Conflit israélo-palestinien: l’appel des États-Unis à rejeter le consensus international suscite une vive opposition au Conseil de sécurité

8583e séance – matin
CS/13895

Conflit israélo-palestinien: l’appel des États-Unis à rejeter le consensus international suscite une vive opposition au Conseil de sécurité

Moins d’un mois après le lancement, par les États-Unis, d’un plan de paix pour régler le conflit israélo-palestinien, dont le volet politique n’a toujours pas été dévoilé, la délégation américaine a appelé aujourd’hui, lors d’un débat du Conseil de sécurité sur la question, à mettre de côté les résolutions « délibérément ambiguës » du Conseil et la recherche du consensus international, au profit de négociations directes entre Israël et la Palestine.  Ces propos ont suscité une vive opposition de la part de nombreux États Membres, en tête desquels l’Allemagne, qui a refusé de réduire les résolutions du Conseil et le droit international à « un menu dans lequel on choisit à la carte ».

Le plan lancé, le mois dernier, par le Président Donald Trump offre une « occasion en or » de parvenir à un accord de paix, ont estimé les États-Unis, en référence à la conférence convoquée par le pays à Bahreïn, les 25 et 26 juin.  Lors de cet évènement, intitulé « De la paix à la prospérité », Washington a détaillé la dimension économique de son initiative, centrée sur des investissements de plusieurs milliards de dollars en Cisjordanie et à Gaza.  Nous ne proposons pas seulement une « paix économique », ont toutefois précisé les États-Unis, appelant les parties à s’armer de patience dans l’attente de la publication prochaine du volet politique de leur plan.  Ceux qui appellent à « un consensus international impossible à trouver » s’opposent en réalité à la paix entre Israël et la Palestine, a affirmé la délégation américaine, qualifiant cette approche d’« excuse pour se cacher derrière l’inaction ».  Quant aux « résolutions délibérément ambiguës » du Conseil, elles ont pour seul effet de « nier la réalité » du terrain, a estimé le pays.  « Nous ne parviendrons pas à résoudre le conflit israélo-palestinien depuis cette salle », ont tranché les États-Unis: « la seule solution au conflit passe par des négociations directes entre les deux parties ».

« Le droit international n’est pas un menu dans lequel on choisit à la carte ce que l’on désire », a rétorqué l’Allemagne, refusant de le réduire à « une chose futile ».  Au contraire, la délégation allemande a réaffirmé la nature contraignante des résolutions du Conseil en matière de sécurité.  La solution des deux États, telle que définie dans ces résolutions, est la seule issue viable au conflit, a ajouté la Chine, estimant que toute nouvelle initiative devait se conformer aux paramètres internationaux existants, une position également défendue par le Royaume-Uni.  Il existe en effet un consensus autour de l’application du droit international, a renchéri la Fédération de Russie.  Si ce n’est sur ce droit, sur quelle base les États-Unis entendent-ils s’acquitter de leur rôle de médiation? s’est interrogé le délégué russe, appelant plutôt le Conseil à dépêcher une mission sur place pour inverser la tendance actuelle. 

En effet, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain, marquée, selon elle, par la poursuite des activités de colonisation illégales d’Israël en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, les tentatives du pays de « légaliser » les colonies, la montée des violences entre Israéliens et Palestiniens dans les territoires occupés, la division entre factions palestiniennes à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, et l’absence de solution concernant la retenue des revenus fiscaux de l’Autorité palestinienne par Israël.  Ces tendances continuent de saper la perspective de la solution des deux États d’après les frontières d’avant 1967, a déploré Mme DiCarlo.

Le consensus demeure qu’une telle solution serait la garante d’une paix juste, durable et globale, a estimé la Palestine, tout en réaffirmant que le droit international, les résolutions du Conseil et la responsabilité conférée à ce dernier par la Charte de l’ONU restent la seule voie pour mettre fin au conflit.  Or, avec l’appui de « son plus ardent soutien au Conseil », Israël poursuit sa politique de « nettoyage ethnique et de déplacement forcé qui équivaut à un crime de guerre et qui doit être pleinement condamné et poursuivi en tant que tel », a-t-elle déploré, dénonçant l’affaiblissement du système international fondé sur des règles qui découlent de l’incapacité à faire respecter le droit sur cette question.

Nous sommes unis avec nos voisins arabes par notre volonté de contrer le régime iranien et ses ambitions nucléaires, a de son côté affirmé Israël, accusant Téhéran d’utiliser ses alliés, dont le Hezbollah, pour commettre des crimes partout dans le monde et tenter d’acquérir l’arme nucléaire afin de détruire Israël.  L’Iran utilise désormais des canaux maritimes civils pour y parvenir, dont le port de Beyrouth, qui est devenu « le port du Hezbollah », a affirmé le pays, jugeant de plus en plus difficile de savoir « où termine Beyrouth et où commence Téhéran ».

Le fait qu’Israël utilise de telles allégations pour détourner l’attention de la communauté internationale des malheurs causés par son occupation des territoires palestiniens n’a rien de nouveau, a estimé le Liban.  Mais il les utilise aujourd’hui pour préparer le terrain et la communauté internationale à une future attaque contre les ports et aéroports civils libanais, a mis en garde la déléguée libanaise, appelant le Conseil à empêcher Israël de déclarer une nouvelle guerre contre le Liban, comme en 2006.  On nous inonde de détails sans intérêt sur l’Iran, alors que la question n’a strictement rien à voir avec la fin de l’occupation israélienne des territoires arabes, a, quant à elle, déploré la Syrie, dénonçant l’appui apporté par Israël aux terroristes dans le Golan arabe syrien, les incarcérations injustifiées de Syriens du Golan et la volonté israélienne de créer une nouvelle colonie de peuplement appelée « Trump Heights » dans la zone. 

Que ce soit à Jérusalem, en Cisjordanie ou dans le Golan, l’acquisition de territoires par la force est illégale, a déclaré la France, appelant les États Membres, dans le contexte précaire actuel, à soutenir financièrement l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Et plutôt que de se perdre en « spéculations politiques », nous devrions en revenir à l’Initiative de paix arabe, a appelé l’Égypte, estimant que son approche souple était à même de répondre aux aspirations de tous les peuples de la région.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Le conflit israélo-palestinien se trouve toujours dans l’impasse, une situation qui confine à la « paralysie dangereuse », a regretté Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, à l’entame de son intervention, en soulignant que la situation actuelle alimente l’extrémisme et exacerbe les tensions entre Israël et les territoires palestiniens occupés.  Dans ce contexte, Mme DiCarlo a mis en garde contre le risque croissant « d’actions unilatérales » et de « perte d’espoir » dans la capacité d’un processus de négociation d’aboutir à la paix.  « Mais cela n’est pas inévitable », a-t-elle ajouté, appelant la communauté internationale à créer un environnement propice à la conduite de négociations sur toutes les questions en suspens, y compris le statut final de Jérusalem.

En l’absence de perspectives concernant la conduite de négociations « viables », les faits sur le terrain continuent de saper la possibilité de réaliser la solution des deux États, a estimé la Secrétaire générale adjointe.  En juin, a-t-elle rappelé, un tribunal a jugé que quatre logements dans la colonie d’Alei Zahav pourraient être « régularisés rétroactivement » en vertu du droit israélien, en dépit du fait que ces logements avaient été construits sur des terrains palestiniens privés.  Cette décision est la première mise en pratique du principe de « régularisation du marché », en vertu duquel 2 000 logements situés dans des colonies pourraient être « légalisés » par Israël, a déploré Mme DiCarlo, ajoutant que, le 8 juillet dernier, la construction de 48 unités supplémentaires avait été approuvée à Jérusalem-Est.  « Je réaffirme que les colonies demeurent un obstacle important à la paix et constituent une violation du droit international », a déclaré la Secrétaire générale adjointe.

Parallèlement, les démolitions et confiscations de propriétés palestiniennes par les autorités israéliennes ont continué, a poursuivi Mme DiCarlo, précisant que 66 structures avaient été détruites ou saisies sur la période à l’examen.  « Cette pratique doit cesser », a-t-elle appelé, ajoutant que de telles agissements avaient conduit au déplacement de 90 Palestiniens, dont 58 enfants, et affecté les conditions de vies de 6 307 personnes au total.

Par ailleurs, au cours du dernier mois, les violences à Gaza ont à nouveau diminué, a salué la Secrétaire générale adjointe, précisant toutefois qu’un Palestinien avait été tué et 736 autres blessés par les forces israéliennes, dont 234 enfants et 39 femmes.  Dans le même temps, le Hamas et d’autres groupes militants palestiniens à Gaza ont lancé moins de ballons et de cerfs-volants incendiaires, a également salué Mme DiCarlo, donnant le chiffre de 130 incendies signalés durant cette période, sans qu’aucune victime n’ait toutefois été à déplorer.  De la même manière, la Secrétaire générale adjointe a noté une réduction des tirs de roquette en direction d’Israël, depuis l’escalade dangereuse de mai dernier.  Deux roquettes ont été lancées durant la période écoulée, sans faire de victimes, a-t-elle précisé.  Mme DiCarlo a rappelé que le lancement de roquettes et les tirs de mortier à l’encontre d’Israël sont contraires au droit international humanitaire.  « Le Hamas et le Djihad islamique palestinien doivent mettre fin immédiatement à ces pratiques », a-t-elle insisté. 

Cependant, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, la période à l’examen s’est traduite par une poursuite des incidents violents en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Elle a ainsi déploré la mort par balle d’un enfant palestinien, sur lequel un policier israélien a ouvert le feu à Jérusalem-Est, le 27 juin dernier.  De manière générale, les forces israéliennes ont blessé 154 Palestiniens, dont 14 enfants, dans des affrontements qui ont éclaté un peu partout à travers la Cisjordanie, a déploré Mme DiCarlo, ajoutant que les violences perpétrées par les colons israéliens avaient également continué.  Ainsi, 6 Palestiniens ont été blessés par des Israéliens, a-t-elle précisé, ajoutant que, parallèlement, 2 Israéliens avaient été blessés par des Palestiniens.  La Secrétaire générale adjointe a condamné toute attaque contre des Palestiniens ou des Israéliens et a appelé les parties à mettre fin aux actes de violence.  Tous les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables, a-t-elle ajouté.

Revenant sur la situation à Gaza, Mme DiCarlo a indiqué que l’Égypte continue d’œuvrer en tant que médiateur en faveur de la désescalade des tensions.  Elle s’est toutefois dite très préoccupée par la situation humanitaire, économique et politique de Gaza.  Depuis le dernier cycle de médiation sous l’égide de l’ONU et de l’Égypte, la zone de pêche de Gaza a été élargie de 10 à 15 milles marins, a toutefois indiqué la Secrétaire générale adjointe.  De plus, a-t-elle ajouté, Israël a rendu 44 navires de pêche confisqués à Gaza et a levé certaines restrictions qui entravaient les déplacements des hommes d’affaires basés à Gaza.  Mme DiCarlo s’est félicitée de cette évolution et a appelé les parties à poursuivre sur cette lancée.

Toutefois, la racine du problème à Gaza demeure de nature politique, a-t-elle estimé, appelant toutes les factions palestiniennes à prendre des mesures concrètes pour garantir la réunification de Gaza et de la Cisjordanie, au sein d’un gouvernement national démocratique unique.  De ce point de vue, la Secrétaire générale adjointe a estimé que Gaza devait impérativement faire partie de la solution des deux États. 

Pour le cinquième mois consécutif, aucune solution n’a été trouvée pour régler la question des revenus fiscaux dus par Israël à l’Autorité palestinienne, a-t-elle regretté, appelant les deux parties à entamer des négociations constructives sur cette question, afin de relancer l’économie palestinienne, actuellement en récession.  Mme DiCarlo a noté la récente décision de la Ligue des États arabes d’allouer 100 millions de dollars par mois à l’Autorité palestinienne, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.  Elle a également pris note de la tenue de la conférence économique de Manama, intitulée « De la paix à la prospérité », qui a eu lieu dans la capitale du Bahreïn les 25 et 26 juin derniers, à l’initiative des États-Unis.  L’appui humanitaire et économique à la population palestinienne est crucial pour créer un environnement propice à des négociations viables, a-t-elle estimé. 

En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a, une nouvelle fois, appelé à mettre un terme à la « tendance négative » actuelle dans les territoires palestiniens occupés.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a réitéré sa conviction selon laquelle le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité et la responsabilité conférée à celui-ci par la Charte des Nations Unies en matière de paix et de sécurité internationales restent l’unique voie pour mettre fin à la souffrance humaine et pour arriver à la paix en Palestine.  « Après plus de 52 ans d’occupation illégale des terres palestiniennes par Israël, il est temps de redresser la situation.  Cette situation flagrante de belligérance et d’occupation coloniale étrangère doit cesser. »  M. Mansour a estimé que « l’absence totale de responsabilité pour les violations les plus graves s’est transformée en apartheid ».  L’incapacité à faire respecter le droit sur cette question a affaibli le système international fondé sur des règles, a-t-il ajouté en souhaitant que ce système ne soit jamais considéré comme une norme.  Les obligations juridiques, politiques et morales du Conseil et de la communauté internationale sont claires, selon lui, comme le sont les principes et les valeurs de la paix et de la sécurité. 

M. Mansour a ensuite dénoncé Israël et « son plus ardent soutien au Conseil » qui se moquent de ces valeurs comme « des choses du passé ».  Cela a été vu hier pendant la destruction injuste de 10 bâtiments résidentiels comportant au moins 70 appartements qui logent des centaines de familles dans le territoire occupé de Sour Baher, dans la banlieue de Jérusalem.  Au lieu d’abattre le « mur illégal », Israël s’en sert comme prétexte pour détruire les maisons palestiniennes, a-t-il déploré.  Selon l’Observateur, ces actes constituent une violation des résolutions des Nations Unies et de la Charte ainsi que de l’interdiction d’acquérir du territoire par la force.  Ils constituent, a-t-il ajouté, une brèche à la quatrième Convention de Genève, un mépris de l’avis consultatif de 2014 de la Cour internationale de Justice, et enfin un crime de guerre conformément au Statut de Rome.

L’Observateur a décrit les familles qui ont été déplacées et dépossédées de leurs biens, hier: il s’agit de 17 personnes, dont 11 enfants.  Neuf réfugiés sont traumatisés par ce nouveau déplacement, a-t-il précisé en relevant en outre que comme les destructions se poursuivent, 350 autres Palestiniens craignent de subir les mêmes pertes.  Il s’agit d’un « acte flagrant de nettoyage ethnique et de déplacement forcé qui équivaut à un crime de guerre et qui doit être pleinement condamné et poursuivi en tant que tel », a exigé l’Observateur palestinien.  Le Gouvernement israélien, ses responsables et ses militaires doivent être tenus pour responsables de ces crimes, a-t-il demandé en plaidant pour que la réparation et la restitution de ces pertes soient obligatoires pour la Puissance occupante.  M. Mansour a déclaré que l’État de Palestine n’épargnera aucun effort et continuera de chercher toute possibilité de mettre fin à l’impunité et d’assurer la justice pour les victimes, y compris devant la Cour pénale internationale. 

Le consensus mondial sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et sur les principes d’une solution juste reste fort, a ensuite observé M. Mansour, qui a aussi relevé les fréquents appels à l’action pour réaliser la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Les mêmes appels sont entendus pour mettre fin à l’occupation illégale d’Israël et pour réaliser l’indépendance et la souveraineté de l’État de Palestine, a-t-il ajouté: le consensus demeure qu’une telle solution serait le garant d’une paix et de la sécurité justes, durables et globales entre Israéliens et Palestiniens et entre Arabes et Israéliens.  L’Observateur palestinien a appelé à une action internationale, conforme aux obligations juridiques, politiques et morales envers la question palestinienne. 

Il doit y avoir une reddition de comptes, a-t-il lancé: tous les moyens politiques et juridiques légitimes, y compris les poursuites devant les tribunaux et les sanctions, doivent être utilisés sans hésitation.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et agir immédiatement, éviter la détérioration de la situation, protéger les civils innocents et sauver les chances d’une paix juste, a recommandé M. Mansour avant de dire qu’« Israël doit subir les conséquences de ses violations et de son mépris de la volonté de la communauté internationale ». 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a rappelé qu’en 1979, le monde avait été le témoin de deux évènements historiques: l’Accord de paix israélo-égyptien, qui ouvrait la voie à une paix durable, et la prise de pouvoir de Khomeini en Iran, qui avait « mis en péril l’avenir et les aspirations du peuple iranien ».  En 2018, Israël et l’Égypte sont toujours en paix, tout comme Israël et la Jordanie le sont aussi, grâce à cet Accord de paix de 1979, a-t-il relevé.  Mais, selon le représentant, « les forces du chaos se sont étendues au-delà des frontières de l’Iran, notamment en Iraq, au Yémen et dans d’autres parties de la région ».  Le régime iranien utilise ses alliés pour commettre des crimes dans le monde entier et fait tout pour essayer de se doter d’armes nucléaires afin de détruire Israël, a affirmé le représentant en martelant qu’il faut affronter « ce régime qui sème l’extrémisme et la haine ».

Poursuivant, M. Danon est revenu à l’année 1979 qui avait marqué l’essor des forces de l’extrémisme en Iran, sous le régime de Khomeini.  Aujourd’hui encore, a-t-il remarqué, les dirigeants du régime iranien soutiennent ces idées dans le but d’exporter la révolution iranienne.  « Ces forces du mal sont actives au Liban, au Yémen, et elles apportent leur soutien au Hezbollah », a-t-il renchéri.

Le Conseil de sécurité n’a toujours pas d’image concrète de la situation dans le sud du Liban où le Hezbollah « s’est infiltré » dans la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a affirmé le délégué en estimant qu’il devient de plus en plus difficile de savoir « où termine Beyrouth et où commence Téhéran ».  Brandissant une carte de la région, M. Danon a accusé le « régime iranien » de transférer des armes en utilisant plusieurs voies, notamment celle vers la Syrie.  Israël s’est rendu compte que l’Iran a commencé à utiliser des canaux maritimes civils à cette fin et, aujourd’hui, « le port de Beyrouth est devenu le port du Hezbollah », a encore affirmé le représentant. 

M. Danon a également déclaré que certaines organisations syriennes sont utilisées comme couverture pour le trafic de matériels à double usage.  « Êtes-vous certains que vos entreprises ne figurent pas parmi celles qui fournissent ces matériaux à double usage? » a-t-il demandé aux membres du Conseil.

Revenant sur la décision iranienne de reprendre l’enrichissement de son uranium en dépit du Plan d’action global commun, il y a vu la preuve des ambitions nucléaires iraniennes et a voulu savoir ce que les membres du Conseil de sécurité et les autres pays signataires de l’accord allaient faire pour contrer le régime iranien.  « L’heure n’est pas à l’optimisme mais au réalisme », a-t-il déclaré.

« Israël et ses voisins arabes sont unis autour de la volonté de contrer le régime iranien et ses ambitions nucléaires », a remarqué le représentant israélien.  Il a rappelé qu’Israël avait proposé, il y a trois ans, un cadre qui repose sur la coopération régionale, pour faire face aux forces qui s’opposent à la paix et qui « sont toutes rattachées au régime iranien », selon lui.  « Nous ne pouvons pas jouer la carte de l’apaisement lorsqu’il est question de ce régime.  Nous devons agir », a-t-il conclu.

M. KENNETH GREENBLATT (États-Unis) a estimé que le projet américain esquissé lors de la conférence qui a eu lieu à Manama les 25 et 26 juin derniers, offrait une « occasion en or » aux deux parties de parvenir à un accord de paix.  Le Président Donald Trump souhaite améliorer la vie des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie comme celle des Israéliens, a affirmé le représentant, avant de remercier le Bahreïn d’avoir accueilli l’évènement. 

Cette conférence a ouvert la voie à un projet « réaliste » de développement économique susceptible de créer une croissance du secteur privé au bénéfice de tous les acteurs concernés par le conflit, a poursuivi le représentant.  Il a toutefois reconnu que ce projet économique n’était pas réalisable en l’absence d’une solution politique au conflit.  Nous ne proposons pas une « paix économique », a-t-il insisté.  En l’attente de la publication prochaine du contenu du volet politique du plan américain pour le conflit, le représentant a appelé les parties à prendre leur mal en patience et à se garder de tout discours susceptible d’attiser les tensions. 

« Il n’y aura pas de consensus international sur le fait de savoir qui a raison et qui a tort dans ce conflit », a poursuivi le représentant.  À ses yeux, ceux qui appellent à un consensus international font en réalité obstacle à la paix et utilisent la notion de consensus comme « une excuse pour se cacher derrière l’inaction ».  Ne nous voilons pas la face, a insisté le représentant: s’il était possible de parvenir à un consensus international, cela aurait été fait il y a des décennies. 

De ce point de vue, le délégué a estimé que les « résolutions délibérément ambiguës » du Conseil sur la question ne contribuent qu’à « nier la réalité sur le terrain ».  L’interprétation de l’une des résolutions les plus citées, la résolution 242 (1967), a notamment fait l’objet de vifs débats au cours des 50 dernières années, a-t-il précisé.  « Ce débat ne nous a pas rapprochés d’une paix durable et globale », a estimé le représentant.  De la même manière, il a estimé qu’il n’existait aucun consensus international sur la question du statut de Jérusalem-Est.  Selon lui, il n’y a pas de raison pour dire que la ville ne peut pas devenir la capitale d’Israël, si l’on garantit, parallèlement, la protection des sites des grandes religions monothéistes dans la ville. 

« Nous ne parviendrons pas à résoudre le conflit israélo-palestinien depuis cette salle », a en outre affirmé le représentant, estimant que seule la conduite de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens peut permettre de résoudre la question.  « Il faut faire preuve de créativité et de respect », a recommandé le représentant, rappelant qu’Israël avait déjà concédé près de 88% des territoires acquis par le pays en 1967.  « Soyons honnête, la seule solution, c’est la tenue de négociations directes entre Israël et la Palestine », a une nouvelle fois insisté le représentant.  « Tournons-nous vers l’avenir plutôt que de ressasser le passé. » 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé que pas plus tard qu’hier, Israël a démoli des bâtiments civils dans la ville de Sour Baher et que ces opérations se poursuivent sous la houlette de l’armée israélienne.  L’UNRWA et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont condamné ces actions israéliennes aux conséquences dramatiques pour les civils palestiniens, a dit le représentant.  Pour lui, il ne fait pas de doute que l’absence de reddition de comptes par Israël pour ses « mesures et actes illicites » est à la base de l’aggravation de la situation dans le territoire palestinien occupé et de l’escalade de violence, qui, à son tour, torpille toute perspective de paix. 

Les activités d’incursion, les raids contre la mosquée Al-Aqsa, la démolition de bâtiments civils et les expulsions forcées de Palestiniens sont devenus monnaie courante dans « le silence de la communauté internationale », a-t-il constaté.  C’est toujours l’absence de reddition de compte et le refus d’Israël de mettre en œuvre la résolution 1860 (2009) qui sont à la base de la situation humanitaire affligeante dans la bande de Gaza, a-t-il aussi estimé.  « Les autorités israéliennes devraient recourir à des mesures correspondant aux besoins de la population des territoires occupés, au titre du droit international, or cela n’est pas le cas. »  Voilà pourquoi le Koweït appelle Israël à s’acquitter de ses obligations, et le Conseil de sécurité à y veiller, a dit le délégué.

S’agissant de l’UNRWA, le représentant a estimé que les services de l’Office sont indispensables et que la communauté internationale doit continuer à le financer.  Il a également accusé Israël de « manipuler la vérité » et a appelé au respect des droits inaliénables des Palestiniens, en insistant sur l’application de la feuille de route arabe et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

« Je serai assez bref car nous tournons en rond », a déclaré en introduction M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), avant de souscrire pleinement aux propos énoncés par Mme DiCarlo dans sa présentation.  « Ce conflit est avant tout un conflit politique, qui ne pourra être résolu que par une solution politique », a ensuite déclaré le représentant allemand, réaffirmant l’appui de son pays à la solution des deux États.

En réponse à la déclaration de son homologue des États-Unis, le représentant a souligné qu’il ne considérait pas le droit international « comme une chose futile ».  Nous sommes convaincus de l’utilité de l’ONU et du Conseil de sécurité, a-t-il insisté, soulignant que toutes les résolutions du Conseil relèvent du droit international juridiquement contraignant.  « Nous ne sommes pas convaincus par le droit du plus fort », a poursuivi le représentant, avant d’ajouter: « le droit international n’est pas un menu dans lequel on choisit à la carte ce que l’on désire ».  Dans ce cadre, a affirmé le représentant, la résolution 2334 (2016) constitue la base de la position onusienne pour résoudre le conflit.

Le représentant a, par ailleurs, dénoncé la politique de colonisation israélienne en Cisjordanie et la menace d’annexion du territoire par Israël.  Il a appelé ce dernier à mettre fin à ses activités de colonisation et d’expulsion des Palestiniens dans les territoires occupés.  Le représentant a également condamné les tirs de roquette contre Israël par le Hamas et toute menace contre l’existence de l’État d’Israël.  De plus, selon le représentant, l’UNRWA demeure une agence indispensable pour soulager les souffrances des Palestiniens. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est alarmé des confiscations et démolitions de biens palestiniens, précisant que, depuis 2009, plus de 6 100 propriétés palestiniennes avaient été démolies, déplaçant ainsi plus de 9 600 personnes, sans qu’aucune mesure ne soit prise pour remédier à ces injustices.  Le représentant s’est particulièrement inquiétée des excavations dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, dont la population est à majorité palestinienne, activités qu’elle a jugées intolérables.  Il est de la responsabilité du Conseil de condamner de telles mesures et d’appeler Israël à y mettre fin avec « effet immédiat ».  Ce Conseil doit « assumer ses responsabilités mandatées par la Charte et agir », a-t-il exigé. 

Le représentant a ensuite axé son intervention sur les souffrances de la jeunesse palestinienne et sur les conséquences de l’occupation sur la nouvelle génération, sachant que 27% de la population totale palestinienne est constituée de jeunes et que cette tendance ira en s’accroissant.  Or, la réalité quotidienne de la jeunesse est faite d’oppression, de violence et de privation.  Il a souligné l’existence des points de passage militaires et la séparation illégale du mur qui limitent les échanges commerciaux entre la Palestine et d’autres pays, notamment ceux de la région, et réduit ainsi les chances d’emploi et les déplacements des personnes et des biens en Cisjordanie et à Gaza.  Il en résulte qu’un nombre grandissant de jeunes palestiniens ne s’impliquent pas politiquement mais se positionnent sur les premières lignes de la Grande Marche du Retour: ils ont entrepris des manifestations régulières non violentes le long de la frontière de Gaza tout en supportant le fardeau d’une réponse israélienne disproportionnée qui a conduit à la mort de plus de 200 manifestants non armés. 

Pour l’Afrique du Sud, ces activités non violentes montrent que les jeunes palestiniens cherchent à exprimer leurs aspirations légitimes « de façon posée et intelligente ».  Il a donc invité à saisir cette occasion pour devenir les partenaires des jeunes palestiniens et reconnaître le rôle qu’ils sont susceptibles de jouer en tant qu’acteurs de changements dans la résolution de la crise sur leur terre.  Il a ensuite mis l’accent sur le rôle de l’UNRWA dans la vie de tous les Palestiniens et des jeunes en particulier.  Il a paraphrasé Nelson Mandela qui disait que personne n’est née dans la haine d’une autre personne en raison de la couleur de sa peau, de son origine ou de sa religion.  Si les personnes apprennent à haïr, elles peuvent apprendre à aimer car l’amour vient plus naturellement au cœur humain que le contraire, a conclu le représentant.     

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que le Moyen-Orient se trouve au cœur de la politique mondiale.  Les tensions dans le Golfe persique se renforcent et cela représente une crise pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Face à l’augmentation de « la présence militaire d’acteurs non régionaux dans le golfe persique », le délégué a appelé toutes les parties à prendre des mesures de désescalade en renonçant aux ultimatums et à la menace.  Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, l’initiative russe a pour objectif de débloquer l’impasse actuelle et de rétablir la confiance entre les acteurs dans la région, a-t-il expliqué en rappelant à nouveau que son pays est prêt à accueillir des discussions israélo-palestiniennes.

Toute assistance à Gaza doit se faire en coordination avec les autorités légitimes, a poursuivi le représentant, à savoir le Président Abbas.  Il a aussi demandé que le Conseil de sécurité envoie une mission sur le terrain pour relancer la confiance et créer des conditions propices à une solution politique sur la base de ses résolutions.  Il y a un consensus international autour de l’application du droit international, a martelé le représentant.  Il a toutefois pris note de la réfutation de cette idée par son homologue américain lors de son intervention à la présente séance et posé la question suivante: comment les États-Unis pensent-ils dès lors s’acquitter de leur rôle de médiation dans ce contexte?  Pour la Russie, aucune mesure unilatérale ne peut se substituer à la solution des deux États.  Le représentant a appelé à apporter le soutien nécessaire à l’UNRWA qui, selon lui, joue un rôle stabilisateur dans l’ensemble du territoire palestinien et dans la région.

Évoquant ensuite l’opération antiterroriste menée en Syrie avec la participation de la Russie, M. Nebenzia a estimé que cela allait dans l’intérêt de tous.  La Russie est favorable aux efforts régionaux ainsi qu’à la reconstruction en Syrie sans condition préalable, a encore précisé le représentant.  Il a par ailleurs appelé à se pencher sur la crise libyenne en renforçant les mesures multilatérales et en renonçant aux interventions militaires.  S’agissant de la crise syrienne, il a constaté qu’elle donnait lieu à de nouveaux phénomènes comme des vagues migratoires.  Il a donc appelé à ne pas s’en prendre aux migrants mais à rétablir les conditions de leur retour.

Personne ne veut de guerre dans le Golfe persique, a-t-il conclu en assurant du soutien de la Russie aux efforts multilatéraux en ce sens.

Mme JOANNA WRENECKA (Pologne) a mis en garde contre la situation « extrêmement inquiétante sur le terrain », dont l’évolution récente dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, parlant d’une « menace latente d’escalade tous azimuts ».  En conséquence, la priorité de la communauté internationale devrait être l’assainissement du paysage politique en vue de la relance d’un processus de paix concret, a dit la représentante.  Pour elle, la solution des deux États et la résolution de toutes les questions en suspens, en particulier le statut de Jérusalem, les colonies de peuplement, le futur des réfugiés palestiniens, les arrangements frontaliers et sécuritaires, sont les seuls moyens de répondre aux aspirations légitimes des deux parties et de parvenir à une paix à long terme.  Elle a invité les deux parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale qui risquerait de porter atteinte aux résultats de négociations sur le statut final.  Elle a aussi condamné tout acte de violence, terrorisme, incitation à la haine, des mesures foncièrement incompatibles avec tout progrès vers la solution pacifique des deux États, a-t-elle relevé. 

Mme Wronecka a invité à reprendre des négociations bilatérales fondées sur les résolutions des Nations Unies et le droit international dans le cadre des paramètres internationalement agréés.  À présent, la situation sur le terrain est telle, du fait entre autres de l’expansion des colonies de peuplement, que l’on a atteint un point où l’établissement d’un État palestinien viable « semble difficile, voire impossible ».  Elle a réitéré, à cet égard, la position de l’Union européenne, à savoir que toute activité de colonie est illégale au regard du droit international, et que c’est bien un obstacle à la paix.  La représentante a également exprimé sa profonde inquiétude au sujet des démolitions prévues dans les villages palestiniens de Khan Al-Ahmar et Sour Baher, exhortant Israël à « renoncer totalement à ces plans ».  Elle a ensuite évoqué les discussions pour la réconciliation interpalestinienne, par l’entremise de l’Égypte, et appelé les factions palestiniennes à permettre à l’Autorité palestinienne de recouvrer sa pleine responsabilité à Gaza.  « Une seule Autorité palestinienne légitime est une composante cruciale de l’unité du futur État de Palestine et le fondement d’un accord de paix durable », a-t-elle conclu. 

M. HAITAO WU (Chine) s’est dit préoccupé par l’impasse du processus de paix au Moyen-Orient, la poursuite des activités de colonisation israélienne dans les territoires occupés et la crise humanitaire à Gaza.  La résolution 2334 (2016) du Conseil doit être appliquée dans les faits, a déclaré le représentant, appelant à mettre fin à toute activité unilatérale visant à légaliser les colonies de peuplement israéliennes. 

Le représentant a, par ailleurs, appelé à poursuivre la recherche d’une solution durable au conflit.  Il a estimé que la solution des deux États, telle qu’esquissée par les résolutions pertinentes du Conseil, était la seule issue viable au conflit.  Toute nouvelle initiative doit être conforme aux paramètres internationaux existants, a-t-il insisté.

Le représentant s’est en outre inquiété de la retenue à la source des recettes fiscales palestiniennes.  Il a appelé à trouver une solution à cette question.  Il a également demandé la levée du blocus de Gaza.  Enfin, le représentant a appelé les États Membres à renforcer leur appui financier à l’UNRWA.  Il a précisé que la Chine allait augmenter sa contribution à l’agence, à hauteur de un million de dollars.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a condamné la destruction, le 4 juillet, des installations d’un projet humanitaire d’Oxfam financé par son pays dans le village de Khirbet Ad-Duqaiqah comprenant trois réserves d’eau et au moins 2 500 arbres.  Ce projet soutenait trois communautés et visait à étendre l’utilisation des terres par la réhabilitation de réserves d’eau et par des techniques de gestion des pâturages.  La destruction a touché 35 familles dont 63% de jeunes.  Le représentant a rappelé que la destruction de biens et d’objets nécessaires à la survie de la population civile est « contraire au droit international ».  Il a ensuite condamné les récentes démolitions et expulsions dans le quartier de Silwan, à Jérusalem-Est, ainsi que celles d’hier, « massives », concernant des immeubles de la communauté de Sour Baher, en majorité situés en zone A et B de Cisjordanie, mais du côté ouest du mur de séparation.  Ces destructions contribuent à un changement significatif du caractère démographique de la ville de Jérusalem, qui porte préjudice aux négociations sur le statut final de la ville comme capitale de deux États, a-t-il estimé, ajoutant que la poursuite de cette politique « remet en question » la perspective d’une solution des deux États. 

Inquiet de la crise financière que connaît l’Autorité palestinienne, le représentant a dit attendre que les accords économiques et budgétaires entre Israël et cette Autorité soient pleinement mis en œuvre, y compris les obligations d’Israël au titre du Protocole de Paris.  Il a jugé important, également, que l’Autorité palestinienne continue d’accepter, entre temps, les transferts fiscaux à titre provisoire, ce qui ne constitue en aucun cas une approbation juridique ou politique des déductions israéliennes. 

Il a déclaré, par ailleurs, que la crise sociale, économique et humanitaire à Gaza « doit trouver une solution politique globale et durable », ce qui implique un changement fondamental: levée du blocus et ouverture des points de passage tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël quant à sa sécurité.  Cette solution exige également le retour de ce territoire sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.  Il a appelé les parties à reprendre un dialogue constructif et salué les efforts égyptiens et russes à cet égard.  Il a pris également note de la série de mesures économiques « Peace to Prosperity » présentées à Manama avec le Bahreïn et de la nécessité d’intégrer ces mesures dans un plan politique.  Toutefois, a-t-il affirmé, ces mesures économiques « ne peuvent se substituer à une solution politique ».  Dès lors, la fin de l’occupation, le libre accès des Palestiniens à leur terre et à leurs ressources, la liberté de mouvement et d’accès à l’ensemble du territoire et la capacité à s’intégrer à un marché régional sont essentiels afin de permettre à l’économie palestinienne de se développer au mieux, a-t-il conclu. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a appelé toutes les parties à « donner une chance à la paix » comme elles l’ont fait dans le cadre des Accords d’Oslo, en demandant à la communauté internationale de poursuivre sans relâche ses efforts de médiation afin d’obtenir la reprise, sans condition, des négociations entre les différentes parties.  Il a réaffirmé l’attachement de la Côte d’Ivoire à la sécurité d’Israël ainsi qu’au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, ainsi que son soutien à la solution des deux États qui coexistent pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  La relance du dialogue entre Israéliens et Palestiniens « apparaît donc bien plus qu’une nécessité », a-t-il commenté, ajoutant qu’elle est, avant tout « une urgence politique et sécuritaire » dont la satisfaction contribuerait à prévenir de nouvelles flambées de violence.

Passant à la situation humanitaire, le représentant ivoirien a pointé le chômage des jeunes, l’épuisement des stocks de médicaments, les pénuries d’eau et d’électricité ainsi que l’insuffisance des réserves de combustibles destinées à la désalinisation de l’eau de mer qui alimente la ville de Gaza comme autant de « fragilités » susceptibles de pousser une frange de la population au « désespoir et à la radicalisation ».  Il a prévenu que cette situation pourrait se détériorer si l’UNRWA ne retrouve pas un niveau de financement suffisant, et a souscrit à l’appel du Secrétaire général en faveur du comblement du déficit d’environ 211 millions de dollars du budget de l’agence.  Il a enfin exhorté la communauté internationale à œuvrer davantage pour « ramener les deux parties à la table de négociations » en vue de parvenir à des compromis susceptibles de favoriser le retour de la paix et de la stabilité durables dans la région. 

Pour M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale), la situation au Moyen-Orient est source de vives préoccupations.  En dépit des efforts de maintien de la paix dans la région, l’ONU et la communauté internationale n’ont pas été en mesure de trouver des solutions politiques à la plupart des crises, dont celle au Yémen, en Libye et ailleurs, a-t-il déploré.

Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, il a regretté l’absence de progrès, en dénonçant l’aggravation des actes d’insurrection à Gaza, sous la houlette du Hamas, et les mesures unilatérales israéliennes.  Cela n’a fait qu’exacerber la haine, a-t-il constaté en appelant les parties à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales qui alimentent la violence et la haine et qui vont à l’encontre d’une solution durable. 

La Guinée équatoriale persiste à être favorable à la solution des deux États, a dit le représentant, en soulignant que cela correspond à la volonté de la majorité des Palestiniens et des Israéliens.  Les résolutions du Conseil de sécurité doivent continuer à être la référence des parties israélienne et palestinienne, selon lui.  Une solution juste passant par le dialogue implique, peut-être, qu’aucune des deux parties ne sera satisfaite sur tous les points, a fait remarquer le représentant en faisant remarquer que c’est là l’essence même de tout dialogue.

Il s’est dit préoccupé par les conditions de vie des deux millions d’habitants de Gaza qui doivent repasser sous contrôle de l’Autorité palestinienne, à son avis.  Il a également appelé à la consolidation de la situation financière de l’UNRWA dont les services sont indispensables dans la région.

Citant la conférence convoquée par les États-Unis en juin dernier à Bahreïn, Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a annoncé l’intention de son pays d’investir davantage de ressources dans l’économie de la région.  Elle a toutefois souligné le besoin de trouver des solutions politiques au conflit.  Sur ce point, la représentante a indiqué que la position du Royaume-Uni demeure inchangée, à savoir que son pays appuie la solution des deux États.  Dans ce cadre, elle a appelé à améliorer les perspectives commerciales des Palestiniens, à diminuer les entraves qui pèsent sur leurs déplacements et les transferts de biens, et à augmenter les capacités énergétiques des Palestiniens.  La représentante a également appelé à créer un environnement propice à la tenue de futures consultations de paix. 

Mme Pierce a appelé l’Autorité palestinienne à répondre aux allégations d’incitation à la haine dans l’éducation fournie aux jeunes Palestiniens.  Elle a en outre jugé inquiétante la poursuite des activités de colonisation par les autorités israéliennes et les tentatives de légalisation de ces dernières.  La représentante a également condamné la poursuite des expulsions de Palestiniens et les démolitions d’immeubles palestiniens, jugeant ces pratiques proprement « odieuses ».  Dans ce cadre, elle s’est inquiétée des rapports faisant états de tentative d’annexion de tout ou partie des territoires occupés.  Parallèlement, elle a condamné les tirs de roquette et de mortier par le Hamas en direction d’Israël, depuis Gaza.

La représentante a, par ailleurs, dit partager le point de vue de l’Allemagne concernant le rôle du droit international et du Conseil de sécurité dans le règlement des conflits.  « Nous avons la responsabilité de mettre en œuvre les résolutions du Conseil », a-t-elle estimé.  En réponse à son homologue israélien, s’agissant du Plan d’action global commun, Mme Pierce a exhorté l’Iran à respecter cet accord.  Elle a estimé que le plan contribuait à rendre le monde « plus sûr », en diminuant les perspectives d’un Iran doté de l’arme nucléaire.

Mme SOLANGE EUNICE BLANDINO DE DE LOS SANTOS (République dominicaine) a loué l’effort collectif de la communauté internationale a manifesté lors de la Conférence annuelle des donateurs, le 25 juin dernier à New York, pour l’UNRWA, qui fut l’occasion pour les représentants des États et des institutions de faire, à l’unanimité, l’éloge de cet office qui veille à la préservation des droits et de la dignité des réfugiés palestiniens.  Elle a applaudi le dévouement du personnel qui contribue au développement humain de 5,4 millions de réfugiés palestiniens.  Il a néanmoins fait remarquer que depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016), la situation n’avait pas changé: bien au contraire, l’occupation illégale gagne chaque fois plus de terrain sans conséquence aucune, ce qui éloigne toute perspective de paix, selon le délégué.

La République dominicaine s’est également alarmée des démolitions de plus en plus fréquentes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est en particulier, ce qui instaure un « climat coercitif » pour les habitants et risque de mener à des déplacements forcés de la population affectée.  Notant le rétrécissement de l’espace civil, et des activités des organisations des droits de l’homme, notamment à Gaza, où la situation humanitaire demeure critique, la représentante a souligné que le travail de l’UNRWA est d’autant plus indispensable.  Elle a, en outre, appuyé le consensus international sur la solution des deux États avec des frontières négociées sur la base des lignes de 1967, réitérant la nécessité de rétablir le paysage politique de sorte à reprendre un processus de paix « significatif » qui mette les individus au centre des préoccupations et soit conforme au droit international.  Au sujet des attaques palestiniennes contre Israël, elle a énergiquement condamné tout acte de violence et appelé le Hamas et les autres groupes à cesser toute provocation et fait accompli. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a redit que la France condamne la démolition par l’armée israélienne de plusieurs bâtiments dans le quartier de Wadi al Humus, au sud-est de Jérusalem, hier.  La politique de colonisation, dans laquelle s’inscrivent ces démolitions, se poursuit sans discontinuer à Jérusalem-Est et en Cisjordanie et nous amène près du point de non-retour, a déploré le représentant.  La France, a-t-il ajouté, rappelle que la colonisation est contraire au droit international.  « La France ne reconnaît aucune souveraineté israélienne sur l’ensemble des territoires occupés. »  « Conformément à la Charte des Nations Unies, nous jugeons illégale l’acquisition de territoires par la force que ce soit à Jérusalem, en Cisjordanie ou sur le plateau du Golan », a déclaré M. de Rivière.  S’agissant de la dégradation de la situation sécuritaire, humanitaire et politique à Gaza « qui continue d’être une source de vive préoccupation », le délégué français a dit que tout doit être fait pour apporter une réponse, humanitaire et politique, et prévenir le risque d’escalade.  Il a appelé les parties à la plus grande retenue. 

Dans ce contexte précaire, la mobilisation de la communauté internationale en soutien à l’UNRWA est plus que jamais nécessaire, a-t-il dit.  Il a rappelé la décision de son pays de doubler sa contribution à l’Office en 2019.  Mais, a-t-il prévenu, au-delà du soutien humanitaire, il n’y aura de stabilité durable à Gaza que dans le cadre d’un règlement négocié qui passe par le retour complet de l’Autorité palestinienne d’une part, et par la levée du blocus d’autre part, assortie de garanties de sécurité crédibles pour Israël.  L’avenir de Gaza ne peut être séparé de l’objectif de l’établissement des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité, a déclaré le représentant.  La « paix économique » ne saurait se substituer à la recherche d’un véritable règlement politique, a averti M. de Rivière pour lequel « toute tentative de s’écarter des paramètres définis collectivement serait condamnée à l’échec. » 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a réaffirmé d’emblée le soutien de son gouvernement à la solution des deux États, sur la base des frontières de 1967 et conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  « La communauté internationale ne doit pas courber l’échine et s’éloigner ne serait-ce que d’un iota de cette position », a exigé le représentant.  Toute action qui va à l’encontre de cette plateforme doit être rejetée, a-t-il lancé en expliquant ainsi sa condamnation des constructions illégales par Israël ainsi que de l’inauguration d’un tunnel sous-terrain vers Haram el-Charif.

