En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC achève sa Réunion de coordination et de gestion en retirant deux États de la liste des pays les moins avancés

Session de 2018,
50e & 51e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/6946

L’ECOSOC achève sa Réunion de coordination et de gestion en retirant deux États de la liste des pays les moins avancés

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, la quatrième et dernière réunion de coordination et de gestion de sa session 2018, en adoptant 13 résolutions et 12 décisions portant sur des questions aussi diverses que le développement d’Haïti, les répercussions économiques de l’occupation israélienne, la société de l’information ou encore les pays les moins avancés.

L’ECOSOC a notamment souscrit aux recommandations de son Comité des politiques de développement de retirer le Bhoutan et les Îles Salomon de la liste des pays les moins avancés.

Il a en revanche rejeté la proposition, par ce même Comité, de création d’une catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques.

En outre, par une résolution relative au « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » l’ECOSOC demande d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra en Haïti.

Par un texte portant sur le « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 », l’ECOSOC se félicite par ailleurs de l’entrée en activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés et de l’inauguration de son siège à Gebze (Turquie) et invite les États Membres à lui fournir l’aide technique nécessaire pour son bon fonctionnement.

Il se déclare en revanche gravement inquiet que la part des dépenses consacrées aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies dans les pays les moins avancés soit tombée à 46% de l’ensemble des dépenses au niveau des pays en 2016, contre plus de 50%jusqu’en 2014.  Aussi, engage-t-il le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’accorder la priorité aux allocations qui sont destinées à ces pays en élaborant des directives opérationnelles.

Au cours de cette journée de travail, l’ECOSOC a également porté son attention sur le rôle de la société de l’information, ainsi que sur la science, la technologie et l’innovation au service du développement.

Le Conseil a ainsi souligné qu’il faut d’urgence combler la fracture numérique en ce qui concerne la disponibilité et le caractère abordable du haut débit, ainsi que « l’importance déterminante » du multilinguisme et du contenu local dans la société de l’information.

Le Conseil exhorte également à continuer de s’attacher à tirer le meilleur parti du commerce électronique pour promouvoir le développement dans le cadre d’initiatives telles que « Commerce électronique pour tous ».

Il recommande par ailleurs de se pencher sur les conséquences de l’évolution drastique de l’économie numérique pour les marchés du travail et à favoriser la création d’écosystèmes numériques inclusifs. 

La réunion a également été marquée par l’adoption par 45 voix pour, 2 abstentions, du Cameroun et du Rwanda, et l’opposition du Canada et des États-Unis d’une résolution sur les « répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé ».

Par ce texte, l’ECOSOC demande notamment l’ouverture complète des postes frontières de la bande de Gaza afin que soient garantis l’accès du personnel humanitaire et la circulation régulière des personnes et des biens et que soient levées toutes les restrictions à la liberté de circulation imposées au peuple palestinien. 

L’adoption a été précédée par un long débat entourant différentes propositions d’amendements présentés par l’Égypte et Israël.

À noter également que le Conseil économique et social a, par ailleurs, approuvé l’admission de la Guyane française à la qualité de membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Il a aussi décidé d’accorder un statut consultatif à plus de 200 ONG, y compris, à l’issue d’un vote, à la Konrad-Adenauer-Stiftung, de l’Allemagne.

L’ECOSOC se réunira de nouveau le 26 juillet pour élire les membres de son bureau pour la session 2019.

RÉUNION DE COORDINATION ET DE GESTION

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions

Pays africains qui sortent d’un conflit

Le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. ION JINGA (Roumanie), a indiqué que les travaux de la Commission, qui a été créée en 2005, se concentrent principalement sur les pays africains. 

Il a précisé que le Sahel reste une priorité claire pour les travaux de la CCP, notamment en ce qui concerne les efforts pour faire progresser la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Pour renforcer les synergies dans la région, la session annuelle de la Commission sera d’ailleurs exclusivement consacrée à la question du Sahel.  Il a en outre noté que les défis sécuritaires d’aujourd’hui ont souvent un caractère transfrontalier.  M. Jinga a également appelé à ne pas oublier les dimensions économiques et de développement de la consolidation de la paix, tout en plaidant pour une consolidation de la paix qui tienne compte de l’approche genre. 

Le Coordonnateur humanitaire par intérim des Nations Unis au Soudan du Sud et Représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), M. ADNAN KHAN, intervenant par visioconférence depuis Djouba, a présenté le Rapport du Secrétaire général intitulé « Apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies » (E/2018/70).

Ce document indique que, malgré le renouveau de l’Accord de paix et en dépit du nouvel espoir suscité par les progrès qui en ont découlé, la situation a continué de se dégrader au Soudan du Sud.  Ainsi, la communauté internationale rencontre de grandes difficultés dans les efforts qu’elle déploie pour passer de l’octroi de l’aide humanitaire d’urgence et de la protection des civils à une action axée sur les priorités en matière de développement.  La détérioration du climat général s’explique essentiellement par la poursuite des combats et des violences dans de nombreuses parties du pays, les conflits étant devenus de plus en plus fragmentés et localisés au cours de la période considérée.  

La crise humanitaire s’est également aggravée au Soudan du Sud, par l’effet combiné du conflit prolongé, des déplacements et du déclin économique.  Rien ne témoigne mieux de cette dégradation que l’augmentation de la faim.  La famine localisée dans l’État de l’Unité a certes été stoppée à la mi-2017, mais un nombre record de 6 millions de personnes demeuraient en situation d’insécurité alimentaire grave en septembre 2017 et aucune solution n’avait encore été apportée aux causes sous-jacentes de la faim.  En janvier 2018, quelque 5,3 millions de personnes (soit 48% de la population) souffraient d’insécurité alimentaire grave, soit 1,5 million de plus qu’à la même période en 2017. 

À la fin de la période considérée, en avril 2018, on estimait qu’environ 7 millions de personnes (soit presque les deux tiers de la population du Soudan du Sud) risquaient d’être victimes de la famine dans les mois à venir si elles n’avaient pas accès à une aide humanitaire soutenue.  Cela représenterait 57% de la population et 1,4 million de personnes de plus qu’à la même période en 2017. 

La malnutrition a également atteint des niveaux sans précédent.  D’après les prévisions, plus de 1,1 million d’enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition en 2018, dont près de 300 000 seront si gravement sous-alimentés qu’ils se trouveront en grand danger de mort.  Cela fait de l’année 2018 la plus difficile que le pays n’ait jamais connue.  

Le rapport indique également que la région abrite actuellement plus de 2,5 millions de réfugiés sud-soudanais et le conflit a donné lieu à la troisième plus grande crise de réfugiés au monde, après celles de la République arabe syrienne et de l’Afghanistan.  En février 2018, quelque 1,8 million de personnes étaient encore déplacées, parmi lesquelles plus de 200 000 vivaient dans des zones de protection des civils situées sur les bases de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  Nombre de déplacés sont contraints de fuir leur foyer à plusieurs reprises, ce qui accroît leur vulnérabilité et leur besoin de protection.  En février 2018, le Soudan du Sud comptait environ 290 000 réfugiés venus de pays voisins.

À cela s’ajoute une situation économique qui demeure difficile.  La hausse des prix mondiaux du pétrole ces derniers mois et du cours du brut, qui a atteint 70 dollars le baril en janvier 2018, n’a pas amélioré l’afflux de recettes publiques.  Cela tient essentiellement au fait que la production de pétrole est restée faible, à 120 000 barils par jour, soit un tiers du niveau de 2010, juste avant l’indépendance, ainsi qu’aux sommes restant à payer au Soudan et au remboursement des arriérés.  La marge de manœuvre budgétaire s’en trouve considérablement restreinte, notamment pour ce qui est de verser les salaires en temps voulu. 

En outre, la monnaie nationale, la livre sud-soudanaise, a continué de se déprécier par rapport au dollar des États-Unis, le taux du marché s’établissant actuellement à 250 livres sud-soudanaises pour 1 dollar, soit une baisse de 58% en un an.  Il en a résulté, entre autres effets, une hausse des prix des produits de première nécessité, y compris les denrées alimentaires.  Janvier 2018 est devenu le vingt-sixième mois consécutif à connaître une inflation à trois chiffres, soit 125%.

Le conflit complique également l’acheminement de l’aide par les organismes humanitaires et perturbe directement les opérations des Nations Unies.  Les acteurs humanitaires ont pris des risques majeurs pour venir en aide aux personnes dans le besoin, au milieu d’affrontements, dans un climat d’insécurité et face à des interdictions d’accès.

Le rapport conclu que le dialogue, mené à tous les niveaux, est indispensable à l’instauration de la paix et à la réconciliation.

Décision sur le projet de décision

Le Conseil a ensuite adopté sans vote, et telle qu’oralement amendée, le projet de décision E/2018/L.24 intitulé « Pays africains sortant d’un conflit » par lequel il demande qu’un rapport sur l’apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies soit présenté au Conseil à sa session de 2019 pour examen.

Programme à long terme d’aide à Haïti

Présentation du rapport

En sa qualité de Président du Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti, M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a présenté le rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti E/2018/75.

Le rapport, soumis conformément à la résolution 2017/26 du Conseil économique et social, expose les principales conclusions que le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti a tirées de ses visites à Washington, en mars 2018, et en Haïti, en mai 2018, au cours desquelles ses membres se sont entretenus avec plusieurs hauts responsables des pouvoirs exécutif et législatif ainsi qu’avec des représentants de la société civile et du secteur judiciaire.

Si le Groupe convient qu’Haïti est pleinement responsable de son développement, il reconnaît la situation complexe et difficile dans laquelle se trouve le pays.  Il note que plus d’un an après la transition pacifique et démocratique de 2017, de nouvelles mesures ont été prises pour favoriser la stabilité politique et institutionnelle.  Avec l’appui de la communauté internationale et du système des Nations Unies, le Gouvernement a continué de consolider la transition, notamment en examinant et en promulguant de nouvelles lois pour renforcer l’administration de la justice et l’état de droit, ainsi qu’en définissant un projet axé sur la résilience et le développement durable et fondé sur un ensemble clair de priorités en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Groupe invite les autorités haïtiennes, la communauté internationale, le système des Nations Unies et d’autres partenaires de développement à continuer de tirer parti des possibilités offertes par les progrès accomplis à ce jour pour assurer un avenir meilleur pour le pays.  Le Groupe exhorte la communauté internationale à continuer d’aider Haïti à bâtir un avenir placé sous le signe du développement durable.

M. Blanchard a conclu en notant que le pays a un immense potentiel économique, mais que davantage d’efforts doivent être consentis afin de débloquer et maximiser ce potentiel.  « C’est la seule façon pour Haïti d’atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il relevé.

Discussion générale

Intervenant par visioconférence depuis Port-au-Prince, le Coordonnateur résident des Nations Unies par intérim et Représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti, M. RONALD TRAN BA HUY, a décrit la situation socioéconomique qui prévaut dans le pays.  Il a rappelé que, le 6 juillet dernier, des manifestations contre la hausse du prix du carburant ont paralysé le pays, avant que le Gouvernement ne revienne sur sa décision.  Après ces évènements, le Président est intervenu à la télévision le 14 juillet afin de confirmer la démission du Premier Ministre et de son gouvernement.     

Le Coordonnateur résident a ensuite noté que les prévisions laissent croire un déficit budgétaire cette année en Haïti, alors que la dette extérieure du pays se chiffre désormais à 2,6 milliards de dollars.  L’un des points positifs est que la production agricole sera meilleure que les années précédentes en raison d’une pluviométrie plus favorable. 

Il a relevé que la transition vers une présence onusienne autre que liée au maintien de la paix sera une étape importante pour le travail des Nations Unies dans le pays.  Un plan de transition sécuritaire est en cours d’élaboration, lequel prendra en considération le fait que l’équipe de pays des Nations Unies devra désormais opérer sans le soutien sécuritaire auquel il était habitué.  Le pays fait toujours face au risque de retomber dans la crise du choléra malgré des efforts probants pour son éradication, a-t-il aussi averti, appelant à une mobilisation des ressources pour consolider les résultats.

M. Tran Ba Huy a salué le rôle que joue la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), avant de préciser qu’Haïti continuera d’avoir besoin de l’appui de la communauté internationale pour consolider les progrès accomplis depuis sa transition démocratique en 2017.  Et cet appui devrait être bien coordonné et cohérent et devrait cibler les priorités nationales de développement, en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. DENIS REGIS (Haïti) a rappelé que son pays fut le premier à accueillir, en 1948, la première mission de l’ECOSOC.  Il a noté que 70 ans après, nombre de recommandations de cette première mission demeurent d’actualité, notamment celles en rapport avec l’urgence du soutien à l’agriculture haïtienne.  Il a aussi insisté sur l’urgence de la relance des investissements publics, notamment dans les domaines des services essentiels.  Il a expliqué que c’est l’absence de tels investissements qui pénalise la paix sociale, notamment du fait de la « stagnation de la pauvreté ». 

M. Regis a indiqué que le développement d’Haïti ne peut venir que des Haïtiens eux-mêmes.  Mais la communauté internationale doit également veiller à aligner son assistance aux priorités nationales définies par le Gouvernement, a-t-il plaidé, citant, parmi ces priorités, la lutte contre le choléra et la réforme des institutions nationales.

Le représentant d’El Salvador, dont le pays est membre du Groupe des Amis d’Haïti, a appelé à un soutien continu pour l’équipe de pays de l’ONU et la MINUJUSTH, notamment dans l’optique du soutien attendu aux activités prioritaires de renforcement de la police et la justice.  Un appui technique en la matière est du reste apporté par El Salvador, a souligné le représentant. 

Décision sur le projet de résolution

Le projet de résolution intitulé « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » (E/2018/L.18) a ensuite été adopté sans vote.  Par ce texte, l’ECOSOC décide de proroger le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2019, afin de pouvoir suivre la situation de près et de formuler des conseils concernant la stratégie de développement à long terme d’Haïti, en accordant une attention particulière à la nécessité d’assurer un appui international cohérent et durable à Haïti, dans le respect des priorités nationales de développement à long terme et du Plan stratégique de développement d’Haïti.

L’ECOSOC invite également les donateurs à aligner leurs efforts sur le Plan d’élimination du choléra en Haïti (2013-2022), la nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti des Nations Unies et le plan national de santé, ainsi que sur les autres initiatives prises à l’échelle nationale contre les maladies d’origine hydrique, et à fournir les ressources financières nécessaires à leur mise en œuvre.

En vertu de ce texte, l’ECOSOC demande d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra, comme indiqué dans le Plan d’aide humanitaire de 2018 pour Haïti, et engage les partenaires à faire le lien entre les activités à court terme et le développement à long terme afin de renforcer la résilience et de réduire la répétition des crises.  

L’ECOSOC demande par ailleurs le resserrement de la coopération entre la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et l’équipe de pays des Nations Unies et une concertation plus étroite avec le Gouvernement haïtien, compte tenu en particulier du plan de retrait de la Mission, afin d’assurer la mise en œuvre de l’initiative Unité d’action des Nations Unies par les entités des Nations Unies présentes en Haïti.

Du fait de cette résolution, l’ECOSOC devra en outre prévoir un budget de 39 200 dollars pour couvrir notamment les voyages des membres du Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti et de deux fonctionnaires onusiens.

Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé

Présentation du Rapport (A/73/87-E/2018/69)

Le Directeur de la Division des questions émergentes et liées aux conflits, M. TARIK ALAMI, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé ». 

Ce document rend compte des pratiques et mesures auxquelles Israël continue de recourir, en particulier celles qui contreviennent au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme et qui influent sur la situation économique et sociale des populations qui subissent son occupation militaire.

M. Alami a dénoncé le recours à la force par Israël contre les Palestiniens ainsi que les attaques perpétrées par les colons israéliens et la destruction des domiciles et structures palestiniennes. Il s’est inquiété du fait que plus de 80% des habitants de Gaza dépendent de l’aide humanitaire, avertissant en outre de l’impact délétère de plus de 50 années d’occupation pour la population palestinienne.

La représentante de la Syrie s’est réjouie que les informations fournies par le Gouvernement syrien sur le Golan syrien occupé aient été incluses dans le rapport.  Elle a dénoncé l’exploitation par Israël des ressources naturelles du Golan et la scolarisation forcée des enfants arabes par la Puissance occupante, ainsi que l’imposition de la citoyenneté israélienne, y voyant une tentative d’effacer l’identité du peuple syrien.  Elle a aussi contesté les élections qui doivent être organisées cette année par Israël dans quatre villes du Golan.  Elle a aussi dénoncé l’appui d’Israël aux groupes terroristes armés comme el-Nosra.  Elle a demandé à l’ECOSOC à prendre une décision ferme contre ces pratiques israéliennes.

La représentante d’Israël s’est dit déçue par la présentation d’un rapport « tendancieux, faux et inexact ».  C’est un document de propagande.  Il ne fait pas mention des projets de développement qui bénéficient aux Palestiniens dans les domaines notamment de la télécommunication, des infrastructures, de l’agriculture.  Le rapport accuse Israël d’être responsable de tous les maux subis par les Palestiniens sans parler du refus, par exemple, des Palestiniens de siéger au Conseil de l’eau, a-t-elle dénoncé.  Il ne parle pas des activités terroristes du Hamas et ses tirs de roquettes en Israël.  Elle a pointé le parti pris délibéré des auteurs du rapport.  Elle a aussi fustigé les informations inexactes fournies par la Syrie sur le Golan syrien occupé.  Ce rapport est une attaque incendiaire et une propagande contre Israël, a-t-elle martelé. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a déclaré que rien ne saurait compenser la colonisation d’une terre.  Il a averti qu’avec l’occupation, Israël est en train de couper la continuité du territoire palestinien et que les répercussions économiques et sociales de l’occupation sont vastes.  Notre économie est largement compromise et la population est déplacée de force, Gaza est proche de l’effondrement sous l’effet d’un blocus de 10 ans et la Vallée du Jourdain n’est pas accessible aux Palestiniens et est exploitée par Israël qui en exporte les productions.  Le représentant a salué la décision de l’Irlande de boycotter les marchandises israéliennes produites dans les colonies de peuplement.

Propositions d’amendement du projet de résolution E/2018/L.19

Le représentant de l’Égypte a présenté un amendement oral au paragraphe 14 du dispositif du projet de résolution portant sur la situation des détenus palestiniens et la restitution des dépouilles.

La représentante des États-Unis s’est opposée à cet amendement oral au motif que celui-ci ne respecte pas la règle de 24 heures du règlement intérieur donnant aux membres du Conseil un temps de réflexion.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Algérie a demandé un vote sur l’amendement oral égyptien.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a vu dans l’amendement un moyen de préserver le multilatéralisme et de promouvoir le respect mutuel.

Israël a, pour sa part, regretté que l’amendement échoue à condamner les actions du Hamas.

L’amendement proposé par l’Égypte a ensuite été adopté par 40 voix pour, l’opposition des États-Unis et 5 abstentions (Canada, Inde, Japon, République de Corée et Rwanda).

À l’issue du vote, le représentant de l’Espagne, au nom de l’Union européenne, a apporté des éclaircissements sur l’interprétation, par sa délégation, de certains termes contenus dans la résolution, précisant qu’elle considère que le terme « Gouvernement palestinien » désigne l’Autorité palestinienne. 

Le Conseil a ensuite tourné son attention sur une autre proposition d’amendement du projet de résolution L.19, contenu dans le document E/2018/L.27.

Présenté par Israël, celui-ci propose que l’ECOSOC demande la libération immédiate des civils et des soldats détenus à Gaza par le Hamas.  En son état actuel, a dénoncé la délégation israélienne, le projet de résolution passe sous silence les crimes commis par le Hamas « qui règne sur Gaza avec une poigne de fer ».

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a pointé le fait qu’Israël continue de détenir les dépouilles de Palestiniens ce qui, a-t-il affirmé, remet en cause sa crédibilité.

Les États-Unis ont pour leur part affirmé que le Hamas ne contribue en rien à améliorer le sort des Palestiniens et a estimé que le Conseil devrait le tenir responsable de la détention de prisonniers.

L’amendement proposé par Israël a ensuite été rejeté par 18 voix.  Vingt-trois membres du Conseil se sont abstenus, tandis que le Canada, la Colombie, les États-Unis, le Mexique, et l’Uruguay ont voté pour.

Israël a vu dans ce vote le refus du droit des mères de connaître le sort de leurs fils. 

Adoption du projet de résolution E/2018/L.19

La représentante des États-Unis s’est inquiétée du parti pris de cette résolution contre Israël et a averti que le rapport et la résolution ne font qu’attiser la tension et compromettent la paix.  Un accord global pour la fin du conflit est possible par le biais d’un dialogue direct entre les deux parties.  Le Hamas doit reconnaître que l’existence d’Israël est permanente et œuvrer pour la paix et la prospérité des Palestiniens.

L’ECOSOC a ensuite adopté par 45 voix pour, 2 abstentions (Cameroun et Rwanda) et l’opposition du Canada et des États-Unis le projet de résolution, tel qu’oralement amendé par l’Égypte.

Par ce texte, l’ECOSOC demande l’ouverture complète des postes frontières de la bande de Gaza, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité, afin que soient garantis l’accès du personnel humanitaire et la circulation régulière des personnes et des biens et que soient levées toutes les restrictions à la liberté de circulation imposées au peuple palestinien. 

Le Conseil souligne qu’il faut préserver la continuité, l’unité et l’intégrité territoriales du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et garantir la libre circulation des personnes et des biens dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, ainsi qu’à destination et en provenance du monde extérieur.

L’ECOSOC exige d’Israël qu’il respecte le Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine signé à Paris le 29 avril 1994;

Il demande à Israël de remettre en état et de remplacer les biens civils, les infrastructures essentielles, les terres agricoles et les services administratifs endommagés ou détruits du fait de ses opérations militaires dans le Territoire palestinien occupé;

Il demande également à Israël, Puissance occupante, de cesser immédiatement d’exploiter les ressources naturelles, minières et hydriques notamment, et de mettre fin, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, au déversement de déchets de toutes sortes.  Il demande que les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, soient amenés à en répondre.

L’ECOSOC lance un appel pour qu’on prête d’urgence attention aux souffrances endurées par les prisonniers et les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes et aux droits que leur confère le droit international et demande aux deux parties d’en faire plus pour continuer de libérer des prisonniers et des détenus. 

Interventions à l’issue du vote

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué avoir voté en faveur de la résolution même s’il s’était abstenu lors du vote sur l’amendement proposé par Israël.

Le représentant des Philippines, qui a voté pour la résolution, a déclaré qu’il était préoccupé par la sécurité de la population palestinienne et a dénoncé les retards pour trouver une issue su conflit.  Une solution durable dépend des deux parties et ne peut être imposée de l’extérieur, a-t-il notamment souligné.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a affirmé que cette résolution n’est pas anti-israélienne mais anticoloniale.  Si Israël abandonnait l’occupation, la résolution serait tout autre, a-t-il dit.

Cette résolution ne dit aucun mot sur le Hamas qui contrôle Gaza, a protesté Israël.  La résolution ne parle pas non plus de l’échec de l’Autorité palestinienne, de sa mauvaise gestion et de sa corruption, et n’est rien de plus qu’un autre exemple du parti pris contre Israël qui prévaut au sein des Nations Unies.

L’Uruguay a estimé que la résolution rappelle l’existence d’un problème qui doit être réglé de toute urgence et la nécessité de répondre aux besoins fondamentaux des Palestiniens. 

Le Soudan, qui a voté en faveur de la résolution, a réaffirmé le soutien de sa délégation aux droits du peuple palestinien à vivre dans la dignité dans un État indépendant. 

Assistance au peuple palestinien (A/73/84-E/2018/72)

L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien.

Organisations non gouvernementales

Rapport du Comité chargé des organisations non gouvernementales sur les travaux de la reprise de sa session de 2018 (E/2018/32)

Le représentant du Royaume-Uni a déclaré que la participation des ONG aux travaux du Conseil devait être encouragée.  Le représentant est préoccupé que le Comité des ONG n’avait pas eu le temps d’examiner tous les rapports quadriennaux qui lui avaient été présentés lors de sa deuxième reprise de session de mai.  Il s’est également inquiété de la discrimination contre les ONG consacrées aux droits de l’homme. 

Demande d’admission au statut consultatif auprès du Conseil économique et social présentée par l’organisation non gouvernementale Konrad-Adenauer-Stiftung (E/2018/L.29)

Le représentant de la Fédération de Russie est préoccupé que la demande de statut consultatif par les ONG est de plus en plus souvent pilotée par les États.  Il a affirmé que la KAS n’avait pas répondu aux questions des membres du Comité et a proposé de continuer l’examen de la demande de l’ONG au sein du Comité.  Le représentant a ensuite présenté une motion demandant l’ajournement de la demande d’admission au statut consultatif auprès de l’ECOSOC de la KAS déposée par l’Allemagne.

Le représentant de la Chine est préoccupé que ces dernières années, certains pays aient cherché à contraindre l’ECOSOC à revenir sur les décisions du Comité des ONG.  Il a appuyé la motion présentée par la Fédération de Russie. 

Le représentant de l’Allemagne a souligné que la KAS avait répondu à toutes les questions du Comité des ONG et a rejeté la demande d’ajournement de la Russie.

Le Venezuela est préoccupé de la tendance de l’ECOSOC à ne pas confirmer les décisions du Comité des ONG.  Le représentant a soutenu la demande d’ajournement déposée par la Fédération de Russie.

La représentante des États-Unis a estimé pour sa part que la KAS est bien considérée et pourrait contribuer de manière substantielle aux travaux de l’ECOSOC.  La demande d’ajournement est un abus du règlement intérieur de l’ECOSOC qui vise à empêcher le Conseil à prendre une décision, a-t-elle dénoncé.

Vote sur la demande d’ajournement

L’ECOSOC a rejeté la motion de non-action déposée par la Fédération de Russie par 27 voix contre, 10 voix pour et 7 abstentions (Algérie, Bénin, Équateur, Iraq, Liban, Turquie, Émirats arabes unis).

Adoption du projet de décision E/2018/L.29

Au nom de l’Union européenne, la République Tchèque a indiqué que la KAS avait ouvert un bureau à New York, en 2017 dans le but d’appuyer le travail des Nations Unies dans plusieurs domaines.  Elle a aussi estimé que la KAS répond à tous les critères requis pour obtenir un statu auprès de l’ECOSOC. 

La représentante de Cuba a déclaré que cette ONG vise à renverser l’ordre constitutionnel à Cuba et que le Directeur de bureau de la KAS au Mexique est en relation avec des terroristes d’origine cubaine comme Luis Posada Carilles. 

La représentante des États-Unis a regretté qu’un État Membre, « dont l’hostilité à la société civile est bien connue », continue de s’opposer aux demandes de telles ONG.

L’ECOSOC a ensuite décidé par 28 voix pour, 8 voix contre (Chine, Philippines, Fédération de Russie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Afrique du Sud, Soudan, Venezuela, Viet Nam) et 11 abstentions, d’accorder le statut consultatif spécial à l’ONG Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS), de l’Allemagne.

À l’issue du vote, la représentante du Viet Nam a fait savoir que la KAS travaille au Viet Nam depuis 2012, mais a toutefois regretté que nombre des questions légitimes des membres du Comité des ONG soient restées sans réponses.

La représentante du Rwanda a estimé que les ONG dotées du statut consultatif doivent se consacrer uniquement au développement socioéconomique et ne pas s’occuper de questions politiques.

Adoption d’autres projets de décision

L’ECOSOC a ensuite adopté les huit projets de décision contenus dans le rapport du Comité des ONG (E/2018/32).

Sur la recommandation de ce dernier, l’ECOSOC décide notamment d’accorder le statut consultatif à 209 organisations non gouvernementales.

Le Conseil s’est également prononcé sur des demandes de retrait de la liste, la suspension du statut consultatif de 152 ONG, et la réadmission de 27 ONG qui ont présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance.

L’ECOSOC décide que la session ordinaire de 2019 du Comité des ONG se tiendra du 21 au 30 janvier et le 8 février 2019 et que la reprise de la session aura lieu du 16 au 24 mai et le 4 juin 2019. 

Coopération régionale

Présentation de rapport

M. AMR NOUR, Directeur du Bureau des commissions régionales à New York, a présenté les rapports du Secrétaire général sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et les domaines connexes (E/2018/15) et (E/2018/15/Add.1).

Si le second rapport complète le premier en contenant notamment des projets de résolution, le premier, pour sa part, met en lumière le rôle central des acteurs régionaux dans la traduction du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en réalisations pratiques à l’échelle nationale.

La première partie du rapport montre comment il est tiré parti, de manière intégrée et en générant de la valeur ajoutée, des ressources et des fonctions essentielles des commissions régionales pour aider les États Membres à mettre en œuvre le Programme 2030.  Le rapport contient aussi des exemples de la contribution qu’apportent les commissions régionales au renforcement de l’appui à la mise en œuvre, au suivi et à l’examen du Programme 2030. 

La deuxième partie du rapport présente les faits nouveaux survenus et les résultats obtenus dans certains domaines de la coopération régionale et interrégionale, notamment les questions de fond examinées lors des sessions des commissions régionales et des autres réunions intergouvernementales; les efforts visant à promouvoir la cohérence au niveau régional, y compris par le biais des différents mécanismes de coordination régionale et de la mise en œuvre de la déclaration de collaboration entre les commissions régionales et le Groupe des Nations Unies pour le développement; et l’amélioration de la coopération entre les commissions régionales.

Discussion générale

Le représentant d’El Salvador a rappelé que la situation de chaque région est particulière.  Pour le cas de l’Amérique latine et les Caraïbes, un forum de la CEPALC, prévu à Santiago du Chili, va permettre d’affiner la stratégie régionale en vue de réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

Le délégué du Chili a parlé du chevauchement des mandats entre les commissions économiques régionales et les agences onusiennes.  Il a souhaité qu’un rapport interne sur cette question soit présenté à l’ECOSOC pour examen.  Il s’est également dit préoccupé du fait que le Secrétariat envisagerait de réduire le nombre de personnels des commissions économiques régionales.

Décision sur les projets de résolution contenus dans le rapport

L’ECOSOC a adopté sans vote la résolution intitulée « Admission de la Guyane française à la qualité de membre associé de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes ».  En vertu de ce texte, le Conseil économique et social approuve l’admission de la Guyane française à la qualité de membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Aux termes de la résolution I, l’ECOSOC approuve les statuts actualisés de l’Institut africain de développement économique et de planification, dont le texte est annexé à la résolution.

En vertu de la résolution II, l’ECOSOC approuve les nouvelles orientations stratégiques de la Commission économique pour l’Afrique énoncées dans la note de la Secrétaire exécutive intitulée « Nouvelles orientations stratégiques: pour une Afrique autonome et transformée: passer des idées à l’action », laquelle est annexée à la résolution.

Ensuite, le Conseil économique et social a adopté, également sans vote, la résolution III par laquelle il approuve la décision de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique de tenir sa cinquante-deuxième session, au Maroc, en 2019.

Dans la même veine, le Conseil a adopté sans vote la résolution intitulée « Transformation du Centre pour la réduction de la pauvreté par l’agriculture durable en une organisation intergouvernementale non rattachée au système des Nations Unies ».  En vertu de ce texte, l’ECOSOC approuve la transformation du Centre pour la réduction de la pauvreté par l’agriculture durable, jusqu’alors un organe subsidiaire de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, en une organisation non rattachée au système des Nations Unies.

L’ECOSOC a ensuite pris note d’un ensemble de documents: le rapport sur la situation économique dans la région de la Commission économique pour l’Europe (Europe, Amérique du Nord et Communauté d’États indépendants) en 2017-2018 (E/2018/16); l’Aperçu général de l’évolution récente de la situation économique et sociale en Afrique (2018) (E/2018/17); le Résumé de l’Étude 2018 sur la situation économique et sociale de l’Asie et du Pacifique (E/2018/18); le Rapport de synthèse sur la situation économique et les perspectives de l’Amérique latine et des Caraïbes pour la période 2017-2018 (E/2018/19); et le Rapport de synthèse sur l’évolution économique et sociale dans la région de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale en 2017-2018 (E/2018/20). 

Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies

Examen et coordination de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020

Décision sur le projet de résolution E/2018/L.26

Le Conseil a par la suite adopté la résolution intitulée « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 ». 

Ainsi, elle demande aux pays les moins avancés et à leurs partenaires de développement, entres autres, de continuer à redoubler d’efforts pour honorer pleinement et effectivement les engagements pris concernant les huit domaines prioritaires définis dans le Programme d’action d’Istanbul. 

Ces domaines prioritaires sont: capacité de production; agriculture, sécurité alimentaire et développement rural; commerce; produits de base; développement social et humain; crises multiples et nouveaux défis; mobilisation de ressources financières pour le développement et le renforcement des capacités; et bonne gouvernance à tous les niveaux.

L’ECOSOC se félicite également de l’entrée en activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés et de l’inauguration de son siège à Gebze (Turquie), et invite les États Membres, ainsi que les organisations internationales, les fondations et le secteur privé à lui verser des contributions financières à titre volontaire et lui fournir l’aide technique nécessaire pour son bon fonctionnement.

Le Conseil constate en revanche avec préoccupation que l’aide publique au développement bilatérale fournie aux pays les moins avancés est encore loin d’atteindre l’objectif fixé dans le Programme d’action d’Istanbul et le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Il se déclare également gravement inquiet que la part des dépenses consacrées aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies dans les pays les moins avancés soit en baisse et soit tombée à 46% de l’ensemble des dépenses au niveau des pays en 2016, contre plus de 50% jusqu’en 2014.  Aussi, engage-t-il le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’accorder la priorité aux allocations qui sont destinées à ces pays en élaborant des directives opérationnelles.

Après l’adoption de ce texte, la représentante des États-Unis a précisé que ce texte n’implique aucun engagement particulier et que le Programme 2030 qui y est mentionné n’est pas contraignant et ne donne pas lieu à des obligations spécifiques de la part des États Membres.  De plus, le Programme n’altère pas les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment celui sur le droit de la propriété intellectuelle, a estimé la représentante.  Les États-Unis précisent aussi que le transfert de technologies n’est pas contraignant et se doit d’être une activité libre et volontaire.

Questions relatives à l’économie et à l’environnement

Développement durable

Décision sur un projet de résolution

L’ECOSOC a également adopté la résolution (E/2018/L.22), intitulée « Rapport du Comité des politiques de développement sur les travaux de sa vingtième session ».  

Ainsi, le Conseil économique et social souscrit à la recommandation du Comité concernant le retrait du Bhoutan de la liste des pays les moins avancés, note que le Comité juge raisonnable la demande du Bhoutan de faire correspondre la date effective de son reclassement avec la fin de son douzième plan national de développement en 2023, et préconise à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation et de cette constatation.

Le Conseil souscrit également à la recommandation du Comité concernant le retrait des Îles Salomon de la liste des pays les moins avancés et préconise à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation.  Il souscrit ensuite à la recommandation du Comité concernant le reclassement de Sao Tomé-et-Principe, tout en notant que le Comité juge raisonnable la demande de Sao Tomé-et-Principe tendant à ce que la date effective de son reclassement soit reportée à 2024, afin qu’il puisse procéder aux réformes internes nécessaires et aligner sa stratégie de transition sur son plan national de développement.  L’ECOSOC préconise donc à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation et de cette constatation.

Ensuite, l’ECOSOC décide de ne pas souscrire à la recommandation du Comité concernant la création d’une catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques.

Par la suite, l’ECOSOC décide de ne pas souscrire à la recommandation du Comité concernant le classement de Kiribati et des Tuvalu dans la catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques.  Il décide en outre de reporter à 2021 au plus tard l’examen de la recommandation du Comité concernant le retrait de Kiribati et des Tuvalu de la liste des pays les moins avancés.

Il prie enfin le système des Nations Unies pour le développement d’aider les pays en voie de reclassement à élaborer et appliquer des stratégies nationales de transition, et d’envisager d’apporter un appui spécifique aux pays reclassés pour une période déterminée et de manière prévisible.

Le représentant du Japon a pris la parole après l’adoption pour saluer le consensus dont a bénéficié ce texte.  Il a souligné qu’il est important que les situations des pays et, notamment leurs vulnérabilités, soient prises en compte. 

Ensuite, le délégué des États-Unis a relevé que certains États en développement, notamment les Petits États insulaires en développement (PEID) bénéficient des prorogations spéciales après les trois ans requis pour changer de catégorie.  Pour les États-Unis, il s’agit là d’une pratique du Comité qui entache sa crédibilité.

Le représentant des Îles Salomon, parlant au nom du Forum des Îles du Pacifique, a comparé le reclassement des pays de son groupe à « une falaise à escalader », avertissant qu’il fallait « éviter que les pays ne retombent au bas de la falaise ».  Il a expliqué que le reclassement doit être accompagné de mesures idoines pour que ces États puissent maintenir une économie compétitive. 

Pour les PEID du Pacifique, le paradoxe insulaire est un obstacle, a-t-il expliqué en faisant valoir leur vulnérabilité aux chocs externes et l’étroitesse de leur marché intérieur.  C’est pourquoi ils ne sont pas prêts à être considérés comme des pays à revenu intermédiaire, et cette résolution apparaît donc comme « une pilule amère à avaler pour les pays du Pacifique ».  Il a décrié la méthodologie du revenu national par habitant qui est pris en compte pour le classement des États, plaidant pour que la communauté internationale tienne compte des défis et obstacles auxquels ils font face, notamment à la prochaine session d’examen prévue en 2021.

La déléguée du Bhoutan a, pour sa part, dit sa gratitude de voir que le reclassement de son pays a été renvoyé en 2023, afin de le faire coïncider avec la date de la fin de son douzième plan national de développement.  Le pays entend donc se préparer afin d’être prêt à échéance.

Science et technique au service du développement

Présentation de rapports

Le Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement et Vice-Ministre de la science et de la technologie de la République dominicaine, M. PLACIDO GOMEZ RAMIREZ, a présenté le rapport sur les travaux de sa vingt et unième session, qui se sont tenus du 14 au 18 mai 2018 (E/2018/31).  Il a indiqué que, lors de cette session, la Commission a débattu du rôle de la science et de la technologie dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a aussi examiné les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international ainsi que deux thèmes prioritaires, intitulés « Accroître nettement la part des énergies renouvelables d’ici à 2030: le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation » et « Renforcer les compétences numériques en vue de tirer parti des technologies existantes et émergentes, en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes ».

Le Rapport (A/73/66-E/2018/10) du Secrétaire général sur « les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international » a été présenté par la Chef de la Politique en matière de science, de technologie et d’innovation de la Division de la technologie et de la logistique, Mme DONG WU.

Ce document indique que l’accès aux technologies de l’information et de la communication, leur utilisation et leur champ d’application n’ont cessé de croître, mais il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs arrêtés au niveau international que sont la connectivité pour tous et la maximisation de la contribution des technologies de l’information et de la communication au développement durable.

La coopération internationale multipartite s’impose pour remédier au problème, mais aussi pour relever des défis tels que celui de la cybersécurité.

La qualité de l’infrastructure sera aussi d’une importance cruciale pour l’exploitation de nombreuses nouvelles technologies, surtout de celles qui nécessitent une connexion en temps réel. 

Adoption de projets de décision

Sur recommandation de sa Commission de la science et de la technique, le Conseil a adopté deux projets de résolution, intitulés « Science, technologie et innovation au service du développement » et « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information ».

Le premier texte porte notamment sur le Bilan de la suite donnée aux textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information.  Dans ce contexte, l’ECOSOC souligne qu’il faut d’urgence combler la fracture numérique qui se creuse entre et dans les pays en ce qui concerne la disponibilité et le caractère abordable du haut débit, ainsi que la qualité d’accès et le taux d’utilisation

Il souligne aussi l’importance déterminante du multilinguisme et du contenu local dans la société de l’information.

Le Conseil exhorte également à continuer de s’attacher à tirer le meilleur parti du commerce électronique pour promouvoir le développement dans le cadre d’initiatives telles que « Commerce électronique pour tous », qui prévoit une nouvelle stratégie de développement du commerce au moyen d’échanges électroniques en facilitant le recours, pour les pays en développement, à l’assistance technique.

La deuxième résolution détaille une longue liste de recommandations faites aux gouvernements, à la Commission de la science et de la technique au service du développement et à la CNUCED en matière de science, technologie et innovation aux stratégies de développement durable.  Ces derniers sont notamment invités à se pencher sur les conséquences de l’évolution drastique de l’économie numérique pour les marchés du travail et à encourager la « génération numérique » à assumer un rôle de premier rang dans les programmes locaux de renforcement des capacités relatives à la science, à la technologie et à l’innovation.

Ils sont aussi appelés à instaurer des politiques favorisant la création d’écosystèmes numériques inclusifs qui tiennent compte du contexte socioéconomique et politique des pays.   

Par un autre texte, l’ECOSOC a par ailleurs décidé que les thèmes de la vingt-deuxième session de la Commission seront: « Incidence de l’évolution rapide de la technique sur le développement durable » et « Le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le renforcement de la résilience des collectivités, notamment grâce à la contribution des sciences participatives ».

Coopération internationale en matière fiscale

Rapport sur les travaux de la seizième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale (14-17 mai 2018) (E/2018/45/Add.1).

Décision sur un projet de décision

Le Conseil économique et social a ensuite décidé que la dix-septième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale se tiendra à Genève (Suisse) du 16 au 19 octobre 2018.  Il a également pris note du rapport dans lequel figurait le projet de décision.

Information géospatiale

Décision sur un projet de résolution

L’ECOSOC a également décidé, par une résolution adoptée sans vote, d’approuver le règlement intérieur du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques, dont le texte est reproduit à l’annexe I de la présente décision (E/2018/L.25).  Par la même occasion, le Conseil approuve le projet d’ordre du jour de la première session du Groupe d’experts devant se tenir en 2019, dont le texte est reproduit à l’annexe II à la présente résolution.

Rapport du Comité du programme et de la coordination (A/73/16)

Le Conseil a adopté le rapport du Comité du programme et de la coordination sur les travaux de sa cinquante-huitième session.

Le représentant du Bélarus a salué un rapport qui reconnaît les efforts des pays admis à la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Le délégué a félicité l’efficacité du travail du Secrétariat avec les États Membres.  La prochaine session du Comité sera fondamentale dans le cadre de la réforme.  Le représentant des États-Unis a estimé que les transferts de technologie devraient se faire de manière volontaire et a rejeté les interprétations du mandat de l’Organisation mondiale du commerce les qualifiant d’inacceptables.

 L’ECOSOC a aussi approuvé le Calendrier des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes.  Il a également approuvé la liste simplifiée d’organes, dont les conférences et réunions devraient figurer dans les futurs calendriers provisoires des conférences qu’il examinera à compter de sa session de 2019.

