Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 54 organisations dont l’Association internationale Kofi Annan pour la promotion et la protection des droits de l’homme et la paix 

Session de 2021,
1ere et 2e séances plénières– matin & après-midi
ONG/910

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 54 organisations dont l’Association internationale Kofi Annan pour la promotion et la protection des droits de l’homme et la paix 

Le Comité des ONG a ouvert sa session 2021 aujourd’hui en recommandant au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 54 organisations et a reporté sa décision sur 15 autres demandes de statut, priées d’apporter des répondre au préalable aux questions supplémentaires de ses 19 membres. 

À la fin de cette première journée, le Comité a recommandé à l’ECOSOC d’octroyer le statut consultatif spécial, entre autres, à l’ONG camerounaise « Association internationale Kofi Annan pour la promotion et la protection des droits de l’homme et la paix ».  Créée en mars 2005, l’ONG totalise aujourd’hui 74 membres qui agissent pour les droits de l’homme en milieu rural dans la région de l’ouest du Cameroun.  Elle a ouvert huit guichets d’observation des droits de l’homme et d’appui opérationnel et formé au moins 5 000 personnes vivant en milieu rural par voie radiophonique et 120 observateurs des droits de l’homme.  

Le Comité peut recommander trois statuts auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et qui ne sont concernées que par certaines activités de l’ECOSOC.   La Liste va aux ONG qui ne rentrent dans aucune de ces deux catégories et qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte. 

À l’ouverture de la session, le Comité a réélu M. Mohamed Sallam, du Soudan à sa présidence, ainsi que M. Michael Baror d’Israël à sa vice-présidence.  Ce dernier assurera également la fonction de rapporteur.  Il s’agit de la première session depuis les reports de mai et juin 2020 et de la session ordinaire de 2021 qui devait se tenir en janvier et février 2021, mais qui ont été ajournées en raison de contraintes liées à la  COVID-19.  Le Comité a décidé que cette session se terminera le 25 mai prochain et reprendra du 30 août au 3 septembre, du 7 au 10 septembre puis le 17 septembre 2021.  

Cette session sera particulièrement dense, avec 516 nouvelles demandes de statut présentées par des ONG de 90 pays différents, a déclaré M. Sallam.  Le Comité examinera 339 dossiers qui avaient été reportés lors des sessions précédentes ainsi que 696 rapports quadriennaux, en plus des 77 des sessions précédentes.  Les recommandations du Comité seront envoyées à l’ECOSOC pour approbation au « segment gestion » qui se tiendra du 21 au 22 juillet 2021. 

La Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable a invité le Comité à songer davantage des sessions virtuelles afin de faciliter la participation des ONG qui n’ont pas les moyens de venir à New York.  Mme Marion Barthelemy annoncé que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) va lancer l’année prochaine un nouveau système de gestion des demandes d’accréditation des ONG, en réponse au piratage du système actuel, en juin dernier.  Arguant de la multiplication par 4 des demandes de statut depuis 2010, elle a appelé au renforcement des capacités humaines de DAES. 

Le Soudan a demandé le retrait du statut consultatif spécial de 9 ONG, pour avoir reçu une aide financière « directe » de l’ancien Président déchu.  Ces ONG n’ont aucune activité et elles ne répondent pas du tout aux critères du Comité, aux dispositions la Charte des Nations Unies et encore moins aux objectifs de l’ECOSOC, a accusé le Soudan. 

Le Pakistan a accusé 10 ONG dotées du statut consultatif d’avoir propagé des informations fallacieuses sur lui, au cours des délibérations du Conseil des droits de l’homme.  Il a souhaité que le Comité demande des informations complémentaires à ces ONG.  Les États-Unis et la Grèce ont plaidé pour que ces ONG puissent défendre leur cause devant le Comité. 

Le Chef par intérim du Service des ONG, M. Marc-André Dorel, a expliqué qu’en cas de plainte d’un État, le Comité des ONG peut poser des questions à des ONG pour se faire une idée de la conduite à tenir à l’avenir.  Il a rappelé que ce genre de plaintes sont souvent basées sur des allégations présentées par l’État plaignant qui présente des informations qu’il juge pertinentes. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mardi 18 mai, à partir de 15 heures. 

Renforcement du Service des ONG du Département des affaires économiques et sociales (DEAS) et Examen des méthodes de travail du Comité: application de la résolution 1996/31 du Conseil s’agissant, notamment, du processus d’accréditation des représentants des organisations non gouvernementales, et de la décision 1995/304 du Conseil 

La Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable a invité le Comité à inclure davantage de sessions virtuelles afin de renforcer la participation aux travaux des ONG qui n’ont pas les moyens de faire le déplacement à New York.  Mme Marion Barthelemy a salué les avancées numériques de l’ONU, et notamment celles faites par l’ECOSOC qui a poursuivi ses activités malgré la pandémie.  Selon elle, le fossé numérique peut encore se creuser si des politiques d’accès à l’Internet ne sont pas mises en place pour les plus vulnérables. 

Le virage numérique ne saurait aboutir à la marginalisation de la société civile, a-t-elle décrié, avant d’annoncer que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) va lancer l’année prochaine un nouveau système de gestion des demandes d’accréditation des ONG, afin de réagir aux préoccupations sécuritaires après le piratage du système actuel en juin dernier.  On a vu une multiplication par 4 des demandes des ONG depuis 2010, a-t-elle aussi justifié, appelant au renforcement des capacités humaines de DAES pour suivre cette explosion de demandes d’accréditation.  

Il faut que l’on étudie diverses idées pour utiliser les technologies numériques afin d’améliorer l’interaction avec les ONG, a renchéri le Mexique, mettant en avant le contexte international de restriction des voyages qui affecte surtout les ONG des pays en développement.  L’Union européenne (UE) a insisté sur le fait que l’ONU ne peut faire son travail sans l’apport des ONG.  Elle a invité l’Organisation à se pencher résolument sur les cas de menaces et pressions faites sur les ONG qui défendent les droits de l’homme.  Elle a souhaité que le Comité des ONG ne retarde plus l’octroi du statut consultatif aux ONG par des méthodes « dilatoires » comme ces questions qui n’en finissent pas.   

Poser des questions sur les futurs plans d’action des ONG est sans objet, a dénoncé la délégation, avant de demander que l’ECOSOC puisse éventuellement réviser les décisions du Comité si ces pratiques « dilatoires » se poursuivent.  Il faut aussi promouvoir la diversité au sein du Comité et c’est pourquoi l’UE a invité les délégations à voter pour des États qui ont des avis positifs sur la participation des ONG. 

Les États-Unis ont également rejeté les pratiques consistant à reporter indéfiniment l’examen des rapports quadriennaux des ONG, une pratique qui vise surtout les ONG des droits de l’homme, ont-ils noté.  Ils ont invité le Comité à être « transparent et inclusif », notamment en utilisant à bon escient les outils numériques pour rendre l’ONU plus accessible à la société civile.  Dénonçant aussi les « barrières » érigées devant certaines ONG, le Royaume-Uni a annoncé sa candidature au Comité. 

La Turquie a appelé à la rationalisation des méthodes de travail du Comité afin de gérer une charge de travail toujours plus importante.  Elle a salué le fait que les sessions du Comité peuvent désormais être suivies virtuellement partout dans le monde.  La Grèce a aussi mis l’accent sur la transparence des travaux du Comité, alors que le Brésil a salué le fait que le Comité puisse à nouveau se réunir en personne.  L’Estonie a jugé que l’interaction avec les ONG est importante pour les travaux du Comité. 

Le Pakistan a dit avoir toujours joué son rôle pour faciliter la participation des ONG aux travaux du Comité.  Elle a accusé neuf ONG dotés du statut consultatif d’avoir propager des informations « fallacieuses » sur lui au cours de délibérations du Conseil des droits de l’homme.  Il a donc souhaité que le Comité demande des informations complémentaires sur ces neuf ONG.  L’Inde a accusé le Pakistan de politiser les travaux du Comité, accusant son voisin d’avoir créé une ONG « factice » qui mène des activités « douteuses ».   Au sujet de la requête pakistanaise, elle a déclaré que le Comité des ONG ne peut courir le risque de tenir sa réputation, en suivant la procédure demandée par le Pakistan.  Après plus d’une heure et demie d’échanges et de réactions, le Président du Comité des ONG a tranché en soulignant que le Comité va demander des précisions aux neuf ONG. 

Auparavant, les États-Unis avaient fait plusieurs remarques portant notamment sur le cadre réglementaire guidant une telle démarche du Comité, ainsi que sur la nécessité même d’une telle demande alors que l’examen des rapports quadriennaux sont le moment idoine pour interroger le fonctionnement des ONG.  Nous ne connaissons aucun précédent à ce genre de demande consistant à demander à une ONG de répondre aux allégations faites contre elles.  La Grèce a demandé plus de précisions sur cette procédure. 

Il n’y a pas de limite aux informations que le Comité peut demander à des ONG , a fait observer la Turquie.  Pourquoi une délégation devrait être empêchée d’interroger une ONG dotée d’un statut consultatif ? s’est étonné Cuba.  Le Pakistan est dans son « bon droit », a commenté la Chine

Le Chef par intérim du Service des ONG, M. MARC-ANDRÉ DOREL, a expliqué qu’en cas de plainte d’un État, le Comité des ONG peut poser des questions à des ONG afin de se faire une idée sur la conduite à tenir pour la suite.  Il a rappelé que ce genre de plaintes sont souvent basées sur des allégations présentées par l’État plaignant qui présente des informations qu’ils considèrent pertinentes. C’est justement la pertinence de ces informations que l’Inde a mis en doute, faisant observer que le rapport sur lequel s’est basé le Pakistan a été établi par une ONG qui n’a pas de statut consultatif auprès de L’ECOSOC.  En plus, au sujet de la lettre envoyée le 4 janvier par le Pakistan au secrétariat, elle a voulu savoir s’il s’agissait d’une plainte formelle ou d’une demande d’information, étant donné que ce document n’a pas été distribué aux autres membres du Comité. 

Le Pakistan a confirmé qu’il s’agissait bien d’une demande d’information, ce qui est « le droit » de tous les États Membres.  C’est donc après ces multiples prises de parole, entrecoupées de moments de concertations entre le Bureau et le secrétariat, que le Président a décidé de donner une suite favorable à la demande du Pakistan. 

Examen des rapports spéciaux 

Le Soudan a dit qu’après les changements politiques, son gouvernement a décidé de travailler plus étroitement avec la société civile, y compris les ONG.  Neuf d’entre elles ont pourtant violé la loi sur la création d’ONG, en recevant une aide financière directe de l’ancien Président ou en n’ayant aucune activité du tout.  L’actuel Gouvernement a décidé de radier ces ONG et nous vous prions aujourd’hui, a dit le Soudan, de leur retirer le statut consultatif.  Les États-Unis et la Grèce ont demandé si ces ONG incriminées auront la possibilité de répondre à ces accusations devant le Comité.  Le Service des ONG a répondu qu’elles auront cette possibilité dans les cinq jours après la réception d’une lettre les informant de la décision du Comité. 

Les ONG sont –elles obligées de travailler dans le pays dans lequel elles sont enregistrés après l’obtention de leur statut consultatif? ont demandé États-Unis.  Ces neuf ONG ont-elles des partenaires à l’étranger ?  Le Service des ONG a indiqué que le fait qu’une ONG n’est pas enregistrée dans un pays n’est pas suspensif de son statut consultatif.  Ces ONG n’ont pas réalisé leurs objectifs, a réitéré le Soudan.  Elles ne répondent pas aux critères du Comité des ONG et leurs actions ne sont pas conformes à la Charte des Nations Unies et aux objectifs de l’ECOSOC.  Le Comité des ONG a décidé d’informer ces organisations de la demande du Soudan. 

Nouvelles demandes d’admission au statut consultatif et nouvelles demandes de reclassement 

Octroi du statut consultatif spécial 

  1. AATASSIMO (Tunisie) 
  1.  Abnaa Al Mahrousa Foundation for Development and Participation (Égypte)  
  1.  Action Works Nepal, Kathmandu-10, Baneshwor (Népal)  
  1.  Action pour la Protection des Droits de l’Enfant (APDE)  (Tchad) 
  1.  Action pour la promotion des initiatives locales (Burkina Faso)  
  1.  Africa Alliance for Health, Research and Economic Development (Kenya) 
  1.  African Council on Narcotics (Nigeria) 
  1. African Heritage And Global Peace Initiative (Nigeria) 
  1. African Parks Network (Afrique du Sud) 
  1. African Women Lawyers Association, Nigeria Chapter (Nigeria) 
  1. Alhaj-ShamsulHoque Foundation (Bangladesh)  
  1. Alliance Against Trafficking in Women and Children in Nepal (Népal) 
  1. Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique (Togo)  
  1. Anti-Corruption Trust of Southern Africa (Zimbabwe)  
  1. Arab African Council for Integration and Development (Égypte)  
  1. Arise From Ashes (AFA) Incorporated (Liberia)  
  1. Asaba Home-Diaspora Development Initiative (Nigeria)  
  1. Ashaolu Lawrence Alexandre Foundation (Nigeria) 
  1. Asia Pacific Down Syndrome Federation (Inde) 
  1. Asociación Nacional para el Desarrollo Social (Colombie)  
  1. Asociación de Trabajadoras del Hogar a Domicilio y de Maquila (Guatemala)  
  1. Asociatia Patronala Uniunea Transportatorilor si Drumarilor din Republica Moldova (République de Moldova)  
  1. Aspire Coronation Trust LTD/GTE (Nigeria)  
  1. Association Alter Ego (Cameroun)  
  1. Association Internationale Kofi Annan pour la Promotion et la Protection des Droits de l'Homme et la Paix (AIKAPPRODHOMP) (Cameroun)  
  1. Association Liaison Universelle pour le Bien-être des enfants et des Jeunes (Burkina Faso) 
  1. Association Not 4 Trade (Tunisie)  
  1. Association Song-Taaba des Femmes Unies et Développement (Burkina Faso)  
  1. Association des Utilisateurs des Technologies de l’Information et de    la Télécommunication « ASUTIC » (Sénégal) 
  1. Association des femmes et filles de l’Adamaoua- AFADA (Cameroun) 
  1. Association des femmes pour la promotion des initiatives locales (République démocratique du Congo) 
  1. Association pour la Justice, l’Égalité, l’Insertion professionnelle et la Paix en Afrique (Cameroun) 
  1. Associação Engenheiros sem Fronteiras - Brasil (ESF-Brasil) (Brésil)  
  1. Associação Nacional das Defensoras e Defensores Públicos (Brésil) 
  1. Associação de Pais e Amigos dos Excepcionais de Sao Paulo (Brésil)  
  1. Awaj Foundation (Bangladesh)  
  1. Aztech FZ-LLC (Émirats arabes unis)  
  1. Badabon Sangho (Bangladesh) 
  1. Bahrain Jurists Society (Bahreïn) 
  1. Bahrain Public Relations Association (Bahreïn)  
  1. Global CEO Alliance Corp. (Royaume-Uni) 
  1. Cmax Foundation, Inc. (États-Unis) 
  1. United Umuada Igbo Club International (UUIC) Inc. (États-Unis) 
  1. CorpsAfrica (États-Unis)  
  1. International Cancer Expert Corps (États-Unis) 
  1. ActAsia (Royaume-Uni) 
  1. Baylor College of Medicine Children's Foundation Uganda Limited (by Guarantee) (Ouganda) 
  1. Beijing Greenovation Institute for Public Welfare Development (Chine)  
  1. Beijing Pengmen International Trade Co., Ltd (Chine) 
  1. C-Sema (Tanzanie) 
  1. C.A.S.E.S. International (Ukraine) 
  1. Catholic Caritas Foundation of Nigeria (Nigeria) 
  1. Centre de Recherche sur l'Anti-Corruption (République démocratique du Congo) 
  1. Centre for Human Rights & Governance - SOLACE (République démocratique du Congo) 

Examen des demandes de statut consultatif 

La Turquie a demandé à la Mission Armenia Charitable Non-governmental Organization (Arménie) qui est son partenaire ?  La même délégation a interrogé The Awakening- A Society for Social & Cultural Development (Pakistan) sur ses sources de financement et l’utilisation de cet argent.  Le Pakistan a voulu savoir si Turan Information Agency- Limited Liability Company (Azerbaïdjan) est une ONG ou une entreprise ?  D’où vient son financement ? 

L’Inde a demandé à Al-Mada Organization for Development and Strategic Studies (Iraq) comment elle exerce sa liberté d’expression?  Les États-Unis ont voulu en savoir plus sur le financement que All Ukrainian Charitable Organization « All Ukrainian Network of People Living with HIV/Aids » (Ukraine) reçoit pour la lutte contre le VIH/sida.  Le Pakistan a demandé à Anukulan (Inde) quels sont projets éducatifs de ces cinq dernières années. 

L’Asociación CAREF- Comisión Argentina Para Los Refugiados (Argentine) devra répondre au Pakistan qui a exigé des détails sur son projet éducatif.  Qu’a fait l’Asociación Civil Grupo SURES (Venezuela) au Conseil des droits de l’homme en 2019, ont questionné les États-Unis.  Le Pakistan a prié l’Association for Social Solidarity and Empowerment Training Trust (ASSET) (Inde) de lui communiquer ses sources de financement et leur utilisation. 

Le Bahreïn a demandé à l’Association of Iranian Short Statured Adults (Iran) d’expliquer la nature de ses activités des trois dernières années.  Quels sont les projets de l’Association pour le développement économique et social du LAC (ADESOL) (Tchad) pour les filles, ont demandé les États-Unis ?  Sont-ils efficaces ?  Aurosikha Welfare Centre for Rural & Social Development (Inde) devra expliquer au Pakistan la manière dont elle traduit ses nombreux objectifs en actions? 

Que fait la Bishop Dennis Ng Victory Ministries Foundation Limited (Chine) au Pakistan, en Malaisie et en Inde ? a demandé l’Inde.  Quel est le programme de la Central Board of Computer & Technical Education (Inde) pour la société civile, a voulu savoir le Pakistan.  Le Nicaragua a constaté de très grandes différences entre les ressources et les dépenses financières du Centre for Rights Education and Awareness (CREAW) (Kenya).  Apportez des éclaircissements, a encouragé la délégation. 

Dialogue avec les ONG 

Le Comité des ONG a décidé de recommander l’octroi du statut consultatif spécial aux six ONG suivantes qui ont participé au dialogue: Global CEO Alliance Corp.  (Royaume-Uni), CMax Foundation, Inc. (États-Unis), United Umuada Igbo Club International (UUIC) Inc. (États-Unis), CorpsAfrica (États-Unis), International Cancer Expert Corps (États-Unis) et ACTAsia (Royaume-Uni). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: Quinze après son adoption, la notion toujours controversée de « la responsabilité de protéger » compte un nouveau partisan, le Myanmar

Soixante-quinzième session,
64e & 65e séances - matin & après-midi
AG/12323

Assemblée générale: Quinze après son adoption, la notion toujours controversée de « la responsabilité de protéger » compte un nouveau partisan, le Myanmar

Au cours de son débat annuel sur notion de « la responsabilité de protéger » contre les « atrocités criminelles » que sont les crimes de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique, l’Assemblée générale a entendu aujourd’hui une cinquantaine d’orateurs, dont le Myanmar qui, ne craignant plus ni « manipulation », ni « deux poids, deux mesures », ni « hypocrisie » dans l’interprétation du concept, s’en est fait le fervent défenseur face aux agissements de la junte militaire au pouvoir, depuis le mois de février dernier. 

La majorité des délégations ont promis de voter « oui » au projet de résolution*, présenté par la Croatie, visant à inscrire à l’ordre du jour de la session annuelle de l’Assemblée générale la question de la responsabilité de protéger et à ce que le Secrétaire général présente un rapport annuel, car il est temps de parler de l’opérationnalisation du concept, ont-elles argué.  

Alors qu’en cette soixante-quinzième année de l’ONU nous réfléchissons souvent à son histoire, il est essentiel, a estimé le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, que nous apprenions de nos échecs, comme au Rwanda et à Srebrenica.  Plusieurs décennies plus tard, nous voyons clairement un écart entre les obligations des États, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, d’une part, et la réalité de populations exposées au risque d’atrocités criminelles.  

Le programme de la responsabilité de protéger, qui a été adopté à l’unanimité au Sommet mondial des Nations Unies en 2005, offre à la communauté internationale un outil « essentiel » pour construire la paix, donner la priorité à la prévention et protéger les populations, a souligné le Président qui s’est alarmé de ce qu’en 2020, les populations vulnérables aient été exposées à des risques accrus, à de graves violations des droits humains et autres crimes, derrière le voile de la pandémie de COVID-19.  

Ne perdons pas de vue, a plaidé M. Bozkir, notre responsabilité vis-à-vis des autres, laquelle n’est en fait qu’une responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes, de la communauté humaine dont nous faisons partie.  Notre responsabilité est de protéger les civils.  En 2005, a renchéri Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de Cabinet du Secrétaire général de l’ONU, les États Membres ont accepté trois responsabilités interdépendantes énoncées « en termes clairs »: ils ont reconnu leur responsabilité première de protéger leurs populations; ils ont pris l’engagement parallèle de la communauté internationale à les aider à s’acquitter de cette responsabilité; et ils ont proclamé celle de cette communauté internationale de protéger les civils lorsqu’un État ne peut pas assumer la sienne, y compris en menant une action collective, par l’intermédiaire de l’Organisation et conformément à la Charte des Nations Unies. 

La prévention est la pierre angulaire de la responsabilité de protéger et les rapports que le Secrétaire général a produits à ce sujet ont mis en évidence les moyens de renforcer les stratégies nationales et internationales de prévention et de protection.  Cette année, a indiqué Mme Viotti, le rapport du Secrétaire général** se concentre sur le rôle du Bureau des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger dans la mise en œuvre du principe et la promotion de la prévention des atrocités, dont le travail a été salué par la majorité des délégations.  Aussi, a encouragé Mme Viotti, devons-nous continuer d’œuvrer à surmonter les divergences et forger une compréhension commune de la responsabilité de protéger.

Les divergences?  Mais elles sont imputables « aux arguments juridiques fallacieux », a estimé la Syrie, après que le Brésil s’est dit préoccupé par le fait que le rapport du Secrétaire général fasse à nouveau référence aux termes « atrocités criminelles » et tente surtout d’en proposer une définition.  Nous, les États Membres, devrions résister à la tentation d’accepter ce type de « concepts vagues », a-t-il fait valoir, relevant que la notion d’« atrocités criminelles » n’est pas définie par le droit international.  Chaque type de crime découle de facteurs différents et exige donc des mécanismes de prévention distincts. 

Comment parler de l’opérationnalisation de la responsabilité de protéger, sans consensus? s’est demandé Cuba.  Qui prend la décision de laisser la main à la communauté internationale?  Qui va conclure qu’un État ne protège pas sa population et qui va décider d’une intervention?  L’on parle de la mise en œuvre du concept mais l’on se garde d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du Territoire palestinien occupé, pour en protéger les civils, a fait observer la Syrie.  En Colombie, a embrayé le Venezuela, des centaines de leaders politiques, sociaux et communautaires, d’autochtones et de défenseurs des droits de l’homme sont assassinés mais nous ne voyons pas « les puissances interventionnistes » invoquer la responsabilité de protéger.  Cette notion, a renchéri la République populaire démocratique de Corée (RPDC), n’est qu’une autre façon de qualifier les interventions étrangères. 

Adhérant autrefois à ces propos pour s’opposer à l’idée que des atrocités criminelles étaient commises dans l’État rakhine, le Myanmar a changé aujourd’hui de fusil d’épaule.  Ne craignant plus ni « manipulation », ni « deux poids, deux mesures », ni « hypocrisie » dans l’interprétation du concept, il a dénoncé avec vigueur les agissements de la junte militaire au pouvoir depuis le mois de février dernier.  

« L’armée nous attaque dans les rues, dans nos maisons, dans les écoles, les hôpitaux, les villages et les lieux de culte », a-t-il alerté.  Les Nations Unies « ne sont pas là pour remplacer l’État », mais lorsqu’une population est désespérée face à des crimes, elle se doivent d’intervenir, a dit le Myanmar qui a ajouté: nous avons attendons du Conseil de sécurité qu’il oppose une riposte « unifiée, décisive et opportune » à cette situation atroce, protège le peuple, déclare des zones d’exclusion aériennes, décrète un embargo sur les armes et le gel des avoirs contre l’armée et reconnaisse le Gouvernement d’union nationale comme représentant légitime du peuple. 

L’Assemblée générale devrait achever ce débat demain mardi 18 mai à partir de 10 heures. 

*A/75/L.82

**A/75/86

LA RESPONSABILITÉ DE PROTÉGER ET LA PRÉVENTION DU GÉNOCIDE, DES CRIMES DE GUERRE, DU NETTOYAGE ETHNIQUE ET DES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

Déclarations liminaires

Alors qu’en cette soixante-quinzième année de l’ONU nous réfléchissons souvent à son histoire, il est essentiel, a estimé le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, que nous apprenions de nos échecs, comme au Rwanda et à Srebrenica.  Ce sont là les lieux de nos échecs collectifs, le genre de tragédies que l’ONU a été chargée d’empêcher dès sa création.  Plusieurs décennies plus tard, nous voyons clairement un écart entre les obligations des États, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, d’une part, et la réalité de populations exposées au risque de génocide, de crimes de guerre, de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité, d’autre part.  Le programme de la responsabilité de protéger, qui a été adopté à l’unanimité au Sommet mondial des Nations Unies en 2005, offre à la communauté internationale un outil essentiel pour construire la paix, donner la priorité à la prévention et protéger les populations.

Le Président de l’Assemblée a reconnu que ce concept n’est pas une solution universelle.  Les pires formes de crimes continuent d’être commises, avec des ramifications profondes et durables.  Aujourd’hui, plus de 80 millions de personnes, que nous avons le devoir de servir, ont été déplacées de force.  J’ai moi-même, a-t-il confié, rencontré des déplacés lors de ma visite à la frontière syrienne, à Hatay, le mois dernier.  La semaine prochaine, je serai à Cox’s Bazar, pour entendre les réfugiés et leur pays d’accueil.  En 2020, les populations vulnérables ont été exposées à des risques accrus, à de graves violations des droits humains et autres crimes, derrière le voile de la pandémie de COVID-19. 

