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Afghanistan: À l’approche de l’élection présidentielle de septembre, le Conseil de sécurité entend des appels à garantir la participation des femmes

8587e séance – matin
CS/13900

Afghanistan: À l’approche de l’élection présidentielle de septembre, le Conseil de sécurité entend des appels à garantir la participation des femmes

Ce matin, le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’information sur l’Afghanistan qui faisait suite à la récente « mission de solidarité » sur le terrain d’une délégation de haut niveau des Nations Unies, centrée sur la question « femmes, paix et sécurité ».  La délégation, qui était en Afghanistan du 20 au 21 juillet, était dirigée par la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Mme Amina J. Mohammed, et comprenait la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, Mme Natalia Kanem, et la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU a informé les membres du Conseil des détails de la visite de cette délégation de haut niveau exclusivement féminine, qui avait pour but d’attirer l’attention sur la situation en Afghanistan avant l’élection présidentielle prévue pour le 28 septembre ainsi que sur l’évolution du processus de paix, en mettant un accent particulier sur le rôle et la participation des femmes.

Les femmes afghanes ont payé le prix fort pendant ce conflit vieux de presque 40 ans, a déploré la Vice-Secrétaire générale tout en relevant des progrès importants accomplis au cours des 18 dernières années.  Les femmes occupent désormais des postes de responsabilité dans les Ministères de la défense, des affaires étrangères et de l’intérieur, tandis que la fonction publique est composée de 27% de femmes et que certains maires et gouverneurs de provinces sont des femmes.  De plus, la Commission électorale indépendante et la Commission du contentieux électoral ont chacune à leur tête une femme.

Faisant de son côté le point de l’avancement des préparatifs électoraux, Mme DiCarlo a indiqué que le budget global des élections avait été arrêté à 149 millions de dollars, dont 90 millions seront couverts par le Gouvernement afghan et 59 millions par la communauté internationale.  La représentante des États-Unis a annoncé que son pays avait déjà versé 29 millions de dollars à ce titre. 

En ce qui concerne les électeurs, il y a 500 000 personnes de plus inscrites sur les listes électorales, dont 36% de femmes, grâce au dernier exercice d’enregistrement mené par les autorités afghanes, a salué Mme DiCarlo, précisant que le nombre total d’électeurs inscrits était estimé à 9,6 millions.  La Commission électorale indépendante tente, en outre, de doter le pays de nouveaux systèmes pour la vérification biométrique des électeurs comme pour la transmission électronique des résultats, ce qui permettrait de limiter les risques de fraude et les difficultés observées après les élections de 2018.  Les autorités afghanes sont également en train de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour assurer le bon déroulement de la campagne électorale, a précisé la Secrétaire général adjointe, un constat confirmé par le représentant afghan. 

À l’heure actuelle, il y a 18 candidats au poste de président, dont trois ont d’ores et déjà choisi une femme comme future vice-présidente, a poursuivi Mme DiCarlo.  À neuf semaines des élections, elle a encouragé la Commission électorale indépendante à finaliser le recrutement du personnel pour le décompte des voix, ainsi que l’acquisition du matériel technique.

La séance du Conseil, ce matin, a été l’occasion pour la plupart de ses membres de réitérer leur soutien au Plan national d’action femmes, paix et sécurité et de défendre les droits civiques et politiques des Afghanes qui risquent encore d’être remis en cause, comme l’a fait remarquer la représentante de la société civile afghane, Mme Jamila Afghani, qui faisait partie des 11 femmes présentes dans la délégation du Gouvernement afghan aux pourparlers intra-afghans de Doha, les 7 et 8 juillet.  Pour elle, les droits des femmes risquent d’être sacrifiés pour un accord politique négocié ou après qu’un tel accord soit passé.  Mais, a-t-elle mis en garde, « les femmes afghanes ne sont plus celles d’il y a 30 ans »: elles connaissent leurs droits à la fois au titre de la Constitution du pays et  celui des conventions internationales.  Elles attendent d’ailleurs un soutien de la communauté internationale pour pouvoir exercer ces droits à la fois en tant que candidates et électrices au prochain scrutin, et en tant que parties prenantes à part entière aux pourparlers de paix, desquels,elles se sont senties exclues lors des négociations bilatérales entre les États-Unis et les Taliban. 

L’Allemagne, qui a coorganisé la réunion de Doha avec le Qatar, et qui copréside avec le Pérou le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, était l’une des nombreuses délégations à exiger, ce matin, que les femmes afghanes soient présentes à la table des négociations de paix et pour que leurs droits soient pris en compte.  L’Afghanistan, a résumé la Vice-Secrétaire générale, se trouve à un carrefour crucial: la voix des femmes, en particulier celle des victimes, doit être entendue dans le processus de paix et au-delà. 

Allant dans le même sens, les délégations européennes ont encouragé l’Afghanistan à mettre pleinement en œuvre le Plan national d’action femmes, paix et sécurité et ont rappelé l’importance du programme Spotlight de l’Union européenne pour renforcer la lutte contre les violences à l’égard des femmes et favoriser ainsi leur autonomisation et l’égalité entre les sexes.  Comme l’a dit le représentant russe, le rendez-vous électoral de septembre 2019 doit être un facteur de renforcement et d’unification de la société afghane et un moyen de consolider la place de la femme au sein de la société.  Son homologue afghan a également affirmé que tout règlement doit passer par la reconnaissance du rôle des femmes dans le pays et dans la garantie que leurs droits et les acquis institutionnels des 18 dernières années soient protégés.  Il a fait valoir la formation récente du groupe des amis des femmes afghanes, chargé notamment de promouvoir une participation significative des femmes.  La délégation américaine a fait une mise au point circonstanciée pour dire d’une part que les États-Unis ne négocient pas avec les Taliban au nom du Gouvernement afghan, avec lequel il existe un processus parallèle, et d'autre part que le Président Trump exclut toute solution militaire à ce conflit de longue date. 

Enfin, concernant la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le délégué afghan a plaidé en faveur d’un renouvellement de son mandat pour un an minimum en suggérant que la Mission centre son action sur les prochaines élections et le processus de paix.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Déclarations

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a exprimé ses plus sincères condoléances au Gouvernement et au peuple afghans pour les terribles attentats perpétrés hier, et qui ont fait de nombreuses victimes parmi les femmes et les enfants.  Cela constitue, selon elle, « un affront à notre humanité » et un crime au regard du droit international humanitaire.  Elle a rappelé qu’elle vient à peine de rentrer d’Afghanistan où elle s’est rendue en compagnie de la Secrétaire générale adjointe au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, ainsi que les responsables d’ONU-Femmes et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Il était question pour ces hautes fonctionnaires de l’ONU d’évaluer les progrès accomplis depuis la visite du Secrétaire général dans le pays il y a deux ans, et d’explorer le soutien que l’ONU peut apporter au programme Femmes, paix et sécurité.

La Vice-Secrétaire générale a indiqué que les femmes afghanes avaient payé le prix fort pendant ce conflit vieux de presque 40 ans: sous le gouvernement taliban, les femmes et les filles n’avaient pas accès à l’éducation, aux services de santé et n’étaient pas protégées contre la violence extrême; elles ne pouvaient même pas participer à la vie politique ou publique.  Au cours des 18 dernières années, des progrès importants ont été accomplis, a souligné, cependant, Mme Mohammed en relevant que les femmes occupent désormais des postes de responsabilité dans les Ministères de la défense, des affaires étrangères et de l’intérieur, tandis que la fonction publique est composée de 27% de femmes et que des femmes sont maires et gouverneurs de provinces.  Elle a rappelé que pour les élections cruciales prévues en septembre, des femmes sont à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral.  Selon elle, il est essentiel pour la légitimité du système politique que toutes les parties prenantes, y compris le Gouvernement, les dirigeants politiques, les candidats et les partis contribuent à créer un environnement favorable à un processus électoral crédible. 

Sur le plan sécuritaire, Mme Mohammed a rappelé qu’en 2018, le pays avait connu le plus grand nombre de victimes civiles depuis que la MANUA avait commencé à tenir des registres en 2009.  Au cours des cinq premiers mois de cette année, plus de 100 000 personnes ont été déplacées par le conflit, or ces déplacements augmentent le risque de violence sexiste.  Dans les zones où les Taliban ont repris le contrôle, des rapports font état de crimes d’honneur, de lapidations et d’autres atteintes aux droits des femmes, a encore expliqué Mme Mohammed.

Elle a ensuite souligné combien sont importantes et urgentes la paix, la sécurité et la stabilité économique.  Au cours de leur voyage, les responsables onusiennes ont d’ailleurs entendu un appel fort des femmes afghanes à la paix, à « une paix qui préserve leurs droits durement acquis et ne revienne pas sur ce qui a été accompli », a-t-elle précisé.  « Toutes les femmes à qui nous avons parlé souhaitaient une paix inclusive centrée sur les femmes, ainsi que sur les victimes et les survivantes », a témoigné Mme Mohammed, ajoutant que les femmes afghanes, comme toutes les femmes du monde, doivent jouer un rôle dans les décisions qui affectent leur avenir. 

Selon elle, l’inclusion n’est pas seulement la bonne chose à faire pour les femmes et les filles, mais c’est le seul moyen de parvenir à une paix durable.  Et comme l’a dit une femme: « C’est une illusion de penser que vous allez priver les gens de leurs droits et croire que vous aurez alors une vraie paix ».  La Vice-Secrétaire générale a estimé pour que la paix soit durable, il faudra du temps et une intégration de l’ensemble du pays, des femmes et des victimes.  Construire une culture de la paix signifie aussi s’attaquer aux violations et aux divisions du passé, a-t-elle observé en constatant que le pays a besoin de faire son deuil.

L’Afghanistan a fait de grands progrès pour les femmes depuis la chute des Taliban, a-t-elle poursuivi en citant les plus de trois millions d’enfants qui sont retournés à l’école, sachant que 9 enfants sur 11 sont maintenant scolarisés.  De même, les investissements dans la réduction de la mortalité maternelle sauvent des milliers de vies.  L’Afghanistan a fait plus pour investir dans le leadership des femmes que de nombreux pays disposant de plus de moyens, a remarqué Mme Mohammed qui a aussi noté que les femmes, et en particulier les jeunes femmes, se lèvent pour reprendre la place qui leur revient dans tous les domaines de la société.  Par exemple, Mme Mohammed a cité les propos d’un entrepreneur qui a créé des centaines d’emplois pour les femmes dans une usine et un marché: « lorsque nous autonomisons une femme, nous autonomisons une génération. »  Elle a noté que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est très prometteur pour la vie des Afghans.  Au niveau du système des Nations Unies, 24 agences travaillent en partenariat stratégique avec le Gouvernement sur des questions allant de la sécurité alimentaire à la loi sur la qualité de l’eau, en passant par l’état de droit, tout en prenant des risques pour leur vie, a-t-elle noté. 

La Vice-Secrétaire générale a mis l’accent sur la réalisation de l’objectif de développement durable 5 (égalité entre les sexes) qui sera essentielle pour que les femmes aient accès à l’éducation, aux soins de santé et à un travail décent, et pour qu’elles soient représentées dans tous les domaines de la société et dans tous les processus décisionnels politiques et économiques, y compris au Gouvernement et dans les négociations de paix. 

Quant à l’objectif 16 (paix, justice et institutions fortes), sa mise en œuvre sera également essentielle pour la tenue d’élections libres, équitables et crédibles, l’instauration de la confiance dans les institutions de l’État et la facilitation de la réconciliation et de la réintégration des anciens combattants après la signature de tout accord de paix, a dit Mme Mohammed.  Elle a relevé qu’à court terme, 6,3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente en Afghanistan, or, à la moitié de l’année, le plan de réponse humanitaire ne bénéficie que d’un financement de 27%.  

Pour Mme Mohammed, l’Afghanistan est à un carrefour important.  Il faut donc, selon elle, que les voix des femmes, en particulier des victimes, soient entendues à la table du processus de paix et au-delà.  Au cours de notre visite, s’est-elle félicitée, nous avons vu « d’énormes motifs d’espoir » et nous sommes reparties avec un grand optimisme pour un avenir en Afghanistan qui soit meilleur.

Notre message au peuple afghan, a déclaré Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, est de faire en sorte que la future élection présidentielle, prévue le 28 septembre, soit crédible et respecte le calendrier fixé.  Elle a toutefois précisé que l’ONU continuerait à fournir une assistance technique à l’Afghanistan pour la conduite de ces élections.  Mme DiCarlo a salué les progrès de la Commission électorale indépendante et de la Commission des plaintes électorales dans la préparation des élections.  Elle a indiqué que, en plus de son appui technique, l’Organisation avait dépêché deux personnes non inscrites sur les listes électorales afghanes au sein de chacune des deux commissions.  Les personnes déployées par l’ONU ont acquis une expérience solide au sein de commissions similaires en Bulgarie, au Ghana, au Kenya et au Népal, a-t-elle précisé.

La Secrétaire générale adjointe a en outre indiqué que le budget global des élections avait été arrêté à 149 millions de dollars, dont 90 millions seront couverts par le Gouvernement afghan et 59 millions par la communauté internationale.  Quant au collège électoral, plus de 500 000 électeurs supplémentaires, dont 36% de femmes, se sont inscrits sur les listes électorales à la suite du dernier exercice d’enregistrement récemment conclu par les autorités afghanes, a salué Mme DiCarlo, précisant que le nombre total des électeurs enregistrés sur les listes était évalué à 9,6 millions.  La Commission électorale indépendante tente en outre de doter le pays de systèmes de vérification biométrique des électeurs et de transmission électronique des résultats, ce qui permettrait de limiter les risques de fraude et les défis observés après les élections de 2018.

Parallèlement, la Secrétaire générale adjointe a précisé que les autorités étaient en train de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour le déroulement de la campagne électorale et dans les bureaux de vote.  Le manque de sécurité a, en effet, empêché certains électeurs d’exercer leur droit de vote par le passé, a mis en garde Mme DiCarlo, appelant les autorités à assurer la sécurité de tous les électeurs, y compris les femmes et les personnes résidant dans des zones à risque.

Mme DiCarlo a précisé qu’il y avait à l’heure actuelle 18 candidats au poste de président, dont trois d’entre eux ont choisi une femme pour occuper le futur poste de Vice-Président du pays.  À près de neuf semaines des élections, elle a encouragé la Commission électorale indépendante à finaliser le recrutement du personnel pour le décompte des voix, ainsi que l’acquisition du matériel technique.  Elle a également appelé les candidats à faire preuve de retenue dans leur discours pour éviter d’attiser les tensions.

S’agissant du processus de paix, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que les discussions entre les États-Unis et les Taliban se poursuivaient et qu’un calendrier avait été fixé pour la tenue de conférences de paix intra-afghanes, dans la lignée de celle qui a eu lieu à Doha, les 7 et 8 juillet derniers.  Parallèlement, l’appui régional au processus s’est intensifié, a-t-elle salué.  L’objectif, a précisé Mme DiCarlo, est de commencer des négociations formelles entre les deux parties afin de parvenir à un règlement du conflit.

Mme JAMILA AFGHANI de la Ligue internationale des femmes pour la paix en Afghanistan (WILPF-Afghanistan), une organisation qui travaille pour la paix en œuvrant dans les domaines de l’égalité, la justice et la démilitarisation, a expliqué qu’en 22 ans de travail en tant que leader féministe, elle a formé plus de 6 000 imams et 10 000 femmes pour qu’elles deviennent des militantes des droits de l’homme sur la base de la modération, de la justice sociale, de la tolérance, de la parité et de la participation sociale.  Plus récemment, elle a commencé à mettre sur pied des alliances entre les jeunes filles et femmes afghanes réduites au silence pour combler les écarts dans le contexte de la réconciliation en cours et pour assurer une paix durable bénéficiant à tous les Afghans.  Elle a mis l’accent sur trois domaines: l’impact des questions de genre sur le conflit, l’importance d’élections libres et justes, et l’impératif d’une participation significative des femmes aux pourparlers de paix.

Le conflit afghan a provoqué la mort et le déplacement de plus de deux millions de personnes, dont plus d’un million qui se sont réfugiés dans d’autres pays, a rappelé l’intervenante, en précisant qu’au cours des trois premiers mois de 2019, plus de 110 000 Afghans avaient été déplacés, ce à quoi s’ajoute l’impact de la sécheresse et des inondations qui ont frappé le pays en 2018.  La situation humanitaire en Afghanistan est alarmante et exige une attention immédiate, a prévenu Mme Afghani.

Elle a expliqué qu’à cela s’ajoutent les violences basées sur le genre, du fait d’acteurs étatiques et non étatiques: plus de 60% des femmes afghanes en ont été victimes, selon elle.  Trop souvent encore les femmes hésitent à dénoncer ces violences en raison du risque de stigmatisation et de représailles.  Mme Afghani a également fait état d’attaques visant écoles, personnel éducatif et centres de soins, ainsi que de raids nocturnes sur des foyers, d’enlèvements et de recrutement des jeunes garçons pour les entraîner dans la violence armée.  Elle a encore dénoncé les violences commises sur les journalistes et la torture des détenus. 

De plus, alors que les femmes et les jeunes représentent la majorité de la population afghane, ils ne jouent toujours qu’un rôle marginal dans la vie politique du pays, a-t-elle regretté en appelant à faire changer les choses.  C’est pourquoi des élections libres et justes sont essentielles, a-t-elle plaidé, en rappelant que jusque-là les scrutins avaient été entachés par la violence.  Pour les élections à venir, il va falloir garantir la pleine participation de tous électeurs afghans, a-t-elle exigé.

L’ONU et d’autres parties prenantes doivent intervenir pour réduire le fossé entre le Gouvernement afghan et les Taliban et pour assurer la participation des femmes au processus de paix, a ensuite demandé Mme Afghani.  Même si les États-Unis et d’autres partenaires ont rapidement cherché à faciliter un accord de paix négocié en septembre 2018, il y avait une absence claire de femmes dans ce processus, selon elle.  La militante a donc revendiqué fermement la pleine participation des femmes aux élections et aux pourparlers de paix à l’avenir.

Sur une note plus positive, Mme Afghani a rappelé que lors des derniers pourparlers de paix à Doha, 11 femmes afghanes avaient participé en démontrant leur attachement aux intérêts nationaux face aux risques de politisation de ces pourparlers par des acteurs nationaux, régionaux et internationaux.  Elles ont directement exprimé leurs demandes aux Taliban, a-t-elle fait remarquer.  « Les femmes afghanes ne sont plus celles d’il y a 30 ans », selon Mme Afghani: elles connaissaient leurs droits à la fois au titre de la Constitution afghane qu’à celui des conventions internationales. 

Elle a invité la communauté internationale à rester à leur côté à ce moment crucial pour garantir l’exercice de leurs droits, arguant que ceux-ci risquent d’être sacrifiés pour un accord de paix politique ou après qu’un accord soit passé.  Elle a sommé les États Membres à exiger publiquement la participation des femmes, tant au niveau des élections en tant que candidates, électrices et observatrices, qu’à la table de négociations des pourparlers de paix.

Au Conseil de sécurité, Mme Afghani a demandé d’exiger des procédures claires pour assurer l’engagement des femmes afghanes d’origines diverses dans les pourparlers de paix et dans le règlement du conflit.  De plus, le Conseil devrait garantir l’organisation et la facilitation des élections prévues pour cette année et veiller à ce que la sécurité des femmes électrices et candidates soit assurée, a-t-elle suggéré.  Enfin, Mme Afghani a demandé aux Nations Unies de tout faire pour que le cessez-le-feu soit respecté et que le sang arrête de couler en Afghanistan.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a estimé que les messages de la Vice-Secrétaire générale et de la Secrétaire générale adjointe sont entendus dans le pays et aux Nations Unies: il faut focaliser l’attention sur les femmes dans le processus de paix en Afghanistan.  Quels que soient les résultats du processus politique, tout ce qu’on a déjà accompli doit être préservé et aller bien au-delà, a encouragé le représentant.  Nous avons entendu aussi Mme Djamila Afghani nous rappeler les défis actuels, notamment le fait que les femmes et les enfants doivent survivre dans cette situation de violence, a dit le représentant en citant notamment les violences sexuelles et sexistes, un domaine où il y a encore énormément à faire.  Le représentant a rappelé que trois femmes étaient candidates au poste de vice-président, mais remarqué qu’aucune ne se présente à l’élection présidentielle.  S’il a jugé réconfortant que la représentante de l’Afghanistan soit une femme, il a estimé que cela ne suffisait pas pour autant.  S’agissant des négociations de Doha avec les Taliban, il a appelé à veiller à ce que les femmes se tiennent à la table des négociations pour que leurs droits soient pris en compte.  Elles doivent être traitées sur le même pied d’égalité, a-t-il insisté en appelant aussi à faire cesser les crimes contre elles.  La présence de plus en plus nombreuse de femmes à la MANUA peut également changer la donne, a estimé le représentant allemand.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné qu’il y avait eu de nombreux appels d’Afghanes demandant que leurs droits ne soient pas sacrifiés dans le chemin qui mène à un accord de paix.  Selon lui, une meilleure participation des femmes aux processus de paix et de réconciliation donnera plus de chances d’aboutir à une paix durable.  La délégation a encouragé le Gouvernement à finaliser la phase II de son Plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité pour la période 2019-2022.  Enfin, le représentant a déploré le fait que les attentats se poursuivent dans le pays en dépit du processus de paix.  Il a condamné les attentats d’hier dans plusieurs provinces d’Afghanistan en soulignant que la violence et l’extrémisme n’ont pas leur place dans la religion.

M. HAITAO WU (Chine) a dit qu’il était préoccupé par la situation humanitaire en Afghanistan.  La communauté internationale doit aider le pays à se préparer à l’élection présidentielle notamment dans le domaine du renforcement des capacités, a-t-il recommandé.  Reconnaissant que les femmes soient encore plus vulnérables en cas de conflits armés, le représentant a demandé à la communauté internationale d’aider à accroître la participation des femmes dans le processus politique afghan, tout en tenant compte des spécificités culturelles locales.  Le Pakistan jouera un rôle crucial pour garantir le renforcement de la paix en Afghanistan, a estimé le délégué qui a rappelé la réunion sur l’Afghanistan tenue à Beijing entre la Fédération de Russie, les États-Unis et la Chine, à laquelle s’est joint le Pakistan.  Les quatre pays ont convenu, au terme de ce sommet, de la nécessité de parvenir à une solution politique pour résoudre la situation en Afghanistan, en mettant en œuvre un processus multilatéral qui inclut toutes les parties prenantes.  Ils ont salué les réunions de Moscou et de Doha pour trouver une solution politique et pour contribuer à la paix en Afghanistan.  Les parties afghanes doivent être à la hauteur des attentes de paix, a exhorté le représentant qui a appelé établir un cadre de paix rapide.  Celui-ci devra se traduire en transition rapide en gérant la situation sécuritaire et en prévoyant des modalités acceptables par les Afghans.  Il faut réduire la violence, établir un cessez-le-feu permanent et inclure toutes les parties prenantes, a-t-il résumé. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a présenté les condoléances de la France aux familles des victimes des attentats qui ont touché Kaboul, hier et insisté sur la protection des femmes qui, a-t-il relevé, demeurent les premières victimes du conflit et des atteintes considérables à la protection des civils.  Il a appelé l’Afghanistan à mettre pleinement en œuvre le plan d’action « femmes, paix et sécurité » et rappelé également l’importance du programme Spotlight de l’Union européenne (UE) pour renforcer la lutte contre les violences à l’égard des femmes et favoriser ainsi l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes.

S’agissant du processus de paix, le représentant a souhaité qu’il soit inclusif en plaidant pour une pleine participation directe et significative des femmes aux discussions de paix.  Il s’est félicité des progrès réalisés lors de la réunion de Doha des 7 et 8 juillet où plusieurs femmes ont été intégrées à la délégation du Gouvernement afghan.  Il a rappelé que la France avait accueilli à Paris, en juin dernier, une délégation de 15 femmes afghanes, dont trois étaient présentes à Doha, pour échanger sur leur rôle dans le processus de paix et suivre des formations à la négociation. 

À deux mois de l’élection présidentielle, M. de Rivière a jugé essentiel de poursuivre les efforts en faveur d’une pleine participation des femmes à la vie politique afghane et aux processus électoraux.  Au titre des progrès, il a noté que les femmes représentent 35% de l’électorat pour la présidentielle de septembre, soit une augmentation de 8% par rapport aux élections législatives d’octobre 2018.  Il a tout de même déploré le fait qu’aucune femme ne soit candidate, relevant que les femmes sont toujours confrontées à de nombreuses difficultés pour mener une campagne, comme l’intimidation, les menaces physiques et le manque de moyens financiers.  Enfin, il a énoncé trois priorités: redoubler d’efforts pour la protection des civils, y compris du personnel humanitaire et médical; faire aboutir les efforts pour atteindre une paix négociée et durable en Afghanistan; assurer la tenue et le bon déroulement de l’élection présidentielle qui devra être libre, transparente, crédible et inclusive.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a exprimé ses condoléances à la Tunisie suite au décès du Président Beji Caid Essebsi et a transmis ses condoléances au Gouvernement afghan et aux familles des victimes des attentats d’hier à Kaboul.  Elle a rappelé que l’ONU et l’Union européenne allaient redoubler d’efforts dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes en Afghanistan grâce à l’Initiative Spotlight.  D’ailleurs, l’Envoyé spécial du Royaume-Uni s’est rendu à Kaboul pour encourager la participation des femmes à la vie politique, a dit Mme Pierce avant de mentionner la réunion qui s’est tenue à Doha avec les Taliban, les 7 et 8 juillet, à laquelle 25% des participants non-talibans étaient des femmes.  La représentante a invité à appuyer les efforts déployés actuellement par l’Afghanistan et les États-Unis pour parvenir à une solution politique au conflit afghan.

Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent appuyer le processus de paix afghan en garantissant la participation de toutes les parties, en particulier des femmes, a-t-elle ajouté, arguant que toute solution politique doit se fonder entre autres sur la parité hommes-femmes.  Pour le Royaume-Uni, les élections à venir en Afghanistan seront cruciales et marqueront un jalon important dans l’appropriation nationale du processus politique afghan.  Elle a espéré que ces élections permettraient de garantir la pleine participation des femmes en tant qu’électrices et candidates.  Tous les acteurs politiques doivent agir de façon constructive afin que ces élections soient pacifiques et inclusives, a recommandé la représentante, en saluant l’engagement pris par le Taliban à Doha de ne pas attaquer les écoles.  En conclusion, Mme Pierce a déclaré que le Royaume-Uni était fermement engagé à appuyer le peuple et le Gouvernement afghans dont l’objectif est de garantir un avenir prospère à tous les Afghans.

Après avoir rappelé la condition des femmes afghanes ces dernières années, M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a remarqué que leur contribution aux processus de paix et leur participation à la vie politique restaient encore faibles, « en raison des pesanteurs liées à l’inégalité des sexes ».  Alors que les pourparlers en cours nourrissent l’espoir d’une paix en Afghanistan, le représentant a souhaité que les acquis actuels des femmes afghanes dans les domaines politiques et économiques soient préservés.  Il a ainsi salué l’augmentation du nombre de femmes dans le secteur de l’enseignement, dans le système judiciaire, ainsi que dans l’armée et la police.  Le délégué a aussi salué la nomination de deux femmes à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission des plaintes électorales, « deux institutions clefs dans l’organisation de l’élection présidentielle du 28 septembre 2019 ».

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a fait remarquer que « quand on aide les femmes afghanes, on aide l’Afghanistan ».  Il a toutefois reconnu que la situation est difficile et complexe avec l’augmentation des victimes de la violence, dont les enfants, les femmes et des éléments des forces de sécurité.  La communauté internationale doit prendre des mesures pour endiguer cette tendance, a ajouté le représentant qui est préoccupé par la présence de Daech en Afghanistan et par le recrutement des jeunes par ce groupe.  Il a aussi déclaré qu’il était inquiet du trafic de stupéfiants utilisé pour financer le terrorisme en Afghanistan et appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour lutter contre ce fléau.  La Fédération de Russie va continuer sa coopération avec l’Afghanistan pour éradiquer la menace à la paix notamment la menace de Daech, a-t-il dit.

Pour la Fédération de Russie, une fenêtre d’opportunité pour la paix s’ouvre en Afghanistan avec la convergence de l’appui international.  C’est un pas dans la bonne direction mais ce processus ne doit pas être un « concours de vanité » entre les pays, a-t-il dit, arguant que l’objectif doit être un processus rassemblant tous les éléments de la société afghane.  S’agissant du Format de Moscou, le représentant a souhaité que les discussions se poursuivent afin notamment de rétablir la confiance entre les parties.  Il faudra intégrer au processus toutes les forces du pays dont les femmes, a-t-il dit.  S’agissant de la réunion de Doha, il a voulu qu’elle se poursuive et qu’elle entende la volonté de tous les Afghans pour la paix.  Pour ce qui est de la réunion tripartite -Russie, États-Unis, Chine-, elle doit continuer, a-t-il dit en saluant l’intégration du Pakistan dans ce cadre et en proposant d’inclure aussi l’Iran.  Il faut en effet, selon lui, tenir compte du rôle que peut jouer Téhéran.  Le représentant a appelé à garder à l’esprit le relèvement postconflit de l’Afghanistan.  Pour ce qui est de l’élection présidentielle de septembre 2019, elle doit être un facteur de renforcement et d’union de la société, a-t-il souhaité en recommandant qu’elle soit un moyen de renforcer la place de la femme au sein de la société. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a présenté ses condoléances au Gouvernement et au peuple afghans après les attaques terroristes survenues hier à Kaboul.  Le quotidien du peuple afghan pâtit de cette violence depuis 40 ans, a noté le représentant en appelant le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts pour appuyer le processus politique en Afghanistan et assurer la tenue de l’élection présidentielle dans les délais prévus.  On ne peut parler de processus politique sans parler de la femme afghane, a-t-il estimé, en demandant à garantir les droits civiques et politiques des Afghanes.

Pour le Koweït, il ne saurait y avoir de paix et de stabilité dans la région sans négociations diplomatiques.  Le représentant a donc appelé toute les parties à s’y engager de manière constructive « car il n’existe pas de solution militaire au conflit afghan », dont le règlement passe en premier lieu par la réconciliation nationale.  Le représentant a pris note des rencontres bilatérales entre l’Afghanistan et certains pays de la région et a salué les efforts internationaux, dont ceux menés par les États-Unis, ainsi que les développements positifs faisant suite à la réunion interafghane de Doha.  Il faut aujourd’hui miser sur l’éducation en Afghanistan, a poursuivi le représentant, pour consolider les acquis et faciliter le développement et la reconstruction du pays.

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a estimé qu’en dépit des difficultés rencontrées par les femmes afghanes, les progrès accomplis en Afghanistan sont impressionnants.  La communauté internationale et notamment les Nations Unies sont là pour contribuer à l’émergence d’un Afghanistan stable et prospère, a-t-il dit.  Le représentant a plaidé pour que les femmes participent au processus de paix, en demandant qu’elles soient intégrées dans la résolution de conflit et dans les efforts de consolidation de paix, ce qui permettra que la paix soit plus pérenne selon lui.  Disant appuyer les efforts pour la paix en Afghanistan, le représentant a voulu que la communauté internationale aide à garantir la participation des femmes dans les pourparlers de paix.  Il s’est, par ailleurs, inquiété des violences que subissent les femmes en Afghanistan, appelant la justice à jouer son rôle dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.  Le représentant a demandé des considérations spéciales pour les femmes handicapées en Afghanistan.  Enfin, il a souligné le rôle positif que jouent les dirigeants religieux dans la promotion des droits des femmes. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a présenté ses condoléances au Gouvernement tunisien suite au décès du Président, et au Gouvernement et au peuple afghan suite aux attaques terroristes qui ont frappé Kaboul hier.  Les femmes ont un rôle clef à jouer pour appuyer un règlement durable du conflit afghan, a-t-elle confirmé.  Cette semaine, a-t-elle rappelé, le Président Donald Trump a rappelé qu’il n’y pas de règlement militaire à la guerre en Afghanistan, raison pour laquelle les efforts des États-Unis se concentrent sur un règlement politique négocié.  Mme Chalet a insisté sur le fait que les États-Unis ne cherchent pas un accord de retrait mais plutôt un accord de paix global pour faire en sorte que l’Afghanistan ne soit plus jamais une plateforme du terrorisme mondial.

Mme Chalet a rappelé que les États-Unis et les Taliban étaient parvenus à un accord de principe, en janvier, pour dire que tout accord global de paix doit traiter quatre questions qui sont liées entre elles: la lutte antiterroriste, la présence de troupes étrangères, le dialogue interafghan menant à des négociations interafghanes, ainsi qu’un cessez-le-feu permanent et global.  Nous avons continué à parler en détail de ces questions avec les Taliban et notamment à Doha le mois dernier, a-t-elle ajouté tout en précisant que les États-Unis ne négocient pas avec les Taliban au nom du Gouvernement ou du peuple afghans.  Pendant que les négociations avec les Taliban se poursuivent, les États-Unis engagent un dialogue parallèle avec le Gouvernement afghan, a-t-elle expliqué, dans le but de faciliter les négociations entre les Afghans pour que ces derniers parviennent ensemble à un règlement politique.  Le Secrétaire d’État Mike Pompeo a fixé la date ambitieuse du 1er septembre pour qu’un accord-cadre soit conclu entre les Taliban et les Afghans après les négociations.

Les États-Unis continuent à encourager le Gouvernement afghan à tout faire pour la tenue d’élections transparentes et crédibles, et leur Envoyé spécial n’a eu de cesse de réclamer que les femmes afghanes puissent participer à ces élections à la fois comme candidates et comme électrices.  Comme l’a fait remarquer la représentante, les Afghans se rassemblent déjà pour la paix et la conférence interafghane pour la paix, qui a eu lieu à Doha début juillet, a illustré cette mobilisation. 

En 2001, les conditions pour les femmes étaient déplorables en Afghanistan alors qu’aujourd’hui la situation a beaucoup évolué, avec 27% de femmes en poste dans la fonction publique y compris à des postes de ministre, et un taux de scolarisation des filles bien plus élevé à tous les niveaux éducatifs.  Les États-Unis partagent la volonté de la communauté internationale de protéger ces acquis des femmes et des minorités ethniques alors que les Afghans continuent de rechercher la paix, a dit Mme Chalet. 

En conclusion, la représentante a noté que les donateurs qui soutiennent la tenue des élections en Afghanistan avaient déjà commencé à décaisser les fonds nécessaires, dont 29 millions de dollars par les États-Unis.

M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a souhaité que l’élection présidentielle de septembre en Afghanistan soit crédible, inclusive, juste, pacifique et transparente.  Alors que le pays se trouve dans une situation critique, ces élections constituent une étape cruciale pour renouveler la confiance du peuple afghan dans le processus de paix, a-t-il estimé.  Il a salué la tenue, en début d’année, d’une conférence nationale sur les femmes afghanes et la paix, ainsi que la déclaration adoptée dans ce contexte et soumise au Président de la République.  Le délégué a également invité toutes les parties en conflit en Afghanistan à respecter le droit international humanitaire, avant de dénoncer le recrutement et l’utilisation des enfants dans le conflit.  Selon la délégation, la paix durable dans le pays dépend de la participation des femmes et des jeunes au processus de paix.

M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a déclaré que sa délégation s’était toujours penchée sur le processus de paix en Afghanistan surtout en cette veille de l’élection présidentielle.  Ce scrutin doit être crédible et inclure tout le monde, a-t-il souhaité, arguant que les résultats doivent être acceptés par toutes les parties prenantes.  Les femmes doivent y jouer un rôle capital, a-t-il ajouté.  Le représentant a également exhorté le Gouvernement afghan à faire participer les femmes aux prises de décisions et au processus de paix, et à garantir leurs droits.  Les femmes doivent être au cœur des efforts de paix, a encore martelé le représentant qui a placé son espoir dans les nombreuses réunions internationales sur l’Afghanistan et leur capacité à renforcer le processus de paix dans le pays.  Évoquant la dernière réunion tenue dans ce cadre à Doha, avec les parties afghanes, le délégué a annoncé qu’il était favorable à un processus de paix inclusif y compris avec l’opposition.  Il a espéré que les parties honorent leurs engagements dont celui de protéger les civils.  Ce processus de paix doit être renforcé par l’appui des Nations Unies et la présence de la communauté internationale, a-t-il dit avant de conclure en exprimant sa préoccupation du fait des attaques contre les civils et des violences sexuelles et sexistes en Afghanistan. 

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déclaré que le récent dialogue intra-afghan facilité par le Qatar et l’Allemagne est une étape importante, mais reconnu que la route est encore longue.  Elle a plaidé pour une participation significative et égale des femmes à toutes les étapes du processus de paix, ainsi que pour un soutien aux efforts nationaux et internationaux pour la paix avec appropriation des Afghans et un processus dirigé par eux.  Une paix juste et durable n’est pas possible quand la moitié de la population est exclue, a-t-elle aussi déclaré.  L’élection présidentielle en octobre sera une nouvelle étape vers la consolidation d’un Afghanistan démocratique, a espéré la déléguée en souhaitant que les Afghanes puissent se présenter comme candidates, être représentées dans les institutions électorales et voter en toute sécurité.

Il serait bon que tous les candidats se prononcent durant la campagne sur les droits des femmes, a suggéré la déléguée qui a ensuite lancé un message aux Taliban:« condamnez le terrorisme, abandonnez la voie militaire, choisissez la voie politique et investissez dans le processus de négociations.  Il n’y a pas d’alternative. »  La Belgique qui a donné 2 millions d’euros à ONU-Femmes en décembre 2018 pour aider les autorités afghanes à appliquer la résolution 1325 (2000), attend maintenant le lancement de la deuxième phase de ce Plan d’action sur la base des leçons tirées de la première phase, en particulier en ce qui concerne le rôle de la société civile. 

M. NAPOLEÓN DAVID BERAS HERNÁNDEZ (République dominicaine) a exprimé ses condoléances au peuple tunisien après le décès du Président Beji Caid Essebsi, ainsi qu’au Gouvernement et au peuple afghans à la suite des attentats terroristes d’hier.  Il a pris note du rapprochement opportun entre les dirigeants politiques afghans et talibans qui se sont réunis à Doha il y a quelques jours, dans le contexte des pourparlers de paix et dans l’objectif de mettre fin à la violence.  Le Groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité s’est réuni pour examiner la situation des femmes en Afghanistan, a rappelé le représentant, qui a insisté sur la pleine participation des femmes aux élections de septembre.  Soulignant la résilience des Afghanes, le délégué a toutefois condamné les violences dont elles sont toujours victimes.  La République dominicaine, a-t-il dit, exhorte le Gouvernement afghan et les Taliban à garantir la pleine participation des Afghanes aux pourparlers de paix. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué la visite en Afghanistan de Mme Mohammed et de ses homologues, effectuée à un moment opportun à l’approche de l’élection présidentielle de septembre, élection qui, a-t-il dit, doit se tenir dans un esprit de dialogue, de tolérance, d’inclusion et de respect mutuel.  Il a salué la « nomination historique » de femmes à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral, jugeant à cet égard essentiel de promouvoir la participation des femmes à la vie politique du pays et aux processus de paix et de réconciliation.  « La participation des femmes est indispensable à la résolution des conflits, au maintien et à la consolidation de la paix », a-t-il insisté.

Le représentant a dit espérer que le Gouvernement afghan continue de mettre en œuvre le Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité ainsi que le Programme d’émancipation économique des femmes.  Selon le représentant, il est aussi nécessaire de renforcer l’accès à la justice et de lutter contre l’impunité afin que les victimes puissent bénéficier de services de protection et d’aide juridique adéquats et que les auteurs d’actes de violence soient traduits en justice.  À cette fin, le Conseil devrait renforcer la prise en compte des questions de genre et le programme femmes, paix et sécurité, notamment dans l’élaboration des mandats et le suivi des recommandations.   Le délégué a conclu en encourageant le rapprochement des travaux des organisations de femmes avec ceux du groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité que son pays copréside avec l’Allemagne.

L’élan en faveur de la paix en Afghanistan est de plus en plus fort, a affirmé M. MOHAMMAD WALI NAEEMI (Afghanistan), ajoutant que son gouvernement était tout autant déterminé à mettre fin au conflit, qui dure depuis maintenant plusieurs décennies.  Cependant, tout règlement doit passer par la reconnaissance du rôle des femmes dans le pays, a-t-il précisé.  « Leurs droits et les acquis institutionnels des 18 dernières années doivent être préservés et protégés », a insisté M. Naeemi. 

De son côté, le Gouvernement poursuit ses efforts de promotion du rôle des femmes dans la paix et le développement, a poursuivi le représentant, mentionnant la formation récente du Groupe des amis des femmes afghanes.  Ce Groupe, a-t-il précisé, s’efforcera de mettre en valeur les rôles essentiels joués par les femmes dans la société, de souligner l’importance de la consolidation des acquis des 18 dernières années et de promouvoir une participation significative des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil.

Par ailleurs, M. Naeemi a réitéré l’engagement de son gouvernement à organiser des élections « transparentes, libres et sûres », à la date prévue par la Commission électorale indépendante, le 28 septembre prochain.  Un plan de sécurité a été mis au point pour que le scrutin présidentiel se déroule dans un environnement sécurisé, a-t-il indiqué.

Plus généralement, les forces de sécurité afghanes ont empêché les groupes terroristes de gagner du terrain à travers le pays, a déclaré M. Naeemi, des efforts qui se poursuivent parallèlement aux négociations de paix en cours.  « À cet égard, nous continuons d’appeler les Taliban à honorer leur engagement en faveur de la paix dans les faits et non pas uniquement en paroles », a-t-il dit, en référence aux attentats meurtriers d’hier.  À ses yeux, seule une « double approche mêlant pressions et incitations » sera à même de créer un environnement propice à la conclusion d’un accord global.

Malgré les difficultés qui subsistent, un nouvel Afghanistan démocratique et en plein développement a vu le jour ces 18 dernières années, a affirmé le représentant, mentionnant les réformes entreprises en matière de sécurité, de gouvernance, de lutte contre la corruption, d’autonomisation des jeunes et des femmes, de promotion de la croissance économique et de renforcement des institutions publiques.

Dans ce cadre, le représentant a plaidé en faveur d’un renouvellement du mandat de la MANUA pour une période d’un an au minimum.  Il a souhaité que la Mission centre son action sur les prochaines élections et le processus de paix.  L’engagement de la communauté internationale et de l’ONU envers le peuple afghan est essentiel pour protéger et préserver les acquis, a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’adoption de cinq résolutions perturbée par une « politisation » des discussions entre États Membres

Soixante-treizième session,
101e séance plénière – après-midi
AG/12167

Assemblée générale: l’adoption de cinq résolutions perturbée par une « politisation » des discussions entre États Membres

L’Assemblée générale a adopté, cet après-midi, cinq résolutions visant à protéger les droits de l’enfant, promouvoir une culture de paix et de tolérance, et renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.  La réunion, qui s’est ouverte sur une minute de silence en l’honneur du Président tunisien Beji Caid Essebsi, décédé aujourd’hui, a toutefois été marquée par une série de passes d’armes entre États Membres sur des questions conflictuelles, allant du Haut-Karabakh à Chypre, en passant par l’Ossétie du Sud, l’est de l’Ukraine et l’Iran.

