8316e séance – matin
CS/13433

Conseil de sécurité: Après la désescalade obtenue « de justesse » à Gaza, un « horizon politique » doit être trouvé de toute urgence au conflit Israélo-Palestinien

Alors que les tensions se multiplient sur plusieurs fronts au Moyen-Orient, les interventions au Conseil de sécurité ont surtout porté aujourd’hui sur la situation à Gaza, où une nouvelle confrontation dévastatrice entre Israël et le Hamas a été évitée de justesse samedi dernier et où plus que jamais, un « horizon politique » doit être trouvé.

Cela fait un petit temps que Gaza est comme une « cocotte-minute » sur le point d’exploser, a reconnu l’Union européenne après que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a fait son exposé mensuel, dans le cadre du débat public trimestriel du Conseil.  Avant de laisser la parole à plus de 40 orateurs, M. Nickolay Mladenov, qui s’exprimait par visioconférence, a rappelé que c’est grâce à un effort conjoint de diplomatie préventive de la part de l’ONU et de l’Égypte qu’Israël et le Hamas ont finalement renoncé à se livrer à leur quatrième confrontation militaire, en une décennie.

Entre le 14 et le 15 juillet, a par exemple indiqué le Coordonnateur spécial, 220 roquettes et obus ont été tirés depuis Gaza, contre 90 missiles et obus par les forces israéliennes.  La fermeture du point de passage de Kerem Shalom, a-t-il précisé, est consécutive aux lâchers de cerfs-volants et de ballons enflammés à partir de Gaza.

L’Observateur permanent de la Palestine et le représentant d’Israël ont présenté des points de vue diamétralement opposés de la situation sur le terrain.  Le premier a argué que les violations israéliennes sont une preuve supplémentaire de la nécessité absolue de fournir une protection internationale à la population civile palestinienne.  Il s’est dit impatient de prendre connaissance, le 13 août prochain, des recommandations du Secrétaire général sur un « mécanisme international », conformément à la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 13 juin.  « Ça suffit », s’est écrié le second.

C’est le Hamas qui « terrorise » les communautés à la frontière septentrionale, où « les sirènes résonnent jour et nuit » et où plus de 7 000 acres, « soit la moitié de Manhattan », ont été détruites par les objets enflammés d’une « organisation terroriste qui travaille en étroite collaboration avec le Hezbollah et le régime iranien ».

Où sont les pays arabes quand il s’agit de condamner le Hamas? a accusé, à son tour, la représentante des États-Unis.  Où sont-ils quand il s’agit de réconcilier les factions palestiniennes?  Où sont-ils quand il s’agit d’encourager le compromis?  La prochaine fois que nous nous réunirons ici pour parler de la situation au Moyen-Orient, je demanderai à tous ceux qui font de beaux discours, la nature exacte de leur contribution au peuple palestinien, a prévenu la représentante, en insistant sur les 364 millions de dollars versés à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) qui souffre d’une situation financière « sans précèdent ». 

Les pays arabes, a répondu leur Ligue, ne sont pas moins généreux que les autres.  Ils décaissent des milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés palestiniens, en particulier depuis que les États-Unis ont coupé leur aide à l’Office.  L’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït viennent d’ailleurs de débloquer plus de 200 millions de dollars.  Nous n’avons pas pour habitude de nous vanter « à tort et à travers » de notre aide humanitaire, a ajouté la Turquie qui a dit faire des choses « concrètes » pour les Palestiniens qui ne se limitent pas à l’UNRWA.  Nous avons versé 8,7 milliards de dollars d’aide humanitaire, ce qui fait de nous « le pays le plus généreux au monde », s’est-elle enorgueillie.

Il est vrai, a reconnu le Coordonnateur spécial, qu’il ne sert à rien de continuer à demander aux donateurs de financer des initiatives en l’absence d’un « horizon politique ».  Beaucoup ont douté d’une telle percée, à la lumière, entre autres, de la « loi sur l’État-nation juif » votée à la Knesset la semaine dernière, et qui, selon l’Observateur permanent palestinien, a transformé une situation d’apartheid de facto en situation d’apartheid juridique.  Y a-t-il encore le moindre doute quant à la volonté d’annexion d’Israël, aux dépens de notre État et de notre paix? s’est-il interrogé, devant les déplacements et les transferts forcés, et la destruction des habitations et des moyens de subsistance, dénoncés par la majorité des délégations.

Membre du Quatuor, l’Union européenne a identifié cinq étapes « urgentes et nécessaires »: la réouverture de tous les points de passage pour revigorer l’économie de Gaza, l’appui de la communauté internationale aux propositions du Coordonnateur spécial pour réduire la crise humanitaire, le soutien aux efforts de l’Égypte pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous la même Autorité palestinienne, la nécessité de financer l’UNRWA et la reprise de négociations substantielles sur la solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côté-à-côte dans des frontières sûres et internationalement reconnues dont Gaza est une partie intégrante, a souligné le Coordonnateur spécial.

Les Gazaouites méritent de vivre dans la liberté et la dignité, a-t-il plaidé.  C’est leur droit et non un privilège qui peut être refusé, offert ou confisqué.  Les Israéliens, qui vivent près de Gaza, méritent aussi d’être à l’abri des attaques aveugles, que ce soit les tirs de roquettes ou les objets enflammés.  Une autre occasion manquée peut avoir des conséquences désastreuses sur la paix, a prévenu M. Mladenov.

Israël n’a pas été le seul à être critiqué, l’Iran aussi.  L’Arabie saoudite a été parmi les délégations qui lui ont reproché de déstabiliser toute la région, notamment au Yémen, où sévit « la pire crise humanitaire au monde », ont rappelé le Pérou et la Norvège.  Le représentant iranien a qualifié ces accusations de « diversions ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Au moment où nous nous voyons, les tensions entre la Syrie et Israël s’intensifient alors que samedi dernier, nous étions à quelques minutes à peine d’une autre confrontation dévastatrice entre Israël et le Hamas à Gaza, a résumé le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a fallu, a rappelé M. NICKOLAY EVTIMOV MLADENOV, un effort intense de diplomatie préventive de la part des Nations Unies et de l’Égypte pour que les deux parties évitent la quatrième confrontation militaire de cette décennie. 

Pendant quatre ans, un cessez-le-feu fragile a été pris pour acquis, a prévenu le Coordonnateur spécial.  Pendant quatre ans, a-t-il aussi rappelé, les Nations Unies ont appelé à une action concertée contre les causes sous-jacentes d’une catastrophe provoquée par l’homme et pendant quatre ans, la dynamique ne s’est pas améliorée: la crise humanitaire s’est aggravée, l’impasse politique entre le Hamas et le Fatah est toujours là et la perspective d’un autre cycle de violence meurtrière s’ouvre de jour en jour.  Ceux qui cherchent à provoquer une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens doivent être combattus, a lancé le Coordonnateur spécial, avant de s’attarder sur le nombre des victimes de l’escalade de ce dernier mois: à Gaza, 19 Palestiniens, dont 7 enfants, ont été tués par les forces de sécurité israéliennes et plus de 1 000, blessés.  Un soldat et 4 civils israéliens ont été tués, et un autre soldat, blessé.  En Cisjordanie, un adolescent palestinien a été tué, et 25 Palestiniens et 3 soldats israéliens, blessés. 

Entre le 14 et le 15 juillet, 220 roquettes et obus ont été tirés de Gaza et les forces de sécurité israéliennes ont lancé 90 missiles et obus, blessant au moins 25 Palestiniens et tuant 2 adolescents.  Le Coordonnateur spécial a fait état des violences entre le 19 et le 21 juillet, date à laquelle le Hamas a accepté de rétablir le calme, ce qui a conduit les autorités israéliennes à demander aux civils israéliens habitant près de Gaza de vaquer normalement à leurs occupations. 

Après la fermeture du passage de Kerem Shalom en réaction aux cerfs-volants et aux ballons enflammés lancés à partir de Gaza, la situation s’est calmée, grâce aux efforts des Nations Unies et de l’Égypte mais les tensions demeurent, a souligné le Coordonnateur spécial.  Revenant de Gaza aujourd’hui-même, il s’est dit confiant qu’avec les efforts collectifs de toutes les parties, on pourra éviter une autre guerre, permettre aux Gazaouites et aux Israéliens de dormir en paix et commencer à répondre à toutes les questions humanitaires. 

Mais, a reconnu le Coordonnateur spécial, il ne sert à rien de continuer à demander aux donateurs de financer des initiatives sans horizon politique.  On ne saurait se livrer à un autre exercice futile de gestion du conflit et de la crise humanitaire.  Nous devons, s’est-il expliqué, rétablir l’unité entre Gaza et la Cisjordanie, sous un seul gouvernement démocratique et un seul système juridique où toutes les armes sont sous le contrôle d’autorités légitimes.  Pour ce faire, nous devons éviter l’escalade, alléger les souffrances des populations et travailler pour lever les restrictions au mouvement et à l’accès conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité. 

Le Coordonnateur a rappelé la réunion que la Norvège a convoquée la semaine dernière avec les Nations Unies, l’Union européenne, la Banque mondiale et l’Autorité palestinienne pour parler des mécanismes de coordination des interventions dans les secteurs de l’eau, de l’électricité, de la santé et de l’emploi à Gaza.  Hier, le Cabinet du Premier Ministre palestinien a rencontré les donateurs pour leur expliquer les priorités avant la réunion de septembre.  Tout ceci se passe alors que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestinien dans le Proche-Orient (UNRWA) connaît une grave crise financière.  Il a besoin de 217 millions de dollars pour pouvoir faire son travail cette année. 

