Assemblée générale: fin de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida et appel solennel à l’occasion de la Trêve olympique
L’Assemblée générale a conclu, cet après-midi, sa Réunion de haut niveau de trois jours sur le VIH/sida qu’elle avait entamée le 8 juin dernier avec l’adoption, à l’issue d’un vote demandé par la Fédération de Russie, d’une Déclaration politique de 23 pages visant à « mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 ».
Plus d’une vingtaine de délégations ont pris part à la fin du débat sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et des Déclarations politiques sur le VIH/sida. Si elles se sont toutes engagées à redynamiser les efforts pour mettre fin à l’épidémie, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19, quelques délégations dont l’Iran ont suivi l’Arabie saoudite, en se dissociant d’une poignée de paragraphes de la Déclaration politique jugés controversés et incompatibles avec leurs valeurs culturelles et religieuses. À l’inverse, la Belgique a salué l’adoption de la Déclaration politique, tout en appelant à être plus ambitieux encore. Selon elle, l’éducation sexuelle complète est « cruciale » pour la lutte contre cette épidémie. Les barrières structurelles doivent être levées, y compris celle du consentement parental, a-t-elle dit.
Le Ministre de la santé de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a rappelé à quel point la pandémie de COVID-19 au cours de ces 12 derniers mois a ajouté des contraintes à la lutte contre le VIH/sida. Nos systèmes de santé doivent être renforcés et repensés, a-t-il lancé, en plaidant comme d’autres pour des partenariats avec la société civile, les organisations communautaires et confessionnelles et le secteur privé. Mettre fin aux inégalités d’accès aux services de santé est la condition sine qua non pour stopper le VIH/sida, a estimé le spécialiste en chef au Ministère de la santé et de la population du Népal.
« Nous avons transformé le VIH en une condition gérable », a témoigné en toute fin de séance le Vice-Président du Comité scientifique de l’entreprise pharmaceutique américaine Johnson & Johnson. Il a fallu plus de 20 ans pour apprendre comment une thérapie antirétrovirale peut nous aider à guérir de cette maladie. Il a annoncé la phase II de la mise au point d’un vaccin contre le VIH/sida dont les essais dévoileront leur résultat dans 12 mois.
À l’ouverture de la séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence à la mémoire du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, assassiné hier. Un hommage officiel lui sera rendu ultérieurement.
L’Assemblée générale a ensuite pris note de l’appel solennel* lancé par son Président à l’occasion de la trêve olympique pour les Jeux qui se tiendront à Tokyo, du 23 juillet au 8 août 2021, après un report d’un an du fait de la pandémie de COVID-19. Par sa résolution 74/16 du 9 décembre 2019, l’Assemblée générale a demandé instamment aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tant individuellement que collectivement, tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des Jeux de la XXXIIe Olympiade au septième jour suivant la clôture des XVIe Jeux paralympiques.
L’Assemblée a prévu une autre séance publique mercredi 21 juillet à partir de 11 h 30 pour se pencher sur la question de la sécurité routière.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES PRÉCÉDENTES
Suite du débat général
Mme ASIL SIDAHMED (Soudan) a déclaré que, bien que l’épidémie de VIH au Soudan soit considérée comme de faible intensité, elle affecte de manière disproportionnée certaines zones géographiques et populations. Chaque pays, a plaidé la représentante, doit pouvoir définir « sa population clef », en fonction du contexte épidémiologique, social et économique national. En ce qui concerne l’orientation et l’identité sexuelles, elle a souligné que son pays dispense une éducation « adaptée » à l’âge, au contexte culturel et à la législation nationale. Les facteurs structurels de la pauvreté et de l’analphabétisme, ajoutés aux déplacements provoqués par de longues années de conflits armés au Soudan et dans les pays voisins, ont rendu une partie considérable de la population particulièrement vulnérable au VIH. De plus, le système de santé fragmenté rend difficile les diagnostiques et le maintien des personnes vivant avec le VIH dans les centres de santé. À la fin de l’année 2020, moins de 25% des personnes vivant avec le VIH étaient incluses dans les programmes de traitement.
