Cinquième Commission: craintes de l’impact d’un budget en baisse sur l’efficacité des 16 opérations de maintien de la paix
Si le Secrétariat de l’ONU n’a pas encore présenté officiellement l’enveloppe des opérations de maintien pour 2018-2019, plusieurs États ont néanmoins parlé d’une proposition de 7,26 milliards de dollars, à l’ouverture de la session de mai de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires. Comme il s’agirait d’une réduction de près de 700 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent, la Fédération de Russie a mis en garde contre les conséquences d’une recherche aveugle de l’efficacité sur l’exécution des mandats.
Le financement des opérations de maintien de la paix sera, comme à l’accoutumée, le thème phare de cette deuxième reprise de session. Outre les problèmes récurrents, tels que les retards dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et de police, les États vont se pencher sur le budget des 16 opérations de maintien de la paix en cours. Une fois n’est pas coutume, un thème supplémentaire sans lien direct avec le maintien de la paix, a été ajouté à l’ordre du jour: les réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’ONU.
La Commission a d’ores et déjà sur la table les propositions budgétaires de 271,1 millions de dollars pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) et de 55,1 millions de dollars pour la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Mais le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires propose une réduction de 1,7 million pour la première et de 713 100 dollars pour la seconde. Pour le Centre de services régional d’Entebbe, c’est une enveloppe de 35,2 millions qu’il faudra, soit une augmentation d’environ 2,2 millions, à laquelle le CCQAB s’oppose.
Sans entrer dans le détail, le Groupe des États d’Afrique a indiqué que l’enveloppe totale de 7,26 milliards de dollars que le Secrétariat de l’ONU serait sur le point de présenter est inférieure à celle de 2017-2018, qui était elle-même largement inférieure à celle de 2016-2017.
La « diminution constante » des ressources du maintien de la paix risque de porter atteinte à l’exécution des mandats, au profit d’une recherche aveugle de l’efficacité, a mis en garde la Fédération de Russie. Le principe consistant à « faire plus avec moins », a renchéri le Pakistan, n’est ni « viable », ni adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui. Pour leur permettre d’accomplir leur mandat, il faut éviter les coupes budgétaires « arbitraires », a ajouté la Norvège.
Les États-Unis ont au contraire insisté sur le caractère « essentiel » de l’efficacité, au nom du devoir qu’ont tous les États envers leurs contribuables: veiller à une utilisation « sage » des ressources. La Commission, ont-ils poursuivi, doit faire en sorte que les budgets reflètent les « demandes réelles », soient guidés par des hypothèses de planification réalistes et montrent les avantages des initiatives de gestion en cours.
Les délégations ont aussi pris note de la situation financière de 29 missions de maintien de la paix dont le mandat était terminé au 30 juin 2017. Parmi elles, 24 présentent un excédent de trésorerie de 103,3 millions de dollars pouvant être porté au crédit des États Membres. Les cinq missions qui étaient en République centrafricaine, en Somalie, au Cambodge, au Guatemala et en Haïti, présentent, quant à elles, un déficit de trésorerie de 86 millions de dollars, en raison des contributions statutaires non acquittées.
La Cinquième Commission se réunira à nouveau demain, mardi 8 mai, à 10 heures du matin, pour examiner les enveloppes budgétaires de six opérations de maintien de la paix et d’une mission politique spéciale.
ORGANISATION DES TRAVAUX
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que la deuxième reprise de session de la Cinquième Commission est traditionnellement consacrée au financement des opérations de maintien de la paix. Étant donné l’importance de cette question, le représentant a appelé la Commission à conclure ses travaux à temps pour fournir aux missions les ressources nécessaires à l’accomplissement de leur mandat.
