L’ECOSOC achève sa Réunion de coordination et de gestion en retirant deux États de la liste des pays les moins avancés
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, la quatrième et dernière réunion de coordination et de gestion de sa session 2018, en adoptant 13 résolutions et 12 décisions portant sur des questions aussi diverses que le développement d’Haïti, les répercussions économiques de l’occupation israélienne, la société de l’information ou encore les pays les moins avancés.
L’ECOSOC a notamment souscrit aux recommandations de son Comité des politiques de développement de retirer le Bhoutan et les Îles Salomon de la liste des pays les moins avancés.
Il a en revanche rejeté la proposition, par ce même Comité, de création d’une catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques.
En outre, par une résolution relative au « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » l’ECOSOC demande d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra en Haïti.
Par un texte portant sur le « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 », l’ECOSOC se félicite par ailleurs de l’entrée en activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés et de l’inauguration de son siège à Gebze (Turquie) et invite les États Membres à lui fournir l’aide technique nécessaire pour son bon fonctionnement.
Il se déclare en revanche gravement inquiet que la part des dépenses consacrées aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies dans les pays les moins avancés soit tombée à 46% de l’ensemble des dépenses au niveau des pays en 2016, contre plus de 50%jusqu’en 2014. Aussi, engage-t-il le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’accorder la priorité aux allocations qui sont destinées à ces pays en élaborant des directives opérationnelles.
Au cours de cette journée de travail, l’ECOSOC a également porté son attention sur le rôle de la société de l’information, ainsi que sur la science, la technologie et l’innovation au service du développement.
Le Conseil a ainsi souligné qu’il faut d’urgence combler la fracture numérique en ce qui concerne la disponibilité et le caractère abordable du haut débit, ainsi que « l’importance déterminante » du multilinguisme et du contenu local dans la société de l’information.
Le Conseil exhorte également à continuer de s’attacher à tirer le meilleur parti du commerce électronique pour promouvoir le développement dans le cadre d’initiatives telles que « Commerce électronique pour tous ».
Il recommande par ailleurs de se pencher sur les conséquences de l’évolution drastique de l’économie numérique pour les marchés du travail et à favoriser la création d’écosystèmes numériques inclusifs.
La réunion a également été marquée par l’adoption par 45 voix pour, 2 abstentions, du Cameroun et du Rwanda, et l’opposition du Canada et des États-Unis d’une résolution sur les « répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé ».
Par ce texte, l’ECOSOC demande notamment l’ouverture complète des postes frontières de la bande de Gaza afin que soient garantis l’accès du personnel humanitaire et la circulation régulière des personnes et des biens et que soient levées toutes les restrictions à la liberté de circulation imposées au peuple palestinien.
L’adoption a été précédée par un long débat entourant différentes propositions d’amendements présentés par l’Égypte et Israël.
À noter également que le Conseil économique et social a, par ailleurs, approuvé l’admission de la Guyane française à la qualité de membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Il a aussi décidé d’accorder un statut consultatif à plus de 200 ONG, y compris, à l’issue d’un vote, à la Konrad-Adenauer-Stiftung, de l’Allemagne.
L’ECOSOC se réunira de nouveau le 26 juillet pour élire les membres de son bureau pour la session 2019.
RÉUNION DE COORDINATION ET DE GESTION
Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions
Pays africains qui sortent d’un conflit
Le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. ION JINGA (Roumanie), a indiqué que les travaux de la Commission, qui a été créée en 2005, se concentrent principalement sur les pays africains.
Il a précisé que le Sahel reste une priorité claire pour les travaux de la CCP, notamment en ce qui concerne les efforts pour faire progresser la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Pour renforcer les synergies dans la région, la session annuelle de la Commission sera d’ailleurs exclusivement consacrée à la question du Sahel. Il a en outre noté que les défis sécuritaires d’aujourd’hui ont souvent un caractère transfrontalier. M. Jinga a également appelé à ne pas oublier les dimensions économiques et de développement de la consolidation de la paix, tout en plaidant pour une consolidation de la paix qui tienne compte de l’approche genre.
Le Coordonnateur humanitaire par intérim des Nations Unis au Soudan du Sud et Représentant du Programme alimentaire mondial (PAM), M. ADNAN KHAN, intervenant par visioconférence depuis Djouba, a présenté le Rapport du Secrétaire général intitulé « Apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies » (E/2018/70).
Ce document indique que, malgré le renouveau de l’Accord de paix et en dépit du nouvel espoir suscité par les progrès qui en ont découlé, la situation a continué de se dégrader au Soudan du Sud. Ainsi, la communauté internationale rencontre de grandes difficultés dans les efforts qu’elle déploie pour passer de l’octroi de l’aide humanitaire d’urgence et de la protection des civils à une action axée sur les priorités en matière de développement. La détérioration du climat général s’explique essentiellement par la poursuite des combats et des violences dans de nombreuses parties du pays, les conflits étant devenus de plus en plus fragmentés et localisés au cours de la période considérée.
La crise humanitaire s’est également aggravée au Soudan du Sud, par l’effet combiné du conflit prolongé, des déplacements et du déclin économique. Rien ne témoigne mieux de cette dégradation que l’augmentation de la faim. La famine localisée dans l’État de l’Unité a certes été stoppée à la mi-2017, mais un nombre record de 6 millions de personnes demeuraient en situation d’insécurité alimentaire grave en septembre 2017 et aucune solution n’avait encore été apportée aux causes sous-jacentes de la faim. En janvier 2018, quelque 5,3 millions de personnes (soit 48% de la population) souffraient d’insécurité alimentaire grave, soit 1,5 million de plus qu’à la même période en 2017.