La situation de COVID-19 a ajouté à la complexité de la situation, car la pandémie et ses mesures préventives affectent la disponibilité et l’accessibilité des services relatifs au VIH, et provoquent des interruptions dans l’approvisionnement en médicaments et produits nécessaires, a poursuivi la représentante. Depuis le changement de régime en 2019, le Gouvernement a annulé la réglementation sur les restrictions liées aux voyages, à l’entrée et à la résidence, sur la base du statut VIH. De plus, le pays vient de promulguer des lois sur la criminalisation des mutilations génitales féminines, une pratique qui représente une forme extrême de violence sexiste affectant les Soudanaises depuis trop longtemps, s’est félicitée la représentante. Cependant, a-t-elle reconnu, des défis se posent toujours, en particulier en termes de faibles capacités et de financement de la riposte. Le Gouvernement du Soudan attend donc avec impatience le soutien de la communauté internationale pour renforcer son système de santé.
Au fil des ans, le Népal a réussi à réduire de 55% les décès liés au sida et le taux de nouvelles infections de 64% entre 2010 et 2020, a indiqué M. ROSHAN POKHAREL, spécialiste en chef au Ministère de la santé et de la population du Népal, en affirmant que son pays continue de progresser. Près de 83% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, plus de 79% d’entre elles suivent un traitement antirétroviral et environ 91% des personnes sous traitement ont une charge virale nulle. Ces réalisations cachent cependant des lacunes dans l’accès aux services essentiels et à d’autres services connexes pour les personnes les plus à risque, a concédé le Ministre.
Mettre fin aux inégalités d’accès aux services de santé est la condition sine qua non pour mettre fin au sida, a dit le Ministre pour lequel il faut des réponses sur mesure pour les personnes qui s’injectent des drogues, les personnes transgenres, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe, les migrants, les détenus et autres personnes en milieu fermé. Le Népal, a-t-il conclu, travaille en étroite collaboration avec la société civile et les organisations communautaires et s’engage à intégrer leurs expériences, leurs connaissances et leurs recommandations stratégiques dans la prochaine riposte nationale au VIH. Le pays compte sur un niveau accru de coopération avec ses partenaires au développement pour réussir à atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte), au nom du Groupe restreint LGBTI, a rappelé que les personnes LGBTI n’étaient pas explicitement nommées dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida adoptée en 2001, alors qu’elles étaient en première ligne de la crise causée par ce virus. Si elle a salué l’inclusion, en 2021, des personnes LGBTI dans tous les efforts visant à mettre un terme à l’épidémie, elle a néanmoins profondément regretté le fait que celles-ci ne soient pas encore nommées dans la Déclaration politique qui vient d’être adoptée. Nous devons renforcer nos efforts pour l’autonomisation des personnes les plus vulnérables, y compris celles touchées par le VIH/sida, a-t-elle dit. Mme Frazier a demandé l’élimination des lois et pratiques discriminatoires qui entravent une réponse efficace au VIH/sida, y compris la pénalisation d’une orientation sexuelle. Elle a rappelé que les contaminations entre hommes gays ont augmenté de 25% depuis 2010, alors qu’elles ont diminué de la même proportion dans le reste de la population. Sans des stratégies spécifiques reconnaissant la plus grande vulnérabilité de populations clefs, nous ne verrons pas la fin de la pandémie, a prévenu la représentante. Enfin, Mme Frazier a déclaré qu’il ne sera pas possible de mettre fin au VIH/sida tant que les personnes LGBTI continueront de faire face à la violence, aux discriminations, à l’homophobie, à la transphobie et à l’intolérance, notamment dans l’accès aux soins.
M. JELTA WONG, Ministre de la santé de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a rappelé à quel point la pandémie de COVID-19 au cours de ces 12 derniers mois a ajouté des contraintes à la lutte contre le VIH/sida. Nos systèmes de santé doivent être renforcés et repensés, a-t-il lancé, en plaidant pour des partenariats avec la société civile, les organisations communautaires et confessionnelles et le secteur privé. Les pandémies, a ajouté le Ministre, nécessitent une réponse bien coordonnée dans les pays et à travers les frontières. L’engagement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à travailler avec les populations clefs, telles que les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres et les prisonniers a démontré qu’il est possible de surmonter les inégalités d’accès aux services de santé, même s’il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le Ministre. Il s’est dit vigoureusement attaché à la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et s’est engagé à soutenir les objectifs fixés dans la Déclaration politique adoptée le 8 juin dernier.
