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Syrie: À une unanimité « historique », le Conseil de sécurité proroge pour une première période de six mois le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière

8817e réunion - matin
CS/14577

Syrie: À une unanimité « historique », le Conseil de sécurité proroge pour une première période de six mois le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière

Le Conseil de sécurité a prorogé aujourd’hui par la résolution 2585 (2021) le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière en Syrie créé en 2014, une initiative saluée par la Fédération de Russie comme « un événement historique » parce qu’il s’agit du premier texte « conjoint » adopté à l’unanimité et ce, depuis 2016, a souligné la Norvège qui, avec sa collègue porte-plume, l’Irlande, a été chaleureusement félicitée pour avoir rendu possible « cet accord humanitaire ».  

Pendant une autre période de six mois, à savoir jusqu’au 10 janvier 2022, les agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution sont donc autorisés à continuer d’utiliser les routes franchissant les lignes de conflit ainsi que le poste frontière de Bab el-Haoua, ceux de Bab el-Salam, de Yaroubiyé et de Ramtha demeurant fermés.  Le Conseil prévoit une autre prorogation de six mois, soit jusqu’au 10 juillet 2022, à la lumière du rapport « substantiel » que le Secrétaire général est prié de lui soumettre, en mettant un accent particulier sur la transparence des opérations humanitaires et sur les progrès dans l’accès entre les lignes de conflit. 

Également prorogé pour la même période, le mécanisme de surveillance, placé sous l’autorité du Secrétaire général, continuera de superviser le chargement dans les installations de l’ONU de tous les envois de secours humanitaires, avec notification aux autorités syriennes.  Le Secrétaire général est tenu d’inclure dans ses rapports des informations détaillées sur ces opérations transfrontalières, dont le mécanisme d’acheminement, le nombre des bénéficiaires, les partenaires d’exécution, les districts où l’aide est fournie et le volume et la nature des biens distribués. 

Prévenant de l’attention qu’elle accordera à toutes ces informations, la Fédération de Russie s’est félicitée de ce que malgré « toutes les difficultés et contradictions » qui existent autour de la crise syrienne, le Conseil soit parvenu à « un point de convergence » sur une question aussi « difficile » que le mécanisme d’acheminement.  Compte tenu de cet « évènement historique », elle a salué « ses collègues américains » pour un premier texte « conjoint » adopté à l’unanimité.  Nous avons joint nos forces, ont confirmé les États-Unis, sur une initiative humanitaire permettant d’éviter à une population qui a déjà trop souffert une véritable catastrophe. 

« Soyons lucides », a conseillé la France.  Le mécanisme que nous venons de renouveler « est et sera insuffisant ».  Les points de passage de Bab al-Salam et de Yaroubiyé ne sont toujours pas rouverts, alors que depuis l’an dernier les besoins humanitaires ont augmenté de plus de 20% au nord-ouest et de 38% au nord-est.  La France s’est voulue claire: Rien dans cette résolution, a-t-elle martelé, ne peut être interprété comme un changement de nos positions « bien connues » consistant à ne pas financer la reconstruction en Syrie ni à lever les sanctions tant qu’un processus politique crédible n’est pas fermement engagé.  Rien ne peut être interprété, a ajouté la France, comme impliquant la transmission de données concernant les bénéficiaires de l’aide et les partenaires humanitaires, qui n’ont pas vocation à être rendues publiques. 

Nous réalisons, a avoué le Royaume-Uni, que la résolution est « un compromis important » et « le minimum requis » pour répondre aux besoins humanitaires du peuple syrien.  Nous savons, ont renchéri les États-Unis, que ce texte ne répondra pas à tous les besoins par ailleurs énormes.  Nous continuerons donc à travailler à l’élargissement de toutes les formes d’accès humanitaire car « on peut et on doit faire plus dans les prochaines semaines et les prochains mois », ont-ils ajouté, en parlant d’un mécanisme qualifié, une nouvelle fois par la Syrie, d’« instrument politisé ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Texte du projet de résolution S/2021/636

Le Conseil de sécurité 

Rappelant ses résolutions 2042 (2012)2043 (2012)2118 (2013)2139 (2014)2165 (2014)2175 (2014)2191 (2014)2209 (2015)2235 (2015)2254 (2015)2258 (2015)2268 (2016)2286 (2016)2332 (2016)2336 (2016)2393 (2017)2401 (2018)2449 (2018)2504 (2020) et 2533 (2020) et les déclarations de sa présidence des 3 août 2011 (S/PRST/2011/16), 21 mars 2012 (S/PRST/2012/6), 5 avril 2012 (S/PRST/2012/10), 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15), 24 avril 2015 (S/PRST/2015/10), 17 août 2015 (S/PRST/2015/15) et 8 octobre 2019 (S/PRST/2019/12), 

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, 

Encourageant l’action menée pour améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les lignes de front et engageant toutes les parties concernées à promouvoir davantage, en fonction de l’évaluation par l’ONU des besoins, l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, 

Considérant que la situation humanitaire catastrophique qui règne en République arabe syrienne continue de faire peser une menace sur la paix et la sécurité dans la région, 

Rappelant que toutes les parties doivent respecter les dispositions applicables du droit international humanitaire et les principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence, 

Se déclarant à cet égard gravement inquiet de l’impact de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), constatant qu’elle met à mal le système de santé et la situation humanitaire en République arabe syrienne, et rappelant qu’il importe que le personnel humanitaire et médical, ainsi que son matériel, son transport et ses fournitures, bénéficie sans retard d’un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, afin de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire et la vaccination contre la COVID-19 dans toutes les régions de la République arabe syrienne sans discrimination, comme énoncé dans la résolution 2565 (2021) et dans l’appel lancé par le Secrétaire général, 

Constatant que les activités humanitaires ne se limitent pas à satisfaire les besoins immédiats de la population touchée et doivent comprendre une aide à des services essentiels au moyen de projets relatifs à l’eau, l’assainissement, la santé, l’éducation, la protection et au relèvement rapide, 

Soulignant que l’Article 25 de la Charte des Nations Unies fait obligation aux États Membres d’accepter et d’appliquer ses décisions, 

1. Exige que l’ensemble des dispositions de ses résolutions sur la question, notamment les résolutions 2139 (2014)2165 (2014)2191 (2014)2258 (2015)2332 (2016)2393 (2017)2401 (2018)2449 (2018)2504 (2020) et 2533 (2020) soient appliquées sans délai ; 

2. Décide de reconduire les mesures visées aux paragraphes 2 et 3 de sa résolution 2165 (2014) pour une période de six mois, à savoir jusqu’au 10 janvier 2022, concernant uniquement le point de passage de Bab el-Salam avec une prorogation de six mois supplémentaires, à savoir jusqu’au 10 juillet 2022, sous réserve de la publication d’un rapport de fond du Secrétaire général sur la transparence des opérations et de progrès dans l’accès à travers les lignes de front pour ce qui est de satisfaire les besoins humanitaires ; 

3. Demande instamment aux États Membres d’adopter des mesures concrètes pour satisfaire les besoins urgents du peuple syrien, compte tenu du profond impact socioéconomique et humanitaire de la pandémie de COVID-19 sur la République arabe syrienne, pays en situation d’urgence humanitaire complexe ; 

4. Se félicite de toutes les mesures et initiatives visant à étendre les activités humanitaires en République arabe syrienne, dont l’eau, l’assainissement, la santé, l’éducation, la protection et les projets de relèvement rapide, menées par le Comité international de la Croix-Rouge et d’autres organisations, et demande aux autres organismes humanitaires internationaux et aux parties concernées de les épauler ; 

5. Prie le Secrétaire général de lui faire le point de la situation chaque mois et de lui soumettre régulièrement, et au moins tous les 60 jours, un rapport sur l’application des résolutions 2139 (2014)2165 (2014)2191 (2014)2258 (2015)2332 (2016)2393 (2017)2401 (2018)2449 (2018)2504 (2020)2533 (2020) et de la présente résolution ainsi que sur le respect de leurs dispositions par toutes les parties concernées en République arabe syrienne, et le prie également de continuer de lui faire part, dans ses rapports, de l’évolution d’ensemble concernant les opérations à travers les lignes de front, en particulier l’exécution des activités susmentionnées et l’amélioration de tous les modes d’acheminement de l’aide humanitaire à l’intérieur de la République arabe syrienne et les projets de relèvement rapide, ainsi que des informations détaillées sur l’aide humanitaire acheminée dans le cadre des opérations humanitaires transfrontières des entités des Nations Unies, notamment le mécanisme de distribution, le nombre de bénéficiaires, les partenaires d’exécution, les lieux de livraison de l’aide au niveau des districts et le volume et la nature des articles livrés ; 

6. Décide de rester activement saisi de la question. 

Déclarations

Après avoir remercié les porte-plumes de la résolution, l’Irlande et la Norvège, Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que l’accord auquel est parvenu le Conseil de sécurité va sauver des vies, parce que des millions de Syriens n’auront plus à se préoccuper de trouver à manger.  Elle s’est félicitée de ce que son pays et la Fédération de Russie soient parvenus à s’unir autour d’un projet humanitaire qui répond aux besoins de la population syrienne.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, nous avons montré que les membres du Conseil de sécurité peuvent faire plus que parler.  Ils peuvent en effet agir de manière pratique pour répondre à des questions pressantes.  La représentante a salué un texte qui garantira l’acheminement de l’aide humanitaire dans les 12 prochains mois, heureuse que le Conseil de sécurité ait « épargné à une population qui a déjà trop souffert une véritable catastrophe ».  Les travailleurs humanitaires peuvent désormais faire leur travail: nourrir les enfants affamés et soigner les mères malades.  

Également satisfait, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné que malgré « toutes les difficultés et contradictions » qui existent autour de la crise syrienne, le Conseil est parvenu à « un point de convergence » sur une question aussi « difficile » que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière.  Il s’est dit reconnaissant « à ses collègues américains » qui ont travaillé à l’adoption de ce texte constituant « un pas important sur la voie du règlement de la crise syrienne ». 

Pour la première fois, a encore souligné le représentant, nous abordons la nécessite d’améliorer l’acheminement de l’aide par les lignes de front. Il a salué l’unité des membres du Conseil de sécurité autour de la nécessité de répondre à tous les besoins humanitaires de la population syrienne dont les besoins liés à l’eau, à l’assainissement, à la sante et à l’éducation.  C’est une démarche, s’est réjoui le représentant, qui permettra de compléter le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière par un mécanisme passant par les lignes de front.  Il a insisté sur l’attention que son pays accordera aux rapports périodiques sur la transparence des opérations et les progrès dans l’accès humanitaire à travers les lignes de front.  La résolution est « un événement historique » parce qu’elle est le premier texte « conjoint » adopté à l’unanimité.  Notre décision, a conclu le représentant, bénéficiera à la Syrie, à l’ensemble du Moyen-Orient et au monde tout entier.  

Saluant la coopération « inouïe et unique » qui a entouré l’adoption de la résolution, Mme MONA JUUL (Norvège) a fait observer que c’est la première fois depuis 2016 que ce texte est adopté à l’unanimité.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a appelé à la mobilisation des agences humanitaires, des institutions financières et de la communauté internationale, tout en réclamant des mesures pour reconstruire la Syrie et établir un mécanisme d’aide par-delà les lignes de front.  La stabilité de la région ne pourra être assurée que si l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie sont garanties, a-t-il affirmé.

Se félicitant, à son tour, de l’adoption de l’adoption de la résolution, M. ZHANG JUN (Chine) a insisté sur la conformité de l’aide humanitaire à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Syrie.  Il a rappelé que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière, ayant été créé dans des circonstances particulières, doit être réévalué à la lumière de la situation sur le terrain.  L’objectif, a-t-il dit, est de passer le relais à un mécanisme par-delà les lignes de front qui, a-t-il souligné, doit être le principal instrument de l’acheminement de l’aide.  En attendant, la nature « exclusivement humanitaire » du mécanisme transfrontalier doit être garantie, a ajouté le représentant, en estimant que le texte aurait pu être amélioré.  Il a en effet une nouvelle fois plaidé pour la levée des mesures unilatérales.

M. SVEN JURGENSON (Estonie) a salué le travail des délégations de l’Irlande et de la Norvège qui a permis, en étroite collaboration avec tous les membres du Conseil, de parvenir à un résultat, fondé sur les besoins humanitaires et visant à soutenir le peuple syrien dans tout le pays.  Grâce à cette détermination, nous avons voté en faveur du renouvellement du mandat du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière pour 12 mois supplémentaires, s’est félicité le représentant, avant de remercier le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et les autres agences des Nations Unies de continuer à fournir une aide vitale aux personnes qui en ont un besoin urgent en Syrie, malgré les difficultés.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que les Nations Unies ont clairement indiqué au cours des derniers mois que les besoins humanitaires du peuple syrien ne peuvent être satisfaits sans le renouvellement du mandat du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière de l’ONU pour une nouvelle période de 12 mois.  Elle s’est donc félicitée de la résolution et enjoint le Conseil à évaluer soigneusement les besoins humanitaires.  Nous savons que la résolution est « un compromis important » et « le minimum requis » pour répondre aux besoins humanitaires du peuple syrien.  Elle a espéré que cet esprit de compromis renaîtra dans la recherche d’une solution politique à un conflit qui dure depuis 10 ans.

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a vu dans l’adoption de la résolution la démonstration de la capacité du Conseil de sécurité de s’accorder sur des questions complexes.  Elle a appuyé la poursuite de l’acheminent de l’aide humanitaire transfrontalière et a salué les efforts des travailleurs humanitaires qui risquent leur vie tous les jours pour venir en aide aux Syriens.  La seule solution durable à la crise humanitaire syrienne est une solution politique, a-t-elle souligné, en insistant sur un processus « mené par les Syriens, pour les Syriens ».

M. ADEL BEN LAGHA (Tunisie) s’est félicité de l’adoption d’un texte qui permet au Conseil de sécurité de parler d’une seule voix sur le dossier humanitaire syrien.  Il a salué la mention du mécanisme par-delà les lignes de front et estimé que le consensus auquel est parvenu le Conseil reflète une volonté commune de parvenir aux solutions nécessaires pour alléger les souffrances des Syriens et protéger l’intégrité territoriale de leur pays.  Il n’y a pas d’alternative, a-t-il dit à son tour, à une solution politique dirigée et contrôlée par les Syriens eux-mêmes.

Tout en se félicitant de la résolution adoptée aujourd’hui, Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) l’a tout de même jugée « insuffisante », même si le maintien en l’état du point de passage de Bab el-Haoua apportera un certain degré de certitude à la planification et à la budgétisation de l’action humanitaire.  Nous aurions souhaité, a-t-elle avoué, que la résolution fasse une référence plus générale aux acteurs humanitaires, et non à des organisations spécifiques.  Mais nous avons naturellement voté en faveur de la résolution, en gardant à l’esprit l’urgence de répondre aux besoins humanitaires de la population syrienne, s’est expliquée la représentante.  

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit soulagé que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière en Syrie soit renouvelé pour 12 mois.  Il n’y a aujourd’hui pas d’alternative pour apporter chaque jour une assistance vitale à des milliers de personnes, a-t-il dit, en accusant « le régime syrien » de continuer d’instrumentaliser l’aide humanitaire à des fins politiques.  À son tour, il a salué les efforts inlassables de la Norvège et de l’Irlande pour parvenir à un compromis, avant d’ajouter: « Mais soyons lucides.  Le mécanisme que nous venons de renouveler est et sera insuffisant pour répondre aux besoins humanitaires.  Les points de passage de Bab al-Salam et de Yaroubiyé ne sont pas rouverts, alors que depuis l’an dernier les besoins humanitaires ont augmenté de plus de 20% au nord-ouest et de 38% au nord-est.

Le représentant s’est voulu clair.  Notre position, a-t-il réaffirmé, et celle de nos partenaires européens reste inchangée.  Nous ne financerons pas la reconstruction et nous ne lèverons pas les sanctions tant qu’un processus politique crédible n’est pas fermement engagé, conformément à la résolution 2254 adoptée à l’unanimité par ce Conseil.  Nous ne financerons pas non plus des actions de développement qui contribueraient à renforcer « le régime syrien » en l’absence de progrès vers une solution politique. 

Rien dans cette résolution, a prévenu le représentant, ne peut être interprété comme un changement de nos positions « bien connues » et comme impliquant la transmission de données concernant les bénéficiaires de l’aide et les partenaires humanitaires, qui n’ont pas vocation à être rendues publiques.  Le représentant a conclu en réaffirmant l’attachement de son pays au plein respect de la neutralité et de l’impartialité des organisations humanitaires, jugeant qu’« il n’est dans l’intérêt de personne de faire mention d’organisations humanitaires impartiales et neutres dans une résolution, dans un contexte aussi politisé ».  Le fait que la résolution ait été mise au vote sans être disponible dans toutes les langues officielles ne saurait constituer un précédent, a-t-il martelé.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a jugé fallacieux de qualifier le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière de « bouée de sauvetage ».  Il a dénoncé les « tournées de propagande » de certains pays près de Bab el-Haoua, y voyant la démonstration de leur « sélectivité ».  Il s’est également insurgé contre « l’utilisation suspecte » de l’eau comme arme contre les civils.  Le représentant a qualifié le mécanisme d’« instrument politisé » et de violation « flagrante » de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie.  Il a évoqué les gains financiers que ce mécanisme procure à la Turquie et ses avantages pour certains groupes terroristes.  La Syrie, a-t-il affirmé, ne ménagera aucun effort pour répondre aux besoins humanitaires de son peuple et à la guerre « terroriste » qui lui est imposée.  Le représentant a conclu en dénonçant les tentatives « de faire chanter son pays » et en accusant les porte-plumes ne pas avoir consulté ce dernier. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique appelle à faire avancer les négociations autour du Grand barrage éthiopien de la Renaissance

8816e séance – après-midi 
CS/14576

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique appelle à faire avancer les négociations autour du Grand barrage éthiopien de la Renaissance

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour faire le point sur le différend entourant le Grand barrage éthiopien de la Renaissance.   À cette occasion, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique a indiqué que les parties, à savoir l’Égypte et le Soudan d’une part, et l’Éthiopie de l’autre, n’ont pas été en mesure de s’entendre sur un cadre d’engagement pour régler certaines questions fondamentales, notamment un mécanisme de résolution des différends et le remplissage et l’exploitation du barrage pendant les années de sécheresse. 

Face au manque de progrès des négociations, M. Parfait Onanga-Anyanga a appelé les parties à éviter toute déclaration qui augmenterait les tensions dans une région déjà soumise à une série de défis, notamment l’impact de la COVID-19 et les conflits violents.  « Ensemble, avec d’autres partenaires intéressés », il est possible d’aller de l’avant en vue de traiter la question de manière pacifique, constructive et globale, conformément à l’esprit de coopération mis en évidence dans la Déclaration de principe de 2015, a-t-il affirmé. 

La Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), organe chargé par le Secrétaire général de fournir des conseils techniques en vue d’aider les pays à trouver un terrain d’entente sur cette question, a souligné que là où l’eau est rare et les sécheresses fréquentes, comme c’est le cas dans le bassin du Nil-Bleu, la coopération le long d’un fleuve partagé est la seule option durable à long terme. 

À ce stade, et compte tenu de l’augmentation d’autres sources de tension régionale, a indiqué Mme Inger Andersen, surmonter les divergences qui subsistent entre les parties nécessitera un travail minutieux et la détermination des trois États à parvenir à une « solution coopérative » dans l’esprit « un fleuve, un peuple, une vision ». 

Sur ce point, la Ministre des affaires étrangères du Soudan a souhaité que le remplissage et l’exploitation de ce barrage se fassent sur la base d’un accord juridiquement contraignant.  « Nous sommes bien conscients que ses avantages ne seront pas limités au seul voisin éthiopien, à condition toutefois qu’il soit rempli et exploité dans le cadre d’un accord juridique entre les trois pays », a souligné Mme Marim Alsadig A. Al Mahdi.  Opposée à toute méthode unilatérale de remplissage et d’exploitation du Grand barrage, la Ministre a notamment alerté qu’en l’absence d’informations sur ces modalités, la sécurité du barrage de Roseires, qui alimente 70% des projets agricoles irrigués du Soudan, sera gravement menacée. 

Qualifiant à son tour le Grand barrage de « menace existentielle » pour son pays, le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte a alerté en outre que cette structure pourrait provoquer des pénuries en eau allant jusqu’à 120 milliards de mètres cubes et décrié l’annonce, le 5 juillet par l’Éthiopie, de la reprise du remplissage du barrage. 

M. Sameh Shoukry a également accusé l’Éthiopie d’avoir fait dérailler les négociations menées par l’Union africaine (UA) et de chercher à réorienter les pourparlers vers la conclusion d’arrangements non contraignants qui retireraient aux États en aval toute protection face aux effets adverses du Grand barrage.  L’Égypte, a-t-il assuré, ne s’est jamais opposée au droit de l’Éthiopie d’exploiter les ressources du Nil-Bleu.  « Cependant, l’Égypte attend, et exige en effet, que son coriverain en amont se conforme à ses obligations juridiques internationales qui l’obligent à éviter d’infliger des dommages importants aux intérêts de ses voisins en aval », a-t-il insisté.  Il a également exhorté le Conseil de sécurité à adopter le projet de résolution sur la question qui a été distribué par la Tunisie et qui engagerait les parties à finaliser sans tarder le texte d’un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du Grand barrage. 

Estimant en revanche que la résolution de la « question du Nil » ne se trouve pas au sein du Conseil de sécurité, le Ministre de l’eau, de l’irrigation et de l’énergie de l’Éthiopie a privilégié l’approche proposée par le Président Tshisekedi, en sa qualité de Président de l’Union africaine, estimant que celle-ci permettra de sortir du « bourbier » créé par « l’héritage colonial du bassin du Nil que l’Égypte et le Soudan sont déterminés à préserver ».  

« Aucun de nous ne devrait avoir soif en regardant l’autre boire », a reconnu M. Seleshi Bekele Awulachew, tout en soulignant qu’il n’existe aucune alternative viable au Grand barrage éthiopien de la Renaissance, près de 70% de l’eau dont dispose l’Éthiopie se trouvant dans le bassin du Nil.  Le Grand barrage, a-t-il affirmé, est le « bon barrage construit au bon endroit » pour améliorer le sort de la population de l’ensemble de la région.  

Avant de céder la parole aux trois Ministres, la France, qui préside le Conseil pendant ce mois de juillet, a justifié la tenue de cette réunion par le fait que la responsabilité du Conseil est d’éviter que la prolongation de ce différend ne devienne une menace pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La délégation s’est notamment inquiétée du fait qu’après 10 ans de négociations, la confiance est « abîmée » et la poursuite du remplissage du réservoir du barrage accroît les tensions.  

À l’instar du Royaume-Uni, la grande majorité des membres du Conseil de sécurité a appelé les trois parties à s’abstenir d’actions qui sapent les négociations, les encourageant à s’engager de manière constructive et urgente pour conclure les négociations et parvenir à un accord mutuellement acceptable. 

À l’instar du Président Tshisekedi, la délégation de la République démocratique du Congo (RDC) a mis en garde contre toutes déclarations ou prises de position qui pourraient compromettre ou compliquer le processus « très délicat » des négociations en vue d’une « solution africaine ».

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Déclarations

M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, a indiqué que depuis la première réunion sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance, en juin 2020, les parties n’ont pas été en mesure de s’entendre sur un cadre d’engagement pour régler les questions litigieuses restantes.  Elles doivent se mettre d’accord sur certaines questions fondamentales, notamment un mécanisme de résolution des différends et le remplissage et l’exploitation du barrage pendant les années de sécheresse.

L’Envoyé spécial a ensuite dressé une chronologie des différentes réunions organisées sur la question depuis octobre 2020, précisant que le Soudan, avec le soutien de l’Égypte, a officiellement demandé à l’Union africaine (UA), aux Nations Unies, aux États-Unis et à l’Union européenne (UE) d’assurer une médiation entre les parties.  L’Éthiopie, quant à elle, préfère que moins de changements soient apportés au processus en cours dirigé par l’UA.

Face à l’absence de progrès dans les pourparlers, le Président Tshisekedi de la RDC, en sa capacité de Président de l’UA, s’est engagé avec les parties sur la base d’une approche en deux étapes pour répondre à la question la plus urgente du remplissage du Grand barrage éthiopien de la Renaissance pendant la saison des pluies, et ensuite, les garanties pour un accord plus complet sur le remplissage et l’exploitation ultérieurs du barrage.  Le 24 juin, le Président Tshisekedi a convoqué virtuellement le Bureau des chefs d’État de l’Union africaine pour un « échange d’informations » sur le GERD.  Malheureusement, aucun progrès significatif n’a été enregistré en présence de l’Éthiopie et de l’Égypte, tandis que le Soudan a décidé de ne pas y assister.  Par ailleurs, le 15 juin, la Ligue des États arabes a adopté une résolution sur le différend, qui, entre autres, demande à l’Éthiopie de s’abstenir de remplir le réservoir du Grand barrage sans parvenir à un accord.  L’Éthiopie a vu dans le communiqué une tentative de politiser et d’internationaliser le différend.

L’Envoyé spécial a également fait état d’interactions bilatérales entre l’Éthiopie et le Soudan ainsi que de la récente déclaration du Soudan exprimant sa volonté d’accepter un accord intérimaire sur le remplissage du barrage à condition qu’un accord soit signé concernant tous les autres points qui ont été convenus à ce jour et assurant la continuité des négociations dans un délai déterminé.  Entretemps, le 5 juillet dernier, le Gouvernement éthiopien a informé l’Égypte et le Soudan du début du remplissage pour la deuxième année du Barrage.  L’Égypte et le Soudan se sont opposés à cette notification, réitérant leur position selon laquelle tout nouveau remplissage devrait avoir lieu dans le contexte d’un cadre convenu.

Chacun des pays partageant les eaux du Nil a des droits et des responsabilités, et l’utilisation et la gestion de cette ressource naturelle nécessitent l’engagement continu de toutes les nations concernées, de bonne foi, en vue de trouver un terrain d’entente, a souligné l’Envoyé spécial.  Pour faciliter ce processus, le Secrétaire général a chargé le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) de fournir des conseils techniques fondés sur les meilleures données et connaissances scientifiques disponibles, en vue d’aider les pays à trouver un terrain d’entente sur la manière de traiter cette question délicate.

Qualifiant cette question d’importance critique et face au manque de progrès de négociations, M. Onanga-Anyanga a appelé toutes les parties à traiter la question de manière constructive et à éviter toute déclaration qui augmenterait les tensions dans une région déjà soumise à une série de défis, notamment l’impact de la COVID-19 et les conflits violents.  « Ensemble, avec d’autres partenaires intéressés », il est possible d’aller de l’avant en vue de traiter la question de manière pacifique, constructive et globale, conformément à l’esprit de coopération mis en évidence dans la Déclaration de principes de 2015, a-t-il affirmé.  Pour sa part, a conclu l’Envoyé spécial, l’ONU reste disponible pour promouvoir une solution gagnant-gagnant en soutenant les États Membres dans la navigation de cette question complexe, où une véritable volonté politique, le compromis et le bon voisinage sont essentiels.

Mme INGER ANDERSEN, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a déclaré qu’une infrastructure hydraulique bien planifiée sur un cours d’eau partagé peut être une source de collaboration renforcée et ne doit pas nécessairement être un jeu à somme nulle.  Elle a indiqué que le Grand barrage éthiopien de la Renaissance, qui est en cours de construction depuis 2011, permettra d’améliorer les sources énergétiques de l’Éthiopie, notamment en lui permettant d’augmenter l’électrification, d’accélérer l’industrialisation et d’exporter le surplus d’électricité dans la région.  La construction du barrage touche maintenant à sa fin, et en 2020, le réservoir a commencé à se remplir pour la première fois, environ 4,9 milliards de mètres cubes d’eau ayant été retenus.  Suite au début de la saison des pluies de 2021, l’Éthiopie a annoncé que de l’eau supplémentaire avait commencé à s’accumuler dans le réservoir.  Une fois achevé, a précisé Mme Andersen, le Grand barrage éthiopien de la Renaissance pourra stocker 74 milliards de mètres cube d’eau et produire jusqu’à 5,150 MW.

Relevant qu’un grand barrage modifie le débit d’une rivière, elle a signalé que là où l’eau est rare et les sécheresses fréquentes, comme c’est le cas dans le bassin du Nil-Bleu, la coopération le long d’un fleuve partagé est la seule option durable à long terme.  Dans les années à venir, deux des plus grands barrages au monde, le Haut-Barrage d’Assouan, en Égypte, et le Grand barrage éthiopien de la Renaissance, contrôleront et réguleront considérablement le débit du Nil, a-t-elle indiqué, notant que ce dernier a des implications importantes à la fois pour le développement humain et pour l’environnement.  Une gestion prudente et coopérative à l’échelle du bassin peut maximiser les effets positifs d’une infrastructure aussi importante, et aider à minimiser les conséquences négatives.

Mme Andersen a rappelé la signature, en 2015, d’un accord sur une déclaration de principe entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan relatif à la coopération autour des ressources transfrontalières en eau.  Elle a indiqué que des progrès ont été réalisés dans de nombreux domaines, mais qu’aucun consensus n’a été atteint concernant certaines questions critiques, notamment les dispositions pour la gestion des sécheresses prolongées; le développement en amont et en aval du Grand barrage éthiopien de la Renaissance; et un mécanisme de règlement des différends.  Certains différends subsistent également au sujet de la portée et la nature de l’accord proposé.  À ce stade, et compte tenu de l’augmentation d’autres sources de tension régionale, a-t-elle poursuivi, surmonter les divergences qui subsistent entre les parties nécessitera un travail minutieux et la détermination des trois États à parvenir à une « solution coopérative » dans l’esprit « un fleuve, un peuple, une vision ».

Un accord sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance doit être trouvé, a insisté la Directrice exécutive du PNUE qui a souligné qu’une gestion efficace et coopérative de l’eau est d’autant plus importante dans le contexte des changements climatiques.  Selon les modèles climatiques, le débit du Nil présentera une variabilité plus élevée au cours de la période allant jusqu’en 2040, provoquant davantage d’inondations et des sécheresses plus intenses.  Il est donc impératif que les parties travaillent ensemble pour gérer ces défis interconnectés.  Et pour parvenir à un accord optimal, la confiance, la transparence et un engagement ouvert seront essentiels.

M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo RDC) a déclaré que le Grand barrage éthiopien de la Renaissance sera le plus grand barrage de l’Afrique avec 1 800 mètres de longueur, 155 mètres de hauteur, et un volume total de 74 milliards de mètres cubes.  Il a expliqué que ce gigantesque ouvrage situé à 15 kilomètres de la frontière soudanaise pose des problèmes à son voisin immédiat le Soudan et à la République arabe d’Égypte dont les économies et le bien-être des populations dépendent étroitement des eaux du Nil-Blanc situées en aval du Nil-Bleu.  Face à ce conflit, M. Empole a noté qu’il existait aujourd’hui quelques propositions encourageantes dont le projet d’accord rédigé par les parties avec l’assistance des experts de l'Union Africaine (UA).  « L’état des lieux de ces propositions indique que 90% des problèmes techniques ont déjà été résolus », s’est félicité le délégué avant de noter qu’il ne restait plus aux parties qu’à aplanir les divergences techniques et juridiques restantes, principalement la nature de l’accord à signer, le mécanisme de règlement des différentes et la gestion du débit d’eau lors des sècheresses.

M. Empole a expliqué que c’est dans ce contexte que la RDC, pays qui assume la présidence de l'UA pour l’exercice 2021-2022, a pris une série d’initiatives diplomatiques au plus haut niveau dont l’organisation en avril dernier, en présentiel, de la conférence ministérielle de Kinshasa sur le Grand barrage et, par la suite, le « ballet diplomatique » effectué par le Président Tshisekedi auprès de la République arabe d’Égypte, la République du Soudan et la République fédéral d’Éthiopie afin de relancer des négociations en vue d’un accord qui tienne compte des intérêts de tous.  Après avoir fait rapport de ces consultations au Bureau des chefs d’État et de gouvernements de l’UA réunis le 24 juin, le Président Tshisekedi a demandé à toutes les partis de s’abstenir de déclarations ou de prises de position qui pourraient compromettre ou compliquer le processus « très délicat » des négociations en vue d’une « solution africaine ».  Le délégué a appelé à briser la glace de la méfiance et à offrir à chacun la garantie de la prise en compte de ses intérêts ainsi que de la bonne fin du processus en cours.  Dans ce contexte, il a estimé que le Conseil de sécurité ferait œuvre utile d’inviter l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie à poursuivre les discussions dans le cadre de l’UA, et sous la médiation de son Président en exercice, conformément au principe de subsidiarité et à la Charte de l’ONU.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a souhaité que la présente séance puisse donner un nouveau souffle aux négociations sous la houlette de l’Union africaine afin d’aider les trois pays à trouver un accord juridiquement contraignant qui respecterait les intérêts vitaux de leurs populations en matière de sécurité hydrique et de droit au développement.  Face à la situation actuelle, il a exhorté à une coopération et collaboration entre les trois pays dans le cadre d’un mécanisme sur l’utilisation des ressources hydriques et le règlement du différend.  Ce mécanisme devra respecter le droit des pays en amont sans porter préjudice aux pays en aval.  Cela n’est pas impossible, il faut juste une volonté politique de la part des trois pays, a-t-il dit avant de les exhorter à s’abstenir de prendre des mesures unilatérales de nature à compliquer davantage la situation.  Il a par ailleurs jugé très important que les Nations Unies et le Conseil de sécurité appuient le rôle primordial de l’Union africaine.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicitée que les trois parties, le Soudan, l’Égypte et l’Éthiopie, aient poursuivi les discussions pour parvenir à un accord trilatéral plus détaillé sur le remplissage et l’exploitation du Grand barrage éthiopien de la Renaissance.  Elle s’est dite convaincue qu’en travaillant ensemble et avec le soutien continu de l’Union africaine et de la communauté internationale au sens large, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan trouveront la détermination de parvenir à un accord, dans l’intérêt de tous.  Elle a insisté sur l’importance de parvenir à un consensus et s’est félicitée du fait que de nombreuses questions clefs figurent dans la Déclaration de principe de 2015.

Nous appelons les trois parties à s’abstenir d’actions qui sapent les négociations et nous les encourageons à s’engager de manière constructive et urgente -dans un esprit de compromis- pour conclure les négociations et parvenir à un accord mutuellement acceptable, a insisté la représentante.  Elle a ensuite réaffirmé le ferme soutien du Royaume-Uni au processus dirigé par l’UA et aux Gouvernements d’Égypte, d’Éthiopie et du Soudan dans leurs efforts pour parvenir à un accord équitable et mutuellement acceptable.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a regretté que le bassin du Nil, qui tout long de son histoire a été une source d’espoir et de connexion, soit traité aujourd’hui au sein du Conseil de sécurité dont le mandat est lié à la paix et la sécurité internationales.  Il a noté que bien que cette réunion porte sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance et les trois pays concernés, elle concerne également les 10 pays réunis par l’ambition qui a abouti à l’initiative du bassin du Nil en 1999 dont l’objectif était de développer les ressources hydriques du bassin du Nil de façon durable et équitable.

Il a félicité les Gouvernements de l’Égypte, de l’Éthiopie et du Soudan pour leur foi et leur confiance dans la capacité des mécanismes de l’Union africaine à les amener à un accord négocié.  Dans le même temps, le Kenya reconnaît l’importance cruciale du principe de subsidiarité dans cette affaire et la recommande au Conseil de sécurité.  Le représentant a ensuite appelé les parties à s’engager à nouveau à négocier de bonne foi dans le cadre du processus dirigé par l’UA, les exhortant à éviter les propos incendiaires et à faire du principe « des solutions africaines aux défis africains » une réalité.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dit que les trois parties -l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan- ont des intérêts légitimes dans le Nil et ses ressources en eau.  Elle a estimé qu’une solution durable au problème du Grand barrage éthiopien de la Renaissance ne peut être trouvée que par les parties elles-mêmes.  Notant que la Déclaration de principe est un bon cadre pour parvenir à une utilisation équitable et raisonnable du Nil-Bleu, Mme Juul a appelé les parties à parvenir à un consensus sur les modalités d’une coopération future, sur la base de ces principes, ainsi que sur la transparence et la confiance.  « Cela nécessite un engagement constructif, la volonté politique et le courage de trouver des compromis », a-t-elle insisté avant d’appeler les trois parties à s’abstenir de toute action qui pourrait saper les négociations.  Elle les a également engagés à faire pleinement usage des bons offices de l’Union africaine, l’objectif étant de parvenir à un accord qui bénéficiera au développement et à la prospérité des trois parties.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a reconnu l’importance primordiale du Nil et sa valeur intrinsèque en tant que ressource en eau transfrontalière pour chacune des parties, et par extension pour tous les États riverains, afin d’améliorer la qualité de vie de leurs populations.  En effet, le Nil est indispensable au développement durable et socioéconomique de chacune des parties et nous prenons note de leurs désaccords et de leurs préoccupations crédibles concernant son utilisation, a-t-elle dit.  Elle a encouragé les parties à apaiser leurs positions tranchées et à poursuivre les négociations trilatérales de bonne foi, afin de parvenir à un accord amiable, équitable et raisonnable.  La représentante a estimé que les bons offices de l’Union africaine restent essentiels pour faciliter un dialogue constructif et des négociations sérieuses.  L’UA est la mieux placée pour faciliter le règlement pacifique des différends, a-t-elle souligné, insistant sur l’importance de respecter le principe de subsidiarité, ainsi que le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

Se disant conscient de l’importance du plus grand projet hydroélectrique en Afrique, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a noté les préoccupations légitimes de l’Égypte et du Soudan quant à l’impact potentiellement négatif du barrage, en l’absence d’un accord.  Il a exhorté les parties à parvenir à un accord négocié dans l’esprit de la Déclaration de Khartoum de 2015 en tenant compte des progrès réalisés dans la définition des modalités du barrage.  « La compréhension et la confiance mutuelles sont nécessaires », a-t-il souligné, avertissant que les déclarations sur l’usage possible de la force devraient être évitées.  Il s’est déclaré préoccupé par l’escalade de la rhétorique conflictuelle, estimant que les désaccords sur le développement ne devraient pas conduire à des menaces pour la paix et la sécurité.  À ses yeux, parvenir progressivement à un accord sur le remplissage du réservoir et l’exploitation de la centrale pourrait aider à trouver un accord mutuellement acceptable.  « Le mieux serait de négocier avec tous les pays du bassin du Nil », a-t-il dit, avant de saluer l’implication de l’Union africaine, y compris son comité d’experts techniques et juridiques.

Le représentant a appelé l’Union africaine à intensifier ses efforts, notant que l’augmentation du nombre de médiateurs et d’observateurs n’apportera pas de valeur ajoutée.  Il a proposé que toutes les parties intéressées profitent de leur présence à New York pour y tenir des pourparlers sur place, sous la médiation de la présidence de l’Union africaine.  Décrivant cette option comme la meilleure contribution que le Conseil puisse apporter à la recherche d’une solution, le représentant russe a par ailleurs fait part de la volonté de son pays de fournir une surveillance par satellite du remplissage du réservoir à la demande de toutes les parties concernées.

Pour Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), la Corne de l’Afrique est à un point d’inflexion.  Les décisions qui seront prises dans les semaines et les mois à venir auront des conséquences importantes et à long terme pour les habitants de la région.  Elle a estimé qu’une solution équilibrée et équitable pour le remplissage et l’exploitation du Grand barrage éthiopien de la Renaissance peut être trouvée avec l’engagement politique de toutes les parties.  Selon elle, les préoccupations de l’Égypte et du Soudan concernant la sécurité de l’eau, ainsi que la sécurité et le fonctionnement du barrage peuvent être conciliées avec les besoins de développement de l’Éthiopie.

Jugeant que l’Union africaine est le lieu le plus approprié pour traiter ce différend, elle a demandé instamment à l’Union africaine et aux parties d’utiliser l’expertise et le soutien des trois observateurs officiels -l’Afrique du Sud, l’Union européenne et les États-Unis- ainsi que des Nations Unies et d’autres partenaires pour contribuer à une issue positive.  La représentante a exhorté les représentants du Soudan, de l’Éthiopie et de l’Égypte à continuer de discuter avec son gouvernement de l’ensemble des moyens possibles pour désamorcer les tensions, et à faire preuve de souplesse pour résoudre cette question de manière pacifique.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) s’est inquiété des tensions accrues et « très préoccupantes » autour du Grand barrage éthiopien de la Renaissance.  Il a reconnu qu’il n’y a pas de « solution facile » à cette question et souligné qu’il est d’autant plus important que les trois parties concernées soient prêtes à faire les concessions nécessaires pour parvenir à une solution juste et équitable.  Cela est réalisable si toutes les parties concernées « négocient de bonne foi », a-t-il estimé.

Regrettant qu’aucun accord n’ait été trouvé jusqu’à présent sur les questions en suspens, il a espéré qu’avec la facilitation de l’Union africaine (UA), les parties continueront à travailler pour parvenir à un accord en temps voulu.  L’UA, en tant qu’organisation régionale, devrait rester le « principal forum » pour cela, a conclu la délégation.

Pour Mme BYRNE NASON (Irlande), il ressort clairement des différents exposés qu’un règlement négocié demeure la seule solution à cette question critique.  En effet, a poursuivi Mme Nason, un accord négocié profitera à des millions de personnes vivant dans le bassin du Nil-Bleu.  Un accord durable sur la gestion du barrage est absolument essentiel pour la stabilité et le développement à long terme de l’ensemble de la région, a-t-elle insisté.

En outre, a-t-elle averti, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan subissent de plein fouet les effets des changements climatiques, de la croissance démographique et de l’urbanisation rapide, qui ne feront qu’accroître les défis liés à la gestion de l’eau.  C’est pourquoi une coopération soutenue en matière de ressources en eau ne peut, selon elle, que renforcer et soutenir les relations mutuellement bénéfiques entre voisins.  Certes, a reconnu Mme Nason, les parties ont raison de se préoccuper de l’avenir de leur propre population, mais elles doivent le faire dans une relative harmonie et ensemble.  

La représentante a estimé que les négociations menées par l’Union africaine restent le meilleur forum pour trouver un accord global sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance et a encouragé l’UA à continuer de s’appuyer sur l’expertise technique et le soutien politique nécessaires pour mener à bien ce rôle de facilitation très complexe.  Elle a encouragé la reprise rapide des pourparlers. 

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) a déclaré que l’utilisation de l’eau du Nil doit profiter aux populations de tous les pays en respectant les droits des États riverains en amont et en aval.  Il a salué les efforts déployés par l’Union africaine (UA), sous les présidences successives de l’Afrique du Sud en 2020 et de la République démocratique du Congo en 2021, pour faciliter une discussion significative avec les observateurs.  « D’après le communiqué de l’UA du 26 juin 2020, nous comprenons que ces négociations tripartites ont permis de parvenir à un accord sur 90% des questions », a noté le représentant.  Il a ensuite appelé l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan à travailler de manière constructive dans le cadre des processus dirigés par l’UA en vue de résoudre les questions en suspens de manière ciblée et avec l’urgence qu’elles méritent.