Élections, présentations de candidatures, confirmations et nominations

Comité des politiques du développement (E/2018/9/Add.15)

Conformément aux propositions du Secrétaire général, l’ECOSOC a approuvé la nomination de 24 experts, dont les noms et qualités sont répertoriés dans le document susmentionné, au Comité des politiques de développement, à titre personnel, pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2019 et expirant le 31 décembre 2021. 

Commission de la science et de la technique au service du développement

L’ECOSOC a ensuite approuvé les candidatures d’Oman, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, et de la Turquie, au nom de Groupe des États d’Europe occidentale et d’autres États à la Commission de la science et de la technique au service du développement.  Leur mandat prendra effet le 1er janvier 2019 et s’achèvera le 31 décembre 2022.  Les autres membres seront nommés ultérieurement.

Comité des droits économiques, sociaux et culturels (E/2018/9/Add.16)

Mme Karla Vanessa Lemus de Vásquez (El Salvador), au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a été nommée par l’ECOSOC au Comité des droits économiques, sociaux et culturels pour un mandat de quatre ans prenant effet le 1er janvier 2019 et expirant le 31 décembre 2022.  Les autres membres seront nommés ultérieurement.

Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population (E/2018/9/Add.12)

Enfin, le Conseil économique et social a élu le Libéria, représentant le Groupe des États d’Afrique, au Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population, pour un mandat débutant le 1er janvier 2019 et prenant fin le 31 décembre 2021.  Les autres membres du Comité seront nommés ultérieurement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Après la désescalade obtenue « de justesse » à Gaza, un « horizon politique » doit être trouvé de toute urgence au conflit Israélo-Palestinien

8316e séance – matin
CS/13433

Conseil de sécurité: Après la désescalade obtenue « de justesse » à Gaza, un « horizon politique » doit être trouvé de toute urgence au conflit Israélo-Palestinien

Alors que les tensions se multiplient sur plusieurs fronts au Moyen-Orient, les interventions au Conseil de sécurité ont surtout porté aujourd’hui sur la situation à Gaza, où une nouvelle confrontation dévastatrice entre Israël et le Hamas a été évitée de justesse samedi dernier et où plus que jamais, un « horizon politique » doit être trouvé.

Cela fait un petit temps que Gaza est comme une « cocotte-minute » sur le point d’exploser, a reconnu l’Union européenne après que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a fait son exposé mensuel, dans le cadre du débat public trimestriel du Conseil.  Avant de laisser la parole à plus de 40 orateurs, M. Nickolay Mladenov, qui s’exprimait par visioconférence, a rappelé que c’est grâce à un effort conjoint de diplomatie préventive de la part de l’ONU et de l’Égypte qu’Israël et le Hamas ont finalement renoncé à se livrer à leur quatrième confrontation militaire, en une décennie.

Entre le 14 et le 15 juillet, a par exemple indiqué le Coordonnateur spécial, 220 roquettes et obus ont été tirés depuis Gaza, contre 90 missiles et obus par les forces israéliennes.  La fermeture du point de passage de Kerem Shalom, a-t-il précisé, est consécutive aux lâchers de cerfs-volants et de ballons enflammés à partir de Gaza.

L’Observateur permanent de la Palestine et le représentant d’Israël ont présenté des points de vue diamétralement opposés de la situation sur le terrain.  Le premier a argué que les violations israéliennes sont une preuve supplémentaire de la nécessité absolue de fournir une protection internationale à la population civile palestinienne.  Il s’est dit impatient de prendre connaissance, le 13 août prochain, des recommandations du Secrétaire général sur un « mécanisme international », conformément à la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 13 juin.  « Ça suffit », s’est écrié le second.

C’est le Hamas qui « terrorise » les communautés à la frontière septentrionale, où « les sirènes résonnent jour et nuit » et où plus de 7 000 acres, « soit la moitié de Manhattan », ont été détruites par les objets enflammés d’une « organisation terroriste qui travaille en étroite collaboration avec le Hezbollah et le régime iranien ».

Où sont les pays arabes quand il s’agit de condamner le Hamas? a accusé, à son tour, la représentante des États-Unis.  Où sont-ils quand il s’agit de réconcilier les factions palestiniennes?  Où sont-ils quand il s’agit d’encourager le compromis?  La prochaine fois que nous nous réunirons ici pour parler de la situation au Moyen-Orient, je demanderai à tous ceux qui font de beaux discours, la nature exacte de leur contribution au peuple palestinien, a prévenu la représentante, en insistant sur les 364 millions de dollars versés à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) qui souffre d’une situation financière « sans précèdent ». 

Les pays arabes, a répondu leur Ligue, ne sont pas moins généreux que les autres.  Ils décaissent des milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés palestiniens, en particulier depuis que les États-Unis ont coupé leur aide à l’Office.  L’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït viennent d’ailleurs de débloquer plus de 200 millions de dollars.  Nous n’avons pas pour habitude de nous vanter « à tort et à travers » de notre aide humanitaire, a ajouté la Turquie qui a dit faire des choses « concrètes » pour les Palestiniens qui ne se limitent pas à l’UNRWA.  Nous avons versé 8,7 milliards de dollars d’aide humanitaire, ce qui fait de nous « le pays le plus généreux au monde », s’est-elle enorgueillie.

Il est vrai, a reconnu le Coordonnateur spécial, qu’il ne sert à rien de continuer à demander aux donateurs de financer des initiatives en l’absence d’un « horizon politique ».  Beaucoup ont douté d’une telle percée, à la lumière, entre autres, de la « loi sur l’État-nation juif » votée à la Knesset la semaine dernière, et qui, selon l’Observateur permanent palestinien, a transformé une situation d’apartheid de facto en situation d’apartheid juridique.  Y a-t-il encore le moindre doute quant à la volonté d’annexion d’Israël, aux dépens de notre État et de notre paix? s’est-il interrogé, devant les déplacements et les transferts forcés, et la destruction des habitations et des moyens de subsistance, dénoncés par la majorité des délégations.

Membre du Quatuor, l’Union européenne a identifié cinq étapes « urgentes et nécessaires »: la réouverture de tous les points de passage pour revigorer l’économie de Gaza, l’appui de la communauté internationale aux propositions du Coordonnateur spécial pour réduire la crise humanitaire, le soutien aux efforts de l’Égypte pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous la même Autorité palestinienne, la nécessité de financer l’UNRWA et la reprise de négociations substantielles sur la solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côté-à-côte dans des frontières sûres et internationalement reconnues dont Gaza est une partie intégrante, a souligné le Coordonnateur spécial.

Les Gazaouites méritent de vivre dans la liberté et la dignité, a-t-il plaidé.  C’est leur droit et non un privilège qui peut être refusé, offert ou confisqué.  Les Israéliens, qui vivent près de Gaza, méritent aussi d’être à l’abri des attaques aveugles, que ce soit les tirs de roquettes ou les objets enflammés.  Une autre occasion manquée peut avoir des conséquences désastreuses sur la paix, a prévenu M. Mladenov.

Israël n’a pas été le seul à être critiqué, l’Iran aussi.  L’Arabie saoudite a été parmi les délégations qui lui ont reproché de déstabiliser toute la région, notamment au Yémen, où sévit « la pire crise humanitaire au monde », ont rappelé le Pérou et la Norvège.  Le représentant iranien a qualifié ces accusations de « diversions ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Au moment où nous nous voyons, les tensions entre la Syrie et Israël s’intensifient alors que samedi dernier, nous étions à quelques minutes à peine d’une autre confrontation dévastatrice entre Israël et le Hamas à Gaza, a résumé le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a fallu, a rappelé M. NICKOLAY EVTIMOV MLADENOV, un effort intense de diplomatie préventive de la part des Nations Unies et de l’Égypte pour que les deux parties évitent la quatrième confrontation militaire de cette décennie. 

Pendant quatre ans, un cessez-le-feu fragile a été pris pour acquis, a prévenu le Coordonnateur spécial.  Pendant quatre ans, a-t-il aussi rappelé, les Nations Unies ont appelé à une action concertée contre les causes sous-jacentes d’une catastrophe provoquée par l’homme et pendant quatre ans, la dynamique ne s’est pas améliorée: la crise humanitaire s’est aggravée, l’impasse politique entre le Hamas et le Fatah est toujours là et la perspective d’un autre cycle de violence meurtrière s’ouvre de jour en jour.  Ceux qui cherchent à provoquer une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens doivent être combattus, a lancé le Coordonnateur spécial, avant de s’attarder sur le nombre des victimes de l’escalade de ce dernier mois: à Gaza, 19 Palestiniens, dont 7 enfants, ont été tués par les forces de sécurité israéliennes et plus de 1 000, blessés.  Un soldat et 4 civils israéliens ont été tués, et un autre soldat, blessé.  En Cisjordanie, un adolescent palestinien a été tué, et 25 Palestiniens et 3 soldats israéliens, blessés. 

Entre le 14 et le 15 juillet, 220 roquettes et obus ont été tirés de Gaza et les forces de sécurité israéliennes ont lancé 90 missiles et obus, blessant au moins 25 Palestiniens et tuant 2 adolescents.  Le Coordonnateur spécial a fait état des violences entre le 19 et le 21 juillet, date à laquelle le Hamas a accepté de rétablir le calme, ce qui a conduit les autorités israéliennes à demander aux civils israéliens habitant près de Gaza de vaquer normalement à leurs occupations. 

Après la fermeture du passage de Kerem Shalom en réaction aux cerfs-volants et aux ballons enflammés lancés à partir de Gaza, la situation s’est calmée, grâce aux efforts des Nations Unies et de l’Égypte mais les tensions demeurent, a souligné le Coordonnateur spécial.  Revenant de Gaza aujourd’hui-même, il s’est dit confiant qu’avec les efforts collectifs de toutes les parties, on pourra éviter une autre guerre, permettre aux Gazaouites et aux Israéliens de dormir en paix et commencer à répondre à toutes les questions humanitaires. 

Mais, a reconnu le Coordonnateur spécial, il ne sert à rien de continuer à demander aux donateurs de financer des initiatives sans horizon politique.  On ne saurait se livrer à un autre exercice futile de gestion du conflit et de la crise humanitaire.  Nous devons, s’est-il expliqué, rétablir l’unité entre Gaza et la Cisjordanie, sous un seul gouvernement démocratique et un seul système juridique où toutes les armes sont sous le contrôle d’autorités légitimes.  Pour ce faire, nous devons éviter l’escalade, alléger les souffrances des populations et travailler pour lever les restrictions au mouvement et à l’accès conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. 

Le Coordonnateur a rappelé la réunion que la Norvège a convoquée la semaine dernière avec les Nations Unies, l’Union européenne, la Banque mondiale et l’Autorité palestinienne pour parler des mécanismes de coordination des interventions dans les secteurs de l’eau, de l’électricité, de la santé et de l’emploi à Gaza.  Hier, le Cabinet du Premier Ministre palestinien a rencontré les donateurs pour leur expliquer les priorités avant la réunion de septembre.  Tout ceci se passe alors que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestinien dans le Proche-Orient (UNRWA) connaît une grave crise financière.  Il a besoin de 217 millions de dollars pour pouvoir faire son travail cette année. 

En Cisjordanie, les autorités israéliennes ont poursuivi démolitions et confiscations des biens palestiniens, a encore indiqué le Coordonnateur spécial.  Le 2 juillet, la Knesset a adopté une loi autorisant la rétention d’une partie des recettes fiscales qu’Israël collecte au nom de l’Autorité palestinienne et transfert à Ramallah, conformément au Protocole de Paris. 

En Syrie, la situation s’est tendue dans le Golan et au 20 juillet, on comptait près de 203 500 déplacés syriens dans le sud-est du pays, dont 70% dans la partie ouest de la province de Quneitra.  Ces derniers mois, Israël a dit avoir apporté une aide humanitaire à ces déplacés.  Mais les hostilités entre la Syrie et Israël démontrent une trajectoire troublante de confrontations de plus en plus fréquentes et dangereuses. 

Au Liban, les consultations se poursuivent sur la formation d’un nouveau gouvernement qui serait capable d’honorer les obligations internationales en vertu de la résolution 1701 (2006), alors qu’Israël continue de violer presque quotidiennement l’espace aérien libanais. 

Le Coordonnateur a conclu en insistant sur l’importance qu’il y a à intensifier les efforts collectifs pour résoudre la situation « dangereuse » à Gaza où une autre explosion est presque certaine.  Les progrès exigeront une désescalade, une coordination renforcée entre l’Autorité palestinienne, Israël, l’Égypte et les Nations Unies, en plus d’un soutien financier.  Les Gazaouites méritent de vivre dans la liberté et la dignité.  C’est leur droit et non un privilège qui peut être refusé, offert ou confisqué.  Les Israéliens, qui vivent près de Gaza, méritent aussi d’être à l’abri des attaques aveugles, que ce soit les tirs de roquettes ou les objets enflammés.  Une autre occasion manquée peut avoir des conséquences désastreuses et notamment sur une paix fondée sur la solution des deux États dans laquelle Gaza est une partie intégrante du futur État palestinien, a souligné le Coordonnateur spécial. 

M. RIYAD  H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré qu’en juillet, Israël, « la Puissance occupante », a choisi de poursuivre l’oppression contre le peuple palestinien, « ses enfants, sa jeunesse et ses femmes », renforçant son occupation « illégale et belligérante » et commettant encore plus de crimes et de violations des droits de l’homme.  Dans la bande de Gaza, le peuple palestinien continue d’endurer une crise humanitaire toujours plus grave et un rapide déclin de sa situation socioéconomique, conséquences de l’occupation, d’un blocus « inhumain » et d’agressions militaires répétées. 

Cette situation humanitaire préoccupante exerce une pression explosive sur les infrastructures et cause la perte des moyens de subsistance de toute la population dont la résilience a été considérablement entamée, de même que les espoirs et les rêves d’une génération entière de jeunes.  Ceux-ci ont manifesté pacifiquement contre les conditions intenables dans lesquelles ils vivent.  Mais Israël persiste dans ses meurtres et son mépris pour la vie humaine.  Il est donc impératif que la communauté internationale agisse de toute urgence pour prévenir d’autres attaques et mettre fin au blocus imposé depuis 10 ans par Israël.  Il est également impératif de mobiliser les efforts internationaux pour garantir que des fonds suffisants soient affectés à l’UNRWA, compte tenu de son rôle vital à Gaza et à l’extérieur, a souligné l’Observateur.

En Cisjordanie, y compris à Jérusalem, il a déploré « la cruauté et la violence de l’occupation israélienne », notamment la politique persistante de déplacements et de transferts forcés, de destructions des habitations et des moyens de subsistance.  Tout récemment, a-t-il accusé, Israël est allé de l’avant avec ses plans de transferts forcés des communautés bédouines d’Abu Nawar et de Khan el-Ahmar, plan dont l’objectif déclaré est, a affirmé M. Mansour, de faciliter l’expansion des colonies de peuplement, en violation du droit international. 

Ces violations sont une preuve supplémentaire de la nécessité absolue de fournir une protection internationale à la population civile palestinienne, a plaidé l’Observateur, en se disant impatient de prendre connaissance, lorsqu’il sera publié le 13 août prochain, du rapport du Secrétaire général et de ses recommandations sur les moyens de fournir une telle protection, y compris au travers d’un « mécanisme international », conformément à la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 13 juin dernier.  Estimant que l’occupation répond à un effort « orchestré » depuis des décennies pour « s’emparer » des terres palestiniennes, M. Mansour a affirmé qu’Israël adopte « loi après loi » pour consolider ce régime au lieu d’y mettre fin.  Alors que nous venons de célébrer le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, voilà le moment que choisit Tel-Aviv pour adopter sa « loi sur l’État-nation juif », qui a transformé une situation d’apartheid de facto en situation d’apartheid juridique.

Existe-t-il encore le moindre doute quant à la volonté d’annexion d’Israël, aux dépens de notre État et de notre paix? s’est interrogé l’Observateur.  Cette politique n’est-elle pas suffisamment grave pour mériter l’attention de la communauté internationale et son action?  S’il a reconnu que les « anciennes façons de faire » ne marchent plus et que le chemin choisi pour faire la paix est semé d’embûches, il a toutefois souhaité que l’on se penche, précisément, sur ce qui ne fonctionne pas.  « Les solutions provisoires ne marchent plus.  Le report des questions de fond ne marche plus.  Ignorer le droit international ne marche plus.  Le non-établissement des responsabilités ne marche plus.  L’absence d’échéancier contraignant ne marche plus.  L’absence de garanties internationales ne marche plus », a énuméré M. Mansour, qui a plaidé pour un plan de paix axé sur les termes agréés au niveau international, conformément aux résolutions de l’ONU, aux Principes de Madrid, à l’Initiative de paix arabe, et à la Feuille de route du Quatuor pour le Moyen-Orient.  « Nous sommes prêts à être comptables de nos mots et de nos actes sur la base du droit international.  Est-ce que l’autre partie peut s’engager à faire de même? », a-t-il demandé en conclusion.

M. DANNY DANON (Israël) a commencé par rappeler les évènements de ce matin lorsque deux missiles ont été lancés par un avion qui a violé l’espace aérien israélien, avant d’être intercepté par des missiles patriotes.  Israël avait pourtant averti la Syrie qu’il ne saurait souffrir aucune violation de sa souveraineté.  Le représentant a également rappelé que la semaine dernière, Israël a consenti au sauvetage de 400 Casques blancs syriens et continuera de fournir une assistance humanitaire à la population syrienne.  « Ça suffit », s’est écrié le représentant, devant le grand nombre d’acteurs de la communauté internationale qui continue à critiquer Israël alors que c’est le Hamas qui terrorise les communautés de la frontière septentrionale où « les sirènes résonnent jour et nuit » et où plus de 7 000 acres ont été détruites par les objets enflammés du Hamas, soit la moitié de Manhattan. 

Israël continuera de se défendre et de détruire les tunnels du Hamas et les cibles militaires, pour défendre son peuple, a prévenu le représentant.  « Vous êtes trop nombreux à avoir oublié ce qu’est le Hamas: une organisation terroriste qui travaille en étroite collaboration avec le Hezbollah et le régime iranien », a dénoncé le délégué qui a demandé une condamnation internationale du Hamas car il est plus que temps que l’ONU reconnaisse que le Hamas c’est Al-Qaida, c’est Daech. 

Entre 2000 et 2005, le Hamas a tué plus d’un millier d’Israéliens innocents, et malgré cela, en 2005, le Premier Ministre Ariel Sharon a ordonné le retrait complet d’Israël de Gaza pour en laisser la gouvernance aux Palestiniens.  Depuis lors, le Hamas n’a fait que gagner en force et en puissance et cela fait 12 ans qu’il exploite le peuple palestinien et attaque Israël.  Le représentant a rappelé que cette année, Israël a détruit plus d’une dizaine de « tunnels de la terreur du Hamas ».  La paix, a-t-il prévenu, n’est pas possible dans le sud d’Israël parce que « les leaders du Hamas ont plus d’estime pour la mort que pour la vie et la paix.  Le représentant a ajouté: « la vraie couleur du Hamas, c’est le rouge sang ».

Le Hamas et le Hezbollah, a-t-il poursuivi, collaborent au Liban et « commettent le crime de l’utilisation des civils comme boucliers humains ».  Ces derniers mois, le Hamas a renforcé ses activités au Liban.  « Nous avons prévenu le Conseil de sécurité, mais rien n’a changé ».  C’est par ce réseau et grâce au financement de l’Iran, a-t-il accusé, que le Hamas a créé des usines de missiles au sud du Liban.  Malgré des différends clairs entre Sunnites et Chiites, l’Iran fournit plus de 100 millions de dollars chaque année au Hamas.  Les liens entre le Hamas et l’Iran sont plus forts que jamais, ce qui en fait une véritable menace régionale, a prévenu le représentant.  « Nous ne pouvons laisser Gaza devenir un autre avant-poste de l’Iran. »  Israël appelle donc à nouveau les Nations Unies à reconnaître le Hamas comme une organisation terroriste et à poursuivre ses leaders en justice.  « La communauté internationale ne peut pas rester passive. »

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a commencé par déclarer que, au cours des trois derniers mois, « les cerfs-volants en forme de croix gammée enflammés et terroristes » qui ont traversé la frontière entre Gaza et Israël ont endommagé ou détruit 7 500 acres de terres, soit l’ensemble du Connecticut ou 10 fois la superficie de la ville de Paris.  « Ce n’est pas une mince affaire.  Si cela arrivait à l’un de nos pays, il y aurait beaucoup de discussions à ce sujet », a-t-elle dit.  Alors que les médias internationaux accordent une très grande attention à chaque mesure qu’Israël prend pour se défendre, nous ne devons pas perdre de vue les dommages très réels causés à Israël par les attaques terroristes venant de Gaza, a estimé la représentante.

Par ailleurs, si l’on jugeait l’engagement de chaque nation envers le peuple palestinien à l’aune des paroles prononcées au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, on obtiendrait une image extrêmement déformée.  Ici à l’ONU, à des milliers de kilomètres des Palestiniens qui ont des besoins réels, il n’y a pas de fin aux discours lus en leur nom.  « Parler ne coûte rien », a ironisé la représentante.  Or, selon elle, aucun groupe de pays n’est plus généreux de ses paroles que les voisins arabes des Palestiniens et les autres États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). « Mais tous les mots prononcés ici à New York ne nourrissent pas, n’habillent pas et n’éduquent pas un seul enfant palestinien », a-t-elle poursuivi.

Prenons l’UNRWA, par exemple.  L’an dernier, les contributions de l’Iran, de l’Algérie et de la Tunisie à cet organisme étaient de zéro.  D’autres pays ont fourni des fonds.  Le Pakistan a donné 20 000 dollars, l’Égypte 20 000, et Oman 668 000, a relevé Mme Haley.  Maintenant, ce n’est pas seulement les pays arabes et islamiques qui méritent d’être mis en exergue.  En 2017, la Chine en a fourni 350 000 dollars à l’UNRWA.  La Russie, 2 millions de dollars et la Turquie, 6,7 millions, le Koweït, 9, et les Émirats arabes unis 12,8 millions. 

« Encore une fois, si vous jugez l’engagement d’une nation envers le peuple palestinien par les paroles entendues dans cette salle, vous pourriez en conclure que les États-Unis ont été moins généreux, simplement parce que nous sommes fiers de notre allié Israël ici à l’ONU.  Mais encore une fois, cette conclusion serait entièrement fausse », a tranché la déléguée.  L’an dernier, Washington a donné 364 millions de dollars, soit « 10 fois les montants combinés de tous les pays que je viens de nommer ».  Et c’est en plus de ce que le peuple américain donne annuellement aux Palestiniens en aide bilatérale, soit un montant de 300 millions de dollars de plus l’an dernier. 

Les Américains sont des gens très généreux. Nous sommes des personnes orientées vers l’humanitaire.  Nous continuons à chercher des moyens d’aider le peuple palestinien, dont la situation est vraiment préoccupante pour nous.  « Mais nous ne sommes pas des idiots », a prévenu la représentante.  Si nous tendons la main, ce n’est pas pour qu’on la morde.  Nous attendons aussi que les autres tendent la main.  Il ne s’agit pas seulement d’un problème de financement. « Où sont les pays arabes quand il s’agit d’encourager la réconciliation entre les factions palestiniennes, ce qui est essentiel à la paix?  Où sont les pays arabes quand il s’agit de dénoncer le terrorisme du Hamas?  Où sont les pays arabes quand il s’agit de soutenir les compromis nécessaires à la paix? », s’est-elle demandée.

Les dirigeants palestiniens ont été autorisés à vivre dans une fausse réalité pendant trop longtemps parce que les dirigeants arabes ont peur de leur dire la vérité.  « Les États-Unis disent la vérité parce que nous nous soucions du peuple palestinien », s’est expliquée la représentante.  La prochaine fois que nous aurons une réunion comme celle-ci au Conseil de sécurité ou à l’Assemblée générale, et que nous entendrons discours après discours sur le sort du peuple palestinien, je demanderai à ceux qui les prononcent de nous expliquer ce qu’ils font, a-t-elle prévenu.  « Il est temps pour les États de la région, en particulier, d’intervenir et d’aider réellement le peuple palestinien, au lieu de simplement faire des discours à des milliers de kilomètres », a conclu la représentante.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a appelé, à son tour, à l’intensification des efforts internationaux pour régler les crises au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  L’escalade est dangereuse et risque de s’aggraver à cause des mauvais calculs dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour le monde entier, a mis en garde le représentant pour lequel la diplomatie préventive doit être renforcée, regrettant que jusqu’ici « la prévention arrive souvent trop tard ».  Dans le cas de la Palestine, il s’est dit confiant que la voie politique peut être reprise et que l’on peut éviter un nouveau cycle de violence en plein cœur du Moyen-Orient.  En réalité, la violence comble toujours le vide laissé par l’absence de progrès politiques.  Le représentant a regretté qu’aucune des recommandations que le Quatuor a faites en 2016 n’ait été mise en œuvre.  Il a jugé inacceptable toute mesure unilatérale compromettant les accords de paix internationaux.  La seule façon de régler cette crise, c’est le dialogue entre les parties, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, des accords de paix et de l’Initiative de paix arabe, a estimé le représentant.  Il a exprimé l’intention de son pays de travailler main dans la main avec la communauté internationale et de ne ménager aucun effort sur le plan bilatéral, comme en témoigne la décision de la Fédération de Russie d’organiser un sommet israélo-palestinien auquel la partie palestinienne a déjà accepté de participer.  La Fédération de Russie appuie les efforts de l’Égypte et le travail de l’UNRWA.  Au-delà de la question israélo-palestinienne, il faut aussi, a conclu le représentant, « unir nos forces dans les dossiers du Yémen, de la Libye et de la Syrie ».  Il a plaidé en faveur d’un ordre du jour consolidé sur la situation au Moyen-Orient. 

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est déclaré préoccupé par l’évolution de la situation et par le nombre des victimes du recours « inutile » à la force, se disant tout particulièrement alarmé du sort « catastrophique » de Gaza.  En Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, des mesures concrètes devraient être prises pour mettre en œuvre la résolution 2334 (2018) du Conseil de sécurité, a analysé le représentant, en encourageant toutes les parties à s’abstenir d’aggraver les tensions.  Le représentant a dit soutenir la convocation d’une conférence internationale pour sortir de l’impasse.  Beijing, a-t-il dit, appuie fermement la création d’un État souverain et indépendant de Palestine sur la base des frontières de 1967.  Réaffirmant le soutien de son pays à l’UNRWA, le délégué a annoncé une contribution de plus de 2 millions de dollars.  « La Chine a toujours fait ce qu’elle pensait pouvoir et devoir faire et n’a jamais eu l’intention d’être en concurrence avec d’autres pays », a-t-il ajouté.  Mon Gouvernement est disposé à œuvrer à la paix en coopération avec les pays de la région, a conclu le représentant.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a fait part de sa profonde préoccupation face à l’escalade des tensions et de la violence, au cours de ces derniers mois, accusant Israël d’en être le responsable.  Il a condamné des pratiques contre « un peuple palestinien sans défense », ce qui doit conduire les Nations Unies à garantir une protection à ce peuple.  Nous attendons avec impatience, a avoué le représentant, le rapport que le Secrétaire général doit présenter sur cette question.  Les souffrances du peuple palestinien ne cessent de s’aggraver, a-t-il souligné, en lançant un appel au financement de l’UNRWA.  Le représentant a aussi dénoncé la nouvelle loi sur l’État-nation que vient d’adopter la Knesset, une loi, a-t-il estimé, qui « consacre le racisme » et l’annexion de fait de terres palestiniennes et les colonies de peuplement, « une violation du droit international équivalant à un crime de guerre ».  À la lumière des derniers développements, le Koweït a décaissé la somme de 2 millions de dollars pour reconstruire les infrastructures dans la bande septentrionale de Gaza, a annoncé le représentant. 

S’inquiétant de la fréquence et de l’intensité des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et de leurs graves conséquences sur la sécurité internationale, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), a appelé à la mise en œuvre d’un plan d’action global et rigoureux par les gouvernements et les organisations internationales, conforme aux conventions internationales et aux réformes entreprises par le Secrétaire général.  Il est temps que le système des Nations Unies dans son ensemble, le Conseil de sécurité et en particulier ses cinq membres permanents, trouvent un terrain d’entente.  L’unité est nécessaire pour préserver la crédibilité du Conseil, a prévenu le représentant.  S’alarmant du fardeau porté par la Jordanie et le Liban avec l’afflux massif des réfugiés, il a appelé la communauté internationale à aider ces pays.  Le représentant s’est également dit très inquiet de la situation en Iraq, où des manifestations ont lieu contre les résultats des élections du 12 mai.  Tous les acteurs politiques, a-t-il conseillé, doivent accepter les résultats des enquêtes et du recomptage des voix, et faciliter ainsi la mise en place rapide d’un parlement et la formation d’un gouvernement.  Les Nations Unies doivent soutenir ce recomptage partiel qui doit s’achever d’ici à la fin du mois et le Conseil de sécurité doit maintenir son soutien à l’Iraq. 

Abordant ensuite le conflit israélo-palestinien, il a appelé les parties à éviter d’aggraver la situation humanitaire.  Il s’est réjoui du lancement, par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), d’interventions innovantes pour générer des revenus à Gaza et atténuer l’impact des conditions socioéconomiques difficiles et des changements climatiques.  Israël, a-t-il estimé, doit revenir sur sa décision de geler la circulation des biens par le point de passage Kerem Shalom.  Les deux parties, a ajouté le représentant, doivent s’écarter du précipice des confrontations et de l’escalade.  Il s’est aussi fait l’écho des préoccupations face à la situation financière de l’UNRWA. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a affirmé que la réalité du terrain ne correspondait pas à un statu quo mais à « une dégradation quotidienne de la situation, qui peut dégénérer en crise ouverte à tout moment ».  Le Conseil de sécurité ne peut et ne doit « à aucun prix » se détourner du sujet, a-t-il déclaré.  Le représentant a indiqué que la France condamnait « un usage disproportionné et indiscriminé » de la force du côté israélien.  Israël doit respecter le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement.  Le représentant a aussi condamné « l’instrumentalisation par le Hamas et d’autres groupes armés » des manifestations, « et la volonté revendiquée de les utiliser pour franchir la barrière de sécurité ».

Appelant le Conseil de sécurité à « parler d’une voix forte pour prévenir l’escalade »; il a prévenu que le silence qu’« il observe depuis le début de la crise n’est pas à la hauteur des risques, et qu’il devait laisser la place à une expression publique claire ».  Il a aussi appelé à « une levée du blocus » et à une réponse ambitieuse à la crise humanitaire, via des projets à impact rapide et un sursaut collectif nécessaire pour permettre à l’UNRWA de poursuivre ses activités essentielles.  M. Delattre a qualifié la construction de nouvelles colonies, les démolitions et déplacements forcés de population de « particulièrement graves », en insistant sur le fait que la position de la France ne changerait pas.  Mon pays considère la colonisation comme « illégale en droit international », « dangereuse », et « contre-productive », a dit le représentant avant d’estimer qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États.  Un plan de paix qui sortirait de ce cadre serait condamné à l’échec, s’est-il dit convaincu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a relevé avec préoccupation la gravité de la situation à Gaza.  Il a condamné les tirs de roquette et les cerfs-volants enflammés lancés à partir de Gaza.  Le représentant a aussi insisté sur le fait que la force létale ne doit être employée qu’en cas de nécessité absolue.  Évoquant la situation en Cisjordanie, il a appelé au gel des colonies et des démolitions qui sapent la viabilité même d’un État palestinien.  Il s’est félicité des efforts concrets du Coordonnateur spécial pour éviter une nouvelle escalade à Gaza et de la décision de l’Égypte d’ouvrir le point de passage de Rafah.  Le représentant s’est toutefois alarmé de la situation humanitaire au Yémen, « la pire dans le monde » et a espéré que le cessez-le-feu décrété par les forces de la coalition au port d’Hodeïda sera pérenne et assorti d’une solution politique inclusive.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a commencé par attirer l’attention du Conseil sur la situation extrêmement préoccupante à Gaza, qui est « au bord de la guerre ».  À présent, toutes les parties doivent faire ce qui est en leur pouvoir pour prévenir une nouvelle escalade et mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer les conditions de vie.  Le représentant a salué la réouverture du point de passage de Rafah en Égypte.  Se tournant vers le Coordonnateur spécial, il a souhaité savoir quels sont les obstacles éventuels à la mise en œuvre rapide des plans qu’il a détaillés aujourd’hui pour Gaza et quel soutien il attend de la communauté internationale.  Le représentant s’est en effet élevé contre la détérioration rapide de la situation en Cisjordanie, alarmé notamment par la décision éventuelle d’expulser la communauté bédouine de Khan el-Ahmar.  Cette localité, a-t-il expliqué, est située dans la zone E1, considérée par beaucoup comme le dernier corridor des terres palestiniennes cisjordaniennes, et, à ce titre, essentielle à la viabilité d’un futur État palestinien.  Préoccupé par ailleurs par la « loi sur l’État-nation juif », le représentant a cru comprendre que désormais seuls les Juifs sont titulaires du droit à l’autodétermination en Israël, que l’arabe n’est plus une langue officielle et que les colonies de peuplement sont encouragées.  Enfin, M. van Oosterom s’est inquiété des tensions croissantes dans le Golan syrien, y compris le long de la frontière entre la Syrie et Israël, lançant un appel à la désescalade. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a pris note de la violence omniprésente de ces six derniers mois, avec d’un côté des émeutes et des soulèvements à Gaza, dont la Grande Marche du retour, et, de l’autre, la répression des forces de sécurité israéliennes qui a couté la vie à plus de 100 Palestiniens et blessé beaucoup d’autres.  Le représentant n’a pas oublié les tirs de roquette et les cerfs-volants enflammés lancés à partir de Gaza.  Les manifestations, a rappelé le représentant, ont généralement lieu lorsqu’on se sent pris en étau.  Il a appelé Israël à respecter ces rassemblements et les groupes extrémistes, à éviter de les exploiter et de les politiser.  Le représentant a salué le travail de l’UNRWA et les efforts de l’Égypte en faveur de la réconciliation intrapalestinienne.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité qui en ont les moyens à faire pression sur les parties pour qu’elles reviennent à la table des négociations sur la base de l’Initiative de paix arabe et de la solution des deux États. 

« Malgré nos appels répétés à la désescalade au Moyen-Orient, il n’y a pas eu de progrès du tout.  Au contraire, nous n’avons pas pu éviter de nouvelles pertes de vie » s’est désolé le représentant de la Pologne, M. PAWEL RADOMSKI.  La situation humanitaire à Gaza est encore plus désespérante qu’en avril et les manifestations le long de la barrière de Gaza, alimentées par le Hamas et le Jihad islamique, ont conduit à des violences qui ont touché les deux parties au conflit.  Les tirs de roquettes et les cerfs-volants enflammés sont inacceptables, tout comme l’utilisation de balles réelles contre la population civile palestinienne.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël de protéger ses frontières et de défendre sa sécurité, le représentant l’a exhorté à un usage proportionné de la force et au respect des droits fondamentaux des manifestants.  Au Hamas et au Jihad islamique d’éviter les provocations, a-t-il lancé. 

La Pologne, qui redoute une nouvelle guerre à Gaza, appelle toutes les parties à la désescalade et à la retenue.  « Notre principal objectif doit être la reprise du processus de paix », a estimé le représentant pour lequel cela passe par des négociations bilatérales, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies et du droit international.  « C’est l’unique voie vers une solution à deux États et un règlement des questions liées au statut final. »  Un tel horizon politique, a reconnu le représentant, ne peut se réaliser qu’avec la collaboration des organisations régionales et des partenaires internationaux, à commencer par le Quatuor pour le Moyen-Orient.  Il a mis en exergue l’engagement américain et « ses propositions de paix » qui pourraient être utiles pour réactiver le processus de paix au Moyen-Orient.  Le statut de Jérusalem doit être décidé à la lumière des relations historiques qu’ont les deux parties avec la Ville.  Le représentant a dit suivre de près le processus de réconciliation intrapalestinien et pour ce qui est du Liban, il s’est félicité du bon déroulement des élections législatives du 6 mai.

M. WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a déploré l’escalade de la violence et appelé toutes les parties à la retenue.  Saluant les efforts de médiation du Coordonnateur spécial, il a aussi encouragé le Gouvernement égyptien à poursuivre ses initiatives en vue de parvenir à un cessez-le-feu durable.  Appelant à un « assouplissement du blocus » dans la bande de Gaza, notamment à une levée des restrictions à l’importation de carburant nécessaire aux hôpitaux et aux services sociaux de base, il a encouragé le Hamas à poursuivre le dialogue avec le Fatah, en vue de permettre un retour effectif de l’Autorité palestinienne à Gaza et une meilleure prise en charge des questions humanitaires.  M. Ipo a enfin réaffirmé son soutien à la solution des deux États.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a déclaré que, plus que jamais, « nous devons relancer d’urgence le processus de paix » au Moyen-Orient.  Il a demandé au Hamas de cesser immédiatement les tirs de roquettes et les lâchers de cerfs-volants enflammés et à Israël, ses mesures punitives.  Il a encouragé Tel-Aviv à œuvrer avec la communauté internationale à améliorer la situation à Gaza, qui est sous la menace d’un conflit potentiel.  Tout en se félicitant des efforts de l’Égypte pour rouvrir le point de passage de Rafah, le représentant l’a encouragée à faire davantage.  S’agissant de la Cisjordanie, il s’est dit préoccupé de la destruction de biens palestiniens, qui est la source de souffrances inutiles, citant l’exemple du village de Khan el-Ahmar.  Il a rappelé, en conclusion, l’engagement de son pays en faveur de l’UNRWA, dont il a cependant rappelé que le budget avait baissé en raison de la chute des contributions des bailleurs de fond. 

Nous voici encore à discuter de la situation au Moyen-Orient et en Palestine où il ne semble pas y avoir de raison d’espérer, s’est lamenté Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), attristé par les pertes en vies palestiniennes, en particulier les enfants.  Elle a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à ce que « tout soit fait pour éviter de mettre en danger la vie de civils innocents et d’exacerber la situation humanitaire ».  La déléguée a demandé le rétablissement des services essentiels dont l’eau, l’électricité et la santé et la libre circulation des biens et des personnes.  Saluant le travail du Coordonnateur spécial auprès des deux parties, Mme Guadey a mis en évidence l’importance d’accentuer le soutien aux agences humanitaires.  La situation humanitaire ne pourra être pleinement prise en charge sans progrès significatif du processus de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, a-t-elle prévenu, en appuyant les efforts de l’Égypte pour replacer Gaza sous les contrôle du Gouvernement légitime.  La situation à Gaza ne peut être examinée seule.  Il faut s’occuper du conflit israélo-palestinien dans son ensemble, a conclu la déléguée qui a regretté que la solution des deux États s’éloigne de plus en plus.  Peu importe si cela semble irréaliste mais nous devons tout faire pour inverser cette dangereuse trajectoire et aider les deux parties à retourner à des négociations directes et substantielles. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé la réaction militaire israélienne contre la population civile mais condamné dans le même temps, les lâchers de cerfs-volants enflammés à partir de Gaza.  Le représentant a lancé un appel aux autorités israéliennes pour qu’elles reviennent sur leur décision du 16 juillet et autorisent l’entrée de carburant à Gaza.  Il a dit voir une décision qui ne fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà précaire depuis l’entrée en vigueur du blocus de Gaza il y a 11 ans.  Le représentant s’est également dit préoccupé par la « loi sur l’État-nation » qu’il a qualifiée de « mesure coloniale discriminatoire » qui pourrait mener à l’expulsion des Palestiniens d’Israël et à l’imposition d’idéologies contraires au droit des Palestiniens à la citoyenneté et à la terre.  Cette loi, a insisté le représentant, nie le droit du peuple palestinien de vivre sur sa terre historique et ouvre la voie à des pratiques « coloniales et racistes » qui peuvent mener à l’annexion de la Cisjordanie et à l’exploitation de tous les territoires palestiniens occupés.  La Bolivie, a rappelé le représentant, soutient tous les efforts internationaux en faveur d’une solution pacifique, notamment la Feuille de route du Quatuor, le Principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe.  Il a salué les efforts égyptiens en faveur de la réconciliation intra-palestinienne et du retour d’un gouvernement national unifié.

De manière générale, les femmes sont trop souvent exclues des processus de paix et le conflit israélo-palestinien ne fait malheureusement pas exception, a regretté M. OLOF SKOOG (Suède).  « Cela doit changer », a-t-il tonné.  Rappelant l’adoption, le mois dernier, de la résolution 2419 qui demande de promouvoir l’implication des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits, le représentant a aussi demandé que la voix des jeunes israéliens et palestiniens soit entendue.  Cette génération post-Oslo a perdu espoir dans la solution des deux États.  Nous devons leur montrer qu’il y a une alternative à la violence et à l’oppression, a estimé le représentant qui a souligné le rôle essentiel de l’UNRWA pour construire des sociétés prospères et pacifiques.  Il a appelé les donateurs à se mobiliser en faveur de l’Office qui connaît une crise financière sans précédent.  Le délégué a condamné la politique israélienne en Cisjordanie occupée, qui « met gravement en péril l’existence d’un État palestinien contigu ».  Il a demandé la relance de la solution des deux États, sur la base du droit international et des résolutions de l’ONU, avec Jérusalem comme capitale de deux États et des trois religions.  Ce dont nous avons besoin de manière urgente aujourd’hui, c’est d’un plan de paix crédible, où les deux parties se préparent à la paix de manière complètement différente, dans ce qu’ils disent, dans ce qu’ils font, et dans ce qu’ils entreprennent pour impliquer les jeunes et les femmes.  La situation à Gaza, a-t-il rappelé, est « intenable ».  Il faut agir de toute urgence pour son peuple et redoubler d’efforts pour soutenir un État palestinien d’un seul tenant et le retour du Gouvernement palestinien à Gaza. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déploré l’adoption, la semaine dernière, d’une loi fondamentale en Israël, qui constitue le « dernier camouflet » en date, ouvrant la voie à une politique « discriminatoire » à l’encontre des Arabes, et en particulier les Palestiniens.  Elle a exprimé son inquiétude quant au fait que le même cycle de violences et de guerres se perpétue, comme à Gaza.  « Après tant d’années de guerres et d’opérations militaires menées par les Israéliens, nous voici face à la menace d’un nouveau conflit aujourd’hui », a-t-elle constaté à regret.  Abordant la situation au Liban, « un pays qui valorise la diversité », nous sommes en train, a-t-elle dit, de former un nouveau gouvernement après la fin des élections parlementaires de mai, qui ont été couronnées de succès, avec pour la première fois la participation de la diaspora.  L’une des priorités de ce gouvernement sera de mettre en œuvre les recommandations de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), et de lancer les réformes structurelles pertinentes, afin de donner un nouvel élan à l’économie libanaise, a précisé Mme Mudallali.  « Un autre défi majeur sera de faciliter le retour des réfugiés syriens dans leur pays, sans attendre la matérialisation d’une solution politique en Syrie », a-t-elle ajouté.  Elle a souhaité la prorogation « sans heurt » du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), qui demeure déterminant dans la préservation de la paix et de la sécurité au Sud-Liban, où les violations de l’espace aérien libanais se poursuivent à un rythme soutenu, a relevé la représentante. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a soutenu tout effort en faveur de la paix et la stabilité au Moyen-Orient, y compris celui des acteurs régionaux et des grandes puissances.  Il a appelé les parties à éviter toute mesure unilatérale et provocation et condamné toutes les incitations à la violence et l’intolérance religieuses.  Le représentant a réaffirmé l’attachement de son pays à une solution pacifique, définitive et intégrale sur la base de la solution des deux États, dans les frontières de 1967.  Il a insisté sur le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à un État indépendant, viable et reconnu par toutes les nations, tout comme le droit d’Israël de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues internationalement.

