En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité demande au Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest de renforcer ses activités de prévention des conflits et de médiation

8327e séance – matin
CS/13453

Le Conseil de sécurité demande au Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest de renforcer ses activités de prévention des conflits et de médiation

Conscient du rôle joué par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) à l’appui de l’action menée par les acteurs nationaux et locaux en faveur de la paix, le Conseil de sécurité a déclaré, ce matin, qu’il attend de ce Bureau qu’il renforce ses activités de prévention des conflits, de médiation et de bons offices.

Dans une déclaration de quatre pages, lue par sa Présidente britannique, représentée par M. Stephen Hickey, le Conseil de sécurité exprime son plein appui au Représentant spécial dans l’accomplissement de son mandat et à l’UNOWAS qui est de plus en plus sollicité.  Le Conseil encourage une division claire des tâches de l’UNOWAS et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) pour ce qui est de prévenir les conflits et de pérenniser la paix en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Le Conseil dit attendre de l’UNOWAS qu’il renforce ses activités de prévention des conflits, de médiation et de bons offices, ainsi que les efforts déployés pour améliorer les capacités sous-régionales de coopération à cet égard, en particulier sur le plan de la coopération conjointe concernant les systèmes d’alerte rapide entre l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Dans sa déclaration, le Conseil parle des élections et des situations au Togo, en Guinée-Bissau, en Gambie et au Libéria.  Il se félicite du bon déroulement du Sommet conjoint de la CEDEAO et de la CEEAC sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui s’est tenu à Lomé, le 30 juillet, et encourage l’UNOWAS à renforcer son soutien en vue de renforcer l’efficacité et d’accroître la responsabilité en ce qui concerne la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité.  Le Conseil rappelle également l’important rôle que joue l’UNOWAS dans la fourniture d’une aide technique au Secrétariat permanent du G5 Sahel.

Le Conseil s’attarde en effet sur la situation au Mali, sans oublier la question des migrants et les défis humanitaires, en particulier dans le bassin du lac Tchad.  Se déclarant conscient des effets néfastes des changements climatiques et écologiques et des catastrophes naturelles, entre autres facteurs, sur la stabilité de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, le Conseil demande que ces informations soient prises en compte par l’UNOWAS.

Il se félicite des efforts collectifs menés par l’ONU pour recalibrer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de la nomination du Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel.  Il prie d’ailleurs le Secrétaire général de le tenir informé de l’évolution de l’exécution du Plan d’appui au Sahel des Nations Unies dans le prochain rapport sur l’UNOWAS et demande de nouveau à ce dernier de faire figurer dans ses rapports une évaluation de l’état d’avancement de l’application de la résolution 2349 (2017) sur la paix et la sécurité en Afrique.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité prend note du rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et de l’exposé fait le 17 juillet 2018 par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas.

Le Conseil rappelle ses résolutions 2423 (2018), 2391 (2017), 2359 (2017), 2349 (2017) et 2320 (2016) ainsi que les déclarations de son président publiées sous les cotes S/PRST/2017/2, S/PRST/2017/10 et S/PRST/2018/3.

Le Conseil exprime son plein appui au Représentant spécial dans l’accomplissement de son mandat et à l’UNOWAS pour ses activités en cours.  Le Conseil note que l’UNOWAS est de plus en plus sollicité et souligne à nouveau qu’il importe de lui fournir un appui soutenu et des ressources suffisantes à cet égard.  Le Conseil encourage la poursuite de la coopération, l’établissement de priorités conjointes et une division claire des tâches entre les différents bureaux, institutions et départements de l’ONU, notamment entre l’UNOWAS et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) pour ce qui est de prévenir les conflits et de pérenniser la paix en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Le Conseil réaffirme qu’il a pleinement conscience du rôle de l’UNOWAS dans l’analyse stratégique et intégrée constante des possibilités, des risques et des difficultés rencontrées, à l’appui de l’action menée par les acteurs nationaux et locaux pour pérenniser la paix, attend de l’UNOWAS qu’il renforce ses activités de prévention des conflits –notamment en menant des analyses détaillées des outils d’alerte rapide– de médiation et de bons offices, ainsi que des efforts déployés pour améliorer les capacités sous-régionales de coopération à cet égard, en particulier sur le plan de la coopération conjointe concernant les systèmes d’alerte rapide entre l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de tous les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.

Le Conseil souligne que les parties prenantes nationales doivent collaborer pour faciliter la préparation des élections en temps opportun et la tenue d’élections pacifiques, transparentes et crédibles, et leur demande instamment de garantir des conditions égales à tous les candidats et de favoriser une participation accrue des femmes, notamment en vue d’augmenter le nombre de femmes nommées à des postes de responsabilité, conformément à leurs constitutions respectives et aux engagements qu’ils ont pris aux niveaux national, régional et mondial.

Le Conseil se félicite de l’action constante menée à l’échelle régionale pour aider les parties prenantes au Togo à surmonter leurs divergences de manière pacifique par la concertation, en tenant compte des aspirations du peuple togolais.

Le Conseil demande instamment à toutes les parties prenantes politiques en Guinée-Bissau de respecter les dispositions des Accords de Conakry et d’en achever la mise en œuvre sans plus tarder, souligne qu’il importe d’organiser des élections législatives ouvertes à tous, libres, régulières, transparentes et crédibles en Guinée-Bissau, prévues en novembre 2018, et réaffirme le rôle important du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) à cet égard.

Le Conseil se félicite de la volonté manifestée par la communauté internationale de continuer à soutenir les autorités et le peuple gambiens qui s’efforcent de consolider la paix, en instaurant des réformes politiques, en participant à la réforme du secteur de la sécurité et à la justice transitionnelle et en soutenant l’application du plan national de développement et l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.

Le Conseil encourage la consolidation des réformes politiques en cours dans la région pour prévenir la violence et l’instabilité, ainsi que les progrès dans le domaine de la réconciliation nationale, en particulier dans la région du bassin du fleuve Mano et dans d’autres pays qui ont connu récemment des transitions démocratiques, et se félicite de la fermeture de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et de la transition pacifique au Libéria.  Il souligne que l’ONU doit continuer d’apporter un soutien à cet égard, y compris dans un autre cadre que celui des missions, et insiste sur l’importance du rôle fédérateur de la Commission de consolidation de la paix pour qu’une paix durable puisse être instaurée et consolidée.

Le Conseil souligne l’importance du rôle que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation de la paix et dans les situations d’après-conflit, comme il a été noté dans ses résolutions pertinentes, notamment les résolutions 1325 (2000) et 2242 (2015).

Le Conseil se félicite de la récente visite effectuée par une mission de haut niveau de l’ONU et de l’Union africaine dans le Sahel et souligne qu’il importe d’intégrer la problématique femmes-hommes dans l’élaboration et l’application de stratégies globales afin de s’attaquer aux causes profondes de la crise.  Le Conseil se félicite de l’action menée par l’UNOWAS et la CEDEAO pour s’efforcer d’obtenir la participation systématique des femmes dans les initiatives visant à lutter contre le terrorisme et à prévenir l’extrémisme violent, pouvant conduire au terrorisme, et demande à l’UNOWAS de faire figurer ces questions dans ses rapports périodiques.

Le Conseil se dit à nouveau vivement préoccupé par les problèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en particulier par les menaces que représentent le terrorisme, la piraterie maritime, les conflits entre pasteurs et agriculteurs et la criminalité transnationale organisée, notamment la traite d’êtres humains et le trafic d’armes, de drogues et de ressources naturelles, qui peuvent être liés entre eux, et se félicite des efforts consentis par l’UNOWAS pour appuyer les dispositifs régionaux d’analyse et d’alerte rapide.  Le Conseil se félicite également du bon déroulement du Sommet conjoint de la CEDEAO et de la CEEAC sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui s’est tenu à Lomé, le 30 juillet, ainsi que de l’attachement de leurs États membres au resserrement de la coopération pour régler des questions clefs touchant à la paix et à la sécurité.

Le Conseil se félicite que les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel soient à l’origine d’initiatives visant à combattre l’insécurité dans la région et salue les mesures prises par l’Union africaine et la CEDEAO, ainsi que par les États de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel en vue de renforcer la sécurité dans les régions frontalières, de faire preuve de coopération régionale et de remédier aux conséquences du terrorisme et de la criminalité organisée transnationale, y compris au moyen de la Force multinationale mixte et de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel.  Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire et, à cet égard, encourage l’UNOWAS à renforcer son soutien en vue de renforcer l’efficacité et d’accroître la responsabilité en ce qui concerne la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité dans la région.  Le Conseil souligne que l’action en matière de sécurité doit concorder avec les objectifs politiques afin de permettre le rétablissement de la sécurité civile, la mise en place d’une gouvernance efficace pour fournir des services essentiels et revitaliser les économies locales en vue de fournir des moyens de subsistance compte tenu de l’explosion démographique de la jeunesse.  Le Conseil encourage la CEDEAO et le G5 Sahel à répertorier les domaines de complémentarité sur le plan de la prévention des conflits et de la pérennisation de la paix dans la région, et rappelle également l’important rôle que joue l’UNOWAS dans la fourniture d’une aide technique au secrétariat permanent du G5 Sahel.

Le Conseil se dit préoccupé par la montée des tensions entre les pasteurs et les agriculteurs dans la région, alimentée par la concurrence pour les ressources naturelles, l’expansion démographique rapide, la défaillance de gouvernance, les pressions liées aux changements climatiques et aux facteurs écologiques et la propagation des armes légères et de petit calibre et il encourage la CEDEAO et ses États Membres, avec l’appui de l’UNOWAS, à régler ces problèmes de manière coordonnée et globale.  Le Conseil se dit à nouveau vivement préoccupé par l’intensification des violences intercommunautaires dans le centre du Mali et souligne que pour stabiliser cette région, il faut une coordination sans faille dans la quête de progrès simultanés sur les plans de la sécurité, de la gouvernance, du développement, de la réconciliation ainsi que de la protection et de la promotion des droits de l’homme.

Le Conseil rappelle que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le détournement d’armes légères et de petit calibre continuent de menacer la paix et la sécurité internationales, entraînent des pertes considérables en vies humaines et concourent à l’instabilité et à l’insécurité dans bon nombre de régions, y compris en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Le Conseil de sécurité condamne de nouveau avec la plus grande fermeté tous les actes de traite d’êtres humains, notamment aux fins du travail forcé et de l’esclavage, dans les zones en proie à un conflit armé, qui nuisent à l’état de droit, favorisent d’autres formes de criminalité transnationale organisée et peuvent exacerber les conflits, l’insécurité et l’instabilité et nuire au développement.  Il réaffirme que les organismes des Nations Unies doivent veiller à l’organisation et à la cohérence de leur action en matière de lutte contre la traite d’êtres humains dans les zones touchées par un conflit armé ou en situation d’après-conflit, et a conscience qu’il faut continuer d’œuvrer à la mise en place d’une approche renforcée, globale et coordonnée pour prévenir et combattre la traite.  Il encourage un resserrement de la coopération entre l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU à cet égard, notamment dans le cadre de la Force mixte, en vue de sauver la vie de migrants et de réfugiés et de les protéger le long des routes, notamment sur le territoire libyen.

Le Conseil se déclare préoccupé par la situation humanitaire d’ensemble dans la région, caractérisée par les répercussions des conflits armés et du terrorisme, la pauvreté extrême, l’insécurité alimentaire, y compris la famine suscitée par les conflits et le spectre de la famine, les déplacements forcés de population, les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, la violence sexuelle et sexiste, les effets néfastes des changements climatiques et les épidémies, qui contribuent au degré élevé de vulnérabilité structurelle, chronique et aigüe dans la région, continuent de toucher les populations et rendent indispensable une action d’envergure sur le plan humanitaire et en matière de développement ainsi que le décaissement des fonds annoncés.  Le Conseil se félicite de l’action menée par les gouvernements de la région du bassin du lac Tchad et les organisations régionales et sous-régionales pour empêcher une nouvelle aggravation de la crise humanitaire, tout en constatant qu’il faut renforcer l’action menée à l’échelle nationale pour faire face à l’ampleur des besoins humanitaires.

Le Conseil se déclare conscient des effets néfastes des changements climatiques et écologiques et des catastrophes naturelles, entre autres facteurs, sur la stabilité de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, notamment de la sécheresse, de la désertification, de la dégradation des sols et de l’insécurité alimentaire, soulignant que face à ces facteurs, les gouvernements et les organismes des Nations Unies doivent adopter des stratégies appropriées d’évaluation des risques à long terme, afin d’appuyer la stabilisation et de renforcer la résilience, et demande que ces informations soient prises en compte par l’UNOWAS dans ses activités.

Le Conseil souligne qu’il faut renforcer la solidarité collective de toute la région du Sahel, conformément aux cadres existants, se félicite à cet égard du resserrement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, en particulier grâce au Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063, et prend acte de la décision prise par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de réactiver le Processus de Nouakchott et l’examen de la stratégie de l’Union africaine pour la région du Sahel.

Le Conseil souligne qu’il faut une démarche plus intégrée et plus multisectorielle face à des questions indissolubles que sont le développement, le volet humanitaire, la paix et la sécurité, y compris pour ce qui est de s’attaquer aux causes profondes des crises, de prévenir de nouvelles tensions et de nouvelles violences, d’aborder les questions de l’exclusion et de la pauvreté, de renforcer la résilience des institutions et des populations, de promouvoir la bonne gouvernance et d’édifier des sociétés pacifiques, justes et ouvertes à tous.  Le Conseil se félicite des efforts collectifs menés par l’Organisation des Nations Unies sous la direction du Secrétaire général adjoint pour recalibrer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et en intensifier l’impact, conformément aux besoins du peuple sahélien et aux priorités nationales et régionales, en étroite collaboration avec les partenaires et les pays de la région.  Le Conseil se félicite de la nomination du Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sahel et encourage l’action menée pour instaurer une plus grande cohérence et une plus grande coordination dans le système des Nations Unies, ainsi qu’avec les partenaires de la région, grâce à l’application efficace du plan des Nations Unies d’appui au Sahel, en coordination avec le Représentant spécial et l’UNOWAS.

Le Conseil prie instamment les États Membres et les autres acteurs de mettre en conformité leurs activités avec la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de rallier l’action consistant à mobiliser les ressources nécessaires à cette fin, et prie également le Secrétaire général de le tenir informé de l’évolution de l’exécution du Plan d’appui au Sahel des Nations Unies dans le prochain rapport sur l’UNOWAS.

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer de l’informer des efforts faits par l’UNOWAS dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration et demande de nouveau que l’UNOWAS fasse figurer dans ses rapports une évaluation de l’état d’avancement de l’application de la résolution 2349 (2017), en accordant une attention particulière à cette question dans son prochain rapport.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial appelle à se saisir de la nouvelle dynamique politique au Burundi pour consolider l’unité et la paix

8325e séance – matin
CS/13450

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial appelle à se saisir de la nouvelle dynamique politique au Burundi pour consolider l’unité et la paix

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les autorités et la classe politique burundaises à saisir l’opportunité de la nouvelle dynamique en cours et à œuvrer ensemble à la création d’un environnement politique, propice à la consolidation de l’unité nationale et à la paix.

M. Michel Kafando avait à l’esprit la promulgation, le 7 juin, de la nouvelle Constitution burundaise et l’annonce officielle faite, le même jour, par le Président Pierre Nkurunziza, de ne pas prétendre à un quatrième mandat en 2020 et d’apporter tout son soutien au prochain président.

Contrairement à ceux qui lui prêtaient l’intention de vouloir façonner la Constitution pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, le Président a posé un geste de haute valeur politique et démocratique qui est un bel exemple non seulement pour le pays mais également pour le continent, s’est enorgueilli le représentant du Burundi. 

La Constitution et l’annonce du Président saluée aujourd’hui par tous les membres du Conseil de sécurité, sont, s’est félicité l’Envoyé spécial, deux actes majeurs qui nous offrent une opportunité à saisir pour avancer dans le règlement de la situation au Burundi.  M. Kafando a indiqué que, mis à part quelques contestations de l’opposition, la situation demeure calme dans le pays.  

L’Envoyé spécial a estimé que les visites récentes, dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, de plusieurs délégations de haut niveau, traduisent la volonté du Gouvernement d’améliorer ses relations avec la communauté internationale.  En la matière, il a espéré que le Burundi et l’Union européenne reprendront bientôt le dialogue en vue de la poursuite rapide de leur coopération financière.

En attendant, les membres du Conseil se sont surtout concentrés sur les élections de 2020 qu’ils ont voulues « libres, justes et transparentes », selon les mots de la représentante de la France, « avec une pleine et égale participation des femmes », ont ajouté ceux des Pays-Bas et de la Suède.  Leur homologue des États-Unis n’a pas été le seul à dénoncer les violations continues des droits de l’homme, dont les restrictions « excessives » de l’espace civique et politique, le musellement des médias, les arrestations arbitraires et les peines abusives infligées aux défenseurs des droits de l’homme.  Le représentant des Pays-Bas a ajouté à ces fléaux les agissements de la milice imbonerakure et l’infiltration des agents du Service national des renseignements dans les camps de réfugiés en Tanzanie. 

La déléguée de la France a formé le vœu qu’un dialogue interburundais inclusif dans l’esprit de rassemblement et de coexistence pacifique instauré par l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi, puisse s’engager, avec l’appui de la médiation des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est, afin de mettre en place les conditions nécessaires à de bonnes élections.

L’impasse politique actuelle ne peut être résolue que par un dialogue « pacifique, ouvert et consensuel », a acquiescé le délégué de l’Éthiopie, insistant sur le caractère « urgent » d’un tel dialogue pour assurer une paix et une stabilité durables et appelant le Conseil de sécurité à explorer de nouvelles idées pour travailler avec le Burundi.

Le Conseil devrait surtout avoir « le courage » de retirer le Burundi de son ordre du jour, a tranché le représentant de ce pays, fustigeant des réunions « en cascade » qui risquent de devenir un facteur de déstabilisation et un frein aux efforts régionaux.  La place que le Burundi mérite aujourd’hui ne se trouve pas dans cette salle, mais au niveau des agences des Nations Unies en charge du développement socioéconomique pour booster son relèvement, a-t-il ajouté soutenu par ses homologues de la Chine et de la Fédération de Russie qui a conseillé: « cessons de donner des leçons à un pays souverain », et qui a dénoncé le point de vue « alarmiste » de certains membres du Conseil, « jouant en faveur de l’opposition ». 

Le représentant du Burundi n’a pas manqué l’occasion de demander la levée des sanctions, arguant d’une situation « calme, stable et entièrement sous contrôle » qui ne saurait constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a affirmé que le dialogue, comme moyen de trouver des solutions pacifiques aux différends politiques, est devenu une « culture » dans son pays.  C’est dans ce cadre, a-t-il souligné, que quelque 20 partis politiques ont adopté, le 3 août dernier, une feuille de route en vue des élections.

S’agissant des droits de l’homme, le représentant, qui a insisté sur le retour de plus de 206 000 réfugiés, entre 2016 et 2018, a dit attendre la notification officielle du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme sur la nomination de trois experts.  Il a aussi assuré que son pays reste ouvert à des discussions constructives sur le mémorandum d’entente relatif au Bureau du Haut-Commissariat.  L’Envoyé spécial a en effet appelé les autorités burundaises à tenir ces discussions et à accepter « enfin » de signer l’accord de siège afin de permettre à son propre bureau, à Bujumbura, de fonctionner dans les meilleures conditions.

LA SITUATION AU BURUNDI

Déclarations

M. MICHEL KAFANDO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi, a indiqué que le 7 juin, à l’issue du référendum constitutionnel du 17 mai 2018, le Chef de l’État du Burundi, M. Pierre Nkurunziza, a promulgué la nouvelle Constitution adoptée par le peuple burundais à plus de 73%.  Le même jour, a ajouté M. Kafando, il a annoncé officiellement la fin de son mandat pour 2020 et son engagement à apporter tout son soutien au président qui sera élu.  Ce sont là, s’est-il félicité, deux actes majeurs dont nous devons souligner l’importance et qui nous offrent une opportunité à saisir pour avancer dans le règlement de la situation burundaise.

Il a appelé le Gouvernement et la classe politique burundais à saisir l’opportunité de cette nouvelle dynamique et à œuvrer ensemble à la création d’un nouvel environnement politique, propice à la consolidation de l’unité nationale et de la paix.  Il a ensuite salué l’atelier d’échange des leaders politiques tenu le 3 août à Kayanza et qui a abouti à l’adoption d’une feuille de route consensuelle pour les élections de 2020.

L’Envoyé spécial a ensuite passé en revue les différentes visites qu’il a effectuées dans la région depuis son dernier briefing, le 24 mai.  Il a dit avoir remis au Médiateur, le Président ougandais, M. Yoweri Museveni, un mémorandum portant sur des propositions concrètes que certains garants de l’Accord d’Arusha devraient entreprendre en vue de réaffirmer l’importance capitale de cet Accord « historique » qui constitue le socle de la paix dans cette partie du continent.  Il a aussi annoncé qu’il envisage un déplacement au Burundi début octobre.

M. Kafando a poursuivi son intervention en indiquant que, mis à part quelques contestations de l’opposition, la situation demeure calme.  Il a aussi salué les efforts déployés par le Burundi et la Tanzanie, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui ont permis depuis septembre 2017 le rapatriement volontaire de quelque 35 000 réfugiés burundais et a souhaité que ceux-ci se poursuivent.

L’Envoyé spécial a aussi fait le point sur la coopération bilatérale et multilatérale, précisant que plusieurs délégations de haut niveau ont visité le pays ces derniers temps.  Il a aussi indiqué qu’aujourd’hui doit se tenir à Bujumbura, le forum des femmes pour la paix et la sécurité.  Il a estimé que ces visites traduisent la volonté du Gouvernement d’améliorer ses relations avec la communauté internationale et a espéré que le Burundi et l’Union européenne reprendront bientôt le dialogue en vue de la poursuite rapide de leur coopération financière.  Il a par ailleurs appelé les autorités burundaises à finaliser la discussion sur le Mémorandum d’entente avec le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Burundi et à accepter « enfin » de signer l’accord de siège afin de permettre à son propre bureau à Bujumbura de fonctionner dans les meilleures conditions.

Enfin, M. Kafando a demandé au Conseil de sécurité de réitérer son appel à tous les protagonistes de la crise burundaise pour qu’ils participent de bonne foi aux dialogues qu’il cherche à organiser avec le Médiateur et le Facilitateur dans les jours à venir.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré que les tensions électorales de 2015 avaient profondément meurtri le Burundi et créé un climat de défiance entre les acteurs politiques qui subsiste jusqu’à aujourd’hui.  L’impasse politique qui persiste et la situation des droits de l’homme au Burundi restent sources de profonde préoccupation pour la France.  Face à l’absence d’un réel dialogue politique inclusif et à la fermeture de l’espace politique, les fractions les plus radicales de l’opposition sont tentées par la lutte armée.

De leur côté, les miliciens imbonerakure jouent un rôle de plus en plus important dans les actions d’intimidation et de répression de toute voix discordante.  Le risque que la situation se dégrade ne peut être exclu comme le montre le meurtre de trois militaires le week-end dernier près de Bujumbura, victimes d’une embuscade.  Le statu quo n’est pas tenable à long terme.  Cette situation est porteuse d’instabilité pour toute la région.  Les rapports faisant état d’affrontements sur le territoire congolais alimentés par des groupes armés burundais en sont l’illustration.

Mme Gueguen a lancé un appel aux autorités burundaises à travailler à achever la pacification du pays et à assurer la sécurité des citoyens burundais contre toute forme de violence, d’où qu’elle vienne, à lutter contre l’impunité, y compris dans les rangs des forces de sécurité, à accepter d’engager sans conditions dans un dialogue inclusif avec toutes les composantes de la société burundaise en particulier avec ceux qui ne partagent pas leurs convictions politiques, à restaurer le respect les libertés fondamentales notamment la liberté d’opinion et de médias.  L’Accord d’Arusha offre le cadre approprié pour mener cette réconciliation.  Il doit être préservé à tout prix.

L’annonce par le Président Pierre Nkurunziza qu’il ne se présenterait pas aux élections de 2020 est un développement positif.  La France forme le vœu qu’un dialogue interburundais inclusif dans l’esprit de rassemblement et de coexistence pacifique instauré par l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi, puisse s’engager, avec l’appui de la médiation des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, afin de mettre en place les conditions nécessaires pour des élections libres, justes et transparentes en 2020, a ajouté la déléguée.

Elle a exhorté les parties burundaises à saisir la main tendue et à renouer des relations apaisées avec les partenaires internationaux.  La signature de l’accord de siège avec le bureau de l’Envoyé spécial et avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme seraient des gestes forts tout comme la reprise de la collaboration avec l’équipe d’experts du Haut-Commissaire aux droits de l'homme en application de la résolution votée par le Burundi lui-même au Conseil des droits de l’homme.   

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a constaté que la situation au Burundi est largement stable et a salué la bonne volonté manifestée par le Président Pierre Nkurunziza qui a annoncé la fin de son mandat pour 2020. Il a appelé la communauté internationale à examiner la situation au Burundi de « manière objective » et de façon à assurer la stabilité et le développement du pays. Il a aussi rappelé les contributions du Burundi au maintien de la paix de l’ONU.Pour le représentant, la situation au Burundi est une question de politique intérieure qui doit être réglée par le dialogue. Aussi s’est-il félicité de la tenue du dialogue interburundais et a espéré qu’il débouchera sur la normalisation. Il a appelé à des mesures de renforcement de la confiance, insistant pour que le Médiateur s’implique davantage.Le délégué a aussi exhorté les autorités burundaises à améliorer leurs relations avec la communauté internationale et à tenir les élections en 2020 pour assurer la stabilisation du pays.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souhaité que les élections prévues en 2020 au Burundi seraient transparentes, libres, crédibles et ouvertes. Elles devraient voir la participation de toutes les parties prenantes y compris des femmes. La situation humanitaire et les violations des droits de l’homme au Burundi constituent une préoccupation pour la communauté internationale.

Il est nécessaire de renforcer les efforts collectifs pour le retour et la réinsertion au Burundi des réfugiés. Il faut, en revanche, que les auteurs des violations des droits de l’homme soient tenus responsables de leurs actes.

Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays-Bas) s’est dite inquiète de la situation politique et sécuritaire au Burundi.  Saluant la décision du Président Nkurunziza de quitter le pouvoir à la fin de son mandat actuel en 2020, elle a espéré que cette décision contribuera à ouvrir l’espace politique et démocratique pour préparer des élections libres, transparentes et inclusives.  Les Pays-Bas appellent donc le Gouvernement burundais à profiter de cette dynamique pour créer les conditions favorables à des élections crédibles en 2020, « avec une pleine et égale participation des femmes ».  La représentante a averti que tant que le dialogue interburundais restera au point mort, les violations des droits de l’homme continueront.

Elle a fait état de sources crédibles qui signalent des assassinats, des arrestations arbitraires et des enlèvements pour des motifs politiques, le mois dernier.  Elle s’est aussi inquiétée de la dégradation de la situation des réfugiés burundais, de l’implication de la milice imbonerakure et de l’infiltration des agents du Service national des renseignements dans les camps de réfugiés en Tanzanie.  Elle a appelé le Gouvernement burundais à reprendre sa coopération avec le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et à collaborer pleinement avec la Commission d’enquête et les trois experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme.  Elle a appelé à la finalisation des discussions du dialogue interburundais sur les modalités du retour des opposants en exil et de la feuille de route pour le processus électoral.  Elle a appelé la Communauté d’Afrique de l’Est à tenir d’urgence la prochaine session du dialogue.

S’il a salué la relative amélioration de la situation sécuritaire au Burundi après l’organisation, le 17 mai 2018, du référendum constitutionnel, M. LEON H. KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) a toutefois déploré, sur le plan politique, la persistance de l’impasse dans laquelle se trouve le processus politique burundais, plus de huit mois après la dernière session du dialogue politique interburundais qui s’est tenue en Ouganda sous l’égide de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE).  C’est la raison pour laquelle il a invité les parties prenantes à la reprise du dialogue politique inclusif, et les autorités burundaises, à prendre les mesures de confiance nécessaires à la décrispation du climat sociopolitique sur la base de l’Accord d’Arusha.  Le représentant a pris note de la décision du Président Nkurunziza de ne pas briguer un nouveau mandat en 2020.  Par ailleurs, sur le plan humanitaire, il s’est dit préoccupé par la situation des milliers de réfugiés en attente de meilleures perspectives pour un retour définitif.  Il a donc encouragé les autorités burundaises à œuvrer à l’amélioration de la situation économique du pays et à la création de conditions propices au retour des réfugiés, en coopération avec les institutions financières internationales et les partenaires bilatéraux.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a estimé que la déclaration du Président Pierre Nkurunziza, le 7 juin 2018, dans laquelle il a annoncé son intention de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020, était un geste positif vers le règlement de l’impasse politique dans le pays. Cette impasse politique ne peut être que résolue que par un dialogue pacifique, ouvert et consensuel. À cet égard, l’absence de progrès dans la médiation menée par la Communauté d’Afrique de l’Est est un sujet de préoccupation. En conséquence, la relance d’un dialogue véritable et inclusif sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est avec l’appui de l’Union africaine et des Nations Unies sur la base de l’esprit de l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi et de la Constitution du Burundi est très urgente pour assurer la paix et une stabilité durable. 