Parallèlement, M. Edrees a indiqué que la Commission allait aussi se pencher sur la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation. Tout en réaffirmant son soutien au Secrétaire général sur ces deux volets, le représentant a tenu à souligner « le caractère exceptionnel » de l’inscription à l’ordre du jour d’un budget sans lien direct avec les opérations de maintien de la paix. Cette exception ne doit en aucun cas créer un précédent, a-t-il souligné.
M. Edrees a ensuite demandé que les rapports de la Commission soient publiés suffisamment à l’avance dans les six langues officielles de l’ONU pour laisser le temps aux États de les étudier. « Or, il est regrettable que nous soyons à nouveau confrontés à la publication tardive d’un nombre important de rapports », a-t-il déploré.
Sur le fond, le représentant a voulu que les budgets des opérations de maintien de la paix soient déterminés en fonction des mandats et des besoins « réels » des missions sur le terrain. Il a aussi appelé à des « solutions équitables » au problème du passif des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé, en particulier les missions présentant un déficit de trésorerie.
M. Edrees a également souhaité que des solutions « équitables et réalistes » soient trouvées concernant les problèmes « systémiques et chroniques » liés au taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, aux spécificités du déploiement de contingents féminins et à la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents dans les divers départements du Secrétariat responsables des missions de maintien de la paix.
Enfin, s’agissant des propositions liées à la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’ONU, le représentant a voulu que les gains d’efficacité ne soient pas « le critère principal » des décisions.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a demandé que l’examen des opérations de maintien de la paix, et plus particulièrement l’approbation des budgets de différentes missions, reste l’objet des délibérations. Il a donc réitéré son appel pour que le temps nécessaire soit consacré à ces discussions importantes. Il a exhorté le Secrétariat à veiller à ce que les informations supplémentaires que demandent les États leur soient livrées à temps pour faciliter les négociations. Le représentant a noté avec préoccupation que les propositions budgétaires font l’objet de coupes importantes. Il a annoncé son intention d’en examiner avec soin les raisons et de faire en sorte que les mandats soient effectivement exécutés et que la sécurité de tous les Casques bleus soit assurée. L’Assemblée générale, a rappelé le représentant, a insisté pour que les propositions budgétaires s’alignent avec les mandats. Le représentant a mis l’accent sur l’importance de donner à toutes les opérations les ressources dont elles ont besoin. Nous ne souscrirons à aucune approche visant à nuire au mandat de l’une ou l’autre de ces opérations, a prévenu le représentant.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a constaté que la réforme de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation figurait à l’ordre du jour. Il a demandé au Secrétariat de faire en sorte que les discussions sur ces questions respectent le périmètre et les recommandations formulés dans les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.
Le représentant a dit attacher une grande importance aux discussions sur l’exécution du budget de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour la période 2016-2017 et sur le budget de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) pour la période 2018-2019. Cette dernière, a-t-il martelé, doit avoir les ressources suffisantes pour l’accomplissement de son mandat, s’agissant notamment du financement des activités programmatiques, une approche, selon lui, « innovante » et « à fort potentiel ».
Le représentant a en outre réclamé que le budget de chaque opération de maintien de la paix soit considéré individuellement, en tenant compte de la spécificité de chaque mandat.
Constatant, par ailleurs, l’incapacité de la Commission à engager les réformes nécessaires sur le financement et l’appui technique aux missions politiques spéciales, le représentant a estimé que les dispositions administratives et budgétaires de ces missions étaient « inadaptées » et perturbaient le budget ordinaire de l’ONU. Il faut remédier à ce problème, a-t-il estimé, en demandant aussi que l’on règle la question des retards dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents aux opérations dont le mandat est terminé, en particulier les missions qui ont un déficit de trésorerie.