M. ABDOU ABARRY (Niger) a souligné que son pays soutient pleinement le processus de négociation en cours sous l’égide du Président en exercice de l’Union Africaine.  Il a appelé les parties à faire montre de davantage de volonté politique en donnant au Comité technique de négociation de l’Union africaine la possibilité de formuler des propositions de compromis, qu’elles doivent accepter, afin de finaliser les 10% des points en suspens, dans le meilleur délai.

Poursuivant, le délégué a indiqué que les neuf États de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale qui composent le bassin du Niger, ont convenu d’une stratégie de gestion et d’utilisation rationnelle et durable des eaux du fleuve Niger, par tout État, à travers l’Autorité du bassin du Niger (ABN), mise en place en 1980.  Cet exemple réussi de coopération en matière d’exploitation des ressources en eau peut efficacement servir, selon lui, de source d’inspiration pour une solution rapide de la question du Grand barrage éthiopien de la Renaissance et en vue d’une exploitation et d’une gestion durables des eaux du Nil entre tous les riverains à l’avenir.  Pour finir, la délégation a, en vertu du principe de subsidiarité, lancé un appel à tous, à privilégier une solution régionale et africaine de la question du Grand barrage.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a regretté qu’aucun progrès notable n’ait été réalisé malgré de nombreuses années de négociations, alertant que ce différend régional risque de devenir une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, il a engagé la communauté mondiale et le Conseil de sécurité en particulier à soutenir les efforts de médiation de l’Union africaine.  Il a exhorté les trois pays concernés à parvenir à un accord sur le remplissage du barrage et à s’abstenir de toute action susceptible de porter atteinte à la bonne volonté nécessaire pour parvenir à un accord.  Il a fait observer que le Mexique partage depuis longtemps ses ressources en eau, à la fois sur sa frontière nord avec les États-Unis et sa frontière sud avec le Belize et le Guatemala.  De son avis, la Commission internationale des frontières et des eaux, établie entre les États-Unis et le Mexique en 1989, pourrait servir de modèle pour des accords similaires entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan.  Tout en proposant de partager l’expérience de son pays, il a néanmoins noté que la gestion des ressources en eau n’est jamais sans défis, et a souligné l’importance d’un mécanisme de règlement des différends.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est déclaré préoccupé par le fait que de nombreux cours d’eau soient de plus en plus souvent utilisés sans tenir compte des droits et des intérêts légitimes des pays riverains, en particulier des pays en aval qui sont placés dans une position désavantageuse.  Les effets néfastes de cette tendance, aggravée par les changements climatiques, posent d’important défis à la sécurité, à la stabilité et au développement de nombreuses régions, notamment en Afrique, a-t-il constaté, ajoutant que l’utilisation des cours d’eau internationaux doit être conforme au droit international et aux engagements des pays concernés.  Il s’est donc prononcé pour une codification plus poussée du droit international concernant l’utilisation durable des cours d’eau, notamment par la mise en œuvre de la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation.

S’agissant du Nil-Bleu, le délégué a dit soutenir les efforts des parties concernées pour promouvoir le développement durable et l’utilisation équitable des ressources en eau, y compris par la coopération et les négociations sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance.  Il a appelé les parties à mettre en œuvre l’accord de 2015 sur le projet et à s’appuyer sur le principe d’un règlement des différends par des moyens pacifiques.  Le représentant a également appuyé le rôle joué par l’Union africaine dans les négociations et la médiation, tout en appelant de ses vœux une accélération du processus afin d’aider les trois parties à résoudre les problèmes restants, notamment les questions juridiques et techniques.  

M. Zhang JUN (Chine) a exprimé son soutien à l’Éthiopie, à l’Égypte et au Soudan pour parvenir à un accord par le dialogue sur l’utilisation durable des eaux du Nil.  Il s’est dit persuadé que l’achèvement du barrage peut renforcer la confiance mutuelle et une coopération gagnant-gagnant.  Rappelant l’importance de la Déclaration de principe de 2015 et des multiples cycles de négociations organisés sous les auspices de l’Union africaine, il a noté les positions exprimées dans les récentes lettres adressées au Conseil de sécurité par les Ministres des affaires étrangères de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte.  Le représentant de la Chine a encouragé l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan à résoudre leurs différends par le dialogue et la consultation.  Il a exprimé l’espoir que les parties sauront reprendre le dialogue pour parvenir à un accord acceptable et bénéfique pour chacun d’eux, dans un esprit de coopération amicale.   

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a justifié la tenue de cette réunion par le fait que la responsabilité du Conseil de sécurité est d’éviter que la prolongation de ce différend ne devienne une menace pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Notant que l’ensemble des parties ont des « intérêts légitimes » à faire valoir, il a constaté qu’après 10 ans de négociations, la confiance est « abîmée » et la poursuite du remplissage du réservoir du barrage accroît les tensions.  Dans ce contexte, il importe selon lui d’éviter d’ajouter aux défis qui s’imposent déjà au Soudan, à l’Égypte et à l’Éthiopie, ce dernier faisant face à un conflit au Tigré qui attise d’autres tensions.  Le représentant a donc appelé les pays de la région à faire preuve de volonté politique pour résoudre leurs différends par le dialogue, avec l’appui de l’Union africaine.  Les efforts menés dans ce sens doivent se poursuivre et se renforcer, a-t-il plaidé avant d’encourager les Nations Unies à continuer d’apporter leur expertise et les trois parties à accepter un rôle plus actif des observateurs aux négociations.

La France est convaincue qu’un accord peut être rapidement trouvé entre les parties sur le remplissage et la gestion du barrage de la Renaissance, a assuré M. de Rivière.  À ses yeux, il existe en effet des éléments de convergence sur lesquels les négociations sous l’égide de l’Union africaine doivent s’appuyer.  Fort de ce constat, le délégué a appelé solennellement l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan à leur sens des responsabilités, du compromis et de la coopération afin de régler dès que possible les questions qui restent en suspens.  La France, a-t-il indiqué, restera mobilisée afin qu’une solution négociée puisse être trouvée dans les meilleurs délais.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré que son pays de cent millions d’âmes est confronté à une menace existentielle parce qu’une structure aux proportions gigantesques a été construite à travers l’artère qui lègue la vie au peuple égyptien.  Il a estimé que cette construction continue de restreindre l’énergie vitale de millions d’innocents vivant en aval de ce barrage géant.  

Le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte a fustigé l’obstination de l’Éthiopie qui a annoncé, le 5 juillet 2021 –à peine trois jours avant la convocation de cette session– qu’il a commencé le remplissage du barrage.  Il a estimé que cet « acte flagrant d’unilatéralisme » est une « manifestation de l’irresponsabilité de l’Éthiopie et de sa cruelle indifférence face aux dommages que le remplissage de ce barrage peut infliger à l’Égypte et au Soudan ».  C’est pourquoi, l’Égypte a choisi –à nouveau– de porter la question du Grand barrage éthiopien de la Renaissance devant le Conseil de sécurité.  Et d’inviter le Conseil de sécurité à intervenir –rapidement et efficacement– pour empêcher une escalade des tensions et faire face à cette situation qui pourrait, a-t-il averti, mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Il a dit que l’Éthiopie a commencé unilatéralement la construction de ce barrage - sans remplir les devoirs qui lui incombent en tant qu’État en amont de notifier et de consulter ses coriverains en aval.  Le Ministre égyptien des affaires étrangères a dit que l’espoir de son pays demeure depuis 10 ans de conclure un accord juridiquement contraignant qui permette à l’Éthiopie d’atteindre ses objectifs de développement en produisant de l’hydroélectricité à partir du Grand barrage éthiopien de la Renaissance de manière rapide, efficace et durable tout en comportant des dispositions permettant d’atténuer les effets néfastes de ce barrage, notamment pendant les périodes de sécheresse pour les autres pays.  Il a ajouté qu’un tel accord doit empêcher d’infliger des dommages importants aux intérêts riverains de l’Égypte et du Soudan, garantir la sécurité, la fonctionnalité et la résilience des barrages en aval et veiller à ce que la sécurité de l’eau de l’Égypte ne soit pas mise en péril par le remplissage et l’exploitation de ce qui deviendra la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique.

M. Shoukry a fustigé une « intransigeance éthiopienne », source, selon lui, de l’échec des négociations depuis 10 ans avant d’ajouter que « l’Éthiopie a décidé d’ignorer les réalités de la géographie et semble être sous l’illusion que le Nil-Bleu est un fleuve intérieur qu’il peut exploiter à son profit exclusif ».  Après avoir affirmé que l’Éthiopie refuse d’inclure toute forme de dispositions contraignantes en matière de règlement des différends, le Ministre égyptien a assuré que l’Égypte ne s’est jamais opposée au droit de l’Éthiopie d’exploiter les ressources du Nil-Bleu.  « Cependant, l’Égypte attend, et exige en effet, que son coriverain en amont se conforme à ses obligations juridiques internationales, qui l’obligent à éviter d’infliger des dommages importants aux intérêts de ses voisins en aval », a-t-il insisté.

Le Ministre égyptien a accusé l’Éthiopie d’avoir fait dérailler les négociations menées par l’UA et de chercher à réorienter les pourparlers vers la conclusion d’arrangements non contraignants.  Ces propositions, a-t-il indiqué, auraient pour conséquence de retirer aux États en aval toute protection face aux effets adverses du Grand barrage et d’autoriser l’Éthiopie à remplir son réservoir et mettre en route ses turbines massives sans établir de règles pour atténuer les effets néfastes du barrage et réglementer son fonctionnement.  Dans son format actuel, le processus que dirige l’UA se heurte à une impasse, a-t-il regretté, dénonçant la position « implacable » de l’Éthiopie.

Il s’est inquiété de l’absence de garanties concernant la sureté et la stabilité du barrage ainsi que de l’absence de protection face aux dommages incalculables qui pourrait en résulter en période de sécheresse.  La seule chose que veut l’Égypte, c’est un accord contraignant qui comporte une police d’assurance contre les effets néfastes du Grand barrage sur la sécurité hydrique de l’Égypte en créant un mécanisme qui permettrait aux trois pays de coopérer et d’assumer collectivement le fardeau de devoir répondre aux prochaines périodes de sécheresse.  Malheureusement, a-t-il déploré, l’Éthiopie reste inébranlable dans son rejet de tout accord offrant une mesure significative de protection aux États en aval.  Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que, pour l’Égypte, le Grand barrage est une menace existentielle.  Ce barrage, a-t-il détaillé, pourrait provoquer des pénuries en eau allant jusqu’à 120 milliards de mètres cubes, priver des millions d’agriculteurs de l’eau nécessaire à l’irrigation, détruire des milliers d’hectares de terres arables et augmenter la désertification ainsi que la vulnérabilité aux effets des changements climatiques.

Dans ce contexte, M. Shoukry a fait appel à la responsabilité unique conférée au Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales, avant d’exhorter le Conseil de sécurité d’adopter le projet de résolution sur la question du Grand barrage éthiopien de la Renaissance qui a été distribué par la Tunisie.  Ce texte, a-t-il indiqué, vise notamment à engager les parties à finaliser sans tarder le texte d’un accord juridiquement contraignant sur le remplissage et l’exploitation du Grand barrage, et à s’abstenir de toute mesure unilatérales susceptible de mettre à mal le processus.  L’adoption de ce texte enverrait un signal sans équivoque que le Conseil de sécurité reste attaché à la paix et à la prospérité du continent africain, a-t-il estimé.

Mme MARIAM ALSADIG A. AL MAHDI, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a affirmé d’emblée que son pays reconnaît les droits de l’Éthiopie voisine dans l’exploitation actuelle et future de l’eau du Nil et qu’il a soutenu la construction du barrage de la Renaissance depuis le début.  Nous sommes bien conscients que ses avantages ne seront pas limités au seul voisin éthiopien, à condition toutefois qu’il soit rempli et exploité dans le cadre d’un accord juridique entre les trois pays, conformément au droit international et aux principes d’exploitation juste et raisonnable des ressources en eau de transit, a-t-elle fait valoir.  De même, le Soudan connaît les avantages du barrage de la Renaissance en termes de prévention des inondations et d’écoulement régulier de l’eau tout au long de l’année.  Pour la Chef de la diplomatie soudanaise, ce vaste projet peut être un exemple de coopération fructueuse pour plus d’un quart de milliard de citoyens africains s’il est bien utilisé et repose sur des fondements de coopération et d’intégration.

Pour Mme Al Mahdi, un accord juridique contraignant sur le remplissage et l’exploitation s’impose tout d’abord pour protéger les Soudanais.  La présence d’un barrage d’une capacité de 74 milliards de mètres cubes, à quelques kilomètres de la frontière soudanaise, et en l’absence d’une coordination des mesures de sécurité avec les communautés en aval du barrage, constitue un danger direct pour ces communautés.  De plus, a-t-elle ajouté, nous ne pouvons pas accepter que la méthode unilatérale de remplissage et d’exploitation du barrage soit utilisée pour intimider nos citoyens, bafouer leur dignité et violer leurs droits humains, comme l’a fait l’Éthiopie il y a des mois, invoquant son droit unilatéral de décider comment exploiter le barrage.  

Un accord juridiquement contraignant s’impose également pour la protection des barrages soudanais, a poursuivi la Ministre, indiquant que le barrage de Roseires, situé à 100 kilomètres du barrage de la Renaissance, est 10 fois plus petit en termes de capacité en eau.  Or ce barrage alimente 70% des projets agricoles irrigués du Soudan, conjointement avec d’autres barrages qui génèrent environ 40% de l’électricité soudanaise.  En conséquence, à moins que des informations ne soient disponibles de manière régulière sur les modalités de remplissage et d'exploitation du barrage de la Renaissance, la sécurité du barrage de Roseires sera gravement menacée, de même que sa capacité à produire de l’électricité et à fournir de l’eau pour les projets stratégiques dont dépend le Soudan, a-t-elle averti.  

Selon elle, un accord juridiquement contraignant est également nécessaire pour assurer la sécurité stratégique du Soudan.  Savoir quand est rempli et exploité le barrage de la Renaissance est essentiel pour organiser l’exploitation du barrage de Roseires afin que le Soudan puisse planifier ses projets agricoles.  À ses yeux, viser la perturbation des capacités agricoles du Soudan en imposant la domination unilatérale de l’Éthiopie sur la façon de remplir et d’exploiter le barrage de la Renaissance est donc une menace pour l’avenir.

Soucieux de préserver les liens pérennes entre les deux pays et la coopération régionale, le Soudan a participé de bonne foi à toutes les négociations tripartites sur le barrage de la Renaissance, depuis leur lancement en 2011, a-t-elle rappelé, évoquant l’échec récent de la proposition soudanaise visant à renforcer le Mécanisme africain de négociation en en faisant une médiation dirigée par l’Union africaine avec la participation de l’ONU, de l’Union européenne et de l’Afrique du Sud.  Un échec dû, là encore, a-t-elle affirmé, à « l’intransigeance de la position éthiopienne ».  Dans ces conditions, elle a souhaité que le Conseil de sécurité « assume ses responsabilités » en invitant les parties à reprendre les négociations sous l’égide de l’Union africaine, avec des observateurs et des médiateurs internationaux jouant des rôles de facilitation.  Elle lui a aussi demandé d’appeler l’Éthiopie à ne pas prendre des mesures unilatérales qui menaceraient des millions d’habitants derrière le barrage de la Renaissance.  Il faut que le remplissage et l’exploitation de ce barrage se fassent sur la base d’un accord juridiquement contraignant, a martelé la Ministre.  Un silence du Conseil à ce sujet enverrait, selon elle, le message qu’une action unilatérale préjudiciable aux intérêts du Soudan et de son peuple est « acceptable » et aurait des conséquences « désastreuses ».

M. SELESHI BEKELE AWULACHEW, Ministre de l’eau, de l’irrigation et de l’énergie de l’Éthiopie, a déclaré que le temps et les ressources du Conseil étaient inadaptés pour tenir des discussions sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance.  Rappelant qu’en juin 2020, les membres ont exhorté son pays, ainsi que l’Égypte et le Soudan, à poursuivre leurs négociations dans le cadre du processus dirigé par l’Union africaine, il a déclaré que son gouvernement l’avait fait de bonne foi.

« Le barrage hydroélectrique n’est pas le premier du genre en Afrique ou dans le monde, pas plus que le réservoir qui stockera l’eau et produira de l’électricité », a déclaré le Ministre éthiopien, précisant que le réservoir du Grand barrage est deux fois et demi plus petit que celui du Haut-Barrage d’Assouan en Égypte.  La seule chose qui distingue ce barrage des autres est l’ampleur de l’espoir qu’il suscite pour les 65 millions d’Éthiopiens qui n’ont pas accès à l’électricité.  Le Grand barrage, a-t-il martelé, est le « bon barrage construit au bon endroit » pour améliorer le sort de la population de l’ensemble de la région.  Il a dit la volonté de l’Éthiopie de coopérer avec l’Égypte et le Soudan dans intérêt mutuel.

« Malheureusement, nous sommes ici parce que l’Égypte, et plus récemment le Soudan, ont exprimé leur opposition à ce barrage hydroélectrique », a déploré le Ministre éthiopien, notant que ces deux pays ont construit des barrages et des canaux, grands et petits, sans tenir compte des droits des autres pays riverains et malgré les appels à la consultation de l’Éthiopie.  Soulignant qu’il n’existe aucune alternative viable au Grand barrage éthiopien de la Renaissance, il a fait observer que, contrairement à l’Égypte et au Soudan, l’Éthiopie n’a pas de réserves d’eau souterraine considérables et ne dispose pas d’eau de mer qui pourrait être dessalée.  Nous ne pouvons pas éviter d’utiliser l’eau du Nil, a-t-il dit, précisant que près de 70% de l’eau dont dispose l’Éthiopie se trouve dans le bassin du Nil.

M. Awulachew a rappelé que l’Union africaine est déjà saisie de la question et a regretté que le Conseil de sécurité soit appelé à se prononcer au sujet d’un projet de développement hydrique qui, a-t-il souligné, requière une solution hydrotechnique.  Il s’est déclaré convaincu que l’approche proposée par le Président Tshisekedi, en sa qualité de Président de l’UA, permettra de sortir du « bourbier » créé par « l’héritage colonial du bassin du Nil que l’Égypte et le Soudan sont déterminés à préserver ».  Il a par ailleurs affirmé que le remplissage fait partie du processus de construction du Grand barrage qui, a-t-il de nouveau insisté, est un instrument d’intégration régionale.

Notant que l’objectif de son pays est de maximiser les ressources en eau rares grâce à une utilisation durable et verte, il a dit sa conviction qu’un accord entre les trois États est à portée de main tout en avertissant que « l’Éthiopie ne répondra pas à des pressions et ingérences politiques ».  Il a confirmé la volonté de l’Éthiopie de continuer à négocier sous les auspices de l’Union africaine, afin de s’assurer que: « Aucun de nous ne devrait avoir soif en regardant l’autre boire. »  Il a appelé le Conseil de sécurité à résister aux efforts visant à le transformer en un organe d’appel pour les cours d’eau transfrontaliers.  La résolution de la « question du Nil » ne se trouve pas dans le Conseil de sécurité et ne peut que provenir de négociations menées de bonne foi, a-t-il souligné.  Le Ministre a appelé le Conseil de sécurité à renvoyer la question à l’UA avant d’encourager l’Égypte et le Soudan à parvenir à un règlement négocié sur le premier remplissage et l’exploitation annuelle du Grand barrage éthiopien de la Renaissance.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: fin de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida et appel solennel à l’occasion de la Trêve olympique 

Soixante-quinzième session,
77e séance - après-midi (reprise)
AG/12346

Assemblée générale: fin de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida et appel solennel à l’occasion de la Trêve olympique 

L’Assemblée générale a conclu, cet après-midi, sa Réunion de haut niveau de trois jours sur le VIH/sida qu’elle avait entamée le 8 juin dernier avec l’adoption, à l’issue d’un vote demandé par la Fédération de Russie, d’une Déclaration politique de 23 pages visant à « mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 ».   

Plus d’une vingtaine de délégations ont pris part à la fin du débat sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et des Déclarations politiques sur le VIH/sida.  Si elles se sont toutes engagées à redynamiser les efforts pour mettre fin à l’épidémie, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19, quelques délégations dont l’Iran ont suivi l’Arabie saoudite, en se dissociant d’une poignée de paragraphes de la Déclaration politique jugés controversés et incompatibles avec leurs valeurs culturelles et religieuses.  À l’inverse, la Belgique a salué l’adoption de la Déclaration politique, tout en appelant à être plus ambitieux encore.  Selon elle, l’éducation sexuelle complète est « cruciale » pour la lutte contre cette épidémie.  Les barrières structurelles doivent être levées, y compris celle du consentement parental, a-t-elle dit.

Le Ministre de la santé de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a rappelé à quel point la pandémie de COVID-19 au cours de ces 12 derniers mois a ajouté des contraintes à la lutte contre le VIH/sida.  Nos systèmes de santé doivent être renforcés et repensés, a-t-il lancé, en plaidant comme d’autres pour des partenariats avec la société civile, les organisations communautaires et confessionnelles et le secteur privé.  Mettre fin aux inégalités d’accès aux services de santé est la condition sine qua non pour stopper le VIH/sida, a estimé le spécialiste en chef au Ministère de la santé et de la population du Népal. 

« Nous avons transformé le VIH en une condition gérable », a témoigné en toute fin de séance le Vice-Président du Comité scientifique de l’entreprise pharmaceutique américaine Johnson & Johnson.  Il a fallu plus de 20 ans pour apprendre comment une thérapie antirétrovirale peut nous aider à guérir de cette maladie.  Il a annoncé la phase II de la mise au point d’un vaccin contre le VIH/sida dont les essais dévoileront leur résultat dans 12 mois. 

À l’ouverture de la séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence à la mémoire du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné hier.  Un hommage officiel lui sera rendu ultérieurement.

L’Assemblée générale a ensuite pris note de l’appel solennel* lancé par son Président à l’occasion de la trêve olympique pour les Jeux qui se tiendront à Tokyo, du 23 juillet au 8 août 2021, après un report d’un an du fait de la pandémie de COVID-19.  Par sa résolution 74/16 du 9 décembre 2019, l’Assemblée générale a demandé instamment aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tant individuellement que collectivement, tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des Jeux de la XXXIIe Olympiade au septième jour suivant la clôture des XVIe Jeux paralympiques.  

L’Assemblée a prévu une autre séance publique mercredi 21 juillet à partir de 11 h 30 pour se pencher sur la question de la sécurité routière.

*A/75/95

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES PRÉCÉDENTES

Suite du débat général

Mme ASIL SIDAHMED (Soudan) a déclaré que, bien que l’épidémie de VIH au Soudan soit considérée comme de faible intensité, elle affecte de manière disproportionnée certaines zones géographiques et populations.  Chaque pays, a plaidé la représentante, doit pouvoir définir « sa population clef », en fonction du contexte épidémiologique, social et économique national.  En ce qui concerne l’orientation et l’identité sexuelles, elle a souligné que son pays dispense une éducation « adaptée » à l’âge, au contexte culturel et à la législation nationale.  Les facteurs structurels de la pauvreté et de l’analphabétisme, ajoutés aux déplacements provoqués par de longues années de conflits armés au Soudan et dans les pays voisins, ont rendu une partie considérable de la population particulièrement vulnérable au VIH.  De plus, le système de santé fragmenté rend difficile les diagnostiques et le maintien des personnes vivant avec le VIH dans les centres de santé.  À la fin de l’année 2020, moins de 25% des personnes vivant avec le VIH étaient incluses dans les programmes de traitement.

La situation de COVID-19 a ajouté à la complexité de la situation, car la pandémie et ses mesures préventives affectent la disponibilité et l’accessibilité des services relatifs au VIH, et provoquent des interruptions dans l’approvisionnement en médicaments et produits nécessaires, a poursuivi la représentante.  Depuis le changement de régime en 2019, le Gouvernement a annulé la réglementation sur les restrictions liées aux voyages, à l’entrée et à la résidence, sur la base du statut VIH.  De plus, le pays vient de promulguer des lois sur la criminalisation des mutilations génitales féminines, une pratique qui représente une forme extrême de violence sexiste affectant les Soudanaises depuis trop longtemps, s’est félicitée la représentante.  Cependant, a-t-elle reconnu, des défis se posent toujours, en particulier en termes de faibles capacités et de financement de la riposte.  Le Gouvernement du Soudan attend donc avec impatience le soutien de la communauté internationale pour renforcer son système de santé.

Au fil des ans, le Népal a réussi à réduire de 55% les décès liés au sida et le taux de nouvelles infections de 64% entre 2010 et 2020, a indiqué M. ROSHAN POKHAREL, spécialiste en chef au Ministère de la santé et de la population du Népal, en affirmant que son pays continue de progresser.  Près de 83% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, plus de 79% d’entre elles suivent un traitement antirétroviral et environ 91% des personnes sous traitement ont une charge virale nulle.  Ces réalisations cachent cependant des lacunes dans l’accès aux services essentiels et à d’autres services connexes pour les personnes les plus à risque, a concédé le Ministre.

Mettre fin aux inégalités d’accès aux services de santé est la condition sine qua non pour mettre fin au sida, a dit le Ministre pour lequel il faut des réponses sur mesure pour les personnes qui s’injectent des drogues, les personnes transgenres, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe, les migrants, les détenus et autres personnes en milieu fermé.  Le Népal, a-t-il conclu, travaille en étroite collaboration avec la société civile et les organisations communautaires et s’engage à intégrer leurs expériences, leurs connaissances et leurs recommandations stratégiques dans la prochaine riposte nationale au VIH.  Le pays compte sur un niveau accru de coopération avec ses partenaires au développement pour réussir à atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.   

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte), au nom du Groupe restreint LGBTI, a rappelé que les personnes LGBTI n’étaient pas explicitement nommées dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida adoptée en 2001, alors qu’elles étaient en première ligne de la crise causée par ce virus.  Si elle a salué l’inclusion, en 2021, des personnes LGBTI dans tous les efforts visant à mettre un terme à l’épidémie, elle a néanmoins profondément regretté le fait que celles-ci ne soient pas encore nommées dans la Déclaration politique qui vient d’être adoptée.  Nous devons renforcer nos efforts pour l’autonomisation des personnes les plus vulnérables, y compris celles touchées par le VIH/sida, a-t-elle dit.  Mme Frazier a demandé l’élimination des lois et pratiques discriminatoires qui entravent une réponse efficace au VIH/sida, y compris la pénalisation d’une orientation sexuelle.  Elle a rappelé que les contaminations entre hommes gays ont augmenté de 25% depuis 2010, alors qu’elles ont diminué de la même proportion dans le reste de la population.  Sans des stratégies spécifiques reconnaissant la plus grande vulnérabilité de populations clefs, nous ne verrons pas la fin de la pandémie, a prévenu la représentante.  Enfin, Mme Frazier a déclaré qu’il ne sera pas possible de mettre fin au VIH/sida tant que les personnes LGBTI continueront de faire face à la violence, aux discriminations, à l’homophobie, à la transphobie et à l’intolérance, notamment dans l’accès aux soins.

M. JELTA WONG, Ministre de la santé de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a rappelé à quel point la pandémie de COVID-19 au cours de ces 12 derniers mois a ajouté des contraintes à la lutte contre le VIH/sida.  Nos systèmes de santé doivent être renforcés et repensés, a-t-il lancé, en plaidant pour des partenariats avec la société civile, les organisations communautaires et confessionnelles et le secteur privé.  Les pandémies, a ajouté le Ministre, nécessitent une réponse bien coordonnée dans les pays et à travers les frontières.  L’engagement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à travailler avec les populations clefs, telles que les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres et les prisonniers a démontré qu’il est possible de surmonter les inégalités d’accès aux services de santé, même s’il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le Ministre.  Il s’est dit vigoureusement attaché à la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et s’est engagé à soutenir les objectifs fixés dans la Déclaration politique adoptée le 8 juin dernier.

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) s’est félicité de l’adoption de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2021 et dit attendre « avec impatience » sa mise en œuvre effective.  Il a indiqué que cette épidémie reste l’une des principales causes de décès en Ouganda, et qu’avec l’apparition de la pandémie de COVID-19 l’année dernière, la charge qui pèse sur ses systèmes de santé s’est encore aggravée.

Afin de se remettre sur la voie de l’éradication du sida d’ici à 2030, l’Ouganda a fixé des objectifs ambitieux dans son troisième plan de développement national 2020/21-2024/25, conformément à la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026, entre autres.  Il a indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida était passé de 18% en 1990 à 6% à l’heure actuelle.  Au cours de la dernière décennie, le pays a également vu une réduction de 43% des nouvelles infections, et le nombre de morts dus au VIH/sida est passé de 53 000 en 2010 à 21 000 en 2019.

Parmi les défis qu’il reste à relever, le représentant a cité l’intensification des efforts de sensibilisation du droit à la santé lié au VIH, la création de programmes de prévention pour les populations clefs, l’élimination de la violence sexuelle et sexiste, ainsi que la stigmatisation et à la discrimination des personnes vivant avec le VIH.  Il a également évoqué la garantie de médicaments sûrs et équitables pour tous dans le but d’atteindre les objectifs de réduction de l’infection à VIH et des décès liés au sida d’ici à 2025.  À cet égard, une coopération et une coordination plus étroites au niveau international et au sein du système de l’ONU restent cruciales, a-t-il souligné.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a assuré que son pays s’est efforcé de promouvoir la santé des individus et de la société grâce à des mesures de soins et de prévention, tout en luttant contre la stigmatisation et la discrimination et en protégeant les droits des personnes qui souffrent du sida, dont les mères et les enfants.  La société est sensible à la question des relations sexuelles et des grossesses sûres.  En 2018, a poursuivi le représentant, un décret royal a créé un système de prévention relatif aux droits et devoirs des personnes contaminées, le sida étant considéré comme une maladie infectieuse.  En outre, les institutions sanitaires sont tenues de fournir les soins de santé nécessaires aux personnes infectées, ce qui a permis au Royaume de réduire de façon importante le nombre des infections. 

Nous avons, a souligné le représentant, participé aux négociations de manière constructive pour aboutir à des solutions qui prennent en compte les points de vue de chacun et n’aillent pas à l’encontre de la charia islamique.  Il s’est donc dissocié d’un certain nombre de paragraphes qui contiennent « des tournures extrêmement polémiques » et « donnent l’impression d’encourager des pratiques dangereuses, illégales, et moralement et religieusement inacceptables en Arabie saoudite ».  Il n’y a pas d’accord international sur certains libellés qui par ailleurs nuiraient gravement à la position unie qui a prévalu jusqu’à présent sur les droits de l’homme, a insisté le représentant.  En conclusion, il a réaffirmé le droit souverain de son pays à mettre en œuvre les éléments de la Déclaration politique compatibles avec son système juridique et avec la charia. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a considéré qu’une réponse efficace et appropriée au VIH/sida nécessite une solidarité mondiale continue et une responsabilité partagée pour garantir que les systèmes de santé soient suffisamment renforcés.  Nous avons besoin, a-t-il ajouté, d’une approche gouvernementale et sociétale holistique visant à éliminer toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH.  Cependant, malgré les progrès significatifs réalisés à cet égard, l’Iran, a souligné le représentant, continue de souffrir de mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis, en violation des buts et principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et des normes fondamentales des relations internationales.  « Mettre en péril la santé et la sécurité de populations entières à des fins politiques est non seulement illégal, mais aussi un crime de guerre et un crime contre l’humanité qui engage la responsabilité internationale », a martelé le représentant.  En conclusion, il a réitéré que la mise en œuvre des recommandations contenues dans les politiques relatives au VIH/sida, y compris la Déclaration politique, doit être conforme aux lois nationales et aux priorités de développement de chaque État Membre, tout en respectant pleinement les différentes valeurs religieuses et éthiques ainsi que les origines culturelles des peuples.

Notre pays est parmi les plus touchés de la région, a révélé Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama), et ce sont les jeunes de 20 à 34 ans qui sont aujourd’hui les plus affectés.  Le nombre annuel de cas de sida est toutefois passé de 48,1% en 2011 à 23,6% en 2019, soit une baisse de près de 25%.  En 2020, il y a eu une diminution significative qui peut-être est attribuable à l’impact de la COVID-19 et aux mesures de confinement, a reconnu la représentante.  Pour relever les défis de la COVID-19 au Panama, les organisations qui travaillent avec la population vivant avec le VIH ont mis en œuvre des initiatives via les réseaux sociaux afin que les groupes clefs puissent recevoir des soins et des traitements.

Mme Flores Tello a fait observer que depuis 2000, le Gouvernement panaméen a établi le cadre juridique pour l’éducation et la non-discrimination sur le VIH/sida et entre 2018 et 2019, une stratégie nationale pour l’extension de la couverture sanitaire qui met l’accent sur le VIH.  « Personne ne devrait mourir du sida »: tel est le titre de la campagne lancée le 18 mai dernier, promue par la fondation PROBISIDA, en collaboration avec le Ministère de la santé du Panama, a encore indiqué la représentante, précisant que le but est faire en sorte que davantage de personnes atteintes de la maladie reçoivent gratuitement un traitement antirétroviral.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a reconnu que des progrès ont été accomplis depuis l’identification des premiers cas de sida, grâce en grande partie aux efforts déployés et aux médicaments antirétroviraux.  Les nouvelles infections sont également tombées à 1,7 million en 2019, mais ce nombre est plus de trois fois supérieur à l’objectif fixé pour 2020.  Il ne fait aucun doute, a regretté le représentant, que les objectifs mondiaux fixés dans la Déclaration d’engagement de 2016 n’ont pas été respectés.  Selon M. Blanco Conde, de nombreux pays doivent encore intensifier leurs efforts pour atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.  Fin 2020, en République dominicaine, 38 270 personnes avaient accès à une thérapie antirétrovirale contre 20 247 en 2011, a précisé le représentant, et 82% de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique.  Le pays met en œuvre des politiques visant les populations clefs, avec une approche basée sur les droits de l’homme, la participation communautaire, l’amélioration de l’accès aux services et la confirmation des principes d’égalité et de non-discrimination.

M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a souligné que son pays soutient tous les efforts internationaux contre le VIH/sida et pour les personnes infectées.  Notre programme national, a-t-il dit, accorde la priorité à la sensibilisation et à la fourniture des meilleurs soins de santé possibles.  Pour garantir la santé pour tous et éliminer le VIH/sida d’ici à 2030, le Fonds du développement du Qatar a versé la somme de 50 millions de dollars au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, a encore indiqué le représentant.

Mme SARA ZALANYI (Hongrie) s’est dite convaincue qu’avec un effort collectif supplémentaire, il sera possible de mettre fin à ce fléau une fois pour toutes.  Mon pays, a-t-elle souligné, s’est fermement engagé à contribuer à la réalisation de cet objectif qui ne nécessite pas seulement des politiques audacieuses mais aussi la volonté politique, le soutien professionnel et des ressources humaines et financières suffisantes.  La représentante a décliné trois mesures essentielles à mettre en œuvre, parmi lesquelles un soutien financier durable à la prévention, au dépistage et au traitement; l’augmentation du taux de dépistage; et enfin la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH/sida, en accordant une attention particulière aux groupes à risque dans les zones rurales, où les taux de détection sont plus faibles.

En Hongrie, a encore indiqué la représentante, chaque patient séropositif a accès aux médicaments antirétroviraux les plus récents, « presque gratuitement ».  Les personnes séropositives reçoivent des soins principalement dans les hôpitaux centraux et les centres de soins spécialisés dans les maladies infectieuses.  Grâce à ces politiques efficaces, le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées séropositives est inférieur à 200, et 42 cas de sida ont été recensés en Hongrie en 2020, pour une population d’environ 9,8 millions d’habitants.  L’exemple de la Hongrie démontre qu’il est effectivement possible de prévenir, de repousser et de supprimer le VIH/sida par une action globale et ciblée, s’est enorgueillie la représentante. 

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a indiqué que son gouvernement continue d’intensifier ses efforts dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida, afin d’atteindre, à l’horizon 2030, les objectifs de zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH.  À cet égard, les autorités maliennes continueront de s’atteler particulièrement à la fourniture de services sanitaires et à l’accès des populations, notamment les couches les plus vulnérables, aux programmes complets de prévention, de traitement et de soins », a assuré le représentant.  Cependant, les progrès accomplis restent très fragiles, surtout dans le contexte de la crise sécuritaire que traverse le Mali depuis 2012, a-t-il reconnu.  Un autre défi majeur porte sur l’arrêt du soutien financier des partenaires, a ajouté M. Coulibaly, qui a dit ne pas oublier la problématique de l’orpaillage traditionnel et artisanal.

Pour lui, la meilleure réponse à ces défis est la mutualisation des efforts et l’intensification de la coopération internationale, afin d’éviter l’interruption des services, la dispersion du personnel de santé, la rupture du traitement et le dysfonctionnement dans l’accès audit traitement.  Il nous faut également des ressources et travailler davantage à une plus forte mobilisation des acteurs nationaux, notamment le secteur privé et la société civile, y compris les leaders traditionnels et religieux, dans la mise en œuvre de nos politiques et programmes de prévention et de lutte contre le VIH/sida, a conclu le représentant.

Mme HAIFA ALI E. N. ALNASER (Koweït) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration politique de 2016, avec la baisse des décès relatifs au sida et des nouvelles infections.   Mais ces progrès ne sont que peu de choses par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés, a-t-elle averti.  La stigmatisation et l’exclusion sociale font que le VIH/sida continue de constituer un danger pour la santé publique.  De plus, la pandémie de COVID-19 a mis à nu les faiblesses des systèmes de santé et les inégalités dans le monde, d’où l’importance de renforcer la coopération entre les diverses entités des Nations Unies pendant la période 2021-2026 qui est celle de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida.  La représentante s’est ensuite associée à l’Arabie saoudite et d’autre pays pour souligner que la Déclaration politique doit aller de pair avec les législations nationales et les valeurs religieuses et culturelles.  Elle a mis l’accent sur l’importance de la famille, de la prévention et de la sensibilisation, et vanté le cadre juridique que son pays a renforcé pour garantir les droits des personnes atteintes du virus, dont le respect de l’anonymat. 

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a expliqué qu’avec une population d’à peine deux millions d’habitants, le Lesotho fait partie des pays les plus durement touchés par l’épidémie de VIH/sida avec un taux de prévalence de 23%.  Les principaux moteurs de la pandémie du VIH continuent d’être, mais sans s’y limiter, la pauvreté, les migrations, la violence sexuelle et les faibles niveaux de connaissance en matière de prévention et de transmission parmi la population.  Malgré tout, le Lesotho a réalisé des progrès significatifs dans la riposte au VIH au cours des deux dernières décennies, a affirmé le représentant en expliquant que 90% des personnes vivant avec le VIH au Lesotho connaissent leur statut sérologique; 97% des personnes qui connaissent leur statut VIH suivent un traitement antirétroviral et que 92% des personnes qui suivent ce traitement n’ont plus de charge virale.

Compte tenu des progrès réalisés à ce stade, le Gouvernement du Lesotho a ajusté ses objectifs de VIH à 95-95-95 d’ici à 2023.  De plus, grâce à l’adoption d’une stratégie de service de dépistage du VIH différenciée, la politique de dépistage et de traitement a débouché sur une amélioration dans la couverture des traitements antirétroviraux.  L’adoption de politiques pertinentes a entraîné une réduction de 75% de l’incidence du VIH, passant d’environ 20 000 nouvelles infections avant 2016 à 5 000 nouvelles infections en 2020.  Les décès liés au VIH et au sida ont également baissé de 40%, passant d’environ 7 800 décès à 4 800 décès en 2019.  M. Monyane a ensuite indiqué que les restrictions de mouvement imposées pour faire face à la pandémie de COVID-19 avaient provoqué une réduction significative du nombre d’identification de cas de VIH et une augmentation du taux d’interruption des traitements.

M. IBRAHIMA KOMARA (Guinée) a indiqué que les crises d’Ebola et de COVID-19 en Guinée ont mis en lumière les faiblesses du système de santé.  Cela s’est traduit par un recul de l’utilisation des services généraux qui a affecté les efforts de dépistage ainsi que la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Fort de ce constat le Gouvernement guinéen intervient sans relâche pour reconstruire le système de santé afin de compenser les revers subis par les plans d’intensification de la lutte contre le VIH durant la crise Ebola et la COVID-19.

Il a indiqué que la Guinée a aujourd’hui une séroprévalence du VIH relativement faible de 1,5%.  Parmi les autres résultats tangibles, il a cité la prise en charge en ARV de 61 000 personnes vivant avec le VIH, le dépistage annuel de plus de 500 000 femmes enceintes et le traitement prophylactique ARV en PTME de 3 000 femmes enceintes par an.

En vue de réussir le combat entamé depuis de longues années par la communauté internationale, les discours doivent céder la place aux actions concrètes, a-t-il souligné, évoquant notamment l’augmentation significative du budget de l’État dans la lutte contre le VIH/sida, l’éradication de la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH et la pleine participation des organisations de la société civile.

M. JEAN-FRANÇOIS BRACKMAN (Belgique) a déclaré qu’en l’absence d’une éradication complète de l’épidémie, il est indispensable de maintenir un niveau ambitieux d’action et d’investissement.  Il a souligné que la lutte contre le VIH/sida relève d’une responsabilité́ politique collective et a fait savoir que la lutte contre le VIH/sida fait partie intégrante de l’appui de la coopération belge au renforcement des systèmes de santé des pays partenaires.  En outre, la Belgique a contribué́ à hauteur de 13,5 millions d’euros au budget de l’ONUSIDA entre 2017 et 2020, et a également versé 60 millions d’euros au Fonds mondial durant la même période pour la lutte contre le VIH/sida. 

Le représentant a salué l’adoption de la Déclaration politique, tout en appelant à être plus ambitieux encore.  L’éducation complète à la sexualité́ est cruciale dans la lutte contre cette épidémie, et les barrières structurelles doivent être levées, y compris celle du consentement parental, a-t-il souligné.  Il a aussi plaidé pour une inclusion des services aux porteurs du VIH/sida par la couverture santé universelle, tout en garantissant un rôle pour la société́ civile et les initiatives menées par les communautés. 