En Cisjordanie, les autorités israéliennes ont poursuivi démolitions et confiscations des biens palestiniens, a encore indiqué le Coordonnateur spécial.  Le 2 juillet, la Knesset a adopté une loi autorisant la rétention d’une partie des recettes fiscales qu’Israël collecte au nom de l’Autorité palestinienne et transfert à Ramallah, conformément au Protocole de Paris. 

En Syrie, la situation s’est tendue dans le Golan et au 20 juillet, on comptait près de 203 500 déplacés syriens dans le sud-est du pays, dont 70% dans la partie ouest de la province de Quneitra.  Ces derniers mois, Israël a dit avoir apporté une aide humanitaire à ces déplacés.  Mais les hostilités entre la Syrie et Israël démontrent une trajectoire troublante de confrontations de plus en plus fréquentes et dangereuses. 

Au Liban, les consultations se poursuivent sur la formation d’un nouveau gouvernement qui serait capable d’honorer les obligations internationales en vertu de la résolution 1701 (2006), alors qu’Israël continue de violer presque quotidiennement l’espace aérien libanais. 

Le Coordonnateur a conclu en insistant sur l’importance qu’il y a à intensifier les efforts collectifs pour résoudre la situation « dangereuse » à Gaza où une autre explosion est presque certaine.  Les progrès exigeront une désescalade, une coordination renforcée entre l’Autorité palestinienne, Israël, l’Égypte et les Nations Unies, en plus d’un soutien financier.  Les Gazaouites méritent de vivre dans la liberté et la dignité.  C’est leur droit et non un privilège qui peut être refusé, offert ou confisqué.  Les Israéliens, qui vivent près de Gaza, méritent aussi d’être à l’abri des attaques aveugles, que ce soit les tirs de roquettes ou les objets enflammés.  Une autre occasion manquée peut avoir des conséquences désastreuses et notamment sur une paix fondée sur la solution des deux États dans laquelle Gaza est une partie intégrante du futur État palestinien, a souligné le Coordonnateur spécial. 

M. RIYAD  H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré qu’en juillet, Israël, « la Puissance occupante », a choisi de poursuivre l’oppression contre le peuple palestinien, « ses enfants, sa jeunesse et ses femmes », renforçant son occupation « illégale et belligérante » et commettant encore plus de crimes et de violations des droits de l’homme.  Dans la bande de Gaza, le peuple palestinien continue d’endurer une crise humanitaire toujours plus grave et un rapide déclin de sa situation socioéconomique, conséquences de l’occupation, d’un blocus « inhumain » et d’agressions militaires répétées. 

Cette situation humanitaire préoccupante exerce une pression explosive sur les infrastructures et cause la perte des moyens de subsistance de toute la population dont la résilience a été considérablement entamée, de même que les espoirs et les rêves d’une génération entière de jeunes.  Ceux-ci ont manifesté pacifiquement contre les conditions intenables dans lesquelles ils vivent.  Mais Israël persiste dans ses meurtres et son mépris pour la vie humaine.  Il est donc impératif que la communauté internationale agisse de toute urgence pour prévenir d’autres attaques et mettre fin au blocus imposé depuis 10 ans par Israël.  Il est également impératif de mobiliser les efforts internationaux pour garantir que des fonds suffisants soient affectés à l’UNRWA, compte tenu de son rôle vital à Gaza et à l’extérieur, a souligné l’Observateur.

En Cisjordanie, y compris à Jérusalem, il a déploré « la cruauté et la violence de l’occupation israélienne », notamment la politique persistante de déplacements et de transferts forcés, de destructions des habitations et des moyens de subsistance.  Tout récemment, a-t-il accusé, Israël est allé de l’avant avec ses plans de transferts forcés des communautés bédouines d’Abu Nawar et de Khan el-Ahmar, plan dont l’objectif déclaré est, a affirmé M. Mansour, de faciliter l’expansion des colonies de peuplement, en violation du droit international. 

Ces violations sont une preuve supplémentaire de la nécessité absolue de fournir une protection internationale à la population civile palestinienne, a plaidé l’Observateur, en se disant impatient de prendre connaissance, lorsqu’il sera publié le 13 août prochain, du rapport du Secrétaire général et de ses recommandations sur les moyens de fournir une telle protection, y compris au travers d’un « mécanisme international », conformément à la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 13 juin dernier.  Estimant que l’occupation répond à un effort « orchestré » depuis des décennies pour « s’emparer » des terres palestiniennes, M. Mansour a affirmé qu’Israël adopte « loi après loi » pour consolider ce régime au lieu d’y mettre fin.  Alors que nous venons de célébrer le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, voilà le moment que choisit Tel-Aviv pour adopter sa « loi sur l’État-nation juif », qui a transformé une situation d’apartheid de facto en situation d’apartheid juridique.

Existe-t-il encore le moindre doute quant à la volonté d’annexion d’Israël, aux dépens de notre État et de notre paix? s’est interrogé l’Observateur.  Cette politique n’est-elle pas suffisamment grave pour mériter l’attention de la communauté internationale et son action?  S’il a reconnu que les « anciennes façons de faire » ne marchent plus et que le chemin choisi pour faire la paix est semé d’embûches, il a toutefois souhaité que l’on se penche, précisément, sur ce qui ne fonctionne pas.  « Les solutions provisoires ne marchent plus.  Le report des questions de fond ne marche plus.  Ignorer le droit international ne marche plus.  Le non-établissement des responsabilités ne marche plus.  L’absence d’échéancier contraignant ne marche plus.  L’absence de garanties internationales ne marche plus », a énuméré M. Mansour, qui a plaidé pour un plan de paix axé sur les termes agréés au niveau international, conformément aux résolutions de l’ONU, aux Principes de Madrid, à l’Initiative de paix arabe, et à la Feuille de route du Quatuor pour le Moyen-Orient.  « Nous sommes prêts à être comptables de nos mots et de nos actes sur la base du droit international.  Est-ce que l’autre partie peut s’engager à faire de même? », a-t-il demandé en conclusion.

M. DANNY DANON (Israël) a commencé par rappeler les évènements de ce matin lorsque deux missiles ont été lancés par un avion qui a violé l’espace aérien israélien, avant d’être intercepté par des missiles patriotes.  Israël avait pourtant averti la Syrie qu’il ne saurait souffrir aucune violation de sa souveraineté.  Le représentant a également rappelé que la semaine dernière, Israël a consenti au sauvetage de 400 Casques blancs syriens et continuera de fournir une assistance humanitaire à la population syrienne.  « Ça suffit », s’est écrié le représentant, devant le grand nombre d’acteurs de la communauté internationale qui continue à critiquer Israël alors que c’est le Hamas qui terrorise les communautés de la frontière septentrionale où « les sirènes résonnent jour et nuit » et où plus de 7 000 acres ont été détruites par les objets enflammés du Hamas, soit la moitié de Manhattan. 

Israël continuera de se défendre et de détruire les tunnels du Hamas et les cibles militaires, pour défendre son peuple, a prévenu le représentant.  « Vous êtes trop nombreux à avoir oublié ce qu’est le Hamas: une organisation terroriste qui travaille en étroite collaboration avec le Hezbollah et le régime iranien », a dénoncé le délégué qui a demandé une condamnation internationale du Hamas car il est plus que temps que l’ONU reconnaisse que le Hamas c’est Al-Qaida, c’est Daech. 

Entre 2000 et 2005, le Hamas a tué plus d’un millier d’Israéliens innocents, et malgré cela, en 2005, le Premier Ministre Ariel Sharon a ordonné le retrait complet d’Israël de Gaza pour en laisser la gouvernance aux Palestiniens.  Depuis lors, le Hamas n’a fait que gagner en force et en puissance et cela fait 12 ans qu’il exploite le peuple palestinien et attaque Israël.  Le représentant a rappelé que cette année, Israël a détruit plus d’une dizaine de « tunnels de la terreur du Hamas ».  La paix, a-t-il prévenu, n’est pas possible dans le sud d’Israël parce que « les leaders du Hamas ont plus d’estime pour la mort que pour la vie et la paix.  Le représentant a ajouté: « la vraie couleur du Hamas, c’est le rouge sang ».

Le Hamas et le Hezbollah, a-t-il poursuivi, collaborent au Liban et « commettent le crime de l’utilisation des civils comme boucliers humains ».  Ces derniers mois, le Hamas a renforcé ses activités au Liban.  « Nous avons prévenu le Conseil de sécurité, mais rien n’a changé ».  C’est par ce réseau et grâce au financement de l’Iran, a-t-il accusé, que le Hamas a créé des usines de missiles au sud du Liban.  Malgré des différends clairs entre Sunnites et Chiites, l’Iran fournit plus de 100 millions de dollars chaque année au Hamas.  Les liens entre le Hamas et l’Iran sont plus forts que jamais, ce qui en fait une véritable menace régionale, a prévenu le représentant.  « Nous ne pouvons laisser Gaza devenir un autre avant-poste de l’Iran. »  Israël appelle donc à nouveau les Nations Unies à reconnaître le Hamas comme une organisation terroriste et à poursuivre ses leaders en justice.  « La communauté internationale ne peut pas rester passive. »

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a commencé par déclarer que, au cours des trois derniers mois, « les cerfs-volants en forme de croix gammée enflammés et terroristes » qui ont traversé la frontière entre Gaza et Israël ont endommagé ou détruit 7 500 acres de terres, soit l’ensemble du Connecticut ou 10 fois la superficie de la ville de Paris.  « Ce n’est pas une mince affaire.  Si cela arrivait à l’un de nos pays, il y aurait beaucoup de discussions à ce sujet », a-t-elle dit.  Alors que les médias internationaux accordent une très grande attention à chaque mesure qu’Israël prend pour se défendre, nous ne devons pas perdre de vue les dommages très réels causés à Israël par les attaques terroristes venant de Gaza, a estimé la représentante.