À la lumière de la situation sécuritaire calme et les progrès dans le pays, l’engagement entre la communauté internationale et le Gouvernement du Burundi devrait être fondé sur une stratégie réaliste visant à appuyer les institutions fortes et à créer un climat favorable dans lequel les acquis sont consolidés et les différends politiques restants réglés.

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité devrait explorer de nouvelles idées pour travailler avec le Burundi notamment alléger les difficultés socioéconomiques ainsi que la situation humanitaire. De son côté, le Gouvernement du Burundi devrait avoir un engagement ouvert avec la communauté internationale en expliquant le plan pour les élections de 2020 ainsi que ses engagements dans l’esprit de l’Accord d’Arusha.  

M. JOAKIM VAVERKA (Suède) a rappelé que l’Accord d’Arusha est toujours la fondation de la paix, de la sécurité et de la stabilité du Burundi et de la région, et qu’une solution politique inclusive doit être trouvée à la situation actuelle, par le biais du dialogue.  Dans ce contexte, il a dit soutenir pleinement les efforts menés par la Communauté d’Afrique de l’Est pour revitaliser le dialogue interburundais, lequel doit être mené à son terme.  En outre, a-t-il ajouté, une feuille de route basée sur le consensus pour des élections libres, justes et inclusives en 2020 est cruciale, élections auxquelles les femmes doivent pouvoir pleinement participer.  À cet égard, l’annonce par le Président Nkurunziza de ne pas briguer un autre mandat en 2020 est une étape importante vers un processus politique inclusif.  Le représentant s’est dit en conclusion fortement préoccupé du manque constant de progrès s’agissant des violations des droits de l’homme au Burundi, alors que le respect de ces droits est déterminant pour la confiance, le dialogue et la dignité humaine et pour prévenir toute escalade du conflit.  C’est pourquoi le fait que le Haut-Commissariat soit autorisé à travailler dans le pays revêt « une si haute importance ».

M. JONATHAN COHEN (États-Unis) a salué la décision du Président Nkurunziza de ne pas se présenter à un quatrième mandat.  Le fait de quitter le pouvoir de son propre chef, qui est une étape marquante vers la démocratie, donnera le bon exemple aux autres leaders de la région.  Une telle décision réaffirme aussi la promesse que le Président a faite au peuple burundais en 2015.  Le représentant a néanmoins appelé le Burundi à améliorer la situation des droits de l’homme, à élargir l’espace civique, à assurer la liberté de la presse et à veiller à la bonne gouvernance pour permettre à tous les Burundais de participer à la marche du pays.  Il s’est dit préoccupé par le fait que le Gouvernement du Burundi refuse toujours de reprendre la coopération avec le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et de continuer de nier l’accès à la Commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme.  Nous sommes profondément préoccupés, a insisté le représentant, par les violations continues des droits de l’homme, dont les restrictions « excessives » de l’espace civique et politique, le musellement des médias, les arrestations arbitraires et les peines abusives infligées aux défenseurs des droits de l’homme.  Le représentant a dit compter sur le Gouvernement burundais pour qu’il prenne des mesures « claires » pour mettre fin à la violence et ouvrir l’espace politique aux membres de l’opposition, aux médias indépendants et à la société civile et pour engager un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes burundaises.  Il a aussi exhorté le Gouvernement à faire en sorte que les acteurs politiques de l’opposition, y compris les indépendants, puissent participer pleinement aux futures élections.  Il a d’ailleurs encouragé ces derniers à prendre des mesures « concrètes et réalistes » pour se préparer.

Nous insistons, a dit le représentant, pour que toutes les parties, Gouvernement et opposition, rejettent catégoriquement la violence comme instrument politique.  Il s’agit là d’une mesure essentielle pour assurer une course politique ouverte, juste, libre et pacifique.  Le représentant s’est félicité des efforts de la région pour convoquer le prochain cycle du dialogue interburundais, en septembre.  Un appui constant de la région est nécessaire pour parvenir à une solution politique durable qui jette les bases pour des élections inclusives, jutes, libres et pacifiques.  Le représentant a souligné le caractère « essentiel » d’un engagement sincère du Gouvernement et de l’opposition pour le succès du dialogue.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé l’importance de respecter l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi par le Gouvernement de ce pays.  Le représentant a appelé à un dialogue direct et constructif entre toutes les parties burundaises.  Saluant la déclaration du Président du Burundi de ne pas briguer un quatrième mandat présidentiel, le délégué a espéré que les élections de 2020 verraient la participation de toutes les parties prenantes.  Elles devraient aussi être justes, crédibles, transparentes et ouvertes. 

En outre, le représentant a mis l’accent sur la responsabilité du Gouvernement d’assurer la sécurité de tous les citoyens burundais.  Avant de terminer, il a indiqué que le Conseil de sécurité et la communauté internationale devraient traiter d’urgence les problèmes des réfugiés et a remercié les pays de la région pour leur assistance.

M. LIE CHENG (Chine) a constaté que la situation s’est stabilisée dans le pays. Il a souligné l’importance que revêt le Burundi pour la région et a appelé la communauté internationale à reconnaître les efforts déployés par le Gouvernement pour maintenir la paix et la stabilité.Le représentant a insisté sur le respect de la souveraineté nationale, estimant qu’il faut continuer d’appuyer le processus politique. Il faut aussi renforcer l’appui au développement socioéconomique et reprendre la coopération avec le Burundi. La Chine compte continuer de jouer son rôle pour assurer le développement et la stabilité du Burundi, a promis le représentant.

M. KAMIL KRZYSZTOF MIELUS (Pologne) a pris note de l’adoption de la nouvelle Constitution et des préoccupations face à la compatibilité de certaines de ses dispositions avec l’Accord d’Arusha.  Il a salué l’annonce du Président Nkurunziza de ne pas prétendre à un quatrième mandat en 2020, lequel réaffirme ainsi la promesse faite au peuple burundais en 2015.  Le délégué s’est toutefois dit préoccupé par la situation politique et la lenteur des progrès dans le dialogue interburundais.  Il a estimé que l’annonce du Président devrait être suivie d’étapes concrètes pour réaliser la réconciliation politique.  C’est le rôle des autorités d’assurer en 2020 un processus électoral libre, crédible, transparent et vraiment inclusif avec la participation de tous les partis politiques et des femmes.

Le délégué a rappelé l’Accord d’Arusha et ses dispositions qui appellent à un large consensus politique et à une non-concentration du pouvoir entre les mains d’une seule institution, comme instrument principal de la paix et de la stabilité, au Burundi et dans toute la région.  Le dialogue interburundais devrait continuer avec la participation active de toutes les parties prenantes car seul un dialogue politique inclusif peut assurer une solution durable et acceptable pour tous.  Le représentant a souligné le rôle particulier des dirigeants des pays voisins et des garants de l’Accord d’Arusha.  Il s’est aussi attardé sur la situation préoccupante des droits de l’homme, condamnant les violations et les abus quels qu’en soient les auteurs.  Il a appelé à cet égard les autorités à restaurer une coopération internationale effective avec les institutions internationales et exhorté le Gouvernement du Burundi à prendre des mesures transparentes pour améliorer la gouvernance et le respect des droits de l’homme, élargir l’espace public et démocratique et assurer la liberté de la presse en vue des élections de 2020.     

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué l’évolution positive de la situation dans le pays depuis la tenue du référendum, à commencer par l’annonce de la déclaration du Président Pierre Nkurunziza, le 7 juin 2018, dans laquelle il a indiqué son intention de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2020.  Il s’est toutefois inquiété de la persistance de la violence, des violations des droits de l’homme et de l’absence de dialogue.

Il appelé au plein respect de l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi et à respecter l’équilibre établi entre les communautés du pays à l’issue de la guerre civile.

Le représentant a aussi jugé urgent de se saisir de la situation grave des 400 000 réfugiés burundais.  Il est également important que le Gouvernement et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme finalisent leur mémorandum d’accord.

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pu entendre le représentant de la Suisse, Président de la formation Burundi de la Commission de la consolidation de la paix.  Il a dénoncé le point de vue « alarmiste » de certains membres du Conseil qui jouent en faveur de l’opposition.  Il a au contraire noté une situation « calme » au Burundi où se poursuivent des contacts interparlementaires, où les réfugiés et les responsables de l’opposition reviennent.  Le délégué a aussi rappelé le « soutien populaire » au référendum constitutionnel de mai 2018, lequel a été précédé d’une campagne électorale « libre et démocratique ».  Prenant note de la décision du Président burundais de ne spas e présenter à l’élection présidentielle de 2020, le représentant a constaté une « bonne » dynamique et a, en conséquence, demandé au Conseil de sécurité de retirer le Burundi de son ordre du jour.  Arrêtons de donner des leçons à un pays souverain, s’est-il impatienté.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a salué le bon déroulement du référendum du 17 mai et a souligné que l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi doit demeurer la pierre angulaire du processus en cours au Burundi.  Il a espéré que le climat sera propice à la tenue d’élections pacifiques en 2020.  Il a appelé à mettre en œuvre la feuille de route proposée par le facilitateur en vue de poursuivre les efforts d’appui à la médiation menés par la Communauté d’Afrique de l’Est.

De son côté, a-t-il poursuivi, la communauté internationale doit aider le Burundi à renforcer ses capacités, notamment pour faire face aux violations des droits de l’homme.  Il a salué le retour volontaire des réfugiés et a encouragé le Gouvernement à poursuivre les efforts déployés à cette fin.

Le délégué a par ailleurs appelé à lever les sanctions imposées aux pays, notant que celles-ci ont des conséquences délétères sur les plus vulnérables et sapent de surcroît la réalisation des objectifs de développement durable.

En réponse au représentant de la Fédération de Russie, M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que, en tant que Président du Conseil de sécurité, le représentant de la Suisse, Président de la formation Burundi de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), était en vacances et n’avait pu être présent à la séance du Conseil de sécurité d’aujourd’hui.

Le représentant du Royaume-Uni, intervenant cette fois-ci en sa capacité nationale, a souligné l’importance de respecter l’esprit et la lettre de l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha pour le Burundi.  Il a pris note de la déclaration du Président du Burundi de ne pas se présenter à la présidentielle de 2020.  Le délégué a néanmoins souligné l’importance du dialogue ouvert au Burundi pour trouver une solution politique durable. 

Il s’est dit préoccupé par la situation des droits de l’homme au Burundi et a invité le Gouvernement à défendre les droits de l’homme en signant le mémorandum d’entente avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour qu’il puisse travailler dans le pays.  Il a exhorté le Gouvernement à accepter le retour des trois experts du Haut-Commissaire aux droits de l’homme au Burundi. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a estimé que, sur le plan sécuritaire, la situation dans son pays est restée « calme, stable et entièrement sous contrôle » au cours des derniers mois.  Un retour à la normalité qui a permis selon lui l’organisation du référendum constitutionnel sans aucun incident majeur, le retour massif des réfugiés et l’accueil de plusieurs conférences aux niveaux régional et continental.  Il a ensuite rappelé que lors de la promulgation de la nouvelle constitution, le 7 juin, le Président de la République burundaise avait portée à la connaissance de ses concitoyens que son deuxième mandat prendrait fin en 2020 et qu’il soutiendrait le président élu à sa suite.  « Contrairement aux discours de certains qui lui avaient prêté des intentions de vouloir façonner la nouvelle constitution pour lui-même afin de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, ce geste de haute valeur politique et démocratique est un bel exemple non seulement pour le Burundi mais également pour le continent », a souligné le représentant. 

Selon lui, l’esprit de tolérance, l’assainissement et l’ouverture de l’espace politique burundais se renforcent de plus en plus, comme en témoigneraient le retour et l’intégration de plusieurs milliers de réfugiés ainsi que des leaders politiques qui avaient fui le pays, dont l’ancien Président Sylvestre Ntibantunganya, l’ancienne Présidente Alice Nzomukanda, ainsi que quelques anciens parlementaires.  Après s’être félicité du dialogue interburundais, il a tenu à rappeler que le dialogue, comme moyen de trouver des solutions pacifiques aux différends politiques, est devenu une « culture » au Burundi.  « Ceux qui nous demandent de promouvoir le dialogue enfoncent un porte ouverte », a affirmé M. Shingiro, en rappelant que le Burundi dispose d’un forum permanent des partis politiques, qui est une excellente plateforme de dialogue.  « C’est dans ce cadre que tous les partis politiques se sont réunis au nord du Burundi, le 3 août, pour échanger à bâtons rompus sur les enjeux importants des élections de 2020, une rencontre qui s’est soldée par l’adoption par plus de 20 partis politiques d’une feuille de route en vue des élections libres, inclusives et paisibles en 2020 », a-t-il expliqué.

Pour ce qui est du retour des réfugiés, le délégué a assuré qu’entre 2016 et 2018 plus de 206 000 réfugiés sont retournés volontairement au Burundi.  Si ce mouvement de retour volontaire se poursuit à un rythme satisfaisant, il a toutefois tenu à réitérer au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et aux amis de la région d’intervenir auprès de « certains pays d’accueil qui tiennent en otage nos compatriotes en exil en érigeant des obstacles artificiels à leur retour volontaire au pays et de veiller à ce que les camps de réfugiés gardent leur caractère civil ».  Passant aux droits de l’homme, M. Shingiro a affirmé que son pays attend la notification officielle du Bureau du Haut-Commissaire sur la nomination de trois experts.  « Ce qui se dit d’un soi-disant manque de coopération du Burundi relève de la désinformation et du manque de transparence.  Il en est de même pour le mémorandum d’entente sur le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Le Burundi reste ouvert pour la poursuite des discussions dans un esprit constructif », a -t-il ajouté.

Après avoir demandé la levée des sanctions économiques injustes et immorales qui pèsent sur le Burundi depuis les tensions électorales de 2015, le représentant a réitéré son appel au Conseil de sécurité pour qu’il ait « le courage » de retirer son pays de l’ordre du jour.  La situation politico-sécuritaire, qui est « calme, stable et entièrement maîtrisée », est loin de constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales, a argué le représentant.  Aucun argument ne peut justifier le maintien de réunions « intempestives » sur le Burundi, a-t-il tranché.  Ces réunions « en cascade », qui ne sont pas motivées par la réalité sur le terrain, pourraient devenir un facteur de déstabilisation et miner les efforts régionaux.  Cet « acharnement » contre le Burundi devrait cesser sinon, a prévenu le représentant, l’histoire retiendra que le Burundi a été maintenu à l’agenda du Conseil « injustement » pour satisfaire des intérêts non burundais et non africains.  La place que le Burundi mérite aujourd’hui ne se trouve pas dans cette salle, mais au niveau des agences des Nations Unies en charge du développement socioéconomique pour booster son relèvement, a conclu M. Shingiro.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le mécontentement populaire et le processus électoral contesté fragilisent le relèvement de l’Iraq après la défaite de Daech

8324e séance – matin
CS/13448

Conseil de sécurité: le mécontentement populaire et le processus électoral contesté fragilisent le relèvement de l’Iraq après la défaite de Daech

En Iraq, la tenue, le 12 mai dernier, des premières élections législatives après la défaite militaire de Daech a été un jalon important selon le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Ján Kubiš, qui a toutefois expliqué au Conseil de sécurité ce matin qu’il avait été nécessaire de procéder au recomptage partiel des voix, une tâche compliquée par le mécontentement et la frustration actuels de la population.

Justifié par des plaintes et des allégations de fraude électorale et de gabegie, le recomptage des voix, effectué par le Collège des juges sous la supervision d’une équipe d’observateurs électoraux de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI), a été mené à bien le 6 août, au terme d’un processus perturbé pendant un mois par des manifestations massives dans des provinces majoritairement chiites du sud et à Bagdad, a expliqué le haut fonctionnaire.

Ces manifestations, suscitées par l’insuffisance des services de base, les coupures d’électricité, le taux de chômage, et la corruption « rampante », font directement écho à celles qui ont secoué des provinces majoritairement sunnites, il y a quelques années », a observé M. Kubiš, qui s’est félicité de la réponse rapide, quoique insuffisante, apportée par le Premier Ministre iraquien, M. Haider al-Abadi.

Aussi le Représentant spécial a-t-il exhorté les dirigeants politiques du pays « à accélérer la formation d’un gouvernement patriotique, inclusif et dénué de tout sectarisme, avec à sa tête un premier ministre capable de donner la priorité aux réformes politiques, économiques et sociales nécessaires, ainsi qu’à la création d’emplois, à la réconciliation, à la justice, à l’égalité, à l’établissement des responsabilités, et à la bonne gouvernance ». 

M. Kubiš présentait aux membres du Conseil le dernier rapport du Secrétaire général sur les activités de la MANUI, dont le mandat a été prorogé de 10 mois en juin dernier par la résolution 2421 (2018), avec des modifications pour que la Mission accorde « la priorité à la fourniture de conseils, d’un appui et d’une assistance au Gouvernement et au peuple iraquiens sur la manière de favoriser un dialogue politique ouvert à tous et la réconciliation aux niveaux national et local ».

Il faut donner aux femmes leaders les moyens de participer à la consolidation de la paix et de faciliter la cohésion communautaire, a plaidé, dans ses six recommandations au Conseil de sécurité, Mme Suzan Araf Maroof, Coordonnatrice du Groupe de travail intersectoriel de l’Iraq sur la résolution 1325 (2000).  Les grands efforts de stabilisation en Iraq, s’est-elle expliquée, ne donneront rien sans reconnaissance du lien avec l’agenda « femmes, paix et sécurité ».

« La situation sécuritaire demeure précaire et pose de sérieux risques pour les civils », a confirmé le Représentant spécial.  Enlèvements, disparitions, détentions, risques accrus de violences sexistes et sexuelles et de violations des droits de l’enfant se multiplient.  Pour beaucoup, la combinaison de ces facteurs est à l’origine de leurs déplacements répétés.  En Iraq, presque deux millions de personnes demeurent toujours déracinées.

Conscient des difficultés spécifiques auxquelles se heurtent les populations des zones libérées de l’emprise de Daech, le représentant de l’Iraq a souligné à quel point lutte antiterrorisme et éradication de la pauvreté vont de pair.  Pour M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, une « plateforme d’action sociale » doit être créée avec toutes les parties prenantes, dont la Mission de l’ONU, pour assoir un climat propice à la lutte contre le terrorisme.

Le délégué a assuré que Bagdad cherche aussi à créer des dynamiques constructives avec les bailleurs de fonds et partenaires internationaux, en s’appuyant sur l’atout que constituent ses ressources naturelles.   Son homologue du Pérou a salué la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et le plan national de développement pour la période 2018-2022, lesquels, a-t-il relevé, visent notamment à assurer une meilleure distribution des recettes tirées de l’exploitation du pétrole.

Le Représentant spécial a exhorté les États Membres à soutenir Bagdad en honorant les engagements pris au Koweït en février dernier, alors qu’une soixantaine de projets proposés par l’Équipe de pays de l’ONU sont prêts à être financés dans le cadre du programme de relèvement et de résilience de l’Iraq.

M. Kubiš présentait aussi un autre rapport qui porte sur le rapatriement et le retour de tous les Koweïtiens et nationaux d’États tiers portés disparus pendant la guerre du Golfe de 1991, ou la restitution de leurs dépouilles.  Au cours de la période à l’examen, le Ministre iraquien de la défense a poursuivi ses efforts à cet égard, ainsi que ceux visant à identifier de nouveaux témoins, sans toutefois obtenir des « résultats tangibles ».

Vingt-huit ans après l’invasion du Koweït par l’Iraq, la question des portés disparus continue d’être une « plaie béante » pour les familles, a déclaré le représentant du Koweït, M. Mansour Ayyad Sh. A. Alotaibi, qui a affirmé qu’aucun progrès n’a été enregistré « depuis 2004 ». 

L’Observateur permanent du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M. Philip Spoerri a noté que les dossiers de 1 080 disparus restent ouverts dans le cadre du mécanisme tripartite présidé par le CICR, dont 371 Koweitiens disparus et 700 Iraquiens.  Lui aussi a reconnu qu’en dépit des efforts consentis, les résultats ne sont pas « probants », alors qu’il s’est écoulé 14 ans depuis que les restes d’un Koweïtien ont été retrouvés et 7 ans, depuis ceux d’un Iraquien disparu.

« Le temps passé rend les recherches difficiles, notamment le contact des témoins et les relances », a expliqué l’Observateur permanent, qui a toutefois fait part de recommandations du CICR en vue de « revitaliser » le mécanisme et de relancer les recherches à partir du 27 août dans la localité de Samawa.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ

Rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2367 (2017) (S/2018/677)

Dix-neuvième rapport présenté par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité (S/2018/683)

Déclarations

M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq et Chef de la Mission d’appui des Nation Unies en Iraq (MANUI), a déclaré qu’à la suite des élections parlementaires de mai 2018, des plaintes et des allégations de fraude électorale et de gabegie avaient justifié la décision de procéder à un recomptage partiel des voix.  Cette situation a été compliquée par les manifestations qui ont débuté le 8 juillet dans la province de Basra, et se sont étendues à d’autres provinces majoritairement chiites du sud et à Bagdad, a-t-il relaté, en faisant état de la frustration ressentie par la population devant l’insuffisance des services de bases, les coupures d’électricité, le taux de chômage et la corruption rampante.  « Notons que nombre de leurs demandes font directement écho à celles des manifestations qui ont secoué des provinces majoritairement sunnites il y a quelques années », a souligné le haut fonctionnaire.

M. Kubiš s’est ensuite félicité que le Premier Ministre Haider Al Abadi se soit efforcé de répondre aux attentes populaires légitimes, en aidant les personnes qui vivent dans des conditions difficiles, même si ces mesures restent insuffisantes.  Il a exhorté les dirigeants politiques iraquiens à accélérer la formation d’un gouvernement patriotique, inclusif et non sectaire avec à sa tête un Premier Ministre assez courageux pour donner la priorité aux réformes politiques, économiques et sociales, ainsi qu’à la création d’emplois, à la réconciliation, à la justice, à l’égalité, à l’établissement des responsabilités, et à la bonne gouvernance, y compris la lutte contre la corruption.  Compte tenu de la loi électorale amendée le 6 juin, le Collège des juges chargé de surveiller le processus électoral a adopté les modalités pour le décompte des bulletins, qui a été finalisé le 6 août, sous la supervision d’une équipe d’observateurs électoraux de la MANUI.

Ces dernières semaines, le Représentant spécial a dit s’être entretenu avec de nombreux dirigeants politiques, des femmes, des représentants de minorités et de la société civile en vue de promouvoir une participation significative des femmes dans tous les aspects de la vie politique, sociale et économique, y compris au plus haut niveau de l’appareil politique et dans les organes décisionnaires, notamment le futur gouvernement et le Conseil des représentants.

Le 19 juillet, une réunion du Forum pour la coopération en matière de développement s’est tenue à Bagdad, à laquelle une vingtaine de partenaires internationaux ont été informés de 61 projets de l’Équipe de pays de l’ONU, prêts à être financés au travers du programme de relèvement et de résilience de l’Iraq, doté d’un montant d’un milliard de dollars.  Le haut fonctionnaire a exhorté les États Membres à soutenir Bagdad en honorant les engagements qui ont été pris au Koweït en février dernier.

Un an après la libération de Mossoul, les équipes du Service de la lutte antimines de l’ONU ont retiré 43 700 explosifs dangereux de la ville, dont un millier d’engins explosifs improvisés dans cinq provinces.  En outre, depuis janvier dernier, plus de 684 000 personnes déplacées sont de retour, même si un peu moins de deux millions d’Iraquiens continuent d’être déracinés.  La situation sécuritaire demeure précaire, et pose de sérieux risques pour les civils.  Enlèvements, disparitions, détentions, risques accrus de violences sexistes et sexuelles et de violations des droits de l’enfant se poursuivent.  Pour nombre de personnes, une combinaison de ces facteurs est à l’origine de déplacements répétés, a expliqué M. Kubiš.

Le Représentant spécial a souligné que les dernières manifestations avaient remis au premier plan les besoins socioéconomiques et de développement considérables de l’Iraq, et que l’Équipe de coordination des Nations Unies œuvre à une stratégie et à des programmes visant à renforcer l’assistance.  Une assistance d’autant plus nécessaire que la raréfaction de l’eau dans les cinq provinces ne fera que s’aggraver dans les mois à venir, faisant encourir des risques sanitaires à près de 25% d’une population de deux millions de personnes, a mis en garde M. Kubiš.

Enfin, a poursuivi le Chef de la MANUI, en dépit de l’insuffisance de résultats tangibles dans l’exhumation des dépouilles de Koweïtiens disparus, le Ministre iraquien de la défense poursuit ses efforts, dont l’identification de nouveaux témoins.  

M. PHILIP SPOERRI, Observateur permanent du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a axé son propos sur la question des disparus de la guerre du Golfe de 1991 et sur le travail du mécanisme tripartite présidé par le CICR.  Il a relevé que 27 ans après la fin de la guerre et de la première session du mécanisme, et 24 ans après la mise en place du sous-comité technique, 46 sessions du mécanisme ont eu lieu et 104 pour le sous-comité technique avec un objectif: retrouver les traces des disparus et apporter des réponses aux questions des familles.

C’est en 2003 que les recherches de sites d’inhumation ont commencé en Iraq, puis au Koweït, afin d’essayer de localiser, retrouver et rapatrier les restes des personnes disparues.  Et depuis lors, les restes de 373 personnes ont été retrouvés, dont 275 en Iraq et 98 au Koweït.  Ces efforts furent soutenus par des informations additionnelles fournies en 2010 par les États-Unis et le Royaume-Uni. 

Aujourd’hui, les dossiers de 1 080 disparus restent ouverts dans le cadre du travail du mécanisme, dont les 371 Koweïtiens disparus et 700 Iraquiens.  De même, 336 cas de disparus iraquiens ne sont pas traités par le mécanisme, a souligné M. Spoerri.  

Il a indiqué que malgré les efforts consentis, les résultats ne sont pas probants.  Il s’est passé en effet 14 ans depuis que les restes d’un Koweïtien ont été retrouvés et 7 ans pour les restes d’un Iraquien disparu.  Des centaines de familles attendent donc des réponses. 

L’un des défis du mécanisme est le temps écoulé depuis le conflit.  Le temps passé rend les recherches difficiles, notamment le contact des témoins et les relances, a expliqué l’Observateur permanent.  Les changements dans la topographie des sites affectent la capacité de reconnaissance des sites d’inhumation. 

Le mécanisme pâtit également de la perte des archives et du manque de centralisation des informations.  De plus, le manque d’équipements appropriés et d’outils est également un grand défi pour le mécanisme.  Au vu de tout cela, le CICR a publié un rapport, en juillet 2017, dans lequel figurent des recommandations pour faire progresser le travail du mécanisme. 

Les recherches vont reprendre le 27 août dans la localité de Samawa, a promis l’Observateur du CICR qui a parlé d’un site prometteur où la mission devra utiliser à bon escient les images satellitaires pour guider les recherches.  M. Spoerri a parlé aujourd’hui d’une énergie positive nouvelle et d’un engagement de toutes les parties pour revitaliser le mécanisme tripartite.

Mme SUZAN ARAF MAROOF, Coordonnatrice du Groupe de travail intersectoriel de l’Iraq, a rappelé que c’est son groupe qui a développé le premier plan d’action iraquien sur la résolution 1325 relative aux femmes, à la paix et à la sécurité et qui a été chargé de sa mise en œuvre, de son suivi et de son évaluation.Elle a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la manière dont les nombreuses crises en Iraq ont touché les femmes, sur la façon dont son groupe a traité de la situation, en mobilisant l’État et les acteurs non étatiques, sur ce qu’il reste à faire et sur la nécessité d’un appui international et d’une bonne coordination.

Plus de huit millions d’Iraquiens nécessitent protection et aide, dont une majorité de femmes.Les femmes sont toujours absentes de la gestion de 91% des camps de déplacés et de réfugiés syriens, ce qui fait que leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte.

La violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe continuent à des taux alarmants.Même si les mouvements féministes ont abattu un travail énorme, il y a toujours des lois discriminatoires qui ont un impact sur la sécurité des femmes et le plein exercice de leurs droits.L’effondrement du réseau de sécurité sociale a aggravé le statut social et économique des femmes et consolidé la féminisation de la pauvreté.Malgré le quota de 25% dans les institutions publiques et au Parlement, les femmes sont toujours sous-représentées voire absentes des processus de prise de décisions.