Mme AYA KAMAL IBRAHIM HASSAN (Égypte) a déclaré que son gouvernement accorde une grande importance à la lutte contre le VIH/sida, l’objectif étant non seulement de réduire les risques de contamination mais aussi de fournir des soins médicaux de qualité à l’ensemble de la population, sans discrimination aucune.  Nous avons l’ambition, a souligné la représentante, de garantir la couverture sanitaire universelle, y compris pour les personnes atteintes du VIH.  Elle a insisté sur l’effort particulier consenti dans le cadre de la pandémie de COVID-19, avant de rappeler l’importance de l’éducation, de la famille et de la religion dans la sensibilisation aux dangers du VIH/sida et d’insister sur le « droit souverain » de chaque État de mettre en œuvre la Déclaration politique, en fonction de son contexte socioculturel. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a souligné la grande importance que son pays attache à la santé mondiale et au contrôle des maladies infectieuses.  La réalisation de la couverture sanitaire universelle basée sur le principe de la sécurité humaine est un pilier de l’action diplomatique du Japon, a-t-il aussi souligné.  Le représentant a blâmé la discrimination et les inégalités socioéconomiques qui entravent l’accès aux services de santé.  Il a jugé essentiel d’avoir une coopération étroite entre les autorités financières et sanitaires pour garantir des ressources durables dans la riposte contre le VIH/sida.  Le Japon, a-t-il dit, appuie les investissements dans l’innovation pour un meilleur rapport qualité/ prix, s’agissant notamment des soins adaptés aux enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire.  « Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas », a martelé le représentant.

M. CHET DONOVAN NEYMOUR (Bahamas) a déclaré que, dans son pays, des progrès considérables ont été faits pour mettre fin au VIH/sida, avec une diminution de 53% des nouvelles infections, au cours de la décennie écoulée.  Mais, a-t-il reconnu, nous devons continuer d’adapter les stratégies pour répondre aux besoins de tous, y compris les personnes vivant avec le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes transgenres et les personnes incarcérées.  Nous n’avons pas, s’est enorgueilli le représentant, de lois contre les relations homosexuelles entre adultes consentants.  À l’avenir, le Gouvernement des Bahamas se concentrera sur les priorités stratégiques consistant à maximiser l’accès équitable et égal aux services et solutions; éliminer les obstacles aux progrès; et fournir ressources et soutien à la riposte.

M. KYAW MOE TUN, (Myanmar) a regretté que le coup d’état militaire du 1er février dernier ait réduit les efforts nationaux, notamment la mise en œuvre du Plan stratégique sur le VIH/sida 2016-2020.  Les actions « brutales, inhumaines, systématiques et ciblées » des militaires contre les civils se poursuivent.  Au 10 juin 2021, un total de 5 965 personnes ont été arrêtées, 4 804 étaient toujours en détention, 1 936 faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt et 860 personnes, dont des femmes, des filles et des enfants, étaient « impitoyablement » assassinées.  Ces actes de violence et d’inhumanité, s’est alarmé le représentant, menacent l’accès à l’aide humanitaire et aux services essentiels, notamment aux soins de santé. 

Alors que la communauté internationale est tout à fait d’accord pour mettre immédiatement fin à la violence contre les civils, les militaires « meurtriers » continuent de violer le droit international et d’entreprendre des actions « disproportionnées et aveugles » contre les civils.  Le représentant a appelé à la fin immédiate de tous les actes « brutaux et inhumains » contre les civils et le personnel de santé, « une question de la plus haute importance ».

Si Mgr FREDRIK HANSEN (Saint-Siège) a salué les progrès accomplis au cours de ces cinq dernières années, et même au cours des 20 dernières années, depuis la première Réunion de haut niveau sur le VIH/sida, il a estimé que ces progrès s’accompagnent toutefois de reculs et de défis permanents.  Il a cité, à cet égard, le taux des infections qui ont certes considérablement diminué dans de nombreux endroits, mais augmenté dans d’autres.  Sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH, 12 millions ne sont toujours pas traitées, dont 7 millions qui ne connaissent pas leur statut.  En outre, la pauvreté, le manque d’éducation et la médiocrité des soins de santé contribuent à la fois au risque d’infection et aux difficultés d’accès au dépistage et au traitement.

Pour Mgr Hansen, l’épidémie mondiale de VIH ne prendra pas fin tant que l’on ne s’attaquera pas aux causes profondes de sa propagation, notamment les comportements à risque et les relations irresponsables, en particulier chez les jeunes.  Il a milité en faveur d’une appropriation nationale, la sensibilité culturelle et l’implication des communautés, essentielles pour garantir le succès de la riposte.  Il a rappelé que le Saint-Siège a organisé cinq dialogues de haut niveau sur les lacunes en matière de prévention et de traitement du VIH et de la tuberculose chez les enfants, lesquels ont abouti au « Plan d'action Rome 2020 », adopté en novembre dernier.  Le Saint-Siège croit fermement que « nous pouvons nous remettre sur la voie de l’éradication du VIH/sida si chacun s’engage à faire sa part ».

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a indiqué que son organisation travaille à l’intersection de la santé publique, du droit et du développement.  Depuis 2009, elle s’emploie à promouvoir une réponse au VIH/sida fondée sur les droits.  Mme Beagle a ainsi rappelé le rôle central du droit, des droits de l’homme et de l’accès à la justice dans la riposte mondiale au VIH.  Comme la pandémie de COVID-19 l’a rappelé, tous les États ont besoin de cadres juridiques et politiques efficaces pour faire face aux défis importants de santé publique, en particulier pendant les urgences. 

L’IDLO promeut un soutien juridique plus efficace aux personnes vivant avec le VIH, en fournissant une assistance technique, une éducation juridique et une aide au renforcement des capacités du personnel judiciaire, de la société civile et des populations vulnérables, a expliqué Mme Beagle. 

Elle a jugé essentielle l’autonomisation des personnes et des communautés, car les personnes qui sont conscientes de leurs droits, dont celui à une réparation, sont mieux à même de contester les lois discriminatoires, les normes sociales et les stéréotypes qui ont tant contribué au coût humain de l’épidémie de sida.  Il faut, a insisté l’intervenante, s’attaquer de toute urgence aux inégalités et à la discrimination sous-jacentes qui restent l’obstacle le plus important à l’éradication du sida d’ici à 2030.

M. DUARTE PACHECO, Président de l’Union interparlementaire (UIP), a indiqué que forte du poids de 179 parlements nationaux et de 46 000 parlementaires, l’UIP a toujours reconnu le VIH/sida comme une menace majeure au bien-être social et au développement.  L’UIP a adopté une Déclaration à l’occasion de cette Réunion de haut niveau, appelant les parlements à exercer pleinement leurs pouvoirs pour réaliser le droit à la santé et mettre fin au sida d’ici à 2030.  Nous savons, a dit le Président, que la législation est un moyen d’améliorer l’accès aux services de santé et d’éradiquer le VIH.  Les parlementaires peuvent faire entendre la voix des communautés dans les lois et les politiques et empêcher les inégalités entre les sexes, les inégalités sociales et autres de rendre plus vulnérables les femmes, les personnes vivant avec le VIH et les populations clefs. 

Pour inverser la tendance des infections et des décès liés au sida et à la COVID-19, il faudra également, a poursuivi le Président, affecter « plus efficacement » les ressources au secteur de la santé.  Malgré les pressions budgétaires aggravées par la pandémie de COVID-19, investir dans la lutte contre le VIH/sida, « c’est investir dans un avenir plus égal, plus juste et plus prospère pour tous ».  Dès lors, l’UIP appelle tous les pays et toutes les parties prenantes à renouveler leur engagement et à s’unir pour accélérer les progrès dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026.  Nous sommes pleinement engagés dans notre partenariat avec ONUSIDA et nous nous réjouissons de continuer de jouer notre rôle dans la riposte au VIH/sida.  S’il y a une leçon à retenir de la pandémie de COVID-19, c’est « que si nous restons les bras croisés, des gens souffrent et meurent ».

Mme CECILIA CHUNG, Observatrice du Presidential Advisory Council on HIV/AIDS – US CAUCUS, a demandé aux États Membres de laisser de côté leurs divergences pour mettre un terme non pas à une pandémie mais à deux, celles du VIH et de la COVID-19.  Mais pour y parvenir, il faut davantage de ressources et de coopération, a souligné l’activiste, avant d’implorer la communauté internationale de tenir compte des personnes vulnérables, en particulier des personnes transgenres comme elle, qui refusent d’être de « simples statistiques ».

M. ALLAN MALECHE, Directeur exécutif de « Kenya Legal Ethical Network on HIV/AIDS », a souligné que la vraie pandémie, c’est la discrimination et la criminalisation des personnes vivant avec le VIH.  Il a aussi dénoncé les inégalités entre les sexes et la tuberculose comme la première cause de mortalité chez ces personnes.  Le moment est venu d’agir, a-t-il dit, notant que les pays riches se montrent réticents à financer ONUSIDA.  Dans certains cas, a-t-il accusé, ils préfèrent adopter des lois contre l’identité des gens ou se battre sur des libellés agréés depuis longtemps.  Les États Membres, a tancé l’activiste, doivent respecter les droits de l’homme et s’engager à élargir l’accès à des médicaments abordables.

M. PAUL STOFFELS, Vice-Président du Comité scientifique de l’entreprise pharmaceutique « Johnson & Johnson », a reconnu que beaucoup de progrès ont été réalisés depuis le début de la pandémie de VIH/sida.  Nous avons transformé le VIH en une condition gérable, a-t-il dit, même si de très nombreuses personnes sont encore infectées chaque année.  Il a évoqué son travail « difficile » à l’hôpital, avant le développement des traitements.  Il nous a fallu, a-t-il rappelé, plus de 20 ans pour apprendre comment une thérapie antirétrovirale peut nous aider à guérir la maladie.  Nous avons pu arrêter la progression du VIH grâce à la combinaison de plusieurs médicaments développés notamment par « Johnson & Johnson », s’est-il enorgueilli.  Mais le plus important est d’éduquer les gens à la prévention du VIH et aux mesures prophylactiques.   Nous n’éradiquerons pas le VIH sans un vaccin, a averti l’intervenant, avant de confirmer que son entreprise en est à la phase II de la mise au point d’un vaccin dont les essais dévoileront leur résultat dans 12 mois.  « Nous devons continuer de trouver les moyens de travailler ensemble », a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel, marquée par un fort climat d’insécurité et un recul de la démocratie

8814e séance - matin
CS/14575

Le Conseil de sécurité examine la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel, marquée par un fort climat d’insécurité et un recul de la démocratie

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, l’évolution de la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel, marquée par un climat d’insécurité dans le Sahel et le bassin du lac Tchad, et « l’impression croissante d’un recul de la démocratie dans toute la région », d’après le rapport du Secrétaire général sur la question, présenté par son Représentant spécial et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS).

À la suite d’élections présidentielle et législatives, de nouveaux gouvernements ont été installés dans plusieurs pays de la région, a souligné M. Khatir Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest.  Au Niger, par exemple, on a assisté au tout premier transfert de pouvoir d’un président élu à un autre, même si la tentative de coup d’État qui a suivi démontre que pour renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale, il faut faire preuve d’une vigilance constante et déployer des efforts soutenus.  M. Annadif a également salué des avancées encourageantes en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Togo ou encore en Guinée.

Mais ce tableau positif a-t-il regretté, a été assombri par les attentats qui continuent d’être perpétrés dans le Sahel et le bassin du lac Tchad par des groupes terroristes et extrémistes violents, les enlèvements, le banditisme et les violences intercommunautaires, qui ont entraîné une nouvelle augmentation de l’insécurité et des déplacements dans un certain nombre de pays.

Outre les défis sécuritaires, M. Annadif a mis l’accent sur les défis liés aux processus électoraux, à la représentation des femmes et des jeunes dans les instances de décision et aux changements climatiques.  Si les retombées de la pandémie de COVID-19 ont été moins graves que ce que l’on craignait initialement, celle-ci a néanmoins entraîné un ralentissement de l’économie et une forte augmentation de la pauvreté, des inégalités et de la vulnérabilité aux violences sexuelles et fondées sur le genre, un sujet sur lequel a témoigné la Présidente du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme (RIDDEF), Mme Chantal Ayemou.  Elle a déploré que les mutilations génitales féminines ainsi que les mariages forcés et précoces, bien que proscrits par la loi, persistent dans la région, et insisté sur le droit à l’éducation des filles et l’accès des femmes à la propriété foncière.

De nombreuses délégations se sont inquiétées de la situation humanitaire de la sous-région, où, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, près de 29 millions de personnes au Sahel ont eu besoin d’assistance et de protection en 2021, soit cinq millions de plus qu’au début de 2020.

S’exprimant au nom des A3+1, à savoir le Kenya, le Niger, la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Niger s’est félicité de l’approche régionale adoptée par l’UNOWAS sur la question du lien entre climat et sécurité, notamment par le lancement du groupe de travail régional sur les changements climatiques, l’environnement, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest, un approche susceptible de produire des « solutions intégrées et harmonisées » aux risques liés aux changements climatiques.

Sur le plan sécuritaire, le groupe a salué les progrès « remarquables » réalisés dans la poursuite de l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, qui a également été renforcée par un mécanisme de suivi et d’analyse des incidents civils.  Toutefois, malgré les efforts nationaux, régionaux et internationaux jusque-là déployés pour combattre le terrorisme, il est regrettable de constater une détérioration de la situation sécuritaire dans la zone d’opérations.  Conjuguée à l’impact de la pandémie de la COVID-19, cette crise expose les pays de la région à une situation socioéconomique particulièrement difficile, a averti le Niger. 

Rappelant que des centaines de civils et de membres des forces de défense et de sécurité ont été tués ces derniers mois, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la France a jugé indispensable de doter les pays de la région des moyens de lutter contre le terrorisme.  « Pour cela, la Force conjointe du G5 Sahel doit être soutenue », a insisté le représentant avant de souligner qu’il attendait avec impatience le rapport du Secrétaire général, en septembre, qui examinera des options pour améliorer ce soutien.  Pour prévenir une extension de l’insécurité, la France a encouragé l’UNOWAS et les Nations Unies à mener des actions de prévention au sud du Mali, au sud-ouest du Burkina Faso et au nord de la Côte d’Ivoire, en s’appuyant sur le Fonds pour la consolidation de la paix.

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays soutenait les partenaires africains pour trouver des solutions régionales, notamment par le biais du Groupe des amis du golfe de Guinée du G7, qu’il copréside avec le Sénégal.  Il a expliqué que le Royaume-Uni a négocié un plan d’action pour sauver des millions de personnes de la famine, dont 267 millions de livres d’aide destinée aux communautés du nord-est du Nigéria.

Notant que l’UNOWAS est confronté à des défis « vastes et difficiles » pour faciliter la médiation politique, fournir une assistance aux institutions de l’État et mettre en œuvre la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, le représentant russe a déclaré que son succès dépend de son travail conjoint avec l’Union africaine, le Groupe de cinq pays du Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad.

Face à tous ces défis et la nécessité de restaurer la confiance entre l’État et les populations, les délégations ont salué le lancement, par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de la Facilité de stabilisation du Liptako-Gourma qui vise à redéployer l’autorité de l’État et à fournir des services aux populations dans les territoires reculés du Sahel.  « Ces objectifs sont en phase avec ceux du "sursaut civil et politique" agréés au Sommet de Ndjamena », a-t-il aussi été dit.

S’agissant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, les membres du Conseil se sont inquiétés de l’augmentation de la piraterie dans ces eaux.  L’Inde a ainsi noté 17 incidents de piraterie au cours des derniers mois dont certains ont touché des marins indiens.  Des mesures sont nécessaires dans le golfe de Guinée, qui reste « le point chaud » de la piraterie dans le monde, a renforcé la Norvège avant de préciser que cette menace pour la navigation internationale a des effets néfastes sur le développement durable des États côtiers, ainsi que d’autres pays de l’intérieur.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST - S/2021/612

M. KHATIR MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pourl’Afrique de l’Ouest et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a expliqué que le rapport examiné aujourd’hui s’articule autour des principaux défis que rencontrent les pays de la sous-région.  À cet égard, il a cité les défis sécuritaires, les défis liés aux processus électoraux, les défis liés à la représentation des femmes et des jeunes dans les instances de décisions et les défis liés aux changements climatiques.  

Il a d’abord estimé que les défis sécuritaires créés par les actes terroristes dans le Liptako-Gourma et dans le bassin du lac Tchad ainsi que par la criminalité le long des côtes du golfe de Guinée doivent être abordés sous l’angle régional.  Après avoir souligné que les risques d’une jonction entre la menace venant de la mer et celle venant du Sahel sont réels, le Chef de l’UNOWAS a salué l’Initiative d’Accra, exemple d’approche régionale, qui regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.

M. Annadif a noté une nette amélioration de la coordination entre le plan d’action de la CEDEAO, la stratégie régionale de stabilisation du bassin du lac Tchad et la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, afin de consolider cette approche globale et une stabilisation à long terme.  

S’agissant des défis liés aux processus électoraux, conséquence d’un déficit de dialogue politique et surtout du manque de consensus sur les principes fondamentaux des différents scrutins, il a indiqué que l’UNOWAS, en coordination avec la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), déploie des efforts pour améliorer les échanges entre les ministres de la justice, la coopération judiciaire et le partage d’expériences entre les principaux acteurs qui devraient promouvoir l’état de droit dans la région conformément au Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO.  Il a indiqué que les prochaines élections à Cabo Verde et en Gambie se présentent sous de meilleurs auspices.  

S’agissant de la question des femmes, le Représentant spécial a noté une dynamique positive en cours pour ce qui concerne la représentation des femmes et des jeunes dans les instances de décisions, avant de saluer les avancées des législations nationales sur les quotas ou sur la parité.  Par ailleurs, il a assuré que le système des Nations Unies est pleinement mobilisé pour veiller à ce que l’aide au développement atteigne efficacement les populations du Sahel grâce à des réponses inclusives, durables et centrées sur les personnes.  « Nous avons renforcé l’autonomisation des femmes et des filles et la promotion de l’égalité des genres, notamment à travers le Groupe des amis des femmes du Sahel récemment créé », a-t-il précisé avant de citer une approche en direction des jeunes en tant qu’agents de changement et de transformation, et pas seulement en tant que bénéficiaires. 

Face aux conflits persistants entre agriculteurs et éleveurs dans la région, M. Annadif a indiqué que l’UNOWAS continue de coprésider un groupe de travail régional des Nations Unies sur les questions d’agriculteurs-éleveurs et la prévention des conflits.  « Compte tenu de l’urgence de lutter contre l’insécurité climatique, l’UNOWAS, en collaboration avec des agences des Nations Unies, a lancé un groupe de travail régional des Nations Unies sur les changements climatiques, la sécurité, l’environnement et le développement », a-t-il encore signalé. 

Tout en notant que l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ont plutôt bien résisté à la pandémie de COVID-19, grâce à des efforts concertés aux niveaux national et régional, le Chef de l’UNOWAS a exhorté les Nations Unies et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à continuer d’accompagner les pays, car la pandémie continue d’affecter la sécurité et la situation socioéconomique des populations. 

Mme CHANTAL AYEMOU, Présidente du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme (RIDDEF), a consacré son intervention par vidéoconférence aux avancées majeures enregistrées depuis la conférence de Beijing et aux défis prioritaires en matière de réalisation des droits des filles et des femmes en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest.  À ce titre, Mme Ayemou a cité l’adoption de la loi réprimant les mutilations génitales féminines, la réforme de la sécurité permettant l’ouverture de l’École militaire préparatoire technique et de la Gendarmerie aux jeunes filles, la création de l’Observatoire national de l’équité et du genre ainsi que l’adoption de la loi sur l’école obligatoire pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans. 

L’intervenante a également évoqué l’adoption en Côte d’Ivoire de la loi sur la participation politique des femmes aux Assemblées, exigeant 30% de représentation des femmes sur les listes des partis politiques.  Toutefois, a-t-elle nuancé, malgré ces dispositifs favorables à l’égalité des sexes dans plusieurs pays de la région, les inégalités persistent.  En 2020, la Côte d’Ivoire occupait sur ce point le cent cinquante-troisième rang sur 162 pays selon le PNUD.  L’occasion pour Mme Ayemou d’énumérer les défis auxquels font face la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, rappelant que seulement 39,42% des filles scolarisées au primaire arrivent au secondaire: la mortalité liée à la maternité avec 239 décès pour 100 000 naissances, contre 12 décès pour 100 000 naissances dans les pays développés; l’accès à la propriété foncière pour les femmes qui reste marginal; les mutilations génitales féminines ainsi que les mariages forcés et précoces qui persistent bien que proscrits par la loi. 

Pour remédier à cette situation, la Présidente du RIDDEF a fait quelques recommandations aux États Membres, suggérant notamment de mettre en place des programmes holistiques d’appui à la scolarisation pour la réalisation du droit à l’éducation de la fille.  Elle a également préconisé d’adopter une approche multisectorielle dans la résolution des questions de santé de la femme, et de garantir des voies de recours aux femmes pour améliorer leur accès à la propriété foncière.  

Enfin, pour lutter contre les violences basées sur le genre, Mme Ayemou a préconisé l’adoption d’une loi spécifique.  Quant à l’amélioration de la représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions, elle passe, selon elle, par un renforcement des institutions étatiques de promotion du leadership féminin en politique et par l’amélioration de la représentation politique de la femme à travers des lois spécifiques.  

S’agissant de la sécurité des femmes face aux effets des changements climatiques, la Présidente de la RIDDEF a suggéré de sensibiliser les politiques et programmes climatiques en Afrique de l’Ouest à la question du genre et de permettre aux femmes de prendre des initiatives. 

S’exprimant au nom des A3+1, à savoir le Kenya, Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie et le Niger, M. ABDOU ABARRY (Niger), s’est félicité de l’approche régionale adoptée par l’UNOWAS sur la question du lien entre climat et sécurité, notamment par le lancement du groupe de travail régional sur les changements climatiques, l’environnement, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest, une approche susceptible de produire des « solutions intégrées et harmonisées » aux risques liés aux changements climatiques. 

Sur le plan sécuritaire, le groupe a salué les progrès remarquables réalisés dans la poursuite de l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, qui a également été renforcée par un mécanisme de suivi et d’analyse des incidents civils (CITAC/MISAD).  Toutefois, malgré les efforts nationaux, régionaux et internationaux jusque-là déployés pour combattre le terrorisme, il est regrettable de constater une détérioration de la situation sécuritaire dans la zone d’opérations.  Conjuguée à l’impact de la pandémie de COVID-19, cette crise expose les pays de la région à une situation socioéconomique particulièrement difficile.  

Pour les A3+1, il est dès lors nécessaire d’évaluer les besoins en vue de répondre aux différentes menaces de même qu’il est nécessaire de rationaliser et d’harmoniser les stratégies tant sur le plan sécuritaire, que sur celui du développement, ont-ils préconisé.  « Le soutien de l’UNOWAS est, à cet égard, autant nécessaire pour renforcer les partenariats régionaux et sous-régionaux que pour faire face aux menaces transfrontalières et transversales, à la paix et à la sécurité », a ajouté le Niger.  Dans le même ordre d’idées, le plan d’action 2020-2024 de la CEDEAO pour l’éradication du terrorisme devrait être davantage soutenu, en termes de financement, a-t-il précisé.

M. Abarry a ensuite affirmé que la région ouest-africaine n’est « ni productrice ni consommatrice de ces drogues »; elle est simplement victime de sa fragilité en matière de sécurité et de contrôle des frontières, ce qui en fait une zone de transit, a-t-il argué.  « Par conséquent, tant que les régions d’origine et de destination finale n’assumeront pas correctement leurs responsabilités pour prévenir la production et trouver une solution durable à la consommation croissante des drogues, les efforts des Nations Unies et des pays d’Afrique de l’Ouest resteront vains », a mis en garde le A3+1.

Sur le plan humanitaire, les effets de la COVID-19 et l’insécurité alimentaire, les niveaux élevés de déplacement et les effets néfastes des changements climatiques, qui ont augmenté à un rythme inquiétant, appellent des actions de solidarité urgentes avec la région, a poursuivi le représentant.  Toutefois, si les vaccins ont progressivement commencé à atteindre la région, la lenteur de ce processus et les quantités limitées reçues, de même que les réticences de certaines populations à se faire administrer le vaccin, suscitent de vives inquiétudes.  Par ailleurs, les A3+1 soulignent la nécessité d’accroître les contributions au Plan de réponse humanitaire pour le Sahel, qui, à la mi-juin, n’avait reçu que 16% des 2,7 milliards de dollars nécessaires à sa mise en œuvre. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a considéré que la gouvernance démocratique est cruciale pour la paix et la stabilité à long terme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Elle s’est félicitée des transitions démocratiques récentes au Niger et des efforts soutenus de réconciliation au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo.  En même temps, elle s’est dite préoccupée par la tendance actuelle au renversement des valeurs démocratiques dans la région, en particulier les évènements récents au Mali.  Plus que jamais, la fonction des « bons offices » de l’UNOWAS est essentielle, a dit la représentante.  Elle a souligné l’importance de l’engagement des jeunes et de l’accès à une éducation de qualité, en particulier pour les filles.  Elle a condamné les attaques persistantes contre les écoles, en particulier les enlèvements au Nigéria.  « Les écoles doivent être protégées dans toute la région. »  

L’Irlande condamne également les attaques contre des civils, en particulier au Niger et au Burkina Faso, a poursuivi Mme Byrne Nason.  Elle s’inquiète de l’augmentation de l’insécurité, de l’exploitation par des groupes armés des tensions intercommunautaires, et, en particulier, des attaques dans les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, notamment le nord de la Côte d’Ivoire.  « Il est clair que les changements climatiques sont l’un des moteurs des conflits dans la région. »  La détérioration de la situation humanitaire, en particulier la montée de l’insécurité alimentaire dans le Sahel central et le bassin du lac Tchad, est aussi très préoccupante.  « Il y a un besoin urgent d’une réponse à grande échelle pour résoudre ce problème. »  L’Afrique de l’Ouest et le Sahel recèlent un vaste potentiel de croissance, a rappelé la représentante, avant d’appeler les partenaires régionaux à se concentrer sur leur engagement politique en faveur de la gouvernance démocratique, des droits de l’homme et de la coopération. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est inquiété des menaces auxquelles sont confrontés les pays de la région, en citant le terrorisme, les conflits intercommunautaires persistants, et un trafic de stupéfiants qui se développe.  Le représentant russe a aussi noté que de nombreuses institutions sociales, écoles et centres médicaux n’ont pas pu ouvrir en raison de problèmes de sécurité et de la COVID-19.  Néanmoins, il a relevé que les pays ont réussi à progresser dans le respect de leurs cycles électoraux.  Il a dit la nécessité d’assurer la transparence et le strict respect de la souveraineté avant de fustiger l’ingérence d’acteurs extérieurs.  Il a appelé en outre au bon déroulement du référendum constitutionnel et des élections au Mali. 

Notant que l’UNOWAS est confronté à des défis « vastes et difficiles » pour faciliter la médiation politique, fournir une assistance aux institutions de l’État et mettre en œuvre la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, il a déclaré que son succès dépend de son travail conjoint avec l’Union africaine, le G5 Sahel et la Commission du bassin du lac Tchad.  Il a souligné la valeur ajoutée de la coopération régionale pour lutter contre la piraterie et avancer sur la question de la démarcation de la frontière camerounaise.  Il a qualifié d’« absurde » le maintien des sanctions contre la Guinée-Bissau.  

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a estimé important que l’UNOWAS reste concentré sur son mandat et travaille avec les gouvernements nationaux et les organisations régionales, en particulier la CEDEAO.  Le représentant a relevé des progrès notables sur la voie de la démocratie et de la bonne gouvernance réalisés en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, notamment en matière de réconciliation, de réformes constitutionnelles et de renforcement de la participation des femmes aux structures de gouvernance.  « L’environnement politique en Afrique de l’Ouest est plus dynamique et inclusif que jamais. »  M. Raguttahalli a invité ceux qui soulignent les aspects négatifs de l’évolution de la situation à garder à l’esprit que, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, ce Conseil avait l’habitude de traiter plusieurs points de l’ordre du jour spécifiques à chaque pays.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui.  Ces développements positifs méritent, à ses yeux, l’appréciation sans équivoque de ce Conseil.  Avec d’autres élections prévues dans les mois à venir, les pays de la région ont besoin du soutien continu des partenaires bilatéraux et de la communauté internationale.

Par ailleurs, l’Inde attache une grande importance à ses relations avec la région de l’Afrique de l’Ouest, a souligné le représentant, évoquant l’ouverture de cinq nouvelles missions diplomatiques dans la région et de quatre autres prévues d’ici à la fin de l’année.  L’Inde a, jusqu’à présent, accordé des prêts à taux réduit d’un montant de 3,3 milliards de dollars pour des projets dans les secteurs de l’agriculture, de l’irrigation, de l’approvisionnement en eau, de l’énergie, de l’énergie solaire et de la santé.  Dans le cadre du Fonds de partenariat pour le développement Inde-Nations Unies, elle fournit également neuf millions de dollars pour des projets de subsistance dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest. 

Mme ALICIA BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a considéré que le résultat combiné des défis auxquels la région est confrontée a un impact démesuré sur la population civile.  Elle s’est dite préoccupée par les attentats de plus en plus meurtriers de ces derniers mois, comme ceux du Burkina Faso et du Niger.  « Tout aussi inquiétante est la confrontation croissante entre les groupes terroristes et le nombre d’enlèvements d’enfants.  La violence continue d’être la principale cause pour laquelle à l’heure actuelle plus de 29 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans la région, en plus de forcer de nombreuses autres à quitter leurs lieux d’origine. »   Face à ce panorama alarmant, la protection de la population civile doit être une priorité absolue pour les États de la région et pour les forces internationales présentes dans la zone, a indiqué la représentante.

Selon Mme Buenrostro Massieu, la lutte contre le terrorisme dans la région doit être menée dans le plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Elle a donc déploré les violations des droits de l’homme commises par des acteurs nationaux et internationaux, qui sont incompatibles avec le droit international, créent de nouveaux griefs parmi les communautés affectées et délégitiment les institutions, il est donc essentiel d’enquêter et de les punir correctement.  Enfin, la déléguée a jugé nécessaire d’adopter des stratégies globales pour résoudre les problèmes socioéconomiques structurels qui alimentent l’extrémisme violent.  Pour cette raison, le Mexique a estimé que le développement durable et l’accès aux services de base, tels que l’éducation et la santé en Afrique de l’Ouest et au Sahel, doivent être au cœur des actions de renforcement et de déploiement des institutions étatiques.

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a appuyé les activités de l’UNOWAS auprès des pays de l’Afrique de l’Ouest dans leur lutte simultanée contre de multiples fléaux, sécuritaires, humanitaires et climatiques.  Il est essentiel que tous les pays de la région redoublent d’efforts pour lutter contre le terrorisme et de renforcer la sécurité des populations civiles et des personnels de l’ONU dans la sous-région, a-t-elle souligné, plaidant en faveur d’un financement davantage prévisible des opérations de maintien de la paix déployées sur place.  La représentante a en conclusion réitéré le soutien de son gouvernement à la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS). 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a déclaré que la sécurité au Sahel est la préoccupation régionale dominante.  Il a encouragé l’UNOWAS à se concentrer sur la promotion de mesures coordonnées pour lutter contre les facteurs de conflit.  Face à l’insécurité sur les côtes du golfe de Guinée, le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays soutenait les partenaires africains pour trouver des solutions régionales, notamment par le biais du Groupe du G7 des Amis du golfe de Guinée, qu’il copréside avec le Sénégal.  Il a expliqué que le Royaume-Uni a négocié un plan d’action pour sauver des millions de personnes de la famine, assorti d’une promesse initiale de 267 millions de livres sterling d’aide destinée aux communautés du nord-est du Nigéria. 

Saluant la tenue d’élections pacifiques en Côte d’Ivoire et au Niger, et les préparatifs électoraux en Gambie et à Cabo Verde, le délégué a fait part de ses préoccupations concernant les violences observées en marge des élections au Bénin et en Guinée.  Il a également appelé au rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali et au Tchad.  Dans ce contexte, il a encouragé l’UNOWAS à favoriser le dialogue comme moyen de résoudre les différends.  Préoccupé par l’impunité pour les violations des droits, il a invité l’UNOWAS à appeler à un renforcement de la responsabilité et du respect des normes des droits de l’homme.  Il a également appelé à examiner plus avant ce que les États -et les Nations Unies- peuvent faire pour lutter contre l’insécurité, encourager les parties à autoriser l’accès humanitaire, et aider les États à se faire les champions de l’égalité des droits et du rôle des femmes dans la région. 

M. RICHARD MILLS (États-Unis) s’est félicité du récent partenariat entre l’UNOWAS et d’autres organisations pour lancer un groupe de travail régional qui se penchera sur les questions liées aux changements climatiques, à l’environnement, à la sécurité et au développement en Afrique de l’Ouest.  M. Mills a, par ailleurs, concentré son intervention sur trois domaines d’intérêt pour l’UNOWAS: le renforcement de la démocratie, l’arrêt du terrorisme et le soutien aux solutions communautaires à la violence.  Tout d’abord, il a salué le travail acharné de l’UNOWAS pour soutenir les élections et les gouvernements de transition dans la région du Sahel.  Cette année, malgré l’instabilité politique et des manifestations violentes, le Niger a connu son premier transfert de pouvoir entre présidents: « une réussite remarquable ».  Le représentant a, cependant, regretté la tendance inverse au Mali.  À cet égard, les États-Unis sont aux côtés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la communauté internationale pour appeler au retour de l’ordre constitutionnel au Mali par des élections démocratiques en février 2022.  Condamnant la détention d’anciens responsables du Gouvernement de transition, il a demandé leur libération « immédiate et inconditionnelle ». 

M. Mills a déploré que des groupes terroristes continuent de s’attaquer aux civils et aux soldats de la paix de l’ONU dans tout le Sahel.  Il a soutenu les efforts visant à contrer les groupes extrémistes violents.  Il a également condamné les récentes attaques au Burkina Faso qui ont tué 138 personnes, dont de nombreux enfants, et dénoncé l’utilisation d’enfants soldats.  Face à la violence intercommunautaire, le représentant a reconnu les efforts de la CEDEAO et de l’UNOWAS pour promouvoir la sécurité et la stabilité à long terme dans tout le Sahel.  « Nous soutenons fermement et accueillons favorablement les projets menés par les communautés pour répondre à ces préoccupations », a-t-il dit, car après tout, « les communautés affectées par cette violence sont les mieux placées pour savoir comment l’arrêter ». 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a rappelé que les 18 derniers mois ont été particulièrement importants dans les processus démocratiques en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, en raison du nombre d’élections organisées dans plusieurs États de la région.  « Alors qu’un certain nombre de ces élections se sont déroulées dans un environnement relativement pacifique, nous restons préoccupés par la perception croissante dans la région d’un espace politique et civique en train de se rétrécir. »  Le représentant a également souligné l’importance d’une participation pleine, égale et significative des femmes à tous les aspects des processus politiques.  « Si le renforcement du cadre normatif sur l’inclusion des femmes est positif, la réalité en termes de représentation des femmes dans les gouvernements et parlements nationaux reste clairement insuffisante », a-t-il dit. 

M. Jürgenson s’est dit alarmé par la détérioration de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, considérant comme essentiel que les États de la région continuent de renforcer leur coopération entre eux et avec la communauté internationale.  Néanmoins, une approche centrée sur la sécurité ne suffira pas à elle seule à apporter une paix et une stabilité durables en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, a-t-il observé.  Il est, selon l’Estonie, crucial de s’attaquer aux causes profondes des conflits, de prendre en compte les griefs sous-jacents de la société et de garantir l’accès aux services sociaux de base.  Pour M. Jürgenson, le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité sont des éléments essentiels pour parvenir à une stabilité à long terme dans la société.  « La responsabilité des atteintes aux droits humains et des violations du droit international humanitaire est essentielle pour restaurer la confiance de la population et soutenir le processus de réconciliation. »

Consciente des défis auxquels sont encore confrontés les enfants et les civils dans la région, Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé le massacre de Solhan au Burkina Faso.  Non seulement il y avait des enfants parmi les victimes, mais des enfants ont également été utilisés par des acteurs terroristes pour perpétrer l’attaque.  La représentante a condamné le ciblage continu des enfants – pour enlèvement et en tant que victimes de violence sexuelle et sexiste.  « Les auteurs de tels crimes doivent répondre de leurs actes conformément au droit national et international. »  Nous déplorons également les enlèvements répétés d’écoliers contre rançon au Nigéria, a poursuivi Mme Juul. 

Le Conseil de sécurité doit rester vigilant et trouver des moyens de soutenir les réponses régionales au terrorisme – qui se propage de manière inquiétante vers le large, a demandé Mme Juul.  Des mesures sont nécessaires dans le golfe de Guinée, qui reste « le point chaud » de la piraterie dans le monde.  Outre la menace pour la navigation internationale, la piraterie a également des effets néfastes sur le développement durable des États côtiers, ainsi que d’autres pays de l’intérieur.  La Norvège souligne en outre la nécessité d’une planification océanique durable - pour jeter les bases d’une économie côtière pacifique et prospère.  Enfin, a signalé la représentante, la Norvège a récemment présenté sa nouvelle stratégie holistique pour le Sahel.  Celle-ci reflète ses priorités globales au Conseil: la diplomatie de la paix, la participation et les droits des femmes, la protection des civils, et le climat et la sécurité. 

M. DAI BING (Chine) s’est félicité de l’évolution en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel marquée globalement par une situation stable.  La communauté internationale devrait encourager les parties à régler leurs différends à travers le dialogue et la consultation, a-t-il dit.  De même, elle devrait soutenir la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine et continuer à jouer un rôle de fer de lance, tout en respectant le leadership et la souveraineté des pays de la région et en fournissant un soutien constructif.  L’UNOWAS devrait fournir une assistance technique lors des élections générales à venir, a-t-il rappelé. 

Poursuivant, M. Dai a relevé la situation fragile au niveau sécuritaire, citant les atteintes à la sécurité civile et les attentats qui ont fait beaucoup de victimes civiles.  Reprenant à son compte les propos du Secrétaire général, il a estimé qu’une approche sécuritaire n’est pas suffisante.  En effet, a-t-il ajouté, il faut intégrer la gouvernance, le développement et la dimension communautaire si l’on veut traiter les causes profondes des conflits.  La communauté internationale doit continuer d’appuyer les pays de la région et les aider à renforcer leurs capacités dans les domaines du maintien de la paix et la stabilité et de la lutte contre le terrorisme.  En matière sécuritaire, la Chine propose de traiter conjointement les défis, tels que la drogue et la piraterie dans le golfe de Guinée.  Revenant sur le dernier sommet de la CEDEAO, le représentant s’est félicité de la série de mesures importantes annoncées pour renforcer l’intégration économique régionale, y compris la création d’une zone de libre échange continentale et la mise en place d’une monnaie unique pour l’Afrique de l’Ouest.  Il a, par ailleurs, salué les efforts des pays de la région dans leur lutte contre la pandémie qui méritent « notre reconnaissance ».  À l’heure actuelle, le virus continue à se propager en Afrique, a-t-il averti, appelant la communauté internationale à fournir des médicaments, des financements et un accès à la technologie et à garantir la mise à disposition des vaccins. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit horrifié par les massacres récents au Burkina Faso.  Dans ce pays, mais également au Mali et au Niger, des centaines de civils et de membres des forces de défense et de sécurité ont été tués ces derniers mois, a-t-il rappelé.  « Cette situation impose de réagir.  Nous devons doter les pays de la région des moyens de lutter contre le terrorisme.  Pour cela, la Force conjointe du G5 Sahel doit être soutenue.  Nous attendons avec impatience le rapport du Secrétaire Général, en septembre, qui examinera des options pour améliorer ce soutien », a déclaré le représentant.  L’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, inaugurée en juin dernier en Côte d’Ivoire et soutenue par la France, est également un projet essentiel pour faire face au terrorisme, selon lui.  En outre, il a encouragé la coopération des pays côtiers avec ceux du Sahel, les opérations conjointes entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali étant des initiatives prometteuses.  

Pour prévenir une expansion de l’insécurité, la France a encouragé l’UNOWAS et l’ONU à mener des actions de prévention dans le sud du Mali, le sud-ouest du Burkina Faso et le nord de la Côte d’Ivoire.  Le Fonds pour la consolidation de la paix est un outil pertinent à cet égard.  Elle a par ailleurs salué le lancement, par le PNUD, de la Facilité de stabilisation du Liptako-Gourma, qui vise à redéployer l’autorité de l’État et à fournir des services aux populations dans les territoires reculés du Sahel.  « Ces objectifs sont en phase avec ceux du “sursaut civil et politique” agréé au Sommet de Ndjamena », s’est félicité M. de Rivière. 

Sur le plan politique, la France a salué la tenue des élections législatives en Côte d’Ivoire, en mars, et au « Cap Vert », en avril, tout en formant le vœu que l’élection présidentielle en Gambie, prévue en décembre, se déroule dans des conditions apaisées.  « Les élections sont une étape importante et peuvent être complétées, quand c’est nécessaire, par des processus de dialogue politique et de réconciliation », a préconisé le représentant.  En Guinée, il a pris note de l’annonce d’un nouveau cadre permanent du dialogue politique et social, appelant tous les acteurs politiques à s’engager sincèrement en faveur de ce processus, qui doit inclure l’opposition parlementaire et extra-parlementaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour la RDC prévient qu’il « reste encore beaucoup à faire » avant le retrait responsable de la MONUSCO

8813e séance – matin 
CS/14573

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour la RDC prévient qu’il « reste encore beaucoup à faire » avant le retrait responsable de la MONUSCO

La Représentante spéciale du Secrétaire général a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité que la transition de la Mission pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dépend en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans l’est du pays, et que sur ce point, il « reste encore beaucoup à faire » avant que la Mission puisse se retirer de manière responsable, sa transition dépendant en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans ces régions.

Intervenant par visioconférence depuis Kinshasa, Mme Bintou Keïta a appelé à intensifier l’engagement politique dans la recherche de solutions non militaires aux conflits dans l’est de la RDC, mais aussi à parvenir à un accord avec le Gouvernement sur un ensemble de repères de transition qui lie clairement le programme d’action du Gouvernement, adopté par l’Assemblée nationale le 26 avril, à l’ajustement de la présence de la MONUSCO. 

« Ce qui relie clairement le travail à accomplir pour la stabilisation politique et sécuritaire de la RDC, et le départ ultime de la MONUSCO, c’est le plan d’action du Gouvernement », a-t-elle déclaré, avant d’expliquer que celui-ci comprend des éléments concernant la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, un nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS), et l’engagement d’organiser des élections nationales et locales en 2023. 

Mme Keïta a indiqué qu’un groupe de travail conjoint entre le Gouvernement, la MONUSCO et les agences concernées a été lancé le 5 juillet dans le but d’appuyer la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement et dont la première tâche sera de produire le plan de transition qui, a-t-elle précisé, sera soumis au Conseil de sécurité en septembre.