Par la résolution A/73/L.101, adoptée à l’unanimité, l’Assemblée a décidé de proclamer 2021 « Année internationale de l’élimination du travail des enfants ».  Le texte invite tous les États Membres, organismes des Nations Unies et autres organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, à célébrer cette année internationale par des activités destinées à sensibiliser l’opinion sur l’importance d’éradiquer le travail des enfants et à partager les meilleures pratiques à cet égard. 

« Au train où vont les choses, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de développement durable en matière de travail des enfants », a mis en garde l’Argentine peu avant l’adoption du texte, dont le pays était coauteur.  Les derniers chiffres disponibles sont en effet alarmants, s’est inquiété le représentant argentin, précisant qu’un enfant sur 10 dans le monde est à l’heure actuelle victime du travail des enfants, soit 50 millions au total.  Dans ces conditions, l’Argentine a espéré que la résolution puisse permette d’avancer vers un monde où aucun enfant ne sera exploité ou contraint de travailler.

D’un point vue pratique, l’Assemblée invite, dans ce texte, l’Organisation internationale du Travail (OIT) à faciliter les célébrations de l’année internationale, dans le respect des dispositions de l’annexe de la résolution 1980/67 du Conseil économique et social (ECOSOC).  L’Assemblée précise en outre que les activités découlant du texte, autres que celles relevant du mandat de l’OIT, seront financées au moyen de contributions volontaires. 

Il s’agit là d’une étape importante pour la réalisation de la cible 7 de l’objectif de développement durable no 8, a salué Cabo Verde, au nom de la Communauté des pays de langue portugaise.

S’ils se sont joints au consensus lors de l’adoption du texte, les États-Unis ont, quant à eux, indiqué qu’ils ne partageaient pas les vues, exprimées dans la résolution, selon lesquelles la Convention relative aux droits de l’enfant serait la principale norme en termes de protection des enfants.  La résolution ne doit pas forcer les pays n’étant pas parties à cette Convention, dont les États-Unis, à reconnaître l’instrument, a insisté le pays.  De plus, nous ne sommes pas favorables à la création de nouveaux droits auxquels nous n’avons pas formellement agréés, a-t-il ajouté. 

Par ailleurs, l’Assemblée a adopté sans vote la résolution A/73/L.102, intitulée « Promouvoir une culture de la paix ancrée dans l’amour et la conscience », dans laquelle elle proclame le 5 avril « Journée internationale de la conscience ».  Selon le texte, cette Journée permettra de mobiliser les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la solidarité. 

Lors des négociations, nous avons pris soin de veiller à ce que la résolution soit conforme aux autres textes existants visant à instaurer une culture de paix, s’est enorgueilli le Bahreïn, coauteur du texte, tout en soulignant le rôle joué par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Alliance des civilisations des Nations Unies dans la promotion d’une culture de paix. 

Le texte invite ainsi les États Membres, les entités des Nations Unies, les organisations internationales et régionales, ainsi que le secteur privé et la société civile, à instituer une culture de paix ancrée dans l’amour et la conscience, dans le respect de la culture et d’autres particularités ou coutumes locales, nationales et régionales, via des initiatives éducatives et des activités de sensibilisation, dont le Bahreïn a précisé qu’elles seraient financées par des contributions volontaires. 

L’Assemblée a par ailleurs adopté à l’unanimité la résolution A/73/L.100, dans laquelle elle consacre l’importance du dialogue interreligieux et interculturel dans la promotion de la cohésion sociale, de la paix et du développement.  Dans ce cadre, elle demande aux États Membres d’envisager ce dialogue comme un élément clef de la paix et de la stabilité sociale, en vue d’atteindre les objectifs de développement durables.  Parallèlement, le texte condamne tout appel à la haine susceptible de constituer une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence dans la presse écrite ou dans les médias audiovisuels, électroniques et sociaux.

En cette période trouble caractérisée par une multiplication des discours de haine contraires aux principes onusiens, l’extrémisme religieux et politique abuse du droit à la liberté d’expression, a en effet estimé le Maroc dans sa présentation du texte.  Le pays a ainsi renvoyé dos à dos ceux qui se servent de la religion pour satisfaire leurs ambitions personnelles et ceux qui utilisent des discours politiques axés sur la haine raciale pour créer des divisions, attiser les conflits et alimenter le chaos et l’anarchie.  Ces discours coûtent la vie à des milliers d’innocents, a déploré le Maroc, comme en témoignent les attaques récentes contre des mosquées à travers le monde.  Dans ce contexte, la résolution permettra de sensibiliser l’opinion publique internationale aux dangers des discours de haine, a salué le Maroc. 

Le texte demande en effet aux États Membres d’engager des échanges afin de promouvoir les vertus du dialogue interreligieux et interculturel, ainsi que de contrer la propagation de tout discours de haine.  États Membres et organisations internationales sont également invités à sensibiliser le public concernant les dangers de l’intolérance et de la violence confessionnelle.  Le texte invite enfin chaque pays, organisme des Nations Unies, organisation régionale et acteur de la société civile à prendre connaissance du Plan d’action du Secrétaire général à l’intention des responsables et des acteurs religieux en vue de prévenir l’incitation à la violence pouvant conduire à des atrocités criminelles, dit Plan d’action de Fès, ainsi que du Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine.

Tout en indiquant qu’ils s’étaient ralliés au consensus, les États-Unis ont toutefois exprimé leur préoccupation face à l’appel, au paragraphe 5 du dispositif, à « promouvoir la modération ».  Nous craignons que la mise en œuvre de programmes basés sur le principe de modération fasse encourir le risque de saper la pleine mise en œuvre de la liberté d’expression et de croyance.  Les États-Unis soutiennent la liberté d’expression pour tous, y compris ceux qui ont des points de vue minoritaires et « ceux avec qui nous sommes en désaccord », a précisé le pays.

En outre, les États Membres ont adopté à 134 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et 3 abstentions (Arménie, Brésil et Papouasie-Nouvelle-Guinée) la résolution A/73/L.74, dans laquelle ils invitent les organismes de l’ONU et les institutions financières internationales à aider l’Organisation de coopération économique (ECO) à atteindre ses buts et objectifs. 

Basée à Téhéran, l’ECO est composée de sept nations asiatiques et trois eurasiennes dont l’objectif est de favoriser le développement de la région, promouvoir le commerce international et trouver des opportunités d’investissement. 

Il s’agit d’une organisation « dynamique » et « tournée vers l’extérieur », qui couvre une zone de 8 millions de kilomètres carrés, abritant près de 450 millions d’habitants, a rappelé le Tadjikistan, coauteur de la résolution et membre de l’ECO.  Nous estimons que les relations entre l’ONU et l’ECO profitent aux deux parties, a-t-il ajouté, soulignant que l’ECO tirait parti des connaissances de l’ONU, tout en offrant à cette dernière la possibilité d’utiliser ses plateformes. 

Le texte invite notamment la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Centre du commerce international à élaborer des stratégies visant à libéraliser le commerce et à promouvoir l’investissement étranger direct dans les États membres de l’ECO.  Il invite en outre le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, la Banque islamique de développement et le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement à coopérer avec l’ECO concernant la possibilité de fournir des services préférentiels aux pays sans littoral dans certains ports des pays de transit de la région.

Le texte encourage également à parachever l’accord-cadre intergouvernemental sur la mise en service de la ligne ferroviaire Kazakhstan-Turkménistan-République islamique d’Iran, par l’établissement d’un mécanisme conjoint de gestion des couloirs de transport entre la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, la Banque islamique de développement et l’ECO. 

Toujours dans ce texte, l’Assemblée encourage toutes les institutions financières internationales compétentes à mobiliser des ressources à des conditions préférentielles pour développer les couloirs de transport régionaux et la connectabilité dans la région.  Elle invite notamment la Banque de commerce et de développement de l’ECO, la Banque islamique de développement et la Commission économique pour l’Europe à créer une plateforme de partenariat et de coordination à cette fin.  Enfin, le texte invite la Commission économique pour l’Europe et la CNUCED à coopérer avec l’ECO en vue de faciliter le commerce de transit entre ses membres et de permettre à ceux-ci de moderniser leurs postes frontières.

Le Tadjikistan a toutefois jugé « déplorable » qu’un vote ait été demandé « pour la première fois » sur cette résolution, et cela, « malgré notre recherche du consensus » lors des négociations.

Nous avons demandé un vote car nous sommes préoccupés par la collaboration potentielle de l’ONU avec l’ECO, une organisation présidée par l’Iran et basée dans ce pays, ont expliqué les États-Unis.  L’Iran, a-t-il argué, a en effet tendance à saper la sécurité régionale et à déstabiliser ses voisins, notamment en appuyant des groupes terroristes comme le Hezbollah, en fournissant des armes aux houthistes au Yémen et en appuyant militairement le « régime d’Assad » en République arabe syrienne.  Le représentant américain a aussi estimé que Téhéran ne contribuait pas au développement économique régional.  « L’Iran doit être tenu pour responsable pour son comportement déstabilisateur », a appelé le pays, qui a voté contre la résolution.

Nous sommes obligés de répondre à « l’absurdité » des propos des États-Unis, qui utilisent cette instance pour proférer des accusation « fallacieuses » à notre encontre, a rétorqué l’Iran, y voyant là une nouvelle expression de « la tendance pathologique » de Washington à « déformer la réalité » dès qu’un État ne s’aligne pas avec ses politiques.  Aux yeux de l’Iran, malgré les efforts des coordonnateurs du texte pour tenir compte de toutes les parties prenantes, les États-Unis se sont employés à détruire le consensus, conformément à leur « obsession pathologique vis-à-vis de l’Iran ».

De son côté, l’Arménie a jugé la référence à la Déclaration de Bakou de 2012, au paragraphe 3 du dispositif, non seulement « redondante », mais également « irrecevable », dans la mesure où cette déclaration contient selon le pays des informations « erronées » concernant le Haut-Karabakh.  L’Arménie a ainsi condamné les tentatives visant à politiser la plateforme de l’ECO pour diffuser de la « propagande ». 

Cette résolution ne traite pas du conflit du Haut-Karabakh ou de son règlement, a répondu l’Azerbaïdjan.  Elle ne contient pas non plus de référence à l’agression arménienne contre l’Azerbaïdjan, a déclaré le pays.  C’est plutôt l’Arménie qui fait preuve de « redondance » et déforme une fois de plus la réalité, a estimé l’Azerbaïdjan, affirmant que son pays était victime de la politique de nettoyage ethnique de l’Arménie, dont les forces armées se trouvent sur le territoire azerbaïdjanais.

Nous rejetons ces allégations sans fondement, a répondu l’Arménie, affirmant que le conflit au Haut-Karabakh était imputable aux agissements de l’Azerbaïdjan, y compris son refus de dialoguer, son recours à la force et sa promotion d’un sentiment anti-arménien. 

Ce sont plutôt les politiques de nettoyage ethnique arméniennes qui ont conduit à la guerre et au déplacement de nombreux Azéris, a une nouvelle fois dénoncé l’Azerbaïdjan.

Au nom de l’Union européenne (UE), la Finlande a quant à elle précisé que la référence à la Déclaration de Bakou dans le texte ne revenait pas à entériner les décisions ou résolutions adoptées par l’ECO, lesquelles devraient, selon le pays, être pleinement conformes aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Or, les dispositions de la Déclaration de Bakou concernant Chypre ne sont pas conformes aux résolutions de l’ONU, a estimé la Finlande, appelant l’ECO à s’abstenir d’adopter des textes dont les dépositions sont susceptibles de nuire à l’application du droit international.

Concernant la question chypriote, l’UE va précisément à l’encontre du principe d’un règlement négocié selon les règles du droit, a estimé la Turquie, car elle a admis les « Chypriotes grecs » en son sein, en violation des différents traités concernant Chypre.  Dans ce cadre, l’UE ne saurait se targuer d’adopter une attitude équilibrée et de contribuer de façon objective aux efforts pour trouver une solution au conflit, a déclaré le représentant turc.

La Turquie devrait commencer par respecter le nom de tous les États Membres, est intervenu Chypre.  Non seulement l’UE s’est montrée impartiale sur la question chypriote, mais elle a en plus accordé une assistance financière très importante à notre pays, a défendu le représentant.  S’agissant de la Déclaration de Bakou, mentionnée dans la résolution, Chypre a tenu à rappeler que le Conseil de sécurité s’était déjà prononcé « de manière définitive » sur la question, en affirmant la souveraineté du pays, en se prononçant contre sa partition et en demandant à tous les États de ne pas reconnaître d’État chypriote autre que la République de Chypre.  La bonne façon de procéder pour trouver une solution n’est pas la soumission à la Turquie, a indiqué le pays. 

Il y a bien « deux États autosuffisants et indépendants » à Chypre, a répliqué la Turquie, une réalité que les « Chypriotes grecs » s’emploient, selon le pays, à nier, tout comme ils nient les droits des « Chypriotes turcs », au détriment d’un règlement du conflit. 

Chypre a rejeté le « révisionnisme historique » dont fait preuve selon elle la Turquie.  « Seul le représentant de Chypre représente légitimement Chypre sur le plan international », a martelé le pays.

Enfin, l’Assemblée a adopté à l’unanimité la résolution A/73/L.103, portant sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC). 

Fondée en 2002, l’OTSC est une organisation qui regroupe l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Fédération de Russie et le Tadjikistan, les six pays coauteurs du texte, auxquels s’est joint la Guinée équatoriale.

L’ONU est devenue l’un des principaux lieux de rencontre pour les partenaires de l’OTSC, a indiqué dans sa présentation du texte le Kirghizistan, mentionnant les consultations régulières entre les deux organisations sur la prévention et le règlement des conflits, la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la criminalité organisée.

Dans cette lignée, le texte encourage l’ONU et l’OTSC à poursuivre et renforcer leur coopération dans les domaines d’intérêt commun, notamment afin d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies de façon cohérente et intégrale.  L’Assemblée note en outre avec satisfaction que l’OTSC s’emploie à renforcer le dispositif de sécurité et de stabilité régionale, à lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, le trafic de stupéfiants et d’armes, les migrations irrégulières et la traite d’êtres humains, ainsi qu’à favoriser la reprise des activités après une catastrophe naturelle ou anthropique.

Les libellés qui concernent les crimes internationaux doivent être conformes aux instruments juridiques existants, s’est impatienté le Mexique, renvoyant les auteurs du texte à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et à ses protocoles additionnels.  Le Mexique a contesté le fait que le texte semble mettre sur un pied d’égalité la lutte contre la migration clandestine, le trafic d’armes et la traite des personnes.  Ce n’est ni cohérent, ni conforme aux traités internationaux en la matière, a déploré le pays.  Le trafic des migrants n’équivaut pas à la traite des êtres humains, a-t-il insisté.  Ce sont là des crimes distincts relevant de protocoles distincts.  Nous sommes donc en désaccord avec la formulation du paragraphe 2 du dispositif, où l’on mélange ces concepts et où l’on met dans le même bateau la migration et la lutte contre le terrorisme, a regretté le Mexique.

Certaines organisations régionales, comme l’OTSC, « politisent leurs activités » en raison des « actes de destruction » de leurs membres, a de son côté déploré l’Ukraine, estimant que l’OTSC avaient été incapable de prévenir l’agression russe dans l’est du pays.  En réalité, l’OTSC est un instrument qui permet à la Russie d’étendre son influence régionale, a affirmé l’Ukraine, refusant d’appuyer les passages du texte concernant la contribution de l’OTSC au maintien de la paix. 

L’OTSC n’a pas non plus pris de mesures pour prévenir l’agression russe de 2008 en Ossétie du Sud, a quant à elle dénoncé la Géorgie, précisant qu’elle ne souscrivait pas au consensus sur cette résolution.

La Charte de l’OTSC vise à renforcer la paix et la stabilité régionales, a rappelé l’Azerbaïdjan.  Or, l’Arménie, en violation du droit international, utilise sa force militaire pour s’emparer du territoire azerbaïdjanais dans le Haut-Karabakh, afin de mettre en œuvre sa politique raciste de nettoyage ethnique, a déploré le pays, accusant le Gouvernement arménien de n’avoir mis en œuvre aucune des résolutions du Conseil de sécurité.

L’Arménie a rappelé à l’Azerbaïdjan que la question à l’ordre du jour était la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  Elle a condamné la tentative du pays de détourner cet ordre du jour pour promouvoir sa « vision étroite ».  Le Conseil n’a pas abordé la question du règlement du conflit dans le Haut-Karabakh, a affirmé l’Arménie, accusant l’Azerbaïdjan de vouloir masquer sa politique de promotion de la haine contre l’Arménie.

La déclaration de l’Arménie s’inscrit dans le même ordre du jour que la nôtre, a rétorqué l’Azerbaïdjan, dénonçant l’hypocrisie du pays.  Pour l’Azerbaïdjan, la résolution du Conseil de 1993 reste bien d’actualité, dans la mesure où la situation dans le Haut-Karabakh n’a pas changé depuis: l’Arménie continue d’occuper la région et de violer le cessez-le-feu, a estimé l’Azerbaïdjan.

Dénonçant la « politisation » de la réunion, la Fédération de Russie a de son côté exprimé sa déception face au fait que certaines délégations aient utilisé ce point de l’ordre du jour pour « parler de dissensions » ou présenter leurs « vues unilatérales sur des événements au lieu de parler de la réalité ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix jusqu’au 31 janvier 2020

8586e séance – après-midi
CS/13899

Chypre: Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix jusqu’au 31 janvier 2020

Cet après-midi, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 2483 (2019) par laquelle il exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 janvier 2020.

En adoptant ce texte proposé par le Royaume-Uni, les 15 membres du Conseil soulignent que c’est principalement aux Chypriotes qu’il appartient de trouver une solution.  En même temps, ils réaffirment le rôle de premier plan qui revient à l’ONU pour ce qui est d’aider les parties à parvenir d’urgence à un règlement global et durable du conflit à Chypre et de la question de la division de l’île. 

Dans ce texte, le Conseil exprime son regret que le processus de règlement n’ait guère avancé depuis la conclusion de la Conférence sur Chypre organisée en 2017.  Il demande instamment aux parties et à tous les participants concernés de renouveler leur engagement et leur volonté politique en faveur d’un règlement sous les auspices de l’ONU, notamment en se concertant d’urgence et activement avec Jane Holl Lute, haute fonctionnaire de l’Organisation.

Le Conseil lance également un appel pour que les tensions en Méditerranée orientale s’apaisent, en invitant les dirigeants des deux communautés chypriotes et toutes les autres parties concernées à s’abstenir de tout acte ou propos susceptible d’entamer les chances de succès. 

Les membres du Conseil étaient saisis d’un rapport sur l’opération des Nations Unies à Chypre, dans lequel le Secrétaire général réitère que les ressources naturelles découvertes à Chypre et alentour devraient profiter aux deux communautés, ce qui devrait inciter toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement durable et acceptable par tous.

Dans la résolution adoptée ce jour, le Conseil se déclare vivement préoccupé par l’augmentation du nombre de violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, et prie les deux parties et toutes les parties concernées de respecter les pouvoirs dévolus à la Force dans la zone tampon et la délimitation de celle-ci.  Il demande instamment aux parties d’appliquer les dispositions de l’aide-mémoire 2018 des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans la zone tampon.

La partie chypriote turque et les forces turques sont également appelées à rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000.  Le Conseil rappelle aussi le statut de Varosha, tel que défini dans les résolutions pertinentes.  Il demande en outre aux deux parties d’accepter et d’exécuter un plan de travail visant à débarrasser Chypre de toutes ses mines, amorçant ainsi la mise en œuvre de l’accord conclu le 26 février 2019. 

L’application des mesures de confiance convenues sont attendues par le Conseil qui espère aussi que « de nouvelles mesures seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, notamment des mesures de confiance militaires ».  Cela répond à la suggestion du Secrétaire général qui demande dans son rapport aux dirigeants « des mesures de confiance supplémentaires efficaces » et des mesures « audacieuses et unilatérales » pour restaurer la confiance.

En ce qui concerne la Force de l’ONU, il est demandé au Secrétaire général d’en renforcer les effectifs féminins et de veiller à ce que les femmes soient pleinement et véritablement associées à tous les aspects des opérations.  Le Secrétaire général devra en outre présenter au Conseil, d’ici au 15 novembre 2019, un rapport sur sa mission de bons offices.

Avant le vote de cet après-midi, le représentant du Pérou, M. Gustavo Meza-Cuadra, qui assure la présidence du Conseil ce mois-ci, a indiqué qu’il s’était réuni avec les représentants des deux parties qui lui ont confirmé qu’elles campaient sur leurs positions officielles respectives.

Une fois la résolution adoptée, la Fédération de Russie, par la voix de son représentant, a relevé que le texte qui renouvelle ainsi le mandat de l’UNFICYP était « sans changement » car la Force, telle qu’elle opère actuellement, renforce la stabilité et constitue une « condition sine qua non » pour un dialogue direct et complet entre les parties chypriotes. 

La pause pour la réflexion, évoquée dans le rapport du Secrétaire général, ne doit pas perdurer, a prévenu le délégué russe, ajoutant que l’objectif de l’UNFICYP consiste à garantir le respect de la zone tampon et non à exercer une quelconque pression sur les parties. 

La Russie a tenu à rappeler que seules les communautés chypriotes sont à même de parvenir à un accord sur un État unifié.  Toute ingérence extérieure, toute pression ou un calendrier artificiel seraient inacceptables, a dit le représentant en précisant que la garantie de la sécurité des deux communautés est l’un des aspects les plus importants pour le règlement de la situation à Chypre. 

De l’avis du représentant russe, le système extérieur de garantie de cette sécurité est devenu un « anachronisme », et c’est au Conseil de sécurité d’approuver les accords finaux conclus par les parties.  Il a prié tous ceux qui auraient la tentation de pousser les acteurs chypriotes dans un « chassé-croisé géopolitique » de s’en abstenir. 

Son homologue des États-Unis a affirmé que ce nouveau mandat « transmet un message fort » aux parties pour qu’elles reprennent les négociations et répondent aux aspirations du peuple chypriote.  L’UNFICYP doit appuyer la solution politique mais ne peut pas s’y substituer, a-t-il souligné.  À ce sujet, le représentant s’est dit déçu par l’absence de progrès sur ce volet depuis la Conférence de 2017.  Les dirigeants des deux parties doivent prendre les décisions qui s’imposent en vue de la réunification de Chypre et d’une paix durable, a-t-il insisté.

Pour cela, il va falloir créer un contexte favorable, a estimé le représentant américain qui a également insisté sur une participation accrue des femmes au processus de paix.  Il a conclu en formant le vœu que toutes les parties respecteront le mandat de la Force, en particulier pour ce qui est de la zone tampon.

LA SITUATION À CHYPRE – (S/2019/562)

Texte du projet de résolution (S/2019/595)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général, en date du 16 avril, sur sa mission de bons offices à Chypre (S/2019/322) et le rapport du Secrétaire général, en date du 10 juillet, sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2019/562), et saluant et soutenant sans réserve la volonté du Secrétaire général de continuer de proposer ses bons offices pour aider les parties si elles décident ensemble de reprendre les négociations avec la volonté politique nécessaire,

Soulignant que c’est principalement aux Chypriotes qu’il appartient de trouver une solution, et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir d’urgence à un règlement global et durable du conflit à Chypre et de la question de la division de l’île,

Notant les progrès accomplis sur la voie d’un règlement global jusques et y compris la tenue de la Conférence sur Chypre en juin 2017, notamment les engagements pris par les dirigeants dans la Déclaration conjointe publiée le 2 avril 2017 sur la base de la Déclaration conjointe du 11 février 2014, et rappelant le cadre en six points avancé par le Secrétaire général le 30 juin 2017 en vue de progresser encore et de surmonter les divergences qui persistent,

Demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, notamment le paragraphe 4 de sa résolution 716 (1991), et soulignant que le statu quo n’est pas viable,

Se déclarant préoccupé par l’aggravation des tensions en Méditerranée orientale au sujet de l’exploration d’hydrocarbures, convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes un règlement global et durable, et demandant, comme l’a déjà fait le Secrétaire général, une action résolue visant à éviter toute nouvelle escalade et à désamorcer les tensions,

Rappelant sa résolution 1325 (2000) et ses résolutions connexes, considérant que la participation active et réelle des femmes et le fait qu’elles jouent un rôle moteur sont essentiels à la consolidation de la paix à Chypre et contribueront à assurer la viabilité de tout règlement futur, se félicitant des efforts déployés pour faire se rencontrer un plus grand nombre de femmes parties prenantes des deux camps, et attendant avec intérêt les résultats de l’étude d’impact socioéconomique tenant compte de la problématique femmes-hommes à laquelle il a demandé de procéder dans sa résolution 2453 (2019),

Insistant sur l’importance des mesures de confiance et de leur mise en œuvre rapide, et demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour promouvoir les contacts intercommunautaires, la réconciliation et la participation active de la société civile, en particulier des femmes et des jeunes,

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire de maintenir en activité la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre au-delà du 31 juillet 2019,

Se félicitant des mesures prises à ce jour pour renforcer les capacités de liaison et de dialogue de la mission, notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition et soulignant qu’il est nécessaire d’examiner régulièrement toutes les opérations de maintien de la paix, dont la Force, afin d’en assurer l’efficacité et l’efficience,

S’associant au Secrétaire général pour exprimer sa gratitude au Gouvernement chypriote et au Gouvernement grec, qui ont versé des contributions volontaires pour le financement de la Force, et remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à la Force,

Remerciant de leurs efforts le Secrétaire général, sa Représentante spéciale, Elizabeth Spehar, et la haute fonctionnaire de l’Organisation Jane Holl Lute,

1.    Regrette que le processus de règlement n’ait guère avancé depuis la conclusion de la Conférence sur Chypre organisée en 2017 et demande instamment aux parties et à tous les participants concernés de renouveler leur engagement et leur volonté politique en faveur d’un règlement sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, notamment en se concertant d’urgence et activement avec Jane Holl Lute, haute fonctionnaire de l’Organisation, en vue de s’entendre sur un certain nombre de règles et ainsi permettre que des négociations axées sur les résultats aboutissent à un règlement dans les meilleurs délais;

2.    Lance un appel pour que les tensions en Méditerranée orientale s’apaisent, et invite les dirigeants des deux communautés chypriotes et toutes les autres parties concernées à s’abstenir de tout acte ou propos susceptible d’entamer les chances de succès;

3.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier la résolution 1251 (1999);

4.    Rappelle sa résolution 2453 (2019) et demande aux deux dirigeants:

a)    de redoubler d’efforts pour faire converger au plus vite leurs points de vue sur les questions essentielles;

b)    de donner les moyens à tous les comités techniques de leur présenter des propositions pour examen afin de renforcer les contacts intercommunautaires et d’améliorer la vie quotidienne de tous les Chypriotes;

c)    de promouvoir l’éducation à la paix sur l’ensemble de l’île, notamment en donnant au Comité technique pour l’éducation les moyens d’appliquer les recommandations figurant dans son rapport de 2017 et de lever les obstacles à la paix dans les ouvrages scolaires, dont les manuels, de manière à renforcer la confiance entre les communautés;

d)    d’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit par l’intermédiaire de messages publics sur les points de convergence et sur l’avenir, en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents et en s’abstenant de tout acte ou discours qui risquerait de faire dérailler le processus de règlement ou d’en entraver la réussite;

e)    d’appuyer davantage la participation de la société civile aux efforts de paix, et de lui garantir un rôle véritable, en particulier en renforçant l’implication des organisations de femmes et de jeunes dans le processus, y compris en donnant au Comité technique de l’égalité des sexes les moyens de se réunir et d’élaborer un plan d’action promouvant la participation des femmes aux pourparlers de paix et en apportant un soutien direct aux organisations de la société civile et en les encourageant à développer les contacts intercommunautaires et la confiance;

5.    Invite les deux parties et toutes les parties concernées, avec l’aide de la Force agissant dans le cadre de son rôle de liaison, à redoubler d’efforts pour mettre en place un mécanisme de contacts directs au niveau militaire, et à continuer d’étudier les moyens d’établir des mécanismes et de renforcer les initiatives existantes pour dissiper de manière efficace les tensions, multiplier les démarches conjointes en matière pénale et faciliter le règlement des questions qui intéressent toute l’île et donc l’ensemble des Chypriotes;

6.    Se félicite des progrès accomplis récemment dans l’interopérabilité des systèmes de téléphonie mobile dans toute l’île, demande instamment l’application de toutes les autres mesures de confiance convenues, y compris celles approuvées par les dirigeants lors de leur réunion du 26 février 2019, et espère que de nouvelles mesures seront arrêtées d’un commun accord et mises en œuvre, notamment des mesures de confiance militaires;

7.    Salue les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre et engage toutes les parties à resserrer rapidement leur coopération avec le Comité, notamment en lui donnant plein accès à toutes les zones et en répondant sans délais aux demandes d’informations d’archives concernant d’éventuels lieux d’inhumation;

8.    Exprime son plein appui à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 janvier 2020;

9.    Se déclare vivement préoccupé par l’augmentation du nombre de violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, prie les deux parties et toutes les parties concernées de respecter les pouvoirs dévolus à la Force dans la zone tampon et la délimitation de celle-ci, et demande instamment aux parties d’appliquer les dispositions de l’aide-mémoire 2018 des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans la zone tampon;

10.   Demande à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire antérieur au 30 juin 2000 et rappelle le statut de Varosha, tel que défini dans les résolutions pertinentes;

11.   Demande aux deux parties d’accepter et d’exécuter un plan de travail visant à débarrasser Chypre de toutes ses mines, amorçant ainsi la mise en œuvre de l’accord conclu le 26 février 2019;

12.   Prie le Secrétaire général de renforcer les effectifs féminins de la Force conformément à sa résolution 2242 (2015) et de veiller à ce que les femmes soient pleinement et véritablement associées à tous les aspects des opérations;

13.   Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rappelle que dans ses résolutions 2378 (2017) et 2436 (2018), il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix soient utilisées pour améliorer le fonctionnement des missions, notamment les décisions portant sur le déploiement, la remédiation, le rapatriement et les mesures incitatives, se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et demande à l’Organisation de l’appliquer à la Force comme indiqué dans la résolution 2436 (2018);

14.   Prie le Secrétaire général de continuer de prendre les mesures qui s’imposent pour s’assurer que tout le personnel de la Force respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé des progrès faits par la mission à cet égard, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de continuer de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment la vérification des antécédents de tous les membres du personnel, l’organisation d’une formation de sensibilisation avant et pendant le déploiement, l’ouverture rapide d’enquêtes en cas d’allégations, selon qu’il conviendra, et de prendre des mesures appropriées pour amener les auteurs d’actes répréhensibles à en répondre et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou de violence sexuelles de manière généralisée ou systématique;

15.   Prie le Secrétaire général de lui présenter d’ici au 15 novembre 2019 un rapport sur sa mission de bons offices, notamment sur les progrès réalisés pour parvenir à un point de départ consensuel en vue de négociations constructives, axées sur les résultats et qui aboutissent à un règlement, engage les dirigeants des deux communautés à tenir la mission de bons offices du Secrétaire général informée, par écrit, des mesures qu’ils ont prises à l’appui des dispositions pertinentes de la présente résolution en vue de parvenir à un règlement global et durable, prie également le Secrétaire général de faire figurer les informations ainsi reçues dans son rapport sur sa mission de bons offices, et prie en outre le Secrétaire général de lui présenter d’ici au 10 janvier 2020 un rapport sur l’application de la présente résolution, y compris des informations supplémentaires sur la meilleure façon de renforcer le rôle de la Force dans la zone tampon pour apaiser les tensions, et de le tenir au courant de la situation en tant que de besoin;

16.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Mme Mona Juul, de la Norvège, élue à la tête du Conseil économique et social pour la session de 2020, la cinquième femme présidente en 73 ans

Session de 2020,
1re séance plénière – matin
ECOSOC/7012

ECOSOC: Mme Mona Juul, de la Norvège, élue à la tête du Conseil économique et social pour la session de 2020, la cinquième femme présidente en 73 ans

Mme Mona Juul, de la Norvège, a été élue ce matin, par acclamation, à la présidence du Conseil économique et social (ECOSOC) pour la session de 2020.

Les États Membres ont unanimement salué le fait d’avoir à nouveau une femme à la tête de l’ECOSOC, pour un troisième mandat successif après ceux de Mme Marie Chatardová (République tchèque), en 2018, et de Mme Inga Rhonda King (Saint-Vincent-et-les-Grenadines), qui achève le mandat de 2019 et à qui les délégations ont rendu un vibrant hommage.

Alors que le Maroc a dit souhaiter l’avènement de tout un bureau de l’ECOSOC constitué de femmes, afin que celles-ci soient « aux commandes », la République-Unie de Tanzanie a plaidé pour que se poursuive cette tradition de « femmes fortes » à la tête des organes onusiens. 

La nouvelle Présidente a rappelé que l’an prochain, sera commémoré le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing en faveur des femmes, avant d’affirmer que « les droits des femmes et l’égalité des genres doivent demeurer une priorité transversale au cœur du travail de l’ECOSOC ».

Parmi les questions qu’elle juge importantes pour son mandat, Mme Juul a mis l’accent sur la participation des femmes, qui est selon elle un prérequis et un élément clef pour la croissance économique.  Elle a aussi estimé que l’augmentation des ressources nationales est un élément crucial de la réalisation des objectifs de développement durable.  De même, il faut mettre fin aux flux illicites de capitaux, a-t-elle souhaité, ajoutant qu’il faut établir une coalition internationale large pour lutter contre la corruption.  Selon elle, il va falloir également discuter de la question de la dette, de l’établissement de régimes fiscaux justes et prévisibles, sans oublier l’identification de solutions transformatives pour faire face aux changements climatiques. 

La nouvelle Présidente a en outre noté que, depuis la toute première réunion de l’ECOSOC, le 23 janvier 1946 à Londres, le mandat du Conseil demeure toujours aussi pertinent.  Elle a rappelé que l’ECOSOC et ses structures affiliées forment un « écosystème unique ».  Elle a d’ailleurs pour ambition d’arriver à de meilleurs résultats pour cet écosystème.  Elle a aussi promis de poursuivre une collaboration étroite avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Quant au système des Nations Unies pour le développement, elle a souhaité qu’il tienne ses engagements: « On attend de lui de meilleurs résultats, une plus grande transparence et la redevabilité. »  Mme Juul a enfin insisté sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, avant de promettre de poursuivre l’héritage de la précédente Présidente.

Cette dernière, Mme King, a exprimé sa fierté d’avoir été la quatrième femme Présidente de l’ECOSOC.  Elle a dit ressentir « un sentiment d’accomplissement » en laissant son poste: beaucoup a été fait au cours de l’année, même s’il reste encore bien des choses à accomplir, notamment dans le cadre de l’amélioration des travaux de ses organes subsidiaires et pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  À ce propos, elle est revenue sur le Forum politique de haut niveau pour le développement durable qui vient de s’achever.  Elle s’est félicitée de l’amélioration des discussions dans le cadre des examens nationaux volontaires, tout en saluant le travail joué en ce sens par le Groupe des amis qu’elle a créé à cet effet.

Mme King a enfin souligné que les réalisations de cette année sont également à mettre à l’actif de la coopération renforcée avec d’autres organes onusiens, notamment la « coopération sans précédent » qu’elle a entretenue avec la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale.  Alors qu’elle s’apprête à représenter son pays au Conseil de sécurité en 2020 et 2021, Mme King a promis qu’elle allait désormais œuvrer au renforcement de la coopération entre cet organe et l’ECOSOC.  Elle a émis le vœu que ce dernier continue à renforcer ses fonctions délibératives. 

Ces fonctions ont été effectivement restaurées sous votre présidence comme l’avait demandé l’Assemblée générale, a salué Mme Amina J. Mohammed, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, qui lui a rendu hommage.  Mme Mohammed a aussi salué l’initiative de la Présidente sortante de créer un « Groupe des amis des examens nationaux volontaires » qui a contribué au succès de la session 2019 du Forum politique de haut niveau.  La Vice-Secrétaire générale a également promis d’apporter son soutien à la nouvelle Présidente, toute en se félicitant du fait que l’ECOSOC, en élisant la troisième femme de suite à sa tête, montre un exemple en matière d’égalité.  Elle a également demandé que la voix des jeunes et des personnes marginalisées retentisse au sein de l’ONU et à l’extérieur grâce à l’ECOSOC.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Haïti a salué le travail de la Présidente sortante qui est originaire de leur région.  La représentante des États-Unis a également salué Mme King tout en félicitant celle qui lui succède.  D’autres délégations ont fait pareil, notamment l’Égypte, l’Équateur, le Liban, l’Ouganda, le Honduras, la République de Corée, l’Arménie, le Nicaragua ainsi que le Pakistan, qui a dit sa fierté de faire partie du nouveau Bureau.

En effet, en plus de Mme Juul à la présidence, l’ECOSOC a élu ses vice-présidents: Mme Maleeha Lodhi (Pakistan) en tant que représentante du Groupe des États d’Asie et du Pacifique; M. Mher Margaryan (Arménie) au nom du Groupe des États d’Europe de l’Est; M. Juan Sandoval Mendiolea (Mexique) au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le Vice-Président issu du Groupe des États d’Afrique sera élu ultérieurement.

Le Conseil a aussi adopté l’ordre du jour provisoire de sa session de 2020 (E/2020/1), avant d’adopter une résolution (E/2020/L.1) sur l’« organisation des travaux de la session de 2020 du Conseil économique et social ».

Ainsi, le Forum de la jeunesse se tiendra le 1er et le 2 avril 2020.  Le Forum des partenariats se tiendra le 3 avril 2020, alors qu’une réunion consacrée à la gestion sera organisée le 15 avril 2020 pour tenir les élections aux sièges devenus vacants dans les organes subsidiaires du Conseil et dans les organes connexes.

La réunion spéciale d’une journée sur la coopération internationale en matière fiscale se tiendra le 1er mai 2020, alors que le Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable aura lieu les 12 et 13 mai 2020.

Le Forum pour la coopération en matière de développement se tiendra les 14 et 15 mai 2020, tandis que le débat consacré aux activités opérationnelles de développement aura lieu du 19 au 21 mai 2020.  D’autres réunions du débat consacré à la gestion se tiendront les 2 et 3 juin 2020, ainsi que les 21 et 22 juillet 2020.  Le débat consacré aux affaires humanitaires aura lieu du 9 au 11 juin 2020.

Alors que le débat consacré à l’intégration se tiendra le 6 juillet 2020, le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices de l’ECOSOC, se tiendra du 7 au 13 juillet 2020.  Le débat de haut niveau, y compris la réunion ministérielle de trois jours du Forum politique de haut niveau, se tiendra du 14 au 17 juillet 2020.  Enfin, la session d’organisation relative à son programme de travail pour la période allant de juillet 2020 à juillet 2021 se tiendra le 23 juillet 2020.

En fin de séance, le Japon a été tiré au sort pour occuper le premier siège dans la salle de l’ECOSOC au cours des réunions de 2020.  Les autres membres du Conseil seront donc installés à sa suite selon l’ordre alphabétique en anglais. 

En début de séance, une courte vidéo présentant des extraits les plus marquants des activités de l’ECOSOC pour cette session a été diffusée, juste après la minute de silence observée en hommage au Président tunisien décédé, Beji Caid Essebsi.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: espoirs et inquiétudes exprimés au Conseil de sécurité après l’exposé de la Représentante spéciale et le train de réforme du Président Tshisekedi

8584e séance – matin
CS/13897

RDC: espoirs et inquiétudes exprimés au Conseil de sécurité après l’exposé de la Représentante spéciale et le train de réforme du Président Tshisekedi

« Satisfaction » et « préoccupation » ont été les maîtres mots de l’exposé fait, ce matin, par la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Leïla Zerrougui, qui s’adressait au Conseil de sécurité par visioconférence depuis Kinshasa, alors que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dont elle est à la tête, a commencé à fermer ses bureaux dans certaines parties du pays dans la perspective de la fin de son mandat.  Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, une analyse juste du contexte politique actuel « oblige à exprimer à la fois satisfaction et préoccupation », selon elle. 

De l’avis de la Représentante spéciale, les « réformes audacieuses » que le Président Félix Tshisekedi compte initier peuvent conduire au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie de la population.  Elle a également mis en avant les efforts du Président tendant à « transformer la région des Grands Lacs en un havre de paix », et l’engagement de celui-ci et des dirigeants de la région pour la paix et l’intégration économique.

La MONUSCO a fermé ses bureaux dans des régions où il n’y a plus d’événements graves, a-t-elle indiqué en expliquant que la Mission continue à protéger la population civile là où elle est en danger.  Mme Zerrougui a en effet signalé que, dans la province de l’Ituri, certains profitent des tensions ethniques pour attiser la violence intercommunautaire.  Des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) continuent de faire des victimes parmi les civils, a-t-elle déploré.  Il en résulte que la RDC est confrontée à toute une « série de situations d’urgence simultanées », y compris des déplacements de masse.

En ce qui concerne la lutte contre l’Ebola, la Représentante spéciale a salué les efforts concertés du Gouvernement, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de la MONUSCO et d’autres partenaires, tout en se disant inquiète devant l’aggravation de la situation en matière de sécurité dans les régions touchées par l’épidémie ainsi que par les attaques dont les équipes d’intervention contre l’Ebola font l’objet.  Les membres du Conseil ont d’ailleurs condamné, d’une même voix, les attaques contre le personnel de santé luttant contre l’épidémie. 

Inquiet lui aussi de ces violences contre le personnel médical, le Représentant du Koweït, en sa qualité de Président du Comité 1533 (2004), M. Mansour Ayyad Sh. A. Alotaibi, a fait part de ses constatations lors d’un déplacement sur le terrain en avril: il a souligné les points positifs décrits par la Représentante spéciale tout en pointant du doigt « les violences, les conflits armés, l’escalade des tensions, les assassinats et les enlèvements ».  Il a appelé toutes les parties à « servir l’intérêt public, à soutenir le Gouvernement et à se lancer dans la reconstruction. 

Au chapitre des difficultés, à l’instar de Mme Zerrougui, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont regretté le retard pris dans la formation d’un nouveau gouvernement, d’aucuns l’attribuant à des blocages intentionnels.  « On comprend que l’ancien Président Kabila s’accroche au pouvoir mais il faut lui dire que cela suffit et qu’il faut aller de l’avant », a ainsi déclaré l’Allemagne.  Des « négociations laborieuses » se poursuivent entre les deux plateformes de la coalition au pouvoir -Cap pour le changement, CACH, du Président Tshisekedi; et le Front commun pour le Congo, de l’ex-Président Joseph Kabila-, a pourtant indiqué Mme Zerrougui en appelant chacun à « dépasser ses divergences ».

Parmi les événements positifs enregistrés depuis les élections de décembre 2018, les intervenants ont cité la nomination d’un Premier Ministre en la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, la mise en place progressive du Parlement et des gouvernements provinciaux, le retour de plusieurs chefs de file de l’opposition en exil, la libération de 700 prisonniers politiques comme M. Firmin Yangambi et le chef de l’opposition Franck Diongo, la volonté d’ouverture du Président, ou encore le nouvel élan insufflé au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. 

Dès son accession à la magistrature suprême, le Président congolais a pris des mesures importantes pour la décrispation de l’environnement politique, la préservation des droits de la personne et l’ouverture de l’espace démocratique, a confirmé le représentant de la République démocratique du Congo. 

