Soixante-quatorzième session,
4e séance – matin
AG/DSI/3625

Première Commission: Russes, Chinois et Américains se rejettent la responsabilité de la détérioration de la sécurité internationale

Alors que de nombreuses délégations déploraient une grave détérioration de l’environnement sécuritaire international, la deuxième journée du débat général de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a vu aujourd’hui les délégations américaine, russe et chinoise se rejeter la responsabilité de cette détérioration et de l’absence de progrès en matière de désarmement. 

Si le représentant des États-Unis a indiqué avoir proposé à la Chine et à la Russie des négociations pour réduire leurs armements, les représentants russe et chinois ont mis en doute la volonté des États-Unis de respecter de nouveaux engagements alors qu’ils ne respectent déjà pas les actuels.  Les deux délégations ont accusé les États-Unis, qui les avaient vigoureusement mis en cause lors de leur intervention de la veille, d’être responsables de l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, de rendre incertain l’avenir de l’actuel Traité de réduction des armements stratégiques (New START), de s’opposer à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient et de favoriser la militarisation future de l’espace. 

« Jamais l’état de la sécurité internationale n’a été marquée par autant d’incertitudes », a ainsi lancé le représentant de la Chine avant d’exhorter les États-Unis à abandonner « leur mentalité de guerre froide ».  Il a notamment condamné le déploiement de missiles balistiques américains dans la région Asie-Pacifique, ajoutant que les accusations américaines qui visent la Chine resteraient hypocrites, tant que ce pays n’aurait pas abaissé son arsenal au niveau de celui de la Chine. 

« Comment voulez-vous qu’on vous fasse confiance ?», a lancé de son côté le représentant de la Fédération de Russie à la délégation américaine.  « Depuis des décennies vous renforcez votre potentiel offensif et militaire, vous déployez des moyens de mener des opérations militaires partout dans le monde », a-t-il accusé. 

« Nous n’avons pas de leçons à recevoir », a répondu le représentant américain avant de dénoncer le comportement « menaçant et dangereux » de la Russie, qu’il a accusée de redessiner les frontières en Ukraine et en Géorgie, et d’accuser la Chine de viser le doublement de son arsenal nucléaire au cours de la prochaine décennie. 

Dans ce contexte de méfiance et de défiance, le représentant du Liban a estimé que « les efforts visant à mettre en place une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient représentent la seule bonne nouvelle.  À l’instar des délégués du Yémen, de l’Algérie, de l’Égypte, de la République arabe syrienne, mais aussi de la Fédération de Russie, il s’est félicité de l’adoption de la décision 73/546 de l’Assemblée générale, qui appelle à la tenue, en novembre 2019 sous la présidence jordanienne, d’une conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Tous ont estimé que le succès d’une telle conférence aurait une incidence positive sur la Conférence d’examen 2020 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et sur la paix et la stabilité régionales et internationales dans son ensemble. 

Cette deuxième journée du débat général a aussi été l’occasion pour les délégations de passer en revue un large éventail de défis en matière de désarmement.  Des délégations ont d’abord appelé à la revitalisation de la Conférence de désarmement, haut lieu de négociations de tous les accords.  Parmi les acquis et les étapes, ont été citées la mise en œuvre de la Convention sur certaines armes classiques, la cinquième conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes à Genève, du 26-30 août 2019, la quatrième conférence d’examen de la Convention d’interdiction des mines antipersonnel avec l’objectif d’un monde exempt de mines en 2025, l’opérationnalisation de l’équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ou encore la conférence d’examen 2021 de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT). 

En écho aux menaces liées aux nouvelles technologies, les délégations ont souligné l’importance de normes pour réguler les activités des États dans le cyberespace et l’urgence de trouver des solutions pour éviter la militarisation de l’espace.  Des délégations se sont félicitées de la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les éléments fondamentaux d’un instrument international juridiquement contraignant, visant à prévenir une course aux armements dans l’espace. 

Par ailleurs, à l’instar de nombreuses délégations hier, les représentants de l’Australie, du Pérou, de la Norvège ont jugé inacceptable le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et se sont inquiétés des mesures prises par l’Iran pour réduire ses obligations au titre du Plan d’action global conjoint.  Le représentant de l’Ukraine, quant à lui, a regretté que la Russie ait continué à transférer du matériel militaire dans l’est de l’Ukraine en 2019 alors que la Crimée occupée s’est transformée en forteresse militaire. 

La prochaine réunion de la Première Commission se tiendra lundi 14 octobre à 10 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Mme SALLY MANSFIELD (Australie) a salué la détermination des États parties à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction à tenir responsable ceux qui utiliseraient des armes chimiques.  Elle s’est félicitée que l’équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) soit maintenant opérationnelle.  Elle a exhorté les parties à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT) à se concentrer sur l’idée de parvenir à un consensus à l’occasion de la prochaine conférence d’examen en 2021. 