Par ailleurs, si l’on jugeait l’engagement de chaque nation envers le peuple palestinien à l’aune des paroles prononcées au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, on obtiendrait une image extrêmement déformée.  Ici à l’ONU, à des milliers de kilomètres des Palestiniens qui ont des besoins réels, il n’y a pas de fin aux discours lus en leur nom.  « Parler ne coûte rien », a ironisé la représentante.  Or, selon elle, aucun groupe de pays n’est plus généreux de ses paroles que les voisins arabes des Palestiniens et les autres États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). « Mais tous les mots prononcés ici à New York ne nourrissent pas, n’habillent pas et n’éduquent pas un seul enfant palestinien », a-t-elle poursuivi.

Prenons l’UNRWA, par exemple.  L’an dernier, les contributions de l’Iran, de l’Algérie et de la Tunisie à cet organisme étaient de zéro.  D’autres pays ont fourni des fonds.  Le Pakistan a donné 20 000 dollars, l’Égypte 20 000, et Oman 668 000, a relevé Mme Haley.  Maintenant, ce n’est pas seulement les pays arabes et islamiques qui méritent d’être mis en exergue.  En 2017, la Chine en a fourni 350 000 dollars à l’UNRWA.  La Russie, 2 millions de dollars et la Turquie, 6,7 millions, le Koweït, 9, et les Émirats arabes unis 12,8 millions. 

« Encore une fois, si vous jugez l’engagement d’une nation envers le peuple palestinien par les paroles entendues dans cette salle, vous pourriez en conclure que les États-Unis ont été moins généreux, simplement parce que nous sommes fiers de notre allié Israël ici à l’ONU.  Mais encore une fois, cette conclusion serait entièrement fausse », a tranché la déléguée.  L’an dernier, Washington a donné 364 millions de dollars, soit « 10 fois les montants combinés de tous les pays que je viens de nommer ».  Et c’est en plus de ce que le peuple américain donne annuellement aux Palestiniens en aide bilatérale, soit un montant de 300 millions de dollars de plus l’an dernier. 

Les Américains sont des gens très généreux. Nous sommes des personnes orientées vers l’humanitaire.  Nous continuons à chercher des moyens d’aider le peuple palestinien, dont la situation est vraiment préoccupante pour nous.  « Mais nous ne sommes pas des idiots », a prévenu la représentante.  Si nous tendons la main, ce n’est pas pour qu’on la morde.  Nous attendons aussi que les autres tendent la main.  Il ne s’agit pas seulement d’un problème de financement. « Où sont les pays arabes quand il s’agit d’encourager la réconciliation entre les factions palestiniennes, ce qui est essentiel à la paix?  Où sont les pays arabes quand il s’agit de dénoncer le terrorisme du Hamas?  Où sont les pays arabes quand il s’agit de soutenir les compromis nécessaires à la paix? », s’est-elle demandée.

Les dirigeants palestiniens ont été autorisés à vivre dans une fausse réalité pendant trop longtemps parce que les dirigeants arabes ont peur de leur dire la vérité.  « Les États-Unis disent la vérité parce que nous nous soucions du peuple palestinien », s’est expliquée la représentante.  La prochaine fois que nous aurons une réunion comme celle-ci au Conseil de sécurité ou à l’Assemblée générale, et que nous entendrons discours après discours sur le sort du peuple palestinien, je demanderai à ceux qui les prononcent de nous expliquer ce qu’ils font, a-t-elle prévenu.  « Il est temps pour les États de la région, en particulier, d’intervenir et d’aider réellement le peuple palestinien, au lieu de simplement faire des discours à des milliers de kilomètres », a conclu la représentante.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a appelé, à son tour, à l’intensification des efforts internationaux pour régler les crises au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  L’escalade est dangereuse et risque de s’aggraver à cause des mauvais calculs dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour le monde entier, a mis en garde le représentant pour lequel la diplomatie préventive doit être renforcée, regrettant que jusqu’ici « la prévention arrive souvent trop tard ».  Dans le cas de la Palestine, il s’est dit confiant que la voie politique peut être reprise et que l’on peut éviter un nouveau cycle de violence en plein cœur du Moyen-Orient.  En réalité, la violence comble toujours le vide laissé par l’absence de progrès politiques.  Le représentant a regretté qu’aucune des recommandations que le Quatuor a faites en 2016 n’ait été mise en œuvre.  Il a jugé inacceptable toute mesure unilatérale compromettant les accords de paix internationaux.  La seule façon de régler cette crise, c’est le dialogue entre les parties, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, des accords de paix et de l’Initiative de paix arabe, a estimé le représentant.  Il a exprimé l’intention de son pays de travailler main dans la main avec la communauté internationale et de ne ménager aucun effort sur le plan bilatéral, comme en témoigne la décision de la Fédération de Russie d’organiser un sommet israélo-palestinien auquel la partie palestinienne a déjà accepté de participer.  La Fédération de Russie appuie les efforts de l’Égypte et le travail de l’UNRWA.  Au-delà de la question israélo-palestinienne, il faut aussi, a conclu le représentant, « unir nos forces dans les dossiers du Yémen, de la Libye et de la Syrie ».  Il a plaidé en faveur d’un ordre du jour consolidé sur la situation au Moyen-Orient. 

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est déclaré préoccupé par l’évolution de la situation et par le nombre des victimes du recours « inutile » à la force, se disant tout particulièrement alarmé du sort « catastrophique » de Gaza.  En Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, des mesures concrètes devraient être prises pour mettre en œuvre la résolution 2334 (2018) du Conseil de sécurité, a analysé le représentant, en encourageant toutes les parties à s’abstenir d’aggraver les tensions.  Le représentant a dit soutenir la convocation d’une conférence internationale pour sortir de l’impasse.  Beijing, a-t-il dit, appuie fermement la création d’un État souverain et indépendant de Palestine sur la base des frontières de 1967.  Réaffirmant le soutien de son pays à l’UNRWA, le délégué a annoncé une contribution de plus de 2 millions de dollars.  « La Chine a toujours fait ce qu’elle pensait pouvoir et devoir faire et n’a jamais eu l’intention d’être en concurrence avec d’autres pays », a-t-il ajouté.  Mon Gouvernement est disposé à œuvrer à la paix en coopération avec les pays de la région, a conclu le représentant.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a fait part de sa profonde préoccupation face à l’escalade des tensions et de la violence, au cours de ces derniers mois, accusant Israël d’en être le responsable.  Il a condamné des pratiques contre « un peuple palestinien sans défense », ce qui doit conduire les Nations Unies à garantir une protection à ce peuple.  Nous attendons avec impatience, a avoué le représentant, le rapport que le Secrétaire général doit présenter sur cette question.  Les souffrances du peuple palestinien ne cessent de s’aggraver, a-t-il souligné, en lançant un appel au financement de l’UNRWA.  Le représentant a aussi dénoncé la nouvelle loi sur l’État-nation que vient d’adopter la Knesset, une loi, a-t-il estimé, qui « consacre le racisme » et l’annexion de fait de terres palestiniennes et les colonies de peuplement, « une violation du droit international équivalant à un crime de guerre ».  À la lumière des derniers développements, le Koweït a décaissé la somme de 2 millions de dollars pour reconstruire les infrastructures dans la bande septentrionale de Gaza, a annoncé le représentant. 

S’inquiétant de la fréquence et de l’intensité des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et de leurs graves conséquences sur la sécurité internationale, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), a appelé à la mise en œuvre d’un plan d’action global et rigoureux par les gouvernements et les organisations internationales, conforme aux conventions internationales et aux réformes entreprises par le Secrétaire général.  Il est temps que le système des Nations Unies dans son ensemble, le Conseil de sécurité et en particulier ses cinq membres permanents, trouvent un terrain d’entente.  L’unité est nécessaire pour préserver la crédibilité du Conseil, a prévenu le représentant.  S’alarmant du fardeau porté par la Jordanie et le Liban avec l’afflux massif des réfugiés, il a appelé la communauté internationale à aider ces pays.  Le représentant s’est également dit très inquiet de la situation en Iraq, où des manifestations ont lieu contre les résultats des élections du 12 mai.  Tous les acteurs politiques, a-t-il conseillé, doivent accepter les résultats des enquêtes et du recomptage des voix, et faciliter ainsi la mise en place rapide d’un parlement et la formation d’un gouvernement.  Les Nations Unies doivent soutenir ce recomptage partiel qui doit s’achever d’ici à la fin du mois et le Conseil de sécurité doit maintenir son soutien à l’Iraq. 

Abordant ensuite le conflit israélo-palestinien, il a appelé les parties à éviter d’aggraver la situation humanitaire.  Il s’est réjoui du lancement, par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), d’interventions innovantes pour générer des revenus à Gaza et atténuer l’impact des conditions socioéconomiques difficiles et des changements climatiques.  Israël, a-t-il estimé, doit revenir sur sa décision de geler la circulation des biens par le point de passage Kerem Shalom.  Les deux parties, a ajouté le représentant, doivent s’écarter du précipice des confrontations et de l’escalade.  Il s’est aussi fait l’écho des préoccupations face à la situation financière de l’UNRWA. 

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a affirmé que la réalité du terrain ne correspondait pas à un statu quo mais à « une dégradation quotidienne de la situation, qui peut dégénérer en crise ouverte à tout moment ».  Le Conseil de sécurité ne peut et ne doit « à aucun prix » se détourner du sujet, a-t-il déclaré.  Le représentant a indiqué que la France condamnait « un usage disproportionné et indiscriminé » de la force du côté israélien.  Israël doit respecter le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement.  Le représentant a aussi condamné « l’instrumentalisation par le Hamas et d’autres groupes armés » des manifestations, « et la volonté revendiquée de les utiliser pour franchir la barrière de sécurité ».