L’intolérance a persisté tout au long de la pandémie, avec une tendance particulièrement inquiétante à l’incitation à la haine et à la violence contre les minorités ethniques, religieuses et linguistiques.  Ne perdons pas de vue, a plaidé M. Bozkir, notre responsabilité vis-à-vis des autres, laquelle n’est en fait qu’une responsabilité vis-à-vis nous-mêmes, de la communauté humaine dont nous faisons partie.  Le Président de l’Assemblée a demandé à tous les États Membres de prendre des mesures pour protéger leurs populations, en accordant une attention particulière aux problèmes auxquels sont confrontés les groupes les plus vulnérables et les plus marginalisés. 

À l’heure actuelle, nous devons mobiliser la volonté politique de tous les États, si nous voulons prévenir des atrocités.  Les États Membre doivent s’entraider, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et à la responsabilité de protéger, lorsque des autorités nationales échouent manifestement à assurer la protection de leurs populations.  M. Bozkir a fait sien l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et a condamné toutes les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, que ce soit par des acteurs étatiques ou non étatiques.  Il a dénoncé l’instrumentalisation de la nourriture, la violence sexuelle et sexiste, la prise des écoles et des hôpitaux pour cible et la destruction de sites religieux.  Tout ceci est d’une « cruauté inimaginable », a-t-il martelé.  Notre responsabilité est de protéger les civils, de stopper les discours de haine quand ils apparaissent, de condamner les incitations à la violence et le harcèlement, de prendre des mesures efficaces et opportunes pour protéger les communautés menacées par des atrocités de masse, de prévenir les crimes de génocide et de garantir l’établissement des responsabilités et la justice.

Si elle a reconnu que l’Assemblée générale a permis d’améliorer « notre compréhension commune » de la responsabilité de protéger et d’affiner les stratégies pour prévenir les atrocités, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général de l’ONU, a cependant estimé qu’il reste beaucoup à faire pour tenir la promesse du Document final du Sommet mondial de 2005.  La pandémie de COVID-19 a encore exacerbé les dangers auxquels sont confrontées les populations les plus vulnérables et marginalisées du monde entier, révélant et aggravant les inégalités et les schémas de la discrimination existants.  Les discours de haine, les incitations à la haine, l’exclusion et les discriminations se sont multipliés, alimentés par une aggravation « spectaculaire » de la désinformation.

L’année 2020 a marqué le quinzième anniversaire des engagements relatifs à la responsabilité de protéger.  Les États Membres, a rappelé la Chef de Cabinet, ont accepté trois responsabilités interdépendantes énoncées « en termes clairs » dans le Document final du Sommet mondial: ils ont reconnu leur responsabilité première de protéger leurs populations ; ils ont pris l’engagement parallèle de la communauté internationale à les aider à s’acquitter de cette responsabilité première ; et ils ont proclamé la responsabilité de la communauté internationale de protéger lorsqu’un État ne peut pas assumer la sienne, y compris en menant une action collective, par l’intermédiaire de l’Organisation et conformément à la Charte des Nations Unies.

La prévention est la pierre angulaire de la responsabilité de protéger et les rapports que le Secrétaire général a produits à ce sujet ont mis en évidence les moyens de renforcer les stratégies nationales et internationales de prévention et de protection.  L’accent a notamment été mis sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales, les enseignements tirés, les pratiques optimales, l’établissement des responsabilités, le rôle des femmes dans la prévention des atrocités, les valeurs de diversité et d’inclusion, ainsi que les mécanismes d’alerte rapide et de prévention des conflits.

Cette année, a indiqué Mme Viotti, le rapport du Secrétaire général se concentre sur le rôle du Bureau des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger dans la mise en œuvre du principe et la promotion de la prévention des atrocités.  Ce Bureau, en coordination avec d’autres entités des Nations Unies, aide les États Membres, les acteurs locaux, la société civile et les organisations régionales et sous-régionales à évaluer et à remédier aux vulnérabilités existantes afin d’atténuer le risque d’atrocités.  Donner la priorité à la prévention et à l’action rapide permet d’envisager un plus large éventail de mesures préventives et une coopération durable à tous les niveaux, a ajouté Mme Viotti.  Aussi devons-nous continuer d’œuvrer à surmonter les divergences, forger une compréhension commune et renforcer le soutien à la responsabilité de protéger en tant qu’outil clef de protection et de prévention, a conclu la Chef de Cabinet.

Déclarations

Au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a noté que le débat de cette année se déroule à un moment sans précédent, en pleine période de pandémie, laquelle a renforcé la nécessité de trouver des solutions multilatérales aux problèmes mondiaux et de respecter le droit international.  Il s’agit de réaffirmer notre engagement collectif en faveur de la responsabilité de protéger et d’améliorer nos réponses aux besoins des populations exposées au risque d’atrocités, a souligné le représentant, estimant qu’une façon d’y parvenir consiste à appuyer le projet de résolution examiné aujourd’hui par l’Assemblée.

L’année dernière, a-t-il rappelé, nous avons célébré le quinzième anniversaire de l’adoption à l’unanimité du concept de la responsabilité de protéger.  Depuis lors, des progrès importants ont été accomplis par l’ONU, les États Membres et d’autres parties prenantes pour faire progresser la prévention des atrocités aux niveaux local, national, régional et international.  Le représentant s’est ainsi félicité de ce que les acteurs concernés aient réussi à créer des cadres pour identifier les déclencheurs et les risques, développé des mécanismes d’alerte précoce et commencé à institutionnaliser les mécanismes de prévention.  Dans le même temps, a-t-il relevé, d’importants réseaux intergouvernementaux, tels que le Groupe des Amis de la responsabilité de protéger et le Réseau mondial des points focaux sur la responsabilité de protéger continuent de se développer. 

Au sein des enceintes multilatérales, a poursuivi le délégué du Costa Rica, la responsabilité de protéger continue d’être « un appel puissant à l'action » pour prévenir les atrocités et faire face aux risques dans des situations spécifiques.  C’est ainsi que de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, du Conseil des droits de l’homme et de l’Assemblée générale font référence à la responsabilité des États de protéger leurs populations.  En juillet dernier, a noté le représentant, le Conseil des droits de l’homme a adopté sa première résolution thématique sur la responsabilité de protéger, reflétant l’institutionnalisation croissante et l’attention portée à cette question dans tout le système des Nations Unies.  De plus, plusieurs rapporteurs spéciaux mandatés par le Conseil des droits de l’homme et les mécanismes d’enquête ont utilisé le cadre d’analyse des crimes atroces, élaboré par le Bureau des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger, pour évaluer les facteurs de risque structurels. 

Dans ce contexte, a souligné le représentant, mon groupe appuie fermement une approche inclusive de la prévention des atrocités, une approche qui reconnaît le rôle essentiel des femmes et des jeunes dans l’alerte rapide, le maintien et la consolidation de la paix, le renforcement des capacités et l’édification de sociétés plus tolérantes et plus résilientes.  Observant que les atrocités comprennent souvent la perpétration de violences sexuelles liées aux conflits, il a estimé que des mesures concrètes doivent être prises pour mettre fin à toutes les formes d’inégalités entre les sexes, et de violence qui y sont associées, et pour autonomiser les femmes et les filles en tant qu’agents du changement.

Malgré les progrès accomplis, force est de reconnaître que la communauté internationale continue de ne pas respecter notre responsabilité collective de protéger, a ensuite constaté le délégué, en pointant du doigt le rôle des institutions multilatérales, dont le Conseil de sécurité.  Au titre des mesures rapides et décisives qu’il faut prendre, il a cité les initiatives diplomatiques, les sanctions ciblées et la révision ou la suspension des accords militaires et commerciaux.  Toujours à propos du Conseil, il s’est réjoui du soutien de nombreux États Membres au Code de conduite du Groupe ACT -Accountability, Coherence, Transparency- et à l’initiative franco-mexicaine sur les limites à l’exercice du droit de veto. 

Lorsque la communauté internationale ne parvient pas à empêcher la commission d’atrocités, nous devons veiller à ce que les auteurs soient tenus pour responsables, a ajouté le représentant, selon lequel l’impunité structurelle est une cause directe des atrocités criminelles.  Il a donc exhorté les États Membres à respecter leurs obligations juridiques internationales et à enquêter et poursuivre les personnes responsables de crimes atroces.  Il a noté que les poursuites nationales fondées sur la compétence universelle jouent un rôle important dans la lutte contre l’impunité.  En outre, les missions d’établissement des faits, les mécanismes d’enquête, les commissions d’enquête, les cours et tribunaux hybrides et internationaux, y compris la Cour pénale internationale (CPI), offrent des moyens complémentaires lorsque les options du droit interne se révèlent insuffisantes. 

Avant de conclure, le représentant a encouragé les deux Conseillers spéciaux du Secrétaire général pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger à utiliser leur rôle de chef de file pour faire progresser la prévention des atrocités de masse.  Cela comprend, à ses yeux, un engagement constructif et un dialogue ouvert avec les États Membres, le partage de leur expertise, la sensibilisation aux causes des atrocités criminelles et l’identification des mesures qui pourraient être prises pour les prévenir.  Invitant le Bureau à mettre à jour le cadre d’analyse des crimes atroces et à élaborer des orientations techniques supplémentaires, il a également exhorté les Conseillers spéciaux à partager leurs analyses avec l’ensemble des membres de l’ONU et à fournir régulièrement des évaluations et des recommandations sur la manière de prévenir les atrocités, notamment au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme.  Enfin, il a réitéré son appel à tous les États Membres pour qu’ils appuient le projet de résolution.  Son adoption, a-t-il dit, nous permettra de continuer à discuter de « la meilleure façon de concrétiser l’engagement historique que nous avons pris en 2005 ». 

Mme THISVI EKMEKZOGLOU-NEWSON, déléguée de l’Union européenne, a indiqué que le Réseau européen de points de contact contribue à une coopération étroite entre les autorités nationales pour enquêter et poursuivre les responsables de crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et nettoyage ethnique.  L’Union européenne est également prête à aider les autres États à réglementer la responsabilité pour les atrocités criminelles.  À cet égard, la représentante a souligné la contribution de la Cour pénale internationale, ajoutant que grâce à son soutien à la Cour, l’Union européenne renforce les capacités d’établissement des responsabilités et de réconciliation, qui sont des éléments clefs de la non-répétition.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à examiner attentivement le mécanisme de saisine prévu par le Statut de Rome.

La responsabilité de protéger fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, a souligné la représentante.  Elle utilise des outils d’analyse des conflits et son système d’alerte rapide pour identifier les problèmes liés à cette responsabilité, a expliqué la représentante.  L’Union européenne, a-t-elle ajouté, soutient le renforcement des mécanismes d’alerte rapide et de prévention au sein du système des Nations Unies et se tient prête à apporter son soutien, à cet égard.  La représentante s’est donc félicitée du projet de résolution.  Née comme l’ONU des cendres de la Deuxième Guerre mondiale, l’Union européenne, a-t-elle conclu, a pour raison d’être la protection des peuples contre les atrocités.  Tant que nous ne serons pas capables collectivement d’assurer une protection totale contre les atrocités criminelles dans le monde entier, l’Assemblée générale devrait continuer d’évaluer la mise en œuvre du concept de responsabilité de protéger, a-t-elle estimé.

Au nom des pays nordiques, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a réaffirmé son engagement en faveur de la responsabilité de protéger et de ses trois piliers.  Il a jugé important que l’Assemblée générale échange régulièrement sur les pratiques optimales et les difficultés rencontrées.  Le partage d’exemples pratiques contribuerait effectivement à une meilleure compréhension de la manière de concrétiser le concept, avec l’aide du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général.  Le représentant a salué la collaboration avec le Conseil des droits de l’homme et réitéré son appui à la CPI, « l’institution la plus importante pour la lutte contre l’impunité ».  S’agissant de la prévention, il a insisté sur l’importance qu’il y a à identifier les facteurs en amont des atrocités criminelles, avant d’appuyer le projet de résolution.

Également au nom de la France, Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déclaré que la responsabilité première des États de protéger leurs populations contre les atrocités criminelles n’est pas une question de volonté politique, mais une obligation, en vertu du droit international.  Aucune action du Conseil de sécurité ne peut remplacer cette obligation « inhérente » d’un État souverain.  Quatre priorités doivent être prises en compte, a-t-elle poursuivi, et tout d’abord le renforcement de nos efforts de prévention, grâce à une approche globale et cohérente comprenant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’Action pour le maintien de la paix, la promotion des droits de l’homme et la protection des enfants dans les conflits armés.  Comme deuxième priorité, la représentante a cité l’implication des femmes et des jeunes et le renforcement des efforts pour prévenir et combattre la violence sexuelle et sexiste, en tant que tactique de guerre. 

Elle est ensuite passée à la troisième priorité qui est le renforcement des capacités de prévention des organisations régionales et sous-régionales.  Elle a rappelé l’initiative franco-mexicaine de suspendre l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité, en cas d’atrocités de masse.  Ce droit n’est pas un privilège, mais une responsabilité internationale, a martelé la représentante.  Cette initiative, déjà soutenue par 105 États, vise à obtenir l’engagement volontaire et collectif des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de ne pas exercer le droit de veto en cas de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, a-t-elle expliqué.

Enfin, comme quatrième priorité qui est le renforcement de la lutte contre l’impunité, elle a estimé qu’il faut obtenir des États leur coopération avec les différentes missions d’établissement des faits et les commissions d’enquête sur les atrocités de masse, ainsi qu’avec les instruments de la justice pénale internationale.  Elle a réitéré son appel à tous les États pour qu’ils adhèrent au Statut de Rome. 

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie), intervenant également au nom de la Lettonie et de la Lituanie, a souligné que la responsabilité de protéger incombe en premier lieu à l’État.  Malheureusement, on continue d’être les témoins d’une tendance négative dans la mise en œuvre de cette responsabilité alors que des atrocités criminelles sont commises dans de nombreuses parties du monde.  Il a appelé à redoubler d’efforts afin de protéger les populations contre ces atrocités, insistant en outre sur l’importance de la prévention.  Une société civile forte et diversifiée et des médias pluralistes contribuent positivement au développement de systèmes d’alerte précoce et de réponse en sensibilisant le public aux violations des droits humains et en aidant à promouvoir des sociétés résilientes, a-t-il estimé.

Il a appelé à redoubler d’efforts pour renforcer le rôle des femmes dans la prévention des atrocités.  Il est également essentiel que tous ces acteurs susmentionnés puissent exprimer leurs préoccupations, communiquer et coopérer avec l’ONU sans crainte de représailles, a-t-il ajouté.  M. Auväärt a ensuite fait part de son soutien aux initiatives visant à limiter l’utilisation du veto au Conseil de sécurité dans des situations impliquant des atrocités de masse.  Il s’est aussi dit d’avis que la mise en œuvre de la responsabilité de protéger devrait être un point permanent de l’ordre du jour de l’Assemblée générale.

M. ENRI CIPRIAN PRIETO TICA (Pérou) a réaffirmé son attachement à la consolidation du principe de responsabilité de protéger, exprimant son soutien au projet de résolution présenté ce jour, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 a multiplié les facteurs de risque pouvant conduire à la commission d’atrocités. Rappelant que son pays adhère aux instruments du droit international humanitaire et des droits de l’homme, le représentant a indiqué que le Pérou s’efforce aussi de former en permanence ses forces armées et de police, afin de garantir leur comportement approprié dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, il s’est déclaré préoccupé par l’impunité dont jouissent aujourd’hui ceux qui violent le droit international humanitaire.  Selon lui, la communauté internationale et le Conseil de sécurité ont l’obligation d’agir dans l’unité pour mettre fin aux souffrances subies par des millions de personnes dans le monde. 

C’est pourquoi, a-t-il dit, le Pérou soutient l’Initiative franco-mexicaine visant à restreindre le recours au veto en cas d’atrocités, ainsi que le Code de conduite du Groupe ACT, dont il est membre.  Enfin, considérant comme essentiel l’allocation de ressources et de personnels suffisants pour évaluer la prévention des crimes odieux et soutenir les travaux de la Cour pénale internationale, il a soutenu la possibilité d’inclure la prévention des atrocités dans les mandats du Conseil des droits de l’homme ainsi que dans les rapports nationaux préparés dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU). 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a rejeté l’idée que la responsabilité de protéger ne serve de prétexte pour s’immiscer dans les affaires intérieures des États et saper leur souveraineté nationale.  La communauté internationale devrait agir collectivement et avec détermination, à travers le Conseil de sécurité et conformément à la Charte des Nations Unies, lorsque qu’un pays n’assume pas sa responsabilité.  En demandant au Secrétaire général de présenter un rapport annuel, nous nous donnons les moyens, s’est félicité le représentant, d’examiner les progrès réalisés et les défis qui subsistent.  L’application du concept doit d’abord passer par le renforcement des institutions nationales, la bonne gouvernance et le strict respect des paramètres établis dans le Document final de 2005.

Mme PASCALE BAERISWYL (Suisse) a réaffirmé l’importance du Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger et de ses conseillères spéciales, dont elle salué la collaboration dans le cadre des préparatifs de la quatrième Conférence internationale de l’Action globale contre les atrocités de masse.  Par ailleurs, elle a réitéré son appel à faire pleinement usage du « potentiel préventif » du Conseil de sécurité pour « passer de l’alerte précoce à l’action précoce ».  En tant que coordonnatrice du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), la Suisse a invité tous les États membres à souscrire au Code de conduite dudit groupe, qui demande aux États membres du Conseil, « élus ou non », de ne pas voter contre une résolution qui vise à prévenir ou mettre un terme à des atrocités de masse. 

En outre, pour renforcer la résilience nationale, il faut traiter les causes profondes des conflits et des atrocités qui en découlent ainsi que mettre en place des « garanties de non-répétition ».  Dans ce sens, la Suisse a appelé à assurer la mise en œuvre des conclusions du rapport conjoint de 2018 sur la justice transitionnelle élaboré avec le Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition.  « La prévention des atrocités implique en effet de relier davantage Genève et New York », a estimé la délégation, pour qui la société civile a également un rôle fondamental à jouer.  Enfin, elle a rappelé que les États parties au Statut de Rome avaient adopté un amendement proposé par la Suisse pour « étendre aux conflits armés internes la compétence de la Cour pénale internationale à l’égard du crime de guerre consistant à affamer des populations civiles ».  Mme Baeriswyl a donc appelé tous les États parties à le ratifier.

M. PETER NAGY (Slovaquie) s’est déclaré convaincu que l’Assemblée joue un rôle important en contribuant à renforcer le consensus sur la responsabilité de protéger et la compréhension par tous les États Membres de leur responsabilité individuelle et collective de protéger toutes les personnes des crimes contre l’humanité.  Sur cette base, il a salué le douzième rapport du Secrétaire général, qui met l’accent sur la dimension de genre dans la prévention des atrocités et la responsabilité de protéger.  En 2005, a rappelé le représentant, tous les États Membres de l’ONU ont pris un engagement politique envers le principe de la responsabilité de protéger.  Pourtant, a-t-il ajouté, nous constatons trop souvent que les actions de la communauté internationale ne parviennent pas à dissuader ou à prévenir de manière adéquate les atrocités criminelles.  À ses yeux, il faut faire davantage pour aborder l’aspect préventif, conformément au programme de prévention initié par le Secrétaire général.  

De plus, a poursuivi le représentant, il est essentiel de parvenir à un accès universel à la justice et à une responsabilité non sélective pour assurer la protection de tous les individus et groupes contre la discrimination, l’exclusion et autres violations des droits humains.  Dans ce contexte, il a souligné le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) en tant qu’organe judiciaire impartial intervenant là où les juridictions nationales ne peuvent ou ne veulent pas aborder la question de la responsabilité.  À ce titre, a-t-il fait valoir, la CPI sert de « garante de la non-répétition des atrocités de masse », tout en rendant justice aux victimes des crimes les plus graves commis au regard du droit international.  Le délégué a donc appelé tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome et ses amendements. 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a déclaré que la communauté internationale a appris de ses succès mais aussi de ses échecs.  Beaucoup réduisent la responsabilité de protéger à une intervention militaire, alors qu’il est entendu de donner la priorité aux mesures pacifiques et préventives.  Regrettant que le monde continue d’être aux prises avec une « certaine paralysie », le représentant a estimé qu’il faut montrer aux populations, dont celles qui sont persécutées au Myanmar, que « nous ne leur tournons pas le dos », ni au peuple syrien, qui endure tant d’atrocités depuis 10 ans, après la série de vetos qui a empêché toute action du Conseil de sécurité.  Le recours au droit de veto dans le cadre de telles atrocités est tout simplement une « honte », a tranché le représentant, en réitérant son soutien à la proposition franco-mexicaine de le suspendre dans le cas d’atrocités de masse.  La prévention a toujours été et reste l’élément le plus important de la responsabilité de protéger, a-t-il insisté, en citant les « agents de la prévention » que sont la société civile, les médias, les journalistes et les femmes.

M. CHANAKA LIAM WICKREMASINGHE (Royaume-Uni) a évoqué un certain nombre de cas préoccupants qui soulignent l’importance qu’il y a à faire appliquer la responsabilité de protéger, notamment celui du Myanmar depuis le coup d’État.  Nous avons lancé un appel à l’Armée et aux forces de sécurité du Myanmar pour qu’elles cessent les violences, rétablissent l’ordre démocratique, traduisent les responsables des violences en justice et libèrent les opposants politiques, a énuméré le représentant.  En Syrie, a-t-il poursuivi, nous continuons de dénoncer les 32 cas d’utilisation d’armes chimiques et exigeons la comparution des responsables de ces attaques.  Le représentant a ajouté que son pays a fourni plus de 14 millions de livres aux mécanismes d’enquête en Syrie et a exigé la reprise des visites sur le terrain pour obtenir des informations claires et vérifiables.  Le représentant a conclu en appuyant le Code de conduite du Groupe ACT.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que la prévention des atrocités de masse est une responsabilité tant individuelle que collective des États Membres, en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international des droits de l’homme.  À cet égard, la représentante a fait valoir la poursuite des efforts du Qatar en tant que Coprésident du Groupe d’amis interrégionaux de la responsabilité de protéger.  Pour elle, le Conseil de sécurité a une responsabilité spéciale pour mettre en œuvre ce principe, ses membres permanents devant notamment s’abstenir d’exercer leur droit de veto dans les cas d’atrocités de masse. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a rappelé, à son tour, que la responsabilité de protéger incombe d’abord et avant tout aux États.  Membre du Groupe des Amis de cette responsabilité, le Guatemala, a dit son représentant, insiste sur « l’urgence » de prévenir les atrocités criminelles.  Il a appuyé l’initiative franco-mexicaine et le Code de conduite du Groupe ACT, avant d’exhorter tous les États à ratifier la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et le Statut de Rome.  

Mme HESSA MUNEER MOHAMMED RASHED ALATEIBI (Émirats arabes unis) a rappelé d’emblée que si un état n’est pas en mesure d’assurer la protection de sa population, il lui incombe de demander l’aide de la communauté internationale.  L’intervention militaire doit être le dernier recours lorsque tous les autres moyens auront été épuisés, a-t-elle souligné.  Elle a appuyé l’initiative franco-mexicaine visant à limiter l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse ainsi que le Code de conduite du Groupe ACT.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’importance des mécanismes d’alerte précoce pour la prévention des atrocités de masse et appelé à encourager la tolérance pour contrer l’incitation à la haine.  Mme Alateibi a par ailleurs souligné que les femmes sont primordiales pour la consolidation de la paix.  Les Émirats arabes unis ne ménageront aucun effort pour promouvoir l’autonomisation de la femme dans la région arabe, a assuré la représentante.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a regretté que malgré tous les efforts, certaines populations sont toujours menacées par des atrocités de masse, notamment en Syrie, au Myanmar et au Yémen.  Il a demandé au Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour la responsabilité de protéger de faire rapidement part des crises en cours aux États Membres de l’ONU, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l'homme.  Il a appuyé les enquêtes d’établissement des faits de l’ONU ainsi que la CPI, notant que ses activités sont essentielles dans la lutte contre l’impunité et les atrocités criminelles, de même que le code de conduite du Groupe ACT et l’initiative franco-mexicaine.

Le représentant a ensuite condamné le nombre croissant d’attaques préméditées contre des écoles, des hôpitaux, des lieux de cultes, ainsi que les attaques sexistes, et a appelé à associer les dirigeants religieux et de la société civile aux efforts de prévention des crimes de haine et d’atrocités de masse.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à impérativement respecter les droits des réfugiés.

M. CHO HYUN (République de Corée) a souligné le fossé qui persiste entre les engagements pris en 2005 pour faire de la responsabilité de protéger une réalité et la mise en œuvre même de ce principe.  Nous devons, a-t-il martelé, mettre un terme à l’impunité et insister sur la responsabilité première des États de protéger leurs populations contre les atrocités criminelles.  Le représentant a constaté avec regret que la « dynamique politique » au sein du Conseil de sécurité fait qu’il est difficile « d’agir de manière décisive ».  Aussi a-t-il encouragé ses membres à faire leur la proposition franco-mexicaine de suspendre le droit de veto dans les cas d’atrocités de masse.  Il faut, a-t-il ajouté, mieux mobiliser le système des droits de l’homme des Nations Unies et reconnaître que les opérations de maintien de la paix sont un outil « particulièrement efficace » pour donner vie à la responsabilité de protéger, à condition toutefois qu’elles aient les mandats et les moyens d’assurer la protection des civils.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a commencé par souligner la responsabilité première qui incombe aux États de protéger leur population, la communauté internationale pouvant les aider à s’en acquitter.  Toutefois, lorsque les autorités manquent à leur obligation, une action collective s’impose et les Nations Unies ne peuvent s’y soustraire, a fait valoir le représentant, rappelant le Document final du Sommet mondial de 2005.  Certes, a-t-il ajouté, les Nations Unies « ne sont pas là pour remplacer l’État », mais lorsqu’une population est désespérée face à des crimes de haine, elles se doivent d’aider les États à assumer leur responsabilité.  Le représentant en a voulu pour preuve la situation dans son propre pays, où depuis le début de cette année, l’armée mène une véritable répression contre la population civile, ciblant en particulier des manifestants pacifiques qui demandent le rétablissement de l’ordre démocratique. 

