En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil économique et social (ECOSOC) élit des membres de quinze de ses organes subsidiaires

Session de 2021,
6e & 7e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7040

Le Conseil économique et social (ECOSOC) élit des membres de quinze de ses organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a procédé aujourd’hui à l’élection, par vote à bulletin secret et par acclamation, des membres de 15 de ses organes subsidiaires.

Cuba et la Fédération de Russie ont ainsi été élus, par bulletins secrets, à la Commission de statistique pour un mandat de quatre ans à partir du 1er janvier 2022.  L’Australie, le Burundi, la Finlande, les Pays-Bas, la Tunisie et la Zambie ont en revanche été élus par acclamation pour le même mandat.

S’agissant de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, l’Autriche, le Bahreïn, le Bélarus, la Bulgarie, le Canada, les États-Unis, la France, le Ghana, l’Inde, la Libye, le Pakistan, le Qatar, la Thaïlande et le Togo ont été élus pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.  Un vote à bulletin secret a été nécessaire pour le Brésil, le Chili, Cuba, la République dominicaine et le Paraguay.

Au terme d’un scrutin à bulletins secrets pour pourvoir les postes vacants à l’Organe international de contrôle des stupéfiants, le Conseil a élu MM. Cornelis de Joncheere, des Pays-Bas, et Philip Mattick, de l’Australie, parmi les candidats désignés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Leur mandat de cinq ans commencera le 2 mars 2022 et s’achèvera le 1er mars 2027.  Le Conseil a également élu trois autres membres nommés par leur gouvernement respectif: Sevil Atasoy (Turquie); Lu Lin (Chine) et Galina Alexandrovna Korchagina (Fédération de Russie).  Leur mandat commencera également le 2 mars 2022 pour s’achever le 1er mars 2027

Répondant à une question du Nicaragua, le Vice-Président de l’ECOSOC a indiqué que c’est à la demande des États-Unis que le vote a été décidé pour le poste revenant à un État d’Amérique latine et des Caraïbes, à la Commission de statistique et à celle pour la prévention du crime et la justice pénale.  Les États-Unis ont également réclamé un vote pour lOrgane international de contrôle des stupéfiants.

L’Arabie saoudite, la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Indonésie, le Kenya, la Mauritanie, le Maroc, le Pakistan, les Pays-Bas, le Portugal et le Tchad ont été élus à la Commission de la population et du développement pour un mandat commençant à l’entame de la cinquante-sixième session de la Commission en 2022 et expirant à la clôture de la cinquante-neuvième session, en 2026. 

Cabo Verde, le Costa Rica, l’Égypte, la Mauritanie, le Panama, Trinité-et-Tobago et la Tunisie ont été élus à la Commission de la condition de la femme pour un mandat de quatre ans qui commencera à la première réunion de la soixante-septième session en 2022 et s’achèvera à la clôture de sa soixante-dixième session, en 2026.  Un vote a été nécessaire pour élire la Chine, l’Iran, le Japon, le Liban et le Pakistan.

L’Algérie, l’Australie, la Belgique, le Canada, la Côte d’Ivoire, la France, le Ghana, la Suisse et la Tunisie ont été plébiscités pour faire partie de la Commission des stupéfiants pour un mandat de quatre ans commençant le 1er janvier 2022.  Un vote a été nécessaire pour élire l’Arabie saoudite, le Bangladesh, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, la Fédération de Russie, l’Iran, la Lituanie, la République de Corée, la Slovénie et Trinité-et-Tobago, pour un mandat de quatre ans commençant également le 1er janvier 2022.

Le Comité du programme et de la coordination aura comme nouveaux membres le Botswana, le Chili, la Fédération de Russie, le Kenya et le Paraguay, élus par acclamation pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2022.

Le Brésil, la Colombie, le Kenya, le Maroc, la Mauritanie, le Mexique, les Philippines et le Tchad feront partie du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication pour un mandat de trois ans à partir du 1er janvier 2022.  L’Égypte et les Pays-Bas ont également été élus pour un mandat commençant à la date de l’élection jusqu’au 31 décembre 2023.  Au terme d’un vote, la Macédoine du Nord et l’Ukraine siégeront au sein du Groupe de travail pour un mandat commençant au 1er janvier 2022 jusqu’au 31 décembre 2024.

L’Algérie, le Bangladesh, les Comores, la Côte d’Ivoire, les Émirats arabes unis, la Grenade, le Liban, la Pologne, le Rwanda et le Tchad ont été élus pour faire partie du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.

Le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) aura pour nouveaux membres le Cameroun, le Costa Rica, la Côte d’Ivoire, le Kazakhstan, le Kenya, le Lesotho, le Myanmar, le Qatar, le Tchad et l’Ukraine, élus par acclamation pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.

L’Afghanistan, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Bangladesh, le Cameroun, la Colombie, l’Égypte, la Gambie, le Guyana, l’Inde, le Kenya, Monaco, la Pologne, la République dominicaine, la Thaïlande, le Turkménistan et l’Ukraine ont été élus au Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).  Leur mandat de trois ans commencera le 1er janvier 2022.  L’Islande, les Pays-Bas et la Norvège ont été désignés pour achever les mandats, respectivement d’Andorre, de l’Allemagne et de la Finlande, du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2021.

La France, le Ghana, l’Inde, la Fédération de Russie, la République de Corée et la Suède siégeront au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.

Le Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population aura le Libéria et la Mauritanie comme nouveaux membres pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.

Le Botswana, la Chine, la Côte d’Ivoire, la Fédération de Russie, le Japon, la République dominicaine, le Royaume-Uni et la Suisse ont été élus au Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2022.  L’Allemagne achèvera le mandat de la France, du 3 juillet 2021 au 31 décembre 2022.

La République dominicaine a été ensuite plébiscitée pour faire partie de la Commission du développement social jusqu’à la clôture de la soixante-deuxième session de la Commission en 2024.  La Pologne et la Suisse ont été élues pour un mandat, s’achevant à la clôture de la soixante-troisième session en 2025.

L’ECOSOC a également adopté des décisions sur la réunion relative à la question du passage de la phase des secours aux activités de développement* et sur le thème du segment humanitaire de sa session 2021**.  Ce thème est: « Renforcer l’aide humanitaire pour relever les défis de 2021 et de la période qui suivra: mobiliser en faveur du respect du droit international humanitaire, de l’inclusion, des questions de genre, de l’innovation et des partenariats ».  L’ECOSOC a enfin adopté une décision*** sur l’allongement du délai de présentation des rapports quadriennaux des ONG dotées du statut consultatif général.

* E/2021/L.13
** E/2021/L.14
*** E/2021/L.15

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente sur les questions autochtones ouvre sa session de 2021

Vingtième session,
1re séance plénière – après-midi
DH/5458

L’Instance permanente sur les questions autochtones ouvre sa session de 2021

L’Instance permanente sur les questions autochtones a donné, cet après-midi, le coup d’envoi des travaux de sa vingtième session, l’occasion pour le Secrétaire général de s’alarmer de l’« aggravation spectaculaire » des violences et des attaques visant les dirigeants autochtones et les défenseurs des droits des peuples autochtones sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources. 

Alors que cette session annuelle porte sur le thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif 16 de développement durable », M. António Guterres a appelé à faire davantage pour favoriser des lois et des politiques inclusives et participatives ainsi que des institutions fortes et responsables qui assurent la justice pour toutes et tous. 

Faisant le lien entre développement durable et lutte contre l’impunité et contre la violence, la Présidente de l’Instance a souligné que la réalisation de l’ODD 16 nécessite d’assurer la sécurité personnelle et le respect des droits humains fondamentaux des peuples autochtones tels que le droit de ne pas être soumis à la violence, à la peur et à la discrimination. 

Mme Anne Nuorgam s’est déclarée particulièrement préoccupée par la violence contre les femmes et les filles autochtones, notamment en Amérique du Nord, ainsi que contre les défenseurs des droits humains autochtones et de l’environnement, signalant qu’au moins 331 défenseurs des droits humains ont été tués en 2020, dont les deux tiers, a-t-elle précisé, travaillaient sur les droits environnementaux et les droits des peuples autochtones.  Elle a également décrié la persistance de l’impunité pour la majorité de ces crimes ainsi que la criminalisation de plus en plus fréquente, par les gouvernements, des activités des organisations de peuples autochtones. 

Au moment où le monde commence à se remettre de la pandémie de COVID-19 et que l’on parle de « reconstruire en mieux », les peuples autochtones doivent avoir voix au chapitre dans toutes les décisions qui les concernent.  Cela signifie, a estimé la Présidente de l’Instance, reconnaître le droit des peuples autochtones à l’autodétermination et leurs droits collectifs sur les terres, les territoires, les ressources et les connaissances. 

« Dans les plans de relèvement, il faut garantir des processus décisionnels réactifs, inclusifs, participatifs et représentatifs qui facilitent l’engagement total des peuples autochtones », a demandé le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, qui a rappelé que les peuples autochtones sont les gardiens de plus de 80% de la biodiversité du monde. 

Dans une déclaration lue en son nom, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a alerté, de son côté, de l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19 sur les peuples autochtones.  L’accès à la vaccination et à des services de santé adaptés à la culture et dispensés dans les langues autochtones est très limité, a notamment regretté M. Liu Zhenmin qui a en outre relevé que l’état d’urgence aggrave la marginalisation des peuples autochtones.  

Lui emboitant le pas, le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a souhaité que les peuples autochtones soient associés à la conception des stratégies et des campagnes de vaccination et souligné que tout vaccin contre la COVID-19 doit être administré sur la base du consentement préalable, libre et éclairé de la personne qui le reçoit.  M. Juan Sandoval Mendiolea a également souhaité que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones serve de guide pour se remettre de la pandémie et de ses conséquences.  

Le lancement des travaux de l’Instance a également été marqué par l’intervention de la Secrétaire de l’intérieur des États-Unis, Mme Deb Haaland, première personne autochtone à accéder à ce poste.  Intervenant par visioconférence depuis les terres ancestrales des peuples anacostan et piscataway, Mme Haaland a appelé à tirer les leçons de la résilience et la vision du monde autochtone afin de gérer les terres, les eaux et les ressources.   

Elle a également fait savoir que l’Administration Biden a décidé d’utiliser des solutions fondées sur la nature pour conserver 30% de terres et eaux des États-Unis d’ici à 2030 et de prendre soin de « tous les peuples autochtones, de leurs terres, de leurs langues, de leur patrimoine culturel et de leurs espaces sacrés ».  En outre, tout le poids du Gouvernement fédéral sera placé dans une unité interministérielle et interinstitutions sur les personnes disparues et assassinées. 

« Face au chaos, face à l’effondrement civilisationnel provoqué par le modèle de développement doctrinal capitaliste, colonialiste et religieux », le Vice-Président de la Bolivie, M. David Choquehuanca Cespedes, a vanté les modes de vie harmonieux des autochtones et espéré que la prochaine Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032) sera l’occasion de propager la pensée communautaire des peuples autochtones. 

On retiendra également l’intervention du Ministre des affaires étrangères de la Finlande, M. Pekka Haavi, qui a salué la mise en place de commissions vérité et réconciliation pour enquêter sur les injustices historiques dont souffrent les peuples autochtones.  

Après avoir entendu un mot d’accueil en langue autochtone par le chef traditionnel de la nation Onondaga, M. Tadodaho Sid Hill, l’Instance a élu par acclamation Mme Anne Nurogam à la présidence de sa vingtième session et adopté l’ordre du jouir et l’organisation des travaux.  

À l’issue de la cérémonie d’ouverture, qui s’est déroulée en présentiel, l’Instance s’est penchée sur une étude consacrée à l’autonomie des peuples autochtones. 

Créée en juillet 2000, après deux décennies de négociations, l’Instance est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui vivent dans environ 90 pays et figurent parmi les individus les plus pauvres et marginalisés de la planète. 

Elle poursuivra ses travaux demain, mardi 20 avril 2021, à partir de 9 heures.                                             

DÉBAT SUR LE THÈME « PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS SOLIDES: LE RÔLE DES PEUPLES AUTOCHTONES DANS LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE »

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que les populations autochtones, qui ne représentent que 6,2% de la population mondiale, comptent pour l’essentiel de la diversité culturelle dans le monde et pour la majorité des langues parlées aujourd’hui.  Pourtant, ils sont aussi trois fois plus susceptibles de vivre dans l’extrême pauvreté, et leurs langues et leurs cultures sont constamment menacées, a-t-il déploré. 

Le Secrétaire général s’est particulièrement inquiété de la situation des femmes et des filles autochtones, relevant que celles-ci sont exposées à des risques de violence bien plus grands et à des taux de mortalité maternelle et infantile qui sont disproportionnellement élevés.  Il a également alerté que les peuples autochtones ont été particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19. « Déjà vulnérables, ils courent le risque d’être encore plus laissés de côté », s’est-il inquiété.  Alors que le monde s’emploie à se relever de la pandémie, le Secrétaire général a appelé à donner la priorité à l’inclusion et à un développement durable qui protège chacun et chacune et bénéficie à toutes et tous.

M. Guterres a par ailleurs déploré une aggravation spectaculaire des violences et des attaques visant les dirigeants autochtones et les femmes et les hommes qui défendent les droits des peuples autochtones sur leur terre, leurs territoires et leurs ressources.  Il a appelé à faire davantage pour favoriser des lois et des politiques inclusives et participatives ainsi que des institutions fortes et responsables qui assurent la justice pour toutes et tous.  Nous devons faire appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a insisté le Secrétaire général.  Et pour que leurs droits soient respectés, il faut leur assurer une participation véritable et égale ainsi qu’une pleine inclusion et leur donner les moyens de réaliser leur potentiel. 

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a indiqué que la pandémie de COVID-19 a été particulièrement difficile pour les peuples autochtones qui souffrent déjà de problèmes de santé récurrents, de pauvreté et d’insécurité alimentaire.  Il a appelé à distribuer les vaccins d’une manière culturellement appropriée et d’atteindre les personnes les plus vulnérables ainsi que les plus âgées.  Sinon, nous risquons de perdre les aînés qui défendent les traditions, les cultures et les langues, a-t-il indiqué, notant que dans certaines communautés, les personnes âgées sont les derniers locuteurs de langues menacées. 

M. Bozkir a appelé à garantir des processus décisionnels réactifs, inclusifs, participatifs et représentatifs dans les plans de relèvement afin de faciliter l’engagement total des peuples autochtones.  Il faut aussi s’attaquer à l’impact que la fermeture des marchés et la perturbation de l’écotourisme ont eu sur les peuples autochtones et mobiliser les communautés autochtones qui sont plus à risque de contracter des maladies infectieuses émergentes suite à la destruction des écosystèmes par des industries extractives et les changements climatiques.  Pour faire face à la crise climatique, nous devons impliquer les peuples autochtones qui sont les gardiens de plus de 80% de notre biodiversité dans le monde, a encore exhorté M. Bozkir.  

Le Président de l’Assemblée générale a appelé à mobiliser les femmes autochtones qui subissent un taux plus élevé de violence sexuelle et sexiste et qui ont moins accès à l’éducation, à l’emploi et à la justice que les autres femmes.  Compte tenu de la migration croissante des peuples autochtones vers les zones urbaines, il a également encouragé les décideurs politiques dans les zones urbaines à permettre la réalisation des droits individuels et collectifs, y compris le droit à l’autonomie, le maintien de l’identité, ainsi que la création d’un travail décent adapté à la culture autochtone.  C’est la clef de la réalisation d’un développement durable et autonome dans l’environnement urbain, a estimé M. Bozkir. 

Il a ensuite fait observer que l’ODD 16 représente les aspirations initiales des fondateurs de l’ONU, qui avaient entrepris de créer un système multilatéral fondé sur la paix, la justice, des institutions fortes et l’égalité de dignité et de valeur de chaque personne.  Soixante-quinze ans après, nous devons nous réengager envers ces principes en y incluant la voix de ceux qui, depuis trop longtemps, ont été réduits au silence. 

En sa qualité de Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), a déclaré que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les peuples autochtones du monde entier en exacerbant la pauvreté, les inégalités et les vulnérabilités préexistantes.  La pandémie a également affecté leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et leur mobilité.  Notant en outre que la pandémie a exacerbé la violence et les inégalités entre les sexes, il a exhorté les États, les communautés et les organisations de la société civile à lutter contre la violence sexuelle et sexiste et à œuvrer à autonomiser les femmes et les filles autochtones.  Il a également souhaité que les peuples autochtones soient associés à la conception des stratégies et des campagnes de vaccination et souligné que tout vaccin contre la COVID-19 doit être administré sur la base du consentement préalable, libre et éclairé de la personne qui le reçoit. 

Poursuivant, M. Mendiolea a affirmé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones doivent servir de guide pour se remettre de la pandémie et de ses conséquences.  En ce sens, il a jugé essentiel que les peuples autochtones participent à toutes les étapes de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques.  Il a par ailleurs estimé que les discussions de l’Instance permanente autour de l’ODD 16 seront extrêmement utiles aux réflexions du Forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet pour examiner le relèvement durable et résilient après la pandémie de COVID-19.

Mme ANNE NUORGAM, Présidente de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, a indiqué que cette session aurait pour thème « Paix, justice et institutions fortes: le rôle des peuples autochtones dans la mise en œuvre de l’objectif 16 de développement durable ».  Le but de l’ODD 16, a-t-elle rappelé, est de promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable, de fournir un accès à la justice pour tous et de créer des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.  C’est un objectif ambitieux, a-t-elle reconnu, avouant avoir « du pain sur la planche ces deux prochaines semaines ».  L’Instance permanente doit en effet engager un dialogue constructif entre les peuples autochtones, les États Membres et les agences de l’ONU sur ce qui doit être fait pour créer des sociétés plus pacifiques et plus justes, garantir l’accès à la justice pour tous et créer des institutions efficaces, responsables et inclusives. 

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones indique clairement que les peuples autochtones ont des droits individuels et collectifs, a souligné la Présidente de l’Instance permanente.  Bien que ces droits soient énoncés très clairement, bien trop souvent, les peuples autochtones du monde entier continuent de subir de graves violations de leurs droits de l’homme individuels et de leurs droits collectifs en tant que peuples.  « Nos terres continuent de nous être enlevées pour l’exploitation minière, l’exploitation forestière, l’exploration pétrolière et gazière, l’agriculture industrielle et la réalisation de projets d’infrastructure à grande échelle », a-t-elle constaté.  « Nous continuons d’être déplacés de nos territoires ancestraux, ce qui cause des dommages irréparables aux moyens de subsistance, aux cultures, aux langues et aux vies. »  Parfois, a-t-elle ajouté, ces agressions sont commises par les forces de l’État ou des milices privées.  Souvent elles le sont « par une combinaison des deux ». 

Pour Mme Nuorgam, la paix et la sécurité ne peuvent être réalisées sans la pleine reconnaissance des droits des peuples autochtones.  Bien que l’on trouve des exemples où les États et les peuples autochtones se sont engagés de manière constructive pour élaborer des accords de paix, comme au Guatemala et en Colombie, la mise en œuvre de ces accords a trop souvent fait défaut et les peuples autochtones continuent de souffrir de violence et de marginalisation, a-t-elle observé.  Pourtant, l’absence de mise en œuvre de ces accords « n’est pas la faute des peuples autochtones ».  Tout au contraire, a insisté la Présidente de l’Instance permanente, ces peuples sont des partenaires constructifs dans le maintien de la paix et de la sécurité. 

À cet égard, a-t-elle poursuivi, la réalisation de l’ODD 16 n’implique pas seulement la prévention des conflits.  Elle nécessite également d’assurer la sécurité personnelle et le respect de nos droits humains fondamentaux tels que le droit de ne pas être soumis à la violence, à la peur et à la discrimination.  Mme Nuorgam s’est déclarée particulièrement préoccupée par la violence contre les femmes et les filles autochtones.  En Amérique du Nord, c’est un tel problème qu’il y a maintenant un acronyme pour cela, qui signifie « femmes autochtones assassinées et disparues ».  Au Canada, a-t-elle également indiqué, il existe une route qui porte le nom des dizaines de femmes qui ont été assassinées le long de son tracé.  «  Cela dit quelque chose sur nos sociétés et nos priorités que de tels crimes odieux soient si courants et commis avec une telle impunité », a-t-elle relevé, ajoutant que la violence contre les femmes et les filles autochtones ne se limite pas seulement à l’Amérique du Nord.  « C’est un problème partout, y compris dans mon pays d’origine, Sapmi, ainsi qu’en Afrique, en Asie et en Amérique latine. » 

Dans cette optique, Mme Nuorgam a salué la création, par la Secrétaire de l’intérieur américaine, Mme Deb Haaland, d’une nouvelle unité des disparus et assassinés au sein du Bureau des affaires indiennes du Département de l’intérieur des États-Unis.  Elle a dit qu’elle suivrait avec intérêt les progrès de cette unité, affirmant vouloir coopérer avec Mme Haaland, première responsable gouvernemental amérindien de l’histoire des États-Unis, pour faire progresser les droits des peuples autochtones dans le monde. 

La violence contre les droits humains autochtones et les défenseurs de l’environnement est une autre préoccupation majeure, a-t-elle encore indiqué, avant de rappeler qu’au moins 331 défenseurs des droits humains ont été tués en 2020, dont les deux tiers travaillaient sur les droits environnementaux et les droits des peuples autochtones.  La plupart de ces meurtres ont eu lieu dans une poignée de pays, la Colombie représentant plus de la moitié des cas, tandis qu’un nombre alarmant a été enregistré aux Philippines, au Brésil, au Mexique, au Honduras et au Guatemala.  « Comme dans le cas des femmes autochtones assassinées, nous constatons l’impunité pour l’écrasante majorité de ces crimes », a déploré Mme Nuorgam.  Alors que les gouvernements criminalisent de plus en plus les activités des organisations de peuples autochtones et utilisent la législation antiterroriste pour délégitimer leur activisme en faveur des droits de l’homme, elle a constaté une forte augmentation de la violence contre les défenseurs des droits de l’homme autochtones.  « Cela doit cesser », a-t-elle martelé, jugeant que ces actions constituent des violations manifestes du droit international des droits de l’homme et rendent nos sociétés moins stables, moins sûres et moins égales. 

Au moment où le monde commence à se remettre de la pandémie de COVID-19, on parle de « reconstruire en mieux », tout en luttant contre les changements climatiques et les graves inégalités mises en évidence par la crise.  Si nous voulons y parvenir, a soutenu la Présidente de l’Instance permanente, les peuples autochtones doivent avoir voix au chapitre dans toutes les décisions qui les concernent.  Cela signifie, selon elle, reconnaître le droit des peuples autochtones à l’autodétermination et leurs droits collectifs sur les terres, les territoires, les ressources et les connaissances.  « Ces droits doivent être respectés, tant au niveau national qu’international », a-t-elle conclu, non sans souhaiter que le Président de l’Assemblée générale nomme bientôt des facilitateurs des États Membres et des peuples autochtones pour renforcer la participation des peuples autochtones au système des Nations Unies. 

Au nom de M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef, a indiqué que le thème de cette session « paix, justice et institutions fortes » (ODD 16) vise à promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives pour le développement durable; l’accès à la justice pour tous; et la création d’institutions efficaces, responsables et inclusives.  Ces objectifs englobent des questions importantes pour les peuples autochtones comme l’accès à une justice non discriminatoire, le respect du principe du consentement libre, préalable et éclairé, la reconnaissance des institutions et de la participation autochtones, et leurs droits sur les terres, les territoires et les ressources. 

Le haut responsable a ensuite fait savoir qu’un appel à l’action avait été adopté au mois de novembre dernier pour promouvoir le plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2015.  Cet appel porte notamment sur la nécessité de reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19.  Il met en lumière la discrimination à l’égard des femmes et des enfants autochtones; les questions relatives aux droits fonciers; et l’augmentation des conflits et des représailles contre les défenseurs autochtones des droits humains.  L’appel souligne en outre l’importance de la participation des peuples autochtones au processus décisionnel et reconnaît que ces derniers sont des partenaires indispensables pour réaliser les objectifs de développement durable et lutter contre les changements climatiques. 

Pour appuyer cet appel, a-t-il fait savoir, l’ONU mettra l’accent sur l’augmentation de la participation des peuples autochtones aux processus des Nations Unies; le renforcement de l’assistance technique et financière pour soutenir les droits des peuples autochtones; et l’appui à la mise en œuvre du plan d’action à l’échelle du système au niveau des pays. 

Poursuivant, le haut responsable a indiqué que l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19 sur les peuples autochtones va au-delà de la menace pour la santé.  L’accès à la vaccination et à des services de santé adaptés à la culture et dispensés dans les langues autochtones est très limité, a-t-il regretté.  De plus, l’état d’urgence aggrave la marginalisation des peuples autochtones qui ne participent aux réponses politiques à la pandémie que dans un nombre limité de pays.  Dans d’autres, les consultations avec les peuples autochtones et les études d’impact environnemental ont été suspendues du fait de la pandémie, a-t-il déploré.  Il a ensuite salué la contribution du Canada, de l’Estonie, du Danemark et de la Finlande au Fonds d’affectation spéciale à l’appui des questions autochtones en 2020. 

M. DAVID CHOQUEHUANCA CÉSPEDES, Vice-Président de la Bolivie, a déclaré que les peuples autochtones ont en commun le respect de leurs lieux sacrés, de la sagesse de leurs ancêtres, de leur terre nourricière, de leur culture et de la vie.  Savoir guérir, savoir écouter, savoir se nourrir, savoir danser, savoir communiquer ses connaissances sont les priorités des peuples autochtones qui parcourent toujours les montagnes, les océans, et la Terre nourricière, a-t-il indiqué.  « Pour nous, peuples originels du monde, il est précieux de participer à ce Forum pour faire entendre les différentes identités, tisser la paix dans le monde et créer la justice pour garantir le bien-être de nos peuples. » 

« Face au chaos, face à l’effondrement civilisationnel provoqué par le modèle de développement doctrinal capitaliste, colonialiste et religieux », le Vice-Président de la Bolivie a vanté les modes de vie harmonieux des peuples autochtones qui pensent et agissent dans le respect de la vie.  Dans le souci de préserver ces modes de vie, il a exigé que les États respectent les engagements pris pour respecter les droits humains, les droits des peuples autochtones et les droits de la terre nourricière. 

M. Choquehuanca Céspedes a appelé à diluer les « égoïsmes » et à cesser de détruire l’environnement.  « Nous ne pouvons pas continuer de polluer ou de tuer nos rivières, notre air, nos forêts et nos océans », a-t-il ajouté avant d’appeler à mettre fin à la persécution, à l’emprisonnement et au meurtre des défenseurs de la terre nourricière.  Après avoir accusé le capitalisme d’être responsable de l’existence de la pauvreté et de la crise qui traverse le monde, le Vice-Président de la Bolivie a espéré que la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032) sera l’occasion de propager la pensée des peuples autochtones. 

M. PEKKA HAAVISTO, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a jugé que le thème retenu pour cette vingtième session de l’Instance permanente est particulièrement approprié en cette époque d’incertitude due à la pandémie de COVID-19 et à l’accélération des changements climatiques.  Á ses yeux, le Programme 2030 est une réussite remarquable et doit guider nos politiques, de même que l’Accord de Paris sur le climat.  « Nous, les États Membres, nous sommes engagés à ce que personne ne soit laissé pour compte.  Nous nous sommes engagés à améliorer le bien-être et les droits des peuples autochtones, conformément à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones », a-t-il rappelé.  

Il a constaté que les changements climatiques et des bouleversements à grande échelle des conditions météorologiques ont eu des effets néfastes sur les populations autochtones.  En effet, la dégradation des terres et la perte de biodiversité menacent les cultures autochtones, notamment l’élevage de rennes dans l’Arctique ou encore l’élaboration de traitements traditionnels dans la forêt tropicale.  Le risque existe donc que la pandémie actuelle rende les peuples autochtones encore plus vulnérables, a-t-il averti. 

Pour M. Haavisto, plusieurs articles de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones sont essentiels pour atteindre l’ODD 16.  Dès lors que les personnes ont droit au chapître sur les questions qui affectent leur vie, elles s’épanouissent, a-t-il assuré.  Par conséquent, l’inclusion des peuples autochtones sur les questions qui les concernent est une priorité de longue date pour la Finlande.  Cependant, en raison d’injustices historiques, les peuples autochtones sont marginalisés dans de nombreux endroits du monde, a noté le Chef de la diplomatie finlandaise, avant de saluer la mise en place de commissions vérité et réconciliation pour enquêter sur les injustices collectives de l’histoire.  En Finlande, a-t-il indiqué, les travaux de la Commission vérité et réconciliation sont sur le point de commencer.  Enfin, le Ministre a rendu hommage aux défenseurs des droits humains autochtones qui risquent leur vie pour faire valoir leurs droits, se disant profondément préoccupé par l’augmentation des représailles à leur encontre.

Mme DEBRA HAALAND, Secrétaire de l’intérieur des États-Unis, a déclaré être un fier membre du « peuple de la Lagune » et a indiqué qu’elle intervenait depuis les terres ancestrales des peuples anacostan et piscataway.  Elle a déclaré que la pandémie a révélé les disparités qui existent dans les communautés autochtones et marginalisées et appelle à relever les défis complexes d’injustice et d’urgence climatique.  Elle s’est déclarée convaincue de la possibilité de répondre à ces défis grâce à la résilience, à la langue et au savoir autochtones.  Avec le savoir autochtone, notre monde peut inaugurer une nouvelle ère de paix, de justice et d’institutions fortes pour faire avancer notre planète vers un avenir plus durable, a estimé la Secrétaire de l’intérieur.  Elle a notamment appelé à tirer les leçons de la résilience et la vision du monde autochtones afin de gérer les terres, les eaux et les ressources non seulement à travers les cycles budgétaires, mais aussi entre les générations.  Elle a aussi appelé à protéger les femmes autochtones qui défendent la nature et la Terre contre les causes humaines des changements climatiques. 

Mme Haaland a ensuite indiqué que l’Administration Biden a décidé d’utiliser des solutions fondées sur la nature pour conserver 30% de terres et eaux des États-Unis d’ici à 2030.  Le Gouvernement américain a aussi décidé d’établir une coordination étroite avec les communautés autochtones des États-Unis dans le cadre des efforts d’intervention contre la COVID-19 et de s’associer à l’échelle mondiale pour s’assurer que les peuples autochtones et toutes les communautés marginalisées ont accès aux vaccins, aux dépistages et aux traitements.

En outre, tout le poids du Gouvernement fédéral sera placé dans une unité interministérielle et interinstitutions sur les personnes disparues et assassinées, et les États-Unis continueront de coopérer avec le Canada, le Mexique et d’autres États Membres pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones.  Nous travaillerons également avec la communauté internationale dans nos efforts de rapatriement afin de réaliser l’engagement mondial d’honorer et de prendre soin de tous les peuples autochtones, de leurs terres, de leurs langues, de leur patrimoine culturel et de leurs espaces sacrés, a-t-elle dit. 

Mme Halaand a ensuite fait savoir que le mémorandum du Président Biden sur la consultation tribale et le renforcement des relations de nation à nation souligne l’engagement des États-Unis à respecter la souveraineté et l’autogouvernance tribales et les responsabilités découlant des traités, mais aussi à engager des consultations régulières, significatives et solides avec les nations tribales.  Elle a ensuite fait savoir que la première réunion du Conseil de la Maison Blanche sur les affaires des autochtones d’Amérique de l’Administration actuelle aura lieu ce vendredi. 

Débat interactif

À l’issue de la cérémonie d’ouverture, la Présidente de l’Instance a présenté un rapport consacré à la Réunion d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 16 ». 

Mme Nuorgam a notamment indiqué que le groupe d’experts avait recommandé la création, par l’ONU, d’un groupe de travail régional interinstitutions sur les questions autochtones en Asie, comme cela a été fait en Amérique latine et, plus récemment, en Afrique.  Le groupe d’experts a également recommandé à l’Instance permanente d’examiner la possibilité pour le Conseil de sécurité d’être saisi des situations de conflits sur les terres et territoires autochtones.  Il faut reconnaître et traiter les droits fonciers comme étant au cœur de la plupart des conflits, sinon de tous et reconnaître le potentiel inexploité du rôle des peuples autochtones dans les processus de paix.  Le groupe d’experts considère également qu’il est important que les universités et les autres parties intéressées étudient plus avant les relations entre le droit coutumier et d’autres systèmes de droit formels et identifient les bonnes pratiques en matière de dialogue interculturel. Une plus grande attention devrait également être accordée aux avantages du pluralisme juridique. 

Les membres de l’Instance permanente ont ensuite discuté de l’ « Étude sur les autonomies autochtones: expériences et perspectives », effectuée par M. JENS DAHL, ancien membre de l’Instance (Danemark).  Ce dernier a fait une distinction entre l’autonomie territoriale et l’autonomie fonctionnelle, notant que les États déterminent parfois un territoire sur lequel les peuples autochtones se voient accorder des droits spécifiques.  Ce modèle d’autonomie est souvent celui qui est privilégié lorsque les peuples autochtones constituent la majorité d’une population vivant à l’intérieur d’une frontière spécifiée. 

Lorsque ce n’est pas le cas, les peuples autochtones pourraient souhaiter développer une autonomie fonctionnelle, dont il existe deux types: ethnique et culturelle.  Ce modèle permet, par exemple aux peuples autochtones de créer leurs propres écoles ou de revendiquer leur autonomie culturelle dans les villes.  Bien que limité, ce modèle peut donner aux peuples autochtones une plateforme pour d’autres revendications.  « Les peuples autochtones font toujours partie d’un État-nation, mais le niveau, le degré et les moyens d’intégration varient », a-t-il déclaré. 

L’autonomise peut aller de la forme la plus radicale -lorsqu’une population autochtone choisit de vivre dans l’isolement volontaire- à un modèle dans lequel certaines parties d’une communauté autochtone sont intégrées dans la structure nationale.  Pour déterminer la direction à prendre, il faut avant tout tenir compte de la manière dont les peuples autochtones s’organisent pour promouvoir leur droit à l’autodétermination et établir des autonomies nationales.  Certains peuples autochtones peuvent ainsi choisir de conserver une structure décisionnelle traditionnelle.  Les peuples autochtones doivent également obtenir la reconnaissance de l’État et il faut alors déterminer si celle-ci doit être consacrée dans la constitution ou au moyen d’accords constructifs. 

M. Dahl a ensuite signalé que lorsque les peuples autochtones sont en position minoritaire, l’option territoriale est problématique.  La démographie est donc un facteur déterminant.  Pour que l’autonomie dure, il faut que les peuples autochtones aient une vision claire et élaborent un projet pour le type d’autonomie qu’ils souhaitent avoir.  Les autonomies les plus réussies sont celles dans lesquelles les peuples autochtones et l’État sont tous les deux responsables de la création d’autonomies autochtones. 

Cette étude recommande par ailleurs à l’Instance permanente d’examiner plus avant les institutions qui ont été ou pourraient être créées en vue de promouvoir le dialogue entre les peuples autochtones et les gouvernements et de favoriser l’exercice, par ces peuples, des droits à l’autonomie et à l’auto-administration. Elle conseille également à l’Instance de coordonner davantage ses activités avec celles de la Rapporteuse spéciale et du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones afin de mieux faire comprendre les revendications des peuples autochtones en matière d’autonomie et d’auto-administration aux organismes de l’ONU et aux autres institutions multilatérales concernées, et de faciliter la création d’un processus largement représentatif visant à établir des principes directeurs concernant l’exercice, par les peuples autochtones, des droits à l’autonomie et à l’auto-administration.  

Quelle est la valeur ajoutée de cette étude, a demandé M. GRIGORY E. LUKIYANTSEV, membre de l’Instance (Fédération de Russie) qui s’est dit « surpris » par certaines références aux peuples autochtones de Russie, décrits comme étant « pratiquement forcés » dans des districts autonomes.  La Russie a des institutions au sein desquelles les peuples autochtones exercent leur autonomie et a aussi élaboré des initiatives dans lesquelles ils sont très actifs, a-t-il fait valoir.  M. SIMON FREDDY CONDO RIVEROS, membre de l’Instance (Bolivie) a indiqué que des processus d’autonomisation sont en cours dans les Andes en général et en Bolivie en particulier.  Ils prennent en compte les expériences de gouvernement local des peuples autochtones.  Il faut s’en inspirer, a-t-il suggéré. 

M. ALEKSEI TSYKAREV, membre de l’Instance (Fédération de Russie) a voulu savoir si la mise en œuvre de certaines recommandations contenues dans le rapport risque d’endommager les forêts et si certains savoirs traditionnels sont protégés par le droit de propriété intellectuelle.  Cette étude montre que les peuples autochtones continuent de souffrir, et il faut continuer de dénoncer cela, a-t-il par ailleurs estimé.  M. DARIO DARÍO JOSÉ MEJÍA MONTALVO, membre de l’Instance (Colombie) a souhaité que le débat porte également sur les répercussions des industries extractives sur les processus d’autonomisation des peuples autochtones. 