Revenant sur les flambées de violence dans les parties orientales du pays, qui s’accompagnent de violences sexuelles, le Pérou a loué la conduite de missions conjointes entre la MONUSCO et les autorités provinciales congolaises, afin de neutraliser les groupes armés dans cette région, ainsi que la conclusion d’accords pour mettre fin au recrutement d’enfants.  Cette violence, a indiqué la Guinée équatoriale, fait que 12,8 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, tandis que 4,8 millions sont déplacées à l’intérieur du pays et 540 000 réfugiés se trouvent toujours en RDC: la communauté internationale doit financer le plan humanitaire sur trois ans, a demandé la délégation. 

Reconnaissant la présence continue des groupes armés étrangers et nationaux dans l’est du pays, la RDC s’est demandé comment ces groupes parviennent à se doter d’armes aussi lourdes, sophistiquées et en aussi grande quantité, alors que le pays vit sous un régime d’embargo sur les armes depuis plus de 10 ans.  Il a invité le Groupe d’experts des Nations Unies à établir la responsabilité des pays qui violent l’embargo et à examiner de plus près le lien entre le trafic d’armes et celui des ressources naturelles. 

La RDC a également jugé « impérieux » de renforcer l’efficacité opérationnelle de la MONUSCO en privilégiant la qualité de la formation des troupes, celles-ci devant être plus spécialisées dans la traque des groupes armés et davantage en mesure de faire face aux menaces asymétriques.

La Côte d’Ivoire a appelé les autorités congolaises à renforcer le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des ex-combattants des groupes armés opérant dans la province du Tanganyika, tandis que les États-Unis ont suggéré de fournir aux anciens combattants la possibilité de retourner à une vie civile « pacifique et productive », plutôt que de simplement les absorber au sein des forces armées du pays et de risquer ainsi de perpétuer des violations des droits de l’homme et des abus.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO – (S/2019/575)

Déclarations

Intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a présenté les grandes lignes du rapport du Secrétaire général pour la période du 8 mars au 28 juin 2019, conformément à la résolution 2463 (2019) du Conseil, notamment les progrès réalisés dans le processus de transition post-électorale ainsi que les principaux défis qui persistent. 

Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, elle a dit sa conviction qu’une analyse juste du contexte politique actuel « oblige à exprimer à la fois satisfaction et préoccupation » et elle a réitéré ses messages « porteurs d’espoir et d’optimisme ».  Elle a évoqué l’intention du Président Tshisekedi d’initier des réformes audacieuses, lesquelles, si elles sont totalement mises en œuvre, conduiront au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie de la population.  Dans le droit fil de transformer la région des Grands Lacs en un havre de paix, le Président congolais est résolument engagé en ce sens avec les dirigeants de la région et en faveur d’une intégration économique régionale.  Mme Zerrougui a dit vouloir coopérer avec l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et avec les organisations régionales afin de soutenir les autorités dans la mise en œuvre des engagements contenus dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. 

Bien que le Premier Ministre ait été nommé le 20 mai dernier, nous sommes toujours dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement et des « négociations laborieuses » se poursuivent entre les deux plateformes de la coalition au pouvoir -Cap pour le changement, CACH, du Président Tshisekedi; et le Front commun pour le Congo, de l’ex-Président Joseph Kabila- a indiqué Mme Zerrougui, en appelant chacun à « dépasser ses divergences » pour répondre rapidement aux attentes de la population.  Au cours des derniers mois, elle a rencontré les principales parties prenantes et les a vivement engagées à faire les concessions nécessaires. 

Au niveau local, la Représentante spéciale a aussi fait état de démarches constructives et mentionné la prise d’initiatives significatives en faveur de la stabilité et du développement de la part de certains gouverneurs.  Dans le cadre de son futur retrait, la MONUSCO a fermé ses bureaux dans des régions où il n’y a plus d’événements graves, a-t-elle indiqué en expliquant que cela permettra de continuer à protéger la population civile là où la situation et les activités des groupes armés continuent d’avoir des effets dévastateurs sur les civils. 

La Chef de la MONUSCO a noté que dans la province de l’Ituri, certains tentaient de jouer sur les tensions ethniques pour attiser la violence intercommunautaire.  Des attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) continuent de faire des victimes inacceptables parmi les civils, a-t-elle déploré.  Elle a signalé qu’à Masisi, des groupes armés, comme le NDC-Russie de Guidon Shimiray Mwissa, se sont rendus coupables d’atrocités, notamment des violences sexuelles. 

À présent, le pays est confronté à toute une série de situations d’urgence simultanées y compris les déplacements de masse et des menaces quant à la protection des civils, a poursuivi Mme Zerrougui.  Dans l’Ituri, plus de 350 000 personnes sont déplacées dans les territoires de Djugu, Mahagi et Irumu suite à la recrudescence de la violence, ce qui a interrompu le processus de retour progressivement entamé depuis 2018, a-t-elle indiqué en expliquant que ces nouveaux déplacements se font vers Bunia et contraignent la communauté humanitaire à réorienter son assistance vers les populations les plus vulnérables.  Elle a dit qu’actuellement, plus de 733 000 personnes auraient besoin d’assistance dans la province de l’Ituri, tandis que dans le Sud-Kivu, la nouvelle flambée de violence intercommunautaire et les activités des groupes armés ont déplacé 180 000 personnes. 

Mme Zerrougui a aussi mis l’accent sur la propagation de l’épidémie d’Ebola qui a coûté la vie à plus de 1 700 personnes, ce qui a poussé l’OMS à déclarer une urgence sanitaire d’ordre international suite au dépistage de nouveaux cas à Goma et à la frontière avec l’Ouganda.  Elle a souligné que la lutte contre l’épidémie est affectée non seulement par des facteurs épidémiologiques mais également des facteurs politiques et sociaux, comme les activités des groupes armés tels que les ADF et les groupes maï-maï.  Il y a une méfiance communautaire par rapport à cette lutte, a-t-elle relevé, raison pour laquelle les travailleurs médicaux sont menacés, voire tués par les groupes armés.  Dans ce contexte, Mme Zerrougui a exhorté à appuyer le quatrième plan contre l’Ebola présenté il y a une semaine à Genève.  Elle a aussi parlé de l’épidémie de rougeole, qui a coûté la vie à plus de 2 000 personnes depuis début 2019, soit plus que l’Ebola.

La Représentante spéciale a ensuite expliqué qu’en RDC, l’ONU suit l’approche « Unis dans l’action » en utilisant toute une gamme d’outils.  Il s’agit en effet de répondre de manière adéquate aux activités des groupes armés, de faire exécuter le mandat d’arrêt contre l’ancien chef de guerre Guidon ou encore de renforcer les capacités de la justice nationale pour combattre l’impunité.  La MONUSCO fournit également un appui politique et logistique au nouveau Coordonnateur de l’ONU pour la réponse à l’Ebola, a-t-elle ajouté. 

Mme Zerrougui a dit que la MONUSCO coopère étroitement avec les autorités congolaises en mobilisant des fonds de la Banque mondiale.  Elle œuvre en faveur de la protection communautaire pour les anciens combattants et leur conseille d’éviter l’intégration dans les forces nationales de sécurité, qui n’a donné lieu qu’à la création de réseaux parallèles qui ont pris en otage ces forces.  L’examen stratégique indépendant, qui a achevé ses efforts de collecte d’informations, pourra présenter les enjeux du pays, a-t-elle annoncé.  La Représentante spéciale a aussi prévenu que les ressources budgétaires de la MONUSCO sont utilisées jusqu’à leurs limites.

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït), qui s’exprimait en sa qualité de Président du Comité des sanctions 1533 du Conseil de sécurité, a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil, le Comité a tenu sept réunions en 2018.  En 2019, le Comité a organisé trois réunions jusqu’à présent: le 1er février tous les États Membres ont pu écouter le Coordonnateur du Groupe d’experts présenter son rapport à mi-parcours; le 25 mars, le Coordonnateur a fait un exposé sur l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC; et le 24 mai, le Coordonnateur par intérim a fait une présentation du rapport final.  Le 8 juillet, le Comité a reçu un compte rendu du déplacement de son Président en RDC, en Ouganda et aux Émirats arabes unis (27 avril-6 mai).  Le Koweït a en outre organisé six réunions informelles avec le responsable du Mécanisme de suivi sur la RDC, M. Robert Petit, et son équipe.  Ces derniers ont aidé le Gouvernement congolais dans l’enquête sur le meurtre de deux anciens membres du Comité d’experts en 2017, Zaida Catalan et Michael Sharp.  Le Président a aussi indiqué avoir organisé deux réunions informelles en avril 2019. 

Lors de sa visite en RDC, M. Alotaibi a entendu l’avis de plusieurs interlocuteurs selon lequel les sanctions devraient être mises à jour et réorganisées de manière à identifier clairement les saboteurs de la transition politique et ceux qui ont commis des violations des droits de l’homme.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité, en adoptant la résolution 2371 (2019), avait demandé au Groupe d’experts sur la RDC de donner des informations actualisées sur les individus et les entités sanctionnés.  Durant la visite de terrain, le Président du Comité a noté l’intérêt divergent des membres du Comité et de la MONUSCO quant à l’établissement d’une liste d’individus sur la base des critères du paragraphe 7 de la résolution 2293 (2016).  M. Alotaibi a aussi affirmé qu’il y a une différence nette entre les discours des autorités gouvernementales sortantes et les déclarations publiques positives du nouveau Président sur les travaux de la MONUSCO et de la communauté internationale en RDC.  « Je compte tirer parti de l’élan donné par cette visite dans mes travaux à New York », a ajouté le Président du Comité qui a estimé que cette mission avait été un excellent forum de suivi pour les États et une voie pour continuer à construire des canaux de communication et promouvoir une meilleure compréhension du travail du Comité des sanctions. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté un climat d’optimisme en RDC depuis les élections du 30 décembre.  Le Président Tshisekedi a marqué sa volonté de répondre au désir de changement exprimé par les Congolais lors des scrutins et plusieurs mesures ont été prises pour satisfaire ce souhait, a-t-il constaté en relevant aussi que plusieurs opposants sont rentrés au pays, des prisonniers d’opinion ont été libérés et le pays connaît une certaine ouverture de l’espace politique.  Sur le plan sécuritaire, il a noté que le Président congolais s’était engagé à travailler à mettre un terme aux conflits dont souffre le pays et aux affrontements intercommunautaires dans certaines régions, alors que plusieurs groupes rebelles ont annoncé vouloir déposer les armes et retourner à la vie civile.  Il a formé le vœu que la voie tracée ces derniers mois puisse être poursuivie, en matière de libertés publiques comme de réconciliation nationale.  La prise en charge des combattants souhaitant se démobiliser est une urgente nécessité pour éviter qu’ils ne soient tentés par un retour dans la brousse et renoncent à la vie civile, a souligné le représentant rappelant que le Conseil de sécurité a donné pour mandat à la MONUSCO d’assister les autorités congolaises en ce sens.  Cependant, a-t-il mis en garde, la Mission ne pourra le faire sans le leadership déterminé des autorités.

M. de Rivière a également salué les initiatives prises par le Président Tshisekedi sur le plan régional pour relancer l’Accord-cadre pour la paix et la sécurité en RDC et dans les pays voisins.  Cependant, il a noté les défis qui restent à relever, notamment pour affronter l’action prédatrice de groupes armés à l’est du pays, financée par l’exploitation illégale de ressources naturelles.  Il a plaidé pour la pérennisation de la professionnalisation de l’armée et de la police, même s’il a reconnu que l’engagement militaire sera toujours insuffisant sans dialogue politique pour convaincre ces groupes de désarmer.  La France appelle la RDC et les pays de la région à agir de manière concertée et déterminée pour mettre fin à ces conflits, ainsi que pour assécher les finances des groupes armés et mettre fin à leurs trafics, a poursuivi le représentant, en rappelant que les travaux du Comité des sanctions avaient démontré la nécessité de s’y attaquer fermement et collectivement.  La région tirera un bénéfice sans égal d’une formalisation du secteur minier et des échanges, a fait valoir M. de Rivière: des bénéfices économiques et la paix.

Le représentant a ensuite salué l’engagement exemplaire des autorités congolaises, de l’OMS et des acteurs humanitaire dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, ainsi que l’appui apporté par la MONUSCO.  Avant de conclure, il a rappelé que lors de sa visite en RDC le 20 mai, le Ministre français des affaires étrangères avait annoncé la relance d’un partenariat de long terme entre la France et la RDC, doté de 300 millions d’euros sur cinq ans, dans trois domaines prioritaires qui sont l’éducation, la santé et l’appui à la stabilisation via la formation de cadres de haut niveau et un soutien à la réforme du secteur de la sécurité.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis) a salué la décision de plusieurs milices de déposer les armes depuis l’entrée en fonction du Président Tshisekedi et exhorté les autorités congolaises à mener à son terme le processus de DDR.  Dans ce cadre, Mme Chalet a encouragé les principaux responsables à déterminer si ce processus devrait fournir aux ex-combattants volontaires la possibilité de retourner à une vie civile « pacifique et productive », plutôt que de simplement les absorber au sein des forces armées du pays et risquer de perpétuer des violations des droits de l’homme et des abus.  Nous encourageons le Gouvernement à clarifier les choses, a-t-elle dit en estimant qu’il y a une certaine confusion au sujet du point focal du processus de DDR.

La circulation d’armes et le commerce illicite de l’or et d’autres minéraux précieux alimentent la persistance des violences dans l’est du pays, a par ailleurs relevé Mme Chalet, constatant que des généraux congolais objets de sanctions américaines, tels que le général Gabriel Amisi Kumba, continuaient de prendre part au trafic illicite d’or.  La représentante a appelé à neutraliser ces acteurs pour mettre fin aux violences dans la zone.

Mettre fin à l’épidémie d’Ebola demeure également une priorité absolue pour les États-Unis, a poursuivi Mme Chalet, rappelant que son pays était le principal donateur de la réponse à l’épidémie, plus de 98 millions de dollars y étant consacré.  Elle a exhorté tous les donateurs à appuyer financièrement la réponse et a salué la récente décision de l’OMS de faire de l’épidémie une « urgence de santé publique de portée internationale ».

La représentante a enfin estimé que les progrès sur le terrain, aussi bien en matière de lutte contre l’épidémie que de DDR, étaient « trop lents ».  Selon elle, l’absence de Gouvernement national, en raison principalement de « l’intransigeance » d’acteurs politiques dans la droite ligne de l’ancien Président Kabila, compromet tous les autres progrès auxquels le peuple congolais aspire.  « Nous appelons ceux qui bloquent la formation du Gouvernement à faire preuve de la souplesse nécessaire pour former un cabinet et répondre aux espoirs du peuple congolais en un avenir meilleur », a insisté Mme Chalet, précisant que les États-Unis envisageaient des sanctions et des restrictions de visa pour les personnes impliquées dans des actes portant atteinte à la paix, à la stabilité et à la sécurité de la RDC.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dit être préoccupé par la situation sécuritaire en RDC, particulièrement dans les provinces du Kivu et en Ituri.  Le représentant a appelé les parties à réduire les tensions et à respecter la population civile.  Il a aussi exprimé ses préoccupations quant à la situation humanitaire en assurant que son pays continuerait à fournir une aide humanitaire.  Le respect des droits de l’homme et la restauration de l’état de droit restent des enjeux cruciaux, a-t-il ajouté en se disant inquiet de constater que les FARDC et la PNC aient pu continuer à commettre des violations des droits de l’homme dans la période couverte par le dernier rapport.  La réforme du secteur de sécurité passant par la professionnalisation des forces de sécurité doit rester une priorité, selon lui. 

Le délégué a estimé que la MONUSCO ainsi que le nouveau régime de sanctions doivent continuer de contribuer à la protection de la population civile, à la pacification et à la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Dans le contexte actuel d’examen stratégique indépendant, la Belgique, a-t-il dit, s’attend à l’élaboration d’indicateurs permettant de mesurer clairement les capacités des autorités congolaises à assumer les différentes tâches actuellement assurées par la MONUSCO.  Enfin, comme le futur de la RDC et celui de la région des Grands Lacs restent étroitement liés, le représentant a appelé toutes les parties à saisir l’élan positif actuel.  Une meilleure coopération régionale pourrait avoir des bénéficies considérables pour la population congolaise, à la fois dans le contexte de la lutte contre les différents groupes armés mais également dans le cadre de la coopération économique ou encore celui de la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, a conclu M. Pecsteen de Buytswerve. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée, concernant le processus politique en RDC, de la transformation du paysage au cours de ces derniers mois, avec notamment le retour de certains acteurs dans le pays, la libération de prisonniers et le processus de réforme.  La création du nouveau gouvernement et le déploiement des institutions étatiques dans tout le pays sont déterminants, a-t-elle estimé en espérant que l’approche actuelle allait se confirmer.  Elle a conseillé de poursuivre la coopération avec la société civile, y compris les associations féminines.  La représentante a salué la décision courageuse de certains groupes armés de rejoindre les programmes de DDR.

La déléguée a, toutefois, remarqué que le risque d’escalade de violence et de tensions perdure.  Les violences sexuelles restent aussi le fait d’agents étatiques, d’où l’obligation de rendre la justice pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.  La représentante a, par ailleurs, encouragé les signataires de l’Accord-cadre à travailler d’arrache-pied pour la mise en œuvre de ses différentes dispositions.  Du point de vue économique, elle a salué la reprise récente de la coopération avec le FMI et les efforts d’intégration économique régionale.  Elle a aussi loué les efforts conjugués des autorités congolaises, de l’ONU, de l’OMS et d’autres partenaires dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola.  Enfin, elle a dit attendre l’issue de l’examen stratégique de la MONUSCO afin de consolider les acquis en RDC. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué l’évolution positive de la situation en RDC, marquée par la nomination d’un Premier Ministre et la mise en place progressive du Parlement et des gouvernements de provinces, dans la foulée des dernières élections.  Le retour au pays de plusieurs chefs de file de l’opposition traduit bien, selon lui, la volonté d’ouverture des nouvelles autorités du pays.  Le représentant a également salué la nouvelle dynamique insufflée par le Gouvernement congolais au mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, y compris l’accent mis sur la réforme du secteur de la justice, la lutte contre l’impunité ainsi que le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants (DDR).  Le représentant a exhorté les autorités congolaises à poursuivre dans cette voie, notamment en finalisant la formation du nouveau gouvernement, afin de mettre en œuvre les réformes sectorielles nécessaires.

La persistance des violences intercommunautaires et des attaques perpétrées par des groupes armés contre les populations civiles et le personnel humanitaire engagé dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola dans l’est de la RDC demeure toutefois un sujet de vive préoccupation, s’est inquiété le représentant.  Il a notamment déploré les attaques perpétrées à Béni, le 23 juillet, par des milices ougandaises des Forces démocratiques alliées (ADF), dans lesquelles 12 civils, dont 2 enfants, ont trouvé la mort.  Il a, par conséquent, appelé les autorités congolaises à renforcer le processus de DDR des ex-combattants des groupes armés opérant dans la province du Tanganyika et à sensibiliser tous les autres groupes armés pour les inciter à abandonner définitivement la violence.  M. Ipo a également appelé les partenaires internationaux à appuyer le programme de DDR, ainsi que les efforts des autorités congolaises et de la MONUSCO en vue de rétablir la stabilité dans l’est de la RDC.

Le représentant a enfin appelé les organisations humanitaires, les donateurs et tous les partenaires du pays à accroître leur assistance en vue d’apporter des réponses urgentes aux besoins de 13 millions de personnes, dont des réfugiés provenant de pays limitrophes, ainsi qu’à l’épidémie d’Ebola dans l’est du pays.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a partagé la vision positive de Mme Leila Zerrougui et du Président de la RDC, mais estimé que la situation n’était pas encore idéale dans ce pays où les défis persistent, comme la formation du gouvernement qui n’est toujours pas finalisée.  « On comprend que l’ancien Président Kabila s’accroche au pouvoir mais il faut lui dire que cela suffit et qu’il faut aller de l’avant », a recommandé le délégué.  Il a aussi parlé des troubles dans l’est du pays, qui s’accompagnent de violences sexuelles dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. 

Le pays fait également face à l’épidémie d’Ebola ainsi qu’aux attaques contre les travailleurs humanitaires, a déploré le représentant qui a d’ailleurs estimé nécessaire que le Conseil de sécurité organise une séance spéciale consacrée à l’Ebola.  La région et les pays voisins doivent, en outre faire front commun, a-t-il suggéré.  S’il a jugé le processus DDR très important, il a recommandé d’aller plus loin: il faut coopérer avec la société civile et les jeunes.  Le représentant a souligné, enfin, le rôle clef de la MONUSCO.  Il a dit attendre les recommandations du Groupe d’experts indépendants.  Il faut que la MONUSCO ait le plus d’impact positif possible sur le terrain, a-t-il souhaité.

M. HAITAO WU (Chine) a remarqué que la situation est stable en RDC depuis les élections, notant les évolutions positives qui prouvent, selon lui, la volonté du Président congolais et l’efficacité de la MONUSCO.  Le représentant a cependant noté que la situation est rendue précaire par l’épidémie d’Ebola.  Il a donc appelé la communauté internationale à aider le pays à renforcer la situation sécuritaire.  Il a aussi invité à respecter scrupuleusement les dirigeants du pays, souhaitant que les partenaires puissent convaincre tous les groupes armés de déposer les armes et de se joindre au processus de consultations.  L’ONU doit aussi jouer un rôle de coordination et de synergie sur le plan international pour la pleine application de l’Accord-cadre et appuyer fermement les travaux de l’OMS et d’autres organisations pour juguler l’épidémie de l’Ebola, a-t-il recommandé.

Le représentant a également appelé à aider la RDC à renforcer ses capacités, à s’attaquer aux causes profondes du conflit et à favoriser la stabilité et le développement.  Par ailleurs, il a souligné que les sanctions ne sont pas une fin en soi mais un moyen d’y parvenir.  La Chine fournit une assistance humanitaire d’urgence pour lutter contre l’Ebola, a-t-il signalé en précisant que des experts chinois ont été dépêchés en RDC et en Ouganda pour aider à contrôler la propagation du virus sur le terrain et en Afrique de l’Est. 

M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a reconnu le rôle important joué par la MONUSCO pour faire face à l’instabilité à l’est de la RDC, ainsi que dans la protection des civils, tout en saluant les mesures positives prises par le Président Tshisekedi en faveur d’un cadre de réformes.  Il a noté une relative stabilité dans les provinces à l’ouest du pays, mais s’est dit préoccupé par l’instabilité dans certaines parties de l’est de la RDC, en particulier dans les provinces du Kivu et de l’Ituri.  Il faut continuer d’apporter le soutien nécessaire à la MONUSCO dans ses efforts de stabilisation de ces provinces et de DDR, a-t-il plaidé.  M. Mabhongo a noté avec satisfaction que la RDC s’est engagée sur la voie positive, évoquant notamment l’approche stratégique du Président Tshisekedi pour le règlement de conflit et la consolidation de la paix dans toute la région.  Il a ainsi cité son initiative en faveur de mesures de confiance avec les pays voisins et son engagement renforcé dans le Cadre de coopération pour la paix et la sécurité avec la nomination d’un coordonnateur à la tête du mécanisme de suivi national de la mise en œuvre de ce cadre.  L’Afrique du Sud reste convaincue que ce cadre peut apporter la stabilité à la région, ainsi que la paix et le développement économique.

L’Afrique du Sud soutient en outre l’engagement continu de la SADC auprès de la RDC mais reste préoccupée par l’épidémie d’Ebola, a poursuivi le représentant.  Il a condamné les attaques qui ont visé des centres de soins d’Ebola et leur personnel, mais salué les efforts de la MONUSCO et des Nations Unies pour lutter contre cette épidémie.  Enfin, le représentant a souligné à nouveau que tout régime de sanctions doit venir complémenter des efforts de paix et que les sanctions ne doivent être ni politisées, ni empêcher d’apporter une assistance humanitaire ou affecter les citoyens ordinaires.

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a salué les décisions prises par le Président Tshisekedi depuis sa prise de pouvoir, les visites dans les pays voisins qu’il a effectuées, les mesures d’ouverture politique qu’il a décidées ainsi que d’autres mesures comme la réforme de la justice, la lutte contre l’impunité ainsi que l’approche globale et régionale de lutte contre les groupes armés dans l’est de la RDC.  Le représentant a appelé toutes les parties à servir l’intérêt public, à soutenir le Gouvernement et à se lancer dans l’œuvre de reconstruction.

Le représentant a, par ailleurs, dénoncé les violences et les conflits armés, l’escalade des tensions, les assassinats, les kidnappings notamment des membres du personnel médical déployés pour lutter contre l’épidémie d’Ebola.  Saluant le travail de la MONUSCO contre les groupes armés, le représentant a rappelé que 12 millions de personnes en RDC ont actuellement besoin d’aide alimentaire.  Avant de terminer, il a déclaré que les attaques des groupes armés contre le personnel médical doivent cesser, en particulier les attaques subies par les agents de santé qui travaillent dans le cadre de la lutte contre l’Ebola. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a appelé le Gouvernement et tous les acteurs politiques congolais à tirer profit de la « conjoncture historique » qui a permis le transfert pacifique du pouvoir dans le pays, à la suite d’élections démocratiques.  Elle a salué la mise en place du Parlement et des gouvernements de provinces, ainsi que le retour au pays de plusieurs chefs de file de l’opposition.  La représentante a appelé les autorités congolaises et les acteurs politiques impliqués à poursuivre les négociations en vue de finaliser la formation du gouvernement central.  Elle a salué l’engagement du nouveau Président de la RDC en faveur de la paix, de la démocratie, du développement économique, de la réforme du secteur de la sécurité et du renforcement des bonnes relations avec les pays voisins.

Toutefois, la déléguée a déploré la persistance des violences intercommunautaires et des attaques perpétrées par des groupes armés contre les populations civiles, une situation qui fait que 12,8 millions de personnes ont toujours besoin d’aide humanitaire, tandis que 4,8 millions sont déplacées à l’intérieur du pays et 540 000 réfugiés se trouvent toujours en RDC.  Ces populations sont particulièrement vulnérables à la malnutrition, au choléra et à l’épidémie d’Ebola, a observé la représentante, appelant la communauté internationale à financer le plan humanitaire sur trois ans pour le pays, finalisé en janvier dernier.  Elle a, en outre, condamné les attaques contre des agents humanitaires et le personnel de santé du pays.

La représentante a salué l’engagement du nouveau Président congolais en faveur du processus de DDR, ainsi que son appui au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.  Elle a appelé tous les acteurs régionaux, y compris la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Union africaine, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Communauté de développement de l’Afrique australe, à soutenir les efforts des autorités congolaises en ce sens.

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit être témoin d’un changement majeur dans l’un des plus grands pays de l’Afrique centrale.  Il a appelé les Congolais à poursuivre les actions en faveur de la paix en prenant des mesures tendant à éviter toute forme de violence.  Il a regretté les confrontations interethniques dans certaines parties du pays.  La MONUSCO doit continuer à accompagner les efforts de Kinshasa, a-t-il déclaré, ajoutant néanmoins que « toute ingérence de l’ONU dans les affaires congolaises serait inacceptable ».  Il a salué la visite dans la région de M. Alotaibi, Président du Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1533 (2014), en avril, avant d’appeler à faire jouer davantage la responsabilité dans le régime de sanctions.  Le rétablissement de l’ordre et la stabilité du pays sont les principaux objectifs, a-t-il rappelé. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a signalé que malgré une stabilité relative, la situation sécuritaire dans la partie orientale de la RDC demeure préoccupante.  Les attaques contre la population civile et les forces armées aux mains de groupes armés, congolais et étrangers, font encore perdre des vies et provoquent de nouveaux déplacements, a-t-il remarqué en exhortant les autorités du pays à ne ménager aucun effort pour neutraliser les groupes armés et faire rendre des comptes pour les violations des droits de l’homme, « sans exception aucune ».  Il a aussi appelé à lutter résolument contre la corruption et à donner un élan au Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération.  La République dominicaine a également encouragé à accorder plus d’attention à la réforme de la justice, la lutte contre l’impunité et le processus de DDR. 

Le représentant a, par ailleurs, exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts nationaux pour lutter contre l’épidémie de l’Ebola tout en condamnant toute attaque contre le personnel humanitaire et médical.  Il faut aussi veiller à ce que ce personnel puisse accéder à toutes les régions où sévit la maladie, a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite déploré les cas de violences sexuelles contre des filles, des garçons et des femmes, ainsi que des violences graves commises contre les enfants.  À ce propos, il a salué l’engagement de certains groupes armés à ne pas commettre ce type de violations.  Les progrès dans la coopération entre les pays de la région des Grands Lacs permettront des actions pour faire face ensemble aux causes du conflit, a-t-il conclu. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est félicité de la visite effectuée en RDC par les membres du Comité 1533 en mai dernier, dont il faisait partie.  Il a ensuite félicité M. Sylvestre Illunga Ilukamba pour avoir été nommé au poste de Premier Ministre de la RDC, estimant que cette nomination est porteuse d’espoir pour la transition pacifique du pouvoir.  Depuis le mois de mars, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité les résolutions 2463 et 2478, portant respectivement sur la reconduction du mandat de la MONSUCO et les sanctions visant la RDC, a rappelé le représentant.  L’Indonésie, qui attend avec intérêt les conclusions de l’examen stratégique indépendant de la MONUSCO, souhaiterait que cet examen se fasse en étroite consultation avec toutes les parties concernées, y compris le Gouvernement congolais et les pays contributeurs de troupes.

L’Indonésie appelle en outre la communauté internationale à apporter une assistance humanitaire durable à la RDC, a dit le représentant en exprimant sa solidarité avec les personnes frappées par l’Ebola et en saluant la réponse rapide de l’OMS pour contrer cette épidémie.  Sur le plan de la sécurité, le représentant a dit être préoccupée par la présence continue de groupes armés dans l’est de la RDC, regrettant notamment que le trafic illégal de ressources naturelles, qui va au-delà de la région des Grands Lacs, reste la principale source de financement de ces groupes.  Enfin, il a félicité la MONUSCO pour son travail en RDC, notamment en termes de protection des civils et de programmes de DDR.  En tant que l’un des principaux contributeurs de troupes de la MONUSCO, l’Indonésie a déployé 1044 Casques bleus, dont 28 femmes, a-t-il fait valoir.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a dénoncé la détérioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu et dans d’autres régions de l’est de la RDC.  Le représentant a demandé que ceux qui sont responsables de cette situation et des exactions commises répondent de leurs actes et soient traduits en justice.  Le délégué a exhorté le Groupe d’experts à donner au Conseil de sécurité des recommandations qui incluent une liste de personnes et de groupes ayant commis des violences, en particulier des violences sexuelles.  Il s’est aussi dit alarmé que certains éléments des FARDC aient collaboré avec des éléments des groupes armés.  Il a exigé que ces éléments soient tenus responsables et rendent compte de leurs actions. 

Notant un « hiatus » dans la démobilisation de certains groupes armés, le représentant a estimé qu’il était important de poursuivre le processus de démobilisation des groupes armés qui ont déposé les armes.  Concernant la situation humanitaire préoccupante, il a rappelé qu’actuellement, un Congolais sur 10 a besoin d’aide humanitaire.  Le Royaume-Uni a consacré 124 millions de dollars à l’aide humanitaire en RDC, a-t-il souligné à cet égard.  Le délégué britannique a insisté sur la nécessité de disposer plus de fonds pour lutter contre l’Ebola et pour financer le travail des experts.  Avant de conclure, il a rappelé l’organisation des élections locales de 2019 et 2020 pour souligner l’importance d’installer une nouvelle direction à la Commission électorale nationale indépendante pour que le peuple ait un sentiment de confiance envers le processus électoral.  En outre, il est vital que le Président de la RDC puisse continuer de mettre en œuvre les mesures qu’il a promises, a-t-il ajouté. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en RDC, notamment la résurgence des violences intercommunautaires qui continuent de faire des victimes parmi les civils et de forcer de nombreuses personnes à quitter leur foyer.  Dans ce contexte, il a appelé les autorités congolaises à redoubler d’efforts pour mener à bien les programmes de DDR.  Il a salué la conduite de missions conjointes entre la MONUSCO et les autorités provinciales congolaises, afin de neutraliser les groupes armés dans l’est du pays, ainsi que la conclusion d’accords pour mettre fin au recrutement d’enfants. 

L’urgence de la situation sécuritaire ne doit toutefois pas faire oublier la fragilité de la situation humanitaire dans laquelle se trouve la RDC, dont souffrent 13 millions de personnes, a rappelé le représentant qui a appelé les autorités locales, le Gouvernement, les organisations régionales et les agences des Nations Unies à adopter une approche globale pour lutter contre l’épidémie d’Ebola.  Il a aussi condamné les attaques contre du personnel de santé faisant partie de la réponse contre l’épidémie. 

Le représentant a, par ailleurs, salué les avancées positives en matière de liberté d’expression dans le pays, comme en témoigne, selon lui, la libération de 700 prisonniers politiques.  Il a toutefois dénoncé les « conditions sanitaires déplorables » dans les prisons du pays.  Enfin, le représentant a salué l’adoption par la MONSUCO d’un plan exhaustif pour lutter contre les violences sexuelles à l’encontre des femmes dans les zones de conflit, les efforts de la Mission pour inclure davantage les femmes dans les processus politiques et de résolution des conflits en RDC, ainsi que la mise en œuvre par la MONUSCO d’une politique de tolérance zéro vis-à-vis des atteintes sexuelles commis par le personnel onusien.

M. PAUL EMPOLE LOSOKO EFAMBE (République démocratique du Congo) a dit que la situation politique en RDC reste dominée par l’installation de nouvelles institutions, la finalisation du processus électoral ainsi que la concrétisation des promesses de campagne du Président de la République sur l’application des « mesures de décrispation politique ».  La concrétisation de ces promesses est au cœur de l’action de M. Félix Tshisekedi, a assuré le délégué en indiquant que dès son accession à la magistrature suprême, le Président avait pris des mesures importantes pour la décrispation de l’environnement politique, la préservation des droits de la personne et l’ouverture de l’espace démocratique.  Ces mesures ont permis notamment le retour au pays des leaders de l’opposition et des opposants politiques, la libération des opposants politiques, la liberté de manifester pour toutes les tendances politiques, l’accès de tous les acteurs de toutes les tendances politiques aux médias publics et la lutte contre l’impunité et la corruption.

Concernant le volet sécuritaire, a poursuivi le représentant, la présence continue des groupes armés étrangers et nationaux dans l’est du pays et la nocivité des activités de ces groupes constituent un sujet de grande préoccupation pour les autorités nationales.  Pour le Président de la République, le rétablissement de la paix sur l’ensemble du territoire est une priorité car il y va de la survie de centaines de milliers de Congolais, de la stabilité des institutions, de la relance économique et du climat de paix avec tous les pays voisins, a-t-il fait remarquer.  Il a assuré que, aussi longtemps que cette partie du pays ne connaîtra pas une paix durable, l’attention de toute la République restera focalisée sur cette partie du territoire national.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement reste mobilisé et déterminé avec le concours de l’armée pour rétablir l’ordre, la paix et la sécurité ainsi que pour poursuivre la lutte pour l’éradication de ces groupes armés nationaux et étrangers, a-t-il dit.  Le représentant a confirmé que le Gouvernement et les forces armées restent déterminés à poursuivre cette noble mission avec le concours de leurs partenaires, dont la MONUSCO, jusqu’à l’éradication totale de ces criminels.  L’objectif, a-t-il expliqué, est « que nos populations puissent vivre en paix d’une manière durable en vue de contribuer au développement de leur pays ». 

Au sujet des groupes armés, le représentant a souligné la quantité et la qualité des armes utilisées par les groupes armés et a posé la question suivante: comment ceux-ci parviennent-ils à se doter d’armes aussi lourdes, sophistiquées et en aussi grande quantité, alors que le pays vit sous un régime d’embargo sur les armes depuis plus de 10 ans?  Il a invité le Groupe d’experts des Nations Unies à faire la lumière sur le circuit d’approvisionnement en armes et munitions pour établir la responsabilité des pays qui violent l’embargo et pour approfondir l’examen du lien qui existe entre ces approvisionnements illégaux avec le trafic illicite des ressources naturelles de la RDC.  Saluant ensuite la nouvelle dynamique dans la région des Grands Lacs depuis la prise de pouvoir du Président Tshisekedi, le représentant s’est dit convaincu que cette nouvelle dynamique au niveau régional allait prendre à cœur le renforcement des mesures sécuritaires et les contrôles au niveau des frontières, afin de lutter efficacement pour le respect de l’embargo sur les armes et le trafic des ressources naturelles de la RDC qui constitue une des principales causes profondes du conflit dans le pays. 

En ce qui concerne la MONUSCO, le Gouvernement est engagé dans un dialogue avec l’équipe d’experts qui conduit l’examen stratégique indépendant, a indiqué le représentant.  Il a exprimé les attentes du peuple congolais qui souhaitent que les recommandations issues de ce dialogue ne sacrifient pas les acquis obtenus pendant 20 ans, mais qu’elles privilégient l’intérêt de la RDC et des Congolais, et qu’elles prennent en compte les vœux du peuple de voir les forces négatives et les différents groupes armés être totalement éradiqués.  En outre, de l’avis de la délégation, il est impérieux de renforcer l’efficacité opérationnelle de la MONUSCO en privilégiant la qualité des troupes qui doivent être plus spécialisées dans la traque des groupes armés et capables de faire face aux menaces asymétriques.  Ces troupes devront continuer à travailler en étroite collaboration avec les forces armées de la RDC, jouir d’une plus grande agilité et mobilité, et être dotés d’un équipement adapté pour plus d’efficacité.  Le représentant a poursuivi en expliquant que la présence des FARDC aux alentours des zones minières se justifie en termes de sécurité de ces sites. 

Sur le plan social, la situation reste dominée par la réalisation du programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’État et par la lutte contre la maladie à virus Ebola, a enfin indiqué le représentant qui a assuré le Conseil de la détermination du Président, du Gouvernement et du peuple congolais d’éradiquer l’épidémie d’Ebola. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sur une bonne lancée électorale, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel restent fragilisés par l’insécurité et les atteintes à la démocratie

8585e séance – après-midi
CS/13898

Conseil de sécurité: sur une bonne lancée électorale, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel restent fragilisés par l’insécurité et les atteintes à la démocratie

En dépit de cycles électoraux couronnés de succès dans plusieurs pays de la région, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel continuent de vivre sous la menace du terrorisme, a déclaré, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas.

Au cours des six derniers mois, s’est réjoui le Représentant spécial, la région est restée sur sa trajectoire positive d’élections démocratiques et de consolidation de la démocratie, comme au Nigéria, au Sénégal et en Mauritanie, même si les scrutins ont parfois été émaillés de tensions.  Son Bureau, a-t-il indiqué, a accompagné de très près ces élections, organisant même plusieurs fora de la paix au Nigéria pour apaiser les tensions dans les points chauds électoraux.  

M. Chambas a également salué l’ouverture de l’espace politique ainsi que les dialogues engagés entre Gouvernement et opposition au Bénin et au Burkina Faso.  Mais bien que les élections aient pour la plupart permis l’alternance pacifique du pouvoir dans la sous-région, les périodes préélectorales et postélectorales continuent d’être marquées par des tensions et des contestations, comme au Bénin, au Nigéria, au Sénégal et en Sierra Léone.  C’est ce qui ressort du dernier rapport du Secrétaire général sur les activités de l’UNOWAS que M. Chambas était venu présenter au Conseil.  Dès lors, l’une des priorités de son Bureau est de se pencher sur les potentielles sources de conflit à la veille des prochains cycles électoraux au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Niger et au Togo.

Comme l’a dit le Représentant spécial, la voie de la consolidation de la démocratie en Afrique de l’Ouest et au Sahel n’a pas été facile et rien ne peut être considéré comme acquis.  Il s’est dit notamment préoccupé par les difficultés qui persistent dans certains pays de la région en termes de respect des droits de l’homme et des droits de la personne ou encore par l’instrumentalisation du judiciaire à des fins politiques ainsi que par le sentiment d’impunité pour des crimes violents.  Certains pays semblent pourtant être sur la bonne voie, a souligné M. Chambas en parlant de la Gambie et de sa Commission vérité, réconciliation et réparations.  Les efforts de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone en matière de réconciliation nationale, de reconstruction postconflit et de réforme du secteur de la sécurité méritent notre appui, a renchéri le représentant de la Belgique en soulignant aussi le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix. 

La situation politique régionale est restée stable, s’est réjouie la Côte d’Ivoire en soulignant en plus que, malgré les défis actuels, les tendances économiques sont portées par une prévision de croissance moyenne de 3,6% en 2019 et 2020.  Son représentant a exhorté l’UNOWAS à poursuivre ses missions de médiation et de bons offices, dans la perspective notamment des échéances électorales prévues dans nombre de pays de la région au cours de l’année 2020.  Il a aussi demandé à l’UNOWAS d’œuvrer au renforcement des capacités nationales et régionales de résilience aux conflits.

Son homologue allemand a néanmoins constaté que le verre est à moitié plein, quand on parle de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, avec d’un côté, des avancées démocratiques indéniables et, de l’autre, une situation sécuritaire toujours tendue avec la présence de groupes terroristes et armés, ainsi qu’une situation humanitaire grave qui en découle en grande partie.  La Belgique s’est, elle aussi, inquiétée de la situation sécuritaire précaire dans la sous-région, en référence à l’intensification des violences intercommunautaires au Nigéria, au Burkina Faso et au Mali, ainsi qu’à la persistance des attaques terroristes à travers la région.

Pour la Russie « l’internationale terroriste » y gagne de l’ampleur, alors que pour la France c’est « une véritable course contre la montre » pour la stabilisation de cette région: d’autres États feront prochainement face aux mêmes défis si l’on n’apporte pas, d’urgence, des réponses adéquates, a prévenu la délégation française en préconisant une mise en œuvre urgente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, une lutte déterminée contre les groupes terroristes dans la région, la bonne gouvernance ainsi que la création de perspectives économiques durables pour les populations.

Le cas du Burkina Faso a été jugé particulièrement alarmant avec la propagation et la multiplication des attaques contre la population et l’État burkinabé dans le nord, l’est et le sud du pays.  Ces attaques hypothèquent le développement national et menacent la stabilité régionale, ce qui a amené le Secrétaire général de l’ONU à y renforcer la présence des Nations Unies en mettant en place une équipe spéciale pour le Burkina Faso, en plus de l’équipe de la mission interagence dirigée par M. Chambas.  Ensemble, ces équipes ont défini une riposte multisectorielle et un plan de riposte humanitaire, a dit le Représentant spécial. 

Qu’il s’agisse du bassin du lac Tchad, du Mali, du Burkina Faso ou d’autres pays de la sous-région, il est impératif, selon le Représentant spécial, que la communauté internationale fasse son possible pour éviter l’expansion de la menace terroriste, pour permettre à la sous-région de s’engager sur la voie de la stabilisation à moyen et long termes, notamment par le biais de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Il a évoqué de nouvelles initiatives régionales en ce sens, notamment celle du Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad, lancée le 18 juillet pour la stabilisation du bassin, ou encore le Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le terrorisme qui doit avoir lieu à Ouagadougou le 14 septembre.

