorisme, a-t-il dénoncé.  Le représentant a ensuite fait part de l’engagement du Bahreïn à appuyer la réforme du pilier « paix et sécurité » à l’ONU.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a d’abord déploré un contexte international difficile, avec le développement de conflits inter et intra-États.  Dans ce contexte, il a jugé qu’il fallait faire plus, et appelé à ce « que les 233 milliards de dollars dépensés en interventions humanitaires, opérations de maintien de la paix et accueil de réfugiés soient redirigés vers des mécanismes taclant les signes avant-coureurs d’un conflit, et à la défense des leaderships régionaux et nationaux ».  Il a aussi plaidé pour que tous les efforts soient concentrés sur le Programme 2030.  « La pauvreté, l’exclusion sociale attisent les conflits », a-t-il rappelé, invitant à considérer la diversité comme un bénéfice, plutôt qu’une menace.

Soulignant que dans une société multiculturelle, les communautés devraient se sentir appartenir à un ensemble plus large, il a jugé le renforcement du leadership des femmes comme nécessaire, notamment dans les processus de médiation.  Concernant l’architecture du maintien de la paix, il a salué les projets de financement novateurs comme les nouveaux partenariats avec le secteur privé.  Il a enfin rappelé que la prévention de conflits violents ferait épargner au monde entre 20 et 70 milliards de dollars par an, et devrait donc devenir une priorité.

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie)a insisté sur l’importance de la prévention, de la diplomatie préventive et des mécanismes d’alerte précoce.  Il faut aussi privilégier les approches politiques pour résoudre les conflits, a-t-elle ajouté avant d’appeler à renforcer l’autonomisation nationale et de récuser les approches « taille unique ».  

La création de ponts entre les trois piliers de l’ONU, dans le but d’assurer une approche plus cohérente, s’impose également, a-t-elle ajouté, avant d’insister sur les liens entre sécurité, paix et développement durable.  Elle a aussi appuyé le rôle joué par les femmes dans la consolidation et la pérennisation de la paix, se félicitant notamment du lancement de l’opération FemWise Africa, par l’Union africaine, qui vise à renforcer leur participation aux processus de médiation et de stabilisation.

La déléguée a demandé un financement prévisible et durable pour la pérennisation de la paix, de même que le renforcement des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, à commencer par l’Union africaine.  Il ne faut pas non plus négliger la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, a-t-elle dit.  L’Algérie a, pour sa part, lancé un plan de réconciliation nationale qui a permis de rétablir la paix et la stabilité dans le pays.  La déradicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent sont des aspects essentiels des efforts engagés à cet effet, a précisé la déléguée.

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) s’est attristé que « le monde soit retourné dans une véritable guerre froide », s’inquiétant de la menace d’emploi d’armes de destruction massive.  « Il semble que la Troisième Guerre mondiale soit en cours », s’est-il alarmé, avant de nuancer son raisonnement, expliquant qu’il ne s’agissait plus de combats massifs, mais qu’un tiers de tous les États de la planète étaient impliqués dans des affrontements militaires, soit davantage que le nombre de pays participant à la Seconde Guerre mondiale.

Dans le cas du conflit syrien, il a dénoncé « l’agression du peuple syrien », des confrontations ayant atteint une ampleur critique ainsi que la « manipulation de faits au plus haut niveau ».  Jugeant la situation d’ensemble absurde, il a aussi déclaré qu’elle sonnait comme un « échec » pour l’ONU.

Se félicitant que le Bélarus soit contributeur dans un fonds de stabilité régional, le représentant bélarussien a aussi loué les initiatives de son président en matière diplomatique.  Déplorant l’extrémisme religieux, il a incité à la prudence, à la mesure et au dialogue pour maintenir la paix entre États, et a rappelé que le respect de leur responsabilité était fondamental.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a insisté sur la nécessité pour les gouvernements d’établir leurs propres projets de consolidation et de pérennisation de la paix.  Il a appelé à respecter le principe de non-ingérence, appelant les États à examiner si une intervention étrangère aide vraiment à consolider la paix, ou si elle transforme plutôt les pays en théâtre de conflit et en repère de terroristes, provoquant dans la foulée de vastes flux migratoires.  « Comment sera-t-il possible de construire une paix durable au Moyen-Orient alors que des territoires syriens sont actuellement occupés? » a lancé le représentant, pour ensuite dénoncer les sanctions économiques imposées à son pays.

Il a appelé les États qui financent le terrorisme à cesser de le faire, avertissant que le terrorisme ne cessera pas s’il n’est pas « déraciné au niveau international ».  La lutte contre le terrorisme ne pourra pas non plus être couronnée de succès si elle se fait sans l’accord des pays concernés, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a ensuite relevé qu’au cours de ce débat, le Ministre des affaires étrangères de la Turquie avait affirmé que l’intervention était justifiée pour empêcher l’émergence d’un conflit ou pour y mettre un terme.  C’est une « hypocrisie ultime », s’est emporté le représentant syrien.  Ce dernier a accusé la Turquie d’être, depuis sept ans, la principale cause du terrorisme en Syrie.  Ce pays, a-t-il dénoncé, a ouvert ses frontières aux terroristes, allant même jusqu’à établir des centres d’entraînement pour eux et à favoriser leur accès à des substances chimiques qui ont ensuite été utilisées pour commettre des crimes contre la population syrienne.

Mgr TOMASZ GRYSA, du Saint-Siège, a fait remarquer que les sociétés ne peuvent prospérer si elles sont secouées par des conflits.  De même, les citoyens ne peuvent atteindre leur plein potentiel s’ils sont pris dans le tourbillon de l’instabilité et de l’insécurité.  C’est pourquoi, il a plaidé pour le développement d’une approche commune, adoptée par les Nations Unies et l’ensemble des parties prenantes, pour la mise en place d’une stratégie globale et intégrée qui promeuve la paix en tenant compte de la responsabilité première de l’État concerné.  Il a également appelé à l’élimination de l’extrême pauvreté et au développement d’une approche innovante et de mécanismes pour faire face à la régression économique.  Le nonce a souligné la nécessité de centrer l’action sur la gouvernance, la démocratie et l’édification d’institutions étatiques, qui sont des facteurs essentiels pour la promotion de la paix. 

Parmi les autres actions que le Saint-Siège juge importantes, il a cité le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants; la promotion du rôle des femmes dans les processus de médiation et de consolidation de la paix; la coordination des responsabilités en la matière, notamment entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC; le rôle particulier du Conseil de sécurité dans la mobilisation politique internationale; et la nécessité de recourir à la diplomatie préventive et aux consultations, tout en promouvant les partenariats.  L’examen de l’architecture de la CCP, lancé en 2015, est l’occasion de renforcer la coordination et de promouvoir une approche intégrée, a-t-il relevé, avant de rappeler que dans la plupart des conflits, il n’y a pas de vainqueurs, tout le monde est perdant.  

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a remarqué que, venant d’un pays « en guerre » et « occupé » depuis « tant d’années », il pouvait paraître incongru qu’il s’exprime à la tribune sur le thème de la paix: « nous en avons été privés depuis si longtemps: nous savons qu’elle est inestimable », s’est-il expliqué.  « Les efforts pour prévenir un conflit sont bien moindres que les efforts à fournir une fois qu’il a éclaté », a confirmé l’observateur; c’est pourquoi, selon lui, prioriser une stratégie de prévention est nécessaire.

Jugeant trop difficile de retenir l’attention de la communauté internationale, « qui se tourne vers des conflits plus urgents », il a remarqué au contraire que « la diplomatie ne devrait pas suivre les gros titres, mais porter son attention sur les alertes précoces », et faire fi des cycles médiatiques.

Les trois piliers de l’ONU étant indissociables, selon le délégué, il faut des efforts constants pour les maintenir liés, ainsi que le respect absolu du droit international.  Ces efforts, a-t-il précisé, doivent inclure l’ONU, les gouvernements nationaux et la société civile; inclure aussi les femmes et les jeunes, « dont l’énergie peut changer la donne et modeler l’avenir ».

Se plaignant d’être « privé de ses droits », déplorant « l’échec du multilatéralisme » et la pratique d’une politique de « deux poids, deux mesures », l’observateur a dénoncé un « statut d’exception » à l’égard d’Israël, « qui lui fait échapper à la redevabilité ».  Il a enfin regretté un manque de consensus, ainsi que « le non-respect du droit des Palestiniens à une paix juste ».  « L’impunité est l’ennemi de la paix », a-t-il conclu, plaidant pour un « réengagement » des idéaux de l’ONU et le « respect du droit ».

Sans dialogue entre les anciens et nouveaux protagonistes, la réconciliation est impossible, a estimé M. ANDREA CARONI, de l’Union interparlementaire.  Il est vrai, a-t-il poursuivi, que les antagonismes et les divergences sont inévitables dans une société.  C’est pourquoi, il est indispensable, selon lui, de disposer de plateformes pour agir de manière constructive, avec pour objectif d’arriver à un compromis.  Au niveau national, le parlement peut conduire ce dialogue, a-t-il dit, soulignant qu’il ne peut y avoir meilleur allié pour le programme de paix durable de l’ONU.

Alors que l’ONU est en train d’entreprendre des réformes pour mieux appréhender et prévenir les conflits à travers le monde, il est préoccupant que les parlements soient souvent les oubliés des débats clefs de l’ONU, a relevé le représentant.  Les parlements, a poursuivi M. Caroni, ont pourtant un rôle clef à jouer dans la pérennisation de la paix.  Il a rappelé que l’Union interparlementaire a, elle-même, été créée pour justement promouvoir le dialogue et la résolution pacifique des conflits. 

M. FRANCISCO ROJAS-ARAVENA, recteur de l’Université pour la paix, a estimé que les conflits et crises complexes exigent de meilleures analyses.  Il a appelé à créer des plateformes opérationnelles pour interconnecter les trois piliers de l’ONU et leur permettre de contribuer à la désescalade des tensions.  M. Rojas-Aravena a insisté sur l’importance de l’éducation à la paix, c’est-à-dire, a-t-il expliqué, l’éducation à la non-violence et au respect de la diversité, entre autres.  Il a également insisté sur l’importance de la prévention et la nécessité de former une nouvelle génération de dirigeants, ainsi que sur le rôle des femmes et des jeunes sur les questions de paix.

Pour M. PATRIZIO M. CIVILI, de l’Organisation internationale de droit du développement(OIDD), l’accès à la justice et la jouissance de l’état de droit sont des éléments cruciaux pour un développement inclusif et durable.  Ils sont également essentiels pour une paix durable et pérenne.  De nombreuses causes sont à l’origine des conflits, a souligné M. Civili, citant la discrimination et l’exclusion, la répartition inégale des richesses, les violations des droits de l’homme, la corruption ou encore l’absence de responsabilité.  L’importance de l’état de droit en matière de consolidation et de pérennisation de la paix est évidente, sa mise en œuvre l’est moins et se heurte à de nombreux défis, ce qui rend ce débat de haut niveau et les propositions du Secrétaire général d’une importance vitale, a-t-il poursuivi.

L’OIDD, qui travaille sur le terrain dans des pays affectés par des conflits dans diverses régions à travers le monde, a préconisé une réforme significative et durable du secteur de la justice.  Pour ce faire, le représentant a encouragé à un investissement durable dans ce secteur.  Il a, en conclusion, souligné la détermination de son organisation à poursuivre son action aux côtés d’autres organisations internationales et régionales ainsi qu’avec les acteurs nationaux pour l’édification d’une paix durable, en adéquation avec l’appel du Secrétaire général qui a préconisé un engagement actif d’un vaste éventail d’acteurs pour agir dans la restructuration de la paix et du développement. 

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’Assemblée générale, M. MIROSLAV LAJČÁK, s’est félicité du succès de cette réunion qui a permis de concrétiser une vision et d’aller de l’avant.  Notre compréhension même de la paix a changé, a-t-il constaté: c’est plus que la simple absence de guerre, ce qui signifie que les activités ponctuelles ne suffisent pas.  Il faut, a-t-il dit, s’attaquer aux causes profondes des conflits.  La pérennisation de la paix ne sera cependant pas chose aisée, a-t-il reconnu, car, comme l’a dit le Président de la Colombie, il est plus facile de faire taire les canons que de consolider la paix.

La prévention n’est pas un concept abstrait, a-t-il enchaîné, en constatant que des approches plus cohérentes en la matière se dégagent déjà au niveau national, par exemple en Gambie ou au Malawi, tandis que la CCP s’attèle à jeter des ponts entre les trois piliers des Nations Unies.  Il a ensuite souligné que la pérennisation de la paix ne peut se faire à moins d’être prise en main par les acteurs nationaux.

« Inclusion, inclusion, inclusion », a martelé M. Lajčák qui a constaté que lorsqu’on invite plus d’acteurs à la table, des résultats s’ensuivent.  Il a notamment rappelé le rôle des femmes dans le règlement du conflit au Libéria, ou celui des jeunes dans les Balkans.  Il a aussi appelé le secteur privé à jouer un rôle plus important pour « pacifier la planète ».

Le Président de l’Assemblée générale a aussi vu dans le Programme 2030 un plan essentiel pour l’avènement de sociétés plus justes, pacifiques et résilientes et a appelé à se pencher davantage sur la manière dont ces opérations participent à la pérennisation de la paix.  Il a aussi insisté sur l’importance du financement. 

« Cette réunion a été un franc succès, mais sur le terrain, les perspectives de paix sont encore bien trop éloignées pour encore beaucoup trop de personnes », a—t-il déploré.  « La pérennisation de la paix repose sur nos épaules à tous, et c’est pour cela que nous avons tant à perdre si nous décidons d’emprunter une voie dangereuse. »

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a dénoncé les remarques du représentant de l’Arabie saoudite à l’égard de son pays.  Il a ensuite critiqué l’intervention militaire saoudienne au Yémen, y voyant la raison de l’escalade de la crise dans le pays, et loué l’initiative pour le dialogue régional.  Le terme « golfe Persique » ne doit pas être modifié à cause d’idées politiques, a-t-il ajouté.

Le représentant de la Turquie a rejeté les accusations du régime syrien.  « Le régime syrien a perdu sa légitimité depuis bien longtemps et massacre sa population », a-t-il ajouté.

Le représentant de la République arabe syrienne a affirmé que le régime turc avait collaboré avec d’autres pays de la région pour appuyer des groupes terroristes.  Il a accusé le régime turc d’avoir ouvert les frontières de la Turquie aux terroristes, et ouvert un centre de formation sur le sol turc pour les guider, leur apprendre à utiliser les armes chimiques, faire entrer sur le sol syrien des armes et des poisons pour les utiliser contre les civils en Syrie.  « Le régime turc appuie les terroristes sur le territoire syrien », a-t-il martelé.

Reprenant la parole, le représentant de la Turquie a rejeté l’intervention de la délégation syrienne dans son ensemble.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine le dispositif de consolidation de la paix de l’ONU et réfléchit avec le Secrétaire général à la pérennisation de la paix

8243e séance – après-midi
CS/13316

Le Conseil de sécurité examine le dispositif de consolidation de la paix de l’ONU et réfléchit avec le Secrétaire général à la pérennisation de la paix

Parallèlement à la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la consolidation et la pérennisation de la paix, le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, une séance d’information au niveau ministériel sur le même thème, présidée par le Ministre des relations extérieures du Pérou, M. Néstor Popolizio Bardales.  Au début de la réunion, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a déclaré que la consolidation et la pérennisation de la paix requièrent des partenariats solides au-delà des Nations Unies, pour appuyer des solutions nationales.  Un avis partagé par le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Dan Neculăescu, et par le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Smail Chergui.

Comme en 2016, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité devraient affirmer de concert leur attachement à la consolidation et à la pérennisation de la paix, en adoptant demain deux résolutions identiques sur le fond.

M. Guterres a rappelé qu’il propose, dans son rapport sur la question, plusieurs options en vue d’accroître le financement des activités de consolidation de la paix de l’ONU, de les restructurer et de mieux hiérarchiser les priorités, au moyen notamment de contributions statutaires et volontaires –une idée déjà rejetée par les États-Unis- et de financements innovants.  Il a renouvelé son appel en faveur d’un « pas de géant » à réaliser dans le soutien apporté par les États Membres aux travaux essentiels du Fonds pour la consolidation de la paix.

Pour le Secrétaire général, concentrer nos efforts sur la réponse aux crises a un coût humain et financier intenable.  Il a donc recommandé, une fois de plus, d’investir dans la prévention.  De même, la consolidation et la pérennisation de la paix requièrent que nous nous attaquions aux racines des conflits des crises, souvent la pauvreté, l’exclusion, l’inégalité, la discrimination et les violations des droits de l’homme, a-t-il déclaré.

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 apparaît au Secrétaire général comme le modèle permettant d’aborder ces causes profondes et créer des sociétés plus pacifiques, stables et résilientes, fondées sur une mondialisation juste.  « Le développement durable inclusif est une fin en soi », a-t-il justifié, « mais c’est aussi le meilleur outil du monde contre les conflits violents et l’instabilité ».

Secrétaire d’État aux affaires régionales et aux affaires multilatérales internationales de la Roumanie, M. Neculăescu, qui à ce titre intervenait comme Président de la CCP, a insisté sur le rôle de pont que joue celle-ci entre les différents acteurs concernés, ainsi que sur son objectif de renforcement des partenariats avec les organisations régionales, les institutions financières internationales, la société civile, les groupes de jeunes et de femmes et le secteur privé.  Il a cité en exemple différentes situations dont la Commission est saisie avec succès, comme au Sahel, au Libéria ou en Gambie.

M. Chergui a pour sa part expliqué la double approche de prévention et de stabilisation que l’Union africaine a de la consolidation de la paix en citant différentes interventions, de la République centrafricaine à Madagascar et du Libéria à la région sahélo-saharienne ou à la Somalie.  Le Commissaire a souhaité que le Conseil de sécurité réponde positivement aux demandes de financement de l’Union africaine, les jugeant toutes légitimes, puisque financer les efforts pour la paix en Afrique relève aussi d’une stratégie internationale visant à répondre à la nature complexe et interconnectée des menaces à la paix et à la sécurité internationales.

Rappelant le processus de pérennisation de la paix mené dans son propre pays depuis le départ en 2017 de l’opération de maintien de la paix qui s’y trouvait depuis 13 ans, le Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, M. Marcel Amon-Tanoh, a expliqué que les attentes des pays en sortie de crise étaient importantes et posé trois principes pour l’action de l’ONU et de ses partenaires: relèvement ou renforcement de l’État concerné, cohérence dans l’action et mobilisation de ressources suffisantes.

Son homologue de la Suède, Mme Margot Wallström, a appelé au renforcement de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, qui comprennent mieux leur environnement et agissent comme « les yeux et les oreilles sur le terrain » de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.  Elle a en outre annoncé le doublement de la contribution de son pays au Fonds pour la consolidation de la paix.

Si M. Popolizio Bardales a estimé qu’il « n’existe pas de modèle unique pour parvenir à une paix pérenne », il a ajouté que les États devaient néanmoins travailler la main dans la main pour relever des défis communs qui sont à même de devenir des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Citant les changements climatiques, la désertification, l’inégalité, la corruption, l’armement ou l’extrémisme violent, le Ministre des affaires étrangères du Pérou a jugé évidente la relation de cause à effet entre ces phénomènes et la prolifération de conflits et de crises humanitaires. 

Si elle a comme d’autres appelé à « changer de méthode de réflexion pour garantir une paix pérenne » et estimé que, dans l’ensemble, les réformes voulues par le Secrétaire général donneraient de bons résultats, la représentante des États-Unis a rejeté l’idée de consacrer un pourcentage du budget du maintien de la paix à la CCP.  Elle a en revanche plaidé pour intégrer davantage les ressources et pour améliorer la planification des stratégies de sortie des opérations de maintien de la paix, lesquelles doivent être « viables ». 

La Fédération de Russie se montre quant à elle « sceptique » face au concept de pérennisation de la paix.  Si les recommandations du Secrétaire général peuvent constituer un bon point de départ pour les discussions entre États Membres, elles ne doivent pas reléguer au second plan les tâches cruciales de la consolidation de la paix, a déclaré son représentant, qui a rappelé que tout effort de paix devait être avalisé par le pays concerné.  Il a en outre souhaité une « interprétation adéquate » du consensus entre l’Assemblée générale et le Conseil sur la pérennisation de la paix, qui, lui, est apparu « à maints égards artificiel ».

CONSOLIDATION ET PERENNISATION DE LA PAIX (S/2018/43)

Lettre datée du 9 avril 2018, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Pérou auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/325)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTTERES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la consolidation et la pérennisation de la paix requièrent des partenariats solides au-delà des Nations Unies, pour appuyer des solutions nationales.

Nous avons besoin, a-t-il expliqué, d’une approche large et inclusive, œuvrant avec les autorités des pays hôtes, les autorités régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, dont la Banque mondiale et d’autres donateurs multilatéraux, le milieu des affaires, la société civile et des acteurs locaux.

La Commission de consolidation de la paix peut apporter une grande cohésion stratégique à ces efforts internationaux, en tant que plateforme pour la complémentarité et le partenariat à travers les piliers de l’ONU, a précisé le Secrétaire général.  Elle apporte aussi des voix nationales et locales à la discussion.

