Première Commission: inquiétude sur l’avenir du mécanisme multilatéral de désarmement nucléaire et sur l’encadrement juridique des « robots tueurs »

Soixante-quatorzième session,
5e & 6e séances – matin & après-midi
AG/DSI/3626

Première Commission: inquiétude sur l’avenir du mécanisme multilatéral de désarmement nucléaire et sur l’encadrement juridique des « robots tueurs »

La place des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité des États et la crise que traverse le mécanisme onusien de désarmement et de non-prolifération ont été aujourd’hui au cœur du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale).  La quarantaine de délégations qui poursuivaient le débat général -première phase des travaux de la Commission- se sont également penchées sur l’impact des nouvelles technologies dans le domaine des armes classiques, au premier rang desquelles les systèmes d’armes létales autonomes ou « robots tueurs ». 

La France et le Royaume-Uni sont intervenus pour, en tant que puissances nucléaires « responsables », réaffirmer leurs positions et donner des gages de bonne foi en tant que parties attachées au régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Le représentant français a ainsi souligné que c’est le contexte sécuritaire actuel qui implique d’octroyer à la dissuasion nucléaire un rôle prépondérant dans la préservation de la sécurité internationale.  Il a ainsi jugé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires était né en 2017 de négociations ayant ignoré ce contexte dégradé au profit d’une approche « humanitaire » du désarmement nucléaire.  Le représentant britannique a, quant à lui, rappelé que son pays restait une partie active du TNP, qu’il a qualifié d’instrument central de l’architecture de sécurité.  « Le Royaume-Uni promeut le désarmement et la non-prolifération nucléaires ainsi qu’une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire », a-t-il ainsi affirmé.  Ayant noté, comme l’a montré la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, que l’approche collective était en crise, la France a évoqué l’ampleur prise par l’Alliance pour le multilatéralisme, une initiative franco-allemande forte d’une cinquantaine de pays « convaincus qu’un ordre multilatéral fondé sur le droit international est la seule garantie fiable pour la paix ». 

La France, à l’instar d’autres États, dont le Japon et l’Inde, a aussi jugé indispensable que la Conférence du désarmement redevienne l’instrument de choix de négociations des traités multilatéraux, y compris un instrument interdisant la production des matières fissiles.  Le Royaume-Uni et l’Inde ont donné leur version du blocage qui paralyse depuis deux décennies, à Genève, les travaux de la Conférence.  « Le Royaume-Uni a tenté cette année, par le biais d’un projet de décision, de relancer la Conférence du désarmement, où une poignée d’États bloquent toute initiative constructive pour sortir cet instrument essentiel de l’impasse », a avancé son représentant.  L’Inde, de son côté, a imputé la situation à Genève au manque de volonté politique de certains États, « qui attribuent la situation de blocage de la Conférence à des défauts de procédure ».  Or, par le passé, a pointé le représentant indien, la Conférence a négocié avec succès d’importants instruments en fonctionnant selon les mêmes procédures.  L’Inde a affirmé qu’elle continuerait de proposer la négociation, au sein de la Conférence, d’une convention interdisant les armes nucléaires, et qu’elle soumettrait pour adoption, au cours de la présente session de la Première Commission, des textes sur ce projet de convention et un autre sur la réduction du risque nucléaire. 

C’est encore au sein de la Conférence du désarmement que, d’après le Japon, devraient se tenir des discussions de fond sur la création d’un environnement favorable à la reprise des actions de désarmement nucléaire.  Le représentant japonais a d’ailleurs annoncé que sa délégation présenterait cette année un nouveau projet de résolution « appelant à des actions communes et à un dialogue préparant l’avènement d’un monde sans armes nucléaires ». 

Dans l’attente d’une élimination complète et irréversible des armes nucléaires, plusieurs pays du Moyen-Orient ont appuyé le projet de création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans leur région, un projet qui sera discuté lors d’une conférence de l’ONU le mois prochain.  Ces mêmes pays ont également exprimé leurs préoccupations quant à la montée en puissance des nouvelles technologies dans le domaine des armes classiques.  Le Koweït, notamment, a vivement déploré l’utilisation de drones armés pour mener des attaques contre des infrastructures nationales civiles.  Son représentant, qui a salué les propos du Secrétaire général demandant la mise en place de mécanismes de contrôle de « ces véritables armes qui menacent les civils et la paix », a déclaré que son pays était « solidaire du Royaume d’Arabie saoudite, cible d’attaques illégales ».  Le Qatar a, lui, attiré l’attention sur son engagement pour améliorer la sécurité dans le cyberespace.  Il a proposé d’accueillir une conférence internationale sur la régulation internationale du cyberespace. 

Concernant les systèmes d’armes létaux autonomes, ou « robots tueurs », la Suisse s’est réjouie que les travaux entrepris dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques aient permis de préciser le fait que le droit international humanitaire s’applique pleinement à ces armes.  Elle juge toutefois que des « efforts significatifs » restent nécessaires.  L’Autriche a jugé impératif, sur le plan juridique et éthique, que ce soient des êtres humains, « et non des machines » qui, seuls, puissent prendre la décision de sélectionner des cibles à atteindre.  L’Autriche souhaite l’adoption en ce sens d’un instrument juridiquement contraignant. 

Par ailleurs, la séance a été perturbée par une motion d’ordre déposée par l’Ukraine qui souhaitait une reprise de la discussion sur le programme de travail de la Commission.  Pour rappel, le 8 octobre, la Commission, saisie d’une demande de la Fédération de Russie et de la République islamique d’Iran quant au non-octroi de visas à des membres de leur délégation, avait décidé par consensus de procéder à son débat général avant de statuer de nouveau sur les phases ultérieures de son programme de travail.  À l’issue de suspensions de séance en milieu d’après-midi, le Président de la Commission, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, a décidé de la poursuite du débat général, « les démarches engagées par le Bureau auprès du Secrétariat et du Comité des relations avec le pays hôte suivant leur cours ». 

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 15 octobre, à 15 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande), a expliqué que son pays entendait travailler à la ratification du Traité sur le commerce des armes, qu’il considère comme un instrument qui promeut la transparence et la responsabilité en matière d’utilisation et de transfert illicite d’armes, tout en ayant à l’esprit les principes humanitaires. 

S’agissant des armes nucléaires, la Thaïlande salue les pays ayant signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires durant le segment de haut niveau de septembre dernier, car elle considère que ce traité complète celui le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Elle réitère également son soutien au Plan d’action global commun et appelle la République islamique d’Iran et toutes autres parties concernées à trouver des solutions équilibrées pour préserver cet accord.  La Thaïlande se félicite par ailleurs des pas positifs et du dialogue revenu dans la péninsule coréenne.  Elle espère que les parties continueront de bonne foi à trouver des solutions tangibles pour dénucléariser cette région.

Le représentant a aussi indiqué que son pays rejetait tout usage d’armes chimiques et continuerait de travailler avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques sur ce sujet.  Il reste de même engagé dans la lutte contre les armes biologiques.  À cet égard, M. Srivihok a jugé impératif de renforcer la Convention sur les armes biologiques avec des protocoles de vérifications contraignants. 

Enfin, la Thaïlande est consciente que les nouvelles technologies présentent des risques potentiels de conflits, en particulier dans l’espace extra-atmosphérique.  Pour cette raison, elle soutient les instruments existants et salue les nouvelles initiatives conformes au droit international et visant à s’assurer que ces technologies ne sont pas utilisées à des fins non pacifiques. 

Mme SHUO WANG (Singapour) s’est inquiétée de la présence de 14 000 têtes nucléaires dans le monde, alors que les puissances nucléaires continuent de moderniser leurs arsenaux.  Elle s’est interrogée sur le devenir du Plan d’action global commun après le retrait des États-Unis et la décision de l’Iran de cesser de mettre en œuvre certaines de ses obligations.  Elle a exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations et appelé l’Iran à poursuivre une pleine coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). 

Après l’extinction du Traité pour l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, la représentante a dit attendre la prolongation du Traité de réduction des armements stratégiques (New START).  Elle a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à respecter ses obligations et à se dénucléariser pour éviter toute tension dans la péninsule coréenne. 

Mme Wang a exhorté la communauté internationale à renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à l’occasion de son cinquantième anniversaire en 2020.  Elle a souhaité que la Conférence d’examen de 2020 du TNP soit un succès.  Elle a appuyé la création de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) comme mesures concrètes au titre de l’article VII du TNP.  Elle a appuyé les efforts en faveur d’une telle zone au Moyen-Orient.  La représentante a enfin précisé que Singapour avait adhéré au Traité sur le commerce des armes et a exhorté les États à s’entendre sur de nouvelles normes pour éviter des conflits dans les secteurs du cyberespace et de l’espace extra-atmosphérique. 

M. YANN HWANG (France) a d’abord attiré l’attention sur la situation en Syrie, sur l’état de mise en œuvre du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien et sur les agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a déclaré que l’utilisation avérée d’armes chimiques en Syrie était inacceptable et constituait une menace d’une extrême gravité pour le régime de non-prolifération des armes nucléaires.  Pour la France, il est essentiel que la résolution qui sera discutée cette année encore en Première Commission soit ferme et substantielle.  Le représentant a souligné que l’utilisation de l’arme chimique avait brisé un tabou fondamental, et que des sanctions devront être prises: « C’est dans cet esprit que la France a lancé un partenariat international contre l’impunité, aujourd’hui rejoint par 39 partenaires », a-t-il rappelé. 

Le représentant a ensuite assuré que l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien restait en vigueur, l’Iran devant le respecter intégralement et mettre fin aux transferts illicites de missiles et technologies balistiques vers les acteurs étatiques et non étatiques de la région.  S’agissant de la RPDC, il a noté que, comme l’indiquent les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), son programme nucléaire demeure opérationnel.  « Dans ce contexte, la France demande à la RPDC de poursuivre le dialogue et d’engager un processus concret menant à sa dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible et à la communauté internationale de mettre en œuvre les mesures décidées par le Conseil de sécurité ». 

Évoquant ensuite d’autres accords, M. Hwang a estimé que dans le passé, le désarmement avait trop souvent été appréhendé de façon autonome, pour ne pas dire déconnecté de l’environnement de sécurité.  C’est dans l’ignorance du contexte international actuel que l’approche dite « humanitaire » du désarmement nucléaire a conduit à la conclusion du Traité d’interdiction des armes nucléaires, a-t-il estimé.  Pour la France, comme pour un grand nombre d’États en Europe et en Asie, la dissuasion nucléaire continue de jouer un rôle dans la préservation de la sécurité et de la stabilité régionale et internationale. 

Commentant la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et l’arrivée à échéance du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques (New START) en 2021, le représentant a indiqué qu’après cette date la communauté internationale pourrait revenir à une situation d’absence totale de régulation de la compétition nucléaire américano-russe.  Notant que l’approche collective semblait s’effacer peu à peu devant la loi du plus fort, il a rappelé que la France et l’Allemagne avaient lancé l’« Alliance pour le multilatéralisme », une initiative informelle comprenant une cinquantaine de pays convaincus qu’un ordre multilatéral fondé sur le droit international est la seule garantie fiable pour la paix. 

Toujours dans le domaine des armes nucléaires, le représentant a jugé indispensable la négociation, au sein de la Conférence du désarmement (CD), d’un traité interdisant la production des matières fissiles et plaidé en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

À propos des armes classiques, M. Hwang a souligné combien il était important que le Traité sur le commerce des armes devienne universel.  Le représentant a, par ailleurs, rappelé à quel point l’espace est aujourd’hui au cœur d’une compétition stratégique et industrielle qui touche des applications tant civiles que militaires.  La France, a-t-il précisé, continue de promouvoir un engagement accru pour aboutir à des normes de comportement responsable dans l’espace. 

Enfin, le représentant a rappelé que la France avait lancé en novembre 2018 l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace.  D’autre part, il a estimé que des solutions durables doivent être apportées aux difficultés de financement des conventions de désarmement, et il a indiqué que la France resterait attentive à ce que les exigences du multilinguisme demeurent respectées. 

M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a estimé que, dans le contexte actuel d’émergence des nouvelles technologies qui accentuent le risque de militarisation de l’espace, et compte tenu du fait que sécurité internationale et désarmement se renforcent mutuellement, il était urgent de prendre des mesures qui maintiennent et renforcer le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Nous devrions améliorer l’environnement sécuritaire international en progressant sur la voie du désarmement nucléaire, cela sous l’égide du Traité et en vue de parvenir à un monde sans armes nucléaires, a-t-il encore jugé.  À cet égard, le représentant a appelé les délégations à honorer leurs engagements pour faire de la Conférence d’examen de 2020 un succès.  Il a ainsi plaidé pour un renforcement de la transparence et de la confiance mutuelle, cela à travers d’un dialogue interactif soutenu, la prise de mesures de réduction du risque nucléaire, à des discussions approfondies sur un traité interdisant la production de matières fissiles et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). 

Le représentant a par ailleurs évoqué l’initiative « Creating an Environment for Nuclear Disarmament », qui a tenu une réunion plénière en juillet dernier à Stockholm, créant un élan grâce à une participation de haut niveau et des discussions interactives qui, selon lui, devraient également avoir lieu à la Conférence du désarmement afin de revitaliser le mécanisme onusien de désarmement.  Pour M. Takamizawa, tous ces efforts conjoints ne peuvent que contribuer à reconstruire la coopération et restaurer la confiance entre États Membres.  Le représentant a d’ailleurs annoncé que sa délégation présenterait cette année un nouveau projet de résolution appelant à des actions communes et à un dialogue préparant l’avènement d’un monde sans armes nucléaires. 

Face aux tirs de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a réaffirmé le ferme engagement de son pays à contribuer au démantèlement irréversible, vérifiable et complet de l’arsenal et des installations nucléaires nord-coréens.  Nous appelons tous les États Membres à mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il conclu. 

M. DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande), a cité le Secrétaire général, M. António Guterres, qui avait déploré que les États « ne cherchent pas la sécurité dans les vertus éprouvées de la diplomatie et du dialogue mais en mettant au point et en accumulant de nouvelles armes ».  Le représentant a parlé de « paysage difficile » pour qualifier la situation sur les questions de désarmement et de sécurité internationale aujourd’hui.  « Nous, États Membres, avons la responsabilité d’arrêter la course aux armements, de redonner sa valeur à la diplomatie et au dialogue, et de réaffirmer notre engagement en faveur du désarmement et de la Charte des Nations Unies », a-t-il rappelé. 

M. Higgie a estimé que le Programme de désarmement « Assurer notre avenir commun », présenté l’an dernier par le Secrétaire général, était un des rares facteurs d’optimisme dans le paysage actuel.  Il a expliqué que la Nouvelle-Zélande avait choisi de travailler sur trois questions.  Concernant la partie du programme dédiée aux armes nucléaires, la Nouvelle-Zélande a récemment coordonné le Groupe de la levée de l’état d’alerte, une des approches pour lutter contre le risque d’utilisation du feu nucléaire.  Le pays va aussi « soutenir fortement » la proposition tendant à limiter l’usage des armes explosives en zones peuplées.  Enfin, le représentant a insisté sur l’importance de l’encadrement du trafic des armes légères. 

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a souligné que tant qu’existeront d’immenses stocks d’armes nucléaires, les risques perdureront que se produisent des détonations accidentelles ou malveillantes menaçant l’existence même de l’espèce humaine.  Il a ainsi appelé à l’extension de garanties négatives de sécurité, par lesquelles les puissances nucléaires s’engagent à ne pas utiliser d’armes nucléaires contre les États non dotés parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire (TNP).  Il a, en outre, appuyé la création de zones exemptes d’armes nucléaires qui contribuent, a-t-il dit, au désarmement et à la non-prolifération des armes nucléaires partout dans le monde. 

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur le danger que représentent les bombes à sous-munitions, qui frappent de manière indiscriminée et affectent à long terme le développement humain et économique des sociétés.  Ces armes, a-t-il rappelé, sont celles qui ont été le plus massivement utilisées pendant la guerre du Viet Nam, laissant derrière elles de vastes zones du territoire lao contaminées.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à soutenir techniquement et financièrement la mise en œuvre du Programme national lao d’élimination des munitions non explosées. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) s’est inquiétée de l’érosion progressive du multilatéralisme et des forums de désarmement ainsi que de l’augmentation des dépenses militaires, doublée de la sophistication des armes.  Face à ce constat, la représentante a assuré que la réalisation du désarmement nucléaire reste la priorité des objectifs de désarmement.  « Soixante-quatorze ans après les bombardements criminels de Nagasaki et Hiroshima, il reste 13 865 têtes nucléaires létales, dont 3 720 déployées et 2 000 en état d’alerte » a constaté Mme Rodríguez Abascal.  Elle s’est particulièrement inquiétée que les États-Unis aient abaissé le seuil envisagé pour le recours à une arme nucléaire, ce qui rend possible la reprise d’essais nucléaires à des fins de modernisation sous prétexte de sécurité. 

La représentante a accusé les États-Unis de se lancer dans une nouvelle course aux armements tout en se retirant de traités existants, citant le cas du Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires et le Plan d’action global commun avec l’Iran.  Elle a rappelé qu’en 1979, Fidel Castro avait dit à l’Assemblée générale: « Nous devons nous débarrasser de l’illusion que les problèmes du monde peuvent se résoudre avec des bombes nucléaires ».  Pour Mme Rodríguez Abascal, la seule façon d’éviter le recours à des armes nucléaires est d’assurer leur élimination complète, de manière transparente et irréversible.  Dans ce contexte, elle a souhaité que la Conférence d’examen de 2020 du Traité de non-prolifération puisse aboutir à des recommandations de fonds pour avancer vers le désarmement nucléaire.  « Cinquième État à avoir ratifier le Traité d’interdiction des armes nucléaires, Cuba fera tout pour parvenir au désarmement nucléaire » a insisté la représentante.

Par ailleurs, Mme Rodríguez Abascal a regretté que les États-Unis soient le seul État partie aux conventions d’interdiction des armes chimiques et biologiques à ne pas s’être acquitté de ses obligations.  Elle a dénoncé l’attitude de ce pays, qui impose des sanctions coercitives unilatérales pour empêcher des États de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a condamné le blocus imposé par les États-Unis à son pays.  La représentante a également rappelé que les États-Unis étaient le principal producteur et exportateur d’armes à feu et qu’il y avait eu 300 fusillades ayant fait 800 morts dans ce pays depuis le début de l’année.  Elle a enfin condamné la militarisation du cyberespace et de l’espace. 

M. BAASANKHUU PUREV (Mongolie) s’est alarmé de la hausse continue des dépenses militaires dans le monde, qui serait de 76% plus élevé par rapport à 1998, année qui a marqué le seuil le plus bas de ces dépenses après la fin de la guerre froide.  Le représentant a rappelé l’attachement de son pays au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, à la Convention sur les armes chimiques et à la Convention sur les armes biologiques, ainsi qu’au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), « pierre angulaire » du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  « Nous espérons que la Conférence d’examen du TNP en 2020 donnera lieu à des délibérations fructueuses et sera l’évènement marquant qui marquera le cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur du TNP », a déclaré M. Purev. 

Le représentant a ensuite regretté l’échec de la Commission du désarmement à s’engager dans un travail substantiel sur la base d’un programme de travail agréé, qui continue de fragiliser sa crédibilité et ouvre la voie à des questions sur sa pertinence.  Nous sommes convaincus, a ajouté M. Purev, que les insuffisances de la Conférence reposent sur des différences manifestement incompatibles entre États Membres.  « Ces différences, tout étant réelles et importantes, ne peuvent continuer d’entraver les progrès dans les champs du désarmement et de la non-prolifération », a-t-il estimé.  Le représentant a conclu en estimant que l’existence de zones exemptes d’armes nucléaires et le statut internationalement reconnu de pays dénucléarisé de la Mongolie contribuait à la réalisation des objectifs du désarmement et de la non-prolifération nucléaire.

M. AIDEN LIDDLE (Royaume-Uni) a rappelé que son pays avait joué un rôle essentiel dans l’édification du mécanisme onusien de désarmement.  Rappelant que serait célébré l’an prochain le cinquantième anniversaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le représentant a estimé que ce régime devait être maintenu pour encadrer les actions futures de désarmement nucléaire.  Il a, d’autre part, assuré que le Royaume-Uni avait tenté cette année, par le biais d’un projet de décision, de relancer la Conférence du désarmement à Genève où, a-t-il déploré, une poignée d’États bloquent toute initiative constructive pour sortir cet instrument essentiel de l’impasse dans lequel il se trouve depuis deux décennies.  Nous défendons une représentation féminine accrue au sein des différents processus en cours de désarmement, a-t-il encore signalé. 

Le représentant a ensuite imputé à la Russie l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, l’accusant d’indifférence à l’égard des accords de contrôle des armements et d’être une source constante et dangereuse d’instabilité en Europe.  Les missiles russes qui ont été mis au point et déployés, dans le plus secret, peuvent atteindre des villes européennes, a-t-il fait remarquer, ajoutant que les dénis répétés de la Russie lorsqu’elle est confrontée aux faits fragilisent la diplomatie.  Le représentant a également appuyé fermement le travail de l’équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, qui doit permettre d’identifier les auteurs d’attaques chimiques en Syrie.  Ce travail représente une étape importante pour assurer que la justice soit rendue, pour dissuader toute attaque future de cette nature et, partant, pour renforcer la norme internationale interdisant l’usage des armes chimiques. 

M. Liddle a salué les discussions entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), tout en appelant au maintien de l’application des sanctions tant que des mesures concrètes n’auront pas été prises en faveur d’une dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne.  Il a également estimé que les programmes de missiles à longue portée de l’Iran représentaient une menace pour la sécurité européenne et déstabilisait la région.  Par conséquent, il a appelé ce pays à respecter les résolutions du Conseil de sécurité visant la mise au point et la prolifération des missiles.  En conclusion, il a rappelé que le Royaume-Uni, « puissance nucléaire responsable », continuait à faire pleinement partie du TNP en tant qu’instrument central de l’architecture internationale de sécurité et, qu’à cette aune, il promouvait le désarmement et la non-prolifération nucléaires ainsi qu’une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a dit l’urgence d’éliminer les armes de destruction massive en rappelant qu’elles constituent une menace pour l’existence même de l’humanité.  Il a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) représentait la pierre angulaire de tous les efforts de désarmement, ajoutant que ce serait l’Argentine qui présiderait la Conférence d’examen 2020 du TNP.  Il a estimé que l’entrée en vigueur et l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) représenteraient des étapes décisives pour préserver le TNP. 

Pour l’Argentine, le Traité de Tlatelolco portant sur l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, représente une contribution réelle au désarmement dans le sens ou les États dotés de l’arme nucléaire doivent le respecter dans cette région.  Compte-tenu de l’exemple que constitue la zone exempte d’armes nucléaires ainsi créée en Amérique latine et dans les Caraïbes, le représentant de l’Argentine a regretté qu’aucun membre de cette région n’avait jamais pu, en 60 ans, diriger l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a indiqué que l’Argentine avait proposé un candidat à la direction générale de l’AIEA.

Par ailleurs, le représentant a estimé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) représentait le défi le plus important au régime international de non-prolifération nucléaire.  Par ailleurs, « face à l’utilisation d’armes chimiques, M. García Moritán a appelé à agir de manière unie afin d’éviter l’affaiblissement de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ».  Il a aussi indiqué que l’Argentine présiderait en 2020 à Genève la Sixième conférence des États partie au Traité sur le commerce des armes.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur l’importance de nouvelles normes et mesures de transparence et de confiance pour réguler les activités spatiales et éviter des conflits dans le domaine du cyberespace. 

Mme MABEL LIM (Brunéi Darussalam), s’alignant sur les déclarations faites par le Myanmar au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et par l’Indonésie au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, que son pays a signé, constituait une étape majeure vers le désarmement nucléaire.  Il complète aussi d’autres cadres visant le désarmement et le régime de non-prolifération, comme le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-elle ajouté. 

Alors que l’année prochaine marquera le cinquantième anniversaire de l’adoption du TNP, le Brunéi Darussalam réitère à la communauté internationale pour qu’elle s’entende sur un socle de base pour avancer vers l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle appelle, en outre, à la mise en œuvre des documents issus des Conférences d’examen de 1995, 2005, 2010, qui contiennent une série de mesures à prendre pour parvenir à l’objectif. 

Mme Lim a également réaffirmé la détermination de son pays à faire en sorte que l’ASEAN demeure une zone exempte d’armes nucléaires et de toute arme de destruction massive, tel que cela est enraciné dans la Charte de l’ASEAN et dans le Traité de Bangkok.  Pour cette raison aussi, son pays souhaite aussi que des progrès soient faits pour parvenir à l’objectif de création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Brunéi Darussalam espère donc que la décision 73/546 adoptée l’an dernier et visant la convocation d’une conférence sur la création d’une zone au Moyen-Orient exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive sera suivie d’effets.

M. SARMAD AL-TAIE (Iraq) a insisté sur l’urgence de remobiliser la volonté politique pour œuvrer à l’universalité de tous les accords de désarmement.  Pour l’Iraq, le désarmement nucléaire demeure la priorité et le représentant s’est inquiété des difficultés à parvenir à un document final pour la Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Le représentant a estimé que la non-application de la résolution adoptée par la Conférence des parties au TNP sur le Moyen-Orient lors de la Conférence d’examen de 1995, dans laquelle il a vu le quatrième pilier du TNP, affaiblissait la crédibilité de celui-ci et minait la paix dans cette région.  Pour l’Iraq, la dénucléarisation d’Israël et le placement des installations de ce pays sous le régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) constituent des conditions préalables importantes à davantage de stabilité au Moyen-Orient.  À cet égard, le représentant a exhorté tous les pays de la région à prendre part à la conférence qui se tiendra au Siège des Nations Unies au mois de novembre, sous la présidence de la Jordanie, dans l’objectif de parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Il s’est aussi inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis 20 ans. 

M. PANKAJ SHARMA (Inde) a d’abord expliqué l’incapacité, cette année encore, de la Conférence du désarmement à adopter un programme de travail par le manque de volonté politique de certains États, « qui attribuent la situation de blocage de la Conférence à des défauts de procédure ».  Par le passé, la Conférence a négocié avec succès d’importants instruments en fonctionnant selon les mêmes procédures, a-t-il rappelé, insistant sur l’importance de voir la Conférence retrouver sans délai son statut d’unique enceinte de négociations multilatérales de désarmement. 

M. Sharma a ainsi rappelé que son pays continuerait de proposer la négociation, au sein de la Conférence, d’une convention interdisant les armes nucléaires et qu’il soumettrait pour adoption au cours de la présente session de la Première Commission quatre projets de résolution: un texte sur le projet de convention, un texte sur la réduction du risque nucléaire, un autre sur des mesures de prévention de l’acquisition d’armes de destruction massive par des groupes terroristes et, enfin, un texte sur le rôle de la science et de la technologie dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement. 

C’est encore au sein de la Conférence du désarmement que le représentant a demandé que soit négocié un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires et que démarrent un travail de fond et l’élaboration de mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales. 

Concernant les armes classiques, M. Sharma a souhaité la poursuite des discussions intergouvernementales et d’experts en cours sur les systèmes d’armes létales autonomes, dont il a souhaité qu’elles débouchent sur des recommandations approuvées par consensus. 

Pour M. John Davison (Canada), l’année 2020 offre de nombreuses occasions de renforcer l’architecture et la détermination internationale en matière de désarmement: il a cité le cinquantième anniversaire et la conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, pour laquelle il a appelé les États Membres à la transparence et à soumettre régulièrement leurs rapports au TNP.  Pour renforcer la non-prolifération, il a également appelé les États cités à l’Annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) à le ratifier et à ouvrir les négociations en vue d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Dans cet esprit, le Canada, les Pays-Bas et l’Allemagne présenteront pour adoption par la Commission une décision en ce sens.  Enfin, les traités déjà existants, comme le New START, doivent être étendus, a poursuivi le représentant. 

M. Davidson s’est félicité que les États parties aient institutionnalisé au sein de l’Organisation, pour l’interdiction des armes chimiques, l’identification de ceux qui se rendent responsables de leur utilisation étant donné les récents exemples dont le régime syrien.  Il a également jugé de première importance, « fondamental pour le Canada » d’introduire une perspective de genre dans tous les traités et accords de désarmement.

Enfin, le représentant a estimé que 2019 resterait comme une année mitigée en ce qui concerne la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  En effet, d’un côté ont été élaborés, au sein du groupe de travail sur la question, une série de mesures techniques et de recommandations en vue de préserver cet espace.  De l’autre, le groupe d’experts gouvernementaux n’est pas parvenu à produire un document final.  Aux yeux du représentant, un incident survenu dans l’année a pourtant souligné à quel point il était urgent de traiter de la menace des débris dans l’espace et important de ne pas en créer de nouveaux intentionnellement.  S’agissant du cyberespace en revanche le Canada estime que l’architecture existante, basée sur le respect du droit international, doit permettre de garantir paix et stabilité.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a déclaré que le monde ne pouvait pas poursuivre la course aux armements et assurer, en même temps, le développement économique et social.  « Les deux sont incompatibles » a-t-il martelé.  Il a dénoncé le manque de volonté des États dotés d’armes nucléaires pour atteindre les principes et objectifs de la non-prolifération et du désarmement nucléaires et insisté sur la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. 

Le représentant s’est ensuite particulièrement inquiété du développement de nouvelles technologies comme les drones ou les systèmes d’armes létaux autonomes, en notant le risque de voir ces armes tomber entre les mains d’acteurs non-étatiques.  Il s’est inquiété de la prolifération des armes légères et de petit calibre qui font des centaines de milliers de victimes dans le monde chaque année et qui empêchent l’avènement d’un pays démocratique en Libye.  Il s’est félicité de la qualité du document final de la troisième Conférence d’examen du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères.  En outre, il a appelé à la mise en place de normes et cadres juridiques pour éviter des conflits dans le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique. 

M. FELIX BAUMANN, (Suisse), s’est inquiété de voir « les instruments et normes clefs dans le domaine du désarmement remis en cause », ce qui témoigne à ses yeux d’un « environnement stratégique dégradé. »  Selon lui, la question la plus préoccupante est celle des armes nucléaires, avec la fin du Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire et les incertitudes sur la pérennité du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien ou encore sur la prolongation du Traité New START au-delà de 2021.  La Suisse appelle les acteurs concernés à tout faire pour préserver ces instruments.  « Réaffirmer collectivement qu’une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit pas être menée nous semblerait essentiel », a-t-il ajouté. 

M. Baumann a condamné l’emploi des armes chimiques, notamment en Syrie et appelle à ce que les responsables soient traduits en justice.  Il a rappelé que la Suisse avait soutenu la mise en place d’un mécanisme d’identification des coupables au sein de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et s’est félicité des progrès accomplis dans la mise en œuvre de cette décision. 

Le représentant s’est félicité du rôle joué par l’ONU dans la mise en place d’un cyberespace « libre, ouvert et sûr » avec en ligne de mire « l’opérationnalisation des normes applicables au cyberespace, tout particulièrement du droit international, des normes facultatives et des mesures de confiance ».

Concernant les systèmes d’armes létaux autonomes, M. Baumann a estimé que « les travaux entrepris dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques avaient déjà permis de préciser certains éléments clefs, notamment le fait que le droit international humanitaire s’appliquait pleinement à ces armes et l’importance de l’interaction homme-machine ».  Il a cependant noté que des « efforts significatifs » étaient encore nécessaires dans ce domaine.  En conclusion, il a fait part de la préoccupation de la Suisse concernant plusieurs dossiers « restés en jachère », notamment la question des normes applicables dans l’espace extra-atmosphérique, de plus en plus militarisé.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES, (Portugal), a mis en garde:  « La détérioration actuelle de l’environnement sécuritaire international et ses effets délétères sur l’architecture de désarmement et de non-prolifération sur les armes nucléaires sont très préoccupants ».  Pour le représentant, « nous devons inverser la tendance! ».  Le Portugal regrette tout particulièrement l’expiration du Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires et souligne la nécessité de prolonger le Traité New START au-delà de 2021.  Le Portugal appelle par ailleurs toutes les parties, en particulier l’Iran, à appliquer le Plan d’action global commun.  M. Duarte Lopes a aussi regretté que la Commission du désarmement des Nations Unies n’ait pu se réunir cette année.  « Nous devons travailler ensemble pour dépasser nos désaccords et lui permettre de faire son travail », a-t-il estimé. 

M. ABDULMOHSEN A. ALMANSOURI (Koweït) a déploré le manque d’engagements des États nucléaires, « qui persistent à placer la dissuasion nucléaire au centre de leur doctrine de sécurité ».  Pour le représentant, cette politique contredit les obligations contractées par ces mêmes États au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Ce dernier est le cœur du mécanisme onusien de désarmement, a-t-il rappelé, souhaitant que les États Membres unissent leurs efforts pour parvenir à un consensus lors de la prochaine Conférence d’examen du Traité, en 2020. 

Dans l’attente d’une élimination complète et irréversible des armes nucléaires, le Koweït appuie la création de zones exemptes d’armes nucléaires, y compris au Moyen-Orient.  Le représentant a souligné l’importance de la conférence prévue en novembre sur cette question, sous la présidence de la Jordanie.  À ce propos, il a invité les participants à faire montre de responsabilité pour parvenir à un instrument juridiquement contraignant.  M. Almansouri a en outre rappelé le caractère inaliénable du droit de tous aux usages à des fins pacifiques et de développement de l’énergie nucléaire, son pays coopérant en ce sens avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) depuis la fin des années 1960. 

Le représentant a déploré l’utilisation de drones armés pour mener des attaques contre des infrastructures nationales.  Il a soutenu les propos du Secrétaire général des Nations Unies demandant la mise en place de mécanismes de contrôle de « ces véritables armes qui menacent les civils, la paix et la stabilité régionales ».  Il a conclu en déclarant que son pays était solidaire du Royaume d’Arabie saoudite, « cible d’attaques illégales ». 

M. MILIKO LABA (Botswana) a regretté la dégradation de la situation internationale due à une nouvelle course aux armements.  Les dépenses militaires ont encore augmenté avec la prolifération des armes nucléaires, des petites armes, l’émergence de nouveaux défis liés aux technologies et à la sophistication des munitions et de leurs modes de lancements.  Pendant ce temps, la production d’armes et leur usage entravent le développement durable et écologique, la préservation de la nature, crée un accès encore plus inégal aux ressources.  Le Botswana demeure particulièrement inquiet face au trafic des petites armes; c’est pourquoi il a récemment adhéré au Traité sur le commerce des armes et appelé les États Membres à rendre son application plus efficace.

Le pays a également signé récemment le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires, qui rendrait les outils de destruction illégaux et vise à éliminer leur production et bannir leur usage, a rappelé M. Laba.  Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à le signer rapidement, tout en soulignant l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. 

Enfin, quand il s’agit de désarmement, un quart seulement des femmes prennent part aux travaux pour trois quarts d’hommes composant les assemblées, a fait observer le représentant.  Or, les femmes sont les premières victimes des armes et des conflits dont elles souffrent de manière disproportionnée, a-t-il insisté, réclamant qu’une place plus consistante leur soit réservée dans ces instances. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée, RPDC) a dénoncé l’attitude des États-Unis qui, « de façon arbitraire et pour défendre leurs seuls intérêts », sont responsables de l’instabilité de l’environnement sécuritaire international.  Il a pointé du doigt les manœuvres militaires conjointes conduites « en mer et dans les airs » dans la péninsule coréenne, qu’il a qualifiées d’hostiles et contraires à la création d’une atmosphère de dialogue et de réconciliation. 

Le comportement imprudent du Japon est également cause d’instabilité dans la région, le pays, qui augmente chaque année ses dépenses militaires, ne cachant plus son intention de devenir une puissance militaire majeure, a accusé le représentant.  Il a ensuite reproché au Royaume-Uni, à la France et à l’Allemagne d’avoir récemment demandé la tenue d’une réunion privée du Conseil de sécurité, réunion demandée en réalité, selon lui, par les États-Unis.  Comment ces pays peuvent-ils condamner nos mesures de légitime défense? a-t-il demandé, avant de reprocher à la Suède, à l’Australie « et d’autres États Membres » d’appeler à l’application des sanctions « inhumaines » contre son pays.  Ces sanctions du Conseil de sécurité, nous ne les reconnaissons pas et nous ne les acceptons pas, a martelé le représentant, qui a assuré la Commission que son pays fournirait des efforts sincères pour parvenir, par la voie d’un dialogue constructif à la communauté internationale, à la paix et à la sécurité dans la péninsule coréenne et dans le monde. 

M. GIANFRANCO INCARNATO (Italie) a déclaré que les États dotés étaient « responsables au premier chef » du désarmement nucléaire.  « Nous encourageons tout particulièrement les États-Unis et la Russie à de nouvelles réductions de leurs arsenaux et à engager un dialogue constructif sur la prolongation du Traité New START au-delà de 2021 », a-t-il exhorté.  Il a, en outre, appelé tous les États qui ne l’auraient pas encore fait à signer et à ratifier « sans délai » le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Le représentant a aussi appelé l’Iran à « revenir sans délai à une application complète » du Plan d’action global commun.  Il a aussi exprimé sa « profonde préoccupation » au sujet des récents tirs de missiles balistiques dans la péninsule coréenne, en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. 

« Il est impératif de poursuivre ceux qui ont perpétré les attaques chimiques en Syrie », a poursuivi M. Incarnato, saluant la mise en place de l’équipe d’investigation et d’identification au sein de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Le représentant a enfin appelé à mettre en place un cadre global de règles internationales en ce qui concerne l’espace extra-atmosphérique. 

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) s’est inquiété de voir des accords clefs de désarmement et de non-prolifération défiés pour la première fois depuis la fin de la guerre froide.  Il a cité en ce sens l’extinction du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en raison du non-respect des obligations par la Fédération de Russie, le recours à des armes chimiques ou encore la facile disponibilité d’armes légères dans toutes les zones de conflit.  Il a appelé à de nouvelles mesures de confiance et de transparence pour relancer les efforts de désarmement et éviter de reproduire les erreurs des courses aux armements du passé. 

Dans ce contexte, M. Valtýsson a estimé que la priorité de la communauté internationale dans les prochains mois sera de garantir le succès de la Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et d’obtenir un accord russo-américain pour l’extension du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (New START).  Tout en se félicitant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires soit un des accords internationaux les plus soutenus, il a regretté l’absence d’adhésions clefs pour permettre son entrée en vigueur.  « La négociation d’un traité sur les matières fissiles est un autre facteur important pour lutter contre la prolifération », a-t-il ajouté. 

Au-delà de la priorité du désarmement nucléaire, le représentant a appelé à soutenir l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour lui permettre d’enquêter sur les attaques chimiques et tenir les auteurs responsables.  Rappelant que les armes légères et de petit calibre font 500 000 morts par an, M. Valtýsson a appelé à saisir l’opportunité du Traité sur le commerce des armes pour mettre fin au commerce illégal et limiter la disponibilité de ces armes dans toutes les zones de conflit. 

Mme ANN-SOFIE NILSSON (Suède) a déclaré que la détérioration de l’environnement sécuritaire mondial et les développements intervenus depuis la session de 2018 de la Première Commission montrent que la diplomatie du désarmement a pris une dangereuse trajectoire.  « Le développement de nouvelles capacités nucléaires nous éloigne de notre objectif collectif d’un monde libéré des armes nucléaires et le risque d’une nouvelle course aux armes nucléaires ne peut plus être ignoré », a-t-elle déclaré. 

Pour relancer la diplomatie du désarmement, la représentante a exhorté les États Membres à s’inspirer du fort engagement du Secrétaire général, exprimé à travers son nouveau programme de désarmement.  Elle a indiqué que la Suède, « champion du dialogue », avait lancé en début d’année une initiative visant à mobiliser un élan politique pour permettre un résultat ambitieux lors de la Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Elle a précisé que 16 États non dotés de l’arme nucléaire s’étaient rassemblés à Stockholm pour transmettre un message politique fort sur la nécessité de progrès dans le domaine du désarmement. 

 Pour la Suède, il est indispensable de réaffirmer que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération, que les engagements précédents relatif au TNP restent valides, et qu’on ne peut pas gagner une guerre nucléaire.  La représentante a aussi appelé à un « paquet de mesures couvrant les trois piliers du TNP, qui inclue la mise en œuvre de tous les engagements relatifs à l’article VI du traité », ainsi qu’à un cadre perfectionné pour un suivi systématique après 2020.  Elle a aussi jugé indispensable de renforcer les garanties négatives de sécurité et améliorer la transparence en matière d’arsenaux et stocks de matières fissiles. 

 Notant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires représentait une pièce centrale des efforts de non-prolifération, la représentante a estimé que son entrée en vigueur devait rester une priorité de la communauté internationale.  Mme Nilsson a indiqué qu’en revanche la Suède n’adhèrerait pas au Traité d’interdiction des armes nucléaires parce qu’elle considère que le contenu de ce traité est imparfait. 

Enfin, pour la Suède, le programme nucléaire de la République Populaire et Démocratique de Corée reste une grande menace au régime de non-prolifération.  Par ailleurs, « le non-respect par l’Iran du Plan d’action global commun est un revers sérieux », a-t-elle conclu. 

M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a appelé à une action commune en faveur de la sécurité internationale.  Pour le représentant, les armes de destruction massive sont la première menace à la paix et à la sécurité internationales.  Dans ce contexte, il a jugé urgent que la Conférence du désarmement adopte un programme de travail complet « pour répondre aux aspirations en matière de paix de la communauté internationale ». 

Le représentant a également appuyé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, avant de souligner l’engagement de son pays pour améliorer la sécurité dans le cyberespace.  Cibles de cyberattaques, nous avons mis à jour la législation nationale en la matière et participons activement aux discussions du Groupe de travail à composition non limitée sur la cybersécurité, a-t-il signalé.  M. Al-Khalifa a enfin indiqué que son pays se proposait d’organiser une conférence internationale sur les questions liées de la cybersécurité et du droit international. 

M. SYED MOHAMMAD HASRIN AIDID (Malaisie) s’est inquiété de l’extinction du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée et de la possibilité que le Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (New START) ne soit pas reconduit après 2021.  Face à ces sources de tensions, il a jugé nécessaire de relancer un dialogue constructif afin que l’architecture du désarmement soit préservée.  Il a rappelé la validité de l’objectif visant à parvenir à un monde libéré des armes nucléaires en estimant que la Conférence d’examen du TNP en 2020 serait une occasion idoine d’avancer en matière de désarmement nucléaire.  Il a souligné la pertinence de mettre l’accent sur la sensibilisation du grand public en saluant la célébration le 26 septembre de la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

« Nous disons notre appui sans faille pour l’entrée en vigueur d’un Traité d’interdiction totale des armes nucléaires », a poursuivi le représentant de la Malaisie, avant de juger fondamentale l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  La création de zones exemptes d’armes nucléaires fait partie intégrante du désarmement nucléaire et de la promotion de la paix au niveau régional, a-t-il en outre estimé.  Enfin, il a jugé contre-productif pour la paix et la sécurité dans la région, le lancement d’un missile le 2 octobre dernier par la République populaire démocratique de Corée. 

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) s’est inquiété des menaces sans précédent qui pèsent sur les mécanismes de désarmement, citant les incertitudes autour de l’avenir du Traité New START et la fin du traité sur les forces nucléaires intermédiaires.  Il a jugé la situation d’autant plus inquiétante que les dépenses militaires en 2018 dans le monde ont augmenté de 76% comparé à la moyenne des dernières années pour totaliser 1 800 milliards de dollars.  En tant que telle, la communauté internationale doit tout faire pour réduire les tensions, notamment autour du Plan d’action global commun relatif au nucléaire iranien, les conflits au Moyen-Orient et les guerres civiles ailleurs dans le monde.  Il faut tendre vers des résultats pragmatiques, notamment dans le rapprochement entre les deux Corées pour garantir une paix durable, a plaidé le représentant. 

Une source d’inquiétude, a poursuivi M. Rattray, a été l’incapacité de la Commission du Désarmement des Nations Unies à réunir formellement sa deuxième session au cours de l’année.  Il a souhaité qu’elle parviendrait à reprendre ses travaux en 2020 sans rencontrer les mêmes difficultés.  Également de première importance sera en 2020 la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et M. XXXXX a dit espérer que soit acquis cette fois le consensus qui avait fait défaut lors du précédent examen, en 2015, afin d’adopter des recommandations solides et d’ouvrir la voie à un monde sans armes nucléaires.

Simultanément, la prolifération des armes légères et de petit calibre, qui concerne la Jamaïque au premier chef, doit être endiguée, a poursuivi le représentant.  Enfin, M. Rattray a salué les travaux en cours sur l’information et les télécommunications et la sécurité internationale.  Mais il a souhaité que les États Membres puissent contribuer aux délibérations du Groupe d’experts gouvernementaux sur les responsabilités dans le cyberespace, comme cela est rendu possible via le groupe de travail ouvert créé par la résolution 73/27 de l’Assemblée générale, dans lequel la CARICOM est, a-t-il rappelé, déjà engagée.

M ROBBERT GABRIËLSE (Pays-Bas) a assuré que son pays poursuivrait ses efforts pour renforcer l’architecture existante en matière de non-prolifération sur les armes nucléaires et de désarmement, en particulier en ce qui concerne le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le projet de traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Il a appelé au lancement « immédiat » des négociations concernant ce dernier, souhaitant que la Première Commission reste suffisamment unie pour poursuivre ses efforts multilatéraux.  Par ailleurs, le Traité FNI ne pouvait survivre, dès lors qu’il n’était pas respecté par une de ses parties, a estimé M. Gabriëlse, qui n’en a pas moins regretté les graves implications de sa disparition sur la stabilité et la sécurité de la région euro-atlantique.

De même, le Plan d’action global commun est sous forte pression actuellement.  Pour les Pays-Bas, le programme nucléaire iranien doit rester sous contrôle international.  M. Gabriëlse a appelé les parties à mettre en œuvre la résolution 2231(2015) du Conseil de sécurité et à renforcer sa coopération pour lutter contre les défis posés par la République démocratique populaire de Corée, dont le dernier essai balistique est une nouvelle violation des résolutions de l’ONU. 

Les nouvelles technologies, avec leurs énormes possibilités, posent également de nouveaux défis en matière de sécurité.  C’est pourquoi le représentant a appelé à s’engager collectivement pour réduire les menaces par l’adhésion à des normes et principes négociés, par la voie de discussions inclusives et pragmatiques. 

Enfin, le nombre de victimes dues aux armes classiques devrait rappeler tout le monde à une action collective pour les éliminer, notamment les mines antipersonnel dans les zones urbaines, le trafic transfrontalier de petites armes, ou encore les munitions à fragmentation, a déclaré le représentant.  Il a donc insisté sur la nécessité d’une mise en œuvre universelle du Traité sur le commerce des armes, regretté le retrait d’un des États signataires et appelé tous les pays à rejoindre le seul instrument international juridiquement contraignant sur cette question.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a demandé que la Commission s’éloigne des débats acrimonieux pour faire de la place à des discussions sur la manière de renforcer la solidarité et de rétablir la confiance entre les États.  Nous devons rechercher davantage le consensus, malgré les questions sensibles et complexes et nos divergences, a encouragé le représentant.  À la veille du cinquantième anniversaire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de sa Conférence d’examen en 2020, force est de constater que les engagements n’ont pas été respectés, a-t-il noté.  Ces engagements, a-t-il ajouté, sont même remis en cause par les mots et les actes de certains États.  Le représentant a jugé plus qu’urgent de renforcer le désarmement nucléaire et le régime international de non-prolifération des armes nucléaires.  L’Afrique du Sud, a-t-il rappelé, a dûment ratifié, cette année, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Elle est également fière de faire partie de processus importants dans cette Commission, à savoir le Groupe de travail à composition non limitée et le Groupe d’experts sur les développements dans le domaine de l’information et de télécommunications, dans le contexte de la sécurité internationale. 

Soulignant l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires, le représentant s’est félicité de la convocation d’une Conférence sur la question, en marge de la Conférence d’examen du TNP.  Il s’est aussi félicité de la convocation de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes dans la région du Moyen-Orient, en novembre prochain.  Il a conclu en regrettant, une nouvelle fois, la décision des États-Unis de se retirer du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a jugé urgent, en cette période d’inertie du mécanisme de désarmement, de mettre l’accent sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire.  Il a estimé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) était un instrument crucial pour parvenir à un monde libéré des armes nucléaires et a regretté que des pays de l’Annexe II bloquent toujours l’entrée en vigueur du traité.  Il a dit la fierté du Brésil d’être partie au Traité de Tlatelolco, qui a été le premier au monde à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans une zone habitée.  Il a estimé que la consolidation des zones exemptes existantes et la création de nouvelles seraient une étape cruciale vers l’élimination de toutes les armes nucléaires. 

M. Vieira a cité la coopération « exemplaire » entre le Brésil et l’Argentine en matière de contrôle de matériel nucléaire en précisant que la collaboration quadripartite entre le Brésil, l’Argentine, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’agence chargée de cette coopération, l’Agence argentino-brésilienne de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires. 

En outre, le Brésil condamne tout recours aux armes chimiques et souligne l’importance de la Neuvième Conférence d’examen de 2021 sur la Convention sur les armes biologiques.  « Nous accordons une grande importance à la prévention de la course aux armements dans l’espace », a-t-il également déclaré, avant de saluer la contribution du Groupe d’experts gouvernementaux sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales. 

M. JAN KICKERT (Autriche) a souligné combien est préoccupante la prolifération de missiles et fusées rapides et de longue portée.  Les nouveaux missiles hypersoniques, notamment, réduisent de manière drastique les temps de réaction et ont, de ce fait, des effets particulièrement déstabilisants, a-t-il précisé.  Le représentant a appelé tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques, un instrument de confiance et de transparence efficace fort de 140 membres. 

Le représentant a également noté que la militarisation croissante de l’intelligence artificielle posait des défis inédits au droit international, y compris le droit humanitaire.  Selon lui, il est temps que la communauté internationale, confrontée à des progrès technologiques effrénés, montre où se situent les limites entre l’acceptable et l’inacceptable.  Il est impératif, sur le plan juridique et éthique, que ce soient des êtres humains, et non des machines, qui seuls puissent prendre la décision de sélectionner des cibles à atteindre, a déclaré M. Kickert.  Le représentant a estimé que, dans le domaine spécifique des systèmes d’armes létales autonomes, ou « robots tueurs », la communauté internationale avait le devoir moral d’agir sur le cadre juridique actuel, « fondé sur des êtres humains, et non sur des machines ».  Il a ainsi appuyé le démarrage sans délai de négociations portant sur un instrument juridiquement contraignant destiné à assurer que ce sont des êtres humains qui continueront de prendre des décisions de vie ou de mort. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a noté « le dynamisme » de la diplomatie multilatérale avec la tenue au printemps et en septembre des travaux préparatoires à la Conférence d’examen de 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et la tenue de la cinquième Conférence d’examen du Traité sur le commerce des armes. 

Mais, a précisé le représentant, pour le Mali, l’année 2020 sera surtout celle de la septième réunion biennale des États pour l’examen et la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères, dont le pays est l’une des victimes majeures.  Les armes de petit calibre sont celles qui occasionnent le plus de victimes dans le monde, aussi contrôler leur flux est un véritable défi pour la sécurité internationale.  Le Mali appelle à une mise en œuvre responsable des instruments internationaux dédiés pour s’assurer, notamment, du non-transfert de ces armes vers des entités non autorisées, faciliter leur traçage rapide et fiable et celui de leurs munitions et réclame des mesures en matière d’assistance et de coopération internationales. 

Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a déclaré que son pays avait toujours appuyé les mesures de désarmement nucléaire.  Elle a appuyé l’importance du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et exprimé son opposition au perfectionnement des armes nucléaires existantes et à la création de nouvelles armes.  Elle s’est inquiétée de recours croissant de la mention des armes nucléaires dans les doctrines stratégiques et politiques de sécurité. 

La représentante a expliqué que le parlement du Honduras avait adopté récemment une loi sur le contrôle des armes à feu, des munitions et matériaux connexes afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains d’utilisateurs finaux non autorisés.  Elle a précisé que le Honduras avait adhéré à la convention sur les armes à sous-munitions.  « Malgré les efforts, le risque d’une course est réel et l’augmentation des budgets nationaux d’armements limite les moyens consacrés aux objectifs de développement économique et social », s’est-elle inquiétée.  C’est pourquoi elle a exhorté les États à adhérer à tous les accords de désarmement pour parvenir à un monde exempt d’armes de destruction massive.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a appelé à la lutte contre le trafic d’armes légères et de petit calibre qui, en Colombie, alimente toujours la criminalité organisée et le terrorisme.  Dans la région, a-t-il ajouté, ces activités permettent aux groupes armés non étatiques d’avoir la mainmise sur des parties entières de territoires nationaux.  La Colombie plaide pour une coopération internationale accrue afin de lutter plus efficacement contre ce trafic.  À cet égard, il a souligné l’importance d’une pleine mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU sur les armes légères, un instrument qu’il a jugé fondamental pour contrôler les armes dans une perspective de développement.  La Colombie, a annoncé le représentant, présentera un projet de résolution sur ces questions qui appellera à l’instauration de systèmes d’échanges d’informations régionaux pour renforcer la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU. 

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a constaté que les avancées observées dans les technologies de l’information et de la communication avaient permis de transformer nos sociétés.  Il s’agit toutefois aujourd’hui de garantir la sécurité du cyberespace dans l’intérêt du bien-être des populations.  Le représentant a appelé à empêcher les terroristes d’exploiter le cyberespace pour radicaliser la jeunesse ou blanchir de l’argent.  Il a rappelé que l’Assemblée générale avait, lors de sa soixante-treizième session, adopté deux résolutions concernant les évolutions observées dans ce domaine avec l’objectif de renforcer l’état de droit dans le cyberespace.  Le commerce des armes légères et de petit calibre continue d’être une menace de taille pour la paix et à la sécurité internationales, notamment en Afrique, a poursuivi M. Amayo, avant d’appeler au renforcement du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et des volets politiques et législatifs nationaux.  L’ONU doit en faire davantage en garantissant que les meilleures pratiques, le partage des informations et les meilleurs outils soient mis à la disposition des États Membres pour traiter de ce problème, a conclu le représentant. 

Pour M. NURUL ISLAM NAHID (Bangladesh), la garantie ultime de paix et de sécurité passe par l’élimination des armes nucléaires.  C’est à cette fin que son pays a adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires du 7 juillet 2017 et l’a ratifié le mois dernier.  De même, le Bangladesh se tiendra également engagé au succès de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. 

Le représentant a aussi salué la première session de la conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen Orient, prévue à New York le mois prochain.  Rappelant que rien ne devait entraver le droit légitime des États au développement, à la recherche, à la production ou à l’usage de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, il a jugé urgent de   redoubler d’efforts pour assurer l’entré en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et ouvrir les négociations au sein de la Conférence du désarmement sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a indiqué que son pays accordait une attention particulière au droit de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Le Panama s’efforce de mettre pleinement en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité visant la prolifération des armes de destruction massive via l’échange de bonnes pratiques entre pays d’une même région.  Le Panama, a-t-elle également déclaré, défend une approche pluridimensionnelle du désarmement et de la non-prolifération mettant en exergue les droits de l’homme et le développement durable.  La représentante a demandé aux délégations de soutenir, par le consensus le plus large possible, les projets de résolutions de la Première Commission sur les liens entre désarmement et développement.  

Droits de réponse

Réagissant à une déclaration de la délégation des États-Unis du vendredi 11 octobre, le représentant de la Chine a expliqué que sa délégation se défendrait si des pays persistent à porter des allégations infondées contre la Chine. 

Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que le Royaume-Uni avait sapé la Conférence d’examen de 2015 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ajoutant que de nombreux pays, dont la France, continuaient de protéger le programme nucléaire israélien.  « Le Royaume-Uni enfreint les résolutions du Conseil de sécurité en soutenant le terrorisme dans mon pays et en fournissant aux terroristes matériels et informations », a estimé le représentant, qui a condamné la « propagande mensongère » lancée contre la Syrie par la France, qui aurait, selon lui, fourni des armes chimiques et autres matériels à des groupes terroristes.  « Les représentants français essayent de dissimuler ces informations sur leur contribution aux attaques contre la Syrie à Douma », a estimé le représentant. 

Le représentant de l’Allemagne a dit que les arrangements nucléaires de l’OTAN existaient avant l’entrée en vigueur du TNP et étaient publics.  « Nous réitérons le droit de l’OTAN de garantir la sécurité pour tous et œuvrer aux négociations nucléaires en travaillant à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires sur la base du principe de sécurité non diminuée pour tous », a-t-il ajouté.

 

 

Le représentant de la Fédération de Russie a assuré que son pays continuait à apporter sa contribution à l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dans le souci de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  « Nous rejetons catégoriquement les accusations infondées selon lesquelles la Russie serait responsable de l’extinction du Traité sur l’élimination de leurs missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, qui était un instrument fiable », a-t-il ajouté.  Il a précisé que la Russie avait pris des mesures inédites et transparentes en faisant un exposé complet sur un missile qui inquiétait certains États.  Notant que ce sont les États-Unis qui ont décidé de se retirer de ce Traité et non la Russie, le représentant a jugé inacceptable que l’on impute à son pays la responsabilité de son extinction.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC)a jugé fallacieux de faire silence le test d’un missile intercontinental balistique américain avant de dénoncer les sanctions imposées à son peuple par des « forces hostiles » depuis 60 ans.  Il a expliqué que la RPDC résistait à ces sanctions par autosuffisance et autodéveloppement.  « La dénucléarisation de la péninsule coréenne ne regarde pas le Japon qui devrait assumer son passé », a ajouté le représentant. 

Le représentant des États-Unis a dénoncé les insinuations laissant entendre que son pays ne respectait pas la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Il a ajouté que le Président Trump avait estimé qu’un avenir brillant était possible pour la RPDC si elle fait le choix de la dénucléarisation.  Il a souhaité que le Président nord-coréen mette en œuvre les engagements qu’il a pris lors du dernier sommet tenu avec le Président Trump.  Quant au « régime syrien », il a affirmé que la communauté internationale ne lui pardonnera jamais ses horribles crimes à l’encontre du peuple syrien.  Le représentant a par ailleurs dit regretter, à propos de l’extinction du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, que le représentant de la Fédération de Russie n’ait pas abordé la question de la portée du missile qui était la véritable source du problème.  Il a cité 35 échanges de lettres entre les États-Unis et la Russie sans réponse convaincante de la part de celle-ci. 

Le représentant du Royaume-Uni a dénoncé les « théories du complot » promues par le représentant du « régime syrien ».  Il a regretté que le représentant syrien n’ait pas pu fournir des réponses convaincantes quant aux attaques chimiques. 

Le représentant de la France a condamné « les propos outranciers et ridicules » du représentant syrien.  « Les faits sont massifs sur la question chimique puisque le régime viole de façon systématique ses obligations depuis des années » a-t-il dit, avant de préciser que ce pays violait les résolutions du Conseil de sécurité et employait des armes chimiques contre des populations civiles.  Il a rappelé que, selon une enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, sept armes chimiques n’avaient jamais été déclarées par la Syrie.  Il s’est étonné que chaque fois que l’on trouve des armes chimiques en Syrie, certains pays ne souhaitent pas savoir d’où viennent ces armes.  Il a rappelé que les frappes aériennes françaises en Syrie n’avaient visé que les infrastructures chimiques clandestines de ce pays. 

Le représentant du Japon a répondu au délégué de la RPDC que son pays, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, œuvrait sans relâche à la cause de la paix et du développement.  Nos capacités et programmes de défense sont transparents et prévoient un contrôle civil de l’appareil militaire, a-t-il également signalé. 

La représentante de Cuba a déclaré que les États-Unis étaient le seul État partie à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques qui n’a pas procédé à la destruction finale de toutes ses armes chimiques.  Pour Cuba, les États-Unis s’opposent à la pleine application de l’article 11 de la Convention pour empêcher les pays en développement d’accéder à des matériaux chimiques à des fins pacifiques. 

Reprenant la parole, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que « la traîtrise et l’hypocrisie sont les traits de la politique étrangère du Royaume-Uni ».  Il a affirmé que ce pays avait pillé sa région avant de citer « l’appui aveugle britannique à l’entité israélienne ».  Par ailleurs, il a accusé les services de renseignement britanniques d’avoir fait pression sur les Casques blancs afin de monter de toute pièce l’incident chimique de la Douma.  S’adressant au représentant de la France, il a demandé si la France avait oublié ses essais nucléaires en Polynésie ou en Algérie, à l’occasion desquels, a-t-il affirmé, des civils algériens avaient été « utilisés ».  « Il est inacceptable que le représentant français s’exprime de manière insolente ici alors qu’il est un membre permanent du Conseil de sécurité » a estimé le représentant syrien avant de préciser que les frappes aériennes françaises contre son pays étaient injustifiables et constituaient une grave atteinte au respect de la souveraineté et l’intégrité nationale syrienne.  Le représentant a aussi cité « la participation d’experts français en chimie, qui aident les terroristes à préparer des produits chimiques en Syrie ». 

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a dit que les États-Unis avaient bloqué les travaux du mécanisme prévu par le traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée pour examiner les obligations en vertu de ce traité.  Il a fallu attendre 2016, pour organiser une réunion de ce mécanisme entre les experts américains et russes.  Il a accusé les États-Unis de saper ce traité avec le seul objectif de pouvoir développer des missiles à portée intermédiaire.  Il a fait observer qu’il n’avait fallu que deux semaines après l’extinction du traité pour voir les États-Unis lancer un missile de croisière sol-sol sur une distance interdite par le traité, en utilisant un système de lancement vertical Nk41 dont l’utilisation était aussi bannie par le traité.  Il a estimé que ces faits ne laissaient aucun doute sur les motivations des États-Unis. 

Le représentant des États-Unis a rejeté les accusations de Cuba en précisant que son pays aurait achevé la destruction de ses stocks chimiques d’ici à 2023.  « Pour ce qui est du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, cela fait six ans que nous débattons de ces questions », a-t-il ajouté, faisant observer qu’il avait fallu trois ans et demi à la Russie pour reconnaître l’existence d’un missile interdit.  Nous prenons des mesures pour faire face à la concurrence de la Russie et de la Chine, a ajouté le représentant américain. 

Reprenant la parole, la représentante de Cuba a précisé que les États-Unis auraient dû détruire leurs armes chimiques en 2012 et que ce pays violait l’article 11 de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, qui dispose que les pays en développement peuvent accéder à des composants chimiques à des fins pacifiques.  « Les États-Unis, seul pays au monde à avoir recouru à l’arme nucléaire contre des civils et à avoir utilisé de nombreuses armes chimiques contre le peuple héroïque du Viet Nam, n’ont pas à donner de leçons de démocratie à Cuba », a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission conclut son débat sur l’état de droit et reporte, au nom du consensus, l’adoption du reste de son programme de travail

Soixante-quatorzième session,
11e et 12e séances – matin & après-midi
AG/J/3597

La Sixième Commission conclut son débat sur l’état de droit et reporte, au nom du consensus, l’adoption du reste de son programme de travail

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a reporté, aujourd’hui, l’adoption du reste de son programme de travail, après que la République islamique d’Iran a marqué, une nouvelle fois, son opposition.  Plus tôt dans la journée, la Commission a achevé son débat sur l’état de droit aux niveaux national et international, marqué par les appels de nombreuses délégations contre toute « instrumentalisation » et « sélectivité » de l’état de droit. 

« Malgré des discussions de haut niveau qui se sont déroulées, nous n’avons pas eu connaissance d’évolution dans les difficultés que nous avons déjà évoquées », a déclaré le délégué iranien.  Il a dénoncé, une nouvelle fois, les restrictions, en particulier le refus de visas par le pays hôte, qui empêchent une pleine participation de l’Iran aux travaux de la Commission. 

« Mon pays ne peut s’acquitter de ses tâches », a-t-il dit.  L’Iran a reçu l’appui de ses homologues de Cuba, du Nicaragua, de la Fédération de Russie ou bien encore de la Syrie, pays qui font partie des « sept à huit pays lésés » par les agissements du pays hôte, selon l’expression du délégué syrien. 

Ce dernier a détaillé les restrictions de visas auxquelles il est assujetti et qui l’ont notamment empêché de se rendre aux funérailles de son « seul neveu », tué lors du bombardement de son école à Alep.  « Notre délégation n’a toujours pas reçu les 18 visas qu’elle attend », a renchéri le délégué russe. 