M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est dit prêt à aider le Secrétaire général à doter les missions de maintien de la paix des moyens nécessaires pour réussir dans un environnement de plus en plus complexe. Nos travaux, cette année, auront des répercussions au-delà de la Commission, a-t-il prévenu, et afin de permettre la mise en œuvre effective des réformes du Secrétaire général, avant le 1er janvier 2019, l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, doit faire tous les efforts possibles pour trouver un accord sur toutes les initiatives de réforme. Les éléments de cette réforme sont cruciaux pour le fonctionnement efficace de l’Organisation, compte tenu des défis nouveaux et complexes auxquels elle fait face, a insisté le représentant. Pour toutes ces raisons, il a appuyé l’idée de prolonger la session.
M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a estimé que la détermination du budget des 14 opérations de maintien de la paix créées par le Conseil de sécurité devait tenir compte, d’une part, de la capacité de paiement de chaque État Membre et, d’autre part, de la « responsabilité spécifique » des cinq membres permanents du Conseil. Il a appelé à ce que la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) soit dotée des ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs et stabiliser le pays. Il a également appelé au respect de la politique de « tolérance zéro » définie par le Secrétaire général, concernant les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Le représentant a estimé que la proposition du Secrétaire général visant à établir un modèle décentralisé de prestation de services aux opérations de maintien de la paix, via la création de centres de services régionaux en Afrique, en Europe et en Asie, constitue un « pas dans la bonne direction » pour améliorer l’efficacité du Secrétariat. Il a enfin appuyé la proposition de M. António Guterres de séparer plus « clairement » les activités de maintien de la paix et les missions politiques spéciales.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a insisté sur le caractère « essentiel » de l’efficacité, ajoutant que les États ont tous des devoirs envers leurs contribuables: veiller à une sage utilisation des ressources. La représentante a donc promis qu’elle examinera « avec minutie » la proposition budgétaire de 7,26 milliards de dollars pour l’exercice 2018-2019, notant une baisse globale de moins de 1% par rapport au budget précédent. Cette Commission, a-t-elle martelé, a l’importante responsabilité de faire en sorte que les budgets reflètent les demandes réelles, soient guidés par des hypothèses de planification réalistes et montrent les avantages des initiatives de gestion en cours.
Nous soutenons, a-t-elle dit, les politiques qui encouragent la performance globale de la mission, celle de ses composantes civile, militaire et policière et celle du personnel d’appui au Siège. Cela exige des normes de performance claires et des mesures de responsabilisation. Les États Membres doivent avoir une idée claire de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.
Nos efforts pour apporter plus d’efficience et plus d’efficacité doivent s’inscrire dans le contexte global de la réforme de l’ONU, a poursuivi la représentante, qui a dit attendre avec intérêt d’examiner la proposition du Secrétaire général sur l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation et sur la meilleure façon de planifier, gérer, soutenir et faciliter les missions sur le terrain. Nous examinerons attentivement les différents niveaux de responsabilité proposés et l’alignement des politiques et des opérations. Nous examinerons aussi, a conclu la représentante, comment la réforme de la gestion peut améliorer les prestations de service, améliorer la responsabilisation et optimiser les systèmes et les stratégies en place, y compris UMOJA et la stratégie d’information et de communication, afin de rendre l’Organisation plus efficace et plus efficiente.
M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a estimé que le principe consistant à « faire davantage avec moins » de ressources n’est ni « viable », ni adapté à la complexité croissante des menaces auxquelles font face les soldats de la paix aujourd’hui. Selon lui, octroyer un financement adapté aux opérations de maintien de la paix est la « la seule solution acceptable ». De ce point de vue, le représentant a tenu à rappeler la « responsabilité particulière » des cinq membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le représentant a aussi appelé à renforcer la « coopération triangulaire » entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et le Conseil de sécurité. Il a enfin voulu que l’on améliore la représentation des pays fournisseurs de contingents, aussi bien aux postes de commandement des opérations de maintien de la paix sur le terrain qu’au Siège de l’Organisation.
