La Deuxième Commission cherche à repenser un système multilatéral malmené sur les plans commercial et financier
Le système multilatéral commercial et financier actuel peut-il continuer sur sa lancée sans laisser les pays les plus vulnérables de côté dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)? Le sujet a été débattu, aujourd’hui, par la Deuxième Commission (questions économiques et financières), qui a consacré cette journée aux questions de politique macroéconomique et au financement du développement.
Résumant le sentiment général, le Nigéria a appelé de ses vœux une économie mondiale plus saine, convaincu que le système commercial international peut jouer un rôle fondamental pour soutenir les efforts de développement. Plus pessimiste sur les questions financières, il a appelé la Deuxième Commission à s’interroger sur « la capacité de l’architecture financière internationale à prévenir une nouvelle crise financière mondiale ».
Au nom des États d’Afrique, Cabo Verde a estimé qu’un cadre macroéconomique « stable » était nécessaire. « Robuste » aussi, a précisé l’Inde. Cela permettrait d’envisager une croissance économique « inclusive et durable », à condition d’avoir des financements prévisibles pour garantir le développement durable et une dette soutenable. D’où les appels nombreux, aujourd’hui, pour un multilatéralisme réformé dans le système financier international et le monde des affaires.
Beaucoup de délégations, comme la Thaïlande, ont ainsi exprimé leur souhait de parvenir à un système commercial international équitable, non discriminatoire, inclusif, prévisible, transparent, ouvert, universel et fondé sur le droit, avec l’OMC comme pierre angulaire. Les États Membres ont, une fois encore, été vent debout contre tous les protectionnismes. « Qui profite de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis? » a demandé Pamela Coke-Hamilton, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base à la CNUCED. Pas le commerce, ni les pays en développement, qui dépendent des chaînes d’approvisionnement et risquent d’être très touchés par ce climat, a-t-elle noté. Les effets négatifs du Brexit ont aussi été évoqués, avec une chute des exportations en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), sans accord.
Dans la même veine, de nombreuses délégations et notamment le Groupe des 77 et la Chine (G77), l’Iran et Cuba ont rejeté farouchement les « mesures coercitives unilatéralement imposées ». À l’instar de la Fédération de Russie, ils ont jugé la coopération commerciale, mise à mal par « certains pays » qui cherchent à obtenir un avantage concurrentiel. Ils ont été rejoints sur ce point par l’économiste du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Hirochi Kawamura, qui a affirmé que ces pratiques vont à l’encontre des mesures agréées par la communauté internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.
Un autre sujet a préoccupé la plupart des pays, comme le Panama, le Kenya, le Sénégal ou encore la Norvège: la corruption et les flux financiers illicites font perdre des milliards de dollars qui pourraient être consacrés au développement. À ce propos, le G77 a fait part de sa préoccupation du fait qu’il n’y ait toujours aucune instance de coopération fiscale au niveau mondial et le Niger n’a pas hésité à soutenir l’idée d’un cadre multilatéral formel de coopération en matière fiscale sous l’égide des Nations Unies. Le Directeur du Bureau du financement du développement durable au DESA, Navid Hanif, a, quant à lui souligné l’intérêt des nouvelles technologies comme un outil de lutte contre l’évasion fiscale, tout en tempérant son propos au motif que les monnaies numériques risquent de « faciliter l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et la criminalité ».
Il est clair, pour Michael Gaffey, Président du Conseil du commerce et du développement, que « le système multilatéral doit s’adapter » pour ne laisser aucun groupe de pays de côté. Les pays les moins avancés (PMA) se sont plaints d’occuper une moindre place dans le commerce mondial, soit moins de 1% des exportations aujourd’hui, a relevé le Paraguay qui s’exprimait au nom des pays en développement sans littoral. La question est tout à fait fondamentale pour les petits États insulaires en développement (PEID), a rappelé Pamela Coke Hamilton. Sous la menace croisée des changements climatiques et d’un difficile accès aux circuits commerciaux, les pays de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) ont témoigné éprouver les plus grandes difficultés à exporter, créer de la richesse, bâtir les conditions de la résilience et mettre fin à leur endettement. Selon l’AOSIS, les investissements et l’aide à ces pays ne sont « pas au niveau ». Leur avenir semble sombre au moment où « les changements climatiques ne sont plus une menace, mais une réalité », a dit le Belize en leur nom.
La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a toutefois placé de l’espoir dans le commerce international, en y voyant d’abord un « moteur de croissance » pour les pays en développement et une promesse de meilleure compétitivité et de progrès dans le transfert de technologie.
Le grand souci de la CARICOM est, sans conteste, « le fardeau de la dette », sérieuse entrave à la mobilisation des ressources nationales pour financer les objectifs de développement durable. L’explosion de la dette privée, « multipliée plus de 12 fois depuis les années 80 », a expliqué Stéphanie Blankenburg, de la CNUCED, souligne le caractère systémique de la crise de la dette dans les pays en développement, aggravé par les catastrophes climatiques. M. Hanif a donc préconisé une nouvelle approche de la gestion de la dette afin de favoriser les investissements dans le développement durable: il faut « refaçonner l’architecture de l’économie mondiale pour la mettre en adéquation avec le développement durable ».
Ce besoin de réforme touche aussi le système financier mondial, comme l’a rappelé la Fédération de Russie: dans un monde multipolaire où le rôle des devises régionales ne cesse de croître, ce pays a proposé de repenser le système et la mainmise du dollar, utilisé, selon elle, comme un moyen de pression.
La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, à 10 heures, pour examiner le thème « agriculture, sécurité alimentaire et nutrition ».
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Présentation de rapports et débat général
M. MICHAEL GAFFEY, Président du Conseil du commerce et du développement, a présenté le Rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement-CNUCED (A/74/15 Part I), fruit de la soixante-septième réunion directive du Conseil du commerce et du développement au Palais des Nations, à Genève, du 4 au 6 février 2019.
Il a rappelé que l’ONU, créée avec un sentiment d’espoir, était actuellement confrontée à des menaces existentielles comme la dégradation environnementale et l’érosion du multilatéralisme. Il ne suffit plus de dire notre attachement au multilatéralisme mais d’adapter celui-ci, a-t-il estimé. Malgré l’envergure des défis, nous n’avons pas encore utilisé le potentiel des Nations Unies, selon lui, et la CNUCED, établie comme une institution de « transformation », poursuit cette tradition. Elle se réunira l’an prochain à la Barbade pour réfléchir aux moyens de stimuler le multilatéralisme, a annoncé M. Gaffey.
Le Conseil du commerce et du développement, a-t-il poursuivi, a encouragé les gouvernements des pays les moins avancés (PMA) à continuer d’instaurer un environnement propice au développement des entreprises dans les zones tant rurales qu’urbaines, en accordant une attention particulière aux politiques qui favorisent un entrepreneuriat vecteur de transformation. Il a encouragé les partenaires de développement à augmenter leur appui aux PMA, comme indiqué dans le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), afin de renforcer les capacités productives par des mesures concrètes axées sur le développement des infrastructures, l’énergie, la science, la technologie et l’innovation, et le secteur privé. Il a invité les pays donateurs et les pays qui sont en mesure de le faire à reconstituer le Fonds d’affectation spéciale de la CNUCED pour les pays les moins avancés.
Les menaces existentielles contre les petits États insulaires en développement (PEID) et le rôle du commerce comme moteur de la résilience face aux changements climatiques ont ensuite été abordés par M. Gaffey, ainsi que l’objectif no14 (conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable), l’occasion de rappeler que l’économie des océans emploie près de 14 millions de personnes dans le monde. Avec les objectifs de renforcer la résilience et de protéger l’environnement, le système multilatéral doit s’adapter, a-t-il ajouté.
Les États Membres doivent aussi réfléchir aux inégalités qui ont une influence négative sur la croissance mondiale et sur l’éradication de la pauvreté, alors que les mesures protectionnistes menacent le socle du multilatéralisme, a dit M. Gaffey. En conclusion, il a, malgré les bons résultats des dernières années, exprimé des préoccupations quant aux perspectives mondiales: selon l’OMC, la croissance commerciale est en baisse en 2019 et le sera aussi en 2020, les risques étant élevés: « le retour de la croissance dépendra de la normalisation de relations commerciales », selon le représentant. M. Gaffey n’a pas manqué de signaler, pour finir, les préparatifs de la conférence de la CNUCED qui se tiendra en 2020 à la Barbade, en souhaitant davantage de dialogue avec New York en cette période d’incertitude et de défis.