À son tour, M. Dahl a indiqué que l’étude recense différents processus et types d’autonomie en fonction principalement de l’histoire et de la géographie.  La définition de l’autonomie utilisée dans l’étude s’inspire des études déjà réalisées sur la question et ne se réduit pas à la question territoriale, a insisté M. Dahl.  Ce qui importe, c’est de déterminer comment l’Instance permanente parviendra à approfondir la question de l’autonomie des peuples autochtones.  Sur ce, la Présidente de l’Instance a affirmé que l’Instance poursuivra son travail sur les autonomies autochtones. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement ouvre sa session sur le thème « Population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable »

Cinquante-quatrième session,
1re séance plénière – matin & après-midi
POP/1095

La Commission de la population et du développement ouvre sa session sur le thème « Population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable »

C’est dans une ambiance de COVID-19, avec des intervenants en personne et des vidéos préenregistrées, que la Commission de la population et du développement a ouvert sa cinquante-quatrième session qui s’étale sur une semaine et au cours de laquelle sera débattu le thème de cette année: « Population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable ». 

Le Sommet sur les systèmes alimentaires, prévu en septembre, était présent dans tous les esprits, au démarrage des travaux de la Commission.  La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a misé sur ce sommet dans l’espoir de mettre les systèmes alimentaires en conformité avec les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce sera un « sommet des peuples », selon les vœux du Secrétaire général, a précisé son Envoyée spéciale pour le Sommet avant de préciser que nos systèmes alimentaires et leurs chaînes de valeur ont le potentiel de nous aider à reconstruire en mieux et à nous relever de la pandémie de COVID-19.

La pandémie est à l’origine d’un pic de pauvreté et, par conséquent, d’insécurité alimentaire et de dénutrition, des facteurs qui, pendant la grossesse, augmentent le risque d’avoir des bébés de faible poids à la naissance, de dystocie, de naissances prématurées et de décès maternels et néonatals, a expliqué à l’ouverture la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Mme Natalia Kanem a ainsi souligné que si la pandémie a été dure pour tout le monde, la COVID-19 est « une crise avec un visage de femme », comme l’avait relevé le Secrétaire général au cours de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme. 

Mme Kanem a aussi rappelé que sur tous les continents, que ce soit en situation de développement ou de crise, l’insécurité alimentaire touche davantage les femmes.  C’est forte de ce constat que la Reine mère du Bhoutan a plaidé pour que l’on trouve des solutions au lieu de ressasser les problèmes.  Elle a demandé de mener des initiatives audacieuses et courageuses pour inspirer des actions novatrices de promotion des droits des femmes.  L’immensité de notre défi est de créer un monde dans lequel l’égalité des femmes est garantie, et non « accordée », a-t-elle observé.  Elle a également appelé à ne ménager aucun efforts pour éliminer la violence sexiste, qui est selon elle « l’un des plus grands obstacles au développement pacifique et durable ».

La Vice-Secrétaire générale a salué les améliorations significatives observées en matière de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire depuis 27 ans, soit depuis la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), tenue au Caire en 1994.  La plupart des intervenants ont d’ailleurs salué ces progrès, même si Mme Mohammed a prévenu que les objectifs de développement durable ne seront pas atteints tant que les femmes, les filles et les jeunes ne pourront pas contrôler leur corps et leur vie, ni vivre une vie sans peur et sans violence.  Il est vrai que près de la moitié des femmes dans les pays où des données sont disponibles n’ont pas le pouvoir de prendre leurs propres décisions quant à l’opportunité d’avoir des relations sexuelles avec leur partenaire, d’utiliser la contraception ou de chercher des soins de santé, note un rapport du FNUAP. 

Dans ce contexte, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a appelé à des mesures et programmes qui aident les couples et les individus à décider librement et de manière responsable du nombre et du moment de la naissance de leurs enfants, pour contribuer ainsi à ralentir la croissance démographique dans les pays à taux de natalité élevés.  Il a appelé à des politiques gouvernementales visant à réduire et éliminer les schémas non viables de production et de consommation. 

La réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) dépendra de la création de systèmes alimentaires plus sains, plus inclusifs, résilients, équitables et durables, a ajouté le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) en mettant l’accent sur les femmes, les enfants et les hommes du monde rural.  Il a vu trois priorités pour le développement durable: que les systèmes alimentaires créent des moyens de subsistance décents; que l’on reconnaisse la contribution importante de la femme aux systèmes alimentaires; et que l’on investisse dans la jeunesse rurale, car sur 1,2 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, près d’un milliard vivent dans les pays en développement. 

Même son de cloche du côté de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont le Directeur général a suggéré d’augmenter la production agricole tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et le stress lié aux ressources naturelles; d’accroître l’automatisation tout en soutenant l’emploi; d’offrir à tous des opportunités de revenus, tout en garantissant des salaires et des conditions de travail décentes; et de tirer parti des mégadonnées, tout en garantissant la propriété collective, l’ouverture et la transparence.  Et comme la COVID-19 a conduit au recul de l’activité économique dans les pays développés et a entraîné une baisse significative de l’aide publique au développement, le Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso a jugé important de soutenir les pays en développement en leur apportant une assistance technique qui les aide à relever les immenses défis auxquels ils sont confrontés.  Il a rappelé que nombre de ces pays sont déjà fragilisés du fait des changements climatiques mais aussi des crises sécuritaires et humanitaires. 

Dans la matinée, la Commission a élu Mme Damla Fidan (Turquie) et M. Nizar Kaddouh (Liban) aux vice-présidences, la première étant également élue au poste de rapporteur.  Les autres vice-présidents sont Mme Cristina Popescu (Roumanie) et Mme Mayra Lisseth Sorto (El Salvador), alors que le Président de la session est M. Yemdaogo Eric Tiare (Burkina Faso). 

La Commission a adopté son ordre du jour provisoire* et précisé l’organisation de ses travaux**.  Dans l’après-midi, plusieurs experts du système des Nations Unies ont présenté des rapports dont la Commission est saisie, avant un débat interactif et le lancement du débat général. 

Les travaux se poursuivent demain, mardi 20 avril, à 10 heures, avec une table ronde consacrée au Sommet sur les systèmes alimentaires.

* E/CN.9/2021/1
** E/CN.9/2021/L.1

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, RÉGIONAL ET NATIONAL

POPULATION, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, NUTRITION ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations liminaires

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a salué les améliorations significatives observées en matière de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire depuis 27 ans, après la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), tenue au Caire en 1994.  « La mortalité maternelle a diminué d’environ 40% et nous avons assisté à une augmentation continue de l’espérance de vie et à un accès élargi à l’enseignement primaire pour les garçons et les filles », a dit Mme Mohammed avant de se féliciter que les filles et les adolescentes d’aujourd’hui soient moins susceptibles d’être confrontées au mariage précoce et aux mutilations génitales féminines.  Malgré ces progrès, la Vice-Secrétaire générale a prévenu que les objectifs de développement durable ne seront pas atteints tant que les femmes, les filles et les jeunes ne seront pas en mesure de contrôler leur corps et leur vie et de vivre une vie sans peur et sans violence.

Alors que la pandémie de COVID-19 a dévasté les moyens de subsistance, exacerbé les injustices et les inégalités et menacé des décennies de progrès en matière de développement, Mme Mohammed a souligné la pertinence de mettre cette année l’accent sur la sécurité alimentaire et la nutrition pour éliminer la faim et la malnutrition d’ici à 2030.  Notant que l’état nutritionnel des groupes les plus vulnérables est susceptible de se détériorer davantage en raison des impacts sanitaires et socioéconomiques de la pandémie, Mme Mohammed a appelé à l’action afin d’éviter que des centaines de millions d’enfants et d’adultes soient confrontés à la pauvreté et à la faim. 

Par ailleurs, la Vice-Secrétaire générale a indiqué que le système alimentaire mondial contribue aux émissions de gaz à effet de serre, à la dégradation des terres et à la perte de la biodiversité, entre autres atteintes graves à l’environnement et à la santé humaine.  C’est pourquoi elle a appelé à promouvoir des approches durables - grâce à une alimentation équilibrée, une consommation et une production responsables et une répartition plus équitable des revenus et de la nourriture.  Elle a insisté sur le fait que les moyens de subsistance et la santé de 4,5 milliards de personnes sont liés à nos systèmes alimentaires. 

La Vice-Secrétaire générale a souligné l’importance du Sommet sur les systèmes alimentaires prévu plus tard cette année, qui réunira le système des Nations Unies et les principaux dirigeants dans les domaines liés à l’alimentation, afin de mettre les systèmes alimentaires en conformité avec les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a appelé à soutenir l’accent mis par la CIPD sur les droits des femmes, des filles et des jeunes.  Elle a regretté que, malgré les contributions importantes des femmes à la production alimentaire, ces dernières sont confrontées à une prévalence plus élevée de l’insécurité alimentaire que les hommes. 

Mme Mohammed a aussi fait remarquer que la pandémie a exposé les femmes et les filles à un risque plus élevé de violence masculine, y compris de violence domestique, et a limité leur accès aux services de santé sexuelle et reproductive et porté atteinte à leurs droits reproductifs.  Faisant siennes les conclusions du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) montrant que les femmes sont touchées de manière disproportionnée par la pandémie, Mme Mohammed a appelé à garantir la participation pleine et effective des femmes à la riposte et au relèvement en cas de pandémie et dans tous les autres domaines. 

La pandémie de COVID-19 a ébranlé notre monde en affectant des années entières de progrès dans notre quête légitime de bien-être social et économique pour les populations, a déclaré M. ALPHA BARRY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur.  La pandémie a compromis la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, sapé les progrès récemment réalisés dans l’objectif d’élimination de la faim d’ici à 2030, perturbé l’exécution des programmes de santé publique et d’alimentation scolaire et mis en péril des programmes nutritionnels de première importance.

Aujourd’hui, dans le monde, a averti le Ministre, près de trois milliards de personnes n’ont plus les moyens de s’alimenter sainement tandis que 10 millions d’enfants supplémentaires pourraient être confrontés à la malnutrition aiguë, avec un doublement du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë en 2020 par rapport à 2019.  De nombreux pays en développement ont dû faire face à des ruptures des chaînes alimentaires mondiales et au recul de la production agricole.  Et le recul de l’activité économique dans les pays développés a entraîné une baisse significative de l’aide publique au développement, a souligné M. Barry.

Pour faire face à cette situation critique, le Ministre a exhorté la communauté internationale à se mobiliser, afin de trouver des ressources nouvelles additionnelles et provenant de tous les mécanismes de financement existants.  « En cette décennie d’action et de réalisation en faveur du développement durable, nous avons, collectivement, le devoir de redoubler d’efforts pour éradiquer la malnutrition et l’insécurité alimentaire, en adoptant les politiques de population et de développement en phase avec nos priorités concertées et consensuelles. »  En outre, il a jugé important de soutenir les pays en développement en leur apportant l’assistance technique nécessaire pour renforcer leurs capacités et relever les immenses défis auxquels ils sont confrontés, surtout que nombre d’entre eux sont déjà fragilisés du fait des changements climatiques mais aussi des crises sécuritaires et humanitaires. 

En conclusion, M. Barry a espéré que les débats qui suivront les quatre tables rondes de haut niveau permettront de revisiter le chemin parcouru, se disant « convaincu que des idées nouvelles éclaireront nos modes de production et de consommation », et mettront l’accent sur la préservation de l’environnement et du climat ainsi que la restauration des terres et des écosystèmes dégradés. 

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme NATALIA KANEM, a rappelé que le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) appelait à prendre des mesures « pour renforcer les politiques et programmes alimentaires, nutritionnels et agricoles […] en accordant une attention particulière à la création et au renforcement de la sécurité alimentaire à tous les niveaux ».  En observant le thème de cette année, nous devons nous rappeler que sur tous les continents, que ce soit en situation de développement ou de crise, la prévalence de l’insécurité alimentaire est plus élevée chez les femmes, a-t-elle noté.  Au sein des ménages, ce sont souvent les femmes et les filles qui mangent en dernier et le moins.  Lorsqu’elles sont enceintes ou allaitantes, cela est synonyme de désastre pour la mère et le nouveau-né.  Maintenant, ce qui était déjà mauvais a été aggravé par la COVID-19.  En effet, la pandémie est à l’origine d’un pic de pauvreté et, par conséquent, d’insécurité alimentaire et de dénutrition, des facteurs qui, pendant la grossesse, augmentent le risque d’avoir des bébés de faible poids à la naissance, de dystocie, de naissances prématurées et de décès maternels et néonatals. 

La Directrice exécutive a affirmé que les programmes de nutrition comptent parmi les interventions les plus rentables pour la santé tout au long de la vie.  La mise en œuvre de ces programmes doit donc se poursuivre, avec ou sans pandémie, afin de garantir que les femmes et les enfants du monde entier survivent et prospèrent.  Elle a relevé que si la pandémie a été dure pour tout le monde, la COVID-19 est « une crise avec un visage de femme ».  On assiste donc à une recrudescence de la violence sexiste, du mariage des enfants, de la grossesse chez les adolescentes et de nombreuses barrières érigées pour les services de protection de la santé sexuelle et reproductive.  De même, la pénurie alimentaire et les restrictions de mouvement exposent les femmes et les filles à un risque plus élevé de violence, de relations sexuelles transactionnelles et d’autres formes d’exploitation et d’abus sexuels. 

Parmi les nombreux obstacles qui bloquent encore le chemin des femmes vers l’égalité, l’un des plus omniprésents est le manque d’autonomie corporelle, a déploré Mme Kanem, précisant que cette question est examinée dans le rapport sur l’état de la population mondiale 2021 de l’UNFPA.  Intitulé « Mon corps est le mien: revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination », il montre que près de la moitié des femmes dans les pays où des données sont disponibles n’ont pas le pouvoir de prendre leurs propres décisions quant à l’opportunité d’avoir des relations sexuelles avec leur partenaire, d’utiliser la contraception ou de chercher des soins de santé.  Après un an de COVID-19, on constate comment la pandémie a exacerbé les obstacles existants qui empêchent les femmes d’exercer ces choix.  Pourtant, nous savons que lorsqu’une femme est capable de prendre ses propres décisions concernant son propre corps, elle peut prospérer, tout comme sa famille, a-t-elle indiqué.

Mme Kanem a souligné que le Sommet de Nairobi sur la CIPD25 en 2019 a revigoré le mouvement enclenché au Caire en mobilisant la volonté politique pour accélérer la réalisation du Programme d’action de la CIPD et des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  Elle s’est dite encouragée de constater des progrès, en dépit des défis posés par la COVID-19, dans la réalisation des engagements de Nairobi, preuve que le monde est sérieux dans la réalisation de ce programme de transformation pour les femmes et les filles.  La Directrice exécutive du FNUAP a conclu en demandant à la communauté internationale de se réengager pour « un monde sans faim, où les gens jouissent d’une bonne santé et vivent sans discrimination ni peur ». 

M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que le thème du rapport du Secrétaire général est au cœur de la mission de la FAO et qu’il est essentiel pour la réalisation du Programme 2030.  Les systèmes agroalimentaires sont au cœur du développement durable, a-t-il insisté.  Leur transformation est décisive pour relever le défi sans précédent de nourrir près de 10 milliards de personnes d’ici à 2050. 

« Un système basé sur le statu quo n’est plus une solution », a averti M. Qu.  Cela entraînerait, selon lui, des niveaux inacceptables de sous-alimentation, de malnutrition et une nouvelle dégradation de l’environnement.  Il a donc préconisé de prendre des mesures concrètes pour atteindre simultanément les nombreux objectifs énoncés dans le Programme 2030.  Cela signifie « minimiser les compromis »: augmenter la production agricole tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et le stress lié aux ressources naturelles; accroître l’automatisation tout en soutenant l’emploi; offrir à tous des opportunités de revenus, tout en garantissant des salaires et des conditions de travail décentes; tirer parti des mégadonnées, tout en garantissant la propriété collective, l’ouverture et la transparence. 

M. Qu a notamment appelé la communauté internationale à favoriser des modes de consommation et de production « responsables » pour alléger la pression sur les écosystèmes, réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les changements climatiques.  Il a encouragé le développement de technologies agricoles durables et abordables.  Pour le Directeur général de la FAO, il faut également veiller à ce que les règles commerciales des produits alimentaires et agricoles prennent en compte les impacts sociaux et environnementaux.  Il a encore proposé de soutenir la recherche pour identifier les meilleures pratiques pour améliorer la nutrition, y compris les interventions pour lutter contre l’obésité. 

M. GILBERT HOUNGBO, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a mis l’accent sur les femmes, les enfants et les hommes du monde rural, qui représentent 3,4 milliards de personnes, en rappelant que 80% de la population la plus pauvre du monde et la plupart des personnes souffrant de la faim chronique vivent dans les zones rurales des pays en développement.  Le Président du FIDA a mis l’accent sur la valeur ajoutée des petits exploitants agricoles, épine dorsale de l’approvisionnement alimentaire dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui produisent environ la moitié des calories alimentaires du monde sur 30% des terres.  Notant que les populations rurales, leurs activités économiques et les systèmes alimentaires, dont nous dépendons tous, sont particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques, M. Houngbo a appelé à investir dans l’agriculture pour créer des emplois à la ferme, et aider les agriculteurs à s’adapter aux changements climatiques, à générer des emplois dans des domaines comme la transformation des aliments, leur transport et leur commercialisation.  Il a appelé à investir pour promouvoir des économies rurales plus diversifiées et plus dynamiques, avec des populations plus résilientes. 

Par ailleurs, le Président du FIDA a estimé que la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) dépendra de la création de systèmes alimentaires plus sains, plus inclusifs, résilients, équitables et durables.  Dans ce contexte, il a mis l’accent sur trois priorités dans l’intérêt du développement durable.  Il a d’abord jugé impératif que les systèmes alimentaires puissent créer des moyens de subsistance décents - en particulier pour les petits agriculteurs et ceux qui sont impliqués dans la transformation, le stockage et la commercialisation des aliments. 

Ensuite, il a appelé à reconnaître la contribution importante de la femme aux systèmes alimentaires et souligné que les femmes rurales sont moins bien loties que les hommes ruraux.  « Nous devons défendre l’autonomisation des femmes et veiller à ce que les femmes rurales aient un accès égal aux ressources et au financement, ainsi qu’aux droits à leurs terres », a insisté le Président du FIDA avant d’appeler aussi à lutter contre la marginalisation des peuples autochtones et des personnes handicapées. 

Enfin, il a appelé à se tourner vers l’avenir et à investir dans la jeunesse rurale, en notant que sur 1,2 milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde, près d’un milliard vivent dans les pays en développement.  « Et deux tiers de ces jeunes vivent dans des zones rurales à fort potentiel agricole », a-t-il précisé avant de rappeler que l’agriculture devrait rester la principale source d’emplois en Afrique dans un avenir proche.  Il a insisté sur le fait que les économies rurales peuvent offrir des opportunités entrepreneuriales aux jeunes, leur permettant d’être un moteur de croissance tout en contribuant à une meilleure sécurité alimentaire et nutritionnelle. 

Donnant lecture de la déclaration de M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef, a rappelé que la Commission de la population et du développement est chargée de conseiller le Conseil économique et social (ECOSOC) sur les questions de population, pour promouvoir une approche du développement durable axée sur les personnes et fondée sur les droits. 

Il a salué l’accent mis cette année sur la population, la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement durable.  La crainte de voir la production alimentaire ne pas pouvoir suivre le rythme de la croissance démographique mondiale a été une préoccupation récurrente au cours des deux derniers siècles, a-t-il noté.  Même si la croissance de la production agricole dans le monde a constamment dépassé l’augmentation de la population, M. Zhenmin s’est inquiété des énormes pertes et gaspillages alimentaires, d’une mortalité prématurée et d’une vulnérabilité accrue aux maladies chroniques et infectieuses liée à une mauvaise alimentation.  « Les systèmes alimentaires donnent lieu à de vastes inégalités, comme en témoigne la persistance de la faim et de l’insécurité alimentaire pour des centaines de millions de personnes », a noté M. Zhenmin avant de s’inquiéter des menaces que fait peser la pandémie de COVID-19 sur les chances d’éliminer la faim et sur toutes les formes de malnutrition, et par conséquent sur l’objectif de parvenir à des systèmes de production alimentaire durables d’ici à 2030.

Le Secrétaire général adjoint a misé sur la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action, adopté en 1994 à la CIPD, estimant qu’elle peut apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la nutrition.  Il a appelé à des mesures et programmes qui aident les couples et les individus à décider librement et de manière responsable du nombre et du moment de la naissance de leurs enfants, pour contribuer ainsi à ralentir la croissance démographique dans les pays à taux de natalité élevés.  Il a appelé à des politiques gouvernementales visant à réduire et éliminer les schémas non viables de production et de consommation.  Il a souhaité que les travaux de cette commission apportent une contribution significative au prochain sommet sur les systèmes alimentaires.

Mme AGNES KALIBATA, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Sommet sur les systèmes alimentaires, a rappelé que le Secrétaire général a lancé ce sommet « pour catalyser l’action et nous remettre sur les rails ».  La principale priorité du Sommet est de mettre en œuvre le Programme 2030, tout en abordant la façon dont nous produisons, traitons et consommons les aliments et l’impact que tout cela aurait sur les personnes, la planète et la prospérité.  Aujourd’hui, a résumé Mme Kalibata, notre objectif est de comprendre la relation entre la population, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et le développement durable.

L’Envoyée spéciale du Secrétaire général a invité les délégués à garder quelques points à l’esprit.  Tout d’abord, il existe des preuves scientifiques suffisantes que la transformation de nos systèmes alimentaires est l’un des moyens les plus efficaces pour accélérer la réalisation des ODD.  Ensuite, les personnes sont au centre des cinq pistes d’action de nos systèmes alimentaires, qu’il s’agisse de l’accès à des aliments sains et nutritifs, d’une consommation durable, d’une production positive pour la nature, de moyens de subsistance équitables et du renforcement de la résilience, compte tenu notamment des changements climatiques, a poursuivi Mme Kalibata.  Ce sont ces personnes, a-t-elle expliqué, qui détermineront ce qui doit être fait, les changements nécessaires, les décisions à prendre. 

C’est pourquoi le Secrétaire général envisage le Sommet sur les systèmes alimentaires comme un « sommet des peuples », a conclu l’Envoyée spéciale.  Toutes les parties prenantes sont invitées à s’engager dans le cadre de dialogues nationaux qui se déroulent actuellement dans le monde entier.  Nos systèmes alimentaires et leurs chaînes de valeur ont le potentiel de nous aider à reconstruire en mieux et à nous relever de la pandémie de COVID-19, a promis Mme Kalibata.

Discours d’ouverture

Le discours d’orientation de la session a été fait par Sa Majesté GYALYUM SANGAY CHODEN WANGCHUCK, Reine mère du Bhoutan, ambassadrice de bonne volonté du FNUAP et lauréate du Prix des Nations Unies en matière de population pour 2020.  Elle a salué les initiatives mondiales visant à faire progresser les droits des femmes afin de promouvoir leur développement social et économique, soulignant qu’elles ont donné des résultats significatifs depuis la CIPD.  Elle a cité notamment la mortalité maternelle qui a chuté de près de moitié, ainsi que l’utilisation des contraceptifs qui est plus élevée qu’elle ne l’a jamais été.  L’élargissement de l’accès à la thérapie antirétrovirale et la diminution de l’incidence des infections à VIH ont considérablement réduit le nombre de décès liés au VIH, a-t-elle aussi noté avant de souligner par ailleurs que l’introduction des vaccins contre le papillomavirus humain a permis de réduire les souffrances causées par le cancer du col de l’utérus.  En outre, l’écart mondial entre les sexes dans l’éducation s’est rétréci, les femmes se hissent au sommet de leur domaine et leur participation politique dans le monde continue de croître. 

Alors que nous célébrons ces réalisations, nous devons reconnaître les défis qui subsistent, a dit la Reine mère.  Elle a relevé que trop de femmes et de filles dans le monde sont encore marginalisées, vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté, avec beaucoup trop peu de contrôle sur leur santé et leurs choix en matière de procréation.  De même, la mortalité maternelle reste l’une des principales causes de décès et d’inégalité entre les sexes, tandis que les droits des femmes demeurent un problème mondial.  La pandémie de COVID-19 a en outre aggravé et perpétué les inégalités et les vulnérabilités pour les femmes et les filles, mettant en évidence les lacunes des politiques et des systèmes, a-t-elle diagnostiqué.  La mise en œuvre des confinements a intensifié la violence domestique, l’exploitation sexuelle et les grossesses chez les adolescentes.  Les systèmes de soins de santé ne sont pas parvenus à fournir des services maternels et néonatals fiables.  En outre, les pertes d’emplois, la précarité de la situation économique, la pénurie alimentaire, l’augmentation du travail domestique, le stress parental et les possibilités limitées de demander de l’aide ont conduit à de moins bons résultats en matière de santé mentale chez les femmes et les filles.  Les impacts socioéconomiques déclenchés par la pandémie de COVID-19 illustrent clairement les liens entre toutes les préoccupations de développement liées aux femmes, a-t-elle constaté. 

Pour changer la dynamique d’ici à 2030, nous devons aller au-delà des efforts de comptage, de quantification et d’évaluation, a recommandé la Reine mère du Bhoutan.  Selon elle, ce n’est plus le moment de se demander s’il y a un problème, mais le moment de trouver des solutions.  Elle a plaidé pour que soient menées des initiatives audacieuses et courageuses pour inspirer des actions novatrices de promotion des droits des femmes.  « L’immensité de notre défi est de créer un monde dans lequel l’égalité des femmes est garantie et non accordée », a-t-elle observé. 

La Reine mère du Bhoutan a témoigné que l’élan créé par la CIPD avait profondément influencé le développement de son pays.  « Notre engagement à fournir un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive et à faire progresser les droits et les choix des femmes et des filles a entraîné des changements importants et des impacts visibles. »  Elle a aussi salué le fait qu’aujourd’hui, les femmes et filles du Bhoutan sont en meilleure santé, mieux équipées pour planifier leur famille et vivent plus longtemps.  Nous avons atteint la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire et l’alphabétisation des femmes s’est également améliorée, s’est-elle félicitée en indiquant également que les perceptions des rôles de genre changent rapidement.  Ainsi, davantage de femmes participent activement aux programmes sociaux et de développement et assument des rôles de direction.  La Reine mère a rappelé la philosophie de développement du bonheur national brut qui est au centre de toutes les politiques et programmes du Bhoutan, en soulignant que cet indice s’efforce d’inclure chaque femme, homme et enfant dans le processus de développement où le bonheur du peuple doit être la mesure globale du progrès d’une nation, la croissance économique n’étant qu’un des moyens d’y parvenir. 

Malgré ces progrès considérables, la Reine mère a admis qu’il reste encore beaucoup à faire.  L’accès à des services de santé de qualité qui répondent aux préoccupations sexuelles et reproductives des femmes et des filles nécessite une plus grande attention car il a un impact sur tous les aspects de leur vie.  Les femmes des zones rurales, en particulier, sont confrontées à des vulnérabilités et n’ont pas la possibilité d’accéder à des services de santé complets.  En outre, le pays est de plus en plus confronté à des défis émergents pour les jeunes.  Les besoins non satisfaits en matière de contraception moderne sont élevés chez les adolescents.  Un tiers de toutes les infections à VIH sont signalées chez les 15 à 24 ans et les connaissances approfondies sur le VIH/sida restent faibles dans ce groupe d’âge.  La violence sexiste reste omniprésente au Bhoutan comme dans le monde entier, a aussi reconnu la Reine mère.  « Je pense que c’est l’un des plus grands obstacles au développement pacifique et durable. »  Elle a assuré qu’aucun effort ne doit être épargné pour éliminer ce mal. 

Au sujet du thème de la présente session de la Commission, la Reine mère a déclaré que sans action urgente, des centaines de millions de gens seront confrontés à la pauvreté et à la faim.  Elle a rappelé que le manque d’accès à des aliments nutritifs aura des conséquences à vie sur la santé et le développement des enfants, des mères enceintes et allaitantes, ainsi que des familles les plus vulnérables et à faible revenu. 

Le Bhoutan n’a pas été complètement à l’abri des effets tragiques de la pandémie, a-t-elle indiqué.  Grâce à un leadership dynamique et compatissant, notre petit pays sans littoral a réussi à traverser la pandémie relativement indemne jusqu’à présent, s’est-elle enorgueillie.  Une préparation agressive et précoce, associée à un système de santé qui fonctionne bien, à des agents de première ligne engagés et à une communication ouverte, honnête et transparente, ont permis au pays d’agir rapidement et avec détermination, a-t-elle expliqué.  Le Bhoutan a déployé avec succès la première dose de vaccins contre la COVID-19 à plus de 60% de sa population, avec l’aide de l’Inde.  Il est impératif de s’assurer que les vaccins soient reconnus comme des biens publics mondiaux et qu’ils soient équitablement accessibles à tous les pays, a-t-elle prôné. 

Table ronde d’experts, suivie d’un débat interactif (E/CN.9/2021/2, E/CN.9/2021/3, E/CN.9/2021/4)

Les rapports du Secrétaire général sur le thème à l’ordre du jour fournissent une mine d’informations sur les relations entre les sujets « population, sécurité alimentaire, nutrition et développement durable », a relevé la modératrice du débat d’experts, Mme MAYRA LISSETH SORTO (El Salvador).  Deux rapports analysent l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition, ainsi que la mise en œuvre des programmes liés au Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Un troisième rapport fait le point sur les flux de ressources financières devant concourir à la poursuite de l’application du Programme d’action. 

Donnant rapidement la parole aux experts, la modératrice leur a lancé une première série de questions.  Elle a adressé la première à Mme CHERYL SAWYER, spécialiste des questions de population au Département des affaires économiques et sociales (DESA): quelles sont les principales interrelations entre les tendances démographiques, la santé de la population et la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement durable dont il est question dans le rapport?  Mme Sawyer a reconnu que la population va continuer à augmenter de façon importante d’ici à 2050, notamment en Afrique subsaharienne.  À l’échelle mondiale, a-t-elle aussi noté, diverses formes de malnutrition se combinent.  Ainsi, 20% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance, tandis que 39% des adultes sont en surpoids ou obèses.  Les régimes alimentaires malsains sont l’une des principales causes de malnutrition et de morbidité, a expliqué Mme Sawyer en relevant que l’augmentation des revenus et l’urbanisation sont deux facteurs importants qui expliquent les changements récemment observés dans les régimes alimentaires.  Les personnes âgées elles-mêmes font face à des risques de maladies non transmissibles et nous ne pouvons pas continuer à promouvoir les tendances actuelles de production et de consommation pour une population en augmentation, a averti Mme Sawyer.

Les projections sur l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture mentionnées dans le rapport du Secrétaire général montrent qu’un scénario de « continuité » conduirait à une augmentation de la faim et d’autres formes de malnutrition d’ici à 2050.  Quels sont les principaux changements nécessaires pour éliminer la faim et promouvoir la durabilité? a demandé la modératrice à M. LORENZO GIOVANNI BELLU, économiste principal à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Pour produire davantage et répondre aux besoins d’une population mondiale en augmentation, M. Bellu a proposé de combiner science et connaissances autochtones traditionnelles.  Il s’agit, a-t-il argué, de mettre un terme à la dégradation des sols et de « produire suffisamment pour tous », en réduisant les gaspillages.  Il s’agit également de trouver un équilibre entre les arbitrages pour redistribuer les revenus réels entre les pays et en leur sein, et de promouvoir des services de haute qualité pour améliorer le potentiel d’apprentissage, tout en conservant la valeur ajoutée au niveau local.  À ces recommandations, l’expert a ajouté celles de décourager la concentration de donnés dans les grandes plateformes et de garantir une rémunération équitable et des conditions de travail décentes.  « Il faut s’orienter vers la durabilité du monde. »

À la question de savoir quels sont les principaux impacts de la pandémie de COVID-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition, et qui sont les plus touchés, M. SANDILE SIMELANE, spécialiste technique au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a répondu qu’il faudra des années avant de pleinement comprendre l’impact de la pandémie sur les programmes de mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD.  La pandémie a affecté tous les piliers de la sécurité alimentaire, augmenté la pauvreté et sapé des programmes essentiels, ce qui devrait aboutir à une augmentation du nombre de personnes souffrant de toutes les formes de malnutrition, notamment maternelle et infantile.  « La pandémie nous a rappelé les grandes inégalités multidimensionnelles à travers le monde », a déploré M. Simelane.  Elle a relevé que la COVID-19 a particulièrement affecté les femmes enceintes et allaitantes, les filles poussées dans des mariages précoces, les femmes victimes de violences conjugales, les travailleurs migrants et faiblement rémunérés du secteur informel, ou encore les écoliers. 

À ce sujet, la modératrice a demandé à Mme CARMEN BURBANO, Directrice des programmes scolaires au Programme alimentaire mondial (PAM), de commenter l’impact de la COVID-19 sur l’alimentation scolaire et la nutrition des enfants.  Elle a aussi demandé: comment la pandémie a-t-elle affecté la sécurité alimentaire et la nutrition dans les situations d’urgence humanitaire?  Depuis début 2020, a signalé Mme Burbano, les écoliers n’ont pas eu accès aux repas scolaires dont ils ont tant besoin.  Ce sont environ 380 millions d’enfants qui prenaient un repas à l’école chaque jour.  « Une tragédie. »  Au plus fort de la crise, 90% des écoliers n’allaient pas à l’école.  Heureusement, en juin dernier, 75% des pays où travaille le PAM, comme l’Inde ou le Nigéria, ont adopté des programmes alternatifs qui ont permis de fournir aux enfants des repas chez eux.  Mais dans les pays à faible revenu, la faim a augmenté avec le taux de déscolarisation, notamment des filles.  Au moment où commencent à rouvrir les établissements scolaires, l’experte a donc recommandé aux gouvernements de donner la priorité, dans leurs investissements, aux programmes destinés aux écoliers.

Sur les tendances mondiales du financement du développement, M. MICHAEL HERRMANN, conseiller principal au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a expliqué qu’il ne voyait pas encore les retombées de la COVID-19 sur les flux d’aide car les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne sont pas encore disponibles pour 2020.  L’aide au développement, a-t-il rappelé, a atteint des records en 2018 et 2019.  Toutefois, il est probable qu’il y aura une nouvelle diminution de l’aide parce que la plupart des pays les plus riches connaissent une récession, et qu’ils pourraient revoir la façon dont ils distribuent leur aide.  Les pays les moins avancés (PMA) sont les plus durement touchés avec des crises alimentaires à répétition et une productivité agricole assez faible, a fait remarquer l’expert qui a souligné l’importance de contribuer au développement du secteur agricole en plus de la gestion des crises. 

Les experts ont répondu à une deuxième série de questions sur les liens qui existent entre le Programme d’action de la CIPD et la sécurité alimentaire, ainsi que sur les engagements financiers en vue de la mise en œuvre dudit programme.

Interrogé sur les moyens d’atténuer les conséquences négatives de l’urbanisation pour les moyens de subsistance en milieu rural, l’économiste de la FAO, M. Bellu, a insisté sur l’importance d’une bonne résilience des chaînes de valeur locales.  La pandémie a en effet montré l’importance de systèmes d’approvisionnement alimentaires locaux solides, a-t-il relevé.  Il a ensuite plaidé pour une accélération de la décarbonisation des économies, en commençant idéalement par les pays qui ont des émissions très importantes mais aussi les moyens de changer de technologie.  C’est à son avis le seul moyen pour remédier aux conséquences de long terme des changements climatiques et favoriser les zones rurales.  Enfin, il a appelé les gouvernements à faire en sorte que les règles commerciales applicables à la production agroalimentaire prennent en considération ses conséquences sociales et environnementales.  « Il fait empêcher la concurrence déloyale à l’encontre de pays qui ont choisi des normes plus rigoureuses. »

Commentant les obstacles qui pèsent sur les moyens de subsistance des femmes, des jeunes et des personnes âgées en milieu rural, et l’incidence de la pandémie qui s’y ajoute, l’experte du DESA, Mme Sawyer, a tout d’abord rappelé que les femmes constituent 37% de la main d’œuvre agricole mondiale, et même 48% dans les pays à faible revenu.  Les femmes font face à des désavantages dans l’accès à la terre, au bétail ou encore aux services financiers, a-t-elle fait observer en soulignant aussi que la pandémie a aggravé la charge de travail des femmes, avec notamment la fermeture des écoles.  En ce qui concerne les jeunes, elle a noté qu’ils ont trois fois plus de chance d’être au chômage en milieu rural que les adultes, ce qui les pousse à migrer vers les villes ou vers l’étranger.  Enfin, elle a souligné le vieillissement de la main d’œuvre agricole en Afrique et en Asie et l’importance pour les personnes âgées d’avoir accès aux technologies et ressources productives.