Appuyant l’objectif de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, la représentante a salué la pertinence du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui célébrera en 2020 le cinquantième anniversaire de son entrée en vigueur.  Elle a estimé que les rapports des groupes d’experts sur la vérification du désarmement nucléaire et un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires avaient ouvert la voie aux étapes à venir.  Pour l’Australie, l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) envoie le message fort que les essais nucléaires sont intolérables.  Mme Mansfield a donc encouragé les États à appuyer cette année la résolution sur le TICEN. 

Par ailleurs, la représentante de l’Australie a souhaité la dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne avant de condamner les lancements de missile par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Elle a exhorté les États-Unis et la République de Corée à poursuivre le dialogue avec la RPDC.  Il a aussi regretté le manque de coopération de l’Iran au regard du Plan d’action global commun. 

 « L’Australie continue d’appuyer l’universalisation du traité sur le commerce des armes », a encore dit Mme Sally Mansfield avant de saluer la décision prise cette année sur la violence fondée sur le genre lors de la conférence des États parties.  Soulignant les nouveaux défis à la sécurité que constituent les nouvelles technologies émergentes, dont les systèmes d’armes létal autonome, la représentante a estimé que sur la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) était l’instance idoine pour aborder ces questions et adopter des directives.  Elle a regretté que certains acteurs continuent d’utiliser le cyberespace pour miner la paix et la stabilité alors que la communauté internationale s’est entendue, par consensus, sur le fait que les normes du droit international s’appliquaient aux États dans leurs rapports avec le cyberespace.  Elle a espéré que le nouveau Groupe de travail à composition ouverte permette d’avancer sur la question. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a indiqué que son pays appuyait activement le Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes, qui ont le potentiel de renforcer la sécurité humaine des pays de sa région.  Il a ensuite plaidé pour l’adoption d’instruments juridiques contraignants de traçage des armes légères et de petit calibre pour éviter leur détournement vers des marchés illicites. 

M. Meza-Cuadra a également plaidé pour l’universalisation des accords multilatéraux de désarmement des armes de destruction massive, regrettant la crise que traverse le régime de non-prolifération des armes nucléaires et chimiques.  Pour lui, les auteurs d’attaques chimiques en Syrie, en Iraq et en Malaisie doivent être traduits en justice.  Concernant le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a exhorté l’ONU à maintenir ces sanctions tant que Pyongyang n’aura pas abandonné toutes ses activités illégales « et qui constituent une menace constante à la paix et à la sécurité internationale ».  Enfin, M. Meza-Cuadra a appelé à la mise en place d’une réglementation encadrant l’usage des nouvelles technologies, qui, comme les drones, modifient les conflits contemporains. 

M. MARCIN WRÓBLEWSKI (Pologne) a appelé à contrer les tensions croissantes sur la scène internationale.  Depuis son entrée en vigueur en 1970, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a été la pierre angulaire des efforts de désarmement.  Il a souhaité que la Conférence d’examen du TNP prévue en 2020 permette de désamorcer les tensions et de renforcer la confiance.  Il a rejeté sur la Fédération de Russie la responsabilité entière de la fin du Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée. 

Le représentant a regretté que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’ait pas pris de mesures pour parvenir à une dénucléarisation complète et vérifiable.  Il a exhorté la RPDC à se soumettre au système de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a regretté que l’Iran ait décidé de réduire les obligations qui lui incombent au titre du Plan d’action global commun. 

Après avoir rappelé que la Pologne avait présidé en 2017 et 2018 les réunions sur le Code de conduite de la Haye visant à éviter la prolifération des missiles balistiques, M. Wróblewski a souhaité que les auteurs et responsables des attaques chimiques en Syrie soient traduits en justice.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de normes garantissant un cyberespace ouvert et libre qui décourage ceux qui auraient des comportements irresponsables. 

Mme MARÍA DEL ROSARIO ESTRADA GIRÓN (Guatemala) a déclaré que le multilatéralisme était la seule voie pour garantir l’établissement de sociétés pacifiques et durables.  Elle a indiqué que son pays était fermement engagé dans la réalisation de l’objectif commun d’un monde sans armes nucléaires.  Nous rejetons l’existence même de ces armes, le recours ou la menace de leurs recours, notamment contre des États non dotés de l’arme nucléaire, a insisté la représentante, qui a rappelé que son pays appartenait à la première région du monde à s’être déclarée zone exempte d’armes nucléaires à travers le Traité de Tlatelolco.  Qualifiant ces zones d’instruments de confiance interétatique, elle a vu dans le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires une étape importante sur la voie d’un monde sans armes nucléaires. 