Mme PAMELA COKE-HAMILTON, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport (A/74/221) du Secrétaire général intitulé: « Commerce international et développement » et le rapport (A/74/232) intitulé: « Tendances et perspectives mondiales concernant les produits de base », établi par la CNUCED. Après avoir indiqué que les perspectives commerciales sont devenues alarmantes, elle s’est demandé à quoi allaient, à l’avenir, ressembler les nouvelles tendances en la matière. Selon elle, la seule chose claire est que nous ne pouvons poursuivre sur la même voie. La transformation structurelle ne peut, par exemple, se dérouler sur seulement cinq ans.
« Qui profite de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis? » a-t-elle demandé, précisant que les mesures protectionnistes n’ont pas profité au commerce et que les pays en développement qui dépendent des chaînes d’approvisionnement risquent d’être très touchés. En venant au Brexit, Mme Coke-Hamilton a évoqué les effets négatifs qui ressortent de l’étude menée par la CNUCED, avec une chute des exportations en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) sans accord.
Quant aux conséquences environnementales du commerce, la responsable de la CNUCED a estimé que les efforts de réduction et d’atténuation peuvent être intégrés dans les politique commerciales. La vulnérabilité est particulièrement importante pour les PEID, qui contribuent pourtant le moins aux émissions de gaz à effet de serre. Le commerce a un rôle à jouer dans les 17 objectifs de développement durable, a souligné Mme Coke-Hamilton. Elle a ajouté que l’inclusivité doit être l’une des grandes questions de la mondialisation, et c’est particulièrement essentiel pour les femmes et les PMA. Il faut aider les PMA à relever les défis afin d’assurer un système commercial inclusif, a-t-elle insisté.
M. NAVID HANIF, Directeur du Bureau du financement du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté deux rapports. Le premier (A/74/168) récapitule les efforts déployés pour donner effet aux engagements pris dans le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, en ce qui concerne l’architecture financière et monétaire internationale, la réglementation financière, les filets de sécurité financière, les institutions internationales de financement et la gouvernance économique mondiale. Il comprend trois sections. La première porte sur les tendances des flux internationaux de capitaux publics et privés en direction des pays en développement, la seconde sur les réformes de la réglementation financière et la troisième sur le renforcement de l’architecture financière internationale à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le deuxième rapport (A/74/260) intitulé « Suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement » fait la synthèse des conclusions des quatre premiers rapports du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement, ainsi que des conclusions et recommandations adoptées par les quatre forums du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le financement du développement. Il fait ressortir plusieurs grandes tendances qui façonnent l’environnement du financement du développement depuis l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015, notamment: a) l’aggravation des tensions commerciales; b) l’accroissement des niveaux d’endettement; c) l’accélération des évolutions technologiques; d) l’intérêt croissant pour l’investissement durable; et e) l’accélération des changements climatiques.
Selon M. Hanif, de grands défis systémiques doivent être relevés pour réaliser le Programme 2030. Il s’agit de mettre en place des cadres politiques, de mobiliser des investissements et d’adapter le système actuel. Les rapports recensent une série de tendances, redéfinissant le paysage du financement du développement: ralentissement de la croissance mondiale, tensions commerciales accrues et risques géopolitiques multipliés.
L’endettement public et privé a atteint des niveaux record en 2018, a-t-il aussi alerté, en soulignant que cela empêche de nombreux pays d’investir dans les objectifs de développement durable. Une trentaine de pays parmi les moins avancés et d’autres pays vulnérables sont déjà en situation de surendettement ou risquent fortement d’y sombrer, et certains pays à revenu intermédiaire connaissent des niveaux de dette jamais vus depuis les crises de la dette des années 80.
Mais il a noté des évolutions positives comme les avancées technologiques rapides, notamment dans les mégadonnées et l’intelligence artificielle, qui facilitent la réalisation des objectifs de développement durable, tout en posant de nouveaux risques auxquels aucun pays n’a pu s’adapter jusqu’à présent. « Il faudra gérer ces nouveaux risques », a recommandé M. Hanif. Il a aussi préconisé une nouvelle approche de la gestion de la dette afin de favoriser les investissements dans le développement durable: « C’est une possibilité pour nous de refaçonner l’architecture de l’économie mondiale pour les mettre en adéquation avec le développement durable », a-t-il souligné.
De plus, pour M. Hanif, le système financier actuel n’est pas en mesure de fournir des ressources suffisantes pour garantir le développement durable sur le long terme. La communauté internationale pourrait travailler sur l’élaboration de nouvelles lignes directrices, a-t-il suggéré. Enfin, il a relevé qu’en améliorant l’accès des autorités à l’information, les nouvelles technologies sont susceptibles de contribuer à la lutte contre les flux financiers illicites. Il a, toutefois, prévenu contre le risque que les cryptoactifs et autres technologies nouvelles ne facilitent l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et la criminalité.
Mme STEPHANIE BLANKENBURG, Chef du Service de la dette et du financement du développement de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a présenté le rapport (A/74/234) intitulé « Viabilité de la dette extérieure et développement » qui souligne la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’urgence pour les pays en développement. La vulnérabilité accrue des pays en termes de dette s’explique, notamment, par l’exposition accrue aux marchés internationaux, a-t-elle expliqué. La dépendance vis-à-vis de la dette reflète les faiblesses de l’économie, a-t-elle noté, en relevant que cela a empêché une reprise durable de la demande mondiale, dans une économie qui se concentre sur des activités spéculatives.
L’explosion de la dette privée, multipliée plus de 12 fois, depuis les années 80, a engouffré certains pays dans une spirale, a poursuivi Mme Blankenburg. Elle a souligné le caractère systémique de la crise de la dette dans les pays en développement et noté que d’autres facteurs comme les catastrophes climatiques viennent aggraver cette situation. Ces dernières années, la capacité des pays à créer des matelas financiers a diminué et la charge de la dette extérieure a augmenté. La situation la plus inquiétante concerne les PEID, a observé Mme Blankenburg. Elle a ajouté que l’utilisation de la dette publique pour absorber le coût des catastrophes naturelles avait encore accentué la vulnérabilité financière et entamé la capacité de réponse au niveau international. Le fort niveau de dette exerce une pression importante sur ces économies, a-t-elle fait observer.
Le rapport examine également la capacité des pays en développement à répondre aux exigences de financement du Programme 2030, sans détériorer de manière excessive la viabilité de leur dette. Pour ce faire, il faut d’urgence envisager de nouvelles mesures internationales plus énergiques, notamment des initiatives d’allégement de dette liées aux objectifs de développement durable et l’accroissement de l’aide publique au développement (APD).
S’agissant de l’appel lancé afin de promouvoir la transparence de l’information relative à la dette, le rapport suggère à la communauté internationale de mettre en place un mécanisme mondial permettant de fournir une assistance technique en ce sens. Le système financier international ne brille pas par sa transparence, a relevé Mme Blankenburg.
M. HIROCHI KAWAMURA, économiste hors classe à la Division des politiques et de l’analyse du Département des affaires politiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général A/74/264 intitulé: « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement. »
Il contient les résultats du suivi que le Secrétaire général effectue à l’égard de l’imposition de ces mesures et une brève analyse des répercussions de ces dernières sur les pays touchés, en particulier, de leurs incidences sur le commerce et le développement. Le rapport rend compte des réponses des États Membres et de certaines organisations internationales à la note verbale du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. Dans leurs réponses, les États Membres se déclarent opposés à l’imposition de mesures économiques unilatérales pour exercer une pression politique et économique sur des pays en développement. Ils ont fait part de leurs préoccupations au sujet des effets préjudiciables des mesures unilatérales sur le développement durable des pays touchés.
M. Kawamura a remarqué que si 31 mesures avaient été imposées à 28 pays en développement à la fin de juin 2019, entre 2010 et 2019, seulement 2,8 mesures unilatérales ont été imposées, chaque année, en moyenne. Les États Membres se considérant comme touchés par des mesures économiques unilatérales sont le Burundi, Cuba, la Fédération de Russie, la Jordanie, la République arabe syrienne et le Soudan. Les sondages menés par le DESA montrent que les États Membres sont profondément opposés aux mesures unilatérales: parmi les 17 pays ayant répondu à l’enquête, 6 faisaient l’objet de mesures; ils ont rapporté l’impact négatif des mesures, surtout sur les populations les plus vulnérables.