Appelant le Conseil de sécurité à « parler d’une voix forte pour prévenir l’escalade »; il a prévenu que le silence qu’« il observe depuis le début de la crise n’est pas à la hauteur des risques, et qu’il devait laisser la place à une expression publique claire ».  Il a aussi appelé à « une levée du blocus » et à une réponse ambitieuse à la crise humanitaire, via des projets à impact rapide et un sursaut collectif nécessaire pour permettre à l’UNRWA de poursuivre ses activités essentielles.  M. Delattre a qualifié la construction de nouvelles colonies, les démolitions et déplacements forcés de population de « particulièrement graves », en insistant sur le fait que la position de la France ne changerait pas.  Mon pays considère la colonisation comme « illégale en droit international », « dangereuse », et « contre-productive », a dit le représentant avant d’estimer qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États.  Un plan de paix qui sortirait de ce cadre serait condamné à l’échec, s’est-il dit convaincu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a relevé avec préoccupation la gravité de la situation à Gaza.  Il a condamné les tirs de roquette et les cerfs-volants enflammés lancés à partir de Gaza.  Le représentant a aussi insisté sur le fait que la force létale ne doit être employée qu’en cas de nécessité absolue.  Évoquant la situation en Cisjordanie, il a appelé au gel des colonies et des démolitions qui sapent la viabilité même d’un État palestinien.  Il s’est félicité des efforts concrets du Coordonnateur spécial pour éviter une nouvelle escalade à Gaza et de la décision de l’Égypte d’ouvrir le point de passage de Rafah.  Le représentant s’est toutefois alarmé de la situation humanitaire au Yémen, « la pire dans le monde » et a espéré que le cessez-le-feu décrété par les forces de la coalition au port d’Hodeïda sera pérenne et assorti d’une solution politique inclusive.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a commencé par attirer l’attention du Conseil sur la situation extrêmement préoccupante à Gaza, qui est « au bord de la guerre ».  À présent, toutes les parties doivent faire ce qui est en leur pouvoir pour prévenir une nouvelle escalade et mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer les conditions de vie.  Le représentant a salué la réouverture du point de passage de Rafah en Égypte.  Se tournant vers le Coordonnateur spécial, il a souhaité savoir quels sont les obstacles éventuels à la mise en œuvre rapide des plans qu’il a détaillés aujourd’hui pour Gaza et quel soutien il attend de la communauté internationale.  Le représentant s’est en effet élevé contre la détérioration rapide de la situation en Cisjordanie, alarmé notamment par la décision éventuelle d’expulser la communauté bédouine de Khan el-Ahmar.  Cette localité, a-t-il expliqué, est située dans la zone E1, considérée par beaucoup comme le dernier corridor des terres palestiniennes cisjordaniennes, et, à ce titre, essentielle à la viabilité d’un futur État palestinien.  Préoccupé par ailleurs par la « loi sur l’État-nation juif », le représentant a cru comprendre que désormais seuls les Juifs sont titulaires du droit à l’autodétermination en Israël, que l’arabe n’est plus une langue officielle et que les colonies de peuplement sont encouragées.  Enfin, M. van Oosterom s’est inquiété des tensions croissantes dans le Golan syrien, y compris le long de la frontière entre la Syrie et Israël, lançant un appel à la désescalade. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a pris note de la violence omniprésente de ces six derniers mois, avec d’un côté des émeutes et des soulèvements à Gaza, dont la Grande Marche du retour, et, de l’autre, la répression des forces de sécurité israéliennes qui a couté la vie à plus de 100 Palestiniens et blessé beaucoup d’autres.  Le représentant n’a pas oublié les tirs de roquette et les cerfs-volants enflammés lancés à partir de Gaza.  Les manifestations, a rappelé le représentant, ont généralement lieu lorsqu’on se sent pris en étau.  Il a appelé Israël à respecter ces rassemblements et les groupes extrémistes, à éviter de les exploiter et de les politiser.  Le représentant a salué le travail de l’UNRWA et les efforts de l’Égypte en faveur de la réconciliation intrapalestinienne.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité qui en ont les moyens à faire pression sur les parties pour qu’elles reviennent à la table des négociations sur la base de l’Initiative de paix arabe et de la solution des deux États. 

« Malgré nos appels répétés à la désescalade au Moyen-Orient, il n’y a pas eu de progrès du tout.  Au contraire, nous n’avons pas pu éviter de nouvelles pertes de vie » s’est désolé le représentant de la Pologne, M. PAWEL RADOMSKI.  La situation humanitaire à Gaza est encore plus désespérante qu’en avril et les manifestations le long de la barrière de Gaza, alimentées par le Hamas et le Jihad islamique, ont conduit à des violences qui ont touché les deux parties au conflit.  Les tirs de roquettes et les cerfs-volants enflammés sont inacceptables, tout comme l’utilisation de balles réelles contre la population civile palestinienne.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël de protéger ses frontières et de défendre sa sécurité, le représentant l’a exhorté à un usage proportionné de la force et au respect des droits fondamentaux des manifestants.  Au Hamas et au Jihad islamique d’éviter les provocations, a-t-il lancé. 

La Pologne, qui redoute une nouvelle guerre à Gaza, appelle toutes les parties à la désescalade et à la retenue.  « Notre principal objectif doit être la reprise du processus de paix », a estimé le représentant pour lequel cela passe par des négociations bilatérales, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies et du droit international.  « C’est l’unique voie vers une solution à deux États et un règlement des questions liées au statut final. »  Un tel horizon politique, a reconnu le représentant, ne peut se réaliser qu’avec la collaboration des organisations régionales et des partenaires internationaux, à commencer par le Quatuor pour le Moyen-Orient.  Il a mis en exergue l’engagement américain et « ses propositions de paix » qui pourraient être utiles pour réactiver le processus de paix au Moyen-Orient.  Le statut de Jérusalem doit être décidé à la lumière des relations historiques qu’ont les deux parties avec la Ville.  Le représentant a dit suivre de près le processus de réconciliation intrapalestinien et pour ce qui est du Liban, il s’est félicité du bon déroulement des élections législatives du 6 mai.

M. WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a déploré l’escalade de la violence et appelé toutes les parties à la retenue.  Saluant les efforts de médiation du Coordonnateur spécial, il a aussi encouragé le Gouvernement égyptien à poursuivre ses initiatives en vue de parvenir à un cessez-le-feu durable.  Appelant à un « assouplissement du blocus » dans la bande de Gaza, notamment à une levée des restrictions à l’importation de carburant nécessaire aux hôpitaux et aux services sociaux de base, il a encouragé le Hamas à poursuivre le dialogue avec le Fatah, en vue de permettre un retour effectif de l’Autorité palestinienne à Gaza et une meilleure prise en charge des questions humanitaires.  M. Ipo a enfin réaffirmé son soutien à la solution des deux États.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a déclaré que, plus que jamais, « nous devons relancer d’urgence le processus de paix » au Moyen-Orient.  Il a demandé au Hamas de cesser immédiatement les tirs de roquettes et les lâchers de cerfs-volants enflammés et à Israël, ses mesures punitives.  Il a encouragé Tel-Aviv à œuvrer avec la communauté internationale à améliorer la situation à Gaza, qui est sous la menace d’un conflit potentiel.  Tout en se félicitant des efforts de l’Égypte pour rouvrir le point de passage de Rafah, le représentant l’a encouragée à faire davantage.  S’agissant de la Cisjordanie, il s’est dit préoccupé de la destruction de biens palestiniens, qui est la source de souffrances inutiles, citant l’exemple du village de Khan el-Ahmar.  Il a rappelé, en conclusion, l’engagement de son pays en faveur de l’UNRWA, dont il a cependant rappelé que le budget avait baissé en raison de la chute des contributions des bailleurs de fond. 

Nous voici encore à discuter de la situation au Moyen-Orient et en Palestine où il ne semble pas y avoir de raison d’espérer, s’est lamenté Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), attristé par les pertes en vies palestiniennes, en particulier les enfants.  Elle a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à ce que « tout soit fait pour éviter de mettre en danger la vie de civils innocents et d’exacerber la situation humanitaire ».  La déléguée a demandé le rétablissement des services essentiels dont l’eau, l’électricité et la santé et la libre circulation des biens et des personnes.  Saluant le travail du Coordonnateur spécial auprès des deux parties, Mme Guadey a mis en évidence l’importance d’accentuer le soutien aux agences humanitaires.  La situation humanitaire ne pourra être pleinement prise en charge sans progrès significatif du processus de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, a-t-elle prévenu, en appuyant les efforts de l’Égypte pour replacer Gaza sous les contrôle du Gouvernement légitime.  La situation à Gaza ne peut être examinée seule.  Il faut s’occuper du conflit israélo-palestinien dans son ensemble, a conclu la déléguée qui a regretté que la solution des deux États s’éloigne de plus en plus.  Peu importe si cela semble irréaliste mais nous devons tout faire pour inverser cette dangereuse trajectoire et aider les deux parties à retourner à des négociations directes et substantielles. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé la réaction militaire israélienne contre la population civile mais condamné dans le même temps, les lâchers de cerfs-volants enflammés à partir de Gaza.  Le représentant a lancé un appel aux autorités israéliennes pour qu’elles reviennent sur leur décision du 16 juillet et autorisent l’entrée de carburant à Gaza.  Il a dit voir une décision qui ne fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà précaire depuis l’entrée en vigueur du blocus de Gaza il y a 11 ans.  Le représentant s’est également dit préoccupé par la « loi sur l’État-nation » qu’il a qualifiée de « mesure coloniale discriminatoire » qui pourrait mener à l’expulsion des Palestiniens d’Israël et à l’imposition d’idéologies contraires au droit des Palestiniens à la citoyenneté et à la terre.  Cette loi, a insisté le représentant, nie le droit du peuple palestinien de vivre sur sa terre historique et ouvre la voie à des pratiques « coloniales et racistes » qui peuvent mener à l’annexion de la Cisjordanie et à l’exploitation de tous les territoires palestiniens occupés.  La Bolivie, a rappelé le représentant, soutient tous les efforts internationaux en faveur d’une solution pacifique, notamment la Feuille de route du Quatuor, le Principes de Madrid et l’Initiative de paix arabe.  Il a salué les efforts égyptiens en faveur de la réconciliation intra-palestinienne et du retour d’un gouvernement national unifié.