La contribution de l’UNOWAS à ces efforts et son appui aux processus électoraux dans la sous-région ont été reconnus par tous les membres du Conseil.  Avec le soutien de celui-ci, et guidé par la prise en main nationale, le Représentant spécial se dit confiant de voir la démocratie être consolidée en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et de pouvoir mieux contrer la menace terroriste et l’extrémisme violent à travers des mesures préventives.  Il espère cependant que l’examen stratégique de l’UNOWAS débouche sur l’allocation de ressources adéquates pour lui permettre d’améliorer ses outils de prévention de conflits et de consolidation de la paix.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST – (S/2019/549)

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWAS), M. MOHAMED IBN CHAMBAS, a présenté quatre messages clefs.  Le premier est la consolidation démocratique en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Le deuxième est que l’espace démocratique n’a pas été linéaire ou sans complications.  Troisièmement, a-t-il poursuivi, les progrès démocratiques ont été retardés et compliqués.  Son dernier message est un message d’espoir pour l’avenir et de confiance dans la détermination du soutien du Conseil de sécurité à travailler à ses côtés en faveur de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits dans cette partie du monde.

« Nous devons nous réjouir et célébrer les progrès réalisés dans la consolidation de la démocratie dans la région, y compris à travers le transfert pacifique du pouvoir », a déclaré M. Chambas, en rappelant les élections tenues ces six derniers mois au Nigéria (23 février), au Sénégal (24 février) et en Mauritanie (22 juin).  En amont de ces élections contestées, M. Chambas avait rencontré tous les candidats présidentiels et leur avait demandé de respecter les plus hautes normes électorales dans la région, a-t-il dit.  Au Nigéria, son Bureau avait également organisé, en collaboration avec la Commission nationale pour la paix, différents fora pour la paix dans le but d’apaiser les tensions dans les points chauds électoraux.

Au-delà des élections réussies, les six derniers mois ont aussi été marqués par l’ouverture de l’espace politique et de dialogue entre les gouvernements en place et l’opposition, notamment au Burkina Faso et au Bénin, alors qu’au Ghana, les parties prenantes politiques ont engagé un dialogue avec les groupes d’opposition.  Au Libéria, le 7 juillet, le Gouvernement a respecté le droit du peuple de protester de manière pacifique et a accepté d’entamer un dialogue sur le renforcement de l’économie, a encore précisé M. Chambas. 

Cependant les périodes pré et post-électorales ont été marquées par des tensions et des contestations, au sujet notamment d’amendements constitutionnels et non consensuels.  Pour M. Chambas, l’une des priorités est de se pencher sur les potentielles sources de conflit à l’aube des cycles électoraux présidentiels de l’année à venir au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Niger et au Togo.

Pour M. Chambas, les avancées démocratiques de la région ne doivent pas être considérées comme des acquis.  Plusieurs pays de la région ont toujours des problèmes avec les droits de la personne, a-t-il noté en s’inquiétant de l’instrumentalisation du secteur judiciaire à des fins politiques et du sentiment d’impunité pour des crimes violents, ce qui sape l’état de droit.  Il a salué la Gambie pour avoir mis en place une commission vérité, réconciliation et réparation ainsi qu’une commission nationale des droits de l’homme dans le contexte de la justice transitionnelle et pour favoriser la cohésion sociale.  M. Chambas a, par ailleurs, noté une augmentation du nombre de femmes dans la sphère politique dans la région, même si elle reste trop faible.

Depuis son dernier exposé, la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel a connu une situation sécuritaire instable avec une augmentation des actes terroristes et une crise humanitaire qui se dégrade avec un total de plus de 5,1 millions de personnes dans le besoin au Burkina Faso, Nigéria et au Mali.  Au Burkina Faso, cette escalade rapide des tensions a amené le Secrétaire général de l’ONU à mettre en place une équipe spéciale pour le Burkina Faso, et l’équipe de la mission interagence dirigée par M. Chambas.  Ensemble, ces équipes ont défini une riposte multisectorielle et un plan de riposte humanitaire, a dit le Représentant spécial. 

Dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram continue de menacer la stabilité de la région, même si le nombre des attaques terroristes a baissé par rapport à la même période l’an dernier, grâce aux efforts du groupe de travail multinational.  Cependant, cette période a été marquée par les attaques les plus meurtrières, avec 23 militaires tchadiens tués par Boko Haram à Dangdala, alors qu’au mois de juin, au moins 147 civils ont été kidnappés dans la région de Diffa, au Niger. 

Compte tenu de l’escalade rapide des tensions et des corrélations croissantes entre le terrorisme, le crime organisé et les violences intercommunautaires, les Chefs d’État de la CEDEAO ont décidé d’organiser un sommet sur le terrorisme à Ouagadougou, le 14 septembre, a annoncé M. Chambas.  Ce sera l’occasion, a-t-il précisé, d’adopter une approche concertée pour la sécurité dans la région, en harmonisant les arrangements sécuritaires fragmentés.

S’agissant de la mise en œuvre de l’action humanitaire, il a estimé qu’elle avait été louable.  M. Chambas a toutefois exhorté la communauté internationale à aller plus loin dans son soutien à la lutte contre le terrorisme à travers un appui plus grand à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et à la stratégie régionale pour la stabilisation du bassin du lac Tchad, notamment.

Le Représentant spécial s’est dit confiant, avec le soutien du Conseil de sécurité et guidé par la prise en main nationale, de voir la démocratie consolidée en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et de pouvoir mieux contrer la menace terroriste et l’extrémisme violent à travers des mesures préventives.  En conclusion, M. Chambas a espéré que l’examen stratégique de l’UNOWAS permettra de déboucher sur des ressources adéquates pour permettre au Bureau d’améliorer ses outils de prévention de conflits et de consolidation de la paix. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) qui parlait également au nom de l’(Afrique du Sud) et de la (Guinée équatoriale), a noté que la situation politique régionale est stable et que les tendances économiques sont portées par une prévision de croissance moyenne de 3,6% en 2019 et 2020 malgré les défis actuels.  En conséquence, il a exhorté le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) à poursuivre ses missions de médiation et de bons offices, dans la perspective notamment des échéances électorales dans nombre de pays de la région au cours de l’année 2020.  Il a également exhorté l’UNOWAS à œuvrer au renforcement des capacités nationales et régionales de résilience aux conflits, à soutenir l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance, afin de créer des environnements favorables à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Préoccupés par les menaces sécuritaires non étatiques, la détérioration de la situation humanitaire et l’exacerbation des violences communautaires, les trois pays ont estimé urgent d’élaborer des mesures pour résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs ainsi que la violence intercommunautaire.  Ils se disent convaincus que l’UNOWAS reste un outil institutionnel pertinent dont les actions s’inscrivent parfaitement dans l’éventail des efforts régionaux de lutte contre l’insécurité et l’instabilité, et de recherche de solutions durables aux causes sous-jacentes.  Le Bureau doit demeurer un outil de médiation et de prévention des conflits, a demandé le représentant en recommandant de lui attribuer des ressources additionnelles, arguant qu’elles sont indispensables à la mise en œuvre de son mandat. 

La situation sécuritaire précaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel continue de nous préoccuper, s’est inquiété M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), en référence à l’intensification des violences intercommunautaires au Nigéria, au Burkina Faso et au Mali, ainsi qu’à la persistance des attaques terroristes à travers la région.  Cette dégradation a un effet direct sur la situation humanitaire de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, où des centaines de milliers d’innocents sont en souffrance, a regretté le représentant.  La persistance des conflits entre éleveurs et agriculteurs mérite une attention particulière, car ces tenions sont un facteur majeur d’insécurité dans la sous-région et au-delà, a poursuivi le représentant, appelant à mettre en œuvre les bonnes pratiques identifiées par l’UNOWAS, en coopération avec la CEDEAO. 

Au Burkina Faso, le délégué a jugé particulièrement alarmante la propagation et la multiplication des attaques contre la population et l’État burkinabé dans le nord, l’est et le sud du pays.  à ses yeux, ces attaques hypothèquent le développement national et menacent la stabilité régionale.  Il a toutefois salué les efforts du Secrétaire général visant à adapter la présence des Nations Unies au Burkina Faso, pour aider le pays à faire face à ces défis.  Quant au Nigéria, le représentant s’est inquiété de la persistance d’attaques violentes perpétrées par Boko Haram.

De manière générale, le représentant a salué le courage et le sacrifice des forces de défense et de sécurité de la région dans leur combat contre les terroristes.  « Néanmoins, mon pays estime que l’on ne pourra sortir de ce conflit en ignorant les droits de l’homme », a-t-il mis en garde en craignant, dans le cas contraire, des succès seulement éphémères.  Par ailleurs, le représentant a estimé que l’approche de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Sahel ne pouvait pas être uniquement centrée sur un volet sécuritaire.  Il a plaidé pour une approche holistique face à l’extrémisme violent, mettant l’accent sur la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre l’impunité et le développement durable.

Les efforts de la Gambie, du Libéria et de la Sierra Leone en matière de réconciliation nationale, de reconstruction postconflit et de réforme du secteur de la sécurité méritent également notre appui, a estimé M. Pecsteen de Buytswerve, appelant à ancrer la démocratie dans la région.  Il a souligné pour cela le rôle clef de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix, dont les efforts préventifs doivent s’appuyer sur la nouvelle structure des Coordinateurs résidents dans une optique intégrée.  Il a mentionné également le rôle moteur de l’UNOWAS dans l’analyse des effets des changements climatiques sur la sécurité de la région.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que l’UNOWAS constitue un outil précieux au regard de son rôle en matière de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de soutien aux diverses initiatives régionales, alors que la situation de l’Afrique de l’Ouest « mérite aujourd’hui toute notre attention ».  De plus, l’UNOWAS s’inscrit pleinement dans la vision du Secrétaire général en faveur d’une action sur l’ensemble du « continuum de paix », a ajouté le représentant, qui a souhaité que l’examen stratégique des prochains mois, veille à ce que l’UNOWAS bénéficie de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission.  Il a noté que les États du G5 sont les premiers touchés par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire au Sahel, ce qui fait peser un « risque sans précédent » sur la stabilité de l’Afrique de l’Ouest tout entière.

Pour M. de Rivière, c’est « une véritable course contre la montre » pour la stabilisation de cette région car d’autres États feront prochainement face aux mêmes défis si l’on n’apporte pas, d’urgence, des réponses adéquates.  Il a préconisé une mise en œuvre urgente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, une lutte déterminée contre les groupes terroristes dans la région, une bonne gouvernance ainsi que la création de perspectives économiques durables pour les populations.  Il faudra également agir davantage dans le bassin du lac Tchad pour soutenir la mobilisation continue des États de la force multinationale mixte et s’assurer que son action soit conduite selon des modalités garantissant le plein soutien des populations.

Proposant une approche combinant les volets politique, sécuritaire et de développement pour changer la donne à moyen terme, il a estimé que les Nations Unies ont un « rôle central » à jouer pour aider les États de la région à définir des réponses adéquates sur tous ces volets.  Il a appuyé le processus engagé au Burkina Faso à l’initiative du Secrétaire général, espérant que la réponse de l’ONU serait ambitieuse et à la hauteur des attentes des autorités burkinabè dans le domaine humanitaire, du développement, de la formation des forces de sécurité, du respect des droits de l’homme, de la promotion de l’état de droit et de l’appui à la lutte contre le terrorisme.

Dans le souci de « préserver les fondamentaux » de la stabilité régionale en Afrique de l’Ouest et au Sahel, le représentant a suggéré la tenue de processus électoraux « crédibles, transparents et inclusifs ».  Il a jugé essentiel qu’en Guinée-Bissau, les autorités respectent leur engagement à organiser l’élection présidentielle en novembre prochain selon les modalités énoncées par la CEDEAO et par le Conseil.  Il a encouragé le Togo, le Bénin et la Guinée à faciliter la poursuite des concertations entre tous les acteurs et à renforcer la représentation des femmes dans les sphères de responsabilité.     

Il a en outre plaidé pour la lutte contre l’impunité en tant que facteur essentiel de stabilité, pour l’accompagnement dans la durée des pays en sortie de crise, notamment au Liberia après la fermeture de la MINUL, et pour que soit établi un lien entre climat et sécurité.  Les effets des changements climatiques provoquent en effet dans les pays du Sahel des tensions autour des ressources ayant un impact direct sur les populations, a-t-il relevé.  

Pour Mme JOANNA WRONECKA (Pologne), les périodes avant et après les élections dans la région continuent d’être caractérisées par les tensions, les contestations et les différends.  C’est la raison pour laquelle elle a encouragé les autorités et les parties prenantes à travailler ensemble pour assurer les conditions nécessaires à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et crédibles.  La participation des femmes et des jeunes dans les processus politique, social et économique est d’une importance capitale, a-t-elle estimé.  Elle a donc appelé les autorités de la région à améliorer la participation des femmes et des jeunes à l’élaboration des stratégies nationales pour la paix, la sécurité et le développement.

La déléguée s’est aussi dit préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel ainsi que par l’implication de plus en plus visible des groupes extrémistes dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest.  Il est nécessaire de renforcer la résilience de ces pays face aux menaces y compris les conflits ethniques et religieux, a-t-elle plaidé.  Il est également important, à son avis, d’aider les gouvernements locaux dans leurs efforts de prévention des conflits intertribaux et de lutte contre les préjugés.  La représentante a ainsi appelé les partenaires nationaux, régionaux et internationaux à intensifier les efforts pour lutter contre les causes de l’insécurité et de l’instabilité dans la région.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit soutenir les efforts de M. Chambas en saluant les résultats de son travail notamment à propos des élections qui ont eu lieu dans de nombreux pays de la région.  La Russie espère que le cycle électoral qui va se poursuivre dans cette région continuera sur cette lancée positive.  Toutefois, a constaté le représentant, « l’internationale terroriste y gagne de l’ampleur ».  Il a expliqué ce phénomène en partie par les interventions étrangères dans certains pays de la région.  Des mesures collectives des États de la région, et de leurs partenaires, n’ont pas permis de faire une percée dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il regretté, comme en témoigne la situation au Mali.  Les terroristes déplacent leurs activités dans les pays voisins et le nombre des victimes du terrorisme augmente, a remarqué le représentant pour lequel il serait prématuré de retirer la MINUSMA.

La communauté africaine et la communauté internationale portent leur attention sur la région du Sahel où il est important de mettre en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, a poursuivi le délégué en rappelant que la Russie soutient cette stratégie tout en déployant des actions bilatérales.  Il a cité, à ce titre, la récente visite du G5 Sahel à Moscou cette année et les aides de son pays en matière de renforcement des capacités militaires de la région, à travers notamment des formations qui sont dispensées.  Le représentant a conclu en soulignant le rôle essentiel de l’UNOWAS pour les pays de la région et en appelant à renforcer la Stratégique intégrée des Nations Unies pour le Sahel ainsi que son plan d’appui, en tenant compte des avis des pays concernés.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a salué la conduite « en grande partie pacifique » d’élections au Nigéria, au Sénégal et en Mauritanie, ainsi que les fortes perspectives de croissance économique en Afrique de l’Ouest et au Sahel en 2019 et 2020.  Elle s’est toutefois inquiétée des difficultés croissantes rencontrées par la région en matière de sécurité et de gouvernance.  La criminalité organisée transnationale et le trafic de drogue illicite continuent de saper la bonne gouvernance et d’alimenter la corruption en Guinée-Bissau, a notamment déploré la représentante, appelant les autorités à maintenir l’élan en faveur de l’organisation d’élection présidentielle « véritablement libre et équitable » en novembre prochain. 

Au Burkina Faso, la menace terroriste originaire du Mali alimente également l’instabilité, a poursuivi Mme Chalet, précisant que cette menace avait contribué au déplacement de centaines de milliers de personnes, limité la fourniture de services publics dans certaines régions et perturbé les moyens de subsistance du pays.  Nous sommes également préoccupés par les retombées potentielles de la situation dans les pays voisins, a-t-elle ajouté, avant d’encourager le Gouvernement burkinabé à coopérer avec les partenaires régionaux pour faire face à la menace croissante du terrorisme.  Nous demandons à l’UNOWAS de poursuivre ses efforts en faveur de la réforme du secteur de la sécurité du pays, a-t-elle ajouté.

Au Mali, Mme Chalet s’est dite préoccupée par les progrès insuffisants dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger de 2015 et par l’insécurité dans le centre du pays, exacerbée par des tensions ethniques et intercommunautaires.  Cette violence a eu des effets négatifs sur les établissements de santé et les écoles et a forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leur domicile, a-t—elle déploré, appelant le Gouvernement et les groupes armés signataires de l’Accord de paix à saisir l’occasion du renouvellement récent de la MINUSMA pour mettre en œuvre les mesures de la résolution 2480 (2019) du Conseil.

La représentante a rappelé que les États-Unis avaient alloué 111 millions de dollars pour rendre opérationnelle la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel).  Elle a toutefois appelé le Conseil à examiner de manière exhaustive les fondements de la menace terroriste, non pas uniquement au Sahel, mais dans toute la région d’Afrique de l’Ouest.  Cet examen plus large devrait attirer l’attention sur les effets des conflits et les efforts de tous les gouvernements régionaux pour prévenir et combattre la radicalisation et le terrorisme en général, a-t-elle estimé.

S’agissant des menaces émanant du nord-est du Nigéria dans la région du lac Tchad, Mme Chalet a appelé les pays touchés à redoubler d’efforts pour contrer les terroristes, protéger la population civile et créer les conditions d’un retour digne et sûr des personnes déplacées.  Elle a également jugé nécessaire de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et de l’instabilité, notamment les inégalités, l’exclusion, la marginalisation, les violations des droits de l’homme, la violence sexuelle et le manque d’opportunités économiques et de moyens de subsistance.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les activités de l’UNOWAS en appui aux gouvernements de la région où des élections ont eu ou vont avoir lieu.  Il a mis l’accent sur la sécurité, le développement et la situation humanitaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, il a estimé qu’il incombe aux gouvernements de la région et à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour faire face à la menace terroriste notamment à travers un appui renforcé à la force G5 Sahel et à la force conjointe internationale.  Le représentant a également salué le rôle de la CEDEAO dans ce contexte ainsi qu’en matière de coopération régionale dans la lutte antiterroriste.

S’agissant de la situation humanitaire dans la région, le représentant a tenu à faire le lien avec la dégradation de la situation sécuritaire.  La faim et la pauvreté augmentent alors que les épidémies se multiplient et le nombre de personnes déplacées ne cesse de croître, a-t-il constaté avant de saluer l’action humanitaire des Nations Unies et des pays qui ont accueilli des réfugiés.  Le représentant a plaidé par ailleurs pour une approche globale du développement économique de la région pour pouvoir s’attaquer aux causes profondes des conflits.  L’UNOWAS a un rôle critique à jouer dans les secteurs du développement et de la sécurité, a souligné le représentant qui a salué les efforts de M. Chambas et de son équipe à cet égard.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a salué la stabilité qui règne globalement à travers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  Il a toutefois noté la persistance d’attentats terroristes et de conflits intercommunautaires qui menacent la sécurité de la région.  Le représentant a, par conséquent, appelé à renforcer la capacité nationale des pays de la région à lutter contre le terrorisme.  Dans ce cadre, il a estimé que l’ONU devait fournir l’appui et les ressources en personnel nécessaires à la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel). 

La situation en Libye est lourde de conséquences pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a poursuivi le représentant, estimant que les organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), bénéficiaient d’une position « unique » pour trouver des solutions politiques à ces défis.  L’ONU doit donc renforcer sa coopération avec ces organisations, a-t-il estimé.

Le représentant a, par ailleurs, appelé à investir dans les pays de la région pour développer l’agriculture et les infrastructures nationales, créer des emplois, éliminer la pauvreté et mettre l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sur la voie du développement durable.  Tout en appuyant les travaux de l’UNOWAS dans la région, le représentant a appelé le Bureau à continuer à respecter la souveraineté des pays concernés.  Il a indiqué que la Chine s’attachait à agir dans les domaines de coopération identifiés en décembre dernier lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit très préoccupé de l’augmentation des activités terroristes et de l’extrémisme violent dans la région, ainsi que de la grave crise humanitaire et du nombre alarmant des déplacés.  Concernant le Burkina Faso, le représentant s’est inquiété de la violence et de l’instabilité croissantes.  Il est important, a noté M. Heusgen, que la présence de l’ONU reflète les besoins sur le terrain.  Il a encouragé le Burkina Faso à poursuivre son dialogue avec la Commission de consolidation de la paix afin d’éviter d’autres déstabilisations.  L’Allemagne a promis 51 millions de dollars pour appuyer le secteur de la sécurité et les efforts de stabilisation au Burkina Faso, a-t-il dit.

En ce qui concerne la région du lac Tchad, le délégué allemand a exprimé sa préoccupation quant au terrorisme et aux attaques complexes et coordonnées.  Pour ce qui est de la situation humanitaire, l’Allemagne a promis 100 millions d’euros entre 2018 et 2020 pour la région.  Il a estimé que la stratégie régionale de stabilisation, le Forum des gouverneurs et le cadre de stabilisation régionale pour le lac Tchad du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pouvaient créer un cadre pour renforcer la stabilité régionale, la paix et le développement.  Préoccupé par les conséquences des changements climatiques dans la région, M. Heusgen a salué le fait que le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel prépare un rapport sur les risques sécuritaires liés au climat. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a pris note de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel qui est restée relativement stable, ce dont témoignent la tenue d’élections pacifiques et la célébration de dialogues politiques ainsi que les progrès dans l’application des accords.  Il a toutefois regretté qu’au Burkina Faso, au Mali et dans le bassin du lac Tchad les groupes terroristes continuent d’attaquer les civils et les forces de sécurité.  Pour y faire face, il a préconisé une réforme du secteur de la sécurité dans chaque pays concerné ainsi qu’un renforcement de la coopération transfrontière.  Cette situation a eu pour conséquence des déplacements massifs de population et une situation humanitaire grave dans la région, a-t-il poursuivi en regrettant que seuls 23% de l’appel humanitaire pour la région ait été financé à ce stade.

Le représentant a également soulevé le problème des conséquences des changements climatiques sur la sécurité dans le bassin du lac Tchad en appelant la communauté internationale à en tenir compte.  Il faut, a-t-il ajouté, une analyse régionale détaillée des origines des conflits en Afrique de l’Ouest et au Sahel pour pouvoir développer des stratégies ciblées avec une feuille de route et des points de référence clairs. I l a aussi jugé impératif de renforcer les stratégies des Nations Unies dans la région et d’offrir des opportunités aux jeunes et aux femmes.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a relevé que le dernier rapport du Secrétaire général faisait état de la recrudescence d’attaques terroristes et de la violence intercommunautaire alimentée par les activités des groupes extrémistes violents dans la région.  Il a également constaté que les crimes maritimes, la criminalité transnationale organisée et le trafic illégal avaient augmenté, ce qui a non seulement conduit à des pertes en vies humaines mais aussi exacerbé la situation humanitaire.  L’Indonésie a loué l’initiative conjointe des États de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel pour endiguer le terrorisme par des efforts collectifs dans le domaine de la sécurité comme l’Équipe spéciale conjointe multinationale et la Force conjointe du G5 Sahel, qu’il importe d’appuyer.  Le représentant a salué l’élargissement de l’appui de la MINUSMA à tous les contingents de ladite Force en vertu de la résolution 2480 (2019) relative à la situation au Mali.  Il a toutefois estimé que les efforts collectifs doivent être complétés par les efforts nationaux tendant à combattre le terrorisme, par un renforcement de la présence et des institutions étatiques, y compris la police et l’appareil judiciaire.

L’Indonésie, a poursuivi le représentant, recommande aussi de remédier aux causes profondes de l’insécurité, car l’approche sécuritaire n’est pas « la panacée » pour faire face aux insécurités dans la région.  Il a conseillé de répondre aux doléances locales de sorte à prévenir l’expansion du terrorisme.  Il a appelé les partenaires internationaux, par exemple, à poursuivre leur appui à la mise en œuvre du programme de stabilisation pour les pays affectés par Boko Haram, au Plan de priorité d’investissement G5 Sahel, à la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel et au Plan d’appui de l’ONU pour cette région.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité d’adopter des approches de gestion et de résolution des conflits englobant toute la région.  En effet, la proximité de ces nations, l’activité transfrontalière des groupes extrémistes et d’autres facteurs rendent probable la propagation de l’insécurité dans la région, a-t-il mis en garde, en encourageant à la coopération entre les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel et au renforcement des synergies et de l’appui des agences de l’ONU aux organisations régionales et sous-régionales.     

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a salué la tenue récente d’élections en Afrique de l’Ouest et au Sahel, estimant que cela devrait créer un environnement propice à des investissements dans la région et appelant l’ONU à œuvrer pour que les prochaines échéances électorales de la région se déroulent de façon crédible.  Par ailleurs, le représentant a déploré la détérioration de la situation sécuritaire dans le nord-est du Nigéria, une situation qui, à ses yeux, déstabilise tout le bassin du lac Tchad, une zone selon lui « oubliée ces dernières années par le Conseil ».  Il a par conséquent appelé à renforcer l’autorité de l’État dans la zone.

Le représentant a annoncé que son pays allait déployer 250 soldats de la paix supplémentaires au sein des effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Nous devons faire plus encore pour nous attaquer aux causes profondes des conflits dans la région, a-t-il ajouté, appelant à renforcer les services de base et à aider les habitants à s’adapter aux effets des changements climatiques.  Il faut pour cela faire un meilleur usage des mécanismes de coopération dans la région, y compris entre le Conseil, l’Alliance pour le Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad, a suggéré le représentant qui a appelé le Conseil à intégrer davantage la question des effets des changements climatiques dans ses travaux.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que les bons offices et la diplomatie préventive du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) seraient d’une importance capitale dans le cadre des futurs processus électoraux au sein de la région, notamment pour la promotion d’un dialogue national ouvert et le renforcement des capacités nationales à organiser des scrutins transparents.  L’UNOWAS s’est imposé comme un acteur clef avant et après les élections, de par sa capacité à concourir au relâchement des tensions et à prévenir l’aggravation des crises politiques via le recours à des mécanismes d’alerte précoce, a également estimé le représentant.

Par ailleurs, le délégué péruvien a souligné le rôle de l’UNOWAS dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en coopération avec la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix.  Le représentant a également mis l’accent sur l’attention accordée par le Bureau aux conflits intercommunautaires qui surviennent entre agriculteurs et éleveurs en raison des effets des changements climatiques, ainsi que ses activités de promotion de la participation des femmes au sein des gouvernements d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.  Enfin, il a estimé que la coopération transfrontalière et la recherche de synergies sous-régionales étaient des facteurs importants pour améliorer la sécurité de la région, notamment face à la menace présentée par le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC encourage les pays à consacrer davantage de ressources aux niveaux national et international à la lutte contre le VIH et le sida

Session de 2019,
38e séance plénière – matin
ECOSOC/7011

L’ECOSOC encourage les pays à consacrer davantage de ressources aux niveaux national et international à la lutte contre le VIH et le sida

En fermant, ce matin, les travaux de sa session consacrée à la gestion, le Conseil économique et social (ECOSOC) a « appelé de ses vœux des mesures d’urgence pour combler le déficit de moyens nécessaires à la lutte contre le VIH et le sida, compte tenu de l’investissement annuel de 26 milliards de dollars qui sera nécessaire pour atteindre les cibles fixées pour 2020 ».

En effet, dans une résolution présentée conjointement par la Chine et les États-Unis, en leurs qualités respectives de Président et Vice-Président du Conseil d’administration d’ONUSIDA, l’ECOSOC a encouragé les pays, conformément au principe de responsabilité partagée et de solidarité mondiale, à consacrer davantage de ressources aux niveaux national et international aux mesures prises pour combattre le VIH et le sida.

Ce texte se base sur les constatations figurant dans le rapport du Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA): ces cinq dernières années, les financements mobilisés au profit de programmes de lutte contre le VIH ont stagné à un montant situé approximativement 20% en deçà de celui qui serait nécessaire pour mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  ONUSIDA a du mal à mobiliser des ressources et il a connu un déficit de financement de 42 millions de dollars en 2015, de 62 millions de dollars en 2016 et de 65,5 millions de dollars en 2017, précise le rapport.  Si l’on ne met pas encore plus d’ardeur au combat, l’épidémie risque de reprendre et de faire encore d’innombrables victimes.

Pourtant, souligne le rapport, les investissements consentis dans la lutte contre le VIH portent aussi des fruits pour l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Par exemple, l’espérance de vie dans les pays d’Afrique subsaharienne est passée de 53,9 ans en 2006 à 60,4 ans en 2016 en grande partie du fait de l’accès élargi à la thérapie antirétrovirale.  De même, grâce aux 1,4 million de nouvelles infections évitées chez les enfants depuis 2010, le déclin mondial de la mortalité des enfants de moins de 5 ans a pu être plus rapide.  Autre fait marquant, la baisse du nombre de décès dus à la tuberculose entre 2005 et 2016 parmi les personnes vivant avec le VIH a donné un nouvel élan aux efforts mondiaux visant à éliminer cette maladie d’ici à 2030.

C’est fort de ces constats que le Canada, s’exprimant également au nom de l’Australie, a plaidé pour un financement suffisant en faveur du Programme commun.  La Fédération de Russie a annoncé qu’elle allait verser une contribution volontaire de 17,5 millions de dollars en faveur de la lutte contre le VIH et le sida dans les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale.  Le pays déplore tout de même que le rapport d’ONUSIDA ait été élaboré « sans tenir compte des spécificités des cadres juridiques des États ».  Ainsi, le représentant a jugé inapproprié que le rapport « critique » des lois criminalisant la prostitution ou encore qu’il fasse la promotion de concepts comme « l’éducation sexuelle ».  De leur côté, les Pays-Bas ont déploré ces lois qui criminalisent les personnes infectées et les gens qui ont des rapports sexuels avec les personnes de même sexe, avant d’appeler à « barrer la route à la stigmatisation relative au VIH et au sida ». 

C’est également un appel à des financements sur le long terme que l’ECOSOC a lancé en faveur d’Haïti, dans un contexte de transition entre la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, une configuration davantage axée sur le développement.

Dans une résolution relative au « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti », le Conseil économique et social a ainsi demandé « d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra, comme indiqué dans le Plan d’aide humanitaire de 2019 pour Haïti », tout en engageant les partenaires à « faire le lien entre les activités à court terme et le développement à long terme afin de renforcer la résilience et de réduire la répétition des crises ».

Dans ce texte, par lequel le Conseil a décidé de proroger le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2020, le Gouvernement haïtien et ses partenaires de développement sont invités à utiliser davantage les mécanismes existants pour surveiller l’assistance afin d’accroître la transparence, d’améliorer la coordination et de mieux s’aligner sur les priorités de développement d’Haïti. 

À ce propos, le représentant du pays a présenté deux priorités immédiates dans le cadre d’une feuille de route pour la prochaine année.  Celle-ci prévoit une rencontre au plus haut niveau des membres du Groupe consultatif ad hoc, en marge du débat général de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, en septembre prochain.  Il a aussi plaidé pour l’appui aux initiatives liées au développement durable que les autorités haïtiennes envisagent de lancer à l’occasion de la commémoration prochaine des 10 ans du séisme qui a ravagé le pays le 12 janvier 2010.

L’ECOSOC a ainsi achevé sa session consacrée à la gestion ainsi que sa session de 2019.  Il se réunira demain, jeudi 25 juillet, à 10 heures, pour ouvrir sa session de 2020. 

ÉLECTIONS, PRÉSENTATIONS DE CANDIDATURES, CONFIRMATIONS ET NOMINATIONS

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a élu l’Argentine au Conseil d’administration d’ONU-Femmes pour un mandat de trois ans (2020-2022).

Le Conseil a également élu M. Sven-Erik Soosaar (Estonie) à l’Instance permanente sur les questions autochtones, en tant que représentant du Groupe des États d’Europe orientale, pour un mandat de trois ans (2020-2022).

L’ECOSOC a ensuite élu Trinité-et-Tobago au Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population, pour un mandat qui prend effet ce jour qui s’achèvera le 31 décembre 2021.

QUESTIONS DE COORDINATION, QUESTIONS RELATIVES AU PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS

Programme à long terme d’aide à Haïti  

Mme LOUISE BLAIS (Canada) a présenté le rapport (E/2019/80) du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti que son pays préside.  Le rapport contient les principales conclusions formulées par le Groupe à l’issue de ses visites à Washington, en avril 2019, et en Haïti, en mai 2019, au cours desquelles les membres du Groupe se sont entretenus avec le Président du pays, des parlementaires, ainsi que des représentants des institutions financières internationales, des organisations régionales et de la société civile. 

Dans son rapport, le Groupe explique qu’Haïti connaît aujourd’hui une crise aux dimensions multiples.  Le pays reste en proie à d’importantes tensions économiques et sociales qui, conjuguées aux besoins humanitaires persistants, sont à l’origine de l’instabilité politique et de la détérioration de la sécurité.  Ces incertitudes empêchent les pouvoirs publics de répondre aux besoins fondamentaux de la population et compromettent la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable. 

Le Groupe presse le Gouvernement, l’opposition et tous les secteurs de la société de s’engager dans un dialogue national constructif et ouvert à tous afin de sortir de l’impasse politique et de fixer un cap pour le développement socioéconomique du pays.  Il exhorte également la communauté internationale à continuer de coopérer collectivement avec Haïti afin d’assurer le succès de la transition entre une présence de maintien de la paix et une configuration davantage axée sur le développement, qui soit à même d’apporter durablement au peuple haïtien sécurité, stabilité et développement.

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général en Haïti, M. AMADOU DIALLO, a relevé qu’après des négociations prolongées, le Président d’Haïti vient de choisir un premier ministre.  Il a indiqué qu’en l’absence d’un gouvernement établi, le personnel des Nations Unies n’avait pas d’interlocuteur avec lequel discuter des programmes et projets de développement concernant le pays.  Il a par ailleurs salué les progrès accomplis dans la lutte contre l’épidémie de choléra en Haïti, avant de former le vœu que la maladie soit complètement éradiquée au cours des prochains mois.  Ces derniers jours également, l’un des chefs de gang les plus notoires d’Haïti a été arrêté et il sera présenté à la justice.  Se félicitant de cette évolution, M. Diallo a rappelé que la violence des gangs était longtemps restée incontrôlée et que la police nationale, récemment renforcée, pourrait redonner de l’espoir à la population.

En dépit de ces progrès, M. Diallo a averti que la situation restait sombre et que les besoins humanitaires et de développement d’Haïti étaient constamment sous-financés.  Faisant remarquer que l’appel humanitaire pour le pays n’est pour l’instant financé qu’à hauteur de 16%, il a appelé à davantage d’investissements internationaux en Haïti, en particulier pour lutter contre le taux élevé de malnutrition dans le pays.  Il a terminé en évoquant la situation politique du pays.  Selon lui, aucun accord politique ne peut prospérer s’il n’est inclusif.

Le représentant de la Colombie, M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA, s’exprimant en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix, a assuré que la Commission se tenait prête à apporter le soutien nécessaire en Haïti.  Selon lui, s’il existe un pays dans le monde ayant besoin du soutien de toutes les agences onusiennes, c’est bien Haïti. 

Le Brésil a également souhaité que la transition se fasse en douceur entre la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) et le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti nouvellement créé.

M. PATRICK SAINT-HILAIRE (Haïti) a estimé que le Groupe consultatif ad hoc avait bien esquissé les principaux écueils auxquels le pays fait face.  Il a relevé que la désignation d’un nouveau premier ministre, mardi dernier, devrait contribuer à apaiser les tensions politiques.  De même, l’arrestation récente du chef de gang Arnel Joseph marque selon lui une étape importante dans le retour de la sécurité. 

Le délégué a également déploré l’insécurité alimentaire et le manque d’accès à des financements adéquats et prévisibles.  Selon lui, les urgences les plus cruciales se manifestent dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures.

M. Saint-Hilaire a également proposé une feuille de route pour la prochaine année.  Celle-ci prévoit une rencontre au plus haut niveau des membres du Groupe consultatif ad hoc, en marge du débat général de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale en septembre prochain.  Cette rencontre est un vœu du Président d’Haïti, a—t-il précisé.  En plus, Haïti plaide pour l’appui aux initiatives liées au développement durable que les autorités haïtiennes envisagent de lancer à l’occasion de la commémoration prochaine des 10 ans du séisme qui a ravagé le pays le 12 janvier 2010.

Le délégué de la Fédération de Russie est revenu sur les discussions ayant animé les négociations sur les dispositions du projet de résolution relatives à la reconduction du mandat du Groupe consultatif ad hoc.  Selon lui, il est important de s’en tenir à la résolution ayant créé le Groupe consultatif: cette dernière n’avait pas prévu la possibilité de modification du mandat du Groupe, a-t-il relevé. 

L’ECOSOC a ensuite adopté la résolution intitulée « Groupe consultatif ad hoc sur Haïti » (E/2019/L.23).  Ainsi, le Conseil engage les donateurs et les autres partenaires, notamment les organismes des Nations Unies et les institutions financières internationales, à rester mobilisés et coordonnés pour appuyer le développement à long terme d’Haïti, dans le respect des priorités établies par le Gouvernement haïtien et de celles énoncées dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’ECOSOC engage également le Gouvernement haïtien et les partenaires de développement à s’efforcer davantage d’utiliser les mécanismes existants pour surveiller l’assistance afin d’accroître la transparence, d’améliorer la coordination et de mieux s’aligner sur les priorités de développement d’Haïti.  Il demande d’urgence un financement suffisant pour les activités humanitaires, y compris les activités qui concernent la lutte contre le choléra, comme indiqué dans le Plan d’aide humanitaire de 2019 pour Haïti, et engage les partenaires à faire le lien entre les activités à court terme et le développement à long terme afin de renforcer la résilience et de réduire la répétition des crises.

Enfin, le Conseil décide de proroger le mandat du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti jusqu’à la conclusion de sa session de 2020, afin de pouvoir suivre la situation de près et de formuler des conseils concernant la stratégie de développement à long terme d’Haïti en vue de favoriser le relèvement, la reconstruction et la stabilité du pays sur les plans économique et social.

Du fait de cette prorogation de mandat, le Secrétariat de l’ECOSOC a annoncé que la résolution ainsi adoptée aura des implications financières.  Il faudra notamment mobiliser 44 000 dollars pour couvrir les frais de voyage des membres du Groupe consultatif à Washington et en Haïti. 

Pays africains qui sortent d’un conflit

Le Président de la Commission de consolidation de la paix, M. FERNANDEZ DE SOTO (Colombie) a repris la parole pour présenter les principales actions de cet organe en 2018, tout en tirant les leçons apprises. 

Le Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Djouba, M. KAMIL KAMALUDDEEN, intervenant par visioconférence, a ensuite présenté un tableau sécuritaire qui fait voir une stabilité relative sur le terrain au Soudan du Sud. 

Décision concernant le projet de résolution « Pays africains qui sortent d’un conflit » 

L’ECOSOC a ensuite adopté une décision (E/2019/L.28) par laquelle il prie le Secrétaire général de lui présenter pour examen, à sa session de 2020, un rapport au titre de l’alinéa intitulé « Pays africains qui sortent d’un conflit ».

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Coopération internationale en matière fiscale  

Par une décision, l’ECOSOC a fixé les dates de la dix-neuvième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, qui se tiendra à Genève, du 15 au 18 octobre 2019, et en a approuvé l’ordre du jour.

QUESTIONS DE COORDINATION, QUESTIONS RELATIVES AU PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS

Calendrier des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Le représentant de la Chine et le délégué des États-Unis, respectivement Président et Vice-Président du Conseil d’administration d’ONUSIDA, ont présenté le projet de résolution sur le « Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida » (E/2019/L.24).

Dans ce texte, le Conseil demande instamment au Programme commun de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale, efficace et rapide de la Stratégie du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida pour 2016-2021 et de la Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida.  L’ECOSOC encourage les gouvernements, la société civile, les populations locales et le secteur privé à réaliser les objectifs énoncés dans ces instruments, sans lesquels les objectifs de développement durable ne pourront pas être atteints, y compris la cible 3.33.

L’ECOSOC appelle en outre de ses vœux des mesures d’urgence pour combler le déficit de moyens nécessaires à la lutte contre le VIH et le sida, compte tenu de l’investissement annuel de 26 milliards de dollars qui sera nécessaire pour atteindre les cibles fixées à 2020.  Conformément au principe de responsabilité partagée et de solidarité mondiale, il encourage les pays à consacrer davantage de ressources aux niveaux national et international aux mesures prises pour combattre le VIH et le sida.

Après l’adoption de ce texte, la France a plaidé pour que les populations les plus vulnérables puissent recevoir un traitement là où elles se trouvent. 

Le Canada, s’exprimant également au nom de l’Australie, a plaidé pour un financement suffisant en faveur du Programme commun.  Pour le Royaume-Uni, il est important que le futur directeur d’ONUSIDA soit plus sensible à la question du harcèlement sexuel sur le lieu du travail.  Les Pays-Bas ont déploré le fait que malgré les indicateurs positifs de la lutte contre le VIH et le Sida, le nombre de nouvelles infections ne diminue pas.  Le délégué a aussi dénoncé des lois qui criminalisent les personnes infectées et ceux ayant des rapports sexuels avec des gens de même sexe.  Il a donc appelé à la protection des droits fondamentaux de tous, afin de barrer la route à la stigmatisation relative au VIH et au Sida. 

Enfin, le délégué de la Fédération de Russie a annoncé l’intention de son pays de verser une contribution volontaire de 17,5 millions de dollars en faveur de la lutte contre le VIH et le sida dans les pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale.  Il a déploré le fait que le rapport d’ONUSIDA ait été élaboré sans tenir compte des spécificités des cadres juridiques des États.  Ainsi, le représentant a jugé inapproprié que le rapport « critique » des lois criminalisant la prostitution.  Il a aussi déploré la promotion, dans le rapport, de concepts comme « l’éducation sexuelle ». 

COOPÉRATION RÉGIONALE

En abordant le rapport (E/2019/15/Add.2) du Secrétaire général sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et les domaines connexes, l’ECOSOC a renvoyé certains points portés à son attention par la Commission économique pour l’Europe (CEE).

Le Conseil a néanmoins adopté trois projets de résolution contenus dans ce rapport.  En vertu de la résolution III, l’ECOSOC approuve le changement de nom du Comité du logement et de l’aménagement du territoire de la CEE, qui s’appellera désormais « Comité du développement urbain, du logement et de l’aménagement du territoire ».

Aux termes de la résolution V, le Conseil a approuvé les Orientations-cadres pour l’élaboration de normes sur l’efficacité énergétique dans les bâtiments établies par la CEE.  Enfin, par la résolution VII, l’ECOSOC fait sienne la décision K (68) de la CEE sur l’application, au niveau mondial, de la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux.

Après ces adoptions, la Fédération de Russie, qui s’est rangée au consensus, a tout de même demandé le renforcement du Secrétariat de ladite convention afin qu’il soit mieux à même d’apporter son soutien aux pays qui en font la demande.  La déléguée de la Turquie a, pour sa part, rappelé que son pays n’est pas partie à ladite convention.  Selon la délégation, l’ECOSOC n’aurait pas dû se prononcer sur un sujet présenté par la CEE alors que la question ne fait pas l’unanimité en Europe.

Les États-Unis ont félicité la CEE de la mise en œuvre de cette convention.  Le pays craint néanmoins que cette tâche ne vienne réduire l’efficacité de la Commission régionale en réduisant une part de son budget, a dit la délégation. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: trois ONG basées au Nigéria privées de statut consultatif après un vote, au premier jour de la session consacrée aux questions de gestion

Session de 2019,
36e & 37e séances plénières, matin & après-midi
ECOSOC/7010

ECOSOC: trois ONG basées au Nigéria privées de statut consultatif après un vote, au premier jour de la session consacrée aux questions de gestion

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert, aujourd’hui, sa seconde et dernière session consacrée à la gestion, au cours d’une journée marquée par de nombreux débats et plusieurs scrutins qui ont été nécessaires pour entériner certaines décisions.