« L’armée nous attaque dans les rues, dans nos maisons, dans les écoles, les hôpitaux, les villages et les lieux de culte », a alerté le représentant.  À ce jour, a-t-il indiqué, l’armée a exécuté sommairement et de manière extrajudiciaire près de 800 civils innocents et torturé des centaines d’autres, les soumettant à des traitements cruels et dégradants.  L’armée s’en prend à la population civile avec une brutalité extrême et parmi ses victimes figurent aussi des enfants et de simples passants.  Récemment, a poursuivi le représentant, l’armée a tiré à l’arme lourde dans une ville, tout en utilisant les habitants comme boucliers humains.  Au nombre des victimes, on compte des dirigeants élus démocratiquement et des militants, qui sont placés en détention sans inculpation et sans que soient respectées les procédures régulières.  Du fait de ces atrocités, des civils ont fui en masse, a-t-il encore relaté, avant de faire remarquer que ces atrocités et cette violence contre des civils est largement connue et documentée.  Le Gouvernement d’union nationale a dûment transmis aux organismes des Nations Unies plus de 500 000 documents prouvant les crimes contre l’humanité commis par une armée qui viole quotidiennement les normes fondamentales du droit international. 

L’armée n’a jamais eu l’intention de respecter ses obligations, a asséné le représentant, selon lequel le haut commandement ne jouit d’aucune légitimité.  Dans un monde régi par l’état de droit, il ne saurait représenter le peuple du Myanmar, a-t-il martelé, accusant l’armée de n’agir que pour elle-même.  Face à elle, le Gouvernement d’union nationale est fait de représentants de tous les groupes ethniques du pays et jouit du soutien de la population civile.  Au nom du peuple et du Gouvernement d’union nationale, il a remercié les États Membres et les organes des Nations Unies qui ont fermement condamné le coup d’état militaire et sa brutalité.  Cependant, a-t-il déploré, les appels de la communauté internationale, y compris ceux du Conseil de sécurité, ont été ignorés par la junte militaire.  Le 27 mars, Journée des forces armées au Myanmar, l’armée a assassiné 130 personnes non armées. 

Dans ce contexte, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale et attendons du Conseil de sécurité qu’il oppose une riposte « unifiée, décisive et opportune » à cette situation atroce.  Dans le droit fil du principe de responsabilité de protéger, le Gouvernement d’union nationale a pris toutes les mesures possibles face à ces actes inhumains.  Il appelle maintenant la communauté internationale à faire respecter ce principe, a souligné le représentant, avant d’énoncer un ensemble de mesures à prendre de toute urgence: protéger le peuple du Myanmar face aux crimes contre l’humanité; déclarer des zones d’exclusion aériennes pour éviter un bain de sang; imposer des sanctions coordonnées contre l’armée et ses entreprises; instaurer un embargo sur les armes à l’armée; décider d’un gel des avoirs financiers de l’armée et des membres du régime; interdire les flux financiers illicites bénéficiant à l’armée; fournir une aide humanitaire à la population; tenir l’armée comptable de ses actes et des crimes commis; et reconnaître le Gouvernement d’union nationale comme représentant légitime du peuple du Myanmar.  Face à cette cruauté, a conclu le représentant, la population du pays fuit non pas des combats entre deux parties en guerre, mais une armée brutale et déterminée à la faire taire. 

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a appuyé le rôle important des Conseillers spéciaux sur la prévention des génocides et la responsabilité de protéger.  Nous ne saurions tout simplement pas débattre de « beaux principes » pendant que des innocents continuent d’être massacrés par des gouvernements et des forces censées les protéger.  La représentante a jugé inadmissible que les auteurs de crimes restent souvent impunis.  Accorder la priorité à la prévention est plus important que jamais, a-t-elle ajouté, avant de préciser que son pays a créé des institutions « fortes » qui sont aujourd’hui les garantes de la paix, de la sécurité et d’une gouvernance inclusive, préservant l’égalité de tous les Rwandaises et Rwandais. 

Nous appuyons, a dit la représentante, l’accent mis sur la prévention qui est toujours plus souhaitable que la réaction et la primauté du droit fait partie intégrante de cette prévention.  Elle a donc conseillé d’investir dans la pérennisation de la paix, par le renforcement des institutions judiciaires.  Elle a souligné la pertinence de la stratégie et du Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine.  Établir les responsabilités pour les atrocités de masse participe de la dissuasion, a insisté la représentante et citant son Président, M. Paul Kagame, elle a dit: « si nous ne pouvons revenir en arrière, nous pouvons au moins façonner l’avenir et faire en sorte que ce qui est arrivé ne se reproduise plus ».

Mme MAITÊ DE SOUZA SCHMITZ (Brésil) a constaté qu’en dépit des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 et des appels au cessez-le-feu mondial lancés par l’ONU, les hostilités se poursuivent dans de nombreuses régions du monde, avec des conséquences dramatiques pour les populations.  Une fois qu’un conflit éclate, a-t-elle noté, un cercle vicieux s’enclenche qu’il est difficile d’enrayer.  C’est la raison pour laquelle la prévention doit être une priorité absolue de la communauté internationale, a estimé la représentante, se disant convaincue qu’ensemble, les États Membres peuvent renforcer la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, notamment via le renforcement des capacités des États concernés.  Dans ce même esprit, il importe, selon elle, d’élaborer des politiques contribuant à l’édification de sociétés plus tolérantes et plus ouvertes. 

Pour la déléguée du Brésil, l’application de la responsabilité de protéger exige toutefois « clarté et précision ».  Elle s’est ainsi déclarée préoccupée par le fait que le rapport du Secrétaire général fasse à nouveau référence aux termes « atrocités criminelles ».  Plus inquiétant encore, a-t-elle dit, le rapport « tente d’introduire une définition de ces atrocités ».  Nous, les États Membres, devrions résister à la tentation d’accepter ce type de « concepts vagues », a-t-elle fait valoir, relevant que la notion d’« atrocité criminelle » n’est pas définie par le droit international.  Chaque type de crime découle de facteurs différents et exige des mécanismes de prévention distincts. 

La représentante a indiqué que le Brésil s’est porté coauteur de ce projet de résolution « d’une importance capitale » et considère l’Assemblée générale comme le lieu idoine pour discuter de la responsabilité de protéger.  Elle s’est néanmoins étonnée que, plus de 15 ans après le Sommet mondial de 2005, une notion « aussi consensuelle » demande autant de discussions pour être incluse à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Il est plus que temps que les États Membres parlent de l’opérationnalisation de la responsabilité de protéger, a-t-elle plaidé en conclusion, non sans souligner que les crimes relevant de cette responsabilité sont « évitables ». 

M. ION JINGA (Roumanie) a voulu que les États Membres fassent de la responsabilité de protéger une réalité, soulignant que son gouvernement, après avoir ratifié la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, s’est doté d’une législation pertinente.   Partisane d’un ordre international fondé sur des règles, la Roumanie, a dit son représentant, considère que le respect des droits de l’homme est une composante essentielle de la responsabilité de protéger.  Nous avons mis l’accent sur ce point dans notre candidature à un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour l’exercice 2023-2025, a souligné le représentant.  Il a jugé impératif de lutter contre les discours de haine et les incitations à la haine, en indiquant que son pays est en train d’élaborer un projet de loi contre l’antisémitisme.  Il a, en conclusion, appuyé le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée générale.

Mme FIONA WEBSTER (Australie) a souligné que la communauté internationale partage l’objectif commun de prévenir les atrocités criminelles et a donc appuyé le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée.  Réaffirmant l’indivisibilité des principes de la Charte, elle a encouragé le Secrétaire général à inclure dans ses rapports de nouvelles recommandations sur la mise en œuvre de la responsabilité de protéger.  Nous devons, a dit la représentante, intégrer pleinement cette responsabilité dans tout le système des Nations Unies, et encourager le Conseil de sécurité à examiner aussitôt que possible les situations menacées d’atrocités criminelles.  Elle a aussi appelé les membres du Conseil à soutenir sans ambiguïté l’initiative franco-mexicaine et le Code de conduite du Groupe ACT.

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) a regretté que les choses n’aient guère changé sur le terrain de la responsabilité de protéger depuis 2005: le nombre des crimes les plus graves n’a pas diminué.  Certains États, souvent d’ailleurs « en délicatesse » avec la responsabilité de protéger et les obligations qu’elle implique, refusent d’engager le débat, en prétextant des principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures.  Ces principes sont consacrés par la Charte des Nations Unies mais elle ne donne en aucun cas « carte blanche » pour violer impunément des droits de l’homme, a fait observer le représentant.  Ces États nous disent craindre que la responsabilité de protéger soit manipulée politiquement et serve à provoquer des changements de régime, mais ils oublient un peu vite que cette responsabilité leur incombe en premier lieu.  

Le mécanisme de ladite responsabilité est « graduel » et prévoit toute une panoplie de mesures, « pacifiques, diplomatiques ou humanitaires », a ajouté le représentant.  Il a profité du débat pour dénoncer le fait que le Conseil de sécurité soit trop souvent paralysé par l’exercice du droit de veto.  Il s’est en revanche félicité du rôle « indispensable » de la société civile, tant au niveau local qu’au niveau international, où des ONG comme « Global Centre for the R2P » aident les pays soucieux de s’acquitter de leurs obligations internationales.  Le représentant a encouragé tous les États Membres à désigner un point focal afin de maintenir à la fois l’élan et la pression pour concrétiser le concept de responsabilité de protéger.  Il a appuyé le projet de résolution présenté aujourd’hui qui, même si elle est procédurale, ne manquera pas d’envoyer un « signal fort » de notre engagement commun.

M. MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) a mis l’accent sur l’importance de la résolution de l’Assemblée générale sur la responsabilité de protéger, en faisant valoir que les atrocités criminelles touchent à la nature même des sociétés.  Il faut des efforts à tous les niveaux pour lutter contre ces atrocités et atténuer leur risque, que ce soit par des mécanismes d’alerte précoce ou des interventions à temps.  Le représentant a insisté sur le fait que le Conseil de sécurité a un mandat en la matière.  La comparution des criminels en justice est un moyen, a souligné le représentant, de rompre le cycle de l’impunité et de la violence.  Il a insisté sur le rôle de « premier plan » que la Cour pénale internationale doit jouer à cet égard.  Concluant sur la coopération entre New York et Genève, il a souligné la contribution pertinente du Conseil des droits de l’homme au principe de la responsabilité de protéger.  Il a encouragé la Haut-Commissaire aux droits de l’homme à prévenir le Conseil de sécurité dès qu’elle entrevoit un risque d’atrocités de masse. 

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) a déclaré que les trois piliers de la responsabilité de protéger doivent être pleinement mis en œuvre.  En outre, l’établissement des responsabilités en cas de crimes graves représente un moyen important d’empêcher qu’ils ne se répètent, d’où le rôle essentiel que doit jouer la Cour pénale internationale dans la lutte contre l’impunité.  La médiation, les sanctions et autres mesures doivent également être mobilisées dans le cadre des efforts de prévention, avec au centre le respect des droits de l’homme, a poursuivi la délégation.  En outre, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence des inégalités persistantes, qui rendent la responsabilité de protéger d’autant plus cruciale, a-t-elle ajouté.  La représentante a exprimé son soutien au projet de résolution présenté par la Croatie.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a déclaré que malgré certains progrès tangibles sur le plan de la prévention des atrocités criminelles, le monde continue d’être le témoin de violations répandues des droits humains et du droit international humanitaire.  Il a également constaté que la COVID-19 a aggravé les souffrances des populations vivant dans les zones de conflit.  Répondre aux racines des atrocités criminelles est essentiel pour faire progresser les principes de responsabilité de protéger, a-t-il souligné pour ensuite appeler à renforcer les outils de détection précoce.  L’inclusion systématique de référence à la protection des civils dans les mandats des opérations de paix est également essentielle.

Il a appelé à établir une stratégie transversale pour lier les différents agendas de l’ONU, « allant de la protection des civils aux femmes, paix, et sécurité et du développement durable aux droits humains ».  Il a également insisté sur l’importance de la sexospécificité, les femmes et les filles étant disproportionnellement touchées lors des crises humanitaires.  Le renforcement de la société civile et la création de sociétés inclusives et pluralistes sont le meilleur « filet de sécurité » face aux atrocités de masse, a-t-il estimé. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a dénoncé les propos tenus par un « groupe de pays » dont il a contesté la politique de « deux poids, deux mesures ».  L’on parle de la mise en œuvre de la responsabilité de protéger mais l’on se garde d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du Territoire palestinien occupé, pour en protéger les civils, a fait observer le représentant.  Il a imputé les « profondes divergences » sur le concept aux États qui inventent des « arguments juridiques fallacieux » pour soutenir leur vision « partiale ».  (Le Webcast ayant démarré en retard, la Section des communiqués n’a pas eu accès à l’intégralité de la déclaration du représentant syrien).

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) s’est déclaré « consterné » que 15 ans après le Sommet mondial et près d’un an après l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général, le nombre des atrocités criminelles continue d’augmenter dans le monde.  Il s’est aussi alarmé de la progression des discours de haine et des incitations à la violence.  Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, que la responsabilité de protéger commence au niveau des États et que la prévention est une priorité essentielle.  À cette aune, la communauté internationale devrait encourager les États à faire montre de responsabilité.  Néanmoins, a fait valoir le représentant, les principes de souveraineté et le consentement préalable devraient être fondamentaux quand il s’agit d’aider les États.  De même, a-t-il poursuivi, les solutions non militaires, comme la médiation, les missions d’enquête et d’établissement des faits, et les plaidoyers publics, doivent être la « première option » pour éviter l’escalade des atrocités criminelles.  « La prévention doit être la règle plutôt que l’exception », a insisté le représentant, soulignant la nécessité d’une réaction face aux premiers risques.

Il a par ailleurs plaidé pour la modération dans le recours au veto au Conseil de sécurité, en particulier pour les situations d’atrocités de masse. Le veto devrait, selon lui, être réglementé pour que la communauté internationale puisse intervenir efficacement en faveur des innocents en danger.  Par ailleurs, tout en se félicitant de la « noble intention » que représente la responsabilité de protéger, il a estimé qu’elle nécessite des discussions supplémentaires pour mieux en appréhender les contours et la mise en œuvre.  Ce n’est que grâce à une meilleure compréhension que nous pourrons en faire une norme internationale, a relevé le délégué, avant de rappeler que des divergences subsistent aussi quant à la souveraineté des États et le mandat international d’agir.  L’absence de discussion empêche le consensus et entraîne l’inaction, a-t-il martelé, assurant en conclusion que son pays est prêt à collaborer avec l’ONU et les États Membres pour éviter la tragédie des atrocités criminelles.

Mme SAŠA JUREČKO (Slovénie) a souligné que des efforts de prévention et d’alerte précoce suivis d’une action rapide sont essentiels pour éviter la répétition des échecs du passé.  Elle a appuyé l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial immédiat afin d’assurer la protection des plus vulnérables face aux risques liés à l’incitation à la violence et les discours haineux basés sur l’identité en période de conflit dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  L’augmentation de la violence dans le monde démontre la nécessité urgente d’intensifier les efforts à tous les niveaux pour protéger les populations contre les futures atrocités de masse et pour construire des sociétés plus résilientes, a-t-elle insisté. 

La représentante a réaffirmé, en outre, la nécessité manifeste de tenir des dialogues réguliers sur la mise en œuvre de la responsabilité de protéger et de prévenir les atrocités de masse et a exhorté tous les États Membres à soutenir le projet de résolution en votant pour son adoption.

M. GYULA MIKE (Hongrie) a indiqué que son pays, en tant que coauteur, appuie pleinement l’adoption par consensus du projet de résolution.  Il a dit partager la préoccupation exprimée par le Secrétaire général dans son rapport en ce qui concerne l’effet ricochet de la pandémie de COVID-19 en matière de discriminations et de violences.  Se disant favorable à une amélioration de la coordination au sein des Nations Unies à cet égard, le représentant a apporté son plein soutien au travail de la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger.  En tant que membre du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, la Hongrie, a-t-il dit, souhaite également que soit renforcée la sensibilisation à cette notion aux niveaux national et international.

En outre, a plaidé le délégué, les efforts en matière de prévention doivent aller plus loin, avec une plus grande diffusion d’informations et un renforcement du dialogue à tous les niveaux de la société.  À cet égard, a-t-il relevé, le centre de Budapest pour la prévention des atrocités de masse joue un rôle essentiel.  Il s’ajoute au projet d’Europe centrale sur la prévention des discours de haine et d’intolérance, qui a pour objectif de créer une plateforme de coopération entre les différents pays de la région.  Enfin, a conclu le délégué, la Hongrie est attachée au renforcement du rôle des points focaux et encourage le recours à la Cour pénale internationale pour traduire en justice les auteurs d’atrocités criminelles.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a jugé nécessaire, en ces temps difficiles pour l’humanité, de renforcer la coopération internationale pour répondre aux défis de la protection auxquels sont actuellement confrontés les pays en développement, en donnant la priorité aux droits humains, au droit international humanitaire, et aux droits des réfugiés et des migrants.  De même, a-t-elle souligné, la responsabilité de protéger ne doit pas être déconnectée des efforts consentis pour parvenir à une véritable paix durable, avec pour objectif la pleine participation des femmes et des jeunes dans tous les domaines de la société, en particulier dans la prévention et la consolidation de la paix.

La représentante a indiqué que son pays, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies, s’est joint à l’appel à un cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général en juin 2020.  Pour le Honduras, a-t-elle dit, la responsabilité de protéger est une priorité, comme en attestent les actions prises ces dernières années par plusieurs de ses institutions publiques avec la société civile.  Elle a ainsi fait état d’une formation dispensée par le Ministère des droits de l’homme entre 2018 et 2021 à 4 361 membres des forces armées.  Durant la même période, une centaine de fonctionnaires des Ministères des droits de l’homme, de la sécurité et de la défense ainsi que d’autres institutions publiques ont été formés à la prévention des atrocités de masse, grâce à l’Institut Auschwitz pour la prévention du génocide.

Le Honduras, a ajouté sa représentante, participe aussi activement depuis 2012 au Réseau latino-américain pour la prévention du génocide et des atrocités de masse.  Elle a conclu son intervention en réitérant la détermination de son pays à respecter le Statut de Rome et à continuer de progresser avec les autorités compétentes dans la prévention des atrocités criminelles et sa responsabilité de protéger le peuple hondurien.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a déclaré qu’il est de notre devoir de redoubler d’efforts pour s’assurer que les populations civiles du monde entier bénéficient d’une mise en œuvre concrète de la notion de la responsabilité de protéger.  Elle s’est dite inquiète de la propagation des idéologies de haine, des vagues de désinformation ainsi que de la participation de groupes non étatiques à des conflits de plus en plus complexes et nombreux.  Si le Conseil de sécurité ne parvient pas à mettre fin ou à prévenir les crimes graves, il revient alors à l’Assemblée générale d’agir, y compris pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur le programme « femmes, paix, sécurité ».  En effet, travailler avec les femmes dans le domaine de la consolidation de la paix, a-t-elle rappelé, renforce la prévention des crimes graves.  De même, il faut aussi inclure les organisations régionales et sous-régionales, qui doivent être mobilisées en raison de leur bonne connaissance des situations sur le terrain.  La représentante a souligné la nécessité de reconnaître la responsabilité juridique des puissances occupantes vis-à-vis des populations concernées, avant d’annoncer son vote en faveur du projet de résolution présenté aujourd’hui.

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a estimé que cette réunion s’inscrit dans le droit fil des engagements pris lors du Sommet mondial de 2005.  Dans le Document final du Sommet mondial, a-t-il rappelé, l’accent a été mis sur la responsabilité première des États de protéger leurs populations.  Il ne peut y avoir aucune ambiguïté à ce sujet, la souveraineté nationale ne faisant pas obstacle à la responsabilité de protéger.  Au contraire, a-t-il relevé, « il s’agit de deux concepts qui se renforcent mutuellement ».  Notant que, depuis 2009, les rapports annuels du Secrétaire général ont fourni des orientations « claires et concrètes » sur la mise en œuvre du concept, le représentant a souhaité que le débat conceptuel n’empêche pas de continuer à travailler à son opérationnalisation.  Nous le devons aux populations victimes d’atrocités multiples au Yémen, au Myanmar, en Syrie, en Éthiopie ou ailleurs, mais aussi à celles qui se trouvent dans des pays où il y a des risques d’atrocités.  C’est dans cet esprit, a-t-il indiqué, que la Belgique a rejoint le groupe transrégional à l’origine du projet de résolution soumis aujourd’hui.

Le représentant a ensuite invité le Conseil de sécurité à utiliser les nombreux outils dont il dispose pour agir dans le domaine de la prévention des atrocités.  Durant son mandat en 2019 et 2020, a-t-il encore rappelé, la Belgique a mis un accent particulier sur des mesures spécifiques au bénéfice des filles et des jeunes femmes, conformément à la priorité qu’elle accorde aux droits de l’enfant, aux droits des femmes et au programme « femmes, paix et sécurité ».  Nous avons également plaidé avec succès pour l’organisation régulière de briefings informels avec des représentants du Secrétariat, a-t-il ajouté, jugeant que ceux-ci doivent renforcer la capacité d’alerte rapide du Conseil qui serait ainsi mieux informé de situations susceptibles de conduire à des atrocités.   

Dans cette veine, le représentant a estimé nécessaire de resserrer les liens entre le Conseil de sécurité à New York et les organes et mécanismes des droits humains à Genève.  Au-delà, a-t-il relevé, le Conseil de sécurité peut également contribuer, dans le cadre des mandats des opérations de paix, au renforcement des capacités en matière d’état de droit, de bonne gouvernance et d’accès à la justice.  Pour dissuader la commission de nouvelles atrocités criminelles, il peut aussi appuyer des procédures judiciaires nationales et des juridictions hybrides, voire renvoyer des situations à la Cour pénale internationale, a souligné le délégué.  En cas de situation d’atrocités de masse, le Conseil doit aussi être en mesure d’adopter des mesures coercitives si nécessaire.  Sur la base de ce principe, la Belgique, a conclu son représentant, a adhéré au Code de conduite du Groupe ACT et apporte son ferme soutien à l’initiative franco-mexicaine visant à encadrer le droit de veto en cas de crimes d’atrocité.  Le représentant n’a pas manqué de saluer le travail « remarquable » du Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a considéré que la responsabilité de protéger peut être appliquée par des moyens diplomatiques ou par des moyens plus vigoureux, notamment au Conseil de sécurité.  Il a encouragé ce dernier à adopter l’initiative franco-mexicaine et le Code de conduite du Groupe ACT, pour changer la « culture politique ».  Il s’est prononcé pour que l’Assemblée générale se saisisse d’une situation quand le Conseil n’est pas en mesure de prévenir ou de mettre fin à des atrocités.  Les États doivent promouvoir l’état de droit, notamment en reconnaissant l’importance du Statut de Rome.

M. NAM HYOK KIM (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la notion de la responsabilité de protéger doit se fonder sur les principes consacrés par la Charte de l’ONU et le droit international.  Pour le représentant, cette responsabilité « relève » strictement de la souveraineté de l’État concerné.  Mais nous voyons, a-t-il estimé, que cette notion n’est qu’une autre façon de qualifier les interventions étrangères, rejetées par le passé par toute la communauté internationale.  Le respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence constitue la « pierre angulaire » de la Charte de l’ONU et des relations internationales, a-t-il fait valoir.  De fait, l’idée qu’un pays tiers assume la responsabilité de protéger une population face aux crimes de génocide, aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité fait fi de la capacité de l’État concerné de le faire et représente une violation de sa souveraineté nationale.  Comme le démontre déjà la réalité actuelle, les pays en développement sont « victimes » de la mise en œuvre de cette notion qui ne devrait même pas faire l’objet de discussions aux Nations Unies, a conclu le représentant. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a rappelé que son pays a toujours privilégié une approche « consensuelle » de la responsabilité de protéger, convaincu que la prévention devait être « holistique ».  Rappelant la « relation d’intersection » entre les trois piliers de la responsabilité de protéger, et réitérant que le dernier incombe en premier lieu aux États, le délégué a souligné l’importance du renforcement de la résilience nationale.  Les différents organes des Nations Unies pourraient mieux utiliser les instruments dont ils disposent pour prévenir le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique.  Prenant pour exemple l’Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, « bien placé pour soutenir les efforts de prévention », il a encouragé les États Membres à exploiter davantage ce processus en tant que mécanisme préventif. 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) s’est dit très attaché à la responsabilité de protéger, et a appuyé le projet de résolution dont il s’est porté coauteur.  Il a insisté sur le rôle du Conseil de sécurité en matière de prévention des atrocités criminelles et l’a incité à tenir des réunions d’information avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a appuyé l’abandon du droit de véto en cas d’atrocités criminelles, avant de demander aussi au Secrétaire général de donner la priorité à la prévention.  À cet égard, il a souligné l’importance de l’assistance technique pour renforcer les capacités en matière d’alerte précoce.  L’établissement des responsabilités est aussi un instrument important de la prévention des atrocités criminelles et c’est la raison, a expliqué le représentant, pour laquelle nous avons appelé à plusieurs reprises le Conseil de sécurité à renvoyer certaines affaires devant la Cour pénale internationale. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a dénoncé la politique de « deux poids, deux mesures » et l’absence de volonté politique, qui expliquent le fossé entre la notion de responsabilité de protéger et sa mise en œuvre.  Il a pointé un doigt accusateur sur l’Arménie, qui a lancé une « guerre à grande échelle » contre son pays et continue d’occuper une partie du territoire azerbaïdjanais, après qu’une partie de sa population a été « décimée » et ses villages, « rasés ».  Ces opérations militaires s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de « nettoyage ethnique » intentionnelle et démontrent que les agissements de l’Arménie constituent des crimes graves, au regard du droit international.  Le 27 septembre 2020, nous avons vu le résultat de l’impunité dont jouit l’Arménie depuis 20 ans, s’est indigné le représentant, qui a fait état de tirs de missile bien au-delà de la ligne de front, touchant des zones résidentielles et faisant des dizaines de pertes en vies humaines, des centaines de blessés et des dizaines de milliers de personnes déplacées.  La nouvelle réalité qui résulte de l’Accord trilatéral du 10 novembre 2020 et du 10 janvier 2021 est une voie pour la coopération régionale.  Pourtant, a accusé le représentant, l’Arménie refuse de dévoiler la localisation des mines qu’elle a disséminées.  Le niveau de haine et de xénophobie actuel est inimaginable: quiconque essaie de promouvoir la coopération pacifique avec l’Azerbaïdjan est considéré comme un traître en Arménie, a affirmé le représentant. 