C’est donc pour répondre aux besoins sécuritaires des femmes et des filles les plus vulnérables qu’en 2012, les organisations de la société civile, les représentants de 23 ministères et institutions, les experts juridiques et les parlementaires ont créé le Groupe de travail intersectoriel.En 2014, l’Iraq est devenu le premier pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à adopter un plan d’action sur la résolution 1325 et est aujourd’hui le premier pays de la région à avoir fait part de l’état de mise en œuvre du plan.L’Iraq est aussi probablement le premier pays où la société civile a été structurellement impliquée dans tout le processus, permettant à différentes organisations féminines du pays, y compris du Kurdistan, de se faire entendre.

Quant aux priorités sécuritaires sur lesquelles le Conseil de sécurité devrait travailler avec le Gouvernement iraquien, Mme Maroof a d’abord cité la protection sociale.Il faut, s’est-elle expliquée, créer un système pour élargir l’accès des femmes aux services spécialisés comme les services relatifs à la violence, au soutien psychosocial et à l’aide juridique.

Il faut aussi une législation, a-t-elle poursuivi, pour assurer protection et participation des femmes et abroger ou amender toutes les lois discriminatoires.Une loi-cadre contre la violence à l’égard des femmes est une priorité afin de pénaliser toutes les formes de violence et mettre fin à l’impunité.

Les grands efforts de stabilisation en Iraq, a averti Mme Maroof, ne donneront rien sans reconnaissance du lien avec l’agenda « femmes, paix et sécurité » y compris l’affection d’un budget.Concernant les moyens de subsistance, les femmes y compris les réfugiées, les déplacées et les communautés d’accueil, doivent avoir accès aux programmes d’autonomisation et aux opportunités d’emploi, comme les formations professionnelles et les programmes d’alphabétisation.

Mme Maroof a également appelé à un appui à la participation des femmes, du plus haut niveau du processus de prise de décisions politiques au plus bas.Il faut donner aux femmes leaders les moyens de participer à la consolidation de la paix et de faciliter la cohésion communautaire.Enfin, cette année, a-t-elle dit, le Groupe de travail élabore le deuxième plan d’action national sur la résolution 1325 pour combler les lacunes.Répondre aux défis demandera une coordination, un engagement en faveur des droits des femmes et un appui financier et technique plus forts de la part de la MANUI, du Conseil de sécurité et de la communauté internationale dans son ensemble, a conclu Mme Maroof.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé que l’invasion de son pays par l’Iraq date de 28 ans et que la question des prisonniers et citoyens koweïtiens portés disparus demeure une source de préoccupation, une « plaie béante » dont souffrent toujours les familles.À ce jour, seul le sort de 236 personnes sur 605 portées disparues a pu être déterminé et aucun progrès n’a été enregistré depuis 2004.Après avoir longuement insisté sur l’importance que revêtent, pour le Koweït, les questions des prisonniers, des disparus et de la restitution des biens et des archives, le représentant a appuyé les efforts déployés par le Représentant spécial.Il a aussi reconnu l’ampleur des défis auxquels se heurte l’Iraq, notamment pour libérer les territoires jadis sous le contrôle de Daech.Il a souhaité plein succès aux délibérations en cours sur la formation d’un nouveau gouvernement.Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays a accueilli, au mois de février, la Conférence internationale pour la reconstruction de l’Iraq.Le Koweït s’est en outre porté volontaire pour fournir une assistance d’urgence aux Iraquiens, notamment dans les provinces où des manifestations ont été organisées.Il s’est dit convaincu que l’Iraq réussira à surmonter ses nombreux défis.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est inquiété des manifestations qui se sont déroulées dans plusieurs villes iraquiennes et du climat de méfiance et d’instabilité qu’elles ont généré.Ma délégation, a-t-il ajouté, est particulièrement préoccupée par le risque d’une nouvelle montée de l’extrémisme et d’une insurrection violente.Le représentant a appelé à une conclusion rapide du processus électoral et à la formation d’un nouveau gouvernement capable de conduire le pays vers une paix durable.De son côté, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit continuer d’appuyer le processus de reconstruction iraquien.Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de la participation politique des femmes et des jeunes, citant en exemple le processus de reconstruction au Kurdistan.Il a souligné que pour faire face à la menace du terrorisme, il importe de répondre à ses causes profondes et de promouvoir la justice.

Il a salué la création de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et du plan national de développement pour la période 2018-2022, lesquels, a-t-il relevé, visent notamment à assurer une meilleure distribution des recettes tirées de l’exploitation du pétrole.Le délégué a aussi insisté sur l’importance qu’il y a à encourager le retour des réfugiés, et s’est inquiété, à cet égard, de la pénurie en eau et de la désertification des terres arables, notamment dans la région de Basra.Il a mis en garde contre le risque que les extrémistes n’exploitent la situation difficile que connaît actuellement la population.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2421 (2018), par laquelle le mandat de la MANUI a été prorogé et modifié, un mandat « sans précédent depuis 11 ans », qui devrait aider la Mission à répondre aux attentes du Gouvernement et du peuple iraquiens.  Malgré des victoires militaires concluantes contre l’État islamique, il n’est pas possible d’affirmer que la guerre contre le terrorisme a été remportée, a-t-il analysé.  Il faudrait désormais adapter notre stratégie commune en matière de lutte contre les recrutements, en passant « de la confrontation militaire à la confrontation nationale », en mobilisant l’État et en sensibilisant les citoyens à ce danger.

Le représentant a ensuite dénoncé l’impact provoqué par les mines terrestres disséminées par les organisations terroristes, qui constituent une entrave au retour à une vie normale.  Le Gouvernement iraquien, avec le concours des États-Unis et des autres pays membres de la Coalition internationale, a l’intention de mettre en œuvre un plan de reconstruction dans les zones où opérait Daech.  Il s’agit non seulement d’une reconstruction, mais aussi de la création d’opportunités économiques pour les jeunes et de la revitalisation du secteur privé, avec à l’esprit les exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Gouvernement est fermement attaché au principe de l’alternance politique, de la justice, et de la bonne gouvernance, « loin de tout népotisme et de toute corruption », a-t-il assuré.  Le Premier Ministre a créé une cellule de crise pour la prestation des services en réponse aux manifestations massives de juillet, a relevé le délégué, en se disant conscient des difficultés particulières auxquelles se heurtent les populations qui vivent dans les zones libérées de l’emprise de Daech.   Il faudrait maintenant créer une « plateforme d’action sociale » avec toutes les parties prenantes, dont la MANUI, pour assoir un climat propice à la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté, en rappelant que Bagdad cherchait aussi à créer des dynamiques constructives avec les bailleurs de fonds et les partenaires internationaux, en s’appuyant sur l’atout que constituent ses ressources naturelles nombreuses.   

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale arrête les dates de ses réunions de haut niveau en 2019

Soixante-douzième session,
110e séance – après-midi
AG/12044

L’Assemblée générale arrête les dates de ses réunions de haut niveau en 2019

Au cours d’une brève séance cet après-midi, l’Assemblée générale a adopté, sans vote, deux décisions sur ses réunions de haut niveau en 2019 et une résolution sur les modalités de la Conférence prévue les 10 et 11 décembre 2018, au Maroc, pour adopter le « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ».

En 2019, l’Assemblée générale tiendra le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, le 23 septembre, son débat général du 24 au 30 septembre, et le Forum politique de haut niveau, les 24 et 25 septembre.  Le 26 septembre, l’Assemblée tiendra les réunions de haut niveau* sur la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires et sur la couverture sanitaire universelle.  Elle transmet donc à sa prochaine session un texte sur la portée, les modalités, le format et l’organisation de la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire**, dont l’adoption d’une déclaration politique concise et pragmatique.

Le 27 septembre, l’Assemblée tiendra une autre réunion de haut niveau pour examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre des « Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement ».

L’Assemblée a enfin adopté, aujourd’hui, les modalités de la Conférence intergouvernementale*** chargée d’adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le 13 juillet dernier, le Secrétaire général de l’ONU saluait la conclusion heureuse, au Siège des Nations Unies, des négociations intergouvernementales sur le pacte mondial, « premier accord mondial élaboré pour bien gérer la migration internationale dans toutes ses dimensions, au profit de tous les États et de toutes les communautés et, avec en son centre, les droits de tous les migrants ».

Ce cadre global, commentait le Secrétaire général, comprend une série d’objectifs, d’actions et de voies pour la mise en œuvre, le suivi et l’examen, visant à faciliter des migrations sûres, ordonnées et régulières tout en réduisant l’incidence et l’impact des migrations irrégulières****.

*A/72/L.66

**A/72/L.65

***A/72/L.67

****SG/SM/19134-DEV/3346

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: Sur fond d’intensification du conflit, l’Envoyé spécial veut convoquer des consultations le 6 septembre à Genève pour relancer le processus politique

8323e séance – après-midi
CS/13442

Yémen: Sur fond d’intensification du conflit, l’Envoyé spécial veut convoquer des consultations le 6 septembre à Genève pour relancer le processus politique

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a annoncé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, son intention de convoquer le 6 septembre, à Genève, des consultations entre les parties afin de débattre du cadre général des négociations et de se mettre d’accord sur les mesures de renforcement de la confiance et des plans spécifiques pour aller de l’avant.

« Il existe aujourd’hui de véritables perspectives de paix au Yémen et il est possible de commencer le voyage difficile et incertain vers la fin de la guerre », a notamment déclaré M. Griffiths qui a expliqué avoir fondé de son approche sur des consultations étendues avec les parties, y compris les femmes yéménites

Intervenant quelques heures après que Hodeïda ait été ciblée par une nouvelle attaque, M. Griffiths a toutefois dit craindre que cette ville portuaire ne devienne une étincelle dangereuse pour le processus en cours et a redouté que le « centre de gravité du conflit au Yémen » ne fasse déraper le processus politique.

Il s’est dit prêt à encourager toute offre de désescalade, y compris la proposition unilatérale faite par Ansar Allah de mettre fin aux attaques visant des navires dans la mer Rouge.  Il s’est également dit encouragé par la volonté des parties de libérer les prisonniers de guerre, une question sur laquelle, a-t-il fait savoir, le Président Hadi l’a encouragé à avancer.

« Ma principale préoccupation est d’éviter toute action qui pourrait avoir de graves conséquences humanitaires et saper la reprise du processus politique en septembre », a-t-il indiqué, avertissant qu’en l’absence d’une issue au conflit, des millions de personnes supplémentaires deviendront tributaires de l’aide humanitaire.

En la matière, le Directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. John Ging, a brossé un tableau alarmant avec plus de 22 millions de personnes, soit 75% de la population, qui ont besoin d’une assistance ou d’une protection humanitaire.  Le pays compte également deux millions de personnes déplacées et a connu, en 2017, la pire épidémie de choléra au monde, avec 1,1 million de cas. 

« La situation humanitaire est choquante à la fois en termes d’échelle et de gravité.  Ces chiffres représentent un appel urgent en faveur de l’action », a lancé M. Ging.

Ce dernier a également averti que l’interruption des opérations portuaires ou le siège de la ville d’Hodeïda, qui est le principal port d’entrée de l’aide humanitaire internationale et de biens commerciaux, seraient catastrophiques sur le plan humanitaire.  Ces préoccupations ont été partagées par le Pérou et les Pays-Bas qui ont averti qu’il n’existe pas de « Plan B » si Hodeïda venait à être davantage compromise ou détruite.

La délégation néerlandaise a également signalé qu’aussi longtemps que l’avenir de Hodeïda demeurera incertain, la volonté des affréteurs commerciaux de faire des livraisons au Yémen continuera de diminuer.

La France s’est pour sa part préoccupée du risque que le niveau élevé de violence à Hodeïda et ailleurs dans le pays, ne compromette la dynamique politique liée aux efforts de l’Envoyé spécial.  Les membres du Conseil de sécurité n’en ont pas moins unanimement appuyé les efforts lancés par ce dernier en faveur d’une reprise des pourparlers pour parvenir à une résolution définitive du conflit.

« Les pourparlers de Genève ne sauraient commencer suffisamment tôt, notamment au vu des événements de ces derniers jours », a notamment affirmé la délégation des États-Unis pour qui « il faut exiger des parties qu’elles se réunissent et qu’elles prennent conscience de la gravité de la situation ».  De son côté, la Côte d’Ivoire a appuyé la proposition de l’Envoyé spécial de transférer la gestion du port de Hodeïda à un comité supervisé par les Nations Unies. 

Le représentant de la Fédération de Russie a toutefois estimé que le potentiel de coopération de la communauté internationale n’était pas suffisamment exploité, et a saisi l’occasion pour rappeler la proposition de Moscou de fixer les paramètres d’une coopération entre tous les pays de la région, ainsi que l’Iran, pour garantir leur sécurité mutuelle.  En début de séance, l’Envoyé spécial a d’ailleurs engagé les membres du Conseil à éviter que la mer Rouge devienne un théâtre de conflit.

La réunion a également été marquée par l’intervention du Yémen qui a affirmé que la « coalition arabe » aurait nié avoir mené, aujourd’hui, une quelconque attaque à Hodeïda, tout en assurant que l’explosion rapportée par les médias sera l’objet d’une enquête.  La délégation yéménite a également averti que tant que les milices continueront de diriger des pans entiers de territoires, les souffrances des populations ne feront qu’augmenter ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a affirmé qu’il existe aujourd’hui de véritables perspectives de paix au Yémen et qu’il est possible de commencer « le voyage difficile et incertain vers la fin de la guerre ». 

« Malgré tous nos efforts, la guerre s’est intensifiée et la bataille de Hodeïda en est devenue le centre de gravité » a regretté M. Griffiths qui a évoqué les efforts déployés pour éviter cette bataille pour la ville et le port de Hodeïda.  Il a indiqué qu’il poursuit ses efforts en ce sens et que même si un accord n’a pas encore été conclu, il lui a été possible de rapprocher quelque peu les parties, ajoutant que la question a une plus grande chance d’être résolue dans le contexte d’un accord politique global.  L’Envoyé spécial a appelé à une reprise du processus politique, deux ans après le premier tour au Koweït.  Il a aussi engagé les membres du Conseil de sécurité à exhorter les parties à régler leurs différends par le dialogue plutôt que par des moyens militaires.

M. Griffiths a annoncé son intention d’inviter les parties à Genève, le 6 septembre, pour un premier cycle de consultations.  Ces consultations, a-t-il expliqué, doivent permettre de débattre du cadre général des négociations et de se mettre d’accord sur les mesures de renforcement de la confiance et des plans spécifiques pour aller de l’avant.  Il a indiqué avoir pris cette décision suite à de larges consultations avec toutes les parties, y compris avec les femmes yéménites.  Il s’est dit convaincu qu’une solution politique, fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité, l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et l’issue du Dialogue national, n’est pas hors de portée.  « Cent jours passés au Koweït représentent également un guide précieux », a-t-il ajouté. 

« La fin de cette guerre n’a que trop tardé pour le peuple yéménite », a prévenu l’Envoyé spécial, sans quoi des millions de personnes supplémentaires deviendront tributaires de l’aide humanitaire.  « Chaque jour de plus est une journée perdue. »

Sur le terrain, notamment à Hodeïda, M. Griffiths a indiqué que les choses avaient progressé en ce qui concerne le rôle de l’ONU dans le port, ajoutant qu’Ansar Allah y avait consenti.  Cette avancée, a-t-il indiqué, a pu se faire grâce à la coopération sérieuse de toutes les parties et l’appui du Conseil.  Tout en faisant fond sur les résultats déjà obtenus, l’Envoyé a poursuivi ses consultations avec toutes les parties, y compris avec le leadership d’Ansar Allah et il a précisé qu’il bénéficie de la coopération et du soutien du Gouvernement du Yémen. 

M. Griffiths a toutefois dit craindre que Hodeïda ne devienne une étincelle dangereuse pour le processus en cours, et il s’est dit prêt à encourager toute offre de désescalade, y compris la proposition unilatérale faite par Ansar Allah de mettre fin aux attaques visant des navires dans la mer Rouge.  Ma principale préoccupation, a-t-il indiqué, est d’éviter toute action qui pourrait avoir de graves conséquences humanitaires et saper la reprise du processus politique en septembre.  Il s’est par ailleurs dit encouragé par la volonté des parties de libérer les prisonniers de guerre, une question sur laquelle, a-t-il fait savoir, le Président Hadi l’a encouragé à avancer.

En guise de conclusion, M. Griffiths a appelé les membres du Conseil à appuyer ses efforts visant à lancer le processus de consultations à Genève et à appeler à la désescalade à Hodeïda.  Il faut également éviter que la mer Rouge devienne un théâtre de conflit et appuyer toutes mesures capables de redonner espoir au peuple yéménite, sans l’appui duquel rien ne sera possible.  Il a également tenu à saluer le courage exceptionnel des organisations humanitaires qui opèrent au Yémen.

M. JOHN GING, Directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, a déclaré que, trois ans après le début du conflit, les civils au Yémen continuent de faire face à des conditions de vie déplorables.  Plus de 22 millions de personnes, soit 75% de la population, exigent une assistance ou une protection humanitaires, 2 millions de personnes sont déplacées et 8,4 millions ignorent la provenance de leur prochain repas, a-t-il indiqué.  De plus, la pire épidémie de choléra au monde a éclaté en 2017, avec 1,1 million de cas.  « La situation humanitaire est choquante à la fois en termes d’échelle et de gravité.  Ces chiffres représentent un appel urgent en faveur de l’action. » 

À Hodeïda, le conflit a connu une escalade supplémentaire, a-t-il poursuivi.  Plus tôt aujourd’hui, nous avons reçu des informations selon lesquelles des attaques auraient été perpétrées à l’entrée de l’un des derniers hôpitaux en état de fonctionner et dans un marché aux poissons tout proche, provoquant des pertes civiles.  Depuis le 1er juin, la violence a contraint plus de 340 000 personnes à fuir leurs foyers à travers toute la province.  Et l’interruption des opérations portuaires ou le siège de la ville seraient catastrophiques et doivent être évités de toute urgence.  Il n’y a aucun « plan de secours » qui peut concrètement protéger les civils des conséquences humanitaires si le conflit à Hodeïda venait à s’intensifier, a mis en garde M. Ging.

Le haut fonctionnaire a souligné que cette ville avait été l’épicentre de l’épidémie de choléra dévastatrice de l’an dernier, et que les infections étaient en hausse.  Il a aussi averti que la destruction des infrastructures en eau et en assainissement ne ferait qu’aggraver la situation. 

Il a ensuite indiqué que les ports de Hodeïda et Saleef, « lien vital pour la majorité des importations de produits de base et de carburant », demeurent opérationnels, et que l’importation de biens commerciaux avait connu en mai son plus haut niveau depuis novembre 2016.  « Toutefois, les importations de vivres et de carburant ont chuté en juin, et de nouveau en juillet », a observé M. Ging, qui a souligné l’importance de créer la confiance nécessaire pour convaincre les compagnies maritimes de continuer à effectuer leurs livraisons. 

Après avoir rappelé que la communauté humanitaire avait prêté assistance à 90% des personnes déplacées par les récentes violences à Hodeïda, le Directeur des opérations de l’OCHA a souligné que les efforts se poursuivent dans l’ensemble du pays.  « En juin, l’effort humanitaire international a permis de prêter assistance sur le plan alimentaire à 7,5 millions de personnes, soit 200 000 personnes de plus par rapport à janvier.  En milieu d’année 2018, environ 60% des personnes ayant besoin d’une assistance en ont reçu une, et les partenaires humanitaires œuvrent à étendre la portée de leurs programmes », a assuré M. Ging, en saluant le travail accompli par 169 organisations non gouvernementales partenaires de l’ONU. 

Le Directeur des opérations s’est également félicité de la générosité des bailleurs de fonds, le Plan de réponse humanitaire, d’un montant de 3 milliards de dollars, ayant été financé à hauteur de 60%, notamment grâce à des contributions de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, mais aussi des États-Unis, du Royaume-Uni, du Koweït et de l’Allemagne. 

Le haut fonctionnaire s’est toutefois fait l’écho de préoccupations quant aux obstacles qui se posent à l’acheminement de l’aide humanitaire, particulièrement dans les zones sous le contrôle des « décisionnaires » de Sanaa.  Il a ensuite souligné le caractère dévastateur de ce conflit pour les civils et les infrastructures civiles, comme par exemple à Saada où une installation d’eau a été frappée pour la troisième fois en juillet, privant plus de 10 000 personnes d’accès à l’eau potable. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a déclaré que les deux parties au conflit au Yémen doivent comprendre qu’il n’y a pas de divergences au sein du Conseil de sécurité pour aider l’Envoyé spécial à faciliter la recherche d’une solution négociée.  Aussi s’est-elle félicitée de l’invitation faite aux deux parties de se rendre à Genève en septembre.  « Nous attendons avec impatience les résultats, et nous attendons avec impatience leur réponse positive. » 

Selon elle, le panel d’experts de l’ONU a confirmé que l’Iran soutient les houthistes.  Téhéran est tout autant à blâmer qu’eux, « mais aujourd’hui, nous avons eu une autre attaque », a souligné la représentante.  Mme Haley a aussi dénoncé les frappes aériennes lancées par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite contre un marché aux poissons et un hôpital à Hodeïda, lesquelles pourraient avoir fait des dizaines de victimes.  Le sentiment d’urgence est des plus fort, a-t-elle affirmé.

La déléguée a exprimé sa préoccupation devant le danger qui pèse sur les civils et les infrastructures civiles et conte le « mépris » vis-à-vis des populations sur le terrain « à un moment où elles souffrent déjà beaucoup ». 

Il faut exiger des parties qu’elles se réunissent et qu’elles prennent conscience de la gravité de la situation, a affirmé la représentant pour qui les pourparlers de Genève ne sauraient commencer suffisamment tôt, notamment au vu des événements de ces derniers jours.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué la proposition faite par l’Envoyé spécial d’organiser, en septembre, de nouveaux pourparlers à Genève, estimant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit au Yémen.  Il a dénoncé les activités des milices houthistes, qui continueraient de prendre pour cible des infrastructures civiles et des navires commerciaux, à l’aide de missiles balistiques ou autres.  Le représentant a averti que l’utilisation de ces armes menace la sécurité dans la mer Rouge et le golfe d’Aden. 

Le délégué a ensuite soutenu la décision de l’Arabie saoudite d’accorder des visas à 25 000 Yéménites désireux d’effectuer le pèlerinage à la Mecque au mois d’août, et ce, sans condition préalable.  Il a fait savoir que la promesse de contribution faite par le Koweït en avril dernier avait été tenue intégralement, 250 millions de dollars ayant été versés à différents organismes humanitaires pour atténuer les souffrances des populations civiles.  Il est inacceptable, a-t-il ajouté, de continuer de fermer les yeux sur l’insuffisance de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015).  La délégation a enfin dénoncé la poursuite des attaques aux missiles contre les pays voisins et l’utilisation de civils comme boucliers humains, qui, a-t-il rappelé, sont des crimes de guerre.

 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré que le contexte restait très fragile à Hodeïda et le regain récent de violence était un signe préoccupant.  « Nous sommes extrêmement inquiets des informations récentes faisant état d’une double attaque proche de l’hôpital central de Hodeïda ayant causé de nombreuses victimes parmi les civils », a ajouté la représentante qui a appelé l’ensemble des parties à pleinement respecter le droit international humanitaire, en premier lieu, et les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Ceci est indispensable afin d’éviter que la population civile ne devienne la première victime des affrontements, a-t-elle souligné. 

La représentante a aussi jugé « absolument essentiel » que les près de 121 000 personnes déplacées de Hodeïda puissent franchir les lignes de front en toute sécurité et accéder à l’assistance humanitaire.  Les ports de Hodeïda, de Saleef et l’aéroport de Sanaa doivent être maintenus ouverts et opérationnels, tandis qu’en territoire houthi, les partenaires humanitaires doivent bénéficier d’un accès sûr aux populations.  Elle a ensuite averti que le niveau élevé de violence à Hodeïda et ailleurs dans le pays risque de compromettre la dynamique politique liée aux efforts de l’Envoyé spécial.

Mme Gueguen a souligné qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit au Yémen et que le processus politique reste la seule possibilité pour que le pays sorte d’un conflit « qui n’a que trop duré ».  La médiation des Nations Unies joue un rôle central pour relancer les négociations de paix et la France appelle les parties à s’engager de bonne foi en vue d’un accord politique global et inclusif, notamment à l’approche de la Conférence de Genève, « à laquelle il est essentiel que toutes les parties prennent part ». 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour le Yémen et a encouragé le Conseil à examiner cette question en toute transparence pour pouvoir trouver une solution pacifique à ce conflit au lourd coût humanitaire.  Il a déploré que toutes les parties au conflit continuent de violer le droit international et le droit international humanitaire, les violations les plus récentes étant le bombardement d’infrastructures civiles à Hodeïda, ainsi que ses marchés.

Le Pérou condamne les crimes commis par les houthistes, notamment les tirs de missiles visant l’Arabie saoudite et les attaques contre des navires saoudiens dans la mer Rouge.  « Mais il faut renoncer à un règlement militaire », a prévenu le représentant « parce qu’il n’y a pas de plan B humanitaire face au risque de destruction du port de Hodeïda ».  Les ports et aéroports doivent rester ouverts, et l’aide et l’accès à l’aide humanitaire ne peuvent être tributaires d’aucun objectif militaire, s’est-il impatienté.

Le représentant a salué l’initiative de l’Envoyé spécial de relancer les consultations entre les parties à Genève en septembre prochain.  Pour donner un visage humain à la gravité de la situation humanitaire, il a repris les chiffres de l’UNICEF selon lesquels la vie de 11 millions d’enfants est en jeu au Yémen.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué l’initiative de l’Envoyé spécial de relancer les négociations en septembre, à Genève, ce qui suppose toutefois, selon lui, de contenir dans l’intervalle les hostilités, en particulier à Hodeïda.  Ce port, a-t-il dit, doit être opérationnel, dans la mesure où il est le seul par lequel peuvent transiter l’aide humanitaire internationale et les biens commerciaux.  Mais une intervention humanitaire ne suffira pas à mettre fin à la guerre, a mis en garde le représentant qui a souligné la nécessité de relancer le processus politique, en exhortant notamment l’Envoyé spécial à s’engager auprès des acteurs de terrain.  Estimant que le potentiel de coopération de la communauté internationale lui semblait insuffisamment exploité, le représentant a rappelé la proposition de Moscou de fixer les paramètres d’une coopération entre tous les pays de la région, ainsi que l’Iran, pour garantir leur sécurité mutuelle.

M.  JOAKIM VAVERKA (Suède) a fait écho aux propos de l’Envoyé spécial et demandé, à son tour, aux parties de cesser les combats à Hodeïda, de s’engager dans les consultations politiques prévues à Genève et fondées sur le cadre présenté au Conseil par l’Envoyé spécial.  Il les a également appelés à assurer la participation des femmes, à respecter le droit international humanitaire et à procéder à l’échange de prisonniers, comme mesure d’établissement de la confiance. 

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a jugé essentiel que le port de Hodeïda reste ouvert et opérationnel.  Il s’est d’ailleurs dit préoccupé par les informations sur une baisse potentielle des importations, en particulier les produits alimentaires et le carburant.  Une offensive contre Hodeïda ne ferait qu’aggraver la catastrophe humanitaire, a prévenu le représentant, craignant pour la vie de centaines de milliers de personnes, sans compter les risques d’une nouvelle propagation de l’épidémie de choléra et de famine.  Une guerre urbaine ou un siège serait tout aussi catastrophique, a-t-il souligné.  Nous avons, a-t-il conclu, la responsabilité de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les enfants piégés dans le conflit et la manière de le faire est d’empêcher que le conflit yéménite n’entre dans sa quatrième année. 

M.  SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a apporté son plein soutien à l’Envoyé spécial dans ses efforts pour trouver une solution pacifique au conflit au Yémen.  Préoccupé par la recrudescence de la violence dans plusieurs villes, notamment à Hodeïda, le représentant a également dénoncé l’aggravation de la situation humanitaire dans le pays.  « L’impact éventuel d’une interruption des opérations dans le port de Hodeïda pourrait être catastrophique pour les 20 millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire », a-t-il prévenu.

Il a condamné les bombardements aériens d’hôpitaux, d’écoles et de marchés au Yémen et s’est aussi dit préoccupé par les dommages structurels des centres d’approvisionnement et d’assainissement de l’eau au Yémen, compte tenu des risques de choléra.  Le représentant a également appelé à assurer un accès inconditionnel de l’aide humanitaire et à la cessation des hostilités, pour ensuite exhorter les parties à garantir le fonctionnement des ports et des aéroports « qui sont les voies d’accès nécessaires à la survie des populations ».  La Bolivie soutient pleinement la conférence qui se tiendra à Genève, en septembre, à l’initiative de l’Envoyé spécial des Nations Unies.