Ce fut le cas quand 27 membres du Conseil, malgré 19 oppositions et 4 abstentions (El Salvador, Mexique, Turquie et Uruguay), ont refusé d’accorder le statut consultatif à trois organisations non gouvernementales (ONG) nigérianes -Association Against Women Export, West Africa Coalition for Indigenous People’s Rights et Women in Politics Forum– et ont décidé de renvoyer leurs demandes devant le Comité chargé des ONG, au motif qu’elles étaient insuffisamment fondées.

Pour en décider ainsi, l’ECOSOC s’est basé sur les objections de la délégation du Nigéria selon laquelle ces trois ONG n’ont pas respecté les procédures réglementaires d’agrément dans leurs pays.  La délégation américaine a toutefois dénoncé une « procédure arbitraire » contre ces organisations dont les demandes, a-t-elle relevé, ont déjà été examinées minutieusement et favorablement par le Comité des ONG.

De même, après un vote sanctionné par 40 voix pour, 2 contre (Canada et États-Unis) et 9 abstentions (Allemagne, Brésil, Cameroun, Jamaïque, Mexique, Roumanie, Togo, Royaume-Uni et Ukraine), l’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter », en vertu de laquelle il est demandé à Israël de renoncer immédiatement à l’ensemble des mesures contraires au droit international ainsi qu’aux lois, politiques et actes discriminatoires dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, qui portent atteinte aux droits de l’homme du peuple palestinien.  Ce texte souligne que les civils palestiniens, en particulier les femmes et les enfants, représentent l’immense majorité des victimes du conflit. 

Le délégué israélien a fait valoir que son gouvernement s’évertue pourtant à collaborer avec la partie palestinienne, regrettant que celle-ci ne veuille pas s’impliquer.  Il a estimé que les textes présentés devant l’ECOSOC ne mentionnent pas une question importante qu’est « la responsabilisation des Palestiniens eux-mêmes ».  De l’avis du délégué des États-Unis, ce texte n’aide personne car il est « à sens unique » et il ne souligne pas que les autorités de Gaza entravent les droits des femmes.  L’observateur de la Palestine a, de son côté, salué les délégations ayant soutenu ce texte qui apparaît comme un soutien apporté aux femmes palestiniennes et à leurs enfants. 

L’ECOSOC a aussi adopté, par 45 voix pour, 2 contre (Canada et États-Unis) et 4 abstentions (Brésil, Cameroun, Togo et Ukraine), un autre texte intitulé « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé ».  Par cette résolution, le Conseil exige d’Israël qu’il respecte le Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine signé à Paris le 29 avril 1994. 

Il a fallu, par ailleurs, 26 voix pour, en présence de 22 abstentions, pour que l’ECOSOC adopte la résolution intitulée « Appui aux territoires non autonomes par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies ».  Dans ce texte, le Conseil recommande que tous les États redoublent d’efforts au sein des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies dont ils sont membres afin d’assurer l’application intégrale et effective de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui figure dans la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et des autres résolutions pertinentes de l’ONU.

Les États-Unis ont indiqué que ce texte, similaire aux précédents, n’avait pas leur soutien puisque la Constitution du pays dispose que le Gouvernement américain est le seul responsable de ses territoires autonomes. 

L’ECOSOC a également entériné six résolutions de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, en vue de les recommander à l’Assemblée générale pour adoption.  Dans l’une d’elles, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est invité à lancer une campagne mondiale de sensibilisation et de collecte de fonds à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2020 et de la Coupe du monde de 2022: il s’agit de promouvoir le sport et l’apprentissage par le sport dans le cadre de stratégies de lutte contre les facteurs de risque liés à la délinquance juvénile et à l’abus de drogues, et à fournir une assistance dans ce domaine aux États Membres qui le demandent. 

Une autre résolution prévoit de prier instamment les États Membres d’ériger en infraction pénale l’exploitation sexuelle des enfants et les atteintes sexuelles à leur encontre, y compris dans le cyberespace.

En outre, l’ECOSOC a décidé d’élargir la composition du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de 102 à 105 États.  Il recommande à l’Assemblée générale de faire de même à sa soixante-quatorzième session.

Le Conseil a aussi décidé que la prochaine session de l’Instance permanente sur les questions autochtones se tiendra du 13 au 24 avril 2020, et celle du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) du 4 au 8 mai 2020, les deux au Siège de l’ONU.

L’ECOSOC poursuivra sa session de gestion demain, 24 juillet, dès 10 heures.

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Prévention du crime et justice pénale

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a approuvé six projets de résolution qui lui ont été soumis par la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale en vue de les recommander à l’Assemblée générale pour adoption.

En vertu du projet de résolution I intitulé « Intégration du sport dans les stratégies de prévention de la criminalité et de justice pénale ciblant les jeunes », l’Assemblée générale est priée d’inviter les États Membres, les organismes des Nations Unies, le Comité international olympique, le Comité international paralympique et les autres parties prenantes, y compris les organisations, fédérations et associations sportives, les athlètes, les médias, la société civile, les milieux universitaires et le secteur privé, à sensibiliser davantage le public et à encourager la prise de mesures en faveur d’une réduction de la criminalité, pour contribuer à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au moyen d’activités sportives.

Aux termes du texte, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est invité à lancer une campagne mondiale de sensibilisation et de collecte de fonds à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2020 et de la Coupe du monde de 2022, afin de promouvoir le sport et l’apprentissage par le sport dans le cadre de stratégies de lutte contre les facteurs de risque liés à la délinquance juvénile et à l’abus de drogues, et à fournir une assistance dans ce domaine aux États Membres qui le demandent.  De même, les comités nationaux d’organisation, le Comité international olympique et la Fédération internationale de football association seront invités à collaborer étroitement avec l’Office à cette fin.

Par le projet de résolution II, sur la « suite à donner au treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale », l’Assemblée générale inviterait les gouvernements à envisager de prendre en considération la Déclaration de Doha sur l’intégration de la prévention de la criminalité et de la justice pénale dans le programme d’action plus large de l’ONU visant à faire face aux problèmes sociaux et économiques et à promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international.

La Turquie, qui présentait ce texte, a expliqué que le projet de résolution est le « reflet de nos valeurs universelles » et qu’il met l’accent sur la transparence des procédures judiciaires.  De même, la Déclaration d’Istanbul qui est mentionnée dans le projet de résolution est la norme internationalement reconnue en matière de transparence du processus judiciaire, a affirmé la délégation.

Le Bélarus a insisté sur l’importance des travaux de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, tandis que le Japon a souligné que ce texte permettra d’entamer les négociations sur la déclaration qui va sanctionner le quatorzième Congrès de Kyoto (Japon), du 20 au 27 avril 2020.

Ensuite, le Conseil économique et social a adopté le projet de résolution III intitulé « Éducation à la justice et à l’état de droit dans le contexte du développement durable ».  Il est donc recommandé à l’Assemblée générale d’exhorter les États Membres à donner à tous accès à l’éducation, y compris à une formation technique et professionnelle, et à promouvoir l’acquisition de connaissances tout au long de la vie de chacun.  Dans ce texte, les États Membres sont invités à promouvoir des programmes pédagogiques abordant la prévention de la criminalité, la justice pénale et l’état de droit, en particulier pour les enfants et les jeunes.  Ils sont aussi invités à mettre au point des campagnes de sensibilisation qui transmettent des valeurs clefs reposant sur l’état de droit et soutenues par des programmes pédagogiques, à y associer des politiques économiques et sociales favorisant l’égalité, la solidarité et la justice, et à aller vers les jeunes pour faire d’eux les agents d’un changement positif.

Le projet de résolution IV a pour titre « Favoriser l’assistance technique et le renforcement des capacités pour intensifier l’action nationale et la coopération internationale contre la cybercriminalité, y compris l’échange d’informations ».  Ainsi, l’ECOSOC recommande à l’Assemblée générale d’encourager les États Membres à élaborer et à adopter des mesures pour assurer au niveau national l’efficacité des enquêtes et des poursuites relatives aux affaires de cybercriminalité et aux infractions dans lesquelles les preuves électroniques jouent un rôle important et garantir une coopération internationale efficace à cet égard, dans le respect du droit interne et conformément au droit international applicable, notamment aux instruments internationaux relatifs aux droits de la personne applicables.

Le projet de résolution V est intitulé « Lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles visant les enfants sur Internet ».  L’Assemblée devrait ainsi prier instamment les États Membres d’ériger en infraction pénale l’exploitation sexuelle des enfants et les atteintes sexuelles à leur encontre, y compris dans le cyberespace, afin de traduire en justice les auteurs de telles infractions, de doter les services de détection et de répression des pouvoirs appropriés et de fournir les outils nécessaires pour identifier les auteurs de telles infractions et les victimes et lutter efficacement contre l’exploitation et les atteintes sexuelles visant les enfants.

De même, les États Membres seraient priés de sensibiliser le public à la gravité des contenus montrant des actes d’exploitation sexuelle et des atteintes sexuelles visant les enfants, au fait que ces contenus constituent des infractions sexuelles contre les enfants et aux raisons pour lesquelles la production, la distribution et la consommation de ces contenus exposent un nombre accru d’enfants à des risques d’exploitation et d’atteintes sexuelles, notamment en normalisant les comportements mis en scène dans ces contenus et en alimentant la demande de ces contenus.  L’Assemblée générale devrait encourager également les États Membres à échanger de manière volontariste des informations sur les meilleures pratiques et à prendre des mesures pour lutter contre l’exploitation et les atteintes sexuelles visant les enfants, y compris en saisissant ou en supprimant d’Internet les contenus montrant des atteintes sexuelles sur des enfants, et ce, le plus rapidement possible, conformément au droit interne.

Le projet de résolution VI adopté par l’ECOSOC est intitulé « Assistance technique fournie par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime dans le domaine de la lutte contre le terrorisme ».  L’Assemblée générale est priée de demander aux États Membres de continuer à renforcer la coordination et la coopération internationales pour prévenir et combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, conformément au droit international, notamment à la Charte des Nations Unies.  L’Assemblée devrait également prier l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime de fournir aux États Membres qui le demandent une assistance technique pour les aider à élaborer et mettre en œuvre des programmes d’aide et de soutien aux victimes du terrorisme conformément à la législation interne applicable, en mettant l’accent sur les besoins particuliers des femmes et des enfants.

Ensuite l’ECOSOC a adopté deux résolutions que lui a recommandées la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale. 

Par la résolution I qui a pour titre « Améliorer la transparence du processus judiciaire », l’ECOSOC prie l’ONUDC, dans le cadre de son mandat et dans la limite des ressources disponibles, de continuer d’aider les États Membres qui en font la demande à renforcer leurs systèmes judiciaires.  Elle invite aussi les États Membres, conformément à leur cadre juridique interne et à leurs obligations internationales, à tenir compte de toutes les bonnes pratiques et de tous les documents pertinents, notamment la Déclaration d’Istanbul sur la transparence des procédures judiciaires, lorsqu’ils élaborent leurs programmes et leurs réformes législatives dans le domaine de l’administration de la justice.

La résolution II est intitulée « Lutter contre la criminalité transnationale organisée et ses liens avec le trafic illicite de métaux précieux et l’exploitation minière illégale, notamment par le renforcement de la sécurité des filières des métaux précieux ».  Aux termes de ce texte, l’ECOSOC invite les États Membres, agissant conformément à leur cadre juridique interne, à envisager d’incriminer, le cas échéant, le trafic illicite de métaux précieux et l’exploitation minière illégale et à prendre les mesures voulues pour prévenir et combattre le trafic illicite de métaux précieux et l’exploitation minière illégale par des groupes criminels organisés, notamment en contrôlant et sécurisant la filière et en adoptant la législation nécessaire pour prévenir le trafic illicite des métaux précieux, enquêter sur les cas de trafic et en poursuivre les auteurs.

L’ECOSOC a par ailleurs pris deux décisions.  Par la décision I, il approuve la nomination de Mme Carolina Lizárraga Houghton (Pérou) et de Mme Youngju Oh (République de Corée) et la reconduction de M. Carlos Castresana Fernández (Espagne) et de M. Joel Antonio Hernández García (Mexique) au Conseil de direction de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice. 

Par la décision II, le Conseil prend note du rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur les travaux de sa vingt-huitième session et a approuvé l’ordre du jour provisoire de sa vingt-neuvième session.

Stupéfiants

L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport (E/2019/28) de la Commission des stupéfiants sur les travaux de sa soixante-deuxième session, tout en adoptant l’ordre du jour provisoire de la soixante-troisième session.  Il a aussi adopté le rapport (E/2018/28/Add.1) de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2018.  Les Émirats arabes unis ont rappelé avoir auparavant transmis leurs réserves au sujet de ce dernier rapport.

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Science et technique au service du développement

L’ECOSOC a pris note du rapport relatif aux travaux de la vingt-deuxième session (13-17 mai 2019) de la Commission de la science et de la technique au service du développement (E/2019/31).

L’ECOSOC a adopté deux résolutions contenues dans ce rapport.  La résolution I porte sur l’« examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information ».  Par ce texte, le Conseil réaffirme sa volonté de mettre en œuvre dans leur intégralité les textes issus du Sommet mondial et la vision de la société de l’information de l’après-2015 définie 10 ans après le Sommet mondial.  Il estime aussi qu’il importe de renforcer les capacités humaines, de créer un environnement propice et des infrastructures numériques résilientes, de favoriser les partenariats multipartites et d’aider les pays à tirer davantage parti des possibilités offertes par les technologies de l’information et des communications en vue d’atteindre les objectifs de développement durable.

En vertu de la résolution II sur le thème « Science, technologie et innovation au service du développement », l’ECOSOC invite les gouvernements, individuellement et collectivement, à tenir compte des conclusions de la Commission et à envisager d’associer étroitement la science, la technologie et l’innovation aux stratégies de développement durable en accordant une place de choix au renforcement des capacités liées aux technologies de l’information et des communications, à la science, à la technologie et à l’innovation dans les plans nationaux de développement.

Aux termes du texte, la CNUCED est invitée à s’employer activement à trouver des fonds pour étendre les examens des politiques relatives à la science, à la technologie et à l’innovation, lesquels seront axés sur le rôle déterminant des technologies de l’information et des communications pour promouvoir le renforcement des capacités et l’utilisation de la science, de la technologie, de l’innovation et de l’ingénierie, et à mettre en œuvre les recommandations issues de ces examens, s’il y a lieu, en étroite coopération avec les organismes des Nations Unies et d’autres organisations internationales.

Établissements humains

L’ECOSOC a également examiné le rapport (A/74/8) de l’Assemblée du Programme des Nations Unies pour les établissements humains - Première session (Nairobi, 27-31 mai 2019).

Population et développement

L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport (E/2019/25) de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquante-deuxième session, tout en approuvant l’ordre du jour provisoire de la cinquante-troisième session de la Commission.

Les États-Unis ont rappelé qu’ils avaient fait des observations sur les questions de population au cours d’une séance de l’Assemblée générale sur la question, le 17 juillet dernier.

Administration publique et développement

L’ECOSOC a aussi adopté une résolution intitulée « Rapport du Comité d’experts de l’administration publique sur les travaux de sa dix-huitième session » (E/2019/44).  Ainsi, l’ECOSOC prend note du rapport du Comité d’experts de l’administration publique sur les travaux de sa dix-huitième session et le remercie du travail accompli au regard de son propre thème et de celui du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pour 2019, à savoir la mise en place d’institutions efficaces, responsables et inclusives, notamment les aspects de la gouvernance et de l’administration publique visant à donner des moyens d’action aux populations et à assurer l’inclusion et l’égalité.

Le Conseil économique et social a aussi décidé que la dix-neuvième session du Comité d’experts de l’administration publique se tiendra au Siège de l’Organisation des Nations Unies du 30 mars au 3 avril 2020. 

Information géospatiale

Dans son rapport sur les travaux de sa session de 2019 (New York, 29 avril-3 mai 2019) (E/2019/75), le Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques a fait six recommandations à l’ECOSOC.  Ainsi, en vertu de la recommandation 1, l’ECOSOC décide que le Bureau du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques doit, en consultation avec les États Membres de l’ONU, s’atteler à élaborer un projet de plan stratégique et de programme de travail pour le Groupe d’experts restructuré.

En vertu de la recommandation 2, l’ECOSOC décide que le Bureau du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques doit, en étroite consultation avec les États Membres, revoir les procédures et les délais en ce qui concerne l’établissement des rapports des pays et leur présentation aux sessions du Groupe d’experts, et faciliter le recours aux méthodes interactives pour la présentation de leur contenu.

La recommandation 3 prévoit que les groupes de travail compétents du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques (à savoir le Groupe de travail sur l’évaluation et la mise en œuvre, le Groupe de travail sur les noms géographiques et le patrimoine culturel et le Groupe de travail sur les fichiers de données toponymiques et les nomenclatures) doivent examiner les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social mentionnées dans le document GEGN.2/2019/83, afin d’évaluer leur incidence sur les travaux du Groupe d’experts et soumettre à ce dernier, pour examen à sa deuxième session, un rapport présentant leurs conclusions.

Aux termes de la recommandation 4, l’ECOSOC décide que, par l’intermédiaire de l’Équipe spéciale pour l’Afrique, le Bureau du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques doit continuer d’exhorter la Commission économique pour l’Afrique à collaborer avec le Groupe d’experts, s’agissant par exemple de la mise au point de l’application GeoNyms et de l’exécution du Plan d’action de Gaborone sur les activités concernant les noms géographiques en Afrique, de manière à contribuer à la normalisation des noms géographiques des pays d’Afrique.

Par la recommandation 5, l’ECOSOC décide que le Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques doit créer un groupe spécial, relevant du Groupe de travail sur les noms géographiques et le patrimoine culturel, qui sera chargé de déterminer les avantages et la portée de l’étude des principes et méthodes d’écriture des toponymes issus de langues non écrites.

Enfin, en vertu de la recommandation 6, l’ECOSOC encourage le Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques à maintenir le contact avec le personnel de la Division de la documentation du Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences, afin de faciliter ses travaux et de l’aider à optimiser l’utilisation des toponymes, comme suite aux débats tenus entre les membres du Groupe et le personnel de la Division.

Forum des Nations Unies sur les forêts

L’ECOSOC a ensuite pris note du rapport (E/2019/42) sur les travaux de la quatorzième session (11 mai 2018 et du 6 au 10 mai 2019) du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), avant de prendre également note du fait que la quinzième session du Forum se tiendra au Siège, du 4 au 8 mai 2020, et en approuvant par le même occasion son ordre du jour provisoire.

Les États-Unis ont souligné que la perspective d’un bureau en Chine pour le Réseau mondial de facilitation du financement forestier doit se faire dans le respect des pratiques exemplaires agréées.  Les États-Unis attendent des détails sur ce bureau et espèrent qu’il sera ouvert à tous les partenaires, y compris la société civile, tout en précisant que ce bureau doit être placé sous l’autorité du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF).  

Le représentant du Canada, parlant également au nom de l’Australie, a souhaité que la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) conduise au renforcement du rôle du FNUF.  Il a aussi insisté sur l’importance de pourvoir au poste de directeur du Secrétariat du FNUF, tout en se disant préoccupé par la perspective d’un déclassement dudit poste du niveau D2 à D1.  Au sujet de la création du bureau de Beijing, le Canada a demandé davantage de détails et voulu en connaître les incidences financières.  Il a été d’avis que l’installation d’un tel bureau doit faire l’objet de contributions volontaires et que son fonctionnement doit être placé sous la responsabilité du Secrétariat du FNUF. 

La Suisse a pour sa part rappelé l’importance de la clarté du processus de mise en place de ce bureau, appuyée en cela par le Japon qui a insisté sur le respect du mandat du FNUF, qui est un mécanisme multilatéral.  La Fédération de Russie a, pour sa part, insisté sur l’indépendance du Secrétariat du FNUF qui est financé par les États.  Il ne comprend donc pas pourquoi on veut le fusionner avec une autre division du DAES.

Au nom de l’Union européenne (UE), la Roumanie a souhaité que la réforme du DAES n’ait pas d’impact négatif sur le fonctionnement du Secrétariat du FNUF.  Pour l’UE, il faut privilégier la transparence de ce processus.  Il en est de même au sujet du bureau envisagé en Chine, a-t-elle noté en regrettant que les informations fournies au cours de la dernière session du FNUF ne fussent pas exhaustives. 

Le représentant du Secrétariat du FNUF a répondu que rien n’a encore été finalisé sur la création de ce bureau et que les consultations sont en cours, notamment sur un mémorandum d’accord.  Il a expliqué que si d’aventure ce bureau était établi, alors son fonctionnement serait pris en charge par le Gouvernement chinois dans le cadre d’un fonds d’affectation spéciale.  De plus, les procédures administratives seront bien celles de l’ONU et le tableau des effectifs fait encore l’objet de discussions, a-t-il précisé. 

Au sujet de la réforme du DAES, il a dit ne pouvoir s’étendre sur le sujet concernant la hiérarchie du Département. 

La déléguée de la Chine a confirmé que les pourparlers sont encore en cours et a rassuré sur le fait que son pays entendait respecter le principe de bon rapport coût-efficacité dans l’établissement du bureau. 

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Instance permanente sur les questions autochtones

Après avoir examiné le rapport (E/2019/43) sur les travaux de la dix-huitième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones (22 avril-3 mai 2019), l’ECOSOC a adopté les trois décisions y figurant. 

Par la décision I, le Conseil décide d’autoriser la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif de développement durable n16 ».  En vertu de la décision II, le Conseil économique et social décide que la dix-neuvième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones se tiendra au Siège de l’Organisation des Nations Unies du 13 au 24 avril 2020.  Enfin, aux termes de la décision III, il adopte le rapport de l’Instance permanente sur les questions autochtones sur les travaux de sa dix-huitième session et l’ordre du jour provisoire de la dix-neuvième session.

Au nom du Groupe des amis des peuples autochtones, le Mexique a encouragé à continuer d’enrichir le dialogue entre les États Membres et les experts de l’Instance permanente. 

APPLICATION DE LA DÉCLARATION SUR L’OCTROI DE L’INDÉPENDANCE AUX PAYS ET AUX PEUPLES COLONIAUX PAR LES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET LES ORGANISMES INTERNATIONAUX ASSOCIÉS À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Après un vote, sanctionné par 26 voix en faveur et 22 abstentions, l’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « Appui aux territoires non autonomes par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies » (E/2019/L.27). 

Par ce texte, le Conseil recommande que tous les États redoublent d’efforts au sein des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies dont ils sont membres afin d’assurer l’application intégrale et effective de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, qui figure dans la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, et des autres résolutions pertinentes de l’ONU.

En outre, le Conseil, en vertu de cette résolution, demande aux puissances administrantes concernées de poursuivre leur coopération avec les institutions spécialisées et les autres organismes des Nations Unies, dans le cadre des responsabilités énoncées à l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, en particulier à l’alinéa d) dudit article, et de faciliter, selon les besoins, la participation de représentants nommés ou élus des territoires non autonomes aux réunions et aux conférences des institutions spécialisées et des autres organismes des Nations Unies portant sur des questions qui les concernent.

Alors que la représentante de Cuba a expliqué que ce texte mentionne la vulnérabilité particulière de ces territoires et insiste donc sur l’appui approprié dont ils ont besoin pour parvenir à l’autodétermination, les États-Unis ont dit que ce texte, similaire aux précédents, n’est pas soutenu par leur gouvernement qui estime qu’il est seul responsable de ses territoires autonomes, en vertu notamment de la Constitution du pays. 

RÉPERCUSSIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES DE L’OCCUPATION ISRAÉLIENNE SUR LES CONDITIONS DE VIE DU PEUPLE PALESTINIEN DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ, Y COMPRIS JÉRUSALEM-EST, ET DE LA POPULATION ARABE DU GOLAN SYRIEN OCCUPÉ

La note (A/74/88–E/2019/72) du Secrétaire général sur les répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé, rend compte des pratiques et mesures auxquelles Israël continue de recourir, en particulier celles qui pourraient contrevenir au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme et qui ont des répercussions sur la situation économique et sociale des populations vivant sous l’occupation militaire israélienne.

La Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), qui a établi ce rapport, note que la fragmentation physique du Territoire palestinien occupé, due à un système complexe de restrictions à la liberté de circulation et d’accès imposé par l’armée israélienne, a engendré l’apparition d’économies différentes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ce qui compromet gravement les perspectives de paix et de développement et entraîne une dégradation des conditions de vie des Palestiniens. 

En outre, cette détérioration est accentuée par l’insuffisance nette du financement accordé par les donateurs au Gouvernement palestinien, à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et aux opérations humanitaires en général et par les divisions interpalestiniennes.  Une telle situation mine la capacité de la communauté internationale de répondre efficacement à des besoins qui s’intensifient puisque, dans le Territoire palestinien occupé, il est établi que quelque 2,5 millions de Palestiniens, soit près de la moitié de la population, ont besoin d’une aide et d’une protection humanitaires.

Après la présentation du rapport, et au nom du Groupe des États arabes, l’Arabie saoudite a égrené un chapelet de griefs vis-à-vis d’Israël, avant de plaider pour que la communauté internationale mette fin à ces pratiques qui vont à l’encontre du droit international. 

Tout en saluant ce rapport, la République arable syrienne a estimé que la surveillance des violations d’Israël dans le Golan syrien doit se faire selon un format arrêté et une logique claire.  Elle a également évoqué des activités topographiques de la force occupante dans le Golan syrien occupé visant à accentuer l’expropriation des ressortissants syriens.  Les auteurs du rapport ont fermé les yeux sur les pratiques inhumaines que subissent les prisonniers syriens, notamment dans les geôles israéliennes, a estimé la délégation.  En plus des efforts économiques, la représentante de la Syrie a souhaité voir des efforts politiques de la part de la communauté internationale en vue de s’attaquer aux causes profondes de la situation. 

L’observatrice de la Palestine a parlé du désespoir qui fait rage dans les territoires palestiniens occupés, évoquant des troubles socioéconomiques qui ont sapé toutes perspectives de développement durable.  Dans la bande de Gaza notamment, plus de 53% de la population vit dans la pauvreté extrême.  L’observatrice a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle agisse rapidement pour remédier à cette crise, plaidant aussi pour qu’Israël soit tenu pour responsable de ses crimes. 

Pour la déléguée d’Israël, le rapport aurait dû mentionner le contexte global entourant la crise.  Elle a dénoncé un rapport de la CESAO qui tend à dénaturer certains faits comme la marche du retour.  Elle a aussi dénoncé le fait que le tir de centaines de roquettes sur Israël n’y est même pas mentionné.  Elle a conclu en indiquant qu’Israël avait établi des rapports solides avec ses voisins et avait invité la communauté internationale à envisager ce qui serait possible dans le cadre d’une collaboration apaisée. 

Un autre délégué israélien a poursuivi en faisant observer que son gouvernement s’évertue à collaborer avec la partie palestinienne, mais que celle-ci ne s’implique pas.  Il a estimé que les textes présentés devant l’ECOSOC ne mentionnent pas une question importante qu’est la responsabilisation des Palestiniens eux-mêmes.

Le délégué des États-Unis a rappelé que le texte n’aide personne car il est à sens unique et il n’indique pas que les autorités de Gaza entravent les droits de femmes.  Il a assuré que les États-Unis restent disposés à contribuer à la résolution durable de la crise.

Le Brésil a exprimé sa profonde préoccupation devant les conditions de vie des femmes et filles palestiniennes.  Il a aussi estimé que la résolution sur la situation des Palestiniennes semble blâmer une seule partie, et pour cette raison, le Brésil a opté pour l’abstention au cours du vote.

Après un vote sanctionné par 40 voix pour, 2 contre (Canada et États-Unis) et 9 abstentions (Allemagne, Brésil, Cameroun, Jamaïque, Mexique, Roumanie, Togo, Royaume-Uni et Ukraine), l’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter » (E/2019/L.25).  Par ce texte, l’ECOSOC demande à Israël, Puissance occupante, de renoncer immédiatement à l’ensemble des mesures contraires au droit international ainsi qu’aux lois, politiques et actes discriminatoires dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, qui portent atteinte aux droits de l’homme du peuple palestinien, et souligne que les civils palestiniens, en particulier les femmes et les enfants, représentent l’immense majorité des victimes du conflit.  Le Conseil demande aussi que des mesures urgentes soient prises pour assurer la sûreté et la protection des civils palestiniens du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, conformément aux dispositions pertinentes du droit international humanitaire et comme l’exige le Conseil de sécurité dans sa résolution 904 (1994) du 18 mars 1994.

Après le vote, le Royaume-Uni a rappelé son attachement à l’épanouissement des femmes, y compris dans les territoires occupés.  Selon lui, il est clair que l’occupation a un aspect négatif sur la situation des femmes palestiniennes.  Néanmoins, le texte ne mentionne pas les actes du Hamas ou les manquements des autorités palestiniennes, a-t-il regretté.  Le Royaume-Uni a terminé son propos en rappelant son attachement à l’indépendance de la Palestine aux côtés d’Israël. 

Plusieurs déclarations ont été faites avant l’examen du texte sur la situation des Palestiniennes.  La déléguée d’Israël a fait observer que cette résolution ne mentionne pas le Hamas et dédouane la direction palestinienne qui n’assume pas la responsabilité de ses actes.  La délégation a demandé aux États de voter contre ce texte.

L’Allemagne, parlant au nom de l’Union européenne (UE), a dit que sa délégation entendait voter en faveur de ce texte, mais a tenu à préciser que cela ne veut pas dire que l’UE accepte certains termes utilisés dans la résolution, notamment « Palestine » et « Gouvernement palestinien ».

Les États-Unis ont dit regretter un nouveau texte semblable au précédent, un texte qui fait perdurer le préjugé contre Israël.  Selon les États-Unis, ce texte ne contribue en rien à faire triompher les aspirations des deux peuples à vivre en paix.  Il a même parlé d’un texte qui va mettre de l’huile sur le feu en dénonçant un texte contreproductif contre lequel il faut s’opposer. 

L’ECOSOC a ensuite adopté le texte intitulé « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé » (E/2019/L.26).  Là encore, un vote a été nécessaire et a permis de dégager 45 voix pour, avec 2 contre (Canada et États-Unis) et 4 abstentions (Brésil, Cameroun, Togo et Ukraine).  Par ce texte, l’ECOSOC exige d’Israël qu’il respecte le Protocole relatif aux relations économiques entre le Gouvernement de l’État d’Israël et l’Organisation de libération de la Palestine signé à Paris, le 29 avril 1994.  De même, le Conseil demande à Israël de remettre en état et de remplacer les biens civils, les infrastructures essentielles, les terres agricoles et les services administratifs endommagés ou détruits du fait de ses opérations militaires dans le Territoire palestinien occupé.

Après le vote, le Brésil a déclaré que le texte est politisé car il ne dénonce qu’une seule partie, Israël. 

L’observateur de la Palestine a aussi pris la parole pour saluer les délégations ayant soutenu ce texte.  Il a rappelé que la situation économique de la Palestine est due à des causes humaines.  Il a affirmé que si son peuple était libéré, alors il n’aurait plus besoin de soutien de la communauté internationale pour son essor.  Il a vu l’adoption de ce texte comme un soutien apporté aux femmes palestiniennes et à leurs enfants notamment. 

ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES

Rapport du Comité chargé des organisations non gouvernementales sur les travaux de la reprise de sa session de 2019 (New York, 16 et 20-24 mai et 4 juin 2019) (E/2019/32 (Part II))

L’ECOSOC a décidé (E/2019/L.22), après un vote conclu par 27 voix pour, 19 contre et 4 abstentions (El Salvador, Mexique, Turquie et Uruguay), de renvoyer les demandes présentées par les organisations « Association Against Women Export, West Africa Coalition for Indigenous People’s Rights et Women in Politics Forum » devant le Comité chargé des organisations non gouvernementales.

Le Conseil a ainsi suivi les recommandations de la délégation du Nigéria qui avait auparavant estimé que ces trois ONG n’avaient pas respecté les procédures réglementaires pour avoir leur agrément auprès des autorités de son pays. 

Avant le vote, les États-Unis ont estimé que la demande de renvoi de ces ONG devant le Comité n’était pas justifiée.  La délégation a expliqué que le statut de ces trois organisations leur avait été octroyé après un examen minutieux de leur dossier, ajoutant que l’octroi du statut consultatif à une ONG n’est pas lié à l’enregistrement de celle-ci auprès des autorités du pays dans lequel elle mène ses activités.  Pour les États-Unis, il n’était donc pas question de procéder à une « procédure arbitraire contre ces trois organisations ». 

L’ECOSOC a également prix sept décisions qui lui étaient soumises par le Comité des ONG.

Aux termes de la décision I, l’ECOSOC décide d’accorder le statut consultatif à 219 organisations non gouvernementales, en tenant compte de l’amendement relatif au précédent vote sur les trois « ONG nigérianes ».  De même, l’ECOSOC décide de reclasser l’organisation non gouvernementale International Association for the Exchange of Students for Technical Experience, asbl, qui était déjà inscrite sur la Liste des ONG accréditées auprès de l’ECOSOC, en lui accordant le « statut consultatif général ».  Par la même décision, l’ECOSOC note que le Comité a décidé de prendre acte du changement de nom de huit organisations non gouvernementales, ainsi que des 245 rapports quadriennaux de 243 ONG, dont des rapports nouveaux ou déjà présentés.  Il prend également acte de la décision de clore, sans préjudice de nouvelles demandes, l’examen des demandes d’admission au statut consultatif présentées par 21 ONG n’ayant pas répondu aux questions posées pendant deux sessions consécutives. 

Aux termes de la décision II, l’ECOSOC décide de retirer le statut consultatif à l’ONG Global Spatial Data Infrastructure, en raison de sa dissolution.  Par la décision III, le Conseil décide de suspendre, pour une période d’un an, le statut consultatif de 198 ONG dont les rapports quadriennaux sont en souffrance. 

En vertu de la décision IV, le Conseil décide de réadmettre au statut consultatif les 37 organisations qui avaient présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance, et par la décision V, le Conseil décide de retirer le statut consultatif aux 115 ONG qui n’ont toujours pas présenté leurs rapports quadriennaux en souffrance. 

En vertu de la décision VI, le Conseil approuve l’ordre du jour provisoire de la session de 2020 du Comité chargé des ONG, et, aux termes de la décision VII, il prend note du rapport du Comité sur les travaux de la reprise de sa session de 2019.

Par la suite, la représentante de l’Arménie a accusé la délégation turque d’empêcher le Conseil des arméniens de la diaspora d’accéder au statut consultatif auprès de l’ECOSOC par des « méthodes dilatoires ». 

COOPÉRATION RÉGIONALE

L’ECOSOC a pris note du rapport du Secrétaire général E/2019/15, et de ses additifs 1 et 2, sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et les domaines connexes.

Le rapport vise à donner un aperçu des travaux menés par les commissions régionales pour appuyer la mise en œuvre du Programme 2030 aux niveaux national et régional, ainsi que du rôle essentiel qu’ont joué celles-ci pour établir un lien entre les échelons national et mondial. 

Dans la première partie du rapport, sont récapitulées les initiatives menées à l’appui du Programme 2030, notamment en ce qui concerne les moyens de mise en œuvre, l’accent étant mis sur l’influence qu’ont eu les commissions régionales sur l’élaboration des programmes et des politiques et sur les mesures importantes qu’elles ont prises pour adapter leurs travaux aux exigences du Programme 2030.  En outre, on y montre le rôle que jouent ces commissions pour ce qui est de mettre les partenariats et la coopération intrarégionale et interrégionale au service de la mise en œuvre du Programme 2030. 

La seconde partie du rapport porte sur les faits nouveaux survenus et les résultats obtenus dans certains domaines de la coopération régionale et interrégionale, sur les efforts déployés pour harmoniser les politiques au niveau régional et sur le renforcement de la coopération entre les commissions régionales.

Le représentant des États-Unis a demandé à la Commission économique pour l’Europe (CEE) de considérer les réductions de coûts dans l’exercice de son mandat. 

En vertu du document E/2019/15/Add.1, l’ECOSOC a approuvé la scission du Comité technique sur la libéralisation du commerce international, la mondialisation de l’économie et le financement du développement en deux comités, nommés « Comité des politiques de financement du développement des États membres de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale » et « Comité des politiques commerciales des États membres de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale », qui tiendront chacun une session biennale, sans incidences financières supplémentaires.

Il a également approuvé les ajustements proposés à la structure intergouvernementale de la Commission économique pour l’Afrique.

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

En s’appuyant sur la note verbale datée du 8 novembre 2018, adressée au Secrétaire général par la Mission permanente de Malte auprès des Nations Unies (E/2019/5), l’ECOSOC a décidé d’élargir la composition du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (E/2019/L.20) et recommande que l’Assemblée générale se prononce à sa soixante-quatorzième session sur la question de l’augmentation du nombre de membres du Comité exécutif, qui passerait de 102 à 105 États.

RAPPORTS DES ORGANES DE COORDINATION

Le Conseil a ensuite pris note du rapport du Comité du programme et de la coordination sur les travaux de sa cinquante-neuvième session (3-28 juin 2019) (A/74/16).

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2020

Enfin, l’ECOSOC a pris note de certaines sections pertinentes du projet de budget-programme pour 2020 (A/74/6).

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conflit israélo-palestinien: l’appel des États-Unis à rejeter le consensus international suscite une vive opposition au Conseil de sécurité

8583e séance – matin
CS/13895

Conflit israélo-palestinien: l’appel des États-Unis à rejeter le consensus international suscite une vive opposition au Conseil de sécurité

Moins d’un mois après le lancement, par les États-Unis, d’un plan de paix pour régler le conflit israélo-palestinien, dont le volet politique n’a toujours pas été dévoilé, la délégation américaine a appelé aujourd’hui, lors d’un débat du Conseil de sécurité sur la question, à mettre de côté les résolutions « délibérément ambiguës » du Conseil et la recherche du consensus international, au profit de négociations directes entre Israël et la Palestine.  Ces propos ont suscité une vive opposition de la part de nombreux États Membres, en tête desquels l’Allemagne, qui a refusé de réduire les résolutions du Conseil et le droit international à « un menu dans lequel on choisit à la carte ».

Le plan lancé, le mois dernier, par le Président Donald Trump offre une « occasion en or » de parvenir à un accord de paix, ont estimé les États-Unis, en référence à la conférence convoquée par le pays à Bahreïn, les 25 et 26 juin.  Lors de cet évènement, intitulé « De la paix à la prospérité », Washington a détaillé la dimension économique de son initiative, centrée sur des investissements de plusieurs milliards de dollars en Cisjordanie et à Gaza.  Nous ne proposons pas seulement une « paix économique », ont toutefois précisé les États-Unis, appelant les parties à s’armer de patience dans l’attente de la publication prochaine du volet politique de leur plan.  Ceux qui appellent à « un consensus international impossible à trouver » s’opposent en réalité à la paix entre Israël et la Palestine, a affirmé la délégation américaine, qualifiant cette approche d’« excuse pour se cacher derrière l’inaction ».  Quant aux « résolutions délibérément ambiguës » du Conseil, elles ont pour seul effet de « nier la réalité » du terrain, a estimé le pays.  « Nous ne parviendrons pas à résoudre le conflit israélo-palestinien depuis cette salle », ont tranché les États-Unis: « la seule solution au conflit passe par des négociations directes entre les deux parties ».

« Le droit international n’est pas un menu dans lequel on choisit à la carte ce que l’on désire », a rétorqué l’Allemagne, refusant de le réduire à « une chose futile ».  Au contraire, la délégation allemande a réaffirmé la nature contraignante des résolutions du Conseil en matière de sécurité.  La solution des deux États, telle que définie dans ces résolutions, est la seule issue viable au conflit, a ajouté la Chine, estimant que toute nouvelle initiative devait se conformer aux paramètres internationaux existants, une position également défendue par le Royaume-Uni.  Il existe en effet un consensus autour de l’application du droit international, a renchéri la Fédération de Russie.  Si ce n’est sur ce droit, sur quelle base les États-Unis entendent-ils s’acquitter de leur rôle de médiation? s’est interrogé le délégué russe, appelant plutôt le Conseil à dépêcher une mission sur place pour inverser la tendance actuelle. 

En effet, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain, marquée, selon elle, par la poursuite des activités de colonisation illégales d’Israël en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, les tentatives du pays de « légaliser » les colonies, la montée des violences entre Israéliens et Palestiniens dans les territoires occupés, la division entre factions palestiniennes à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, et l’absence de solution concernant la retenue des revenus fiscaux de l’Autorité palestinienne par Israël.  Ces tendances continuent de saper la perspective de la solution des deux États d’après les frontières d’avant 1967, a déploré Mme DiCarlo.

Le consensus demeure qu’une telle solution serait la garante d’une paix juste, durable et globale, a estimé la Palestine, tout en réaffirmant que le droit international, les résolutions du Conseil et la responsabilité conférée à ce dernier par la Charte de l’ONU restent la seule voie pour mettre fin au conflit.  Or, avec l’appui de « son plus ardent soutien au Conseil », Israël poursuit sa politique de « nettoyage ethnique et de déplacement forcé qui équivaut à un crime de guerre et qui doit être pleinement condamné et poursuivi en tant que tel », a-t-elle déploré, dénonçant l’affaiblissement du système international fondé sur des règles qui découlent de l’incapacité à faire respecter le droit sur cette question.

Nous sommes unis avec nos voisins arabes par notre volonté de contrer le régime iranien et ses ambitions nucléaires, a de son côté affirmé Israël, accusant Téhéran d’utiliser ses alliés, dont le Hezbollah, pour commettre des crimes partout dans le monde et tenter d’acquérir l’arme nucléaire afin de détruire Israël.  L’Iran utilise désormais des canaux maritimes civils pour y parvenir, dont le port de Beyrouth, qui est devenu « le port du Hezbollah », a affirmé le pays, jugeant de plus en plus difficile de savoir « où termine Beyrouth et où commence Téhéran ».

Le fait qu’Israël utilise de telles allégations pour détourner l’attention de la communauté internationale des malheurs causés par son occupation des territoires palestiniens n’a rien de nouveau, a estimé le Liban.  Mais il les utilise aujourd’hui pour préparer le terrain et la communauté internationale à une future attaque contre les ports et aéroports civils libanais, a mis en garde la déléguée libanaise, appelant le Conseil à empêcher Israël de déclarer une nouvelle guerre contre le Liban, comme en 2006.  On nous inonde de détails sans intérêt sur l’Iran, alors que la question n’a strictement rien à voir avec la fin de l’occupation israélienne des territoires arabes, a, quant à elle, déploré la Syrie, dénonçant l’appui apporté par Israël aux terroristes dans le Golan arabe syrien, les incarcérations injustifiées de Syriens du Golan et la volonté israélienne de créer une nouvelle colonie de peuplement appelée « Trump Heights » dans la zone. 