Le spécialiste du FNUAP, M. Simelane, a ensuite répondu à une question sur les actions à entreprendre pour réaliser les promesses du Caire et les objectifs du Programme 2030 en ce qui concerne l’alimentation.  Il a ainsi souligné l’importance d’une alimentation adéquate lors des 1 000 premiers jours de la croissance d’un enfant, allant du début de la grossesse jusqu’à ses 24 mois.  Il a également insisté sur l’importance de l’allaitement au cours des six premiers mois d’un bébé.  Il a ensuite préconisé l’apport de vitamine A pour les enfants âgés de 6 à 59 mois, de fer et d’acide folique pour les adolescentes, avant de réclamer des programmes nutritionnels dans les écoles.  Enfin, il a défendu des politiques promouvant une agriculture durable et remédiant aux pertes en cultures.

Interrogé sur les flux d’aide pour les soins de santé sexuelle et reproductive, le conseiller du FNUAP, M. Herrmann, a déclaré que ladite aide n’est pas suffisante.  En 2018, chaque femme en âge de reproduction a reçu 6,57 dollars d’aide privée et publique dans les pays en développement, soit une baisse de 0,62 cents par rapport à 2017.  « Cela n’est pas suffisant pour faire face aux besoins. »  Les ressources financières étant plus rares, il a prévenu que le défi d’atteindre le Programme d’action de la CIPD et le Programme 2030 est encore plus aigu.

La Directrice des programmes scolaires du PAM, Mme Burbano, a répondu à une question sur les actions à entreprendre pour renforcer la sécurité alimentaire.  Elle a souligné que l’insécurité alimentaire la plus aiguë se fait ressentir en temps de crise humanitaire et a demandé, dans de tels cas, l’apport d’une aide nutritionnelle d’urgence.  La famine, découlant des conflits, des chocs climatiques et de la « pandémie de faim » engendrée par la pandémie, pourrait devenir une réalité pour des millions de personnes dans le monde, a-t-elle redouté.  Au Yémen, au Soudan du Sud, au Burkina Faso et au Nigéria, 155 000 personnes courent un risque direct de famine.  Enfin, elle a rappelé que les femmes et filles souffrent plus de la faim que les hommes en temps de crise.  Dix millions de filles pourraient être définitivement privées d’école à la fin de la pandémie, alors que les programmes nutritionnels à l’école sont des plus importants.

À la fin de cette table ronde, les experts ont repris la parole pour en tirer leurs conclusions.  Mme Sawyer du DESA a insisté sur l’importance de la durabilité des modes de production et de consommation.  C’est un élément crucial si l’on veut pouvoir remplir les besoins alimentaires d’une population mondiale en pleine croissance, a renchéri M. Hermann du FNUAP, avant de plaider pour que soit allouée l’aide nécessaire à l’établissement de tels systèmes.  Confirmant qu’il faut faire avancer les systèmes alimentaires vers la durabilité, M. Bellu de la FAO a attiré l’attention sur le scénario actuel qui laisse malheureusement voir la montée des inégalités entre nations et une consommation non responsable, notamment dans les pays riches.  Cette réalité a fait dire à M. Simelane du FNUAP que le monde ne peut avancer si une partie de la population est laissée à la traîne.  Enfin, Mme Burbano du PAM a demandé d’investir dans des programmes alimentaires scolaires et de renforcer les filets de sécurité pour les enfants, à toutes les étapes de leur développement.  Selon elle, il est crucial d’agir de manière transversale et de faire tomber les silos.

Débat général

S’inquiétant des menaces posées par la faim dans le monde et aggravées par la pandémie de COVID-19, le Danemark, au nom des pays nordiques, a jugé essentiel d’autonomiser les jeunes grâce à un accès renforcé aux ressources, notamment dans les zones rurales.  Il s’agit de créer des emplois décents pour tous, en particulier pour les femmes et les filles qui sont les plus touchées par l’insécurité alimentaire, a-t-il ajouté.  « Nous devons changer cette réalité » et leur garantir l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive.  Les pays nordiques insistent en outre sur l’importance d’établir des systèmes alimentaires résilients face aux changements climatiques.  Dans la foulée, la Finlande a insisté sur la santé, le bien-être et l’épanouissement des femmes et des adolescentes qui doivent être « en mesure de contrôler et de décider si elles veulent avoir des enfants, combien et à quel moment ».  Le prochain Sommet sur les systèmes alimentaires sera une occasion de veiller à ce que ces aspects soient pris en compte. 

Préoccupée par l’état de la sécurité alimentaire en Afrique, qui a empiré avec la pandémie, la République du Congo, au nom du Groupe des États d’Afrique, a redouté les nouvelles prévisions de la FAO sur la prévalence de la sous-nutrition, notamment infantile, sur le continent.  Il faut « une vague de solidarité » pour lutter contre ce fléau et renforcer l’agriculture durable avec toutes les parties prenantes pertinentes, a lancé le Groupe qui a aussi souligné la contribution essentielle des femmes rurales à la réalisation de la sécurité alimentaire.  Or, dans le contexte de la pandémie, les femmes et les filles risquent de souffrir davantage de la violence sexiste d’où l’importance de renforcer leur autonomie.  L’adaptation aux changements climatiques et la transition vers des énergies durables font, tout comme la lutte contre la faim, partie des priorités de l’Afrique.

D’autres États africains ont fait part de leurs actions et recommandations, tels la Zambie et le Kenya.  Comme la population kényane a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, le Gouvernement s’efforce de réaliser la santé alimentaire et nutritive d’ici à 2022.  Le pays lutte contre la malnutrition chronique et les maladies non transmissibles liées aux régimes alimentaires, le surpoids et l’obésité étant plus marqués chez les femmes.  De plus, le Kenya met en œuvre une approche intégrée pour promouvoir l’expansion de l’accès des ménages aux services des soins de santé reproductive. 

Pour l’Afrique du Sud également, il est évident que la pandémie a approfondi les inégalités avec des effets disproportionnés sur les groupes pauvres et vulnérables.  Il faut adopter des mesures et des partenariats novateurs multilatéraux pour alimenter les systèmes alimentaires mondiaux et assurer la sûreté et le bien-être de tous.  « La souveraineté nutritive et alimentaire de l’Afrique du Sud est sous-tendue par sa constitution postapartheid. »  Dans le cadre d’un pacte social, le Gouvernement sud-africain met l’accent sur des innovations agricoles durables, l’éducation à la santé et la réforme foncière, notamment en faveur des femmes.  Pour faire face à la COVID-19, il a investi 26 milliards de dollars dans son économie et mis en place un système de « bourses de secours social » dans divers secteurs dont le développement rural. 

Pour la Turquie, il est indispensable de renforcer la durabilité des systèmes alimentaires.  Avec la campagne « Save your food », le pays lutte contre les gaspillages en la matière.  Depuis le début de la pandémie, il a pris des mesures pour limiter son impact négatif sur la chaîne alimentaire.  Mais la Turquie a « durement ressenti le fardeau des migrations » tout en s’efforçant de garantir la sécurité alimentaire pour tous.  Pour sa part, la Mongolie a indiqué avoir fait des efforts constants pour mettre en œuvre sa propre vision 2050 en plus des ODD avec un cadre législatif complet sur la sécurité alimentaire.  Pour lutter contre les effets négatifs de la COVID-19, les indemnités destinées aux enfants ont par exemple été multipliées par cinq jusqu’en juillet prochain. 

En Inde aussi, un large éventail de programmes nationaux existe pour combattre la malnutrition.  Le pays se fonde sur une loi de 2013 sur la sécurité alimentaire pour fournir des aliments nutritifs aux femmes et aux enfants.  Face à la pandémie, des mesures concertées ont été prises pour que les services dans ce domaine ne soient pas compromis et que les groupes vulnérables reçoivent l’appui dont ils ont besoin pendant cette période sans précédent.  Un plan de relance économique a été lancé pour aider les petites entreprises dans le secteur agricole et alimentaire, la priorité allant à l’autonomisation des femmes et des filles. 

Enfin, en Amérique latine, le Pérou a rappelé avoir adopté une politique d’égalité nationale des sexes.  Avec la pandémie malheureusement, la mortalité maternelle a augmenté de 25%, et 30% des femmes enceintes et allaitantes font face à des problèmes d’anémie et d’obésité.  Le Gouvernement a mis à contribution des services de lutte de la violence contre les femmes pour renforcer leur accès à des soins de santé primaire, dont des moyens de contraception. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires

Soixante-quinzième session,
59e séance plénière – matin
AG/12318

L’Assemblée générale adopte les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires

Après avoir rendu hommage à la mémoire de l’ancien Président tanzanien, John Magufuli, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sans vote les recommandations de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  

L’Assemblée se félicite ainsi de la mise en œuvre du cadre stratégique du Corps commun d’inspection* pour la période 2020-2029 et souligne qu’il faut constamment la mettre à jour et l’améliorer, en tenant compte de la dynamique engagée et des problèmes à surmonter, y compris ceux qui ont trait à la pandémie de coronavirus (COVID-19) et aux efforts de réforme en cours. 

Dans la résolution sur le régime commun des Nations Unies**, l’Assemblée revient sur l’existence de deux systèmes juridictionnels administratifs indépendants ayant compétence concurrente parmi les organisations appliquant le régime.  Elle prie le Secrétaire général de présenter un nouveau rapport assorti de propositions détaillées et d’une analyse approfondie des solutions envisageables, en donnant la priorité aux mesures impliquant des changements dans le jugement des affaires relatives à la Commission de la fonction publique internationale.  L’Assemblée a d’ailleurs nommé*** à cette Commission, pour un mandat prenant fin le 31 décembre 2021, Mme Claudia Angélica Buena Reynaga du Mexique, en remplacement de son compatriote, M. Hermosillo Sosa, démissionnaire. 

Venant aux chiffres avec la résolution sur le budget-programme 2021****, l’Assemblée suit sa Cinquième Commission et ouvre pour la mise en œuvre des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme, des crédits supplémentaires de 154 800 dollars à imputer sur le fonds de réserve. Pour remédier à la détérioration et aux capacités limitées des installations de conférence de l’Office des Nations Unies à Nairobi, elle accepte d’ouvrir un crédit supplémentaire de 494 000 dollars à imputer également sur le fonds de réserve. 

Le Tribunal spécial pour le Liban se voit doté d’un crédit supplémentaire de 15 503 355 dollars, « en guise de subvention », pour compléter les contributions volontaires.  La résolution parle aussi des conditions d’emploi et de rémunération des personnes qui n’ont pas la qualité de fonctionnaire du Secrétariat, notamment les membres de la Cour internationale de Justice (CIJ) et du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux.  La résolution parle enfin des conditions de voyage en avion du personnel de l’ONU. 

L’Assemblée a ensuite adopté d’autres textes dont la résolution présentée par le Kirghizistan, intitulée « La nature ne connaît pas de frontières: la coopération transfrontière en tant que facteur clef de la préservation, de la restauration et de l’exploitation durable de la biodiversité »*****.  Elle y exhorte les États Membres et les organisations internationales, les institutions financières internationales et autres parties prenantes à renforcer la coopération pour un partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.  Par la résolution sur le rôle du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale******, l’Assemblée encourage ledit Centre à continuer de coopérer avec les pays de la région afin d’atténuer les effets de la pandémie de COVID-19 dans la région. 

Elle a par ailleurs décidé de reporter à sa soixante-seizième session la requête faite à son président d’organiser et de présider un débat informel et interactif avec les peuples autochtones et d’en établir un résumé.******  S’agissant de sa Session extraordinaire sur la lutte contre la corruption,*** ****l’Assemblée générale a décidé que ceux qui sont invités à participer à l’ouverture peuvent soumettre une déclaration préenregistrée de leur dignitaire. De telles déclarations pourront également être présentées à la réunion de haut niveau sur le VIH/sida.********

L’Assemblée générale a débuté cette séance par une minute de silence à la mémoire de John Pombe Magufuli.  L’ancien Président de la Tanzanie est décédé le 17 mars dernier.  À l’instar du Président de l’Assemblée M. Volkan Bozkir, et du Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres, les représentants du Congo, du Koweït, de la Roumanie, du Chili, des Pays-Bas et des États-Unis, au nom des Groupes régions et du pays hôte, ont salué un acteur de la lutte contre la pauvreté et la corruption qui a permis à son pays d’atteindre le rang de pays à revenu intermédiaire, quatre ans plus tôt que prévu.  Les intervenants ont salué les initiatives liées aux services publics et les grands projets d’infrastructures. 

Le représentant de la Tanzanie a remercié les délégations pour leurs aimables paroles et a fait observer que son pays a ouvert une autre page de son histoire, en nommant à la présidence, le 19 mars 2021, Mme Samia Suluhu Hassan, première femme Chef d’État.   

La prochaine séance publique de l’Assemblée se tiendra le 21 avril pour examiner la question de la prévention des conflits armés. 

*A/75/830 ;**A/75/670/Add.1 ; ***A/75/104/Add.1;****A/75/682/Add.1; *****A/75/L.73; ******A/75/L.72 ; *******A/75/L.77 ;********A/75/L.75;*********A/75/L.74

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum sur le suivi du financement du développement promet des mesures décisives face à la pandémie et à la « pire crise socioéconomique depuis des générations »

Session de 2021,
Forum sur le suivi du financement du développement, 3e séance – matin
ECOSOC/7038

ECOSOC: le forum sur le suivi du financement du développement promet des mesures décisives face à la pandémie et à la « pire crise socioéconomique depuis des générations »

Le forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement a conclu aujourd’hui ses travaux, adoptant par consensus ses plus de 90 paragraphes de conclusions et de recommandations* « équilibrées » qui réclament des mesures décisives d’urgence face à la pandémie de COVID-19 et à la « pire crise économique et sociale depuis des générations ».  Une détermination pleinement partagée par la Vice-Secrétaire générale qui a appelé à lutter contre un virus qui est aussi « un virus des inégalités ».

Nous, ministres et représentants de haut niveau, sommes maintenant aux prises avec une crise sanitaire et socioéconomique multidimensionnelle qui est aggravée par les changements climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation de l’environnement, reconnaît le document final du forum.  Le relèvement mondial, dit-il, doit passer par un accès équitable et abordable pour tous à des vaccins et à des traitements contre la COVID-19, précisent les ministres et représentants de haut niveau, « conscients » que l’immunisation à grande échelle jouera le rôle d’« un bien public mondial » dans le domaine de la santé. 

Ils encouragent les pays qui en ont la capacité à prendre des mesures pour soutenir activement le Mécanisme COVAX et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment en disponibilisant les doses excédentaires de vaccins.  Si des mesures décisives ne sont pas prises d’urgence, reconnaissent-ils encore, le danger est grand de voir un monde extrêmement divergent et de perdre une décennie de développement durable. 

Ministres et représentants de haut niveau réaffirment que les mesures budgétaires exceptionnelles qui s’imposent doivent être maintenues aussi longtemps que nécessaire pour permettre la riposte sanitaire ainsi que le relèvement social et économique.  Ils s’engagent de nouveau à prendre des mesures « collectives » afin de mettre davantage les entreprises et les finances privées en phase sur les objectifs de développement durable et de canaliser l’investissement là où il est le plus nécessaire.  Ils prennent acte des travaux engagés en vue de l’analyse et de l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement.  Ils soulignent que l’aide publique au développement est essentielle et indispensable et demandent aux pays développés d’honorer l’engagement qu’ils ont pris de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide aux pays en développement et de 0,15% à 0,20% à l’aide aux pays les moins avancés. 

Ministres et représentants de haut niveau se disent également conscients que les pays développés doivent honorer leur engagement de mobiliser conjointement, à compter de 2020, 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025 pour financer l’action climatique.  Préoccupés par le fait que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités préexistantes à la dette et exposé les fragilités de l’architecture financière mondiale, ils saluent les progrès accomplis par l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et se félicitent de sa prorogation jusqu’à fin décembre 2021.  Ils se déclarent aussi préoccupés par le peu de participation des créanciers privés à l’Initiative et encouragent la communauté internationale à envisager des mesures pour inverser cette tendance.  Ministres et représentants de haut niveau saluent le Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette, mis en place par le G20. 

Si le représentant des Fidji, cofacilitateur du texte avec les Pays-Bas, a loué son caractère « équilibré », en dépit des délais de négociation serrés, la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine a regretté le « flou » du paragraphe consacré au financement de l’action climatique.  L’Union européenne a quant à elle déploré « le manque d’ambition » du texte sur les émissions carbone et les subventions aux industries fossiles.  Sur ces questions, le document final reste « superficiel », a-t-elle tranché, en attribuant cet état de choses « à un petit nombre de délégations ». 

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a conclu ce forum en rappelant combien cette crise a révélé et exacerbé les vulnérabilités des économies et sociétés, en amenant certains à voir dans la COVID-19 « le virus des inégalités ».  Elle a, elle aussi, identifié, comme priorités un accès aux vaccins pour tous, un allégement du fardeau de la dette pour les pays vulnérables et des investissements dans la protection sociale et la prévention de futurs chocs. 

Alors que le Secrétaire général avait, lors de l’ouverture du forum, exhorté les gouvernements à considérer d’imposer un impôt à « ceux qui ont profité de la pandémie », Mme Mohamed a estimé que les moyens de subsistance ne doivent plus être affectés par la volatilité de l’économie mondiale.  Elle a donc encouragé les gouvernements à assurer un revenu garanti, par le biais par exemple d’un revenu universel de base.  Le monde à plusieurs vitesses que la pandémie est en train de façonner serait une catastrophe pour chacun d’entre nous, a conclu la Vice-Secrétaire générale. 

Avant l’adoption de ses conclusions et recommandations, le forum a tenu, ce matin, deux tables rondes sur les thèmes « Joindre l’acte à la parole pour lutter contre les flux financiers illicites: actions pour des progrès concrets » et « Édifier une économie du futur qui soit résiliente aux changements climatiques et alignée sur les objectifs de développement durable ».

* E/FFDF/2021/L.1

FORUM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Table ronde 5: Joindre l’acte à la parole pour lutter contre les flux financiers illicites: actions pour des progrès concrets

Amorçant cette table ronde, M. JOHN CHRISTENSEN, cofondateur du Réseau international de la justice fiscale, a rappelé que dans les années 70-80, les flux financiers illicites étaient connus sous le nom plus clair de « fuite de capitaux », un subterfuge utilisé par les entreprises pour échapper aux taxes élevées.  Pour le modérateur, l’Afrique est l’une des principales victimes de ces flux financiers illicites, comme en témoigne le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui calcule que les pays africains perdent environ 50 milliards de dollars par an.  La question qui se pose, a demandé le modérateur, est de savoir « comment mobiliser la volonté politique nécessaire pour lutter efficacement contre les flux financiers illicites, en tenant compte de l’intérêt des pays en développement, y compris la restitution des avoirs volés ».

Il nous faut « une éthique, une boussole, de la transparence », a répondu M. MARCUS PLEYER, Président du Groupe d’action financière (GAFI), en entamant la série des déclarations liminaires.  Il nous faut, a-t-il ajouté, une approche holistique et surtout éviter de faire cavalier seul.  Le GAFI offre d’ailleurs une plateforme d’action à plus 200 pays pour fixer des normes internationales mais il faut aussi faire pression sur les gouvernements qui manquent de volonté politique.

« Maintenir la pression pour continuer de discuter du problème », a acquiescé M. ALVIN MOSIOMA, Directeur exécutif du Réseau africain pour la justice fiscale.  Il faut venir à bout des « résistances » et obtenir la création un organe financier international et la réforme de la fiscalité internationale.  Nous devons en effet, a reconnu le Président du GAFI, mettre « les criminels » hors d’état de nuire. 

Les différents points forts du « Rapport final du Groupe de haut niveau sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité financières internationales (FACTI) pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », publié en février dernier, ont été commenté par M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Président-Directeur général de l’Agence de développement de l’Union africaine et Président du groupe FACTI, M. DAG-INGE ULSTEIN, Secrétaire d’État chargé du développement international de la Norvège, Mme MIREYA VALVERDE OKÓN, Directrice générale du Bureau des normes de l’Unité du renseignement financier au Ministère de finances du Mexique, et M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité de la politique de développement et professeur à l’Université Columbia

Le rapport propose un « pacte mondial » qui constituerait un progrès majeur en matière de gouvernance nationale et internationale.  Il présente 14 recommandations articulées autour des éléments suivants: responsabilité, légitimité, transparence et équité.  Les recommandations portent aussi sur les acteurs non étatiques, la coopération internationale, le renforcement des capacités, les données ou encore la gouvernance nationale et internationale.  Le monde devrait adopter « ce programme ambitieux », a conseillé le Président du Comité de la politique de développement de l’Université Columbia, d’autant que les avoirs volés ont été estimés à 89 milliards de dollars par an, par le Groupe des États d’Afrique, lors de la discussion interactive qui a suivi.  L’idée d’une « convention fiscale des Nations Unies », a été particulièrement appuyée par l’Afrique du Sud, alors que l’Indonésie appelait à une coopération « plus poussée » de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) dans la lutte contre les flux financiers illicites. 

Une coopération « plus active » a aussi été réclamée aux pays du G20 et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Le Réseau européen du financement du développement s’est en effet étonné de leur réticence.  Puisqu’elle abrite le plus grand nombre de paradis fiscaux au monde, il est temps que l’Union européenne montre l’exemple, a renchéri le Président du Comité de la politique de développement de l’Université Columbia.  La pertinence de la coopération Sud-Sud dans la lutte contre la corruption a été soulignée par le Groupe des pays à revenu intermédiaire.  L’Iran, qui a dit avoir pris des mesures pour contrer ces flux illicites, s’est dit surpris de ne pas avoir été supprimé de la « liste noire » du GAFI.  Cette situation ne fait qu’aggraver les sanctions unilatérales illégitimes des États-Unis, a-t-il protesté, appelant les Nations Unies et les États Membres à l’examiner.  L’inscription sur cette liste, a expliqué le Président du GAFI, veut dire qu’un pays présente des risques, s’agissant du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent.  Des mesures leur sont demandées en vain, s’est-il impatienté. 

Table ronde 6: Édifier une économie du futur qui soit résiliente aux changements climatiques et alignée sur les objectifs de développement durable

La deuxième et dernière table ronde, modérée par M. HIRO MIZUNO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les financements innovants et les investissements durables, qui est entré en fonctions au début de l’année, a porté sur une problématique d’autant plus d’actualité, selon le Vice-Président de l’ECOSOC, que les changements climatiques ont de « réels impacts » et que l’année 2021 sera « riche en conférences importantes sur le climat et la biodiversité ». 

Entamant la série des déclarations liminaires, M. AHMED KAMALI, Vice-Ministre de la planification et du développement économique de l’Égypte, a constaté que la pandémie de COVID-19, survenue à la fin de la décennie la plus chaude de l’histoire récente, a exacerbé les risques climatiques.  L’Égypte, comme tous les pays d’Afrique, est vulnérable à ces risques, alors même qu’elle n’est pas à l’origine du réchauffement de la planète.  Dans notre continent, a-t-il souligné, les changements climatiques menacent les infrastructures, les chaînes d’approvisionnement et la sécurité alimentaire.  Alors que le coût de l’adaptation pourrait dépasser les 100 milliards de dollars par an, l’Afrique a déjà besoin de 15 milliards par an pour y faire face. 

L’Égypte, a indiqué M. Kamali, consacre entre 2% et 5% de son PIB à cette urgence.  Pour accélérer son relèvement, elle a mis en place plusieurs projets visant notamment à la prémunir contre l’élévation du niveau des mers, compenser la dégradation des sols et lutter contre l’érosion du bassin du Nil.  Le pays s’emploie également à promouvoir une utilisation plus efficace de ses ressources hydriques limitées.  Pour financer les projets, un vaste plan national d’investissement a été lancé, dont 15% concernent des projets verts, un pourcentage que le Gouvernement entend multiplier par deux cette année, a précisé le Vice-Ministre.  L’Égypte est en effet le premier pays africain à avoir lancé des obligations vertes, à hauteur de 750 millions de dollars. 

Pour M. Kamali, il est aujourd’hui « crucial » que les pays développés respectent les engagements qu’ils ont pris de soutenir les autres pays dans leurs efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Des fonds supplémentaires et prévisibles devraient être alloués, par le biais de financements innovants, d’une participation de toutes les parties prenantes et de la coopération internationale. 

Dans ce contexte, l’importance des travaux de la Coalition des ministres des finances pour l’action climatique a été soulignée par son porte-parole et Représentant spécial du Ministre des finances de la Finlande.  M. PEKKA MORÉN a indiqué que la Coalition utilise tous les outils à sa disposition pour intégrer les risques climatiques dans les politiques publiques, en particulier via des budgétisations vertes.  Les ministres des finances essayent de comprendre ces risques et de maîtriser leur gestion.  Il a appelé à cet égard les gouvernements à leur fournir des données macroéconomiques fiables.  Le travail ne fait que commencer, a précisé M. Morén, mais il bénéficie de l’apport de partenaires clefs, tels que les banques centrales, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et de nombreux instituts de recherche. 

Il est temps d’intégrer véritablement les risques et les vulnérabilités dans les plans de développement, a acquiescé M. MEDRILZAM, Directeur du Département environnemental au Ministère de la planification de l’Indonésie.  Il a rappelé qu’au cours des six premiers mois de la pandémie, une centaine de catastrophes naturelles se sont produites dans le monde, affectant plusieurs dizaines de millions de personnes.  En Indonésie, il y a quelques semaines, un cyclone tropical a encore fait 165 victimes et d’importants dégâts.  Le Directeur a qualifié de « boussoles » le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. 

Dans ce contexte, a-t-il expliqué, l’Indonésie a intégré des mesures de développement à faible émission de carbone dans son plan de développement 2020-2024 pour réduire de 1,15%, d’ici à 2024, les pertes économiques potentielles dues aux changements climatiques.  Avant la pandémie, a-t-il encore précisé, notre scénario de développement à faible taux de carbone prévoyait qu’une telle trajectoire de croissance pouvait générer un taux de croissance moyen de 6% par an jusqu’en 2045.  Malgré la crise actuelle, a assuré le responsable, le pays reste déterminé à continuer sur cette voie, dans le but de parvenir à une reprise durable, équilibrée et résiliente. 

La Fédération de Russie aussi élabore une stratégie nationale de développement faible en carbone, qui comprend des projets pilotes dans plusieurs régions du pays, a indiqué Mme NATALIA STAPRAN, Directrice du Département de la coopération économique multilatérale et des projets spéciaux au Ministère russe du développement économique.  Mon pays, a-t-elle dit, prépare un système de financement vert mais il importe à présent de trouver des méthodes pour régler les problèmes climatiques sans limiter le développement.  « L’une de ces solutions, c’est l’énergie nucléaire », a-t-elle affirmé.  À son tour, elle a invoqué la « feuille de route » qu’est le Programme 2030 et qui « nous montre la voie à suivre pour financer le développement ».  Elle a donc appelé les donateurs à respecter leurs engagements en matière d’APD et a prôné la participation du secteur privé. 

Ce secteur est particulièrement important pour l’accès aux nouvelles technologies, a souligné Mme ZAINAB SHAMSUNA AHMED, Ministre des finances, du budget et de la planification nationale du Nigéria.  Elle a indiqué que son pays s’emploie à élargir cet accès, après s’être concentrée sur les mesures de relance prises par son gouvernement face aux bouleversements de la pandémie.  Face aux changements climatiques et à leurs répercussions, le Nigéria, a-t-elle affirmé, s’efforce de renforcer ses capacités de résilience et de promouvoir des partenariats durables dans différents secteurs économiques.

Voilà une bonne chose parce que dans les pays développés comme dans les pays en développement, les changements climatiques sont désormais considérés comme « une grande source de risques financiers », a constaté Mme SABINE MAUDERER, membre du Conseil d’administration de la Deutsche Bundesbank et Présidente du Groupe de travail sur l’amélioration du financement vert du Réseau pour l’écologisation du système financier.  Pour examiner ces risques et y répondre, 19 banques centrales et organismes de supervision se sont rassemblés au sein du Réseau et il ressort de leurs travaux que les changements climatiques engendrent deux types de risques financiers: ceux liés à l’impact des catastrophes et ceux relatifs à la transition vers un modèle plus respectueux de l’environnement.  S’agissant de ces derniers, les pouvoirs publics doivent envoyer des messages clairs au secteur privé qu’il faut convaincre d’aller dans le sens d’une décarbonisation, par une « bonne tarification carbone ». 

Partisan lui aussi d’une coopération accrue entre les secteurs public et privé pour financer le développement, M. FRANCISCO ANDRÉ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a estimé qu’il faut travailler ensemble pour mettre en place une base de normes fiscales et créer une approche commune même minimale des défis environnementaux.  Dans ce cadre, une attention particulière doit être accordée à la viabilité de la dette et à la nécessité d’évoluer vers des instruments financiers plus innovants, avec la possibilité de gérer les problèmes de manière inclusive.  « Aucune solution n’est simple mais une chose est sûre: nous ne reviendrons pas à nos habitudes », a soutenu M. André.  Il convient de se concentrer sur une reprise « équitable, verte et numérique », comme l’a énoncé le Conseil de l’Union européenne, que son pays préside.  Le Secrétaire d’État a conclu sa présentation en rappelant que le 23 avril se tiendra une réunion de haut niveau entre l’Union européenne et l’Afrique sur le thème des investissements verts. 

Solidarité et « nouveau contrat social », c’est ce qu’a plaidé Mme PAOLA SIMONETTI, Directrice adjointe du Département de politique économique et sociale de la Confédération syndicale internationale (CSI).  Les pays développés et en développement doivent travailler « ensemble » pour bâtir un monde sans émission de carbone.  Il y a des millions d’emplois à créer, grâce aux infrastructures vertes et aux énergies renouvelables, a assuré la responsable syndicale, avant d’appeler les gouvernements à appuyer les travailleurs dans cette transition industrielle, de sorte que nul ne soit laissé pour compte. 

De même, a-t-elle poursuivi, les gouvernements doivent élargir les systèmes de protection sociale et tendre vers un modèle d’accès universel.  Favorable aux droits de tirage spéciaux et à la restructuration de la dette des pays pauvres, elle a souhaité que l’APD soit aussi augmentée en quantité comme en efficacité Enfin, en ce qui concerne la finance durable, les efforts internationaux dans ce sens doivent, selon elle, être harmonisés avec les objectifs de développement durable. 

La discussion interactive a permis d’approfondir la réflexion sur l’intégration des risques liés au climat dans l’élaboration et la planification des politiques de développement.  Elle a aussi été l’occasion pour plusieurs délégations de réaffirmer leur engagement en faveur de l’action climatique et de plaider pour des financements innovants dans le cadre des efforts de relance. 

Les États-Unis ont souligné qu’avec l’Administration du Président Joe Biden, ils sont à nouveau des « partenaires à part entière » dans la question climatique.  Ils ont également réaffirmé leur foi en l’action multilatérale, rappelant à cet égard qu’ils ont réadhéré à l’Accord de Paris sur le climat et convoqué un forum de préparation à la vingt-sixième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) .  Déterminés à enrayer le réchauffement climatique, les États-Unis ont exprimé leur intention d’investir « lourdement » pour « reconstruire en mieux », convaincus qu’il faut tirer parti de toutes les institutions financières pour encourager les investissements publics et privés dans l’écologie et la décarbonisation de l’économie. 

Soulignant sa vulnérabilité tant à la pandémie qu’aux changements climatiques, le Bangladesh a rappelé avoir lancé en décembre dernier un plan d’action climatique qui met l’accent sur la durabilité et la résilience.  La relance doit en effet prendre en compte « la menace des changements climatiques et la perspective des chocs futurs », a expliqué la délégation, plaidant à cet égard pour davantage de solidarité.  Les partenaires internationaux et les acteurs privés doivent être mis à contribution afin qu’une aide financière et technique soit fournie aux pays à faibles capacités, a-t-elle soutenu.  D’après elle, il faut non seulement augmenter la coopération et le partage des connaissances mais aussi faciliter le transfert des technologies, « condition sine qua non » du développement durable. 

Au nom d’un groupe de pays à revenu intermédiaire, le Guatemala a lui aussi appelé à des investissements « plus substantiels » dans les économies en développement pour accélérer la réalisation du Programme 2030 dans ses différentes dimensions.  Il a notamment souligné que le soutien à une production agricole durable et à la sécurité alimentaire est indispensable pour faire reculer la pauvreté dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.  La délégation a aussi insisté sur la nécessité d’améliorer les capacités d’adaptation de ces pays aux conditions extrêmes du climat, rejointe sur ces points par l’Afrique du Sud

Organisme de la société civile, le Groupe des femmes sur le financement du développement a appelé, à son tour, à des solutions innovantes sur le plan économique, mais aussi sur les plans social et climatique.  Sans transformation, a-t-il averti, le monde continuera de compter sur le travail non rémunéré des femmes, les discriminations continueront d’accroître les inégalités et les nantis continueront d’être des nantis, comme c’est le cas aujourd’hui avec les vaccins contre la COVID-19.  « Il faut partir du bas en aidant ceux qui ont été abandonnés », a renchéri le groupe Civil Society Financing for Development (FfD), selon lequel beaucoup dépend de la « volonté politique de ne laisser personne de côté ». 

Pour sa part, l’ONG « United Religions Initiative », qui compte plus d’un million de membre dans 100 pays, a dit avoir mené une enquête sur le financement du développement avant et pendant la pandémie.  Les conclusions sont « saisissantes », a-t-elle noté, précisant que dans 17 pays où elle a reçu plus de 1 000 réponses, les fonds pour le climat ont été utilisés par les gouvernements pour faire face à d’autres problèmes, ce qui revient à « déshabiller Pierre pour habiller Paul ».  Il faut donc « travailler autrement » et associer les différentes parties prenantes au règlement des problèmes. 

En réponse à ces remarques et suggestions, la Ministre des finances, du budget et de la planification nationale du Nigéria a fait valoir que les défis diffèrent d’une région à l’autre dans le monde.  Pour des pays comme le sien, le recours au gaz comme source d’énergie reste une nécessité.  Il faudra des années avant de pouvoir s’en passer au profit de sources alternatives, a-t-elle pronostiqué.  La représentante du Conseil d’administration de la Deutsche Bundesbank s’est réjouie de la position affichée par la nouvelle Administration américaine, y voyant la possibilité de revenir à une discussion internationale sur un développement sans carbone.  Nous devons collaborer sur un pied d’égalité pour que les marchés comprennent ce que nous faisons et passent à un modèle décarbonisé, a-t-elle souhaité, non sans reconnaître qu’une période de transition sera nécessaire.  « Mais il faut prendre des décisions maintenant pour que toutes les économies se transforment de façon séquentielle », a plaidé celle qui préside par ailleurs le Groupe de travail sur l’amélioration du financement vert du Réseau pour l’écologisation du système financier

Interrogée par le modérateur sur le rôle des banques centrales dans cette transition, elle les a décrites comme des « catalyseurs » chargés d’utiliser des outils analytiques pour déterminer les « impacts environnementaux de nos économies ».  Il faut par conséquent que les bonnes décisions soient prises afin que les marchés reçoivent les bons signaux, a-t-elle ajouté, soulignant à ce sujet l’importance de disposer de données comparables. 

Plus largement, a encore estimé l’administratrice de la banque centrale allemande, il est essentiel d’agir au niveau mondial et que les pays développés et en développement travaillent main dans la main.  De même, tout doit être fait pour attirer les capitaux privés dans les pays à faible revenu, a-t-elle souligné, notant le rôle crucial des banques multilatérales de développement. 

Revenant à la gestion des questions financières liées au climat, le Représentant spécial du Ministre des finances de la Finlande a souligné à son tour la grande capacité analytique des banques centrales, lesquelles interviennent régulièrement aux réunions de la Coalition des ministres des finances pour l’action climatique.  L’un des principaux chantiers est la tarification du carbone, appelée à devenir un outil crucial de la transition, a-t-il précisé.  La Coalition s’emploie à aider les pays à rendre leur système plus écologique, notamment via des obligations vertes, a encore indiqué ce responsable ministériel, selon lequel la généralisation de ces initiatives suppose un énorme travail de reprise et de transformation numérique et environnementale. 

Si ces actions de financement doivent être menées au plan mondial, la Ministre des finances, du budget et de la planification nationale du Nigéria a fait valoir que les défis diffèrent d’une région à l’autre.  Il reste donc « du pain sur la planche », a conclu le modérateur, souhaitant que les règles du jeu soient précisées pour que les acteurs privés puissent financer des projets dans les pays en développement.  « Il y a de l’argent disponible qui cherche des occasions d’investissement », a-t-il assuré. 

Adoption des conclusions et recommandations arrêtées sur le plan intergouvernemental et clôture du Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement

Après l’adoption des conclusions et recommandations du forum (E/FFDF/2021/L.1), la Guinée, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est étonnée de « la disparition » d’un paragraphe qui avait été rédigé par son groupe sur les défis des pays à revenu intermédiaire et la nécessité de leur apporter un appui.  Il n’y avait pourtant pas eu d’opposition à ce libellé lors des consultations, a-t-elle rappelé.  S’agissant de l’accès aux vaccins, elle a rappelé qu’il manque toujours à l’Accélérateur ACT quelque 20 milliards de dollars.  Pour ce qui est du paragraphe 20 sur le financement des systèmes de protection sociale, elle a souligné que l’élargissement de ces systèmes doit se faire en fonction des priorités nationales.  La Guinée s’est par ailleurs fermement opposée à la mention du groupe GAFI dans le paragraphe 25 et a milité pour un libellé « plus précis » du paragraphe consacré au financement de l’action climatique et à l’engagement des pays développés à mobiliser, à compter de 2020, 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025.