M. DESIRE WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a invité les belligérants à la retenue et a salué l’arrêt des bombardements, de même que la suspension, par les houthistes, des attaques navales en mer Rouge.  Il a exhorté les parties au conflit à redoubler d’efforts afin de soutenir les initiatives de paix en cours.  La Côte d’Ivoire réitère son soutien à la proposition de l’Envoyé spécial de transférer la gestion du port de Hodeïda à un comité supervisé par les Nations Unies.  Selon le délégué, cette solution pourrait contribuer, de manière significative, à la baisse des tensions entre les belligérants et constituer un point de départ à la résolution de ce conflit. 

M. Ipo a déploré les attaques contre les infrastructures civiles, notamment sur les services d’approvisionnement en eau, avertissant que cela compromet les efforts visant à prévenir de nouvelles épidémies de choléra et de diarrhée au Yémen.  La Côte d’Ivoire réitère son appel en faveur d’une désescalade des combats devant permettre un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire aux populations civiles au Yémen, aussi bien dans la ville portuaire de l’Hodeïda, que dans toutes les régions du pays.  Le représentant a enfin invité toutes les parties prenantes à la cessation des hostilités et à s’engager, de manière constructive, dans la voie d’un règlement politique de cette crise, en vue de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le pays. 

M. YAO SHAOJUN (Chine) a estimé qu’un règlement politique est la clef d’une solution pérenne au conflit qui fait rage au Yémen.  C’est la raison pour laquelle il a salué l’initiative de l’Envoyé spécial de réunir les parties concernées en septembre, à Genève, pour un premier tour de négociations, espérant que celle-ci permette de sortir de l’impasse et de véritablement relancer le processus politique.  Il a rappelé que la recherche d’une solution doit s’appuyer sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et le Dialogue national yéménite.  Il a par ailleurs indiqué que la Chine fournit une aide humanitaire d’un montant de 88 millions de dollars au Yémen. 

Mme HEDDA SAMSON (Pays-Bas) a appelé les parties à travailler étroitement avec l’Envoyé spécial « sans condition préalable », tout en soulignant qu’un accord politique a peu de chance de réussir si on ne répond pas aux griefs locaux ou aux divisions régionales.  Elle a aussi estimé que le processus politique doit rassembler tous les groupes yéménites, en particulier les femmes, les jeunes et la société civile.  « Nous encourageons l’ONU à s’engager davantage avec eux », a ajouté Mme Samson.

La représentante s’est inquiétée de l’impact de ce conflit prolongé sur la ville et le port de Hodeïda.  Elle a demandé l’ouverture totale et durable des ports de Hodeïda et de Saleef ainsi que la distribution sans entrave des approvisionnements dans tout le pays.  Elle a condamné la pose de mines immergées par les houthistes, ainsi que leurs attaques contre des navires commerciaux.  La déléguée a averti qu’aussi longtemps que l’avenir de Hodeïda demeurera incertain, la volonté des affréteurs commerciaux de faire des livraisons au Yémen continuera de diminuer.  Il n’existe aucun plan B viable si Hodeïda venait à être davantage compromis, a-t-elle notamment mis en garde.

Mme Samson a ensuite appelé au respect du droit international humanitaire, dénonçant notamment les tirs de missiles balistiques des houthistes qui prennent des civils pour cible.  L’attaque perpétrée aujourd’hui contre l’hôpital d’Al-Thawra est également préoccupante, a-t-elle ajouté.

La représentante a par ailleurs appelé les parties à continuer de fournir un accès sans entrave au Groupe d’éminents experts chargé, par le Conseil des droits de l’homme, de mener un examen complet de toutes les allégations de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

Mme. AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) s’est dite préoccupée par l’évolution du conflit au Yémen, qui, a-t-elle relevé, met en danger la vie de 22 millions de personnes dans le pays, dont plus de 4 millions sont des enfants.  Après avoir dénoncé l’attaque perpétrée aujourd’hui, elle a rappelé que, après trois ans de guerre, et les dernières offensives dirigées contre Hodeïda, c’est toute la population yéménite qui est en détresse et qui souffre d’une crise humanitaire que vient aggraver l’épidémie de choléra.  La représentante a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à fournir des efforts concertés pour créer des conditions à même d’améliorer la situation humanitaire au Yémen.  Selon elle, il est essentiel que les parties comprennent que seul un règlement négocié permettra de parvenir à une solution durable au conflit. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a salué le rôle des humanitaires travaillant au Yémen dans des circonstances extrêmement difficiles.  Il a appelé à la reprise d’un processus politique, se félicitant du fait qu’un cycle de pourparlers s’ouvrira, en septembre prochain, à Genève.  Les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et garantir la protection des civils, notamment les enfants, a plaidé le délégué.

En outre, la Pologne déplore les frappes aériennes ayant ciblé Hodeïda ces dernières heures.  Le représentant a souligné qu’une telle escalade met à mal les perspectives de négociation entre les parties.  Il a suggéré que le port et la ville de Hodeïda soient protégés, ainsi que tous les ports du Yémen qui servent de lieu d’entrée pour l’aide humanitaire.  Il a enfin souligné qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit au Yémen. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a espéré que les discussions prévues à Genève auront une issue heureuse.  Elle s’est félicitée de ce que le port de Hodeïda soit toujours ouvert et opérationnel et que l’ONU et ses partenaires humanitaires continuent d’y acheminer l’aide.  Toutefois, la situation humanitaire reste préoccupante, en particulier les risques d’une nouvelle irruption du choléra due à l’escalade de la violence.  Les attaques contre les tanks de pétrole dans le détroit de Bab-el Mandeb sont inacceptables, a martelé la représentante, qui en a appelé à la sûreté et à la sécurité des navires.  Elle a dit attendre avec intérêt les discussions sur les informations actualisées que donnera le Groupe d’experts au Comité des sanctions.  Maintenant que nous voyons s’ouvrir la possibilité de discussions sérieuses, le Conseil, a conclu le représentant, doit maintenir son appui à l’Envoyé spécial.  C’est la seule façon de résoudre la crise au Yémen et de mettre fin aux souffrances de la population. 

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a promis le soutien de son pays aux efforts des pays et parties concernés pour parvenir à une solution politique par des négociations sur un règlement véritable et juste.  Seule une telle approche peut préserver la souveraineté, l’indépendance et l’unité du Yémen et concrétiser les aspirations de son peuple, s’est expliqué le représentant. 

Sur le front humanitaire, il a dit partager les préoccupations des autorités yéménites et du système des Nations Unies qui craignent que les mois chauds de l’été n’accélèrent la propagation du choléra qui a déjà touché plus d’un million de personnes, l’année dernière.  Il a estimé nécessaire de créer une zone de désescalade pour réduire les tensions militaires et, en conséquence, la crise humanitaire. 

Le choléra, a voulu savoir le représentant, est-elle la menace la plus imminente?  Quelle mesure faut-il prendre pour contenir sa propagation?  Martin, a-t-il poursuivi en s’adressant à l’Envoyé spécial, que peut-on faire pour vous aider à réunir les parties autour de la table de négociations dont l’issue aura un impact certain sur la crise humanitaire?  Se tournant ensuite vers le représentant de l'OCHA, il lui a demandé: que voyez-vous comme développements prévus ou imprévus contre lesquels nous pourrions dès maintenant prendre des mesures?

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a condamné les frappes aériennes perpétrées aujourd’hui même à Hodeïda.  Elle a ensuite lancé un appel aux milices houthistes pour qu’elles se conforment aux résolutions du Conseil de sécurité.  Selon elle, il est temps de passer à l’« étape suivante », en soutenant les efforts de l’Envoyé spécial dans l’organisation d’un tour de négociations entre les parties en septembre.

M. AHMAD AWAD BIN MUBARAK (Yémen) a indiqué que le Gouvernement yéménite et la coalition internationale œuvrent à atténuer la souffrance de la population yéménite, tandis que les houthistes continuent de s’armer et de menacer la paix.  Il a averti que tant que les milices continueront de diriger des pans entiers de territoires, cela ne fera qu’augmenter les souffrances de la population.  C’est pourquoi le Gouvernement reste déterminé à restaurer la stabilité et mettre un terme au coup d’État, a-t-il assuré.

Il a aussi évoqué les activités de milices dont les tireurs embusqués prennent pour cible des femmes et des enfants.  Il a invité le Conseil de sécurité à condamner de tels actes, tout en parlant de la ville de Sanaa devenue « une vaste prison à ciel ouvert ».

Le représentant a également affirmé que ces milices infestent les zones maritimes, comme en témoignent les attaques contre des navires saoudiens et turcs en avril et mai derniers.  Il a déploré des agissements sectaires « soutenus par l’Iran », pour ensuite affirmer que ce sont bien des missiles iraniens qui sont utilisés par les milices pour effectuer des tirs vers des villes saoudiennes.

Poursuivant, le représentant a affirmé que la coalition arabe a nié avoir mené une quelconque attaque à Hodeïda aujourd’hui, tout en assurant que l’explosion rapportée par les médias va donner lieu à une enquête.  Il a accusé les milices de saper toute tentative de parvenir à un accord, indiquant que cela c’était déjà passé au Koweït lorsqu’elles se sont désistées au moment de signer un accord de paix.  Il a rappelé que tout accord doit tenir compte des exigences de la communauté internationale qui, a-t-il indiqué, a insisté sur le fait que les autorités légitimes doivent reprendre le contrôle sur tout le territoire national.  En attendant, il a prescrit de se focaliser sur des mesures de renforcement de la confiance, notamment la facilitation de l’aide humanitaire et les échanges de prisonniers.

Au sujet de la crise humanitaire dans le pays, le représentant a déploré la détérioration de la situation du fait de l’ingérence étrangère.  Il a proposé que chaque région reçoive de l’aide, y compris celles sous contrôle des milices, afin de permettre un accès équitable de toutes les populations à l’assistance humanitaire.  Il a remercié les donateurs qui soutiennent son pays, avant de répondre à une interpellation que lui a faite, en privé, le représentant d’un État européen sur le peu de Yéménites qui émigrent.  Sa réponse: « Nous sommes attachés à notre terre et nous rêvons d’un avenir radieux ».  « Ne nous abandonnez pas », a-t-il conclu en direction du Conseil de sécurité.  

Reprenant la parole, M. GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s’est félicité du soutien unanime dont bénéficie sa proposition d’une reprise du processus de négociations pour parvenir à une solution politique « sans exclusive ».  Il a assuré que les mandats et résolutions pertinents du Conseil de sécurité seraient scrupuleusement suivis dans le cadre de ces négociations. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2019

8321e séance – matin
CS/13439

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2019

« Considérant qu’une plus grande stabilité en Somalie revêt une importance vitale pour la sécurité dans la région », le Conseil de sécurité a, ce matin, autorisé*, à l’unanimité, les États membres de l’Union africaine à proroger le déploiement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) jusqu’au 31 mai 2019, avec « trois objectifs stratégiques. »

Dans la résolution 2431 (2018) dotée de 56 paragraphes et adoptée à l’unanimité, le Conseil souligne que l’objectif à long terme pour la Somalie est que les institutions et les forces de sécurité somaliennes assument entièrement les responsabilités en matière de sécurité.  L’AMISOM est donc chargée de permettre le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes, l’objectif étant que les institutions somaliennes chargées de la sécurité prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021.  L’AMISOM est aussi chargée de réduire la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés et d’aider les forces de sécurité somaliennes à créer des conditions de sécurité favorisant l’instauration d’un processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation.

L’Union africaine devrait d’ailleurs réduire à 20 626 agents, d’ici au 28 février 2019, l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, à moins que le Conseil de sécurité ne décide d’accélérer les choses, compte tenu du niveau de capacités que les forces de sécurité somaliennes auront atteint.

L’AMISOM est aussi autorisée à accomplir les tâches prioritaires que sont le maintien d’une présence dans les secteurs définis dans le concept d’opérations de la Mission; la protection des autorités somaliennes; des offensives ciblées contre les Chabab et autres groupes d’opposition; la sécurisation des principales voies de ravitaillement; ou encore l’accueil des transfuges.

L’Union africaine et l’ONU sont priées de mener d’ici au 15 septembre 2018, en collaboration avec leurs partenaires, une évaluation conjointe de l’état de préparation opérationnelle de l’AMISOM, afin de déterminer les capacités et les besoins de l’effectif maximal autorisé.

Le représentant de la Somalie a indiqué que son gouvernement était maintenant engagé sur la voie de la transition, dont le plan national a été entériné par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA).  En vertu de ce plan, a-t-il précisé, les forces de sécurité nationales devraient prendre le relais de toutes les activités de sécurité, y compris de la sécurisation de la zone autour du stade de Mogadiscio.

Le délégué somalien a relevé que ce plan nécessitera « des années pour sa mise en œuvre » et, qu’à cet effet, des partenariats seront essentiels pour garantir le succès de la transition, notamment avec les pays contributeurs de troupes et les donateurs invités à soutenir le dispositif national de sécurité.  « Il s’agit pour la Somalie, a-t-il précisé, de créer un secteur de la sécurité assez solide pour permettre aux populations de vaquer paisiblement à leurs occupations sans craindre les Chabab. »

Insistant lui aussi sur l’importance de soutenir le plan de transition de la Somalie, son homologue de l’Éthiopie a estimé que la composante civile de l’AMISOM devrait être opérationnalisée rapidement afin d’appuyer sa composante police.  Pour le représentant, la coopération entre le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) et l’AMISOM et les forces somaliennes est essentielle.  « Toutes les décisions sur la transition entre l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes devraient reposer sur un examen minutieux de la situation sur le terrain », a estimé le représentant.

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2018/674)

Texte de projet de résolution (S/2018/742)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de son président sur la situation en Somalie,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, et soulignant l’importance de faire en sorte que les effets déstabilisateurs des crises et des différends régionaux ne se propagent pas en Somalie,

Condamnant les attaques perpétrées par les Chabab en Somalie et ailleurs, et soulignant sa vive préoccupation face à la menace que représentent toujours les Chabab et devant le fait qu’ils continuent de tenir des territoires et d’extorquer des revenus en Somalie,

Exprimant son indignation devant les pertes en vies humaines parmi les civils causées par les attaques des Chabab, rendant hommage aux membres du personnel de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et des forces de sécurité somaliennes pour le courage dont ils font preuve et les sacrifices qu’ils consentent dans le cadre de la lutte contre les Chabab, et conscient qu’il faut préserver les acquis obtenus grâce à leur dévouement,

Se disant de nouveau déterminé à soutenir les efforts visant à réduire la menace que représentent les Chabab en Somalie et se déclarant résolu à appuyer un processus politique de paix et de réconciliation inclusif conduit par les Somaliens,

Condamnant les violations des droits de l’homme, les atteintes à ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire qui continuent d’être perpétrées en Somalie, en particulier celles qui donnent lieu au ciblage délibéré des civils et au recrutement d’enfants,

Prenant note avec satisfaction de la contribution du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) aux succès rencontrés par l’AMISOM et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), et soulignant l’importance d’un véritable partenariat entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et les États Membres en Somalie,

Conscient qu’il incombe au premier chef au Gouvernement fédéral somalien de protéger ses propres citoyens et de se doter de ses propres forces de sécurité nationales, et notant que ces forces doivent être ouvertes à tous et représentatives de la société somalienne et agir dans le plein respect des obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme,

Se félicitant de l’élaboration d’un plan de transition assorti de conditions et d’un calendrier précis prévoyant que les responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM seront progressivement transférées aux institutions et aux forces somaliennes chargées de la sécurité et appelant à la mise au point des détails et à l’application rapides de ce plan, avec la pleine participation de toutes les parties concernées, rappelant qu’il importe au plus haut point d’accélérer la mise en œuvre de l’accord relatif au dispositif national de sécurité conclu entre le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération, notamment les décisions de définir la composition et le rôle des forces de sécurité et d’intégrer et de fournir une aide fédérale aux forces régionales, pour jeter les bases d’une transition réussie, et se félicitant que le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération se soient engagés de nouveau, au Forum de partenariat sur la Somalie tenu à Bruxelles les 16 et 17 juillet, à accélérer la réforme du secteur de la sécurité,

Réaffirmant l’engagement ferme pris par les partenaires internationaux en vue d’aider le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération à mettre en place, sous les auspices du Conseil national de sécurité et les conseils régionaux de sécurité, un secteur de la sécurité qui soit sous conduite somalienne et qui soit capable, responsable, acceptable et d’un coût abordable, comme prévu dans le Pacte de sécurité adopté par la Somalie et les partenaires internationaux le 11 mai 2017 à la Conférence de Londres sur la Somalie,

Considérant qu’une plus grande stabilité en Somalie revêt une importance vitale pour la sécurité dans la région,

AMISOM

Saluant la contribution que l’AMISOM apporte à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables en Somalie, notant le rôle essentiel qu’elle joue dans l’amélioration de la sécurité et dans l’établissement de conditions de sécurité propices à la consolidation de la paix et à la progression de l’édification de l’État, notamment des deux processus politiques nationaux, reconnaissant le rôle important joué par l’AMISOM et l’Union africaine à l’appui des processus politiques somaliens, disant sa reconnaissance aux Gouvernements burundais, djiboutien, éthiopien, ghanéen, kényan, nigérian, ougandais et sierra-léonais qui continuent à fournir des contingents, des forces de police et du matériel à l’AMISOM et appréciant les sacrifices importants faits par les forces de l’AMISOM,

Rappelant les conclusions sur le sort des enfants touchés par le conflit armé (S/AC.51/2017/2),

Prenant note de l’examen de l’AMISOM mené conjointement par l’Union africaine et l’ONU en application du paragraphe 23 de la résolution 2372 (2017), du rapport sur le financement de l’AMISOM, du rapport sur les enseignements tirés des 10 années d’existence de l’AMISOM (2007‑2017) et du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la situation en Somalie et l’AMISOM, en date du 27 juin 2018,

Prenant note du rapport des envoyés spéciaux conjoints de l’Union africaine et de l’ONU sur le financement de l’AMISOM de sa conclusion selon laquelle, dans l’immédiat, des contributions volontaires sont nécessaires à un niveau adéquat,

Soutenant le transfert aux forces de sécurité somaliennes, conformément à ce que prévoit le dispositif national de sécurité, d’activités actuellement assurées par l’AMISOM dans le domaine de la sécurité, transfert qui se fera de manière progressive et selon certaines conditions, de sorte que les progrès durement acquis en matière de sécurité soient préservés,

Rappelant la décision, prise au paragraphe 5 de sa résolution 2372 (2017), de réduire d’ici au 30 octobre 2018 l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, regrettant que cette réduction ait due être reportée au 28 février 2019, et soulignant qu’il ne devrait plus y avoir de retard dans la mise en œuvre des futures décisions de réduire l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM,

Encourageant l’Union africaine à évaluer régulièrement les résultats de l’AMISOM, notamment ceux des contingents militaires et des forces de police, y compris dans le cadre d’une évaluation des résultats effectuée selon des normes et critères clairement définis, afin de s’assurer que la Mission est suffisamment souple et à même de s’acquitter efficacement de son mandat,

Se félicitant de l’enquête menée par l’Union africaine sur les allégations de violence sexuelle mettant en cause des soldats de l’AMISOM, et soulignant qu’il importe que l’Union africaine applique les recommandations formulées dans les conclusions de l’enquête et qu’elle prenne des mesures pour éviter qu’il y ait d’autres atteintes, conformément aux dispositions de la résolution 2272 (2016),

Se déclarant préoccupé par les informations faisant état de la présence en Somalie de partisans de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, aussi appelé Daech), ainsi que par les répercussions de la situation qui règne au Yémen sur la sécurité en Somalie,

Se déclarant vivement préoccupé par les multiples aspects de l’actuelle situation humanitaire, et saluant les efforts faits par l’AMISOM pour créer des conditions propices à l’acheminement de l’aide humanitaire,

Rappelant la déclaration de son Président (S/PRST/2011/15), dans laquelle il se déclare conscient des effets néfastes des changements climatiques et écologiques, entre autres facteurs, sur la stabilité de la Somalie, notamment de la rareté de l’eau, de la sécheresse, de la désertification, de la dégradation des sols et de l’insécurité alimentaire, soulignant que face à ces facteurs, il faut que les gouvernements et les organismes des Nations Unies adoptent des stratégies appropriées d’évaluation et de gestion des risques,

Considérant que la situation en Somalie demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

AMISOM

1.    Souligne que l’objectif à long terme pour la Somalie, appuyée en cela par ses partenaires internationaux, est que les institutions et les forces de sécurité somaliennes assument entièrement les responsabilités en matière de sécurité en Somalie, et considère que l’AMISOM reste essentielle au maintien de la sécurité pendant la période de transition, afin que les institutions et les forces de sécurité somaliennes puissent renforcer leurs capacités;

2.    Convient avec le Secrétaire général que les conditions nécessaires au déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies en Somalie ne sont pas réunies et prie le Secrétaire général de garder les critères de déploiement constamment à l’étude;

3.    Souligne que l’augmentation des effectifs décidée dans les résolutions 2036 (2012) et 2124 (2013) vise à renforcer à court terme la capacité militaire de l’AMISOM dans le cadre d’une stratégie générale de retrait, après quoi une réduction des effectifs de la Mission sera envisagée à la lumière des progrès accomplis sur le terrain;

4.    Se félicite à cet égard de la recommandation issue de l’examen conjoint Union africaine-ONU tendant à poursuivre, en application du plan de transition, la réduction graduelle et échelonnée dans le temps et la réorganisation du personnel en tenue de l’AMISOM pour que celui-ci, conformément à ce que prévoit le dispositif national de sécurité, ait davantage un rôle d’appui vis-à-vis des forces de sécurité somaliennes, lesquelles prendront progressivement la direction des activités touchant le domaine de la sécurité en Somalie, exprime son intention de suivre de près la mise en œuvre du plan de transition et les progrès accomplis dans le transfert des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions somaliennes chargées de la sécurité, l’objectif étant que celles-ci assument au premier chef ces responsabilités d’ici à décembre 2021, se félicite également des mesures et de l’engagement pris par le Gouvernement fédéral somalien de mettre en œuvre le plan de transition, notamment de mener des opérations conjointes avec la Mission, l’objectif étant qu’il devienne l’acteur principal de la sécurité en Somalie, et souligne que le transfert des responsabilités en matière de sécurité doit se faire en tenant compte des conditions de sécurité dans chaque site;

Priorités et tâches

5.    Décide d’autoriser les États membres de l’Union africaine à proroger le déploiement de l’AMISOM jusqu’au 31 mai 2019, notamment celui d’au minimum 1 040 agents de police de la Mission, dont cinq unités de police constituées, et de réduire à 20 626 agents, d’ici au 28 février 2019, l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM, à moins que le Conseil ne décide d’accélérer la réduction des effectifs, compte tenu du niveau de capacités que les forces de sécurité somaliennes auront atteint, et souligne qu’il ne devrait pas y avoir de nouveaux retards dans la réduction de l’effectif du personnel en tenue de l’AMISOM après le 28 février 2019;

6.    Décide également que l’AMISOM est autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires, dans le plein respect des obligations que le droit international – dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme – impose aux États participants et dans le strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de l’unité de la Somalie, pour s’acquitter de son mandat;

7.    Décide d’autoriser l’AMISOM à poursuivre les objectifs stratégiques suivants:

a)    Permettre le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité somaliennes, en fonction des capacités de ces forces et des progrès réalisés par la Somalie concernant la situation politique et les conditions de sécurité, l’objectif étant que les institutions somaliennes chargées de la sécurité prennent la direction des opérations d’ici à décembre 2021;

b)    Réduire la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, notamment en atténuant la menace que représentent les engins explosifs improvisés;

c)    Aider les forces de sécurité somaliennes à créer des conditions de sécurité favorisant l’instauration d’un processus politique à tous les niveaux ainsi que la stabilisation, menée en coordination avec le relèvement local et l’extension de l’autorité et de la responsabilité de l’État, la réconciliation et la consolidation de la paix en Somalie;

8.    Décide d’autoriser l’AMISOM à accomplir les tâches prioritaires suivantes:

a)    Maintenir une présence dans les secteurs définis dans le concept d’opérations de la Mission, en accordant la priorité aux principales agglomérations;

b)    Aider, selon qu’il convient, les forces de sécurité somaliennes à assurer la protection des autorités somaliennes pour que celles-ci puissent exercer leurs fonctions de gouvernement et œuvrer en faveur de la stabilisation, menée en coordination avec le relèvement local et l’extension de l’autorité et de la responsabilité de l’État, de la réconciliation et de la consolidation de la paix, et à sécuriser les infrastructures essentielles;

c)    Protéger, selon qu’il conviendra, son propre personnel, ses installations, son matériel et sa mission, et assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel, ainsi que du personnel des Nations Unies exerçant des fonctions prescrites par le Conseil de sécurité;

d)    Mener des offensives ciblées contre les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés, y compris conjointement avec les forces de sécurité somaliennes;

e)    Sécuriser les principales voies de ravitaillement, y compris les routes menant aux zones reprises aux Chabab, en particulier celles qui sont essentielles pour améliorer la situation humanitaire – et qui peuvent, notamment, servir à acheminer les marchandises indispensables pour répondre aux besoins élémentaires des civils – et celles qui sont indispensables pour fournir un appui logistique à l’AMISOM, tout en soulignant que les services logistiques demeurent une responsabilité partagée de l’ONU et de l’Union africaine;

f)    Conseiller et aider les forces de sécurité somaliennes, notamment les forces militaires, dans le domaine de la disponibilité opérationnelle, et conseiller et former les forces policières, en étroite collaboration avec la MANUSOM et conformément à ce que prévoient le dispositif national de sécurité et le plan de transition;

g)    Reconfigurer l’AMISOM, si les conditions de sécurité le permettent, de manière à appuyer le plan de transition et à augmenter la proportion du personnel de police, dans les limites de l’effectif total autorisé de la Mission;

h)    Accueillir les transfuges, à titre provisoire et selon qu’il convient, et en coordination avec l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien;

9.    Prie l’Union africaine de le tenir régulièrement informé de l’exécution du mandat de l’AMISOM, y compris de l’avancée de la reconfiguration de celle-ci à l’appui du plan de transition et de tout problème au niveau des résultats, tenant notamment à l’efficacité de la direction et du commandement, aux réponses opposées aux attaques contre les civils et à l’adéquation du matériel et de l’information, qui risquerait de compromettre l’exécution efficace du mandat de la Mission, par l’entremise du Secrétaire général, qui lui en rendra compte oralement ainsi qu’au moyen de trois rapports écrits au moins, le premier de ces rapports écrits devant lui être présenté le 15 novembre 2018 au plus tard et les autres tous les 120 jours par la suite, et demande en outre que ce premier rapport contienne un plan de reconfiguration détaillant les modalités de la réduction de l’effectif du personnel en tenue prévue au paragraphe 5 de la présente résolution;;

10.   Demande à l’Union africaine de continuer de veiller à ce que l’AMISOM soit configurée de façon à pouvoir mener à bien toutes les tâches qui lui incombent, en particulier en améliorant la coordination opérationnelle entre contingents de l’AMISOM, en s’assurant que les partenaires pertinents – somaliens ou internationaux – sont consultés au sujet des décisions opérationnelles et en renforçant, sous l’autorité du commandant de la force, les structures de commandement et de contrôle qui devront agir en coopération avec les forces de sécurité somaliennes;

11.   Demande à l’Union africaine et à l’ONU de mener d’ici au 15 septembre 2018, en collaboration avec leurs partenaires, une évaluation conjointe de l’état de préparation opérationnelle de l’AMISOM, afin de déterminer les capacités et les besoins de l’effectif maximal autorisé au paragraphe 5, notamment pour appuyer la mise en œuvre du plan de transition, et de fournir les données de référence permettant en vue d’établir un concept d’opérations révisé qui fixe des échéances précises pour le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux institutions et aux forces de sécurité somaliennes.;

12.   Se félicite à cet égard que l’Union africaine envisage de mettre au point, d’ici au 1er novembre 2018, un nouveau concept d’opérations pour l’AMISOM, et exhorte l’Union africaine à le faire en étroite collaboration avec l’ONU et le Gouvernement fédéral somalien;

13.   Rappelle la demande qu’il a adressée à l’Union africaine de créer les équipes spécialisées décrites dans l’annexe de la résolution 2297 (2016), en particulier les unités de soutien de la Mission, répète qu’il importe que tous les éléments habilitants et les multiplicateurs de force agissent sous les ordres du commandant de la force, salue les efforts déployés pour déterminer les besoins spécifiques et demande que ces équipes soient créées sans plus tarder, et demande que l’Union africaine le tienne régulièrement informé, dans ses rapports réguliers présentés par l’intermédiaire du Secrétaire général, de l’avancée de la constitution de ces forces;