À la fin de la période considérée, en avril 2018, on estimait qu’environ 7 millions de personnes (soit presque les deux tiers de la population du Soudan du Sud) risquaient d’être victimes de la famine dans les mois à venir si elles n’avaient pas accès à une aide humanitaire soutenue. Cela représenterait 57% de la population et 1,4 million de personnes de plus qu’à la même période en 2017.
La malnutrition a également atteint des niveaux sans précédent. D’après les prévisions, plus de 1,1 million d’enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition en 2018, dont près de 300 000 seront si gravement sous-alimentés qu’ils se trouveront en grand danger de mort. Cela fait de l’année 2018 la plus difficile que le pays n’ait jamais connue.
Le rapport indique également que la région abrite actuellement plus de 2,5 millions de réfugiés sud-soudanais et le conflit a donné lieu à la troisième plus grande crise de réfugiés au monde, après celles de la République arabe syrienne et de l’Afghanistan. En février 2018, quelque 1,8 million de personnes étaient encore déplacées, parmi lesquelles plus de 200 000 vivaient dans des zones de protection des civils situées sur les bases de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Nombre de déplacés sont contraints de fuir leur foyer à plusieurs reprises, ce qui accroît leur vulnérabilité et leur besoin de protection. En février 2018, le Soudan du Sud comptait environ 290 000 réfugiés venus de pays voisins.
À cela s’ajoute une situation économique qui demeure difficile. La hausse des prix mondiaux du pétrole ces derniers mois et du cours du brut, qui a atteint 70 dollars le baril en janvier 2018, n’a pas amélioré l’afflux de recettes publiques. Cela tient essentiellement au fait que la production de pétrole est restée faible, à 120 000 barils par jour, soit un tiers du niveau de 2010, juste avant l’indépendance, ainsi qu’aux sommes restant à payer au Soudan et au remboursement des arriérés. La marge de manœuvre budgétaire s’en trouve considérablement restreinte, notamment pour ce qui est de verser les salaires en temps voulu.
En outre, la monnaie nationale, la livre sud-soudanaise, a continué de se déprécier par rapport au dollar des États-Unis, le taux du marché s’établissant actuellement à 250 livres sud-soudanaises pour 1 dollar, soit une baisse de 58% en un an. Il en a résulté, entre autres effets, une hausse des prix des produits de première nécessité, y compris les denrées alimentaires. Janvier 2018 est devenu le vingt-sixième mois consécutif à connaître une inflation à trois chiffres, soit 125%.
Le conflit complique également l’acheminement de l’aide par les organismes humanitaires et perturbe directement les opérations des Nations Unies. Les acteurs humanitaires ont pris des risques majeurs pour venir en aide aux personnes dans le besoin, au milieu d’affrontements, dans un climat d’insécurité et face à des interdictions d’accès.
Le rapport conclu que le dialogue, mené à tous les niveaux, est indispensable à l’instauration de la paix et à la réconciliation.
Décision sur le projet de décision
Le Conseil a ensuite adopté sans vote, et telle qu’oralement amendée, le projet de décision E/2018/L.24 intitulé « Pays africains sortant d’un conflit » par lequel il demande qu’un rapport sur l’apport d’un appui intégré, cohérent et coordonné au Soudan du Sud par les organismes des Nations Unies soit présenté au Conseil à sa session de 2019 pour examen.
Programme à long terme d’aide à Haïti
Présentation du rapport
En sa qualité de Président du Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti, M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a présenté le rapport du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti E/2018/75.
Le rapport, soumis conformément à la résolution 2017/26 du Conseil économique et social, expose les principales conclusions que le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti a tirées de ses visites à Washington, en mars 2018, et en Haïti, en mai 2018, au cours desquelles ses membres se sont entretenus avec plusieurs hauts responsables des pouvoirs exécutif et législatif ainsi qu’avec des représentants de la société civile et du secteur judiciaire.
Si le Groupe convient qu’Haïti est pleinement responsable de son développement, il reconnaît la situation complexe et difficile dans laquelle se trouve le pays. Il note que plus d’un an après la transition pacifique et démocratique de 2017, de nouvelles mesures ont été prises pour favoriser la stabilité politique et institutionnelle. Avec l’appui de la communauté internationale et du système des Nations Unies, le Gouvernement a continué de consolider la transition, notamment en examinant et en promulguant de nouvelles lois pour renforcer l’administration de la justice et l’état de droit, ainsi qu’en définissant un projet axé sur la résilience et le développement durable et fondé sur un ensemble clair de priorités en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le Groupe invite les autorités haïtiennes, la communauté internationale, le système des Nations Unies et d’autres partenaires de développement à continuer de tirer parti des possibilités offertes par les progrès accomplis à ce jour pour assurer un avenir meilleur pour le pays. Le Groupe exhorte la communauté internationale à continuer d’aider Haïti à bâtir un avenir placé sous le signe du développement durable.
M. Blanchard a conclu en notant que le pays a un immense potentiel économique, mais que davantage d’efforts doivent être consentis afin de débloquer et maximiser ce potentiel. « C’est la seule façon pour Haïti d’atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il relevé.
Discussion générale
Intervenant par visioconférence depuis Port-au-Prince, le Coordonnateur résident des Nations Unies par intérim et Représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti, M. RONALD TRAN BA HUY, a décrit la situation socioéconomique qui prévaut dans le pays. Il a rappelé que, le 6 juillet dernier, des manifestations contre la hausse du prix du carburant ont paralysé le pays, avant que le Gouvernement ne revienne sur sa décision. Après ces évènements, le Président est intervenu à la télévision le 14 juillet afin de confirmer la démission du Premier Ministre et de son gouvernement.