M. Guterres a demandé au Conseil de sécurité de faire fond sur l’exemple du Sahel pour parvenir à une plus grande cohérence opérationnelle et politique dans d’autres contextes et situations.

Pour consolider la paix, a poursuivi le Secrétaire général, il faut inclure ceux qui sont souvent marginalisés et exclus, à savoir les femmes et les filles, les personnes âgées, les jeunes, les personnes handicapées et les minorités.  Les jeunes jouent un rôle clef dans la consolidation de la paix, a rappelé M. Guterres, et « nous devons travailler avec et pour eux bien plus efficacement ».

La consolidation et la pérennisation de la paix requièrent aussi que nous nous attaquions aux racines des conflits des crises, souvent la pauvreté, l’exclusion, l’inégalité, la discrimination et les violations des droits de l’homme, a encore déclaré le Secrétaire général.

Concentrer nos efforts sur la réponse aux crises a un coût humain et financier intenable, a souligné M. Guterres, recommandant une fois de plus d’investir dans la prévention.  « Le développement durable inclusif est une fin en soi », a-t-il justifié.  « Mais c’est aussi le meilleur outil du monde contre les conflits violents et l’instabilité. »

Pour le Secrétaire général, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est notre modèle pour aborder ces causes profondes et créer des sociétés plus pacifiques, stables et résilientes, fondées sur une mondialisation juste.

Le Secrétaire général a évoqué le renforcement du Bureau d’appui pour la consolidation de la paix.  Il a rappelé la proposition de son rapport visant à augmenter de 50% le nombre de postes permanents au Bureau, ajoutant que ce pourrait être fait sans engager de frais supplémentaires, grâce aux économies découlant des gains d’efficacité réalisés par la réforme.

Les soldats de maintien de la paix ont un rôle particulièrement important à jouer, a ensuite déclaré M. Guterres, qui a rappelé que les résolutions identiques adoptée, il y a deux ans, par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité à l’issue de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix avaient reconnu la contribution apportée par les opérations de maintien de la paix.  L’objectif des opérations de maintien de la paix, a-t-il répété, est de créer un espace pour le processus politique.  Elles jouent un rôle vital pour contenir la violence et protéger les civils, tout en donnant le temps aux solutions politiques de s’établir.

Le Secrétaire général a ensuite rappelé l’initiative « Action pour le maintien de la paix », qu’il a présentée au Conseil de sécurité le mois dernier afin de créer des opérations de maintien de la paix adaptées aux défis auxquels nous faisons face, a poursuivi.

M. Guterres a rappelé que, dans son rapport sur la consolidation et la pérennisation de la paix, il propose plusieurs options en vue d’accroître le financement des activités de consolidation de la paix de l’ONU, de le restructurer et de mieux hiérarchiser les priorités, au moyen notamment de contributions statutaires et volontaires et de financements innovants. Il a notamment salué dans le Fonds pour la consolidation de la paix « un instrument clef » pour renforcer la cohérence de l’ensemble de nos activités et de nos partenariats en la matière, ainsi qu’un catalyseur pour inciter les autres à agir. Le Secrétaire général a ensuite renouvelé son appel en faveur d’un « pas de géant » dans le soutien apporté par les États Membres aux travaux essentiels du Fonds.

« Nous avons eu, ces deux derniers jours, des débats enrichissants sur la façon dont nous consolidons et pérennisons la paix, comme la médiation, le règlement des conflits, le maintien de la paix et le soutien à des institutions efficaces et responsables », a enfin résumé le Secrétaire général qui a conclu par un appel: « Le moment est venu de passer à l’acte. »   

 M. DAN NECULĂESCU, Secrétaire d’État aux affaires régionales et aux affaires multilatérales internationales de la Roumanie, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a insisté sur le rôle de pont de la Commission entre les différents acteurs concernés et son objectif de renforcer les partenariats avec les organisations régionales, les institutions financières internationales, la société civile, les groupes de jeunes et de femmes et le secteur privé.

Le Président de la CCP a passé en revue différentes situations dont est saisie la Commission, à commencer par le Sahel.  Dans cette région, la CCP a travaillé avec le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel afin d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel, a-t-il ainsi expliqué.  Il a estimé qu’en mettant l’accent sur les questions régionales avec le consentement des pays concernés, la Commission jouait un rôle important en vue de la promotion d’une approche intégrée et stratégique de pérennisation de la paix dans la région.

S’agissant du Libéria, pays inscrit à l’ordre du jour de la CCP et où une opération de maintien de la paix vient de s’achever, M. Neculăescu a indiqué que la Commission avait apporté son appui aux autorités nationales et organisé des réunions en vue de préparer les prochaines élections et la transition onusienne en cours.  À propos de la Gambie, il a précisé que les discussions de la Commission avec les nouvelles autorités avaient visé à mobiliser un soutien en faveur du pays, engagé dans une transition critique.  « Ces exemples montrent le rôle de pont joué par la Commission entre les trois principaux organes de l’ONU », a estimé M. Neculăescu, ajoutant que le travail de la CCP améliorait l’efficacité des efforts onusiens sur le terrain.

Enfin, en plus des situations inscrites à l’ordre du jour de la Commission et faisant l’objet d’un suivi par une formation nationale de la CCP, cette dernière a considéré ces deux dernières années, toujours avec le consentement des autorités concernées, les situations en Colombie, au Burkina Faso ou encore au Sri Lanka, a déclaré le Président.  Il a vu là un exemple de la souplesse des méthodes de la Commission.  « La CCP a mis l’accent sur les situations régionales et sous-régionales et renforcé ses liens avec l’Union africaine et la Banque mondiale, ainsi que ses synergies avec le Fonds pour la consolidation de la paix », a-t-il conclu.

M. SMAIL CHERGUI, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, a expliqué la double dimension de l’approche que l’Union africaine a de la consolidation de la paix: la prévention et la stabilisation.  À ce jour, l’Union africaine a ainsi soutenu la République centrafricaine, le Libéria, Madagascar, la Guinée-Bissau, le bassin du lac Tchad, la région sahélo-saharienne et la Somalie dans un large éventail de domaines, y compris le renforcement des institutions de droits de l’homme, la mise à niveau des établissements sanitaires, le renforcement des institutions éducatives, la réforme du secteur de la sécurité et la réforme de l’état de droit.  À l’heure actuelle, l’Union africaine est aussi en train de déployer des conseillers techniques pour soutenir la réforme du secteur de la sécurité et les processus de justice transitionnelle en Gambie. 

L’Union africaine prévoit également d’augmenter ses efforts de stabilisation sur le continent, a poursuivi M. Chergui.  L’objectif est de gérer la transition de la stabilisation initiale, marquée par une forte empreinte militaire, vers la consolidation de la paix à long terme, focalisée sur la reconstruction, la revitalisation des services publics et le développement socioéconomique et politique à court et moyen termes. 

Dans le bassin du lac Tchad, l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad parachèvent la stratégie visant à rationaliser les nombreuses initiatives de stabilisation des régions touchées par Boko Haram.  De la même manière, elles sont en train de renforcer les efforts de stabilisation de la Somalie à travers la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) et celle du Soudan par l’intermédiaire de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).

Les rechutes récentes de plusieurs pays en situation de postconflit dans la violence et l’instabilité soulignent la nécessité de faire plus pour aborder, de manière cohérente, les structures, les attitudes et les facteurs qui perpétuent les conflits et l’instabilité, a averti M. Chergui.  Le Commissaire de l’Union africaine a ensuite souligné les efforts visant à parvenir à la paix durable en Afrique en mettant l’accent sur plusieurs priorités: le renforcement urgent de la coopération dans le domaine de la prévention; l’adoption d’un nouveau paradigme centré sur la personne et accordant une attention particulière aux dividendes de la paix, en particulier pour les femmes; l’établissement d’une coopération étroite et de partenariats entre les acteurs internationaux, nationaux et régionaux; enfin des efforts pour mobiliser les ressources adéquates pour la mise en œuvre de ces priorités ainsi définies.

Pour M. Chergui, les progrès réalisés en deux ans dans l’opérationnalisation du Fonds pour la paix de l’Union africaine, qui a d’ores et déjà reçu les deux tiers des contributions prévues pour 2018, montre la détermination de l’organisation continentale.  Ce Fonds est organisé sur trois axes: la diplomatie préventive, la capacité institutionnelle et le financement des opérations de soutien à la paix, a-t-il rappelé.

Le Commissaire a souhaité que les efforts de l’Union africaine aident à convaincre le Conseil de sécurité de répondre positivement à ses demandes de financement.  Ces demandes sont toutes légitimes, a-t-il insisté, et financer les efforts pour la paix en Afrique devrait être considéré non pas comme une priorité uniquement africaine, mais comme une stratégie internationale incontournable visant à répondre à la nature complexe et interconnectée des menaces à la paix et à la sécurité internationales.

M. NÉSTOR FRANCISCO POPOLIZIO BARDALES, Ministre des relations extérieures du Pérou, a souligné l’importance de prévenir et de régler les conflits avec davantage de cohérence et d’efficacité, en s’attaquant à bras le corps à leurs causes profondes.  Le Pérou, a-t-il souligné, a proposé un projet de résolution sur le fond identique à celui que doit adopter l’Assemblée générale demain, à l’issue de son débat de haut niveau sur le même thème.  Le Pérou négocie par ailleurs actuellement avec la Suède un projet de résolution sur le thème « les jeunes, la paix et la sécurité », une question aussi importante que la participation des femmes, a-t-il fait remarquer.

Le Pérou, qui préside le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, est soucieux de couper les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, a poursuivi M. Popolizio Bardales.  Le Ministre a évoqué l’expérience de son pays en matière de consolidation pacifique et démocratique après une période de conflit dramatique, à travers la promotion des droits de l’homme et du développement.

« Il n’y a pas de modèle unique pour parvenir à une paix pérenne », a poursuivi M. Popolizio Bardales.  Chaque pays droit trouver sa voie avec l’appui opportun de la communauté internationale.  Toutefois, a-t-il ajouté, nous devons travailler la main dans la main pour relever des défis communs qui sont à même de devenir des menaces à la paix et à la sécurité internationales, comme les changements climatiques, la désertification, l’inégalité, la corruption, l’armement ou l’extrémisme violent.  Pour le Ministre, il existe de toute évidence une relation de cause à effet entre ces phénomènes et la prolifération de conflits violents et de crises humanitaires, qui ont donné ces dernières années beaucoup plus de travail au Conseil de sécurité.  

M. Popolizio Bardales a plaidé pour un renforcement du multilatéralisme et un accent mis sur la prévention.  Pour lui, l’ONU et le Conseil de sécurité doivent aider les pays à renforcer leurs capacités nationales.  Le Conseil doit aussi adopter une approche plus systématique en matière de prévention des conflits, en s’appuyant sur des analyses de risques et sur des plans de gestion.  Il faut également promouvoir davantage de synergies entre les opérations de maintien de la paix et les agences, fonds et programmes de développement des Nations Unies, et coopérer avec les organisations régionales et sous-régionales, les pays voisins, les pays donateurs et les institutions financières.

« La paix pérenne doit être l’ultime objectif de toutes les missions de ce Conseil de sécurité », a ajouté Le Ministre, qui a jugé nécessaire d’adopter au cas par cas des stratégies de sortie pour les opérations de maintien de la paix, coordonnées avec les équipes de pays.  Enfin, a-t-il conclu, l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à l’édification de société pacifiques, représente « un cadre normatif universel approprié pour que les Nations Unies appuient les efforts nationaux de consolidation et de pérennisation de la paix ».

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a rappelé que ce 25 avril était un jour spécial, car commémorant la révolution des Œillets qui a mis fin à la dictature au Portugal et, dans le même temps, de l’ordre colonial dans de nombreux pays lusophones.  Pour La Ministre, cet exemple, qui a inspiré une génération d’Européens, y compris elle-même, oblige à réfléchir sur le tissu de la paix durable.  C’est également l’engagement en faveur de la paix qui a inspiré les dirigeants européens après deux guerres mondiales dévastatrices, a poursuivi la Ministre, qui, évoquant les conflits qui ensanglantent la planète, a demandé si le monde était prêt à payer le prix d’une absence de prévention.  « Maintenant, nous devons agir », a-t-elle déclaré en soulignant que « nous ne pouvons pas rester coincés par des débats conceptuels ».  C’est pourquoi la Suède fait trois propositions pour la pérennisation de la paix.

Pour Mme Wallström, il faut d’abord renforcer l’égalité et l’appropriation nationale inclusive.  La Ministre a souligné qu’aucune paix ne pouvait prétendre à la durée si elle ne tenait pas compte de la moitié de la population que sont les femmes.  Il faut donc que le Conseil s’attèle à assurer la pleine participation des femmes à la paix et la sécurité, « pas pour le bien des femmes, mais pour la paix », a-t-elle expliqué.

La deuxième proposition suédoise consiste à améliorer l’alerte précoce et à s’engager en faveur d’actions de prévention.  Elle a pris pour exemple la situation qui prévalait en Gambie l’année dernière pour relever combien la diplomatie active, au niveau sous-régional à travers la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), renforcée au niveau régional par l’Union africaine et avec le plein soutien du Conseil de sécurité, avait permis de mettre fin à la crise.  Cet exemple montre que nous avons des outils à notre disposition que nous pouvons utiliser pour des actions précoces, a fait valoir la Ministre.

En troisième lieu, Mme Wallström a invité à cibler les différents moteurs de conflit grâce à une action concertée.  Elle a ainsi plaidé pour une action coordonnée de la communauté internationale, parlant même d’une « vraie collaboration » qui, tout en tenant compte du mandat de chaque organe de l’ONU, permettrait d’obtenir des résultats meilleurs que la somme des résultats obtenus par chaque organe pris séparément.  Elle a en outre appelé au renforcement de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, voyant en celles-ci « les yeux et oreilles sur le terrain » et ajoutant qu’elles comprennent mieux leur environnement, peuvent intervenir là où le Conseil ne le peut pas et ont, à de multiples reprises, prouvé leur valeur.  

Mme Wallström a aussi salué le rôle catalytique que joue le Fonds pour la consolidation de la paix, auquel la Suède a décidé de doubler sa contribution.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) est un outil pour favoriser l’action collaborative et les partenariats, a encore déclaré la Ministre, qui a préconisé davantage d’interactions formelles ou non, entre celle-ci et le Conseil de sécurité.

M. MARCEL AMON-TANOH, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, qui a rappelé le processus de pérennisation de la paix mené dans son propre pays depuis la fermeture de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire en 2017, a estimé que le débat de ce jour traduisait bien l’importance de la réforme de la consolidation et de la pérennisation de la paix menée avec pour objectif de mieux accompagner les pays en situation postconflit et leur éviter tout retour à l’état de belligérance.  Les attentes des pays en sortie de crise sont importantes, a déclaré le Ministre.  Nous devons continuer à servir de caution au déploiement des partenaires au développement, dans les premiers temps de la reconstruction postconflit. 

Sur la base de l’expérience de la Côte d’Ivoire, M. Amon-Tanoh a ensuite jugé possible de poser quelques principes.  En premier lieu, l’action de l’ONU et des autres partenaires devrait consister soit à renforcer l’État lorsqu’il existe, soit à le rétablir lorsqu’il s’est effondré.  En deuxième lieu, pour être efficace sur le terrain, l’ONU doit afficher une grande cohérence et intervenir sous une entité unique.  Elle doit pour cela mettre fin à la dispersion de ses ressources et de ses actions, constatée dans plusieurs théâtres postconflit.  Il s’agit donc de mettre résolument en avant sa vision d’« une ONU ».  En troisième lieu, les États Membres et les partenaires au développement doivent mobiliser les ressources nécessaires au profit des Nations Unies dans le cadre du financement des actions de consolidation et de pérennisation de la paix par le Fonds pour la consolidation de la paix. 

Forte des enseignements de sa propre expérience, la Côte d’Ivoire soutient le projet de réforme proposé par le Secrétaire général, car elle estime qu’il dresse les contours d’une architecture de consolidation de la paix plus efficace.  Le Ministre a ensuite appelé les pays développés, les partenaires multilatéraux et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires au financement du développement et du Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a enfin souligné le rôle de la diplomatie préventive et notamment celui des mécanismes d’alerte rapide, encourageant les Nations Unies à leur accorder davantage d’attention.

M. ANDRÉ HASPELS, Vice-Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a souligné que le travail de consolidation de la paix n’est jamais terminé, car la paix se construit avant, pendant et bien après les conflits.  Il a dit venir d’un pays qui sait, 70 ans après avoir connu la guerre, que la paix n’est pas donnée; elle demande d’y travailler chaque jour.  Pérenniser la paix signifie pérenniser l’engagement, ici à l’ONU comme dans les différents pays. 

En ce qui concerne les Pays-Bas, la prévention des conflits est la pierre angulaire de la nouvelle stratégie gouvernementale intégrée de sécurité et des politiques d’aide et de commerce.  C’est en outre leur préoccupation majeure en tant que membre du Conseil de sécurité cette année, comme cela fut le cas pour leur mandat de 1999-2000.  C’est aussi pourquoi les Pays-Bas ont décidé, des années auparavant, de contribuer à la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali, parce que la paix pérenne est certes utile pour les peuples afghan et malien, mais contribue également à la stabilité en Europe. 

M. Haspels a ensuite rappelé que la prévention des conflits requiert de comprendre les causes profondes des conflits.  Il a ainsi appelé à respecter les droits fondamentaux de l’homme, l’état de droit et la dignité humaine, qui sont les fondements de la liberté, de la justice et de la paix.  Il a en outre estimé que la mise en œuvre des objectifs de développement durable représentait la meilleure stratégie universelle pour pérenniser la paix.  Les Pays-Bas ont rejoint le mouvement « Pathfinders for SDG 16’S goal » afin de mieux stimuler la mise en œuvre de cet objectif relatif à « l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable ».  Le Vice-Ministre a également plaidé pour la promotion des négociations et processus politiques ouverts. 

M. Haspels a par ailleurs souligné le rôle fondamental de la Commission de consolidation de la paix pour parvenir à des approches cohérentes intégrant tous les piliers de l’ONU, afin de faire de la consolidation de la paix une réalité.  Il faut donc renforcer notre coopération, et le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix doivent se compléter mutuellement pour préparer la transition au sein des opérations de maintien de la paix, a-t-il déclaré.  À cet égard, il a cité le Libéria comme un exemple de succès.  Ces exemples montrent aussi que le Conseil de sécurité possède les outils nécessaires pour prévenir les conflits et assurer une paix pérenne, a ajouté le Vice-Ministre.  Mais, sans volonté politique, le seul résultat est l’impasse irresponsable, et le conflit sanglant de Syrie démontre les conséquences du manque d’action du Conseil de sécurité, a également fait observer M. Haspels.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a jugé « vitale » la relation entre l’ONU et l’Union africaine.  Il a aussi rappelé que les violations massives de droits de l’homme étaient souvent un signe annonciateur de conflit.  Il a appuyé la vision du Secrétaire général en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, en particulier l’attention nouvelle qu’il souhaite voir apporter à la prévention des conflits. 

La pérennisation de la paix devrait être une priorité partagée par l’ensemble du système de Nations Unies, a poursuivi le représentant, qui a fixé trois priorités: un partenariat pour la paix plus fort entre l’ONU et la Banque mondiale, davantage de diplomatie préventive au sein des Nations Unies, et des transitions plus souples vers et à partir des opérations de maintien de la paix.  Dès lors que nous décidons du déploiement de Casques bleus, nous devons penser à une stratégie de sortie, a en outre insisté le représentant, qui a souhaité que tous les acteurs pertinents œuvrent de concert pour assurer le bon succès d’une transition, comme au Libéria.  Enfin, il a souhaité davantage de créativité pour élargir la base des contributeurs à la consolidation de la paix, et davantage de partenariats.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a indiqué que « nous sommes loin de l’époque où l’ONU ne s’intéressait aux crises qu’à travers les opérations de maintien de la paix ».  C’est désormais l’ensemble du cycle du conflit qui est pris en compte, dans une continuité « prévention, maintien et consolidation de la paix ».  Le représentant a relevé que nombre de conflits et de guerres civiles trouvent leur origine dans les fragilités en termes de développement et de gouvernance, celles-là mêmes que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 entend combattre.  Il faut donc une approche transversale et intégrée qui allie, dans la durée, actions sécuritaires, humanitaires, politiques, de développement, de promotion des droits de l’homme et de lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, tout en rassemblant dans une approche commune l’ensemble des partenaires.

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit renforcer son action de prévention, a noté M. Delattre en rappelant que l’ONU est née d’un objectif de prévention.  Le Conseil doit donc être en mesure d’anticiper les risques de crise grâce à un système d’alerte précoce, pour améliorer la capacité collective de ce Conseil à agir en amont du déclenchement des crises.  M. Delattre a estimé que les premières mesures prises par le Secrétaire général allaient dans la bonne direction.  La France apporte son soutien aux initiatives du Secrétaire général en ce sens.  Le représentant a ainsi évoqué le recours au Conseil consultatif de haut niveau sur la médiation et une communication repensée sur le concept de prévention comme un outil utile avant et après les conflits.

Pour M. Delattre, le Conseil de sécurité doit permettre aux pays les plus vulnérables de développer leurs propres capacités, afin qu’ils soient en mesure de traiter en amont ces fragilités dont les crises se nourrissent.  Il a ainsi cité, entre autres, les changements climatiques, la dégradation de l’environnement, le chômage des jeunes, ou l’accès à une justice de qualité et le respect des droits de l’homme. 

