En cours au Siège de l'ONU

8630e séance – matin
CS/13970

La région des Grands Lacs est en marche vers la stabilité, affirme l’Envoyé spécial du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité

Plus que jamais, la région des Grands Lacs est « résolument engagée dans sa marche vers la stabilité », a estimé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Huang Xia, alors qu’il présentait le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.

Comme le souligne le rapport, d’importantes étapes ont été franchies.  Ainsi, depuis la passation pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), le Président Felix Tshisekedi a entamé une « ouverture politique » et tendu la main à ses pairs.  L’Ouganda et le Rwanda se sont rapprochés et ont signé, le 21 août dernier à Luanda, un mémorandum d’accord destiné à apaiser les tensions.  Certains pays comme l’Angola, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda ont renouvelé leur engagement en faveur de la coopération et de l’intégration régionales.

Il y a en effet « un vent nouveau porteur d’espoir et de confiance, qui s’est levé sur la région des Grands Lacs », s’est réjoui le représentant de la RDC.  Pour autant, constate aussi le rapport, les tensions n’ont pas disparu, notamment entre le Rwanda et le Burundi.  En République centrafricaine, des groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation sont accusés de violer certaines dispositions dudit accord.  Au Soudan du Sud, des combats sporadiques entre les forces sud-soudanaises de défense du peuple et les forces d’opposition se sont poursuivis dans certaines parties du pays.

À côté de ces tensions, la situation sécuritaire reste préoccupante, en particulier dans l’est de la RDC, où l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles alimentent une économie illégale, qui à son tour, entretient la présence et l’activisme de groupes armés.  Sur le plan sanitaire, l’épidémie d’Ebola continue de susciter des inquiétudes et nécessite une intervention humanitaire urgente, dit encore le rapport.

En dépit de ce constat en demi-teinte, l’Envoyé spécial a tout de même jugé qu’il y avait là « une opportunité importante de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité » dans cette région.  Selon lui, il convient donc de la saisir pour renforcer la coopération régionale afin de permettre aux populations de mieux bénéficier des richesses de leur région.  Pour M. Huang, « l’espoir est plus que jamais permis, et nous devons redoubler d’efforts afin d’appuyer la région dans le changement positif qu’elle a amorcé ».

L’ensemble des membres du Conseil de sécurité ont salué ces avancées, tout en insistant sur le besoin d’aller plus loin pour ramener la paix et la stabilité dans la région, avec comme outil, la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui reste, selon la Côte d’Ivoire, « la pierre angulaire » pour la paix et la stabilité durables en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble.

La pleine mise en œuvre de ces  dispositions aura une incidence positive sur la situation, a estimé la Fédération de Russie, insistant toutefois sur la stabilité décisive en RDC, qui serait un facteur de stabilité régionale.  Cela dit, sa mise en œuvre n’incombe pas à la seule RDC, mais à tous les pays de la région, ont déclaré les États-Unis.

Autre vecteur de paix, la coopération économique doit également être encouragée, notamment par la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence dans les domaines financiers et miniers, ont ajouté la Belgique et les États-Unis, soucieux de voir les autorités congolaises prendre des mesures de nature à « motiver les instances financières internationales à se réengager ».

Ces mesures sont d’autant plus attendues que le développement socioéconomique représente « la » solution à long terme pour la paix et la stabilité, a fait valoir le représentant chinois.  La tenue en novembre prochain, à Kigali, de la deuxième Conférence sur l’investissement et le commerce dans la région des Grands Lacs peut contribuer à l’intégration régionale, a renchéri le représentant de la République dominicaine.

À côté de l’économie et du renforcement de la coopération et des relations de bon voisinage, la lutte contre l’impunité, le renforcement des capacités des Forces armées de la RDC et l’amélioration de la gestion des ressources naturelles « sont indispensables pour réussir à atteindre l’objectif commun de pacification de l’est de la RDC », a, de son côté, plaidé la France, insistant aussi sur l’importance des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des groupes armés.  Les défis sanitaires restent immenses, a réagi le représentant du Royaume-Uni, avant de souligner la nécessité d’agir de façon coordonnée pour lutter contre les maladies dont l'Ebola.  « Le temps joue contre nous », a averti son homologue français, observant que seulement 30% des fonds nécessaires au plan d’aide de réponse humanitaire pour la RDC ont été fournis alors que l’on compte encore plus de 400 000 réfugiés en RDC et au Burundi.