14.   Souligne qu’il faut impérativement obtenir du matériel pour les contingents, lequel doit être en état de fonctionner et adapté à la mission, y compris pour les éléments habilitants et multiplicateurs de force, comme indiqué au paragraphe 6 de la résolution 2036 (2012), auprès des pays qui fournissent déjà des contingents à l’AMISOM ou d’autres États Membres, et demande instamment à l’Union africaine de constituer immédiatement le reste des éléments habilitants, dans les limites des effectifs existants;

15.   Souligne également que la composante civile de l’AMISOM devrait être pleinement opérationnelle pour soutenir les effectifs militaires et le personnel de police de la Mission dans leurs tâches et améliorer la coordination entre l’ONU et l’Union africaine en Somalie, souligne en outre que la composante civile de l’AMISOM devrait concentrer ses efforts sur l’appui à apporter à la transition et, à terme, à la réduction des effectifs, conformément au plan de transition et à l’objectif selon lequel les forces de sécurité somalienne devraient assumer au premier chef les responsabilités en matière de sécurité d’ici à décembre 2021;

16.   Demande de nouveau à l’AMISOM, comme il l’a déjà fait au paragraphe 18 de sa résolution 2111 (2013), d’appuyer et d’aider le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération à appliquer l’interdiction totale des exportations de charbon de bois de Somalie, tout en prenant note des objectifs stratégiques et des tâches prioritaires de l’AMISOM;

17.   Souligne combien il importe que les forces de l’AMISOM exécutent leur mandat dans le plein respect des obligations que le droit international – dont le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme – impose aux États participants, y compris pour ce qui est de la protection des civils et sur la base des recommandations précises formulées à l’issue de l’examen conjoint, et qu’elles coopèrent avec la MANUSOM et le BANUS pour mettre en œuvre la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme dans le contexte d’un appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, et demande à l’AMISOM et à l’Union africaine de suivre les allégations de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire, d’enquêter rapidement et de manière approfondie et de faire rapport à leur sujet, et de continuer à s’efforcer d’appliquer les normes les plus strictes en matière de transparence, de déontologie et de discipline;

18.   Se félicite des progrès accomplis par l’AMISOM en matière de respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et demande instamment aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police de redoubler d’efforts pour coopérer avec l’Union africaine et l’ONU afin d’accroître l’efficacité des mesures et des mécanismes de prévention et de répression des violations, en se fondant notamment sur les recommandations précises issues de l’examen conjoint, y compris en ce qui concerne les critères de sélection du personnel de la Mission;

19.   Prie le Secrétaire général de veiller à ce que tout appui à des forces de sécurité non onusiennes soit apporté dans le strict respect de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme, et de lui rendre compte, dans les rapports qu’il lui présentera, des progrès accomplis dans la mise en œuvre de ladite politique, y compris grâce aux mesures et mécanismes d’atténuation énoncés à l’issue de l’examen conjoint, et prie le BANUS de renforcer sa capacité de veiller à la mise en œuvre de ladite politique pour ce qui est de l’appui qu’il apporte à l’AMISOM et aux forces de sécurité somaliennes;

20.   Salue les activités menées par la Cellule de suivi, d’analyse et d’intervention concernant les victimes civiles dont il a demandé la création dans ses résolutions 2093 (2013) et 2124 (2013), souligne qu’il importe de faire en sorte que cette cellule soit pleinement opérationnelle et efficace sans plus tarder et, à cet égard, demande instamment aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police d’apporter tout leur appui à la Cellule, en collaboration avec les organismes chargés de l’aide humanitaire, des droits de l’homme et de la protection, et souligne également qu’il importe de veiller à ce que l’information soit partagée avec les acteurs concernés, y compris l’ONU, qu’elle figure dans les rapports sur l’AMISOM et qu’elle serve à l’élaboration de directives et de plans opérationnels;

21.   Se félicite de la politique de tolérance zéro de l’AMISOM à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, demande à l’Union africaine et aux pays fournisseurs de contingents de prendre les mesures voulues pour prévenir les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles et pour enquêter sur les allégations y relatives, , notamment en vérifiant les antécédents du personnel et en évaluant les risques et en assurant la formation, d’amener les auteurs de tels actes à en répondre et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles que des actes d’exploitation ou d’atteintes sexuelles ont été commis de manière généralisée ou systématique par ces unités, et engage l’Union africaine à coopérer avec l’ONU dans tous les aspects de la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles;

22.   Salue et encourage vivement le déploiement, par les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, de personnel féminin en tenue à l’AMISOM, et exhorte l’AMISOM à veiller à ce que les femmes participent de manière effective à toutes ses opérations et à tenir compte systématiquement de la problématique femmes-hommes dans l’exécution de son mandat;

23.   Salue l’intention exprimée par le Secrétaire général de procéder, en étroite collaboration avec l’Union africaine, les principales parties prenantes internationales et le Gouvernement fédéral somalien, à une évaluation technique de l’AMISOM le 31 janvier 2019 au plus tard, l’objectif étant d’examiner l’avancement de la reconfiguration de l’AMISOM à l’appui du plan de transition, y compris  l’abaissement du plafond des effectifs indiqué au paragraphe 5, les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs stratégiques définis au paragraphe 7, la capacité d’exécuter les tâches prioritaires définies au paragraphe 8, la conformité de l’appui logistique du BANUS aux priorités de l’AMISOM et au plan de transition, et de formuler des recommandations sur l’amélioration de la consultation avec l’AMISOM au sujet de son dispositif d’appui et sur le  transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité somaliennes, y compris pendant la période électorale, compte tenu du niveau de capacités des forces de sécurité somaliennes;

24.   Compte envisager de procéder à une nouvelle réduction des effectifs en tenue lorsque les conditions de sécurité et les capacités et moyens somaliens le permettront, conformément au plan de transition et à l’objectif selon lequel les institutions somaliennes chargées de la sécurité devraient assumer au premier chef les responsabilités en la matière d’ici à décembre 2021, et compte tenu des résultats de l’évaluation technique mentionnée au paragraphe 23;

Appui et partenariat

25.   Prie le Secrétaire général de collaborer étroitement avec l’Union africaine pour appuyer la mise en œuvre de la présente résolution, encourage la poursuite de la collaboration étroite entre la MANUSOM, le BANUS et l’AMISOM à tous les niveaux, notamment par l’intermédiaire du Forum de coordination des hauts responsables, afin de renforcer le dispositif commun de prise de décisions au niveau des hauts responsables de la MANUSOM et de l’AMISOM, de manière à ce que les opérations soient décidées en fonction de priorités stratégiques communes, et de renforcer les efforts de coordination sur le terrain dans le cadre du mécanisme de solution globale pour la sécurité pour tirer parti des avantages relatifs de chacun et optimiser les retombées pour le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés, demande au Secrétaire général de continuer à fournir des conseils techniques et spécialisés à l’Union africaine en ce qui concerne la planification, le déploiement et la gestion stratégique de l’AMISOM, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine agissant dans le cadre du mandat qui lui a été confié, et demande de nouveau au Secrétaire général, compte tenu de la nécessité d’accroître l’efficacité de la Mission, de donner davantage de conseils techniques à l’Union africaine en recourant aux mécanismes existants de l’ONU;

26.   Souligne à quel point il importe que la coordination de toutes les opérations conjointes débute en amont et se maintienne sur la durée, et que des activités de planification inclusive de la stabilisation et autres activités de suivi soient menées dans les zones nouvellement reconquises, notamment dans les zones prioritaires indiquées dans le plan de transition, compte dûment tenu de la nécessité de protéger les civils et de réduire les risques avant, pendant et après toute opération militaire, et encourage le renforcement de la planification conjointe et des mécanismes de gestion opérationnelle afin de gérer les ressources disponibles en fonction des priorités;

27.   Souligne également à quel point il importe que les activités visant à planifier et à assurer le transfert effectif aux institutions de sécurité somaliennes des responsabilités dans le domaine de la sécurité se fassent de manière concertée entre le Gouvernement fédéral somalien, les États membres de la Fédération, l’ONU, l’Union africaine et les donateurs, et prie le Secrétaire général de rendre compte dans les rapports qu’il lui présentera sur la situation en Somalie des progrès accomplis en l’espèce;

28.   Convient avec le Secrétaire général que le contrôle et le respect du principe de responsabilité, en particulier le respect de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme dans le contexte de l’appui apporté par l’ONU au transfert des responsabilités entre l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes, seront la clef de voûte du partenariat entre l’ONU, l’Union africaine, le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération;

29.   Invite instamment l’AMISOM à mettre pleinement en œuvre la directive du commandant de la force, en particulier ses dispositions relatives à la protection des droits des enfants pendant et après les opérations, et à appliquer les instructions permanentes pour la prise en charge et la remise des enfants rescapés des groupes armés signées par le Gouvernement fédéral somalien;

30.   Se félicite de l’appui que fournit la communauté internationale pour favoriser la paix et la stabilité en Somalie, en particulier de la contribution considérable apportée par l’Union européenne à la Mission, ainsi que de l’appui fourni par d’autres partenaires bilatéraux aussi bien à l’AMISOM qu’aux institutions et forces de sécurité somaliennes, et souligne qu’il importe que de nouvelles contributions, provenant de bailleurs de fonds internationaux, nouveaux ou actuels, notamment le Fonds pour la paix (Union africaine), le secteur privé, la société civile et d’autres donateurs, viennent compléter le financement de l’AMISOM, ce qui permettrait de mieux répartir la charge financière y relative;

31.   Demande une fois encore que de nouveaux donateurs et les bailleurs de fonds actuels appuient l’AMISOM en contribuant davantage au financement de la solde des troupes, du matériel ou des activités d’assistance technique, ou en versant des contributions aux Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de la Mission et de l’Armée nationale somalienne, demande à l’Union africaine de réfléchir aux moyens à mettre en place pour assurer le financement durable de l’AMISOM, appuie l’appel que l’Union africaine a lancé pour que ses États membres soutiennent financièrement l’AMISOM, et demande instamment à l’AMISOM de se reconfigurer dans les délais et le cadre fixés par la présente résolution pour améliorer sa performance et employer efficacement les ressources limitées des donateurs en tenant compte du plafond de l’effectif autorisé du personnel en tenue;

32.   Insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte, et engage le Secrétaire général, l’Union africaine et les partenaires à poursuivre les efforts faits pour étudier sérieusement les possibilités de financement de l’AMISOM, en gardant à l’esprit l’ensemble des options dont disposent l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres partenaires et sachant que les fonds volontaires sont limités, afin d’établir des modalités de financement pérennes;

Forces de sécurité somaliennes

33.   Considère que c’est aux Somaliens et aux institutions somaliennes qu’incombe au premier chef la responsabilité d’assurer la sécurité et, à cet égard, salue l’accord politique historique sur le dispositif national de sécurité conclu le 17 avril 2017 par le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération ainsi que l’élaboration du plan de transition, se félicite qu’ils aient renouvelé leur attachement à réformer le secteur de la sécurité, et souligne qu’il faut donner effet d’urgence à ces engagements et accélérer la réforme;

34.   Réaffirme qu’il importe de mettre en place rapidement le dispositif national de sécurité, dans le cadre duquel il faut définir les attributions des institutions de sécurité somaliennes, déterminer d’un commun accord les structures de gouvernance et de contrôle et recenser les besoins en moyens, afin de permettre à l’AMISOM et aux bailleurs de fonds de mieux appréhender quelles sont les priorités en matière d’assistance à apporter au secteur de la sécurité ainsi que les domaines qui pourraient faire l’objet d’une coopération avec la communauté internationale, l’objectif étant de mettre en place des institutions et des forces de sécurité dirigées par les Somaliens, tant militaires que civiles, qui soient capables, responsables, acceptables et d’un coût abordable, et souligne qu’il importe au premier chef de faire régner la primauté du droit et d’avoir des forces de sécurité qui agissent en tout temps dans le plein respect  des obligations qui leur incombent au titre du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, en particulier pour ce qui est de protéger les civils, de faire cesser et d’empêcher l’utilisation, le recrutement et le ré-enrôlement d’enfants dans les conflits armés, et de lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits;

35.   Souligne qu’il importe que le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération accélèrent le renforcement et l’amélioration de la concertation entre les institutions de sécurité somaliennes et redoublent d’efforts pour assurer à terme le transfert des responsabilités en matière de sécurité aux services de sécurité somaliens et le retrait de l’AMISOM;

36.   Salue les efforts déployés pour procéder à l’évaluation de préparation opérationnelle de l’Armée nationale somalienne et achever l’évaluation de l’état de préparation opérationnelle des forces de sécurité somaliennes extérieures à l’Armée nationale somalienne qui font officiellement partie du dispositif national de sécurité, sous la conduite du Gouvernement fédéral somalien avec la participation active des États membres de la Fédération, et de concert avec l’AMISOM, l’ONU et d’autres partenaires internationaux, afin de déterminer le nombre et les capacités de ces forces ainsi que les endroits où elles se trouvent et de vérifier si le droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, est respecté, y compris en recourant à des mécanismes d’évaluation de l’âge et en établissant si des enfants soldats se trouvent parmi elles, s’il existe des mécanismes de responsabilisation et quel est le niveau de contrôle des antécédents et de formation appliqué, en ce qui concerne la police somalienne mais aussi d’autres capacités de sécurité somaliennes, afin de pouvoir leur transférer des tâches de sécurité bien précises, de déterminer quelles sont les capacités en vue des opérations conjointes, de recenser les besoins en matière d’infrastructures, de capacités logistiques, de matériel et de formation, et d’avoir un point de référence pour la poursuite des efforts de réforme du secteur de la sécurité et des informations utiles pour revoir le concept d’opérations de l’AMISOM;

37.   Se félicite des engagements pris par les partenaires internationaux en vue de fournir un soutien supplémentaire qui soit plus efficace, notamment grâce aux mécanismes de mise en œuvre de la solution globale pour la sécurité issus de la Conférence de Londres sur la Somalie, y compris une aide mieux coordonnée en matière de mentorat, de formation, de matériel, de renforcement des capacités et de rémunération des forces militaires et des effectifs de police, conformément au Pacte de sécurité qui a été avalisé à ladite conférence et réitéré à la Conférence sur la sécurité en Somalie en décembre 2017 et au Forum de partenariat sur la Somalie en juillet 2018, et insiste à cet égard sur l’importance que revêt le rôle de la MANUSOM s’agissant d’aider le Gouvernement fédéral somalien à coordonner l’aide internationale dans le secteur de la sécurité;

38.   Se félicite de l’appui que fournissent déjà la communauté internationale et les donateurs bilatéraux au secteur somalien de la sécurité, encourage les partenaires à accroître leur appui, y compris logistique, aux institutions nationales et à celles établies au niveau des États en faveur du développement du secteur de la sécurité, conformément au dispositif national de sécurité convenu, engage de nouveaux partenaires à se manifester pour soutenir ce développement, et réaffirme l’importance qu’il y a à resserrer la coordination entre tous les partenaires, comme il en a été convenu dans le Pacte de sécurité;

39.   Insiste sur le fait que les efforts des partenaires internationaux doivent être bien concertés et coordonnés pour aboutir à une approche globale qui permette de promouvoir durablement la sécurité en Somalie, et sur la nécessité de respecter les engagements qui ont été pris, grâce au mécanisme de mise en œuvre énoncé dans le Pacte de sécurité du 11 mai 2017;

40.   Souligne qu’il est indispensable que, dans le prolongement des opérations militaires, la Somalie s’emploie immédiatement à mettre en place des structures de gouvernance dans les zones reconquises, ou à améliorer les structures existantes, et à fournir des services de base, par l’entremise du Conseil national de sécurité et des conseils régionaux de sécurité, notamment à assurer la sécurité;

41.   Sait que la menace que constituent les Chabab et d’autres groupes d’opposition armés ne peut être anéantie par des moyens militaires uniquement et, à cet égard, encourage le Gouvernement fédéral somalien à continuer d’adopter, avec le soutien de la MANUSOM, une approche globale dans le domaine de la sécurité, comme le prévoient le Pacte de sécurité et le Nouvel Accord de partenariat pour la Somalie, et d’appliquer la stratégie et le plan d’action nationaux pour prévenir et combattre l’extrémisme violent en vue de renforcer les capacités de la Somalie dans le domaine de la prévention du terrorisme et de la lutte contre ce fléau;

42.   Se félicite que le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération soient convenus d’établir des services de police de base dans toute la Somalie, dans le cadre du nouveau modèle fédéral d’organisation de la police, demande à la MANUSOM de continuer d’aider à mettre ce modèle en œuvre, surtout au niveau des États fédérés, encourage les donateurs à soutenir les institutions compétentes au niveau national et au niveau des États fédérés dans cette entreprise, salue le renforcement des capacités de la police maritime mené par le Gouvernement fédéral somalien avec l’appui de la MANUSOM conformément à sa résolution 2246 (2015), et attend avec intérêt la réalisation de progrès dans la mise en œuvre de ce modèle;

43.   Félicite le Gouvernement fédéral somalien et les États membres de la Fédération de s’être engagés à améliorer la transparence et le respect du principe de responsabilité en matière de gestion financière du secteur de la sécurité et à s’acquitter des salaires et des dépenses d’appui, comme le prévoit le Pacte de sécurité et conformément à la Constitution nationale et aux mécanismes de partage des ressources, et compte que cet engagement sera suivi d’effet;

44.   Demande au Gouvernement fédéral somalien, aux États membres de la Fédération, à l’AMISOM et à la MANUSOM de s’employer à faire en sorte que les femmes et les filles soient protégées contre les violences sexuelles et sexistes, y compris contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, sachant que ces situations peuvent considérablement exacerber et prolonger les conflits armés et compromettre le rétablissement de la paix et de la sécurité internationales, et à garantir que les rescapées soient prises en charge et que les auteurs de ces actes aient à en répondre, engage le Gouvernement fédéral somalien, avec l’appui de l’ONU, à donner effet le plus rapidement possible au Communiqué conjoint et au Plan d’action national visant à mettre fin aux violences sexuelles commises en période de conflit, et demande aux forces de sécurité somaliennes de prendre les mesures voulues pour empêcher les actes d’exploitation et atteintes sexuelles mettant en cause des membres de leur personnel et pour enquêter sur de telles allégations;

Appui logistique

45.   Prie le Secrétaire général de continuer de fournir un dispositif d’appui logistique à la MANUSOM, à l’AMISOM et aux 70 membres de son personnel civil, conformément aux dispositions du paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015), ainsi qu’aux 10 900 éléments de l’Armée nationale somalienne qui font officiellement partie du dispositif national de sécurité, dans le cadre des opérations menées conjointement avec l’AMISOM, en application du plan de transition, conformément aux dispositions de l’alinéa f) du paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015) ayant aussi servi à appuyer l’Armée nationale somalienne, et le prie également d’accélérer les procédures nécessaires à la mise en œuvre de ladite résolution;

46.   Souligne qu’il faut un appui adapté et efficace sur le terrain et se félicite à cet égard de ce que fait le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie, en collaboration avec l’AMISOM, pour mettre en œuvre des mesures qui visent à renforcer le principe de responsabilité et l’efficacité dans la gestion des ressources et des finances afin que l’appui logistique fourni corresponde mieux aux priorités et activités de l’AMISOM, et prie le Secrétaire général de lui rendre compte des progrès accomplis dans les rapports périodiques qu’il lui présentera;

47.   Se félicite de la conclusion d’un mémorandum d’accord tripartite entre les Gouvernements burundais, éthiopien, kényan, nigérian et ougandais, l’ONU et l’Union africaine, et prie instamment les autres pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police de conclure les négociations dans les meilleurs délais en vue de la signature d’un mémorandum d’accord trilatéral;

Somalie

48.   Se félicite que le Gouvernement fédéral somalien participe activement au processus d’examen périodique universel, et préconise l’application de toutes les recommandations ayant été acceptées;

49.   Se déclare préoccupé par les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits ainsi que par les violations du droit international humanitaire qui se poursuivent en Somalie, insiste sur la nécessité de mettre fin à l’impunité, de faire respecter les droits de l’homme et de traduire en justice les auteurs de ces violations et atteintes, accueille avec satisfaction la création de la Commission nationale des droits de l’homme et engage le Gouvernement fédéral somalien à approuver la nomination des membres de celle-ci et à appliquer pleinement le plan d’action en matière de droits de l’homme, notamment en faisant respecter les lois visant à protéger les droits de l’homme et en poursuivant les responsables de violations des droits de l’homme, d’atteintes à ces droits, de violations du droit international humanitaire et de violences sexuelles et sexistes liées aux conflits;

50.   Exprime à nouveau sa vive inquiétude devant le nombre élevé de réfugiés et de déplacés, y compris les personnes qui ont été nouvellement déplacées par les inondations et la sécheresse, se dit gravement préoccupé par l’expulsion forcée de déplacés en Somalie, souligne que toute expulsion doit être conforme aux cadres nationaux et internationaux pertinents, engage le Gouvernement fédéral somalien à conclure la ratification de la Convention de Kampala et à mettre pleinement en œuvre ses dispositions, y compris en adoptant une législation visant à garantir le respect des droits des personnes déplacées durant toutes les phases du déplacement, exhorte le Gouvernement fédéral somalien et tous les acteurs concernés à s’efforcer de trouver des solutions concrètes durables au problème des personnes déplacées, et demande au Gouvernement fédéral somalien de créer, avec les acteurs concernés, des conditions propices au retour librement consenti et durable, en toute sécurité et en toute dignité, des réfugiés et des déplacés, notamment en offrant aux déplacés accès aux services, sécurité et protection en collaboration avec les populations touchées et les acteurs humanitaires, et avec l’appui de la communauté internationale;

51.   Rappelle sa résolution 2417 (2018) et exprime sa vive préoccupation devant la persistance de la crise humanitaire en Somalie et ses conséquences pour le peuple somalien, salue l’action menée par les organismes d’aide humanitaire des Nations Unies et les autres agents humanitaires pour apporter une assistance vitale aux populations vulnérables, condamne les attaques toujours plus fréquentes lancées contre le personnel humanitaire et demande à toutes les parties de respecter et protéger le personnel, les installations et les biens humanitaires, condamne également tout détournement de l’aide humanitaire et toutes actions faisant obstacle à cette aide, exige de nouveau que toutes les parties permettent et facilitent le libre passage, en toute sécurité et sans restrictions, de l’aide humanitaire afin qu’elle puisse être distribuée rapidement à tous ceux qui en ont besoin sur tout le territoire somalien, y compris en démantelant les postes de contrôle illégaux et en levant les barrières administratives, conformément aux principes humanitaires, souligne qu’il importe de tenir une comptabilité exacte de l’aide humanitaire fournie par la communauté internationale, et encourage les organismes nationaux de gestion des catastrophes en Somalie à renforcer leurs capacités, avec le concours de l’ONU, afin de jouer un plus grand rôle dans la coordination de l’action humanitaire;

52.   Souligne qu’il importe que tous les acteurs en Somalie respectent le droit international humanitaire et le principe de protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité;

53.   Réaffirme le rôle important des femmes et des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix, souligne qu’il importe d’obtenir leur participation pleine et effective, sur un pied d’égalité, à tous les efforts déployés en vue du maintien et de la promotion de la paix et de la sécurité, et reconnaît combien est utile la contribution que la société civile peut apporter à cet égard;

54.   Condamne énergiquement toutes les violences ou exactions commises sur la personne d’enfants en période de conflit armé en Somalie, notamment l’augmentation du nombre de cas de recrutement d’enfants, d’attaques commises contre des établissements scolaires et de violences sexuelles dont des enfants sont victimes, exige que les parties au conflit mettent fin à toutes violences ou exactions commises sur la personne d’enfants, et demande au Gouvernement fédéral somalien d’amener les auteurs de tels actes à en répondre et d’appliquer intégralement la Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 – y compris par l’accession aux protocoles facultatifs de la Convention ou leur ratification – et les plans d’action signés en 2012, l’ordonnance, récemment adoptée, du commandement de l’Armée nationale somalienne sur la protection des droits de l’enfant avant, pendant et après les opérations et les instructions permanentes sur la remise d’enfants, et souligne la nécessité de renforcer le cadre juridique et opérationnel relatif à la protection de l’enfance ainsi que les mécanismes de vérification existants;

Rapports

55.   Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé, dans les rapports que celui-ci établira périodiquement en application du paragraphe 28 de la résolution 2408 (2018), de l’application de la présente résolution;

56.   Prie le Secrétaire général de l’informer de l’état de préparation des forces de sécurité somaliennes, la question étant de savoir si elles sont véritablement en mesure de s’acquitter des tâches à effectuer dans le domaine de la sécurité, compte tenu des résultats de l’évaluation de l’état de préparation opérationnelle, et sur l’incidence des opérations sur le niveau de la menace que constituent les Chabab, et demande à l’Union africaine de rendre compte, par l’intermédiaire du Secrétaire général, dans les rapports que celui-ci présentera périodiquement au Conseil, des progrès réalisés concernant la reconfiguration de l’AMISOM à l’appui du plan de transition, notamment les avancées enregistrées pour ce qui est de donner suite à la réduction du plafond de l’effectif du personnel en tenue indiquée au paragraphe 5 et de ceux accomplis par rapport aux objectifs fixés pour l’AMISOM en vue de maintenir la dynamique engagée en matière de transfert de responsabilités aux forces de sécurité somaliennes;

57.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: malgré un vent favorable sur la Corne de l’Afrique, la levée des sanctions en Somalie jugée prématurée

8322e séance – matin
CS/13440

Conseil de sécurité: malgré un vent favorable sur la Corne de l’Afrique, la levée des sanctions en Somalie jugée prématurée

Le Président du Comité créé en vertu des résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) concernant la Somalie et l’Érythrée a fait le point aujourd’hui au Conseil de sécurité sur les travaux de ces quatre derniers mois et, notamment, sur la visite qu’il a effectuée en mai dernier, dans la Corne de l’Afrique où souffle un vent favorable depuis le rapprochement entre l’Érythrée et l’Éthiopie.  M. Kairat Umarov, qui n’a pu rencontrer les autorités érythréennes, a par ailleurs appuyé le maintien des sanctions en Somalie.

Le Président du Comité s’est d’emblée félicité de la Déclaration conjointe de paix et d’amitié, du 9 juillet dernier, signée par les Présidents de l’Érythrée et de l’Éthiopie, ainsi que de la visite, le 28 juillet, du Président somalien dans la capitale érythréenne.  Il a salué l’engagement de toutes les parties à « ouvrir un nouveau chapitre de la coopération et du partenariat ».

M. Umarov, qui est revenu sur les visites qu’il a effectuées au mois de mai à Djibouti, en Éthiopie et en Somalie, soit la première de ce type depuis 2010, a regretté que l’Érythrée n’ait pas invité sa délégation, ratant ainsi l’occasion de défendre son point de vue, y compris sur l’application des sanctions.  Le représentant érythréen a été clair aujourd’hui au Conseil de sécurité.  Après avoir décrit une situation de « proportion historique » avec la mesure « audacieuse » que son pays a prise avec l’Éthiopie et attiré l’attention sur la Déclaration conjointe signée avec la Somalie, le représentant a dit: « tout le monde sait que le souci de la paix et de la sécurité internationales ne peut justifier les sanctions », à savoir l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs.  

La mesure la plus appropriée serait de les lever et, ce faisant, d’exprimer sans équivoque l’appui à l’évolution positive de la situation, a insisté le représentant qui a jugé tout à fait « inacceptable » que quelques membres du Conseil continuent de poser des conditions préalables et de changer les critères pour des raisons « étrangères » à la paix internationale.  Le rapprochement « historique » entre Addis-Abeba et Asmara ne peut qu’avoir un impact sur le régime de sanctions, a aussi estimé le représentant de l’Éthiopie.

Mais, a contré celui de Djibouti, l’Érythrée occupe toujours le territoire djiboutien, les prisonniers de guerre sont toujours portés disparus, la menace de recourir à la force, toujours proférée et les risques de confrontation violente, toujours élevés.  L’Érythrée, a-t-il affirmé, continue de recruter, de former et d’équiper les rebelles djiboutiens dans le camp d’entrainement d’Anda’ali à partir duquel des raids violents ont été menés contre les villages et les forces de sécurité djiboutiens.  Le Conseil de sécurité doit maintenir ses sanctions contre l’Érythrée, a martelé le représentant qui a dessiné la voie à suivre et fixé un calendrier « raisonnable », maintenant que le Secrétaire général de l’ONU est en train de lancer des consultations.  

Il a d’ailleurs appelé ce dernier à convoquer une réunion d’urgence des principales parties afin de faciliter un accord sur des moyens « mutuellement acceptables » de résoudre le différend.  Le Secrétaire général pourrait ainsi faire des recommandations dans les 120 jours et demander l’accord de l’Érythrée et de Djibouti et, au cas où l’un des deux refuserait, renvoyer le différend à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour « un jugement final et contraignant ».

Tout est désormais mis en œuvre pour faciliter le règlement du différend entre l’Érythrée et Djibouti, a assuré le représentant de l’Éthiopie, qui a ajouté que son gouvernement est prêt à apporter son concours à la normalisation des relations entre ces deux pays. 