Le rapporteur a enfin noté que le nombre de mesures multilatérales coercitives s’était multiplié ces dernières années, et qu’elles allaient à l’encontre des mesures agréées par la communauté internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. En outre, ces mesures sont contraires aux principes de la Charte des Nations Unies et entravent le commerce international, a-t-il ajouté.
Au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), M. ABDULLAH ABUSHAWESH (État de Palestine) a jugé indéniable que le commerce international est un moteur de croissance économique inclusive et un outil de mise en œuvre du Programme 2030. Il a souligné l’importance d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement afin qu’ils puissent bénéficier du commerce international et intégrer leurs économies dans le système mondial. Le représentant a également rappelé la nécessité de promouvoir un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles. Il a estimé que l’imposition de mesures coercitives, y compris de sanctions unilatérales, contre les pays en développement ne contribue pas au développement économique et social. Il faut donc lever ces mesures, a-t-il recommandé.
Le Groupe est fermement convaincu qu’une croissance résiliente et plus solide est nécessaire pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes. Le représentant a appelé la communauté internationale à respecter ses engagements et a demandé notamment un transfert de technologie vers les pays en développement, soulignant la nécessité d’éviter l’accumulation de dettes soutenables. Des actions collectives au niveau mondial sont nécessaires, de même que des changements structurels, a-t-il ajouté.
Le G77 a fait part de sa préoccupation du fait qu’il n’y ait toujours aucune instance de coopération fiscale au niveau mondial. M. Abushawesh a souligné la nécessité de faire disparaître les paradis fiscaux et a appelé à redoubler d’efforts pour réduire les flux financiers illicites. Pour le G77, l’inclusion financière est l’un des moteurs du développement durable. En ce qui concerne les efforts de financement du développement, il a appelé à des démarches courageuses et au déblocage du financement privé. Un environnement mondial propice au développement du secteur privé est nécessaire, a conclu M. Abushawesh.
S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souligné l’importance d’un environnement macroéconomique stable dans un contexte de fortes incertitudes financières et économiques. À cette fin, l’ASEAN continue d’élargir ses partenariats économiques, met en place des réformes et élimine les restrictions à l’investissement, a-t-il indiqué. M. Kurniadi Koba a mis en avant la nécessité de promouvoir la coopération pour un développement durable par des partenariats régionaux et avec le soutien du système des Nations Unies pour le développement. Le financement durable est, à cet égard, indispensable, a dit le représentant, en assurant que l’ASEAN est favorable à davantage d’inclusivité financière dans la région afin de stimuler la croissance.
M. ALBERTO CABALLERO (Paraguay), au nom des pays en développement sans littoral, a expliqué que ce groupe dépendait plus que les autres du commerce international, alors que ses exportations sont en baisse: elles sont passées de 1,19% des exportations au niveau mondial en 2014 à moins de 1% aujourd’hui. Espérant que la création de la Zone de libre-échange continentale africaine aura des effets positifs, il a demandé à l’OMC l’assistance technique nécessaire pour progresser. Préoccupé par les récentes fluctuations des produits de base, dont les pays en développement sans littoral dépendent en grande proportion, il a remarqué que le développement du commerce en ligne représentait une formidable opportunité pour les pays en développement sans littoral. En même temps, a-t-il relevé, l’écart numérique continue de s’accroître tant que rien ne se fait, concernant le manque d’accès de ces pays aux technologies de l’information et des communications (TIC).
D’autre part, si l’APD a baissé, elle reste une des sources externes essentielles pour se développer, a-t-il fait remarquer, en précisant que les pays en développement sans littoral ont toujours du mal à attirer les investissements. À l’heure du bilan du Programme d’action d’Addis-Abeba, les pays en développement sans littoral soulignent qu’il faut tenir les engagements donnés en vue de la réalisation des ODD, a-t-il conclu.
Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. PERKS LIGOYA (Malawi) a exigé de la communauté internationale le respect de son engagement en matière d’accès aux marchés de tous les produits et services des PMA avec des règles d’origine transparentes et simplifiées, un soutien accru au renforcement des capacités commerciales, à la diversification des produits, à la valeur ajoutée et aux services. Nous voulons voir un système commercial international revitalisé qui serve effectivement de moteur de croissance et de développement durable, a lancé le représentant. S’agissant du problème de la dette, il a dit que dans un contexte d’incertitude accrue et de risques pesant sur la stabilité financière, les niveaux croissants d’endettement des PMA peuvent compromettre leur capacité à effectuer des investissements suffisants pour atteindre les objectifs de développement durable. Dans la foulée, il a exprimé la préoccupation des PMA quant à la baisse de 2,7% de l’APD versée par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2018.
Pour ce qui est du rôle des flux financiers internationaux pour compléter les investissements et les épargnes nationales, le délégué a indiqué que le court-termisme et la volatilité génèrent davantage de risques élevés, pesant sur la stabilité macroéconomique et financière. Pour les PMA, qui souffrent déjà de la perception de risque élevé et du fardeau de la vulnérabilité, la situation économique mondiale ne fera qu’entraver leur économie réelle et leur développement durable. S’agissant de la quatrième révolution industrielle, il a souligné l’émergence des nouvelles technologies et de la finance numérique, ainsi que les risques qui leur sont associés, avant de demander l’appui de la communauté internationale aux PMA pour que ceux-ci puissent exploiter le potentiel offert par les technologies de pointe et pour permettre à leurs citoyens, en particulier les jeunes générations, de se familiariser avec les technologies nouvelles et innovantes. Avant de terminer, il a dénoncé les obstacles que sont les flux financiers illicites pour mobiliser les ressources nationales et financer le développement durable.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EARL COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a rappelé que, pour nombre de pays en développement, le fardeau de la dette restait une sérieuse menace à leur capacité à mobiliser les niveaux requis de ressources nationales pour financer la réalisation des objectifs de développement durable. Comme l’indique la CNUCED, la dette extérieure des pays en développement continue d’augmenter et devrait avoir doublé, cette année, par rapport à il y a 10 ans. Nombre de PEID, qui sont aussi des pays à revenu intermédiaire, rencontrent des difficultés particulières liées à la composition de leur dette totale, en raison des niveaux de revenu par habitant. La dette privée non garantie de ces pays a considérablement augmenté, d’environ 96% par an, entre 2000 et 2008, a ajouté le représentant. Il a aussi voulu souligner « une fois de plus » l’effet pernicieux du changement de catégorie des PEID, qui les empêche d’avoir accès à un financement à conditions préférentielles.
Pour changer de paradigme, une approche multilatérale plus cohérente est nécessaire face à la viabilité de la dette, au sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques et au financement à long terme du risque de catastrophe et de l’action climatique, a fait savoir M. Rattray. Pour la CARICOM, le financement du développement est en effet indispensable pour la réalisation des objectifs de développement durable, et il faut suivre une approche du développement qui réponde aux besoins des populations vulnérables.
Quant au commerce international, a continué le représentant, c’est l’un des plus importants moteurs de croissance économique pour les pays en développement. En augmentant la production et les niveaux d’exportation, une économie peut enregistrer des résultats positifs et de meilleurs niveaux de développement, une réduction de la pauvreté, une meilleure compétitivité et des progrès dans le transfert de technologie.
Mme SHARON LINDO (Belize), parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a signalé que l’encours de la dette des PEID avait été multiplié par 2 entre 2008 et 2018. Inquiète de la situation, la représentante a pris note des initiatives venant faire face à ces problèmes, liées à la transformation du système, dans le but d’atteindre les objectifs de développement durable, comme la prise en considération de la viabilité de la dette, les efforts des créanciers et la souplesse des organismes de financement, compte tenu des catastrophes naturelles subies par les pays de l’Alliance. Le tout, a-t-elle souligné, dans un contexte mondial de plus en plus difficile avec des investissements n’étant pas au niveau, ni adaptés à la situation pour atteindre les objectifs de développement durable. « Pas étonnant d’être dégouté par la situation macroéconomique globale », a tranché la représentante, « d’autant que le financement du développement suit l’air du temps, l’APD ne cessant de baisser ».