La Chef de la MONUSCO a également relevé qu’outre la mobilisation des ressources, la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement dépendra largement de la stabilité de l’Union sacrée de la nation, la nouvelle coalition politique mise en place en avril.  À cet égard, elle a estimé important que les manœuvres politiques liées aux préparatifs et à la gestion du processus électoral de 2023 ne détournent pas l’attention de la mise en œuvre des réformes indispensables.   Dans ce contexte, elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que les élections de 2023 se tiennent dans les délais constitutionnels, prévenant par ailleurs des conséquences potentiellement dangereuses d’un débat clivant sur la nationalité. 

Lors de cette séance, les membres du Conseil, qui étaient saisis du rapport du Secrétaire général (S/2021/587) couvrant la période 19 mars au 18 juin 2021, ont été nombreux à abonder dans ce sens, marquant notamment leur préoccupation face à la situation dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, sous état de siège depuis le 6 mai dernier.

L’état de siège mis en place dans ces provinces doit rester transparent, limité dans le temps et respectueux des droits humains et du droit international, a martelé le Royaume-Uni, tandis que les États-Unis ont appelé à s’attaquer aux causes profondes de la violence, notamment en luttant contre l’exploitation illégale des minerais et le trafic d’armes.

Pour relever tous les défis dans l’est du pays, les États-Unis ont aussi appelé à mettre pleinement en œuvre les engagements pris au titre du l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin, notamment, de renforcer la sécurité, mettre fin à l’impunité pour les violations des droits humains et les abus, et soutenir la stabilité.  Même son de cloche du côté de la Fédération de Russie qui a jugé « déconcertante » « l’incapacité » des autorités congolaises à résoudre le problème de l’exploitation illicite des ressources naturelles.

Sur ce point, la Chine a suggéré de renforcer la coopération régionale pour enrayer l’exploitation illicite des ressources minières ainsi que le trafic d’armes légères et de petit calibre.  Une approche défendue également par le Kenya qui, au nom des A3+1, a appelé à renforcer la présence de l’État dans les zones riches en minéraux et sa capacité à gérer l’ensemble du continuum d’extraction des ressources naturelles.  Il est indispensable de s’assurer que les recettes de l’exploitation minière profitent au peuple congolais, au développement national et à la consolidation de la paix, a insisté la délégation.

De son côté, l’Inde a estimé que la « diplomatie régionale proactive » du Gouvernement permettra de répondre aux problèmes dans l’est du pays, tandis que l’Irlande s’est félicitée des efforts déployés par le Président Tshisekedi en sa capacité de Président de l’Union africaine pour approfondir l’engagement de l’Union africaine dans la région.   

Face à l’évolution de l’emploi de bombes artisanales à Beni et l’augmentation des attaques des groupes armés, la France a jugé impératif de recentrer la MONUSCO sur les provinces de l’est.   « Les moyens de protection des civils doivent être entièrement mobilisés par la Mission, conjointement avec les Forces armées de la RDC », a insisté la délégation pour qui la stabilisation de l’est du pays doit rester une priorité pour le nouveau Gouvernement.  « Cela passe par la mise en œuvre de la stratégie de désarmement-démobilisation-réinsertion qui doit prévenir un nouveau cycle de violences », a-t-elle dit avant d’appeler à poursuivre la réforme de la police et de l’armée.

À ce sujet, la République démocratique du Congo (RDC) a indiqué que la mise en place du régime d’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a permis des avancées significatives dans le cadre de la lutte contre les groupes armés réfractaires et la pacification de l’est de la RDC.  La proclamation de l’état de siège et les résultats obtenus à ce jour constituent une opportunité que « nous devons capitaliser » afin d’éradiquer toutes ces forces négatives et d’en finir une fois pour toutes avec le cercle vicieux de la violence imposé par « les groupes armées et leur mafia », a-t-elle affirmé. 

Pour autant, certaines délégations, à l’instar notamment de la Norvège et de l’Irlande, se sont inquiétées des graves défis liés à la protection des civils et aux besoins humanitaires, exacerbés par l’éruption du mont Nyiragongo en mai dernier.  La pandémie de COVID-19 est un autre défi auquel doit faire face la RDC et notamment les femmes, a par ailleurs souligné Mme Ritha Kibambe, Directrice adjointe du Laboratoire de biologie médicale de la Clinique Ngaliema de Kinshasa, qui a concentré son intervention sur les difficultés structurelles et conjoncturelles qui ont fait de la gestion quotidienne de la crise de la COVID-19 une « épreuve titanesque ».

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2021/587)

Déclarations

Mme BINTOU KEÏTA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC) et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que ce qui relie clairement le travail à accomplir pour la stabilisation politique et sécuritaire de la RDC, et le départ ultime de la MONUSCO, c’est le plan d’action du Gouvernement.  Celui-ci comprend des éléments concernant la protection des civils et la neutralisation des groupes armés, un nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS), et l’engagement d’organiser des élections nationales et locales en 2023, a-t-elle détaillé. 

Ce plan d’action, adopté par l’Assemblée nationale le 26 avril, a également marqué l’investiture du nouveau Gouvernement du Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge.  Elle a aussi constaté avec « satisfaction » que le nouveau Gouvernement compte 15 femmes à des postes ministériels, soit une augmentation de presque 30% par rapport au dernier Gouvernement.  La nomination de la première femme au poste de gouverneure de la Banque centrale du Congo (BCC) est une autre manifestation de cette tendance encourageante, a-t-elle souligné. 

Mme Keïta a indiqué avoir travaillé avec le Premier Ministre pour mettre en place un groupe de travail conjoint entre le Gouvernement, la MONUSCO et les agences concernées, qui appuiera la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement et supervisera le processus de transition de la Mission.  Son lancement s’est tenu le 5 juillet, et sa première tâche est de produire le plan de transition qui sera soumis à ce Conseil en septembre, a-t-elle précisé.

Pour la Représentante spéciale, la mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement dépendra largement de la mobilisation des ressources nécessaires, mais également de la stabilité de la nouvelle coalition politique mise en place en avril, l’Union sacrée de la nation.   À cet égard, elle a estimé important que les manœuvres politiques liées aux préparatifs et à la gestion du processus électoral de 2023 ne détournent pas l’attention de la mise en œuvre des réformes indispensables. 

Dans ce contexte, elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que les élections de 2023 se tiennent dans les délais constitutionnels et encouragé les responsables des institutions, formations politiques et responsables de la société civile concernés à travailler ensemble pour rassurer le pays sur l’organisation crédible et indépendante du processus électoral de 2023.  Dans la même veine, elle a souligné la nécessité d’organiser des élections inclusives et apaisées, en prenant garde aux conséquences potentiellement dangereuses d’un débat clivant sur la nationalité.  « Ceci, ainsi que l’encouragement à la pleine mise en œuvre du plan d’action du Gouvernement, est l’objet actuel de mes bons offices », a-t-elle indiqué. 

Sur un autre registre, la Représentante spéciale a alerté que la situation sécuritaire dans les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu reste très préoccupante.  De plus, l’éruption du mont Nyiragongo le 22 mai -qui a entraîné un important mouvement de population- a encore exacerbé les vulnérabilités existantes dans les zones entourant Goma.  Notant que la transition de la Mission dépend en grande partie du retour de la paix et de la stabilité dans ces régions, elle a estimé qu’il « reste encore beaucoup à faire avant que la MONUSCO puisse se retirer de manière responsable ». 

La Mission continue de mettre en œuvre une stratégie holistique pour faire face aux défis sécuritaires dans l’est, ce qui inclut le maintien d’un dispositif robuste pour contrer les menaces contre la population civile.  À cet égard, elle a fait part de sa satisfaction que la reconfiguration et le renforcement de la brigade d’intervention de la force sont en bonne voie avec le déploiement de la force de réaction rapide tanzanienne en mai et l’arrivée des trois autres forces de réaction rapide dans un avenir proche.  De même, la capacité de la MONUSCO à recueillir des informations tactiques pertinentes a été renforcée.  En outre, la force soutient la formation de 1 700 soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la province de l’Ituri, ce qui, a-t-elle espéré, contribuera à renforcer la protection des civils dans la région. 

Toutefois, a-t-elle nuancé, les moyens militaires ne peuvent à eux seuls apporter des solutions durables.  Sans le rétablissement de l’autorité de l’État, un plan de réforme du secteur de la sécurité significatif et la réconciliation des communautés locales, il est peu probable que nous assistions à des progrès durables.  Il faut, a-t-elle insisté, mettre l’accent sur les nombreux besoins sociaux, économiques et de gouvernance, notamment en lien avec la gestion de l’appareil sécuritaire; répondre aux défis liés à la réforme foncière; et améliorer la gouvernance dans le secteur minier.

Mme Keïta a ensuite annoncé que le cadre juridique du PDDRCS a été promulgué par le Président le 5 juillet et que la MONUSCO a élaboré un projet de stratégie pour soutenir son opérationnalisation, en mettant particulièrement l’accent sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants nationaux et étrangers actifs en Ituri, dans les Kivu et au Tanganyika. 

La MONUSCO a également accéléré son engagement politique dans les zones de conflit, ce qui inclut ma récente intervention dans le contexte de la violence intercommunautaire en cours dans les hauts plateaux du Sud-Kivu, a-t-elle poursuivi.  Dans cette province, la Mission aide le Gouvernement à faire avancer un processus politique plus large en faveur de la stabilisation, qui comprendra des réunions entre les gouverneurs du Sud-Kivu et ceux des régions voisines du Rwanda et du Burundi, ainsi que des forums réunissant des représentants des femmes, des jeunes et du secteur privé. 

Elle a indiqué que les relations entre la RDC et l’Ouganda et la RDC et le Rwanda, en particulier, ont pris un tournant, comme l’ont démontré les récentes rencontres entre le Président Tshisekedi et le Président Museveni, puis avec le Président Kagame.  Elle a espéré que cela pourra servir de tremplin à une stabilisation politique plus large dans la région des Grands Lacs. 

Poursuivant, Mme Keïta a fait savoir que l’état de siège déclaré au Nord-Kivu et en Ituri le 6 mai demeure en vigueur, et insisté sur la nécessité de respecter strictement les droits de l’homme et le droit international humanitaire dans ce contexte.  Par ailleurs, en ligne avec la stratégie conjointe pour le retrait progressif de la MONUSCO, la Mission a cessé ses activités dans la région des Kasaï le 30 juin. 

En résumé, la Représentante spéciale a énuméré les tâches immédiates et principales qui incombent à la Mission, à savoir notamment: soutenir activement la mise en œuvre du programme d’action du Gouvernement; encourager la mise en place des conditions permettant aux élections de 2023 de se tenir à temps et de manière consensuelle; intensifier l’engagement politique dans la recherche de solutions non militaires aux conflits dans l’est de la RDC tout en augmentant la pression sur les groupes armés par une posture plus active de la Force.  Il s’agit également, a-t-elle ajouté, de parvenir à un accord avec le Gouvernement sur un ensemble de repères de transition qui lie clairement le programme d’action du Gouvernement à l’ajustement de la présence de la Mission. 

Mme RITHA KIBAMBE, Directrice adjointe du Laboratoire de biologie médicale de la Clinique Ngaliema de Kinshasa, a mis l’accent sur les défis auxquels les femmes ont fait face et continuent à faire face durant la pandémie de COVID-19 en RDC, attirant l’attention sur les difficultés structurelles et conjoncturelles qui ont fait de la gestion quotidienne de la crise de la COVID-19, une «  épreuve titanesque ».  Elle a cité l’histoire de Godelive et Thérèse, chargées de la « Prévention Contrôle des Infections » dans l’un des plus grands centres COVID de la ville-province de Kinshasa, qui ont dispensé des formations à plus de 300 agents hospitaliers pour limiter les contaminations au niveau des unités de soins. 

Elle a expliqué que la RDC manquait d’outils de protection individuelle du personnel.  « Nous avons de sérieux problèmes de communication dans nos communautés et les gens ne croient pas à la maladie, moins encore au vaccin », s’est-elle inquiétée.  Par ailleurs, elle a mis l’accent sur les grands défis logistiques liés à la prise en charge dont la disponibilité de l’oxygène, d’ambulances, de médicaments, de moniteurs cardiaques.  Malgré un appui de la Banque mondiale pour mettre de l’oxygène à disposition des hôpitaux, Mme Kibamba a souligné les difficultés d’acheminement de cet oxygène en raison de la pénurie de bonbonnes vides et de véhicules de transport.  La nécessité d’une production intra-hospitalière d’oxygène s’impose.  

Mettant l’accent sur l’impact particulièrement négatif de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation et sur les familles, elle a expliqué que les confinements ont perturbé le calendrier scolaire.  « Ni les parents d’élèves, ni leurs professeurs n’étaient préparés pour un enseignement à distance », a-t-elle expliqué avant d’appeler à des solutions urgentes pour l’amélioration de la qualité de l’éducation dont un accompagnement numérique de l’enseignement, ainsi qu’un apprentissage obligatoire de l’utilisation des outils des technologies de l’information dès l’école primaire. 

Mme Kibambe a également exhorté le Conseil de sécurité à apporter un appui réel, efficace et durable à la gestion de cette pandémie en RDC en mettant l’accent sur la femme « qui est au centre de la vie de la famille en Afrique ».  Elle a aussi insisté sur la nécessité de renforcer le système sanitaire de la RDC afin de permettre aux communautés d’accéder à des soins de qualité, et aux professionnels de santé d’exercer en toute sécurité.

« En innovant pour un système sanitaire national solide et moderne qui fait de la place au secteur public mais aussi au privé, nous pourrons assurer la couverture universelle des maladies et l’organisation des ripostes aux défis de santé », a-t-elle encore dit.  Elle a aussi appelé à financer la recherche en médecine et la production locale des intrants de santé ainsi que des médicaments.  Il faut aussi renforcer le système de communication et la sensibilisation au sein de nos communautés et créer des structures d’accompagnement de l’éducation, a-t-elle ajouté.

M. DAI BING (Chine) a estimé que la situation politique actuelle en RDC est positive, se félicitant de la formation du nouveau Gouvernement et de l’adoption de son plan d’action triennal.  Ceci démontre, selon lui, la détermination du Président Tshisekedi et du Gouvernement de maintenir la paix et la sécurité au niveau national, et de promouvoir les réformes.  La Chine espère donc travailler de concert avec la RDC pour atteindre ces objectifs. 

Le délégué a toutefois fait part de sa préoccupation face à la situation sécuritaire dans l’est de la RDC qui reste inquiétante.  Il a dit espérer que le Gouvernement s’efforcera de promouvoir le désarmement, la démobilisation et la réintégration communautaire.  Au niveau régional, il a exhorté à renforcer la coopération pour faire face à l’exploitation illicite des ressources minières et enrayer le trafic d’armes légères et de petit calibre.  Il a constaté, en outre, que la situation humanitaire demeure grave, citant notamment la pandémie de COVID-19, la résurgence des cas d’Ebola et de la récente éruption volcanique.  Se félicitant de la création d’un programme de crédit pertinent par plusieurs institutions financières mondiales, il a exhorté les autres partenaires internationaux à intensifier leur soutien.  À la lumière du retrait progressif de la MONUSCO, il a également appelé les agences des Nations Unies et d’autres partenaires à accroître leur contribution aux efforts de consolidation de la paix, tout en promettant le soutien continu de la Chine.

Au nom du Groupe A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. MARTIN KIMANI (Kenya) a pris note de la déclaration de l’état d’urgence dans les provinces orientales touchées par le conflit.  Il a exhorté les Nations Unies, ainsi que les partenaires financiers et techniques, à soutenir et renforcer les capacités des institutions nationales chargées de l’état de droit, la sécurité et le développement inclusif afin de créer des environnements propices à une paix durable.  Il s’est félicité de la mise en place d’un programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation (PDDRCS) par le Gouvernement, et a pris note de l’établissement d’un groupe de contact et de coordination mandaté en vue de l’éradication des forces hostiles dans la région des Grands Lacs.  Compte tenu du retrait progressif de la MONUSCO des Kasaï et de la région du Tanganyika, il a jugé essentiel d’élaborer un transfert efficace des tâches importantes aux autorités locales, notamment les réseaux d’alerte précoce.   

Par ailleurs, M. Kimani s’est déclaré gravement préoccupé par l’augmentation des incidents de violence, dont la violence sexuelle et sexiste dans l’est de la RDC.  Il s’est dit alarmé par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés (EEI) par des groupes armés tels que les ADF.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de l’exploitation illégale des ressources naturelles avant d’appeler à renforcer la présence de l’État dans les zones riches en minéraux et sa capacité à gérer l’ensemble du continuum d’extraction des ressources naturelles.  Enfin, il a jugé indispensable de s’assurer que les recettes de l’exploitation minière profitent au peuple congolais, au développement national et à la consolidation de la paix.  À ce titre, il a souligné le rôle important de la coopération régionale dans la mise en œuvre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Déclaration de Lusaka pour lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a estimé que les développements politiques de ces derniers mois illustrent la ferme volonté des dirigeants de la RDC de faire avancer le programme de réformes malgré les difficultés.  Le délégué a ainsi salué la formation d’une nouvelle coalition et l’installation d’un nouveau Gouvernement et dit espérer que la coalition au pouvoir et l’opposition continueront à travailler pour réduire les tensions politiques et relever les défis auxquels le pays est actuellement confronté. 

Sur le plan sécuritaire, notamment dans l’est de la RDC, les activités des groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF), sont une source de graves préoccupations.  Dans ce contexte, il a pris note de la déclaration de l’état d’urgence mis en place par le Gouvernement de la RDC dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.  « Nous espérons que l’administration militaire et les FARDC entreprendront des opérations pour neutraliser les groupes armés de manière efficace et répondre aux doléances de la population », a-t-il dit.  Il a également estimé que la « diplomatie régionale proactive » du Gouvernement permettra de répondre aux problèmes dans l’est du pays, l’engageant par ailleurs à accélérer la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation, entre autres.

Quant à la situation humanitaire qui s’est encore détériorée en raison de la pandémie et de l’éruption volcanique du mont Nyiragongo, le représentant a souligné que plus de 9 millions de personnes ont besoin d’aide, et espéré que le manque criant de financement du plan de réponse humanitaire sera comblé par l’aide généreuse de la communauté des donateurs. 

Il a par ailleurs indiqué que pendant l’éruption volcanique, les Casques bleus indiens ont sécurisé les actifs de l’ONU à l’aéroport de Goma, joué un rôle clef dans l’activation d’un centre de contrôle de crise, et aidé à assurer la sécurité de la population locale pendant l’évacuation. 

Mme ALICIA BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a salué les efforts visant à accroître la représentation des femmes lors de la formation du nouveau Gouvernement en RDC.  Elle a regretté que la violence se poursuive dans les provinces orientales malgré la récente prolongation de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri.  Elle s’est dit alarmée par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés, avant d’exhorter les autorités compétentes à renforcer les contrôles nationaux des matériaux utilisés pour fabriquer ces engins.  Concernant la situation humanitaire, la représentante a dit apprécier le travail des autorités nationales, des acteurs humanitaires et du personnel de la MONUSCO, pour soutenir la population touchée par l’éruption du volcan Nyiragongo.  Elle a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour faciliter l’accès universel, juste, équitable et abordable aux vaccins contre la COVID-19 pour l’ensemble de la population congolaise.  

Concernant le processus de retrait de la MONUSCO, Mme Massieu a pris acte du retrait des forces des provinces du Kasaï et du Kasaï-Central le 30 juin.  En ce qui concerne le processus de transition, elle a salué la formation du groupe de travail conjoint auquel participent diverses entités du Gouvernement de la RDC et des Nations Unies.  « Ce travail de coordination est essentiel pour établir les paramètres de référence qui permettront de poursuivre la réduction de la présence de la MONUSCO, et le transfert des fonctions aux autorités nationales », a insisté la représentante.  Elle a également jugé important d’assurer la continuité des tâches dans des domaines essentiels comme la prise en charge des enfants dans les conflits armés.

M. RICHARD M. MILLS, JR (États-Unis) a tout d’abord présenté ses condoléances à la famille et aux collègues de la caporale Kamanga, Casque bleue malawienne tuée le 10 mai alors qu’elle servait dans la MONUSCO.  Il a ensuite salué la formation du nouveau Gouvernement de la RDC, notant que celui-ci a une occasion historique de réaliser des réformes cruciales pour le peuple congolais.  Il s’est également félicité de la nomination d’un nombre record de femmes à des postes ministériels.

Le représentant s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et de l’augmentation du nombre de victimes parmi les civils suite aux attaques des ADF et d’autres groupes armés.  Alors que l’état de siège extraordinaire dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu se poursuit, il est essentiel que les services de sécurité respectent les droits humains et garantissent l’accès humanitaire dans toutes les zones touchées par le conflit, a-t-il estimé.  M. Mills a salué le nouveau programme de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation du Gouvernement et encouragé la poursuite des mesures visant à le rendre opérationnel en partenariat avec la MONUSCO.  Le Gouvernement congolais doit également s’efforcer de continuer à faire progresser la réforme du secteur de la sécurité tenant compte de la dimension de genre.

Pour relever tous les défis dans l’est du pays, le représentant a appelé à mettre pleinement en œuvre les engagements pris au titre du l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin de renforcer la sécurité, mettre fin à l’impunité pour les violations des droits humains et les abus, et soutenir la stabilité.  À cet égard, la délégation a réitéré l’importance de s’attaquer aux causes profondes de la violence, notamment en luttant contre l’exploitation illégale des minerais et le trafic d’armes légères.

Préoccupé par les informations faisant état de viols et d’autres formes de violence sexuelle liées au conflit, M. Mills a exhorté le Gouvernement de la RDC à promouvoir la participation significative des femmes dans le secteur de la sécurité.  Il a ensuite salué les efforts conjoints de la MONUSCO et du Gouvernement de la RDC pour établir des points de repère afin de guider la planification de la transition et le transfert des tâches à l’équipe de pays de l’ONU, ainsi que l’éventuelle appropriation par le Gouvernement qui permettra de mettre fin au maintien de la paix. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué la mise en place d’un nouveau Gouvernement et les progrès accomplis vers une plus grande représentation des femmes dans la vie publique.  Il a jugé important que la mise en œuvre des réformes en matière de justice et de protection des droits des femmes reste une priorité, tout comme les préparatifs des élections de 2023.  « Nous restons préoccupés par le fait que malgré l’état de siège déclaré, la situation sécuritaire dans les provinces orientales de la RDC continue de se détériorer », a-t-il dit avant de condamner la récente attaque contre la MONUSCO qui a coûté la vie à une Casque bleue en charge de la protection des civils.  Préoccupé par le fait que le nombre de violations graves commises contre les femmes et les enfants reste très élevé, il a encouragé le Gouvernement de la RDC à poursuivre ses engagements et ses efforts pour prévenir ces violations.  

Alors que la récente éruption volcanique a provoqué des difficultés supplémentaires pour le peuple congolais et la situation humanitaire désastreuse, le représentant de l’Estonie a salué les efforts déployés par les autorités congolaises, la MONUSCO, les partenaires internationaux et les acteurs humanitaires en réponse à ces effets dévastateurs.  Après avoir salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme conjoint d’appui à la réforme de la justice, M. Jürgenson a jugé essentiel de faire avancer la stratégie nationale sur la réforme du secteur de la sécurité ainsi que le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration.  Enfin, dans le contexte du retrait progressif de la MONUSCO, il a jugé important que le plan de transition comprenne des repères et des indicateurs objectifs et mesurables.

Mme MONA JUUL (Norvège) a tout d’abord présenté ses condoléances à la famille et au peuple d’Haïti à la suite de l’assassinat du Président Jovenel Moïse.  Elle a ensuite salué la formation du nouveau Gouvernement en RDC, notant que celui-ci compte « plus de femmes que jamais auparavant », ainsi que l’adoption du programme d’action du Gouvernement pour 2021-2023.  Cela constitue, à ses yeux, une base solide pour l’avancement de la RDC. 

Dans le même temps, elle a exhorté la RDC à assurer une participation significative de toutes les parties prenantes dans de la cadre de la réforme électorale devant mener à l’élection présidentielle de 2023.  La Norvège s’attend à ce que les voix de chacun soient entendues, y compris la société civile, les femmes et les jeunes. 

Mme Juul s’est ensuite préoccupée des graves défis liés à la protection des civils et aux besoins humanitaires dans l’est de la RDC, notant que ceux-ci ont été exacerbés par l’éruption du mont Nyiragongo en mai.  Elle a également fait part de son inquiétude face à l’augmentation de la violence, en particulier dans la province de l’Ituri.  Elle a condamné toutes les attaques et exigé que tous les acteurs respectent et se conforment aux obligations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.  Ceci s’applique également aux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, qui sont toutes deux actuellement en état de siège. 

Poursuivant, la représentante a reconnu les défis immenses auxquels sont confrontés le Gouvernement et la MONUSCO en matière de consolidation de la paix. Elle a insisté sur l’importance de la réforme du secteur sécuritaire et sur la création d’un cadre durable en matière de désarmement, démobilisation et réintégration.  Elle a également souligné que des initiatives novatrices menées par les populations locales sont nécessaires pour parvenir à une situation plus stable en RDC.  Et elles doivent être soutenues par ce Conseil, par l’ensemble des Membres des Nations Unies et par les pays et organisations de la région, a-t-elle préconisé. 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a salué les mesures prises par le nouveau Gouvernement pour assurer la stabilité politique et mener à bien des réformes clefs en vue d’une paix et d’un développement durables.  « Cela a été clairement démontré par l’approbation quasi unanime par le Parlement du Programme d’action du Gouvernement pour 2021-2023 », a estimé le représentant, avant de s’inquiéter de la détérioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri.  M. Pham a condamné les attaques contre les civils, les soldats de la paix et le personnel humanitaire, avant de se préoccuper de l’impact de la pandémie de COVID-19, de l’insécurité et de l’éruption du volcan Nyiragongo sur la situation humanitaire.  « Le nombre de personnes ayant besoin d’aide est passé de 15,6 millions en 2020 à 19,6 millions en 2021, soit 21% de la population », a dit le représentant du Viet Nam, avant de noter que 27,3 millions de personnes, soit 29% de la population, sont confrontées à l’insécurité alimentaire, dont 6,7 millions à un niveau d’urgence.   

Il a appelé à des actions soutenues et coordonnées pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité en RDC, avant de demander des efforts concertés pour lutter contre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles, promouvoir la réconciliation entre les communautés, et lutter contre les discours de haine.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’accélérer les activités de désarmement, de démobilisation, de réinsertion avant de souligner l’importance d’intensifier la coopération régionale et le soutien de la communauté internationale.

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, en particulier au Nord-Kivu et en Ituri.  Il a exhorté le Gouvernement de la RDC à veiller à ce que l’état de siège mis en place dans ces provinces reste transparent, limité dans le temps et respectueux des droits humains et du droit international.  Il a aussi encouragé le Gouvernement de la RDC à planifier avec la MONUSCO ses efforts pour lutter contre les groupes armés.  Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par l’impact sanitaire, alimentaire, social et économique de la pandémie, indiquant que le Royaume-Uni a fourni près de 17 millions de dollars pour soutenir la réponse de la RDC à la COVID-19.  En outre, la réponse rapide et efficace à la récente résurgence d’Ebola au Nord-Kivu a démontré l’importance d’appuyer les structures de santé locales. 

En ce qui concerne la transition de la présence de l’ONU en RDC, il a encouragé le Gouvernement de la RDC à s’engager pleinement avec la MONUSCO et l’équipe de pays de l’ONU à travers le groupe de travail conjoint, y compris sur l’articulation d’un plan de transition conjoint qui doit être fourni au Conseil en septembre.  « Une coordination efficace entre la MONUSCO et l’équipe de pays sera également essentielle au succès de la transition » a-t-il insisté.  Il a particulièrement salué les progrès réalisés au Tanganyika pour réunir la MONUSCO, l’équipe de pays de l’ONU, les autorités locales et la société civile afin de rendre opérationnel le plan de transition provincial. Ce désengagement des provinces du Kasaï et du Tanganyika permettra à la MONUSCO de recentrer ses efforts sur les trois provinces fortement touchées par le conflit dans l’est de la RDC, a-t-il noté.  

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) s’est inquiété de la capacité des groupes armés illégaux à maintenir une activité militaire importante, en citant la principale menace posée par les Forces démocratiques alliées.  Après avoir salué les mesures d’état de siège mises en place en Ituri et au Nord-Kivu, le représentant a jugé déconcertant que les autorités congolaises soient toujours incapables de résoudre le problème de l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui sont utilisées par des groupes armés illégaux pour financer leurs activités.  Il s’est néanmoins félicité de la stabilisation de la situation au Tanganyika, grâce aux efforts du Gouvernement et de la MONUSCO.  

Parmi les défis, le représentant russe a cité le ralentissement économique lié à la pandémie de COVID-19 et plus récemment à l’éruption du volcan au Nord-Kivu.  À cet égard, il a salué la réaction rapide du Gouvernement, qui a permis à la plupart des gens de rentrer chez eux et noté que des pilotes sous contrat russes ont fourni une assistance aux réfugiés et aux victimes.  Il a souligné que la Fédération de Russie s’attend à ce que le Gouvernement s’emploie à améliorer les conditions humanitaires, à résoudre les différends frontaliers, et les tensions intercommunautaires et à mettre en œuvre son programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion communautaire et stabilisation.  Il a également souligné la nécessité de mettre en œuvre l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, dont un pilier est la coopération élargie avec les voisins, avant d’exhorter les pays voisins à promouvoir un climat de coopération.  Il a ainsi salué l’offre de bons offices du Président de l’Union africaine pour apaiser les tensions.  Il a par ailleurs exprimé sa consternation face aux informations faisant état de manifestations contre la présence de la MONUSCO au Nord-Kivu et d’attaques de la population locale contre la Mission.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est félicitée de l’adoption du programme d’action du Gouvernement de l’Union sacrée de la nation qui représente, à ses yeux, une occasion significative pour le changement et la réforme en RDC et dans la région.  Elle s’est également félicitée des efforts déployés par le Président Tshisekedi en sa capacité de Président de l’Union africaine pour approfondir l’engagement de l’Union africaine dans la région.   En effet, a souligné Mme Nason, la facilitation de la coopération avec d’autres organisations régionales ainsi qu’avec les états voisins pour répondre aux menaces communes, notamment l’activité continue des groupes armés dans l’est de la RDC, est essentielle.  

Poursuivant, la représentante a loué la priorisation de la participation des femmes, insistant pour que cette tendance continue afin de créer des avantages véritables par rapport à l’égalité des sexes et la responsabilisation des femmes en RDC.  Elle a ensuite fait part de sa profonde préoccupation face à l’insécurité croissante, la détérioration de la situation humanitaire et les niveaux alarmants de violations et d’abus des droits humains, y compris par des acteurs étatiques, en RDC.  La récente éruption volcanique du mont Nyiragongo a accentué les fragilités multiples et imbriquées auxquelles sont confrontées les populations de la RDC et de la région des Grands Lacs, tandis que la déclaration de l’état de siège démontre l’ampleur de la violence dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.  Il est important que tous les acteurs respectent les droits de l’homme pendant cette période, a-t-elle insisté.

Mme Nason a par ailleurs estimé crucial que le retrait progressif de la MONUSCO soit en phase avec la situation sécuritaire qui prévaut sur le terrain.  La mise en œuvre du retrait doit également inclure des réformes dans les secteurs de la justice et de la sécurité, en s’appuyant sur des outils et des acteurs dans les domaines de l’aide humanitaire, de la résolution des conflits et du développement durable.   Elle s’est en outre inquiétée de l’augmentation du sentiment anti-MONUSCO sous forme de manifestations et d’attaques.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a mis l’accent sur trois points en citant respectivement l’urgence de mettre fin à la violence, la nécessité de garder au centre de l’attention les droits et la santé de la population et enfin l’importance des réformes pour accompagner la transition de la MONUSCO.  Face à l’évolution de l’emploi de bombes artisanales à Beni et de l’augmentation des attaques des groupes armés, il a jugé impératif de recentrer la MONUSCO sur les provinces de l’est.  « Les moyens de protection des civils doivent être entièrement mobilisés par la Mission, conjointement avec les Forces armées de la RDC », a insisté le représentant avant de spécifier que la brigade d’intervention de la force qui vient de se renforcer doit y prendre toute sa part.  Il a salué l’engagement de plusieurs responsables politiques et membres de la société civile pour lutter contre les discours de haine qui attisent les violences intercommunautaires.   

S’agissant des droits et de la santé de la population, M. de Rivière a appelé à poursuivre la lutte contre l’impunité.  Il a particulièrement salué la condamnation de 21 combattants CODECO par le Tribunal militaire de l’Ituri pour crimes contre l’humanité.  Pour ce qui est de la lutte contre la pandémie de COVID-19, « alors que le pays est frappé par une troisième vague, la France et la RDC viennent de signer une convention de 9 millions d’euros pour renforcer le système de santé du Nord-Kivu », a dit la France avant de prévenir que ceux qui mèneront et planifieront des attaques contre le personnel médical ou humanitaire pourront être désignés par le Conseil de sécurité au titre du régime de sanctions.

Mettant l’accent sur l’importance des réformes, M. de Rivière a rappelé que la stabilisation de l’est du pays doit rester une priorité pour le nouveau Gouvernement.  « Cela passe par la mise en œuvre de la stratégie de désarmement-démobilisation-réinsertion qui doit prévenir un nouveau cycle de violences », a-t-il dit avant d’appeler à poursuivre la réforme de la police et de l’armée et à mettre en place un processus transparent et crédible pour les élections de 2023.  Il a dit que ces efforts ne porteront leurs fruits qu’avec l’engagement résolu des pays de la région, avant de saluer la création du nouveau groupe de contact et de coordination qualifié d’initiative conforme à l’esprit de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.  Enfin, le représentant de la France a estimé que le retrait de la MONUSCO des Kasaï puis du Tanganyika impose d’y accroître la présence des agences, fonds et programmes des Nations Unies.

M. PAUL EMPOLE LOSOKO EFAMBE (République démocratique du Congo) a commencé par présenter ses condoléances au Gouvernement, au peuple et à la famille du Président haïtien, Jovenel Moïse, assassiné, et souhaité un prompt rétablissement à son épouse blessée dans l’attaque survenue aujourd’hui. 

M. Efambe a ensuite indiqué que la situation politique a été dominée par la formation du Gouvernement de l’Union sacrée pour la nation dont l’approbation et la reconnaissance par le Parlement lui permettra, selon lui, de mettre en œuvre des réformes importantes qui figurent dans son programme d’action, notamment dans les domaines de l’administration, de la justice et de la sécurité.  Cela permettra, a-t-il dit, d’améliorer les conditions de vies des populations et atteindre le développement durable en RDC.

Au niveau régional, il a indiqué que le Président Tshisekedi poursuit ses efforts pour la normalisation des relations entre la RDC et les pays voisins aussi bien dans le cadre de l’intégration économique que dans le cadre de la recherche de la paix et de la sécurité dans la région.  Il a évoqué à cet égard, le protocole d’accord entre son pays et l’Ouganda sur la traque des rebelles ougandais des ADF, le commerce transfrontalier et la construction d’une route entre les deux pays qui passe par Beni.  De même, il a parlé des trois accords de coopération avec le Rwanda sur les investissements, la prévention de l’évasion fiscale et la coopération entre des sociétés aurifères.

Sur le volet sécuritaire, a poursuivi M. Efambe, l’actualité du pays a été dominée par la mise en place par le Président d’un régime d’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, une décision qui, a-t-il dit, a permis des avancées significatives dans le cadre de la lutte contre les groupes armés réfractaires et la pacification de l’est de la RDC.  Il a cité, dans ce contexte, la neutralisation de plusieurs centaines de miliciens, la reddition de nombreux éléments de ces groupes armés, le démantèlement de plusieurs réseaux de trafics illicites d’armes et de munitions ainsi que de minerais.  De plus, de nombreuses localités de l’est de la RDC ont été récupérées et de nombreux otages autrefois détenus notamment par les ADF ont été libérés sans compter, a-t-il poursuivi, une réduction sensible des attaques contre les civils.

Les mesures prises dans ce cadre continuent d’être renforcées en vue de mettre la pression sur ces forces négatives et leurs complices.  Ce renforcement est traduit par une augmentation des effectifs militaires ainsi que la reprise des opérations militaires conjointes FARDC-MONUSCO.  Pour son gouvernement, la proclamation de l’état de siège et les résultats obtenus à ce jour, constituent une opportunité que « nous devons capitaliser » afin d’éradiquer toutes ces forces négatives et d’en finir une fois pour toute avec le cercle vicieux de la violence imposé par « les groupes armées et leur mafia ». 

Poursuivant, M. Efambe a indiqué que pour garantir la protection et la promotion des droits de l’homme dans les deux provinces, le Gouvernement et l’armée ont mis en place des mécanismes disciplinaires pour sanctionner sévèrement les militaires qui iront « à l’encontre de ces droits ».

S’agissant du retrait progressif de la MONUSCO, il a souligné qu’un Groupe de travail conjoint RDC-MONUSCO a été mis en place afin de produire le document de référence devant servir de stratégie conjointe et permettre un transfert graduel de responsabilité et un retrait ordonné et définitif de la MONUSCO.

Pour conclure, la délégation qui a exprimé sa gratitude aux pays contributeurs de troupes pour leur soutien, a réitéré les appels de son gouvernement à la communauté internationale, aux amis et partenaires de la RDC disant qu’il est « plus que temps » de mobiliser les moyens nécessaires et suffisants pour éradiquer les forces du mal qui sévissent depuis plus d’une vingtaine d’années dans l’est et la partie nord du pays.  Ce faisant, il a tenu, pour finir, à « rassurer » les membres du Conseil de la détermination du Président de la République à restaurer la paix dans la partie est du pays et à amener inexorablement la RDC vers la construction d’un véritable état de droit.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée: la RDC profite de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale pour dénoncer l’alliance dangereuse entre Daech et les groupes terroristes locaux

Soixante-quinzième session,
90e séance plénière – matin
AG/12345

Assemblée: la RDC profite de l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale pour dénoncer l’alliance dangereuse entre Daech et les groupes terroristes locaux

L’Assemblée générale a conclu, cet après-midi, son débat sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qu’elle avait entamé le 30 juin dernier, avec l’adoption des 166 paragraphes de fond de la résolution pertinente*.  Une dizaine de délégations a présenté les mesures prises pour mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie.  La République démocratique du Congo (RDC) en a profité pour alerter sur la dangerosité des alliances entre Daech et les groupes terroristes locaux.

La Fédération de Russie est revenue sur la résolution pour fustiger ses « collègues occidentaux » qui ont favorisé « avec un élan particulier », les droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le rapatriement des enfants mineurs des combattants terroristes étrangers qui se trouvent dans les camps en Syrie.  Elle a aussi refusé l’idée que l’aide humanitaire dans les zones de conflit serve de prétexte pour affaiblir la lutte contre le terrorisme.  Notant que le Secrétaire général est prié, dans la résolution, de présenter en 2022 une série de recommandations sur le lien entre droits de l’homme et antiterrorisme, la Fédération de Russie a estimé d’emblée que les structures existantes de ces droits sont amplement suffisantes pour assurer une bonne mise en œuvre de cette dimension de la Stratégie.

Plusieurs délégations se sont inquiétées des reconfigurations de la menace terroriste, dont les alliances entre Daech et les groupes terroristes locaux.  La République démocratique du Congo (RDC) a attiré l’attention sur les « jihadistes ADF/MTN » qui s’illustrent par des recrutements forcés d’enfants, l’endoctrinement à la radicalisation et les violations massives et graves des droits de l’homme à l’encontre des populations civiles, des agents humanitaires, des forces de sécurité et des Casques bleus de la Mission des Nations Unies (MONUSCO).  La RDC a appelé l’ONU à prendre la question de la « connexion ADF–EIIL » très au sérieux et à ne pas attendre qu’il soit trop tard pour faire les « bonnes recommandations » au Comité contre le terrorisme. 

Le Nigéria a soulevé la même question, préoccupé par l’affiliation des groupes terroristes du bassin du lac Tchad et du Sahel avec Daech et Al-Qaida.  Il a décrié la multiplication des enlèvements d’écoliers, comme une grave menace à l’éducation et s’est donc félicité de ce que la résolution souligne, une nouvelle fois, le droit à l’éducation de tous les enfants et leur statut de victimes du terrorisme.

Après avoir conclu ce débat, l’Assemblée a adopté sans vote une résolution*, présentée par la Côte d’Ivoire, par laquelle elle invite le Secrétaire général de l’ONU à prendre les mesures nécessaires pour continuer à promouvoir la coopération avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  Il est également invité à faire appel à l’expertise de l’OIF, « en ayant à l’esprit » l’objectif tendant à éliminer les disparités entre l’emploi de l’anglais et d’autres langues officielles à l’ONU, y compris dans les activités ayant trait aux relations publiques et à l’information, à la documentation, aux services linguistiques et aux services des conférences, à la gestion des ressources humaines et à la formation du personnel, entre autres.

L’OIF a été félicitée par l’Ukraine pour avoir soutenu son intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance politique, et dûment condamné et rejeté la tentative russe d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol.  L’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Fédération de Russie se sont quant à elles dissociées de plusieurs dispositions de la résolution.

L’Assemblée générale a également approuvé** le projet d’additif à l’Accord relatif aux dispositions transitoires et à l’achèvement des travaux des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens.  Aux termes de cette résolution adoptée sans vote, elle exhorte le Secrétaire général et le Cambodge à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à ce projet d’additif d’entrer en vigueur rapidement.  Coauteur du texte, le Cambodge s’est félicité de cette adoption, rappelant que son gouvernement s’engage à le mettre en œuvre.

L’Assemblée a enfin décidé*** de remettre à sa soixante-seizième session l’examen du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner, à partir de 2020, la possibilité d’établir des « normes internationales communes » pour « mettre fin au commerce des instruments de torture ».

La prochaine séance publique de l’Assemblée générale aura lieu demain 8 juillet à partir de 10 heures pour poursuivre le débat sur la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.

* A/75/L.103
** A/75/L.107
*** A/75/L.106

SEPTIÈME EXAMEN DE LA STRATÉGIE ANTITERRORITE MONDIALE DES NATIONS UNIES (A/75/L.105)

Suite et fin du débat général

En tant que représentant d’un pays qui en a été victime pendant trois décennies, M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et quelles qu’en soient les justifications.  Si certains partenariats ont fait connaître à la lutte antiterroriste des progrès significatifs ces dernières années, il n’en reste pas moins, a-t-il souligné, que cette menace continue de peser.  De nombreux groupes continuent d’exploiter les griefs des populations civiles pour recruter, la pandémie ayant renforcé ce phénomène.  Face à ce fléau transnational qui menace tous les pays, les principes fondamentaux de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doivent être réaffirmés, a-t-il préconisé, en associant l’expertise du secteur privé et de la société civile.  Pour Sri Lanka, la lutte contre le terrorisme doit être un effort conjoint de tous, rendant d’autant plus nécessaire le consensus.  Ce n’est pas toujours simple, mais dans cette lutte commune, la diplomatie et le dialogue doivent prévaloir pour donner forme à un équilibre respectueux des attentes des uns et des autres.  Cela suppose de renforcer les cadres normatifs, a observé le représentant, avant de juger regrettable l’impasse qui persiste au sujet du projet de convention générale sur le terrorisme international.