La représentante des États-Unis a indiqué que l’enceinte idoine pour discuter de ces questions n’est pas cette Commission mais le Comité des relations avec le pays hôte, qui doit se réunir d’urgence demain à 15 heures.  Alors que le délégué iranien s’est plaint des restrictions qui frappent ses déplacements, elle a mentionné les 400 pâtés de maison de Manhattan, ainsi que les quartiers du Queens, dans lesquels il peut se rendre. 

Les délégations, dont celles de l’Union européenne, d’Oman et de la Chine, ont souhaité que la règle du consensus soit préservée au sein de la Commission.  « Nous sommes devant un dilemme, soit mettre aux voix le programme, soit poursuivre les consultations », a résumé le représentant russe.  Pour l’Union européenne, « un vote remettrait en question une tradition bien établie de la Commission ».  Car ses travaux « passent par le multilatéralisme et l’utilisation du consensus y contribue ».

C’est la voie des consultations qui a donc été choisie, le Président de la Commission, M. Michal Mlynár, soulignant lui aussi son attachement « à ce mot qui commence par la lettre C, et qui n’est pas commission ni comité ». 

Premier orateur de la matinée sur l’état de droit, le délégué du Népal a d’emblée déclaré que « l’état de droit ne peut être utilisé comme paravent par un État pour exercer une domination sur un autre ».  Même son de cloche du côté de la délégation de la Croatie qui a insisté sur l’importance d’une « interprétation rigoureuse » par les tribunaux de l’application des instruments internationaux. 

Toute autre approche « sélective » dans la poursuite des auteurs des crimes les plus graves présente un risque sérieux pour la paix et la stabilité et n’apporte ni justice ni réconfort aux victimes et à leurs familles, a déclaré le délégué croate.  Son homologue de la Fédération de Russie n’a, lui, pas ménagé ses critiques contre la Cour pénale internationale (CPI).

Les mécanismes « illégitimes » d’enquête imposés à la Syrie et à Myanmar « participent à des violations honteuses du droit international », a-t-il ajouté.  Le représentant de l’Azerbaïdjan a, pour sa part, rejeté toute « instrumentalisation » des mécanismes de résolution des conflits dans le but d’entériner des situations résultant du recours illégal à la force, ainsi que de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide et nettoyage ethnique.  

Mais la charge la plus virulente est venue du délégué de l’Iran, qui a dénoncé la « sélectivité » du rapport du Secrétaire général sur le sujet.  Il a en particulier regretté que le rapport omette le récent rejet par une chambre de la Cour pénale internationale de la demande de la Procureure d’ouvrir une enquête sur la situation en Afghanistan.

Le représentant iranien a dénoncé l’unilatéralisme, qui menace l’état de droit au niveau international, cristallisé par le retrait de différents accords internationaux, par une vague de conflits commerciaux lancés contre plusieurs pays et par l’imposition de sanctions extraterritoriales illégales.  « Ces menaces et sanctions appellent plutôt à l’affrontement qu’à la coopération », a-t-il dit.  Le délégué a accusé les États-Unis de voir dans les « sanctions, menaces et ultimatums » des solutions « magiques » à tous les défis et de se livrer à une « vengeance économique » contre les pays qui continuent d’avoir des liens économiques avec l’Iran. 

La Commission reprendra ses travaux demain, mardi 15 octobre, à 10 heures. 

L’ÉTAT DE DROIT AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL - A/74/139

Déclarations

M. GHANSHYAM BHANDARI (Népal) a insisté sur l’engagement sans faille de son pays en faveur de l’état de droit.  Les discriminations sont prohibées.  L’état de droit a été renforcé par la récente adoption d’un nouveau code pénal, a-t-il dit.  Le délégué a ajouté que le principe de bonne gouvernance sous-tend toutes les politiques du Gouvernement, la lutte contre la corruption étant une priorité.  Il a appelé de ses vœux un ordre mondial régi par l’état de droit.  « L’état de droit ne peut être utilisé comme paravent par un État pour exercer une domination sur un autre. »  C’est un processus qui n’est jamais achevé et doit être amélioré, a conclu le délégué. 

Selon M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun), « l’état de droit ne doit pas être l’état de n’importe quel droit » et doit accorder aux citoyens des libertés fondamentales.  « L’État ne doit pas être un monstre froid. »  Le droit est la condition de la démocratie et consacre une hiérarchie des normes, a-t-il insisté.  Le représentant a souhaité que l’état de droit perde son « caractère d’objet de luxe » et soit partagé par tous, condition de la croissance économique et du développement durable. 

Au Cameroun tout le monde est égal devant la loi grâce à l’assistance judiciaire, a expliqué M. Nyanid.  Un nouveau conseil constitutionnel, une commission nationale des droits de l’homme et un conseil national de la jeunesse contribuent au renforcement des institutions, a-t-il continué en citant la réforme carcérale, la lutte contre la corruption, la décentralisation, autant d’efforts qui impliquent l’assistance des Nations Unies et une collaboration internationale.  Au niveau international, le représentant a réitéré son souhait que l’on évite « le chaos » car, même si le monde est en pleine mutation, sa stabilité et sa sécurité sont garanties par la capacité des États à rester disciplinés et à agir dans le cadre de la Charte des Nations Unies, « sans ingérence ni clientélisme », avec plus d’égalité entre pays riches et pauvres.

M. LUIS XAVIER OÑA GARCES (Équateur) a affirmé que son pays accorde la priorité absolue à la mise en œuvre et au respect des conventions et instruments du droit international qui garantissent les droits de l’homme et rappelé qu’il est signataire de l’ensemble de ces textes, car il estime qu’ils sont un élément central de la coexistence pacifique et du plein exercice de la démocratie.  Pour cette raison, l’état de droit doit accompagner l’évolution des sociétés et répondre aux questions émergentes qu’elles soient sociales, économiques ou environnementales.  L’Équateur réaffirme également son plein appui aux juridictions internationales.  M. Garces a considéré qu’il est indispensable de renforcer les mécanismes régionaux d’appui à la démocratie et d’apporter des solutions politiques et sociales aux pays en proie à de graves crises humanitaires et politiques quand elles affectent des régions entières.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a dit l’attachement de son pays à l’état de droit et indiqué que la Malaisie a siégé à quatre reprises au Conseil de sécurité.  La Malaisie soutient le multilatéralisme, l’ONU étant l’enceinte idoine pour le promouvoir.  Il a plaidé pour le règlement pacifique des différends et rappelé que de nombreux soldats de la paix malaisiens sont déployés au sein des missions onusiennes.  Le délégué a par ailleurs souhaité une révision du droit de veto, qui continue selon lui d’entraver la réalisation des buts de l’Organisation, ainsi qu’une réforme de la composition du Conseil. 

En étudiant le rapport du Secrétaire général, M. ALEXANDER S.  PROSKURYAKOV (Fédération de Russie) a noté une multiplicité de mesures touchant des domaines aussi divers que les droits des femmes et la peine de mort.  Voyant là « une forme classique de chevauchement des compétences », il a dit ne pas être convaincu que la Sixième Commission soit la meilleure enceinte pour leur examen.  Il a également insisté sur le fait que l’assistance de l’ONU dans ces domaines ne doit avoir lieu qu’à la demande des États et qu’elle exige une prise en compte des « particularités culturelles » de chacun d’entre eux.

La Russie soutient le droit international et marque son appréciation pour la Cour internationale de Justice (CIJ), a rappelé le représentant.  Il s’est toutefois étonné de l’importance accordée à la Cour pénale internationale (CPI) et du manque de critiques à l’égard de cette institution.  De même, il a critiqué les mécanismes « illégitimes » d’enquête imposés à la Syrie et à Myanmar « qui participent à des violations honteuses du droit international ».  Il a néanmoins assuré apprécier les échanges de bonnes pratiques pour l’amélioration des systèmes judiciaires. 

M. MLADEN BRUČIĆ-MATIC (Croatie) a jugé indispensable que les juridictions internationales répondent aux normes les plus élevées: indépendance, impartialité et intégrité.  Toute violation de ces principes fondamentaux entrave l’état de droit et rend les décisions caduques, de même qu’elle n’encourage pas les États à envisager un règlement des différends par une tierce partie.  En tant que victime des crimes les plus graves commis sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale, la Croatie a insisté sur l’importance d’une interprétation rigoureuse par les tribunaux de l’application des instruments internationaux.  Toute autre approche « sélective » dans la poursuite des auteurs des crimes les plus graves présente un risque sérieux pour la paix et la stabilité et n’apporte ni justice ni réconfort aux victimes et à leurs familles, a déclaré M. Bručić-Matic.  À cet égard, il a appuyé la Cour pénale internationale (CPI), qu’il considère comme « l’instrument le plus important dans la lutte contre l’impunité ».  Il a également appelé tous les États à coopérer avec tous les tribunaux pénaux internationaux et avec le Mécanisme résiduel. 

M. MILLOGO (Burkina Faso) a mentionné le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution en cours dans son pays, mené sur la base d’une approche participative et inclusive, et qui sera bientôt soumise à référendum.  Malgré les attaques terroristes, les forces de sécurité poursuivent leurs opérations dans le respect des droits de l’homme, a-t-il assuré.  Au niveau international, le Burkina Faso œuvre « inlassablement » à la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux auxquels il a souscrit.  Face à la prolifération de discours haineux, la montée de l’intolérance et les attaques contre les lieux de culte, le délégué a salué le lancement par le Secrétaire général du Plan d’action pour la protection des sites religieux. 

Mme AL ALI (Émirats arabes unis) s’est félicitée de l’attention unique accordée par son pays à l’état de droit comme le prouve sa constitution, vecteur de justice, de bonne gouvernance et d’un investissement dans l’humain qui promeut les valeurs de tolérance.  La représentante a loué l’Agenda national 2020 de son pays visant une « société vertueuse », dénuée de crime, qui renforcera encore plus la qualité d’un système judiciaire « connu comme l’un des plus efficaces au monde et consacré premier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ».  Elle s’est néanmoins attachée à décrire les risques de déstabilisation au niveau international et a craint « l’effondrement » de pays en butte au terrorisme, fustigeant ceux qui financent les mouvements extrémistes et fomentent des manifestations terroristes.  Elle a conclu en rappelant la nécessité d’un appui à l’investissement propice au développement et l’attachement de son pays aux multiples conventions et partenariats assurant la paix et la sécurité.

La promotion de l’état de droit au niveau international doit reposer sur les principes fondamentaux de la Charte, y compris le respect de la souveraineté et de l’indépendance des États, a indiqué M. DANG DINH QUY (Viet Nam).  Il a insisté sur le rôle fondamental joué par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans le règlement pacifique des différends.  Il a appelé les États parties en mer de Chine méridionale à respecter le droit international, en particulier la Convention sur le droit de la mer.  Dans un contexte marqué par de complexes développements en mer de Chine méridionale, y compris de sérieux incidents qui sapent les droits souverains du Viet Nam dans les zones maritimes visées par ladite Convention, le représentant a appelé toutes les parties à faire montre de retenue et à « s’abstenir de tout acte unilatéral qui pourrait alimenter les tensions ». 

M. MAMADOU RACINE LY (Sénégal) a affirmé qu’une justice indépendante et impartiale constitue l’instrument par excellence de la réalisation de l’état de droit.  C’est là, a-t-il ajouté, toute l’importance d’une sécurité juridique, exigence fondamentale de l’état de droit en tant que « garantie contre l’arbitraire et d’une sécurité judiciaire fondée sur la compétence, l’indépendance et l’intégrité des juges à même d’assurer l’effectivité et la soumission de tous ».  Face aux défis du monde contemporain, il a souligné que « l’état de droit repose sur une culture et une mentalité qu’il faut entretenir en permanence ».  Le représentant a appuyé le programme d’assistance en matière d’enseignement, d’étude, de diffusion et de compréhension du droit international. 

Le pays a traduit les principes de l’état de droit dans sa charte fondamentale et dans le Plan Sénégal émergent qui vise l’amélioration de l’accès à la justice, de sa qualité et de son efficacité, y compris de proximité, a expliqué M. Ly.  Ainsi, les « maisons de justice », qui utilisent des langues locales, font de l’information juridique, règlent les petits conflits en utilisant les modes alternatifs de règlement des différends comme la médiation et la conciliation, et aident les citoyens à obtenir certains actes délivrés par la justice.  En plus de rapprocher la justice des justiciables, ce concept l’humanise à travers une approche plus souple, moins coûteuse et plus adaptée aux réalités socioéconomiques des bénéficiaires, s’est félicité le représentant.  Le Sénégal a également mis en place un système d’aide juridictionnelle en faveur des plus démunis, dont l’enveloppe augmente d’année en année, a-t-il encore indiqué.  Au niveau international, il a appelé à l’universalité du Statut de Rome. 

M. NGOFA (Nigéria) a souligné l’importance de l’adhésion à l’état de droit, en particulier au niveau international, pour réguler les comportements des États, et les rendre responsables en vertu des normes et des idéaux les plus élevés de paix et de développement, conformément à la Charte des Nations Unies.  Il y a toujours selon lui un lien entre l’état de droit et d’autres problématiques à l’ordre du jour de l’ONU, comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Tous les instruments régissant l’état de droit se sont révélés bénéfiques pour la coexistence pacifique, selon le Nigéria.  Tout comme le respect de l’intégrité, de la souveraineté territoriale et de l’indépendance des États, la résolution pacifique des conflits, le respect des droits des peuples à l’autodétermination sous occupation coloniale, ainsi que le droit au développement.  L’état de droit est un principe fondamental de la jurisprudence nationale nigériane, pays doté d’une constitution amendée en 1999: il est ancré dans ses principes démocratiques, a encore expliqué M. Ngofa.  Le Nigéria le met en pratique via sa politique sur les questions de genre et pour promouvoir l’autonomisation des femmes.  

M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a noté les efforts de son pays pour assurer les droits de l’homme et la bonne gouvernance, citant la création d’un bureau de protection des données personnelles, et d’un département des droits de l’homme au sein du Ministère des affaires étrangères qui couvre aussi tous les crimes liés au genre, à la discrimination et aux mauvais traitements aux mineurs.  En matière de droit international, le représentant a réaffirmé le soutien de la Géorgie à la Cour internationale de Justice (CIJ), mais aussi l’accord pour l’application des sentences signé par son pays avec la Cour pénale internationale (CPI) qui permet à la Cour de procéder à la détention des individus condamnés dans les prisons géorgiennes.  De plus, M. Mikeladze a rappelé que la CPI traitait des crimes commis en Géorgie « pendant l’agression Russe de 2008 », présentant l’action de la Cour comme une première sur le territoire européen. 

Aux yeux de M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan), l’irrecevabilité du recours à la force pour acquérir des territoires est la pierre angulaire du droit international.  Ce principe et son corolaire, à savoir l’obligation de ne reconnaître aucune situation découlant d’une violation sérieuse du droit international, doivent être respectés coûte que coûte, a estimé le représentant.  En outre, les mécanismes de prévention ou de résolution des conflits doivent impérativement être compatibles avec les règles du droit international, a-t-il ajouté.  De sorte qu’aucun accord conclu entre deux parties pour résoudre leur différend ne doit, selon lui, porter atteinte aux normes fondamentales du droit international, y compris les notions de souveraineté et d’intégrité territoriale des États.  Le représentant a par conséquent rejeté toute instrumentalisation des mécanismes de résolution des conflits dans le but d’entériner des situations résultant du recours illégal à la force, ainsi que de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide et nettoyage ethnique.  « Il est inacceptable que des agressions armées contre des États souverains et l’acquisition de territoires qui en découlent perdurent, nonobstant l’existence de résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il insisté.

M. HALEN ARMANDO NAPOCO (Guinée-Bissau) a salué la référence faite dans le rapport du Secrétaire général aux progrès de son pays dans la promotion de l’état de droit.  En ce qui concerne l’accès à la justice, un appui juridique gratuit est fourni aux femmes victimes de violence, a-t-il dit.  Le délégué a insisté sur les progrès accomplis par la Guinée-Bissau dans l’égalité entre les sexes, une loi récente ayant prévu d’allouer 36% des fonctions soumises à élection à des femmes.  Aujourd’hui, pour la première fois, le Gouvernement de mon pays est composé à parité d’hommes et de femmes, a déclaré M. Napoco.  Enfin, le délégué a indiqué que la Guinée-Bissau, avec le concours de ses partenaires, veille à renforcer les capacités de ses institutions, afin notamment de lutter contre la corruption. 

M. PHONESAVATH PHONEKEO (République démocratique populaire lao) a déclaré que le Plan directeur pour le secteur juridique, établi en 2009, avait jeté les bases du premier cadre de développement juridique du pays, dont la mise en œuvre a permis d’améliorer les procédures juridiques et la coordination de l’ensemble du système judiciaire.  Le plan de travail 2016-2020 a également accru les capacités, procédures et normes législatives et institutionnelles, aidé à la promotion des droits juridiques auprès de la population, y compris en vue de sa participation, et amélioré l’application des instruments internationaux auxquels le pays a souscrit.  La République démocratique populaire lao a notamment déposé, en septembre 2019, les instruments de ratification du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et de la Convention des Nations Unies sur les contrats de vente internationale des marchandises, dont les dispositions ont été transposées en droit interne. 

M. ALI ANDIKA WARDHANA (Indonésie) a assuré que l’état de droit est la solution aux problèmes du monde et félicité l’ONU pour son soutien technique aux pays en ce domaine.  Il a réitéré son rejet de « tout acte belliqueux contre l’état de droit au niveau international, citant, à cet égard, l’occupation de la Palestine.  Sur le plan interne a-t-il poursuivi, des améliorations ont été enregistrées, telles une nouvelle définition des traités dans le droit des accords internationaux par sa cour constitutionnelle et une législation nationale facilitant l’application du droit international dans les lois internes.  Par ailleurs, le représentant a confirmé l’attachement de son pays à la peine de mort « comme une sentence de dernier recours et soumise à une procédure rigoureuse, qui montre son importance pour protéger la société et éviter de nouvelles victimes ».

M. ALI NASIMFAR (République islamique d’Iran) a regretté la « sélectivité » du rapport du Secrétaire général.  Le récent rejet par une chambre de la Cour pénale internationale (CPI) de la demande de la Procureure d’ouvrir une enquête sur la situation en Afghanistan, assurant ce faisant l’impunité pour des auteurs de crimes de guerre, n’est pas mentionné.  L’unilatéralisme, qui menace l’état de droit au niveau international, a été cristallisé par le retrait de différents accords et traités internationaux, par une vague de conflits commerciaux lancés contre plusieurs pays et par l’imposition de sanctions extraterritoriales illégales.  Il a estimé que ces menaces et sanctions appellent plutôt à l’affrontement qu’à la coopération.  « Aucune personne dotée de bon sens ne peut s’engager dans un véritable dialogue dans une telle ambiance », a asséné le délégué.  Les sanctions, les menaces et les ultimatums sont des instruments depuis toujours de la politique étrangère américaine. 

M. Nasimfar accusé les États-Unis de voir dans ces instruments des solutions « magiques » à tous les défis et de se livrer à une « vengeance économique » contre les pays qui continuent d’avoir des liens économiques avec l’Iran.  « Cela n’est rien d’autre que du terrorisme économique pur et simple. »  Il a rappelé ensuite l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) prise à la suite du retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, « une autre preuve de l’illégalité des sanctions prises par les États-Unis contre l’Iran ».  Malheureusement, ce pays n’a pas mis en œuvre les mesures demandées par la Cour, au contraire, il s’est lancé dans la direction opposée en adoptant de nouvelles sanctions, a-t-il regretté.  Enfin, le délégué a regretté les « restrictions débilitantes » imposées par le pays hôte qui frappent la mission iranienne à New York. 

Il est troublant, a déploré Mgr FREDRIK HANSEN, du Saint-Siège, de constater le retour d’une certaine tendance à « imposer et défendre des intérêts nationaux individuels, sans avoir recours aux instruments prévus par le droit ».  Dans ce contexte, Mgr Hansen a appelé de ses vœux « un engagement plus fort en faveur d’un ordre mondial conforme au droit international, avec l’ONU en son centre ».  Toutefois, à ses yeux, le cadre multilatéral des traités et accords conclus sous l’égide de l’ONU n’est pas suffisant.  « L’état de droit ne peut être garanti que si le respect des droits de l’homme repose sur des procédures et institutions efficaces, responsables et ouvertes au niveau national », a-t-il estimé, appelant à redoubler d’efforts pour combler les lacunes du droit au niveau international et national.  Le représentant a en outre fait part de sa consternation face à « la remise en cause croissante de l’indépendance des juges et des avocats ».  Tout en saluant les efforts du Rapporteur spécial sur cette question, il a demandé qu’elle occupe une place plus centrale dans les travaux de la Sixième Commission sur l’état de droit.

Mme ISMAEL (État de Palestine) a reconnu l’importance du rapport du Secrétaire général et constaté qu’un état de droit juste implique le soutien à la Charte de l’ONU et aux juridictions internationales.  À cet égard, la représentante a souligné le rôle joué par la Palestine dans la mise en œuvre de la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI) sur le crime d’agression.  Elle a rappelé que la Palestine a remis ses rapports initiaux sur les droits de l’homme, un processus qui a été qualifié de bonne pratique par le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et prouve que la Palestine ne considère pas cet exercice « comme une simple opération de relations publiques ».  Elle a ainsi décrit divers efforts d’harmonisation de ses lois avec le droit international, participant au Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, au Deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort, et au Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  La représentante a assuré que l’État de Palestine, « qui continue de souffrir dans sa chair des conséquences de l’injustice, du deux poids, deux mesures, et du déni de justice, ne négligera aucun effort pour assurer le triomphe de l’esprit de multilatéralisme et d’état de droit qui a présidé à la création de l’ONU ».

Mme GÉRARDINE GOH ESCOLAR, Première secrétaire de la Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH), une organisation intergouvernementale qui milite en faveur de l’harmonisation progressive du droit international public et privé, a précisé que le HCCH était composé de 82 pays et de l’Union européenne (UE).  L’objectif fondamental de son organisation, a-t-elle poursuivi, est de fournir « un degré élevé de certitude juridique et de prévisibilité » aux particuliers, familles, entreprises et investisseurs qui vivent ou exercent leurs activités dans un contexte transfrontalier, le tout dans le respect de la diversité des systèmes et traditions juridiques d’un pays à l’autre.  Pour se faire, a indiqué la Première secrétaire, le HCCH promeut le développement et la codification du droit international privé; plaide en faveur de l’élaboration de traités bilatéraux et multilatéraux pour renforcer la coopération internationale; et appuie l’assistance aux États pour la mise en œuvre de leurs obligations du point de vue du droit international.  À titre d’exemple, la Première secrétaire a indiqué que le HCCH tentait actuellement de faire avancer la codification du droit international privé en matière de filiation légale et de statut des enfants, y compris s’agissant des accords internationaux de gestation pour autrui. 

M. DJORDJE DJORDJEVIC, délégué de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD), a rappelé que le mandat de l’Organisation est essentiellement de faire avancer l’état de droit et sa contribution au développement.  Il a détaillé les axes retenus par son organisation pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030: améliorer l’accès à la justice, en particulier pour les femmes; aider les pays fragiles ou en proie à un conflit à renforcer leur secteur judiciaire; engager les systèmes judiciaires coutumiers et informels pour garantir un accès à la justice et, enfin, convoquer un forum sur ces sujets, sur le modèle de la conférence qui s’est tenue à Rome en 2019. 

Droits de réponse

Le délégué de Maurice a exercé son droit de réponse en rappelant la « déception » d’une délégation à l’encontre de la compétence exercée par la Cour internationale de Justice (CIJ) s’agissant de l’archipel des Chagos.  La Cour est bien compétente pour émettre un avis consultatif, a-t-il fait valoir.  Il a accusé la Puissance coloniale de vouloir hâtivement clore ce chapitre et de s’abriter du changement.  « L’archipel des Chagos fait partie de Maurice. »  Il a rappelé que l’Assemblée générale a entériné l’avis de la CIJ.  « Il n’y a pas de personne plus aveugle que celle qui ne veut pas voir. »  Enfin, il a exhorté la Puissance coloniale à rendre des comptes pour la situation dans l’archipel des Chagos.

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu à son homologue de la Géorgie en disant « éviter les commentaires sur la Cour pénale internationale (CPI) malgré les critiques et les déceptions qu’elle suscite ».  Il a rappelé que « c’est l’ancien régime de Mikheil Saakashvili qui avait attaqué l’Ossétie du Sud causant par cette action de nombreux morts civils ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: un expert appelle les gouvernements à extirper la violence domestique du « trou noir juridique » qu’est le foyer

Soixante-quatorzième session,
17e & 18e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4266

Troisième Commission: un expert appelle les gouvernements à extirper la violence domestique du « trou noir juridique » qu’est le foyer

L’examen, aujourd’hui, par la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, de la situation des droits de l’homme dans le monde a été marqué par le véritable cri d’alerte lancé par un expert au sujet de la prévalence et de l’ampleur de la violence domestique dans le monde, un fléau dont sont victimes chaque jour, a-t-il alerté, des millions de personnes, pour majorité des femmes et des enfants.

Venu présenter son dernier rapport devant les États Membres, le Rapporteur spécial sur la torture et les autres traitements et punitions cruels, inhumains ou dégradants a notamment prévenu qu’en termes d’échelle et de gravité, la violence domestique, qu’elle se manifeste sous forme d’abus psychologiques, de violence sexuelle ou de mutilation, est l’une des principales sources d’humiliation, de violence et de mort dans le monde, un fléau qui, s’est alarmé M. Nils Melzer, fait autant de victimes que les conflits armés. 

Mais contrairement à la guerre, la violence domestique est encore trop largement considérée comme une « affaire privée », a-t-il dénoncé, avant de prévenir: « Tant qu’une part considérable de la population mondiale sera oppressée et abusée dans le “trou noir juridique” que représente le foyer, les promesses que recèlent la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Programme 2030 demeureront bien loin de la réalité.

Dans son intervention, M. Melzer a également souligné qu’en termes d’intentionnalité, de détermination ou de sévérité de la douleur et de la souffrance infligées, la violence domestique n’est rien de moins qu’un acte de torture ou de mauvais traitement.  Aussi a-t-il fait part aux gouvernements de leur obligation de prévenir, d’enquêter et de poursuivre de tels abus, mais aussi de fournir aux victimes réparation et réhabilitation.  La violence domestique ne peut pas être considérée comme une question privée, mais représente une « question essentielle » en matière de droits de l’homme, et une préoccupation « inhéremment publique », a-t-il insisté.

Au préalable, les délégations ont entendu le Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants indiquer qu’il était très préoccupé par le « comportement » de certains États parties qui ont pris des mesures administratives ou juridiques qui ont « freiné sérieusement » la capacité de cet organe à effectuer des visites sur le terrain pour y évaluer les conditions de détention.

« On ne peut pas visiter un lieu de détention à distance », a-t-il commenté, et on ne peut pas non plus laisser un mécanisme international de visite se voir nier la possibilité pratique d’exécuter les visites qu’il a programmées.

En début de séance, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a profité de la présentation d’un rapport sur l’action de l’ONU en faveur de la démocratisation pour attirer l’attention sur les défis complexes que pose, pour les États, l’influence d’Internet et des médias sociaux sur les élections.

« L’effroyable suspicion qui découle du fait que toute information ou tout propos peut être manipulé et la perte de confiance qui en résulte sont au cœur du problème qu’Internet pose à la démocratie », a averti Mme DiCarlo, qui a en outre prévenu que la diffusion de propos haineux sur les plateformes en ligne peut avoir des effets préjudiciables sur les opérations électorales et susciter des violences. 

Face à cette situation, elle a appelé les États Membres à renforcer la résilience de leur société en encourageant le public à faire preuve d’esprit critique et à apprendre à se servir des outils numériques, mais aussi en soutenant le journalisme professionnel. 

Le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour, est ensuite intervenu pour présenter pas moins de 12 rapports, dont un consacré aux migrants qui appelle au respect des droits des migrants en situation vulnérable et à s’abstenir de pénaliser la migration irrégulière.

Comme lors des années précédentes, la présentation des rapports sur la situation des droits de l’homme dans des pays précis a attiré l’ire des États concernés, à savoir la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la Fédération de Russie et l’Iran.

Par ailleurs, les présidents des organes de traités qui se sont succédés à la tribune pour présenter leur rapport ont tous, d’une manière générale, attiré l’attention sur les problèmes financiers que rencontrent leurs comités respectifs, ainsi que sur les retards enregistrés par les États dans la présentation de rapports.  Ils se sont également préoccupés de l’impact, sur leurs travaux, de la crise de liquidités que traverse l’ONU.  L’idée d’établir un calendrier fixe pour faire respecter l’obligation de présentation de rapports a été proposée à plusieurs reprises.

On notera également que dans son intervention, le Rapporteur spécial a rappelé la visite qu’il a effectuée auprès de M. Julian Assange dans la prison de Belmarsh, à Londres, au mois de mai 2019.  Il a déploré que « bien que M. Assange ait présenté une série de symptômes typiques d’une exposition à long terme à de la torture psychologique », aucun des États concernés n’a accepté d’enquêter sur leur implication présumée dans ces abus.  Ces propos ont été récusés par le Royaume-Uni, qui a fait observer que M. Assange était libre de quitter l’ambassade de l’Équateur, où il se trouvait avant son incarcération, « à tout moment ».

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 15 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME

Application des instruments relatifs aux droits de l’homme (A/74/40, A/74/44, A/74/48, A/74/55, A/74/56, A/74/146, A/74/148, A/74/228, A/74/233, A/74/254, A/74/256)

Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales (A/74/147, A/74/159, A/74/160, A/74/161, A/74/163, A/74/164, A/74/165, A/74/167, A/74/174, A/74/176, A/74/179, A/74/181, A/74/183, A/74/185, A/74/186, A/74/190, A/74/191, A/74/197, A/74/198, A/74/212, A/74/213, A/74/215, A/74/226, A/74/227, A/74/229, A/74/243, A/74/245, A/74/255, A/74/261, A/74/262, A/74/178, A/74/189, A/74/270, A/74/271, A/74/277, A/74/285, A/74/314, A/74/318, A/74/335, A/74/349, A/74/351, A/74/358, A/74/460)

Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux (A/74/166, A/74/188, A/74/196, A/74/268, A/74/273, A/74/275, A/74/276, A/74/278, A/74/303, A/74/311, A/74/342)

Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne (A/74/36)

Exposés de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix et du Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme

Venue présenter le rapport « Affermissement du rôle de l’Organisation des Nations Unies aux fins du renforcement de l’efficacité du principe d’élections périodiques et honnêtes et de l’action en faveur de la démocratisation » (A/74/285), Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué qu’au cours des deux dernières années, l’ONU avait aidé 55 pays dans la tenue d’élections, que ce soit sous forme d’assistance technique ou de renforcement des capacités des autorités électorales nationales.

Pendant cette période, des progrès ont été enregistrés pour veiller à ce que l’appui électoral de l’ONU continue d’être unifié, notamment en élargissant le cadre politique interne à l’échelle du système.  Des progrès ont également été réalisés pour renforcer la collaboration avec les organisations régionales, grâce, notamment, à la mise en œuvre de programmes d’échange du personnel.  L’ONU a également participé à de nouvelles activités de partenariat avec la Commission de l’océan Indien (COI).

Mme DiCarlo a ensuite signalé que des États Membres faisaient face à des tensions ou à des différends lors de la tenue d’élections, une situation qui, indique le rapport, vient reconfirmer le fait que les dirigeants politiques, qu’ils soient du gouvernement ou de l’opposition, ont une responsabilité particulière à assumer pour assurer le bon déroulement des élections.  Les gagnants et les perdants font tous les deux le choix de réaffirmer la confiance du public dans le système politique du pays ou de saper toute croyance en sa légitimité, a-t-elle souligné.  Le comportement des candidats, qu’ils appartiennent au parti vainqueur ou au parti vaincu, a une influence considérable sur la confiance que la population accorde à une élection.  Être magnanime dans la victoire, c’est admettre qu’une partie de l’électorat a préféré un(e) autre candidat(e) ou un autre parti; à l’inverse, accepter sa défaite de bonne grâce au terme d’un scrutin crédible implique de s’abstenir de faire des observations générales et potentiellement provocatrices sur « l’illégitimité » de celui-ci en l’absence de preuves suffisantes.

La Secrétaire générale adjointe a également abordé la question de la participation politique des femmes, précisant que depuis 1997, le pourcentage de femmes siégeant dans les chambres basses ou chambres uniques des parlements était passé de 12,4% à 24,3% en 2019, et ce, à l’échelle mondiale.  Bien que ces chiffres soient encourageants, il convient néanmoins de faire davantage, à la fois dans les pays développés et en développement, pour promouvoir la participation politique des femmes, a-t-elle estimé.  De plus, la violence dont sont victimes les femmes lors des élections est particulièrement préoccupante et l’ONU se tient prête à aider les États Membres à comprendre les aspects de cette violence et à développer des outils pour les prévenir. 

Poursuivant, Mme DiCarlo a indiqué que le rapport aborde également la question de l’influence d’Internet et des médias sociaux sur les élections, une situation qui, a-t-elle relevé, a soulevé des questions complexes pour les États Membres.

« L’effroyable suspicion qui découle du fait que toute information ou tout propos peut être manipulé et la perte de confiance qui en résulte sont au cœur du problème qu’Internet pose à la démocratie », a-t-elle averti.  En outre, la diffusion de propos haineux sur les plateformes en ligne peut avoir des effets préjudiciables sur les opérations électorales et susciter des violences.  En la matière, a-t-elle estimé, les États Membres pourront juger utile de s’attacher à renforcer la résilience de leur société pour gérer les contenus potentiellement erronés et incendiaires ou ceux jouant sur les émotions qui sont diffusés en ligne et à l’aide des médias sociaux, notamment en encourageant le public à faire preuve d’esprit critique et à apprendre à se servir des outils numériques et en soutenant le journalisme professionnel.  En outre, une attention particulière doit être accordée à la protection des populations qui sont souvent la cible de discours haineux, comme les femmes et les groupes vulnérables.

M. ANDREW GILMOUR, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a présenté 12 rapports à la Troisième Commission.

Tout d’abord, le rapport sur les « difficultés de développement social rencontrées par les personnes atteintes d’albinisme » (A/74/184) qui, a-t-il indiqué, met l’accent sur les obstacles qu’affrontent ces dernières en matière d’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi ainsi que pour participer à la vie politique, sociale et culturelle.

Un deuxième rapport sur les « droits de l’homme des migrants » (A/74/271) aborde tous les aspects de la mise en œuvre de la résolution 72/179 de l’Assemblée générale.  Il fait également état de préoccupations en matière de xénophobie et d’hostilité envers les migrants, et met notamment l’accent sur l’importance d’assurer le respect des droits des migrants en situation vulnérable.  Le document appelle aussi à veiller à ce que les lois et politiques migratoires soient sexospécifiques et à s’abstenir de pénaliser la migration irrégulière tout en adoptant une approche fondée sur les droits pour combattre la traite.

Le rapport sur le « droit au développement » (A/HRC/42/29) appelle de son côté les États à améliorer la coopération sur le plan de la finance, notamment en élaborant des systèmes fiscaux efficaces, en faisant face aux flux financiers illicites, en finançant les pays les moins développés, en ôtant les obstacles aux envois de fonds provenant des travailleurs migrants et en améliorant la gestion de la dette.  Les États sont également appelés à promouvoir des initiatives visant à combler les écarts technologiques, à diffuser des écotechnologies, et à renforcer la coopération en faveur du transfert de technologie, en particulier vers les pays les moins avancés.

Pour ce qui est des « droits de l’homme et diversité culturelle » qui, a souligné, M. Gilmour, sont de plus en plus pertinents dans un monde mondialisé en prise à la montée du nativisme et au rejet de la célébration des différences entre les cultures, le rapport du Secrétaire général (A/74/212) met l’accent sur la préservation du patrimoine culturel et le rôle des jeunes dans la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Passant au rapport sur la « promotion effective de la Déclaration sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques » (A/74/215), M. Gilmour a indiqué qu’il en ressort que des efforts supplémentaires s’imposent pour renforcer le cadre juridique qui assure le respect des droits des minorités, ainsi que pour promouvoir les droits de ces dernières.

Dans une même veine, le rapport sur la « lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence fondés sur la religion ou la conviction » (A/74/229) appelle à renforcer les mesures pratiques et exhorte les États Membres à tenir compte des multiples discriminations qu’affrontent les individus et les groupes et de la dimension sexospécifique de la discrimination fondée sur la religion ou la conviction.

M. Gilmour a ensuite présenté le rapport sur la « protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste » (A/74/270), un document qui, a-t-il expliqué, souligne que davantage d’efforts doivent être déployés pour assurer l’accès des victimes à la justice et renforcer la prévention de conflit.  Le rapport soulève également des préoccupations en ce qui concerne le respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste.  Il exhorte aussi les États à participer à un dialogue constructif avec les parties prenantes, notamment les jeunes et les femmes afin de répondre de manière plus efficace aux moteurs de l’extrémisme violent et du terrorisme.  Pour ce qui est de l’augmentation du nombre de combattants terroristes étrangers, le rapport appelle les États à assumer leur responsabilité envers leurs ressortissants.

Poursuivant, le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme a affirmé que des efforts supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne « la sécurité des journalistes et la question de l’impunité » (A/74/314). 

Il a aussi expliqué que le rapport sur le « Centre sous-régional des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale » (A/74/460) fait le point sur la situation au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC) et au Cameroun, pays hôte du Centre, et souligne que cette structure a besoin de ressources adéquates pour pouvoir s’acquitter de son mandat de manière efficace.

M. Gilmour a ensuite présenté une série de rapports consacrés à des pays précis.  Ainsi, le document sur la « situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC) » (A/74/268) porte notamment sur les préoccupations émanant des conditions d’incarcération et de traitement dans les prisons et centres de détention du pays, à commencer par la prison Jongori dans la province du Hamgyong du Nord.  Parmi les allégations, il a cité des cas de morts par famine, des passages à tabac pouvant conduire à la mort et la prévalence de maladies graves qui ne sont pas traitées.

Ce rapport indique également que la RPDC viole le droit à un niveau de vie adéquat en manquant de subvenir aux besoins de base et de créer un environnement où la population pourrait jouir de ce droit grâce aux efforts du secteur privé.  Il met notamment en exergue le problème « endémique » de la corruption.  Le rapport appelle en outre les États à veiller à ce que les citoyens qui ont traversé des frontières internationales de manière irrégulière ne soient pas rapatriés, et à prendre des mesures supplémentaires pour minimiser les conséquences humanitaires adverses des sanctions imposées à la RPDC.

Pour ce qui est de la « situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) » (A/74/276), M. Gilmour a indiqué que les populations autochtones font face de manière disproportionnée aux perquisitions domiciliaires et aux raids policiers caractérises par un usage excessif de la force.  De plus, malgré un avis de 2017 de la Cour internationale de Justice (CIJ), les activités des Mejlis, les principales institutions représentatives de Tatars de Crimée, demeurent hors la loi et la disponibilité de l’enseignement en ukrainien continue de baisser. 

Enfin, le rapport sur la « situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran » (A/74/273) fait état de progrès encourageants, à commencer par une baisse du nombre d’exécutions, l’adoption d’une nouvelle loi sur les personnes handicapées, et des évolutions encourageantes en ce qui concerne la loi sur la nationalité pour les enfants nés de mère iranienne et de père étranger.  Le rapport souligne toutefois que le taux d’application de la peine de mort demeure parmi les plus élevés au monde et que les exécutions d’enfants se sont poursuivies en 2019, dont celle de deux mineurs au mois d’avril.

De plus, la nouvelle loi sur les personnes handicapées contient un libellé dénigrant et pose des obstacles à l’accès à la santé et à l’éducation, tandis que les organes législatifs échouent encore à adopter des lois pour protéger les femmes et les enfants de la violence et mettre un terme au mariage d’enfants.  M. Gilmour a aussi fait état d’inquiétudes concernant la détention et le harcèlement dont seraient l’objet les avocats des droits de l’homme, entre autres, ainsi que de la détérioration de l’état de santé de nombre d’entre eux et le refus d’accès à des soins.  Il a aussi cité les lois discriminatoires à l’encontre des personnes LGBTI.

Ce rapport note également que la situation des droits de l’homme dans son ensemble a été affectée par l’impact des défis économique et financier qu’affronte l’Iran, à commencer par l’impact des sanctions sur l’accès aux médicaments essentiels, les équipements pharmaceutiques et le prix des commodités de base.  Dans ce rapport, le Secrétaire général salue en revanche le renforcement de la coopération entre le Gouvernement iranien et le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, citant notamment le déplacement effectué en mars 2019, à Téhéran, par la Haut-Commissaire adjointe.

Dialogue interactif

« On ne peut pas rester les bras croisés face à la hausse alarmante des journalistes tués, torturés, ou encore pris en otages », a lancé le Royaume-Uni, qui a souhaité savoir quelles mesures supplémentaires il serait possible de prendre pour protéger les journalistes.

L’Ukraine a accusé la Fédération de Russie d’encourager le transfert de sa population en Crimée.  Quelles mesures pourrait prendre l’ONU face à cela? a-t-elle demandé.

L’Iran a récusé les rapports rédigés à son sujet, y voyant une manière d’exercer la pression et une insulte à son encontre.  Les principes de neutralité et de professionnalisme n’ont pas été respectés, a-t-il décrié. 

Le Maroc a souhaité recevoir des idées pratiques et recommandations pour mieux intégrer les droits de l’homme dans les activités de développement de l’ONU.

À son tour, la Fédération de Russie a dénoncé le rapport « fallacieux » sur la Crimée, avant que la République populaire démocratique de Corée n’affirme que le rapport qui la concerne relève de « mensonges menés par des forces hostiles », et appelle l’ONU et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) à éviter toute politisation en ce qui concerne les droits de l’homme et à respecter le principe d’impartialité. 

Cet appel a également été repris par la République arabe syrienne qui a de surcroît accusé les « coalitions illégales » d’entraver le droit au développement, pointant notamment la destruction d’hôpitaux et d’autres infrastructures.  

Réagissant à ces commentaires, le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme a reconnu que la protection des journalistes est un problème d’actualité préoccupant et a indiqué que le Secrétaire général, de concert avec l’UNESCO et le HCDH, souhaite que des mesures supplémentaires soient prises en leur faveur. 

S’agissant de l’Ukraine, il a souligné que l’occupation va à l’encontre de la Convention de Genève et que tout transfert de populations dans un territoire occupé est illégal.  La Fédération de Russie ne « respecte pas ses obligations », a-t-il déploré, décriant de plus que son bureau n’ait pas pu avoir accès à la Crimée malgré la formulation de plusieurs demandes.

M. Gilmour a ensuite insisté que le rapport sur l’Iran est équilibré, car il retrace aussi bien les aspects positifs que « ce qui ne va pas » et note que certaines questions sont liées aux sanctions imposées à ce pays. 

Quant à savoir, par ailleurs, comment intégrer les droits de l’homme aux objectifs de développement durable (ODD), il a dit que l’ONU « y travaille chaque jour ».

Le Sous-Secrétaire général a également souligné que le rapport sur la RPDC était le résultat d’un travail « très intense » pour collecter des informations à distance, car « nous n’avons pas accès » au pays.  Dès lors, a-t-il fait valoir, nous ne pouvons pas être tenus responsables pour les erreurs, ajoutant: « On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. » 

M. Gilmour s’est par ailleurs étonné que la Syrie ait évoqué l’état des hôpitaux dans le pays, affirmant que « nous savons qui est derrière » la plupart de ces destructions. 

Exposés de la Directrice de la Division du développement social inclusif de DESA et du Président du Comité des droits de l’homme

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), a brièvement présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Accessibilité et état de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et du Protocole facultatif s’y rapportant » (A/74/146).

Elle a expliqué que ce document donne un aperçu général de l’accessibilité des personnes handicapées et présente les efforts et les progrès actuels faits par les États, les entités du système des Nations Unies et les organisations de la société civile dans la promotion de l’accessibilité. 

Le rapport fait apparaître que de nombreux obstacles subsistent en termes de produits, de services et d’environnements et il fournit des recommandations tendant à faire progresser l’accessibilité des personnes handicapées, a ajouté Mme Bas.  Il démontre, selon elle, que le manque d’accessibilité entraîne l’exclusion des personnes handicapées et constitue une barrière à la mise en œuvre de la Convention et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. AHMED AMIN FATHALLA, Président du Comité des droits de l’homme, a indiqué que depuis sa cent vingt-troisième session de juillet 2018, le Comité avait examiné 23 rapports périodiques d’États parties et que la procédure simplifiée de présentation de rapports avait considérablement allégé la charge des États parties.  En revanche, cette procédure a accru la pression sur le Comité et le secrétariat, qui doivent maintenant préparer la liste de points à traiter avant même d’avoir eu accès aux informations contenues dans les rapports.  En dépit de cela, et compte tenu du bon niveau de dialogue et de la satisfaction des délégations, le Comité a décidé, à cette cent vingt-troisième session, que la procédure simplifiée serait désormais permanente.  Il a également décidé de limiter le nombre de points à traiter à 25. 

M. Fathalla a ensuite dit avoir assisté à la trente et unième rencontre des présidents des organes de traités des droits de l’homme.  Cette réunion, a-t-il expliqué, avait pour but de discuter de l’examen du système des organes de traités que l’Assemblée générale doit lancer en 2020, et il est apparu que les présidents partagent la même vision en ce qui concerne la future architecture des organes de traités.  Ces derniers appuient notamment la procédure simplifiée de présentation de rapports, la réduction des doublons, l’alignement à un format unique de débats avec les États (deux séances, pour un total de six heures) ou encore l’alignement à une méthodologie commune pour les conclusions finales qui devraient être selon eux courtes et viser des mesures concrètes.  Toutes leurs idées ont fait l’objet d’une note écrite, a indiqué M. Fathalla, qui a salué les propositions faites par le Costa Rica au nom de 45 États Membres sur cette question, et qui coïncident avec celles des présidents. 

Dans l’idée de rendre plus effective la résolution 68/268 de l’Assemblée générale, le Comité a décidé à sa cent vingt-sixième session de juillet 2019 d’accroître la prévisibilité de la présentation des rapports.  Celle-ci serait basée sur un cycle de huit ans, qui inclurait des périodes de soumission de rapports et de dialogue avec les États.  Il a également été décidé d’introduire la procédure simplifiée pour les rapports initiaux et de continuer d’examiner la situation des États parties, même en l’absence de rapports. 

S’agissant cette fois des communications présentées en vertu du Protocole facultatif, le Comité a adopté cette année 147 décisions finales, contre 113 en 2016 et 131 en 2017.  Le nombre d’affaires en instance de traitement est quant à lui passé à 746 fin 2018, contre 599 fin 2016.  Faute d’une augmentation significative de la capacité du secrétariat à soutenir le traitement des communications, la réduction du nombre des arriérés risque d’être gravement compromise, a averti le Président, ajoutant que « cette situation affecte la crédibilité du Comité en tant que forum capable de fournir des recours opportuns aux victimes de violations qui dépendent de son travail et placent en lui leurs espoirs et leur confiance ». 

Le Comité a, par ailleurs, adopté son commentaire général no 36, relatif à l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui porte sur le droit à la vie.  Le projet de commentaire général sur l’article 21, consacré au droit de réunion pacifique, est pour sa part en première lecture, et le Comité espère l’achever à l’occasion de sa cent vingt-septième session qui débute aujourd’hui à Genève, a encore indiqué M. Fathalla. 

S’exprimant sur la situation financière de son Comité, M. Fathalla a dit avoir été informé de la décision de l’Assemblée visant à réduire de 25% le budget des déplacements des experts de haut niveau, avec des possibles conséquences sur la tenue de sessions des organes conventionnels.  Mais alors que l’on avance vers l’examen du système de ces organes en 2020, il est crucial que les États Membres honorent leurs engagements au titre des traités des droits de l’homme qu’ils ont ratifiés.  « Le système de ces organes représente un forum unique pour la promotion et protection des droits de l’homme, dont l’importance ne peut être soulevée davantage », a conclu le Président du Comité des droits de l’homme. 

Dialogue interactif

L’Union européenne s’est inquiétée des retards dans la présentation des rapports des États parties, pointant notamment les États qui ne coopèrent pas et ne fournissent pas les informations requises.  Cette situation influe sur la capacité du Comité à honorer ses obligations, a prévenu la délégation qui a par ailleurs voulu savoir si le Comité envisageait de collaborer avec d’autres organes de traités.

Que faire face aux États qui n’honorent pas leurs obligations? a demandé le Royaume-Uni.  La délégation a également insisté sur l’importance de travailler avec la société civile et s’est inquiétée des actes d’intimidation dont sont l’objet les journalistes qui coopèrent avec le Comité. 

Les États-Unis se sont préoccupés de certains coûts liés aux travaux du Comité, avant que le Mexique n’annonce qu’il continuera à se soumettre à l’examen international et mettra l’accent sur la coopération avec les différents organismes. 

La République tchèque a relevé que le commentaire général sur le droit à la vie fournira des directives aux États Membres en la matière.

Les Maldives ont apprécié les procédures de rapport simplifiées, soulignant que la présentation de rapports est un processus souvent trop contraignant pour certains petits pays. 

Le Maroc a souhaité obtenir des précisions sur les mesures prônées par le Comité des droits de l’homme en matière de mise en œuvre effective de la « Vision 2020 ».

À son tour, l’Égypte a souligné l’importance d’aider les pays en développement afin qu’ils s’acquittent de leurs obligations.  Par ailleurs, comment améliorer les échanges avec les États Membres?

La Fédération de Russie a affirmé que le Comité avait envoyé une notification en violation des dispositions du Pacte.  Elle s’est également dite préoccupée de voir à quel point la conjoncture politique influence les décisions du Comité des droits de l’homme et a dénoncé son « lobbying » excessif. 

L’Irlande s’est inquiétée des représailles que subissent les personnes qui coopèrent avec le Comité des droits de l’homme, ainsi que de la situation financière de ce dernier.  Quelles sont les implications des coupes budgétaires sur les activités du Comité? a demandé à son tour le Costa Rica

S’agissant de la question relative à l’évaluation et l’alignement sur d’autres comités, le Président du Comité des droits de l’homme a indiqué qu’une évaluation commune est faite une fois par an, car il est difficile de réunir tous les comités.  Cette semaine, nous allons d’ailleurs saisir l’opportunité de notre présence ici pour nous réunir et ainsi aligner nos activités.  Il a ensuite précisé que l’article 40 du Pacte permet de faire des recommandations dans le cadre du commentaire général. 

Ces commentaires permettent également de s’adapter aux évolutions du siècle, a-t-il poursuivi, faisant notamment observer que la problématique de l’environnement, dont le Comité a débattu au mois de juin, n’existait pas il y a 50 ans.  Dès lors, « nous devons nous adapter ». 

Concernant la procédure simplifiée, il a précisé qu’une lettre avait été envoyée, il y a deux semaines, aux États parties pour leur laisser le choix de la décision en la matière, soulignant qu’il est plus facile pour certains États de faire un rapport dans le cadre d’une procédure simplifiée sur la base d’un questionnaire.  Libre aux États de choisir ou non cette procédure, a-t-il dit, précisant que le seul changement est lié au format du rapport. 

M. Fathalla a, en outre, indiqué que le Comité œuvre à réduire les charges de travail à travers un alignement de ses activités sur celles d’autres comités et en veillant à ce que les observations finales soient concises et précises.  « Nous nous imposons une limite de 20 à 25 recommandations et essayons de ne pas répéter les observations des autres comités », a-t-il précisé.

Quant à l’influence politique, il a répondu que le Comité est une entité juridique et que les États Membres ont la responsabilité d’élire ses experts, et donc d’évaluer les candidats.  Concernant les problèmes budgétaires, il a fait observer que cette question relève des États Membres.  Il les a, dès lors, invités à verser à temps leur contribution. 

Exposé du Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels

M. RENATO ZERBINI RIBEIRO LEÃO, Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, a concentré sa présentation sur certains aspects des travaux de son instance liés au renforcement du système des organes de traités.  En 2019, a-t-il dit, le Comité a continué d’examiner les rapports des États parties et poursuit ce travail à l’occasion de sa soixante-sixième session.  Cependant, il fait face non seulement à un manque de présentations de rapports mais aussi à des retards dans la soumission des rapports, lesquels, a-t-il déploré, dépassent parfois 10 ans.  En conséquence, le Comité cherche des moyens pour encourager les États à présenter leurs rapports en temps voulu.  Il a ainsi simplifié la procédure pour les rapports initiaux qui auraient dû être présentés de longue date, établissant un dialogue à la réception du rapport sans demander d’informations supplémentaires par écrit.  Grâce à cette procédure simplifiée, plusieurs États ont pu s’acquitter de leur présentation attendue depuis des années.  Le Comité encourage également les États à tirer parti du soutien du programme de renforcement des capacités, établi en vertu de la résolution 68/268 de l’Assemblée générale. 

Le Comité réfléchit également à une généralisation de cette approche afin de l’offrir à tous les États au travers d’un cycle prévisible, en accord avec les présidents des organes de traités, a poursuivi M. Zerbini Ribeiro Leão.  À ses yeux, un tel cycle prévisible faciliterait la planification et la préparation des rapports par les États, réduirait le fardeau que suppose la présentation des rapports et favoriserait l’allocation de ressources.  La généralisation de la procédure simplifiée dépend cependant de la disponibilité des ressources, dont les organes de traités tendent à manquer dans l’accomplissement de leur mandat, a-t-il fait valoir. 

Il a également profité de son intervention pour appeler les États parties au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet important traité.  Il a salué à cet égard l’adhésion d’Antigua-et-Barbuda, le 3 juillet, non seulement au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels mais aussi au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

S’agissant du nombre de ratifications du Protocole facultatif se rapportant au Pacte -traité permettant la présentation de communications individuelles, a-t-il rappelé-, il est en augmentation constante, s’est félicité le Président du Comité, qui a souligné que le Protocole facultatif « permet d’intégrer le cycle complet de la protection des droits économiques, sociaux et culturels dans le système universel de protection des droits de l’homme ».  Il a précisé que le Comité avait enregistré à ce jour 160 communications, dont 97 au cours des 12 derniers mois.  Cette forte progression représente un défi pour le Comité, qui n’avait pas prévu d’allouer de ressources supplémentaires pour ses réunions lors de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif.  En conséquence, a fait savoir son Président, le groupe de travail sur les communications se réunit en dehors des heures officielles, pendant ses pauses déjeuner « et même la nuit ».  Soulignant que les experts font tout leur possible pour faire face à la lourde charge de travail qui découle des communications, il a appelé la Commission à un soutien accru pour permettre au Comité de disposer des ressources dont il a besoin dans le cadre de son mandat. 

Enfin, M. Zerbini Ribeiro Leão a fait état des déclarations adoptées par son Comité cette année.  La première, approuvée en mars, concerne la promesse de ne laisser personne de côté et constitue une contribution à la réunion du Forum politique de haut niveau organisé en juillet, a-t-il noté.  La seconde, adoptée conjointement par plusieurs comités le mois dernier, fait référence aux changements climatiques.  Elle fait suite à la déclaration approuvée l’année dernière dans laquelle le Comité soulignait les effets de ces changements sur la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels et fournissait aux États des orientations sur les obligations qui leur incombent.  Évoquant en conclusion la révision, en 2020, du système des organes de traités, il a réitéré l’appel lancé aux États pour qu’ils recherchent des solutions durables afin de permettre à ces organes d’accomplir leur « noble tâche ». 

Dialogue interactif

Les Maldives ont dit être confrontées à des difficultés pour s’acquitter de leurs obligations en termes de présentation de rapports et ont espéré qu’un expert sera déployé rapidement pour les aider à respecter leurs obligations.

Concernant la lutte contre les représailles, l’Union européenne a voulu savoir si des lignes directrices utilisées par d’autres organes pour y faire face pourraient être utiles au Comité?  Existe-t-il un point focal sur les représailles au sein du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, et que faire par ailleurs pour améliorer les arriérés de rapports?  Et comment le Comité peut-il aider les États à honorer leurs obligations découlant des droits de l’homme, en travaillant avec le « Comité des droits civils et politiques »? a ajouté l’Érythrée.

Que compte faire le Comité en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement? a demandé à son tour l’Espagne, qui a relevé que celui-ci fait partie du droit à un niveau de vie suffisant qui est garanti à l’article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. 

Le Portugal a interrogé le Président du Comité sur sa position quant à la réforme du système des organes conventionnels en 2020, ainsi que sur son évaluation de la mise en œuvre de ces mécanismes.

Quelles mesures prendre pour améliorer l’attention accordée aux droits économiques, sociaux et culturels? a voulu savoir la Chine, qui a déploré le manque d’attention accordée à ces questions.

Le Costa Rica a souhaité obtenir des exemples des liens entre les changements climatiques et la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels.  Que faire pour mieux redistribuer les richesses issues des nouvelles technologies, a lancé le Brésil, avant que l’Algérie ne déplore à son tour que les droits économiques, sociaux et culturels soient relégués au second plan par rapport aux droits civils et politiques. 

Le Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels s’est intéressé à la question des représailles à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme, mentionnant que le Comité est le seul à avoir fait une déclaration dans ce sens, qui figure d’ailleurs sur la page Internet du Comité, et qui explique ce que peuvent faire les États Membres pour protéger les défenseurs.  Il a également indiqué qu’il avait été décidé, au cours de l’actuelle session à Genève, que le point focal pour cette question sera le Bureau du Comité.

Quant à la coopération avec le « Comité des droits civils et politiques », il a expliqué que les deux organes avaient eu une réunion conjointe pour comparer leurs expériences, précisant que vendredi prochain, une autre réunion est programmée entre les deux bureaux afin justement d’optimaliser nos actions.  Pour ce qui est du traitement de l’ensemble des communications en dépit de ressources humaines limitées, il a fait savoir que le Comité évalue tous les mécanismes pour permettre une amélioration des procédures et décisions. 

Pour ce qui est de l’accès à l’eau et à l’assainissement, il a fait savoir que le Comité a développé des observations générales afin de faciliter la compréhension de ces questions par la communauté internationale.  M. Zerbini Ribeiro Leão a aussi souligné que les liens entre les objectifs du Pacte et les ODD représentent une source de synergie entre le Comité, les États parties et le système de l’ONU.

Le Président du Comité a par ailleurs indiqué que cette question est une source de graves préoccupations pour plusieurs experts du Comité, et a insisté sur l’importance du droit à l’éducation pour faire face à tous ces changements climatiques.  Il a également mis en avant le rôle du numérique dans la lutte contre la corruption, rappelant, pour finir, aux États Membres l’obligation de garantir l’accès aux données numériques.

Exposé du Président du Comité contre la torture

M. JENS MODVIG, Président du Comité contre la torture, a informé la Commission que 169 États sont maintenant parties à la Convention contre la torture.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, 25 États ayant ratifié la Convention n’ont jamais présenté de rapport, empêchant ainsi le Comité de remplir son mandat de surveillance et d’engager un dialogue.  De plus, certains autres États, tout en ayant présenté un rapport initial, n’ont pas rempli leur obligation, en vertu de la Convention, de soumettre un rapport périodique tous les quatre ans depuis une décennie ou plus.  Il a précisé qu’afin de soulager la charge des États en matière de rapports, le Comité a simplifié la procédure de présentation de rapports.

M. Modvig a ensuite expliqué que la procédure de plainte individuelle assiste les États dans la mise en œuvre effective de la Convention et en vue de remédier au sort des victimes.  Malheureusement, a de nouveau regretté le Président du Comité, seuls les citoyens de 68 des 169 États parties peuvent soumettre des plaintes au Comité, puisque 101 États n’ont pas encore reconnu sa compétence pour recevoir et examiner des plaintes individuelles déposées en vertu de l’article 22 de la Convention.  M. Modvig a donc exhorté ces 101 États parties à renforcer la protection de leurs citoyens contre la torture en reconnaissant la compétence du Comité au titre de l’article 22. 

Afin de faire respecter l’obligation de présentation de rapports, M. Modvig a proposé d’établir un calendrier fixe, ce qui impliquerait, dans le cas des États parties à la Convention, que leur situation soit examinée tous les quatre ans.  Le Comité contre la torture travaillera dans les prochains mois sur différentes solutions sur la manière d’augmenter la capacité d’examen et présentera un rapport l’année prochaine.

Dialogue interactif

Le Mexique a souhaité savoir quelles mesures le Comité prévoit de prendre pour augmenter le nombre de ratifications et d’adhésions à la Convention contre la torture. 

Au sujet des représailles qui visent les personnes travaillant pour le Comité, les États-Unis ont souhaité savoir quelles étaient les répercussions sur les activités quotidiennes de l’instance. 

« Fière » de présenter cette année son deuxième rapport périodique au Comité, l’Afrique du Sud a noté que la procédure simplifiée renforce la coopération entre le Comité et les États parties.  Elle a par ailleurs voulu savoir ce qui doit être pris en compte pour renforcer les organes conventionnels. 

Le Liechtenstein a interrogé le Président du Comité au sujet des pratiques visant à séparer les enfants migrants de leurs parents ou à empêcher les migrants de franchir les frontières.  La délégation a également voulu savoir si le Comité prévoyait de faire une observation générale sur la peine capitale et les détentions assimilables à la torture. 

Observant que les États parties rencontrent parfois des difficultés qui les empêchent de présenter leur rapport dans les temps impartis, le Danemark s’est enquis des effets que pourrait avoir le renforcement du processus visant à garantir des présentations en temps voulu. 

Et quelle approche plus coordonnée le Comité prévoit-il pour amener les États parties à soumettre leur rapport tout en garantissant une certaine souplesse? a demandé à son tour l’Union européenne

La Fédération de Russie a dénoncé une politique du « deux poids, deux mesures » en ce qui concerne la torture, citant en exemples la prison américaine de Guantanamo ou encore le traitement « arbitraire » imposé à Julian Assange par les autorités britanniques.  La délégation a par ailleurs fait observer que du temps supplémentaire avait été accordé au Comité pour lui permettre d’examiner les arriérés de rapports. 

La France a indiqué qu’elle avait fait de la violence domestique l’une de ses priorités en matière de protection des droits de l’homme et de lutte contre les traitements cruels, inhumains ou dégradants. 

Affirmant avoir un « dialogue très franc » avec le Comité, la Chine a fait observer que les organes de traités ne sont pas mandatés pour formuler des commentaires généraux à caractère « interprétatif ».  Les commentaires doivent honorer l’esprit de la Convention et ne pas en modifier la portée, a-t-elle estimé.

S’agissant de l’accroissement des États parties à ratifier la Convention, le Président du Comité contre la torture a souligné que la démarche du Comité se décline en deux étapes.  D’abord permettre d’accroître le nombre de pays à collaborer avec la Convention.  Ensuite organiser des réunions avec les États non parties souhaitant y adhérer en leur fournissant les explications nécessaires et les orientations. 

Sur la question des représailles contre les organisations de la société civile dans le cadre du travail quotidien du Comité, il a rassuré sur le fait que « nous disposons toujours d’autres moyens d’information dans le cadre notamment de réunions discrètes ». 

Quant aux incidences des procédures simplifiées sur la charge de travail du Comité, il a expliqué que le travail effectué en amont réduit quelque peu la charge de travail. 

Parlant des priorités et des implications financières sur l’exercice 2020, il a indiqué que 6 des 10 organes conventionnels ont dû réduire leur session en 2019.  « Nous avons contacté le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Secrétaire général sur des mesures pour minimiser cette menace. »  Cela dit, a-t-il averti, « nous prévoyons que ce risque soit toujours là en 2020 ».  Il faut consolider le système des organe conventionnels en 2020, a-t-il dit, avant de lancer un appel en faveur d’une « affectation financière en faveur de ces organes ». 

Afin d’assurer un financement stable, il a proposé l’adoption d’un calendrier fixe qui permettrait à tous les États parties de faire l’objet d’un examen régulier tous les quatre ou cinq ans, indépendamment de leur présentation d’un rapport dans les temps ou pas.  Cela exigerait, pour lui, une méthode de travail plus efficace.  Une autre idée serait, selon lui, la possibilité de procéder à des examens dans un cadre régional par le biais d’une équipe réduite.  Ces différentes approches seraient une contribution sur la voie de ce calendrier fixe, a-t-il expliqué.

Au regard des questions portant sur la séparation des enfants migrants de leurs parents et de celle se rapportant à la peine de mort, il a indiqué ne pas pouvoir apporter ici-même une réponse détaillée à ces deux problématiques.  Cependant, s’agissant du premier cas, dans certaines circonstances, la séparation pourrait être considérée comme un mauvais traitement.  Quant à la peine de mort, le Comité n’interdit pas la peine de mort, mais les conditions et les méthodes d’exécution pourraient être considérées comme de mauvais traitements et même assimilées à des actes de torture.