Le Président du Comité des sanctions s’est aussi attardé sur la Somalie.  M. Umarov a dit avoir bien compris que le Gouvernement somalien s’efforce de peindre la nouvelle administration sous la lumière des réformes et de la volonté d’assumer la responsabilité de sa propre sécurité et de son avenir.  Mais il a jugé qu’il serait prématuré de lever l’embargo sur les armes tant que le pays n’aura pas entrepris les réformes politiques et de la sécurité et créé des institutions fortes capables de sécuriser la gestion des armes et des munitions.  La Somalie d’aujourd’hui n’est pas la Somalie de l’époque où les sanctions ont été imposées, a argué le représentant somalien. 

Les Chabab sont toujours une menace mais la Somalie a fait des progrès énormes et ces progrès doivent se refléter dans le mandat du Groupe de contrôle.  Le Gouvernement travaille d’ailleurs à des procédures pour parvenir à un système global de gestion des armes et des munitions et à une commission qui serait chargée de lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et de sécuriser les stocks avec un personnel bien formé.  Pour bloquer l’accès des Chabab aux ressources naturelles, le Conseil de sécurité national a, le 5 juin dernier, conclu un accord sur la propriété, la gestion et le partage de ces ressources, a encore indiqué le représentant qui a demandé l’amendement des dispositions de la résolution pertinente du Conseil de sécurité qui autorise les flux d’armes vers les forces de sécurité somaliennes et à des partenaires stratégiques de l’AMISOM « non définis », sans en notifier son gouvernement.  

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2018/674)

Déclarations

Le Président du Comité créé en vertu des résolutions 751 (1992) et 1907 (2009) concernant la Somalie et l’Érythrée, M. KAIRAT UMAROV, a fait le point des travaux pour la période allant du 14 mars à fin juillet 2018.  Le Président s’est d’emblée félicité de la signature de la Déclaration conjointe de paix et d’amitié, le 9 juillet dernier, par le Président de l’Érythrée, M. Isaias Afwerki, et le Premier Ministre de l’Éthiopie, M. Abiy Ahmed, ainsi que de la visite du 28 juillet, du Président somalien, M. Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo, à Asmara.  Il a salué l’engagement de toutes les parties à « ouvrir un nouveau chapitre de la coopération et du partenariat ».

M. Umarov est ensuite revenu sur les visites qu’il a effectuées au mois de mai à Djibouti, en Éthiopie et en Somalie, soit la première fois depuis 2010 que le Président du Comité se rend dans la Corne de l’Afrique.  M. Umarov a regretté que l’Érythrée n’ait pas invité sa délégation, ratant ainsi l’occasion de défendre son point de vue, y compris sur l’application des sanctions.  M. Umarov a indiqué qu’il a envoyé une lettre au Chargé d’affaires de la Mission de l’Érythrée auprès des Nations Unies dans laquelle il regrette que sa proposition de se rendre à Asmara n’ait pas reçu de réponse et appelle l’Érythrée à coopérer avec son Comité et le Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée (SEMG).

Ce déplacement dans la région, a souligné le Président, était une visite diplomatique et un exercice d’établissement de la confiance.  L’objectif était de dialoguer directement avec les autorités, d’obtenir des informations de première main sur la situation dans la région, y compris sur l’application des sanctions concernant la Somalie et l’Érythrée, et d’évaluer l’efficacité des mesures et de leur application, s’agissant de la paix et de la sécurité dans la Corne de l’Afrique.

Le Président a dit avoir rappelé aux autorités somaliennes leurs obligations en vertu de la levée partielle de l’embargo sur les armes.  Les autorités somaliennes se sont dites gravement préoccupées par le fait que le commerce du charbon continue de financer les activités terroristes des Chabab.  Le Premier Ministre somalien a demandé au Comité d’imposer des sanctions aux individus et entités qui reçoivent illégalement du charbon somalien.  Le Comité entend examiner cette question très sérieusement, a affirmé le Président.

Tous les interlocuteurs, a-t-il poursuivi, ont parlé des effets déstabilisateurs du conflit au Yémen sur la stabilité de la région, s’agissant non seulement du flux d’armes mais aussi des relations commerciales, des investissements, du commerce et du tourisme.

M. Umarov a bien compris que le Gouvernement somalien s’efforce de peindre la nouvelle administration sous la lumière des réformes et de la volonté d’assumer la responsabilité de sa propre sécurité et de son avenir.  Mais il a jugé qu’il serait prématuré de lever l’embargo sur les armes en Somalie tant que le pays n’aura pas entrepris les réformes politiques et de la sécurité et créé des institutions fortes capables de sécuriser la gestion des armes et des munitions.  Tous les interlocuteurs, a-t-il affirmé, ont mis en garde contre un retrait prématuré de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), parce qu’ils estiment que les forces somaliennes ne sont pas encore prêtes à assumer pleinement la responsabilité de la sécurité.

Comme la délégation n’a pas pu rencontrer le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Michael Keating, pendant sa visite à Mogadiscio, des consultations officieuses ont été organisées le 20 juillet.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que les derniers développements dans la Corne de l’Afrique, à savoir le rapprochement « historique » entre Addis-Abeba et Asmara, ne peut qu’avoir un impact sur le régime des sanctions.  Ce qui était, il y a peu, considéré comme « impossible » est devenu possible, grâce au « courage » et à la volonté politique des dirigeants éthiopien et érythréen, s’est-il félicité.  Il ne fait aucun doute qu’après ces évènements, la région se trouvera en bien meilleure position pour œuvrer à sa propre pacification, notamment au travers de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Ce « vent de changement » a été favorablement accueilli par les pays voisins, a-t-il assuré, et la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, a aujourd’hui la responsabilité d’appuyer ce nouvel élan.  Ses membres devraient se féliciter de l’importance de cette réconciliation et de ses répercussions positives pour l’ensemble de la région, à un moment où le règlement et la prévention des conflits deviennent des questions de plus en plus complexes.  Le représentant a tenu à assurer le Conseil que l’esprit qui prévaut dans la Corne de l’Afrique est « positif », et que tout est maintenant mis en œuvre pour faciliter le règlement du différend entre l’Érythrée et Djibouti.  Il a ajouté que son gouvernement est prêt à apporter son concours à la normalisation des relations entre ces deux pays.

Il ne fait aucun doute que les défis de la paix et de la sécurité auxquels fait face mon pays sont considérables, a avoué M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) qui a assuré que son gouvernement fait tout pour les relever conformément à de nombreuses recommandations du Groupe de contrôle.  Les sanctions sont un outil pour relever les défis sécuritaires et les objectifs du Gouvernement fédéral et du Comité des sanctions sont les mêmes s’agissant de bloquer l’accès des terroristes aux armes, de couper le financement des Chabab, de veiller à ce que les stocks de poissons et le charbon ne soient pas exploiter pour déstabiliser le pays et d’œuvrer à la bonne gouvernance, l’ouverture politique, la réconciliation et la lutte contre la corruption pour venir à bout du terrorisme.  Mais, a prévenu le représentant, la Somalie d’aujourd’hui n’est pas la Somalie de l’époque où les sanctions ont été imposées.  Les Chabab sont toujours une menace mais la Somalie a fait des progrès énormes, s’agissant de la gestion du trésor public, de la réforme du secteur de la sécurité, de la gestion des armes et de l’obligation de rendre des comptes. 

Le Comité et son Groupe de contrôle, a estimé le représentant, devraient donc se concentrer sur les domaines où les risques d’instabilité sont les plus graves.  Les progrès de la Somalie devraient se refléter dans le mandat du Groupe de contrôle qui a la portée la plus vaste de tous les régimes de sanctions.  Le Conseil de sécurité, a insisté le représentant, doit tenir compte des progrès et de l’engagement du Gouvernement de continuer à en faire.  Nous vous exhortons, a-t-il plaidé, à nous aider à combattre les ennemis du progrès, en vous abstenant de freiner ceux qui se sont engagés dans la tâche difficile d’édifier un État. 

Le fait que les armes arrivent à des forces de sécurité somaliennes et à des partenaires stratégiques de l’AMISOM « non définis » sans en notifier le Gouvernement, est « problématique » a prévenu le représentant, sans compter qu’une telle situation exacerbe la « fragmentation des armes » dans le pays.  Le Gouvernement voudrait que les paragraphes pertinents du régime des sanctions soient soigneusement réexaminés et amendés car il travaille à des procédures pour parvenir à un système global des armes et des munitions et à une commission qui serait chargée de lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et de sécuriser les stocks avec un personnel bien formé.  Conscient que les ressources naturelles ne sauraient servir à financer les opérations des Chabab, le Conseil de sécurité national a, le 5 juin dernier, conclu un accord sur la propriété, la gestion et le partage de ces ressources.  La Somalie a conclu le représentant, est un pays qui émerge d’un conflit de plusieurs décennies et qui combat une insurrection « brutale ».  Ses efforts commencent doucement à porter des fruits.  Or, a regretté le représentant, mon pays très souvent critiqué pour ce qu’il n’a pas encore réalisé mais jamais félicité pour ce qu’il a accompli.  Nous en sommes toujours au premier stade de nos capacités mais pour les renforcer nous avons besoin de l’appui et du partenariat de ce Conseil et ses organes subsidiaires, a insisté le représentant.

M. NEBIL SAID IDRIS (Érythrée) a souligné que ces dernières semaines, la Corne de l’Afrique a vécu une situation de « proportion historique »: l’Érythrée et l’Éthiopie ont pris la mesure « audacieuse » de mettre fin à l’état de guerre et d’ouvrir un nouveau chapitre de la paix et de l’amitié.  L’état de guerre, qui a prévalu pendant les deux dernières décennies, a eu des conséquences dévastatrices au-delà des deux pays.  Il a obstrué une coopération significative et compromis le mécanisme régional de prévention et de règlement des conflits.  L’accord entre les deux pays, s’est réjoui le représentant, met fin à cet ordre régional déformé d’inimitié et de concurrence et ouvre un nouvel horizon de paix durable et d’intégration économique.  L’accord renforcera le mécanisme sous-régional de prévention et de règlement des conflits.  Aujourd’hui, a indiqué le représentant, l’Érythrée et la Somalie ont en outre signé une déclaration conjointe et se sont mises d’accord pour échanger des ambassadeurs, forger une coopération dans les domaines de la politique, de l’économie, du socioculturel, de la défense et de la sécurité, et unir leurs forces contre les obstacles à la paix et à la sécurité régionales. 

Tout le monde sait, a estimé le représentant, que le souci de la paix et de la sécurité internationales ne peut justifier les sanctions imposées à l’Érythrée.  Ces sanctions ont été maintenues alors que leur motif s’est depuis longtemps avéré faux.  Le Conseil n’a contribué ni à la paix ni à l’amitié et au contraire, a compromis et fait dérailler la coopération régionale.  Dans le contexte actuel, il est tout simplement « inexplicable » de continuer de parler de sanctions.  La mesure la plus appropriée serait de les lever et ce faisant, d’exprimer sans équivoque l’appui à l’évolution positive de la situation, a insisté le représentant qui a salué l’appel à la levée des sanctions lancées par plusieurs pays dont l’Éthiopie et la Somalie. 

Il a donc jugé tout à fait inacceptable que quelques membres du Conseil continuent de poser des conditions préalables et de changer les critères pour des raisons « étrangères » à la paix internationale.  Il est clair que ces États membres ne veulent tout simplement pas lever « ces mesures injustifiées ».  Le Conseil de sécurité devrait éviter de rater une autre occasion de contribuer positivement à la paix et à la sécurité régionales.  Il y va de sa crédibilité dans la région, a prévenu le représentant.  En levant les sanctions immédiatement et sans condition, le Conseil enverrait un message « positif » sur son appui au désir de la région de vivre dans la paix et de s’épanouir économiquement ensemble.  Sinon, il prouverait qu’il refuse d’accompagner l’évolution positive de la région et préfère encourager les ennemis de la paix et de l’intégration. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a salué la visite du Président du Comité des sanctions « dans la région et à Djibouti » et a regretté que l’Érythrée n’ait pas saisi cette occasion pour faire le point.  Comme en témoigne son refus d’inviter le Président et de coopérer avec le Groupe de contrôle, l’Érythrée se fige dans un comportement « intolérable », caractérisé par des manœuvres d’obstruction, a-t-il dénoncé.  En revanche, le représentant s’est félicité de l’empressement du Conseil de sécurité à appuyer l’Érythrée et l’Éthiopie dans la mise en œuvre de la Déclaration conjointe.  

Revenant à son pays, il a estimé qu’alors que le Secrétaire général est en train de lancer des consultations, il faut appréhender le règlement du conflit avec l’Érythrée en toute bonne foi et avec l’esprit ouvert.  Le Conseil, a-t-il voulu, doit exhorter l’Érythrée à participer véritablement aux efforts de médiation du Secrétaire général.  On ne peut pas, a-t-il insisté, gaspiller l’occasion de bâtir un avenir de paix et de développement pour la région.  Le représentant a rappelé que les efforts de médiation du Qatar avaient échoué « dès leur lancement » parce que l’Érythrée refusait de nommer son représentant à l’organe chargé de la médiation, montrant par là son peu d’intérêt pour la paix.

Malgré les perspectives de paix dans la région, a poursuivi M. Douleh, l’Érythrée occupe toujours le territoire djiboutien, les prisonniers de guerre sont toujours portés disparus, la menace de recourir à la force vaut toujours et les risques de confrontation violente sont toujours élevés.  Selon les rapports du Groupe de contrôle, a ajouté le représentant, l’Érythrée continue de recruter, de former et d’équiper les rebelles djiboutiens dans le camp d’entraînement d’Anda’ali à partir duquel des raids violents ont été menés contre les villages et forces de sécurité djiboutiens.

Si le Conseil de sécurité ne veut pas que ses résolutions soient considérées comme des gestes vides et dénués de sens, il doit, a conseillé le représentant, maintenir les sanctions tant que l’Érythrée refusera de les mettre en œuvre.  Djibouti est d’ailleurs prêt à tracer la voie et à fixer un calendrier raisonnable.  Le Conseil de sécurité, a donc estimé le représentant, doit dépêcher une mission de contrôle en Érythrée d’ici à un mois et avec laquelle, a-t-il souligné, l’Érythrée devra pleinement coopérer, notamment, en lui accordant le plein accès à l’information et aux archives ainsi qu’aux personnes qu’elle souhaiterait interviewer.

Le Conseil devrait aussi exiger que l’Érythrée dise ce qu’il est advenu des prisonniers de guerre et ouvre l’accès à la mission de contrôle mais aussi au Comité international de la Croix-Rouge.  Le Secrétaire général devrait aussi convoquer une réunion d’urgence des principales parties afin de faciliter un accord sur des moyens « mutuellement acceptables » de résoudre le conflit.  Le Secrétaire général pourrait ainsi faire des recommandations dans les 120 jours et demander l’accord de l’Érythrée et de Djibouti et au cas où l’un des deux refuse, renvoyer le différend à la Cour internationale de Justice pour un jugement final et contraignant.  Cette voie et ce calendrier offrent à l’Érythrée des moyens « justes, raisonnables et rapides » de résoudre les questions en suspens.  Après avoir parlé des progrès en Somalie, le représentant a conclu: « le surgissement d’une corne nouvelle est désormais possible ».  Djibouti est prêt à apporter sa contribution à une paix totale, définitive et durable dans la région.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale définit certaines modalités d’organisation de l’examen de haut niveau des « Orientations de Samoa » en 2019

Soixante-douzième session,
109e séance plénière – matin
AG/12043

L’Assemblée générale définit certaines modalités d’organisation de l’examen de haut niveau des « Orientations de Samoa » en 2019

L’Assemblée générale a adopté par consensus, ce matin, une résolution* qui précise certaines modalités relatives à l’« Organisation de l’examen de haut niveau des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) », un évènement prévu en 2019, mais dont les dates et le lieu restent encore à déterminer.

Par ce texte, l’Assemblée générale prie en outre le Secrétaire général de présenter un rapport sur le suivi et l’application des Orientations de Samoa, « en le publiant, à titre exceptionnel, début 2019 », de sorte qu’il puisse être utile aux consultations intergouvernementales et qu’elle puisse l’examiner à sa soixante-quatorzième session. 

Ledit rapport doit notamment faire le point sur les progrès accomplis et les problèmes persistants rencontrés.  Il contiendra aussi un récapitulatif des mesures qui ont été prises ou qu’il est prévu de prendre pour renforcer la coordination et la complémentarité des activités que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) et le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement mènent à l’appui du développement durable des petits États insulaires en développement (PEID).

En présentant le texte, qui a été également parrainé** par les délégations des Palaos et de Moldova, la représentante de l’Égypte, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a plaidé pour que la reconnaissance des besoins spécifiques des PEID s’accompagne de ressources appropriées pour réaliser les objectifs des Orientations de Samoa, lesquelles sont essentielles pour le succès de la mise en œuvre, par ces derniers, du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

Adoptés lors de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, qui s’est déroulée à Apia, en 2014, « les Orientations de Samoa » soulignent que les petits États insulaires en développement demeurent un cas particulier en matière de développement durable compte tenu de leurs vulnérabilités uniques et particulières.  Ces États continuent à faire face à des contraintes pour assurer leur développement durable dans ses trois dimensions et en l’absence de coopération internationale leurs chances de succès resteront limitées.

Par la résolution de ce matin, l’Assemblée générale prie son Président de désigner deux coprésidents, l’un issu d’un petit État insulaire en développement et l’autre d’un pays développé, qui faciliteront les consultations intergouvernementales.  À l’issue de ces dernières, sera établie une déclaration politique qui sera adoptée comme document final de l’examen de haut niveau.

L’examen de haut niveau doit s’articuler autour d’une séance plénière d’ouverture suivie de deux tables rondes multipartites et l’Assemblée générale demande aux États participants de se faire représenter au plus haut niveau possible à l’examen de haut niveau.  La communauté internationale se voit également prier de faciliter la participation des PEID aux activités d’examen.

À noter par ailleurs que le Secrétariat a expliqué qu’en l’absence de décision définitive sur les dates, le lieu et les modalités pratiques de la tenue de l’examen de haut niveau, il est impossible d’en établir les implications financières pour le moment.

Le représentant des États-Unis est également intervenu pour préciser que son pays agréait au consensus, mais tout en précisant que certains libellés liés au commerce sont désuets et, de ce fait, ne peuvent être mis en œuvre.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/72/L.60/Rev.1

**A/72/L.60/Rev.1/Corr.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: en Syrie, de nouveaux déplacements de population aggravent une crise humanitaire lourde de conséquences pour les enfants

8320e séance – matin
CS/13437

Conseil de sécurité: en Syrie, de nouveaux déplacements de population aggravent une crise humanitaire lourde de conséquences pour les enfants

En Syrie, où plus de 13 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, dont au moins 6 millions d’enfants, les efforts de l’ONU et de ses partenaires sont tributaires du soutien de nombreux États Membres, a plaidé, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, au Conseil de sécurité.

« Malheureusement, l’Appel de Fonds des Nations Unies en faveur de la Syrie demeure largement sous-financé.  Soutenir et renforcer la confiance des bailleurs de fonds dépend de notre capacité à évaluer les besoins, hiérarchiser les réponses et convaincre que l’aide fournie parvient bien aux populations en détresse », a reconnu M. Lowcock, qui est aussi le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.  Cela suppose, a-t-il rappelé, un accès « sûr, sans entrave et durable ».

Or, la France a dénoncé les obstacles « inacceptables » que le régime syrien continuerait d’imposer à la délivrance de l’aide humanitaire, qui n’est distribuée que dans les zones contrôlées par le régime, contrairement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et au droit international humanitaire, qui stipulent qu’elle doit parvenir à tous ceux qui ont en besoin.

Au cours du mois écoulé, l’ONU et ses partenaires sont néanmoins parvenus à fournir une aide à des dizaines de milliers de Syriens dans le sud-ouest du pays, notamment grâce à des stocks stationnés à l’intérieur de la Syrie, dans le cadre de l’accord conclu entre le Croissant-Rouge arabe syrien et le Gouvernement syrien.  « Toutefois, près de 110 000 personnes nouvellement déplacées se trouvent toujours dans la province de Qouneïtra, dans des zones largement privées d’assistance humanitaire », a déploré M. Lowcock.

Depuis novembre 2017, a-t-il poursuivi, le nombre total de personnes ayant besoin d’assistance dans les provinces d’Alep et d’Edleb a atteint 4,2 millions, soit 600 000 personnes de plus, principalement en raison de l’arrivée récente de milliers d’évacués en provenance du sud-ouest.

« Oui, le nombre de zones assiégées a été réduit à zéro, mais pas parce que le régime a levé les sièges.  C’est surtout parce qu’il a impitoyablement poursuivi sa campagne « reddition ou famine », a tonné le représentant des États-Unis.  « De même, le nombre de Syriens vivant dans des zones difficiles d’accès est passé d’un peu plus de 2 millions le mois dernier à 1,5 million en juillet, non pas parce que le régime aurait élargi l’accès, mais parce qu’il a saisi davantage de territoires par la force. »

Le représentant de la République arabe syrienne s’est dit surpris de ces accusations, qui imputerait à son gouvernement d’avoir libéré des territoires pour mieux les confisquer.  Damas mène des opérations militaires pour libérer les civils des groupes terroristes qui s’en servaient comme boucliers humains, enrôlant leurs enfants de force, a justifié le représentant syrien.

Des enfants syriens, il a beaucoup été question aujourd’hui, leur sort ayant été longuement évoqué par la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba, qui s’est appuyée pour ce faire sur le Mécanisme de surveillance et de communication de l’information.  Chaque année depuis la mise en place du Mécanisme en 2013, le nombres de violations graves vérifiées n’a cessé de croître, a-t-elle précisé.

« Depuis le début de l’année 2018, le Mécanisme a vérifié plus de 1 200 violations commises contre des enfants, dont plus de 60 ont été tués ou mutilés.  Plus de 180 ont été recrutés et utilisés, plus de 60 écoles attaquées et plus de 100 attaques menées contre des hôpitaux et des centres médicaux », a-t-elle précisé.  Depuis qu’il a éclaté en mars 2011, le conflit syrien a causé la mort d’au moins 7 000 enfants, peut-être en réalité 20 000 selon des informations non vérifiées.

Tandis que le représentant du Koweït a dit craindre la menace « d’une génération perdue », la Représentante spéciale s’est déclarée « profondément troublée par les histoires des enfants nés et élevés pendant le conflit, des enfants qui n’ont jamais vu la paix en Syrie ».  Des enfants qui ont souffert perpétuellement de tous types de violations et se trouvent dans une situation de grave détresse psychosociale. 

Si les recrutements et l’utilisation d’enfants sont le fait d’acteurs non étatiques, la plupart des meurtres et des mutilations seraient attribuables aux forces gouvernementales syriennes.  Le représentant syrien a catégoriquement balayé ces allégations « infondées », qui se baseraient sur des sources « douteuses », selon lui.  Il a demandé à la Représentante spéciale de diligenter une enquête sur place, notamment dans la zone d’Al Rashidin, regrettant que les informations que son pays a fournies dans une lettre « officielle » aient été tout simplement « ignorées ».

Alors que le Royaume-Uni et la France réclamaient l’utilisation des points de passage par la frontière avec la Jordanie, leur collègue russe a jugé injustifié le maintien du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide, le qualifiant de « discriminatoire » car, a-t-il affirmé, il ne desservirait que les zones « temporairement » sous le contraire des groupes armés.  Le représentant a salué en revanche l’initiative récente conclue avec la France pour fournir une aide dans la Ghouta orientale, aux abords de Damas, une initiative qui a été saluée par plusieurs autres membres du Conseil.

Le délégué syrien a profité du débat pour rejeter les critiques contre la loi numéro 10, qui constituerait, selon la France, un pan de la stratégie « d’ingénierie démographique » du régime, et, à ce titre, une entrave majeure au retour des réfugiés et des déplacés dans les logements qu’ils occupaient avant de fuir.  Nous avons, a-t-il révélé, adressé une réponse au Secrétaire général et au Conseil de sécurité après les « allégations mensongères » sur la nature de la loi et ses objectifs.  Son homologue de la Fédération de Russie a dénoncé une « campagne de désinformation » sur une loi qui ne vise qu’à assainir le secteur de l’immobilier. La Syrie n’est même pas pressée de la mettre en œuvre et est prête à en discuter avec l’ONU, a-t-il fait savoir.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2018/724)

Déclarations

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a annoncé que les Nations Unies et leurs partenaires ont, au cours du mois écoulé, apporté de l’aide à des dizaines de milliers de personnes dans le sud-ouest de la Syrie.  Ceci est le résultat des efforts soutenus de la communauté humanitaire pour prépositionner des produits de première nécessité près de la frontière, mais aussi des stocks à l’intérieur de la Syrie, dans le cadre de l’accord conclu entre le Croissant-Rouge arabe syrien et le Gouvernement. 

Ainsi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a livré des vivres à 200 000 personnes dans la province de Dar’a.  Le personnel de l’ONU s’est en outre rendu à Sahwa et Kahil pour évaluer les besoins et distribuer de la nourriture le 12 juillet.  Le 15 juillet, le personnel de l’ONU a participé à une mission de haut-niveau à Nassib, à Um Al Mahata et Dar’a.  Toutefois, près de 110 000 personnes nouvellement déplacées sont toujours dans la province de Qouneitra, dans des zones largement privées d’assistance humanitaire.  Les stocks disponibles sur place pour construire des abris et les kits ménagers sont désormais épuisés dans ces secteurs, livrant les déplacés à la canicule et au vent, a prévenu le haut fonctionnaire.  L’accès à l’eau et à l’assainissement est aussi une source de préoccupation croissante, des personnes ayant succombé à la déshydratation et à la consommation d’eau non potable.  La réponse humanitaire doit maintenant être renforcée à travers tout le sud-ouest, et à Qouneitra en particulier, a estimé M. Lowcock.

Depuis novembre 2017, le nombre total de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire dans les provinces d’Alep et d’Edleb a atteint 4,2 millions, soit 600 000 personnes de plus.  L’arrivée récente de milliers d’évacués en provenance du sud-ouest reproduit la situation observée plus tôt cette année dans le nord-ouest du pays entre mars et mai, a relevé le Secrétaire général adjoint.  À Fouaa et Kefraya, assiégées depuis des années par des groupes armés, un accord, auquel l’ONU n’est pas partie, aurait été conclu le 16 juillet pour évacuer ces deux localités avec 120 bus jusqu’au campement de Mahalej, à Alep.  Par ailleurs, l’ONU et ses partenaires continuent de répondre aux besoins des déplacés en provenance du district d’Afrin, où la protection continue d’être une préoccupation majeure.  Le mois dernier, a précisé le haut fonctionnaire, des engins explosifs improvisés ont causé la mort de 15 civils et blessés 23 autres. 

Les besoins humanitaires dans la Goutha orientale demeurent élevés, a-t-il poursuivi, même si des informations font état de la réouverture de marchés et d’une normalisation des activités.  Près de 10 000 personnes en provenance de la Ghouta, principalement des hommes âgés de 15 à 65 ans, seraient toujours des déplacés, dans des sites du Rif-Damas.  Dans le nord-est, les retours à Raqqa se sont poursuivis, en dépit des risques élevés posés par des mines non explosées, a précisé M. Lowcock, tandis que dans la province de Deïr-el-Zor, des civils restent piégés dans des zones contrôlées par Daech.  Le déminage de Raqqa et Deïr-el-Zor est une priorité, de même que les efforts en cours pour renforcer l’assistance humanitaire, a-t-il souligné.  La situation humanitaire à Rukba, près de la frontière syro-jordanienne, demeure également fragile, avec des cas de diarrhée et de déshydratation observés dans le camp. 

« Nos efforts pour continuer de fournir l’aide nécessaire dans une situation en perpétuelle évolution dépend du soutien de nombreux États Membres », a souligné le Coordonnateur des secours d’urgence.  Il a cité les contributions financières aux projets du Plan de réponse humanitaire, l’aide fournie par les pays voisins et les dons de vivres, comme ceux, la semaine dernière, de la France, facilitée par la Fédération de Russie et distribuée à Douma hier.  Malheureusement, a-t-il dit, l’Appel de fonds des Nations Unies en faveur de la Syrie demeure largement sous-financée.  Soutenir et renforcer la confiance des bailleurs de fonds dépend de la capacité de l’ONU et des organisations humanitaires avec lesquelles elle travaille d’évaluer les besoins, hiérarchiser les réponses et convaincre que l’aide fournie parvient bien aux populations en détresse, a prévenu le Secrétaire général adjoint.  Cela suppose, a-t-il rappelé, un accès sûr, sans entrave et durable.