Mme VICTORIA LIOLOCHA (République démocratique du Congo) a soutenu qu’un cadre multilatéral demeure essentiel pour prévenir et combattre les aspects divers et évolutifs de la menace terroriste.  Saluant le travail abattu par le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme, la Direction exécutive ainsi que toutes ses entités affiliées, la représentante a souhaité que les moyens nécessaires soient mis à leur disposition pour leur permettre d’assister les États et les organisations régionales et sous-régionales dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale. 

Sur le plan national, a-t-elle indiqué, la RDC a ratifié plusieurs instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.  Sur les plans régional et sous-régional, elle est partie à l’Accord-cadre régional de coopération policière visant à renforcer la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme, signé en avril 2019 en Tanzanie par les institutions policières du Rwanda, de la Tanzanie, du Kenya, du Burundi, de l’Ouganda et du Mozambique. 

Les signes de la menace émanant de « l’État Islamique » en RDC et au Mozambique par l’intermédiaire des entités locales affiliées au groupe restent très préoccupants, a poursuivi Mme Liolocha.  En effet, la RDC connaît depuis plus de deux décennies une insécurité consécutive à l’activisme de plusieurs groupes armés identifiés dans sa partie est, dont celui des jihadistes ADF/MTN.  Ils s’illustrent par des recrutements forcés d’enfants, l’endoctrinement à la radicalisation ainsi que par des violations massives des droits de l’homme envers des populations civiles notamment par des massacres, tueries, décapitations, pillages, incendies, viols, enlèvements, et également par des attaques contre les agents humanitaires, les éléments de forces de sécurité ainsi que contre les Casques bleus de la MONUSCO. 

La représentante a salué ensuite les désignations des terroristes par le Département d’État américain des affiliés et dirigeants de « l’État islamique d’Iraq et de Syrie en RDC (EIIL-RDC) » et l’imposition de sanctions à leur encontre.  Elle a salué aussi la désignation par le Gouvernement du Canada comme « groupe terroriste » affilié à Daech, les Forces démocratiques alliées (ADF), « ce groupe armé d’origine ougandaise », responsable de plusieurs massacres dans l’est de la RDC.   Enfin, elle a appelé l’ONU à considérer la question de la « connexion ADF–EIIL » très au sérieux et à ne pas attendre qu’il soit trop tard pour faire les bonnes recommandations au Comité contre le terrorisme.  

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a commencé par présenter ses condoléances à la famille du Président haïtien, Jovenel Moïse, au Gouvernement et au peuple d’Haïti pour cet assassinat « odieux ».  Nous sommes solidaires de nos collègues et amis de la Mission haïtienne, a-t-elle dit.  Ces derniers mois, a-t-elle poursuivi, ont raffermi la conviction que seul un cadre multilatéral renforcé peut permettre à la communauté internationale de relever au mieux et de manière plus efficace les défis de nature mondiale, dont la menace évolutive et multidimensionnelle du terrorisme.

Après 15 ans, a souligné la représentante, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est plus pertinente que jamais et l’adoption par consensus de son septième examen reflète l’engagement constant des États Membres mais aussi le rôle pivot de l’Assemblée générale, dans la prévention du terrorisme et l’extrémisme violent.  Les groupes concernés, a souligné la représentante, se sont toujours empressés d’exploiter les revendications sociales et de les utiliser pour nourrir leur propagande.  La pandémie de COVID-19 et les restrictions qu’elle a imposées, ont multiplié ces revendications, alimenté parfois la méfiance envers les gouvernements et facilité la désinformation en ligne, aggravant encore les défis posés par la manipulation des technologies.

Tout ceci nous montre, a estimé la représentante, combien rapidement la menace terroriste évolue, combien réactifs peuvent être ses groupes et combien importants sont l’examen constant de la Stratégie et la mise en œuvre de tous ses quatre piliers.  La représentante s’est félicitée de ce que la résolution mentionne la nécessité de surveiller l’impact à court, moyen et long terme de la pandémie sur l’évolution de la menace terroriste.  Elle a salué le libellé plus fort sur le genre, la société civile et la participation du secteur privé à la lutte contre le terrorisme.

La représentante a insisté sur la prévention et le respect des droits de l’homme.  Tenir compte des inégalités, de la marginalisation et des violations de ces droits ne peut que contribuer à des sociétés plus justes et plus inclusives.  La crise « alarmante » au Liban et les conditions difficiles dans lesquelles vivent les Libanais sont une réelle menace à la stabilité et à l’avenir, a reconnu la représentante.  Il nous revient de sortir de cette crise, a-t-elle dit, mais le soutien et l’aide des Nations Unies et de « nos amis » ont été déterminants.  Nous espérons qu’ils se poursuivront pour extraire le Liban de cette situation.

Mon pays, a-t-elle conclu, est déterminé à vaincre le terrorisme comme en atteste son armée qui a démantelé, au début de l’année, des cellules liées à Daech.  Nous sommes également en train de finaliser une stratégie antiterroriste globale, conforme à celle des Nations Unies.  Le Liban s’est aussi profondément engagé à terminer le travail du Tribunal spécial pour soulager les victimes et les familles et mettre fin à l’impunité des auteurs des actes terroristes odieux commis en 2005.

M. DONG KYU MOON (République de Corée) a déploré l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes.  L’hostilité, la haine et la violence ont ainsi été propagées par des groupes utilisant les technologies de l’information et des communications à de telles fins.  Nous devons être particulièrement attentifs à la possibilité que des jeunes soient exposés à des contenus terroristes via Internet et les médias sociaux, a recommandé le représentant.  Au cours du septième examen, tous les États Membres ont essayé de refléter cette réalité dans la résolution et nous pensons que la communauté internationale peut progresser sur cette base, a dit le représentant.  Il a également dénoncé les menaces continues et les attaques directes de terroristes contre des civils, des femmes, des enfants et des acteurs humanitaires.  Si la résolution a reflété dans une certaine mesure cette réalité inquiétante et la volonté d’y remédier, la communauté internationale doit aller plus loin pour protéger ceux qui ont droit à une protection, conformément au droit international, a insisté le représentant. 

S’agissant de la situation financière du Bureau de la lutte contre le terrorisme, il a dit attendre du Secrétaire général qu’il procède à une évaluation approfondie des finances du Bureau, et, sur cette base, fournisse des recommandations budgétaires « convaincantes » à l’Assemblée générale en 2022.  Il a également pris note de certains développements concernant « un cadre de résultats » pour assurer une mise en œuvre globale, équilibrée et intégrée de la Stratégie.  Poursuivre les efforts sans examiner « correctement » comment nous travaillons ne sert à rien, a tranché le représentant qui a souhaité des options plus élaborées dans le prochain rapport du Secrétaire général.  En attendant, il a insisté sur le « consensus mondial » autour d’une approche globale de la lutte contre le terrorisme dans laquelle les femmes et la société civile jouent un rôle « crucial ».

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a rejeté l’association du terrorisme à toute religion, nationalité, groupe ethnique ou civilisation.  La lutte contre les menaces nouvelles et traditionnelles du terrorisme a été rendue plus compliquée par la pandémie de COVID-19, a-t-elle ensuite constaté.  Elle a réaffirmé l’appui de son pays à l’outil holistique que constitue la Stratégie mondiale et à une mise en œuvre équilibrée du point de vue de ses quatre piliers.  Il faut, a estimé la représentante, renforcer et unir les efforts à tous les niveaux, en respectant les buts et principes de la Charte et la responsabilité première des États en la matière.  Il faut continuer de fournir au Bureau de lutte contre le terrorisme suffisamment de ressources financières et humaines, par le biais du budget ordinaire de l’ONU, a ajouté la représentante, avant de souligner que l’Algérie est à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme et sait que l’extrémisme violent et la radicalisation ne pourront être défaits que grâce à des stratégies plus intégrées.  L’Algérie s’attache, dans ce contexte, à combattre les facteurs d’exclusion, de marginalisation, et d’injustice sociale et à promouvoir les principes de bonne gouvernance.

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a considéré que le succès de la Stratégie dépend aussi de la coopération avec les chefs religieux, les médias et le secteur privé.  Il a promu la coexistence pacifique entre les peuples, comme en atteste la résolution, dont son pays est coauteur, pour faire du 4 février la Journée internationale pour la fraternité de l’humanité.  Le représentant a fermement appuyé le rôle des femmes dans la lutte antiterroriste, ce que son pays ambitionne de promouvoir dans un plan d’action qui sera adopté cette année.  Reconnaissant la qualité de « couteau à double tranchant » des technologies modernes, le représentant a tout de même souligné que la voie la plus efficace pour triompher du terrorisme, c’est de tarir ses sources de financement, en commençant par réfléchir aux liens entre les groupes terroristes et les institutions financières.  C’est dans cet esprit, a conclu le représentant, que nous nous sommes dotés d’une stratégie nationale contre le blanchiment d’argent.

Selon M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), le terrorisme transfrontalier et ses sources de financement multiples ont un impact sur la vie des hommes et représentent une menace constante et grave pour la paix et la sécurité internationales.  L’Iraq, a-t-il rappelé, a été l’un des pays les plus touchés par les groupes terroristes, qui ont semé la terreur par des actes « effroyables ».  L’Iraq, a affirmé le représentant, ne ménage aucun effort, y compris au prix du sang, pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent et préserver la sécurité nationale et internationale.  Malgré tous ces efforts, a déploré le représentant, Daech et d’autres groupes terroristes continuent de s’attaquer au peuple iraquien.  L’expérience de l’Iraq en ce domaine le pousse à réaffirmer l’importance de renforcer la coopération internationale, car cette menace ne s’arrête pas à un peuple ou à une région. 

Le Gouvernement iraquien, a encore affirmé le représentant, réitère son engagement à interdire toute entité ou approche qui a fait siens la violence, le terrorisme et les discours de haine, et à interdire l’utilisation de son territoire pour lancer des opérations terroristes.  Le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale au niveau du renseignement et de la collecte des données.  Il a mis l’accent sur les domaines prioritaires que sont le financement du terrorisme, le retour des familles des combattants terroristes étrangers dans leur pays d’origine, la cybercriminalité, le contrôle des frontières et la prévention de l’accès des terroristes aux armes chimiques et biologiques.

M. IMOHE (Nigéria) a souligné que son pays est toujours en proie à la menace terroriste, devenant malheureusement témoin d’un « nexus croissant » entre terrorisme, banditisme et autres formes de criminalité organisée.  Mon gouvernement, a-t-il dit, accorde la priorité au renforcement du système de justice pénale pour veiller à ce que tous les terroristes soient tenus pour responsables de leurs actes.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’affiliation entre les groupes terroristes du bassin du lac Tchad et du Sahel avec Daech et Al-Qaida, qu’il s’agisse de financement, de formation, d’expansion ou encore d’influence.  Nous appelons les États à considérer cette menace comme une menace à la paix et à la sécurité internationales, a dit le représentant.  

Il a aussi qualifié de « grave menace à l’éducation », la multiplication des enlèvements d’enfants dans les écoles qui décourage écoliers et parents.  Il s’est donc félicité de ce que la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale insiste sur le droit à l’éducation de tous les enfants et sur leur statut de victime du terrorisme.  Le représentant a dit attendre avec impatience la convocation du tout premier congrès mondial sur les victimes du terrorisme, à la fin de cette année.  Il a par ailleurs salué le fait que la résolution parle de la propagation des discours de haine et de la propagande ainsi que de la manipulation des technologies de l’information et des communications par les groupes terroristes.  Le représentant a cependant appuyé la position selon laquelle aucune disposition du droit international n’oblige les États à offrir aux groupes ou individus reconnus comme pratiquant le terrorisme un accès illimité à l’aide humanitaire. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a salué l’issue heureuse des négociations malgré malgré leur complexité et les restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.  La communauté internationale doit serrer les rangs dans la lutte contre le terrorisme, qu’il s’agisse des formes graves d’extrémisme basées sur la race ou des groupes traditionnels tels que Daech.  Le représentant a dit apprécier la proportionnalité entre les sanctions pénales et la gravité des crimes commis par les combattants étrangers.  La nouvelle stratégie de sécurité nationale dévoilée ce mois-ci par le Président Vladimir Poutine s’inscrit d’ailleurs dans la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale.  Le représentant a souligné la nécessité de lutter contre le trafic des armes, les alliances avec le crime organisé ou encore l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes.  La lutte contre le terrorisme et l’ingérence étrangère est « un impératif », a-t-il ajouté.  

Le représentant a dit appuyer la complémentarité des efforts sur les quatre piliers « égaux » de la Stratégie mondiale, dénonçant les « collègues occidentaux » qui ont favorisé, « avec un élan particulier », les droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le rapatriement des enfants mineurs des combattants terroristes étrangers qui se trouvent dans des camps en Syrie.  Il a aussi insisté pour que les prestataires des services informatiques respectent strictement la législation des pays dans lesquels ils opèrent, pour lutter contre les contenus violents en ligne.  Le représentant a également refusé l’idée que l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones de conflit ne saurait servir de prétexte aux États pour affaiblir la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il a appuyé le financement du Bureau de lutte contre le terrorisme par le budget ordinaire de l’ONU.  Notant encore une fois que le Secrétaire général devra présenter en 2022 une série de recommandations sur les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme, le représentant a demandé que cela se fasse en étroite consultation avec les États.  Les structures existantes des droits de l’homme sont amplement suffisantes pour assurer une bonne mise en œuvre de cette dimension de la Stratégie, a d’emblée estimé le représentant. 

Droits de réponse

La Fédération de Russie a reproché à l’Ukraine d’avoir tenu « un discours de propagande » et proféré des accusations contre elle.  Depuis le début du conflit, a-t-elle ajouté, le Gouvernement ukrainien refuse de dialoguer avec la population, préférant faire la guerre aux populations du Donbass et accuser Moscou de ses propres erreurs. 

Se gardant de répéter la déclaration qu’elle a faite hier, l’Ukraine a tout de même réaffirmé que les différentes normes internationales de la lutte antiterroriste continuent d’être violées par Moscou.  La Fédération de Russie, a-t-elle dit, déploie tous les efforts « pour alimenter la propagande » et « s’ingérer dans les affaires intérieures des États ».  Tôt ou tard, a conclu l’Ukraine, ce pays devra être tenu comptable des crimes commis sur notre territoire.

COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE (OIF)

Explication de position sur l’adoption de la résolution A/75/L.103

La séance a été suspendue pendant 10 minutes pour que la Côte d’Ivoire, présentatrice de la résolution, puisse fournir des éclaircissements à l’Arménie qui a relevé des disparités entre le texte préalablement remis aux délégations et celui présenté pour adoption.

L’Azerbaïdjan s’est ensuite dissocié de certains alinéas du préambule, avant que la Syrie ne souligne, à son tour, le manque de consensus autour de certains libellés.  Elle s’est attardée sur le paragraphe 9 du dispositif dans lequel l’Assemblée générale se dit « consciente que, dans le cadre de la coopération entre l’ONU et l’OIF, il convient de redoubler d’efforts pour promouvoir la participation pleine et entière des femmes et des jeunes à la prévention des conflits et faire en sorte que les femmes participent pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité, à tous les aspects des mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits, à tous les niveaux, et qu’elles soient protégées dans ce contexte ».  Non, a estimé l’Azerbaïdjan, « les femmes doivent être protégées en général ».

Le même paragraphe a été critiqué par la Fédération de Russie qui a dit y voir des formules ne tenant pas compte de ses préoccupations « légitimes ».  La formule « non agréée précédemment » de cette disposition « manque de clarté ».  Les femmes, a-t-elle martelé à son tour, doivent être protégées dans le contexte de la prévention des conflits, pendant les conflits et dans les situations de postconflit.  Quant au paragraphe 41 du dispositif, qui mentionne le Forum Génération Égalité, coprésidé par la France et le Mexique, elle a réaffirmé sa préoccupation devant des initiatives par lesquelles « des États imposent à l’ONU leur vision sur la question des femmes ». 

En tant que pays observateur de l’OIF, l’Ukraine a dit soutenir les activités visant à promouvoir la langue française, garantir la paix, la démocratie, la solidarité et la lutte contre la pandémie de COVID-19 qui est au cœur des préoccupations de millions de personnes à travers le monde.  Il a salué l’action de l’OIF contre la pandémie de COVID-19, dont la création du fonds « La Francophonie avec Elles », qui apporte un soutien technique et financier aux femmes et aux filles en situation de vulnérabilité afin qu’elles aient un accès plein et égal au développement économique, à l’éducation, à la santé.  

L’Ukraine a souligné que depuis la création de l’ONU, les normes fondamentales de la Charte ont été violées à de nombreuses reprises.  Elle a donc remercié l’OIF pour avoir soutenu son intégrité territoriale, sa souveraineté et son indépendance politique.  L’OIF, a-t-elle ajouté, a dûment condamné et rejeté la tentative russe d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol.  Sachez que nous l’apprécions énormément, a souligné l’Ukraine.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a présenté ses condoléances à Haïti dont le Président, M. Jovenel Moïse, vient d’être assassiné.  Elle a aussi remercié les membres de l’Assemblée générale, en particulier la Côte d’Ivoire et le Groupe des Ambassadeurs francophones, pour l’adoption par consensus de cette résolution.  Elle s’est félicitée de la collaboration fructueuse entre l’ONU et l’OIF et des actions conjointes menées au quotidien sur le terrain.  L’OIF a assuré qu’elle se positionne comme une force pour un monde plus juste et plus durable, notamment après la pandémie de COVID-19.  Elle défend le multilinguisme, l’égalité femmes-hommes et le plein potentiel de la jeunesse.  Nous nous voulons, a-t-elle conclu, porteurs de résultats toujours plus concrets pour les États que nous servons.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée: le débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale met l’accent sur le danger que représente la manipulation d’Internet par les terroristes

Soixante-quinzième session,
89e séance - après-midi
AG/12344

Assemblée: le débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale met l’accent sur le danger que représente la manipulation d’Internet par les terroristes

L’Assemblée générale a poursuivi, cet après-midi, son débat sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’occasion pour les États Membres de se féliciter de l’adoption par consensus, le 30 juin dernier, de la résolution pertinente qui met l’accent sur le danger que représente l’exploitation par les terroristes des technologies de l’information et des communications (TIC).  Certaines délégations en ont profité pour appeler à la finalisation d’une convention générale sur le terrorisme international.

Il est clair, a prévenu le Pérou, que la crise politique et socioéconomique générée par la pandémie de COVID-19 peut favoriser la menace terroriste à moyen et long terme.  C’est pourquoi, dans le plein respect de la liberté d’expression et d’association, nous devons empêcher les groupes terroristes d’abuser des réseaux sociaux et des autres plateformes pour propager et diffuser leur rhétorique, recruter de nouveaux partisans, trouver des financements et justifier leurs actions.

Le Maroc s’est réjoui que la résolution de cette année prenne en compte ce nouveau défi.  Dans ce texte, l’Assemblée générale se déclare en effet préoccupée par l’usage croissant que font les terroristes des TIC, notamment les actifs virtuels, les systèmes de paiement par téléphone mobile ou encore le financement participatif.  Elle se déclare également préoccupée par le risque que des technologies nouvelles et émergentes soient utilisées à des fins terroristes, comme l’intelligence artificielle, l’impression 3D, les actifs virtuels, les systèmes de drones aériens, ainsi que l’armement des drones commerciaux.

De son côté, l’Égypte a salué l’adoption d’une résolution qui appelle à ne pas faire d’amalgame entre une ethnie, une religion et le terrorisme, se félicitant notamment de la décision « enfin » prise de ne plus utiliser l’adjectif « islamique » pour qualifier Daech.  Elle a aussi salué l’accent mis sur les activités croissantes des groupes d’extrême droite.  Le Brésil a souligné le caractère « particulièrement difficile » des négociations sur la résolution.

L’une des principales raisons, a-t-il estimé, est que nous concevons une Stratégie mondiale pour faire face à une menace que nous n’avons jamais été en mesure de définir.  Malgré toutes les conventions internationales, les résolutions du Conseil de sécurité et les sept examens de la Stratégie antiterroriste mondiale, nous n’avons toujours pas d’accord sur « les paramètres exacts de ce que constitue le terrorisme ». 

Le Brésil a ainsi regretté que les propositions visant à renforcer l’appel à parachever une convention générale sur le terrorisme international n’aient pas été incluses dans la version finale de la résolution.  Cette convention, s’est-il expliqué, comblerait un vide juridique crucial et contribuerait à redynamiser la dimension « état de droit » de la lutte contre le terrorisme.  L’Inde, El Salvador et le Pérou ont également insisté sur l’utilité d’un tel instrument.  Le Pakistan a mis en garde contre l’idée, défendue par certains, de rapprocher la lutte « légitime » pour l’autodétermination des activités terroristes.

La Syrie a attiré l’attention sur la situation des combattants terroristes étrangers, notant que ces individus doivent être mis devant leurs responsabilités, tout comme les pays qui ont facilité leurs actions.  Évoquant les efforts qu’elle déploie pour expatrier ceux qui se trouvent sur le territoire syrien, elle a décrié l’attitude des pays qui veulent échapper à leurs obligations, notamment en privant ces individus de leur nationalité.  L’Iran n’a pas dit autre chose, avant que la Suisse ne juge indispensable, dans le contexte de la mobilisation internationale contre la pandémie de COVID-19, que les États restent unis face à la menace du terrorisme. 

Elle a prôné une coopération multipartite entre les États Membres, les Nations Unies, la société civile et le secteur privé, dans le respect du droit international et de l’état de droit.  Pour une bonne application de la Stratégie antiterroriste mondiale, le Pérou a jugé crucial de renforcer les synergies entre le Bureau de lutte contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme et la Direction exécutive dudit Comité pour apporter le soutien qu’il faut aux États.

L’Assemblée générale devrait achever ce débat demain mercredi 7 juillet au cours d’une séance prévue à 10 heures.

SEPTIÈME EXAMEN DE LA STRATÉGIE ANTITERRORITE MONDIALE DES NATIONS UNIES (A/75/L.105)

Suite du débat général

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit que la Stratégie antiterroriste mondiale n’est malheureusement pas qu’un exercice « théorique » pour son pays, puisque de nombreux civils israéliens ont dû courir pour se mettre à l’abri, depuis le début de ce débat, en raison des multiples attaques terroristes du Hamas qui appelle explicitement à la destruction de l’État juif.  Le représentant a indiqué que le Hamas continue d’utiliser la population de Gaza comme bouclier humain et de multiplier les tirs de roquettes sur Israël.  Il a appelé à tout mettre en œuvre pour que les organisations terroristes comme le Hamas et le Hezbollah ne puissent plus tenir les populations de la région en otage.  

Le représentant s’est félicité de la résolution qui permettra d’affronter les menaces actuelles et émergentes du terrorisme.  Il s’est dit heureux d’y voir des références à la menace que constitue l’utilisation des technologies de l’information et des communications par les terroristes.  M. Erdan s’est aussi félicité de ce que la résolution condamne l’intensification des discours de haine.  Il s’est tout de même dit déçu par les dispositions qui tentent d’excuser ou de justifier certains actes terroristes. 

Pour une bonne application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, M. NÉSTOR POPOLIZIODU (Pérou) a jugé crucial de renforcer les synergies entre le Bureau de lutte contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme et la Direction exécutive contre le terrorisme pour apporter le soutien qu’il faut aux États, en fonction d’une bonne évaluation des besoins.  Il a également plaidé pour que l’on insiste davantage sur la menace de l’extrémisme violent qui peut conduire au terrorisme.  Aujourd’hui, les États doivent lutter contre les inégalités et autres causes structurelles, et en même temps prévenir la radicalisation des individus et renforcer le tissu social.

Il est clair, a prévenu le représentant, que la crise politique et socioéconomique générée par la pandémie de COVID-19 peut favoriser la menace terroriste à moyen et long terme.  C’est pourquoi, dans le plein respect de la liberté d’expression et d’association, nous devons empêcher les groupes terroristes d’abuser des réseaux sociaux et des autres plateformes de la société civile pour propager et diffuser leur rhétorique, recruter de nouveaux partisans, trouver des financements et justifier leurs actions.  Il a salué à cet égard le rôle du secteur privé et le travail déterminant des unités du renseignement financier et des douanes contre le financement du terrorisme.  La nature du phénomène nous oblige à améliorer les mécanismes de coopération et d’échange d’informations entre ces entités, au niveau national et international, a estimé le représentant qui a appelé de ses vœux l’élaboration d’une convention contre le terrorisme international. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité de l’adoption consensuelle de la résolution et du fait que le nouveau libellé tient compte de l’évolution des menaces nouvelles et émergentes dans le paysage mondial du terrorisme.  Il a cependant noté que les discussions ayant abouti à cet accord ont été particulièrement difficiles et contentieuses.

L’une des principales raisons pour cela est que nous concevons une stratégie globale pour faire face à une menace que nous n’avons jamais été en mesure de définir, a-t-il indiqué.  « Malgré toutes les conventions internationales criminalisant certains actes terroristes, malgré toutes les résolutions du Conseil de sécurité comportant des obligations contraignantes en matière de lutte contre le terrorisme et malgré les sept révisions de la Stratégie antiterroriste mondiale, il n’existe toujours pas d’accord sur les paramètres exacts de ce qui constitue le terrorisme. »  Tout en notant qu’une certaine « ambiguïté constructive » a permis aux États Membres d’atteindre le consensus au fil des ans, il a appelé à ne pas laisser le manque de clarté entourant des questions ayant des répercussions pénales devenir la norme.

Le représentant a également regretté que les propositions visant à renforcer l’appel à achever la convention générale sur le terrorisme international n’aient pas été incluses dans la version finale de la résolution.  Cette convention comblerait un vide juridique crucial et contribuerait à redynamiser la dimension État de droit de la lutte contre le terrorisme, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite souligné que la lutte contre le terrorisme doit respecter le droit international, notamment les dispositions régissant les droits de l’homme, le droit humanitaire et le droit des réfugiés.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a particulièrement insisté sur la prévention du terrorisme qui passe par des solutions aux causes de l’extrémisme violent.  Il a jugé indispensable que la lutte contre le terrorisme s’appuie sur le respect des droits de l’homme, en tenant dûment compte de l’aspect genre.   La priorité absolue est d’éviter que la lutte contre le terrorisme ait des incidences négatives sur l’action humanitaires, a encore insisté le représentant.  Le terrorisme et l’extrémisme violent exigent aussi que les États travaillent main dans la main avec leur société civile.  Jugeant que le septième examen de la Stratégie antiterroriste « a manqué plusieurs occasions », le représentant a appelé l’ONU à assurer une meilleure supervision de l’impact de la lutte contre le terrorisme sur les droits de l’homme.

M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a affirmé que son pays a entrepris plusieurs actions aux niveaux national et international, pour combattre le terrorisme.  Ces dernières années, a-t-il dit, nous n’avons cessé de faire évoluer notre cadre juridique et d’augmenter les financements.  Nous collaborons dûment avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et de nombreux cadres d’application des sanctions et finançons de nombreux programmes visant à renforcer les capacités de certains États, a encore dit le représentant.

M. JHON GUERRA SANSONETTI (Venezuela) a vu dans le renouvellement de la Stratégie antiterroriste mondiale par consensus une preuve de la détermination de la communauté internationale à combattre ce fléau.  Il a indiqué que son pays adhère à un nombre important de traités dans ce domaine et a promulgué toute une série d’instruments juridiques pour enrayer le financement et le blanchiment d’argent à des fins terroristes, entre autres.  Il a signalé que les actes terroristes ont une incidence énorme sur le développement socioéconomique des populations, pour ensuite s’inquiéter de la promulgation illégale de listes qui visent à cataloguer des pays souverains comme promoteurs du terrorisme.  Il s’est aussi préoccupé de l’utilisation de l’intelligence artificielle et des attaques cybernétiques à des fins terroristes.

Poursuivant, le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour enrayer le financement du terrorisme et combattre les discours de haine et l’extrémisme violent de droite, notant par ailleurs que le terrorisme ne peut être associé à un groupe ou une religion.  Il a ensuite accusé les États-Unis d’utiliser la pandémie de COVID-19 pour commettre des actes de terrorisme économiques « dignes de l’Administration antérieure » à l’encontre du Venezuela.  L’utilisation du terrorisme pour promouvoir la chute de gouvernements légitimes est intolérable, a-t-il appuyé.  Le représentant a par ailleurs appelé à définir les paramètres d’action des cofacilitateurs de la résolution qui, a-t-il souligné, ne doivent jamais imposer leurs points de vue.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a déploré que l’examen de la Stratégie ait été marqué par des tentatives de faire adopter des positions qui ignorent l’intérêt global.  Les législations nationales et les instruments internationaux sont la pierre angulaire de la lutte contre le terrorisme, mais leur mise en œuvre est un défi notable, a-t-il estimé.  Il a souligné la nécessité d’une appropriation nationale des efforts de lutte contre le terrorisme, « en coopération avec l’ONU mais dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance des États ».  Il a en outre dénoncé l’utilisation de politiques sélectives pour servir les intérêts limités de certains pays.

Poursuivant, le représentant a indiqué que la Syrie a une importante expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme qui pourrait être utilisée lors du prochain examen de la Stratégie mondiale.  Il a insisté sur l’importance d’assécher les sources de financement des organisations terroriste.  Le représentant a ensuite relevé que la résolution fait référence aux politiques des pays qui laissent passer des combattants terroristes étrangers sur leur territoire.  Ces individus doivent être mis devant leurs responsabilités, tout comme les pays qui ont facilité leurs actions, a-t-il estimé.  Il a signalé que des milliers de combattants terroriste étrangers se trouvent sur le territoire syrien dans le but de renverser le Gouvernement.  La Syrie cherche à les rapatrier mais certains pays esquivent leurs obligations, notamment en privant ces individus de leur nationalité.  Ces combattants, a-t-il souligné, doivent répondre de leur crime devant la population syrienne.  Avant de conclure, le représentant a regretté que certains États soient arbitrairement désignés comme parrains du terrorisme et a appelé à lutter contre l’augmentation des discours de haine.

M. AHMED ABDELAZIZ AHMED ELGHARIB (Égypte) s’est félicité d’une résolution qui appelle à ne pas faire d’amalgame entre une ethnie, une religion et le terrorisme.  Il s’est particulièrement félicité de la décision enfin prise de ne plus utiliser l’adjectif « islamique » pour qualifier DAECH.  Le représentant a aussi salué l’accent mis sur les activités croissantes des groupes d’extrême droite.  Il a exhorté la communauté internationale à contribuer au renforcement des capacités nationales et les États à faire en sorte que leur territoire ne serve pas à des groupes et activités terroristes.  Le représentant a aussi souligné l’importance du secteur privé pour la lutte contre les contenus douteux et la propagande terroriste sur le net.  Il a conclu en affirmant que son pays a développé des mécanismes juridiques « rigoureux » pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme et les sanctions.

Mme OLENA SYROTA (Ukraine) a regretté que les États ne soient pas parvenus à un consensus sur de nombreux éléments qui n’ont pas pu être inclus dans la résolution.  Le terrorisme ne pourra être vaincu qu’avec des mesures tenant compte des normes de droits de l’homme et de la valeur ajoutée de la société civile.  La représentante a saisi cette occasion pour fustiger « le terrorisme d’État » de la Fédération de Russie en Ukraine.  Ce pays, a-t-elle accusé, viole toutes ses obligations, en vertu des conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme, en fournissant des armes et des financements à des groupes illégaux qui mènent des activités terroristes en Ukraine.  La représentante a affirmé que les enquêtes internationales ont démontré que l’avion malaisien abattu au-dessus de l’Ukraine l’a été par des armes russes aux mains de groupes armés illégaux.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a jugé indispensable, dans le contexte de la mobilisation internationale contre la pandémie de COVID-19, que les États restent unis face à la menace du terrorisme.  Face à ce fléau, une coopération multipartite, notamment entre les États Membres, les Nations Unies, la société civile et le secteur privé, est importante et doit s’inscrire dans le respect du droit international et de l’état de droit, a-t-elle souligné, avant d’énoncer les mesures prises depuis 15 ans par son pays pour soutenir la mise en œuvre de la Stratégie mondiale.  Elle a ainsi indiqué que, ces deux dernières années, plus d’une trentaine de projets locaux ont été financés afin de contribuer à la mise en œuvre du plan d’action national pour prévenir et combattre la radicalisation et l’extrémisme violent.  La Suisse a par ailleurs adopté de nouvelles normes pénales permettant de punir le recrutement, l’entraînement et les voyages à des fins terroristes, de même que le financement de ces activités.  De plus, une nouvelle loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme entrera en vigueur lors du premier semestre de 2022. 

Assurant que la protection des droits de l’homme fait partie intégrante des objectifs de la stratégie antiterroriste de la Suisse, la représentante a indiqué que son pays participe activement aux efforts internationaux déployés à cette fin.  Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, la Suisse a soutenu le Bureau de lutte contre le terrorisme, en fournissant les premiers fonds nécessaires à l’élaboration d’une « stratégie d’engagement de la société civile ».  Quant à l’examen de la Stratégie mondiale, elle s’est réjouie que le nouveau texte mette l’accent sur le renforcement du premier et du quatrième piliers, tout en soulignant le rôle de la société civile.  Elle a également salué l’inclusion d’un paragraphe sur le renforcement des mécanismes d’évaluation de la Stratégie en dépit de « l’affaiblissement du langage » dans la version finale.  La déléguée s’est d’autre part réjouie de la consolidation des formulations relatives au droit international humanitaire et de l’inclusion d’un paragraphe sur le renforcement de la coopération internationale entre les autorités judiciaires.  Enfin, elle a salué les négociations menées pour créer un nouveau mandat de surveillance sur l’état de droit, les droits de l’homme et le genre, non sans regretter, là encore, que le paragraphe final ait été « considérablement affaibli ».

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a tout d’abord rendu hommage à Qassem Soleimani, assassiné le 3 janvier 2020 à l’aéroport de Bagdad.  Il a rejeté le terrorisme sous toutes ses formes, se déclarant convaincu que ce fléau ne pourra être vaincu que par la coopération internationale.  Il a estimé que certains actes de résistance ne peuvent être assimilés au terrorisme, soulignant notamment que le peuple palestinien a le droit de résister à l’occupation de son territoire.  Il s’est aussi insurgé de l’ingérence dans les affaires des États souverains et de l’emploi de mesures unilatérales à l’encontre de certains pays qui, a-t-il signalé, contribuent à l’insurrection des citoyens contre le gouvernement.  Il s’agit là d’actes de terrorisme, a-t-il tranché.

Le représentant s’est par ailleurs préoccupé de la situation des combattants terroristes étrangers et a regretté que le septième examen de la Stratégie mondiale n’ait pas examiné cette question de manière approfondie.  Il a dénoncé le fait que ces individus, de même que leur femme et leurs enfants, ne sont pas rapatriés par leur pays d’origine.  Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de l’accès à la justice pour les victimes du terrorisme, y compris suite à des attaques de drones.  Il s’est en outre félicité de la condamnation, par la résolution, des attentats à l’encontre des infrastructures critiques, y compris nucléaires.

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a rappelé que son pays est sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme et victime de ce fléau.  Nous ne serons jamais en sécurité tant que nous ne triompherons pas du terrorisme, a-t-il martelé.  Il a appelé les États à rester unis, ce qui n’arrivera que si « nous restons sur la même page ».  Pendant les négociations sur la résolution, nous avons, a dit le représentant, souligné la nécessité de traiter des causes du terrorisme et de mobiliser des efforts cohérents contre son financement.  La communauté internationale doit aussi, a-t-il poursuivi, s’attaquer au commerce illégal des stupéfiants et des matériaux utilisés pour fabriquer des engins explosifs improvisés.  Les droits des victimes doivent être reconnus, protégés et promus, a conclu le représentant, avant d’ajouter « leur expérience et leur histoire ont de l’importance ».

Mme FARREY (Royaume-Uni) a salué la manière dont la résolution insiste sur les droits de l’homme et le rôle de la société civile dans la lutte contre le terrorisme.  Le respect de ces droits, des libertés fondamentales et de l’état de droit sont « essentiels » pour la prévention du terrorisme et le succès des mesures antiterroristes.  La représentante a aussi salué le fait que la résolution appelle à une meilleure coordination des mesures et qu’elle souligne l’importance de créer un partenariat plus fort avec le secteur privé pour s’attaquer aux menaces émergentes des nouvelles technologies.  Elle a prévenu que les inégalités mises en lumière par la pandémie de COVID-19 peuvent faciliter le recrutement par les terroristes de nouveaux adeptes.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a estimé que le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale a échoué à répondre à plusieurs questions essentielles pour lutter et prévenir le terrorisme de manière efficace.  Il s’est inquiété du recours au terrorisme pour faire avancer des politiques d’agression, d’occupation et de nettoyage ethnique à l’encontre d’États souverains, souvent avec l’utilisation de combattants terroristes étrangers.  Il a pris note de l’attention qu’accorde la résolution à l’importance de prévenir et de lutter contre les activités des organisations de la diaspora qui facilitent le recrutement et le transfert de terroristes ainsi que la levée de fonds.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’inclusion, dans le texte, de la proposition de l’Azerbaïdjan concernant le rejet des tentatives de justification ou de glorification du terrorisme comme moyen d’inciter à commettre des actes terroristes.

Poursuivant, M. Musayev a appelé les États à prendre des mesures consistantes pour empêcher que leurs territoires ne soient utilisés pour des activités terroristes ou criminelles, comme des camps d’entraînements ou des activités de planification, entre autres.  Il a également relevé que les actes terroristes commis dans le cadre d’un conflit armé peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, engageant ainsi la responsabilité pénale individuelle et donnant lieu à des mesures que les États sont en droit de prendre au niveau national pour faire valoir leur compétence pénale pour les crimes perpétrés par leurs ressortissants à l’étranger.  Il est également important que la responsabilité des entreprises et la responsabilité pénale fonctionnent en tandem pour garantir des poursuites en cas de violation du droit international, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs estimé qu’aucune amnistie, ni aucune autre forme de libération anticipée ne peut être accordée aux auteurs d’actes terroristes.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a jugé essentiel que les États Membres n’offrent pas d’occasion de justifier le terrorisme.  Il a indiqué que suite aux attentats du 11 septembre, il a été accepté que le terrorisme dans une partie du monde pouvait avoir une incidence dans une autre partie du monde, notant que cela a permis de consolider la coopération internationale.  Il a espéré que les États Membres ne diviseront pas le terrorisme en différentes catégories, comme « vos » et « nos » terroristes.  Le représentant s’est inquiété de l’utilisation à des fins terroristes des nouvelles technologies, notamment des cryptomonnaies, de l’intelligence artificielle et de la robotique, alertant que celles-ci menacent l’ensemble des États Membres. 

Le représentant a par ailleurs alerté que l’absence d’une définition universelle du terrorisme sape les efforts des États Membres pour combattre le fléau.  Il a jugé essentiel de parvenir à une convention générale sur le terrorisme international.  Il a dénoncé les États qui fournisse un havre au terrorisme et a appelé à adopter une politique de tolérance zéro face au fléau.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a dit que son pays contribue à la mise en œuvre de la Stratégie en Asie centrale, en étroite coopération avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive.  Le pays participe également aux mesures prises par la communauté internationale, notamment en coopérant avec des structures antiterroristes de l’ONU, de la Communauté des États indépendants (CEI) ou encore de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Le Kirghizistan, a-t-elle précisé, part du principe que toute mesure prise en réponse à la menace terroriste doit être conforme aux exigences du droit international.  La représentante a salué le fait que le Bureau de lutte contre le terrorisme ait déployé un coordonnateur de programme dans son pays.

Saluant aussi la tenue de la Conférence de haut niveau des chefs d’agences de lutte contre le terrorisme, elle s’est dite convaincue que cette rencontre permettra d’amorcer des interactions pratiques.  Elle a également rappelé qu’en mars dernier, son gouvernement a mené, avec l’aide de l’ONU, une mission humanitaire impliquant 79 enfants kirghizes rapatriés d’Iraq.  Conformément au plan de réadaptation de ces enfants, l’objectif est de leur offrir une réintégration et un retour à un environnement sûr et paisible.  Enfin, elle a plaidé pour une coopération plus étroite, à la fois dans un format bilatéral et dans le cadre d’organisations régionales et internationales, pour mettre en œuvre les tâches spécifiques prévues par la Stratégie mondiale.

M.  YASSER HALFAOUI (Maroc) s’est félicité de l’adoption par consensus de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, qui dresse un état des lieux complet de la lutte internationale contre ce fléau et reflète l’évolution de la menace.  Il s’est également réjoui que le texte adopté prenne en compte le nouveau défi créé par l’utilisation accrue d’Internet par les groupes terroristes.  Cet usage des moyens numériques a facilité la diffusion de la propagande terroriste et le recrutement de militants, a-t-il relevé, avant de saluer un libellé plus fort sur les mesures de lutte contre la radicalisation au sein des prisons.  Pour le représentant, la prévention demeure le pilier essentiel de la lutte contre le terrorisme.  Plaidant pour une approche multipartite fondée sur le dialogue et la concertation, il a jugé qu’une lutte efficace contre le terrorisme nécessite des investissements importants dans le développement socioéconomique et une amélioration de l’éducation et des infrastructures de base. 

Face à une menace en constante mutation, l’engagement et la réelle coopération des États Membres sont nécessaires, a souligné le délégué, constatant que l’Afrique est devenue « un théâtre terroriste » sans précédent, notamment la bande sahélo-saharienne, dont la protection constitue un fardeau supplémentaire pour les pays de la région.  Il s’est réjoui, à cet égard, de l’engagement du Bureau de lutte contre le terrorisme de renforcer sa présence sur le continent africain, avec l’ouverture de bureaux-programmes au Maroc et au Kenya.  Observant enfin que la pandémie de COVID-19 a ouvert aux groupes terroristes de nouvelles voies, le représentant a regretté que les discours de haine et d’intolérance aient aujourd’hui le vent en poupe, que ce soit en ligne ou hors ligne.  À ses yeux, les leaders religieux ont un rôle essentiel à jouer pour inculquer les valeurs du dialogue et de la paix.

M. GHANSHYAM BHANDARI (Népal) a alerté que les groupes terroristes exploitent la pandémie de COVID-19 pour se propager, pointant par ailleurs les répercussions des propagande anti-migrants et des appels à la haine raciale.  Il a relevé que l’emploi des nouvelles technologies à des fins terroristes représente un défi de taille pour la communauté internationale.  Il a appelé à une riposte concertée et coordonnée et a engagé la communauté internationale à s’unir face aux flux financiers illicites et à la traite des personnes, entre autres.