Alors que le Conseil de sécurité se penchera bientôt sur l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et que les élections au Burundi sont planifiées pour 2020, il est crucial de « disposer au plus tôt d’une approche onusienne concertée pour la région des Grands Lacs », a résumé la Belgique.

La MONUSCO devra être « non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté au terrain, à l’image de la Brigade d’intervention rapide », a insisté le représentant congolais, tandis que le représentant russe rappelait qu’il ne fallait pas perdre de vue que les solutions durables doivent être trouvées sur le plan régional sur la base du principe « à problèmes africains, solutions africaines ».

LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS – (S/2019/783)

Déclarations

M. HUANG XIA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région.  Il a affirmé que la région des Grands Lacs est, plus que jamais, « résolument engagée dans sa marche vers la stabilité ».  Ainsi, des étapes importantes ont été franchies dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre, grâce notamment au transfert pacifique du pouvoir en RDC et à la volonté réaffirmée des dirigeants de la région de faire face, ensemble, aux défis qui entravent son émergence. 

Après sa prise de fonctions, le Président de la RDC s’est engagé à travailler étroitement avec ses pairs afin de rétablir la paix et la sécurité dans l’est de son pays, a souligné l’Envoyé spécial, ajoutant que « cette ouverture diplomatique » a été saluée par tous les chefs d’État de la région que le haut fonctionnaire avait rencontrés.  Dans ce contexte, les réunions tripartites et quadripartites, tenues grâce aux bons offices des Présidents congolais et angolais, ont conduit à un rapprochement entre l’Ouganda et le Rwanda, avec la signature d’un mémorandum d’entente entre ces deux pays.  Il a appelé le Conseil de sécurité à encourager la poursuite de ces efforts.

La volonté de coopération au niveau sécuritaire s’est traduite récemment par des consultations entre les services de sécurité et de défense de la RDC et ceux du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, dans le but de renforcer leur coopération contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC.  Selon M. Huang, il y a là « une opportunité importante de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité ».  Il convient donc de la saisir pour renforcer la coopération régionale afin de permettre aux populations de mieux bénéficier des richesses de leur région.  C’est dans cette perspective qu’il a recommandé de renforcer les programmes de développement et d’accélérer l’intégration régionale. 

Parmi les défis qui persistent, l’Envoyé spécial a souligné l’insécurité qui résulte de la présence et de l’activisme, dans l’est de la RDC, de groupes armés, tant étrangers que locaux.  De même, l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles alimentent une économie illégale qui entretient ces groupes armés.  Par ailleurs, des efforts accrus sont nécessaires en vue de la protection et la promotion des droits de l’homme, afin d’assurer plus de justice, plus d’équité et plus de respect pour la dignité de la personne humaine. 

M. Huang a ensuite mentionné un certain nombre d’initiatives menées par son Bureau, conjointement avec les autres garants de l’Accord-cadre, pour soutenir les pays signataires.  C’est dans ce cadre que le Bureau a entrepris des consultations avec les pays concernés au sujet des mesures non-militaires susceptibles de servir de compléments aux opérations militaires.  Il a jugé utile de mettre en place ces programmes complémentaires, avec l’appui de la communauté internationale, afin de faciliter le désarmement volontaire, le rapatriement et la réintégration de ces groupes dans leur pays d’origine, ainsi que la réhabilitation des communautés affectées.  En outre, des projets transfrontaliers générateurs d’emplois au profit des jeunes doivent être mis en œuvre, a-t-il suggéré. 