L’Union européenne a promis de continuer de verser des ressources au Mécanisme COVAX.  Elle a déploré « le manque d’ambition » du libellé sur les émissions carbone et les subventions aux industries fossiles.  Sur ces questions, le document final reste « superficiel », a tranché l’Union européenne, en attribuant cet état de choses à « un petit nombre de délégations ».  Elle a pris acte du paragraphe 38 sur les travaux des Nations Unies, en vue, conformément à la résolution 75/215 de l’Assemblée générale, d’étudier et d’élaborer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les petits États insulaires en développement.  Mais, a-t-elle souligné, ce paragraphe ne préjuge en rien de l’issue des discussions en cours.  Elle a enfin rappelé que son APD a atteint « un niveau record » en 2020, pour représenter 0,5% du revenu intérieur brut, soit 15% de plus qu’en 2019.

Dans sa déclaration de clôture, Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a tout d’abord salué l’adoption du document final, avant de souligner que la pandémie de COVID-19 est en train de façonner un monde de plus en plus inégal pour des millions de personnes dans les pays en développement, lesquels voient leurs gains en matière de développement effacés.  Elle a indiqué que cette crise sanitaire et économique sans précédent a révélé et exacerbé les vulnérabilités des économies et des sociétés, amenant certains à voir dans la COVID-19 le « virus des inégalités ».  Elle a salué les efforts des gouvernements pour protéger les populations des répercussions de la pandémie, notamment l’extraordinaire plan de relance mondiale de 18 000 milliards de dollars.  Néanmoins, alors que de nombreuses économies avancées ont été en mesure d’augmenter leurs dépenses budgétaires à plus de 13% de leur PIB, nombre de pays en développement font face à un fardeau de la dette « exorbitant », à des marges budgétaires réduites et à des taux d’intérêt élevés, entravant leur réponse à la crise, sans parler de leur relèvement.  « Ce monde à plusieurs vitesses vers lequel nous nous acheminons est une catastrophe pour chacun d’entre nous », a déclaré la Vice-Secrétaire générale.

Mme Mohammed a identifié trois domaines d’action prioritaires.  Le premier est de garantir l’accès de tous aux vaccins.  Elle a rappelé que si un tiers de la population est déjà vacciné dans certains pays, seul 1% de la population en Afrique l’est, y voyant là une « souillure morale » pour la communauté internationale.  Elle a appelé tous les acteurs à financer de toute urgence un accès équitable, en commençant par remédier aux problèmes financiers du Mécanisme COVAX.  Deuxièmement, elle a appelé à l’allégement du fardeau de la dette et à des solutions aux contraintes budgétaires.  « Il est capital d’élargir l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et le Cadre commun du même G20, afin d’y inclure les pays à revenu intermédiaire vulnérables et les petits pays insulaires en développement ».  Les annulations, les rachats, les échanges de dettes doivent être poursuivis, a-t-elle dit, en appuyant l’émission « sans précédent » de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS). 

Afin de remédier aux causes profondes des crises « récurrentes » de la dette, nous devons aussi, a ajouté la Vice-Secrétaire générale, réformer et renforcer l’architecture internationale de la dette, par le biais d’un processus multipartite pour lancer un « forum mondial pour le règlement de la question de la dette souveraine ».  Mme Mohammed a souhaité que les critères d’éligibilité aux programmes d’allégement de la dette soient basés sur les besoins actuels plutôt que sur le PIB, en particulier dans ce contexte des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes.  Dans ce contexte de crise, les gouvernements ne devraient pas être contraints d’effectuer des versements, au tire du service de la dette, au détriment de leur réponse aux besoins de leur population.

Troisièmement, a-t-elle poursuivi, nous devons promouvoir les investissements dans la protection sociale et la prévention de futurs chocs.  Les gouvernements doivent donner la priorité au bien-être de leur population, en investissant « massivement » dans la gratuité de l’enseignement, la couverture sanitaire universelle et des systèmes de santé robustes.  Ils doivent également faire en sorte que les moyens de subsistance ne dépendent plus de la volatilité de l’économie mondiale, en assurant un revenu garanti, par le biais par exemple du revenu universel de base.  Pour atteindre ces objectifs, Mme Mohammed a souhaité que les ressources financières soient allouées là où elles sont le plus nécessaires, pour éviter que les chocs ne se transforment en catastrophes « sans précédent », à l’instar de la pandémie de COVID-19. 

Les gouvernements doivent faire des investissements durables un élément essentiel de leurs politiques de développement.  Quant aux créanciers privés, il leur revient de prendre leur place à la table des négociations sur l’allégement de la dette.  « Nous devons aussi nous pencher sur les incitations et les goulets d’étranglement pour dégager des capitaux privés au profit du développement durable, en particulier dans les pays en développement. »  En conclusion, la Vice-Secrétaire générale a assuré que l’ONU continuera de souligner l’importance de ces questions et de mobiliser la volonté politique nécessaire pour apporter des changements.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil économique et social: le forum sur le suivi du financement du développement s’ouvre sur des appels à un accès aux vaccins et un allégement de la dette

Session de 2021,
Forum sur le suivi du financement du développement, 1re & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7035

Conseil économique et social: le forum sur le suivi du financement du développement s’ouvre sur des appels à un accès aux vaccins et un allégement de la dette

Le forum du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le suivi du Programme d’action d’Addis-Abeba relatif au financement du développement s’est ouvert aujourd’hui avec des appels insistants en faveur d’un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, d’un allégement de la dette souveraine et d’une augmentation de l’aide publique au développement (APD).  « Depuis le début de la pandémie il y a un an, aucun élément de notre réponse multilatérale ne s’est déroulé comme prévu », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a appelé à une « énorme poussée au plus haut niveau politique » pour se hisser à la hauteur des défis.

Premier orateur de la cinquantaine de délégations à s’être exprimées, le Premier Ministre du Pakistan, dont le pays préside l’ECOSOC, a clairement posé les enjeux de ce forum qui se tient en présentiel et en virtuel jusqu’au 15 avril.  Ce forum est l’occasion d’adopter des décisions sur les moyens de mobiliser les fonds dont les pays en développement ont besoin pour se remettre de la récession induite par la COVID-19 et revenir sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a déclaré le Premier Ministre.

Alors que son pays est confronté à une troisième vague de la pandémie, il a appelé à une accélération de la production du vaccin et dénoncé, à l’instar du Bangladesh et du Panama, le « vaccinationalisme ».  La Chine et la Fédération de Russie parmi d’autres, ont demandé que le vaccin soit considéré comme « un bien public mondial », tandis que l’Autriche a demandé un renforcement du Mécanisme COVAX par le biais duquel un peu plus de 30 millions de doses de vaccin ont été administrées dans 54 pays.

Mais la vaccination a été « le premier échec du multilatéralisme », a tranché le Secrétaire général: « 10 pays seulement représentent 75% de toutes les vaccinations.  Or, l’économie mondiale et le bien-être mondial ne seront rétablis que lorsque nous sortirons tous de la pandémie », a renchéri le Président de l’Assemblée générale.  M. Volkan Bozkir a averti que les approches « sporadiques, pays par pays » ne feront que prolonger la crise et peser sur tous les systèmes et toutes les économies.

Le Secrétaire général a diagnostiqué le même manque de solidarité dans les plans de relance de centaines de milliards de dollars dans certains pays alors que de nombreux pays en développement font face à un fardeau de la dette « considérable ».  Aujourd’hui, de nombreux gouvernements doivent faire un choix entre payer le service de la dette et sauver des vies, s’est alarmé M. Guterres.  Cette question de la dette a été au cœur de la plupart des interventions, les délégations saluant notamment l’extension par le G20 de son initiative de suspension du paiement du service de la dette jusqu’à la fin de cette année.

Le Secrétaire général a souhaité que cette extension aille jusqu’en 2022, et qu’elle s’élargisse, selon les mots du Pakistan et du Nigéria, à tous les pays vulnérables, y compris les pays à revenu intermédiaire qui abritent 60% des pauvres du monde, ont ajouté la Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque et le Secrétaire général.  Le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (OASIS), est allé plus loin, réclamant un allégement de la dette « sur mesure » pour des pays comme le sien.

Toutes les délégations ont salué la proposition du Fonds monétaire international (FMI) de consacrer 650 millions de dollars à de nouveaux droits de tirage spéciaux afin de desserrer l’étau budgétaire.  Le FMI, la Banque mondiale et d’autres banques de développement ont désormais un plafond suffisant pour élargir l’accès aux financements concessionnels, a noté le Premier Ministre pakistanais, jugeant que la prochaine reconstitution de l’Association internationale de développement (IDA) devrait être portée à 60 milliards de dollars.  Pour élargir réellement cet accès, il faut renoncer au critère du revenu par habitant et se fonder sur un indice de vulnérabilité multidimensionnel, ont plaidé les pays à revenu intermédiaire. 

Enfin, de nombreux orateurs ont appelé les pays donateurs à s’acquitter de leurs engagements au titre de l’aide publique au développement (APD), à commencer par le Secrétaire général qui l’a jugée « plus importante que jamais ».  Nous avons atteint la cible d’allouer au moins 0,7% de notre PIB à l’APD, a rappelé le Ministre danois de la coopération au développement, en soulignant « l’importante responsabilité » des pays riches.  Cette responsabilité s’applique aussi à l’action climatique, a rappelé, à son tour, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda qui s’est attardé sur l’engagement que les pays développés ont pris, en vertu de l’Accord de Paris, de mobiliser 100 milliards de dollars par an.

FORUM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations d’ouverture

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a estimé que les délibérations du forum de cette année sont d’autant plus cruciales que le monde lutte contre le coronavirus et ses énormes conséquences socioéconomiques.  Le Pakistan, a-t-il affirmé, a contenu les deux premières vagues du virus grâce à une politique de « confinement intelligent ».  Il a en outre mis en œuvre un programme d’urgence de 8 milliards de dollars pour soutenir les populations pauvres et vulnérables, tout en maintenant l’économie à flot. 

Malheureusement, a concédé M. Khan, le pays est aujourd’hui confronté à une troisième vague du virus et il lui faudra « beaucoup de chance » pour la vaincre.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit veiller à ce que le vaccin soit accessible à tous, partout, dans les plus brefs délais, faute de quoi le virus « se promènera et reviendra », a plaidé le dirigeant.  Appelant à une accélération de la production du vaccin, il a souhaité que les restrictions en matière de brevets et de transfert de technologie soient levées.  Il a également dénoncé le « vaccino-nationalisme » et les restrictions à l’exportation, de même que l’utilisation du vaccin pour avancer des objectifs nationaux de politique étrangère. 

Pour M. Khan, ce forum est l’occasion d’adopter des décisions sur les moyens de mobiliser les fonds dont les pays en développement ont besoin pour se remettre de la récession induite par la COVID-19 et revenir sur la voie de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Rappelant la proposition qu’il a lancée en avril sur une initiative mondiale d’allégement de la dette, il s’est réjoui de voir que la décision du G20 de suspendre la dette a été prolongée.  Selon lui, le champ d’application de cette suspension doit être élargi pour englober tous les pays vulnérables, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID).  Il est également nécessaire que les créanciers privés participent aux efforts d’allégement de la dette et à sa restructuration. 

À cet égard, M. Khan a salué la proposition du Directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de consacrer 650 milliards de dollars à de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) et le soutien apporté par les plus grands actionnaires, notamment les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et le Japon.  Le FMI, la Banque mondiale et d’autres banques de développement ont désormais un plafond suffisant pour élargir les financements concessionnels, a-t-il noté, jugeant que la prochaine reconstitution de l’Association internationale de développement (IDA) devrait être portée à 60 milliards de dollars.  De plus, les pays en développement devraient être en mesure d’emprunter sur les marchés avec les faibles taux d’intérêt mis en place dans les pays développés.  De l’avis du Premier Ministre pakistanais, la facilité de liquidité et de durabilité, proposée par la Commission économique pour l’Afrique, pourrait être un moyen d’y parvenir. 

À cet égard, a-t-il relevé, le Groupe sur la responsabilité financière, la transparence et l’intégrité (FACTI) a proposé 14 recommandations pour stopper la fuite de milliers de milliards de dollars des pays en développement.  Ces recommandations devraient être approuvées par l’ONU et toutes les institutions financières, a estimé M. Khan, ajoutant que les avoirs volés dans les pays en développement doivent être restitués « immédiatement et sans condition ».  Il a par ailleurs approuvé la proposition américaine sur un impôt minimum global sur les sociétés, tout en estimant qu’un moratoire devrait être déclaré sur les réclamations exorbitantes adressées à certains pays en développement dans les différends relatifs aux investissements. 

M. Khan a ensuite assuré que le défi posé par la crise de la COVID-19 est une excellente occasion de « reconstruire en mieux ».  Nous devons la saisir pour faire de l’économie mondiale une économie axée sur le développement et durable sur le plan environnemental, a-t-il souligné.  Faisant remarquer que les émissions de gaz à effet de serre du Pakistan sont parmi les plus faibles au monde, il a déploré que son pays figure parmi les plus vulnérables et les plus gravement touchés par la crise climatique.  Pour y faire face, il a dit avoir lancé un programme ambitieux visant à créer un Pakistan « vert » grâce notamment au reboisement.  Ce plan prévoit la plantation de 10 milliards d’arbres au cours des trois prochaines années et introduit dans le même temps des énergies renouvelables, des véhicules électriques et un moratoire sur les nouvelles centrales au charbon. 

À cette aune, le dirigeant a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements au titre de l’Accord de Paris sur le climat et à tenir leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an.  Il a également souhaité que 50% de cette somme soit consacrés aux programmes d’adaptation des pays en développement.  Avant de conclure, M. Khan a observé que les Nations Unies sont bien placées pour coordonner la mise en œuvre d’un plan de transition vers une économie mondiale verte.  Pour ce faire, il a appelé de ses vœux la création par l’ONU d’un mécanisme inclusif et multipartite.  « Nous sommes à un moment critique de l’histoire du monde », a-t-il insisté, enjoignant tous les pays à « renoncer aux rivalités de pouvoir et à la concurrence géopolitique » et à opter pour une coopération internationale inconditionnelle. 

« Depuis le début de la pandémie il y a un an, aucun élément de notre réponse multilatérale ne s’est déroulé comme prévu », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES.  Plus de 3 millions de personnes ont perdu la vie, 120 millions d’autres sont tombées dans l’extrême pauvreté et l’équivalent de 255 millions d’emplois à temps plein ont été perdus.  « La crise est loin d’être terminée. »  M. Guterres a estimé que le premier échec du multilatéralisme a été la vaccination, puisque 10 pays seulement représentent 75% de toutes les vaccinations dans le monde. 

« Des lacunes dans l’effort de vaccination sont des menaces pour tous. »  Selon certaines estimations, le coût global d’un accès inégal aux vaccins et d’une accumulation excessive de vaccins par certains pays serait de 9 000 milliards de dollars.  Le Secrétaire général a vu le même manque de solidarité dans les plans de relance, s’élevant à des centaines de milliards de dollars dans certains pays alors que de nombreux pays en développement font face à un fardeau de la dette si lourd qu’ils ne pourront pas atteindre les objectifs de développement durable.  « Aujourd’hui, de nombreux gouvernements doivent faire un choix entre payer le service de la dette et sauver des vies. »

Nous sommes réunis aujourd’hui pour élaborer une réponse et un relèvement équitable, durable et résilient, a déclaré le Secrétaire général, en demandant une action urgente dans six domaines.  « Premièrement, les vaccins doivent être disponibles pour tous les pays qui en ont le besoin. »  Il a souligné l’importance de remédier au déficit financier du Mécanisme COVAX.  Deuxièmement, nous devons inverser la tendance à la baisse des financements concessionnels, y compris pour les pays à revenu intermédiaire, a poursuivi M. Guterres.  Jugeant l’aide au développement plus importante que jamais, il a exhorté les donateurs à faire plus.  Il a salué les appels récents pour de nouveaux droits de tirage spéciaux et leur allocation aux pays qui en ont besoin. 

« Troisièmement, nous devons nous assurer que les ressources vont là où elles sont le plus nécessaires. »  Rappelant que les personnes les plus riches au monde ont vu leur fortune augmenter de près de 5 000 milliards de dollars, il a exhorté les gouvernements à considérer d’imposer un impôt à « ceux qui ont profité de la pandémie », pour réduire les inégalités extrêmes.  « Quatrièmement, nous devons répondre à la crise de la dette avec une suspension du service de la dette, des allégements et des liquidités pour les pays qui en ont besoin. »  Il a salué l’extension par le G20 de son initiative de suspension du service de la dette jusqu’à la fin de cette année, avant de souhaiter une extension jusqu’en 2022. 

Le Secrétaire général s’est aussi dit encouragé par l’appel à appuyer les pays à revenu intermédiaire, qui abritent 60% des pauvres du monde.  « Nous devons aller au-delà de l’allégement de la dette », a-t-il déclaré, en demandant des mesures fortes.  Il a plaidé pour le renforcement de l’architecture internationale de la dette pour mettre fin aux crises mondiales de la dette.  « Cela commence par un dialogue ouvert, assorti d’un calendrier, pour instaurer confiance et transparence. »  Le Secrétaire général a insisté sur l’importance d’une approche inclusive associant créanciers privés et visant à corriger des faiblesses de longue date. 

« Cinquièmement, nous devons investir sur les personnes », a-t-il affirmé, en appelant à un nouveau contrat social, basé sur la solidarité et des investissements dans l’éducation, l’emploi décent et la protection sociale.  Sixièmement, il a demandé une relance économique équitable et durable, conforme aux objectifs de développement durable et à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a indiqué que 2,5% seulement des fonds pour le relèvement sont climat-compatibles.  Nous devons parvenir à zéro émission d’ici à 2050, a-t-il dit, en appelant à une exécution immédiate de l’engagement à mobiliser 100 milliards de dollars par an.  Le Secrétaire général a exhorté les pays développés à augmenter leurs contributions financières aux efforts de renforcement de la résilience et d’adaptation pour qu’elles représentent 50% de l’effort financier climatique total.  « Pour répondre aux défis du futur, y compris ceux révélés par la pandémie, nous avons besoin d’une énorme poussée au plus haut niveau politique », a souligné le Secrétaire général.

La pandémie de COVID-19, a souligné à son tour M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a provoqué la contraction de l’économie la plus grave depuis 90 ans.  Mais aujourd’hui, a-t-il estimé, nous avons l’occasion de jeter les bases d’une bonne relance, fondée sur l’égalité, la durabilité et la résilience.  Il faudra néanmoins, a prévenu le Président, une volonté politique « ambitieuse », une mobilisation « incroyable » de ressources et une approche « impliquant toute la société ».  Les financements publics et la viabilité de la dette doivent être assurés, les services sociaux, élargis, les inégalités, réduites, et la résilience climatique et le développement à faible émission de carbone, intégrés. 

Le Président a fait observer qu’en août 2020, 20 000 milliards de dollars ont été consacrés à la riposte mondiale contre la COVID-19 mais que 8,5 milliards seulement ont été alloués 91 pays les plus vulnérables au monde.  Dans les pays les moins avancés (PMA), c’est moins de 6,90 dollars par habitant.  L’on estime, a alerté le Président, qu’il faudra au moins cinq ans aux PMA et aux petits États insulaires en développement pour revenir sur la voie des progrès socioéconomiques.

L’économie mondiale et le bien-être mondial, a-t-elle souligné, ne seront rétablis que lorsque « nous sortirons tous » de la pandémie, et les approches « sporadiques, pays par pays » ne feront que prolonger la crise et peser sur tous les systèmes et toutes les économies.  Au nom des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement, le Président a fait, à son tour, quelques recommandations: avancer dans l’élaboration de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle; aller au-delà de la suspension de la dette et viser l’annulation et la mise sur pied de mécanismes de restructuration de la dette; assurer un accès rapide et élargi aux financements concessionnels; travailler à l’expansion ou à la redistribution des liquidités par de nouveaux droits de tirage spéciaux; et honorer les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD), dont la promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à s’adapter aux impacts des changements climatiques.

Le résultat de ce forum, a conclu le Président, servira aux réunions prévues sur les pays à revenu intermédiaire et les PMA.  La COVID-19, a-t-il ajouté, met à l’épreuve comme jamais notre engagement en faveur du multilatéralisme, de la citoyenneté mondiale et de la solidarité.  Profitons de cette crise, pour nous mettre sur un chemin durable et résilient, démontrer notre force et la pertinence du multilatéralisme, et édifier un monde que nous léguerions « fièrement » aux générations futures.

Débat spécial sur le « Financement de la relance post-COVID-19 »

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a demandé à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de suspendre temporairement l’application des Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  Parmi ses priorités, il a cité l’annulation totale des dettes bi- et multilatérales et des dettes commerciales des PMA, un moratoire sur le paiement du service de la dette « avec effet immédiat » et la réaffectation des droits de tirage spéciaux.  Les partenaires au développement doivent aligner leurs stratégies avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont l’engagement lié à l’APD.  Ils devraient ne plus oublier leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique.  Le Président a également insisté sur les nouveaux instruments financiers, y compris les plateformes numériques de financement. 

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa-Rica, a salué les plans de relance importants adoptés par certains pays, avant d’ajouter que tous les pays n’en ont pas les capacités financières.  Passant en revue la réponse multilatérale, il s’est demandé: « Avons-nous fait suffisamment?  La réponse est non, nous avons fait trop peu et trop tard », a-t-il tranché.  Il a souligné l’importance des mesures de stabilisation de l’économie mondiale, indiquant que les banques régionales et internationales font tout ce qui est en leur pouvoir.  « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », a déclaré le Président, en mettant en garde contre tout recul du développement durable.  Il a réclamé des investissements et des prêts à des taux préférentiels pour aider les pays qui ont des marges de manœuvre financière limitées.  « Aucun pays ne doit être exclu d’un financement juste au service du développement », a martelé le Président, en souhaitant que les pays dotés de « liquidités abondantes » fassent des propositions concrètes pour aider les pays en développement.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a dénoncé l’arrivée tardive des vaccins en Afrique.  Il a appelé à une réponse sanitaire bien coordonnée, abordable et accessible.  Il a aussi voulu que l’on renforce les options politiques existantes afin de les rendre robustes, plus efficaces, plus inclusives et plus durables.  Il a appelé tous les créditeurs à travailler avec chaque gouvernement pour leur ménager un espace budgétaire.  Les gouvernements et les banques centrales doivent se mettre d’accord sur des politiques financières « novatrices » pour soutenir les politiques de relèvement à long terme. 

Le Président a en outre souligné l’importance du renforcement des capacités pour les pays comme le Botswana.  Nous avons su, a-t-il affirmé, puiser dans notre riche expérience de la lutte contre le VIH/sida, accumulée ces 40 dernières années.  Un plan de relèvement et de transformation économique a été lancé et en mars dernier, un plan de relance du secteur privé a été mis en route, en partenariat avec l’ONU, afin de soutenir le secteur informel.  Mais ces interventions ont augmenté les dépenses et creuser le déficit budgétaire, obligeant le Gouvernement à emprunter sur le marché national et international.  Comme ces emprunts ne dépassent le plafond de 40% du PIB, les négociations sur un soutien budgétaire avec la Banque mondiale et des autres partenaires sont sur la bonne voie.  Une partie des futurs financements devrait d’ailleurs servir à l’achat des vaccins, a indiqué le Président. 

M. IVAN DUQUE MARQUEZ, Président de la Colombie, a noté que la crise de la COVID-19 a jeté une lumière crue sur les vulnérabilités en matière de développement durable.  À ses yeux, la réponse ne peut être séparée du Programme 2030, qui est « l’instrument le plus efficace pour lutter contre la santé sanitaire, la crise environnementale, la pauvreté et les écarts sociaux ».  Dans ce cadre multilatéral, les pays dont les économies sont plus fortes devraient soutenir les économies émergentes, a-t-il plaidé.  De même, les organisations financières internationales doivent faire preuve d’innovation et de souplesse pour financer cette relance.  Pour sa part, a dit le Président, la Colombie s’emploie à protéger la santé de ses citoyens et son tissu social, tout en développant des outils pour réactiver sa capacité de production, ce qui lui a permis d’avancer vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Malgré les défis, a-t-il souligné, la Colombie n’a pas régressé socialement.  Aujourd’hui, elle vient de lancer un plan de relance économique ambitieux et durable qui comprend 551 projets, pour un investissement total de 144 milliards de pesos.  Avec ce plan, nous espérons créer plus de 2,6 millions d’emplois formels, a affirmé le Président. 

Pour mettre en œuvre cet engagement, a-t-il dit, nous avons sollicité le précieux soutien du système des Nations Unies.  Dans le cadre de la coopération au développement durable 2020-2023, nous pouvons générer des synergies au bénéfice de toute la population de notre pays, a-t-il dit, invitant la communauté internationale à « travailler ensemble, dans la solidarité et la coopération » pour survivre à la pandémie.  Enfin, le Président a espéré que 2021 sera « l’année mondiale de la vaccination, d’une relance massive et sûre, et d’une transformation sociale durable ».

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (OASIS), M. GASTON BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a prévenu que la pandémie, conjuguée aux défis mondiaux, représente le plus grand danger de tous les temps.  Le multilatéralisme et le soutien de la communauté internationale sont plus que jamais essentiels pour ne pas « jeter dans l’oubli » les petits États insulaires en développement.  Le Premier Ministre s’est élevé contre le « vaccinationalisme » et a salué les efforts de Cuba pour développer un vaccin, lequel vient de faire l’objet « d’excellents commentaires » de la part de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Intrinsèquement sensibles aux chocs économiques et financiers externes, les petits États insulaires font désormais face à des niveaux « élevés » et à des perspectives de croissance économique « difficiles », a poursuivi le Premier Ministre qui a encouragé les gouvernements à agir d’urgence pour reprendre le trafic aérien, craignant pour le secteur porteur du tourisme.  Notre but, a-t-il dit, doit être d’éviter une décennie perdue, qui empêcherait tout espoir de mettre en œuvre le Programme 2030 ou les engagements de l’Accord de Paris sur le climat.  Le Premier Ministre a ainsi estimé que les nouveaux droits de tirage spéciaux doivent être complétés par une augmentation significative des ressources offertes par les banques de développement. 

Le G20, les créanciers commerciaux, bilatéraux et privés, devraient envisager d’accorder un allégement de la dette « sur mesure » pour les petits États insulaires.  Le Club de Paris et les institutions financières internationales, les donateurs et autres créanciers devraient cette année renoncer au remboursement de leur dette voire annuler la dette, à long terme, a dit le Premier Ministre.  Il a aussi réclamé des instruments financiers novateurs et l’accès des pays comme le sien à l’APD.  Compte tenu de l’importance du financement climatique pour les PEID, le Premier Ministre n’a pas oublié de rappeler aux pays développés leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an. 

M. MANUEL MARRERO CRUZ, Premier Ministre de Cuba, a constaté que la crise liée à la COVID-19 a exacerbé les inégalités entre les pays développés et les pays en développement, démontrant la nécessité de « changer l’architecture antidémocratique mondiale ».  Dans le contexte actuel, a-t-il souligné, les pays en développement font face à des défis multiples.  Il leur faut en effet compenser les lacunes sanitaires, relever leur économie, lutter contre le chômage et faire reculer la pauvreté, autant d’obstacles qui mettent en péril la mise en œuvre du Programme 2030.

Dans le même temps, a regretté le dirigeant, certaines puissances, au lieu d’augmenter leur aide publique au développement, dépensent des milliards de dollars dans leurs systèmes militaires et imposent des mesures coercitives unilatérales qui violent la Charte de l’ONU et le droit international.  Le Premier Ministre a rappelé à cet égard que Cuba continue de fait face à un « embargo agressif » des États-Unis et que la « politique criminelle » menée par ce pays demeure le principal obstacle au développement de l’île.

Vingt-cinq ans après la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Cycle de négociations de Doha pour le développement reste dans l’impasse, a déploré le Premier Ministre.  En conséquence, les traitements préférentiels « demeurent un rêve » et on s’écarte de plus en plus des objectifs du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Or, a-t-il souligné, il est plus que jamais urgent de soutenir les pays en développement, notamment en allégeant leur dette, en facilitant le transfert de technologie, en les aidant à accéder aux marchés, en renforçant leurs capacités et en intensifiant la coopération Nord-Sud.  Il faut en priorité trouver une solution au problème de la dette extérieure qui va grandissant, sapant toute possibilité de développement social, a martelé le Premier Ministre.

Pour M. MOEKETSI MAJORO, Premier Ministre du Lesotho, il incombe maintenant aux dirigeants politiques et commerciaux de réinvestir dans des stratégies de relance durables et inclusives afin d’accélérer les progrès vers la pleine mise en œuvre du Programme 2030.  La découverte des vaccins contre la COVID-19 a redonné l’espoir mais, a souligné le Premier Ministre, il faut que toutes les populations du monde y aient accès.  Il a donc soutenu le Mécanisme COVAX, avant d’insister sur l’APD et de souligner que l’Initiative pour l’allégement de la dette des pays pauvres très endettés (HIPC) reste « inachevée ».  En effet, s’est-il expliqué, des pays comme le Zimbabwe et le Soudan, prévus dans le cycle, doivent encore y accéder.  Le Lesotho a encouragé tous les créanciers commerciaux et privés à prendre des mesures plus audacieuses pour suspendre le paiement du service de la dette voire l’annuler.  Il a aussi plaidé pour davantage d’investissements directs étrangers.

Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne en charge des partenariats internationaux, a noté que la COVID-19 a amplifié les défis liés à la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, l’Union européenne œuvre pour un redressement à la fois vert, numérique, équitable et résilient, a-t-elle indiqué, rappelant qu’en mai 2020, la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, a appelé à une initiative de relance mondiale prévoyant un allégement de la dette et un investissement dans les objectifs de développement durable.  À cette fin, le dispositif « Team Europe » a mobilisé plus de 40 milliards d’euros pour soutenir la riposte à la COVID-19 des pays partenaires de l’Union européenne (UE).  Nous avons également stimulé les efforts mondiaux d’allégement de la dette et travaillé avec acharnement en faveur de la « solidarité vaccinale » à travers COVAX, a ajouté la Commissaire européenne.

Mais la communauté internationale doit faire davantage, a souligné la Commissaire.  Il faut faire revenir la dette « à des niveaux soutenables », tout en facilitant les transitions verte et numérique, et en luttant contre les inégalités mondiales pour « reconstruire en mieux ».  À cet égard, a-t-elle fait remarquer, l’UE est le premier donateur d’aide publique au développement (APD) qui néanmoins ne peut à elle seule combler le déficit de financement des objectifs de développement durable.  La Commissaire a jugé qu’une reprise durable et à long terme nécessite des ressources à la fois publiques et privées, « des ressources canalisées vers les bonnes opportunités d’investissement ».

L’Union européenne est devenue le plus grand fournisseur de subventions pour la mobilisation des ressources, s’est enorgueillie la Commissaire, y voyant une confirmation de l’engagement pris dans le cadre de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba.  Nous devons générer plus de revenus et, tout aussi important, nous devons lutter contre l’évasion fiscale, les flux financiers illicites et la corruption, a-t-elle poursuivi, avant de conclure sur la nécessité d’une action collective.  À l’heure actuelle, alors qu’il semble que le Programme 2030 est presque hors de portée, nous devons nous souvenir que nous sommes dans le même bateau.  « En tant que partenaires, continuons à travailler ensemble pour une reprise mondiale qui ne laisse personne de côté », a conclu la Commissaire. 

Mme AUŠRINĖ ARMONAITĖ, Ministre de l’économie et de l’innovation de la Lituanie, a voulu que l’on considère la pandémie comme un défi certes mais aussi comme une chance, celle de créer de nouvelles capacités de production et d’allouer des ressources financières à un relèvement résilient et inclusif.  Pour un tel relèvement, il faut un accès juste et équitable aux vaccins, grâce aux partenariats.  Les négociations sur l’approvisionnement en vaccins des 27 pays de l’Union européenne ont permis de garantir plus de 2,6 milliards de doses et certains pays pourront partager leurs doses avec des pays partenaires, a souligné la Ministre.  Elle a tout de même estimé que la mobilisation de ressources nationales est l’un des piliers les plus « solides » du financement du développement, insistant sur des investissements verts, l’accès à la technologie numérique et la protection des droits humains.  La Ministre s’est enorgueillie de la bonne tenue de l’économie lituanienne face à la pandémie.  Nous sommes l’un des deux pays de l’Union européenne à ne pas avoir vu son PIB décroître en 2020, a affirmé la Ministre.

Mme HALA EL-SAID, Ministre du plan et du développement économique de l’Égypte, a déploré que les avancées enregistrées en matière de développement durable aient été réduites à néant par la flambée de COVID-19, remettant sur le devant de la scène les risques de pauvreté aiguë.  Les secousses liées à la pandémie ont prouvé qu’il faut concentrer les efforts sur les objectifs de développement durable et sur une reprise verte et durable des économies.  La Ministre a estimé que les investissements publics doivent aller prioritairement au soutien des plus vulnérables, mais aussi au renforcement de la résilience, à l’amélioration des infrastructures et à la promotion d’une dynamique économique verte. 

En outre, a ajouté la Ministre, les événements récents ont démontré qu’il convient de faciliter les partenariats entre les secteurs public et privé.  À cette fin, l’Égypte a lancé un fonds souverain pour multiplier les investissements.  Dans le contexte actuel, a encore plaidé la Ministre, il importe de renforcer la coopération internationale et développer, ce faisant, un cadre holistique fondé sur l’équité et sur les capacités de tous.  L’ambition nécessite l’engagement de toutes les parties prenantes, et surtout des pays développés que la Ministre a invités à assurer des financements prévisibles. 

Mme KARINA GOULD, Ministre du développement international du Canada, a estimé que les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris doivent guider la réponse internationale à la pandémie.  Le Canada, a-t-elle rappelé, a participé à l’initiative du G20 sur la suspension du service de la dette du G20.  Nous sommes en faveur de mécanismes pour une gestion efficace de la dette et le développement durable, a déclaré la Ministre.  Le Canada, a-t-elle aussi notifié, a versé 3 milliards de dollars aux banques fiduciaires pour élargir l’accès aux taux préférentiels.  Il faut tout faire, a-t-elle conclu, pour que la pandémie n’annihile pas les décennies de progrès en matière de développement.

M. CARLOS DOMINIGUEZ, Ministre des finances des Philippines, a estimé que la disponibilité des vaccins contre la COVID-19 est source d’espoir pour le monde.  Toutefois, au moment où les pays se précipitent pour vacciner leurs citoyens, ces vaccins deviennent une nouvelle source d’inégalités entre les économies les plus riches et les plus modestes.  Dans ce contexte, a-t-il observé, le Mécanisme COVAX s’est avéré juste et efficace.  Mais un cadre de coopération bien plus large est nécessaire dans cette bataille mondiale, a souligné le Ministre, avant d’appeler les pays riches, les institutions financières multilatérales et les organisations internationales à garantir l’accessibilité des vaccins aux pays à faible revenu. 

Remerciant les partenaires multilatéraux pour leur soutien financier et souple au plus fort de la pandémie, le Ministre a souligné l’importance de la coopération trilatérale entre la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et la Banque asiatique d’investissement, laquelle a soutenu le programme national de vaccination.  Y voyant un excellent exemple de coordination entre partenaires de développement, il a jugé que les organisations internationales peuvent en tirer des leçons en matière d’assistance.  À ses yeux, ce n’est que par la distribution équitable des vaccins que le monde pourra se remettre de cette pandémie.  Mais le travail ne s’arrête pas là, a averti le Ministre, appelant les pays à l’entraide pour accélérer le retour du monde aux niveaux pré-COVID-19 et relever ensemble ces « défis herculéens ».

M. MAMBURY NJIE, Ministre des finances et de l’économie de la Gambie, a indiqué que son gouvernement a alloué des ressources budgétaires équivalant à 0,5% de son PIB au secteur de la santé pour faire face à la pandémie.  Il a précisé que son pays a commencé la campagne de vaccination, par les travailleurs essentiels et les personnes âgées et vulnérables.  Il n’a pas caché les contraintes financières et le fardeau de la dette auxquels fait face son pays comme beaucoup d’autres en développement.  Le Ministre a donc réclamé un accès à des liquidités suffisantes, grâce aux droits de tirage spéciaux, et une redistribution de ces doits aux pays en développement et vulnérables, y compris les pays à revenu intermédiaire. 

Le Ministre a aussi réclamé l’extension de l’initiative de suspension du service de la dette et souligné la nécessité pour tous les créanciers bilatéraux et privés de s’accorder aussi vite que possible sur un cadre commun pour résoudre les questions relatives au paiement de la dette.  Il faut aussi, a conclu le Ministre, renforcer la coopération internationale dans la lutte contre les flux financiers illicites et pour l’accroissement de l’aide publique au développement.