Le Gouvernement indonésien, et d’autres membres de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) ont collectivement dénoncé ces actes de provocation lors du Sommet de l’OCI la semaine dernière à Jeddah.  Pour l’Indonésie, ces constructions illégales, en plus du tunnel et des colonies de peuplement illégales israéliennes, s’inscrivent dans une « logique d’annexion de facto ».

Le Conseil de sécurité doit défendre le statut et le caractère de la vieille ville de Jérusalem et ses mûrs, s’est impatienté le représentant pour lequel il s’agit d’une de ses obligations.  Il a également condamné la destruction « arrogante, illégale et inhumaine », hier, de maisons palestiniennes à Sour Baher.

S’agissant de la situation humanitaire à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, le représentant a dénoncé les mesures israéliennes telles que les restrictions aux déplacements, les détentions arbitraires, l’usage de la force, le blocus de Gaza ainsi que la rétention des recettes fiscales dues à l’Autorité palestinienne.  À ce sujet, il a dit que l’on ne pouvait pas reprocher à l’Autorité de ne pas accepter moins que ce qui lui est dû, estimant qu’il faudrait plutôt condamner Israël de vouloir prendre ce qui ne lui appartient pas.  L’Indonésie appelle en outre la communauté internationale à tout faire pour préserver les services assurés par l’UNRWA et à lui garantir un financement prévisible et durable.

Pour l’Indonésie, il est impératif de renforcer les capacités économiques palestiniennes dans le contexte d’un futur État indépendant.  Cependant, l’aide économique ne saurait se substituer à une solution politique viable, a mis en garde le représentant.  Pour sa part, l’Indonésie participe à différents mécanismes visant l’autonomie économique palestinienne.

Abordant ensuite le conflit syrien, le représentant a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire ainsi que l’Accord de cessez-le-feu.  Il a également appelé à tout faire pour éviter une escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en apportant son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, M. Pedersen.

Pour ce qui est des tensions dans le détroit d’Ormuz, l’Indonésie estime qu’il est impératif d’y garantir la liberté et la sécurité de passage conformément au droit international.  Elle exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue au nom de la stabilité de la région.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déploré la persistance de dynamiques hostiles, la violence aveugle du Hamas, la réponse disproportionnée d’Israël et la rhétorique de confrontation des deux parties, ce qui configure un scénario insoutenable et déstabilisant pour le Moyen-Orient et la communauté internationale.  Il a tout autant déploré les décisions et mesures unilatérales qui contribuent à une escalade des tensions et à la violence, en particulier les pratiques récurrentes et croissantes de colonies de peuplement, de démolitions et expulsions dans les territoires palestiniens occupés.  Ces agissements sont contraires aux dispositions de la résolution 2334 et éloignent chaque fois plus les perspectives de la solution des deux États, a-t-il souligné. 

Le représentant a, en outre, mis en garde contre l’impact politique et social de la démolition d’immeubles palestiniens à Sour Baher en appelant à y mettre fin et à leur substituer des politiques de planification répondant aux besoins de la population palestinienne en termes de logement et de développement.  Il a aussi exhorté à résoudre la grave crise humanitaire à Gaza, aggravée par les coupures de financement de programmes d’assistance et la décision unilatérale du Gouvernement israélien de retenir un montant substantiel des revenus fiscaux palestiniens.  Partant, il a vivement invité la communauté internationale à augmenter ses contributions financières, en demandant à l’ONU de continuer à aligner l’assistance humanitaire avec des plans de développement offrant des opportunités aux plus jeunes, de façon à les éloigner de la radicalisation et de l’extrémisme.  Le fonds global d’investissement, défini à Bahreïn, et le renforcement de l’UNRWA aideraient en ce sens, a-t-il estimé.

S’agissant de la reprise des négociations, il a recommandé aux autorités et dirigeants politiques, religieux et sociaux, tant Palestiniens qu’Israéliens, d’agir avec « responsabilité, prudence et modération ».  Il a aussi mis en avant la responsabilité du Conseil et des pays jouissant d’une influence sur les parties qui « doivent faire davantage » pour que celles-ci reprennent les négociations bilatérales, respectent leurs obligations au regard du droit international et des droits de l’homme, et appuient les efforts de l’Envoyé spécial tendant à réduire les tensions.  Il a enfin appelé à la modération dans le détroit d’Ormuz afin d’éviter un conflit dans cette « zone agitée du monde ».  À cet égard, il a encouragé les bons offices du Secrétaire général. 

En réponse aux accusations de son homologue israélien, Mme AMAL MUDALLALI, (Liban) a estimé que, à la lumière des invasions israéliennes passées du territoire libanais, ces accusations constituaient une « menace directe à la paix et aux infrastructures civiles des Libanais ».  Le fait que l’Ambassadeur d’Israël utilise de telles allégations pour détourner l’attention de la communauté internationale des malheurs causés par l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens n’a rien de nouveau, a estimé la représentante.  Mais il les utilise aujourd’hui pour préparer le terrain et la communauté internationale à une future attaque contre les ports et aéroports civils libanais, comme cela avait été le cas en 2006, a-t-elle affirmé, appelant le Conseil à ne pas rester silencieux et à empêcher Israël de déclarer une nouvelle guerre contre le Liban.  « C’est la dernière chose dont nous avons besoin », a-t-elle ajouté.

La représentante a ensuite constaté l’absence de progrès sur le terrain en faveur de la paix dans le conflit israélo-palestinien, notamment à Jérusalem et à Gaza où les conditions de vie des habitants ne cessent, selon elle, de se détériorer, en raison de la poursuite de la politique israélienne de colonisation.  Mme Mudallali s’est dit déçue du « manque d’horizon politique » de l’initiative lancée par les États-Unis pour résoudre le conflit.  Elle a appelé à une solution basée sur la légalité internationale, et notamment le respect des résolutions 242, 338 et 2234 du Conseil, avec comme perspective la création d’un État palestinien dont Jérusalem-Est serait la capitale.  La représentante s’est opposée aux tentatives d’Israël visant à remettre en cause le statut quo dans la ville, de même que pour le Golan syrien occupé.  Sur cette dernière question, elle a appelé Israël à mettre en œuvre les résolutions 242, 338 et 497 du Conseil.

La représentante a, par ailleurs, condamné les « violations répétées » de la souveraineté territoriale libanaise par Israël, aussi bien sur terre que dans les airs et en mer.  À la frontière entre les deux pays, Israël continue en effet de construire dans les territoires libanais occupés, a dénoncé la représentante, appelant le pays à mettre fin à ces violations qui sont une « source de tensions et d’instabilité » le long de la frontière. 

Après avoir énuméré les derniers développements négatifs en Palestine, M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a tenu à souligner des points positifs comme l’aide financière du Qatar pour la situation humanitaire à Gaza ou le travail du Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient visant à créer des solutions plus durables dans le secteur énergétique.  Le représentant a aussi salué le succès de la conférence de contributions qui a levé 110 millions de dollars pour financer l’aide aux réfugiés palestiniens.  Il a mis ensuite sur le dos d’Israël la crise financière subie par l’Autorité palestinienne « causée par la retenue des revenus de l’Autorité palestinienne ».  M. Gertze a exhorté les deux parties à mettre en œuvre et respecter les accords bilatéraux.

Le représentant a ajouté que l’évènement appelé « Paix pour la prospérité » organisé à Bahreïn, le 25 juin dernier, montre que le développement économique ne peut se faire sans des négociations conduisant à la solution des deux États.  Aucune aide humanitaire et économique ne débouchera sur une solution politique au conflit, a-t-il déclaré.  La solution à ce conflit est politique.  Il a ainsi pressé les deux parties à ne pas abandonner le processus politique qui pourrait assurer la fondation du développement économique. 

On nous inonde de détails sans intérêt au détriment de l’essentiel, a estimé M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), à savoir qu’Israël doit mettre un terme à son occupation des territoires arabes.  Or, on choisit de discuter de questions qui n’ont strictement rien à voir avec la fin de l’occupation, a regretté le représentant, déplorant notamment les discussions sur l’Iran.

M. Ja’afari a condamné les actes unilatéraux provocateurs récents au Proche-Orient, dans l’intention de remettre en cause le statut quo.  Il a notamment déploré la reconnaissance par le Président américain de Jérusalem comme capitale d’Israël, ainsi que la reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé, au détriment du droit international.  « Tout cela n’a aucune valeur légale », a estimé le représentant, condamnant l’appui fourni, selon lui, par Israël aux terroristes dans le Golan et la confiscation des biens des Syriens dans la zone.  Israël veut même créer une nouvelle colonie de peuplement dans le Golan, appelée « Trump Heights », pour récompenser l’Administration américaine de ne pas avoir respecté les résolutions du Conseil, a ironisé le représentant, déplorant que Mme DiCarlo n’ait pas abordé cette question dans son exposé.  « Elle répète les erreurs de M. Mladenov, qui n’aborde jamais la question du Golan dans cette enceinte », a-t-il regretté. 

Pour le représentant syrien, le Golan fait intégralement partie de la Syrie.  M. Ja’afari a appelé le Conseil à mettre fin aux pratiques israéliennes et à ses violations des résolutions 242, 338 et 497 dans la zone.  Il a également appelé à libérer les Syriens du Golan injustement incarcérés dans les geôles israéliennes. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a réaffirmé l’attachement de son pays à la solution des deux États, car elle lui semble être « la plus réaliste » pour une solution durable au conflit israélo-palestinien.  Se déclarant préoccupé par la violence à Gaza et en Cisjordanie, il a condamné fermement toute forme de terrorisme et de violence visant des civils innocents, et a appelé les parties à tout faire pour éviter l’escalade, les provocations et les incitations à la haine.

La poursuite des activités de colonisation israélienne ainsi que la destruction de maisons palestiniennes à Sour Baher ne font que saper la viabilité de la solution des deux États, a constaté le représentant en exhortant Israël à mettre fin à ces activités.  Il est également revenu sur la retenue par Israël d’une partie des revenus fiscaux de l’Autorité palestinienne qui, selon lui, ne fait qu’exacerber la situation financière difficile de l’Autorité et risque d’affecter négativement la stabilité et la sécurité de la région.  Il a donc appelé à une solution mutuellement acceptable à cette question le plus vite possible.

Même si les perspectives de l’avenir du processus politique semblent actuellement sombres, le Japon reste convaincu que chaque partie peut contribuer à créer un environnement propice aux efforts de paix.  À cet égard, le représentant a mis l’accent sur la dernière réunion en juin de la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine (CEAPAD), une initiative lancée en 2013 par le Japon avec des partenaires régionaux.  Lors de cette conférence la nécessité d’impliquer le secteur privé dans les efforts de développement a été soulignée, a rappelé le représentant en précisant qu’un mémorandum d’accord avait été signé à ce moment-là entre les chambres de commerce palestinienne et indonésienne.  Les participants à la Conférence ont également réaffirmé leur soutien à la solution des deux États et à l’UNRWA, dont le Commissaire général, M. Krähenbühl, était présent à la conférence.

L’idée derrière cette initiative japonaise de la CEAPAD est que pour parvenir à la solution des deux États, il faut venir en aide aux Palestiniens pour qu’ils puissent réaliser leur développement économique durable.  Mais les projets de développement à eux seuls ne peuvent apporter la paix, a mis en garde le représentant pour lequel cela exige des négociations entre les parties.  Dès lors, le Japon restera engagé auprès des deux parties et cherchera à promouvoir des mesures de confiance, a confié M. Kawamura.

Avant de conclure, il est revenu sur la situation dans le détroit d’Ormuz et a affirmé qu’il fallait y assurer la liberté de navigation et la sécurité au nom de la paix et de la prospérité internationales.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a encouragé les deux parties à instaurer un climat politique constructif favorisant une relance des négociations et à déployer de nouveaux efforts diplomatiques pour un règlement juste et global à la question palestinienne.  La paix ne pourra être instaurée que grâce à des décisions et concessions difficiles des deux côtés, a-t-il prévenu.  Le représentant a réaffirmé qu’il faut respecter le cessez-le-feu dans la région, en Syrie notamment, et condamné les frappes contre les civils, les installations et le personnel médical, qu’il convient de protéger en toutes circonstances. 

Le représentant a salué le travail de l’Envoyé Spécial pour la Syrie, M. Geïr Pedersen, et espéré qu’il arriverait à poser de nouveaux jalons dans le sillage de Genève, notamment par la convocation rapide du comité constitutionnel, « étape cruciale » dans la perspective d’une solution politique d’urgence reposant sur les paramètres fixés dans les résolutions du Conseil, la 2254 (2015) plus particulièrement, et la Déclaration de Sochi.  Il a insisté dans ce cadre sur une solution syrienne choisie et dirigée par les Syriens. 

M. Vieira a salué, par ailleurs, la réduction de la violence au Yémen depuis l’Accord de Stochkholm et l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la ville portuaire de Hodeïdah, mais a dit demeurer préoccupé par la récente escalade des tensions dans le pays.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir d’actions susceptibles de conduire à des hostilités et à prendre toutes les mesures nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Enfin, s’agissant de la Libye, il a condamné les attaques contre un centre de détention près de Tripoli le 2 juillet dernier. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) s’est dit préoccupé par la poursuite des activités israéliennes de colonisation en Cisjordanie, en violation de la résolution 2334 (2016) du Conseil.  Le représentant a également condamné les tirs de roquette lancés depuis Gaza contre des civils israéliens, ainsi que les actions violentes menées dans la zone contrôlée par le Hamas. 

Par ailleurs, le représentant a réaffirmé le statut spécial de la ville de Jérusalem, tel que défini dans la résolution 748 (1980).  Il a rejeté toute tentative visant à remettre en cause ce statut de manière unilatérale, estimant que la question du statut final de la ville devait être négociée de manière bilatérale entre les parties.  Le représentant a, en outre, jugé illégale l’acquisition de territoires par la force dans le Golan arabe syrien.  Il a appelé à mettre fin à l’occupation israélienne dans la zone, conformément aux résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil.

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda), intervenant en sa capacité de Vice-Président de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a jugé impératif de dénoncer les agissements d’Israël d’hier, c’est-à-dire le déplacement de 17 Palestiniens, dont 11 enfants, alors que 350 autres vivent sous la menace d’un déplacement sous des prétextes liés à des permis ou à des préoccupations d’ordre sécuritaire compte tenu de la proximité de ces immeubles du « mur illégal d’apartheid ».  Il a renvoyé au consensus international quant au mur, selon lequel « le mur est illégal, les colonies de peuplement sont illégales et toute mesure tendant à faire avancer ces mesures est tout aussi illégale ».  Il est de la responsabilité directe du Conseil de mettre fin à cette culture de l’impunité et de faire rendre des comptes à Israël, a exigé le représentant qui a prévenu que, chaque jour, la solution des deux États se voit érodée par ces politiques coloniales, ainsi que les espoirs, les rêves et les droits fondamentaux de millions de Palestiniens.

Le représentant a également dénoncé les mesures particulièrement illégales, provocantes et déstabilisantes concernant les sites sacrés à Jérusalem-Est occupé, en particulier les excavations qui affectent directement le caractère sacré et le statut des sites chrétiens et islamiques, notamment Haram el-Charif qui abrite la mosquée Al-Aqsa.  Il a attiré l’attention du Conseil sur la réunion extraordinaire à composition non limitée du Comité exécutif de l’OIC, le 17 juillet, pour examiner la fréquence et la brutalité des violations colonialistes israéliennes. Les ministres y ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’inauguration de la « Route du pèlerinage » creusée sous le quartier de Silwan vers la mosquée Al-Aqsa.  

M. MUHAMMAD ZULQARNAIN (Pakistan) a relevé que la situation continuait de s’aggraver au Moyen-Orient, ce qui montre selon lui le déséquilibre des efforts collectifs pour trouver des solutions à l’occupation illégale, l’annexion et les violations des droits de l’homme fondamentaux.  « On a fait le chemin inverse », a-t-il estimé.  La réalité sur le terrain est manipulée pour que les choses soient en faveur d’Israël, a dénoncé le représentant.  Pour le Pakistan, a-t-il déclaré, une Palestine indépendante dans les frontières de 1967 est la solution. 

Le délégué s’est dit encouragé de voir la communauté internationale continuer de chercher des solutions au problème financier de l’UNRWA, signalant que le Pakistan a contribué cette année au financement de l’Office.  Le Moyen-Orient est à un carrefour dangereux, a averti le représentant en concluant aussi que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour la désescalade au Yémen et en Syrie: elle doit résoudre les crises humanitaires dans la région.  Une paix juste et durable au Moyen-Orient est la condition de la paix dans le monde, a-t-il affirmé.

M. TAREK FATHI MOHAMED TAYEL (Égypte) a tenu à rappeler que la « question palestinienne » date de la création du Conseil et qu’il est temps que les Palestiniens puissent vivre une existence digne.  La solution des deux États dans les frontières de juin 1967 n’est pas encore une réalité et cela n’est pas dû aux brèches faites dans le droit international mais bien à une absence d’application des accords et résolutions adoptés sous l’égide de la communauté internationale, a estimé le représentant.  Il a rappelé qu’il y a déjà 10 ans, on constatait que la situation sur le terrain ne cessait de se détériorer.  Il avait alors été conclu que cela ne changerait qu’une fois que le droit international serait pleinement respecté. 

Le représentant égyptien a appelé à des solutions réalistes et conformes au droit international.  Il faut, a-t-il précisé, que ces solutions répondent aux aspirations des deux peuples concernés.  Il a invité la communauté internationale à éviter les « spéculations politiques » et à étudier de près l’Initiative arabe.  Celle-ci, caractérisée par la souplesse, est à même de répondre aux aspirations de tous les peuples de la région. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré que le Moyen-Orient souffre de crises qui ont des retombées négatives pour les États et les populations de la région.  L’occupation israélienne du territoire palestinien est la source de conflit et de violence dans la région, a estimé la représentante.  La Jordanie, a-t-elle dit, continue de s’acquitter de son devoir de protéger les lieux musulmans, chrétiens et juifs.  « Nous condamnons l’inauguration de la « voie du pèlerinage » près de la mosquée d’Al-Aqsa et les tentatives de remodeler la situation de la vieille ville par Israël », a poursuivi la déléguée.  « Les fouilles illicites israéliennes doivent cesser. »

Selon la Jordanie, le processus de paix doit se poursuivre dans le cadre des résolutions pertinentes de l’ONU.  L’UNRWA doit pouvoir continuer à fournir son aide aux réfugiés de Palestine, a demandé la représentante, qui a ensuite condamné les démolitions d’hier sur des maisons palestiniennes à Sour Baher: c’est une violation du droit international, a-t-elle affirmé.  S’agissant de la Syrie, la solution politique est la seule possible dans ce pays, a estimé la représentante.  En revenant sur la question palestinienne, elle a réaffirmé que la solution ne sera possible qu’en mettant un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupés et l’indépendance de la Palestine dans les frontières de 1967.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a transmis ses condoléances au Gouvernement du Japon et à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) suite au décès du directeur de cette agence qui manifestait un enthousiasme sans faille pour cette cause.

Il a ensuite réaffirmé que la seule solution viable au Moyen-Orient est celle des deux États.  Le Président chilien, a dit le représentant, vient d’effectuer sa deuxième visite en Israël, en compagnie de représentants des communautés palestiniennes et juives chiliennes qui ont exprimé leur attachement à une paix juste et durable.  La communauté palestinienne chilienne, la plus importante communauté dans le pays, y a trouvé sa place au même titre que la communauté juive, a-t-il assuré.  Il a réitéré qu’Israël et la Palestine recherchent la prospérité et la sécurité.  À ce titre, il a recommandé que les deux parties fassent preuve de volonté pour mettre fin à ces décennies qui leur ont infligé tant de souffrances.  De son côté, la communauté internationale ne doit pas baisser les bras, a-t-il exhorté.  

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a exprimé la profonde inquiétude des membres du Comité face aux faits récents intervenus sur le terrain, qui continuent de ruiner les espoirs de parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine.  Le Comité, a dit son Président, déplore et condamne les démolitions de maisons par Israël, hier matin encore, dans la communauté palestinienne de Sour Baher, et demande qu’il soit mis un terme à ces violations du droit international.  La menace d’une annexion de facto du territoire palestinien n’a jamais suscité autant d’inquiétude, a insisté M. Niang.  Il a ajouté qu’à la suite de l’atelier intitulé « Paix pour la prospérité », le 25 juin dernier à Manama, la communauté internationale a clairement indiqué que toute initiative économique en faveur du peuple palestinien qui ne s’accompagnerait pas d’une démarche politique visant à réparer l’injustice historique faite à ce peuple, en lui permettant d’exercer ses droits inaliénables, serait vouée à l’échec.  La seule solution viable et juste, selon le Comité, demeure celle qui repose sur des paramètres énoncés de longue date, à savoir deux États vivant côte-à-côte dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, et un règlement négocié de toutes les questions touchant au statut final. 

Pour le Comité, a dit son Président, il importe d’adopter une démarche collective pour relancer et promouvoir le processus de paix.  Il a aussi demandé que le Quatuor pour le Moyen-Orient soit renforcé et que des mesures soient immédiatement prises à cette fin.  La communauté internationale doit également aider l’UNRWA à poursuivre ses activités qui sont d’une importance cruciale, de l’avis du Comité.  Comme les colonies de peuplement sont illégales, le Comité accueille avec satisfaction le fait que dorénavant, dans certains cas, le Secrétaire général rendra compte par écrit de l’application de la résolution 2334 (2016).  Le Comité voit également un signe d’encouragement dans les mesures prises par la Haute-Commissaire aux droits de l’homme pour que soit publiée, dans les mois à venir, la base de données recensant les entreprises qui exercent des activités dans les colonies israéliennes de Cisjordanie dont Jérusalem-Est.  Cet outil précieux contribuera à faire en sorte que les entités du secteur privé qui participent à des activités commerciales illégales sur le territoire occupé soient tenues de rendre des comptes, s’est réjoui le représentant.  Il a, en outre, exhorté les États Membres à s’abstenir d’établir des missions diplomatiques à Jérusalem-Est. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a remarqué que l’absence de tout progrès sur le terrain au cours des trois derniers mois ne fait qu’assombrir les perspectives de paix.  Le manque de confiance entre Israéliens et Palestiniens, l’occupation continue de la Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est par Israël, l’expansion des colonies de peuplement illégales israéliennes, la menace constante du recours à la violence contre des civils, l’incitation à la haine, l’absence de progrès dans la réconciliation intrapalestinienne et la grave crise financière de l’Autorité palestinienne représentent tous des obstacles à la paix, a constaté le représentant en plaçant ce conflit dans un contexte plus large et régional qui menace la viabilité de la solution des deux États.

La position de l’UE reste néanmoins inchangée, ancrée dans le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et centrée sur la conviction qu’une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien n’est possible qu’à travers la solution négociée des deux États.  Les paramètres de cette solution sont bien connus et reconnus internationalement, a poursuivi le représentant, en citant un accord sur les frontières des deux États sur la base de celles de juin 1967 ou des échanges de terre équivalents.  Il faut en outre des arrangements d’ordre sécuritaire qui assurent, d’une part, la souveraineté palestinienne et, d’autre part, la sécurité des Israéliens en empêchant la résurgence du terrorisme.  La question des réfugiés doit également faire l’objet d’une solution juste, durable et réaliste, a ajouté le représentant en appelant à la reprise des négociations entre les deux parties, y compris sur le statut final.  L’UE n’acceptera de changements aux frontières de 1967 qu’une fois que les parties concernées seront parvenues à un accord au sujet de Jérusalem.

Réagissant aux propositions économiques américaines appelées « Paix pour la prospérité », qui ont été présentées lors d’un atelier au Bahreïn le mois dernier, il a pris note du fait que la stratégie présentée à Manama sera incorporée à un plan politique.  L’UE, a-t-il dit, est prête à travailler avec les États-Unis et les autres partenaires du Quatuor et de la région pour faire en sorte que la mise en œuvre du projet économique contribue à la solution des deux États.  Le représentant a rappelé à cet égard que l’UE est un partenaire économique de longue date de l’Autorité palestinienne et d’autres partenaires de la région.  Elle continuera à utiliser le Comité spécial de liaison pour la coordination de l'assistance internationale aux Palestiniens comme cadre privilégié dans ce contexte, en partie parce qu’il s’agit d’un des rares fora internationaux auxquels participent le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne.  Toutefois, le plus grand obstacle à la paix reste l’absence de solution politique au conflit, a souligné le représentant pour lequel le développement économique doit accompagner une telle solution, mais ne saurait s’y substituer.  

L’UE est préoccupée, a poursuivi le délégué, par la poursuite des activités de peuplement d’Israël en Cisjordanie, y compris par les nouveaux projets autorisés dans la vieille ville de Jérusalem-Est.  Le représentant a martelé que toutes les colonies de peuplement israéliennes sont illégales au regard du droit international et représentent un obstacle majeur à la paix et au développement tout en sapant la viabilité de la solution des deux États.  Toute annexion unilatérale, en particulier de jure, de colonies existantes représenterait une nouvelle violation du droit international, a-t-il précisé.  L’UE dénonce en outre les démolitions de maisons palestiniennes et les évictions à la fois à Jérusalem-Est, à Sheikh Jarrah et à Silwan. 

Pour ce qui est de la crise financière que connaît l’Autorité palestinienne, les experts de l’UE exigent le respect des volets économique et fiscal des accords entre les deux parties.  Ils exhortent l’Autorité palestinienne à accepter un transfert fiscal de la part d’Israël sur une base provisoire.  Cela ne représente pas, selon eux, une reconnaissance légale ou politique de la décision israélienne, et cela permettrait d’éviter que les efforts en cours de l’Autorité palestiniennes ne soient interrompus.

Le représentant de l’UE a exhorté les deux parties à renoncer à la violence et à respecter le cessez-le-feu à Gaza.  Il a encouragé toute mesure visant à y améliorer la situation humanitaire et économique, et salué à cet égard les récents efforts du Qatar, de l’Égypte et du Coordonnateur spécial des Nations Unies.  Le représentant a regretté le manque de réconciliation intrapalestinienne qui représente un autre obstacle significatif à la paix et à la faisabilité de la solution des deux États.  Une Autorité palestinienne unique avec le contrôle sur tout le territoire palestinien, y compris sur Gaza, est essentielle pour pouvoir répondre aux aspirations du peuple palestinien et parvenir à un État palestinien, a -t-il souligné.  L’UE encourage la fixation d’une date pour les élections palestiniennes qui doivent avoir lieu en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et à Gaza.

S’agissant de la question des réfugiés palestiniens, la délégation est d’avis que tant qu’il n’y a pas une solution juste, réaliste et acceptée conforme au droit international, l’UNRWA reste le meilleur moyen de leur apporter les services de base et la protection nécessaire.  Dès lors, l’Office doit pouvoir compter sur un financement adéquat pour s’acquitter de son mandat.

Passant à la crise syrienne, le représentant de l’UE a réitéré les préoccupations de ses États membres face à la violence dans le nord-ouest du pays, en insistant sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne saurait justifier la violation du droit international humanitaire.  Il a exhorté la Russie et la Turquie à restaurer le cessez-le-feu à Edleb, et insisté sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu durable sur tout le territoire syrien.  Il a dit attendre la reprise des négociations intrasyriennes à Genève dans le but de parvenir à une solution politique prise en main par les Syriens et conforme à la résolution 2254 du Conseil de sécurité.  Seule une solution politique inclusive pourra constituer la base de la réconciliation et ouvrir la voie à des élections libres et justes en Syrie, a conclu le représentant, qui a assuré que l’UE soutiendra les efforts en ce sens et restera à la tête des efforts de la communauté internationale dans la lutte contre l’impunité et en faveur de la justice.  Le représentant a d’ailleurs rappelé que l’UE avait renforcé les sanctions contre la Syrie cette année en incluant des hommes d’affaires et des sociétés dans la liste de ceux qui tirent parti du régime d’Assad, et d’autres responsables d’attaques chimiques.  Enfin, il a dit que l’UE continue de soutenir la coalition internationale de lutte contre Daech.  Elle soutient aussi le droit au retour des réfugiés syriens dans des conditions sûres, dignes et volontaires, et partage l’opinion du HCR selon lequel ces conditions ne sont pas encore réunies.

M. DAVID PAUL CHARTERS (Saint-Siège) a estimé que l’atmosphère de défiance qui règne à Gaza et en Cisjordanie, attisée par les rhétoriques dangereuses et les idéologies extrémistes, risque de conduire rapidement à des actes de violence mettant en danger la vie d’innocents palestiniens et israéliens.  Face à une telle situation, le débat d’aujourd’hui ne peut se limiter à une simple répétition de faits bien connus et des obstacles à la réalisation de la solution des deux États, a estimé le nonce en disant qu’« il doit mener à l’action ».

Tout en réitérant que l’aide humanitaire et le soutien économique sont indispensables à la création d’un environnement favorable aux négociations, l’observateur a souligné que cela ne peut remplacer la volonté politique et les dialogues constructifs nécessaires à l’établissement d’une paix et d’une solution durables.  Les États Membres, a-t-il souhaité, doivent encourager les parties à retourner à la table des négociations et à s’engager à dialoguer.

M. Charters a également fait part de sa forte préoccupation quant à la situation humanitaire toujours plus alarmante en Syrie, en particulier à Edleb.  Il a mentionné la lettre envoyée hier au Président Bachar El-Assad par le pape François dans laquelle ce dernier renouvelle son appel à la protection des civils et au respect du droit humanitaire international.  M. Charters s’est également préoccupé de la situation humanitaire qui s’aggrave au Yémen, en se félicitant de la décision de renouveler le mandat de la Mission à Hodeïda.  Il a cependant exigé plus de cohérence dans les efforts de paix: « comment peut-on s’engager dans l’action humanitaire tout en continuant d’autoriser la vente d’armes dans la région ? » a-t-il demandé.

Enfin, après avoir reconnu la direction positive que prend l’Iraq pour la réconciliation et la reconstruction, M. Charters a prôné davantage de « dialogue pour une culture de tolérance, d’acceptation des autres et de cohabitation pacifique ».

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a condamné les violations par Israël des résolutions du Conseil de sécurité et les tentatives de ce pays de faire de ce conflit, un conflit religieux.  Israël et les États-Unis ont échoué à obtenir la reconnaissance internationale de ces tentatives, s’est réjoui M. Abdelaziz qui a aussi dénoncé le fait qu’Israël a manqué de respect au droit international.  Le Conseil de sécurité doit faire montre d’objectivité et empêcher Israël de faire « une interprétation malsaine » des résolutions du Conseil de sécurité, a suggéré le représentant pour lequel les négociations de paix doivent reprendre entre les deux parties et se faire sans ingérence internationale. 

Pour la Ligue des États arabes, Jérusalem reste la ville sacrée des trois religions et doit rester sous la protection de la Jordanie.  Les actes de provocation d’Israël pour altérer le statut historique de la ville doivent inciter le Conseil de sécurité à dire à Israël d’arrêter ses activités qui sont contraires aux résolutions du Conseil de sécurité.  Les démolitions d’habitations de Sour Baher, hier, sont une violation des mêmes résolutions, a aussi estimé M. Abdelaziz.  Selon lui, le Conseil de sécurité est responsable de ces violations et des activités d’Israël: il est nécessaire de mettre fin à ces actes.

S’agissant du conflit en Syrie, il a indiqué qu’il était nécessaire de préserver la souveraineté syrienne et de maintenir l’unité de son territoire.  Enfin, l’Observateur a appelé à la mise en œuvre des résolutions de la dernière réunion de la Ligue se prononçant contre les activités de l’Iran visant à déstabiliser la région.

Pour M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar), il est évident que la solution des deux États est la seule réalisable, la seule qui puisse régler cette question une fois pour toutes. Les réfugiés doivent revenir et le peuple palestinien recouvrer tous ses droits, a-t-il demandé.  Le représentant a condamné l’annonce faite en mai dernier de la construction de 805 nouveaux logements en insistant sur l’application de la résolution 2334. D’autre part, le Golan est un territoire arabe occupé et toutes mesures israéliennes concernant ce territoire sont nulles et non avenues, a-t-il estimé.  Le représentant a dit que le Qatar avait offert aux Palestiniens 480 millions de dollars sous forme d’aide humanitaire, dont 180 millions pour l’assistance humanitaire d’urgence et l’électrification.  Le pays s’est aussi engagé à apporter un appui supplémentaire à l’UNRWA et a réaffirmé son appui à la réconciliation nationale palestinienne.  De la même façon, il continue à œuvrer avec les partenaires régionaux et internationaux pour une solution politique à la crise syrienne dans le respect du Communiqué de Genève et de la résolution 2254 du Conseil, dans le cadre de la souveraineté et de l’indépendance de la Syrie, et en garantissant la reddition de comptes.

L’assaut contre Tripoli et le bombardement aérien d’un centre d’accueil de migrants exigent une condamnation très ferme et des mesures pour mettre fin à ce conflit, a poursuivi le représentant.  Il a salué l’initiative du Président du Conseil présidentiel de la Libye, M. Fayez el-Sarraj, en coordination avec la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), pour la sécurité et la stabilité de la Libye.  Enfin, le représentant s’est plaint que, depuis 10 ans, sa région est en proie à l’une des crises les plus graves de son histoire récente, notamment à cause de l’imposition d’un blocus économique injuste contre l’État du Qatar, qui viole la Charte des Nations Unies.  Celle-ci impose en effet de ne pas aggraver les conflits et de les régler à travers le dialogue et la coopération, a-t-il rappelé.   

Pour M. DATO’SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie), il est clair qu’Israël n’a pris aucune mesure concernant les activités illégales de colonisation dans le territoire occupé y compris Jérusalem-Est.  Cette situation est grave et constitue une violation du droit international, a-t-il dénoncé.  Ces actes d’Israël reflètent son mépris de la communauté internationale, a affirmé le représentant qui a appelé à renverser cette tendance négative actuelle.  Israël doit cesser la colonisation, a ordonné M. Hasrin Aidid qui a aussi condamné le recours à la force contre le peuple palestinien et les actes israéliens qui nuisent aux lieux saints.  « La communauté internationale doit veiller à ce que ces violations prennent fin. »

La construction de la « voie des pèlerins » a scandalisé le monde arabe, a poursuivi le représentant qui est en outre préoccupé par la situation financière de l’UNRWA.  Cette situation va faire du tort aux travaux de l’Office, a-t-il prévenu.  Avant de terminer, il a dit que la Malaisie est inquiète des mesures unilatérales des États-Unis qui mettent à mal la solution des deux États.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a dit suivre avec beaucoup de regret et d’inquiétude l’évolution désastreuse de la situation dans les territoires palestiniens occupés ponctuée par des expulsions, démolitions et autres mesures qui sapent les efforts de paix et annulent, selon lui, toute tentative de reprise du processus politique.  La détérioration des conditions de vie des Palestiniens ne contribue pas à jeter les bases du cadre nécessaire à cette relance, a-t-il mis en garde.  Le représentant a fait valoir que Jérusalem est au cœur de cette situation car cette ville revêt un caractère particulier pour les trois religions du Livre.  

Le monarque marocain, qui est également Président du comité Al-Qods, a appelé, à plus d’une occasion, à mettre un terme à la colonisation et à la judaïsation de Jérusalem et à cesser toute mesure travestissant le caractère sacré de cette ville et son statut politique.  Le 30 mars dernier, le Roi Mohammed VI et le pape François ont appelé à la préservation du caractère et de l’identité unique de cette ville, a-t-il rappelé.  Le représentant a également fait état de la visite la semaine dernière d’une délégation marocaine à Amman, en Jordanie, en compagnie d’architectes et d’artisans marocains pour la préservation de la mosquée Al-Aqsa en collaboration avec le Waqf jordanien.

Pour M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay), la solution des deux États est sérieusement menacée.  Il faut retourner à la table de négociation pour élucider toutes les questions en suspens, a recommandé le représentant.  L’Uruguay entretient des liens d’amitiés avec Israël et la Palestine, a-t-il soutenu en demandant aux deux parties de renverser les tendances négatives actuelles, faute de quoi il sera difficile pour la Palestine de consolider son État.  Le représentant a dénoncé les violations du droit international par Israël comme les démolitions de maisons hier à Sour Baher, qui ne font qu’aggraver la situation.  Il a demandé aux deux parties « des gestes de désescalade » pour parvenir à une solution durable.  Le représentant a rappelé la résolution 181 qui a permis aux deux parties de consolider leurs États.  Le droit international joue un rôle important pour résoudre ce conflit, a-t-il déclaré. 

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a rappelé que le dixième rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) a été examiné par le Conseil après l’exposé de M. Nickolay Mladenov.  Ce rapport, a-t-il souligné, montrait l’expansion des colonies de peuplement à un rythme grandissant à Jérusalem-Est au cours des deux dernières années, de même que les expulsions et démolitions punitives.  Il a également évoqué l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur le mur et le caractère illégal des colonies de peuplement.  Il est impératif que le Conseil agisse et prenne des mesures visant à faire pleinement respecter les principes fondamentaux du droit international et de la Charte de l’ONU, a demandé le représentant.

L’inaction du Conseil donne lieu à des situations qui sont en porte à faux avec les appels répétés du Quatuor, a regretté M. Gallegos en rappelant que celui-ci espère l’adoption de mesures positives immédiates pour inverser les tendances négatives sur le terrain qui menacent la solution des deux États.  Le représentant a exprimé le soutien de son pays aux différentes initiatives internationales visant à la relance des négociations entre Israël et la Palestine.  Il s’est, en conclusion, vivement inquiété de la profonde crise humanitaire et politique à Gaza, tout en reconnaissant les efforts inlassables de l’UNRWA et en plaidant pour que les contributions annoncées soient effectivement versées à l’Office. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que cette réunion se déroule alors que la cause palestinienne est en butte à des « défis existentiels sans précédent » à cause en particulier de l’absence de toute action politique et juridique sérieuse de la part du Conseil pour mettre fin à l’occupation étrangère illégale et de longue date.  Il a fustigé les tentatives récentes israéliennes de « travestir les réalités historiques » en ouvrant ce qu’Israël a baptisé les « Routes du pèlerinage », qui vont de Silwan au mur d’Al-Buraq.  Compte tenu des « nombreuses mesures iniques prises par Israël » dont la plus récente est l’expulsion, hier, d’habitants de Sour Baher, le représentant a estimé que la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 est en butte à des graves défis dans le contexte palestinien.  Il a relevé notamment que l’occupation israélienne avait contribué directement à l’appauvrissement de la population, au chômage et à la crise humanitaire, ajoutant que les actes d’agression avaient créé en outre une culture de l’impunité qui sape la viabilité de l’État de Palestine et ses perspectives d’une solution des deux États.

Dans de telles circonstances, le Conseil « ne saurait rester passif », a-t-il déclaré, en appelant cet organe et la communauté internationale à garantir la reddition de comptes pour toutes les violations israéliennes, à faire respecter l’état de droit et à fournir une protection au peuple palestinien dans le territoire occupé.  Il a également soutenu l’adhésion de l’État de Palestine aux organisations et traités internationaux et conseillé au Conseil de recommander son admission en tant que membre à part entière des Nations Unies.  Le représentant a aussi mentionné la question des réfugiés, rappelant que le Bangladesh accueille 1,2 million de Rohingya ayant fui les atrocités au Myanmar.  Il a annoncé qu’il continuera sa « modeste contribution » à l’UNRWA. 

M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a dit que malgré les appels internationaux, la construction de colonies par Israël se poursuit et crée de nouvelles réalités sur le terrain.  Ce sont, aux yeux de la délégation turque, des tentatives de saper la solution des deux États et la possibilité d’une coexistence pacifique.  Le représentant a également noté les efforts pour détruire le caractère historique de la vieille ville d’Al-Qods et, plus grave encore, de changer la composition démographique de la ville.  La construction de la « route du pèlerin » en est un dernier exemple, selon lui.  Hier encore, ont eu lieu des démolitions d’habitations à Sour Baher, a dénoncé le représentant en relevant que, pour la première fois, elles ont eu lieu dans des zones sous le contrôle de l’Autorité palestinienne en vertu de l’Accord d’Oslo.  Ce sont aussi des violations du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il argué.

Toutes ces activités illégales doivent cesser immédiatement, a ordonné le représentant.  « La paix exige qu’Israël fasse montre d’une volonté politique et s’abstienne d’actes de provocation. »  La communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, doit agir et mettre en œuvre ses résolutions, a-t-il demandé en plaidant pour « la seule solution viable »: la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.  Les droits à l’autodétermination du peuple palestinien ne sont pas négociables, a-t-il martelé en disant que les projets et les plans économiques ne peuvent pas remplacer la dignité, la justice et la liberté du peuple palestinien.  Aucun projet ne peut réussir sans une paix juste, a-t-il conclu.

S’exprimant au nom du Groupe arabe, M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), a indiqué que le sommet extraordinaire d’urgence tenu le mois dernier avait mis en évidence l’importance d’une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient.  Il a prié le Conseil de mettre un terme aux violations systématiques des sites sacrés, musulmans et chrétiens, qui ont pour but de modifier le statut historique de la ville de Jérusalem.  Il a mis l’accent sur l’importance des sites sacrés d’Al-Aqsa et de l’Est de Jérusalem, qui sont « essentiels pour les différentes communautés ».

Le représentant a ensuite appelé à rétablir la stabilité en Syrie, à mettre un terme aux souffrances du peuple syrien et à lutter contre les groupes terroristes dans ce pays avec l’appui du Communiqué de Genève et l’application de la résolution 2254.  La feuille de route de Genève est en effet le seul moyen d’atteindre une solution viable en Syrie, a-t-il estimé.

Le représentant a, par ailleurs, critiqué la « conduite négative de l’Iran » dans la région, citant notamment l’appui aux milices houthistes au Yémen, les menaces dans le détroit d’Ormuz et les agressions contre les navires commerciaux. Toutes les nations doivent éviter le recours ou la menace de recourir à la force, a-t-il rappelé, estimant que l’Iran foule au pied ces principes.  Il a toutefois assuré que l’Arabie saoudite est prête à avoir de bonnes relations avec ce pays.

Venant à la situation au Yémen, le représentant a déclaré que, « depuis cinq ans, on a créé au Yémen un lieu de prolifération de terroristes et de milices qui fomentent des attaques contre l’Arabie saoudite ».  Selon la délégation, la solution à la crise yéménite ne se fera que par le biais du dialogue et du rétablissement de la confiance mutuelle.     

M. KJETIL JONNEVALD HALVORSEN (Norvège) s’est dit préoccupée par l’escalade des tensions dans la région du Golfe et appelé tous les acteurs à la retenue.  La capture de navires par l’Iran dans le détroit d’Ormuz est inacceptable et contribue à cette escalade, a-t-elle déclaré.  En tant que nation maritime de premier rang, la Norvège revendique la liberté de navigation et du commerce pour garantir le commerce et la coopération internationale.

La Norvège reste attachée à la préservation de l’accord sur le nucléaire iranien, a poursuivi le représentant en soulignant que cet Accord a un rôle critique à jouer pour la non-prolifération internationale et la stabilité régionale.  Il a regretté dès lors toute mesure cherchant à le saper.  À ce titre, il a cité les récentes tentatives d’enrichissement d’uranium de l’Iran en appelant ce pays à revenir sur ses décisions et à pleinement respecter les termes du Plan d’action global commun.

S’agissant du conflit israélo-palestinien, le délégué a dit rester convaincue que seule la solution négociée des deux États peut amener à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.  Le développement économique et le renforcement des institutions sont des jalons essentiels pour l’avenir de l’État palestinien, mais ne peuvent se substituer à une solution politique au conflit, a-t-il souligné.