M. Huang s’est ensuite félicité de voir que « la coopération et l’intégration régionale sont en cours de revitalisation ».  La RDC, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda ont ainsi manifesté leur intérêt pour « amorcer une conversation politique sur la question des ressources naturelles, en vue d’en faire le levier d’une prospérité partagée ».  Le Bureau de l’Envoyé spécial appuie également les préparatifs de la deuxième édition de la Conférence sur l’investissement et le commerce dans les Grands Lacs, laquelle se tiendra en mars prochain à Kigali.  M. Huang a appelé le Conseil à soutenir cette initiative qui permettra de mettre en évidence le rôle du secteur privé dans la recherche d’une paix durable. 

Sur un autre plan, la coopération judiciaire et la lutte contre l’impunité ont été renforcées grâce à l’adoption, en mai dernier, par les ministres de la justice de la région, de la Déclaration de Nairobi sur la justice et la Bonne gouvernance. 

L’Envoyé spécial a aussi rappelé que la promotion du rôle des femmes, des jeunes et de la société civile est l’une de ses priorités.  Des consultations entre les Garants de l’Accord-cadre et la société civile ont eu lieu en septembre dernier à Nairobi et ont abouti à des recommandations visant à promouvoir une meilleure implication de la société civile dans les processus politiques et dans l’atteinte de la parité des genres.  Pour M. Huang, « l’espoir est plus que jamais permis, et nous devons redoubler nos efforts afin d’appuyer la région dans le changement positif qu’elle a amorcé ». 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la signature récente d’un mémorandum entre le Rwanda et l’Ouganda destiné à faciliter leurs relations politiques et économiques, mémorandum découlant de la volonté partagée d’œuvrer à réduire l’insécurité dans la région des Grands Lacs.  Toutefois, l’Ambassadeur français a regretté que la situation dans cette région reste encore trop marquée par les tensions et l’insécurité, par la détérioration de la situation humanitaire et la présence de groupes armés étrangers et de diverses milices.  Après avoir salué les efforts menés par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans l’est de la RDC, ainsi que ceux du Président Tshisekedi pour lutter contre l’impunité, renforcer les capacités des Forces Armées de la République Démocratique du Congo(FARDC) et améliorer la gestion des ressources naturelles, il a souligné que le développement des relations de bon voisinage et le renforcement de la coopération transfrontalière « sont indispensables pour réussir à atteindre l’objectif commun de pacification de l’est de la RDC ». 

M. de Rivière a en outre mis l’accent sur l’importance des processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des groupes armés afin de permettre la réinsertion effective des combattants démobilisés dans leur pays ou communauté.  « En Ituri, le processus a débuté avec le groupe congolais, Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI), il doit être poursuivi rapidement pour éviter toute rechute du conflit .»  « Le temps joue contre nous », a averti le représentant, avant d’appeler la communauté internationale à se mobiliser pour résoudre la crise humanitaire et sanitaire qui sévit dans la région en raison des conflits et de l’ épidémie d’Ebola, de paludisme, de rougeole et de choléra.  « Seulement 30% des fonds nécessaires au plan de réponse humanitaire pour la RDC ont été fournis », a-t-il déploré pour conclure en rappelant de nouveau l’objectif commun: contribuer à forger la stabilité régionale à long terme ». 

Le développement et la coopération économique sont un vecteur important pour la paix dans la région des Grands Lacs, a souligné M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), à partir du moment où ils se font dans le respect des droits de l’homme et de l’environnement.  Ainsi les activités contre la corruption doivent être soutenues, la transparence doit être accrue dans les domaines financiers et miniers, ce qui selon lui permettra de « motiver les instances financières internationales à se réengager ». 

« Notre message le plus important, tant il sous-tend la réussite de tout le reste, concerne la situation sécuritaire, politique, humanitaire et celle des droits de l’homme dans la région », a poursuivi M. Pecsteen.  Il a salué la nouvelle dynamique régionale, « lancée en grande partie par les Présidents Tshisekedi et Lourenço », et la mise en œuvre de l’Accord de paix en République centrafricaine ainsi que la transition politique au Soudan.  La Belgique reste toutefois préoccupée par la situation interne de certains pays, en particulier par la violence intercommunautaire en République démocratique du Congo (RDC) à Djugu, Mahagi et Irumu.  Sans oublier que l’épidémie d’Ebola sévit dans la région et que la malaria et le choléra continuent de faire de nombreuses victimes.  Constatant aussi que trop de cas de violences sexuelles en RDC sont attribués à des agents de l’État, le représentant s’est dit convaincu que la professionnalisation des forces de sécurité et la lutte contre l’impunité sont des priorités.