Le représentant s’est dit préoccupé par la multiplication des colonies illégales, un obstacle à la paix qui sape la perspective de la solution des deux États et perpétue le statu quo.  Après avoir condamné les agressions du Hamas et les lâchers de cerfs-volants enflammés, le représentant a pressé Israël d’honorer ses obligations en vertu du droit international, d’éviter tout recours excessif à la force et de faire cesser la violence de ses colons.

L’Argentine, a dit le représentant, insiste sur le statut spécial de Jérusalem qui doit rester un lieu de rencontre et de paix et accessible aux juifs, aux musulmans et aux chrétiens.  Mon pays condamne toute tentative de nier ou de minimiser le lien entre les lieux saints et les trois grandes religions monothéistes.

S’agissant de la Syrie, l’Argentine appuie le dialogue et la diplomatie et espère « une solution syrienne aux problèmes syriens » conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Elle condamne sans ambages le terrorisme et rejette dans les termes les plus forts Daech et le Front el-Nosra, pour ne citer que ceux-là.  Toutefois, a averti le représentant, la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le cadre du droit international et du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  « Ce n’est que par la diplomatie et le dialogue que nous pourrons rétablir la paix et la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il conclu.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a estimé qu’Israël démontre, chaque jour, en perpétrant ses attaques qu’il est un État « au-dessus des lois » qui se livre en outre à la pratique de l’apartheid après avoir adopté la « loi de l’État-nation juif ».  Soulignant l’importance de parvenir à une paix pérenne sur la base, notamment, de l’Initiative de paix arabe de 2002, le représentant a alerté sur les défis, à la fois humains et financiers, qui se posent à l’UNRWA et qui pourraient se traduire par une baisse des services fournis par cet organisme d’aide aux populations palestiniennes.  Le délégué a estimé à 100 millions de dollars le montant de l’aide fournie à l’UNRWA par l’Arabie saoudite au cours des deux dernières années et à plus d’1 milliard, au cours des 20 dernières années.

Évoquant la situation au Yémen, il s’est élevé contre les agissements des milices houthistes appuyées par l’Iran, lesquelles font selon lui fi de toute initiative politique et des résolutions du Conseil, notamment la résolution 2266 (2016).  Pour l’Arabie saoudite, il faut absolument libérer certaines villes pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le représentant a dénoncé les tirs de roquettes de Iran, accusant le « régime iranien » d’utiliser toutes ses ressources militaires et techniques pour déstabiliser la région depuis 1979.  L’heure est venue d’assumer ses responsabilités et de rejeter l’ingérence de l’Iran et la montée du terrorisme dans la région, a-t-il lancé à l’adresse du Conseil.

« La vague de tourmente et de conflits au Moyen-Orient, loin de reculer, a continué d’avancer, avec une imprévisibilité encore plus grande », a constaté Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) qui a attiré l’attention sur les millions de personnes aux prises avec une violence découlant de la Puissance occupante et des intérêts et priorités divergents des puissances régionales et étrangères.  Pour ce qui est de la Palestine, « les faits parlent d’eux-mêmes », a tranché la représentante, citant la mort de 130 civils innocents aux mains des forces d’occupation le 13 juillet dernier à Gaza.  Au même moment, les centres médicaux sur place sont sur le point de fermer à cause de l’interdiction qui frappe les importations de carburant.  Les appels à la retenue ne sauraient occulter le fait qu’il s’agit avant tout d’une lutte entre un peuple oppressé et une Puissance occupante. 

« Ignorer cette réalité incontournable équivaudrait à établir une équivalence morale entre l’agresseur et les agressés », ce qui serait « inacceptable.  La représentante a estimé qu’une loi « raciste », comme celle sur l’État-nation, adoptée cette semaine, n’a pas sa place au XXIsiècle.  Cette loi, s’est-elle expliquée, relègue la population arabe au rang de citoyens de seconde zone, a-t-elle poursuivi en condamnant toute tentative de diminuer le statut des Palestiniens ou de les priver de leurs droits légitimes dans leur propre patrie. 

La communauté internationale et le Conseil de sécurité ne peuvent continuer à rejeter leur responsabilité de promouvoir une solution juste, a martelé la représentante n’hésitant pas à rappeler que le sort du peuple palestinien résonne dans « cette salle » depuis que les Nations Unies existent.  Elle a aussi rappelé que c’est l’inaction du Conseil de sécurité qui a poussé l’Assemblée générale à assumer un rôle plus proactif et à « combler le vide ».  Ainsi, la résolution adoptée à une large majorité le 13 juin dernier est un véritable « appel à l’action lancé au Secrétaire général » pour assurer la protection internationale de la population civile palestinienne.  Mme Lodhi a dit attendre les recommandations concrètes du Secrétaire général pour alléger les souffrances des Palestiniens.  Dans le même esprit, elle a plaidé pour un financement suffisant et prévisible de l’UNRWA.  

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a dit qu’Israël devait être tenu de mettre fin à l’occupation et à sa politique expansionniste, seule solution, selon lui, pour rétablir la paix.  Le régime israélien, « enhardi par le soutien sans équivoque des États-Unis, a redoublé de brutalité », a insisté le représentant.  Condamnant les frappes sur les infrastructures civiles de Gaza et qualifiant le blocus de Gaza d’« inhumain », il a condamné les colonies de peuplement dans les territoires occupés ainsi que la démolition programmée du village palestinien de Khan el-Ahmar.  Il a aussi condamné sans équivoque la loi de l’« État-nation juif » votée au Parlement israélien, une loi « abaissant le statut de la langue arabe », « reléguant les citoyens arabes au statut de citoyens de seconde zone » et mettant en place une « ségrégation devenue légitime » et une « politique d’apartheid ».  « Injuste sur le plan moral, dangereux sur le plan social », il a appelé la communauté internationale à condamner cette loi de la manière la plus ferme.  Répondant enfin à l’Arabie saoudite, M. Al Habib a qualifié de « tristes » les accusations de financement du terrorisme lancées contre son pays, tout simplement.  « Pour détourner l’attention des atrocités commises en Palestine et au Yémen », a-t-il déclaré. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a réaffirmé la solidarité du Mouvement avec le peuple palestinien et « son soutien sans faille à sa cause », « surtout dans le contexte actuel », quand la situation des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est « plus que critique et insoutenable ».  Il a appelé à une solution conforme au droit international, aux différentes résolutions des Nations unies et à la Charte.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité devait respecter cette Charte et indiqué que la seule solution viable demeurait une solution des deux États avec Jérusalem-Est pour capitale d’un État de Palestine.  Le représentant a dénoncé le veto opposé par les États-Unis au projet de résolution que le Koweït a présenté le mois dernier pour protéger le peuple palestinien dans les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est, et particulièrement à Gaza.  Il a dit craindre que le Conseil de sécurité ne puisse accomplir son mandat « à cause de la prévalence d’intérêts particuliers d’un membre permanent ».  

Le Mouvement, a-t-il conclu, appelle à un arrêt total du blocus israélien à Gaza et à la protection de ses habitants par la communauté internationale en vertu de la Convention de Genève.  Le Mouvement condamne le fait qu’Israël soit exempté de son obligation de rendre des comptes sur les violations qu’il commet.

Pour M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne), Israël est tenu de mettre un terme à l’occupation des territoires, y compris le Golan, et de revenir aux frontières de 1967.  « Des États apportent une protection politique à Israël, le laissant occuper les territoires », lesquels sont devenus des « prisons politiques à ciel ouvert » gouvernés par une « politique d’apartheid. »  « Les colonies de peuplement réduisent à néant la possibilité d’une solution », a-t-il poursuivi.  « Certains essaient de faire croire que les violences sont mutuelles », mais, ce faisant, ils « oublient les racines du conflit ».  Concernant la « loi sur l’« État-nation juif », le représentant a demandé aux autorités de la révoquer car elle est « incompatible avec le droit au retour » et à la protection des Palestiniens dans les territoires occupés.  Il a aussi assuré qu’Israël « appuie le terrorisme dans le territoire syrien » et qu’il est secrètement impliqué dans la guerre civile, « avec des groupes sur le terrain », « infiltrant, détruisant les infrastructures et sapant encore plus l'image de la Syrie ».  Le représentant a réaffirmé le droit de la Syrie sur le Golan, un droit « non négociable ».  « Les colons israéliens doivent quitter le territoire du Golan », a-t-il réclamé, avant de demander au Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent pour qu’Israël se retire jusqu’à la ligne de juin 1967, pour pouvoir créer un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Réaffirmant son soutien aux Envoyés spéciaux et au Coordonnateur spécial adjoint, M. HALVOR SÆTRE (Norvège) a commencé par la Syrie, où, a-t-il rappelé, « les victoires sur le champ de bataille ne peuvent se substituer à la solution politique ».  Le délégué a exhorté toutes les parties à s’engager de bonne foi dans la formation d’un comité constitutionnel et s’est réjoui du consensus émergeant pour restaurer la stabilité dans le Golan syrien.  M. Sætre s’est dit extrêmement préoccupé par la situation au Yémen, « qui vit la pire crise humanitaire au monde ».  La Norvège a débloqué la somme de 34 millions de dollars et il est impératif, a estimé le représentant, que les Nations Unies reçoivent le plein soutien des États Membres.  S’attardant ensuite longuement le conflit israélo-palestinien, il a rappelé que si la mise en place des institutions et le développement économique sont des étapes importantes, elles ne peuvent se substituer à une solution politique.  La Norvège, en tant que Présidente du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, a, aux côtés des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’Égypte intensifié ses efforts.  Les priorités sont l’augmentation de la fourniture d’eau et d’énergie, la création d’emplois et la libre circulation des biens et des personnes.  Le but est d’aider les deux millions de Gazaouites et de permettre à l’Autorité palestinienne de reprendre le contrôle de la situation.  La division politique entre Gaza et la Cisjordanie doit cesser, a plaidé le représentant qui a salué les efforts de médiation de l’Égypte.  Les factions palestiniennes doivent renoncer à toute provocation et violence, a martelé le représentant qui a annoncé que les progrès à Gaza seront la priorité de la Norvège jusqu’à la prochaine réunion du Comité spécial, le 7 septembre, à New York.  Le représentant a conclu en regrettant que le Président Trump se soit retiré de l’accord sur le dossier nucléaire iranien.  Il a exhorté l’Iran et tous les autres signataires à continuer de remplir leurs obligations.

L’instabilité au Moyen-Orient est une source de préoccupation, a reconnu M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) qui a dit partager la crainte d’un nouveau conflit dévastateur à Gaza.  La région a besoin d’une diplomatie revigorée, et, à cet égard, le représentant a salué les efforts qui ont permis de parvenir à un cessez-le-feu ainsi que les démarches égyptiennes pour favoriser la réconciliation intrapalestinienne.  Notant le rôle central de l’ONU grâce à sa médiation, ses bons offices et son aide humanitaire, le représentant s’est engagé à soutenir ces efforts diplomatiques et a exprimé l’intention de son pays de poursuivre ses efforts de renforcement de la confiance entre les parties pour les aider à appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En Syrie, le Japon soutient les efforts du Conseil de sécurité et espère que l’Envoyé spécial a raison de croire « que nous nous orientons prudemment dans la bonne direction sur le front politique ».  Le Japon, qui poursuivra son aide humanitaire, est prêt à agir en faveur d’une solution politique à la crise syrienne.  Le représentant a aussi réitéré le rôle essentiel de la diplomatie et de l’ONU au Yémen et en Libye.

Cela fait un petit temps que Gaza est comme une « cocotte-minute » sur le point d’exploser, a reconnu Mme JOANNE ADAMSON, déléguée de l’Union européenne.  Elle a salué la trêve et la réouverture programmée du point de passage de Kerem Shalom et a exprimé son soutien au Coordonnateur spécial.  D’autres actions sont nécessaires, a estimé la déléguée, en pointant cinq étapes urgentes et nécessaires:  la réouverture de tous les points de passage pour revigorer l’économie de Gaza, l’appui de la communauté internationale aux propositions du Coordonnateur spécial pour réduire la crise humanitaire, le soutien aux efforts de l’Égypte pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous la même Autorité palestinienne, la nécessité de financer l’UNRWA et la reprise de négociations substantielles sur la solution des deux États.  La déléguée a fait savoir qu’un examen des modalités de l’engagement de l’Union européenne était en cours, pour veiller à ce que le soutien financier et autres activités rencontrent bien l’objectif politique de la solution des deux États.  Des consultations ont été organisées avec les partenaires israéliens et palestiniens début juillet. 

Au-delà de Gaza, nous ne pouvons ignorer la démolition de propriétés palestiniennes par les autorités israéliennes, a encore dit la représentante qui a souligné l’illégalité des colonies de peuplement, au regard du droit international.  Jérusalem doit être la capitale des deux États.  C’est la seule option viable et toute alternative sera exploitée par les extrémistes, avec les risques d’instabilité et d’agitation que l’on sait.

Abordant ensuite le conflit syrien, elle a réitéré que la solution est politique et qu’elle passe par une transition sur la base du Communiqué de Genève de 2012.  Mme Adamson a regretté que le régime syrien, appuyé par ses alliés russe et iranien, ait intensifié ses opérations militaires.  Elle a exhorté les garants du processus d’Astana de mettre fin aux hostilités et de garantir un accès humanitaire sûr et durable.  L’Union européenne regrette l’offensive soutenue par la Fédération de Russie dans le sud-ouest de la Syrie et condamnant dans les termes les plus forts les attaques contre les populations et les infrastructures civiles, les secouristes, les hôpitaux et les écoles.  La protection des civils, qui relève de la responsabilité première du régime syrien, est une obligation juridique, un devoir moral et un problème urgent, a insisté la représentante.  L’obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre est une priorité pour l’Union européenne qui continuera à soutenir le Mécanisme international chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves commises en Syrie depuis mars 2011.  L’Union européenne salue d’ailleurs le fait que la Syrie ait condamné l’usage des armes chimiques, le 27 juin dernier.  La représentante a annoncé que l’Union européenne compte organiser une manifestation de haut niveau sur la Syrie en marge du débat général annuel de l’Assemblée générale.  En conclusion, elle a estimé que l’Iraq peut potentiellement devenir une « success story ». 

« Les récents développements ne doivent pas obscurcir le problème sous-jacent du conflit israélo-palestinien », a estimé M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria).  Pour lui, il est évident qu’un processus de paix est quasi impossible sans mettre fin à l’expansion des colonies de peuplement.  Encourageant Israël à faire des pas concrets dans cette direction en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il a aussi demandé aux dirigeants palestiniens de signaler qu’ils sont prêts à revenir à la table des négociations, en faisant des efforts pour s’unir et en s’occupant du militantisme et autres défis de sécurité interne.  Réaffirmant les droits fondamentaux du peuple palestinien, particulièrement la libre circulation et l’autodétermination, il a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas faillir à son devoir et sa responsabilité.  Nous appelons les États qui ont une influence sur les parties à encourager le dialogue sur la base des résolutions des Nations Unies, des Principes de Madrid, de la Feuille de route du Quatuor, de l’Initiative de paix arabe et des autres accords, a-t-il conclu, en répétant son attachement à la solution des deux États.

Au Moyen-Orient, les défis peuvent être surmontés, a estimé Mme MAKBULE BAŞAK YALÇIN (Turquie), pour laquelle « il y a des raisons d’être optimiste ».  Elle a cité la défaite de Daech en Iraq, les opérations turques contre Daech et le PKK/PYD/YPG comme « des étapes importantes de la lutte commune contre le terrorisme ».  Enchaînant sur le conflit israélo-palestinien, elle a regretté que le Conseil ait à nouveau, le 1er juin dernier, échoué dans sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  La résolution sur la protection des civils palestiniens aurait pu être une mesure concrète pour apaiser le sentiment profond d’injustice et le ressentiment au Moyen-Orient.  L’Assemblée générale a dû agir le 13 juin et restaurer la crédibilité des Nations Unies, a estimé la déléguée qui a également dénoncé l’adoption, la semaine dernière, de la « loi sur l’État-nation » laquelle « bafoue les droits des Palestiniens et déguise l’occupation ».  « Je ne parlerai même pas du fait qu’Israël ait mentionné mon pays car c’est une tentative de détourner l’attention des vrais problèmes », a commenté la représentante.

La Turquie, a-t-elle rappelé, a accédé à la présidence du Comité consultatif de l’UNRWA, avec l’objectif de sécuriser des fonds suffisants, grâce à la Banque mondiale et au Fonds Waqf de la Banque islamique de développement.  Mon pays, a répondu la représentante à son homologue des États-Unis, n’a pas pour habitude de se vanter « à tort et à travers » de son aide humanitaire.  Il fait des choses « concrètes » pour les Palestiniens qui ne se limitent pas à l’UNRWA.  Nous avons versé 8,7 milliards de dollars d’aide humanitaire, ce qui fait de nous « le pays le plus généreux au monde ».

En Syrie, a ensuite regretté la représentante, le régime poursuit ses opérations militaires, dans une approche vouée à l’échec.  Elle a tout de même salué les progrès dans la création d’un comité constitutionnel.  Les garants du processus d’Astana poursuivront leurs discussions.  À son tour, elle a dénoncé la loi n°10 du régime syrien qui risque de priver des millions de personnes de leurs terres et de leurs habitations, ce qui met à mal les efforts des Nations Unies pour parvenir à une solution politique et la réconciliation nationale, tout en défiant les principes fondamentaux du droit international.  Il y a deux semaines, la Turquie s’est jointe à ceux qui ont adressé une lettre au Président du Conseil de sécurité et au Secrétaire général pour exhorter la communauté internationale à s’opposer à cette loi.

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé qu’en tant que Puissance occupante, il revient à Israël d’assurer la protection des civils palestiniens.  Il a réaffirmé le soutien du Comité aux appels lancés par la communauté internationale, y compris par le Secrétaire général de l’ONU, en faveur d’une enquête indépendante et transparente sur les violences du mois de mars et son soutien à la Commission d’enquête mise en œuvre par le Conseil des droits de l’homme.  Appelant la communauté internationale à se mobiliser pour combler le déficit de l’UNRWA, M. Niang a aussi souhaité que soit complétée dans les meilleurs délais la base de données sur les entreprises impliquées dans des activités dans les colonies israéliennes, en cours d'élaboration par le Conseil des droits de l’homme.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a regretté les restrictions de plus en plus strictes imposées aux convois vers Gaza au point de passage de Kerem Shalom.  « C’est une punition collective qui ne fait qu’accroître les tensions dans la région. »  Il n’y a pas de solution militaire au conflit et les négociations pacifiques sont le seul moyen de parvenir à une paix durable, a poursuivi le représentant qui a plaidé pour l’augmentation de l’assistance humanitaire, notamment via l’UNRWA, que son pays est déterminé à appuyer.  Il s’est dit préoccupé par la politique des colonies de peuplement, « une violation flagrante du droit international ».  Comme c’est vers les Nations Unies que les Palestiniens continuent de se tourner pour assurer leur droit à l’autodétermination, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités.  Ce qu’il ne fait pas alors que le contexte sécuritaire est caractérisé par des discours incendiaires, les activités de peuplement et la crise humanitaire à Gaza.  Le statu quo n’est plus tenable.  Il entache la conscience de la communauté internationale.  La seule solution réside dans des négociations sans conditions préalables sur la fin de l’expansion d’Israël dans les territoires occupés et la levée du blocus de Gaza.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a déploré que les résolutions du Conseil de sécurité ne soient pas respectées.  Qualifiant le blocus de Gaza « d'illégal et inhumain », il a appelé Israël à y mettre fin.  Déplorant que les constructions en zone C continuent, il a appelé le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme à agir pour que la colonisation cesse.  Convaincu que la solution des deux États indépendants constitue la seule solution au conflit, il a exigé qu'Israël respecte les frontières de 1967.  Au sujet de la Syrie, M. Mohamed a estimé que la communauté internationale devait « reprendre les pourparlers » pour arriver à une solution pacifique au conflit.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) s’est dite vivement préoccupée par la dégradation de la situation au Moyen-Orient.  « Il est regrettable que le Conseil de sécurité, à cause d’un de ses membres, n’ait même pas pu condamner l’escalade de la violence et les événements tragiques dans la bande de Gaza ».  Israël viole les résolutions de l’Assemblée, a-t-elle dénoncé en condamnant les colonies de peuplement illégales, y compris l’approbation et l’appel d’offre pour la construction de logements en Cisjordanie, ainsi que la démolition et la saisie d’au moins 84 propriétés palestiniennes.  « Ces mesures cruelles et destructrices se combinent au blocus illégal de Gaza et met à mal la solution des deux États », a-t-elle regretté.  Elle a demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et à Israël de mettre fin à sa politique d’agression et de colonisation, et de respecter les résolutions.  Elle s’est opposée à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.  « Il faut que cessent toutes ces tentatives de rendre légitime le recours à la force contre des États souverains », a-t-elle poursuivi en demandant le retrait d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.  Cuba rejette également la décision des États-Unis de se retirer de l’accord sur le dossier nucléaire iranien et l’imposition de sanctions, contraire aux normes de coexistence pacifique entre États.

M. ABDULRAHMAN YAAQOB Y.A. AL-HAMADI (Qatar) a dit croire à une solution pacifique et jugé que le Conseil de sécurité pouvait jouer un rôle important dans la résolution de la crise actuelle, dont il espère une issue équitable.  « Nous savons tous très bien quelle est la solution », a déclaré le représentant, citant notamment le respect des résolutions contre les colonies de peuplement et pour le respect des frontières de 1967, les droits inaliénables des Palestiniens et la solution des deux États.  Le représentant a appelé tous les États Membres à rejeter fermement la « loi sur l’État-nation » qu’il a qualifiée de « provocation » dans le contexte actuel et qui réduirait à néant les efforts de paix.  Dressant un parallèle avec le blocus subi par le Qatar, il a déclaré que son pays est toujours favorable à un règlement « pacifique » des différends.  Il s’est par exemple félicité de la décision de la Cour internationale de Justice approuvant la requête du Qatar dans l’affaire du traitement « illégal et discriminatoire » des Qataris aux Émirats arabes unis.  « Les citoyens qataris doivent pouvoir réaliser leurs études et obtenir leurs diplômes dans les Émirats arabes unis », a insisté le représentant, exigeant que les procédures « artificielles et illégales » soient levées. 

Pour Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie), il faut extirper le terrorisme de la région et immuniser la jeunesse, qui détient les clefs de l’avenir.  Elle a appuyé la solution des deux États, jugeant nécessaire de poursuivre la coordination avec l’Autorité palestinienne pour mettre un terme à l’occupation et répondre aux aspirations de « nos frères » à un État indépendant.  La Jordanie, a-t-elle rappelé, assure la tutelle des lieux saints et n’épargnera aucun effort pour contrer la tentative israélienne d’altérer leur statut.  La représentante a condamné les déplacements forcés et les dernières attaques « injustifiables » contre Gaza.  Elle a demandé au Secrétaire général de mettre pleinement en œuvre la résolution de l’Assemblée générale sur la protection internationale des civils palestiniens.  Elle a aussi vu dans la « loi sur l’État-nation », un texte qui « qui aggrave le racisme, la violence et l’extrémisme » et auquel la communauté internationale doit s’opposer.

Elle s’est aussi attardée sur le déficit financier « dangereux » de l’UNRWA, avant de rappeler que son pays accueille 1,3 million de réfugiés.  Elle a fait part des efforts de son pays pour mettre un terme à la crise dans le sud-ouest de la Syrie qui ont permis de parvenir à un cessez le feu.  La représentante a espéré la relance du processus politique sous la houlette des Nations Unies.  Elle a conclu sur la nécessité d’éduquer une génération capable de prêcher la modération face à l’idéologie extrémiste.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a accusé la Puissance occupante de ne respecter ni ses obligations ni les dispositions du droit international.  « Israël n'entend pas les appels qui lui sont lancés et poursuit son occupation. ».  Craignant « une menace très grave » pour le processus de paix, l’Observateur permanent a dénoncé la démolition programmée du village palestinien de Khan el-Ahmar.  Ces personnes sont des réfugiés enregistrés à l'UNRWA et vont être victimes des intentions de créer « un grand Israël ».  Qualifiant les actions menées par les Forces de défense israéliennes de « campagne de nettoyage ethnique », il s'est dit convaincu qu'un mécanisme clair et efficace devait être créé par la communauté internationale pour protéger le peuple palestinien.  « Un concept appliqué dans d'autres régions du monde mais pas en Palestine », a déploré M. Abdelaziz. 

« Les pays arabes ne sont pas moins généreux que les autres », a-t-il poursuivi, en réponse à certaines remarques.  Les pays arabes, a-t-il souligné, décaissent des milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés palestiniens.  Plus de 200 millions de dollars ont été distribués par l'Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït, depuis que les États-Unis ont coupé leur aide, a-t-il souligné.  Concernant la « loi sur l’État-nation juif », le représentant a vu une tentative de donner « un visage légitime à l'apartheid », de priver le peuple palestinien de ses droits inaliénables et légitimer « une politique de nettoyage ethnique ».  Tant qu'il n’y aura pas de mécanisme international clair de protection du peuple palestinien, il n'y aura pas de solution au conflit, a conclu M. Abdelaziz.

Revenant sur la crise humanitaire extrême à Gaza, Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a dénoncé « une tragédie qui se déroule sous nos yeux et finit par nous rendre insensibles à la violence ».  En juin, 120 États Membres ont voté pour une résolution sur la protection des civils palestiniens.  C’est dire comme nous sommes préoccupés, a-t-elle déclaré.  Demandant des mesures pour établir les responsabilités et mettre fin à l’impunité, la représentante a prévenu que l’expansion des colonies de peuplement met en péril la paix et la sécurité internationales.  Nous exhortons le Conseil de sécurité à ne pas rester indifférent, a conclu la représentante qui s’est également inquiétée de la situation financière de l’UNRWA.

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a commencé par dénoncer les agressions et menaces continues d’Israël contre la communauté de Khan el-Ahmar, en les comparant à des pratiques coloniales et à un nettoyage ethnique.  De telles politiques sont en violation flagrante du droit international et de la quatrième Convention de Genève.  Elles constituent des crimes de guerre, a estimé le représentant de l’OCI pour lequel il est impératif de mettre fin à l’impunité.  Le représentant a aussi dénoncé toutes les tentatives et mesures israéliennes pour changer le caractère, la composition démographique et le statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.  Ces mesures sont nulles et non avenues et sans fondement juridique.  Toute reconnaissance explicite ou implicite pourrait avoir de graves conséquences, dont l’annexion illégale de la Cisjordanie qui saperait la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Les colonies de peuplement sont « un obstacle majeur à la paix » et représentent un test décisif sur la capacité du Conseil de sécurité de faire respecter ses propres résolutions.  Le Conseil doit intervenir de manière responsable et sérieuse pour éviter un nouveau cycle d’instabilité.  Il doit faire respecter ses résolutions, y compris celles portant sur le statut de Jérusalem, notamment les résolutions 476, 478 et 2334.  Le sort accablant de millions de réfugiés palestiniens illustre la réalité cruelle de l’absence de justice, a poursuivi le représentant qui a salué au passage l’UNRWA et lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle le soutienne financièrement.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a rappelé que c’est la première réunion depuis l’échec du Conseil à assurer la protection du peuple palestinien conformément à la Charte des Nations Unies.  Elle s’est dite très attristée que des centaines de Palestiniens aient été tués et qu’une nouvelle fois, le Conseil n’ait rien fait.  Nous rappelons au Conseil de sécurité que l’essence du conflit se trouve dans les colonies de peuplement et l’occupation illégale et il est ironique que nous ayons échoué à protéger des civils non armés face à ces atrocités.  La plus haute forme de la justice est la sécurité du peuple palestinien comme des peuples du monde entier, a souligné la représentante.  L’absence de réaction aux besoins socioéconomiques jette les jeunes désœuvrés dans les bras des terroristes.  Consciente de cette réalité, l’Indonésie a prévu de débourser une somme de 2 millions de dollars pour aider les Palestiniens.  Nous devons éviter de donner l’impression que tout est perdu.  Nous sommes optimistes.  Nous pensons que les Palestiniens pourront exercer leurs droits, a conclu la représentante.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a souligné que l’adoption de la résolution sur la protection internationale des civils palestiniens que son pays a parrainée a envoyé un message « très fort ».  Il a dit attendre avec impatience les recommandations du Secrétaire général.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit continuer à faire pression sur Israël pour qu’il mettre fin à toutes les violations et activités illégales et honore toutes ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité, du droit international et de la Charte des Nations Unies.  La Malaisie continuera de porter assistance aux Palestiniens et réitère son ferme appui à la solution des deux États, comme seul moyen viable de mettre un terme au conflit. 

M. HICHAM OUSSIHAMOU (Maroc) a regretté de voir la détérioration de la situation au Moyen-Orient et en Palestine, et a dénoncé les politiques de judaïsation, de coercition et d’occupation, qui attisent les tensions et la frustration.  « Les derniers jours illustrent ces faits, avec un usage de la force contre des civils innocents », a-t-il regretté en notant que cela ne fait que « pérenniser le cycle de la violence ».  La poursuite des activités d’implantation, en violation des résolutions, est un acte de provocation envers les Palestiniens.  Ces politiques n’ont jamais constitué la voie vers une solution des deux États.  Le représentant a réaffirmé sa foi dans la justesse de la cause palestinienne et a rappelé la tenue de la cinquième Conférence internationale sur la question de Jérusalem, à Rabat, en juin dernier.  Lors de cette Conférence, où ont été abordées les séquelles négatives de l’occupation, le Roi Mohammed VI, qui préside le Comité de Jérusalem, a rappelé son appui sans faille à la cause palestinienne, jusqu’à ce que le peuple palestinien puisse reconquérir ses droits inaliénables.  Le délégué a appelé à la relance de négociations fondées sur les références connues.  Il a également indiqué que le Roi du Maroc a supervisé l’acheminement d’une aide humanitaire sans précédent au mois de mai dernier et que son pays fournira également des prestations médicales après les derniers incidents.  Le Maroc ne lésinera sur aucun effort pour parvenir à un règlement politique, a-t-il conclu.

Pour M. DANG DINH QUY (Viet Nam), les développements récents au Moyen-Orient, et plus précisément les affrontements meurtriers et la situation humanitaire désastreuse dans la bande de Gaza, représentent un risque sécuritaire pour toute la région et remettent sérieusement en cause toute perspective de succès de la solution des deux États.  Profondément préoccupé par la situation sur le terrain, le représentant a condamné les actes de violence, y compris le recours à une force disproportionnée, contre des civils et des installations civiles palestiniens.  Le Viet Nam appelle les parties à la retenue et à éviter tout acte qui pourrait contribuer à l’escalade des tensions.  Il faut stopper les colonies de peuplement et le blocus de Gaza, a exigé le représentant pour lequel l’heure est venue de donner la priorité à la protection et l’amélioration des conditions de vie de la population de Gaza.  Le Conseil de sécurité doit agir vite et de manière unifiée pour remettre le processus politique sur les rails.  Toute solution au conflit israélo-palestiniens doit être conforme au droit international, aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ainsi qu’aux Principes de Madrid, à la Feuille de route du Quatuor et à l’Initiative de paix arabe.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a rappelé le soutien de longue date du Brésil à une solution des deux États.  Il a condamné l'expansion des colonies israéliennes, « illégales en droit international », et appelé les autorités israéliennes à revenir sur leur décision de démolir le village de Khan el-Ahmar.  Il a demandé à toutes les parties d’éviter les mesures unilatérales pouvant compromettre les négociations sur le statut final.

M. Giacomelli da Silva a aussi appelé à une cessation immédiate des hostilités en Syrie et au Yémen.  Affirmant qu'il est temps pour le Gouvernement et l'opposition syriens de mettre fin à la guerre civile, il a renouvelé son soutien à l'Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et aux négociations politiques intersyriennes de Genève. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a lancé un avertissement: les habitants de Gaza sont sous pression et la situation risque d'exploser.  Dans ce contexte, l’Égypte, qui voudrait que la situation s'apaise, a pris la responsabilité d'ouvrir le point de passage de Jaffa.  Mais ces mesures ne sont pas suffisantes si Israël ne fait pas sa part, a-t-il insisté.  La situation n'est pas apparue subitement et on ne peut traiter de la question de Gaza en la dissociant du contexte plus général de l'occupation, s’est-il expliqué.  Appelant les membres du Conseil de sécurité à faire respecter le droit international humanitaire, il l’a surtout appelé à veiller à ce que les autres pays n’aient pas à payer la facture de l’occupation.  Les Palestiniens, a-t-il estimé, doivent aussi répondre de manière positive aux efforts.  L’Autorité palestinienne doit unir ses efforts à ceux de toutes les parties et de la communauté internationale pour reprendre le contrôle de Gaza. 

Reprenant la parole, Israël a souligné que ces trois dernières années, plusieurs États ont présenté des « données inexactes » sur la crise au Moyen-Orient et proféré de « fausses accusations ».  Les débats publics sur le Moyen-Orient n’ont pas toujours été « honnêtes ».  Nous y voyons des délégations se déclarer favorables à une solution diplomatique, tout en refusant de s’asseoir à côté d'un Israélien.  « Ce n’est pas sérieux », a tranché Israël qui a prévenu que le Conseil de sécurité ne remplacera jamais les discussions directes entre les deux parties.  Les négociations bilatérales doivent reprendre au plus vite et les Palestiniens devraient renoncer à ces débats publics « inefficaces", a pressé Israël qui a dit espérer des débats débarrassés des deux poids-deux mesures pour enfin trouver de véritables solutions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale appelle les États à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les activités relevant de la Décennie d’action pour la nutrition

Soixante-douzième session,
108e séance plénière – matin
AG/12042

L’Assemblée générale appelle les États à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les activités relevant de la Décennie d’action pour la nutrition

Préoccupée par le fait que le monde n’est pas en voie d’éliminer la faim et la malnutrition d’ici à 2030, l’Assemblée générale a encouragé, ce matin, « les gouvernements, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales, la société civile, le secteur privé et les milieux universitaires » à s’engager « avec ambition » à intensifier leurs activités dans le cadre du programme de travail de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).

Au préalable, elle a observé une minute de silence en hommage à la mémoire des Présidents de ses quarante-troisième et cinquante-quatrième sessions, décédés depuis le début de l’été.

Dans le préambule de la résolution intitulée « Mise en œuvre des activités relevant de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025) » et adoptée par consensus, l’Assemblée générale fait notamment part de ses inquiétudes face au fait que les cibles associées à l’objectif de développement durable no 2, « Faim zéro »*, ne seront pas atteintes dans de nombreuses régions du monde.

Au niveau mondial, précise le texte, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté depuis 2014 jusqu’à atteindre environ 815 millions en 2016.  Les femmes risquent davantage que les hommes de souffrir de l’insécurité alimentaire, et près d’un tiers des femmes en âge de procréer souffrent d’anémie, un problème persistant qui met en péril la nutrition et la santé d’un grand nombre d’enfants.  De plus, bien que la prévalence mondiale de l’hypotrophie nutritionnelle ait considérablement diminué entre 2005 et 2017, plus de 150 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent encore de retards de croissance, tandis que l’émaciation, la dénutrition, la surcharge pondérale et l’obésité sont des problèmes récurrents chez l’enfant dans plusieurs pays.

Par cette résolution, qui était présenté par l’Équateur, l’Assemblée générale demande également à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de s’employer « encore plus vigoureusement » à diriger et suivre la mise en œuvre des activités relevant de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), grâce à des dispositifs de coordination tels que le Comité permanent de la nutrition et à des instances multipartites telles que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA).

À l’issue de l’adoption, les États-Unis sont intervenus pour souligner que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est pas contraignant, ne crée pas, ni n’affecte les droits et obligations découlant du droit international et ne crée pas non plus de nouveaux engagements financiers.

L’Équateur a assuré de son côté promouvoir des politiques alimentaires saines et accorder la priorité à l’agriculture durable, l’allaitement et la nutrition des enfants.  Un plan intersectoriel d’alimentation de plus a été présenté en février 2018, a précisé la délégation.

La réunion de ce matin a débuté par le long hommage rendu par l’Assemblée générale à la mémoire de Dante Maria Caputo, Président de sa quarante-troisième session, décédé le 20 juin 2018, et de Theo-Ben Gurirab, Président de sa cinquante-quatrième session, disparu lui le 14 juillet 2018.

Tour à tour, le Vice-Président de l’Assemblée générale, la Chef de Cabinet du Secrétaire général et les représentants des grands groupes**, ainsi que les États-Unis, en tant que pays hôte, se sont succédé à la tribune pour présenter leurs condoléances à la Namibie et à l’Argentine et saluer le rôle de ces deux hommes dans l’histoire de leur pays respectif ainsi qu’à l’échelon international.

Avec le décès de Theo-Ben Gurirab, « la Namibie a perdu un fils, l’Afrique a perdu un visionnaire et le monde a perdu un grand dirigeant », a notamment déclaré le délégué namibien qui a longuement loué les accomplissements de cette « légende de la libération de la Namibie ».

Theo-Ben Gurirab, a indiqué le représentant namibien, a su user de sa voix pour combattre l’oppression raciale, l’apartheid et le colonialisme.  Il a notamment représenté la South West Africa People’s Organization (SWAPO) auprès des Nations Unies pendant 14 ans, période pendant laquelle ses talents de négociateur ont contribué à l’adoption, en 1976, de la résolution 385 du Conseil de sécurité établissant un plan pour l’indépendance du territoire namibien.  Suite à l’indépendance de la Namibie, Theo-Ben Gurirab a exercé les fonctions de Ministre des affaires étrangères (1990-2002), Premier Ministre (2002-2005) et de Président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2015.

Au nom du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de Cabinet, a également rappelé le rôle de Theo-Ben Gurirab dans l’adoption de la résolution phare du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

Elle a aussi salué des contributions de Dante Caputo à la transformation démocratique de l’Argentine et de l’Amérique latine.

« Incarnation du redressement de la démocratie et du combat en faveur des droits de l’homme », selon les propos du représentant de l’Argentine, Dante Caputo a établi au cours de sa longue carrière de nombreux principes de politiques étrangères qui continuent de guider l’Argentine à l’heure actuelle.  Parmi ses principaux accomplissements, il faut notamment citer le rôle de cet ancien Ministre des affaires étrangères de l’Argentine dans la signature du Traité de paix et d’amitié entre le Chili et l’Argentine, ainsi que dans les accords régionaux qui ont précédé la création du Marché commun du Sud (MERCOSUR).

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* Objectif 2: Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable

** Kenya (au nom du Groupe des États d’Afrique), Singapour (au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique), la République tchèque (au nom du Groupe des États d’Europe orientale), Antigua-et-Barbuda (au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes), le Luxembourg (au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale présente à l’ECOSOC des recommandations visant à renforcer son rôle « moteur et directeur » pour le développement

Soixante-douzième session,
107e séance plénière – matin
AG/12041

L’Assemblée générale présente à l’ECOSOC des recommandations visant à renforcer son rôle « moteur et directeur » pour le développement

Un consensus, certes, mais aussi de nombreuses réserves ont marqué l’adoption, ce matin, d’une résolution* par laquelle l’Assemblée générale présente au Conseil économique et social (ECOSOC) un certain nombre de recommandations visant à renforcer son rôle « moteur et directeur », ainsi que son rôle de mécanisme central de coordination des activités du système des Nations Unies pour le développement.

Ce texte a toutefois été jugé « peu ambitieux » par plusieurs délégations comme celles de l’Union européenne, du groupe CANZ ou encore du Mexique qui a déploré que dans cette résolution, « on a sacrifié la substance au profit de la gestion ». 

Tenu d’appliquer « avec diligence » un certain nombre de mesures destinées à améliorer son fonctionnement, l’ECOSOC est notamment appelé à promouvoir l’intégration des trois dimensions du développement durable et à favoriser le suivi coordonné du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Assemblée générale recommande notamment à l’ECOSOC de s’attacher à favoriser la synergie et la cohérence, à éviter les doubles emplois et le chevauchement de ses travaux, mais aussi à améliorer la qualité de ses documents finals et de ceux de ses organes subsidiaires en les axant davantage sur la recherche de solutions, « afin de résoudre les difficultés liées à leur application et d’en assurer le suivi ». 

Par ce texte, le Comité chargé des organisations non gouvernementales, un des organes subsidiaires de l’ECOSOC, est également invité à examiner « rapidement » les moyens de gérer efficacement le nombre croissant de demandes d’admission au statut consultatif présentées par ces organisations.

« Il nous faut un Comité des ONG plus efficace », a notamment insisté la délégation des États-Unis qui a décrié le fait que des ONG à la réputation bien établie voient leur demande bloquée « parfois indéfiniment », ce qui ternit la réputation de cet organe subsidiaire. 

La Fédération de Russie a toutefois estimé que les mentions concernant le Comité des ONG n’avaient pas lieu de figurer dans ce texte, puisque cet organe subsidiaire pouvant s’autoexaminer et s’autoréguler.  La délégation a aussi soutenu que la participation des ONG au travail de l’ECOSOC ne doit pas se faire au détriment du caractère intergouvernemental de l’organe. 

L’Union européenne, par la voix de l’Autriche, a estimé de son côté qu’un ECOSOC fort doit s’ouvrir au monde et aux différents acteurs qui le constitue et a regretté que l’organe reste « prisonnier du passé » en ce qui concerne la participation de la société civile. 

Intervenant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande a souhaité de son côté que les organes subsidiaires acquièrent plus de responsabilités afin d’offrir des solutions pratiques et concrètes aux États Membres pour faire face aux défis de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

La résolution adoptée ce matin précise en outre que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable et le débat de haut niveau de l’ECOSOC continueront de déboucher sur une déclaration ministérielle négociée. 

La réunion de coordination et de gestion sera quant à elle rebaptisée « débat consacré à la gestion », tandis que les réunions sur la gestion se tiendront deux fois par cycle et ne dureront pas plus de deux jours.