Exposé du Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

M. MALCOLM EVANS, Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, présentant le douzième rapport annuel du Sous-Comité, a rappelé que celui-ci a pour mandat d’engager un dialogue constructif avec les États parties pour réduire le risque de torture, et pour les conseiller en matière d’établissement de mécanismes nationaux de prévention de la torture; et enfin de coopérer avec les autres organes internationaux, régionaux et les agences engagées dans la prévention de la torture. 

Le Protocole a été ratifié à ce jour par 90 États de toutes les régions, l’Islande et l’Afrique du Sud étant les derniers en date à l’avoir rejoint.  Par ailleurs, quelque 65 mécanismes nationaux de prévention ont été établis dans le monde, même si toutes les parties, en l’occurrence 22 États, n’ont pas rempli cette obligation au titre du Protocole.  Dans le décompte, on dénombre 13 pays en Afrique, 4 dans la région Asie-Pacifique, le même nombre en Amérique latine et les Caraïbes, et 1 en Europe qui n’ont pas de mécanisme national de prévention de la torture, a-t-il précisé.  Cela montre que davantage doit encore être fait, et le Sous-Comité est disposé à assister les parties à établir ces mécanismes, a assuré le Président, ajoutant que, bien que le Protocole soit facultatif, la création des mécanismes de prévention ne l’est pas.

M. Evans a ensuite déclaré que le Sous-Comité avait été très préoccupé ces derniers temps par le « comportement » de certains États parties qui ont pris des mesures administratives ou juridiques ayant comme conséquence de « freiner sérieusement » la capacité des mécanismes nationaux à conduire leurs activités.  Le Sous-Comité lui-même se trouve de plus en plus limité dans sa capacité à effectuer des visites de terrain.  Il y a quelques années, le Sous-Comité avait un rythme de 10 visites de pays par an.  Au cours de 2018, il n’a été en mesure d’en effectuer que six (Uruguay, Belize, Portugal, Pologne, Kirghizstan et Libéria).  Cette année, il a pu visiter sept pays (Suisse, Costa Rica, Sri Lanka, Sénégal, Ghana, Royaume-Uni et Cabo Verde). 

Mais alors que les membres du Sous-Comité espèrent visiter l’État de Palestine, leur voyage reste à ce jour contrarié par le refus d’un État non partie de leur délivrer des documents de voyage.  De plus, le Secrétaire général a récemment annoncé la réduction de 25% du budget des visites, a déploré M. Evans, ajoutant que ces deux situations étaient source d’une « immense frustration », car le Sous-Comité a « besoin d’être en contact » avec les États qui ne disposent pas encore de mécanisme national de prévention de la torture et d’avoir accès aux lieux de détention et autres centres où les personnes sont privées de liberté. 

Or ce à quoi on assiste aujourd’hui est que les États refusent même d’accorder les ressources minimales permettant que ces visites se produisent.  Cela ne doit pas pouvoir se poursuivre, a déploré M. Evans, ajoutant que l’on ne pouvait avoir d’organe de prévention de la torture qui serait privé des outils pratiques lui permettant de remplir ses programmes de visites.

« On ne peut pas visiter un lieu de détention à distance », a-t-il enchaîné, soulignant que le système du Fonds spécial du Protocole facultatif repose sur la capacité des membres du Sous-Comité d’accéder aux lieux fermés où les personnes sont privées de leur liberté pour en apprendre plus sur les conditions de détention et les systèmes judiciaires afin de fournir des recommandations pratiques en termes d’amélioration.  Or à l’heure actuelle, des États sont en train de collectivement refuser de fournir les moyens les plus minimes pour que cela puisse se produire, a-t-il dénoncé.  Cette situation ne peut pas se poursuivre car on ne peut pas laisser un mécanisme international de visite se voir nier la possibilité pratique d’exécuter les visites qu’il a programmées.  Il a fait part de sa colère et de sa frustration face à l’échec d’autant de systèmes judiciaires à agir avec justice à l’égard de ceux sur lesquels ils exercent un pouvoir.

Les experts du Sous-Comité « ne sont pas naïfs », a poursuivi M. Evans.  Ils savent les difficultés auxquelles les personnes en charge de diriger les centres de détention sont confrontées et les pressions que subissent ceux qui sont chargés de traduire les coupables en justice.  « Mais nous tous savons aussi qu’il ne saurait y avoir d’excuses ou de justifications à la cruauté que ces personnes subissent », a déclaré le Président, citant des cas de personnes handicapées enchaînées, parfois dans leurs excréments, l’interrogatoire de suspects effectué avec des sacs en plastique autour de leur cou, le recours au viol sur les hommes, les femmes ou même sur les enfants comme une forme d’interrogatoire, la privation de sanitaires, de nourriture, de sommeil ou de tout contact avec l’extérieur.  Ce sont des situations que nous avons-nous-mêmes vues, a-t-il assuré.

Cependant, le rapport contient également des bonnes nouvelles.  Certains mécanismes nationaux ont vu leurs capacités s’accroître, tandis qu’au moins 20 pays ont pu bénéficier des programmes de renforcement des capacités du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, y compris à travers le Fonds spécial créé par le Protocole.  Par ailleurs, le Sous-Comité a accueilli huit nouveaux membres élus en février dernier.  Ils apportent une richesse et de nouvelles approches et perspectives dans le travail du Sous-Comité, a conclu son Président. 

Dialogue interactif

L’Union européenne a relevé que le Sous-Comité voit le nombre d’États parties augmenter sans cesse tandis que ses ressources humaines vont en décroissant, entravant sa capacité à honorer son mandat.  Dès lors, quelles sont les initiatives possibles pour soutenir les travaux du Sous-Comité?

Le Chili a annoncé que, le 25 avril, le Journal officiel du pays avait publié une loi érigeant un mécanisme national de prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants.  Avec cette loi, qui met l’accent sur les lieux de privation de liberté et permettra de mettre en œuvre une politique de lutte contre la torture, le Chili a dit honorer un engagement vieux de 10 ans. 

Étant donné que le Sous-Comité a dû annuler des visites en raison de difficultés budgétaires, comment pourra-t-il aider les États parties à honorer leurs obligations au titre du Protocole facultatif? s’est interrogé le Danemark, qui a également demandé des précisions sur l’impact du renforcement des organes conventionnels sur les travaux du Sous-Comité. 

Dans un premier temps, le Président du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants est revenu sur la situation préoccupante relative à la réduction du nombre de visites dans les pays.  Il a préconisé davantage de ressources, tout en reconnaissant que celles-ci sont elles-mêmes malheureusement limitées.  Dans une perspective d’avenir, « nous devons mener un dialogue de différentes manières » avec les États, a-t-il préconisé.  Au regard du nombre important des États parties, ce qui est en soi un défi pour dialoguer, il a suggéré la mise en place d’une instance pour discuter, établir de nouvelles modalités de partenariat.  Il a également proposé d’établir un dialogue avec les organes régionaux disposant d’un mandat similaire.  En un mot: « il faut faire preuve d’innovation ». 

Évoquant le Chili qui a annoncé la publication d’une loi érigeant un mécanisme national de prévention de la torture, M. Evans s’est dit ravi d’examiner les différentes informations officielles émanant de ce pays pour l’ajouter à « notre liste ».  C’est pour lui, un exemple de partenariat qui a donné lieu à de véritables résultats. 

M. Evans a également encouragé l’innovation en matière d’assistance aux États parties, sur le terrain ou de manière virtuelle via Internet.  « Nous ne prescrivons aucun modèle de prévention », a-t-il affirmé, l’essentiel pour lui est de pouvoir conseiller et soutenir les pays. 

À l’approche de l’examen 2020, il a assuré que « nous continuons d’insister sur l’importance » des sous-comités dont les besoins propres doivent être pris en compte pour qu’ils puissent continuer à faire entendre leur voix et leurs activités.

Exposé du Rapporteur spécial sur la question de la torture

M. NILS MELZER, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a tout d’abord regretté qu’en raison du manque persistant de ressources, seule une fraction des demandes qui lui sont adressées peuvent être examinées de manière adéquate.  Il a également regretté que sa visite aux Comores ait dû se terminer de manière précipitée en raison du manque d’accès complet à tous les lieux de détention, avant de remercier les Gouvernements des Maldives, du Burkina Faso, de la Mongolie et du Paraguay pour leur invitation.  M. Melzer a également remercié le Royaume-Uni pour avoir facilité sa visite à M. Julian Assange à la prison de Belmarsh, à Londres, en mai 2019.  Bien que M. Assange ait présenté une série de symptômes typiques d’une exposition à long terme à de la torture psychologique, aucun des États concernés n’a accepté d’enquêter sur leur implication présumée dans ces abus, a-t-il regretté.

M. Melzer a souhaité rappeler à tous les États que les autorités sont légalement tenues de procéder rapidement à une enquête impartiale, de poursuivre et punir les coupables, et de veiller à ce que réparation et réhabilitation des victimes soient faites.  « Ne pas le faire constitue une violation du droit international », a-t-il souligné.

M. Melzer a ensuite indiqué que son rapport est consacré cette année au problème de la violence domestique, dont sont victimes chaque jour des millions d’enfants, femmes et hommes.  Les comportements abusifs sont multiples, allant de la négligence à la coercition, ou encore à un comportement excessivement contrôleur.  Il a également cité différentes formes d’abus psychologiques, la violence sexuelle et physique, des actes de mutilation, voire même de meurtre.  Que ce soit en termes d’intentionnalité, de détermination ou de sévérité de la douleur et de la souffrance, la violence domestique n’est rien de moins qu’un acte de torture ou de mauvais traitement, a-t-il affirmé.  Tout en reconnaissant que la plupart des cas de violence domestique se produisent dans la sphère privée, il a souligné que les gouvernements ont l’obligation de prévenir, d’enquêter et de poursuivre de tels abus et de fournir aux victimes réparation et réhabilitation.

M. Melzer a ensuite appelé les États à ratifier sans réserve tous les instruments juridiques internationaux, à criminaliser la violence domestique et à abroger ou réformer toutes législations, politiques et pratiques qui maintiennent ou perpétuent la violence domestique.  Les États devraient également établir des lignes d’assistance, des processus de collecte de données et des services d’intervention, tels que les refuges et les centres de soins qui assurent une protection rapide et efficace des victimes de la violence domestique.  Il a également engagé les États à fournir une assistance juridique aux victimes de violence domestique, mener des enquêtes rapides et impartiales, prendre des mesures de protection appropriées et assurer la responsabilité administrative, civile et pénale des auteurs.  Les États devraient en outre s’assurer que leur système juridique offre des réparations et que les victimes aient droit à des compensations adéquates.

La violence domestique ne peut pas être considérée comme une question privée, mais représente une question essentielle en matière de droits de l’homme, une préoccupation inhéremment publique qui doit être examinée du point de vue de l’élimination de la torture et des mauvais traitements.

En termes d’échelle et de gravité, a-t-il poursuivi, la violence domestique est l’une des sources prédominantes d’humiliation, de violence et de mort dans le monde et fait autant de victimes que les conflits armés.  Comme la guerre, la violence domestique est un véritable fléau de l’humanité qui traumatise au quotidien un nombre illimité de personnes, notamment les femmes et les enfants, et qui brutalise la société pour des générations à venir.

Mais contrairement à la guerre, a-t-il poursuivi, la violence domestique est encore trop largement considérée comme une « affaire privée », a-t-il dénoncé, avant de prévenir: « Tant qu’une part considérable de la population mondiale sera oppressée et abusée dans le “trou noir juridique” que représente le foyer, les promesses que recèlent la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Programme 2030 demeureront bien loin de la réalité. »

Dialogue interactif

L’Irlande s’est déclarée préoccupée par les effets multiples des violences domestiques et a expliqué avoir fait de la protection et du soutien des victimes de telles violences l’une de ses priorités.  Évoquant l’importance des organisations de la société civile dans la lutte contre ces violences, elle a voulu savoir ce que peuvent faire les États pour encourager leurs activités. 

Le Mexique a mis en avant sa loi générale visant à punir les crimes de torture, fruit d’un long processus de consultation avec des experts.  La délégation a également demandé à connaître des bonnes pratiques ou des programmes réussis lorsqu’il s’agit de compiler des données statistiques relatives aux différentes formes de violence domestique. 

Le Brésil a estimé que les violences domestiques peuvent être assimilées à de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants.  Selon lui, il convient de protéger en priorité les droits des familles, notamment celles en situation de difficultés socioéconomiques. 

Le Royaume-Uni a rejeté les allégations selon lesquelles Julian Assange aurait été victime de tortures, faisant valoir que lorsqu’il se trouvait au Royaume-Uni, il pouvait quitter l’ambassade de l’Équateur à tout moment.  La délégation a par ailleurs voulu savoir quelles mesures permettraient de renforcer la participation au Protocole facultatif. 

Que peuvent faire les États pour identifier les victimes de violences domestiques et pour les aider à échapper à de telles violences? a demandé l’Union européenne

Soulignant que la violence domestique équivaut à un traitement cruel, inhumain et dégradant, la République tchèque a encouragé le Sous-Comité à se concentrer sur cette forme de violence. 

L’Indonésie a souhaité obtenir des explications plus détaillées sur les mesures permettant une meilleure utilisation de la justice réparatrice dans le contexte de la violence domestique. 

Les États-Unis se sont déclarés frappés par les nombreux cas de torture dans le monde, notamment au Cameroun, où ont été signalés des cas de torture commis par le Gouvernement; au Nicaragua, contre des manifestants; et en Iran, contre les membres de minorités ethniques.  Ils se sont aussi étonnés de l’absence de reddition de comptes face aux exécutions extrajudiciaires en république de Tchétchénie.  Ils ont aussi condamné les 7 000 assassinats extrajudiciaires perpétrés par le régime Maduro au Venezuela et les dizaines de milliers de cas de torture imputés au régime Assad en Syrie.  Les États-Unis condamnent en outre le placement des Ouïghours et autres minorités musulmanes en camps d’internement en Chine.  Dans ce contexte, la délégation a demandé quelles mesures permettraient d’intégrer davantage les victimes de torture au processus de réparation. 

La Suisse a exprimé son inquiétude face à l’ampleur de la violence domestique et conjugale dans le monde.  Les femmes et les enfants sont particulièrement exposés, même si les victimes peuvent aussi être masculines, a-t-elle relevé.  À ce sujet, elle a demandé à connaître les conséquences juridiques pour les cas où les violences conjugales sont qualifiées de torture.  À partir de quel degré les violences infligées aux enfants peuvent-elles être considérées comme des tortures?

Cuba a observé que les femmes sont particulièrement vulnérables en matière de violence domestique.  Il a indiqué que le Code pénal cubain prévoit des sanctions face à ce genre de violence et considère le fait d’être de la même famille comme une circonstance aggravante.  La délégation a par ailleurs encouragé le Rapporteur spécial à poursuivre son examen sur les mauvais traitements infligés aux migrants, notamment à la frontière sud des États-Unis. 

Le Danemark a relevé que la violence domestique est une question privée qui a des effets néfastes sur les sociétés.  Quels en sont les effets et que faire pour la prévenir?

À son tour, la Fédération de Russie a fait valoir qu’une lutte efficace contre la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants ne peut passer que par des mesures de prévention, parmi lesquelles figurent l’autonomisation des femmes, la dénonciation des stéréotypes de genre et la lutte systémique contre les inégalités sociales. 

La Chine a rejeté les « accusations infondées » de la délégation américaine, assurant que les pratiques évoquées étaient en fait des mesures de lutte contre le terrorisme.  « Les États-Unis ignorent les faits et se trouvent des prétextes pour interférer dans les affaires intérieures de la Chine », a-t-elle déclaré, regrettant que de plus en plus de pays soient « victimes du “deux poids, deux mesures” et du harcèlement pratiqués par les États-Unis ». 

Le Costa Rica a souhaité savoir quelles contributions de la Convention permettaient d’aborder l’aspect structurel de la torture. 

La République arabe syrienne a condamné les pratiques des États-Unis qui bafouent les droits de pays comme la Syrie, pointant notamment le recours à la torture à Abou Ghraïb et Guantanamo, l’imposition de sanctions unilatérales et la séparation des enfants migrants de leurs parents.  La délégation a aussi condamné les traitements inhumains imposés par Israël dans les territoires qu’il occupe. 

Réagissant à ces interventions, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a souligné qu’il n’existe pas de solution miracle, ni de réponse simple au phénomène mondial qu’est la violence domestique.  C’est d’ailleurs la première fois de ma carrière que je n’ai pas de réponse, a-t-il avoué.  Il a notamment reconnu avoir été « bouleversé bien plus profondément » que ce à quoi il s’attendait en traitant cette problématique.  En effet, une même cruauté observée dans des contextes de guerre peut être observée au sein des foyers, a-t-il déploré, étayant son propos par des chiffres: « un milliard d’enfants ont expérimenté la violence chez eux! »  Et cela se produit partout, dans toutes les structures et régions du monde.  Cela va de l’humiliation au meurtre, en passant par la manipulation psychologique et la punition corporelle.  Il a évoqué des formes d’abus qu’il « n’osera pas décrire ici ». 

Il y a certes des conséquences juridiques si ces mauvais traitements sont équivalents à de la torture, a-t-il poursuivi.  Les États ont l’obligation de prévenir ces abus, et c’est l’objectif premier de ce rapport de dire: « Regardez ce qui leur arrive chez vous. » 

Évoquant la mainmise des auteurs de ces violences sur le plan social ainsi que les « paramètres émotionnels » des victimes, il a souligné que dès lors, garantir la protection des victimes dans un tel contexte devient « délicat et complexe ».

Il a préconisé une approche globale pour faire face au phénomène et a souligné que la société civile peut jouer un rôle important en instituant un système d’alerte précoce.  Il a aussi appelé les États Membres à élaborer des mécanismes de protection et de dédommagement qui doivent être accessibles « surtout lorsque les capacités des victimes sont compromises ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: l’agriculture durable, une nécessité pour faire reculer la faim dans le monde

Soixante-quatorzième session,  
8e & 9e séances – matin & après-midi
AG/EF/3518

Deuxième Commission: l’agriculture durable, une nécessité pour faire reculer la faim dans le monde

Plus de 250 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde et plus de deux milliards n’ont pas accès à une alimentation saine, nutritive et suffisante.  Tel est le constat dramatique dressé par le Secrétaire général dans son rapport sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition, présenté, aujourd’hui, à la Deuxième Commission (questions économiques et financières).

Après des décennies de baisse constante, la faim a augmenté au niveau mondial pour la troisième année consécutive en 2018 et la sous-alimentation touche une personne sur neuf, est-il précisé dans le rapport.  Le Groupe des États d’Afrique a noté que le continent demeure le plus touché, les facteurs aggravants étant liés aux catastrophes naturelles, aux conflits, à la dégradation des terres, à l’exode rural et à l’impact du ralentissement économique sur le secteur agricole.  L’objectif de développement durable n2 -l’élimination de la faim- est ainsi loin d’être atteint.

Dans le même temps, un tiers de la population mondiale devrait être obèse ou en surpoids d’ici à 2030.  Et ce sont les petits États insulaires en développement (PEID) qui continuent d’avoir les taux les plus élevés d’obésité, a relevé l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), précisant que cela est dû à une grande consommation d’aliments très transformés qui sont importés et meilleur marché que ceux produits localement.

Les défis de l’agriculture et de la sécurité alimentaire dans les pays les moins avancés (PMA) sont exacerbés par une augmentation rapide de la population, par une diminution des terres productives, par les effets des changements climatiques et par une baisse de l’Aide publique au développement (APD), a fait savoir le Malawi.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) y a ajouté des restrictions d’accès aux marchés, ainsi que l’urbanisation et l’industrialisation rapides.  Et tous ces facteurs ne font qu’augmenter la pauvreté extrême, qui touche, en particulier, la population rurale.  C’est donc, cette fois, l’objectif de développement durable no1 -l’élimination de la pauvreté- qui est menacé.

Comme l’a souligné le Honduras, le secteur agricole est le principal employeur au monde et fournit les moyens de subsistance de 40% de la population.  Face aux défis, plusieurs délégations ont fait part de politiques adoptées sur le plan national pour améliorer la situation.  Par exemple, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) entend promouvoir des habitudes alimentaires saines, et constate un regain d’intérêt pour les aliments locaux tels que les tubercules ou les moutons, afin de développer des chaînes de valeurs locales et d’assurer des revenus prévisibles aux populations.  Pour réduire les importations et encourager la production locale, la Jamaïque a ainsi lancé la campagne « Eat What You Grow », autrement dit « Mangez ce que vous produisez » tandis que le Niger a adopté l’initiative « I3N », soit « les Nigériens nourrissent les Nigériens ».  Après huit années de mise en œuvre, cette initiative a permis de doubler la production agricole annuelle.

Ont également été évoquées des méthodes vertes et sûres en Mongolie, qui a appelé à instaurer « une année internationale du pastoralisme ».  L’Érythrée et l’Éthiopie se sont lancées dans le reboisement tandis que le Bangladesh a vanté les mérites des fibres naturelles, qui sont écologiques, contrairement aux fibres synthétiques.  À Sri Lanka, les petits agriculteurs sont organisés en coopératives, en partenariat avec la Banque mondiale et l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Pour leur part, l’Indonésie, le Nigéria ou le Kazakhstan, qui veulent créer au moins 20 fermes numériques fonctionnant avec des technologies de précision, ont mis l’accent sur les innovations et la recherche. 

L’agriculture demeurant le secteur dominant dans de nombreux pays en développement, le Groupe des 77 et la Chine ont plus généralement plaidé pour un système commercial mondial qui soit équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, afin de rendre les denrées plus abondantes et abordables.  Il a recommandé des investissements pour renforcer les capacités agricoles et améliorer la productivité.  Citant le « potentiel énorme de l’agrobusiness en Afrique », le Groupe des États d’Afrique a affirmé qu’en mobilisant toutes les ressources -publiques, privées ou mixtes-, le continent pourrait grandement améliorer son potentiel en termes de développement agricole et de nutrition.

Les difficultés d’accès aux marchés mondiaux et la volatilité des prix ont également suscité de nombreux commentaires.  Pour l’Éthiopie, il faut se coordonner pour éviter une trop grande fluctuation des prix des denrées de base.  L’Ukraine a préconisé une coordination intense entre toutes les agences des Nations Unies et les institutions financières, la prévisibilité et la stabilité des marchés alimentaires étant essentielles à la sécurité alimentaire.   

La Bolivie a dénoncé « les pratiques spéculatives, l’accaparement des terres et la destruction des productions locales ».  Elle a invité la communauté internationale à défendre une agriculture durable et à adopter la « Déclaration des droits des paysans ».  Pour sa part, la Thaïlande a défendu une approche holistique, qui vise à parvenir à un équilibre entre la croissance économique, l’inclusion sociale, la protection de l’environnement et la préservation des modes de vie locaux, et ce, pour parvenir à l’autosuffisance.

Mme Carla Mucavi, s’exprimant au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), a invité la Commission à se concentrer sur les 475 millions de petites exploitations agricoles et les peuples autochtones, qui pratiquent une agriculture traditionnelle et qui sont le plus souvent sujets à la faim et aux catastrophes naturelles.  Elle a aussi invité à célébrer, le 17 octobre, la Journée mondiale de l’alimentation, sur le thème « Une alimentation saine pour un monde #faimzéro ».

Lundi 14 octobre, à partir de 10 heures, le Secrétaire général ouvrira les débats de la Deuxième Commission, consacrés au développement durable.

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION

Présentation de rapport

M. ALEXANDER TREPELKOV, Directeur de la Division des objectifs de développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/74/237)intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition », qui a été préparé en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).  M. Trepelkov a d’emblée rappelé que l’élimination de la pauvreté et de la faim fait partie des priorités du Programme de développement durable à l’horizon 2030, puisqu’elle concerne les objectifs de développement durable (ODD) no1 et no 2.  Le rapport souligne que la promotion des systèmes alimentaires inclusifs axés sur l’alimentation durable est un défi.

La faim au niveau mondial augmente pour la troisième année consécutive après des années de déclin, a regretté le directeur.  Un cinquième de la population est touché, ce qui représente plus de 256 millions de personnes.  En outre, on estime que plus de deux milliards de personnes n’ont pas accès à la nourriture en quantité suffisante, a poursuivi M. Trepelkov.  Dans le même temps, on estime qu’un tiers de la population mondiale sera obèse ou en surpoids d’ici à 2030 et la situation ne s’améliore pas pour les enfants de moins de 5 ans.

M. Trepelkov a recommandé de se concentrer sur plusieurs fronts: s’assurer d’un approvisionnement en nourriture adéquat pour 10 milliards de personnes d’ici à 2050; garantir un emploi aux 28% de la population mondiale qui travaillent directement ou indirectement dans le secteur agricole; réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture; réduire de 70% les prélèvements d’eau pour l’agriculture; et protéger les terres et les sols destinés à l’agriculture.

Le Programme 2030 appelle à un système alimentaire qui soit pleinement durable dans toutes ses dimensions.  Investir dans des systèmes alimentaires durables relève d’une politique intelligente, a conclu M. Trepelkov.

Discussion générale

Selon ABDULLAH ABUSWANESH (Palestine), au nom du Groupe des 77 et la Chine, la faim continue de gagner du terrain, ayant augmenté depuis 2015: le nombre absolu de personnes touchées par la malnutrition ou la privation chronique de nourriture est passé de 811 millions en 2015 à 829 millions en 2018.  Les pays en conflit ou touchés par les catastrophes naturelles sont particulièrement vulnérables, a-t-il noté, en citant le rapport sur la question.  Cela rend impossible la réalisation de l’objectif de développement durable no2 dans les délais fixés, a-t-il mis en garde.

L’agriculture demeurant le secteur dominant dans de nombreux pays en développement, le représentant a plaidé pour un système commercial mondial qui soit équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, le tout sous l’égide de l’OMC, afin de rendre les denrées plus abondantes et abordables.  Le commerce agricole est en effet un facteur très positif pour la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il appuyé.  Il faut, a-t-il recommandé, des investissements pour le renforcement des capacités agricoles et l’amélioration de la productivité du secteur.  De manière générale, il faut accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, selon le représentant qui a souligné les liens directs entre sécurité alimentaire, nutrition et développement durable.  « Les 10 prochaines années seront cruciales si nous voulons atteindre des résultats concrets et améliorer la vie de nos concitoyens », a conclu le représentant, qui a réaffirmé l’importance des travaux de la Deuxième Commission et l’importance pour la communauté internationale de trouver un consensus. 

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. PERKS LIGOYA (Malawi) a fait observer qu’environ une personne sur neuf était en situation de malnutrition en 2018.  Les défis de l’agriculture et de la sécurité alimentaire dans les PMA sont exacerbés par une augmentation rapide de la population, par une diminution des terres productives, par les effets des changements climatiques et par une baisse de l’Aide publique au développement (APD), a fait savoir le représentant.  Et tous ces facteurs ne font qu’exaspérer la pauvreté extrême dans les PMA, qui touche, en particulier, la population rurale, a-t-il ajouté.  Il en a appelé à une transformation économique inclusive dans les zones rurales.

Investir dans les petits agriculteurs, qui sont surtout des agricultrices, est plus important que jamais, a lancé M. Ligoya.  Les innovations et les nouvelles technologies ont, ces dernières années, transformé les façons de produire et de consommer certains aliments, a-t-il relevé.  Pour lui, c’est une véritable promesse pour la sécurité alimentaire mondiale, mais ces technologies ne sont pas toujours disponibles pour ces petits agriculteurs dans les PMA.  Il nous faut, aujourd’hui, de manière urgente, nous assurer d’un accès à une alimentation sûre, et développer un système de distribution de nourriture en mesure de répondre aux situations d’urgence, a plaidé, en conclusion, M. Ligoya.

Mme SHARON LINDO (Belize), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a indiqué que pour des petites îles dont les côtes sont en dessous du niveau de la mer, la sécurité alimentaire et la nutrition sont une préoccupation constante.  Les facteurs environnementaux et économiques qui affectent les capacités de ces pays dans le domaine de la sécurité alimentaire sont contenus dans les Orientations de Samoa, a-t-elle rappelé.  Elle a aussi souligné que les impacts des changements climatiques, y compris les phénomènes climatiques extrêmes, continuent d’affecter la disponibilité alimentaire à travers le monde.  Elle a noté que ces phénomènes réduisent la prévisibilité des approvisionnements.  M. Lindo a relevé que les changements climatiques ont également un grand impact sur la pêche, une activité dont dépendent la plupart des petits États insulaires en développement (PEID) comme principale source de protéine, mais également pour leurs économies.  Dans ce contexte, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a souligné, dans un rapport récent, que le réchauffement des océans a contribué à une diminution globale du potentiel de capture maximal au niveau mondial, aggravée par la surpêche mondiale.

Sur un tout autre plan, les PEID continuent d’avoir les taux les plus élevés d’obésité, a mentionné le délégué, ajoutant que cela est dû à une grande consommation d’aliments hautement transformés qui sont importés et sont également meilleur marché que ceux produits localement.  C’est pourquoi l’Alliance a réitéré, au cours de l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa tenu le mois dernier, l’importance de promouvoir les modes de production alimentaires durable dans ces pays, notamment en renforçant leurs capacités techniques dans ce domaine.

Selon Mme MERIEM EL HILALI (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, il va sans dire que l’élimination de la faim est un moteur pour parvenir au développement durable.  Cependant, il ne reste que 10 ans pour atteindre les objectifs, a-t-elle rappelé, jugeant l’objectif difficilement réalisable, étant donné que la faim augmente dans le monde depuis trois années consécutives.  Si la prévalence de la malnutrition demeure stable dans le monde, le Groupe des États d’Afrique note que leur continent demeure le plus touché avec 256 millions de personnes impactées.  Alarmée, la représentante a appelé à agir à tous les niveaux -national, régional et international.  Les facteurs aggravants sont liés aux catastrophes naturelles, aux conflits, à la dégradation des terres, à l’exode rural et à l’impact du ralentissement économique sur le secteur agricole.

Toutefois, « les capacités agricoles en Afrique sont gigantesques », puisque « le continent dispose des plus larges surfaces de terres fertiles non cultivées de la planète », et d’une main-d’œuvre pléthorique et jeune: « c’est une occasion en or pour relever le défi », a noté la représentante.  Citant le « potentiel énorme de l’agrobusiness en Afrique », elle a affirmé qu’en mobilisant toutes les ressources -publiques, privées ou mixtes-, le continent pourrait grandement améliorer son potentiel, en termes de développement agricole et de nutrition.  Et le récent Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine devrait grandement stimuler l’échange de produits, selon elle. 

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que l’agriculture permet d’assurer la sécurité alimentaire, de générer des revenus et de garantir des emplois aux populations rurales de l’ASEAN, ces dernières représentant la majorité de la population de ces pays.  Sans le développement de ce secteur, la région ne pourra donc pas éradiquer la pauvreté et réaliser les objectifs de développement durable, a-t-elle averti.  Le secteur agricole de l’ASEAN fait malheureusement face aux effets néfastes des changements climatiques, aux restrictions des marchés et à un retard de développement en comparaison avec d’autres régions du monde.  De même, l’urbanisation et l’industrialisation rapides posent de nombreux problèmes pour le secteur, a-t-elle affirmé, en notant que le Plan stratégique de l’ASEAN pour la coopération en matière d’alimentation, d’agriculture et de forêts pour les années 2016-2025 avait été élaboré pour répondre à ces défis.

La déléguée a insisté sur le fait que la région est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, ceux-ci affectant négativement le secteur agricole et la sécurité alimentaire.  C’est fort de ce constat que les pays de la région ont adopté le cadre multisectoriel sur les changements climatiques, l’agriculture et la foresterie au cours de la quarantième réunion des Ministres de l’agriculture et des forêts de l’ASEAN en octobre dernier, a indiqué Mme Khyne.  

M. MICHAEL RUDOLPH TEN-POW (Guyana), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a relevé que le déclin progressif de l’agriculture dans certains pays de la CARICOM s’explique par les ouragans de plus en plus violents et par d’autres facteurs relatifs aux changements climatiques, notamment les sécheresses et les inondations.  De plus, le secteur agricole de la Communauté est désormais dominé par des petits exploitants qui n’ont qu’un accès limité aux financements et aux assurances.  La CARICOM réitère donc son appel en faveur de partenariats, Nord-Sud et Sud-Sud, et plaide pour la création de mécanismes de financements innovants par les institutions financières internationales afin de cibler les besoins spécifiques des exploitants agricoles.  La CARICOM demande également aux Nations Unies d’aider les pays de la région à bâtir leurs capacités institutionnelles pour rendre leur agriculture durable. 

Au sein des Caraïbes, a noté M. Ten-Pow, l’accès aux aliments est fonction du niveau social, et la région compte parmi les plus inégales au monde.  Cela conduit donc à l’inégalité dans la consommation alimentaire.  En Jamaïque par exemple, les 10% des plus pauvres de la population consomment 8% du total de la consommation des 10% les plus riches.  La CARICOM entend renforcer la production alimentaire dans la région et promouvoir des habitudes alimentaires saines, dans le but de réduire l’incidence des maladies non transmissibles, ainsi que l’obésité et la malnutrition.  Il y a également un regain d’intérêt en faveur des aliments locaux tels que les tubercules, les végétaux et les épices, ainsi que les moutons et les chèvres, afin, notamment, de développer des chaînes de valeurs locales et assurer des revenus prévisibles aux populations.  Les produits de la mer sont également une composante majeure des habitudes alimentaires de la région, même si, a déploré le délégué, leur quantité ne cesse de se réduire, notamment du fait de la surpêche et de la pêche illégale.

M. IVAN KONSTANTINOPOLSKIY (Fédération de Russie) a relevé que toutes les approches mentionnées dans le rapport pour faire face aux défis soulignés semblent fondées, comme celle de créer une coopération entre tous les acteurs du secteur agricole, ce qui permettrait, notamment, de trouver un équilibre entre besoin de nutrition et besoin de protection de l’environnement.  La Russie accorde, pour sa part, une attention particulière à la réhabilitation des terres, a dit le représentant, soulignant que la numérisation du secteur agricole est de plus en plus importante.  Le délégué s’est félicité des travaux dans le cadre de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025) et des recommandations émises par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a observé que plus de 300 millions de personnes souffrent de la faim dans sa région.  Il a informé des efforts déployés par l’Indonésie pour améliorer les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation.  Le pays, par exemple, promeut un système de production alimentaire basé sur la recherche afin d’en améliorer la qualité nutritionnelle.  L’Indonésie entend aussi miser sur l’aquaculture et améliorer la nutrition des enfants, a indiqué le représentant.

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a dénoncé les mesures coercitives illégales et les sanctions économiques injustes à l’encontre de l’Iran, qui obligent le Gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour garantir la sécurité alimentaire.  Ces sanctions unilatérales ont un impact négatif sur l’agriculture durable, s’est-il plaint, en faisant remarquer les conséquences que cela implique sur le financement d’une bonne alimentation et sur la sécurité alimentaire.  Le représentant a demandé au Secrétaire général de se pencher sur ces « abus de la part des puissances économiques les plus importantes ».

M. ZIAUDDIN AMIN (Afghanistan) a dit que le ralentissement économique amenait un tassement des salaires et un regain du chômage.  De plus, a-t-il ajouté, les catastrophes naturelles liées aux changements climatiques ont des répercussions néfastes sur les populations les plus vulnérables et contribuent à l’accroissement des inégalités.  « Il nous faut bien comprendre les racines de l’insécurité alimentaire: l’Afghanistan est englué dans des conflits depuis des décennies, et l’insécurité alimentaire atteint dans le pays 45% de la population », a-t-il continué.  Les changements climatiques rendent les problèmes encore plus sévères, notamment la sécheresse, « alors que le pays dépend grandement des chutes de pluie et de neige pour son accès à l’eau ».  Les sécheresses ont mis à mal les réserves en eau du pays, a-t-il indiqué, en s’inquiétant de ce problème majeur de sécurité alimentaire.  Pour y faire face, il a réclamé une approche globale basée sur l’aide humanitaire et la construction de la paix.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a relevé que mettre fin à l’insécurité alimentaire et éliminer la faim étaient au cœur des objectifs de développement durable.  Priorité de la Mongolie, la production agricole génère 26% des emplois du pays.  Plus de 80% émane de l’élevage traditionnel pastoral, a ajouté le représentant, en se félicitant des améliorations enregistrées dans ce secteur grâce à des mesures promouvant des méthodes vertes et sûres, et un système de distribution adéquat.  La vision pour 2030 de la Mongolie englobe le développement des systèmes alimentaires de façon inclusive et résiliente, et adaptée aux changements climatiques.  Ces derniers sont un défi titanesque et ont un grand impact sur tous les pays du monde: « aucun pays ne peut les combattre seul », a d’ailleurs souligné le représentant.  La Mongolie a enfin appelé à « une année internationale du pastoralisme ».  
 

Pour M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala), la faim est un frein au développement humain, alors que le droit à l’alimentation est un droit fondamental.  Au Guatemala, les défis sont liés aux phénomènes de sécheresse qui affectent les communautés agricoles.  Très souvent, les petits agriculteurs sont ceux qui souffrent le plus, comparativement aux grands propriétaires.  La chute des cours du café ainsi que le phénomène El Niño ont contribué à la malnutrition actuelle, a-t-il dit.  Autre fait troublant, « la malnutrition peut aussi entraîner des phénomènes alarmants d’obésité parmi les populations vulnérables », a souligné le représentant.  Il a mentionné le cadre légal et politique mis en place par le Gouvernement qui apporte un soutien aux interventions de l’État visant à contrer ces problèmes.  Le but est, notamment, de développer un système alimentaire inclusif et de donner aux agriculteurs un accès aux technologies pour leur permettre de créer une agriculture durable et résiliente, basée sur l’agriculture biologique.  « Le principe de ne laisser personne de côté n’a jamais été plus urgent qu’aujourd’hui », a-t-il conclu.

M. SAMUEL V. MAKWE (Nigéria) a fait observer que la situation, en matière de sous-alimentation, reste stable dans le monde mais qu’elle se détériore en Afrique.  Selon les prévisions de l’ONU, la population du Nigéria sera la troisième au monde d’ici à 2050, a-t-il indiqué.  Aussi le Gouvernement a-t-il identifié l’agriculture comme un potentiel énorme pour l’alimentation et l’emploi.  Par le biais d’une politique de promotion de l’agriculture mise en œuvre sur la période 2016-2020, le pays investit dans les innovations et fait de son mieux pour normaliser les pratiques et améliorer la situation, a assuré M. Makwe.  Cette politique a déjà permis d’inverser la situation en termes de malnutrition, en particulier pour les enfants, a-t-il indiqué.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a constaté que le secteur agricole est le principal employeur au monde et qu’il fournit des moyens de subsistance à 40% de la population.  Cela explique pourquoi ce qui se passe dans ce secteur a des répercussions sur tous les autres, a-t-elle fait observer.  La représentante a donc jugé nécessaire d’améliorer l’insertion économique des petits producteurs agricoles, en particulier les plus pauvres.  Le Honduras considère que l’accès au marché doit être facilité, les prix étant beaucoup trop volatiles aujourd’hui.  Les technologies numériques permettent de créer de nouvelles chaînes de valeur et des bases de données sur les caractéristiques de la production mais, a-t-elle regretté, elles ne sont pas accessibles aux plus modestes.

Mme SAVITRI PANABOKKE (Sri Lanka) a dit que son pays était engagé sur la voie du renforcement de la production agricole, notamment en augmentant les récoltes d’aliments comme le riz.  Pour elle, les petits agriculteurs jouent un rôle majeur dans la sécurité alimentaire.  À Sri Lanka, ils sont organisés en coopératives, comme la Sanasa qui a un partenariat avec la Banque mondiale et l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Elle a noté que la pêche et la pisciculture jouent un rôle important dans la sécurité alimentaire des pays constitués d’îlots comme la Sri Lanka.  Le pays est engagé à éliminer les pratiques de pêche qui ne sont pas durables.  De même, afin d’éliminer les obstacles liés aux changements climatiques, le pays reçoit, depuis 2013, des financements issus du Fonds vert pour le climat afin de renforcer la résilience des petits agriculteurs contre ce fléau.  Il s’agit, notamment, d’améliorer l’irrigation dans les zones arides de Sri Lanka.  Un projet similaire, mis en place en collaboration avec la FAO, permet de soutenir 150 000 agriculteurs du pays, a déclaré Mme Panabokke.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a fait savoir que le Bangladesh avait fait de grands progrès en adoptant des politiques visant à transformer le secteur agricole, à promouvoir le développement rural, à autonomiser les personnes marginalisées et à protéger les petits agriculteurs.  Résultat, « le pays est passé d’importateur net à exportateur net de produits alimentaires », s’est enorgueilli le représentant.  Il a parlé des fibres naturelles, qui sont produites en grande quantité au Bangladesh, en faisant observer qu’elles sont écologiques, contrairement aux fibres synthétiques qui contribuent à la dégradation de l’environnement.  Il a estimé qu’une résolution de l’ONU, à cet égard, est nécessaire afin d’encourager davantage la consommation de fibres naturelles.

Selon M. TEDLA GETISO (Éthiopie), les écosystèmes des pays en développement sont considérablement impactés.  Il faut, a-t-il recommandé, se coordonner pour éviter une trop grande fluctuation des prix des denrées de base.  Il a aussi expliqué la nécessité de miser sur l’intensification et la modernisation, dans un pays, comme l’Éthiopie, où l’agriculture est une industrie essentielle.  Une politique de développement rural a été mise en place avec des moyens encore jamais vus en Éthiopie, a affirmé le représentant: les services agricoles ont été étendus, en essayant de placer les petits agriculteurs au centre des efforts, permettant à l’agriculture éthiopienne de gagner en croissance, et d’agir contre la malnutrition des enfants.  Différents programmes, comme un « programme de reforestation décennale » lancé au mois de mai, ont été entrepris.  « Plus de 350 millions d’arbres ont été plantés en une seule journée, un immense succès sur la voie de la sécurité alimentaire », a-t-il souligné. 

Mme SOPHIA TESFAMARIM (Érythrée) a noté que, dans la plupart des pays en développement, l’agriculture est une industrie indispensable pour le développement.  En Érythrée, 67% de la population habite en zone rurale et vit de la pêche, de l’élevage ou de la chasse.  Il y a 10 ans, la sécurité alimentaire nous a permis de fixer des prix abordables pour les denrées de base, malgré des conditions climatiques vulnérables, des sécheresses et la désertification, a indiqué la représentante, tout en précisant que le pays est encore trop dépendant des pluies.  C’est pourquoi le Gouvernement développe une agriculture soucieuse du climat avec une politique de reforestation pour les côteaux des montagnes et les zones les plus sèches, mobilisant femmes, étudiants et militaires pour reboiser et construire des barrages, en cherchant à passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture irriguée.  Essayant d’atteindre les objectifs de développement durable en réduisant la pauvreté et la faim, le Gouvernement a lancé une politique pour les petits et moyens agriculteurs en créant un réseau et en permettant aux jeunes agriculteurs d’investir.  

Selon Mme LILIANA OROPEZA (Bolivie), les paysans, les peuples autochtones et les petits agriculteurs sont les populations qu’il faut aider, en leur garantissant un accès au crédit et en évitant « les pratiques spéculatives, l’accaparement des terres et la destruction des productions locales ».  « L’harmonie avec la nature passe par l’utilisation de semences autochtones et il n’est pas question de laisser faire les forces du marché », a-t-elle insisté.  Les paysans et les travailleurs des zones rurales sont de véritables « survivants des changements climatiques »: ils ont du mal à obtenir une sécurité sociale, leurs terres sont souvent arides, et ces personnes sont souvent des femmes, a ajouté la représentante, qui a souhaité rendre hommage aux femmes du secteur agricole.  Aujourd’hui, « les phénomènes météorologiques sont extrêmes » dans la région à laquelle appartient la Bolivie, a fait remarquer la représentante, avant d’appeler la communauté internationale à défendre une agriculture durable et à adopter la « Déclaration des droits des paysans », que la Bolivie soutient avec force.

Mme PAVEENA SUTTHISRIPOK (Thaïlande) a évoqué des projets menés avec la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) afin de lutter contre la faim dans les écoles de Thaïlande.  Elle a relevé qu’il fallait adopter une approche holistique pour parvenir à une agriculture durable, et qu’une telle approche était cristallisée dans la philosophie d’autosuffisance suivie par le Gouvernement: cette approche vise à parvenir à un équilibre entre la croissance économique, l’inclusion sociale, la protection de l’environnement et la préservation des modes de vie locaux.  Cette approche d’autosuffisance a été partagée avec 26 pays dans le cadre de la coopération Sud-Sud, a affirmé Mme Sutthisripok.  Elle a ajouté que le développement agricole durable passe par la gestion durable des ressources naturelles.  Consciente que les sols offrent 95% des aliments consommés dans le monde, la Thaïlande commémore au Siège des Nations Unies la Journée mondiale des sols le 5 décembre de chaque année.  Enfin, la Thaïlande est également engagée à combattre la pêche illégale, a assuré la déléguée.

M. THANOUPHET XAIYAVONG (République démocratique populaire lao) a indiqué que le Gouvernement lao avait mis en place une stratégie agricole jusqu’en 2025 dans l’objectif de garantir la sécurité alimentaire, de produire à des prix compétitifs et de développer l’agriculture.  Il souhaite une agriculture saine et encourage les pratiques écologiques, a précisé le représentant.  M. Xaiyavong a, par ailleurs, déploré la pollution de sols dans son pays et les dommages considérables provoqués par les inondations dues à une tempête tropicale.  Le pays a encore beaucoup à faire en termes de réduction des risques de catastrophe, a signalé le représentant.

M. EARL COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que l’agriculture reste un pilier de l’économie rurale mais que la Jamaïque fait face à de nombreux défis, comme la dépendance aux produits agricoles importés ou le prix des semences.  La vulnérabilité du secteur agricole aux secousses extérieures, notamment aux effets des changements climatiques, fragilise encore la sécurité alimentaire du pays, a-t-il reconnu.  Le représentant a défendu la nécessité de mettre au point des cultures résistantes aux catastrophes et a vanté les bienfaits de la reforestation.  Parmi d’autres mesures, le Gouvernement promeut la campagne « Eat What You Grow », autrement dit « Mangez ce que vous produisez ».

La représentante des (Maldives) a qualifié les inondations, les sécheresses et les événements météorologiques imprévisibles de « nouvelle norme » qui a un impact négatif sur l’agriculture.  Pour les PEID, le lien entre sécurité, action climatique et océan durable est devenu vital, en raison de leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, a fait remarquer la représentante.  Sur le plan national, le Gouvernement des Maldives s’est engagé à développer le secteur agricole en priorité, après le tourisme et la pêche.  Les Maldives sont constituées à 99% d’océan et le secteur de la pêche est fondamental, aussi la représentante a-t-elle rappelé que la gestion durable des océans est indispensable.  Un pays seul ou une agence seule ne peuvent pas s’en sortir, a-t-elle cependant remarqué, en concluant qu’il faut rationaliser les différents programmes et accroître la coopération internationale pour venir en aide aux pays les plus vulnérables comme les Maldives.

Mme ANA NEMBA UAIENE (Mozambique) a déclaré que les changements climatiques et les catastrophes naturelles étaient les pires facteurs touchant les PMA.  Le Mozambique a mis en œuvre un Programme de mécanisation nationale du secteur agricole, pour fournir une assistance technique et un renforcement des capacités.  Le pays a notamment entrepris de construire des routes, pour permettre aux agriculteurs de se déplacer.  Les petits agriculteurs, notamment les femmes, qui représentent 80% de la main-d’œuvre, ainsi que les jeunes, jouent un rôle clef dans le développement agricole du Mozambique, a indiqué la déléguée avant de parler des changements climatiques qui ont apporté des éléments nuisibles sur les productions, notamment les maladies.  En outre, les catastrophes naturelles comme les ouragans pourraient mettre fin au rêve du Mozambique de réaliser le Programme 2030, a-t-elle ajouté.  Une collaboration régionale est nécessaire pour inverser la tendance, s’adapter davantage et bâtir la résilience via le développement de l’irrigation, l’usage d’outils modernes et des nouvelles technologies. 

Selon M. XU ZHONGSHENG (Chine), la communauté internationale doit renforcer son appui aux pays en développement dans le secteur agricole, surtout les PMA, via le renforcement des capacités et le transfert de technologie.  Engagée dans le développement de l’agriculture verte, la promotion du tourisme rural et le développement agricole, la Chine a transformé son modèle de production et a fait de son mieux pour investir dans l’innovation, a-t-il témoigné. 

M. SIDDHADTH MALIK (Inde) s’est réjoui que l’Inde soit passionnément engagée dans la révolution verte, le résultat d’efforts institutionnels concertés, d’investissements dans les infrastructures rurales, d’une aide à l’accès au crédit et d’un système de subventions.  Toutefois, pour arriver à des coûts plus abordables, il faut encore rénover les systèmes de distribution, a-t-il noté.  Engagé dans le but de doubler les revenus de chaque agriculteur indien d’ici à 2022, le Gouvernement a promis un appui supplémentaire de 6 000 roupies par an aux agriculteurs éligibles, en plus des subventions régionales. 

Par ailleurs, l’Inde a déployé des technologies de l’information et des communications (TIC) au service de l’agriculture, comme un portail SMS (système mobile par satellite), la biométrie, des applications mobiles pour agriculteurs culture par culture.  Elle soutient, d’ailleurs, les start-ups du monde agricole indien.  En outre, un marché national numérique agricole a été lancé pour mettre en réseau différents petits producteurs.  L’agriculture biologique est un objectif important, a assuré le délégué: « la province de Sikkim est devenue la première province 100% bio du monde » et 30% des producteurs en Inde étaient « bio » en 2018.  

M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a estimé que la communauté internationale devait mettre en place des mécanismes régionaux et sous-régionaux pour lutter contre la malnutrition.  Il a relevé que la planète dispose des ressources nécessaires pour nourrir toute la population et s’est inquiété des effets des inégalités de revenu sur la malnutrition.  Le Kazakhstan prend des mesures pour numériser le secteur agricole, dans l’objectif de créer au moins 20 fermes numériques fonctionnant avec des technologies de précision, a signalé le représentant.  Il est, à son avis, possible d’améliorer la productivité dans le secteur agricole par des transferts de technologie.  La transformation durable ne sera possible qu’en prenant des mesures pratiques et conjointes, a conclu le représentant.

Mme LEILA C. LORA-SANTOS (Philippines) a jugé nécessaire de combler l’écart entre le secteur agricole et l’augmentation de la population.  Il est également nécessaire de diversifier les récoltes et d’accroître la participation des jeunes dans l’agriculture.  De plus, l’agriculture doit être considérée comme un secteur industriel à part entière, selon la délégation.  Mme Lora-Santos a encore considéré nécessaire de renforcer les capacités des exploitations agricoles, en particulier, celles qui ont besoin de machines ou de technologies. 

Pour M. VITALII BILAN (Ukraine), un secteur agricole sain est une condition sine qua non de la croissance économique globale.  Le représentant a évoqué le quatre-vingt-sixième anniversaire de la famine de masse d’Holodomor provoquée par le régime soviétique, alors que la terre d’Ukraine est l’une des plus fertiles au monde et que le pays est l’un des plus gros producteurs agricoles.  M. Bilan a préconisé une coordination intense entre toutes les agences des Nations Unies et les institutions financières, la prévisibilité et la stabilité des marchés alimentaires étant essentielles à la sécurité alimentaire. 

Mme OUMIA OUMATE PABA SALE (Cameroun) a rappelé que l’agriculture emploie près de deux tiers de la population africaine, notant qu’il est évident que la révolution de ce secteur améliorera de manière significative les conditions de vie des populations et stimulera considérablement le développement du continent.  Pour sa part, le Cameroun a initié une ambitieuse mutation agricole vers la deuxième génération, au titre des grands chantiers engagés en vue de son émergence à l’horizon 2035.  Mme Paba Sale a relevé que cette mutation ne peut se faire sans l’appui des partenaires habituels au développement du pays. 

Le Cameroun, a expliqué la représentante, s’est doté d’un plan d’investissement agricole évalué à 3 550 milliards de francs CFA pour la période 2014-2020 et qui s’articule autour des axes suivants: développement des filières de production, modernisation des infrastructures de production, élaboration des mécanismes d’accès aux financements, gestion et valorisation durable des ressources naturelles, et renforcement des capacités des acteurs.  En outre, une banque agricole est en cours de lancement, a indiqué la représentante, avant de conclure en invitant au renforcement de la mobilisation et de la solidarité en faveur des économies du Sud, en vue d’éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition.

Mme STEPHANIE MUIGAI (Kenya) a estimé qu’il serait inquiétant que le monde ne parvienne pas à réaliser l’objectif de développement durable no2 dans les 10 ans à venir.  L’agriculture représente 26% du PIB du Kenya et deux millions d’habitants travaillent dans ce secteur, a-t-elle souligné.  Dans le cadre d’un partenariat public-privé, la production de maïs et de pommes de terre devrait grandement s’accroître d’ici à 2022, et un Programme décennal, visant à accroître les revenus des agriculteurs et des pécheurs, vient d’être lancé, s’est-elle réjouie.  Mme Muigai a cependant réclamé des moyens et une expertise technique pour atteindre la sécurité alimentaire et améliorer l’emploi des femmes et des jeunes dans ce secteur.  En outre, elle a dit qu’à cause d’un phénomène de sécheresse très dangereux, la famine était réapparue par endroits.  Le Kenya, a-t-elle ajouté, s’est engagé à opérer une transition pour moderniser son agriculture, son irrigation, afin d’être moins gourmand en eau.  Une coopération entre secteurs privé et public doit aussi s’opérer pour inverser la tendance, a-t-elle observé.

M. MOUSSA SOULEYMANE PARAISO (Niger) a estimé que l’élimination de la faim dans le monde constituera un étalon majeur de l’atteinte des objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Hélas, a—t-il déploré, les signaux actuels indiquent que la faim et la prévalence de la malnutrition sont en hausse ces dernières années.  Il a identifié comme causes à cette situation, les changements climatiques, les conflits et la démographie.  Au Niger, pays sahélien, le secteur rural occupe près de 80% de la population et est victime du dérèglement des saisons.  Depuis 2011, le Gouvernement a adopté l’initiative « I3N », soit « les Nigériens nourrissent les Nigériens ».  Sa mise en œuvre a permis de diversifier et augmenter la production agricole et de relever les revenus des populations vivant en milieu rural, a déclaré le délégué, qui s’est félicité du fait qu’après huit années de mise en œuvre, cette initiative ait permis de doubler la production agricole annuelle du Niger qui est passée de 3 554 795 tonnes en 2011 à 6 061 789 tonnes en 2018.  Cette embellie a permis de mettre fin au cycle de famine qui rime avec mauvaise pluviométrie, et le pays a désormais rompu avec le cercle vicieux de « sécheresse-famine ».

Selon M. MOHAMMED ELMAGHUR (Libye), la croissance démographique implique des investissements énormes en agriculture.  Signalant les problèmes de sécheresse et de pénurie d’eau en Libye, il a dit qu’il ne reste plus que quelques milliers de km2 cultivables dans le pays.  Il a appelé à la fin du conflit déchirant la Libye pour progresser dans le secteur de la sécurité alimentaire et de la nutrition.  Pour l’instant, les prix agricoles augmentent à cause des attaques qui touchent les terres, les infrastructures en eau et en électricité, ainsi que les déplacements de population.  Il est aujourd’hui très difficile de réaliser le Programme 2030 en Libye sans moyens financiers ni assistance technique, même si le pays est riche en hydrocarbures, a prévenu le représentant.  En d’autres termes, si la communauté internationale laisse le pays dans l’isolement, au cœur de tensions régionales, la Libye ne parviendra pas à réaliser les objectifs de développement durable.  La population libyenne est pacifique et hospitalière, elle aspire à la paix, l’égalité et la justice, a-t-il conclu. 

M. KANYI FOLIVI (Togo), affirmant que plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une alimentation saine, nutritive et suffisante, et considérant tout à fait inacceptable que la faim et l’insécurité alimentaire puissent connaître un regain d’intensité, s’est dit favorable à l’approche des « systèmes alimentaires », qui a le mérite « d’englober l’exhaustivité des acteurs publics et privés dans l’action contre la faim et la malnutrition et de rassembler toutes les activités liées à la production, l’assemblage, la transformation, la distribution, la règlementation et la consommation ».

Au Togo, l’élimination de la faim et la promotion de la sécurité alimentaire est un « impératif existentiel » que le Gouvernement a intégré dans son Plan national de développement, lancé le 4 mars 2019.  Le pays a ainsi entamé une transformation agricole axée sur la productivité, pour atteindre la sécurité alimentaire et réduire le déficit de sa balance commerciale agricole.  Ces initiatives réclamant un financement ciblé autant public que privé, le Togo s’est dit ouvert à tout partenariat innovant et engagé pour parvenir à réaliser ses objectifs. 

Selon M. ANDRES CÓRDOVA CHABLA (Équateur), l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes est un point crucial des objectifs de développement durable.  Il a réaffirmé le droit de toute personne de ne pas connaître la faim: « nous devons renverser la tendance », a-t-il déclaré.  L’Équateur fait son possible pour soutenir les zones rurales et les populations rurales, a dit M. Córdova Chabla: l’objectif est de les inclure au développement économique et de juguler les migrations.  L’Équateur, qui favorise l’augmentation de la résilience et de la durabilité agricole, promeut aussi l’allaitement maternel et les bonnes pratiques alimentaires, via le programme « Mission tendresse ». 

Mme MERIEM EL-HILALI (Maroc) a dit que dans 30 ans, l’Afrique devrait nourrir le double de sa population actuelle, alors qu’aujourd’hui, le continent est largement tributaire des importations agricoles, et qu’elle est, de plus, très touchée par les changements climatiques, la dégradation des sols et la désertification.  Le Maroc a toujours investi dans la coopération Sud-Sud et les projets structurants agricoles en Afrique, a-t-il assuré, en citant notamment la Zone de libre-échange continentale africaine.  Il a estimé que ces efforts devraient susciter des hausses de salaires et stimuler l’agro-industrie.  Les récentes évolutions indiquent un potentiel énorme dans la coopération Sud-Sud en Afrique, a insisté le délégué.  Sur le plan national, il a mentionné le plan « Maroc vert » qui a pour but de moderniser l’agriculture et de développer l’agriculture familiale.  Depuis 2014, le Maroc a signé près de 38 conventions agricoles avec des « pays frères », a-t-il signalé.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a souligné que la production agricole du Mali est tributaire des aléas climatiques et se trouve confrontée à plusieurs défis majeurs que sont, entre autres, la problématique de la gestion du foncier agricole, l’insuffisante maîtrise de l’eau et le manque d’accès aux innovations technologiques.  Or, l’économie du pays repose essentiellement sur le secteur agricole qui occupe plus de 80% de la population active et contribue pour plus de 30% du PIB, a précisé le représentant.  M. Konfourou a indiqué que, dans ce contexte, les autorités s’attèlent à introduire les progrès techniques dans les systèmes de production agricole, à développer la mécanisation et à promouvoir une agriculture orientée vers des produits transformés. 

En outre, le Mali s’est doté d’une loi d’Orientation agricole qui couvre l’ensemble des activités économiques du secteur agricole et périagricole.  C’est près de 15% du budget national qui est alloué à l’agriculture, a-t-il fait savoir, ce qui surpasse les prescriptions de la Déclaration de Maputo de l’Union africaine qui prévoit de consacrer au moins 10% des budgets nationaux au financement de l’agriculture.

M. MOHAMMAD BESSEDIK (Algérie) a relevé que la faim avance dans les pays en développement et que la désertification et les changements climatiques continuent de ravager l’Afrique, via la sécheresse et la dégradation des sols, pavant ainsi la voie à l’insécurité alimentaire.  Malgré les crises multidimensionnelles affectant les pays en développement, ces derniers doivent travailler à réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il déclaré.  L’Algérie, a-t-il indiqué, est en cohérence avec la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale 2019-2028: le pays accorde des avantages aux familles d’agriculteurs via des prêts ou une fiscalité favorable.  Résoudre l’insécurité alimentaire est une priorité des politiques agricoles publiques algériennes, a dit M. Bessedik, en assurant que la souveraineté alimentaire est un objectif du Gouvernement, via des politiques nationales intégrées.  Le modèle agricole algérien est basé sur des stratégies macroéconomiques qui permettent un accès amélioré aux produits de base, a-t-il expliqué.  

M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a indiqué que, dans son pays qui compte 20 millions d’habitants, dont une grande majorité de jeunes, l’économie repose principalement sur l’agriculture, l’élevage et le secteur minier.  Ainsi, le secteur agricole occupe 85% de la population et contribue pour environ 40% au PIB.  Mais cette agriculture fait face à de nombreuses difficultés, comme les changements climatiques, le faible développement des infrastructures de stockage et de conservation, les maladies et les attaques des ravageurs sur les cultures.  Le représentant a encore cité les terres cultivables limitées, le faible taux d’accès aux crédits agricoles et la faible maîtrise de l’eau.  Pour y remédier, le Programme national du secteur rural, la Stratégie nationale de sécurité alimentaire et la stratégie multisectorielle de nutrition sont parmi les initiatives gouvernementales engagées pour améliorer la production agricole, a indiqué M. Bokoum, avant de se féliciter que la sécurité alimentaire se soit nettement améliorée grâce à d’importants investissements réalisés dans les domaines de la productivité agricole, des systèmes de production vivrière et de l’alimentation du bétail.

M. OMER MOHAMMED AHMED SIDDIG (Soudan) a déploré que le monde ne soit pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable, notamment celui visant à éliminer la faim.  L’Afrique est le continent le plus touché par la malnutrition, ce qui nécessite des mesures rapides pour arriver à des systèmes agricoles permanents qui fonctionnent bien, a-t-il dit.  L’éradication de la pauvreté et de la faim est une priorité, a insisté le représentant, plaidant pour un système agricole juste, stable, inclusif et résilient.  Il a souligné que l’agriculture est le principal secteur au Soudan et qu’elle jouit d’un environnement favorable.  Le Gouvernement, de plus, a adopté une stratégie 2017- 2020 pour renforcer la production agricole, a-t-il signalé.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que la responsabilité de la communauté internationale vis-à-vis des pauvres, des affamés et des laissés-pour-compte est un devoir moral.  Il a estimé qu’en ce XXIe siècle, marqué par des avancées considérables dans les domaines tels que la technologie, la science, les communications et les infrastructures, « nous devons avoir honte d’avoir manqué de faire les mêmes avancées dans notre humanité et notre solidarité afin de pouvoir satisfaire les besoins élémentaires des plus démunis ».  Dans la perspective d’assurer le pain quotidien de chaque homme, femme et chaque enfant, le Saint-Siège note qu’il y a assez de nourriture pour tous alors que certains sont versés dans le gaspillage lorsque d’autres meurent de faim. 

Le représentant a également noté, qu’alors que les initiatives de développement et d’aide, y compris des projets dans le domaine de l’alimentation, sont entravées par des décisions politiques et autres barrières douanières, ce n’est pas le cas du commerce des armes.  Cette situation avait d’ailleurs fait dire au pape François que « les guerres sont alimentées et pas les gens ».  Enfin, il a estimé que mettre un terme à la faim doit passer par des partenariats, notamment en évitant les tendances à imposer la volonté d’une poignée à plusieurs, et en travaillant de bonne foi avec toutes les parties.

M. JAIME HERMIDA (Nicaragua) a observé que les problèmes du secteur de l’alimentation au niveau mondial sont de plus en plus complexes, d’autant qu’ils sont fortement impactés par les changements climatiques.  Depuis 2007, a témoigné le représentant, le Nicaragua a mis en place plusieurs programmes pour améliorer la production et éliminer la faim, en soutenant, en particulier, les petits producteurs par des crédits et une assistance technique.  Le pays a également favorisé la création de centres d’études et de recherche, notamment sur le café, le maïs, le bétail, et a mis au point de nouvelles semences plus résistantes.  La malnutrition chronique dans le pays a ainsi été réduite: de 17,3% en 2011-2012, elle a été ramenée à 12,8% en 2017, s’est félicité M. Hermida.