Le Coordonnateur résident a ensuite noté que les prévisions laissent croire un déficit budgétaire cette année en Haïti, alors que la dette extérieure du pays se chiffre désormais à 2,6 milliards de dollars. L’un des points positifs est que la production agricole sera meilleure que les années précédentes en raison d’une pluviométrie plus favorable.
Il a relevé que la transition vers une présence onusienne autre que liée au maintien de la paix sera une étape importante pour le travail des Nations Unies dans le pays. Un plan de transition sécuritaire est en cours d’élaboration, lequel prendra en considération le fait que l’équipe de pays des Nations Unies devra désormais opérer sans le soutien sécuritaire auquel il était habitué. Le pays fait toujours face au risque de retomber dans la crise du choléra malgré des efforts probants pour son éradication, a-t-il aussi averti, appelant à une mobilisation des ressources pour consolider les résultats.
M. Tran Ba Huy a salué le rôle que joue la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), avant de préciser qu’Haïti continuera d’avoir besoin de l’appui de la communauté internationale pour consolider les progrès accomplis depuis sa transition démocratique en 2017. Et cet appui devrait être bien coordonné et cohérent et devrait cibler les priorités nationales de développement, en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. DENIS REGIS (Haïti) a rappelé que son pays fut le premier à accueillir, en 1948, la première mission de l’ECOSOC. Il a noté que 70 ans après, nombre de recommandations de cette première mission demeurent d’actualité, notamment celles en rapport avec l’urgence du soutien à l’agriculture haïtienne. Il a aussi insisté sur l’urgence de la relance des investissements publics, notamment dans les domaines des services essentiels. Il a expliqué que c’est l’absence de tels investissements qui pénalise la paix sociale, notamment du fait de la « stagnation de la pauvreté ».
M. Regis a indiqué que le développement d’Haïti ne peut venir que des Haïtiens eux-mêmes. Mais la communauté internationale doit également veiller à aligner son assistance aux priorités nationales définies par le Gouvernement, a-t-il plaidé, citant, parmi ces priorités, la lutte contre le choléra et la réforme des institutions nationales.
Le représentant d’El Salvador, dont le pays est membre du Groupe des Amis d’Haïti, a appelé à un soutien continu pour l’équipe de pays de l’ONU et la MINUJUSTH, notamment dans l’optique du soutien attendu aux activités prioritaires de renforcement de la police et la justice. Un appui technique en la matière est du reste apporté par El Salvador, a souligné le représentant.
Décision sur le projet de résolution
Le projet de résolution intitulé « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » (E/2018/L.18) a ensuite été adopté sans vote. Par ce texte, l’ECOSOC décide de proroger le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2019, afin de pouvoir suivre la situation de près et de formuler des conseils concernant la stratégie de développement à long terme d’Haïti, en accordant une attention particulière à la nécessité d’assurer un appui international cohérent et durable à Haïti, dans le respect des priorités nationales de développement à long terme et du Plan stratégique de développement d’Haïti.
L’ECOSOC invite également les donateurs à aligner leurs efforts sur le Plan d’élimination du choléra en Haïti (2013-2022), la nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti des Nations Unies et le plan national de santé, ainsi que sur les autres initiatives prises à l’échelle nationale contre les maladies d’origine hydrique, et à fournir les ressources financières nécessaires à leur mise en œuvre.
En vertu de ce texte, l’ECOSOC demande d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra, comme indiqué dans le Plan d’aide humanitaire de 2018 pour Haïti, et engage les partenaires à faire le lien entre les activités à court terme et le développement à long terme afin de renforcer la résilience et de réduire la répétition des crises.
L’ECOSOC demande par ailleurs le resserrement de la coopération entre la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et l’équipe de pays des Nations Unies et une concertation plus étroite avec le Gouvernement haïtien, compte tenu en particulier du plan de retrait de la Mission, afin d’assurer la mise en œuvre de l’initiative Unité d’action des Nations Unies par les entités des Nations Unies présentes en Haïti.
Du fait de cette résolution, l’ECOSOC devra en outre prévoir un budget de 39 200 dollars pour couvrir notamment les voyages des membres du Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti et de deux fonctionnaires onusiens.
Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé
Présentation du Rapport (A/73/87-E/2018/69)
Le Directeur de la Division des questions émergentes et liées aux conflits, M. TARIK ALAMI, a présenté le rapport du Secrétaire général sur les « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé ».
Ce document rend compte des pratiques et mesures auxquelles Israël continue de recourir, en particulier celles qui contreviennent au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme et qui influent sur la situation économique et sociale des populations qui subissent son occupation militaire.
M. Alami a dénoncé le recours à la force par Israël contre les Palestiniens ainsi que les attaques perpétrées par les colons israéliens et la destruction des domiciles et structures palestiniennes. Il s’est inquiété du fait que plus de 80% des habitants de Gaza dépendent de l’aide humanitaire, avertissant en outre de l’impact délétère de plus de 50 années d’occupation pour la population palestinienne.
La représentante de la Syrie s’est réjouie que les informations fournies par le Gouvernement syrien sur le Golan syrien occupé aient été incluses dans le rapport. Elle a dénoncé l’exploitation par Israël des ressources naturelles du Golan et la scolarisation forcée des enfants arabes par la Puissance occupante, ainsi que l’imposition de la citoyenneté israélienne, y voyant une tentative d’effacer l’identité du peuple syrien. Elle a aussi contesté les élections qui doivent être organisées cette année par Israël dans quatre villes du Golan. Elle a aussi dénoncé l’appui d’Israël aux groupes terroristes armés comme el-Nosra. Elle a demandé à l’ECOSOC à prendre une décision ferme contre ces pratiques israéliennes.