Autre fait nouveau, le débat consacré aux activités opérationnelles de développement devrait, dans sa formule renforcée, être l’occasion pour les entités du système de développement des Nations Unies de rendre compte de leur performance et de leurs résultats au regard du Programme 2030 et d’examiner la manière dont celles-ci pourraient accélérer l’obtention de résultats. 

Le cycle des travaux de l’ECOSOC continuera de s’étendre de juillet à juillet, mais, afin d’établir des liens entre les travaux des différents débats et forums et de faire en sorte qu’ils soient ciblés, cohérents et efficaces, un regroupement dans trois catégories sera opéré à chaque cycle des travaux du Conseil. 

Dans la première catégorie, on regroupera les forums du Conseil économique et social, et dans la deuxième, les débats consacrés aux mesures prises notamment dans le cadre du système des Nations Unies pour le développement pour exécuter le Programme 2030, ainsi qu’à l’aide humanitaire. 

La troisième catégorie regroupera quant à elle les débats et forums qui permettent de définir les grandes orientations et favorisent l’accomplissement de progrès dans l’exécution du Programme 2030, entre autres. 

La résolution précise aussi qu’un examen sera conduit dans le cadre de l’examen d’ensemble des débats et réunions du Conseil, à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, en même temps que l’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable. 

Pour l’Égypte, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), il ne faut pas cependant que cet examen débouche sur un seul document et un seul processus de revue, le Forum politique et l’ECOSOC étant, a rappelé la délégation, deux processus distincts.  L’Union européenne a de son côté déploré que la crédibilité de l’ECOSOC soit affectée par la dualité artificielle entre son segment de haut niveau et le Forum politique. 

Le G77 a par ailleurs regretté le libellé « vague et ambigu » sur la participation des grands groupes et d’autres parties prenantes au Forum politique de haut niveau et a également mis en garde contre la création de nouvelles règles sur la participation des grands groupes.

L’UE a appelé à l’annulation du segment sur l’intégration celui-ci ayant, selon la délégation, perdu sa raison d’être depuis la création du Forum politique.  Elle a aussi regretté que le lien entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix soit passé sous silence dans le texte. 

En effet, « on n’a pas pu surmonter la division artificielle entre développement durable et pérennisation de la paix », a noté le délégué du Mexique, rejoint dans cet avis par la représentante de l’Australie qui parlait au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ).  Cette dernière a aussi regretté que le texte n’ait pas permis d’avancer sur la réforme du Forum pour la coopération en matière de développement.  

Abondant dans ce sens, la République de Corée a noté que cette résolution aurait pu renforcer le rôle des partenariats, d’autant plus que son objectif est de soutenir le travail de « l’organe qui est le mieux placé pour la promotion des partenariats ».  

Le représentant des États-Unis a de son côté pointé une résolution qui ne prend que quelques mesures modestes, portant notamment sur le temps de travail des commissions, et a insisté sur l’importance de la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) pour revitaliser l’ECOSOC. 

Il a également rappelé les réserves de sa délégation au sujet d’un certain nombre d’accords multilatéraux qui ont vu le jour en 2015, soulignant que ces accords sont de nature non contraignante, et que certains d’entre eux contiennent même des dispositions désuètes.  Il a aussi défendu le droit, pour les États-Unis, d’utiliser les sanctions économiques comme moyen de pression pour faire respecter les droits de l’homme, expliquant que les sanctions ciblées peuvent être une alternative au recourt à la force.

Le représentant du Qatar, parlant également au nom de l’Islande avec qui il a assuré la coordination des négociations sur ce texte, a salué pour sa part le consensus auquel les délégations sont parvenues. 

Par ailleurs, l’Assemblée générale a approuvé** la nomination de M. Takeshi Matsunaga, du Japon, au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), en remplacement de M. Takeshi Akamatsu, son compatriote, dont la démission prendra effet le 15 août 2018.  M. Matsunaga y siégera pour la durée du mandat restant à courir, soit jusqu’au 31 décembre 2019. 

* A/72/L.64

** A/72/101/Rev.1/Add.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des droits palestiniens: Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme décrit une situation explosive dans les territoires occupés

390e séance – matin
AG/PAL/1414

Comité des droits palestiniens: Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme décrit une situation explosive dans les territoires occupés

L’aggravation dangereuse de la situation des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé et la loi de la Knesset sur « l’État-nation » pourraient provoquer une autre escalade des tensions, a dit craindre le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  M. Zeid Ra’ad Al Hussein intervenait ce matin devant le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien qui a élu à sa présidence M. Cheikh Niang, du Sénégal, successeur de son compatriote, M. Fodé Seck. 

Par visioconférence à partir de Genève, le Haut-Commissaire est revenu sur les échanges de tirs les plus graves entre les forces israéliennes et les groupes armés à Gaza, depuis l’escalade des hostilités en 2014.  Il y a à peine trois jours, a-t-il rappelé, la situation a failli dégénérer en conflit ouvert, après la mort d’un soldat israélien et de quatre civils palestiniens.

Dans la semaine du 14 juillet, les forces de sécurité israéliennes ont effectué au moins 28 frappes aériennes et les groupes armés palestiniens, lancé 184 roquettes et obus de mortier, sans compter les cerfs-volants et ballons en feu.  Grâce aux efforts de l’Égypte et des Nations Unies, un cessez-le-feu a été mis en place mais la situation reste « extrêmement » fragile, a averti M. Al Hussein. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, a confirmé que c’est lui et d’autres ambassadeurs qui ont fait appel aux bons offices du Secrétaire général pour arrêter ce nouveau cycle de violence.  Dès le vendredi 20 juillet, le Secrétaire général publiait une déclaration appelant à la fin de la violence. 

Les Gazaouis, a insisté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, veulent la paix, le développement et l’indépendance.  En attendant, ils veulent une protection internationale, a dit M. Mansour en espérant que cette question « urgente » sera examinée demain à l’occasion du débat trimestriel du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient.

Les Palestiniens de Gaza subissent régulièrement des vagues de violence qui ajoutent à une crise humanitaire déjà « extrême », a souligné le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, citant chômage et pauvreté endémiques, infrastructures en ruine, dépendance-record à l’aide alimentaire et horizon politique sombre.  Tous ces facteurs sont à l’origine d’une précarité multidimensionnelle, massive et dévastatrice « entièrement fabriquée par l’homme et entièrement évitable », a affirmé le Haut-Commissaire.

M. Al Hussein a rappelé qu’après les tueries « choquantes » lors des manifestations à la barrière de Gaza, le Conseil des droits de l’homme a créé, le 18 mai dernier, une commission d’enquête internationale et indépendante qui présentera un premier rapport en septembre puis la version finale en mars 2019.  Même si Israël a mis en place un certain nombre de mécanismes d’établissement des responsabilités, on peut douter de leur conformité avec les normes internationales d’indépendance, d’impartialité et d’efficacité.  Très peu d’enquêtes sont menées, s’est expliqué le Haut-Commissaire, et dans les rares cas où des peines sont prononcées, elles sont extrêmement légères.

Le Haut-Commissariat a prévenu qu’il faut s’attaquer aux causes profondes des dernières manifestations à Gaza: les conditions de vie rendues difficiles par un blocus israélien de 11 ans, sans oublier les dernières restrictions imposées par l’Égypte et la situation financière alarmante de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Le représentant du Liban a d’ailleurs mis en garde contre les conséquences du déficit financier « sans précédent » de l’Office sur le droit au retour des Palestiniens.  Il a exigé du Conseil de sécurité qu’il clarifie cette situation. 

La loi sur l’État-nation adoptée la semaine dernière par la Knesset, a ajouté le Haut-Commissaire, est venue ancrer la discrimination inhérente contre les communautés non juives, en particulier les citoyens arabes d’Israël et les habitants de Jérusalem-Est occupée.  Cette loi, a dit craindre M. Al Hussein, pourrait enflammer encore la situation.

Cette loi vise la transformation de l’État d’Israël en « un État des Juifs », a commenté l’Observateur permanent de l’État de Palestine qui a dénoncé une « loi raciste menant à l’apartheid ».  La même loi retire à l’arabe le statut de langue officielle d’Israël dont il jouissait depuis 60 ans.  Le représentant de l’Arabie saoudite a purement et simplement rejeté cette nouvelle loi, à l’instar de ses homologues de la Turquie et de la Tunisie.

Le Haut-Commissaire n’a pas manqué de dénoncer l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les attaques menées par les colons, les démolitions et les expulsions.  Il est revenu sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) selon lequel le mur de séparation israélien est illégal au regard du droit international coutumier.  Il s’est indigné de la détention de centaines d’enfants palestiniens dans les prisons israéliennes, en violation des droits de l’homme.  Il s’est dit troublé par les arrestations et détentions arbitraires d’activistes et militants des droits de l’homme, de même que par les restrictions, certes moindres, qu’imposent les autorités palestiniennes à la société civile.

Les délégations se sont à leur tour impatientées devant l’impunité dont continue de jouir Israël.  Les représentants du Venezuela et de l’Indonésie ont soutenu que le seul moyen de régler la relation « entre oppressés et oppresseur » est de mettre fin à l’occupation.  Il faut s’inspirer de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud pour mobiliser la communauté internationale, a estimé le représentant du Groupe de travail des ONG sur Israël et la Palestine.  La mobilisation s’impose, a acquiescé celui de la Namibie, pour que la question de Palestine ne tombe pas dans l’oubli.  « De combien de réunions avons-nous besoin pour agir et faire cesser ce conflit une bonne fois pour toutes? » s’est-il demandé appelant à faire pression sur le Conseil de sécurité. 

« L’heure de l’action a sonné », a renchéri l’Observateur permanent de l’État de Palestine qui a demandé aux États Membres de dire au Secrétaire général ce qu’ils font ou ne font pas pour mettre fin à l’occupation et à cette « tragédie des temps modernes », selon les mots du représentant de l’Afrique du Sud.  « Beaucoup d’entre nous n’étaient pas aux Nations Unies il y a 70 ans, mais cela ne nous dispense pas d’assumer notre part de responsabilité », a-t-il déclaré, expliquant dans la foulée que son pays boycotte les marchandises israéliennes produites dans le territoire occupé alors que son ambassade en Israël a été déclassée.  L’Indonésie, a annoncé son représentant, a versé une enveloppe de 2 millions de dollars pour le renforcement des capacités palestiniennes, en même temps qu’elle a supprimé tous les droits de douane pour les produits palestiniens.

Son homologue de Cuba a rappelé le Congrès régional organisé dans son pays sur l’indépendance de la Palestine et le représentant de la Tunisie, évoqué la manifestation pour sensibiliser l’opinion publique à la répression israélienne contre l’élite palestinienne.  Le délégué de l’Afghanistan, qui a dit attendre avec impatience le rapport du Secrétaire général sur la protection du peuple palestinien prévu le 19 août prochain, a annoncé une rencontre de football le même jour entre l’équipe nationale d’Afghanistan et celle de Palestine pour célébrer l’indépendance de l’Afghanistan.

Pour la représentante de l’Équateur, il est surtout impératif de parvenir à une « définition définitive » du statut de Jérusalem-Est conformément au droit international et de matérialiser la solution des deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité et dans des frontières internationalement reconnues.  Seule la fin de l’occupation peut apporter une paix durable et créer les conditions dans lesquelles les droits de l’homme peuvent être pleinement respectés et l’humanité et l’égalité de l’un reconnues par l’autre, a conclu le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  « Tous les États ont la responsabilité de faire naître cette réalité, trop longtemps promise et trop longtemps niée. »

Le Rapporteur du Comité a présenté les rapports des dernières activités du Comité, dont la visite officielle, d’une délégation à Panama en avril; le Forum des Nations Unies sur la question de Palestine sous le thème « 70 ans après 1948: Leçons pour parvenir à une paix durable », qui a eu lieu les 17 et 18 mai à New York; et la Conférence internationale sur « La question de Jérusalem 50 ans après l’occupation et 25 ans après les Accords d’Oslo », qui a eu lieu à Rabat, au Maroc, du 26 au 28 juin.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afghanistan: après la fin de l’enregistrement des électeurs, le Conseil de sécurité appelle au règlement rapide des questions en suspens dont la liste finale des candidats

8315e séance – matin
CS/13431

Afghanistan: après la fin de l’enregistrement des électeurs, le Conseil de sécurité appelle au règlement rapide des questions en suspens dont la liste finale des candidats

Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a pris note, ce matin, du fait que l’enregistrement des électeurs en Afghanistan avait été mené à terme le 18 juillet dernier et que plus de 8,9 millions d’Afghans se sont inscrits, dont plus de 3 millions de femmes, afin d’exercer leur droit de vote le 20 octobre 2018 lors des élections au Parlement et aux conseils de district et de la prochaine élection présidentielle.

« Il importe de régler les difficultés qui subsistent et d’accélérer les progrès dans la préparation des élections, ce qui impose de résoudre sans tarder les questions en suspens, y compris l’approbation des candidats pour pourvoir des postes clefs laissés vacants à la Commission électorale indépendante et à la Commission du contentieux électoral, la création d’une base de données centrale de tous les électeurs inscrits pour repérer les irrégularités, ainsi que la publication d’une liste finale des candidats », souligne la déclaration lue au nom des autres membres du Conseil de sécurité par son Président pour le mois de juillet, le Représentant permanent de la Suède, M. Olof Skoog.

Le Conseil demande également à toutes les parties concernées de se conformer aux principes fondamentaux énoncés dans la loi électorale et de faire respecter les normes d’intégrité les plus strictes au cours de ce processus historique important, « de façon que le résultat final reflète la volonté du peuple afghan ».

Remerciant le Conseil de s’être prononcé en faveur de la démocratie dans son pays, le représentant de l’Afghanistan a estimé que la déclaration présidentielle reconnaissait l’importance d’organiser des élections justes et libres.  Il a ajouté qu’il revient maintenant aux organes électoraux indépendants d’unir leurs efforts en vue de garantir le bon déroulement de ces scrutins.

Soulignant l’importance d’un climat de sécurité, le Conseil condamne dans les termes les plus vigoureux ceux qui ont recours à la violence pour entraver le processus électoral, y compris les éléments affiliés aux Taliban et à Daech, et se félicite de la résilience des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, de leur progrès et « du courage exceptionnel dont elles font preuve ».

Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil se félicite en outre de la volonté manifestée par la société civile d’observer le déroulement des élections dans chaque bureau de vote et notamment le scrutin, le décompte des voix, la tabulation et la transmission des résultats.  La déclaration souligne également qu’il importe de mettre en place des missions d’observation électorale appropriées, et se félicite que les partenaires internationaux entendent fournir un soutien à la demande du Gouvernement afghan.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité note que l’enregistrement des électeurs en Afghanistan a été mené à terme le 18 juillet 2018 et que, d’après les données préliminaires de la Commission électorale indépendante de l’Afghanistan, plus de 8,9 millions d’Afghans se sont inscrits, y compris plus de 3 millions de femmes, afin d’exercer leur droit démocratique de vote le 20 octobre 2018 lors des prochaines élections au Parlement et aux conseils de district et de la prochaine élection présidentielle.

Le Conseil rappelle que le Gouvernement, les dirigeants politiques afghans, la Commission électorale indépendante et la Commission du contentieux électoral ont la responsabilité principale de créer les conditions nécessaires au déroulement d’élections crédibles.

Le Conseil souligne qu’il importe de régler les difficultés qui subsistent et d’accélérer les progrès accomplis dans la préparation des élections, ce qui impose de résoudre sans tarder les questions en suspens, y compris l’approbation des candidats pour pourvoir des postes clefs laissés vacants à la Commission électorale indépendante et à la Commission du contentieux électoral, la création d’une base de données centrale de tous les électeurs inscrits pour repérer les irrégularités, ainsi que la publication d’une liste finale des candidats.

Le Conseil souligne l’importance qu’il accorde à la mise en place d’institutions démocratiques durables en Afghanistan sur la base d’élections inclusives, transparentes et crédibles, ainsi qu’à la pleine participation des femmes et des groupes minoritaires, y compris ethniques, religieux et linguistiques, en toute sécurité, en qualité tant d’électeurs que de candidats.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan et souligne à cet égard son soutien au processus électoral afghan comme étant dirigé et contrôlé par les Afghans.

Le Conseil demande à toutes les parties concernées de se conformer aux critères fondamentaux énoncés dans la loi électorale et dans tous les autres textes réglementaires pertinents et de faire respecter les normes d’intégrité les plus strictes au cours de ce processus historique important, de façon que le résultat final reflète la volonté du peuple afghan.

Le Conseil souligne le rôle central de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), en coopération avec le système des Nations Unies et en étroite consultation et coordination avec le Gouvernement afghan, dans le soutien apporté à l’organisation des élections et à la consolidation de la réforme électorale, au moyen de la fourniture d’une assistance technique et du renforcement des capacités et de la coordination de l’aide internationale.

Le Conseil souligne qu’il importe de lutter contre les violences sexuelles et sexistes perpétrées à l’égard des électrices et des candidates.

Le Conseil souligne l’importance d’un climat de sécurité pour la tenue des élections, condamne dans les termes les plus vigoureux ceux qui ont recours à la violence pour entraver le processus électoral, y compris les éléments affiliés aux Taliban et à l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) et se félicite de la résilience des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, de leur progrès et du courage exceptionnel dont elles font preuve ainsi que du rôle de premier rang qu’elles jouent pour assurer la sécurité de leur pays.

Le Conseil se félicite de la volonté manifestée par la société civile d’observer le déroulement des élections dans chaque bureau de vote et notamment le scrutin, le décompte des voix, la tabulation et la transmission des résultats.

Le Conseil souligne qu’il importe de mettre en place des missions d’observation électorale appropriées, se félicite que les partenaires internationaux entendent fournir un soutien à la demande du Gouvernement afghan et prie instamment toutes les parties de faciliter et de respecter les travaux des observateurs.

Le Conseil réaffirme son attachement à la capacité des citoyens afghans dans tout le pays d’exercer leurs droits civils et politiques et réaffirme à nouveau son appui au Gouvernement et au peuple afghans dans leur quête de développement démocratique, de prospérité et de paix durable.

Le Conseil se dit disposé à continuer de suivre de près le processus électoral et notamment les progrès sur le plan de la préparation des élections et, à cet égard, attend avec intérêt la vérification rigoureuse des électeurs inscrits, une fois que le processus d’enregistrement aura été achevé et demande à la MANUA de communiquer aux membres du Conseil une mise à jour sur les principaux faits survenus et les progrès dans la préparation des élections dans le mois suivant l’adoption de la présente déclaration.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: La session de haut niveau s’achève mais la course contre la montre se poursuit pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030

Session 2018,
48e & 49e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/6945

ECOSOC: La session de haut niveau s’achève mais la course contre la montre se poursuit pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030

La session de haut niveau 2018 du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est achevée, aujourd’hui, en entérinant la Déclaration ministérielle adoptée hier soir par le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, après vote sur ce texte et sur plusieurs amendements.  L’ECOSOC a auparavant fini son débat général au pas de course pour « avaler » 87 discours d’États Membres et d’autres acteurs œuvrant pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Forum politique avait adopté, hier soir, la Déclaration ministérielle après une mise aux voix, du jamais vu dans l’histoire de ce Forum.  Un accroc à l’unanimité habituelle qui a été relevé aujourd’hui par plusieurs délégations, désolées de voir que le consensus qui avait prévalu au moment d’adopter le Programme 2030 soit désormais rompu.

Aujourd’hui, l’ECOSOC a adopté la Déclaration ministérielle par 46 voix pour et une voix contre, celle des États-Unis, qui ont jugé le langage inapproprié en ce qui concerne l’occupation étrangère, le commerce et l’imposition d’un modèle de développement.

En même temps, les États Membres dans leurs discours se sont montrés prêts à partager leurs expériences et à collaborer -entre eux et avec les partenaires de tous les secteurs- pour une meilleure mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

« Il faut rétablir l’esprit de solidarité », a prié la représentante du Venezuela en dénonçant les mesures prises par certains pays contre le sien, sur le même ton que l’Iran qui a explicitement rejeté « l’unilatéralisme de certains États qui menace de détruire les efforts de la communauté internationale ». 

Du côté des « parties prenantes », les autres acteurs du développement durable, le grand groupe des organisations non gouvernementales a exhorté le Forum politique à « en finir avec les forces qui ont attaqué le système multilatéral ».  Il s’est plaint que chaque entité de la société civile n’ait eu que deux minutes pour s’exprimer.  Le Centre international du commerce a, lui, insisté sur le fait que la coopération multilatérale devrait être un élément pour encourager la productivité et la performance des entreprises. 

La session, cette année, se focalisait sur la construction de sociétés durables et résilientes partout dans le monde, en accordant la priorité aux plus défavorisés et en veillant à ne laisser personne de côté.

Une des pistes proposées par le Secrétaire général de l’ONU, pour relancer le Programme 2030, est de mobiliser le pouvoir de transformation de la jeunesse.  La représentante « jeunes » du Danemark a défendu à cet égard le droit de ceux-ci à participer à ce processus, qui reste jusqu’à présent au niveau du privilège.  En effet, s’est-elle impatientée, il y a eu seulement 10 délégations comptant des jeunes en leur sein lors du Forum politique, et seulement des pays européens. 

Mais il faut savoir que dès septembre, l’ONU lancera une stratégie pour soutenir et engager les jeunes.  C’est ce qu’a annoncé hier le Secrétaire général qui compte aussi convoquer une réunion de haut niveau sur le financement du Programme 2030 et, l’année prochaine, un sommet sur le climat « pour galvaniser une plus grande ambition climatique ».

Tout au long de la journée, les ministres et hauts responsables ont brandi leurs résultats sur le chemin du développement et leurs contributions en termes d’aide au développement.  Il n’en reste pas moins que « trois ans après l’adoption du Programme 2030, le rythme nécessaire à l’exécution de cet ambitieux programme n’a pas été atteint et que les progrès enregistrés sont inégaux d’un pays ou d’une région à l’autre », selon les termes de la Déclaration ministérielle.  Un même constat fait aujourd’hui, qui a valu plusieurs recommandations adressées à toutes les parties prenantes.

Nombreux sont ceux, comme les Maldives, qui ont appelé à renforcer la capacité des institutions nationales de rassembler, gérer et analyser les données, un élément crucial pour la mise en œuvre et le suivi des objectifs de développement durable.  Cela est particulièrement important pour les pays qui se soumettent à l’examen national volontaire, et ils sont déjà 104 à l’avoir fait depuis 2015, dont 46 à la présente session.

Le grand groupe des femmes a plaidé pour que les gouvernements financent des collectes de données tenant compte, au moins, des facteurs sexe et âge, pour « voir effectivement qui est laissé de côté ».

Du côté de l’ONU, il a été souligné que les agences onusiennes sont bien placées pour articuler des stratégies visant à rattraper les retards dans la réalisation de certains objectifs, notamment à travers des mécanismes comme ONU-Énergie ou ONU-Eau.

Au moment où il se réforme, ou se « repositionne », le système des Nations Unies pour le développement devrait se montrer plus proactif et fournir l’assistance nécessaire aux pays en développement, en tenant compte de leurs véritables besoins et priorités, a suggéré l’Indonésie.  Ce système, ont renchéri les États-Unis, doit servir véritablement les intérêts des personnes dans le besoin.  C’est pourquoi la délégation américaine a demandé à chaque agence de se concentrer sur son mandat et ses avantages comparatifs.

L’Union internationale des télécommunications a, quant à elle, salué l’initiative du Secrétaire général de mettre en place un Groupe de travail de haut niveau sur la coopération numérique.

Avant de mettre fin aux travaux, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardová, a souligné que les discussions de ces deux dernières semaines ont permis de réitérer que « le Programme 2030 en appelle à de nouvelles manières de penser et de travailler de la part de tous ».  Elle a dit terminer sa présidence de l’ECOSOC sur « un sentiment d’accomplissement ».

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Suite et fin du débat général

M. PEARNEL CHARLES Jr., Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque et du commerce extérieur, dont le pays a présenté son examen national volontaire cette semaine, a expliqué que, dès 2009, la Jamaïque avait élaboré sa stratégie nationale de développement qui se fonde sur une forte appropriation nationale et un engagement ferme en faveur des objectifs de développement durable.  Les synergies entre ces deux processus, national et mondial, ont débouché sur la mise en place d’un cadre intégré de suivi et d’application des politiques et programmes de développement.  Le pays est fier des acquis en termes de développement humain et de stabilité macroéconomique qui sont des facteurs favorables à la croissance économique et à la stabilité sociale.  Il suit un modèle de développement qui tient compte des changements climatiques et de la gestion durable des sols et de l’environnement marin.  Toutefois, le Ministre redoute les limites de son pays qui sont liées aux vulnérabilités de l’île, d’une part à cause des dérèglements climatiques et, d’autre part, à cause de son fort niveau d’endettement.  Même si le développement durable doit se faire au niveau national, il a plaidé pour des partenariats nationaux, régionaux et multilatéraux qui englobent les secteurs privés, publics et la société civile.  Enfin le Ministre a rappelé que la Jamaïque, en collaboration avec le Canada, avait été le fer de lance de la création du Groupe des amis du financement des objectifs de développement durable de l’ONU.

M. JOSÉ ISAÍS BARAHONA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Honduras, a déclaré que la ville de Tegucigalpa abritait 1,2 million de personnes, la plus grande concentration de pauvreté urbaine dans le pays, en partie due au manque de logements.  Le plan d’action pour le logement de Tegucigalpa vise à garantir l’accès de tous à des logements basiques, adéquats et abordables et à améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles, conformément à l’objectif 11 de développement durable.  Il vise également à garantir la sécurité publique, à pallier la vulnérabilité aux catastrophes, et à mieux utiliser les sols et les transports.  Soulignant que le Honduras figure parmi les 44 pays en 2017 à présenter son examen national volontaire, le Vice-Ministre a poursuivi en soulignant que l’approvisionnement en eau et l’assainissement s’étaient améliorés, notamment grâce à une approche inclusive qui a alterné des ateliers interinstitutionnels et intersectoriels.  L’eau et l’assainissement figurent également parmi les 37 priorités stratégiques du pays jusqu’en 2022, a-t-il ajouté.

Mme RITA SCHWARZELÜEHR-SUTTER, Secrétaire d’État parlementaire du Ministère fédéral de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire d’Allemagne, a plaidé en faveur du multilatéralisme pour parvenir aux objectifs de développement durable et « aider tous les êtres humains sur la terre ».  Il faut des économies plus vertes, a-t-elle dit en misant notamment sur les technologies vertes, véritable moteur et catalyseur pour la création d’emplois.  La stratégie de développement durable de l’Allemagne est en place, a-t-elle poursuivi en assurant qu’elle est exécutée en consultation avec les parties prenantes.  L’Allemagne s’engage à ne laisser personne à la traîne, a assuré la déléguée avant de mentionner l’importance du respect des droits de l’homme et du bien-être humain.  Elle a émis l’espoir que le sommet de 2019 du Forum politique de haut niveau ferait avancer les choses et a demandé à ce qu’il soit préparé dès aujourd’hui.

Mme NEZHA EL OUAFI, Secrétaire d’État chargé du développement durable du Maroc, a dit que son pays avait mis en place un mécanisme efficace permettant de concrétiser le développement durable, avec notamment une nouvelle Constitution en 2011 qui affirme que le développement durable doit inclure tout un chacun.  Elle a parlé d’une initiative qui permet de mettre en œuvre le développement et de s’assurer de la création d’une économie verte, pour lutter contre les changements climatiques, entre autres.  « Nous voulons accélérer la mise en œuvre de la stratégie 2017-2021 du Maroc », a poursuivi la Secrétaire d’État en présentant ce plan général de développement dont la mise en œuvre a été l’occasion de créer des commissions stratégiques.  Des plans régionaux ont aussi été développés pour lutter contre les effets délétères des changements climatiques.  En ce qui concerne l’examen national volontaire, elle dit qu’il avait été préparé en prenant soin de l’aligner sur le Programme 2030 et en gardant à l’esprit la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le pays a aussi lancé un projet d’énergie renouvelable, « le plus grand projet d’énergie solaire jamais créé ».  « Nous essayons aussi d’impliquer tout le monde, les femmes et les jeunes en particulier », a-t-elle dit en soulignant en outre l’objectif de parité homme-femme dans tous les domaines. 

M. YAKOV HADAS, Envoyé spécial d’Israël pour la durabilité et les changements climatiques, a rappelé que son pays est connu pour son innovation dans tous les domaines, ayant des politiques efficaces dans la technologie et l’innovation, notamment pour la gestion des ressources hydriques.  L’utilisation de l’énergie renouvelable, même dans un pays baigné de soleil, n’est cependant pas facile, a-t-il observé avant de plaider pour une coopération internationale accrue.  « Nous sommes prêts à partager nos solutions avec la communauté internationale », a-t-il ainsi assuré.  Israël assure le recyclage de plus de 80% des eaux usées, une expérience qui pourrait être partagée, a-t-il ajouté.  L’Envoyé spécial a également indiqué que le Gouvernement appuie le secteur privé israélien pour qu’il soit plus impliqué dans ce partage d’expériences avec les partenaires, se disant honoré de pouvoir participer à cet effort mondial.

M. MAHAMANE A. MAIGA, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères du Mali, a déclaré que son pays faisait face à d’énormes défis pour la mise en œuvre effective des objectifs de développement durable compte tenu des contraintes financières et socioéconomiques qu’il rencontre.  Malgré cela, les autorités ont toujours œuvré à atténuer l’impact négatif de la crise sur les populations vulnérables, a ajouté M. Maiga.  Participe également de cette dynamique, la détermination du Gouvernement pour garantir la stabilité des régions en proie aux attaques des groupes terroristes afin d’offrir aux paisibles populations les dividendes d’une paix durable tant souhaitée.  Dans le même ordre d’idées, le pays s’attèle à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, y compris l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 29 juillet 2018.  En outre, la dynamique engagée par le Gouvernement a contribué au raffermissement du tissu social.  Ces actions visent notamment à réduire les inégalités dans la fourniture des services sociaux de base, et à atténuer le risque d’insécurité alimentaire, autant d’exemples qui illustrent le souci du Mali de « ne laisser aucun citoyen de côté ».

Mme LARYSA BELSKAYA, Directrice générale de la diplomatie multilatérale du Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a annoncé que son gouvernement avait déjà beaucoup fait pour la réalisation de nombreux objectifs de développement durable.  Une loi a même été votée à l’Assemblée nationale qui inscrit le principe de la durabilité dans le droit, et aussi le droit à l’accès à l’eau.  En juin 2018, le Parlement a examiné la mise en œuvre du Programme 2030 au cours d’une session extraordinaire.  Dans la foulée a été créée une plateforme de collecte de données qui aideront à aiguiser les décisions de mise en œuvre du programme national de développement.  Le Gouvernement sensibilise également la population aux objectifs de développement durable et a intégré les jeunes dans la mise en œuvre.  Il a mis en place des partenariats avec toutes les parties prenantes dans ce dessein.  Au plan international, avec l’ONU, un réseau de partenariat a été créé pour la réalisation des objectifs de développement durable par l’échange des meilleures expériences.  Dans son allocution, la responsable a aussi demandé à renforcer les partenariats internationaux avec les pays à revenu intermédiaire.

M. JUSTIN HUGH MBOMBO MUPANHANGA, Chef de Cabinet adjoint du Président du Zimbabwe, a dit que le Gouvernement s’est doté d’un nouveau programme de développement qui reprend le Programme 2030 et vise à faire du Zimbabwe un pays à revenu intermédiaire avant 2030.  Il compte sur le partenariat international pour y arriver.  Le programme vise aussi à créer la durabilité et notamment à redynamiser l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.  La mise en œuvre de l’objectif de développement durable sur l’accès à l’eau a amené le Gouvernement à établir un programme national de distribution d’eau dans les zones rurales et urbaines.  En ce qui concerne l’accès à l’énergie abordable, moderne et propre, un projet d’électrification des zones rurales est en œuvre.  La création d’une usine hydroélectrique a été lancée dans le sud avec une capacité de 300 mégawatts.  S’agissant de la mobilisation des ressources et pour attirer les investissements nationaux et étrangers, un centre d’investissement a vu le jour.  Des mesures pour rapatrier les ressources illégalement exportées ont été prises, a également noté le représentant.

M. SEBASTIEN DE VAUJANY, Ministère des affaires étrangères et de l’Europe de la France, a rappelé que la France avait été un des premiers pays à présenter un examen national volontaire, un engagement qu’ont pris également de nombreux pays: 104 au total auront présenté leurs actions en faveur du développement à la fin de cette session.  Citant les mesures et initiatives prises par son pays, il a parlé du Sommet « One Planet » organisé à Paris en décembre dernier, qui a constitué un tournant pour prendre de nouveaux engagements pour la planète.  Ce Sommet sera suivi d’un autre sur le même thème en septembre prochain à New York.  La France, a-t-il poursuivi, a mis en place des politiques structurantes, comme le plan biodiversité qui vise à faire de ce domaine une priorité nationale.  La France accueillera d’autres réunions, comme le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN).  En 2017 la France s’est dotée d’un plan climat et, plus récemment, d’une feuille de route sur l’économie circulaire.  Elle s’est aussi engagée à consacrer 0,55% de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) en 2022.  Enfin, la France défend un projet de pacte mondial de l’environnement.

M. KEVIN MOLEY, Sous-Secrétaire d’État aux affaires des organisations internationales des États-Unis, a indiqué que « nous ne pouvons plus travailler de la même façon au vu des mutations du monde » et annoncé que « le système des Nations Unies doit également changer ».  Il a souligné que l’APD doit désormais être renforcée par les apports du secteur privé, du commerce et des investissements.  Les États-Unis recèlent de nombreux exemples qui permettent de voir à l’œuvre l’efficacité du secteur privé en matière, par exemple, de renforcement de la résilience des populations.  C’est fort de constat qu’il a plaidé pour des partenariats public-privé pour venir à bout de nombreux défis.  M. Moley a ensuite évoqué l’importance des technologies, soulignant que son pays a déployé des outils, dans des pays en développement notamment, qui permettent de prévoir des sécheresses et de renforcer ainsi la sécurité alimentaire.  Pour ce qui est du système des Nations Unies pour le développement, il doit aider à la mobilisation des investissements nationaux et internationaux en faveur du Programme 2030.  Le délégué a souhaité voir les agences du système se concentrer, chacune, sur son mandat et ses avantages comparatifs, plaidant enfin pour que la réforme engagée de ce système serve véritablement les intérêts des personnes dans le besoin.

M. FRANCESCO LA CAMERA, Directeur général du Ministère de l’environnement, de la terre et de la mer de l’Italie, a dit que le secteur financier sera un élément crucial du Programme 2030.  Comme l’effort international est nécessaire pour la réalisation des objectifs de développement durable, l’Italie a intégré le Programme 2030 dans sa coopération internationale.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Italie a créé un centre africain pour le climat et le développement durable.  Le but est de faire coopérer les bailleurs de fonds et les pays d’Afrique sur ces questions.  L’Italie a également lancé des projets pour aider les pays du lac Tchad à relever les défis liés à l’assèchement du lac. 

M. RACHID BELADHANE, Président de l’organe interministériel de mise en œuvre des objectifs de développement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a salué le fait que l’extrême pauvreté affecte à peine 0,8% de sa population selon des chiffres de 2016.  Le pays entend se tourner résolument vers l’émergence en 2035.  Pour y parvenir, la gestion durable des ressources en eau est cruciale, a-t-il dit.  C’est pourquoi la Constitution du pays consacre le droit à l’eau comme un des droits humains fondamentaux pour les Algériens.  L’État a également investi pour l’électrification quasi totale du territoire national, notamment grâce à des investissements dans le solaire et d’autres ressources renouvelables, sans oublier le gaz naturel dont le pays est pourvu.  M. Beladhane a en outre plaidé pour que les efforts nationaux des pays en développement soient appuyés par l’assistance internationale, grâce à un partenariat revitalisé qui devrait intégrer la lutte contre les flux illicites de capitaux.  Il a également rappelé l’importance de l’APD pour l’éradication de la pauvreté.

Mme MILICA PEJANOVIĆ-DJURIŠIĆ (Monténégro) a indiqué qu’à l’issue d’un examen national volontaire mené en 2016, son pays avait entrepris, au travers d’une stratégie d’intégration, d’accélération et de soutien aux politiques (MAPS) entamée l’année suivante, en partenariat avec l’équipe de pays des Nations Unies, d’explorer les moyens de lier le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au processus d’accession à l’Union européenne.  Ce processus est « notre priorité numéro un en matière de politique étrangère », a-t-elle précisé.  Cette stratégie MAPS s’est concentrée sur l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-elle ajouté.  Elle a expliqué que, de l’expérience du Monténégro, était ressortie la certitude que la mise en œuvre de ce Programme et le processus d’intégration à l’UE se renforcent mutuellement. 

M. TEODORO LOCSIN Jr. (Philippines) a présenté certaines mesures prises par son gouvernement pour « ne laisser personne de côté », à commencer par le recensement des migrants pour qu’ils soient pris en compte.  Les Philippines appuient d’ailleurs le document final du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui vise à protéger et promouvoir les droits et le bien-être des migrants indépendamment de leur statut.  « C’est un pacte de la décence », a-t-il estimé ajoutant que ceux qui ne traitent pas les migrants comme des êtres humains ne sont pas humains.  La résilience aux catastrophes naturelles est une autre priorité des Philippines qui intègrent cette question dans leurs programmes nationaux.  « C’est pourquoi nous saluons l’adoption, par l’ECOSOC, de la résolution sur l’utilisation des informations et services géospatiaux » qui permettent de minimiser l’impact et le coût social, économique et humain des catastrophes naturelles.  Le représentant a également souligné l’importance des données complètes, ventilées et disponibles en temps voulu pour pouvoir mieux comprendre la situation de chaque citoyen, en particulier celle des plus vulnérables, car « si l’on n’est pas compté, on ne compte pas ».

Mme SEVINJ HASANOVA, Vice-Ministre du développement économique de l’Azerbaïdjan, a observé que les objectifs de développement durable exigent la création d’une plateforme complexe et efficace de mise en œuvre.  Trois facteurs sont nécessaires à cet égard.  En premier lieu, un engagement au plus haut niveau, l’appropriation nationale et des arrangements institutionnels constituent des éléments clefs.  En deuxième lieu, l’engagement du Gouvernement est important et doit se traduire par un programme complet de mise en œuvre du Programme 2030.  Une large participation à la mise en œuvre est également un impératif.  Enfin, au niveau mondial, la représentante a plaidé pour un véritable partenariat et pour un partage d’expériences et d’informations, soulignant que ce sont d’importants accélérateurs de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Forum politique de haut niveau est une plateforme excellente à cet effet, a conclu la déléguée.

M. ARIFIN RUDIYANTO, Vice-Ministre des ressources naturelles et des affaires maritimes de l’Indonésie, a indiqué que son pays a lancé l’année dernière son plan d’action national sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, lequel restera en vigueur jusqu’en 2019.  Le plan sera assorti d’une feuille de route, qui guidera les efforts jusqu’en 2030, et de 34 plans d’action régionaux.  Tout ceci se fait avec les parties prenantes pertinentes dont plus de 230 organisations de la société civile, s’est enorgueilli le Vice-Ministre.  Le plan d’action, a-t-il précisé, est donc devenu un document intégré de planification qui incorpore les programmes du Gouvernement et ceux des ONG.  Son mécanisme de suivi et d’évaluation prendra la forme d’une collaboration dans le cadre de laquelle la société civile mènera une évaluation indépendante de ses propres programmes.  Le rapport national de mise en œuvre sera donc un document consolidé.  Pour le Vice-Ministre, l’examen national volontaire devrait viser à identifier les lacunes et les mesures de correction.  Avec son processus de repositionnement, le système des Nations Unies pour le développement devrait se montrer plus proactif, proposer des mesures orientées vers l’action et fournir l’assistance nécessaire aux pays en développement, en tenant compte de leurs véritables besoins et priorités. 

M. JOSÉ ANTONIO MARCONDES DE CARVALHO, Secrétaire général adjoint à l’environnement, à l’énergie, aux sciences et à la technologie au Ministère des affaires étrangères du Brésil, a rappelé que son pays avait fait une présentation devant le Forum politique de haut niveau l’an dernier.  Le Brésil a désormais établi trois groupes de travail gouvernementaux pour assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Brésil entend également rendre les cibles et indicateurs de ces objectifs compatibles avec les réalités nationales.  Un « prix Brésil objectifs de développement durable » a même été créé pour favoriser l’appropriation nationale et promouvoir les pratiques optimales.  Il a assuré que le succès des objectifs de développement durable passe par un environnement international favorable qui va au-delà du slogan « ne laisser personne de côté ».

M. SEYED ALI MOHAMMAD MOSAVI, Directeur général aux affaires internationales relatives à l’environnement et au développement durable de la République islamique d’Iran, a noté que 93% de la population de son pays a accès à de l’eau potable.  Quant aux politiques énergétiques actuelles, elles misent sur l’utilisation du gaz tout en y alliant des sources d’énergie renouvelables.  En matière de biodiversité, il a relevé que les tempêtes de sable et de poussière sont l’un des plus grands défis environnementaux du pays, notamment dans sa partie ouest.  Ces « vents noirs » paralysent les activités des populations, a-t-il expliqué, se plaignant qu’ils soient devenus plus fréquents au cours de ces dernières années.  Il a salué la réaction de la communauté internationale à ce phénomène, par le biais de résolutions de l’Assemblée générale.  M. Mosavi a ensuite rappelé l’importance de l’objectif 17 portant sur les partenariats.  Concernant les changements climatiques, il a regretté que l’Accord de Paris soit aujourd’hui mis à mal par certains États.  Les objectifs de développement durable sont le produit du multilatéralisme, a-t-il souligné, rejetant l’unilatéralisme mis en œuvre par certains États qui menace de détruire les efforts déjà consentis par la communauté internationale.