Ce traité, comme les zones exemptes d’armes nucléaires, complète le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a poursuivi M. Estrada Girón, souhaitant que la Conférence d’examen de 2020 du TNP soit l’occasion de transformer les engagements pris lors des réunions préparatoires en actions concrètes.  Les États dotés parties au Traité doivent se mettre en conformité avec leurs obligations, y compris celles au titre de l’Article VI du TNP, a souligné la représentante.  Revenant sur les zones exemptes d’armes nucléaires, il a invité les États Membres à participer activement et de bonne foi à la conférence sur la création d’une telle zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, qui aura lieu en novembre.

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a dit l’importance du désarmement nucléaire pour promouvoir la paix et la stabilité dans le monde.  Il a jugé urgent la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient pour corriger un déséquilibre entre les pays de la région.  « Alors que tous les pays arabes ont adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et souhaitent la création d’une telle zone au Moyen-Orient, Israël s’y oppose et refuse de placer ses installations sous le régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », a regretté le représentant.  Dans ce contexte, il a salué l’organisation, en novembre, sous la présidence de la Jordanie, conformément à la décision 73/546 de l’Assemblée générale, d’une conférence de l’ONU sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Le représentant a souhaité que tous les pays de la région participeront à cette conférence en vue de parvenir à un traité juridiquement contraignant qui renforcerait la paix et la stabilité dans la région et dans le monde. 

Par ailleurs, le représentant a précisé que son pays était en guerre depuis cinq ans en raison d’un coup d’état mené par des milices terroristes soutenues par l’Iran, qui leur fournit missiles balistiques, drones et mines.  Il a expliqué que les armes et les mines utilisées par les milices houthies tuaient des Yéménites mais menaçaient aussi les pays voisins.  Il a dit que son armée avait déjà débarrassé le pays de 300 000 mines qui paralysaient la vie au quotidien.  Il a appelé à un soutien de la communauté internationale pour poursuivre les opérations de déminage. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires avait clairement contribué au renforcement des normes de désarmement et de non-prolifération.  À cet égard, a-t-il dit, l’Algérie a participé activement à l’établissement d’une telle zone en Afrique, en accompagnant l’élaboration du Traité de Pelindaba, entré en vigueur il y a 10 ans.  Le représentant a salué l’adoption, en décembre dernier, de la décision 73/456 de l’Assemblée générale actant l’organisation d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  À son tour, il a appelé les États Membres à participer activement et de bonne foi aux délibérations devant ouvrir la voie à la négociation d’un traité juridiquement contraignant pour cette région. 

Concernant les mécanismes de désarmement, le représentant a rappelé que son pays assumerait la première présidence tournante de la Conférence du désarmement en 2020.  Il a souhaité que les États unissent leurs efforts pour revitaliser cet instrument important de mise au point et de négociations des traités multilatéraux.  Par ailleurs, M. Bessedik a indiqué que sa délégation présenterait de nouveau, cette année, le projet de résolution intitulé « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée ». 

Mme PATRICIA BENÍTEZ LIMA (Uruguay) a déclaré que l’urgence était de parvenir à un désarmement nucléaire complet, vérifiable, irréversible et dans le cadre d’un calendrier agréé au niveau multilatéral.  Pour l’Uruguay, tous les pays non détenteurs d’armes nucléaires devaient obtenir de la part des pays dotés de ces armes des assurances en matière de non recours ou non menace de recours de ces armes.  Face aux risques humanitaires que posent ces armes, la représentante a appelé à une approche fondée sur le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. 

Mme Benítez Lima a estimé que la modernisation des arsenaux nucléaires en cours et l’augmentation des dépenses militaires s’apparentait à une nouvelle course aux armements.  L’Uruguay, a-t-elle rappelé, a été l’un des premiers pays à avoir adhéré au Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires.  Rappelant l’importance des trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), elle a appuyé le droit au recours à l’énergie atomique à des fins pacifiques en respectant les normes de sûreté agréées au niveau international.  Elle a jugé indispensable de parvenir à un traité multilatéral et vérifiable sur les matières fissiles. 

Parce qu’un État ne peut régler à lui seul la prolifération des armes légères et de petit calibre, la représentante a estimé que la réduction de la disponibilité de l’accès à ces armes était la meilleure réponse.  Elle a aussi mis l’accent sur la dimension du genre, en rappelant que les femmes étaient touchées de manière disproportionnée par les conflits.  « Nous devons miser sur la diplomatie préventive pour renforcer la confiance et promouvoir la transparence entre les États pour permettre des progrès dans les réunions de désarmement » a-t-elle conclu. 