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a rappelé que le Mécanisme de surveillance et de communication de l’information relative aux enfants en situation de conflit armé en Syrie a été créé en 2013.  Chaque année depuis lors, il y a eu une augmentation considérable de toutes les violations graves imputables à toutes les parties au conflit.  Le Mécanisme a collecté des informations en Syrie mais aussi dans les pays voisins et ces informations ne représentent qu’une petite fraction des violations. 

Depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011, l’ONU a vérifié que plus de 7 000 morts ou mutilés parmi les enfants.  Les informations non vérifiées font état de plus 20 000 victimes parmi les enfants.  Le Mécanisme de surveillance porte sur les six violations graves: le recrutement et l’utilisation, les meurtres et les mutilations, les viols et autres formes de violence sexuelle, les attaques contre les hôpitaux et les écoles, les enlèvements et le déni de l’accès humanitaire.  Depuis le début de l’année 2018, le Mécanisme a vérifié plus 1 200 violations commises contre les enfants dont plus de 60 ont été tués ou mutilés.  Plus de 180 ont été recrutés et utilisés, plus de 60 écoles ont été attaquées et plus de 100 attaques ont été menées contre des hôpitaux et des centres médicaux.

En 2018 déjà, plus de 1 300 enfants auraient été détenus par les parties dans le nord-est de la Syrie dont 7 cas seulement ont pu être vérifiés par le Mécanisme en raison de l’inaccessibilité de la zone.  Dans d’autres régions de la Syrie, des cas de détention d’enfants ont aussi été signalés.  Depuis 2014, le Mécanisme en a vérifiés plus de 350 cas.

Les chiffres des six premiers mois de 2018 reflètent une grande augmentation par rapport aux années précédentes.  Au premier trimestre de 2018, on a vu une augmentation de 25% des recrutements et de l’utilisation des enfants, et de 348%, des meurtres et de mutilations par rapport au trimestre précédent.  Le nombre total des violations graves pour le premier trimestre marque une augmentation de 109% par rapport au dernier trimestre de 2017.  Les recrutements et l’utilisation sont le fait d’acteurs non étatiques tandis que la plupart des meurtres et des mutilations sont attribuables au Gouvernement syrien et à ses forces.

Même si les chiffres de 2018 comprennent peu de cas de violence sexuelle et d’enlèvement vérifiés, ces violations sont signalées dans toute la Syrie depuis la création du Mécanisme de surveillance.  Les attaques contre les écoles et les centres médicaux ont été l’une des caractéristiques persistantes du conflit en Syrie.  Une école sur trois serait hors service ou endommagée, détruite ou utilisée comme abri ou pour des objectifs militaires.  On estime que 2,1 millions d’enfants sont déscolarisés. 

Dans les mois prochains, le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés en Syrie sera publié.  Il couvrira presque cinq ans de conflit.  Les informations du Mécanisme de surveillance pendant cette période sont troublantes.  « Je suis profondément troublée par les histoires des enfants nés et élevés pendant le conflit, des enfants qui n’ont jamais vu la paix en Syrie.  Des enfants qui ont souffert perpétuellement de tous types de violations de leurs foyers, leurs communautés, leurs écoles, leurs centres de détention et dans les centres des réfugiés et des déplacés.  Nous pouvons imaginer que ces enfants se trouvent dans une situation de grave détresse psychosociale.  Ils ne connaissent pas le sens du mot « paix », a déclaré Mme Gamba. 

La Représentante spéciale a ajouté que les enfants privés de liberté pour s’être associés à parties au conflit doivent être traités comme des victimes des violations du droit international.  Elle a appelé les parties au respect de la Convention relative aux droits de l’enfant et à son Protocole additionnel relatif à l’implication des enfants dans un conflit.  Elle les a aussi appelées à veiller à ce que les opérations militaires soient menées conformément au droit international et plaidé pour un accès humanitaire à tous les enfants, grâce notamment à des couloirs et pauses humanitaires pour pouvoir leur donner une aide indispensable à leur survie et à leur développement. 

Il est important, a indiqué Mme Gamba, que le Conseil veille à ce que les enfants ne soient plus l’objet de violations graves de leurs droits.  Les parties au conflit doivent prendre des mesures immédiates, concrètes et effectives pour prévenir les pertes parmi les enfants, y compris cesser immédiatement d’utiliser des moyens et des méthodes de guerre disproportionnés et indiscriminés. 

En Syrie plus qu’ailleurs, a conclu la Représentante spéciale, il est particulièrement important de considérer les enfants comme un élément indispensable des processus de paix.  Des centaines de milliers d’enfants auront besoin d’aide.  La communauté internationale doit donner la priorité au financement et à la fourniture d’une éducation de qualité pour tous les enfants à tous les niveaux.  Personne ne doit pas être laissée de côté, et surtout pas ceux qui ont été privés des années les plus importantes de leur croissance. 

M.  MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est alarmé de la gravité de la situation humanitaire en Syrie et de l’arrêt de l’aide dans le sud-ouest de la Syrie.  Au total, a-t-il souligné, 11 millions de Syriens ont fui et ce sont les enfants qui paient le prix le plus lourd de cette « tragédie ».  On leur a volé leur innocence et leur dignité et ce sont eux qui ont le plus besoin de notre protection et de notre aide humanitaire.  Le représentant a dit craindre la menace « d’une génération perdue » et regretté les violations répétées du cessez-le-feu prévu par la résolution 2401 (2018) et les entraves à l’accès humanitaire.  « Nous devons mettre fin à ce conflit, parvenir à un règlement global et consensuel et répondre aux aspirations légitimes des Syriens », a pressé le représentant.

M. JONATHAN COHEN (États-Unis) a condamné l’attaque « barbare » perpétrée en début de semaine dans la province de Soueïda, dont Daech a revendiqué la responsabilité.  Dans cette guerre, a-t-il relevé, les civils et les enfants syriens ont enduré un niveau de souffrance et de traumatisme presque inimaginable qui les marquera à vie.

Selon lui, les statistiques citées ici et dans les rapports mensuels du Secrétaire général sur la Syrie ne doivent pas être mal interprétées. Oui, le nombre de zones assiégées a été réduit à zéro, mais pas parce que le régime a levé les sièges. C’est surtout parce qu’il a impitoyablement poursuivi sa campagne « reddition ou famine ».  De même, le nombre de Syriens vivant dans des zones difficiles d’accès est passé d’un peu plus de 2 millions le mois dernier à 1,5 million en juillet, non pas parce que le régime a élargi l’accès, mais parce qu’il a saisi davantage de territoires par la force.  Malheureusement, plus de 13 millions de Syriens ont toujours besoin d’une aide humanitaire, dont au moins 6 millions d’enfants, a souligné le représentant. 

Dans le sud-ouest de la Syrie, les offensives militaires du régime depuis le 17 juin ont provoqué le déplacement de plus de 325 000 civils, dont environ la moitié sont des enfants. Pourtant, les humanitaires sont en grande partie incapables d’atteindre ces populations vulnérables et les stocks de vivres diminuent.  Ce qui est encore plus préoccupant, a ajouté le représentant, c’est que cette perte d’accès humanitaire inclut l’interruption des livraisons d’aide transfrontalière de l’ONU, réclamée récemment par ce Conseil dans sa résolution 2393.

S’agissant de l’échec du régime à faciliter l’accès humanitaire, rien n’a changé depuis la réunion du Conseil du mois dernier, a tranché le représentant. Au lieu de prioriser les besoins de sa propre population, le régime continue de militariser l’aide humanitaire et de refuser l’accès pour forcer la réconciliation dans les zones anciennement détenues par l’opposition armée.

Aussi, le représentant a-t-il demandé au régime syrien et à « ses alliés russes » de permettre à l’ONU de reprendre les convois transfrontaliers depuis la Jordanie et de faciliter l’acheminement de l’aide à partir de Damas.  En ce qui concerne Edleb, il a estimé que le régime syrien et ses partisans se préparent à lancer une offensive majeure.  « Une campagne militaire semblable à ce que nous avons vu dans la Ghouta orientale et à Alep entraînerait une crise humanitaire désastreuse.  Ce Conseil doit de toute urgence mettre en place des mesures pour protéger les civils et assurer l’accès humanitaire à Edleb », a martelé M. Cohen.

À Raqqa, la suppression des munitions non explosées est l’une de nos principales priorités, a-t-il poursuivi, en notant qu’à ce jour, les équipes de déminage financées par la Coalition ont retiré plus de 20 000 explosifs sur 15,5 millions de mètres carrés de territoire dans les villes de Manbij, Tabqa et Raqqa et ont formé plus de 300 Syriens.  Le représentant a conclu en reprochant à la Fédération de Russie de n’avoir pas respecté son engagement de maintenir une zone de désescalade dans le sud-ouest de la Syrie.  « Si la Russie prend au sérieux ses préoccupations concernant les réfugiés et les déplacés, elle devrait œuvrer avec le régime syrien à mettre fin à la violence et à permettre un accès humanitaire sans entraves aux civils ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a dénoncé le fait que les civils continuent d’être victimes et cibles de la stratégie militaire du régime syrien.  « Que reste-t-il de la zone de désescalade et des engagements des garants du cessez-le-feu à réduire la violence et à faire respecter le droit international humanitaire? » s’est demandé le représentant qui a souligné trois priorités essentielles: la protection des populations vulnérables, la garantie des accès humanitaires et une solution politique durable en Syrie, avec l’appui des Nations Unies.

Le représentant a mis l’accent sur la situation des enfants et les conséquences en termes d’insertion sociale et professionnelle et de radicalisation potentielle.  La France, a-t-il dit, souligne les mesures concrètes et immédiatement opérationnelles que l’ensemble des parties au conflit peuvent prendre comme s’abstenir de cibler des écoles et préserver les zones civiles et les lieux habités.  Le représentant a également abordé la question de la sécurité du personnel humanitaire « qui doit être garantie », en particulier dans les zones qui ont été reprises par le régime.  Il s’est dit « soulagé » par l’opération réussie de sauvetage d’une partie des Casques blancs, mais ceux qui sont toujours en Syrie sont désormais gravement menacés.  « Nous devons obtenir des garanties de sécurité pour ces individus et leurs familles et s’assurer qu’ils ne soient pas la cible de représailles du régime », a-t-il exigé.

S’agissant des réfugiés, le représentant a estimé que les conditions d’un retour sûr, digne et volontaire ne sont pas remplies, en partie parce que le régime continue de violer tous les cessez-le-feu et que certains des réfugiés sont enrôlés de force dans l’armée à leur retour.  La France, a souligné le représentant, demande, tout comme l’Union européenne, l’abrogation de la loi n 10, qui rend irréversibles les déplacements de population et constitue un pan de la stratégie « d’ingénierie démographique » du régime, et, à ce titre, une entrave majeure au retour des réfugiés et des déplacés.  Le retour des réfugiés suppose également des dédommagements et un travail de fond sur les restitutions de propriété et la conscription, a insisté le représentant.

Il a dénoncé les obstacles « inacceptables » que le régime syrien continue d’imposer à la délivrance de l’aide humanitaire et le fait que cette aide ne soit distribuée que dans les zones contrôlées par le régime.  L’ensemble des convois doivent pouvoir circuler de manière sûre et sans entrave dans l’ensemble du pays, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et au droit international humanitaire, a exigé le représentant qui a évoqué la récente initiative franco-russe pour acheminer de l’aide humanitaire à Douma, dans la Ghouta orientale.

La France ne prendra pas part à la reconstruction de la Syrie, a prévenu le représentant, sans une transition politique effectivement mise en œuvre, et un processus constitutionnel et électoral clair.  « C’est la condition sine qua none de la stabilité du pays et de notre contribution au financement de la construction », a ajouté le représentant.  À défaut, aucune raison ne pourra justifier que la France et l’Union européenne s’engagent dans le financement de la reconstruction, a martelé M. Delattre, affirmant, par conséquent, que le France ne ménagera aucun effort pour permettre la stabilité de la Syrie sur le long terme à travers une solution politique négociée.

Nous sommes choqués par les dernières séries d’attaques qui ont tué plus de 200 personnes, a avoué M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas).  Nous appelons le régime syrien à respecter le droit international humanitaire, à faciliter un accès durable aux acteurs humanitaires et à protéger toutes les populations dans le besoin, y compris les déplacés près de la frontière du Golan.  Le représentant a aussi appelé toutes les parties, y compris les garants de la zone de désescalade, à fournir aux convois humanitaires transfrontaliers les garanties de sécurité nécessaires.  La livraison de l’aide transfrontalière est d’une importance capitale et doit être facilitée partout où elle est la plus efficace ou c’est le seul moyen d’atteindre ceux qui en ont besoin.  Les Pays-Bas étudient une contribution aux plans de réinstallation, a confié le représentant qui a insisté sur le fait que toutes les parties au conflit devraient accepter et protéger les travailleurs humanitaires.  Il est profondément troublant, a-t-il avoué, qu'au lieu de cela beaucoup aient à craindre pour leur vie à cause de l’avance des troupes syriennes et de leurs alliés. 

S’agissant d’Edleb, le représentant s’est dit préoccupé pour les 2,3 millions de civils qui y vivent dont 1,3 million de déplacés, constamment menacés par les hostilités entre groupes armées et les frappes aériennes.  Les civils à Edleb ne sont ni des terroristes ni des combattants.  Ils doivent être protégés.  Les garants du processus d’Astana ont la responsabilité de trouver des arrangements pour prévenir les souffrances, protéger les civils et faciliter une sortie non violente de cette tragédie.  Les violations du droit international et des principes humanitaires sont « inacceptables ».  Le régime syrien, la Fédération de Russie et l’Iran doivent assurer un accès sans entrave et durable à tous les acteurs humanitaires, a encore insisté le représentant qui a aussi exigé la fin de l’impunité pour les crimes commis par toutes les parties.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) s’est désolé de la situation décrite, marquée par la détresse des populations, et les risques d’escalade, en particulier dans le sud-ouest du pays.  Les autorités syriennes ont une obligation éthique et juridique de faciliter l’accès de l’aide humanitaire, a insisté le représentant, avant de craindre les conséquences négatives que la loi n°10, si elle venait à être adoptée, pourrait avoir sur les déplacés et des réfugiés incapables de présenter à temps leurs titres de propriété.  Il a tout particulièrement attiré l’attention sur le sort des enfants et insisté sur la responsabilité de protéger ces garçons et ces filles, et de faciliter leur réintégration.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a condamné la série d’attentats-suicides commis par Daech le 25 juillet, et a estimé que ces attaques ne doivent pas saper les efforts en cours pour stabiliser le pays.  Le représentant s’est dit préoccupé par la situation d’insécurité dans le sud-ouest de la Syrie.  « Les affrontements dans cette zone répondent à la logique implacable des opérations militaires qui font beaucoup de victimes et empêchent l’acheminement de l’aide humanitaire », a-t-il commenté.  Face à cette situation humanitaire précaire, il est impératif, a-t-il estimé, que les convois humanitaires interinstitutions puissent librement et en toute sécurité accéder aux populations.  C’est d’autant plus important pour des enfants qui risquent de souffrir du stress traumatique et toxique.  Il a salué l’initiative humanitaire conjointe de la France et de la Fédération de Russie dans la Ghouta orientale.  « Cela prouve qu’avec un peu plus de volonté politique, les membres de ce Conseil, qui ont la capacité d’influencer les belligérants pour obtenir la fin de ce conflit, peuvent parvenir à des solutions pacifiques lorsqu’ils le veulent ».

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a salué la relance du processus politique syrien facilité par l’ONU.  Il a condamné l’intensification des opérations militaires et appelé à la fin de la violence dans le sud-ouest du pays.  Il a déploré le fait que l’accès humanitaire reste peu probable même après la reprise du contrôle de plusieurs zones par le Gouvernement syrien.  Pour la Pologne, l’impératif humanitaire doit être la priorité première de la communauté internationale.  Ainsi, la protection des civils et des infrastructures civiles, par toutes les parties au conflit, doit être de la plus grande importance. 

Le délégué a fait part de la préoccupation de la Pologne au sujet de la loi n 10 sur les droits de propriété, présageant que cela aura des répercussions sur le retour futur de millions de déplacés et réfugiés.  Il faut donc que le Conseil de sécurité reste saisi de cette question, a-t-il suggéré.  Il a aussi appelé à la protection des groupes vulnérables, notamment les enfants, les femmes et les minorités religieuses qui sont les plus affectés par le conflit syrien.  Il a aussi prôné l’accélération du programme d’action contre les mines, notamment en priorisant les zones où les civils retournent, afin d’infléchir la tendance à la hausse du nombre d’enfants victimes. 

La Pologne, a-t-il dit, est préoccupée par l’impact de ce conflit sur l’éducation.  Plus de deux millions d’enfants syriens sont déscolarisés.  Le manque d’accès à l’éducation et le traumatisme que les enfants vivent, y compris la violence sexuelle, conduisent à « des générations perdues » et cette situation va affecter l’avenir du pays et de toute la région, a prédit le représentant.  Pour la Pologne, il est donc important d’assurer le financement des programmes de soutien aux enfants affectés par le conflit, notamment en leur assurant une éducation de qualité, y compris pour les filles.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a rappelé qu’une des étincelles qui a allumé le conflit syrien avait été l’arrestation et la détention d’écoliers qui avaient peint des graffitis contre le régime syrien.  N’oublions pas le nombre élevé d’enfants tués et mutilés par les frappes à Alep et dans la Ghouta orientale, ni les enfants recrutés par Daech.  Mais ne perdons surtout pas de vue le fait que c’est le régime syrien qui a commis le plus d’exactions contre les plus jeunes, a insisté le représentant, appelant le représentant syrien à s’engager à souscrire aux trois objectifs énoncés par le Coordonnateur des secours d’urgence.

Il a dénoncé le fait que les autorités syriennes n’aient déployé aucune mesure pour s’acquitter de l’Accord de désescalade conclu avec les États-Unis et la Fédération de Russie l’an dernier.  Il s’est alarmé de l’impact des tensions sur les civils, notant que la moitié des personnes affectées sont des enfants.  Il a appelé à la protection des civils contre les représailles des autorités syriennes et insisté pour que ces dernières, de même que les autorités russes, garantissent la sécurité de tous ceux qui se trouvent dans le sud du pays.  Il a aussi exhorté la Fédération de Russie et les forces prorégime à garantir le régime de désescalade et l’accès humanitaire, pointant notamment le manque d’accès aux zones reprises par le Gouvernement syrien, Edleb.  L’accès doit être constant et un mécanisme transparent d’établissement des responsabilités doit être mis en place, a –t-il voulu.

Le représentant s’est ensuite rallié à l’appel de la France réclamant l’utilisation des points de passage par la Jordanie.  La Syrie et la Fédération de Russie doivent garantir un accès sûr et sans entrave à l’assistance humanitaire et à l’ONU dans les zones prioritaires qui viennent de changer de mains, comme la Ghouta orientale, le sud de Damas et Homs.  Ces deux pays doivent aussi fournir des garanties au Conseil de sécurité pour la protection des agents humanitaires.

« Nous devons éviter à tout prix une hausse de ces chiffres », s’est alarmé M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie), en parlant des projections du Coordonnateur de secours d’urgence.  Le représentant a lancé un appel à la fin des hostilités, conformément à la résolution 2401 (2018), craignant, à défaut, une déstabilisation majeure de la région.  Il est indispensable, a-t-il dit, d’éviter de nouvelles tensions ou violences dans cette région, notamment à Edleb, pour prévenir une autre tragédie.  Le représentant a donc salué les initiatives qui ont permis les accords locaux et facilité l’accès humanitaire et l’évacuation des personnes.  Après avoir condamné les attentats-suicides de Soueïda, il a estimé qu’il faut se doter des moyens nécessaires pour lutter contre la résurgence des groupes terroristes.  Il a fermement condamné toute attaque contre des installations civiles comme les écoles et les hôpitaux et plaidé pour une aide psychologique aux enfants déscolarisés.  Il a demandé au Gouvernement syrien de coopérer avec les agences onusiennes pour que l’aide soit révisée à la hausse et encouragé le retour des réfugiés dans des conditions volontaires et sûres.  « La seule façon de résoudre ce conflit passe par une solution politique inclusive. »

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué qu’il ne peut y avoir d’amélioration de la situation humanitaire dans le sud-ouest de la Syrie sans un accord politique en vertu de la résolution 2254 (2015), du Communiqué de Genève et d’autres plateformes pertinentes.  Il a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire afin de stopper l’augmentation du nombre des victimes parmi les enfants.  Il est tout aussi crucial d’agir dans le domaine du déminage et pour des programmes de réintégration et de réhabilitation des enfants qui ont été associés à des groupes armés.  À son tour, le représentant a plaidé pour un accès humanitaire sûr et sans entrave, y compris par des opérations transfrontières.  Il a mis en garde contre toute impunité, avant de souligner que la crise humanitaire requiert une approche globale qui aille au-delà de l’aide.  Il a invité l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, à relancer les négociations politiques et l’a assuré que le Kazakhstan soutiendra ses efforts par le biais du processus d’Astana et des pays garants.  Cette approche politique peut conduire à l’atténuation de la crise humanitaire.  Le Kazakhstan sait qu’une solution durable ne peut venir que d’un dialogue ouvert à toutes les parties, y compris les femmes et les jeunes, qui doivent jouer un rôle clef, y compris sur les questions humanitaires.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a affirmé que les faits démontrent l’amélioration de la situation humanitaire en Syrie.  Il n’y a plus de régions inaccessibles et il est désormais possible d’élargir l’accès humanitaire. Le représentant a toutefois constaté que des problèmes de fonds persistent, dénonçant notamment le manque de progrès dans l’aide au camp de Rukban près d’une base américaine dont il a douté de la véritable contribution à l’élimination de la menace terroriste.  Le représentant a jugé tout aussi injustifié de maintenir le mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide, « un mécanisme discriminatoire » qui ne sert que les zones gérées temporairement par des groupes armés.

La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, a acheminé 2 800 tonnes d’aide.  Des médecins russes sont portés au secours de plus de 86 000 patients et les spécialistes ont permis, au fil des ans, l’envoi de 300 convois humanitaires « dans des conditions extrêmement difficiles ».  Il a mentionné, à son tour, l’initiative franco-russe dans la Ghouta orientale.

Le délégué a dénoncé les derniers attentats terroristes qui ont fait des centaines de victimes à Soueïda et a appelé à des sanctions « extrêmement sévères » contre leurs auteurs.  Il a engagé les acteurs internationaux à agir de manière décisive pour combattre le terrorisme.  Parlant des agents humanitaires, il a affirmé que les seules personnes qui craignent pour leur sécurité sont celles qui diffusent une propagande mensongère sous couvert de l’aide.  Le représentant a en effet accusé les Casques blancs de se livrer à des provocations odieuses, n’hésitant pas à manipuler de très jeunes enfants pour des mises en scène dignes d’un film.

Des milliers de Syriens, a-t-il encore affirmé, sont en train de regagner leur pays et le Gouvernement syrien est prêt à créer des conditions propices à leur retour.  Les insinuations au sujet de la loi n 10 sont sans fondement, a estimé le représentant qui a dénoncé une campagne de désinformation.  L’objectif de la loi n’est pas de permettre au Gouvernement de s’approprier les biens mais d’assainir le secteur de l’immobilier.  La partie syrienne n’est même pas pressée de mettre en œuvre la loi et est prête à en discuter avec l’ONU, a-t-il fait savoir.

Le représentant a plutôt voulu que l’on mette l’accent sur le redressement de l’économie syrienne et la remise sur pied des systèmes éducatif et médical, le dernier ayant été la fierté des Syriens avant la guerre.  Il a mis en garde contre toute politisation, réclamant dans la foulée la levée des sanctions.

S’agissant du déminage, il a rappelé le travail « considérable » des démineurs russes et espéré que la signature du Mémorandum d’accord entre la Syrie et Service de la lutte antimines de l’ONU permettra de mettre en œuvre des mesures « dépolitisées ».  Il a en profité pour dénoncer le manque d’efforts de la Coalition pour déminer la ville de Raqqa.  En revanche, grâce au travail des spécialistes et archéologues russes, la restauration du patrimoine de l’humanité détruit à Palmyre est assurée.

Réfléchissons d’ores et déjà à la réintégration de la Syrie dans le système commercial international et à la normalisation des relations entre les gouvernements du Moyen-Orient, a conseillé le représentant.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a encouragé toutes les parties syriennes à coordonner leur travail avec les agences de l’ONU sur place.  Tous les acteurs syriens doivent garder à l’esprit l’avenir de leur pays et le bien-être de la population, pour améliorer la situation humanitaire, a estimé le représentant qui a toutefois souligné que les activités humanitaires doivent respecter le principe de la neutralité et d’impartialité.  Il a appelé les Nations Unies à améliorer la communication avec le régime syrien.  Constatant des progrès dans le plan de retour des réfugiés, il a appelé la communauté internationale à appuyer la reconstruction de la Syrie.  La Chine a déjà décidé d’allouer 6 millions de dollars supplémentaires pour la reconstruction.  Elle appelle la communauté internationale à joindre ses forces pour appuyer les efforts de l’ONU en faveur d’une solution politique au conflit syrien, ce qui doit commencer par l’unité du Conseil. 

M. DESIRE WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a salué les accords de cessation des hostilités auxquels sont parvenus les forces gouvernementales et les groupes armés rebelles, sous l’impulsion de la Fédération de Russie.  Cette trêve devrait permettre un acheminement dans les meilleures conditions de sécurité de l’aide humanitaire vers les populations dans le besoin.  Aussi, s’est-il particulièrement félicité de l’opération humanitaire conjointe entre la Fédération de Russie et la France, qui a permis, avec le concours de l’ONU, la livraison de 3 840 couvertures et de 572 kits de cuisine et tentes aux populations de la Ghouta orientale.  Parallèlement à cette opération, il s’est également dit heureux de constater que près de 40 camions du Croissant-Rouge arabe syrien ont pu accéder aux anciennes zones assiégées de la province méridionale de Deraa.  En outre, le représentant s’est félicité de l’amélioration progressive de la situation sécuritaire et sanitaire à Raqqa, qui a permis à près de 138 000 civils de regagner leurs habitations depuis la libération de la ville de l’emprise de Daech, en octobre 2017.  Le représentant s’est enfin félicité des différentes initiatives visant à relancer le processus de dialogue intersyrien, et a encouragé l’Envoyé spécial à entreprendre les démarches nécessaires à la mise en place du Comité chargé de rédiger le projet de constitution.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est inquiétée de la situation alarmante qui prévaut dans le sud de la Syrie et a appelé à la cessation des hostilités qui exacerbent la crise humanitaire.  Elle a jugé essentiel de garantir l’accès de l’aide aux zones qui ont récemment changé de mains.  En outre la protection des civils et des infrastructures est essentielle pour atténuer les souffrances.  Elle s’est préoccupée du sort des enfants et des multiples souffrances qu’ils ont endurées.  Elle a salué l’assistance ciblée dont ils bénéficient, tout en soulignant que seul le rétablissement de la paix leur permettra de faire éclore leur plein potentiel.

M. OLOF SKOOG (Suède) a dit qu’il faut continuer les efforts pour une solution politique au conflit et pour alléger les souffrances du peuple syrien.  Les effets de la crise sur les enfants et la réponse à y apporter, est un domaine dans lequel nous sommes capables de nous rassembler, a estimé le représentant.  Une action urgente est nécessaire.  Comme nous l’avons entendu aujourd'hui du Secrétaire général adjoint et de la Représentante spéciale, le temps presse pour une génération d’enfants syriens.  Le représentant a appelé toutes les parties et tous les États Membres à agir pour améliorer la situation des enfants pris au piège de la guerre en Syrie.  Pour ce faire, il a souligné quatre domaines de réponse humanitaire.

Le premier est l’accès.  Plus de cinq millions d’enfants ont besoin d’aide en Syrie.  Le délégué a appelé toutes les parties à accorder immédiatement l’accès à tous ceux qui en ont besoin, en laissant toutes les options possibles pour que l’ONU puisse atteindre le plus de gens possible, y compris l’accès transfrontalier aux Nations Unies, dans les zones qui ont récemment changé de mains et pour protéger les travailleurs humanitaires.  S’agissant de l’éducation, comme une école sur trois est fermée en Syrie, le représentant a rappelé la résolution 2427 (2018) et a appelé les donateurs à augmenter leur financement.  Il a invité M. Lowcock à préciser où se trouvent la plupart des 2,1 millions d’enfants déscolarisés en Syrie?

Concernant la santé mentale, le stress de la guerre est souvent trop énorme pour les adultes.  Les effets sur les enfants peuvent être beaucoup plus profonds et plus durables.  Moins de 5% du financement humanitaire en Syrie est destiné à la protection, la santé mentale, les services psychosociaux ou l’éducation en cas d’urgence.  Nous encourageons les donateurs et la communauté humanitaire à changer cette situation.  Pour ce qui est de la protection, 2017 a vu le nombre le plus élevé de graves violations commises contre les enfants.  Le représentant a réitéré l’appel à toutes les parties pour qu’elles mettent immédiatement en œuvre la résolution 2401 (2018) du Conseil de sécurité et les accords de désescalade à Edleb et dans le sud.  Il a insisté sur le respect des obligations découlant du droit international y compris le droit international humanitaire.  Il a appelé le Gouvernement syrien à mettre en œuvre le Protocole additionnel relatif à l’implication des enfants dans un conflit, et à cesser immédiatement de commettre les six violations graves.  La situation en Syrie devrait être renvoyée à la Cour pénale internationale, a insisté le représentant. 