M. JULIUS MUIA, Secrétaire principal du Ministère du trésor national et du plan du Kenya, a énuméré les efforts de son gouvernement en matière d’énergie renouvelable en parlant, par exemple, du déploiement de deux millions d’ampoules économiques dans tout le pays.  Le Kenya mène aussi une politique qui incite à utiliser d’autres sources d’énergies renouvelables.  En ce qui concerne l’objectif 11 de développement durable, qui vise des établissements humains durables, le Gouvernement a lancé une politique de création de 400 000 logements sociaux, a-t-il ajouté.  En dépit de ces avancées, le Kenya a toujours besoin de la coopération nationale, a quand même précisé M. Muia. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a fait remarquer que la délégation palestinienne qui devait se rendre au Forum politique de haut niveau n’avait pas pu arriver à New York parce que les États-Unis ne leur ont pas octroyé le visa d’entrée.  L’État de Palestine, a-t-il poursuivi, se heurte à l’obstacle de l’occupation israélienne et aux abus des droits du peuple palestinien dans la réalisation de son développement.  À cela s’ajoute cette année la baisse sans précédent du budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), de même que la baisse des envois des fonds des Palestiniens vivant en dehors de la Palestine.  Le pays ne peut pas non plus exploiter les ressources naturelles du fait de la situation, a-t-il souligné tout en faisant observer que, malgré les obstacles, le Gouvernement palestinien dispose de son propre programme de développement.  « Le Programme 2030 reste notre objectif », a-t-il conclu. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que son gouvernement avait lancé, l’année dernière, un document blanc de politique étrangère qui guidera l’engagement international du pays pendant la prochaine décennie et au-delà.  Le document place le Programme 2030 au centre des efforts de l’Australie pour promouvoir le développement durable.  Mon pays, a affirmé la représentante, a été heureux de se soumettre cette année à l’examen national volontaire et d’avoir pu expliquer les efforts collectifs du Gouvernement fédéral, des gouvernements locaux, du monde des affaires, de la société civile, des jeunes et autres acteurs dans la mise en œuvre du Programme 2030.  L’examen a mis en lumière les progrès en Australie mais aussi ce que fait le pays pour consolider la stabilité et la prospérité dans le monde et dans la région Indo-Pacifique.  L’examen a aussi montré la contribution des secteurs public et privé et la manière dont l’aide extérieure australienne permet de mobiliser de nouvelles ressources et de renforcer l’aide pour le commerce, au nom d’une croissance inclusive et de la réduction de la pauvreté.  L’Australie contribue également à réduire le coût des envois de fonds des migrants et appuie la mobilisation des ressources internes, grâce à son statut de membre de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba. 

M. CRAIG J. HAWKE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que son pays est déterminé à assurer la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, ce dont témoignent cinq initiatives de son gouvernement.  Tout d’abord, une législation a été votée pour créer un engagement durable en vue de réduire la pauvreté infantile de 14% à 5% en se basant sur l’indice de revenu de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Ensuite, le salaire minimum a été relevé, revalorisant les revenus des familles à revenus faibles ou intermédiaires.  Par ailleurs, des consultations nationales ont été lancées par Wellington, qui a l’intention de s’engager en faveur de la suppression totale des émissions de carbone d’ici à 2050.  Une autre série de consultations est en cours, à propos de l’agenda Commerce pour tous (Trade for all), en vue de garantir que la politique commerciale pratiquée profite à tous les Néo-Zélandais et contribue aussi à relever les défis qui se posent aux niveaux mondial et régional.  Enfin, a ajouté M. Hawke, nous venons de revoir complètement la nature de notre soutien aux priorités de développement durable des pays de la région du Pacifique, y compris en ce qui concerne le montant de l’aide consentie.

M. KHIANE PHANSOURIVONG, Représentant permanent de la République démocratique populaire lao, a estimé que l’objectif 17 de développement durable (Partenariats pour la réalisation des objectifs) est le plus important car la mobilisation des ressources est cruciale pour la réalisation du Programme 2030.  Il a plaidé pour le renforcement des partenariats entre toutes les parties prenantes.  Il a ensuite fait part de sa préoccupation face au déclin de l’APD et invité les partenaires au développement à fournir les ressources nécessaires pour financer de manière adéquate le système des Nations Unies pour le développement.

M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a souhaité que le Programme 2030 soit une priorité pour les nations, au-delà des clivages politiques propres à chaque pays.  Pour le Chili, la question de la désertification est centrale, ainsi que celle de la pollution.  Le pays a donc adopté une loi jugée « historique » qui interdit l’utilisation des sacs plastiques dans les commerces du pays.  Pour le Chili, la réalisation des objectifs de développement durable passe également par l’égalité entre les sexes.  De plus, a recommandé le représentant, « nous devons considérer nos différences comme des complémentarités ».

Depuis son examen national volontaire en 2017, Chypre a poursuivi sur sa lancée dans la réalisation des objectifs de développement durable, a expliqué M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre).  La coordination de ces efforts a été confiée à la Direction générale des programmes européens, de la coordination et du développement, a-t-il précisé en ajoutant que cet organe est également chargé de l’application du programme de réformes ambitieux qui s’inscrit dans la Stratégie 2020 de l’Union européenne pour une croissance intelligente, inclusive et durable.  S’agissant de l’objectif 6 sur la gestion durable des ressources en eau, Chypre a misé sur la désalinisation et la réutilisation des eaux usées d’ici à 2027.  Au niveau régional, une collaboration a été mise en place dans ce domaine avec la Grèce et Israël.  Sur le plan énergétique, Chypre ambitionne de couvrir 13% de ses besoins énergétiques par des sources renouvelables et de passer de l’utilisation du pétrole vers le gaz dans ses centrales électriques.  Le Gouvernement poursuit en outre la mise en œuvre de son plan d’action pour une économie verte, notamment dans le domaine du tourisme.  Parallèlement, un nouveau système public d’assurance maladie devrait permettre la couverture universelle de la population grâce à l’adoption d’une nouvelle législation.

M. MAX H. RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a dit que l’accès à l’eau est un énorme défi pour son pays puisqu’une grande partie de la population vit en milieu rural.  Pour la mise en œuvre des autres objectifs de développement durable à l’examen cette année, le représentant a insisté sur l’importance du renforcement des capacités humaines et institutionnelles.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a besoin de mobilisation de ressources, de renforcement de capacités et de bonne gouvernance, a précisé M. Rai.

Mme VERONICA GARCIA (Costa Rica) a dit que le Programme 2030 exigeait des gouvernements qu’ils innovent en matière de gestion économique et de gouvernance politique.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable requiert aussi un consensus entre toutes les parties prenantes.  Au plan national et concernant l’accès à l’énergie propre et moderne, le Costa Rica a pour objectif d’éliminer l’utilisation d’énergie fossile même si c’est difficile et l’affaire de plusieurs générations.  La représentante a ajouté que l’eau est un facteur vital du développement humain.  Le Costa Rica est vulnérable, a admis Mme Garcia, et il est obligé de lutter contre la sècheresse dans tous les coins du pays.  S’agissant des modes de consommation et de production, elle a rappelé l’importance de respecter les normes et pratiques durables en la matière.  Avant de terminer, elle a proposé de faire du 7 juin la Journée internationale de la sécurité alimentaire.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a expliqué que son pays progresse dans l’intégration du Programme 2030 dans ses programmes et stratégies nationales, à la fois pour le Gouvernement d’union et pour Zanzibar.  À ce titre, il a cité les efforts consacrés à la mobilisation de ressources domestiques et de budgétisation du financement du développement, ainsi que la sensibilisation aux objectifs de développement durable des secrétariats régionaux, des autorités gouvernementales locales et des parlementaires.  La Tanzanie investit également dans l’industrialisation et dans des infrastructures essentielles.  Parallèlement, elle a mis en place un plan de suivi et d’évaluation de la pauvreté.  Le pays se heurte néanmoins aux difficultés d’accès aux technologies, à la collecte de données, au financement du développement et en termes de résilience aux changements climatiques.  La Tanzanie a pris des mesures pour favoriser une meilleure gouvernance et améliorer sa résilience économique ou encore sa gestion des risques liés au dérèglements climatiques, mais « cela ne peut se faire seul et les partenariats sont une nécessité ».   Le représentant a donc invité l’ONU à assumer un rôle de chef de file pour renforcer la coopération dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation pour permettre aux pays en développement d’en bénéficier et, partant, de faciliter leur réalisation des objectifs de développement durable.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a plaidé pour la mobilisation de toutes les sources de financement possibles pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a souligné que l’APD reste importante à cette fin, c’est pourquoi le Portugal entend augmenter, cette année, sa contribution en ce sens, et ce, malgré une période économique difficile pour le pays.  En plus de l’APD, il a demandé d’aller au-delà des sources traditionnelles de financement et d’explorer toutes les pistes possibles.

Mme KRASSIMIRA BESHKOVA (Bulgarie) a dit que ce sont des données ventilées qui peuvent véritablement permettre de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour sa part, la Bulgarie investit d’énormes ressources financières pour l’autonomisation des enfants, des jeunes et des femmes.  Un projet gouvernemental permet également d’offrir des logements sociaux aux plus démunis en priorité.  Elle a parlé d’un autre projet qui vise à améliorer la qualité de l’air et à lutter contre la pollution.  Dans ce cadre, un fonds d’affectation spéciale garantit un soutien financier aux Bulgares qui achètent des voitures écologiques.  

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a constaté les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 comme en témoignent les 46 examens nationaux volontaires de cette session 2018.  « Nous avons vu nos discours transformés en actions concrètes dans de nombreux objectifs de développement durable. »  En Inde, a ajouté le représentant, s’agissant de l’objectif relatif à l’assainissement, le Gouvernement a lancé le programme d’assainissement le plus audacieux au monde pour mettre fin à la défécation dans la nature.  Plus de 550 millions d’Indiens bénéficient de cet effort.  Concernant l’accès à l’énergie propre et moderne, l’Inde prévoit, d’ici à 2022, la production supplémentaire de 155 mégawatts d’énergie renouvelable.  Avec la France, l’Inde a lancé la coalition mondiale de l’énergie renouvelable.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a souligné que le défi reste la mise en œuvre effective du Programme 2030.  La représentante a demandé aux pays donateurs de respecter les engagements dans le cadre de l’APD à cet égard.  L’élimination de la pauvreté demeure le plus grand défi, a-t-elle poursuivi en constatant l’absence de progrès pour les groupes les plus défavorisés.  Tant que la richesse est concentrée entre quelques mains, les inégalités ne seront jamais réduites, a dénoncé la représentante.  Elle a terminé en notant les efforts de son gouvernement qui a réduit le taux de pauvreté extrême à 7% et qui a augmenté l’accès à l’eau à 91%, avec un objectif de 96% en 2020.  Elle a aussi parlé des progrès dans la fourniture d’énergie propre et moderne dans son pays.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que le temps presse et qu’il faut donc travailler dans l’urgence pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a regretté le fait que la déclaration ministérielle du Forum politique n’ait pas été adoptée par consensus.  En Éthiopie, le Gouvernement a intégré les objectifs de développement durable dans son plan de développement quinquennal.  Le pays entend atteindre 100% d’accès à l’eau potable d’ici à 2025 et il investit en faveur des énergies renouvelables.  Dans le cadre de sa lutte contre les changements climatiques, l’Éthiopie espère parvenir à une économie neutre en carbone d’ici à 2025.  Il a terminé en invitant la communauté internationale à renforcer son engagement en faveur des objectifs de développement durable.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a rappelé que l’une des urgences aujourd’hui est de trouver les fonds nécessaires pour financer le Programme 2030.  Il a avoué que même pour les pays à revenu intermédiaire comme le sien, mobiliser des fonds n’est pas aisé.  C’est pourquoi les pays d’Amérique latine entendent bénéficier du soutien de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Il a ensuite souhaité que le système onusien s’implique davantage sur les questions de réduction des risques de catastrophe.  Il a rappelé qu’El Salvador a été particulièrement affecté par El Niño, ainsi que par des inondations et des phases de sécheresse.  Il a regretté que la Déclaration ministérielle adoptée hier l’ait été sans consensus, se désolant de voir que le consensus qui avait prévalu au moment d’adopter Programme 2030 soit désormais rompu.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a annoncé que le Comité exécutif sur les objectifs de développement durable, créé l’année dernière, a offert une plateforme efficace de coordination au plus haut niveau pour une collaboration directe et soutenue entre le Gouvernement, le secteur privé, le milieu universitaire, la société civile et les partenaires au développement.  Le Comité sert aussi de plateforme pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul sur les PMA.  La Commission tient des réunions régulières avec le Président Abdullah Abdullah.  La coordination entre les parties prenantes s’est véritablement renforcée depuis l’année dernière et les objectifs de développement durable deviennent une partie intégrante du discours officiel sur le développement.  Mais l’Afghanistan est aujourd’hui confronté à une situation où 45% de sa population souffrent d’une insécurité alimentaire aggravée par la dernière sécheresse.  Le Gouvernement a donc lancé, en octobre dernier, l’Agence nationale de la sécurité alimentaire et de la nutrition.  Il a adhéré au Mouvement SUN et commencé à collaborer avec l’Initiative de l’Asie du Sud sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.  Malgré tous les efforts, les améliorations dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’égalité des sexes se heurtent aux obstacles de la situation sécuritaire.  L’Afghanistan reste déterminé à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, tout en gardant ouvertes les portes du dialogue et d’une paix durable.  Il est clair que le rôle des partenaires au développement restera essentiel pour l’Afghanistan, a conclu le représentant.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a fait remarquer que les difficultés de mise en œuvre du Programme 2030 ne datent pas d’aujourd’hui comme les conflits et les changements climatiques.  Elles exigent donc une bonne coopération internationale.  Pour sa part, le Koweït a décidé d’accentuer son aide aux pays connaissant des situations spécifiques.  Le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler ses efforts d’aide au développement.  En guise de partage d’expérience, M. Alotaibi a témoigné de l’utilité de la gestion efficace des ressources naturelles, comme c’est le cas au Koweït, et ce, avant même la découverte du pétrole. 

M. BAKHTIOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que le Gouvernement a mis l’accent sur cinq domaines prioritaires pour la période 2015-2020.  Il mise sur une forte croissance économique.  Pour y arriver, il a créé des zones franches et installé 160 unités industrielles dans le pays.  Des milliers d’emplois ont été créés grâce au dynamisme des petites et moyennes entreprises.  Le Gouvernement a pour sa part mis en place un système de prêt hypothécaire pour soutenir l’activité économique.  En outre, il a lancé la création d’espaces verts pour protéger l’environnement et un système d’aide aux entreprises pour qu’elles intègrent les technologies de pointe.

M. SOVANN KE (Cambodge) a déclaré que son gouvernement avait veillé à aligner l’adoption des objectifs de développement durable avec le cycle à venir du plan national de développement stratégique (2018-2023), dont le suivi est assuré par un mécanisme unique.  Cela rend difficile de faire rapport directement sur les six objectifs à l’examen par le Forum politique de haut niveau.  Il a toutefois mentionné que des progrès avaient été accomplis, notamment s’agissant de l’objectif 6, relatif à la disponibilité et à la gestion durable de l’eau et de l’assainissement, et de l’objectif 7, relatif à la fourniture d’une énergie durable pour tous.  Le Cambodge peut s’enorgueillir d’une distribution d’eau assez étendue, mais fait face à des défis majeurs en ce qui concerne la diversification de son bouquet énergétique et l’exploitation d’énergies propres.  Après avoir passé en revue l’état de mise en œuvre des autres objectifs, le représentant a rappelé que, depuis plus de 20 ans, une économie forte avait fait du Cambodge un leader mondial dans la réduction de la pauvreté, dont le taux est passé de 53,2% en 2004 à 13,5% en 2014.  Son pays, a-t-il également souligné, a reçu un prix des Nations Unies pour avoir réduit de moitié la faim avant la date butoir des objectifs du Millénaire pour le développement.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a annoncé que son pays avait finalisé, avec succès, un document officiel pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable au Bangladesh, assorti d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de ces objectifs.  En outre, un mécanisme de suivi a été mis au point, assorti d’une base de données, a précisé le représentant, qui a affirmé que son gouvernement avait pour intention de transformer la société en s’appuyant sur les technologies de l’information et des communications (TIC) pour faire advenir un « Bangladesh numérique ».  Il n’en reste pas moins que son pays fait face à d’énormes défis, notamment pour mobiliser des ressources financières suffisantes, alors que le coût annuel moyen de la mise en œuvre du Programme 2030 y est évalué à 66,32 milliards de dollars.

Mme MAKBULE BAŞAK YALÇIN (Turquie) a indiqué que le plan de développement 2019-2023 de la Turquie est calqué sur le Programme 2030.  Elle s’est félicitée du fait que presque 100% de sa population ait accès à l’électricité.  Le Gouvernement a également amélioré la fourniture de logements sociaux, notamment en facilitant l’accès aux crédits bancaires.  Mme Yalcin s’est par ailleurs réjouie du fait de l’engagement de la Turquie en faveur du développement international, le pays consacrant en effet 0,9% de son revenu national brut à l’APD, selon des données de 2016.  « Renforçons les partenariats internationaux », a lancé la représentante d’un pays qui se targue d’être le premier pourvoyeur de l’assistance humanitaire.  La déléguée a aussi rappelé que la nouvelle Banque de technologies pour les pays les moins avancés a son siège en Turquie.

M. MA ZHAOXU (Chine) a appelé à une meilleure gouvernance économique mondiale, notamment en offrant plus de possibilités aux pays en développement de faire entendre leur voix.  Il a invité les pays du monde à créer des économies ouvertes et à faire preuve d’innovation pour créer des emplois.  Il a noté que l’unilatéralisme récemment manifesté par certains pays est en train de saper la croissance mondiale, disant que la Chine s’oppose à cet unilatéralisme et au protectionnisme commercial et rappelant que son pays est disposé à œuvrer pour le triomphe du multilatéralisme.  Cette année marque le quarantième anniversaire de l’ouverture de la Chine.  Cela fait donc 40 ans que le pays contribue largement à la croissance de l’économie mondiale, s’est-il enorgueilli avant de saluer les bénéfices du projet infrastructurel « la Ceinture, la Route » que son pays met en œuvre dans plusieurs régions du monde.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a souligné l’importance pour les États d’avoir des données de qualité, actualisées et ventilées pour mieux comprendre non seulement les progrès qui ont été faits mais aussi les défis qu’il faut relever dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il faut donc renforcer la capacité des institutions nationales de rassembler, gérer et analyser les données et cela est particulièrement important pour les pays qui se soumettent à l’examen volontaire national.  Le représentant a estimé que le thème de cette année est on ne peut plus essentiel pour les petits États insulaires comme les Maldives, intrinsèquement vulnérables à l’impact des changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques externes.  Reconnaissant la nécessité de transformer la vulnérabilité en résilience et de renforcer les capacités pour pouvoir récolter les fruits du développement durable, les Maldives ont lancé plusieurs projets à large portée.  Le représentant a en effet insisté sur le caractère édifiant de l’examen national volontaire auquel son pays s’est soumis l’année dernière et qui a permis de se rendre compte que les objectifs de développement durable ne pourront être réalisés qu’à travers une forte collaboration entre le Gouvernement, les institutions publiques, le secteur privé, la société civile et le citoyen ordinaire.  Le représentant a conclu en rappelant l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa prévu l’année prochaine et en mettant l’accent sur l’importance des partenariats pour surmonter les obstacles à la réalisation du développement durable.

Mme SALLY DAVIES (Royaume-Uni) a dit que son gouvernement continuera à apporter son aide pour le développement international.  La réunion prévue la semaine prochaine à Londres sur les personnes handicapées sera une occasion de les inclure dans le Programme 2030, a-t-elle assuré.  Mme Davies a ensuite souligné l’importance de la collecte de données qui sera aussi une priorité du Royaume-Uni.  En outre, le Gouvernement poursuivra son appui à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il donne aussi 61 millions de livres sterling pour gérer le problème des déchets plastiques dans les océans, a-t-elle dit en signalant aussi l’adoption de la charte bleue de protection des océans.  Par ailleurs, le Gouvernement organisera en octobre prochain la conférence internationale sur le commerce illégal d’espèces sauvages.  Mme Davies a réitéré l’importance de l’égalité des sexes qui est une grande priorité du Royaume-Uni.  Elle a indiqué qu’il faudrait agir ensemble contre la résistance aux antibiotiques qui est une menace directe à tous les objectifs de développement durable.

M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a dit que son pays avait mis en place un cadre de concertation nationale multipartite pour s’approprier les objectifs de développement durable, vantant aussi la prise en compte de ces objectifs dans le plan national de développement (PND) 2016‐2020.  « L’ambition du Gouvernement est de faire de la Côte d’Ivoire un pays à revenu intermédiaire avant 2020. »  Ce qui l’a amené à énumérer les projets qui conduiront à la réalisation de cet objectif, notamment le projet d’alimentation en eau d’Abidjan et l’adoption d’une loi sur l’énergie renouvelable.  D’autres mesures ont été prises pour la protection de l’environnement et de la biodiversité.  La Côté d’Ivoire se soumettra à l’examen national volontaire en 2019, a annoncé M. Brou. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a souligné que son pays est bien parti pour réaliser tous les objectifs de développement durable.  Les plans nationaux de développement sont calqués sur ces objectifs internationaux, et le pays a ainsi mis en place un conseil national sur les objectifs de développement durable, établissant aussi une structure qui assure le suivi de la mise en œuvre des objectifs.  Le pays se tient prêt à partager son expérience et est ouvert à toute collaboration pour une meilleure mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

M. MOHAMMED HUSSAIN KATHOM ALESSAWI (Iraq) a indiqué que son gouvernement est engagé en faveur des objectifs de développement durable, malgré l’occupation de certaines régions du pays par Daech qui a détruit les infrastructures.  Cette occupation a eu des impacts négatifs sur la réalisation des objectifs de développement durable, notamment dans les zones qui étaient sous occupation.  Un plan de reconstruction des zones libérées a été élaboré, a-t-il indiqué.  Si le calme est revenu, l’insécurité actuelle dans le pays est surtout économique, a-t-il précisé.  Il a donc appelé la communauté internationale à appuyer le pays sur la voie de sa reconstruction. 

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a dénoncé les attaques contre les principes de la Charte des Nations Unies comme la souveraineté et l’intégrité territoriale.  Le représentant a pointé du doigt les mesures prises par certains pays contre le Venezuela, y compris les mesures visant à contrôler ses richesses naturelles.  Le Programme 2030 exige l’effort de tous, a-t-il rappelé en assurant que le Venezuela est disposé à travailler dans ce sens.  « Il faut rétablir l’esprit de solidarité », a prié le représentant. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a dit que son modèle de développement repose sur la sagesse des peuples autochtones.  « Le résultat est aujourd’hui palpable. »  La croissance économique est de 4% par an, tandis que les inégalités se sont réduites.  L’accès à l’eau est devenu un droit fondamental inscrit dans la Constitution.  Plus de 85% des Boliviens ont accès aujourd’hui à l’eau potable.  La mortalité maternelle et infantile a été réduite de 52% en 10 ans.  Ces mesures ont été possibles parce que le Gouvernement a rendu les ressources naturelles aux peuples, a expliqué la représentante.  Vantant les progrès décisifs réalisés par son pays, elle a dit que la seule manière d’atteindre le développement durable est de promouvoir un style de vie en harmonie avec la nature, de changer le modèle capitaliste, et d’éviter la consommation excessive.

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a indiqué que son pays avait mis en place un système de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Gouvernement entend garantir à tous les citoyens qu’ils bénéficient des retombées de la croissance, dans le respect du principe de « ne laisser personne sur la touche ».  En outre, des efforts sont faits pour assurer un accès universel aux ressources en eau, le pays accordant du prix à une bonne gestion des ressources hydriques.  L’amélioration de la qualité de l’air est également une priorité en Géorgie, ainsi qu’une bonne gestion des déchets et des mesures pour favoriser les transports durables.  Pour parvenir à des résultats probants, le Gouvernement géorgien entend renforcer ses capacités statistiques, a ajouté la représentante.

Il est bien connu, a déclaré M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine), que mon pays lutte pour assurer la stabilité et la sécurité à cause de l’agression étrangère en cours et de l’occupation provisoire de plusieurs parties du territoire.  Malgré tout, a assuré le représentant, l’Ukraine s’est embarquée dans la nationalisation du Programme 2030 et l’a incorporé dans le contexte national.  En partenariat avec le Bureau des Nations Unies en Ukraine, 17 sous-groupes d’experts se sont efforcés d’adapter les indicateurs mondiaux au contexte national.  Les consultations nationales ont réuni près de 500 participants des institutions gouvernementales, des agences de l’ONU, du monde universitaire et de la société civile.  Le fruit de ces travaux est le rapport national intitulé « Objectifs de développement durable: Ukraine » qui sera présenté en septembre prochain.  Le document contient 86 cibles nationales et 172 indicateurs de mise en œuvre. 

Plus que nulle autre au monde, a souligné le représentant, l’Ukraine connaît le prix de la faim.  Elle marquera d’ailleurs, en novembre prochain, la Journée des victimes d’Holodomor, cet affamement artificiel organisé par le régime communiste qui a ôté la vie à des millions d’Ukrainiens.  L’Ukraine ne peut donc fermer les yeux devant les plus de 850 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde et est prête à offrir son aide sur les questions de sécurité alimentaire.  Il y a deux ans, a encore indiqué le représentant, l’Ukraine a franchi une étape importante avec le Plan d’action des Nations Unies sur Tchernobyl à l’horizon 2016 et la Décennie de la reconstruction et du développement durable des régions affectées.  Mais il est clair qu’il faut un effort continu pour maintenir la question en tête des agendas des agences de l’ONU et de la communauté internationale.  L’Ukraine sait combien le développement durable dépend de la paix et de la sécurité et milite pour que tous les objectifs soient accolés à ceux du règlement pacifique des conflits.

M. JAN KICKERT (Autriche) s’est dit fier de voir son pays parmi les 10 premiers de l’Index des objectifs de développement durable.  Nous sommes néanmoins conscients qu’il faut faire plus pour les réaliser tous d’ici à 2030, a reconnu le représentant.  Il a dit revenir de la Conférence de haut niveau sur l’eau qui vient de se tenir à Douchanbe où il a réitéré la disposition de son pays à partager sa longue tradition de gestion de l’eau.  L’eau n’est pas seulement une question de vie ou de mort mais aussi une question de dignité et de droit de l’homme, a estimé le représentant.  La semaine dernière, a-t-il ajouté, l’Autrice a organisé une manifestation parallèle sur le nexus eau-forêts.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur « l’excellent » partenariat entre son pays, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et l’initiative Énergie durable pour tous qui a conduit à la création d’un réseau des centres régionaux d’énergie durable.  Le réseau aide les pays et les organisations régionales à surmonter les obstacles à l’ouverture des marchés de l’énergie durable.  Le représentant a aussi annoncé la tenue, en septembre prochain, du symposium « L’espace pour les objectifs de développement durable » coorganisé avec le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies.  Il s’agira de discuter de la contribution des activités spatiales au développement durable, a-t-il indiqué, avant d’insister sur le lien indiscutable entre le Programme 2030 et la protection et la promotion des droits de l’homme.

M. SYLVAIN KALSAKAU (Vanuatu) a souligné que les changements climatiques constituent toujours la plus grande menace à la réalisation des objectifs de développement durable dans son pays.  Le cyclone Pam qui s’est abattu sur l’île en mars 2015 est toujours un rappel cinglant des conséquences dévastatrices que des changements climatiques non combattus peuvent avoir sur les acquis du développement: faire reculer les pays, détruire la qualité de vie, interrompre les efforts de lutte contre la pauvreté et compromettre gravement la croissance économique.  Une action engagée pour combattre ce phénomène et son impact dévastateur est incontournable pour créer la résilience des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés (PMA).  Vanuatu devrait d’ailleurs sortir de la catégorie des PMA en décembre 2020.  Il compte donc sur des mesures renforcées d’aide internationale au moment de sa transition vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Vanuatu attend aussi avec intérêt l’examen à mi-parcours, en 2019, des Orientations de Samoa, a affirmé le représentant.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que des progrès avaient été accomplis dans la mise en œuvre du Programme 2030, mais que des défis demeurent.  Les autorités belges, fédérales, locales et régionales, continuent, sous l’impulsion de l’examen national volontaire mené l’an dernier, de prendre des mesures pour parvenir à une transformation durable de la société.  Les TIC, la connectivité et l’innovation technologique sont les catalyseurs d’un changement durable, a-t-il affirmé, avant de souligner l’importance de reconnaître l’interdépendance en paix, sécurité et développement. Pour le représentant, le défi est à la fois individuel et collectif, et il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à réaliser les objectifs de développement durable. 

Mme BECK (Danemark) a affirmé la priorité du Programme 2030 dans son pays.  Elle a insisté sur le fait que les villes de l’avenir passent par de nouvelles solutions: elles nécessitent des plans à long terme qui tiennent compte des problèmes de mobilité.  « Toute transition durable concerne tout le monde et passe par des modes de consommation et de production durables », a-t-elle constaté avant de vanter les mérites des économies circulaires.  La représentante a également plaidé en faveur de partenariats intergénérationnels entre les 193 États Membres.  Elle a regretté qu’il n’y ait pas plus de délégués jeunes au sein des délégations représentées à cette session, en dénombrant seulement 10 délégations qui en ont et en soulignant qu’il ne s’agit que de pays européens.  « Les jeunes demandent à être impliqués comme partenaires et comme commanditaires de la réalisation des objectifs de développement durable; ils ne veulent plus être confinés uniquement à un statut de bénéficiaires du Programme 2030. »   Elle a regretté qu’aujourd’hui cette participation des jeunes reste un privilège et qu’elle ne soit pas un droit.

Mme MAHLEEHA LHODI (Pakistan) a dit que nous sommes dans une course contre la montre pour mener à bien le développement durable.  Tous les objectifs et les cibles ne reçoivent pourtant pas tous l’attention voulue.  La région Asie-Pacifique est en voie de rater le rendez-vous de 2030, notamment en ce qui concerne les objectifs sur la réduction des inégalités, la vie terrestre et les institutions efficaces.  L’objectif le plus important, celui de l’élimination de la pauvreté, est le plus à la traîne.  Il faut améliorer la réponse et prendre des engagements ciblés, a suggéré la représentante.  Elle a rappelé que les États sont les premiers responsables de la mise en œuvre du Programme 2030.  La Vision 2025 du Pakistan inclut tous les objectifs de développement durable. 

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste) a dit attendre avec impatience l’examen national volontaire auquel son pays a promis de se soumettre l’année prochaine.  L’amélioration des institutions démocratiques et la bonne gouvernance étant « impératives » pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la représentante s’est dite heureuse d’annoncer que son pays vient de tenir ses toutes premières élections présidentielle et législatives, sans aide extérieure.  Notre huitième gouvernement constitutionnel vient de s’installer, s’est réjouie la représentante, avant de s’attarder sur les progrès remarquables que son pays a enregistrés, s’agissant de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’électricité et au logement.  Des investissements durables, a-t-elle ajouté, ont été faits dans le secteur de l’agriculture alors que la gestion durable des forêts et la préservation de la biodiversité représentent un objectif central du développement du pays.  Le Timor-Leste a d’ailleurs adopté sa stratégie et son plan d’action sur la biodiversité 2011-2020.  Au niveau sous-régional, il est membre fondateur de l’Organisation asiatique pour la coopération sur les forêts (AFOCO) qui attend d’autres ratifications pour entrer en vigueur.  Classé parmi les pays les moins avancés (PMA), le Timor-Leste se félicite de la création de la Banque des technologies.  Nous sommes fiers, a conclu la représentante, qu’un ambassadeur des jeunes timorais ait pu embarquer sur le « bateau de la paix » et participer aux discussions sur les partenariats stratégiques sur les océans et les changements climatiques avec d’autres ambassadeurs des jeunes.

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a dit que son gouvernement déploie des efforts importants pour échapper au piège de la pauvreté.  « En dépit des défis persistants, nous mettons en œuvre le Programme 2030 qui a été repris dans le programme national de développement.  Nous sommes en train de rédiger le plan de développement durable qui couvre tous les domaines socioéconomiques. »  Le Gouvernement s’est en outre doté d’une politique de gestion des ressources hydriques qui ont des liens directs avec l’alimentation.  Des efforts sont entrepris pour l’accès à l’électricité, aux logements durables et en faveur de la protection de l’environnement.  Le monde ne va pas atteindre les objectifs de développement durable faute de financement et à cause des changements climatiques, a prédit le représentant qui a indiqué qu’il n’y a plus de temps à perdre. 

M. FRANCOIS MARTEL, Secrétaire général du Forum pour le développement des îles du Pacifique (FDIP), a souligné que les petits États insulaires du Pacifique sont confrontés à des défis comme les changements climatiques et la déperdition des ressources, la croissance urbaine et les menaces posées à la santé et à la sécurité alimentaire.  Pour ces pays, la résilience a été rendue obligatoire par les changements climatiques.  Ces pays demandent donc une action urgente et de l’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, menacés qu’ils sont dans leur survie et leur existence même.  Pour ces pays, il n’y aura pas de développement durable sans résilience et intelligence face au climat.  En 2015, les leaders du Pacifique ont adopté une charte et lancé un forum multipartite Sud-Sud qui devraient assurer une large participation du public dans le processus régional de prise de décisions sur le Programme 2030 et « La Voie à suivre de Samoa ».

Avec ses 14 membres, le FDIP se concentre sur un modèle unique de « croissance verte dans des économies bleues », conformément aux principes du développement durable.  Au début de cette année, le FDIP et ses partenaires ont piloté l’Initiative de résilience aux Palaos, aux Fidji et dans les Îles Marshall, avec l’appui du programme de dons du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il s’agit maintenant d’exploiter les résultats de ces projets pilotes et de les étendre à d’autres États insulaires du Pacifique mais aussi des Caraïbes.  Le FDIP a aussi créé un centre vert des affaires pour le Pacifique qui est une plateforme numérique pour diriger les investissements privés et publics vers des projets de la société civile et des gouvernements. 

M. OSCAR R. DE ROJAS, Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, a rappelé son engagement auprès des pauvres depuis plus de 900 ans et actuellement dans le cadre de 2 000 projets déployés dans plus de 120 pays.  Il a détaillé l’assistance offerte aux réfugiés, migrants et déplacés, en particulier en Afrique et au Moyen Orient.  En Syrie, les réfugiés sont traités dans un hôpital de campagne à la frontière avec la Turquie.  « Nos équipes de sauvetage en Méditerranée sont en outre souvent les premières à porter secours aux réfugiés et migrants embarqués sur des bateaux », a-t-il ajouté avant de donner aussi des exemples de ce que fait l’Ordre souverain de Malte au Soudan du Sud, en Bolivie, en République centrafricaine, en RDC, au Kenya, en Ouganda et au Mali.  L’Observateur permanent a conclu en exprimant ses inquiétudes quant à l’augmentation de la traite des personnes en lien avec les flux migratoires, une cause que l’Ordre défend par le biais de deux ambassadeurs basés à Genève et à Nairobi.

M. MENANN-KOUAME, Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a estimé que la révolution numérique est une opportunité dont devrait se saisir l’ensemble des populations du monde pour faire « ce bond qualitatif » vers un mieux-être et un mieux-vivre.  Cette révolution, s’est-il expliqué, a permis de faciliter l’accès à l’éducation, à la santé, aux biens et services publics.  C’est instruit de toutes ces avancées enregistrées, assez rapidement, que le représentant s’est autorisé à envisager avec optimisme l’atteinte des objectifs de développement durable.  Mais, a-t-il prévenu, les Nations Unies doivent davantage s’intéresser aux obstacles potentiels au développement social qui pourrait naître de la fulgurante évolution du « tout numérique ».  Il s’agit de veiller à ce que les innovations et l’interconnectivité n’accroissent pas les inégalités sociales, par l’ampleur de la fracture numérique, la précarisation du travail, le remplacement accéléré de l’homme par la machine ou l’intelligence artificielle ou encore les risques en matière de cybercriminalité.  Ces enjeux ont d’ailleurs poussé l’AICESIS à réfléchir à l’impact de la révolution numérique sur l’avenir de l’humanité durant les prochaines années pour pouvoir faire des propositions aux gouvernements. 

Mme SALL-BEYE, de l’Union internationale des télécommunications, a repris les propos du Secrétaire général de l’UIT qui a dit « que le monde a besoin des objectifs de développement durable, et ces objectifs ont besoin de TIC (technologies de l’information et des communications ».  L’UIT réaffirme son soutien à tous les pays dans leurs efforts de numérisation et pour l’application de nouvelles mesures sur les TIC dans des domaines essentiels comme les villes intelligentes, la santé, l’entrepreneuriat numérique, les déchets numériques (e-waste), l’agriculture ou encore le e-gouvernement.  La représentante a souligné avec quelle détermination les pays saisissent les opportunités offertes par la révolution numérique, notamment par l’Internet.  Elle a insisté sur l’importance des infrastructures adéquates qui font partie des quatre « i » qui contribuent à réduire le fossé numérique, les trois autres étant l’innovation, l’investissement et l’inclusivité.  L’UIT salue l’initiative du Secrétaire général de mettre en place le Groupe de travail de haut niveau sur la coopération numérique.

M. CONNOR STRONG, de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), a souligné que la nature est fondamentale pour le bien-être des hommes et pour le développement durable.  Malheureusement, a-t-il constaté, la nature subit une pression extrême en ce moment, et la biodiversité se perd à un rythme alarmant du fait de multiples facteurs comme l’extinction des espèces et la dégradation des écosystèmes.  Il a relevé que la dernière édition de la liste rouge des espèces en danger de l’UICN prévient que plus de 26 000 espèces sur les 94 000 de la liste sont menacées d’extinction.  Si cela arrivait, a-t-il averti, il y aurait un impact majeur sur la santé et le fonctionnement des écosystèmes.  Il a donc appelé à accélérer le rythme des actions menées en vue de mieux protéger la nature.  

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que les énergies renouvelables sont devenues la source d’énergie la moins chère dans un grand nombre de pays, alors que plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité dans le monde et que trois millions de personnes n’ont pas de solutions de cuisson propres.  En se basant sur l’expérience nationale des Émirats, elle a noté que l’éradication de la pauvreté et la croissance économique dépendent de sources d’énergie abordables et fiables.  Comme autre domaine à la traîne, elle a cité la protection de la biodiversité et la gestion des ressources en eau.  Les Émirats estiment que l’ONU devrait proposer des solutions pour réduire les écarts ou retards dans la réalisation de certains objectifs, rappelant que les agences onusiennes sont bien placées pour articuler de telles stratégies, notamment à travers des mécanismes onusiens comme ONU-Énergie; ONU-Eau ou encore ONU-Transport.  La représentante s’est toutefois dit confiante que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement permettra d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes identifiés par le Forum politique.  Dans la mesure où il faut agir au niveau des pays, elle salue le rôle renforcé des coordinateurs résidents.  Elle en a profité pour annoncer la contribution prévisible et pluriannuelle des Émirats au fonds prévu pour le financement du réseau de ces coordinateurs à hauteur de 500 000 dollars par an jusqu’en 2030.

Mme GABRIELA CUEVAS BARRON de l’Union interparlementaire (UIP) a rappelé que son organisation rassemble pas moins de 46 000 députés du monde entier.  Elle a noté que la démocratie et le développement sont les solutions aux défis du monde, en soulignant que « nous ne pouvons transformer le monde qu’en commençant par nos propres communautés ».  C’est donc le rôle de ces élus qui sont, a-t-elle aussi souligné, ceux en charge de la ratification des accords internationaux.  Les parlementaires sont donc incontournables pour le multilatéralisme et l’application des lois.  L’UIP a produit un manuel diffusé dans tous les pays, afin de fournir aux représentants du peuple les mécanismes d’évaluation nécessaires pour mesurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué qu’actuellement, 1,2 milliard de personnes dépendent directement de la gestion efficace et de la durabilité d’un environnement sain, en particulier pour les emplois dans l’agriculture, la pêche et la foresterie qui dépendent des services et des processus naturels.  La dégradation de l’environnement menace les écosystèmes et les emplois qui dépendent d’eux.  Les travailleurs des pays à faible revenu et des petits États insulaires en développement, les travailleurs ruraux, les pauvres, les peuples autochtones et tribaux et les autres groupes vulnérables sont particulièrement affectés par les changements climatiques.  La transition vers l’économie verte n’est donc pas seulement urgente mais est aussi nécessaire au travail décent.  Créer un travail décent tout en faisant la promotion de la durabilité environnementale est une question de choix politique.  Les directives de l’OIT pour une transition vers des économies et des sociétés écologiquement durables qui bénéficient à tous donnent un cadre politique et constituent un outil pratique afin d’aider les pays à tous les niveaux de développement à gérer la transition vers des économies à faible carbone.         

M. LUCAS TAVARES, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que si plus de 800 millions de personnes sont sous-alimentées, un tiers de la nourriture produite est gaspillée ou perdue.  L’urbanisation rapide signifie qu’il faut davantage de nourriture, de protections sociales et d’opportunités pour les citadins.  L’extrême pauvreté est également concentrée dans les zones rurales, affectant particulièrement les femmes, les enfants et les jeunes, ainsi que les agriculteurs familiaux et les populations autochtones.  Une nouvelle alliance urbaine rurale est nécessaire pour garantir des systèmes alimentaires inclusifs et durables, a-t-il dit.  Il a aussi fait remarquer que de tels systèmes peuvent améliorer la quantité de nourriture et la qualité des régimes alimentaires.  La transformation des systèmes alimentaires est également nécessaire pour veiller à ce que l’agriculture soutienne l’utilisation et la gestion durables des ressources naturelles.

M. ASHRAF EL NOUR, représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a attiré l’attention sur le lien entre migrations et environnement.  Il a également demandé que les migrations soient prises en compte dans la dimension urbaine du développement, pour promouvoir l’avènement de communautés inclusives et productives.  L’OIM travaille sur les moyens envisageables pour apporter un soutien pragmatique dans ce domaine aux autorités locales.  Parmi ses autres activités phares, le représentant de l’OIM a cité le partenariat qui est actuellement en cours de préparation entre l’Economist Intelligence Unit (EIU) et les indicateurs de gouvernance des migrations (IGM).   Dans ce contexte, l’OIM a élaboré, en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, un indicateur sur « le nombre de pays qui appliquent des politiques sur la migration bien gérée ».  Cet indicateur s’inscrit dans le contexte de la cible 10.7 des objectifs de développement durable.  Avec l’adoption du Pacte mondial pour les migrations, 2019 sera une année importante pour l’OIM qui cherche à capitaliser sur les synergies entre les mécanismes existants, comme le Forum politique de haut niveau, pour assurer un suivi des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.

M. MARCO TOSCANO-RIVALTA, représentant du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR), a souligné que l’importance de la communication sur les risques liés aux catastrophes était importante, tout comme la mise en œuvre, par les États Membres, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.  Il a promis que son bureau allait continuer d’appuyer les États dans cette optique.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a prôné un développement industriel qui permet de réduire l’empreinte écologique, appuyant ainsi la mise en œuvre des objectifs 6, 12 et 15 de développement durable.  Pour le représentant, si les industries se tournent vers des sources d’énergie renouvelables, elles pourront accompagner les pays vers l’abandon des hydrocarbures, sources de pollution et, de facto, du réchauffement de la température terrestre.