M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit qu’il examinera scrupuleusement les propositions du Secrétaire général pour veiller à ce que les budgets reflètent les besoins réels pour remplir les mandats conférés par le Conseil de sécurité aux opérations de maintien de la paix. Le représentant a souligné l’importance d’un bon niveau de responsabilité s’agissant de la performance mais aussi des cas de mauvaise conduite. Il s’est dit particulièrement intéressé par cette question, en particulier pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, par les entités non membres de l’ONU mais dont les activités sont financées par le budget du maintien de la paix de l’ONU. C’est là un grave sujet de responsabilité étant donné que ces activités sont financées par nos contribuables, a rappelé le représentant.
M. SERGEY V. KHALIZOV (Fédération de Russie) a noté, à son tour, que les réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation se sont rajoutées à l’ordre du jour de cette reprise de session. La Commission va donc faire face à un « volume de travail sans précédent », a-t-il souligné. Dans ce contexte, il est particulièrement important que les États aient les rapports en temps voulu. Le représentant a noté que la Commission est saisie d’une demande globale de 7,268 milliards de dollars, soit une réduction par rapport à l’année précédente. Constatant une « diminution constante » des ressources accordées au maintien de la paix, il a mis en garde contre l’impact d’une recherche aveugle de l’efficacité sur la réalisation des mandats. S’agissant des réformes, le représentant a prôné « l’équilibre des compétences » entre le Secrétaire général et l’Assemblée générale. « Les États Membres doivent garder la maîtrise du processus », a-t-il insisté.
Notant, enfin, que plusieurs budgets à l’étude ne sont pas directement liés au maintien de la paix, le représentant s’est dit préoccupé par la « surcharge du programme de travail », qui risque, à ses yeux, de nuire à la capacité de la Commission de prendre les bonnes décisions.
M. FU DAOPENG (Chine) a dit que la préparation et l’examen du budget de maintien de la paix doivent se baser sur des faits et se fonder sur une approche « scientifique et prudente ». Le représentant a noté que si le budget total est de 7,269 milliards de dollars, soit moins qu’en 2017-2018, les budgets individuels de la mission en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de celle au Soudan du Sud (MINUSS) connaissent une légère augmentation. Le représentant a appelé à des consultations « démocratiques » et, en attendant, a appelé le Secrétaire général à mettre rapidement en œuvre les recommandations du Comité des commissaires aux comptes. Nous devons travailler ensemble pour surmonter les difficultés financières de l’ONU, a poursuivi le représentant, pointant le doigt sur les arriérés de paiement importants. Il a appelé les États à payer leurs contributions à temps, en totalité et sans condition, en particulier « les pays qui ont la capacité de payer et qui doivent des montants considérables ». Le Secrétariat doit, pour sa part, prendre des mesures efficaces pour améliorer la gestion budgétaire, durcir la réglementation pertinente, appliquer rigoureusement la discipline et veiller à utilisation efficace des ressources pour gérer « sagement chaque centime du contribuable ».
« La Cinquième Commission entame ce qui pourrait être sa reprise de session la plus décisive depuis des décennies », a affirmé Mme LILL-ANN BJAARSTAD MEDINA (Norvège), mentionnant les choix qui attendent les États en matière de réforme de l’Organisation et en particulier, le dispositif de prestation de services centralisée et celui des responsabilités. « Le moment est venu de répondre à l’appel à l’action du Secrétaire général en matière de maintien de la paix », a-t-elle déclaré, abordant la question du financement des opérations de maintien de la paix. La représentante a toutefois mis en garde contre les coupes budgétaires « arbitraires ». Constatant le programme de travail particulièrement chargé de cette reprise de session, elle a demandé au Président de la Commission d’entamer les démarches nécessaires pour prolonger le calendrier de la session.
Aspects administratifs et budgétaires du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le point au 30 juin 2017 de la situation financière des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé (A/72/838)
Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/72/649) qui rend compte de la situation financière au 30 juin 2017 de 29 missions de maintien de la paix dont le mandat est terminé. Le Secrétaire général précise que cinq des missions terminées avaient un déficit de trésorerie net d’un montant total de 86 041 000 dollars en raison des contributions statutaires non acquittées et que les 24 autres missions présentaient un excédent de trésorerie pouvant être porté au crédit des États Membres, d’un montant total de 103 351 000 dollars, au 30 mars 2018.