Pour la France, lorsque la prévention échoue et que l’engrenage de violence s’enclenche, il est de la responsabilité de la communauté internationale de stopper l’escalade et d’intervenir.  C’est ce que la France a fait, à la demande de ses partenaires, au Mali comme en Centrafrique, a expliqué M. Delattre, pour qui, dans ce contexte, les opérations de maintien de la paix restent un outil central du Conseil de sécurité pour favoriser le retour à la paix.  Pour que ces opérations soient efficaces, le Conseil doit s’assurer qu’elles disposent de mandats bien calibrés, qui s’inscrivent dans une stratégie politique claire, avec des priorités définies et un séquençage dans le temps.

La France estime, en outre, que le Conseil de sécurité doit garantir une transition réussie entre les opérations de maintien de la paix et la consolidation et la pérennisation de la paix.  C’est là une approche qui a été suivie en Côte d’ivoire et au Libéria avec succès, a estimé M. Delattre. 

Enfin, garantir une paix durable nécessite une architecture de paix et de sécurité efficace, un système de développement adapté aux nouveaux enjeux et qui s’appuie sur une organisation des Nations Unies à la gestion rénovée et apte à affronter les défis du XXIsiècle.  On ne peut, a estimé le représentant, envisager ces trois réformes séparément.

Mme CARLA CECILIA CARDONA MOSCOSO (Bolivie) a rappelé que le terme « consolidation de la paix » trouvait son origine dans l’Agenda pour la paix publié en 1992 par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Boutros Boutros-Ghali.  Elle a jugé impératif de renforcer les mécanismes de prévention pour mieux combattre les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Pour la représentante, la paix pérenne passe par la recherche de solutions politiques négociées, dans le cadre des mécanismes multilatéraux et dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies.  La Bolivie demande un dialogue réfléchi et la reconnaissance tant des différences que des points communs.

En même temps, a poursuivi la représentante, la prévention implique d’étudier chaque contexte au cas par cas, de partager les informations en matière d’alerte précoce, et de coordonner la réponse à apporter aux conflits.  La coopération avec les mécanismes régionaux et sous-régionaux, notamment en Afrique, revêt aussi une importance fondamentale.  Elle a recommandé de partager les bonnes pratiques, de renforcer les dialogues interactifs et la coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, ce qui devrait permettre de combiner les initiatives de paix et de sécurité avec l’appropriation nationale.  Mme Cardona Moscoso a tenu également à souligner le rôle des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, et celui des jeunes qui doivent être inclus dans les processus de paix.  Enfin, a-t-elle rappelé, il n’y a pas de paix sans développement.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souligné le rôle vital joué par la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour pérenniser la paix.  La CCP déploie en effet différents mécanismes pour améliorer la situation économique et sociale dans un pays, a-t-il déclaré, en demandant que soit promu le rôle de la Commission.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil à mettre l’accent sur la diplomatie préventive, avant de saluer les efforts de réforme du Secrétaire général.  « Nous devons rendre l’ONU plus efficace et transparente », a-t-il ajouté, demandant un suivi constant de cette question de pérennisation de la paix.  M. Alotaibi a rappelé que droits de l’homme et développement allaient de pair et souligné l’importance de remédier aux causes profondes des conflits.  « Toutes les agences onusiennes doivent travailler en étroite coopération », a-t-il conclu.

M. ZHAOXU MA (Chine) a estimé que le Conseil de sécurité, qui assume sa responsabilité principale au titre de la Charte, devait jouer un rôle majeur dans les efforts de consolidation et de pérennisation de la paix.  Appelant à la recherche de solutions politiques aux situations les plus complexes, il a estimé que le Conseil devait appuyer les États qui mènent activement des processus de paix, afin d’éviter la résurgence des conflits.

Quant aux agences pertinentes des Nations Unies, a poursuivi le représentant, elles doivent se concentrer sur les priorités qui ont été identifiés et respecter les efforts des pays hôtes sur la base des besoins sur le terrain et de leur mandat.  Le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix auprès du Conseil doit être pleinement exploité, a-t-il ajouté, afin d’assurer une transition sans heurts entre les opérations de maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Lorsque les objectifs du maintien de la paix ont été atteints, on doit éviter de faire machine arrière, a averti le représentant.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué les efforts de réforme de l’ONU du Secrétaire général, avant de rappeler que la pérennisation de la paix était de la responsabilité avant tout des États.  M. Ndong Mba a déclaré que les investissements dans la prévention des conflits permettaient d’économiser entre 5 et 70 milliards de dollars chaque année.  Il s’est aussi dit préoccupé par la fuite des capitaux des pays en proie à un conflit et a demandé un renforcement de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Le Fonds pour la consolidation de la paix doit être garni, a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a demandé la pleine application des résolutions jumelles du Conseil et de l’Assemblée générale de 2016 sur la consolidation de la paix.  « La paix n’a pas de prix et nous devons la cultiver sans relâche », a-t-il conclu.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a rappelé que les trois piliers de l’ONU -paix et sécurité, développement et droits de l’homme- se renforçaient mutuellement.  Ainsi la consolidation et la pérennisation de la paix sont-elles une condition indispensable du développement.  À cette fin, les Nations Unies devraient répondre aux conflits de manière exhaustive et cohérente, en exploitant tous les outils pertinents, à commencer par la prévention jusqu’au relèvement postconflit.

« Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, avec ses objectifs de développement durable, est la meilleure façon de prévenir les crises et les conflits dans le monde d’aujourd’hui », a estimé Mme Wronecka.  À cet égard, la coopération entre toutes les parties prenantes est d’une importance vitale.  « Nous devons être prêts à forger de nouveaux partenariats et à traduire nos idées dans la réalité », a-t-elle lancé, jugeant indispensable d’harmoniser les activités du secteur privé avec les objectifs de la communauté internationale.

Enfin, pour la représentante, le respect des droits de l’homme sous-entend la cohésion sociale.  Elle a mis en exergue le rôle des jeunes, qui sont confrontés à la frustration et au désespoir dans certaines régions du monde, autant de facteurs déstabilisants, de même que le rôle des femmes, et a appuyé en ce sens les résolutions 2250 (2015) et 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a souligné la nécessité d’investir davantage dans la diplomatie préventive.  « Depuis son indépendance il y a 27 ans, mon pays a été aux avant-postes de la diplomatie préventive, qui est l’un des principes fondamentaux de notre politique étrangère », a-t-il dit, en prenant l’exemple du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  Le représentant a détaillé la triple stratégie promue par son pays pour résoudre les conflits et pérenniser la paix, qui s’articule autour du lien ente sécurité et développement, de la coopération régionale et de l’unité d’action de l’ONU.  « Nous avons besoin de forger un nouveau paradigme onusien pour régler et prévenir les conflits », a estimé le représentant, qui a souhaité que tous les États Membres adoptent la même triple stratégie que son pays.

Mme KELLEY A. ECKELS-CURRIE (États-Unis) a relevé que tous les pays touchés par des conflits étudiés par le Conseil de sécurité avaient des difficultés à consolider la paix.  Selon elle, les objectifs pour lesquels le dispositif de consolidation de la paix a été créé sont très importants.  Il s’agit de « tourner la page sur l’approche compartimentée » qui nous a empêchés d’utiliser tous les outils à notre disposition. 

Toutefois, a estimé Mme Eckels-Currie, « il faut changer de méthode de réflexion pour garantir une paix pérenne ».  La représentante a recommandé le suivi des bonnes idées et des engagements qui figurent dans le rapport du Secrétaire général et davantage de collaboration entre les différents acteurs pertinents, en mettant par exemple sur pied « des agents de liaison ».  Elle aussi a proposé de relier les activités du Programme des Nations Unies pour le développement et du Département des affaires politiques et de mettre l’accent sur les meilleurs pratiques.

Par ailleurs, les États-Unis n’appuient pas certaines suggestions présentées, notamment l’idée d’allouer un pourcentage du budget du maintien de la paix à la Commission de consolidation de la paix.  « Recourir aux quotes-parts des pays ne permet pas de résoudre tous les obstacles », a averti la représentante, qui a plaidé pour davantage d’intégration au niveau des ressources et pour une meilleure planification des stratégies de sortie des opérations de maintien de la paix, lesquelles doivent être « viables ».  

Défendant des transitions plus aisées et plus efficaces, la représentante a cité l’exemple de ce qui a été fait pour le Libéria.  « Nous savons que toutes les situations sont différentes », a-t-elle ajouté en évoquant ensuite le rôle central de la police en Haïti.  Elle a proposé d’associer les acteurs de la société civile, les femmes, les jeunes et les défenseurs des droits de l’homme.  « Il faut que toutes les voix se fassent entendre pour que les transitions soient durables », a-t-elle insisté.  Elle a aussi parlé d’inclure le secteur privé et les institutions financières internationales pour relever les défis économiques.  Enfin, les gouvernements doivent aussi faire preuve de volonté politique pour consolider et pérenniser la paix, a insisté Mme Eckels-Currie, qui a conclu en estimant que « les réformes voulues par le Secrétaire général donneront de bons résultats ».

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé les fondements de la consolidation de la paix.  Il y a 13 ans, le Conseil et l’Assemblée ont créé la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour aider les pays après un conflit, a-t-il expliqué, ajoutant que la CCP devait fournir son appui à l’élaboration de stratégies de paix, dans le respect des priorités du pays concerné.

Le représentant a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes des conflits, avant de rappeler que c’est aux États qu’incombe la responsabilité première dans les efforts de pérennisation de la paix.  Chaque organe de l’ONU doit agir dans le respect de son mandat, a poursuivi M. Polyanskiy, qui a estimé que les recommandations du Secrétaire général pouvaient constituer un bon point de départ pour les discussions entre États Membres.

M. Polyanskiy a ensuite souhaité que le concept de pérennisation de la paix, devant lequel il s’est montré « sceptique », ne reléguerait pas au second plan les tâches cruciales de la consolidation de la paix.  Les efforts de paix doivent être avalisés par les pays hôtes, a-t-il répété, en mettant en garde contre leur politisation, souvent sous couvert de défense des droits de l’homme.  Pour la Fédération de Russie, le Coordonnateur résident doit contribuer au renforcement des institutions de l’État concerné, en évitant les doublons.  Enfin, le représentant a souhaité que le consensus entre l’Assemblée et le Conseil sur la pérennisation de la paix, attesté par l’adoption à venir de résolutions jumelles, fasse l’objet d’une interprétation adéquate.  Ce consensus est en effet, à maints égards, artificiel, a-t-il conclu.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné l’importance de placer la prévention des conflits et la pérennisation de la paix au cœur des efforts de l’ONU, estimé que cette priorité permettrait de rendre l’Organisation plus efficace dans la fourniture d’un soutien opérationnel sur le terrain dans des contextes sécuritaires toujours plus complexes.  Le représentant a insisté sur les liens entre paix, sécurité, développement et droits de l'homme avant de plaider pour une plus grande cohérence de l’action au sein du système de Nations Unies.  Il a également plaidé pour une pleine utilisation de la Commission de consolidation de la paix, estimant qu’elle joue un rôle de pont entre les différents organes onusiens.  Il s’est réjoui des différents conseils prodigués par la Commission au Conseil sur différentes situations dont elle est saisie.  Enfin, M. Alemu a appelé au renforcement des liens entre l’ONU et l’Union africaine, avant d’insister sur l’importance de la confiance mutuelle entre États Membres pour la pérennisation de la paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence présente au Conseil de sécurité trois points sur lesquels elle espère obtenir un progrès

8242e séance – matin
CS/13315

Syrie: la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence présente au Conseil de sécurité trois points sur lesquels elle espère obtenir un progrès

Alors que s’achevait à Bruxelles la seconde Conférence sur le soutien à l’avenir de la Syrie et la région, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Ursula Mueller, a demandé, ce matin, au Conseil de sécurité la pleine application de sa résolution 2401 (2018) et présenté trois points sur lesquels elle a jugé possible de faire aujourd’hui des progrès.  Il s’agit d’amener les différentes parties à respecter le droit de la guerre, de garantir un accès sûr aux convois humanitaires et enfin de cesser de retirer de tels convois les articles médicaux.

Adoptée à l’unanimité le 24 février après de longues négociations, la résolution demande une cessation des hostilités d’au moins 30 jours consécutifs pour acheminer une aide d’urgence dans le pays.  Or, deux mois après, elle n’est toujours pas mise en œuvre et les attaques contre les civils et les infrastructures civiles ont atteint leur niveau le plus élevé depuis le début du conflit, tandis que les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi importants, a déploré Mme Mueller, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général* en date sur la question.

Pour la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, les engagements pris à Bruxelles « ne pourraient l’être à un moment plus critique ».  Mme Mueller a estimé à 5,6 millions les personnes qui ont besoin d’une aide urgente et à 13,1 millions le nombre total des personnes qui ont besoin d’assistance.  « Une réponse forte des États Membres n’a jamais été aussi nécessaire », a-t-elle ajouté, en rappelant qu’après sept ans d’un conflit marqué par des escalades successives, ces besoins n’avaient jamais été aussi importants.  Mais si la Conférence témoigne à ses yeux de la volonté de la communauté internationale de placer la Syrie tout en haut de son ordre du jour et de fournir une assistance vitale, Mme Mueller a toutefois demandé que ces engagements « se traduisent par des actions concrètes ».

Le premier domaine dans lequel Mme Mueller estime possible d’agir aujourd’hui concerne le droit de la guerre.  « Des mesures fermes doivent être prises pour que toutes les parties respectent » ce droit, a insisté la Sous-Secrétaire générale, qui a rappelé que les civils et les infrastructures civiles devaient être protégés, et que les attaques contre les hôpitaux devaient cesser.  Dans les trois premiers mois de 2018, 72 attaques contre des centres de soin ont été recensées et vérifiées par l’ONU, contre 112 pour toute l’année 2017.

« Deuxièmement, un accès sûr, constant et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin doit être garanti », a poursuivi la Coordonnatrice adjointe, qui a demandé que des convois soient autorisés chaque semaine à travers les lignes de front et qu’un accès aux zones récemment passées sous le contrôle d’une autre partie soit également autorisé.  Seuls cinq convois ont pu franchir les lignes de front depuis le début de l’année et, bien que les combats aient cessé dans la Ghouta orientale désormais sous le contrôle du Gouvernement, l’ONU n’a pas été autorisée à se rendre à Douma, où vivent encore 70 000 personnes ayant besoin d’une aide d’urgence.  « L’ONU a été autorisée à s’y rendre la dernière fois le 15 mars avec une aide pour 26 100 personnes seulement », a rappelé Mme Mueller.

Le troisième point concerne le retrait systématique par les autorités, à la dernière minute, des articles médicaux des convois autorisés.  « Il n’y a aucune raison que ces articles autorisés soient retirés au dernier moment », a souligné Mme Mueller, qui a rappelé qu’ils peuvent sauver des vies.

La Sous-Secrétaire générale a également présenté un tableau détaillé de la situation humanitaire dans différents points du pays.

Ainsi, a-t-elle expliqué, 160 000 personnes ont fui la Ghouta orientale entre le 9 mars et le 15 avril après des semaines de combats, près de 92 000 d’entre elles s’étant rendues dans huit sites pour déplacés dans la province de Damas rural, alors que près de 45 000 sont restées sur place, l’ONU s’employant à répondre à leurs besoins.  Cette assistance, seule, n’est pas suffisante, et des sites supplémentaires sont nécessaires pour accueillir les personnes déplacées, a poursuivi Mme Mueller, qui a déploré la poursuite des combats à Edleb et les restrictions à l’accès humanitaire à cette ville.  La province d’Edleb est selon elle une situation « catastrophique », 400 000 personnes ayant été déplacées depuis la mi-décembre.  La population déplacée d’Edleb a ainsi augmenté de 25% par rapport à l’année dernière, ce qui représente un fardeau très lourd pour les communautés hôtes.  La Coordonnatrice adjointe a en outre déploré la poursuite des frappes aériennes dans la zone.

Mme Mueller a par ailleurs demandé l’accès de l’ONU dans les zones assiégées de Nachabiyé, Kafr Batna, Saqba et Hamouriyé.  Elle a aussi noté une escalade de la violence préoccupante entre le Gouvernement et les groupes d’opposition non étatiques armés au nord de Homs et au sud de la province de Homs, 210 000 personnes vivant dans ces zones.

La Sous-Secrétaire générale a déploré le nombre extrêmement limité des retours à Afrin, ajoutant, qu’entre le 2 et le 4 avril, l’ONU n’avait pu faire parvenir une aide alimentaire qu’à environ 20 000 personnes.  « Un accès constant aux personnes vivant à Afrin est nécessaire », a-t-elle insisté, rappelant que près de 137 000 personnes avaient été déplacées par les hostilités dans le district d’Afrin de la province d’Alep, entre mi-janvier et mi-mars.

Mme Mueller a également précisé que 100 000 personnes étaient rentrées à Raqqa, après que Daech en eut été chassé, et ce, bien que les conditions ne soient pas propices à de tels retours, en raison des mines et du manque de services de base.  « Entre 70 et 80% des bâtiments de la ville ont été détruits ou endommagés », a-t-elle fait observer.  

Quant aux quelque 50 000 personnes vivant à Roukban, le long de la frontière avec la Jordanie, elles ont, elles aussi, un besoin crucial d’assistance.  L’ONU continue de travailler étroitement avec les États-Unis et la Fédération de Russie pour faire en sorte que les personnes dans le besoin reçoivent une aide, a expliqué Mme Mueller, qui a rappelé que la Jordanie voisine continuait de fournir des ressources en eau et en services de santé de base.

*S/2018/369

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur le financement du développement: mise en accusation du système fiscal international, des secteurs privé et financier et du commerce mondial

Forum sur le suivi du financement du développement,
5e et 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6908

Forum sur le financement du développement: mise en accusation du système fiscal international, des secteurs privé et financier et du commerce mondial

Après avoir arrêté trois « grandes mesures »* hier, le Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi du financement du développement a tenu aujourd’hui trois tables rondes au cours desquelles le système fiscal international, les manœuvres des secteurs privé et financier et les distorsions du commerce multilatéral ont été dénoncées.  Ces questions sont au cœur du Programme d’action d’Addis-Abeba, feuille de route financière du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Hier, dans leurs conclusions et recommandations, les ministres et représentants d’États, participant au Forum, ont pris trois « grandes mesures » pour assurer le financement du Programme 2030 dont la première est de « faciliter l’emploi de toutes les sources de financement, notamment le financement innovant, en étant soucieux de la viabilité fiscale et de celle de la dette ».  Alors comment élargir l’assiette fiscale?  Par les réformes institutionnelles comme l’a expliqué aujourd’hui l’Ouganda qui vient de créer un organe « unique » au monde, à savoir une « Autorité fiscale » totalement indépendante chargée de la collecte de l’impôt et des recettes douanières.  Mais Cuba a profité du débat pour dénoncer le « moins disant fiscal » qui consiste à cajoler les investisseurs au détriment du trésor public.  L’Alliance mondiale pour la justice fiscale a fait observer que les 2 000 pages des normes fiscales internationales ont été négociées sans les 130 pays en développement.  Elle n’a pas manqué d’accuser l’Union européenne de menacer ceux qui n’appliqueraient pas ses normes ou celles de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les avantages fiscaux accordés aux entreprises ne sont pas des « bonus » mais un moyen pour les pays en développement de renforcer leur compétitivité, a martelé le Maire de Ouagadougou.  L’heure est venue de traiter de ces problèmes qui font perdre des centaines de milliards de dollars aux pays du Sud, a estimé l’Alliance mondiale pour la justice fiscale, lassée d’un système « opaque » comme l’a dit un membre de la société civile norvégienne.

Les deux autres « grandes mesures » prises par les ministres et représentants d’États consiste à « œuvrer à ce que les mesures prises pour inciter les acteurs des secteurs public et privé favorisent le développement viable à long terme et à rendre les cadres financiers nationaux opérationnels pour les projets et filières ayant besoin d’investissement ».  Le problème est que « tout le monde veut gagner de l’argent, mais personne ne veut prendre de risques », ont accusé les participants à la table ronde.  Pour attirer le secteur privé et stimuler les investissements, l’amélioration de la législation nationale est « cruciale », s’est défendu « Folksam Group », alors que le Confédération syndicale internationale (CSI) diagnostiquait surtout un problème de mentalité.  « Si le secteur privé ne change pas, rien ne changera », a-t-elle asséné.  Le secteur privé a des millions à investir mais sans un bon « climat des affaires », il restera frileux, a insisté, à son tour, « Impact Investment Exchange (IIX) ».

Le Forum a aussi organisé une table ronde sur le commerce multilatéral et là encore les accusations ont continué de pleuvoir.  L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été sommée de s’attaquer enfin au protectionnisme, aux subventions ou encore aux coûts de transaction.  Il faut changer les règles sur le commerce des produits agricoles, a plaidé la société civile qui n’a pas non plus épargné les négociateurs des nouvelles règles de l’économie numérique, lesquelles risquent de favoriser l’évasion fiscale et le transfert gratuit des données aux grandes entreprises numériques.  L’OMC, a-t-elle accusé, facilite ces négociations malgré les réticences des pays en développement.  La question de la cybercriminalité n’a pas été oubliée.  Elle a été soulevée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED): plus de 400 millions d’utilisateurs de Facebook sont dans des pays où il n’y a pas de loi contre ce fléau.