M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) s’est félicité de l’adoption de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2021 et dit attendre « avec impatience » sa mise en œuvre effective. Il a indiqué que cette épidémie reste l’une des principales causes de décès en Ouganda, et qu’avec l’apparition de la pandémie de COVID-19 l’année dernière, la charge qui pèse sur ses systèmes de santé s’est encore aggravée.
Afin de se remettre sur la voie de l’éradication du sida d’ici à 2030, l’Ouganda a fixé des objectifs ambitieux dans son troisième plan de développement national 2020/21-2024/25, conformément à la nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026, entre autres. Il a indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida était passé de 18% en 1990 à 6% à l’heure actuelle. Au cours de la dernière décennie, le pays a également vu une réduction de 43% des nouvelles infections, et le nombre de morts dus au VIH/sida est passé de 53 000 en 2010 à 21 000 en 2019.
Parmi les défis qu’il reste à relever, le représentant a cité l’intensification des efforts de sensibilisation du droit à la santé lié au VIH, la création de programmes de prévention pour les populations clefs, l’élimination de la violence sexuelle et sexiste, ainsi que la stigmatisation et à la discrimination des personnes vivant avec le VIH. Il a également évoqué la garantie de médicaments sûrs et équitables pour tous dans le but d’atteindre les objectifs de réduction de l’infection à VIH et des décès liés au sida d’ici à 2025. À cet égard, une coopération et une coordination plus étroites au niveau international et au sein du système de l’ONU restent cruciales, a-t-il souligné.
M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a assuré que son pays s’est efforcé de promouvoir la santé des individus et de la société grâce à des mesures de soins et de prévention, tout en luttant contre la stigmatisation et la discrimination et en protégeant les droits des personnes qui souffrent du sida, dont les mères et les enfants. La société est sensible à la question des relations sexuelles et des grossesses sûres. En 2018, a poursuivi le représentant, un décret royal a créé un système de prévention relatif aux droits et devoirs des personnes contaminées, le sida étant considéré comme une maladie infectieuse. En outre, les institutions sanitaires sont tenues de fournir les soins de santé nécessaires aux personnes infectées, ce qui a permis au Royaume de réduire de façon importante le nombre des infections.
Nous avons, a souligné le représentant, participé aux négociations de manière constructive pour aboutir à des solutions qui prennent en compte les points de vue de chacun et n’aillent pas à l’encontre de la charia islamique. Il s’est donc dissocié d’un certain nombre de paragraphes qui contiennent « des tournures extrêmement polémiques » et « donnent l’impression d’encourager des pratiques dangereuses, illégales, et moralement et religieusement inacceptables en Arabie saoudite ». Il n’y a pas d’accord international sur certains libellés qui par ailleurs nuiraient gravement à la position unie qui a prévalu jusqu’à présent sur les droits de l’homme, a insisté le représentant. En conclusion, il a réaffirmé le droit souverain de son pays à mettre en œuvre les éléments de la Déclaration politique compatibles avec son système juridique et avec la charia.
M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a considéré qu’une réponse efficace et appropriée au VIH/sida nécessite une solidarité mondiale continue et une responsabilité partagée pour garantir que les systèmes de santé soient suffisamment renforcés. Nous avons besoin, a-t-il ajouté, d’une approche gouvernementale et sociétale holistique visant à éliminer toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH. Cependant, malgré les progrès significatifs réalisés à cet égard, l’Iran, a souligné le représentant, continue de souffrir de mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis, en violation des buts et principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et des normes fondamentales des relations internationales. « Mettre en péril la santé et la sécurité de populations entières à des fins politiques est non seulement illégal, mais aussi un crime de guerre et un crime contre l’humanité qui engage la responsabilité internationale », a martelé le représentant. En conclusion, il a réitéré que la mise en œuvre des recommandations contenues dans les politiques relatives au VIH/sida, y compris la Déclaration politique, doit être conforme aux lois nationales et aux priorités de développement de chaque État Membre, tout en respectant pleinement les différentes valeurs religieuses et éthiques ainsi que les origines culturelles des peuples.