Mme CARLA MUCAVI, Directrice de l’Office de liaison de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à New York, qui s’est exprimée également au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA), a souligné que le Programme 2030 est basé sur l’individu, et que les investissements dans le développement rural et durable constituent une pierre angulaire des objectifs de développement durable.  Malheureusement, le monde n’est pas sur la bonne voie pour parvenir à l’objectif no2, étant confronté à des épidémies mondiales d’obésité et de malnutrition, qui parfois coexistent.  La variabilité climatique allant croissant, elle a jugé essentiel que des mesures ciblées soient adoptées pour renforcer la résilience de ceux dont la sécurité alimentaire souffre le plus. 

Mme Mucavi a invité les délégations à la Journée mondiale de l’alimentation, le 17 octobre à New York, qui aura pour thème cette année « Une alimentation saine pour un monde #faimzéro ».  La transformation des systèmes alimentaires peut jouer un grand rôle dans la concrétisation des objectifs majeurs, comme la création d’emplois décents pour les femmes et les jeunes, la résilience face aux changements climatiques, et la promotion d’une société pacifique inclusive et équitable, a-t-elle rappelé.  Mme Mucavi a invité la Commission à se concentrer sur les 475 millions de petites exploitations agricoles et sur les peuples autochtones qui pratiquent l’agriculture traditionnelle: ces exploitants fournissent des services écosystémiques non compensés et sont, de plus, très souvent sujets à la faim et aux catastrophes naturelles.  Il est donc essentiel de reconnaître leur rôle, comme le fait la Décennie des Nations Unies pour les exploitations agricoles familiales, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission débat de l’état de droit, « contrat social entre les peuples et leurs gouvernements »

Soixante-quatorzième session,
9e et 10e séances – matin & après-midi
AG/J/3596

La Sixième Commission débat de l’état de droit, « contrat social entre les peuples et leurs gouvernements »

Ouvrant le débat du jour à la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, le Sous-Secrétaire général à la coordination stratégique a décrit l’état de droit au niveau international comme « un contrat social entre les peuples et leurs gouvernements ».  Un contrat, a-t-il précisé, qui est fondé « sur la confiance et non la peur, sur l’inclusion et non la marginalisation », qui constitue pratiquement « le seul accès aux services sociaux des plus démunis », et est essentiel aux droits de l’homme. 

M. Volker Turk a toutefois a regretté que l’état de droit soit aujourd’hui confronté à des défis croissants dans un monde « où manquent la raison et la retenue », citant la recrudescence des discours de haine, les changements climatiques ou encore les risques posés par l’ère du numérique aux démocraties.  Abordant plus précisément les questions juridiques débattues par la Commission, M Volker Turk a déploré l’érosion grandissante de l’indépendance du pouvoir judiciaire et la reprise des exécutions dans divers pays, en dépit d’une tendance mondiale au recul de la peine de mort. 

Mais le haut fonctionnaire, s’appuyant sur le rapport du Secrétaire général intitulé « Renforcement et coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit », a salué des progrès concrets, notamment en matière d’accès à la justice pour les femmes en Afghanistan ou les populations rurales au Darfour (Soudan).  Il a trouvé matière à optimisme dans le lancement, en décembre 2018, du Global Counter-Terrorism Coordination Compact, et la tenue du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, prévue à Kyoto en avril 2020. 

S’agissant de l’état de droit au niveau national, plusieurs délégations ont invoqué le respect de leur souveraineté.  Sur la question de la peine de mort par exemple, Singapour, l’Égypte et le Soudan ont rappelé qu’il n’existait pas de consensus international visant à l’abolir.  « Ce n’est pas à l’ONU ou au Secrétaire général de légiférer à ce sujet », a tranché la représentante singapourienne. 

D’autres divergences se sont affichées clairement sur la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI).  En termes véhéments, la représentante des Philippines a justifié le retrait de son pays de la CPI, en expliquant que cette décision consacre une position de longue date « contre tous ceux qui politisent les droits de l’homme ».  « Nous n’acceptons pas la décision de la CPI d’exercer sa compétence en lien avec les déplacements transfrontaliers de population », a dit à son tour le représentant du Myanmar, rappelant que son pays n’est pas partie au Statut de Rome. 

La Syrie a réservé ses critiques les plus vives au Mécanisme international impartial et indépendant chargé d’enquêter sur les violations du droit international dans son pays, s’étonnant que cette institution « illégitime et mort-née » ait pu être créée par l’Assemblée générale sans consultation du Conseil de sécurité, et qu’elle puisse « enquêter à des milliers de kilomètres de la Syrie, à Genève ». 

En revanche, le Liechtenstein, qui a beaucoup œuvré en vue de l’activation de la compétence de la CPI dans les cas de crimes d’agression, mais aussi le Japon, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie ont plaidé pour l’universalisation du Statut de Rome.  La Slovénie a souligné l’importance des traités multilatéraux pour l’édification de règles communes à toutes les nations et le renforcement d’un système international fondé sur le droit. 

Plusieurs États se sont félicités d’appliquer les règles du droit international dans leurs législations nationales, tels El Salvador qui a décrit les efforts de son pays pour les droits des personnes LGBTI ou le Ghana qui a vanté la diminution du nombre de détentions provisoires.  Au Togo, la sixième législature est dirigée pour la première fois par une femme, tandis qu’au Rwanda des mesures sont prises pour asseoir la confiance du public dans son système juridique. 

Sensibles aux conséquences profondes de la corruption sur l’état de droit, les délégués du Ghana, de l’Érythrée, du Honduras, des Maldives et de l’Afghanistan ont rendu compte des efforts de leurs pays pour lutter contre ce fléau. 

Remerciant les États qui ont félicité le Premier Ministre de l’Éthiopie, M. Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, la représentante a indiqué que son pays, « après une période d’introspection », avait modifié ses institutions juridiques et corrigé des erreurs, avec pour conséquence la libération de prisonniers grâce à une amnistie et le retour d’exilés politiques.

La Sixième Commission se réunira lundi 14 octobre, à 10 heures.  À cette occasion, le Bureau fera une proposition sur l’organisation future de ses travaux, avant de terminer ses discussions sur l’état de droit puis d’aborder la question de la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite. 

L’ÉTAT DE DROIT AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL - A/74/139

Déclarations

M. VOLKER TURK, Sous-Secrétaire général à la coordination stratégique, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Renforcement et coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit ».  Il a décrit l’état de droit au niveau international comme « un contrat social entre les peuples et leurs gouvernements ».  Un contrat, a-t-il précisé, qui est fondé « sur la confiance et non la peur, sur l’inclusion et non la marginalisation », qui constitue pratiquement « le seul accès aux services sociaux des plus démunis », et qui est « essentiel aux droits de l’homme ». 

Rappelant le discours d’ouverture du Secrétaire général à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, M. Turk a évoqué un monde où « la raison et la retenue manquent », et où les défis s’accumulent.  La prolifération des discours de haine appelle une réponse et une vigilance accrues de l’ONU, a poursuivi le Sous-Secrétaire général.  Les changements climatiques donnent l’occasion aux citoyens du monde, et en particulier aux plus jeunes, d’exercer une pression sur leurs législateurs, mais les plus touchés par ce phénomène restent terriblement vulnérables. 

Au titre des défis à l’état de droit international, M. Turk a évoqué l’âge numérique qui comporte des dangers pour les droits de l’homme, notamment le droit au respect de la vie privée, et en matière de sécurité.  Il s’est inquiété de l’érosion de l’indépendance du pouvoir judiciaire qui mine le principe fondamental de la séparation des pouvoirs, et de l’application de la peine de mort dans certains États, une sentence qui ne devrait pas avoir sa place au XXIe siècle.  M. Turk a également cité un rapport du Groupe de travail sur l’administration de la justice d’après lequel cinq milliards d’individus souffrent d’une carence en matière de justice qui nuit aux objectifs de développement durable. 

Il a toutefois loué des avancées comme la réouverture de tribunaux ruraux au Darfour et au Soudan; des progrès judiciaires au Panama, au Paraguay et en Uruguay; la réalisation, en Afghanistan et dans le monde arabe, que l’accès des femmes à la justice est trop difficile; et des mécanismes innovants de réduction de la violence et d’inclusion dans des zones de conflits, comme au Mali, en République centrafricaine ou au Bangladesh avec les Rohingya. 

Sur le plan du droit international, le Sous-Secrétaire général a estimé que les travaux sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine, ainsi que le lancement, en décembre 2018, du Global Counter-Terrorism Coordination Compact, et le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui se tiendra Kyoto en avril 2020, prêtent à l’optimisme.  Ce sont autant de preuves que l’état de droit est aussi essentiel à un multilatéralisme effectif, a conclu M. Turk.

M. SOVANN KE (Cambodge), prenant la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que, depuis la création de ce groupe de pays en 1967, il avait toujours été en faveur de la promotion de l’état de droit.  Il est d’avis que le renforcement et la promotion du droit international requièrent une approche plus globale qui évite la sélectivité et le deux poids, deux mesures dans l’application du droit international.  Il a souligné l’importance de renforcer les capacités pour promouvoir l’état de droit, y compris par l’octroi d’une assistance technique.  Il s’est dit en faveur de la réduction des doublons et a insisté sur l’importance du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international.  Le délégué a demandé que ce Programme soit doté des ressources nécessaires.  Enfin, il a souhaité que les délégations parviennent à un consensus sur ce point de l’ordre du jour. 

M. RUSLAN VARANKOV (Bélarus) a demandé des mesures plus robustes pour bâtir un monde régi par le droit international.  La lutte contre les discours haineux doit être menée dans le respect de la liberté d’expression.  Il a indiqué que l’ONU est l’enceinte idoine pour l’échange des bonnes pratiques sur l’état de droit.  Le délégué a aussi reconnu le lien entre terrorisme et nouvelles technologies et appelé la Commission à s’emparer du sujet de la cybercriminalité.  « C’est un thème plus pertinent que beaucoup de points de l’ordre du jour. »  Le délégué a dit son attachement à la coopération de son pays avec l’ONU sur le renforcement des capacités dans le domaine de l’état de droit.  Enfin, il a indiqué que les sanctions doivent rester un instrument utilisé exceptionnellement et rejeté tout « ultimatum ». 

M. SOLOMON JAMIRU (Sierra Leone) a indiqué que l’établissement de la Commission vérité et réconciliation, ainsi que la Cour spéciale pour la Sierra Leone, ont grandement participé à la stabilité du pays.  La Cour a apporté une contribution unique à la jurisprudence pénale internationale notamment sur les enfants soldats en temps de conflit armé et le mariage forcé comme crime contre l’humanité.  M. Jamiru a appelé les États à continuer de soutenir la Cour spéciale résiduelle qui a succédé au Tribunal spécial pour la Sierra Leone en 2013.  Il a mentionné la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption de son pays pour la période 2019-2023, qui a reçu la confiance de 66% des habitants en 2018, contre 40% en 2017.  Enfin, il a rappelé que l’une des principales entraves à la consolidation de l’état de droit dans son pays est le montant insuffisant des investissements dans le renforcement des capacités. 

La Sixième Commission n’est pas forcément l’enceinte idéale pour aborder toutes les questions couvertes dans le rapport du Secrétaire sur l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit, a estimé M. PETER NAGY (Slovaquie).  Il a toutefois reconnu qu’il s’agit d’une question transversale qu’il faut maintenir dans tous les domaines d’action, y compris la réforme du secteur du maintien de la paix, la sécurité ou la réalisation des objectifs de développement durable.  S’agissant des bonnes pratiques, après avoir rappelé que le respect du droit international requiert une connaissance approfondie, le représentant a salué la contribution vitale du Programme d’assistance des Nations Unies aux fins de l’enseignement, de l’étude, de la diffusion et d’une compréhension plus large du droit international.  Il a également appuyé les mécanismes de prévention tels les bons offices ou la médiation visant à éviter des différends ou des conflits susceptibles de conduire à des violations flagrantes du droit international.  En conclusion, M. Nagy a exhorté tous les États à accepter la juridiction obligatoire de la Cour internationale de Justice (CIJ) et à adhérer au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  

Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a estimé que le paragraphe 8 du rapport du Secrétaire général sur l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit contient des « informations erronées, déséquilibrées et partiales ».  Plus précisément, elle a critiqué la référence à une diminution de l’application de la peine de mort et à la résolution 73/175 de l’Assemblée générale, qui, a-t-elle rappelé, a pourtant été adoptée à l’issue d’un vote, « ce qui montre que les États Membres sont encore divisés sur cette question ».  Cette résolution, a-t-elle encore noté, consacre le droit souverain de tous les pays à se doter de leurs propres systèmes juridiques, y compris le droit de déterminer les sentences appropriées conformément à leurs obligations internationales. 

Mme Tang a regretté que le rapport présente à nouveau cette question de façon « non équilibrée, sélective et partiale » en adoptant le point de vue d’un groupe d’États.  « Soyons clair: il n’existe pas de consensus international contre l’application de la peine de mort », a-t-elle tranché.  « Et ce n’est pas à l’ONU ou au Secrétaire général de légiférer à ce sujet », a-t-elle insisté.

M. LIU YANG (Chine) s’est inquiété du déficit de gouvernance et de règles mondiales et de la montée de l’unilatéralisme, du protectionnisme et de l’intimidation.  Il a rejeté « la loi de la jungle » et « l’exploitation du droit international pour des buts étroits et égoïstes », source d’ingérence dans les affaires internes des nations.  Le représentant a rappelé la contribution de la Chine au droit international, qui se fonde sur cinq principes établis en 1954 avec l’Inde et Myanmar: coexistence pacifique, respect de la souveraineté, non-agression, non-interférence et égalité entre les États.  Pour sa part, la Chine participe à 500 conventions multilatérales et elle est le deuxième contributeur aux budgets ordinaires et de maintien de la paix de l’ONU.

M. Yang a promu la vision d’un monde « ouvert, inclusif, propre et beau », jouissant d’une paix durable, de la sécurité universelle et de la prospérité partagée.  Soulignant que la Chine appartient à la catégorie des pays en voie de développement, il a évoqué le colloque international organisé, en juillet dernier, à Beijing sur le thème du droit international et des pays en développement qui a montré « le pouvoir de ces pays dans la préservation des règles internationales ».  Enfin, il a mis en valeur l’aide juridique que fournit la Chine aux pays asiatiques et africains et les multiples programmes de formation qu’elle dispense sur l’état de droit. 

M. JULIAN SIMCOCK (États-Unis) a déploré la multiplication des discours de haine et des incitations à la violence.  Nous devons remédier à ce défi tout en respectant la liberté d’expression, a-t-il dit.  Les États peuvent améliorer la mise en œuvre du droit international humanitaire par le biais d’un échange de bonnes pratiques, y compris avec la publication de brochures officielles.  Mon pays a participé à plusieurs fora internationaux sur le sujet, a-t-il ajouté, mentionnant la Conférence qui s’est tenue à Vienne, le mois dernier, sur la protection des civils dans une guérilla urbaine.  Enfin, le délégué a espéré que le consensus continuera de prévaloir au sein de la Commission, y compris sur ce point de l’ordre du jour. 

M. ALHARRAN (Koweït) a rappelé l’importance fondamentale de l’état de droit international pour la résolution des conflits et la stabilité mondiale.  Il a insisté sur les réalisations de son pays en matière d’amélioration du cadre juridique national, particulièrement l’institution d’un système démocratique constitutionnel, et une loi d’unité nationale contre les incitations à la haine envers les communautés diverses.  Il existe toute une législation pour lutter contre la cybercriminalité, les détournements de fonds, ou les crimes « contre la morale », et pour promouvoir la protection de l’environnement et la bonne gouvernance en général, a-t-il encore expliqué. 

De l’avis de Mme MARIA ANGELA ABRERA PONCE (Philippines), droits de l’homme, état de droit et démocratie sont « des notions indépendantes les unes des autres, mais susceptibles de se renforcer mutuellement ».  Notant que le Secrétaire général signale dans son rapport le retrait des Philippines de la Cour pénale internationale (CPI), la représentante a expliqué que cette décision consacre une position de longue date « contre tous ceux qui politisent les droits de l’homme ».  Nos organes judiciaires, indépendants et opérationnels continuent d’exercer leur juridiction respective sur les plaintes, problèmes et préoccupations diverses, s’est-elle défendue.  « En vérité, dans toutes les démocraties, les rouages de la justice se meuvent lentement et pas toujours bien, mais enfin, elles tournent. »  Elle a cependant tenu à réaffirmer l’engagement de son pays à lutter contre l’impunité en cas d’atrocités, ajoutant que « beaucoup feignent d’oublier que le Statut de Rome est ancré dans le principe de complémentarité ».  L’ONU est « une collection de souveraineté, non pas une souveraineté collective », a conclu Mme Ponce. 

M. SLAWOMIR MAJSZYK (Pologne) a mis l’accent sur l’importance du respect du droit international dans le contexte du maintien de la paix et la sécurité.  La communauté internationale ne doit tolérer aucune infraction aux normes du système contemporain de sécurité internationale, a-t-il affirmé.  La Pologne a fait du renforcement du droit international humanitaire et des droits de l’homme une priorité, notamment pendant son mandat au Conseil de sécurité.  Il s’est dit déterminé à en faire de même si son pays venait à être élu, le 17 octobre, au Conseil des droits de l’homme.  « Le droit international n’est pas fait pour servir les États mais l’humanité tout entière, et chaque individu en particulier », a insisté le représentant, en exhortant au renforcement et à l’appui du système de justice internationale, notamment en acceptant la juridiction de la Cour internationale de Justice et en veillant à l’application universelle du Statut de Rome.  Il a également plaidé pour des mécanismes robustes pour poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, commis notamment dans des zones de conflit. 

M. SINA ALAVI (Liechtenstein) a déclaré que son pays avait beaucoup œuvré en vue de l’activation de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) dans les cas de crimes d’agression.  Il s’est félicité que 39 pays aient ratifié les amendements de Kampala sur le crime d’agression et a plaidé pour l’universalisation du Statut de Rome.  M. Alavi a souligné la nécessité de trouver des moyens alternatifs de reddition de comptes alors que le Statut de Rome n’est pas universel et que le Conseil de sécurité ne joue pas le rôle que lui a dévolu ce Statut.  À cette aune, le délégué s’est félicité de la création par l’Assemblée générale du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne.  « Les choses vont dans la bonne direction et la reddition de comptes pour les crimes commis en Syrie est à portée de main. »  Il a en outre salué l’établissement d’un mécanisme similaire pour le Myanmar par le Conseil des droits de l’homme, mécanisme qui est désormais opérationnel.  Enfin, le délégué a souhaité que ces mécanismes soient dotés des ressources nécessaires. 

M. DANIEL OKAIJA OKAITEYE (Ghana) a expliqué qu’un solide mécanisme d’accès à la justice a été mis en place dans son pays en 2007, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et la société civile.  Grâce au programme « Justice pour tous », qui garantit la défense des plus démunis, notamment les prisonniers, le pourcentage de la population en détention provisoire est passé de 33% en 2007 à 12% en 2018.  « Chaque fois qu’un homme ou une femme sort de prison après cinq, sept ou neuf ans, parfois sans avoir vu un juge, une existence est changée et la dignité de la personne est rétablie. »  Le programme, qui fait déjà des émules en Afrique, sera centralisé sous peu et étendu aux tribunaux de grande instance des 16 régions ghanéennes, a annoncé le représentant. 

De plus, a poursuivi M. Okaiteye, le passage à la numérisation des douanes joue un rôle déterminant dans la lutte contre la corruption car elle limite les transactions illégales.  Après des décennies de retard et d’innombrables manifestations de journalistes et de groupes de la société civile, le Ghana a passé, en mars dernier, la loi tant attendue sur le droit à l’information qui codifie l’accès aux institutions publiques pour garantir la transparence et combattre la corruption.  Enfin, le Ghana a défini dans sa législation certains crimes contenus dans le droit international, en particulier le génocide, l’esclavage, et d’autres violations des Conventions de Genève et des protocoles s’y rapportant, ainsi que des crimes pouvant constituer des crimes de guerre s’ils sont commis dans le contexte d’un conflit armé (meurtre, viol et prostitution forcée). 

M. AHMED ABDELAZIZ ELGHARIB (Égypte) a exprimé des réserves sur le paragraphe 8 du rapport du Secrétaire général s’agissant de la peine de mort, dont il a jugé le libellé « déséquilibré et incorrect ».  La référence positive sur « une tendance à la baisse » dans l’application de la peine de mort est erronée selon lui, le rapport oubliant de nombreux pays qui ont repris les exécutions.  « Il n’y a pas de consensus sur l’abolition de la peine de mort », a-t-il insisté en soulignant le droit souverain des États à cet égard et en appelant le Secrétaire général à se montrer plus équilibré à l’avenir.  Par ailleurs, le représentant a déploré que certains États cherchent à imposer leurs vues lors des processus de négociation sur des sujets aussi importants que les aquifères transfrontières, tout en refusant toute flexibilité « afin de gagner du temps ».  Une telle attitude sape l’état de droit, a conclu le délégué. 

M. ABDELSALAAM (Soudan) a indiqué que depuis la révolution de décembre, son pays avait ouvert une nouvelle ère de coopération, d’ouverture internationale qui implique le développement et la mise en cohérence de ses lois avec les normes internationales et exige le renforcement de ses capacités judiciaires nationales avec l’aide des institutions internationales.  Le représentant a toutefois marqué sa divergence avec le rapport du Secrétaire général qui critique la peine de mort, remarquant qu’une majorité de Pays l’applique aujourd’hui encore et qu’il « ne peut s’agir d’un point de consensus ».  Rappelant qu’il n’existe pas de modèle unique de l’état de droit, le représentant a insisté sur le besoin d’aide technique et de formation de son personnel au droit international et loué les consultations de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Selon M. AL SAMIKH (Qatar), l’état de droit est « un moyen de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Il a déploré le respect partiel pour la Charte et les droits de l’homme et exhorté les États Membres à respecter le droit international.  « L’état de droit est une garantie de la liberté et de la prospérité. »  Les relations entre les États doivent se fonder sur le respect du droit international et des droits et obligations mutuelles a-t-il rappelé, et le droit international met l’accent sur le respect de la souveraineté et de la sécurité des États.  Le délégué a insisté sur l’attachement de son pays à la réalisation des objectifs de développement durable et à la sensibilisation à l’état de droit au niveau régional.  Un centre a été créé à Doha sur l’état de droit et la corruption, avec des antennes à Dakar et à Genève.  La corruption est un véritable fléau, a—t-il martelé.  Enfin, le délégué a demandé que les auteurs de violations graves du droit international rendent des comptes. 

M. AMMAR AL ARSAN (République arabe syrienne) a marqué sa vive préoccupation face à « certains pays dotés d’une influence politique et économique qui s’arrogent le droit d’interpréter à leur avantage le droit international et les stipulations de la Charte des Nations Unies » ainsi que les objectifs du Programme 2030.  Il s’est insurgé, dans le contexte d’une polarisation croissante des relations internationales, contre les mesures coercitives unilatérales qui touchent des pays en voie de développement et nuisent à la confiance dans le droit et les relations internationales.

Le représentant syrien a regretté que le paragraphe 45 du rapport du secrétaire général sur les combattants étrangers ne fasse pas mention des efforts de son pays en faveur des femmes et enfants de ces combattants retenus dans des camps.  Il a, d’autre part, déploré les réticences de nombreux pays à rapatrier leurs ressortissants, venus de 101 pays, au point de les déchoir de leur nationalité pour éviter de se charger de leur jugement ou de leur réinsertion, mais il a réservé ses critiques les plus vives aux Mécanisme international impartial et indépendant chargé d’enquêter sur les violations du droit international dans son pays, s’étonnant que cette institution « illégitime et mort-née » ait pu être créée par l’assemblée générale sans consultation du conseil de sécurité, et qu’elle puisse « enquêter à des milliers de kilomètres de la Syrie, à Genève ».  Il a donc prié les l’États Membres de « refuser de la financer » au moment où le budget de l’ONU est en grande difficulté.  En conclusion, M. Al Arsan a affirmé que la Syrie se trouve aujourd’hui à « un tournant positif » grâce à la création d’une commission constitutionnelle et ne peut tolérer ces ingérences néfastes. 

Pour M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique), la consolidation de l’état de droit est une condition préalable à la réalisation des grands objectifs de la communauté internationale, y compris la promotion et le respect des droits de l’homme, la prévention de l’extrémisme violent, la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la prévention des conflits armés, l’éradication de la pauvreté et la lutte contre les changements climatiques.  Il a appelé à lutter contre les discours haineux et les appels à la violence et à promouvoir le règlement pacifique des différends internationaux, notamment en respectant les arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ).

M. FINTAKPA LAMEGA DEKALEGA (Togo) a rappelé que les efforts déployés par son gouvernement pour trouver une issue durable aux malentendus politiques que le pays a connus en août 2017 ont abouti à la tenue, le 20 décembre 2018, des élections législatives.  La sixième législature togolaise est dirigée pour la première fois par une femme, qui s’est attelée en priorité aux réformes constitutionnelles et institutionnelles telles que recommandé par la feuille de route de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le 8 mai 2019, la loi portant modification de la Constitution de 1992 a été adoptée, précisant notamment les modalités de l’élection du Président. 

La Cour constitutionnelle a été recomposée et ses neuf membres sont désormais nommés pour un mandat de six ans renouvelable une seule fois, a précisé M. Dekalega.  D’autre part, les élections locales ont également eu lieu le 30 juin et le 15 août dernier avec la participation de tous les principaux acteurs du pays, ce qui a permis l’élection de nouveaux conseillers municipaux pour remplacer les délégations spéciales, en vigueur depuis 1987.  Le représentant togolais a également rappelé que le Conseil de sécurité avait pris note, le 7 août dernier, du dialogue intertogolais et émis le vœu que celui-ci servira de fondement à l’organisation, en 2020, d’une élection présidentielle libre, juste, crédible, pacifique et respectant les délais voulus.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a dit qu’état de droit et développement se renforcement mutuellement.  Le Honduras s’efforce donc de mettre en place des politiques destinées à intensifier l’autonomisation des femmes et leur participation aux processus décisionnels politiques et législatifs.  Elle a appelé à l’égalité juridique des plus démunis et à la promotion de la justice sociale.  Mon pays lutte résolument contre la corruption, a-t-elle dit, en mentionnant la création de la Commission de lutte contre la corruption.  La déléguée a par ailleurs affirmé que son pays a consolidé les diverses institutions qui concourent à l’organisation des scrutins.  Enfin, le Gouvernement a créé la Commission nationale pour le développement durable, a conclu la déléguée. 

M. ABDUL MOHAMED GHAFOOR (Maldives) a rappelé la création de la Commission présidentielle sur la corruption et le recouvrement d’avoirs et indiqué que 56 enquêtes sur des détournements de fonds sont en cours.  Un site Internet pour lanceurs d’alerte sur des cas de corruption a été également mis en place.  Il a insisté sur le jalon que constitue la nomination de deux femmes au sein de la Cour suprême.  Dans la promotion de l’état de droit, les Maldives ne ménageront aucun effort, a-t-il assuré, ajoutant que l’égalité de genre sera aussi au cœur des efforts.  La moitié des ambassadeurs des Maldives sont des femmes.  Enfin, il a reconnu qu’un long chemin reste encore à parcourir pour éradiquer « une culture de corruption encore endémique ».  À cette fin, nous souhaitons coopérer avec nos partenaires internationaux, a conclu le délégué. 

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) a déploré qu’une partie du territoire de son pays demeure sous l’administration coloniale du Royaume-Uni.  Il a rappelé la teneur de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) rendu, cette année, sur l’archipel Chagos, selon laquelle le Royaume-Uni a l’obligation de mettre fin le plus rapidement possible à son administration de l’archipel.  Cette demande a été reprise dans une résolution adoptée par l’Assemblée générale plus tard dans l’année.  Il est très décevant que le Royaume-Uni ait rejeté l’avis de la Cour et la résolution précitée, en recourant, au surplus, à des arguments fallacieux, a-t-il dit.  « Il est difficile de voir comment ce pays peut se dire champion des droits de l’homme et de l’état de droit et dans le même temps maintenir une administration coloniale à Maurice. »  Le délégué a conclu que la résolution de l’Assemblée est dénuée d’ambiguïté. 

Mme LISELOT FRANCESCA EGMOND (Pays-Bas) a souligné l’importance d’intégrer au mandat des missions des Nations Unies un soutien policier et judiciaire pour aider les gouvernements à rétablir leurs propres services de police et de justice et pour traiter de causes profondes des conflits, ce qui nécessite souvent de renforcer l’état de droit aux plans national et international.  À cet égard, elle a salué les 11 000 officiers de police et les juristes déployés dans 12 des opérations de l’ONU, ainsi que le rôle du Programme de développement des Nations Unies (PNUD) dans une quarantaine de pays.  L’accès à la justice et les systèmes de justice transitionnelle sont essentiels pour prévenir les conflits, garantir une paix durable et corriger les sources d’instabilité. 

Les Conventions de Genève, qui célèbrent cette année leur soixante-dixième anniversaire, sont à la base du droit international humanitaire et protègent les populations qui ne prennent pas ou plus part aux hostilités, a rappelé Mme Egmond.  Elles sont destinées à protéger le respect et la dignité de la vie humaine.  « Elles ne sont pas là pour légitimer ou prolonger la guerre mais au contraire pour alléger les souffrances et aider à préparer la paix. »  L’état de droit s’appliquant à tous, la représentant a souhaité que le prochain rapport du Secrétaire général sur la question informe sur les procédures permettant à des parties tierces de déposer une plainte contre l’ONU à des fins d’indemnisation en raison de dommages qui auraient été créés par l’Organisation.

Il y a plus de 20 ans, toutes les institutions étatiques de son pays ont été détruites, a rappelé M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda).  « Il a fallu recommencer à zéro avec un minimum de capacités et de ressources. »  Il n’empêche que le Rwanda s’est ingénié à consolider l’état de droit sur l’ensemble du territoire, avec la Constitution pour loi suprême, s’est-il félicité.  L’accès à la justice a été grandement amélioré avec un système de tribunaux efficaces, la prestation d’une assistance juridique, un barreau renforcé, une association d’huissiers, l’élargissement du service notarial au niveau des secteurs, le fonctionnement efficace des Abunzi (comités de médiation) et la lutte contre la violence fondée sur le sexe.  Des mesures sont également prises pour asseoir la confiance du public dans son système juridique et pour se servir de la technologie moderne pour diffuser les informations dans ce domaine, notamment dans les parties reculées du pays.  « L’état de droit est un gage de prévisibilité et de stabilité » pour le développement et le progrès, a conclu le représentant. 

M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a pris note du rapport du Secrétaire général et remercié l’Organisation pour son appui aux mécanismes de justice de transition de son pays, en particulier la Juridiction spéciale pour la paix, la Commission de la vérité et l’Unité de recherche des personnes portées disparues.  Il a marqué l’importance d’institutions solides pour renforcer la démocratie et recouvrer la confiance des citoyens.  Citant la tradition de respect de l’état de droit dans son pays, le représentant a néanmoins reconnu la réalité des violences et des inégalités qui touchent de larges secteurs de la société qu’il faut donc protéger.  Préoccupé par l’action des groupes armés illégaux qui trouvent refuge en Colombie, il a compté sur l’aide que l’ONU peut apporter au renforcement de l’état de droit, en particulier, en aidant des millions de migrants à la frontière avec le Venezuela et en veillant aux valeurs et principes démocratiques dans la région.

Toute assistance de l’ONU à un État Membre doit recueillir l’assentiment dudit État, a rappelé Mme INDIRA GUARDIA GONZÁLEZ (Cuba).  L’état de droit repose notamment sur la reconnaissance du droit souverain des peuples à créer des institutions juridiques et démocratiques en harmonie avec leurs intérêts sociaux, politiques et culturels.  « Il nous faut œuvrer au renforcement des systèmes juridiques nationaux sur une base volontaire, dans le strict respect de l’autodétermination des peuples et sans aucune condition d’ordre politique », a insisté la représentante.

Compte tenu de sa nature internationale, l’ONU devrait focaliser son attention sur le niveau international, a estimé Mme Guardia , avertissant que le rapport du Secrétaire général sur l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit « risque de conduire à des interprétations interventionnistes et à la violation du principe de non-ingérence dans les affaires internes des États ».  Elle a ainsi critiqué le paragraphe 22 du rapport qui recommande « d’instaurer des dispositifs de responsabilité pénale et, plus généralement, de justice transitionnelle pour remédier aux lacunes en matière de justice et d’état de droit à la suite de violations graves ou massives des droits de l’homme ».  Quelle autorité décidera quels États ont des déficits en la matière et sur quels critères?  Cuba a également pointé, dans la section III du rapport « certaines initiatives promues par le Secrétariat et allant au-delà du mandat qui lui est conféré au paragraphe 41 de la résolution 67/1 ». 

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a considéré comme une caractéristique essentielle de l’état de droit le niveau de garantie des droits fondamentaux et, par conséquent, l’accès des individus aux procédures administratives et judiciaires.  Il s’est félicité de l’échange de bonnes pratiques et de l’intégration du droit international dans les législations salvadoriennes.  Ainsi, a-t-il ajouté, la cour suprême de son pays a mis en place des projets destinés à renforcer les droits fondamentaux de personnes vulnérables, handicapées, femmes, enfants, personnes LGBTI, notamment dans les pratiques médico-légales.  Des juridictions spécialisées dans la violence aux femmes ont été mises en place dans trois des plus importantes régions du pays, en prêtant une attention particulière aux violences sexuelles ou sexistes.  Le représentant a mentionné le travail utile du Conseil national de la magistrature, facteur d’amélioration des conditions d’accès à la justice, la prise en compte du droit international dans les programmes de formation de l’école de magistrature, avant de conclure en se félicitant des efforts menés par sa jeune démocratie pour la lutte contre la corruption et le renforcement de ses institutions. 

Mme YASHIRO (Japon) a appuyé le travail des juridictions internationales, telles la Cour internationale de Justice (CIJ), le Tribunal international du droit de la mer et la Cour pénale internationale (CPI), auxquelles le Japon continue de fournir un appui financier et des juges et fonctionnaires hautement qualifiés.  Aujourd’hui plus que jamais, a-t-elle ajouté, les Conventions de Genève demeurent essentielles.  Au niveau international, le Japon coopère étroitement avec l’Organisation juridique consultative pour les pays d’Asie et d’Afrique à la promotion des questions en rapport avec l’état de droit.  La septième édition de la Conférence internationale sur le développement africain a souligné l’importance de la promotion des efforts régionaux et internationaux visant au maintien d’un ordre maritime régi par les principes énoncés dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

Pour M. NATTHAKIT SINGTO (Thaïlande), l’état de droit n’est pas quelque chose dont on peut se contenter de parler mais qui nécessite « des actes concrets, qui soient à la fois pleinement ressentis et reconnus par la population ».  Avant tout, l’état de droit doit agir pour ne laisser personne de côté.  Pour un partage d’expériences et de connaissances, a annoncé le représentant, la Thaïlande est fière d’accueillir en novembre l’atelier des Nations Unies sur l’état de droit pour la région Asie-Pacifique, car elle estime qu’il est à la fois une condition sine qua non et un objectif dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Assurant que l’état de droit international renforce les institutions et offre une garantie contre l’arbitraire, M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala)a évoqué son impact positif sur toutes les facettes de la société et sur le développement.  À ce titre, il a décrit la transition vers la démocratie comme un facteur essentiel, rappelant la tenue de l’élection présidentielle approuvée par la communauté internationale qui pour la première fois a été marquée par le vote des Salvadoriens vivant à l’étranger.  Il s’est aussi félicité des progrès enregistrés par la commission présidentielle pour améliorer la transparence des institutions, ainsi que l’accès à un système judiciaire libre, indépendant et efficace, dénué de discrimination.  Enfin, le représentant a rappelé la confiance accordée par son pays aux institutions internationales, illustrée notamment par le règlement de son conflit territorial avec le Belize à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a également salué les travaux du Tribunal international du droit de la mer et de la Cour pénale internationale (CPI).

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a indiqué que son pays, jeune nation, a signé et ratifié plus de 108 conventions et instruments internationaux.  Il a détaillé les composantes du système judiciaire de l’Érythrée, dont les 430 cours communautaires déployées au niveau local et la Cour spéciale qui a pour mandat d’enquêter sur la corruption.  Il a indiqué que 93,3% des 2 000 cas de corruption enregistrés sur la période 1994-2016 ont abouti à des poursuites, en cohérence avec la politique de tolérance zéro suivie par le Gouvernement dans ce domaine.  Enfin, M. Giorgio a plaidé pour une approche équilibrée de l’état de droit aux niveaux national et international et pour le respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État. 

M. NYAN LIN AUNG (Myanmar) a indiqué que son pays n’est pas opposé à rendre des comptes s’agissant des allégations de violations commises contre les musulmans de l’État rakhine à la suite des attaques de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan en 2016 et 2017.  Le Gouvernement a mis sur place, en juillet 2018, une commission d’enquête qui est train de finaliser son rapport.  Mon pays a objecté à la création de la Mission d’établissement des faits depuis le début en raison de ses vives préoccupations sur la composition et le mandat de ladite Mission, a-t-il dit.  Ses rapports « partiaux » ne sont pas basés sur des faits et ne seront d’aucune utilité pour régler la situation dans l’État rakhine.  Au contraire, ils ne feront qu’accentuer la polarisation et la défiance entre les communautés, a jugé le délégué.  Il a, par ailleurs, rejeté la création du nouveau mécanisme d’investigation, qui va au-delà du mandat du Conseil des droits de l’homme selon lui.  « Nous n’acceptons pas la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’exercer sa compétence en lien avec les déplacements transfrontaliers de population », a-t-il conclu, rappelant que Myanmar n’est pas partie au Statut de Rome. 

Mme PETRA LANGERHOLC (Slovénie) a affirmé que le respect de l’état de droit international est la condition préalable à la paix, à la stabilité et au développement, et a mis en avant l’importance des traités multilatéraux pour l’édification de règles communes à toutes les nations et le renforcement d’un système international fondé sur le droit international.  À ce titre, elle a fait savoir que son pays considère tout manquement aux décisions des cours internationales comme des manquements à l’état de droit, et rappelé que son pays va jusqu’à appliquer des jugements avec lesquels il est en désaccord.  Elle a de ce fait demandé que les responsables de violations du droit international rendent des comptes, y compris via la Cour pénale internationale (CPI) dont elle a réaffirmé l’importance.  Compte tenu du « manque d’universalité » à cet égard, la représentante a appuyé d’autres mécanismes luttant contre l’impunité, et les initiatives d’entraide judiciaire pour la poursuite du crime de génocide. 

Enfin, Mme Langerholc a décrit le travail de son pays sur la question des menaces que font poser les technologies numériques et l’intelligence artificielle sur les droits de l’homme et les libertés civiques, sujet d’un évènement organisé par la Slovénie en marge de la semaine du droit international le 28 octobre prochain. 

M. SAAD AHMAD WARRAICH (Pakistan) a demandé une application sans sélectivité des résolutions du Conseil de sécurité et un recours plus fréquent aux moyens de règlement pacifique des différends, prévus au Chapitre VI de la Charte.  Le Chapitre VII ne doit être utilisé qu’en dernier recours et l’utilisation de la force doit respecter la Charte.  Le Conseil devrait par ailleurs recourir davantage à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur des questions juridiques.  Le délégué a indiqué que le renforcement des institutions publiques et leur accessibilité pour la population est la priorité de son gouvernement.  Chaque fois qu’une norme fondamentale du droit international est bafouée ou que les résolutions ou décisions de l’ONU sont contournées, la légitimité morale du cadre juridique international est compromise, a conclu M. Warraich. 

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) s’est félicité de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de la séparation, en 1965, de l’archipel des Chagos de Maurice.  L’Afrique du Sud avait en effet appuyé Maurice devant la CIJ.  Il a souligné qu’il faudrait que tous les États Membres coopèrent avec les Nations Unies pour la mise en œuvre de tous les aspects de cette décision et que l’Assemblée générale traite de la question de la réinstallation des nationaux mauriciens expulsés durant le processus de décolonisation. 

L’état de droit exige d’exercer le pouvoir public en totale conformité avec le droit et dans les limites prescrites par la loi, a poursuivi le représentant.  En somme, a-t-il ajouté, c’est la cohésion sociale qui a le meilleur potentiel de protéger la primauté du droit où le rôle des tribunaux est fondamental: « aucune personne ou organe ne devrait s’ingérer dans le fonctionnement des tribunaux ».  Le représentant a aussi expliqué que l’état de droit a joué un rôle d’importance dans le développement du système constitutionnel de l’Afrique du Sud. 

Mme ABU-ALI (Arabie saoudite) a rappelé que depuis son adhérence à l’ONU en 1945, son pays a toujours eu à cœur la stabilité du monde, la sécurité et la paix et les droits de l’homme dans un monde au défis nombreux.  Le Royaume a maintenu une diplomatie marquée par la modération et la responsabilité partagée des États, a-t-elle affirmé, ajoutant que l’Arabie saoudite est à l’origine de la création de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  La représentante a appelé les États à conjuguer leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques et, dans un autre registre, contre « le déchaînement des discours de haine et de violence ».  La montée de l’islamophobie crée des discriminations et des dangers pour les minorités musulmanes de certains pays.  Elle s’est félicitée de l’application de la charia en Arabie saoudite, dont les règles « robustes » endiguent la corruption et contribuent à une société dynamique et efficace.  Enfin, à son sens, l’état de droit passe au niveau international par un effort multipartite » et par le respect des règles du droit international par tous les pays.

M. HITTI (Liban) a déclaré que la Charte des Nations Unies est le principal « bouclier » du Liban, la garantie première de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  Il a indiqué que son gouvernement continue de suivre attentivement le travail du Tribunal spécial pour le Liban en vue de parvenir à la vérité, de soulager les familles des victimes et de mettre un terme à l’impunité.  L’ONU est un partenaire de longue date du Liban, a-t-il dit.  Le Gouvernement a conclu avec le Bureau du Coordonnateur spécial pour le Liban un cadre stratégique pour la période 2017-2020 visant à appuyer les priorités du pays.  Le délégué a par ailleurs mentionné le Comité libanais pour le droit international humanitaire, créé en 2010, visant à assurer un suivi de l’incorporation du droit international humanitaire dans le droit libanais.  Enfin, le représentant a redit la détermination du Liban à promouvoir l’état de droit. 

Mme LILA DESTA ASGEDOM (Éthiopie) a commencé par remercier les États ayant félicité le Premier Ministre éthiopien, M. Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019.  Elle a marqué son appréciation pour la mention dans le rapport du Secrétaire général de la montée des discours de haine.  Elle a indiqué que son pays, « après une période d’introspection », avait modifié ses institutions juridiques et corrigé des erreurs, avec pour conséquence la libération de prisonniers grâce à une amnistie et le retour d’hommes politiques exilés qui contribuent à élargir le champ politique de l’Éthiopie.  La représentante a aussi fait part de progrès au niveau international avec l’application des accords d’Alger qui mettent fin à un trop long conflit à propos de la frontière avec l’Érythrée; elle a salué les avancées dans ses relations avec le Soudan et la Somalie.  Enfin, elle a souhaité un renforcement des aides techniques permettant l’amélioration de son système judiciaire. 

Mme KSHENUKA DHIRENI SENEWIRATNE (Sri Lanka) a déclaré que, par les temps qui courent, l’état de droit et un ordre fondé sur des règles s’avèrent cruciaux et des mesures collectives de maintien de la paix et la sécurité, impératives.  Or, pour que l’ordre international fonctionne équitablement, il convient que la communauté internationale et le système de l’ONU adhèrent aussi aux principes d’égalité souveraine, de non-ingérence, d’interdiction de la menace ou de l’usage de la force et de règlement pacifique des différends.  La représentante, dans ce contexte, a déploré que Sri Lanka ait subi « un traitement injuste » de la part du Secrétariat, une décision unilatérale ayant en effet été prise et transmise concernant l’ajustement de la contribution de ce pays à une opération de maintien de la paix.  Cette décision a en outre violé des termes d’un mémorandum d’entente, ce qui remet en cause la procédure adoptée.  Le Département des opérations de maintien de la paix a cherché à relier sa décision de ne pas replacer en rotation un contingent de Casques bleus à une nomination interne faite par Sri Lanka, défiant ainsi le Chef d’État d’un pays membre.  Elle a mis en garde contre ce précédent pour que cette pratique ne devienne pas systématique et enracine la politisation du système de l’ONU.   

M. IGOR BONDIUK (Ukraine) a indiqué que son pays a attaqué la Fédération de Russie devant plusieurs cours internationales.  Il a mentionné l’ordonnance rendue par le Tribunal international du droit de la mer dans l’affaire de l’immobilisation de trois navires militaires ukrainiens par la Fédération de Russie.  Malgré la libération de 24 marins ukrainiens, cette ordonnance n’est toujours pas mise en œuvre, a-t-il déploré, en demandant la libération des trois navires.  Le crash de l’avion MH17, en 2014, et le rôle de la Russie dans cette tragédie est un autre élément important de l’affaire soumise par l’Ukraine à la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il poursuivi.  Enfin, le délégué ukrainien a précisé que la CIJ devrait rendre sa décision dans cette affaire à la fin de cette année. 

Selon M. PARK CHULL-JOO (République de Corée), l’objectif 16 de développement durable est « le fil d’or » qui relie tout le Programme 2030.  Il a fait écho à l’alerte lancée par le Secrétaire général contre la propagation du discours de haine et l’incitation à la violence.  Il a apporté son appui aux initiatives du Haut-Représentant pour l’alliance des civilisations et du Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide.  La République de Corée continue de participer aux efforts mondiaux pour promouvoir le droit international par de nombreux programmes de sensibilisation et de compréhension du droit international, a indiqué M. Park.  Avec Singapour et la Slovaquie, la République de Corée organisera conjointement, le 29 octobre prochain, une manifestation parallèle pour débattre du « dialogue judiciaire » avec la Cour internationale de Justice (CIJ) et le Tribunal international du droit de la mer.

M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a indiqué que la Zambie est en train de construire un système judiciaire plus efficace qui assure que les actes des plus hautes autorités sont soumis à la loi, tout en créant un nombre de cour spécialisées comme la cour constitutionnelle, les cours pour les familles et pour les mineurs.  S’agissant de la peine de mort, le représentant a confirmé qu’aucune exécution n’a eu lieu depuis 1997.  Si des efforts de sensibilisation sont en cours pour informer la population de l’importance d’un moratoire sur la peine de mort, a-t-il précisé, l’abolition de cette peine implique un amendement de la Constitution qui ne peut avoir lieu que par référendum auprès du peuple zambien.  Le représentant a aussi décrit des améliorations quant à l’accès à la justice pour les femmes, grâce à l’aide judiciaire et une plus grande sensibilisation des magistrats aux violences liées au genre, louant l’influence de la Première Dame de Zambie, Madame Esther Lungu, dans sa campagne pour les droits des femmes et contre les mariages précoces auprès des leaders des communautés rurales. 

M. LUTFULLAH LUTFI (Afghanistan) a indiqué que des mesures ont été prises dans son pays pour garantir la transparence et la crédibilité des scrutins, en particulier l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la mise en place de nouveaux mécanismes de vérification des listes d’électeurs.  La Stratégie nationale de lutte contre la corruption a été révisée en novembre 2018 et en février 2019, afin de mieux mesurer les progrès accomplis.  De son côté, le Centre de justice anticorruption continue de mener ses enquêtes, y compris celles visant des responsables gouvernementaux.  « Cela témoigne de l’engagement inébranlable de mon pays pour lutter contre la corruption », a déclaré le délégué.  Enfin, il a rappelé que l’Afghanistan vient d’adopter une stratégie nationale de prévention de la violence contre les femmes, ainsi qu’une loi érigeant le harcèlement des femmes en infraction pénale. 

Pour M. YEDLA UMASANKAR (Inde), la montée du terrorisme exige une collaboration internationale efficace.  Il a déploré la difficulté à s’entendre sur des règles à cause d’intérêts géopolitiques « étriqués ».  Il s’est aussi étonné que, très souvent, des États se cachent derrière des concepts juridiques conçus pour des contextes différents pour freiner les efforts entrepris au sein de l’ONU avec le projet d’une convention générale sur le terrorisme international. 

M. Yedla a mentionné comme autres sujets épineux certains aspects transfrontières des eaux navigables, où il est plus difficile d’atteindre un consensus sur des principes généraux en raison de préoccupations liées à la souveraineté et à des situations stratégiques spécifiques.  Parmi les autres pierres d’achoppement, a-t-il dit, la complexité des questions afférentes à la juridiction extraterritoriale pour combler les lacunes liées à la redevabilité pour des crimes commis dans un pays tiers.  En conséquence, a-t-il suggéré, si l’on veut que le multilatéralisme soit plus efficace, les structures de gouvernance mondiale doivent refléter les réalités contemporaines tandis que celles, actuelles, de l’ONU, sont d’une époque révolue et ont été conçues par une poignée d’États.  Par souci de légitimité et d’efficacité, une réforme de fond de ces structures s’impose, en particulier du Conseil de sécurité.  Il a jugé en conclusion qu’il faut que les pays en développement aient une voix et une véritable participation dans le processus de prise de décisions au niveau mondial. 

Droits de réponse

La déléguée du Royaume-Uni a indiqué que la souveraineté de son pays sur l’archipel des Chagos ne fait aucun doute.  Elle a regretté que cette affaire ait été renvoyée à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Mon pays ne partage pas l’approche de la Cour, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que le retour des personnes déplacées dans l’archipel n’était pas faisable.  Une enveloppe de 50 millions à leur bénéfice a été néanmoins débloquée, a-t-elle conclu.

Le représentant de la Chine a exercé son droit de réponse à la suite de l’intervention de la déléguée des Philippines concernant une sentence arbitrale rendue dans l’affaire en mer de Chine du Sud.  Il a jugé cette décision « nulle et non avenue. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: il manque 808 millions de dollars à une ONU peut-être incapable de payer les salaires du mois de novembre

Soixante-quatorzième session,
3e séance – matin
AG/AB/4332

Cinquième Commission: il manque 808 millions de dollars à une ONU peut-être incapable de payer les salaires du mois de novembre

La Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion n’y est pas allée par quatre chemins.  Mme Catherine Pollard a révélé deux informations alarmantes ce matin à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires: « L’ONU a besoin d’au moins 808 millions de dollars pour compléter son budget 2019 » et « nous risquons d’entamer le mois de novembre sans argent pour payer les salaires et les fournisseurs. »

L’annonce de la Secrétaire générale adjointe a amplifié le cri d’alarme de M. António Guterres qui s’était inquiété, le 8 octobre dernier, du déficit financier « le plus vertigineux de la décennie ».  Le budget ordinaire de l’ONU, a alerté ce matin Mme Pollard, n’a cessé de souffrir de problèmes de liquidités ces dernières années, avec une tendance constante à la baisse.  Mais en 2019, « le déficit a frappé plus tôt, il dure plus longtemps et il est plus profond ».  Pour la deuxième année consécutive, l’ONU a épuisé toutes ses réserves, en dépit des mesures « draconiennes » prises pour réduire les dépenses et les faire correspondre à l’argent disponible. 

« Nous risquons d’entamer le mois de novembre sans argent pour payer les salaires et les fournisseurs », a averti la Secrétaire générale adjointe, en prévenant que d’ici à la fin du mois d’octobre, l’ONU pourrait accuser un déficit record de 488 millions de dollars et courir le risque d’épuiser toutes les réserves des missions fermées auxquelles elle a déjà emprunté la somme de 33 millions de dollars, après avoir vidé le Fonds de roulement et le Compte spécial.  En 2019, les contributions attendues étaient de 2,85 milliards de dollars mais l’ONU n’avait reçu, au 4 octobre, que 1,99 milliard.  Pour terminer l’année, il faut au moins 808 millions de dollars, a précisé Mme Pollard.  

Au 10 octobre, 62 États Membres n’avaient toujours pas payé leurs contributions.  Les États-Unis, le Brésil, l’Argentine et le Mexique totalisent, à eux quatre, 1,286 milliard de dollars d’arriérés; la dette américaine étant d’un peu plus d’un milliard.  

La santé financière de l’ONU dépend du paiement des contributions en totalité et dans les délais, a martelé la Secrétaire générale adjointe qui a invoqué cette situation pour expliquer pourquoi l’Organisation n’a pas été en mesure de rembourser les 156 millions de dollars dus aux pays fournisseurs de contingents, de personnel de police et d’équipements.  Quant aux Tribunaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie, sans oublier le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, c’est une somme de 76 millions de dollars qui manque à l’appel.

« Cette Commission ne peut tout simplement pas rester passive », s’est impatienté son Président, M. Andreas D. Mavroyiannis.  « Nous devons être à la hauteur », a-t-il dit, devant la lettre publiée hier par le Secrétaire général pour annoncer des mesures d’austérité.  Le Président a appelé les délégations à montrer l’exemple aux autres Commissions et à aller plus loin que les mesures proposées par M. Guterres.  Envisageons des actions « pratiques » et « collectives » pour limiter le coût de fonctionnement de notre Commission.  Le 8 octobre dernier, le Secrétaire général parlait de l’annulation, du report et de l’arrêt de la diffusion en ligne de certaines réunions et manifestations.  Il disait aussi dit son intention d’« ajuster » l’appui technique que le Secrétariat de l’ONU offre aux réunions.

Aujourd’hui, la Cinquième Commission a également examiné le rapport d’activités du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) pour la période allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019.  Bénéficier d’une fonction de contrôle interne « solide » au sein du Secrétariat est essentiel pour une ONU « transparente et comptable de ses actes », à même de s’acquitter de ses mandats conformément à l’objectif de la réforme de la gestion entamée par le Secrétaire général, a souligné la Suisse.

La Cinquième Commission discutera plus avant de la situation financière de l’ONU, vendredi 18 octobre à partir de 10 heures.  

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU

Présentation

Le budget ordinaire de l’ONU n’a cessé de souffrir de problèmes de liquidités ces dernières années, avec une tendance renforcée à la baisse, chaque année; la situation devenant toujours plus difficile d’une année à l’autre, a alerté Mme CATHERINE POLLARD, Secrétaire générale adjointe au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Cette année, a-t-elle souligné, le déficit a frappé plus tôt, il dure plus longtemps et il est plus profond.  Pour la deuxième année consécutive, l’ONU a épuisé toutes ses réserves, en dépit des mesures « draconiennes » prises pour réduire les dépenses et les faire correspondre à l’argent disponible. 

Au 9 octobre 2019, le déficit budgétaire, le plus vertigineux que l’ONU ait jamais connu, était de 386 millions de dollars, ce qui a conduit à épuiser les 150 millions du Fonds de roulement et les 203 millions du Compte spécial.  Il a donc fallu emprunter 33 millions de dollars aux missions de maintien de la paix fermées.  D’ici la fin du mois d’octobre, l’ONU pourrait accuser un déficit record de 488 millions de dollars et courir le risque d’épuiser toutes les réserves des missions fermées.  

En 2019, les contributions attendues étaient de 2,85 milliards de dollars, soit 362 millions de plus qu’en 2018.  Les paiements reçus au 4 octobre étaient de 1,99 milliard, soit 61 millions de plus que l’année dernière à la même période.  Mais, a expliqué la Secrétaire générale adjointe, ces paiements ne représentaient que 70% des contributions contre 78%, l’année dernière.  Les contributions non acquittées s’élèvent à 1,4 milliard de dollars, soit 299 millions de plus que l’année dernière.  À la date du 10 octobre 2019, 131 États Membres sur 193 avaient payé la totalité de leur quote-part au budget ordinaire. 

De l’exercice biennal 2018-2019, quelque 955 millions de dollars n’ont pas été dépensés, dont 464 millions pour les dépenses affectées aux postes et 491 millions pour les dépenses non affectées aux postes.  En dépit du ralentissement du recrutement, dès le début de l’année et de la réduction de plusieurs dépenses non affectées aux postes, l’ONU a à peine de quoi payer les salaires du mois d’octobre, même si elle utilisait les 147 millions de dollars qui restent dans les caisses des missions de maintien de la paix fermées.  « Nous risquons d’entamer le mois de novembre sans argent pour payer les salaires et les fournisseurs », a prévenu Mme Pollard. 

À ce jour, l’ONU aura besoin d’au moins 808 millions de dollars pour compléter son budget 2019.  Si près de la moitié du budget non dépensé est prévu pour les dépenses affectées aux postes, lesquelles ne peuvent être reportées, les 491 millions de dollars restants ne peuvent pas non plus être reportés sans impacter l’exécution des mandats, a averti la Secrétaire générale adjointe. 

Concernant le budget des opérations de maintien de la paix dont le cycle calendaire va du 1er juillet au 30 juin, Mme Pollard a rappelé que les contributions attendues en 2019 étaient de près de 8 milliards de dollars.  Au 4 octobre 2019, 5,7 milliards avaient été versés; le total des impayés étant de 3,7 milliards contre 1,5 milliard, au 31 décembre 2018.  Toujours au 4 octobre, 30 États Membres avaient payé l’intégralité de leurs contributions, soit 11 de moins que le 30 septembre 2018.  Sur les 3,7 milliards qui manquent, la somme de 3,3 milliards doit aller aux missions actives et 409 millions aux missions fermées, a précisé Mme Pollard qui a ajouté que sur ces 3,3 milliards d’impayés, 2,8 milliards sont des contributions dues en 2019 et 500 millions, en 2018 ou encore avant.

Dans sa résolution 73/307, l’Assemblée générale avait décidé que le Secrétaire général devait publier le tableau des contributions pour l’ensemble de la période budgétaire, y compris le budget de la période pour laquelle les mandats n’avaient pas encore été approuvés par le Conseil de sécurité, étant entendu que ledit budget est considéré comme dû dans les 30 jours suivant la date d’entrée en vigueur de la prorogation du mandat.  L’impact de cette résolution a fait qu’en juillet 2019, un montant de 2,4 milliards de dollars était attendu.  Conjugués à la décision prise par l’Assemblée générale de lever les obstacles aux emprunts entre les opérations actives, l’élaboration du budget et les paiements pour les périodes « avant prorogation du mandat » ont amélioré la trésorerie des opérations. 

Au 9 octobre, le solde de trésorerie était d’environ 2 milliards de dollars pour les opérations actives, de 99,6 millions de dollars pour les missions clôturées et de 141 millions de dollars pour le Fonds de réserve pour le maintien de la paix.  Le 10 octobre 2019, l’ONU devait 6 millions de dollars aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.  Quant aux remboursements pour le matériel appartenant aux contingents, il s’agit d’une somme de 64 millions de dollars pour les opérations actives et 86 millions pour les missions clôturées.  Le Secrétaire général, a souligné son adjointe, s’est engagé à honorer ses obligations aussi rapidement que possible, « lorsque la situation financière le permettra ». 

S’agissant des tribunaux internationaux, le total des impayés au 4 octobre était de 76 millions de dollars pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux. 

La santé financière de l’ONU, a conclu la Secrétaire générale adjointe, dépend du paiement des contributions par les États Membres en totalité et dans les délais.  La mise en œuvre pleine et entière de notre programme de travail dépend de l’appui financier des États Membres qui doivent adopter des niveaux budgétaires réalistes et payer leurs contributions à temps, a martelé Mme Pollard.  Pour sa part, le Secrétariat est déterminé à utiliser les ressources qui lui sont confiées de manière efficace et rentable, et à donner aux États Membres les informations dans la plus grande transparence.  

RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DU BUREAU DES SERVICES DE CONTRÔLE INTERNE (BSCI)

Rapport du BSCI pour la période allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019 (A/74/305 Part I) et (A/74/305 (Part I)/Add.1)

Le BSCI rappelle que pendant la période considérée, il a publié 444 rapports, dont 8 à l’intention de l’Assemblée générale.  Ces rapports contenaient 1 177 recommandations visant à renforcer le contrôle interne et les mécanismes de responsabilisation et à accroître l’efficacité et l’efficience de l’Organisation, dont 48 jugées d’importance critique pour celle-ci.  Ces recommandations visaient notamment la réalisation d’économies, le recouvrement des trop-payés et l’obtention de gains d’efficacité.  Les incidences financières des recommandations formulées par le BSCI pendant la période considérée s’élèvent à environ 5,3 millions de dollars, dont 0,9 million d’économies et de recouvrements déjà réalisés.

Ce rapport ne traite pas des activités de contrôle relatives aux opérations de maintien de la paix et aux missions politiques spéciales, dont il sera rendu compte séparément à l’Assemblée dans la partie II.

L’additif donne un bilan général de l’application des recommandations, une analyse des recommandations non encore appliquées, la liste des recommandations d’importance critique dont le délai d’application a expiré, les recommandations ayant des incidences financières et la liste des rapports de contrôle publiés durant la période considérée.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. SAED KATKHUDA (État de Palestine) a retenu que le rapport du BSCI analyse les fonctions et les pratiques d’évaluation de 31 entités des Nations Unies ainsi que les ressources qu’elles y ont consacrées pendant l’exercice biennal 2016-2017.  Ces trois domaines, a souligné le représentant, qui ne s’excluent pas mutuellement nécessite une optimisation de leur complémentarité.  L’indépendance organisationnelle des fonctions d’évaluation est définie par les arrangements structurels de chaque entité, ce qui montre leur marge de manœuvre pour déterminer le calendrier de l’évaluation et exécuter leurs tâches avec un minium d’interférence.  Les relations hiérarchiques des cadres chargés de l’évaluation illustrent l’autonomie dans la planification du travail et dans le choix du délai de présentation des résultats aux décideurs.  Nous notons, a poursuivi le représentant, que 17 entités ont décidé de confier ces tâches à leur chef, un arrangement qui a permis une amélioration formelle des fonctions d’évaluation.

En revanche, trois entités, à savoir le Département d’appui aux missions/Département des opérations de paix, la Commission économique pour l’Afrique et le Département de la gestion, montrent que leurs relations hiérarchiques tendent vers moins d’indépendance.  Le Groupe, a dit le représentant, réitère la nécessité d’un engagement constant pour le renforcement de la responsabilité et de l’évaluation.  Il compte que les faiblesses des fonctions et pratiques d’évaluation seront corrigées de manière urgente et, à cet égard, il salue la création d’une section d’évaluation au sein du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.

Le Groupe note aussi que les ressources allouées aux capacités d’évaluation étaient de 28 millions de dollars pour 2016-2017 contre 26,4 millions en 2014-205, ce qui reste tout de même en-deçà du minimum requis.  Seules 6 entités sur 30 ont respecté ce minimum alors que 7 entités n’ont tout simplement pas produit de rapport d’évaluation. 

La Suisse et le Liechtenstein veulent une ONU forte, a déclaré M. MIKE MARTIN AMMANN (Suisse), au nom des deux pays.  Il a estimé que le BSCI joue un rôle clef dans la bonne gouvernance et le fonctionnement de l’Organisation.  À ses yeux, bénéficier d’une fonction de contrôle interne « solide » au sein du Secrétariat est essentiel pour une ONU « transparente et redevable », à même de s’acquitter de ses mandats conformément à l’objectif de la réforme de la gestion entamée par le Secrétaire général.  Pour que le BSCI puisse remplir efficacement le rôle important qui lui est dévolu, le représentant a jugé indispensable qu’il jouisse d’un degré approprié d’indépendance, « réelle et perçue », par rapport à la gestion des fonds et programmes de l’Organisation.  Le BSCI doit être en mesure de mener à bien les activités prévues par son mandat de manière « impartiale et objective », a-t-il insisté.

Le représentant a en outre estimé que le BSCI est un instrument essentiel pour renforcer la redevabilité à tous les niveaux de l’ONU, notamment en matière de délégation de pouvoir.  « Si nous voulons moins de microgestion à l’ONU, il nous faut aussi davantage de transparence et de redevabilité », a-t-il insisté.  Pour devenir « efficaces et crédibles », les réformes doivent faire l’objet d’un degré adéquat de surveillance.  Aussi a-t-il appelé à renforcer la coopération et l’échange de connaissances entre les différents organes de contrôle de l’Organisation.

Le représentant a par ailleurs indiqué que le BSCI joue un rôle crucial dans les efforts déployés par l’ONU pour lutter contre les violations des normes éthiques, telles que les représailles, la discrimination, l’exploitation et les atteintes sexuelles, ainsi que le harcèlement sexuel.  De tels actes génèrent des souffrances et créent un environnement de travail « malsain et inefficace », a-t-il mis en garde.  Ils entachent l’image des organisations internationales aux yeux du public, a-t-il martelé.  Le représentant a toutefois salué l’augmentation du nombre d’enquêtes menées par la Division des investigations du BSCI.  À ses yeux, cette hausse témoigne clairement de l’importance du BSCI comme mécanisme central de réception pour les divers cas de faute.  Le représentant a appelé le BSCI à renforcer les enquêtes par une approche centrée sur les victimes et par des interventions spécialisées.