Mme MARINE DAVTYAN, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida - ONUSIDA, a indiqué que la réponse efficace au sida, c’est l’inclusion sociale et la création de villes durables.  Une riposte efficace au sida peut constituer une plateforme utile pour faire progresser le développement urbain, promouvoir une meilleure santé, l’inclusion sociale et l’égalité des sexes.  Inversement, des villes sûres, saines et durables peuvent apporter une contribution essentielle aux efforts de lutte contre le sida.  En décembre 2014, les directeurs exécutifs d’ONUSIDA et d’ONU-Habitat, le maire de Paris et l’Association internationale des fournisseurs de soins contre le sida ont lancé conjointement la Déclaration de Paris sur les villes accélérées qui veut mettre fin à l’épidémie de sida. 

Depuis, plus de 250 villes et municipalités du monde entier se sont engagées à accélérer leurs ripostes au sida pour atteindre les objectifs 90-90-90 et d’autres objectifs d’ici à 2020 et pour remédier aux disparités en matière d’accès aux services de base, de justice sociale et économique.  À cette fin, les villes adoptent des approches novatrices pour atteindre les populations touchées, stimuler le dépistage du VIH et le diagnostic précoce, optimiser les liens avec les traitements et les soins, mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination et combler les lacunes selon les besoins de chaque ville.  En outre, le Nouveau Programme pour les villes a embrassé l’engagement de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  La représentante a réitéré que la riposte mondiale au sida se trouve dans une situation précaire.  L’action peut maintenant nous remettre sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2020.  « L’ONUSIDA appelle les États Membres et toutes les autres parties prenantes à accélérer et intensifier leurs efforts afin que nous puissions réaliser notre engagement commun. »

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a dit que le Programme 2030 a été intégré au plan national de développement de la Tunisie, en mettant un accent particulier sur l’accès à l’eau et à l’énergie.  Le Gouvernement œuvre pour rationaliser l’utilisation efficace des ressources hydriques par la création de barrages et la désalinisation.  S’agissant de l’accès à l’énergie propre et moderne, le Gouvernement a mis en œuvre une politique qui encourage l’investissement privé dans ce secteur.  Pour ce qui est de l’objectif 11 sur les établissements humais, il a mis en œuvre un plan d’aménagement territorial respectant l’équilibre entre campagne, villes et environnement.  Pour relever l’objectif 12 sur la consommation et la production durables, le Gouvernement encourage l’économie verte.  Enfin, pour atteindre l’objectif 15 sur les écosystèmes terrestres, la Tunisie s’est engagée dans une lutte contre la pêche maritime, et contre la désertification et l’érosion.  La Tunisie se présentera en 2019 devant le Forum politique pour l’examen national volontaire, a annoncé le représentant.

La représentante du grand groupe des femmes a argué que parvenir à l’égalité entre les sexes requiert la solidarité internationale et des actions orientées sur les besoins locaux.  Elle a relevé qu’alors que 8 des 17 objectifs de développement durable font clairement référence à des engagements en faveur des femmes et des filles, la réalisation de tout le Programme 2030 aura des implications sur la vie des femmes et des filles.  Le grand groupe des femmes prône une plus grande participation des femmes à la prise de décisions sur tous les sujets de société, de la question de l’accès à l’eau à la protection des forêts ou la sécurité dans les centres urbains.  Sur tous ces sujets, les femmes ont de l’expertise et devraient de ce fait se retrouver à la table où les décisions sont prises.  Elle a plaidé pour que les gouvernements financent des collectes de données tenant compte, au moins, des facteurs sexe et âge, expliquant que « cela permettra de voir effectivement qui est laissé de côté ».  Elle a également appelé à lutter contre les stéréotypes sexistes, le travail non rémunéré des femmes, tout en plaidant pour des budgets tenant compte de l’approche genre, sans oublier de protéger les droits des femmes et d’assurer la responsabilisation des dirigeants dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. DEJAN BOJANIĆ, représentant du grand groupe des enfants et des jeunes, a rappelé que ces deux groupes sociaux sont « les gardiens de nos sociétés ».  Il a rappelé les propos du Secrétaire général à la clôture du Forum politique de haut niveau, hier, qui avait appelé à la « mobilisation du pouvoir transformateur dans jeunes ».  Le représentant a aussi plaidé pour que les enfants les plus marginalisés soient écoutés et soutenus.  Il a appelé à placer le bien-être de tous les enfants et les jeunes au cœur de nos actions.   

Mme BLICKLEY, International Federation for family development, a expliqué que cette organisation a pour objectif d’examiner les moyens, pour les villes modernes, de devenir résilientes.  Elle évalue leurs atouts qui permettent aux familles de s’y établir et d’y mener une vie saine.  Le représentant a suggéré notamment que l’aménagement des villes tienne compte de la situation des familles et des groupes sociaux, prévoie une certaine flexibilité urbaine et offre des services sociaux pour tous.  Cet aménagement doit aussi faciliter le logement des citadins, notamment par le biais de la promotion de solutions de cologements, la création de logements économisant l’énergie, et l’offre de logements abordables pour les jeunes. 

M. CARVALHO, grand groupe des organisations non gouvernementales, a estimé que le monde n’était pas sur la bonne voie de la réalisation du Programme 2030.  « Il faut réorienter notre marche et redevenir plus ambitieux », a-t-il plaidé.  Le représentant s’est dit préoccupé que le Forum politique n’ait pas de mandat comme le Conseil des droits de l’homme.  Il est aussi inquiet de voir que, au Forum politique, l’espace alloué à la société ne cesse de se réduire.  Il a dénoncé les deux minutes de déclaration accordées pendant le débat général pour chaque entité de la société civile.  « Le Forum n’a pas respecté son engagement.  Ce qui se passe est le témoin d’une crise. »  Il a exhorté le Forum à « en finir avec les forces qui ont attaqué le système multilatéral ».

M. DANILO PARMEGIANI, représentant de « Legiao da Boa Vontade » (la légion des bonnes volontés), une ONG brésilienne de lutte contre la pauvreté qui est présente dans de nombreux pays d’Amérique latine et aux États-Unis, a salué le travail des milliers de leurs volontaires sur le terrain.  Leur action a eu un impact sur la vie de 600 000 personnes en 2017, a-t-il déclaré.  Il a souligné que ce pouvoir des populations pourra efficacement accompagner les Nations Unies sur la voie de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Trois étudiants, JENSEN, ELZINGA et ASHENAFT, ont pris la parole au nom des communautés des montagnes, en lieu et place de l’Académie russe des sciences naturelles.  Ils ont rappelé que 39% des populations des montagnes des pays en développement vivent dans l’insécurité alimentaire.  Des étudiants de l’Université Valley, située dans l’État de l’Utah (États-Unis), ont mené des travaux pratiques dans les communautés de montagne afin d’apporter leur appui aux populations y vivant.  Les étudiants ont créé le forum international des montagnes de l’Utah et ont pu mobiliser 250 000 dollars pour des projets de développement dans les montagnes locales.  Cette initiative, ont relevé les orateurs, laisse voir que les étudiants peuvent et doivent jouer un rôle actif dans la mise en œuvre du Programme 2030.

Mme RIEFQAH JAPPIE, Centre du commerce international, a rappelé que son rôle est d’aider les petites et moyennes entreprises des pays en développement à être compétitives sur le marché international.  Elle a déploré la détérioration du multilatéralisme ces deux dernières années et a insisté sur le fait que la coopération multilatérale devrait être un élément pour encourager la productivité et la performance des entreprises.  « Il faut corriger le tir », a-t-elle dit.  « Il faut que le multilatéralisme fonctionne pour tout le monde. »

M. JAYESH JOSHI, de l’Organisation Vaagdhara dont le but est de définir des stratégies qui permettent de construire des communautés autochtones viables et résilientes dans l’ouest de l’Inde, a plaidé pour la souveraineté tribale et la sauvegarde de l’identité de ces communautés avec une dignité sociale.  Les mesures qu’il a préconisées sont notamment la promotion de pratiques agricoles écologiques et durables qui tiennent compte du savoir-faire traditionnel, rejetant catégoriquement le recours aux pesticides, le but étant l’autosuffisance de ces communautés.  L’organisation met également l’accent sur l’obligation du gouvernement de rendre des comptes sur les allocations budgétaires favorisant le développement tribal.

M. ROBERTO BORRERO, grand groupe des peuples autochtones, a souligné que les connaissances des peuples autochtones peuvent servir à lutter contre les changements climatiques.  Mais pour soutenir la durabilité des peuples autochtones, les États Membres doivent reconnaître leurs droits fondamentaux et leurs droits au développement.  Les politiques de développement des gouvernements ne doivent pas nuire aux droits des peuples autochtones, a prôné le représentant, mais doivent plutôt viser à réduire les inégalités et coopérer avec eux.  Les États Membres doivent respecter les droits de l’homme des peuples autochtones quelles que soient les circonstances, a-t-il martelé.

Au nom du grand groupe des travailleurs et des syndicats, Mme CRAVIOTTO, Confédération syndicale internationale (CSI), a déclaré que les travailleurs et les syndicats appellent à une transition « juste, rapide et équitable » vers des sociétés socialement responsables et écologiquement viables.  La transition doit se concentrer sur le travail décent et veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, dans un effort collectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de protéger le climat et la biodiversité et de promouvoir la justice sociale et économique.  La tendance à la diminution de la part des salaires dans le PNB mondial doit être inversée de toute urgence.  Un accès soucieux de l’égalité des sexes à l`éducation, à la santé et aux services sociaux, y compris pour les migrants et les réfugiés, est essentiel pour créer un développement socioéconomique durable et lutter contre la pauvreté et les inégalités.  Il faudra, a poursuivi la représentante, des investissements importants pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Les travailleurs et les syndicats sont convaincus que des investissements publics ayant en leur cœur les biens publics mondiaux sont l’instrument de choix. 

Nous sommes donc profondément préoccupés, a avoué la représentante, par la tendance accrue à la privatisation des secteurs publics, même à travers les partenariats public-privé.  On ne peut en aucun cas les considérer comme une façon plus rapide de mettre (en œuvre) le Programme 2030, alors qu’ils compromettent la qualité, l’égalité et les droits de l’homme et induisent souvent des coûts additionnels sur le long terme.  Les gouvernements doivent appuyer les cadres régulatoires et politiques requis pour veiller à ce que le secteur privé contribue au respect des droits de l’homme et définir des objectifs nationaux liés au Programme 2030, conformes à l’intérêt public.  Un monde à « zéro carbone » et « zéro pauvreté » est à portée de main mais il exige des efforts collectifs et inclusifs ambitieux, a conclu la représentante.

M. REGINALD VACHON, représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technologique, a rappelé certaines réalités inéluctables comme le fait que la population mondiale va augmenter de 2,5 milliards de personnes d’ici à 2050, dont 90% en Afrique et en Asie et essentiellement en milieu urbain.  Par conséquent, il a encouragé l’ONU à promouvoir des cadres basés sur des normes pour garantir un développement qui aligne les services en termes d’infrastructures sur la planification urbaine.  Il a également mis en avant le rôle clef de la science, la technologie et l’ingénierie dans la transformation en cours vers des sociétés durables et résilientes.  L’ONU devrait donc pousser les États à investir dans ces trois domaines, en particulier dans les PMA.  Il a demandé que l’ONU soutienne les activités menées par son groupe pour promouvoir la coopération internationale dans ces trois domaines; et que l’ONU favorise des approches qui tiennent compte du cycle de vie de tous les projets et à toutes les échelles, notamment dans le cas des investissements dans les infrastructures.  En tant que scientifiques et ingénieurs, nous devons reconnaître la diversité qui existe entre les disciplines et à travers les traditions intellectuelles de différentes régions géographiques pour définir de priorités en vue d'intensifier les actions de développement durable, a-t-il conclu.

Au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, M. BRIAN GRIFFITH, Président Directeur général de Griffith Foods, a souligné que l’implication évidente de tant d’entreprises dans la mise en œuvre du Programme 2030 montre que le secteur privé entend participer et investir dans les transformations requises pour réaliser chacun des 17 objectifs de développement durable, éradiquer la pauvreté, promouvoir la durabilité et assurer une prospérité à partager par tous.  Nous le faisons, a dit le représentant, malgré les incertitudes créées par la hausse des taxes, un obstacle au commerce et aux progrès sur lesquels nous avons tant travaillé.  Nous encourageons, a-t-il dit, le respect du système commercial basé sur des règles et soulignons l’importance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du système multilatéral.  Le représentant a insisté sur le rôle essentiel que les entreprises et l’industrie peuvent jouer pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.  Nous, hommes d’affaires, sommes les générateurs du changement, les innovateurs et les moteurs des objectifs de développement durable.  Nous avons, a-t-il conclu, des moyens et des capacités uniques à créer des solutions positives qui changent le monde et qui assurent des profits durables, grâce à des pratiques tout aussi durables. 

M. MARCUS RILEY, représentant du groupe sur le vieillissement, a souligné que les personnes âgées souffrent souvent de l’exclusion, de la discrimination et de la marginalisation, ce qui constitue des violations de leurs droits.  « Ceci est inacceptable. »  Le représentant a recommandé la participation des personnes âgées au processus d’élaboration des politiques de développement.  Il faut aussi susciter leur engagement et les faire participer aux activités de développement et surtout éliminer l’exclusion et la discrimination, a-t-il insisté.

Au nom de l’Alliance des groupes de volontaires, M. WESLEY MOE, a rappelé qu’il y a plus d’un milliard de volontaires dans le monde dont le travail peut être le plus précieux qui existe précisément parce qu’il est effectué sans attendre une rémunération.  Les volontaires comprennent que le coût de l’inaction est toujours trop élevé à long terme.  Ils sont souvent les premiers à répondre à une catastrophe et à rester le plus longtemps dans les efforts de reconstruction.  Les volontaires représentent 14 millions des agents de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sans compter les millions d’autres qui ne sont affiliés à aucune organisation.  Les gouvernements ont donc tout intérêt à instaurer une culture de volontariat bien avant les catastrophes.  Le représentant a donné l’exemple de ces volontaires qui, au nombre de 1,5 million, ont planté 60 millions d’arbres en un jour en Inde, établissant un nouveau record mondial pour la réalisation de l’objectif 15 du Programme 2030 relatif à la lutte contre la déforestation.  L’impact des volontaires, a-t-il souligné, dépend de la qualité de l’appui que leur apportent les gouvernements car le volontariat s’épanouit quand il est soutenu politiquement et financièrement par une législation, des politiques et des partenariats concrets et quand il est évalué, reconnu et encouragé.  Cette année, s’est félicité le représentant, 29 des 47 pays qui se sont soumis à l’examen national volontaire ont reconnu la contribution des volontaires.  Il a donc appelé les États à créer des programmes, des lois, des schémas, des politiques et des campagnes pour encourager le volontariat, à évaluer la contribution des volontaires à la réalisation des objectifs de développement durable et à impliquer les volontaires et la société civile comme partenaires à part entière de la collecte et de l’analyse des données liées au Programme 2030.

M. CAPPALAINEN, délégué des parties prenantes des secteurs de l’éducation et universités, a expliqué que la mise en œuvre des objectifs de développement durable, y compris ceux qui étaient examinés au cours de cette session du Forum politique de haut niveau, en appelle à l’éducation et à un apprentissage permanent tout au long de la vie.  Il a déploré la privatisation de l’éducation dans de nombreux pays, du fait notamment du manque de fonds des États.  Selon le représentant, l’éducation est un droit fondamental de l’homme qui doit être garanti à tous.  

M. DE GUZMAN, représentant des parties prenantes de Sendai, qui comprend des communautés rurales et urbaines, des professionnels, des scientifiques et des spécialistes du gouvernement et de la société civile, a assuré qu’ils œuvrent à la réduction des risques liées aux catastrophes.  Le Cadre de Sendai reconnaît l’importance d’une approche portée par « toute la société » pour arriver à transformer les pratiques en vigueur en termes de développement, afin de promouvoir les investissements dans la résilience.  Les communautés locales et la société civile doivent explorer tous les moyens de se faire entendre et construire des partenariats en vue d’institutionnaliser de telles pratiques, a affirmé le représentant.  À ce titre, il a préconisé des actions comme la collecte de données locales ventilées sur les risques de catastrophe, pour reconnaître les besoins spécifiques des différents groupes et communautés; le renforcement des capacités des acteurs locaux pour promouvoir la résilience, en particulier des jeunes; et l’allocation de ressources financières et techniques au niveau local pour soutenir des actions prorésilience émanant des communautés.

Adoption de la Déclaration ministérielle

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, la représentante du Venezuela a demandé un vote sur l’amendement au paragraphe 28 visant à remplacer les mots « mutuellement bénéfique » par « internationale ».  Il s’agit de la phrase suivante: « Nous nous consacrons collectivement à la réalisation d’un développement durable à l’échelle mondiale et d’une coopération mutuellement bénéfique, dont tous les pays et toutes les régions du monde peuvent tirer des gains considérables. »  Les États-Unis ont dit que le Forum ne devrait pas adopter des termes qui font l’objet d’un quiproquo.  L’amendement a été rejeté par 31 votes contre, 14 votes pour et aucune abstention.

Les États-Unis ont présenté un amendement au même paragraphe 28 consistant à remplacer la phrase « Nous continuerons à promouvoir un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce, ainsi qu’une vraie libéralisation des échanges » par « Nous réaffirmons que le commerce peut contribuer à la promotion du développement durable et à l’élimination de la pauvreté, comme énoncé dans le Programme 2030 ».  L’amendement a été rejeté par 42 votes contre, 1 voix pour et l’abstention du Japon et de la République de Corée.

Les États-Unis ont demandé un autre vote sur le paragraphe 12 qui fait référence au droit au développement.  L’amendement a été rejeté par 31 voix contre, une voix pour et 14 abstentions.

Les États-Unis ont encore demandé un vote sur le paragraphe 12 qui appelle à la suppression des « obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ».  Israël a dit que ce texte est politisé.  « Ce genre de texte n’est pas de mise à l’ECOSOC. »  L’amendement a été rejeté par 30 voix contre.  Les États-Unis et Israël ont voté pour, et il y a eu 14 abstentions

La Fédération de Russie a proposé un amendement au paragraphe 16, expliquant que sa délégation est certes attachée à la promotion de l’égalité des sexes, à l’autonomisation de toutes les femmes et les filles et au plein exercice de leurs droits fondamentaux, mais elle déplore la tentative de certains pays et groupes de pays qui veulent imposer leur approche en ce qui concerne les questions de sexospécificité et de droits de femmes.  La Fédération de Russie regrette aussi que les négociations sur ces questions n’aient pas pris en compte les avis de tous les États. 

Le Canada a ensuite demandé que la déclaration faite la veille par sa délégation, au nom d’un groupe de plusieurs États, soit considérée dans son entièreté dans le contexte de la présente discussion.  Dans ladite déclaration, le Canada « avait rappelé le devoir de chaque État de garantir le respect des droits sexuels, un « impératif » pour tenir les promesses du Programme 2030 ».  « L’égalité des sexes contribue à la réalisation du Programme et, en particulier, à assurer un monde pacifique et prospère », avait encore plaidé le Canada.  Le paragraphe 16 a été maintenu par 34 voix pour, 5 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Guyana, Nigéria et Soudan) et 4 abstentions (Algérie, Chine, Iraq et Tchad).  

La Turquie a ensuite indiqué qu’elle se dissociait de la cinquième phrase du paragraphe 23, au motif qu’elle « ne respecte pas le libellé agréé dans le cadre des objectifs 5 et 6 de développement durable ». 

La délégation des États-Unis a ensuite demandé une mise aux voix de la déclaration ministérielle.  Celle-ci a ensuite été adoptée par 46 voix pour et une voix contre (États-Unis).

Le Venezuela a regretté qu’un État Membre ait soumis au vote l’adoption de la Déclaration ministérielle.  Il a aussi regretté que la mise en œuvre du Programme 2030 ne figure pas dans la Déclaration.  Les mesures unilatérales sont contraires à la Charte des Nations Unies, a-t-il dit en demandant la cessation des politiques contre le Venezuela qui visent notamment le changement illégitime de gouvernement.  Il a réitéré sa réserve concernant le paragraphe 12 de la Déclaration, n’acceptant pas les mesures de contrôle sur la gestion de ses ressources naturelles.

Les États-Unis ont dit avoir voté contre la Déclaration en raison d’un langage inapproprié sur l’occupation étrangère, le commerce ainsi que sur l’imposition d’un modèle de développement.  Les États Membres et les groupes qui insistent sur des dispositions controversées devraient réfléchir aux dommages qu’ils causent au développement durable.  Ils devraient se demander si les ressources consacrées à la Déclaration ministérielle n’auraient pas été mieux dépensées pour promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable.  En outre, les États-Unis se sont joints à Israël pour voter contre le paragraphe 12 qui contient une référence inacceptable à l’occupation étrangère.  Une fois de plus, certains États Membres ont cherché à politiser les questions de développement.  En ce qui concerne le droit au développement, mentionné au paragraphe 12, le représentant a déclaré que la position des États-Unis était bien connue et que ce terme n'avait pas de signification au plan international.  Tout développement, y compris le développement durable, doit être entrepris dans le respect des droits de l’homme.  Aucune circonstance ne permet aux pays de déroger à leurs obligations en matière de droits de l’homme, quel que soit leur niveau de développement.

Le représentant a rappelé le retrait de son pays de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ainsi que son opposition à une formulation qui porte atteinte aux droits de propriété intellectuelle.  Au sujet du libellé du paragraphe 28, il a indiqué que son pays n’appuyait pas les références aux questions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans les documents des Nations Unies.  Le Programme 2030 n’est pas un engagement à fournir un nouvel accès au marché ou à modifier un accord ou une décision de l’OMC.  Il a également réitéré la position de son pays sur le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, qui, selon lui, est un document non contraignant qui n’a pas donné lieu à des obligations ou à des engagements financiers.

La Chine, qui a voté en faveur de la Déclaration ministérielle, a insisté pour dire que le commerce est vital pour la réalisation du Programme 2030. 

La Fédération de Russie a indiqué avoir voté pour la Déclaration ministérielle à l’exception du paragraphe 16.  Concernant le paragraphe 17 sur la participation des enfants mineurs, le représentant a estimé que cette participation doit se limiter à la famille et à l’école.  Il a déploré qu’on n’ait pas pu adopter cette Déclaration par consensus.  On a même voté pour adopter la Déclaration elle-même, s’est désolé le délégué.

L’Égypte, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé que le Groupe avait fait, au cours des négociations, des propositions pour « assurer l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable ».  Le Groupe, a-t-il dit, réaffirme la nécessité de prendre en compte les particularités des pays aux situations particulières et regrette que certaines de ses propositions aient été ignorées dans la Déclaration ministérielle.  Le G77 appelle aussi les États à se garder de mettre en œuvre des mesures unilatérales contraires à la Charte des Nations Unies.

Il a expliqué que le G77 a tout de même soutenu la Déclaration ministérielle afin de garantir le consensus, même s’il s’est dit déçu de voir des amendements proposés tardivement, même après que le texte a été distribué, ce qui porte à croire que certaines délégations ont voulu faire prévaloir leurs intérêts politiques sur le Programme 2030.  Le G77 rappelle également l’importance du concept de droit au développement pour tous les États.  Enfin, trois ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le G77 se dit préoccupé de voir que la Déclaration ministérielle du Forum politique a été mis aux voix, au sein du Forum et devant l’ECOSOC. 

L’observatrice du Saint-Siège a, pour sa part, rappelé que « le Programme 2030 est une lueur d’espoir », comme l’avait dit le pape François devant l’Assemblée générale des Nations Unies.  Le Saint-Siège déplore l’absence de consensus qui est pourtant essentiel pour faire avancer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Ensuite, le Saint-Siège a tenu à se dissocier des libellés mentionnant les termes « sexe » et « genres », arguant que le sexe est visible dès la naissance et n’est en aucun cas une construction sociale.  De même, la délégation regrette qu’il n’ait pas été fait mention du rôle des parents dans la Déclaration ministérielle, alors que c’est bien ces derniers qui, avec les tuteurs et autres responsables légaux, ont la charge d’éduquer les enfants.

L’ECOSOC a pris note des documents intitulés « segment de haut-niveau ».

Déclaration de clôture

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a déclaré que le Forum s’achève avec une meilleure conscience du fossé à combler dans la mise en œuvre du Programme 2030, une connaissance qui aidera à focaliser les efforts pendant l’année à venir.  « C’est aussi la raison pour laquelle nous devons garder le moral et améliorer le travail du Forum politique de haut niveau.  Nous en aurons l’opportunité à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale lorsqu’elle examinera, à son tour, les résolutions du Forum politique. »

Au moment de concrétiser le Programme 2030, il a invité à ne pas oublier comment nous sommes unis autour d’un accord historique avec une ambition et une vision partagée de ne laisser personne de côté.  « Avec 2030 comme date butoir, regardons les scenarios possibles et à long terme.  C’est ce que nous venons de faire aujourd’hui au Forum politique. »

M. Liu a invité à accorder une attention plus grande aux conséquences que des questions comme le changement technologique et le vieillissement de la population auront sur chaque aspect de la société.  Il a salué le fait que l’Assemblée générale aura l’occasion de refocaliser le segment de haut niveau de l’ECOSOC sur les tendances à long terme.  « Nous avons besoin d’un Forum dans lequel les gouvernements se rassemblent pour envisager le futur. »

« Embarquons-nous maintenant dans un nouveau cycle avec enthousiasme et un engagement renouvelé pour montrer les progrès lorsque le Forum politique se réunira l’année prochaine », a exhorté le Secrétaire général adjoint qui a rappelé que le Forum se réunira en juillet puis en septembre 2019 pour examiner tout le Programme.  La réunion de septembre sera un sommet et nous attendons avec impatience tous les chefs d’État et de gouvernement.

Le Département des affaires économiques et sociales continuera d’appuyer les États Membres et travaillera avec le système des Nations Unies pour examiner les objectifs de développement durable et d’autres dimensions du Programme 2030, a-t-il assuré.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Le Forum politique adopte sa Déclaration ministérielle malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël et après l’annonce d’une stratégie de l’ONU pour les jeunes

Session de 2018,
47e séance plénière – après-midi
ECOSOC/6943

ECOSOC: Le Forum politique adopte sa Déclaration ministérielle malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël et après l’annonce d’une stratégie de l’ONU pour les jeunes

Pour la première fois dans l’histoire du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, la Déclaration ministérielle* a été mise aux voix et adoptée par 164 voix pour et l’opposition des États-Unis et d’Israël, entérinant ainsi la volonté des ministres et hauts représentants « à faire passer leurs efforts à la vitesse supérieure et à prendre les mesures audacieuses qui sont nécessaires à la mise en œuvre efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la construction de sociétés durables et résilientes partout dans le monde, en accordant la priorité aux plus défavorisés et en veillant à ne laisser personne de côté ».

Les États-Unis et Israël ont voté contre après que leurs amendements ont été rejetés.  La déléguée américaine a dénoncé le fait que certains pays aient inséré « des libellés conflictuels qui n’ont rien à voir avec le développement durable ou l’éradication de la pauvreté ».  Elle s’est opposée au concept de « droit au développement », confirmé la décision de son pays de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, insisté sur le fait que le transfert des technologies doit se faire sur une base volontaire, et souligné que les questions du commerce international appartiennent à des instances plus appropriées.  La Déclaration ministérielle n’a aucun caractère contraignant et ne donne lieu à aucune obligation financière particulière, a-t-elle estimé.  Le représentant d’Israël s’est opposé, pour sa part, au paragraphe qui parle « du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ».  Il a vu là une « politisation » inutile du Forum politique de haut niveau. 

Dans la Déclaration ministérielle, riche de 31 paragraphes, les ministres et hauts responsables soulignent que « trois ans après l’adoption du Programme 2030, le rythme nécessaire à l’exécution de cet ambitieux programme n’a pas été atteint et que les progrès enregistrés sont inégaux d’un pays ou d’une région à l’autre ».  Ils entendent donc « se consacrer collectivement à la réalisation d’un développement durable à l’échelle mondiale et d’une coopération mutuellement bénéfique, dont tous les pays et toutes les régions du monde peuvent tirer des gains considérables ».  Ils soulignent aussi que « le Programme 2030 est axé sur l’être humain et est universel et porteur de changement et que les objectifs de développement durable qui y sont énoncés sont intégrés et indissociables et concilient les trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale- ».

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a identifié plusieurs pistes pour relancer le Programme 2030 et d’abord mobiliser le pouvoir de transformation des jeunes du monde.  Il a donc annoncé le lancement, au mois de septembre, de la stratégie de l’ONU pour soutenir et engager les jeunes.  Toujours au mois de septembre, M. Guterres compte convoquer une réunion de haut niveau sur le financement du Programme 2030 et, l’année prochaine, un sommet sur le climat « pour galvaniser une plus grande ambition climatique ».

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), sous l’égide duquel se déroule le Forum politique de haut niveau, a salué les 46 pays qui se sont présentés à l’examen volontaire national, « un record ».  Mme Marie Chatardová a dressé le bilan des travaux et fait observer que beaucoup de recommandations ont été faites pour créer un « fonds bleu » et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’une gestion transfrontalière de l’eau, pour tripler les investissements dans les énergies propres et renouvelables; pour renforcer la coordination et les partenariats entre les nivaux locaux et régionaux; pour multiplier les projets pilotes sur les modes de production et de consommation durables; pour capturer la véritable valeur des écosystèmes et de la biodiversité; et pour démocratiser les nouvelles technologies, tout en faisant des efforts concertés pour protéger les plus vulnérables.  Le Secrétaire général a d’ailleurs rappelé la création d’un nouveau groupe de travail de haut niveau sur la coopération internationale sur le numérique.

La Présidente de l’ECOSOC a conclu: « Nous devons prendre des mesures décisives entre maintenant et septembre 2019, quand le Forum de haut niveau se réunira, sous les auspices de l’Assemblée générale, pour passer en revue la mise en œuvre de l’ensemble du Programme 2030. »

L’ECOSOC terminera son débat général de haut niveau demain, jeudi 19 juillet, à partir de 10 heures.

*E/2018/L.20–E/HLPF/2018/L.2

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Suite du débat général

Mme ALENKA SMERKOLJ, Ministre chargée du développement, des projets stratégiques et de la cohésion de la Slovénie, a indiqué que son gouvernement a adopté sa nouvelle stratégie de développement 2030, en décembre dernier, laquelle est naturellement liée au Programme 2030.  La Slovénie est d’ailleurs en train d’intégrer ce Programme au processus budgétaire et s’efforce de renforcer les partenariats avec le secteur privé et les communautés locales.  Le pays a aussi révisé ses programmes de coopération au développement pour les aligner avec le Programme 2030.  Le développement, a souligné la Ministre, n’est pas un projet.  C’est un processus qui ne s’arrête jamais et qui exige souplesse, adaptation et intelligence dans la gouvernance. 

M. TLOHELANG AUMANE, Ministre de la planification du développement du Lesotho, a indiqué que son pays est en train de finaliser son plan stratégique de développement, en faisant bien attention à y intégrer les objectifs de développement durable.  Les nouveaux cadres juridiques et politiques qui viennent d’être élaborés, comme ceux sur la population, le logement et l’égalité des sexes, sont totalement alignés avec le Programme 2030, a souligné le Ministre.  Petit pays montagneux considéré comme le « château d’eau » de l’Afrique australe, le Lesotho, a poursuivi le Ministre, a enregistré des progrès substantiels dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Le pays a commandité une étude de faisabilité pour construire un « pipeline de projets bankables » et répondre à la demande locale et régionale en eau et en énergie.

Malgré un grand potentiel d’énergie propre, l’accès à l’électricité est relativement bas, soit 27,8% en 2017, a reconnu le Ministre.  Le Gouvernement a donc lancé un vaste programme d’électrification rurale et de promotion des technologies propres pour la cuisson et le chauffage.  Le plan-cadre pour les investissements vers ce secteur est en cours de finalisation.  Le Lesotho cherche aussi à attirer les investissements vers les secteurs des infrastructures et des transports pour développer des zones urbaines vertes.  Signataire des accords multilatéraux sur l’environnement, le Lesotho, a conclu le Ministre, s’emploie à finaliser sa stratégie de réduction des risques de catastrophe et à mettre en place des projets propres à ouvrir les portes des mécanismes de financement pour le climat.

Mme AÏCHATOU BOULAMA KANÉ, Ministre du plan du Niger, a prévenu que la nécessaire et indispensable transformation de nos sociétés ne sera possible que si nous nous engageons véritablement dans la transformation du monde rural, le développement du capital humain et celui du secteur privé.  Au Niger, le monde rural représente 80% de la population pour une participation de plus de 40% au PIB.  Le monde rural, a estimé la Ministre, doit être considéré comme un pilier de croissance inclusive pour une société viable et résiliente.  Le développement du capital humain est aussi une priorité « incontournable », a poursuivi la Ministre qui a insisté sur l’éducation, la formation, l’accès à la santé ou encore la protection sociale.  Mais comment imaginer transformer nos sociétés sans le développement du secteur privé, sans offrir aux jeunes, représentant plus de 75% de la population, des opportunités d’emploi, sans création de richesses à travers la mise en valeur de nos énormes potentialités? 

La Ministre a donc prôné des mesures « hardies » d’amélioration du climat des affaires, la réduction des coûts de l’énergie et du transport et « l’indispensable » accès aux technologies de l’information et des communications.  La Ministre n’a pas oublié la question « essentielle » de la sécurité.  À la lumière de ce qui se passe dans le Sahel où l’insécurité fragilise des zones importantes et menace la stabilité sociale, où des ressources budgétaires importantes sont de plus en plus consacrées à la sécurité et où la phrase « il n’y a pas de développement sans sécurité » prend tout son sens, la question de la transformation de nos sociétés doit intégrer obligatoirement le règlement de l’« épineuse » question de sécurité.  Le Niger, a conclu la Ministre, est déjà engagé dans la dynamique de transformation avec sa stratégie de développement durable et de croissance inclusive 2035 et son plan de développement économique et social 2017-2021, cadre d’opérationnalisation du Programme 2030.

M. SULTON RAHIMZODA, Vice-Ministre de l’énergie et de l’eau du Tadjikistan, a rappelé que son gouvernement a adopté en 2016 sa stratégie nationale de développement et qu’il s’est dûment soumis, l’année dernière, à l’examen national volontaire.  Le Ministre a reconnu les deux problèmes majeurs de son pays: l’accès à l’eau et l’accès à l’énergie.  Le Tadjikistan, inondé de cours d’eau, n’a pourtant pas réussi à répondre à la demande de sa population en eau potable.  Le Gouvernement a donc décidé d’investir la somme d’un milliard de dollars durant la période 2015-2020.  Le Gouvernement, qui vise son indépendance énergétique, compte développer l’énergie hydraulique qui stagne actuellement à 5% de son potentiel.  Pour aller de l’avant, le Tadjikistan souhaite instaurer une exploitation régionale en Asie centrale pour parvenir à une fourniture « unifiée » d’énergie.

M. DENIS NAUGHTEN, Ministre de la communication, de l’action climatique et de l’environnement de l’Irlande, a mis en exergue le travail important de la société civile irlandaise dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a reconnu que le Gouvernement doit faire davantage, estimant que les nombreux défis auxquels le pays fait face galvanisent les autorités.  Il a par exemple évoqué la création d’un fonds spécial de 126 euros par habitant pour financer les objectifs climatiques et lutter contre la pauvreté.  L’Irlande entend également débourser 1,2 million d’euros pour l’initiative de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.  Le Ministre a insisté sur l’importance des examens nationaux volontaires qui permettent de partager les expériences.  Il a terminé par un proverbe irlandais: « le voyage le plus périlleux est toujours plus facile quand on le fait ensemble ».

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a souligné l’importance des institutions solides et de la bonne gouvernance pour une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable.  L’Arménie, a-t-il affirmé, a « nationalisé » les objectifs de développement durable et défini ses priorités en la matière, tout en établissant une plateforme de partenariat avec l’ONU.  Le Ministre a rappelé que l’Arménie est un pays à revenu intermédiaire mais sans littoral et montagneux.  Elle compte donc sur la coopération régionale et sous-régionale et accueillera d’ailleurs, en octobre prochain, le Sommet de la Francophonie durant lequel un forum économique sera organisé, le 10 octobre, pour promouvoir les échanges entre pays ayant en commun la langue française.

M. ISIDORO SANTANA, Ministre de l’économie, de la planification et du développement de la République dominicaine, a dit que les efforts de développement menés depuis 2015 ont permis au pays de se hisser au rang des pays à revenu intermédiaire.  Face aux défis liés à l’eau, à l’énergie ou aux modes de consommation et de production durables, une commission du développement a été créée.  Le Ministre a ajouté que 72% des objectifs de développement durable correspondent aux objectifs nationaux de son pays qui a aussi fixé l’échéance de 2030 et identifié « six accélérateurs » pour y parvenir.  L’examen national volontaire auquel vient de se soumettre la République dominicaine a porté sur deux accélérateurs: la lutte contre la pauvreté et la promotion des modes de production et de consommation durables. 

Mme ADEJOKE ORELOPE-ADEFULIRE, Conseillère spéciale du Président du Nigéria, a tiré la sonnette d’alarme face à l’avancée du désert au Sahara à un rythme de 600 mètres par an, provoquant le rétrécissement du lac Tchad.  De 25 000 kilomètres carrés en 1963, le lac est passé à 1 300 kilomètres carrés, les prévisions étant qu’il disparaîtra complètement dans 20 ans.  Avec les trois autres pays de la Commission du bassin du lac Tchad, le Nigéria s’emploie à reconstituer le lac avec la construction d’un canal de 2 500 kilomètres pour transférer les eaux du bassin du fleuve Congo vers le fleuve Oubangui, jusqu’au fleuve Chari qui alimente le lac.  Conscient que la réalisation du Programme 2030 dépend d’une mobilisation efficace des ressources nationales, le Nigéria a réussi à stabiliser son économie et a augmenté ses réserves en devises en 2017, une embellie qui a encouragé, ces derniers mois, les investisseurs nationaux et étrangers.  Mais il est tout aussi important, a estimé la Conseillère spéciale, que la communauté internationale règle la question des flux de capitaux illégaux.  Le Nigéria s’y implique et a réclamé dans le même temps le renforcement de la coopération internationale. 

Mme HALA ELSAID, Ministre de la planification, du suivi et de la réforme administrative de l’Égypte, a déclaré que son pays a adopté un plan à l’horizon 2030 et que le programme de réforme économique et social commence à porter des fruits, voire à dépasser les espoirs.  Le programme vise à terme à créer les conditions d’un développement générateur d’emplois et d’autonomisation des femmes et jeunes.  La voie vers le développement durable n’est pas une promenade de santé, a reconnu le Ministre soulignant le caractère essentiel de la coopération internationale. 

M. ÁLVARO GARCÍA, Directeur du Bureau de la planification et du budget de l’Uruguay, a indiqué que, l’année dernière, son pays a mené une campagne de sensibilisation aux objectifs de développement durable « porteurs d’un avenir plus inclusif pour tous ».  À ce jour, 99,4% de la population uruguayenne a accès à l’eau potable et 99,7% des ménages, à l’électricité, ce qui est l’un des taux les plus élevés en Amérique latine.  Le Directeur a aussi précisé que moins de 10% de la population vit sous le seuil de pauvreté.  Ces indicateurs positifs résultent des mesures ambitieuses prises par le Gouvernement, dont l’adoption d’un modèle d’économie circulaire.

M. SERDAR BERDIMUHAMEDOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a déclaré que son pays a établi un organe national de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, chargé d’élaborer les rapports nationaux sous le contrôle du Ministère des finances et de l’économie.  Un cadre de collaboration pour la période 2016-2020 a également été mis sur pied alors que le centre d’éducation au développement durable sert de plateforme de formation et de sensibilisation au Programme 2030.  Le Turkménistan entend se soumettre à l’examen national volontaire, dès l’année prochaine, a indiqué le Vice-Ministre.

M. PUSPA RAJ KADEL, Vice-Président de la Commission nationale du plan du Népal, a rappelé que, compte tenu de son statut de pays sans littoral, montagneux et émergeant d’un conflit et d’un tremblement de terre dévastateur en 2015, le Népal a obtenu le report jusqu’en 2021 de sa sortie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Le Népal, a-t-il souligné, a toujours milité pour une transition sans heurt et viable.  La stabilité politique étant revenue, le Népal se tourne désormais vers sa prospérité économique avec sa vision « Népal prospère, Népal heureux ».  Le pays s’emploie sérieusement à mettre en œuvre le Programme 2030, comme en témoigne la création du Ministère de l’eau qui a pour objectif d’ouvrir l’accès à l’eau et à l’assainissement à 95% de la population d’ici à 2030.  Des mesures ont aussi été prises dans les domaines du logement, des modes de production et de consommation durables et de la protection des forêts, de la flore et de la faune.  Mais le pays, qui peut mobiliser la somme de 13,3 milliards de dollars par an, accuse néanmoins un déficit de 4,5 milliards pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Les partenaires au développement ne devraient donc pas perdre de vue la situation spéciale et critique des pays les moins avancés et faire plus s’agissant de l’aide publique au développement (APD), du commerce, du transfert des technologies et du renforcement des capacités. 

M. YAMIL DANEL SANCHEZ, Vice-Ministre de l’environnement du Panama, a dit que face aux défis du développement, son gouvernement mise sur un processus d’autonomisation et d’appropriation nationale qui compte notamment sur les célébrités pour mobiliser la population.  Ce faisant, un Ministère de l’environnement a été créé en 2015 et les investissements dans le secteur de l’eau ont augmenté considérablement.  Le Gouvernement a aussi adopté une stratégie nationale de l’eau pour tous en 2015.  Un Conseil national de l’eau a été créé et pour ce qui est des écosystèmes, un projet d’un million d’hectares de reforestation a été lancé, en coopération avec le secteur privé. 

Mme JIKO FATAFEHI LUVENI, Présidente du Parlement des Fidji, a souligné que son pays s’est servi du Programme 2030 comme cadre de sa vision.  Il entend d’ailleurs se soumettre à l’examen volontaire national en 2019.  Les Fidji font des progrès substantiels, a affirmé la Présidente, en prévenant tout de même que l’ambition des pays comme le sien exige des financements qui ne peuvent être mobilisés uniquement par les ressources domestiques et les prêts concessionnels.  Nous devons, a-t-elle dit, pouvoir compter sur le secteur privé et c’est la raison pour laquelle les Fidji viennent de lancer leurs toutes premières obligations vertes.  Mais le réchauffement de la planète continue de menacer les pays comme les Fidji qui vivent des chocs climatiques et océaniques susceptibles de balayer tous les progrès en matière de développement durable.  Il nous faut, a plaidé la Présidente, des mesures novatrices pour le financement, le transfert des technologies et les partenariats.  Les Parlements ont besoin de bonnes données pour prendre des décisions informées.  Les Fidji saluent donc l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Union interparlementaire, a dit la Présidente qui a retenu des examens volontaires que des progrès sont faits, qu’il faut beaucoup plus et que l’on risque de perdre la bataille des objectifs de développement durable si l’on ne place les femmes et les jeunes au cœur des efforts. 