Notre pays est parmi les plus touchés de la région, a révélé Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama), et ce sont les jeunes de 20 à 34 ans qui sont aujourd’hui les plus affectés. Le nombre annuel de cas de sida est toutefois passé de 48,1% en 2011 à 23,6% en 2019, soit une baisse de près de 25%. En 2020, il y a eu une diminution significative qui peut-être est attribuable à l’impact de la COVID-19 et aux mesures de confinement, a reconnu la représentante. Pour relever les défis de la COVID-19 au Panama, les organisations qui travaillent avec la population vivant avec le VIH ont mis en œuvre des initiatives via les réseaux sociaux afin que les groupes clefs puissent recevoir des soins et des traitements.
Mme Flores Tello a fait observer que depuis 2000, le Gouvernement panaméen a établi le cadre juridique pour l’éducation et la non-discrimination sur le VIH/sida et entre 2018 et 2019, une stratégie nationale pour l’extension de la couverture sanitaire qui met l’accent sur le VIH. « Personne ne devrait mourir du sida »: tel est le titre de la campagne lancée le 18 mai dernier, promue par la fondation PROBISIDA, en collaboration avec le Ministère de la santé du Panama, a encore indiqué la représentante, précisant que le but est faire en sorte que davantage de personnes atteintes de la maladie reçoivent gratuitement un traitement antirétroviral.
M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a reconnu que des progrès ont été accomplis depuis l’identification des premiers cas de sida, grâce en grande partie aux efforts déployés et aux médicaments antirétroviraux. Les nouvelles infections sont également tombées à 1,7 million en 2019, mais ce nombre est plus de trois fois supérieur à l’objectif fixé pour 2020. Il ne fait aucun doute, a regretté le représentant, que les objectifs mondiaux fixés dans la Déclaration d’engagement de 2016 n’ont pas été respectés. Selon M. Blanco Conde, de nombreux pays doivent encore intensifier leurs efforts pour atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030. Fin 2020, en République dominicaine, 38 270 personnes avaient accès à une thérapie antirétrovirale contre 20 247 en 2011, a précisé le représentant, et 82% de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique. Le pays met en œuvre des politiques visant les populations clefs, avec une approche basée sur les droits de l’homme, la participation communautaire, l’amélioration de l’accès aux services et la confirmation des principes d’égalité et de non-discrimination.
M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a souligné que son pays soutient tous les efforts internationaux contre le VIH/sida et pour les personnes infectées. Notre programme national, a-t-il dit, accorde la priorité à la sensibilisation et à la fourniture des meilleurs soins de santé possibles. Pour garantir la santé pour tous et éliminer le VIH/sida d’ici à 2030, le Fonds du développement du Qatar a versé la somme de 50 millions de dollars au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, a encore indiqué le représentant.
Mme SARA ZALANYI (Hongrie) s’est dite convaincue qu’avec un effort collectif supplémentaire, il sera possible de mettre fin à ce fléau une fois pour toutes. Mon pays, a-t-elle souligné, s’est fermement engagé à contribuer à la réalisation de cet objectif qui ne nécessite pas seulement des politiques audacieuses mais aussi la volonté politique, le soutien professionnel et des ressources humaines et financières suffisantes. La représentante a décliné trois mesures essentielles à mettre en œuvre, parmi lesquelles un soutien financier durable à la prévention, au dépistage et au traitement; l’augmentation du taux de dépistage; et enfin la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH/sida, en accordant une attention particulière aux groupes à risque dans les zones rurales, où les taux de détection sont plus faibles.
En Hongrie, a encore indiqué la représentante, chaque patient séropositif a accès aux médicaments antirétroviraux les plus récents, « presque gratuitement ». Les personnes séropositives reçoivent des soins principalement dans les hôpitaux centraux et les centres de soins spécialisés dans les maladies infectieuses. Grâce à ces politiques efficaces, le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées séropositives est inférieur à 200, et 42 cas de sida ont été recensés en Hongrie en 2020, pour une population d’environ 9,8 millions d’habitants. L’exemple de la Hongrie démontre qu’il est effectivement possible de prévenir, de repousser et de supprimer le VIH/sida par une action globale et ciblée, s’est enorgueillie la représentante.