Que ce soit à Jérusalem, en Cisjordanie ou dans le Golan, l’acquisition de territoires par la force est illégale, a déclaré la France, appelant les États Membres, dans le contexte précaire actuel, à soutenir financièrement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Et plutôt que de se perdre en « spéculations politiques », nous devrions en revenir à l’Initiative de paix arabe, a appelé l’Égypte, estimant que son approche souple était à même de répondre aux aspirations de tous les peuples de la région.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Le conflit israélo-palestinien se trouve toujours dans l’impasse, une situation qui confine à la « paralysie dangereuse », a regretté Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, à l’entame de son intervention, en soulignant que la situation actuelle alimente l’extrémisme et exacerbe les tensions entre Israël et les territoires palestiniens occupés.  Dans ce contexte, Mme DiCarlo a mis en garde contre le risque croissant « d’actions unilatérales » et de « perte d’espoir » dans la capacité d’un processus de négociation d’aboutir à la paix.  « Mais cela n’est pas inévitable », a-t-elle ajouté, appelant la communauté internationale à créer un environnement propice à la conduite de négociations sur toutes les questions en suspens, y compris le statut final de Jérusalem.

En l’absence de perspectives concernant la conduite de négociations « viables », les faits sur le terrain continuent de saper la possibilité de réaliser la solution des deux États, a estimé la Secrétaire générale adjointe.  En juin, a-t-elle rappelé, un tribunal a jugé que quatre logements dans la colonie d’Alei Zahav pourraient être « régularisés rétroactivement » en vertu du droit israélien, en dépit du fait que ces logements avaient été construits sur des terrains palestiniens privés.  Cette décision est la première mise en pratique du principe de « régularisation du marché », en vertu duquel 2 000 logements situés dans des colonies pourraient être « légalisés » par Israël, a déploré Mme DiCarlo, ajoutant que, le 8 juillet dernier, la construction de 48 unités supplémentaires avait été approuvée à Jérusalem-Est.  « Je réaffirme que les colonies demeurent un obstacle important à la paix et constituent une violation du droit international », a déclaré la Secrétaire générale adjointe.

Parallèlement, les démolitions et confiscations de propriétés palestiniennes par les autorités israéliennes ont continué, a poursuivi Mme DiCarlo, précisant que 66 structures avaient été détruites ou saisies sur la période à l’examen.  « Cette pratique doit cesser », a-t-elle appelé, ajoutant que de telles agissements avaient conduit au déplacement de 90 Palestiniens, dont 58 enfants, et affecté les conditions de vies de 6 307 personnes au total.

Par ailleurs, au cours du dernier mois, les violences à Gaza ont à nouveau diminué, a salué la Secrétaire générale adjointe, précisant toutefois qu’un Palestinien avait été tué et 736 autres blessés par les forces israéliennes, dont 234 enfants et 39 femmes.  Dans le même temps, le Hamas et d’autres groupes militants palestiniens à Gaza ont lancé moins de ballons et de cerfs-volants incendiaires, a également salué Mme DiCarlo, donnant le chiffre de 130 incendies signalés durant cette période, sans qu’aucune victime n’ait toutefois été à déplorer.  De la même manière, la Secrétaire générale adjointe a noté une réduction des tirs de roquette en direction d’Israël, depuis l’escalade dangereuse de mai dernier.  Deux roquettes ont été lancées durant la période écoulée, sans faire de victimes, a-t-elle précisé.  Mme DiCarlo a rappelé que le lancement de roquettes et les tirs de mortier à l’encontre d’Israël sont contraires au droit international humanitaire.  « Le Hamas et le Djihad islamique palestinien doivent mettre fin immédiatement à ces pratiques », a-t-elle insisté. 

Cependant, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, la période à l’examen s’est traduite par une poursuite des incidents violents en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Elle a ainsi déploré la mort par balle d’un enfant palestinien, sur lequel un policier israélien a ouvert le feu à Jérusalem-Est, le 27 juin dernier.  De manière générale, les forces israéliennes ont blessé 154 Palestiniens, dont 14 enfants, dans des affrontements qui ont éclaté un peu partout à travers la Cisjordanie, a déploré Mme DiCarlo, ajoutant que les violences perpétrées par les colons israéliens avaient également continué.  Ainsi, 6 Palestiniens ont été blessés par des Israéliens, a-t-elle précisé, ajoutant que, parallèlement, 2 Israéliens avaient été blessés par des Palestiniens.  La Secrétaire générale adjointe a condamné toute attaque contre des Palestiniens ou des Israéliens et a appelé les parties à mettre fin aux actes de violence.  Tous les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables, a-t-elle ajouté.

Revenant sur la situation à Gaza, Mme DiCarlo a indiqué que l’Égypte continue d’œuvrer en tant que médiateur en faveur de la désescalade des tensions.  Elle s’est toutefois dite très préoccupée par la situation humanitaire, économique et politique de Gaza.  Depuis le dernier cycle de médiation sous l’égide de l’ONU et de l’Égypte, la zone de pêche de Gaza a été élargie de 10 à 15 milles marins, a toutefois indiqué la Secrétaire générale adjointe.  De plus, a-t-elle ajouté, Israël a rendu 44 navires de pêche confisqués à Gaza et a levé certaines restrictions qui entravaient les déplacements des hommes d’affaires basés à Gaza.  Mme DiCarlo s’est félicitée de cette évolution et a appelé les parties à poursuivre sur cette lancée.

Toutefois, la racine du problème à Gaza demeure de nature politique, a-t-elle estimé, appelant toutes les factions palestiniennes à prendre des mesures concrètes pour garantir la réunification de Gaza et de la Cisjordanie, au sein d’un gouvernement national démocratique unique.  De ce point de vue, la Secrétaire générale adjointe a estimé que Gaza devait impérativement faire partie de la solution des deux États. 

Pour le cinquième mois consécutif, aucune solution n’a été trouvée pour régler la question des revenus fiscaux dus par Israël à l’Autorité palestinienne, a-t-elle regretté, appelant les deux parties à entamer des négociations constructives sur cette question, afin de relancer l’économie palestinienne, actuellement en récession.  Mme DiCarlo a noté la récente décision de la Ligue des États arabes d’allouer 100 millions de dollars par mois à l’Autorité palestinienne, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.  Elle a également pris note de la tenue de la conférence économique de Manama, intitulée « De la paix à la prospérité », qui a eu lieu dans la capitale du Bahreïn les 25 et 26 juin derniers, à l’initiative des États-Unis.  L’appui humanitaire et économique à la population palestinienne est crucial pour créer un environnement propice à des négociations viables, a-t-elle estimé. 

En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a, une nouvelle fois, appelé à mettre un terme à la « tendance négative » actuelle dans les territoires palestiniens occupés.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a réitéré sa conviction selon laquelle le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité et la responsabilité conférée à celui-ci par la Charte des Nations Unies en matière de paix et de sécurité internationales restent l’unique voie pour mettre fin à la souffrance humaine et pour arriver à la paix en Palestine.  « Après plus de 52 ans d’occupation illégale des terres palestiniennes par Israël, il est temps de redresser la situation.  Cette situation flagrante de belligérance et d’occupation coloniale étrangère doit cesser. »  M. Mansour a estimé que « l’absence totale de responsabilité pour les violations les plus graves s’est transformée en apartheid ».  L’incapacité à faire respecter le droit sur cette question a affaibli le système international fondé sur des règles, a-t-il ajouté en souhaitant que ce système ne soit jamais considéré comme une norme.  Les obligations juridiques, politiques et morales du Conseil et de la communauté internationale sont claires, selon lui, comme le sont les principes et les valeurs de la paix et de la sécurité. 

M. Mansour a ensuite dénoncé Israël et « son plus ardent soutien au Conseil » qui se moquent de ces valeurs comme « des choses du passé ».  Cela a été vu hier pendant la destruction injuste de 10 bâtiments résidentiels comportant au moins 70 appartements qui logent des centaines de familles dans le territoire occupé de Sour Baher, dans la banlieue de Jérusalem.  Au lieu d’abattre le « mur illégal », Israël s’en sert comme prétexte pour détruire les maisons palestiniennes, a-t-il déploré.  Selon l’Observateur, ces actes constituent une violation des résolutions des Nations Unies et de la Charte ainsi que de l’interdiction d’acquérir du territoire par la force.  Ils constituent, a-t-il ajouté, une brèche à la quatrième Convention de Genève, un mépris de l’avis consultatif de 2014 de la Cour internationale de Justice, et enfin un crime de guerre conformément au Statut de Rome.

L’Observateur a décrit les familles qui ont été déplacées et dépossédées de leurs biens, hier: il s’agit de 17 personnes, dont 11 enfants.  Neuf réfugiés sont traumatisés par ce nouveau déplacement, a-t-il précisé en relevant en outre que comme les destructions se poursuivent, 350 autres Palestiniens craignent de subir les mêmes pertes.  Il s’agit d’un « acte flagrant de nettoyage ethnique et de déplacement forcé qui équivaut à un crime de guerre et qui doit être pleinement condamné et poursuivi en tant que tel », a exigé l’Observateur palestinien.  Le Gouvernement israélien, ses responsables et ses militaires doivent être tenus pour responsables de ces crimes, a-t-il demandé en plaidant pour que la réparation et la restitution de ces pertes soient obligatoires pour la Puissance occupante.  M. Mansour a déclaré que l’État de Palestine n’épargnera aucun effort et continuera de chercher toute possibilité de mettre fin à l’impunité et d’assurer la justice pour les victimes, y compris devant la Cour pénale internationale. 

Le consensus mondial sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et sur les principes d’une solution juste reste fort, a ensuite observé M. Mansour, qui a aussi relevé les fréquents appels à l’action pour réaliser la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Les mêmes appels sont entendus pour mettre fin à l’occupation illégale d’Israël et pour réaliser l’indépendance et la souveraineté de l’État de Palestine, a-t-il ajouté: le consensus demeure qu’une telle solution serait le garant d’une paix et de la sécurité justes, durables et globales entre Israéliens et Palestiniens et entre Arabes et Israéliens.  L’Observateur palestinien a appelé à une action internationale, conforme aux obligations juridiques, politiques et morales envers la question palestinienne. 

Il doit y avoir une reddition de comptes, a-t-il lancé: tous les moyens politiques et juridiques légitimes, y compris les poursuites devant les tribunaux et les sanctions, doivent être utilisés sans hésitation.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et agir immédiatement, éviter la détérioration de la situation, protéger les civils innocents et sauver les chances d’une paix juste, a recommandé M. Mansour avant de dire qu’« Israël doit subir les conséquences de ses violations et de son mépris de la volonté de la communauté internationale ». 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a rappelé qu’en 1979, le monde avait été le témoin de deux évènements historiques: l’Accord de paix israélo-égyptien, qui ouvrait la voie à une paix durable, et la prise de pouvoir de Khomeini en Iran, qui avait « mis en péril l’avenir et les aspirations du peuple iranien ».  En 2018, Israël et l’Égypte sont toujours en paix, tout comme Israël et la Jordanie le sont aussi, grâce à cet Accord de paix de 1979, a-t-il relevé.  Mais, selon le représentant, « les forces du chaos se sont étendues au-delà des frontières de l’Iran, notamment en Iraq, au Yémen et dans d’autres parties de la région ».  Le régime iranien utilise ses alliés pour commettre des crimes dans le monde entier et fait tout pour essayer de se doter d’armes nucléaires afin de détruire Israël, a affirmé le représentant en martelant qu’il faut affronter « ce régime qui sème l’extrémisme et la haine ».

Poursuivant, M. Danon est revenu à l’année 1979 qui avait marqué l’essor des forces de l’extrémisme en Iran, sous le régime de Khomeini.  Aujourd’hui encore, a-t-il remarqué, les dirigeants du régime iranien soutiennent ces idées dans le but d’exporter la révolution iranienne.  « Ces forces du mal sont actives au Liban, au Yémen, et elles apportent leur soutien au Hezbollah », a-t-il renchéri.

Le Conseil de sécurité n’a toujours pas d’image concrète de la situation dans le sud du Liban où le Hezbollah « s’est infiltré » dans la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a affirmé le délégué en estimant qu’il devient de plus en plus difficile de savoir « où termine Beyrouth et où commence Téhéran ».  Brandissant une carte de la région, M. Danon a accusé le « régime iranien » de transférer des armes en utilisant plusieurs voies, notamment celle vers la Syrie.  Israël s’est rendu compte que l’Iran a commencé à utiliser des canaux maritimes civils à cette fin et, aujourd’hui, « le port de Beyrouth est devenu le port du Hezbollah », a encore affirmé le représentant. 

M. Danon a également déclaré que certaines organisations syriennes sont utilisées comme couverture pour le trafic de matériels à double usage.  « Êtes-vous certains que vos entreprises ne figurent pas parmi celles qui fournissent ces matériaux à double usage? » a-t-il demandé aux membres du Conseil.

Revenant sur la décision iranienne de reprendre l’enrichissement de son uranium en dépit du Plan d’action global commun, il y a vu la preuve des ambitions nucléaires iraniennes et a voulu savoir ce que les membres du Conseil de sécurité et les autres pays signataires de l’accord allaient faire pour contrer le régime iranien.  « L’heure n’est pas à l’optimisme mais au réalisme », a-t-il déclaré.

« Israël et ses voisins arabes sont unis autour de la volonté de contrer le régime iranien et ses ambitions nucléaires », a remarqué le représentant israélien.  Il a rappelé qu’Israël avait proposé, il y a trois ans, un cadre qui repose sur la coopération régionale, pour faire face aux forces qui s’opposent à la paix et qui « sont toutes rattachées au régime iranien », selon lui.  « Nous ne pouvons pas jouer la carte de l’apaisement lorsqu’il est question de ce régime.  Nous devons agir », a-t-il conclu.

M. KENNETH GREENBLATT (États-Unis) a estimé que le projet américain esquissé lors de la conférence qui a eu lieu à Manama les 25 et 26 juin derniers, offrait une « occasion en or » aux deux parties de parvenir à un accord de paix.  Le Président Donald Trump souhaite améliorer la vie des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie comme celle des Israéliens, a affirmé le représentant, avant de remercier le Bahreïn d’avoir accueilli l’évènement. 

Cette conférence a ouvert la voie à un projet « réaliste » de développement économique susceptible de créer une croissance du secteur privé au bénéfice de tous les acteurs concernés par le conflit, a poursuivi le représentant.  Il a toutefois reconnu que ce projet économique n’était pas réalisable en l’absence d’une solution politique au conflit.  Nous ne proposons pas une « paix économique », a-t-il insisté.  En l’attente de la publication prochaine du contenu du volet politique du plan américain pour le conflit, le représentant a appelé les parties à prendre leur mal en patience et à se garder de tout discours susceptible d’attiser les tensions. 

« Il n’y aura pas de consensus international sur le fait de savoir qui a raison et qui a tort dans ce conflit », a poursuivi le représentant.  À ses yeux, ceux qui appellent à un consensus international font en réalité obstacle à la paix et utilisent la notion de consensus comme « une excuse pour se cacher derrière l’inaction ».  Ne nous voilons pas la face, a insisté le représentant: s’il était possible de parvenir à un consensus international, cela aurait été fait il y a des décennies. 

De ce point de vue, le délégué a estimé que les « résolutions délibérément ambiguës » du Conseil sur la question ne contribuent qu’à « nier la réalité sur le terrain ».  L’interprétation de l’une des résolutions les plus citées, la résolution 242 (1967), a notamment fait l’objet de vifs débats au cours des 50 dernières années, a-t-il précisé.  « Ce débat ne nous a pas rapprochés d’une paix durable et globale », a estimé le représentant.  De la même manière, il a estimé qu’il n’existait aucun consensus international sur la question du statut de Jérusalem-Est.  Selon lui, il n’y a pas de raison pour dire que la ville ne peut pas devenir la capitale d’Israël, si l’on garantit, parallèlement, la protection des sites des grandes religions monothéistes dans la ville. 

« Nous ne parviendrons pas à résoudre le conflit israélo-palestinien depuis cette salle », a en outre affirmé le représentant, estimant que seule la conduite de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens peut permettre de résoudre la question.  « Il faut faire preuve de créativité et de respect », a recommandé le représentant, rappelant qu’Israël avait déjà concédé près de 88% des territoires acquis par le pays en 1967.  « Soyons honnête, la seule solution, c’est la tenue de négociations directes entre Israël et la Palestine », a une nouvelle fois insisté le représentant.  « Tournons-nous vers l’avenir plutôt que de ressasser le passé. » 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé que pas plus tard qu’hier, Israël a démoli des bâtiments civils dans la ville de Sour Baher et que ces opérations se poursuivent sous la houlette de l’armée israélienne.  L’UNRWA et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont condamné ces actions israéliennes aux conséquences dramatiques pour les civils palestiniens, a dit le représentant.  Pour lui, il ne fait pas de doute que l’absence de reddition de comptes par Israël pour ses « mesures et actes illicites » est à la base de l’aggravation de la situation dans le territoire palestinien occupé et de l’escalade de violence, qui, à son tour, torpille toute perspective de paix. 

Les activités d’incursion, les raids contre la mosquée Al-Aqsa, la démolition de bâtiments civils et les expulsions forcées de Palestiniens sont devenus monnaie courante dans « le silence de la communauté internationale », a-t-il constaté.  C’est toujours l’absence de reddition de compte et le refus d’Israël de mettre en œuvre la résolution 1860 (2009) qui sont à la base de la situation humanitaire affligeante dans la bande de Gaza, a-t-il aussi estimé.  « Les autorités israéliennes devraient recourir à des mesures correspondant aux besoins de la population des territoires occupés, au titre du droit international, or cela n’est pas le cas. »  Voilà pourquoi le Koweït appelle Israël à s’acquitter de ses obligations, et le Conseil de sécurité à y veiller, a dit le délégué.

S’agissant de l’UNRWA, le représentant a estimé que les services de l’Office sont indispensables et que la communauté internationale doit continuer à le financer.  Il a également accusé Israël de « manipuler la vérité » et a appelé au respect des droits inaliénables des Palestiniens, en insistant sur l’application de la feuille de route arabe et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« Je serai assez bref car nous tournons en rond », a déclaré en introduction M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), avant de souscrire pleinement aux propos énoncés par Mme DiCarlo dans sa présentation.  « Ce conflit est avant tout un conflit politique, qui ne pourra être résolu que par une solution politique », a ensuite déclaré le représentant allemand, réaffirmant l’appui de son pays à la solution des deux États.

En réponse à la déclaration de son homologue des États-Unis, le représentant a souligné qu’il ne considérait pas le droit international « comme une chose futile ».  Nous sommes convaincus de l’utilité de l’ONU et du Conseil de sécurité, a-t-il insisté, soulignant que toutes les résolutions du Conseil relèvent du droit international juridiquement contraignant.  « Nous ne sommes pas convaincus par le droit du plus fort », a poursuivi le représentant, avant d’ajouter: « le droit international n’est pas un menu dans lequel on choisit à la carte ce que l’on désire ».  Dans ce cadre, a affirmé le représentant, la résolution 2334 (2016) constitue la base de la position onusienne pour résoudre le conflit.

Le représentant a, par ailleurs, dénoncé la politique de colonisation israélienne en Cisjordanie et la menace d’annexion du territoire par Israël.  Il a appelé ce dernier à mettre fin à ses activités de colonisation et d’expulsion des Palestiniens dans les territoires occupés.  Le représentant a également condamné les tirs de roquette contre Israël par le Hamas et toute menace contre l’existence de l’État d’Israël.  De plus, selon le représentant, l’UNRWA demeure une agence indispensable pour soulager les souffrances des Palestiniens. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est alarmé des confiscations et démolitions de biens palestiniens, précisant que, depuis 2009, plus de 6 100 propriétés palestiniennes avaient été démolies, déplaçant ainsi plus de 9 600 personnes, sans qu’aucune mesure ne soit prise pour remédier à ces injustices.  Le représentant s’est particulièrement inquiétée des excavations dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, dont la population est à majorité palestinienne, activités qu’elle a jugées intolérables.  Il est de la responsabilité du Conseil de condamner de telles mesures et d’appeler Israël à y mettre fin avec « effet immédiat ».  Ce Conseil doit « assumer ses responsabilités mandatées par la Charte et agir », a-t-il exigé. 

Le représentant a ensuite axé son intervention sur les souffrances de la jeunesse palestinienne et sur les conséquences de l’occupation sur la nouvelle génération, sachant que 27% de la population totale palestinienne est constituée de jeunes et que cette tendance ira en s’accroissant.  Or, la réalité quotidienne de la jeunesse est faite d’oppression, de violence et de privation.  Il a souligné l’existence des points de passage militaires et la séparation illégale du mur qui limitent les échanges commerciaux entre la Palestine et d’autres pays, notamment ceux de la région, et réduit ainsi les chances d’emploi et les déplacements des personnes et des biens en Cisjordanie et à Gaza.  Il en résulte qu’un nombre grandissant de jeunes palestiniens ne s’impliquent pas politiquement mais se positionnent sur les premières lignes de la Grande Marche du Retour: ils ont entrepris des manifestations régulières non violentes le long de la frontière de Gaza tout en supportant le fardeau d’une réponse israélienne disproportionnée qui a conduit à la mort de plus de 200 manifestants non armés. 

Pour l’Afrique du Sud, ces activités non violentes montrent que les jeunes palestiniens cherchent à exprimer leurs aspirations légitimes « de façon posée et intelligente ».  Il a donc invité à saisir cette occasion pour devenir les partenaires des jeunes palestiniens et reconnaître le rôle qu’ils sont susceptibles de jouer en tant qu’acteurs de changements dans la résolution de la crise sur leur terre.  Il a ensuite mis l’accent sur le rôle de l’UNRWA dans la vie de tous les Palestiniens et des jeunes en particulier.  Il a paraphrasé Nelson Mandela qui disait que personne n’est née dans la haine d’une autre personne en raison de la couleur de sa peau, de son origine ou de sa religion.  Si les personnes apprennent à haïr, elles peuvent apprendre à aimer car l’amour vient plus naturellement au cœur humain que le contraire, a conclu le représentant.     

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que le Moyen-Orient se trouve au cœur de la politique mondiale.  Les tensions dans le Golfe persique se renforcent et cela représente une crise pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Face à l’augmentation de « la présence militaire d’acteurs non régionaux dans le golfe persique », le délégué a appelé toutes les parties à prendre des mesures de désescalade en renonçant aux ultimatums et à la menace.  Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, l’initiative russe a pour objectif de débloquer l’impasse actuelle et de rétablir la confiance entre les acteurs dans la région, a-t-il expliqué en rappelant à nouveau que son pays est prêt à accueillir des discussions israélo-palestiniennes.

Toute assistance à Gaza doit se faire en coordination avec les autorités légitimes, a poursuivi le représentant, à savoir le Président Abbas.  Il a aussi demandé que le Conseil de sécurité envoie une mission sur le terrain pour relancer la confiance et créer des conditions propices à une solution politique sur la base de ses résolutions.  Il y a un consensus international autour de l’application du droit international, a martelé le représentant.  Il a toutefois pris note de la réfutation de cette idée par son homologue américain lors de son intervention à la présente séance et posé la question suivante: comment les États-Unis pensent-ils dès lors s’acquitter de leur rôle de médiation dans ce contexte?  Pour la Russie, aucune mesure unilatérale ne peut se substituer à la solution des deux États.  Le représentant a appelé à apporter le soutien nécessaire à l’UNRWA qui, selon lui, joue un rôle stabilisateur dans l’ensemble du territoire palestinien et dans la région.

Évoquant ensuite l’opération antiterroriste menée en Syrie avec la participation de la Russie, M. Nebenzia a estimé que cela allait dans l’intérêt de tous.  La Russie est favorable aux efforts régionaux ainsi qu’à la reconstruction en Syrie sans condition préalable, a encore précisé le représentant.  Il a par ailleurs appelé à se pencher sur la crise libyenne en renforçant les mesures multilatérales et en renonçant aux interventions militaires.  S’agissant de la crise syrienne, il a constaté qu’elle donnait lieu à de nouveaux phénomènes comme des vagues migratoires.  Il a donc appelé à ne pas s’en prendre aux migrants mais à rétablir les conditions de leur retour.

Personne ne veut de guerre dans le Golfe persique, a-t-il conclu en assurant du soutien de la Russie aux efforts multilatéraux en ce sens.

Mme JOANNA WRENECKA (Pologne) a mis en garde contre la situation « extrêmement inquiétante sur le terrain », dont l’évolution récente dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, parlant d’une « menace latente d’escalade tous azimuts ».  En conséquence, la priorité de la communauté internationale devrait être l’assainissement du paysage politique en vue de la relance d’un processus de paix concret, a dit la représentante.  Pour elle, la solution des deux États et la résolution de toutes les questions en suspens, en particulier le statut de Jérusalem, les colonies de peuplement, le futur des réfugiés palestiniens, les arrangements frontaliers et sécuritaires, sont les seuls moyens de répondre aux aspirations légitimes des deux parties et de parvenir à une paix à long terme.  Elle a invité les deux parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale qui risquerait de porter atteinte aux résultats de négociations sur le statut final.  Elle a aussi condamné tout acte de violence, terrorisme, incitation à la haine, des mesures foncièrement incompatibles avec tout progrès vers la solution pacifique des deux États, a-t-elle relevé. 

Mme Wronecka a invité à reprendre des négociations bilatérales fondées sur les résolutions des Nations Unies et le droit international dans le cadre des paramètres internationalement agréés.  À présent, la situation sur le terrain est telle, du fait entre autres de l’expansion des colonies de peuplement, que l’on a atteint un point où l’établissement d’un État palestinien viable « semble difficile, voire impossible ».  Elle a réitéré, à cet égard, la position de l’Union européenne, à savoir que toute activité de colonie est illégale au regard du droit international, et que c’est bien un obstacle à la paix.  La représentante a également exprimé sa profonde inquiétude au sujet des démolitions prévues dans les villages palestiniens de Khan Al-Ahmar et Sour Baher, exhortant Israël à « renoncer totalement à ces plans ».  Elle a ensuite évoqué les discussions pour la réconciliation interpalestinienne, par l’entremise de l’Égypte, et appelé les factions palestiniennes à permettre à l’Autorité palestinienne de recouvrer sa pleine responsabilité à Gaza.  « Une seule Autorité palestinienne légitime est une composante cruciale de l’unité du futur État de Palestine et le fondement d’un accord de paix durable », a-t-elle conclu. 

M. HAITAO WU (Chine) s’est dit préoccupé par l’impasse du processus de paix au Moyen-Orient, la poursuite des activités de colonisation israélienne dans les territoires occupés et la crise humanitaire à Gaza.  La résolution 2334 (2016) du Conseil doit être appliquée dans les faits, a déclaré le représentant, appelant à mettre fin à toute activité unilatérale visant à légaliser les colonies de peuplement israéliennes. 

Le représentant a, par ailleurs, appelé à poursuivre la recherche d’une solution durable au conflit.  Il a estimé que la solution des deux États, telle qu’esquissée par les résolutions pertinentes du Conseil, était la seule issue viable au conflit.  Toute nouvelle initiative doit être conforme aux paramètres internationaux existants, a-t-il insisté.

Le représentant s’est en outre inquiété de la retenue à la source des recettes fiscales palestiniennes.  Il a appelé à trouver une solution à cette question.  Il a également demandé la levée du blocus de Gaza.  Enfin, le représentant a appelé les États Membres à renforcer leur appui financier à l’UNRWA.  Il a précisé que la Chine allait augmenter sa contribution à l’agence, à hauteur de un million de dollars.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a condamné la destruction, le 4 juillet, des installations d’un projet humanitaire d’Oxfam financé par son pays dans le village de Khirbet Ad-Duqaiqah comprenant trois réserves d’eau et au moins 2 500 arbres.  Ce projet soutenait trois communautés et visait à étendre l’utilisation des terres par la réhabilitation de réserves d’eau et par des techniques de gestion des pâturages.  La destruction a touché 35 familles dont 63% de jeunes.  Le représentant a rappelé que la destruction de biens et d’objets nécessaires à la survie de la population civile est « contraire au droit international ».  Il a ensuite condamné les récentes démolitions et expulsions dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, ainsi que celles d’hier, « massives », concernant des immeubles de la communauté de Sour Baher, en majorité situés en zone A et B de Cisjordanie, mais du côté ouest du mur de séparation.  Ces destructions contribuent à un changement significatif du caractère démographique de la ville de Jérusalem, qui porte préjudice aux négociations sur le statut final de la ville comme capitale de deux États, a-t-il estimé, ajoutant que la poursuite de cette politique « remet en question » la perspective d’une solution des deux États. 

Inquiet de la crise financière que connaît l’Autorité palestinienne, le représentant a dit attendre que les accords économiques et budgétaires entre Israël et cette Autorité soient pleinement mis en œuvre, y compris les obligations d’Israël au titre du Protocole de Paris.  Il a jugé important, également, que l’Autorité palestinienne continue d’accepter, entre temps, les transferts fiscaux à titre provisoire, ce qui ne constitue en aucun cas une approbation juridique ou politique des déductions israéliennes. 

Il a déclaré, par ailleurs, que la crise sociale, économique et humanitaire à Gaza « doit trouver une solution politique globale et durable », ce qui implique un changement fondamental: levée du blocus et ouverture des points de passage tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël quant à sa sécurité.  Cette solution exige également le retour de ce territoire sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.  Il a appelé les parties à reprendre un dialogue constructif et salué les efforts égyptiens et russes à cet égard.  Il a pris également note de la série de mesures économiques « Peace to Prosperity » présentées à Manama avec le Bahreïn et de la nécessité d’intégrer ces mesures dans un plan politique.  Toutefois, a-t-il affirmé, ces mesures économiques « ne peuvent se substituer à une solution politique ».  Dès lors, la fin de l’occupation, le libre accès des Palestiniens à leur terre et à leurs ressources, la liberté de mouvement et d’accès à l’ensemble du territoire et la capacité à s’intégrer à un marché régional sont essentiels afin de permettre à l’économie palestinienne de se développer au mieux, a-t-il conclu. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a appelé toutes les parties à « donner une chance à la paix » comme elles l’ont fait dans le cadre des Accords d’Oslo, en demandant à la communauté internationale de poursuivre sans relâche ses efforts de médiation afin d’obtenir la reprise, sans condition, des négociations entre les différentes parties.  Il a réaffirmé l’attachement de la Côte d’Ivoire à la sécurité d’Israël ainsi qu’au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, ainsi que son soutien à la solution des deux États qui coexistent pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  La relance du dialogue entre Israéliens et Palestiniens « apparaît donc bien plus qu’une nécessité », a-t-il commenté, ajoutant qu’elle est, avant tout « une urgence politique et sécuritaire » dont la satisfaction contribuerait à prévenir de nouvelles flambées de violence.

Passant à la situation humanitaire, le représentant ivoirien a pointé le chômage des jeunes, l’épuisement des stocks de médicaments, les pénuries d’eau et d’électricité ainsi que l’insuffisance des réserves de combustibles destinées à la désalinisation de l’eau de mer qui alimente la ville de Gaza comme autant de « fragilités » susceptibles de pousser une frange de la population au « désespoir et à la radicalisation ».  Il a prévenu que cette situation pourrait se détériorer si l’UNRWA ne retrouve pas un niveau de financement suffisant, et a souscrit à l’appel du Secrétaire général en faveur du comblement du déficit d’environ 211 millions de dollars du budget de l’agence.  Il a enfin exhorté la communauté internationale à œuvrer davantage pour « ramener les deux parties à la table de négociations » en vue de parvenir à des compromis susceptibles de favoriser le retour de la paix et de la stabilité durables dans la région. 

Pour M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale), la situation au Moyen-Orient est source de vives préoccupations.  En dépit des efforts de maintien de la paix dans la région, l’ONU et la communauté internationale n’ont pas été en mesure de trouver des solutions politiques à la plupart des crises, dont celle au Yémen, en Libye et ailleurs, a-t-il déploré.

Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, il a regretté l’absence de progrès, en dénonçant l’aggravation des actes d’insurrection à Gaza, sous la houlette du Hamas, et les mesures unilatérales israéliennes.  Cela n’a fait qu’exacerber la haine, a-t-il constaté en appelant les parties à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui alimentent la violence et la haine et qui vont à l’encontre d’une solution durable. 

La Guinée équatoriale persiste à être favorable à la solution des deux États, a dit le représentant, en soulignant que cela correspond à la volonté de la majorité des Palestiniens et des Israéliens.  Les résolutions du Conseil de sécurité doivent continuer à être la référence des parties israélienne et palestinienne, selon lui.  Une solution juste passant par le dialogue implique, peut-être, qu’aucune des deux parties ne sera satisfaite sur tous les points, a fait remarquer le représentant en faisant remarquer que c’est là l’essence même de tout dialogue.

Il s’est dit préoccupé par les conditions de vie des deux millions d’habitants de Gaza qui doivent repasser sous contrôle de l’Autorité palestinienne, à son avis.  Il a également appelé à la consolidation de la situation financière de l’UNRWA dont les services sont indispensables dans la région.

Citant la conférence convoquée par les États-Unis en juin dernier à Bahreïn, Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a annoncé l’intention de son pays d’investir davantage de ressources dans l’économie de la région.  Elle a toutefois souligné le besoin de trouver des solutions politiques au conflit.  Sur ce point, la représentante a indiqué que la position du Royaume-Uni demeure inchangée, à savoir que son pays appuie la solution des deux États.  Dans ce cadre, elle a appelé à améliorer les perspectives commerciales des Palestiniens, à diminuer les entraves qui pèsent sur leurs déplacements et les transferts de biens, et à augmenter les capacités énergétiques des Palestiniens.  La représentante a également appelé à créer un environnement propice à la tenue de futures consultations de paix. 

Mme Pierce a appelé l’Autorité palestinienne à répondre aux allégations d’incitation à la haine dans l’éducation fournie aux jeunes Palestiniens.  Elle a en outre jugé inquiétante la poursuite des activités de colonisation par les autorités israéliennes et les tentatives de légalisation de ces dernières.  La représentante a également condamné la poursuite des expulsions de Palestiniens et les démolitions d’immeubles palestiniens, jugeant ces pratiques proprement « odieuses ».  Dans ce cadre, elle s’est inquiétée des rapports faisant états de tentative d’annexion de tout ou partie des territoires occupés.  Parallèlement, elle a condamné les tirs de roquette et de mortier par le Hamas en direction d’Israël, depuis Gaza.

La représentante a, par ailleurs, dit partager le point de vue de l’Allemagne concernant le rôle du droit international et du Conseil de sécurité dans le règlement des conflits.  « Nous avons la responsabilité de mettre en œuvre les résolutions du Conseil », a-t-elle estimé.  En réponse à son homologue israélien, s’agissant du Plan d’action global commun, Mme Pierce a exhorté l’Iran à respecter cet accord.  Elle a estimé que le plan contribuait à rendre le monde « plus sûr », en diminuant les perspectives d’un Iran doté de l’arme nucléaire.

Mme SOLANGE EUNICE BLANDINO DE DE LOS SANTOS (République dominicaine) a loué l’effort collectif de la communauté internationale a manifesté lors de la Conférence annuelle des donateurs, le 25 juin dernier à New York, pour l’UNRWA, qui fut l’occasion pour les représentants des États et des institutions de faire, à l’unanimité, l’éloge de cet office qui veille à la préservation des droits et de la dignité des réfugiés palestiniens.  Elle a applaudi le dévouement du personnel qui contribue au développement humain de 5,4 millions de réfugiés palestiniens.  Il a néanmoins fait remarquer que depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016), la situation n’avait pas changé: bien au contraire, l’occupation illégale gagne chaque fois plus de terrain sans conséquence aucune, ce qui éloigne toute perspective de paix, selon le délégué.

La République dominicaine s’est également alarmée des démolitions de plus en plus fréquentes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est en particulier, ce qui instaure un « climat coercitif » pour les habitants et risque de mener à des déplacements forcés de la population affectée.  Notant le rétrécissement de l’espace civil, et des activités des organisations des droits de l’homme, notamment à Gaza, où la situation humanitaire demeure critique, la représentante a souligné que le travail de l’UNRWA est d’autant plus indispensable.  Elle a, en outre, appuyé le consensus international sur la solution des deux États avec des frontières négociées sur la base des lignes de 1967, réitérant la nécessité de rétablir le paysage politique de sorte à reprendre un processus de paix « significatif » qui mette les individus au centre des préoccupations et soit conforme au droit international.  Au sujet des attaques palestiniennes contre Israël, elle a énergiquement condamné tout acte de violence et appelé le Hamas et les autres groupes à cesser toute provocation et fait accompli. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a redit que la France condamne la démolition par l’armée israélienne de plusieurs bâtiments dans le quartier de Wadi al Humus, au sud-est de Jérusalem, hier.  La politique de colonisation, dans laquelle s’inscrivent ces démolitions, se poursuit sans discontinuer à Jérusalem-Est et en Cisjordanie et nous amène près du point de non-retour, a déploré le représentant.  La France, a-t-il ajouté, rappelle que la colonisation est contraire au droit international.  « La France ne reconnaît aucune souveraineté israélienne sur l’ensemble des territoires occupés. »  « Conformément à la Charte des Nations Unies, nous jugeons illégale l’acquisition de territoires par la force que ce soit à Jérusalem, en Cisjordanie ou sur le plateau du Golan », a déclaré M. de Rivière.  S’agissant de la dégradation de la situation sécuritaire, humanitaire et politique à Gaza « qui continue d’être une source de vive préoccupation », le délégué français a dit que tout doit être fait pour apporter une réponse, humanitaire et politique, et prévenir le risque d’escalade.  Il a appelé les parties à la plus grande retenue. 

Dans ce contexte précaire, la mobilisation de la communauté internationale en soutien à l’UNRWA est plus que jamais nécessaire, a-t-il dit.  Il a rappelé la décision de son pays de doubler sa contribution à l’Office en 2019.  Mais, a-t-il prévenu, au-delà du soutien humanitaire, il n’y aura de stabilité durable à Gaza que dans le cadre d’un règlement négocié qui passe par le retour complet de l’Autorité palestinienne d’une part, et par la levée du blocus d’autre part, assortie de garanties de sécurité crédibles pour Israël.  L’avenir de Gaza ne peut être séparé de l’objectif de l’établissement des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité, a déclaré le représentant.  La « paix économique » ne saurait se substituer à la recherche d’un véritable règlement politique, a averti M. de Rivière pour lequel « toute tentative de s’écarter des paramètres définis collectivement serait condamnée à l’échec. » 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a réaffirmé d’emblée le soutien de son gouvernement à la solution des deux États, sur la base des frontières de 1967 et conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  « La communauté internationale ne doit pas courber l’échine et s’éloigner ne serait-ce que d’un iota de cette position », a exigé le représentant.  Toute action qui va à l’encontre de cette plateforme doit être rejetée, a-t-il lancé en expliquant ainsi sa condamnation des constructions illégales par Israël ainsi que de l’inauguration d’un tunnel sous-terrain vers Haram el-Charif.

Le Gouvernement indonésien, et d’autres membres de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) ont collectivement dénoncé ces actes de provocation lors du Sommet de l’OCI la semaine dernière à Jeddah.  Pour l’Indonésie, ces constructions illégales, en plus du tunnel et des colonies de peuplement illégales israéliennes, s’inscrivent dans une « logique d’annexion de facto ».

Le Conseil de sécurité doit défendre le statut et le caractère de la vieille ville de Jérusalem et ses mûrs, s’est impatienté le représentant pour lequel il s’agit d’une de ses obligations.  Il a également condamné la destruction « arrogante, illégale et inhumaine », hier, de maisons palestiniennes à Sour Baher.

S’agissant de la situation humanitaire à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, le représentant a dénoncé les mesures israéliennes telles que les restrictions aux déplacements, les détentions arbitraires, l’usage de la force, le blocus de Gaza ainsi que la rétention des recettes fiscales dues à l’Autorité palestinienne.  À ce sujet, il a dit que l’on ne pouvait pas reprocher à l’Autorité de ne pas accepter moins que ce qui lui est dû, estimant qu’il faudrait plutôt condamner Israël de vouloir prendre ce qui ne lui appartient pas.  L’Indonésie appelle en outre la communauté internationale à tout faire pour préserver les services assurés par l’UNRWA et à lui garantir un financement prévisible et durable.

Pour l’Indonésie, il est impératif de renforcer les capacités économiques palestiniennes dans le contexte d’un futur État indépendant.  Cependant, l’aide économique ne saurait se substituer à une solution politique viable, a mis en garde le représentant.  Pour sa part, l’Indonésie participe à différents mécanismes visant l’autonomie économique palestinienne.

Abordant ensuite le conflit syrien, le représentant a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire ainsi que l’Accord de cessez-le-feu.  Il a également appelé à tout faire pour éviter une escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en apportant son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Pedersen.

Pour ce qui est des tensions dans le détroit d’Ormuz, l’Indonésie estime qu’il est impératif d’y garantir la liberté et la sécurité de passage conformément au droit international.  Elle exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue au nom de la stabilité de la région.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré la persistance de dynamiques hostiles, la violence aveugle du Hamas, la réponse disproportionnée d’Israël et la rhétorique de confrontation des deux parties, ce qui configure un scénario insoutenable et déstabilisant pour le Moyen-Orient et la communauté internationale.  Il a tout autant déploré les décisions et mesures unilatérales qui contribuent à une escalade des tensions et à la violence, en particulier les pratiques récurrentes et croissantes de colonies de peuplement, de démolitions et expulsions dans les territoires palestiniens occupés.  Ces agissements sont contraires aux dispositions de la résolution 2334 et éloignent chaque fois plus les perspectives de la solution des deux États, a-t-il souligné. 

Le représentant a, en outre, mis en garde contre l’impact politique et social de la démolition d’immeubles palestiniens à Sour Baher en appelant à y mettre fin et à leur substituer des politiques de planification répondant aux besoins de la population palestinienne en termes de logement et de développement.  Il a aussi exhorté à résoudre la grave crise humanitaire à Gaza, aggravée par les coupures de financement de programmes d’assistance et la décision unilatérale du Gouvernement israélien de retenir un montant substantiel des revenus fiscaux palestiniens.  Partant, il a vivement invité la communauté internationale à augmenter ses contributions financières, en demandant à l’ONU de continuer à aligner l’assistance humanitaire avec des plans de développement offrant des opportunités aux plus jeunes, de façon à les éloigner de la radicalisation et de l’extrémisme.  Le fonds global d’investissement, défini à Bahreïn, et le renforcement de l’UNRWA aideraient en ce sens, a-t-il estimé.

S’agissant de la reprise des négociations, il a recommandé aux autorités et dirigeants politiques, religieux et sociaux, tant Palestiniens qu’Israéliens, d’agir avec « responsabilité, prudence et modération ».  Il a aussi mis en avant la responsabilité du Conseil et des pays jouissant d’une influence sur les parties qui « doivent faire davantage » pour que celles-ci reprennent les négociations bilatérales, respectent leurs obligations au regard du droit international et des droits de l’homme, et appuient les efforts de l’Envoyé spécial tendant à réduire les tensions.  Il a enfin appelé à la modération dans le détroit d’Ormuz afin d’éviter un conflit dans cette « zone agitée du monde ».  À cet égard, il a encouragé les bons offices du Secrétaire général. 

En réponse aux accusations de son homologue israélien, Mme AMAL MUDALLALI, (Liban) a estimé que, à la lumière des invasions israéliennes passées du territoire libanais, ces accusations constituaient une « menace directe à la paix et aux infrastructures civiles des Libanais ».  Le fait que l’Ambassadeur d’Israël utilise de telles allégations pour détourner l’attention de la communauté internationale des malheurs causés par l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens n’a rien de nouveau, a estimé la représentante.  Mais il les utilise aujourd’hui pour préparer le terrain et la communauté internationale à une future attaque contre les ports et aéroports civils libanais, comme cela avait été le cas en 2006, a-t-elle affirmé, appelant le Conseil à ne pas rester silencieux et à empêcher Israël de déclarer une nouvelle guerre contre le Liban.  « C’est la dernière chose dont nous avons besoin », a-t-elle ajouté.