Le représentant a exprimé ses préoccupations quant aux conditions de vie des Palestiniens, tout en étant consciente des obstacles, surtout d’ordre politique comme la division politique palestinienne, au développement économique palestinien.  Il s’est aussi inquiété de la situation financière actuelle de l’Autorité palestinienne, avant de souligner que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens reste le cadre international pour gérer les questions économiques entre les deux parties et les donateurs.  La Norvège présidera d’ailleurs la prochaine réunion dudit comité qui se tiendra à New York le 26 septembre.  La priorité de cette réunion sera de parvenir à une stratégie commune pour mettre en œuvre des mesures concrètes pour renforcer l’économie palestinienne et améliorer la situation à Gaza.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a appelé le Conseil à assumer ses responsabilités, en vertu de la Charte des Nations Unies, dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil doit exiger la fin immédiate de l’occupation des territoires palestiniens et des politiques agressives et pratiques colonisatrices, ainsi que la mise en œuvre des résolutions sur la situation au Moyen Orient, y compris la question palestinienne, la 2334 plus particulièrement, a exigé la représentante.  Elle a jugé que « le silence de ce Conseil est inadmissible », car il ne condamne ni l’escalade de la violence, ni les événements tragiques dans la bande de Gaza depuis le 30 mars 2018 et ce, une fois de plus, « en raison de l’obstruction répétée de la délégation américaine », a-t-elle tancé.  Elle s’est aussi inquiétée de la décision d’Israël de ne pas renouveler le mandat de la présence internationale temporaire à Hébron conformément aux résolutions pertinentes du Conseil, aux Accords d’Oslo II et au droit international.  Elle a aussi dénoncé le gel des revenus de l’Autorité palestinienne.

La représentante a réaffirmé le soutien de Cuba au Gouvernement et au peuple palestiniens ainsi qu’à la reconnaissance de la Palestine en tant que membre de plein droit des Nations Unies.  Elle a rejeté, par ailleurs, le « Pacte du siècle » élaboré par l’Administration américaine, qui n’envisage aucunement la création d’un État de Palestine et fait fi de la solution des deux États, alors que cette solution jouit de l’appui historique des Nations Unies, du Mouvement de pays non alignés, de la Ligue des États arabes, de l’OCI et d’autres acteurs internationaux.  Elle a également fermement condamné la décision américaine de reconnaître le Golan syrien occupé comme territoire appartenant à Israël, ce qui selon Cuba aura de « graves conséquences pour la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient et aggravera les tensions dans une région déjà bien volatile ».  

Mme HASSAN HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a dit que la situation au Moyen-Orient reste sombre pour des millions de personnes souffrant des affres des conflits, des attaques terroristes et d’autres actes de violences.  En dépit de nombreux débats et appels à l’action, la situation demeure tendue avec une forte probabilité d’escalade des conflits et des troubles.  L’absence d’action de la communauté internationale est caractérisée par la question de Palestine qui est aujourd’hui le plus vieux point à l’ordre du jour du Conseil, a fait remarquer la représentante, qui a regretté que les initiatives de paix aient échoué à entraîner un dialogue entre les parties au conflit.  Pour les Maldives, le sort du peuple palestinien et son droit à l’autodétermination resteront toujours une priorité, a-t-elle dit.  Mme Hussain a dit que son pays soutient toute résolution qui prévoit une solution des deux États avec un État indépendant et souverain de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour en terminer avec ce conflit, pour que le peuple palestinien puisse jouir de la paix et vivre dans la dignité. 

En ce qui concerne la Syrie, elle a appelé le Conseil à aider les États Membres pour qu’ils puissent rapatrier, réhabiliter et réintégrer leurs citoyens dans leurs sociétés respectives.  Les Maldives attendent avec impatience de dialoguer avec leurs partenaires en échangeant des informations et des idées sur ce qui peut être fait et sur les mesures qui sont le plus efficaces dans le processus de réhabilitation.  Nous devons être unis pour éviter la crise humanitaire en Syrie et déployer des efforts pour assurer que des centaines d’enfants et de femmes malnutris ne périssent dans les camps de réfugiés, a exhorté Mme Hussain.  S’agissant du Yémen, la représentante s’est montrée optimiste en entendant la déclaration de l’Envoyé spécial pour le Yémen qui disait, la semaine dernière, que « nous pouvons approcher de la fin de cette guerre ».

Pour M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran), le principal développement depuis le dernier débat du Conseil sur la question du Moyen-Orient a été le « soi-disant deal du siècle » présenté lors d’un atelier sur la Palestine convoqué au Bahreïn.  Selon le représentant, cette initiative se base sur une mauvaise intention, de mauvaises hypothèses et une approche qui n’est pas réaliste.  Par conséquent, elle est vouée à l’échec, a-t-il conclu.  Il a jugé cette initiative « de mauvaise intention simplement parce qu’elle est proposée par les États-Unis qui sont bien connus pour leur soutien inconditionnel à Israël », y compris aux pratiques israéliennes injustes envers le peuple palestinien.  Le représentant en a voulu pour preuve le fait que les États-Unis aient décidé d’installer leur ambassade à Jérusalem et de reconnaître le Golan syrien comme faisant partie d’Israël.  Au cours des 70 dernières années, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de forcer la Puissance occupante à mettre fin à son occupation à cause du soutien américain, a-t-il renchéri.  Il a remarqué que, sachant pouvoir compter sur ce soutien, Israël a poursuivi ses politiques expansionnistes et ses pratiques illégitimes, dont le blocus de Gaza vieux déjà de 10 ans.

Ce soi-disant « deal du siècle » se fonde sur de mauvaises hypothèses simplement parce qu’il a pour vocation de tout « acheter »: les causes et aspirations, l’honneur et la dignité, les propriétés et le territoire, et les droits inaliénables de toute une nation, a précisé le représentant iranien pour lequel il s’agit d’une illusion vouée à l’échec.  La cause palestinienne est ancrée dans la lutte d’un peuple pour sa liberté, son indépendance et le contrôle sur ses terres ancestrales, a-t-il rappelé, mais aussi pour sauvegarder son identité culturelle et ses sites religieux, une lutte pour sauver son honneur et sa dignité.  Vouloir réduire cette noble cause à de simples considérations économiques est l’approche la plus erronée de tous les temps pour régler la question de Palestine, a affirmé le représentant, qui a indiqué au passage que tous les groupes palestiniens, sans aucune exception, avaient rejeté cette initiative.

Pour l’Iran, sous couvert de soutien économique, le but principal de ce « deal du siècle » est simplement de consolider l’occupation israélienne, et le monde doit s’opposer à cela.  « Le Conseil doit arrêter de se laisser intimider par l’un de ses membres qui continue de bloquer toute action du Conseil lorsqu’il est question d’Israël de manière illégale. »

Avant de conclure, il a relevé que le représentant israélien avait tenté aujourd’hui de détourner l’attention de la question de Palestine alors qu’il aurait dû se justifier de l’occupation continue de la Palestine ou encore du développement des armes de destruction massive, y compris nucléaires d’Israël, tout en refusant d’adhérer aux traités interdisant ce type d’armes, ou encore d’expliquer pourquoi Israël empêche la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a ironisé le représentant iranien, qui a sommé la partie israélienne d’arrêter « ses fabrications, son illégalité, sa brutalité et ses crimes » et de « rendre des comptes ».

S’exprimant au nom des 120 États membres du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a déclaré que le Comité ministériel de ce mouvement sur la Palestine s’était réuni il y a trois jours à Caracas pour examiner l’évolution de la situation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem.  Le constat est que la situation a atteint « un point critique » et est « clairement insoutenable », a-t-il dit en signalant que le Mouvement a adopté une Déclaration politique d’appui aux droits inaliénables du peuple palestinien et de sa juste cause.  La situation sur place exige des mesures d’urgence et des mesures de diplomatie de la part de la communauté internationale, en vue de faire cesser les mesures unilatérales, a plaidé le représentant.  Il a estimé que cette situation est juridiquement contraignante pour tous les États membres, jugeant décevant que le Conseil reste passif sur cette question.  Pour le Mouvement, la résolution 2334 est la seule voie viable vers la paix car elle comprend les conditions et paramètres nécessaires à un règlement juste sur la base de la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.

Le Mouvement des pays non alignés exige aussi la levée du blocus contre la ville de Gaza, blocus qui bafoue toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et du droit international.  Le représentant a réaffirmé qu’il est impératif d’appuyer l’UNRWA pour garantir son aide constante et indispensable à des millions de réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.  Les Palestiniens subissent aussi une nouvelle crise financière de l’Autorité palestinienne à cause de la retenue des revenus fiscaux par Israël, a-t-il déploré avant de prier le Conseil de lancer un appel en vue de la protection internationale du peuple palestinien.  Le représentant a aussi évoqué le rapport de la mission d’établissement des faits à Gaza mandatée par le Conseil des droits de l’homme et appelé à la mise en œuvre de ses recommandations. I l a exigé qu’Israël respecte les termes de la résolution 497 du Conseil, cesse l’occupation et se retire des territoires palestiniens, libanais et syriens occupés.  Il s’agit également du retrait des territoires libanais, y compris des granges de Shebaa, des collines de Kafr Shuba et de la partie libanaise de la localité de Al Ghajar jusqu’à la ligne bleue. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a noté que les tensions dans la région flambent au moment même où le Conseil se réunit.  Le représentant a souligné le rôle que doit jouer la communauté internationale pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  Pour lui, la résolution des problèmes de la région passe par la recherche d’une solution à la question de Palestine en se basant en particulier sur l’Initiative de paix arabe.  Concernant la réunion « paix pour la prospérité », tenue en juin au Bahreïn, qui a été organisée avec les États-Unis, le représentant a expliqué qu’il s’agissait d’une initiative visant à faire converger tous les efforts en vue de canaliser des investissements économiques en Palestine. 

M. MAJID MOHAMMAD ABDULRAHMAN MOHAMMAD ALMUTAWA (Émirats arabes unis) a lancé un appel à la communauté internationale pour apaiser les tensions au Moyen-Orient et pour veiller au maintien de la sécurité et de la stabilité régionales, notamment pour ce qui est du conflit israélo-palestinien qui exige une solution politique.  Il a mis la communauté internationale au défi de mettre enfin un terme aux « souffrances du peuple frère palestinien » et d’assumer ses responsabilités à son égard en créant un État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Appelant à ne pas perdre de vue la dégradation de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés, le représentant a mis en exergue l’importance d’une assistance humanitaire continue en rappelant que les Émirats avaient fourni 364 millions de dollars entre 2017 et 2018 aux Palestiniens et à l’UNRWA.

Passant au Yémen, le représentant a réitéré le soutien constant des Émirats à la Coalition en appui à la légitimité au Yémen en vue de parvenir à une solution politique sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris les résolutions 2216 et 2451.  Il a également réaffirmé l’appui de son gouvernement aux efforts de l’Envoyé spécial des Nations Unies ainsi qu’en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et de la relance du processus politique.  Les Émirats condamnent les attaques perpétrées par les milices houthistes en Arabie saoudite et demandent au Conseil de sécurité de prendre des mesures sévères pour mettre fin à ces violations et pour éviter l’afflux d’armes vers le Yémen en provenance d’Iran.  Ces attaques houthistes sapent les perspectives de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et du cessez-le-feu à Hodeïda, au moment même où les Émirats et la coalition arabe ouvrent la voie à la paix en redéployant leurs forces au Yémen pour donner la priorité aux efforts politiques, a souligné le représentant.

S’agissant des conflits en Syrie et en Libye, les Émirats estiment que seule une solution politique pourra mettre fin à ces crises.  Ils exhortent les parties dans les deux pays à revenir à la table de négociation et à trouver une solution qui s’inscrive dans le cadre fixé par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le représentant d’Israël a voulu répondre à la déléguée du Liban.  Il est clair, a-t-il soutenu, que l’appel concernant la ligne bleue n’a pas été entendu et que la présence du Hezbollah s’est intensifiée dans la zone de présence de la FINUL au cours des 13 dernières années.  Le Hezbollah s’est enraciné plus avant au Liban et y a renforcé son emprise, a-t-il affirmé, estimant que cela représente une menace grandissante pour la stabilité.  Il a aussi signalé la découverte de plusieurs tunnels qui aurait dû susciter un intérêt pour cette situation.  Or, la FINUL n’a pas encore eu accès aux tunnels, a-t-il regretté.  « La question maintenant est de savoir où commence le Gouvernement libanais et où s’exerce celui du Hezbollah. »  De l’avis de la délégation d’Israël, personne ne doit accepter des attaques contre la FINUL ni la saisie de son matériel.  Fermer les yeux sur cette question n’est pas une option, selon le représentant, qui a proposé de dresser une carte montrant où la FINUL réussit à exercer son mandat.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC conclut sa session de haut niveau en entendant une cinquantaine d’organisations plaider pour renforcer les efforts et atteindre le développement durable

Session de 2019,
34e & 35e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7009

L’ECOSOC conclut sa session de haut niveau en entendant une cinquantaine d’organisations plaider pour renforcer les efforts et atteindre le développement durable

Après la fin du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, hier, c’est aujourd’hui le Conseil économique et social (ECOSOC) réuni en session ministérielle qui a conclu ses travaux, en entendant 19 États Membres et près de 50 organisations internationales et de la société civile.

Chacun a décortiqué le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en tirant les éléments qui leur paraissent les plus importants pour atteindre les objectifs fixés.  L’égalité hommes-femmes, la justice et la lutte contre les conséquences des changements climatiques ont été maintes fois citées et sont apparues comme des incontournables du développement durable.

La reforestation et l’utilisation de l’énergie renouvelable à Madagascar, la protection des forêts en Thaïlande, la préservation de la vie aquatique à La Barbade, le lancement de deux obligations vertes au Nigéria: tels sont quelques-uns des efforts des États Membres sur le plan environnemental.  Du côté des ONG, l’organisation VAAGHARA a recommandé d’utiliser les connaissances des agriculteurs indiens autochtones pour gérer la question du climat, tandis que le Stockholm International Water Institute a vanté les mérites de la « diplomatie de l’eau ».

Avec les interventions de l’Afghanistan, de la République arabe syrienne et du Soudan, l’ECOSOC a touché du doigt les difficultés de développement rencontrées par des pays affectés par des conflits.  Pour le Soudan, le fait de sortir à peine d’un conflit constitue en soi un défi majeur pour le développement.  Pareil pour l’Afghanistan qui a déploré devoir subir les affres du terrorisme et de l’extrémisme violent.  Une ONG camerounaise, First Modern Agro (FI.MO.AT.C.I.G), a pour sa part demandé à la communauté internationale de se pencher sur ce qu’elle a qualifié de « génocide » dans la partie anglophone du pays.

La Ligue des États arabes a, de plus, fait remarquer que les neuf conflits actuellement à l’ordre du jour du Conseil de sécurité ont poussé des millions de personnes sur les routes de la migration, un autre obstacle au développement.  Or, les objectifs de 2030 ne pourront être réalisés si les migrations ne sont prises en compte dans les politiques de développement, a prévenu l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  L’International Rescue Committee a lancé un appel similaire en faveur des réfugiés.

La participation de la société civile aux décisions et aux actions favorisant le développement a été reconnue comme cruciale par de nombreuses délégations qui ont plaidé pour des efforts supplémentaires en ce sens.  Comme exemple d’inclusion, le Chili a expliqué que le processus d’examen national volontaire est le fruit du travail de l’État en alliance avec la société civile et le secteur privé.  En même temps, le Gouvernement chilien épaule le travail de ces acteurs lorsqu’ils cherchent des solutions aux problèmes socioéconomiques. 

La preuve de la volonté d’implication de tous les acteurs a été fournie aujourd’hui par la participation de nombreuses organisations non gouvernementales, chacune avec son cheval de bataille.  Pour l’ONG The Brooke, c’est l’utilisation des animaux de trait, comme les ânes et les mulets, qu’il faut promouvoir pour aider les plus pauvres et les femmes rurales.

Parmi les intervenants, nombreux ont été ceux qui ont appelé à investir dans l’éducation, le numérique et l’information, pour augmenter les chances de développement de chaque citoyen.  Si l’éducation numérique a été mise en avant par l’Union internationale des télécommunications (UIT), d’autres ont rappelé l’importance, tout simplement, des livres: « Books to Africa International », qui œuvre en Afrique, et « Vues et Voix », une ONG canadienne produisant des livres audio, par exemple.

La lutte contre les discriminations de toutes sortes, à l’encontre des journalistes ou des personnes LGBTI notamment, a également été mentionnée comme un domaine où des progrès sont encore attendus si l’on veut atteindre un développement durable.

En parallèle au débat général s’est tenue, dans la matinée, une table ronde sur les prévisions concernant l’avenir des objectifs de développement durable.  Une autre discussion a eu lieu dans l’après-midi sur les tendances et les actions à long terme.

Lors de la séance de clôture, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, s’est félicitée que de nombreuses solutions aient été identifiées au cours des deux dernières semaines, même si « nous sommes encore un peu incertains quant à la manière dont nous pouvons atteindre les objectifs en profondeur », a-t-elle dit.  Elle a remarqué qu’il fallait encore « plus de réflexion et de changement », ainsi que « des gouvernements qui écoutent davantage la population ».

Rendez-vous est pris les 24 et 25 septembre à New York pour une nouvelle session du Forum politique de haut niveau qui se tiendra, pour la première fois, sous les auspices de l’Assemblée générale.  Ce sera le premier « Sommet des objectifs de développement durable ».

CONCERTATION DE HAUT NIVEAU SUR LES TENDANCES ET LES SCÉNARIOS FUTURS ET LES EFFETS À LONG TERME DES TENDANCES ACTUELLES SUR LA RÉALISATION DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 (E/2019/50, E/2019/65, E/2019/66, E/2019/68, E/2019/70, E/2019/78)

Débat général

M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a relevé que son pays a connu certaines avancées en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ou encore dans le secteur de l’éducation.  Un dialogue social mené dans le pays a permis d’adopter un document intitulé « Pérou vision 2050 ».  Par ailleurs, le pays a récemment adopté une politique d’égalité entre les sexes.  La lutte contre la corruption est également une priorité.  Sur la question climatique, le Pérou et l’Espagne sont les têtes de file d’une initiative internationale visant à mettre en lumière les défis socioéconomiques des changements climatiques.  Le pays entend d’ailleurs adopter des mesures de lutte contre ce phénomène qui tient compte de l’approche sexospécifique.  Le Ministre a promis que son pays présentera son second examen national volontaire l’an prochain au Forum politique. 

M. THANI THONGPHAKDI, Secrétaire permanent adjoint au ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a indiqué que son pays a créé un fonds en soutien à l’éducation équitable qui a permis de prendre en charge près de 500 000 jeunes défavorisés.  Le pays a également octroyé la nationalité thaïlandaise à de nombreux apatrides.  En matière d’emploi, des centres d’insertion professionnelle permettent de faciliter l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi.  La protection des forêts est également une priorité pour le pays qui a, de plus, fourni les services d’Internet à 75 000 villages.  En ce qui concerne la coopération internationale, la Thaïlande est partie prenante à des partenariats régionaux.  Le pays a, en outre, consacré 90 millions de dollars, depuis 2002, dans le cadre de l’aide internationale aux pays de sa sous-région.

Mme H. ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a posé les questions suivantes: « où en sommes-nous dans notre mandat?  Que faisons-nous du mandat du Programme 2030?  Que faisons-nous de l’Accord de Paris? »  La Barbade a intégré les objectifs de développement durable dans son plan de développement en associant la société civile, le secteur privé, le milieu universitaire, a assuré Mme Thompson en disant que les efforts les plus grands portent sur certains objectifs comme l’énergie propre, la croissance économique, la consommation responsable et la vie aquatique.  La représentante a attiré l’attention sur les vulnérabilités uniques des petits États insulaires en développement (PEID)qui sont exacerbées par l’instabilité politique, économique et environnementale internationale qui, pourtant, n’est pas de la faute de ces pays.  « On demande simplement la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Accord de Paris », a insisté la représentante. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a dit que son gouvernement avait présenté pour la deuxième fois son examen national volontaire pour informer de l’état de la mise en œuvre du Programme 2030 dans son pays.  Ce processus est le fruit d’une politique que l’État a élaboré en alliance avec la société civile et le secteur privé.  En même temps, le Gouvernement épaule le travail du secteur privé et de la société civile en cherchant ensemble des solutions aux problèmes socioéconomiques.  Le Chili sera l’hôte de la COP25 en décembre, a aussi indiqué M. Skoknic Tapia qui a expliqué vouloir saisir cette occasion pour inciter à augmenter les engagements en faveur de l’Accord de Paris.  Les tâches, au titre de cet Accord, sont nombreuses mais nous sommes nombreux à relever les défis, a-t-il encouragé.  Le représentant a souligné aussi l’importance des défis auxquels font face les pays à revenu intermédiaire dans sa région. 

M. RODRIGO A. CARAZO(Costa Rica) a expliqué que, en tant que pays à revenu intermédiaire, le Costa Rica voit la mise en œuvre du Programme 2030 comme une responsabilité.  Cependant, il a insisté pour que les pays donateurs, les institutions financières internationales et le système des Nations Unies dépassent le critère de classification de cette catégorie.  Pour évaluer réellement les progrès, a-t-il dit, il faut considérer l’aspect multidimensionnel du développement et de la pauvreté.  Il a expliqué que le Costa Rica a pour but de réduire les inégalités et de promouvoir l’inclusion sociale, économique et politique de toutes les personnes, en particulier des filles, des jeunes et des femmes.  Le Gouvernement a pour objectif de scolariser 89% des enfants en âge préscolaire, a-t-il notamment indiqué.  En ce qui concerne l´action climatique, le Costa Rica a lancé un plan de décarbonatation sur le long-terme.

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a mentionné les efforts déployés par son gouvernement pour que le Programme 2030 soit une réalité, tout en reconnaissant qu’il faut en faire plus.  Il s’est inquiété du risque qu’une grande partie des 169 cibles des objectifs de développement durable ne soient pas atteintes à l’échéance, plaidant pour soutenir les rythmes de la mise en œuvre pour ce programme come pour le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il faut, a-t-il dit, des alliances permettant de mobiliser les ressources disponibles, en tenant compte des besoins des pays en situation particulière.  Le représentant a souligné les difficultés à produire des statistiques qui reflètent exactement l’état de la mise en œuvre du Programme 2030, plaidant pour la collecte de données désagrégées de qualité qui sont indispensables pour adopter les bonnes décisions.

M. YAHAYA HAMZA (Nigéria) a indiqué que son pays a développé un cadre institutionnel de responsabilité national à plusieurs niveaux, pour coordonner la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans son pays.  Un comité interministériel dédié à cette question a également été mis en place.  L’approche transversale permet, a-t-il explique, d’expliquer les rôles de tous les acteurs du développement qui travaillent de concert dans cette perspective.  Outre les efforts sur le plan budgétaire pour cette mise en œuvre, le représentant a mentionné les progrès de son pays en matière d’éducation, ce secteur évoluant avec l’environnement technico-économique et les exigences du marché du travail.  Il a également parlé, entre autres, des efforts menés par son pays pour lutter contre les changements climatiques, notamment le lancement de deux obligations vertes concernant l’Afrique sub-saharienne.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que les politiques de développement sont une priorité après la destruction de son pays à cause des actes de terrorisme.  « Comment un pays comme la Syrie, connaissant des situations particulières, pourrait-il bénéficier du développement, notamment quand le pays fait face à des politiques coercitives? »  Le délégué a posé cette question à l’assistance avant de regretter que certaines parties, quatre ans après l’adoption des objectifs de développement durable, sapent encore les règles de base du multilatéralisme.  Selon lui, si cette tendance persiste, alors on se retrouvera de nouveau l’an prochain pour parler des mêmes obstacles à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, dans un contexte marqué par l’augmentation continue des dépenses militaires.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est félicité du fait que son pays ait présenté son examen national volontaire hier.  Il a estimé que l’état de droit est incontournable pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour la délégation, l’objectif 16 (paix, justice et institutions efficaces) est donc crucial.  Le représentant a également plaidé pour qu’on élimine toute discrimination qui entrave l’accès à la justice, un problème qui touche en particulier les femmes et les jeunes filles.  Il a aussi déploré la sous-représentation des femmes dans la sphère politique et les écarts de salaires entre les sexes, appelant à y remédier. 

Mme DAWN HASTINGS WILLIAMS, Ministre d’État du Guyana, a assuré que l’examen national volontaire auquel s’est soumis le pays, a permis de savoir dans quels objectifs de développement durables il faudra le plus investir.  La « stratégie verte 2040 » du Guyana, qui est en harmonie avec le Programme 2030 et d’autres documents internationaux, est notre feuille de route pour une transition vers un État vert, a indiqué la Ministre.  À l’heure actuelle, nos défis sont l’accès aux services de base comme l’eau, l’éducation, l’énergie, ainsi que le manque d’opportunités d’emploi pour les femmes et les personnes à risques.  Pour conclure, la Ministre a demandé que les vulnérabilités et la résilience soient prises en compte lorsque l’on mesure les inégalités.

M. ABDALLAH AL-MOULLIMI (Arabie saoudite) a présenté sa « vision nationale » de développement qui est en harmonie avec le Programme 2030.  Le Gouvernement a fait de la création d’emplois une priorité en lançant des mégaprojets.  Les avancées que le pays a connues, s’expliquent par l’intégration du marché financier saoudien dans le système financier international.  En outre, nous sommes classés au septième rang mondial en matière d’efficacité de l’administration, a fait valoir le représentant avant de mentionner également les efforts de diversification de l’économie et ceux dirigés vers la lutte contre les changements climatiques pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Nous avons des projets sociaux en faveur de l’inclusion et de la parité, a-t-il ajouté.  Par exemple, des permis de résidence permanente ont été accordés à ceux qui veulent travailler dans le pays, 72 centres éducatifs ont été créés et des aménagements urbains spéciaux ont été mis en place pour les personnes handicapées.  L’Agence des statistiques a publié les 94 indicateurs de développement en arabe et en anglais, a également indiqué le représentant.

M. MOHAMMAD WALI NAEEMI (Afghanistan) a indiqué que son pays a traduit sur le plan national les objectifs de développement durable et les indicateurs les plus pertinents.  Ainsi, sont nés les « objectifs de développement durable de l’Afghanistan » et un mécanisme intégré de suivi et de compte rendu.  Le délégué a rappelé que son pays est « en situation particulière », puisqu’étant classé dans plusieurs catégories: pays les moins avancés (PMA), pays en développement sans littoral et pays sortant de conflit.  Il a affirmé que le terrorisme et l’extrémisme violent sont parmi les principaux défis auxquels l’Afghanistan fait face.  De ce fait, 1,1 million d’Afghans sont déplacés.  De plus, le retour de 1,7 million de réfugiés afghans a accentué la pression sur l’économie et les institutions du pays, en affectant aussi le bien-être des communautés.  Malgré ces nombreux défis, le représentant a promis que l’Afghanistan s’engage à « ne laisser personne de côté », notamment grâce aux efforts nationaux et avec le soutien conséquent des partenaires internationaux qui sont attendus. 

M. MURTADA HASSAN ABUOBEIDA SHARIF (Soudan) a affirmé que la pauvreté est le fléau le plus dangereux auquel doivent faire face les pays en développement.  Le Gouvernement du Soudan entend créer un comité de haut niveau pour faciliter l’atteinte des objectifs de développement nationaux en s’inspirant des objectifs de développement durable du Programme 2030.  Il a rappelé que le pays sort à peine d’un conflit, ce qui constitue en soi un défi majeur de développement et s’ajoute aux effets négatifs des changements climatiques.  Il a terminé son propos en plaidant pour des partenariats renouvelés dans le cadre du développement durable. 

Mme SANJA ZOGRAFSKA KRSTESKA (Macédoine du Nord) a énuméré les efforts de son gouvernement pour réaliser le Programme 2030 comme l’adoption de la loi contre la discrimination.  Tous les individus en Macédoine du Nord jouissent de leurs droits fondamentaux, a-t-il assuré.  Des lois ont été adoptées en matière d’égalité hommes-femmes, des droits des personnes handicapées et de l’emploi décent, pour contribuer au bien-être des gens.  En outre, des ressources financières sont allouées pour les jeunes entrepreneurs et la formation numérique des jeunes. 

Mme HANTASOA FIDA CYRILLE KLEIN (Madagascar) a dit que la « Grande Île » a choisi 64 cibles prioritaires sur les 164 cibles de développement durable, mais que les 85 indicateurs qui les accompagnent restent à valider.  Le programme « Émergence Madagascar 2019-2023 » est la vision de développement de Madagascar, qui fait de la mobilisation des efforts un axe central.  Ce programme prévoit surtout une politique d’adaptation aux changements climatiques qui passera par la reforestation de 40 000 hectares de terrain, l’utilisation de l’énergie renouvelable et l’électrification rurale.  Dans le cadre de la lutte contre la violence domestique, deux brigades féminines ont été créées dans deux régions en 2019.  La représentante a terminé son intervention en indiquant que le Gouvernement a lancé en 2018 un recensement général de la population et des habitations. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a indiqué que son pays est en train d’élaborer un document intitulé « la Croatie que nous voulons » en vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour la délégation, le développement durable passe par l’éducation.  C’est pourquoi le système éducatif national est en mutation, notamment afin de mieux préparer les jeunes au monde de l’emploi.  Le pays promeut également des modes de production et de consommation durables, a ajouté le représentant.  Enfin, il a relevé que son pays est l’un des pays de l’Union européenne les plus affectés par les changements climatiques.

M. PATRIZIO M. CIVILI, Observateur permanent de l’Organisation Internationale de droit du développement, a estimé que l’objectif 16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces est un « facilitateur » des autres objectifs de développement durable.  C’est fort de ce constat que l’OIT a organisé, en juin dernier à Rome, en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, une conférence qui a regroupé des représentants de gouvernements, des systèmes judiciaires et de la société civile, dans le cadre d’un dialogue multipartite visant à renforcer la mise en œuvre de l’objectif 16.

M. ROBIN IAIN OGILVY, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a estimé que les gouvernements vont continuer à jouer un rôle crucial dans l’instauration d’un environnement propice à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment par le biais d’une coopération multilatérale forte.  L’OCDE a redoublé d’efforts pour partager son expertise, ses données et ses outils avec la communauté internationale, a-t-il assuré en donnant l’exemple d’un partenariat avec le PNUD pour fournir des conseils d’audit fiscal à plus de 30 pays en développement.  L’OCDE insiste aussi sur l’importance d’atteindre le quatrième objectif (éducation de qualité).

L’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) a mis l’accent sur les effets des changements technologiques qui font courir le risque de fracture numérique.  Cette fracture risque d’exclure de nombreuses personnes, a averti le représentant qui a demandé la mise en place de politiques pour faire en sorte que la numérisation favorise les gens.  Il a souligné l’importance du partage d’expériences à cet égard. 

L’Union interparlementaire (UIP) a estimé que l’engagement le plus urgent est d’en finir avec l’exclusion.  Le rôle des parlementaires est important à cet effet.  Les parlementaires ont l’obligation de revoir toutes les lois pour qu’il n’y ait plus d’exclus.  La représentante a aussi souligné l’importance d’augmenter le nombre de parlementaires femmes et la nécessité d’élever le niveau de financement pour réaliser le Programme 2030.  Avant de terminer, elle a attiré l’attention sur la situation des migrants dans le monde. 

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a estimé que l’éducation est un facteur important en vue du développement durable.  Ainsi, l’enseignement aux niveaux primaire et secondaire est un service gratuit au Myanmar.  Le Gouvernement s’engage, en outre, à lutter contre les changements climatiques et il entend transformer le Myanmar en une société durable qui soit juste et équitable pour ses populations.  En tant que société multiethnique, le Myanmar entend également ancrer son unité dans la diversité.  Le pays, a ajouté le représentant, s’engage à travailler avec tous ses partenaires pour parvenir au développement durable. 

Mme CHARLOTTE LINDBERG WARAKAULLE, de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), a plaidé pour que soient adoptées des politiques adéquates afin que la science et la technologie ne produisent pas davantage de divisions.  Elle a regretté qu’à peine le quart des étudiants choisissent les domaines de science et technologies, alors que ce sont dans ces secteurs que vont se concentrer les emplois du futur.

L’Union mondiale pour la nature (UICN) a déploré les pertes à l’échelle mondiale de diversité.  Emmagasiner le carbone est l’un des meilleurs moyens de se prémunir contre les changements climatiques, a rappelé le représentant.  Il faut, a-t-il recommandé, agir de manière déterminée pour préserver la biodiversité.

La Ligue des États arabes a dit avoir organisé de nombreuses réunions ministérielles au niveau de ses pays membres pour arrêter les priorités en matière de réalisation du Programme 2030 notamment la réunion de Charm el-Cheikh en 2015 en Égypte.  Le principal défi que l’ECOSOC doit relever est le financement et la paix.  Les neuf conflits gérés par le Conseil de sécurité ont poussé des millions de personnes sur les routes de la migration, a rappelé la délégation avant de demander d’avancer dans la création de l’État de Palestine et de passer du conflit au développement. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a évoqué des avancées sur le plan national en matière d’éducation et d’éradication de la pauvreté notamment.  Il a rappelé que la communauté internationale doit aller plus vite et adopter des actions plus ambitieuses qui s’appuient sur des accélérateurs de croissance comme les technologies.  Le Kazakhstan est favorable à la création de centres régionaux des Nations Unies.  Ainsi, le pays a ouvert un bureau des Nations Unies abritant 16 agences onusiennes, ce qui permet à celles-ci de travailler davantage en synergie dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a affirmé le délégué.  Un centre pilote interrégional des Nations Unies est également en projet à Almaty. 

Mme SESSELJA SIGURDARDOTTIR (Islande) a insisté sur l’importance de l’égalité entre les sexes que le pays considère comme l’un des accélérateurs de mise en œuvre de tous les autres objectifs de développement durable.  L’Islande, s’est-elle félicitée, est le premier pays au monde qui a adopté une loi requérant des employeurs une certification sur l’égalité salariale.  De même, le congé parental pour les pères permet de renforcer l’égalité entre les genres, a-t-elle argué.

L’Union internationale des télécommunications (UIT) a dit que la révolution numérique peut aider le monde à atteindre les objectifs de développement durable.  Le représentant s’est réjoui que chaque année, les pays informent de leurs avancées sur la question des télécommunications.  La technologie peut être utilisée dans de nombreux domaines comme la santé, l’éducation, l’agriculture, mais ce qui est important, a-t-il insisté, c’est d’assurer un développement numérique « sûr et équitable ».  Il faut investir dans l’éducation numérique pour lutter contre les inégalités, a-t-il recommandé. 

Pour l’Organisation internationale du Travail (OIT), il est temps d’agir pour réaliser l’objectif de développement durable sur l’accès à des emplois décents.  Pour ce qui est du chômage, le représentant a annoncé que le monde est aujourd’hui au niveau d’avant 2008.  Il a insisté sur l’importance de la protection sociale universelle et de la lutte contre le travail des enfants.  Le représentant a rappelé l’adoption, en juin dernier, de la Déclaration du centenaire de l’OIT qui est axée sur l’être humain.

Mme HORDOSCH (ONU-FEMMES) a plaidé pour que les femmes soient impliquées dans tous les processus de développement, seul moyen de réaliser le Programme 2030 selon elle.  De même, il faut lutter contre la crise climatique en tenant compte des sexes.  Elle a souhaité que les futurs examens nationaux volontaires se fassent en tenant compte de l’approche genre.

M. ASHRAF ELNOUR MUSTAFA MOHAMED NOUR de l’Organisation international pour les migrations (OIM) a dit que le Programme 2030 et le Pacte sur les migrations sont intimement liés, puisque le premier avait identifié les migrations comme un élément de développement.  Les objectifs de développement durable ne peuvent être réalisés si les migrations ne sont prises en compte dans les politiques de développement, a-t-il prévenu. 

L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a défendu la thèse que sans la réalisation des objectifs de développement durable sur l’accès à une éducation de qualité, l’accès à des emplois décents, la réduction des inégalités et les partenariats pour la réalisation des objectifs, il ne peut y avoir de développement durable.  L’ONUDI peut aider à favoriser la coopération internationale en matière de développement industriel, a-t-il indiqué.

Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes a encouragé à prendre en compte les politiques de réduction des risques de catastrophe dans les plans nationaux de développement.  Il a prié les gouvernements de s’inspirer du Cadre de Sendai pour l’élaboration de leurs stratégies respectives de réduction des risques.  Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance du financement des politiques d’atténuation.  La réduction des risques de catastrophe est le meilleur investissement pour le Programme 2030, a-t-il conclu.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déploré le fait que la faim ne cesse d’augmenter dans le monde, selon le dernier rapport conjoint FAO-FIDA.  De plus, le nombre de personnes obèses est désormais supérieur à celui des personnes souffrant de la faim.  Il faut donc changer les modèles agricoles afin de veiller à ce que les régimes alimentaires soient adéquats pour une bonne santé des populations.

Mme DAVTYAN de l’ONUSIDA, a dit que toutes les semaines, de nombreuses femmes sont infectées par le VIH du fait de la violence sexuelle et sexiste.  Il faut donc changer les lois, y compris celles empêchant les personnes infectées de voyager, a-t-elle souhaité.  Elle a déploré qu’un milliard de dollars manquent dans la lutte contre le VIH/sida.

L’International Rescue Committee a lancé trois appels à l’action: tenir compte des réfugiés, inclure les réfugiés dans les plans nationaux de développement, adopter des mesures pour les populations réfugiées.  Le Comité a annoncé qu’il organisera une réunion des chefs d’entreprise en marge du Sommet du développement durable en septembre.

Pour le grand groupe des femmes, réaliser le Programme 2030 nécessite des actions communes afin qu’il bénéficie aux plus vulnérables.  Le groupe a lancé un appel à se libérer du joug des industries de divertissements et des complexes militaro-industriels. 

La responsable de la Fondation Luz Maria a dit que son organisation travaille à New York dans le domaine de la lutte contre la violence familiale, en particulier celle à l’encontre les femmes.  Même s’il y a eu des progrès, des changements sont nécessaires, a-t-elle relevé.  C’est pourquoi elle a plaidé pour l’indépendance financière des femmes, afin qu’elles ne soient plus à risque d’exploitation et de violence. 

Le grand groupe des enfants et des jeunes a recommandé de rémunérer les stagiaires et de garantir une égalité entre jeunes des milieux ruraux et ceux des villes.  Le groupe déplore le fait que les jeunes soient confrontés à plusieurs discriminations, alors qu’ils devraient être en première ligne de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le travail de la HUAIROU COMMISSION (Femmes, Foyers et communautés) est de surveiller la mise en œuvre par les gouvernements du Programme 2030, a expliqué sa représentante.  De l’avis de la Commission, les femmes doivent participer à la mise en œuvre de ce Programme et il faut que leur participation soit financée.

Le grand groupe des ONG a demandé l’arrêt des subventions aux industries néfastes.  Le groupe a voulu que la communauté internationale appuie davantage la lutte contre les flux financiers illicites et fasse son maximum pour assurer les services sociaux de base aux plus vulnérables.

La représentante de l’ONG The Brooke a rappelé que 600 millions de personnes à travers le monde se servent des animaux de trait comme les ânes et les mulets.  Elle a expliqué que les pauvres auraient plus de revenus s’ils pouvaient bénéficier du support qu’apportent ces animaux.  De même, ces animaux permettent d’alléger les tâches des femmes rurales.  C’est pourquoi, il faut modifier l’objectif 15 de développement durable sur la vie terrestre en intégrant les animaux de trait, a réclamé la représentante. 

Le grand groupe des personnes âgées a rappelé que ces personnes sont tout aussi importantes et doivent être reconnues comme participantes à leur propre développement.  Les gouvernements doivent donc harmoniser les législations nationales afin de mettre fin à la discrimination dont elles sont victimes.

Le Saudi Green Building Forum a dit que le volontariat est nécessaire pour réaliser le Programme 2030 en particulier le développement urbain.  Il a aussi plaidé pour que les ONG dans les pays arabes soient prises en compte dans l’élaboration des rapports de l’examen national volontaire.

L’Education and Academia Stakeholder Group a réitéré l’importance de   l’éducation tout au long de la vie et son caractère indispensable pour accompagner les objectifs de développement durable.  Le représentant a dénoncé le manque de ressources gouvernementales consacrées à l’éducation et à l’égalité entre les hommes et les femmes. 

Le délégué de Citizens’Coalition for Economic Justice a plaidé pour « plus de justice en faveur des petites gens ».  Il a expliqué que les crises économiques, comme celles que la République de Corée a connues par le passé, sont inévitables si les grandes entreprises détenues par des grandes familles continuent de créer des conglomérats qui exploitent les populations en leur offrant une rétribution insuffisante.

Le responsable du grand groupe des volontaires a dit que l’on ne peut réaliser les objectifs de développement durable sans tenir compte du travail des volontaires.  Il faut donc un appui en leur faveur pour leur permettre d’avoir plus d’impact.  Il a assuré que le bénévolat fleurit quand il est soutenu politiquement.  Il a salué le fait que, 19 des 47 examens nationaux volontaires de cette session du Forum politique, aient reconnu l’impact du travail des volontaires. 

L’organisation VAAGHARA a recommandé de traiter les incidences des changements climatiques en s’inspirant des connaissances des agriculteurs indiens autochtones.  Les programmes publics doivent faire revivre l’agriculture autochtone en lui accordant des financements, a-t-elle plaidé. 

Le Sendai Stakeholder Group a promu le Cadre de Sendai qui est là pour aider à élaborer les politiques de réduction des risques de catastrophe.  Il faut décentraliser et délocaliser les allocations de ressources dans ce domaine, a-t-il conseillé. 

Le délégué de Global Forum for Media Development a déploré le fait que l’hostilité contre les journalistes prenne de l’ampleur à travers le monde.  Il y a pourtant un lien étroit entre le manque d’accès à l’information et le manque de sociétés justes, a-t-il affirmé.  C’est pourquoi il a demandé à tous les États de renforcer l’accès à l’information et à protéger les journalistes, en commençant par libérer tous ceux qui sont actuellement emprisonnés. 

Le grand groupe LGBTI a rappelé que les États ont pris l’engagement de faire en sorte que chacun participe au développement de sa société.  Il faut donc produire des données ventilées qui éclairent sur les obstacles à la participation, a-t-il dit.  Le groupe a insisté pour faire tomber toutes les barrières qui empêchent la participation des LGBTI au développement durable.

La Fédération internationale de l’immobilier a expliqué qu’elle aide ONU-Habitat dans sa mission.  La Fédération a créé un instrument pour aider les communautés et les élus à s’impliquer dans la réalisation du Programme 2030 dans le domaine du logement.  La Fédération est en train de lancer la Stratégie de l’habitat durable, a ajouté le représentant.

La Confédération italienne du travail a dit défendre, en Italie, l’intérêt général dans le domaine de l’emploi et en particulier l’intérêt des travailleurs. Nous favorisons le dialogue entre les parties prenantes locales et les organisations spécifiques, a-t-elle dit.  C’est un contrat social couronné de succès lorsque le financement est assuré.  Le développement local est au centre de nos préoccupations, a-t-elle assuré.

Vues et Voix, une ONG canadienne produisant des livres audio depuis 1976 pour les gens ne pouvant lire, a souhaité que la culture et l’information soit accessible à tous.  La déléguée a plaidé pour des partenariats avec le secteur privé pour mettre à disposition des livres audio pour tous ceux qui en ont besoin.

La Fundacion Latinoamericana por los Derechos Humanos y el Desarrollo Social, a déploré le fait que les enfants vénézuéliens qui bénéficient de soins spécialisés à l’étranger ne peuvent désormais plus recevoir leur traitement parce que les banques ont peur de subir des mesures de représailles du fait du blocus financier et économique dont le Venezuela est victime.

Le Comité international pour la paix et la réconciliation a dit que dans beaucoup de pays, les gens travaillent pour un salaire misérable ou sans salaire du tout.  Plus de 43 millions de personnes travaillent toujours sous une forme ou une autre d’esclavage, a-t-il dit pour sensibiliser à ce problème et appeler à y remédier. 

Le World Council for Curriculum and Instruction a souligné le rôle de l’éducation pour renforcer l’esprit critique et pour promouvoir une culture de paix.  Si nous voulons réaliser l’objectif de développement durable sur l’éducation de qualité, il faut s’appuyer sur nos valeurs, a-t-il recommandé.

First Modern Agro (FI.MO.AT.C.I.G), a parlé d’un génocide en cours dans la partie anglophone du Cameroun.  Après celui qu’a connu le Rwanda en 1994, la communauté internationale avait promis que cela ne se produirait plus, a-t-elle déploré.  Elle a demandé que l’ONU envoie une équipe de médiation sur place afin d’évaluer la situation.  Le Président Biya, après 38 ans au pouvoir, n’a rien fait pour mettre fin à ce génocide, a affirmé la déléguée.  Elle a plaidé pour des solutions qui tiennent compte des racines profondes de la crise.  « Ne dites pas que vous n’étiez pas au courant », a-t-elle lancé en plaidant pour la restauration de l’état de droit dans le pays et en demandant que les responsables de la situation soient traduits en justice.