M. AUGUSTO SANTOS SILVA, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères du Portugal, a estimé que les objectifs de développement durable sont la meilleure feuille de route pour l’humanité.  C’est la raison pour laquelle le Portugal, a-t-il dit, consacré 60% de son aide publique au développement aux pays les moins avancés et 20% aux pays à faible revenu.  La coopération internationale portugaise porte principalement sur la santé, l’éducation et l’agriculture.  Le Ministre a ajouté que 70% de l’aide au développement du Portugal ont été déboursés par le truchement des organisations multilatérales.  En tant que Président en exercice du Conseil de l’Union européenne, le Portugal, a conclu le Ministre, est déterminé à répondre de manière robuste aux défis mondiaux, y compris la question brûlante des vaccins contre le coronavirus.  Le Portugal donnera ainsi 5% de ses vaccins aux pays de langue portugaise. 

M. RENGANADEN PADAYACHY, Ministre des finances, de la planification économique et du développement de Maurice, a demandé un accès équitable et abordable aux vaccins pour ne pas pénaliser les petites économies vulnérables.  Maurice, a-t-il dit, s’efforce de vacciner au moins 60% de sa population d’ici à fin juillet 2021 afin de parvenir à l’immunité collective et de préparer la réouverture de ses frontières.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à accorder une attention particulière aux petits États insulaires en développement (PEID) qui sont directement affectés par la crise, faisant observer que le PIB réel de son pays s’est contracté de 14,9% en 2020.  Le déficit budgétaire et la dette publique ont considérablement augmenté, en raison des dépenses imprévues dans le secteur de la santé et de l’aide aux moyens de subsistance et aux opérateurs économiques.  Le ratio dette/PIB a atteint 84,5% fin 2020, s’est alarmé le Ministre.  Il a donc appelé les partenaires au développement à soutenir l’initiative du G20 sur l’allégement de la dette qui ne doit pas se limiter aux PMA mais être élargi aux pays à revenu intermédiaire et aux PEID.  Il faut également accroître les droits de tirage spéciaux (DTS) en faveur des PEID, a ajouté le Ministre.

M. CARLOS ALBERTO MADERO ERAZO, Ministre de la coordination générale du Honduras, a mentionné la dévastation apportée dans son pays par la pandémie mais aussi par les deux derniers ouragans, provoquant une contraction économique de 6%.  Le Honduras a sollicité de l’ONU une aide face à ces catastrophes naturelles.  Il a dit préparer son plan de relèvement qui met l’accent sur le renforcement de la résilience des infrastructures.  Le Ministre a demandé une action multilatérale forte face aux changements climatiques, avant de rappeler son attachement aux objectifs de développement durable.

M. PER OLSSON FRIDH, Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, a observé que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence « l’interconnectivité » mondiale.  Plus que jamais, nous devons travailler en collaboration pour améliorer la résilience de nos sociétés et sauvegarder l’avenir de la planète et de l’humanité, a-t-il dit, jugeant que le développement de vaccins sûrs et efficaces est un exemple « éclatant » du travail collectif qui permettra d’en finir avec cette pandémie et d’entamer le redressement.  Pour réussir, nous devons nous assurer que les vaccins atteignent tout le monde, a insisté le Ministre, avant de rappeler l’appui fourni par son pays à l’Accélérateur ACT et au Mécanisme COVAX, qui jouent un rôle clef à cet égard. 

Pour assurer une reprise résiliente après le ralentissement économique et réaliser les objectifs de développement durable, de nouvelles formes de partenariat et des financements innovants sont nécessaires, a ajouté le Ministre.  Appelant au respect des engagements pris en matière d’aide au développement, il a souligné que son pays reste fermement résolu à consacrer 1% de son PIB à l’APD.  Il est également indispensable, selon lui, de prendre conscience que la planète est en état d’urgence climatique que les inégalités augmentent de jour en jour.

Afin de traduire les engagements en actions, le Ministre a cité trois priorités, à commencer par le règlement de la crise de la dette.  Nous devons faire du système de la dette « un instrument de récupération verte ».  Nous devons aussi changer la finance, en adoptant des instruments financiers verts et en arrêtant les investissements dans les combustibles fossiles, y compris le gaz naturel, a-t-il plaidé, appelant également à une meilleure mobilisation des ressources. 

M. FLEMMING MØLLER MORTENSEN, Ministre de la coopération au développement du Danemark, a rappelé que pour la première fois depuis 25 ans le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a augmenté dans le monde entier.  Sans une action immédiate, les changements climatiques pousseront 130 millions d’autres personnes supplémentaires dans cette situation d’ici à 2030.  Pendant 44 ans, le Danemark a atteint la cible onusienne d’allouer au moins 0,7% de son PIB à l’APD, a dit le Ministre, en encourageant plus de pays à faire de même.  Soulignant l’« importante responsabilité » des pays riches, il a aussi mis l’accent sur la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, aux niveaux national et international, en appelant de ses vœux un partenariat fort avec le secteur privé.  Enfin, le Ministre a rappelé l’engagement des fonds de pension danois à investir plus de 55 milliards de dollars dans la transition verte.

M. FAIZIDDIN KAHHORZODA, Ministre des finances du Tadjikistan, a indiqué que pour faire face aux répercussions de la pandémie, son gouvernement a pris la décision de réorienter le budget national vers le secteur de la santé et d’augmenter entre autres les salaires du personnel médical.  Le Gouvernement, a-t-il dit, a accordé des exemptions fiscales au secteur privé et des crédits favorables aux femmes entrepreneures.  Mais en dépit de ces mesures, le système de santé s’est heurté à de nombreuses difficultés et l’économie a ralenti.  Le Ministre a salué les partenariats avec les bailleurs de fonds qui ont consenti à des prêts concessionnels.  Il a demandé une meilleure coordination de l’aide étrangère pour qu’elle puisse réellement contribuer au relèvement économique et à la lutte contre la pandémie. 

M. UKUR KANACHO YATANI, Secrétaire de cabinet au Ministère des finances et du plan du Kenya, a témoigné qu’à cause de la pandémie, la croissance économique de son pays n’a augmenté que de 0,6% en 2020.  Les mesures mises en place pour contenir le virus ont entraîné des pertes d’emplois et la fermeture d’entreprises, avec des répercussions négatives sur les recettes publiques, le déficit budgétaire et le taux de change.  Le Gouvernement a donc lancé un programme économique en huit points et mis en œuvre une stratégie de reprise économique post-COVID-19.  La sortie de crise, a estimé le Ministre, nécessite une « gestion prudente » du portefeuille de la dette afin de réduire les risques de refinancement et le coût du service de la dette. 

C’est indispensable pour se ménager les ressources nécessaires à la relance, a dit le Ministre qui a encouragé les créanciers publics et les institutions multilatérales à envisager un moratoire sur le service de la dette, des échanges de dette et l’annulation de la dette pour les économies les plus vulnérables.  Mais pour gérer efficacement cette sortie de crise, il faut aussi l’accès de tous aux vaccins, a-t-il dit en conclusion, appelant l’abandon des droits de propriété intellectuelle pour augmenter l’offre mondiale. 

M. LYONPO NAMGAY TSHERING, Ministre des finances du Bhoutan, a indiqué que le PIB de son pays s’est effondré en raison de la pandémie et a détaillé les mesures prises pour la reprise.  Le Ministre a proposé la création d’un fonds pour l’atténuation des effets de la pandémie au profit des pays en développement.  Il a appuyé l’idée des nouveaux droits de tirage spéciaux et leur redistribution aux pays en développement et vulnérables.  Il a exhorté les pays développés à s’acquitter de leurs engagements au titre de l’APD, avant de remercier l’Inde pour avoir permis la vaccination de 5% de la population du Bhoutan. 

Mme ALEXANDRA HILL, Ministre des relations extérieures d’El Salvador, a souhaité qu’en ces temps de crise, la communauté internationale aille au-delà des objectifs d’Addis-Abeba.  En effet, a-t-elle relevé, les pays à revenu intermédiaire continuent à être mal traités, même en ces temps de pandémie, ce qui rend indispensable l’accès à « une assistance connexe ».  De l’avis de la Ministre, il faut adopter une approche plus générale et limiter les critères d’accès à l’aide financière pour permettre une reprise générale.  Alors que se pose la question de l’accès équitable aux vaccins, il importe également de revenir aux raisons qui nous ont mené au Programme 2030, a-t-elle ajouté.  Plus qu’un ensemble de bonnes intentions, il s’agissait d’un appel urgent à préserver la planète et la vie humaine.  Alors que nous sommes en train de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, il faut redoubler d’efforts pour répondre aux besoins des pays et mobiliser les financements nécessaires.  « Mais il faut le faire en reconnaissant que ces objectifs demeurent notre cap, celui qui oriente notre action commune dans tous les secteurs et pour tout un chacun », a conclu la Ministre. 

M. OTHMAN JERAND, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens de l’étranger, a déploré l’accentuation des inégalités en raison de la pandémie.  La crise n’a épargné personne, a-t-il dit, en réclamant une approche holistique.  Il a demandé des ressources supplémentaires pour le Mécanisme COVAX et une extension de l’initiative de suspension du service de la dette.  Il a aussi plaidé pour des efforts communs contre une pandémie « qui n’a pas encore livré tous ces secrets ».

Mme MERYAME KITIR, Ministre de la coopération au développement de la Belgique, a insisté sur l’importance d’un accès équitable et abordable aux vaccins.  Elle a appelé la communauté internationale à rechercher des solutions pragmatiques et à utiliser pleinement les flexibilités du système actuel de propriété intellectuelle.  Veiller à ce que tout le monde soit en sécurité, c’est aussi investir dans des systèmes de santé résilients, la couverture sanitaire universelle et des programmes solides de protection sociale.  C’est pourquoi la Belgique promeut l’idée d’un fonds mondial de protection sociale, a indiqué la Ministre qui a aussi souligné l’importance d’un système financier mondial juste et inclusif. 

Saluant les mesures prises récemment par le G20, le Club de Paris et d’autres pour répondre aux besoins de liquidité et aux vulnérabilités nées de la dette, elle a estimé qu’il y a encore beaucoup à faire, surtout pour assurer la participation du secteur privé au règlement de la question de la dette.  Des lois innovantes telles que la loi belge sur les fonds vautours peuvent contribuer à amener les créanciers privés à la table des négociations ou, à tout le moins, les empêcher de vendre leurs créances à ces fonds.  Mme Kitir a terminé en citant un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) selon lequel notre santé, notre environnement et notre développement sont étroitement liés.  Cette réflexion devrait être au cœur des plans de relance nationaux, régionaux et mondiaux, a-t-elle estimé.  

M. FRANZ FAYOT, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a indiqué que, même dans la crise actuelle, son pays continue d’investir 1% de son revenu national brut dans l’APD.  Il maintient en outre une attention particulière sur les pays les moins avancés et les plus vulnérables, conformément à son engagement à l’égard du Programme d’action d’Istanbul.  Néanmoins, a-t-il noté, l’aide « traditionnelle », fondée sur des subventions, ne suffira pas à elle seule à traduire les objectifs de développement durable en réalité.  Nous devons ensemble surmonter et combler le déficit de financement existant, a-t-il plaidé.

Convaincu qu’il convient de tirer parti du financement privé pour atteindre nos objectifs communs, le Ministre a expliqué que son pays mobilise activement sa place financière à des fins de développement depuis plus de deux décennies.  Il travaille ainsi dans le domaine de la microfinance et du secteur de la finance inclusive.  Aujourd’hui, a-t-il précisé, le centre financier luxembourgeois agit comme une plateforme internationale de premier plan pour la finance durable, soutenant des fonds d’investissement responsable et des financements mixtes, ainsi que des obligations vertes.  De plus, soucieux d’attirer de nouvelles sources de financement dans le cadre de partenariats avec des pays africains, l’Union européenne et les agences de l’ONU, le Luxembourg a fourni des financements concessionnels à des fonds publics-privés inclus dans la plateforme ODD500, un mécanisme de financement mixte permanent qui soutient la mise en œuvre des ODD dans des environnements fragiles.  « Nous considérons ce rôle de catalyseur comme une utilisation efficace et efficiente de nos fonds d’APD, en particulier en ces temps difficiles », a souligné le Ministre. 

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a souligné l’importance d’un accès adéquat aux liquidités internationales.  Elle a réclamé, à son tour, un élargissement aux pays à revenu intermédiaire de l’initiative de suspension du service de la dette du G20 et du Cadre commun de traitement de la dette.  Ces pays, a-t-elle plaidé, sont lourdement endettés et extrêmement vulnérables aux chocs extérieurs.  Elle a salué l’idée de nouveaux droits de tirage spéciaux et souhaité une redistribution des droits inutilisés aux pays qui en ont besoin.  La Ministre a enfin souhaité la création d’un mécanisme de restructuration de la dette souveraine.

M. MUSTAPA MOHAMED, Ministre de l’économie de la Malaisie, a parlé des mesures en cinq étapes prises par son gouvernement, lesquelles ont permis à 5,6% la contraction du PIB.  La Malaisie vise un taux de vaccination de 80% d’ici à 2022, et compte faire reposer son économie sur l’automatisation, le travail à domicile et le recours aux technologies.  Espérant une reprise « timide » cette année, le Ministre a misé sur un taux 6,5% en 2022.  Le Gouvernement, a-t-il indiqué, entend renforcer la compétitivité grâce à la numérisation de l’économie, la bonne formation des travailleurs et la durabilité environnementale.  Pour ce faire, a conclu le Ministre, nous avons besoin d’une coopération internationale renforcée, dont une coordination efficace de l’aide. 

M. ABU HENA MOHAMMAD MUSTAFA KAMAL, Ministre des finances du Bangladesh, a indiqué que les plans de riposte et de relance de son pays face aux effets négatifs de la pandémie s’élèvent en tout à 14,6 milliards de dollars, soit 4,4% du PIB.  Les contraintes budgétaires pèsent sur la riposte des pays les moins développés, a alerté le Ministre.  Appelant à tourner le dos au « vaccinationalisme », le Ministre a argué que les vaccins doivent être considérés comme un bien public mondial à mettre à la disposition des pays les moins développés gratuitement ou à un prix minimal.  Le Ministre a souhaité un engagement renouvelé en faveur du Programme 2030, une recapitalisation des banques régionales et internationales de développement et une réaffectation des droits de tirage spéciaux.

M. SAMUEL D. TWEAH, Ministre des finances et de la planification du développement du Libéria, a demandé une nouvelle réflexion sur l’ordre économique mondial et beaucoup d’aide financière et économique pour les pays les moins avancés.  Il faut aussi un cadre qui anticipe les crises, a insisté le Ministre, avant de souligner, à son tour, l’importance des mesures d’allégement des dettes qui devraient d’ailleurs être pérennisées.  Réclamant une répartition équitable de l’APD en faveur des pays africains, le Ministre a aussi demandé la pérennisation des dernières mesures d’allégement et des moratoires de la dette.  Le monde, s’est-il impatienté, ne prend pas toute la mesure des problèmes auxquels se heurtent les pays africains.  « La pandémie doit nous réveiller et nous pousser à trouver de meilleures solutions. » 

M. MUHAMMETGELDI SERDAROV, Ministre des finances et de l’économie du Turkménistan, a réaffirmé l’attachement de son pays au Programme 2030, même en cette période de crise mondiale.  Nous adoptons une approche globale pour ne laisser personne de côté, a-t-il assuré, faisant état de progrès réalisés.  Pour avancer sur cette voie, a indiqué le Ministre, le Turkménistan a mis en œuvre des politiques visant à diversifier son économie et à réformer sa structure productive.  Le pays s’emploie ainsi à exploiter de nouveaux secteurs, notamment sur le plan de la production industrielle, tout en instaurant davantage de mesures de numérisation de l’économie.  En mai 2020, a-t-il encore rappelé, le pays a organisé un colloque international sur le financement des ODD, permettant la création d’une instance de dialogue entre les pays d’Asie centrale et d’Asie du Sud-Est.  Au-delà de cette coopération, il importe, selon le Ministre, de mettre en place des mesures budgétaires et monétaires afin de renflouer les entreprises et les ménages qui en ont besoin.  C’est particulièrement nécessaire pour éviter le surendettement et la volatilité des marchés, a-t-il souligné.  Enfin, il a estimé que l’adhésion de son pays en tant qu’observateur à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) lui permettra d’attirer davantage de capitaux étrangers. 

Mme ERIKA MOUYNES, Ministre des affaires étrangères du Panama, a voulu que l’on « tourne le dos aux recettes habituelles ».  Elle a plaidé pour un appui fort à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et au Mécanisme COVAX.  Elle s’est élevée, à son tour, contre le « vaccinationalisme » et les contraintes financières qui pèsent sur la riposte à la pandémie et à l’émergence de sociétés plus justes. 

M. MTHULI NCUBE, Ministre des finances du Zimbabwe, a prévenu qu’à moins de 10 ans de 2030, il est urgent d’apporter un appui fort aux pays endettés.  Il a, à son tour, réclamé l’accroissement des droits de tirage spéciaux et la prorogation jusqu’en 2022 de l’initiative de suspension de la dette du G20 et son élargissement aux revenus intermédiaires.  Les pays riches ont la responsabilité de soutenir les mesures de relèvement, en améliorer l’efficacité de l’APD et en respectant leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars pour l’action climatique.  Le Ministre n’a pas manqué de dénoncer les sanctions contre son pays, un obstacle à l’accès aux financements. 

M. DJACOBA A.S. OLIVA TEHINDRAZANARIVELO, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a souligné que la pandémie a ralenti les efforts de son gouvernement pour faire décoller l’économie du pays, déjà très affaiblie par un taux d’endettement de 36,6%.  Pour faire face à la crise, Madagascar a pu bénéficier de l’Initiative de suspension du paiement des services de la dette du G20, dont le Protocole d’accord a été signé en octobre 2020, s’est-il félicité, notant que cette initiative accompagne les pays en développement dans leur lutte pour une économie plus résiliente.  Saluant les mesures mises en place pour un allégement de la dette de son pays, le Ministre a cependant invité les bailleurs de fonds et partenaires financiers à accorder l’effacement total ou partiel de la dette au lieu d’un moratoire.  Cela va permettre aux pays en développement de bénéficier de plus d’espace budgétaire pour financer des projets de développement, a-t-il argué. 

Le Ministre a d’autre part sollicité la solidarité internationale et l’appui de tous les partenaires techniques et financiers pour augmenter les allocations des banques de développement et l’aide publique au développement.  Les efforts de tous sont nécessaires pour accélérer la réalisation du Programme 2030, a-t-il relevé, indiquant que plusieurs ODD sont inscrits dans le plan « Émergence Madagascar », mis en place par le Gouvernement.  Au-delà de son appel à la solidarité, Madagascar réitère son engagement à accroître les ressources domestiques, a affirmé le Ministre.

M. SUHARSO MONOARFA, Ministre de la planification et du développement de l’Indonésie, a demandé une accélération des efforts de mise en œuvre des objectifs de développement durable via une revitalisation du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a plaidé pour des moyens de financement adéquats, à long terme et prévisibles, notamment au bénéfice des plus vulnérables, éprouvés par la pandémie.  Il a indiqué que son pays explore des mécanismes de financement innovants, y compris des financements mixtes, pour remédier aux lacunes actuelles.  Il a attiré l’attention sur l’initiative « sukuk verte », se disant prêt à échanger les meilleures pratiques.

M. ASHNI SINGH, Ministre des finances du Guyana, a annoncé qu’en 2020, les recettes fiscales de son pays ont baissé de 5,5% alors que les dépenses ont augmenté de 15,2%, à cause de la pandémie.  La COVID-19 coûte cher à notre économie, a souligné le Ministre pour qui le défi le plus immédiat et le plus urgent est d’endiguer la pandémie.  Il s’est donc dit préoccupé par le fait que les pays en développement aient du mal à accéder aux vaccins, à un prix abordable.  Le Ministre a mis en avant le Programme d’action d’Addis-Abeba et insisté sur l’APD.  Il a aussi prôné l’élaboration d’un indice de vulnérabilité pour compléter les critères d’accès aux financements concessionnels.  Le Ministre s’est dit déçu de ce que les pays développés ne respectent pas leur engagement à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour financier l’accès climatique.  M. Singh a conclu en recommandant de dresser, en 2022, un bilan mondial de l’impact de la pandémie sur les objectifs de développement durable. 

M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre des relations extérieures du Venezuela, a estimé que les défis auxquels est confronté le monde d’aujourd’hui nous obligent à « repenser structurellement notre modèle de civilisation ».  La pandémie a en effet montré que le sort d’aucun peuple n’est séparé de celui des autres.  De fait, a souligné le Ministre, la reconnaissance de l’interdépendance, à la lumière de l’égalité juridique des États et de leur souveraineté politique, est la seule garantie de « transcender ce moment historique ».  Alors que, selon les données, la région d’Amérique latine et des Caraïbes a reculé d’au moins 10 ans dans ses efforts pour vaincre la pauvreté, surmonter une crise comme la pandémie implique de surmonter d’autres défis, comme l’unilatéralisme, la manipulation du système financier international et l’imposition de mesures coercitives unilatérales.  « Comment pouvons-nous parler de financement du développement quand des pouvoirs instrumentalisent politiquement le système financier international pour provoquer des changements de régime et promouvoir des politiques d’extermination? » s’est interrogé le Ministre.  Le financement du redressement doit se faire au profit des pays et des grandes puissances. 

Se disant favorable au droit des pays en développement à recevoir un traitement équitable et différencié, le Ministre a rejeté toute mesure visant à restreindre la capacité d’accès au financement, du fait de la classification des économies.  Tout critère de classification devrait renforcer la possibilité d’accéder aux financements et non le contraire.  Dans le même esprit, le Ministre a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui ont généré dans son pays une perte de 24 258 millions de dollars, ainsi que le gel de 5,47 milliards de dollars destinés à l’achat de denrées alimentaires, de médicaments et de fournitures médicales.  Dans ces conditions, a-t-il ajouté, le Venezuela a vu ses revenus diminuer de 99% en 2020 alors que la menace des sanctions supplémentaires fait obstacle aux investissements étrangers et à l’expansion des marchés nationaux.  Malgré cette situation et la « terrible pandémie » de COVID-19, le pays reste déterminé à respecter le Programme d’action d’Addis-Abeba, a conclu le Ministre, jugeant que seul le multilatéralisme permettra de surmonter pacifiquement cette crise mondiale multidimensionnelle.

M. TAO ZHANG, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a indiqué que la croissance mondiale devrait être de 6% en 2021 et de 4% en 2022.  Arguant que le vaccin est l’arme principale contre la pandémie, il a appelé à la levée des obstacles à une répartition équitable.  Le FMI, a-t-il indiqué, a fourni 110 milliards de dollars de prêts à 86 pays, dont la majorité était des pays à faible et à moyen revenu.  Le FMI a aussi défendu le dispositif d’allégement de la dette du G20 tout comme il soutient les prêt de 600 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux.  Il a encouragé le transfert des droits de tirage spéciaux non utilisés aux pays qui en ont le besoin.  Enfin, il a plaidé pour des outils de financement efficaces dans la lutte contre les changements climatiques.  Si des défis de taille nous attendent, je suis persuadé que nous serons à leur hauteur, a-t-il déclaré.

Mme MARI ELKA PANGESTU, Directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats, a souligné que la Banque mondiale a augmenté de 65% ses engagements en 2020.  C’est un record qui se reproduira en 2021, a assuré la Directrice.  Elle a attiré l’attention sur la santé du secteur privé qui manque de liquidités.  Cette année, la Banque mondiale a déjà débloqué quelque 120 milliards de dollars en faveur des pays et consacré 4 milliards pour l’acquisition des vaccins dans le cadre du Mécanisme COVAX.  Parlant de la reprise économique, la Directrice a conseillé de lever les restrictions au commerce transfrontalier pour atteindre une croissance moyenne de 5% en 2021.  Il faut continuer d’investir dans le développement vert et durable et opter pour des investissements « transformateurs ».  La Banque mondiale contribue d’ailleurs aux stratégies à long terme des pays sur le climat. 

M. JEFFREY SCHLAGENHAUF, Secrétaire général adjoint de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué que les dernières perspectives économiques font état d’une réaugmentation du PIB mondial de 5 à 6% en 2021.  C’est 1,5% de plus qu’en décembre dernier, s’est-il félicité, tout en concédant que les perspectives à long terme restent incertaines.  Elles dépendront notamment du succès du déploiement des vaccins contre la COVID-19, a précisé M. Schlagenhauf, avant d’appeler à une aide publique au développement (APD) « ambitieuse ».  Dans l’immédiat, a-t-il indiqué, l’OCDE travaille avec le PNUD pour aligner les efforts de réalisation des ODD avec ceux du redressement.  En effet, a assuré le numéro deux de l’OCDE, « on peut faire plus pour harmoniser les milliards de dollars débloqués pour la relance avec ces objectifs », en particulier en allégeant la dette, un fardeau de plus en plus lourd. 

À l’avenir, il conviendra aussi de garantir une plus grande transparence dans les flux financiers.  C’est pourquoi, avec l’aide du Royaume-Uni, l’OCDE a lancé une initiative visant à détecter et signaler les flux de la dette dans les pays en développement.  Mais la relance attendue ne sera pas complète si l’on ne mène pas un effort de réforme du système fiscal international, a ajouté M. Schlagenhauf, selon lequel il importe aujourd’hui de tirer profit de l’élan en faveur d’un accord de taxation international.  Se disant soucieux de l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin, il s’est félicité de la collaboration avec l’ONU qu’il a assurée de l’appui de l’OCDE aux mesures destinées à « reconstruire en mieux ». 

M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de Trinité-et-Tobago, a dit craindre que la pandémie ne continue de menacer la réalisation du Programme 2030.  Estimant que la communauté internationale a aujourd’hui la possibilité de réévaluer les mécanismes d’appui aux pays en développement, il a appelé à l’élimination des anciens critères d’accès à l’aide au relèvement et jugé nécessaire la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel pour mieux refléter les réalités des petits États insulaires en développement. 

Mme SIGRID KAAG, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas, a estimé qu’il est nécessaire de mobiliser le secteur privé et ses fonds pour réaliser les objectifs de développement durable.  Elle a aussi soutenu l’idée des nouveaux droits de tirage spéciaux, tout en rappelant aux pays en développement leur engagement de mobiliser des ressources domestiques.  La Ministre a tout de même souligné que les pays en développement devraient avoir accès aux financements concessionnels pour pouvoir transiter vers une économie verte.

M. GUSTAVO BELIZ, Secrétaire des affaires stratégiques auprès de la présidence de l’Argentine, a estimé qu’on ne peut envisager une reprise sans s’appuyer sur le système multilatéral.  Il a noté que la réunion de l’ECOSOC se tient en parallèle avec celles d’autres organismes multilatéraux.  Dans ces cadres, a-t-il dit, il importe de repenser la question de la dette souveraine.  Le moratoire de la dette du G20 va dans le bon sens mais c’est une « demi-mesure », a tranché l’orateur.  Il faut élargir ce dispositif aux pays à revenu intermédiaire et veiller à une répartition équitable des droits de tirage spéciaux.  « Ne répétons pas les erreurs de 2008 où les pays à revenu intermédiaire avaient été exclus », a-t-il prévenu.  Les vaccins contre la COVID-19, a-t-il souligné, doivent être considérés comme des « biens publics mondiaux », à l’abri de toute discrimination.  Les plans de redressement doivent également prendre en compte le financement climatique, pour pouvoir prendre en charge les coûts de l’adaptation.  Le Ministre a estimé que le concept d’« aide environnementale » doit être envisagé pour concilier paiement de la dette et action climatique.  Il a appelé la communauté internationale à faire œuvre de solidarité. « Une relance qui perpétuerait les inégalités ne mériterait pas son nom. »   

M. DAG-INGE ULSTEIN, Ministre du développement international de la Norvège, a déclaré que la coopération mondiale est la seule option pour faire face à un virus qui transcende toutes les frontières.  Les pays du monde sont tellement interconnectés que l’isolationnisme ne fonctionnera pas, a-t-il dit.  La COVID-19 est une véritable sonnette d’alarme et il nous faut créer une riposte plus résiliente, ce qui nécessitera un financement durable.  Il a appelé à adopter une perspective macroéconomique et à ne pas laisser les financements à des secteurs ou à des lignes budgétaires uniques.  Une action s’impose également pour garantir la promesse d’un accès équitable.  Il est inacceptable que seules les personnes les plus riches dans les pays les plus riches aient accès aux vaccins.  L’un des enseignements les plus importants à tirer de cette pandémie est la nécessité de mettre en place des systèmes de santé plus forts et plus résilients capables de gérer et de prévenir les pandémies à venir.

Pour surmonter la crise économique, M. ROGELIO MAITA, Ministre des affaires étrangères de la (Bolivie), a proposé un accord mondial d’allégement de la dette en faveur des pays en développement; l’annulation ou le refinancement de la dette extérieure; une reprise économique fondée une approche globale et durable du développement; et la transformation démocratique du système financier international.  « Mais ces initiatives, et celles proposées dans le domaine économique, seront insuffisantes si nous ne résolvons pas d’abord le problème de la pandémie elle-même », a prévenu le Ministre.  Citant les experts, il a souligné que si des mesures spéciales ne sont pas prises, la vaccination ne prendrait pas fin avant 2022, lorsque les victimes de la pandémie se compteront par millions et que les économies de plusieurs pays seront détruites.  Les experts soulignent également qu’il faut parvenir à une immunité de 70% de la population mondiale pour surmonter la pandémie, c’est-à-dire qu’il faut apporter une solution globale à un problème qui nous concerne tous en tant qu’humanité.  Le Ministre a dénoncé une distribution inégale des vaccins entre pays riches et pays pauvres, en notant que 87% des 700 millions de doses distribuées à ce jour l’ont été dans des pays développés. 

Mme KEILA GRAMAJO, Secrétaire à la planification et à la programmation du Guatemala, a déclaré que son gouvernement a pris des mesures immédiates après la détection des premiers cas de COVID-19.  Il a dû consacrer une grande partie de ses ressources à des politiques de protection sociale « de grande envergure ».  Or, les pressions économiques ont été aggravées par les effets dévastateurs des ouragans Eta et Iota, qui ont frappé la région au cours du deuxième semestre 2020.  Les pays de la région sont donc aujourd’hui confrontés à des problèmes de liquidités qui entravent leurs efforts de relèvement.  Prônant un « nouveau multilatéralisme » adossé à une restructuration des institutions financières internationales, l’oratrice a appelé à une mobilisation des ressources au profit des populations vulnérables.

Mme ZOU JIAYI, Vice-Ministre des finances de la Chine, a insisté sur l’importance que revêt la coordination des politiques pour appuyer la reprise économique des pays.  Elle a engagé les États Membres à privilégier la macroéconomie, à améliorer les politiques monétaires et à utiliser les outils financiers de manière responsable.  De son côté, le FMI doit fournir plus de ressources aux pays en développement pour leur permettre d’augmenter leurs liquidités et de relancer leurs économies.  La Vice-Ministre a aussi engagé les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’ADP.  Il faut en outre mettre l’accent sur la coopération Nord-Sud, et appeler le secteur privé à jouer un rôle plus important.

La Vice-Ministre a ensuite appelé à renforcer la coopération pour assurer un accès équitable aux vaccins, notamment en appuyant les initiatives lancées à cette fin par l’OMS.  Il faut établir des normes de financement responsable pour les vaccins et permettre aux pays en développement d’avoir rapidement accès aux doses.  Pour sa part, la Chine demeure engagée à faire des vaccins un bien public mondial.

M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a rappelé que ce n’est « qu’ensemble que nous pourrons surmonter la pandémie » et défendu un accès équitable aux vaccins.  Il a mentionné le rôle de « l’Équipe Europe » à cette fin et s’est dit en faveur du renforcement du mécanisme de partage des vaccins lancé par l’Union européenne.  L’Autriche a-t-il dit, a versé une somme de 2,4 millions d’euros au Mécanisme COVAX et a contribué à hauteur de 31 millions d’euros à la recherche de vaccins.  Le Vice-Ministre a salué le fait que, par le biais du Mécanisme COVAX plus de 30 millions de doses de vaccins ont pu être administrées dans 54 pays, « même s’il faut accélérer le processus ».

M. RYAN STRAUGHN, Ministre des finances de la Barbade, a souligné l’importance de ce débat alors que son pays fait face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 mais aussi de l’éruption du volcan de la Soufrière à Saint-Vincent-et-les Grenadines.  Ces événements font partie de la réalité des pays des Caraïbes, comme l’avait été l’ouragan Maria à la Dominique en 2017, a-t-il rappelé.  Avec la COVID-19, a poursuivi le Ministre, se pose la question des problèmes spécifiques des pays en développement et des petit États insulaires en développement (PEID).  Pour ces pays, l’accès aux financements est nécessaire pour espérer réaliser les objectifs de développement durable.  L’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel nous y aiderait, a-t-il estimé, appelant à court terme à des financements concessionnels abordables.  Plaidant aussi pour « l’équité » dans l’accès aux vaccins, le Ministre a parlé du redressement et voulu que l’on convienne d’un cadre clair afin que, lorsque la pandémie sera terminée, toutes les dettes soient transformées en instruments de crédit remboursable en 50 ans.  Cela permettrait, selon lui, de lutter plus efficacement contre les changements climatiques, de construire des infrastructures résilientes et de faire reculer la pauvreté. 

M. ALEXANDER PANKIN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a noté que la pandémie de COVID-19 coïncide avec le début de la Décennie d’action pour la réalisation les objectifs de développement durable.  Pour riposter à la crise, a-t-il estimé, il faut commencer par la vaccination universelle.  Le Vice-Ministre a rappelé que son pays reconnaît le vaccin comme un « bien public mondial » et attiré l’attention sur la disponibilité des vaccins russes, dont le Spoutnik V « qui a fait ses preuves ».  Compte tenu de la baisse des recettes fiscales dans de nombreux pays en développement, le Vice-Ministre a réclamé la levée des mesures coercitives unilatérales et la poursuite des efforts collectifs d’allégement de la dette des pays les moins avancés et à faible revenu.  La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, est prête à discuter d’une nouvelle extension de l’Initiative de suspension du service de la dette des pays les plus pauvres.  Elle soutient en outre les propositions des principaux acteurs financiers internationaux en faveur d’un élargissement de l’accès aux nouveaux financements concessionnels.

La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, est déterminée à renforcer sa coopération avec tous les pays aux niveaux bilatéral et multilatéral, notamment à l’ONU, au G20 et au sein du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).  Il ne faut pas pour autant oublier, a-t-il rappelé, que dans de nombreux pays, les populations continuent de souffrir pour des raisons qui n’ont aucun rapport avec la COVID-19.  La communauté mondiale doit donc se mettre ensemble pour faire avancer la mise en œuvre du Programme 2030 et pour faire en sorte la solidarité internationale devienne « la marque de cette décennie actuelle ».

M SANG WOOK HAM, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a demandé un appui financier renforcé au Mécanisme COVAX et mis en garde contre tout « vaccinationalisme ».  Il a aussi plaidé pour l’extension de l’initiative de suspension du service de la dette du G20, tout en admettant qu’elle ne sera pas suffisante.  Il s’est aussi dit en faveur de l’émission de nouveaux droits de tirage spéciaux, avant de plaider pour des efforts financiers « innovants et renforcés » permettant de faire face aux conséquences des changements climatiques.

M UTO TAKASHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays a fourni un total de 2,84 milliards de dollars de prêts pour appuyer la riposte à la crise de COVID-19 et aider les pays en développement à faire face aux difficultés économiques qui en ont découlé.  Tous les créanciers publics et privés doivent respecter le « Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette », a estimé le Ministre.  Notant que la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) manque de financements, le Ministre a jugé essentiel d’aller au-delà de l’APD traditionnelle et a encouragé un recours au secteur privé.  C’est exactement, a-t-il expliqué, ce que fait le Japon, en émettant des obligations sociales.  Il faut, a-t-il préconisé, tracer avec précision les flux financiers de tous les pays en développement, y compris ceux du secteur privé, pour utiliser efficacement des fonds déjà limités.  Le Ministre a exhorté les Nations Unies et l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) à améliorer la transparence financière.

M. AJITH NIVARD CABRAAL, Ministre d’État de l’argent, du marché des capitaux et de la réforme des entreprises d’État de Sri Lanka, a indiqué que son gouvernement était parvenu à guider la population à travers la pandémie tout en veillant à la protection des entreprises sri-lankaises, s’enorgueillissant que le nombre de malades et de décès aient été réduits au minimum.  Il a indiqué qu’il aurait souhaité que la réponse de la communauté internationale tienne compte du fait que la pandémie a une dimension globale et n’est pas la création d’un pays donné.