La représentante a ensuite constaté l’absence de progrès sur le terrain en faveur de la paix dans le conflit israélo-palestinien, notamment à Jérusalem et à Gaza où les conditions de vie des habitants ne cessent, selon elle, de se détériorer, en raison de la poursuite de la politique israélienne de colonisation.  Mme Mudallali s’est dit déçue du « manque d’horizon politique » de l’initiative lancée par les États-Unis pour résoudre le conflit.  Elle a appelé à une solution basée sur la légalité internationale, et notamment le respect des résolutions 242, 338 et 2234 du Conseil, avec comme perspective la création d’un État palestinien dont Jérusalem-Est serait la capitale.  La représentante s’est opposée aux tentatives d’Israël visant à remettre en cause le statut quo dans la ville, de même que pour le Golan syrien occupé.  Sur cette dernière question, elle a appelé Israël à mettre en œuvre les résolutions 242, 338 et 497 du Conseil.

La représentante a, par ailleurs, condamné les « violations répétées » de la souveraineté territoriale libanaise par Israël, aussi bien sur terre que dans les airs et en mer.  À la frontière entre les deux pays, Israël continue en effet de construire dans les territoires libanais occupés, a dénoncé la représentante, appelant le pays à mettre fin à ces violations qui sont une « source de tensions et d’instabilité » le long de la frontière. 

Après avoir énuméré les derniers développements négatifs en Palestine, M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a tenu à souligner des points positifs comme l’aide financière du Qatar pour la situation humanitaire à Gaza ou le travail du Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient visant à créer des solutions plus durables dans le secteur énergétique.  Le représentant a aussi salué le succès de la conférence de contributions qui a levé 110 millions de dollars pour financer l’aide aux réfugiés palestiniens.  Il a mis ensuite sur le dos d’Israël la crise financière subie par l’Autorité palestinienne « causée par la retenue des revenus de l’Autorité palestinienne ».  M. Gertze a exhorté les deux parties à mettre en œuvre et respecter les accords bilatéraux.

Le représentant a ajouté que l’évènement appelé « Paix pour la prospérité » organisé à Bahreïn, le 25 juin dernier, montre que le développement économique ne peut se faire sans des négociations conduisant à la solution des deux États.  Aucune aide humanitaire et économique ne débouchera sur une solution politique au conflit, a-t-il déclaré.  La solution à ce conflit est politique.  Il a ainsi pressé les deux parties à ne pas abandonner le processus politique qui pourrait assurer la fondation du développement économique. 

On nous inonde de détails sans intérêt au détriment de l’essentiel, a estimé M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), à savoir qu’Israël doit mettre un terme à son occupation des territoires arabes.  Or, on choisit de discuter de questions qui n’ont strictement rien à voir avec la fin de l’occupation, a regretté le représentant, déplorant notamment les discussions sur l’Iran.

M. Ja’afari a condamné les actes unilatéraux provocateurs récents au Proche-Orient, dans l’intention de remettre en cause le statut quo.  Il a notamment déploré la reconnaissance par le Président américain de Jérusalem comme capitale d’Israël, ainsi que la reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé, au détriment du droit international.  « Tout cela n’a aucune valeur légale », a estimé le représentant, condamnant l’appui fourni, selon lui, par Israël aux terroristes dans le Golan et la confiscation des biens des Syriens dans la zone.  Israël veut même créer une nouvelle colonie de peuplement dans le Golan, appelée « Trump Heights », pour récompenser l’Administration américaine de ne pas avoir respecté les résolutions du Conseil, a ironisé le représentant, déplorant que Mme DiCarlo n’ait pas abordé cette question dans son exposé.  « Elle répète les erreurs de M. Mladenov, qui n’aborde jamais la question du Golan dans cette enceinte », a-t-il regretté. 

Pour le représentant syrien, le Golan fait intégralement partie de la Syrie.  M. Ja’afari a appelé le Conseil à mettre fin aux pratiques israéliennes et à ses violations des résolutions 242, 338 et 497 dans la zone.  Il a également appelé à libérer les Syriens du Golan injustement incarcérés dans les geôles israéliennes. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a réaffirmé l’attachement de son pays à la solution des deux États, car elle lui semble être « la plus réaliste » pour une solution durable au conflit israélo-palestinien.  Se déclarant préoccupé par la violence à Gaza et en Cisjordanie, il a condamné fermement toute forme de terrorisme et de violence visant des civils innocents, et a appelé les parties à tout faire pour éviter l’escalade, les provocations et les incitations à la haine.

La poursuite des activités de colonisation israélienne ainsi que la destruction de maisons palestiniennes à Sour Baher ne font que saper la viabilité de la solution des deux États, a constaté le représentant en exhortant Israël à mettre fin à ces activités.  Il est également revenu sur la retenue par Israël d’une partie des revenus fiscaux de l’Autorité palestinienne qui, selon lui, ne fait qu’exacerber la situation financière difficile de l’Autorité et risque d’affecter négativement la stabilité et la sécurité de la région.  Il a donc appelé à une solution mutuellement acceptable à cette question le plus vite possible.

Même si les perspectives de l’avenir du processus politique semblent actuellement sombres, le Japon reste convaincu que chaque partie peut contribuer à créer un environnement propice aux efforts de paix.  À cet égard, le représentant a mis l’accent sur la dernière réunion en juin de la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine (CEAPAD), une initiative lancée en 2013 par le Japon avec des partenaires régionaux.  Lors de cette conférence la nécessité d’impliquer le secteur privé dans les efforts de développement a été soulignée, a rappelé le représentant en précisant qu’un mémorandum d’accord avait été signé à ce moment-là entre les chambres de commerce palestinienne et indonésienne.  Les participants à la Conférence ont également réaffirmé leur soutien à la solution des deux États et à l’UNRWA, dont le Commissaire général, M. Krähenbühl, était présent à la conférence.

L’idée derrière cette initiative japonaise de la CEAPAD est que pour parvenir à la solution des deux États, il faut venir en aide aux Palestiniens pour qu’ils puissent réaliser leur développement économique durable.  Mais les projets de développement à eux seuls ne peuvent apporter la paix, a mis en garde le représentant pour lequel cela exige des négociations entre les parties.  Dès lors, le Japon restera engagé auprès des deux parties et cherchera à promouvoir des mesures de confiance, a confié M. Kawamura.

Avant de conclure, il est revenu sur la situation dans le détroit d’Ormuz et a affirmé qu’il fallait y assurer la liberté de navigation et la sécurité au nom de la paix et de la prospérité internationales.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a encouragé les deux parties à instaurer un climat politique constructif favorisant une relance des négociations et à déployer de nouveaux efforts diplomatiques pour un règlement juste et global à la question palestinienne.  La paix ne pourra être instaurée que grâce à des décisions et concessions difficiles des deux côtés, a-t-il prévenu.  Le représentant a réaffirmé qu’il faut respecter le cessez-le-feu dans la région, en Syrie notamment, et condamné les frappes contre les civils, les installations et le personnel médical, qu’il convient de protéger en toutes circonstances. 

Le représentant a salué le travail de l’Envoyé Spécial pour la Syrie, M. Geïr Pedersen, et espéré qu’il arriverait à poser de nouveaux jalons dans le sillage de Genève, notamment par la convocation rapide du comité constitutionnel, « étape cruciale » dans la perspective d’une solution politique d’urgence reposant sur les paramètres fixés dans les résolutions du Conseil, la 2254 (2015) plus particulièrement, et la Déclaration de Sochi.  Il a insisté dans ce cadre sur une solution syrienne choisie et dirigée par les Syriens. 

M. Vieira a salué, par ailleurs, la réduction de la violence au Yémen depuis l’Accord de Stochkholm et l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la ville portuaire de Hodeïdah, mais a dit demeurer préoccupé par la récente escalade des tensions dans le pays.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir d’actions susceptibles de conduire à des hostilités et à prendre toutes les mesures nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Enfin, s’agissant de la Libye, il a condamné les attaques contre un centre de détention près de Tripoli le 2 juillet dernier. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) s’est dit préoccupé par la poursuite des activités israéliennes de colonisation en Cisjordanie, en violation de la résolution 2334 (2016) du Conseil.  Le représentant a également condamné les tirs de roquette lancés depuis Gaza contre des civils israéliens, ainsi que les actions violentes menées dans la zone contrôlée par le Hamas. 

Par ailleurs, le représentant a réaffirmé le statut spécial de la ville de Jérusalem, tel que défini dans la résolution 748 (1980).  Il a rejeté toute tentative visant à remettre en cause ce statut de manière unilatérale, estimant que la question du statut final de la ville devait être négociée de manière bilatérale entre les parties.  Le représentant a, en outre, jugé illégale l’acquisition de territoires par la force dans le Golan arabe syrien.  Il a appelé à mettre fin à l’occupation israélienne dans la zone, conformément aux résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil.

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda), intervenant en sa capacité de Vice-Président de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a jugé impératif de dénoncer les agissements d’Israël d’hier, c’est-à-dire le déplacement de 17 Palestiniens, dont 11 enfants, alors que 350 autres vivent sous la menace d’un déplacement sous des prétextes liés à des permis ou à des préoccupations d’ordre sécuritaire compte tenu de la proximité de ces immeubles du « mur illégal d’apartheid ».  Il a renvoyé au consensus international quant au mur, selon lequel « le mur est illégal, les colonies de peuplement sont illégales et toute mesure tendant à faire avancer ces mesures est tout aussi illégale ».  Il est de la responsabilité directe du Conseil de mettre fin à cette culture de l’impunité et de faire rendre des comptes à Israël, a exigé le représentant qui a prévenu que, chaque jour, la solution des deux États se voit érodée par ces politiques coloniales, ainsi que les espoirs, les rêves et les droits fondamentaux de millions de Palestiniens.

Le représentant a également dénoncé les mesures particulièrement illégales, provocantes et déstabilisantes concernant les sites sacrés à Jérusalem-Est occupé, en particulier les excavations qui affectent directement le caractère sacré et le statut des sites chrétiens et islamiques, notamment Haram el-Charif qui abrite la mosquée Al-Aqsa.  Il a attiré l’attention du Conseil sur la réunion extraordinaire à composition non limitée du Comité exécutif de l’OIC, le 17 juillet, pour examiner la fréquence et la brutalité des violations colonialistes israéliennes. Les ministres y ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’inauguration de la « Route du pèlerinage » creusée sous le quartier de Silwan vers la mosquée Al-Aqsa.  

M. MUHAMMAD ZULQARNAIN (Pakistan) a relevé que la situation continuait de s’aggraver au Moyen-Orient, ce qui montre selon lui le déséquilibre des efforts collectifs pour trouver des solutions à l’occupation illégale, l’annexion et les violations des droits de l’homme fondamentaux.  « On a fait le chemin inverse », a-t-il estimé.  La réalité sur le terrain est manipulée pour que les choses soient en faveur d’Israël, a dénoncé le représentant.  Pour le Pakistan, a-t-il déclaré, une Palestine indépendante dans les frontières de 1967 est la solution. 

Le délégué s’est dit encouragé de voir la communauté internationale continuer de chercher des solutions au problème financier de l’UNRWA, signalant que le Pakistan a contribué cette année au financement de l’Office.  Le Moyen-Orient est à un carrefour dangereux, a averti le représentant en concluant aussi que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour la désescalade au Yémen et en Syrie: elle doit résoudre les crises humanitaires dans la région.  Une paix juste et durable au Moyen-Orient est la condition de la paix dans le monde, a-t-il affirmé.

M. TAREK FATHI MOHAMED TAYEL (Égypte) a tenu à rappeler que la « question palestinienne » date de la création du Conseil et qu’il est temps que les Palestiniens puissent vivre une existence digne.  La solution des deux États dans les frontières de juin 1967 n’est pas encore une réalité et cela n’est pas dû aux brèches faites dans le droit international mais bien à une absence d’application des accords et résolutions adoptés sous l’égide de la communauté internationale, a estimé le représentant.  Il a rappelé qu’il y a déjà 10 ans, on constatait que la situation sur le terrain ne cessait de se détériorer.  Il avait alors été conclu que cela ne changerait qu’une fois que le droit international serait pleinement respecté. 

Le représentant égyptien a appelé à des solutions réalistes et conformes au droit international.  Il faut, a-t-il précisé, que ces solutions répondent aux aspirations des deux peuples concernés.  Il a invité la communauté internationale à éviter les « spéculations politiques » et à étudier de près l’Initiative arabe.  Celle-ci, caractérisée par la souplesse, est à même de répondre aux aspirations de tous les peuples de la région. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré que le Moyen-Orient souffre de crises qui ont des retombées négatives pour les États et les populations de la région.  L’occupation israélienne du territoire palestinien est la source de conflit et de violence dans la région, a estimé la représentante.  La Jordanie, a-t-elle dit, continue de s’acquitter de son devoir de protéger les lieux musulmans, chrétiens et juifs.  « Nous condamnons l’inauguration de la « voie du pèlerinage » près de la mosquée d’Al-Aqsa et les tentatives de remodeler la situation de la vieille ville par Israël », a poursuivi la déléguée.  « Les fouilles illicites israéliennes doivent cesser. »

Selon la Jordanie, le processus de paix doit se poursuivre dans le cadre des résolutions pertinentes de l’ONU.  L’UNRWA doit pouvoir continuer à fournir son aide aux réfugiés de Palestine, a demandé la représentante, qui a ensuite condamné les démolitions d’hier sur des maisons palestiniennes à Sour Baher: c’est une violation du droit international, a-t-elle affirmé.  S’agissant de la Syrie, la solution politique est la seule possible dans ce pays, a estimé la représentante.  En revenant sur la question palestinienne, elle a réaffirmé que la solution ne sera possible qu’en mettant un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupés et l’indépendance de la Palestine dans les frontières de 1967.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a transmis ses condoléances au Gouvernement du Japon et à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) suite au décès du directeur de cette agence qui manifestait un enthousiasme sans faille pour cette cause.

Il a ensuite réaffirmé que la seule solution viable au Moyen-Orient est celle des deux États.  Le Président chilien, a dit le représentant, vient d’effectuer sa deuxième visite en Israël, en compagnie de représentants des communautés palestiniennes et juives chiliennes qui ont exprimé leur attachement à une paix juste et durable.  La communauté palestinienne chilienne, la plus importante communauté dans le pays, y a trouvé sa place au même titre que la communauté juive, a-t-il assuré.  Il a réitéré qu’Israël et la Palestine recherchent la prospérité et la sécurité.  À ce titre, il a recommandé que les deux parties fassent preuve de volonté pour mettre fin à ces décennies qui leur ont infligé tant de souffrances.  De son côté, la communauté internationale ne doit pas baisser les bras, a-t-il exhorté.  

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a exprimé la profonde inquiétude des membres du Comité face aux faits récents intervenus sur le terrain, qui continuent de ruiner les espoirs de parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine.  Le Comité, a dit son Président, déplore et condamne les démolitions de maisons par Israël, hier matin encore, dans la communauté palestinienne de Sour Baher, et demande qu’il soit mis un terme à ces violations du droit international.  La menace d’une annexion de facto du territoire palestinien n’a jamais suscité autant d’inquiétude, a insisté M. Niang.  Il a ajouté qu’à la suite de l’atelier intitulé « Paix pour la prospérité », le 25 juin dernier à Manama, la communauté internationale a clairement indiqué que toute initiative économique en faveur du peuple palestinien qui ne s’accompagnerait pas d’une démarche politique visant à réparer l’injustice historique faite à ce peuple, en lui permettant d’exercer ses droits inaliénables, serait vouée à l’échec.  La seule solution viable et juste, selon le Comité, demeure celle qui repose sur des paramètres énoncés de longue date, à savoir deux États vivant côte-à-côte dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, et un règlement négocié de toutes les questions touchant au statut final. 

Pour le Comité, a dit son Président, il importe d’adopter une démarche collective pour relancer et promouvoir le processus de paix.  Il a aussi demandé que le Quatuor pour le Moyen-Orient soit renforcé et que des mesures soient immédiatement prises à cette fin.  La communauté internationale doit également aider l’UNRWA à poursuivre ses activités qui sont d’une importance cruciale, de l’avis du Comité.  Comme les colonies de peuplement sont illégales, le Comité accueille avec satisfaction le fait que dorénavant, dans certains cas, le Secrétaire général rendra compte par écrit de l’application de la résolution 2334 (2016).  Le Comité voit également un signe d’encouragement dans les mesures prises par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme pour que soit publiée, dans les mois à venir, la base de données recensant les entreprises qui exercent des activités dans les colonies israéliennes de Cisjordanie dont Jérusalem-Est.  Cet outil précieux contribuera à faire en sorte que les entités du secteur privé qui participent à des activités commerciales illégales sur le territoire occupé soient tenues de rendre des comptes, s’est réjoui le représentant.  Il a, en outre, exhorté les États Membres à s’abstenir d’établir des missions diplomatiques à Jérusalem-Est. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a remarqué que l’absence de tout progrès sur le terrain au cours des trois derniers mois ne fait qu’assombrir les perspectives de paix.  Le manque de confiance entre Israéliens et Palestiniens, l’occupation continue de la Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est par Israël, l’expansion des colonies de peuplement illégales israéliennes, la menace constante du recours à la violence contre des civils, l’incitation à la haine, l’absence de progrès dans la réconciliation intrapalestinienne et la grave crise financière de l’Autorité palestinienne représentent tous des obstacles à la paix, a constaté le représentant en plaçant ce conflit dans un contexte plus large et régional qui menace la viabilité de la solution des deux États.

La position de l’UE reste néanmoins inchangée, ancrée dans le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et centrée sur la conviction qu’une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien n’est possible qu’à travers la solution négociée des deux États.  Les paramètres de cette solution sont bien connus et reconnus internationalement, a poursuivi le représentant, en citant un accord sur les frontières des deux États sur la base de celles de juin 1967 ou des échanges de terre équivalents.  Il faut en outre des arrangements d’ordre sécuritaire qui assurent, d’une part, la souveraineté palestinienne et, d’autre part, la sécurité des Israéliens en empêchant la résurgence du terrorisme.  La question des réfugiés doit également faire l’objet d’une solution juste, durable et réaliste, a ajouté le représentant en appelant à la reprise des négociations entre les deux parties, y compris sur le statut final.  L’UE n’acceptera de changements aux frontières de 1967 qu’une fois que les parties concernées seront parvenues à un accord au sujet de Jérusalem.

Réagissant aux propositions économiques américaines appelées « Paix pour la prospérité », qui ont été présentées lors d’un atelier au Bahreïn le mois dernier, il a pris note du fait que la stratégie présentée à Manama sera incorporée à un plan politique.  L’UE, a-t-il dit, est prête à travailler avec les États-Unis et les autres partenaires du Quatuor et de la région pour faire en sorte que la mise en œuvre du projet économique contribue à la solution des deux États.  Le représentant a rappelé à cet égard que l’UE est un partenaire économique de longue date de l’Autorité palestinienne et d’autres partenaires de la région.  Elle continuera à utiliser le Comité spécial de liaison pour la coordination de l'assistance internationale aux Palestiniens comme cadre privilégié dans ce contexte, en partie parce qu’il s’agit d’un des rares fora internationaux auxquels participent le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne.  Toutefois, le plus grand obstacle à la paix reste l’absence de solution politique au conflit, a souligné le représentant pour lequel le développement économique doit accompagner une telle solution, mais ne saurait s’y substituer.  

L’UE est préoccupée, a poursuivi le délégué, par la poursuite des activités de peuplement d’Israël en Cisjordanie, y compris par les nouveaux projets autorisés dans la vieille ville de Jérusalem-Est.  Le représentant a martelé que toutes les colonies de peuplement israéliennes sont illégales au regard du droit international et représentent un obstacle majeur à la paix et au développement tout en sapant la viabilité de la solution des deux États.  Toute annexion unilatérale, en particulier de jure, de colonies existantes représenterait une nouvelle violation du droit international, a-t-il précisé.  L’UE dénonce en outre les démolitions de maisons palestiniennes et les évictions à la fois à Jérusalem-Est, à Sheikh Jarrah et à Silwan. 

Pour ce qui est de la crise financière que connaît l’Autorité palestinienne, les experts de l’UE exigent le respect des volets économique et fiscal des accords entre les deux parties.  Ils exhortent l’Autorité palestinienne à accepter un transfert fiscal de la part d’Israël sur une base provisoire.  Cela ne représente pas, selon eux, une reconnaissance légale ou politique de la décision israélienne, et cela permettrait d’éviter que les efforts en cours de l’Autorité palestiniennes ne soient interrompus.

Le représentant de l’UE a exhorté les deux parties à renoncer à la violence et à respecter le cessez-le-feu à Gaza.  Il a encouragé toute mesure visant à y améliorer la situation humanitaire et économique, et salué à cet égard les récents efforts du Qatar, de l’Égypte et du Coordonnateur spécial des Nations Unies.  Le représentant a regretté le manque de réconciliation intrapalestinienne qui représente un autre obstacle significatif à la paix et à la faisabilité de la solution des deux États.  Une Autorité palestinienne unique avec le contrôle sur tout le territoire palestinien, y compris sur Gaza, est essentielle pour pouvoir répondre aux aspirations du peuple palestinien et parvenir à un État palestinien, a -t-il souligné.  L’UE encourage la fixation d’une date pour les élections palestiniennes qui doivent avoir lieu en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et à Gaza.

S’agissant de la question des réfugiés palestiniens, la délégation est d’avis que tant qu’il n’y a pas une solution juste, réaliste et acceptée conforme au droit international, l’UNRWA reste le meilleur moyen de leur apporter les services de base et la protection nécessaire.  Dès lors, l’Office doit pouvoir compter sur un financement adéquat pour s’acquitter de son mandat.

Passant à la crise syrienne, le représentant de l’UE a réitéré les préoccupations de ses États membres face à la violence dans le nord-ouest du pays, en insistant sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne saurait justifier la violation du droit international humanitaire.  Il a exhorté la Russie et la Turquie à restaurer le cessez-le-feu à Edleb, et insisté sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu durable sur tout le territoire syrien.  Il a dit attendre la reprise des négociations intrasyriennes à Genève dans le but de parvenir à une solution politique prise en main par les Syriens et conforme à la résolution 2254 du Conseil de sécurité.  Seule une solution politique inclusive pourra constituer la base de la réconciliation et ouvrir la voie à des élections libres et justes en Syrie, a conclu le représentant, qui a assuré que l’UE soutiendra les efforts en ce sens et restera à la tête des efforts de la communauté internationale dans la lutte contre l’impunité et en faveur de la justice.  Le représentant a d’ailleurs rappelé que l’UE avait renforcé les sanctions contre la Syrie cette année en incluant des hommes d’affaires et des sociétés dans la liste de ceux qui tirent parti du régime d’Assad, et d’autres responsables d’attaques chimiques.  Enfin, il a dit que l’UE continue de soutenir la coalition internationale de lutte contre Daech.  Elle soutient aussi le droit au retour des réfugiés syriens dans des conditions sûres, dignes et volontaires, et partage l’opinion du HCR selon lequel ces conditions ne sont pas encore réunies.

M. DAVID PAUL CHARTERS (Saint-Siège) a estimé que l’atmosphère de défiance qui règne à Gaza et en Cisjordanie, attisée par les rhétoriques dangereuses et les idéologies extrémistes, risque de conduire rapidement à des actes de violence mettant en danger la vie d’innocents palestiniens et israéliens.  Face à une telle situation, le débat d’aujourd’hui ne peut se limiter à une simple répétition de faits bien connus et des obstacles à la réalisation de la solution des deux États, a estimé le nonce en disant qu’« il doit mener à l’action ».

Tout en réitérant que l’aide humanitaire et le soutien économique sont indispensables à la création d’un environnement favorable aux négociations, l’observateur a souligné que cela ne peut remplacer la volonté politique et les dialogues constructifs nécessaires à l’établissement d’une paix et d’une solution durables.  Les États Membres, a-t-il souhaité, doivent encourager les parties à retourner à la table des négociations et à s’engager à dialoguer.

M. Charters a également fait part de sa forte préoccupation quant à la situation humanitaire toujours plus alarmante en Syrie, en particulier à Edleb.  Il a mentionné la lettre envoyée hier au Président Bachar El-Assad par le pape François dans laquelle ce dernier renouvelle son appel à la protection des civils et au respect du droit humanitaire international.  M. Charters s’est également préoccupé de la situation humanitaire qui s’aggrave au Yémen, en se félicitant de la décision de renouveler le mandat de la Mission à Hodeïda.  Il a cependant exigé plus de cohérence dans les efforts de paix: « comment peut-on s’engager dans l’action humanitaire tout en continuant d’autoriser la vente d’armes dans la région ? » a-t-il demandé.

Enfin, après avoir reconnu la direction positive que prend l’Iraq pour la réconciliation et la reconstruction, M. Charters a prôné davantage de « dialogue pour une culture de tolérance, d’acceptation des autres et de cohabitation pacifique ».

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a condamné les violations par Israël des résolutions du Conseil de sécurité et les tentatives de ce pays de faire de ce conflit, un conflit religieux.  Israël et les États-Unis ont échoué à obtenir la reconnaissance internationale de ces tentatives, s’est réjoui M. Abdelaziz qui a aussi dénoncé le fait qu’Israël a manqué de respect au droit international.  Le Conseil de sécurité doit faire montre d’objectivité et empêcher Israël de faire « une interprétation malsaine » des résolutions du Conseil de sécurité, a suggéré le représentant pour lequel les négociations de paix doivent reprendre entre les deux parties et se faire sans ingérence internationale. 

Pour la Ligue des États arabes, Jérusalem reste la ville sacrée des trois religions et doit rester sous la protection de la Jordanie.  Les actes de provocation d’Israël pour altérer le statut historique de la ville doivent inciter le Conseil de sécurité à dire à Israël d’arrêter ses activités qui sont contraires aux résolutions du Conseil de sécurité.  Les démolitions d’habitations de Sour Baher, hier, sont une violation des mêmes résolutions, a aussi estimé M. Abdelaziz.  Selon lui, le Conseil de sécurité est responsable de ces violations et des activités d’Israël: il est nécessaire de mettre fin à ces actes.

S’agissant du conflit en Syrie, il a indiqué qu’il était nécessaire de préserver la souveraineté syrienne et de maintenir l’unité de son territoire.  Enfin, l’Observateur a appelé à la mise en œuvre des résolutions de la dernière réunion de la Ligue se prononçant contre les activités de l’Iran visant à déstabiliser la région.

Pour M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar), il est évident que la solution des deux États est la seule réalisable, la seule qui puisse régler cette question une fois pour toutes. Les réfugiés doivent revenir et le peuple palestinien recouvrer tous ses droits, a-t-il demandé.  Le représentant a condamné l’annonce faite en mai dernier de la construction de 805 nouveaux logements en insistant sur l’application de la résolution 2334. D’autre part, le Golan est un territoire arabe occupé et toutes mesures israéliennes concernant ce territoire sont nulles et non avenues, a-t-il estimé.  Le représentant a dit que le Qatar avait offert aux Palestiniens 480 millions de dollars sous forme d’aide humanitaire, dont 180 millions pour l’assistance humanitaire d’urgence et l’électrification.  Le pays s’est aussi engagé à apporter un appui supplémentaire à l’UNRWA et a réaffirmé son appui à la réconciliation nationale palestinienne.  De la même façon, il continue à œuvrer avec les partenaires régionaux et internationaux pour une solution politique à la crise syrienne dans le respect du Communiqué de Genève et de la résolution 2254 du Conseil, dans le cadre de la souveraineté et de l’indépendance de la Syrie, et en garantissant la reddition de comptes.

L’assaut contre Tripoli et le bombardement aérien d’un centre d’accueil de migrants exigent une condamnation très ferme et des mesures pour mettre fin à ce conflit, a poursuivi le représentant.  Il a salué l’initiative du Président du Conseil présidentiel de la Libye, M. Fayez el-Sarraj, en coordination avec la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), pour la sécurité et la stabilité de la Libye.  Enfin, le représentant s’est plaint que, depuis 10 ans, sa région est en proie à l’une des crises les plus graves de son histoire récente, notamment à cause de l’imposition d’un blocus économique injuste contre l’État du Qatar, qui viole la Charte des Nations Unies.  Celle-ci impose en effet de ne pas aggraver les conflits et de les régler à travers le dialogue et la coopération, a-t-il rappelé.   

Pour M. DATO’SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie), il est clair qu’Israël n’a pris aucune mesure concernant les activités illégales de colonisation dans le territoire occupé y compris Jérusalem-Est.  Cette situation est grave et constitue une violation du droit international, a-t-il dénoncé.  Ces actes d’Israël reflètent son mépris de la communauté internationale, a affirmé le représentant qui a appelé à renverser cette tendance négative actuelle.  Israël doit cesser la colonisation, a ordonné M. Hasrin Aidid qui a aussi condamné le recours à la force contre le peuple palestinien et les actes israéliens qui nuisent aux lieux saints.  « La communauté internationale doit veiller à ce que ces violations prennent fin. »

La construction de la « voie des pèlerins » a scandalisé le monde arabe, a poursuivi le représentant qui est en outre préoccupé par la situation financière de l’UNRWA.  Cette situation va faire du tort aux travaux de l’Office, a-t-il prévenu.  Avant de terminer, il a dit que la Malaisie est inquiète des mesures unilatérales des États-Unis qui mettent à mal la solution des deux États.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a dit suivre avec beaucoup de regret et d’inquiétude l’évolution désastreuse de la situation dans les territoires palestiniens occupés ponctuée par des expulsions, démolitions et autres mesures qui sapent les efforts de paix et annulent, selon lui, toute tentative de reprise du processus politique.  La détérioration des conditions de vie des Palestiniens ne contribue pas à jeter les bases du cadre nécessaire à cette relance, a-t-il mis en garde.  Le représentant a fait valoir que Jérusalem est au cœur de cette situation car cette ville revêt un caractère particulier pour les trois religions du Livre.  

Le monarque marocain, qui est également Président du comité Al-Qods, a appelé, à plus d’une occasion, à mettre un terme à la colonisation et à la judaïsation de Jérusalem et à cesser toute mesure travestissant le caractère sacré de cette ville et son statut politique.  Le 30 mars dernier, le Roi Mohammed VI et le pape François ont appelé à la préservation du caractère et de l’identité unique de cette ville, a-t-il rappelé.  Le représentant a également fait état de la visite la semaine dernière d’une délégation marocaine à Amman, en Jordanie, en compagnie d’architectes et d’artisans marocains pour la préservation de la mosquée Al-Aqsa en collaboration avec le Waqf jordanien.

Pour M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay), la solution des deux États est sérieusement menacée.  Il faut retourner à la table de négociation pour élucider toutes les questions en suspens, a recommandé le représentant.  L’Uruguay entretient des liens d’amitiés avec Israël et la Palestine, a-t-il soutenu en demandant aux deux parties de renverser les tendances négatives actuelles, faute de quoi il sera difficile pour la Palestine de consolider son État.  Le représentant a dénoncé les violations du droit international par Israël comme les démolitions de maisons hier à Sour Baher, qui ne font qu’aggraver la situation.  Il a demandé aux deux parties « des gestes de désescalade » pour parvenir à une solution durable.  Le représentant a rappelé la résolution 181 qui a permis aux deux parties de consolider leurs États.  Le droit international joue un rôle important pour résoudre ce conflit, a-t-il déclaré. 

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a rappelé que le dixième rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) a été examiné par le Conseil après l’exposé de M. Nickolay Mladenov.  Ce rapport, a-t-il souligné, montrait l’expansion des colonies de peuplement à un rythme grandissant à Jérusalem-Est au cours des deux dernières années, de même que les expulsions et démolitions punitives.  Il a également évoqué l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur le mur et le caractère illégal des colonies de peuplement.  Il est impératif que le Conseil agisse et prenne des mesures visant à faire pleinement respecter les principes fondamentaux du droit international et de la Charte de l’ONU, a demandé le représentant.

L’inaction du Conseil donne lieu à des situations qui sont en porte à faux avec les appels répétés du Quatuor, a regretté M. Gallegos en rappelant que celui-ci espère l’adoption de mesures positives immédiates pour inverser les tendances négatives sur le terrain qui menacent la solution des deux États.  Le représentant a exprimé le soutien de son pays aux différentes initiatives internationales visant à la relance des négociations entre Israël et la Palestine.  Il s’est, en conclusion, vivement inquiété de la profonde crise humanitaire et politique à Gaza, tout en reconnaissant les efforts inlassables de l’UNRWA et en plaidant pour que les contributions annoncées soient effectivement versées à l’Office. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que cette réunion se déroule alors que la cause palestinienne est en butte à des « défis existentiels sans précédent » à cause en particulier de l’absence de toute action politique et juridique sérieuse de la part du Conseil pour mettre fin à l’occupation étrangère illégale et de longue date.  Il a fustigé les tentatives récentes israéliennes de « travestir les réalités historiques » en ouvrant ce qu’Israël a baptisé les « Routes du pèlerinage », qui vont de Silwan au mur d’Al-Buraq.  Compte tenu des « nombreuses mesures iniques prises par Israël » dont la plus récente est l’expulsion, hier, d’habitants de Sour Baher, le représentant a estimé que la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 est en butte à des graves défis dans le contexte palestinien.  Il a relevé notamment que l’occupation israélienne avait contribué directement à l’appauvrissement de la population, au chômage et à la crise humanitaire, ajoutant que les actes d’agression avaient créé en outre une culture de l’impunité qui sape la viabilité de l’État de Palestine et ses perspectives d’une solution des deux États.

Dans de telles circonstances, le Conseil « ne saurait rester passif », a-t-il déclaré, en appelant cet organe et la communauté internationale à garantir la reddition de comptes pour toutes les violations israéliennes, à faire respecter l’état de droit et à fournir une protection au peuple palestinien dans le territoire occupé.  Il a également soutenu l’adhésion de l’État de Palestine aux organisations et traités internationaux et conseillé au Conseil de recommander son admission en tant que membre à part entière des Nations Unies.  Le représentant a aussi mentionné la question des réfugiés, rappelant que le Bangladesh accueille 1,2 million de Rohingya ayant fui les atrocités au Myanmar.  Il a annoncé qu’il continuera sa « modeste contribution » à l’UNRWA. 

M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a dit que malgré les appels internationaux, la construction de colonies par Israël se poursuit et crée de nouvelles réalités sur le terrain.  Ce sont, aux yeux de la délégation turque, des tentatives de saper la solution des deux États et la possibilité d’une coexistence pacifique.  Le représentant a également noté les efforts pour détruire le caractère historique de la vieille ville d’Al-Qods et, plus grave encore, de changer la composition démographique de la ville.  La construction de la « route du pèlerin » en est un dernier exemple, selon lui.  Hier encore, ont eu lieu des démolitions d’habitations à Sour Baher, a dénoncé le représentant en relevant que, pour la première fois, elles ont eu lieu dans des zones sous le contrôle de l’Autorité palestinienne en vertu de l’Accord d’Oslo.  Ce sont aussi des violations du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il argué.

Toutes ces activités illégales doivent cesser immédiatement, a ordonné le représentant.  « La paix exige qu’Israël fasse montre d’une volonté politique et s’abstienne d’actes de provocation. »  La communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, doit agir et mettre en œuvre ses résolutions, a-t-il demandé en plaidant pour « la seule solution viable »: la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.  Les droits à l’autodétermination du peuple palestinien ne sont pas négociables, a-t-il martelé en disant que les projets et les plans économiques ne peuvent pas remplacer la dignité, la justice et la liberté du peuple palestinien.  Aucun projet ne peut réussir sans une paix juste, a-t-il conclu.

S’exprimant au nom du Groupe arabe, M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), a indiqué que le sommet extraordinaire d’urgence tenu le mois dernier avait mis en évidence l’importance d’une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient.  Il a prié le Conseil de mettre un terme aux violations systématiques des sites sacrés, musulmans et chrétiens, qui ont pour but de modifier le statut historique de la ville de Jérusalem.  Il a mis l’accent sur l’importance des sites sacrés d’Al-Aqsa et de l’Est de Jérusalem, qui sont « essentiels pour les différentes communautés ».

Le représentant a ensuite appelé à rétablir la stabilité en Syrie, à mettre un terme aux souffrances du peuple syrien et à lutter contre les groupes terroristes dans ce pays avec l’appui du Communiqué de Genève et l’application de la résolution 2254.  La feuille de route de Genève est en effet le seul moyen d’atteindre une solution viable en Syrie, a-t-il estimé.

Le représentant a, par ailleurs, critiqué la « conduite négative de l’Iran » dans la région, citant notamment l’appui aux milices houthistes au Yémen, les menaces dans le détroit d’Ormuz et les agressions contre les navires commerciaux. Toutes les nations doivent éviter le recours ou la menace de recourir à la force, a-t-il rappelé, estimant que l’Iran foule au pied ces principes.  Il a toutefois assuré que l’Arabie saoudite est prête à avoir de bonnes relations avec ce pays.

Venant à la situation au Yémen, le représentant a déclaré que, « depuis cinq ans, on a créé au Yémen un lieu de prolifération de terroristes et de milices qui fomentent des attaques contre l’Arabie saoudite ».  Selon la délégation, la solution à la crise yéménite ne se fera que par le biais du dialogue et du rétablissement de la confiance mutuelle.     

M. KJETIL JONNEVALD HALVORSEN (Norvège) s’est dit préoccupée par l’escalade des tensions dans la région du Golfe et appelé tous les acteurs à la retenue.  La capture de navires par l’Iran dans le détroit d’Ormuz est inacceptable et contribue à cette escalade, a-t-elle déclaré.  En tant que nation maritime de premier rang, la Norvège revendique la liberté de navigation et du commerce pour garantir le commerce et la coopération internationale.

La Norvège reste attachée à la préservation de l’accord sur le nucléaire iranien, a poursuivi le représentant en soulignant que cet Accord a un rôle critique à jouer pour la non-prolifération internationale et la stabilité régionale.  Il a regretté dès lors toute mesure cherchant à le saper.  À ce titre, il a cité les récentes tentatives d’enrichissement d’uranium de l’Iran en appelant ce pays à revenir sur ses décisions et à pleinement respecter les termes du Plan d’action global commun.

S’agissant du conflit israélo-palestinien, le délégué a dit rester convaincue que seule la solution négociée des deux États peut amener à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  Le développement économique et le renforcement des institutions sont des jalons essentiels pour l’avenir de l’État palestinien, mais ne peuvent se substituer à une solution politique au conflit, a-t-il souligné.

Le représentant a exprimé ses préoccupations quant aux conditions de vie des Palestiniens, tout en étant consciente des obstacles, surtout d’ordre politique comme la division politique palestinienne, au développement économique palestinien.  Il s’est aussi inquiété de la situation financière actuelle de l’Autorité palestinienne, avant de souligner que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens reste le cadre international pour gérer les questions économiques entre les deux parties et les donateurs.  La Norvège présidera d’ailleurs la prochaine réunion dudit comité qui se tiendra à New York le 26 septembre.  La priorité de cette réunion sera de parvenir à une stratégie commune pour mettre en œuvre des mesures concrètes pour renforcer l’économie palestinienne et améliorer la situation à Gaza.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a appelé le Conseil à assumer ses responsabilités, en vertu de la Charte des Nations Unies, dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil doit exiger la fin immédiate de l’occupation des territoires palestiniens et des politiques agressives et pratiques colonisatrices, ainsi que la mise en œuvre des résolutions sur la situation au Moyen Orient, y compris la question palestinienne, la 2334 plus particulièrement, a exigé la représentante.  Elle a jugé que « le silence de ce Conseil est inadmissible », car il ne condamne ni l’escalade de la violence, ni les événements tragiques dans la bande de Gaza depuis le 30 mars 2018 et ce, une fois de plus, « en raison de l’obstruction répétée de la délégation américaine », a-t-elle tancé.  Elle s’est aussi inquiétée de la décision d’Israël de ne pas renouveler le mandat de la présence internationale temporaire à Hébron conformément aux résolutions pertinentes du Conseil, aux Accords d’Oslo II et au droit international.  Elle a aussi dénoncé le gel des revenus de l’Autorité palestinienne.

La représentante a réaffirmé le soutien de Cuba au Gouvernement et au peuple palestiniens ainsi qu’à la reconnaissance de la Palestine en tant que membre de plein droit des Nations Unies.  Elle a rejeté, par ailleurs, le « Pacte du siècle » élaboré par l’Administration américaine, qui n’envisage aucunement la création d’un État de Palestine et fait fi de la solution des deux États, alors que cette solution jouit de l’appui historique des Nations Unies, du Mouvement de pays non alignés, de la Ligue des États arabes, de l’OCI et d’autres acteurs internationaux.  Elle a également fermement condamné la décision américaine de reconnaître le Golan syrien occupé comme territoire appartenant à Israël, ce qui selon Cuba aura de « graves conséquences pour la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient et aggravera les tensions dans une région déjà bien volatile ».  

Mme HASSAN HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a dit que la situation au Moyen-Orient reste sombre pour des millions de personnes souffrant des affres des conflits, des attaques terroristes et d’autres actes de violences.  En dépit de nombreux débats et appels à l’action, la situation demeure tendue avec une forte probabilité d’escalade des conflits et des troubles.  L’absence d’action de la communauté internationale est caractérisée par la question de Palestine qui est aujourd’hui le plus vieux point à l’ordre du jour du Conseil, a fait remarquer la représentante, qui a regretté que les initiatives de paix aient échoué à entraîner un dialogue entre les parties au conflit.  Pour les Maldives, le sort du peuple palestinien et son droit à l’autodétermination resteront toujours une priorité, a-t-elle dit.  Mme Hussain a dit que son pays soutient toute résolution qui prévoit une solution des deux États avec un État indépendant et souverain de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour en terminer avec ce conflit, pour que le peuple palestinien puisse jouir de la paix et vivre dans la dignité. 

En ce qui concerne la Syrie, elle a appelé le Conseil à aider les États Membres pour qu’ils puissent rapatrier, réhabiliter et réintégrer leurs citoyens dans leurs sociétés respectives.  Les Maldives attendent avec impatience de dialoguer avec leurs partenaires en échangeant des informations et des idées sur ce qui peut être fait et sur les mesures qui sont le plus efficaces dans le processus de réhabilitation.  Nous devons être unis pour éviter la crise humanitaire en Syrie et déployer des efforts pour assurer que des centaines d’enfants et de femmes malnutris ne périssent dans les camps de réfugiés, a exhorté Mme Hussain.  S’agissant du Yémen, la représentante s’est montrée optimiste en entendant la déclaration de l’Envoyé spécial pour le Yémen qui disait, la semaine dernière, que « nous pouvons approcher de la fin de cette guerre ».

Pour M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran), le principal développement depuis le dernier débat du Conseil sur la question du Moyen-Orient a été le « soi-disant deal du siècle » présenté lors d’un atelier sur la Palestine convoqué au Bahreïn.  Selon le représentant, cette initiative se base sur une mauvaise intention, de mauvaises hypothèses et une approche qui n’est pas réaliste.  Par conséquent, elle est vouée à l’échec, a-t-il conclu.  Il a jugé cette initiative « de mauvaise intention simplement parce qu’elle est proposée par les États-Unis qui sont bien connus pour leur soutien inconditionnel à Israël », y compris aux pratiques israéliennes injustes envers le peuple palestinien.  Le représentant en a voulu pour preuve le fait que les États-Unis aient décidé d’installer leur ambassade à Jérusalem et de reconnaître le Golan syrien comme faisant partie d’Israël.  Au cours des 70 dernières années, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de forcer la Puissance occupante à mettre fin à son occupation à cause du soutien américain, a-t-il renchéri.  Il a remarqué que, sachant pouvoir compter sur ce soutien, Israël a poursuivi ses politiques expansionnistes et ses pratiques illégitimes, dont le blocus de Gaza vieux déjà de 10 ans.