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.9)
Dans ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, qui s’est penché sur les rapports (A/72/639) et (A/72/777) du Secrétaire général et (A/72/5 (Vol. II)) du Comité des commissaires aux comptes, rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 39 203 600 dollars (montant net: 36 416 900 dollars) et que le montant brut des dépenses de l’exercice s’est établi à 36 332 600 dollars (montant net: 33 346 000 dollars). Le solde inutilisé, d’un montant brut de 2 871 dollars, représente 7,3% du crédit ouvert et résulte de l’effet combiné des éléments suivants: montant plus élevé que prévu des dépenses au titre du personnel civil (223 200 dollars, soit 0,9%) et montant moins élevé que prévu des dépenses opérationnelles (3 094 200 dollars, soit 21,1%).
S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019, qui est de 35 194 800 dollars, soit une augmentation de 2 194 800 dollars (6,7%) par rapport à l’exercice 2017/18, le CCQAB rappelle que le Secrétaire général a indiqué que, en 2018/19, le Centre de services régional participerait au processus de gestion de la chaîne d’approvisionnement de bout en bout visant à concrétiser le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est. Ce projet permet d’appliquer à titre expérimental le concept d’une chaîne d’approvisionnement intégrée de bout en bout pour un nombre limité de produits de base.
Le Comité consultatif a été informé que le projet avait commencé d’être exécuté en avril 2016 et concernait principalement les six opérations de maintien de la paix en Afrique suivantes: le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de donner dans son prochain rapport des précisions sur le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, notamment sur l’état d’avancement de son application, les ressources utilisées et les résultats obtenus.
Compte tenu du fait que la restructuration prévue pour l’exercice 2017/18 a été reportée, le Comité considère que le poste de responsable de la prestation de services (P-5) n’aurait pas dû être créé pendant cet exercice. Le Comité recommande donc qu’il soit supprimé. Le Comité consultatif réaffirme que les taux de vacance retenus pour établir les budgets doivent être conformes aux taux effectifs. Il recommande donc que les taux suivants soient appliqués: 14,9% pour le personnel recruté sur le plan international, 19,4% pour les administrateurs recrutés sur le plan national et 15,0% pour les agents des services généraux recrutés sur le plan national.
Le CCQAB dit aussi ne pas avoir compris la raison pour laquelle les missions clientes ne peuvent plus continuer à fournir cet appui. Il s’oppose donc à la création de deux postes au Service régional de l’informatique et des communications. De même, il ne trouve aucune justification à l’augmentation des ressources qui est proposée pour les voyages au titre de la formation. Il recommande donc de réduire de 16 500 dollars les ressources demandées. S’agissant des installations et des infrastructures, le Comité doute des explications qui lui ont été données et recommande donc de réduire de 15%, soit 365 700 dollars, les ressources demandées, de sorte qu’elles s’élèveraient à 2 072 100 dollars.
Le CCQAB recommande par ailleurs de réduire de 10 000 dollars les ressources demandées pour les transports terrestres, de 76 600 dollars celles pour les communications et l’information et de 123 800 dollars celles pour la rubrique « fournitures, services et matériel divers ».
Financement des opérations de maintien de la paix
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.13)
Dans ce rapport, le CCQAB, qui a examiné ceux du Secrétaire général (A/72/644) et (A/72/730), rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 268 624 600 dollars (montant net: 267 763 975 dollars) destiné à financer le fonctionnement de la FISNUA pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. Par la suite, l’Assemblée a autorisé le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 11 300 000 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, en sus du crédit de 268 624 600 dollars déjà ouvert, portant à 279 924 600 dollars le montant total (brut) des ressources disponibles pour l’exercice. Le montant brut des dépenses totales de l’exercice s’est établi à 279 867 300 dollars (montant net: 277 479 900 dollars), ce qui représente un taux d’exécution de près de 100%. Le solde inutilisé s’établit à 57 300 dollars et le montant net du crédit supplémentaire devant être approuvé par les États Membres se chiffre à 11 242 700 dollars.