Les institutions multinationales auraient dû accorder un moratoire d’au moins un an à tous les pays émergeants, ce qui leur aurait permis d’utiliser les fonds ainsi épargnés pour assurer le bien-être de leur population.  Malheureusement cela n’a pas été le cas et les pays émergeants ont dû, par conséquent, affronter des défis de taille, a-t-il déploré.  En outre, les agences de notation ont rapidement déclassé jusqu’à 40 pays, ce qui signifie que ces derniers ont dû emprunter à des taux plus élevés en raison de la baisse de la note de crédit.  Au moment même où ces pays avaient le plus besoin d’aide, ils se sont vu refuser cet appui, et une grande partie de leur capital a dû être utilisé pour honorer la dette et ses intérêts.  Ces sommes ont malheureusement été tirées des fonds qui auraient dû être utilisés pour aider les entrepreneurs et assurer le bien-être de la population.  M. Cabraal a espéré que la communauté internationale tiendra compte de ces questions dans ses actions à venir qui, a-t-il souligné, doivent veiller à ce que les aides permettent d’assurer un financement du développement comme il se doit aux pays les plus touchés.

Mme MARTHA DELGADO, Vice-Ministre aux affaires multilatérales et des droits humains du Mexique, a estimé que la crise actuelle donne encore plus de pertinence au processus du financement du développement.  Le Mexique, a-t-elle indiqué, vient d’ailleurs d’organiser, avec l’Allemagne et la Suisse, la cinquième réunion du Groupe des Amis de Monterrey, afin de faciliter le consensus sur le document final de ce forum de l’ECOSOC.  Pour la Vice-Ministre, des enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés de la pandémie.

Il ressort notamment qu’au-delà des indicateurs traditionnels, il faut aussi intégrer dans les politiques publiques les risques et facteurs non économiques, tels que les changements climatiques et la perte de biodiversité, ainsi que des programmes sensibles au genre.  Dans le même ordre d’idées, la Vice-Ministre a appelé la communauté internationale à déclarer « bien public mondial » le vaccin contre la COVID-19 afin d’en assurer un accès équitable et universel.

Elle a aussi jugé urgent de reconnaître les besoins et conditions « complexes » des pays à revenu intermédiaire, dont leur niveau d'endettement.  Il faut veiller à ce que les obstacles financiers n’empêchent pas ces États d’affecter leurs ressources limitées aux secteurs qui en ont le plus besoin.  Attaché aux solutions multilatérales, le Mexique reste fermement convaincu que le Programme 2030 est « la feuille de route » pour le développement, a conclu la Vice-Ministre.

Mme ANGELES MORENO BAU, Secrétaire d’État à la coopération internationale de l’Espagne, a indiqué que le Sommet sanitaire du G20 au mois de mai prochain sera l’occasion de réfléchir au financement de la riposte à la pandémie, d’autant que nombreux sont les pays privés des capacités financières nécessaires à des plans de relance.  Pour répondre au problème des liquidités, la Secrétaire d’État a appuyé les nouveaux droits de tirage spéciaux et l’extension de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.  Le monde, a-t-elle prévenu, ne peut se permettre de gâcher les progrès accomplis jusqu’ici en matière de développement.

Mme PAULINE ZOURE KABORE, Ministre déléguée chargée de l’aménagement du territoire et de la prospective du Burkina Faso, a indiqué que son pays enregistre à ce jour 12 904 cas confirmés et 152 décès liés à la COVID-19.  Même si le nombre de cas confirmés semble faible comparativement à d’autres pays, son impact socioéconomique est « immense », a dit la Ministre, alarmée de ce que la croissance économique ait chuté à 2,5%.  À ce stade, les mesures d’atténuation économiques et sociales s’élèvent à près de 394 milliards de francs CFA, soit 5,47% du PIB.  Pour ce qui est du financement des objectifs de développement durables, la Ministre a indiqué que, dans le cadre de son « Référentiel national de développement 2016-2020 », son gouvernement a mis en place des actions de mobilisation des ressources, grâce à des réformes fiscales et douanières.  Ces actions vont se poursuivre pendant la période 2021-2025, a affirmé la Ministre, avant d’appeler à un accompagnement des partenaires techniques et financiers pour assurer la cohérence dans les efforts liés à l’axe humanitaire-développement-sécurité.

Mme MARINA SERENI, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a indiqué que le renforcement de la coopération multilatérale sera au cœur de la Présidence italienne du G20.  Apportant son appui au Mécanisme COVAX, elle a dit considérer les vaccins comme « un bien public mondial ».  Elle a aussi soutenu la proposition du FMI d’aller à près de 600 milliards de dollars de droits de tirages spéciaux et a appelé tous les créanciers à se conformer au dispositif d’allégement de la dette du G20, qui a été prorogé jusqu’à la fin de l’année.

Mme MARIA FLACHSBARTH, Secrétaire d’État au Ministère de la coopération économique et au développement de l'Allemagne, a mis en garde contre une décennie de pertes dans le domaine du développement durable, en cas d’inaction.  Elle a appuyé le Mécanisme COVAX et indiqué que son pays a fourni 13 millions de doses à 37 pays.  Plaidant pour une bonne relance post-COVID et des économies à neutralité carbone, la Secrétaire d’État a encouragé une mobilisation « juste » des ressources domestiques et une lutte sans merci contre les flux financiers illicites.  Elle s’est, à son tour, dite favorable à une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux.

Mme LOLWAH RASHID AL-KHATER, Vice-Ministre des affaires étrangères du Qatar, a déclaré que son gouvernement, outre les efforts au niveau national, a fourni une assistance médicale à 78 pays, à hauteur de 88 millions de dollars.  Le Qatar a également apporté une contribution de 28 millions de dollars à l’initiative GAVI, tandis que sa compagnie d’aviation « Qatar Airways » a rapatrié trois millions de personnes en toute sécurité à un moment où la plupart des aéroports internationaux avaient fermé leurs portes.  « Nous croyons aux partenariats, à la coopération et à un accès rapide et équitable aux vaccins pour tous et partout », a souligné la Vice-Ministre qui a annoncé que son pays accueillera la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés en janvier 2022, une manifestation qui représentera un tournant dans la faculté de ces pays à surmonter les défis actuels.

M. JOSÉ ADRIÁN CHAVARRÍA, Vice-Ministre des finances et des crédits publics du Nicaragua, a rappelé que, depuis 2007, son gouvernement a misé sur des mesures d’inclusion et de redistribution des richesses afin de renforcer les droits constitutionnels à la santé et à l’éducation.  Les résultats que mon pays a obtenus dans sa riposte à la pandémie de COVID-19 constituent, s’est enorgueilli le Vice-Ministre, une « réalisation historique d’une importance régionale et mondiale », sur les plans sanitaire et économique.  Appelant à une action conjointe de la communauté internationale, fondée sur les principes de solidarité et de coopération, il a réaffirmé l’engagement du Nicaragua à mettre en œuvre le Programme 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable ne peut être reportée si l’on veut éradiquer la pauvreté, parvenir à un monde plus humain et contribuer au bien-être et au bonheur de nos peuples, a prévenu le Vice-Ministre.

Mme GLORIA STEELE, Administratrice par intérim de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a indiqué que son pays est fier d’être le principal contributeur au Mécanisme COVAX, précisant que celui-ci a déjà versé 2 milliards de dollars et que 2 autres milliards le seront au courant 2022, ce qui représente 40% des promesses de dons actuelles.  Elle a exhorté à répondre au manque de financement du vaccin contre la COVID-19.

La dignitaire a ensuite fait part de son appui à l’Initiative de suspension du service de la dette du Club de Paris et du G20 qui a permis aux pays à faible revenu de reporter 5,7 milliards de dollars en dette bilatérale et de réaffecter ces fonds à la riposte à la COVID-19.  Elle a aussi appuyé la proposition d’une nouvelle allocation de 650 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux du FMI, notant que ces ressources permettront de renforcer les réserves mondiales en liquidité, notamment pour les pays à faible revenu.

Mme Steele a en outre affirmé que la réponse apportée à la crise climatique permettra de revitaliser les économies et de créer des millions d’emplois de qualité.  Elle a appelé à catalyser le financement pour atteindre la neutralité carbone et aider les pays vulnérables à renforcer leur résilience face aux changements climatiques.  Les États-Unis accueilleront le Sommet des dirigeants sur le climat à la fin du mois, à l’occasion duquel ils annonceront un nouvel objectif climatique ambitieux, a-t-elle fait savoir.

M. RAYMOND SERGE BALÉ (République du Congo), au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que le continent africain connaît sa pire récession économique en 25 ans, principalement en raison de la pandémie, et a appelé à « déployer le pouvoir du multilatéralisme » pour appuyer le relèvement mondial.  Il a souligné que le financement d’un relèvement résilient et durable face à la pandémie nécessite un plus ferme engagement envers les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il est à présent plus que jamais essentiel de mobiliser les ressources adéquates pour la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il affirmé.

Le représentant a également appelé à prolonger la durée de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 jusqu'à la fin de 2021, et éventuellement jusqu'à la fin de 2022, et à élargir son champ d'application pour répondre aux besoins en liquidité des pays à revenu faible et intermédiaire.  Cela est essentiel pour prévenir une plus grande menace d'insolvabilité, a-t-il dit.

M. Balé s’est par ailleurs inquiété des milliers de milliards de dollars en flux financiers illicites qui sortent des pays en développent, insistant sur l’urgence de combattre ce phénomène et de renforcer les bonnes pratiques en matière de rendement des actifs.  Il a aussi appelé à investir dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, priorité urgente pour les pays d’Afrique.  Le représentant a ensuite exprimé les graves préoccupations du Groupe concernant le fait que de nombreux pays à faible revenu n’ont pas reçu la moindre dose de vaccin contre la COVID-19.  Il faut répondre d’urgence à cet écart, a-t-il insisté avant d’appeler à appuyer la production de vaccins en Afrique ainsi que l’accès équitable libre et abordable aux vaccins contre la COVID-19.

Au nom du Groupe des partisans des pays à revenu intermédiaire, M. LUIS LAM PADILLA, a voulu que le forum et son document final se concentrent sur un relèvement post-COVID-19 durable, inclusif et résilient, grâce à des recommandations sur les sept domaines prioritaires du Programme d’action d’Addis-Abeba et le rapport 2021 sur le financement du développement durable.  La COVID-19, a-t-il ajouté, a montré la nécessité d’améliorer les politiques liées aux risques de catastrophe, conformément au Cadre de Sendai.  Il est tout aussi essentiel que le relèvement place les femmes et les filles au centre des efforts, a encore estimé le représentant.

Mon groupe, a-t-il poursuivi, appuie des approches fondées sur des processus holistiques qui tiennent compte des vulnérabilités des pays et des causes sous-jacentes de leur manque de résilience, au-delà de leur PNB par habitant.  Le recours à un critère multidimensionnel est nécessaire à une approche globale permettant l’accès à des ressources financières et non financières.  La COVID-19 a en effet montré que les pays à revenu intermédiaire, qui abritent 73% des pauvres du monde et qui représentent un tiers du PNB mondial, font face à des problèmes structurels de taille. 

Le représentant a souligné l’importance d’un accès équitable aux vaccins qui doivent être traités comme un bien public mondial.  Il manque aujourd’hui, a-t-il rappelé, 20 milliards de dollars à l’Accélérateur ACT.  Il a insisté sur la coopération financière, technique et technologique, soulignant que la coopération Sud-Sud complète et ne remplace aucunement la coopération Nord-Sud.

En tant que cofacilitateur du document final de ce forum, M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) s’est fait le porte-parole des petits États insulaires en développement (PEID), qui souffrent d’un accès limité aux financements.  Il a souhaité que les pays développés tiennent leur engagement de mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques.  Il a également réitéré son appel à des financements préaffectés pour les PEID du Pacifique.  La crise mondiale actuelle, a-t-il ajouté, est aussi le « bon moment » pour alléger le service de la dette des pays en développement.  Le représentant s’est prononcé pour l’introduction d’instruments concessionnels remboursables sur 50 ans.  Pour nous, a-t-il souligné, « la situation actuelle est familière: nous sommes les derniers dans la queue pour le vaccin contre la COVID-19 et cela risque d’être aussi le cas pour le redressement ».  Il a toutefois noté que, contrairement à des enceintes internationales comme le G7 ou le G20, l’ECOSOC permet aux pays comme le sien de faire entendre leur voix. 

M. SOVANN KE (Cambodge) a estimé que les pertes économiques induites par la pandémie de COVID-19 sont un appel au réveil et à la nécessité d’investir plus de ressources et d’efforts dans le renforcement de la résilience nationale.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de la pandémie sur l’objectif de son pays de devenir un pays à revenu intermédiaire élevé en 2030 et un pays à revenu élevé en 2050.  Or, les effets néfastes de la pandémie de COVID-19 ont provoqué un taux de croissance négatif en 2020, affectant gravement les secteurs clefs du tourisme, de la manufacture, des transports et de l’immobilier.  La pandémie n’a ni nationalité, ni frontière ni préjugé.  Elle exige donc une responsabilité partagée et une solidarité mondiale, s’agissant en particulier de l’accès aux vaccins, seul moyen de l’arrêter, de reconstruire rapidement en mieux et de permettre la reprise des activités économiques dès le second semestre 2021, a conclu le représentant.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a prévenu que les efforts fructueux contre la pandémie ne sauraient cacher les difficultés énormes des pays en développement.  Il est donc crucial que les organisations internationales concernées élargissent l’accès à leurs ressources.  Saluant l’allégement des dettes décidé par le G20, la représentante a appelé à de nouveaux mécanismes de financement, comme les échanges de dettes.  Elle a également insisté sur de « nouveaux modes de coopération ».

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a évoqué un « grand déchirement économique, social et écologique » dû à la crise actuelle.  La pandémie de COVID-19 entraîne une aggravation de la précarité à tous les niveaux, tandis que les marges de manœuvre budgétaires se rétrécissent et que des vies sont bouleversées.  La feuille de route qui nous permettrait d’atteindre les objectifs de développement durable semble aujourd’hui compromise.  Le Népal, a souligné le représentant, fait face à des difficultés financières, à une chute de ses revenus commerciaux, à des problèmes de dette et à une campagne de vaccination complexe, « autant de tâches herculéennes pour un pays qui est enclavé et figure parmi les moins avancés ».

La réalisation du Programme 2030 est estimé à un coût de 19 milliards de dollars.  Or, a prévenu le représentant, nos ressources sont de plus en plus rares, compte tenu de la forte baisse des envois de fonds et des revenus touristiques, entre autres.  Si la reconduction de l’initiative d’allégement du service de la dette des pays pauvres est « la bienvenue », il faut également des mesures « plus structurelles » pour activer tous les leviers, en cette Décennie d’action, a estimé le représentant.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a expliqué que son pays a pris des mesures à court et moyen termes pour faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie.  Sur le long terme, le Maroc s’est engagé dans une « approche de refonte » du système socioéconomique axé sur l’environnement et le climat pour atteindre les objectifs de durabilité, de préparation, de résilience et de relèvement après la pandémie de COVID-19.  Le représentant a aussi expliqué que son pays s’est engagé dans une forte mobilisation des coopérations Sud-Sud et triangulaire.  Mon pays, a-t-il dit, n’épargnera aucun effort pour mettre ces deux formes de coopération au service du relèvement post-COVID-19 aux niveaux régional et international.  Le représentant a appelé à une action internationale plus poussée et à un soutien plus fort pour régler le problème de la dette.  Il a particulièrement salué l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) du G20 et du Cadre commun du G20 du traitement de la dette au-delà du DSSI.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a déclaré que pour réaliser le Programme 2030, tous les partenaires doivent jouer leur rôle de manière coordonnée et intégrée.  Mettant l’accent sur le fardeau de la dette, elle a réitéré son appui à l’Initiative de suspension des services de la dette du G20.  Revenant à la lutte contre la pandémie, elle a voulu que l’accès aux vaccins ne devienne pas le miroir des autres inégalités qui caractérisent le monde.  Fustigeant le « vaccinationalisme », elle a rappelé que la proposition que son pays et l’Inde ont présentée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur une dérogation des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), afin de multiplier les endroits dans le monde où les vaccins peuvent être fabriqués.  La crise climatique étant une menace que l’on ne saurait ignorer, la représentante a soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’un relèvement post-COVID qui mettrait l’humanité sur une voie qui ne serait pas en conflit avec la nature. 

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a mis l’accent sur les inégalités structurelles en matière de développement, encore aggravées par la pandémie de COVID-19.  Alors que les pays développés ont les ressources nécessaires pour financer leurs plans de relance, les pays en développement continuent de lutter pour gérer les conséquences économiques de la pandémie.  Le représentant a dit craindre que les impacts de cette crise sur la réalisation des objectifs de développement durable aient des « proportions extraordinaires », dont « une pauvreté de masse d’une ampleur sans précédent dans l’histoire récente du continent ».  Nous devons respecter notre engagement à renforcer la coopération et la solidarité pour faire face aux conséquences de cette crise mondiale, a plaidé le représentant, en prônant le recours à tous les outils politiques disponibles pour minimiser les dégâts économiques et sociaux, restaurer une croissance mondiale durable, maintenir la stabilité financière et économique, sauvegarder les emplois et renforcer la résilience.  Il a pris note, sur ce point, des initiatives du FMI, du Groupe de la Banque mondiale, du G20 et du G7 et a jugé essentiel que les mesures de relance soient centrées sur la personne, prennent en compte le genre et convergent vers la résilience climatique, sur base des engagements de l’Accord de Paris. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a souligné que les pays en développement ont été gravement touchés par la pandémie de COVID-19, tout en disposant d’une marge budgétaire trop étroite pour remédier aux conséquences de long terme.  Il a rappelé que l’humanité l’emporte toujours face à l’adversité « quand nous sommes unis », en prônant résolument la solidarité.  Il a indiqué que les efforts du FMI ainsi que l’initiative du G20 de suspendre le paiement du service de la dette ont offert un répit « indispensable ».  Cela ne suffit pas, a-t-il prévenu, en soulignant que le soutien offert aux pays en développement doit être conforme à leurs besoins.  Un cadre commun sur l’allégement de la dette serait « un pas dans la bonne direction », a-t-il estimé, en insistant sur la nécessité pour les pays en développement tels que le sien de bénéficier d’un accès équitable et abordable aux vaccins.

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a noté les différents plans de relance lancés pour faire face aux conséquences de la pandémie qui n’a fait que creuser les inégalités entre les pays et en leur sein.  Dans ce tableau bien sombre, il a estimé que les vaccins sont une véritable lueur d’espoir.  Le représentant a appelé à des compromis politiques pour lever les obstacles au financement du développement, telles que le service de la dette ou les flux financiers illicites.  Il a demandé au G20 d’élargir son initiative de suspension du service de la dette à tous les pays vulnérables.  Enfin, il a appelé à un renforcement de l’action en vue de réaliser les objectifs de développement durable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme achève sa session en adoptant des conclusions concertées par consensus, malgré les réserves de plusieurs délégations

Soixante-cinquième session,
2e séance plénière – matin & après-midi
FEM/2212

La Commission de la condition de la femme achève sa session en adoptant des conclusions concertées par consensus, malgré les réserves de plusieurs délégations

La Commission de la condition de la femme a achevé, dans la soirée, sa soixante-cinquième session, en adoptant des conclusions concertées jugées « peu ambitieuses » par certaines délégations, sanctionnant ainsi deux semaines de travaux qui avaient pour thème « Participation pleine et effective des femmes à la prise de décisions dans la sphère publique, élimination de la violence, réalisation de l’égalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles ».  Elle avait au préalable, durant la matinée, achevé par visioconférence sa discussion générale en donnant la parole à la société civile.

Alors que le programme initial prévoyait de clore cette session en matinée, c’est finalement en soirée que les délégations, réunies cette fois-ci en présentiel, sont parvenues à un consensus afin d’adopter les conclusions concertées sur le thème prioritaire de la session (E/CN.6/2021/L.3*), sous des applaudissements nourris à l’endroit du Facilitateur et Vice-Président de la Commission, M. Na Sang-Deok, de la République de Corée. 

Dans ce document de 24 pages, la Commission reconnaît notamment la nécessité de mettre en œuvre les engagements et obligations internationaux, régionaux et nationaux visant à réaliser l’égalité des sexes, y compris au moyen de mesures temporaires spéciales, au besoin, et de créer un environnement propice pour promouvoir la participation pleine et effective des femmes et leur prise de décisions dans la vie publique.

Le texte souligne notamment que lorsque les femmes ne sont pas incluses dans les processus de prise de décisions, les politiques qui en résultent sont susceptibles d’être inefficaces, nuisibles et peuvent conduire à la violation des droits humains des femmes et des filles.

La Commission engage notamment les États Membres à réviser les lois et politiques qui entravent la pleine participation des femmes à tous les aspects de la vie publique et à établir des objectifs précis pour atteindre la parité dans les branches législatives et judiciaires du Gouvernement.  Les conclusions contiennent également une série de recommandations pour prévenir et éliminer la violence à l’encontre des femmes dans la vie publique; renforcer les réformes institutionnelles sexospécifiques; augmenter les financements pour appuyer la participation des femmes à la vie publique; et répondre aux racines du problème de l’inégalité entre les sexes.

Par ce texte, la Commission reconnaît également que les jeunes femmes sont exclues de manière disproportionnée des consultations sur les questions qui les concernent, et que l’exposition précoce aux femmes leaders en tant que modèles, ainsi qu’aux espaces législatifs et d’élaboration des politiques, motive les jeunes femmes et les filles et renforce leurs possibilités de devenir des citoyennes pleinement engagées.

Dans le contexte sanitaire qui prévaut, la Commission s’inquiète en outre du fait que la pandémie de COVID-19 ait un impact disproportionné sur les femmes et les filles et aggrave les inégalités préexistantes.  Elle souligne le rôle critique que les femmes ont joué et continuent de jouer dans la riposte à la COVID-19, et appelle à renforcer leur participation pleine, égale et significative à toutes les étapes de l’intervention et du rétablissement contre la COVID-19.

Par ailleurs, la Commission se déclare préoccupée par le fait de la féminisation de la pauvreté persiste, et souligne que l’éradication de la pauvreté est indispensable pour l’autonomisation économique des femmes, leur participation pleine et effective et leur prise de décisions dans la sphère publique, l’élimination de la violence et la réalisation du développement durable.  Dans ce contexte, la Commission reconnaît l’importance du plein engagement des hommes et des garçons en tant que partenaires et alliés stratégiques dans la promotion de la participation effective des femmes dans la vie publique, ainsi que l’élimination de la violence à leur encontre.

L’adoption des conclusions concertées a notamment été saluée par la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, qui a estimé qu’elles contribuent à des avancées importantes, cette session étant la première à s’attaquer à la question de la participation des femmes à la vie publique. 

Par la voix de l’Allemagne, l’Union européenne a toutefois indiqué qu’elle aurait préféré des libellés plus ambitieux, insistant notamment sur l’importance de protéger le droit de chaque individu de décider de sa sexualité et d’offrir des soins de santé sexuelle et procréative à tous.  L’Arabie saoudite a marqué sa colère face au maintien de certains libellés sur le genre, tandis que la Fédération de Russie a regretté que certaines dispositions sur la protection des mères aient été retirées. 

Les conclusions concertées seront transmises au Conseil économique et social (ECOSOC), dont la Commission est un organe subsidiaire, ainsi qu’à son Forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui l’incluront dans leurs travaux.

La Commission a ensuite adopté son ordre du jour provisoire et la documentation de sa soixante-sixième session (E/CN.6/2018/L.2), laquelle aura comme thème prioritaire « Réalisation de l’égalité des genres et avancement de toutes les femmes et de toutes les filles dans le contexte des politiques et programmes dans les domaines des changements climatiques et de la réduction des risques environnementaux et des risques de catastrophes ».  Elle a aussi adopté le rapport des travaux de sa soixante-cinquième session (E/CN.6/2021/L.1), dont la Rapporteure, Mme Shilpa Pullela (Australie), a fait la présentation.  Elle a également pris note du rapport de sa Commission de la communication. 

Après la clôture de cette session, le Président de la Commission, M. Mher Margaryan (Arménie), a brièvement ouvert les travaux de la soixante-sixième session.  La courte séance a permis d’élire Mme Mathu Joyini (Afrique du Sud) comme Présidente, ainsi que Mme Pilar Eugenio (Argentine) et M. Guenter Sautter (Allemagne) à la Vice-Présidence.  Le bureau complet sera connu plus tard.  La Commission a également nommé la Fédération de Russie à sa Commission de la communication. 

*Les conclusions concertées ont été adoptées exclusivement dans leur version en anglais

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE » (A/75/38, E/CN.6/2021/2, E/CN.6/2021/3, E/CN.6/2021/4, E/CN.6/2021/5, E/CN.6/2021/6, E/CN.6/2021/7)

Suite et fin de la discussion générale

La Commission de la condition de la femme a achevé, dans la matinée, sa discussion générale en donnant la parole à la société civile.  Tour à tour, des organisations et alliances ont revendiqué une plus grande représentation et prise en compte des voix des femmes autochtones et rurales, des femmes handicapées, des veuves, des jeunes femmes et des filles et des femmes LGBTI.  Leaders religieux et syndicats ont également demandé à être associés davantage à la transformation des normes sociales qui empêchent les femmes de pleinement s’épanouir et d’exercer leurs droits dans les sphères publique, économique, sociale mais également privée.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en exergue le rôle de premier plan que les femmes ont joué dans la riposte à la pandémie de la COVID-19.  Mais si elles représentent 70% du personnel de santé au niveau mondial, elles n’occupent que 25% des rôles décisionnels dans ce secteur.  C’est la raison pour laquelle l’OMS a lancé, en février dernier, une initiative sur l’égalité entre les sexes dans le secteur de la santé dans le but d’augmenter la part des femmes aux postes de responsabilité dans ce secteur et de leur garantir l’égalité dans les salaires.

L’International Disability Alliance a attiré l’attention sur la situation des femmes handicapées, signalant que celles-ci sont invisibles dans la prise de décisions publiques.  Cela s’explique en partie par le fait que des millions de personnes handicapées en Europe n’ont pas la possibilité de voter en raison d’obstacles physiques, et que 14 pays européens les privent même du droit de vote à partir du moment où elles sont sous une forme de garde.  C’est inadmissible, s’est indignée cette ONG pour laquelle l’autonomisation de toutes les femmes ne peut se faire sans celle des femmes ayant un handicap.

Même son de cloche du côté de Widows For Peace Through Democracy, qui a indiqué que les droits des veuves sont souvent foulés en raison, une fois de plus, de leur absence au sein des instances de décision.  Même à la Commission de la condition de la femme ils sont rarement mentionnés, a regretté l’organisation.  Pourtant les veuves sont souvent exposées à la violence, la pauvreté et la discrimination et privées des droits de succession ou de protection sociale.  C’est un facteur clef dans la déscolarisation de leurs enfants et des mariages précoces des leurs filles.  Dès lors, l’organisation a appelé les gouvernements à démanteler les normes patriarcales qui continuent d’empêcher ces femmes d’avoir accès à la justice, à l’héritage, à la protection et à la terre. 

Les droits fonciers et l’accès à la terre ont également été revendiqués par les femmes autochtones et les femmes rurales par la voix du Centre de culture autochtone du Pérou, qui regroupe des femmes autochtones de 23 pays, et de l’Institut de développement rural.  Les deux organisations ont argué que ces femmes restent largement sous-représentées dans les instances du pouvoir même dans des pays où des mesures de discrimination positives ont été adoptées.  Elles ont appelé à revoir les cadres normatifs pour y inclure un angle ethnico-racial en vue de garantir la représentation des femmes autochtones à tous les niveaux.  Assurer en outre les droits fonciers des femmes autochtones et rurales s’inscrit dans une répartition plus égale du pouvoir et dans leur autonomisation concrète, ont soutenu ces organisations.

De son côté, Girls Learn International a fait un vibrant plaidoyer pour la prise en compte de l’opinion des jeunes filles à tous les niveaux et leur droit à l’éducation, y voyant un outil fondamental de leur autonomisation et pour leur permettre de contrôler leur vie.  Constatant que la violence entrave toujours grandement la contribution des filles à la prise de décisions, l’organisation a demandé aux États Membres de créer des environnements propices à la protection des filles et d’interdire les mariages précoces.  Selon elle, les filles méritent leur place à la table et doivent avoir voix au chapitre à travers une représentation dans les instances publiques. 

La Confédération internationale des syndicats a braqué les projecteurs sur la discrimination contre les femmes dans le monde du travail où elles représentent la grande majorité du secteur informel et où les écarts de salaire entre les hommes et les femmes sont toujours bien réels.  Si les femmes sont vouées à être les agents du changement que l’on espère, les syndicats peuvent les accompagner, mais les gouvernements doivent jouer le rôle de chef de file en adoptant des législations permettant de parvenir à la parité, a fait valoir l’organisation.  Dans la même veine, ACT Alliance, une organisation qui regroupe 135 églises, a expliqué que l’accès équitable des femmes au pouvoir et à la prise de décisions passe par un changement profond des normes sociales.  Estimant que les communautés religieuses doivent être associées à cette transformation, ACT Alliance a encouragé les États Membres à travailler en partenariat avec les leaders religieux en vue de promouvoir des « approches transformatrices de la foi ».

L’International Planned Parenthood Federation et Taking Choice for Youth and Sexuality ont mis l’accent sur l’importance de l’accès à la santé sexuelle et reproductive mais aussi à la prise en charge psychologique et aux foyers pour les femmes et jeunes femmes victimes de violences, en ligne et hors ligne.  Il s’agit d’un obstacle majeur à la participation des femmes à la vie publique, ont soutenu ces organismes.  Ce point de vue a été partagé par l’Alliance internationale des femmes qui a demandé à l’ECOSOC et au Conseil des droits de l’homme de tenir pour responsables les États Membres qui échouent à protéger les femmes de la violence et ne respectent pas leurs engagements pris à ce titre.  À la lumière de l’impact dévastateur de la pandémie de la COVID-19 sur les femmes, l’Alliance a également suggéré aux États Membres de réallouer au moins 50% de leurs dépenses dans le domaine de la défense au secteur de la santé et d’appliquer une budgétisation sexospécifique à l’économie de soins.  Les gouvernements doivent reconnaître les répercussions sexistes de la pandémie et le fait que les lois actuelles y ont contribué, a renchéri Equality Now.

Enfin, le Centre Asie-Pacifique pour les femmes, qui représente 35 organisations de la société civile, a demandé aux États Membres de garantir l’accès des femmes à l’espace public notant que leur représentation dans les instances de prise de décisions est seulement de 12%.  L’organisation a également appelé à abroger les lois et politiques qui perpétuent la discrimination contre les femmes et à traiter des obstacles à la participation des femmes à la vie économique, notamment en offrant des congés de maternité payés et en créant des crèches.  Il faut aussi assurer l’accès des femmes à la terre, et leur garantir une couverture sanitaire universelle qui tienne compte de leurs besoins en termes de santé procréative et sexuelle.

La couverture de cette discussion a été compromise par une série de problèmes d’ordre technique.

Adoption des conclusions concertées – explications de position

Après l’adoption du texte des conclusions concertées, l’Union européenne (UE), par la voix de l’Allemagne, a indiqué qu’elle aurait préféré des libellés plus ambitieux.  La participation pleine et entière des femmes et des filles est la pierre angulaire de toute démocratie et de la bonne gouvernance, a souligné l’UE qui a insisté notamment pour que les femmes soient admises dans les partis politiques.  De même, la protection du droit de chaque individu de décider de sa sexualité et de sa reproduction est cruciale pour l’UE qui a souhaité que des soins de santé sexuelle et procréative soient offerts à tous.  L’UE a aussi condamné la violence ciblant les associations des femmes et les défenseurs des droits des femmes.

Pour sa part, l’Arabie saoudite a marqué sa « colère » face au maintien de certains libellés.  La délégation a notamment souligné que le genre signifie un homme et une femme et que le mariage ne s’entend qu’entre ces deux genres, en conformité avec la charia.  Le Chili, s’exprimant au nom du Groupe de Santiago, un groupe de pays d’Amérique latine et centrale, a regretté que certaines de leurs propositions n’aient pas été retenus dans les conclusions concertées.  Pour le Royaume-Uni, le texte adopté est le miroir de nos ambitions vis-à-vis des femmes et des filles, « même si certaines délégations auraient voulu un retour en arrière », a argué la délégation.  De son côté, l’Ukraine, a estimé que l’inclusion d’un paragraphe mentionnant les coercitions économiques fait l’affaire de ceux qui ne respectent pas les droits de l’homme et n’aurait pas dû figurer dans un document de cette importance.

Les conclusions concertées prennent en compte nombres de questions qui n’ont pas forcément leur place dans le débat de la Commission, a estimé pour sa part le Brésil qui a précisé que la mention des méthodes contraceptives dans le texte ne signifie pas que le pays adhère à la pratique de l’avortement.  Le Soudan s’est dissocié des références à la santé sexuelle et reproductive.

À son tour, l’Égypte a déploré un texte déséquilibré et a appelé la Commission à revoir ses méthodes de travail.  La délégation a notamment décrié la tactique consistant à rallonger la durée des négociations pour « épuiser » les petites délégations.  Il faut se souvenir qu’en adoptant ces documents onusiens, l’objectif est de les voir mis en œuvre sur le terrain, a rappelé la délégation.

La Chine a souligné qu’il n’y a pas de définition agréée au plan international sur l’expression « défenseur des droits humains » et s’est dissociée de son usage dans les conclusions concertées.  La Libye a rejeté l’usage de termes ambigus comme la référence aux genres.  Pour la Libye, « mâle et femelle » sont les seuls genres qui existent. 

Le Maroc a estimé que bien qu’incomplètes, la mise en œuvre de ces conclusions concertées apporterait des changements positifs pour les femmes et filles du monde.  La République islamique d’Iran a précisé que la mise en œuvre des conclusions concertées se fera en tenant compte de ses priorités nationales.  Le Nigéria a rappelé qu’aucun développement ne peut être possible sans les femmes et qu’il faut les accompagner pour leur permettre de réaliser leur plein potentiel.  À son tour le Yémen a appelé au respect des positions nationales en ce qui concerne certaines questions.

Enfin, la Fédération de Russie a regretté que certaines dispositions sur la protection des mères aient été retirées du texte.  La délégation a également dit ne pas comprendre pourquoi le paragraphe sur la souveraineté nationale a créé autant de remous. 

D’autres délégations ont également commenté l’adoption de ces conclusions concertées tard en soirée alors que les services d’interprétation n’étaient plus disponibles.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission achève les travaux de sa première reprise de session sans un accord sur la question « importante » de la réforme dans la gestion des ressources humaines

Soixante-quinzième session,
11e séance plénière – après-midi
AG/AB/4365

La Cinquième Commission achève les travaux de sa première reprise de session sans un accord sur la question « importante » de la réforme dans la gestion des ressources humaines

Du fait de la crise de liquidité qui affecte les Nations Unies et des contraintes horaires qui en résultent, l’intégralité du communiqué sera publiée ultérieurement 

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a achevé aujourd’hui sa première reprise de session de 2021, après des négociations rendues difficiles par la multiplication des réunions virtuelles, dues à la pandémie de COVID-19, et par l’absence d’interprétation dans les six langues officielles des Nations Unies. 

Les projets de résolution de la Commission ont d’ailleurs été adoptés dans une version « provisoire », attendant d’être soumis à une révision éditoriale et à un contrôle de qualité.  La Commission a adopté des textes sur les questions spéciales relatives au budget-programme 2021, le Corps commun d’inspection, le régime commun des Nations Unies et les questions dont l’examen est reporté, y compris celle « importante », d’après les mots du Mali, de la réforme dans la gestion des ressources humaines.*  

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Mali a regretté l’absence de consensus sur « la plupart des points en souffrance depuis des années », insistant sur la mobilité du personnel et la composition du Secrétariat de l’ONU.  Il a espéré des mesures pour que 20% au moins du personnel de l’Organisation soient issus des pays sous-représentés, conformément au principe inscrit dans la Charte de la diversité géographique.  

Les ressources humaines, a souligné le Mali, sont « le nerf de la guerre » et cela exige que l’on mette fin aux déséquilibres géographiques, dont témoigne le nombre « très élevé » des pays sous-représentés et non représentés.  Le Mali a également dénoncé des négociations rendues difficiles par l’absence d’interprétation dans les six langues officielles de l’ONU.  C’est, s’est-il impatienté, une situation « intenable et inacceptable ».  Il a espéré que le prochain examen des organes de contrôle tiendra compte du « racisme et de la discrimination raciale » qui n’ont pas leur place au sein de l’ONU.  

Les États-Unis ont également regretté l’absence de consensus sur la réforme dans la gestion des ressources humaines.  Le Royaume-Uni a fait de même, en déplorant aussi le manque d’accord sur l’application du principe de responsabilité au sein de l’Organisation.  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la Guinée a jugé insuffisantes les propositions faites pour le financement du siège de l’ONU à Nairobi et le Tribunal spécial pour le Liban de l’ONU.  À son tour, elle a pointé du doigt « l’impossibilité » de parvenir à un accord sur la réforme dans la gestion des ressources humaines. 