Maintenant que les réformes du Secrétaire général se consolident, a dit Mme ANCA S. DIGIACOMO (États-Unis), nous comptons encore plus sur le BSCI pour parvenir à une Organisation plus responsable, plus transparente et plus souple.  Elle a salué le guide que le BSCI a élaboré sur la culture organisationnelle de l’audit et de l’évaluation.  Elle a voulu en savoir plus sur la manière dont cette évaluation sera menée.  Quels sont les éléments, a-t-elle demandé, qui vont se concentrer sur les initiatives liées au changement de la gestion dans le contexte de la réforme?

Quant à la Division des investigations, elle a demandé pour l’avenir une comparaison entre une année et l’année précédente, pour mieux suivre les tendances des cas de harcèlement sexuel et d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Le Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit nous dit, a-t-elle poursuivi, que le temps pris pour les enquêtes s’est élevé à 11 mois et demi, ce qui est bien au-delà des 120 jours fixés par la politique sur la protection contre les représailles.  Elle a donc relayé l’appel de la Division des investigations pour que l’on analyse et surtout que l’on traite des causes profondes de ces retards. 

La représentante s’est aussi inquiétée des recommandations non appliquées, alors qu’elles sont là pour protéger l’ONU contre les risques et assurer des contrôles internes efficaces.  Elle a encouragé le Secrétaire général et les hauts cadres de l’ONU à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les recommandations sans délai.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a salué le rôle du BSCI pour renforcer le contrôle de l’Organisation à travers ses rapports d’audit interne, inspections, évaluations et enquêtes.  Le représentant a souligné l’importance de préserver l’indépendance du Bureau, pour lui permettre d’effectuer ses travaux « sans interférences ».  Sur les 1 177 recommandations formulées par le Bureau dans le but d’améliorer les contrôles internes, les mécanismes de redevabilité et l’efficacité de l’ONU, le représentant a noté que 48 d’entre elles jugées « critiques » pour l’Organisation étaient toujours en souffrance.  Nous appuyons ces recommandations visant à assurer des économies et le recouvrement des paiements, a insisté le représentant, précisant que les implications financières de ces 48 recommandations s’élèvent à 5,3 millions de dollars.  À ce jour, 0,9 million de dollars d’économies et de recouvrements ont déjà été réalisés, a-t-il salué, appelant le Secrétariat à fournir, dans le courant de cette session, une mise à jour de l’application des recommandations.

Le représentant a aussi pris note des observations du BSCI concernant certaines lacunes des fonctions d’évaluation, dont la qualité est inférieure aux normes en vigueur dans l’ensemble du système onusien.  Ces faiblesses ou lacunes affectent la capacité de certaines entités de l’ONU de se hisser à la hauteur des normes organisationnelles, a-t-elle déclaré, appelant le Secrétariat à redoubler d’efforts pour améliorer la culture de responsabilité et d’évaluation au sein de l’ONU.  Il a notamment salué la création par le Secrétaire général du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité (DMSPC), y compris sa section d’évaluation, qui devrait permettre de combler les lacunes existantes.

Le représentant a également salué les travaux du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA).  D’après le rapport du Comité, a-t-il noté, le budget proposé pour le BSCI en 2020 s’élève à 61 551 600 dollars, soit 0,8% de moins qu’en 2019.  Le représentant a annoncé l’intention de son pays de demander des explications concernant cette proposition budgétaire.

Il a enfin encouragé le BSCI, le CCIQA, le Comité des commissaires aux comptes (CCC) et le Corps commun d’inspection (CCI) à travailler ensemble pour réduire les doublons, sans pour autant remettre en cause leur indépendance.

BUREAU DES NATIONS UNIES POUR LES PARTENARIATS

Rapport du Secrétaire général (A/74/266)

Dans ce rapport, le Secrétaire général explique que le Bureau des partenariats favorise la conclusion, dans le monde entier, de partenariats entre les secteurs public et privé aux fins de l’accomplissement du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il supervise les activités du Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux (FNUPI), créé en 1998 pour assurer la liaison entre la Fondation pour les Nations Unies et le système des Nations Unies.  À la fin de 2018, le montant des subventions approuvées par la Fondation pour la mise en œuvre de projets du FNUPI s’élevait à environ 1,46 milliard de dollars, dont environ 31%) de Ted Turner et environ 69% des partenaires de financement.  Le nombre total des projets et programmes de l’ONU qui ont reçu l’appui du FNUPI était de 657.  Au total, 48 entités du système des Nations Unies en ont assuré la mise en œuvre dans 128 pays.

Par l’intermédiaire du Fonds des Nations Unies pour la démocratie, le Bureau a affecté quelque 170 millions de dollars au financement de près de 800 projets dans plus de 130 pays.  Ces projets allaient du renforcement des compétences de la société civile en matière d’encadrement à la promotion de la participation des femmes et des jeunes, ou visaient à permettre à la société civile de faire entendre sa voix dans les médias.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. SAED KATKHUDA (État de Palestine) s’est félicité des initiatives du Bureau, en l’appelant à concrétiser l’objectif 17 du Programme 2030, lequel appelle à la revitalisation des partenariats pour le développement durable, dont le partage des connaissances, des expertises, des technologies et des ressources financières.  Il a aussi appelé le Bureau à explorer avec ses partenaires des occasions de rapprochement avec le système des Nations Unies pour aider les États à mettre en œuvre le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il a enfin encouragé le Bureau à travailler étroitement avec les organisations régionales et sous-régionales et à appuyer les efforts de développement des pays du Sud.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission se penche sur l’exercice difficile du droit des peuples autochtones à l’autodétermination

Soixante-quatorzième session,
15e & 16e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4265

La Troisième Commission se penche sur l’exercice difficile du droit des peuples autochtones à l’autodétermination

Au cœur des politiques de réparation des violations passées et présentes, le droit des peuples autochtones à l’autodétermination est essentiel non seulement pour la dignité et la survie de ces peuples en tant que « peuples distincts » mais aussi pour les États eux-mêmes, qui gagneraient à établir un « véritable dialogue interculturel »: tel est en substance le message transmis aujourd’hui à la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, par la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones. 

Venue présenter son dernier rapport thématique devant la Commission, Mme Victoria Tauli-Corpuz a relevé qu’en dépit des progrès accomplis dans l’affirmation des droits à l’autodétermination et à l’autonomie ou encore à l’auto-administration des peuples autochtones, peu d’attention a jusqu’alors été accordée à l’interprétation que les peuples autochtones font de ces droits et aux initiatives qu’ils prennent pour les exercer.  À ses yeux, ce devrait pourtant être « le point de départ de l’élaboration et de l’adoption des mesures nécessaires à leur mise en œuvre ». 

L’établissement d’un tel dialogue nécessite toutefois de construire une confiance mutuelle, a fait valoir l’experte, qui a jugé nécessaire de modifier l’approche des États à l’égard des revendications autochtones, lesquelles devraient être considérées comme « des questions de justice et de droits de l’homme qui, si elles sont résolues, entraîneraient des avantages pour l’ensemble du pays ». 

Soulignant que le droit des peuples autochtones à l’autodétermination est essentiel à leur survie en tant que peuples distincts, Mme Tauli-Corpuz a également prévenu que l’accomplissement de ce droit ne doit pas être présenté comme un coût, une telle position étant propice à promouvoir la notion que les peuples autochtones réclament des privilèges injustifiés. 

De l’avis de Mme Tauli-Corpuz, les États, les peuples autochtones et les sociétés en général partagent des objectifs communs pour répondre aux défis en matière de droits de l’homme, de durabilité et d’environnement auxquels le monde est confronté.  De fait, les peuples autochtones « devraient être en mesure de contrôler leur propre avenir par l’exercice de leur droit à l’autodétermination » afin de contribuer aux solutions nécessaires, a insisté la Rapporteuse spéciale.

Sans aller jusqu’à soutenir le principe d’un tel droit, nombre de délégations ont souscrit à l’esprit de partenariat souligné par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée en 2007.  L’Australie a ainsi fait état d’un « accord de partenariat historique » conclu entre le Conseil des gouvernements australiens et des représentants autochtones pour établir un conseil conjoint chargé de formaliser le partage des processus de prise de décisions ainsi que la mise en œuvre et le suivi des questions qui touchent les aborigènes australiens. 

Dans le même esprit, le Cameroun a assuré que les populations pygmées, les seules à bénéficier pour l’heure du statut de peuple autochtone dans le pays, avaient été associées au processus de relecture de la loi forestière.  De son côté, le Japon a rappelé sa reconnaissance, en 2008, de la population aïnoue comme peuple autochtone, une mesure assortie de la création d’un conseil consultatif associant des représentants du Gouvernement japonais et des Aïnous sur les questions ayant trait à l’éducation, à la revitalisation culturelle et au développement économique. 

Plaidant pour que la voix des peuples autochtones soit davantage entendue, le Canada a, quant à lui, argué que la jouissance, par ces peuples, de leur liberté d’expression et d’opinion et de leur droit de participer aux processus de prise de décisions débouche sur de meilleures issues économiques, sociales et culturelles.  Un avis repris à son compte par le Danemark, qui a appelé à une plus grande participation des peuples autochtones aux fora et conférences des Nations Unies traitant de leur problématique. 

En cette année 2019, déclarée Année internationale des langues autochtones, le Groupe des Amis des peuples autochtones a, par la voix du Mexique, invité tous les États à soutenir l’initiative visant à proclamer 2022-2032 comme la décennie internationale des langues autochtones.  Cet appel a été appuyé par le Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes (FILAC), qui a attiré l’attention sur la nécessité d’adopter des mesures urgentes pour contenir la perte progressive des langues autochtones et mettre en évidence la valeur culturelle, politique et économique de la diversité linguistique dans les Amériques et dans le monde.

De son côté, l’Afrique du Sud a dénoncé la poursuite des violations des droits de ces peuples mais aussi de leurs territoires et ressources naturelles par les compagnies multinationales.  Pour cette raison, elle a soutenu l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant pour protéger au mieux les victimes de ces abus.

De même que la République islamique d’Iran a imputé aux puissances colonisatrices « la marginalisation des peuples autochtones et l’occupation de leurs terres ancestrales », la Fédération de Russie a choisi de critiquer la politique de « certains pays, notamment européens », lors de la colonisation, et ses effets sur la culture de ces peuples.  

À l’instar de l’Union européenne, de nombreuses délégations se sont par ailleurs inquiétées des intimidations et persécutions auxquelles sont confrontés les défenseurs des droits des peuples autochtones.  Les États-Unis ont notamment accusé la Chine de vouloir faire taire les peuples ouigours, kazakhs et autres minorités musulmanes vivant sur son territoire.  Des allégations vertement qualifiées de « mensongères » par la Chine, qui a estimé que la délégation américaine faisait référence à des « terroristes ». 

Avant d’aborder le point relatif aux droits des peuples autochtones, la Troisième Commission avait achevé l’examen de la promotion et la protection des droits de l’enfant puis de la promotion des femmes. 

La Troisième Commission reprendra ses travaux lundi 14 octobre, à partir de 10 heures, en abordant la question des droits de l’homme. 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT

Promotion et protection des droits de l’enfant (A/74/136, A/74/162, A/74/231, A/74/246, A/74/249, A/74/259)

Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants (A/74/240)

Suite et fin du débat général

M. GONZALO ARNALDO RIVERA ROLDAN (Pérou) a réaffirmé l’attachement de son pays à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il s’agit selon lui d’un instrument de protection et de prise en charge pour que tous les enfants puissent accéder à des services fondamentaux comme l’éducation et la santé.  La Convention reconnaît que tout enfant doit grandir au sein de sa famille pour s’épanouir de manière harmonieuse, s’est félicité le représentant, soulignant également l’importance des objectifs de développement durable pour faire progresser la situation des enfants.  À ses yeux, le Programme 2030 est le moyen pour la communauté internationale d’unir ses forces afin de créer un environnement inclusif au bénéfice des plus vulnérables, parmi lesquels figurent les enfants.  Au plan national, a indiqué le délégué, le Pérou dispose d’un plan d’action pour l’enfance à l’horizon 2021.  Dans ce cadre, il a enregistré des avancées contre l’anémie infantile et a fait de la réduction de la mortalité infantile et de l’accès à l’eau potable deux de ses priorités.  Des défis subsistent cependant, en particulier la situation des enfants qui ne sont pas élevés par leurs parents, a-t-il indiqué, ajoutant qu’une norme de procédure assure le développement global des enfants et des adolescents dans leur famille, voire dans un environnement alternatif. 

Mme ZOYA STEPANYAN (Arménie) a indiqué que son pays avait signé, le 24 septembre 2019, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications, et qu’il compte transmettre, cette année, ses rapports périodiques combinés 5 et 6 au Comité des droits de l’enfant.  L’Arménie a également rejoint l’appel volontaire global au profit des enfants dans le cadre de la campagne « For Every Child, Every Right » lancée par le Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable.

Préoccupée par l’intégration sociale des enfants, l’Arménie a en outre mis sur pied une stratégie pour la protection des droits de l’enfant dont l’objectif est d’atteindre les enfants les plus vulnérables.  La représentante a indiqué qu’en Arménie, tous les enfants de moins de 18 ans disposent d’une couverture sanitaire gratuite et que la désinstitutionalisation des enfants est l’une des priorités de son gouvernement.  Plusieurs réformes ont été menées dans ce sens, la philosophie derrière cette approche étant que chaque enfant a le droit de vivre dans un milieu familial, a-t-elle expliqué.

Dans toutes ses politiques, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement associe la société civile ainsi que les partenaires internationaux, une approche qui a d’ores et déjà porté ses fruits, notamment en matière de sensibilisation, de désinstitutionalisation et d’intégration pour les enfants en situation de handicap.

Mme Stepanyan a par ailleurs indiqué que l’Arménie travaille de manière rapprochée avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour créer des abris et des pièces sécurisées dans les écoles et les crèches situées dans les régions frontalières dans le respect de son engagement envers la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Pour finir, elle a parlé des mesures mises en place pour autonomiser les filles, notamment à travers l’éducation et la promotion de leur « participation active » dans les secteurs de la technologie et de l’innovation. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a fait savoir que son pays est en train de ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications.  Il a aussi indiqué que son gouvernement promeut une éducation de qualité, y compris l’accès à l’éducation gratuite, obligatoire et universelle jusqu’à la fin du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. 

Dans le cadre des dispositifs nationaux, il a cité la mise en place d’un plan d’action pour la prévention et l’élimination du travail des enfants qui contient une liste des travaux considérés comme dangereux pour les enfants et les adolescents, ainsi que des mécanismes de surveillance et de responsabilisation.  Un comité national de lutte contre la violence et l’exploitation sexuelles des enfants et des adolescents a été créé, et le pays est également doté de mesures visant, entre autres, la santé maternelle et infantile.

Pour compléter l’effort national, la contribution de la coopération internationale et des partenaires reste importante et devrait, a-t-il conclu, continuer à tenir compte des contraintes de Cabo Verde liées à son statut de petit État insulaire en développement. 

M. SVEN ALKALAJ (Bosnie-Herzégovine) a indiqué que son pays, un des premiers signataires du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, attache une importance particulière à cette question, notamment au sort des enfants laissés pour compte.  De même, son pays encourage la campagne « Des enfants, pas des soldats » initiée par la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé

M. Alkalaj a ensuite indiqué que son pays met l’accent sur la promotion de l’éducation préscolaire, se félicitant de l’augmentation significative du taux de scolarisation des enfants âgés de 5 ans qui est passé de 31%, en 2011-2012, à près de 60% en 2018.  Le Gouvernement promeut également le droit pour les enfants de vivre dans un environnement familial, a-t-il dit, citant la campagne de promotion de la famille #EveryChildNeedsAFamily, lancée en 2017 en partenariat avec l’Union européenne et l’UNICEF. 

À cet égard, il a salué la stratégie de l’UNICEF qui vise à ne laisser aucun enfant de côté et d’atteindre les enfants les plus marginalisés.

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a estimé que la cible 16.2 des objectifs de développement durable (ODD), qui vise à mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants, doit imprimer un nouvel élan pour la réalisation du droit de chaque enfant à vivre libre de toute crainte, négligence, abus ou exploitation.  À cet égard, a-t-il dit, les engagements pris par l’Afrique en la matière ont permis au continent de faire un grand pas en avant grâce notamment à des plans d’action nationaux, mis en œuvre, a-t-il concédé, par un nombre encore limité de pays. 

Malgré ces efforts, la promotion et la protection des droits des enfants ne sont pas encore intégrées dans certains pays, dont le Lesotho, a admis le représentant.  Une évaluation récente du Ministère de la santé sur les enfants vulnérables au Lesotho a ainsi fait apparaître que 13 919 filles n’étaient inscrites dans aucune école et que 1 742 d’entre elles étaient mariées.  Pour le délégué, ces « chiffres choquants » montrent que les défis sont considérables.  C’est pourquoi le Gouvernement du Lesotho a pris des mesures législatives et administratives, parmi lesquelles la loi sur le mariage de 1974, qui fixe à 21 ans l’âge minimum des unions; la loi de protection de l’enfance de 2011 et la législation sur le bien-être de 2014.  En outre, afin de s’assurer que l’intérêt supérieur de l’enfant est respecté, le pays a adopté en 2010 une loi sur l’éducation qui rend l’enseignement obligatoire pour tous les enfants.  Enfin, a indiqué le représentant, le Lesotho a lancé en 2017 une campagne visant à mettre fin au mariage des enfants, dans le cadre du mandat de l’Union africaine sur cette question. 

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a appelé à appréhender les défis restants et continuer à travailler pour protéger les enfants.  « Ils sont la catégorie la plus vulnérable mais aussi les acteurs de l’avenir », a-t-elle déclaré.

La représentante a ensuite indiqué que les droits des enfants sont prescrits dans la Constitution marocaine.  Le Maroc a également actualisé son cadre institutionnel et législatif pour le mettre en conformité avec les instruments internationaux.

Mme Moutchou a aussi cité la création d’un mécanisme national pour la surveillance des droits des enfants au sein du Conseil des droits de l’homme.  Le Maroc a également lancé, en novembre 2018, la campagne panafricaine « Pour des villes africaines sans enfants en situations de rue ».

Mme BINTA JENG (Gambie) a attiré l’attention sur les progrès enregistrés par son pays contre les pratiques traditionnelles néfastes.  Elle a cité les lois de 2015 et 2016 contre le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines.  La première loi ne bannit pas seulement le mariage, mais elle prévoit aussi l’aide technique et logistique de plusieurs parties prenantes locales, dont la police.  Le Gouvernement a aussi lancé une stratégie pour la protection de l’enfance et une politique de sécurité sociale qui porte essentiellement sur la réduction de la pauvreté et des vulnérabilités.  La représentante a sollicité « l’indulgence et l’assistance » des partenaires au développement, en particulier pour appuyer les communautés et les secteurs de la santé et de l’éducation, figurant en bonne place dans le Plan national de développement. 

Malgré les progrès, a reconnu la représentante, la Gambie connaît toujours les phénomènes du travail des enfants et des enfants mendiants.  Les lois adoptées n’ont pas empêché les enfants de travailler dans les fermes, les exploitations forestières, la maçonnerie ou la vente de nourriture dans la rue.  Les enfants qui ne travaillent pas sont envoyés dans les écoles coraniques où on les force à mendier dans la rue et à s’exposer à toutes sortes d’abus et à la traite des personnes.  L’accès des enfants gambiens à la nourriture, à l’eau potable, aux vêtements, aux abris, aux soins et à l’éducation reste un problème, s’est désolée la représentante. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a rappelé que la Journée internationale de la fille était célébrée ce jour, y voyant l’occasion de faire le point sur les réalisations accomplies dans le domaine de leurs droits.  Pour le Gouvernement d’El Salvador, a-t-elle souligné, la promotion et la protection des droits des enfants et des adolescents sont une priorité, comme en témoignent la ratification par le pays de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1990 et l’adoption de réformes de son droit interne pour l’adapter aux instruments internationaux. 

El Salvador compte 6,5 millions d’habitants, dont 2 millions sont des enfants et des adolescents, a indiqué la représentante, ajoutant que la petite enfance représente la moitié de la population.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, le Gouvernement s’est attelé à une politique intégrale sur la question afin de suivre le développement des enfants depuis leur naissance et à toutes les étapes de leur croissance.  Il prévoit pour cela de travailler de façon coordonnée et interinstitutionnelle, par le biais d’un « cabinet de la petite enfance », dont la première dame du pays coordonnera les travaux.  Pour mettre en œuvre cette initiative, El Salvador est accompagné par plusieurs partenaires internationaux et espère obtenir l’appui du système onusien.  Son objectif est ainsi d’atteindre la cible 4.2 du Programme 2030, a-t-elle précisé, ajoutant que le pays tablait également sur un programme de développement infantile par le truchement du sport.  Dans ce cadre, 262 écoles de football seront prochainement créées dans 262 municipalités du pays. 

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a jugé inacceptable que le nombre d’enfants tués ou mutilés dans le contexte de conflits armés ait augmenté.  L’Azerbaïdjan regrette que les principes de base du droit international humanitaire et des droits de l’homme soient ignorés par certains acteurs étatiques, « y compris dans notre région », a-t-elle affirmé.

Mme Mehdiyeva a ensuite présenté quelques réalisations et résultats de son pays.  Elle a notamment indiqué que durant l’année 2018-2019, 75% des enfants de moins de 5 ans étaient inscrits dans des écoles maternelles.  Elle a aussi précisé que les enfants avec des besoins spéciaux, réfugiés et déplacés internes ont droit à une éducation gratuite dans toute école d’État ou université, ainsi qu’à des soins médicaux gratuits.  L’année dernière, plus de 80 projets, visant à fournir un appui aux familles à faibles revenus et aux enfants handicapés, ont été menés, permettant à plus de 5 000 enfants d’en bénéficier.  Des centres de soins ont ainsi été construits dans 13 régions, et des centres de réhabilitation pour les enfants handicapés ont été ouverts dans 22 régions. 

Avant de céder la parole à l’Éthiopie, le Président de la Troisième Commission a félicité la délégation pour l’attribution du prix Nobel de la paix à M. Abiy Ahmed, le Premier Ministre éthiopien.

M. YALELET GETACHEW (Éthiopie) a indiqué que la protection des droits de l’enfant est inscrite dans la Constitution éthiopienne qui reconnaît le droit à l’éducation, à la santé, ou encore à la protection contre les traitements cruels et inhumains, y compris dans les écoles et institutions.

Il a expliqué que son pays travaille notamment à réduire la mortalité infantile, à assurer un accès à l’eau potable et à des aliments nutritifs, ou encore à protéger les enfants des violences et du mariage forcé.  L’Éthiopie s’est notamment dotée de neuf guichets uniques pour assurer la sûreté des victimes de violences sexuelles et psychologiques.

En ce qui concerne les enfants handicapés, a poursuivi le représentant, l’Éthiopie œuvre pour leur permettre de vivre en toute dignité, libres de discrimination.  Parmi les efforts de sensibilisation du grand public, il a cité la traduction, en cinq langues, de la Convention pour les personnes handicapées.

L’Éthiopie a aussi pris des mesures ambitieuses pour remédier aux problèmes liés à la nutrition, comme le retard de croissance.  Par ailleurs, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a diminué depuis 2014, s’est félicité M. Getachew.

Mme UTHAIWAN (Thaïlande) a indiqué qu’en tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses protocoles facultatifs, la Thaïlande a élaboré des stratégies nationales de prévention et de riposte aux violences contre les enfants et les jeunes.  Le pays a en outre adopté une stratégie nationale qui vise à protéger les enfants et les jeunes dans leur utilisation des médias en ligne, notamment face au danger que représente la cybercriminalité.  La déléguée a par ailleurs fait état d’un programme de soutien à la nutrition qui vise à permettre un meilleur développement de la santé physique et mentale des enfants.  Le pays a aussi adopté une loi nationale sur la promotion du développement des enfants et des jeunes, qui a pour objectif d’encourager leur participation à la vie sociale.  Enfin, dans le cadre de son plan de couverture sanitaire universelle, la Thaïlande a éliminé la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant et propose des services allant des soins prénataux aux vaccins.  Un effort est également fait en direction des enfants défavorisés, notamment les enfants migrants, avec un enregistrement des naissances et un accès gratuit aux services de base. 

Mme VERONIKA TARADAI (Ukraine) a indiqué que son pays s’est doté d’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant pour la période allant jusqu’à 2021.  Elle a aussi expliqué que son pays fournit des efforts particuliers pour promouvoir les droits des enfants dans l’environnement numérique.  Ce mois-ci, l’observation de la Semaine contre le cyber-harcèlement mettra l’accent sur la protection des enfants, a-t-elle indiqué.

La représentante a ensuite dénoncé le fait que les enfants ukrainiens continuent de souffrir des conséquences de l’agression russe.  Citant l’UNICEF, elle a indiqué que l’escalade des hostilités dans le Donbass menace l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 3,2 millions de personnes, dont 500 000 enfants.  De plus, a-t-elle poursuivi, de larges zones des régions de Donetsk et de Louhansk sont contaminées par des restes d’explosifs, et 119 enfants sont devenus victimes de mines terrestres depuis 2014. 

Mme Taradai a aussi condamné le fait que des écoles auraient été bombardées par l’armée russe et des groupes armés illégaux prorusses.  L’Ukraine a également dénoncé l’enrôlement d’enfants par « l’administration d’occupation russe dans la zone temporairement occupée de Crimée » dans les activités d’« Unarmia », un mouvement paramilitaire dont l’un des objectifs, a-t-elle affirmé, est de préparer les jeunes à la conscription.  « Les enfants restent des enfants, pas des soldats », a souligné la représentante ukrainienne. 

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a indiqué que son pays a promulgué des législations et adopté des politiques qui garantissent la protection des enfants contre toutes les formes de violence et d’abus, ainsi que pour améliorer leur bien-être général.  Il a précisé que les stratégies adoptées améliorent l’application de la justice juvénile, s’attaquent au trafic des êtres humains et la violence fondée sur le genre, et préviennent par ailleurs les grossesses et les mariages précoces.

La Sierra Leone a également entrepris une transformation d’institutions clefs comme le Ministère du bien-être social, du genre et des enfants.  En 2019, la loi contre les offenses sexuelles a été amendée pour prévoir la punition des auteurs de viols et autres offenses sexuelles.  En matière d’éducation, a poursuivi M. Kabba, la Sierra Leone a introduit un programme d’éducation gratuite de qualité pour chaque enfant du niveau primaire jusqu’au secondaire. 

M. JOËL DJIGUEMDE (Burkina Faso) a indiqué que 54% de sa population est composée d’enfants.  Son pays a consenti d’énormes efforts qui ont permis une augmentation du taux de scolarisation au primaire, qui est passé de 77% en 2010-2011 à 90,7% en 2017-2018.  Au niveau du secondaire, la politique sectorielle de l’éducation et de la formation professionnelle a favorisé l’accroissement du taux de scolarisation de 29,7% en 2010 à 52% en 2018.  De plus, le Burkina Faso compte plus de 1 000 centres de formation pour adolescents.  Plusieurs autres actions ont été menées afin de permettre aux enfants affectés par les crises liées aux attaques de groupes armés de pouvoir bénéficier de sessions spéciales et de rattraper l’année scolaire, a expliqué le représentant du Burkina Faso.

Les enfants participent aussi à des programmes de sensibilisation aux changements climatiques, à l’environnement, à l’hygiène et à l’assainissement de leur cadre de vie.  En matière d’inclusion, des actions ont été menées pour réduire les inégalités sociales et promouvoir la solidarité nationale en faveur de l’enfance, tels qu’un projet de transferts monétaires aux ménages vulnérables des zones rurales; la prise en charge intégrée des orphelins et autres enfants vulnérables; et le retrait, la réhabilitation et la réinsertion des enfants et jeunes en situation de rue. 

De plus, a poursuivi le représentant burkinabé, l’adoption de plusieurs textes a favorisé le renforcement de la participation et de l’expression des enfants.  Des « focus groupes » ont été organisés avec les 13 bureaux régionaux du parlement des enfants afin de prendre en compte leurs points de vue dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie nationale de protection de l’enfant.

Cependant, a souligné M. Djiguemde, les défis sont toujours nombreux en raison notamment de l’insuffisance des ressources et de la persistance des pratiques traditionnelles néfastes telles que le mariage précoce et/ou forcé des enfants, les mutilations génitales féminines et le travail des enfants. 

Mme RAHMA KHALFAN SALIM RASHID AL ABRI (Oman) a rappelé que son pays a souscrit à la Convention en 1996 et créé un comité de suivi en 2011.  Le Sultanat d’Oman accorde une importance particulière à l’enfance car il est convaincu qu’elle constitue la base du développement durable, a-t-elle fait valoir.  Selon la déléguée, l’enfant a le droit de vivre dignement pour « se développer à la fois mentalement et physiquement comme il se doit ».  Le Sultanat s’emploie à cet égard à prohiber toutes les formes de discrimination à l’encontre des enfants ainsi que les pratiques néfastes.  Il a ainsi interdit le mariage précoce ou forcé et veille à prévenir les violations et les cas d’exploitation grâce aux programmes mis en place par le Comité de suivi.  Jusqu’au premier trimestre de cette année, 35 000 personnes ont pu bénéficier de ces programmes, a-t-elle indiqué, assurant en outre que son pays offre aux enfants des soins de santé.  De plus, il donne aux enfants la possibilité de suivre une scolarité gratuite, laquelle est obligatoire jusqu’à la seconde.  La représentante a également fait état d’une loi sur les crèches, dont peuvent bénéficier les ressortissants arabes et occidentaux.  Dans le même ordre d’idées, elle a indiqué que le Ministère de l’éducation omanais avait ouvert des classes dans les régions reculées du pays afin de permettre à tous les enfants de bénéficier d’une éducation scolaire et préscolaire. 

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a indiqué que l’intérêt supérieur de l’enfant est ancré dans la culture de l’Érythrée, et en veut pour preuve le proverbe érythréen « les enfants sont notre futur ».

Elle a expliqué que son gouvernement axe son action sur l’accès à l’éducation et la lutte contre les mariages d’enfants, ou encore les mutilations génitales féminines.  Des comités consacrés au bien-être des enfants ont été créés.  Concernant la malnutrition, « véritable problématique », l’Érythrée a fait beaucoup d’efforts, notamment à travers un comité ad hoc pour l’amélioration de l’alimentation des enfants.  Les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants sont interdits par la loi, et des programmes de sensibilisation ont eu des résultats positifs en la matière, a-t-elle fait savoir.

La représentante a également indiqué que l’Érythrée est parvenue à un taux de 97% de couverture vaccinale.  Par ailleurs, les enfants handicapés ont accès à l’éducation, et des programmes de formation ont été élaborés pour renforcer les capacités des enseignants.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a rappelé que son pays coordonne les travaux du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) pour la résolution annuelle sur les droits de l’enfant.  Il a souhaité à cet égard que le texte obtienne le soutien unanime de l’Assemblée générale.  Le représentant a par ailleurs appelé à la ratification universelle de la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Il a jugé indispensable que les États tiennent compte de la vulnérabilité des enfants au sein de la société.  C’est du reste l’une des priorités des politiques publiques de l’Uruguay, en particulier de son code sur l’enfance et l’adolescence, qui établit que les jeunes doivent jouir de tous les droits inhérents à la personne humaine, a-t-il indiqué.  Le pays a en outre lancé un plan national 2016-2020 pour la petite enfance et l’adolescence, avec d’excellents résultats grâce à la participation des institutions de l’État, de la société civile, des partis politiques et du système des Nations Unies, a-t-il précisé.  Les politiques du Gouvernement, conjuguées à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), ont également permis d’inverser la tendance négative de la pauvreté observée au début du siècle et d’éradiquer la mortalité infantile, s’est félicité le représentant. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a constaté que nous vivons dans une réalité inconfortable, une situation où des millions d’enfants sont dans une situation vulnérable.  Si nous n’accélérons pas nos progrès, des millions d’enfants pourraient mourir, a-t-il alerté. 

Il a expliqué que le Guatemala est particulièrement vulnérable à la traite des enfants à des fins sexuelles, crime exécrable qui est en train de devenir un fléau dans le pays, notamment en raison de l’intensification des flux migratoires.  La traite a des conséquences dévastatrices, et la communauté internationale doit rester déterminée dans sa lutte, a-t-il insisté. 

M. Lam Padilla s’est par ailleurs inquiété de l’augmentation du nombre d’enfants victimes de conflits et a appelé à prendre cela en compte dans toute stratégie de prévention et de résolution des conflits. 

Mme ABRA ESENAM GUINHOUYA (Togo) a indiqué qu’avec l’aide des partenaires techniques et financiers, le Togo avait déployé des efforts pour assainir le cadre juridique et créer des conditions sanitaires, économiques, culturelles et sociales nécessaires à la protection des droits de l’enfant.  Le Togo a en outre ratifié la quasi-totalité des instruments régionaux et internationaux et a signé plusieurs accords multilatéraux y étant relatifs.

En 2016, une étude a été menée sur l’analyse du système de protection de l’enfant au Togo, a poursuivi Mme Guinhouya.  Au regard des résultats de cette étude, une nouvelle politique nationale du bien-être de l’enfant a été élaborée et est en cours de finalisation. 

La représentante a ensuite indiqué que le Togo poursuit sa politique de gratuité de l’éducation primaire, qui a augmenté le taux de scolarisation, surtout de la jeune fille.  Le Togo compte atteindre une éducation primaire universelle d’ici à 2022.  L’objectif ultime, a-t-elle fait savoir, est de réduire l’analphabétisme.  Par ailleurs, le Togo met en œuvre depuis quelques années un programme de cantine scolaire, qui permet d’offrir au moins un repas par jour aux enfants du préscolaire et du primaire, l’objectif étant d’augmenter le taux de fréquentation et de réussite scolaire.  Enfin, une assurance maladie bénéficie à plus de deux millions d’élèves.

M. GASTON KIMPOLO (Congo) a indiqué que son gouvernement a mis en place un mécanisme de coordination de la protection de l’enfance, ainsi qu’un cadre stratégique pour le renforcement du système national de protection de l’enfance depuis 2015.  La République du Congo s’est également dotée d’une législation nationale en matière de protection et de promotion des droits de l’enfant, a-t-il ajouté, citant notamment le Code de la famille, le Code de la nationalité et le Code du travail fixant l’âge minimum pour travailler.  Il a aussi évoqué une loi portant institution du régime de la famille et de l’enfance en difficulté.

Passant ensuite au cadre général portant protection des droits de l’enfant, le représentant a souligné que tout enfant a droit à une éducation, et que l’enfant ne doit, en aucun cas, être soumis aux traitements cruels, inhumains ou dégradants ou des punitions déshumanisantes portant atteinte à son bien-être physique ou moral.  M. Kimpolo a précisé que des mesures d’application ont été prises dans ce sens.

Par ailleurs, a poursuivi M. Kimpolo, le Congo a fait pour cheval de bataille la lutte contre la xénophobie, la racisme et toute forme de discrimination à l’encontre des enfants migrants.

Le délégué a en outre expliqué que le Gouvernement entend poursuivre son action à travers la vulgarisation des textes portant sur la protection de l’enfant, et en dotant le pays d’un outil de surveillance rapide et fiable fournissant des données sur la santé et la situation des enfants handicapés.  Il a également souligné que la mise en œuvre de la politique nationale de son pays nécessite davantage l’appui des partenaires.

« Nos enfants souffrent », s’est alarmé M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda) qui a cité les problèmes de santé causés par les changements climatiques.  Depuis les vagues de chaleur au froid, en passant par la sécheresse et les tempêtes dévastatrices, les enfants sont les premiers touchés, a-t-il averti, relevant que la vulnérabilité des enfants découle du fait qu’ils sont « trop petits pour faire face.  Trop pauvres pour s’adapter et trop fragiles pour se protéger. »

Il a indiqué que son pays déploie tous les efforts pour garantir les droits de chaque enfant à une éducation et une protection sanitaire qui, a-t-il insisté, ne sont pas des privilèges mais des droits.  Parmi ces mesures, il a notamment cité la protection sociale et la garantie d’un repas à l’école.  Au plan de l’environnement, il a évoqué l’élimination du plastique à usage unique et l’accès à l’eau potable de qualité en plus des énergies renouvelables. 

Mme HELENE INGA STANKIEWICZ VON ERNST (Islande) a passé en revue les différentes mesures mises en œuvre en faveur des droits des enfants avec pour objectif de placer la question de l’enfant et sa famille dans le cadre d’une approche transversale.  Cette action est coordonnée conjointement entre le Ministère chargé des affaires sociales, le Parlement et les municipalités, a-t-elle précisé. 

L’Islande a, en outre, mis en place un centre pour la prévention des violences contre l’enfant ainsi que des services adaptés aux enfants victimes d’abus sexuelle.  Le modèle Barnahus de maison des enfants a été élaboré en Islande au cours des trois dernières décennies pour permettre aux enfants victimes d’abus de recevoir les services thérapeutiques dont ils ont besoin.  Aujourd’hui, s’est-elle félicitée, le modèle Barnahus est présent dans une vingtaine de pays. 

La représentante a ensuite rappelé les récentes manifestations des jeunes à travers le monde pour dénoncer l’inaction des gouvernements face à la question du climat.  Cette solidarité dénote la forte préoccupation de cette tranche d’âge face à une situation créée par les générations passées.  Il est du devoir de ceux au pouvoir d’écouter la voix des enfants, a-t-elle insisté.  Elle a aussi jugé crucial d’intégrer les jeunes aux processus de prise de décisions.

M. MICHAEL M. ESPIRITU, de l’Ordre souverain de Malte, a fait part de son inquiétude face au sort des enfants déplacés et qui représentent plus de la moitié des 65 millions de personnes déplacées dans le monde.  C’est pourquoi, l’Ordre leur fournit une aide continue en Turquie, où la moitié des 2,7 millions de réfugiés sont des enfants.  « Nous disposons d’un orphelinat pour les mineurs non accompagnés, de deux écoles et d’un centre de réhabilitation à Kilis (nord-ouest) au profit d’enfants en situation de handicap. » 

En Iraq, au Liban et dans le nord de la Syrie, « Malteser International » apporte son soutien aux hôpitaux pédiatriques.  En France, l’organisation humanitaire dispense des cours de langue française au profit de 800 enfants pour faciliter leur insertion.  Ailleurs en Amérique centrale et en Afrique, l’Ordre s’active pour les enfants.  À Wau, au Soudan du sud, 3 000 repas sont servis quotidiennement pour les déplacés internes.  L’organisation s’attaque également à la malnutrition, notamment en Ouganda et au Togo, où 60% de la population a moins de 20 ans, en contribuant à travers un soutien nutritionnel.  À Bethlehem, a-t-il poursuivi, l’Ordre aide à la venue au monde de 4 000 bébés par an.  Il s’occupe aussi des communautés bédouines à travers son unité prénatale mobile. 

Mme ANN DEER, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a accueilli l’étude mondiale des Nations Unies sur les enfants privés de liberté comme une initiative importante et susceptible d’améliorer la base des preuves sur la détention des enfants et de renforcer leur protection.  L’étude présente des recommandations essentielles pour améliorer la situation des enfants détenus dans les conflits armés et pour des raisons de sécurité, et réaffirme la nécessité urgente pour les États d’adhérer aux normes applicables du droit international.  L’étude, a insisté la représentante, souligne que les États doivent faire en sorte que les enfants associés auparavant aux forces et aux groupes armés reçoivent une aide adéquate à la réhabilitation et à la réintégration.  Quant aux enfants associés aux groupes « désignés » comme terroristes, ils méritent, a estimé la représentante, une attention spécifique parce qu’ils risquent souvent de souffrir d’une application plus faible des protections juridiques existantes.  Le CICR appelle les États à éviter la mise en œuvre sélective des dispositions du droit relatives aux enfants. 

PROMOTION DES FEMMES

Promotion des femmes (A/74/38A/74/137A/74/224A/74/235)

Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/220, A/74/222)

Suite et fin du débat général

M. SUPACHAI TEERAMUNGCALANON (Thaïlande) a indiqué que la Constitution thaïlandaise exige un processus budgétaire soucieux de l’égalité des genres.  Entre-temps, la loi de 2015 sur l’égalité des sexes a été appliquée pour protéger les femmes, y compris les LGBTI.  L’objectif de développement durable sur l’égalité des genres a été intégré dans la Stratégie de développement des femmes 2017-2021 qui sert de ligne directrice pour promouvoir le statut des femmes conformément aux normes internationales.  Les femmes représentent aujourd’hui plus de 64% de la population active thaïlandaise.  En Thaïlande, elles obtiennent de bons résultats dans les entreprises et dans le monde, elles occupent un rang impressionnant.  Les femmes forment 40% des chefs d’entreprise et 34% des directeurs financiers.  La Thaïlande se classe d’ailleurs au premier rang de l’inscription des filles dans l’enseignement supérieur avec 1,41 femme pour 1 garçon.  À l’issue des élections générales de 2019, 81 femmes ont été élues dans un Parlement de 500 membres, ce qui est le double du scrutin de 2011. 

Mme AL-WAHAIBI (Oman) a indiqué que la Constitution de son pays établit l’égalité entre hommes et femmes et que ces dernières ont accès au travail et à l’éducation.

Les femmes omanaises peuvent travailler aussi bien à l’étranger que dans leur pays où, a-t-elle affirmé, elles ont accès aux meilleurs postes.  Les femmes représentent 41% des fonctionnaires, et occupent 21% des postes administratifs.

À Oman, les femmes jouissent également du droit à la propriété.  Elles peuvent obtenir des terrains et ont des droits fonciers.  Elles peuvent également se porter candidates et voter, au même titre que les hommes.  Grace à cette politique, beaucoup de femmes sont devenues diplomates, ambassadrices, ou encore ministres, s’est félicité Mme Al-Wahaibi. 

Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a déclaré que son gouvernement s’attachait à lutter contre les inégalités de genre, en faisant la promotion de l’autonomisation économique et politique des femmes et en luttant contre la violence à l’égard des femmes et des filles.  En plus de s’être doté d’un arsenal juridique adapté en la matière, a-t-elle ajouté, le pays a adopté en début d’année un « programme de mise en œuvre du plan d’action pour réaliser l’égalité de genre 2019-2020 ».

Par ailleurs, la représentante a indiqué que l’adoption d’une loi établissant un quota obligatoire de 30% de candidates au sein des listes électorales avait contribué à augmenter la participation des femmes dans les parlements locaux et au niveau national.  En outre, le pays a l’intention de faire passer le quota actuel à 40% d’ici à 2020, a-t-elle ajouté.

Sur le plan professionnel, la représentante a cité les efforts des autorités du Monténégro pour lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes.  Elle a également précisé que les femmes du pays avaient droit à un an de congé de maternité.  Pour lutter, enfin, contre la violence à l’égard des femmes, la représentante a indiqué que son gouvernement envisageait de modifier prochainement le Code pénal du pays.

M. NKOPANE MONAYENE (Lesotho) a qualifié la Déclaration de Beijing de « document majeur » pour la promotion de la femme.  C’est un outil puissant pour l’autonomisation de la femme, l’égalité des genres, le développement durable, la paix et les droits de l’homme.  Depuis l’adoption du Programme d’action, des avancées majeures ont été enregistrées au Lesotho, a affirmé le représentant.  Il s’est particulièrement félicité de ce que son gouvernement soit très actif dans la réalisation de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à l’égalité des genres.  Ainsi, plusieurs mesures législatives et administratives pragmatiques ont été mises en place, permettant par exemple un accroissement de la représentativité des femmes dans la fonction publique. 

Pour autant, des défis demeurent, a reconnu le représentant, en citant les facteurs culturels et religieux.  Le Lesotho et sa société patriarcale font que l’économie et l’accès à la propriété sont dominés par les hommes, créant de fait un terreau pour la violence domestique, sexuelle ou même émotionnelle.  Afin de corriger cette situation, le Gouvernement a adopté, en 2006, la loi sur la capacité juridique des personnes mariées qui a pour objectif de lever le statut de minorité juridique des femmes et de les autonomiser pour leur garantir un égal accès aux ressources.  Le Gouvernement a également adopté, en 2010, une loi visant à garantir les droits des femmes à la propriété et à lever les entraves dans ce domaine, a ajouté le représentant. 

Mme BERTRAND (France) a exprimé la détermination de son pays à éliminer les inégalités qui persistent entre femmes et hommes.  Pour répondre à cet enjeu, la France s’est dotée en 2018 d’une stratégie internationale, a indiqué la représentante, rappelant que Paris a promu l’universalisation de la Convention d’Istanbul contre les violences à l’égard des femmes au Conseil de l’Europe et soutenu l’adoption d’une déclaration sur l’égalité femmes-hommes au G7.  Elle n’en restera pas là, a assuré la déléguée, estimant que ce combat doit reposer sur trois principes d’action: « émanciper, protéger et assurer une égalité réelle ».  C’est pour cela que la France a décidé d’accueillir en 2020 le Forum Génération Égalité, organisé en coprésidence avec le Mexique et sous l’égide d’ONU-Femmes.  Enfin, la représentante a appelé à la mobilisation de toutes et tous pour protéger les droits et la santé sexuels et reproductifs, faciliter l’accès à la propriété, favoriser l’éducation des femmes et des filles, encourager leur accès à la nouvelle économie numérique et prendre en compte leur rôle dans la transition écologique. 

M. PAUL BERESFORD-HILL, de l’Ordre souverain de Malte, a souligné que l’éducation des filles est indispensable pour autonomiser les femmes.  Il a ensuite indiqué que l’Ordre avait recruté des ambassadeurs pour combattre la traite.  Au Nigéria, un centre a été ouvert pour réintégrer les femmes victimes de prostitution, de traite et de violence sexuelle.  En République démocratique du Congo (RDC), sept foyers sûrs ont été créés pour les victimes de violence et de viols, avec accès à des médicaments pour réduire le risque de contracter le VIH/sida.  Un hôtel a été créé en Inde pour dispenser une éducation secondaire à des jeunes filles victimes de violences. 

M. MATTHIEU COGNAC, Organisation internationale du Travail (OIT), a fait observer que 24 ans après la Conférence de Beijing, le résultat n’est pas celui qu’avaient escompté les responsables d’alors.  Si davantage de femmes travaillent, elles occupent néanmoins des postes subalternes et atteignent rarement le haut de l’échelle.  Le chômage mondial continue de frapper 5,4% d’entre elles, contre 4,7% d’hommes et, dans le travail, elles sont confrontées à la discrimination, souvent à la violence et au harcèlement.

Les engagements de Beijing ne seront pas tenus si la violence persiste sur les lieux de travail, a-t-il mis en garde.  Violences et harcèlements sont inacceptables car ils recouvrent toutes les pratiques « qui ont pour but de causer, causent ou sont susceptibles de causer un dommage d’ordre physique, psychologique, sexuel ou économique ».  Le représentant a dénoncé les abus physiques et verbaux, le harcèlement sous toutes ses formes, les menaces et la violence domestique.  Ces comportements vont au moins être reconnus pour la première fois comme des violations des droits de l’homme grâce à un traité international.  La Convention 190 de l’OIT interdira la violence et le harcèlement au travail, grâce à des politiques précises et à des mécanismes de surveillance.  Les États pourront sanctionner les auteurs et soutenir les victimes.  Plusieurs pays s’apprêtent déjà à ratifier la Convention 190, a-t-il conclu, en engageant les autres États à faire de même.

Mme ELLIOTT, s’exprimant au nom des agences de l’ONU basées à Rome, c’est-à-dire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que l’autonomisation de la femme était fondamentale à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), dont ceux concernant l’éradication de la faim et de la malnutrition.  Elle s’est inquiétée de la hausse des taux mesurant la faim dans le monde, notant que celle-ci est aggravée par les conflits et les changements climatiques.  Les chiffres montrent qu’aujourd’hui, plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et que la prévalence de l’insécurité alimentaire est plus prégnante chez les femmes que chez les hommes, avec des différences significatives en Amérique latine, a-t-elle indiqué. 

Du point de vue de ces agences, a poursuivi la représentante, la faim ne pourra être éradiquée sans un égal accès de tous aux opportunités, aux ressources et aux processus de décision.  Cela est d’autant plus important que les femmes représentent 50% de la force de travail du milieu agricole dans les pays en développement, tout en étant soumises à nombre de discriminations et d’exclusions systématiques.  Par ailleurs, une étude menée dans 188 pays entre 1989 et 2011 montre que les conflits, les catastrophes naturelles et les mauvaises récoltes réduisent davantage l’espérance de vie des femmes que celle des hommes. 

Pour toutes ces raisons, la FAO, le FIDA et le PAM estiment qu’il faut investir dans les approches qui traitent des comportements socioculturels qui sont sources d’inégalités entre les genres, ainsi que des causes et conséquences de la faim et de la malnutrition.  C’est cette approche que les trois agences, avec l’appui du Gouvernement de la Norvège, appliquent dans sept pays, notamment avec un programme d’autonomisation à l’intention des femmes vivant en milieu rural.  À ce jour, ce programme a touché 61 000 femmes, leur permettant d’accroître leur productivité agricole, nourrir leurs familles et accéder aux crédits afin de créer leurs propres entreprises, a fait savoir Mme Elliott.

M. KIERAN WILLIAM GORMAN-BEST, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué que les femmes représentant près de 50% des migrants dans le monde.  Étant donné qu’elles prennent souvent les décisions économiques au sein de leurs familles et communautés, les femmes sont en train de devenir des acteurs clefs du phénomène migratoire.  Cependant, les femmes et les filles en déplacement font face à un risque accru d’être victimes de violence et de tomber aux mains de trafiquants.  Elles représentent d’ailleurs les trois quarts des victimes de la traite.  Le représentant a donc jugé crucial que le travail avec les gouvernements et la société civile s’intensifie afin de mieux identifier et protéger les victimes de la traite. 

Dans ce cadre, l’OIM collabore avec des partenaires gouvernementaux et des ONG pour fournir des logements sûrs, des soins médicaux et psychosociaux, une assistance juridique ainsi qu’une aide au retour volontaire et à la réinsertion.  Depuis le milieu des années 1990, elle a ainsi apporté une aide à plus de 100 000 victimes de la traite, dont la moitié était des femmes et près du quart des filles. 

En deuxième lieu, a-t-il poursuivi, il importe d’améliorer la qualité des données relatives à la migration associée au genre afin de promouvoir l’égalité entre les sexes et offrir des opportunités aux groupes défavorisés.  À cette fin, l’OIM a lancé en 2017 une plateforme d’échange de données sur la traite des personnes, en partenariat avec les ONG Polaris et Liberty Shared.  Cet outil est le premier portail mondial dédié au trafic des êtres humains et bénéficie de contributions provenant d’organisations du monde entier, a souligné le représentant. 

Enfin, M. Gorman-Best s’est prononcé pour une mobilisation des consommateurs et du secteur privé pour prévenir la survenue de cas d’exploitation.  Afin de renforcer les capacités des entreprises à protéger le travail et les droits des migrants, l’OIM a notamment publié des « lignes directrices relatives aux mesures de réparation pour les victimes d’exploitation dans les chaînes d’approvisionnement en minerais étendues », sur la base des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. 

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Droits des peuples autochtones (A/74/149)

Suite donnée au document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, dite Conférence mondiale sur les peuples autochtones

Déclaration liminaire

Mme VICTORIA TAULI-CORPUZ, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, a consacré son dernier rapport thématique à l’analyse de la reconnaissance et de l’exercice du droit des peuples autochtones à l’autodétermination.

Elle a estimé que la reconnaissance de ce droit avait eu un impact positif et transformateur sur le droit international, de même que lorsqu’il est mis en œuvre au niveau national.  Cela permet, a-t-elle expliqué, de déboucher sur des « résultats constructifs » en termes de respect des droits de l’homme, de créer un remède pour le racisme, la discrimination et l’inégalité, ainsi que des sociétés plus ouvertes, tout en renforçant la légitimité de l’État. 

Pour elle, la pleine mise en œuvre du droit des peuples autochtones à l’autodétermination est au cœur des politiques de réparation des violations passées et continues des droits de l’homme et constitue, en outre, le fondement même de la réconciliation.

Elle a expliqué que son rapport repose sur l’examen de plusieurs scénarios.  Parmi ceux-ci, elle a cité les pays sans reconnaissance des peuples autochtones, des États ayant des relations historiques et contemporaines avec les peuples autochtones, les peuples autochtones vivant isolés, les processus de construction de la nation sur la base de la plurinationalité, ou les cas de reconnaissance de certains aspects du droit à l’autonomie.

Toutes les étapes à suivre par les États en termes de réalisation de ces droits ont du mérite et doivent être poursuivies, a-t-elle estimé.  Néanmoins, dans la plupart des cas, les arrangements existants n’ont pas abouti au plein respect de ces droits.  Ainsi, les peuples autochtones ne peuvent généralement exercer qu’une « autodétermination fragmentée ». 

La jouissance adéquate des droits à l’autodétermination et à l’autonomie ne peut être obtenue que par la pleine reconnaissance des droits des peuples autochtones sur leurs terres, territoires et ressources naturelles, a souligné la Rapporteuse.  Et elle passe également par le maintien et le développement de leurs propres institutions gouvernementales et leur moyen de financer ces fonctions autonomes. 

Le droit des peuples autochtones à l’autodétermination est essentiel à leur dignité et à leur survie en tant que peuples distincts, a-t-elle insisté.  Mais ce droit est également important pour les États eux-mêmes.  Dès lors, les efforts devraient se concentrer sur la façon dont les États et les peuples autochtones peuvent aller de l’avant vers son accomplissement.  Cela exige l’établissement d’un véritable dialogue interculturel, qui tienne compte des propres concepts d’autonomie des peuples autochtones, a-t-elle expliqué.

Mme Tauli-Corpuz a appelé à accorder une attention particulière à l’interprétation que les peuples autochtones se font eux-mêmes de ce droit ainsi qu’à leurs propres initiatives pour le réaliser, « ce qui est rarement le cas ».  Au contraire, a-t-elle fait valoir, l’interprétation que font les peuples autochtones de ce droit devrait être le point de départ de l’élaboration et de l’adoption des mesures nécessaires à leur mise en œuvre. 

Pour qu’un dialogue soit fructueux, il faut construire une confiance mutuelle, a poursuivi la Rapporteuse spéciale qui a jugé nécessaire de modifier l’approche des États à l’égard des revendications autochtones.  Ces questions devraient être considérées comme des questions de justice et de droits de l’homme qui, si elles sont résolues, entraîneraient des avantages pour l’ensemble du pays, a-t-elle insisté. 

Elle a également prévenu que l’accomplissement des droits des peuples autochtones ne doit pas être présenté comme un coût.  Une telle position éloigne les peuples autochtones de l’État et promeut la notion au sein de la société dans son ensemble que ces derniers réclament des privilèges injustifiés.  Elle n’est pas non plus propice à l’esprit de partenariat souligné par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle estimé.  C’est la Déclaration elle-même, en tant que cadre consensuel, qui fournit la meilleure base pour entamer ou poursuivre un dialogue interculturel sur la manière de mettre en œuvre les droits des peuples autochtones dans un environnement de coopération réciproque, a rappelé la Rapporteuse spéciale.

Mme Tauli-Corpuz a rappelé que les États, les peuples autochtones et les sociétés en général partagent des objectifs communs pour répondre aux défis en matière de droits de l’homme, de durabilité et de l’environnement auxquels le monde est confronté aujourd’hui.  Afin de contribuer aux solutions nécessaires, les peuples autochtones devraient être en mesure de contrôler leur propre avenir par l’exercice de leur droit à l’autodétermination, a-t-elle insisté.

Dans son intervention, la Rapporteuse spéciale a également fait référence à son rapport thématique présenté au Conseil des droits de l’homme en septembre (A/HRC/42/37), dans lequel elle a examiné l’accès des peuples autochtones à la justice, et analysé l’interaction et l’harmonisation existant entre les systèmes de justice ordinaires et autochtones et les possibilités offertes par le pluralisme juridique. 

Elle a estimé qu’un accès effectif à la justice pour les peuples autochtones implique l’accès à la fois au système juridique de l’État et à leurs propres systèmes judiciaires.  La reconnaissance des systèmes de justice des peuples autochtones est donc essentielle pour garantir leur droit de maintenir leur autonomie, leurs coutumes et leurs traditions, a-t-elle affirmé. 

Mme Tauli-Corpuz a recommandé aux États, aux Nations Unies et aux autres parties prenantes d’appuyer les peuples autochtones dans leurs efforts visant à obtenir la reconnaissance de leurs systèmes de justice, et ce, en droite ligne de l’objectif 16 du développement durable, qui est d’atteindre la justice pour tous.

Elle a, par ailleurs, informé les États Membres sur ses visites officielles effectuées l’année dernière en Équateur (novembre 2018) et au Timor-Leste (avril 2019) et de sa prochaine visite, la semaine prochaine, au « Congo-Brazzaville ».  Elle a confié avoir été également invitée à se rendre en Namibie, au Danemark/Groënland et au Vanuatu, tout en précisant qu’elle ne pourrait effectuer qu’un seul voyage en raison de l’expiration de son mandat l’année prochaine.  

Pour finir, elle a réitéré l’importance de veiller à ce que son mandat continue de participer aux forums internationaux pertinents de dialogue et de politiques liés à la réalisation de l’Accord de Paris et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Dialogue avec la Rapporteuse spéciale

Les États-Unis ont indiqué que les tribus amérindiennes ont le droit de s’administrer elles-mêmes et ont voulu savoir comment améliorer le processus de prise de décisions à leur égard.

Le Mexique a fait part de son intention d’adopter de nouvelles mesures en faveur des peuples autochtones.

L’Union européenne a fait part de son engagement à lutter contre les discriminations dont sont victimes les peuples autochtones et a précisé avoir mis en place des arrangements dans les États nordiques. 

Le Guatemala a fait observer que le mandat de la Rapporteuse spéciale permet aux États de se doter d’outils, notamment pour améliorer leur cadre juridique. 

La Namibie a dit avoir pris des mesures face à la perte des terres et des ressources autochtones.  Elle a également souhaité obtenir des précisions sur la définition des droits sur les terres ancestrales, leur restitution.  Quelles mesures d’atténuation appropriées prévoir?

Le Canada a expliqué qu’il continue de négocier des accords d’auto-administration avec les représentants autochtones, avec des résultats encourageants.  La délégation a ensuite voulu savoir quelles mesures prendre pour faire évoluer les mentalités afin que les droits des peuples autochtones ne soient plus considérés comme une menace pour les États.

L’Australie a souligné que les femmes autochtones jouent un rôle clef dans leurs communautés, et qu’il est donc essentiel de travailler avec elles.  Existe-t-il des exemples innovants ou des bonnes pratiques en ce qui concerne les femmes autochtones leaders?

Pour Cuba, le droit à l’autodétermination, à l’autonomie et à l’auto-administration devrait être inscrit dans les constitutions.  La délégation a donc souhaité prendre connaissance d’exemples de peuples qui en auraient fait l’expérience.

Le Liechtenstein a soulevé la question des accords de paix avec les peuples autochtones.

En réponse aux questions des États Membres, Mme TAULI-CORPUZ, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, a défendu le soutien à apporter aux peuples autochtones à différents niveaux, à commencer par l’aspect politique.  En effet, a-t-elle insisté, la reconnaissance constitutionnelle est un impératif.  Elle a, à cet égard, cité des expériences positives menées notamment au Mexique.  Dans sa Constitution, ce pays souligne le droit de ces peuples à administrer plusieurs municipalités qui sont considérées comme autonomes.  Cela a posé certains défis au plan juridique, a-t-elle reconnu, mais au final, les peuples autochtones sont parvenus à remporter cette bataille.  Mais le plus important, pour elle, est que les peuples autochtones soient informés des dispositions contenues dans la loi fondamentale et qui leur sont favorables.  Elle a, en outre, encouragé à mettre à leur disposition des moyens financiers et techniques adéquats. 

S’agissant de la question du droit sur les terres ancestrales, elle a rappelé que la délimitation des terres ancestrales a eu lieu dans beaucoup de pays d’Amérique latine et que cela est, en soi, positif.  Quant aux mesures à envisager pour changer les mentalités, elle a encouragé le dialogue interculturel, notamment avec le peuple dominant.  Ce dialogue doit toutefois intervenir dans un esprit de bonne foi, a-t-elle insisté. 

Mme Tauli-Corpuz a ensuite expliqué qu’en matière d’innovation, les femmes sont souvent à l’avant-garde, citant de nouveau le cas de l’Amérique latine où les femmes autochtones sont devenues les dirigeantes de leur communauté.  Elle a fait savoir que lors de ses visites, elle a toujours tenu à rencontrer les femmes séparément.  Souvent, ce sont elles qui mènent la lutte pour l’autodétermination, a-t-elle affirmé.  « Je les ai vu opposer des barricades pour empêcher les engins de destruction. »  Le rôle des femmes est exemplaire, a-t-elle martelé. 

La Rapporteuse spéciale a par ailleurs parlé de la façon dont les forêts sont préservées sur les territoires autochtones, précisant que 80% de la biodiversité se trouve justement sur leurs terres.  Leur droit à l’autodétermination sur ces terres est donc essentiel non seulement pour eux, mais également pour le monde entier, car sa pratique est à même d’atténuer les effets des changements climatiques à l’échelle planétaire, a-t-elle souligné. 

Débat général

M. LUIS GERARDO ELIZONDO BELDEN (Mexique) s’est exprimé au nom du Groupe des Amis des peuples autochtones (Argentine, Australie, Brésil, Bolivie, Canada, Colombie, Danemark, Dominique, Équateur, El Salvador, Espagne, Estonie, Finlande, Guatemala, Mexique, Nicaragua, Norvège, Nouvelle-Zélande, Paraguay et Pérou).  Il a estimé que beaucoup reste à faire étant donné que les peuples autochtones doivent faire face à des vulnérabilités spécifiques, ainsi qu’à la marginalisation et la discrimination. 

Il a rappelé que la communauté internationale est à deux mois de la fin de l’Année internationale des langues autochtones qui a vu l’attention se focaliser sur la préservation urgente et la promotion des langues autochtones.  Rappelant que la préservation de ces langues requiert un effort durable de tous les acteurs, le Groupe des Amis a invité tous les États à soutenir l’initiative visant à proclamer 2022-2032 comme la décennie internationale des langues autochtones.  Le délégué a enfin dit soutenir la prorogation du mandat du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones, qui a pour objectif d’apporter une aide financière à des représentants autochtones afin qu’ils puissent participer aux conférences onusiennes.  Le délégué a également réclamé la restitution des objets cérémoniaux et des restes humains.

Au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), M. LOPEZ (El Salvador) a réitéré son appui au renforcement des mécanismes qui facilitent le dialogue et la réalisation des accords avec les peuples autochtones et ceux d’ascendance africaine dans lesquels leurs organisations et priorités sont prises en compte.  Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, le SICA a pris note des décisions de la dix-neuvième réunion du Conseil des ministres de la culture, de l’éducation et de la coordination culturelle de l’Amérique centrale, qui s’est tenue en avril 2019, au Guatemala, et du Forum de consultation des peuples autochtones et d’ascendance africaine, organisé par les États qui sont membres du Parlement d’Amérique centrale, à Managua, en août 2019.  Avant de terminer, le représentant a souligné la nécessité d’accorder une attention particulière aux droits et aux besoins spécifiques des femmes, des jeunes, des personnes âgées et personnes handicapées autochtones. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a appelé à agir contre les violences commises à l’encontre des peuples autochtones.  Il a ensuite indiqué que l’Union européenne a adopté un plan d’action sur le genre 2016-2020, dont l’un des objectifs est de renforcer l’autonomisation des femmes et filles autochtones et leur participation dans les processus de prise de décisions.  Un autre objectif clef est l’autonomisation économique et sociale, a-t-il ajouté, soulignant que l’éducation en est un élément central.  Or les enfants autochtones, notamment les filles, sont moins inscrits à l’école, s’est-il inquiété.

Tout en reconnaissant la persistance de défis et de lacunes, M. Gonzato s’est félicité des progrès réalisés dans le domaine de la promotion des langues autochtones, grâce à l’Année internationale des langues autochtones qui touche à sa fin, ainsi qu’en matière de participation des représentants et des institutions autochtones aux réunions de l’ONU portant sur les questions qui les concernent.

Il s’est cependant inquiété de la sécurité des défenseurs des droits de l’homme, et des possibles représailles dont pourraient être l’objet les représentants autochtones qui participent aux réunions de l’ONU.