S’avouant découragée et lassée, la représentante a fait remarquer que « la réponse que nous obtenons est toujours la même »: « on nous demande de nous réformer et d’économiser ». Or, l’avenir semble sombre et les changements climatiques ne sont plus une menace mais une réalité, a-t-elle rétorqué: « nos familles, nos vies sont en jeu ». Cependant, a-t-elle observé, « nos requêtes ne sont pas hors de portée ». L’action climatique fait sens d’un point de vue commercial, selon elle. Elle a en effet expliqué que les économies des petits États insulaires sont fragiles, basées sur un ou deux secteurs seulement, et en outre, loin des marchés vers lesquels ils exportent.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme ISABEL MONTEIRO (Cabo Verde) a rappelé que la part de l’Afrique dans le commerce international reste très faible. Le continent a mis en place, le 31 mai dernier, la Zone de libre-échange continentale africaine, en espérant que cela favorisera le développement et le bien-être des populations. Pour aller plus loin, un accès préférentiel aux marchés sera nécessaire, de même qu’une restructuration de la dette et un transfert de technologie, a recommandé Mme Monteiro. Elle a précisé qu’une stratégie visant à mieux gérer les ressources du continent avait également été élaborée. Quant aux flux financiers illicites, elle s’est plainte qu’ils contribuent à l’accumulation d’une dette soutenable, qu’ils limitent les ressources nationales et qu’ils entravent les capacités des pays à lutter contre l’évasion fiscale. Mme Monteiro a, dès lors, exhorté la Deuxième Commission à accroître la lutte contre ces flux.
L’Afrique doit ancrer son développement dans des secteurs fondamentaux tels que les infrastructures, de même que dans le capital humain, a dit la représentante. Un cadre macroéconomique stable est nécessaire, pour ce faire, a continué Mme Monteiro, insistant sur la nécessité de financements prévisibles afin, notamment, d’assurer la viabilité de la dette. Pour conclure, elle a réitéré l’importance fondamentale du financement public international.
M. SOLOMON JAMIRU (Sierra Leone) a dit que son pays, qui est un PMA, est préoccupé par l’endettement des pays en développement et par les milliards de dollars qui s’échappent de ces pays. La Sierra Leone décentralise ses services et fait le maximum pour économiser et rembourser sa dette en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), a-t-il assuré, en précisant disposer d’une stratégie de financement. Mais le pays doit encore trouver des ressources alternatives, à la suite, à la baisse de l’APD. Il a parlé d’une loterie nationale des biens et services qui a été mise en place pour faire participer la population au financement, et d’un compte unique de trésorerie. La Sierra Leone incite également le secteur privé à la participation, tandis qu’il mène une réforme du secteur financier pour encourager les banques publiques à fournir des prêts au secteur privé, à réduire le coût des transferts d’argent et à combattre les flux financiers illicites. La téléphonie se développe, en plus, dans tout le pays, a-t-il ajouté.
M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a déploré que la coopération commerciale soit mise à mal par les guerres commerciales et les mesures coercitives unilatérales imposées par certains pays pour obtenir un avantage concurrentiel. C’est pourquoi, la Russie soutient les réformes commerciales de l’OMC, a-t-il déclaré. Notant que dans un monde multipolaire, le rôle des devises régionales ne cesse de croître, il a dit que la Russie voulait repenser le système financier international et la mainmise du dollar, cette monnaie étant utilisée, selon lui, comme un moyen de pression. La priorité de la Russie reste la création d’un grand partenariat eurasiatique, d’un large espace allant de l’Atlantique au Pacifique. Le représentant a, pour conclure, réclamé la transparence et la création d'un système global de sécurité financière.
M. LATROUS MOHAMED ESSEOHIR (Algérie) a rappelé que les pays développés doivent tenir leurs engagements pris dans le Programme d’action d’Addis Abeba, notamment, celui de verser 0,7% de leur PIB à l’APD. Les pays en développement ont besoin du soutien de la communauté internationale, des institutions internationales et du secteur privé, a-t-il insisté. Quant au secteur privé, il devrait activement contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il poursuivi. Étant donné l’importance de la mobilisation des ressources nationales, il a aussi recommandé à la communauté internationale de faire bien plus pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites. M. Esseohir a, par ailleurs, regretté que la dette empêche de nombreux pays en développement de mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Sur le plan national, le représentant s’est félicité des programmes mis en œuvre par l’Algérie depuis 2015 pour réaliser le Programme 2030, notamment en matière d’éducation. L’Algérie, a-t-il fait valoir, a fait des progrès importants, selon l’indice de développement humain.
M. JUAN MIGUEL GONZALEZ PEÑA (Cuba) a fait observer que cela fait plusieurs décennies que les pays en développement aspirent à un ordre international plus juste et que l’environnement international reste un obstacle au droit au développement. Peu de pays développés respectent leur engagement d’APD, a déploré le représentant, rappelant que les ressources indispensables au développement sont dilapidées dans la guerre et l’industrie de l’armement. Les pays en développement ont besoin d’être représentés de manière plus juste et de participer aux mécanismes de gouvernance, a-t-il martelé. Il a rejeté les pratiques unilatérales et discriminatoires, notamment celles mises en place par les États-Unis, ainsi que les mesures coercitives qui empêchent plusieurs pays d’exercer pleinement leurs droits. Quant aux effets négatifs cumulés du blocus des États-Unis contre Cuba, ils atteignent 922 630 000 dollars, a conclu le représentant.
M. OLIVER CHING (Singapour) a proposé trois principes directeurs qui pourraient renforcer le système économique mondial. En premier lieu, nous avons besoin d’un nouveau système de coopération multilatérale dans la gouvernance économique mondiale. Nos institutions ont soif de réformes, a dit le représentant en rappelant que, par exemple, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait été créée pour l’agriculture et l’industrie manufacturière. Aujourd’hui, nous avons, selon lui, besoin de nouvelles et meilleures règles pour les services, le commerce en ligne et les technologies numériques. En tant que Président du Comité sur la gouvernance financière du G20, Singapour a proposé de créer un réseau de leadership entre les institutions ou groupements mondiaux, régionaux et bilatéraux existants. Ceci doit être un système de responsabilités partagées, de normes communes et de complémentarité maximum entre les différents organes, a précisé le représentant.
En deuxième lieu, nous devons nous engager à soutenir le libre-échange, a plaidé le délégué, arguant que le commerce international a été, et continuera d’être, le moteur de la croissance et de la prospérité pour les pays développés et en développement. Il a conseillé de respecter et de renforcer un système commercial international universel, libre et fondé sur des règles. Pour compléter les travaux de l’OMC, nous devons promouvoir activement de nouveaux mécanismes régionaux de libre-échange, a-t-il suggéré, en expliquant que ces accords renforceront le commerce et contribueront à une plus grande intégration économique. Enfin, en troisième lieu, a dit le représentant, nous devons respecter et défendre le droit international. Un système économique mondial fondé sur l’état de droit contribue à fournir à tous les pays un environnement international prévisible et stable leur permettant de mener leurs activités commerciales et d’investir pour développer leurs économies.
Mme WAFA FAHAD ALNAFJAN (Arabie saoudite) a appelé à ouvrir les marchés internationaux aux pays en développement. Selon elle, les réformes du système financier international devraient être menées dans un souci de transparence, en se basant sur la justice, l’égalité, et l’idée d’un accès plus rapide des pays en développement au marché pour l’exportation vers les pays développés. Les flux illicites de fonds et d’armes continuent de représenter une grande menace pour la stabilité financière de nos pays, a aussi noté la représentante, en constatant qu’ils ne font que se multiplier et créer des complications, privant ainsi les États de leur développement.
M. ALI HAJILARI (République islamique d’Iran) a remarqué que le manque d’accès aux technologies de l’information et des communication (TIC) et aux ressources financières était un vrai fardeau pour les pays en développement, alors que chaque État a droit à participer au commerce international. L’Iran fait l’objet de sanctions « très dures », mettant tout le système du commerce international en danger, a-t-il estimé. À son avis, l’influence croissante de l’unilatéralisme doit être jugulée pour faire abaisser les tensions. Les États Membres ont clairement exprimé leur désaccord à propos de ces mesures coercitives contre les pays en développement, a-t-il rappelé, en précisant que ce sont des problèmes dans l’architecture financière et dans la capacité de ces pays à gérer leurs dettes. « Illicites, inadmissibles », ces mesures vont « à l’encontre du droit international, du principe de libre concurrence, et de liberté du commerce », a-t-il insisté.