Le Forum devrait tenir ses dernières tables rondes demain, jeudi 26 avril, à partir de 10 heures.  

*E/FFDF/2018/L.2

FORUM SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Table ronde sur la mobilisation des ressources intérieures

Comment élargir l’assiette fiscale des États et des collectivités locales pour financer le développement durable?  C’est la question à laquelle étaient invités les participants à la table ronde, animée par la Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme INGA RHONDA KING.

Les premières réponses ont porté sur la réforme institutionnelle.  Ainsi, l’Ouganda vient de créer une « autorité fiscale » qui gèrera dès cette année la collecte de l’impôt et les recettes douanières, a expliqué la Commissaire générale de l’autorité.  Cet exemple « unique en son genre » a été salué par le Directeur du Département des finances publiques du Fonds monétaire international (FMI), M. VICTOR GASPAR.  L’amélioration des services du fisc est en effet essentielle, a renchéri la Vice-Présidente du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale, Mme NATALIA ARISTIZABAL MORA, qui a aussi insisté sur l’appui international au renforcement des capacités institutionnelles.  Ouagadougou a d’ailleurs fait appel à une société privée pour l’aider à élaborer sa stratégie fiscale, a indiqué le Maire de la capitale burkinabè.  M. ARMAND ROLAND PIERRE BEOUINDE a expliqué que sa ville fonctionne avec un budget annuel de plus de 80 milliards de francs CFA tirés des fonds propres de la ville, des subventions de l’État et des apports extérieurs.  La ville a ainsi obtenu un financement de l’Agence française de développement (AFD) pour la rénovation du grand marché central.

Insistant sur l’appui technique que peut apporter son Comité et d’autres organes comme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Vice-Présidente du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale a souligné qu’en toute chose, il faut tenir compte du niveau de développement de chaque municipalité, de chaque pays.  La Commissaire générale de l’Autorité fiscale de l’Ouganda a par exemple expliqué que son gouvernement a refusé de signer des accords de double imposition pour pouvoir attirer plus aisément les investissements étrangers directs (IED).  Elle a tout de même reconnu que les relations avec les multinationales installées dans son pays sont difficiles parce que ces dernières veulent préserver leur « paradis fiscal ».  « Mais nous ne changerons plus notre décision », a averti la Commissaire générale.  Le représentant de Cuba a en effet dénoncé la course au « moins disant fiscal » pour motiver les investisseurs mais qui prive les États d’importants revenus fiscaux.  C’est une contradiction dont il faut parler.  Les avantages fiscaux accordés aux entreprises ne sont pas des « bonus », a renchéri le Maire de Ouagadougou.  C’est tout simplement un moyen pour les pays en développement de renforcer leur compétitivité.  Les 2 000 pages de normes fiscales mondiales ont été négociées sans les 130 pays en développement, a rappelé la Responsable des politiques et du plaidoyer de l’Alliance mondiale pour la justice fiscale.  Mme TOVE MARIA RYDING a dénoncé les menaces de l’Union européenne contre ceux qui n’appliqueraient pas ces normes et celles de l’OCDE.  C’est ça la coopération fiscale? Non, l’heure est venue de traiter de ces problèmes qui font perdre des centaines de milliards de revenus fiscaux aux pays du Sud.  Le système fiscal mondial est « opaque », a ajouté le représentant de la société civile norvégienne.  Il bénéficie aux riches et creuse les inégalités.  Il faut donc un système progressiste soucieux de la parité entre les sexes et respectueux du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. 

Le système n’est pas parfait mais est bien supérieur au précédent, a estimé le Directeur du Département des finances publiques du FMI.  Il faut continuer d’appliquer les lois, lutter contre l’évasion fiscale et améliorer l’échange d’information.  Le Directeur a parlé d’une étude menée en 2017 qui a montré que la plupart des États n’a pas de politique de répartition des richesses.  C’est toujours l’équation « deux-tiers, par les dépenses, un tiers par les recettes ».  Il faut éviter cette course vers le bas, a préconisé le haut fonctionnaire qui a tout de même admis que le défi du système fiscal actuel tient au développement de la vente en ligne.  Il faut s’adapter à la transition numérique mais sans action unilatérale. 

Table ronde sur les secteurs privé et financier national et international 

« Tout le monde veut gagner de l’argent, mais personne ne veut prendre des risques.  Que faut-il faire pour inciter les secteur privé et financier à investir dans les projets de développement? ».  Ces questions ont été posées par l’animatrice de la table ronde, Mme DUREEN SHAHNAZ, Fondatrice et Présidente du Conseil d’administration d’« Impact Investment Exchange (IIX) ».

Au titre des bonnes nouvelles, M. MAKOTO GODA, de la « Nippon Biodiesel Fuel Co. Ltd », a annoncé que son entreprise travaille au Mozambique dans les secteurs de l’énergie renouvelable, de l’information et de la sécurité alimentaire.  Nippon Biodiesel s’approvisionne, dans ses 100 kiosques, auprès de 13 000 agriculteurs qui reçoivent des subventions de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour se procurer des intrants.  Nippon Biodiesel identifie ses fournisseurs grâce à des cartes à puce qui facilitent la collecte des mégadonnées sur la production et les ventes.  Cette expérience peut être répliquée ailleurs?  Le Sri Lanka et l’Inde sont nos prochaines cibles, a affirmé Goda.

Nous, nous investissons dans l’accès à l’énergie et aux larges bandes passantes, a témoigné le Chef des investissements à la Banque de développement de l’Afrique australe, M. PAUL CURRIE.  La banque finance des projets d’électrification solaire parce que l’énergie est un secteur crucial compte tenu de son potentiel multiplicateur sur d’autres domaines.  C’est une somme de 2 milliards de dollars qui a été investie en deux ans dans des obligations vertes, a indiqué Mme KARIN STEMAR, Chef de la durabilité à « Folksam Group » de la Suède Les investissements sont orientés vers des produits qui ont un lien direct avec le développement durable et sont garantis par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI).

Pour attirer le secteur privé et stimuler les investissements, la législation nationale est cruciale, a souligné Mme Stemar de Folksam Group, avant que M. CURRIE, de la Banque de développement de l’Afrique australe, n’insiste sur la nécessité pour les pays en développement de créer des marchés de capitaux. 

Ce n’est peut-être pas un marché de capitaux mais M. YAROSLAV LISSOVOLIK, Directeur des recherches et Chef économiste à la Banque eurasienne de développement, a expliqué que sa banque, en collaboration avec les États de la région, entend créer un centre régional à Astana pour promouvoir l’implication du secteur privé dans les projets de développement, notamment les grandes infrastructures.  La Banque a pris l’engagement de baisser les taux d’intérêt pour les projets qui contribuent directement au développement durable.

Si le secteur privé ne change pas, rien de changera, a asséné M. PETER BAKVIS, Directeur du Bureau de Washington D.C. de la Confédération syndicale internationale (CSI).  Il a décrié la pratique des primes au rendement qui incitent le secteur financier à ne considérer que le court terme alors que le développement durable nécessite des investissements à long terme.  Le secteur privé n’investit pas suffisamment dans le monde en développement, s’est plaint le délégué du Bangladesh, avant que son homologue du Japon ne demande aux panélistes ce qu’ils attendent des gouvernements.  « Nous écouter, c’est déjà beaucoup », mais il faut aussi améliorer le climat des affaires, a répondu l’animatrice, elle-même entrepreneure.  Le secteur financier a des millions de dollars qui ne demandent qu’à être investis, a-t-elle souligné.  Ne nous laissons pas griser par les chiffres, a tempéré M. LISSOVOLIK de la Banque eurasienne de développement.  En matière d’investissement, « la qualité doit primer sur la quantité ».

Table ronde sur le commerce, la science, la technologie, l’innovation et le renforcement des capacités

Animée par la Directrice des politiques, de la série de conférences sur la science, la technologie et l’innovation (GSTICS), Mme VEERLE VANDEWEERD, cette troisième table ronde a d’abord posé la question de savoir comment la communauté internationale peut faire en sorte que le commerce contribue au développement durable et à la réduction des inégalités? 

Le commerce international s’est chiffré en 2016 à 13 000 milliards d’euros.  On peut élargir le fromage mais l’important est de bien répartir les bénéfices, a dit le Directeur général du commerce de la Commission européenne, M. MARK HENDERSON, qui a attiré l’attention sur les 27 conventions de l’Union européenne.  Mais le commerce n’est pas une fin en soi, a tempéré le Président du Conseil des gouverneurs de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, M. MOHAMED H. A. HASSAN.  L’objectif ultime est d’améliorer le niveau de vie des populations.  Il est donc temps que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’attaque au protectionnisme, aux subventions ou encore aux coûts de transaction, bref des mesures « gagnant-gagnant ».  L’OMC peut d’ailleurs compter sur l’aide de l’Union européenne, a annoncé le Directeur général du commerce de la Commission européenne.  Mme RANJA SENGUPTA, Chercheure principale de « Third World Network », en a profité pour dénoncer les barrières tarifaires auxquelles se heurtent les producteurs des pays en développement.  Il faut changer les règles du commerce agricole pour assurer la sécurité alimentaire, a plaidé, à son tour, une représentante de la société civile.  Elle s’est aussi inquiétée des règles de l’économie numérique qui sont en négociations et qui risquent de favoriser l’évasion fiscale et le transfert gratuit des données aux grandes entreprises numériques.  L’OMC facilite ces négociations malgré les réticences des pays en développement, a-t-elle accusé.   

L’économie numérique représente un potentiel « inimaginable » pour le développement mais à ce stade, elle comporte des risques tout aussi inimaginables, a reconnu Mme SHAMIKA SIRIMANNE, Directrice de la Division de la technologie et de la logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  La règle « c’est celui qui arrive le premier qui gagne », sans compter la menace de la cybercriminalité.  Aujourd’hui, a-t-elle indiqué, plus de 400 millions d’utilisateurs de Facebook sont dans des pays où il n’y a pas de loi contre la cybercriminalité.  Outre la lutte contre ce fléau, ce qu’il faut, a estimé la Chef de la Division de l’emploi et des marchés du travail de l’OIT, Mme SUKTI DASGUPTA, ce sont des politiques pour créer les compétences nécessaires, renforcer la capacité d’anticipation et améliorer le droit du travail.  Chaque PMA devrait avoir au moins une université de classe mondiale pour former les jeunes à cette nouvelle économie, a estimé le Président du Conseil des gouverneurs de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés.  Chaque PMA, a-t-il poursuivi, devrait avoir un plan stratégique sur la technologie pour attirer les investissements.  Les États d’Afrique doivent respecter leur engagement de consacrer 1% de leur PNB au développement technologique et il faut encourager une coopération, dans ce domaine, entre les PMA et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Pour montrer l’importance des nouvelles technologies, le Directeur de la Division du commerce et de l’environnement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. AIK HOE LIM, a parlé d’une découverte scientifique qui appliquée à l’environnement, permettrait des gains de plus de 12 milliards de dollars. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat de haut niveau à l’Assemblée générale: les délégations s’expriment sur les réformes envisagées pour la consolidation et la pérennisation de la paix

Soixante-douzième session,
85e et 86e séances plénières, Matin & après-midi
AG/12013

Débat de haut niveau à l’Assemblée générale: les délégations s’expriment sur les réformes envisagées pour la consolidation et la pérennisation de la paix

L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui son débat de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix.  L’occasion pour les délégations d’apporter leur soutien aux initiatives engagées par le Secrétaire général, M. António Guterres, pour fluidifier le fonctionnement interne de l’Organisation à la faveur de l’efficacité de ses travaux dans ce domaine et pour développer davantage sa coopération fructueuse avec les acteurs extérieurs (organisations régionales, société civile, secteur privé).  Les États Membres ont reconnu le rôle irremplaçable de l’ONU, qui plus est à un « moment charnière » où l’Organisation est appelée à restructurer ses trois piliers -paix et sécurité, droits de l’homme, développement– pour gagner en efficacité et pour inclure toutes les parties prenantes.

Dans leur ensemble, la soixantaine de délégations qui se sont exprimées ont apprécié le rôle primordial de l’ONU.  Celle de Chypre, qui s’est déclarée déterminée à trouver une solution à la question de la partition de l’île, a rappelé que les Nations Unies restaient « le seul forum » dans lequel une solution à l’amiable pouvait être discutée pour réunir les deux côtés de l’île.  Néanmoins, beaucoup d’intervenants ont insisté pour dire que la consolidation de la paix demeurait sous la responsabilité de chaque gouvernement: la Libye a ainsi récusé toute ingérence dans les affaires internes des États.  Le Mexique a dit s’attendre à ce que le concept de pérennisation de la paix continue d’être appliqué par les États dans le respect du principe de l’appropriation nationale. 

Autre constat, l’approche multilatérale pour résoudre un conflit semble remporter le plus d’adhésion parmi les États Membres.  Elle a été plébiscitée lors de cette seconde journée de débat: le Chili a ainsi appelé à « renforcer le multilatéralisme afin d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes mondiaux ».  Cette approche a pour avantage de mieux faire porter la voix des pays de stature modeste, a souligné le Yémen, pour qui la diplomatie multilatérale « a prouvé sa capacité à sauvegarder les intérêts des pays, y compris les plus petits ».  Cuba, elle, a soutenu que « parvenir à une paix pérenne dépendra d’un contexte international favorable reposant sur le respect du multilatéralisme, le respect de la Charte des Nations Unies et la coopération entre pays ».

Cohérence, approche holistique ont aussi été des éléments de langage très entendus à la tribune.  Il s’agit, pour les États Membres, d’imprimer leur volonté d’un dialogue renforcé sur deux plans: à l’intérieur de l’Organisation (entre ses différents organes et commissions), et vers l’extérieur.  L’Italie a parfaitement résumé ce souhait de « développer des synergies entre les niveaux international, national, régional ou sous-régional, les institutions financières internationales, la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, et le secteur privé ».  La Jamaïque a jugé important de renforcer la cohérence à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes, tandis que le Pakistan jugeait « vital de favoriser une meilleure cohérence et synergie à travers le système des Nations Unies ainsi que l’amélioration des capacités du Bureau d’appui à la consolidation de la paix ». 

La question essentielle du financement a aussi été abordée, en particulier pour le Fonds pour la consolidation de la paix.  Le Libéria a soutenu qu’un financement adéquat serait un investissement avisé de la part des États Membres, après avoir rappelé que selon la Banque mondiale, la prévention d’un conflit dans un pays donné permettrait d’économiser entre 5 et 70 milliards de dollars pour le pays et la communauté internationale dans son ensemble.  Ainsi, « au lieu d’investir dans des munitions et des tanks, nous investirions dans des écoles, des hôpitaux, des routes », a fait remarquer le Libéria.

Plusieurs pays, comme la Norvège ou l’Italie, se sont félicités d’avoir augmenté leur contribution à ce fonds, invitant les autres États Membres à faire de même.  De son côté, le Honduras a salué le feu vert donné à la création, par le biais du Fonds, d’un projet trinational visant à renforcer la résilience et la cohésion entre le Guatemala, le Honduras et El Salvador, tandis que le Tchad a salué le « précieux accompagnement » apporté à son pays par le Fonds et le Bureau d’appui, ainsi que son travail de financement des communautés locales impliquées dans des activités de prévention et de médiation. 

De nombreuses délégations ont aussi insisté sur les droits de l’homme, comme la Finlande, ou encore le Danemark, qui a plaidé pour que les questions de droits de l’homme figurent au cœur du maintien de la paix de l’ONU.  Candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, il a remarqué que les violations de ces droits étaient souvent les indicateurs d’un conflit potentiel.  Faisant écho à ces arguments, le Liechtenstein a mis en évidence le lien entre paix, justice et institutions efficaces, l’objet précisément de l’objectif 16 du Programme 2030.

La discussion a également tourné autour du troisième pilier de l’action de l’ONU: le développement.  « Sans développement durable, pas de paix durable », a martelé le représentant du Cambodge à l’instar de ses collègues soucieux de ne laisser personne de côté. 

Thème transversal de cette réunion, la question de l’inclusion a été abordée avec plusieurs exemples concrets, saillants et encourageants.  Le Népal s’est notamment félicité que malgré des catastrophes naturelles et des crises socioéconomiques ayant secoué le pays ces dernières années, le pays a adopté en 2015 une constitution inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme et a démocratiquement élu un corps politique profondément diversifié, composé de 41% de femmes. 

L’Assemblée générale poursuivra et achèvera cette réunion de haut niveau demain, jeudi 26 avril, à partir de 10 heures.

SUITE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA CONSOLIDATION ET LA PÉRENNISATION DE LA PAIX (A/72/L.49)

Déclarations

Au nom du Réseau Sécurité humaine, M. MELITÓN ALEJANDRO ARROCHA RUÍZ (Panama) a plaidé pour le concept de sécurité humaine qui préconise une approche holistique centrée sur l’élément humain pour répondre aux défis multidimensionnels relatifs à la paix et à la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Il s’est dit convaincu que l’approche basée sur la sécurité humaine est indispensable pour créer des synergies entre les piliers du système des Nations Unies et pour une réponse plus intégrée, stratégique et cohérente du système des Nations Unies vers une paix et un développement durables.  Bien que nous soyons encouragés par les discussions autour de la prévention et de la pérennisation de la paix, le Réseau demeure préoccupé, a-t-il dit, par le niveau inacceptable des souffrances humaines résultant de la recrudescence des conflits violents ces dernières années.  Des violences, a-t-il détaillé, plus complexes et difficiles et qui affectent les populations et débordent au-delà des frontières.  À cet égard, a-t-il argué, se concentrer sur l’approche de sécurité humaine peut être particulièrement utile à travers, notamment, le soutien apporté aux gouvernements et au système des Nations Unies dans la conception et la mise en œuvre de politiques et stratégies qui traitent des causes profondes des conflits.

M. JONAS BERING LIISBERG, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères du Danemark, a vu dans le concept de pérennisation de la paix un cadre précieux pour l’ensemble des trois piliers de l’ONU, notant toutefois que pour en faire une réalité, une action audacieuse s’impose.  Il a appelé les États Membres à investir davantage dans le cadre multilatéral en faveur de la paix et de la sécurité.  En la matière, le Danemark, a-t-il indiqué, met l’accent, dans le cadre de sa stratégie humanitaire et de développement, sur la promotion de la stabilité et l’appui des plus vulnérables en situation fragile.  Un accent important est également placé sur la création de liens plus étroits entre les efforts de développement, humanitaires et en faveur de la paix.

M. Bering Liisberg a en outre constaté que les violations des droits de l’homme sont souvent les indicateurs d’un conflit potentiel et a mis en garde contre le risque d’échec des efforts de pérennisation de la paix si on ne met pas l’accent sur les droits de l’homme et les valeurs qui figurent au cœur de l’Organisation.  En tant que candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, a-t-il ajouté, le Danemark continuera de plaider pour que les questions de droits de l’homme figurent au cœur du maintien de la paix de l’ONU.

Mme ANNE SIPILAINEN, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Finlande, a promis au Secrétaire général tout l’appui de son pays pour rendre l’ONU capable de répondre de manière plus intégrée à des situations de conflit souvent complexes.  Le concept plus large de pérennisation de la paix est, selon la Finlande, un bon cadre pour surmonter les silos.  L’ONU doit faire plus pour mieux intégrer l’approche de la prévention et, pour la Finlande, le cadre international des droits de l’homme offre une base essentielle à la pérennisation de la paix.  Les perspectives d’une paix durable, d’un développement durable et de sociétés prospères seront bien meilleures si nous accordons l’attention requise à l’inclusion, a insisté la Sous-Secrétaire d’État.  L’approche inclusive de la consolidation de la paix est nécessaire pour parvenir à des résultats permanents et la pérennisation de la paix exige l’implication de tous les acteurs de la société, dont les jeunes, les femmes et la société civile. 

Il faut, a insisté la Sous-Secrétaire d’État, intégrer la perspective genre dans tous les piliers du travail de l’ONU et renforcer la protection des femmes et des filles.  La Finlande a d’ailleurs lancé son troisième plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité qui incorpore de nouveaux aspects de la sécurité humaine liés à la situation des migrants et des réfugiés, au contrôle des armes, au désarmement, à la non-prolifération et à l’extrémisme violent.  Le plan part du postulat que les processus plus inclusifs contribuent à une paix plus durable.  La prévention et la médiation sont des outils « très rentables » auxquels l’ONU devrait recourir plus systématiquement.  Le renforcement de la médiation a toujours été l’une des priorités de la Finlande aux Nations Unies, a souligné la Sous-Secrétaire d’État. 

M. JUAN JOSÉ IGNACIO GÓMEZ CAMACHO (Mexique), s’exprimant au nom du Groupe des Amis de la pérennisation de la paix, a précisé que ce groupe, composé de 40 États Membres, se concentrait sur le renforcement du dialogue et de la pérennisation de la paix, en tant qu’objectif et processus.  Il s’est formé à la suite de l’adoption des résolutions identiques adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité il y a deux ans après l’examen de l’architecture de consolidation de la paix.  En deux ans, des progrès ont été enregistrés pour une approche plus inclusive et intégrée en ce domaine, notamment pour examiner les causes sous-jacentes des conflits, au lieu de se contenter de répondre aux crises, a précisé le représentant. 