Mme INDIRA GUARDIA GONZÁLEZ (Cuba) a estimé d’emblée qu’on ne peut pas considérer la responsabilité de protéger comme un principe international, la notion étant loin d’être définie et acceptée par tous les États Membres.  Dès lors, a-t-elle souligné, parler de la mise en œuvre de ce principe n’est pas possible, sans consensus sur le champ d’application.  Constatant que de nombreuses délégations ont manifesté leur désaccord avec ce terme, la représentante a prévenu qu’en l’absence d’un accord unanime, certaines notions peuvent être facilement manipulées.  La communauté internationale doit d’abord et avant tout encourager les États à assumer leur responsabilité première de protéger leurs populations, sinon on pourra toujours se demander qui prend la décision et à quel moment la communauté internationale doit assurer cette responsabilité.  Qui va conclure qu’un État ne protège pas sa population et qui va décider d’une intervention?  Doit-on adhérer au « prétendu droit d’intervention »? 

Nous condamnons fermement, a poursuivi la représentante, les crimes de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique.  Mais nous militons pour un système respectueux de la Charte et du droit international, et qui applique le principe de consentement préalable.  Concentrons-nous sur les causes sous-jacentes des conflits susceptibles de se transformer en situations extrêmes et méfions-nous d’un concept de la responsabilité de protéger qui cache mal l’idée d’avoir un outil supplémentaire pour faciliter l’ingérence et les changements de régime.  

M. SAMUEL MONCADA (République bolivarienne du Venezuela) a réaffirmé « le rôle central de l’État » en tant que garant de la sécurité de sa population à tout moment.  Il a rappelé qu’il a plusieurs fois dénoncé le fait que la notion de responsabilité de protéger, promue à l’origine à des fins altruistes, ait dégénéré en un instrument d’intervention « coloniale » par « les mêmes puissances qui menacent l’indépendance et l’intégrité territoriale du Venezuela ».  Il s’est étonné de ce que ces « puissances militaires » prétendument défenseurs du concept, s’agissant de son pays, ferment les yeux devant Israël, « puissance occupante » et auteur « de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’un nettoyage ethnique contre le peuple palestinien ».  Voilà une « application sélective » d’un concept que nous savons tous « au service du colonialisme ».

Le représentant a aussi dénoncé les agissements du Gouvernement colombien, pointant du doigt les assassinats de dizaines de manifestants et de centaines de leaders politiques, sociaux et communautaires, d’autochtones et de défenseurs des droits de l’homme.  Mais, a-t-il fait observer, nous ne voyons pas « les puissances interventionnistes » invoquer la responsabilité de protéger dans ce cas.   Il a rejeté l’idée de soutenir le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée générale et a préféré appeler au strict respect de la Charte des Nations unies, « le meilleur instrument juridique créé par l’humanité pour défendre la paix, l’indépendance et les droits de l’homme de nos peuples ».

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a réaffirmé le soutien de sa délégation à l’initiative sur la suspension du droit de veto en cas d’« atrocités criminelles ».  La représentante a apporté son soutien aux mandats des Conseillers spéciaux pour la responsabilité de protéger et pour la prévention du génocide, tout en espérant que le projet de résolution présenté aujourd’hui sera adopté. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a accueilli favorablement la stratégie et le plan d’action des Nations Unies sur les discours de haine.  L’Arménie, dont le peuple a subi les horreurs du génocide au début du XXe siècle, continuera de soutenir l’action précoce pour prévenir les atrocités criminelles, a promis le représentant.  Évoquant « la violence brutale et à grande échelle » déclenchée au milieu de la pandémie mondiale dans le Haut-Karabakh, « mettant la vie de milliers de civils et l’ancien patrimoine chrétien arménien en danger », il a alerté la communauté internationale sur le niveau dangereusement croissant des discours de haine et de la rhétorique raciste qui domine le discours politique en Azerbaïdjan.

Le délégué a cité le refus de l’Azerbaïdjan de libérer les nombreux prisonniers de guerre et otages civils toujours en captivité, en violation du droit humanitaire international, les provocations permanentes que sont les incursions sur le territoire arménien, ainsi que la vaste campagne publique de « déshumanisation » des Arméniens, comme le « parc des trophées militaires » qui vient d’ouvrir et que plusieurs médias internationaux ont surnommé « parc thématique de la haine nationale ».  Ces faits montrent que l’idéologie génocidaire n’appartient pas seulement à l’histoire, a prévenu le délégué arménien.  Fermement engagée à faire avancer le programme de prévention et partageant l’opinion selon laquelle la responsabilité de la prévention des atrocités criminelles peut être renforcée par un dialogue inclusif et des médias libres, il a salué le rôle central du Bureau pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger.  

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a exprimé sa gratitude au Secrétaire général et au Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger pour le rapport de cette année.  La responsabilité de protéger reste un « défi mondial constant et un impératif permanent ».  Malheureusement, a-t-il commenté, certains pays qui s’étaient engagés en sa faveur il y a 15 ans tentent aujourd’hui de s’opposer au débat et à l’inscription de la question à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Le concept de la responsabilité de protéger exclut totalement toute possibilité d’utilisation « secrète » de la force militaire contre un autre État, pour prétendument protéger la population et finir par occuper un territoire.  Pourtant, a-t-il constaté, l’exploitation de cette notion à des fins stratégiques et sécuritaires se poursuit.  L’Assemblée générale a dûment condamné l’occupation temporaire de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie, montrant son intolérance totale aux manipulations des principes de la responsabilité de protéger. 

Malgré cela, les forces d’occupation russes continuent de refuser l’accès de la Crimée aux mécanismes internationaux des droits de l’homme pour évaluer la situation sur le terrain et faire des recommandations en matière d’alerte rapide.  Ce pays néglige également la vie et la sécurité de la population ukrainienne dans certaines zones temporairement occupées des régions de Donetsk et de Louhansk et mène des actions contraires à l’esprit et à la lettre de la responsabilité de protéger, a ajouté le délégué.  Dans le même temps, a-t-il poursuivi, l’occupation de certaines parties du territoire limite la capacité de l’Ukraine à mettre en œuvre le premier pilier de la responsabilité de protéger.  En Crimée, le régime d’occupation russe refuse l’accès aux observateurs internationaux des droits de l’homme.  Dans le contexte de ce débat, a plaidé le représentant, il faut dire que les droits de l’homme et la présence humanitaire constituent un élément essentiel de tout mécanisme de prévention.  L’impunité pour le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, et le refus d’enquêter et de poursuivre les responsables de ces crimes entraîneront leur récurrence et saperont nos efforts multilatéraux en matière de responsabilité de protéger, a prévenu le représentant. 

Évoquant ensuite les deuxième et troisième piliers, le représentant a jugé qu’une responsabilité particulière incombe au Conseil de sécurité.  Cependant, a-t-il déploré, le recours au veto ou la simple menace de l’utiliser peut bloquer la réponse de cet organe dans des situations où une action urgente est nécessaire pour protéger les civils.  À cet égard, il a réaffirmé la position ferme de son pays sur la nécessité d’éliminer progressivement le veto en tant qu’obstacle majeur à la capacité du Conseil d’agir efficacement dans certaines situations.  Il a rappelé que son pays soutient l’initiative franco-mexicaine et le Code de conduite du Groupe ACT.  Le délégué s’est également dit convaincu que le recours au veto devrait également être limité dans les cas où un membre permanent est directement impliqué dans le conflit examiné par le Conseil ou est partie à un différend. 

Pour Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana), il faut reconnaître l’obligation morale de protéger les populations exposées aux crimes de guerre, aux génocides et autres atrocités criminelles.  Elle a salué l’accent mis par l’ONU sur les efforts collectifs, avec les mécanismes régionaux et nationaux, pour prévenir les atrocités criminelles et a appuyé les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport.  La responsabilité de protéger est l’expression d’un engagement « moral et politique », a estimé la représentante qui s’est dite encouragée par le soutien à ce principe.  S’agissant de sa mise en œuvre, elle a insisté sur la prévention qui est « fondamentale ».  Elle s’est dite favorable aux mécanismes d’alerte rapide en amont, mais aussi à l’établissement des responsabilités par le truchement de la Cour pénale internationale notamment.  Le Conseil des droits de l’homme peut également contribuer à identifier les foyers de risques, a estimé la représentante, avant de plaider pour un engagement transparent, une approche concertée et des partenariats vitaux.  Elle a encouragé les États Membres à désigner, à l’instar de son pays, un point focal pour le suivi de la responsabilité de protéger au niveau national.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a plaidé en faveur du rôle des femmes, qui jouent un rôle fondamental dans la prévention des violences et dans le règlement des conflits.  Pour la délégation, il faut aussi garantir l’établissement des responsabilités dans les violences sexuelles, qui prennent souvent pour cible les femmes et peuvent constituer des crimes graves au regard du droit international.  En sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité, l’Irlande, a dit le représentant, tient compte des recommandations formulées par les Conseillers spéciaux pour la responsabilité de protéger et pour la prévention du génocide.  Il a apporté son soutien à la proposition franco-mexicaine et a renouvelé son appui au projet de résolution présenté par la Croatie. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a rappelé que les femmes et les filles sont victimes, de manière disproportionnée, des atrocités, comme actuellement en Éthiopie où les informations font état de violences sexuelles et sexistes généralisées.  Il a dénoncé la guerre « odieuse » qui est menée dans le Tigré « contre le corps des femmes » et souligné que quand les citoyens ne sont pas protégés par leur État, la communauté internationale est appelée à intervenir.  La prévention, a-t-il dit, vient avant l’établissement des responsabilités.  Tout doit être fait pour prévenir ces actes indicibles.  Les États-Unis, a-t-il dit, s’attachent en effet à renforcer les activités de prévention, comme les y oblige la loi « Elie Wiesel », dont le but est de reconnaître les signes d’escalade et d’atrocités potentiels.  En parallèle, la Maison-Blanche continue de coordonner les mesures pour prévenir les atrocités qui hélas perdurent.  C’est là, quand les atrocités perdurent, que le processus d’établissement des responsabilités doit intervenir car il permet de rendre justice et de dissuader des crimes futurs.  Rien n’est plus important que la prévention des atrocités et l’établissement des responsabilités, a insisté le délégué, avant d’appuyer le projet de résolution dont est saisie l’Assemblée générale. 

Selon Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie), la prévention des atrocités est un processus continu, nécessitant des efforts soutenus aux niveaux national, régional et international.  Si la responsabilité première de la protection incombe à chaque État Membre, la communauté internationale doit aider les États à l’assumer.  Pour utiliser efficacement tous les outils de prévention disponibles, Mme Stoeva a appelé à renforcer la coordination entre les différentes entités de l’ONU, y compris le nouveau système des coordinateurs résidents, et à soutenir les efforts déployés au niveau local par les organisations de la société civile, les travailleurs humanitaires et les défenseurs des droits de l’homme.  Soulignant également le rôle important des femmes dans la prévention des atrocités criminelles, la déléguée a appelé à poursuivre les efforts pour renforcer l’égalité des sexes et promouvoir une participation égale et significative des femmes dans tous les efforts.  Mme Stoeva a enfin appelé tous les États Membres à soutenir l’adoption du projet de résolution présenté par la Croatie.

M. XING JISHENG (Chine) a rappelé à son tour l’absence de consensus sur la notion de responsabilité de protéger.  Les États Membres ne sont pas tombés d’accord sur ses critères et certains pays ont même élargi son interprétation en la faussant, a-t-il constaté.  Pour le représentant, tout cela met à mal le dialogue entre les parties et la recherche des intérêts communs.  Tout en plaidant pour qu’un consensus soit trouvé, il a regretté que certains introduisent des questions polémiques à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Nous sommes contre cette pratique et nous venons d’exprimer notre désaccord dans une lettre commune, a indiqué le délégué.  Il convient en premier lieu, a-t-il estimé, d’obtenir le strict respect la Charte de l’ONU, et en particulier ses principes de souveraineté nationale, d’intégrité territoriale, de non-ingérence, de non-agression et de règlement pacifique.  Une assistance peut être fournie aux pays, mais seulement avec leur accord et dans la recherche de l’appropriation nationale.  De plus, a poursuivi le représentant, si la prévention est une dimension clef de la réponse aux crimes les plus graves, elle doit mettre l’accent sur les causes profondes des conflits.  La communauté internationale devrait donc s’engager à réduire la pauvreté, à aider les pays en développement et à encourager la coopération internationale.  De même, le recours à la force ne doit être possible que lorsque tous les autres moyens pacifiques sont épuisés.  Enfin, a-t-il dit en conclusion, l’imposition de sanctions doit recevoir l’accord du Conseil de sécurité et être strictement limitée. 

M. MOHAMMAD GHORBANPOUR NAJAFABADI (République islamique d’Iran) a soutenu que l’un des aspects les plus importants du principe de prévention, et un motif de grave préoccupation pour la communauté internationale, est un scénario impliquant différents types d’intervention dans les affaires intérieures d’un État, sous le prétexte de la responsabilité de protéger.  Cette responsabilité incombe d’abord à l’État concerné, a souligné le délégué iranien, qui a renvoyé aux principes édictés dans la Charte des Nations Unies.  Il y est stipulé que la communauté internationale agit « au cas par cas », et « par le biais du Conseil de sécurité ».  Le concept de prévention, a-t-il estimé, n’implique pas de mesures coercitives, mais des mesures pour endiguer la pauvreté, par exemple, et elle ne préjuge en rien l’intervention d’un État dans un autre.  Les Nations Unies doivent garder un rôle crucial: celui d’éviter la manipulation politique de la notion de prévention.

Des pays, prétendument fervents partisans de ce principe de prévention, ferment les yeux à dessein sur certains conflits et ignorent leurs engagements.  Le soutien inébranlable de certains d’entre eux aux auteurs de crimes contre le peuple palestinien montre bien les « deux poids, deux mesures » et l’hypocrisie.  L'Assemblée générale n’est donc pas le lieu idoine pour discuter de la responsabilité de protéger.  Revenons, a encouragé le représentant, à nos dialogues officieux pour faciliter le consensus.  Résolument contre la diffusion de toute « notion biaisée » visant à saper les principes de base du droit international, comme la non-ingérence dans les affaires internes, nous ne pouvons accepter des idées et des principes qui saperaient l’état de droit et pourraient être utilisés à mauvaises escient, a tranché le représentant. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que les circonstances actuelles confèrent plus d’urgence à la prévention des atrocités criminelles, la COVID-19 ayant notamment amplifié les vulnérabilités existantes en entrainant une augmentation des incitations et des actes de violences ainsi que des discours de haine.  Elle s’est aussi inquiétée de l’escalade des conflits et des violations des droits humains dans plusieurs situations, et des risques que cela entraîne en matière d’atrocités criminelles.

La représentante a insisté sur l’importance de renforcer les mécanismes d’alerte précoce et de prévention, ainsi que sur le rôle que jouent les femmes et les jeunes dans la création de sociétés tolérantes, inclusives et résilientes.  Elle a déploré les écarts qui persistent entre les engagements pris lors du Sommet mondial de 2005 et la situation des populations exposés aux risques.  La responsabilisation doit être priorisée, autant pour rendre justice et que pour son effet dissuasif, a-t-elle estimé.

Pour Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Turquie), le rapport du Secrétaire général est une base solide pour les délibérations d’aujourd’hui.  L’ONU a un rôle crucial à jouer dans l’application du principe de la responsabilité de protéger depuis 2005, en mettant l’accent sur la prévention et l’alerte précoce et ce, « en toute impartialité ».  La représentante a salué le travail effectué dans le contexte de la pandémie, dans la lutte contre l’incitation à la haine et la désinformation.  Elle s’est enorgueillie que son pays soit en tête des efforts de médiation dans les initiatives régionales.  Pour la Turquie, a-t-elle dit, le rôle du Conseil de sécurité pourrait être renforcé dans l’application de la responsabilité de protéger.  Elle a d’ailleurs dénoncé l’inaction du Conseil dans le conflit actuel en Palestine et demandé qu’un mécanisme de protection des Palestiniens soit mis en place.

Pour ce qui est du projet de résolution d’aujourd’hui, la représentante a estimé qu’il constitue une voie pour la mobilisation d’un consensus sur le champ et les modalités d’application du concept, tout en soulignant que cela ne signifie pas qu’il faille revisiter des notions acceptées.  La responsabilité de protéger consiste, selon elle, à trouver un équilibre « délicat » entre les préoccupations de la communauté internationale et la souveraineté et l’intégrité des États.  Si ces États échouent dans la protection de leur population, alors la communauté internationale doit pouvoir intervenir, a concédé la Turquie, mais, dans la mesure où le terme génocide est un terme défini par le droit international, seule une cour appropriée peut en faire la détermination.

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a souhaité que la communauté internationale travaille davantage à la mise en œuvre du principe de responsabilité de protéger et de ses trois piliers.  Assurant que son pays participe activement aux débats sur cette questions, il a estimé que les initiatives de la communauté internationale doivent respecter à la lettre les principes de la Charte de l’ONU et du droit international.  Il a également jugé que la priorité doit être donnée au renforcement des capacités des États, en matière de prévention, celle-ci étant un outil clef aux niveaux national, mais aussi régional et international.  De même, a ajouté le représentant, il convient de renforcer le rôle des organisations régionales et des acteurs locaux.  Saluant le travail du Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger pour ce qui est de l’opérationnalisation de la prévention, il a aussi appuyé l’action menée par les Conseillères spéciales.  À ses yeux, il est nécessaire de continuer de perfectionner les outils pour obtenir les informations utiles sur les problèmes qui se posent en matière de droits humains.  Nous avons besoin d’une analyse complète qui permette de connaître les facteurs de risque et de déclencher des alertes précoces.  À cet égard, il a mis en garde contre les risques d’une inaction excessive.  En conclusion, le représentant s’est dit favorable au projet de résolution, l’objectif étant que la responsabilité de protéger soit désormais un point annuel examiné par l’Assemblée générale, que son opérationnalisation soit assurée et que les États adhèrent aux instruments internationaux de prévention. 

Pour Mme MARÍA PAULA PERDOMO (Chili), la pandémie a mis en exergue le fait que les problèmes mondiaux appellent des solutions mondiales.  Elle a réaffirmé son appui au Bureau des Nations Unies de prévention des génocides et de la responsabilité de protéger et s’est félicitée de l’inclusion de la question à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), dont le pays est coauteur du projet de résolution, a estimé que les Nations Unies doivent jouer un rôle central dans la responsabilité de protéger, en garantissant la complémentarité avec d’autres initiatives dans le domaine de la pérennisation de la paix et du développement durable.  La prévention est au cœur de cette notion et le Conseil de sécurité doit réfléchir à son rôle en la matière.  La Cour pénale internationale, a poursuivi la représentante, doit pouvoir jouir de toute l’autorité possible pour faire face aux atrocités criminelles.  La représentante a avoué qu’elle aurait souhaité plus d’informations « concrètes » sur l’application de ce principe et sur les défis rencontrés.  Abordant les atrocités de masse contre les Rohingya, dont beaucoup se sont réfugiés dans son pays, la représentante a souligné que ces atrocités étaient prévisibles.  Pourtant, a-t-elle regretté, la communauté internationale n’a pas su réagir à temps et cela prouve bien toute la complexité de l’application de cette notion.  L’amélioration de la situation des réfugiés rohingya, a insisté la représentante, dépend des autorités du Myanmar qui doivent leur assurer un retour sûr et digne et un statut de citoyen « à part entière ».  

Pour M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), la responsabilité de protéger met en tension souveraineté nationale et droits de la personne, mais il est possible de surmonter cette dichotomie en responsabilisant l’État, plutôt qu’en faisant de cette notion « un outil sans limite ».  L’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, avait bien insisté sur l’idée que l’intérêt national doit être repensée en « intérêt collectif ».  Il faut donc aborder la question de la responsabilité de protéger avec « délicatesse, prudence et retenue », en réaffirmant la responsabilité première de l’État concerné et le fait que l’intervention militaire se fait en dernier recours.  En toutes choses, la souveraineté nationale doit être considérée comme un principe « fondamental ».  Seul le Conseil de sécurité peut décider d’une intervention internationale et cela implique le respect du droit de veto car il faut bien l’avouer, la responsabilité de protéger peut sembler contraire à certains principes fondamentaux des Nations Unies, dont la primauté de la souveraineté nationale.  Dans les faits, cette notion n’est pas à la hauteur de son ambition, a tranché le délégué.  Trop de contradictions l’empêchent de devenir une véritable doctrine pratique, et les raisons qui ont empêché son utilisation sont les mêmes qui empêcheront son utilisation à l’avenir.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a observé à son tour que, bien que l’Assemblée générale ait entériné voilà plus de 15 ans la responsabilité de protéger, cette notion ne jouit toujours pas d’un consensus global.  Il a également estimé que les paramètres devraient être définis de manière plus précise afin d’éviter tout chevauchement ou tout malentendu avec d’autres instruments de prévention.  S’agissant notamment des modalités d’application du troisième pilier, il a jugé que ladite responsabilité ne peut être invoquée pour déclencher une intervention armée ou donner un « vernis de légitimité » à une tentative de renverser un régime. 

Pour le représentant, la responsabilité de protéger les civils contre le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité incombe à l’État concerné dans le cadre sa souveraineté.  C’est l’État qui doit s’assurer du caractère pacifique de sa société, le rôle de l’ONU étant d’aider à la prévention et de contribuer au maintien de la paix si nécessaire.  Dans ce cadre, a-t-il ajouté, la Guinée équatoriale estime que l’alerte précoce peut jouer un rôle important dans la prévention des atrocités criminelles, un mécanisme de ce type existant déjà en Afrique pour réduire les violences sur le continent.  Après s’être félicité des efforts déployés par l’ONU pour renforcer les capacités des États en matière de prévention, il a indiqué que sa délégation votera en faveur de la résolution. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine la situation financière de l’ONU, marquée par une embellie sur le budget ordinaire

Soixante-quinzième session,
13e séance plénière – après-midi
AG/AB/4367

La Cinquième Commission examine la situation financière de l’ONU, marquée par une embellie sur le budget ordinaire

Après une situation de trésorerie « extrêmement préoccupante » en 2020, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, qui examinait aujourd’hui le financement de l’ONU, a constaté une embellie sur le budget ordinaire.  Au mois d’avril, 76% des contributions prévues pour 2021 avaient été recouvrées. 

L’année 2020 s’est achevée sur un nouveau record en ce qui concerne les contributions au budget ordinaire non acquittées, dont le montant s’élevait élevé à 808 millions de dollars, dépassant le record de 711 millions de dollars établi l’année précédente.  La pression sur les réserves de trésorerie, qui étaient déjà maigres, s’est donc accrue en 2021. 

Mais, en réponse à un autre appel lancé par le Secrétaire général à la mi-mars et à d’autres actions de sensibilisation menées auprès des États Membres, les sommes perçues en avril ont atteint « le chiffre record » d’un milliard de dollars.  Cette somme, ont commenté les États-Unis, n’aurait pas été possible sans notre versement de plus de 300 millions de dollars, au premier trimestre de cette année.  Ainsi, 76% du montant total des contributions annuelles ont été recouvrés à la fin du mois d’avril, permettant d’assouplir un grand nombre de restrictions en matière de dépenses.  Toutefois, le résultat final dépendra toujours du fait que les États Membres continuent de s’acquitter de leurs obligations financières.

Toutes les délégations ont insisté sur la responsabilité des États Membres de payer leur dû en totalité, à temps et sans conditions.  Le Groupe des États d’Afrique a jugé « insupportable », qu’une organisation comme les Nations Unies ait dû, en 2019 et en 2020, emprunter au Fonds de roulement, au Compte spécial et aux opérations de paix fermées, pour pouvoir exécuter ces mandats.  L’ONU devrait pouvoir se concentrer sur ces mandats plutôt que de gaspiller son énergie à trouver les moyens de réduire les dépenses, ont martelé plusieurs délégations.

Pour ce qui est du budget des opérations de paix et des tribunaux pénaux internationaux, les soldes de trésorerie étaient positifs en 2020, même si certaines opérations se sont heurtées à des déficits de trésorerie à différents moments, ce qui a obligé à recourir à des emprunts sur des opérations de maintien de la paix et à reporter des versements dus aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police.  La décision prise par l’Assemblée générale dans sa résolution 73/307 d’autoriser les prélèvements d’avances entre les missions en cours, ainsi que la mise en recouvrement et la réception de contributions pour les périodes hors mandat, a, une nouvelle fois, été saluée aujourd’hui.  Les remboursements au titre des contingents, des unités de police constituées et du matériel appartenant aux contingents sont à jour pour toutes les missions en cours, à l’exception de 65 millions de dollars pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), pour laquelle il n’a pas été recouru à des prélèvements d’avances en raison du risque de retard dans le remboursement des prêts à la mission d’origine.

Toutefois au 30 avril 2021, les arriérés de paiement pour les opérations de paix avaient atteint un record de 2,5 milliards.  Un État, a dénoncé la Chine, doit à lui seul 1,6 milliard de dollars.  Cuba a ainsi accusé les États-Unis de pratiquer une politique volontaire de rétention des contributions pour faire pression.  La délégation américaine s’est défendue en rappelant d’abord que ses contributions sont versées habituellement au dernier trimestre de l’année.  Ils ont tout de même manifesté leur détermination à régler la totalité de leur dû « non seulement pour améliorer les finances de l’Organisation mais aussi et surtout pour améliorer l’efficacité ».

Le Contrôleur des Nations Unies, M. Chandru Ramanathan, a invité les États-Membres à prévenir le plus tôt possible le Secrétariat de leur intention de payer leurs arriérés pour que l’ONU puisse planifier aux mieux ses dépenses. 

En début de séance, la Cinquième Commission a autorisé le Secrétaire général à engager au titre de l’Opération au Darfour un montant maximum de 45 724 300 dollars pour la période du 1er janvier au 30 juin 2021, laquelle somme s’ajoute aux 240 millions de dollars déjà autorisés pour la période du 1er juillet au 31 décembre 2020 et aux 198,7 millions autorisés pour la période du 1er janvier au 30 juin 2021. 

Le Commission, qui tient la majeure partie de sa session virtuellement, a prévu sa prochaine séance publique le 28 mai pour clore ses travaux.

A/C.5/75/L.30

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), s’est dit préoccupé par les problèmes de liquidités auxquels est confrontée l’ONU, s’agissant en particulier du budget ordinaire.  S’il est vrai que la situation s’est un peu améliorée, il ne faut pas pour autant se montrer complaisant, a prévenu le représentant, en attribuant cette amélioration aux mesures d’austérité liées aux recrutements et au contrôle des dépenses dû à la pandémie de COVID.19. La gestion du budget, a-t-il asséné, doit être guidé par l’exécution des programmes et en aucun cas par les sommes en main. 