Fundación Argentina a las Naciones Camino a La Verdad a appelé à une ONU plus responsable et plus visionnaire.  Il faut aussi que l’ONU rejette la compétitivité qui n’est que l’expression de l’égoïsme, a-t-elle dit.  Elle a plutôt conseillé de promouvoir la solidarité et la protection des populations.

Face aux ravages de l’agribusiness, la Bauerliche Erzeugergemeinschaft Schaft Schwabisch Hall W.V. a préconisé le passage à l’agriculture naturelle qui est la seule façon d’assurer une production agricole durable.  Cela changera la politique agricole, a dit l’organisation qui a demandé de l’assortir d’une économie capable d’aider à sauver les ressources naturelles. 

Les partenaires pour la transparence ont souligné l’importance de l’objectif de développement durable sur la justice et la paix pour le développement de l’Afrique.  Les interventions étrangères en Afrique ne font que retarder le développement des Africains, a estimé l’organisation.  L’ONG a demandé l’application des mesures de l’Union africaine contre le terrorisme.

La déléguée de l’union des villes et agences de coopération Nord-Sud s’est désolée de voir des sociétés du Sud dans lesquelles les jeunes ne peuvent plus investir à cause des sociétés d’investissements.  Elle a demandé à l’ONU d’agir pour limiter les conséquences d’un système financier injuste sur les économies des pays en développement.  Elle a aussi plaidé pour l’intégration des jeunes entrepreneurs du Sud dans les systèmes de valeurs mondiaux.

Pirate Parties International Headquaters, une organisation non gouvernementale qui plaide pour l’implication de la société civile dans la gouvernance, a expliqué que l’Internet est un puissant outil de participation populaire à la gestion des affaires publiques.  Ainsi, a-t-elle suggéré, les membres des communautés devraient participer directement à la gestion de la cité au lieu d’élire des représentants qui ne soutiennent pas toujours leurs avis et positions.  L’ONG appelle donc à un système électoral s’appuyant davantage sur le numérique.

Pour Stockholm International Water Institute, l’eau est un moteur pour tous les objectifs de développement durable.  L’accès à l’eau peut notamment aider les jeunes filles à revenir à l’école.  L’accès à l’eau est également nécessaire à toutes les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  Elle a aussi souligné l’utilité de la « diplomatie de l’eau » qui peut être non seulement un point d’entrée pour démarrer le dialogue, mais aussi un moyen de progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Books to Africa International a fait valoir l’importance de l’accès aux livres pour le développement, pour améliorer la qualité de l’éducation en Afrique et appuyer la protection de l’environnement.  L’organisation offre des bourses au Nigéria.

African Views Organization, une ONG basée au New Jersey, a parlé de la place des monarques africains.  La responsable, qui s’est présentée comme une reine de la République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que les rois et reines d’Afrique ont gardé des pouvoirs ancestraux.  Selon elle, ils doivent donc jouer un rôle majeur dans le développement du continent.  Ils peuvent, par exemple, contribuer à la lutte contre le travail des enfants, ou encore aider à la résolution des conflits, a-t-elle argué.

The Royal institution of Chartered Surveyors, a estimé que les questions des terres sont cruciales.  Or, les droits fonciers ne sont pas clairs dans de nombreux pays, a-t-il déploré en faisant observer que des millions de gens sont dépossédés de leur terre chaque année.  C’est pourquoi l’ONG plaide pour l’établissement de normes foncières mondiales, afin d’établir des sociétés plus équitables.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte les modalités des forums d’examen des migrations internationales

Soixante-treizième session,
100e séance plénière – après-midi
AG/12166

L’Assemblée générale adopte les modalités des forums d’examen des migrations internationales

L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, à l’issue d’un vote demandé par les États-Unis, les modalités des forums d’examen qui seront organisés tous les quatre ans pour s’informer des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, y compris ses liens avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée a aussi reconduit* pour une durée de deux ans, M. Oscar Fernandez-Taranco, au poste de Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix.

Adopté le 19 décembre dernier par l’Assemblée générale dans la foulée de la Conférence intergouvernementale de Marrakech qui s’est tenue les 10 et 11 décembre 2018, le Pacte mondial dit Pacte de Marrakech, est un cadre de coopération juridiquement non contraignant en vue d’une coopération internationale en matière de migration entre tous les acteurs, sachant qu’aucun État ne peut gérer seul la question des migrations.  Le Pacte mondial respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international.

Pour que les États puissent s’informer mutuellement des progrès accomplis dans la mise en œuvre de tous les aspects du Pacte mondial, y compris ceux qui ont trait au Programme 2030, l’Assemblée générale a décidé aujourd’hui d’organiser des forums d’examen** dont le premier aura lieu au cours du premier semestre de 2022 à New York, pendant quatre jours, puis tous les quatre ans.

Les modalités des forums d’examen ont reçu l’assentiment de 118 États Membres mais l’opposition de l’Estonie, des États-Unis, de la Hongrie, d’Israël et de la Pologne et 13 abstentions.  « Aucun pays ne peut prétendre gérer seul et efficacement les flux de personnes », a déclaré le Mexique, qui s’est réjoui que les Nations Unies puissent faciliter le dialogue et l’assistance aux États, ce qui doit être « la règle et non l’exception ».

Le fait que les migrations désordonnées se multiplient exige que l’on examine ce phénomène en profondeur et régulièrement pour l’analyser avec rigueur et formuler à chaque pas les meilleures solutions.  « C’est ce que la communauté internationale attend de l’ONU », a insisté le Mexique.  Mon vote favorable, a-t-il expliqué, est « un vote pour le dialogue, la compréhension et la coopération » et un rejet des décisions unilatérales qui bafouent le droit international.  Il faut faire des migrations un choix de vie et non une nécessité de quitter son pays d’origine, a martelé le Mexique.  Les forums d’examen seront ouverts à tous les États pour tenir compte de la diversité des réalités, s’est-il félicité, non sans souligner « l’énorme potentiel » que représentent les 258 millions de migrants, dans le monde.  

Pays hôte de la Conférence de Marrakech, le Maroc, qui s’exprimait au nom de plusieurs pays, a salué les deux cofacilitateurs des négociations sur la résolution, à savoir le Bangladesh et l’Espagne, dont les compétences diplomatiques se sont avérées essentielles pour déboucher sur un texte « acceptable par tous ».  Il a rappelé le consensus qui a entouré le Pacte de Marrakech, « un jalon dans l’histoire du dialogue international sur les migrations », des migrations qui ont toujours fait partie de l’histoire de l’humanité.  Le Maroc a fait observer que le Pacte reconnaît que la majorité des migrants vit et travaille de manière ordonnée.

Pourquoi avoir insisté pour mettre aux voix un texte qui se borne à établir les modalités des forums d’examen d’un pacte qui a déjà été adopté? se sont demandé les Philippines.  Appuyer la résolution, c’est tout simplement, a renchéri l’Indonésie, soutenir les trois piliers de l’ONU: paix, sécurité et droits de l’homme, en ne laissant personne de côté.  Dans sa résolution, l’Assemblée générale prie le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en sa qualité de coordonnateur du Réseau des Nations Unies sur les migrations, d’aider les États à préparer et organiser les examens régionaux de la mise en œuvre du Pacte mondial.  El Salvador a acquiescé.

Nous ne nous sentons en aucun cas liés par les engagements du Pacte, ont réaffirmé les États-Unis, qui se sont inquiétés des incidences budgétaires des forums d’examen qui vont examiner des questions déjà sous la loupe de plusieurs agences de l’ONU.  L’Italie a dit s’être abstenue à cause de son opposition au Pacte.  Autre pays à avoir boudé Marrakech, la République tchèque s’est abstenue, tout en considérant que les forums d’examen sont une plateforme importante pour débattre des migrations.  La Lettonie n’a pas dit autre chose.

Le Pacte mondial, a plaidé le Saint-Siège, un bon document qui ne fonctionnera que s’il y a solidarité et compassion. Il s’est félicité de ce que les forums d’examen aborderont des questions qui vont au-delà du Pacte, ce qui pourrait élargir la participation et les discussions.  Nous sommes pleinement conscients, a dit le Viet Nam, que le Pacte n’est pas parfait.  On peut donc envisager des consultations entre États avant chaque forum d’examen.  Ces forums, a conclu la Présidente de l’Assemblée générale, María Fernanda Espinosa Garcés, offriront la possibilité aux migrants, aux communautés d’accueil et à toutes les autres parties concernées de travailler ensemble à la recherche de solutions.   

Aujourd’hui, l’Assemblée générale a aussi décidé que le mandat de cinq ans de M. Oscar Fernandez-Taranco, à la tête du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, qui devait prendre fin le 31 octobre 2019, serait prorogé jusqu’au 31 octobre 2021, pour « réduire au maximum », comme le dit le Secrétaire général, dans ses recommandations, les perturbations durant la phase critique de mise en œuvre des réformes.  Le Sous-Secrétaire général pourra ainsi « superviser de bout en bout » l’intégration de son bureau au nouveau Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, l’un des piliers de la nouvelle architecture de l’ONU visant à améliorer la cohérence entre les trois aspects du travail de l’ONU.   

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/73/946
**A/73/L.99

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité salue la détermination du Gouvernement à réintégrer les ex-combattants des FARC-EP

8581e séance – matin
CS/13892

Le Conseil de sécurité salue la détermination du Gouvernement à réintégrer les ex-combattants des FARC-EP

Malgré la détérioration du contexte sécuritaire dans les anciennes zones de conflit en Colombie, les membres du Conseil ont unanimement salué, aujourd’hui, la détermination du Gouvernement colombien à assurer la réintégration sociale et économique des ex-combattants, à intensifier la lutte contre les groupes armés responsables d’une vague d’assassinats à travers le pays et à mettre sur pied un système innovant de justice transitionnelle.

La réunion intervenait moins d’une semaine après la visite des 15 membres du Conseil en Colombie, du 11 au 14 juillet, dans la foulée de la publication du dernier rapport trimestriel de la Mission de vérification des Nations Unies dans le pays.  Cette dernière, dont le mandat s’étend jusqu’au 25 septembre 2019, a été créée par la résolution 2366 (2017) après l’« Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable », signé à Bogota, le 24 novembre 2016 entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP).

Les autorités colombiennes l’ont proclamé « haut et clair » durant notre visite, s’est réjoui le Pérou:  « Il n’y a pas de retour en arrière en Colombie. »  Depuis la signature de l’accord de paix, la Colombie est devenue une « source d’inspiration » doublée d’un « exemple significatif » pour la paix, a renchéri la République dominicaine.  « En tant que Latino-Américains, nous sommes extrêmement fiers », a-t-elle insisté, saluant les efforts du Président Iván Duque Márquez pour mettre en œuvre tous les volets de l’Accord final, dont la réintégration des ex-FARC-EP.  Cette réintégration est même la principale clef du succès du processus de paix, a estimé la France.

Le retour des ex-combattants dans la société repose sur la création de 24 secteurs territoriaux de formation et de réintégration.  Mais la fin du régime juridique de ces secteurs, initialement prévue pour le 15 août, a contribué à créer un sentiment d’incertitude chez des milliers d’ex-combattants et leurs familles.  Dans ce contexte, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. Carlos Ruiz Massieu, a attiré l’attention sur les visites effectuées, ces six dernières semaines, par le Gouvernement, les FARC-EP et la Mission dans 10 secteurs territoriaux afin de discuter des futures relations entre les ex-combattants, les communautés et les autorités locales. 

Ces efforts conjoints devraient montrer la voie à suivre dans les autres secteurs, a estimé M. Massieu, précisant que, durant ces discussions, les autorités colombiennes ont réaffirmé leur volonté de verser une allocation de base mensuelle aux anciens membres des FARC-EP et de formaliser les arrangements concernant l’attribution des terres.  M. Massieu a toutefois jugé urgent d’augmenter le nombre de projets productifs au profit des ex-combattants et de leur fournir l’assistance technique nécessaire, ainsi qu’un accès au marché pour écouler leurs produits. 

La Fédération de Russie s’est ainsi félicitée d’avoir assisté, lors de la visite du Conseil, à un projet agricole de production d’« excellentes tomates ».  Pour accélérer ce processus, plusieurs pays ont appelé à accélérer le processus d’attribution des terres aux ex-combattants qui mènent des initiatives productives.  Cette réforme rurale, prévue par l’Accord final, suppose que le Gouvernement prenne des mesures pour établir un cadastre et lance des initiatives viables de substitution des cultures illicites, a estimé le Royaume-Uni.  C’est d’autant plus important que la production et le trafic illicites de cocaïne sont liés à la criminalité organisée, aux flux financiers illégaux et à la corruption en Colombie et ailleurs, ont ajouté les États-Unis, saluant l’approche pangouvernementale du Président Duque, qui combine lutte contre le trafic de drogue, développement rural et sécurité rurale, pour réduire de moitié la culture de coca et la production de cocaïne d’ici à la fin de 2023.

Tous les membres du Conseil ont cependant fait part de leur préoccupation face à la « vague d’assassinats » perpétrés par des groupes armés dans les anciennes zones de conflit, dont ont été victimes 127 ex-combattants, des leaders communautaires et des militants des droits de l’homme.  Ils ont appelé le Gouvernement à renforcer la présence de l’État dans ces zones, à protéger davantage les ex-combattants et à redoubler d’efforts pour traduire les auteurs en justice.  La République dominicaine a mis en garde contre toute tentative de diluer la responsabilité pour ces crimes « atroces » dans un « collectif générique », au détriment de la cohésion sociale. 

Les membres du Conseil ont en outre salué le caractère « innovant » du système colombien de justice transitionnelle, dit Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition, qui est en train de « porter ses fruits », comme en témoignent la tenue, le 26 juin dernier, de la Commission de la vérité, la poursuite des travaux de l’Unité de recherche des personnes portées disparues dans le contexte et en raison du conflit armé et la promulgation, le 6 juin dernier, de la loi relative à la Juridiction spéciale pour la paix, qui consacre son indépendance et son autonomie.

Parallèlement à cette loi, le Président Duque a approuvé, le 15 juillet dernier, des nouveaux projets de réforme constitutionnelle proposés par son gouvernement.  À l’avenir, les délits sexuels contre les enfants seront jugés par la justice ordinaire et cette réforme stipule que ni l’enlèvement de personnes, ni le trafic de stupéfiants ne pourront être considérés comme des délits politiques et, par conséquent, ne pourront jamais faire l’objet d’une amnistie, s’est enorgueilli le Ministre des affaires étrangères de la Colombie.  Il en a profité pour dénoncer la décision de l’un des leaders des FARC-EP, Seuxis Paucías Hernández Solarte, connu sous le nom « Jesús Santrich », d’abandonner son régime de protection dans le seul but d’échapper à la Cour suprême pour son implication dans le trafic de drogue après la signature de l’accord de paix.

À l’approche des futures élections régionales et locales du mois d’octobre, le Ministre a souligné que l’une de ses priorités est la protection des candidats de la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC).  Dans cette perspective, le Président Duque a demandé à l’ONU de bien vouloir prolonger le mandat de sa mission pour une année supplémentaire. 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (S/2019/530)

Déclarations

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a estimé que la visite du Conseil en Colombie la semaine dernière a permis de réaffirmer l’engagement de la communauté internationale en faveur du processus de paix.  Cette visite, a-t-il ajouté, a été accueilli favorablement par le Gouvernement colombien, les Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP), les partis politiques, les responsables du système de justice transitionnelle, les organisations de la société civile, les autorités locales et les leaders communautaires, avec qui le Conseil s’est entretenu à Cauca.

Comme le précise le rapport du Secrétaire général, le bilan du processus de paix est « mitigé », a indiqué M. Massieu.  Si les efforts du Gouvernement pour accélérer la réintégration des FARC-EP ont commencé à porter leurs fruits, la situation sécuritaire dans les zones affectées par le conflit demeure une source de préoccupation importante, a-t-il estimé, notant toutefois que la grande majorité des anciens combattants des FARC-EP et de leurs dirigeants demeurent fermement engagés en faveur du processus de paix, « malgré quelques preuves récentes du contraire ».  Cet engagement s’est notamment incarné dans la participation des FARC-EP au Congrès, leur préparation pour prendre part aux futures élections locales et leurs efforts pour retourner à la vie civile.

Au cours des six dernières semaines, a poursuivi le Représentant spécial, le Gouvernement, les FARC-EP et la Mission ont entrepris des visites dans 10 secteurs territoriaux afin de discuter des futures relations entre les ex-combattants, les communautés et les autorités locales.  Ces efforts conjoints, menés avec succès à l’initiative du Gouvernement, devraient montrer la voie à suivre dans les autres secteurs territoriaux, a estimé M. Massieu, précisant que, durant ces discussions, les autorités colombiennes ont réaffirmé leur volonté de verser une allocation de base mensuelle aux anciens membres des FARC-EP et de formaliser les arrangements concernant l’attribution des terres.

M. Massieu a toutefois jugé urgent d’augmenter le nombre de projets productifs au profit des ex-combattants et de leur fournir l’assistance technique nécessaire, ainsi qu’un accès au marché pour écouler leurs produits.  Il incombe aux deux parties de redynamiser le processus de présentation, d’approbation et de financement des projets, a-t-il estimé.  Il est également important, a ajouté le Représentant spécial, d’accorder l’attention requise aux 8 000 ex-combattants environ qui vivent en dehors des secteurs territoriaux à travers le pays, notamment dans les nouveaux campements établis dans les zones urbaines, afin de prendre en compte cet environnement changeant dans les stratégies de réintégration. 

Par ailleurs, la situation sécuritaire est extrêmement préoccupante dans les anciennes zones de conflit, s’est inquiété M. Massieu, ajoutant que quatre autres ex-combattants ont été tués depuis la publication du dernier rapport du Secrétaire général il y a trois semaines, ce qui porte le nombre total d’ex-combattants assassinés depuis la signature de l’Accord final à 127.  M. Massieu a toutefois salué le fait que les enquêtes concernant la moitié de ces meurtres ont enregistré des progrès.  Le Représentant spécial a également salué les nouvelles mesures annoncées par le Président Iván Duque Márquez pour améliorer la protection des ex-combattants, ainsi que celle des responsables des programmes volontaires de substitution des cultures illicites.

M. Massieu a appelé à des mesures pour assurer des élections locales pacifiques, en octobre prochain.  Il s’est toutefois dit préoccupé par la situation des défenseurs des droits de l’homme, dont certains font l’objet de menaces de la part d’un groupe armé illégal.  La présence de groupes armés illicites dans les anciennes zones de conflit est très préoccupante, a jugé le Représentant spécial.  Pour y remédier, il a préconisé une présence intégrée de l’État dans ces zones et la mise en œuvre des programmes de développement, afin d’attirer les investissements nécessaires pour développer ces territoires. 

Par ailleurs, M. Massieu a salué la participation accrue des victimes au Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition, y compris lors de la tenue, le 26 juin dernier, de la Commission de la vérité, dont les discussions se sont concentrées sur les victimes des violences sexuelles.  Il a estimé que le système colombien innovant de justice transitionnelle est en train de porter ses fruits s’agissant de la réparation.

Le Représentant spécial a par ailleurs salué le fait que le Président colombien ait approuvé, le 15 juillet dernier, des nouveaux projets de réforme constitutionnelle proposés par le Gouvernement, réformes qui comportent expressément des dispositions de non-rétroactivité, ce dont M. Massieu s’est félicité.

Enfin, pour parvenir à une paix véritablement durable, le Représentant spécial a appelé à des avancées dans tous les domaines de l’Accord final, y compris la réforme rurale intégrée, la substitution des cultures illicites, les garanties de sécurité, la réintégration des ex-combattants, la justice et la réparation des victimes.  Pour y parvenir, M. Massieu a appelé le Conseil à continuer d’appuyer le pays et à maintenir son unité sur la question colombienne.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a remercié le Gouvernement colombien de l’accueil qu’il a réservé aux membres du Conseil lors de leur dernière visite.  Nous en sommes revenus, a-t-il dit, avec une meilleure compréhension de la situation.  Nous sommes, a estimé le représentant, à un moment crucial du processus de paix et nous saluons l’engagement du Président Iván Duque Márquez et de son gouvernement en faveur du processus de paix.  Le représentant a appuyé la demande de ces derniers visant la reconduction pour une autre année de la Mission de vérification des Nations Unies, une question sur laquelle le Conseil de sécurité se penchera dans les mois à venir.

Le représentant s’est attardé sur trois domaines prioritaires sur lesquels le Gouvernement doit axer ses efforts, à commencer par l’accélération de la réforme rurale qui suppose que le Gouvernement prenne des mesures concrètes pour établir un cadastre et lance des initiatives viables de substitution des cultures illicites.  Le Gouvernement doit également accorder une attention particulière au financement des institutions chargées d’établir la vérité et de promouvoir la réconciliation.  Compte tenu de la vague d’assassinats des dirigeants communautaires qui continue de saper la confiance du peuple, il a encouragé le Gouvernement colombien à redoubler d’efforts dans les régions rurales pour poursuivre et traduire en justice les auteurs de ces crimes.  Le représentant a félicité le Représentant spécial et son équipe pour le travail qu’ils accomplissent.

Malgré les difficultés actuelles, la mise en œuvre de l’accord de paix a progressé, a estimé M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis).  Mais, a-t-il prévenu, la Colombie et ses partenaires internationaux doivent rester vigilants pour éliminer les obstacles actuels à une paix durable, y compris les narcotrafiquants et les groupes armés illicites qui cherchent à faire dérailler le processus de paix pour tirer profit de l’instabilité et du chaos.  En Colombie et ailleurs, la production et le trafic illicites de cocaïne sont liés à la criminalité organisée, aux flux financiers illégaux et à la corruption, a poursuivi M. Hunter.  Le Président Iván Duque Márquez et son administration ont montré leur détermination à intensifier leurs efforts en matière de lutte contre le trafic de drogue, a-t-il ajouté.  Les États-Unis restent déterminés à travailler avec eux à une approche pangouvernementale en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, de développement rural et de sécurité rurale, avec pour objectif commun de réduire de moitié la culture de coca et la production de cocaïne d’ici à la fin de 2023.  Ces efforts, a poursuivi le représentant, bénéficieront directement à la mise en œuvre de la paix en Colombie.

M. Hunter a appelé le Gouvernement à redoubler d’efforts pour protéger les représentants de la société civile et les membres des populations vulnérables de la Colombie.  Il a appuyé les efforts en matière de justice transitionnelle, tout en mettant en garde contre l’utilisation de ce système par des criminels de droit commun qui cherchent à échapper au système de justice pénale ordinaire.  Pour le représentant, la Colombie a en outre fait preuve de leadership régional en reconnaissant le Président par intérim du Venezuela, M. Juan Guaidó, et en soutenant plus de 1,5 million de Vénézuéliens qui ont fui une crise née de la main de l’homme.  « Le peuple vénézuélien et les dirigeants régionaux savent que le régime illégitime de Maduro est le seul responsable du chaos », a-t-il estimé.  « Maduro continue à saper les institutions démocratiques, à opprimer les acteurs démocratiques, à exercer une répression systématique et violente », a conclu le représentant.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’abord avoué que la polarisation croissante de la société colombienne et la situation sécuritaire, notamment les assassinats, continuent d’être des sources de préoccupation.  Il a donc salué les initiatives du Gouvernement, notamment celles visant à protéger les anciens combattants qui choisissent la voie de la réintégration.  La mise en œuvre du plan d’action pour la protection et les projets pilotes récemment annoncés vont dans le bon sens, a estimé le représentant.  Il convient, a-t-il dit, de poursuivre et d’intensifier les efforts, notamment à l’approche des élections locales d’octobre, de manière à garantir que la démocratie colombienne puisse s’épanouir dans un climat de confiance, de sérénité et de sécurité.  Le représentant a souligné l’importance d’une mise en œuvre intégrale de l’accord de paix dans tous ses aspects.  Il importe, a-t-il insisté, que la Colombie continue de se donner les moyens de renforcer la légitimité, l’indépendance et la viabilité du système de justice transitionnelle et que les femmes puissent trouver justice. 

La justice réparatrice et la sécurité juridique sont indissociables de l’objectif d’une paix et d’une réconciliation pérennes.  Le représentant a prévenu que la réintégration économique et sociale des anciens combattants est la principale clef du succès du processus de paix.  Il faut des solutions à long terme pour les anciens combattants installés dans les espaces territoriaux de formation et de réintégration et savoir que la question de l’accès à la terre est indissociable d’une politique de développement durable.  La poursuite des programmes de substitution des cultures illicites est cruciale, a poursuivi le représentant, et le redéploiement de services de l’État dans les zones les plus vulnérables aux groupes armés est indispensable au succès de la réintégration socioéconomique sur l’ensemble du territoire.  Le représentant a conclu sur le caractère « essentiel » du soutien du Conseil, et plus généralement de la communauté internationale. 

Pour M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale), la récente visite des membres du Conseil en Colombie a été une occasion propice de rencontrer divers acteurs de la scène politique et de la société civile du pays, tant à Bogota que dans la région de Cauca.  Ils ont pu s’entretenir avec eux sur les principaux défis qui se présentent au processus de réconciliation et de consolidation de la paix en Colombie.  Il a dit faire confiance à la volonté politique du Gouvernement et de toute l’élite politique colombienne, qui, sous la houlette du Président Duque, repose sur la bonne coordination des efforts pour mettre en place des politiques qui tiennent compte des besoins de tous les citoyens dans une approche inclusive.  Le représentant a appelé à donner suite à la demande du Président Duque pour libérer tous les otages.

L’accord de paix colombien est un exemple pour tous les pays du monde, à savoir que les solutions négociées sont possibles, a-t-il poursuivi.  Il s’est néanmoins dit préoccupé par la polarisation sur certains aspects de l’Accord et a appuyé la demande du Président Duque en vue du renouvellement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies.  Saluant les progrès positifs en vue de garantir la réintégration politique, sociale et économique des ex-membres, dans les délais prévus, le représentant a précisé que pour cela, il faut prévoir des garanties de sécurité.

Prenant note de la feuille de route pour la stabilisation, établie par le Gouvernement, il a mis l’accent sur l’importance d’une juridiction indépendante chargée d’établir les faits et de promouvoir la réconciliation, avant la prochaine échéance électorale.  Le représentant a également appelé le Gouvernement à assurer la protection des dirigeants communautaires.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé que dans la perspective des prochaines élections, il est impérieux que les parties colombiennes surmontent leurs divergences afin de préserver les acquis et de poursuivre l’œuvre commune de restauration de la paix et de la stabilité.  De même, le Gouvernement doit s’atteler à réactiver la Commission nationale des garanties de sécurité pour élaborer un plan global de mesures pour la protection de tous les candidats.  La lutte contre l’économie parallèle doit aussi rester une priorité du Gouvernement qui devrait par ailleurs renforcer sa présence et l’offre sociale dans les zones rurales afin de résorber les déséquilibres dans la fourniture des services sociaux de base.  Le représentant a conclu en réitérant son appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux pour qu’ils accompagnent le processus de paix.

Depuis la signature de l’accord de paix en 2016, la Colombie est devenue une source d’inspiration doublée d’un exemple significatif pour la paix mondiale, a salué M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine).  « En tant que Latino-Américains, nous sommes extrêmement fiers », a-t-il dit, tout en saluant les efforts du Gouvernement colombien en vue de réintégrer les ex-combattants des FARC-EP.  Cependant, la mise en œuvre de l’accord de paix est confrontée à deux principaux défis, a estimé le représentant, à savoir, la « gestion politique » de l’accord et la situation sécuritaire.  S’agissant de la gestion politique, le représentant a estimé que le Gouvernement continue, « sans le moindre doute », à travailler pour parvenir au consensus national sur les thèmes les plus controversés.  Il a toutefois jugé important de renforcer l’ouverture et la coordination du dialogue national sur ces questions.  Concernant la Juridiction spéciale pour la paix, le représentant a appelé les parties à continuer d’utiliser les voies constitutionnelles établies afin de garantir son fonctionnement efficace.  Il convient notamment de préserver l’indépendance et l’autonomie de la Juridiction par rapport aux autres mécanismes de justice transitionnelle, a-t-il estimé. 

Sur le plan sécuritaire, il s’est dit préoccupé par les assassinats d’ex-combattants, de leaders communautaires et de femmes.  Il s’est également inquiété des actes de violence et d’intimidation perpétrés par des groupes armés illicites.  « Quand personne n’est responsable, tout le monde est responsable », a déclaré le représentant, mettant en garde contre toute tentative de diluer la responsabilité pour ces crimes « atroces » dans un « collectif générique », au détriment de la cohésion sociale.  Le représentant a par conséquent appelé les autorités à redoubler d’efforts pour identifier les responsables et les traduire en justice. 

Le représentant a en outre appelé les autorités à accorder davantage d’attention aux plus de 7 000 ex-combattants qui se trouvent actuellement en dehors des secteurs territoriaux de formation et de réintégration.  Il a enfin appelé Bogota à faire en sorte que les élections régionales d’octobre se déroulent sans heurt.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a remarqué que tous les interlocuteurs des membres du Conseil lors de sa visite en Colombie ont souligné l’importance de la présence de la mission des Nations Unies.  Cette visite a permis de mieux comprendre les subtilités qui existent dans la mise en œuvre de l’Accord final, a-t-il poursuivi, en se réjouissant d’avoir eu l’occasion de goûter « ces excellentes tomates », et, rebondissant sur la remarque de son homologue britannique, il a reconnu s’être penché sur la possibilité de les trouver à New York, voire de les exporter vers la Russie mais peut-être aussi vers l’Allemagne.

Sur une note plus sérieuse, le représentant a souligné que la Colombie est un exemple de succès du soutien international à un processus engagé et dirigé par le pays lui-même.  En deux ans et demi, la Colombie a fait énormément, et ce sont ces acquis qui permettent au Secrétaire général d’appuyer ce processus de paix.  Il y aura encore, a prévenu le représentant, beaucoup de décisions douloureuses à prendre et pour cela, il faut un dialogue de fond.  Mais, à ce moment charnière, le Gouvernement colombien doit assurer la stabilité.  Le représentant a en effet relayé les craintes des anciens combattants qui veulent devenir des membres à part entière de la vie politique, sociale et économique.  L’absence de l’État dans certaines zones met en danger des citoyens qui sont confrontés aux groupes armés, a rappelé le représentant.  Le Gouvernement doit également, a-t-il poursuivi, honorer ses promesses en matière de réforme agraire pour éviter que les citoyens ne se remettent aux cultures illicites.  Comme l’ont souligné les représentants de la société civile, la paix durable ne sera possible que dans le cadre d’un travail inclusif avec tous les acteurs de la société colombienne, y compris les FARC.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que la réintégration sociale et économique des FARC-EP est le principal facteur d’une paix durable en Colombie.  Pour parvenir à une réintégration réussie, il convient d’allouer les ressources financières nécessaires.  Le représentant s’est toutefois dit préoccupé par les meurtres d’ex-combattants et par les menaces contre les communautés, dirigeants communautaires et dirigeants autochtones.  Il a salué les efforts du Gouvernement pour instaurer son autorité sur tout le territoire colombien et pour juger les responsables de ces crimes.  Le représentant a salué la promulgation, le 6 juin dernier, par le Président Iván Duque Márquez, de la loi relative à la Juridiction spéciale pour la paix.  Il a estimé que cette loi est un « pilier majeur » pour instaurer la confiance nécessaire entre les parties.  Enfin, il a appelé à une bonne conduite des élections d’octobre.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), à son tour, a estimé que la détermination, qu’il a vue de ses yeux, du peuple colombien à surmonter des décennies de violence peut être une source d’inspiration pour tous ceux qui travaillent au règlement des conflits dans le monde.  Tous nos interlocuteurs nous ont dit que l’appui de la communauté internationale les a aidés à réaliser leur aspiration à un avenir pacifique, s’est félicité le représentant, en s’enorgueillissant de l’unité et de l’engagement du Conseil de sécurité.  Félicitant également la mission de l’ONU, il a appuyé la demande du Président colombien visant sa reconduction.  Le représentant a appelé le Gouvernement à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les dispositions liées à l’égalité entre les sexes de l’Accord final, en particulier la réintégration des anciennes combattantes.  Le Gouvernement doit aussi offrir des perspectives d’avenir aux jeunes et à cet égard, le représentant a salué la stratégie jeunes, paix et sécurité de la mission de l’ONU.  Il a néanmoins fait part d’un sentiment croissant d’incertitude parmi les anciens combattants qui s’inquiètent de leur futur statut juridique.  Ceci, a-t-il dit, pourrait sérieusement compromettre la consolidation de la paix.  Il faut prévenir l’érosion de la confiance qui pourrait polariser la société colombienne, a-t-il insisté. 

Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la situation sécuritaire dans les zones rurales.  Des leaders autochtones, des femmes leaders et des défenseurs des droits des femmes sont menacés, voire tués.  Il faut assurer la protection de tous surtout à l’approche des élections locales, a pressé le représentant, en encourageant le Gouvernement à étendre sa présence dans les zones isolées et touchées par les conséquences du conflit. 

J’ai quitté la Colombie avec la conviction que, malgré les défis considérables, le pays continue de fournir un exemple éclairé aux régions en conflit qui ont besoin d’inspiration, a déclaré M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique).  La demande d’extension du mandat de la mission de l’ONU est un signe clair de cet engagement, a-t-il fait observer.  Les élections d’octobre constitueront une étape importante pour la réintégration des FARC-EP, a-t-il prévenu.  Il a donc exhorté les autorités à protéger les dirigeants sociaux, les défenseurs des droits de l’homme, les candidats, les femmes et hommes politiques des FARC.  Des garanties de sécurité sont nécessaires et ceci surtout dans le cadre d’une extension plus large de la présence intégrale de l’État aux anciennes zones de conflit.  Il a jugé crucial que tous les dirigeants des FARC-EP donnent l’exemple et contribuent activement à dire la vérité dans les tous cas examinés par la Juridiction Spéciale.  Le représentant a conclu en regrettant l’atmosphère de polarisation persistante autour d’éléments de l’accord de paix qui illustre la nécessité d’un dialogue inclusif entre toutes les forces politiques.  « Nous devons surmonter la méfiance et nous unir derrière la paix », a conclu le représentant. 

Pour Mme JOANNA WRONECKA (Pologne), la signature et la mise en œuvre de l’accord de paix entre la Colombie et les FARC-EP est une véritable réussite et un formidable exemple à suivre ailleurs, en dépit de ses nombreux défis.  Faisant siennes les paroles du Président Duque, elle a déclaré qu’il faut « se concentrer sur ce qui unit et non pas sur ce qui divise les Colombiens ».  Elle s’est félicitée de ce que la loi statutaire de la Juridiction spéciale pour la paix soit enfin en place, car elle donne au tribunal le cadre légal pour travailler de manière autonome et indépendante.  Il reste maintenant à garantir des financements adéquats au système judiciaire pour pouvoir s’acquitter de ses fonctions essentielles, a-t-elle estimé.

La représentante a également souligné la nécessité, pour le Gouvernement colombien, d’assurer la protection des défenseurs des droits de l’homme et des dirigeants sociaux.  Mme Wronecka s’est dite préoccupée par le fait que pendant la période sur laquelle porte le rapport, 14 nouveaux membres des FARC-EP ont été assassinés et que cette situation s’est accompagnée d’une présence accrue des groupes armés dans les zones que la FARC a quittées.  Il est urgent que l’État rétablisse son autorité et son contrôle, a-t-elle souligné.  Elle a insisté sur le rôle des femmes et leur implication dans le processus de paix et le développement.  Prenant note de la feuille de route du Gouvernement pour la stabilisation, la représentante a estimé qu’il s’agit d’une véritable lueur d’espoir pour les citoyens des zones « laissées pour compte ».

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué les développements positifs dans la mise en œuvre de l’accord de paix, y compris l’engagement « fort » des autorités colombiennes à poursuivre le processus de réintégration des FARC-EP.  Le représentant a également salué la promulgation, en juin, de la loi relative à la Juridiction spéciale pour la paix.  Il s’agissait là de la dernière pièce manquante au cadre légal du modèle colombien de réparation et de justice transitionnelle, a-t-il estimé, ajoutant que cette loi permettrait à la Juridiction de travailler en toute indépendance et autonomie.

Le représentant s’est toutefois dit préoccupé par les assassinats d’ex-combattants des FARC-EP, de membres de leurs familles, de leaders communautaires et de défenseurs des droits de l’homme.  Il a jugé important de garantir la sécurité dans les anciennes zones de conflit abandonnées par les FARC-EP afin d’empêcher que des groupes armés illégaux ne s’y enracinent.  Le représentant a cependant salué la volonté du Président colombien de traduire les auteurs des crimes en justice.  Il a appelé la communauté internationale à mobiliser les ressources adéquates pour permettre aux autorités du pays d’y parvenir.  « Nous ne devons pas laisser s’essouffler l’élan actuel », a-t-il déclaré.

Il est important, a estimé M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) de désamorcer les tensions et de travailler au processus de réintégration.  Mais, a-t-il dit, cette réintégration ne peut être assurée que si toutes les parties au processus de paix ont la garantie de leur sécurité personnelle.  Le représentant s’est dit encouragé par la souplesse dont a fait preuve le Gouvernement dans les arrangements liés à l’avenir des 24 secteurs territoriaux de formation et de réintégration quand leur régime juridique viendra à expiration le 15 août 2019.  Il est encourageant, s’est-il réjoui, que le Gouvernement ait repousser la date, le temps de clarifier le régime.  Pour faire avancer, le Gouvernement doit approuver rapidement les plans de financement des initiatives économiques.  L’Afrique du Sud, qui a elle-même eu une commission vérité et réconciliation, sait à quel point de tels organismes sont cruciaux pour l’unité nationale.  Elle sait aussi à quel point il est important que le Gouvernement parle d’une même voix pour consolider cette unité et la réconciliation.  Le représentant a donc appelé toutes les parties à respecter le mandat des mécanismes et des cadres établis pour contribuer à la transition politique et judiciaire.  

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des résultats de la visite du Conseil de sécurité en Colombie.  Le processus de paix en Colombie est essentiel à la fois pour le pays mais aussi pour toute la région.  La Colombie se heurte cependant encore à des difficultés, a remarqué le représentant, en faisant allusion notamment à la situation sécuritaire dans certaines zones.  Il convient, a-t-il préconisé, d’assurer leur développement et la protection et la réintégration des anciens combattants.  Le représentant a encouragé les autorités colombiennes à renforcer le dialogue avec tous les segments de la société colombienne. 

« Il n’y a pas de retour en arrière de la paix en Colombie », a déclaré M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, précisant qu’il s’agit là du message proclamé « haut et clair » par les autorités colombiennes lors de la visite du Conseil.  Le Ministre a salué les efforts pour mettre en œuvre tous les volets de l’accord de paix, y compris la réforme rurale, le programme de substitution des cultures illicites, le renforcement de la présence de l’État pour améliorer l’accès aux services et les mesures de sécurité, et la réintégration sociale et économique des ex-combattants.  Il s’est félicité tout particulièrement des avancées notables sur ce dernier point grâce au régime des 24 zones territoriales de formation et de réintégration, qui jouent un rôle fondamental dans l’articulation de projets productifs, tant au niveau collectif qu’individuel, mais aussi dans l’accès à la terre et l’intégration effective dans les communautés locales. 

De même, le Ministre a reconnu les ressources très importantes qui ont été débloquées pour générer de l’emploi, verser une allocation mensuelle aux ex-combattants qui participent à des activités de réintégration, leur ouvrir l’accès au système de santé et des pensions et renforcer les mesures de sécurité dans et en dehors des secteurs territoriaux.

Le Ministre s’est toutefois déclaré préoccupé par les assassinats de leaders sociaux et d’ex-combattants, « dont le seul crime est leur engagement en faveur de la paix ».  Il a appuyé les efforts du Gouvernement pour mettre fin à ces crimes, via une meilleure coordination entre les forces de sécurité et les autorités locales.  Le Ministre a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour lutter contre le trafic illicite de drogue et l’exploitation minière illégale, par l’entremise de programmes de substitution des cultures illicites.  Il a insisté sur l’importance de continuer à avancer sur le plan de la réconciliation, et notamment le dédommagement des victimes, grâce au Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition.  Sur ce point, il a noté l’excellent travail réalisé par la Commission de la vérité, la Juridiction spéciale pour la paix et l’Unité de recherche des personnes portées disparues dans le contexte et en raison du conflit armé.

M. CARLOS HOLMES TRUJILLO GARCÍA, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a affirmé d’emblée que la Mission de vérification des Nations Unies joue un rôle important dans le processus de mise en œuvre de l’Accord final visant à garantir à tous les Colombiens « la paix dans la légalité, et la légalité dans la paix ».  C’est dans cet esprit que le Gouvernement du Président Iván Duque Márquez a demandé au Conseil de sécurité et au Secrétaire général de bien vouloir prolonger le mandat de la Mission pour une année supplémentaire.

Le Gouvernement colombien a misé sur des mesures et projets concrets pour réaliser cet accord, dont certains vont au-delà des objectifs initiaux.  En fait, le programme du Gouvernement a pour ambition une transformation positive des territoires et des conditions de vie dans le cadre du « Pacte pour la Colombie, pacte pour l’équité ».  La légalité, le renforcement des institutions et le plein respect de l’état de droit sont les trois piliers du plan national de développement.  Ce sont ces mêmes principes qui orientent la position du Gouvernement par rapport aux institutions prévues par l’Accord final, dont la Juridiction spéciale pour la paix.

Les objections qui avaient été formulées par le Président Duque au sujet de la loi statutaire de la Juridiction ont été étudiées, et à la suite à cet examen, la loi a pu être adoptée le 6 juin dernier, a confirmé M. Trujillo García, qui a assuré que son gouvernement continuera à soutenir le Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition, de même que les reformes pertinentes pour garantir une paix sans impunité.

À l’avenir, les délits sexuels contre les enfants seront jugés par la justice ordinaire et la réforme constitutionnelle, promulguée en juillet dernier, stipule que ni l’enlèvement de personnes, ni le trafic de stupéfiants ne pourront être considérés comme des délits politiques et, par conséquent, ne pourront jamais faire l’objet d’une amnistie.

Revenant sur un aspect crucial du mandat de la mission des Nations Unies, à savoir la réintégration des anciens combattants des FARC-EP, le Ministre a affirmé que le Gouvernement poursuit ses efforts en ce sens et, à ce jour, plus de 10 000 ex-combattants ont été réintégrés, dont la majorité reste dans la légalité.  Le Ministre a cependant dénoncé la décision de l’un des leaders des FARC-EP, Seuxis Paucías Hernández Solarte, connu sous le nom « Jesús Santrich », d’abandonner son régime de protection dans le seul but d’échapper à la Cour suprême pour son implication dans le trafic de drogue après la signature de l’Accord final.  Le Ministre a regretté qu’une personne qui a un poste de responsabilité au sein de son organisation et qui a même présenté sa candidature aux élections législatives veuille échapper à la justice.  Il s’est tout de même félicité que la FARC ait dénoncé ce comportement et pris depuis ses distances avec « Jesús Santrich ». 

L’une des obligations sur lesquelles le Gouvernement continue d’avancer, a poursuivi le Ministre, est celle de la protection des candidats de la FARC qui se présentent aux élections régionales et locales du mois d’octobre.  Il s’agit en effet d’un pas essentiel dans le sens de leur réintégration politique, a soutenu le Ministre, qui a évoqué dans ce contexte le Plan pour la transparence et la sécurité des élections territoriales que le Président Duque a présenté le 8 juillet. 

S’agissant de la réintégration socioéconomique des ex-combattants, le Ministre a parlé des 24 projets collectifs productifs approuvés, alors que cinq autres sont à l’examen.  Quelque 216 projets individuels ont aussi déjà été approuvés.  Au total ce sont 2 181 ex-combattants qui en bénéficient directement.  Le Gouvernement travaille également sur la règlementation relative à l’accès des anciens combattants aux terres et de leur intégration dans les secteurs public et privé.  Toutes ces mesures témoignent de l’engagement sincère du Gouvernement en faveur de la réintégration socioéconomique des anciens combattants et de la bonne transition dans les ex-territoires FARC.