M. ABDULLAH HALLAK (République arabe syrienne) s’est dit « surpris » par la logique de certains représentants qui ont accusé le Gouvernement syrien de se servir de la libération des territoires pour confisquer des terres.  L’armée syrienne libère les zones qui étaient sous l’emprise de groupes terroristes et un jour viendra où toutes les forces militaires « qui nous agressent aujourd’hui » seront chassées de notre territoire, a pronostiqué le représentant qui a avoué avoir espéré « une réaction collective » du Conseil de sécurité face aux attentats-suicides de Daech à Soueïda, il y a deux jours.

Le représentant a réitéré l’engagement de son gouvernement à apporter une assistance humanitaire à tous les citoyens syriens et sur l’ensemble de son territoire.  Le Gouvernement travaille d’ailleurs actuellement avec l’ONU mais insiste sur les principes de neutralité et de probité auxquels l’aide humanitaire doit répondre.   

Le Gouvernement syrien, a poursuivi le représentant, mène des opérations militaires pour libérer les civils des groupes terroristes qui les utilisaient comme boucliers humains, enrôlant leurs enfants de force.  Il s’est enorgueilli des « exploits réalisés jour après jour » par l’État syrien, grâce à ses « amis respectueux du droit international ».  Il s’est donc dit « surpris » des critiques dans la mesure où la libération des zones facilite l’acheminement de l’aide humanitaire de l’ONU.  Les Nations Unies, a-t-il d’ailleurs estimé, devraient renforcer l’appui qu’elles fournissent aux Syriens, en traitant avec les autorités syriennes et non avec des conseils locaux « qui sont des autorités montées de toute pièce ».  « Contrairement à ce que certains prétendent, les opérations militaires syriennes ont permis d’alléger les souffrances des civils. ».

Le représentant a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui font obstacle à la capacité de la Syrie de répondre aux besoins de sa population. S’agissant du sud du pays, le représentant a affirmé que les opérations militaires ont permis de révéler « les vraies intentions des groupes terroristes armés, comme les Casques blancs qui sont le bras droit logistique du Front el-Nosra et al-Qaïda.  Il les a accusés de falsifier les preuves pour manipuler l’opinion publique mondiale, et notamment la prétendue utilisation par le régime syrien d’armes chimiques.  Nous plaidons, a dit le représentant, pour une nouvelle approche fondée sur l’objectivité, la transparence et la neutralité entre le Gouvernement syrien et les Nations Unies. 

Le représentant a d’ailleurs accusé la Représentante spéciale d’avoir proféré des accusations non fondées contre le Gouvernement syrien et d’avoir ignoré les informations que ce dernier lui a fournies dans une lettre officielle.  Ces accusations se basent sur des sources douteuses et nous demandons une enquête sur place, notamment dans la zone d’Al Rashidin.  Pour ce qui est de la loi n 10, le représentant a rappelé avoir adressé une réponse au Secrétaire général et au Conseil de sécurité après les « allégations mensongères » sur la nature de la loi et de ses objectifs.  Cette lettre éclaircit la nature juridique de la loi et le Gouvernement syrien réfute toute allégation selon lesquelles elle vise à confisquer les terres et les propriétés des Syriens.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Deux ans après la signature de l’Accord de paix avec les FARC-EP, le nouveau Gouvernement colombien appelé à consolider la paix

8319e séance – après-midi
CS/13436

Conseil de sécurité: Deux ans après la signature de l’Accord de paix avec les FARC-EP, le nouveau Gouvernement colombien appelé à consolider la paix

Au moment où se tourne une nouvelle page du processus de paix en Colombie, avec la prestation de serment du nouveau Président colombien, M. Iván Duque, le 7 août, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, M. Jean Arnault, a, cet après-midi au Conseil de sécurité, fait le point sur ces quatre derniers mois. 

Un nouveau Congrès colombien a été inauguré, avec des représentants du parti politique FARC dont les procédures sont alignées avec le « Statut de l’opposition »; la Juridiction spéciale pour la paix a tenu ses premières audiences; et le « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile » a été signé, entre autres, par les Présidents sortant et élu.  Le Représentant spécial a néanmoins reconnu les retards dans la réinsertion des anciens membres des FARC dans la vie civile.  Respecter les garanties offertes à ceux qui ont déposé les armes et entrepris une « transition difficile » vers la vie civile est « essentiel » pour la Colombie mais aussi pour que le pays devienne une source d’inspiration pour les parties à un conflit ailleurs dans le monde, a prévenu le Représentant spécial.

« Chérir la paix », c’est le refrain du discours que le Vice-Président sortant de la Colombie, M. Óscar Adolfo Naranjo Trujillo, a prononcé aujourd’hui.  « Chérir la paix », a-t-il expliqué, c’est tourner la page des 50 années de violence, c’est laisser à la Juridiction spéciale la liberté de prononcer des jugements contre ceux qui se seraient rendus coupables de crimes pendant le conflit, c’est trouver l’équilibre entre justice et réconciliation, c’est reconnaître le rôle que la communauté internationale a joué et c’est tirer les leçons du processus colombien qui peut être une source d’inspiration pour d’autres nations.

Le Vice-Président s’est enorgueilli du fait que son gouvernement lègue à ceux qui prendront le relais une feuille de route « claire » pour la poursuite du processus de paix.  Le nouveau gouvernement, s’est-il avancé, entend préserver l’Accord de paix, un Accord qui aura même permis de plonger dans l’histoire de la Colombie, s’est réjoui le Pérou, puisqu’un groupe de chercheurs aurait découvert les vestiges de ce qui pourrait figurer parmi les peintures rupestres les plus riches et les plus anciennes du monde. 

Cette bonne nouvelle n’a pas empêché la Bolivie d’attirer l’attention sur « les incertitudes et la peur » qui hantent les anciens membres des FARC quant à leurs garanties politiques et juridiques, et aux mécanismes de justice transitionnelle prévus par l’Accord.  La Côte d’Ivoire s’est aussi inquiétée des velléités de réviser certaines des dispositions « capitales » de l’Accord dont celles sur la procédure de justice, le foncier et les produits de substitution.  L’accès à la terre et aux sources de revenus, a renchéri la France, est l’élément central de la réintégration socioéconomique qui étroitement est lié au déploiement des services de l’État dans les zones les plus vulnérables aux groupes armés illégaux, est la clef du succès durable du processus de paix. 

Nous attendons avec impatience, ont ajouté les Pays-Bas, une approche globale de stabilisation qui affirme effectivement la présence de l’État dans les régions et les communautés les plus vulnérables, notamment par le biais de la sécurité, des infrastructures et l’installation d’écoles, de centres de santé et de tribunaux. 

Dans son rapport*, le Secrétaire général reconnaît que la tâche la plus importante dont devront s’acquitter les nouvelles autorités nationales consistera à consacrer de manière cohérente suffisamment de ressources au développement social et économique, aux infrastructures, à la sécurité, à la lutte contre le terrorisme et au rétablissement de l’état de droit partout dans le pays.

*A/2018/723

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. JEAN ARNAULT, a brossé le tableau de ces quatre derniers mois du processus de paix en Colombie qui coïncident avec la fin du mandat du Président Juan Manuel Santos Calderón.  Il a salué la présence du Vice-Président colombien, M. Óscar Adolfo Naranjo Trujillo, avec lequel il a développé de bonnes méthodes de travail.  M. Arnault a cité l’établissement des priorités trimestrielles fixées sur les questions qui relèvent de la vérification des Nations Unies et l’exploitation des ressources et des leviers pour réaliser les objectifs.  Malgré les progrès partiels et les retards, nous avons, s’est réjoui M. Arnault, réussi mieux ensemble que si nous avions travaillé séparément.  M. Arnault a assuré qu’un accent particulier a été placé sur l’approche « genre » dans la réintégration des anciens combattants et les garanties de sécurité aux communautés. 

Depuis la publication du rapport du Secrétaire général, le 20 juillet, le nouveau Congrès colombien a été inauguré, avec des représentants du parti politique du FARC dont les procédures sont alignées avec le « Statut de l’opposition », un élément clef de la législation sur la paix adoptée plutôt cette année et qui offre un terrain de jeu équitable à la majorité et à l’opposition dans toutes les assemblées élues.  Ce Statut garantit, entre autres, la présence de l’opposition dans les organes des deux Chambres. 

Ce n’est pas le seul accomplissement de ce dernier mois, a poursuivi M. Arnault qui a salué le lancement de la Juridiction spéciale pour la paix.  Le temps le dira, a reconnu le Représentant spécial, mais la décision des officiers militaires d’accepter volontairement la compétence de la Juridiction montre que le processus de paix colombien pourrait trouver le bon équilibre entre les exigences de paix et celles de la justice, un équilibre qui, le plus souvent, reste une illusion dans les règlements négociés des conflits armés.  La communauté internationale doit donc maintenir son appui à la Juridiction, la Commission vérité et l’Unité spéciale de recherche des personnes disparues.

M. Arnault a également attiré l’attention sur le « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile » qu’ont signé, parmi d’autres, le Président Santos Calderón et le Président élu Duque.  C’est la première fois que la violence contre les leaders sociaux se heurte à une indignation aussi forte et c’est important.  Les principales mesures prévues par l’Accord de paix sur la sécurité des communautés ont commencé à être mises en œuvre, « même si leur impact à ce jour reste clairement insuffisant.  L’appui aux institutions contre la violence dans les territoires restera donc une priorité de la Mission, a affirmé M. Arnault.

Il faut espérer un consensus similaire autour de la question « centrale » de la consolidation de la paix, a-t-il poursuivi, ce qui passe par l’éradication de la pauvreté, de la violence et de l’économie illégale dont souffrent toujours les habitants des zones de conflit.  Les efforts concertés et bien financés des institutions publiques, menés en coopération avec les communautés concernées et leurs organisations, seront nécessaires pour restaurer l’état de droit, la sécurité et des opportunités productives légales dans ces zones qui ont longtemps été victimes de violence et de négligence de la part de l’État.

M. Arnault a reconnu les retards accusés dans la réinsertion dans anciens membres des FARC dans la vie civile.  Pour parachever la tache commencée par le Gouvernement sortant, il faudra du dévouement et des ressources, a prévenu le Représentant spécial.  Respecter les garanties offertes à ceux qui ont déposé les armes et entrepris une « transition difficile » vers la vie civile est « essentiel » pour la Colombie mais aussi pour que le pays devienne une source d’inspiration pour les parties à un conflit ailleurs dans le monde.

Le Représentant spécial a rendu hommage au Président Santos Calderón, aux dirigeants des FARC, aux institutions et à la société civile colombiennes qui ont généreusement coopéré avec la Mission, ces des deux dernières années.  Les nouvelles autorités, qui entrent en fonctions, peuvent compter sur l’appui de la Mission des Nations Unies alors qu’elles commencent le travail « difficile » de la consolidation de la paix et de la réconciliation. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué la tenue des élections législatives et présidentielle en Colombie, les plus inclusives organisées dans ce pays depuis des décennies.  La transition continue de surprendre tous les observateurs, mais les défis demeurent, a observé le représentant, qui a remercié le Président Santos Calderón d’avoir rejeté la polarisation et œuvré à l’unité du pays.  Le délégué s’est cependant dit préoccupé par la situation sécuritaire.  Aussi s’est-il félicité de l’engagement du Président Santos Calderón et du Président élu à assurer la sécurité des communautés locales et à recruter davantage de femmes dans les unités de protection.  Pour le représentant, le processus de paix en Colombie est une source d’espoir dans un monde infesté de crises.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est aussi félicité des efforts redoublés dans la lutte contre les violences armées, saluant le « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile ».  Il a souligné l’importance de la participation des jeunes et des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord, constatant que les dividendes de la paix sont déjà nombreux et concrets.  Il a pris note du fait qu’un groupe de chercheurs aurait découvert les vestiges de ce qui pourraient figurer parmi les peintures rupestres les plus riches et les plus anciennes du monde.  L’Accord de paix aura donc aussi permis de plonger dans l’histoire de la Colombie, s’est réjoui le représentant.

Pour M. MA ZHAOXU (Chine), le processus de paix en Colombie est un bon exemple du succès que peut engranger le Conseil de sécurité.  Il a salué les efforts du Président Santos Calderón, du Gouvernement colombien et de toutes les parties concernées qui ont participé au processus politique et de paix et s’est réjoui des progrès réalisés dans la réintégration des anciens combattants des FARC.  La mise en œuvre de l’Accord de paix est un projet de longue haleine qui nécessitera une approche systématique avec le soutien de toute la société colombienne, a souligné le représentant, avant d’insister sur l’importance du dialogue pour régler tout problème éventuel.  Il est également important, a-t-il ajouté, que le Conseil de sécurité reste saisi de ce dossier et qu’il continue d’accompagner la Colombie.  Il a espéré que la Mission de l’ONU pourra renforcer sa communication avec le nouveau Gouvernement et le parti FARC pour faire avancer le processus de paix.

M. DESIRE WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a tout d’abord salué la volonté du Président élu, M. Ivan Duque, de mettre fin à la polarisation de la société colombienne.  Il s’est aussi félicité du lancement de la Juridiction spéciale pour la paix et a apprécié les efforts déployés par le Gouvernement colombien pour mettre en place les garanties légales nécessaires à la réintégration des ex-combattants des FARC.  Le représentant a jugé encourageante la comparution, le 29 juin 2018, devant la Commission vérité, du chef des FARC, M. Rodrigo Londono.

Il s’est toutefois inquiété des velléités de réviser certaines des dispositions capitales de l’Accord de paix.  Les dispositions visées, qui portent sur la procédure de justice, le foncier et le produit de substitution, constituent des domaines clefs de l’Accord dont la mise en œuvre est fortement recommandée afin de rétablir la confiance entre les différentes parties, a-t-il noté.  Il s’est aussi préoccupé de l’arrestation du leader des FARC, M. Hernandez-Solarte, des attaques contre les ex-combattants et des incertitudes sur les perspectives de l’Accord suite à l’alternance politique. 

Le délégué a exhorté les nouveaux dirigeants colombiens à poursuivre la mise en œuvre de l’Accord avec les FARC et à engager des négociations avec l’Armée de libération nationale (ELN), mais aussi à apporter des réponses idoines aux préoccupations économiques, sociales et sécuritaires, entre autres, afin de donner des chances de succès au processus de paix.  Il a estimé que les défis à relever doivent porter sur les questions de réintégration des anciens combattants, les garanties de sécurité pour les communautés, la lutte contre la violence dans les anciennes zones de conflit, les réponses adéquates à l’économie de la coca ainsi que les craintes des anciens combattants et les communautés qui se sentent exclus du processus de paix.  M. Ipo a encouragé le nouveau Gouvernement à assurer la protection des leaders communautaires et des défenseurs des droits de l’homme afin de parvenir à une vraie inclusion politique, sociale et économique.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a estimé que, depuis la signature de l’Accord de paix en 2016, le processus a été couronné de succès « comme aucun autre au monde ».  Il a salué la volonté politique du Président Santos Calderón et des FARC.  Après avoir souhaité plein succès au Président élu, le représentant a reconnu que la situation actuelle est assez complexe, marquée par l’assassinat de plusieurs ex-membres des FARC, des figures de la société civile et de défenseurs des droits de l’homme.  Il a parlé des incertitudes et de la peur qui hantent les anciens membres des FARC quant à leurs garanties politiques et juridiques, et aux mécanismes de justice transitionnelle prévus par l’Accord.  S’il a salué les modestes avancées dans la réintégration économique, force est de reconnaître, a-t-il dit, que plus d’un an après, la mise en œuvre du décret autorisant l’accès à la propriété terrienne des ex-membres des FARC organisés en coopérative a pris du retard.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a déclaré que le travail de la Mission des Nations Unies est essentiel pour le processus de paix.  Mon pays, a-t-il dit, espère que le nouveau Gouvernement poursuivra l’élan impulsé par l’Accord de paix et consolidera les acquis en matière de sécurité.  Le succès de la mise en œuvre dépendra aussi de la lutte contre le trafic de stupéfiants, a ajouté le représentant, soulignant les efforts visant à réduire la production de coca et le soutien prêté par les États-Unis à cet égard.  Alors que subsistent des défis, le Gouvernement de la Colombie a démontré son leadership au niveau régional, a salué le représentant, citant, entre autres, l’accueil des Vénézuéliens qui fuient leur pays.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a voulu parler de trois points: la situation sécuritaire, la nécessité d’une réintégration inclusive des anciens membres des FARC et l’importance de la justice transitionnelle.  Le représentant s’est déclaré profondément préoccupé par le niveau élevé d’insécurité dans les zones les plus touchées par le conflit armé.  Le peuple colombien, les institutions de l’État et les partis politiques viennent d’exprimer leur rejet de la violence contre les leaders sociaux.  C’est un message fort.  Nous sommes aussi préoccupés, a poursuivi le représentant, par la violence contre les anciens combattants des FARC.  Leur sécurité est un élément central de l’Accord de paix et la base d’une paix durable.  Le Gouvernement du Président Santos Calderón a pris des initiatives pour contrer la violence, renforcer les mécanismes de prévention et de protection et traduire en justice les auteurs des violences.  Nous attendons avec impatience une approche globale de stabilisation qui affirme effectivement la présence de l’État dans les régions et les communautés les plus vulnérables, notamment par le biais de la sécurité, des infrastructures et l’installation d’écoles, de centres de santé et de tribunaux. 

Concernant la réintégration inclusive des anciens combattants, a ajouté le représentant, la promotion d’activités génératrices de revenus et la fourniture de services sociaux constituent un outil important pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et, en fin de compte, promouvoir l’autosuffisance.  Nous encourageons le Gouvernement, les anciens combattants des FARC, le secteur privé et les autorités locales à élaborer ensemble une stratégie globale pour la pleine réintégration dans la société comme prévu dans l’Accord de paix.  Il est essentiel que les femmes et les jeunes soient entendus.  S’agissant enfin de la justice transitionnelle, a conclu le représentant, la responsabilité et la réconciliation sont les deux faces de la pièce « paix durable ».  C’est la raison pour laquelle les Pays-Bas soutiennent activement les institutions de justice transitionnelle ainsi que les organisations des victimes avec une contribution de 2,5 millions de dollars.  La justice transitionnelle offre l’occasion de répondre aux revendications du passé, de mettre les huit millions de victimes du conflit armé au centre des efforts de consolidation de la paix et de tourner la page.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé le mandat de la Mission, avant de prendre note des développements positifs de cette année, à commencer par l’élection présidentielle, la mise en place de la Juridiction spéciale et l’entrée du parti FARC au nouveau Congrès national qui sont tout autant de signes d’une amélioration certaine, en dépit de certaines difficultés persistantes.  La Fédération de Russie, a dit le représentant, souhaite plein succès au Président élu Duque et à son gouvernement.  Elle souligne néanmoins l’importance de garder une présence onusienne dans le pays pour venir à bout des anciens différends, finir la tâche difficile de la réinsertion des anciens rebelles et assurer la justice transitionnelle.  Pour cela, a précisé le représentant, il faut une adhésion de tous à la paix, compte tenu des efforts qu’il a fallus faire pour la paix.  Le représentant a appelé la communauté internationale à ne pas cesser son appui à la Colombie dans cette phase de consolidation de la paix.  La Fédération de Russie, a-t-il conclu, se tient prête à aider le peuple et le Gouvernement colombiens à instaurer une paix durable.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a dit que l’élection présidentielle de mai et de juin et le scrutin législatif de mars 2018 ont envoyé un message positif à tous ceux qui suivent la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Alors que les Colombiens ont continué à faire preuve de patience et de persévérance face aux défis du processus, ils doivent encore concrétiser tous les termes de l’Accord de paix.  Le Conseil de sécurité doit maintenir son appui.  Mme Guadey a appelé à une « grande prudence » pour éviter les conséquences imprévues.  Nous sommes également conscients des problèmes « sensibles » qui nécessitent encore une attention particulière, s’est-elle expliquée.  Elle a pris note du « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile » et exhorté le Gouvernement colombien et l’Armée nationale de libération à s’engager dans des discussions constructives et de bonne foi pour parvenir à un nouveau cessez-le-feu et à un accord de paix permanents. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a déclaré que les élections présidentielle et législatives de mai dernier avaient été parmi les plus pacifiques et inclusives que la Colombie ait connues en 50 ans.  Une volonté politique soutenue sera nécessaire de la part des parties prenantes pour mettre en œuvre l’Accord de paix.  L’acceptation par le Congrès du règlement intérieur de la Juridiction spéciale pour la paix et les premières auditions publiques de cette Juridiction envoient des messages positifs, s’est réjoui le représentant qui a aussi salué l’investiture du nouveau Congrès, avec 10 représentants du parti politique des FARC.  Mais, préoccupé par les assassinats des militants de droits de l’homme et de 22 membres des FARC rien qu’au cours de la période à l’examen, il a dit placer beaucoup d’espoir dans le « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile ». 

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a insisté sur trois points.  Avant toute chose, a dit le représentant, la France réitère ses félicitations aux autorités colombiennes pour l’organisation et le bon déroulement de l’élection présidentielle des 27 mai et 17 juin derniers.  Ce nouvel exercice démocratique confirme l’évolution de la vie politique colombienne vers un climat plus apaisé et vers une plus grande participation des citoyens colombiens au processus démocratique. 

M. Michon a encouragé les autorités élues à poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix conclu avec les FARC, « dans toutes ses dimensions ».  Une attention particulière devra être apportée à la Juridiction spéciale pour la paix, qui représente la clef de voûte du système de vérité, justice, réparation et non répétition.  Il faudra aussi accorder une attention particulière à la certification des anciens membres de la guérilla et à l’amnistie des détenus, mais également à la recherche des dizaines de milliers de personnes portées disparues.  « Ces engagements de l’État colombien sont des engagements pour la paix pris devant la communauté internationale.  Il importe qu’ils soient pleinement honorés », a souligné M. Michon.

Il a ensuite parlé de la sécurité des femmes et des hommes mobilisés en faveur de la paix dans les zones affectées par le conflit.  Malgré l’engagement des autorités colombiennes à réduire le niveau de violence, la situation reste toujours préoccupante, a estimé le représentant qui a encouragé les efforts engagés et préconisé le déploiement des services de l’État qu’il s’agisse des forces de sécurité ou des institutions civiles dans les zones auparavant sous l’influence des FARC. 

Par ailleurs, la lutte contre l’impunité à l’égard des crimes commis dans le cadre du conflit, y compris les exécutions extrajudiciaires, est centrale.  Avant de terminer, le délégué a attiré l’attention sur un point central pour la réintégration et l’avenir du processus de paix: l’accès à la terre et aux sources de revenus.  Cette réintégration socioéconomique étroitement liée au déploiement des services de l’État dans les zones les plus vulnérables aux groupes armés illégaux, est la clef du succès durable du processus de paix, a-t-il insisté. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a espéré que la prochaine administration de la Colombie respectera et assurera la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix et que le nouveau Congrès accélèrera les réformes politiques et rurales.  Il s’est félicité du lancement de la Juridiction spéciale pour la paix.  Mais le représentant s’est inquiété de la violence meurtrière contre les leaders sociaux, les militants communautaires et les défenseurs des droits de l’homme.  Il a espéré que les nouvelles mesures annoncées par le Président Santos Calderón permettent d’assurer la sécurité collective des groupes menacés.  La vulnérabilité des anciens combattants des FARC et de leurs familles est également une source d’inquiétude.  Le représentant a salué la poursuite des pourparlers entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale et a espéré qu’un nouveau cessez-le-feu bilatéral pourra être conclu dans le cadre des consultations qui ont débuté le 2 juillet.  Il a appelé la prochaine administration colombienne à poursuivre les négociations à cette fin.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a salué le bon déroulement du récent scrutin présidentiel en Colombie.  Elle a dit regretter que des affrontements se poursuivent dans le pays, en dépit des accords signés par les parties.  Elle a suggéré au nouveau Gouvernement de garantir les acquis et de poursuivre les efforts en faveur du processus de paix.  Elle a par exemple demandé que des mesures soient prises pour la réinsertion des anciens membres des FARC et exhorté le Gouvernement colombien à trouver un accord avec l’Armée de libération nationale (ELN).  Un gouvernement est le « principal garant de l’unité nationale », comme l’a rappelé le Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au cours du dialogue national en Guinée équatoriale, a souligné la représentante. 

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a réaffirmé son plein appui au processus de paix en Colombie, souhaitant que le prochain tour des négociations soit couronné de succès.  Il s’est félicité des efforts consentis par le Président Santos Calderón et les dirigeants des FARC qui ont placé l’intérêt collectif au-dessus des leurs.  Il a salué les progrès accomplis ces derniers mois pour sécuriser le pays, réintégrer les anciens membres des FARC et assurer le bon fonctionnement de la justice transitionnelle.  Le représentant a également jugé nécessaire d’accorder une attention accrue aux femmes et aux jeunes, qu’il a qualifiés de « garants de l’avenir ».

M. OLOF SKOOG (Suède) a salué le début des travaux de la Juridiction spéciale pour la paix mais s’est dit gravement préoccupé par l’augmentation du nombre de meurtres des défenseurs des droits de l’homme, de dirigeants communautaires et de membres des FARC.  Il faut, a-t-il dit, combler le vide du pouvoir.  Il s’est- félicité de la signature du « Pacte dénonçant la violence à l’encontre des figures de la société civile » et a insisté sur une pleine réintégration politique, juridique et socioéconomique des anciens membres des FARC-EP.  Lutter contre le trafic de drogue est également primordial pour faire avancer la paix, le développement et l’état de droit dans les anciennes zones de conflit.  Le représentant a encouragé les programmes de substitution volontaires.

M. ÓSCAR ADOLFO NARANJO TRUJILLO, Vice-Président de la Colombie, a demandé à ses compatriotes de « chérir la paix », car il faut tourner la page des 50 années de violence.  Telle a été la conviction du Président Juan Manuel Santos Calderón, a-t-il affirmé, tout en rejetant tout soupçon de calcul politique derrière cet engagement en faveur de la paix.  Pour lui, « chérir la paix » c’est mettre en œuvre l’Accord de paix.  À cet égard, il a salué la mutation des FARC qui sont passés de groupe défiant l’autorité de l’État à un parti politique, et plus récemment, à un groupe parlementaire représenté à l’Assemblée nationale au terme des élections législatives de mars dernier.  Il s’est félicité de voir que 13 000 anciens combattants sont désormais inscrits dans des programmes de réinsertion et que 12 000 d’entre eux reçoivent chaque mois l’équivalent de 90% du salaire minimum.

Le Vice-Président s’est enorgueilli du fait que son gouvernement laisse à ceux qui prendront le relais un document clair détaillant la feuille de route de la poursuite du processus de paix.  En 2017, a-t-il rappelé, la Colombie a connu son plus faible taux d’homicide depuis 42 ans, grâce à l’Accord de paix.  Le Vice-Président a néanmoins déploré la recrudescence des attaques contre les défenseurs des droits de l’homme et les membres de la société civile. 

Poursuivant sur la même lancée, M. Naranjo Trujillo a précisé que « Chérir la paix » signifie aussi que la Juridiction spéciale pour la paix puisse examiner les dossiers et prononcer des jugements contre ceux qui se seraient rendus coupables de crimes pendant le conflit.  La société colombienne devra avancer en « trouvant l’équilibre entre justice et réconciliation ».

Maintenant, il va falloir, a souligné le Vice-Président, asseoir la présence de l’État sur tout le territoire et cette présence ne doit plus avoir le visage d’un policier ou d’un militaire.  « Chérir la paix » c’est aussi reconnaître le rôle que la communauté internationale a joué.  Le Vice-Président a tenu à remercier solennellement le Conseil de sécurité. 

Il faut aussi surmonter la tragédie du trafic des drogues, a reconnu M. Naranjo Trujillo, en vantant le succès de la stratégie gouvernementale visant à introduire des cultures de substitution.  « Cent vingt-quatre mille familles ont dit vouloir abandonner la culture des substances illicites », a-t-il salué, tout en déplorant que les organisations de la criminalité transnationale organisée entendent perpétuer leurs affaires.

Enfin, « chérir la paix » c’est tirer les leçons du processus colombien qui peut être une source d’inspiration pour d’autres nations qui veulent tourner la page au conflit, a estimé le Vice-Président de Colombie, avant d’assurer que le nouveau Gouvernement entend préserver l’Accord de paix.

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