Mme MARIE-LOUISE KOCH WEGTER (Danemark), qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a plaidé pour accroître la participation des peuples autochtones dans les fora et conférences des Nations Unies traitant de leur problématique.  Elle a salué l’initiative du Président de l’Assemblée générale d’organiser des auditions informelles sur cette question et dit attendre avec impatience les prochaines prévues en 2020.

La représentante a, par ailleurs, fait part de la préoccupation des pays nordiques et des États baltes face à l’augmentation des nombreux cas de représailles à l’encontre des défenseurs des droits des peuples autochtones, des représentants assistant aux réunions de l’ONU ainsi que contre les détenteurs de mandats des Nations Unies travaillant en faveur des droits de ces peuples.

Pour finir, elle s’est félicitée des avancées en matière de promotion des langues autochtones.  Le langage étant, à ses yeux, une composante essentielle de l’exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales. 

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a déclaré que, depuis l’adoption, en 2007, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, son pays a mis en place des mesures concertées en faveur de la préservation de la culture et de l’identité des Aïnous.  En juin 2008, a-t-elle rappelé, la Diète, parlement bicaméral du pays, a adopté des résolutions reconnaissant la population aïnoue comme peuple autochtone du Japon.  Le Gouvernement a ensuite reconnu officiellement le peuple aïnou et établi un conseil consultatif pour les politiques aïnoues.  Au sein de cette instance, des représentants du Gouvernement japonais et du peuple aïnou discutent de mesures ayant trait à l’éducation, à la revitalisation culturelle et au développement économique, a précisé la déléguée, faisant notamment état d’un programme éducatif sur la langue aïnoue. 

En complément de ces mesures, a poursuivi la représentante, le Gouvernement a soumis, en février dernier, à la Diète un projet de loi qui vise à promouvoir les communautés et les industries du peuple aïnou ainsi que les échanges nationaux et internationaux auxquels il procède par le biais du tourisme.  Ce texte, qui a été adopté et promulgué en avril, reconnaît pour la première fois le peuple aïnou comme un peuple autochtone qui a vécu dans la partie nord de l’archipel nippon et se donne pour objectif de « réaliser une société qui respecte la fierté des Aïnous ».  Elle prévoit également des autorisations spéciales permettant aux Aïnous d’accéder à des domaines forestiers nationaux et de pêcher le saumon dans des rivières afin de promouvoir leur tradition culturelle.  Le Japon a également entrepris, à Hokkaido, la construction d’un « espace symbolique pour l’harmonie ethnique », qui comprend un musée et un parc dédiés à la cuture aïnoue.  Ce centre, baptisé « Upopoy », ou « chanter en groupe » en langue aïnoue, sera ouvert au public le 24 avril 2020, avant le début des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, a conclu la déléguée japonaise. 

Mme LEA REGINA MACKENZIE (Canada) a indiqué que l’impact négatif des discriminations que subissent les peuples autochtones sape la stabilité politique et les avancées économiques.  Au Canada, les obstacles à la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels continuent d’être plus importants pour les peuples autochtones que pour les non autochtones.  Or, comme pour n’importe quelle autre communauté, la jouissance, par les peuples autochtones, de leur liberté d’expression et d’opinion et de leur droit de participer aux processus de prise de décisions débouche sur de meilleures issues économiques, sociales et culturelles.  Elle a encouragé les États Membres à prendre en considération les droits des peuples autochtones, et à permettre aux voix autochtones d’être entendues.

Mme MANSFIELD (Australie) a indiqué qu’en 2019, son gouvernement avait nommé pour la première fois un membre de la communauté aborigène au poste de Ministre des Australiens autochtones, M. Ken Wyatt.  Après avoir fait part de son appui à la célébration de l’Année internationale des langues autochtones, la représentante a insisté sur l’importance de l’autonomisation économique comme moyen d’assurer la pleine participation des peuples autochtones dans la vie économique et sociale d’un pays.  À cette fin, l’Australie a adopté une politique d’achat qui a permis d’accorder des contrats d’une valeur de plus de 2 milliards de dollars à des entreprises autochtones.  Un accord de partenariat historique a également été conclu entre le Conseil des gouvernements australiens et des représentants autochtones pour établir un conseil conjoint pour combler le fossé, une entité qui vise à formaliser le partage des processus de prise de décisions, la mise en œuvre et le suivi des questions qui touchent les Australiens autochtones.

M. HERNANDEZ, délégué des jeunes autochtones du Mexique, a indiqué qu’un institut national des peuples autochtones et afro-mexicains avait été mis en place au Mexique, en concertation avec ces peuples, dans le but d’engager un processus de consultation sur le train de réformes les concernant.  Il a souligné que la réforme doit être complète et très vaste, et porter notamment sur la situation des femmes et enfants, la question des terres, les normes culturelles, ainsi que la participation, la santé, l’éducation et le développement intégral des peuples autochtones. 

Insistant sur l’importance de protéger le patrimoine autochtone, le délégué a mis en avant les travaux de l’Institut des langues autochtones au Mexique.  Il a toutefois déploré la perte progressive de ce patrimoine linguistique et a apporté son soutien à l’initiative de proclamer une décennie des langues autochtones, qui implique 4 000 langues dans le monde. 

M. MANUEL ANTONIO MADRIZ FORNOS (Nicaragua) a fait valoir le caractère multiethnique de son pays, déclarant que « nous sommes des peuples et une nation ».  Il a expliqué que dans son pays, les langues autochtones sont protégées et que son gouvernement protège la culture de « nos frères » autochtones et afro-descendants.

S’agissant du respect du droit ancestral des populations autochtones, le délégué a précisé qu’au Nicaragua, les peuples autochtones vivent sur 37 841 kilomètres carrés, soit un tiers du territoire national.  Le Gouvernement défend également l’égalité des chances des peuples autochtones au niveau du service public, au Parlement et dans l’exécutif.

Mme CAROLINA GUTIERRÉZ BACCI (Colombie) a constaté que des progrès avaient pu être réalisés depuis l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones.  Elle a indiqué que dans son pays, les droits des peuples autochtones sont consacrés par la Constitution et que le Gouvernement vise à assurer la participation active des « peuples ancestraux » à la construction de la Colombie.  L’objectif, a-t-elle précisé, est de construire une nation « cohérente ». 

Ainsi, a-t-elle poursuivi, le Pacte pour la Colombie, qui s’articule autour de six axes, contient plus de 300 propositions présentées par les communautés consultées, et accorde une attention particulière à la situation des femmes, de la famille et des jeunes.  La justice, la santé et les langues sont d’autres thématiques importantes, a poursuivi Mme Gutierréz Bacci. 

Préoccupée du fait que les langues autochtones sont menacées d’extinction, la Colombie a par ailleurs lancé plusieurs initiatives pour l’enseignement des langues autochtones et la protection de la « réalité socioculturelle » de ces communautés.  Elle a appuyé la proposition de proclamer une décennie des langues autochtones.

M. ROMAN G. KASHAEV (Fédération de Russie) a souligné que son pays a adopté une politique « cohérente » sur la question des peuples autochtones, citant notamment le système mis en place par son gouvernement pour assurer leur développement durable et préserver leur mode de vie traditionnel.  Il a aussi fait mention de quatre projets de loi visant à réglementer la vie quotidienne, lesquels prévoient, notamment, un dédommagement suite à l’exploitation industrielle de leurs terres. 

Le Gouvernement appuie également la participation des peuples autochtones aux processus de prise de décisions dans les organes régionaux et locaux.  Il accorde également un intérêt particulier à la protection des langues autochtones, a indiqué le représentant, qui a précisé que 277 langues et dialectes sont parlés dans son pays et que 36 langues, y compris le russe, font partie des langues officielles de la Fédération de Russie.  La Russie est un des rares pays à avoir pris des mesures concrètes pour promouvoir les langues autochtones, a affirmé M. Kashaev, qui a critiqué la politique des États européens qui, lors de la colonisation, ont œuvré à la marginalisation de certaines langues et certains peuples. 

M. FABIÁN OSWALDO GARCÍA PAZ Y MIÑO (Équateur) a précisé que l’Équateur est un État dans lequel plusieurs nationalités autochtones cohabitent et a rappelé qu’il avait été l’un des principaux promoteurs de la proclamation de l’Année internationale des langues autochtones.  Il a exhorté à continuer de protéger et de donner une nouvelle vie aux « langues ancestrales » pour qu’elles puissent être transmises aux générations futures.

Il a par ailleurs fait part de sa reconnaissance envers les peuples autochtones qui ont exclu de leurs manifestations les éléments violents qui essayaient de déstabiliser le Gouvernement équatorien.

M. JORGE LUIS CEPERO AGUILAR (Cuba) a appelé à promouvoir le droit à l’autodétermination des peuples autochtones, notamment par le truchement des constitutions nationales.  Il a relevé que des progrès avait été accompli dans l’application de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones grâce à la promulgation de lois visant à appuyer la protection sociale des « communautés ancestrales » et leur capacité à maintenir leurs propres institutions, identités culturelles et traditions spirituelles.

Le représentant s’est toutefois alarmé de la violence, du racisme, de la marginalisation de l’extrême pauvreté que subissent de nombreuses communautés autochtones dans le monde, sans oublier la dépossession de leurs terres.  Il a appelé à harmoniser les politiques de conservation des zones protégées avec les valeurs ancestrales des peuples autochtones. 

M. JOÃO CARLOS FALZETA ZANINI (Brésil) a précisé que dans son pays, deux femmes autochtones occupent des postes de responsabilité, et qu’il existe également un programme national pour la protection des défenseurs des droits des autochtones.  Il a expliqué que plus de 12% du territoire brésilien fait l’objet d’une interdiction de circulation, pour protéger les peuples autochtones qui y vivent. 

Il a insisté sur l’importance de protéger leur droit à la terre, s’inquiétant de la violence continue et des abus dont sont victimes les autochtones.  Le représentant a assuré que le Brésil s’engage à garantir les droits des peuples autochtones.  Il a par ailleurs jugé nécessaire de les faire participer aux programmes de développement durable.

M. JASON MACK (États-Unis) s’est inquiété des violences, discriminations et atteintes aux droits que subissent les peuples autochtones à travers le monde.  Il a également dénoncé les intimidations dont sont l’objet des défenseurs des droits des peuples autochtones, ainsi que leur persécution.  Il a notamment dénoncé la politique menée par la Chine à l’égard des peuples ouigours, kazakhs et autres minorités musulmanes dans le but, a affirmé le délégué, de les faire taire. 

Il s’est élevé contre les campagnes systématiques d’oppression subies par ces peuples, s’alarmant du fait que « même » le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) n’a pas accès à ces personnes.  Le représentant a également critiqué les autorités du Venezuela où les droits collectifs des peuples ne sont pas respectés. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a rappelé que son pays avait adopté la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2007: il garantit donc la protection de ces droits et la promotion des intérêts de ces peuples.  Le Guatemala a été le premier pays à faire une évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration, en 2012, l’année où furent commémorés les 400 ans du calendrier sacré maya, appelé « 13 Baktun ».  Dans ce pays pluriculturel, multilingue et multiethnique, les autochtones représentent 43,8% de la population, a précisé le représentant, en soulignant dès lors l’importance donnée aux langues autochtones, qui sont des vecteurs de traditions et de connaissances.  Il existe d’ailleurs, depuis 1990, l’Académie des langues mayas, a-t-il ajouté avant de se féliciter de la proclamation de l’Année internationale des langues autochtones célébrée en 2019.  Le délégué a aussi mentionné les politiques publiques qui promeuvent les échanges culturels, la participation citoyenne, l’équité sociale, le dialogue et la diversité socioculturelle.  Il a également évoqué les travaux de la Défenseuse de la femme autochtone. 

Pour Mme TEBOHO JULIAH BABEDI (Afrique du Sud), les politiques aussi bien au plan national qu’international doivent garantir aux communautés autochtones la jouissance de leurs droits socioéconomiques et culturels et à l’autonomisation.  Ceci passe par la garantie d’une éducation de qualité, de services de santé efficaces, d’emplois décents, de respect pour l’héritage culturel, y compris les terres ancestrales, ainsi que par la protection des langues autochtones.  La poursuite des violations de ces droits, des territoires, de la terre et des ressources naturelles par les compagnies multinationales est source de la plus grande inquiétude, a-t-elle affirmé, de même que la criminalisation, le harcèlement, les agressions et les menaces contre ceux qui entendent protéger les biens et les terres des communautés autochtones. 

Pour cette raison, l’Afrique du Sud soutient l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant pour protéger au mieux les victimes de ces abus.

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a indiqué que la Constitution de son pays consacre les principes du pluralisme et appui les peuples autochtones pour leur permettre de préserver leurs coutumes.  Il a aussi indiqué que le 12 octobre marque la célébration de la résistance autochtone face au colonialisme.  Le représentant a aussi précisé que la Constitution vénézuélienne reconnaît aux autochtones le droit de participation politique et d’accéder à leurs lieux de culte ancestraux.  Le Gouvernement redouble également d’efforts pour mettre les langues autochtones au service de l’expression culturelle du pays.  Il a d’ailleurs été mandaté que les écoles publiques et privées situées en territoire autochtones doivent enseigner ces langues.

Mme PATRICIA YAYI (Cameroun) a rappelé que la Constitution de son pays stipule, dans son préambule, que l’État assure la protection des minorités et préserve les droits des populations autochtones en vertu de la loi.  Elle a indiqué que, dans ce cadre, son gouvernement avait entrepris une étude pour identifier les groupes susceptibles d’être considérés comme des peuples autochtones, au sens de la Déclaration des Nations Unies.  Dans l’attente des résultats, seul le groupe des Pygmées bénéficie d’un consensus national sur son caractère autochtone, a précisé la représentante.  Selon elle, la notion d’autodétermination mériterait davantage de clarifications, les jalons posés par la Rapporteuse spéciale méritant réflexion, compte tenu de la diversité des contextes des peuples autochtones. 

S’agissant des Pygmées, le Gouvernement camerounais consulte régulièrement ces populations et coopère avec elles en vue d’obtenir leur consentement avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur elles, a encore expliqué la déléguée.  Les populations pygmées ont ainsi été associées au processus de relecture de la loi forestière et ont pu formuler des propositions à l’attention du Comité national de révision de la législation forestière. 

Pour Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie), l’accès à la terre et à la propriété demeure un défi pour les peuples autochtones, alors que la terre est plus précieuse que n’importe quel autre bien économique.  La terre représente un moyen de survie, la base de l’identité culturelle, le centre de la spiritualité et du bien-être au sein de la communauté, a-t-elle souligné.  En Namibie, les pertes subies pendant la colonisation et l’apartheid n’ont ainsi pas encore été surmontées.  Le Gouvernement a identifié cinq communautés autochtones particulièrement marginalisées et qui méritent une attention spéciale car elles vivent dans des régions reculées et souffrent d’une extrême pauvreté, avec un accès limité à l’éducation et à la santé entre autres.  Pour y remédier et faciliter l’intégration de ces communautés, les autorités ont donc défini des objectifs et des cibles pour des politiques sociales permettant de protéger ces droits.

M. FREDRIK HANSEN, du Saint-Siège, a jugé essentiel de montrer un soin particulier aux communautés autochtones et leurs traditions culturelles.  « Elles ne sont pas une minorité parmi d’autres, mais devraient être les principaux partenaires du dialogue, en particulier lorsque des grands projets affectant leurs territoires sont proposés », a-t-il affirmé.  Ce sont les peuples autochtones qui s’occupent le plus de leur propre terre ancestrale et de leurs traditions vivantes, a ajouté l’observateur. 

Dans certains endroits, cependant, les peuples autochtones sont sujets à de fortes pressions pour vendre leurs terres, ou subissent des pressions venant des parties extérieures qui les forcent à abandonner leurs habitats sans leur consentement préalable, libre et éclairé.  Concrètement, a poursuivi M. Hansen, la reconnaissance officielle du droit des peuples autochtones à l’autonomie contribue énormément à promouvoir et réaliser les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  Il a également souligné que la préservation des langues autochtones est importante non seulement pour ces peuples eux-mêmes mais également pour la préservation et la promotion de leurs héritages culturels au service de toute la famille humaine. 

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (Iran) a souligné que les peuples autochtones sont des partenaires précieux pour le développement, avant d’évoquer l’impact du colonialisme sur leur vie.  Le traitement inhumain qu’ils ont subi est un chapitre sombre de l’histoire, marqué par une suppression irresponsable de leurs langues et cultures, l’assimilation forcée et l’occupation de leurs terres ancestrales.  Pendant des décennies, des démagogies fallacieuses ont justifié la violation éhontée de leurs droits, s’est-il indigné.

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la persistance de stéréotypes et de discriminations continue de priver les peuples autochtones de leurs droits.  Le représentant a notamment relevé que les peuples autochtones sont souvent plus durement punis et qu’un nombre disproportionné d’entre eux sont incarcérés.  Il a en outre averti qu’alors que les « mouvements de suprématie raciale » gagnent du terrain, les peuples autochtones risquent de perdre leurs gains si durement acquis.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a reconnu la dette historique envers les peuples autochtones et expliqué que son pays avait amendé sa Constitution en 2015 pour se proclamer une république multiethnique et pluriculturelle.  Cela complète la Grande Charte du pays qui établit la responsabilité qu’a l’État de garantir la pratique des langues autochtones.  Il a expliqué que le Costa Rica compte huit groupes socioculturels autochtones qui parlent six langues, sans compter les peuples autochtones transfrontières qui vivent aussi au Nicaragua ou au Panama.  Nous sommes engagés à garantir les mécanismes nécessaires pour que les autochtones puissent exercer leur droit de participation dans les prises de décisions, a-t-il dit en citant un décret adopté à ce sujet il y a un an.  Le représentant a aussi mentionné le Plan national de recouvrement des territoires autochtones du Costa Rica d’ici à 2022, qui prévoit pour ceux-ci de pouvoir récupérer leurs terres.  Il a aussi parlé des projets « Chiriquitos » ou « migrations mobiles » qui facilitent l’inscription des naissances d’enfants autochtones et migrants, afin de renforcer le droit à la nationalité des autochtones. 

Mme MUDITA BAJRACHARYA (Népal) a déclaré que la Constitution du Népal garantit le droit des autochtones à vivre dans la dignité et dans le respect de leur tradition.  Le Gouvernement est ainsi engagé dans la protection de 59 différents groupes d’autochtones qui représentent 34,5% de la population totale du pays.  De même, une loi dispose que chacune de ces communautés a le droit de préserver sa langue et sa culture, ainsi que d’établir des cursus d’enseignement primaire en langue autochtone.  Une autre loi met en place des mesures de discrimination positive en allouant un quota de 27% aux autochtones pour les postes de fonctionnaire, afin de faire que la gestion des affaires publiques se fasse de manière inclusive. 

Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a affirmé que son gouvernement garantit la protection des droits des Tatars de Crimée dans le cadre de la « souveraineté et l’indépendance de l’État ».  Depuis le début de « l’occupation temporaire » de la Crimée en février 2014, a-t-elle indiqué, les Tatars de Crimée et des groupes ethniques ukrainiens font face à de nombreuses violations et des abus.  S’appuyant sur les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, dont le dernier date du 17 septembre 2019, elle a averti que les Tatars de Crimée sont victimes, de manière disproportionnée, d’attaques perpétrées par des membres des services de sécurité et de la police russes.  Elle a aussi déploré que la langue ukrainienne et l’identité des Tatars de Crimée semblent devenir une offense dans la « péninsule de Crimée occupée ».  Elle a plaidé pour que la situation des peuples autochtones de Crimée retienne l’attention spéciale et une réponse systématique des organisations internationales et de toute « la communauté internationale civilisée ».

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) s’est félicitée que le rapport de la Rapporteuse spéciale indique que le Panama a été le premier pays latino-américain à reconnaître le droit à la propriété collective des terres ainsi que l’autonomie politique et administrative des peuples autochtones par le biais de la création de régions autochtones.  Elle a aussi expliqué qu’un conseil national de développement intégral des peuples autochtones assure un canal de liaison permanente entre le Gouvernement et les autorités autochtones. 

L’identité de la population panaméenne est marquée par l’existence de sept peuples autochtones, qui contribuent à la diversité et à la richesse interculturelle du pays, a précisé la représentante.  En outre, la législation panaméenne reconnaît les langues et alphabets originaires et le système éducatif a été adapté aux réalités des communautés autochtones.  Quant au Vice-Ministre des affaires autochtones, il se concentre sur le développement d’initiatives pour améliorer les conditions de santé et la qualité de vie des peuples autochtones.  En outre, a annoncé Mme Quiel Murcia, les femmes d’ascendance autochtone participent de plus en plus à la vie nationale, y compris à des postes électifs. 

M. JUAN MANUEL MONGELOS GALEANO (Paraguay) a indiqué que la Constitution de son pays reconnaît la diversité culturelle et linguistique et le bilinguisme espagnol et guarani comme langues officielles.  La loi sur les langues constitue une grande conquête politique et culturelle de la nation, s’est-il félicité.  Il a ensuite indiqué que le pays est en train de mettre la dernière main à l’élaboration participative d’un plan national qui intègre la vision de 19 peuples autochtones, grâce à la tenue d’une vaste série de consultations à travers le pays, sur des questions transversales concernant les droits de l’homme et la participation des communautés. 

Le Paraguay est disposé à développer et mettre en œuvre des actions nationales pour renforcer la coopération entre les communautés et les institutions gouvernementales pertinentes.  Il reconnaît toutefois qu’il reste beaucoup à faire pour que les communautés autochtones jouissent de leurs pleins droits.

M. EDUARDO FERNANDO LEÓN PEÑARANDA (Bolivie) a souligné que la Bolivie est composée de plusieurs nations, considérées comme égales, et que la Constitution bolivienne reconnaît notamment les différentes cultures, coutumes et langues.  Il a appelé les sociétés occidentales à mieux comprendre l’importance des peuples autochtones.

Le représentant a déploré le fait que les langues autochtones disparaissent, regrettant « une perte de notre mémoire ».  « Exercer sa langue, c’est un droit des plus importants, c’est notre identité collective.  Une langue c’est une mémoire, c’est une culture, c’est un peuple », a déclaré M. León Peñaranda.

Il s’est également préoccupé du fait qu’un grand nombre de membres de peuples autochtones vivent dans la pauvreté, alors que les grandes propriétés continuent d’empiéter sur leurs maigres territoires.  Dès lors, « comment parler de droit, de démocratie, et de peuple quand ces personnes sont soumises à la brutalité de leur patron? », s’est-il interrogé.

M. León Peñaranda a conclu en citant M. Evo Morales, le premier président autochtone de Bolivie, qui a déclaré qu’« il n’y aura pas d’avenir sans peuple autochtone ».

Mme CUNNINGHAM, du Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes (FILAC), qui s’exprimait aussi au nom du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones, a noté que les dernières données collectées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au titre de l’aide au développement font apparaître que les peuples, communautés et organisations autochtones ne bénéficient toujours que de ressources limitées, ce qui freine leur progression en matière de droits sociaux, politiques, économiques, spirituels, écologiques et culturels.  Il en va de même, a-t-elle observé, de la visibilité et de la participation de leurs dirigeants dans les processus internationaux.  Partant de ce constat, la représentante a plaidé pour un élargissement du mandat du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones afin de rendre visible le point de vue des peuples historiquement exclus des secteurs clefs pour parvenir à la justice et à l’équité et les aider à faire face à des défis comme les changements climatiques. 

La représentante a ajouté qu’en 2019, Année internationale des langues autochtones, une campagne de sensibilisation a été menée sur la nécessité d’adopter des mesures urgentes pour mettre fin à la perte progressive de la langue de ces peuples et mettre en évidence la valeur culturelle, politique et économique de la diversité linguistique dans les Amériques et dans le monde.  Elle a cependant reconnu qu’il faudra plus de temps pour que ces mesures deviennent des politiques étatiques, invitant les États Membres à se prononcer pour une décennie des langues autochtones.  Cette période supplémentaire permettrait de consolider la création de politiques linguistiques élaborées, qui favorisent l’unité et le développement de notre diversité en tant que nations, a poursuivi Mme Cunningham.  À l’échelle de l’Amérique latine, a-t-elle précisé, cela permettrait de créer un institut latino-américain des langues autochtones et de donner une visibilité linguistique à plus de 100 peuples autochtones transfrontaliers. 

M. MATTHIEU COGNAC, Organisation internationale du Travail (OIT), a annoncé qu’en ce trentième anniversaire de la signature de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux, le Conseil des droits de l’homme avait spécifiquement salué la contribution de cette convention à la promotion et la protection des droits des peuples autochtones.  Il a souligné l’importance que chaque région ratifie cette convention.

En outre, l’OIT copréside actuellement le Groupe d’appui interorganisations sur les questions concernant les peuples autochtones et appuie activement les efforts du Groupe pour renforcer la cohérence et l’inclusivité du système des Nations Unies afin de promouvoir la réalisation des droits des peuples autochtones.

Désavantagés sur le marché du travail, exploités de la pire des manières, les peuples autochtones ont un accès limité à l’éducation et leurs connaissances et savoirs traditionnels ne sont pas mis en valeur suffisamment, a-t-il déploré, notant que cela les rend vulnérables à toutes formes de travail forcé et dangereux.

Droit de réponse

La Chine a catégoriquement rejeté les allégations des États-Unis, affirmant que leur déclaration n’avait rien à voir avec le point à l’ordre du jour de cette Commission.  La délégation a indiqué que 56 groupes ethniques vivent en Chine, et a martelé qu’il n’existe pas de peuple autochtone en Chine.  « Les États-Unis font référence à des terroristes, qui figurent sur la liste du Gouvernement et d’INTERPOL et qui mènent des activités séparatistes », a affirmé la délégation.  Elle a affirmé que les mesures prises par le Gouvernement chinois visent à contrer le terrorisme et l’extrémisme dans le Xinjiang.  Par conséquent, il ne s’agit pas d’atteintes aux droits de l’homme, a-t-elle martelé, avant d’accuser les États-Unis d’ingérence dans les affaires intérieures chinoises et de politiser les droits de l’homme.  Ce pays ferait mieux de balayer devant sa porte avant de s’attaquer aux autres pays, a lancé la délégation chinoise pour qui le « massacre odieux » contre les Amérindiens restera une tache indélébile dans l’histoire américaine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les pétitionnaires s’affrontent sur le Sahara occidental, entre développement économique et droit à l’autodétermination

Soixante-quatorzième session,
5e & 6e séances – matin & après-midi
CPSD/695

Quatrième Commission: les pétitionnaires s’affrontent sur le Sahara occidental, entre développement économique et droit à l’autodétermination

L’avenir du Sahara occidental a mobilisé 79 pétitionnaires ces deux derniers jours à la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de décolonisation.  Les partisans du Front POLISARIO et ceux du plan d’autonomie proposé par le Maroc, se sont mutuellement accusés de violations des droits de l’homme.  Derrière ces prises de positions, c’est un clivage entre développement économique et droit à l’autodétermination qui a émergé. 

Le Maroc a consacré 7,7 milliards de dollars au plan baptisé nouveau modèle de développement pour les provinces du sud, s’est félicité M. Sidi Ahmad Allah, de l’agence de développement locale de Dakhla.  Rien qu’en 2019, a-t-il plaidé, « il a investi 1,2 milliard de dollars en infrastructures dans la région du Sahara », a précisé de son côté M. André Grumblatt, de l’Université Paris-Sorbonne.  Grâce à ces investissements, la région a pu développer deux puissants secteurs industriels: la pêche et les phosphates, a-t-il expliqué.  « Certains accusent le Maroc de piller les ressources naturelles du Sahara, mais la réalité est têtue », a martelé le pétitionnaire.

« La région du Sahara est maintenant une des plus riches du Maroc », a affirmé quant à lui M. Steingrimur Olafson, de l’organisation Saevarr Slf, en faisant valoir que « le projet de port Dakhla-Atlantique, dont le budget est estimé à un milliard de dollars, allait ouvrir la région sur le monde ».

À ces considérations économiques, nombre de pétitionnaires ont opposé des arguments juridiques liés au droit des peuples à l’autodétermination.  « Depuis quand la croissance est-elle plus importante que les droits que nous sommes censés défendre? » s’est insurgée Mme Farah Dih, de l’Université de New York.  La pétitionnaire a déploré que le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) n’ait été appliqué que très partiellement

« Seul le cessez-le-feu est devenu réalité.  Il reste des prisonniers politiques, des réfugiés et il n’y a toujours pas de référendum! » s’est-elle exclamée.  Mme Sofia Alejandra Martinez Cruz, de l’organisation Empoderando a Latinoamerica, s’en est, elle aussi, prise à l’Organisation: « L’ONU n’a rien fait ces 28 dernières années pour que se tienne un référendum d’autodétermination!  Vous n’avez rien fait pour mettre en conformité vos paroles et vos actes.  Maintenant ça suffit! » s’est-elle exclamée.

Le Maroc ne peut organiser le référendum d’autodétermination car il n’est pas impartial, a soutenu M. Davis Lippiatt, de l’organisation WE international.  « C’est comme demander au loup de garder la bergerie », a-t-il résumé.  S’exprimant au nom de l’organisation Sahraoui Political Asylum, M. Naama Sghayer a dit venir des « territoires occupés » du Sahara occidental pour revendiquer son droit à l’autodétermination.  Selon lui, « l’occupant marocain » violerait toutes les résolutions de l’ONU relatives à la décolonisation du Sahara occidental, mettant en garde contre le risque de voir son peuple reprendre les armes.

De nombreux pétitionnaires favorables au plan marocain d’autonomie ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme les arguments fallacieux des partisans du Front POLISARIO.  « Si j’en crois ce que j’entends ce matin, seules des théories très abstraites peuvent apporter leur concours aux thèses du Front POLISARIO », a estimé M. Hubert Seillan, avocat au barreau de Paris.  « Toutes les solutions proposées depuis 1991 ont été rejetées par le Front POLISARIO », a affirmé M. Abdelfatah El Mekki, un représentant du peuple sahraoui au Parlement marocain. Depuis 2004, les résolutions du Conseil de sécurité excluent la tenue d’un référendum, a-t-il déclaré, avant d’ajouter qu’il est « impossible de séparer le Sahara du Maroc ».

D’autres ont aussi décrit les camps de la région de Tindouf comme « des prisons à ciel ouvert », où les cadres du Front POLISARIO retiendraient des réfugiés sahraouis afin de détourner l’aide humanitaire qui leur est destinée.  Mme Elisa Krüger, de Human Rights Brésil, a même parlé de « régime dictatorial ».  M. Mohammed Ayyach, de la municipalité de Foum El Oued, a affirmé que « l’esclavage est endémique dans les camps de réfugiés de Tindouf et les enfants y héritent des esclaves de leurs parents ».  Le pétitionnaire a dénoncé les viols, les mariages forcés et les arrestations arbitraires dont les réfugiés seraient victimes.

Le Maroc a, lui aussi, été très critiqué sur la question des droits de l’homme, notamment par M. Chris Sassi, de SKC, qui a dénoncé le « joug colonial et militaire » imposé au Sahara occidental avec le soutien de « puissances extérieures ».  Plusieurs intervenants sahraouis ont dénoncé la répression, les disparitions forcées et la torture que subiraient, selon eux, les partisans de l’indépendance.

Pour finir, certains pétitionnaires ont indiqué que l’encadrement du Front POLISARIO aurait partie liée avec des groupes de trafiquants d’armes et de stupéfiants.  Ainsi, Mme Irina Tsukerman, de l’organisation Maqkama, a évoqué des accointances avec des groupes terroristes, dont certains seraient affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique.  Selon elle, le Front POLISARIO représente « une réelle menace à la sécurité régionale et pourrait déstabiliser une des régions les plus stables d’Afrique ».  « Les pays qui ont été complaisants vis-à-vis de ce type de groupes ont fini par en être victimes », a-t-elle prévenu.

Le débat général a ensuite repris, donnant lieu à une passe d’armes entre le Chili, le Royaume-Uni et l’Argentine.  Le représentant chilien a exprimé son soutien à l’Argentine au sujet des îles Malvinas.  Exerçant son droit de réponse, son homologue du Royaume-Uni a réaffirmé que son pays n’avait aucun doute quant à sa souveraineté sur les îles Falkland et sur le droit à l’autodétermination de ses habitants.  Le représentant argentin a réagi en affirmant que les îles Malvinas sont occupées de manière illicite par le Royaume-Uni et font l’objet d’un différend colonial pour lequel le principe de l’autodétermination ne s’applique pas dans ce cas.

En fin de journée, le Président de la Quatrième Commission, M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, de l’Iraq, a annoncé qu’il n’y aurait pas de réunion lundi, en raison d’« économies budgétaires ».  La Commission se réunira mardi 15 octobre, à partir de 10 heures.

Suite des auditions des pétitionnaires

M. ANDRES RODRIGUEZ a jugé que le temps de la relève était venu, aussi le Comité international des étudiants, au nom duquel il s’est exprimé, a-t-il formulé plusieurs « exigences »: que les entreprises qui exploitent les ressources naturelles du Sahara occidental cessent d’interférer dans les affaires du territoire; que la MINURSO qui a déjà trop tardé à remplir son mandat le fasse dans un délai maximum de 12 mois; que les agences des Nations Unies décuplent leurs efforts alimentaires et sanitaires, et que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) accorde davantage d’attention aux populations vulnérables des camps de réfugiés.

Pour M. NGUYEN MANH HUNG, de l’Académie nationale de politique de Ho Chi Minh, grâce au Maroc, la population du Sahara occidental jouit désormais de davantage de droits plus que jamais par le passé et le territoire d’un processus d’intégration et de démocratisation inclusif.  Le Royaume du Maroc, qui a basé ses réformes sur la protection des droits humains et l’État de droit, garantit la même dynamique et les mêmes opportunités au Sahara occidental, comme le montre la création du Conseil national et de la Commission régionale des droits humains.  Grâce à ces efforts, le territoire est devenu l’une des régions les plus dynamiques du Royaume, a affirmé le pétitionnaire.

Mme MARIANA MARTINS ALMEIDA, European Conference of Support and Solidarity with the Saharawi People, a rappelé que depuis trois décennies, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité de l’ONU, via la MINURSO, ont promis l’organisation d’un référendum d’autodétermination au peuple sahraoui: aujourd’hui sa patience est à bout et il est extrêmement urgent de lui rendre justice et de répondre à ses revendications légitimes de décolonisation du Sahara occidental, a ajouté la pétitionnaire

Mme GRACE NJAPAU-EFRATI, Women Investment Network of Zambia, a rapporté les progrès et le développement qu’il a constatés au Sahara occidental lors d’une visite d’une semaine sur place, affirmant que la population est parfaitement consciente des « nuisances » causées par les ingérences extérieures, notamment celles de groupes perturbateurs qui ont leur propre agenda politique et ignorent les réalités du territoire.  Dans un monde en constante évolution où la paix devient un objectif difficile à atteindre, la population du Sahara occidental est « très heureuse » de bénéficier de paix, de stabilité, d’investissements et de développement, a assuré la pétitionnaire, en conclusion.

« Les progrès réalisés pour le développement économique de la région sont impressionnants », a jugé M. WILLIAM ETHERIGDE, membre du Parlement européen de 2014 à 2019, qui a visité Dakhla, capitale d’une des provinces du Sahara occidental.  Il a insisté sur le fait que les investissements de l’État marocain ne sont pas seulement économiques.  « Le Gouvernement comprend que la population est la principale ressource de la région », a-t-il affirmé, estimant qu’il apporte à la fois « développement économique et liberté », ainsi qu’un « accès à l’éducation » qui « change la vie des jeunes ».  « Quand la population a un espoir personnel, le potentiel de conflit est réduit », a-t-il continué, avant de conclure en appelant à soutenir le plan marocain d’autonomie, « solution la plus viable et la plus crédible pour la région ».

« Le Maroc a placé la barre très haut.  Cette région est devenue un phare industriel ce qu’on n’aurait pas pu attendre il y a 10 ans », s’est félicité M. PAUL SIMON BROTHWOOD, Conseiller pour les affaires économiques et étrangères de l’Anglo European Trade Consultancy, qui s’est rendu à Dakhla.  Il a évoqué une situation sociale « formidable pour les plus jeunes comme pour les plus âgés », avant de se réjouir de voir « les jeunes femmes sahraouies se former pour l’avenir ».  Selon lui, le plan marocain d’autonomie est « la seule feuille de route et la seule solution crédible ».

« Plus de 70 pays ont reconnu le droit à l’autodétermination des Sahraouis », a rappelé M. DAVID LIPPIAT, de l’organisation WE international, qui a visité les camps de Tindouf pour la première fois il y a 17 ans.  « J’appelle à la tenue d’un référendum d’autodétermination », a-t-il lancé.  Selon lui, le Maroc ne peut l’organiser car il n’est pas impartial: « C’est comme demander au loup de garder la bergerie », a-t-il mis en garde.  Le pétitionnaire a dénoncé « des violations des droits de l’homme et des conventions de Genève » par le Maroc, évoquant notamment le sort des prisonniers et la répression d’une manifestation au lendemain d’une victoire de l’Algérie lors de la dernière de la coupe d’Afrique des nations, répression qui aurait fait un mort et 200 blessés, selon lui.  Il a demandé à la France et aux États-Unis de dépêcher une mission de « surveillance des droits de l’homme » dans la région.

M. ZIAD ALJABARI, de l’Association pour l’amitié Palestino-Marocaine, a estimé que le Front POLISARIO cherche à jouer les victimes.  Il lui a reproché d’essayer « de prendre la cause palestinienne en otage », ajoutant que le Front ne reconnaît que l’OLP comme représentant légitime du peuple palestinien et s’est même approprié le drapeau palestinien à un détail près.  Comme l’a souligné le Ministre des affaires étrangères de la Palestine lors de sa visite au Maroc: la Palestine rejette toute comparaison entre la cause palestinienne et la cause sahraouie.

Mme CATERINA LUSUARDI, de l’Associazione Jaima Sahrawi per Una Soluzione Giusta e Nonviolenta nel Sahara Occidentale, qui représente de nombreuses ONG du nord de l’Italie défendant la cause sahraouie et le réseau italien de solidarité avec le peuple sahraoui, a affirmé que hommes, femmes, enfants et personnes âgées sont régulièrement battus pendant leurs manifestations pacifiques, agressés avec dommages et vols, arrêtés et torturés, puis condamnés arbitrairement, dans des prisons secrètes et dans des conditions dégradantes.  La moins reconnaissable de toutes est cependant la violence culturelle « contre un peuple nomade forcé à la sédentarité et la violence économique », qui mine la subsistance même de la population, a soutenu, en conclusion, la pétitionnaire.

« L’espoir du cessez-le-feu de 1991 s’est révélé être une chimère », a déploré M. ALI SAHEL, de l’Association nationale des échanges entre jeunes.  Aux yeux du pétitionnaire algérien, cette situation a contraint la jeunesse sahraouie à reprendre la lutte, à travers des « manifestations pacifiques dénonçant leur situation désastreuse ».  Malheureusement, ces dernières ont été « réprimées dans le sang par les autorités marocaines », a déploré M. Sahel, dénonçant également les actes de torture, disparitions forcées et assassinats auxquels se livrerait, selon lui, le Maroc.  Face, cependant, à la détermination de la jeunesse sahraouie à « lutter contre l’occupation marocaine par divers moyens pacifiques et même armés », le pétitionnaire a appelé la communauté internationale et les Nations Unies à « envisager une solution finale garantissant la liberté, l’indépendance, la paix et la stabilité du peuple sahraoui ».

M. CHRIS SASSI, de SKC, a dénoncé le « joug colonial et militaire » imposé par le Maroc au Sahara occidental avec le soutien de « puissances extérieures ».  La Cour de justice de l’Union européenne a statué à quatre reprises sur le statut du Sahara occidental, en affirmant qu’il s’agit d’un territoire autonome et distinct du Maroc, a-t-il rappelé.  Cette juridiction, a-t-il ajouté, a réaffirmé que le Maroc ne dispose d’aucun mandat sur ce territoire et rejeté clairement l’interprétation de l’UE visant à conférer au Maroc un statut de puissance de fait ou bien encore le fait du prince « de je ne sais quel monarque ».  La Cour fait également du consentement du peuple du Sahara occidental un élément fondamental de la validité des accords.  Dans les tentatives d’interprétation de la représentativité du peuple sahraoui, la commission européenne a dilué cette exigence de la Cour en recourant à une « pseudo-consultation » de la population locale constituée majoritairement de « colons marocains », a argué M. Sassi, c’est-à-dire par l’établissement d’une « colonie de peuplement ».  Exigeant la fin de cette « occupation illégale », le pétitionnaire a demandé que le droit prévale et plaidé pour le droit à l’autodétermination des Sahraouis, en martelant que le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental.  Il appartient donc, selon lui, à l’ONU de dynamiser le processus de négociations directes entre le Maroc et « le seul représentant légitime du peuple sahraoui », le Front POLISARIO, a-t-il conclu.

Mme SARAH DUBORD-GAGNON, de Gagnon Forlag, a plaidé en faveur de l’initiative marocaine qui, aux yeux de cette pétitionnaire danoise, contribuerait à la stabilité de la région du Maghreb grâce à sa solution d’autonomie qui est au cœur des principes démocratiques internationaux qui régissent les règlements de différends et sont respectueux de l’intégrité territoriale.

Cette initiative, proposée en 2007 par le Maroc, a pour vocation de contribuer de manière constructive à la recherche d’une solution politique mutuellement acceptable à ce différend, a rappelé la pétitionnaire.  Pour les juristes internationaux, la solution d’autonomie est la forme la plus moderne et démocratique d’autodétermination.  Elle permet un compromis « win-win » qui maintient l’unité et la souveraineté des États, tout en constitutionnalisant et institutionnalisant le droit des populations concernées à s’autodéterminer et à se gérer démocratiquement, a-t-elle expliqué, ajoutant que cette solution est respectueuse de leurs droits de l’homme et culturels ainsi que de leur diversité linguistique.  Mme Dubord-Gagnon a conclu, en constatant que dans de nombreuses parties du monde, l’autonomie a permis de régler des différends similaires.  Dès lors, elle a appelé à soutenir l’initiative marocaine.

M. JAVIER ANDRÉS GONZÁLEZ VEGA, professeur de droit public international à l’Université d’Oviedo, Espagne, et Président du centre de surveillance des Asturies pour les droits humains au Sahara occidental, a observé que la violation persistante des droits du peuple sahraoui à l’autodétermination s’accompagne de la violation continue de sa souveraineté sur ses ressources naturelles.  Il a ainsi dénoncé l’exploitation illégale, par le Royaume du Maroc, des ressources du Sahara occidental dont les phosphates, les pêcheries, la production agricole et les rares ressources en eau, alors que simultanément, ce pays conclut de accords commerciaux pour exploiter le pétrole offshore.

Mme AGUILA ABBA HEMEIDA est venue plaider la cause des femmes sahraouies, expliquant que dans leur culture, la femme est centrale et dispose de tous ses droits.  Dès lors, elle n’a pas hésité à affirmer qu’il n’existe pas de violence à leur encontre dans les camps de Tindouf, ce qui n’est pas le cas au Sahara occidental sous occupation marocaine, où les femmes sahraouies sont fréquemment victimes de violences « aux mains des autorités marocaines ».  Ce type de violence ne devrait jamais être tolérée, a estimé la pétitionnaire, en exigeant que les droits de l’homme des Sahraouis vivant au Sahara occidental soient protégés.

M. RICARDO SANCHEZ-SERRA SERRA, Consejo Peruano de Solidaridad con el Pueblo Saharaui, a invité les membres de la Commission à se rendre comme lui dans le camp de Tindouf, en Algérie, où s’entassent des milliers de Sahraouis, dont on ignore le nombre exact, faute de recensement, a-t-il dénoncé.  Sur place, ils vivent dans la pauvreté et le chômage et dépendent de la charité internationale tout en étant privés des libertés de mouvement et d’expression, a accusé le pétitionnaire: cette partie du Sahara attend sa libération depuis 44 ans, les familles sont séparées, et l’Algérie ne leur fournirait ni eau ni électricité pour vivre dignement, s’est-il indigné.  « Ces gens ont besoin de décisions audacieuses, justes et réalistes », a plaidé, en conclusion, l’orateur.

Mme FEDERICA CANI, de Comune di Fabbrico, représentante de 350 communes italiennes jumelées avec le peuple sahraoui a expliqué que depuis plus de 30 ans, les associations de solidarité italiennes ont promu de nombreuses initiatives de solidarité envers la cause sahraouie et ont permis ainsi à des milliers de personnes de connaître et d’avoir à cœur ce peuple.  Leurs municipalités ont été sollicitées pour un soutien politique des camps de réfugiés en Algérie, en plus des associations promotrices du respect des droits de l’homme au Sahara occidental.  En tant que municipalités, la solidarité envers les Sahraouis s’exprime principalement à travers des pactes d’amitié, a expliqué la pétitionnaire.  Il s’agit d’un acte politique significatif de rapprochement et de reconnaissance des valeurs qui sont à la base de la lutte pacifique du peuple sahraoui, a-t-elle précisé.  Pour ces administrateurs, soutenir le peuple sahraoui est l’emblème pour montrer au monde que le dialogue et la voie diplomatique doivent toujours être privilégiés pour le règlement de conflit.  Nombreux sont les maires italiens qui ont pu se rendre dans les camps de Tindouf, a-t-elle précisé, avant d’exprimer ses préoccupations quant à l’avenir de ce peuple.  La pétitionnaire a ensuite demandé à l’Assemblée générale de tout mettre en œuvre pour accroître l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf.  De plus, ces maires italiens demandent d’adopter toutes les mesures nécessaires pour que le Maroc respecte la légalité internationale et les résolutions pertinentes de l’ONU, et ce, afin que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l’autodétermination pacifiquement.

M. LUIS GONZALES POSADA, de Political Part Apra, a accusé le Front POLISARIO d’entretenir un conflit artificiel depuis 40 ans avec des soutiens étrangers.  Si le Gouvernement algérien voulait vraiment œuvrer en faveur de la paix, et en harmonie avec le Maroc, il ferait un pas historique pour bâtir une politique d’avenir fondée sur le droit international.  Alors que le Conseil de sécurité a affirmé, en 2004, qu’il n’y aurait d’autre solution que politique et négociée, l’intérêt de la région est de prendre pour base « l’Initiative marocaine pour l’établissement d’un statut d’autonomie au Sahara Occidental », proposée en avril 2007, et qualifiée de crédible par les experts en droit international, a estimé le pétitionnaire.

« Il existe une grande porosité entre le Front POLISARIO et la criminalité complexe de la région saharienne », a estimé M. JOSE MARIA GIL GARRE, de l’International Security Observatory, avant de préciser que certains des membres du Front POLISARIO avaient partie liée avec des organisations terroristes.  Pour étayer son affirmation, il a expliqué avoir eu de nombreux entretiens avec des représentants des États Membres siégeant au Conseil de sécurité.  « Il ne faut pas rester bloqués dans des interprétations remontant aux années 70 », a-t-il lancé.  « Dans le monde d’aujourd’hui, il y a de nouvelles menaces, les narcotrafiquants et les organisations terroristes menacent l’Europe », a-t-il mis en garde avant de conclure par cet appel: « Si vous n’appuyez pas la solution marocaine, vous rentrerez dans l’histoire comme ceux qui ont fait progresser la menace du Front POLISARIO! »

M. LORENZO PEÑAS ROLDÁN, de IIustre Colegio de Abogados de Murcia, a estimé que, depuis sa création, le Front POLISARIO se comporterait en « autocrate », notamment dans les camps de réfugiés, et s’arrogerait des fonctions qui devraient faire l’objet d’élections démocratiques dans un véritable État.  Son Secrétaire général s’est « autoproclamé » chef d’État et chef des forces armées, en plus de nommer lui-même le Premier Ministre.  Le Conseil supérieur de justice applique, selon le pétitionnaire, une forme de charia islamiste mêlée de prétendues « traditions » dont les fondements sont inconnus, a soutenu l’intervenant.  Seule l’application du plan d’autonomie proposée par le Maroc permettrait de sortir de cette impasse, a-t-il assuré, en conclusion.

« Depuis quand la croissance est-elle plus importante que les droits que nous sommes censés défendre? » s’est demandé Mme FARAH DIH, de l’Université de New York.  La pétitionnaire a déploré que le mandat de la MINURSO n’ait été appliqué que de façon très limitée: « seul le cessez-le-feu est devenu réalité.  Il reste des prisonniers politiques, des réfugiés et il n’y a toujours pas de référendum.  Il faut que l’ONU joigne le geste à la parole et passe aux actes! »

« Si j’en crois ce que j’entends ce matin, seules des théories très abstraites peuvent apporter leur concours aux thèses du Front POLISARIO », a estimé M. HUBERT SEILLAN, avocat au barreau de Paris.  Il a demandé si « Ahmed El Khalil, mon client, est mort ou vivant? »  Ce dernier a, en effet, disparu il y a 10 ans.  Le pétitionnaire a porté plainte contre un délégué du Front POLISARIO en France et s’est tourné vers la Cour pénale internationale, des ONG et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le tout sans résultat.  « Une chape de plomb s’est abattue sur cette affaire », a-t-il déploré.  « Le Front POLISARIO ne semble pas savoir ce que sont les droits de l’homme », a-t-il ajouté en conclusion. 

Pour Mme MARTHA GLADYS COSSIO CHAVEZ, le Front POLISARIO ne représente pas les Sahraouis puisqu’il s’agit d’une « entité fictive » qui se trouve dans la région de Tindouf alors que les élus locaux du Sahara occidental sont les véritables représentants de ce peuple.  La pétitionnaire a souligné que les taux de participation aux élections locales dans la région du Sahara marocain avaient dépassé les 70%, propulsant les deux présidents élus des deux régions du Sahara marocain sur le devant de la scène.

Aucune résolution du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale ne reconnaît le Front POLISARIO comme une entité représentative alors que la légitimité des élus locaux ne fait plus de doute puisqu’ils ont même été invités au dernier séminaire régional du Comité des Vingt-Quatre, a remarqué la pétitionnaire, en soulignant que l’Union européenne et la Commission européenne ont également reconnu leur représentativité dans le cadre de la reconduction de l’accord agricole en 2018 et de celui sur les ressources halieutiques en 2019.  Le Front POLISARIO et son entité « fictive RASD » n’ont aucune légitimité, selon la pétitionnaire, qui en a voulu pour preuve que la RASD n’a pas été reconnue par l’ONU.

Mme GUILIANA DORIA, de l’organisation Tiris, une association italienne solidaire du peuple sahraoui, a jugé alarmant que le droit à l’autodétermination, ce « principe fondamental du droit international », soit si difficile à faire respecter.  Mme Doria s’est ensuite remémoré sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en 2007.  À cette occasion, elle a dit avoir été confrontée au sort « inhumain » réservé au peuple sahraoui.  En plus de leurs conditions humanitaires difficiles, la pétitionnaire a dénoncé les violations des droits de l’homme et les actes de violence dont ils sont régulièrement victimes dans la zone, au mépris du cessez-le-feu de 1991.  Mme Doria a par conséquent appelé l’ONU à habiliter la MINURSO à protéger les droits de l’homme des Sahraouis, dans l’attente d’un référendum sur l’autodétermination du « territoire occupé du Sahara occidental ».

Mme ANTONELLA INCERTI, Présidente du Groupe d’amis interparlementaires du peuple sahraoui de la Chambre des représentants de l’Italie, a noté que, depuis 40 ans, ce peuple vit divisé.  Elle a regretté que le référendum d’autodétermination n’ait toujours pas été organisé, ce qui pousse le peuple sahraoui à vivre en exil dans le désert algérien ou dans les territoires occupés par le Maroc où il est soumis à diverses formes de répression.  Elle a dénoncé la baisse de l’aide humanitaire pour les camps de Tindouf en Algérie, dont les conséquences sur le terrain sont graves.  La pétitionnaire est revenue sur les deux verdicts de la Cour de justice de l’Union européenne, laquelle a reconnu que le Sahara occidental est un territoire non autonome, ce qui n’empêche pas le Maroc d’en exploiter les ressources naturelles, a-t-elle soutenu.

Mme RUTH SEBASTIAN GARCIA, de l’Association Canaria de Juristas por la Paz, a expliqué que dans le cadre de ses travaux d’observation juridique, elle avait été témoin de violations par le Maroc des droits des citoyens sahraouis, en citant des cas précis.  Elle-même a été détenue et expulsée sans justification, a assuré la pétitionnaire, en reprochant à l’Espagne, son propre pays, de faire la sourde oreille face à l’impunité dont bénéficierait le Royaume du Maroc pour faire la loi.  La pétitionnaire a exhorté à agir pour mettre fin aux violations des droits de l’homme au Sahara occidental.  La communauté internationale doit contraindre le Royaume du Maroc à respecter le droit international et à assurer la protection des droits humains du peuple sahraoui, a-t-elle insisté en conclusion.

« Le 5 janvier 2014, une attaque contre des jeunes se livrant à un commerce illicite deux morts et un survivant », a raconté Mme SOPHIE MICHEZ, avocate au barreau de Bruxelles.  Les familles des victimes et un survivant ont intenté des actions en justice en Belgique et en Algérie, a-t-elle expliqué, mais les autorités d’Alger ont affirmé ne pas pouvoir entamer de poursuites. Le dossier a été porté à la connaissance du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, dans la mesure où l’Algérie a ratifié les Conventions de Genève, mais sans résultats pour l’instant, a-t-elle déploré.

Mme CLARA RIVEROS, de l’organisation CPLATAM Observatory, a rappelé l’histoire coloniale du Sahara occidental, estimant que cette question ne relève pas de la décolonisation, effectuée il y a 40 ans, mais de la souveraineté territoriale et donc du Conseil de Sécurité.  Elle a soutenu l’Initiative d’autonomie présentée par le Maroc.

« Si vous êtes neutres dans une situation d’injustice, vous choisissez le camp de l’oppresseur », a affirmé Mme SOFIA ALEJANDRA MARTINEZ CRUZ, de l’organisation Empoderando a Latinoamerica, en citant Desmond Toutou.  « Des milliers de Sahraouis ont été tués, torturés, ou ont disparu en prison », a-t-elle accusé, avant de dénoncer le manque de liberté d’expression et les difficultés d’accès à la région pour les journalistes.  Elle s’est ensuite lancée dans une diatribe contre l’ONU, s’adressant directement aux membres de la Commission.  « Qu’avez-vous fait pour mettre fin à ces violations des droits de l’homme?  L’ONU n’a rien fait ces 28 dernières années pour que se tienne un référendum d’autodétermination!  Vous n’avez rien fait depuis 40 ans pour mettre en conformité vos paroles et vos actes.  Maintenant ça suffit!  Vous jouez avec les droits des membres de la famille humaine! » s’est-elle exclamée.

M. NESTOR BLANCO, Président de la Guillermo Brown National University de Buenos Aires, est spécialiste du règlement pacifique des conflits.  Dans cet esprit, il soutient l’initiative proposée par le Maroc pour le Sahara occidental puisqu’elle jette selon lui, les bases pour surmonter le statu quo actuel ainsi que celles d’une démocratie fondée sur les droits et le développement.  Il s’agit, a-t-il argué, d’une plateforme de régionalisation avancée à travers l’autogestion du Gouvernement local dans le cadre d’une autonomie élargie et le peuple sahraoui y a des compétences exclusives dans la plupart des domaines.  Elle confère également des droits sur la gestion des ressources naturelles du Sahara occidental, les collectes fiscales et les politiques sociales.  Cette proposition prend acte de l’expérience d’autres gouvernements comme l’Espagne et le Danemark, dont les constitutions accordent un degré d’autonomie à certaines régions.  Mais la proposition du Maroc va même plus loin, a estimé le pétitionnaire, en affirmant que cette initiative représente une base solide pour le dialogue et que les négociations doivent se faire sous les auspices de l’ONU.

Mme OUEZNA BOUKHEMIS, de l’Union nationale de la femme algérienne (UNFA), a exprimé sa solidarité envers le peuple sahraoui, « qui lutte pour son autodétermination dans le cadre préconisé » par la résolution 1514 (1960) de l’Assemblée générale.  Mme Boukhemis a déploré « les tragédies et les souffrances » dont sont victimes, selon elle, les Sahraouis, depuis « l’invasion » de leur territoire en 1975, au mépris de leur droit international à l’autodétermination.  En « rendant les armes » en 1991, la pétitionnaire a estimé que le peuple sahraoui avait placé sa confiance dans la force de la diplomatie et de l’ONU.  « Mais d’échecs en blocages, le risque grandit désormais de voir une troisième génération de Sahraouis sacrifiée sur l’autel de la realpolitik », a-t-elle mis en garde.  À ses yeux, la situation actuelle « favorise largement le Maroc », qui « use et abuse » des sous-sols et ressources halieutiques du Sahara occidental.  Face à cette « situation d’injustice », Mme Boukhemis a appelé tous les pays, dont la France, à respecter les résolutions des Nations Unies sur la question, pour mettre un terme à ce conflit « qui n’a que trop duré ».

ERIC CAMERON, de l’organisation World Action for Refugees, a souhaité que les pourparlers qui auront lieu cette année entre les parties au conflit régional du Sahara occidental, sous les auspices de l’ONU, puissent se poursuivre en vue de parvenir à une solution pérenne.  Lorsqu’il y a un dialogue, il y a un espoir, et l’espoir c’est l’une des dernières choses auxquelles la population des camps de Tindouf peut s’accrocher, a-t-il analysé.  Cette population dépend du peu dont elle dispose, alors que le leadership du POLISARIO vit dans le faste et commet des violations de tous les instruments juridiques internationaux applicables à ces réfugiés dans le but de continuer ses détournements de fonds, a soutenu le pétitionnaire.  À cet égard, il a reproché au Front POLISARIO de ne même pas accepter un recensement dans les camps, une demande de longue date du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Pour s’être rendu sur place, il a pu constater le contraste entre les conditions de vie des Sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf et de ceux qui vivent au Sahara occidental.

M. NICHOLAS BALLAGH, qui s’est rendu dans divers camps dans le sud de l’Algérie pour y enseigner l’anglais, « où il a été très bien accueilli », est venu témoigner du désespoir des réfugiés sahraouis de ces mêmes camps.  Il a toutefois réfuté les accusations de corruption portées à l’encontre du Front POLISARIO, a-t-il estimé, en ajoutant que la Commission doit appuyer les revendications légitimes du peuple sahraoui.

Mme JOANNA BALLAGH, qui s’est exprimée en son nom propre, s’est félicitée de l’accueil que les Sahraouis ont réservé à sa famille lors d’une visite dans les camps de Tindouf l’année dernière. Elle a cité la Bible, estimant que « Dieu défend la cause des réfugiés » et appelant au respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

« Le Maroc a investi en 1,2 milliard de dollars en infrastructures dans la région du Sahara en 2019 », a indiqué M. ANDRÉ GRUMBLATT, de l’Université Paris-Sorbonne.  Il a poursuivi en précisant que la région été dotée de deux industries puissantes, précisant que le Maroc avait exporté 1,8 million de tonnes de phosphates en 2018 et que la région abritait 10 unité industrielles liées aux ressources halieutiques.  « Certains accusent le Maroc de piller les ressources naturelles du Sahara, mais la réalité est têtue », a continué le pétitionnaire.  Selon lui, « le Maroc a réalisé d’énormes investissements car il a la volonté de participer activement au développement économique et social du sud du pays. »

Mme IRINA TSUKERMAN, de l’organisation Maqkama, a recueilli des témoignages d’habitants de la région et d’anciens prisonniers du Front POLISARIO.  Elle a évoqué l’existence de tunnels dédiés au trafic d’armes dans les camps de Tindouf.  Elle a aussi rapporté l’existence de documents prouvant des liens entre l’organisation indépendantiste et des groupes terroristes, parmi lesquels certains seraient affiliés à Al-Qaida et à l’État islamique.  Elle a aussi mis en avant des liens avec des organisations criminelles donnant dans le trafic de stupéfiants et d’or.  La pétitionnaire a même évoqué le cas d’un diplomate utilisant son immunité pour se livrer au trafic d’armes.  Selon elle, le Front POLISARIO représente « une réelle menace à la sécurité régionale et pourrait déstabiliser une des régions les plus stables d’Afrique ».  Elle a conclu sur une mise en garde à peine voilée: « Les pays qui ont été complaisants vis-à-vis de ce type de groupes ont fini par en être victimes. »

M. JUAN CARLOS MORAGA, de l’Organisation des droits de l’homme, sans frontières, a soutenu la proposition du Maroc pour trouver une solution pérenne au différend du Sahara occidental.  Il a noté que la plupart des parlements d’Amérique latine ont adopté des résolutions qui reconnaissent la volonté dont a fait preuve le Royaume du Maroc pour parvenir à une solution « sans vainqueur ni vaincu » à travers cette initiative d’autonomie régionale.  Cette initiative respecte les normes internationales et garantit à la population sahraouie la possibilité de gérer démocratiquement ses affaires, a-t-il souligné, en l’opposant aux « positions irréalistes et séparatistes » du Front POLISARIO.

Mme XIMENA DEL PILAR ORDENES CORDOBA, Federación Regional Funcionarios Municipales, a soutenu l’initiative d’autonomie marocaine qu’elle a jugée positive à tous niveaux: économique, politique et social.

M. KITSORO FIRMIN KINZOUZA, de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville, travaille sur l’émergence économique de l’Afrique.  Il a soutenu le plan marocain d’autonomie qui constitue, selon lui, la solution idoine pour régler définitivement cette question qui obère l’intégration régionale.  Au moment où le terrorisme pullule aux côtés de la criminalité transnationale organisée dans l’espace sahélo-saharien, des mouvements séparatistes « sans foi ni loi » exacerbent l’instabilité de cet espace auquel est liée la sécurité de la Méditerranée et de l’Europe, a mis en garde le pétitionnaire, pour lequel la sécurité du Sahel est l’affaire de tous.  La situation d’instabilité au Sahel risque d’être exacerbée par l’absence de règlement de la question du « Sahara », a-t-il ajouté en conclusion.

« La région du Sahara est une des plus riches du Maroc », a affirmé M. STEINGRIMUR OLAFSON, de l’organisation Saevarr slf, avant d’appuyer son propos par des chiffres.  Selon lui, le Maroc a mis 8,4 milliards de dollars sur la table pour doubler le PIB de la région du Sahara et créer 120 000 emplois en 10 ans dans le cadre de son plan baptisé Nouveau modèle de développement pour les provinces du sud.  « Le projet de port Dakhla-Atlantique, dont le budget est estimé à un milliard de dollars, va ouvrir la région sur le monde », s’est-il enthousiasmé.

M. NAAMA SGHAYER, de Sahraoui Political Asylum, qui vient des « territoires occupés » du Sahara occidental, est venu témoigner des souffrances de son peuple et a revendiqué son droit à l’autodétermination.  L’« occupant marocain » viole toutes les résolutions de l’ONU relatives à la décolonisation du Sahara occidental, a-t-il souligné, ainsi que l’accord de cessez-le-feu.  Le Maroc a posé des mines et a créé des points de passage illégaux pour la contrebande, a-t-il poursuivi, en ajoutant que le Royaume exploite illégalement les ressources du Sahara occidental et « tout cela sous les yeux de la communauté internationale ».  Après avoir rappelé que jusque-là le peuple sahraoui a opté pour la voie pacifique, il a mis en garde contre le fait que reprendre les armes reste une option.

M. CHERIF GREIMICH, a, lui aussi, parlé des souffrances du peuple sahraoui qui résultent de l’occupation marocaine du Sahara occidental en axant son intervention sur la spoliation des ressources naturelles de ce territoire par le Maroc.  Cela empêche les Sahraouis de consolider leur légitimité internationale, a-t-il soutenu en avançant le chiffre de 200 millions de dollars retirés de cette exploitation illégale par le Maroc.  Il a également épinglé la France pour avoir acheté des produits en provenance du Sahara occidental au Maroc.  Les dividendes des ressources naturelles ne sont pas mis à profit pour améliorer les conditions de vie des Sahraouis mais plutôt pour financer l’expansion marocaine dans la région, a-t-il conclu.

Mme ELISA WALLESKA KRÜGER, de Human Rights Brésil, a affirmé que ce qui illustre le mieux ce qui se passe à Tindouf c’est le terrorisme, en soutenant que la population des camps de réfugiés a été « kidnappée » par le Front POLISARIO.  Elle a également accusé le Front de détournement de l’aide humanitaire et lui a reproché de ne pas assurer les conditions dignes pour les réfugiés qui vivent sous une « dictature » et un état de non-droit.  Le Front POLISARIO s’associe à des groupes terroristes, a-t-elle poursuivi, en affirmant que Tindouf est le théâtre de toute sorte de violations des droits de l’homme.  Des opposants à ce « régime dictatorial » ont connu des morts « terribles », a-t-elle poursuivi et le Front POLISARIO empêche les réfugiés sahraouis de rentrer chez eux.