Il a vu dans la Stratégie mondiale un instrument important pour renforcer la coopération entre les États Membres.  Il a réclamé une aide financière et technologique pour aider les pays à renforcer leurs capacités de lutte contre le terrorisme.  L’échange de renseignements et de données permettra de traduire en justice les auteurs d’actes terroristes, a-t-il noté.  Il a aussi appelé à investir dans l’éducation pour enrayer les répercussions des discours extrémistes et haineux.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a appelé à améliorer la coopération sous toutes ses formes pour combattre le fléau du terrorisme, pour ensuite attirer l’attention sur les liens qui existent entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Il a indiqué que son gouvernement a mis en œuvre un plan de contrôle territorial qui vise à récupérer des espaces publics qui sont actuellement aux mains d’organisations criminelles.  Des opérations de lutte contre la criminalité ont entraîné une réduction historique du nombre de crimes commis, s’est-il félicité.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété du risque que représente l’emploi des nouvelles technologies par les terroristes.  Il a aussi insisté sur l’importance d’élaborer la convention générale sur le terrorisme international.

M. MANUEL ALCIBÍADES RUIZ DÍAZ (Paraguay) a indiqué que le Paraguay a adopté plusieurs lois sur la lutte contre le terrorisme et mis en place un plan antiterroriste en 2010.  La coopération internationale, a-t-il martelé, est « essentielle ».  Il a donc remercié les partenaires qui ont aidé le Paraguay à améliorer le contrôle et la protection des frontières.  Citant un exemple de la coopération régionale, le représentant s’est attardé sur le Groupe de coordination, créé avec l’Argentine, le Brésil et les États-Unis, sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Cette coopération a permis l'arrestation de suspects et le démantèlement de réseaux de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a souligné que son pays a consenti a d’énormes efforts et sacrifices, au cours des 10 dernières années, pour lutter contre un terrorisme venu de l’extérieur.  Nous sommes un des pays qui souffrons le plus du terrorisme, a-t-elle dit, rappelant les dizaines de milliers de victimes pakistanaises.   Le représentant s’est particulièrement inquiété du suprémacisme d’extrême droite, avant de mettre l’accent sur la prévention du terrorisme et d’appeler l’ONU à régler les conflits prolongés et non réglés et à faire respecter le droit à l’autodétermination des peuples lequel, a-t-il dit, ne saurait justifier le terrorisme.  Enfin, il a jugé indispensable que toutes les activités du Bureau de lutte contre le terrorisme soient financées par le budget ordinaire de l’ONU. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) s’est réjoui à son tour de l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et a appuyé la proposition de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur la préservation du caractère consensuel de ce texte.  Il a applaudi les améliorations apportées, tout en constatant que la menace liée au terrorisme et à l’extrémisme violent reste malheureusement d’actualité, d’autant plus en cette période de pandémie.  Pour ne pas être en retard face à cette menace, il convient, a-t-il dit, d’être souples et innovants dans la coopération internationale.  Les compromis auxquels ont consenti les États Membres sont la base de futures synergies entre les organes onusiens chargés de la lutte antiterroriste. 

Le représentant a espéré que ces efforts de coordination permettront d’éviter les doublons et de faciliter le renforcement des capacités des pays qui en émettent le besoin.  Il s’est par ailleurs félicité que cet examen comporte de nouveaux éléments, en particulier les menaces émergentes telles que l’utilisation des nouvelles technologies, les défis du récidivisme et de la radicalisation, et le recrutement au sein des prisons.  Dans nos efforts communs, nous devons impliquer les différentes parties prenantes, y compris la société civile, a-t-il ajouté, appelant en conclusion à l’élaboration d’un plan global pour riposter au terrorisme sur la base des trois piliers de la Stratégie.    

M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a estimé que cette Stratégie représente la pierre angulaire de la lutte contre le terrorisme.  Il a mis l’accent sur le lien de plus en plus évident entre la criminalité organisée et le terrorisme, jugeant cette évolution particulièrement préoccupante.  Ce lien permet en effet aux organisations terroristes de bénéficier d’importantes ressources financières, ce qui exige un cadre juridique à la hauteur des enjeux et une mise en œuvre effective de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, a souligné le représentant.  Mon pays, a-t-il souligné, est confronté à ces réseaux qui financent leurs activités grâce au blanchiment d’argent et à d’autres activités criminelles comme la traite des personnes et le trafic des armes.  Ces réseaux dépassent nos capacités, a-t-il avoué, jugeant plus nécessaire que jamais un renforcement de la coopération internationale et régionale.  Avant de conclure, le délégué s’est félicité que le septième examen ait permis d’intégrer de nouveaux paragraphes à la Stratégie, ce qui démontre « l’intérêt que lui portent les États Membres ». 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé que la prévention doit être inscrite au cœur des priorités des États Membres, afin d’éliminer les causes profondes du terrorisme et de combattre l’extrémisme violent, motivé notamment par des considérations raciales, ethniques ou idéologiques.  Il a également appelé à une redynamisation de la coopération internationale en matière d’assistance technique et de renforcement des capacités des États membres.  Ces deux types de coopération ont, en effet, permis à la Côte d’Ivoire de renforcer ses capacités, notamment dans le domaine législatif ainsi que dans celui de la répression, du renseignement et du contrôle aux frontières. 

Ainsi, a-t-il enchaîné, la Côte d’Ivoire s’est dotée en 2018, d’une nouvelle loi portant répression du terrorisme qui criminalise désormais le financement d’une organisation terroriste et d’un terroriste individuel.  Par ailleurs, elle vient de signer, le 03 juin 2021, un Mémorandum d’entente avec le Bureau de lutte contre le terrorisme dans le cadre de la mise en œuvre du Programme des Nations Unies de lutte contre les déplacements des terroristes (Programme CT-Travel) qui vise à prévenir et détecter les infractions terroristes par l’utilisation des renseignements préalables concernant les voyageurs et les dossiers passagers.  Le représentant a également cité l’inauguration officielle le 10 juin 2021 d’un projet ivoiro-français d’une Académie internationale de lutte contre le terrorisme, installée à Jacqueville.

M. Ipo s’est ensuite déclaré gravement préoccupé par l’utilisation croissante des technologies de l’information et des communications à des fins de propagande et de recrutement par les terroristes, ainsi que par la multiplication de la cybercriminalité et des cyberattaques contre les infrastructures critiques.  Il a appelé à des actions urgentes pour règlementer et assainir l’usage des TIC.  Il a estimé en outre, qu’il importe de faire du respect des droits de l’homme et de la promotion de l’état de droit des piliers sur lesquels doit reposer la lutte contre le terrorisme.

M. YONG-ERN NATHANIEL KHNG (Singapour) a insisté sur la nécessité d’aborder les problèmes de radicalisation et de recrutement par des organisations terroristes, en prison notamment.  Il a ensuite appelé à une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a par ailleurs fait savoir qu’en dépit de la pandémie, Singapour a continué de mettre en œuvre des activités de lutte contre le terrorisme, notamment sur le plan financier pour enrayer le blanchiment d’argent.  Un centre d’amélioration des capacités d’analyse a également été mis sur pied.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a déclaré que son pays, multireligieux où coexistent différentes confessions, est prêt à partager son expérience en matière de marginalisation de l’extrémisme et de préservation d’une société harmonieuse et pluraliste.  Il faut, a-t-il professé, gagner les « cœurs et les esprits » dans la guerre psychologique contre le terrorisme.  Il a expliqué que le Centre régional d’Asie du Sud-Est pour la lutte contre le terrorisme (SEARCCT) continue d’impliquer les jeunes avec des contre-messages pour améliorer leur résilience face à la radicalisation, en créant des « murs de protection psychologiques ».  

M. NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a estimé qu’un examen régulier de la Stratégie mondiale est essentiel.  Il a indiqué que le Kenya a lancé sa stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent en 2016 et qu’il est prêt à partager les leçons acquises en matière de réhabilitation et de réinsertion des extrémistes violents.  Il a aussi cité la lutte contre la radicalisation, l’engagement positif des médias en tant qu’acteurs clefs de la lutte antiterroriste, ainsi que la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Le représentant a ensuite appelé les États Membres à assurer une mise en œuvre pratique des mesures de lutte contre le terrorisme et de prévention pour garantir l’efficacité la Stratégie mondiale.  Il a salué la création d’une antenne du Bureau de lutte contre le terrorisme au Kenya.

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a relevé que la pandémie a créé un environnement propice à la radicalisation.  Il s’est inquiété des menaces croissantes que représentent les combattants terroristes étrangers dans les zones de conflit, relevant que ces derniers sont notamment utilisés pour faire progresser des objectifs politiques.  Des combattants originaires du Moyen-Orient ont commis des crimes de guerre dans le Haut-Karabakh, a-t-il notamment signalé.  Il a appelé à faire davantage pour prévenir l’utilisation des médias sociaux par les groupes terroristes, rejetant par ailleurs toute tentative d’associer une religion ou une ethnicité au terrorisme.

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) s’est dit alarmé par l’aggravation du terrorisme à motivation ethnique et raciste, ces dernières années.  Il a noté les données de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme qui parle d’une augmentation de 320% de ces cas.  Cette question, s’est alarmé le représentant, exige une attention immédiate.  Il a regretté le faible libellé de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, dont l’objectif était pourtant d’actualiser la vision de l’ONU sur le terrorisme.  Nos efforts, a souligné le représentant, ne peuvent et ne doivent aller au-delà des limites fixées par le droit international, à commencer par la Charte des Nations Unies.  Il a appelé au respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et des droits des réfugiés.  Il a jugé inacceptable d’invoquer l’Article 51 de la Charte sur le droit naturel de légitime défense dans la lutte contre le terrorisme, car cela pourrait créer des précédents dangereux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Lancement du forum politique: pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, les ODD restent à portée de main malgré la COVID-19

Session de 2021,
Forum politique de haut niveau – matin & après-midi
ECOSOC/7053

Lancement du forum politique: pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, les ODD restent à portée de main malgré la COVID-19

Au premier jour des travaux du forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé pour la neuvième fois sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a affirmé que malgré la pandémie, « les objectifs de développement durable restent toujours à portée de main », à condition que nous fassions ce qu’il faut.  « Notre succès dépendra en grande partie de notre réponse collective au cours des 18 prochains mois », a ainsi estimé M. Liu Zhenmin qui a vu cette crise comme le signal d’alarme qui pousse à transformer le monde, à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à tenir notre promesse envers les générations actuelles et futures.

Le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram, a rappelé que le forum politique est l’occasion de démontrer « l’engagement sans faille de la communauté internationale » en faveur de la réalisation du Programme 2030.  Le débat de haut niveau de cette session, notamment la réunion ministérielle de trois jours du forum politique organisé sous les auspices du Conseil, se tiendra du 13 au 16 juillet 2021, clôturant ainsi deux semaines de débats autour du thème suivant: « une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19, qui favorise les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable: ouvrir une voie inclusive et efficace vers la réalisation du Programme 2030 dans le contexte de la décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable ».

Les travaux prévoient des tables rondes thématiques et la présentation de 43 examens nationaux volontaires qui seront focalisés sur les ODD à l’examen de cette session: Objectif 1 sur la pauvreté; 2 sur la faim zéro; 3 sur la bonne santé et le bien-être; 8 sur le travail décent et la croissance économique; 10 sur la réduction des inégalités; 12 sur la consommation et la production responsables; 13 sur l’action climatique; 16 sur la paix, la justice et des institutions fortes; et l’objectif 17 sur les partenariats.

Pour M. Liu qui a présenté ce matin le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la mise en œuvre des ODD, la communauté mondiale se trouve à un moment critique dans sa poursuite du Programme 2030.  Il lui revient de prendre des mesures idoines, notamment agir sur les carences systémiques révélées par la pandémie.  Il faut aussi tirer parti de « notre sagesse politique durement acquise lors des crises précédentes » et, enfin, exploiter les progrès continus de la science et de la technologie, a—t-il préconisé.  Le rapport montre que la pandémie de COVID-19 a eu un impact très important sur certains domaines de mise en œuvre des ODD, sapant ainsi des décennies d’efforts de développement.  Le ralentissement économique lié à la pandémie a poussé entre 119 et 124 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2020, et on dénombre déjà près de quatre millions de morts.

L’innovation est cruciale pour atteindre les ODD, a pour sa part expliqué M. Michael Kremer, professeur d’économie et prix Nobel de la discipline en 2019.  Il a souligné que l’innovation est le principal moteur de la croissance économique et de la prospérité, un domaine qu’il faut donc financer en conséquence, comme ce fut le cas avec les vaccins contre la COVID-19.  Il a considéré l’innovation comme un bien public qui peut se répandre à moindre coût et facilement.  Cela n’est pas le cas malheureusement pour les vaccins contre la COVID-19, ont déploré plusieurs intervenants du jour qui ont rappelé qu’un accès équitable et accéléré aux vaccins et traitements contre la COVID-19 est la première étape pour venir à bout de la pandémie et relancer les économies exsangues.  Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a même réclamé une hausse de la production locale de vaccins et appelé à renoncer aux droits de propriété intellectuelle. 

Autre vecteur de croissance, le commerce est indispensable pour accélérer la production de vaccins contre la COVID-19, a soutenu la Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Elle a en effet souligné que le vaccin de Johnson & Johnson utilise des intrants et des composants de 12 pays, et ce nombre passe à plus de 15 pour le vaccin Oxford/AstraZeneca et à 19 pour les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.  Pour aider le système commercial à contribuer aux augmentations de production, elle a donc exhorté les membres de l’OMC à libérer les chaînes d’approvisionnement en vaccins en abaissant les restrictions à l’exportation.  Elle leur a aussi demandé de travailler avec les fabricants pour identifier les goulots d’étranglement et d’augmenter les investissements, en particulier dans les pays en développement.

Au sujet du financement, la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que le FMI prend toute sa part dans la réponse mondiale en débloquant dans quelques jours 650 milliards de dollars de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS).  Mais seulement 33 milliards iront à l’Afrique, a regretté le Président du Sénégal.  Rappelant à cet égard que le FMI estime à 285 milliards de dollars d’ici à 2025 le besoin de financement additionnel des pays africains, M. Macky Sall a exhorté les pays du G20 qui recevront plus des deux tiers des nouvelles allocations des DTS à réallouer au moins 100 milliards de dollars en appui aux efforts de relance des pays à faible revenu, sous forme de dons et de prêts concessionnels et semi-concessionnels.  En attendant, de nombreux pays en développement notamment ont mis aujourd’hui l’accent sur le renforcement des systèmes de protection sociale.  C’est le cas du Pakistan, pays qui a créé des subventions en espèces couvrant 100 millions d’individus et 3 millions de petites et moyennes entreprises (PME).  

Par ailleurs, les enfants et les jeunes ont parlé ce matin pour annoncer, dans une vidéo de l’UNICEF, qu’ils passent déjà à l’action.  Des jeunes qui sont des victimes méconnues de la pandémie, alors qu’elle a eu sur eux des effets à la fois économiques, psychologiques et éducatifs, a relevé la Belgique.  C’est pour cela que la Directrice exécutive de l’UNICEF a exhorté les États à investir davantage dans les services de santé mentale.  Des appels ont été également entendus en faveur de la prise en compte, dans les plans de relance, des handicapés et surtout des femmes, afin d’atteindre non seulement l’ODD 5, mais aussi les autres ODD, a plaidé la Secrétaire générale de « Care International ».

Le forum politique de haut niveau poursuivra ses débats thématiques demain, mercredi 7 juillet, à partir de 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations liminaires

M. MOUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé les conséquences dévastatrices de la pandémie de COVID-19, en particulier pour les plus pauvres.  La pandémie a balayé des décennies de progrès et des millions de personnes sont retombées dans la pauvreté, a-t-il déploré.  Il a expliqué que les pays en voie de développement ont vu leurs recettes disparaître et le service de leur dette exploser.  Le Président de l’ECOSOC a rappelé que le forum politique de haut niveau pour le développement durable est l’occasion de démontrer l’engagement sans faille de la communauté internationale en faveur de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous réfléchirons aux politiques qui nous permettront de relancer l’économie et d’ouvrir une voie inclusive vers le développement durable. »  Le Président a enfin indiqué que ce forum permettra de faire un bilan approfondi de l’action des pays en vue de la réalisation de la « vision stratégique » qu’est le Programme 2030.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rendu compte du récent Débat sur l’intégration, organisé par l’ECOSOC en vue de recueillir des idées novatrices pour une relance post-COVID-19 inclusive et transformatrice.  Parmi les messages principaux des dialogues qui ont émaillé ce segment, il a tout d’abord cité la nécessité de rétablir la confiance dans les institutions et de renforcer le contrat social, l’objectif étant de décloisonner en prenant notamment en compte la problématique hommes-femmes.  Il faut en outre renforcer la coopération internationale et les partenariats multipartites pour ne laisser personne au bord du chemin et surtout sans vaccin, a poursuivi M. Sandoval, jugeant inacceptable que les pays les moins avancé (PMA) n’aient vacciné à cette heure que 2% de leur population.  Il importe aussi de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et son objectif 1, alors que la crise actuelle va pousser entre 119 et 124 millions de personnes dans la pauvreté extrême, a ajouté le Vice-Président de l’ECOSOC, avant d’en appeler à une relance qui protège à la fois les populations et la planète, via des plans de financement plus verts et plus intégrés.  À cette fin, le Débat sur l’intégration a mis l’accent sur le besoin d’un modèle de développement plus équitable, prévoyant des stratégies économiques circulaires et des investissements dans les énergies vertes et les transports « propres ».  

Les participants aux dialogues se sont par ailleurs prononcés pour un élargissement des mesures de protection sociale, qui favorisent la reprise et contribuent à l’élimination des inégalités, et pour une connectivité universelle.  Ils ont également souligné que ces efforts ne seront possibles que grâce à la collecte de données fiables, ventilées et de qualité pour prendre des décisions en pleine connaissance de cause et n’oublier aucun groupe vulnérable.  De même, a-t-il souligné, il convient de ne laisser pour compte aucun pays, notamment les PMA, les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral, qui, tous, doivent pouvoir avoir accès au vaccin et bénéficier d’un allègement du service de leur dette.  Enfin, a noté M. Sandoval, les participants ont souhaité que l’ECOSOC soit plus efficace en matière de coordination, afin de favoriser une relance plus inclusive.  Selon lui, le Débat sur l’intégration, qui deviendra le Débat sur la coordination en 2022, a prouvé que l’ECOSOC pouvait lancer une action transformatrice favorisant les objectifs de développement durable.

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a évoqué d’emblée le contexte de la pandémie de COVID-19, qui continue d’éprouver durement les pays. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, a-t-il relevé, l’Afrique, dont les taux de croissance étaient régulièrement trois fois supérieurs à la moyenne mondiale, est en récession.  Le Sénégal fait figure d’exception avec un taux de croissance passé de plus de 6% à 1,5%, s’est enorgueilli le Chef d’État, indiquant que, face à cette crise, son pays a adopté une démarche évolutive en trois phases.  Le Sénégal, a-t-il précisé, a d’abord mené une riposte sanitaire immédiate, avec l’achat massif de médicaments et équipements médicaux, la construction et la réhabilitation de structures sanitaires, la gratuité du dépistage et du traitement des malades, et l’achat de vaccins, en plus de l’initiative COVAX, qui reste limitée.  Le pays a ensuite engagé un plan de résilience économique et sociale, financé par l’État à hauteur de 1,64 milliard de dollars, avec l’appui de partenaires au développement et de donations volontaires.  Enfin, le Sénégal a lancé en septembre 2020 un programme d’actions prioritaires, dont les urgences portent sur la souveraineté alimentaire, sanitaire et pharmaceutique.  Dans le même temps, a indiqué M. Sall, nous poursuivons les politiques publiques sur les infrastructures, l’énergie propre, l’industrialisation, l’économie numérique et le tourisme, avec l’appui de partenaires bilatéraux et multilatéraux, dont la « Team Europe », la Chine, les États-Unis, le FMI, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le G20, via son initiative de suspension du service de la dette. 

Face à cette crise dont nul ne peut encore prédire la durée, nous devons renforcer les mesures de résilience et de relance, a insisté le Président du Sénégal, appelant la communauté internationale à travailler pour l’accès de tous aux vaccins contre la COVID-19.  Avec l’Institut Pasteur de Dakar, le Sénégal reste engagé dans le processus de production de vaccins pour contribuer à la lutte contre la pandémie, a-t-il assuré, avant de plaider pour plus de solidarité et plus d’inclusivité dans les efforts de reconstruction économique.  C’est l’objectif des conclusions du Sommet de Paris de mai dernier sur le financement des économies africaines, c’est aussi le sens de l’allocation prochaine de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) à hauteur de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards destinés à l’Afrique.  Rappelant à cet égard que le FMI estime à 285 milliards de dollars d’ici à 2025 le besoin de financement additionnel des pays africains, M. Sall a exhorté les pays du G20, qui recevront plus des deux tiers des nouvelles allocations de DTS, à réallouer au moins 100 milliards de dollars en appui aux efforts de relance des pays à faible revenu, sous forme de dons et de prêts concessionnels et semi-concessionnels. 

Au-delà des solutions conjoncturelles, a-t-il poursuivi, les pays en développement réclament surtout une réforme en profondeur de la gouvernance économique et financière mondiale, afin de créer des conditions plus propices de financement du développement, non par l’aide, mais par l’accès aux marchés de capitaux à des coûts soutenables.  Dans cet esprit, le Président du Sénégal a appelé de ses vœux une réforme urgente des règles de l’OCDE sur les conditions d’octroi des crédits export.  Il a également réclamé un assouplissement des règles de plafonnement de l’endettement et du déficit budgétaire, ainsi qu’une correction des critères de perception et d’évaluation du risque d’investissement, pour une notation plus transparente et plus juste des pays en développement.  Autre demande des pays en développement; une lutte plus ferme contre les paradis fiscaux et les flux financiers illicites, y compris l’évasion fiscale.  Selon la CNUCED, a noté M. Sall, ces flux coûtent à l’Afrique au moins 89 milliards de dollars par an, « soit la moitié de nos besoins annuels en investissement ».  Enfin, a-t-il dit, nous appelons à l’améliorations des règles du système fiscal international, dans le cadre du projet de lutte contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice, piloté par l’OCDE sous l’égide du G20.  Il a salué à ce propos la proposition américaine pour l’instauration d’un taux minimal d’imposition sur l’ensemble des entreprises à l’échelle mondiale.  Ensemble, a-t-il conclu, « œuvrons pour un New Deal où les intérêts de tous les pays seront pris en compte, pour un ordre mondial plus juste et plus inclusif ». 

M. TEDROS ADHANOM, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a indiqué que la pandémie est à une phase critique et appelé à utiliser tous les instruments de lutte à disposition, dont l’accès équitable aux vaccins.  Jusqu’à présent, 90 millions de doses ont été livrées à 135 pays grâce au mécanisme COVAX, ce qui est négligeable par rapport aux trois milliards de doses qui ont été fabriquées, a-t-il dit, en pointant les disparités vaccinales entre pays pauvres et riches.  Si les fabricants donnent la priorité au mécanisme COVAX, 10% de la population des pays développés pourrait être vaccinée d’ici à septembre et 40% en décembre.  Le Directeur général a réclamé une hausse de la production locale et appelé à renoncer aux droits de propriété intellectuelle.  Estimant que la pandémie a révélé « un déficit de solidarité », il a plaidé pour un renforcement des systèmes de santé, en ajoutant que le monde devait d’ores et déjà se préparer à la prochaine pandémie.  En conclusion, il a appelé à une meilleure redistribution des vaccins grâce au mécanisme COVAX et à soutenir un traité sur les pandémies envisagé au sein de l’OMS.  Ce traité jetterait les bases d’une réponse mondiale aux pandémies et permettrait de dépasser la négligence et la panique qui ont caractérisé la réponse aux pandémies jusqu’à présent, a-t-il conclu.

Mme KRISTALINA GEORGIEVA, Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a indiqué que la « lumière est au bout du tunnel » et que l’économie mondiale est en train de se relever de la pandémie.  Les prévisions de croissance sont de 6% en 2021 et de 4% en 2022, a-t-elle dit.  Elle a rappelé que sans la riposte budgétaire exceptionnelle des pays face à la pandémie, la récession économique aurait été trois fois plus importante.  Cette croissance globale masque néanmoins des disparités entre les pays ayant des capacités de relance et des taux de vaccination élevés et les autres.  Elle a rappelé que pour la première fois en 20 ans la pauvreté a augmenté dans le monde.  « C’est une calamité économique et une tragédie humaine. »  Elle a déclaré que la voie du relèvement est bien connue et passe par la vaccination d’au moins 60% de la population dans tous les pays.  Le coût des actions pour accélérer la relève après la pandémie est estimé à 50 milliards de dollars, a-t-elle dit, en indiquant qu’il s’agirait du « meilleur investissement public de nos vies ».

La Directrice générale a ensuite invité à garder le cap des ODD, dont la réalisation sera encore plus difficile en raison de la pandémie.  Celle-ci a en effet accru les besoins de financement pour réaliser les ODD d’une moyenne annuelle d’environ 2,5% du PIB mondial, soit 60 milliards de dollars par an pour les pays développés à bas revenu.  « Les défis sont considérables. »  En raison de la pandémie, le Nigéria accuse un retard de six ans pour réaliser lesdits objectifs, le Rwanda de cinq ans, a-t-elle cité en exemple.

Elle a invité les pays à se concentrer sur les réformes de croissance structurelle, en s’appuyant sur une meilleure mobilisation des ressources nationales.  « La croissance génère un cercle vertueux. »  Elle a rappelé que les impôts collectés dans les pays d’Afrique subsaharienne ne représentent que 12,5% de leur PIB.  La Directrice générale a appelé à un meilleur engagement du secteur privé et plaidé pour une augmentation de l’aide publique au développement (APD): augmenter cette aide pour qu’elle atteigne la cible de 0,7% du revenu mondial brut permettrait de générer 200 milliards de dollars par an pour le financement du développement.  « Cela ferait une énorme différence. »  Enfin, elle a indiqué que le FMI prend toute sa part dans la riposte mondiale en débloquant dans quelques jours 650 milliards de dollars de nouveaux droits de tirage spéciaux.  « Il y a la lumière seulement si nous sommes suffisamment courageux pour la voir, seulement si nous sommes suffisamment courageux pour être cette lumière », a -t-elle conclu, en citant ces mots de la poétesse Amanda Gorman.

Mme NGOZI OKONJO-IWEALA, Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a assuré à l’entame de son propos que le commerce sera au centre des efforts pour mettre fin à la pandémie de COVID-19.  C’est un ingrédient nécessaire pour reconstruire un monde plus fort et plus inclusif et pour relancer les progrès vers le développement durable, a-t-elle souligné, avant de déplorer les coups sévères portés par cette crise à la réalisation du Programme 2030, à commencer par l’augmentation de la pauvreté, de la faim et de l’insécurité alimentaire.  Dans ce contexte mondial marqué par l’aggravation des inégalités, des signes se font jour d’une reprise économique « en forme de K », a relevé la Chef de l’OMC, expliquant que les perspectives économiques des pays bifurquent en fonction de leur accès aux vaccins et de leur capacité fiscale et monétaire à fournir un soulagement et une stimulation économiques. 

De fait, la plupart des économies avancées vont de l’avant, tandis que les marchés émergents et les économies en développement sont à la traîne, a-t-elle constaté, notant qu’une illustration frappante de cette divergence provient des statistiques de vaccination contre la COVID-19.  Bien que l’on assiste à une accélération du déploiement mondial des vaccins, avec 1,1 milliard de doses administrées dans le monde en juin, soit 44% de plus qu’en mai, l’injustice vaccinale est patente.  En effet, sur ces 1,1 milliard de doses, seulement 15 millions, soit moins de 1,4%, ont été administrées en Afrique.  Mesuré en doses administrées par habitant, le taux de vaccination en Afrique a augmenté de seulement 11% entre mai et juin, soit bien moins que la moyenne mondiale, a regretté Mme Okonjo-Iweala, ajoutant que, dans les pays à faible revenu, le taux de vaccination a en fait chuté, en raison notamment de la disponibilité insuffisante des vaccins.

Ces écarts se reflètent dans l’économie, a observé la Directrice générale de l’OMC.  Selon la Banque mondiale, seulement un tiers des marchés émergents et économies en développement sont en passe de retrouver les niveaux de revenu par habitant d’avant la pandémie, contre 90% des économies avancées.  De plus, a-t-elle indiqué, le FMI prévoit que l’économie mondiale connaîtra une croissance de 6% cette année, mais seulement de 3,4% en Afrique subsaharienne.  D’après elle, cette divergence économique est également visible dans les données commerciales.  Alors que les économistes de l’OMC prévoient que le volume du commerce mondial des marchandises augmentera de 8% cette année, il apparaît que l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe sont sur la voie d’une reprise commerciale beaucoup plus soutenue qu’en Afrique et en Amérique latine.

Pour Mme Okonjo-Iweala, le Programme 2030 reste la bonne feuille de route pour notre époque alors que nous affrontons les changements climatiques et la COVID-19.  Mais si nous n’agissons pas, a-t-elle averti, les objectifs de développement durable resteront hors de portée et de nombreux pays en développement pourraient faire face à une « spirale descendante » marquée par une croissance lente, des troubles sociaux, un surendettement, une réduction des investissements et de la production, et un commerce diminué, autant de facteurs susceptibles d’alimenter le déclin économique et la colère politique.  À ses yeux, une action rapide de l’OMC dans deux domaines clefs, les vaccins et les subventions à la pêche, pourrait contribuer à remettre les ODD sur la bonne voie.  

Soulignant que le déploiement rapide et équitable des vaccins est une condition préalable à une croissance économique inclusive, la Chef de l’OMC a rappelé qu’elle s’était jointe à ses homologues de l’OMS, du FMI et de la Banque mondiale pour appeler à un investissement initial de 50 milliards de dollars pour vacciner au moins 40% de la population mondiale d’ici la fin de cette année et 60% d’ici le milieu de 2022.  Le commerce est en effet indispensable pour accélérer la production de vaccins contre la COVID-19, a-t-elle soutenu, saluant le fait qu’en 2020, la valeur des échanges de fournitures médicales a augmenté de 16%, alors même que la valeur du commerce mondial global des marchandises reculait de plus de 7%.  Le commerce a également été une « bouée de sauvetage » pour l’accès à la nourriture, grâce à la restriction de l’utilisation des mesures protectionnistes, a fait valoir Mme Okonjo-Iweala, avant de souligner la dépendance des vaccins au commerce et aux chaînes d’approvisionnement.  Ainsi, a-t-elle expliqué, le vaccin de Johnson & Johnson utilise des intrants et des composants de 12 pays, et ce nombre passe à plus de 15 pour le vaccin Oxford/AstraZeneca et à 19 pour les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.  Pour aider le système commercial à contribuer aux augmentations de production, elle a donc exhorté les membres de l’OMC à libérer les chaînes d’approvisionnement en vaccins en abaissant les restrictions à l’exportation; à travailler avec les fabricants pour identifier les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et augmenter les investissements, en particulier dans les pays en développement; et à trouver des solutions aux problèmes de transfert de technologie, de savoir-faire et de propriété intellectuelle, afin d’assurer aux pays en développement une quasi-automaticité d’accès. 

Parallèlement aux efforts de relance de la croissance, nous devons aussi nous attaquer aux problèmes urgents des « biens communs mondiaux », a poursuivi Mme Okonjo-Iweala, évoquant la prochaine COP26 sur les changements climatiques et la réunion de la semaine prochaine sur la santé des océans.  Depuis 2001, a-t-elle rappelé, les membres de l’OMC négocient pour lutter contre les subventions aux pêcheries nuisibles.  Si certains dirigeants souhaitent parvenir à un accord cette année, cette volonté politique ne s’est pas encore traduite par une « volonté suffisante de compromis », a-t-elle déploré.  C’est pourquoi, a-t-elle précisé, j’ai convoqué les ministres pour une réunion virtuelle le 15 juillet, dans l’espoir de finaliser un accord à temps pour la douzième Conférence ministérielle, prévue début décembre.  Selon elle, un accord de pêche de l’OMC cette année ferait une différence importante pour les stocks de poissons mondiaux, dont un tiers n’est plus à des niveaux biologiquement durables.  Un tel accord permettrait d’atteindre la cible 14.6 des ODD et montrerait que les membres de l’OMC sont « encore capables de négocier des accords multilatéraux et de répondre aux défis mondiaux ».

« Plus l’OMC est en mesure d’obtenir des résultats, mieux elle saura fournir de la prévisibilité et de la certitude aux marchés internationaux », a souligné Mme Okonjo-Iweala, estimant en conclusion que des avancées sur ces questions contribueraient à une reprise économique plus large, car « l’ouverture des échanges permet aux économies à croissance lente de profiter de reprises plus rapides ailleurs ». 

Le forum politique a ensuite entendu M. MICHAEL KREMER, professeur d’économie et de politiques publiques à l’Université de Chicago, Directeur fondateur du laboratoire d’innovation du développement au « Becker Friedman Institute for Economics » et lauréat du prix Nobel d’économie 2019.  M. Kremer a dit axer son intervention sur le développement et l’innovation.  Selon lui, parfois, les gens associent l’innovation aux gadgets alors que c’est bien plus que cela.  Il a affirmé que l’innovation est cruciale pour atteindre les ODD.  En effet, l’innovation pourrait permettre de trouver de nouvelles et meilleures façons de faire les choses, et l’innovation est le principal moteur de la croissance économique et de la prospérité.  Il a justifié ses propos en faisant remarquer que nous ne pouvons pas augmenter les revenus toujours plus en utilisant plus de ressources, appelant dès lors à trouver de nouvelles et meilleures façons de faire les choses.  

Le professeur d’économie a souligné que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance de l’innovation médicale, comme le démontre ces 13 vaccins développés dans le monde en un temps record.  Il faut donc, a-t-il suggéré, tirer les leçons de cette expérience de la COVID-19 pour financer et développer des vaccins et des traitements nécessaires pour d’autres maladies qui causent de nombreux décès dans le monde chaque année.  De même, les innovations en matière de politique et de technologie peuvent améliorer l’éducation et le bien-être, a-t-il ajouté en notant également que les interruptions de scolarité cette année ont mis en évidence l’importance de pouvoir trouver rapidement de nouvelles façons de fournir des services, en particulier pendant une crise.  Pour M. Kremer, l’innovation est un bien public: les nouvelles idées développées en un seul endroit peuvent se répandre à moindre coût et facilement, ce qui signifie qu’elles sont un bien public mondial, mais cela a aussi pour conséquence que les pays ont tendance à sous-investir dans l’innovation.  Pourtant, nous avons besoin de plus d’investissements dans l’innovation, et en particulier dans les innovations qui répondent aux besoins des personnes vivant dans la pauvreté, a-t-il plaidé.  

Le prix Nobel d’économie a ensuite expliqué que la méthode expérimentale est un bon outil en matière d’innovation, car elle permet de développer et de tester de nouvelles idées.  C’est pourquoi il a créé, cette année, le laboratoire d’innovation du développement à l’Université de Chicago, afin d’établir des relations étroites et durables avec les gouvernements, les ONG et entreprises dans les pays à revenu faible et intermédiaire pour identifier, développer et tester des innovations susceptibles de bénéficier à des millions de personnes dans ces pays.  Trouver des moyens rentables de fournir de l’eau potable à grande échelle sera l’une des priorités du laboratoire.  Au-delà des projets individuels, M. Kremer a relevé que plusieurs fonds ont été mis en place pour identifier et vulgariser à grande échelle des innovations prometteuses.  Il a donné l’exemple de « Development Innovation Ventures » de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) dont il fut Directeur scientifique.  Cette initiative est ouverte à tous les secteurs et zones géographiques et elle fait de petits investissements pour piloter et tester des idées prometteuses, et des plus grands pour aider les innovations qui sont soutenues par des preuves empiriques et rigoureuses à grande échelle.  Il a conclu en soulignant le potentiel de ce type de fonds d’innovation à générer des rendements élevés pour la société.  

Examen thématique: Présentation du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et débat

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a présenté le rapport du Secrétaire général faisant le point sur les objectifs de développement durable (ODD) (E/2021/58).  Le rapport montre que la pandémie de COVID-19 a eu un impact très important sur certains domaines de mise en œuvre des ODD, sapant ainsi des décennies d’efforts de développement.  La communauté mondiale se trouve donc à un moment critique dans sa poursuite du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

À ce jour, a souligné M. Liu, la pandémie de COVID-19 a fait près de quatre millions de morts, a dévasté l’économie mondiale et bouleversé toutes les sphères de la vie humaine.  Avant la pandémie, des progrès avaient été faits dans certains domaines importants comme la réduction de la pauvreté, l’amélioration de la santé maternelle et infantile, l’amélioration de l’accès à l’électricité, et l’égalité des sexes.  Il a noté toutefois qu’avant la pandémie, au début de 2020, nous n’étions pas en voie de réaliser les ODD.  En 2020, le ralentissement économique lié à la pandémie a poussé entre 119 et 124 millions de personnes dans l’extrême pauvreté, a-t-il dit, signalant aussi que l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein ont été perdus et que le nombre de personnes souffrant de la faim, déjà croissant avant la pandémie, aurait augmenté de 83 à 132 millions.  De même, 101 millions d’enfants et de jeunes supplémentaires sont tombés en deçà du niveau minimal de compétence en lecture, anéantissant les gains d’éducation des deux dernières décennies.  La crise exacerbe également les inégalités, menaçant les moyens de subsistance de 1,6 milliard de travailleurs dans l’économie informelle, et on note une forte augmentation de l’indice de Gini sur les inégalités de revenus dans de nombreux pays.  Dans le même temps, les femmes et les enfants ont été confrontés à une augmentation de la violence domestique et jusqu’à 10 millions de filles supplémentaires sont menacées de mariage précoce au cours de la prochaine décennie, une autre conséquence de la pandémie.

Pendant ce temps, le ralentissement économique associé à la COVID-19 n’a pas vraiment eu d’effet sur la crise climatique, puisque les données préliminaires montrent que les concentrations des principaux gaz à effet de serre mondiaux ont augmenté en 2020.  La température moyenne mondiale en 2020 était d’environ 1,2 °C au-dessus du niveau préindustriel, ce qui est dangereusement proche de la limite de 1,5 °C prévue par l’Accord de Paris.  De plus, le monde n’a pas atteint les objectifs de 2020 pour stopper la perte de la biodiversité, note encore le rapport.  Dix millions d’hectares de forêt ont été perdus chaque année entre 2015 et 2020.  

Le rapport montre également que certains des moyens de mise en œuvre nécessaires pour soutenir la transformation des ODD ont été affectés négativement par la crise de la COVID-19.  Ainsi, les flux mondiaux d’investissements étrangers directs ont diminué de 40% en 2020 par rapport à 2019.  La valeur du commerce mondial des marchandises devrait chuter de 5,6%, alors que l’aide publique au développement (APD) nette a augmenté en 2020 pour atteindre un total de 161 milliards de dollars, même si cela reste bien en deçà de ce qui est nécessaire pour répondre à la COVID-19 et atteindre l’objectif fixé de longue date de 0,7% du revenu national brut (RNB).  De plus, les nombreux impacts fiscaux de la pandémie conduisent à l’endettement dans de nombreux pays.

Dans l’ensemble, a relevé le Secrétaire général adjoint, ce rapport dresse un tableau inquiétant de l’état des ODD, six ans après l’adoption du Programme 2030.  « Pourtant, les ODD restent toujours à portée de main, à condition que nous fassions ce qu’il faut. »  Et parmi les mesures à prendre, il a demandé d’agir sur les carences systémiques révélées par la pandémie.  Il faut aussi tirer parti de notre sagesse politique durement acquise lors des crises précédentes, et enfin, exploiter les progrès continus de la science et de la technologie, a recommandé M. Liu pour qui nos actions doivent aussi nous orienter délibérément vers une voie de développement plus inclusive et durable que notre trajectoire d’avant 2020.  Il a proposé trois éléments pour guider ces efforts.  

Premièrement, il a recommandé d’établir des conditions équitables pour que tous les pays se rétablissent, car les disparités de gestion de la pandémie auront des coûts pour le monde entier, y compris pour ceux qui sont sur la voie du relèvement.  Un accès équitable et accéléré aux vaccins et traitements contre la COVID-19 est la première étape pour réduire ces inégalités, a-t-il dit.  Mais comme cela ne suffira pas, il faut aussi un plan de relance mondial contre la dévastation économique.  Parmi les mesures évoquées ici, il a souligné les engagements en matière d’APD, l’allègement du fardeau de la dette et l’augmentation des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI pour soutenir la reprise dans les pays en développement.

Deuxièmement, il a invité les pays à veiller à ce que les pertes d’ODD dues à la pandémie ne se traduisent pas par une érosion à long terme des capacités.  Par exemple, des mesures peuvent être prises pour rouvrir les écoles en toute sécurité et pour renforcer l’apprentissage à distance, si nécessaire.  Selon M. Liu, permettre l’accès universel à la protection sociale, aux soins de santé et à l’éducation sont des mesures pouvant arrêter le revers dans la mise en œuvre des ODD et faire qu’ils ne soient pas des pertes à long terme. 

Troisièmement, nous devons tous agir intelligemment pour tirer parti des connaissances scientifiques et des nouvelles technologies, a également préconisé le Secrétaire général adjoint.  Il a rappelé que l’accès universel à une énergie propre, des systèmes alimentaires durables, l’éradication de la fracture numérique, et les transformations vers des transports durables et des villes durables sont autant de domaines où une action intelligente et multipartite peut conduire à des avantages en cascade à travers les ODD.  Il a donc invité les gouvernements, les villes, les entreprises et les industries à profiter de la reprise pour adopter des voies de développement résilientes et inclusives afin de réduire les émissions de carbone, conserver la nature, créer de meilleurs emplois, faire progresser l’égalité des sexes, et lutter contre les inégalités croissantes.  

M. Liu a affirmé que « notre succès dépendra en grande partie de notre réponse collective au cours des 18 prochains mois ».  Et il a ajouté que cette crise peut être le signal d’alarme qui nous pousse à transformer notre monde, mettre en œuvre le Programme 2030 et tenir notre promesse envers les générations actuelles et futures.