M. Gómez Camacho a dit s’attendre à ce que le concept de pérennisation de la paix continue d’être appliqué par les États dans le respect du principe de l’appropriation nationale.  Il a reconnu qu’il fallait faire davantage pour améliorer la cohérence du système des Nations Unies, les capacités de prévention des conflits, l’attention portée au terrain, l’utilisation des partenariats et la réalisation d’un financement durable.  Il a vu dans l’adoption d’une nouvelle résolution sur la consolidation et la pérennisation de la paix le reflet de l’engagement des États Membres, jusqu’au prochain examen du dispositif en 2020. 

M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II (Libéria) a indiqué que la prévention d’un conflit dans un pays donné permet, selon la Banque mondiale, d’économiser entre 5 et 70 milliards de dollars pour le pays et la communauté internationale dans son ensemble.  C’est pourquoi il a déploré la raréfaction des engagements financiers en faveur des efforts de consolidation de la paix et appelé les États Membres à renflouer le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.  Il a aussi exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts des pays hôtes pour bâtir une paix durable.  « Lorsque la pérennisation de la paix est le but à atteindre, aucun mur n’est assez solide pour nous séparer », a-t-il affirmé.

Le délégué a ensuite rendu hommage à la résilience de son peuple après le conflit qui a déchiré le Libéria, avant d’imaginer « ce que nous pourrions faire, si au lieu d’investir dans des munitions et des tanks, nous investissions dans des écoles, des hôpitaux, des routes ».  « Nous engager dans la voie de la prévention des conflits et de la pérennisation de la paix nous donne la chance de rehausser notre humanité et d’altérer la trajectoire contemporaine faite de peur et de guerre ».  En conclusion, M. Brown a indiqué que c’est la voie dans laquelle le Libéria s’est résolument engagé, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer son pays. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a d’abord préconisé pour l’Organisation un « retour à l’essentiel » et aux principes fondateurs de la Charte des Nations Unies pour « sauver les générations futures du fléau de la guerre ».  Soutenant l’initiative du Secrétaire général et sa volonté de concentrer les efforts de l’ONU sur la prévention des conflits, elle a pris pour exemple la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) déployée dans le sud du Liban.  Néanmoins, elle a aussi remarqué que la racine des conflits, en l’occurrence « l’occupation, les inégalités et l’exclusion », devaient être traitées en amont pour obtenir une paix durable.  Elle a aussi mis en avant la stratégie de prévention nationale de l’extrémisme violent adoptée par le Gouvernement libanais, avant de souligner l’importance de l’éducation et de se féliciter de mesures économiques prises par le Liban pour créer des emplois pour les jeunes « et leur donner espoir pour le futur ».  La représentante a enfin attiré l’attention sur l’initiative proposée par le Président Michel Aoun de donner au Liban un statut de centre permanent pour le dialogue entre les civilisations et les religions, sous les auspices des Nations unies.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a insisté sur l’importance de la diplomatie préventive, ainsi que sur les efforts de médiation initiés par l’ONU, de même que sur les liens entre paix, sécurité et développement.  Il a appelé l’ONU à adopter des solutions novatrices pour répondre aux défis d’une époque en évolution constante et rapide, récusant toutefois toute ingérence dans les affaires internes des États.  Il a aussi jugé la responsabilisation difficile avec les mécanismes actuels de nomination des responsables de l’ONU, avant de plaider pour une meilleure distribution géographique et égalité entre les sexes dans les cadres de l’Organisation.  Le représentant a ensuite appuyé les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a aussi appelé à intégrer les femmes et les jeunes aux efforts de consolidation et de pérennisation de la paix. 

Pour ce qui est des prochains rapports, il a souhaité qu’ils portent également sur le rôle des médias et leur capacité à intervenir auprès du public.  Inquiet du rôle négatif joué par les médias dans l’évolution de certains conflits, il a réclamé la création d’un mécanisme pour combattre les rhétoriques haineuses, notant que de nombreux groupes terroristes utilisent les médias et les réseaux sociaux pour diffuser leur message de haine.  Il importe aussi de cibler les organisations caritatives qui permettent de financer les activités de ces groupes, a-t-il ajouté.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba), qui a déclaré adopter la position du Venezuela au nom des pays des non alignés, a aussi épousé l’avis des autres États Membres quant à la nécessaire augmentation des fonds alloués au maintien de la paix.  « Parvenir à une paix durable et pérenne dépendra d’un contexte international favorable reposant sur le respect du multilatéralisme, le respect de la Charte des Nations Unies et la coopération entre pays. »  Plaidant pour un ordre international « plus juste et équitable », elle a assuré que les efforts pour pérenniser la paix seront vains si régnait la règle du « deux poids, deux mesures, le recours à la force ou à la coercition contre des États souverains ».  La représentante a aussi observé des « problèmes sociaux complexes » dans certains États, des « modes de production irrationnels, l’exploitation et le pillage ».  À cet égard, le Gouvernement cubain souscrit aux objectifs du Programme 2030, a-t-elle dit en souhaitant que l’ONU soit prête à accompagner les États Membres dans leurs efforts.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) s’est inquiétée du fait que les dépenses en armement ont atteint des sommets inégalés depuis la guerre froide, notant par ailleurs que la pérennisation de la paix par le bais de la lutte contre la pauvreté permettra de réaliser de nombreux objectifs du Programme 2030.  Elle a appelé à appuyer le Bureau d’appui à la consolidation de la paix avant d’insister sur l’importance de l’appropriation nationale et sur le financement des projets élaborés au sein des pays.

La représentante est ensuite revenue sur l’adoption de la résolution 2250 (2015) sur les jeunes, la paix et la sécurité, qui avait été portée par le Jordanie au Conseil de sécurité.  Elle a aussi insisté sur le rôle des femmes au sein des opérations de maintien de la paix et a appelé à lever les obstacles qui entravent la participation des femmes aux processus de paix.  Elle a également invité à préserver le dialogue entre les différentes confessions, évoquant les efforts lancés par la Jordanie à cette fin.  La représentante a enfin attiré l’attention sur la question palestinienne dont la résolution est fondamentale pour sa région, plaidant pour la solution des deux États.  Une solution politique à la crise syrienne s’impose également, a-t-elle ajouté sans oublier de rappeler que son pays accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés au monde, avec le poids financier qui en résulte.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a insisté sur trois points importants visant à une approche plus coordonnée de l’action des Nations Unies pour la réalisation des objectifs contenus dans la Charte.  Le premier point est au cœur du programme de consolidation et de pérennisation de la paix, a dit le délégué pour qui, « il n’y a pas une approche uniforme ».  En effet, a-t-il poursuivi, l’ONU obtient de meilleurs résultats en soutenant les gouvernements dans la réalisation de leurs objectifs prioritaires nationaux.  L’exemple de son pays est riche en enseignements à cet égard, a-t-il fait observer, rappelant que Singapour a œuvré de concert avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour la promotion de son économie et l’édification d’un service public basé sur la bonne gouvernance et de solides institutions.

M. Gafoor croit également, et c’est son deuxième point, au rôle des organisations régionales pour favoriser la paix et le développement.  Il a cité, dans ce contexte l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et son action majeure dans la promotion de la paix et la stabilité dans la région.  Il a, dans un troisième point, souligné le soutien de son pays aux objectifs du Secrétaire général pour l’édification d’une ONU robuste qui puisse ainsi mettre en œuvre ses mandats de manière efficace, y compris en matière de pérennisation de la paix.  Et de conclure sur la nécessité pour les États Membres de donner effet aux obligations de la Charte en fournissant à l’ONU les moyens et outils pour accomplir son action.

M. MA ZHAOXU (Chine)a souligné que la consolidation et la pérennisation de la paix doivent respecter la souveraineté des États, et tenir notamment compte des différents niveaux de développement de chacun.  Il a aussi appelé à renforcer les capacités nationales tout en privilégiant la transition vers la reconstruction.  Le représentant a ensuite recommandé d’éliminer les causes des conflits moyennant un cadre de gouvernance internationale basé sur le Programme 2030.  En outre, les partenariats pour le développement doivent être renforcés et les États doivent s’acquitter de leurs engagements en la matière.  Il a aussi appelé à renforcer les capacités d’intégration de l’ONU ainsi que les partenariats avec les organisations régionales.  Il faut dégager des synergies et créer des mandats communs, a-t-il souligné, et un appui à l’Union africaine s’impose également.  Enfin, il a appelé les institutions financières internationales à garantir le développement socioéconomique des pays.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a appelé à faire mieux pour le peuple syrien, les Rohingya et les communautés d’Iraq et d’Afghanistan.  Il a aussi dénoncé les incursions de la Russie en Crimée et en Géorgie, déplorant que cela ait généré une instabilité accrue.  Le représentant a estimé que le système des coordonnateurs résidents pourrait jouer un plus grand rôle dans la pérennisation de la paix en permettant à l’ONU de tenir davantage compte de l’analyse des risques du conflit dans leurs efforts de développement.  Il a également plaidé pour une pleine participation des femmes à la pérennisation de la paix souhaitant même qu’elles y jouent un rôle central.  Il s’est félicité d’ailleurs que le Fonds pour la consolidation de la paix ait dépassé l’objectif de 15% pour les projets d’autonomisation des femmes, avant de saluer la décision de porter l’objectif à 30% dans le cadre du nouveau plan d’activité du Secrétaire général.

Le représentant a ensuite souligné l’importance de la planification et de la bonne exécution des transitions et des retraits des missions, pour protéger les progrès et les investissements en faveur de la stabilité.  Ces transitions, a-t-il recommandé, doivent viser sciemment à favoriser la stabilité à long terme et à garantir un transfert efficace des responsabilités entre les institutions onusiennes chargées de la paix et de la stabilité et celles du système de développement.  Enfin, il a jugé crucial d’assurer un financement prévisible et durable pour la prévention et la consolidation de la paix, notamment en assurant une meilleure coordination entre les contributeurs.  Il a aussi noté que les donateurs ont un rôle important à jouer pour remédier à la fragmentation du financement.

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque), dont le pays met en œuvre un plan national de développement, a considéré que la consolidation et la pérennisation de la paix s’inscrivent à long terme dans les objectifs de développement durable.  Elle a également jugé important de renforcer la cohérence à tous les niveaux et entre toutes les parties prenantes.  L’ONU doit se mobiliser pour faire en sorte que la paix ne soit pas seulement maintenue et restaurée mais également « cultivée », a-t-elle plaidé.  Dans la réponse à apporter aux causes sous-jacentes des conflits, Mme Mills a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire et de l’interaction avec les organisations régionales et sous-régionales.  Elle a encouragé la participation des femmes et des jeunes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Pour sa part, la Jamaïque a contribué à cet effort en participant à diverses opérations de maintien de la paix à travers le monde. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a vu l’approche commune et globale en réponse aux défis émergents et non traditionnels comme « une nouvelle époque ».  Mettant l’accent sur la nécessité d’unifier le concept de pérennisation de la paix entre tous les États, il a aussi nuancé cette tendance en défendant la prise en compte de la spécificité de chaque conflit.  « Il n’existe pas de solution unique », a-t-il expliqué.  Pour un règlement durable, il a aussi jugé indispensable de traiter les causes profondes, sociales, politiques et géostratégiques.  Souhaitant que l’ONU accompagne davantage les efforts des États sortis d’un conflit violent, le représentant a défendu le concept de réconciliation globale et collective, ainsi que la participation de la société civile dans le processus de reconstruction, notamment les femmes et les jeunes.  Évoquant la situation au Sahel, le délégué a soutenu que les efforts de partenariat entre les organisations régionales comme la Ligue des États arabes et l’Union africaine étaient essentiels.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a salué les propositions budgétaires présentées par le Secrétaire général dans son rapport.  Les approches novatrices dans ce domaine méritent d’être examinées, notamment en ce qui concerne la mobilisation de fonds auprès du secteur privé, a-t-il estimé, tout en affirmant que la source de financement la plus prévisible demeure l’augmentation des contributions au budget ordinaire.  Il a appelé à affecter les contributions non dépensées et les économies réalisées à la consolidation de la paix.  Après avoir appelé les États Membres à honorer leurs engagements en matière de financement, le représentant a appelé à l’élaboration de mandats clairs. 

M. Chandrtri a relevé que la consolidation et la pérennisation de la paix privilégient la responsabilisation nationale, mais a toutefois estimé que cela ne doit pas empêcher la communauté internationale d’agir promptement pour prévenir un conflit ou des atrocités de masse.  « Nos tentatives précédentes, notamment en ce qui concerne la responsabilité de protéger, ont perdu leur élan », a-t-il déploré, rappelant les différentes interprétations du concept par les États Membres.  Il a toutefois appelé à concrétiser un cadre substantif relativement à cet objectif, pour faire face à toute « complication interprétative » et mettre en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre une paix durable.

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar)a souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix, ni paix sans développement durable.  Elle est revenue sur les sept décennies de conflit interne qu’a connues son pays et a indiqué qu’un nouveau jalon avait été franchi en février pour le résoudre, lorsque deux groupes ethniques supplémentaires ont signé l’accord de cessez-le-feu national, amenant ainsi à 10 le nombre de signataires.  Des progrès ont également pu être réalisés lors des deux conférences d’union pour la paix, permettant notamment de définir 37 principes clefs pour l’établissement d’une union fédérale démocratique.  Une troisième session de la conférence est prévue le mois prochain. 

La représentante a indiqué que le processus de paix entamé en 2016 se poursuit malgré de nombreuses difficultés, avertissant qu’à moins de trouver une solution rapide aux problèmes du pays, les souffrances de la population se prolongeront.  Mon gouvernement, a-t-elle assuré, ne veut pas faire du Myanmar une nation divisée par les croyances religieuses, l’ethnicité ou l’idéologie politique.  C’est uniquement en éliminant les causes de la haine et de la peur qu’il sera possible d’« ôter » le conflit du Myanmar, a-t-elle plaidé.

M. SALIOU NIANG DIENG (Sénégal) s’est félicité de « la vision novatrice » et de « la pertinence » du récent rapport sur la pérennisation de la paix, et s’est montré optimiste pour l’avenir, sans perdre de vue la complexité des défis à relever.  Mettant l’accent sur la coopération entre les acteurs régionaux et les organisations internationales comme gage du succès, M. Dieng a appelé à un renforcement des liens avec l’Union africaine dans le domaine de la prévention des conflits.  « Ce sont des initiatives qu’il convient de multiplier », a-t-il plaidé, prenant aussi pour exemple la coopération entre l’ONU et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Gambie.  Enfin, il s’est attardé sur l’exemple gambien, mettant l’accent sur la nécessité d’allouer des fonds pour des pays tels que la Gambie « pendant de longues périodes », déplorant que l’apport financier soit imprévisible.  Il a donc invité les États Membres à prendre des engagements forts en ce sens. 

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a appelé à mettre en œuvre les résolutions jumelles de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  La concrétisation des objectifs de développement durable est aussi essentielle pour mettre en œuvre le concept de pérennisation de la paix, a-t-il souligné, y voyant même une condition préalable.  Il a aussi insisté sur la pertinence de placer la promotion des droits de l’homme au cœur de la prévention des conflits, relevant qu’il existe un lien clair entre les violations des droits de l’homme et l’émergence de conflits.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la responsabilité première des États souverains à assurer la pérennisation de la paix, que ce soit en mettant en œuvre la vision du Secrétaire général, ou en garantissant à leur population une vie empreinte de liberté.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est réjoui des efforts entrepris pour passer à une stratégie préventive des conflits.  Il a estimé que pour changer la donne sur le terrain, il fallait prendre des mesures concrètes.  Le Japon soutient de telles mesures, notamment en Somalie, a-t-il ajouté.  Un redéploiement des ressources humaines est également nécessaire, a poursuivi le représentant japonais pour viser une plus grande efficacité.  Il a indiqué que son pays continuait de se focaliser sur les questions transfrontières au sein de la Commission de consolidation de la paix (CCP) dont il est membre.  Enfin, le délégué a mis en avant l’importance de la recherche de nouvelles ressources pour financer la pérennisation de la paix.  Dans cette optique, il a proposé d’augmenter les partenariats entre l’Organisation et le secteur privé. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a estimé impossible de parler de pérennisation de la paix, sans se pencher sur les facteurs qui la mette en péril, citant notamment la pauvreté.  La consolidation de la paix, a-t-il dit, doit maximiser les possibilités sur les plans du commerce et des investissements.  Face à l’évolution des conflits, il a reconnu qu’une nouvelle stratégie s’impose.  Il a appelé à tenir compte des liens entre les défis à la paix et les risques qu’encourent les petites États insulaires en développement.  Il a déploré que les concepts de consolidation et de pérennisation de la paix ne soient pas bien adaptés à la multiplicité des problèmes auxquels font face ces États, à commencer par les changements climatiques.  Il a exhorté la communauté internationale à reconnaître leur vulnérabilité particulière et à mettre sur pied des mesures coordonnées pour aborder les problèmes de sécurité de manière intégrale.

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a salué le rôle primordial qu’a joué l’ONU au Yémen à partir de 2011, ce qui a abouti au projet de constitution de la République yéménite.  À propos des milices houthistes, il a rappelé que trois envoyés spéciaux du Secrétaire général avaient été nommés pour négocier la paix entre le Gouvernement yéménite et les rebelles.  « Hélas, ces initiatives ont échoué, vu l’intransigeance des milices houthistes appuyées par l’Iran », a-t-il dit, avant de dénoncer « les interventions iraniennes dans la région ».  Déclarant chercher une paix durable pour son pays, le représentant a dit vouloir augmenter les financements pour soutenir la prévention des conflits, et développer la diplomatie multilatérale, « qui a prouvé sa capacité à sauvegarder les intérêts des pays, y compris les plus petits ».  Il s’est enfin félicité de l’augmentation des effectifs yéménites dans les troupes onusiennes de maintien de la paix.

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a rappelé que le Gouvernement guatémaltèque avait signé un accord de paix après 36 années de conflit.  Il a dénoncé les doctrines politiques étrangères qui avaient fragilisé, dans le passé, les institutions de l’État, expliquant que les séquelles de cette situation avaient poussé le Guatemala à se tourner vers l’ONU dans le but de renforcer ses capacités nationales, notamment dans le secteur de la justice.  L’appropriation nationale a ainsi pu se faire, permettant de renforcer la confiance de la population, s’est-il félicité.  Il a assuré que le renforcement des institutions et de l’État de droit se poursuivait, de même que la lutte contre la corruption et l’impunité.

Le représentant a ensuite parlé du scrutin organisé le 15 avril eu égard au différend territorial qui oppose le Guatemala au Belize.  Le Guatemala a opté pour une solution pacifique, afin de définir un avenir prospère garantissant la sécurité territoriale et une coexistence populaire entre les deux peuples, s’est-t-il félicité.  Il a par ailleurs évoqué le rôle de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) et a appelé le Secrétariat à faire preuve de plus d’efficacité lors de la mise en œuvre des mandats sur le terrain. 

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a souhaité mettre l’accent sur la prévention, s’alignant sur la position du Secrétariat général.  Il a aussi loué le souci d’inclusion dans le processus et la volonté d’y faire davantage participer les femmes et les jeunes.  Il a fait remarquer que, ces trois dernières années, Sri Lanka avait lancé de nombreuses initiatives pour consolider et pérenniser la paix.  « Ce chemin a été semé d’embuches », a-t-il nuancé, tout en déclarant rester optimiste pour l’avenir, notamment via le soutien financier de l’ONU.  L’Organisation a joué, selon lui, un grand rôle pour mettre le pays sur la voie de la paix durable.  « Notre gouvernement et l’ONU travaillent en partenaires », s’est-il réjoui. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a appelé à mettre en place une approche cohérente et coordonnée pour appuyer les pays sortant d’un conflit.  Il a indiqué que son pays consacre un « concept triptyque » à cette question qui met l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale et de la souveraineté, de l’inclusivité, et des partenariats coopératifs.  Il a aussi souligné que seule une ONU plus forte peut aider efficacement les États, insistant par ailleurs sur l’impératif de stopper les conflits avant leur éclatement.  Le représentant a assuré que le Maroc ne ménageait aucun effort pour appuyer les préceptes de médiation et soutenir la paix, notamment par l’intermédiaire de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Le Maroc espère aussi créer une espace de coprospérité dans la région, a-t-il ajouté.

Le représentant a ensuite fait savoir que plus de 1 600 militaires marocains sont actuellement déployés au service de la protection de la paix dans le monde.  Il a salué le rôle plus éminent que sera amené à assumer la Commission de consolidation de la paix (CCP) à l’avenir.  « Il faut faire de la paix un droit et non pas un privilège », a-t-il déclaré, avant d’exhorter les États à faire preuve de créativité pour que la paix devienne une réalité palpable pour chaque individu.

M. ALI ALIFEI MOUSTAPHA (Tchad) a rappelé que son pays avait servi de cadre à des violences inouïes, et que le peuple tchadien avait fourni beaucoup d’efforts pour parvenir à la paix, notamment via des mécanismes de réconciliation de la paix, comme le Comité national du dialogue national.  Il a salué le « précieux accompagnement » apporté par le Fonds pour la consolidation de la paix et le Bureau d’appui, et son travail de financement des communautés locales impliquées dans des activités de prévention et de médiation.  Louant le « génie créateur » des jeunes et des femmes et leur rôle éminent joué dans un effort tourné vers leur plus grande participation à la société civile tchadienne, M. Moustapha s’est aussi félicité du repositionnement du système de développement des Nations Unies et a renouvelé son soutien à la vision du Secrétaire général. 