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par le fait que l’on ait été obligé d’emprunter aux opérations de paix fermées pour couvrir les problèmes de trésorerie liés au budget ordinaire.  Il a dénoncé la persistance des arriérés de paiement lesquels ont atteint un recours, au début de cette année.  Il est vrai que la collecte des contributions vient de dépasser les attentes mais il est tout aussi vrai, a martelé le représentant, que les États Membres doivent payer leur dû en totalité, à temps et sans conditions. 

S’agissant des opérations de paix, il a relevé qu’il reste encore la somme de 65 millions dollars à recouvrer pour une seule mission, « mais c’est une mission de trop ».  Le représentant a particulièrement jugé préoccupant qu’un seul État Membre doive environ les deux-tiers des sommes à recouvrer, « malgré sa grande capacité de paiement ».  Alors qu’il bénéficie déjà d’une « distorsion fondamentale » de la manière dont l’ONU est financée, cet État Membre, a accusé le représentant, continue de manière unilatérale à retenir ses contributions, tout en s’accrochant à ses privilèges spéciaux au Conseil de sécurité.  Tous les États Membres doivent payer leurs contributions et aucun d’entre eux ne devrait être empêcher de le faire, surtout quand l’ONU est confrontée à des problèmes de trésorerie. 

Au nom de l’Australie, de la Nouvelle -Zélande, M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a noté qu’en ces temps de pandémie, l’ONU reste la seule organisation internationale en mesure d’aborder les défis qui transcendent les frontières nationales.  Alors que la Cinquième Commission examine les demandes budgétaires du Secrétaire général pour les opérations paix, qui sont « le volet le plus visible de la présence mondiale de l’ONU », il a souhaité que tous les États Membres versent les contributions financières qui découlent des décisions prises collectivement afin que l’Organisation puisse remplir son mandat. 

En 2020, a relevé le représentant, l’ONU a terminé l’année avec le plus haut niveau d’arriérés de son budget ordinaire depuis plus d’une décennie.  En dépit de la modeste amélioration du recouvrement des contributions ces derniers mois, il s’est déclaré préoccupé par la situation financière globale de l’Organisation, laquelle fonctionne sous une direction stratégique, mais aussi en fonction de la disponibilité des liquidités, à la fois pour son budget ordinaire et pour son budget du maintien de la paix.  En d’autres termes, a souligné, le représentant, les opérations de l’ONU ne sont pas dictées par des priorités organisationnelles, mais par les impératifs de liquidités, ce qui « n’est pas durable et doit changer ». 

Les quotes-parts, a poursuivi le représentant, « ne sont pas des contributions volontaires mais des obligations juridiques qui nous sont faites en tant qu’État Membre de l’ONU ».  Nous avons également la responsabilité morale de veiller à ce que l’Organisation dispose de ressources suffisantes pour s’acquitter de ses mandats, en particulier en ces temps difficiles, a-t-il ajouté, notant à cet égard que, si la situation s’améliore à New York, tel n’est pas le cas dans de nombreuses régions du monde qui continuent de faire face aux effets de la pandémie.  Dans ce contexte, a fait valoir le représentant, le bilan connu de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada en ce qui concerne le paiement « intégral, ponctuel et sans conditions » de leurs contributions, témoigne de leur engagement en faveur de l’ONU.  Exhortant tous les États Membres à faire de même, il a notamment appelé ceux qui ont des contributions en souffrance à s’acquitter en priorité de leurs arriérés. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. TSU TANG TERRENCE TEO (Singapour) s’est félicité, à son tour, que les sommes perçues en avril représentent 76% du montant total des contributions annuelles.  Il a remercié les États Membres concernés d’avoir versé la totalité de leurs contributions dues.  Il a jugé insupportable qu’en raison d’un niveau record d’impayés en  2020, l’Organisation ait dû consacrer toute son énergie à limiter les dépenses plutôt qu’à mettre en œuvre ses mandats. 

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne, a exprimé sa profonde préoccupation face à la crise de liquidité persistante de l’ONU.  En  2018, a-t-il rappelé, le budget ordinaire de l’ONU a enregistré un déficit de trésorerie dès le mois de mai.  En 2019, malgré les mesures prises pour conserver la trésorerie, le premier emprunt a eu lieu en juillet et le déficit a atteint un record de 520  millions de dollars en décembre.  En 2020, la grave crise de liquidité s’est poursuivie et l’Organisation n’a pu repousser le premier emprunt qu’à septembre, grâce à de strictes mesures de conservation des flux de trésorerie.  Le Secrétaire général a alors suspendu tout recrutement pour les opérations du budget ordinaire, réduit les dépenses non affectées aux postes et reporté le paiement des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police.  Bien que ces mesures se soient avérées essentielles pour gérer les problèmes de trésorerie, le représentant a dit craindre qu’elles ne compromettent la faculté de l’Organisation à mettre en œuvre toute l’étendue des mandats qui lui ont été confiés. 

La gestion de la situation financière des Nations Unies est une « responsabilité commune », partagée entre l’Organisation et ses États Membres, a souligné le représentant.  Depuis le début du mois d’avril, s’est-il enorgueilli, tous les États membres de l’Union européenne ont versé leurs contributions au budget ordinaire 2021, ce qui représente 24% du montant total.  En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, les États membres de l’Union représentaient près de la moitié du tableau d’honneur au 30 avril et plus de 20% des contributions versées.  Or, a regretté le représentant, tous les États Membres n’ont pas respecté leurs obligations financières.  De fait, l’imprévisibilité des encaissements, ainsi que les grandes collectes du dernier trimestre de chaque année, aggravées par la crise mondiale posée par la pandémie de COVID-19, « menacent la capacité de l’Organisation à mettre en œuvre tous ses mandats et à répondre aux crises émergentes en temps opportun ».  Le représentant a par conséquent exhorté les États Membres qui ont des évaluations en attente à traiter cette question comme une « priorité absolue », réaffirmant qu’il importe que tous les États Membres honorent leurs obligations financières en payant leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions.  

Notant que « le diagnostic est désormais clair », il a estimé que se disputer au sujet du calendrier ou pointer certains du doigt ne contribuera pas à s’attaquer aux causes profondes des problèmes ni à améliorer la situation.  Le représentant a aussi estimé qu’il est de la responsabilité de la Cinquième Commission de relever le défi et d’assurer un financement durable de l’Organisation.  Il s’est félicité à cet égard des mesures adoptées dans la résolution 73/307.   Pour les opérations de maintien de la paix, par exemple, la création d’une trésorerie commune entre les missions et la possibilité de payer les contributions pour l’ensemble de la période budgétaire de 12 mois ont permis d’alléger partiellement la pression sur la trésorerie.  Le représentant a cependant regretté que seule une solution partielle ait été trouvée et qu’aucun consensus n’a été dégagé sur les propositions relatives au budget ordinaire.  En conséquence, a-t-il déploré, le Secrétaire général a régulièrement emprunté dans les comptes des opérations de paix closes, ce qui a entraîné une rétention des crédits aux États Membres.  De même, il a regretté le retard dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de policiers, considérant que cela doit être corrigé. 

À cette fin, le représentant a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour gérer les ressources de manière plus efficace.  Il a également appelé les États Membres à revoir la proposition présentée lors de la soixante-treizième session.  En juin de l’an dernier, comme l’année précédente, a-t-il rappelé, l’Union européenne était prête à adopter des mesures permettant au Secrétaire général de gérer ses budgets de manière plus stratégique, tout en maintenant les normes de transparence et de responsabilité les plus élevées.  Nous avons également fait des propositions à cet égard l’automne dernier, lors de la négociation du budget ordinaire, et nous continuons de soutenir toutes les mesures qui peuvent donner au Secrétaire général les outils pour atténuer les défis actuels de la gestion de la trésorerie et conduire à un budget plus efficace et plus stratégique, a conclu le représentant. 

S’exprimant également au nom du Liechtenstein, M. MIKE MARTIN AMMANN (Suisse) a estimé que la situation financière reste « préoccupante » en dépit de l’amélioration actuelle de la situation de liquidité des Nations Unies.  De fait, a-t-il souligné, l’irrégularité constatée chaque année dans la collecte des contributions au budget ordinaire appelle l’ONU à une « gestion prudente des liquidités » afin de s’assurer que les opérations ne sont pas compromises durant l’année.  Le représentant a jugé à cet égard que l’allocation des ressources et la priorisation des activités par le Secrétariat constituent « un risque pour le contrôle des États Membres sur la mise en œuvre du mandat de l’ONU ».  Alors que la pandémie fait toujours rage et que d’innombrables personnes comptent sur le soutien des Nations Unies dans la lutte contre la COVID-19, « des ressources financières adéquates sont de la plus haute importance et doivent être assurées », a soutenu le représentant. 

Il a par ailleurs salué « l’effet positif » que les mesures introduites l’année dernière ont eu sur l’amélioration de la flexibilité budgétaire du Secrétaire général.  Appelant tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à verser leurs contributions annuelles « dans leur intégralité et dans les délais impartis », il a assuré que la Suisse et le Liechtenstein continueront à honorer leurs obligations financières envers l’Organisation en les payant « à temps et en totalité ».  Il a conclu en réitérant la nécessité pour les Nations Unies de bénéficier d’un financement adéquat de la part des États Membres afin d’exécuter pleinement ses mandats.  

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) s’est félicité de ce qu’après l’appel lancé par le Secrétaire général à la mi-mars et à d’autres actions de sensibilisation menées auprès des États Membres, les sommes perçues en avril aient atteint le chiffre record d’1 milliard de dollars et que 76 % du montant total des contributions annuelles aient été recouvrés à la fin du mois d’avril.  Revenant à la situation de 2020 où le niveau des impayées a atteint un record de 808 millions de dollars, le représentant a jugé insupportable, qu’une organisation comme les Nations Unies ait dû emprunter au fonds de roulement, de son compte spécial ou aux opérations de paix fermées, pendant 10 mois entre 2019 et 2020. 

S’agissant justement des opérations de paix, il s’est dit encouragé par la tendance positive des soldes de trésorerie et a salué l’impact positif de la résolution 73/703 de l’Assemblée générale qui a supprimé les restrictions sur les emprunts croisés pour les opérations actives, ce qui a permis d’améliorer la trésorerie globale desdites opérations.  Le représentant s’est particulièrement félicité des progrès observés en matière de remboursement des pays fournisseurs de contingents et de matériel, à l’exception des 65 millions de dollars pour l’Opération au Darfour.  Tous les efforts doivent être faits pour que ces pays soient remboursés le plus rapidement possible, a-t-il insisté, avant de juger « indispensable » une solution durable aux problèmes de financement, La pratique des emprunts aux opérations actives ou fermées n’est pas seulement non viable mais elle est surtout nocive pour une bonne exécution des mandat de l’Organisation. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a constaté que les mesures d’économie mises en œuvre par le Secrétariat, ainsi que les contributions de la plupart des États Membres, ont conduit, fin 2020, à un déficit qui était de 186 millions de dollars inférieur à celui de 2019.  Si des économies sont nécessaires, cela ne doit pas se faire au détriment du respect des activités et programmes approuvés par les États Membres, a fait valoir le représentant.  Il s’est ensuite félicité de ce que la réduction du déficit ait permis, jusqu’à présent en 2021, de reconstituer les réserves du Fonds de roulement et du Compte spécial, et de rembourser les emprunts aux opérations de clôturées à un rythme plus rapide que les années précédentes. 

Le représentant a également pris acte de la situation plus stable des contributions aux tribunaux internationaux et aux opérations de paix.  Il a par ailleurs jugé encourageant de constater que, par rapport à la même date en 2020, 11 pays de plus ont versé intégralement leurs contributions au budget ordinaire et que le montant des arriérés est inférieur d’environ 379 millions de dollars.  Ces informations prouvent que l’amélioration de la grave crise de trésorerie « dépend plus du respect de nos engagements que des modifications apportées aux méthodologies et réglementations budgétaires ». 

Cependant, a relativisé le représentant, nous ne pouvons être sûrs que cette amélioration empêchera une réapparition des problèmes.  Seul le paiement des contributions en totalité, à temps et sans conditions peut empêcher cette situation, a-t-il soutenu, souhaitant aussi que soit prise en compte la situation particulière des pays en développement qui ne sont pas en mesure d’honorer leurs engagements financiers pour des raisons indépendantes de leur volonté politique, principalement en raison du grave impact de la pandémie de COVID-19 sur leurs économies. 

Le représentant a d’autre part observé que le principal débiteur de l’ONU reste les États-Unis.  La volonté exprimée récemment par ce pays de payer ses dettes envers l’Organisation est la première étape d’un long chemin.  Il faut que cesse la politique de rétention volontaire des contributions, a asséné le représentant.  Il s’est enorgueilli que son pays se soit acquitté de presque toutes ses obligations financières à l’égard de l’ONU, et ce, malgré les effets de la pandémie et du blocus économique, commercial et financier que lui imposent les États-Unis.  Par conséquent, a-t-il conclu, les paiements effectués par notre pays pour honorer sa dette envers l’Organisation participent d’un « très grand sacrifice ».

M. OMAR KADIRI Maroc a jugé important de saluer, dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19, la capacité de l’ONU de faire face à ce défi.  S’agissant des opérations de paix, il a salué l’adoption de la résolution 73/307 de l’Assemblée générale fondée sur les propositions du Secrétaire général visant à améliorer la situation financière des Nations Unies par la diminution des arriérés de paiement.  Le Maroc a déclaré que l’équilibre financier de l’Organisation dépend « indéniablement » du versement à temps par les États Membres de la totalité de leurs contributions et de leurs arriérés.  

Mme RENA AKATSUKA (Japon) s’est enorgueillie que son pays ait payé toutes ses contributions, malgré l’impact de la COVID-19 sur l’économie et la situation financière japonaises.  Heureuse de constater que la situation de trésorerie se soit améliorée, en 2021, grâce au versement des contributions mais aussi à une meilleure gestion des liquidités par le Secrétariat, la représentante a salué l’assouplissement des restrictions imposées aux recrutements.  Elle a dit compter que le Secrétaire général tiendra compte de la sous-représentation voire de la non-représentation de certains États, lorsqu’il s’agira de pourvoir les postes vacants. 

La représentante a insisté sur la nécessité de fixer un niveau « réaliste » des ressources qui doivent être nécessaires mais aussi suffisantes pour une bonne exécution des mandats.  Les ressources, a-t-elle rappelé, ne sont pas illimitées. Les États Membres et le Secrétariat de l’ONU ont la « responsabilité commune » de rechercher constamment les moyens d’assurer une utilisation efficace des ressources, compte tenu de la nécessité de rendre des comptes au contribuable.  Notant que la trésorerie des opérations de paix est en danger, puisque les États semblent attendre l’issue des négociations sur la répartition des quotes-parts à la prochaine session, la représentante a demandé au Secrétariat de trouver des mesures pour atténuer ce danger « inévitable » qui semble réapparaître tous les trois ans. 

Il est « très important », a souligné M. MOHAMMED NORE ALAM (Bangladesh), que les principaux contributeurs, qui ont de très gros moyens, assurent le paiement intégral et à temps de leur quote-part.  L’ONU serait sur une base financière plus solide si ces États honoraient leurs obligations, en vertu de la Charte.  Lorsque nous examinons le budget aujourd’hui, a poursuivi le représentant, nous devons tenir compte de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le travail de l’Organisation et assurer des fonds suffisants et prévisibles.  Il a aussi souligné l’importance que son pays attache au remboursement rapide des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police aux opérations de paix de l’ONU, d’autant plus que la plupart d’entre eux sont des pays en développement.  Tout retard dans les remboursements peut avoir un impact sur la rotation des troupes et la volonté des pays de déployer des hommes et des femmes sur le terrain.  Les retards peuvent aussi alourdir le fardeau financier de ces pays, ce qui serait « injuste ». 

Prenant note avec « une profonde préoccupation » de l’aggravation de la situation de trésorerie de l’ONU, le représentant a aussi noté que les contributions sont généralement reçues à la fin de l’année, ce qui compromet une bonne affectation des ressources aux différents mandats.  Malgré une prudence budgétaire et le report de plusieurs paiements, a-t-il dénoncé, l’Organisation a dû emprunter de larges sommes aux opérations de paix fermées, ces deux dernières années.  Il est tout aussi impératif que tous les fonds alloués à l’ONU soient dépensés de manière efficace, transparente et responsable.  Un contrôle budgétaire strict, une discipline budgétaire tout aussi stricte et une utilisation rationnelle des ressources sont particulièrement importantes, a conclu le représentant.  

M. BORGAR OLSEN TORMODSGARD (Norvège) a estimé qu’à la lumière de la pandémie de COVID-19, nous avons besoin d’une Organisation forte et efficace qui gère ses ressources financières de manière responsable et qui exécute ses mandats.  Le paiement intégral et à temps des quotes-parts est « essentiel » pour le bon fonctionnement de l’Organisation, a souligné le représentant, face à des mandats à exécuter dans des situations de plus en plus complexes.  Un financement stable et prévisible est la clef de la pertinence et de l’efficacité des Nations Unies, a-t-il insisté.  Les nombreuses lettres que le Secrétaire général a dû envoyer aux États Membres montrent que l’ONU fait toujours face à des problèmes de trésorerie, a noté le représentant en se disant particulièrement préoccupé par le budget ordinaire et l’impact potentiel que les mesures prises peuvent avoir sur l’exécution des mandats.  Membre fondateur et partenaire fidèle des Nations Unies, la Norvège, a conclu son représentant, exhorte tous les États à n’épargner aucun effort pour payer leurs contributions intégralement, à temps et sans condition, et ce, pour assurer une ONU forte et efficace qui concrétise sa promesse aux peuples qu’elle sert.  

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a dit partager les préoccupations concernant la crise de liquidités liée au budget ordinaire.  Le déficit au début de l’année et l’épuisement des réserves n’augurent rien de bon pour la stabilité des finances et s’éloignent résolument d’une pratique budgétaire viable.  S’il est crucial que l’Organisation ait les ressources nécessaires, le représentant a jugé tout aussi crucial qu’elle pratique la discipline budgétaire en tout temps, en particulier dans l’environnement actuel où l’économie mondiale est gravement touchée par la pandémie de COVID-19 et où les États Membres sont contraints d’adopter des mesures d’austérité pour « garder leur pied loin du feu ».  Nous devons, a poursuivi le représentant, maintenir en vie notre pouvoir de contrôle pour ne pas renoncer à notre fonction administrative devant le labyrinthe d’une structure sophistiquée qui peut compromettre l’esprit même de la Charte.  Notre pouvoir de contrôle ne saurait se limiter à un sceau sur des propositions.  La consultation, le consensus et le respect de la souveraineté nationale des uns et des autres doivent nous guider dans toutes les discussions sur le financement de l’ONU, en lieu et place des agendas particuliers. 

Insistant sur le pilier « développement » de l’ONU, le représentant a estimé que le temps de l’introspection est peut-être venu, à savoir le temps d’un audit non pas des chiffres mais des procédures budgétaires qui présentent un « sombre tableau ».  Les ressources de l’ONU doivent être utilisées pour des besoins véritables et pas pour des activités « extra-juridictionnelles », a martelé le représentant.  Il s’est en effet dit préoccupé par l’idée de consacrer des ressources à des agendas politiques.  Il est important, a-t-il conclu, que les États Membres, qui ont la capacité de le faire, paient leurs contributions, tout en reconnaissant les efforts et l’incapacité des autres pour des raisons qui échappent à leur contrôle. 

M. EVGENY V. KALUGIN (Fédération de Russie) a salué l’approche du Secrétariat pour obtenir le paiement des quotes-parts, compte tenu des résultats concrets, dont l’amélioration de la situation financière de l’ONU.  Le représentant a donc demandé audit Secrétariat d’informer les États Membres des « mesures d’austérité » qui ont été levées et assouplies.  Il s’est dit convaincu qu’une meilleure transparence en la matière encouragerait les pays, qui ont des arriérés, à suivre l’exemple de ceux qui ont payé intégralement leurs contributions.

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a constaté à son tour que la situation de liquidité des Nations Unies est allée en s’aggravant ces dernières années, avec des déficits qui surviennent plus tôt chaque année et qui se creusent, des réserves qui s’épuisent et des arriérés de fin d’année qui atteignent des niveaux record.  Le représentant s’est dit inquiet de cette tendance qui a affecté la mise en œuvre des mandats de manière négative.  Pour y remédier, a-t-il relevé, le Secrétaire général a été forcé de prendre des mesures « extrêmes » qui compromettent inévitablement l’objectif et l’efficacité de l’Organisation, s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et du développement. 

En outre, a ajouté le représentant, la crise de liquidité en 2019 et en 2020 a menacé la capacité de l’ONU de répondre à des crises émergentes en temps opportun, notamment aux défis posés par la pandémie de COVID-19.  Or, l’Organisation « fait plus si elle est financièrement solide », en particulier en faveur des États Membres vulnérables, à savoir les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et petits États insulaires en développement. De plus, a-t-il relevé, la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourra se concrétiser « tant que nous, en tant qu’organisation, ne serons pas financièrement à flot ».  Avant de conclure, le représentant a félicité les États Membres qui ont réussi à payer leurs cotisations à temps et sans faute, exprimant la fierté de son pays de s’être acquitté de cette obligation.  Il a toutefois souhaité qu’il soit tenu compte des situations particulières auxquelles sont confrontés certains pays en développement, surtout à la lumière des circonstances imposées par la pandémie. 

M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) s’est dit, à son tour, préoccupé par les problèmes de liquidité auxquels sont confrontées les Nations Unies.  L’ONU, a-t-il dénoncé, est donc aux prises avec l’impact de la pandémie de COVID-19 sans les ressources et les outils nécessaires à son bon fonctionnement.  Le temps et les ressources actionnés pour atténuer les répercussions des problèmes de trésorerie seraient mieux utilisés à l’amélioration du travail sur le terrain.  Il est donc essentiel que tous les États Membres paient leurs contributions en totalité et à temps. 

M. Crocker s’est dit heureux d’apprendre qu’en avril, un milliard de dollars a été injecté au budget ordinaire.  Les restrictions imposées aux recrutements ont été assouplies partiellement, s’est-il réjoui, tout en regrettant ne pas voir la même hausse des contributions aux budgets des opérations de paix.  Heureux tout de même qu’à la suite des réformes menées depuis deux ans, la trésorerie globale des opérations actives continue de s’améliorer, il a encouragé le Secrétaire général à identifier des moyens nouveaux et novateurs pour atténuer les problèmes de trésorerie s’agissant du budget ordinaire. 

M. BING DAI (Chine) a dit qu’en dépit de la pandémie de COVID-19, elle s’est acquittée de ses contributions et rappelant la crise de liquidités « alarmante », il a pointé du doigt un État Membre qui doit encore un milliard de dollars au budget ordinaire et plus d’1,4 milliard de dollars à celui du maintien de la paix. Cette délégation devrait montrer l’exemple en s’acquittant de ses contributions, a asséné le représentant. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) s’est dit encouragé d’apprendre que les contributions recouvrées, qui s’élèvent à 3,16 milliards de dollars, ont dépassé les attentes du Secrétariat qui s’attendait cette année à une somme de 2,98 milliards.  Mais il a dit craindre que l’« imprévisibilité » de ses rentrées d’argent ne compliquent la tâche des administrateurs de programmes qui doivent placer stratégiquement les objectifs communs de l’ONU et veiller à l’exécution des mandats cette année et au-delà.  Il a donc exhorté les États Membres à n’épargner aucun effort pour honorer leurs obligations financières en totalité, à temps et sans conditions, d’autant plus que l’ONU s’attend à des dépenses imprévues dues à la pandémie de COVID-19.  Il a espéré que les ressources disponibles seront utilisées de manière responsable. 

Mme GRACE LEIGH LEVIN (États-Unis) a rappelé que la contribution de son pays au budget des Nations Unies est deux fois plus importante que celle du deuxième plus grand contributeur.  La semaine dernière, a-t-elle dit, nous avons été informés que l’ONU avait collecté 1 milliard de dollars de contributions pour le budget ordinaire pour le seul mois d’avril.  C’est peut-être la plus grosse somme que l’ONU ait jamais collectée en un mois, pour le budget ordinaire, a applaudi la représentante.  Elle a précisé que cette somme n’aurait pas été possible, sans les plus de 300  millions de dollars que son pays a versés, au cours du premier trimestre.  Rappelant que ledit pays paie généralement sa contribution au budget ordinaire, au dernier trimestre de l’année, la représentante a promis un paiement intégral.  Nous sommes déterminés, a-t-elle affirmé, à nous acquitter de nos obligations financières non seulement pour améliorer la trésorerie de l’ONU mais aussi et surtout pour lui assurer l’efficacité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission fait sienne le rapport de la session  2021 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Soixante-quinzième session,
11e séance plénière – matin
CPSD/726

La Quatrième Commission fait sienne le rapport de la session  2021 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Ce matin, la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et de la décolonisation) a adopté, sans mise aux voix, un projet de résolution sur l’« Étude* d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects » par lequel elle accueille avec satisfaction le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Ce projet sera ensuite soumis à l’Assemblée générale pour être entériné. 

Par ce texte, la Quatrième Commission recommande notamment à l’Assemblée générale de prier instamment les États Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l’ONU de prendre toutes les mesures nécessaires à l’application des propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial, aussi appelé « Comité des 34 ». 

La Commission rappelle en outre que les États Membres qui fourniront du personnel aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans les années à venir ou qui participeront aux travaux du Comité spécial en qualité d’observateurs pendant trois années consécutives deviendront membres du Comité à la session suivante sur demande adressée par écrit au Président du Comité.  Cette année, ce sont les Émirats arabes unis qui sont venus renforcer les rangs de membres du Comité des 34, a précisé le Rapporteur du Comité spécial, M. Abdullah Attelb, de l’Égypte. 

Le Canada, en sa qualité de Président du Groupe de travail plénier du Comité des 34, a par ailleurs expliqué qu’en raison de la COVID-19, le groupe intersession à composition non limitée qui devait examiner les méthodes de travail du Comité spécial n’a pas pu se réunir en 2020.  Des consultations élargies seront toutefois lancées dès demain en vue d’apporter sa pierre à l’édifice de la révision desdites méthodes, a-t-il fait savoir, précisant qu’il souhaiterait pouvoir achever cet examen avant la pause estivale, d’ici à fin juin. 