La représentante d’Israël s’est dit déçue par la présentation d’un rapport « tendancieux, faux et inexact ». C’est un document de propagande. Il ne fait pas mention des projets de développement qui bénéficient aux Palestiniens dans les domaines notamment de la télécommunication, des infrastructures, de l’agriculture. Le rapport accuse Israël d’être responsable de tous les maux subis par les Palestiniens sans parler du refus, par exemple, des Palestiniens de siéger au Conseil de l’eau, a-t-elle dénoncé. Il ne parle pas des activités terroristes du Hamas et ses tirs de roquettes en Israël. Elle a pointé le parti pris délibéré des auteurs du rapport. Elle a aussi fustigé les informations inexactes fournies par la Syrie sur le Golan syrien occupé. Ce rapport est une attaque incendiaire et une propagande contre Israël, a-t-elle martelé.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine a déclaré que rien ne saurait compenser la colonisation d’une terre. Il a averti qu’avec l’occupation, Israël est en train de couper la continuité du territoire palestinien et que les répercussions économiques et sociales de l’occupation sont vastes. Notre économie est largement compromise et la population est déplacée de force, Gaza est proche de l’effondrement sous l’effet d’un blocus de 10 ans et la Vallée du Jourdain n’est pas accessible aux Palestiniens et est exploitée par Israël qui en exporte les productions. Le représentant a salué la décision de l’Irlande de boycotter les marchandises israéliennes produites dans les colonies de peuplement.
Propositions d’amendement du projet de résolution E/2018/L.19
Le représentant de l’Égypte a présenté un amendement oral au paragraphe 14 du dispositif du projet de résolution portant sur la situation des détenus palestiniens et la restitution des dépouilles.
La représentante des États-Unis s’est opposée à cet amendement oral au motif que celui-ci ne respecte pas la règle de 24 heures du règlement intérieur donnant aux membres du Conseil un temps de réflexion.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Algérie a demandé un vote sur l’amendement oral égyptien.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine a vu dans l’amendement un moyen de préserver le multilatéralisme et de promouvoir le respect mutuel.
Israël a, pour sa part, regretté que l’amendement échoue à condamner les actions du Hamas.
L’amendement proposé par l’Égypte a ensuite été adopté par 40 voix pour, l’opposition des États-Unis et 5 abstentions (Canada, Inde, Japon, République de Corée et Rwanda).
À l’issue du vote, le représentant de l’Espagne, au nom de l’Union européenne, a apporté des éclaircissements sur l’interprétation, par sa délégation, de certains termes contenus dans la résolution, précisant qu’elle considère que le terme « Gouvernement palestinien » désigne l’Autorité palestinienne.
Le Conseil a ensuite tourné son attention sur une autre proposition d’amendement du projet de résolution L.19, contenu dans le document E/2018/L.27.
Présenté par Israël, celui-ci propose que l’ECOSOC demande la libération immédiate des civils et des soldats détenus à Gaza par le Hamas. En son état actuel, a dénoncé la délégation israélienne, le projet de résolution passe sous silence les crimes commis par le Hamas « qui règne sur Gaza avec une poigne de fer ».
L’Observateur permanent de l’État de Palestine a pointé le fait qu’Israël continue de détenir les dépouilles de Palestiniens ce qui, a-t-il affirmé, remet en cause sa crédibilité.
Les États-Unis ont pour leur part affirmé que le Hamas ne contribue en rien à améliorer le sort des Palestiniens et a estimé que le Conseil devrait le tenir responsable de la détention de prisonniers.
L’amendement proposé par Israël a ensuite été rejeté par 18 voix. Vingt-trois membres du Conseil se sont abstenus, tandis que le Canada, la Colombie, les États-Unis, le Mexique, et l’Uruguay ont voté pour.
Israël a vu dans ce vote le refus du droit des mères de connaître le sort de leurs fils.
Adoption du projet de résolution E/2018/L.19
La représentante des États-Unis s’est inquiétée du parti pris de cette résolution contre Israël et a averti que le rapport et la résolution ne font qu’attiser la tension et compromettent la paix. Un accord global pour la fin du conflit est possible par le biais d’un dialogue direct entre les deux parties. Le Hamas doit reconnaître que l’existence d’Israël est permanente et œuvrer pour la paix et la prospérité des Palestiniens.
L’ECOSOC a ensuite adopté par 45 voix pour, 2 abstentions (Cameroun et Rwanda) et l’opposition du Canada et des États-Unis le projet de résolution, tel qu’oralement amendé par l’Égypte.
Par ce texte, l’ECOSOC demande l’ouverture complète des postes frontières de la bande de Gaza, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité, afin que soient garantis l’accès du personnel humanitaire et la circulation régulière des personnes et des biens et que soient levées toutes les restrictions à la liberté de circulation imposées au peuple palestinien.
Le Conseil souligne qu’il faut préserver la continuité, l’unité et l’intégrité territoriales du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et garantir la libre circulation des personnes et des biens dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, ainsi qu’à destination et en provenance du monde extérieur.
L’ECOSOC exige d’Israël qu’il respecte le Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine signé à Paris le 29 avril 1994;
Il demande à Israël de remettre en état et de remplacer les biens civils, les infrastructures essentielles, les terres agricoles et les services administratifs endommagés ou détruits du fait de ses opérations militaires dans le Territoire palestinien occupé;
Il demande également à Israël, Puissance occupante, de cesser immédiatement d’exploiter les ressources naturelles, minières et hydriques notamment, et de mettre fin, dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé, au déversement de déchets de toutes sortes. Il demande que les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, soient amenés à en répondre.
L’ECOSOC lance un appel pour qu’on prête d’urgence attention aux souffrances endurées par les prisonniers et les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes et aux droits que leur confère le droit international et demande aux deux parties d’en faire plus pour continuer de libérer des prisonniers et des détenus.