Pour pouvoir aller de l’avant, le Président de la Cinquième Commission , M. Carlos Amorim de l’Uruguay, a conseillé aux délégations d’identifier les points d’achoppements et les raisons pour lesquelles il n’y a pas eu d’accord.  

La Commission a prévu de convoquer le 3 mai sa deuxième reprise de session consacrée principalement au financement des opérations de paix. 

*A/75/C.5/L.27; A/75/C.5/L.25; A/75/C.5/L.26; A/75/C.5/L.28. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Journée de commémoration des victimes de l’esclavage offre à l’Assemblée générale l’occasion de saluer l’élan du mouvement mondial contre le racisme systémique

Soixante-quinzième session,
58e séance plénière – matin
AG/12317

La Journée de commémoration des victimes de l’esclavage offre à l’Assemblée générale l’occasion de saluer l’élan du mouvement mondial contre le racisme systémique

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, la Journée internationale de la commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves a donné l’occasion à plusieurs orateurs, dont le Secrétaire général de l’ONU, de rendre hommage aux personnes d’ascendance africaine victimes de cette tragédie de l’histoire et de pourfendre les tenants d’une suprématie de la race blanche, tout en appelant à tirer parti de l’élan créé l’an dernier par le mouvement pour l’élimination du racisme systémique.  Cette année, la Journée internationale a en effet pour thème « Mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage: Un impératif mondial pour la justice ».

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres a estimé que, dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, le thème de la Journée internationale est un impératif.  La traite des esclaves est effectivement « une histoire mondiale qui continue de résonner ». 

Plus de deux siècles après la fin de ce commerce triangulaire, « les idées qui l’ont propulsé restent vivantes », portées par les suprémacistes blancs, notamment aux États-Unis, où cette propagande a atteint un niveau record en 2020.  Pour la contrer, le Secrétaire général a opposé le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Héritage de l’esclavage, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, ont contribué à galvaniser un mouvement mondial contre cette injustice.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a plaidé M. Guterres, faisant observer que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale, ce qui, selon lui, doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ». 

La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré, à son tour, le Président de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui encore, des formes modernes d’esclavage continuent d’exister, favorisées par les différents impacts de la pandémie de COVID-19, a souligné M. Volkan Bozkir. 

« Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il dit, invitant les États à redoubler d’efforts pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous, avant de conclure son intervention sur un vibrant « Black lives matter! »

Un cri repris à son compte par Mme Lisa Coleman, spécialiste des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, selon laquelle les meurtres aux États-Unis de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Elle a appelé de ses vœux une meilleure compréhension de l’histoire et des inégalités systémiques pour transformer nos sociétés et « ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé ». 

Dans le même esprit, le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États s’est prononcé pour une meilleure connaissance des liens entre présent et passé, relevant que « l’ignorance engendre l’intolérance ».  Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, le Guyana a regretté qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale. 

De son côté, le Groupe des États d’Asie-Pacifique a souhaité que l’on n’oublie pas les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, en particulier les enfants assujettis au travail forcé, au recrutement par des milices armées ou à l’extraction d’organes.  Il s’est également alarmé de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta, une inquiétude également exprimée par la Chine. 

Malgré son abolition, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue « la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité », a renchéri le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, tandis que les États-Unis, en tant que pays hôte, reconnaissaient le travail qui leur reste à accomplir pour se défaire du « péché originel » de l’esclavage. 

Observant que le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans le monde entier, la délégation américaine a assuré que la Maison Blanche, « celle-là même qui a été construite par des esclaves », fait tout ce qui est en son pouvoir pour « réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous ». 

La Fédération de Russie a quant à elle dénoncé « les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains » qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain, tandis que l’Ukraine rappelait avoir, elle aussi, souffert de l’esclavage, notamment durant l’ère soviétique.  La délégation s’est par ailleurs inquiétée des informations faisant état de traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays « sous occupation étrangère ». 

Cette séance plénière a aussi donné lieu à l’adoption par consensus de quatre projets de résolution, dont un proclame la semaine du 24 au 31 octobre de chaque année « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information »*.  Les trois autres textes portent sur la Commission du désarmement, dont la session de fond de 2021 est reportée à une date ultérieure, et sur la coopération entre l’ONU et l’Organisation de Shanghai, d’une part, et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’autre part**.

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mercredi 21 avril pour examiner la question de la prévention des conflits armés.

* A/75/L.68
** A/75/L.71; A/75/L.69; A/75/L.70

COMMÉMORATION DE L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE ET DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES

Séance commémorative de l’Assemblée générale à l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, organisée en application de la résolution A/RES/73/345 de l’Assemblée générale du 16 septembre 2019

Une journée par an ne suffit guère pour décrire le leg de quatre siècles de brutalité, a d’emblée fait observer M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale.  De fait, a-t-il poursuivi, l’esclavage a fermement établi les inégalités criantes qui existent aujourd’hui dans le monde; les plus riches ayant tout pris à ceux qui avaient le moins.  La traite transatlantique des esclaves a défini notre monde et la suprématie qui la justifiait n’a pas disparu, a déploré M. Bozkir. 

Des familles ont été divisées par un océan que leurs proches n’ont jamais voulu traverser.  L’Afrique, à qui on a volé ses enfants, est toujours en deuil.  Les peuples réduits en esclavage ont été privés de leur liberté, de leur dignité et de leur identité.  La violence a pris la place de l’autonomie et « ce traumatisme est héréditaire ».

Non seulement les descendants des 15 millions de victimes de la traite transatlantique des esclaves restent aux prises avec la douleur et le chagrin de leurs ancêtres, mais ils vivent chaque jour dans un monde construit par eux, mais pas pour eux.  Les esclaves ont travaillé sur des terres volées, ont élevé les enfants de leurs agresseurs et ont souffert.  Pendant ce temps-là, les hommes et femmes libres, ceux-là même qui ont joui d’une révolution industrielle rendue possible grâce au labeur des esclaves, refusaient de défendre les opprimés.  « Ils ont été passifs et complices. »

Aujourd’hui encore, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, des formes modernes de l’esclavage continuent d’exister.  Illustrant son propos, il a fait observer que plus de 40,3 millions de personnes sont victimes d’esclavage moderne, dont 71% de femmes et de filles, selon des estimations de 2016.  Cela est d’autant plus choquant que les enfants forment le quart des personnes réduites à l’esclavage aujourd’hui. 

La pandémie de COVID-19 risque de faire reculer nos efforts communs pour mettre fin à l’esclavage moderne, a prévenu M. Bozkir, le chômage généralisé, l’aggravation de la pauvreté, la fermeture des voies de la migration régulière et l’érosion des normes du travail contraignant davantage à l’exploitation.

Lorsqu’une société ne s’attaque pas au traitement inhumain de nos semblables, chaque individu est complice, a tranché le Président de l’Assemblée.  Si nous voulons défendre la Charte des Nations Unies et faire respecter les droits de l’homme que nous nous sommes engagés à promouvoir, nous devons être vigilants.

Aujourd’hui, a rappelé M. Bozkir, lorsque ceux qui nous entourent, regardent ailleurs et tournent le dos à l’injustice, chacun d’entre nous a la responsabilité d’intervenir.  Nous ne pouvons rester passifs, alors que les personnes que nous servons sont opprimées.  « Nous ne pouvons sombrer dans le déni ni nous soustraire à une discussion franche sur la justice réparatrice », a-t-il insisté.

L’Assemblée générale, a-t-il aussi rappelé, travaille sur les modalités de la réunion de haut niveau du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur la lutte contre la discrimination raciale, ainsi que sur le Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine.  Il a également annoncé la réunion d’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine, prévue en mai prochain. 

En attendant, M. Bozkir a voulu que l’on se lève pour ce qui est juste et que l’on tire les leçons du passé, car, a-t-il rappelé, cette injustice mondiale vieille de 400 ans ne va pas disparaître par magie.  « Les lois n’ont pas changé les comportements.  Le poids des chaînes perdure. »

Il faut, a encouragé le Président de l’Assemblée générale, continuer de travailler pour mettre fin à la discrimination et à l’esclavage sous toutes ses formes, et pour parvenir à l’égalité et à la justice pour tous.  « Black lives matter! » a-t-il lancé.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souhaité honorer la mémoire des millions de personnes d’ascendance africaine qui ont « souffert incommensurablement du mal de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves ».  Reconnaissant les « immenses contributions que les esclaves et leurs descendants ont apportées aux économies et à la culture des pays vers lesquels ils ont été transportés de force », il a exhorté la communauté internationale à ne jamais oublier « la terreur quotidienne vécue par les peuples asservis, les actes de cruauté impensables qu’ils ont endurés, le rappel quotidien qu’ils ne pouvaient prétendre à rien, pas même à leurs propres enfants ». 

Toutefois, a-t-il souligné, les marchands d’esclaves et les propriétaires n’ont pas réussi à priver les peuples asservis de leur dignité et de leur libre arbitre.  Outre les actes de résistance et les demandes de justice des peuples réduits en esclavage, il a rappelé le courage de dirigeants tels que la reine Ana Nzinga du Royaume de Ndongo, aujourd’hui Angola, et Toussaint Louverture, de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti, et les peuples qu’ils dirigèrent.  « En honorant ceux dont nous connaissons les noms, nous reconnaissons le courage quotidien de millions de personnes que nous ne connaîtrons jamais que par des noms figurant sur des inventaires dressés par des propriétaires d’esclaves, des commerçants et des agences d’assurance », a-t-il dit.

Le Secrétaire général dit soutenir les initiatives visant à « recouvrir et reconstituer l’histoire de ceux qui ont été réduits en esclavage ».  Dans le contexte actuel marqué par les injustices raciales et les inégalités, « mettre fin à l’héritage raciste de l’esclavage est un impératif mondial pour la justice », a-t-il martelé.  Pour le Chef de l’ONU, la traite transatlantique des esclaves est « une histoire mondiale qui continue de résonner ».  Ce commerce a non seulement soutenu un système d’exploitation pendant plus de 400 ans, mais il a également dévasté les économies de ceux qu’il a réduits en esclavage et renforcé le projet colonial, « enrichissant sa multitude de bénéficiaires au détriment de la vie des esclaves ». 

De fait, a poursuivi M. Guterres, le racisme au cœur du système fondé sur l’esclavage a « condamné les Africains à endurer un statut de seconde classe » et à être systématiquement dépeints comme « moins qu’humains », à la faveur de « préjugés racistes » incorporés dans des sermons, des brochures et des expressions culturelles, et « légitimés par la pseudoscience et la législation ».  Ainsi, a-t-il relevé, alors que la traite transatlantique des esclaves a pris fin il y a plus de deux siècles, les idées qui l’ont propulsée restent vivantes, portées par les suprémacistes blancs, notamment en Europe et aux États-Unis. 

Dans ce pays, a insisté le Secrétaire général, la propagande de la suprématie blanche a atteint un niveau record en 2020.  Le Chef de l’ONU a cité l’Anti-Defamation League et argué que « nous devons contrer tous les mensonges de la suprématie raciale », sans oublier de réaffirmer le « fait irréfutable » que « nous faisons tous partie d’une même race: l’humanité ». 

Aux yeux du Secrétaire général, les actes répétés de racisme, commis par des personnes et des institutions, révèlent l’impact de l’héritage de l’esclavage.  L’an dernier, a-t-il rappelé, ils ont contribué à galvaniser un mouvement mondial pour la justice et la fin du racisme.  Il convient de « tirer parti de cet élan », a-t-il plaidé, ajoutant que l’ONU est bâtie sur la revendication d’une justice mondiale et de la fin du racisme et des inégalités, ce qui doit inclure « des actions pour réparer les torts de l’histoire ».  En nous attaquant aux inégalités, en édifiant des communautés et des économies inclusives et en enseignant l’histoire, « nous honorons véritablement la mémoire des victimes de l’esclavage », a conclu le Secrétaire général. 

Mme LISA M. COLEMAN, responsable des questions de diversité et Vice-Présidente pour l’inclusivité et l’innovation stratégique à l’Université de New York, a relevé que bon nombre de nos institutions internationales sont situées sur les terres que les peuples autochtones n’ont jamais cédées.  Nous sommes ici aujourd’hui pour honorer, nous souvenir et reconnaître ceux dont la vie a été arrachée par la violence, en raison de l’héritage pernicieux de l’esclavage racialisé.  Nous rendons hommage à nos ancêtres et à ceux qui ont lutté pour la dignité humaine, l’équité et la fin de l’esclavage et de son impact.  Nous honorons la force, les contributions, les cultures, la joie et la résilience des Noirs du monde entier, a dit Mme Coleman, invitant l’assistance à observer « un moment de silence ». 

Dans le contexte actuel, certains continuent d’espérer un retour à la normale.  J’espère, a avoué Mme Coleman, que ce ne sera pas le cas.  J’espère que nous nous efforcerons de faire mieux et d’être meilleurs, de sorte que lorsque la prochaine « perturbation » se produira, nous serons mieux préparés, plus engagés et plus conscients de la nécessité d’aborder les grands problèmes tels que les objectifs de développement durable et les inégalités actuelles.  Il nous faut, a-t-elle dit, « une nouvelle donne par rapport à une nouvelle normalité ».  Il nous faut des stratégies transformatrices d’innovation, d’engagement et d’action, au niveau mondial. 

La race, a poursuivi Mme Coleman, est devenue une construction sociale scientifiquement validée qui justifie des systèmes de travail avantageant ceux qui sont définis comme « blancs, détenteurs du pouvoir, sources de connaissances et ingénieurs sociopolitiques ».  La vie et le travail humains ont été définis par les formes de colonialisme et d’impérialisme.  Le racisme, fondé sur des stéréotypes profondément ancrés, des peurs et parfois une haine profonde à l’égard de certains groupes, est toujours présent.  La pandémie de grippe de 1918, la dépression de 1930, la pandémie de VIH/sida ou de COVID-19 ont toutes mises à jour la persistance des disparités raciales et ethniques, avec des résultats tragiques et souvent meurtriers. 

Mme Coleman a attiré l’attention sur la répartition inéquitable des richesses, les taux d’incarcération, les idées « racialisées » du patriotisme ou encore l’image de l’Afrique et des Noirs, perçus comme arriérés, voire criminels.  Le racisme n’est pas inévitable, il n’est pas inné et il n’est pas naturel mais il est profondément ancré.  La race est devenue ce qu’Audrey Smedely appelle un « pivot » autour duquel les formes nord-américaines de groupements humains ont été échafaudées, maintenues et rendues « normales ».  Dans le contexte colonial, la science a servi à créer l’illusion de la race, en tant que catégorie biologique, et à justifier l’esclavage et l’exploitation par l’idée fallacieuse de la supériorité de la race blanche. 

Aujourd’hui, la science nous dit, a poursuivi Mme Coleman, que la race n’est pas une manière biologiquement ou génétiquement valable de comprendre l’humanité mais le mal est fait: le racisme n’en est pas moins réel.  Les meurtres de Breonna Taylor, George Floyd, Ahmaud Arbery, Tony McDade et Dion Johnson illustrent l’impact « réel et meurtrier » des conséquences d’un racisme profondément enraciné.  Si des manifestations ont lieu dans le monde entier, c’est parce que le sentiment anti-noir est partout présent. 

Pensez seulement à la façon dont l’Afrique est encore considérée comme « un pays », même si elle fait presque cinq fois la taille des États-Unis.  Pensez comment l’Afrique est considérée comme le tiers monde alors que dans des pays comme le Nigéria sont technologiquement plus avancés que certains pays d’Europe.  L’on ne veut pas voir, s’est agacée Mme Coleman, l’impact des siècles d’exploitation et de stéréotypes et de pratiques. 

À Chicago, Les Afro-Américains ont été les premiers à mourir de la COVID-19; représentant 70 des 100 premiers décès enregistrés aux États-Unis.  Ces chiffres terribles, Mme Coleman les a imputés aux emplois occupés majoritairement par les Noirs, « résultat direct de l’héritage de l’esclavage ».  Elle n’a pas oublié de mentionner la violence contre les Asiatiques, « profondément enracinée dans nos systèmes juridiques et sociaux ». 

Comprendre l’héritage, l’histoire et les inégalités systémiques est fondamental pour réussir la transformation, a souligné Mme Coleman.  Insistant sur l’importance d’une nouvelle manière de « faire et d’être », elle a expliqué que les efforts visant à démanteler l’héritage de l’esclavage et à transformer nos sociétés doivent se fonder sur « la vérité » sur les relations de pouvoir historiques. 

Nous devons promouvoir les droits de l’homme pour tous et dire la vérité.  Nous devons apprendre l’histoire pour ne pas répéter encore et encore les erreurs du passé.  Nous devons nous rappeler que les Noirs sont des atouts pour la transformation nécessaire car la diaspora africaine est une « constellation de communautés » qui représente un large éventail d’histoires, de cultures, de patrimoines et d’identités riches et diversifiés, vivant, innovant et créant de nouvelles possibilités.  « Le monde est devant, il n’est à prendre ou à laisser en l’état », a conclu Mme Coleman, en paraphrasant James Baldwin.

Au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a rappelé que, durant quatre siècles, plus de 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été victimes du commerce transatlantique des esclaves, « un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine ».  Au-delà des souffrances endurées, le préjudice continue aujourd’hui de toucher les personnes d’ascendance africaine.  Il ne faut pas non plus oublier les personnes qui souffrent encore de l’esclavage, alors même que cette pratique a été abolie. 

La communauté internationale doit donc redoubler d’efforts pour mettre fin à cette injustice, a plaidé le représentant, jugeant à cet égard qu’aucun enfant ne devrait être assujetti au travail forcé ou encore à l’extraction d’un de ses organes.  Les recrutements d’enfants soldats sont des actes méprisables, tout comme l’utilisation des femmes comme des « instruments de guerre ».  Le délégué s’est déclaré particulièrement inquiet de l’augmentation des violences contre des personnes d’ascendance asiatique, citant le cas des six femmes sino-américaines qui viennent d’être tuées par balles à Atlanta.  

Nous devons, a-t-il pressé, prendre des mesures pour lutter contre la discrimination raciale et le racisme.  Il a assuré que son groupe s’emploie à éliminer ce fléau « persistant » qui frappe en particulier les plus vulnérables.  En cette période de pandémie et de niveaux historiques de chômage et de pertes de moyens de subsistance, nous devons protéger les plus pauvres de l’esclavage moderne.  Le représentant a appelé les États Membres à revoir leurs législations et pratiques et à améliorer leur connaissance des sources de la traite des êtres humains, laquelle est souvent liée à la migration. 

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a estimé que la traite transatlantique des esclaves a engendré de profondes inégalités au sein des sociétés; les économies ayant prospéré au prix d’un lourd tribut humain et des industries entières s’étant construites sur les souffrances d’autres êtres humains.  Une minorité a amassé des richesses et un pouvoir considérables, tandis que ceux qui travaillaient étaient privés de leurs droits les plus élémentaires.

Ce jour, a souligné le représentant, honore et commémore les hommes, les femmes et les enfants qui ont été brutalisés par un esclavage qui a perduré pendant plus de 400 ans.  L’héritage de ce commerce inhumain est la large population de personnes d’origine africaine dans les Amériques.  Près de 96% des personnes réduites en esclavage sont arrivées en Amérique du Sud et dans les îles des Caraïbes.

Les descendants de ceux qui ont été réduits en esclavage continuent de faire face à des inégalités sociales et économiques, à l’intolérance, aux préjugés, au racisme, à la discrimination et même au manque de visibilité dans les politiques publiques.  Malgré son abolition, a poursuivi le représentant, l’esclavage se poursuit sous des formes modernes, ce qui constitue la violation ultime du droit à l’autodétermination, des droits de l’homme et de la dignité.  Le racisme et les préjugés sont les autres héritages d’un système barbare où les êtres humains sont considérés comme « autres » et « moins que ». 

Le représentant s’est félicité de ce que le thème de cette année reflète le mouvement mondial contre les injustices enracinées dans la traite des esclaves et pour l’enseignement de l’histoire afin de reconnaître l’impact de l’esclavage sur le monde actuel et d’inciter à agir pour remédier à ses effets durables.

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 40 millions de personnes sont aujourd’hui piégées dans l’esclavage moderne.  Les enfants représentent un quart de ces victimes, tandis que 71% des personnes réduites à l’esclavage sont des femmes.  Nous ne pouvons pas être indifférents à l’injustice, a plaidé le représentant.  Il incombe à chacun d’entre nous de faire respecter les droits de l’homme pour tous et partout.

Il a demandé aux États Membres d’adopter, de mettre en œuvre et de renforcer les politiques et les programmes qui combattent les discours de haine, la xénophobie, le racisme et la discrimination raciale.  Il a appelé à des mesures collectives pour réaffirmer l’engagement à mettre en œuvre la Déclaration de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.

Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a dit honorer la mémoire des femmes, des hommes et des enfants, en particulier d’origine africaine, qui ont été réduits en esclavage pendant les quatre siècles de la traite transatlantique des esclaves.  Ces personnes, a-t-il souligné, ont souffert dans les circonstances les plus horribles et les plus inhumaines imaginables pour le gain économique et politique de ceux qui les ont réduits en esclavage. 

Affirmant que ce terrible héritage de notre histoire commune « continue de nous hanter à ce jour », il a rendu hommage aux actions héroïques des esclaves et des abolitionnistes, qui ont fait face à de grands dangers pour garantir les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Aujourd’hui, a observé le représentant, des millions de personnes dans le monde sont encore victimes de l’esclavage et de la traite des êtres humains, et trop doivent continuer à lutter contre la haine et la discrimination. 

Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), a-t-il précisé, ce sont plus de 40 millions de personnes qui sont piégées par l’esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé et le mariage forcé, tandis que le racisme systémique et la discrimination raciale continuent d’empêcher de nombreuses personnes de vivre dans la sécurité, la dignité et la prospérité. 

De l’avis de M. Hawke, il convient de promouvoir une meilleure connaissance des liens entre notre présent et notre passé.  Nous devons être vigilants en reconnaissant et en combattant le racisme, les préjugés et toutes les formes d’esclavage, a-t-il dit, estimant que l’ignorance engendre l’intolérance.  Tout en appelant la communauté internationale à bâtir une culture mondiale fondée sur la compréhension mutuelle et le dialogue, il a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ou d’y adhérer, ainsi que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et, en particulier, le Protocole relatif à la traite des personnes, et de les mettre pleinement en œuvre.  Enfin, il a encouragé tous les États à continuer de renforcer leurs politiques nationales et leur coopération avec le système des Nations Unies pour lutter contre la discrimination raciale et la traite des êtres humains. 

Au nom du pays hôte, M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a rappelé qu’il y a un peu plus de 400 ans, des esclaves ont été forcés de débarquer sur les côtes de la colonie de Virginie.  C’était, comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, l’origine de notre « péché originel ».  Citant des statistiques « terrifiantes », il a estimé à quelque 12,5 millions les Africains embarqués sur des navires négriers pendant la traite transatlantique des esclaves.  Quand ils arrivaient sur nos côtes, ils étaient vendus aux enchères comme de simples marchandises, contraints aux travaux forcés, battus, violés, tués et privés de toute forme de liberté.  « Sur leur dos meurtri, ils ont aidé à bâtir l’Amérique.  La Maison Blanche, elle-même, a été construite par des esclaves. »

Tout au long de notre histoire, a poursuivi le représentant, nombreux sont ceux qui ont perçu l’indignité et l’inhumanité inhérentes à l’esclavage et le caractère moralement inacceptable de l’asservissement d’un être humain par un autre.  D’anciens esclaves comme Sojourner Truth et Frederick Douglass ont partagé leur histoire, travaillant avec les abolitionnistes pour convaincre le pays d’abolir cette monstruosité.  Des Américains de tous bords ont risqué leur vie et ont ouvert leurs granges, leurs magasins, leurs caves et leurs greniers pour servir de relais au « chemin de fer » clandestin. 

Les courageux esclaves américains qui ont pu s’échapper vers le Nord ont dit à leurs enfants qu’ils méritaient la liberté, la justice et la dignité.  D’une manière ou d’une autre, ils ont gardé l’espoir que l’esclavage ne perdurerait pas.  Finalement, cet espoir a brûlé si fort, et les appels à l’abolition ont résonné si fort, qu’ils ne pouvaient plus être ignorés.

Après la proclamation de l’émancipation, le treizième amendement de notre Constitution a rendu l’esclavage illégal et immoral.  Pourtant, la lutte contre la suprématie blanche était loin d’être terminée.  Les esclaves nouvellement libérés n’ont pas eu accès à la plupart des emplois ni au vote.  Ils ont été régulièrement confrontés à la terreur et à la violence mais ils ont continué à se battre pour leurs droits.  « Malgré les lynchages.  Malgré la ségrégation.  Malgré Jim Crow. » 

C’est pourquoi, en ce jour de souvenir solennel, alors que nous sommes confrontés aux effets de la pandémie de COVID-19, nous nous rappelons que nous travaillons encore pour nous défaire de l’esclavage, a souligné le représentant.  Trop souvent, les Noirs américains sont envoyés dans des écoles surpeuplées, sont moins bien traités dans les hôpitaux ou se voient injustement refuser des emplois, des logements ou des capitaux.  Bien sûr, l’héritage de l’esclavage se manifeste le plus clairement dans notre système de police et de justice pénale.  Les meurtres « tragiques et insensés » de George Floyd, Breonna Taylor et de tant d’autres Noirs américains ont catalysé une nouvelle prise de conscience de la justice raciale. 

Le mouvement « Black Lives Matter » s’est répandu dans notre pays et dans le monde entier.  Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que la vie des Noirs compte et la Maison Blanche, celle-là même qui a été construite par des esclaves, fait tout ce qui est en son pouvoir pour réparer ces injustices et faire de l’Amérique un pays juste et équitable pour tous. 

Dès la première semaine de son mandat, a affirmé le représentant, le Président Joe Biden a proposé une stratégie visant à intégrer la justice raciale et l’équité dans l’ensemble du Gouvernement fédéral.  Il a pris des mesures immédiates, comme l’accès au logement et la suppression des prisons privées, pour s’opposer directement aux institutions de la suprématie blanche.  Cette administration est également très déterminée à s’attaquer au fléau de l’esclavage moderne, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

Sur le plan international, a encore affirmé le représentant, nous avons renouvelé notre engagement à travailler avec des partenaires mondiaux et multilatéraux pour faire face à l’ampleur et à la complexité de la traite des êtres humains et pour remédier aux disparités systémiques qui marginalisent certaines communautés et enhardissent les trafiquants.

L’Administration Biden-Harris place également l’équité raciale au centre de notre politique étrangère, s’est félicité le représentant.  La semaine dernière, au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis ont fait une déclaration commune, signée par plus de 155 pays, condamnant le racisme et la discrimination raciale. 

Comme l’a dit l’Ambassadeur Thomas-Greenfield la semaine dernière, le racisme est le problème de la société qui produit le raciste.  Dans le monde actuel, il s’agit de toutes les sociétés.  Alors, unissons-nous pour nous souvenir et rendre hommage aux millions de victimes de l’esclavage, ainsi qu’à la douleur, à la souffrance et à la violence qui ont été transmises de génération en génération.

Au nom du Groupe des États d’Afrique et de la Communauté des Caraïbes, Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a rappelé que le commerce international des esclaves a arraché 12 millions d’Africains à leur terre et créé une diaspora dans les Caraïbes.  Étant donné ce lien historique, elle a jugé approprié que la première déclaration de son groupe intervienne à l’occasion de cette commémoration.  Pour la représentante, cette réunion annuelle donne la possibilité de réfléchir aux progrès enregistrés dans l’élimination de la discrimination raciale et de l’intolérance, qui ont donné naissance à une chapitre terrifiant de l’histoire humaine. 

« Quels que soient les pays, les enfants de l’Afrique méritent de vivre dans la dignité », a-t-elle dit, avant de faire observer qu’en 2015, au début de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, les États Membres ont fait preuve de solidarité en érigeant l’Arche du retour au Siège de l’ONU.  Au-delà du symbole, ce monument doit aussi être un appel à l’action pour éviter de répéter les erreurs du passé, a poursuivi la représentante, saluant au passage les actions de sensibilisation menées par les Nations Unies sur les répercussions et les legs de l’esclavage. 

Il est cependant « honteux » de voir qu’après l’abolition de ce commerce international, des personnes sont encore confrontées à des formes systémiques de racisme et de haine qui les empêchent de jouir de leurs droits, a-t-elle dénoncé, rappelant les événements de 2020 initiés par la mort de George Floyd aux États-Unis, parallèlement à l’essor du mouvement « Black Lives Matter ».  Aujourd’hui, des personnes de couleur restent discriminées aux quatre coins du monde, victimes du chômage et de problèmes de logement et largement exclues des systèmes sociaux.  Ces disparités se sont renforcées pour ces personnes et pour les minorités en général. 

La représentante a noté à cet égard que les personnes d’ascendance ayant des indicateurs de bien-être de faible niveau, elles représentent le groupe le plus vulnérables à la pandémie de COVID-19.  Des actions urgentes de la part des États sont donc nécessaires pour mettre fin à cette réalité qui entretient le racisme et la discrimination.  La représentante a regretté à ce sujet qu’aucun objectif de développement durable n’appelle à l’élimination du racisme systémique et de la discrimination raciale, ce qui « remet en cause notre volonté de ne laisser personne pour compte ». 

Avant de conclure, elle a salué l’adoption de la résolution 43/1 du Conseil des droits de l’homme, qui prévoit la rédaction d’un rapport sur le racisme systémique et les violences policières.  Cela nous permettra d’affiner notre analyse et de corriger les erreurs dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle déclaré. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a jugé cette question « particulièrement symbolique », car son pays est profondément fier de ses racines et de son héritage africain.  Après ce commerce « cruel et inhumain » dont nous nous souvenons aujourd’hui des victimes, quelque 1,3 million d’esclaves africains sont arrivés à Cuba pour remplacer la main-d’œuvre autochtone, pratiquement exterminée par le colon espagnol.

La nation cubaine, sa culture et sa religiosité populaire, qui sont profondément métisses, ne pourraient s’expliquer sans l’apport des Africains.  Dans nos luttes pour l’indépendance et l’autodétermination, les esclaves libérés et leurs descendants ont été des acteurs majeurs, a souligné le représentant.

En rendant hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, nous, les Cubains, rendons également hommage aux racines de notre peuple, s’est-il énorgueilli.  Le crime contre l’humanité commis contre les personnes dont nous nous souvenons aujourd’hui est lié aux inégalités structurelles, à la discrimination raciale, aux préjugés et à l’exclusion qui continuent d’affecter, au XXIe siècle, les personnes d’ascendance africaine, a analysé le délégué. 

Citant les propos que Fidel Castro, « leader historique de la révolution cubaine », a tenus lors de la conférence « historique » de Durban en 2001, le représentant a dit: « L’exploitation inhumaine à laquelle ont été soumis les peuples des trois continents, y compris l’Asie, a affecté le destin et la vie de plus de 4,5 milliards de personnes qui forment les peuples du tiers monde, dont les indices de pauvreté, de chômage, d’analphabétisme, de maladie, de mortalité infantile, de perspectives de vie et autres calamités impossibles surprennent et horrifient.  Ce sont les victimes actuelles de cette barbarie séculaire et les créanciers incontestables des réparations pour les crimes horribles commis contre leurs ancêtres et leurs peuples. »

Le représentant a donc soutenu la « juste » revendication des États membres de la CARICOM.  Un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, notamment l’Afrique, dans leurs relations économiques internationales est pour le moins équitable.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la pandémie de COVID-19 a clairement mis en évidence les inégalités du monde dans lequel nous vivons.  Combien parmi les millions de doses de vaccin produites ont été achetées par les pays en développement d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine et des Caraïbes?  Dans les pays développés, les personnes d’origine africaine et les migrants ont-ils un accès égal à ces vaccins?

Dans le contexte actuel, le meilleur hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, outre le nécessaire travail de mémoire, serait précisément la solidarité internationale avec les pays d’où ces millions de personnes ont été arrachées par la force.  Pour cette raison et sur la base de « notre vocation humaniste », nous continuons, a affirmé le représentant, à renforcer nos programmes de coopération internationale dans le domaine de la santé.

Malgré le durcissement sans précédent du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis, nous avons a pu envoyer, s’est réjoui le représentant, plus de 4 900 professionnels de la santé, répartis en 56 brigades, dans 40 pays et territoires afin de soutenir leurs efforts de lutte contre la pandémie.  La plupart de ces professionnels ont été envoyés dans des pays et territoires des Caraïbes, d’Amérique latine et d’Afrique.  L’hommage que nous rendons aujourd’hui ne sera qu’une simple formalité, tant que nous n’aborderons pas et ne résoudrons pas les causes profondes des inégalités, de l’exclusion, du racisme et de la discrimination qui ont survécu à l’esclavage, et dont des millions de personnes, et en particulier les personnes d’ascendance africaine, continuent de souffrir, a conclu le représentant.

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a commencé par déplorer que la déclaration du Groupe des États d’Europe orientale n’ait pas fait consensus, les raisons de cet échec étant, selon lui, les mêmes que lors des discussions sur la discrimination raciale, la semaine dernière.  Revenant à la commémoration elle-même, le représentant a estimé qu’il ne fait aucun doute que l’esclavage est constitutif du crime contre l’humanité et représente une source de racisme et d’intolérance dans tous leurs aspects.  Observant que des peuples restent victimes des conséquences de l’esclavage, il a rappelé l’engagement de son pays en faveur des processus de décolonisation et exprimé sa solidarité avec toutes les victimes de la traite des êtres humains. 

Le peuple ukrainien, a-t-il affirmé, a, lui aussi, souffert de l’esclavage.  Depuis l’antiquité jusqu’à la fin de l’ère soviétique, les Ukrainiens ont vécu sous ce joug, notamment pendant les trois siècles de domination russe.  Évoquant la répression politique à grande échelle du régime de Staline, qui a condamné au goulag et au travail forcé des centaines de milliers d’opposants, le représentant a estimé que l’ancien dirigeant soviétique a aussi perpétré « un génocide », en condamnant les Ukrainiens à « une famine artificielle » pour écraser leur esprit de résistant.  Le représentant a condamné la glorification en Russie de ce régime autoritaire du XXe siècle.  Il s’est déclaré inquiet des informations sur la traite d’êtres humains dans certaines parties de son pays sous occupation étrangère.  Les leçons du passé devraient nous enjoindre à prendre à bras le corps ce problème et à dénoncer les violations du droit international, qui ne font qu’exacerber l’ignorance et les conflits, a-t-il conclu. 

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a dit accorder une grande importance à la diffusion des connaissances sur les conséquences, les enseignements et le legs du commerce des esclaves.  La génération présente et future ne saurait oublier cette page tragique de l’histoire mondiale et les États Membres des Nations Unies se doivent de prendre toutes les mesures possibles pour rendre hommage aux victimes.  Il faut, a conseillé le représentant, « appeler les choses par leur nom »: l’esclavage et le commerce transatlantique des esclaves sont une des plus grandes violations des droits de l’homme et un des crimes les plus graves contre l’humanité, un crime qui n’est toujours pas reconnu ni expié. 

Le représentant a dénoncé les pratiques inhumaines des puissances coloniales européennes et des propriétaires terriens américains qui ont fait subir des dommages immenses aux peuples du continent africain.  Ce sont des millions de vies englouties car des hommes, des femmes et même des enfants ont non seulement été arrachés à leur terre mais ils ont également été victimes de traitements inhumains et cruels.  Ces personnes sont mortes malades alors que d’autres vivaient dans leur tour d’ivoire.

Les États africains ont été privés de millions de personnes, des forces vives combien nécessaires pour leur développement socioéconomique.  C’est pourquoi il est essentiel, selon le représentant, de se poser les bonnes questions, celle des excuses pour ces exactions mais également celle des réparations pour les dommages matériels et moraux subis.  Le représentant s’est enorgueilli de la contribution de son pays aux luttes d’indépendance des États africains et au démantèlement d’un système de colonialiste injuste.  Nous sommes solidaires avec tous les peuples et tous les États qui ont souffert de la traite de personnes.  Nous sommes donc en faveur de l’établissement des responsabilités pour les crimes commis au nom du colonialisme, a affirmé le représentant. 

M. DAI BING (Chine) a rappelé à son tour les horreurs de la traite internationale des esclaves, y voyant l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine.  Aujourd’hui, a-t-il constaté, les peuples et personnes d’ascendance africaine sont encore victimes de discrimination et de préjugés raciaux.  Dans diverses parties du monde, la suprématie de la race blanche reste bel et bien en vie.  Après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, l’an dernier aux États-Unis, de nombreuses personnes d’ascendance africaine et autres ont protesté dans le monde en scandant: « Nous ne pouvons plus respirer », a-t-il rappelé, avant de déplorer l’augmentation dans ce même pays du nombre d’actes de violence à l’encontre des personnes d’origine asiatique. 

Qui seront les prochaines victimes? s’est interrogé le représentant, notant que les États-Unis ont commencé à admettre leurs problèmes des droits de l’homme. Il est grand temps de les reconnaître et de les régler, a-t-il ajouté.  Il a également enjoint les États-Unis à s’engager à cesser leurs campagnes de calomnies à l’encontre d’autres pays.  Pour sa part, a-t-il assuré, la Chine est prête à travailler avec tous les autres pays pour bâtir des sociétés inclusives et égalitaires. 