S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 qui s’élève à 271 115 600 dollars, en augmentation de 4 415 600 dollars (1,7%) par rapport aux crédits ouverts pour 2017/18, le CCQAB espère que, dans l’hypothèse où le Conseil de sécurité déciderait de ne pas renouveler le mandat de la Force lié au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le Secrétaire général examinera les besoins de la FISNUA et présentera un budget révisé. En attendant, il recommande la suppression des quatre postes toujours vacants.
Sans être tout à fait convaincu du bien-fondé de l’augmentation proposée pour les services d’entretien, il estime que la décision d’externaliser les services d’entretien devrait s’accompagner d’une réduction des dépenses au titre d’autres rubriques budgétaires. Le Comité recommande que l’augmentation proposée pour les services d’entretien, d’un montant de 1 462 000 dollars, soit compensée par une réduction d’un montant correspondant au titre d’autres rubriques budgétaires.
Le Comité consultatif estime que la majoration des crédits demandés au titre des voyages n’est pas totalement justifiée et recommande que les ressources demandées pour les voyages en 2018/19 soient maintenues au montant approuvé en 2016/17.
Le Comité consultatif propose donc de réduire de 271 115 600 dollars à 269 358 100 dollars le montant des crédits demandés (soit une diminution de 1 757 500 dollars).
Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/72/789/Add.3)
Le CCQAB, qui a étudié les rapports (A/72/628 et A/72/735) du Secrétaire général, rappelle que l’Assemblée générale a ouvert un crédit d’un montant brut de 54 849 900 dollars (montant net: 52 607 600 dollars) pour financer le fonctionnement de la Force pendant l’exercice allant du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017. Le montant brut des dépenses de l’exercice a été de 54 006 900 dollars (montant net: 51 743 200 dollars), soit 98,5% du montant du crédit ouvert.
S’agissant du projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 qui est de 55 152 000 dollars, soit une augmentation de 1 152 700 dollars (2,1%) par rapport au crédit ouvert pour 2017/18, le CCQAB recommande de réduire de 26 400 dollars le montant des ressources prévues pour les honoraires, fournitures et services de formation. Il recommande aussi de réduire de 140 200 dollars le montant des ressources prévues pour le matériel informatique et de communication, au titre de l’informatique et des communications.
En résumé, le Comité consultatif recommande que les crédits demandés soient réduits de 713 100 dollars et passent de 55 152 000 dollars à 54 438 900 dollars.
Déclarations
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a déclaré que comme le Secrétaire général indiquait, dans son rapport A/72/789/Add.9, qu’en 2018-2019, le Centre de services régional participera au processus de gestion de la chaîne d’approvisionnement de bout en bout visant à concrétiser le projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, il attend plus d’informations sur la portée du projet ainsi que la manière avec laquelle il peut être renforcé au-delà des six missions qu’il couvre actuellement. Le représentant a accueilli favorablement la structure proposée du Centre de services régional, telle que recommandée par l’examen indépendant, en quatre sections de prestation de services afin de fournir des services plus centrés sur le client, uniformisés, respectant les délais et de qualité aux utilisateurs finaux. Le Groupe s’assurera que la nouvelle structure soit pourvue de suffisamment de personnel, et que le Centre dispose de ressources adéquates pour assurer la mise en œuvre effective de ses travaux. Il a également réaffirmé la validité du plan de nationalisation, et encouragé sa reprise dans les plus brefs délais. Mon Groupe, a-t-il conclu, souhaite obtenir des précisions sur la structure de gouvernance du Centre et sur sa compatibilité avec les dispositions de la résolution 69/307 concernant son indépendance opérationnelle et administrative.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme CAROLINE NALWANGA (Ouganda) s’est félicitée de la mise en œuvre du projet de couloir logistique de l’Afrique de l’Est, qui permet d’appliquer à titre expérimental le concept d’une chaîne d’approvisionnement intégrée de bout en bout pour un nombre limité de produits de base. La représentante a estimé qu’à terme, ce projet pourrait être étendu aux chaînes d’approvisionnement de l’ensemble des opérations de maintien de la paix sur le continent africain.