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a réclamé une démarche holistique pour la consolidation et la pérennisation de la paix, qui tienne compte des souhaits des femmes et des enfants.  Elle a appelé à répondre aux causes de l’instabilité moyennant des investissements dans le développement.  Il faut, a-t-elle ajouté, garantir la pleine participation des femmes dans ces efforts en faveur d’une paix durable.  Il faut aussi dégager des synergies entre les organisations internationales, régionales et inter-régionales.  Elle a aussi appelé à promouvoir une culture de médiation dans la politique internationale.  La représentante a, par ailleurs, salué le feu vert donné à la création, par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix, d’un projet trinational visant à renforcer la résilience et la cohésion entre le Guatemala, le Honduras et El Salvador.  Le Honduras, a-t-elle souligné, est confiant que la voie idoine pour prévenir les conflits est celle de la diplomatie préventive et du dialogue.

Pour emprunter la voie de la paix pérenne, il faut appréhender les causes et la nature des conflits, sans quoi une paix durable ne peut être réalisée, a fait valoir Mme MALEEHA LODHI (Pakistan).  Pauvreté, occupation étrangère, interférence étrangère, injustice politique et économique, changements climatiques, tensions ethniques, tribales et religieuses, sont là quelques-uns des nombreux fléaux à l’origine des conflits, selon Mme Lodhi qui voit dans les recommandations du Secrétaire général une bonne base pour agir.  En effet, a-t-elle poursuivi, outre la compréhension des causes profondes des conflits, il est vital de favoriser une meilleur cohérence et synergie à travers le système des Nations Unies et l’amélioration des capacités du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.  La déléguée croit fermement que pour que des initiatives de paix soient pérennes, elles doivent être assumées localement, ancrées au niveau régional et soutenues au plan international.  Elle a, en conclusion, plaidé pour une meilleure restructuration et hiérarchisation des besoins en financement des activités de consolidation de la paix, soulignant que l’option suggérée par le Secrétaire général doit être examinée avec attention. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé à la mémoire des États le concept de rétablissement de la paix qui avait été examiné par l’ancien Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali.  Il a souligné des liens intrinsèques entre paix et sécurité, jugeant par ailleurs nécessaire d’examiner en profondeur le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), notant son « importance primordiale ».  La politique extérieure du Koweït privilégie la médiation et le règlement pacifique des différends, ainsi que la diplomatie préventive, a-t-il indiqué.

Pour Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam), il est temps pour les Nations Unies d’adopter une approche plus holistique, intégrée et centrée sur l’élément humain pour la pérennisation de la paix.  Cette approche devrait, selon elle, se concentrer en priorité sur la prévention des conflits, la promotion des synergies ainsi qu’une transition harmonieuse du maintien de la paix vers les activités de consolidation de la paix dans le cadre d’une appropriation nationale.  Pour ce faire, elle a plaidé pour que tous les différends et conflits soient résolus à travers des moyens pacifiques, conformément à la Charte des Nations Unies et du droit international, y compris le principe de non-interférence dans les affaires intérieures d’un pays et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.  De plus, a-t-elle indiqué, la pérennisation de la paix n’est possible qu’en traitant les causes profondes des conflits.  Elle a, en outre, estimé impératif, pour la réalisation d’une paix et d’un développement durables, la mise en place d’un partenariat durable et efficace ainsi que d’une coopération entre l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales, les gouvernements nationaux, les autres parties, notamment les femmes et les jeunes.  Elle a conclu en appelant à allouer des ressources adéquates à la mise en œuvre de l’important programme de consolidation et de pérennisation de la paix.

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a appelé à renforcer l’efficacité des activités de l’ONU dans l’ensemble de son action en faveur de la paix, estimant que pour faire face à l’augmentation des défis complexes, il convient de dépasser la fragmentation pour promouvoir une approche cohérente et holistique.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance, pour l’ONU, de travailler de manière effective avec les organisations régionales, les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile.  La Commission de consolidation de la paix (CCP), a-t-il ajouté, est particulièrement bien située au sein du système pour créer de tels partenariats.  D’ailleurs, pendant sa présidence de la CCP, la République de Corée a facilité le dialogue entre la CCP et la Banque mondiale.  Le représentant a aussi appelé à renforcer le travail avec le secteur privé et la société civile.

M. Cho est ensuite revenu sur la tenue, à Séoul, en octobre 2017, de la Conférence asiatique pour la prévention et la pérennisation de la paix.  Il a indiqué que des conflits de faible intensité persistent dans le continent, et que la politisation croissante des identités ethniques et religieuses à travers l’Asie nécessite d’élaborer des stratégies de consolidation de la paix à long terme pour répondre aux tensions ethniques et promouvoir l’unité.  Il a aussi souligné que le développement économique et l’éducation sont les principaux moteurs de la consolidation de la paix dans de nombreux pays asiatiques.  Dans mon pays, après la fin de la guerre de Corée, plus de deux tiers de l’aide étrangère ont été orientés vers la création du secteur privé, a-t-il rappelé, expliquant que ce partenariat public-privé avait été essentiel au développement économique rapide du pays.

Mme MARÍA DEL CARMEN DOMÍNGUEZ ÁLVAREZ (Chili) a appelé à renforcer le multilatéralisme afin d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes mondiaux.  Elle s’est inquiétée des nouveaux défis et obstacles à la paix et à la sécurité, citant notamment le terrorisme, le crime organisé, le trafic de stupéfiants et d’armes, le blanchiment d’argent et la traite des personnes, ainsi que les catastrophes naturelles, la propagation de maladies et les changements climatiques.  Elle a préconisé une approche pluridimensionnelle qui permette d’en combattre les causes.  La représentante a aussi appelé à investir davantage dans la prévention.  Elle a prôné une démarche préventive centrée sur l’alerte précoce plutôt que sur les interventions.  En outre, une réforme concrète et pratique du Conseil de sécurité devrait également permettre de renforcer l’action de l’Organisation et lui permettre de mieux répondre aux causes des conflits et de mieux appuyer la reconstruction postconflit. 

Mme ADALJIZA ALBERTINA XAVIER REIS MAGNO, Vice-Ministre pour les affaires étrangères et la coopération du Timor-Leste, a insisté sur l’importance du respect du principe de l’appropriation nationale.  En tant que pays en situation postconflit, le Timor-Leste a dû se réconcilier avec son passé, panser ses plaies et encourager la paix avec son voisin immédiat, a souligné la représentante.  Elle a expliqué que le processus d’édification de l’État, qui vise à assurer une stabilité durable et la prospérité, était étroitement lié à la réconciliation nationale.  Des mesures ont été prises pour rétablir la confiance, normaliser le quotidien et répondre aux besoins de la majorité de la population qui a été durement éprouvée par le conflit.

Elle a aussi indiqué que la population du Timor-Leste est constituée à 70% de jeunes qui sont nés durant le conflit et qui ont vu leur éducation interrompue.  Des efforts sont donc nécessaires pour assurer la résilience sociale et le développement durable, en vue de l’avènement d’une société exempte de conflits.  Pour la Vice-Ministre, les avancées réalisées par le Timor-Leste illustrent à quel point la paix et le développement ne peuvent progresser que lorsqu’une structure solide a été construite.  En la matière, un niveau élevé d’engagement politique s’impose, a-t-elle souligné.

On ne saurait insister assez sur l’importance de cette question qui a placé la consolidation et la pérennisation de la paix à l’avant-plan des travaux de l’ONU, a souligné M. AZIZ PAHAD, Envoyé spécial du Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, pour qui il est difficile d’imaginer une paix durable sans réforme du secteur de la sécurité.  L’Afrique du Sud partage la vision du Secrétaire général qui met l’accent sur la culture de la prévention des conflits pour éviter que les pays ne sombrent à nouveau dans les conflits et ce, à travers une contribution positive de la communauté internationale à la stabilité, à la croissance économique et au développement des pays sortant de conflits.  Sa délégation appuie également un financement durable et prévisible pour le Fonds pour la consolidation de la paix.  La délégation, qui s’est dite satisfaite des différentes options de financement proposées par le Secrétaire général, a suggéré la mise en place d’un mécanisme permettant d’accueillir les avis des uns et des autres.  De plus, il a appelé à l’élaboration d’un rapport global sur le financement des activités de consolidation de la paix basé sur les recommandations et options du Secrétaire général. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a constaté que l’ampleur et la complexité des défis qu’affrontent les sociétés touchées par un conflit font que les approches simplistes qui privilégient la justice au détriment de la paix, et vice-versa, sont vouées à l’échec.  C’est pourquoi il a préconisé que la pérennisation de la paix et l’obtention de la justice soient considérées ensemble, « car elles sont interdépendantes ».  Il a aussi affirmé qu’il ne peut y avoir de paix durable sans atteindre l’objectif 16 de développement durable qui a pour thème « paix, justice et institutions efficaces ».

La justice pénale est un élément central de ce débat, a-t-il poursuivi, car elle sert non seulement à consolider la paix, mais également à prévenir les cycles de violence et à appuyer les processus de réconciliation.  Il a rappelé l’importance de la création de la Cour pénale internationale et a vu dans l’adhésion au Statut de Rome un élément essentiel pour renforcer le respect de l’état de droit et de ses institutions.  Enfin, M. Wenaweser a salué l’adhésion de Saint-Vincent-et-les Grenadines au Code de conduite contre les crimes d’atrocité de masse du Conseil de sécurité. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a insisté sur l’importance de la dimension régionale dans tous les efforts visant à renforcer la cohérence des processus de consolidation et de pérennisation de la paix.  En effet, a-t-il argué, l’appui le plus déterminant est généralement celui que peuvent fournir d’autres États Membres de la région à laquelle appartient le pays concerné, souvent en raison de la proximité géographique, culturelle et historique.  Pour lui, les acteurs régionaux doivent être « consultés et écoutés » afin de réduire sensiblement le déficit de plus en plus grandissant entre les positions régionales et celles d’autres acteurs en dehors de la région.  Une approche qui cadre bien, selon lui, avec le principe de subsidiarité de l’Union africaine et dont l’objectif est d’éviter des mécanismes parallèles qui pourraient miner des efforts régionaux.

Le représentant a aussi fait valoir que les activités de consolidation de la paix ont besoin d’un financement suffisant, prévisible et durable face aux défis tels que la fragmentation du système et le manque de ressources spécialement affectées à la maîtrise des risques liés aux conflits, y compris en période de transition.  Pour cela, il a estimé que les contributions statutaires amélioreraient considérablement la prévisibilité et la viabilité du financement de la consolidation de la paix.  M. Shingiro a, en outre, souligné le rôle essentiel de la femme et de la jeunesse dans les efforts de paix car celle-ci n’est pas une « affaire de l’élite politique uniquement ».  Il a estimé, en conclusion, que la pérennisation de la paix ne doit pas être perçue comme une « opération ponctuelle » mais un processus multisectoriel, endogène et continu. 

M. ADIKALIE FODAY SUMAH (Sierra Leone) a estimé que les résolutions « jumelles » adoptées en 2016 par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité sur l’architecture de consolidation de la paix avaient offert à l’ONU et à ses États Membres des fondations solides pour surmonter les défis posés par les nouvelles menaces émergentes non traditionnelles.  Citant l’étude conjointe ONU-Banque mondiale, M. Sumah a souligné que la prévention des conflits pouvait épargner à la communauté internationale quelque 1,5 milliard de dollars par an et éviter un manque à gagner pour les pays de l’ordre de 33 milliards.  Il lui a dès lors paru essentiel d’investir dans la pérennisation de la paix afin de parvenir à la réalisation de l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ne laisser personne de côté. 

M. Sumah a souhaité partager l’expérience de la Sierra Leone, qui a franchi une étape importante en matière de consolidation de la paix et de la démocratie grâce à une transition pacifique d’un gouvernement à un autre et cela, à la faveur d’élections libres et transparentes.  Ces progrès n’ont pas été réalisés du jour au lendemain, a averti le représentant, mais ils illustrent bien l’important investissement consenti par les gouvernements successifs et la communauté internationale en matière de consolidation et de pérennisation de la paix, par l’édification d’institutions démocratiques et de la bonne gouvernance.  M. Sumah a rappelé l’apport et le soutien de la communauté internationale et des donateurs, accordant une place particulière à la Commission de consolidation de la paix et au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a affirmé que la consolidation de la paix implique non seulement de faire taire les canons, mais aussi de bâtir des institutions publiques solides et de favoriser l’émergence d’une conscience citoyenne.  Il a aussi estimé qu’à l’ONU, les activités liées à la paix ne doivent pas être l’apanage d’un seul bureau.  Il a indiqué que son pays appuie l’élargissement de la pérennisation de la paix, saluant à cet égard les efforts visant à faire davantage le lien entre prévention et développement.  Il a aussi appelé à renforcer la CCP.

Le représentant a ensuite rappelé qu’El Salvador était sorti d’un conflit armé il y a 26 ans avec l’appui de l’ONU.  Une paix durable, a-t-il souligné, passe par l’implication des femmes et des jeunes.  Il a aussi réclamé un financement stratégique pour appuyer les efforts de consolidation et de pérennisation de la paix.  Il faut, a-t-il poursuivi, examiner en profondeur les questions liées à la paix dans toutes leurs dimensions.  Il a aussi insisté sur l’importance de réaliser l’objectif 16 de développement durable car « il n’y aura pas de développement durable sans paix, ni de paix sans développement durable ».

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a affirmé que la consolidation et la pérennisation de la paix sont des responsabilités de l’ONU qui se renforcent mutuellement.  Il a appuyé l’accent mis sur la prévention de conflits, le renforcement des capacités de médiation de l’ONU et les efforts déployés en matière de parité.  Il a appelé à répondre aux problèmes liés à la fragmentation, soulignant que pour être efficace, l’Organisation doit enclencher des « changements culturels ».  Il en va de même pour les États Membres qui ont le privilège de siéger au Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, suggérant notamment de rendre les consultations plus effectives et de mieux réfléchir à ce qui figure dans les résolutions.  Il a aussi fait part de son ferme appui au processus de réforme lancé par le Secrétaire général.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a jugé impératif, pour réduire les probabilités des conflits et la recrudescence des violences dans les pays sortant d’un conflit, d’adopter une approche holistique face aux questions liées notamment aux inégalités, au chômage, à la pauvreté, aux abus en matière des droits de l’homme, à la répartition des ressources, aux changements climatiques, à la justice et à la criminalité nationale et transnationale.

M. Mero s’est dit convaincu que, pour parvenir à un système des Nations Unies résolument orienté vers la prévention, les droits de l’homme et le développement durable, il était essentiel d’investir dans l’élément humain, y compris dans les partenaires gouvernementaux, les artisans locaux de la paix ainsi que dans le personnel des Nations Unies.  Pour lui, le système des Nations Unies et ses agences disposent des moyens et de la détermination nécessaires.  Néanmoins, face au défi du financement, il a estimé nécessaire que les Nations Unies présentent une analyse globale sur l’état du Fonds pour la consolidation de la paix.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a souligné l’attachement de son pays aux principes de base des relations internationales, en tête desquels figurent la consolidation et la pérennisation de la paix.  Pour lui, le pilier de ces deux concepts est la réalisation de la justice.  Car, a-t-il insisté, « sans justice, pas de paix ».  Il a cité le cas du peuple palestinien comme preuve de cette injustice et de la paix qui tarde à se réaliser.  Ce peuple, a-t-il poursuivi, continue de subir le joug de l’occupation sans pouvoir réaliser ses aspirations légitimes pour un État indépendant.  Il a rappelé que l’Arabie saoudite avait présenté de nombreuses initiatives pour la paix, notamment l’Initiative de paix arabe en 2002.

Il a aussi mentionné l’initiative de son pays s’agissant du Yémen, qui a permis une passation pacifique du pouvoir avant que les putschistes houthistes ne s’emparent du pouvoir avec l’aide de l’Iran.  L’Arabie saoudite a également œuvré en Syrie, en Libye, en Afghanistan et dans bien d’autre pays pour appuyer la conciliation entre frères et propager la culture du dialogue, de la tolérance et de l’entente sur le plan interne comme à l’international.  Il en veut pour preuve les nombreuses initiatives dans ce sens, notamment le Centre mondial de lutte contre les pensées extrémistes et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.  Il a appelé l’ONU à jouer un rôle plus efficace en renforçant le développement durable notamment pour les pays en développement.  Pour notre part, a-t-il conclu, nous sommes proactifs tout en respectant la souveraineté et l’intégrité des États.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a indiqué que son pays est préoccupé par les conflits dans son voisinage immédiat et a regretté les répercussions sur les populations civiles.  Malte a toujours cherché à contribuer aux efforts visant à renforcer le dispositif de la paix tel qu’il existe actuellement et à consolider les actions propices au maintien de la paix.  À cet égard, le délégué a fait part de sa haute appréciation de l’action initiée par le Secrétaire général et le Président de l’Assemblée générale.  Son pays continuera de soutenir pleinement leurs efforts, a-t-il assuré.

Malte croit fermement à la nécessité d’identifier les causes profondes des conflits en vue de bâtir des sociétés résilientes et de prévenir les conflits violents.  Il est impératif de détecter les obstacles et défis avant qu’ils n’atteignent des proportions graves et d’œuvrer pour réduire leurs effets négatifs qui pourraient devenir hors de contrôle, a-t-il averti.  Les gouvernements devraient travailler vers la création et l’accroissement des opportunités d’emploi, offrir aux citoyens les moyens de réaliser leurs aspirations, a préconisé le délégué, en soulignant à cet égard le rôle crucial de la société civile, des femmes et des jeunes.  Un intérêt particulier devrait être accordé à l’état de droit, la reddition de comptes, l’accès à la justice et les droits de l’homme, a-t-il conclu. 

Lors de l’adoption, en 2016, des résolutions « jumelles » sur la consolidation et la pérennisation de la paix, « nous avons affirmé que la paix devrait agir au niveau des trois piliers des Nations Unies et devrait impliquer tout le système de l’ONU », a rappelé Mme AUDRA PLEPYTĖ (Lituanie).  C’est pourquoi, elle a salué et soutenu la vision du Secrétaire général concernant les réformes de l’Organisation, des réformes nécessaires pour permettre à l’ONU de se concentrer véritablement sur la paix durable.  Elle a de même mis l’accent sur la notion d’inclusivité et sur le financement des activités de prévention pour une paix durable.  Car, a-t-elle expliqué, quand les efforts de la consolidation de la paix reposent sur des consultations sociales inclusives où personne n’est laissé de côté, cela génère des institutions légitimes et rétablit la confiance dans les États.  À cet égard, elle a souligné le rôle de la femme, des jeunes et de la société de civile.  Elle a, par ailleurs, appelé à des moyens de financement innovants: il faut « mieux » dépenser les deniers de l’Organisation et non pas « plus » dépenser, a-t-elle insisté, avant d’appeler à œuvrer de concert pour mettre en application les recommandations du Secrétaire général.

M. JAN KICKERT (Autriche) a vu dans le renforcement de l’engagement de l’ONU en matière de prévention de conflit, l’occasion pour les États Membres de valoriser l’appui international offert avant l’irruption potentielle d’un conflit, ainsi que durant les phases de transition postconflit.  Il a salué la proposition de créer une nouvelle génération d’équipes de pays.  Le représentant a noté qu’il sera impossible de progresser sans aider les pays à renforcer leurs capacités à protéger leur propre population.  « On ne peut pas non plus continuer de détourner le regard lors des atrocités de masse », a-t-il ajouté.

M. Kickert a également appelé à redoubler d’efforts pour assurer la pleine mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité, soulignant que c’est là un élément central de la pérennisation de la paix.  Il a par ailleurs fait savoir que l’Autriche participe à des projets visant à renforcer le cadre de prévention de conflit de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que le Mécanisme d’alerte précoce de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a vu dans la montée du terrorisme, la menace séparatiste et la discrimination, entre autres, les principaux obstacles à la paix, à la sécurité et au développement durable.  Il a appelé au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, en plaidant aussi pour l’inviolabilité des frontières.  Il a souligné que le principe du règlement pacifique des litiges internationaux et le concept de prévention ne sauraient être interprétés comme justifiant la persistance de situations constitutives de violations de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a jugé « inacceptable et intolérable » que des agressions armées contre des États souverains se poursuivent malgré les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a vivement dénoncé le fait que l’Azerbaïdjan soit l’objet d’une « agression armée » et d’un « nettoyage ethnique ».

Mme GILLIAN BIRD (Australie) s’est félicitée du nouvel agenda en matière de pérennisation de la paix, le décrivant comme ayant le potentiel de transformer l’Organisation et d’améliorer son efficacité.  « S’il est bien mené, il rendra l’ONU davantage prête à relever les défis modernes et lui permettra de faire respecter ses principes fondateurs dans le monde d’aujourd’hui. »  Saluant les efforts continus des États Membres pour bâtir un processus de consolidation de la paix qui inclue tout le monde, elle a rappelé l’accent mis, dans les résolutions, sur la responsabilité première des gouvernements nationaux pour maintenir une paix durable.