Mme ROMINA PERINO a visité, pour la première, fois Tindouf en 2017 et y a trouvé un nouveau sens à sa vie en nouant une relation particulière avec une enfant.

« Le front POLISARIO est incapable de mettre en place les structures qui permettraient un bien-être minimum et la sécurité aux réfugiés de Tindouf », a estimé Mme ILEANA MOLO, de l’organisation Afropanamena Soy, avant d’ajouter: « ils sont prisonniers du Front POLISARIO ».  La pétitionnaire déplore que l’Algérie ait confié la gestion de ces camps de réfugiés au camp administré par le Front POLISARIO en violation du droit international.  Elle a soutenu le plan marocain d’autonomie et s’est inquiétée du risque pour la paix et la sécurité régionales que représente selon elle le front POLISARIO.  « Le moment est venu d’agir avec fermeté », a-t-elle conclu.

« Toutes les solutions proposées depuis 1991 ont été rejetées par le Front POLISARIO », a affirmé M. ABDELFATAH EL MEKKI, s’exprimant en tant que représentant du peuple sahraoui au Parlement marocain.  Depuis 2004, les résolutions du Conseil de sécurité excluent la tenue d’un référendum, a-t-il précisé.  « Il est impossible de séparer le Sahara du Maroc », a-t-il lancé, ajoutant que « le Conseil considère qu’il est impossible de créer un nouveau pays sur le sol africain ».

Mme INMA ZANOGUERA, citoyenne espagnole de descendance du Sahara, a indiqué que sa mère est devenue apatride du jour au lendemain, après la cession, par l’Espagne, du Sahara occidental au Maroc.  Elle a considéré que la poursuite du colonialisme est une violation de la Charte des Nations Unies.  Pour la pétitionnaire, les Sahraouis du Maroc sont de « citoyens de seconde classe ».  Elle a dit compter sur l’influence de l’ONU pour permettre aux Sahraouis d’exercer leur droit à l’autodétermination, s’adressant également à l’Espagne dans sa requête.

MAHJOUBA DAOUDI, Présidente de l’Association Sahara Media Center, a dénoncé les mauvais traitements dont les femmes sahraouies sont victimes dans les camps de Tindouf, qui sont privées de liberté de mouvement et exposées aux viols, à la torture.  Elle a invité la Commission à comparer les conditions de vie au Sahara occidental et dans les camps où le Front POLISARIO ne laisse s’épanouir aucune voix dissonante.

M. AHMED MOHAMED FALL, de l’organisation Protecting Sahrawi Natural Resources, a parlé des conditions économiques du peuple sahraoui.  Le terme Sahara occidental est une appellation qui nous a été imposée par erreur puisque nous sommes un État indépendant, a-t-il précisé d’emblée, en ajoutant que l’indépendance économique de cet État dépend de son indépendance politique.  Tous les projets lancés par le Maroc sur le terrain sont des projets à court terme, a-t-il affirmé et les hommes d’affaires du Sahara occidental ont des opportunités limitées.  Cela a provoqué des manifestations de milliers de Sahraouis du Sahara occidental mais ils ont été arrêtés par les autorités marocaines, a regretté le pétitionnaire.

Mme MICHELLE-ANDREA GIROUARD, une réalisatrice canadienne militante, s’est attardée sur les liens existant entre changements climatique et occupation marocaine du Sahara occidental.  La valeur des exportations des ressources naturelles du Sahara occidental et de la surpêche par le Royaume du Maroc sont considérables, ce qui affecte directement le bien-être des Sahraouis qui sont victimes d’inondations importantes chaque année et de températures qui peuvent aller jusqu’à 50 degrés Celsius en été, a-t-elle indiqué.  Tout en reconnaissant que le Maroc a beaucoup investi dans l’énergie éolienne et solaire, elle a soutenu qu’il utilisait cette énergie pour faire tourner les mines de phosphate.  En conclusion, la pétitionnaire a appelé la communauté internationale à œuvrer en faveur de la tenue du référendum et de l’autodétermination du peuple sahraoui.

« Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui d’entendre les voix des victimes et l’opinion publique internationale réalise maintenant que ces camps de réfugiés sont des prisons à ciel ouvert », a affirmé M. SIDI LAROUSSI DAHI, habitant de Laayoune.  Il a évoqué des manifestations réprimées par le Front POLISARIO en octobre 2018 devant les installations de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  « Serez-vous en mesure de demander aux auteurs des crimes dans les camps de rendre des comptes? »

« L’esclavage est endémique dans les camps de réfugiés de Tindouf et les enfants y héritent des esclaves de leurs parents », a affirmé M. MOHAMMED AYYACH, de la municipalité de Foum El Oued.  Le pétitionnaire a dénoncé les viols, les mariages forcés et les arrestations arbitraires.  « Le chef du Front Polisario est recherché par les autorités espagnoles, il est accusé de viol par une femme sahraouie », a-t-il continué, avant d’ajouter: « il devrait être poursuivi pour génocide ».  Selon lui, « la souffrance des habitants de Tindouf ne prendra fin que s’ils sont autorisés à rentrer dans leur pays et à participer au plan marocain d’autonomie. »

M. JUAN RAMÓN CRESPO AGUILAR a déclaré avoir visité « le Sahara occidental occupé » ainsi que les camps en Algérie.  Il a vu la vie de réfugiés, mais aussi comment des pays et des entreprises s’enrichissent avec les ressources naturelles de cette région, tandis que les peuples légitimes souffrent de cette injustice.  Cette région est « occupée » par le Maroc, alors que ce pays n’a pas la souveraineté juridique, a-t-il poursuivi, en ajoutant que cela a déjà été signalé par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans ses arrêts du 21 décembre 2016, du 27 février 2018 et du 19 juillet 2018.  Selon le pétitionnaire, ces arrêts établissent que le Maroc est une Puissance occupante et n’a pas titre l’autorisant à mener des activités économiques.  Ils stipulent aussi que tout consentement du peuple sahraoui doit être exprimé par les représentants reconnus par l’ONU, le Front POLISARIO.  En dépit de cela, le Maroc, des États tiers et leurs entreprises continuent le « pillage » des ressources du peuple sahraoui, a conclu l’orateur.

Mme KAREN BAEZ a estimé que pour la stabilité et la sécurité de la région, le Sahara occidental ne peut être oublié.  Le peuple sahraoui cherche l’indépendance, a-t-elle assuré, avant de reprocher au Maroc d’ériger des murs et d’exploiter les ressources du Sahara occidental.

M. AHMED GAIN, professeur à l’École nationale du commerce et de gestion, a parlé au nom des nombreux Sahraouis qui voient dans le front POLISARIO « l’homme de main » de certains pays de la région.  Il a dénoncé les violations massives commises dans les camps de Tindouf, les centres de détention secrets au cœur même du camp, les centaines d’enfants forcés à s’enrôler dans les groupes armés du Front POLISARIO et ceux qui ont été déportés de force.  Le leader du Front POLISARIO, Brahim Ghali, est l’une des personnes les plus recherchées par la justice espagnole pour les violations graves qu’il a commises, dont des viols.  Dix des membres des milices armées du Front POLISARIO ont rejoint les rangs d’AQMI et d’autres groupes terroristes du Sahel et du Sahara.  Un des leurs, Adnan Abou Walid Sahrawi, est chef de la MUJAO.  Plus de 1 000 Sahraouis qui vivaient dans les camps avec des dizaines de fondateurs du Front POLISARIO sont retournés chez eux, au Maroc, après avoir découvert la réalité, à savoir que le Front POLISARIO est la « marionnette » de ceux qui tirent les ficelles en coulisse.

Le pétitionnaire a interdit au Front POLISARIO de représenter le peuple sahraoui. Il n’a aucune légitimité, a-t-il dit, en écho à beaucoup de voix dans la sphère internationale.  Il a rappelé que la Cour européenne de justice a rejeté un recours du Front POLISARIO contre l’accord entre l’Union européenne et le Maroc.  La Cour a conclu que le plaignant n’a pas qualité à la saisir, confirmant ainsi que le Front POLISARIO ne peut prétendre représenter les Sahraouis.  Le pétitionnaire a aussi cité Human Rights Watch qui a confirmé des cas d’esclavage, d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées.  Tous ces faits dévoilent « le visage hideux » du leadership du Front POLISARIO aux yeux du monde, des faits qui lui retirent toute légitimité.  « Nous, les Sahraouis du sud du Maroc, nous n’épargnerons aucun effort pour renforcer la paix, l’unité et le développement de notre pays, alors que d’autres dans cette salle continuent à répandre leur propagande et à parler au nom d’un groupe non étatique dont le bilan est entaché par les centres de détention de Dhebiya et d’Errachid », a conclu le pétitionnaire.

M. HAMMADA EL BAIHI, de la Ligue Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme, fait partie de ceux qui ont quitté Tindouf.  Depuis la création du camp, le Front POLISARIO « nous sépare de nos familles » et, dans son cas, il a été envoyé en Amérique du Sud où il a vécu sans parents pendant 10 ans pour y suivre une formation militaire.  Y a-t-il un crime plus grave que celui auquel nous, ces enfants, avons été exposés? a-t-il demandé: 15 ans de séparation forcée.  Il a décidé de fuir vers le Maroc où nombre de Sahraouis vivent une vie normale et sont élus dans leurs conseils locaux, comme il l’a constaté.  Le pétitionnaire a dénoncé les stratégies destructrices du Front POLISARIO et exigé que le Front soit tenu pour responsable de ses crimes.  Il a également affirmé qu’il ne peut commettre ces crimes sans appui externe en sommant dans la foulée l’Algérie d’assumer sa responsabilité.

M. DANIEL BASCONES, de l’Associacion Catalana de Amigos del Pueblo Saharaui, a déclaré qu’il soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et dénoncé l’exploitation des ressources halieutiques et en phosphate du Sahara occidental par le Maroc.

M. SIDI AHMAD ALLAH, de l’agence de développement locale de Dakhla, s’est félicité du plan de développement pour les provinces du sud, d’un montant de 7,7 milliards de dollars financé par le Gouvernement marocain, qui a permis, selon lui, de renforcer les droits « sociaux, économiques et culturels de la population ».  Il a ajouté que « le développement socioéconomique du Sahara marocain prouve que le discours du Front POLISARIO est vide de sens ».  Pour preuve, des « fausses » déclarations du Front POLISARIO sur le bouclage de la région, le pétitionnaire a affirmé que « le Sahara occidental a accueilli 67 000 visiteurs étrangers durant les six premiers mois de 2019, dont 90 journalistes ».

M. AHMED BRAIH, de l’Association pour le développement social de Dakhla, est le frère d’un ancien leader du Polisario, Ibrahim Braih, qui aurait été enlevé par le Front POLISARIO, en collaboration avec les autorités du pays hôte, après être entré en conflit avec le leadership du Front pour avoir contesté les abus qu’il a constatés dans les camps de Tindouf.  Il a demandé à savoir ce qui est advenu de son frère et a demandé à l’Assemblée générale de se pencher sur son dossier.

Mme GHALLA BAHIYA, membre du Conseil régional de Dakhla Oued, s’est adressée à la Commission en tant que Sahraouie et Marocaine dont la légitimité découle d’élections qui ont connu un taux de participation de 80% dans le Sahara marocain.  Elle se permet donc de parler au nom des Sahraouis du Maroc, et plus précisément de Dakhla.  Les habitants du Sahara marocain de toute origine ont pu librement exercer leurs droits politiques et civiques, a-t-elle affirmé.  En tant que représentante du Conseil régional, elle s’est dite honorée de pouvoir participer aux discussions de la Quatrième Commission.  Elle a dit vouloir redoubler d’efforts pour améliorer les conditions de vie de « ses frères » dans les camps à Tindouf.

M. MHAM ABBA s’est présenté comme un élu du « Sahara marocain », natif de la région de Layoune-Sakia el Hamra.  Il a assuré que les Sahraouis de sa région, comme ceux de Dakhla Ouad Dahab, géraient pleinement leurs affaires intérieures et disposaient d’un budget de 8 milliards de dollars pour la période 2016-2021.  Les réalisations dans cette région font partie du programme de développement des provinces du sud lancé par le Roi du Maroc et couvrant la période 2015-2021.  Ce programme tient particulièrement compte des besoins des populations locales, a-t-il encore assuré, ajoutant que les progrès économiques et sociaux dans la région du « Sahara marocain » sont tangibles et irréversibles.  Ces progrès visent aussi à préparer le retour de leurs frères et sœurs sahraouis, dans le respect de leurs droits et dans la dignité, a-t-il ajouté en conclusion.

M. ZINE EL AABIDINE EL OUALI, Association 9 mars, a déclaré que le Front POLISARIO arrêtait arbitrairement tous ceux qui, défenseurs des droits de l’homme ou leaders d’opinion, s’opposent à sa vision du conflit au Sahara.  Durant le mois de juin dernier, pas moins de trois activistes sahraouis auraient été « kidnappés » par des membres du Front POLISARIO.  Il s’agit de Fedel Breika, Moulay Aba Bouzeid et Mahmoud Zeidan, a-t-il indiqué.

Le pétitionnaire a ensuite déclaré que « ces enlèvements » ne les exposaient pas seulement aux atrocités commises dans les camps dirigés par cette organisation, mais mettaient également en déroute le récit de ceux qui la soutiennent au sein de cette Commission.  « Votre mission est de soutenir les oppressés et non les oppresseurs », a conclu l’orateur, appelant aussi la communauté internationale à rendre justice aux familles des camps de Tindouf.

M. AHMED BAQAI s’est exprimé en tant que ressortissant pakistanais et a demandé à l’ONU de tenir sa promesse à l’égard du peuple sahraoui.  Il a dénoncé l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental et en particulier la surpêche qui privera les générations futures des Sahraouis d’une ressource précieuse.  Il a plaidé en faveur d’un référendum libre et impartial pour les Sahraouis.

M. THENGILL BJÖRNSSON, de l’Islande, a affirmé que les ressources naturelles étaient exploitées par le Maroc au profit et avec le consentement de la population locale et de ses représentants légitimes; cette légalité a été confirmée par l’Union européenne, notamment pour les pêcheries qui font l’objet d’un accord ratifié par le Parlement européen en janvier 2019.  Grâce aux efforts du Maroc, la population du Sahara Occidental est en mesure d’exercer pleinement son droit au développent et ainsi d’élever son niveau de vie.  La gestion efficace de ressources naturelles s’avère donc une garantie pour la population de jouir de ses droits en dépit des attaques fallacieuses qui les visent.

M. MAALAININE YARA, qui est né dans « les territoires occupés à Laayoune », a regretté que chaque année ce soit les mêmes discours, les mêmes accusations infondées qui sont répétés ici devant la Quatrième Commission.  Il a mis au défi les pétitionnaires d’apporter des preuves de l’implication des Sahraouis et du Front POLISARIO dans les activités terroristes et le trafic de drogues.  Si le Maroc était vraiment un havre de paix, comment se fait-il que les observateurs indépendants des droits de l’homme n’y aient pas accès? a-t-il demandé en affirmant dans la foulée que les Sahraouis de Tindouf sont libres de quitter les camps.

Reprise du débat général

« Toute forme d’occupation étrangère est une violation des droits de la personne et une menace pour la paix et la sécurité », a affirmé M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) tout en insistant pour souligner « l’importance de traiter toutes les questions liées à la décolonisation en prenant en compte les particularités de chaque cas ».  Il a rappelé que « l’État du Qatar appuie le peuple palestinien qui doit pouvoir vivre dans la paix dans les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale ».  Concernant le Sahara occidental, il a appelé à « prendre en considération toutes les résolutions du Conseil de sécurité dont la dernière, la 2468, qui rappelle l’importance de la souveraineté du Royaume du Maroc ».  Il a finalement indiqué que son pays, comme nombre de pays arabes, soutient le plan d’autonomie proposée par le Maroc.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que le processus de décolonisation demeurerait incomplet tant qu’une solution « juste » ne serait pas trouvée au différend concernant le territoire du Jammu-et-Cachemire.  Voilà 70 ans, a-t-elle affirmé, que ses habitants se voient refuser leur droit à l'autodétermination, pourtant « consacré dans 11 résolutions différentes du Conseil de sécurité de l’ONU ».  Selon la représentante, au lieu de permettre au peuple du Jammu-et-Cachemire d’exercer ce droit, l’Inde lui fait subir « une répression brutale et systémique » depuis des décennies.  « Comme si cela ne suffisait pas, l’Inde a, le 5 août 2019, annexé illégalement le territoire occupé faisant l’objet du différend », a déploré la représentante.  À ses yeux, en déployant des milliers de troupes supplémentaires dans ce qui était « déjà la zone la plus militarisée au monde », l’Inde a transformé le Jammu-et-Cachemire en véritable « prison ».  La représentante a notamment mentionné des rapports faisant état d’un recours généralisé à la torture et aux arrestations arbitraires, ainsi que de « milliers d’enfants arrachés à leur foyer en pleine nuit et sans la moindre trace ».  Elle a jugé qu’il était grand temps de réaliser « l’engagement solennel » pris par le Conseil de sécurité dans ses résolutions s’agissant du droit à l’autodétermination du peuple du Jammu-et-Cachemire.  « La résolution du différend au Cachemire fait partie intégrante du volet sur la décolonisation », a-t-elle insisté, appelant à mettre un terme au « cynisme » et aux « préjugés » dont fait, selon elle, preuve l’ONU sur la question.  Selon elle, en effet, les « actions unilatérales » au Jammu-et-Cachemire et les « violations flagrantes » des résolutions du Conseil corrodent la crédibilité et la légitimité de l’Organisation.

Mme ISATOU BADJIE (Gambie) a soutenu le droit à l’autodétermination de tous et encouragé le dialogue pour parvenir à des solutions politiques pacifiques aux différends coloniaux, notamment sur la question du Sahara occidental.  Elle a salué les deux premiers pourparlers entre les parties à ce différend et espère que le troisième tour pourra avoir lieu cette année sous l’égide de l’ONU.  Elle a également salué l’engagement continu pour le dialogue du Maroc en ce qui concerne le « Sahara marocain », en vue de trouver une solution politique pérenne pratique et acceptable par toutes les parties.  La Gambie s’est déclarée favorable à l’initiative marocaine qui lui semble être une solution viable de nature à contribuer à la sécurité et stabilité du Sahel, dans le respect du droit international.  La déléguée s’est enfin dite encouragée par les progrès réalisés en matière de droits de l’homme au Maroc et a encouragé l’approche de développement de la région du Sahara.

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a rappelé que voici 40 ans que l’ONU discute de la question du Sahara occidental et que cette Commission a, à de nombreuses reprises, adopté des positions à ce sujet.  « Mais il semble que l’on fasse marche arrière au lieu d’aller de l’avant », a-t-il déploré, ajoutant qu’en tant qu’ancien pays colonisé, la Namibie restait préoccupée par le déni persistant du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Cette situation est un défi aux principes inscrits au cœur de la Charte des Nations Unies en plus de menacer l’autorité et la crédibilité de l’Assemblée générale, a-t-il dit.  

M. Gertze a également dit que son pays restait toujours préoccupé par l’absence de mise en œuvre de la résolution 658 (1990) du Conseil de sécurité et la non-tenue du référendum d’autodétermination au Sahara occidental demandée par ladite résolution.  Cette situation est d’autant préoccupante que l’an prochain, la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020) se terminera, que le mandat de la MINURSO prendra fin le 31 octobre de cette année et que l’Envoyé personnel du Secrétaire général au Sahara occidental, M. Hörst Köhler, a démissionné de ses fonctions.

Dans ce contexte, la Namibie a appelé à la mise en œuvre inconditionnelle de toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Union africaine, notamment celles demandant la tenue d’un référendum au Sahara occidental.  Elle a également appelé le Secrétaire général à finaliser la nomination d’un nouvel envoyé spécial, exprimant son soutien à tous les peuples privés de leur droit à l’autodétermination, a conclu son représentant.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a exprimé son soutien envers l’Argentine concernant la question des îles Malvinas.  Il a salué l’amélioration des relations bilatérales entre Buenos Aires et Londres au cours des dernières années, à l’image de l’ouverture de nouveaux vols vers les îles Malvinas et des visites entre les autorités des deux pays.

M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) a estimé qu’il est plus que temps que la communauté internationale s’engage activement dans le processus de décolonisation pour déraciner le colonialisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris l’exploitation politique, sociale, culturelle et politique.  Il est nécessaire que l’ONU et les organisations internationales remplissent leurs responsabilités en prenant des mesures pour accélérer le processus de décolonisation en vertu de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, des résolutions de l’Assemblée générale et de la Charte des Nations Unies.  Les puissances administrantes ont l’obligation de protéger les ressources humaines et naturelles des territoires non autonomes contre les abus, et d’empêcher les activités qui pourraient détruire l’environnement, la santé et le développement économique des peuples de ces territoires, a rappelé M. Sahraei.  Il a ajouté que les installations militaires de certaines puissances administrantes dans les territoires non autonomes qui nuisent aux droits et aux intérêts des peuples concernés constituent une grave source de préoccupation.  L’intérêt de ces peuples devraient être pris en compte et leurs opinions respectées par les puissances administrantes lorsqu’elles mènent des activités militaires et créent des installations militaires, a exigé le représentant.

Mme ANA NEMBA UAIENE (Mozambique) a estimé que le principe d’autodétermination et d’indépendance devrait être envisagé « de manière dynamique ».  S’agissant du Sahara occidental, elle a appuyé les efforts de l’Union africaine et de l’ONU pour promouvoir le droit à l’indépendance de ce territoire.  Garantir le droit de l’autodétermination aux Sahraouis reste un objectif non atteint de la communauté internationale, et en particulier de l’ONU et de l’UA, a-t-elle constaté à regret.  Tout en saluant les pourparlers qui ont eu lieu entre toutes les parties prenantes à ce différend à Genève en mars 2019, sous l’égide de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, elle a demandé l’application de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et de l’UA sur ce territoire.  Le Mozambique a en outre appelé le Conseil de sécurité à élargir le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour qu’il couvre la protection des droits de l’homme.  Abordant ensuite la question israélo-palestinienne, la représentante a regretté que le processus de paix soit mis à mal, condamnant l’expansion des colonies de peuplement israéliennes.  Le Mozambique a néanmoins espéré qu’il sera possible de parvenir à une solution pérenne sur ces deux questions.

M. NGUYEN NAM DUONG (Viet Nam) a notamment souligné que la décolonisation reste une des plus hautes valeurs des Nations Unies, la paix, la stabilité et le développement durable n’étant possibles que si les populations peuvent jouir de leur droit à l’autodétermination.  Il s’est ainsi dit en faveur de la pleine élimination du colonialisme sous l’égide de l’ONU.  Il revient aux agences spécialisées de l’Organisation de faire en sorte que soient levés les obstacles au plein exercice du droit à l’autodétermination des 17 territoires non autonomes, a-t-il ajouté, en exhortant les puissances administrantes à coopérer davantage avec le Comité des Vingt-Quatre.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a souhaité, pour le dénouement de la situation au « Sahara marocain », que soit mené un processus constructif sous les auspices exclusifs de l’ONU, cela sur la base des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis 2007, y compris la résolution 2468 du 30 avril 2019.  Le représentant a salué l’approche du Royaume du Maroc qui, a-t-il dit, a proposé une initiative d’autonomie de la région reposant sur l’édification d’une société démocratique et moderne, fondée sur l’état de droit, les libertés individuelles et collectives et le développement économique et social.  M. Barro, soulignant ensuite la nécessité de combattre le terrorisme et de répondre aux défis transfrontaliers dans la région, a estimé que s’imposait plus que jamais une solution pragmatique de partenariat dans la zone sahélo-saharienne, combinant la composante humanitaire à celles de politique sécuritaire et de développement socioéconomique. 

M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie) a appelé à plus d’engagement de la communauté internationale en faveur de la décolonisation et pour arriver à des solutions réalistes et durables à tous les différends.  Parler de l’autodétermination l’a amené à parler de la question palestinienne et du refus de la communauté internationale d’aller de l’avant avec la solution des deux États.  La solidarité et les synergies qui caractérisent les relations que la Jordanie entretient avec tous ses voisins, y compris avec le Maroc, a conduit le représentant à affirmer que les deux royaumes parlent le même langage avant de soutenir le plan marocain d’autonomie et de réaffirmer la souveraineté du Maroc sur ce territoire.  Le représentant s’est en conclusion félicité des efforts du Secrétaire général, par le biais de son Envoyé personnel, pour parvenir à une solution politique à ce différend.

M. WIDYA SADNOVIC (Indonésie) a regretté qu’à la fin de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, il y ait encore 17 territoires non autonomes inscrits sur la liste établie par l’ONU.  Il a salué les travaux du Comité spécial de la décolonisation ainsi que de l’unité de la décolonisation de l’ONU, notamment les séminaires régionaux organisés par le Comité spécial et les développements positifs dans ses relations avec les puissances administrantes, en espérant qu’elles continueront de collaborer avec le Comité spécial de la décolonisation à l’avenir.  Pour sa part, l’Indonésie continuera à œuvrer au sein du Comité spécial de la décolonisation, a assuré le représentant en appelant à se focaliser sur les 17 territoires non autonomes pour trouver des solutions acceptables pour les parties concernées au cas par cas.  Il n’existe pas de solution « taille unique », a-t-il tranché.

Mme MA YUANCHUN (Chine) a déploré que les problèmes découlant du passé colonial constituent encore un obstacle au développement des populations, où le processus de décolonisation reste un chemin difficile à emprunter jusqu’à son terme.  À son tour, elle a exhorté les puissances administrantes à coopérer de manière constructive avec le Comité des Vingt-Quatre, en prenant notamment des mesures favorables au développement socioéconomique des quelques deux millions de personnes vivant dans les 17 territoires non autonomes à l’ordre du jour des Nations Unies.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la représentante du Royaume-Uni a réagi à la déclaration du Chili pour réaffirmer que le Royaume-Uni n’a aucun doute quant à sa souveraineté sur les îles Falkland et sur le droit à l’autodétermination de ses habitants.  Elle a assuré que la relation du Royaume-Uni avec ses territoires d’outre-mer est moderne et tient compte des avis des habitants de ces territoires.

Le représentant de l’Argentine a réagi à cette intervention pour réitérer que les îles Malvinas sont occupées de manière illicite par le Royaume-Uni et font l’objet d’un différend colonial qui a amené l’Assemblée générale à adopter 10 résolutions à ce sujet.  Elle y exhorte les deux Gouvernements concernés à reprendre les négociations bilatérales pour trouver une solution pacifiquement.  Pour l’Argentine, le principe de l’autodétermination ne s’applique pas dans ce cas.  Elle a persisté à revendiquer la souveraineté argentine sur ces îles.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: Russes, Chinois et Américains se rejettent la responsabilité de la détérioration de la sécurité internationale

Soixante-quatorzième session,
4e séance – matin
AG/DSI/3625

Première Commission: Russes, Chinois et Américains se rejettent la responsabilité de la détérioration de la sécurité internationale

Alors que de nombreuses délégations déploraient une grave détérioration de l’environnement sécuritaire international, la deuxième journée du débat général de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a vu aujourd’hui les délégations américaine, russe et chinoise se rejeter la responsabilité de cette détérioration et de l’absence de progrès en matière de désarmement. 

Si le représentant des États-Unis a indiqué avoir proposé à la Chine et à la Russie des négociations pour réduire leurs armements, les représentants russe et chinois ont mis en doute la volonté des États-Unis de respecter de nouveaux engagements alors qu’ils ne respectent déjà pas les actuels.  Les deux délégations ont accusé les États-Unis, qui les avaient vigoureusement mis en cause lors de leur intervention de la veille, d’être responsables de l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, de rendre incertain l’avenir de l’actuel Traité de réduction des armements stratégiques (New START), de s’opposer à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient et de favoriser la militarisation future de l’espace. 

« Jamais l’état de la sécurité internationale n’a été marquée par autant d’incertitudes », a ainsi lancé le représentant de la Chine avant d’exhorter les États-Unis à abandonner « leur mentalité de guerre froide ».  Il a notamment condamné le déploiement de missiles balistiques américains dans la région Asie-Pacifique, ajoutant que les accusations américaines qui visent la Chine resteraient hypocrites, tant que ce pays n’aurait pas abaissé son arsenal au niveau de celui de la Chine. 

« Comment voulez-vous qu’on vous fasse confiance ?», a lancé de son côté le représentant de la Fédération de Russie à la délégation américaine.  « Depuis des décennies vous renforcez votre potentiel offensif et militaire, vous déployez des moyens de mener des opérations militaires partout dans le monde », a-t-il accusé. 

« Nous n’avons pas de leçons à recevoir », a répondu le représentant américain avant de dénoncer le comportement « menaçant et dangereux » de la Russie, qu’il a accusée de redessiner les frontières en Ukraine et en Géorgie, et d’accuser la Chine de viser le doublement de son arsenal nucléaire au cours de la prochaine décennie. 

Dans ce contexte de méfiance et de défiance, le représentant du Liban a estimé que « les efforts visant à mettre en place une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient représentent la seule bonne nouvelle.  À l’instar des délégués du Yémen, de l’Algérie, de l’Égypte, de la République arabe syrienne, mais aussi de la Fédération de Russie, il s’est félicité de l’adoption de la décision 73/546 de l’Assemblée générale, qui appelle à la tenue, en novembre 2019 sous la présidence jordanienne, d’une conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Tous ont estimé que le succès d’une telle conférence aurait une incidence positive sur la Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et sur la paix et la stabilité régionales et internationales dans son ensemble. 

Cette deuxième journée du débat général a aussi été l’occasion pour les délégations de passer en revue un large éventail de défis en matière de désarmement.  Des délégations ont d’abord appelé à la revitalisation de la Conférence de désarmement, haut lieu de négociations de tous les accords.  Parmi les acquis et les étapes, ont été citées la mise en œuvre de la Convention sur certaines armes classiques, la cinquième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes à Genève, du 26-30 août 2019, la quatrième conférence d’examen de la Convention d’interdiction des mines antipersonnel avec l’objectif d’un monde exempt de mines en 2025, l’opérationnalisation de l’équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ou encore la conférence d’examen 2021 de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT). 

En écho aux menaces liées aux nouvelles technologies, les délégations ont souligné l’importance de normes pour réguler les activités des États dans le cyberespace et l’urgence de trouver des solutions pour éviter la militarisation de l’espace.  Des délégations se sont félicitées de la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les éléments fondamentaux d’un instrument international juridiquement contraignant, visant à prévenir une course aux armements dans l’espace. 

Par ailleurs, à l’instar de nombreuses délégations hier, les représentants de l’Australie, du Pérou, de la Norvège ont jugé inacceptable le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et se sont inquiétés des mesures prises par l’Iran pour réduire ses obligations au titre du Plan d’action global conjoint.  Le représentant de l’Ukraine, quant à lui, a regretté que la Russie ait continué à transférer du matériel militaire dans l’est de l’Ukraine en 2019 alors que la Crimée occupée s’est transformée en forteresse militaire. 

La prochaine réunion de la Première Commission se tiendra lundi 14 octobre à 10 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Mme SALLY MANSFIELD (Australie) a salué la détermination des États parties à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction à tenir responsable ceux qui utiliseraient des armes chimiques.  Elle s’est félicitée que l’équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) soit maintenant opérationnelle.  Elle a exhorté les parties à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT) à se concentrer sur l’idée de parvenir à un consensus à l’occasion de la prochaine conférence d’examen en 2021. 

Appuyant l’objectif de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, la représentante a salué la pertinence du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui célébrera en 2020 le cinquantième anniversaire de son entrée en vigueur.  Elle a estimé que les rapports des groupes d’experts sur la vérification du désarmement nucléaire et un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires avaient ouvert la voie aux étapes à venir.  Pour l’Australie, l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) envoie le message fort que les essais nucléaires sont intolérables.  Mme Mansfield a donc encouragé les États à appuyer cette année la résolution sur le TICEN. 

Par ailleurs, la représentante de l’Australie a souhaité la dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne avant de condamner les lancements de missile par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Elle a exhorté les États-Unis et la République de Corée à poursuivre le dialogue avec la RPDC.  Il a aussi regretté le manque de coopération de l’Iran au regard du Plan d’action global commun. 

 « L’Australie continue d’appuyer l’universalisation du traité sur le commerce des armes », a encore dit Mme Sally Mansfield avant de saluer la décision prise cette année sur la violence fondée sur le genre lors de la conférence des États parties.  Soulignant les nouveaux défis à la sécurité que constituent les nouvelles technologies émergentes, dont les systèmes d’armes létal autonome, la représentante a estimé que sur la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) était l’instance idoine pour aborder ces questions et adopter des directives.  Elle a regretté que certains acteurs continuent d’utiliser le cyberespace pour miner la paix et la stabilité alors que la communauté internationale s’est entendue, par consensus, sur le fait que les normes du droit international s’appliquaient aux États dans leurs rapports avec le cyberespace.  Elle a espéré que le nouveau Groupe de travail à composition ouverte permette d’avancer sur la question. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a indiqué que son pays appuyait activement le Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes, qui ont le potentiel de renforcer la sécurité humaine des pays de sa région.  Il a ensuite plaidé pour l’adoption d’instruments juridiques contraignants de traçage des armes légères et de petit calibre pour éviter leur détournement vers des marchés illicites. 

M. Meza-Cuadra a également plaidé pour l’universalisation des accords multilatéraux de désarmement des armes de destruction massive, regrettant la crise que traverse le régime de non-prolifération des armes nucléaires et chimiques.  Pour lui, les auteurs d’attaques chimiques en Syrie, en Iraq et en Malaisie doivent être traduits en justice.  Concernant le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a exhorté l’ONU à maintenir ces sanctions tant que Pyongyang n’aura pas abandonné toutes ses activités illégales « et qui constituent une menace constante à la paix et à la sécurité internationale ».  Enfin, M. Meza-Cuadra a appelé à la mise en place d’une réglementation encadrant l’usage des nouvelles technologies, qui, comme les drones, modifient les conflits contemporains. 

M. MARCIN WRÓBLEWSKI (Pologne) a appelé à contrer les tensions croissantes sur la scène internationale.  Depuis son entrée en vigueur en 1970, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a été la pierre angulaire des efforts de désarmement.  Il a souhaité que la Conférence d’examen du TNP prévue en 2020 permette de désamorcer les tensions et de renforcer la confiance.  Il a rejeté sur la Fédération de Russie la responsabilité entière de la fin du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée. 

Le représentant a regretté que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’ait pas pris de mesures pour parvenir à une dénucléarisation complète et vérifiable.  Il a exhorté la RPDC à se soumettre au système de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a regretté que l’Iran ait décidé de réduire les obligations qui lui incombent au titre du Plan d’action global commun. 

Après avoir rappelé que la Pologne avait présidé en 2017 et 2018 les réunions sur le Code de conduite de la Haye visant à éviter la prolifération des missiles balistiques, M. Wróblewski a souhaité que les auteurs et responsables des attaques chimiques en Syrie soient traduits en justice.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de normes garantissant un cyberespace ouvert et libre qui décourage ceux qui auraient des comportements irresponsables. 

Mme MARÍA DEL ROSARIO ESTRADA GIRÓN (Guatemala) a déclaré que le multilatéralisme était la seule voie pour garantir l’établissement de sociétés pacifiques et durables.  Elle a indiqué que son pays était fermement engagé dans la réalisation de l’objectif commun d’un monde sans armes nucléaires.  Nous rejetons l’existence même de ces armes, le recours ou la menace de leurs recours, notamment contre des États non dotés de l’arme nucléaire, a insisté la représentante, qui a rappelé que son pays appartenait à la première région du monde à s’être déclarée zone exempte d’armes nucléaires à travers le Traité de Tlatelolco.  Qualifiant ces zones d’instruments de confiance interétatique, elle a vu dans le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires une étape importante sur la voie d’un monde sans armes nucléaires. 

Ce traité, comme les zones exemptes d’armes nucléaires, complète le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a poursuivi M. Estrada Girón, souhaitant que la Conférence d’examen de 2020 du TNP soit l’occasion de transformer les engagements pris lors des réunions préparatoires en actions concrètes.  Les États dotés parties au Traité doivent se mettre en conformité avec leurs obligations, y compris celles au titre de l’Article VI du TNP, a souligné la représentante.  Revenant sur les zones exemptes d’armes nucléaires, il a invité les États Membres à participer activement et de bonne foi à la conférence sur la création d’une telle zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, qui aura lieu en novembre.

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a dit l’importance du désarmement nucléaire pour promouvoir la paix et la stabilité dans le monde.  Il a jugé urgent la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient pour corriger un déséquilibre entre les pays de la région.  « Alors que tous les pays arabes ont adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et souhaitent la création d’une telle zone au Moyen-Orient, Israël s’y oppose et refuse de placer ses installations sous le régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », a regretté le représentant.  Dans ce contexte, il a salué l’organisation, en novembre, sous la présidence de la Jordanie, conformément à la décision 73/546 de l’Assemblée générale, d’une conférence de l’ONU sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Le représentant a souhaité que tous les pays de la région participeront à cette conférence en vue de parvenir à un traité juridiquement contraignant qui renforcerait la paix et la stabilité dans la région et dans le monde. 

Par ailleurs, le représentant a précisé que son pays était en guerre depuis cinq ans en raison d’un coup d’état mené par des milices terroristes soutenues par l’Iran, qui leur fournit missiles balistiques, drones et mines.  Il a expliqué que les armes et les mines utilisées par les milices houthies tuaient des Yéménites mais menaçaient aussi les pays voisins.  Il a dit que son armée avait déjà débarrassé le pays de 300 000 mines qui paralysaient la vie au quotidien.  Il a appelé à un soutien de la communauté internationale pour poursuivre les opérations de déminage. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires avait clairement contribué au renforcement des normes de désarmement et de non-prolifération.  À cet égard, a-t-il dit, l’Algérie a participé activement à l’établissement d’une telle zone en Afrique, en accompagnant l’élaboration du Traité de Pelindaba, entré en vigueur il y a 10 ans.  Le représentant a salué l’adoption, en décembre dernier, de la décision 73/456 de l’Assemblée générale actant l’organisation d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  À son tour, il a appelé les États Membres à participer activement et de bonne foi aux délibérations devant ouvrir la voie à la négociation d’un traité juridiquement contraignant pour cette région. 

Concernant les mécanismes de désarmement, le représentant a rappelé que son pays assumerait la première présidence tournante de la Conférence du désarmement en 2020.  Il a souhaité que les États unissent leurs efforts pour revitaliser cet instrument important de mise au point et de négociations des traités multilatéraux.  Par ailleurs, M. Bessedik a indiqué que sa délégation présenterait de nouveau, cette année, le projet de résolution intitulé « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée ». 

Mme PATRICIA BENÍTEZ LIMA (Uruguay) a déclaré que l’urgence était de parvenir à un désarmement nucléaire complet, vérifiable, irréversible et dans le cadre d’un calendrier agréé au niveau multilatéral.  Pour l’Uruguay, tous les pays non détenteurs d’armes nucléaires devaient obtenir de la part des pays dotés de ces armes des assurances en matière de non recours ou non menace de recours de ces armes.  Face aux risques humanitaires que posent ces armes, la représentante a appelé à une approche fondée sur le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. 

Mme Benítez Lima a estimé que la modernisation des arsenaux nucléaires en cours et l’augmentation des dépenses militaires s’apparentait à une nouvelle course aux armements.  L’Uruguay, a-t-elle rappelé, a été l’un des premiers pays à avoir adhéré au Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires.  Rappelant l’importance des trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), elle a appuyé le droit au recours à l’énergie atomique à des fins pacifiques en respectant les normes de sûreté agréées au niveau international.  Elle a jugé indispensable de parvenir à un traité multilatéral et vérifiable sur les matières fissiles. 

Parce qu’un État ne peut régler à lui seul la prolifération des armes légères et de petit calibre, la représentante a estimé que la réduction de la disponibilité de l’accès à ces armes était la meilleure réponse.  Elle a aussi mis l’accent sur la dimension du genre, en rappelant que les femmes étaient touchées de manière disproportionnée par les conflits.  « Nous devons miser sur la diplomatie préventive pour renforcer la confiance et promouvoir la transparence entre les États pour permettre des progrès dans les réunions de désarmement » a-t-elle conclu. 

M. CONG FU (Chine) a déclaré que les États-Unis, dans leur quête désespérée de suprématie, transformaient l’espace extra-atmosphérique et le cyberespace en de nouveaux champs de bataille, de tels actes ayant « gravement sapé la stabilité stratégique mondiale et accru le risque de conflit nucléaire ».  Le représentant a jugé que les États-Unis étaient responsables de l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et que le comportement de ce même pays rendait incertain l’avenir du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (New START). 

Jamais, a lancé M. Fu, l’état de la sécurité internationale n’a été marqué par autant d’incertitude.  Pour le représentant, la pression exercée tous azimuts par les États-Unis complique la gestion du dossier nucléaire iranien et pousse au point de rupture la situation au Moyen-Orient.  Dans ce contexte, il a plaidé pour une relance des initiatives multilatérales, y compris pour assurer un contrôle partagé et responsable des armes, conformément au vœu du Secrétaire général des Nations Unies. 

Concernant les armes de destruction massive, le représentant a exhorté les États-Unis à respecter ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), cela en détruisant sans délais leurs stocks.  La Chine, a-t-il enchéri, a toujours honoré ses engagements en matière de non-prolifération, en témoigne sa pleine mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité visant la prolifération nucléaire.  Le représentant a de nouveau exhorté les États-Unis à s’abstenir de critiquer la politique militaire de son pays: « Que les États-Unis réduisent leurs arsenaux au niveau auquel se situent les nôtres avant de tenir des propos désobligeants, faibles et futiles contre la Chine », a-t-il ainsi lancé. 

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que les États-Unis cherchaient à mettre à mal les accords internationaux en matière de désarmement.  Il a jugé inacceptable que les États-Unis bloquent la participation des experts russes aux travaux de désarmement.  Il a expliqué que sa position et de celle de la Chine divergeaient de celles des Américains et des Européens en ceci, qu’elle ne s’était jamais écartée des normes des relations internationales.  Il a mis l’accent sur la volonté russe de parvenir à une sécurité égale et indivisible pour tous avant de dénoncer la « politique américaine qui vise à mettre à mal l’architecture mondiale du désarmement ». 

Pour la Fédération de Russie, les États-Unis ont, depuis le début du siècle, mis à mal la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, les accords sur les armements stratégiques offensifs et le Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire.  « Bientôt nous n’aurons plus rien à débattre en Commission du désarmement parce qu’il n’y aura plus aucune convention », s’est inquiété le représentant. 

M. Yermakov a affirmé que son pays mettait l’accent sur la réalisation d’initiales constructives appuyées par le Mouvement des pays non alignés qui rassemble la majorité des pays.  « Contrairement aux États-Unis, nous proposons de renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de proroger l’accord START; contrairement aux États-Unis, nous proposons un moratoire sur le déploiement des forces nucléaires à portée intermédiaire et non pas l’augmentation de leur déploiement; contrairement aux États-Unis, nous proposons d’entamer un dialogue pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et finalement, nous proposons l’interdiction de toute arme dans l’espace extra-atmosphérique », a-t-il lancé.  Face à ce constat, le représentant a regretté que les pays européens aient décidé de mettre à mal leur souveraineté en n’osant pas s’opposer aux pressions américaines. 

M. TAE-YUL CHO (République de Corée) a indiqué que la journée de pourparlers sur le nucléaire du 30 juin entre des représentants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’avait produit aucun résultat tangible.  Le fossé entre les positions des deux pays reste immense, s’est-il inquiété, avant de demander aux autorités nord-coréennes de remplir leurs obligations en matière de dénucléarisation et de poursuivre un dialogue constructif avec les États-Unis. 

De son côté, a ajouté le représentant, la communauté internationale doit continuer d’œuvrer de concert pour que soit trouvée une solution négociée au problème du nucléaire nord-coréen, solution qui devra déboucher sur l’établissement d’une paix permanente dans la péninsule coréenne.  « Comme l’a déclaré à la tribune de l’Assemblée générale le Président Moon le mois dernier, la paix dans la péninsule coréenne est inextricablement liée à la paix dans le monde », a encore déclaré le représentant.  Il a, par ailleurs, annoncé que sa délégation présenterait cette année un nouveau projet de résolution, portant sur l’autonomisation et l’engagement des jeunes.  Il a précisé que ce texte se voulait être une contribution à la mise en œuvre de l’action 38 du programme de désarmement du Secrétaire général des Nations Unies. 

Mme LENA PYLVÄNÄINEN (Finlande) a déclaré que le renforcement de l’architecture internationale du contrôle des armes exigeait de la confiance entre États.  Cela exige aussi des institutions multilatérales fortes, une mise en œuvre nationale effective ainsi qu’un soutien de la communauté internationale au renforcement des capacités.  « Tel est notre objectif et c’est cela qui doit diriger nos travaux cet automne », a-t-elle dit. 

Cependant, pour parvenir à ces objectifs, il y a des étapes importantes à franchir au préalable, a argumenté Mme Pylvänäinen.  Il faut d’abord, sur la question des armes nucléaires, s’assurer de la réussite du processus d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Alors que les discussions tenues lors de la troisième session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2020 ont permis aux délégations de clarifier leurs positions, celles-ci doivent continuer, dans le cadre de la Première Commission, d’identifier les bases communes et les domaines sur lesquels ils doivent continuer de travailler. 

Concernant les armes chimiques, il faut s’assurer que les normes existantes sont respectées et les contrevenants tenus responsables de leurs actes.  Pour cela, les délégations doivent faire en sorte que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques reçoive un appui et des moyens suffisants pour lui permettre de mettre en œuvre son mandat.  Enfin, s’agissant des armes classiques, il faut s’assurer que les engagements pris au titre des différents instruments existants sont tenus.  L’assistance internationale est primordiale en ce sens, a plaidé la représentante, faisant observer que, cinq ans après son entrée en vigueur, le Traité sur le commerce des armes avait déjà prouvé sa valeur. 

M. RAVINATHA ARYASINHA (Sri Lanka) a rappelé que son pays avait fait partie des premiers signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968 et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) en 1996. 

« Le Sri Lanka, qui a connu trois décennies de conflit séparatiste terroriste et plus récemment l’attaque terroriste du dimanche de Pâques en début d’année, est conscient des ravages des armes légères et de petit calibre et des conséquences du commerce illicite des armes, lorsque des acteurs non-étatiques ont accès à ces armes », a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que son pays, en tant que signataire du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre, avait créé une commission nationale chargée de lutter contre la prolifération de ces armes dans le pays.  Il s’est dit alarmé par le montant de dépenses militaires mondiales qui a dépassé 1 800 milliards de dollars avant d’appeler à des réductions qui pourraient être destinées au développement économique et social. 

Par ailleurs, M. Aryasinha a indiqué que son pays visait l’objectif de devenir un pays exempt de mines antipersonnel d’ici à 2020 en travaillant de concert avec des organisations non gouvernementales et des organisations locales spécialisées dans le déminage.  L’Armée du Sri Lanka a contribué à 90 % du déminage du pays en permettant ainsi la rapide réinstallation des personnes déplacées et le redéveloppement de ces zones, a-t-il précisé. 

En outre, le Sri Lanka est devenu, en décembre 2017, le cent-soixante-troisième pays à adhérer à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et en mai 2018 le cent-troisième État partie à la Convention sur les armes à sous-munitions.  En septembre dernier, Sri Lanka a présidé la réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions », a indiqué le représentant.  Il a aussi rappelé que son pays avait également présidé, en novembre 2015, la Réunion des Hautes Parties contractantes à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, au cours de laquelle il avait lancé des discussions sur les systèmes d’armes létales autonomes.  Enfin, le représentant a rappelé que son pays et l’Égypte présentaient depuis deux décennies une résolution annuelle sur la prévention de la course aux armements dans l’espace. 

Mettant l’accent sur l’importance de la Conférence du désarmement, le représentant s’est dit fier que cette Conférence ait eu lieu sous la présidence de son pays en 2018 et ait pu s’entendre, en adoptant sa décision DC/2119 le 16 février 2018, sur la création de cinq organes subsidiaires chargés de travailler sur tous les points à l’ordre du jour de la Conférence. 

M. BASSEM YEHIA HASSAN KASSEM HASSAN (Égypte) a déclaré que le défi le plus important en matière de désarmement était de faire face à la détérioration de l’environnement sécuritaire aux niveaux régional et international.  Il s’est inquiété du « retour en arrière » des grandes puissances en matière de désarmement.  Il a dénoncé le début d’une nouvelle course aux armements sous la forme de l’amélioration des arsenaux nucléaires, alors que se profile le risque d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et le recours aux nouvelles technologies à des fins conflictuelles. 

Le représentant s’est particulièrement inquiété de l’absence de mise en œuvre des engagements pris lors de différents accords, notamment l’absence de zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, malgré un accord de 1995.  Il s’est félicité de la décision 73/546 de l’Assemblée générale demandant au Secrétaire général d’organiser, en novembre, une conférence pour la réalisation d’une telle zone au Moyen-Orient.  « Une telle conférence devrait déboucher sur un accord qui serait une garantie pour la stabilité dans la région », a-t-il dit, avant d’estimer qu’une telle conférence permettrait aussi de faire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2020 une réussite. 

Par ailleurs, M. Hassan a insisté sur la nécessité d’un texte juridiquement contraignant pour prévenir une course aux armements dans l’espace et éviter qu’on puisse, demain, attaquer des satellites et les prendre.  Il s’est félicité de la création, conformément à la résolution 72/250 de l’Assemblée générale, d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les éléments fondamentaux d’un instrument international juridiquement contraignant visant à prévenir une telle course aux armements.  S’agissant des menaces liées aux nouvelles technologies, il a jugé indispensable que l’ONU permette l’avènement de règles contraignantes garantissant la sécurité pour tous dans le cyberespace. 

M. RUSLAN NIMCHYNSKYI (Ukraine) a déploré la perte que représente l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, estimant qu’elle pourrait déboucher sur une dangereuse révision à la hausse des arsenaux nucléaires.  Il a ajouté qu’à l’origine, la dénucléarisation de l’Ukraine était liée au respect, par la Russie, de la souveraineté de son pays.  Nous avons vu ce qu’il en a été avec l’agression des forces militaires russes, a-t-il dit. 

Le représentant a appelé tous les États à conclure des accords de sauvegarde complets avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont il a salué l’approche cohérente et stable.  Il a, en outre, plaidé pour l’universalisation et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et souligné l’efficacité de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde. 

Sur les armes classiques, M. Nimchynskyi a déclaré que « l’agression russe » contre son pays avait été menée par des forces militaires régulières dont l’action avait fait voler en éclat les dispositifs multilatéraux de lutte contre la prolifération régionale d’armes légères et de petit calibre.  En 2019, des transferts militaires russes ont toujours lieu dans l’est de l’Ukraine, déstabilisant tout le pays, a-t-il condamné.  « L’empreinte russe en Crimée et en mer Noire est menaçante, la Crimée étant devenue une forteresse militarisée », a-t-il ajouté, avant de demander que « la Russie, Puissance occupante », se retire de la Crimée, faute de quoi sa militarisation accrue pourrait avoir des conséquences sur la sécurité dans tout le sud de l’Europe.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) restait la pierre angulaire des efforts de désarmement et de non-prolifération de la communauté internationale.  Elle a salué l’initiative américaine visant à créer un environnement propice au désarmement nucléaire et s’est félicitée de la création en avril 2019 d’un Groupe d’experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire.  Parce que la dimension de vérification est essentielle pour que le désarmement devienne une réalité, la Norvège a indiqué que son pays allait déposer une résolution sur la vérification du désarmement nucléaire de manière complète, vérifiable et irréversible.  « Nous plaidons pour une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) » a-t-elle ajouté.  

Pour la Norvège, le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) « reste inacceptable ».  La représentante s’est également inquiétée des mesures prises par l’Iran pour réduire ses obligations au titre du Plan d’action global conjoint.  Elle a par ailleurs regretté que le Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée ait expiré, en attribuant la cause au non-respect de ses engagements par la Russie, avant d’inviter cette dernière et les États-Unis à étendre le nouveau régime du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques (New START). 

Mme Juul a mis l’accent sur l’importance d’un cyberespace sûr et stable dans l’intérêt de la sécurité nationale et internationale.  En outre, elle a précisé que la Norvège présidait la quatrième conférence d’examen de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, en gardant à l’esprit l’objectif d’un monde exempt de mines en 2025.  La Norvège préside aussi cette année le Code de conduite de la Haye contre la prolifération des missiles balistiques, un instrument auquel participe 140 pays pour promouvoir la transparence et le renforcement de la confiance, a également rappelé la représentante. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré que l’effectivité et la viabilité des régimes de non-prolifération, de contrôle des armes et de désarmement exigeaient que les règles soient respectées et que les accords soient pleinement mis en œuvre par toutes les parties.  Cela est primordial dans le contexte de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de l’an prochain, au cours de laquelle tout doit être fait pour renforcer le rôle multilatéral de cet instrument dédié à la sécurité internationale, a dit le représentant. 

L’Estonie, qui soutient une approche progressive en matière de désarmement nucléaire, soutient aussi le début des négociations au sein de la Conférence du désarmement en vue de l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Elle réitère aussi sa demande exprimée, depuis 2001, de participer aux travaux de la Conférence du désarmement.

M. Auväärt a également déploré que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur.  Il a rejoint l’appel lancé aux pays de l’annexe II de le signer et de le ratifier sans plus tarder.  Parallèlement, la prolifération de missiles balistiques capables de transporter les charges nucléaires inquiète beaucoup l’Estonie.  C’est pourquoi le pays estime que le Régime de contrôle de la technologie des missiles et le Code de conduite de la Haye jouent un grand rôle en matière de prévention de la prolifération de ces armes. 

Le représentant a également déclaré que les programmes nucléaires et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuaient de violer les résolutions du Conseil de sécurité et de menacer la paix et la sécurité internationales.  L’Estonie continue donc d’appeler la RPDC à cesser ses « provocations » et à prendre des mesures concrètes pour la vérification de ses installations et la dénucléarisation. 

Par ailleurs, l’Estonie continue de soutenir le Plan d’action global commun ainsi que la mission de vérification des installations nucléaires iraniennes par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle s’inquiète donc de la décision des autorités iraniennes de revenir sur leurs engagements pris dans le cadre du Plan d’action global commun.  Elle les exhorte à cesser et à se garder d’aller plus loin dans leurs activités, tout en coopérant étroitement avec l’AIEA. 

M. DASTAN YELEUKENOV (Kazakhstan) a souligné que l’instauration de moratoires sur les essais nucléaires, en particulier ceux maintenus par les États dotés de l’arme nucléaire, ne sauraient constituer une alternative à un instrument juridiquement contraignant tel que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Pour lui, l’entrée en vigueur de ce traité représenterait un moyen essentiel de parvenir à la pleine mise en œuvre de toutes les obligations du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Rappelant l’attachement de son pays à la création de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, y compris au Moyen-Orient, le représentant a indiqué que le Kazakhstan exerçait cette année les fonctions de coordonnateur du Traité sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale (le Traité de Semipalatinsk), entré en vigueur il y a 10 ans.  Il a assuré la Commission que son pays continuerait d’œuvrer à la concrétisation du souhait du Président du Kazakhstan, M. Nursultan Nazarbayev, qui exhorte la communauté internationale à parvenir à un monde sans armes nucléaires en 2045, date du centenaire des Nations Unies. 

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) s’est inquiété du développement de conflits d’influence stratégiques entre les États dotés de l’arme nucléaire.  Il a regretté que les intérêts nationaux des États nucléaires se substituent à l’importance des principes de sécurité humaine.  Dans ce tableau, « les efforts visant à mettre en place une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient représentent la seule bonne nouvelle » a-t-il affirmé.  Il s’est ainsi félicité de l’adoption de la résolution 73/546 de l’Assemblée générale, qui appelle à la tenue en novembre, sous la présidence jordanienne, d’une conférence portant sur la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que ce pays adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et place ses installations sous la surveillance du régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

Le représentant a, en outre, rappelé que le Liban avait ratifié le Traité sur le commerce de armes le 9 mai 2019.  Il s’est félicité de la mise en place de deux mécanismes en matière de sécurité dans le cyberespace en précisant que son pays avait adopté, le 29 août dernier, une stratégie nationale en matière de cybersécurité. 

M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a rappelé que son pays n’avait jamais produit quelque catégorie d’armes que ce fût, et que, récemment, son gouvernement avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a noté que le développement durable, conformément au vœu du Secrétaire général des Nations Unies, devait faire partie de toutes les initiatives internationales de désarmement, la sécurité étant un préalable à l’instauration d’une paix durable dans les sociétés humaines. 

Le représentant a appelé la communauté internationale à s’adapter aux menaces nouvelles et non traditionnelles à la paix et à la sécurité, en appuyant par le consensus le plus large possible les résolutions de la Première Commission, en particulier celles relatives à la non-prolifération de tous les types d’armes, de munitions et de technologies pouvant faire l’objet d’un double usage.

Droits de réponse

Réagissant à la déclaration faite hier par les États-Unis, le Représentant de la Fédération de Russie a dit avoir eu l’impression, à entendre leur représentant, que les États-Unis étaient le seul État du monde à s’inquiéter des questions de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération.  Mais « aujourd’hui, la Fédération de Russie a montré que la réalité était bien différente », a-t-il ajouté.  Depuis des décennies, les États-Unis continuent de renforcer leur potentiel offensif et militaire, a-t-il accusé, dénonçant le déploiement par les États-Unis de moyens leur permettant de mener des opérations militaires partout dans le monde, l’augmentation de leur budget militaire et les pressions menées sur leurs alliés pour qu’ils modernisent leurs armements et augmentent leurs stocks.

« Il n’y a plus aucune région du monde qui n’a pas de base militaire américaine », a relevé le représentant, qui a dénoncé « une rhétorique américaine héritée de la guerre froide et contraire aux relations interétatiques fondées sur le droit international ».  Se disant surpris par le lien fait hier par le représentant américain entre « démocratie et désarmement », le représentant de la Fédération de Russie a estimé que les efforts de militarisation de l’espace, la modernisation des missiles offensifs et les freins à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des accords internationaux dans le domaine du contrôle du désarmement semblaient démontrer que les États-Unis n’étaient plus une démocratie. 

Réagissant à l’intervention syrienne d’hier, le représentant des États-Unis a assuré que le régime syrien devrait répondre du recours à des armes chimiques.  Répondant à une déclaration du représentant de la Chine accusant les États-Unis de harceler d’autres pays, il a suggéré que l’on demande aux voisins de la Chine qui est l’harceleur.  Il a indiqué que les États-Unis prévoyaient de détruire leurs stocks d’armes chimiques d’ici à 2023.  « Alors que la Chine a développé ses armes sans aucune contrainte, nous avons proposé à la Chine et à la Russie de nous rejoindre dans des négociations pour réduire nos armements », a poursuivi le représentant.  Les États-Unis, a-t-il expliqué, ne souhaitent pas adhérer au traité pour le désarmement de l’espace parce que ce traité n’est pas transparent. 

Le représentant a également estimé que la déclaration russe rappelait la propagande soviétique, en prétendant que les États-Unis bloquaient les travaux de la Première Commission.  Il s’est insurgé contre les leçons données par la délégation d’un pays qui « se permet de redessiner par la force les frontières en Europe, notamment en Ukraine, d’interférer dans les élections démocratiques de pays tiers, et de mener des cyberattaques ».  Il a jugé « menaçant et dangereux » le comportement de la Russie, avant d’assurer que les États-Unis respectaient l’ensemble de leurs responsabilités découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Enfin, le représentant a affirmé que la Russie mettait au point des armes causant des risques d’escalade tandis que la Chine ne cessait de développer son arsenal et ses capacité nucléaires.  « La réalité est que la Chine veut doubler son arsenal nucléaire au cours de la prochaine décennie », a affirmé le représentant, qui a conclu en assurant que les États-Unis étaient « une démocratie tandis que la Russie n’en est pas une ». 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a condamné « l’approche erronée » des pays occidentaux concernant les essais « effectués dans un souci d’autodéfense face aux manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la République de Corée ».  Ce sont les circonstances qui nous poussent à renforcer nos systèmes et moyens de défense, a-t-il affirmé.  « Les sanctions ne règlent en rien les problèmes, elles sont au contraire une source de problèmes », a-t-il poursuivi, ajoutant: « Ces sanctions ne nous obsèdent pas; ce que nous ne tolérons pas, ce sont les violations de notre souveraineté commises au nom de l’application des sanctions .» 

Le représentant de la Chine a répété que les armes nucléaires de portée intermédiaire de son pays ne menaçaient en rien les États-Unis.  Mais les États-Unis comptent déployer des armes de ce type dans la région voisine de l’Asie-Pacifique, si bien que l’on est en droit de demander « qui harcèle qui ?».  La Chine ne fait que prendre les mesures qui s’imposent pour défendre ses intérêts, a ajouté le représentant.  Les États-Unis ont ratifié la Convention sur l’interdiction complète des armes chimiques (CIAC).  Ils auraient donc dû éliminer leurs stocks.  Ils ont 15 ans de retard.  Ils ont annoncé leur intention de les détruire d’ici à 2023 mais qui peut dire s’ils ne demanderont pas un nouveau délai, a demandé le représentant, qui a accusé les États-Unis de vouloir en fait conserver de telles armes.  Quant aux armes nucléaires et à la perspective de discussions trilatérales, le représentant a demandé si les États-Unis étaient prêts à réduire leur arsenal nucléaire au niveau de celui de la Chine.

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le système existant de désarmement ne satisfait pas les États-Unis, en ce qu’il restreint leurs ambitions militaires.  Ils font tout pour détricoter les accords de contrôle des armes et de désarmement et de non-prolifération, a-t-il accusé.  « Par conséquent, quelle garantie a-t-on qu’ils puissent rejoindre, demain, un nouveau système de sécurité internationale? » s’est-il demandé. 

Le représentant de la République arabe syrienne a accusé les États-Unis de répéter chaque année « le même tissu de mensonges ».  On a appris récemment par la presse qu’un essai nucléaire avait été effectué par Israël dans les années 1970, a-t-il fait observer.  Si ce fait était avéré, cela signifierait que les États-Unis sont bien un acteur de la prolifération nucléaire, a asséné le représentant.  De plus, les États-Unis bloquent l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il encore accusé, déclarant que ce pays sapait le régime du TNP en déployant des armes de destruction massive dans de nombreux points du globe, y compris en Méditerranée.  « Le Gouvernement américain précédent a financé ceux qui allaient devenir les combattants de Daech et al-Nosra, et le Gouvernement actuel demande de nouveaux reports pour détruire leurs stocks d’armes chimiques », a poursuivi le représentant, qui a également accusé les États-Unis de « participer à des programmes clandestins de développement d’armes chimiques ». 

Le représentant des États-Unis a répondu à la Chine que la taille de son arsenal est mal connue, étant donné le peu de transparence qu’elle montre sur la question.  À son homologue russe, il a déclaré que les traités ne posaient pas de problèmes aux États-Unis.  Le problème, c’est leur non-respect par la Russie.  Quant au régime syrien, il devra répondre des crimes commis contre son peuple, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission cherche à repenser un système multilatéral malmené sur les plans commercial et financier

Soixante-quatorzième session,
6e & 7e séances – matin & après-midi
AG/EF/3517

La Deuxième Commission cherche à repenser un système multilatéral malmené sur les plans commercial et financier

Le système multilatéral commercial et financier actuel peut-il continuer sur sa lancée sans laisser les pays les plus vulnérables de côté dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)?  Le sujet a été débattu, aujourd’hui, par la Deuxième Commission (questions économiques et financières), qui a consacré cette journée aux questions de politique macroéconomique et au financement du développement.

Résumant le sentiment général, le Nigéria a appelé de ses vœux une économie mondiale plus saine, convaincu que le système commercial international peut jouer un rôle fondamental pour soutenir les efforts de développement.  Plus pessimiste sur les questions financières, il a appelé la Deuxième Commission à s’interroger sur « la capacité de l’architecture financière internationale à prévenir une nouvelle crise financière mondiale ».

