L’Assemblée générale présente à l’ECOSOC des recommandations visant à renforcer son rôle « moteur et directeur » pour le développement
Un consensus, certes, mais aussi de nombreuses réserves ont marqué l’adoption, ce matin, d’une résolution* par laquelle l’Assemblée générale présente au Conseil économique et social (ECOSOC) un certain nombre de recommandations visant à renforcer son rôle « moteur et directeur », ainsi que son rôle de mécanisme central de coordination des activités du système des Nations Unies pour le développement.
Ce texte a toutefois été jugé « peu ambitieux » par plusieurs délégations comme celles de l’Union européenne, du groupe CANZ ou encore du Mexique qui a déploré que dans cette résolution, « on a sacrifié la substance au profit de la gestion ».
Tenu d’appliquer « avec diligence » un certain nombre de mesures destinées à améliorer son fonctionnement, l’ECOSOC est notamment appelé à promouvoir l’intégration des trois dimensions du développement durable et à favoriser le suivi coordonné du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
L’Assemblée générale recommande notamment à l’ECOSOC de s’attacher à favoriser la synergie et la cohérence, à éviter les doubles emplois et le chevauchement de ses travaux, mais aussi à améliorer la qualité de ses documents finals et de ceux de ses organes subsidiaires en les axant davantage sur la recherche de solutions, « afin de résoudre les difficultés liées à leur application et d’en assurer le suivi ».
Par ce texte, le Comité chargé des organisations non gouvernementales, un des organes subsidiaires de l’ECOSOC, est également invité à examiner « rapidement » les moyens de gérer efficacement le nombre croissant de demandes d’admission au statut consultatif présentées par ces organisations.
« Il nous faut un Comité des ONG plus efficace », a notamment insisté la délégation des États-Unis qui a décrié le fait que des ONG à la réputation bien établie voient leur demande bloquée « parfois indéfiniment », ce qui ternit la réputation de cet organe subsidiaire.
La Fédération de Russie a toutefois estimé que les mentions concernant le Comité des ONG n’avaient pas lieu de figurer dans ce texte, puisque cet organe subsidiaire pouvant s’autoexaminer et s’autoréguler. La délégation a aussi soutenu que la participation des ONG au travail de l’ECOSOC ne doit pas se faire au détriment du caractère intergouvernemental de l’organe.
L’Union européenne, par la voix de l’Autriche, a estimé de son côté qu’un ECOSOC fort doit s’ouvrir au monde et aux différents acteurs qui le constitue et a regretté que l’organe reste « prisonnier du passé » en ce qui concerne la participation de la société civile.
Intervenant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande a souhaité de son côté que les organes subsidiaires acquièrent plus de responsabilités afin d’offrir des solutions pratiques et concrètes aux États Membres pour faire face aux défis de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
La résolution adoptée ce matin précise en outre que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable et le débat de haut niveau de l’ECOSOC continueront de déboucher sur une déclaration ministérielle négociée.
La réunion de coordination et de gestion sera quant à elle rebaptisée « débat consacré à la gestion », tandis que les réunions sur la gestion se tiendront deux fois par cycle et ne dureront pas plus de deux jours.
Autre fait nouveau, le débat consacré aux activités opérationnelles de développement devrait, dans sa formule renforcée, être l’occasion pour les entités du système de développement des Nations Unies de rendre compte de leur performance et de leurs résultats au regard du Programme 2030 et d’examiner la manière dont celles-ci pourraient accélérer l’obtention de résultats.
Le cycle des travaux de l’ECOSOC continuera de s’étendre de juillet à juillet, mais, afin d’établir des liens entre les travaux des différents débats et forums et de faire en sorte qu’ils soient ciblés, cohérents et efficaces, un regroupement dans trois catégories sera opéré à chaque cycle des travaux du Conseil.
Dans la première catégorie, on regroupera les forums du Conseil économique et social, et dans la deuxième, les débats consacrés aux mesures prises notamment dans le cadre du système des Nations Unies pour le développement pour exécuter le Programme 2030, ainsi qu’à l’aide humanitaire.
La troisième catégorie regroupera quant à elle les débats et forums qui permettent de définir les grandes orientations et favorisent l’accomplissement de progrès dans l’exécution du Programme 2030, entre autres.
La résolution précise aussi qu’un examen sera conduit dans le cadre de l’examen d’ensemble des débats et réunions du Conseil, à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, en même temps que l’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.
Pour l’Égypte, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), il ne faut pas cependant que cet examen débouche sur un seul document et un seul processus de revue, le Forum politique et l’ECOSOC étant, a rappelé la délégation, deux processus distincts. L’Union européenne a de son côté déploré que la crédibilité de l’ECOSOC soit affectée par la dualité artificielle entre son segment de haut niveau et le Forum politique.
Le G77 a par ailleurs regretté le libellé « vague et ambigu » sur la participation des grands groupes et d’autres parties prenantes au Forum politique de haut niveau et a également mis en garde contre la création de nouvelles règles sur la participation des grands groupes.
L’UE a appelé à l’annulation du segment sur l’intégration celui-ci ayant, selon la délégation, perdu sa raison d’être depuis la création du Forum politique. Elle a aussi regretté que le lien entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix soit passé sous silence dans le texte.
En effet, « on n’a pas pu surmonter la division artificielle entre développement durable et pérennisation de la paix », a noté le délégué du Mexique, rejoint dans cet avis par la représentante de l’Australie qui parlait au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ). Cette dernière a aussi regretté que le texte n’ait pas permis d’avancer sur la réforme du Forum pour la coopération en matière de développement.
Abondant dans ce sens, la République de Corée a noté que cette résolution aurait pu renforcer le rôle des partenariats, d’autant plus que son objectif est de soutenir le travail de « l’organe qui est le mieux placé pour la promotion des partenariats ».
Le représentant des États-Unis a de son côté pointé une résolution qui ne prend que quelques mesures modestes, portant notamment sur le temps de travail des commissions, et a insisté sur l’importance de la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) pour revitaliser l’ECOSOC.
Il a également rappelé les réserves de sa délégation au sujet d’un certain nombre d’accords multilatéraux qui ont vu le jour en 2015, soulignant que ces accords sont de nature non contraignante, et que certains d’entre eux contiennent même des dispositions désuètes. Il a aussi défendu le droit, pour les États-Unis, d’utiliser les sanctions économiques comme moyen de pression pour faire respecter les droits de l’homme, expliquant que les sanctions ciblées peuvent être une alternative au recourt à la force.
Le représentant du Qatar, parlant également au nom de l’Islande avec qui il a assuré la coordination des négociations sur ce texte, a salué pour sa part le consensus auquel les délégations sont parvenues.
Par ailleurs, l’Assemblée générale a approuvé** la nomination de M. Takeshi Matsunaga, du Japon, au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), en remplacement de M. Takeshi Akamatsu, son compatriote, dont la démission prendra effet le 15 août 2018. M. Matsunaga y siégera pour la durée du mandat restant à courir, soit jusqu’au 31 décembre 2019.