M. ANDREY CHIBIS, Vice-Ministre de la construction, du logement et de l’équipement de la Fédération de Russie, a déclaré que Moscou est un important acteur du développement mondial.  La Fédération de Russie consacre 1,2 milliard de dollars d’aide affectée non seulement aux pays en développement mais aussi aux agences des Nations Unies.  La Fédération de Russie est aussi un partenaire technique dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’agriculture, a ajouté M. Chibis.  Le pays contribue à la lutte contre le terrorisme au niveau international et, au plan national, il met en œuvre tous les objectifs de développement durable, dont l’objectif 11 sur les villes et communautés durables.  Un million de Russes sont ainsi devenus propriétaires depuis 2015.  Un projet de rénovation de plus de 120 000 immeubles a été lancé et le réseau d’accès à l’eau est trois fois plus long que la distance entre la terre et la lune.  L’accès à l’eau et l’exploitation des ressources en eau se font grâce à un partenariat public-privé et au recours aux technologies.  Le Ministre a déclaré que la dernière coupe du monde de football a été l’occasion de rénover les 11 villes qui ont accueilli les 64 rencontres.

M. AUGUSTUS J. FLOMO, Vice-Ministre de l’économie du Libéria, a indiqué que son pays a adopté un programme en faveur des pauvres, lequel entend impliquer les ressortissants libériens, qu’ils vivent au pays ou pas.  Ces cinq prochaines années, le programme entend fournir des services de base et de meilleures opportunités aux Libériens.  L’un des objectifs à long terme est de faire du Libéria un pays à revenu intermédiaire, mais le principal objectif sera de libérer le pays des obstacles qui pourraient freiner son essor.  Le Vice-Ministre a souligné que le programme va s’appuyer sur quatre piliers: le pouvoir au peuple; la stabilité économique et la création d’emplois; le développement durable; et la gouvernance et la transparence.

M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA, Vice-Ministre de la coopération internationale d’Espagne, a parlé des programmes de lutte contre la pauvreté des enfants mis en place et supervisés directement par le Chef du Gouvernement.  En matière d’égalité des sexes, l’Espagne, dont le Gouvernement de 17 membres compte 11 femmes ministres, entendait montrer le chemin aux autres.  Le Ministère de l’égalité a même été rétabli.  Le Ministre a appuyé la réforme du système des Nations Unies pour le développement, plaidant même pour des fonds adéquats pour faciliter cette réforme et réaffirmant le leadership de l’ONU dans les questions de développement.

M. THE PHUONG NGUYEN, Vice-Ministre du plan et des investissements du Viet Nam, a dénoncé les conflits et l’extrémisme violent qui menacent la paix et la stabilité dans le monde, pourtant les conditions essentielles du développement durable.  Le Ministre a demandé aux États de garantir la paix et la sécurité aux niveaux national et international conformément au droit international.  Il faut revenir à une situation d’équilibre et se préparer aux défis à venir, a dit le Vice-Ministre qui a parlé de la stratégie de développement de son pays, ayant en son centre la durabilité et la personne.  Soulignant le caractère indispensable des partenariats pour mettre en œuvre le Programme 2030, le Ministre a exhorté les pays développés à accroître les financements et à renforcer la coopération technique.

Déclaration du Secrétaire général

Où en sommes-nous? a demandé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Il a constaté des progrès importants dans un certain nombre de régions du monde, dont la réduction de la mortalité maternelle et infantile, l’accès élargi à l’éducation de base ou encore l’accès amélioré à l’électricité.  Mais, a également constaté le Secrétaire général, nous sommes à la traîne ou même en train de reculer dans d’autres domaines fondamentaux pour notre engagement commun de ne laisser personne de côté. 

Pour la première fois depuis une décennie, s’est expliqué le Secrétaire général, le nombre de personnes malnutries a augmenté, principalement à cause des conflits, de la sécheresse et des catastrophes liées aux changements climatiques.  Les inégalités entre les sexes continuent de bloquer les femmes et de les priver des droits fondamentaux et des opportunités. Les investissements dans les infrastructures durables essentielles restent insuffisants.

Dans le même temps, a poursuivi le Secrétaire général, le monde fait face à des défis de plus en plus nombreux: des changements climatiques incontrôlables; un nombre croissant de conflits et d’inégalités; l’érosion des droits de l’homme; une crise humanitaire mondiale sans précédent et des poches persistantes de pauvreté et de faim.  Insistant sur le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est « notre réponse collective pour une mondialisation équitable », le Secrétaire général s’est demandé: « comment intégrer l’essence du Programme dans tout ce que nous faisons? »

M. Guterres a identifié plusieurs pistes et d’abord, mobiliser le pouvoir transformateur des jeunes.  Il a annoncé le lancement, au mois de septembre, de la stratégie de l’ONU pour soutenir et engager les jeunes; l’éducation étant un instrument crucial d’autonomisation, d’égalité des sexes et d’accès à un travail décent et du changement des modes de production et de consommation voire des modes de vie.

Deuxièmement, a poursuivi le Secrétaire général, nous devons maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, la base de l’action étant l’Accord de Paris sur les changements climatiques dont le principal objectif est de limiter la hausse de la température mondiale en dessous de 2oC, et aussi près que possible de 1,5oC.  Mais, a-t-il prévenu, l’Accord de Paris ne suffit pas.  La transformation économique et sociale nécessaire pour rester bien en dessous des 2oC n’exige rien de moins qu’une révolution industrielle et énergétique.  Le Secrétaire général a donc annoncé la convocation en septembre 2019, d’un sommet sur le climat pour galvaniser une plus grande ambition climatique.

Troisièmement, a dit le Secrétaire général, nous devons débloquer le niveau des montants nécessaires pour mettre en œuvre le Programme 2030, en particulier dans les pays vulnérables.  Les pays doivent mobiliser les ressources internes, mais la communauté internationale doit faire tout son possible pour appuyer les pays dans la lutte contre les flux illicites de capitaux, le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.  Ici aussi, le Secrétaire général a annoncé la convocation d’une réunion de haut niveau sur le financement du Programme 2030, en septembre prochain.

Quatrièmement, nous devons, a estimé le Secrétaire général, exploiter les avantages des technologies de pointe pour tous, rappelant que, la semaine dernière, il a annoncé la création d’un nouveau Groupe de travail de haut niveau sur la coopération internationale sur le numérique.

Enfin, a-t-il relevé, nous devons renforcer les institutions.  Pour des sociétés pacifiques et inclusives, nous avons besoin de justice, d’efficacité, de transparence, de responsabilisation et de participation, des principes que les institutions devraient respecter pour réaliser le Programme 2030 et tous les droits humains, et renforcer la confiance sur laquelle repose la cohésion sociale.

À l’ère de la mondialisation, a conclu le Secrétaire général, on ne peut limiter le développement à un rôle de prévention des conflits.  Le développement joue également un rôle très important dans la création de sociétés résilientes et d’un monde pacifique.  Nous devons nous attaquer aux moteurs des conflits et soutenir sur le long terme les capacités et institutions nécessaires à la paix et au développement durables.

Pour M. Guterres, le multilatéralisme est le seul moyen de relever les défis complexes, interconnectés et à long terme auxquels nous sommes confrontés.  Il a jugé très encourageante la conclusion heureuse des négociations intergouvernementales sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il s’est aussi réjoui de ce que les États Membres aient embrassé la réforme du système des Nations Unies pour le développement pour que « nous soyons mieux équipés pour aider les gouvernements à réaliser le Programme 2030 ».  Rendre opérationnel le système des coordonnateurs résidents est une étape essentielle, a ajouté le Secrétaire général qui a exprimé sa gratitude aux pays qui ont déjà manifesté leur volonté de contribuer au financement du système pendant la transition en 2019. 

Quittons le Forum, a souhaité le Secrétaire général, avec un nouvel engagement à travailler ensemble, à s’échanger des solutions innovantes et à se hisser à la hauteur du Programme 2030 que nous nous sommes fixé.  Montrons par des actions décisives que la transformation exigée par le Programme est bel et bien en cours, a encouragé M. Guterres.

Adoption de la Déclaration ministérielle

Pour la première fois dans l’histoire du Forum politique de haut niveau, la Déclaration ministérielle a été mise aux voix et adoptée par 164 voix pour et l’opposition des États-Unis et d’Israël.

Avant cela, les États-Unis ont présenté un amendement au paragraphe 28 visant à remplacer les mots « mutuellement bénéfique » par « internationale ».  L’amendement a été rejeté par 107 voix contre, 50 voix pour et les abstentions de la République de Moldova, de la Norvège et des Seychelles, à l’issu d’un vote demandé par l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et de la Chine

Les États-Unis ont aussi présenté un autre amendement au même paragraphe 28 consistant à remplacer la phrase « Nous continuerons à promouvoir un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce, ainsi qu’une vraie libéralisation des échanges » par « Nous réaffirmons que le commerce peut contribuer à la promotion du développement durable et à l’élimination de la pauvreté, comme énoncé dans le Programme 2030 ».  L’amendement a été rejeté par 155 voix contre, 2 voix pour (États-Unis et Israël) et 3 abstentions (Japon, Niger et République de Corée).

Israël a demandé un vote sur le paragraphe 12 qui appelle à la suppression des « obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ».  Le paragraphe a été maintenu par 109 voix pour, 5 voix contre (Australie, Canada, Hondurals, États-Unis et Israël) et 45 abstentions.  Israël jugeait ce paragraphe « politisé », arguant que la Déclaration doit envoyer un message « uni » car le Forum s’appelle Forum politique de haut niveau pour le développement durable et pas « Forum politique tout court ».

La Fédération de Russie a demandé un vote sur le paragraphe 16 relatif à la promotion de l’égalité des sexes, de l’autonomisation de toutes les femmes et les filles et le plein exercice de leurs droits fondamentaux.  Le Programme 2030 donnait déjà des indications claires pour permettre aux États Membres de mettre en place des mesures sur ces questions, a fait valoir la Fédération de Russie qui a regretté ne pas avoir eu le temps nécessaire pour proposer des amendements au paragraphe « de manière transparente ».  Ce paragraphe, a-t-elle reproché, utilise des termes qui ne font l’objet d’aucun consensus international.  Il aurait mérité que l’on affine les références aux abus, à l’exploitation et au harcèlement sexuels. 

Au nom de plusieurs pays, le Canada a rappelé le devoir de chaque État de garantir le respect des droits sexuels, un « impératif » pour tenir les promesses du Programme 2030.  L’égalité des sexes contribue à la réalisation du Programme et, en particulier, à assurer un monde pacifique et prospère, a plaidé le Canada.  Le paragraphe 16 a été maintenu par 133 voix pour, 11 voix contre et 10 abstentions.  La Turquie s’est dissociée de la cinquième phrase du paragraphe 23 « qui ne respecte pas le libellé agréé ». 

Reprenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Égypte a rappelé que son groupe a fait des propositions pour « assurer l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable ».  Le Groupe, a-t-elle dit, réaffirme la nécessité de prendre en compte les particularités des pays aux situations particulières et regrette que certaines de ses propositions aient été ignorées dans la Déclaration ministérielle.  Nous l’avons soutenue, a avoué l’Égypte, pour garantir le consensus mais nous sommes déçus de voir des amendements proposés tardivement, même après que le texte ait été distribué, ce qui porte à croire que certaines délégations ont voulu faire prévaloir leurs intérêts politiques sur le Programme 2030.  L’Égypte a déploré ce vote inédit sur une Déclaration ministérielle du Forum politique de haut niveau.  

Au nom de l’Union européenne, l’Autriche a aussi regretté que la Déclaration ait été adoptée par vote « après tous les efforts consentis lors des négociations ».  Mais, s’est-elle impatientée, on ne peut pas penser à une telle Déclaration sans parler d’égalité des sexes et des droits sexuels, a-t-elle dit en revenant à l’amendement demandé par la Fédération de Russie sur le paragraphe 16.  Au sujet de l’amendement non retenu au paragraphe 12, l’Autriche a ajouté que l’on ne peut parler de développement durable sans évoquer les questions de paix et de sécurité.

Elle a regretté que les négociations aient commencé cette année avec retard, au mois de juin.  Sur le fond, l’UE aurait préféré un texte plus équilibré et qui mette en avant le lien entre tous les objectifs et cibles du Programme 2030.  La Déclaration ne parle pas assez des défis environnementaux et plusieurs questions soulevées par l’UE n’y figurent pas, a révélé l’Autriche, en citant par exemple les références à la Convention relative aux droits de l’enfant et en jugeant que les références aux changements climatiques ne sont pas assez « solides ».  

Israël s’est dissocié du paragraphe 12 et les États-Unis ont regretté d’être dans l’obligation de rejeter la Déclaration, étant donné que leurs préoccupations n’ont pas été prises en considération.  Certains pays, ont-ils déploré, ont inséré « des libellés conflictuels qui n’ont rien à voir avec le développement durable ou l’éradication de la pauvreté ».  Les délégations ou groupes qui insistent sur ces libellées devraient s’en abstenir à l’avenir, ont demandé les États-Unis en dénonçant la « politisation » de la Déclaration.  Ils se sont tout de même voulus rassurants sur leur engagement en faveur du développement, rappelant qu’ils sont le plus grand pourvoyeur d’aide publique au développement.  Nous nous sommes toujours opposés, ont rappelé les États-Unis, au concept de « droit au développement » qui ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté internationale.  Ils ont profité de l’occasion pour confirmer leur décision de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et pour ajouter que le transfert des technologies doit se faire sur une base volontaire.  En outre, ont argué les États-Unis, les références au commerce international n’ont pas lieu d’être ici car il existe des instances plus appropriées pour en discuter.  Pour les États-Unis, la Déclaration ministérielle n’a aucun caractère contraignant et ne donne lieu à aucune obligation financière particulière.

La Chine a dit ne pas comprendre cette opposition puisque « les droits de tous les États ont été respectés ».  Elle a souligné que le libre-échange est un moyen inévitable pour réaliser le Programme 2030.  La mondialisation doit être placée dans le cadre d’une approche mutuellement bénéfique, « gagnant-gagnant ».  Pour la Fédération de Russie, la participation des enfants à la réalisation du Programme 2030 doit se limiter à la famille.  Cette année, a-t-elle ensuite regretté, nous avons même battu un record avec trois votes et un vote sur la Déclaration elle-même.  Comment ne pas voir l’inefficacité du Forum qui porte un coup au processus intergouvernemental.  Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie, a conseillé la Fédération de Russie qui appelé les États Membres à créer une tendance positive car le principe du consensus doit prévaloir et non la primauté de certains intérêts sur tout.

Le Venezuela aussi a regretté le vote sur la Déclaration ministérielle.  Il en a profité pour dénoncer les mesures unilatérales contraires au droit international et aux principes de la Charte et pour exiger la fin des politiques visant à renverser des gouvernements légitimes.  Le Venezuela n’acceptera jamais que l’on scrute ses politiques et encore moins que l’on contrôle ses ressources.

Le Maroc a d’ailleurs regretté que le principe du respect de l’intégrité territoriale des États n’ait pas été inclus dans la Déclaration ministérielle.  L’Azerbaïdjan a refusé de féliciter un État qui a passé son examen national volontaire en 2017.  Le Saint-Siège a rappelé que le principe du fonctionnement du Forum politique de haut niveau, c’est le consensus.  Il a émis des réserves sur la référence au « genre » qui est basée sur la séparation biologique.  Le lieu naturel du développement de l’enfant, c’est la famille, a-t-il ajouté.

Déclaration de clôture 

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme MARIE CHATARDOVÁ, a estimé que « beaucoup de choses se sont passées en huit jours ».  Nous avons discuté de nos progrès mais aussi de ce qui reste à faire.  Nous avons eu, a-t-elle rappelé, un nombre record de 46 pays qui ont présenté leur examen volontaire national et il est clair que nous n’en sommes qu’au début.  Beaucoup de pays, s’est expliquée la Présidente, continuent d’être confrontés à des obstacles énormes mais il est encourageant que de nombreux plans et politiques tiennent compte de plus en plus du souci de ne « laisser personne de côté ».  Mais, a reconnu la Présidente, il nous manque toujours des données pour mieux comprendre qui sont les pauvres et qui sont les plus vulnérables et ce qui les empêche d’aller de l’avant.  Nous avons discuté, a souligné la Présidente, des moyens de renforcer les capacités statistiques pour produire des données de haute qualité, actualisées, fiables et ventilées.  Il faudra pour ce faire beaucoup de travail et de ressources, a-t-elle prévenu.  De nombreux pays font également face à des défis difficiles liés aux catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques. 

Nous avons fait beaucoup de recommandations pour créer un « fonds bleu » et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’une gestion transfrontalière de l’eau, pour tripler les investissements dans les énergies propres et renouvelables; pour renforcer la coordination et les partenariats entre les nivaux locaux et régionaux; pour multiplier les projets pilotes sur les modes de production et de consommation durables; pour capturer la véritable valeur des écosystèmes et de la biodiversité; et pour démocratiser les nouvelles technologies, tout en faisant des efforts concertés pour protéger les plus vulnérables.

On nous a rappelé, a retenu la Présidente, la contribution formidable des grands groupes et des autres parties prenantes à la mise en œuvre du Programme 2030.  Mais le Forum est bien plus que les heures que nous avons passées ici.  Il a aussi donné lieu à des manifestations vibrantes comme le Forum des gouvernements locaux et régionaux, celui du monde des affaires et le Partenariat des échanges.  On a vu un nombre record de manifestations parallèles, des expositions et même un festival du film.  On a vu, s’est encore réjouie la Présidente, des réunions bilatérales inédites et une multitude de liens forgés entre les participants qui nous aideront à continuer d’apprendre et à nous aider les uns les autres.

Nous avons aussi vu, a poursuivi la Présidente, le tout premier Laboratoire des examens volontaires nationaux.  Nous ne pouvons gaspiller l’élan des discussions riches et orientées vers l’action que nous avons eues ici.  Passons à la mise en œuvre des recommandations que nous avons faites, prenons des engagements encore plus forts et essayons de vulgariser les pratiques exemplaires.  Nous devons prendre des mesures décisives entre maintenant et septembre 2019, quand le Forum de haut niveau se réunira, sous les auspices de l’Assemblée générale, pour passer en revue la mise en œuvre de l’ensemble du Programme 2030, a conclu la Présidente.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le financement des opérations de paix de l’Union africaine, au cœur de son partenariat « stratégique » avec l’ONU

8314e séance – après-midi
CS/13428

Conseil de sécurité: le financement des opérations de paix de l’Union africaine, au cœur de son partenariat « stratégique » avec l’ONU

Au lendemain de la seconde Conférence annuelle ONU-Union africaine (UA), qui s’est tenue le 9 juillet à Addis-Abeba en Éthiopie, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, organisé une réunion pour faire le point sur l’état de son partenariat avec cette organisation régionale à la tête de plusieurs opérations et initiatives de paix sur le continent africain, et qui est devenue, selon le Secrétaire général, le « partenaire stratégique le plus important de l’ONU ».

Ni l’une, ni l’autre de ces deux organisations ne peuvent à elles seules faire face à l’ensemble des défis à la paix et à la sécurité qui se posent en Afrique, a résumé la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA), Mme Sahle-Work Zewde Zerefa.  « Par conséquent, le partenariat ne représente pas un choix, mais bien une nécessité », alors que les organisations sous-régionales sont par définition aux avant-postes des conflits potentiels.

Venue présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’UA sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, Mme Zewde Zerefa a vigoureusement plaidé pour une coopération plus étroite, déjà à l’œuvre par la multiplication des visites conjointes de hauts fonctionnaires et des réunions d’information, rapports et déclarations communs.

Lors de la deuxième Conférence annuelle ONU-UA, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’UA se sont d’ailleurs entendus pour systématiser les communiqués conjoints à chaque fois que possible, a-t-elle dit.  « Il a été essentiel d’instaurer la confiance, et je crois que nous avons fait d’énormes progrès à cet égard au cours de l’année écoulée », s’est félicitée la Représentante spéciale, tout en soulignant que davantage d’analyses et évaluations conjointes sont nécessaires, et que les indicateurs d’alerte rapide devraient être alignés.

Mme Zewde Zerefa a également plaidé pour que le Conseil de sécurité autorise un financement durable et prévisible, au cas par cas, des opérations de paix de l’UA, saluant à cet égard les progrès accomplis dans l’opérationnalisation du Fonds de paix de l’UA.  Renchérissant, M. Smaїl Chergui, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a rappelé à quel point un tel financement était nécessaire.

En 2015, a-t-il précisé, l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA a décidé de financer les coûts de ces opérations de paix à hauteur de 25%. Pour y parvenir, l’année suivante, l’Assemblée a décidé de doter le Fonds pour la paix consacré au continent d’un montant de 400 millions de dollars, qui sera versé par tranches jusqu’à 2021.  À l’heure actuelle, a-t-il précisé, les États membres ont déjà contribué à hauteur de 45,7 millions sur 65, témoignant de leur détermination à jouer leur rôle en faveur de la sécurité du continent.

« Nous espérons donc que cela incitera le Conseil de sécurité à faire des progrès dans son évaluation des contributions aux opérations de paix sous le leadership de l’UA », a déclaré M. Chergui qui a rappelé l’importance d’appuyer les efforts de paix en cours dans différentes situations de conflit et post-conflit, notamment en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), dans la région des Grands Lacs, en Guinée-Bissau, au Mali et au Sahel, au Soudan du Sud et en Somalie.

Plusieurs membres du Conseil ont misé sur la douzième réunion consultative conjointe annuelle entre les membres du Conseil de sécurité et ceux du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, prévue demain, pour aborder les défis de sécurité les plus urgents en Afrique.  Parmi eux, la Guinée équatoriale, qui s’exprimait aussi au nom des autres membres africains du Conseil que sont la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie.

Dans ce contexte, le groupe qu’ils forment, le « A3 », espère de l’ONU, et en particulier du Conseil de sécurité, un engagement financier à la hauteur de celui déjà consenti par les États membres de l’UA, la mobilisation de 45,7 millions de dollars par les États africains cette année représentant « le niveau le plus élevé jamais atteint pour le Fonds pour la paix depuis sa création en 1993 ».

Les États-Unis en revanche se sont déclarés opposés au principe d’une contribution accrue de l’ONU aux opérations de paix de l’UA, tant que les « normes » de l’Organisation ne sont pas pleinement appliquées au sein des forces africaines.  Car dans le cas contraire, « la crédibilité » des Nations Unies serait « mise à mal », a mis en garde le représentant américain.  Il s’est toutefois félicité de la mise en place d’un mécanisme de mesure de la performance et de reddition de comptes par l’Union africaine.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: UNION AFRICAINE (S/2018/678)

Déclarations

Mme SAHLE-WORK ZEWDE ZEREFA, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA), a relevé que cette réunion du Conseil de sécurité avait eu lieu à une époque de coopération sans précédent entre l’ONU et l’Union africaine (UA), estimant que cette dernière est le partenaire stratégique le plus important de l’ONU, comme l’a dit le Secrétaire général au Conseil de paix et de sécurité de l’UA la semaine dernière.  Elle a expliqué que les deux organisations avaient donné la priorité à un partenariat stratégique basé sur le respect mutuel, des valeurs communes et des avantages comparatifs.  Les manifestations conjointes entre les deux organisations, comme la deuxième Conférence annuelle ONU-UA, qui a eu lieu la semaine dernière à Addis-Abeba, non seulement illustrent l’importance de ce partenariat mais offrent également une opportunité de discuter des moyens pour le renforcer encore davantage.

Dans le cadre de la présentation du rapport du Secrétaire général, Mme Zewde Zerefa a insisté sur le fait que ni l’ONU, ni l’UA ne peuvent à elles seules faire face à l’ensemble des défis à la paix et à la sécurité en Afrique.  « Par conséquent le partenariat entre nos deux organisations ne représente pas un choix mais bien une nécessité. »  Dans la foulée, elle a souligné le rôle des organisations sous-régionales qui sont souvent les premières à détecter les signes annonciateurs de conflits potentiels.

La Représentante spéciale a également insisté sur la nécessité de reconnaître l’impératif d’une collaboration encore plus étroite avec l’UA, même s’il y a déjà eu beaucoup de progrès dans ce domaine avec des interactions et collaborations plus fréquentes, constructives et collégiales à tous les niveaux, depuis le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’UA jusqu’aux secrétaires généraux adjoints et commissaires de l’UA, en passant par les fonctionnaires des deux organisations.  Elle a précisé que cette collaboration devenait aussi la norme dans les missions de terrain, où les représentants spéciaux et les envoyés spéciaux des deux organisations travaillent plus étroitement ensemble et informent conjointement le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA avec une fréquence croissante.  Mme Zewde Zerefa a également souligné la tendance accrue en faveur des missions conjointes sur le terrain, citant à titre d’exemple celle qui a été menée récemment par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU et des hauts responsables de l’UA au Niger, au Tchad et au Soudan du Sud, ou encore la visite conjointe du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et du Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA en République centrafricaine et au Soudan, en avril dernier.

Pour la Représentante spéciale, le recours de plus en plus fréquent à des missions conjointes, des réunions d’information conjointes, des rapports et des déclarations conjointes illustre les progrès accomplis vers une compréhension commune des problèmes de paix et de sécurité et une approche commune pour les résoudre.  Lors de la deuxième Conférence annuelle ONU-UA, la semaine dernière, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’UA se sont d’ailleurs entendus pour rendre systématiques les communiqués conjoints à chaque fois que cela est possible.  « Il a été essentiel d’instaurer la confiance, et je crois que nous avons fait d’énormes progrès à cet égard au cours de l’année écoulée », a déclaré la Représentante spéciale.

Elle a également souligné l’importance de la prévention des conflits, en réagissant rapidement et de manière décisive, en collaboration avec les acteurs nationaux, y compris la société civile et les organisations sous-régionales, pour faire face aux signes précurseurs de conflit, tout en s’assurant d’une appropriation africaine de ce processus.  Cela signifie qu’il faut plus d’analyses et d’évaluations conjointes et qu’il faut aligner les indicateurs d’alerte rapide. En ce qui concerne le maintien de la paix, elle a repris les conclusions du Secrétaire général selon lesquelles il faut le repenser à travers une nouvelle initiative d’action.  Le Secrétaire général avait notamment souligné la semaine dernière à Addis-Abeba que les conflits au Mali, en République centrafricaine, en RDC et au Soudan du Sud, avec des processus de paix bloqués, une multiplicité d’acteurs, des actes tragiques de violence et un nombre croissant de victimes parmi les soldats de la paix, montrent que le modèle actuel n’est plus adapté aux défis contemporains.  Une redéfinition du partage des tâches a déjà été proposée par le Secrétaire général afin de miser davantage sur la coopération avec les organisations régionales et de clarifier les mandats des opérations de paix.

Enfin, la Représentante spéciale a plaidé pour que le Conseil de sécurité autorise un financement durable et prévisible, au cas par cas, des opérations de paix de l’UA.  Elle y voit un moyen pour le Conseil de sécurité d’exercer sa responsabilité première de maintien de la paix et de la sécurité mondiales à travers une collaboration efficace avec les organismes régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte.  Dans ce contexte, Mme Zewde Zerefa a salué les progrès accomplis dans l’opérationnalisation du Fonds pour la paix de l’UA.

M. SMAЇL CHERGUI, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a rappelé que la deuxième Conférence annuelle UA-ONU, qui s’est déroulée le 9 juillet à Addis-Abeba, avait réaffirmé l’importance du partenariat entre les deux organisations et la signification des réponses multilatérales aux défis de sécurité qui se posent au niveau international.  Il est donc essentiel, selon lui, de maintenir l’élan actuel, qui trouvera à se concrétiser dans les efforts de paix dans différentes situations de conflit et post-conflit, notamment en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), dans la région des Grands Lacs, en Guinée-Bissau, au Mali et au Sahel, au Soudan du Sud et en Somalie, entre autres.

Cependant, en dépit des progrès accomplis jusqu’à présent, des défis continuent de se poser, particulièrement s’agissant de la relation entre le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et le Conseil de sécurité, où il est nécessaire de redoubler d’efforts pour parvenir à davantage de cohérence et de coordination s’agissant des crises en cours sur le continent, a analysé le haut fonctionnaire.   « Il faudrait notamment s’appuyer sur les récents gains obtenus au Soudan du Sud pour faire pression sur les parties pour qu’elles respectent et mettent en œuvrent les accords qu’elles ont signés.  En RDC, une attention doit être accordée aux défis auxquels font face les élections générales prévues le 23 décembre 2018, conformément à l’Accord de la Saint-Sylvestre de décembre 2016. Et en Somalie, la mobilisation des ressources pour permettre à l’AMISOM de s’acquitter de son mandat, qui consiste notamment à assurer le transfert progressif de responsabilités aux forces de sécurité somaliennes et à renforcer les capacités nationales, demeure une tâche cruciale, sous peine d’essuyer un revers », a mis en garde M. Chergui.

Après avoir exprimé sa reconnaissance au Conseil pour avoir approuvé l’Initiative africaine de paix et de réconciliation comme principal cadre de règlement politique pour la République centrafricaine, le Commissaire a attiré l’attention sur la situation dans le Sahel, et notamment au Mali, qui a des conséquences régionales, en particulier au Burkina Faso et au Niger voisins.  Dans ce contexte, marqué aussi par des heurts entre éleveurs et agriculteurs, un soutien vigoureux de l’ONU est indispensable pour hâter l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  Pour sa part, l’UA envisage de réviser sa Stratégie pour le Sahel, conformément à la décision adoptée par son Conseil de paix et de sécurité lors de sa récente réunion en marge du Sommet de l’UA à Nouakchott, en Mauritanie. 

Le haut fonctionnaire a ensuite rappelé à quel point un financement prévisible et durable est nécessaire dans le cadre des contributions de l’ONU aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine.   En 2015, l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA a décidé d’en financer les coûts à hauteur de 25%.  Pour réaliser cet objectif, en 2016, l’Assemblée a décidé de doter le Fonds pour la paix consacré au continent d’un montant de 400 millions de dollars, qui sera versé par tranches jusqu’à 2021, a expliqué le Commissaire.  À l’heure actuelle, a-t-il précisé, les États membres ont déjà contribué à hauteur de 47 millions, sur 65, témoignant de leur détermination à jouer leur rôle en faveur de la sécurité du continent.  « Nous espérons donc que cela incitera le Conseil de sécurité à faire des progrès dans son évaluation des contributions aux opérations de paix sous le leadership de l’UA », a souligné M. Chergui

M.  ANNIKA SÖDER (Suède) a déclaré que son pays demeure un fervent soutien du renforcement du partenariat stratégique entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique, dans la mesure où les défis sécuritaires émergents sont de plus en plus étroitement liés entre eux et exigent une réponse collective.  Or, les acteurs régionaux, qui ont une compréhension intime de la situation sur le terrain, et sont naturellement investis dans la résolution de crises dans les pays limitrophes, peuvent déployer des opérations de maintien de la paix et intervenir dans des environnements dans lesquels l’ONU, souvent, ne peut pas.  C’est la raison pour laquelle le représentant a salué le nouvel élan pris par le renforcement des partenariats entre l’Organisation et l’UA, qui s’inscrit dans le cadre plus large de nos discussions en cours sur l’action en faveur du maintien de la paix.

Après s’être félicité de la tenue de la seconde Conférence annuelle UA-ONU au siège de l’Union africaine (UA), la semaine dernière à Addis-Abeba en Éthiopie, le représentant a rappelé qu’hier, la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, conjointement avec la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Federica Mogherini, et le Président de la Somalie, M. Mohamed Abdullahi Mohamed, avaient organisé le Forum du partenariat sur la Somalie, dans le cadre duquel l’UA a joué un rôle important.  M. Skoog s’est dit convaincu que la réunion conjointe demain entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA serait une contribution de plus au renforcement des liens entre l’ONU et l’UA.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale), qui s’exprimait au nom des membres africains du Conseil de sécurité (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale et Éthiopie), les « A3 », a jugé encourageant que l’association stratégique entre l’ONU et l’UA progresse.  Il a misé sur la réunion qui se tiendra demain -la douzième réunion consultative conjointe annuelle entre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU et ceux du Conseil de paix et de sécurité de l’UA- pour aborder les défis de sécurité les plus urgents en Afrique, en particulier concernant le Soudan du Sud et la RDC.  Il a souhaité un niveau de coopération plus élevé avec notamment des visites communes sur le terrain, le développement de méthodes partagées pour l’analyse et l’échange régulier de renseignement, ainsi que des systèmes communs de planification, d’évaluation et d’information.  Il a également salué la coopération renforcée entre les secrétariats des deux organisations, ainsi que l’engagement commun au sein des forces interarmées.  « Nous remercions le Secrétaire général d’avoir donné la plus grande priorité à l’association avec l’UA dans sa proposition de réforme du pilier paix et sécurité », a ajouté le représentant en l’assurant des efforts des « A3 » pour la mise en œuvre de ladite réforme.

Le délégué a recommandé d’améliorer l’association opérationnelle entre l’ONU et l’UA dans les domaines de la prévention et de la médiation des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix.  Il faut soutenir en particulier les opérations d’appui à la paix de l’UA, a-t-il précisé en rappelant les termes de la résolution 2378 (2017).  De telles opérations autorisées par le Conseil de sécurité pourraient être financées par des contributions de l’ONU, au cas par cas, a-t-il suggéré en soulignant que l’UA avait elle-même avancé dans la mise en route du Fonds pour la paix.  Il a salué en particulier le fait que la Conférence au sommet de l’UA ait soutenu l’instrument relatif à la structure renforcée de gouvernance et de gestion du Fonds pour la paix, souhaitant que cet instrument soit opérationnel le plus rapidement possible.  Il a également souligné d’autres progrès, notamment dans la mise en place d’un dispositif de contrôle du respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme ainsi que des normes de déontologie et de discipline applicables aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine.

Les « A3 » se félicitent du niveau d’engagement démontré par les États membres de l’UA dans la recherche de l’autosuffisance de celle-ci pour arriver à financer à hauteur de 25% le coût des opérations de paix et de sécurité.   Ils soulignent que la mobilisation de 45,7 millions de dollars par les États africains cette année est le niveau le plus élevé jamais atteint pour le Fonds pour la paix depuis sa création en 1993.  Les pays « A3 » espèrent un engagement similaire de la part de l’ONU, et particulièrement des membres du Conseil de sécurité, a-t-il dit.  Avant de conclure, le représentant a souligné les liens entre l’Agenda 2063 et le Programme 2030, rappelant que l’appui au développement économique et social de l’Afrique ne peut que contribuer à résoudre de nombreux conflits sur le continent.  Le développement nécessite lui aussi une coopération renforcée, a-t-il précisé en prônant également des initiatives visant à faire participer les femmes au processus de paix et de sécurité en Afrique.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a axé son intervention sur trois domaines, le premier étant la coopération concrète entre l’UA et l’ONU.  Elle s’est félicitée du nombre croissant d’exposés conjoints par les représentants spéciaux du Secrétaire général de l’ONU et les envoyés de l’UA. Pour sa délégation, davantage de concertation entre les deux organisations serait bienvenues dans le domaine de l’analyse, de même que s’agissant des alertes précoces, de la planification et des processus de prise de décisions, et pour la systématisation de déclarations conjointes.  La représentante a ensuite mis l’accent sur la complémentarité entre les deux organisations, affirmant que tout devait être fait pour que l’ONU et l’UA envisagent le maintien de la paix et la résolution de conflits dans une perspective de renforcement mutuel.  Sur ce point, la capacité de l’UA à agir plus rapidement que l’ONU sur le terrain devrait être facilitée, tandis que les processus politiques lancés par l’Union africaine devraient bénéficier du soutien sans faille de ce Conseil.

Le troisième point soulevé par Mme Gregoire Van Haaren est le financement.  Elle a en effet rappelé l’importance d’apporter un soutien financier aux opérations de maintien de la paix déployées par l’UA avec l’accord du Conseil, comme le reconnaît la résolution 2320 (2018).  Pour y parvenir, elle a jugé nécessaire que les deux organisations discutent de nouveaux modes de financement. La représentante s’est dite encouragée par les efforts déployés en ce sens, comme par exemple en ce qui concerne le Fond pour la paix de l’UA. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé important d’approfondir l’intégration des activités relatives au maintien et à la consolidation de la paix, et de renforcer le dialogue et les mécanismes de coopération dans le cadre commun de l’ONU et de l’UA.  Il a salué la signature du cadre de mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Programme 2030, avant de se féliciter aussi que les deux organisations aient lancé les préparatifs d’un mémorandum d’accord pour améliorer les capacités en matière de lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent.  Un exemple de coopération réside dans les opérations conjointes, a poursuivi le représentant en soulignant que ce sont des outils face aux obstacles et menaces comme le terrorisme et les crises humanitaires.  Il a cité à cet égard la région du lac Tchad où l’ONU et l’UA sont unies pour combattre Boko Haram.  Outre ce genre d’opérations, la Bolivie soutient les initiatives des organisations sous-régionales, comme celles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment celles chargées d’identifier les causes profondes des conflits au Mali et dans la région du Sahel.  Le représentant a noté le niveau croissant d’association stratégique entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui ne doit que se renforcer.

Toutes les expériences ne sont toutefois pas positives, a tempéré M. Llorentty Solíz en mentionnant le processus politique que mène l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en tant que médiateur pour le Soudan du Sud.  Il a regretté que le Conseil de sécurité ait ignoré la demande de l’IGAD sur la non-imposition de sanctions ciblées ni d’embargo sur les armes, au moment précis où avance le dialogue.  Le représentant a été d’avis qu’il fallait préserver l’architecture régionale et sous-régionale pour la solution de conflits en Afrique.  Il faut tenir compte de la vision africaine et de ses recommandations, a-t-il prôné, faisant valoir que ce sont elles qui connaissent la réalité sur le terrain.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït)a estimé que la coopération entre les organisations régionales et internationale est indispensable pour la paix et la sécurité internationales.  La relation entre le Koweït et l’Afrique remonte à bien plus loin que la mise en place de relations diplomatiques, a expliqué le représentant. Sa politique étrangère se fonde sur la notion qu’il ne peut y avoir de paix sans développement et vice versa.  C’est dans cet esprit que le Koweït a alloué 10 milliards de dollars au développement de 51 pays africains, a dit le représentant en assurant vouloir continuer à œuvrer en ce sens à travers son statut d’observateur auprès de l’UA.

Le délégué a estimé que les outils et mécanismes de l’ONU et de l’UA pourraient être améliorés grâce à la coopération entre les deux organisations, en misant sur les synergies et avantages comparatifs et en investissant dans des missions et déclarations communes et l’harmonisation des calendriers.  Le Koweït tient à mettre l’accent sur l’importance des mécanismes d’alerte rapide en Afrique.  Il espère en outre qu’il sera possible de progresser sur la question du financement des opérations de paix de l’UA par des ressources prévisibles et souples.  Le Koweït est également en faveur de l’opérationnalisation du Fonds pour la paix.  Le représentant a conclu en se félicitant de la coopération entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a décrit un « continent africain fait de promesses, à la croissance vigoureuse », et un « continent jeune ».  Il a déploré les échecs de plusieurs gouvernements africains à répondre aux aspirations des populations plus jeunes, qui auront des conséquences politiques et économiques préjudiciables, selon lui.  Ceci dit, il a loué l’Union africaine comme un « chef de file » de ces gouvernements et a évoqué des intérêts conjoints des États-Unis et de l’UA.

Louant les liens développés entre la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ainsi que les engagements pris par l’Union africaine de contribuer à 25% des opérations de paix qu’elle mène,

Le représentant s’est tout de même opposé à une contribution accrue de l’ONU aux opérations de paix de l’UA, tant que les normes de l’Organisation ne sont pas pleinement appliquées au sein de la force africaine.  Car dans le cas contraire, « la crédibilité » des Nations Unies serait « mise à mal », a-t-il insisté.  Le délégué a cependant reconnu les efforts de l’UA en matière de politique, de déontologie, de discipline, ainsi que ses efforts en matière de formation des civils.  Il l’a appelée à continuer ses efforts, et applaudi la mise en place d’un mécanisme de mesure de la performance et de reddition de comptes.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a partagé le point de vue du Secrétaire général sur l’importance de la coopération non seulement entre l’ONU et l’UA, mais aussi avec les organismes sous-régionaux, le but étant d’utiliser les avantages comparatifs des différentes organisations.  Il a pris note de l’intensification des efforts de l’UA et des organisations sous-régionales pour parvenir à une architecture continentale de prévention et de maintien de la paix, « une démarche africaine qui doit être appuyée par la communauté internationale ».  En effet, pour la Russie, le règlement des conflits africains doit se faire en premier lieu par l’Afrique.  Le Conseil de sécurité, en tant que premier responsable de la paix et la sécurité internationales, doit soutenir ces efforts africains à travers une coopération accrue avec l’UA.  Cela suppose des rapports réguliers au Conseil de sécurité, a prôné le représentant en appelant à agir au cas par cas.  Il ne fait pas de doute pour lui que les acteurs régionaux comprennent mieux que quiconque la situation sur le terrain.

Le délégué a souhaité plus de prévisibilité et de souplesse dans le financement des opérations de paix de l’UA, à condition que cela se fasse dans le cadre des procédures en vigueur à l’ONU.  Il est évident, à ses yeux, que le renforcement de la coopération entre les deux organisations va entraîner plus de responsabilités pour les acteurs régionaux, des responsabilités qu’ils doivent être prêts à assumer.  Pour sa part, la Russie accorde une attention particulière à la formation de soldats de la paix africains sur ses bases et dans ses centres de formation, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

Malgré les efforts déployés en matière de consolidation et de maintien de la paix, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a reconnu la difficulté pour les pays d’Afrique de lutter contre des adversaires non étatiques de nature transnationale, qui tirent parti des faiblesses structurelles spécifiques au terrain, comme la pauvreté, les changements climatiques et la fragilité des institutions.  Dans cette logique, il a pleinement soutenu une coopération renforcée entre l’Union africaine et les Nations Unies.