M. NAYEF MAJED ALQAHTANI (Qatar) a loué l’influence positive du commerce international dans la réalisation des objectifs de développement durable. « Nous avons besoin d’un système commercial multilatéral basé sur des règles », a insisté, à cet égard, le représentant. Il a assuré que quatre ans après le lancement du Programme d’action d’Addis-Abeba, qui fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la foi du Qatar en le multilatéralisme demeure inébranlable.
Pour M. MAJD NAYYAL (République arabe syrienne), l’imposition de mesures unilatérales contre les pays en développement figure parmi les défis auxquels la communauté internationale doit faire face. Ces mesures ont une dimension politique et des répercussions économiques et sociales qui n’épargnent aucun secteur, comme par exemple la santé et l’éducation. Elles entravent la croissance économique, a-t-il insisté. Le représentant a, dès lors, invité le Secrétaire général à faire procéder à une véritable évaluation des répercussions économiques et sociales de ces mesures. Il a également regretté l’absence de mécanisme juridique international sur cette question.
M. SHEIDU OMEIZA MOMOH (Nigéria) a appelé de ses vœux une économie mondiale plus saine, convaincu que le système commercial mondial pourrait jouer un rôle fondamental dans les efforts de développement. L’absence de système commercial mondial multilatéral transparent, prévisible, inclusif et basé sur des règles, empêche la plupart des pays en développement d’optimiser les bénéfices économiques du commerce international, a-t-il avancé. S’agissant de la dette publique et privée, il l’a qualifiée d’obstacle de taille au développement et a appelé la Deuxième Commission à s’interroger sur la capacité de l’architecture financière internationale et des acteurs clefs à prévenir une nouvelle crise financière mondiale.
Mme FADUA ORTEZ (Honduras) s’est dite très préoccupée par la réduction de l’accès à un financement à des conditions préférentielles à mesure que le revenu des pays augmente, regrettant le système de classification actuel des pays qui, selon elle, ne reflète pas correctement le niveau de développement des pays. Cinquième producteur mondial de café, le Honduras déplore la forte concentration du marché de ce produit entre quelques entreprises, ce qui fait que les pays producteurs ne reçoivent que 17% de la valeur totale du produit final, selon les calculs de la CNUCED. En conclusion, la représentante a souligné la nécessité de soutenir les petites entreprises et les petits producteurs ainsi que l’égalité entre hommes et femmes.
Mme KETKANYA JIARPINITNUN (Thaïlande) a fait savoir les trois priorités de sa délégation sur les questions à l’ordre du jour en estimant, premièrement, qu’un système commercial international revitalisé et inclusif débouchera sur une croissance durable, et rapprochera les pays de la réalisation du Programme 2030. La représentante a ainsi réitéré l’attachement de son gouvernement à un système commercial international équitable, non discriminatoire, inclusif, prévisible, transparent, ouvert, universel et fondé sur le droit, avec l’OMC comme pierre angulaire. Elle a affirmé continuer de promouvoir la coopération commerciale et l’intégration économique aux niveaux bilatéral, sous-régional et régional. La Thaïlande est engagée à renforcer davantage la communauté économique de l’ASEAN, et à élargir sa coopération avec des partenaires extérieurs, y compris la conclusion des négociations pour le partenariat économique régional: ce sera un bloc économique couvrant près de la moitié de l’économie mondiale.
La deuxième priorité de la Thaïlande est l’inclusion financière de tous les groupes sociaux par l’utilisation de la technologie financière et la mise en œuvre de programmes d’éducation financière visant à accroître les connaissances des populations dans ce domaine et à promouvoir leur utilisation effective et la gestion financière. La troisième priorité est la nécessité pour tous les pays de redoubler d’efforts afin de mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. À cet égard, la représentante n’a pas manqué de réitérer l’importance de l’APD, ainsi que de la mobilisation des ressources nationales par la bonne gouvernance et les partenariats public-privé.
Mme SHARON JUAREZ (Guatemala) a fait savoir que le Guatemala avait beaucoup progressé en intégrant les objectifs de développement durable dans son Plan national de développement « K’atun: Nuestra Guatemala 2032 » avec 10 priorités sur un horizon à long terme. Mme Juarez a estimé que le financement pour le développement devait être conforme aux priorités nationales, et que les efforts nationaux de mobilisation des ressources devaient être complétés par ceux de partenaires publics ou privés. Elle a aussi appelé les pays développés à respecter leurs engagements au titre de l’APD et demandé à la communauté internationale de changer la manière de mesurer le revenu des pays. La représentante s’est dite très inquiète de la baisse des prix de produits de base comme le café, dont le Guatemala est un grand producteur, ce qui perpétue le cycle vicieux de la dépendance envers des marchés mondiaux injustes pour les petits producteurs et, partant, les cycles de pauvreté.
Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a souligné la responsabilité commune de la communauté internationale d’améliorer le système financier international. Sur le plan national, le Maroc cherche à renforcer le système commercial et fiscal et à diversifier l’économie, a-t-elle indiqué. Après avoir salué l’entrée en vigueur de la la Zone de libre-échange continentale africaine, Mme Hamdouni a souligné que le financement demeure une composante essentielle du développement durable. Elle a aussi mis en évidence le rôle croissant des partenariats public-privé.
Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) s’est inquiétée de la trajectoire négative de la coopération multilatérale, au moment où le système commercial multilatéral devrait être au cœur de la réalisation du Programme 2030, ainsi que de la volatilité de l’environnement économique externe. Les PEID sont souvent les plus grandes victimes du manque de coopération commerciale internationale et des chocs extérieurs, a-t-elle souligné. Elle a réclamé, pour que les PMA puissent réaliser les objectifs de développement durable, des actions politiques internationales urgentes et drastiques comme la gestion efficace et des initiatives d’allègement des dettes des pays en développement et une augmentation de l’aide au développement.
La représentante a plaidé pour des partenariats durables et l’augmentation des investissements avec des critères qui prennent en compte les circonstances particulières. Cela exige des institutions financières internationales qu’elles alignent leurs politiques à la réalisation des objectifs de développement durable, afin de faciliter un accès plus facile au financement. Avant de terminer, la représentante a assuré que son gouvernement est engagé à prendre des mesures pour assurer un budget plus équilibré dans les cinq prochaines années. À cette fin, le Gouvernement lance un processus pour élargir l’assiette fiscale du pays, et prévoit des plans d’investissements dans les infrastructures essentielles comme les ports et les aéroports.
M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a fait l’éloge de l’histoire de la forte croissance inclusive de son pays « soutenue par des fondamentaux macroéconomiques robustes ». Au cœur de la stratégie du pays se trouve une discipline financière durable qui maintient la dette à des « niveaux gérables » afin de garantir la capacité financière nécessaire pour appuyer un programme massif d’infrastructure. Les Philippines sont en bonne voie pour atteindre, à moyen terme, le statut de pays à revenu moyen supérieur. À cet égard, nous poursuivrons les changements de nos systèmes et politiques, y compris la stratégie de financement adaptée à sa trajectoire de croissance, a dit le représentant, avant de signaler avoir aussi mis en place un système financier inclusif, un vaste système fiscal et une économie orientée par les investissements, afin d’offrir des emplois qualifiés et un plan d’infrastructure de haute qualité. Le but est d’améliorer la qualité de vie des citoyens et de rendre l’économie philippine compétitive.
Le représentant a, en outre, souligné l’importance de l’inclusion financière en tant que facteur de progrès et de moyen de réaliser les objectifs de développement durable. Le pays, a poursuivi le délégué, renforce les efforts de lutte contre le flux financier illicite. Il a appelé à des discussions plus substantielles et à une véritable coopération internationale sur ce sujet.
M LOUIS ANGES OSEGUERA FARIAS (Mexique) a souligné l’importance de la coopération multilatérale dans la politique macroéconomique, rappelant que les économies sont interconnectées grâce au commerce international, aux marchés financiers et aux TIC. Raison pour laquelle nous devrions nous inquiéter de la croissance qui n’est pas inclusive, a continué la délégation, rappelant que le développement n’implique pas seulement la croissance mais aussi une meilleure distribution pour ne laisser personne de côté. L’une des priorités du Mexique est de renforcer et d’approfondir son adhésion au « multilatéralisme efficace » et de soutenir les efforts pour compter sur un système commercial multilatéral universel, basé sur des règles, juste et transparent dans le cadre de l’OMC. Convaincu que l’avenir est numérique, le Mexique a demandé à la Deuxième Commission de réfléchir à l’inclusion du commerce électronique dans les traités de libre-échange ou à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les chaînes de valeur.