M. CONG FU (Chine) a déclaré que les États-Unis, dans leur quête désespérée de suprématie, transformaient l’espace extra-atmosphérique et le cyberespace en de nouveaux champs de bataille, de tels actes ayant « gravement sapé la stabilité stratégique mondiale et accru le risque de conflit nucléaire ».  Le représentant a jugé que les États-Unis étaient responsables de l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et que le comportement de ce même pays rendait incertain l’avenir du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (New START). 

Jamais, a lancé M. Fu, l’état de la sécurité internationale n’a été marqué par autant d’incertitude.  Pour le représentant, la pression exercée tous azimuts par les États-Unis complique la gestion du dossier nucléaire iranien et pousse au point de rupture la situation au Moyen-Orient.  Dans ce contexte, il a plaidé pour une relance des initiatives multilatérales, y compris pour assurer un contrôle partagé et responsable des armes, conformément au vœu du Secrétaire général des Nations Unies. 

Concernant les armes de destruction massive, le représentant a exhorté les États-Unis à respecter ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), cela en détruisant sans délais leurs stocks.  La Chine, a-t-il enchéri, a toujours honoré ses engagements en matière de non-prolifération, en témoigne sa pleine mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité visant la prolifération nucléaire.  Le représentant a de nouveau exhorté les États-Unis à s’abstenir de critiquer la politique militaire de son pays: « Que les États-Unis réduisent leurs arsenaux au niveau auquel se situent les nôtres avant de tenir des propos désobligeants, faibles et futiles contre la Chine », a-t-il ainsi lancé. 

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que les États-Unis cherchaient à mettre à mal les accords internationaux en matière de désarmement.  Il a jugé inacceptable que les États-Unis bloquent la participation des experts russes aux travaux de désarmement.  Il a expliqué que sa position et de celle de la Chine divergeaient de celles des Américains et des Européens en ceci, qu’elle ne s’était jamais écartée des normes des relations internationales.  Il a mis l’accent sur la volonté russe de parvenir à une sécurité égale et indivisible pour tous avant de dénoncer la « politique américaine qui vise à mettre à mal l’architecture mondiale du désarmement ». 

Pour la Fédération de Russie, les États-Unis ont, depuis le début du siècle, mis à mal la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, les accords sur les armements stratégiques offensifs et le Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire.  « Bientôt nous n’aurons plus rien à débattre en Commission du désarmement parce qu’il n’y aura plus aucune convention », s’est inquiété le représentant. 

M. Yermakov a affirmé que son pays mettait l’accent sur la réalisation d’initiales constructives appuyées par le Mouvement des pays non alignés qui rassemble la majorité des pays.  « Contrairement aux États-Unis, nous proposons de renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de proroger l’accord START; contrairement aux États-Unis, nous proposons un moratoire sur le déploiement des forces nucléaires à portée intermédiaire et non pas l’augmentation de leur déploiement; contrairement aux États-Unis, nous proposons d’entamer un dialogue pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et finalement, nous proposons l’interdiction de toute arme dans l’espace extra-atmosphérique », a-t-il lancé.  Face à ce constat, le représentant a regretté que les pays européens aient décidé de mettre à mal leur souveraineté en n’osant pas s’opposer aux pressions américaines. 

M. TAE-YUL CHO (République de Corée) a indiqué que la journée de pourparlers sur le nucléaire du 30 juin entre des représentants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’avait produit aucun résultat tangible.  Le fossé entre les positions des deux pays reste immense, s’est-il inquiété, avant de demander aux autorités nord-coréennes de remplir leurs obligations en matière de dénucléarisation et de poursuivre un dialogue constructif avec les États-Unis. 

De son côté, a ajouté le représentant, la communauté internationale doit continuer d’œuvrer de concert pour que soit trouvée une solution négociée au problème du nucléaire nord-coréen, solution qui devra déboucher sur l’établissement d’une paix permanente dans la péninsule coréenne.  « Comme l’a déclaré à la tribune de l’Assemblée générale le Président Moon le mois dernier, la paix dans la péninsule coréenne est inextricablement liée à la paix dans le monde », a encore déclaré le représentant.  Il a, par ailleurs, annoncé que sa délégation présenterait cette année un nouveau projet de résolution, portant sur l’autonomisation et l’engagement des jeunes.  Il a précisé que ce texte se voulait être une contribution à la mise en œuvre de l’action 38 du programme de désarmement du Secrétaire général des Nations Unies. 

Mme LENA PYLVÄNÄINEN (Finlande) a déclaré que le renforcement de l’architecture internationale du contrôle des armes exigeait de la confiance entre États.  Cela exige aussi des institutions multilatérales fortes, une mise en œuvre nationale effective ainsi qu’un soutien de la communauté internationale au renforcement des capacités.  « Tel est notre objectif et c’est cela qui doit diriger nos travaux cet automne », a-t-elle dit. 