Enfin, M. Pecsteen a rappelé que le Conseil de sécurité se penchera bientôt sur l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et que les élections au Burundi sont planifiées pour 2020.  Il a dès lors jugé crucial de pouvoir « disposer au plus tôt d’une approche onusienne concertée pour la région des Grands Lacs ». 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est réjoui des progrès accomplis dans la mise en œuvre des processus politiques dans certains pays de la région des Grands Lacs, notamment en République Démocratique du Congo (RDC), avec la tenue d’élections pacifiques et la formation d’un gouvernement; en République centrafricaine, avec la signature d’un accord politique entre le Gouvernement et 14 groupes armés; et au Burundi, avec l’avancement des préparatifs pour les élections de 2020. 

Toutefois, ces signaux positifs ne doivent pas faire perdre de vue les défis sécuritaires et sanitaires qui touchent ces pays, en particulier la RDC, où le virus Ebola continue de se propager, et où les groupes armés continuent de déstabiliser les provinces de l’est, contraignant les populations civiles à se déplacer vers les zones plus sûres, aggravant ainsi la crise humanitaire, a dit le représentant.  Pour ces raisons, la Côte d’Ivoire appelle au maintien de tous les appuis consentis à la RDC pour lutter contre cette maladie.  Elle rappelle également que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba reste « la pierre angulaire » pour la paix et la stabilité durables en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble. 

S’il s’est félicité des progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est toutefois inquiété de la situation fragile en matière de sécurité, en particulier en RDC, où les groupes armés intensifient leurs attaques contre la population civile, les forces armées et la MONUSCO.  Ces attaques ont un impact négatif sur la paix, la stabilité transfrontalière et toute la région, a-t-il ajouté.  Aussi a-t-il appelé les pays concernés à unir leurs efforts pour démanteler ces groupes, éradiquer le trafic illégal de ressources naturelles ainsi que le trafic d’armes et de munitions.  Selon lui, des plans de développement intégrant les jeunes affectés par les conflits armés sont nécessaires.

S’agissant de la situation humanitaire, M. Singer Weisinger a estimé que les millions de personnes déplacées et de réfugiés au Soudan du Sud et dans d’autres pays de la région soulignent la nécessité de continuer d’encourager des avancées politiques.  Il a salué l’organisation prochaine de la Conférence sur l’investissement et le commerce consacrée à l’investissement transfrontalier, qui peut contribuer à l’intégration économique et au développement durable.  Plus généralement, il a plaidé pour des solutions régionales par le biais du dialogue et de la coopération. 

M. JUN ZHANG (Chine) s’est dit encouragé par l’évolution de la situation au Soudan du Sud avec la constitution d’un gouvernement de transition en août dernier.  Depuis sa prise de fonction, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs a poursuivi ses bons offices, a noté le représentant en relevant que M. Xia a fait énormément pour que s’améliorent encore les relations entre les pays de la région et pour renforcer leur coopération, ainsi que pour garantir l’application de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.  La Chine demande aux pays de la région de saisir l’élan positif qu’il a imprimé pour renforcer encore la confiance mutuelle et la coopération entre eux, a dit le représentant en appelant en même temps la communauté internationale à appuyer ces efforts.