Au nom des États d’Afrique, Cabo Verde a estimé qu’un cadre macroéconomique « stable » était nécessaire.  « Robuste » aussi, a précisé l’Inde.  Cela permettrait d’envisager une croissance économique « inclusive et durable », à condition d’avoir des financements prévisibles pour garantir le développement durable et une dette soutenable.  D’où les appels nombreux, aujourd’hui, pour un multilatéralisme réformé dans le système financier international et le monde des affaires.

Beaucoup de délégations, comme la Thaïlande, ont ainsi exprimé leur souhait de parvenir à un système commercial international équitable, non discriminatoire, inclusif, prévisible, transparent, ouvert, universel et fondé sur le droit, avec l’OMC comme pierre angulaire.  Les États Membres ont, une fois encore, été vent debout contre tous les protectionnismes.  « Qui profite de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis? » a demandé Pamela Coke-Hamilton, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base à la CNUCED.  Pas le commerce, ni les pays en développement, qui dépendent des chaînes d’approvisionnement et risquent d’être très touchés par ce climat, a-t-elle noté. Les effets négatifs du Brexit ont aussi été évoqués, avec une chute des exportations en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), sans accord.

Dans la même veine, de nombreuses délégations et notamment le Groupe des 77 et la Chine (G77), l’Iran et Cuba ont rejeté farouchement les « mesures coercitives unilatéralement imposées ».  À l’instar de la Fédération de Russie, ils ont jugé la coopération commerciale, mise à mal par « certains pays » qui cherchent à obtenir un avantage concurrentiel.  Ils ont été rejoints sur ce point par l’économiste du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Hirochi Kawamura, qui a affirmé que ces pratiques vont à l’encontre des mesures agréées par la communauté internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. 

Un autre sujet a préoccupé la plupart des pays, comme le Panama, le Kenya, le Sénégal ou encore la Norvège: la corruption et les flux financiers illicites font perdre des milliards de dollars qui pourraient être consacrés au développement.  À ce propos, le G77 a fait part de sa préoccupation du fait qu’il n’y ait toujours aucune instance de coopération fiscale au niveau mondial et le Niger n’a pas hésité à soutenir l’idée d’un cadre multilatéral formel de coopération en matière fiscale sous l’égide des Nations Unies.  Le Directeur du Bureau du financement du développement durable au DESA, Navid Hanif, a, quant à lui souligné l’intérêt des nouvelles technologies comme un outil de lutte contre l’évasion fiscale, tout en tempérant son propos au motif que les monnaies numériques risquent de « faciliter l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et la criminalité ».

Il est clair, pour Michael Gaffey, Président du Conseil du commerce et du développement, que « le système multilatéral doit s’adapter » pour ne laisser aucun groupe de pays de côté.  Les pays les moins avancés (PMA) se sont plaints d’occuper une moindre place dans le commerce mondial, soit moins de 1% des exportations aujourd’hui, a relevé le Paraguay qui s’exprimait au nom des pays en développement sans littoral.  La question est tout à fait fondamentale pour les petits États insulaires en développement (PEID), a rappelé Pamela Coke Hamilton. Sous la menace croisée des changements climatiques et d’un difficile accès aux circuits commerciaux, les pays de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) ont témoigné éprouver les plus grandes difficultés à exporter, créer de la richesse, bâtir les conditions de la résilience et mettre fin à leur endettement.  Selon l’AOSIS, les investissements et l’aide à ces pays ne sont « pas au niveau ».  Leur avenir semble sombre au moment où « les changements climatiques ne sont plus une menace, mais une réalité », a dit le Belize en leur nom.

La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a toutefois placé de l’espoir dans le commerce international, en y voyant d’abord un « moteur de croissance » pour les pays en développement et une promesse de meilleure compétitivité et de progrès dans le transfert de technologie.

Le grand souci de la CARICOM est, sans conteste, « le fardeau de la dette », sérieuse entrave à la mobilisation des ressources nationales pour financer les objectifs de développement durable.  L’explosion de la dette privée, « multipliée plus de 12 fois depuis les années 80 », a expliqué Stéphanie Blankenburg, de la CNUCED, souligne le caractère systémique de la crise de la dette dans les pays en développement, aggravé par les catastrophes climatiques.  M. Hanif a donc préconisé une nouvelle approche de la gestion de la dette afin de favoriser les investissements dans le développement durable: il faut « refaçonner l’architecture de l’économie mondiale pour la mettre en adéquation avec le développement durable ». 

Ce besoin de réforme touche aussi le système financier mondial, comme l’a rappelé la Fédération de Russie: dans un monde multipolaire où le rôle des devises régionales ne cesse de croître, ce pays a proposé de repenser le système et la mainmise du dollar, utilisé, selon elle, comme un moyen de pression.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, à 10 heures, pour examiner le thème « agriculture, sécurité alimentaire et nutrition ».

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Présentation de rapports et débat général

M. MICHAEL GAFFEY, Président du Conseil du commerce et du développement, a présenté le Rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement-CNUCED (A/74/15 Part I), fruit de la soixante-septième réunion directive du Conseil du commerce et du développement au Palais des Nations, à Genève, du 4 au 6 février 2019. 

Il a rappelé que l’ONU, créée avec un sentiment d’espoir, était actuellement confrontée à des menaces existentielles comme la dégradation environnementale et l’érosion du multilatéralisme.  Il ne suffit plus de dire notre attachement au multilatéralisme mais d’adapter celui-ci, a-t-il estimé.  Malgré l’envergure des défis, nous n’avons pas encore utilisé le potentiel des Nations Unies, selon lui, et la CNUCED, établie comme une institution de « transformation », poursuit cette tradition.  Elle se réunira l’an prochain à la Barbade pour réfléchir aux moyens de stimuler le multilatéralisme, a annoncé M. Gaffey. 

Le Conseil du commerce et du développement, a-t-il poursuivi, a encouragé les gouvernements des pays les moins avancés (PMA) à continuer d’instaurer un environnement propice au développement des entreprises dans les zones tant rurales qu’urbaines, en accordant une attention particulière aux politiques qui favorisent un entrepreneuriat vecteur de transformation.  Il a encouragé les partenaires de développement à augmenter leur appui aux PMA, comme indiqué dans le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), afin de renforcer les capacités productives par des mesures concrètes axées sur le développement des infrastructures, l’énergie, la science, la technologie et l’innovation, et le secteur privé.  Il a invité les pays donateurs et les pays qui sont en mesure de le faire à reconstituer le Fonds d’affectation spéciale de la CNUCED pour les pays les moins avancés.

Les menaces existentielles contre les petits États insulaires en développement (PEID) et le rôle du commerce comme moteur de la résilience face aux changements climatiques ont ensuite été abordés par M. Gaffey, ainsi que l’objectif no14 (conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable), l’occasion de rappeler que l’économie des océans emploie près de 14 millions de personnes dans le monde.  Avec les objectifs de renforcer la résilience et de protéger l’environnement, le système multilatéral doit s’adapter, a-t-il ajouté.

Les États Membres doivent aussi réfléchir aux inégalités qui ont une influence négative sur la croissance mondiale et sur l’éradication de la pauvreté, alors que les mesures protectionnistes menacent le socle du multilatéralisme, a dit M. Gaffey.  En conclusion, il a, malgré les bons résultats des dernières années, exprimé des préoccupations quant aux perspectives mondiales: selon l’OMC, la croissance commerciale est en baisse en 2019 et le sera aussi en 2020, les risques étant élevés: « le retour de la croissance dépendra de la normalisation de relations commerciales », selon le représentant.  M. Gaffey n’a pas manqué de signaler, pour finir, les préparatifs de la conférence de la CNUCED qui se tiendra en 2020 à la Barbade, en souhaitant davantage de dialogue avec New York en cette période d’incertitude et de défis. 

Mme PAMELA COKE-HAMILTON, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport (A/74/221) du Secrétaire général intitulé: « Commerce international et développement » et le rapport (A/74/232) intitulé: « Tendances et perspectives mondiales concernant les produits de base », établi par la CNUCED.  Après avoir indiqué que les perspectives commerciales sont devenues alarmantes, elle s’est demandé à quoi allaient, à l’avenir, ressembler les nouvelles tendances en la matière.  Selon elle, la seule chose claire est que nous ne pouvons poursuivre sur la même voie. La transformation structurelle ne peut, par exemple, se dérouler sur seulement cinq ans.

« Qui profite de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis? » a-t-elle demandé, précisant que les mesures protectionnistes n’ont pas profité au commerce et que les pays en développement qui dépendent des chaînes d’approvisionnement risquent d’être très touchés.  En venant au Brexit, Mme Coke-Hamilton a évoqué les effets négatifs qui ressortent de l’étude menée par la CNUCED, avec une chute des exportations en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) sans accord.

Quant aux conséquences environnementales du commerce, la responsable de la CNUCED a estimé que les efforts de réduction et d’atténuation peuvent être intégrés dans les politique commerciales.  La vulnérabilité est particulièrement importante pour les PEID, qui contribuent pourtant le moins aux émissions de gaz à effet de serre.  Le commerce a un rôle à jouer dans les 17 objectifs de développement durable, a souligné Mme Coke-Hamilton.  Elle a ajouté que l’inclusivité doit être l’une des grandes questions de la mondialisation, et c’est particulièrement essentiel pour les femmes et les PMA.  Il faut aider les PMA à relever les défis afin d’assurer un système commercial inclusif, a-t-elle insisté.

M. NAVID HANIF, Directeur du Bureau du financement du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté deux rapports.  Le premier (A/74/168) récapitule les efforts déployés pour donner effet aux engagements pris dans le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, en ce qui concerne l’architecture financière et monétaire internationale, la réglementation financière, les filets de sécurité financière, les institutions internationales de financement et la gouvernance économique mondiale.  Il comprend trois sections.  La première porte sur les tendances des flux internationaux de capitaux publics et privés en direction des pays en développement, la seconde sur les réformes de la réglementation financière et la troisième sur le renforcement de l’architecture financière internationale à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le deuxième rapport (A/74/260) intitulé « Suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement » fait la synthèse des conclusions des quatre premiers rapports du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement, ainsi que des conclusions et recommandations adoptées par les quatre forums du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le financement du développement.  Il fait ressortir plusieurs grandes tendances qui façonnent l’environnement du financement du développement depuis l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015, notamment: a) l’aggravation des tensions commerciales; b) l’accroissement des niveaux d’endettement; c) l’accélération des évolutions technologiques; d) l’intérêt croissant pour l’investissement durable; et e) l’accélération des changements climatiques.

Selon M. Hanif, de grands défis systémiques doivent être relevés pour réaliser le Programme 2030.  Il s’agit de mettre en place des cadres politiques, de mobiliser des investissements et d’adapter le système actuel.  Les rapports recensent une série de tendances, redéfinissant le paysage du financement du développement: ralentissement de la croissance mondiale, tensions commerciales accrues et risques géopolitiques multipliés. 

L’endettement public et privé a atteint des niveaux record en 2018, a-t-il aussi alerté, en soulignant que cela empêche de nombreux pays d’investir dans les objectifs de développement durable.  Une trentaine de pays parmi les moins avancés et d’autres pays vulnérables sont déjà en situation de surendettement ou risquent fortement d’y sombrer, et certains pays à revenu intermédiaire connaissent des niveaux de dette jamais vus depuis les crises de la dette des années 80.

Mais il a noté des évolutions positives comme les avancées technologiques rapides, notamment dans les mégadonnées et l’intelligence artificielle, qui facilitent la réalisation des objectifs de développement durable, tout en posant de nouveaux risques auxquels aucun pays n’a pu s’adapter jusqu’à présent.  « Il faudra gérer ces nouveaux risques », a recommandé M. Hanif.  Il a aussi préconisé une nouvelle approche de la gestion de la dette afin de favoriser les investissements dans le développement durable: « C’est une possibilité pour nous de refaçonner l’architecture de l’économie mondiale pour les mettre en adéquation avec le développement durable », a-t-il souligné.  

De plus, pour M. Hanif, le système financier actuel n’est pas en mesure de fournir des ressources suffisantes pour garantir le développement durable sur le long terme.  La communauté internationale pourrait travailler sur l’élaboration de nouvelles lignes directrices, a-t-il suggéré.  Enfin, il a relevé qu’en améliorant l’accès des autorités à l’information, les nouvelles technologies sont susceptibles de contribuer à la lutte contre les flux financiers illicites.  Il a, toutefois, prévenu contre le risque que les cryptoactifs et autres technologies nouvelles ne facilitent l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et la criminalité.

Mme STEPHANIE BLANKENBURG, Chef du Service de la dette et du financement du développement de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a présenté le rapport (A/74/234) intitulé « Viabilité de la dette extérieure et développement » qui souligne la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’urgence pour les pays en développement.  La vulnérabilité accrue des pays en termes de dette s’explique, notamment, par l’exposition accrue aux marchés internationaux, a-t-elle expliqué.  La dépendance vis-à-vis de la dette reflète les faiblesses de l’économie, a-t-elle noté, en relevant que cela a empêché une reprise durable de la demande mondiale, dans une économie qui se concentre sur des activités spéculatives. 

L’explosion de la dette privée, multipliée plus de 12 fois, depuis les années 80, a engouffré certains pays dans une spirale, a poursuivi Mme Blankenburg.  Elle a souligné le caractère systémique de la crise de la dette dans les pays en développement et noté que d’autres facteurs comme les catastrophes climatiques viennent aggraver cette situation.  Ces dernières années, la capacité des pays à créer des matelas financiers a diminué et la charge de la dette extérieure a augmenté.  La situation la plus inquiétante concerne les PEID, a observé Mme Blankenburg.  Elle a ajouté que l’utilisation de la dette publique pour absorber le coût des catastrophes naturelles avait encore accentué la vulnérabilité financière et entamé la capacité de réponse au niveau international.  Le fort niveau de dette exerce une pression importante sur ces économies, a-t-elle fait observer.

Le rapport examine également la capacité des pays en développement à répondre aux exigences de financement du Programme 2030, sans détériorer de manière excessive la viabilité de leur dette.  Pour ce faire, il faut d’urgence envisager de nouvelles mesures internationales plus énergiques, notamment des initiatives d’allégement de dette liées aux objectifs de développement durable et l’accroissement de l’aide publique au développement (APD).

S’agissant de l’appel lancé afin de promouvoir la transparence de l’information relative à la dette, le rapport suggère à la communauté internationale de mettre en place un mécanisme mondial permettant de fournir une assistance technique en ce sens.  Le système financier international ne brille pas par sa transparence, a relevé Mme Blankenburg.

M. HIROCHI KAWAMURA, économiste hors classe à la Division des politiques et de l’analyse du Département des affaires politiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général A/74/264 intitulé: « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement. »

Il contient les résultats du suivi que le Secrétaire général effectue à l’égard de l’imposition de ces mesures et une brève analyse des répercussions de ces dernières sur les pays touchés, en particulier, de leurs incidences sur le commerce et le développement.  Le rapport rend compte des réponses des États Membres et de certaines organisations internationales à la note verbale du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Dans leurs réponses, les États Membres se déclarent opposés à l’imposition de mesures économiques unilatérales pour exercer une pression politique et économique sur des pays en développement.  Ils ont fait part de leurs préoccupations au sujet des effets préjudiciables des mesures unilatérales sur le développement durable des pays touchés.

M. Kawamura a remarqué que si 31 mesures avaient été imposées à 28 pays en développement à la fin de juin 2019, entre 2010 et 2019, seulement 2,8 mesures unilatérales ont été imposées, chaque année, en moyenne.  Les États Membres se considérant comme touchés par des mesures économiques unilatérales sont le Burundi, Cuba, la Fédération de Russie, la Jordanie, la République arabe syrienne et le Soudan.  Les sondages menés par le DESA montrent que les États Membres sont profondément opposés aux mesures unilatérales: parmi les 17 pays ayant répondu à l’enquête, 6 faisaient l’objet de mesures; ils ont rapporté l’impact négatif des mesures, surtout sur les populations les plus vulnérables.

Le rapporteur a enfin noté que le nombre de mesures multilatérales coercitives s’était multiplié ces dernières années, et qu’elles allaient à l’encontre des mesures agréées par la communauté internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  En outre, ces mesures sont contraires aux principes de la Charte des Nations Unies et entravent le commerce international, a-t-il ajouté.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), M. ABDULLAH ABUSHAWESH (État de Palestine) a jugé indéniable que le commerce international est un moteur de croissance économique inclusive et un outil de mise en œuvre du Programme 2030.  Il a souligné l’importance d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement afin qu’ils puissent bénéficier du commerce international et intégrer leurs économies dans le système mondial.  Le représentant a également rappelé la nécessité de promouvoir un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles.  Il a estimé que l’imposition de mesures coercitives, y compris de sanctions unilatérales, contre les pays en développement ne contribue pas au développement économique et social.  Il faut donc lever ces mesures, a-t-il recommandé.

Le Groupe est fermement convaincu qu’une croissance résiliente et plus solide est nécessaire pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes.  Le représentant a appelé la communauté internationale à respecter ses engagements et a demandé notamment un transfert de technologie vers les pays en développement, soulignant la nécessité d’éviter l’accumulation de dettes soutenables.  Des actions collectives au niveau mondial sont nécessaires, de même que des changements structurels, a-t-il ajouté.

Le G77 a fait part de sa préoccupation du fait qu’il n’y ait toujours aucune instance de coopération fiscale au niveau mondial.  M. Abushawesh a souligné la nécessité de faire disparaître les paradis fiscaux et a appelé à redoubler d’efforts pour réduire les flux financiers illicites.  Pour le G77, l’inclusion financière est l’un des moteurs du développement durable.  En ce qui concerne les efforts de financement du développement, il a appelé à des démarches courageuses et au déblocage du financement privé.  Un environnement mondial propice au développement du secteur privé est nécessaire, a conclu M. Abushawesh.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souligné l’importance d’un environnement macroéconomique stable dans un contexte de fortes incertitudes financières et économiques.  À cette fin, l’ASEAN continue d’élargir ses partenariats économiques, met en place des réformes et élimine les restrictions à l’investissement, a-t-il indiqué.  M. Kurniadi Koba a mis en avant la nécessité de promouvoir la coopération pour un développement durable par des partenariats régionaux et avec le soutien du système des Nations Unies pour le développement.  Le financement durable est, à cet égard, indispensable, a dit le représentant, en assurant que l’ASEAN est favorable à davantage d’inclusivité financière dans la région afin de stimuler la croissance.

M. ALBERTO CABALLERO (Paraguay), au nom des pays en développement sans littoral, a expliqué que ce groupe dépendait plus que les autres du commerce international, alors que ses exportations sont en baisse: elles sont passées de 1,19% des exportations au niveau mondial en 2014 à moins de 1% aujourd’hui.  Espérant que la création de la Zone de libre-échange continentale africaine aura des effets positifs, il a demandé à l’OMC l’assistance technique nécessaire pour progresser.  Préoccupé par les récentes fluctuations des produits de base, dont les pays en développement sans littoral dépendent en grande proportion, il a remarqué que le développement du commerce en ligne représentait une formidable opportunité pour les pays en développement sans littoral.  En même temps, a-t-il relevé, l’écart numérique continue de s’accroître tant que rien ne se fait, concernant le manque d’accès de ces pays aux technologies de l’information et des communications (TIC). 

D’autre part, si l’APD a baissé, elle reste une des sources externes essentielles pour se développer, a-t-il fait remarquer, en précisant que les pays en développement sans littoral ont toujours du mal à attirer les investissements.  À l’heure du bilan du Programme d’action d’Addis-Abeba, les pays en développement sans littoral soulignent qu’il faut tenir les engagements donnés en vue de la réalisation des ODD, a-t-il conclu.  

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. PERKS LIGOYA (Malawi) a exigé de la communauté internationale le respect de son engagement en matière d’accès aux marchés de tous les produits et services des PMA avec des règles d’origine transparentes et simplifiées, un soutien accru au renforcement des capacités commerciales, à la diversification des produits, à la valeur ajoutée et aux services.  Nous voulons voir un système commercial international revitalisé qui serve effectivement de moteur de croissance et de développement durable, a lancé le représentant.  S’agissant du problème de la dette, il a dit que dans un contexte d’incertitude accrue et de risques pesant sur la stabilité financière, les niveaux croissants d’endettement des PMA peuvent compromettre leur capacité à effectuer des investissements suffisants pour atteindre les objectifs de développement durable.  Dans la foulée, il a exprimé la préoccupation des PMA quant à la baisse de 2,7% de l’APD versée par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2018. 

Pour ce qui est du rôle des flux financiers internationaux pour compléter les investissements et les épargnes nationales, le délégué a indiqué que le court-termisme et la volatilité génèrent davantage de risques élevés, pesant sur la stabilité macroéconomique et financière.  Pour les PMA, qui souffrent déjà de la perception de risque élevé et du fardeau de la vulnérabilité, la situation économique mondiale ne fera qu’entraver leur économie réelle et leur développement durable.  S’agissant de la quatrième révolution industrielle, il a souligné l’émergence des nouvelles technologies et de la finance numérique, ainsi que les risques qui leur sont associés, avant de demander l’appui de la communauté internationale aux PMA pour que ceux-ci puissent exploiter le potentiel offert par les technologies de pointe et pour permettre à leurs citoyens, en particulier les jeunes générations, de se familiariser avec les technologies nouvelles et innovantes.  Avant de terminer, il a dénoncé les obstacles que sont les flux financiers illicites pour mobiliser les ressources nationales et financer le développement durable.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EARL COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a rappelé que, pour nombre de pays en développement, le fardeau de la dette restait une sérieuse menace à leur capacité à mobiliser les niveaux requis de ressources nationales pour financer la réalisation des objectifs de développement durable.  Comme l’indique la CNUCED, la dette extérieure des pays en développement continue d’augmenter et devrait avoir doublé, cette année, par rapport à il y a 10 ans.  Nombre de PEID, qui sont aussi des pays à revenu intermédiaire, rencontrent des difficultés particulières liées à la composition de leur dette totale, en raison des niveaux de revenu par habitant.  La dette privée non garantie de ces pays a considérablement augmenté, d’environ 96% par an, entre 2000 et 2008, a ajouté le représentant.  Il a aussi voulu souligner « une fois de plus » l’effet pernicieux du changement de catégorie des PEID, qui les empêche d’avoir accès à un financement à conditions préférentielles. 

Pour changer de paradigme, une approche multilatérale plus cohérente est nécessaire face à la viabilité de la dette, au sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques et au financement à long terme du risque de catastrophe et de l’action climatique, a fait savoir M. Rattray.  Pour la CARICOM, le financement du développement est en effet indispensable pour la réalisation des objectifs de développement durable, et il faut suivre une approche du développement qui réponde aux besoins des populations vulnérables.

Quant au commerce international, a continué le représentant, c’est l’un des plus importants moteurs de croissance économique pour les pays en développement.  En augmentant la production et les niveaux d’exportation, une économie peut enregistrer des résultats positifs et de meilleurs niveaux de développement, une réduction de la pauvreté, une meilleure compétitivité et des progrès dans le transfert de technologie.

Mme SHARON LINDO (Belize), parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a signalé que l’encours de la dette des PEID avait été multiplié par 2 entre 2008 et 2018.  Inquiète de la situation, la représentante a pris note des initiatives venant faire face à ces problèmes, liées à la transformation du système, dans le but d’atteindre les objectifs de développement durable, comme la prise en considération de la viabilité de la dette, les efforts des créanciers et la souplesse des organismes de financement, compte tenu des catastrophes naturelles subies par les pays de l’Alliance.  Le tout, a-t-elle souligné, dans un contexte mondial de plus en plus difficile avec des investissements n’étant pas au niveau, ni adaptés à la situation pour atteindre les objectifs de développement durable.  « Pas étonnant d’être dégouté par la situation macroéconomique globale », a tranché la représentante, « d’autant que le financement du développement suit l’air du temps, l’APD ne cessant de baisser ».

S’avouant découragée et lassée, la représentante a fait remarquer que « la réponse que nous obtenons est toujours la même »: « on nous demande de nous réformer et d’économiser ».  Or, l’avenir semble sombre et les changements climatiques ne sont plus une menace mais une réalité, a-t-elle rétorqué: « nos familles, nos vies sont en jeu ».  Cependant, a-t-elle observé, « nos requêtes ne sont pas hors de portée ».  L’action climatique fait sens d’un point de vue commercial, selon elle.  Elle a en effet expliqué que les économies des petits États insulaires sont fragiles, basées sur un ou deux secteurs seulement, et en outre, loin des marchés vers lesquels ils exportent.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme ISABEL MONTEIRO (Cabo Verde) a rappelé que la part de l’Afrique dans le commerce international reste très faible.  Le continent a mis en place, le 31 mai dernier, la Zone de libre-échange continentale africaine, en espérant que cela favorisera le développement et le bien-être des populations.  Pour aller plus loin, un accès préférentiel aux marchés sera nécessaire, de même qu’une restructuration de la dette et un transfert de technologie, a recommandé Mme Monteiro.  Elle a précisé qu’une stratégie visant à mieux gérer les ressources du continent avait également été élaborée.  Quant aux flux financiers illicites, elle s’est plainte qu’ils contribuent à l’accumulation d’une dette soutenable, qu’ils limitent les ressources nationales et qu’ils entravent les capacités des pays à lutter contre l’évasion fiscale.  Mme Monteiro a, dès lors, exhorté la Deuxième Commission à accroître la lutte contre ces flux. 

L’Afrique doit ancrer son développement dans des secteurs fondamentaux tels que les infrastructures, de même que dans le capital humain, a dit la représentante.  Un cadre macroéconomique stable est nécessaire, pour ce faire, a continué Mme Monteiro, insistant sur la nécessité de financements prévisibles afin, notamment, d’assurer la viabilité de la dette.  Pour conclure, elle a réitéré l’importance fondamentale du financement public international.

M. SOLOMON JAMIRU (Sierra Leone) a dit que son pays, qui est un PMA, est préoccupé par l’endettement des pays en développement et par les milliards de dollars qui s’échappent de ces pays.  La Sierra Leone décentralise ses services et fait le maximum pour économiser et rembourser sa dette en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), a-t-il assuré, en précisant disposer d’une stratégie de financement.  Mais le pays doit encore trouver des ressources alternatives, à la suite, à la baisse de l’APD.  Il a parlé d’une loterie nationale des biens et services qui a été mise en place pour faire participer la population au financement, et d’un compte unique de trésorerie.  La Sierra Leone incite également le secteur privé à la participation, tandis qu’il mène une réforme du secteur financier pour encourager les banques publiques à fournir des prêts au secteur privé, à réduire le coût des transferts d’argent et à combattre les flux financiers illicites.  La téléphonie se développe, en plus, dans tout le pays, a-t-il ajouté. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a déploré que la coopération commerciale soit mise à mal par les guerres commerciales et les mesures coercitives unilatérales imposées par certains pays pour obtenir un avantage concurrentiel.  C’est pourquoi, la Russie soutient les réformes commerciales de l’OMC, a-t-il déclaré.  Notant que dans un monde multipolaire, le rôle des devises régionales ne cesse de croître, il a dit que la Russie voulait repenser le système financier international et la mainmise du dollar, cette monnaie étant utilisée, selon lui, comme un moyen de pression.  La priorité de la Russie reste la création d’un grand partenariat eurasiatique, d’un large espace allant de l’Atlantique au Pacifique.  Le représentant a, pour conclure, réclamé la transparence et la création d'un système global de sécurité financière.

M. LATROUS MOHAMED ESSEOHIR (Algérie) a rappelé que les pays développés doivent tenir leurs engagements pris dans le Programme d’action d’Addis Abeba, notamment, celui de verser 0,7% de leur PIB à l’APD.  Les pays en développement ont besoin du soutien de la communauté internationale, des institutions internationales et du secteur privé, a-t-il insisté.  Quant au secteur privé, il devrait activement contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il poursuivi.  Étant donné l’importance de la mobilisation des ressources nationales, il a aussi recommandé à la communauté internationale de faire bien plus pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.  M. Esseohir a, par ailleurs, regretté que la dette empêche de nombreux pays en développement de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Sur le plan national, le représentant s’est félicité des programmes mis en œuvre par l’Algérie depuis 2015 pour réaliser le Programme 2030, notamment en matière d’éducation.  L’Algérie, a-t-il fait valoir, a fait des progrès importants, selon l’indice de développement humain.

M. JUAN MIGUEL GONZALEZ PEÑA (Cuba) a fait observer que cela fait plusieurs décennies que les pays en développement aspirent à un ordre international plus juste et que l’environnement international reste un obstacle au droit au développement.  Peu de pays développés respectent leur engagement d’APD, a déploré le représentant, rappelant que les ressources indispensables au développement sont dilapidées dans la guerre et l’industrie de l’armement.  Les pays en développement ont besoin d’être représentés de manière plus juste et de participer aux mécanismes de gouvernance, a-t-il martelé.  Il a rejeté les pratiques unilatérales et discriminatoires, notamment celles mises en place par les États-Unis, ainsi que les mesures coercitives qui empêchent plusieurs pays d’exercer pleinement leurs droits.  Quant aux effets négatifs cumulés du blocus des États-Unis contre Cuba, ils atteignent 922 630 000 dollars, a conclu le représentant.

M. OLIVER CHING (Singapour) a proposé trois principes directeurs qui pourraient renforcer le système économique mondial.  En premier lieu, nous avons besoin d’un nouveau système de coopération multilatérale dans la gouvernance économique mondiale.  Nos institutions ont soif de réformes, a dit le représentant en rappelant que, par exemple, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait été créée pour l’agriculture et l’industrie manufacturière.  Aujourd’hui, nous avons, selon lui, besoin de nouvelles et meilleures règles pour les services, le commerce en ligne et les technologies numériques.  En tant que Président du Comité sur la gouvernance financière du G20, Singapour a proposé de créer un réseau de leadership entre les institutions ou groupements mondiaux, régionaux et bilatéraux existants.  Ceci doit être un système de responsabilités partagées, de normes communes et de complémentarité maximum entre les différents organes, a précisé le représentant. 

En deuxième lieu, nous devons nous engager à soutenir le libre-échange, a plaidé le délégué, arguant que le commerce international a été, et continuera d’être, le moteur de la croissance et de la prospérité pour les pays développés et en développement.  Il a conseillé de respecter et de renforcer un système commercial international universel, libre et fondé sur des règles.  Pour compléter les travaux de l’OMC, nous devons promouvoir activement de nouveaux mécanismes régionaux de libre-échange, a-t-il suggéré, en expliquant que ces accords renforceront le commerce et contribueront à une plus grande intégration économique.  Enfin, en troisième lieu, a dit le représentant, nous devons respecter et défendre le droit international.  Un système économique mondial fondé sur l’état de droit contribue à fournir à tous les pays un environnement international prévisible et stable leur permettant de mener leurs activités commerciales et d’investir pour développer leurs économies.

Mme WAFA FAHAD ALNAFJAN (Arabie saoudite) a appelé à ouvrir les marchés internationaux aux pays en développement.  Selon elle, les réformes du système financier international devraient être menées dans un souci de transparence, en se basant sur la justice, l’égalité, et l’idée d’un accès plus rapide des pays en développement au marché pour l’exportation vers les pays développés.  Les flux illicites de fonds et d’armes continuent de représenter une grande menace pour la stabilité financière de nos pays, a aussi noté la représentante, en constatant qu’ils ne font que se multiplier et créer des complications, privant ainsi les États de leur développement. 

M. ALI HAJILARI (République islamique d’Iran) a remarqué que le manque d’accès aux technologies de l’information et des communication (TIC) et aux ressources financières était un vrai fardeau pour les pays en développement, alors que chaque État a droit à participer au commerce international.  L’Iran fait l’objet de sanctions « très dures », mettant tout le système du commerce international en danger, a-t-il estimé.  À son avis, l’influence croissante de l’unilatéralisme doit être jugulée pour faire abaisser les tensions.  Les États Membres ont clairement exprimé leur désaccord à propos de ces mesures coercitives contre les pays en développement, a-t-il rappelé, en précisant que ce sont des problèmes dans l’architecture financière et dans la capacité de ces pays à gérer leurs dettes.  « Illicites, inadmissibles », ces mesures vont « à l’encontre du droit international, du principe de libre concurrence, et de liberté du commerce », a-t-il insisté.

M. NAYEF MAJED ALQAHTANI (Qatar) a loué l’influence positive du commerce international dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nous avons besoin d’un système commercial multilatéral basé sur des règles », a insisté, à cet égard, le représentant.  Il a assuré que quatre ans après le lancement du Programme d’action d’Addis-Abeba, qui fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la foi du Qatar en le multilatéralisme demeure inébranlable. 

Pour M. MAJD NAYYAL (République arabe syrienne), l’imposition de mesures unilatérales contre les pays en développement figure parmi les défis auxquels la communauté internationale doit faire face.  Ces mesures ont une dimension politique et des répercussions économiques et sociales qui n’épargnent aucun secteur, comme par exemple la santé et l’éducation.  Elles entravent la croissance économique, a-t-il insisté.  Le représentant a, dès lors, invité le Secrétaire général à faire procéder à une véritable évaluation des répercussions économiques et sociales de ces mesures.  Il a également regretté l’absence de mécanisme juridique international sur cette question.

M. SHEIDU OMEIZA MOMOH (Nigéria) a appelé de ses vœux une économie mondiale plus saine, convaincu que le système commercial mondial pourrait jouer un rôle fondamental dans les efforts de développement.  L’absence de système commercial mondial multilatéral transparent, prévisible, inclusif et basé sur des règles, empêche la plupart des pays en développement d’optimiser les bénéfices économiques du commerce international, a-t-il avancé.  S’agissant de la dette publique et privée, il l’a qualifiée d’obstacle de taille au développement et a appelé la Deuxième Commission à s’interroger sur la capacité de l’architecture financière internationale et des acteurs clefs à prévenir une nouvelle crise financière mondiale.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) s’est dite très préoccupée par la réduction de l’accès à un financement à des conditions préférentielles à mesure que le revenu des pays augmente, regrettant le système de classification actuel des pays qui, selon elle, ne reflète pas correctement le niveau de développement des pays.  Cinquième producteur mondial de café, le Honduras déplore la forte concentration du marché de ce produit entre quelques entreprises, ce qui fait que les pays producteurs ne reçoivent que 17% de la valeur totale du produit final, selon les calculs de la CNUCED.  En conclusion, la représentante a souligné la nécessité de soutenir les petites entreprises et les petits producteurs ainsi que l’égalité entre hommes et femmes.

Mme KETKANYA JIARPINITNUN (Thaïlande) a fait savoir les trois priorités de sa délégation sur les questions à l’ordre du jour en estimant, premièrement, qu’un système commercial international revitalisé et inclusif débouchera sur une croissance durable, et rapprochera les pays de la réalisation du Programme 2030.  La représentante a ainsi réitéré l’attachement de son gouvernement à un système commercial international équitable, non discriminatoire, inclusif, prévisible, transparent, ouvert, universel et fondé sur le droit, avec l’OMC comme pierre angulaire.  Elle a affirmé continuer de promouvoir la coopération commerciale et l’intégration économique aux niveaux bilatéral, sous-régional et régional.  La Thaïlande est engagée à renforcer davantage la communauté économique de l’ASEAN, et à élargir sa coopération avec des partenaires extérieurs, y compris la conclusion des négociations pour le partenariat économique régional: ce sera un bloc économique couvrant près de la moitié de l’économie mondiale. 

La deuxième priorité de la Thaïlande est l’inclusion financière de tous les groupes sociaux par l’utilisation de la technologie financière et la mise en œuvre de programmes d’éducation financière visant à accroître les connaissances des populations dans ce domaine et à promouvoir leur utilisation effective et la gestion financière.  La troisième priorité est la nécessité pour tous les pays de redoubler d’efforts afin de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  À cet égard, la représentante n’a pas manqué de réitérer l’importance de l’APD, ainsi que de la mobilisation des ressources nationales par la bonne gouvernance et les partenariats public-privé.

Mme SHARON JUAREZ (Guatemala) a fait savoir que le Guatemala avait beaucoup progressé en intégrant les objectifs de développement durable dans son Plan national de développement « K’atun: Nuestra Guatemala 2032 » avec 10 priorités sur un horizon à long terme.  Mme Juarez a estimé que le financement pour le développement devait être conforme aux priorités nationales, et que les efforts nationaux de mobilisation des ressources devaient être complétés par ceux de partenaires publics ou privés.  Elle a aussi appelé les pays développés à respecter leurs engagements au titre de l’APD et demandé à la communauté internationale de changer la manière de mesurer le revenu des pays.  La représentante s’est dite très inquiète de la baisse des prix de produits de base comme le café, dont le Guatemala est un grand producteur, ce qui perpétue le cycle vicieux de la dépendance envers des marchés mondiaux injustes pour les petits producteurs et, partant, les cycles de pauvreté.

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a souligné la responsabilité commune de la communauté internationale d’améliorer le système financier international.  Sur le plan national, le Maroc cherche à renforcer le système commercial et fiscal et à diversifier l’économie, a-t-elle indiqué.  Après avoir salué l’entrée en vigueur de la la Zone de libre-échange continentale africaine, Mme Hamdouni a souligné que le financement demeure une composante essentielle du développement durable.  Elle a aussi mis en évidence le rôle croissant des partenariats public-privé.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) s’est inquiétée de la trajectoire négative de la coopération multilatérale, au moment où le système commercial multilatéral devrait être au cœur de la réalisation du Programme 2030, ainsi que de la volatilité de l’environnement économique externe.  Les PEID sont souvent les plus grandes victimes du manque de coopération commerciale internationale et des chocs extérieurs, a-t-elle souligné.  Elle a réclamé, pour que les PMA puissent réaliser les objectifs de développement durable, des actions politiques internationales urgentes et drastiques comme la gestion efficace et des initiatives d’allègement des dettes des pays en développement et une augmentation de l’aide au développement.

La représentante a plaidé pour des partenariats durables et l’augmentation des investissements avec des critères qui prennent en compte les circonstances particulières.  Cela exige des institutions financières internationales qu’elles alignent leurs politiques à la réalisation des objectifs de développement durable, afin de faciliter un accès plus facile au financement.  Avant de terminer, la représentante a assuré que son gouvernement est engagé à prendre des mesures pour assurer un budget plus équilibré dans les cinq prochaines années.  À cette fin, le Gouvernement lance un processus pour élargir l’assiette fiscale du pays, et prévoit des plans d’investissements dans les infrastructures essentielles comme les ports et les aéroports. 

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a fait l’éloge de l’histoire de la forte croissance inclusive de son pays « soutenue par des fondamentaux macroéconomiques robustes ».  Au cœur de la stratégie du pays se trouve une discipline financière durable qui maintient la dette à des « niveaux gérables » afin de garantir la capacité financière nécessaire pour appuyer un programme massif d’infrastructure.  Les Philippines sont en bonne voie pour atteindre, à moyen terme, le statut de pays à revenu moyen supérieur.  À cet égard, nous poursuivrons les changements de nos systèmes et politiques, y compris la stratégie de financement adaptée à sa trajectoire de croissance, a dit le représentant, avant de signaler avoir aussi mis en place un système financier inclusif, un vaste système fiscal et une économie orientée par les investissements, afin d’offrir des emplois qualifiés et un plan d’infrastructure de haute qualité.  Le but est d’améliorer la qualité de vie des citoyens et de rendre l’économie philippine compétitive.

Le représentant a, en outre, souligné l’importance de l’inclusion financière en tant que facteur de progrès et de moyen de réaliser les objectifs de développement durable.  Le pays, a poursuivi le délégué, renforce les efforts de lutte contre le flux financier illicite.  Il a appelé à des discussions plus substantielles et à une véritable coopération internationale sur ce sujet.

M LOUIS ANGES OSEGUERA FARIAS (Mexique) a souligné l’importance de la coopération multilatérale dans la politique macroéconomique, rappelant que les économies sont interconnectées grâce au commerce international, aux marchés financiers et aux TIC.  Raison pour laquelle nous devrions nous inquiéter de la croissance qui n’est pas inclusive, a continué la délégation, rappelant que le développement n’implique pas seulement la croissance mais aussi une meilleure distribution pour ne laisser personne de côté.  L’une des priorités du Mexique est de renforcer et d’approfondir son adhésion au « multilatéralisme efficace » et de soutenir les efforts pour compter sur un système commercial multilatéral universel, basé sur des règles, juste et transparent dans le cadre de l’OMC.  Convaincu que l’avenir est numérique, le Mexique a demandé à la Deuxième Commission de réfléchir à l’inclusion du commerce électronique dans les traités de libre-échange ou à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les chaînes de valeur.

M. MOHD SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie) a recommandé d’emblée que les pays qui pratiquent le protectionnisme arrêtent de le faire.  Il a dit que les négociations sur les accords de libre-échange sont très défavorables aux pays en développement.  Par exemple, a indiqué M. Tajuddin, la Malaisie a dû suspendre les négociations sur certains accords en raison du déséquilibre concernant l’huile de palme et ses dérivés.  Il a exhorté les parties à trouver « une zone d’accord possible » pour parvenir à un terrain d’entente et conclure un accord dans le futur.  La Malaisie, a-t-il poursuivi, est activement engagée à trouver des solutions amiables et à résoudre les questions commerciales dans le cadre de dialogue multilatéral comme l’OMC, ne souhaitant que des règles justes et équilibrées.  Il a réitéré son appel aux pays développés à être plus réactifs aux besoins des pays en développement, en particulier, concernant le respect des normes environnementales et de croissance durable.  Enfin, il a annoncé que son gouvernement avait lancé le nouveau cadre « Vision Prospérité partagée 2030 », une feuille de route pour restructurer l’économie malaisienne pour la prochaine décennie.

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a assuré que son pays promeut la croissance durable et inclusive dans le cadre de sa stratégie de développement.  Le Gouvernement met en œuvre une politique de développement du secteur financier et une stratégie pour renforcer l’accès aux banques par tous, a-t-elle précisé.  La Zambie cherche ainsi à économiser sur les emprunts et les investissements, en rendant les produits financiers plus abordables.  Le Gouvernement vise à assurer plus de ressources pour les populations les plus vulnérables et rurales, a expliqué la représentante. Partisane d’un système commercial multilatéral plus équitable, la Zambie souhaite maintenir la viabilité de sa dette, a-t-elle ajouté, avant de souligner l’impact négatif des flux financiers illicites, notamment pour la mobilisation de ressources.   

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a appelé à mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba avec une volonté politique forte.  Estimant que tous les pays doivent bénéficier d’un système de financement cohérent dans lequel soient pris en compte les différents niveaux de développement, elle a considéré la corruption et les flux financiers illicites comme les plus grands ennemis du développement international et a estimé que davantage de coopération et de transparence sont nécessaires pour y faire face.  La représentante a aussi appelé à « infléchir l’asymétrie entre pays développés et pays en développement » par une APD suffisante pour ces derniers, ainsi qu’un renforcement des capacités et le transfert de technologie.

Selon M. VIRAYOUTH VIENGVISETH (République démocratique populaire lao), les pays développés doivent tenir leurs promesses en matière d’APD, conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba, en particulier pour soutenir les PMA.  Le Gouvernement lao, très attaché au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a mis en place des initiatives pour accéder au développement durable et intégrer ses régions, mais ses efforts ont été entravés par des catastrophes naturelles, a expliqué le représentant.  Ses besoins concernent l’éducation, la santé, l’accès à l’emploi et au marché pour exporter les produits agricoles.  L’économie s’est cependant diversifiée ces dernières années, a-t-il noté.  

M. FIRAS AL-HAMMADANY (Iraq) a fait remarquer que la dette a un impact énorme sur la stabilité économique des pays et qu’elle peut mener à une crise.  Selon lui, la communauté internationale devrait veiller à une économie sans exclusive afin d’éviter l’accumulation des dettes.  En Iraq, la guerre et le terrorisme ont dilapidé les ressources, a-t-il fait observer, tout en faisant valoir les réformes structurelles de l’économie qui ont eu un rôle positif pour accélérer les progrès économiques et améliorer les conditions de vie de la population.  Une coopération internationale est nécessaire pour combattre les flux financiers illicites, qui ont servi à financer les groupes terroristes, a conclu le représentant.

Mme ISABEL MONTEIRO (Cabo Verde) a appelé à une attention renouvelée sur les circonstances particulières des PEID qui remettent en question leurs capacités à bâtir des économies compétitives et à acquérir une résilience sociale et environnementale.  Elle a réaffirmé qu’un cadre macroéconomique stable et sain est une condition préalable à un avenir durable, pour n’importe quel pays mais en particulier pour les PEID.  De plus, ces pays doivent faire face à l’écart croissant entre les besoins et le financement disponible pour le développement dans le contexte particulier de leur vulnérabilité aux changements climatiques: ils ont donc besoin de l’aide de la communauté internationale pour assurer un financement durable et prévisible.  Pour faire face au problème de l’endettement, il faut garantir l’accès équitable au financement international pour tous les pays en développement, et en particulier les PEID, a dit la représentante, avant de recommander d’examiner les critères d’admissibilité au financement.  Enfin, elle a plaidé pour une réforme structurelle des institutions financières internationales, demandant d’accélérer les décisions dans ce domaine.

M. LIU NAN (Chine) a regretté que l’unilatéralisme et le protectionnisme aient le vent en poupe, ce qui accroît les risques, et a réaffirmé son soutien au multilatéralisme.  La Chine se réjouit du traitement favorable pour les PMA dans le cadre de l’OMC, ce qui a permis de les intégrer dans les chaînes de valeur.  Le représentant a ajouté qu’il est important de parvenir à une réforme de la Banque mondiale et du FMI afin d’améliorer le filet de sécurité international.  La Chine accordera des prêts préférentiels à certains pays, a assuré M. Liu.  Elle est attachée à un système financier inclusif et estime qu’il faut lutter contre les flux financiers illicites.  La Chine contribuera pragmatiquement au financement du développement et à un avenir partagé, a conclu le représentant.

M. GHANGSHYAM BHANDARI (Népal) a dit que l’unilatéralisme, la volatilité des produits de base et des flux de capitaux remettent en cause le développement des petits pays, notamment les PMA.  La part des PMA dans les exportations mondiales ne s’améliore pas et les perspectives s’assombrissent, a-t-il déploré.  Quant à l’architecture financière et monétaire, elle doit, selon lui, être alignée avec le Programme 2030 et plus inclusive pour faire davantage de place aux PMA.  La finance numérique prend de l’essor et il est donc particulièrement important d’accroître les connaissances en la matière, a poursuivi le représentant.  Enfin, il a prévenu que « l’investissement à court terme ne saurait pousser le radeau du développement », avant de souligner que la bonne gouvernance est essentielle.

Pour M. SIDDHARTH MALIK (Inde), la seule solution viable sur le long terme pour réaliser les objectifs de développement durable est de créer un environnement macroéconomique robuste et une croissance économique inclusive et durable.  Cela nécessite des investissements et des ressources prévisibles et donc, selon le représentant, un multilatéralisme réformé dans le système financier international, le monde des affaires et les organisations.  Réitérant le rôle central de l’OMC comme pierre angulaire du système commercial multilatéral transparent, ouvert, inclusif et non discriminatoire, M. Malik a estimé que « la nécessité de l’heure est de trouver une solution innovante pour combler le fossé du financement estimé, par le FMI, à 2 600 milliards de dollars ». 

Nous avons besoin de plus de participation du secteur privé et de la société civile pour financer le développement, a-t-il ajouté.  Le financement mixte est, selon lui, une des méthodes utiles pour débloquer le capital privé en faveur des programmes de développement.  Le représentant a relevé également que les envois de fonds sont en passe de devenir la plus grande source de financement extérieur des pays en développement, appelant par conséquent à des mesures supplémentaires pour réduire de 3%, avant 2030, les coûts de ces envois.  L’Inde, a-t-il témoigné, déploie tous les efforts possibles pour devenir une économie de 5 000 milliards de dollars avant 2024.  Déjà, depuis 2014, le rang de l’Inde dans l’indice « Ease of Doing Business » s’est amélioré de 65 positions.

M. OMER MOHAMMED AHMED SIDDIG (Soudan) a rappelé que quatre ans après l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, le système mondial fait face à des tensions accrues entre partenaires commerciaux, ainsi qu’à la dette et à la multiplication des catastrophes naturelles.  Autant de facteurs pesant sur les PMA et les empêchant de réaliser les objectifs de développement durable.  Le représentant a également rappelé la nécessité de promouvoir un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, le tout sous l’égide de l’OMC.  Il a aussi souligné que la dette soudanaise fait ralentir le développement humain et affecte les capacités du pays à tirer profit de l’APD.  Le délégué a donc appelé la communauté internationale à régler la question de la dette, et ce, dans le cadre de l’initiative en faveur des pays très endettés et l’initiative d’allègement de la dette multilatérale.

M. NURZHAN RAKHMETOV (Kazakhstan) a réaffirmé son attachement au système multilatéral mondial et à un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, sous l’égide de l’OMC.  Les pays en développement sans littoral et les pays les plus vulnérables comme les PMA demeurent marginalisés, isolés géographiquement et économiquement, a-t-il rappelé.  Les coûts des transports et des échanges commerciaux sont élevés, les infrastructures de mauvaise qualité, et les goulets d’étranglement concernant les procédures douanières n’arrangent pas leurs affaires.  Préoccupé par les prévisions de croissance morose, le Kazakhstan n’en a pas moins pris des réformes économiques d’envergure et mené des privatisations à grande échelle.  Cependant, le pays reste trop dépendant de l’exportation des produits de base et a beaucoup souffert de la crise de 2008.  L’exportation de pétrole et de gaz compte toujours pour 67% de ses exportations, rendant le pays vulnérable aux crises.  Il doit donc s'efforcer de diversifier son économie, a expliqué le représentant.

Mme ALIA ALI (Émirats arabes unis) a noté que les changements climatiques et la multiplication des conflits entravaient la réalisation des objectifs de développement durable.  Les Émirats misent sur l’innovation et les nouvelles technologies pour réaliser le développement durable, protéger l’environnement et assurer un équilibre économique et social.  La représentante a précisé que 6,4 milliards de dollars ont été investis dans la santé, l’éducation, l’économie de la connaissance, la justice et une infrastructure durable aux Émirats arabes unis.  Pour réaliser les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris, le pays a estimé nécessaire de donner la priorité aux financements, ce à quoi il s’engage.

Mme IRYNA YAROSH (Ukraine) a jugé essentiel d’assurer un environnement d’achats compétitif pour tous les pays.  L’économie ukrainienne continue de se rétablir et une bonne politique fiscale a permis de réduire la dette, a fait savoir la représentante.  Elle a estimé qu’il fallait toutefois encore améliorer la situation.  Les objectifs du Gouvernement ukrainien visent à améliorer l’environnement au bénéfice de la population, a-t-elle expliqué.

M. MEZANG AKAMBA (Cameroun) a estimé que les conditions du système commercial international, qui est particulièrement injuste envers les pays en développement, devaient être changées.  Le renforcement de l’OMC et de la CNUCED permettrait de mettre fin aux subventions et aux barrières tarifaires, a dit M. Mezang.  Le Cameroun plaide en faveur d’un système financier plus juste pour les pays en développement, de même que pour la hausse de l’APD.  Le Cameroun, qui lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, espère le renforcement de la coopération internationale dans la lutte contre les flux financiers illicites, a ajouté le représentant.

Mme SUSAN MWANGI (Kenya) s’est dite préoccupée par le fait que l’environnement économique international soit devenu très imprévisible.  Le Kenya, qui a une économie largement agricole, est confronté à la concurrence des marchés où la production est peu onéreuse, a ajouté la représentante.  Beaucoup de pays en développement doivent emprunter pour améliorer leurs infrastructures et il faut faire en sorte que leur dette soit gérable, a-t-elle ajouté.  Mme Mwangi a assuré que le Kenya soutient les petites et moyennes entreprises: il a notamment mis en place un système de crédit qui leur est destiné.  Conscient des conséquences graves des flux financiers illicites, le Kenya plaide pour davantage de coopération, notamment des pays de destination, a-t-elle enfin déclaré.

M. FELIX TUGHUYENDERE (Namibie) a dénoncé les mesures économiques unilatérales qui limitent l’accès des produits d’exportation des pays en développement aux marchés mondiaux.  Le représentant a appelé au contrôle multilatéral des mesures unilatérales.  Il a souligné l’importance du commerce international comme source viable de fonds pour le financement du développement, en ce qu’il permet de réaliser la croissance économique inclusive et d’éradiquer la pauvreté.  Le représentant s’est préoccupé des obstacles auxquels font face les petites entreprises des pays en développement lorsqu’elles essaient de participer au commerce mondial, relevant que, dans la plupart des cas, elles subissent des comportements anticoncurrentiels.  Ces entreprises devraient plutôt être soutenus, parce que leur participation au commerce international peut permettre un rééquilibrage face aux résultats inégaux du commerce international.  M. Gertze a recommandé pour cela que la communauté internationale promeuve la coopération internationale dans l’application du droit de la concurrence.

M. AHMED M.A. ABRAHEEM (Libye) a recommandé d’intervenir pour défendre un système commercial mondial équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif et non discriminatoire.  Victimes de la volatilité du prix des produits, les pays les plus vulnérables appellent à un appui renforcé pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il dit.  Il a indiqué que la Libye avait mis en place des réformes pour améliorer le niveau de vie des citoyens grâce à la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), mais que les agressions et les tentatives de coups d’État contre le Gouvernement légitime avaient remis en cause ces efforts.  Les pays dans lesquels circulent les avoirs libyens doivent les restituer, a-t-il conclu.

M. GERARDO TALAVECA  (Pérou) a indiqué que la croissance de l’économie péruvienne ces 20 dernières années lui avait permis de réduire la pauvreté.  Cependant, même s’il est classé comme pays à revenu intermédiaire, le Pérou connaît encore des inégalités et des limites structurelles qui affectent ses capacités à investir et à redistribuer la richesse.  Le pays est particulièrement vulnérable à la baisse de la croissance mondiale et aux fluctuations du prix des matières premières.  Aussi, est-il préoccupé par l’affaiblissement du système commercial multilatéral en raison d’actions unilatérales et de tensions commerciales entre de grands acteurs.  Face à ces phénomènes, M. Ugarelli a souligné la nécessité de renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale, de même que d’encourager les politiques d’ouverture économique et commerciale et de promotion de l’économie verte.  Au niveau national, le Pérou a entrepris un travail participatif et inclusif entre le secteur public et privé afin de faire face aux défis du développement.

Mme HODA ELENGUEBAWY (Égypte) a décrit comment l’Égypte combattait la corruption dans une économie fondée sur le libre marché, la connaissance et la libre concurrence.  Le pays souhaite fournir à sa population les emplois nécessaires, a-t-il assuré.  Soucieuse de diminuer sa dette publique, et de la restructurer tout en la maintenant à un niveau soutenable, l’Égypte espère que le développement des TIC lui permettra de se désendetter et de parvenir au développement durable.  Elle espère notamment pouvoir attirer le secteur privé et les banques internationales.  La représentante a aussi fait part de nombreux efforts déployés dans son pays en direction des jeunes et des femmes.

Selon M. ESTEBAN CADENA (Équateur), système international et développement sont inextricablement liés.  L’Équateur appuie sans réserve un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, le tout sous l’égide de l’OMC, a déclaré le représentant.  Il a déploré la remise en cause de l’équilibre du commerce international, regrettant aussi que la dette extérieure des pays développés se soit alourdie entre 2011 et 2018.  La dépendance aux produits de base est aussi un souci pour le pays, raison pour laquelle il s’est engagé à diversifier son économie.  Les flux financiers illicites, l’évasion fiscale et la corruption sont aussi des freins sur la voie du développement, a noté le représentant.

M. ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a exhorté à intensifier la coopération mondiale dans les sept domaines du Programme d’action d’Addis-Abeba.  La pression actuelle contre le multilatéralisme est une occasion de moderniser l’architecture économique et financière mondiale, a-t-il estimé.  La Norvège, a ajouté le représentant, est résolue à combattre le problème des flux financiers illicites, des flux qui symbolisent un sentiment généralisé d’injustice systématique contre ceux qui ont le moins de moyens.  Il a souligné la nécessité d’améliorer les systèmes fiscaux et appelé à réinventer les règles et les institutions internationales, plaidant pour une répartition plus équitable des droits fiscaux à travers la mise en œuvre d’instruments internationaux qui favorisent l’ouverture et qui pénalisent la culture du secret.  Une coopération internationale plus étroite pour mener des enquêtes sur la criminalité financière est également vitale, a jugé le représentant.  En outre, a-t-il poursuivi, nous devons promouvoir une plus grande transparence ainsi que l’échange automatique d’information fiscale sur les activités économiques.

La Norvège, a poursuivi le représentant, est préoccupée par les informations faisant état de vulnérabilité croissante de la dette.  Nous devons discuter de l’emprunt et du prêt responsables, a-t-il dit, souhaitant trouver des solutions universelles et systémiques avec les emprunteurs et les créanciers pour faire face à la crise de la dette qui se répète.  Le représentant a aussi souligné l’importance du capital humain en disant que la participation des femmes est une condition préalable et la clef de la croissance économique.

M. TUMASIE BLAIR (Antigua-et-Barbuda) a fait savoir que durant la crise financière mondiale, l’économie de l’île avait décliné de 25% à cause de chocs externes.  Il a plaidé pour la protection de tous les pays et, en particulier, des États les plus vulnérables.  Le représentant a estimé qu’il devrait y avoir des initiatives pour les petits États fortement endettés si la communauté internationale est sérieuse dans son engagement à l’éradication de la pauvreté et de la durabilité de la dette.  Il s’est plaint notamment du processus de retrait des relations bancaires correspondantes, qui menace d'exclure les PEID du système de paiement international.  Il s’en est aussi pris aux dangereux critères artificiels qui désignent certains États comme pays à revenu intermédiaire ou à revenu élevé, les privant ainsi d’importante aide au développement comme l’allègement de la dette ou les prêts à des conditions de faveur.  Une nouvelle forme de mesure du niveau de développement devrait être utilisée pour tenir compte notamment de la vulnérabilité, a-t-il suggéré.

M. PABLO SORIANO MENA (El Salvador) a réitéré la nécessité de continuer à améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle du système financier international pour promouvoir un environnement favorable à la mise en œuvre du Programme 2030, en tenant compte du fait que la seule mobilisation de ressources nationales n’est pas suffisante pour parvenir à une croissance porteuse de développement durable.  En ce sens, M. Soriano Mena a rappelé l’importance et la nécessité d’utiliser une méthodologie multidimensionnelle pour mesurer le développement des pays, afin de définir des critères adéquats pour l’APD.  En ce qui concerne les produits de base, il s’est dit préoccupé par les effets des fluctuations et de la volatilité des prix, en particulier pour les pays qui dépendent, en grande partie, de leur commercialisation. 

M. MOUSSA SOULEYMANE PARAISO (Niger) a souligné que la mobilisation de financements suffisants, conformément aux sept axes du Programme d’action d’Addis-Abeba, reste un enjeu majeur.  La responsabilité première en incombe aux États eux-mêmes, a-t-il précisé.  C’est pourquoi le Niger met en œuvre, depuis quelques années, le Programme de réforme de gestion des finances publiques, qui vise à moderniser les régies financières en vue d’accroître leur rendement.  Ainsi, le niveau de mobilisation des ressources internes a plus que doublé entre 2010 et 2018.  Elles sont attribuées notamment aux secteurs sociaux (éducation, santé, eau potable), aux programmes spécifiques ciblés pour soutenir les populations vulnérables et à la prise en charge de la sécurité qui, a regretté M. Souleymane Paraiso, représente 17% du budget.

Par ailleurs, le Niger adhère à l’objectif de lutte contre les flux financiers illicites et l’évasion fiscale et soutient l’idée d’un cadre multilatéral formel de coopération en matière fiscale sous l’égide des Nations Unies.  Pour sa part, le Niger a mis en place des cadres normatifs et institutionnels et s’est doté d’une Cellule nationale de traitement des informations financières en vue de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

M. SALIOU NIANG DIANG (Sénégal) a déclaré que le commerce international doit être le catalyseur d’un développement équitable et durable.  D’où l’importance d’un système commercial multilatéral, ouvert, réglementé, transparent et non discriminatoire.  Il a relevé que les PMA restent encore loin de l’objectif de 2% des exportations mondiales fixé dans le Programme d’action d’Istanbul et la cible 17.11 des objectifs de développement durable.  Une action urgente et déterminée s’avère donc nécessaire en vue de mobiliser les ressources nécessaires, à travers la mise en œuvre effective du Programme d’action d’Addis-Abeba qui représente un cadre de financement global, permettant d’aligner les politiques et les flux financiers sur les priorités économiques, sociales et environnementales.

M. Diang a ensuite plaidé pour le règlement des problèmes systémiques liés à l’instabilité macroéconomique et financière mondiale, notamment par le renforcement de la coordination des politiques économiques.  Cela requiert aussi la réforme du système fiscal international, a-t-il dit, insistant pour que l’impôt soit acquitté là où l’activité crée de la richesse et du profit.  Il a enfin suggéré la promotion de l’innovation scientifique et technologique dans les politiques de mobilisation des financements réaliser les objectifs de développement durable.

M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a indiqué que l’activité économique du pays reste résiliente face à la montée des tensions sécuritaires et sociales.  Ainsi, le Burkina Faso est sur le point de remplir le critère de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui est d’un déficit budgétaire de 3% du PIB en 2019.  Et cela a été possible grâce à une politique d’élargissement de l’assiette fiscale, d’amélioration de l’administration fiscale et de renforcement de l’efficience des dépenses.  Dans le même temps, à moyen terme, le pays entend maintenir le risque de surendettement à un niveau modéré.

M. Bokoum a relevé que la participation du Burkina Faso au commerce international et au développement passe avant tout par la mise en place d’une infrastructure de qualité et d’un meilleur accès à l’énergie.  Justement, les pays du G5 Sahel ont adopté, le 13 septembre dernier, l’initiative « Desert to Power », un programme en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD) qui vise à exploiter l’énergie solaire pour fournir de l’électricité à plus de 60 millions de personnes d’ici à 2030, créer des emplois et avoir un impact positif dans des domaines comme l’accès à l’eau, l’agriculture, l’éducation ou encore la santé.  Il a conclu en émettant le vœu que l’accord de libre-échange continental africain puisse conduire à un accroissement des échanges intra-africains et améliorer la part de l’Afrique dans le commerce international. 

Mgr FREDERICK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a déclaré que l’un des objectifs de la communauté internationale doit être de promouvoir un commerce mutuellement bénéfique, qui crée une prospérité partagée, améliore la compréhension mutuelle et accroisse la coopération pour créer un système économique stable mutuellement bénéfique.  Il a mis en garde contre les dernières tendances à l’action unilatérale en réponse aux défis mondiaux.  Cette approche de la diplomatie internationale de promouvoir les puissants sur les faibles et d’imposer des idéologies d’une petite minorité sans le consentement de la majorité, a-t-il reproché.  Aujourd’hui, à la lumière du bien commun, il est urgent que la politique et l’économie entament un dialogue franc au service de la vie, en particulier de la vie humaine, a plaidé le nonce en recommandant d’aborder, avec attention et honnêteté, l’impact des politiques macroéconomiques sur les pauvres.  Si on laisse le processus d’exclusion se poursuivre sans relâche, prévient le pape François, les exclus ne seront plus les exclus: ils ne feront même plus partie de la société.  Le représentant a également mis en garde contre les effets du financement illicite qui doit être considéré comme un problème international grave et donc traité en conséquence.

Mme EWA STAWORZYNSKA, Organisation internationale du Travail a indiqué que le taux de chômage mondial devrait se maintenir aux alentours de 5% en 2019 et 2020.  Il a signalé que la majorité des 3,3 milliards de personnes employées dans le monde en 2018 ne disposait pas d’une sécurité économique correcte, ni du bien-être matériel, ni de l’égalité des chances.  En outre, les jeunes et les femmes ont beaucoup moins de chances de trouver un emploi.  Le monde du travail connaît des changements sans précédent en raison de l’innovation technologique, de l’évolution démographique, des changements climatiques et de la mondialisation, a ajouté Mme Staworzynska.  Elle a cité la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail qui a été adoptée en juin et qui en appelle à une approche centrée sur l’humain dans la définition des politiques macroéconomiques, afin que personne ne soit laissé de côté.  Face aux questions posées par la croissance lente, les incertitudes économiques et l’évolution du monde du travail, ces politiques doivent se concentrer sur l’investissement dans les capacités des personnes, pour le plein emploi productif et le travail décent, a expliqué la représentante.  Des secteurs essentiels comme l’économie des soins, l’économie verte et l’économie numérique offrent des opportunités d’emploi si des investissements suffisants sont faits.

 

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