Pour ce qui est de l’autre volet important de l’Accord final, les garanties de sécurité, le Ministre a condamné les cas d’assassinat et d’intimidation d’ex-combattants et dirigeants sociaux et a assuré que l’État œuvre à la traque et à la poursuite judiciaire des responsables.  Le principal défi dans ce domaine est que beaucoup de ces ex-combattants sont dispersés sur tout le territoire national, y compris dans des zones qui tombent parfois sous le contrôle de groupes armés illégaux.  Il s’agit là d’une réalité contre laquelle le Gouvernement cherche à lutter.

Le Ministre a expliqué que même si les mesures qui ont été adoptées pour la protection de dirigeants communautaires et sociaux et des défenseurs des droits de l’homme ont permis d’obtenir des résultats positifs, ils restent insuffisants.  Il a également indiqué que le Gouvernement du Président Duque cherche à lutter contre la culture de coca grâce à un ensemble de mécanismes pour avoir le plus grand nombre d’outils possibles et éradiquer ces cultures illicites.  Tout cela se fait conformément à la décision de la Cour constitutionnelle, a-t-il assuré.  Le Conseil de sécurité doit se rendre compte que tant qu’il y a de la coca en Colombie, il sera difficile d’y consolider la paix, a martelé le Ministre, en réaffirmant à nouveau la détermination de son pays à parvenir à « une paix dans la légalité ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité adopte des mesures pour briser les liens entre le terrorisme international et la criminalité organisée

8582e séance – matin
CS/13893

Le Conseil de sécurité adopte des mesures pour briser les liens entre le terrorisme international et la criminalité organisée

Après le long débat qu’il a tenu le 9 juillet dernier, le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui à l’unanimité la résolution 2482 (2019) sur les liens entre terrorisme international et criminalité organisée.  Présenté par le Pérou, ce texte a pour ambition de mettre l’accent sur cette problématique dont le pays lui-même a souffert, a expliqué le Ministre péruvien des affaires étrangères, M. Néstor Popolizio Bardales.  La résolution parle du trafic des stupéfiants et des armes, de la traite des personnes et de l’exploitation illégale des ressources naturelles, autant d’activités criminelles auxquelles se livrent les terroristes pour financer leur action.  La résolution propose aussi des mesures pour stopper le recrutement de prisonniers par les terroristes.

Dans ce texte, le Conseil demande aux États de mieux coordonner leurs efforts afin de renforcer l’action mondiale visant à rompre des liens entre terrorisme international et criminalité organisée « une menace pour la sécurité internationale ».  Les États doivent poursuivre la recherche et la collecte d’informations pour mieux comprendre l’étendue de ces liens et accélérer leurs échanges d’informations opérationnelles et de renseignements financiers concernant les activités, les déplacements et les circuits des terroristes et des réseaux de terroristes, notamment les combattants terroristes étrangers.

Le Conseil invite les États à resserrer la coopération internationale et régionale pour contrer la menace de la culture, de la production, du trafic et de la consommation de stupéfiants et de substances psychotropes, qui peuvent constituer une part substantielle des ressources financières des groupes terroristes.  Ils doivent aussi veiller à ce que la qualification pénale de la traite des personnes par leur législation et leur règlementation nationale soit à la mesure de la gravité de cette infraction et permette de la poursuivre et de la sanctionner.

Ceux qui ne l’ont pas encore fait sont appelés à adopter les mesures, législatives ou autres, nécessaires pour ériger en infraction pénale les activités illicites liées au trafic d’armes.  Les États doivent également s’employer à mettre fin au commerce illicite des ressources naturelles, notamment dans le secteur de l’or, et à amener ceux qui se rendent complices de ce commerce illicite à rendre des comptes.  Ils sont priés de prendre toutes les mesures voulues pour maintenir un environnement sûr et humain dans les prisons et à mettre au point des outils permettant de lutter contre la radicalisation violente et le recrutement de terroristes.

Les autorités compétentes sont appelées à renforcer la gestion de leurs frontières, à envisager d’adopter des lois et des mécanismes appropriés de nature à favoriser la coopération internationale la plus large possible, à faire respecter les obligations de recueillir et analyser les renseignements préalables concernant les voyageurs, à renforcer l’aptitude de leurs cellules de renseignement financier à analyser les données et à améliorer les échanges d’informations entre les autorités publiques et les organismes pertinents du secteur privé.

Comme l’a souligné le Ministre péruvien des affaires étrangères, cette résolution insiste à nouveau sur l’importance d’une bonne gouvernance et la nécessité de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notamment en adoptant et appliquant effectivement les dispositions législatives et réglementaires voulues pour que les autorités nationales compétentes puissent geler ou saisir, confisquer ou administrer des avoirs criminels.

Même si elle a voté en faveur de la résolution, qui représente selon elle une avancée, la Fédération de Russie a appelé ses collègues à éviter d’exploiter ces problématiques pour faire valoir des « concepts politisés sans le moindre lien » avec la paix et la sécurité internationales.  Elle a toutefois reconnu que grâce à ce texte, nous sommes parvenus à élargir les instruments du Conseil sur la question de l’accès des terroristes aux armes.  Tous les États qui n’ont pas pris de mesures en ce sens doivent désormais pénaliser le trafic illicite des explosifs et la production mal ou non identifiée d’armes légères et de petit calibre, a-t-elle salué, ajoutant que la résolution renforce la coopération transnationale concernant ces crimes.

En conclusion, la Fédération de Russie a déploré que certains États semblent croire « naïvement » que les dispositions de la résolution ne concernent pas l’échange d’informations sur la production d’armes susceptibles de tomber entre les mains des terroristes.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Texte du projet de résolution S/2019/580

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1267 (1999), 1373 (2001), 1452 (2002), 1526 (2004), 1617 (2005), 1624 (2005), 2129 (2013), 2133 (2014), 2170 (2014), 2178 (2014), 2195 (2014), 2199 (2015), 2242 (2015), 2249 (2015), 2253 (2015), 2322 (2016), 2331 (2016), 2341 (2017), 2347 (2017), 2354 (2017), 2368 (2017), 2370 (2017), 2388 (2017), 2395 (2017), 2396 (2017), 2462 (2019), 2467 (2019) et les déclarations de sa présidence sur la question, notamment la déclaration PRST/2018/9,

Réaffirmant la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 telle que modifiée par le Protocole de 1972, la Convention sur les substances psychotropes de 1971, la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée de 2000 et les Protocoles y relatifs, la Convention des Nations Unies contre la corruption de 2003, ainsi que les conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte antiterroriste,

Se félicitant des efforts actuellement déployés par la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption, la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et la Commission des stupéfiants pour promouvoir la coopération internationale contre la criminalité transnationale organisée, la corruption, le trafic de drogues, la traite des personnes, le blanchiment d’argent, le terrorisme et d’autres crimes qui, dans certains cas, peuvent soutenir directement ou indirectement le terrorisme, et pour aider les États Membres dans ces domaines, dans le cadre de leurs mandats respectifs,

Constatant avec inquiétude que les terroristes peuvent tirer profit d’activités relevant de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, comme source de financement ou d’appui logistique, conscient que la nature et l’étendue des liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, varient selon le contexte, et soulignant qu’il importe de renforcer la coordination de l’action menée aux niveaux local, national, sous-régional, régional et international pour régler ce grave problème, dans le respect du droit international, notamment en favorisant l’entraide judiciaire internationale selon qu’il convient,

Conscient à cet égard que les terroristes peuvent tirer profit d’activités relevant de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, notamment du trafic d’armes, de drogue et d’objets et de biens culturels, de la traite des personnes, du commerce illicite de ressources naturelles, dont l’or et d’autres métaux précieux, les pierres précieuses, les minéraux, le charbon de bois et le pétrole, du trafic illicite d’espèces sauvages et autres activités criminelles qui nuisent à l’environnement, ainsi que de l’utilisation à des fins illicites d’entreprises commerciales légitimes, d’organisations non gouvernementales, de donations, de financements participatifs et du produit d’activités criminelles, y compris mais sans s’y limiter les enlèvements contre rançon, l’extorsion de fonds et le cambriolage de banques, ou encore la criminalité transnationale organisée en mer,

Condamnant fermement la circulation continue d’armes, notamment d’armes légères et de petit calibre, de matériel militaire, de drones et de leurs composants et de composants d’engins explosifs improvisés entre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), Al-Qaïda, les éléments qui leur sont affiliés, les groupes qui leur sont associés, des groupes armés illégaux et des criminels, ou à destination de ces entités, et engageant les États Membres à prévenir et démanteler les réseaux d’achat de ces armes, systèmes et composants, entre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), Al‑Qaïda et les individus, groupes, éléments et entités qui leur sont associés,

Soulignant que la présence conjuguée du terrorisme, de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme et de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, peut exacerber les conflits dans les régions touchées et contribuer à affaiblir les États touchés, en particulier sur les plans de la sécurité, de la stabilité, de la gouvernance et du développement économique et social, et notant que les groupes criminels organisés et les terroristes tirant profit de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, peuvent, dans certaines situations et régions, entraver les efforts de prévention et de règlement des conflits,

Vivement préoccupé par les attentats commis par des groupes terroristes, y compris ceux qui tirent profit de la criminalité organisée, notamment contre le personnel des Nations Unies,

Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies, et soulignant que c’est aux États Membres qu’il incombe au premier chef de lutter contre les actes de terrorisme et l’extrémisme violent qui peut conduire au terrorisme,

Réaffirmant que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur fait le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, souligne que les mesures antiterroristes efficaces et le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit sont complémentaires et se renforcent mutuellement, et que tous sont des éléments essentiels au succès de la lutte contre le terrorisme, note qu’il importe de respecter l’état de droit pour prévenir et combattre efficacement le terrorisme et note également que le fait de se soustraire à ces obligations internationales particulières comme à d’autres, dont celles résultant de la Charte des Nations Unies, est un des facteurs contribuant au développement de la radicalisation violente et favorise le sentiment d’impunité,

Soulignant la nécessité pour les États Membres de renforcer, selon qu’il convient, les moyens mis à la disposition de leur système de justice pénale, de leurs forces de l’ordre et de leur police des frontières, ainsi que leurs capacités d’enquêter sur les réseaux de trafiquants, de les poursuivre, de les désorganiser et de les démanteler en vue de rompre les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale,

Renouvelant l’appel pressant qu’il a lancé aux États Membres afin qu’ils appliquent pleinement le « Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects » et utilisent l’Instrument international de traçage pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes légères et de petit calibre, en particulier dans les zones de conflit et d’après-conflit,

Engageant les États Membres à recueillir des informations pertinentes et à continuer de recenser, analyser et tenter de rompre les liens, qu’ils soient déjà en place, en pleine expansion ou potentiels, selon le cas, entre la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, les activités illicites liées à la drogue, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, afin de renforcer les réponses pénales apportées à ces formes de criminalité, et demandant à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime d’appuyer, dans le cadre de ses mandats, l’action des États Membres dans ce domaine, à leur demande,

Soulignant que l’élaboration et le bon fonctionnement de systèmes de justice pénale équitables et efficaces doivent être au fondement de toute stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale,

Notant l’importante contribution que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé peuvent apporter pour ce qui est de prévenir et de combattre le terrorisme, la corruption et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale,

Reconnaissant que les prisons peuvent être des foyers de radicalisation pouvant conduire au terrorisme et de recrutement de terroristes, et qu’il est essentiel d’évaluer et de surveiller de manière adéquate les détenus condamnés pour faits de terrorisme pour réduire le risque de les voir attirer de nouvelles recrues, reconnaissant également que les prisons peuvent aussi servir à la réhabilitation et à la réinsertion des détenus, le cas échéant, et reconnaissant en outre que les États Membres peuvent devoir continuer à suivre les délinquants après leur sortie de prison afin de prévenir la récidive, conformément au droit international applicable et en tenant compte, selon qu’il convient, de l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus ou « Règles Nelson Mandela »,

Rappelant qu’il importe que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme fasse figurer dans ses évaluations de pays, selon qu’il conviendra, des renseignements sur les mesures prises par les États Membres pour s’attaquer au problème de la traite des personnes et de ses liens avec la violence sexuelle dans les situations de conflit et d’après-conflit, une pratique qui est partie intégrante des objectifs stratégiques et de l’idéologie de certaines parties à un conflit armé, y compris des groupes armés non étatiques désignés comme groupes terroristes,

Rappelant les Principes directeurs de Madrid relatifs aux combattants terroristes étrangers, y compris l’additif récemment adopté (S/2018/1177), et soulignant qu’il importe d’appliquer pleinement et effectivement ces principes,

Notant les initiatives prises récemment, aux niveaux international, régional et sous-régional, en vue de prévenir et réprimer le terrorisme international et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, notamment le rôle central du Groupe d’action financière (GAFI) et du réseau mondial des organismes régionaux de type GAFI, ainsi que les travaux du Forum mondial contre le terrorisme, en particulier l’adoption du document intitulé « Bonnes pratiques de La Haye sur les liens entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme »,

1.    Demande aux États Membres de mieux coordonner leurs efforts à tous les niveaux afin de renforcer l’action mondiale visant à rompre des liens entre terrorisme international et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, qui constituent un grave problème et une menace pour la sécurité internationale ;

2.    Demande aux États Membres de poursuivre leur effort de recherche et de collecte d’informations visant à mieux connaître et comprendre la nature et l’étendue des liens qui peuvent exister entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, et d’intensifier et d’accélérer leurs échanges d’informations opérationnelles et de renseignements financiers concernant les activités, les déplacements et les circuits des terroristes et des réseaux de terroristes, notamment les combattants terroristes étrangers, dans le respect du droit international et de la législation nationale ;

3.    Souligne à nouveau l’importance d’une bonne gouvernance et la nécessité de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en particulier en appliquant la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée de 2000, la Convention des Nations Unies contre la corruption de 2003, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 1999 et les normes internationales énoncées dans les quarante recommandations révisées du GAFI sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération, notamment en adoptant et appliquant effectivement les dispositions législatives et réglementaires voulues pour que les autorités nationales compétentes puissent geler ou saisir, confisquer ou administrer des avoirs criminels afin de combattre les financements illicites, notamment le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent ;

4.    Invite les États à redoubler d’efforts et à resserrer la coopération internationale et régionale pour contrer la menace que font peser sur la communauté internationale la culture, la production, le trafic et la consommation de stupéfiants et de substances psychotropes, qui peuvent constituer une part substantielle des ressources financières des groupes terroristes, et à agir conformément au principe de la responsabilité commune et partagée dans le traitement et la résolution du problème mondial de la drogue, notamment grâce à la coopération contre le trafic de drogues et de précurseurs illicites et en soulignant l’importance de la coopération en matière de gestion des frontières, et salue dans ce contexte l’action que continue de mener l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ;

5.    Note avec préoccupation que les trafiquants de drogues continuent de mettre les outils du commerce moderne au service du trafic de précurseurs, de précurseurs chimiques et de drogues de synthèse, ce qui contribue à la croissance de l’utilisation abusive de ces drogues et aux conséquences néfastes de leur utilisation non médicale, en exploitant par exemple les marchés en ligne pour la vente illicite de ces drogues de synthèse, en particulier les opioïdes de synthèse, en plus du système postal international et des envois express par transporteur pour distribuer ces substances ;

6.    Exhorte tous les États à veiller à ce que la qualification pénale de la traite des personnes par leur législation et leur règlementation nationale soit à la mesure de la gravité de cette infraction et permette de la poursuivre et de la sanctionner en conséquence ;

7.    Engage les États Membres à enquêter sur les réseaux criminels organisés impliqués dans la traite des personnes, à les désorganiser et à les démanteler, conformément à la législation nationale, et notamment aux lois contre le blanchiment d’argent et la corruption et, le cas échéant, aux lois relatives à la lutte contre le terrorisme ;

8.    Engage également les États Membres à examiner, modifier le cas échéant et appliquer leur législation, notamment en ce qui concerne les actes de violence sexuelle et fondée sur le genre, afin de garantir que des mesures soient en place contre tous les types de traite des personnes, y compris quand ces faits sont commis dans des situations de conflit armé ou par des groupes armés ou terroristes en vue de financer le terrorisme ou au service de leurs objectifs stratégiques, et à envisager d’établir leur compétence à l’égard de ces faits en vue de mettre fin à l’impunité de leurs auteurs;

9.    Engage vivement tous les États à appliquer et à mieux faire respecter les normes internationales détaillées que constituent les quarante recommandations révisées du GAFI sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération et leurs notes interprétatives; et leur demande de renforcer leur capacité de mener activement des enquêtes financières en vue de repérer et désorganiser les réseaux de traite des personnes et de découvrir leurs liens éventuels avec le terrorisme ;

10.   Engage les États qui ne l’ont pas encore fait, afin d’empêcher les terroristes de se procurer des armes, à adopter et faire appliquer les mesures, législatives ou autres, nécessaires pour ériger en infraction pénale au regard de leur droit interne les activités illicites suivantes dans les zones relevant de la juridiction nationale, afin faire en sorte que ceux qui se livrent à de telles activités fassent dûment l’objet de poursuites pénales sur le plan national :

a)    la fabrication, la possession, le stockage et le commerce illégaux de tous types d’explosifs, tant militaires que civils, ainsi que des autres matières et composants militaires ou civils pouvant servir à fabriquer des engins explosifs improvisés, y compris des détonateurs, des cordons détonants et des composants chimiques ;

b)    le trafic de matières et de matériels militaires et à double usage civil et militaire susceptibles de servir à la fabrication illégale d’armes et d’armements, y compris des engins explosifs ;

11.   Exhorte les États à adopter des mesures, législatives et autres, conformément à leurs lois et règlements nationaux relatifs au marquage des armes, y compris des mesures d’ordre pénal, en vue d’interdire la fabrication illégale d’armes légères et de petit calibre non marquées ou insuffisamment marquées, ainsi que la falsification, l’effacement, l’enlèvement ou l’altération du marquage distinctif prescrit par l’Instrument international de traçage ;

12.   Exhorte également les États à promouvoir et renforcer la coopération aux frontières et la coordination régionale et sous-régionale, selon qu’il convient, en prenant des mesures effectives et en multipliant les échanges d’informations, conformément aux lois et règlements nationaux, entre les autorités chargées du maintien de l’ordre, des contrôles douaniers ou de la délivrance des licences d’importation et d’exportation, en vue de combattre et d’éliminer les activités illicites transfrontières visées aux paragraphes 10 et 11 ;

13.   Se déclare préoccupé par l’exploitation illégale et le trafic de ressources naturelles parmi lesquelles des métaux précieux et des minéraux comme l’or, l’argent, le cuivre et les diamants, ou le bois d’œuvre, le charbon de bois et les espèces sauvages, auxquels se livrent les groupes armés, les groupes terroristes et les réseaux criminels qui les soutiennent ;

14.   Engage tous les États à continuer de s’employer à mettre fin au commerce illicite des ressources naturelles, notamment dans le secteur de l’or, et à amener ceux qui se rendent complices de ce commerce illicite à rendre des comptes, dans le cadre de l’action menée pour veiller à ce que le commerce illicite des ressources naturelles ne profite pas à des entités visées par des sanctions, à des groupes terroristes, à des groupes armés ou à des réseaux criminels ;

15.   Demande aux États Membres, y compris agissant par l’intermédiaire de leurs autorités centrales compétentes :

a)    de renforcer la gestion de leurs frontières, notamment grâce à des actions de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités des personnels chargés des contrôles aux frontières, y compris en collaboration avec les organisations compétentes, pour donner à ces personnels les moyens de mener des enquêtes et de poursuivre en justice les terroristes et les groupes terroristes ainsi que les criminels organisés transnationaux qui travaillent avec eux, et de détecter et empêcher efficacement les mouvements de ces derniers ;

b)    d’envisager d’adopter, conformément au droit international, des lois et des mécanismes appropriés de nature à favoriser la coopération internationale la plus large possible, y compris la nomination d’agents de liaison, la coopération entre services de police, la création ou l’utilisation, le cas échéant, de mécanismes d’enquête conjointe, et une coordination accrue des enquêtes transfrontières dans les affaires faisant apparaître des liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale ;

c     de faire respecter les obligations de recueillir et analyser les renseignements préalables concernant les voyageurs et de se doter des moyens de recueillir, traiter et analyser, en application des normes et pratiques recommandées de l’Organisation de l’aviation civile internationale, les données contenues dans le dossier passager et de s’assurer que ces données sont communiquées aux autorités nationales compétentes et utilisées par elles, dans le plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ce qui aidera les autorités chargées de la sûreté à repérer les connexions entre les individus associés à la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, et les terroristes, afin d’empêcher les terroristes de voyager et afin de poursuivre devant les tribunaux le terrorisme et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, y compris grâce à des programmes de renforcement des capacités ;

d)    de renforcer l’aptitude de leurs cellules de renseignement financier à analyser les données de renseignement financier permettant de repérer les activités suspectes de groupes criminels organisés, nationaux ou transnationaux, qui soutiennent le terrorisme, y compris les activités de financement du terrorisme, et les engage à collaborer entre elles pour renforcer leurs capacités en la matière et à échanger des informations dans ce domaine ;

e)    d’envisager de ratifier et appliquer les instruments mondiaux et de participer aux initiatives nationales, régionales et mondiales qui visent à renforcer les moyens permettant de prévenir et d’empêcher le trafic illicite, y compris par des ports maritimes et en mer, de ressources naturelles, d’armes, de drogues, d’objets et de biens culturels, ainsi que la traite des personnes, afin de prévenir et de rompre les liens entre le terrorisme maritime et la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale ;

f)    de renforcer, selon qu’il convient, les échanges d’informations entre les autorités publiques et les organismes pertinents du secteur privé ;

16.   Exhorte les États Membres à faire en sorte que toutes les mesures qu’il prennent pour lutter contre le terrorisme soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, et à tenir compte des effets que ces mesures pourraient avoir sur des activités exclusivement humanitaires, y compris médicales, menées par des acteurs humanitaires impartiaux de manière conforme au droit international humanitaire ;

17.   Engage les États Membres à associer les communautés locales et les acteurs non gouvernementaux concernés à l’élaboration de stratégies qui permettent de lutter contre l’extrémisme violent quand il peut conduire au terrorisme et de stratégies qui permettent de lutter contre la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, et à s’attaquer aux facteurs favorisant la propagation de l’extrémisme violent qui peut conduire au terrorisme, et la criminalité organisée transnationale, qui peut financer le terrorisme, et ceci notamment en donnant des moyens d’agir aux jeunes, aux familles, aux femmes, à des personnalités du monde de la religion, de la culture et de l’éducation et à tous autres groupes concernés de la société civile ;

18.   Invite les États Membres à multiplier les actions de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités des personnels pénitentiaires sur la question des liens entre terrorisme et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, notamment quand des délinquants auteurs d’infractions mineures risquent d’être exploités ou recrutés par des terroristes, car ces délinquants peuvent nouer et cultiver activement de tels liens ainsi que d’autres réseaux en milieu carcéral ;

19.   Invite également les États Membres à renforcer les moyens dont disposent leurs systèmes de justice pénale pour combattre les liens entre terrorisme et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, et à veiller à ce que les enquêteurs, les procureurs et les autres membres des professions judiciaires reçoivent une formation leur permettant de reconnaître ces liens ;

20.   Engage les États Membres à prendre toutes les mesures voulues pour maintenir un environnement sûr et humain dans les prisons, à mettre au point des outils permettant de lutter contre la radicalisation violente et le recrutement de terroristes, dans le respect de leurs obligations de droit international et en tenant compte des outils élaborés par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, et à chercher les moyens de prévenir la radicalisation violente dans leurs établissements pénitentiaires, de faciliter la réhabilitation et la réinsertion des détenus condamnés pour terrorisme et d’empêcher toute coopération et tout transfert de compétences et de connaissances entre les terroristes et les autres détenus, tout en respectant le droit international des droits de l’homme ;

21.   Salue le rôle joué par les organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, pour ce qui est d’évaluer en profondeur les menaces visant leurs régions respectives, de contribuer à la mise en œuvre effective des résolutions du Conseil de sécurité, de renforcer les capacités des États Membres, de faciliter la fourniture d’une assistance technique et les échanges d’informations, de contribuer à l’appropriation par les États et de sensibiliser l’opinion ;

22.   Invite les organismes des Nations Unies, en particulier le Bureau de lutte contre le terrorisme et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, ainsi que les entités signataires du Pacte mondial de coopération contre le terrorisme, à continuer de fournir aux États Membres, à leur demande, une assistance technique et un renforcement des capacités afin de les aider à améliorer leur réponse aux liens entre terrorisme international et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, y compris en mettant au point des outils permettant de lutter contre la radicalisation conduisant au terrorisme dans les prisons et d’évaluer les risques de recrutement terroriste, dans le respect du droit international, et engage le Comité contre le terrorisme, avec le soutien de sa Direction exécutive, à continuer de coopérer afin de faciliter la fourniture d’une assistance technique et le renforcement des capacités et de mener des actions de sensibilisation dans ce domaine, en particulier en se concertant davantage avec les États et les organisations internationales, régionales et sous-régionales compétentes, et en collaborant étroitement, notamment par des échanges d’informations, avec les fournisseurs d’assistance technique bilatérale et multilatérale concernés ;

23.   Charge le Comité contre le terrorisme, avec le soutien de sa Direction exécutive et en coordination avec les autres organismes compétents des Nations Unies, de continuer, selon que de besoin et conformément à leurs mandats respectifs, de recenser et d’examiner les mesures prises par les États Membres pour empêcher les groupes terroristes de tirer parti de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, en vue de recenser les bonnes pratiques, les lacunes et les facteurs de vulnérabilité dans ce domaine, et demande à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, agissant en coordination avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, conformément aux dispositions de sa résolution 2395 (2017), d’intégrer la question des liens entre terrorisme et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, dans ses évaluations et analyses de pays et d’identifier les évolutions récentes et les lacunes éventuelles concernant cette question ;

24.   Engage les États Membres à utiliser au mieux les capacités de police de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), notamment les bases de données et rapports d’analyse pertinents en vue de prévenir et de combattre les liens entre terrorisme et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale ;

25.   Prie le Secrétaire général de lui présenter, dans un délai de douze mois, un rapport conjoint du Bureau de lutte contre le terrorisme et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, auquel auront contribué les entités compétentes du système des Nations Unies, notamment la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, sur les mesures prises par les États Membres et les entités signataires du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, pour résoudre le problème des liens entre terrorisme et criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale ;

26.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Après sa visite en Colombie, le Conseil de sécurité confirme l’attachement des différents groupes de la société à l’Accord final

8580e séance – matin
CS/13891

Après sa visite en Colombie, le Conseil de sécurité confirme l’attachement des différents groupes de la société à l’Accord final

Le Représentant permanent du Pérou et Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet a fait le point sur la visite que lui et ses collègues ont effectuée en Colombie, du 11 au 14 juillet, d’abord à Bogota puis à Cauca.

À Bogota, les membres du Conseil ont eu un petit déjeuner de travail avec le Président Ivan Duque et les membres de son gouvernement qui leur ont fait part de leur attachement à l’Accord de paix et reconnu, entre autres, la nécessité d’une réforme agraire et de mettre fin aux meurtres des leaders communautaires.  Le Président colombien a transmis une lettre aux membres du Conseil demandant une autre reconduction de la Mission de vérification Nations Unies dans son pays, créée par la résolution 2366 (2017) pour contrôler la mise en application de l’« Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable », signé à Bogota le 24 novembre 2016, entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), et adopté par le Congrès colombien le 30 novembre 2016.  Le mandat actuel de la Mission doit s’achever le 25 septembre de cette année.

Malgré les difficultés, les dirigeants des FARC-EP ont, eux aussi, réaffirmé aux membres du Conseil leur attachement à l’Accord final et suggéré l’idée d’un pacte national pour surmonter les divisions du passé.  Cette idée a aussi été défendue par les représentants de la société civile, qui ont insisté sur la participation des femmes et des jeunes à l’élaboration du pacte.  Les membres du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition se sont, pour leur part, dits conscients de la profonde transformation de la société colombienne grâce à la justice transitionnelle.

L’équipe de pays des Nations Unies a aussi informé les membres du Conseil de l’évolution de leurs activités dont la protection des droits des victimes du conflit, y compris le droit à des dédommagements, la gestion des flux de migrants ou encore les programmes de substitution des cultures illicites.

Le représentant du Royaume-Uni, qui a parlé de la partie de la visite des membres du Conseil à Cauca, une zone fortement touchée par les conflits, est revenu sur la rencontre avec les leaders communautaires et religieux qui se sont dits préoccupés par la lenteur de la justice transitionnelle, du rétablissement de l’autorité de l’État, la réforme agraire et des programmes de substitution des cultures illicites.

Visés par la campagne d’intimidation et d’assassinats de dirigeants communautaires, l’un d’entre eux a refusé de participer à la réunion, « ce qui illustre bien les risques auxquels ils sont exposés ».  Les membres du Conseil se sont également rendus dans le site de réintégration des FARC à Caldono, où des anciens combattants devenus petits exploitants agricoles ont exprimé leur fierté et leur ambition d’exporter leurs produits.  Les membres du Conseil ont pu constater à quel point l’agriculture joue un rôle important dans la réintégration des ex-combattants.  « Sans viser qui que ce soit », le représentant du Royaume-Uni leur a suggéré d’exporter leurs tomates vers la Fédération de Russie, entre autres.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer les partenariats pour faciliter des transitions postconflit dirigées par les pays eux-mêmes

8579e séance – après-midi 
CS/13888

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer les partenariats pour faciliter des transitions postconflit dirigées par les pays eux-mêmes

Le Conseil de sécurité a tenu, cet après-midi, un débat sur « le renforcement des partenariats facilitant le déroulement des transitions dirigées par les pays », au cours duquel les participants ont été invités à répondre à six questions*, dont: « Quels sont les principaux enseignements des précédentes transitions qui pourraient être mis à profit pour pérenniser la paix lors des prochaines transitions? »  Anciens hôtes d’une opération de maintien de la paix et engagés dans un processus de consolidation des acquis, la Côte d’Ivoire, Haïti et le Timor-leste ont répondu. 

Le Ministre des affaires étrangères du Pérou et Président du Conseil de sécurité pour le mois, M. Néstor Popolizio Bardales, a expliqué l’importance de cette réunion.  Je l’ai convoquée, a-t-il dit, parce que je tiens aux alliances pour la consolidation de la paix et, ce faisant, à une coopération renforcée entre le Conseil et les divers acteurs impliqués dans la paix, le développement et les droits de l’homme.  Comme l’expérience de mon pays l’a démontré, les partenariats entre l’ONU, les gouvernements, les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, la société civile et le secteur privé sont de la plus haute importance, a acquiescé le Ministre des affaires étrangères de la Colombie et Président de la Commission de consolidation de la paix, M. Carlos Holmes Trujillo García. 

La transition d’une opération de maintien de la paix à un processus de consolidation des acquis, a souligné le Secrétaire général de l’ONU, est un moment d’espoir, de potentiel et de promesse.  C’est la période, a jugé M. António Guterres, où il faut aider les autorités nationales à prendre les rênes de leurs politiques et à mettre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cœur de leurs efforts.  La transition offre la possibilité aux États de préparer les institutions et de renforcer leurs capacités.  Les équipes de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux jouent un rôle important mais « l’appropriation nationale » est essentielle et c’est la raison pour laquelle elle constitue une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies.

La problématique du renforcement des partenariats pour une appropriation nationale des transitions s’inscrit parfaitement dans l’histoire récente de son pays, a confirmé la Côte d’Ivoire.  Après 13 ans de présence, l’Opération des Nations Unies (ONUCI) a pris fin pour céder la place à une transition dont le succès est surtout l’histoire d’une coopération multiforme et exemplaire entre le Gouvernement ivoirien et l’ensemble du système des Nations Unies, renforcée par des partenariats stratégiques coordonnés avec les acteurs institutionnels régionaux et de développement.  La Côte d’Ivoire a insisté sur la nécessité de définir des objectifs prioritaires clairs et précis dans des domaines jugés indispensables à la réussite du plan de transition, une définition qui doit se faire dans une approche inclusive, en lien avec le gouvernement du pays hôte et tous les acteurs nationaux pour permettre une vision politique affirmée et partagée de la transition. 

De telles discussions doivent tenir compte des problèmes réels des pays, des besoins essentiels des populations et des priorités fixées par les autorités nationales elles-mêmes, a martelé le Ministre haïtien des affaires étrangères, M. Bocchit Edmond.  Aucune appropriation des processus de transition n’est possible sans le plein engagement des dirigeants nationaux, a insisté le Ministre de la réforme législative et des affaires parlementaires du Timor-Leste.  M. Fidelis Leite Magalhães a rappelé l’expérience du comité de haut niveau réunissant des représentants de l’État et la mission de l’ONU qui avaient ensemble rédigé un plan de transition, avant de passer le relais à l’équipe de pays et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux. 

Partenaire multilatéral par excellence, le Groupe de la Banque mondiale a vanté son approche articulée autour du nexus humanitaire-développement-paix et a annoncé la future stratégie qui va proposer des interventions sur mesure car nous savons que pour réussir, il faut offrir des solutions adaptées au contexte.  La Banque africaine de développement (BAD), qui pense aussi à sa nouvelle stratégie, a dit partir du postulat qu’il faut adopter une approche fondée sur le renforcement des capacités institutionnelles, reconnaître la nécessité d’une planification à long terme, développer le secteur privé pour générer des emplois et promouvoir la bonne gouvernance pour améliorer la gestion des finances publiques et des ressources naturelles, pouvoir combattre la corruption, et donc renforcer la légitimité de l’État. 

* S/2019/540

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Renforcement des partenariats pour effectuer des transitions réussies sous contrôle national (S/2019/540)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que les missions politiques spéciales de l’ONU et les opérations de maintien de la paix figurent parmi les instruments les plus puissants pour la promotion de la consolidation de la paix, mais qu’elles se distinguent par leur caractère temporaire.  La transition d’une mission est généralement le fruit des progrès vers la paix et un moment d’espoir, de potentiel et de promesse, a-t-il déclaré, soulignant que c’est la période où il convient d’aider les gouvernements nationaux à prendre les rênes de leurs politiques et programmes et à mettre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cœur de leurs efforts.  La transition offre la possibilité aux États de préparer les institutions et les moyens pour renforcer leurs capacités.  Or, les gains peuvent être remis en question et des situations imprévues comme des catastrophes peuvent affecter cette période et faire à nouveau sombrer les pays dans la guerre.  Les équipes de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux jouent un rôle important.  Partant, « l’appropriation nationale » des transitions et au-delà constitue une priorité pour l’ensemble du système des Nations Unies, a affirmé le Secrétaire général.  Les institutions financières internationales peuvent aussi contribuer au succès de la transition pour faire en sorte que le chemin de la paix et du développement soit irréversible. 

L’ONU ne doit pas gérer ces transitions seules; les bailleurs de fonds, les organisations régionales et internationales, la société civile et le secteur privé ont tous un rôle à jouer.  Mieux déterminer la nature de l’appui est donc fondamental, a-t-il souligné, ajoutant que des partenariats robustes entre l’ONU et toutes les organisations mentionnées peuvent contribuer à éviter une rechute.  À titre d’exemple, en 2016, l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne ont appuyé le Gouvernement centrafricain dans l’élaboration de son plan de redressement et de consolidation de la paix et les bailleurs de fonds ont fait des annonces de contribution.  De son côté, le Fonds pour la consolidation de la paix est présent cinq ans après le retrait d’une mission, a-t-il informé, encourageant les États Membres à y contribuer. 

Au Darfour, la MINUAD consacrera des fonds à des activités axées sur l’état de droit ou l’appui institutionnel.  L’ONU et l’Union européenne ont octroyé à la Colombie 12 millions de dollars au titre de l’Initiative Spotlight, pour la prévention de la violence sexuelle.  Le Département des opérations de la paix et ONU-Femmes ont aussi un programme sur des activités conjointes en Haïti.  Tous les pays cités ont besoin d’un appui, en particulier sur les questions de vérité, d’établissement des responsabilités, de dédommagements et de réforme.  Il a appuyé le système des coordonnateurs résidents et les équipes de pays qui épaulent les pays hôtes pendant la phase de transition, en citant pour exemple le Libéria.

L’ONU s’est engagée à appuyer les pays se relevant des conflits à travers des partenariats robustes, a-t-il réitéré, appelant aussi à la réalisation du Programme 2030 dans ce contexte. 

M. FRANCK BOUSQUET, du Groupe de la Banque mondiale, a souligné que la question dont le Conseil débat aujourd’hui, à savoir la manière d’aider efficacement les pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence est « absolument essentielle » pour exécuter la mission de la Banque qui est de mettre fin à la pauvreté.  La Banque a augmenté considérablement ses investissements dans les efforts collectifs pour mettre fin à cette fragilité, ces conflits et cette violence.  L’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque pour les pays pauvres, a doublé ses avoirs pour atteindre les 14 milliards de dollars.  Si le financement est essentiel, nous savons qu’il ne suffit pas, a reconnu le représentant.  Nous devons en effet faire les choses différemment et c’est la raison pour laquelle l’approche de l’IDA est d’investir dans la prévention, l’aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil, et de mobiliser les investissements du secteur privé dans les environnements les plus difficiles. 

Ce qui est peut-être plus important encore, a poursuivi le représentant, c’est que la Banque a renforcé ses partenariats dans le nexus humanitaire-développement-paix.  Il s’est félicité du Cadre de partenariat entre l’ONU et la Banque mondiale pour les situations de crise et d’après crise, lequel a aidé la Banque à approfondir sa coopération dans plus de 40 pays.  La Banque a aussi renforcé ses partenariats avec un éventail diversifié d’acteurs comme la Banque africaine de développement, l’Union européenne, les organisations de la société civile et les partenaires bilatéraux, qu’il s’agisse de l’établissement des diagnostiques, de l’évaluation des efforts de relance et de consolidation de la paix ou des opérations sur le terrain. 

Mais on peut faire plus, a souligné le représentant, en expliquant que c’est la raison pour laquelle la Banque développe sa première stratégie pour les problèmes posés par la fragilité, les conflits et la violence, dans des pays caractérisés en effet par des capacités faibles, l’insécurité et souvent une fracture du contrat social.  La future stratégie va proposer des interventions sur mesure car nous savons que pour réussir il faut traiter des causes sous-jacentes et de l’impact de la fragilité et offrir des solutions adaptées au contexte. 

La Banque mondiale renforce donc ses investissements dans la prévention pour traiter plus efficacement des risques avant l’émergence d’une crise: un dollar investi dans la prévention, c’est 16 dollars économisés au fil du temps.  La Banque travaille aussi, dans les pays, à la préservation des instituions essentielles et des services de base.  Elle aide également les pays dans les moments critiques de transition pour leur éviter de retomber dans le « piège de la fragilité ».  Enfin, elle les aide à éviter les conséquences de la fragilité, des conflits ou de la violence, comme les chocs liés aux déplacement forcés.  Cette approche stratégique s’ancre dans la conviction que les partenariats sont essentiels pour effectivement prévenir les conflits, renforcer la résilience et maintenir la paix, a conclu le représentant. 

M. YERO BALDEH, de la Banque africaine de développement (BAD), a d’abord rappelé que les situations les plus fragiles au monde se voient dans les pays africains, « nos actionnaires », « notre voisinage ».  Sortir ces pays de leur fragilité est donc l’essence même de notre mission, a-t-il souligné.  Il a parlé de la stratégie 2014-2019 de la BAD pour traiter de la fragilité et renforcer la résilience en Afrique, laquelle vise le renforcement des capacités publiques et la mise sur pied d’institutions efficaces, l’accès équitable à l’emploi et aux services sociaux de base et la promotion d’un dialogue politique direct sur les questions liées à la fragilité.  Sur le plan opérationnel, la BAD s’est concentrée sur deux piliers: l’accroissement des ressources et l’amélioration de l’approche d’intervention pour être plus flexible et plus réactive aux situations fragiles. 

Mais il ne suffit d’analyser les causes de la fragilité, il faut surtout identifier plus systématiquement, pour les renforcer, les sources de résilience.  La BAD s’appuie, pour ce faire, l’« Évaluation de la fragilité et de la résilience d’un pays », un cadre analytique fondé sur des données.  On ne peut plus, a aussi prévenu le représentant, continuer de limiter la question de la fragilité au niveau national.  La fragilité, s’est-il expliqué, est de plus en plus régionale.  Le manque d’opportunités économiques pour une population jeune en constante croissance, les conflits communautaires et l’extrémisme, l’instabilité politique et les changements climatiques peuvent accélérer les déplacements et la migration clandestine et déstabiliser les pays voisins, voire toute la région. 

Les partenariats entre les acteurs nationaux, régionaux et internationaux dans le nexus humanitaire-développement-paix sont donc essentiels pour traiter des facteurs de la fragilité.  Travailler à des économies régionales plus intégrées et plus résilientes est aussi un moyen important d’atténuer la fragilité régionale.  Maintenant que la BAD réfléchit à sa stratégie pour 2020 et au-delà, elle sait qu’il faut adopter une approche fondée sur le renforcement des capacités institutionnelles, reconnaître la nécessité d’une planification à long terme, développer le secteur privé pour générer des emplois et promouvoir la bonne gouvernance pour améliorer la gestion des finances publiques et des ressources naturelles, pouvoir combattre la corruption, et donc renforcer la légitimité de l’État. 

M. CARLOS HOLMES TRUJILLO GARCÍA, Ministre des affaires étrangères de la Colombie et Président de la Commission de consolidation de la paix, a souligné que les résolutions jumelles 70/262 et 2282 (2016) sur l’examen du dispositif de consolidation de la paix, adoptées par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, appellent l’Organisation à s’appuyer sur d’autres acteurs afin de soutenir les initiatives nationales de consolidation de la paix.  Comme l’expérience de mon pays l’a démontré, a-t-il ajouté, il importe en la matière de construire des partenariats entre l’ONU, les gouvernements, les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales, la société civile et le secteur privé.

Les situations de transition présentent un défi considérable pour la consolidation et la pérennisation de la paix, a poursuivi M. Trujillo García.  Une fois parties, les opérations de paix de l’ONU, qu’il s’agisse des opérations de maintien de la paix ou des missions politiques spéciales, transfèrent aux autorités la responsabilité de préserver les acquis en matière de paix.  Lors de la clôture des opérations de paix au Timor-Leste, en Côte d’Ivoire et au Libéria, des plans de transition avaient été concoctés conjointement avec les gouvernements concernés. 

Toutefois, la planification conjointe de la transition peut s’avérer une tâche plus complexe dans les cas où les capacités d’un gouvernement en situation de postconflit sont affaiblies, a mis en garde M. Trujillo García.  Dans ces cas précis, des « partenariats forts et coordonnés » entre tous les acteurs impliqués sont indispensables pour « combler les lacunes politiques, institutionnelles et financières », et prévenir un retour en arrière, après le retrait d’une opération.  La clôture des opérations de maintien de la paix en Côte d’Ivoire et au Libéria, en 2017 et 2018, et les transitions en cours dans d’autres pays illustrent bien la nécessité de disposer « d’efforts cohérents » pour appuyer la paix dans ses différentes facettes. 

L’un des principaux objectifs de la Commission de consolidation de la paix est de « combler le vide » en matière de capacités institutionnelles et structurelles et d’appuyer les pays en transition face au risque croissant de répétition des conflits, a précisé le Président.  Au Libéria, a-t-il notamment indiqué, la Commission a conseillé le Conseil de sécurité dans la formulation d’un plan national de consolidation de la paix, lequel a permis de créer un cadre tripartite pour coordonner les actions de l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne (UE).  Sur la base de cette initiative, un fonds multidonateur a été créé pour appuyer l’action du Fonds pour la consolidation de la paix au Libéria, s’est-il félicité.

Le Conseil consulte également la Commission sur des questions de transition spécifiques, notamment concernant la prorogation des mandats, ainsi que sur des questions liées aux pratiques exemplaires en matière de transition, a précisé M. Trujillo García, soulignant que les sessions de la Commission offrent régulièrement l’occasion de mieux comprendre les défis multidimensionnels auxquels sont confrontées les opérations de paix.  Cela a notamment été le cas en Guinée-Bissau, où la Commission a aidé le Conseil à cerner les défis politiques, sécuritaires, de développement et sociaux liés à la transition du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau.  À cette occasion, a précisé M. Trujillo García, la Commission a relayé au Conseil les perspectives des organisations régionales et institutions financières concernant la transition. 