De manière générale, les femmes sont trop souvent exclues des processus de paix et le conflit israélo-palestinien ne fait malheureusement pas exception, a regretté M. OLOF SKOOG (Suède).  « Cela doit changer », a-t-il tonné.  Rappelant l’adoption, le mois dernier, de la résolution 2419 qui demande de promouvoir l’implication des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits, le représentant a aussi demandé que la voix des jeunes israéliens et palestiniens soit entendue.  Cette génération post-Oslo a perdu espoir dans la solution des deux États.  Nous devons leur montrer qu’il y a une alternative à la violence et à l’oppression, a estimé le représentant qui a souligné le rôle essentiel de l’UNRWA pour construire des sociétés prospères et pacifiques.  Il a appelé les donateurs à se mobiliser en faveur de l’Office qui connaît une crise financière sans précédent.  Le délégué a condamné la politique israélienne en Cisjordanie occupée, qui « met gravement en péril l’existence d’un État palestinien contigu ».  Il a demandé la relance de la solution des deux États, sur la base du droit international et des résolutions de l’ONU, avec Jérusalem comme capitale de deux États et des trois religions.  Ce dont nous avons besoin de manière urgente aujourd’hui, c’est d’un plan de paix crédible, où les deux parties se préparent à la paix de manière complètement différente, dans ce qu’ils disent, dans ce qu’ils font, et dans ce qu’ils entreprennent pour impliquer les jeunes et les femmes.  La situation à Gaza, a-t-il rappelé, est « intenable ».  Il faut agir de toute urgence pour son peuple et redoubler d’efforts pour soutenir un État palestinien d’un seul tenant et le retour du Gouvernement palestinien à Gaza. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déploré l’adoption, la semaine dernière, d’une loi fondamentale en Israël, qui constitue le « dernier camouflet » en date, ouvrant la voie à une politique « discriminatoire » à l’encontre des Arabes, et en particulier les Palestiniens.  Elle a exprimé son inquiétude quant au fait que le même cycle de violences et de guerres se perpétue, comme à Gaza.  « Après tant d’années de guerres et d’opérations militaires menées par les Israéliens, nous voici face à la menace d’un nouveau conflit aujourd’hui », a-t-elle constaté à regret.  Abordant la situation au Liban, « un pays qui valorise la diversité », nous sommes en train, a-t-elle dit, de former un nouveau gouvernement après la fin des élections parlementaires de mai, qui ont été couronnées de succès, avec pour la première fois la participation de la diaspora.  L’une des priorités de ce gouvernement sera de mettre en œuvre les recommandations de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE), et de lancer les réformes structurelles pertinentes, afin de donner un nouvel élan à l’économie libanaise, a précisé Mme Mudallali.  « Un autre défi majeur sera de faciliter le retour des réfugiés syriens dans leur pays, sans attendre la matérialisation d’une solution politique en Syrie », a-t-elle ajouté.  Elle a souhaité la prorogation « sans heurt » du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), qui demeure déterminant dans la préservation de la paix et de la sécurité au Sud-Liban, où les violations de l’espace aérien libanais se poursuivent à un rythme soutenu, a relevé la représentante. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a soutenu tout effort en faveur de la paix et la stabilité au Moyen-Orient, y compris celui des acteurs régionaux et des grandes puissances.  Il a appelé les parties à éviter toute mesure unilatérale et provocation et condamné toutes les incitations à la violence et l’intolérance religieuses.  Le représentant a réaffirmé l’attachement de son pays à une solution pacifique, définitive et intégrale sur la base de la solution des deux États, dans les frontières de 1967.  Il a insisté sur le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à un État indépendant, viable et reconnu par toutes les nations, tout comme le droit d’Israël de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues internationalement.

Le représentant s’est dit préoccupé par la multiplication des colonies illégales, un obstacle à la paix qui sape la perspective de la solution des deux États et perpétue le statu quo.  Après avoir condamné les agressions du Hamas et les lâchers de cerfs-volants enflammés, le représentant a pressé Israël d’honorer ses obligations en vertu du droit international, d’éviter tout recours excessif à la force et de faire cesser la violence de ses colons.

L’Argentine, a dit le représentant, insiste sur le statut spécial de Jérusalem qui doit rester un lieu de rencontre et de paix et accessible aux juifs, aux musulmans et aux chrétiens.  Mon pays condamne toute tentative de nier ou de minimiser le lien entre les lieux saints et les trois grandes religions monothéistes.

S’agissant de la Syrie, l’Argentine appuie le dialogue et la diplomatie et espère « une solution syrienne aux problèmes syriens » conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Elle condamne sans ambages le terrorisme et rejette dans les termes les plus forts Daech et le Front el-Nosra, pour ne citer que ceux-là.  Toutefois, a averti le représentant, la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le cadre du droit international et du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  « Ce n’est que par la diplomatie et le dialogue que nous pourrons rétablir la paix et la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il conclu.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a estimé qu’Israël démontre, chaque jour, en perpétrant ses attaques qu’il est un État « au-dessus des lois » qui se livre en outre à la pratique de l’apartheid après avoir adopté la « loi de l’État-nation juif ».  Soulignant l’importance de parvenir à une paix pérenne sur la base, notamment, de l’Initiative de paix arabe de 2002, le représentant a alerté sur les défis, à la fois humains et financiers, qui se posent à l’UNRWA et qui pourraient se traduire par une baisse des services fournis par cet organisme d’aide aux populations palestiniennes.  Le délégué a estimé à 100 millions de dollars le montant de l’aide fournie à l’UNRWA par l’Arabie saoudite au cours des deux dernières années et à plus d’1 milliard, au cours des 20 dernières années.

Évoquant la situation au Yémen, il s’est élevé contre les agissements des milices houthistes appuyées par l’Iran, lesquelles font selon lui fi de toute initiative politique et des résolutions du Conseil, notamment la résolution 2266 (2016).  Pour l’Arabie saoudite, il faut absolument libérer certaines villes pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire.  Le représentant a dénoncé les tirs de roquettes de Iran, accusant le « régime iranien » d’utiliser toutes ses ressources militaires et techniques pour déstabiliser la région depuis 1979.  L’heure est venue d’assumer ses responsabilités et de rejeter l’ingérence de l’Iran et la montée du terrorisme dans la région, a-t-il lancé à l’adresse du Conseil.

« La vague de tourmente et de conflits au Moyen-Orient, loin de reculer, a continué d’avancer, avec une imprévisibilité encore plus grande », a constaté Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) qui a attiré l’attention sur les millions de personnes aux prises avec une violence découlant de la Puissance occupante et des intérêts et priorités divergents des puissances régionales et étrangères.  Pour ce qui est de la Palestine, « les faits parlent d’eux-mêmes », a tranché la représentante, citant la mort de 130 civils innocents aux mains des forces d’occupation le 13 juillet dernier à Gaza.  Au même moment, les centres médicaux sur place sont sur le point de fermer à cause de l’interdiction qui frappe les importations de carburant.  Les appels à la retenue ne sauraient occulter le fait qu’il s’agit avant tout d’une lutte entre un peuple oppressé et une Puissance occupante. 

« Ignorer cette réalité incontournable équivaudrait à établir une équivalence morale entre l’agresseur et les agressés », ce qui serait « inacceptable.  La représentante a estimé qu’une loi « raciste », comme celle sur l’État-nation, adoptée cette semaine, n’a pas sa place au XXIsiècle.  Cette loi, s’est-elle expliquée, relègue la population arabe au rang de citoyens de seconde zone, a-t-elle poursuivi en condamnant toute tentative de diminuer le statut des Palestiniens ou de les priver de leurs droits légitimes dans leur propre patrie. 

La communauté internationale et le Conseil de sécurité ne peuvent continuer à rejeter leur responsabilité de promouvoir une solution juste, a martelé la représentante n’hésitant pas à rappeler que le sort du peuple palestinien résonne dans « cette salle » depuis que les Nations Unies existent.  Elle a aussi rappelé que c’est l’inaction du Conseil de sécurité qui a poussé l’Assemblée générale à assumer un rôle plus proactif et à « combler le vide ».  Ainsi, la résolution adoptée à une large majorité le 13 juin dernier est un véritable « appel à l’action lancé au Secrétaire général » pour assurer la protection internationale de la population civile palestinienne.  Mme Lodhi a dit attendre les recommandations concrètes du Secrétaire général pour alléger les souffrances des Palestiniens.  Dans le même esprit, elle a plaidé pour un financement suffisant et prévisible de l’UNRWA.  