M. KANISSON COULIBALY (Mali) a indiqué que son gouvernement continue d’intensifier ses efforts dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida, afin d’atteindre, à l’horizon 2030, les objectifs de zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH. À cet égard, les autorités maliennes continueront de s’atteler particulièrement à la fourniture de services sanitaires et à l’accès des populations, notamment les couches les plus vulnérables, aux programmes complets de prévention, de traitement et de soins », a assuré le représentant. Cependant, les progrès accomplis restent très fragiles, surtout dans le contexte de la crise sécuritaire que traverse le Mali depuis 2012, a-t-il reconnu. Un autre défi majeur porte sur l’arrêt du soutien financier des partenaires, a ajouté M. Coulibaly, qui a dit ne pas oublier la problématique de l’orpaillage traditionnel et artisanal.
Pour lui, la meilleure réponse à ces défis est la mutualisation des efforts et l’intensification de la coopération internationale, afin d’éviter l’interruption des services, la dispersion du personnel de santé, la rupture du traitement et le dysfonctionnement dans l’accès audit traitement. Il nous faut également des ressources et travailler davantage à une plus forte mobilisation des acteurs nationaux, notamment le secteur privé et la société civile, y compris les leaders traditionnels et religieux, dans la mise en œuvre de nos politiques et programmes de prévention et de lutte contre le VIH/sida, a conclu le représentant.
Mme HAIFA ALI E. N. ALNASER (Koweït) a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration politique de 2016, avec la baisse des décès relatifs au sida et des nouvelles infections. Mais ces progrès ne sont que peu de choses par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés, a-t-elle averti. La stigmatisation et l’exclusion sociale font que le VIH/sida continue de constituer un danger pour la santé publique. De plus, la pandémie de COVID-19 a mis à nu les faiblesses des systèmes de santé et les inégalités dans le monde, d’où l’importance de renforcer la coopération entre les diverses entités des Nations Unies pendant la période 2021-2026 qui est celle de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida. La représentante s’est ensuite associée à l’Arabie saoudite et d’autre pays pour souligner que la Déclaration politique doit aller de pair avec les législations nationales et les valeurs religieuses et culturelles. Elle a mis l’accent sur l’importance de la famille, de la prévention et de la sensibilisation, et vanté le cadre juridique que son pays a renforcé pour garantir les droits des personnes atteintes du virus, dont le respect de l’anonymat.
M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a expliqué qu’avec une population d’à peine deux millions d’habitants, le Lesotho fait partie des pays les plus durement touchés par l’épidémie de VIH/sida avec un taux de prévalence de 23%. Les principaux moteurs de la pandémie du VIH continuent d’être, mais sans s’y limiter, la pauvreté, les migrations, la violence sexuelle et les faibles niveaux de connaissance en matière de prévention et de transmission parmi la population. Malgré tout, le Lesotho a réalisé des progrès significatifs dans la riposte au VIH au cours des deux dernières décennies, a affirmé le représentant en expliquant que 90% des personnes vivant avec le VIH au Lesotho connaissent leur statut sérologique; 97% des personnes qui connaissent leur statut VIH suivent un traitement antirétroviral et que 92% des personnes qui suivent ce traitement n’ont plus de charge virale.
Compte tenu des progrès réalisés à ce stade, le Gouvernement du Lesotho a ajusté ses objectifs de VIH à 95-95-95 d’ici à 2023. De plus, grâce à l’adoption d’une stratégie de service de dépistage du VIH différenciée, la politique de dépistage et de traitement a débouché sur une amélioration dans la couverture des traitements antirétroviraux. L’adoption de politiques pertinentes a entraîné une réduction de 75% de l’incidence du VIH, passant d’environ 20 000 nouvelles infections avant 2016 à 5 000 nouvelles infections en 2020. Les décès liés au VIH et au sida ont également baissé de 40%, passant d’environ 7 800 décès à 4 800 décès en 2019. M. Monyane a ensuite indiqué que les restrictions de mouvement imposées pour faire face à la pandémie de COVID-19 avaient provoqué une réduction significative du nombre d’identification de cas de VIH et une augmentation du taux d’interruption des traitements.