Récemment, la Banque mondiale et la Commission ont entamé un dialogue formel pour améliorer leur coopération en matière de consolidation de la paix dans certains pays, a par ailleurs déclaré le Président.  À ce titre, il a appelé le Conseil de sécurité à tirer parti de la capacité de la Commission à agir comme plateforme d’harmonisation des efforts de consolidation de la paix de l’ONU avec ceux d’autres organisations, notamment dans les contextes régionaux complexes, comme au Sahel, où de nombreux acteurs différents sont impliqués. 

Revenant en conclusion sur le cas de son propre pays, M. Trujillo García a indiqué que la Colombie a bénéficié du partenariat entre l’ONU et une variété d’organismes, partenariat qui a permis, selon lui, une plus grande efficacité dans la consolidation de la paix.  « C’est la raison pour laquelle nous avons sollicité la prorogation du mandat de l’actuel mission politique spéciale pour une durée supplémentaire d’un an », a-t-il déclaré.

M. NÉSTOR POPOLIZIO BARDALES, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a expliqué que son pays a convoqué cette réunion d’information en raison de l’importance qu’il accorde aux alliances pour la consolidation et le maintien de la paix, et dans ce cadre, à une coopération entre le Conseil et les divers acteurs impliqués dans la paix, le développement et les droits de l’homme.  Il a renvoyé aux résolutions identiques de l’Assemblée générale et du Conseil adoptées en 2016 et réaffirmées par les deux organes deux ans plus tard.  Le Ministre a mis l’accent sur l’appropriation nationale des processus de transition, de prévention et de règlement des conflits.  Il a souligné, à cet égard, l’importance de la bonne gouvernance, de la satisfaction des attentes de la population et de la lutte contre l’impunité et la corruption. 

M. Popolizio Bardales a salué le fait que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable examine pour la première fois cette année l’objectif no 16 sur des sociétés pacifiques et inclusives.  Il a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est le cadre universel sur lequel le système de l’ONU doit s’appuyer pour contribuer aux efforts des pays dans la consolidation et le maintien de la paix.  Il a recommandé au Conseil de veiller à ce que les opérations de paix soient planifiées et gérées de manière à conduire à une bonne transition vers la consolidation de la paix.  Il faut, pour ce faire, s’inspirer des expériences, en nouant des alliances novatrices en fonction des circonstances, des besoins et des priorités spécifiques.  Le Ministre a salué les progrès réalisés en Haïti, dans lequel son pays a déployé un nombre important de Casques bleus.  Il a également loué le processus de renforcement des capacités institutionnelles et les efforts de développement national du Timor-Leste. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que la question soulevée aujourd’hui était essentielle pour éviter la résurgence d’un conflit dans une phase de transition, au moment où les acquis en matière de paix ne sont pas encore garantis.  Il a jugé essentiel de préparer concrètement la phase de relèvement postconflit, y compris, dans certain cas, dès le début de la phase du maintien de la paix.  Le retrait d’une mission et le transfert de ses fonctions résiduelles à d’autres organes de l’ONU doivent faire l’objet d’une planification précise.  Le représentant a jugé essentiel de tenir compte de l’avis de l’État hôte s’agissant de la consolidation de la paix et d’éviter les doublons entre les agences de l’Organisation.

Il a estimé que les mandats « génériques », qui font référence à des objectifs tels que le respect des droits de l’homme, le respect de l’environnement et les problématiques de genre peuvent entraîner des « dépenses inutiles » dans la consolidation de la paix.  Le développement en soit ne garantit pas la paix et la paix ne garantit pas le développement.  Il faut établir clairement « quel organe de l’ONU fait quoi ».  Les gouvernements hôtes ont la responsabilité première de définir les priorités des programmes de consolidation de la paix, a insisté le représentant.  Il a d’ailleurs appelé à une meilleure coopération de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales et, le cas échéant, avec la société civile pour renforcer la réconciliation nationale. 

La Commission de consolidation de la paix est une « plateforme fondamentale » pour améliorer l’action du Conseil en la matière.  Selon le représentant, la valeur ajoutée de la Commission est la suivante: elle peut traduire en réalité les priorités de l’État hôte.  Elle peut également compléter les rapports du Secrétaire général.  Le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC) devraient davantage prendre en compte les travaux de la Commission, a conclu le représentant. 

Quand on dépose les armes, il faut examiner en profondeur toute la situation et éviter que la communauté internationale ne détourne son attention, a déclaré M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), qui a insisté sur l’appropriation nationale des efforts de transition.  Parfois, a-t-il regretté, dès le départ des Casques bleus, certains pays refusent l’assistance internationale.  Il a donc salué la position de la Colombie qui a demandé l’établissement d’une mission pour surmonter ses problèmes après la signature de l’accord de paix.  Comme les efforts nationaux doivent pouvoir s’appuyer sur un soutien financier, l’Allemagne contribue en Colombie mais aussi en République centrafricaine et ailleurs.  S’agissant des crises à l’échelle régionale, le représentant a estimé que grâce au G5 Sahel, l’approche a changé: le Conseil est devenu plus proactif car il a pris conscience que l’on ne peut stabiliser un pays sans prendre en compte le reste de la région.  Il a trouvé utile que le Conseil se penche plus systématiquement sur les questions liées à la transition. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que la nature complexe et changeante des conflits actuels exige un large éventail d’activités, dont des processus de paix impliquant les femmes et les minorités, un développement durable qui va main dans la main avec le renforcement de la résilience et la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit.  Face à une situation de conflit, les Nations Unies doivent donc actionner tous les outils à leur disposition.  Le Programme 2030 est, à cet égard, le meilleur outil de prévention des conflits.  La coopération entre toutes les parties prenantes est de la plus grande importance, et c’est la raison pour laquelle il faut rechercher de nouvelles formes de partenariats, y compris avec le secteur privé, car l’aide publique au développement ne suffira pas. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé que de bons efforts de consolidation pendant une transition doivent impliquer l’ensemble du système des Nations Unies.  Il a soutenu l’idée de renforcer la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil.  Ce dernier doit faire en sorte que les mandats des opérations de paix soient réalistes, adoptées au contexte et souples pour pouvoir créer un environnement propice à la consolidation de la paix.  Le représentant a insisté pour que l’examen stratégique des missions et toute décision de retirer une opération se fassent en consultation avec la Commission de consolidation de la paix et le pays hôte.  Il a conseillé à la Commission de multiplier les contacts avec le Centre de l’Union africaine pour la reconstruction postconflit et le développement. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a insisté sur trois types de partenariats qu’il faut renforcer: le partenariat au sein du système des Nations Unies, avec toutes les composantes du pays hôte, et enfin, avec les organisations régionales, les institutions financières internationales et les partenaires techniques et financiers.  Il a continué en saluant le Secrétaire général pour ses réformes.  Le retrait d’une opération doit en effet s’anticiper, notamment en renforçant la coordination entre la mission et l’équipe de pays, a-t-il recommandé.  Il a ajouté que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle important dans les phases de transition.  Il a expliqué l’importance du renforcement du partenariat avec les acteurs nationaux, en citant notamment les exemples réussis de transition en Côte d’Ivoire en 2017 et au Libéria en 2018.  Cette appropriation nationale doit faire participer tous les acteurs de la paix et s’appuyer sur une forte participation des femmes.  Elle doit aussi favoriser la réintégration dans la société des enfants enrôlés dans des groupes armés et l’épanouissement d’une société civile et de médias pluriels.  « C’est une priorité pour la France, dans le cadre de sa stratégie “Prévention, résilience et paix durable”, adoptée en 2018 ». 

Enfin, le représentant a conseillé de favoriser la complémentarité, la cohérence et la démultiplication des efforts dans le cadre des partenariats entre l’ONU et les institutions qui peuvent compléter les efforts.  Il s’est félicité des activités du Fonds pour la consolidation de la paix mais a demandé d’en faire plus et d’imaginer des financements innovants en associant le secteur privé.  Il a plaidé pour le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et la Banque mondiale et pour des partenariats avec des grands bailleurs.  Il a aussi insisté sur l’importance du partenariat avec les organisations régionales. 

M. WU HAITAO (Chine) a appelé l’ONU à étoffer ses partenariats pour trouver une réponse collective aux phases de transition, dans le respect du principe d’appropriation nationale.  Lors de la définition des mandats des opérations de maintien de la paix, le Conseil doit planifier plus en amont les efforts de consolidation selon des objectifs précis.  Une mission de maintien de la paix peut inclure certains mandats de consolidation de la paix.  Quant à la transition des tâches à la clôture d’une mission aux autres entités onusiennes, elle doit également faire l’objet d’une plus grande planification.

Le représentant a appelé l’ONU à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, notamment l’Union africain, la Ligue des États arabes et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a également appelé à renforcer les synergies entre le Conseil et les institutions internationales, notamment par le biais de la Commission de consolidation de la paix, qui doit assumer son rôle de complémentarité.  La Chine appuie les pays dans leurs efforts de relèvement, notamment dans le cadre du Fonds pour la consolidation de la paix, a enfin déclaré le représentant, ajoutant que son pays s’attache à établir des partenariats utiles et une coopération fructueuse entre États.

Il est tout à fait impératif que la transition réussisse, a lancé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni), qui a indiqué que lorsque le Conseil décide de déployer une mission, il le fait pour protéger les civils ou répondre à une situation d’urgence.  Il a exhorté le Secrétariat et le personnel sur le terrain à la mise en œuvre des directives de 2009.  Les bailleurs de fonds bilatéraux et internationaux ont également un rôle vital à jouer.  La Commission de consolidation de la paix a démontré, notamment au Libéria, son pouvoir rassembleur, a-t-il poursuivi. 

Abordant la transition qu’il attend au Darfour, il s’est félicité de la mise en place d’un gouvernement dirigé par des civils et s’est demandé quel sera le mécanisme de suivi après le retrait de la MINUAD.  Il a aussi proposé d’envisager des rapports réguliers du Secrétaire général sur les progrès de la transition et sur l’alignement des mandats sur le terrain avec les priorités stratégiques.  Le Conseil et la communauté internationale devraient envisager également une meilleure collecte des données dès le retrait des missions. 

M. NAWAF A. S. A. ALAHMAD (Koweït) a reconnu le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix lors des périodes de transition, notamment afin d’éviter la reprise des conflits.  Pour que les phases de transition soient un succès, elles doivent pouvoir s’appuyer sur des institutions nationales solides, a-t-il ajouté, appelant l’ONU à renforcer en amont les capacités des pays hôtes pour préparer le terrain avant la clôture des opérations de paix.

Le représentant a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à prendre davantage en compte les recommandations de la Commission de consolidation de la paix lors de la reconduction des mandats des opérations.  Afin de renforcer l’appropriation nationale des pays hôtes dans le cadre des processus de consolidation de la paix, le représentant a aussi appelé l’Organisation à coopérer étroitement avec ses gouvernements, notamment dans la conduite de leurs réformes nationales.

Par ailleurs, le représentant a jugé que le Fonds pour la consolidation de la paix n’a pas de moyens suffisants pour s’acquitter de ses fonctions.  Il a appelé les différents fonds internationaux, banques de développement régionales et la Banque mondiale à seconder l’action du Fonds. 

Sur le plan local, le représentant a souligné l’importance de la participation du secteur privé.  Il a également appelé à renforcer le partenariat entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans la consolidation de la paix.  Enfin, il a appelé à bien utiliser les outils de prévention, comme les mécanismes d’alerte précoce, pour éviter la reprise des conflits.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a remarqué que la réduction ou la fermeture d’une mission onusienne et le transfert de ses tâches et responsabilités sont des processus complexes.  L’expérience d’Haïti démontre que ces processus doivent être précédés par une mission d’évaluation et d’une stratégie de sortie comprenant des indicateurs précis.  Il faut également s’assurer que la dynamique onusienne s’insère dans les discussions régionales et sous-régionales, alors que l’appropriation nationale est une condition sine qua non de réussite, mais elle requiert la présence et le fonctionnement préalable d’une structure étatique, a souligné la représentante. 

Elle a également mis l’accent sur l’importance du transfert de tâches vers les autorités du pays hôte, en remarquant qu’à ce stade, les banques de développement sont appelées à soutenir les pays en transition.  Elle a salué l’approche de la Banque mondiale qui consacre une stratégie spécifique et des moyens accrus aux situations de fragilité et de conflit.  Le travail sur la gouvernance, y compris la réforme du secteur de la sécurité, est également essentiel pour pérenniser la paix, recréer un contrat social fort et, le cas échéant, préparer le terrain pour une stratégie de sortie.

De plus, toute transition réussie et durable suppose que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits, a poursuivi Mme Van Vlierberge.  À cet égard, la Belgique et l’Union européenne prônent une approche globale et intégrée de l’action de l’ONU sur le terrain, en prenant en compte le cycle complet du conflit et les différents intervenants onusiens.  En effet, a tranché la représentante, l’ONU reste un partenaire essentiel des pays en transition, et la mise en œuvre complète des réformes en cours à l’ONU contribuera à optimiser ce partenariat.  Avant de conclure, elle a salué le travail de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix.  La Belgique appelle d’ailleurs les États Membres à accroître leurs contributions à ce Fonds et encourage l’approfondissement des relations du Fonds avec les institutions financières internationales.

Le succès de la transition du maintien de la paix vers la consolidation de la paix est essentiel pour maintenir une stabilité et une sécurité durables dans le monde, a estimé Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis).  L’ONU compte 14 missions de maintien de la paix et 11 missions politiques spéciales en activité, a rappelé la représentante.  L’objectif de chacune de ces missions est de procéder à un retrait progressif et de fermer, comme nous l’avons récemment fait en Côte d’Ivoire et au Libéria, et précédemment au Timor-Leste, a-t-elle ajouté, ajoutant que la gestion efficace du processus de transition pouvait être un défi complexe à relever. 

Selon la représentante, seule une transition menée par le pays hôte, avec l’appui total des États Membres, des organisations régionales et de l’ONU, est susceptible de déboucher sur une paix et une sécurité durables.  La planification et la communication sont également des éléments clefs du processus, a-t-elle ajouté.

Pour que les transitions soient réussies, toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement hôte, le Conseil de sécurité, les acteurs régionaux, le Secrétariat de l’ONU et la société civile, doivent prendre part à une phase de planification approfondie.  Pour cette raison, la représentante a appelé à ce que chaque mission ait une stratégie de sortie claire. 

Définir des jalons pendant les transitions constituent un indicateur essentiel pour garantir que toutes les parties prenantes, y compris le pays hôte, respectent les obligations qui contribueront à assurer une paix et une sécurité durables, a ajouté la représentante.  Les femmes doivent également jouer un rôle plus significatif dans les transitions du maintien de la paix vers la consolidation de la paix, a estimé la représentante. 

En octobre 2019, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) remplacera la Mission des Nations Unies pour l’appui de la justice en Haïti (MINUJUSTH), a rappelé Mme Norman-Chalet, ajoutant que cette transition vers une mission politique spéciale, après plus de 15 ans de maintien de la paix, constitue une étape importante.  Une fois terminée, nous pourrons faire de Haïti un exemple de transition réussie et sous contrôle national, a-t-elle dit.

Comme le Conseil de sécurité l’a répété à maintes reprises, c’est au Gouvernement haïtien qu’il incombe au premier chef de s’attaquer aux facteurs sous-jacents de l’instabilité, a poursuivi la représentante.  Selon elle, la réussite de la transition dépendra en grande partie des progrès réalisés par le Gouvernement haïtien dans divers domaines, notamment la tenue d’élections libres et équitables, la professionnalisation de la police nationale, la réduction de la violence communautaire et la lutte contre les gangs, la protection des droits de l’homme et la réforme du secteur de la justice.

Il est essentiel que le Gouvernement haïtien saisisse l’occasion offerte par le BINUH, a insisté la représentante.  En plus d’impliquer toutes les parties prenantes haïtiennes, y compris les femmes, les autorités du pays doivent continuer à travailler en étroite collaboration avec l’ONU et les partenaires internationaux pour jeter les bases d’un avenir prospère, a-t-elle estimé.

Si, au sortir d’un conflit, un pays ne dispose pas des conditions économiques, sécuritaires et institutionnelles appropriées, a estimé M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine), la situation risque fortement de déboucher sur une reprise du conflit.  Aussi le représentant a-t-il appelé à trouver un équilibre, lors des phases de retrait, entre les facteurs budgétaires et les besoins sur le terrain, afin d’éviter que ces phases ne se traduisent par une remise en cause des acquis. 

Le représentant a appelé l’ONU à adapter la consolidation de la paix aux besoins des pays hôtes et à garantir une plus grande participation des jeunes et des femmes lors des phases de transition.  Il a également souligné l’importance d’allouer aux pays hôtes les ressources financières nécessaires à leurs programmes de développement. 

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) s’acquittent de tâches fondamentales pour apporter aux pays hôtes les ressources dont ils ont besoin, a estimé le représentant, jugeant que les fonds d’affectation spéciale sont le bon format pour canaliser ces ressources.

Le représentant a en outre appelé l’ONU à renforcer son partenariat avec les institutions financière multilatérales et le secteur privé lors des phases de consolidation de la paix.  Il a aussi appelé à davantage de coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Parallèlement, l’ONU doit, selon lui, travailler davantage avec les organisations régionales et sous-régionales.  Enfin, le représentant a estimé que la réconciliation est un facteur fondamental de la pérennisation de la paix.

M. VICTOR MANUEL ELÉ ELA (Guinée équatoriale) a déclaré que la complexité et la durée des conflits actuels, ainsi que leur lien avec la criminalité organisée et le terrorisme, rendent nécessaire d’investir pour réorganiser la manière dont l’architecture onusienne aide les pays pendant la période de transition vers la paix.  Il a souligné, à son tour, que le développement inclusif et durable est le meilleur moyen d’empêcher un pays de replonger dans le conflit.  À cet égard, il a encouragé le Secrétaire général à « garantir » le succès de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Le représentant a salué le travail et le « rôle unique » de la Commission de consolidation de la paix.  Il a estimé que la communauté internationale doit fournir une assistance « sincère » aux pays pour faciliter leur redressement économique. 

Les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales sont les outils les plus efficaces à la disposition de l’ONU pour promouvoir la paix et la stabilité, a estimé M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie).  « Mais ce ne sont pas des baguettes magiques », a-t-il nuancé.  « Il y a des limites à ce qu’elles peuvent accomplir. »  Pour éviter les risques croissants de reprise des conflits, le représentant a appelé à renforcer la gestion des phases de transition. 

Selon lui, la transition ne doit pas être perçue comme une fin en soi, mais plutôt comme un « processus de long terme qui commence avant et se poursuit après la clôture des missions ».  Aucune entité de l’ONU n’est capable à elle seule d’appuyer la paix lors des transitions, a-t-il estimé.  Nous avons besoin d’une planification intégrée en amont, en faisant appel à différentes entités de l’ONU et en développant une vision claire de la répartition des tâches, y compris entre la mission et l’équipe de pays.  L’établissement de partenariats avec des acteurs autres qu’onusiens est également essentiel, notamment avec les organisations régionales et les institutions financières internationales, a-t-il jugé.

Par ailleurs, le représentant a affirmé la primauté de l’appropriation nationale dans la consolidation de la paix.  Il a ainsi estimé que le succès d’une transition dépend du renforcement des capacités nationales et locales à capitaliser sur les gains enregistrés dans le cadre des missions.  L’appui international peut jouer un rôle de catalyseur, a estimé le représentant, à condition qu’il corresponde aux priorités stratégiques nationales, dans le respect de la souveraineté du pays.

Dans ce cadre, le représentant a appelé à garantir un financement adéquat, prévisible et durable au-delà du retrait de la mission.  Il a notamment appelé à ce que l’aide publique au développement soit davantage dirigée vers la consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix devrait également explorer des financements innovants, a-t-il ajouté, appelant à renforcer le rôle consultatif de la Commission auprès du Conseil de sécurité lors des phases de transition, mais aussi lors des phases de renouvellement des mandats, comme cela a été le cas avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Enfin, le représentant a demandé au Secrétaire général d’inclure dans ses rapports sur les missions des recommandations pour minimiser les risques liés au retrait et une liste des jalons devant être atteints pour garantir une transition responsable.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a estimé que la problématique du renforcement des partenariats pour une appropriation nationale des transitions s’inscrit parfaitement dans l’histoire récente de son pays: après 13 ans de présence, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a pris fin le 30 juin 2017.  La transition réussie en Côte d’Ivoire est la résultante d’un long cheminement débuté en 2004 et nourri au fil des ans par une appropriation nationale forte de l’ensemble du processus de sortie de crise et de consolidation de la paix, a expliqué le représentant.  C’est surtout l’histoire d’une coopération multiforme et exemplaire entre le Gouvernement ivoirien et l’ensemble du système des Nations Unies, renforcée par des partenariats stratégiques coordonnés avec les acteurs institutionnels régionaux et de développement, a-t-il encore précisé.

À la lumière de son expérience nationale, la Côte d’Ivoire tient à insister sur la nécessité de définir des objectifs prioritaires clairs et précis dans des domaines jugés indispensables à la réussite du plan de transition, tout en tenant compte des facteurs de vulnérabilité susceptibles de causer une résurgence de la crise.  La définition de ces objectifs doit se faire dans le cadre d’une approche inclusive, en lien avec le gouvernement du pays hôte et tous les acteurs nationaux pour permettre une vision politique affirmée et partagée de la transition, et pour faire les évaluations en vue d’ajustements nécessaires au mandat de la mission onusienne. 

Pour le représentant, la réussite d’une transition est tributaire de l’appropriation nationale du processus, d’une part, et d’une communication stratégique sur les objectifs et le bien-fondé de l’action onusienne, d’autre part.  Il a souligné le rôle crucial qu’a joué la Radio « ONUCI FM » qui, dans le processus de transition en Côte d’Ivoire, a contribué à combler le fossé de méfiance et à rapprocher les populations locales des Nations Unies.  Appelée aujourd’hui « radio de la paix », elle poursuit toujours la promotion de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

Le représentant a également mis en exergue la contribution significative aux processus de transition des acteurs régionaux et sous-régionaux, ainsi que des bureaux régionaux des Nations Unies, en citant notamment l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que le bureau régional des Nations Unies au Sahel dans le cas de la Côte d’Ivoire.  Il a également salué la coopération fructueuse entre son pays et la Commission de consolidation de la paix qui a permis la mobilisation des ressources nécessaires au financement de projets prioritaires.

Pour M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et du culte d’Haïti, il faut poursuivre la réflexion sur les principales exigences de la paix durable, en tenant compte de la situation particulière de chaque pays.  Ces discussions doivent être axées sur les trois piliers interconnectés et interdépendants de l’action de l’ONU, ainsi que sur la prise en compte des problèmes réels des pays, des besoins essentiels des populations et des priorités fixées par les autorités nationales.  D’où la nécessité d’un effort particulier de cohérence, de renforcement de partenariats, de création de nouveaux partenariats et de coordination à tous les niveaux, en vue de faire renaître la confiance et de maximiser les possibilités de développement à long terme.

Saluant les efforts de l’ONU en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, le Ministre a toutefois souligné que la situation d’Haïti doit être bien comprise.  « Vous conviendrez avec moi que mon pays n’est pas sorti d’une situation de conflit armé », a-t-il déclaré, en rappelant que depuis 2004, la MINUSTAH a évolué vers la MINUJUSTH qui, à compter du 16 octobre, sera remplacée par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).  Cela marque, à ses yeux, une reconnaissance des efforts déployés par les autorités haïtiennes, avec l’appui des missions de l’ONU.  Le Ministre a fait état de progrès indéniables comme le renforcement des capacités de la Police nationale, ou encore dans les domaines des droits de l’homme, de la justice, de la démocratie et de l’état de droit.  Cependant beaucoup reste à faire, a admis le Ministre, qui a pris note des principales tâches assignées au BINUH.

Il a appelé à tenir compte de l’importance croissante des effets des changements climatiques et des catastrophes naturelles sur la sécurité et la stabilité d’Haïti, un point de vue également défendu par le Groupe consultatif ad hoc de l’ECOSOC sur Haïti.  Pour le Ministre, la présence du BINUH doit tendre à appuyer les efforts des autorités nationales et les initiatives de la société civile pour s’attaquer aux causes profondes de la méfiance, de l’insécurité et de l’instabilité qui constituent « à coup sûr » des freins au développement à long terme du pays.  Les missions de l’ONU doivent être à la hauteur des principales urgences auxquelles font face les pays, et, dans le cas d’Haïti, le Ministre a cité les urgences sécuritaires, alimentaires, environnementales et humanitaires, y compris le choléra.

À cet effet, il a insisté sur l’importance d’un financement inconditionnel et soutenu des efforts de développement à long terme ainsi que sur la nécessité d’un dialogue soutenu entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, afin que la présence onusienne dans un pays comme Haïti soit intégrée, équilibrée et synergique.

M. FIDELIS LEITE MAGALHÃES, Ministre de la réforme législative et des affaires parlementaires du Timor-Leste, a déclaré que cette réunion vient à point nommé car elle coïncide avec le vingtième anniversaire de la consultation populaire administrée par l’ONU et mandatée par le Conseil par le biais d’une mission politique spéciale.  Il s’agit de la Mission d’assistance des Nations Unies au Timor-Leste, qui a permis au pays d’accéder à l’autodétermination.  Fort de cette expérience de partenariat avec l’ONU, le Ministre a mis en exergue l’importance du leadership et de l’appropriation.  Selon lui, aucune appropriation des processus de transition n’est possible sans le plein engagement des dirigeants nationaux.  Il a mis en exergue le caractère vital de consultations régulières, larges et sincères avec les gouvernements et chefs de file locaux durant toute la vie de la mission et, de façon plus intense, quand elle est sur le départ. 

Ainsi, pour le Ministre, il importe de donner aux gouvernements le pouvoir de déterminer la durée et la stratégie de sortie de toute mission.  Il a rappelé qu’en conséquence, son pays avait créé un comité de haut niveau avec des représentants de l’État et la Mission.  Ce comité était chargé de rédiger un plan conjoint de transition.  Une fois les principaux aspects de ce plan réalisés, le Timor-Leste a décidé que pour que l’assistance soit optimale, elle devait être poursuivie par l’équipe de pays et les partenaires bilatéraux et multilatéraux, au lieu d’une autre mission de maintien de paix ou politique spéciale.  C’est là aussi qu’une « relation de coopération novatrice » a été proposée sous la forme d’un envoyé spécial du Secrétaire général chargé du renforcement et du développement des institutions, en se fondant sur le plan stratégique national de développement.  Le financement est fondamental pour le succès de toute transition, a-t-il insisté, ajoutant que l’aide publique au développement doit être dûment coordonnée pour faciliter la stratégie de sortie d’une mission.    

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Clôture du Forum politique pour le développement durable: « inclusion, justice et engagement politique » sont les domaines à renforcer, selon la Vice-Secrétaire générale

Session de 2019,
33e séance plénière – après-midi
ECOSOC/7007

Clôture du Forum politique pour le développement durable: « inclusion, justice et engagement politique » sont les domaines à renforcer, selon la Vice-Secrétaire générale

À la clôture du Forum politique de haut niveau pour le développement durable aujourd’hui, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a résumé les plus grandes attentes, pour les années à venir, en trois points: l’inclusion, la justice et l’engagement politique.  Mme Amina J. Mohammed, qui a aussi relevé les nombreuses déclarations sur les changements climatiques au cours de ces derniers jours, a souhaité que des mesures concrètes soient prises au cours du Sommet de septembre qui sera consacré à cette question.

Le Forum politique de haut niveau, qui se tenait sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) en session ministérielle cette semaine, a adopté son projet de rapport, mais pas de déclaration politique car il se réserve cette tâche pour septembre, lorsqu’il se réunira sous les auspices de l’Assemblée générale.

« Même si le tableau d’ensemble est mitigé, nous avons fait des progrès, parfois en dépit de la politique et de vents contraires », a noté la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, en faisant le bilan de cinq jours d’examens nationaux volontaires et de débat général.  

Aujourd’hui encore, les ministres et autres représentants d’États Membres ont fait part de leurs avancées respectives sur le plan national dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Celle-ci passe généralement par des plans et des politiques qui intègrent les objectifs de développement durable et les adaptent aux pays.  En Argentine, c’est le Conseil national de coordination de politiques sociales qui est chargé de le faire.

Les États Membres ont également tenu à souligner les défis qu’il faut encore relever.  Prendre en compte les besoins des plus pauvres et des personnes vulnérables a été au cœur des préoccupations, dans un objectif d’inclusion qui est bien celui du Programme 2030, censé « ne laisser personne de côté ».  Comme d’autres délégations, l’Australie a attiré l’attention sur ce qui doit être fait pour améliorer le sort des femmes, des autochtones, des personnes handicapées et des personnes LGBTI, en leur donnant les chances de s’exprimer dans les décisions qui affectent leur vie.

Outre l’inclusion et l’égalité de droits, le multilatéralisme et les partenariats ont été souvent invoqués comme des conditions essentielles à la réalisation du développement durable au niveau mondial.  Le Lesotho, comme beaucoup d’autres délégations, a plaidé pour que les partenaires au développement apportent leur contribution indispensable pour accompagner les efforts de développement nationaux.  En ce qui concerne l’aide publique au développement (APD), le Royaume-Uni a dit être l’une des rares nations industrialisées à y consacrer 0,7% de son revenu national brut.

L’équilibre nécessaire entre développement économique et protection de l’environnement a été mis en avant par les États-Unis comme par le Bélarus.  Ce dernier, qui vise « une économie florissante », a dit avoir récemment mis en service sa première centrale nucléaire pour réduire de 10 millions de tonnes la production nationale annuelle de gaz carbonique.  L’Allemagne, a d’ailleurs mis en garde contre le risque de passer à côté des prescriptions contenues dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Ce pays entend donc doubler sa contribution en faveur de la lutte contre les changements climatiques.

Certaines délégations, comme les Pays-Bas et le Danemark, ont laissé des jeunes représentants prendre la parole pour montrer leur réelle implication dans cette vague d’efforts.  Au Danemark par exemple, un conseil climatique formé de jeunes formule des recommandations destinées au Gouvernement et collabore avec des contemporains du Ghana.  La déléguée danoise a demandé d’impliquer la jeune génération au niveau local en créant des espaces d’expression qui leur soient dédiés.  Cela peut commencer avec les sommets de septembre au Siège de l’ONU, a-t-elle suggéré, anticipant ainsi les recommandations de la Vice-Secrétaire générale à ce sujet: « la communauté internationale doit écouter davantage les jeunes et les enfants, afin de savoir qu’elles sont leurs attentes », a-t-elle dit pour conclure son intervention.

L’ECOSOC se réunira demain, vendredi 19 juillet, à partir de 10 heures, pour achever son débat général et discuter des tendances et des actions à long terme, avec de conclure sa session de haut niveau dans la soirée.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉE SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL -

Suite du débat général

M. PHILIP MPANGO, Ministre des finances et du plan de la République-Unie de Tanzanie, a dit que son gouvernement a présenté cette année son premier examen national volontaire qui a mis en exergue les succès du pays dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Cette réussite dépend en grande partie du leadership et de la volonté politique au plus haut niveau.  La Tanzanie a fait des progrès dans de nombreux domaines comme l’énergie, les investissements, le transport, la maîtrise de l’inflation, la stabilité du taux de change et la diminution du taux de pauvreté.  Les défis n’en demeurent pas moins nombreux, a-t-il reconnu en citant notamment les domaines des infrastructures, de la communication et de l’information.

M. NANDCOOMAR BODHA (Maurice) a dit que dans la réalisation du Programme 2030, l’île s’est focalisée sur l’éducation qui est universelle et plus inclusive, ainsi que sur la formation technique et professionnelle.  Le pays se consacre aussi à l’objectif de travail décent pour tous et a pris des mesures pour accroître le taux de femmes sur le marché de travail.  Le Gouvernement a introduit le revenu minimum pour améliorer le pouvoir d’achat, a ajouté le représentant avant de parler des investissements faits dans les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques et des risques de catastrophes naturelles. 

M. TLOHELANG AUMANE, Ministre du développement et de la planification du Lesotho, a indiqué que son pays a mis sur pied un plan stratégique de développement qui intègre les objectifs de développement durable.  Le Ministre a précisé que les actions du Lesotho ciblent quatre domaines majeurs: l’agriculture, le tourisme, les industries créatives et les technologies de l’information et des communications (TIC).  De même, le secteur privé s’est engagé à créer 30 000 emplois grâce à des investissements de 1,5 milliard de dollars.  Le Ministre a plaidé pour que les partenaires au développement apportent une contribution indispensable pour accompagner les efforts de développement du pays, notamment pour l’aider à s’intégrer dans les chaînes de valeurs mondiales.

Mme MARIA FLACHSBARTH, Parlementaire et Secrétaire d’État auprès du Ministère de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a plaidé pour un multilatéralisme fort en vue de réaliser le Programme 2030.  Elle a mis en garde face au risque de passer à côté des prescriptions contenues dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques, annonçant que l’Allemagne entend doubler sa contribution en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  Le Parlementaire a ensuite souligné que la coopération au développement de l’Allemagne a apporté une assistance à plus de 13 millions de personnes entre 2015 et 2017, notamment trois millions de jeunes à travers le monde qui ont reçu un soutien pour faciliter leur accès à l’éducation secondaire.  Elle a aussi invité les décideurs qui vont se réunir en septembre à l’Assemblée générale à faire plus d’efforts, car « il faut agir maintenant » et être plus ambitieux si l’on veut réaliser « un avenir durable ».

M. RACHID BLADEHANE, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a dit que son gouvernement a pris des mesures spécifiques pour réaliser les objectifs de développement durable à caractère social.  Le pays a optimalisé les ressources nationales dans cette direction.  Mais, a indiqué M. Bladehane, l’aide publique au développement doit être mobilisée davantage pour la mise en œuvre du Programme 2030.  L’Algérie, qui a passé son examen national volontaire, cherche plus de partenariats pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il expliqué.

Mme CATHERINE ADAM (Canada) a déclaré que l’inclusion et l’égalité sont au centre de la politique canadienne car elles sont le moteur qui permet d’offrir une vie meilleure à tout le monde.  La Canada accorde une attention particulière aux pays en situation particulière, a ajouté la représentante qui a rappelé les mesures prises par le Gouvernement canadien à cet égard: élaboration d’une stratégie nationale de développement et définition des indicateurs de développement.  La représentante a réitéré que « l’inclusion » est au centre de la réalisation du Programme 2030 au Canada.  Le Gouvernement a, d’ailleurs, pris des mesures spécifiques en faveur des peuples autochtones et pour la protection des vastes ressources du Canada.  

Mme NERISSA COOK, Sous-Secrétaire d’État aux organisations internationales des États-Unis, a souligné qu’il revient à chaque État de mettre en place des politiques pour l’essor et l’épanouissement de ses populations.  De même, les États-Unis soutiennent la démocratie et l’état de droit à travers le monde.  Elle a dit que créer des emplois est crucial pour construire des sociétés plus prospères.  De même, il est indispensable d’adapter la main d’œuvre aux exigences du marché du travail d’aujourd’hui et de demain, notamment par une éducation de qualité.  C’est ce que les États–Unis font à travers le monde, a-t-elle assuré.  Mme Cook a ainsi relevé que grâce à son pays, plus de 33 millions de gens à travers le monde ont pu bénéficier d’une éducation de qualité en 2018.  Les États-Unis appuient également une approche équilibrée entre le développement économique et la protection de l’environnement.  Le pays se présente même comme un chef de file sur ce dernier point, a dit Mme Cook en expliquant que l’approche commerciale adoptée par les États-Unis a permis de réduire de 14% sa production annuelle de gaz à effet de serre depuis 2005.

Mme LARYSA BELSKAYA, Chef de la Direction générale pour la diplomatie multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a indiqué que son pays a créé une plateforme nationale de mise en œuvre des objectifs de développement durable, tout en élaborant 255 indicateurs pour le suivi.  Elle a estimé que pour réaliser les objectifs, il faut avoir en premier lieu une économie florissante.  C’est ainsi que les efforts du Gouvernement visent à trouver un équilibre entre essor économique et protection de l’environnement.  Par exemple, l’entrée en service de la première centrale nucléaire du pays va permettre de réduire de 10 millions de tonnes la production nationale annuelle de gaz carbonique, s’est-elle félicitée.   

M. NIGEL BRUCE (Australie) a relevé les progrès réalisés par des petits États insulaires du Pacifique, comme Vanuatu, Fiji et Tonga, dans la mise en œuvre du Programme 2030, en soulignant, toutefois, les difficultés que rencontrent ces pays pour faire face aux effets des changements climatiques. Il a donc plaidé en faveur des efforts pour soutenir les pays du Pacifique et réduire les risques de catastrophe, en recommandant de faciliter l’influence des femmes dans la recherche de solutions.  Le représentant a également plaidé pour la prise en compte des besoins des plus pauvres et des personnes vulnérables, notamment des femmes, des autochtones, des handicapés et des personnes LGBTI, en leur donnant les chances de s’exprimer dans les décisions qui affectent leur vie.  Il a donné les exemples de ce que fait son pays en faveur des handicapés et pour promouvoir des solutions soucieuses du genre.

Mme GABRIELA AGOSTO, Directrice exécutive du Conseil national pour la coordination des politiques sociales de l´Argentine, a dit que son gouvernement avait commencé en décembre 2015 le processus d´alignement du Programme 2030 sur les priorités nationales, avec comme but la « Pauvreté Zéro ».  Depuis lors, le Conseil national de coordination de politiques sociales a coordonné la mise en œuvre du Programme 2030 sur le plan national.  Le pays a présenté son Examen national volontaire en 2017 et présentera le deuxième en 2020.  Pour arriver à un développement durable, il faut des institutions publiques responsables, compétentes et inclusives à tous les niveaux et une société libre et démocratique, ainsi qu’une bonne protection des droits de l´homme, a relevé Mme Agosto.  Le Conseil national travaille actuellement à la publication, cette année, d’une série d´études sur les questions transversales contenues dans le Programme 2030.

Mme ELENA BERADZE, Directrice adjointe de l’administration de la Géorgie, a annoncé que pour réaliser le Programme 2030, le Gouvernement géorgien a créé le Conseil national des objectifs de développement durable et a adopté un plan national de développement.  Il accorde une importance particulière à l’objectif 16 sur la justice et la paix « qui est un élément de succès de tout le Programme 2030 », selon elle.  La Géorgie se focalise aussi sur l’objectif 4 (éducation de qualité) en y consacrant 6% du PIB et sur l’objectif 6 (eau et assainissement), tout en œuvrant pour arriver à avoir une croissance économique forte.  Elle milite en même temps pour atténuer les incidences des changements climatiques.  À cet égard, la Géorgie compte réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre avant 2030.

M. ASSOUMAN MAINASSARA, Directeur général du plan de la prospective du Niger, a dit que son gouvernement a, dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de développement économique et social, pris des mesures pour assurer un développement inclusif et réduire les inégalités entre les citoyens.  Ces mesures portent sur la promotion économique des jeunes, l’autonomisation des femmes et la protection sociale, a-t-il précisé.  Le Directeur a appelé à ne pas perdre de vue le lien entre le climat et l’insécurité.  L’accélération des échanges à l’intérieur des régions reste un moyen d’inclusion et de création d’opportunités économiques pour la réduction des inégalités, a-t-il fait valoir.

M. GWENAEL ROUDAUT, Chef adjoint de l’Unité du suivi des projets stratégiques au Ministère de la transition écologique de la France, a rappelé que la France a présenté son examen volontaire parmi la première cuvée de pays en 2016.  Néanmoins, chaque année, le pays fait un rapport de mise en œuvre afin d’évaluer les avancées.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts, tout en plaidant pour un multilatéralisme plus fort.  Il a aussi dit que la France a fait de la lutte contre les inégalités le cheval de bataille de sa présidence du G7.  De même, la France entend augmenter son APD qui va atteindre 0,55% de son revenu national brut d’ici à 2020, pour se rapprocher de l’objectif de 0,7%.  La France est également l’un des pays œuvrant pour mobiliser le monde de la finance dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, a—t-il affirmé.

M. MODIBO TRAORÉ, Directeur de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Mali, a parlé des obstacles qui entravent l’essor de son pays, au rang desquels le terrorisme et les changements climatiques.  Un nouveau document stratégique de développement vient d’ailleurs d’être adopté par le Gouvernement, qui prend en compte les cibles prioritaires pour le Mali.  Pour résoudre les principaux problèmes du pays, M. Traore a souligné que les ménages les plus pauvres et souffrant d’insécurité alimentaire bénéficient de transferts d’argent du Gouvernement.  Sur le plan sécuritaire, les communautés du pays ont été invitées à un forum national pour la paix, a-t-il indiqué.  

M. BELGACEM AYED, Directeur général du Ministère du développement et de l’investissement de Tunisie, a affirmé que la réalisation du Programme 2030 nécessite la mobilisation de ressources financières et des transferts de technologies.  Les succès de la Tunisie dans les domaines démocratiques et sociaux ne doivent pas occulter les défis qui restent à relever, notamment en termes de réforme structurelle et institutionnelle et sur le plan économique.  La Tunisie s’engage, a assuré M. Ayed, à poursuivre la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle s’engage à avoir une croissance économique qui respecte la viabilité environnementale et qui soit fondée sur les droits de la personne.

M. TOM OKIA OKURUT, Directeur exécutif de l’Autorité de gestion de l’environnement de l’Ouganda, a d’abord mis en avant les succès enregistrés par son pays dans le secteur de l’éducation, avec la scolarisation de plus trois millions d’enfants, ainsi que sur le plan économique, avec la mise en place d’une politique industrielle qui a débouché sur plus de 5% de croissance économique.  Le pays a également réussi à réduire la vulnérabilité des personnes âgées.  En outre, le Gouvernement a mis en œuvre une politique d’amélioration de la productivité agricole.  Pour ce qui est des changements climatiques, le Gouvernement ougandais préconise des solutions naturelles pour préserver les forêts nationales.  Dans le domaine de l’état de droit, le Gouvernement a créé une juridiction spéciale pour les droits de l’homme et un tribunal spécialisé dans la lutte contre la corruption.  

Mme ROBYN SKERRAT, Chef de l’Unité des objectifs de développement durable au Département du développement international du Royaume-Uni, a indiqué que son pays a présenté son premier examen volontaire cette année.  Elle a plaidé pour que des efforts soient faits en faveur de l’action climatique.  Selon elle, le Sommet de septembre est important à cet égard.  Le Royaume-Uni est la première économie du groupe du G20 qui a prévu de parvenir à la neutralité de carbone d’ici à 2030, s’est-elle félicitée, ajoutant même que le pays est l’un des rares, parmi les nations industrialisées, à consacrer 0,7% de son revenu national brut pour l’APD.  Elle a enfin plaidé pour l’égalité entre les sexes et pour une croissance qui bénéficie à tous.

Mme LISE GREGOIRE-VAN HAAREN (Pays Bas) a cité la crise climatique et le manque d’accès à la justice comme les défis qui affectent le plus les populations les plus pauvres.  Elle a donc plaidé pour l’atténuation des effets des changements climatiques mais aussi pour que les sociétés soient davantage résilientes grâce aux efforts d’adaptation.  Son pays est heureux d’accueillir la Commission mondiale pour l’adaptation, qui publiera son rapport phare pendant le Sommet de septembre.  Rappelant aussi que cinq milliards de personnes souffrent du manque d’accès à la justice, d’après le rapport « Pathfinders Task Force on Justice », coprésidé par les Pays-Bas, Elle a appelé à s’engager davantage pour arriver à un accès universel à la justice d’ici à 2030.  C’est ce à quoi son pays s’attèle par le biais de son aide au développement.

Prenant la parole à son tour, un jeune des Pays-Bas a fait remarquer que les jeunes sont affectés de manière disproportionnée par ces problèmes, prédisant un mouvement de jeunes qui sera le plus important mouvement mondial de l’histoire lorsque la crise climatique sera à son maximum.  Il a demandé que les jeunes soient inclus dans les processus politiques de façon systématique et non de manière sélective, avant de proposer de créer des conseils de jeunes sur la durabilité qui seraient élus démocratiquement par les jeunes.  Il a aussi souhaité que les ministres soient rendus responsables de leurs actions ou de leur inaction.