Interventions à l’issue du vote
Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué avoir voté en faveur de la résolution même s’il s’était abstenu lors du vote sur l’amendement proposé par Israël.
Le représentant des Philippines, qui a voté pour la résolution, a déclaré qu’il était préoccupé par la sécurité de la population palestinienne et a dénoncé les retards pour trouver une issue su conflit. Une solution durable dépend des deux parties et ne peut être imposée de l’extérieur, a-t-il notamment souligné.
L’Observateur permanent de l’État de Palestine a affirmé que cette résolution n’est pas anti-israélienne mais anticoloniale. Si Israël abandonnait l’occupation, la résolution serait tout autre, a-t-il dit.
Cette résolution ne dit aucun mot sur le Hamas qui contrôle Gaza, a protesté Israël. La résolution ne parle pas non plus de l’échec de l’Autorité palestinienne, de sa mauvaise gestion et de sa corruption, et n’est rien de plus qu’un autre exemple du parti pris contre Israël qui prévaut au sein des Nations Unies.
L’Uruguay a estimé que la résolution rappelle l’existence d’un problème qui doit être réglé de toute urgence et la nécessité de répondre aux besoins fondamentaux des Palestiniens.
Le Soudan, qui a voté en faveur de la résolution, a réaffirmé le soutien de sa délégation aux droits du peuple palestinien à vivre dans la dignité dans un État indépendant.
Assistance au peuple palestinien (A/73/84-E/2018/72)
L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien.
Organisations non gouvernementales
Rapport du Comité chargé des organisations non gouvernementales sur les travaux de la reprise de sa session de 2018 (E/2018/32)
Le représentant du Royaume-Uni a déclaré que la participation des ONG aux travaux du Conseil devait être encouragée. Le représentant est préoccupé que le Comité des ONG n’avait pas eu le temps d’examiner tous les rapports quadriennaux qui lui avaient été présentés lors de sa deuxième reprise de session de mai. Il s’est également inquiété de la discrimination contre les ONG consacrées aux droits de l’homme.
Demande d’admission au statut consultatif auprès du Conseil économique et social présentée par l’organisation non gouvernementale Konrad-Adenauer-Stiftung (E/2018/L.29)
Le représentant de la Fédération de Russie est préoccupé que la demande de statut consultatif par les ONG est de plus en plus souvent pilotée par les États. Il a affirmé que la KAS n’avait pas répondu aux questions des membres du Comité et a proposé de continuer l’examen de la demande de l’ONG au sein du Comité. Le représentant a ensuite présenté une motion demandant l’ajournement de la demande d’admission au statut consultatif auprès de l’ECOSOC de la KAS déposée par l’Allemagne.
Le représentant de la Chine est préoccupé que ces dernières années, certains pays aient cherché à contraindre l’ECOSOC à revenir sur les décisions du Comité des ONG. Il a appuyé la motion présentée par la Fédération de Russie.
Le représentant de l’Allemagne a souligné que la KAS avait répondu à toutes les questions du Comité des ONG et a rejeté la demande d’ajournement de la Russie.
Le Venezuela est préoccupé de la tendance de l’ECOSOC à ne pas confirmer les décisions du Comité des ONG. Le représentant a soutenu la demande d’ajournement déposée par la Fédération de Russie.
La représentante des États-Unis a estimé pour sa part que la KAS est bien considérée et pourrait contribuer de manière substantielle aux travaux de l’ECOSOC. La demande d’ajournement est un abus du règlement intérieur de l’ECOSOC qui vise à empêcher le Conseil à prendre une décision, a-t-elle dénoncé.
Vote sur la demande d’ajournement
L’ECOSOC a rejeté la motion de non-action déposée par la Fédération de Russie par 27 voix contre, 10 voix pour et 7 abstentions (Algérie, Bénin, Équateur, Iraq, Liban, Turquie, Émirats arabes unis).
Adoption du projet de décision E/2018/L.29
Au nom de l’Union européenne, la République Tchèque a indiqué que la KAS avait ouvert un bureau à New York, en 2017 dans le but d’appuyer le travail des Nations Unies dans plusieurs domaines. Elle a aussi estimé que la KAS répond à tous les critères requis pour obtenir un statu auprès de l’ECOSOC.
La représentante de Cuba a déclaré que cette ONG vise à renverser l’ordre constitutionnel à Cuba et que le Directeur de bureau de la KAS au Mexique est en relation avec des terroristes d’origine cubaine comme Luis Posada Carilles.
La représentante des États-Unis a regretté qu’un État Membre, « dont l’hostilité à la société civile est bien connue », continue de s’opposer aux demandes de telles ONG.
L’ECOSOC a ensuite décidé par 28 voix pour, 8 voix contre (Chine, Philippines, Fédération de Russie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Afrique du Sud, Soudan, Venezuela, Viet Nam) et 11 abstentions, d’accorder le statut consultatif spécial à l’ONG Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS), de l’Allemagne.
À l’issue du vote, la représentante du Viet Nam a fait savoir que la KAS travaille au Viet Nam depuis 2012, mais a toutefois regretté que nombre des questions légitimes des membres du Comité des ONG soient restées sans réponses.
La représentante du Rwanda a estimé que les ONG dotées du statut consultatif doivent se consacrer uniquement au développement socioéconomique et ne pas s’occuper de questions politiques.
Adoption d’autres projets de décision
L’ECOSOC a ensuite adopté les huit projets de décision contenus dans le rapport du Comité des ONG (E/2018/32).
Sur la recommandation de ce dernier, l’ECOSOC décide notamment d’accorder le statut consultatif à 209 organisations non gouvernementales.
Le Conseil s’est également prononcé sur des demandes de retrait de la liste, la suspension du statut consultatif de 152 ONG, et la réadmission de 27 ONG qui ont présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance.