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a dit qu’Israël devait être tenu de mettre fin à l’occupation et à sa politique expansionniste, seule solution, selon lui, pour rétablir la paix.  Le régime israélien, « enhardi par le soutien sans équivoque des États-Unis, a redoublé de brutalité », a insisté le représentant.  Condamnant les frappes sur les infrastructures civiles de Gaza et qualifiant le blocus de Gaza d’« inhumain », il a condamné les colonies de peuplement dans les territoires occupés ainsi que la démolition programmée du village palestinien de Khan el-Ahmar.  Il a aussi condamné sans équivoque la loi de l’« État-nation juif » votée au Parlement israélien, une loi « abaissant le statut de la langue arabe », « reléguant les citoyens arabes au statut de citoyens de seconde zone » et mettant en place une « ségrégation devenue légitime » et une « politique d’apartheid ».  « Injuste sur le plan moral, dangereux sur le plan social », il a appelé la communauté internationale à condamner cette loi de la manière la plus ferme.  Répondant enfin à l’Arabie saoudite, M. Al Habib a qualifié de « tristes » les accusations de financement du terrorisme lancées contre son pays, tout simplement.  « Pour détourner l’attention des atrocités commises en Palestine et au Yémen », a-t-il déclaré. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a réaffirmé la solidarité du Mouvement avec le peuple palestinien et « son soutien sans faille à sa cause », « surtout dans le contexte actuel », quand la situation des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est « plus que critique et insoutenable ».  Il a appelé à une solution conforme au droit international, aux différentes résolutions des Nations unies et à la Charte.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité devait respecter cette Charte et indiqué que la seule solution viable demeurait une solution des deux États avec Jérusalem-Est pour capitale d’un État de Palestine.  Le représentant a dénoncé le veto opposé par les États-Unis au projet de résolution que le Koweït a présenté le mois dernier pour protéger le peuple palestinien dans les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est, et particulièrement à Gaza.  Il a dit craindre que le Conseil de sécurité ne puisse accomplir son mandat « à cause de la prévalence d’intérêts particuliers d’un membre permanent ».  

Le Mouvement, a-t-il conclu, appelle à un arrêt total du blocus israélien à Gaza et à la protection de ses habitants par la communauté internationale en vertu de la Convention de Genève.  Le Mouvement condamne le fait qu’Israël soit exempté de son obligation de rendre des comptes sur les violations qu’il commet.

Pour M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne), Israël est tenu de mettre un terme à l’occupation des territoires, y compris le Golan, et de revenir aux frontières de 1967.  « Des États apportent une protection politique à Israël, le laissant occuper les territoires », lesquels sont devenus des « prisons politiques à ciel ouvert » gouvernés par une « politique d’apartheid. »  « Les colonies de peuplement réduisent à néant la possibilité d’une solution », a-t-il poursuivi.  « Certains essaient de faire croire que les violences sont mutuelles », mais, ce faisant, ils « oublient les racines du conflit ».  Concernant la « loi sur l’« État-nation juif », le représentant a demandé aux autorités de la révoquer car elle est « incompatible avec le droit au retour » et à la protection des Palestiniens dans les territoires occupés.  Il a aussi assuré qu’Israël « appuie le terrorisme dans le territoire syrien » et qu’il est secrètement impliqué dans la guerre civile, « avec des groupes sur le terrain », « infiltrant, détruisant les infrastructures et sapant encore plus l'image de la Syrie ».  Le représentant a réaffirmé le droit de la Syrie sur le Golan, un droit « non négociable ».  « Les colons israéliens doivent quitter le territoire du Golan », a-t-il réclamé, avant de demander au Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent pour qu’Israël se retire jusqu’à la ligne de juin 1967, pour pouvoir créer un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Réaffirmant son soutien aux Envoyés spéciaux et au Coordonnateur spécial adjoint, M. HALVOR SÆTRE (Norvège) a commencé par la Syrie, où, a-t-il rappelé, « les victoires sur le champ de bataille ne peuvent se substituer à la solution politique ».  Le délégué a exhorté toutes les parties à s’engager de bonne foi dans la formation d’un comité constitutionnel et s’est réjoui du consensus émergeant pour restaurer la stabilité dans le Golan syrien.  M. Sætre s’est dit extrêmement préoccupé par la situation au Yémen, « qui vit la pire crise humanitaire au monde ».  La Norvège a débloqué la somme de 34 millions de dollars et il est impératif, a estimé le représentant, que les Nations Unies reçoivent le plein soutien des États Membres.  S’attardant ensuite longuement le conflit israélo-palestinien, il a rappelé que si la mise en place des institutions et le développement économique sont des étapes importantes, elles ne peuvent se substituer à une solution politique.  La Norvège, en tant que Présidente du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, a, aux côtés des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’Égypte intensifié ses efforts.  Les priorités sont l’augmentation de la fourniture d’eau et d’énergie, la création d’emplois et la libre circulation des biens et des personnes.  Le but est d’aider les deux millions de Gazaouites et de permettre à l’Autorité palestinienne de reprendre le contrôle de la situation.  La division politique entre Gaza et la Cisjordanie doit cesser, a plaidé le représentant qui a salué les efforts de médiation de l’Égypte.  Les factions palestiniennes doivent renoncer à toute provocation et violence, a martelé le représentant qui a annoncé que les progrès à Gaza seront la priorité de la Norvège jusqu’à la prochaine réunion du Comité spécial, le 7 septembre, à New York.  Le représentant a conclu en regrettant que le Président Trump se soit retiré de l’accord sur le dossier nucléaire iranien.  Il a exhorté l’Iran et tous les autres signataires à continuer de remplir leurs obligations.

L’instabilité au Moyen-Orient est une source de préoccupation, a reconnu M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) qui a dit partager la crainte d’un nouveau conflit dévastateur à Gaza.  La région a besoin d’une diplomatie revigorée, et, à cet égard, le représentant a salué les efforts qui ont permis de parvenir à un cessez-le-feu ainsi que les démarches égyptiennes pour favoriser la réconciliation intrapalestinienne.  Notant le rôle central de l’ONU grâce à sa médiation, ses bons offices et son aide humanitaire, le représentant s’est engagé à soutenir ces efforts diplomatiques et a exprimé l’intention de son pays de poursuivre ses efforts de renforcement de la confiance entre les parties pour les aider à appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En Syrie, le Japon soutient les efforts du Conseil de sécurité et espère que l’Envoyé spécial a raison de croire « que nous nous orientons prudemment dans la bonne direction sur le front politique ».  Le Japon, qui poursuivra son aide humanitaire, est prêt à agir en faveur d’une solution politique à la crise syrienne.  Le représentant a aussi réitéré le rôle essentiel de la diplomatie et de l’ONU au Yémen et en Libye.

Cela fait un petit temps que Gaza est comme une « cocotte-minute » sur le point d’exploser, a reconnu Mme JOANNE ADAMSON, déléguée de l’Union européenne.  Elle a salué la trêve et la réouverture programmée du point de passage de Kerem Shalom et a exprimé son soutien au Coordonnateur spécial.  D’autres actions sont nécessaires, a estimé la déléguée, en pointant cinq étapes urgentes et nécessaires:  la réouverture de tous les points de passage pour revigorer l’économie de Gaza, l’appui de la communauté internationale aux propositions du Coordonnateur spécial pour réduire la crise humanitaire, le soutien aux efforts de l’Égypte pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous la même Autorité palestinienne, la nécessité de financer l’UNRWA et la reprise de négociations substantielles sur la solution des deux États.  La déléguée a fait savoir qu’un examen des modalités de l’engagement de l’Union européenne était en cours, pour veiller à ce que le soutien financier et autres activités rencontrent bien l’objectif politique de la solution des deux États.  Des consultations ont été organisées avec les partenaires israéliens et palestiniens début juillet. 

Au-delà de Gaza, nous ne pouvons ignorer la démolition de propriétés palestiniennes par les autorités israéliennes, a encore dit la représentante qui a souligné l’illégalité des colonies de peuplement, au regard du droit international.  Jérusalem doit être la capitale des deux États.  C’est la seule option viable et toute alternative sera exploitée par les extrémistes, avec les risques d’instabilité et d’agitation que l’on sait.

Abordant ensuite le conflit syrien, elle a réitéré que la solution est politique et qu’elle passe par une transition sur la base du Communiqué de Genève de 2012.  Mme Adamson a regretté que le régime syrien, appuyé par ses alliés russe et iranien, ait intensifié ses opérations militaires.  Elle a exhorté les garants du processus d’Astana de mettre fin aux hostilités et de garantir un accès humanitaire sûr et durable.  L’Union européenne regrette l’offensive soutenue par la Fédération de Russie dans le sud-ouest de la Syrie et condamnant dans les termes les plus forts les attaques contre les populations et les infrastructures civiles, les secouristes, les hôpitaux et les écoles.  La protection des civils, qui relève de la responsabilité première du régime syrien, est une obligation juridique, un devoir moral et un problème urgent, a insisté la représentante.  L’obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre est une priorité pour l’Union européenne qui continuera à soutenir le Mécanisme international chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves commises en Syrie depuis mars 2011.  L’Union européenne salue d’ailleurs le fait que la Syrie ait condamné l’usage des armes chimiques, le 27 juin dernier.  La représentante a annoncé que l’Union européenne compte organiser une manifestation de haut niveau sur la Syrie en marge du débat général annuel de l’Assemblée générale.  En conclusion, elle a estimé que l’Iraq peut potentiellement devenir une « success story ». 

« Les récents développements ne doivent pas obscurcir le problème sous-jacent du conflit israélo-palestinien », a estimé M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria).  Pour lui, il est évident qu’un processus de paix est quasi impossible sans mettre fin à l’expansion des colonies de peuplement.  Encourageant Israël à faire des pas concrets dans cette direction en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il a aussi demandé aux dirigeants palestiniens de signaler qu’ils sont prêts à revenir à la table des négociations, en faisant des efforts pour s’unir et en s’occupant du militantisme et autres défis de sécurité interne.  Réaffirmant les droits fondamentaux du peuple palestinien, particulièrement la libre circulation et l’autodétermination, il a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas faillir à son devoir et sa responsabilité.  Nous appelons les États qui ont une influence sur les parties à encourager le dialogue sur la base des résolutions des Nations Unies, des Principes de Madrid, de la Feuille de route du Quatuor, de l’Initiative de paix arabe et des autres accords, a-t-il conclu, en répétant son attachement à la solution des deux États.