Cependant, pour parvenir à ces objectifs, il y a des étapes importantes à franchir au préalable, a argumenté Mme Pylvänäinen.  Il faut d’abord, sur la question des armes nucléaires, s’assurer de la réussite du processus d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Alors que les discussions tenues lors de la troisième session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2020 ont permis aux délégations de clarifier leurs positions, celles-ci doivent continuer, dans le cadre de la Première Commission, d’identifier les bases communes et les domaines sur lesquels ils doivent continuer de travailler. 

Concernant les armes chimiques, il faut s’assurer que les normes existantes sont respectées et les contrevenants tenus responsables de leurs actes.  Pour cela, les délégations doivent faire en sorte que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques reçoive un appui et des moyens suffisants pour lui permettre de mettre en œuvre son mandat.  Enfin, s’agissant des armes classiques, il faut s’assurer que les engagements pris au titre des différents instruments existants sont tenus.  L’assistance internationale est primordiale en ce sens, a plaidé la représentante, faisant observer que, cinq ans après son entrée en vigueur, le Traité sur le commerce des armes avait déjà prouvé sa valeur. 

M. RAVINATHA ARYASINHA (Sri Lanka) a rappelé que son pays avait fait partie des premiers signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968 et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) en 1996. 

« Le Sri Lanka, qui a connu trois décennies de conflit séparatiste terroriste et plus récemment l’attaque terroriste du dimanche de Pâques en début d’année, est conscient des ravages des armes légères et de petit calibre et des conséquences du commerce illicite des armes, lorsque des acteurs non-étatiques ont accès à ces armes », a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que son pays, en tant que signataire du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre, avait créé une commission nationale chargée de lutter contre la prolifération de ces armes dans le pays.  Il s’est dit alarmé par le montant de dépenses militaires mondiales qui a dépassé 1 800 milliards de dollars avant d’appeler à des réductions qui pourraient être destinées au développement économique et social. 

Par ailleurs, M. Aryasinha a indiqué que son pays visait l’objectif de devenir un pays exempt de mines antipersonnel d’ici à 2020 en travaillant de concert avec des organisations non gouvernementales et des organisations locales spécialisées dans le déminage.  L’Armée du Sri Lanka a contribué à 90 % du déminage du pays en permettant ainsi la rapide réinstallation des personnes déplacées et le redéveloppement de ces zones, a-t-il précisé. 

En outre, le Sri Lanka est devenu, en décembre 2017, le cent-soixante-troisième pays à adhérer à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et en mai 2018 le cent-troisième État partie à la Convention sur les armes à sous-munitions.  En septembre dernier, Sri Lanka a présidé la réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions », a indiqué le représentant.  Il a aussi rappelé que son pays avait également présidé, en novembre 2015, la Réunion des Hautes Parties contractantes à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, au cours de laquelle il avait lancé des discussions sur les systèmes d’armes létales autonomes.  Enfin, le représentant a rappelé que son pays et l’Égypte présentaient depuis deux décennies une résolution annuelle sur la prévention de la course aux armements dans l’espace. 

Mettant l’accent sur l’importance de la Conférence du désarmement, le représentant s’est dit fier que cette Conférence ait eu lieu sous la présidence de son pays en 2018 et ait pu s’entendre, en adoptant sa décision DC/2119 le 16 février 2018, sur la création de cinq organes subsidiaires chargés de travailler sur tous les points à l’ordre du jour de la Conférence. 

M. BASSEM YEHIA HASSAN KASSEM HASSAN (Égypte) a déclaré que le défi le plus important en matière de désarmement était de faire face à la détérioration de l’environnement sécuritaire aux niveaux régional et international.  Il s’est inquiété du « retour en arrière » des grandes puissances en matière de désarmement.  Il a dénoncé le début d’une nouvelle course aux armements sous la forme de l’amélioration des arsenaux nucléaires, alors que se profile le risque d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique et le recours aux nouvelles technologies à des fins conflictuelles. 

Le représentant s’est particulièrement inquiété de l’absence de mise en œuvre des engagements pris lors de différents accords, notamment l’absence de zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient, malgré un accord de 1995.  Il s’est félicité de la décision 73/546 de l’Assemblée générale demandant au Secrétaire général d’organiser, en novembre, une conférence pour la réalisation d’une telle zone au Moyen-Orient.  « Une telle conférence devrait déboucher sur un accord qui serait une garantie pour la stabilité dans la région », a-t-il dit, avant d’estimer qu’une telle conférence permettrait aussi de faire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2020 une réussite. 

Par ailleurs, M. Hassan a insisté sur la nécessité d’un texte juridiquement contraignant pour prévenir une course aux armements dans l’espace et éviter qu’on puisse, demain, attaquer des satellites et les prendre.  Il s’est félicité de la création, conformément à la résolution 72/250 de l’Assemblée générale, d’un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les éléments fondamentaux d’un instrument international juridiquement contraignant visant à prévenir une telle course aux armements.  S’agissant des menaces liées aux nouvelles technologies, il a jugé indispensable que l’ONU permette l’avènement de règles contraignantes garantissant la sécurité pour tous dans le cyberespace. 