M. IBRAHIMA KOMARA (Guinée) a indiqué que les crises d’Ebola et de COVID-19 en Guinée ont mis en lumière les faiblesses du système de santé. Cela s’est traduit par un recul de l’utilisation des services généraux qui a affecté les efforts de dépistage ainsi que la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Fort de ce constat le Gouvernement guinéen intervient sans relâche pour reconstruire le système de santé afin de compenser les revers subis par les plans d’intensification de la lutte contre le VIH durant la crise Ebola et la COVID-19.
Il a indiqué que la Guinée a aujourd’hui une séroprévalence du VIH relativement faible de 1,5%. Parmi les autres résultats tangibles, il a cité la prise en charge en ARV de 61 000 personnes vivant avec le VIH, le dépistage annuel de plus de 500 000 femmes enceintes et le traitement prophylactique ARV en PTME de 3 000 femmes enceintes par an.
En vue de réussir le combat entamé depuis de longues années par la communauté internationale, les discours doivent céder la place aux actions concrètes, a-t-il souligné, évoquant notamment l’augmentation significative du budget de l’État dans la lutte contre le VIH/sida, l’éradication de la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH et la pleine participation des organisations de la société civile.
M. JEAN-FRANÇOIS BRACKMAN (Belgique) a déclaré qu’en l’absence d’une éradication complète de l’épidémie, il est indispensable de maintenir un niveau ambitieux d’action et d’investissement. Il a souligné que la lutte contre le VIH/sida relève d’une responsabilité́ politique collective et a fait savoir que la lutte contre le VIH/sida fait partie intégrante de l’appui de la coopération belge au renforcement des systèmes de santé des pays partenaires. En outre, la Belgique a contribué́ à hauteur de 13,5 millions d’euros au budget de l’ONUSIDA entre 2017 et 2020, et a également versé 60 millions d’euros au Fonds mondial durant la même période pour la lutte contre le VIH/sida.
Le représentant a salué l’adoption de la Déclaration politique, tout en appelant à être plus ambitieux encore. L’éducation complète à la sexualité́ est cruciale dans la lutte contre cette épidémie, et les barrières structurelles doivent être levées, y compris celle du consentement parental, a-t-il souligné. Il a aussi plaidé pour une inclusion des services aux porteurs du VIH/sida par la couverture santé universelle, tout en garantissant un rôle pour la société́ civile et les initiatives menées par les communautés.
Mme AYA KAMAL IBRAHIM HASSAN (Égypte) a déclaré que son gouvernement accorde une grande importance à la lutte contre le VIH/sida, l’objectif étant non seulement de réduire les risques de contamination mais aussi de fournir des soins médicaux de qualité à l’ensemble de la population, sans discrimination aucune. Nous avons l’ambition, a souligné la représentante, de garantir la couverture sanitaire universelle, y compris pour les personnes atteintes du VIH. Elle a insisté sur l’effort particulier consenti dans le cadre de la pandémie de COVID-19, avant de rappeler l’importance de l’éducation, de la famille et de la religion dans la sensibilisation aux dangers du VIH/sida et d’insister sur le « droit souverain » de chaque État de mettre en œuvre la Déclaration politique, en fonction de son contexte socioculturel.
M. KIMURA TETSUYA (Japon) a souligné la grande importance que son pays attache à la santé mondiale et au contrôle des maladies infectieuses. La réalisation de la couverture sanitaire universelle basée sur le principe de la sécurité humaine est un pilier de l’action diplomatique du Japon, a-t-il aussi souligné. Le représentant a blâmé la discrimination et les inégalités socioéconomiques qui entravent l’accès aux services de santé. Il a jugé essentiel d’avoir une coopération étroite entre les autorités financières et sanitaires pour garantir des ressources durables dans la riposte contre le VIH/sida. Le Japon, a-t-il dit, appuie les investissements dans l’innovation pour un meilleur rapport qualité/ prix, s’agissant notamment des soins adaptés aux enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire. « Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas », a martelé le représentant.
M. CHET DONOVAN NEYMOUR (Bahamas) a déclaré que, dans son pays, des progrès considérables ont été faits pour mettre fin au VIH/sida, avec une diminution de 53% des nouvelles infections, au cours de la décennie écoulée. Mais, a-t-il reconnu, nous devons continuer d’adapter les stratégies pour répondre aux besoins de tous, y compris les personnes vivant avec le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes transgenres et les personnes incarcérées. Nous n’avons pas, s’est enorgueilli le représentant, de lois contre les relations homosexuelles entre adultes consentants. À l’avenir, le Gouvernement des Bahamas se concentrera sur les priorités stratégiques consistant à maximiser l’accès équitable et égal aux services et solutions; éliminer les obstacles aux progrès; et fournir ressources et soutien à la riposte.