M. MOHD SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie) a recommandé d’emblée que les pays qui pratiquent le protectionnisme arrêtent de le faire. Il a dit que les négociations sur les accords de libre-échange sont très défavorables aux pays en développement. Par exemple, a indiqué M. Tajuddin, la Malaisie a dû suspendre les négociations sur certains accords en raison du déséquilibre concernant l’huile de palme et ses dérivés. Il a exhorté les parties à trouver « une zone d’accord possible » pour parvenir à un terrain d’entente et conclure un accord dans le futur. La Malaisie, a-t-il poursuivi, est activement engagée à trouver des solutions amiables et à résoudre les questions commerciales dans le cadre de dialogue multilatéral comme l’OMC, ne souhaitant que des règles justes et équilibrées. Il a réitéré son appel aux pays développés à être plus réactifs aux besoins des pays en développement, en particulier, concernant le respect des normes environnementales et de croissance durable. Enfin, il a annoncé que son gouvernement avait lancé le nouveau cadre « Vision Prospérité partagée 2030 », une feuille de route pour restructurer l’économie malaisienne pour la prochaine décennie.
Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a assuré que son pays promeut la croissance durable et inclusive dans le cadre de sa stratégie de développement. Le Gouvernement met en œuvre une politique de développement du secteur financier et une stratégie pour renforcer l’accès aux banques par tous, a-t-elle précisé. La Zambie cherche ainsi à économiser sur les emprunts et les investissements, en rendant les produits financiers plus abordables. Le Gouvernement vise à assurer plus de ressources pour les populations les plus vulnérables et rurales, a expliqué la représentante. Partisane d’un système commercial multilatéral plus équitable, la Zambie souhaite maintenir la viabilité de sa dette, a-t-elle ajouté, avant de souligner l’impact négatif des flux financiers illicites, notamment pour la mobilisation de ressources.
Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a appelé à mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba avec une volonté politique forte. Estimant que tous les pays doivent bénéficier d’un système de financement cohérent dans lequel soient pris en compte les différents niveaux de développement, elle a considéré la corruption et les flux financiers illicites comme les plus grands ennemis du développement international et a estimé que davantage de coopération et de transparence sont nécessaires pour y faire face. La représentante a aussi appelé à « infléchir l’asymétrie entre pays développés et pays en développement » par une APD suffisante pour ces derniers, ainsi qu’un renforcement des capacités et le transfert de technologie.
Selon M. VIRAYOUTH VIENGVISETH (République démocratique populaire lao), les pays développés doivent tenir leurs promesses en matière d’APD, conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba, en particulier pour soutenir les PMA. Le Gouvernement lao, très attaché au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a mis en place des initiatives pour accéder au développement durable et intégrer ses régions, mais ses efforts ont été entravés par des catastrophes naturelles, a expliqué le représentant. Ses besoins concernent l’éducation, la santé, l’accès à l’emploi et au marché pour exporter les produits agricoles. L’économie s’est cependant diversifiée ces dernières années, a-t-il noté.
M. FIRAS AL-HAMMADANY (Iraq) a fait remarquer que la dette a un impact énorme sur la stabilité économique des pays et qu’elle peut mener à une crise. Selon lui, la communauté internationale devrait veiller à une économie sans exclusive afin d’éviter l’accumulation des dettes. En Iraq, la guerre et le terrorisme ont dilapidé les ressources, a-t-il fait observer, tout en faisant valoir les réformes structurelles de l’économie qui ont eu un rôle positif pour accélérer les progrès économiques et améliorer les conditions de vie de la population. Une coopération internationale est nécessaire pour combattre les flux financiers illicites, qui ont servi à financer les groupes terroristes, a conclu le représentant.
Mme ISABEL MONTEIRO (Cabo Verde) a appelé à une attention renouvelée sur les circonstances particulières des PEID qui remettent en question leurs capacités à bâtir des économies compétitives et à acquérir une résilience sociale et environnementale. Elle a réaffirmé qu’un cadre macroéconomique stable et sain est une condition préalable à un avenir durable, pour n’importe quel pays mais en particulier pour les PEID. De plus, ces pays doivent faire face à l’écart croissant entre les besoins et le financement disponible pour le développement dans le contexte particulier de leur vulnérabilité aux changements climatiques: ils ont donc besoin de l’aide de la communauté internationale pour assurer un financement durable et prévisible. Pour faire face au problème de l’endettement, il faut garantir l’accès équitable au financement international pour tous les pays en développement, et en particulier les PEID, a dit la représentante, avant de recommander d’examiner les critères d’admissibilité au financement. Enfin, elle a plaidé pour une réforme structurelle des institutions financières internationales, demandant d’accélérer les décisions dans ce domaine.
M. LIU NAN (Chine) a regretté que l’unilatéralisme et le protectionnisme aient le vent en poupe, ce qui accroît les risques, et a réaffirmé son soutien au multilatéralisme. La Chine se réjouit du traitement favorable pour les PMA dans le cadre de l’OMC, ce qui a permis de les intégrer dans les chaînes de valeur. Le représentant a ajouté qu’il est important de parvenir à une réforme de la Banque mondiale et du FMI afin d’améliorer le filet de sécurité international. La Chine accordera des prêts préférentiels à certains pays, a assuré M. Liu. Elle est attachée à un système financier inclusif et estime qu’il faut lutter contre les flux financiers illicites. La Chine contribuera pragmatiquement au financement du développement et à un avenir partagé, a conclu le représentant.
M. GHANGSHYAM BHANDARI (Népal) a dit que l’unilatéralisme, la volatilité des produits de base et des flux de capitaux remettent en cause le développement des petits pays, notamment les PMA. La part des PMA dans les exportations mondiales ne s’améliore pas et les perspectives s’assombrissent, a-t-il déploré. Quant à l’architecture financière et monétaire, elle doit, selon lui, être alignée avec le Programme 2030 et plus inclusive pour faire davantage de place aux PMA. La finance numérique prend de l’essor et il est donc particulièrement important d’accroître les connaissances en la matière, a poursuivi le représentant. Enfin, il a prévenu que « l’investissement à court terme ne saurait pousser le radeau du développement », avant de souligner que la bonne gouvernance est essentielle.
Pour M. SIDDHARTH MALIK (Inde), la seule solution viable sur le long terme pour réaliser les objectifs de développement durable est de créer un environnement macroéconomique robuste et une croissance économique inclusive et durable. Cela nécessite des investissements et des ressources prévisibles et donc, selon le représentant, un multilatéralisme réformé dans le système financier international, le monde des affaires et les organisations. Réitérant le rôle central de l’OMC comme pierre angulaire du système commercial multilatéral transparent, ouvert, inclusif et non discriminatoire, M. Malik a estimé que « la nécessité de l’heure est de trouver une solution innovante pour combler le fossé du financement estimé, par le FMI, à 2 600 milliards de dollars ».
Nous avons besoin de plus de participation du secteur privé et de la société civile pour financer le développement, a-t-il ajouté. Le financement mixte est, selon lui, une des méthodes utiles pour débloquer le capital privé en faveur des programmes de développement. Le représentant a relevé également que les envois de fonds sont en passe de devenir la plus grande source de financement extérieur des pays en développement, appelant par conséquent à des mesures supplémentaires pour réduire de 3%, avant 2030, les coûts de ces envois. L’Inde, a-t-il témoigné, déploie tous les efforts possibles pour devenir une économie de 5 000 milliards de dollars avant 2024. Déjà, depuis 2014, le rang de l’Inde dans l’indice « Ease of Doing Business » s’est amélioré de 65 positions.