Au cours du débat qui a suivi, lequel fut animé par l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. ACHIM STEINER, le Ministre d’État au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, Lord AHMAD de Wimbledon, a dit que son pays s’est servi de sa présidence du G7 pour promouvoir la production de vaccins à l’échelle mondiale.  Il a également mis l’accent sur l’éducation en période de pandémie, notamment en faveur des filles.  Mme SANIA NISHTAR, Ministre fédérale et Assistante spéciale du Premier Ministre du Pakistan pour la réduction de la pauvreté et la sécurité sociale, a expliqué que son pays a apporté un soutien prioritaire aux personnes vulnérables.  Des subventions en espèces couvrant 100 millions d’individus et 3 millions de petites et moyennes entreprises (PME) ont été faites.  Pour le Pakistan, il est important de protéger le capital humain, et malgré les perturbations liées à la COVID-19, le pays est sur la bonne voie pour mettre sur pied un nouveau système national de santé et de nutrition, utilisant notamment des financements innovants pour lutter contre la faim, grâce à des partenariats avec des philanthropes qui fournissent des repas à grande échelle.

Le capital humain que représentent les enfants a été au cœur de l’intervention de la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme HENRIETTA H. FORE, qui a donné une estimation alarmante pour 2020: plus de 140 millions d’enfants ont basculé dans la pauvreté, ce qui porte le nombre total d’enfants vivant dans la pauvreté à plus de 725 millions.  Elle a expliqué que le stress lié à la lutte contre la pandémie entraîne des risques majeurs pour la santé mentale et la sécurité physique des enfants.  C’est pourquoi l’UNICEF a demandé un investissement accru dans tous les systèmes dont les enfants ont besoin.  Par exemple, du fait de la fermeture des écoles, on a constaté que 400 millions d’enfants n’avaient pas d’Internet.  De plus, les enfants se sont parfois retrouvés enfermés à la maison avec leurs agresseurs, en étant également coupés de leurs amis et des services d’aide à la protection de l’enfance qui étaient fermés.  Alors que les pays cherchent à renforcer leurs systèmes de santé après la pandémie, l’UNICEF les a exhortés à faire des investissements accrus dans les services de santé mentale, y compris le counseling pour les enfants, les jeunes et leurs parents et soutiens.

C’est pour la « planète entière » qu’a ensuite plaidé Mme SIGRID KAAG, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, qui a appelé à un changement systémique en ces temps de relèvement.  Évoquant la crise climatique, elle a demandé d’intensifier les efforts pour atteindre les objectifs convenus à Paris en 2015.  De plus, sans un accent clair sur l’autonomisation des femmes, des filles, des jeunes et d’autres groupes qui ont été disproportionnellement touchés par la pandémie, les ODD ne seront pas atteints, a-t-elle prévenu.  

Attirant l’attention sur les petits États insulaires en développement (PEID), la Ministre des affaires économiques et des investissements de la Barbade, Mme MARSHA CADDLE, a dit qu’en plus des ouragans qui frappent ces pays, dont le sien, les confinements leur ont fait perdre les revenus tirés du tourisme, qui sont à la base de leurs économies.  Son gouvernement a tout de même mis sur pied des programmes de compensation des pertes de revenus pour les acteurs du secteur du tourisme.  Le Directeur du Bureau de la planification et du budget de l’Uruguay, M. ISAAC ALFIE, a de son côté rappelé que son pays a une longue histoire d’assistance sociale depuis la Première Guerre mondiale.  Depuis le début de la pandémie, le pays a établi un plan de relance de l’économie en mettant l’accent sur l’emploi.  Une membre du Gouvernement du Rwanda a expliqué comment son pays avait créé des structures, allant du niveau communautaire jusqu’au niveau national, afin de répondre à la pandémie.  Il est vrai que le pays a tiré profit de son expérience de la gestion de l’Ebola, a-t-elle noté.   

Présentant l’approche régionale, Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a dit que le message des cinq régions est clair: il faut repenser l’architecture mondiale de financement et introduire des financements innovants; investir dans des systèmes de santé et de protection sociale centrés sur les personnes et sensibles au genre; investir et innover dans les données pour atteindre les ODD, pour les efforts de redressement et la réponse aux crises; renforcer l’engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes; et tirer parti de la numérisation à l’appui des ODD.  Aux États Membres, elle a demandé d’aller de l’avant, avec la résilience, l’inclusion, la durabilité et la solidarité comme boussoles.

« Les réformes » sont le moyen qu’a préconisé M. JOMO KWAME SUNDARAM, professeur associé à Columbia University (New York), afin de reconstruire en mieux et de réaliser les ODD.  Dans ce contexte, il faut éviter les difficultés qu’entraînerait une nouvelle guerre froide, a-t-il plaidé, demandant aux États d’œuvrer « main dans la main ».  C’est sur « le long terme » qu’il faut mettre l’accent, a insisté M. DOMINIC WAUGHRAY, Directeur général de « Centre for Global Public Goods » et membre du Conseil d’administration du Forum économique mondial.  Il a dès lors recommandé de nouer et renforcer des partenariats à l’échelle internationale, puisqu’il y a « tant de choses à faire, mais l’argent manque ».  

Pour Mme SOFIA SPRECHMANN SINEIRO, Secrétaire générale de « Care International », la première chose à faire justement est de résoudre ces inégalités entre les genres que la COVID-19 a approfondies.  Sans résoudre ce problème, nous ne parviendrons pas à atteindre non seulement l’ODD 5, mais aussi les autres ODD, a-t-elle mis en garde, expliquant que « nous ne pouvons pas reconstruire alors que la moitié de l’humanité est mise à l’écart ».  Elle a en outre rappelé que chaque année, le travail de soins non rémunéré fait par les femmes notamment est évalué à environ 10 800 milliards de dollars.  C’est pourquoi lors du Forum sur l’égalité des genres à Paris, la semaine dernière, la société civile a recommandé que 10% des revenus nationaux soient dépensés pour des services abordables de soins aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

Alors que les femmes ont été en première ligne de la lutte contre la COVID-19, nous devons remettre les droits des femmes et des filles au cœur de l’agenda international, a réagi à son tour la France.  Elle a justement souligné que la première priorité pour mettre fin à la pandémie est d’assurer un accès universel à la vaccination.  Elle a plaidé pour un soutien aux pays en développement dans leurs efforts vers une relance durable de leur économie, et pour rendre nos sociétés plus résilientes, tout en luttant contre les inégalités mondiales.  Des systèmes de protection sociale agiles et durables sont ainsi nécessaires, a relevé la Finlande en soulignant les besoins mis en évidence par la pandémie.  De même, en temps de crise et au-delà, il est important de donner aux gens les moyens de prendre soin de leurs santé mentale, a-t-elle recommandé.  Les Philippines ont également dit avoir mis l’accent sur le renforcement du secteur de la santé, tandis que la Suisse a mis en garde sur le risque de voir le monde se diviser encore davantage entre les pays qui pourront se redresser grâce à des mesures de relance et à la digitalisation et d’autres qui ne parviendront pas à sortir du cycle de la pauvreté et de la dette. 

L’Indonésie a dit avoir mis en place un centre de financement des ODD pour pallier le manque des fonds pour financer les initiatives novatrices.  La Chine a appelé à un plus grand soutien aux pays en développement à qui elle a déjà offert plus de 100 millions de doses de vaccins contre la COVID-19.  Le Népal a relevé que la crise de la COVID-19 peut être le prétexte pour transformer notre monde en un endroit meilleur, à condition que le vaccin contre cette pandémie devienne un bien public mondial.  Même son de cloche du côté de la République de Corée, pour qui c’est le moment de transformer cette crise mondiale en opportunité pour réaliser les ODD, alors que l’Afrique du Sud a également dénoncé les inégalités dans la prise en charge de la pandémie.

Revenant aux enfants, leur porte-parole, le représentant du Grand Groupe des enfants et des jeunes, a appelé à lutter contre le travail des enfants qui a pris de l’importance avec la pandémie, avant que le représentant du Grand Groupe des handicapés n’insiste pour que ces derniers soient intégrés dans les plans de relance, afin de garantir un recouvrement complet.

Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte: comment protégeons-nous les plus pauvres et les plus vulnérables de la crise et leur donnons-nous les moyens de réaliser les objectifs de développement durable?

Présidée par Mme Pascale Baeriswyl (Suisse), Vice-Présidente de l’ECOSOC, la deuxième table ronde du jour avait pour thème: « Veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte: comment protégeons-nous les plus pauvres et les plus vulnérables de la crise et leur donnons-nous les moyens de réaliser les objectifs de développement durable? »  Une question très large à laquelle les participants ont tenté de répondre en mettant en avant l’importance d’une protection sociale élargie, d’une connexion universelle et de partenariats entre les gouvernements à tous les niveaux, la société civile et le secteur privé, dans le cadre de politiques axées sur les droits humains. 

À la suite de Mme Jane Barratt, Secrétaire générale de la Fédération internationale du vieillissement (IFA) et modératrice de cette discussion, qui a mis l’accent sur l’exacerbation des inégalités au cours de la période pandémique, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a plaidé pour des actions véritablement transformatrices afin de construire des sociétés plus égales et plus durables.  « Une reprise économique à deux vitesses est une reprise qui n’est pas durable et qui finira par provoquer de nouvelles catastrophes », a averti Mme Michelle Bachelet, estimant que les approches de développement fondées sur les droits humains sont « le meilleur moyen de réduire les inégalités et de reprendre notre chemin vers la réalisation du Programme 2030 ».

Pour atteindre ce double objectif, Mme Bachelet a plaidé pour une augmentation des investissements dans les services essentiels.  Même dans un contexte de réduction de l’espace budgétaire, il importe de réaffecter les moyens et de repenser la fiscalité pour dégager de nouvelles ressources et promouvoir une économie qui donne accès aux soins de santé, à la protection sociale, à l’éducation de qualité, à l’eau potable, au logement et à d’autres droits fondamentaux, a-t-elle souligné, avant de rappeler l’importance des données ventilées pour élaborer des politiques efficaces.  « Nous ne pouvons pas résoudre ce que nous ne voyons pas », a-t-elle fait remarquer, rejointe dans cette analyse par le Directeur général adjoint de l’Agence suisse pour le développement et la coopération, selon lequel « seuls ceux qui sont comptés comptent dans les décisions politiques ». 

Pour la Haute-Commissaire, une approche de reprise fondée sur les droits humains exige également une plus grande coopération et une solidarité accrue, notamment pour garantir un accès équitable et universel aux vaccins contre la COVID-19.  Dans ce contexte, le financement du développement et ses conditionnalités devraient, selon elle, soutenir, et non saper, les capacités de chaque État à financer les objectifs des droits de l’homme qui assurent la sécurité et le bien-être des populations.

« Les derniers doivent être les premiers dans les efforts de reconstruction », a abondé Mme Jane Coffin, Vice-Présidente principale de l’Internet Society, pour qui la connectivité est non seulement un moyen de développement essentiel mais aussi un levier de croissance pour les économies.  Reste que la moitié de l’humanité n’a pas accès à l’Internet, ce qui implique de prendre des décisions politiques et réglementaires pour éviter de laisser ces milliards de personnes de côté.  « Si nous n’agissons pas maintenant les écarts vont se creuser », a-t-elle prévenu en préconisant des approches multipartenaires et des efforts de formation aux compétences numériques.  

Partisan lui aussi de partenariats avec les gouvernements, l’industrie et la société civile, « à l’image de ce qui a été fait pour développer les vaccins contre la COVID-19 », M. Joshua Phoho Setipa, Directeur général de la Banque de technologie pour les pays les moins avancés, a mis l’accent sur les besoins immenses des économies émergentes, qui souffraient déjà avant le choc de la pandémie.  Cette crise est un défi sans précédent mais aussi l’occasion d’harmoniser les plans avec les besoins effectifs en matière de développement, a relevé à cet égard M. Saad Alfarargi, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au développement.  Il faut donc, à ses yeux, des budgets de développement orientés vers les pays les plus fragiles et un soutien immédiat, agrémenté de liquidités à court terme et de subventions sans condition pour protéger l’emploi et relancer l’activité économique.   

C’est également l’avis de M. Fabio Veras, Coordonnateur des communications, des publications et de la recherche du Centre international de politiques pour une croissance inclusive (IPC-IG), selon lequel l’aide aux pays en développement doit permettre de combler les lacunes en matière de protection sociale, particulièrement marquées dans les pays à faible revenu.  Si ces pays ont le plus souvent aidé les travailleurs à faire face au confinement et à la perte d’emploi, ils ont « oublié » dans leur riposte les acteurs du secteur informel et d’autres laissés pour compte tels que les femmes et les migrants.  Or les migrants sont aussi en première ligne dans les systèmes de santé et les services à domicile, a fait valoir M. Antonio Vitorino, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), non sans appeler à inclure ces populations dans les plans de reprise et les campagnes vaccinales.  « Ces personnes font partie intégrante de la relève », a-t-il insisté, appuyé par le Mécanisme de participation de la société civile en Asie du Sud, qui a mis en garde contre les risques d’exploitation des plus vulnérables.  

Les migrants, mais aussi les femmes, les LGBTI, les enfants, les travailleurs du sexe et les exploitants agricoles figurent parmi les personnes les plus touchées par la crise, a confirmé Mme Beena Pallical, Directrice exécutive du Asia Dalit Rights Forum, en charge des communautés discriminées par le travail et l’ascendance.  La reprise exige, selon elle, de soutenir les communautés des groupes les plus marginalisés, ce qui implique de cartographier ces populations et de leur proposer des solutions adaptées pour en faire des parties prenantes des efforts de redressement. 

Le développement inclusif oblige de prêter l’oreille aux besoins des groupes vulnérables et de différencier les démarches en fonction des contextes, a acquiescé le Mexique, tandis que la Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale du Ghana faisait état d’un plan d’action national pour éliminer les formes de travail des enfants et lutter contre les mariages précoces.  Il convient aussi d’agir au niveau local, singulièrement pour remédier aux lacunes en matière de protection sociale, a pour sa part estimé le Directeur de l’Agence de santé publique de la Suède, soulignant à son tour l’importance d’un ciblage des besoins pour réduire les écarts entre les groupes de population.  

« Ces groupes sont détenteurs de droits et doivent participer aux décisions », a renchéri la Norvège, imitée par l’Indonésie qui a mis en avant ses efforts pour venir en aide aux plus pauvres, via des transferts de fonds et des filets de sécurité sociale.  Sur cette même ligne, la Finlande a dit donner la priorité à la protection sociale universelle et l’éducation de qualité, tout en reconnaissant que lutter contre l’exclusion et garantir un emploi pour tous restent problématiques pour les personnes appartenant à des minorités, en situation de handicap ou âgées, ce qui réclame d’impliquer davantage la société civile. 

Pour la Belgique, les jeunes sont des victimes méconnues de la pandémie, qui a eu sur eux des effets à la fois économiques, psychologiques et éducatifs.  En Europe, a-t-elle relevé, deux tiers des jeunes pensent que cette crise a affecté leur santé mentale et la même proportion d’écoliers et d’étudiants estiment avoir moins appris pendant cette période, un phénomène encore aggravé par la fracture numérique.  De fait, a pointé l’ONG World Vision, qui promeut les initiatives de société civile en faveur des ODD, les jeunes sont des laissés pour compte et il est urgent de les entendre davantage pour qu’ils aient « voix au chapitre » dans le cadre de la reprise. 

Renforcer la résilience face aux chocs futurs par des changements structurels et des investissements dans des infrastructures durables

Cette table ronde résolument « tournée vers l’avenir », selon l’expression du Président de l’ECOSOC, a été l’occasion pour les nombreux intervenants de souligner la nécessité absolue d’un relèvement post-pandémie donnant la priorité à des investissements dans des infrastructures résilientes et des systèmes de protection sociale robustes pour faire face aux chocs futurs.  Le consensus de Washington et sa politique d’austérité, critiqué aujourd’hui même par le FMI, doit être abandonné si nous voulons une transformation structurelle de nos économies, a notamment affirmé l’une des oratrices. 

Première intervenante, Mme ISABELLE DURANT, Secrétaire générale par intérim de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a indiqué que les investissements mondiaux ont été durement touchés par la pandémie, diminuant d’un tiers en 2020 par rapport aux niveaux de 2019.  Elle a rappelé que, dans le monde entier, les pays élaborent des plans de relance.  « Nous en sommes en moyenne à un montant de quelque 3 500 milliards de dollars pour la reprise des investissements à divers termes, et d’autres plans sont en préparation. »  Elle s’est félicité que ces plans soient largement orientés vers les infrastructures physiques, numériques et vertes.  Il s’agit de priorités judicieuses car elles sont alignées sur les besoins d’investissement des objectifs de développement durable et ont un effet multiplicateur économique élevé, ce qui est important pour la stimulation de la demande, a-t-elle expliqué.  Cependant, les pays en développement ne représentent qu’environ 10% du total des dépenses de relance à ce jour.  Mme Durant a donc plaidé pour un soutien accru de la part des prêteurs bilatéraux et multilatéraux et des agences de garantie pour contrer les risques et la pression à la hausse sur les coûts de financement des projets dans les pays en développement à faible revenu.  Enfin, elle a estimé que les infrastructures, dont les ports de mer, ont un impact sur la réalisation de 92% de l’ensemble des objectifs de développement durable.

Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a noté les trajectoires économiques divergentes.  « Nous sommes entrés dans la crise ensemble mais nous la vivons de manière très différente. »  Elle a réclamé davantage de fonds pour remédier à ces divergences.  Elle a salué l’approbation des droits de tirage spéciaux et demandé maintenant leur décaissement pour accroître les liquidités à disposition des pays en développement.  Elle a plaidé pour un accès équitable aux vaccins, en rappelant que l’Afrique n’a pour l’instant vacciné que 2% de sa population.  Enfin, Mme Songwe a appelé à baisser les coûts d’accès aux marchés.

Chaque dollar des sommes engagées au titre de la réponse mondiale à la pandémie doit être employé au mieux, a enchaîné Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe et Chef du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes.  Elle a jugé essentiels les investissements dans les infrastructures, en rappelant qu’ils sont dans la majorité financés par le secteur privé.

À son tour, M. FRANCESCO LA CAMERA, Directeur général d’IRENA, a appelé de ses vœux des investissements ciblés dans le secteur des infrastructures et des énergies renouvelables.  Les institutions publiques peuvent jouer un rôle crucial dans l’atténuation des risques d’investissement et l’encouragement des flux de financement privés, qui sont cruciaux pour reconstruire en mieux, a-t-il dit.  « Nous pouvons assurer un accès universel à l’énergie, à l’éducation et à la santé, tout en générant des opportunités économiques stables pour des millions de personnes. »

Face à la multiplicité et à la gravité des crises environnementales, M. EAMON RYAN, Ministre des transports de l’Irlande, a appelé à régler ces crises de manière socialement juste, en citant les instruments internationaux adoptés à ce jour pour ce faire.  Il a aussi appelé à une coopération internationale dans le cadre de l’ONU, les pays développés devant en faire davantage pour aider les pays en développement.  Le Ministre a précisé que la priorité de son pays est la réduction des émissions à gaz à effet de serre.  Il a espéré que l’esprit d’union dont le monde a fait preuve face à la pandémie prévaudra également pour faire face à l’urgence climatique.

Pour sa part, M. YANNICK GLEMAREC, Directeur exécutif du Fonds vert pour le climat, a noté l’importance d’infrastructures résilientes face aux changements climatiques, ajoutant que c’est là l’un des axes d’intervention majeurs de son Fonds.  Le Fonds est aussi un catalyseur d’innovations en vue d’élaborer des solutions respectueuses de la nature, a-t-il dit.  Le Fonds a fourni 158 millions de dollars pour le financement de telles infrastructures, au profit notamment des pays les moins avancés.

M. GAVIN POWER, Vice-Président exécutif de PIMCO, a, lui, fait part du point de vue des investisseurs, PIMCO étant l’un des 30 investisseurs internationaux de l’Alliance pour le développement durable du Secrétaire général.  Il a estimé que le financement des ODD par le secteur privé comme public est un impératif.  PIMCO gère ainsi environ 617 milliards de dollars d’avoirs à dimension développement durable.  Afin de remédier à l’échec des marchés en ce qui concerne le financement du développement, M. Power a plaidé pour l’élaboration de feuilles de routes plus rigoureuses, avec une attention accrue portée aux investisseurs.  « L’appariement des besoins du secteur public et des capacités de financement privées revêt une importance accrue. »  Il a mentionné l’émergence d’un marché des obligations aligné sur les ODD qui pourrait à terme devenir plus important que le marché des obligations climatiques.  Nous travaillons avec la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique à la réalisation de la proposition d’une Facilité de liquidité et de durabilité pour augmenter les investissements en Afrique et aider à une diminution du coût de l’emprunt au titre de la dette souveraine, a conclu M. Power.

Une autre façon de lutter contre les effets néfastes des changements climatiques est d’anticiper les chocs, a développé M. JIM HALL, professeur en risques climatiques et environnementaux de l’Université d’Oxford, qui a plaidé pour un renforcement des capacités d’anticipation des chocs, via notamment une consolidation des infrastructures, des chaînes d’approvisionnement et des systèmes de protection sociale.  Il a aussi réclamé des exercices en grandeur nature pour se préparer aux menaces sanitaires, comme le plan grippe du Royaume-Uni.

Revenant au consensus de Washington, Mme ISABEL ORTIZ, Global Social Justice Program Initiative for Policy Dialogue (IPD), a indiqué que ce consensus, critiqué aujourd’hui même par le FMI, a laissé derrière lui un héritage d’investissements réduits à leur strict minimum dans les secteurs sociaux.  « Il doit être abandonné si nous voulons une transformation structurelle. »  Elle a demandé des investissements pour une santé publique universelle.  Le modèle antérieur de soins de santé basiques pour les pauvres et de soins de santé privés pour les riches n’est plus tenable, a-t-elle prévenu, en estimant qu’il sape le contrat social.  « Il en va de même pour le secteur de l’éducation. »  Elle a souligné la nécessité de mettre en place des systèmes protection universels dans les pays afin d’aboutir à une transformation structurelle.  Elle a aussi mentionné les tentatives de « déprivatisation » du marché de l’eau.  La « remunicipalisation » de l’approvisionnement en eau de la ville de Paris a permis de baisser les prix et un meilleur service.  À son avis, il est faux de penser qu’il n’y a pas de ressources financières suffisantes, comme certains le disent.  Il s’agit là encore d’une relique du Consensus de Washington et de sa politique d’austérité, a-t-elle dit.

Les infrastructures, au cœur de ce débat, ont aussi été abordées par M. STEPHEN DEVEREUX, Institut en études de développement, qui a explicité la notion de « soft infrastructures » ou « infrastructures immatérielles », c’est-à-dire toutes les mesures qui garantissent la protection sociale des populations.  Il a demandé le renforcement des systèmes de protection sociale pour faire face à des chocs futurs, après celui de la pandémie.  Il y a en effet un fossé grandissant entre les pays s’agissant de cette protection sociale, a-t-il dit, en pointant notamment l’absence de protection pour les travailleurs du secteur informel. 

De son côté, M. JIANCHONG ZHU, Pinduoduo Chine, a dit que Pinduoduo est la plus grande plateforme de mise en contact entre agriculteurs et acheteurs en Chine.  Elle a vu son rôle s’accroître lors de la pandémie, a-t-il dit, en citant les nombreux emplois créés.  « Nous devons mieux cultiver et mieux consommer. »

M. REFAT SABBAH, Président de la Campagne mondiale pour l’éducation, a, lui, indiqué que la vraie crise est une crise de solidarité, qui touche notamment le secteur de l’éducation.  La solidarité doit être de mise au quotidien, a-t-il dit.  Il a dénoncé la faiblesse des partenariats, mise à nu par la pandémie, et appelé à investir dans tous les acteurs qui tissent la confiance, dont les professeurs.  Selon cette même logique de solidarité, il a demandé l’annulation de la dette des pays les plus pauvres.

Enfin, M. SURAN MAHARJAN, Grand groupe des volontaires, a insisté sur le rôle essentiel des bénévoles pour l’inclusion sociale, le développement durable et la réponse aux changements climatiques.  « Il est urgent de renforcer les infrastructures sociales en tirant le meilleur profit des volontaires. »

Dans la discussion qui a suivi, le Guyana a appelé à éliminer les inégalités et demandé un meilleur accès aux financements concessionnels afin d’encourager les investissements dans des infrastructures résilientes.  La France investit dans les infrastructures pour accroître la résilience face aux changements climatiques, dans le respect des droits de l’homme, des principes de bonne gouvernance et en préservant la soutenabilité de la dette publique des pays récipiendaires, a-t-elle déclaré.  La Thaïlande a demandé des investissements dans les systèmes de santé et les systèmes de gestion des catastrophes, en insistant sur le rôle des investisseurs privés.  Les pays en développement ont besoin d’un soutien et de ressources, a dit le délégué thaïlandais, en demandant aux institutions financières internationales l’apport de telles ressources.  Même son de cloche du côté de la Chine qui a demandé l’apport d’une telle aide, ainsi que le renforcement de la coopération dans le domaine des infrastructures.  Le délégué chinois a mentionné l’initiative de la nouvelle route de la soie de son pays qui a permis de construire un réseau ferroviaire dans la région.  La Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs a enfin exhorté la communauté internationale à donner la priorité à des solutions respectant la nature.  

Le Président de l’ECOSOC a conclu les débats en indiquant qu’il convient de forger un nouveau consensus pour se relever et reconstruire en mieux.  Ce ne sera pas le consensus de Washington, a-t-il conclu, en insistant sur le rôle de l’ONU pour parvenir à ce nouveau consensus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les délégations saluent le cessez-le-feu humanitaire décrété par le Gouvernement éthiopien dans la région du Tigré, une chance d’intensifier l’aide humanitaire

8812e séance - après-midi
CS/14572

Conseil de sécurité: les délégations saluent le cessez-le-feu humanitaire décrété par le Gouvernement éthiopien dans la région du Tigré, une chance d’intensifier l’aide humanitaire

Après près de huit mois de conflit, le Gouvernement fédéral éthiopien a annoncé le 28 juin dernier, un cessez-le-feu unilatéral au Tigré, en invoquant la nécessité de répondre à la crise humanitaire, a rappelé cet après-midi Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, devant le Conseil de sécurité.  L’annonce de ce cessez-le-feu offre une chance que toutes les parties au conflit doivent saisir pour que les Nations Unies puissent se concentrer sur l’aide humanitaire, a fait valoir Mme DiCarlo, appuyée en cela par M. Ramesh Rajasingham, Secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires qui a fait le point sur les besoins humanitaires « énormes », le spectre de la famine et les obstacles à l’accès humanitaire au Tigré. 

Aujourd’hui au Tigré, deux millions de personnes sont toujours déplacées et près de 5,2 millions de personnes ont encore besoin d’une assistance humanitaire, dont la grande majorité sont des femmes et des enfants.  La faim s’aggrave de manière alarmante et plus de 400 000 personnes ont franchi le seuil de la famine alors qu’1,8 million d’autres la frôlent.  Le Secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires a salué le cessez-le-feu humanitaire, annoncé le 28 juin par le Gouvernement éthiopien et a demandé la fin de tous les combats, un accès humanitaire sûr vers et à partir du Tigré et des parties les plus reculées de la région, et des autorisations de vols humanitaires vers Mekele et tous les aéroports du Tigré.  Il a aussi salué l’annonce, par le Gouvernement éthiopien, d’un mécanisme de haut niveau pour résoudre les problèmes d’accès « en temps réel », espérant son opérationnalisation dans « les 48 heures » pour ne pas perdre de temps, ni de vies. 

Le conflit étant le fruit de griefs politiques profondément enracinés qui ne peuvent être résolus que par le dialogue et un processus politique crédible, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a indiqué que ce matin, lors d’une réunion d’information du corps diplomatique à Addis-Abeba, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie a déclaré qu’une fois que les résultats des élections seront annoncés, le nouveau gouvernement prendra les mesures nécessaires pour organiser un processus de dialogue inclusif. 

En attendant, si la Force de défense éthiopienne et l’Administration provisoire se sont retirées de Mekele, les Forces de défense du Tigré (TDF), qui contrôlent la capitale, sont entrées dans d’autres grandes villes, refusant pour le moment d’accepter le cessez-le-feu.  Ce cessez-le-feu, a souligné le Kenya, au nom des A3+1, permettra de déployer tous les outils de l’architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a prié l’Éthiopie d’utiliser les instruments de dialogue et de réconciliation forgés par les Africains, au cours des dernières décennies, et a invité le Conseil à laisser « une marge de manœuvre » au continent et à appuyer les solutions africaines, à commencer par les solutions éthiopiennes.  Ce débat, a prévenu le Kenya, ne saurait se transformer en une plateforme « pour saper » les efforts du peuple et de l’État éthiopiens.  

Ce qu’il nous faut, a renchéri l’Éthiopie, c’est un encouragement au dialogue et à la désescalade, d’autant que le Gouvernement vient de prendre des mesures « courageuses » en faveur de la paix.  « Les pressions ne contribueront en rien à la situation », a-t-elle tranché, craignant que le retrait de la Force nationale du Tigré et le cessez-le-feu unilatéral ne soient « gâchés » par le Front populaire de la libération du Tigré (FPLT) qui a commencé à recruter, dans la droite ligne de sa « politique ethnique », contraire à l’harmonie de la société éthiopienne.   

L’Éthiopie a aussi demandé au Conseil de sécurité de tenir compte des menaces « externes », alors qu’elle s’attèle à l’élaboration d’une feuille de route pour le dialogue inclusif.   Nous sommes tout à fait capables de relever les défis et nous rejetons toutes les pressions politiques et les mesures unilatérales qui « nous poussent au bord du gouffre alors que le pays est dans un moment d’introspection ».  Pour résoudre ce conflit « intra-éthiopien », a acquiescé la Fédération de Russie, le rôle décisif doit revenir aux Ethiopiens eux-mêmes avec l’aide, en premier lieu, de la communauté africaine. 

Les parties au conflit doivent savoir « que nous les surveillons », ont prévenu les États-Unis, en justifiant la tenue de cette réunion.  Maintenant qu’il a décrété un cessez-le-feu humanitaire, ont-ils dit, le Gouvernement de l’Éthiopie doit démontrer son engagement.  La France en a profité pour appeler les pays de la région à résoudre leurs différends par un dialogue sincère et à répondre de manière constructive aux efforts de médiation de l’Union africaine. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Après près de huit mois de conflit, le Gouvernement fédéral éthiopien a annoncé le 28 juin dernier, un cessez-le-feu unilatéral au Tigré, en invoquant la nécessité de répondre à la crise humanitaire, a rappelé Mmme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix.  La Force de défense éthiopienne et l’Administration provisoire du Tigré se sont retirées de la capitale, Mekele, alors que les 27 et 28 juin, les Forces de défense du Tigré (TDF) sont entrées dans d’autres grandes villes, comme Adwa, Aksoum, Shire et Humera.  Selon les informations, la situation à Mekele, contrôlée par les TDF, serait calme, et les dirigeants de l’ancienne Administration, y compris l’ancien Président, y sont rentrés.  Toutefois, à ce jour, les TDF n’ont toujours pas accepté le cessez-le-feu.

La Secrétaire générale adjointe a pourtant estimé que l’annonce du cessez-le-feu offre une chance que toutes les parties au conflit doivent saisir, entre autres, pour que les Nations Unies puissent se concentrer sur l’aide humanitaire.  Le respect d’un cessez-le-feu faciliterait non seulement la fourniture de l’aide mais il constituerait également un point de départ pour les efforts politiques nécessaires à une issue à la crise.  Le conflit au Tigré est le résultat de griefs politiques profondément enracinés qui ne peuvent être résolus que par le dialogue et un processus politique crédible.  Ce matin, lors d’une réunion d’information du corps diplomatique à Addis-Abeba, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie a déclaré qu’une fois que les résultats des élections seront annoncés, le nouveau gouvernement prendra les mesures nécessaires pour organiser un processus de dialogue inclusif. 

Estimant le nombre des déplacés à 1,7 million et celui des réfugiés au Soudan à plus de 60 000, Mme DiCarlo a appelé les parties à accorder la plus grande importance à la protection et au bien-être des civils.  Elle a exhorté les parties à offrir toute l’assistance nécessaire à l’enquête conjointe en cours du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme.  Il faut établir les responsabilités pour les graves violations des droits de l’homme commises pendant le conflit, y compris les actes de violence sexuelle et les massacres, a insisté Mme DiCarlo.  Elle a souligné que les voisins de l’Éthiopie peuvent jouer un rôle « constructif », en soutenant la transition, en respectant la souveraineté de l’Éthiopie et le retrait des forces érythréennes du Tigré. 

Tout en notant que les récentes élections nationales ont été une étape importante, Mme DiCarlo a relevé que de nombreux partis politiques ont choisi de ne pas y participer.  Beaucoup d’entre eux ont demandé un dialogue national dans lequel les Éthiopiens peuvent réfléchir ensemble à la réconciliation des différentes visions de l’avenir du système politique du pays.

Mme DiCarlo a offert l’expertise et le soutien des Nations Unies à l’Éthiopie, y compris une assistance aux processus de médiation et de dialogue menés au niveau national.  Elle a espéré qu’un tel dialogue inclurait des discussions au niveau des États fédérés, encourageant autant de secteurs de la population que possible à contribuer à la consolidation du processus de réforme.  La promesse de la transition éthiopienne reste réelle et peut être tenue, avec la volonté politique nécessaire. 

La Secrétaire générale adjointe a exhorté la communauté internationale à exiger un cessez-le-feu permanent et respecté par toutes les parties.  Les dirigeants éthiopiens, a-t-elle aussi réclamé, doivent agir rapidement pour rétablir l’unité nationale, par un dialogue inclusif et la réconciliation.  Elle a demandé aux États Membres de soutenir généreusement l’aide humanitaire et obtenir du Gouvernement éthiopien et des TDF le respect de leurs engagements.

M. RAMESH RAJASINGHAM, Secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé avoir informé le Conseil, le 15 juin dernier, de la famine au Tigré, avec plus de 350 000 personnes vivant dans des conditions « catastrophiques ».  Aujourd’hui la situation s’est considérablement aggravée.  Deux millions de personnes sont toujours déplacées et près de 5,2 millions de personnes ont encore besoin d’une assistance humanitaire, dont la grande majorité sont des femmes et des enfants.  L’une des tendances les plus préoccupantes est l’aggravation alarmante de l’insécurité alimentaire et de la faim.  Plus de 400 000 personnes ont franchi le seuil de la famine et 1,8 million d’autres sont au bord de la famine, des chiffres qui pourraient être plus élevés. 

La crise de l’insécurité alimentaire continuera de s’aggraver pendant la saison imminente des pluies, à mesure que les approvisionnements de nourriture s’épuiseront et que les risques d’inondation et de maladies d’origine hydrique augmenteront.  Davantage de personnes risquent de mourir si l’aide humanitaire ne leur parvient pas, a alerté le Secrétaire général adjoint par intérim.  Il a rappelé que la semaine dernière, trois collègues de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été brutalement et délibérément assassinés au Tigré, quelques semaines seulement après que d’autres travailleurs humanitaires de la Société de Secours du Tigré (REST) et du Comité international pour le développement des peuples (CISP) aient été tués les 29 mai et 28 avril.  En tout, 12 travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début du conflit.

Malgré ces défis, au cours des deux derniers mois, 3,7 millions de personnes ont reçu une aide d’urgence, 167 000 déplacés ont reçu des articles non alimentaires et 630 000 personnes ont été desservies par des camions-citernes.  « Nous devons toucher tout le monde maintenant.  Pas la semaine prochaine », a prévenu le Secrétaire général adjoint par intérim, en réclamant un accès humanitaire rapide, sans entrave, sûr et durable. 

Ces derniers jours, le personnel du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Mekele a pu se diriger vers Abd Adi, Samre et Shire.  Les équipes ont atteint Selekleka et se sont rendues d’Axoum à Adwa.  Cette évolution positive a conduit l’OCHA à envisager d’envoyer des convois humanitaires dans plusieurs zones jusqu’ici difficiles d’accès.  Or, aujourd'hui, le Programme alimentaire mondial (PAM) n’a pas suffisamment de nourriture pour aider un million de personnes, pendant un mois à Mekele, ce qui ne représente qu’une fraction des 5,2 millions de personnes qui dépendent d’une assistance alimentaire.  Les stokcs de kits de santé, d’eau, d’assainissement et autres articles non alimentaires commencent à s’épuiser.    

Saluant le cessez-le-feu humanitaire, annoncé cette semaine par le Gouvernement éthiopien, le Secrétaire général adjoint par intérim a voulu la fin de tous les combats, un accès humanitaire sûr vers et à partir du Tigré et des parties les plus reculées de la région.  Cinq camions du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sont toujours bloqués à Afar et plus tôt cette semaine, un convoi du PAM a été empêché d’entrer dans le Tigré en provenance de Gondar.  L’OCHA a aussi demandé au Gouvernement éthiopien de continuer d’approuver les autorisations de vols vers Mekele demain, une mesure qui devrait s’appliquer à tous les aéroports du Tigré.  L’OCHA a également demandé l’autorisation d’apporter des équipements de communication, essentiels pour la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires, et de restituer immédiatement les équipements confisqués et les camions réquisitionnés.  Le Secrétaire général adjoint par intérim a salué l’annonce faite aujourd’hui par le Gouvernement éthiopien sur un mécanisme de haut niveau pour résoudre les problèmes d’accès « en temps réel », espérant son opérationnalisation dans « les 48 heures » pour ne pas perdre de temps et ni de vies.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué que le Conseil a tenu six fois au cours de ces six derniers mois des consultations sur la situation au Tigré, écoutant des ONG et des agences des Nations Unies parler de déplacements massifs, d’innombrables violations des droits humains, de famine, de bombardements de civils, de meurtres et d’intimidations des travailleurs humanitaires, de viols systématiques, d’actes de violence sexuelle inqualifiables, d’obstruction de l’aide humanitaire et de destruction délibérée d’équipements de communication.  C’est la raison pour laquelle nous avons demandé cette réunion aujourd’hui, a-t-elle expliqué, jugeant important que les habitants de la région « nous entendent et sachent qu’ils ne sont pas oubliés ».  Les parties au conflit, a-t-elle poursuivi, doivent savoir « que nous les surveillons ». 

La représentante a appelé à la cessation des hostilités, à l’intensification de l’aide humanitaire, au respect du droit international humanitaire et à l’établissement des responsabilités pour les atrocités commises.  Maintenant qu’il a décrété un cessez-le-feu humanitaire, le Gouvernement de l’Éthiopie, a dit la représentante, doit démontrer son engagement.  Le pillage par ses forces des bureaux des organisations humanitaires et la destruction du matériel de communication sont « au-delà de l’acceptable ».  Toutes les parties, a-t-elle ajouté, doivent participer à des négociations sur un véritable cessez-le-feu, y compris les forces tigréennes, et une solution pacifique au conflit.  

Les membres de ce Conseil, a estimé la représentante, peuvent contribuer à traduire la déclaration de cessez-le-feu d’abord en une paix durable, puis en dialogue et en réconciliation.  La poursuite des combats, a-t-elle prévenu, constitue un risque pour l’intégrité territoriale de l’État éthiopien et pour la stabilité de l’ensemble de la région.  Elle a, à son tour, insisté sur le retrait complet des troupes érythréennes et des forces spéciales régionales.  

La représentante a rappelé le contexte politique plus large dans lequel la crise s’est déroulée, en particulier les élections nationales du mois dernier et « l’extraordinaire » transition qui a commencé il y a plusieurs années, mais qui reste inachevée.  La prochaine étape doit être une véritable réforme politique et des mécanismes « crédibles et indépendants » de justice.  Nous sommes prêts, a conclu la représentante, à aider l’Éthiopie à consolider et à mettre en œuvre un cessez-le-feu, à fournir une aide humanitaire et à contribuer au règlement du conflit.  Nous sommes également prêts à soutenir le dialogue sur « le renouveau démocratique », l’unité nationale et la paix. 

M. TARIQ AHMAD OF WIMBLEDON, Ministre d’État pour le Commonwealth, les Nations Unies et l’Asie du Sud du Royaume-Uni, a estimé que la priorité immédiate doit être l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il est impératif, a-t-il insisté, de faciliter l’obtention des visas pour les agents humanitaires et l’exportation de matériel de communication pour qu’ils puissent fonctionner efficacement.  Refuser l’accès humanitaire est une violation du droit international, a prévenu le Ministre qui a appelé la communauté internationale et les agences des Nations Unies à être prêtes à réagir.  Le cessez-le-feu, a-t-il poursuivi, nous donne l’occasion de régler ce problème et d’augmenter de toute urgence la quantité d’aide qui parvient aux populations du Tigré.  Le Royaume-Uni, a-t-il rappelé, a déjà alloué 47,7 millions de livres sterling à cette crise.

Un cessez-le-feu « complet et durable » donnera à toutes les parties le temps et l’espace nécessaires pour s’attaquer aux causes profondes de ce conflit par le dialogue et la réconciliation et pour lancer un processus politique inclusif, a plaidé le Ministre, soutenant les efforts de l’Union africaine pour la stabilité au Tigré, en Éthiopie et dans l’ensemble de la région.  Il a encouragé le système des Nations Unies à réfléchir à la manière dont il peut également y contribuer au fur et à mesure que la situation évoluera, dans le cadre d’une stratégie commune et cohérente.  Le Royaume-Uni, a ajouté le Ministre, aide les agences de l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à fournir des services essentiels aux victimes de violences sexuelles et se félicite de la proposition d’enquête de la Commission africaine des droits de l’homme.  Il soutient par ailleurs pleinement l’enquête conjointe en cours du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme.  Nous sommes, a annoncé le Ministre, coauteur d’une résolution sur le Tigré au Conseil des droits de l’homme.  Nous espérons que le Conseil de sécurité pourra travailler de manière constructive, avec l’Union africaine et ses partenaires, pour garantir des progrès sur ces questions cruciales et redresser la situation au Tigré et en Éthiopie.

Mme BYRNE NASON (Irlande) a appelé à la fin du conflit et à une réponse urgente aux besoins humanitaires.  Elle a d’ailleurs dit avoir demandé la réunion « parce qu’il est clair qu’une catastrophe humanitaire se déroule au Tigré ».  Cependant, les mesures politiques nécessaires pour faciliter cette réponse incombent aux parties au conflit, et il faut donc pouvoir compter sur un leadership capable de tracer la voie vers une solution politique.  Saluant le cessez-le-feu unilatéral du Gouvernement éthiopien, la représentante a souligné qu’une telle mesure doit inclure des actions qui améliorent la situation plutôt que de créer d’autres obstacles.  Les informations selon lesquelles l’accès humanitaire est toujours interrompu, en raison notamment de la destruction de routes principales, sont profondément préoccupantes et, « franchement choquantes », a tonné la représentante. 