La Quatrième Commission se réunira de nouveau début juin pour élire le Président et le Bureau de sa soixante-seizième session. 

* A/C.4/75/L.16

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: ouverture d’une session consacrée à l’examen d’une enveloppe de 6,5 milliards de dollars pour 12 opérations de paix

Soixante-quinzième session,
12e séance plénière – matin
AG/AB/4366

Cinquième Commission: ouverture d’une session consacrée à l’examen d’une enveloppe de 6,5 milliards de dollars pour 12 opérations de paix

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa deuxième reprise de session, traditionnellement consacrée à l’examen du budget annuel des opérations de paix.  Cette année, les travaux vont porter sur le financement de 12 opérations, estimé à 6 milliards 466 millions de dollars, pour l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. 

Le Groupe des 77 et la Chine a fait observer que ce montant est inférieur de 310 millions au niveau approuvé pour l’exercice 2020/2021, lequel était déjà inférieur à celui approuvé pour la période 2019/2020.  Il a voulu que l’on ne perde pas de vue, le vrai problème qui est l’exécution efficace des mandats.  Pour y parvenir, a-t-il professé, les ressources doivent être proportionnelles aux tâches prescrites et/ou à l’environnement opérationnel.  Si le Groupe des États d’Afrique a dit partager les mêmes inquiétudes, les États-Unis ont prévenu: « nous ne pouvons pas surmonter les défis auxquels est confronté le maintien de la paix uniquement avec des ressources. »  Ils ont rappelé la Cinquième Commission à sa responsabilité de veiller à ce que les procédures administratives et budgétaires de l’Organisation permettent le succès des missions plutôt que l’entraver. 

Combien de fois, se sont-ils impatientés, cette Commission a-t-elle entendu parler d’une politique des Nations Unies qui a entraîné des retards dans l’embauche d’un personnel crucial, le déploiement des troupes, l’acquisition d’actifs essentiels ou, dans le pire des cas, la protection efficace des civils ou du personnel?  Avec les autres délégations, les États-Unis ont salué la politique de tolérance zéro du Secrétaire général face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU sur le terrain.  Les nouvelles initiatives visant à réduire l’empreinte écologique des opérations ont également reçu le satisfecit des délégations. 

S’agissant des 29 opérations fermées au 30 juin 2020, elles ont relevé un déficit de 85,52 millions de dollars pour cinq missions et un excédent de 149,7 millions de dollars pour les 24 autres.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande de rembourser aux États Membres un montant de 107 796   000 dollars; le solde restant devant permettre des avances provisoires aux missions en cours.  Après avoir constaté que les contributions non réglées au titre des 29 missions représentaient 376,6 millions de dollars, le Groupe des 77 et la Chine a insisté sur la responsabilité de tous les États Membres de régler leurs contributions à temps. 

La Cinquième Commission a prévu de tenir virtuellement la plupart des réunions de cette session.  Sa prochaine séance publique en présentiel devrait avoir lieu le 14 mai pour examiner la question de l’amélioration de la situation financière de l’ONU. 

ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.5/75/L.29) 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. ALY DIANE (Guinée), a salué le fait que la majorité des rapports du Secrétariat et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) soient déjà disponibles.  Il a souhaité voir un retour progressif aux méthodes de travail habituelles de la Commission, après que les services appropriés de l’ONU et de la ville de New York auront donné leur accord au sujet de l’évolution de la pandémie de la COVID-19.  Constatant que des sujets autres que les questions liées aux opérations de maintien de la paix (OMP) sont prévues dans l’ordre du jour de cette session, le représentant a rappelé que la seconde partie de la reprise de session devrait être consacrée en priorité aux question relatives au financement de ces opérations.  Le Groupe a promis de faire tout son possible pour éviter que les négociations sur ces questions n’aillent au-delà des délais impartis.  Il a souhaité explorer des options pour poursuivre le travail fait l’an dernier sur les opérations fermées, ainsi que des solutions justes sur la question des contributions non payées, entre autres. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ISSIMAIL CHANFI+ (Comores), a réaffirmé la grande importance qu'il attache au financement « adéquat » des mandats autorisés par le Conseil de sécurité, compte tenu de la complexité desdits mandats et des défis uniques sur le terrain.  Il a reconnu le rôle important joué par les activités programmatiques et les projets à impact rapide dans les opérations de paix et appelé à leur mise en œuvre rapide et responsable.  Compte tenu des contraintes de temps et de la situation exceptionnelle du retrait et de la fermeture de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour, le représentant a appelé toutes les délégations à s’engager de manière constructive pour prendre une décision « consensuelle » sur l’autorisation d’engagement demandée par le Secrétaire général en temps opportun, et idéalement avant la fin du mois de mai.  Le représentant a regretté que la Cinquième Commission ait prévu de tenir ses réunions en anglais sans interprétation simultanée dans les cinq autres langues officie

M. THIBAULT CAMELLI, , délégué de l’Union européenne, a rendu hommage aux hommes et aux femmes qui œuvrent dans les opérations de paix, notamment en ces temps difficiles de pandémie.  Il a rappelé que l’Union européenne fournit des hommes, des équipements et des financements à ces opérations, avant d’insister sur la sûreté et la sécurité du personnel.  Dans un environnement de plus en plus complexe, la Cinquième Commission doit faire en sorte que les opérations soient à la hauteur de la tâche donc correctement financées. 

En tant que plus grand argentier, l’Union européenne s’inquiète, a dit le représentant, appelle les États Membres à payer leur contribution, à temps.  Nous avons, a-t-il insisté, la responsabilité de garantir la planification à long terme des opérations dont les conditions de travail difficiles sont exacerbées par la pandémie de COVID-19.  La Commission doit se montrer « pragmatique » et doter les opérations des capacités et ressources adéquates, « avec la souplesse nécessaire pour faire face aux incertitudes ». 

Le budget du maintien de la paix ne saurait être examiné séparément des politiques administratives qui guident leur fonctionnement.  Au cours de la présente session, nous entendons, a dit le représentant, nous concentrer sur des programmes tels « femmes, paix et sécurité », ou encore l’empreinte écologique des opérations, sans oublier les questions de l’exploitation et des atteintes sexuelles, ou encore de l’évaluation de la performance.  Le représentant a formulé le vœu que les travaux de la présente session se terminent à temps et dans le consensus. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a salué l’engagement du personnel militaire et civil des opérations de paix qui travaille dans des environnements de plus en plus complexes.  Il a dit son intention de suivre avec une attention particulière les discussions sur la clôture des Missions en Haïti, convaincu de l’opportunité d’en tirer des enseignements importants.  Le représentant a aussi dit accorder une grande priorité à la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles et a insisté sur le principe de tolérance zéro.  Il a conclu en plaidant pour des ressources en faveur du Régime commun des Nations Unies.    

M. PATRICK F. KENNEDY (États-Unis) a souligné à son tour que pour que les opérations de paix soient efficaces, elles doivent disposer des ressources nécessaires à l’exécution de leur mandat.  Aucun mission ne devrait être incapable de protéger les civils, promouvoir les droits de l’homme, soutenir les institutions publiques ou défendre son personnel.  Le représentant a promis d’œuvrer pour un soutien politique et financier fort aux opérations.  Au cours des quatre dernières sessions, a-t-il rappelé, cette Commission a été incapable de parvenir à un consensus sur une résolution politique transversale.  Notre incapacité de fournir cette orientation est une « abdication » de notre responsabilité vis-à-vis des missions sur le terrain et du Secrétariat qui les soutient, a tranché le représentant.  À la lumière des problèmes que connaissent les opérations de paix, nous attendons avec impatience de recevoir des informations plus détaillées sur le plan d’exécution du système global d’évaluation de la performance, a dit le représentant, en espérant une session consensuelle.  

M. DAI BING (Chine) a lui aussi voulu que la Commission adopte, dans les délais impartis, un budget qui permettra aux opérations de paix de remplir efficacement leur mission.  Il a insisté sur le rôle du Comité des commissaires aux comptes (CCC), en tant qu’organe externe d’audit pour statuer sur la bonne utilisation des ressources.  Il a demandé des mesures pour améliorer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, non sans rappeler qu’elle leur a offert 300 000 doses de vaccins.  Elle n’a pas manqué d’exhorter à rembourser plus rapidement les pays fournisseurs de contingents. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a dit qu’avec des troupes déployées à l’AMISOM, son pays et d’autres ont perdu des hommes du fait des engins explosifs improvisés.  Cette réalité a conduit à la modification du mandat de la Mission pour y introduire des tâches qui ne reviennent pas traditionnellement aux opérations.  Il est important, a-t-elle estimé, que les mandats des opérations aient des éléments de consolidation de la paix pour éviter « les rechutes ».  Il est tout aussi important de se focaliser sur des questions relatives à la sécurité du personnel. 

Malgré les contraintes liées à la pandémie de COVID-19, la représentante a appelé à un financement durable des opérations, regrettant qu’en dépit des coupes budgétaires, l’on continue d’exiger des niveaux élevés de performance.  Elle a en outre prié le Secrétariat à veiller à un financement adéquat du Fonds pour la paix de l’Union africaine et à collaborer davantage avec les organisations régionales et sous-régionales, y compris l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), afin de faire le lien entre maintien et consolidation de la paix. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a promis de mettre tout en œuvre pour que les opérations de paix soient dument financées.  Mais l’adoption des budgets doit aller de pair avec des mesures pour bonne utilisation efficace des ressources et une reddition des comptes « exemplaire ».  Après avoir regretté qu’aucune résolution transversale n’ait pu être adoptée depuis quatre ans, le représentant a exhorté la Commission à faire mieux. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a dit que son pays est fier de fournir des contingents aux opérations de paix depuis 1958.  Actuellement, nous avons déployé 227 personnes sur le terrain et aspirons à accroître ce nombre, a dit le représentant.  À la lumière de la complexité croissante des situations sur le terrain et des niveaux élevés d’insécurité dans lesquels les opérations travaillent, le représentant a jugé impératif d’assurer des ressources financières adéquates.  Il a salué les efforts envisagés par l’ONU dans le cadre d’« Action pour le maintien de la paix » et souligné que l’efficacité des opérations dépend d’une bonne collaboration entre les pays hôtes, les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat des Nations Unies et le Conseil de sécurité. 

M. MARIVIL VILLA VALLES (Philippines) a salué le sacrifice des Casques bleus, dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19 qui restreint les patrouilles et la liberté de mouvement des acteurs du maintien de la paix.  Il a demandé des précisions sur le programme de vaccination, avant de s’inquiéter de la baisse continue du budget des opérations de paix.  Les coupes budgétaires, a-t-il martelé, ne sont conformes en rien aux besoins croissants. 

M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a félicité le Secrétariat et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) pour la rapidité avec laquelle les rapports de la session ont été publiés, conformément à la demande répétée des délégations.  Au cours de cette session, la délégation a dit vouloir s’intéresser particulièrement aux questions transversales, y compris les mesures prises pour assurer la sécurité et le bien-être du personnel du maintien de la paix, ainsi que tout soutien apporté aux pays hôtes, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Nous nous intéressons aussi, a-t-il poursuivi, aux projets à impact rapide et aux activités programmatiques qui sont censés contribuer à sauver des vies et à aider l’Organisation à gagner la confiance des populations locales.  Enfin, le représentant a dit vouloir discuter du rôle important joué par les acteurs sous-régionaux.  Pour terminer, il a rappelé que c’est la seconde fois que le budget des opérations de paix sera négocié à distance.  Il nous faut donc un certain degré de « bonne foi », a martelé le représentant. 

M. JI SUN JUN (République de Corée) a indiqué qu’elle accueillera à nouveau en décembre 2021 une réunion ministérielle sur les opérations de paix afin de mobiliser les efforts.  À son tour, il a plaidé pour un financement adéquat, au nom d’une bonne exécution des mandats et de la nécessité de minimiser l’impact négatif de la COVID-19.  Après avoir regretté l’absence de consensus sur une résolution transversale, il a exhorté les États Membres à faire des progrès cette année.   

M. RICHAR CROKER (Royaume-Uni) a salué les efforts menés pour assurer une plus grande redevabilité des opérations et a rappelé qu’il y contribue en troupes et en ressources financières, tout en se félicitant de ce qu’elles entendent désormais réduire leur empreinte écologique.  Le représentant a insisté sur le respect de la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, et sur une politique centrée sur les victimes.  Il a rappelé qu’il est le plus grand contributeur au fonds d’affectation spécial pour les survivants.  Il a plaidé pour que la Commission démontre sa détermination à soutenir les opérations, en adoptant les budgets adéquats dans les délais impartis. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est dit désolé de constater que depuis 4 ans déjà, l’Assemblée n’a pu adopter de résolutions sur les questions transversales.  Le libellé adopté à l’été 2020 pourrait servir de base aux négociations, a-t-il suggéré, avant de manifester sa surprise face à une possible augmentation de 6 millions de dollars du compte auxiliaire du maintien de la paix, alors que des opérations ferment.  Nous voulons aussi des précisions sur le personnel du Secrétariat détaché dans les opérations, a ajouté le représentant. 

M. RABAB FATIMA (Bangladesh) a jugé, à son tour, indispensable que les missions aient un budget prévisible par souci d’efficacité.  Alors que la pandémie de COVID-19 a perturbé le quotidien de ces opérations, il a félicité ces dernières d’avoir fourni les équipements nécessaires et sensibilisé les communautés locales.  Le représentant a jugé essentiel que le personnel soit vacciné avant d’être déployé sur le terrain et a insisté pour que les budgets des opérations tiennent compte des retombées de la pandémie de COVID-19, notamment pour répondre aux besoins médicaux, y compris les évacuations médicales.  Il a salué la résolution 2538 du Conseil de sécurité et a appelé à l’affectation des ressources pour financier une bonne participation des femmes aux efforts de paix. 

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX  

Pour l’examen de cette question, la Commission était saisie du Rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur ses activités concernant les opérations de paix au cours de la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020 (A/75/301 (Part II) et sur l’évaluation de la culture institutionnelle de ces opérations (A/75/803). 

La Commission était saisie de la note du Secrétaire général transmettant le Rapport du Corps commun d’inspection sur l’examen des programmes accomplis par les entités des Nations Unies dans le renforcement de la fonction d’enquête (A/75/719); ainsi que des observations de M.António Guterres et de celles du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (A/75/719/Add.1)

Dans ses commentaires (A/75/847) sur le Rapport du Secrétaire général relatif aux dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles (A/75/754), le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) reconnaît qu’il serait simpliste de mesurer les progrès exclusivement à l’aune du nombre d’allégations enregistrées.  Il demande donc au Secrétaire général des rapports « plus analytiques », à savoir l’évaluation de l’impact des efforts entrepris jusqu’ici, de leur efficacité et des lacunes à combler.  Le CCQAB estime aussi que des paramètres et des repères mesurables permettant de suivre les progrès accomplis devraient être établis et communiqués dans les rapports à venir. 

Il demande également au Secrétaire général de poursuivre ses efforts pour établir une comptabilité complète des ressources existant à l’échelle du système des Nations Unies, afin de déterminer les dispositions administratives optimales à prendre et de garantir un financement adéquat et durable aux fins de la mise en œuvre continue et coordonnée de sa stratégie.  Le Comité prend note qu’une version électronique du formulaire de signalement, qui vise à harmoniser la collecte et l’échange d’informations sur les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles, indépendamment de l’affiliation des auteurs de tels actes, a été mise au point.  Grâce à ce processus, la victime ou le témoin ne sera interrogé qu’une seule fois afin de ne pas aggraver le traumatisme subi.  L’élaboration du formulaire, dont le coût est estimé à 90 000 dollars, a été financée au moyen du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix.  Le Comité consultatif note que ce formulaire électronique n’est financé que par des ressources réservées aux opérations de paix. 

Il prend note des mesures engagées pour renforcer la responsabilité et mettre au point des outils de gestion des risques mais estime qu’à ce stade de la mise en œuvre de la stratégie, il convient de procéder à un examen approfondi des incidences et de l’efficacité de ces outils afin de réduire la fragmentation, d’améliorer la cohérence à l’échelle du système et, in fine, de permettre au système de mieux faire face aux cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles. 

Le Comité consultatif note avec préoccupation que le fait que trois des quatre postes de spécialiste hors classe des droits des victimes demeurent depuis longtemps vacants pourrait compromettre la réalisation de l’objectif de la stratégie consistant à donner la priorité aux droits des victimes.  Il est, une fois de plus, préoccupé par l’augmentation générale du nombre d’allégations relatives aux partenaires opérationnels et recommande que le Secrétaire général entreprenne une analyse détaillée des facteurs qui sous-tendent cette augmentation.  Il souligne qu’il importe que le Secrétaire général définisse des paramètres adéquats pour évaluer l’impact de sa stratégie, et estime que la fourniture de données ventilées par année de survenance des faits présumés et par année de signalement, accompagnées d’une analyse, pourrait être utile à cette fin. 

Enfin, la Commission était saisie du Rapport du BSCI sur l’évaluation des activités visant à prévenir et à combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles perpétrées par des membres du personnel du Secrétariat de l’ONU ou du personnel apparenté et à apporter un soutien aux victimes (A/75/820)

Dans ses commentaires (A/75/619) sur le Rapport du Secrétaire général concernant le point au 30 juin 2020 de la situation financière des opérations de maintien de la paix dont le mandat est terminé (A/75/619), le CCQAB note recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de rembourser aux États Membres un montant de 107 796  000 dollars au moyen des soldes de trésorerie positifs de 24 missions dont le mandat était terminé au 31 janvier 2020, d’un montant de 157 596 000 dollars, le solde restant s’élevant à 49 800 000 dollars.  D’ici à ce que la période d’essai de trois ans du mécanisme de trésorerie commun s’achève, le Comité consultatif recommande que les excédents de trésorerie qu’il est proposé de maintenir afin que des avances puissent être versées à titre provisoire aux missions en cours qui en auraient besoin soient conservées à hauteur de ce solde restant et que tout excédent de trésorerie au-delà de ce montant soit restitué aux États Membres. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme MASSENI KABA SALEH (Guinée)a relevé que le montant total des ressources nécessaires pour les opérations de paix des Nations Unies, soit 6 466,3 millions de dollars pour la période 2021/2022, est inférieur de 310 millions au niveau approuvé pour l’exercice 2020/2021, lequel était déjà inférieur à celui approuvé pour la période 2019/2020.  Si elle a salué les gains d’efficacité, elle a néanmoins que l’on ne perde pas de vue, le vrai problème qui est l’exécution efficace   mandats.  Pour y parvenir, a-t-elle professé, les ressources doivent être proportionnelles aux tâches prescrites et/ou à l’environnement opérationnel. 

La représentante s’est félicitée des progrès accomplis dans la consolidation du nouveau système de délégation des pouvoirs, ajoutant que l’évaluation et l’amélioration de la responsabilité et de la transparence doivent être un processus permanent.  Elle a souligné le rôle important des projets à impact rapide et des activités programmatiques pour une bonne mise en œuvre des mandats.  Les premiers doivent continuer d’être conçus au cas par cas, en s’appuyant sur les expériences antérieures et les leçons apprises, afin de contribuer à renforcer la confiance des populations locales dans les missions, leur mandat et les processus politiques et de paix.  Nous ne devons pas perdre de vue la capacité de ces projets à générer un appui aux composantes militaire et policière, une préoccupation croissante pour tous les pays fournisseurs de contingents et de policier. 

Bien qu’elles ne représentent qu’une petite partie du budget des opérations, les activités programmatiques sont utilisées comme un outil pour les processus politiques et l’exécution plus large des mandats, a rappelé la représentante, faisant observer que le Conseil de sécurité a augmenté ces dernières années le nombre de ces activités pour prévenir et résoudre les conflits mais aussi édifier une paix durable. 

Sur la question de l’exploitation et des atteintes sexuelles, elle a réaffirmé son ferme attachement à la politique de tolérance zéro et à l’approche centrée sur les victimes.  La représentante a dit attendre avec intérêt d’examiner les progrès accomplis vers l’adoption d’une approche plus unifiée à l’échelle du système des Nations Unies.  Elle a demandé de plus amples informations sur l’extension de la mise en œuvre du Système global de planification et d’évaluation de la performance et s’est félicitée des initiatives qui ont recours à la technologie pour améliorer les résultats et gagner en efficacité. 

L’exécution des opérations de paix est « un effort collectif » qui implique les États Membres, le Secrétariat et toutes les composantes des missions, a souligné la représentante, avant d’estimer que toute tentative d’utiliser l’évaluation des performances pour procéder à des coupes budgétaires « arbitraires » ne peut que compromettre le travail voire saper les progrès durement acquis.  Elle a demandé des éclaircissements sur la question de la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents et de policiers dans les nouveaux départements concernés. 

La question complexe du financement des opérations exige notre attention particulière, a prévenu la représentante, en parlant aussi de la nécessité d’offrir des soins de santé adéquats « à ceux qui risquent leur sécurité » sur le terrain.  Il n’appartient pas au Secrétariat, a martelé la représentante, de décider quels mandats sont prioritaires ou secondaires.  Ces mandats, comme nous le savons tous, relèvent de la prérogative des États Membres, a-t-elle tranché.  Il est également connu et universellement admis que la seule façon de remédier à la situation financière « toujours difficile » des opérations de paix est d’obtenir des États Membres qu’ils paient leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions. 

M. CAMELLI de l’Union européenne s’est dit convaincu que les réformes sont centrales pour garantir la continuité de travaux et la capacité d’adaptation des missions.  Il a particulièrement salué les recommandations du BSCI et appuyé une meilleure utilisation des technologies pour mieux protéger les troupes de l’ONU.  Le représentant a appelé à améliorer la performance énergétique des missions et leur empreinte écologique.  Il a aussi voulu une lutte plus efficace contre l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les missions, avant d’appuyer le déploiement de conseillers sur la parité.  Nous continuons d’appeler à la tolérance zéro, a insisté le représentant, avant de plaider pour que les plus vulnérables soient protégés.  Il a particulièrement appuyé les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur le partenariat entre le Service de la lutte antimines et l’UNOPS.  Il faut, a-t-il conclu, donner aux missions les moyens nécessaires pour mettre en œuvre efficacement tous les mandats. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) a rappelé que l’Assemblée générale a indiqué à maintes reprises que le projet de budget des opérations de paix doit être fondé sur les mandats existants du Conseil de sécurité.  Or, le représentant a dit avoir constaté une succession de coupes budgétaires, d’année en année, promettant au cours de cette session d’examiner attentivement les domaines sur lesquels ces réductions ont un impact.  Il a demandé au Secrétaire général d’explorer des partenariats pour préparer au mieux aux futures pandémies et épidémies. 

Quant à la question des projets à impact rapide et des activités programmatiques, il a avoué que le manque de soutien est devenu « une préoccupation croissante ».  Le Conseil de sécurité a augmenté le nombre de ces activités pour prévenir et résoudre les conflits, et édifier une paix durable, a rappelé, à son tour, le représentant.  S’agissant de la question de l’exploitation et des atteintes sexuelles, il a réaffirmé son ferme attachement à la politique de tolérance zéro qui doit s’appliquer au personnel en uniforme et aux civils, qu’ils soient de l’ONU, d’organisations humanitaires ou de développement.  

En ce qui concerne la réduction de l’empreinte écologique des opérations, il a reconnu les progrès et s’est promis d’obtenir du Secrétaire général des informations sur le renforcement des mesures conformément aux cinq piliers de la stratégie.  Sur la question des achats, le Groupe a rappelé le principe du recours aux entrepreneurs locaux.  Considérant enfin que 7 des 12 missions de maintien de la paix actives se trouvent en Afrique, et que le Secrétaire général a signé un mémorandum d’accord avec l’Union africaine (UA), il s’est interrogé sur les mesures prises pour approfondir le partenariat, la coopération et la coordination avec les acteurs sous-régionaux. 

Intervenant aussi au nom du Liechtenstein, M. MIKE MARTIN AMMANN (Suisse) a mis l’accent sur quatre points en rappelant d’abord que le meilleur moyen de traiter un conflit est de le prévenir.  Il a encouragé la poursuite de la mise en œuvre d’une approche systémique de la transition.  Les missions doivent travailler en étroite coopération afin de développer des stratégies de transition cohérente vers une paix durable, a-t-il insisté.  Il a aussi appelé à des mesures pour lutter efficacement contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, grâce, entre autres, à une approche centrée sur les victimes.  Le représentant s’est félicité de l’autonomisation des opérations de paix qu’a permis le transfert des fonctions administratives vers les responsables administratifs sur le terrain.  Pour être efficace, il a prôné un système de délégation des pouvoirs « performant » et a conclu, en estimant que la mise en œuvre des recommandations du BSCI est « indispensable » pour garantir l’efficacité des missions de maintien de la paix. Il a appelé à une application rapide des recommandations sur la redevabilité. 

« Nous ne pouvons pas surmonter les défis auxquels est confronté le maintien de la paix qu’avec des ressources », a prévenu M. KENNEDY (États-Unis).  Les ressources doivent non seulement être allouées adéquatement mais la Cinquième Commission doit aussi garder à l’esprit sa responsabilité « unique » de veiller à ce que les politiques et procédures administratives et budgétaires de l’Organisation permettent le succès des missions plutôt que l’entraver.   Combien de fois, s’est impatienté le représentant, cette Commission a entendu parler d’une politique qui a entraîné des retards dans l’embauche d’un personnel crucial, le déploiement des troupes, l’acquisition d’actifs essentiels ou, dans le pire des cas, la protection efficace des civils ou du personnel? 

Le Secrétaire général a fait des progrès « énormes », a reconnu le représentant, en citant, la stratégie environnementale.  Mais, a-t-il dit, nous demandons plus d’informations sur les mesures prises pour améliorer l’évaluation des performances et l’intégration du principe de responsabilité, y compris celles qui visent à mettre en œuvre le mandat de la Cinquième Commission d’élaborer et d’appliquer un plan d’exécution du système d’évaluation globale dans toutes les missions.

M. Kennedy a dit appuyer les efforts du Secrétaire général pour mettre en œuvre la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Le soutien aux victimes est d’une importance « capitale », a-t-il souligné, déplorant que malgré les progrès accomplis, ce fléau et le harcèlement sexuel persistent dans tout le système des Nations Unies.  Il a demandé au Secrétaire général, en tant que Chef de l’Organisation, de montrer l’exemple et d’encourager la coordination entre les différentes entités du système de l’ONU.  Nous appelons également tous les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, ainsi que les pays d’origine du personnel civil, à veiller à ce que les auteurs d’exploitation et d’atteintes sexuelles répondent effectivement de leurs actes.