M. KYAW MOE TUN, (Myanmar) a regretté que le coup d’état militaire du 1er février dernier ait réduit les efforts nationaux, notamment la mise en œuvre du Plan stratégique sur le VIH/sida 2016-2020. Les actions « brutales, inhumaines, systématiques et ciblées » des militaires contre les civils se poursuivent. Au 10 juin 2021, un total de 5 965 personnes ont été arrêtées, 4 804 étaient toujours en détention, 1 936 faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt et 860 personnes, dont des femmes, des filles et des enfants, étaient « impitoyablement » assassinées. Ces actes de violence et d’inhumanité, s’est alarmé le représentant, menacent l’accès à l’aide humanitaire et aux services essentiels, notamment aux soins de santé.
Alors que la communauté internationale est tout à fait d’accord pour mettre immédiatement fin à la violence contre les civils, les militaires « meurtriers » continuent de violer le droit international et d’entreprendre des actions « disproportionnées et aveugles » contre les civils. Le représentant a appelé à la fin immédiate de tous les actes « brutaux et inhumains » contre les civils et le personnel de santé, « une question de la plus haute importance ».
Si Mgr FREDRIK HANSEN (Saint-Siège) a salué les progrès accomplis au cours de ces cinq dernières années, et même au cours des 20 dernières années, depuis la première Réunion de haut niveau sur le VIH/sida, il a estimé que ces progrès s’accompagnent toutefois de reculs et de défis permanents. Il a cité, à cet égard, le taux des infections qui ont certes considérablement diminué dans de nombreux endroits, mais augmenté dans d’autres. Sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH, 12 millions ne sont toujours pas traitées, dont 7 millions qui ne connaissent pas leur statut. En outre, la pauvreté, le manque d’éducation et la médiocrité des soins de santé contribuent à la fois au risque d’infection et aux difficultés d’accès au dépistage et au traitement.
Pour Mgr Hansen, l’épidémie mondiale de VIH ne prendra pas fin tant que l’on ne s’attaquera pas aux causes profondes de sa propagation, notamment les comportements à risque et les relations irresponsables, en particulier chez les jeunes. Il a milité en faveur d’une appropriation nationale, la sensibilité culturelle et l’implication des communautés, essentielles pour garantir le succès de la riposte. Il a rappelé que le Saint-Siège a organisé cinq dialogues de haut niveau sur les lacunes en matière de prévention et de traitement du VIH et de la tuberculose chez les enfants, lesquels ont abouti au « Plan d'action Rome 2020 », adopté en novembre dernier. Le Saint-Siège croit fermement que « nous pouvons nous remettre sur la voie de l’éradication du VIH/sida si chacun s’engage à faire sa part ».
Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a indiqué que son organisation travaille à l’intersection de la santé publique, du droit et du développement. Depuis 2009, elle s’emploie à promouvoir une réponse au VIH/sida fondée sur les droits. Mme Beagle a ainsi rappelé le rôle central du droit, des droits de l’homme et de l’accès à la justice dans la riposte mondiale au VIH. Comme la pandémie de COVID-19 l’a rappelé, tous les États ont besoin de cadres juridiques et politiques efficaces pour faire face aux défis importants de santé publique, en particulier pendant les urgences.
L’IDLO promeut un soutien juridique plus efficace aux personnes vivant avec le VIH, en fournissant une assistance technique, une éducation juridique et une aide au renforcement des capacités du personnel judiciaire, de la société civile et des populations vulnérables, a expliqué Mme Beagle.
Elle a jugé essentielle l’autonomisation des personnes et des communautés, car les personnes qui sont conscientes de leurs droits, dont celui à une réparation, sont mieux à même de contester les lois discriminatoires, les normes sociales et les stéréotypes qui ont tant contribué au coût humain de l’épidémie de sida. Il faut, a insisté l’intervenante, s’attaquer de toute urgence aux inégalités et à la discrimination sous-jacentes qui restent l’obstacle le plus important à l’éradication du sida d’ici à 2030.