Pour sa part, le représentant de la Chine a fait trois suggestions.  Tout d’abord, concernant la situation humanitaire en RDC, où le nombre de déplacés et réfugiés est énorme -en plus de la faim et de l’épidémie d’Ebola toujours pas maîtrisée, de la rougeole et du choléra-, il a invité la communauté internationale à renforcer son aide et son assistance.  Le Bureau de l’Envoyé spécial peut aider à renforcer la coopération en demandant aux Nations Unies et aux pays de la région de se coordonner davantage face aux groupes armés illicites, a ajouté le représentant.  Enfin, il a estimé que le développement socio-économique est « la » solution à long terme et que des efforts considérables sont nécessaires pour y arriver.  Les causes profondes de la crise régionale sont la pauvreté et l’absence de développement, a-t-il analysé.  Alors que se prépare une conférence sur le commerce régional au Rwanda en novembre, il a souhaité que l’Envoyé spécial des Nations Unies puisse contribuer à améliorer les échanges dans la région.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué les évolutions positives dans la région des Grands Lacs, notamment la tenue d’élections pacifiques, la transition démocratique et la formation d’un nouveau gouvernement en République démocratique du Congo (RDC);  la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD);  la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Ouganda et la Rwanda pour mettre fin aux hostilités;  le retour au calme au Burundi, marqué par l’approbation d’une nouvelle constitution et d’un nouveau code électoral, en vue de la tenue d’élections générales en mai 2020;  et la signature en février dernier d’un Accord politique pour la paix et la réconciliation entre le Gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés.

En dépit des efforts des autorités nationales pour faire face à la crise humanitaire dans la région, le représentant s’est cependant dit préoccupé par la présence d’un grand nombre de personnes déplacées de force dans les Grands Lacs, lesquels sont en proie à la malnutrition, au choléra, à la rougeole et au virus Ébola.  Il a également exprimé son inquiétude face aux attaques fréquentes de « groups armés illégaux, étrangers et nationaux » dans la région.  Pour relever ces défis, M. Ndong Mba a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour travailler de concert avec l’Union africaine (UA) et les organisations régionales et sous-régionales du continent.  Il a également appelé l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Communauté de développement de l’Afrique australe et les partenaires internationaux de la région à soutenir la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans les Grands Lacs.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a dit se réjouir des avancées qui se sont produites dans les pays de la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo (RDC), avec la tenue d’élections pacifiques et la nomination d’un nouveau gouvernement.  Les États-Unis attendent d’autres mesures de nature à faire revenir les investisseurs dans le pays.  Par ailleurs, les États-Unis estiment que la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération incombe à tous les pays de la région et pas uniquement à la RDC, a dit la représentante.  En dépit de ces avancées, les États-Unis restent préoccupés par la violence qui persiste dans l’est de la RDC.  Ils sont d’avis que le désarmement des groupes reste un moyen de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  L’Administration américaine est disposée à aider la RDC dans cet objectif, a affirmé la représentante.

En ce qui concerne le Burundi, Mme Craft a indiqué suivre la situation de près et être préoccupée par les restrictions imposées aux partis politiques et à la société civile.  La tenue d’élections crédibles et pacifiques est cruciale aux bonnes relations que le Burundi entretiendra avec les États-Unis et la communauté internationale dans son ensemble, a prévenu la représentante.  Pour cette raison, et alors que l’échéance de l’élection présidentielle de 2020 arrive à grands pas, elle a déclaré que la communauté internationale, et le Conseil de sécurité en particulier, devaient rester saisis de la situation au Burundi, car, a-t-elle conclu, « la vie des millions de personnes en dépend ».

La région des Grands Lacs a toujours été caractérisée par les conflits internes et les conflits entre ses membres, a rappelé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni), mais récemment, a-t-il constaté, la coopération s’est renforcée.  Il a salué les efforts du Président de la République démocratique du Congo (RDC), M. Tshisekedi, en ce sens, la signature du mémorandum d’accord avec le Rwanda, la tenue de réunions axées sur la confiance entre les services de renseignements et de sécurité pour renforcer leur réponse aux groupes armés illicites.  Simultanément, les défis aux conditions de sécurité, le développement, les droits de l’homme demeurent immenses: il est important d’agir de façon coordonnée pour lutter contre les maladies dont Ebola et de garantir le financement adéquat des programmes de riposte militaire, surtout dans l’est de la RDC où les groupes armés continuent de commettre des atrocités et représentent une menace de taille dans la région.  Il est important, a poursuivi le représentant, que le Président Tshisekedi maîtrise pleinement les forces de sécurité de la RDC et qu’elles ne soient pas autorisées à prendre part aux atrocités. 