M. OMER MOHAMMED AHMED SIDDIG (Soudan) a rappelé que quatre ans après l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, le système mondial fait face à des tensions accrues entre partenaires commerciaux, ainsi qu’à la dette et à la multiplication des catastrophes naturelles. Autant de facteurs pesant sur les PMA et les empêchant de réaliser les objectifs de développement durable. Le représentant a également rappelé la nécessité de promouvoir un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, le tout sous l’égide de l’OMC. Il a aussi souligné que la dette soudanaise fait ralentir le développement humain et affecte les capacités du pays à tirer profit de l’APD. Le délégué a donc appelé la communauté internationale à régler la question de la dette, et ce, dans le cadre de l’initiative en faveur des pays très endettés et l’initiative d’allègement de la dette multilatérale.
M. NURZHAN RAKHMETOV (Kazakhstan) a réaffirmé son attachement au système multilatéral mondial et à un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, sous l’égide de l’OMC. Les pays en développement sans littoral et les pays les plus vulnérables comme les PMA demeurent marginalisés, isolés géographiquement et économiquement, a-t-il rappelé. Les coûts des transports et des échanges commerciaux sont élevés, les infrastructures de mauvaise qualité, et les goulets d’étranglement concernant les procédures douanières n’arrangent pas leurs affaires. Préoccupé par les prévisions de croissance morose, le Kazakhstan n’en a pas moins pris des réformes économiques d’envergure et mené des privatisations à grande échelle. Cependant, le pays reste trop dépendant de l’exportation des produits de base et a beaucoup souffert de la crise de 2008. L’exportation de pétrole et de gaz compte toujours pour 67% de ses exportations, rendant le pays vulnérable aux crises. Il doit donc s'efforcer de diversifier son économie, a expliqué le représentant.
Mme ALIA ALI (Émirats arabes unis) a noté que les changements climatiques et la multiplication des conflits entravaient la réalisation des objectifs de développement durable. Les Émirats misent sur l’innovation et les nouvelles technologies pour réaliser le développement durable, protéger l’environnement et assurer un équilibre économique et social. La représentante a précisé que 6,4 milliards de dollars ont été investis dans la santé, l’éducation, l’économie de la connaissance, la justice et une infrastructure durable aux Émirats arabes unis. Pour réaliser les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris, le pays a estimé nécessaire de donner la priorité aux financements, ce à quoi il s’engage.
Mme IRYNA YAROSH (Ukraine) a jugé essentiel d’assurer un environnement d’achats compétitif pour tous les pays. L’économie ukrainienne continue de se rétablir et une bonne politique fiscale a permis de réduire la dette, a fait savoir la représentante. Elle a estimé qu’il fallait toutefois encore améliorer la situation. Les objectifs du Gouvernement ukrainien visent à améliorer l’environnement au bénéfice de la population, a-t-elle expliqué.
M. MEZANG AKAMBA (Cameroun) a estimé que les conditions du système commercial international, qui est particulièrement injuste envers les pays en développement, devaient être changées. Le renforcement de l’OMC et de la CNUCED permettrait de mettre fin aux subventions et aux barrières tarifaires, a dit M. Mezang. Le Cameroun plaide en faveur d’un système financier plus juste pour les pays en développement, de même que pour la hausse de l’APD. Le Cameroun, qui lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, espère le renforcement de la coopération internationale dans la lutte contre les flux financiers illicites, a ajouté le représentant.
Mme SUSAN MWANGI (Kenya) s’est dite préoccupée par le fait que l’environnement économique international soit devenu très imprévisible. Le Kenya, qui a une économie largement agricole, est confronté à la concurrence des marchés où la production est peu onéreuse, a ajouté la représentante. Beaucoup de pays en développement doivent emprunter pour améliorer leurs infrastructures et il faut faire en sorte que leur dette soit gérable, a-t-elle ajouté. Mme Mwangi a assuré que le Kenya soutient les petites et moyennes entreprises: il a notamment mis en place un système de crédit qui leur est destiné. Conscient des conséquences graves des flux financiers illicites, le Kenya plaide pour davantage de coopération, notamment des pays de destination, a-t-elle enfin déclaré.
M. FELIX TUGHUYENDERE (Namibie) a dénoncé les mesures économiques unilatérales qui limitent l’accès des produits d’exportation des pays en développement aux marchés mondiaux. Le représentant a appelé au contrôle multilatéral des mesures unilatérales. Il a souligné l’importance du commerce international comme source viable de fonds pour le financement du développement, en ce qu’il permet de réaliser la croissance économique inclusive et d’éradiquer la pauvreté. Le représentant s’est préoccupé des obstacles auxquels font face les petites entreprises des pays en développement lorsqu’elles essaient de participer au commerce mondial, relevant que, dans la plupart des cas, elles subissent des comportements anticoncurrentiels. Ces entreprises devraient plutôt être soutenus, parce que leur participation au commerce international peut permettre un rééquilibrage face aux résultats inégaux du commerce international. M. Gertze a recommandé pour cela que la communauté internationale promeuve la coopération internationale dans l’application du droit de la concurrence.
M. AHMED M.A. ABRAHEEM (Libye) a recommandé d’intervenir pour défendre un système commercial mondial équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif et non discriminatoire. Victimes de la volatilité du prix des produits, les pays les plus vulnérables appellent à un appui renforcé pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il dit. Il a indiqué que la Libye avait mis en place des réformes pour améliorer le niveau de vie des citoyens grâce à la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), mais que les agressions et les tentatives de coups d’État contre le Gouvernement légitime avaient remis en cause ces efforts. Les pays dans lesquels circulent les avoirs libyens doivent les restituer, a-t-il conclu.
M. GERARDO TALAVECA (Pérou) a indiqué que la croissance de l’économie péruvienne ces 20 dernières années lui avait permis de réduire la pauvreté. Cependant, même s’il est classé comme pays à revenu intermédiaire, le Pérou connaît encore des inégalités et des limites structurelles qui affectent ses capacités à investir et à redistribuer la richesse. Le pays est particulièrement vulnérable à la baisse de la croissance mondiale et aux fluctuations du prix des matières premières. Aussi, est-il préoccupé par l’affaiblissement du système commercial multilatéral en raison d’actions unilatérales et de tensions commerciales entre de grands acteurs. Face à ces phénomènes, M. Ugarelli a souligné la nécessité de renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale, de même que d’encourager les politiques d’ouverture économique et commerciale et de promotion de l’économie verte. Au niveau national, le Pérou a entrepris un travail participatif et inclusif entre le secteur public et privé afin de faire face aux défis du développement.
Mme HODA ELENGUEBAWY (Égypte) a décrit comment l’Égypte combattait la corruption dans une économie fondée sur le libre marché, la connaissance et la libre concurrence. Le pays souhaite fournir à sa population les emplois nécessaires, a-t-il assuré. Soucieuse de diminuer sa dette publique, et de la restructurer tout en la maintenant à un niveau soutenable, l’Égypte espère que le développement des TIC lui permettra de se désendetter et de parvenir au développement durable. Elle espère notamment pouvoir attirer le secteur privé et les banques internationales. La représentante a aussi fait part de nombreux efforts déployés dans son pays en direction des jeunes et des femmes.
Selon M. ESTEBAN CADENA (Équateur), système international et développement sont inextricablement liés. L’Équateur appuie sans réserve un système équitable, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, le tout sous l’égide de l’OMC, a déclaré le représentant. Il a déploré la remise en cause de l’équilibre du commerce international, regrettant aussi que la dette extérieure des pays développés se soit alourdie entre 2011 et 2018. La dépendance aux produits de base est aussi un souci pour le pays, raison pour laquelle il s’est engagé à diversifier son économie. Les flux financiers illicites, l’évasion fiscale et la corruption sont aussi des freins sur la voie du développement, a noté le représentant.
M. ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a exhorté à intensifier la coopération mondiale dans les sept domaines du Programme d’action d’Addis-Abeba. La pression actuelle contre le multilatéralisme est une occasion de moderniser l’architecture économique et financière mondiale, a-t-il estimé. La Norvège, a ajouté le représentant, est résolue à combattre le problème des flux financiers illicites, des flux qui symbolisent un sentiment généralisé d’injustice systématique contre ceux qui ont le moins de moyens. Il a souligné la nécessité d’améliorer les systèmes fiscaux et appelé à réinventer les règles et les institutions internationales, plaidant pour une répartition plus équitable des droits fiscaux à travers la mise en œuvre d’instruments internationaux qui favorisent l’ouverture et qui pénalisent la culture du secret. Une coopération internationale plus étroite pour mener des enquêtes sur la criminalité financière est également vitale, a jugé le représentant. En outre, a-t-il poursuivi, nous devons promouvoir une plus grande transparence ainsi que l’échange automatique d’information fiscale sur les activités économiques.