Elle a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les hostilités, à protéger les civils et à permettre un accès humanitaire immédiat, sans entrave et sûr dans toutes les parties du Tigré.  Les prochains jours seront absolument critiques maintenant que la réponse humanitaire redémarre.  La représentante a donc appelé le Gouvernement éthiopien à établir un mécanisme de coordination militaro-civil opérationnel, à rétablir immédiatement les services essentiels et à rouvrir l’espace aérien.  Les forces tigréennes doivent également s’abstenir de toute action qui alimenterait le conflit ou compromettrait l’accès humanitaire.  La représentante a dénoncé la frappe aérienne contre un marché du village de Togoga dans le nord du Tigré, la semaine dernière, et le meurtre de trois membres de Médecins sans Frontières (MSF).  Elle a également dénoncé les violences sexuelles commises par des acteurs armés, avant de soutenir le travail de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme.  L’enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme est d’une importance réelle, a conclu la représentante.

Au nom du Niger, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de la Tunisie, M. MARTIN KIMANI (Kenya) (A3+1) a appelé les parties à cesser toute attaque ou menace contre les civils et à respecter le droit international, « y compris les principes humanitaires et les codes moraux qui sont au cœur des cultures et des religions africaines ».  Il a aussi plaidé pour un accès humanitaire « élargi et robuste ».  Le représentant a dit soutenir les aspirations démocratiques du peuple éthiopien et rappelant que son groupe avait demandé au Conseil de sécurité « de laisser une marge de manœuvre » à l’Éthiopie, il s’est félicité du bon déroulement des élections.  La situation au Tigré reste préoccupante mais, a-t-il estimé, il existe des possibilités « évidentes » de faire émerger la paix.  

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à la « prudence et à la responsabilité » face à la situation humanitaire.  Le Conseil, s’est-il expliqué, doit saisir la chance du cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Gouvernement éthiopien.  Le représentant a aussi demandé aux parties, qui ne se sont pas prononcées sur la cessation des hostilités, de le faire dès que possible, insistant sur le retrait de toutes les forces « non éthiopiennes » et des « milices » des États fédérés voisins.

Le cessez-le-feu, s’est-il réjoui, permettra de déployer tous les outils de l’architecture africaine de paix et de sécurité, priant l’Éthiopie d’utiliser les instruments de dialogue et de réconciliation forgés par les Africains, au cours des dernières décennies.  Ici aussi, le représentant a invité le Conseil à laisser « une marge de manœuvre » au continent et à appuyer les solutions africaines, à commencer par les solutions éthiopiennes dont le cessez-le-feu, le dialogue, la réconciliation et l’établissement des responsabilités.  Ce débat, a prévenu le représentant, ne saurait se transformer en une plateforme « pour saper » les efforts du peuple et de l’État éthiopiens.  Non, ce qu’il faut c’est renforcer les efforts diplomatiques, intensifier rapidement la réponse humanitaire, donner la priorité aux populations, contribuer à la stabilité régionale et stopper la désinformation et les manipulations, a martelé le représentant, avant d’exprimer l’attachement de son groupe à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Éthiopie et sa solidarité, en ce moment « décisif » de la recherche d’une paix durable.

M. ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a jugé particulièrement scandaleux que ceux qui ont pour mission d’aider la population soient la cible d’attaques.  Une enquête urgente, impartiale et indépendante est cruciale pour clarifier les faits et permettre l’administration de la justice, a dit le représentant, avant d’évoquer les nombreuses allégations de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il s’est félicité de l’annonce faite le 28 juin par le Gouvernement éthiopien d’un cessez-le-feu humanitaire au Tigré.  Il a exhorté toutes les parties au conflit à cesser toutes les hostilités; à garantir un accès humanitaire sans restriction quelle que soit l’origine ethnique ou les affiliations politiques des bénéficiaires; et la protection des infrastructures critiques, telles que les services de communication, les ponts et les routes.  

Le représentant a dûment demandé aux Forces érythréennes de se retirer et a invité les parties au conflit à bien réfléchir aux conséquences de leurs actes et reconnaître qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit.  Il faut rechercher une solution par le biais d’un dialogue inclusif, en vue d’engager le processus de réconciliation nationale et de reconstruction, a insisté le représentant, jugeant essentiels la médiation régionale et sous-régionale et le soutien du Conseil de sécurité.

Pour M. DAI BING (Chine), l’Éthiopie est « la pierre angulaire » de la paix dans la Corne de l’Afrique.  Il a salué le cessez-le-feu humanitaire annoncé par le Gouvernement éthiopien, et a appelé toutes les parties au conflit à dialoguer pour que toutes les populations, y compris celle du Tigré, puissent vivre en paix.  Le représentant a salué l’appui apporté par l’Union africaine à l’Éthiopie et a appelé la communauté internationale à accroître d’urgence l’assistance humanitaire.  Il a annoncé que l’aide humanitaire de son pays devrait bientôt arriver au Tigré et que les vaccins envoyés devraient également profiter à la population tigréenne.  La question du Tigré relève dans une large mesure des affaires « internes », a estimé la Chine qui a appelé le Conseil de sécurité à calibrer son approche afin de contribuer à l’amélioration de la situation au Tigré et pas le contraire.

Pour M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), le cessez-le-feu décrété par le Gouvernement éthiopien est un premier pas à saluer vers le règlement du conflit au Tigré mais il doit être suivi d’une cessation immédiate des hostilités, du respect par toutes les parties du droit international humanitaire et des droits de l’homme, un accès élargi à l’aide humanitaire, à l’électricité et aux télécommunications.  La solution durable à une insécurité alimentaire préoccupante est la cessation immédiate des hostilités, a souligné le représentant.  Il a condamné la violence contre les travailleurs humanitaires et leurs biens et a appelé à une enquête sur le meurtre brutal des trois représentants de MSF.  Le fait de cibler les civils et de bloquer l’aide médicale est « totalement inacceptable ».  

Les violations des droits humains, y compris la violence sexuelle et sexiste, étant profondément préoccupantes, le représentant a salué l’engagement du Gouvernement éthiopien à collaborer avec les mécanismes d’enquête de l’ONU.  Il a exhorté toutes les parties à garantir un accès sans entrave aux enquêteurs.  Le représentant a aussi dénoncé les nombreuses violations commises par les troupes érythréennes et a appelé à leur retrait immédiat.  Le cessez-le-feu, a-t-il conclu, doit être suivi d’un processus politique global, inclusif et crédible, en vue de la réconciliation nationale.  Le conflit au Tigré représentant une menace à la paix et à la sécurité internationales, son règlement doit rester une priorité de l’ordre du jour du Conseil, a ajouté le représentant.

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) a déclaré que l’annonce d’un cessez-le-feu humanitaire dans la région du Tigré est une évolution à saluer et félicité le Gouvernement éthiopien d’avoir pris cette décision et des mesures prises pour remédier à la situation humanitaire.  Fustigeant la présence « d’acteurs armés extérieurs », le représentant a jugé important que toutes les parties prenantes respectent le cessez-le-feu, permettent à l’aide humanitaire d’atteindre tous ceux qui en ont besoin et facilitent la production agricole.  Il a appelé les parties à un esprit de dialogue et de réconciliation.  Nous appelons le Gouvernement éthiopien à maintenir le cessez-le-feu et à trouver un moyen de régler ce conflit, dans l’intérêt de tout son peuple, conformément aux dispositions constitutionnelles fédérales, a déclaré le représentant.  Il a également encouragé le Gouvernement éthiopien à honorer son engagement à enquêter sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme et à persister dans ses efforts d’établissement des responsabilités.  Le représentant a conclu en réaffirmant le ferme attachement de son pays à l’unité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Éthiopie.

M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a commencé par exprimer ses regrets concernant le format de cette réunion, mettant en garde contre la « tentative » de l’utiliser pour déstabiliser davantage encore la situation difficile au Tigré et affaiblir la position du Gouvernement fédéral éthiopien.  De plus, a-t-il fait valoir, « le problème examiné aujourd’hui est une affaire interne de l’Éthiopie et nous ne devrions pas l’oublier ».  Affirmant suivre de près l’évolution de la situation militaro-politique au Tigré, le représentant a ensuite qualifié de «  pas dans la bonne direction » la décision prise le 28 juin par le Gouvernement fédéral de décréter unilatéralement un cessez-le-feu dans cette région.  Il a appelé toutes les parties à faire montre de la volonté politique nécessaire pour contribuer à la fin des violences, améliorer la situation humanitaire, stabiliser la situation socioéconomique et permettre le retour des déplacés internes vers des lieux de résidence permanents.

Dans ce contexte, le délégué a exhorté tous les partenaires d’Addis-Abeba à appuyer la démarche du Gouvernement éthiopien visant à ramener la paix dans la région et à rétablir une vie normale pour la population.  Nous partons du principe que, pour résoudre le « conflit intra-éthiopien », le rôle décisif appartient aux Éthiopiens eux-mêmes avec l’aide, en premier lieu, de la communauté africaine, a souligné M. Nebenzia, avant d’attirer l’attention du Conseil sur les graves problèmes socioéconomiques qui subsistent au Tigré.  Face à cette situation, le Gouvernement fédéral a contribué de manière « impressionnante », ces derniers mois, à la restauration des infrastructures détruites et a répondu aux besoins humanitaires dans la région, a-t-il fait valoir, appelant l’OCHA et les agences humanitaires présentes dans la région à continuer d’accompagner pleinement ces efforts.  Nous attendons de la communauté humanitaire qu’elle dresse un « tableau objectif » de la situation humanitaire et qu’elle identifie les « besoins réels » de la population de la région, a ajouté le représentant. 

M. Nebenzia a par ailleurs rappelé qu’un « groupe de pays occidentaux » a soumis pour examen à la quarante-septième session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève un projet de résolution sur la situation des droits de l’homme au Tigré.  Constatant que ce projet de texte a « le tort d’accuser le Gouvernement fédéral », il a estimé que le but d’un tel document « ne devrait pas être de blâmer et de punir, mais plutôt d’aider à prévenir les violations des droits de l’homme de quelque côté que ce soit ».  En conclusion, le délégué a confirmé la disponibilité de son pays pour contribuer à la normalisation de la situation au Tigré, tout en jugeant « inadmissible » la politisation de ce problème.  « La situation au Tigré doit rester une affaire interne de l’Éthiopie et « l’ingérence » du Conseil de sécurité est, pour nous, « contre-productive ». 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est dit alarmé par les niveaux de violence et de meurtres contre les civils, notamment les femmes, les enfants et les travailleurs humanitaires, ainsi que par la destruction des infrastructures civiles dans la région du Tigré.  Ces actes de violence sont totalement inacceptables et vont à l’encontre du droit international humanitaire, a-t-il dénoncé, appelant à la cessation immédiate des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  Observant à cet égard que le conflit risque d’entraîner une famine, le représentant a exhorté les parties à s’acquitter de leurs obligations et à permettre une livraison et un accès sûr à l’aide humanitaire dans la région et dans les zones limitrophes.  L’évaluation des besoins et l’acheminement de l’aide doivent en outre tenir compte des particularités locales, en consultation avec le Gouvernement éthiopien, a-t-il souligné, avant d’appeler les parties à s’efforcer de régler pacifiquement leurs différends, en s’engageant patiemment dans le dialogue et la réconciliation plutôt que dans la haine et les différends.  Pour le délégué, il est grand temps qu’un compromis soit trouvé pour avancer vers une solution globale. 

Appelant les autorités éthiopiennes et toutes les autres parties concernées à accorder la priorité aux intérêts des habitants du Tigré, il a également invité la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, à soutenir ces efforts dans le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Éthiopie.  Il a par ailleurs salué l’engagement constructif des pays voisins et des organisations régionales, en particulier l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), à aider les parties à promouvoir le dialogue et à fournir une assistance humanitaire à l’Éthiopie afin d’aider sa population à retrouver une vie normale.

Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que la situation au Tigré demeure critique et imprévisible.  Elle a salué la déclaration de cessez-le-feu unilatéral du Gouvernement fédéral et exhorté les parties à s’accorder sur un cessez-le-feu permanent.  Rappelant qu’il incombe en premier lieu à l’État de protéger ses citoyens, elle a appelé le Gouvernement fédéral éthiopien à garantir un accès humanitaire au Tigré.  Elle a souligné la nécessité d’établir les responsabilités pour les violations graves des droits humains, afin de restaurer la confiance de la population dans les institutions de l’État et de promouvoir la réconciliation.  Mme Juul a estimé que le conflit au Tigré menace la stabilité régionale.  La présence des troupes érythréennes est une menace à la paix et à la sécurité régionales et doit cesser, a-t-elle dit, en appelant au retrait immédiat desdites troupes.  Enfin, estimant qu’il ne saurait y avoir une solution militaire à la situation au Tigré, la déléguée norvégienne a appelé de ses vœux un dialogue national inclusif en Éthiopie.  « La solution politique est la seule voie vers une paix durable au Tigré et en Éthiopie. »

M. NICOLAS DE RIVIERE (France) a dit que la reprise de Mekele par les forces tigréennes après huit mois de conflit, démontre qu’il n’y aura pas de solution militaire à cette crise.  Il a appelé, une nouvelle fois, l’ensemble des forces érythréennes à quitter immédiatement le territoire éthiopien, conformément à la demande formulée par les autorités éthiopiennes, en mars dernier.  L’urgence, a estimé le représentant, est de permettre un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave, pour répondre aux besoins « immenses » et rétablir l’électricité, les communications et les services bancaires.  Nous appelons à la levée de toutes les entraves à l’accès humanitaire, dont la réouverture des aéroports de Mekele et de Shire, l’octroi de visas de longue durée aux personnels humanitaires et l’autorisation de moyens de communication par satellite.  Les infrastructures vitales pour l’acheminement de l’aide aux populations doivent être préservées. 

Le représentant a dûment condamné les attaques meurtrières contre des équipes de Médecins Sans Frontières (MSF).  Rappelant qu’au moins 12 agents humanitaires ont perdu la vie au Tigré depuis le début du conflit, il a insisté pour que ces crimes ne restent pas impunis.  Au nom de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Éthiopie, « une priorité », le représentant a qualifié d’indispensable le lancement d’un dialogue national, incluant des représentants de tous les partis et de toutes les régions.  L’ensemble des forces politiques et militaires d’Éthiopie doivent s’abstenir de toute action susceptible d’ajouter à l’instabilité.  La réconciliation passant aussi par la lutte contre l’impunité, le représentant a jugé impératif de poursuivre l’enquête sur les graves violations des droits de l’homme commises au Tigré, menée conjointement par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et la Commission éthiopienne des droits de l’homme.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’impact de la crise sur la stabilité régionale et a appelé les pays de la région à résoudre leurs différends par un dialogue « sincère » et à répondre de manière constructive aux efforts de médiation de l’Union africaine.

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a déclaré que son pays vit actuellement une transformation importante qui exige une approche « délicate ».  Le Gouvernement, a-t-il dit, qui agit toujours de manière constructive avec les membres du Conseil, est « surpris » de cette réunion publique, a avoué le représentant.  Ce qu’il nous faut, c’est un encouragement au dialogue et à la désescalade, d’autant que le Gouvernement vient de prendre des mesures « courageuses » en faveur de la paix.  « Les pressions ne contribueront en rien à la situation », a tranché le représentant qui a souligné « la détermination » de son gouvernement à parvenir à la paix, comme en atteste le retrait de sa Force du Tigré.  

Nous espérons que cette décision ne sera pas gâchée par le Front populaire de la libération du Tigré (FPLT), a-t-il dit, arguant que le retrait des Forces nationales devrait permettre d’ouvrir la voie à un dialogue national inclusif.  Mais, a-t-il dénoncé, le FPLT a commencé à recruter, dans la droite ligne de sa « politique ethnique », contraire à l’harmonie de la société éthiopienne.   

Mon gouvernement, a poursuivi le représentant, a créé un espace pour l’acheminement de l’aide humanitaire, le démarrage de la saison de semailles et la prévention d’une attaque à l’intérieur du pays.  Mon gouvernement entend les problèmes humanitaires, y compris les violations des droits humains, et les menaces « externes » contre sa sécurité ne pourront que compliquer la dynamique interne.  Le représentant a donc demandé au Conseil de sécurité de tenir compte des défis « externes », alors que le pays s’attèle à l’élaboration d’une feuille de route pour le dialogue inclusif.  Mon gouvernement, a affirmé le représentant, est tout à fait capable de relever les défis et rejette toutes les pressions politiques et les mesures unilatérales qui le « pousse au bord du gouffre alors que le pays est dans un moment d’introspection ».  Ce qu’il nous faut, c’est l’appui et la solidarité de la communauté internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, « schéma partagé de collaboration »

Soixante-quinzième session,
88e séance - après-midi
AG/12343

L’Assemblée générale adopte la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, « schéma partagé de collaboration »

Ce qui a commencé en 2006 avec un texte d’une page a pris de l’ampleur et est devenu un document exhaustif de 166 paragraphes de fond, s’est réjoui le groupe CANZ, devant la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies que l’Assemblée générale a adoptée aujourd’hui par consensus.*  

Cofacilitatrice des négociations, l’Espagne a dûment rappelé que ce septième texte sur « le schéma partagé de collaboration » intervient pendant une année marquée par le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.  Sur ses 166 paragraphes, plus de 50 sont nouveaux.  De nouvelles questions ont été prises en compte mais il faut espérer, a avoué l’Espagne, que certaines des propositions « innovantes », qui n’ont pas pu être adoptées cette année, le seront à l’avenir.

Dans sa résolution, l’Assemblée juge important que la Stratégie et ses trois piliers restent d’actualité, compte tenu des menaces émergentes que représente la multiplication des attaques terroristes fondées sur la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance, ou commises au nom de la religion ou des convictions.  L’Assemblée se dit tout de même consciente que Daech, Al-Qaida et leurs affiliés continuent de représenter « un défi de taille » et encourage les États à tenir compte du régime de sanctions établi par les résolutions du Conseil de sécurité. 

Le Bureau de lutte contre le terrorisme est félicité pour ses efforts visant à mieux rendre compte de son action et à gagner en transparence et en efficacité, en renforçant la coopération entre les entités du Pacte mondial de coordination de la lutte contre le terrorisme.  L’Assemblée a souligné la nécessité de doter le Bureau de moyens et de ressources suffisantes.  Elle demande au Secrétaire général de l’ONU d’évaluer la nécessité de mieux intégrer l’état de droit, les droits humains et l’égalité des genres dans les actions menées contre le terrorisme par le système des Nations Unies, y compris la nécessité de moyens consultatifs ou en matière de suivi et d’évaluation.

Aux États Membres, l’Assemblée demande d’utiliser efficacement les bases de données, outils d’analyse et autres instruments fournis par INTERPOL, afin de renforcer les enquêtes et procédures pénales.  Si l’action menée contre le terrorisme, avertit-elle, fait fi de l’état de droit et viole le droit international, elle trahit non seulement les valeurs qu’elle prétend défendre, mais elle risque aussi d’attiser le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme. 

L’Assemblée se félicite par ailleurs de l’initiative du Secrétaire général de convoquer le premier Congrès mondial des victimes du terrorisme.  Elle demande d’ailleurs à tous les États de mettre en évidence le rôle important des femmes dans la lutte contre le terrorisme, tout en empêchant leur instrumentalisation.  Elle les exhorte aussi à intégrer dans les programmes concernés une analyse des facteurs de radicalisation conduisant au terrorisme axée sur les femmes, et à étudier les incidences spécifiques des stratégies de lutte contre le terrorisme sur les femmes et les organisations féminines.  Ces dernières, souligne l’Assemblée générale, doivent être consultées davantage pour l’élaboration des stratégies contre le terrorisme.

Préoccupée par l’usage croissant que font les terroristes des technologies de l’information et des communications, en particulier Internet et d’autres médias, l’Assemblée appelle les États Membres, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, le secteur privé et la société civile, à s’attaquer à ce problème.  Elle se dit tout aussi préoccupée par le risque que des technologies nouvelles et émergentes soient utilisées à des fins terroristes, telles que l’intelligence artificielle, l’impression 3D, les actifs virtuels, les systèmes de drones aériens, ainsi que l’armement des drones commerciaux.  

Israël a rejeté un alinéa du préambule qui réaffirme la détermination des États de tout faire pour, entre autres, mettre fin à l’occupation étrangère.  Rien ne justifie le terrorisme, dont le meurtre de sang froid de civils, a martelé Israël, soutenu par les États-Unis.  Ces derniers ont aussi critiqué des dispositions qui parlent de la nécessité de faire en sorte que les législations antiterroristes n’entravent pas l’aide humanitaire, « même si les terroristes en bénéficient ».  Ils se sont aussi élevés contre les références à un soi-disant « principe d’extradition et de poursuite ».  Les obligations en la matière, ont-ils argué, découlent des traités multilatéraux spécifiques.

À son tour, la Fédération de Russie s’en est prise à une résolution qui ne dit rien sur les obstacles à une coopération multilatérale efficace et sur la nécessité d’améliorer les cadres juridiques internationaux.  La résolution, a-t-elle aussi dénoncé, a été étoffée de « mises en garde » sur les droits de l’homme, résultat d’un processus de négociation qui a tenté de « réduire au silence » certains groupes de délégations, tout en promouvant « ouvertement » d’autres priorités nationales et régionales.  Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’Arabie saoudite s’est quant à elle félicitée de ce que la résolution parle de Daech et non plus d’un prétendu « État islamique d’Iraq et du Levant ». 

L’Assemblée générale a terminé sa journée en adoptant les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires dont un budget de 6,3 milliards de dollars pour les 12 opérations de paix des Nations Unies pour l’exercice 2021-2022.**  Comme à la Commission, la seule résolution mise aux voix a été celle sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), adoptée par 133 voix pour et l’opposition du Canada, des États-Unis et d’Israël.

L’Assemblée générale achèvera son débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, mardi 6 juillet, à partir de 15 heures.

* A/75/L.105
** AG/AB/4368  

STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES

Adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste (A/75/L.105)

Israël s’est dit déçu de l’alinéa 43 du préambule qui dit « réaffirmant la détermination des États Membres à continuer de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour résoudre les conflits, mettre fin à l’occupation étrangère, lutter contre l’oppression, éliminer la pauvreté, favoriser une croissance économique soutenue, le développement durable, la prospérité mondiale, la bonne gouvernance, les droits humains pour tous ainsi que l’état de droit, améliorer la compréhension entre les cultures et assurer le respect de toutes les religions, valeurs religieuses, croyances et cultures ».  Il ne peut y avoir d’excuse au terrorisme, y compris le meurtre de sang froid de civils, a martelé Israël. 

Au nom du Bélarus, de la Chine, de Cuba, de l’Iran, du Nicaragua, de la Syrie, du Venezuela et du Zimbabwe, la Fédération de Russie s’est dite guidée par la nécessité de continuer à construire un front uni contre le terrorisme sur la base du respect mutuel, du rejet de la « politique des deux poids, deux mesures » et des agendas cachés et de l’attachement à la Charte des Nations Unies.  Malheureusement, a-t-elle ajouté, le processus d’examen n’a pas été à la hauteur des idéaux et des attentes de tous les États Membres.  

La Fédération de Russie a reproché à la résolution d’ignorer certaines des questions les plus pressantes telles que les obstacles à une coopération multilatérale efficace et la nécessité d’améliorer les cadres juridiques internationaux.  La résolution, a-t-elle critiqué, a été étoffée d’une manière disproportionnelle par des mises en garde relatives aux droits de l’homme.  Or, les partisans de ces libellés ont pris soin de dissimuler leurs propres manquements et, dans certains cas, leurs violations de ces droits.  La résolution, a-t-elle poursuivi, met l’accent sur la nécessité de traiter les détenus « avec humanité » mais ne dénonce en rien les cas de torture dans des « prisons secrètes ».  Le processus de négociation, a-t-elle déploré, a rendu difficile la prise en compte de toutes les positions et surtout les différentes réalités sur le terrain.  Toute tentative de réduire au silence certaines délégations ou même certains groupes, tout en promouvant ouvertement d’autres priorités nationales et régionales, est absolument incompatible avec le principe d’impartialité, a protesté la Fédération de Russie. 

Cofacilitateur des négociations sur la résolution, avec l’Espagne, Oman a salué le consensus sur un document « satisfaisant » qui répond aux préoccupations de tous et fixe un cap pour l’avenir.  Nous avons, a-t-il rappelé, écouté la société civile et les experts qui ont effectivement « enrichi les débats ».  La lutte contre le terrorisme, qui n’a ni religion ni culture, nécessite une coopération internationale et l’abandon des politiques de deux poids, deux mesures, a-t-il souligné, insistant sur le fait que la responsabilité première en la matière incombe aux États et que la lutte doit se faire dans le respect des droits des minorités, des femmes, des enfants et plus généralement, des droits de l’homme.

L’autre Cofacilitateur, l’Espagne, a expliqué que l’objectif était d’évaluer la mise en œuvre du sixième examen de la Stratégie, tout en tenant compte d’une année marquée par le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.  À son tour, elle a insisté sur la coopération, en se félicitant d’une Stratégie qui est un instrument essentiel dans la mesure où elle fournit un « schéma de collaboration partagée ».  De même, a-t-elle ajouté, il est nécessaire de s’adapter aux transformations du phénomène terroriste, ce qui explique le caractère évolutif de la Stratégie, qui est corrigée et affinée à chaque examen.  

Malgré les difficultés imposées par la pandémie de COVID-19, qui avait déjà retardé cet examen d’un an, nous avons mené, a indiqué l’Espagne, plus de 50 consultations informelles en cinq mois qui se sont ajoutées aux 45 réunions précédentes avec des États Membres, des groupes régionaux et des entités de ONU, aux séminaires tenus avec des spécialistes et des universitaires, ainsi qu’à l’interaction continue avec la société civile.  Grâce au travail partagé durant ces mois, la résolution sur le septième examen de la Stratégie mondiale a pu être adoptée aujourd’hui par cette Assemblée.  L’Espagne a évoqué l’aspect qualitatif de cet effort: le texte comprend cette fois 166 paragraphes, dont plus de 50 nouveaux.  Mais, à ses yeux, l’essentiel a été de maintenir le consensus afin d’envoyer « un message d’unité » contre le terrorisme. 

Tout en se réjouissant que de nouvelles questions aient été prises en compte, elle a espéré que certaines des propositions innovantes, qui n’ont pas pu être adoptées, puissent l’être à l’avenir et intégrées dans les prochaines résolutions.  Parmi les problèmes traités, l’Espagne a cité l’évolution du paradigme de la lutte contre le terrorisme.  En effet, a-t-elle relevé, la menace de Daech et d’Al-Qaida persiste.  Bien que ces groupes n’aient plus l’influence qui était la leur au Moyen-Orient, il y a trois ans, des organisations affiliées continuent d’étendre leurs actions en Europe, en Asie et surtout en Afrique.  Nous sommes également préoccupés par les nouvelles menaces terroristes aux racines idéologiques et politiques différentes, alimentées dans certains cas par le racisme et le suprématisme, a-t-elle indiqué, jugeant important de traiter tous les types de terrorisme, avec un suivi attentif de leur évolution.

Dans ce cadre, l’Espagne a salué la croissance institutionnelle du Bureau de lutte contre le terrorisme, y voyant « l’une des nouvelles positives de ces dernières années dans le domaine du multilatéralisme ».  Elle a d’autre part noté que l’accent a été mis sur le suivi et l’évaluation dans l’application des principes et valeurs de la Charte, sur la base de méthodologies et d’outils scientifiques.  La résolution, a encore précisé l’Espagne, place le droit international au centre de la Stratégie, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-elle précisé.  Elle a aussi attiré l’attention sur la visibilité donnée aux victimes du terrorisme, avec un projet de congrès mondial, au rôle des femmes et de leurs organisations comme pilier essentiel de la lutte contre le terrorisme et à la contribution indispensable de la société civile.  Enfin, a conclu l’Espagne, la résolution a examiné attentivement la manière de traiter l’utilisation par les terroristes des nouvelles technologies pour leurs agissements criminels. 

Débat général

M. SILVIO GONZATO, représentant de l’Union européenne a estimé que la résolution est adaptée aux défis actuels du terrorisme.  Il a insisté en la matière sur l’égalité, les droits de l’homme et l’état de droit, comme fondement de la lutte contre le terrorisme.  La résolution, a-t-il dit, représente un consensus âprement gagné.  Il a salué l’accent mis sur le rôle des femmes, de la société civile et du secteur privé et en a profité pour accuser certains États de se servir de la lutte contre le terrorisme pour réduire au silence les voix dissidentes et les défenseurs des droits de l’homme.  Il a aussi salué le fait que la résolution dénonce l’extrémisme violent sous toutes ses formes, la manipulation par les groupes terroristes des technologies et le risque que ces derniers accèdent aux armes.  Après avoir insisté sur l’importance d’avoir des structures de contre-pouvoir « indépendants et crédibles » dans les institutions nationales de lutte contre le terrorisme, il a décrié le manque de financement du Bureau de lutte contre le terrorisme et plaidé pour une meilleure interaction de ce dernier et le Pacte mondial de coordination contre le terrorisme. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a regretté les nombreuses modifications apportées à l’avant-projet qui ont, selon lui, compliqué les négociations et perturbé l’équilibre entre les quatre piliers de la Stratégie.  Après avoir mis l’accent sur une approche fondée sur le respect des droits de la personne et souligné que le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, civilisation, ou groupe ethnique, le représentant a insisté sur le fait que l’organisation terroriste autoproclamée « État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) » n’est ni un État ni islamique.  Ce groupe ne mérite que le nom de « Daech », rien d’autre, a-t-il martelé.

Au nom du groupe CANZCanada, Australie, Nouvelle-Zélande-, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a reconnu que la nature de la menace terroriste évolue et qu’il incombe aux États de s’y adapter.  Constatant que les nouvelles technologies et les réseaux sociaux peuvent être exploités à des fins terroristes alors que les griefs et l’intolérance continuent d’alimenter les menaces terroristes, M. Hawke a ajouté que la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver les inégalités et l’isolement, ouvrant de nouvelles voies aux terroristes pour se radicaliser.  Il a plaidé pour une réponse collective, une réponse qui ne saurait être isolée des autres priorités exclusivement sécuritaires.  La meilleure défense contre le terrorisme, s’est-il expliqué, est une société résiliente et inclusive où les individus se sentent en sécurité et où les idéologies extrémistes violentes ne peuvent prospérer.  Il a mis en garde contre que les mesures antiterroristes qui ne protègent pas le tissu social, en amenuisant la protection des droits de l’homme, en combattant la diversité dans les communautés et en ignorant l’équilibre nécessaire entre sécurité et libertés fondamentales.

Le représentant a salué les mises à jour importantes de la résolution qui, a-t-il dit, a un langage « plus nuancé » sur l’importance de protéger les droits de l’homme.  Avec les menaces multiformes du terrorisme aujourd’hui, l’engagement avec toutes les parties prenantes en tant que véritables partenaires, y compris la société civile, le secteur privé et les groupes religieux, reste essentiel.  Il était donc important, s’est félicité le représentant, de le dire dans la résolution.  Ce qui a commencé en 2006 avec trois paragraphes opérationnels, a pris de l’ampleur, s’est-il-réjoui, devant une résolution de 166 paragraphes de fond.  En tant que donateurs de fonds extrabudgétaires, les pays du groupe CANZ, a conclu le représentant, s’inquiètent que certains s’opposent à l’inclusion dans la résolution, d’un appel à la transparence et à l’amélioration du suivi et de l’évaluation des efforts.  

Au nom du groupe MIKTA -Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie-, M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a convenu de la difficulté de dégager un consensus avec 193 États aux contextes géographiques, politiques, sociaux et économiques différents et aux préoccupations sécuritaires divergentes.  Notre groupe, s’est-il enorgueilli, se compose de pays différents géographiquement, culturellement, historiquement et religieusement.  Pourtant, les valeurs partagées et la volonté d’identifier des intérêts communs lui permettent non seulement de surmonter les problèmes éventuels que ces différences peuvent créer, mais aussi d’utiliser cette diversité pour l’intérêt général.

Malgré tous les efforts de la communauté internationale, la menace du terrorisme persiste et aucun pays ni aucune région n’est à l’abri.  Avec l’émergence de la pandémie de COVID-19, les organisations terroristes ont accéléré leurs efforts pour diffuser leur propagande hors ligne et en ligne, et radicaliser les jeunes et autres segments de la société.  Face à cette menace qui se complexifie, a estimé le représentant, la communauté internationale doit agir « avec détermination et ingéniosité ».  Le représentant a souligné la nécessité d’une approche globale qui s’appuierait non seulement sur des mesures essentielles de lutte contre le terrorisme fondées sur la sécurité, mais aussi sur des mesures de prévention systématiques et d’autres axées sur le respect de la personne et l’état de droit. 

Le terrorisme et l’extrémisme violent ne peuvent et ne doivent pas être associés à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique.  Le groupe MIKTA, a souligné le représentant, est convaincu que ce n’est qu’à travers une action concertée aux niveaux mondial et régional, et dans le respect du droit international, que l’on peut lutter efficacement contre le terrorisme.  Il a donc noté que la résolution tient dûment compte des références aux nouveaux défis et des menaces déjà identifiées, telles que les combattants terroristes étrangers, le financement du terrorisme, les discours terroristes et l’exploitation des technologies à des fins terroristes.  Enfin, il a salué l’ajout d’un libellé supplémentaire sur les victimes du terrorisme et ainsi que ceux sur le rôle de la société civile, des jeunes et acteurs locaux.  

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a fait observer que le monde a changé depuis 2018, quand l’Assemblée générale a examiné la Stratégie pour la dernière fois.  La pandémie de COVID-19 a en effet modifié le paysage de la sécurité mondiale car avec les restrictions aux frontières, les terroristes ont déplacé leurs opérations dans le cyberespace « où ils crachent leur venin à un public en ligne captif ».  Il y a à peine quatre ans, a rappelé le représentant, une organisation terroriste inspirée de Daech a assiégé Marawi dans le sud du pays, une organisation qui avait des liens avec des groupes terroristes internationaux, pourvoyeurs de fonds, de combattants terroristes étrangers et de matériels.  Les Philippines, s’est enorgueilli le représentant, ont agi rapidement, en adoptant une stratégie nationale inspirée de celle des Nations Unies.  L’année dernière, nous avons voté la Loi antiterroriste.  Mais, a reconnu le représentant, les évènements de Marawi, avec ses éléments transnationaux, ont démontré la nécessité de la Stratégie mondiale et pour rester « un document vivant », évoluant avec le temps et les paradigmes changeants du terrorisme, et « un document réaliste et réactif » aux besoins des États Membres.  Le représentant s’est donc félicité des mises à jour « substantielles » de ce septième examen et du maintien des principes clefs.

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a annoncé que la lutte contre le terrorisme sera l’une des priorités de la Pologne lorsqu’elle accèdera à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Le représentant a appelé à l’élargissement de la coopération internationale.  Il a aussi appelé à l’examen approfondi de la question de l’utilisation abusive des technologies, en particulier Internet et les médias sociaux, par les groupes terroristes.  Il faut également, a-t-il ajouté, examiner les moyens d’arrêter le recrutement et l’utilisation d’enfants par ces groupes.  Poursuivant, le représentant a plaidé pour la promotion de la solidarité internationale en faveur des victimes du terrorisme, en particulier leur accès à la justice et le renforcement de leur résilience.  Il a d’ailleurs salué l’intention du Secrétaire général de l’ONU de convoquer le premier Congrès mondial des Nations Unies sur les victimes du terrorisme. 

Il a par ailleurs appelé à la protection des minorités religieuses et à la compréhension mutuelle.  La Pologne, a fait observer le représentant, a été à l’origine de la Journée internationale de commémoration des victimes d’actes de violence fondés sur la religion ou la conviction.  Il s’est attardé sur la nécessité de renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, avant d’appeler à la poursuite de la coopération internationale pour protéger l’aviation civile contre les attaques terroristes, conformément à la résolution 2309 (2016) du Conseil de sécurité.  Il faut, a-t-il conclu, promouvoir la mise en œuvre du Plan mondial de sûreté de l’aviation (GASeP) de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a reconnu que le processus de négociation a été « complexe et difficile ».  Ce n’est que par la coopération, une évaluation constante de la menace terroriste et le partage d’informations et de bonnes pratiques que nous pourrons commencer à progresser, a-t-elle professé.  Un cadre multilatéral, avec l’ONU en son centre, demeure essentiel pour prévenir et contrer la menace terroriste.  Prenant note des inquiétudes nées ces derniers jours quant à une possible résurgence des activités terroristes, une fois que les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 seront levées, elle a conseillé « la vigilance ».  La représentante s’est félicitée de ce que la résolution mette un accent nouveau sur l’extrémisme violent.  Pour triompher de ce fléau, il faut associer les efforts nationaux à la coopération internationale, régionale et sous-régionale.  La représentante a insisté sur l’assistance technique et la mise à disposition des ressources adéquates pour le renforcement des capacités.  Après avoir fait part des efforts de l’Union africaine, elle a plaidé pour la création d’un centre régional de lutte contre le terrorisme pour la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Elle n’a pas oublié d’apporter son appui à la stratégie antiterroriste que les BRICS -Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- ont adoptée en 2020, conformément à la Stratégie antiterroriste mondiale.

Bien que la menace du terrorisme soit faible en Jamaïque, les activités terroristes sont devenues plus étroitement liées au crime organisé, a expliqué Mme DENIESE AVA-LOU SEALEY (Jamaïque).  La lutte contre ces activités nécessite une collaboration internationale et régionale pour renforcer les systèmes nationaux d’alerte précoce, la résilience et la lutte contre la radicalisation menant à l’extrémisme violent.  La représentante a reconnu que son pays a eu des difficultés avec l’un de ses ressortissants accusé, entre autres, d’avoir incité au terrorisme et facilité les voyages des combattants terroristes étrangers.  Elle a donc insisté sur le partage des informations et des renseignements pour détecter ces combattants.  Notre réponse antiterroriste, a-t-elle poursuivi, doit pouvoir s’appuyer sur une solide coopération, non seulement entre et parmi les acteurs publics nationaux, mais aussi avec les acteurs étrangers. 

Cette question est d’une telle importance que nous avons mis en place un mécanisme de coordination qui partage des informations en temps réel sur les menaces et les tendances émergentes, et évalue et surveille les progrès du pays et de la région dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nous avons aussi, a ajouté la représentante, pris des mesures entre autres, pour assurer le respect des exigences du Groupe d’action financière (GAFI) contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Par ailleurs, la législation sur l’immigration est amendée pour tenir compte des informations préalables sur les passagers (API) et des données des dossiers passagers (PNR).  Au niveau régional, la stratégie antiterroriste de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a été adoptée en février 2018, a encore indiqué la représentante.

M. PATRICK KENNEDY (États-Unis) s’est d’abord élevé contre l’idée que la résolution soit utilisée par certains pour critiquer « injustement ».  Nous ne pouvons, a-t-il dit, accepter la référence « controversée » à l’occupation étrangère dans l’alinéa 43 du préambule.  Nous nous dissocions, a dit le représentant, de cet alinéa car toutes les formes et manifestations du terrorisme sont « criminelles ou injustifiables ».  En revanche, le représentant a salué le libellé du paragraphe 60, tiré de la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité, qui exhorte les États Membres à prendre en compte l’effet potentiel des mesures antiterroristes sur les activités humanitaires.  Mais, a-t-il dit, nous nous élevons contre la tentative de certains d’interpréter librement le libellé du paragraphe 109 relatif à la nécessité de faire en sorte que les législations antiterroristes n’entravent pas l’aide humanitaire, même si les terroristes en bénéficient.  Nous soutenons le rôle essentiel des acteurs humanitaires mais nous tenons à souligner qu’il n’existe aucune obligation, en vertu du droit international, de fournir une aide humanitaire aux terroristes, a martelé le représentant. 

Il s’est aussi dit « profondément préoccupé » par les références à un soi-disant « principe d’extradition ou de poursuite » dans les paragraphes 26 et 29 du dispositif.  Il s’agit là d’une mauvaise interprétation du droit international.  L’obligation d’extrader ou de poursuivre découle, a professé le représentant, des traités multilatéraux spécifiques, y compris les conventions internationales de lutte contre le terrorisme.  Défendre des propositions juridiques « incorrectes et ambiguës » dans cette résolution ne peut que nuire à l’entraide judiciaire qu’elle prétend promouvoir, a souligné le représentant.  Bien qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur un libellé qui englobe à la fois les notions de race et d’ethnicité, en tant que facteurs de l’extrémisme violent, le représentant a tout de même souligné le fait que la résolution parle d’un terrorisme et d’un extrémisme violent fondés sur des motivations racistes.

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a commencé par rappeler qu’en mars dernier, son pays a présenté ses quatre priorités dans le cadre de l’examen de la Stratégie mondiale.  Nous disions alors, a-t-il dit, que l’ajout d’éléments en lien avec ces priorités rendrait la Stratégie plus adaptée aux besoins actuels.  Il s’est donc félicité que ses propositions aient été prises en considération dans la résolution adoptée aujourd’hui.  Le représentant a ensuite mis l’accent sur deux aspects essentiels à ses yeux et d’abord le cyberespace.  Pendant cette période de pandémie, la forte dépendance aux technologies a alimenté le terrorisme en ligne.  Il a rappelé qu’il y a deux ans, les dirigeants du G20 réunis à Osaka ont adopté une déclaration sur les risques de l’exploitation d’Internet à des fins terroristes ou d’extrémisme violent conduisant au terrorisme.  Dans le domaine des enquêtes sur les activités terroristes, leur financement, le « dark web » et la cryptomonnaie, le Japon, a-t-il dit, contribue aux efforts pour accéder aux informations en libre accès.  Le Japon apporte aussi une aide dans ce domaine aux pays d’Asie du Sud-Est. 

Le deuxième aspect essentiel, a poursuivi le représentant, est la sécurité maritime.  Pays insulaire, le Japon se félicite de l’ajout du paragraphe 64 du dispositif et salue l’appui dont il a bénéficié de la part de nombreux États Membres.  Mon pays, a-t-il souligné, a contribué à hauteur de 30 millions dollars au Programme mondial de lutte contre la criminalité maritime de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) afin de renforcer les capacités des pays d’Afrique et d’Asie.  « C’est en mettant en œuvre ce type de mesures concrètes que nous pourrons lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-il conclu. 

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a salué l’importance de ce septième examen et a insisté sur l’importance de la coopération pour le renforcement des capacités nationales, selon les besoins spécifiques des États et conformément à leurs politiques nationales.  Le représentant de la Colombie a appelé à la rupture du lien entre terrorisme, trafic de drogue et criminalité transnationale organisée, comme l’exige la résolution 2195 (2014) du Conseil de sécurité.  Il a aussi appelé à intensifier la lutte contre le financement du terrorisme, en intensifiant l’échange d’informations et de renseignements.  Après avoir insisté sur l’entraide judiciaire et le respect des droits de l’homme, le représentant a jugé déterminant de contrer la propagation des doctrines fondamentalistes sur Internet.  Il a, pour finir, formé le vœu que les divergences qui ont caractérisé le processus de négociation de cette « importante » résolution se dissiperont pour ouvrir la voie à une compréhensions mutuelle susceptible de nous mener vers un avenir débarrassé du terrorisme.

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