La jeunesse déléguée du Danemark, Mme BJERRE, a dit combien il est important que les jeunes soient représentés.  Elle a assuré que les jeunes, partout à travers le monde, agissent pour un monde meilleur.  Au Danemark par exemple, un conseil climatique formé de jeunes formule des recommandations au Gouvernement et collabore même avec des jeunes du Ghana.  La jeune déléguée a déploré un système mondial qui n’est pas adapté aux changements.  C’est pourquoi la jeune génération perd foi en l’ONU, a-t-elle déploré.  « Que feront donc les futures générations si ce système n’est pas à la hauteur? »  Elle a donc souhaité « que les jeunes soient associés pour faire bouger les choses », notamment en les impliquant au niveau local, ou encore en créant des espaces d’expression qui leur soient dédiés.  Cela peut commencer avec le Sommet de septembre au Siège de l’ONU, a-t-elle suggéré.

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a dit que les progrès économiques et sociaux doivent être faits en respectant la nature.  Le Programme 2030 requiert des moyens financiers pour sa mise en œuvre ainsi que des transferts de technologies.  Le représentant a souligné l’importance du principe de « responsabilité commune mais différenciée » dans la réalisation des objectifs de développement durable tout en assurant que le Programme 2030 est devenu la politique de développement de l’État en Équateur.  Le représentant a insisté sur l’importance des transferts de connaissance respectant la culture.  Il a aussi reconnu la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale, les flux financiers illicites et la corruption.  Concernant les changements climatiques, il s’est dit favorable à une approche fondée sur les droits de l’homme.

Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a dit que son gouvernement était le premier pays à s’être présenté à l’examen national volontaire en 2016.  Des progrès dans la gouvernance et la réalisation du Programme 2030 ont été enregistrés depuis, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que le Gouvernement avait intégré 232 indicateurs de développement durable dans son plan national de développement.  Le pays a également défini un modèle d’augmentation de la productivité et mené une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre en augmentant les investissements dans l’énergie propre. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que son pays a présenté son examen volontaire l’an dernier.  Le plan national de mise en œuvre des objectifs de développement durable est en cours et le pays entend investir dans une éducation de bonne qualité, condition préalable à l’accès à un travail décent.  Sur le plan environnemental, des progrès ont été réalisés et le passage à une économie circulaire à faible utilisation de carbone est également en bonne voie.  La déléguée a assuré que la Grèce est attachée à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, avant de confirmer l’engagement hellénique en faveur des objectifs de développement durable.

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a estimé que la mise en œuvre des objectifs de développement durable passe par des décisions courageuses pour une transformation des économies.  Il est par exemple question de se départir du carbone.  En tout cas, la Nouvelle-Zélande a opté pour le bien-être de sa population.   C’est pourquoi un « budget axé sur le bien-être » a été récemment adopté, une première dans le pays, a dit le délégué.  En tant que pays du Pacifique, la Nouvelle-Zélande apporte son soutien aux petits États insulaires en développement (PEID) de sa région.  Pour lutter contre les changements climatiques, la Nouvelle-Zélande a pris des mesures appropriées, notamment dans le domaine agricole, a dit M. Hawke en assurant que le pays entend partager son expérience avec d’autres États.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, SR (Libéria) a demandé à la communauté internationale d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 en mobilisant les ressources financières nécessaires comme prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba pour le financement du développement.  Le Liberia promeut la justice, la démocratie, l’ouverture économique et l’accès à l’information, a assuré le représentant.  Le Liberia va, a-t-il annoncé, présenter une résolution à l’Assemblée générale pour faire de la journée du 28 septembre la « Journée mondiale de l’accès à l’information ».  En outre, le Liberia fera une présentation dans le cadre de l’examen national volontaire en 2020.

Pour MAURO VIEIRA (Brésil), la réalisation du Programme 2030 suppose la transformation structurelle des sociétés.  Le Brésil a ainsi entamé récemment des réformes d’envergure pour aller de l’avant.  Le représentant a demandé de ne pas perdre de vue l’esprit du Programme 2030 qui est de « ne laisser personne de côté ».  La priorité du Brésil est l’objectif 16 de développement durable sur la paix et la justice.  Pour ce faire, le Gouvernement a adopté des mesures en faveur de l’état de droit et a jeté les bases pour réaliser « l’avenir que nous voulons », leitmotiv du Programme 2030.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé que les progrès sont lents pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a estimé que le développement durable n’a pas de sens sans le respect du droit.  Il a aussi insisté sur la transversalité du Programme, précisant qu’aucune solution durable ne sera possible si l’on travaille seul.  C’est pourquoi la Belgique plaide pour un multilatéralisme efficace pour faire avancer les objectifs nationaux et internationaux.  Enfin, la Belgique plaide pour l’accélérations des efforts, à commencer par le Sommet de septembre.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a déclaré que son pays entend poursuivre ses efforts pour améliorer les conditions de vie de sa population, y compris par une économie résiliente et à faible consommation de carbone.  Les inégalités de salaires et de chances seront aussi parmi les priorités du Gouvernement.  Le représentant a aussi indiqué que la Lettonie poursuit ses efforts dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a terminé en se félicitant du fait que la délégation lettone au Forum politique de cette année compte en son sein un jeune, une première pour ce pays.

M. ZHAOXU MA (Chine) a dit que le développement est la clef pour trouver des solutions à tous les problèmes des pays.  Le Programme 2030 est « un modèle pour tous » en ce qu’il est axé sur la personne humaine.  Pour le réaliser, le représentant a appelé à favoriser le multilatéralisme, la coopération internationale, notamment la coopération Sud-Sud.  Il a lancé un appel particulier aux pays développés pour qu’ils respectent leurs engagements en termes d’APD.  Aux pays en développement, il a demandé de renforcer la coopération Sud-Sud et d’intégrer les objectifs de développement durable dans leurs plans de développement à long terme.  Ces pays doivent aussi mettre l’accent sur les infrastructures, le renforcement des capacités et un environnement sain, a-t-il ajouté.

Le représentant a également plaidé pour que le commerce mondial soit fondé sur les quatre valeurs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a demandé que l’on aide les pays en développement à mieux s’intégrer dans l’économie mondiale, notamment dans le projet de la « Route de la soie. »  En ce qui concerne la Chine, le représentant a dit que la mise en œuvre du Programme 2030 a permis d’obtenir des résultats plus tôt que prévus, ce qui aidera à orienter les actions futures.  La Chine veut partager son expérience en matière de développement, a—t-il assuré.

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a appelé à agir, car l’heure tourne: « nous devons renouveler notre engagement collectif à protéger la planète ».  L’élimination de la pauvreté et le développement inclusif restent la priorité, a-t-il dit.  L’Éthiopie a d’ailleurs mis en œuvre une politique en faveur des pauvres pour inclure les groupes marginalisés.  En dépit des progrès, il nous faut accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a reconnu le délégué en disant que son gouvernement avait mis en place son programme de développement à l’horizon 2030.  Avant de terminer, M. Made a souligné l’importance du partenariat mondial qui doit s’accompagner du multilatéralisme et d’actions véritables, ainsi que de l’appui financier et technologique. 

M. MACHARA KAMAU, Secrétaire principal au Ministère des affaires étrangères du Kenya, a dit que son gouvernement entend arriver à la gratuité de l’éducation primaire et secondaire.  De même, le pays entend créer des emplois décents en misant notamment sur le secteur manufacturier.  De même, un fonds de péréquation a été constitué pour garantir l’équité et ne pas faire de laissés pour compte.  M. Kamau a aussi souligné que son gouvernement a pris des mesures pour assurer la reddition de la justice à tous les Kényans.  Et dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, les autorités ont établi 131 indicateurs et entendent renforcer les institutions de statistiques.  

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que 2019 est l’année des investissements sociaux dans son pays, notamment en faveur des domaines comme l’éducation des jeunes.  Il a évoqué une conférence prévue en fin d’année dans son pays sur l’avenir de la mer d’Aral.  Il a expliqué que l’asséchement de cette mer constitue un double défi -écologique et économique- pour toute la région.  C’est pourquoi l’ONU et la Banque mondiale ont été associées à une initiative régionale de développement autour de la mer d’Aral.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a dit que, dans la réalisation du Programme 2030, son gouvernement a mis l’accent sur la fourniture d’une éducation de qualité à tous les citoyens.  Le pays s’est aussi focalisé sur l’objectif de l’accès à l’emploi décent en mettant en place une stratégie pour l’emploi et en élaborant un code de travail.  Il a également développé une politique de protection sociale et une stratégie inclusive d’éradication de la pauvreté.  Des mesures ont été prises contre les incidences des changements climatiques et en matière de sécurité publique, a ajouté la déléguée.

M. JAN KICKERT (Autriche) a déclaré que l’éducation pour tous est essentielle pour relever les défis socioéconomiques et environnementaux.  Pour y parvenir, le Gouvernement a développé la formation professionnelle.  Il consacre 5,8% du PIB à l’éducation, a ajouté le délégué.  Conscient du rôle crucial que jouent les PME, qui constituent 90,5% des entreprises, le Gouvernement a donné la priorité à la coopération et au dialogue avec ce secteur.  S’agissant de l’atténuation de l’incidence des changements climatiques, 10 000 jeunes participent chaque vendredi à l’action climatique, a signalé le représentant avant de souligner l’importance de la paix et de la sécurité pour garantir un développement durable.

M. ABDULLAH AL-SAADI (Yémen) a affirmé que le Programme 2030 ne sera pas réalisé si le monde continue sur sa trajectoire au rythme actuel.  Les guerres et les conflits armés siphonnent l’aide humanitaire et dispersent l’aide internationale nécessaire au développement durable, a protesté le représentant.  M. Al-Saadi a aussi dénoncé le coup d’État des houthistes qui ont privé le peuple yéménite de la possibilité de réaliser le Programme 2030.  Il a demandé à la communauté internationale de passer de l’aide d’urgence à l’aide économique pour son pays qui souhaite développer les zones libérées.  « Nous voulons reconstruire principalement le système éducatif car c’est l’une des clefs pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes », a déclaré le représentant.  Il a aussi indiqué que son pays ne pouvait pas faire face « seul » aux impacts négatifs des changements climatiques.

M. FRANCISCO ANTÓNIO DUARTE LOPES (Portugal) a plaidé pour un multilatéralisme efficace et une ONU renforcée.  Un rapport annuel de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le second du genre, vient d’être publié dans le pays qui avait présenté son examen national volontaire en 2017, a-t-il signalé.  Il a expliqué que la réduction des inégalités est prioritaire au Portugal, même si de nombreux défis persistent.  Le pays entend pleinement mettre en œuvre l’Accord de Paris et espère parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050.  M. Lopes a enfin appelé au renforcement des partenariats pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  C’est dans le cadre d’un partenariat avec le Kenya que Lisbonne accueillera le prochain Sommet des Nations Unies sur les océans, en juin 2020.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dit qu’en moins de 10 ans, le pays a triplé son PIB, ce qui a permis d’adopter des politiques de lutte contre les inégalités.  Ainsi, le taux de pauvreté est passé de 38% en 2005 à 15% en 2018.  En outre, la Bolivie est le pays qui a le taux de chômage le plus bas d’Amérique latine, avec un taux de 4,2%, s’est-il félicité.  Il a expliqué que ces avancées ont été faites grâce à la nationalisation des entreprises dans les secteurs clefs et grâce aux revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles qui bénéficient désormais au peuple.

Conclusion du Forum de haut niveau pour le développement durable

Le Forum a adopté son projet de rapport (E/HLPF/2019/L.1), tout en chargeant la Présidente de l’ECOSOC de le finaliser ultérieurement.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé le caractère spécial de cette session du Forum en ce qu’elle a servi à préparer la première édition du Forum sous les auspices de l’Assemblée générale, prévue en septembre prochain.  Elle a ensuite dit avoir retenu trois messages.

Le premier est l’importance de lutter en faveur de « l’inclusion », une question longuement abordée au cours des travaux.  Ainsi, il est important de faire plus pour soutenir les plus vulnérables, y compris les migrants, les femmes et les personnes handicapées.  Il faut aussi, a—t-elle préconisé, investir davantage pour lutter contre la faim, ou encore en faveur de l’autonomisation des jeunes.  Enfin, toujours pour garantir l’inclusion, il faut tout mettre en œuvre pour prouver que les inégalités ne sont pas inévitables.

Son second message concerne l’objectif 16 de développement durable sur « la justice et les institutions efficaces ».  Pour la Vice-Secrétaire générale, les institutions efficaces sont le fondement même de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans leur ensemble.

Enfin, Mme Mohammed avait comme troisième message l’appel à « plus d’engagement politique ».  Elle a salué ces pays qui ont présenté leur examen volontaire devant le Forum politique.  Selon elle, « alors que le multilatéralisme est remis en question, il est important de voir combien les pays se sont appropriés les objectifs de développement durable » comme le témoignent leurs exposés.  Notant aussi que les changements climatiques ont été maintes fois mentionnés au cours du Forum, elle a souhaité que des mesures concrètes soient prises au cours du Sommet de septembre qui sera consacré à cette question.  Elle a également appelé les décideurs à prendre des engagements forts au cours des quatre autres sommets qui se dérouleront en septembre au Siège de l’ONU, avant de plaider pour que la communauté internationale écoute davantage les jeunes et les enfants, afin de savoir qu’elles sont leurs attentes.

Déclaration de clôture

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit en clôture que « même si le tableau d’ensemble est mitigé, nous avons fait des progrès parfois en dépit de la politique et de vents contraires ».  Certes, nous ne sommes pas sur la bonne voie à l’heure actuelle pour réaliser le Programme 2030, mais nous aspirons toujours à atteindre « le monde que nous voulons » à cette échéance, a-t-elle relevé.  « Nous comprenons l’importance stratégique de réaliser les objectifs de développement durable et d’arrêter les changements climatiques. »  Pour cela, nous devons sortir de notre zone de confort en prenant collectivement de nouvelles voies, a-t-elle recommandé.  « Nous devons nous adapter et nous transformer à un rythme plus rapide. »

Mme King a rappelé que le débat du Forum avait permis de savoir comment les pays font pour concrétiser et intégrer les objectifs de développement durable dans leur plan de développement en s’inspirant du Programme 2030, avec une attention particulière sur les actions qui ont des effets potentiellement multiplicateurs.  Nous devons également traduire ces objectifs en budgets et les intégrer dans les stratégies de financement, a-t-elle prôné en se montrant confiante: « Nous pouvons faire tout cela ».

La Présidente de l’ECOSOC a rappelé que le Forum avait examiné et analysé les progrès dans les six objectifs de développement au menu de cette session.  Les participants ont souligné le potentiel de la réalisation des objectifs de développement durable pour soutenir l’autonomisation, l’égalité et l’inclusion.  Les actions prévues par les pays contribueront à accélérer la mise en œuvre du Programme et aideront renforcer la cohérence et l’intégration des efforts au niveau des pays et partout dans le monde, a déclaré Mme King. 

La Présidente a jugé essentiel de lancer « une décennie d’action ambitieuse » qui mettra le monde sur une nouvelle trajectoire pour réaliser les objectifs de développement durable.  Ce faisant, nous pouvons démarrer rapidement une nouvelle phase de mise en œuvre dans le cadre d’une action concertée et transformatrice pour mettre fin à la souffrance humaine et protéger notre planète, a-t-elle recommandé.  Elle a dit que septembre 2019 sera l’occasion de présenter aux États Membres et aux autres parties prenantes les messages du Forum politique, durant les réunions du Sommet du développement durable, du Forum politique placé sous les auspices de l’Assemblée générale, du Sommet sur l’action climatique, ainsi que lors des réunions de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le financement du développement et les Orientations de Samoa. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen pense que le pays est sur le point de mettre fin à la guerre

8578e séance – matin
CS/13887

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen pense que le pays est sur le point de mettre fin à la guerre

Je sais que je suis souvent accusé d’un trop plein d’optimisme mais je ne peux m’empêcher de penser que le Yémen est sur le point de mettre fin à la guerre, a déclaré, ce matin, au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour le pays, M. Martin Griffiths.  « Nous sommes à un moment crucial pour le destin de la guerre au Yémen et nous devons penser à la réalité et aux chances d’avancer vers la paix », a-t-il dit. 

Tous ceux avec qui j’ai parlé, a-t-il confié, ont été clairs sur le fait que les progrès dans la mise en œuvre des trois volets de l’Accord de Stockholm de décembre 2018 sont cruciaux pour des négociations politiques visant à mettre fin au conflit.  À l’épicentre de cet objectif, on trouve l’Accord sur Hodeïda, « porte d’entrée du processus politique ».  L’Envoyé spécial a donc salué « la percée de taille » que constitue l’accord des parties sur les détails opérationnels de tous les redéploiements, tout en prévenant qu’il reste encore l’accord sur les forces de sécurité locales, une question qui exige « beaucoup de travail, de la souplesse et la conviction que toute solution sera temporaire parce qu’une solution permanente dépend d’un accord global que les parties doivent encore négocier plus tard ».  Quant à la Déclaration d’entente sur Taëz, il a espéré, « comme premier signe » de progrès, l’ouverture d’au moins un point de passage humanitaire.  Mais s’agissant du mécanisme de mise en œuvre de l’échange de prisonniers, il s’est dit déçu par l’imposition de la peine de mort à 30 de ces prisonniers à Sanaa, la semaine dernière. 

Mais l’Envoyé spécial a expliqué le « trop plein d’optimisme » qu’on lui reproche souvent par le fait que ce n’est pas lui mais bien les « sages » hauts responsables de la région qui ont dit que la guerre cessera à la fin de cette année.  J’ai pris ces propos comme « un ordre », a-t-il souligné.  Dans ses consultations officieuses, a pressé le Royaume-Uni, le Conseil de sécurité doit réfléchir à des mesures concrètes, dont l’exercice de la pression nécessaire sur les houthistes.  « En privé », il va falloir se pencher sur cette question, a-t-il insisté.  Les houthistes, ont renchéri les États-Unis, doivent cesser « immédiatement » leurs agissements contre leurs propres compatriotes et les pays voisins, dont l’Arabie saoudite, et l’Iran doit cesser de leur fournir des armes et de la technologie militaire. 

La France s’est en effet dite très inquiète du contexte régional « dégradé », notamment dans le golfe Persique, où les tensions sont « extrêmement préoccupantes ».  Ces dernières risquent de peser négativement sur la situation au Yémen, notamment sur les bonnes dispositions des parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, a-t-elle prévenu.  Il faut, a suggéré la Fédération de Russie, mettre en place un dispositif de sécurité et de confiance dans la région.  Une telle formule permettrait de progresser dans la quête d’une solution politique au conflit.  Il ne fait aucun doute, a ajouté l’Allemagne, qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au Yémen.  Voilà pourquoi l’Allemagne soutient les efforts de M. Martin Griffiths pour aller de l’avant sur le volet du processus politique. 

En attendant, les combats ont repris dans la province de Hodeïda et la violence meurtrière se poursuit ailleurs, a alerté le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock.  Les appels au respect du droit international humanitaire, à l’établissement d’un accès humanitaire sans entrave et à l’allocation de fonds à la réponse humanitaire des Nations Unies, lancés par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2451 (2018) n’ont pas été entendus, a-t-il ajouté.  Depuis le mois de juin, 120 000 autres personnes ont fui en raison de la violence, ce qui porte le nombre total de déplacés en 2019 à plus de 300 000, « en plus, bien sûr, des millions qui ont été forcés de prendre la fuite les années précédentes ». 

De manière générale, aux mois d’avril et mai, les agences humanitaires ont signalé 375 incidents à travers le pays, y compris dans des zones contrôlées par le Gouvernement, mais principalement dans les zones aux mains des houthistes, a précisé M. Lowcock.  Durant cette période, Ansar Allah a confisqué plus de 180 camions d’aide humanitaire, qui ont été retenus pendant 36 jours en moyenne.  Quant aux zones contrôlées par le Gouvernement, les autorités continuent de dresser des obstacles administratifs contre les agences humanitaires qui tentent d’aller dans l’ouest du pays depuis le sud. 

La réponse humanitaire au Yémen est, à l’heure actuelle, financée à hauteur de 34%, contre 60% l’an dernier à la même période.  En conséquence, de nombreuses agences humanitaires ont déjà commencé à suspendre leur aide et prévoient de fermer 21 autres programmes dans les mois à venir.  « En tant que père moi-même, vous pouvez imaginer à quel point cette décision a été difficile pour moi », s’est ému le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a décidé de suspendre graduellement ses programmes compte tenu des difficultés d’accès et du détournement de l’aide humanitaire.  M. David Beasley s’est donc réjoui que ce matin même, on lui ait assuré qu’un accord est à portée de main.  Il s’est dit optimiste quant à la chance de capitaliser sur cet élan pour régler les questions en suspens dans les jours qui viennent, « voire les heures ».

La crise humanitaire est le résultat et non la cause de la guerre, a souligné le Yémen, jugeant important que la communauté internationale épaule son gouvernement qui œuvre à la reconstruction, au rétablissement des services sociaux et à la normalisation, pendant que les milices houthistes s’emploient à affamer la population. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Intervenant par visioconférence, M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué que depuis sa dernière apparition au Conseil de sécurité, il a eu le privilège de s’entretenir avec des ministres et des hauts responsables qui travaillent sur le Yémen.  Chaque fois, a-t-il dit, j’ai été assuré d’un souhait unanime de voir des progrès vers une solution politique, et ce, rapidement.  L’unanimité de la communauté internationale semble refléter celle du Conseil de sécurité, a-t-il relevé.  L’Envoyé spécial s’est également dit « impressionné » par le consensus autour de la primauté d’une solution politique.  Tous ceux avec qui j’ai parlé ont été clairs sur le fait que les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm sont cruciaux pour des négociations politiques visant à mettre fin au conflit.  À l’épicentre de cet objectif, a-t-il dit, on trouve Hodeïda.

C’est clair et c’est soutenu par le consensus international: il faut mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda et engager les parties sur le règlement des questions connexes que nous connaissons tous.  La semaine dernière, a poursuivi l’Envoyé spécial, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec le Président Abdrabuh Mansour Hadi Mansour et je reviens aussi d’une visite à Sanaa, où j’ai pu discuter des moyens d’avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et dans le processus politique. 

Nous sommes, a prévenu l’Envoyé spécial, « à un moment crucial pour le destin de cette guerre » et nous devons penser à la réalité et aux chances d’avancer vers la paix.  Il s’est expliqué en parlant d’abord du redéploiement de certaines forces de la coalition de certaines parties du Yémen pour « accorder la priorité à la paix », montrant ainsi que les promesses faites à Stockholm deviennent des promesses tenues. 

L’Envoyé spécial a ensuite souligné que Hodeïda est la porte d’entrée du processus politique.  Il a donc félicité les parties pour leur succès, à savoir le fait qu’elles se soient mis d’accord sur les détails opérationnels de tous les redéploiements envisagés par l’Accord de Stockholm.  C’est une percée de taille, a salué l’Envoyé spécial, mais, a-t-il prévenu, il reste l’accord sur les forces de sécurité locales.  Cette question, a-t-il dit, exige beaucoup de travail, de la souplesse et la conviction que toute solution sera temporaire parce qu’une solution permanente dépend d’un accord global que les parties doivent encore négocier plus tard.  Les progrès sur Hodeïda permettront aux parties de travailler ensemble sur une surveillance tripartite, la collecte des revenus ou l’évaluation commune des violations possibles du cessez-le-feu.  Mon espoir, a avoué l’Envoyé spécial, est que Hodeïda nous permettre finalement de nous concentrer sur le processus politique avant la fin de l’été.  « Le Yémen n’a pas de temps à perdre. » 

Passant à la situation à Taëz, il a constaté des progrès limités dans l’ouverture de la ville à la vie civile et à l’accès humanitaire.  Comme premier signe, il a espéré l’ouverture d’au moins un point de passage humanitaire.  Nous avons été déçus, a-t-il poursuivi, par l’imposition de la peine de mort à 30 prisonniers à Sanaa, la semaine dernière.  Nous avons sursauté quand nous avons réalisé que ces personnes figurent sur la liste des prisonniers à libérer.  Comme elles ont enclenché une procédure d’appel, j’ai appelé à une procédure équitable mais aussi, en cas d’échec, « à la clémence », a confié l’Envoyé spécial. 

Il s’est inquiété du paysage politique et sécuritaire au Yémen, qui devient chaque fois plus fragmenté.  Avec la poursuite de la guerre, nous voyons le risque de tensions accrues qui seront de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la guerre perdurera.  Il a également dénoncé les actes de provocation politiques et militaires.  Si le cessez-le-feu tient globalement à Hodeïda, les opérations militaires se poursuivent sur plusieurs lignes de front et à la frontière avec l’Arabie saoudite.  L’Envoyé spécial s’est particulièrement dit alarmé par les attaques répétées d’Ansar Allah contre les infrastructures civiles saoudiennes. 

Le Yémen, a-t-il prévenu, est sur la ligne de front d’une tragédie potentielle, compte tenu des tensions régionales.  Il n’est pas dans son intérêt de se laisser entraîner dans une guerre régionale.  L’Envoyé spécial a exhorté les parties yéménites à s’abstenir de toute action qui conduirait le pays dans cette direction. 

Je ne peux m’empêcher de penser, a-t-il conclu, que le Yémen est sur le point de mettre fin à la guerre.  Je sais que je suis souvent accusé d’un trop plein d’optimisme.  Toutefois, ce n’est pas moi mais bien les « sages » hauts responsables de la région qui viennent de dire que la guerre cessera à la fin de cette année.  Je considère ces propos comme un ordre et j’espère qu’aujourd’hui, j’ai été capable de vous expliquer clairement comment on peut commencer à réaliser cette aspiration. 

Dans sa résolution 2451 (2018) sur le Yémen, a rappelé M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, le Conseil de sécurité appelle au respect du droit international humanitaire, à l’établissement d’un accès humanitaire sans entrave et à l’allocation de fonds à la réponse humanitaire des Nations Unies.  « Malheureusement, vos appels n’ont pas été entendus », a regretté M. Lowcock, ajoutant que la situation des Yéménites ne cesse d’empirer.

Parallèlement, les combats font rage, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, précisant que, depuis le mois de juin, 120 000 autres personnes ont fui en raison de la violence, ce qui porte le nombre total de déplacés en 2019 à plus de 300 000, « en plus, bien sûr, des millions qui ont été forcés de prendre la fuite les années précédentes ».  Les combats ont repris dans la province de Hodeïda, en dépit du cessez-le-feu conclu dans le cadre de l’Accord de Stockholm.  Mais la violence meurtrière se poursuit également ailleurs, a précisé M. Lowcock, mentionnant la poursuite des frappes aériennes à Taëz et les tirs d’artillerie aveugles à Dalea.  « Il y a bien d’autres exemples dans les 30 lignes de front et plus, dans le pays », a déploré le Secrétaire général adjoint, avant d’appeler à un cessez-le-feu général.  Les forces d’Ansar Allah ont également continué leurs attaques de drones et tirs de missiles en direction de l’Arabie saoudite, a poursuivi M. Lowcock, déplorant les morts civiles.

Par ailleurs, le Secrétaire général adjoint a indiqué que les zones contrôlées par les alliés d’Ansar Allah, dans le nord du Yémen, continuent de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.  De manière générale, aux mois d’avril et mai, les agences humanitaires ont signalé 375 incidents à travers le pays, y compris dans des zones contrôlées par le Gouvernement, mais principalement dans les zones aux mains des houthistes, a précisé M. Lowcock.  Durant cette période, Ansar Allah a confisqué plus de 180 camions d’aide humanitaire, qui ont été retenus pendant 36 jours en moyenne, avant de les relâcher.

Les autorités d’Ansar Allah continuent également de retarder l’évaluation technique par l’ONU des pétroliers qui menacent de déverser plus de 1,1 million de barils de pétrole dans la mer Rouge, a déploré M. Lowcock. 

Quant aux zones contrôlées par le Gouvernement, a-t-il souligné, les autorités continuent de dresser des obstacles administratifs contre les agences humanitaires qui tentent d’aller dans l’ouest du pays depuis le sud.  Le Gouvernement prévoit en outre d’introduire de nouvelles règles pour l’importation de carburant, ce qui risque d’affecter l’approvisionnement en électricité des hôpitaux et des stations de traitement des eaux, s’est-il inquiété.

S’agissant de la réponse humanitaire au Yémen, le Secrétaire général adjoint a précisé qu’elle est, à l’heure actuelle, financée à hauteur de 34%, contre 60% l’an dernier à la même période.  En conséquence, a-t-il déploré, de nombreuses agences humanitaires ont déjà commencé à suspendre leur aide s’agissant de la nourriture, de la santé et des campagnes de vaccination, au détriment de millions de personnes dans le besoin à Sanaa et ailleurs.  Ces mêmes agences prévoient de fermer 21 autres programmes dans les mois à venir, y compris les abris destinés à 800 000 déplacés et l’aide à la santé reproductive qui profite à un million de femmes pauvres. 

« Nous voyons déjà l’impact de ces coupes sur la lutte contre le choléra », a déploré M. Lowcock.  Tous les gains enregistrés l’an dernier contre l’épidémie ont été annihilés.  Jusqu’ici, cette année, 500 000 cas de choléra ont été signalés et 700 personnes ont succombé à la maladie, dont 200 enfants, a-t-il précisé.  « Et le nombre de morts va sûrement augmenter », a conclu le Secrétaire général adjoint.

M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé avoir plaidé ici même, il y a un mois, pour un accès indépendant et sans entrave du PAM au Yémen, en « suppliant » Ansar Allah de laisser le Programme faire son travail et sauver des vies.  À la fin du mois de juin, compte tenu des difficultés d’accès et du détournement de l’aide humanitaire, le PAM a pris la décision « difficile » de suspendre graduellement son assistance au Yémen.  Cette suspension a commencé à Sanaa et a concerné 850 000 femmes, hommes et enfants.  « En tant que père moi-même, vous pouvez imaginer à quel point cette décision a été difficile pour moi », a déclaré M. Beasley, qui a présenté ses excuses aux habitants de Sanaa et du Yémen qui ont dû subir cette épreuve.

Mais, malgré la suspension de l’aide alimentaire, le PAM a réussi à aider un plus grand nombre de personnes, passant de 10,6 millions à 11,3 millions.  Le Programme poursuit sur cette voie et élargit aussi son programme de nutrition à Sanaa pour les enfants les plus vulnérables, les femmes enceintes et celles qui allaitent. 

Soyons clairs, a dit M. Beasley, la responsabilité de faire cesser la faim et la malnutrition incombe au premier chef aux belligérants.  Il a rappelé que le PAM n’est au Yémen qu’au nom de l’humanité, et pour le peuple yéménite.  Nul ne serait plus heureux que le PAM le jour où il n’aura plus de raison d’être sur place parce que la faim aura été vaincue.

Mais d’ici là, laissons la politique de côté lorsqu’il est question de l’humanitaire et respectons nos obligations en vertu du droit international humanitaire, a demandé M. Beasley, un droit qui protège une action humanitaire neutre, indépendante et impartiale.

Malgré les difficultés dépeintes le mois dernier, le PAM a continué à opérer sur le terrain de bonne foi et a gardé ses lignes de communication ouvertes.  Il a eu des douzaines de réunions et échanges avec les autorités d’Ansar Allah, écouté et pris note des préoccupations.  Le PAM a plus d’une fois explicité sa position et recherché un terrain d’entente et des solutions.  Alors qu’un accord n’est pas encore signé, M. Beasley est néanmoins d’avis que des progrès significatifs ont été faits et a remercié M. Abdul Malik Al Houthi pour son leadership, ainsi que les autres personnes qui travaillent sans relâche pour trouver une solution.

Ce matin tôt, a-t-il annoncé, l’on m’a assuré qu’un accord est à portée de main.  M. Beasley, qui a lu le message qu’il a reçu, s’est dit optimiste quant à la chance de capitaliser sur cet élan pour régler les questions en suspens dans les jours qui viennent, voire les heures.

C’est ce que les Yéménites méritent et attendent de nous, a-t-il estimé, en ajoutant que cet accord facilitera à la fois la distribution de l’aide alimentaire et les programmes de distribution d’argent liquide qui, à leur tour, stimuleront l’économie locale et contribueront à stabiliser le riyal, avec un effet multiplicateur pour tous les Yéménites et pas seulement les 11 millions de personnes auxquelles le PAM vient en aide.

Mais soyons clairs, si nous ne parvenons pas à cet accord, ou s’il n’est pas mis en application, nous risquons de nous retrouver dans la même situation que celle d’aujourd’hui, et probablement pire, a averti le Directeur exécutif du PAM.

Pour lui, ce n’est pas tant la suspension de l’aide humanitaire qui devrait faire la une, mais bien la catastrophe humanitaire au Yémen, où près de 30 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, dont 10 millions ne savent pas où trouver leur prochain repas.  Tous les jours, les Yéménites font des choix impossibles pour tout simplement survivre, a-t-il rappelé aux membres du Conseil.

Sur une note plus positive, il a indiqué que le PAM a triplé l’aide alimentaire dans les districts les plus durement touchés et que dans 29 des 45 districts recensés, une situation catastrophique a pu être évitée.

En conclusion, M. Beasley a remercié les bailleurs de fonds de leur soutien mais a appelé à davantage d’appui, en avançant le chiffre de 1,2 milliard de dollars pour les mois à venir alors qu’à ce jour, son appel humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 43%.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a réitéré le fait que M. Griffiths bénéficie de tout le soutien du Conseil de sécurité pour faire avancer le processus de paix au Yémen.  Nous sommes face à un dilemme dans un pays où la guerre pourrait se terminer cette année, a fait remarquer la représentante.  Elle a proposé que dans ses consultations officieuses, le Conseil de sécurité se penche sur les mesures concrètes qui pourraient être prises pour y parvenir, dont l’exercice de la pression nécessaire sur les houthistes.  « En privé », il va falloir se pencher sur cette question, a-t-elle dit.

La représentante a condamné les attaques constantes des houthistes contre les aéroports et infrastructures en Arabie saoudite, des actes, selon elle, qui sapent la confiance et pourraient mettre en péril le processus politique.  Le Royaume-Uni prend note du retrait des Émirats arabes unis de Hodeïda pour faciliter la désescalade.  S’agissant de l’aide humanitaire du PAM, elle a souhaité bonne chance au Directeur exécutif pour l’accord qu’il espère.  Elle a pris note du risque d’une résurgence du choléra, appelant à tout mettre en œuvre pour l’éviter.  Elle s’est dite « choquée » par la lenteur des décaissements pour l’appel humanitaire.  En concluant, elle n’a pas manqué de dénoncer les peines de mort prononcées contre 30 personnes par les houthistes.  « Nous implorons les houthistes de révoquer ces peines. »

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pointé les sept mois d’impasse depuis l’Accord de Stockholm, en dépit des résolutions du Conseil.  Il a appelé à la désescalade et catégoriquement condamné toutes les attaques contre les infrastructures civiles et les attaques répétées des houthistes contre le territoire saoudien, une violation du droit international.  Le représentant du PAM risque de se retirer du Yémen compte tenu du détournement de l’aide et des difficultés d’accès humanitaire.  Il a réitéré son appel à toutes les parties pour qu’elles coopèrent avec les agences humanitaires et de secours et à « tout faire pour mettre fin à cette crise ».  Il a aussi exigé des autres pays qu’ils cessent de s’ingérer dans les affaires intérieures du Yémen. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a constaté que le processus politique mené par les Nations Unies se heurte à des obstacles au Yémen mais aussi aux forces extérieures.  Le Conseil, a-t-il dit, a vu l’escalade régionale de l’Iran.  Nous sommes aussi alarmés par le pic dans les attaques des houthistes, en particulier contre les aéroports civils saoudiens.  Le représentant a donc appelé les houthistes à cesser « immédiatement » leurs agissements contre leurs propres compatriotes et les pays voisins.  L’Iran, a-t-il martelé, doit cesser de fournir des armes et de la technologie militaire aux houthistes.  Depuis le mois de décembre, a-t-il rappelé, le Conseil ne cesse d’appeler le Gouvernement du Yémen et les houthistes à prouver leur engagement en faveur d’un règlement politique, en prenant des mesures de bonne foi pour désamorcer les tensions et en procédant au redéploiement des forces, conformément à ce qui a été agréé en Suède.  Le représentant s’est dit encouragé par les derniers progrès du Comité de coordination du redéploiement. 

Mais le plus dur reste à faire, a-t-il prévenu, en citant les redéploiements effectifs, la conclusion d’un accord sur la question « controversée » des forces de sécurité locales et la préservation du cessez-le-feu.  Le représentant s’est, à son tour, dit déçu par le fait que les houthistes aient condamné à mort 30 activistes à Sanaa et leur a rappelé leur engagement à procéder à l’échange des prisonniers et des détenus, en vertu de l’Accord de Stockholm.  Des progrès concrets dans l’échange des prisonniers montreront le sérieux avec lequel les parties rétablissent la confiance mutuelle pour parvenir à un accord sur la fin du conflit.  Le représentant a conclu sur la situation humanitaire « attristante ».  Il a souligné que son pays reste le plus grand donateur de l’aide humanitaire au Yémen et a appelé les autres à augmenter leurs contributions.  Ceux qui cherchent à voler et à détourner l’aide humanitaire sont en violation avec les principes reconnus du droit international humanitaire, a-t-il prévenu. 

Après des semaines de blocage, les parties ont réussi à se réunir de nouveau au sein du Comité de coordination du redéploiement, en début de semaine, et à s’entendre sur les principes généraux pour concrétiser sur le terrain les phases 1 et 2 de l’Accord sur Hodeïda, a salué M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France).  « Mais ce n’est qu’une première étape », a-t-il nuancé, soulignant que les parties doivent désormais mettre en œuvre rapidement et concrètement les points agréés, et demeurer engagées de bonne foi au sein du Comité de coordination du redéploiement et avec l’Envoyé spécial.

Parallèlement, le représentant a estimé que l’opérationnalisation croissante de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), dont le Conseil vient tout juste de proroger le mandat pour une durée de six mois, devrait permettre aux parties de renouer des liens de confiance.  M. de Rivière a appelé ces dernières à assurer la libre circulation et la sécurité du personnel et des biens de la MINUAAH sur le terrain. 

Par ailleurs, il s’est inquiété du contexte régional « dégradé », notamment dans le golfe Persique, où les tensions sont « extrêmement préoccupantes ».  Ces dernières risquent de peser négativement sur la situation au Yémen, notamment sur les bonnes dispositions des parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm.  Dans cette perspective, le représentant a condamné les attaques meurtrières revendiquées par les houthistes contre l’Arabie saoudite et a appelé les parties à s’abstenir de toute escalade susceptible de déstabiliser davantage la région.

M. de Rivière s’est par ailleurs dit très préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire.  Il a appelé à protéger les civils et les agents humanitaires.  L’accès commercial et humanitaire a été entravé par la fermeture de la route entre Aden et Sanaa, mais aussi par les obstructions, notamment de la part des houtistes, a-t-il dénoncé, appelant les parties à tout faire pour faciliter la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire. 

En conclusion, le représentant a appelé à ne pas perdre de vue l’objectif collectif au Yémen, à savoir trouver une solution politique pour sortir du conflit actuel. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a énergiquement condamné tous les actes de violence commis par les deux parties et lancé un appel à la fin des hostilités et des provocations qui menacent les acquis, notamment le cessez-le-feu.  Le représentant s’est félicité de l’accord sur le nouveau mécanisme de contrôle du cessez-le-feu et de l’escalade militaire ainsi que de la décision de constituer des comités chargés de la supervision du cessez-le-feu avec la participation de toutes les parties et de l’ONU.  Il a déploré que, depuis le début de l’année, de nouveaux cas de choléra aient été dépistés et qu’un demi-million de personnes soient affectées par la maladie.  En conséquence, a-t-il dit, il faut organiser une réponse déterminée et coordonnée entre les acteurs impliqués.  Il a tout autant regretté la suspension graduelle de l’assistance humanitaire et insisté sur le respect des principes d’humanisme, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Nous ne saurions laisser la faim se transformer en une arme de guerre, a-t-il alerté.  Il a aussi demandé un déminage d’urgence surtout des zones peuplées et des terres agricoles.  Le Conseil de sécurité reste uni dans sa quête d’une solution politique au Yémen, a-t-il dit en conclusion, en appelant au respect de l’esprit de Stockholm. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a appelé les parties qui, en signant l’Accord de Stockholm, ont manifesté leur volonté de le mettre en œuvre, de n’épargner aucun effort pour parvenir au cessez-le-feu et au redéploiement des forces, faciliter l’accès humanitaire et procéder à l’échanger des prisonniers.  Le représentant a insisté sur la désescalade et sur un engagement ferme en faveur du cessez-le-feu pour faciliter le dialogue et des négociations inclusives.  Il s’est dit préoccupé par la suspension partielle de l’assistance du PAM et a voulu que cette question soit résolue au plus vite.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a regretté que le processus de paix au Yémen peine à enregistrer les avancées escomptées dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de Stockholm.  Le représentant a exhorté les acteurs yéménites à saisir l’opportunité du renouvellement du mandat de la MINUAAH pour s’engager résolument dans la voie du dialogue.  Il est en outre indispensable que toutes parties se conforment scrupuleusement au respect du cessez-le-feu et à la poursuite du redéploiement des forces militaires, notamment le retrait des houthistes des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa.  Il est par ailleurs urgent, a ajouté M. Ipo, de mettre en œuvre l’échange de 15 000 prisonniers et la Déclaration d’entente sur la ville de Taëz pour l’ouverture de couloirs humanitaires.  Il a aussi appelé les acteurs régionaux à soutenir les efforts de médiation en cours et l’engagement des parties yéménites pour aboutir à des résultats concrets.  M. Ipo a t demandé à ces parties de s’abstenir de toute instrumentalisation et manipulation de l’aide humanitaire, de respecter l’obligation de protection des civils et de mettre un terme au recrutement d’enfants soldats. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a appuyé les efforts de médiation entrepris par l’Envoyé spécial et le général Lollesgaard pour progresser dans l’application de l’Accord de Stockholm et renforcer les mesures de confiance.  D’autres aspects comme la libération et l’échange des prisonniers suivront.  Cependant, le gros du travail reste à faire et la situation ne peut changer du jour au lendemain, a-t-il déclaré, en appelant l’attention sur le fait que des millions de Yéménites « ont faim » et sur les ravages de l’épidémie du choléra.  Le représentant a souhaité un cessez-le feu complet et un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Il a insisté sur la mise en place d’un dispositif de sécurité et de confiance dans la région pour garantir le maintien de la paix.  Une telle formule permettrait de progresser dans la quête d’une solution politique au conflit. 

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a salué la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement.  Les parties doivent prendre les mesures qu’il faut pour une mise en œuvre intégrale de l’Accord de Stockholm, a-t-il dit.  L’Accord sur Hodeïda, a-t-il prévenu, ne résoudra pas à lui seul le conflit et ne viendra pas à bout de la violence.  Le représentant a demandé aux parties à s’abstenir de toute mesure qui pourrait saper le processus de paix mené par les Nations Unies.  Il a dénoncé les attaques de drones et de missiles contre l’Arabie saoudite revendiquées par les houthistes, craignant un conflit régional.  Des millions de vies yéménites sont aujourd’hui, a-t-il rappelé, totalement tributaires de l’aide humanitaire et alimentaire.  Faciliter l’accès de cette aide n’est pas un choix mais une obligation qui incombe aux parties belligérantes.  Toutes les restrictions bureaucratiques imposées à la circulation des convois humanitaires sont inacceptables.  Avant de conclure, il a exhorté les houthistes à révoquer les peines de mort qu’ils ont prononcées contre 30 prisonniers et s’est félicité de la reconduction du mandat de la MINUAH. 

M. ANTONIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué la réduction de la violence dans la province De Hodeïda au cours des six mois après la signature de l’Accord de Stockholm, ainsi que la réduction de 68% du nombre de victimes civiles dans les cinq mois qui ont suivi le cessez-le-feu.  Il a également noté l’esprit de collaboration « constructif » qui a prévalu entre les parties au cours des derniers mois au sein du Comité de coordination du redéploiement, notamment dans la planification des phases 1 et 2 du redéploiement des forces.  Le représentant a voulu que cette coopération permette aux parties d’enclencher prochainement le mécanisme tripartite.