L’ECOSOC décide que la session ordinaire de 2019 du Comité des ONG se tiendra du 21 au 30 janvier et le 8 février 2019 et que la reprise de la session aura lieu du 16 au 24 mai et le 4 juin 2019.
Coopération régionale
Présentation de rapport
M. AMR NOUR, Directeur du Bureau des commissions régionales à New York, a présenté les rapports du Secrétaire général sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et les domaines connexes (E/2018/15) et (E/2018/15/Add.1).
Si le second rapport complète le premier en contenant notamment des projets de résolution, le premier, pour sa part, met en lumière le rôle central des acteurs régionaux dans la traduction du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en réalisations pratiques à l’échelle nationale.
La première partie du rapport montre comment il est tiré parti, de manière intégrée et en générant de la valeur ajoutée, des ressources et des fonctions essentielles des commissions régionales pour aider les États Membres à mettre en œuvre le Programme 2030. Le rapport contient aussi des exemples de la contribution qu’apportent les commissions régionales au renforcement de l’appui à la mise en œuvre, au suivi et à l’examen du Programme 2030.
La deuxième partie du rapport présente les faits nouveaux survenus et les résultats obtenus dans certains domaines de la coopération régionale et interrégionale, notamment les questions de fond examinées lors des sessions des commissions régionales et des autres réunions intergouvernementales; les efforts visant à promouvoir la cohérence au niveau régional, y compris par le biais des différents mécanismes de coordination régionale et de la mise en œuvre de la déclaration de collaboration entre les commissions régionales et le Groupe des Nations Unies pour le développement; et l’amélioration de la coopération entre les commissions régionales.
Discussion générale
Le représentant d’El Salvador a rappelé que la situation de chaque région est particulière. Pour le cas de l’Amérique latine et les Caraïbes, un forum de la CEPALC, prévu à Santiago du Chili, va permettre d’affiner la stratégie régionale en vue de réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Le délégué du Chili a parlé du chevauchement des mandats entre les commissions économiques régionales et les agences onusiennes. Il a souhaité qu’un rapport interne sur cette question soit présenté à l’ECOSOC pour examen. Il s’est également dit préoccupé du fait que le Secrétariat envisagerait de réduire le nombre de personnels des commissions économiques régionales.
Décision sur les projets de résolution contenus dans le rapport
L’ECOSOC a adopté sans vote la résolution intitulée « Admission de la Guyane française à la qualité de membre associé de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes ». En vertu de ce texte, le Conseil économique et social approuve l’admission de la Guyane française à la qualité de membre de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Aux termes de la résolution I, l’ECOSOC approuve les statuts actualisés de l’Institut africain de développement économique et de planification, dont le texte est annexé à la résolution.
En vertu de la résolution II, l’ECOSOC approuve les nouvelles orientations stratégiques de la Commission économique pour l’Afrique énoncées dans la note de la Secrétaire exécutive intitulée « Nouvelles orientations stratégiques: pour une Afrique autonome et transformée: passer des idées à l’action », laquelle est annexée à la résolution.
Ensuite, le Conseil économique et social a adopté, également sans vote, la résolution III par laquelle il approuve la décision de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique de tenir sa cinquante-deuxième session, au Maroc, en 2019.
Dans la même veine, le Conseil a adopté sans vote la résolution intitulée « Transformation du Centre pour la réduction de la pauvreté par l’agriculture durable en une organisation intergouvernementale non rattachée au système des Nations Unies ». En vertu de ce texte, l’ECOSOC approuve la transformation du Centre pour la réduction de la pauvreté par l’agriculture durable, jusqu’alors un organe subsidiaire de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, en une organisation non rattachée au système des Nations Unies.
L’ECOSOC a ensuite pris note d’un ensemble de documents: le rapport sur la situation économique dans la région de la Commission économique pour l’Europe (Europe, Amérique du Nord et Communauté d’États indépendants) en 2017-2018 (E/2018/16); l’Aperçu général de l’évolution récente de la situation économique et sociale en Afrique (2018) (E/2018/17); le Résumé de l’Étude 2018 sur la situation économique et sociale de l’Asie et du Pacifique (E/2018/18); le Rapport de synthèse sur la situation économique et les perspectives de l’Amérique latine et des Caraïbes pour la période 2017-2018 (E/2018/19); et le Rapport de synthèse sur l’évolution économique et sociale dans la région de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale en 2017-2018 (E/2018/20).
Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies
Examen et coordination de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020
Décision sur le projet de résolution E/2018/L.26
Le Conseil a par la suite adopté la résolution intitulée « Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 ».
Ainsi, elle demande aux pays les moins avancés et à leurs partenaires de développement, entres autres, de continuer à redoubler d’efforts pour honorer pleinement et effectivement les engagements pris concernant les huit domaines prioritaires définis dans le Programme d’action d’Istanbul.
Ces domaines prioritaires sont: capacité de production; agriculture, sécurité alimentaire et développement rural; commerce; produits de base; développement social et humain; crises multiples et nouveaux défis; mobilisation de ressources financières pour le développement et le renforcement des capacités; et bonne gouvernance à tous les niveaux.
L’ECOSOC se félicite également de l’entrée en activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés et de l’inauguration de son siège à Gebze (Turquie), et invite les États Membres, ainsi que les organisations internationales, les fondations et le secteur privé à lui verser des contributions financières à titre volontaire et lui fournir l’aide technique nécessaire pour son bon fonctionnement.
Le Conseil constate en revanche avec préoccupation que l’aide publique au développement bilatérale fournie aux pays les moins avancés est encore loin d’atteindre l’objectif fixé dans le Programme d’action d’Istanbul et le Programme d’action d’Addis-Abeba.