M. RUSLAN NIMCHYNSKYI (Ukraine) a déploré la perte que représente l’expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, estimant qu’elle pourrait déboucher sur une dangereuse révision à la hausse des arsenaux nucléaires.  Il a ajouté qu’à l’origine, la dénucléarisation de l’Ukraine était liée au respect, par la Russie, de la souveraineté de son pays.  Nous avons vu ce qu’il en a été avec l’agression des forces militaires russes, a-t-il dit. 

Le représentant a appelé tous les États à conclure des accords de sauvegarde complets avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont il a salué l’approche cohérente et stable.  Il a, en outre, plaidé pour l’universalisation et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et souligné l’efficacité de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde. 

Sur les armes classiques, M. Nimchynskyi a déclaré que « l’agression russe » contre son pays avait été menée par des forces militaires régulières dont l’action avait fait voler en éclat les dispositifs multilatéraux de lutte contre la prolifération régionale d’armes légères et de petit calibre.  En 2019, des transferts militaires russes ont toujours lieu dans l’est de l’Ukraine, déstabilisant tout le pays, a-t-il condamné.  « L’empreinte russe en Crimée et en mer Noire est menaçante, la Crimée étant devenue une forteresse militarisée », a-t-il ajouté, avant de demander que « la Russie, Puissance occupante », se retire de la Crimée, faute de quoi sa militarisation accrue pourrait avoir des conséquences sur la sécurité dans tout le sud de l’Europe.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) restait la pierre angulaire des efforts de désarmement et de non-prolifération de la communauté internationale.  Elle a salué l’initiative américaine visant à créer un environnement propice au désarmement nucléaire et s’est félicitée de la création en avril 2019 d’un Groupe d’experts gouvernementaux sur la vérification du désarmement nucléaire.  Parce que la dimension de vérification est essentielle pour que le désarmement devienne une réalité, la Norvège a indiqué que son pays allait déposer une résolution sur la vérification du désarmement nucléaire de manière complète, vérifiable et irréversible.  « Nous plaidons pour une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) » a-t-elle ajouté.  

Pour la Norvège, le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) « reste inacceptable ».  La représentante s’est également inquiétée des mesures prises par l’Iran pour réduire ses obligations au titre du Plan d’action global conjoint.  Elle a par ailleurs regretté que le Traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée ait expiré, en attribuant la cause au non-respect de ses engagements par la Russie, avant d’inviter cette dernière et les États-Unis à étendre le nouveau régime du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques (New START). 

Mme Juul a mis l’accent sur l’importance d’un cyberespace sûr et stable dans l’intérêt de la sécurité nationale et internationale.  En outre, elle a précisé que la Norvège présidait la quatrième conférence d’examen de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, en gardant à l’esprit l’objectif d’un monde exempt de mines en 2025.  La Norvège préside aussi cette année le Code de conduite de la Haye contre la prolifération des missiles balistiques, un instrument auquel participe 140 pays pour promouvoir la transparence et le renforcement de la confiance, a également rappelé la représentante. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré que l’effectivité et la viabilité des régimes de non-prolifération, de contrôle des armes et de désarmement exigeaient que les règles soient respectées et que les accords soient pleinement mis en œuvre par toutes les parties.  Cela est primordial dans le contexte de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de l’an prochain, au cours de laquelle tout doit être fait pour renforcer le rôle multilatéral de cet instrument dédié à la sécurité internationale, a dit le représentant. 

L’Estonie, qui soutient une approche progressive en matière de désarmement nucléaire, soutient aussi le début des négociations au sein de la Conférence du désarmement en vue de l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Elle réitère aussi sa demande exprimée, depuis 2001, de participer aux travaux de la Conférence du désarmement.

M. Auväärt a également déploré que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur.  Il a rejoint l’appel lancé aux pays de l’annexe II de le signer et de le ratifier sans plus tarder.  Parallèlement, la prolifération de missiles balistiques capables de transporter les charges nucléaires inquiète beaucoup l’Estonie.  C’est pourquoi le pays estime que le Régime de contrôle de la technologie des missiles et le Code de conduite de la Haye jouent un grand rôle en matière de prévention de la prolifération de ces armes. 

Le représentant a également déclaré que les programmes nucléaires et de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuaient de violer les résolutions du Conseil de sécurité et de menacer la paix et la sécurité internationales.  L’Estonie continue donc d’appeler la RPDC à cesser ses « provocations » et à prendre des mesures concrètes pour la vérification de ses installations et la dénucléarisation. 