Ce soi-disant « deal du siècle » se fonde sur de mauvaises hypothèses simplement parce qu’il a pour vocation de tout « acheter »: les causes et aspirations, l’honneur et la dignité, les propriétés et le territoire, et les droits inaliénables de toute une nation, a précisé le représentant iranien pour lequel il s’agit d’une illusion vouée à l’échec.  La cause palestinienne est ancrée dans la lutte d’un peuple pour sa liberté, son indépendance et le contrôle sur ses terres ancestrales, a-t-il rappelé, mais aussi pour sauvegarder son identité culturelle et ses sites religieux, une lutte pour sauver son honneur et sa dignité.  Vouloir réduire cette noble cause à de simples considérations économiques est l’approche la plus erronée de tous les temps pour régler la question de Palestine, a affirmé le représentant, qui a indiqué au passage que tous les groupes palestiniens, sans aucune exception, avaient rejeté cette initiative.

Pour l’Iran, sous couvert de soutien économique, le but principal de ce « deal du siècle » est simplement de consolider l’occupation israélienne, et le monde doit s’opposer à cela.  « Le Conseil doit arrêter de se laisser intimider par l’un de ses membres qui continue de bloquer toute action du Conseil lorsqu’il est question d’Israël de manière illégale. »

Avant de conclure, il a relevé que le représentant israélien avait tenté aujourd’hui de détourner l’attention de la question de Palestine alors qu’il aurait dû se justifier de l’occupation continue de la Palestine ou encore du développement des armes de destruction massive, y compris nucléaires d’Israël, tout en refusant d’adhérer aux traités interdisant ce type d’armes, ou encore d’expliquer pourquoi Israël empêche la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a ironisé le représentant iranien, qui a sommé la partie israélienne d’arrêter « ses fabrications, son illégalité, sa brutalité et ses crimes » et de « rendre des comptes ».

S’exprimant au nom des 120 États membres du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a déclaré que le Comité ministériel de ce mouvement sur la Palestine s’était réuni il y a trois jours à Caracas pour examiner l’évolution de la situation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem.  Le constat est que la situation a atteint « un point critique » et est « clairement insoutenable », a-t-il dit en signalant que le Mouvement a adopté une Déclaration politique d’appui aux droits inaliénables du peuple palestinien et de sa juste cause.  La situation sur place exige des mesures d’urgence et des mesures de diplomatie de la part de la communauté internationale, en vue de faire cesser les mesures unilatérales, a plaidé le représentant.  Il a estimé que cette situation est juridiquement contraignante pour tous les États membres, jugeant décevant que le Conseil reste passif sur cette question.  Pour le Mouvement, la résolution 2334 est la seule voie viable vers la paix car elle comprend les conditions et paramètres nécessaires à un règlement juste sur la base de la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.

Le Mouvement des pays non alignés exige aussi la levée du blocus contre la ville de Gaza, blocus qui bafoue toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et du droit international.  Le représentant a réaffirmé qu’il est impératif d’appuyer l’UNRWA pour garantir son aide constante et indispensable à des millions de réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.  Les Palestiniens subissent aussi une nouvelle crise financière de l’Autorité palestinienne à cause de la retenue des revenus fiscaux par Israël, a-t-il déploré avant de prier le Conseil de lancer un appel en vue de la protection internationale du peuple palestinien.  Le représentant a aussi évoqué le rapport de la mission d’établissement des faits à Gaza mandatée par le Conseil des droits de l’homme et appelé à la mise en œuvre de ses recommandations. I l a exigé qu’Israël respecte les termes de la résolution 497 du Conseil, cesse l’occupation et se retire des territoires palestiniens, libanais et syriens occupés.  Il s’agit également du retrait des territoires libanais, y compris des granges de Shebaa, des collines de Kafr Shuba et de la partie libanaise de la localité de Al Ghajar jusqu’à la ligne bleue. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a noté que les tensions dans la région flambent au moment même où le Conseil se réunit.  Le représentant a souligné le rôle que doit jouer la communauté internationale pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  Pour lui, la résolution des problèmes de la région passe par la recherche d’une solution à la question de Palestine en se basant en particulier sur l’Initiative de paix arabe.  Concernant la réunion « paix pour la prospérité », tenue en juin au Bahreïn, qui a été organisée avec les États-Unis, le représentant a expliqué qu’il s’agissait d’une initiative visant à faire converger tous les efforts en vue de canaliser des investissements économiques en Palestine. 

M. MAJID MOHAMMAD ABDULRAHMAN MOHAMMAD ALMUTAWA (Émirats arabes unis) a lancé un appel à la communauté internationale pour apaiser les tensions au Moyen-Orient et pour veiller au maintien de la sécurité et de la stabilité régionales, notamment pour ce qui est du conflit israélo-palestinien qui exige une solution politique.  Il a mis la communauté internationale au défi de mettre enfin un terme aux « souffrances du peuple frère palestinien » et d’assumer ses responsabilités à son égard en créant un État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Appelant à ne pas perdre de vue la dégradation de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés, le représentant a mis en exergue l’importance d’une assistance humanitaire continue en rappelant que les Émirats avaient fourni 364 millions de dollars entre 2017 et 2018 aux Palestiniens et à l’UNRWA.

Passant au Yémen, le représentant a réitéré le soutien constant des Émirats à la Coalition en appui à la légitimité au Yémen en vue de parvenir à une solution politique sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris les résolutions 2216 et 2451.  Il a également réaffirmé l’appui de son gouvernement aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies ainsi qu’en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et de la relance du processus politique.  Les Émirats condamnent les attaques perpétrées par les milices houthistes en Arabie saoudite et demandent au Conseil de sécurité de prendre des mesures sévères pour mettre fin à ces violations et pour éviter l’afflux d’armes vers le Yémen en provenance d’Iran.  Ces attaques houthistes sapent les perspectives de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et du cessez-le-feu à Hodeïda, au moment même où les Émirats et la coalition arabe ouvrent la voie à la paix en redéployant leurs forces au Yémen pour donner la priorité aux efforts politiques, a souligné le représentant.

S’agissant des conflits en Syrie et en Libye, les Émirats estiment que seule une solution politique pourra mettre fin à ces crises.  Ils exhortent les parties dans les deux pays à revenir à la table de négociation et à trouver une solution qui s’inscrive dans le cadre fixé par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le représentant d’Israël a voulu répondre à la déléguée du Liban.  Il est clair, a-t-il soutenu, que l’appel concernant la ligne bleue n’a pas été entendu et que la présence du Hezbollah s’est intensifiée dans la zone de présence de la FINUL au cours des 13 dernières années.  Le Hezbollah s’est enraciné plus avant au Liban et y a renforcé son emprise, a-t-il affirmé, estimant que cela représente une menace grandissante pour la stabilité.  Il a aussi signalé la découverte de plusieurs tunnels qui aurait dû susciter un intérêt pour cette situation.  Or, la FINUL n’a pas encore eu accès aux tunnels, a-t-il regretté.  « La question maintenant est de savoir où commence le Gouvernement libanais et où s’exerce celui du Hezbollah. »  De l’avis de la délégation d’Israël, personne ne doit accepter des attaques contre la FINUL ni la saisie de son matériel.  Fermer les yeux sur cette question n’est pas une option, selon le représentant, qui a proposé de dresser une carte montrant où la FINUL réussit à exercer son mandat.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC conclut sa session de haut niveau en entendant une cinquantaine d’organisations plaider pour renforcer les efforts et atteindre le développement durable

Session de 2019,
34e & 35e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7009

L’ECOSOC conclut sa session de haut niveau en entendant une cinquantaine d’organisations plaider pour renforcer les efforts et atteindre le développement durable

Après la fin du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, hier, c’est aujourd’hui le Conseil économique et social (ECOSOC) réuni en session ministérielle qui a conclu ses travaux, en entendant 19 États Membres et près de 50 organisations internationales et de la société civile.

Chacun a décortiqué le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en tirant les éléments qui leur paraissent les plus importants pour atteindre les objectifs fixés.  L’égalité hommes-femmes, la justice et la lutte contre les conséquences des changements climatiques ont été maintes fois citées et sont apparues comme des incontournables du développement durable.

La reforestation et l’utilisation de l’énergie renouvelable à Madagascar, la protection des forêts en Thaïlande, la préservation de la vie aquatique à La Barbade, le lancement de deux obligations vertes au Nigéria: tels sont quelques-uns des efforts des États Membres sur le plan environnemental.  Du côté des ONG, l’organisation VAAGHARA a recommandé d’utiliser les connaissances des agriculteurs indiens autochtones pour gérer la question du climat, tandis que le Stockholm International Water Institute a vanté les mérites de la « diplomatie de l’eau ».

Avec les interventions de l’Afghanistan, de la République arabe syrienne et du Soudan, l’ECOSOC a touché du doigt les difficultés de développement rencontrées par des pays affectés par des conflits.  Pour le Soudan, le fait de sortir à peine d’un conflit constitue en soi un défi majeur pour le développement.  Pareil pour l’Afghanistan qui a déploré devoir subir les affres du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Une ONG camerounaise, First Modern Agro (FI.MO.AT.C.I.G), a pour sa part demandé à la communauté internationale de se pencher sur ce qu’elle a qualifié de « génocide » dans la partie anglophone du pays.

La Ligue des États arabes a, de plus, fait remarquer que les neuf conflits actuellement à l’ordre du jour du Conseil de sécurité ont poussé des millions de personnes sur les routes de la migration, un autre obstacle au développement.  Or, les objectifs de 2030 ne pourront être réalisés si les migrations ne sont prises en compte dans les politiques de développement, a prévenu l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  L’International Rescue Committee a lancé un appel similaire en faveur des réfugiés.

La participation de la société civile aux décisions et aux actions favorisant le développement a été reconnue comme cruciale par de nombreuses délégations qui ont plaidé pour des efforts supplémentaires en ce sens.  Comme exemple d’inclusion, le Chili a expliqué que le processus d’examen national volontaire est le fruit du travail de l’État en alliance avec la société civile et le secteur privé.  En même temps, le Gouvernement chilien épaule le travail de ces acteurs lorsqu’ils cherchent des solutions aux problèmes socioéconomiques. 

La preuve de la volonté d’implication de tous les acteurs a été fournie aujourd’hui par la participation de nombreuses organisations non gouvernementales, chacune avec son cheval de bataille.  Pour l’ONG The Brooke, c’est l’utilisation des animaux de trait, comme les ânes et les mulets, qu’il faut promouvoir pour aider les plus pauvres et les femmes rurales.

Parmi les intervenants, nombreux ont été ceux qui ont appelé à investir dans l’éducation, le numérique et l’information, pour augmenter les chances de développement de chaque citoyen.  Si l’éducation numérique a été mise en avant par l’Union internationale des télécommunications (UIT), d’autres ont rappelé l’importance, tout simplement, des livres: « Books to Africa International », qui œuvre en Afrique, et « Vues et Voix », une ONG canadienne produisant des livres audio, par exemple.

La lutte contre les discriminations de toutes sortes, à l’encontre des journalistes ou des personnes LGBTI notamment, a également été mentionnée comme un domaine où des progrès sont encore attendus si l’on veut atteindre un développement durable.

En parallèle au débat général s’est tenue, dans la matinée, une table ronde sur les prévisions concernant l’avenir des objectifs de développement durable.  Une autre discussion a eu lieu dans l’après-midi sur les tendances et les actions à long terme.

Lors de la séance de clôture, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, s’est félicitée que de nombreuses solutions aient été identifiées au cours des deux dernières semaines, même si « nous sommes encore un peu incertains quant à la manière dont nous pouvons atteindre les objectifs en profondeur », a-t-elle dit.  Elle a remarqué qu’il fallait encore « plus de réflexion et de changement », ainsi que « des gouvernements qui écoutent davantage la population ».

Rendez-vous est pris les 24 et 25 septembre à New York pour une nouvelle session du Forum politique de haut niveau qui se tiendra, pour la première fois, sous les auspices de l’Assemblée générale.  Ce sera le premier « Sommet des objectifs de développement durable ».

CONCERTATION DE HAUT NIVEAU SUR LES TENDANCES ET LES SCÉNARIOS FUTURS ET LES EFFETS À LONG TERME DES TENDANCES ACTUELLES SUR LA RÉALISATION DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 (E/2019/50, E/2019/65, E/2019/66, E/2019/68, E/2019/70, E/2019/78)

Débat général

M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a relevé que son pays a connu certaines avancées en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ou encore dans le secteur de l’éducation.  Un dialogue social mené dans le pays a permis d’adopter un document intitulé « Pérou vision 2050 ».  Par ailleurs, le pays a récemment adopté une politique d’égalité entre les sexes.  La lutte contre la corruption est également une priorité.  Sur la question climatique, le Pérou et l’Espagne sont les têtes de file d’une initiative internationale visant à mettre en lumière les défis socioéconomiques des changements climatiques.  Le pays entend d’ailleurs adopter des mesures de lutte contre ce phénomène qui tient compte de l’approche sexospécifique.  Le Ministre a promis que son pays présentera son second examen national volontaire l’an prochain au Forum politique. 

M. THANI THONGPHAKDI, Secrétaire permanent adjoint au ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que son pays a créé un fonds en soutien à l’éducation équitable qui a permis de prendre en charge près de 500 000 jeunes défavorisés.  Le pays a également octroyé la nationalité thaïlandaise à de nombreux apatrides.  En matière d’emploi, des centres d’insertion professionnelle permettent de faciliter l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi.  La protection des forêts est également une priorité pour le pays qui a, de plus, fourni les services d’Internet à 75 000 villages.  En ce qui concerne la coopération internationale, la Thaïlande est partie prenante à des partenariats régionaux.  Le pays a, en outre, consacré 90 millions de dollars, depuis 2002, dans le cadre de l’aide internationale aux pays de sa sous-région.

Mme H. ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a posé les questions suivantes: « où en sommes-nous dans notre mandat?  Que faisons-nous du mandat du Programme 2030?  Que faisons-nous de l’Accord de Paris? »  La Barbade a intégré les objectifs de développement durable dans son plan de développement en associant la société civile, le secteur privé, le milieu universitaire, a assuré Mme Thompson en disant que les efforts les plus grands portent sur certains objectifs comme l’énergie propre, la croissance économique, la consommation responsable et la vie aquatique.  La représentante a attiré l’attention sur les vulnérabilités uniques des petits États insulaires en développement (PEID)qui sont exacerbées par l’instabilité politique, économique et environnementale internationale qui, pourtant, n’est pas de la faute de ces pays.  « On demande simplement la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Accord de Paris », a insisté la représentante. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a dit que son gouvernement avait présenté pour la deuxième fois son examen national volontaire pour informer de l’état de la mise en œuvre du Programme 2030 dans son pays.  Ce processus est le fruit d’une politique que l’État a élaboré en alliance avec la société civile et le secteur privé.  En même temps, le Gouvernement épaule le travail du secteur privé et de la société civile en cherchant ensemble des solutions aux problèmes socioéconomiques.  Le Chili sera l’hôte de la COP25 en décembre, a aussi indiqué M. Skoknic Tapia qui a expliqué vouloir saisir cette occasion pour inciter à augmenter les engagements en faveur de l’Accord de Paris.  Les tâches, au titre de cet Accord, sont nombreuses mais nous sommes nombreux à relever les défis, a-t-il encouragé.  Le représentant a souligné aussi l’importance des défis auxquels font face les pays à revenu intermédiaire dans sa région. 

M. RODRIGO A. CARAZO(Costa Rica) a expliqué que, en tant que pays à revenu intermédiaire, le Costa Rica voit la mise en œuvre du Programme 2030 comme une responsabilité.  Cependant, il a insisté pour que les pays donateurs, les institutions financières internationales et le système des Nations Unies dépassent le critère de classification de cette catégorie.  Pour évaluer réellement les progrès, a-t-il dit, il faut considérer l’aspect multidimensionnel du développement et de la pauvreté.  Il a expliqué que le Costa Rica a pour but de réduire les inégalités et de promouvoir l’inclusion sociale, économique et politique de toutes les personnes, en particulier des filles, des jeunes et des femmes.  Le Gouvernement a pour objectif de scolariser 89% des enfants en âge préscolaire, a-t-il notamment indiqué.  En ce qui concerne l´action climatique, le Costa Rica a lancé un plan de décarbonatation sur le long-terme.

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a mentionné les efforts déployés par son gouvernement pour que le Programme 2030 soit une réalité, tout en reconnaissant qu’il faut en faire plus.  Il s’est inquiété du risque qu’une grande partie des 169 cibles des objectifs de développement durable ne soient pas atteintes à l’échéance, plaidant pour soutenir les rythmes de la mise en œuvre pour ce programme come pour le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il faut, a-t-il dit, des alliances permettant de mobiliser les ressources disponibles, en tenant compte des besoins des pays en situation particulière.  Le représentant a souligné les difficultés à produire des statistiques qui reflètent exactement l’état de la mise en œuvre du Programme 2030, plaidant pour la collecte de données désagrégées de qualité qui sont indispensables pour adopter les bonnes décisions.

M. YAHAYA HAMZA (Nigéria) a indiqué que son pays a développé un cadre institutionnel de responsabilité national à plusieurs niveaux, pour coordonner la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans son pays.  Un comité interministériel dédié à cette question a également été mis en place.  L’approche transversale permet, a-t-il explique, d’expliquer les rôles de tous les acteurs du développement qui travaillent de concert dans cette perspective.  Outre les efforts sur le plan budgétaire pour cette mise en œuvre, le représentant a mentionné les progrès de son pays en matière d’éducation, ce secteur évoluant avec l’environnement technico-économique et les exigences du marché du travail.  Il a également parlé, entre autres, des efforts menés par son pays pour lutter contre les changements climatiques, notamment le lancement de deux obligations vertes concernant l’Afrique sub-saharienne.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que les politiques de développement sont une priorité après la destruction de son pays à cause des actes de terrorisme.  « Comment un pays comme la Syrie, connaissant des situations particulières, pourrait-il bénéficier du développement, notamment quand le pays fait face à des politiques coercitives? »  Le délégué a posé cette question à l’assistance avant de regretter que certaines parties, quatre ans après l’adoption des objectifs de développement durable, sapent encore les règles de base du multilatéralisme.  Selon lui, si cette tendance persiste, alors on se retrouvera de nouveau l’an prochain pour parler des mêmes obstacles à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, dans un contexte marqué par l’augmentation continue des dépenses militaires.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est félicité du fait que son pays ait présenté son examen national volontaire hier.  Il a estimé que l’état de droit est incontournable pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour la délégation, l’objectif 16 (paix, justice et institutions efficaces) est donc crucial.  Le représentant a également plaidé pour qu’on élimine toute discrimination qui entrave l’accès à la justice, un problème qui touche en particulier les femmes et les jeunes filles.  Il a aussi déploré la sous-représentation des femmes dans la sphère politique et les écarts de salaires entre les sexes, appelant à y remédier. 

Mme DAWN HASTINGS WILLIAMS, Ministre d’État du Guyana, a assuré que l’examen national volontaire auquel s’est soumis le pays, a permis de savoir dans quels objectifs de développement durables il faudra le plus investir.  La « stratégie verte 2040 » du Guyana, qui est en harmonie avec le Programme 2030 et d’autres documents internationaux, est notre feuille de route pour une transition vers un État vert, a indiqué la Ministre.  À l’heure actuelle, nos défis sont l’accès aux services de base comme l’eau, l’éducation, l’énergie, ainsi que le manque d’opportunités d’emploi pour les femmes et les personnes à risques.  Pour conclure, la Ministre a demandé que les vulnérabilités et la résilience soient prises en compte lorsque l’on mesure les inégalités.

M. ABDALLAH AL-MOULLIMI (Arabie saoudite) a présenté sa « vision nationale » de développement qui est en harmonie avec le Programme 2030.  Le Gouvernement a fait de la création d’emplois une priorité en lançant des mégaprojets.  Les avancées que le pays a connues, s’expliquent par l’intégration du marché financier saoudien dans le système financier international.  En outre, nous sommes classés au septième rang mondial en matière d’efficacité de l’administration, a fait valoir le représentant avant de mentionner également les efforts de diversification de l’économie et ceux dirigés vers la lutte contre les changements climatiques pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Nous avons des projets sociaux en faveur de l’inclusion et de la parité, a-t-il ajouté.  Par exemple, des permis de résidence permanente ont été accordés à ceux qui veulent travailler dans le pays, 72 centres éducatifs ont été créés et des aménagements urbains spéciaux ont été mis en place pour les personnes handicapées.  L’Agence des statistiques a publié les 94 indicateurs de développement en arabe et en anglais, a également indiqué le représentant.

M. MOHAMMAD WALI NAEEMI (Afghanistan) a indiqué que son pays a traduit sur le plan national les objectifs de développement durable et les indicateurs les plus pertinents.  Ainsi, sont nés les « objectifs de développement durable de l’Afghanistan » et un mécanisme intégré de suivi et de compte rendu.  Le délégué a rappelé que son pays est « en situation particulière », puisqu’étant classé dans plusieurs catégories: pays les moins avancés (PMA), pays en développement sans littoral et pays sortant de conflit.  Il a affirmé que le terrorisme et l’extrémisme violent sont parmi les principaux défis auxquels l’Afghanistan fait face.  De ce fait, 1,1 million d’Afghans sont déplacés.  De plus, le retour de 1,7 million de réfugiés afghans a accentué la pression sur l’économie et les institutions du pays, en affectant aussi le bien-être des communautés.  Malgré ces nombreux défis, le représentant a promis que l’Afghanistan s’engage à « ne laisser personne de côté », notamment grâce aux efforts nationaux et avec le soutien conséquent des partenaires internationaux qui sont attendus. 

M. MURTADA HASSAN ABUOBEIDA SHARIF (Soudan) a affirmé que la pauvreté est le fléau le plus dangereux auquel doivent faire face les pays en développement.  Le Gouvernement du Soudan entend créer un comité de haut niveau pour faciliter l’atteinte des objectifs de développement nationaux en s’inspirant des objectifs de développement durable du Programme 2030.  Il a rappelé que le pays sort à peine d’un conflit, ce qui constitue en soi un défi majeur de développement et s’ajoute aux effets négatifs des changements climatiques.  Il a terminé son propos en plaidant pour des partenariats renouvelés dans le cadre du développement durable. 

Mme SANJA ZOGRAFSKA KRSTESKA (Macédoine du Nord) a énuméré les efforts de son gouvernement pour réaliser le Programme 2030 comme l’adoption de la loi contre la discrimination.  Tous les individus en Macédoine du Nord jouissent de leurs droits fondamentaux, a-t-il assuré.  Des lois ont été adoptées en matière d’égalité hommes-femmes, des droits des personnes handicapées et de l’emploi décent, pour contribuer au bien-être des gens.  En outre, des ressources financières sont allouées pour les jeunes entrepreneurs et la formation numérique des jeunes. 

Mme HANTASOA FIDA CYRILLE KLEIN (Madagascar) a dit que la « Grande Île » a choisi 64 cibles prioritaires sur les 164 cibles de développement durable, mais que les 85 indicateurs qui les accompagnent restent à valider.  Le programme « Émergence Madagascar 2019-2023 » est la vision de développement de Madagascar, qui fait de la mobilisation des efforts un axe central.  Ce programme prévoit surtout une politique d’adaptation aux changements climatiques qui passera par la reforestation de 40 000 hectares de terrain, l’utilisation de l’énergie renouvelable et l’électrification rurale.  Dans le cadre de la lutte contre la violence domestique, deux brigades féminines ont été créées dans deux régions en 2019.  La représentante a terminé son intervention en indiquant que le Gouvernement a lancé en 2018 un recensement général de la population et des habitations. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a indiqué que son pays est en train d’élaborer un document intitulé « la Croatie que nous voulons » en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour la délégation, le développement durable passe par l’éducation.  C’est pourquoi le système éducatif national est en mutation, notamment afin de mieux préparer les jeunes au monde de l’emploi.  Le pays promeut également des modes de production et de consommation durables, a ajouté le représentant.  Enfin, il a relevé que son pays est l’un des pays de l’Union européenne les plus affectés par les changements climatiques.

M. PATRIZIO M. CIVILI, Observateur permanent de l’Organisation Internationale de droit du développement, a estimé que l’objectif 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces est un « facilitateur » des autres objectifs de développement durable.  C’est fort de ce constat que l’OIT a organisé, en juin dernier à Rome, en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, une conférence qui a regroupé des représentants de gouvernements, des systèmes judiciaires et de la société civile, dans le cadre d’un dialogue multipartite visant à renforcer la mise en œuvre de l’objectif 16.

M. ROBIN IAIN OGILVY, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a estimé que les gouvernements vont continuer à jouer un rôle crucial dans l’instauration d’un environnement propice à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment par le biais d’une coopération multilatérale forte.  L’OCDE a redoublé d’efforts pour partager son expertise, ses données et ses outils avec la communauté internationale, a-t-il assuré en donnant l’exemple d’un partenariat avec le PNUD pour fournir des conseils d’audit fiscal à plus de 30 pays en développement.  L’OCDE insiste aussi sur l’importance d’atteindre le quatrième objectif (éducation de qualité).

L’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) a mis l’accent sur les effets des changements technologiques qui font courir le risque de fracture numérique.  Cette fracture risque d’exclure de nombreuses personnes, a averti le représentant qui a demandé la mise en place de politiques pour faire en sorte que la numérisation favorise les gens.  Il a souligné l’importance du partage d’expériences à cet égard. 

L’Union interparlementaire (UIP) a estimé que l’engagement le plus urgent est d’en finir avec l’exclusion.  Le rôle des parlementaires est important à cet effet.  Les parlementaires ont l’obligation de revoir toutes les lois pour qu’il n’y ait plus d’exclus.  La représentante a aussi souligné l’importance d’augmenter le nombre de parlementaires femmes et la nécessité d’élever le niveau de financement pour réaliser le Programme 2030.  Avant de terminer, elle a attiré l’attention sur la situation des migrants dans le monde. 

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a estimé que l’éducation est un facteur important en vue du développement durable.  Ainsi, l’enseignement aux niveaux primaire et secondaire est un service gratuit au Myanmar.  Le Gouvernement s’engage, en outre, à lutter contre les changements climatiques et il entend transformer le Myanmar en une société durable qui soit juste et équitable pour ses populations.  En tant que société multiethnique, le Myanmar entend également ancrer son unité dans la diversité.  Le pays, a ajouté le représentant, s’engage à travailler avec tous ses partenaires pour parvenir au développement durable. 

Mme CHARLOTTE LINDBERG WARAKAULLE, de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), a plaidé pour que soient adoptées des politiques adéquates afin que la science et la technologie ne produisent pas davantage de divisions.  Elle a regretté qu’à peine le quart des étudiants choisissent les domaines de science et technologies, alors que ce sont dans ces secteurs que vont se concentrer les emplois du futur.

L’Union mondiale pour la nature (UICN) a déploré les pertes à l’échelle mondiale de diversité.  Emmagasiner le carbone est l’un des meilleurs moyens de se prémunir contre les changements climatiques, a rappelé le représentant.  Il faut, a-t-il recommandé, agir de manière déterminée pour préserver la biodiversité.

La Ligue des États arabes a dit avoir organisé de nombreuses réunions ministérielles au niveau de ses pays membres pour arrêter les priorités en matière de réalisation du Programme 2030 notamment la réunion de Charm el-Cheikh en 2015 en Égypte.  Le principal défi que l’ECOSOC doit relever est le financement et la paix.  Les neuf conflits gérés par le Conseil de sécurité ont poussé des millions de personnes sur les routes de la migration, a rappelé la délégation avant de demander d’avancer dans la création de l’État de Palestine et de passer du conflit au développement. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a évoqué des avancées sur le plan national en matière d’éducation et d’éradication de la pauvreté notamment.  Il a rappelé que la communauté internationale doit aller plus vite et adopter des actions plus ambitieuses qui s’appuient sur des accélérateurs de croissance comme les technologies.  Le Kazakhstan est favorable à la création de centres régionaux des Nations Unies.  Ainsi, le pays a ouvert un bureau des Nations Unies abritant 16 agences onusiennes, ce qui permet à celles-ci de travailler davantage en synergie dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a affirmé le délégué.  Un centre pilote interrégional des Nations Unies est également en projet à Almaty. 

Mme SESSELJA SIGURDARDOTTIR (Islande) a insisté sur l’importance de l’égalité entre les sexes que le pays considère comme l’un des accélérateurs de mise en œuvre de tous les autres objectifs de développement durable.  L’Islande, s’est-elle félicitée, est le premier pays au monde qui a adopté une loi requérant des employeurs une certification sur l’égalité salariale.  De même, le congé parental pour les pères permet de renforcer l’égalité entre les genres, a-t-elle argué.

L’Union internationale des télécommunications (UIT) a dit que la révolution numérique peut aider le monde à atteindre les objectifs de développement durable.  Le représentant s’est réjoui que chaque année, les pays informent de leurs avancées sur la question des télécommunications.  La technologie peut être utilisée dans de nombreux domaines comme la santé, l’éducation, l’agriculture, mais ce qui est important, a-t-il insisté, c’est d’assurer un développement numérique « sûr et équitable ».  Il faut investir dans l’éducation numérique pour lutter contre les inégalités, a-t-il recommandé. 

Pour l’Organisation internationale du Travail (OIT), il est temps d’agir pour réaliser l’objectif de développement durable sur l’accès à des emplois décents.  Pour ce qui est du chômage, le représentant a annoncé que le monde est aujourd’hui au niveau d’avant 2008.  Il a insisté sur l’importance de la protection sociale universelle et de la lutte contre le travail des enfants.  Le représentant a rappelé l’adoption, en juin dernier, de la Déclaration du centenaire de l’OIT qui est axée sur l’être humain.

Mme HORDOSCH (ONU-FEMMES) a plaidé pour que les femmes soient impliquées dans tous les processus de développement, seul moyen de réaliser le Programme 2030 selon elle.  De même, il faut lutter contre la crise climatique en tenant compte des sexes.  Elle a souhaité que les futurs examens nationaux volontaires se fassent en tenant compte de l’approche genre.

M. ASHRAF ELNOUR MUSTAFA MOHAMED NOUR de l’Organisation international pour les migrations (OIM) a dit que le Programme 2030 et le Pacte sur les migrations sont intimement liés, puisque le premier avait identifié les migrations comme un élément de développement.  Les objectifs de développement durable ne peuvent être réalisés si les migrations ne sont prises en compte dans les politiques de développement, a-t-il prévenu. 

L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a défendu la thèse que sans la réalisation des objectifs de développement durable sur l’accès à une éducation de qualité, l’accès à des emplois décents, la réduction des inégalités et les partenariats pour la réalisation des objectifs, il ne peut y avoir de développement durable.  L’ONUDI peut aider à favoriser la coopération internationale en matière de développement industriel, a-t-il indiqué.

Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes a encouragé à prendre en compte les politiques de réduction des risques de catastrophe dans les plans nationaux de développement.  Il a prié les gouvernements de s’inspirer du Cadre de Sendai pour l’élaboration de leurs stratégies respectives de réduction des risques.  Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance du financement des politiques d’atténuation.  La réduction des risques de catastrophe est le meilleur investissement pour le Programme 2030, a-t-il conclu.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déploré le fait que la faim ne cesse d’augmenter dans le monde, selon le dernier rapport conjoint FAO-FIDA.  De plus, le nombre de personnes obèses est désormais supérieur à celui des personnes souffrant de la faim.  Il faut donc changer les modèles agricoles afin de veiller à ce que les régimes alimentaires soient adéquats pour une bonne santé des populations.

Mme DAVTYAN de l’ONUSIDA, a dit que toutes les semaines, de nombreuses femmes sont infectées par le VIH du fait de la violence sexuelle et sexiste.  Il faut donc changer les lois, y compris celles empêchant les personnes infectées de voyager, a-t-elle souhaité.  Elle a déploré qu’un milliard de dollars manquent dans la lutte contre le VIH/sida.

L’International Rescue Committee a lancé trois appels à l’action: tenir compte des réfugiés, inclure les réfugiés dans les plans nationaux de développement, adopter des mesures pour les populations réfugiées.  Le Comité a annoncé qu’il organisera une réunion des chefs d’entreprise en marge du Sommet du développement durable en septembre.

Pour le grand groupe des femmes, réaliser le Programme 2030 nécessite des actions communes afin qu’il bénéficie aux plus vulnérables.  Le groupe a lancé un appel à se libérer du joug des industries de divertissements et des complexes militaro-industriels. 

La responsable de la Fondation Luz Maria a dit que son organisation travaille à New York dans le domaine de la lutte contre la violence familiale, en particulier celle à l’encontre les femmes.  Même s’il y a eu des progrès, des changements sont nécessaires, a-t-elle relevé.  C’est pourquoi elle a plaidé pour l’indépendance financière des femmes, afin qu’elles ne soient plus à risque d’exploitation et de violence. 

Le grand groupe des enfants et des jeunes a recommandé de rémunérer les stagiaires et de garantir une égalité entre jeunes des milieux ruraux et ceux des villes.  Le groupe déplore le fait que les jeunes soient confrontés à plusieurs discriminations, alors qu’ils devraient être en première ligne de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le travail de la HUAIROU COMMISSION (Femmes, Foyers et communautés) est de surveiller la mise en œuvre par les gouvernements du Programme 2030, a expliqué sa représentante.  De l’avis de la Commission, les femmes doivent participer à la mise en œuvre de ce Programme et il faut que leur participation soit financée.

Le grand groupe des ONG a demandé l’arrêt des subventions aux industries néfastes.  Le groupe a voulu que la communauté internationale appuie davantage la lutte contre les flux financiers illicites et fasse son maximum pour assurer les services sociaux de base aux plus vulnérables.

La représentante de l’ONG The Brooke a rappelé que 600 millions de personnes à travers le monde se servent des animaux de trait comme les ânes et les mulets.  Elle a expliqué que les pauvres auraient plus de revenus s’ils pouvaient bénéficier du support qu’apportent ces animaux.  De même, ces animaux permettent d’alléger les tâches des femmes rurales.  C’est pourquoi, il faut modifier l’objectif 15 de développement durable sur la vie terrestre en intégrant les animaux de trait, a réclamé la représentante. 

Le grand groupe des personnes âgées a rappelé que ces personnes sont tout aussi importantes et doivent être reconnues comme participantes à leur propre développement.  Les gouvernements doivent donc harmoniser les législations nationales afin de mettre fin à la discrimination dont elles sont victimes.

Le Saudi Green Building Forum a dit que le volontariat est nécessaire pour réaliser le Programme 2030 en particulier le développement urbain.  Il a aussi plaidé pour que les ONG dans les pays arabes soient prises en compte dans l’élaboration des rapports de l’examen national volontaire.

L’Education and Academia Stakeholder Group a réitéré l’importance de   l’éducation tout au long de la vie et son caractère indispensable pour accompagner les objectifs de développement durable.  Le représentant a dénoncé le manque de ressources gouvernementales consacrées à l’éducation et à l’égalité entre les hommes et les femmes. 

Le délégué de Citizens’Coalition for Economic Justice a plaidé pour « plus de justice en faveur des petites gens ».  Il a expliqué que les crises économiques, comme celles que la République de Corée a connues par le passé, sont inévitables si les grandes entreprises détenues par des grandes familles continuent de créer des conglomérats qui exploitent les populations en leur offrant une rétribution insuffisante.

Le responsable du grand groupe des volontaires a dit que l’on ne peut réaliser les objectifs de développement durable sans tenir compte du travail des volontaires.  Il faut donc un appui en leur faveur pour leur permettre d’avoir plus d’impact.  Il a assuré que le bénévolat fleurit quand il est soutenu politiquement.  Il a salué le fait que, 19 des 47 examens nationaux volontaires de cette session du Forum politique, aient reconnu l’impact du travail des volontaires. 

L’organisation VAAGHARA a recommandé de traiter les incidences des changements climatiques en s’inspirant des connaissances des agriculteurs indiens autochtones.  Les programmes publics doivent faire revivre l’agriculture autochtone en lui accordant des financements, a-t-elle plaidé. 

Le Sendai Stakeholder Group a promu le Cadre de Sendai qui est là pour aider à élaborer les politiques de réduction des risques de catastrophe.  Il faut décentraliser et délocaliser les allocations de ressources dans ce domaine, a-t-il conseillé. 

Le délégué de Global Forum for Media Development a déploré le fait que l’hostilité contre les journalistes prenne de l’ampleur à travers le monde.  Il y a pourtant un lien étroit entre le manque d’accès à l’information et le manque de sociétés justes, a-t-il affirmé.  C’est pourquoi il a demandé à tous les États de renforcer l’accès à l’information et à protéger les journalistes, en commençant par libérer tous ceux qui sont actuellement emprisonnés. 

Le grand groupe LGBTI a rappelé que les États ont pris l’engagement de faire en sorte que chacun participe au développement de sa société.  Il faut donc produire des données ventilées qui éclairent sur les obstacles à la participation, a-t-il dit.  Le groupe a insisté pour faire tomber toutes les barrières qui empêchent la participation des LGBTI au développement durable.

La Fédération internationale de l’immobilier a expliqué qu’elle aide ONU-Habitat dans sa mission.  La Fédération a créé un instrument pour aider les communautés et les élus à s’impliquer dans la réalisation du Programme 2030 dans le domaine du logement.  La Fédération est en train de lancer la Stratégie de l’habitat durable, a ajouté le représentant.

La Confédération italienne du travail a dit défendre, en Italie, l’intérêt général dans le domaine de l’emploi et en particulier l’intérêt des travailleurs. Nous favorisons le dialogue entre les parties prenantes locales et les organisations spécifiques, a-t-elle dit.  C’est un contrat social couronné de succès lorsque le financement est assuré.  Le développement local est au centre de nos préoccupations, a-t-elle assuré.

Vues et Voix, une ONG canadienne produisant des livres audio depuis 1976 pour les gens ne pouvant lire, a souhaité que la culture et l’information soit accessible à tous.  La déléguée a plaidé pour des partenariats avec le secteur privé pour mettre à disposition des livres audio pour tous ceux qui en ont besoin.

La Fundacion Latinoamericana por los Derechos Humanos y el Desarrollo Social, a déploré le fait que les enfants vénézuéliens qui bénéficient de soins spécialisés à l’étranger ne peuvent désormais plus recevoir leur traitement parce que les banques ont peur de subir des mesures de représailles du fait du blocus financier et économique dont le Venezuela est victime.

Le Comité international pour la paix et la réconciliation a dit que dans beaucoup de pays, les gens travaillent pour un salaire misérable ou sans salaire du tout.  Plus de 43 millions de personnes travaillent toujours sous une forme ou une autre d’esclavage, a-t-il dit pour sensibiliser à ce problème et appeler à y remédier. 

Le World Council for Curriculum and Instruction a souligné le rôle de l’éducation pour renforcer l’esprit critique et pour promouvoir une culture de paix.  Si nous voulons réaliser l’objectif de développement durable sur l’éducation de qualité, il faut s’appuyer sur nos valeurs, a-t-il recommandé.

First Modern Agro (FI.MO.AT.C.I.G), a parlé d’un génocide en cours dans la partie anglophone du Cameroun.  Après celui qu’a connu le Rwanda en 1994, la communauté internationale avait promis que cela ne se produirait plus, a-t-elle déploré.  Elle a demandé que l’ONU envoie une équipe de médiation sur place afin d’évaluer la situation.  Le Président Biya, après 38 ans au pouvoir, n’a rien fait pour mettre fin à ce génocide, a affirmé la déléguée.  Elle a plaidé pour des solutions qui tiennent compte des racines profondes de la crise.  « Ne dites pas que vous n’étiez pas au courant », a-t-elle lancé en plaidant pour la restauration de l’état de droit dans le pays et en demandant que les responsables de la situation soient traduits en justice.

Fundación Argentina a las Naciones Camino a La Verdad a appelé à une ONU plus responsable et plus visionnaire.  Il faut aussi que l’ONU rejette la compétitivité qui n’est que l’expression de l’égoïsme, a-t-elle dit.  Elle a plutôt conseillé de promouvoir la solidarité et la protection des populations.

Face aux ravages de l’agribusiness, la Bauerliche Erzeugergemeinschaft Schaft Schwabisch Hall W.V. a préconisé le passage à l’agriculture naturelle qui est la seule façon d’assurer une production agricole durable.  Cela changera la politique agricole, a dit l’organisation qui a demandé de l’assortir d’une économie capable d’aider à sauver les ressources naturelles. 

Les partenaires pour la transparence ont souligné l’importance de l’objectif de développement durable sur la justice et la paix pour le développement de l’Afrique.  Les interventions étrangères en Afrique ne font que retarder le développement des Africains, a estimé l’organisation.  L’ONG a demandé l’application des mesures de l’Union africaine contre le terrorisme.

La déléguée de l’union des villes et agences de coopération Nord-Sud s’est désolée de voir des sociétés du Sud dans lesquelles les jeunes ne peuvent plus investir à cause des sociétés d’investissements.  Elle a demandé à l’ONU d’agir pour limiter les conséquences d’un système financier injuste sur les économies des pays en développement.  Elle a aussi plaidé pour l’intégration des jeunes entrepreneurs du Sud dans les systèmes de valeurs mondiaux.

Pirate Parties International Headquaters, une organisation non gouvernementale qui plaide pour l’implication de la société civile dans la gouvernance, a expliqué que l’Internet est un puissant outil de participation populaire à la gestion des affaires publiques.  Ainsi, a-t-elle suggéré, les membres des communautés devraient participer directement à la gestion de la cité au lieu d’élire des représentants qui ne soutiennent pas toujours leurs avis et positions.  L’ONG appelle donc à un système électoral s’appuyant davantage sur le numérique.

Pour Stockholm International Water Institute, l’eau est un moteur pour tous les objectifs de développement durable.  L’accès à l’eau peut notamment aider les jeunes filles à revenir à l’école.  L’accès à l’eau est également nécessaire à toutes les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  Elle a aussi souligné l’utilité de la « diplomatie de l’eau » qui peut être non seulement un point d’entrée pour démarrer le dialogue, mais aussi un moyen de progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Books to Africa International a fait valoir l’importance de l’accès aux livres pour le développement, pour améliorer la qualité de l’éducation en Afrique et appuyer la protection de l’environnement.  L’organisation offre des bourses au Nigéria.

African Views Organization, une ONG basée au New Jersey, a parlé de la place des monarques africains.  La responsable, qui s’est présentée comme une reine de la République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que les rois et reines d’Afrique ont gardé des pouvoirs ancestraux.  Selon elle, ils doivent donc jouer un rôle majeur dans le développement du continent.  Ils peuvent, par exemple, contribuer à la lutte contre le travail des enfants, ou encore aider à la résolution des conflits, a-t-elle argué.

The Royal institution of Chartered Surveyors, a estimé que les questions des terres sont cruciales.  Or, les droits fonciers ne sont pas clairs dans de nombreux pays, a-t-il déploré en faisant observer que des millions de gens sont dépossédés de leur terre chaque année.  C’est pourquoi l’ONG plaide pour l’établissement de normes foncières mondiales, afin d’établir des sociétés plus équitables.

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