Au Moyen-Orient, les défis peuvent être surmontés, a estimé Mme MAKBULE BAŞAK YALÇIN (Turquie), pour laquelle « il y a des raisons d’être optimiste ».  Elle a cité la défaite de Daech en Iraq, les opérations turques contre Daech et le PKK/PYD/YPG comme « des étapes importantes de la lutte commune contre le terrorisme ».  Enchaînant sur le conflit israélo-palestinien, elle a regretté que le Conseil ait à nouveau, le 1er juin dernier, échoué dans sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  La résolution sur la protection des civils palestiniens aurait pu être une mesure concrète pour apaiser le sentiment profond d’injustice et le ressentiment au Moyen-Orient.  L’Assemblée générale a dû agir le 13 juin et restaurer la crédibilité des Nations Unies, a estimé la déléguée qui a également dénoncé l’adoption, la semaine dernière, de la « loi sur l’État-nation » laquelle « bafoue les droits des Palestiniens et déguise l’occupation ».  « Je ne parlerai même pas du fait qu’Israël ait mentionné mon pays car c’est une tentative de détourner l’attention des vrais problèmes », a commenté la représentante.

La Turquie, a-t-elle rappelé, a accédé à la présidence du Comité consultatif de l’UNRWA, avec l’objectif de sécuriser des fonds suffisants, grâce à la Banque mondiale et au Fonds Waqf de la Banque islamique de développement.  Mon pays, a répondu la représentante à son homologue des États-Unis, n’a pas pour habitude de se vanter « à tort et à travers » de son aide humanitaire.  Il fait des choses « concrètes » pour les Palestiniens qui ne se limitent pas à l’UNRWA.  Nous avons versé 8,7 milliards de dollars d’aide humanitaire, ce qui fait de nous « le pays le plus généreux au monde ».

En Syrie, a ensuite regretté la représentante, le régime poursuit ses opérations militaires, dans une approche vouée à l’échec.  Elle a tout de même salué les progrès dans la création d’un comité constitutionnel.  Les garants du processus d’Astana poursuivront leurs discussions.  À son tour, elle a dénoncé la loi n°10 du régime syrien qui risque de priver des millions de personnes de leurs terres et de leurs habitations, ce qui met à mal les efforts des Nations Unies pour parvenir à une solution politique et la réconciliation nationale, tout en défiant les principes fondamentaux du droit international.  Il y a deux semaines, la Turquie s’est jointe à ceux qui ont adressé une lettre au Président du Conseil de sécurité et au Secrétaire général pour exhorter la communauté internationale à s’opposer à cette loi.

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé qu’en tant que Puissance occupante, il revient à Israël d’assurer la protection des civils palestiniens.  Il a réaffirmé le soutien du Comité aux appels lancés par la communauté internationale, y compris par le Secrétaire général de l’ONU, en faveur d’une enquête indépendante et transparente sur les violences du mois de mars et son soutien à la Commission d’enquête mise en œuvre par le Conseil des droits de l’homme.  Appelant la communauté internationale à se mobiliser pour combler le déficit de l’UNRWA, M. Niang a aussi souhaité que soit complétée dans les meilleurs délais la base de données sur les entreprises impliquées dans des activités dans les colonies israéliennes, en cours d'élaboration par le Conseil des droits de l’homme.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a regretté les restrictions de plus en plus strictes imposées aux convois vers Gaza au point de passage de Kerem Shalom.  « C’est une punition collective qui ne fait qu’accroître les tensions dans la région. »  Il n’y a pas de solution militaire au conflit et les négociations pacifiques sont le seul moyen de parvenir à une paix durable, a poursuivi le représentant qui a plaidé pour l’augmentation de l’assistance humanitaire, notamment via l’UNRWA, que son pays est déterminé à appuyer.  Il s’est dit préoccupé par la politique des colonies de peuplement, « une violation flagrante du droit international ».  Comme c’est vers les Nations Unies que les Palestiniens continuent de se tourner pour assurer leur droit à l’autodétermination, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités.  Ce qu’il ne fait pas alors que le contexte sécuritaire est caractérisé par des discours incendiaires, les activités de peuplement et la crise humanitaire à Gaza.  Le statu quo n’est plus tenable.  Il entache la conscience de la communauté internationale.  La seule solution réside dans des négociations sans conditions préalables sur la fin de l’expansion d’Israël dans les territoires occupés et la levée du blocus de Gaza.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a déploré que les résolutions du Conseil de sécurité ne soient pas respectées.  Qualifiant le blocus de Gaza « d'illégal et inhumain », il a appelé Israël à y mettre fin.  Déplorant que les constructions en zone C continuent, il a appelé le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme à agir pour que la colonisation cesse.  Convaincu que la solution des deux États indépendants constitue la seule solution au conflit, il a exigé qu'Israël respecte les frontières de 1967.  Au sujet de la Syrie, M. Mohamed a estimé que la communauté internationale devait « reprendre les pourparlers » pour arriver à une solution pacifique au conflit.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) s’est dite vivement préoccupée par la dégradation de la situation au Moyen-Orient.  « Il est regrettable que le Conseil de sécurité, à cause d’un de ses membres, n’ait même pas pu condamner l’escalade de la violence et les événements tragiques dans la bande de Gaza ».  Israël viole les résolutions de l’Assemblée, a-t-elle dénoncé en condamnant les colonies de peuplement illégales, y compris l’approbation et l’appel d’offre pour la construction de logements en Cisjordanie, ainsi que la démolition et la saisie d’au moins 84 propriétés palestiniennes.  « Ces mesures cruelles et destructrices se combinent au blocus illégal de Gaza et met à mal la solution des deux États », a-t-elle regretté.  Elle a demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et à Israël de mettre fin à sa politique d’agression et de colonisation, et de respecter les résolutions.  Elle s’est opposée à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.  « Il faut que cessent toutes ces tentatives de rendre légitime le recours à la force contre des États souverains », a-t-elle poursuivi en demandant le retrait d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.  Cuba rejette également la décision des États-Unis de se retirer de l’accord sur le dossier nucléaire iranien et l’imposition de sanctions, contraire aux normes de coexistence pacifique entre États.

M. ABDULRAHMAN YAAQOB Y.A. AL-HAMADI (Qatar) a dit croire à une solution pacifique et jugé que le Conseil de sécurité pouvait jouer un rôle important dans la résolution de la crise actuelle, dont il espère une issue équitable.  « Nous savons tous très bien quelle est la solution », a déclaré le représentant, citant notamment le respect des résolutions contre les colonies de peuplement et pour le respect des frontières de 1967, les droits inaliénables des Palestiniens et la solution des deux États.  Le représentant a appelé tous les États Membres à rejeter fermement la « loi sur l’État-nation » qu’il a qualifiée de « provocation » dans le contexte actuel et qui réduirait à néant les efforts de paix.  Dressant un parallèle avec le blocus subi par le Qatar, il a déclaré que son pays est toujours favorable à un règlement « pacifique » des différends.  Il s’est par exemple félicité de la décision de la Cour internationale de Justice approuvant la requête du Qatar dans l’affaire du traitement « illégal et discriminatoire » des Qataris aux Émirats arabes unis.  « Les citoyens qataris doivent pouvoir réaliser leurs études et obtenir leurs diplômes dans les Émirats arabes unis », a insisté le représentant, exigeant que les procédures « artificielles et illégales » soient levées. 

Pour Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie), il faut extirper le terrorisme de la région et immuniser la jeunesse, qui détient les clefs de l’avenir.  Elle a appuyé la solution des deux États, jugeant nécessaire de poursuivre la coordination avec l’Autorité palestinienne pour mettre un terme à l’occupation et répondre aux aspirations de « nos frères » à un État indépendant.  La Jordanie, a-t-elle rappelé, assure la tutelle des lieux saints et n’épargnera aucun effort pour contrer la tentative israélienne d’altérer leur statut.  La représentante a condamné les déplacements forcés et les dernières attaques « injustifiables » contre Gaza.  Elle a demandé au Secrétaire général de mettre pleinement en œuvre la résolution de l’Assemblée générale sur la protection internationale des civils palestiniens.  Elle a aussi vu dans la « loi sur l’État-nation », un texte qui « qui aggrave le racisme, la violence et l’extrémisme » et auquel la communauté internationale doit s’opposer.

Elle s’est aussi attardée sur le déficit financier « dangereux » de l’UNRWA, avant de rappeler que son pays accueille 1,3 million de réfugiés.  Elle a fait part des efforts de son pays pour mettre un terme à la crise dans le sud-ouest de la Syrie qui ont permis de parvenir à un cessez le feu.  La représentante a espéré la relance du processus politique sous la houlette des Nations Unies.  Elle a conclu sur la nécessité d’éduquer une génération capable de prêcher la modération face à l’idéologie extrémiste.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a accusé la Puissance occupante de ne respecter ni ses obligations ni les dispositions du droit international.  « Israël n'entend pas les appels qui lui sont lancés et poursuit son occupation. ».  Craignant « une menace très grave » pour le processus de paix, l’Observateur permanent a dénoncé la démolition programmée du village palestinien de Khan el-Ahmar.  Ces personnes sont des réfugiés enregistrés à l'UNRWA et vont être victimes des intentions de créer « un grand Israël ».  Qualifiant les actions menées par les Forces de défense israéliennes de « campagne de nettoyage ethnique », il s'est dit convaincu qu'un mécanisme clair et efficace devait être créé par la communauté internationale pour protéger le peuple palestinien.  « Un concept appliqué dans d'autres régions du monde mais pas en Palestine », a déploré M. Abdelaziz. 