Les acteurs de la région doivent aussi agir de concert pour s’attaquer aux causes profondes de ces conflits et empêcher les groupes armés de bénéficier d’appuis au sein et hors de la région et de contrôler des ressources significatives tels l’or, le charbon et autres minerais.  M. Allen a dit qu’il est dans l’intérêt des pays et des populations de transformer ces flux illicites en flux légaux pour contribuer au développement et à la stabilité de la région.  Le Royaume-Uni encourage donc l’Envoyé spécial à poursuivre ses efforts pour créer des chaînes de production stables et à renforcer les relations commerciales régionales.  Au Burundi, les restrictions aux libertés fondamentales, dont la liberté de la presse, sont « inacceptables » alors que le pays prépare des élections pour l’année prochaine, a conclu M. Allen. 

M. PAUL DUCLOS(Pérou) s’est félicité de la consolidation des relations bilatérales et des efforts déployés pour une meilleure coordination et une meilleure intégration régionale.  Sur le plan politique, il a salué l’engagement des pays signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région dans le processus électoral au Burundi en 2020, ainsi que dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine.  Il a également jugé positives l’ouverture politique promue en RDC par le Président Tshisekedi, ainsi que la constitution d’un gouvernement civil au Soudan après la médiation de l’Union africaine et de l’Éthiopie.

Cependant, le représentant s’est dit préoccupé par la présence de groupes armés qui attaquent la population civile et exploitent illégalement les ressources naturelles, ainsi que par l’augmentation de la violence intercommunautaire et les violations des droits de l’homme dans plusieurs territoires.  Raisons pour lesquelles il a jugé très important de faire face aux problèmes de sécurité de manière coordonnée, par le biais d’initiatives conjointes telles que la réunion des services d’intelligence et de sécurité du Rwanda, de la Tanzanie, de l’Ouganda et de la RDC, qui s’est tenue en juin dernier à Kinshasa.  Par ailleurs, face à la situation humanitaire dans la région, le représentant du Pérou a souhaité que la communauté internationale continue d’offrir le financement nécessaire.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est réjouie que des opportunités de consolidation de la paix et de la stabilité se soient ouvertes ces derniers mois dans la région des Grands Lacs, notamment avec la tenue d’élections pacifiques en République démocratique du Congo (RDC), la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, et de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de paix entre le Gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés.  En dépit de cela, des défis majeurs persistent, posés en particulier par les groupes armés et les tensions qui émergent entre signataires des accords de paix, et par les nombreuses violations des droits de l’homme, qui entraînent des déplacements de population et l’aggravation de la situation humanitaire. 

Face à cette situation, la Pologne estime que lutter contre les activités illégales transfrontières doit faire partie intégrante des efforts dans la région.  C’est même une précondition essentielle pour lutter contre les groupes armés et garantir le succès du processus de désarmement, démobilisation et réintégration, a déclaré sa représentante. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a insisté sur la nécessité de traiter des causes profondes de conflits dans les Grands Lacs, des difficultés constantes posées aux droits de l’homme dans la région et des menaces créées par les groupes armés, ainsi que de l’exploitation illégale des ressources et du manque de développement, qui est aussi une cause de conflit. 

Le représentant a ensuite salué les efforts du Président Felix Tshisekedi de RDC pour renforcer les relations avec ses voisins.  La confiance est importante et les partenariats déterminants, aussi la communauté internationale doit-elle appuyer ces efforts pour soutenir la paix et la sécurité, a poursuivi M. Djani.  La communauté internationale doit aussi donner la priorité aux secours d’urgence pour améliorer la situation humanitaire, aussi bien en RDC qu’au Burundi, alors qu’on compte encore plus de 400 000 réfugiés.  Les maladies contagieuses exigent une assistance immédiate, a par ailleurs insisté le représentant, qui a rappelé que les financements disponibles couvraient moins de la moitié des besoins.

M. Djani a rendu hommage au rôle joué par les organisations régionales, qui sont avec les Nations Unies les garants de l’Accord-cadre signé par les pays de la région.  Il les a appelées à faire en sorte que tous les pays coopèrent, notamment qu’ils empêchent le transport illégal de ressources naturelles. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a salué des progrès dans la région qu’il a jugés essentiellement attribuables au Président Tshisekedi, de la RDC.  L’Allemagne l’encourage à poursuivre ses efforts et le rapprochement régional.  Les défis restent cependant nombreux, a aussitôt tempéré le représentant, qui a cité les attaques commises par les groupes armés, les déplacements de population ou encore l’exploitation illicite des ressources, qui continuent de faire peser une menace sur les développements positifs. 