La représentante a aussi remarqué que la pérennisation de la paix nécessitait des initiatives à travers tout le système de l’ONU, pas seulement dans les domaines de consolidation de la paix.  « Les États Membres se sont clairement exprimés sur le fait que le système dans son ensemble devait appuyer énergiquement cet agenda, sans délai. »  Mme Bird a enfin invité l’Organisation à resserrer ses liens et sa collaboration entre ses différentes branches, mais aussi avec l’extérieur, sur le terrain et avec le secteur privé, pour rendre son action plus efficace. 

M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a dit soutenir les efforts de réforme du Secrétaire général et a plaidé en faveur d’une approche où les États Membres sont responsables de la pérennisation de la paix, tout en bénéficiant du soutien de la communauté internationale.  Rappelant que le cas de Chypre était pertinent, il a salué la valeur du travail que mène la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre.  Se déclarant déterminé à trouver une solution à la question chypriote, il a rappelé que les Nations Unies restaient le seul forum dans lequel une solution à l’amiable pouvait être discutée pour réunir les deux côtés de l’île, une solution qu’il espère pour le peuple de Chypre. 

Pour M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), au vu de la situation internationale qui prévaut actuellement, il est évident que la pérennisation de la paix est un impératif pour l’ONU et ses États Membres.  Son pays, a-t-il dit, fait de la paix durable un élément essentiel de sa politique.  La prévention des conflits, le maintien de la paix et la reddition de comptes sont des priorités essentielles en ce sens qu’elles sont liées à la pérennisation de la paix, a-t-il fait observer.  Il a, à cet égard, développé trois points qui, selon lui, contribuent à la réalisation d’une paix durable.

Il faut tout d’abord viser l’appropriation nationale, a-t-il dit: « Nous avons la responsabilité de bâtir une paix durable au plan national. »  Réaliser les objectifs de développement durable, c’est, à son avis, s’attaquer aux causes profondes des conflits et, partant, prévenir les conflits.  Il a, ensuite, encouragé à renforcer les approches inclusives arguant que l’exclusion économique et sociale peut contribuer à la perpétuation des conflits.  Le délégué a, enfin, préconisé, d’abattre les cloisons et de renforcer les partenariats, en commençant par renforcer la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a encouragé l’ONU à renforcer ses partenariats, notamment avec la Banque mondiale pour créer des synergies sur le terrain.  Pour leur part, les Pays-Bas, membre non permanent au Conseil de sécurité, continueront de déployer leurs efforts au sein de l’organe exécutif en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix. 

Pour M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana), il revient en premier lieu aux États Membres d’assumer la responsabilité liée à la prévention de conflits et à la pérennisation de la paix.  Le délégué a aussi estimé que la prévention et la pérennisation de la paix ne doivent pas être considérées comme une menace pour la souveraineté, notant par ailleurs que le succès des mécanismes d’alerte et de réaction précoces dépend de la confiance entre les États Membres, sans oublier l’importance de la volonté politique.

Le représentant a appelé les États Membres à investir dans l’inclusivité pour permettre à chacun de profiter des dividendes de la diversité au lieu de considérer celle-ci comme une menace.  Il a aussi insisté sur le rôle de lanceur d’alerte de la société civile, ainsi que sur l’importance de la participation des femmes et des jeunes.  M. Ntwaagae a appelé à accorder la priorité aux partenariats et à la coopération avec les organisations régionales, notant que l’ONU ne peut pas assurer la pérennisation de la paix à elle seule.  Il a par ailleurs vu dans les prochaines négociations de la Cinquième Commission sur le pilier « paix et sécurité » l’occasion de financer les initiatives de pérennisation de la paix.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a appuyé les efforts visant à renforcer la cohérence du système de l’ONU, ainsi que les capacités des coordonnateurs résidents, et à revitaliser le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.  La prévisibilité et la pérennité du financement doivent aussi être assurées, a-t-il ajouté.  En outre, les efforts déployés dans les domaines de la consolidation et de la pérennisation de la paix doivent être étroitement liés au recalibrage du système de développement, à la réforme de la gestion et à la restructuration du pilier paix et sécurité de l’ONU.

Il a relevé que de nombreux actes de violence dirigés contre les États sont le résultat de politiques d’exclusion découlant d’un manque de représentation, d’un secteur de la sécurité abusif ou de l’échec à protéger les droits de l’homme.  Afin de mieux comprendre le rôle joué par la réforme du secteur de la sécurité dans la pérennisation de la paix, la Slovaquie et l’Afrique du Sud ont coprésidé, hier, une table ronde de haut niveau sur la réforme du secteur de la sécurité et la pérennisation de la paix, a indiqué le représentant.

M. SURENDRA THAPA (Népal) a rappelé que pérennisation de la paix, développement et droits de l’homme étaient intrinsèquement liés et qu’ils se nourrissaient l’un l’autre, avant d’insister sur la nécessité de traiter la cause profonde des conflits selon une approche inclusive.  Il a prôné le renforcement du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le développement de « charnières » entre le pilier « sécurité » et le pilier « paix » composant, avec le pilier « droit de l’Homme », les soubassements de l’Organisation.  Il a noté que malgré des catastrophes naturelles et d’autres crises socioéconomiques qui ont secoué le pays ces dernières années, le Népal s’est relevé avec succès, adoptant en 2015 une constitution inspirée de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Le Népal a maintenant un corps politique diversifié, composé de 41% d’élues.  Enfin, le représentant a souligné que même lorsque le pays était en proie à des tensions internes, il était resté un contributeur important en troupes onusiennes.

M. ROBERT SISILO (Îles Salomon) a indiqué que son pays avait lui aussi connu, en 1998, les affres du conflit, mais que la paix avait pu être rétablie grâce au déploiement de la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI) en juillet 2003.  Avec l’assistance de la Mission, la force de police du pays a pu être renforcée, et cinq policiers des îles Salomon ont depuis achevé leur déploiement au sein des missions de l’ONU au Darfour et au Soudan, a-t-il fait valoir.  Quatre autres sont toujours déployés au Darfour et devraient prochainement être rejoints par trois autres de leurs concitoyens, dont deux femmes.  Le représentant a insisté sur l’importance de ces déploiements, expliquant qu’ils favorisent le partage des expériences et des leçons apprises.  Il a ensuite salué l’appui octroyé par la CCP à la prévention et la pérennisation de la paix dans les Îles Salomon.

Le représentant a aussi appelé à fournir un financement ciblé aux activités qui appuient les contributions de jeunes à la pérennisation de la paix, et à augmenter les fonds en appui à l’autonomisation des femmes et des filles en situation de conflit.  Il a par ailleurs averti que les changements climatiques risquent de déclencher des conflits.  Il a indiqué que son pays avait déjà perdu plusieurs îles en raison de la montée du niveau de la mer: il doit à présent relocaliser leurs habitants dans d’autres régions du pays, notamment aux alentours de centres urbains déjà surpeuplés.  Un climat instable et le déplacement de population risquent d’exacerber certains facteurs de conflit comme les pressions migratoires, les chocs culturels et la compétition pour les ressources.  Il a voulu que les efforts de réforme prennent « très au sérieux » cette menace croissante.  Il a réitéré l’appel de son gouvernement pour la nomination d’une représentant spécial pour le climat et la sécurité.

M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a appelé à promouvoir les efforts menés par l’ONU pour renforcer son action en termes de consolidation et de pérennisation de la paix.  Il a axé son intervention sur trois volets essentiels, à savoir les droits de l’homme, le développement durable et l’éducation.  Les droits de l’homme sont au cœur même de la pérennisation de la paix, a-t-il affirmé.  Pour lui, ils sont le meilleur outil disponible et demeurent indissociables de l’état de droit.  Évoquant ensuite la question du développement durable, il a souligné qu’en l’absence de celui-ci, on ne peut atteindre une paix durable.  Par conséquent, a-t-il conclu, « il nous faut concentrer nos actions sur des stratégies inclusives, avec notamment l’émancipation des femmes et l’inclusion des jeunes ».  Quant à l’éducation, le délégué l’a vue comme un instrument de prévention des conflits, un jalon pour jeter les fondements du développement durable.  Il a cité, à cet égard, l’expérience concluante de son pays en la matière.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a vu dans les recommandations et points de vue contenus dans le rapport du Secrétaire général sur « la consolidation et la pérennisation de la paix » un moyen d’apporter des solutions pratiques aux questions du fonctionnement de l’architecture de consolidation de la paix.  Ils constituent également la base des discussions futures entre les États Membres, a poursuivi Mme Moldoisaeva, pour qui la pérennisation de la paix est une tâche qui incombe aussi bien aux gouvernements qu’aux autres parties, notamment à travers l’établissement de priorités, la mise en œuvre de stratégies et la gestion intégrées des activités pour la préservation d’une paix inclusive.

Elle a de même appuyé la nécessité de surmonter l’absence de cohésion entre les intervenants du système des Nations Unies et, partant, accroître ses capacités.  Ce qui, a-t-elle poursuivi, lui permettra de renforcer sa capacité à soutenir les États Membres dans leurs efforts pour l’instauration et la pérennisation de la paix, et de réagir rapidement et de manière efficace aux crises et conflits.  Elle a, par ailleurs, plaidé, pour une participation accrue des femmes dans la consolidation et la pérennisation de la paix et une plus grande implication des jeunes.  La déléguée a appelé, en conclusion, à se pencher sur l’une des préoccupations majeures, à savoir la question du financement dans le domaine de la consolidation de la paix. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a annoncé l’augmentation de la contribution de son pays au Fonds pour la consolidation de la paix et au Département des affaires politiques.  Par ce geste, l’Italie réaffirme son soutien entier aux efforts du Secrétaire général pour la mise en pratique de ses recommandations, notamment le resserrement des liens entre prévention et médiation, d’un côté, et promotion du respect des droits de l’homme, de l’autre.  Il a apprécié cette « vision complète et cohérente, pour obtenir la paix, la sécurité, la croissance économique et sociale ». 

Soulignant l’approche « holistique » du Programme 2030, il a mis l’accent sur les régions du Sahel, de la Corne de l’Afrique et de la mer Méditerranée, dont la situation actuelle « nécessite un engagement actif de tous les États Membres ».  Louant « la capacité sans égal » de l’ONU, le représentant italien a encouragé l’Organisation à poursuivre ses efforts, notamment au niveau de la CCP, ainsi qu’à « développer des synergies entre les niveaux international, national, régional ou sous-régional, les institutions financières internationales, la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, et le secteur privé ».

M. RY TUY (Cambodge) a salué l’initiative du Président de l’Assemblée générale de tenir ce débat ainsi que le rapport « clairvoyant » du Secrétaire général sur la consolidation et la pérennisation de la paix.  Les objectifs de développement durable et leur pleine mise en œuvre doivent à son avis servir de point de départ pour une paix durable dans le monde entier.  Car, a-t-il averti, « sans développement durable, pas de paix durable »: les deux se renforcent mutuellement.  Il a appelé à investir dans l’éducation et la formation d’une main d’œuvre de qualité pour réduire les inégalités.  La promotion de l’inclusion, a-t-il ajouté, est un rempart contre la pauvreté et, partant, les extrémismes. 

La pérennisation de la paix dans le monde exige un effort coordonné surtout pour les pays en situation de postconflit, a poursuivi le représentant.  Il a souligné le rôle important des opérations de maintien de la paix de l’ONU, soulignant qu’au cours de la dernière décennie, son pays y a contribué en déployant 5 000 Casques bleus.  Le Cambodge est attaché au principe du règlement pacifique des différends, a-t-il enfin déclaré en soulignant aussi l’importance du respect de la souveraineté et de la non-ingérence. 

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a souligné que le développement durable et social, la croissance économique soutenue, la bonne gouvernance et l’élimination de la pauvreté, sur une base inclusive, constituent un préalable indispensable à la pérennisation de la paix.  Il a rappelé que son pays est engagé dans une dynamique de sortie de crise, matérialisée par l’Accord pour la paix et la réconciliation.  À cet égard, la mise en place des autorités intérimaires dans les régions du nord du pays, l’effectivité du Mécanisme opérationnel de coordination, le processus de désarmement, démobilisation et réintégration et la réforme du secteur de la sécurité sont des actions fortes qui méritent d’être soulignées.  Il a ensuite indiqué que le Fonds pour la consolidation de la paix, au-delà des frontières maliennes, s’investit dans la région du Liptako-Gourma, avant de se féliciter que le G5 Sahel soit une initiative unanimement saluée pour la consolidation et la pérennisation de la paix.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a rappelé les résolutions jumelles « historiques » adoptées en avril 2016 concernant la consolidation de la paix.  Le débat d’aujourd’hui sur la pérennisation de la paix illustre un changement de paradigme ainsi que notre perception de la paix et la façon de résoudre les conflits dans le monde, a-t-il avancé.  Le délégué a souhaité que la consolidation de la paix s’appuie sur une approche plus coordonnée, intégrée et inclusive.  Il s’agit pour l’ensemble du système des Nations Unies d’adopter une approche globale, de concert avec toutes les parties prenantes, particulièrement avec la participation des femmes et des jeunes.  Le représentant a plaidé en faveur de l’appropriation nationale tout en souhaitant une implication des organisations régionales et sous-régionales, de la société civile, des médias, du secteur privé et des institutions financières internationales.  « Nous sommes d’avis, a-t-il conclu, que pour bâtir une paix durable, il faut un financement prévisible, sûr et suffisant. »  Car la paix est une chose fragile et sa pérennisation requiert courage et volonté politique, a-t-il rappelé.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souligné que la réalisation des objectifs de développement durable était la meilleure manière d’assurer la pérennisation et la consolidation de la paix dans le monde.  S’attaquer aux causes profondes des conflits, notamment les inégalités, la pauvreté et le chômage des jeunes, constitue l’arme pacificatrice par excellence, a-t-il estimé.  Il a aussi insisté sur la participation effective des femmes et des jeunes à tous les niveaux des différents mécanismes et institutions de prévention.  L’appui financier, matériel et technologique en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030 est un autre impératif pour la promotion d’une paix durable, a-t-il ajouté, de même que le financement de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, entre autres.

Ce financement, a-t-il poursuivi, doit également permettre le renforcement des capacités des pays qui, à l’instar du Gabon, font face à de nouvelles menaces sécuritaires, telles que le braconnage et le trafic illicite d’espères sauvages.  Le représentant a aussi appelé à consolider les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Il a par ailleurs averti que les effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement, conjugués à la croissance démographique, réduisent considérablement l’accès du plus grand nombre aux ressources existantes.  Cette situation, a-t-il mis en garde, pourrait constituer dans un future proche une source d’instabilité dans certaines régions.

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a rappelé que l’Équateur avait été un des premiers pays à signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a aussi parlé de l’appui accordé par son pays au processus de paix en Colombie, indiquant avoir accueilli 62 000 réfugiés colombiens.  En outre, 200 000 ressortissants colombiens ont fait une demande d’asile politique en Équateur, a-t-il ajouté.  Le représentant a déploré les revers qu’a subis récemment le processus de paix, dénonçant notamment l’exécution de trois journalistes équatoriens par un groupe dissident des FARC impliqué dans le trafic de drogue et, il y a deux jours, la séquestration d’un couple équatorien vivant dans la zone frontière entre les deux pays.  Il a ensuite évoqué la bonne résolution du différend qui avait opposé l’Équateur au Pérou dans le passé.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a salué une réunion de haut niveau qui se tient à son avis à point nommé, ainsi que le rapport du Secrétaire général qui détaille son approche en matière de réformes dans le but d’améliorer l’action des Nations Unies.  Une réforme qui pourra contribuer, a-t-il espéré, à résoudre le morcellement de l’action des Nations Unies en en renforçant la cohérence.  L’Argentine estime que les missions de maintien de la paix de l’ONU pourraient aider à mettre en œuvre le Programme 2030.  La délégation a, en outre, insisté sur la nécessité d’identifier les causes profondes des conflits et d’y répondre en se basant naturellement sur l’appropriation nationale.  Il est nécessaire, a-t-il conclu, de parvenir à un financement approprié et prévisible par l’entremise du Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a fait part de la disposition de son pays à débattre les propositions du Secrétaire général à cet égard.

M. KHALIFA ALI ISSA AL HARTHY (Oman) a appelé à ne pas sacrifier les principes fondamentaux de la paix, estimant que si l’ONU avait concentré ses efforts sur la prévention, il aurait été possible de faire des économies à la faveur du développement durable.  Il a souligné que la pérennisation de la paix dépend du consensus national et a appelé l’ONU à appuyer les pays dans la mise en œuvre de processus de paix adaptés aux circonstances sur le terrain.  Le représentant a aussi appelé à éviter les politiques de « deux poids, deux mesures », déplorant que l’ONU ne bénéficie de la confiance de nombreuses régions du monde.  Il a formulé l’espoir que le lancement de cette réforme soit le gage d’un nouveau départ.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a estimé ce débat essentiel pour faire avancer la consolidation et la pérennisation de la paix.  Elle a souligné la complexité et la prolongation des conflits existants et leur lien avec le crime organisé, l’extrémisme et le terrorisme.  C’est pourquoi elle a salué les efforts du Secrétaire général de l’ONU qui propose de restructurer le pilier paix et sécurité de Nations Unies.  Elle a de même loué l’action du Chef de l’ONU qui a intégré la notion du genre et la participation des jeunes dans les travaux de l’Organisation.  Elle a cependant souhaité une clarification sur l’impact potentiel de la restructuration des trois piliers sur le principe de souveraineté des pays ainsi que sur la représentation géographique juste et équitable des États Membres.  Elle a souligné la nécessité d’organiser des réunions régulières pour se pencher sur cette question dans l’attente d’un rapport plus exhaustif du Secrétaire général. 

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a tout d’abord indiqué que Boko Haram ne détient plus de territoires dans son pays.  Il a estimé que la pérennisation de la paix ne doit pas empiéter sur la souveraineté, ni servir de prétexte à cette fin.  Il a salué l’accent mis sur la prévention et a réclamé la création d’un mécanisme d’alerte précoce et d’intervention rapide.  Il a insisté sur l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix.  Pour lui, la résolution que doit adopter l’Assemblée générale marque un pas important en avant pour l’ONU.

Le représentant a ensuite rappelé la participation active du Nigéria aux missions de maintien de la paix de l’ONU, précisant qu’il avait déployé du personnel dans 25 missions, faisant de lui le quatrième plus important pays contributeur de troupes et de personnel de police.  Dans le cadre de sa réforme du secteur de la sécurité, a-t-il poursuivi, le Nigéria a mis en place un système de contrôle des dépenses liées à la défense.  Il a aussi insisté sur l’importance de la contribution des femmes à la pérennisation de la paix.  Préoccupé par le chômage des jeunes, le Gouvernement a en outre mis sur pied un programme de création d’emplois.  Des initiatives ont aussi été lancées pour combattre la corruption.

Mme KUMBIRAYI TAREMBA (Zimbabwe) a rappelé la nécessité des investissements dans la prévention des conflits, d’autant plus importante qu’elle permet de libérer des ressources nécessaires au développement des pays.  Considérant le développement durable comme « la clef » permettant d’atteindre une paix pérenne, la représentante a approuvé les résolutions jumelles adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale en 2016, et reconnu la responsabilité des États Membres dans la poursuite des objectifs de consolidation et de pérennisation de la paix.  Approuvant les résultats du rapport du Secrétariat général en la matière, et reconnaissant l’ambition de son projet, la déléguée a néanmoins relevé un déséquilibre dans les investissements de l’Organisation dans les opérations de maintien de la paix, qui, a-t-elle noté, surpassent de loin ceux dans la prévention des conflits.  Partant de ce constat, elle a réclamé un examen scrupuleux et complet des dépenses, ainsi qu’un rééquilibrage en faveur de l’investissement des activités de consolidation de la paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum sur le financement du développement prend trois « grandes mesures » dont celle de faciliter l’emploi de toutes les sources financières

Forum sur le financement du développement,
3e et 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6907

Le Forum sur le financement du développement prend trois « grandes mesures » dont celle de faciliter l’emploi de toutes les sources financières

Nous, ministres et représentants de haut niveau, réunis à New York, au Siège de l’ONU, du 23 au 26 avril 2018, à l’occasion du troisième Forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi du financement du développement, nous nous déclarons résolus à appliquer le Programme d’action d’Addis-Abeba qui fait partie du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  C’est sur ces mots que le Forum de l’ECOSOC a conclu, aujourd’hui, la première moitié de ses travaux non sans avoir pris trois « grandes mesures ». 

Notant la reprise dans certains secteurs de l’économie mondiale mais aussi l’insuffisance d’un investissement viable à long terme, de qualité et responsable pour atteindre les objectifs de développement durable, les ministres et représentants s’engagent, comme première grande mesure, à faciliter l’emploi de toutes les sources de financement, notamment le financement innovant, en étant soucieux de la soutenabilité fiscale et de celle de la dette.  Ils s’engagent aussi à œuvrer à ce que les mesures prises pour inciter les acteurs des secteurs public et privé favorisent le développement viable à long terme et à rendre les cadres financiers nationaux opérationnels pour les projets et filières ayant besoin d’investissement.  Chaque État, précisent-ils, « exerce librement une souveraineté entière et permanente sur toutes ses richesses, ressources naturelles et activités économiques ».