Par ailleurs, l’Estonie continue de soutenir le Plan d’action global commun ainsi que la mission de vérification des installations nucléaires iraniennes par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle s’inquiète donc de la décision des autorités iraniennes de revenir sur leurs engagements pris dans le cadre du Plan d’action global commun.  Elle les exhorte à cesser et à se garder d’aller plus loin dans leurs activités, tout en coopérant étroitement avec l’AIEA. 

M. DASTAN YELEUKENOV (Kazakhstan) a souligné que l’instauration de moratoires sur les essais nucléaires, en particulier ceux maintenus par les États dotés de l’arme nucléaire, ne sauraient constituer une alternative à un instrument juridiquement contraignant tel que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Pour lui, l’entrée en vigueur de ce traité représenterait un moyen essentiel de parvenir à la pleine mise en œuvre de toutes les obligations du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 

Rappelant l’attachement de son pays à la création de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, y compris au Moyen-Orient, le représentant a indiqué que le Kazakhstan exerçait cette année les fonctions de coordonnateur du Traité sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale (le Traité de Semipalatinsk), entré en vigueur il y a 10 ans.  Il a assuré la Commission que son pays continuerait d’œuvrer à la concrétisation du souhait du Président du Kazakhstan, M. Nursultan Nazarbayev, qui exhorte la communauté internationale à parvenir à un monde sans armes nucléaires en 2045, date du centenaire des Nations Unies. 

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) s’est inquiété du développement de conflits d’influence stratégiques entre les États dotés de l’arme nucléaire.  Il a regretté que les intérêts nationaux des États nucléaires se substituent à l’importance des principes de sécurité humaine.  Dans ce tableau, « les efforts visant à mettre en place une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient représentent la seule bonne nouvelle » a-t-il affirmé.  Il s’est ainsi félicité de l’adoption de la résolution 73/546 de l’Assemblée générale, qui appelle à la tenue en novembre, sous la présidence jordanienne, d’une conférence portant sur la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que ce pays adhère au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et place ses installations sous la surveillance du régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

Le représentant a, en outre, rappelé que le Liban avait ratifié le Traité sur le commerce de armes le 9 mai 2019.  Il s’est félicité de la mise en place de deux mécanismes en matière de sécurité dans le cyberespace en précisant que son pays avait adopté, le 29 août dernier, une stratégie nationale en matière de cybersécurité. 

M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a rappelé que son pays n’avait jamais produit quelque catégorie d’armes que ce fût, et que, récemment, son gouvernement avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a noté que le développement durable, conformément au vœu du Secrétaire général des Nations Unies, devait faire partie de toutes les initiatives internationales de désarmement, la sécurité étant un préalable à l’instauration d’une paix durable dans les sociétés humaines. 

Le représentant a appelé la communauté internationale à s’adapter aux menaces nouvelles et non traditionnelles à la paix et à la sécurité, en appuyant par le consensus le plus large possible les résolutions de la Première Commission, en particulier celles relatives à la non-prolifération de tous les types d’armes, de munitions et de technologies pouvant faire l’objet d’un double usage.

Droits de réponse

Réagissant à la déclaration faite hier par les États-Unis, le Représentant de la Fédération de Russie a dit avoir eu l’impression, à entendre leur représentant, que les États-Unis étaient le seul État du monde à s’inquiéter des questions de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération.  Mais « aujourd’hui, la Fédération de Russie a montré que la réalité était bien différente », a-t-il ajouté.  Depuis des décennies, les États-Unis continuent de renforcer leur potentiel offensif et militaire, a-t-il accusé, dénonçant le déploiement par les États-Unis de moyens leur permettant de mener des opérations militaires partout dans le monde, l’augmentation de leur budget militaire et les pressions menées sur leurs alliés pour qu’ils modernisent leurs armements et augmentent leurs stocks.

« Il n’y a plus aucune région du monde qui n’a pas de base militaire américaine », a relevé le représentant, qui a dénoncé « une rhétorique américaine héritée de la guerre froide et contraire aux relations interétatiques fondées sur le droit international ».  Se disant surpris par le lien fait hier par le représentant américain entre « démocratie et désarmement », le représentant de la Fédération de Russie a estimé que les efforts de militarisation de l’espace, la modernisation des missiles offensifs et les freins à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre des accords internationaux dans le domaine du contrôle du désarmement semblaient démontrer que les États-Unis n’étaient plus une démocratie. 