Pour l’avenir, le représentant a défendu l’approche holistique de l’Envoyé spécial, insistant sur la bonne gouvernance, notamment au Burundi avec l’approche des élections, qui seront « clef », et sur le respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, contre l’impunité, le renforcement de la justice dans tous les pays, la participation des jeunes et des femmes.  M. Heusgen a déploré la poursuite des violences, notamment sexuelles, dans l’est de la RDC, dont une grande part sont, a-t-il fait observer, commises par les forces de sécurité.  Ces questions doivent être traitées, a-t-il ajouté, rappelant que le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix, avait décrit le 23 avril dernier la situation dans cette région devant le Conseil, avant que ce dernier n’adopte la résolution 2467 (2019) qui doit être mise en œuvre a-t-il insisté.

Sur le plan économique enfin, le représentant a apporté son appui à la coopération frontalière et à la Conférence sur l’investissement qui doit se dérouler à Kigali, en novembre.  Toutefois, a-t-il prévenu, pour créer davantage d’emplois il faut de la bonne gouvernance, faute de quoi les investisseurs ne viendront pas.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a salué les avancées enregistrées dans la région des Grands Lacs, notamment les élections en République Démocratique du Congo (RDC), la formation d’un gouvernement et les initiatives prises par le Président Félix Tshisekedi pour ramener la paix dans la région.  Il ne fait aucun doute que l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération reste l’outil idoine pour ramener la stabilité et promouvoir le développement économique dans cette région, a dit le représentant, se réjouissant aussi de la tenue l’an prochain de la Conférence sur les investissements dans les Grands Lacs.  Estimant que le respect des accords de paix est une garantie de stabilité, la délégation du Koweït reste préoccupée par les agissements de certains groupes armés.  Son représentant a toutefois apprécié « le calme qui règne pour l’heure au Burundi », espérant que ce calme perdure après l’élection présidentielle de l’an prochain. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué l’Accord-cadre comme la pierre angulaire permettant de garantir la stabilité régionale.  La pleine mise en œuvre de ses dispositions aura une incidence positive sur la situation, a-t-il estimé, avant d’insister sur la stabilité en RDC, décisive pour la stabilité régionale.  Le représentant a donc salué les efforts de M. Tshisekedi en faveur de la stabilisation politique et de la mise en place de relations positives avec ses voisins.  Il a notamment salué la réunion tenue à Kinshasa en juin avec les responsables des services de renseignements et de sécurité.  Toutefois, l’Est de la RDC reste plongé dans une situation complexe avec notamment les attaques des groupes armés, les conflits communautaires et l’épidémie d’Ebola, a aussi fait remarquer M. Polyanskiy.

Le représentant a salué les résultats obtenus par la MONUSCO et les Forces armées congolaises face à plusieurs groupuscules armés et appelé à renforcer les efforts de désarmement pour régler le problème des forces illégales et sortir de cette situation militaire complexe.  Il a en outre appelé à harmoniser les stratégies régionales pour régler le sort des réfugiés et traiter des causes profondes de ces déplacements.  Les solutions durables doivent être trouvées sur le plan régional, sur le principe « à problèmes africains, solutions africaines », a-t-il conclu.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est dit inquiet de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et de la détérioration de la situation humanitaire dans plusieurs parties de ce pays.  Il a souligné la nécessité de former des forces armées congolaises pour qu’elles soient capables de répondre aux développements sur le terrain.  Le représentant a ensuite salué les initiatives régionales et internationales lancées pour éviter que l’épidémie d’Ebola ne devienne endémique.  S’agissant de la République centrafricaine, le délégué s’est déclaré inquiet des difficultés logistiques qui freinent la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Il s’est aussi dit préoccupé des activités menées par des acteurs non étatiques qui procèdent à des taxations illégales et font obstruction au déploiement des institutions étatiques et des forces de sécurité nationales.  Il a espéré que l’assouplissement de l’embargo sur les armes, décidé par le Conseil de sécurité en septembre, permettrait d’accélérer la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.