Il se déclare également gravement inquiet que la part des dépenses consacrées aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies dans les pays les moins avancés soit en baisse et soit tombée à 46% de l’ensemble des dépenses au niveau des pays en 2016, contre plus de 50% jusqu’en 2014. Aussi, engage-t-il le système des Nations Unies pour le développement à continuer d’accorder la priorité aux allocations qui sont destinées à ces pays en élaborant des directives opérationnelles.
Après l’adoption de ce texte, la représentante des États-Unis a précisé que ce texte n’implique aucun engagement particulier et que le Programme 2030 qui y est mentionné n’est pas contraignant et ne donne pas lieu à des obligations spécifiques de la part des États Membres. De plus, le Programme n’altère pas les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment celui sur le droit de la propriété intellectuelle, a estimé la représentante. Les États-Unis précisent aussi que le transfert de technologies n’est pas contraignant et se doit d’être une activité libre et volontaire.
Questions relatives à l’économie et à l’environnement
Développement durable
Décision sur un projet de résolution
L’ECOSOC a également adopté la résolution (E/2018/L.22), intitulée « Rapport du Comité des politiques de développement sur les travaux de sa vingtième session ».
Ainsi, le Conseil économique et social souscrit à la recommandation du Comité concernant le retrait du Bhoutan de la liste des pays les moins avancés, note que le Comité juge raisonnable la demande du Bhoutan de faire correspondre la date effective de son reclassement avec la fin de son douzième plan national de développement en 2023, et préconise à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation et de cette constatation.
Le Conseil souscrit également à la recommandation du Comité concernant le retrait des Îles Salomon de la liste des pays les moins avancés et préconise à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation. Il souscrit ensuite à la recommandation du Comité concernant le reclassement de Sao Tomé-et-Principe, tout en notant que le Comité juge raisonnable la demande de Sao Tomé-et-Principe tendant à ce que la date effective de son reclassement soit reportée à 2024, afin qu’il puisse procéder aux réformes internes nécessaires et aligner sa stratégie de transition sur son plan national de développement. L’ECOSOC préconise donc à l’Assemblée générale de prendre note de cette recommandation et de cette constatation.
Ensuite, l’ECOSOC décide de ne pas souscrire à la recommandation du Comité concernant la création d’une catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques.
Par la suite, l’ECOSOC décide de ne pas souscrire à la recommandation du Comité concernant le classement de Kiribati et des Tuvalu dans la catégorie des pays extrêmement vulnérables aux changements climatiques et autres chocs écologiques. Il décide en outre de reporter à 2021 au plus tard l’examen de la recommandation du Comité concernant le retrait de Kiribati et des Tuvalu de la liste des pays les moins avancés.
Il prie enfin le système des Nations Unies pour le développement d’aider les pays en voie de reclassement à élaborer et appliquer des stratégies nationales de transition, et d’envisager d’apporter un appui spécifique aux pays reclassés pour une période déterminée et de manière prévisible.
Le représentant du Japon a pris la parole après l’adoption pour saluer le consensus dont a bénéficié ce texte. Il a souligné qu’il est important que les situations des pays et, notamment leurs vulnérabilités, soient prises en compte.
Ensuite, le délégué des États-Unis a relevé que certains États en développement, notamment les Petits États insulaires en développement (PEID) bénéficient des prorogations spéciales après les trois ans requis pour changer de catégorie. Pour les États-Unis, il s’agit là d’une pratique du Comité qui entache sa crédibilité.
Le représentant des Îles Salomon, parlant au nom du Forum des Îles du Pacifique, a comparé le reclassement des pays de son groupe à « une falaise à escalader », avertissant qu’il fallait « éviter que les pays ne retombent au bas de la falaise ». Il a expliqué que le reclassement doit être accompagné de mesures idoines pour que ces États puissent maintenir une économie compétitive.
Pour les PEID du Pacifique, le paradoxe insulaire est un obstacle, a-t-il expliqué en faisant valoir leur vulnérabilité aux chocs externes et l’étroitesse de leur marché intérieur. C’est pourquoi ils ne sont pas prêts à être considérés comme des pays à revenu intermédiaire, et cette résolution apparaît donc comme « une pilule amère à avaler pour les pays du Pacifique ». Il a décrié la méthodologie du revenu national par habitant qui est pris en compte pour le classement des États, plaidant pour que la communauté internationale tienne compte des défis et obstacles auxquels ils font face, notamment à la prochaine session d’examen prévue en 2021.
La déléguée du Bhoutan a, pour sa part, dit sa gratitude de voir que le reclassement de son pays a été renvoyé en 2023, afin de le faire coïncider avec la date de la fin de son douzième plan national de développement. Le pays entend donc se préparer afin d’être prêt à échéance.
Science et technique au service du développement
Présentation de rapports
Le Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement et Vice-Ministre de la science et de la technologie de la République dominicaine, M. PLACIDO GOMEZ RAMIREZ, a présenté le rapport sur les travaux de sa vingt et unième session, qui se sont tenus du 14 au 18 mai 2018 (E/2018/31). Il a indiqué que, lors de cette session, la Commission a débattu du rôle de la science et de la technologie dans l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a aussi examiné les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international ainsi que deux thèmes prioritaires, intitulés « Accroître nettement la part des énergies renouvelables d’ici à 2030: le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation » et « Renforcer les compétences numériques en vue de tirer parti des technologies existantes et émergentes, en mettant l’accent sur le rôle des femmes et des jeunes ».
Le Rapport (A/73/66-E/2018/10) du Secrétaire général sur « les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international » a été présenté par la Chef de la Politique en matière de science, de technologie et d’innovation de la Division de la technologie et de la logistique, Mme DONG WU.