La Norvège, a poursuivi le représentant, est préoccupée par les informations faisant état de vulnérabilité croissante de la dette. Nous devons discuter de l’emprunt et du prêt responsables, a-t-il dit, souhaitant trouver des solutions universelles et systémiques avec les emprunteurs et les créanciers pour faire face à la crise de la dette qui se répète. Le représentant a aussi souligné l’importance du capital humain en disant que la participation des femmes est une condition préalable et la clef de la croissance économique.
M. TUMASIE BLAIR (Antigua-et-Barbuda) a fait savoir que durant la crise financière mondiale, l’économie de l’île avait décliné de 25% à cause de chocs externes. Il a plaidé pour la protection de tous les pays et, en particulier, des États les plus vulnérables. Le représentant a estimé qu’il devrait y avoir des initiatives pour les petits États fortement endettés si la communauté internationale est sérieuse dans son engagement à l’éradication de la pauvreté et de la durabilité de la dette. Il s’est plaint notamment du processus de retrait des relations bancaires correspondantes, qui menace d'exclure les PEID du système de paiement international. Il s’en est aussi pris aux dangereux critères artificiels qui désignent certains États comme pays à revenu intermédiaire ou à revenu élevé, les privant ainsi d’importante aide au développement comme l’allègement de la dette ou les prêts à des conditions de faveur. Une nouvelle forme de mesure du niveau de développement devrait être utilisée pour tenir compte notamment de la vulnérabilité, a-t-il suggéré.
M. PABLO SORIANO MENA (El Salvador) a réitéré la nécessité de continuer à améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle du système financier international pour promouvoir un environnement favorable à la mise en œuvre du Programme 2030, en tenant compte du fait que la seule mobilisation de ressources nationales n’est pas suffisante pour parvenir à une croissance porteuse de développement durable. En ce sens, M. Soriano Mena a rappelé l’importance et la nécessité d’utiliser une méthodologie multidimensionnelle pour mesurer le développement des pays, afin de définir des critères adéquats pour l’APD. En ce qui concerne les produits de base, il s’est dit préoccupé par les effets des fluctuations et de la volatilité des prix, en particulier pour les pays qui dépendent, en grande partie, de leur commercialisation.
M. MOUSSA SOULEYMANE PARAISO (Niger) a souligné que la mobilisation de financements suffisants, conformément aux sept axes du Programme d’action d’Addis-Abeba, reste un enjeu majeur. La responsabilité première en incombe aux États eux-mêmes, a-t-il précisé. C’est pourquoi le Niger met en œuvre, depuis quelques années, le Programme de réforme de gestion des finances publiques, qui vise à moderniser les régies financières en vue d’accroître leur rendement. Ainsi, le niveau de mobilisation des ressources internes a plus que doublé entre 2010 et 2018. Elles sont attribuées notamment aux secteurs sociaux (éducation, santé, eau potable), aux programmes spécifiques ciblés pour soutenir les populations vulnérables et à la prise en charge de la sécurité qui, a regretté M. Souleymane Paraiso, représente 17% du budget.
Par ailleurs, le Niger adhère à l’objectif de lutte contre les flux financiers illicites et l’évasion fiscale et soutient l’idée d’un cadre multilatéral formel de coopération en matière fiscale sous l’égide des Nations Unies. Pour sa part, le Niger a mis en place des cadres normatifs et institutionnels et s’est doté d’une Cellule nationale de traitement des informations financières en vue de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
M. SALIOU NIANG DIANG (Sénégal) a déclaré que le commerce international doit être le catalyseur d’un développement équitable et durable. D’où l’importance d’un système commercial multilatéral, ouvert, réglementé, transparent et non discriminatoire. Il a relevé que les PMA restent encore loin de l’objectif de 2% des exportations mondiales fixé dans le Programme d’action d’Istanbul et la cible 17.11 des objectifs de développement durable. Une action urgente et déterminée s’avère donc nécessaire en vue de mobiliser les ressources nécessaires, à travers la mise en œuvre effective du Programme d’action d’Addis-Abeba qui représente un cadre de financement global, permettant d’aligner les politiques et les flux financiers sur les priorités économiques, sociales et environnementales.
M. Diang a ensuite plaidé pour le règlement des problèmes systémiques liés à l’instabilité macroéconomique et financière mondiale, notamment par le renforcement de la coordination des politiques économiques. Cela requiert aussi la réforme du système fiscal international, a-t-il dit, insistant pour que l’impôt soit acquitté là où l’activité crée de la richesse et du profit. Il a enfin suggéré la promotion de l’innovation scientifique et technologique dans les politiques de mobilisation des financements réaliser les objectifs de développement durable.
M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a indiqué que l’activité économique du pays reste résiliente face à la montée des tensions sécuritaires et sociales. Ainsi, le Burkina Faso est sur le point de remplir le critère de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui est d’un déficit budgétaire de 3% du PIB en 2019. Et cela a été possible grâce à une politique d’élargissement de l’assiette fiscale, d’amélioration de l’administration fiscale et de renforcement de l’efficience des dépenses. Dans le même temps, à moyen terme, le pays entend maintenir le risque de surendettement à un niveau modéré.
M. Bokoum a relevé que la participation du Burkina Faso au commerce international et au développement passe avant tout par la mise en place d’une infrastructure de qualité et d’un meilleur accès à l’énergie. Justement, les pays du G5 Sahel ont adopté, le 13 septembre dernier, l’initiative « Desert to Power », un programme en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD) qui vise à exploiter l’énergie solaire pour fournir de l’électricité à plus de 60 millions de personnes d’ici à 2030, créer des emplois et avoir un impact positif dans des domaines comme l’accès à l’eau, l’agriculture, l’éducation ou encore la santé. Il a conclu en émettant le vœu que l’accord de libre-échange continental africain puisse conduire à un accroissement des échanges intra-africains et améliorer la part de l’Afrique dans le commerce international.
Mgr FREDERICK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a déclaré que l’un des objectifs de la communauté internationale doit être de promouvoir un commerce mutuellement bénéfique, qui crée une prospérité partagée, améliore la compréhension mutuelle et accroisse la coopération pour créer un système économique stable mutuellement bénéfique. Il a mis en garde contre les dernières tendances à l’action unilatérale en réponse aux défis mondiaux. Cette approche de la diplomatie internationale de promouvoir les puissants sur les faibles et d’imposer des idéologies d’une petite minorité sans le consentement de la majorité, a-t-il reproché. Aujourd’hui, à la lumière du bien commun, il est urgent que la politique et l’économie entament un dialogue franc au service de la vie, en particulier de la vie humaine, a plaidé le nonce en recommandant d’aborder, avec attention et honnêteté, l’impact des politiques macroéconomiques sur les pauvres. Si on laisse le processus d’exclusion se poursuivre sans relâche, prévient le pape François, les exclus ne seront plus les exclus: ils ne feront même plus partie de la société. Le représentant a également mis en garde contre les effets du financement illicite qui doit être considéré comme un problème international grave et donc traité en conséquence.
Mme EWA STAWORZYNSKA, Organisation internationale du Travail a indiqué que le taux de chômage mondial devrait se maintenir aux alentours de 5% en 2019 et 2020. Il a signalé que la majorité des 3,3 milliards de personnes employées dans le monde en 2018 ne disposait pas d’une sécurité économique correcte, ni du bien-être matériel, ni de l’égalité des chances. En outre, les jeunes et les femmes ont beaucoup moins de chances de trouver un emploi. Le monde du travail connaît des changements sans précédent en raison de l’innovation technologique, de l’évolution démographique, des changements climatiques et de la mondialisation, a ajouté Mme Staworzynska. Elle a cité la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail qui a été adoptée en juin et qui en appelle à une approche centrée sur l’humain dans la définition des politiques macroéconomiques, afin que personne ne soit laissé de côté. Face aux questions posées par la croissance lente, les incertitudes économiques et l’évolution du monde du travail, ces politiques doivent se concentrer sur l’investissement dans les capacités des personnes, pour le plein emploi productif et le travail décent, a expliqué la représentante. Des secteurs essentiels comme l’économie des soins, l’économie verte et l’économie numérique offrent des opportunités d’emploi si des investissements suffisants sont faits.