La représentante s’est en outre réjouie de l’augmentation future des services partagés pris en charge par le Centre de services régional d’Entebbe, en Ouganda. Dans cette perspective, elle a salué le Secrétaire général pour avoir entamé une restructuration du Centre, afin de fournir aux utilisateurs finaux des services uniformes, plus rapides, de meilleure qualité et axés sur le client.
La représentante a toutefois appelé M. António Guterres à renforcer la coordination entre le Centre de contrôle intégré des transports et des mouvements et le Centre stratégique des opérations aériennes. Elle a également mis l’accent sur la nécessité de transférer « un certain nombre » de fonctions supplémentaires au Centre de contrôle intégré des transports et des mouvements.
En sa capacité nationale, Mme NALWANGA (Ouganda) a dit que le Centre de services régional d’Entebbe réalise la vision du Secrétaire général des services partagés à huit missions de maintien de la paix et sept missions politiques spéciales, desservant ainsi le plus grand nombre de missions dans le monde. La coexistence de services complémentaires dans une même localité n’a pas seulement permis des économies de temps et d’argent mais a également fait du Centre un lieu auquel les troupes et le personnel ont un accès direct pour faire le suivi de leur démarche administrative. Le Centre est aussi un lieu qui garde l’expertise et la spécialisation quand une mission arrive au terme de son mandat. La représentante a tenu à réitérer son appui à la mise en œuvre du couloir de l’Afrique de l’Est et à l’idée de son expansion à toutes les missions en Afrique, compte tenu de l’argent et du temps qu’il permettrait d’économiser. Elle a salué le Secrétaire général pour avoir commencé à réorganiser la structure du Centre et a promis d’étudier soigneusement les recommandations du CCQAB.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a indiqué que son Groupe ne fera qu’une seule déclaration pour toutes les opérations de maintien de la paix, afin de gagner du temps et de passer rapidement en consultations officieuses. Le représentant a toutefois souligné l’intention de son Groupe de « passer au peigne fin » les projets de budget de chaque mission.
Le représentant a rappelé que l’ONU finance actuellement 16 opérations de maintien de la paix, dont 13 financées par des comptes spéciaux individuels et deux missions de longue date financées par le budget ordinaire (le Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan et l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve) et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).
Pour la période 2017-2018, a poursuivi le représentant, le budget proposé pour le maintien de la paix était de 7,972 milliards de dollars et le budget approuvé de 6,803 milliards. Il a pris note du fait que le budget proposé pour 2018-2019 était inférieur de 277 millions au budget proposé l’année précédente et de 980 millions à celui proposé en 2016-2017.
Le représentant a appelé à appuyer davantage les forces africaines dans le maintien de la paix, sur la base de « mandats forts » du Conseil de sécurité et d’un financement plus « prévisible ».
S’agissant du personnel déployé, le représentant s’est inquiété du faible pourcentage de femmes au sein des équipes, soit 3% des soldats de la paix et 10% des unités de police. Il s’est cependant félicité du recours aux projets à impact rapide.
Le représentant a en outre appelé à des solutions concrètes à la question des paiements dus aux pays fournisseurs de contingents aux opérations dont le mandat est terminé. Enfin, il s’est opposé à l’idée de tenir des consultations « à huis clos » et « en petit comité » sur ces différents points, prônant l’ouverture et la transparence.