« Les pays arabes ne sont pas moins généreux que les autres », a-t-il poursuivi, en réponse à certaines remarques.  Les pays arabes, a-t-il souligné, décaissent des milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés palestiniens.  Plus de 200 millions de dollars ont été distribués par l'Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït, depuis que les États-Unis ont coupé leur aide, a-t-il souligné.  Concernant la « loi sur l’État-nation juif », le représentant a vu une tentative de donner « un visage légitime à l'apartheid », de priver le peuple palestinien de ses droits inaliénables et légitimer « une politique de nettoyage ethnique ».  Tant qu'il n’y aura pas de mécanisme international clair de protection du peuple palestinien, il n'y aura pas de solution au conflit, a conclu M. Abdelaziz.

Revenant sur la crise humanitaire extrême à Gaza, Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a dénoncé « une tragédie qui se déroule sous nos yeux et finit par nous rendre insensibles à la violence ».  En juin, 120 États Membres ont voté pour une résolution sur la protection des civils palestiniens.  C’est dire comme nous sommes préoccupés, a-t-elle déclaré.  Demandant des mesures pour établir les responsabilités et mettre fin à l’impunité, la représentante a prévenu que l’expansion des colonies de peuplement met en péril la paix et la sécurité internationales.  Nous exhortons le Conseil de sécurité à ne pas rester indifférent, a conclu la représentante qui s’est également inquiétée de la situation financière de l’UNRWA.

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a commencé par dénoncer les agressions et menaces continues d’Israël contre la communauté de Khan el-Ahmar, en les comparant à des pratiques coloniales et à un nettoyage ethnique.  De telles politiques sont en violation flagrante du droit international et de la quatrième Convention de Genève.  Elles constituent des crimes de guerre, a estimé le représentant de l’OCI pour lequel il est impératif de mettre fin à l’impunité.  Le représentant a aussi dénoncé toutes les tentatives et mesures israéliennes pour changer le caractère, la composition démographique et le statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est.  Ces mesures sont nulles et non avenues et sans fondement juridique.  Toute reconnaissance explicite ou implicite pourrait avoir de graves conséquences, dont l’annexion illégale de la Cisjordanie qui saperait la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Les colonies de peuplement sont « un obstacle majeur à la paix » et représentent un test décisif sur la capacité du Conseil de sécurité de faire respecter ses propres résolutions.  Le Conseil doit intervenir de manière responsable et sérieuse pour éviter un nouveau cycle d’instabilité.  Il doit faire respecter ses résolutions, y compris celles portant sur le statut de Jérusalem, notamment les résolutions 476, 478 et 2334.  Le sort accablant de millions de réfugiés palestiniens illustre la réalité cruelle de l’absence de justice, a poursuivi le représentant qui a salué au passage l’UNRWA et lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle le soutienne financièrement.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a rappelé que c’est la première réunion depuis l’échec du Conseil à assurer la protection du peuple palestinien conformément à la Charte des Nations Unies.  Elle s’est dite très attristée que des centaines de Palestiniens aient été tués et qu’une nouvelle fois, le Conseil n’ait rien fait.  Nous rappelons au Conseil de sécurité que l’essence du conflit se trouve dans les colonies de peuplement et l’occupation illégale et il est ironique que nous ayons échoué à protéger des civils non armés face à ces atrocités.  La plus haute forme de la justice est la sécurité du peuple palestinien comme des peuples du monde entier, a souligné la représentante.  L’absence de réaction aux besoins socioéconomiques jette les jeunes désœuvrés dans les bras des terroristes.  Consciente de cette réalité, l’Indonésie a prévu de débourser une somme de 2 millions de dollars pour aider les Palestiniens.  Nous devons éviter de donner l’impression que tout est perdu.  Nous sommes optimistes.  Nous pensons que les Palestiniens pourront exercer leurs droits, a conclu la représentante.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a souligné que l’adoption de la résolution sur la protection internationale des civils palestiniens que son pays a parrainée a envoyé un message « très fort ».  Il a dit attendre avec impatience les recommandations du Secrétaire général.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit continuer à faire pression sur Israël pour qu’il mettre fin à toutes les violations et activités illégales et honore toutes ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité, du droit international et de la Charte des Nations Unies.  La Malaisie continuera de porter assistance aux Palestiniens et réitère son ferme appui à la solution des deux États, comme seul moyen viable de mettre un terme au conflit. 

M. HICHAM OUSSIHAMOU (Maroc) a regretté de voir la détérioration de la situation au Moyen-Orient et en Palestine, et a dénoncé les politiques de judaïsation, de coercition et d’occupation, qui attisent les tensions et la frustration.  « Les derniers jours illustrent ces faits, avec un usage de la force contre des civils innocents », a-t-il regretté en notant que cela ne fait que « pérenniser le cycle de la violence ».  La poursuite des activités d’implantation, en violation des résolutions, est un acte de provocation envers les Palestiniens.  Ces politiques n’ont jamais constitué la voie vers une solution des deux États.  Le représentant a réaffirmé sa foi dans la justesse de la cause palestinienne et a rappelé la tenue de la cinquième Conférence internationale sur la question de Jérusalem, à Rabat, en juin dernier.  Lors de cette Conférence, où ont été abordées les séquelles négatives de l’occupation, le Roi Mohammed VI, qui préside le Comité de Jérusalem, a rappelé son appui sans faille à la cause palestinienne, jusqu’à ce que le peuple palestinien puisse reconquérir ses droits inaliénables.  Le délégué a appelé à la relance de négociations fondées sur les références connues.  Il a également indiqué que le Roi du Maroc a supervisé l’acheminement d’une aide humanitaire sans précédent au mois de mai dernier et que son pays fournira également des prestations médicales après les derniers incidents.  Le Maroc ne lésinera sur aucun effort pour parvenir à un règlement politique, a-t-il conclu.

Pour M. DANG DINH QUY (Viet Nam), les développements récents au Moyen-Orient, et plus précisément les affrontements meurtriers et la situation humanitaire désastreuse dans la bande de Gaza, représentent un risque sécuritaire pour toute la région et remettent sérieusement en cause toute perspective de succès de la solution des deux États.  Profondément préoccupé par la situation sur le terrain, le représentant a condamné les actes de violence, y compris le recours à une force disproportionnée, contre des civils et des installations civiles palestiniens.  Le Viet Nam appelle les parties à la retenue et à éviter tout acte qui pourrait contribuer à l’escalade des tensions.  Il faut stopper les colonies de peuplement et le blocus de Gaza, a exigé le représentant pour lequel l’heure est venue de donner la priorité à la protection et l’amélioration des conditions de vie de la population de Gaza.  Le Conseil de sécurité doit agir vite et de manière unifiée pour remettre le processus politique sur les rails.  Toute solution au conflit israélo-palestiniens doit être conforme au droit international, aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ainsi qu’aux Principes de Madrid, à la Feuille de route du Quatuor et à l’Initiative de paix arabe.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a rappelé le soutien de longue date du Brésil à une solution des deux États.  Il a condamné l'expansion des colonies israéliennes, « illégales en droit international », et appelé les autorités israéliennes à revenir sur leur décision de démolir le village de Khan el-Ahmar.  Il a demandé à toutes les parties d’éviter les mesures unilatérales pouvant compromettre les négociations sur le statut final.

M. Giacomelli da Silva a aussi appelé à une cessation immédiate des hostilités en Syrie et au Yémen.  Affirmant qu'il est temps pour le Gouvernement et l'opposition syriens de mettre fin à la guerre civile, il a renouvelé son soutien à l'Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et aux négociations politiques intersyriennes de Genève. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a lancé un avertissement: les habitants de Gaza sont sous pression et la situation risque d'exploser.  Dans ce contexte, l’Égypte, qui voudrait que la situation s'apaise, a pris la responsabilité d'ouvrir le point de passage de Jaffa.  Mais ces mesures ne sont pas suffisantes si Israël ne fait pas sa part, a-t-il insisté.  La situation n'est pas apparue subitement et on ne peut traiter de la question de Gaza en la dissociant du contexte plus général de l'occupation, s’est-il expliqué.  Appelant les membres du Conseil de sécurité à faire respecter le droit international humanitaire, il l’a surtout appelé à veiller à ce que les autres pays n’aient pas à payer la facture de l’occupation.  Les Palestiniens, a-t-il estimé, doivent aussi répondre de manière positive aux efforts.  L’Autorité palestinienne doit unir ses efforts à ceux de toutes les parties et de la communauté internationale pour reprendre le contrôle de Gaza. 

Reprenant la parole, Israël a souligné que ces trois dernières années, plusieurs États ont présenté des « données inexactes » sur la crise au Moyen-Orient et proféré de « fausses accusations ».  Les débats publics sur le Moyen-Orient n’ont pas toujours été « honnêtes ».  Nous y voyons des délégations se déclarer favorables à une solution diplomatique, tout en refusant de s’asseoir à côté d'un Israélien.  « Ce n’est pas sérieux », a tranché Israël qui a prévenu que le Conseil de sécurité ne remplacera jamais les discussions directes entre les deux parties.  Les négociations bilatérales doivent reprendre au plus vite et les Palestiniens devraient renoncer à ces débats publics « inefficaces", a pressé Israël qui a dit espérer des débats débarrassés des deux poids-deux mesures pour enfin trouver de véritables solutions. 

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