Par ailleurs, le représentant a appelé les parties à travailler de concert sur les deux autres volets de l’Accord de Stockholm, que sont les dispositions relatives à l’accord d’échange de prisonniers et à la mise en œuvre de la Déclaration d’entente sur Taëz.  Il s’est en outre dit très préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et par la décision du PAM de suspendre ses livraisons de nourriture dans la capitale.  Il a appelé les parties à lever les entraves à l’aide humanitaire et à mettre fin aux incidents qui ont conduit le PAM à prendre cette décision.  Le représentant s’est également inquiété de la propagation de l’épidémie de choléra, qui a déjà tué des milliers de personnes à travers le pays.  Il a appelé les parties à tout faire pour faciliter l’accès des malades à des soins.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a déclaré que l’Accord de Stockholm représente un pas en avant vers une solution au conflit.  Il a encouragé les parties à poursuivre le dialogue et leurs consultations sous la houlette de l’ONU.  Le Conseil, a-t-il dit, doit rester uni et accompagner le processus.  Depuis le déploiement de la MINUAAH, a-t-il poursuivi, la violence a diminué à Hodeïda.  Il a encouragé le dialogue pour mettre fin à cette guerre qui affecte aussi la région.  S’inquiétant des obstacles à l’accès humanitaire, le représentant a souligné que son pays contribue dûment à l’aide avec nourriture et médicaments. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a accueilli positivement l’adoption à l’unanimité du renouvellement de la mission MINUAAH et a appelé tous les acteurs à faciliter sa mise en œuvre totale dans des délais raisonnables.  Il a pris note de la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement à Hodeïda, notamment les accords sur la désescalade et le « CONOPS » des phases 1 et 2 du redéploiement.  Il a appelé toutes les parties à mettre entièrement en œuvre l’accord sur le retrait, à respecter le cessez-le-feu intégralement et à résoudre les points de désaccord en suspens, y compris la question des forces de sécurité locales.

Il leur a aussi demandé d’appliquer l’Accord de Stockholm intégralement, y compris l’accord sur les échanges de prisonniers et l’accord de Taëz; et à poursuivre la préparation des prochaines étapes du processus de paix.  L’Accord sur Hodeïda revêt une importance particulière pour la situation humanitaire mais le cœur du conflit nécessite une solution politique durable et inclusive.  C’est pourquoi la Belgique réitère son plein soutien aux efforts de l’Envoyé spécial, Martin Griffiths.

Appelant les parties à la cessation des hostilités « qui sapent la confiance et ont un impact sur l’aide humanitaire », le représentant s’est dit très préoccupé par le nombre élevé d’enfants victimes du conflit.  Il a condamné les attaques de drones et de missiles sur des cibles civiles en Arabie saoudite revendiquées par les houthistes.  Ces attaques sont inacceptables, a tranché le représentant.

Face à la situation humanitaire catastrophique sur le terrain, il a condamné le détournement de l’aide humanitaire et a exigé de la part de toutes les parties qu’elles assurent un accès sans entrave à cette aide.  M. Pecsteen de Buytswerve a précisé que la Belgique a payé sa contribution au Fonds humanitaire pour le Yémen et a appelé les autres contributeurs à en faire de même. 

Sur le volet des droits de l’homme, il s’est dit alarmé par le fait que les houthistes aient prononcé la peine de mort contre 30 personnes à Sanaa, notant que ces personnes figurent sur la liste pour l’échange de prisonniers.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué à son tour les nouvelles mesures de renforcement du cessez-le-feu et les concepts opérationnels durant les deux phases de redéploiement.  Si l’accord est ainsi appliqué, il aiderait à une désescalade de la tension dans la région et poserait un nouveau jalon dans la mise œuvre de l’Accord sur Hodeïda, a-t-il auguré.  Il s’est en revanche vivement inquiété du manque de coopération des houthistes avec le PAM, ce qui a conduit à une suspension partielle de l’acheminement de l’aide humanitaire dans certaines zones sous le contrôle des autorités à Sanaa.  Il a appuyé la décision du PAM car c’est la seule façon d’éviter le détournement de la nourriture.  Il a dès lors exhorté les houthistes à la coopération avec le PAM, et réitéré son soutien à toutes les agences humanitaires de l’ONU, insistant sur le fait que l’aide humanitaire ne doit en aucun cas « être politisée ».  Il a également relevé les inquiétudes « légitimes » du Coordonnateur des secours d’urgence quant au financement et jugé urgent que l’engagement pris à l’occasion de la Conférence d’annonces des contributions à Genève se concrétise dans les meilleurs délais, faute de quoi: « nous assisterons à une catastrophe humanitaire ». 

Il a salué par ailleurs le renouvellement pour six mois du mandat de la MINUAAH, estimant qu’un déploiement complet de cette mission est critique non seulement en termes de surveillance de l’Accord mais d’assistance humanitaire.  Il a rappelé l’urgence qu’il y a à parvenir à une solution car la crise au Yémen restera dans l’histoire comme l’une des plus grandes crises de l’histoire de l’humanité. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit préoccupé par la poursuite des attaques qui visent l’Arabie saoudite à partir du Yémen.  Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au Yémen.  Voilà pourquoi l’Allemagne soutient les efforts de M. Martin Griffiths pour aller de l’avant sur le volet du processus politique.  Il a dit avoir retenu des propos de l’Envoyé spécial que « les conditions aujourd’hui sont réunies et où il est possible d’avancer ».  Sur le plan des droits de l’homme, il a demandé à la partie houthiste de révoquer les 30 peines de mort qu’elle a prononcées.  Il s’est indigné des difficultés énormes auxquelles se heurtent les acteurs humanitaires et a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.  À cet égard, le représentant a espéré que l’accord entre le PAM et les autorités sera rapidement conclu et en a profité pour demander aux bailleurs de fonds de décaisser les fonds promis au titre de l’aide humanitaire.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les récents accords préliminaires au niveau technique, au Yémen, au sein du Comité de coordination du redéploiement, mais souligné le caractère extrêmement fragile de la situation actuelle et le manque de confiance entre les parties dont les positions restent rigides.  Il a appelé les leaders des deux camps à donner des preuves concrètes de leur engagement authentique et de leur volonté politique, en les traduisant par des progrès tangibles dans des domaines cruciaux comme la composition des forces de sécurité locales à Hodeïda.  Il a souligné la responsabilité particulière qui incombe aux pays capables d’influer sur les parties belligérantes, dans le but d’éviter une nouvelle escalade et de garantir le respect des obligations en matière de droit international humanitaire et de droits de l’homme.

Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire, en saluant le travail accompli par l’ONU pour alléger les souffrances humaines mais en se désolant que les capacités soient dépassées.  Il a également regretté les restrictions aux importations pour les produits essentiels comme les aliments, les médicaments et les combustibles.  Enfin, a plaidé M. Meza-Cuadra, il faut que les ports, les aéroports et les voies terrestres restent ouverts pour que l’aide humanitaire et la population puissent passer, et que les participants à la conférence des donateurs de février dernier tiennent leurs promesses.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déclaré que son gouvernement a fait preuve d’ouverture et d’esprit de compromis pour recouvrer la paix et alléger les souffrances des Yéménites.  Le Gouvernement s’efforce aussi de mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et la résolution 2216 du Conseil de sécurité.  Mon gouvernement, a-t-il précisé, s’est engagé à libérer les détenus et à lever le siège de Taëz.  Nous rejetons, a-t-il prévenu, « les manipulations » de la partie opposée.  Chaque étape de redéploiement doit être achevée avant d’entamer la suivante, a-t-il insisté, en rejetant les mesures unilatérales ou les « pseudo-retraits », qui ne respectent pas les opérations agréées.  Il a aussi fustigé le blocus des ponts humanitaires et des ports.  Il est difficile d’établir des mesures de confiance quand l’ONU n’exerce pas la pression nécessaire sur l’autre partie pour qu’elle ouvre le point de passage de Hodeïda, a prévenu le représentant.  Après l’Accord de Stockholm, a-t-il accusé, les milices ont creusé des tranchées et ouvert de nouveaux fronts, comme en attestent les attaques de drones et de missiles contre l’Arabie saoudite.  Ces milices, a-t-il soupçonné, veulent prolonger la guerre, freiner les efforts de paix et continuer à faire souffrir la population.  Nous savons, a-t-il dit, que des preuves montrent aussi à l’évidence d’où viennent les armes utilisées, a-t-il ajouté en exhortant le Conseil à agir résolument contre le régime iranien. 

La crise humanitaire est le résultat et non la cause de la guerre, donc il importe que la communauté internationale épaule le Gouvernement yéménite qui œuvre à la reconstruction, au rétablissement des services sociaux et à la normalisation.  Nous avons rétabli la devise nationale et renforcé les institutions financières et bancaires, ce qui a sans doute contribué à l’amélioration de l’action humanitaire.  Il est donc regrettable que 850 000 personnes parmi les plus vulnérables soient affectées par la réduction ou la suspension de l’aide. 

Les milices houthistes, a accusé le représentant, continuent d’affamer la population.  Ce sont elles qui ont érigé des barrages douaniers aux points de passage et pillé 310 camions transportant des médicaments contre le paludisme ou le choléra.  Ces milices détiennent les fonctionnaires des organisations internationales pour qu’ils n’aillent pas dans les zones qui requièrent leur assistance.  Au contraire, ils détournent l’aide pour la vendre au marché noir et ou la monopoliser.  La communauté internationale doit faire pression sur ces milices pour permettre au PAM et aux autres agences de faire leur travail. 

Ces milices n’ont pas non plus hésité à imposer des peines de mort « iniques » à des détenus qu’elles ont torturés mentalement et physiquement pendant des années.  Le Conseil doit condamner les sentences prononcées par un tribunal qui n’a aucune légitimité.  Les milices imposent aussi des redevances à des établissements scolaires, qui n’ont eu d’autre choix que de mettre la clef sous la porte.  Cette violation flagrante de la Convention relative aux droits de l’enfant participe d’un plan délibéré et méthodique d’affaiblir la prochaine génération, a affirmé le représentant.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: peu contents d’être dans la voiture du maintien de la paix, les jeunes veulent « le siège du chauffeur »

8577e séance – après-midi
CS/13886

Conseil de sécurité: peu contents d’être dans la voiture du maintien de la paix, les jeunes veulent « le siège du chauffeur »

Au cours d’une réunion sur les jeunes, la paix et la sécurité, le Conseil de sécurité de l’ONU, où il est rare que les diplomates n’aient pas « au moins un ou deux cheveux blancs », a entendu les témoignages de trois représentantes de la jeunesse, dont le récit poignant d’une jeune afghane qui, ayant fui Kaboul dans son enfance après la destruction de sa maison, y est revenue des années plus tard pour prendre la tête d’une association de jeunes, « dans une société toujours dominée par les hommes ».  Plusieurs membres du Conseil ont voulu que l’on s’inspire de son exemple pour accroître la participation des jeunes dans les processus de paix.  « Le siège du chauffeur » a été réclamé par Wevyn Muganda, de l’organisation kényane « HAKI Africa ». 

Les stéréotypes dont souffrent les 1,8 milliard de jeunes sur la planète les empêchent de réaliser pleinement leur potentiel, a déploré Jayathma Wickramanayake.  L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a dénoncé le trop-plein d’attention accordée à une minorité de jeunes attirés par l’extrémisme violent.  L’une des conséquences de ces stéréotypes, a-t-elle ajouté, est la « marginalisation et la stigmatisation » de la jeunesse, considérée comme un « problème à résoudre » et une « menace à endiguer », alors que la plupart des jeunes ne sont pas impliqués dans les violences.

Pour lutter contre cette tendance, l’Envoyée a appelé à mettre en œuvre les résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) du Conseil, dans lesquelles ce dernier affirme que les jeunes apportent une contribution importante au maintien de la paix et peuvent jouer un rôle significatif dans la prévention et le règlement des conflits.  S’agissant de la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse, l’Envoyée a proposé la nomination au sein de chaque mission de maintien de la paix d’un point focal jeunesse.  Quant aux jeunes, a-t-elle ajouté, ils n’attendent pas d’être invités à la table des négociations pour lancer des initiatives.

C’est notamment le cas de Mme Sofia Ramyar, qui a dû fuir Kaboul en 1995, après le bombardement de sa maison par un hélicoptère.  Forcée de fuir au Pakistan et de vivre dans des camps de réfugiés sans papiers, elle n’a pu rentrer à Kaboul qu’en 2001 où, « fervente défenseuse de la paix » dans une société « toujours dominée par les hommes », elle est devenue la Directrice exécutive de l’organisation de jeunes « Afghans for progressive thinking-APT ».  Mon organisation, qui a mobilisé plus de 20 000 jeunes depuis 2011, est le parfait exemple d’une structure soutenue par les Nations Unies au service de la paix, a-t-elle déclaré, appelant à lutter contre l’ancienne mentalité des relations entre jeunes et adultes pour confier à davantage de jeunes des postes de responsabilité. 

« La résolution 2250 m’a garantie à moi et à mes pairs un siège dans la voiture mais ce que nous voulons, c’est le siège du chauffeur pour être sûrs d’arriver à destination », a déclaré Wevyn Muganda, militante de l’organisation kényane des droits de l’homme « HAKI Africa ».  Selon elle, les révolutions actuelles sont en effet dirigées par des jeunes gens qui se dressent pour veiller à ce que chacun vive dans une société pacifique, juste et inclusive. 

Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 30 ans, a rappelé le Royaume-Uni.  « Ce n’est pas le cas de nous tous autour de cette table », a-t-il dit, provoquant l’hilarité générale.  En tant que diplomates, nous nous parlons derrière des portes closes où nous voyons rarement des gens qui n’ont pas au moins un ou deux cheveux blancs, ont renchéri les États-Unis.  Mais partout autour de nous, nous avons des exemples de jeunes gens qui fixent et dirigent les agendas politiques.  Ce sont eux qui réclament la fin de la tyrannie et qui défendent les droits de l’homme, ont-ils insisté, notant que c’est le courage de la lauréate du prix Nobel de la paix, la jeune Nadia Murad, qui a permis de braquer les projecteurs sur le sort des Yézidis et d’aider le Conseil à enclencher une action. 

L’Allemagne a, quant à elle, fait part de son admiration pour Greta Thunberg, une activiste suédoise de 16 ans qui a inspiré 1,6 million de jeunes à prendre d’assaut les rues de 125 pays, afin de réclamer aux dirigeants du monde une action sur le climat.  Plusieurs délégations ont salué le premier Colloque international sur la participation des jeunes aux processus de paix, organisé en mars 2019, à Helsinki.  Le document final, intitulé « Nous sommes ici », montre que la participation accrue des jeunes aux processus de paix durant les 20 dernières années a permis de faire le lien entre les « dimensions officielles et officieuses ».  Le Koweït a salué le fait que les missions de paix de l’ONU en Colombie, en Iraq, en Somalie et au Kosovo permettent désormais aux jeunes de contribuer au renforcement de la cohésion sociale et de la stabilité.  L’Envoyée du Secrétaire général a indiqué que de nombreuses initiatives sont en train de voir le jour, à l’instar des 37 millions de dollars alloués au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la paix et le développement, à travers son « Initiative de promotion de la jeunesse », qui appuie des projets de participation de la jeunesse. 

La Chine a appelé l’ONU à augmenter sa coopération régionale sur la question, notamment avec l’Union africaine (UA), la Ligue des États arabes et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ainsi qu’à appuyer davantage des projets en faveur des jeunes.  Les jeunes découragés par le manque d’opportunités économiques sont un « terreau fertile pour la propagation d’histoires et d’idées dangereuses », a mis en garde l’Indonésie.  Dans les conflits qui s’éternisent, « ces jeunes désemparés sont une proie facile pour les groupes armés ».  Avec la stagnation des pourparlers de paix en Palestine, les jeunes sont très vulnérables à l’idéologie radicale, a estimé la Fédération de Russie, qui a tout de même trouvé étrange de parler de cette question au Conseil de sécurité, alors qu’on y bloque les discussions sur d’autres thèmes « plus pressants ».  Elle a réclamé le strict respect de la division du travail entre les organes des Nations Unies.  « On n’a pas besoin de la tribune du Conseil pour parler des jeunes », a-t-elle dit d’une question qui relève, selon elle, de l’ordre du jour du Conseil économique et social. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité (S/2019/539)

Déclarations

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a dénoncé les stéréotypes dont continuent de souffrir les jeunes, qui les empêchent de réaliser pleinement leur potentiel.  La persistance de ces stéréotypes s’explique par le trop-plein d’attention accordée à une « toute petite minorité » de jeunes attirés par l’extrémisme et la violence.  L’une des conséquences de ces stéréotypes, a-t-elle ajouté, est la « marginalisation et la stigmatisation » de la jeunesse, considérée comme un « problème à résoudre » et une « menace à endiguer ».  De fait, les réponses programmatiques liées aux jeunes et à la paix et à la sécurité ont eu tendance à se centrer sur des approches essentiellement sécuritaires, a déploré Mme Wickramanayake, au mépris du fait que la plupart des jeunes ne sont pas, en réalité, impliqués dans les violences.

Pour lutter efficacement contre cette tendance, il convient de revenir sans cesse à l’esprit et à la lettre des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) du Conseil, dans lesquelles le Conseil affirme que les jeunes apportent une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et qu’ils peuvent jouer un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits.

À l’heure actuelle, a indiqué Mme Wickramanayake, le monde compte 1,8 milliard de jeunes, un record.  Environ 90% d’entre eux vivent dans les pays en développement où ils constituent une part importante de la population, a-t-elle précisé, ajoutant que 408 millions de jeunes vivent aujourd’hui dans des environnements affectés par des conflits.  De plus, un jeune sur cinq est sans emploi, sans éducation et sans formation, a déploré l’Envoyée, ajoutant que des millions de filles deviennent chaque année des mères, « alors qu’elles sont encore des enfants ». 

Depuis la publication de l’étude indépendante sur les jeunes, la paix et la sécurité, présentée en avril 2018, les jeunes mettent en œuvre des initiatives de consolidation de la paix dans leurs pays respectifs, sans attendre d’être invités à la table des négociations, a salué Mme Wickramanayake.  Au cours des derniers mois, elle a cependant dit avoir constaté des incidents où des jeunes agents de consolidation de la paix et des jeunes défenseurs des droits de l’homme ont été victimes de violence et d’intimidation de la part des États et des acteurs non étatiques.  L’Envoyée a insisté sur le droit des jeunes à la liberté d’expression. 

Elle a affirmé que le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité est désormais une réalité au sein de l’ONU, de même que la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse, qui est assortie d’un plan d’action commun au système de l’ONU sur les jeunes, la paix et la sécurité.  Ces différents documents font de la question de la jeunesse une priorité du maintien de la paix, a affirmé l’Envoyée.

Dans ce contexte, elle a indiqué que de nombreuses initiatives sont en train de voir le jour, à l’instar des 37 millions de dollars alloués au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la paix et le développement, à travers son « Initiative de promotion de la jeunesse », un fonds spécial dédié à l’appui de projets pour promouvoir la participation de la jeunesse.

L’Envoyée a par ailleurs salué le fait que plusieurs missions de paix de l’ONU permettent désormais aux jeunes de contribuer au renforcement de la cohésion sociale et de la stabilité, comme cela a été le cas en Colombie, en Iraq, en Somalie et au Kosovo.  Elle a exhorté chaque mission de maintien de la paix des Nations Unies à en faire de même, notamment en nommant des points focaux jeunesse pour mettre en œuvre le programme relatif aux jeunes, à la paix et à la sécurité.

Mme Wickramanayake a en outre salué le premier Colloque international sur la participation des jeunes aux processus de paix, organisé en mars 2019, à Helsinki.  Elle a annoncé le lancement d’un document de cadrage, intitulé « Nous sommes ici », adopté lors du Colloque, qui évalue la participation des jeunes aux processus de paix durant les 20 dernières années.  Ce document montre que la participation accrue des jeunes permet de faire le lien entre les « dimensions officielles et officieuses » des processus de paix. 

L’Envoyée a enfin mentionné le futur rapport que le Secrétaire général présentera en mai 2020 sur l’application des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) du Conseil.  Dans la perspective de la publication du rapport, elle a appelé les États Membres à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour mettre pleinement en œuvre les résolutions.

Mme WEVYN MUGANDA, militante de l’organisation kényane des droits de l’homme HAKI Africa, a déclaré d’emblée que les jeunes sont effectivement des acteurs du changement, les révolutions actuelles étant dirigées par des jeunes hommes et femmes qui se sont dressés sur la ligne de front pour veiller à ce que chacun vive dans une société pacifique, juste et inclusive, conscients qu’ils doivent prendre leur avenir en main.  C’est là, a-t-elle poursuivi, que les résolutions 2250 et 2419, si elles sont pleinement appliquées, peuvent transformer la vie des jeunes et les sociétés.  HAKI Africa a engagé des milliers de jeunes dans des efforts centrés sur les droits de l’homme et la consolidation de la paix.  L’organisation a contribué à la formulation du Plan d’action de Mombasa pour la prévention de l’extrémisme violent. 

« Il ne saurait y avoir de paix sans justice », a-t-elle clamé, en expliquant ses partenariats en matière de justice transitionnelle, notamment avec le Bureau du Procureur de la République du Kenya, dans l’enquête sur l’exécution extrajudiciaire de 136 personnes sur la côte kényane et dont la plupart sont des jeunes.  L’oratrice a aussi évoqué son blog « Beyond the Lines » contre l’extrémisme violent visité par 110 000 jeunes.  Elle a exhorté le Conseil à veiller à l’application des deux résolutions, en améliorant la participation des jeunes aux processus de prise de décisions, la protection des droits de l’homme, avec un accent particulier sur les jeunes, et l’établissement des responsabilités en cas de violations de ces droits.  « La résolution 2250 m’a garantie à moi et à mes pairs un siège dans la voiture mais ce que nous voulons, c’est le siège du chauffeur pour être sûrs d’arriver à destination. » 

Mme SOFIA RAMYAR, Directrice exécutive de l’organisation « Afghans for progressive thinking-APT », a relaté un traumatisme d’enfance lorsqu’en 1995, un hélicoptère a lâché une bombe sur sa maison à Kaboul, en Afghanistan, ce qui a fait d’elle une fervente défenseuse de la paix.  Forcées de fuir au Pakistan et de vivre dans des camps de réfugiés sans papiers, elle et sa famille n’ont pu rentrer à Kaboul qu’en 2001, où elle est devenue la Directrice exécutive d’« Afghans for progressive thinking-APT » en 2014, dans une société toujours dominée par les hommes.

Les jeunes représentent la majorité de la société afghane et sont aujourd’hui un groupe stratégique pour le changement de leurs communautés, mais également pour des changements structurels, a estimé Sofia Ramyar.  Une nouvelle génération de jeunes hommes et femmes se prépare à prendre le relais en Afghanistan, a-t-elle affirmé.  Mon organisation est d’ailleurs le parfait exemple d’une structure soutenue par les Nations Unies au service de la paix en Afghanistan.  Depuis sa création en 2011, l’APT a mobilisé plus de 20 000 jeunes et étudiants dont la plupart viennent des régions rurales.  En tant qu’organisation chef de file pour la mise en œuvre de la résolution 2250 du Conseil de sécurité, l’APT a organisé de nombreux débats et dialogues et a collaboré avec le Gouvernement afghan à l’élaboration de plans d’action concrets en faveur de l’agenda « jeunes et paix et sécurité ».  Mais même si des efforts ont été faits pour impliquer les jeunes et leur permettre d’occuper des postes de responsabilité, l’ancienne mentalité des relations entre hommes et femmes, jeunes et adultes persiste.  « Cela doit changer », s’est impatientée Sofia Ramyar.

Elle a annoncé que l’an dernier, avec le soutien de l’Ambassade des Pays-Bas en Afghanistan, l’APT a lancé une initiative pour sélectionner le premier envoyé de la jeunesse afghan auprès des Nations Unies, une expérience répétée cette année avec le concours de l’Ambassade d’Allemagne.  En conclusion, elle a fait une série de recommandations pour que les Nations Unies adoptent une approche à long terme et mettent en place des politiques qui font des jeunes une partie intégrante des processus de prise de décisions et du processus de paix en Afghanistan, de la négociation des accords à leur mise en œuvre.  Les jeunes doivent être perçus comme des partenaires égaux et non pas comme des réalisateurs et bénéficiaires de projets.  À cet égard, Sofia Ramyar a estimé que le Bureau de l’Envoyé de la jeunesse des Nations Unies a une position privilégiée pour encourager le développement de plans d’action nationaux en soutien à la résolution 2250 dans lesquels les organisations locales de la jeunesse bien établies peuvent être des partenaires de premier plan.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a plaidé en faveur d’une plus grande implication des jeunes, et notamment des filles, dans le maintien de la paix.  Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 30 ans, a rappelé le représentant.  « Ce n’est pas le cas de nous tous autour de cette table », a-t-il ajouté, provoquant l’hilarité générale.  Il est donc important de prendre en compte la diversité des points de vue de la jeunesse, a estimé le représentant.  Nous savons que, lorsque les processus de paix sont ouverts, ils ont un tiers de chance en plus d’être durables, a-t-il souligné.  Le représentant a voulu que l’on lutte contre les préjugés par rapport aux jeunes.  Ils sont, a-t-il dit, une source de changement politique et démocratique, comme nous l’avons vu récemment au Soudan.  Le représentant a annoncé une série d’initiatives lancées par son gouvernement pour protéger les jeunes en situation de conflit, mais aussi contre les violences sexuelles.  S’adressant à l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, qui a annoncé le document final du premier colloque international sur la participation des jeunes aux processus de paix, intitulé « Nous sommes ici », il a dit: « Et bien vous êtes ici, et nous vous avons entendu. »

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale), s’exprimant également au nom de l’Afrique du Sud et de la Côte d’Ivoire, a salué l’initiative de la Jordanie qui avait veillé, lors de sa présidence du Conseil, à lancer le processus d’examen de la résolution 2250.  Il a jugé indispensable que le Conseil se consulte sur la façon d’aider les gouvernements et les organisations régionales à mettre en œuvre les résolutions 2250 et 2419.  Le représentant a rappelé que plus de 600 millions de jeunes vivent dans des zones fragiles et affectées par les conflits, dont une grande proportion en Afrique, le continent qui a la population la plus jeune au monde, avec environ 400 millions de jeunes de 15 à 35 ans.  Il a attiré l’attention sur les engagements et priorités de l’Afrique pour lever les obstacles au changement, à l’accès à l’éducation et à l’emploi.  Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a d’ailleurs coopéré avec plusieurs pays africains, dont le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad, pour réduire les risques de radicalisation et garantir la contribution des jeunes au développement.  Il a recommandé de continuer à investir dans les services de base et d’évaluer les progrès à l’aune de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.   

Rappelant qu’en 2016, on estimait à 408 millions le nombre de jeunes qui vivent dans des situations de guerre et de violence organisée, M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a tout simplement jugé « logique » qu’on les implique dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix.  Il est de la responsabilité des gouvernements, a-t-il ajouté, d’élargir l’accès des jeunes à l’éducation et aux opportunités économiques pour qu’ils ne soient pas tentés par l’extrémisme.  Le représentant s’est attardé sur la situation des jeunes dans des pays comme la République centrafricaine ou la Syrie, avant de saluer « le tremblement des jeunes ».  Inspiré par Greta Thunberg, activiste suédoise 16 ans, quelque 1,6 million de jeunes ont pris d’assaut les rues de 125 pays pour réclamer aux dirigeants du monde une action sur le climat.  Cela nous montre, a-t-il commenté, que pour les jeunes, un avenir sûr et pacifique est indissociable des questions des changements climatiques, du développement et de la durabilité, bref du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Ne voyons là ni désobéissance civile ni rébellion.  Non, écoutons ces jeunes, a encouragé le représentant, qui s’est réjoui de ce changement d’attitude dans l’activisme des jeunes.  Aujourd’hui, les jeunes femmes envahissent les rues et les tribunes politiques chez elles et dans le monde entier.  Malala a été, avant Greta, la première jeune femme à s’être dressée à la tribune de l’ONU et à inspirer ses pairs par son courage et sa détermination.  Au mois d’avril dernier, lors de la présidence allemande du Conseil de sécurité, nous avons entendu les lauréates du prix Nobel de la paix, Nadia Murad et Nujeen Mustafa, plaider pour les jeunes réfugiés.  L’Allemagne essaye de faire beaucoup pour les jeunes.  Elle appuie par exemple un projet à Bamako qui encourage les jeunes à s’adonner à des activités culturelles plutôt que de sombrer dans l’extrémisme ou la délinquance. 

Nous devrions, a estimé Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis), entendre plus souvent les jeunes, et une des leçons que nous devrions tirer de ce débat, c’est que nous devons travailler encore plus pour stopper les conflits avant qu’ils n’éclatent.  Nous devons écouter directement les jeunes comme nous le faisons aujourd’hui car ce qu’ils veulent plus que tout, c’est que les conflits cessent pour avoir la chance d’un avenir plus sûr et plus prospère.  En tant que diplomates, a reconnu la représentante, nous nous parlons derrière des portes closes où nous voyons rarement des gens qui n’ont pas au moins un ou deux cheveux blancs.  Mais regardons la réalité en face: partout autour de nous, nous avons des exemples de jeunes gens qui fixent et dirigent les agendas politiques.  Les jeunes n’attendent pas que le changement se produise, ils sont le changement.  Dans beaucoup d’endroits au monde, ce sont eux qui réclament la fin de la tyrannie et qui défendent les droits de l’homme, poussant les responsables à rendre des comptes.  C’est la lauréate du prix Nobel de la paix, la jeune Nadia Murad, qui a été essentielle pour braquer les projecteurs sur le sort des Yézidis et aider le Conseil à enclencher une action.  C’est le courage qu’il a fallu à Nadia pour venir au Conseil et nous raconter la brutalité dont elle a souffert qui a poussé la communauté internationale à agir.

Nous devons, a estimé la représentante, encourager ce type de leadership et donner aux jeunes gens les moyens de réussir.  C’est la raison pour laquelle les États-Unis sont fiers d’investir dans les programmes de leadership des jeunes à travers le monde.  Les États-Unis appuient aussi les programmes qui font des jeunes des partenaires de la cohésion sociale et de la tolérance.  Les jeunes ont joué une rôle critique contre la propagande des terroristes chez eux et à l’étranger, avec des outils, des applications et des approches novateurs.  La représentante a cité le programme de pair à pair, dans le cadre duquel les étudiants développent des campagnes en ligne et des contenus pour prévenir et contrer l’extrémiste.  En avril dernier, les États-Unis ont organisé une manifestation pour les jeunes délégués sur la mise en œuvre de la résolution 2250 où ils ont dénoncé leur sous-représentation systématique en politique et dans les processus de prise de décisions.  Ici, au Conseil, nous devrions donner l’exemple, en invitant plus souvent les jeunes.  Nous ne saurions, a prévenu la représentante, ignorer ou marginaliser 4,5 milliards de personnes.  Nous devons redoubler d’efforts pour amplifier la voix des jeunes et leur contribution comme agents de consolidation de la paix et leaders d’un avenir pacifique et prospère. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a estimé que la prolifération des conflits est un obstacle majeur à la contribution des jeunes à la paix et à la sécurité.  Il a déclaré que de nombreux jeunes du Moyen-Orient rencontrent des difficultés pour réaliser leurs aspirations et que la pauvreté les prive de leur droit à la dignité.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, le terrorisme les déprive de leur innocence.  Insistant sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits, le représentant a mis en exergue les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme pour la jeunesse et la paix et la sécurité dans des pays tels que la Colombie, l’Iraq et le Kosovo.  Il a souligné la nécessité de mettre en œuvre un développement et des investissements durables pour renforcer les capacités des jeunes et les empêcher de sombrer dans le crime et l’extrémisme.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a appelé à créer les conditions d’une plus grande participation des jeunes aux processus de maintien de la paix, notamment en s’attaquant aux causes profondes des conflits.  En effet, le manque d’opportunités économiques a de quoi décevoir et frustrer les jeunes, a estimé le représentant, mettant en garde contre le fait que les « jeunes découragés sont un terreau fertile pour la propagation d’histoires et d’idées dangereuses ».  Dans les conflits qui s’éternisent, « ces jeunes désemparés sont une proie facile pour les groupes armés, que ce soit en tant que victimes ou en tant qu’outils de guerre », a–t-il insisté.

Le représentant a appelé le Conseil à prendre ses responsabilités pour faire en sorte que les jeunes jouent un rôle plus important dans les processus de paix.  Il a notamment appelé à mettre l’accent, au sein des missions de maintien de la paix, sur les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration, ainsi que sur la mobilisation de la population, afin de donner aux jeunes une seconde chance en les réintégrant dans leurs communautés. 

Les résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) ne sont pas uniquement destinées aux membres du Conseil, mais bien à l’ensemble des États Membres, a par ailleurs estimé le représentant.  Il a par conséquent appelé à traduire ces textes en partenariats entre les États, les organisations régionales et le système onusien au sens large.

Le représentant a enfin souhaité donner l’exemple de la façon dont son pays s’y est pris pour combattre la radicalisation des jeunes.  En 2019, a-t-il dit, l’Indonésie a promulgué une loi sur la jeunesse, qui sert de fondement juridique à l’intégration des jeunes aux efforts nationaux de développement, en termes d’accès des jeunes à la santé, à l’éducation et aux processus de prise de décisions.  Le pays s’est également doté de 780 ambassadeurs de la jeunesse dans 13 provinces, afin d’aider à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, a-t-il dit.  « L’Indonésie est un pays qui s’est construit avec l’esprit de la jeunesse », a déclaré le représentant.  « Et cet esprit continuera à façonner notre avenir. »

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a appelé tous les États à épauler l’Envoyée du Secrétaire général, tout en se demandant si le Conseil le fait efficacement en abordant des sujets qui sortent de son ordre du jour.  Il a néanmoins reconnu l’importance du sujet pour des pays, comme les pays africains en proie aux conflits.  Mais, a-t-il poursuivi, il est tout de même étrange de parler de cette question alors qu’on bloque les discussions sur d’autres thèmes plus pressants.  Le représentant russe a tenu à préciser que son pays appuie fermement la jeunesse.  Il s’est ému de la situation en Palestine, où avec la stagnation des pourparlers de paix, les jeunes sont très vulnérables à l’idéologie radicale.  Les jeunes comme les Gazaouites, qui se trouvent dans une situation de défavorisés, doivent être protégés de la radicalisation.  Il a aussi mis en garde contre l’utilisation des jeunes par des acteurs extérieurs pour renverser des gouvernements légitimes.  Au bout du compte, a-t-il conclu, la situation des jeunes relève de l’ordre du jour du Conseil économique et social ou d’autres organes spécialisés.  Respectons, a-t-il voulu, la division du travail au sein des Nations Unies.  On n’a pas besoin de la tribune du Conseil de sécurité pour parler des jeunes. 

M. WU HAITAO (Chine) a rappelé que les jeunes dans le monde contribuent à la promotion de la paix et de la stabilité.  Il a appelé à renforcer leur protection dans les zones de conflits et à les encourager à jouer un rôle actif dans le maintien de la paix.  Le Conseil devrait en effet s’efforcer de prévenir et de régler les conflits par des moyens politiques afin de créer un environnement pacifique pour que les jeunes puissent réaliser leur potentiel.  Il a aussi jugé nécessaire d’augmenter la participation des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits.  Pour ce faire, l’ONU devrait augmenter sa coopération régionale, notamment avec l’Union africaine (UA), la Ligue des États arabes et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ainsi qu’appuyer davantage des projets en faveur des jeunes.

Parallèlement, le représentant a appelé à poursuivre la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Il faut prendre des mesures pour éviter que des idées extrémistes influencent les jeunes esprits, notamment en luttant contre le recrutement en ligne et en encourageant les jeunes à devenir un « groupe de personnes positives éprises de paix ».  L’ONU devrait par ailleurs aider les pays en développement à renforcer leur capacité de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour leur permettre d’utiliser pleinement leur dividende démographique.  Cela devrait se traduire par la création d’entreprises et d’opportunités d’emploi pour les jeunes. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a déclaré que le Symposium sur la participation des jeunes aux processus de paix, qui s’est déroulé à Helsinki, sert d’excellente plateforme pour apprendre des jeunes agents de consolidation de la paix les domaines à améliorer dans l’application des résolutions du Conseil.  La protection des jeunes dans les zones de conflits doit demeurer une priorité.  Après avoir souligné que les jeunes sont des alliés au potentiel transformateur et novateur « incommensurable », le représentant a insisté sur leur rôle vital dans la prévention et la résolution des conflits.  Ce même rôle devrait être renforcé dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

Il a conseillé, dans le cadre de l’application des résolutions du Conseil, de créer des réseaux de jeunes médiateurs au niveau régional; d’élargir les profils et les listes de réserve, et d’établir une ligne budgétaire spécifique pour que le système onusien soit dûment équipé pour mettre les résolutions du Conseil et appuyer les États, à cet égard.  Il a aussi voulu que le Secrétaire général présente chaque année un rapport sur les progrès et les défis et a plaidé pour la création d’un groupe informel d’experts sur les jeunes, la paix et la sécurité, pour pouvoir assurer le suivi systématique de la situation. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est focalisé sur les obstacles qui se dressent contre la participation des jeunes et a exploré des pistes susceptibles de permettre au Conseil de soutenir leur action en faveur de la paix et la sécurité.  Il a constaté que les jeunes « ne nous ont pas attendus pour se constituer en acteurs », et qu’ils contribuent à des solutions innovantes, investissent de nouveaux espaces alternatifs et luttent contre le statu quo.  Il a renvoyé à cet égard au rapport du PNUD sur le rôle de premier plan des jeunes dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Le représentant a jugé par ailleurs que ce « potentiel immense » ne saurait se réaliser si les jeunes sont déplacés ou forcés à quitter leur pays à cause de la guerre, s’ils sont endoctrinés par des groupes extrémistes, si leurs écoles et universités sont attaquées ou s’ils sont exclus de la vie politique, économique et sociale. 

Parmi les efforts de son pays, il a cité le projet Média Sahel, de l’Agence française de développement, qui permet à des jeunes du Burkina Faso, du Mali et du Niger de contrer les « fake news », d’avoir accès à des informations fiables et de participer au débat public dans leur pays.  La France appuie aussi la participation des jeunes dans le cadre de sa présidence du G7.  En effet, il y a un mois, des centaines de décideurs de moins de 30 ans se sont réunis à Paris sous le patronage du Président Emmanuel Macron et ont présenté des recommandations tendant à la lutte contre les inégalités, qui seront transmises aux chefs d’État du G7 à Biarritz, à la fin du mois d’août.  La participation des jeunes est aussi érigée en priorité au forum conjointement organisé par la France, le Mexique et ONU-Femmes en 2020, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.

Le représentant a recommandé au Conseil de soutenir plus systématiquement l’action des jeunes dans la consolidation de la paix, en renforçant le cadre opérationnel des résolutions 2250 (2015) et 2419.  M. de Rivière a estimé dans ce contexte que les interventions devant le Conseil de jeunes comme Kessy Ekomo-Soignet, de la République centrafricaine, Inas Miloud, de la Libye, et Nujeen Mustafa, jeune réfugiée syrienne, étaient importantes.  Il a en outre jugé essentiel que tous les rapports sur les situations des pays intègrent les aspirations des jeunes et la contribution de l’ONU à leur inclusion.  Il a salué en particulier la stratégie jeunesse de la Mission de vérification de l’ONU en Colombie et les efforts du PNUD, du FNUAP et de la Commission de consolidation de la paix visant à mettre sur pied un programme mondial sur la jeunesse, la paix et la sécurité pour épauler les coalitions de jeunes et leurs feuilles de route.  Il a dit attendre les recommandations du Secrétaire général dans son rapport sur les deux résolutions d’ici à mai 2020.   

Pour M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne), il faut tout faire pour permettre aux jeunes de grandir dans un monde qui leur offre des opportunités économiques et qui leur garantisse une participation à la vie politique.  L’implication des jeunes est cruciale pour la paix, la sécurité et le développement, a-t-il poursuivi, saluant dans ce contexte les résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) du Conseil de sécurité.  Avec près de 1,8 milliard de jeunes entre 10 et 24 ans dans le monde, dont beaucoup sont analphabètes et vivent dans la pauvreté extrême, le représentant a souligné les risques liés à leur recrutement dans les rangs de groupes terroristes et extrémistes et à leur marginalisation dans les situations de conflit où l’accès au marché du travail et à l’éducation est encore plus compromis.  Tous ces facteurs contribuent au sentiment qu’ils ont de n’avoir aucune perspective d’avenir, a reconnu le représentant pour lequel la situation des jeunes filles est encore plus alarmante puisqu’en plus, elles peuvent être victimes de violences sexuelles, de mariages précoces et forcés et de trafic sexuel.  Il a plaidé pour qu’elles puissent vivre sans préjudices et avec les mêmes opportunités que les jeunes hommes.

La frustration des jeunes et leur manque de confiance dans les institutions publiques ne cessent de s’aggraver parce qu’ils ne veulent plus de promesses creuses et attendent des actions concrètes.  Or, « c’est notre responsabilité de faire le lien entre les politiques et leur impact réel », a estimé le représentant pour lequel un dialogue avec les jeunes s’impose dans le contexte de la réalisation du Programme 2030.  Elle a rendu hommage à l’engagement en faveur de la lutte contre les changements climatiques de la jeune suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, qui est véritablement devenue la voix de la jeunesse.

Pour Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique), les résolutions 2250 et 2419 du Conseil de sécurité soulignent le potentiel immense de la jeunesse pour la réalisation des objectifs de développement durable, alors « œuvrons pour optimiser ce potentiel ».  Selon les estimations, jusqu’à 600 millions de jeunes adultes vivent dans des États fragiles et sont touchés par un conflit, et ces jeunes constituent actuellement la majorité de la population dans ces pays et souvent aussi le gros de leurs forces armées, a rappelé la représentante, alors que les femmes sont souvent les seules responsables de la survie économique de leur famille.  Pourtant ces jeunes et ces femmes se retrouvent trop souvent exclus des processus de paix ou de prise de décisions concernant leurs pays. 

La représentante a insisté sur l’importance de créer un environnement favorable à la participation et l’inclusion des jeunes adultes dans les processus de prévention de conflit et de consolidation de la paix.  Cela permettrait d’accroître la légitimité et la viabilité de ces processus, a-t-elle estimé, en voulant que l’on reconnaisse les jeunes comme des acteurs égaux et puissants qui peuvent apporter une contribution positive.  Cela suppose un changement de normes, de pratiques et d’attitudes, mais c’est de l’ordre du possible, comme en attestent les cas des processus de paix en Colombie et en Afghanistan.

Une inclusion effective ne peut se faire qu’en assurant aux jeunes la dignité, la protection et la qualité de vie auxquelles ils ont droit, a poursuivi Mme Van Vlierberge.  Il a rappelé que la Belgique reste fermement attachée à la promotion des droits de l’homme, condition fondamentale de la paix et du développement.  Elle a également mis en exergue le rôle des nouvelles technologies de l’information, en indiquant que deux tiers des internautes ont moins de 35 ans.  Affranchis des contraintes territoriales, les jeunes peuvent désormais s’inspirer de modèles de référence plus variés et ces technologies peuvent dépasser les lignes de conflit et faciliter la participation citoyenne des jeunes.  La Belgique continuera à plaider en faveur d’une plus grande intégration de l’agenda « jeunesse et paix et sécurité » dans les débats du Conseil de sécurité, a promis la représentante.

La résolution 2419 (2018) souligne que les jeunes ne doivent pas être considérés comme un problème, mais bien comme des acteurs essentiels des processus de paix, s’agissant aussi bien de la prévention que de la résolution des conflits, a rappelé M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou).  Toutefois, ces résolutions notent que les gouvernements et le système multilatéral rencontrent toujours des obstacles à l’inclusion des jeunes aux processus de paix, en dépit du fait que ce sont eux les plus touchés par les conflits armés.  Pour remédier à ces obstacles, il a jugé fondamental de promouvoir le dialogue avec les organisations dirigées par des jeunes et de prendre en compte leurs opinions dans la formulation des politiques et des programmes.  Le représentant a tout particulièrement insisté sur l’inclusion des jeunes femmes dans la prise de décisions, via leur participation aux négociations de paix et à la construction de structures gouvernementales plus ouvertes et plus représentatives.  Les États, les organisations internationales et les donateurs devraient enfin promouvoir le financement d’organisations dirigées par et pour les jeunes, qui cherchent à appuyer les processus de paix à travers des activités de consolidation et de prévention de la violence, a-t-il estimé.

 

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