Dans leurs conclusions et recommandations explicitées en 34 paragraphes, les participants au Forum notent des progrès dans la mobilisation des ressources intérieures mais soulignent que d’importants écarts subsistent entre pays.  Ils insistent sur le caractère « crucial » de la gestion budgétaire et invitent à en faire une priorité dans tous les types de coopération au service du développement.  Ils se disent « vivement préoccupés » par les effets des flux financiers illicites et le fait que seule une petite partie des avoirs volés est restituée aux pays d’origine.  Ils se déclarent tout aussi préoccupés de ce que les cryptomonnaies soient de plus en plus utilisées à des fins illicites et appellent à des mesures. 

Les ministres et représentants reconnaissent également la contribution des envois de fonds des travailleurs migrants et promettent de réduire en 2030, au plus tard, le coût moyen de ces envois à moins de 3% du montant transféré. 

En attendant, ils se félicitent de l’augmentation, en 2016, de l’aide publique au développement (APD) et appelle les États à respecter l’objectif 0,7% de leur revenu national brut à cette aide, dont 0,15% à 0,20% aux pays les moins avancés.  Ils notent que l’accès au financement à taux réduit diminue à mesure qu’augmentent les revenus des pays et promettent d’examiner de nouvelles mesures inspirées des expériences existantes d’exceptions.  Ils notent également le potentiel du financement mixte et constatent, par ailleurs, l’utilité de déterminer comment les emprunts sont utilisés, soulignant que lorsqu’ils sont soutenus par une bonne gestion de la dette publique, les investissements publics dans les infrastructures et les capacités productives peuvent avoir un effet positif sur la marge de manœuvre budgétaire et la viabilité de la dette. 

Les ministres et représentants préconisent d’ailleurs une plus grande transparence, tant du côté des débiteurs que des créanciers, répétant qu’il faut un consensus mondial sur des directives concernant la responsabilité des uns et des autres.  Ils se félicitent aussi des progrès accomplis dans la mise en place du Mécanisme de facilitation des technologies et de la mise en service, en Turquie, de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés. 

Ils disent attendre avec intérêt le troisième forum annuel de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable, qui se tiendra à New York les 5 et 6 juin 2018.  Avant cela, ils se sont donné rendez-vous au Forum pour la coopération en matière de développement, à New York les 21 et 22 mai 2018.  L’année prochaine, ce sera la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, à Buenos Aires, du 20 au 22 mars 2019. 

Avec d’autres, l’Union européenne a relevé l’absence de référence au « multilatéralisme » dans les chapitres sur le commerce international, contrairement à ce qui apparaît dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Le but est d’insister sur le « traitement particulier » que méritent les pays en développement, ont argué le Groupe des 77 et la Chine.  Pour des pays comme le nôtre, un système commercial multilatéral équitable est crucial, a ajouté le Mexique.  Le principe fondamental de « ne laisser personne de côté » du Programme 2030 n’est même pas repris dans les conclusions et recommandations, a aussi relevé l’Union européenne, avant que la Suisse ne se réjouisse tout de même des multiples mentions de l’égalité entre les sexes.  Ce document, ont tranché les États-Unis, ne saurait créer d’obligation pour les États.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba est « dépassé » et nous nous sommes retirés de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  De toute façon, ont poursuivi les États-Unis, le Forum n’est pas l’endroit adéquat pour parler du Fonds vert pour le climat.  Les États-Unis se dissocient aussi de toutes les références aux droits de propriété intellectuelle. 

L’ECOSOC tiendra son quatrième Forum sur le suivi du financement du développement, du 15 au 18 avril 2019. 

*E/FFDF/2018/L.2

FORUM SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Troisième table ronde ministérielle

Au deuxième jour du Forum sur le financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC), des États ont de nouveau présenté les mesures qu’ils ont adoptées pour mobiliser les fonds nécessaires au financement du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Animée par la Présidente de l’ECOSOC, Mme MARIE CHATARDOVÁ, la table ronde a été l’occasion pour la société civile de lancer une mise en garde contre les méthodes « non durables « de financement du développement. 

Même si la tendance générale est à la mobilisation des ressources nationales, le Ministre des finances du Bangladesh, M. ABUL MAAAL A.  MUNITH, a souligné que l’aide publique au développement (APD) garde une place centrale dans le budget de son pays qui est toujours un des pays les moins avancés (PMA).  La mobilisation des ressources nationales a tout de même connu une augmentation de 11%.  En Afghanistan, a indiqué son Ministre de l’économie, la communauté internationale a injecté pas moins de 85 milliards de dollars, ces cinq dernières années, dans l’économie d’un pays déchiré par la guerre.  M. MUSTAFA MASTOOR a souligné que malgré cette manne, 54% de la population vit sous le seuil de pauvreté et près d’un quart d’Afghans sont sans emploi.  L’Afghanistan, qui dépend presqu’exclusivement de l’APD, a une balance commerciale déficitaire.  Quelque 91% des biens sont importés.

L’augmentation des recettes locales grâce à l’élargissement de l’assiette fiscale, c’est le pari du Gabon qui entend désormais « explorer de nouvelles niches comme l’impôt foncier », a expliqué le Ministre RÉGIS IMMONGAULT, en charge de l’économie, de la prospective et de la programmation du développement.  L’Office gabonais des recettes est la fusion des services des douanes et des impôts, un moyen pour le Gouvernement de renforcer la lutte contre l’évasion fiscale, tout en augmentant les fonds dédiés au développement. 

Le Mexique a aussi pris des mesures semblables pour renforcer ses capacités de collecte d’impôts, a renchéri M. NOEL GONZALEZ SEGURA, Directeur général de la planification et des politiques pour le développement international et la coopération du Mexique.  Le pays rappelle également certains des engagements du Consensus de Monterrey, dont le renforcement de la coopération internationale en matière fiscale.  « Nous entendons financer entièrement notre développement », a assuré le Ministre d’État des finances et de l’économie de l’Éthiopie, M. ADMASU NEBEBE.  Après l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, le Gouvernement a lancé des réformes institutionnelles qui ont conduit à la fusion, en 2016, de tous les services fiscaux.  Aujourd’hui, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) représente 65% des recettes, s’est félicité le Ministre, en rappelant que le PIB éthiopien connaît une croissance de 10% en moyenne par an.

Par contre, le Brésil sort de la pire récession de son histoire moderne avec un taux de croissance d’à peine 3% en 2017, s’est inquiété M. FABIO KANCZUK, Secrétaire à la politique économique au ministère des finances.  Même si des fonds sont mobilisés par des stratégies en faveur des secteurs public et privé, la forte croissance des années précédentes n’a pas encore permis de réduire les inégalités.  Les fonds sont mobilisés au Gabon, a indiqué M. RÉGIS IMMONGAULT, en expliquant que c’est grâce à la coordination menée par le tout nouveau « Haut Conseil de l’investissement » qui lorgne du côté des investissements étrangers directs (IED).  Aujourd’hui en Afrique, l’Éthiopie est l’un des pays qui reçoit le plus d’IED, s’est enorgueilli le Ministre d’État des finances et de l’économie.  Les zones industrielles spéciales pourraient donner lieu à deux millions d’emplois supplémentaires.  Au Turkménistan, a relevé le Ministre des finances et de l’économie, M. BATYR BAZAROV, l’idée est de réduire la dépendance aux hydrocarbures tout en diversifiant l’économie par l’innovation. 

C’est chose faite en Estonie, a semblé dire M. VAINO REINART, Sous-Secrétaire au Ministère des affaires étrangères, au nom d’un pays qui est passé de récipiendaire à donateur d’APD, grâce à la maîtrise des technologies de l’information et des communications (TIC).  L’’administration fiscale a par exemple réduit ses coûts opérationnels de moitié, tout en améliorant ses processus de vérification et de contrôle.  L’expérience de l’Estonie prouve que les TIC peuvent améliorer la mobilisation des ressources nationales, a-t-il affirmé, avant d’inviter les États à venir, en juillet prochain, assister aux cours de l’Académie estonienne de la gouvernance électronique.

Ce débat sur la mobilisation des ressources nationales a été bousculé par la mise en garde d’un représentant de la société civile qui s’est dit que les institutions de Bretton Woods et la communauté internationale continuent de privilégier des méthodes de financement qui ont fait la preuve de leur inefficacité.  « Comment peut-on aspirer au développement durable en favorisant des approches d’endettement? », s’est-il impatienté, invitant plutôt l’ONU à jouer un rôle de chef de file dans le règlement de la crise de la dette et à créer un cadre multilatéral « avant que la prochaine crise ».  Le Parlement européen vient d’ailleurs d’adopter une loi en ce sens. 

De nombreux pays des Caraïbes ont souffert des ouragans et on ne leur parle que des mesures qu’eux-mêmes doivent prendre, alors que c’est maintenant qu’il faut les aider, s’est également impatientée la Coordinatrice du Mouvement du Jubilé d’Asie du Sud-Pacifique, Mme LIDY NACPIL.  Elle s’est offusquée que le financement climatique soit intégré à l’APD, alors qu’il avait été convenu que ce financement vienne des trésors publics des grands pollueurs.  Il faut, a-t-elle ajouté, taxer les plus riches pour financer le climat et créer, pour ce faire une « entité fiscale mondiale ».  Elle a également demandé à l’ECOSOC de débattre de la question de la « discrimination fiscale » contre les femmes.

Quatrième table ronde ministérielle

Animée également par la Présidente de l’ECOSOC, cette table ronde a entendu neuf ministres dont cinq africains faire part des obstacles rencontrer dans la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation du Programme 2030. 

Les Ministres des finances du Soudan et du Zimbabwe ont d’emblée dénoncé les « sanctions internationales » qui empêchent la levée des fonds.  Le Ministre soudanais, M. OSMAN SULIMAN ELRKABI, a rappelé que son pays est soumis depuis plus de 20 ans à des sanctions qui lui barrent l’accès aux institutions financières internationales.  Nous sommes obligés, s’est-il lamenté, d’emprunter à des taux très élevés sur les marchés, dans un contexte où l’indépendance du Soudan du Sud a fait perdre plus de 70% des ressources.  Les promesses de compensation de la communauté internationale n’ont jamais été tenues et l’APD est toujours bien en-deçà de l’objectif agréé de 0,7% du PNB.  La baisse de cette aide a été dénoncée par la Ministre de l’économie, des finances et du développement du Burkina Faso, Mme HADIZATOU ROSINE COULIBALY.  Il faut tout simplement repenser l’APD, a estimé le Secrétaire d’État au plan de Guatemala, M. MIGUEL ANGEL ESTUARDO MOIR SANDOVAL, qui a commenté une aide dont 40% vont aux ONG et « le reste, c’est-à-dire 60%, on ne sait où! »  Il a demandé de l’efficacité et la prise en compte des « fondations structurelles ».  On peut apprendre beaucoup de la coopération Sud-Sud « pour éviter les erreurs du passé », a tranché le Secrétaire d’État. 

La Ministre de l’économie, des finances et du développement du Burkina Faso a aussi dénoncé les conditionnalités imposées par les bailleurs de fonds qui veulent choisir eux-mêmes les projets à financer.  Dans un pays où « tout n’est pas rose en dépit des efforts consentis », la Ministre a affirmé que 63% des ressources intérieures sont consacrés au Plan national de développement économique et social.  Le Burkina Faso compte aussi sur sa réforme fiscale pour faire passer les recettes de 14% et en 2016 à 20% en 2020. 

À Madagascar, c’est 33% d’augmentation des recettes fiscales, 44% des droits de taxes à l’importation, 22% des recettes douanières entre 2016 et 2017, a affirmé le Secrétaire d’État aux affaires étrangères, M. BARY EMMANUEL RAFATROLAZA.  Les principaux défis demeurent l’atténuation des effets des changements climatiques car « les cyclones détruisent les infrastructures et la sècheresse tue l’agriculture ».  Comme Madagascar éprouve en outre des difficultés à accéder aux informations financières internationales, le Secrétaire d’État a demandé aux Nations Unies d’évaluer les accords fiscaux bilatéraux et internationaux qui devraient s’aligner avec les efforts nationaux et internationaux pour atteindre les objectifs de développement durable.

« Ghana au-delà de l’aide », c’est le leitmotiv national, s’est enorgueilli le Ministre du plan, M. GEOGRE GYAN BAFFUOR.  L’ambition est de faire du pays, un pays en transition économique grâce à la numérisation foncière, à la modernisation fiscale ou encore à des investissements à long terme dans l’industrie et la fiscalité équitable.  Le Ghana table sur le commerce pour lequel des accords de partenariat stratégique ont été noués, une politique qui a été accompagnée par des mesures de stabilisation des prix agricoles.  L’optimisme règne aussi au Zimbabwe.  Le Ministre des finances et du développement économique a annoncé le début des discussions avec les institutions financières internationales et le Club de Paris sur l’allègement des sanctions et des services de la dette.  M. P.A.  CHINAMASA a réaffirmé la détermination de son Gouvernement à faire du Zimbabwe un pays à revenu intermédiaire avant 2030, sans pour autant cacher les obstacles: la question foncière, l’isolement économique et politique dû aux sanctions et les trafics en tout genre dans la région d’Afrique australe. 

Le Ministre a soulevé d’autres problèmes structurels comme les 90% des ressources publiques qui vont directement aux salaires des fonctionnaires.  Le Zimbabwe, a-t-il poursuivi, n’a plus de devise nationale et l’économie dépend totalement du dollar américain même pour les transactions intérieures.  Cette situation rend difficile le contrôle des transferts monétaires entrants et sortants, dont les envois des fonds migrants.  Le Gouvernement a décidé d’amnistier les personnes morales et physiques qui détiennent des devises à l’étranger pour encourager leur rapatriement.

Chez nous, la décision est de miser sur l’indépendance énergétique, a confié le Ministre des finances du Tadjikistan, M. QAHHORZODA FAYZIDDIN.  Il s’agit aussi d’assurer la sécurité alimentaire, de développer le secteur du transport et de stabiliser les indicateurs macroéconomiques pour réduire le taux de pauvreté de 20% d’ici à 2020.  Avec le soutien des partenaires internationaux et nationaux, le pays met en œuvre plus de 70 projets de développement estimés à 3 milliards de dollars.  Comme le Bhoutan veut sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) d’ici à 2021, a dit M. NIM DORJI, Secrétaire au Ministère des finances, les défis sont les mêmes que tous les pays en développement sans littoral: attirer les investissements étrangers directs (IED), augmenter les recettes fiscales et promouvoir le secteur privé pour qu’il investisse dans les infrastructures. 

Trois recommandations sont venues du Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Norvège, M. JENS FROLICH HOLTE, et d’abord la prudence face à l’embellie économique actuelle.  On a pu certes éviter une nouvelle crise financière mais le secteur privé doit encore redéployer ses plus 9 000 milliards de dollars.  Peut-être faut-il recapitaliser les institutions financières internationales? avant d’en venir à sa deuxième recommandation: pas de panacée au développement.  Les pays doivent améliorer la collecte des recettes fiscales.  En troisième lieu, il a mis en garde contre le « piège de la dette » et contre les flux financiers illégaux qui assèchent l’économie, financent le terrorisme, empêchent la concurrence et aggravant les inégalités.  Un représentant de la société civile africaine a d’ailleurs dénoncé le manque d’ambition des dirigeants africains dans la lutte contre les flux illicites de capitaux qui s’élèvent à plus de 50 milliards de dollars par an, affaiblissant la mobilisation des ressources intérieures en Afrique. 

« En tant que gestionnaire de richesses, nous sommes bien placés pour mobiliser les ressources », a affirmé M. MICHAEL BALDINGER, Responsable du développement durable de “UBS”.  Il a rappelé l’engagement de son groupe de consacrer 5 milliards de dollars au développement durable et a parlé des « obligations sociales » lancées en 2014 pour assurer des soins de santé aux jeunes filles en Inde.  À cet égard, 3,5 millions de dollars ont été donnés à des ONG qui travaillent auprès de 600 000 femmes enceintes.  En 2015, des « obligations à succès » ont été émises pour un projet d’adduction en eau en Ouganda alimentant plus d’un million de personnes.  Cette année, le groupe lancera un « fonds pour l’égalité des sexes. »  Est-ce la privatisation des services publics? s’est demandé le représentant des syndicats du Ghana.  Tout est pris maintenant sous un angle financier et mercantile, rendant les services « inabordables et inefficaces ».  Il a aussi dénoncé ces multinationales qui s’accaparent les terres avec la complicité des gouvernements, accélérant la destruction de l’environnement et des moyens de production. 

Dialogue interactif avec les organes intergouvernementaux des principales parties prenantes institutionnelles

Le dialogue, qui a parlé des risques de catastrophe et de la résilience; et de la fiscalité dans l’économie numérisée, s’inscrit dans le cadre de la réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

La Présidente de l’ECOSOC, a évalué le coût des catastrophes à des centaines de milliards de dollars chaque année.  Elle a rappelé que le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030 avait été établi pour atténuer l’impact des catastrophes sur l’économie mondiale.  D’un autre côté, la numérisation de l’économie offre aux pays en développement des moyens de gravir rapidement les marches de la croissance mais les normes régissant ce secteur doivent encore être établis et agréés par tous.

« Réparons la toiture pendant que le soleil brille », a dit M. LESETJA KGANYAGO, Président du Comité monétaire et financier international (CMFI) du Fonds monétaire international (FMI).  Il faut profiter de l’essor économique actuel pour corriger les lacunes de l’économie mondiale, s’est-il expliqué.  Le coût des catastrophes, c’est parfois 1% du PIB et les États les plus vulnérables aux catastrophes sont souvent les plus endettés, dans l’incapacité d’emprunter pour renforcer leur résilience.  Le FMI et la Banque mondiale doivent travailler ensemble pour résoudre cette équation.  À la réunion de printemps, le weekend dernier à Washington D.C., il a d’ailleurs été décidé de renforcer les politiques d’investissement en faveur des pays sortants de catastrophes, a rappelé Mme DOMINIQUE BICHARA, Directrice au Groupe de la Banque mondiale.  Il faut se focaliser sur la vulnérabilité climatique, a conseillé le Doyen du Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale, M. MERZA HASAN.  Le Groupe vient de mettre sur pied un nouveau programme en faveur des pays qui accueille les réfugiés.  Même son de cloche du côté du FMI qui va continuer de soutenir les pays vulnérables aux catastrophes, a promis le Doyen des administrateurs du Fonds, M. ALEKSEI MOZHIN.  C’est un fonds de 5 milliards de dollars par an que la Banque a créé en 2016 pour renforcer la résilience aux catastrophes, a précisé Mme APARNA SUBRAMANI, Directrice exécutive pour l’Inde au Groupe de la Banque mondiale.  « Les catastrophes ne nous attendent pas.  Nous devons les prévoir » et la Banque mondiale intègre désormais la prévention des risques de catastrophe dans sa stratégie avec les pays, a-t-elle noté.  La Banque mondiale et le FMI ont même établi un document pour évaluer les risques et faire des recommandations aux États, a renchéri Mme NANCY HORSMAN, Directrice exécutive pour le Canada au Groupe de la Banque mondiale.  Elle a conseillé aux pays d’intégrer les dépenses liées à l’adaptation et l’atténuation à leur budget annuel. 

La prévention plutôt que la réaction, a préconisé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. JERRY MATTHEWS.  Il a prôné un bon financement des stratégies de réduction des risques de catastrophe et l’incorporation de ces stratégies dans tous les programmes de développement.  En la matière, le partage des pratiques exemplaires peut s’avérer essentiel.  Notre mission est justement que tous les pays aient une stratégie de prévention des catastrophes avant 2020, date butoir fixée par le Cadre d’action de Sendai, a souligné Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe.  Une telle stratégie doit avoir du personnel, un budget, et un cadre juridique adéquat.  La coopération internationale ne peut être efficace que si les pays s’approprient de leur propre stratégie.  L’appropriation nationale dépend aussi du renforcement des capacités et donc du transfert de technologies, a souligné le représentant de Cuba.  Dans ces stratégies, n’oublions pas de tenir compte des populations les plus vulnérables comme les personnes âgées et handicapées, a insisté le représentant du Japon

S’agissant de la fiscalité dans une économie numérisée, qui a le droit d’imposer des taxes sur les entreprises numériques? a demandé, l’animatrice, Mme ZAIN ASHER.  Les quatre panélistes du FMI, de la Banque mondiale, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du Portugal ont répondu par une question: « faut-il ou non taxer ces entreprises? »  Le FMI n’a pas de réponse à ces questions, a avoué le Directeur exécutif du FMI pour le Japon, M. MADAAKI KAIZUKA.  Taxer l’économie numérique sera difficile, a prévenu le Directeur exécutif du Groupe de la Banque mondiale pour la France, M. HERVÉ DE VILLEROCHE.  La numérisation de l’économie a créé des défis, a acquiescé, le représentant du Portugal, M. FRANCISCO ANTONIO DUARTE LOPES.  L’Europe a pris des mesures qui méritent d’être examinées.  Le but est de parvenir à « une taxation intelligente », a souligné le Président du Comité des affaires fiscales de l’OCDE, M. MARTIN KREIENBAUM. Quel cadre doit-on adopter? a relancé l’animatrice.  Les pays en développement doivent être associés aux discussions, a plaidé le représentant d’Action Aid

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