Au nom du Groupe des 77 (G77) et la Chine, Mme MASSENI KABA SALEH (Guinée) s’est dite très préoccupée de ce que sur les 29 missions de maintien de la paix dont le mandat est terminé, cinq accusent un déficit de trésorerie net de 85,52 millions de dollars.  Après avoir rappelé que les contributions non réglées par les États Membres au titre des 29 missions fermées, représentaient au  30 juin 2020, un montant total de 376,6 millions de dollars, elle a insisté sur la responsabilité de tous les États Membres de régler leurs dus à temps.  Elle s’est néanmoins félicitée de ce que les 24 autres missions terminées présentaient un excédent de 149,7 millions de dollars au 30 juin 2020, pouvant être portés au crédit des États Membres.  La représentante a rappelé que dans sa résolution 73/307, l’Assemblée générale a approuvé, à titre expérimental pour trois exercices budgétaires, le principe de la gestion commune des soldes de trésorerie de toutes les opérations en cours, étant entendu que des comptes séparés seraient conservés pour chaque mission.  Elle a salué le fait que conformément aux décisions prises par l’Assemblée générale, un mécanisme ait été mis en place pour répondre aux besoins de liquidités des opérations de maintien de la paix en cours, au moyen d’avances internes entre opérations.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a noté avec préoccupation l’amélioration « insignifiante » de la trésorerie et du déficit dans cinq missions de maintien de la paix clôturées.  Ce déficit est resté relativement au même niveau, soit à 85,5 millions de dollars au 30 juin 2020, par rapport à un montant de 85,6 millions, au cours de la même période au cours de la précédente année financière.  Cette situation « désastreuse » a été causée principalement par le non-paiement des contributions à hauteur de 152,4 millions de dollars.  Le représentant a donc réitéré son appel pour que tous les États Membres respectent leurs obligations financières, sans conditions et à temps.  Il a rappelé que dans sa résolution 74/278, l’Assemblée générale avait prié le Secrétaire général de continuer à prendre toutes les mesures nécessaires pour rembourser les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police avant la clôture de toute mission et d’éviter la pratique actuelle consistant à reporter les remboursements.

Le représentant a pris note du fait que le Secrétaire général a continué à emprunter à des missions fermées pour financer les autres opérations voire le budget ordinaire de l’ONU.  Il s’est inquiété de ce que le Secrétaire général ait indiqué que la crise de liquidités s’est aggravée et l’Organisation continuera donc d’utiliser les excédents des opérations clôturées.  Il est impératif, a-t-il dit, de trouver une solution viable et durable à la crise de trésorerie à laquelle l’Organisation est trop souvent confrontée. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale  rend hommage au Président du Tchad, Idriss Déby Itno, « un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale »

Soixante-quinzième session,
63e séance plénière – matin
AG/12322

L’Assemblée générale  rend hommage au Président du Tchad, Idriss Déby Itno, « un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale »

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui une séance publique pour rendre hommage à la mémoire du feu Président du Tchad, Idriss Déby Itno, décédé le 20 avril dernier.  Le Président de l’Assemblée et le Secrétaire général de l’ONU ont déploré la perte d’« un partenaire fiable de l’ONU sur les questions de stabilité régionale » et d’un homme qui « a transformé le Tchad en une puissance régionale ».  

M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le Tchad est Membre des Nations Unies depuis 1960, année depuis laquelle, l’ONU aide le Gouvernement tchadien à mettre en œuvre des politiques en faveur de la paix et de la sécurité, du développement durable et des droits de l’homme, grâce aux 14 programmes et organismes des Nations Unies qui travaillent dans le cadre d’« Unis dans l’action ». 

Sous la présidence d’Idriss Déby Itno, a ajouté le Président, le Tchad est resté « un partenaire fiable de l’ONU, sur les questions de stabilité régionale », en particulier dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité organisée au Sahel.  Membre de la Force conjointe du G5 Sahel, le Tchad, a ajouté le Président, est en plus l’un des 14 principaux pays fournisseurs de contingents aux opérations de paix des Nations Unies, montrant ainsi son attachement au multilatéralisme.  

Idriss Déby Itno, « que je connais très bien », a enchaîné le Secrétaire général, a transformé son pays « en puissance régionale » et ouvert la porte à des centaines de milliers de réfugiés, même avec des ressources limitées.  M. António Guterres a réitéré la détermination de l’ONU à soutenir le peuple tchadien dans le processus de transition politique pacifique qui s’ouvre. 

Les cinq groupes régionaux des Nations Unies ont rendu hommage à un « éminent dirigeant africain », « un immense Chef d’État hautement respecté », « qui a défendu son pays et son peuple face à l’insécurité et en dépit des difficultés ».  Son soutien à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été salué.  « Il n’avait peur ni du champ de bataille ni de la ligne de front, et c’est là qu’il a payé le prix ultime », a par exemple dit la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

Le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États a espéré des progrès en vue d’une transition pacifique par le biais d’un dialogue inclusif, une occasion de s’acheminer rapidement vers un gouvernement démocratiquement élu, ont renchéri les États-Unis, pays hôte. 

« Une nouvelle voie s’ouvre », a confirmé le Tchad, en demandant à la communauté internationale et en premier lieu aux Nations Unies, un accompagnement, dans un contexte sous-régional particulier.  La survie de l’État, a-t-il alerté, est menacée par les hordes de mercenaires, autres criminels et groupes islamistes qui sont dans la région du lac Tchad et au Sahel mais aussi dans la Corne de l’Afrique, au Mozambique, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). 

C’est pourquoi, un soutien politique clair à ce moment décisif de l’histoire du Tchad et un appui à la mise en œuvre de la Feuille de route de l’Union africaine pour un dialogue national inclusif, à la réconciliation, à l’organisation des élections démocratiques, libres et transparentes et au renforcement des capacités du Gouvernement à répondre aux aspirations socioéconomiques de la population s’imposent, a souligné le Tchad.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente appelle à examiner la question des peuples autochtones et des entreprises, le problème de l’incarcération et l’impact de la COVID-19

Session de 2021,
2e séance plénière – après-midi
DH/5465

L’Instance permanente appelle à examiner la question des peuples autochtones et des entreprises, le problème de l’incarcération et l’impact de la COVID-19

L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, les travaux de sa vingtième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés une série de projets de rapport par lesquels elle recommande notamment la tenue d’une réunion d’experts sur le thème « Peuples autochtones, entreprises, autonomie et principes relatifs aux droits de l’homme de la diligence raisonnable, y compris le consentement libre, préalable et éclairé. 

Consternée par la persistance de taux d’incarcération disproportionnés d’autochtones dans de nombreux pays du monde, l’Instance permanente recommande par ailleurs que le Conseil des droits de l’homme charge le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de mener une étude sur l’incarcération, les décès en détention et les peuples autochtones. 

L’Instance permanente recommande aussi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise des tables rondes régionales aux fins de l’examen de la question des peuples autochtones et de la COVID-19 afin de veiller à ce que les peuples autochtones du monde entier soient spécifiquement pris en compte dans le cadre des efforts d’atténuation. 

Elle invite en outre l’UNESCO à créer une plateforme numérique universelle permettant de créer et de stocker des ressources sur les langues autochtones et de les mettre à la disposition des peuples autochtones et des chercheurs afin de préserver la diversité linguistique. 

Après l’adoption du rapport de ses travaux contenant les recommandations soumises pour approbation au Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Mme Anne Nurgam a rappelé combien l’Instance permanente reste déterminée à promouvoir et à protéger les droits des peuples autochtones, y compris leurs droits à l’autodétermination, et à renforcer la contribution des peuples autochtones à la réalisation des objectifs de développement durable 

Dans sa déclaration de clôture, la Présidente de l’Instance, Mme Anne Nurgam, s’est dite encouragée par les mesures concrètes prises pour préserver et revitaliser les langues autochtones dans la perspective de la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032.  Elle a aussi salué les projets visant à adopter une approche fondée sur les droits pour relever les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones et leur contribution à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. 

Après avoir rappelé qu’en 1923, Deskaheh, le grand chef haudenosaunee, avait tenté, sans succès, de participer aux travaux de la Société des Nations à Genève, pour faire reconnaître la souveraineté de la confédération iroquoise, Mme Nuorgam a souligné le long chemin parcouru avant de parvenir à la création l’Instance  en 2001. 

Mais 98 ans plus tard, les peuples autochtones du monde entier sont toujours confrontés aux mêmes défis, a-t-elle déploré, pointant notamment le manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation; la violation de leurs droits à leurs terres, territoires et ressources; et les graves violations de leurs droits humains. 

Elle a dit être particulièrement préoccupée par la situation des peuples autochtones de la région amazonienne, qui, ces dernières années, ont été négativement affectées par les politiques favorables aux sociétés minières, entre autres, et qui affectent les territoires autochtones, y compris ceux des peuples autochtones isolés, provoquant attaques, déplacements ainsi que le meurtre de nombreuses personnes. 

« Il est indispensable que les États et leur gouvernement se montrent à la hauteur des enjeux en permettant que la Déclaration des Nations Unies sur les droits autochtones soit réellement appliquée », a-t-elle affirmé.    

Mme Nurgan a par ailleurs rendu hommage à tous les dirigeants autochtones morts dans des conditions tragiques cette année pour avoir lutté pacifiquement à la défense de leurs droits, aux « sœurs et frères » autochtones dont la vie a été perdue en raison de la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à Estebancio Castro-Diaz, dirigeant autochtone kuna du Panama, également décédé cette année. 

Cette vingtième session de l’Instance permanente avait pour thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif de développement durable no 16 ». 

Les projets de rapports adoptés aujourd’hui figurent dans les documents suivants : E/C.19/2021/L.2 ; E/C.19/2021/L.3 ; E/C.19/2021/L.4 ; E/C.19/2021/L.5 ; E/C.19/2021/L.6 ; E/C.19/2021/L.7 ; et E/C.19/2021/L.8.   Ils seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale. 

Au cours de cette séance, qui s’est tenue en présentiel, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa vingt-et-unième session qui se tiendra au Siège de l’ONU du 25 avril au 6 mai 2022. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et proclamation de deux journées internationales pour la prévention des noyades et les femmes juges

Soixante-quinzième session,
62e séance plénière – matin
AG/12321

Assemblée générale: solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et proclamation de deux journées internationales pour la prévention des noyades et les femmes juges

L’Assemblée générale a adopté plusieurs textes aujourd’hui, dont une résolution pour exprimer sa solidarité avec Saint-Vincent-et-les Grenadines et les pays voisins qui subissent les effets des éruptions du volcan la Soufrière.  L’Assemblée a aussi proclamé le 25 juillet Journée mondiale de prévention de la noyade, et le 10 mars, Journée internationale des femmes juges. 

Présentée par le Guyana, au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes, la résolution sur l’expression de solidarité et l’appui au Gouvernement et à la population de Saint-Vincent-et-les Grenadines, ainsi qu’à ceux des pays voisins, exprime la profonde préoccupation de l’Assemblée générale face aux graves conséquences des éruptions explosives du volcan qui se produisent depuis le 9 avril 2021 et qui ont entraîné le déplacement des résidents, privés, en conséquence, de leurs sources de revenus, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de sécurité sanitaire et d’accès aux infrastructures sociales. 

L’Assemblée salue l’aide immédiate et généreuse apportée par la CARICOM, ainsi que d’autres États et organisations nationales, régionales et internationales, en particulier le système des Nations Unies.  Elle salue également l’appel de fonds et le plan d’intervention lancés par l’équipe des Nations Unies pour les Caraïbes orientales et invite la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, à accroître son soutien.  Les États-Unis, qui ont pris la parole, aux côtés de Saint-Vincent-et-les Grenadines, du Royaume-Uni et du Maroc, ont dit: nous devons agir maintenant et ensemble pour répondre à l’objectif des Nations Unies de réunir la somme de 29,2 millions de dollars.

Heureux que l’Assemblée ait proclamé le 25 juillet Journée mondiale de prévention de la noyade, le Bangladesh, coauteur avec l’Irlande de la résolution, a fait observer que la noyade est, dans le monde, une cause de mortalité plus grave encore que la mortalité maternelle ou la malnutrition, avec un coût économique « intenable » pour sa région, où elle est la première cause de mortalité infantile.  Avant la brève intervention de l’Irlande, les États-Unis ont réitéré leurs réserves devant la mention de plusieurs programmes d’action des Nations Unies.

Réaffirmant que la participation active des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les niveaux des processus de décision est indispensable pour parvenir à l’égalité, au développement durable, à la paix et à la démocratie, l’Assemblée a proclamé le 10 mars Journée internationale des femmes juges, par une résolution présentée par le Qatar.  L’Assemblée fait le constat que relativement peu de femmes occupent des fonctions de juge, à tous les niveaux de la magistrature et en particulier dans la haute magistrature.

L’Assemblée a aussi adopté d’autres textes relatifs au rapport final de son Groupe de travail sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale et à la coopération entre l’ONU et l’Organisation du Traité de sécurité, commentés par Cuba, l’Iran, le Nicaragua et le Venezuela pour le premier, et par le Mexique et la Géorgie pour le second qui a été présenté par l’Ukraine.

L’Assemblée a commencé sa séance en entendant son Président, le Népal, le Mexique et l’Indonésie sur l’incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs et cibles de développement durable, en prévision du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation, qui se tiendra le 5 mai.

M. Volkan Bozkir, Président de l’Assemblée générale, a affirmé que l’évolution technologique rapide est avant tout une bonne chose, tant qu’elle est « bien gérée » et « accessible à tous ».  Pour autant, il a dit comprendre ceux qui craignent pour leur place sur le marché du travail.  Mais, a-t-il argué, les nouvelles technologies peuvent créer de nouveaux emplois dans des secteurs innovants et émergents, et conduire à une main-d’œuvre mieux équipée et mieux connectée.  La réduction de la fracture numérique doit donc être une priorité, d’autant plus qu’à ce jour, seulement 54% de la population mondiale utilise Internet, la grande majorité des personnes déconnectées vivant dans les pays les moins avancés. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique, le 3 mai, pour saluer la mémoire du Président tchadien, Idriss Déby Itno, décédé le 20 avril dernier.
INCIDENCE DE L’ÉVOLUTION RAPIDE DE LA TECHNIQUE SUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS ET CIBLES DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que la discussion d’aujourd’hui répond aux préoccupations des États Membres concernant l’évolution technologique rapide et le développement durable, avant le Forum sur la science, la technologie et l’innovation, prévu pour le 5 mai.

L’évolution technologique rapide est avant tout une bonne chose, a dit le Président, tant qu’elle est « bien gérée » et « accessible à tous ».  Avec des instruments politiques pour en guider le développement et y faciliter l’accès, les avancées technologiques peuvent alimenter la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Bozkir a pris pour exemple l’environnement, assurant que les changements technologiques rapides offrent la possibilité d’intégrer des énergies à faible émission de carbone dans de nouveaux domaines.

Les nouvelles technologies améliorent les soins de santé, rendent les transports aériens plus sûrs et peuvent contribuer à accélérer les progrès en matière de développement durable.

Pour autant, le Président a dit comprendre les craintes des populations.  L’incertitude et la confusion sont compréhensibles, en particulier lorsqu’on est confronté à la fois à un changement rapide et à des inégalités profondément ancrées.  Pour de nombreuses personnes dans le monde, l’évolution technologique rapide est synonyme de « changement rapide d’emploi », a-t-il poursuivi.  Le fait que les technologies émergentes et d’avant-garde remplacent les hommes constitue une préoccupation majeure à l’échelle mondiale.  M. Bozkir a cité l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, les « big data » (mégadonnées), les chaînes de bloc, la 5G, l’impression 3D, la robotique, les drones, l’édition de gènes, les nanotechnologies et les énergies renouvelables.

Il s’est pourtant dit convaincu que « c’est le contraire qui se produit »: les nouvelles technologies peuvent créer de nouveaux emplois dans des secteurs innovants et émergents, et conduire à une main-d’œuvre mieux équipée et mieux connectée.

La réduction de la fracture numérique doit donc être une priorité maintenant que nous sortons de la pandémie mondiale.  Pas de chemin vers le Programme 2030 sans élargissement rapide de l’accès aux technologies et à la numérisation, a insisté le Président.  Il a cité les statistiques selon lesquelles seulement 54% de la population mondiale utilise Internet, la grande majorité des personnes déconnectées résidant dans les pays les moins avancés.  Si nous voulons respecter notre engagement à ne laisser personne de côté, et si nous voulons retrouver l’élan perdu pendant la pandémie, il faut donner un coup de fouet à la lutte contre la fracture numérique, a-t-il prévenu.

Alors que la pandémie a accéléré l’utilisation des outils numériques et a mis en évidence la gravité de la fracture numérique, « il est plus urgent que jamais de veiller à ce que nos efforts de relance soient marqués par l’inclusion, l’équité, la résilience et la durabilité », a conclu M. Bozkir.

Pour M. SUVANGA PARAJULI (Népal), l’évolution rapide de la technique et ses conséquences massives sur le rythme de la quatrième révolution industrielle a offert des possibilités d’avancer vers le développement.  La pandémie de COVID-19 a elle aussi mis les sciences et les technologies au premier plan.  Cependant, a déploré le représentant, les inégalités existantes se sont exacerbées, impactant la moitié de la population mondiale, en particulier les salariés et les différents groupes vulnérables.  Il a donc plaidé pour que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA) soit dotée des ressources nécessaires. 

Nous ne devons pas oublier que le rapport 2019 sur l’utilisation des technologies qui reconnaît ces technologies comme un outil nécessaire pour avancer sur la voie du développement.  Elles ne doivent pas créer d’écarts mais au contraire les combler.  Elles doivent pouvoir être utilisées partout dans le monde pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable et renforcer la résilience.  Le représentant a évoqué l’expérience « concluante » de son pays et appelé la communauté internationale à accroître la coopération sur le transfert des technologies. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a souligné l’importance de la résolution A/73/17, adoptée par l’Assemblée générale le 26 novembre 2018, sur la question.  Il a alerté, à son tour, sur le fait que la pandémie de COVID-19 a creusé la fracture numérique, en posant des difficultés supplémentaires de connectivité aux pays en développement, dont seulement 19% de la population est connectée.  Comment suivre l’évolution de la technologie si une grande partie de la population mondiale n’a pas accès à Internet? a-t-il demandé, avant d’insister sur le caractère « indispensable » d’un accès sûr et abordable à Internet partout dans le monde et tout particulièrement dans les pays en développement.  Le représentant a annoncé que son pays va se porter coauteur du projet de résolution qui s’efforcera de refléter les progrès à réaliser et les problèmes à résoudre. 

Selon M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), l’évolution rapide de la technique a joué un rôle clef dans la pandémie de COVID-19, mais a aussi mis à nu les inégalités et montré que les vulnérabilités ont été exacerbées par la fracture numérique.  Combler cette fracture est possible, pour autant que l’on conjugue nos efforts, renforce les capacités, offre un accès à des infrastructures numériques de qualité et à l’emploi, favorise le développement des petites et moyennes entreprises (PME), notamment dans les zones rurales, et partage les meilleurs pratiques.

Pour réaliser les objectifs de développement durable, a poursuivi le représentant, nous devons adapter nos sociétés pour que les bénéfices des nouvelles technologies soient partagés par tous.  Il a aussi appelé à atténuer les « effets pervers » de ces technologies, à mieux réguler le cyberespace, et à venir à bout des « infox » et de « l’infobésité ».  Le représentant s’est engagé à débattre de ces questions pour parvenir à des résultats constructifs lors du prochain Forum sur la science, la technologie et l’innovation. 

ADOPTION DE RÉSOLUTIONS

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par consensus une résolution sur la « prévention mondiale de la noyade » (A/75/L.76), présentée par le Bangladesh, coauteur avec l’Irlande.  Aux termes du texte, l’Assemblée décide de proclamer le 25 juillet, « Journée mondiale de prévention de la noyade ».  Elle invite tous les États Membres, les organisations compétentes du système des Nations Unies et les autres organisations mondiales, régionales et sous-régionales, ainsi que les autres parties prenantes, notamment la société civile, le secteur privé, les milieux universitaires et les particuliers, à célébrer chaque année la Journée mondiale, en organisant des activités éducatives et des activités d’échange de connaissances ou d’autres activités de sensibilisation, notamment à la nécessité d’engager d’urgence une action multisectorielle coordonnée pour améliorer la sécurité dans l’eau, le but étant de réduire le nombre de décès évitables. 

En présentant la résolution, le Bangladesh a fait observer que la noyade est une cause de mortalité dans le monde, plus grave encore que la mortalité maternelle ou la malnutrition.  Il a jugé que la prévention de la noyade est tout simplement un « impératif moral et politique ».  Le coût économique des noyades est tout aussi intenable, a-t-il ajouté, en soulignant que c’est la première cause de mortalité infantile dans sa région.  Nous avons donc jugé bon de présenter une résolution pour générer un engagement politique plus large et fournir un cadre de coopération nationale et internationale. 

Heureux de s’associer au consensus, les États-Unis ont réitéré leur réserve à la mention du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme d’action d'Addis-Abeba sur le financement du développement et au Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe. 

En tant qu’État insulaire, l’Irlande a dit bien connaître les promesses de l’eau mais aussi ses dangers.  Elle a exprimé « son immense plaisir » d’être coauteur du texte, aux côtés du Bangladesh, un pays qui se trouve à la ligne de front de la lutte contre la noyade.  La résolution et la toute première Journée mondiale de prévention de la noyade donnent l’occasion de mettre en lumière la nécessité immédiate d’une action internationale « substantielle et stratégique » pour sauver des vies et prévenir des centaines de milliers de morts évitables.

L’Assemblée a ensuite, par une décision unanime, adopté le rapport du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale créé par la résolution 73/27 en date du 5 décembre 2018 (A/75/L.79).

Cuba s’est félicitée de l’engagement de la plupart des délégations autour de la rédaction de ce texte et a salué les modifications apportées aux paragraphes 3, 7 et 9 du rapport final.  Elle a insisté sur la nécessité d’un instrument juridiquement contraignant pour combler les lacunes en matière de cybersécurité et s’attaquer au mieux aux menaces croissantes liées à l’utilisation « malveillante » des technologies de l’information et des communications (TIC).  Elle a par ailleurs regretté que la question de la militarisation du cyberespace n’ait pas été abordée en profondeur. 

L’Iran a appelé les États à un comportement responsable dans le cyberespace, insistant sur le respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a reproché au rapport final de ne pas avoir tenu compte de ses points de vue et a dénoncé des contenus « inacceptables » contraires à sa position, sans pour autant se dissocier du consensus. 

Le Nicaragua a en revanche salué le résultat des négociations qu’il a qualifiées de « juste équilibre et fruit d’un processus multilatéral exemplaire ».  Il a estimé que les prochaines négociations du Groupe de travail devraient tenir compte des points de vue du Mouvement des pays non alignés.  Il a aussi plaidé pour que le Groupe de travail revienne à des négociations « paragraphe par paragraphe » afin de faciliter le consensus, conformément à la résolution 75/240. 

Le Venezuela a à son tour qualifié le Groupe de travail de « plateforme inclusive pour des négociations sur un pied d’égalité ».  À son tour, il a appelé à un comportement responsable des États pour prévenir une utilisation « malveillante » des TIC.  Il en a profité pour fustiger, en la matière, les mesures coercitives unilatérales et a particulièrement regretté que cette question n’ait pas été mentionnée dans le rapport du Groupe de travail. 

La résolution proclament le 10 mars Journée internationale des femmes juges (A/75/L.81), et présentée par le Qatar, a également été adoptée par consensus.  Dans ce texte, l’Assemblée générale réaffirme, dans le préambule, que l’égalité des genres et l’avancement de toutes les femmes et de toutes les filles contribueraient de manière déterminante à la réalisation de l’ensemble des objectifs et cibles de développement durable, et que la prise en compte systématique des questions de genre dans la mise en œuvre du Programme 2030 est un élément crucial.  Toujours dans le préambule, elle constate que relativement peu de femmes occupent des fonctions de juge, à tous les niveaux de la magistrature et en particulier dans la haute magistrature et réaffirme que la participation active des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à tous les niveaux des processus de décision est indispensable pour parvenir à l’égalité, au développement durable, à la paix et à la démocratie.

L’Assemblée invite donc les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et la société civile, y compris les ONG, les établissements universitaires, les associations de femmes juges et les autres parties intéressées, à célébrer la Journée internationale, notamment dans le cadre d’activités d’information et de sensibilisation du public. 

L’Assemblée a aussi adopté par consensus une résolution intitulée « Expression de solidarité et appui au Gouvernement et à la population de Saint-Vincent-et-les Grenadines, ainsi qu’à ceux des pays voisins subissant les effets des éruptions du volcan la Soufrière » (A/75/L.80).  Présentée par le Guyana, au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la résolution exprime la profonde préoccupation de l’Assemblée générale face aux graves conséquences des éruptions explosives du volcan qui se produisent à Saint-Vincent-et-les Grenadines depuis le 9 avril 2021 et qui ont entraîné le déplacement des résidents, privés, en conséquence, de leurs sources de revenus, de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de sécurité sanitaire et d’accès aux infrastructures sociales. 

Toujours dans le préambule, l’Assemblée se dit aussi préoccupée par les effets que les éruptions ont sur les infrastructures de base et sur d’autres secteurs, ainsi que sur les économies des pays voisins, ce qui pourrait nuire aux plans de développement économique et social.  Constatant avec inquiétude le risque accru pour la santé publique que fait courir la propagation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), d’autant plus que les vaccins contre la COVID-19 ne sont pas distribués équitablement, l’Assemblée souligne les besoins et les problèmes particuliers qu’ont Saint-Vincent-et-les Grenadines et les pays voisins sinistrés en tant que petits États insulaires en développement.

L’Assemblée n’oublie pas de saluer l’aide immédiate et généreuse apportée par la Communauté des Caraïbes et les pays voisins, ainsi que d’autres États et organisations nationales, régionales et internationales, en particulier le système des Nations Unies.  Elle salue également l’appel de fonds et le plan d’intervention lancés par l’équipe des Nations Unies pour les Caraïbes orientales et invite la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, à poursuivre ses efforts en vue d’accroître son soutien.