M. DUARTE PACHECO, Président de l’Union interparlementaire (UIP), a indiqué que forte du poids de 179 parlements nationaux et de 46 000 parlementaires, l’UIP a toujours reconnu le VIH/sida comme une menace majeure au bien-être social et au développement. L’UIP a adopté une Déclaration à l’occasion de cette Réunion de haut niveau, appelant les parlements à exercer pleinement leurs pouvoirs pour réaliser le droit à la santé et mettre fin au sida d’ici à 2030. Nous savons, a dit le Président, que la législation est un moyen d’améliorer l’accès aux services de santé et d’éradiquer le VIH. Les parlementaires peuvent faire entendre la voix des communautés dans les lois et les politiques et empêcher les inégalités entre les sexes, les inégalités sociales et autres de rendre plus vulnérables les femmes, les personnes vivant avec le VIH et les populations clefs.
Pour inverser la tendance des infections et des décès liés au sida et à la COVID-19, il faudra également, a poursuivi le Président, affecter « plus efficacement » les ressources au secteur de la santé. Malgré les pressions budgétaires aggravées par la pandémie de COVID-19, investir dans la lutte contre le VIH/sida, « c’est investir dans un avenir plus égal, plus juste et plus prospère pour tous ». Dès lors, l’UIP appelle tous les pays et toutes les parties prenantes à renouveler leur engagement et à s’unir pour accélérer les progrès dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026. Nous sommes pleinement engagés dans notre partenariat avec ONUSIDA et nous nous réjouissons de continuer de jouer notre rôle dans la riposte au VIH/sida. S’il y a une leçon à retenir de la pandémie de COVID-19, c’est « que si nous restons les bras croisés, des gens souffrent et meurent ».
Mme CECILIA CHUNG, Observatrice du Presidential Advisory Council on HIV/AIDS – US CAUCUS, a demandé aux États Membres de laisser de côté leurs divergences pour mettre un terme non pas à une pandémie mais à deux, celles du VIH et de la COVID-19. Mais pour y parvenir, il faut davantage de ressources et de coopération, a souligné l’activiste, avant d’implorer la communauté internationale de tenir compte des personnes vulnérables, en particulier des personnes transgenres comme elle, qui refusent d’être de « simples statistiques ».
M. ALLAN MALECHE, Directeur exécutif de « Kenya Legal Ethical Network on HIV/AIDS », a souligné que la vraie pandémie, c’est la discrimination et la criminalisation des personnes vivant avec le VIH. Il a aussi dénoncé les inégalités entre les sexes et la tuberculose comme la première cause de mortalité chez ces personnes. Le moment est venu d’agir, a-t-il dit, notant que les pays riches se montrent réticents à financer ONUSIDA. Dans certains cas, a-t-il accusé, ils préfèrent adopter des lois contre l’identité des gens ou se battre sur des libellés agréés depuis longtemps. Les États Membres, a tancé l’activiste, doivent respecter les droits de l’homme et s’engager à élargir l’accès à des médicaments abordables.
M. PAUL STOFFELS, Vice-Président du Comité scientifique de l’entreprise pharmaceutique « Johnson & Johnson », a reconnu que beaucoup de progrès ont été réalisés depuis le début de la pandémie de VIH/sida. Nous avons transformé le VIH en une condition gérable, a-t-il dit, même si de très nombreuses personnes sont encore infectées chaque année. Il a évoqué son travail « difficile » à l’hôpital, avant le développement des traitements. Il nous a fallu, a-t-il rappelé, plus de 20 ans pour apprendre comment une thérapie antirétrovirale peut nous aider à guérir la maladie. Nous avons pu arrêter la progression du VIH grâce à la combinaison de plusieurs médicaments développés notamment par « Johnson & Johnson », s’est-il enorgueilli. Mais le plus important est d’éduquer les gens à la prévention du VIH et aux mesures prophylactiques. Nous n’éradiquerons pas le VIH sans un vaccin, a averti l’intervenant, avant de confirmer que son entreprise en est à la phase II de la mise au point d’un vaccin dont les essais dévoileront leur résultat dans 12 mois. « Nous devons continuer de trouver les moyens de travailler ensemble », a-t-il conclu.