Concernant le maintien de la paix, il s’est référé à la résolution 2320 (2016) du Conseil de sécurité sur un financement plus prévisible des opérations de paix de l’UA, et a cité en exemple la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte qui luttent contre Boko Haram.  Insistant sur le rôle de l’Union africaine au Mali et au Sahel, ainsi qu’au Togo, il a souligné que pour une paix et un développement durables, l’UA et l’ONU devaient travailler main dans la main.  Le représentant a également souhaité que des réformes soient engagées pour resserrer les partenariats entre les deux organisations.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a noté que le partenariat ONU-UA avait connu des progrès considérables au cours de l’année écoulée.  Le renforcement constant de ce partenariat est d’une importance capitale pour la paix et la sécurité en Afrique, a-t-il estimé.  La Chine est favorable aux recommandations du Secrétaire général sur ce partenariat et est d’avis qu’il faut l’optimiser, ce qui passe, selon le représentant, par le respect de l’appropriation et des initiatives africaines par l’ONU.  Dans ce contexte, la Chine demande que les missions de paix de l’UA puissent compter sur des financements et des ressources humaines adéquats.  La Chine encourage également toute action pour appuyer l’Afrique dans sa lutte contre les causes profondes des conflits, a ajouté le représentant en citant notamment le besoin d’assistance accrue de la part de la communauté internationale pour soutenir le développement socioéconomique du continent. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a exprimé un soutien enthousiaste pour le partenariat, notant que ces dernières années, l’Union africaine a pris en charge des responsabilités de plus en plus importantes en matière de promotion de la paix et de la sécurité, à la fois en résolvant des crises et en faisant travailler ensemble plusieurs organisations sous-régionales.  Reconnaissant la nécessité d’un financement plus flexible et prévisible des opérations de paix de l’Union africaine ou de celles mandatées par le Conseil de sécurité, il s’est dit prêt à débattre des sources possibles de ce financement, y compris en prélevant sur les contributions au budget de l’ONU.

Il a cependant noté que les troupes de l’Union africaine devraient « se plier en totalité aux règles de l’Organisation et à ses standards » en termes de qualité des troupes, d’entraînement et d’équipement, ainsi qu’en termes de responsabilité, de conduite et de discipline.  Pour la Pologne, le soutien des Nations Unies à l’Union africaine est d’une importance capitale, et le dialogue régulier entre les deux entités, un instrument essentiel pour approfondir le partenariat.  Il s’est déclaré favorable à la multiplication de missions communes sur le terrain, et en faveur d’une prochaine visite commune en RDC ces prochaines semaines pour parvenir à une solution politique au conflit.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a qualifié l’Union africaine de partenaire crucial pour les Nations Unies, de par sa position unique, et y a vu une entité mieux à même de travailler sur de nombreux dossiers.  Il a encouragé les deux organisations à combiner leur expertise pour déployer leurs ressources de manière plus efficace.  « Les opérations de paix de l’Union africaine peuvent jouer un rôle très important sur le long terme », a insisté le représentant, en invoquant les valeurs de prévisibilité et de durabilité, qui sont essentielles pour continuer cet excellent travail.

Citant la résolution 2320 (2016), il a dit attendre avec impatience de constater des progrès dans le partenariat.  Il a rappelé que des normes solides devaient être respectées par les deux organisations, notamment dans le cadre des atteintes sexuelles.  Il a appelé à un financement au cas par cas des opérations de paix de l’UA.  En l’occurrence, il a invité l’Union africaine à s’appuyer sur des financements non traditionnels pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), considérant un apport des Nations Unies « impossible sur le court terme ».  Le représentant a conclu en se déclarant en faveur d’interactions plus poussées entre l’UA et l’ONU, pour répondre aux défis, maximiser l’impact des actions et les rendre davantage complémentaires.

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a soutenu que le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine revêtait « une importance stratégique », que la France était « résolument engagée à le soutenir », et qu’il était complémentaire avec celui tissé entre l’Union européenne et l’Union africaine.  Se félicitant des progrès du partenariat entre l’Organisation et l’Union africaine depuis plus d’un an, il a rappelé la nécessité, du point de vue de la France, de l’« appropriation par l’Afrique des questions de sécurité du continent africain, notamment via la montée en puissance des opérations africaines de paix, que la France soutient fermement et au plus haut niveau politique ».

M. Michon a mis en avant la promotion du concept d’opérations africaines d’imposition de la paix mandatées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, puis par le Conseil de sécurité.  Il a ajouté qu’elles pourraient être déployées plus rapidement pour mener des actions d’imposition de la paix ou de lutte contre le terrorisme que les opérations de maintien de la paix de l’ONU ne sont pas autorisées à mener.  Considérant la question du financement comme centrale pour la montée en puissance des opérations de paix africaines, M. Michon a souligné « la nécessité d’avancer de façon concrète vers leur financement prévisible et durable », et évoqué, pour ce faire, la revitalisation du Fonds pour la paix, ainsi que l’engagement pris par l’Union africaine de financer 25% des opérations de paix.

Tout en saluant la coopération renforcée entre l’ONU et l’UA, M. YERLIK ALI (Kazakhstan) a estimé que davantage de travail était nécessaire pour développer les modalités d’une analyse, d’une planification et d’une évaluation conjointes, ainsi que pour mieux faire rapport aux différentes instances intergouvernementales.  L’ONU et l’UA, a-t-il préconisé, devraient revoir leurs processus administratifs internes, leurs politiques et procédures respectives, et parvenir à des synergies communes.  Le représentant a ensuite souligné que, sans le soutien financier nécessaire, la capacité des opérations de paix menées par l’Union africaine ne serait pas à la hauteur des attentes.  Aussi, sa délégation a-t-elle appelé le Conseil de sécurité à envisager des mesures concrètes en vue d’élaborer un mécanisme viable et prévisible pour un financement conjoint des opérations de paix de l’UA.  Les quatre options de financement identifiées par le Secrétaire général dans son rapport de l’an dernier devraient être examinées pour des résultats optimaux, au-delà du recours aux contributions volontaires à des fonds d’affectation, a estimé le délégué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Les ministres présentent les succès de la mise en œuvre d’un Programme 2030 centré sur les personnes, en évoquant aussi ses limites

Session de 2018,
46e séance plénière - après-midi
ECOSOC/6942

ECOSOC: Les ministres présentent les succès de la mise en œuvre d’un Programme 2030 centré sur les personnes, en évoquant aussi ses limites

Les États Membres ont aujourd’hui, à la deuxième journée du débat général du Forum politique de haut niveau réuni sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), donné des exemples des succès atteints dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, sans pour autant occulter les défis et les problèmes qu’ils rencontrent sur la voie de la réalisation des six objectifs à l’examen pendant cette session.

La République de Corée s’est érigée en exemple en relevant que si le XXsiècle a été marqué par « le miracle démocratique et économique », le pays s’apprête aujourd’hui à écrire un nouveau chapitre de réussite, avec le « miracle de la durabilité ».  Le Ministre de l’environnement sud-coréen a mentionné la feuille de route énergétique, mise en pratique depuis 2017, qui prévoit la fermeture partielle des centrales nucléaires et à charbon pour laisser la place à des sources d’énergie renouvelable.  Celles-ci devront assurer 20% des besoins avant 2030.

Les délégations ministérielles ont aussi confirmé au cours de ce débat qu’elles n’étaient pas insensibles à la devise de « ne laisser personne de côté », le leitmotiv du Programme 2030 qui se veut centré sur les individus.  Singapour a ainsi affirmé avoir « placé sa population au centre des politiques de développement » par le biais d’une éducation de qualité, des services de santé et des logements adéquats, de l’emploi et d’un environnement sain.  Ce pays a adopté une approche pragmatique qui table sur les résultats plutôt que sur l’idéologie. 

Au Bhoutan, nation connue pour avoir adopté il y a 10 ans un indice de « bonheur national brut », le bonheur de la population a été mis au cœur de la politique de développement, a indiqué le Ministre des finances en précisant que le taux d’inégalité des revenus y est faible, avec en outre un taux de scolarité de 100%.

Si le bien-être et les droits des personnes doivent bénéficier de toute l’attention des gouvernements et être la principale préoccupation des actions de développement, les délégations ont aussi souligné que les populations ne doivent et ne veulent pas rester passives dans cette entreprise.  Elles ont un rôle crucial à jouer pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Un simple exemple en Estonie le prouve: plus de 50 000 personnes ont participé cette année à une initiative de nettoyage du pays, pour protéger l’environnement et aussi pour contribuer à l’objectif 6 sur l’assainissement.  C’est « l’action civique la plus importante au monde pour protéger l’environnement », s’est enorgueilli le Ministre estonien de l’environnement. 

La Lettonie aussi s’appuie sur « l’atout de sa population », a déclaré son Vice-Premier Ministre chargé des affaires économiques en présentant la transition menée vers une économie plus efficace et innovante.  Une économie qui fournit des opportunités pour tous, dans les villes comme en campagne, et même pour ceux des nationaux ayant émigré.

Car il faut des « sociétés viables et résilientes », comme le rappelle le thème de la session du Forum politique.  Un objectif que la République tchèque a choisi de réaliser en développant notamment des « villes intelligentes ». 

Au chapitre des défis, le Tchad, prenant à témoin la Vice-Secrétaire générale qui est rentrée d’une visite dans la région, a déploré que la région du lac Tchad subisse autant les effets conjugués des attaques terroristes et des changements climatiques qui ont des conséquences dramatiques sur les populations vulnérables et l’environnement. 

Le manque de partenariat mondial pour le développement durable, malgré l’objectif 17 qui lui est consacré, a été évoqué par le Ministre de l’environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo qui a regretté notamment le manque de soutien financier.

Les pays à revenu intermédiaire s’estiment par ailleurs « piégés par ce statut » à l’instar de la Namibie dont le Ministre de la planification économique s’est plaint que « cela l’empêche d’avoir accès à certaines ressources ».  Plus concrètement encore, le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation de Madagascar a appelé les parties prenantes à augmenter l’aide publique au développement (APD) pour qu’elle atteigne 50 dollars par habitant pour son pays.

Le débat général se poursuivra demain, mercredi, 18 juillet, à partir de 15 heures, alors que les examens nationaux volontaires auront lieu pendant toute la journée.  La Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices de l’ECOSOC, s’achèvera dans l’après-midi par l’adoption d’une déclaration ministérielle.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Débat général

M. ARVILS ASERADENS, Vice-Premier Ministre chargé des affaires économiques de Lettonie, a rappelé que cette année marque le centième anniversaire de la création de son pays.  C’est donc l’occasion idoine de faire un bilan et de faire une présentation dans le cadre de l’examen national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Les pays a inclus ces objectifs dans sa planification et l’élaboration du budget, a-t-il d’abord précisé.  Il s’appuie sur des atouts comme sa population et son savoir-faire, la nature, le numérique et la culture.  Les défis de durabilité du pays consistent à assurer la transition vers une économie plus efficace et innovante et qui fournit des opportunités pour tous, dans les villes comme en campagne, et même pour ceux des nationaux ayant émigré.  En plus, la Lettonie entend assurer 40% de sa consommation énergétique à partir des sources renouvelables d’ici à 2020, et 50% d’ici à 2030.

M. KIMMO TIILIKAINEN, Ministre de l’environnement, de l’énergie et du logement de la Finlande, a suggéré que pour atteindre les objectifs de développement durable, il faudrait respecter les limites de la terre et adapter les activités humaines à ces limites.  Il faudra aussi mettre en œuvre l’économie circulaire, a proposé le Ministre.  M. Tiilikainen a plaidé pour la mise en place de partenariats stratégiques entre les parties prenantes pour réaliser le Programme 2030.  Il est également important, a-t-il souligné, de respecter et de promouvoir les droits sexuels des femmes.  Les gouvernements doivent jouer le rôle de chef de file dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a encore déclaré le Ministre qui a loué pour cela le potentiel de la science et de la technologie.  En outre, la Finlande consacrera des rubriques de son budget à la mise en œuvre du Programme 2030 et intègrera les objectifs dans son plan de développement.  Membre du Conseil de l’Arctique, la Finlande estime que la fonte des glaces à cause des changements climatiques exige des sociétés résilientes, a dit le Ministre pour conclure.  

M. MASAGOS ZULKIFLI, Ministre de l’environnement et des ressources en eau de Singapour, a indiqué que Singapour a toujours placé sa population au centre des politiques de développement.  L’histoire de la transformation économique du pays fait voir comment la vie des populations s’est améliorée, par le biais d’une éducation de qualité, des services de santé et des logements adéquats, de l’emploi et d’un environnement sain.  Les dirigeants adoptent une approche pragmatique qui table plus sur les résultats que sur l’idéologie.  Les trois éléments clefs du développement de Singapour sont l’équilibre entre développement économique, protection de l’environnement et inclusion sociale; des politiques de planification intégrées et visant le long terme; et des politiques mises en œuvre grâce à la collaboration de plusieurs parties prenantes, puisque le Gouvernement seul ne peut tout faire.

Mme BOMO EDNA EDITH MOLEWA, Ministre de l’environnement d’Afrique du Sud, a estimé que le développement durable ne peut être réalisé que par des solutions multilatérales et des actions collectives qui soient justes, intégrées et coordonnées.  Le pays considère que les changements climatiques sont le premier défi auquel il faut faire face, puisque le phénomène rend vulnérables les ressources en eau, l’agriculture et les services alimentaires et énergétiques.  Le second défi consiste à faire face à l’urbanisation galopante.  Le troisième, ce sont les modes de production et de consommation durables et les innovations technologiques de la quatrième révolution industrielle, lesquelles tendent à bouleverser les systèmes socioéconomiques, industriels et le monde du travail.  Le programme de transformation urbaine dans son pays prévoit, par exemple, la promotion de l’inclusion sociale, le développement économique, le renforcement de la résilience climatique et la protection des ressources environnementales.  Cette politique est liée à d’autres relatives à l’eau et l’assainissement, la sécurité énergétique et une gestion des déchets pourvoyeuse d’emplois.

M. MIGUEL ÁNGEL MOIR SANDOVAL (Guatemala) s’est réjoui que son pays ait adapté ses efforts de développement au contexte national. Il a identifié les grands défis à relever sur le plan local, comme la réduction des taux de pauvreté extrême et de faim chronique, et les difficultés d’accès à l’eau. Il a cependant annoncé des progrès dans ce dernier domaine: en 2014, les trois quarts de la population guatémaltèque avaient accès à l’eau potable.  « Encore trop peu », selon le représentant qui a mis l’accent sur la gestion intégrée de l’eau et des ressources naturelles.  Il a fait part d’autres progrès en ce qui concerne la couverture forestière, la couverture électrique qui a atteint 90%, même s’il est encore nécessaire d’augmenter la couverture en zone rurale.  Le système des Nations Unies pour le développement a permis de renforcer l’innovation et le recours aux technologies dans le pays, a-t-il témoigné.

Conscient des difficultés du processus, M. JOSÉ DA SILVA GONÇALVES (Cabo Verde) a réitéré que son pays demeurait engagé fermement à mettre au point son propre programme national de développement durable, d’une manière conforme au Programme 2030, faisant la part belle à une stratégie intégrée, afin que personne ne soit laissé pour compte.  Le Cabo Verde est l’un des rares pays à avoir changé de poids économique ces dernières années: il est devenu un « pays à revenu intermédiaire » dès 2008, a souligné M. Gonçalves.  La petite île-nation continue d’investir dans les ressources humaines, la bonne gouvernance, l’eau et l’assainissement.  Le pays étoffe son cadre normatif pour favoriser les investissements privés dans « les énergies bleues », le tourisme, en mettant l’accent sur les jeunes et les femmes, a aussi indiqué le représentant.  Il a néanmoins jugé impératif que la communauté internationale vienne en aide au Cabo Verde pour qu’il progresse davantage.

M. NAMGAY DORJI, Ministre des finances du Bhoutan, a déclaré que le bonheur de la population est au cœur de sa politique.  Nous sommes en bonne voie pour la réalisation du Programme 2030, a assuré le Ministre en misant sur le plan national de développement qui est le premier pas vers la réalisation des objectifs de développement.  « La paix dont jouit notre pays depuis des années montre notre marche résolue vers le développement. »  Elle peut nous aider à y parvenir, a également estimé M. Dorji qui s’est réjoui du faible taux d’inégalité de revenu dans un pays qui a atteint 100% de taux de scolarité.  Toutefois, le Bhoutan est vulnérable aux tremblements de terre, a rappelé le Ministre.  C’est la raison de la mise en œuvre de politiques qui prennent en compte ces vulnérabilités. 

M. SIIM KIISLER, Ministre de l’environnement de l’Estonie¸ a dit que son gouvernement était en mesure de mettre un terme à la dégradation environnementale dans son pays.  Il a vanté le mouvement de masse qui a vu 50 000 personnes nettoyer tout le pays, en cinq heures, cette année 2018, dans le cadre des actions de protection de l’environnement.  C’est l’action civique la plus importante au monde pour protéger l’environnement, s’est enorgueilli le Ministre.  Il a poursuivi en vantant les avantages de la technologie qui, à son avis, doit être le moteur du changement mondial.  Elle doit aider à réduire la pollution et la consommation de certaines matières nocives.  L’utilisation de la technologie ne doit toutefois pas se faire au détriment de l’environnement, a-t-il mis en garde.

M. LUIS FERNANDO MELJÍA ALZATE (Colombie) s’est félicité de la participation de son pays à l’Accord de Paris et a rappelé son attachement au multilatéralisme reflété dans le Programme 2030.  Il a ensuite évoqué l’Accord de paix récemment signé dans le pays, un accord politique qui l’incite à beaucoup d’optimisme, en permettant au Gouvernement de pleinement se refocaliser sur la production, l’économie et l’amélioration du bien-être des Colombiens.  « La paix et le développement durable vont de pair », a-t-il plaidé.  L’entrée de la Colombie dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est également perçue comme un vrai progrès.  « Nos pays sont interdépendants », a-t-il rappelé.  « Le développement durable n’est pas un jeu à somme nulle, mais un jeu où la générosité et l’échange sont la clef pour un avenir meilleur. »

Mme KLÁRA DOSTÁLOVÁ (République tchèque) s’est réjouie que plus de 20% du territoire tchèque soit classé comme zone protégée.  Elle a aussi indiqué que son pays avait adopté diverses mesures favorables à la protection de l’environnement, comme l’utilisation de l’eau de pluie dans les foyers, ou la réduction des déchets.  La représentante a aussi mis en avant la coopération entre municipalités pour favoriser les logements sociaux abordables et appuyer la création de « villes intelligentes » afin de créer des communautés plus viables et résilientes.  Elle a enfin appelé à faire davantage participer les citoyens à ces grandes questions de société.

M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ, Ministre du commerce extérieur et des investissements de Cuba, a constaté que l’opulence et la concentration des richesses dans les pays développés contrastent avec la pauvreté qui sévit au sein des deux tiers de la population mondiale.  Les ressources pour résoudre ce problème existent, a-t-il argué en évoquant les somptueuses dépenses militaires mondiales chaque année.  Ce qui manque donc c’est une réelle volonté politique des pays les plus puissants qui doivent respecter leurs engagements.  Pour Cuba en effet, les pays industrialisés doivent accepter leur « dette historique » et mettre en pratique le principe de responsabilités communes mais différenciées.

« La communauté internationale ne peut plus se permettre de remettre à plus tard le droit au développement », a plaidé le Ministre.  Il est donc essentiel de consolider le partenariat mondial pour le développement, afin de mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a en outre relevé que le blocus commercial et financier dont Cuba est victime de la part du Gouvernement des États-Unis, depuis près de 60 ans, empêche sa population de se développer et de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Malgré ces obstacles auxquels s’ajoutent les changements climatiques, Cuba a pu partager ses ressources limitées avec des nations du monde, notamment par le biais des programmes de coopération dans les domaines de la santé, de l’éducation et du sport.

M. MASHAIR AHMED ELAMIM ABDALLA, Ministre de la sécurité et du développement social du Soudan, a fait part des avancées du pays dans la réalisation du Programme 2030, dans les six objectifs de développement examinés au cours de la session.  Le Gouvernement a mis en place une politique foncière qui garantit la propriété foncière aux familles.  Il a aussi créé un fonds pour le logement, qui est géré par des agences dans toutes les provinces du pays.  Le Soudan a accueilli un grand nombre de migrants illégaux et des réfugiés, a ajouté le Ministre en observant cependant des répercussions négatives, comme la traite d’êtres humains.  Pour limiter les déplacements de population à l’intérieur du pays, le Gouvernement a créé des fonds pour aider les gens à rester dans leurs régions d’origine.  Concernant l’objectif de l’accès à l’eau, le Gouvernement fournit l’eau potable dans les zones rurales et a mis en œuvre des systèmes de collecte d’eau de pluie.  S’agissant de l’assainissement, des programmes de collecte des déchets ont été lancés.  Pour ce qui est de l’énergie, des barrages hydroélectriques ont été créés sur les grands fleuves du pays pour obtenir de l’électricité.  En outre, une loi de protection de la diversité biologique et de lutte contre la désertification a été adoptée cette année.  

Frappée par une grave crise économique puis par une crise migratoire, la Grèce perçoit les objectifs de développement durable comme une feuille de route pour sortir de l’austérité, a assuré son représentant, M. SOKRATIS FAMELLOS (Grèce).  Il a parlé du « nouveau contrat social » liant les Grecs, contrat qu’il retrouve dans le Programme 2030.  Se félicitant des bons résultats en ce qui concerne la qualité de l’eau potable dans tout le pays, il a aussi salué les « mesures audacieuses » de la Grèce dans la zone des Balkans pour la stabilité et le progrès, ainsi que l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le pays.  « Les efforts pour rendre les villes plus inclusives ont un effet démultiplicateur », a-t-il assuré.  Il a enfin dit que le Programme 2030 correspondait à la propre vision de l’avenir de la Grèce d’une économie circulaire à faible rendement énergétique.

Mme SLAVICA ÐJUKIĆ DEJANOVIĆ, Ministre en charge des politiques démographiques de la Serbie, a promis que son pays fera une présentation au cours du Forum politique en 2019.  Pour l’instant, le pays a inclus la question des objectifs de développement durable dans le paquet des négociations en vue de son entrée au sein de l’Union européenne.  Elle a annoncé qu’en septembre prochain, Belgrade va accueillir une conférence sous-régionale sur la promotion des objectifs de développement durable.  Une autre réunion parlementaire régionale sur le même thème a eu lieu en mai dernier, avec les élus d’Europe centrale et de l’Est.  La Serbie, a assuré le Ministre, entend poursuivre sa coopération étroite avec l’équipe de pays des Nations Unies dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs 16 et 17 portant, respectivement, sur des sociétés pacifiques et sur les partenariats.

Mme KAROLINA SKOG (Suède) s’est réjouie du rôle de chef de file de son pays, traditionnellement classé parmi les pays les plus avancés sur ces questions, avant d’assurer qu’il restait encore énormément à faire dans le pays et a fortiori dans le monde pour renforcer l’écosystème et changer les moyens de transports.  « Les produits chimiques sont partout, ils se propagent comme une menace mondiale, ce n’est pas viable, ce n’est pas sain », a-t-elle mis en garde. La Suède lance à cet égard une « alliance des grandes ambitions sur les produits chimiques et les détritus », pour encourager l’utilisation de matériaux non toxiques, « essentiels pour basculer sur une économie circulaire ».  « L’eau n’a pas de frontière, c’est un bien commun », a-t-elle rappelé en soulignant que les changements climatiques altèrent le bon accès à l’eau.  « Il est urgent d’améliorer la coopération entre nations pour améliorer la qualité de l’eau », a-t-elle plaidé.  Elle s’est enfin inquiétée de la corrélation entre changements climatiques et sécurité et appelé à la vigilance sur cette question.

Mme MARIA UBACH FONT, Ministre des affaires étrangères de l’Andorre, a dit que bâtir la résilience est impératif pour faire face aux situations de fragilité.  Le Gouvernement de son pays a investi dans les énergies renouvelables, a-t-elle indiqué avant de parler d’une campagne de sensibilisation au Programme 2030, qui a pour but de faire évoluer la mentalité de la population.  Un programme d’éducation a aussi été lancé pour sensibiliser le corps enseignant et les étudiants sur les objectifs de développement durable.  L’Andorre soumet cette année son premier examen national volontaire, a indiqué la Ministre.  « Nous partageons la nécessité de bâtir des alliances pour réaliser le Programme 2030 », a-t-elle dit en conclusion de son intervention. 

M. OBETH MBUIPAHA KANDJOZE, Ministre de la planification économique de la Namibie, a affirmé que, dans son pays, l’objectif de consommation d’une eau potable par tous est quasiment atteint, même si seulement 54% des ménages ont accès aux installations sanitaires appropriées.  De plus, 50,4% de la population bénéficie de l’électricité et le pays entend investir davantage dans les sources d’énergie renouvelable.  Néanmoins, en matière de logement, le pays a vu l’expansion de bidonvilles à la périphérie des villes.  Des mesures ont déjà été prises pour stabiliser les prix des logements et combattre la spéculation des prix des loyers.  Malgré de nombreuses avancées, la Namibie se trouve piégée par son statut de pays à revenu intermédiaire, ce qui l’empêche d’avoir accès à certaines ressources, a déploré le Ministre.  Cela lui a fait dire qu’il fallait revoir les critères de classification des pays en changeant le facteur de revenu par habitant.

M. TIANARIVELO RAZAFIMAHEFA, Ministre de l’intérieur et de la décentralisation de Madagascar, a partagé les avancées du pays en matière de gouvernance en expliquant tout d’abord que les structures locales de concertation ont été institutionnalisées.  Cela permet la participation de toutes les catégories d’acteurs, y compris les populations vulnérables, à l’élaboration des plans de développement local.  Un instrument de mesure de la performance et de la pertinence de la gouvernance locale a même été développé: l’« Indice de gouvernance locale ». 

Outre sa stratégie nationale de développement local et son programme national d’appui au développement local, Madagascar s’attèle actuellement à la mise en place de la fonction publique territoriale.  Il a élaboré la charte de la déconcentration afin de renforcer la coordination des appuis des services de l’État au niveau du territoire au profit des collectivités territoriales décentralisées.  Pour « ne laisser personne pour compte », le Gouvernement a adopté une nouvelle loi sur la statistique en 2018 correspondant au potentiel des nouvelles technologies et aux défis du développement durable.  Le Ministre a enfin appelé toutes les parties prenantes à augmenter l’aide publique au développement (APD) pour qu’elle atteigne 50 dollars par habitant pour Madagascar.

M. NAYEF AL-FAYEZ, Ministre de l’environnement de la Jordanie, a rappelé qu’il vient d’un pays où depuis des décennies il a été prouvé qu’investir dans le capital humain et dans le développement peut mener à la prospérité et au bien-être de tous les citoyens et au développement durable.  « Aujourd’hui, la Jordanie est un exemple de résilience dans le monde » alors qu’elle doit répondre à la fois aux attentes de sa propre population et subvenir aux besoins des réfugiés syriens qu’elle accueille depuis huit ans.  La crise régionale et l’influx de ces réfugiés ont exercé une pression importante sur ses ressources naturelles, ses infrastructures et ses institutions publiques, a expliqué le Ministre, mais cela ne l’a pas empêché de présenter son examen national volontaire dès 2017.

Compte tenu des ressources limitées en eau de la Jordanie, la priorité a été donnée à la consommation humaine.  Le pays a également dû revoir ses plans et stratégies de développement dans le contexte d’autres ressources cruciales comme la production alimentaire et l’approvisionnement énergétique.  Le Ministre a indiqué qu’au cours des dernières décennies, la Jordanie avait pu maintenir la sécurité de son approvisionnement énergétique en misant sur la diversification des sources d’énergie importées et en développant ses propres énergies renouvelables tout en rationnalisant sa consommation.  Cela s’est également traduit par une baisse significative de ses émissions de CO2.  Tous ces efforts s’inscrivent dans la stratégie nationale et le plan d’action pour une consommation et production durables (2016-2025).  Enfin, le Ministre a souligné l’écart à combler dans le financement du développement et appelé à un partenariat plus coordonné entre les gouvernements, les donateurs, les institutions multilatérales, le secteur privé et la société civile.  Sa délégation est prête à travailler avec tous les partenaires pour essayer d’identifier de nouveaux modèles efficaces pour ce financement, pour être à la hauteur des ambitions du Programme d’action d’Addis-Abeba.

M. ALEXANDER CHITEME, Ministre du développement de la Zambie, s’est félicité de la mise en place dans son pays de programmes d’accès à l’eau, d’assainissement et d’énergie renouvelable.  Grâce au premier, la proportion de ménages ayant accès à de l’eau potable a augmenté, passant de 63% avant 2015 à 67,7% à ce jour.  Le deuxième permet d’accroître l’utilisation de toilettes assainies et ainsi réduire la diarrhée chez les enfants.  En ce qui concerne l’énergie propre, la diversité du bouquet énergétique laisse encore à désirer, a reconnu le Ministre.  La Zambie est pour l’instant trop dépendante de l’hydroélectrique (plus de 90%).  S’agissant de l’objectif 11, la priorité est accordée à la décentralisation, à la démolition de bidonvilles et à l’amélioration de l’assainissement, a poursuivi le Ministre.  Enfin, concernant l’objectif 15 et la réduction du déboisement, il a annoncé que la Zambie planifie de planter un million d’arbres dans le cadre de la gestion de l’économie forestière.

Mme NABEELA F. TUNIS, Ministre de la planification et développement économique de la Sierra Leone, a pointé « l’éducation, la justice, la paix, la lutte contre la corruption et le financement illicite » comme thèmes clefs pour ne pas faire des laissés-pour-compte sur la voie du développement.  Elle a mentionné les efforts menés en faveur de l’éducation primaire et secondaire gratuite, en insistant sur les filles.  Le pays marche grâce à une fonction publique performante et une politique de tolérance zéro face à la corruption, a ensuite souligné la Ministre.  Des progrès importants ont été constatés après l’établissement d’un bureau juridique pour les pauvres, conformément à l’objectif 16.  Pour ce qui est de l’objectif 4, la part d’enfants handicapés scolarisés est passée de 0,48% en 2013 à 26,6% en 2016.

En outre, le Gouvernement, à travers l’agence nationale de protection de l’environnement, a mis en œuvre des normes environnementales par le biais de bureaux locaux et de conseillers de districts formés pour les mettre en pratique.  Le contexte politique s’est grandement amélioré en Sierra Leone, s’est enfin réjouie la Ministre, avec le transfert pacifique du pouvoir d’un parti à un autre, « ce qui est bon pour le développement », a-t-elle souligné.  « Les agences internationales et les ONG méritent nos louanges », a-t-elle conclu.

Mme KIM EUNKYUNG, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a commencé par dire que depuis son entrée en fonctions en mai 2017, le gouvernement de Moon Jae-In a retenu l’attention du monde pour avoir amélioré la paix dans la péninsule coréenne et dans l’Asie du Nord-Est.  La Ministre a poursuivi en faisant le point sur la réalisation des six objectifs de développement durable à l’examen pendant la session de 2018.  S’agissant de l’accès à l’eau et à l’assainissement, les réservoirs artificiels ont été ouverts l’année dernière et l’on commence aujourd’hui à voir des signes de renouveau de l’écosystème. 

En ce qui concerne l’accès à l’énergie abordable et propre, pour ne plus dépendre de l’énergie nucléaire, une nouvelle feuille de route énergétique a été écrite en vue d’élargir sa part à 20% avant 2030.  Des centrales nucléaires et à charbon ont été partiellement fermées.  Pour ce qui est de l’objectif 11 sur les villes durables, un programme de régénération urbaine a été lancé pour réduire l’utilisation du plastique et la pression sur les ressources naturelles.  Avant de terminer, Mme Kim a rappelé que la Corée a enregistré deux succès pendant le XXe siècle: le développement économique et la démocratisation.  Certains parlent de miracles.  Aujourd’hui la Corée s’apprête à écrire un nouveau succès qui est le miracle de la durabilité. 

M. GEORGE GYAN-BAFFOUR (Ghana) s’est d’emblée excusé de n’avoir pu se soumettre à l’examen national volontaire, promettant de le faire dès l’année prochaine.  Le Ministre a d’ailleurs affirmé que son pays a fait des progrès considérables dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable: les Ghanéens vivent plus longtemps, davantage d’enfants vont à l’école et l’accès aux services sociaux de base s’est amélioré.  Mais, a reconnu le Ministre, le développement humain est resté inégal et les privations persistent.  Nous nous heurtons à de nouveau défis du fait de l’aggravation des inégalités, des changements climatiques et des migrations.  Le Gouvernement n’a pas pour autant baissé les bras, a assuré le Ministre en citant, entre autres, la création du « Fonds de l’eau » pour réguler le prix de cette ressources, l’adoption d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de l’initiative « Énergie durable pour tous » des Nations Unies, la mise sur pied d’un ministère chargé d’améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles et les banlieues, ainsi que la poursuite de la politique de gestion des feux de forêts, du plan-cadre pour le développement de la foresterie, de la stratégie de plantation des forêts ou de la stratégie nationale REDD+.

Mme CAMILLE ROBINSON-REGIS, Ministre de la planification et de développement de Trinité-et-Tobago, a expliqué que dès 2002, son gouvernement avait adopté une vision nationale du développement appelée « Vision 2020 », à la formulation de laquelle plus de 600 citoyens, membres du Gouvernement et de la société civile, avaient participé.  Aujourd’hui, la stratégie nationale de développement du pays « Vision 2030 » est entièrement alignée sur les objectifs de développement durable.  Cette stratégie préconise un vaste cadre de développement socioéconomique de portée globale et de nature transversale, la priorité étant de satisfaire les besoins de base de toute la population, spécialement pour les femmes et les enfants, et de permettre à tout un chacun de contribuer au développement national, a expliqué la Ministre.

Alors que 97% de la population de l’île a accès à l’électricité, le Gouvernement a élaboré une feuille de route 2021-2030 pour l’énergie durable et renouvelable, développée avec des partenaires internationaux.  En outre, 93% de la population ont accès à l’eau potable dans leurs foyers ou leurs communautés.  Le Gouvernement travaille actuellement sur une politique nationale de gestion intégrée de l’eau pour améliorer la gestion durable des ressources en eau du pays.  Quant à l’objectif 11, la Ministre a indiqué que, depuis son indépendance en 1962, 25% de la population a obtenu des logements construits par le Gouvernement, mais que, face à la demande croissante, il étend la fourniture de nouvelles maisons pour tous les niveaux de revenu grâce à des partenariats public-privé.

M. ISSA DOUBRAGNE (Tchad) a annoncé que son gouvernement était en train de travailler d’arrache-pied à l’élaboration du premier rapport pour l’examen national volontaire de 2019.  « Dans cette perspective, nous comptons sur le précieux appui du Programme des Nations Unies pour le développement. »  Le Ministre a ajouté que la Vice-Secrétaire générale, qui vient de terminer une visite au Tchad, a constaté dans la région du lac Tchad les effets conjugués des attaques terroristes et des changements climatiques qui ont des conséquences dramatiques sur les populations vulnérables et l’environnement.  Autour du lac Tchad vivent plus de 45 millions d’âmes qui subissent les conséquences de l’assèchement du lac: ce phénomène porte gravement atteinte à leurs moyens d’existence et limite drastiquement leurs capacités de résilience.

      En dépit de ses difficultés économiques et financières sans précédent, le Tchad se trouve obligé de consacrer ses maigres ressources à la sécurité et à celle de la sous-région, au détriment des objectifs de développement durable, s’est désolé le Ministre.  Mais le Tchad fonde un grand espoir sur la mobilisation effective des financements annoncés en faveur du plan national de développement 2017-2021, qui a été présenté à la table ronde de Paris en septembre 2017.  Le Ministre a lancé un appel vibrant aux partenaires du Tchad pour concrétiser les annonces faites lors de ladite table ronde.  « La tenue de ces promesses est vitale pour le Tchad », a-t-il conclu.     

Mme MAMA KANNY DIALLO, Ministre du plan et du développement économique de la Guinée, a indiqué que son pays a intégré les objectifs de développement durable dans le plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, guidé par la perspective du programme « Guinée, Vision 2040 ».  Un des buts est d’accroître les capacités d’offre en eau courante, en faisant passer le taux d’accès de 69% en 2016 à 76% en 2020.  Le Gouvernement guinéen entend également réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, à travers notamment la diversification du « mix énergétique » vers les énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique.  Le pays considère aussi que l’objectif 17 de développement durable sur les partenariats est la clef de voûte pour la réalisation effective des politiques de développement économique et social.  Le Gouvernement guinéen s’emploie ainsi à promouvoir de nouveaux partenariats pour diversifier les sources de financement, en vue de disposer de ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.

M. JOSEPH HARMON, Ministre d’État et Ministre de la Présidence du Guyana, a expliqué que son gouvernement avait lancé un processus d’intégration des objectifs de développement durable dans son plan de développement national - la stratégie de développement de l’État vert.  Ce plan apporte une vision et donne une orientation à long terme pour le développement économique, social et environnemental du pays.  Le Ministre a expliqué que l’une des priorités est de permettre l’accès à de l’énergie abordable, durable, fiable et moderne.  Ainsi le Guyana a l’intention de passer d’une situation de quasi-dépendance totale des énergies fossiles vers un approvisionnement à près de 100% en énergies renouvelables et propres d’ici à 2025, en misant notamment sur le solaire.  Un deuxième volet de l’action gouvernementale est la lutte contre la déforestation.  Dans ce contexte, le Ministre a annoncé que son pays allait accueillir la dix-septième session du Comité pour la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, qui aura lieu en janvier 2019.

M. MOHAMED EBRAHIM YOUSIF ALMUTAWA, Ministre des affaires gouvernementales du Bahreïn, a rappelé que son pays fait partie de ceux ayant décidé de faire un exposé pour présenter leurs réalisations nationales au cours de cette édition du Forum politique.  Il a expliqué que ce rapport national fut rédigé de manière inclusive.  Le pays a aussi créé une base de données nationales qui laisse voir que 78% des objectifs de développement durable ont été inclus dans les plans nationaux, ceux restants étant en cours de l’être ou tout simplement pas appropriés dans le contexte du Bahreïn.  Il a dit souhaiter davantage d’efforts de la communauté internationale dans le cadre de la mobilisation des ressources, en droite ligne des prescriptions du Programme d’action d’Addis-Abeba.

M. FRANCISCO GUZMAN ORTIZ, Chef de cabinet du Président du Mexique, s’est félicité de l’engagement de son pays à bâtir une architecture nationale pour mettre en œuvre le Programme 2030.  La continuité est garantie par l’engagement de toutes les forces politiques, a-t-il assuré, « y compris celui des autorités récemment élues ».  M. Ortiz a dit espérer que la réforme du système des Nations Unies pour le développement permettra au Mexique de progresser sur la même voie, avec ses voisins de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Le Ministre a abondé dans le sens de ce que prône le Secrétaire général pour renforcer le pouvoir de décision du Conseil économique et social.  Il a assuré que le Mexique continuerait à travailler de concert avec les autres nations pour atteindre tous les objectifs du Programme 2030.

M. AMY AMBATOBE NYONGOLO, Ministre de l’environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo, a loué les progrès enregistrés par son pays en matière d’accès à l’eau potable, tout en déplorant un taux d’accès encore trop faible à cette ressource.  Le taux d’accès à l’électricité, d’environ 17%, est aussi en hausse, a-t-il ajouté.  Il a vu la construction en cours de centrales électriques dans son pays comme un signe encourageant pour atteindre l’objectif d’un taux de couverture de 50% d’ici à 2030.

Avec une couverture forestière de 155 millions d’hectares, soit le second plus grand poumon mondial après l’Amazonie, le pays s’est doté d’un fonds forestier national et a voté une loi protégeant l’environnement, a poursuivi le Ministre.  Il a toutefois déploré le manque de soutien financier pour la mise en œuvre du Programme 2030 alors que celui-ci est à la portée de tous.  Cela nécessite de nombreuses ressources financières et technologiques que le pays compte mobiliser avec l’aide de ses partenaires, a-t-il assuré.

M. SERGIO BERGMAN, Ministre de l’environnement et du développement durable de l’Argentine, a expliqué que le modèle de gouvernance de son pays est passé d’une approche verticale à une approche circulaire, en respect du caractère interdépendant des objectifs de développement durable.  Une de ses collègues a ensuite expliqué que les objectifs de développement durable ont été intégrés dans le plan national de développement en décembre 2015.  L’examen national volontaire a été présenté à cette session du Forum politique pour la première fois.  Elle a aussi rappelé que la mise en œuvre du Programme 2030 doit tenir compte du principe des responsabilités communes mais différenciées.  Il faut également, a-t-elle prôné, des alliances qui prennent en compte des partenaires nationaux et internationaux.  Il faut en outre renforcer le transfert des technologies en faveur des pays en développement.  Le programme de la présidence argentine du G20, cette année, entend placer le développement durable au centre des échanges.

Mme SUPARAT DEVAKULA, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a estimé que la résilience des communautés donne une nation forte.  Et une nation forte devrait comprendre des populations qui croient aux valeurs du progrès, des dynamiques de l’amélioration et à la pratique du développement durable.  Pour la Thaïlande, a ainsi ajouté la Ministre, il est nécessaire d’inculquer dans l’esprit du peuple le Programme 2030.  Pour ce faire, le Gouvernement s’est engagé dans trois voies.  En premier lieu, il a présenté les objectifs de développement durable à tous les groupes de population pour aider à trouver une meilleure perspective de réalisation du Programme 2030 dans le pays.  « Seule une plus grande conscience des populations et de leurs pratiques nous permettrait de voir une meilleure perspective de réalisation des objectifs dans toutes les localités. »

En deuxième lieu, le Gouvernement considère la science, la technologie et l’innovation comme des moyens efficaces pour mettre en œuvre le Programme.  En troisième lieu, la mise en œuvre exige un engagement précoce de toute la population, son interaction, ses efforts et des partenariats.  L’exemple de l’opération de secours des 12 petits footballeurs et de leur entraîneur rend compte de la manière dont les objectifs de développement durable a été mise en œuvre, a ajouté la Ministre qui a souligné, à part le partenariat mondial « altruiste » qui a joué un rôle important dans la mission de secours, que les changements climatiques étaient indéniablement à l’origine de l’inondation qui a englouti les enfants pendant 18 jours.

M. OTMAR ODUBER, Vice-Premier Ministre d’Aruba, s’exprimant au nom des Pays-Bas, a décrit la mise en œuvre des objectifs de développement durable comme un exercice de « Rubik’s Cube », car les ajustements sur un côté influencent les autres parties.  « De ce fait, tous les côtés sont importants. »  La jeune déléguée des Pays-Bas, Mme EMMA CLEMENS, lui a emboité le pas afin de parler du dynamisme des jeunes à travers le monde en faveur des objectifs de développement durable.  Elle a dénoncé le fait que ces jeunes ne sont aujourd’hui présents que dans 10 délégations officielles, notamment celles d’Europe.  « Il est question de 1,8 milliard de jeunes dans le monde, dont 90% vivent dans des pays en développement », a-t-elle fait valoir en notant que ces voix sont laissées de côté.  

M. JENS FROLICH HOLTE, Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a mis en avant le rôle pionnier de la Norvège dans la recherche pour améliorer le traitement des déchets océaniques.  Il a encouragé les politiques nationales destinées à promouvoir le développement à faire preuve de cohérence.  Sur le plan international, il a émis le souhait d’un système multilatéral robuste « afin de préserver les valeurs du Programme 2030 ».  Il a conclu en appelant les États Membres à se montrer à la hauteur du défi.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.