Déclaration de clôture

En guise de conclusion, le Président de l’Assemblée générale a souligné que la Journée internationale est un rappel important de la genèse des inégalités, alors que nous nous efforçons de réaliser les promesses du Programme 2030.  Les efforts pour ne laisser personne sur le côté ne pourront aboutir, si nous oublions ceux qui ont été laissés pour compte et assujettis par la société par le passé, a averti le Président.  Bien que la traite transatlantique des esclaves ait pris fin, il y a bien longtemps, les plaies sur la psyché humaine restent à vif.  Nous sommes toujours en train de vivre l’impact de cet « échec moral » et nous naviguons toujours dans un monde injuste. 

Nous avons tous, a tranché le Président, l’obligation morale d’éliminer la discrimination raciale, sous toutes ses formes, qui persiste en tant qu’héritage de l’esclavage.  Il a exhorté tous les États Membres à s’engager de manière constructive dans les préparatifs du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, du Forum permanent sur les personnes d’ascendance africaine et de l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine.  « Joignez-vous à moi dans un moment de réflexion personnelle à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves car notre travail est loin d’être terminé », a conclu le Président. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Black Lives Matter », les appels contre la « pandémie du racisme » et le récit d’une « descendante d’esclave » résonnent à la tribune de l’Assemblée

Soixante-quinzième session,
57e séance plénière – matin
AG/12316

« Black Lives Matter », les appels contre la « pandémie du racisme » et le récit d’une « descendante d’esclave » résonnent à la tribune de l’Assemblée

À l’occasion de la Journée de l’élimination de la discrimination raciale, célébrée ce 21 mars, l’Assemblée générale a entendu, ce matin, de vibrants plaidoyers pour mettre fin à la « pandémie vicieuse, dangereuse, abominable, abjecte et omniprésente » du racisme, selon les mots du Secrétaire général.  « Le racisme tue », a-t-il dit.  Plusieurs intervenants, dont le Président de l’Assemblée générale, ont réaffirmé que « Black Lives Matter », tandis que la nouvelle représentante des États-Unis a retracé avec émotion sa vie de « descendante d’esclave », confrontée dans son enfance au racisme dans le sud des États-Unis, et devenue la voix et le visage de son pays à l’ONU.

Le racisme, qui est en bonne partie le legs de siècles de colonialisme et d’asservissement, est malheureusement, bien vivant, dans toutes les sociétés, a d’emblée reconnu le Secrétaire général, M. António Guterres.  « On le voit dans la discrimination et l’exclusion systématiques dont souffrent les personnes d’ascendance africaine, dans les injustices et l’oppression que subissent les peuples autochtones et les autres minorités ethniques, dans l’antisémitisme, l’islamophobie, la persécution de certaines minorités chrétiennes et d’autres groupes religieux, dans les actes de violence horribles commis récemment contre les personnes d’ascendance asiatique, injustement blâmées pour le COVID-19. »

M. Guterres a rappelé que l’année dernière, des personnes du monde entier sont descendues dans la rue pour manifester contre l’injustice raciale, ajoutant que « notre devoir est d’éradiquer le racisme ».  « Nous devons descendre en nous-mêmes, et nous demander chacun, chacune: en quoi suis-je raciste, et en quoi ma société est-elle raciste? » a poursuivi M. Guterres, en appelant à être « délibérément antiraciste ».  Il a enfin mentionné le travail de l’Équipe spéciale pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU qui vise à discuter du racisme, des préjugés conscients et inconscients, et de créer une organisation antiraciste.

Même son de cloche du côté de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, qui a mentionné la résolution chargeant son Bureau d’établir un rapport complet sur, notamment, le racisme systémique et les violations des droits de l’homme contre les Africains et les personnes d'ascendance africaine par les forces de l’ordre.  À l’instar des représentants du Groupe des États d’Afrique et du Système d’intégration d’Amérique centrale, Mme Bachelet a demandé une accélération de la mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024), et a souligné l’urgence de conclure la création de l’Instance permanente sur les personnes d’ascendance africaine.  Le Groupe des États d’Afrique, par la voix du Tchad, a également appelé les gouvernements à œuvrer à une « réparation » du colonialisme et de l’esclavage.

« Être victime de discrimination raciale est une expérience profondément personnelle, à laquelle certains d’entre nous ne peuvent vraiment pas s’identifier », a fait remarquer le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, suggérant d’apprendre de ceux qui veulent partager leurs expériences.  M. Uzodinma Iweala, Président de l’Africa Center de New York, a ainsi rappelé que « si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera tous. »  Après avoir marqué un moment de silence en l’honneur des personnes d’ascendance asiatique tuées cette semaine en Géorgie, il a rappelé qu’il n’y a pas de « petite  » lutte contre le racisme et que celle-ci doit être menée partout.

Mais la déclaration la plus forte est venue de Mme Linda Thomas-Greenfield, représentante des États-Unis, qui a indiqué que cette commémoration lui est personnelle.  « Je suis non seulement une personne d’ascendance africaine mais aussi descendante d’une esclave, Mary Thomas, née en 1865, elle-même enfant d’esclave. »  Mme Thomas-Greenfield a indiqué avoir été maltraitée durant son enfance dans le sud des États-Unis et y avoir vu le visage détestable du racisme. « J’ai survécu », a-t-elle expliqué, en appelant les victimes du racisme à ne surtout pas l’intérioriser.  « Il faut y faire face, à chaque fois. » 

Jugeant que le racisme est comme un cancer qui se développe s’il est ignoré, Mme Thomas-Greenfield a estimé que cette commémoration offre à l’Amérique l’occasion de réfléchir sur son « péché originel » -l’esclavage- , bien qu’elle n’en soit pas la « source originelle ».  D’autres partagent cette honte avec nous, a-t-elle souligné, ajoutant que les Africains asservissaient leurs compatriotes africains bien avant l’existence des colonies américaines.  Mme Thomas-Greenfield a indiqué avoir été victime de racisme dans d’innombrables contextes internationaux, en citant l’exemple des fouilles trop zélées dans les aéroports. « Le racisme était et continue d’être un défi quotidien, partout. »

Elle a néanmoins indiqué que les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et tant d’autres noirs américains ont suscité une demande de justice raciale -« Black Lives Matter » - afin de démanteler la suprématie blanche et les autres formes de haine.  Faisant valoir son histoire mais aussi la nomination comme Vice-Présidente de Kamala Harris présente à l’ONU cette semaine, la déléguée s’est voulue optimiste et a assuré que « nous pouvons changer les règles ».  Mettre fin à la discrimination raciale, en particulier dans notre système de justice pénale, sera ainsi une priorité absolue pour l’ensemble de l’Administration Biden-Harris, a-t-elle conclu. 

Sur un autre point de son ordre du jour, l’Assemblée générale a décidé de nommer Mme Eileen Cronin des États-Unis et Mme Carolina María Fernández Opazo du Mexique en tant que membres du Corps commun d’inspection (CCI) pour un mandat de cinq ans allant du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2026.  L’Assemblée générale a également pourvu un siège au Comité du programme et de la coordination (CPC), sur recommandations du Conseil économique et social (ECOSOC), en nommant les Philippines, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, pour un mandat débutant aujourd’hui et s’achevant le 31 décembre 2022.

Elle a enfin adopté la décision A/75/L.67 relative à la participation aux séances plénières officielles de l’Assemblée générale à sa soixante-quinzième session.

DÉCISION CONCERNANT LE PROJET DE DÉCISION (A/75/L.67)

Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée

M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale a rappelé qu’en 1966, l’Assemblée générale avait déjà reconnu les échecs collectifs dans l’affirmation des droits fondamentaux de l’homme, la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes. C’est ainsi qu’a été créée la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.  Cinquante-cinq ans plus tard, a ajouté le Président, la discrimination raciale continue d’exister.  L’année 2020 a été douloureuse pour de nombreuses personnes d’ascendance africaine à travers le monde, a dit M. Bozkir: les violences ont été filmées, des voix ont brisé le silence et puis le virus a frappé.

L’Assemblée générale, a dit son Président, a déclaré dans la résolution 74/270 qu’« il n’y a pas de place pour la discrimination, le racisme et la xénophobie dans la réponse à la pandémie. »  Cependant, a constaté M. Bozkir, les discours de haine et l’intolérance, les attaques xénophobes et anti-asiatiques ont augmenté avec des conséquences tragiques au cours de cette pandémie.  Des rapports informent que les personnes d’ascendance africaine ont souvent un accès inégal aux soins médicaux et connaissent des taux plus élevés d’infection par le coronavirus et de mortalité qui y est associée.  Elles sont deux fois plus susceptibles de mourir de la COVID-19 que leurs autres populations.  De plus, pour les survivants de la COVID-19, le coût des soins de santé et l’impact socioéconomique de la pandémie les poussent dans la pauvreté.

Le manque de soins de santé, de justice, de logement et d’éducation pour les personnes d’ascendance africaine perpétue les injustices et les inégalités, a observé le Président.  Si les personnes d’ascendance africaine sont laissées sur le côté, il sera difficile d’atteindre l’Objectif 10 de développement durable, en particulier, et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans son ensemble, a-t-il prévenu.  Être victime de discrimination raciale est une expérience profondément personnelle, à laquelle certains d’entre nous ne peuvent vraiment pas s’identifier, a fait remarquer M. Bozkir suggérant d’écouter et d’apprendre de ceux qui veulent partager leurs expériences.  « Nous devons tenir compte de l’impact des politiques sur les personnes les plus vulnérables. » Personne, a clamé le Président, ne devrait être empêchée de vivre la vie qu’il ou elle a choisie pour quelque raison que ce soit, et certainement pas à cause de la couleur de sa peau.

Les gens que nous servons nous observent et regardent si nous respectons les principes des Nations Unies, a mis en garde M. Bozkir qui a exhorté à soutenir le Portugal et l’Afrique du Sud, qui préparent les modalités de la réunion de haut niveau, à l’occasion de la vingtième commémoration de la Déclaration et le Programme d’action de Durban et de sa Déclaration politique.  Les recommandations de la Déclaration présidentielle de la Réunion ministérielle spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) et celles du prochain rapport sur le racisme systémique du Haut-Commissaire aux droits de l’homme nous guideront sur la voie à suivre, a recommandé M. Bozkir qui a aussi misé sur l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine qui devra être l’occasion d’une réflexion sur les échecs passés, les défis en cours, et la réconciliation.  « Black lives matter », a lancé le Président en terminant son allocution.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, le jour où, en 1960, la police sud-africaine a tué 69 personnes qui participaient à une manifestation pacifique contre les lois racistes de l’apartheid.  «  Aujourd’hui, l’apartheid n’est plus; malheureusement, le racisme, lui, est bien vivant, dans toutes les régions et dans toutes les sociétés. »  Il a dit que le racisme actuel est en bonne partie le legs de siècles de colonialisme et d’asservissement.  On le voit dans la discrimination et l’exclusion systématiques dont souffrent les personnes d’ascendance africaine, a-t-il insisté.  «  On le voit dans les injustices et l’oppression que subissent les peuples autochtones et les autres minorités ethniques.  On le voit dans les idées répugnantes des suprématistes blancs et autres groupes extrémistes. »  Mêlé à la discrimination, on le voit dans l’antisémitisme, l’islamophobie, la persécution de certaines minorités chrétiennes et d’autres groupes religieux, et dans d’autres formes d’intolérance et de xénophobie, a poursuivi le Secrétaire général.

« On le voit dans les actes de violence horribles commis récemment contre les personnes d’ascendance asiatique, injustement blâmées pour la COVID-19.  On le voit également dans les préjugés intégrés dans les systèmes de reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle. »

M. Guterres a rappelé que l’année dernière, des personnes du monde entier sont descendues dans la rue pour manifester contre l’injustice raciale et dénoncer le racisme pour ce qu’il est: une pandémie vicieuse, dangereuse, abominable, abjecte, et surtout, omniprésente.

Il a indiqué que le racisme est un mal profondément enraciné, qui transcende les générations, empoisonne les sociétés et perpétue l’inégalité, l’oppression et la marginalisation.  « Notre devoir, en tant que bons citoyens et citoyennes du monde, est de l’éradiquer. »  Il a appelé à le condamner sans réserve, sans hésitation, sans détour.  « Nous devons descendre en nous-mêmes, et nous demander chacun, chacune: en quoi suis-je raciste, et en quoi ma société est-elle raciste? » a poursuivi M. Guterres.  « Et que dois-je faire pour y remédier? »

Le Secrétaire général a indiqué que le racisme est un phénomène culturel complexe, qui ne se vaincra pas en une journée.  « Pour combattre le racisme, nous devons être délibérément antiracistes. »

Il a rappelé avoir lancé l’année dernière un débat à l’échelle de l’Organisation, piloté par l’Équipe spéciale pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU.  Cette équipe est chargée, notamment, de nous amener à parler du racisme, des préjugés conscients et inconscients, de la façon dont nous pourrons créer une organisation antiraciste.  « Il en va de notre responsabilité à tous et à toutes », a-t-il affirmé, ajoutant que c’est un problème qui concerne la société dans son ensemble.

Le Secrétaire général a rappelé que cette année marque le vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban par la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  « Il s’agit d’une occasion importante de porter un regard objectif sur notre situation et sur ce qu’il nous reste à accomplir. »

Face au racisme qui peut prendre de nombreuses formes, conscientes et inconscientes, M. Guterres a appelé à combattre, tous les jours, à tous les niveaux.  Il a jugé particulièrement important de reconnaître que les injustices de l’histoire ont contribué à la pauvreté, au sous-développement, à la marginalisation, à l’exclusion sociale et à l’instabilité, au détriment des gens comme des pays.  « Il est temps de reconnaître et de redresser ces torts de longue date et d’en soigner les séquelles. »

La justice réparatrice est un rouage essentiel de la réconciliation, de la prévention des conflits et de la création de sociétés fondées sur l’équité, l’égalité, le respect et la solidarité, a insisté le Secrétaire général, ajoutant qu’elle peut contribuer à réparer le contrat social entre les populations et les États.

Alors que les sociétés deviennent chaque jour un peu plus multiethniques, multireligieuses et multiculturelles, il a souligné la nécessité d’un engagement politique, culturel et économique plus fort en faveur de l’inclusion et de la cohésion.  « Nous devons cultiver la diversité et en tirer les fruits, pas la voir comme une menace. »

Rappelant que les jeunes sont à l’avant-garde de la lutte contre le racisme, il a lancé un appel aux jeunes du monde entier, aux dirigeants et aux éducateurs: « proclamons partout que tous les êtres humains naissent égaux ».

Le suprémacisme est une tromperie diabolique, a martelé M. Guterres.  « Le racisme tue. »

En ce jour et chaque jour, ensemble, débarrassons le monde de ce mal pernicieux qu’est le racisme, afin que nous puissions toutes et tous vivre dans un monde de paix, de dignité et de possibilités, a conclu le Secrétaire général.

Mme VERONICA MICHELLE BACHELET JERIA, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a noté l’impact disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur la santé et la perte massive de vies de personnes d’ascendance africaine, de minorités ethniques et d’autres groupes marginalisés et défavorisés.  « Génération après génération, la privation, la discrimination et l’injustice ont façonné les fractures que la pandémie a révélées, exploitées et amplifiées », a ajouté Mme Bachelet.

Après avoir appelé à éliminer la discrimination raciale, Mme Bachelet a rappelé que l’assassinat de George Floyd aux mains de la police à Minneapolis, l’année dernière, a conduit à des manifestations mondiales contre le racisme et la discrimination raciale et a suscité d’importantes discussions sur les héritages de l’esclavage et du colonialisme.  Elle a expliqué avoir déclenché un débat d’urgence au Conseil des droits de l’homme en juin dernier et l’adoption ultérieurement d’une résolution chargeant son Bureau d’établir un rapport complet sur le racisme systémique; les violations des droits de l’homme contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les forces de l'ordre; la responsabilité et les réparations pour les victimes; et les réponses des gouvernements aux manifestations pacifiques contre le racisme. 

La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a indiqué avoir ce matin informé le Conseil des droits de l’homme de l’établissement du rapport de son Bureau.  Elle a regretté que continuent de se produire les abus de recours à la force et la discrimination raciale commis par les responsables des forces de l’ordre contre les personnes d’ascendance africaine.  Elle a dit que les responsables de l’application des lois auteurs de violations des droits de l’homme doivent être tenus de rendre des comptes.  Il faut des mesures de réparation pour les victimes et leurs familles, a-t-elle insisté.  « Travailler avec les États et les personnes d’ascendance africaine et d’autres communautés touchées pour parvenir à l’égalité raciale et à la justice est une priorité pour mon Bureau », a-t-elle assuré avant d’ajouter que le racisme systémique nécessite une réponse systémique et globale.  Elle a expliqué que cela ne peut se faire sans reconnaître et traiter les liens entre ses manifestations actuelles et le manque de responsabilité et de réparation pour l’héritage de l’esclavage, le commerce transatlantique et le colonialisme, ainsi que les politiques et systèmes successifs de discrimination raciale.  Elle a appelé à des réformes qui s’attaquent aux causes de la discrimination raciale en responsabilisant les victimes.  

Alors que cette année marque le vingtième anniversaire de la Conférence de Durban, Mme Bachelet a expliqué que l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban a été l’occasion pour les États de reconnaître que « l'esclavage et la traite des esclaves sont un crime contre l'humanité ».  Elle a dit la nécessité de rendre justice aux victimes des violations des droits de l’homme, qui résultent du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. 

Rappelant que l’Assemblée générale a institué la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, de 2015 à 2024, Mme  Bachelet a appelé à accélérer la mise en œuvre du programme d’activités de la Décennie, qui appelle les États Membres à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la discrimination et promouvoir la pleine inclusion des personnes d’ascendance africaine.  « Mon Bureau a conseillé, aidé et soutenu un grand nombre d’initiatives, que j’ai soulignées dans mon rapport présenté au Conseil des droits de l’homme en mars de l’année dernière », a-t-elle dit avant d’exprimer, en tant que Coordonnatrice de la Décennie, l’urgence de conclure la création de l’Instance permanente sur les personnes d’ascendance africaine et d’élaborer un projet de déclaration des Nations Unies sur la promotion et le plein respect des droits de l’homme des personnes d’ascendance africaine.

M. UZODINMA IWEALA, Président de l’Africa Center de New York, a d’abord marqué un moment de silence en l’honneur des personnes d’ascendance asiatique tuées cette semaine aux États-Unis dans l’État de Géorgie.  Il a ensuite plaidé pour la recherche et l’exploration des façons dont la culture, l’économie et les politiques peuvent aider à améliorer les conditions de vie des 1,34 milliard d’habitants de l’Afrique et de tous les peuples du monde.  

M. Iweala a rappelé la douleur que cause, pour un Africain, un Nigérian ou un Américain noir, le souvenir des 69 vies prises par la police lors du massacre de Sharpeville en Afrique du Sud.  Les images de Ian Berry capturant la tragédie des événements du 21 mars 1960 pourraient facilement être celles du monde entier en 2020, voire de l’ensemble de cette dernière décennie, et pas seulement d’il y a plus de 60 ans, a fait remarquer le Président de l’Africa Center. 

Rappelant qu’au cours des 10 dernières années, et jusqu’en 2020, des millions de personnes de toutes les ethnies, races, sexes et âges sont descendues dans les rues pour proclamer que les « black lives matter », il a estimé que si ce slogan n’était pas les mots utilisés à Sharpeville, c’était sûrement le sentiment général des manifestants à l’époque.  Alors qu’ils avaient réclamé la reconnaissance et la protection de leurs droits de l’homme par la police, ils avaient été violemment attaqués comme les manifestants dans les rues de New York, Washington, Baltimore, Maryland, Seattle, Ferguson, Missouri et autres grandes villes à travers les États-Unis et le monde.  

M. Iweala a dit qu’il est difficile de reconnaître pleinement les racines du racisme sans comprendre la façon dont il est structuré au sein des institutions.  La suprématie blanche est au cœur de nombreux systèmes mondiaux y compris ceux qui prétendent promouvoir la paix et la compréhension mutuelle, a dénoncé M. Iweala constatant ses effets corrosifs sur la capacité de ses systèmes à fonctionner.  C’est la croyance en l’idée de suprématie blanche ou religieuse ou ethnique qui alimente des systèmes injustes, qui font que certains peuples se sentent en droit à une plus grande partie des ressources de notre planète et qui les absout de toute responsabilité d’agir pour rendre le monde vivable pour tous, a-t-il ajouté.  « Nous ne verrons jamais de progrès face aux défis mondiaux les plus difficiles tant que le racisme empêchera une véritable coopération. »  Si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera nous tous, a averti le Président de l’Africa Center. 

Les systèmes et les structures incroyablement puissants qui régissent notre mode de fonctionnement sont également basés sur cette idée, a-t-il continué.  « En raison de nos histoires compliquées et interconnectées de colonialisme, d’assujettissement, de violence et de résistance, nous sommes tous victimes et responsables. »  Nous partageons la responsabilité de nous assurer que les façons dont le racisme apparaît dans nos systèmes, explicitement et implicitement, sont observées, confrontées et contrôlées afin que nous puissions utiliser notre énergie pour des activités plus audacieuses et plus brillantes, a souligné M. Iweala.  Rappelant la mort et la destruction causées par le racisme depuis trop longtemps, il a prévenu que « si nous n’agissons pas, le racisme nous tuera tous ».  

Saluant le thème de la Journée internationale contre le racisme axé sur les jeunes, l’orateur a déclaré que les jeunes qui combattent contre le racisme seront toujours le présent et l’avenir.  « Nous devons soutenir les jeunes qui nous rappellent notre humanité commune, car si nous ne les soutenons pas, le racisme nous tuera tous »  Il a aussi rappelé qu’il n’y a pas de « petite » lutte contre le racisme.  « Cela se passe dans nos salons, nos cafés, nos lieux de travail, nos lieux de culte.  Cela doit se faire ici, dans cette grande salle de l’Assemblée générale et dans les bureaux des Nations Unies. »   M. Iweala a terminé en invitant l’Assemblée générale à le joindre dans sa volonté de respirer « l’air doux de la compassion, de la coopération et d’une vie sans restriction » avec tous les gens à travers le monde.

Mme AMMO AZIZA BAROUD (Tchad), au nom du Groupe des États africains, a souligné la persistance des discriminations qui visent les personnes d’ascendance africaine.  Elle a salué les progrès et les mesures prises pour lutter contre ces discriminations dans le cadre du Programme d’action de Durban.  Les gouvernements doivent encore renforcer leur action et œuvrer à une réparation du colonialisme, de l’esclavage et de l’apartheid, a-t-elle dit, en appelant de ses vœux un établissement des responsabilités.  L’autonomisation des peuples et l’égalité dessinent la voie à suivre, a-t-elle ajouté.  Elle a insisté sur l’importance d’un enseignement de qualité pour l’édification de sociétés plus inclusives et libres, rappelant que la Déclaration et le Programme de Durban appellent notamment à inclure dans les manuels d’histoire la contribution des personnes d’origine africaine.

La déléguée a rappelé que bien souvent les personnes d’ascendance africaine sont surreprésentées dans les emplois sous-rémunérés.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est l’occasion de reconnaître la contribution immense de ces personnes et de promouvoir l’égalité, a déclaré la déléguée.  Elle s’est dite préoccupée par le fait que les programmes scolaires peuvent renforcer les stéréotypes, tandis que les enfants d’ascendance africaine sont souvent à l’école placés dans les groupes des élèves les moins performants.  Cette décennie d’action est une chance unique de corriger les injustices du passé, a-t-elle dit, en plaidant pour l’autonomisation des entrepreneurs africains et des mesures de discriminations positives à l’emploi pour compenser les inégalités systématiques.  La déléguée a aussi demandé à ce qu’il soit mis fin aux discriminations aux Nations Unies, encourageant le Secrétaire général à adopter des mesures en ce sens lors des recrutements.  Elle a plaidé pour que tout groupe d’experts sur des questions africaines comprenne des personnes d’ascendance africaine.  En conclusion, la déléguée a redit son attachement à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.

Au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, M. DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a appelé à lutter contre toutes les formes de de racisme et de xénophobie et toutes les intolérances qui y sont associées.  Le représentant a estimé que la lutte contre le racisme devait être une priorité des Nations Unies.  Face aux discriminations dont sont victimes les personnes d’ascendance africaines et les migrants, le représentant de la Bolivie a appelé à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d'action de Durban adopté en 2010 en marge de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Le représentant a dit l’importance de mettre en œuvre également les activités liées à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) instaurée par l’Assemblée générale des Nations Unies.  Le représentant a prévenu que le développement durable n’est réalisable que s’il bénéficie à tous sans discrimination.

 Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres pays, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a regretté que les questions de racisme et de xénophobie soient toujours d'actualité partout dans le monde plus de 50 ans après l’adoption de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Par ailleurs, la pandémie a mis en lumière et amplifié les inégalités existantes entre les personnes appartenant à des groupes différents, avec un impact disproportionné sur les peuples autochtones, et autres groupes minoritaires, ethniques, religieux ou linguistiques, a-t-il remarqué.  Le représentant a relevé que les personnes les plus susceptibles d'être touchées par la crise sanitaire sont également celles qui souffrent le plus du ralentissement économique qui en résulte.  Il a aussi regretté les conséquences de la pandémie en termes de propagation de la désinformation, de la xénophobie et du racisme contre les personnes appartenant à des groupes minoritaires et marginalisés, y compris contre les étrangers.  « Le racisme n'est pas un phénomène nouveau, mais la crise de la COVID-19 a mis à nu son ampleur et son impact choquants. »

Appelant à être intolérant face au racisme et à la xénophobie, M. Hawke a particulièrement salué le mouvement Black Lives Matter et appelé à s’appuyer sur les mouvements de protestation contre le racisme de l'année dernière pour lutter contre la discrimination systémique et le racisme dans nos sociétés.  Après avoir souligné que la diversité, la compréhension et le respect sont des éléments essentiels de la paix et de la prospérité, le représentant a fait observer que l’ignorance engendre l’intolérance.  Face à ce constat, il a appelé à bâtir une culture mondiale célébrant la diversité des pensées, de l’histoire et des croyances.  M. Hawke a appelé à reconstruire une société post-COVID plus inclusive dans laquelle le racisme n’appartiendra qu’au passé.

Pour Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), cette commémoration est personnelle car elle est non seulement une personne d’ascendance africaine mais aussi descendante d’une esclave, Mary Thomas, née en 1865, elle-même enfant d’esclave.  Indiquant avoir été maltraitée durant son enfance dans le sud des États-Unis, elle a dit avoir vu le visage laid du racisme, avoir été victime de racisme et y avoir survécu.  Les victimes du racisme ne doivent pas l’intérioriser, malgré l’impact qu’il peut avoir sur notre vie quotidienne, a recommandé la représentante.  « Il faut y faire face, à chaque fois. »

Pour elle, le racisme est le problème du raciste et de la société qui produit le raciste.  « Le racisme est endémique dans de nombreuses communautés et sociétés. »  Il se propage parce que beaucoup de responsables le permettent, a protesté la déléguée, remarquant que d’autres regardent ailleurs et prétendent qu’il n’existe pas.  C’est comme le cancer qui, s’il est ignoré, se développe, a averti Mme Thomas-Greenfield.  « Cette commémoration offre à l’Amérique l’occasion de réfléchir sur son histoire sombre, histoire de l’esclavage. “

Si elle a dit que « l’esclavage est le péché originel des États-Unis », elle a ajouté que « l’Amérique n’est pas la source originelle de l’esclavage ».  D’autres partagent cette honte avec nous, a-t-elle souligné en constatant que l’esclavage existe aux quatre coins du monde.  « Les Africains asservissaient leurs compatriotes africains bien avant l’existence des colonies américaines.  Et dans de nombreux endroits à travers le monde, l’esclavage existe encore aujourd’hui. »  Elle a dénoncé le classement de la valeur humaine fait par les hommes qui opposent la suprématie présumée d’un groupe à l’infériorité présumée des autres.  En Amérique, a-t-elle dit, cela prend de nombreuses formes, en particulier « notre héritage de suprématie blanche ».

Cette année, les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et tant d’autres Américains noirs ont suscité une demande de justice raciale, un mouvement qui s’est propagé à travers le monde -« Black Lives Matter » -avec lequel nous devons démanteler la suprématie blanche et les autres formes de haine, a engagé la représentante.  Le FBI, a informé la déléguée, a relevé une augmentation des crimes haineux au cours des trois dernières années en particulier contre les Latino-Américains, les Sikhs, les Américano-Musulmans, les Américains juifs et les immigrants.  Cela n’inclut pas les intimidations, la discrimination, la brutalité et la violence auxquelles les Américains d’origine asiatique sont confrontés depuis le déclenchement de la COVID-19.  

L’attaque qui a eu lieu à Atlanta n’est que le dernier exemple de cette horreur, a regretté Mme Thomas-Greenfield en précisant que la nouvelle administration américaine a décidé de mettre le drapeau en berne en l’honneur des victimes de cette terrible tragédie insensée.  Elle a estimé que la solution à ce fléau est l’unité.  « Le racisme n’est pas unique à l’Amérique. »  Elle a affirmé avoir été victime de racisme dans d’innombrables contextes internationaux, citant par exemple des fouilles trop zélées dans les aéroports, ainsi que la discrimination contre son fils obligé d’attendre derrière les clients blancs pour une table dans un restaurant.  « Le racisme était et continue d’être un défi quotidien partout. »

Pour des millions de personnes, c’est plus qu’un défi, a relevé la représentante.  Elle a cité des endroits où le racisme peut tuer, comme en Birmanie où les Rohingya et d’autres ont été opprimés, maltraités et tués en nombre; ou encore « en Chine où le Gouvernement a commis un génocide et des crimes contre l’humanité contre les Ouïghours et les membres d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires au Xinjiang ». 

La représentante a également dit que malgré la prévalence et l’omniprésence de la discrimination raciale, elle garde espoir parce que les communautés et les pays peuvent adopter le changement.  Elle a fait valoir à cet égard son histoire de descendante d’esclaves devenue Représentante des États-Unis auprès des Nations Unies.  Nous pouvons changer les règles, a assuré la déléguée, raison pour laquelle la Vice-Présidente Kamala Harris était à l’ONU cette semaine.  Elle a aussi fait valoir que le cabinet du Président Biden est le plus diversifié de l’histoire américaine et compte le premier Amérindien à un poste ministériel.  

Elle a énuméré les priorités du Président qui ont trait à la lutte contre la discrimination raciale, notamment dans les domaines du logement et des prisons, ou encore tout ce qui est fait pour le respect de la souveraineté des tribus amérindiennes, la lutte contre la xénophobie et la discrimination à l’égard des Asiatiques, des Américains d’origine asiatique et des insulaires du Pacifique.  L’Administration Biden-Harris reconnaissant également comment la pandémie de COVID-19 et la crise économique ont eu des conséquences terribles pour les minorités raciales et ethniques, elle a pris des mesures pour fournir des fonds de secours d’urgence, accroître l’accès à des aliments nutritifs et effacer les prêts fédéraux des étudiants.

Ce n’est que le début, a lancé la représentante, assurant que mettre fin à la discrimination raciale, en particulier dans notre système de justice pénale, sera une priorité absolue pour le Président et pour l’ensemble de l’Administration Biden-Harris.  Elle a appelé tous les pays à ratifier et à mettre en œuvre la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa-Rica), au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale, a rappelé que l’Amérique centrale est une région pluriethnique et pluriculturelle. Le développement durable n’est possible que s’il profite à toutes et à tous, a-t-il ajouté.  Il a vu un « devoir moral » dans la nécessité d’adopter une « approche proactive » pour éliminer toutes les formes de discriminations.  « Le racisme touche tous les pays et nous devons l’éradiquer. »  Il a condamné dans les termes les plus fermes la résurgence actuelle du racisme et de l’intolérance et demandé des mesures concrètes pour y remédier.  Il a rappelé que sa région compte 30 groupes de personnes d’ascendance africaine, celles-ci représentant 18% de la population, avant d’insister sur l’importance d’apporter une réponse spécifique aux femmes d’ascendance africaine.  Il s’est dit en faveur de la création d’un Forum permanent des personnes d’ascendance africaine réunissant les gouvernements et la société civile pour un dialogue autour des droits de ces personnes.  Le délégué a enfin réclamé davantage de ressources pour le financement des activités de la décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

Au nom de l’Union européenne, M. FRANCISCO ANTONIO DUARTE LOPEZ (Portugal) a déclaré qu’il est du devoir commun des États Membres de lutter contre le racisme en tant que fléau mondial.  Il a expliqué que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités préexistantes avec des conséquences sur les personnes les plus vulnérables.  Le Portugal a exprimé le souci de l’Union européenne de mettre les droits fondamentaux au centre de la riposte face à la pandémie en gardant à l’esprit le devise « Unie dans la diversité » des institutions européennes.  Le représentant a assuré que l’Union européenne continuera à s’opposer à toutes les formes de discriminations qu’elles soient raciales, ethniques, linguistiques, religieuses ou autres, en rejetant toutes les formes d’incitations à la haine en ligne ou dans la vie réelle.  Le Portugal a estimé que la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, adoptée en 1965, demeure la base à partir de laquelle doit s’articuler la lutte contre toutes les formes de discriminations. 

 Mme ANA SYLVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a observé une vague inquiétante de discours de haine et de racisme contre les personnes d’ascendance africaine partout dans le monde.  Elle a rappelé les mesures prises par Cuba, un pays multiracial et où la population est majoritairement métisse, depuis la Révolution, pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale.  Ne se contentant pas des résultats obtenus, le Gouvernement a mis en place en novembre 2019 un programme de lutte contre le racisme et la discrimination raciale dont l’objectif est d’identifier les causes de la discrimination, et de trouver les solutions à ce phénomène, a ajouté la représentante qui a rappelé que la réalisation de la Déclaration de Durban reste l’objectif de Cuba sur la question.

M. ALOYSIUS SELWAS TABORAT (Indonésie) a demandé de « nouveaux outils » pour faire face aux nouvelles formes de racisme et de discrimination, en particulier celles encouragées par l’accès à Internet.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale sont cruciales pour préserver le legs de la Conférence de Durban de 2001, a-t-il estimé.  Ce n’est pas suffisant de condamner le racisme, nous devons agir, a tranché le délégué.  Il a indiqué que son pays a fait de sa diversité, l’une des plus grandes au monde, l’une de ses forces.  Le délégué a ensuite insisté sur le lien entre l’esclavage du passé et le racisme actuel.  Enfin, le délégué a demandé des mesures visant à la promotion de la connaissance des cultures des peuples africains et des contributions de ces derniers à bien d’autres cultures.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a constaté la divergence de points de vue au sein du groupe des États d’Europe orientale sur le lien direct entre les droits humains et l’élimination de la discrimination raciale.  Il a ajouté que malgré les avancées dans la lutte mondiale contre le racisme et la discrimination raciale, des crimes contre l’humanité et la persécution de populations persistent toujours.  « L’intolérance et la discrimination conduisent à la violence et aux conflits. »  De plus, la pandémie de COVID-19 ayant exacerbé les défis, il faut redoubler d’efforts pour donner une protection à ceux qui sont victimes de discrimination dans le monde, a demandé le représentant.  À cet égard, il a jugé important de mettre en œuvre la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  L’Ukraine attend ainsi la mise en œuvre des mesures conservatoires prescrites par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire qui l’oppose à la Fédération de Russie sur l’application de la Convention internationale, a déclaré le représentant.

 M. BING DAI (Chine) a indiqué que la Chine s’est exprimée le 9 mars au Conseil de droits de l’homme au nom de 120 pays pour appeler à lutter contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Le représentant de la Chine a regretté que les États-Unis aient instrumentalisé ce débat de l’Assemblée générale pour servir leur propre dessein politique en lançant des accusations infondées contre la Chine.  Il a déclaré que les accusations de génocide dans la province du Xinjiang sont fallacieuses et ne reposent que sur des rumeurs sans fondement.  Le représentant a exhorté les États-Unis à cesser d’instrumentaliser les droits de l’homme à des fins politiques et à provoquer des confrontations contreproductives.  Le représentant a invité les États-Unis à prendre les initiatives qui s’imposent pour mettre fin aux meurtres qui se multiplient contre des personnes d’ascendance asiatique et africaine dans leur pays.  

M. BRUNO RIZZI RAZENTE (Brésil) a insisté sur l’importance de la population d’ascendance africaine au Brésil, faisant de cette Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale une journée particulière pour les Brésiliens.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine est une occasion unique de lutter contre le racisme, a fait remarquer le délégué, en soulignant l’attachement du Brésil à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.  Il a reconnu que les Brésiliens d’ascendance africaine ne sont pas suffisamment représentés aux échelons supérieurs de la société, y voyant là la persistance des stéréotypes raciaux.  Enfin, le délégué a mentionné la politique de discriminations positives mise en place au Brésil pour y remédier.

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