Réagissant à l’intervention syrienne d’hier, le représentant des États-Unis a assuré que le régime syrien devrait répondre du recours à des armes chimiques.  Répondant à une déclaration du représentant de la Chine accusant les États-Unis de harceler d’autres pays, il a suggéré que l’on demande aux voisins de la Chine qui est l’harceleur.  Il a indiqué que les États-Unis prévoyaient de détruire leurs stocks d’armes chimiques d’ici à 2023.  « Alors que la Chine a développé ses armes sans aucune contrainte, nous avons proposé à la Chine et à la Russie de nous rejoindre dans des négociations pour réduire nos armements », a poursuivi le représentant.  Les États-Unis, a-t-il expliqué, ne souhaitent pas adhérer au traité pour le désarmement de l’espace parce que ce traité n’est pas transparent. 

Le représentant a également estimé que la déclaration russe rappelait la propagande soviétique, en prétendant que les États-Unis bloquaient les travaux de la Première Commission.  Il s’est insurgé contre les leçons données par la délégation d’un pays qui « se permet de redessiner par la force les frontières en Europe, notamment en Ukraine, d’interférer dans les élections démocratiques de pays tiers, et de mener des cyberattaques ».  Il a jugé « menaçant et dangereux » le comportement de la Russie, avant d’assurer que les États-Unis respectaient l’ensemble de leurs responsabilités découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Enfin, le représentant a affirmé que la Russie mettait au point des armes causant des risques d’escalade tandis que la Chine ne cessait de développer son arsenal et ses capacité nucléaires.  « La réalité est que la Chine veut doubler son arsenal nucléaire au cours de la prochaine décennie », a affirmé le représentant, qui a conclu en assurant que les États-Unis étaient « une démocratie tandis que la Russie n’en est pas une ». 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a condamné « l’approche erronée » des pays occidentaux concernant les essais « effectués dans un souci d’autodéfense face aux manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la République de Corée ».  Ce sont les circonstances qui nous poussent à renforcer nos systèmes et moyens de défense, a-t-il affirmé.  « Les sanctions ne règlent en rien les problèmes, elles sont au contraire une source de problèmes », a-t-il poursuivi, ajoutant: « Ces sanctions ne nous obsèdent pas; ce que nous ne tolérons pas, ce sont les violations de notre souveraineté commises au nom de l’application des sanctions .» 

Le représentant de la Chine a répété que les armes nucléaires de portée intermédiaire de son pays ne menaçaient en rien les États-Unis.  Mais les États-Unis comptent déployer des armes de ce type dans la région voisine de l’Asie-Pacifique, si bien que l’on est en droit de demander « qui harcèle qui ?».  La Chine ne fait que prendre les mesures qui s’imposent pour défendre ses intérêts, a ajouté le représentant.  Les États-Unis ont ratifié la Convention sur l’interdiction complète des armes chimiques (CIAC).  Ils auraient donc dû éliminer leurs stocks.  Ils ont 15 ans de retard.  Ils ont annoncé leur intention de les détruire d’ici à 2023 mais qui peut dire s’ils ne demanderont pas un nouveau délai, a demandé le représentant, qui a accusé les États-Unis de vouloir en fait conserver de telles armes.  Quant aux armes nucléaires et à la perspective de discussions trilatérales, le représentant a demandé si les États-Unis étaient prêts à réduire leur arsenal nucléaire au niveau de celui de la Chine.

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le système existant de désarmement ne satisfait pas les États-Unis, en ce qu’il restreint leurs ambitions militaires.  Ils font tout pour détricoter les accords de contrôle des armes et de désarmement et de non-prolifération, a-t-il accusé.  « Par conséquent, quelle garantie a-t-on qu’ils puissent rejoindre, demain, un nouveau système de sécurité internationale? » s’est-il demandé. 

Le représentant de la République arabe syrienne a accusé les États-Unis de répéter chaque année « le même tissu de mensonges ».  On a appris récemment par la presse qu’un essai nucléaire avait été effectué par Israël dans les années 1970, a-t-il fait observer.  Si ce fait était avéré, cela signifierait que les États-Unis sont bien un acteur de la prolifération nucléaire, a asséné le représentant.  De plus, les États-Unis bloquent l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il encore accusé, déclarant que ce pays sapait le régime du TNP en déployant des armes de destruction massive dans de nombreux points du globe, y compris en Méditerranée.  « Le Gouvernement américain précédent a financé ceux qui allaient devenir les combattants de Daech et al-Nosra, et le Gouvernement actuel demande de nouveaux reports pour détruire leurs stocks d’armes chimiques », a poursuivi le représentant, qui a également accusé les États-Unis de « participer à des programmes clandestins de développement d’armes chimiques ». 

Le représentant des États-Unis a répondu à la Chine que la taille de son arsenal est mal connue, étant donné le peu de transparence qu’elle montre sur la question.  À son homologue russe, il a déclaré que les traités ne posaient pas de problèmes aux États-Unis.  Le problème, c’est leur non-respect par la Russie.  Quant au régime syrien, il devra répondre des crimes commis contre son peuple, a-t-il conclu. 

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