Par ailleurs, M. Matjila a noté que la collaboration avec la Banque mondiale, l’Union européenne, la Banque africaine de développement et d’autres acteurs développement était déterminante pour promouvoir le processus de réconciliation en République centrafricaine.  Pour ce qui est du Burundi, l’Afrique du Sud a indiqué qu’elle avait apporté son soutien au dialogue interBurundais, y compris au processus de facilitation mené par la Communauté de l’Afrique de l’Est, dans l’esprit de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation.  Évoquant la situation au Soudan du Sud, il a salué la récente rencontre entre Salva Kiir et Riek Machar avant d’appeler à un dialogue continu qui serait de nature à sortir de l’impasse politique.  Mettant l’accent sur l’importance de la stabilité régionale, le représentant a rappelé à quel point il fallait lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Enfin, il a jugé indispensable une coopération entre les pays du Grands Lacs afin d’éliminer tous les groupes armés par le biais de réformes appropriées du secteur de la sécurité et des processus de désarmement, démobilisation et réintégration.

M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo) a regretté de n’avoir pris connaissance du rapport de l’Envoyé spécial que « tard hier dans la soirée ».  Il a indiqué que le Président Tshisekedi avait décidé de redynamiser le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre et qu’un travail d’évaluation était en cours pour dresser un état des lieux de sa mise en œuvre.  Dans la recherche de la paix et de la sécurité, le Président a enclenché une nouvelle dynamique sur trois volets: renforcement des capacités des services de défense; promotion de la réconciliation nationale; et activation de la diplomatie régionale.

Pour le premier volet, des opérations militaires sont en cours dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu pour mettre hors d’état de nuire les forces négatives; concernant la réconciliation nationale, un processus vise à promouvoir la coexistence pacifique entre les communautés locales; enfin, des tournées ont été entreprises dans plusieurs pays de la région pour essayer de rétablir, et parfois de rebâtir, la confiance nécessaire entre les États.  C’est dans ce cadre, a expliqué M. Gata Mavita Wa Lufuta, que s’inscrivent le rapprochement et le dialogue amorcés par le Président Tshisekedi à Kinshasa le mois dernier, lors d’un sommet qui a réuni ses pairs de l’Angola et du Rwanda, suivi d’un autre sommet à Luanda avec l’Ouganda et le Rwanda.  Un troisième sommet, à Luanda encore, a donné lieu au mémorandum d’entente entre MM. Kagame et Museveni.  « Ces rencontres marquent la détermination des dirigeants de la région à œuvrer ensemble pour la paix. »

S’agissant de l’ONU, a précisé le représentant, le Président Tshisekedi s’est prononcé pour le maintien de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), mais pour une MONUSCO « non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté au terrain, à l’image de la Brigade d’intervention rapide », a-t-il insisté. 

Le rapport de l’Envoyé spécial souligne les efforts fournis par les Forces armées de la RDC (FARDC) en collaboration avec la MONUSCO pour éliminer les groupes armés étrangers dans l’est du pays.  « Ces efforts se poursuivront jusqu’à l’éradication totale de ces groupes », a assuré M. Gata Mavita Wa Lufuta .  Il s’est félicité que les ex-combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui s’étaient rendus aient été rapatriés au Rwanda avec l’aide de la Mission.  Alors que le Gouvernement de la RDC réaffirme sa détermination à remplir ses engagements dans le cadre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, il demande que les éléments de l’ex-M23 rentrant au pays soient mis à la disposition des autorités et réclame aussi l’implication des pays de la région et du Conseil de sécurité pour que cette situation soit réglée. 

« Un vent nouveau porteur d’espoir et de confiance s’est levé sur la région des Grands Lacs », a conclu M. Gata Mavita Wa Lufuta.  Le représentant congolais a souhaité que les pays de la région saisissent cette opportunité pour rétablir la confiance entre leurs dirigeants et que la communauté internationale et l’ONU soutiennent les efforts engagés. 

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