Ce document indique que l’accès aux technologies de l’information et de la communication, leur utilisation et leur champ d’application n’ont cessé de croître, mais il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs arrêtés au niveau international que sont la connectivité pour tous et la maximisation de la contribution des technologies de l’information et de la communication au développement durable.
La coopération internationale multipartite s’impose pour remédier au problème, mais aussi pour relever des défis tels que celui de la cybersécurité.
La qualité de l’infrastructure sera aussi d’une importance cruciale pour l’exploitation de nombreuses nouvelles technologies, surtout de celles qui nécessitent une connexion en temps réel.
Adoption de projets de décision
Sur recommandation de sa Commission de la science et de la technique, le Conseil a adopté deux projets de résolution, intitulés « Science, technologie et innovation au service du développement » et « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information ».
Le premier texte porte notamment sur le Bilan de la suite donnée aux textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information. Dans ce contexte, l’ECOSOC souligne qu’il faut d’urgence combler la fracture numérique qui se creuse entre et dans les pays en ce qui concerne la disponibilité et le caractère abordable du haut débit, ainsi que la qualité d’accès et le taux d’utilisation
Il souligne aussi l’importance déterminante du multilinguisme et du contenu local dans la société de l’information.
Le Conseil exhorte également à continuer de s’attacher à tirer le meilleur parti du commerce électronique pour promouvoir le développement dans le cadre d’initiatives telles que « Commerce électronique pour tous », qui prévoit une nouvelle stratégie de développement du commerce au moyen d’échanges électroniques en facilitant le recours, pour les pays en développement, à l’assistance technique.
La deuxième résolution détaille une longue liste de recommandations faites aux gouvernements, à la Commission de la science et de la technique au service du développement et à la CNUCED en matière de science, technologie et innovation aux stratégies de développement durable. Ces derniers sont notamment invités à se pencher sur les conséquences de l’évolution drastique de l’économie numérique pour les marchés du travail et à encourager la « génération numérique » à assumer un rôle de premier rang dans les programmes locaux de renforcement des capacités relatives à la science, à la technologie et à l’innovation.
Ils sont aussi appelés à instaurer des politiques favorisant la création d’écosystèmes numériques inclusifs qui tiennent compte du contexte socioéconomique et politique des pays.
Par un autre texte, l’ECOSOC a par ailleurs décidé que les thèmes de la vingt-deuxième session de la Commission seront: « Incidence de l’évolution rapide de la technique sur le développement durable » et « Le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le renforcement de la résilience des collectivités, notamment grâce à la contribution des sciences participatives ».
Coopération internationale en matière fiscale
Rapport sur les travaux de la seizième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale (14-17 mai 2018) (E/2018/45/Add.1).
Décision sur un projet de décision
Le Conseil économique et social a ensuite décidé que la dix-septième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale se tiendra à Genève (Suisse) du 16 au 19 octobre 2018. Il a également pris note du rapport dans lequel figurait le projet de décision.
Information géospatiale
Décision sur un projet de résolution
L’ECOSOC a également décidé, par une résolution adoptée sans vote, d’approuver le règlement intérieur du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques, dont le texte est reproduit à l’annexe I de la présente décision (E/2018/L.25). Par la même occasion, le Conseil approuve le projet d’ordre du jour de la première session du Groupe d’experts devant se tenir en 2019, dont le texte est reproduit à l’annexe II à la présente résolution.
Rapport du Comité du programme et de la coordination (A/73/16)
Le Conseil a adopté le rapport du Comité du programme et de la coordination sur les travaux de sa cinquante-huitième session.
Le représentant du Bélarus a salué un rapport qui reconnaît les efforts des pays admis à la catégorie des pays à revenu intermédiaire. Le délégué a félicité l’efficacité du travail du Secrétariat avec les États Membres. La prochaine session du Comité sera fondamentale dans le cadre de la réforme. Le représentant des États-Unis a estimé que les transferts de technologie devraient se faire de manière volontaire et a rejeté les interprétations du mandat de l’Organisation mondiale du commerce les qualifiant d’inacceptables.
L’ECOSOC a aussi approuvé le Calendrier des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes. Il a également approuvé la liste simplifiée d’organes, dont les conférences et réunions devraient figurer dans les futurs calendriers provisoires des conférences qu’il examinera à compter de sa session de 2019.
Élections, présentations de candidatures, confirmations et nominations
Comité des politiques du développement (E/2018/9/Add.15)
Conformément aux propositions du Secrétaire général, l’ECOSOC a approuvé la nomination de 24 experts, dont les noms et qualités sont répertoriés dans le document susmentionné, au Comité des politiques de développement, à titre personnel, pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2019 et expirant le 31 décembre 2021.
Commission de la science et de la technique au service du développement
L’ECOSOC a ensuite approuvé les candidatures d’Oman, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, et de la Turquie, au nom de Groupe des États d’Europe occidentale et d’autres États à la Commission de la science et de la technique au service du développement. Leur mandat prendra effet le 1er janvier 2019 et s’achèvera le 31 décembre 2022. Les autres membres seront nommés ultérieurement.
Comité des droits économiques, sociaux et culturels (E/2018/9/Add.16)
Mme Karla Vanessa Lemus de Vásquez (El Salvador), au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a été nommée par l’ECOSOC au Comité des droits économiques, sociaux et culturels pour un mandat de quatre ans prenant effet le 1er janvier 2019 et expirant le 31 décembre 2022. Les autres membres seront nommés ultérieurement.
Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population (E/2018/9/Add.12)
Enfin, le Conseil économique et social a élu le Libéria, représentant le Groupe des États d’Afrique, au Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population, pour un mandat débutant le 1er janvier 2019 et prenant fin le 31 décembre 2021. Les autres membres du Comité seront nommés ultérieurement.