Saint-Vincent-et-les Grenadines a remercié très sincèrement tous les États Membres pour leur appui inestimable et l’adoption unanime d’une résolution qui compte 174 coauteurs.  L’ensemble de la région des Amériques a entendu notre appel, s’est-elle réjouie, avant de souligner que depuis le 9 avril, elle est confronté à une catastrophe qui a bouleversé sa vie et son économie.  Près d’un cinquième de la population a dû être évacué et aujourd’hui, a-t-elle alerté, nous faisons face à un effort de relèvement et de reconstruction « énorme », aggravé par la pandémie de COVID-19, et ce, au début de la saison des ouragans. 

L’appui de la communauté internationale est dès lors « essentiel », a insisté Saint-Vincent-et-les Grenadines, en ajoutant que sans la solidarité immédiate et durable des Nations Unies, des organisations régionales, des voisins et d’autres pays, « notre vie serait très vite insupportable ».  Elle a tenu à rappeler, à cet égard, qu’en l’espace de 24 heures après les premières éruptions explosives, son premier ministre a reçu un appel personnel du Secrétaire général de l’ONU et deux jours plus tard, le Coordonnateur résident des Nations Unies pour la Barbade et la CARICOM est arrivé par bateau car l’espace aérien a dû être fermé.  « Merci », a lancé Saint-Vincent-et-les Grenadines à l’assistance.

Nous devons agir maintenant et ensemble, ont encouragé les États-Unis, pour répondre à l’objectif des Nations Unies de réunir la somme de 29,2 millions de dollars.  Ils ont dit avoir eux-mêmes versé une première enveloppe de 100 000 dollars par le biais de USAID, alors que la NASA a donné 150 000 dollars d’aide qu’il faut ajouter à son expertise, à son analyse logistique et à son appui à la reconstruction.  Les États-Unis ont également dit avoir fourni des fonds pour les évacuations et les efforts de secours.  Exhortant les autres États à se joindre aux efforts, ils ont estimé que « quand nous travaillons ensemble et quand nous adoptons une approche multipartite et multirisques de la réponse aux catastrophes, nous pouvons sauvons des vies et nous pouvons sauver des communautés entières ».  C’est la raison pour laquelle nous sommes ici, ont conclu les États-Unis, et nous en sommes fiers.

À son tour, le Royaume-Uni a expliqué que son approche est basée sur un principe clef: une action rapide pour sauver des vies.  Il a dit avoir versé 1 million de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) ce mois-ci, pour aider 13 000 personnes.  Il a aussi attiré l’attention sur le Programme d’aide au développement de Saint-Vincent-et-les Grenadines doté d’une enveloppe de 55 millions de dollars.

Le Maroc s’est félicité du nombre « impressionnant » de coauteurs et exprimé sa pleine solidarité et sa totale sympathie à Saint-Vincent-et-les Grenadines et aux pays voisins.  Il a appelé à un soutien international « multidimensionnel et de grande envergure », avant de rappeler les relations de partenariat multidimensionnel qu’il entretient avec ces pays, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud fructueuse et agissante.  Nous ne ménagerons aucun effort pour soutenir leur développement socioéconomique durable, a promis le Maroc.

Pour finir, l’Assemblée générale a adopté, une nouvelle fois consensus, une résolution sur la « coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective » (A/75/L.78).  Par ce texte présenté par le Tadjikistan, l’Assemblée prend note de l’essor des échanges, mutuellement bénéfiques, entre les deux organisations.  Elle se félicite que l’Organisation du Traité de sécurité collective s’emploie résolument, en prenant des mesures pratiques, à renforcer ses capacités de maintien de la paix et le dispositif de sécurité et de stabilité régionales, à lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues et d’armes, les migrations irrégulières et la traite d’êtres humains, ainsi qu’à favoriser la reprise des activités après une catastrophe naturelle ou anthropique. 

L’Assemblée invite le Secrétaire général de l’ONU à continuer de tenir des consultations régulières avec son homologue de l’Organisation du Traité de sécurité collective et engage les deux organisations à poursuivre leurs échanges afin d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU de façon cohérente et intégrale et à continuer de réfléchir à des moyens de renforcer encore leurs échanges dans le domaine du maintien de la paix. 

L’Ukraine s’est dissociée du consensus sur un texte qui reste muet sur les politiques agressives et l’impérialisme de la Fédération de Russie dans la région. 

Le Mexique a contesté la pertinence du paragraphe 2 du dispositif qui semble entretenir la confusion entre les concepts très différents « d’immigration irrégulière » et de « traite d’êtres humains ». 

Pour les mêmes raisons que l’Ukraine, la Géorgie s’est dissociée du consensus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: Le DCG appelé une nouvelle fois à passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production multilingue »

Quarante-troisième session,
3e séance – matin
PI/2293

Comité de l’information: Le DCG appelé une nouvelle fois à passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production multilingue »

Au deuxième jour de sa session 2021, le Comité de l’information a entendu, ce matin, de nouveaux appels en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Comme le disait hier le Groupe des amis de l’espagnol au sein de l’Organisation, le Département de la communication globale (DCG) devrait passer d’une « culture de la traduction » à une « culture de la production dans les six langues officielles ».  Beaucoup de délégations ont aussi plaidé pour l’utilisation d’autres langues.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a dûment salué le travail de la Section des communiqués de presse ou encore d’ONU-Info, a constaté que le multilinguisme à beau contribuer directement à l’efficacité de l’action multilatérale, notamment dans la réponse à la crise sanitaire actuelle ou encore dans la lutte contre la désinformation, sa mise en œuvre dans le cadre onusien « demeure aujourd’hui inachevée ».

À la lumière du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et de ses échanges avec les missions diplomatiques francophones, l’OIF a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  Elle a ainsi soutenu que « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues », car une langue, outre sa vocation d’outil de communication, « véhicule une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Plaidant pour que cette question soit prise en compte dès la phase de planification des actions et stratégies de communication de l’ONU, l’OIF a fait observer que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promues « dans une langue unique », ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

De même, alors que les médias et réseaux sociaux ont connu un développement exponentiel durant la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat produisent des contenus « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un « impact direct » sur la réalisation du multilinguisme.  Pour sa part, a-t-elle indiqué, la Francophonie a mis en place un « dispositif de veille, d’alerte et d’action » pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales. 

Sur cette même ligne, le Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) s’est dit « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Par la voix de la Côte d’Ivoire, il a demandé au DCG de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues.  Pour veiller à ne laisser personne de côté, il importe aussi, selon le GAF, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication. 

Le Groupe a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles comme dans certaines langues locales.  Il a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies.  Un avis pleinement partagé par l’Afrique du Sud, selon laquelle ces centres jouent un rôle essentiel dans la promotion des objectifs et des activités de l’ONU dans le monde.  Citant en exemple ceux du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui travaillent avec les centres des pays voisins pour développer des plans de communication à résonance régionale, l’Afrique du Sud a encouragé la poursuite de tels efforts sur le continent africain. 

En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres permettent de donner « un accent local à des messages mondiaux » et aident à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».  L’Iran en a profité pour rappeler que le persan est parlé par plus de 100 millions de personnes dans le monde.  Face à la pandémie et à toutes les crises, présentes ou futures, a renchéri le Liban, il est crucial de diffuser, en plusieurs langues, des informations concrètes, exactes et fondées sur la science, ce qui nécessite, pour relever le défi de l’« infox », une action conjointe de l’ONU, des médias sociaux, des individus et des grandes entreprises. 

Les grandes entreprises d’Internet ont été vivement critiquées par la Fédération de Russie.  L’autoroute de l’information, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé otage des géants de son industrie lesquels s’arrogent le droit de refuser certains contenus, forts de leur « monopole » et de leur « dictature numérique ».  La Fédération de Russie s’est dite préoccupée par ces « oligarques occidentaux » qui rendent impossible la liberté d’expression sur Internet et écartent même des responsables élus des canaux de communication.  Le Secrétaire général de l’ONU parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive », a tranché la Fédération de Russie.  Elle n’a pas été la seule. 

L’Iran a aussi accusé certains pays de tirer parti de leur « situation monopolistique » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image des autres ».  Il s’est, dans ce contexte, dit inquiet du climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales. 

Le Comité de l’information, qui a ainsi achevé son débat général, a prévu de tenir des négociations à huis-clos, avec l’idée d’adopter son rapport final le 7 mai prochain. 

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL (A/AC.198/2021/2, A/AC.198/2021/3, A/AC.198/2021/4)

Au nom du Groupe des ambassadeurs francophones (GAF), M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a décrit son groupe comme étant « résolument engagé en faveur de la défense de la diversité linguistique et culturelle dans l’ensemble des processus onusiens ».  Il a souligné l’importance du multilinguisme qui est le fondement d’un multilatéralisme effectif; les instances internationales étant vouées par essence au dialogue et à la négociation.  Il a réaffirmé que la communication sur l’action des Nations Unies est un levier de plus en plus essentiel dans la réalisation des missions de l’ONU, compte tenu de l’extraordinaire développement des médias sociaux et d’Internet.  En effet, a-t-il noté, l’information et la communication participent directement de la lutte contre la pandémie, de même qu’elles s’imposent comme des instruments privilégiés de la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

La Côte d’Ivoire a suggéré, à l’attention du Secrétariat, cinq points qui devraient faire l’objet d’une attention prioritaire.  Chaque pays devrait disposer des mêmes opportunités d’accès à l’information dans les langues officielles de l’ONU.  Il est impératif de parvenir à ce que l’ensemble des stratégies, documents d’analyse et d’information, développés notamment dans le cadre de la réponse à la pandémie de COVID-19 et de la lutte contre la désinformation, soient pleinement disponibles dans les six langues officielles des Nations Unies.  Les langues, a insisté la Côte d’Ivoire, ont un impact sur la substance et sur les politiques.  Il est par conséquent crucial de ne pas seulement traduire les contenus mais de produire ces contenus dans d’autres langues, afin de véritablement refléter la diversité culturelle et de pensée. 

C’est la raison pour laquelle le Groupe, a dit la Côte d’Ivoire, exhorte le Département de la communication globale (DCG) à assurer un emploi équilibré des six langues officielles sur les sites Internet du Secrétariat en vue de résorber le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues, et ce, de manière à accroître la portée de l’action des Nations Unies, et sa compréhension, à un plus large public.  Le dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme confirme que les entités du Secrétariat ont continué d’élargir leur présence multilingue en ligne, a relevé le représentant, tout de même préoccupé par le fait que les normes minimales du multilinguisme sur les sites Internet de l’ONU, élaborées par le DCG, ne soient pas encore appliquées de manière cohérente. 

Pour ne laisser personne de côté, il importe, a poursuivi le représentant, de continuer d’accorder une attention particulière aux moyens traditionnels de communication.  Il a salué à cet égard l’ensemble des réalisations d’ONU-Info, et a appelé au renforcement de la Radio des Nations Unies pour qu’elle puisse diffuser les informations auprès des populations locales, dans les langues officielles tout comme dans certaines langues locales.  Elle a également encouragé les efforts déployés dans les centres d’information des Nations Unies pour permettre de diffuser et sensibiliser le plus grand nombre à l’action de la communauté internationale.

Par ailleurs, dans le cadre des manifestations organisées par les organes principaux des Nations Unies, la Côte d’Ivoire a jugé indispensable que le matériel de communication, les bannières, les vidéos et les logos, qui sont portés à la connaissance des populations du monde entier, ne soient pas rendus disponibles que dans une seule langue.  Enfin, compte tenu de l’impact des langues sur la culture de travail au sein de l’Organisation, le représentant a dit vouloir promouvoir « ardemment » la diversité linguistique au sein du personnel onusien.  C’est aussi la raison pour laquelle le multilinguisme doit être davantage assuré dans les communications internes de l’Organisation, a-t-il conclu.

À titre national, M. ADOM (Côte d’Ivoire) a commencé par féliciter le Comité de l’information pour les conclusions de sa quarante-deuxième session qui s’est tenue dans des conditions particulières, en raison de la pandémie de la COVID-19.  Ce contexte sanitaire sans précédent a généré de multiples défis, a-t-il noté, en citant la propagation de fausses nouvelles, la désinformation et les publications virales qui se répandent plus vite que le virus en ces temps difficiles où l’humanité a plus que jamais besoin d’informations crédibles et rassurantes.  Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire a rendu hommage au Secrétaire général ainsi qu’au DCG pour les mesures urgentes qu’ils ont prises pour lutter contre la pandémie, à travers des campagnes de sensibilisation notamment sur les réseaux sociaux, pour apporter des informations actuelles, scientifiques et crédibles sur la COVID-19. 

Dans la même veine, le représentant s’est réjoui de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », afin de lutter efficacement contre la désinformation et la mésinformation.  Il a également salué les mesures et les initiatives prises par DCG pour assurer la couverture des activités des Nations Unies et la continuité du service, en dépit de la situation sanitaire difficile.  Il a toutefois appelé à davantage d’efforts afin de rendre effectif le multilinguisme au sein de l’ONU et de contribuer ainsi à l’efficience de la communication entre les États Membres.

Alors que la crise sanitaire liée à la COVID-19 a mis en exergue la nécessité de poursuivre des actions visant à rendre la communication des Nations Unies plus rapide, plus stratégique et plus intégrée, pour permettre une meilleure sensibilisation aux thématiques majeures telles que la paix et la sécurité internationale, les changements climatiques, le développement durable, la migration et le respect des droits de l’homme, le représentant a reconnu les mérites des nouvelles plateformes de communication et d’information basées sur le numérique, surtout Internet et les réseaux sociaux, pour toucher un public plus large.  Il a cependant appelé à la réduction du fossé numérique entre les États Membres, estimant que l’émergence de ces nouveaux canaux ne doit pas contribuer aux déclins des plateformes traditionnelles de communication que sont la presse écrite, la radio et la télévision auxquelles demeure attaché un nombre considérable de personnes à travers le monde.  Il s’agit, pour le DCG, de trouver un juste équilibre afin de porter au mieux la voix des Nations Unies et accroître sa visibilité auprès de tous les peuples de langues et de cultures diverses, a conclu la Côte d’Ivoire.

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a noté à son tour qu’avec la pandémie de COVID-19, tous les pays du monde se sont heurtés à une vague de désinformation nuisible aux efforts de santé publique.  Il a déploré, entre autres exemples, que certains aient laissé entendre que le vaccin contre le virus pouvait altérer l’ADN.  Le problème lié à la désinformation est, selon lui, amplifié par la rapidité extrême avec laquelle se diffusent les fausses nouvelles et l’appui dont elles bénéficient de la part de personnes influentes.  Avec la propagation exponentielle de la pandémie, a fait valoir le délégué, il est essentiel de diffuser des informations concrètes, exactes, fondées sur la science et multilingues, ce qui nécessite une action conjointe de l’ONU, des grandes entreprises, des médias sociaux et des individus eux-mêmes pour relever le défi de « l’infox ».  C’est d’autant plus important que le monde doit se préparer aux crises qui pourraient surgir à l’avenir, et ce, sans remettre en cause l’indépendance des médias. 

Pour le Liban, cet effort collectif doit s’appuyer sur une action coordonnée des secteurs public et privé, et sur des campagnes de sensibilisation du plus grand nombre de personnes.  Il doit aussi donner aux individus les moyens de s’approprier la technologie.  Dans cet esprit, le représentant a salué les campagnes onusiennes qui permettent de fournir des informations exactes et opportunes dans plusieurs langues, notamment l’initiative Only Together et l’opération Verified contre la désinformation.  Selon lui, il importe de lutter contre cette « infodémie » tout en respectant la liberté d’opinion. 

Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé sa mobilisation de longue date en faveur de la pleine réalisation du multilinguisme aux Nations Unies.  Elle a toutefois constaté que cette mise en œuvre « demeure aujourd’hui inachevée », alors même que le multilinguisme contribue directement à l’efficacité de l’action multilatérale et qu’il améliore les résultats, notamment dans le cadre de la gestion de la réponse à la crise sanitaire ou encore de la lutte contre la désinformation. 

Saluant les efforts déployés par le DCG au cours de l’année écoulée ainsi que l’ensemble de ses réalisations, notamment le travail de la Section des communiqués de presse, d’ONU-Info et des centres d’information des Nations Unies, l’OIF a aussi exprimé sa reconnaissance au Département pour les initiatives menées de concert ces derniers mois avec les sections des services Internet et des services audiovisuels, ainsi qu’avec la Bibliothèque des Nations Unies.  Elle a par ailleurs réitéré l’importance de la célébration des journées des langues officielles, qui représentent, selon elle, de « vraies opportunités pour rappeler l’étendue des enjeux liés au plein respect de la diversité linguistique ». 

Sur la base du dernier rapport du Secrétaire général sur le multilinguisme et du travail mené avec les missions diplomatiques francophones, Mme Herdt a insisté sur l’importance de produire davantage de contenus dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies.  En effet, a-t-elle fait valoir, « la traduction de contenus produits en anglais ne peut se substituer à une production dans d’autres langues ».  À ses yeux, une langue n’est « pas seulement un outil de communication », elle véhicule « une manière d’appréhender le monde et de s’approprier les solutions pour son devenir ». 

Autre point d’attention mis en avant par l’OIF: la nécessité d’intégrer le multilinguisme dans la phase de planification des actions et stratégies de communication, notamment pour une allocation équitable des ressources budgétaires entre les langues officielles.  Elle a estimé d’autre part que les « normes minimales » pour le multilinguisme des sites Web de l’ONU ne sont pas encore appliquées de manière cohérente dans toutes les entités du Secrétariat.  Il en résulte, selon elle, un nombre important d’actions et de manifestations onusiennes promus dans une langue unique, ce qui ne permet pas à l’ensemble des États Membres de s’engager sur un pied d’égalité et, de ce fait, « affaiblit l’Organisation ». 

S’agissant du développement exponentiel des médias et réseaux sociaux, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’OIF a déploré que les entités du Secrétariat, notamment du fait de l’insuffisance des ressources humaines, produisent du contenu pour les médias sociaux « essentiellement en anglais ».  Elle a espéré que les travaux du Comité de l’information permettront d’aborder ces situations qui ont un impact direct sur la réalisation du multilinguisme. 

Pour sa part, a-t-elle souligné, la Francophonie continue de travailler de manière « concrète et créative » à la réalisation pleine et entière de la diversité linguistique dans les organisations internationales.  Conformément au mandat que lui ont confié ses États et gouvernements membres, l’OIF a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales, à l’initiative de sa Secrétaire générale, Mme Louise Mushikiwabo.  Ce dispositif, a-t-elle précisé, a pour objectif de remobiliser l’ensemble des acteurs de la Francophonie institutionnelle en faveur de la langue française dans les organisations internationales.  Elle permettra aussi de passer à une « vigilance continue » au niveau de ces organisations, en effectuant une veille plus systématique quant au respect du multilinguisme. 

Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a estimé que le DCG s’est pleinement acquitté de ses tâches malgré les difficultés et les nouvelles orientations du travail, en raison de la pandémie.  Internet, a-t-elle dit, est censé être « un mode de communication libre, transparent et respectueux du droit international », mais au lieu de cela, il s’est retrouvé l’otage des géants de son industrie.  La représentante a dénoncé les « problèmes » de la liberté d’expression sur ces grands réseaux sociaux qui refusent la publication de certains contenus et sapent l’architecture de la communication globale.  Il faut s’attaquer à ces monopoles pour préserver la transparence de l’internet, a estimé la Fédération de Russie, inquiète d’une véritable menace qui voit les « oligarques occidentaux » recourir à la censure et faire fi des normes internationales.  Il n’est plus possible, a-t-elle affirmé, de s’exprimer librement sur Internet et même des responsables élus peuvent à tout moment être écartés des canaux de communication. 

La représentante s’est agacée de cette « dictature numérique » et a réclamé une utilisation d’Internet fondée sur le droit international.  Nous sommes les témoins d’une érosion de la liberté d’expression où on tente par tous les moyens possibles d’empêcher le travail de certains médias, a-t-elle poursuivi.  En revanche, d’autres ont le loisir de diffuser des informations délibérément mensongères et de contribuer à la désinformation.  « Le virus de la désinformation ne connaît plus de limites », s’est emportée la Fédération de Russie.  Le Secrétaire général parle d’« infodémie » mais nous, nous voyons une « véritable arme de destruction massive » qui exige de l’ONU qu’elle déploie des efforts supplémentaires pour aider les États.  Les médias et l’information ne sauraient participer à un jeu politique et l’ONU doit tout mettre en œuvre pour éviter la politisation de l’espace médiatique, a martelé Mme Zakharova.

Pour ce qui est du multilinguisme, elle s’est dite satisfaite de la diffusion d’informations en langue russe et de la collaboration du DCG avec des médias russes.  Elle s’est félicitée de la popularité des réseaux sociaux russes liés à l’ONU « en dépit du rôle dominant de l’anglais qui perdure ».  Elle a demandé plus d’informations dans les six langues officielles de l’ONU, y compris en russe.  Certaines coupes budgétaires peuvent entraver ce travail, a concédé la délégation, mais cela reste impératif en tant qu’organisation internationale.  Quand ils ont créé l’ONU, les Pères fondateurs ont instauré le multilinguisme, alors qu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiales, ils auraient pu invoquer le manque de moyens pour éviter la question, s’est impatientée la représentante.  Quant aux « spéculations » de l’Ukraine sur les prétendus problèmes de liberté d’expression en Crimée, elle a assuré y avoir créé les conditions propices au pluralisme et au multilinguisme.

Mme DIYANA SHAISTA TAYOB (Afrique du Sud) a salué les efforts déployés par le DCG pour sensibiliser le public et soutenir le travail des Nations Unies à travers des campagnes de communication stratégique, ainsi que par le truchement des médias et de groupes de la société civile.  À cet égard, la représentante a souligné le rôle essentiel que jouent les centres d’information des Nations Unies dans la promotion des objectifs et des activités de l’Organisation.  Elle a cité en exemple les centres d’information du Caire, de Mexico et de Pretoria, qui sont chargés de travailler stratégiquement avec les centres des pays voisins afin de développer des plans de communication qui ont une résonance particulière dans leurs régions respectives.  Nous encourageons la poursuite des efforts de collaboration sur le continent africain pour sensibiliser le public sur le travail et les activités des Nations Unies et approfondir l’interaction avec les civils locaux, a-t-elle indiqué.

En traduisant les documents d’information dans les langues locales, en échangeant avec les leaders d’opinion, en publiant des articles de hauts fonctionnaires des Nations Unies dans les médias nationaux et en organisant des campagnes de sensibilisation, le réseau des centres d’information des Nations Unies est un des principaux moyens par lesquels l’ONU fait progresser son rayonnement dans le monde, a insisté l’Afrique du Sud.  En ces temps où la désinformation engendre peur et instabilité, ces centres sont, selon elle, en mesure de rétablir le calme en donnant « un accent local à des messages mondiaux » et en aidant à « rapprocher l’ONU des personnes qu’elle sert ».

Observant d’autre part que la pandémie de COVID-19 a fait entrer le monde dans une réalité virtuelle et a entraîné une numérisation sans précédent, la représentante s’est félicitée de ce que la « puissance de la technologie » ait permis de révolutionner certains domaines, à commencer par l’éducation.  Elle a cependant constaté que les groupes vulnérables et les populations rurales ont été laissés pour compte.  L’année écoulée a rappelé la nécessité urgente de lutter contre la fracture numérique et de faire davantage pour aider les pays en développement à combler le « fossé de la connectivité », a-t-elle ajouté, jugeant que cet effort est essentiel pour garantir que la sensibilisation au travail des Nations Unies « atteint le plus grand nombre de personnes possible dans toutes les régions ». 

Avant de conclure, l’Afrique du Sud a tenu à saluer les campagnes de communication du DCG, en particulier l’initiative Only Together annoncée par le Secrétaire général en mars.  Cette campagne, qui vise à promouvoir un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19 dans le monde, souligne la nécessité de « réponses collectives unifiées », a-t-elle relevé, avant de rappeler qu’aucun pays ne peut surmonter cette crise de manière isolée. 

M. KHATIBZADEH (République islamique d’Iran) a salué l’action du Comité de l’information et rappelé qu’il est le principal organe intergouvernemental chargé de fournir des orientations sur les politiques de l’ONU en matière d’information publique.  Il a également réaffirmé son appui au DCG dont le rôle est d’autant plus crucial dans la période actuelle marquée par des différentes formes de désinformation.  La délégation s’est ensuite alarmée des disparités dans l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC).  Elle a également déploré que certains pays tirent parti de leur situation de « monopole » sur les TIC pour « fabriquer des réalités » et « ternir l’image de certains pays ».  Une telle situation est préjudiciable et requiert l’attention de la communauté internationale, a-t-elle souligné, avant d’appeler les Nations Unies à tout faire pour combler la fracture numérique croissante entre les pays et mettre fin cette tendance délétère pour le monde en développement. 

Réduire cette fracture et mettre les TIC au service des pays en développement est impératif et le DCG doit y jouer un rôle, en sensibilisant l’opinion publique mondiale, a insisté le représentant, non sans souhaiter que les mesures prises à cette fin soient compatibles avec les principes de la Charte de l’ONU.  Il s’est également élevé contre les abus dont la diffusion d’« infox » sur les pays en développement.  Ces agissements exigent des mesures urgentes pour sauver des vies et préserver les systèmes de soins de santé, a-t-il souligné, dénonçant à cet égard l’impact des mesures coercitives unilatérales qui imposent des fardeaux économiques et commerciaux aux pays ciblés et limitent leur capacité d’intervention face à la pandémie.  La délégation a réitéré son appel à la coopération internationale, conformément aux dispositions de résolution omnibus adoptée par l’Assemblée générale en septembre dernier. 

Le représentant s’est d’autre part déclaré préoccupé par le climat de haine contre l’islam, favorisé par la « rhétorique enflammée » de personnalités politiques occidentales.  Le moment est venu de condamner l’islamophobie et de protéger les musulmans du monde entier contre ces manifestations d’intolérance, a-t-il plaidé.  Enfin, le représentant a noté qu’il existe une demande croissante de contenus et d’informations dans des langues autres que les six langues officielles de l’ONU.  Il a donc appelé le Secrétariat à faire en sorte que ses produits paraissent dans d’autres langues, notamment en persan, langue parlée par plus de 100 millions de personnes dans le monde et « source de solidarité entre plusieurs nations ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: Applaudissements devant l’action du Département de la communication globale contre l’« infodémie » qui a accompagné la pandémie de COVID-19

Quarante-troisième session,
1re & 2e séances – matin & après-midi
PI/2292

Comité de l’information: Applaudissements devant l’action du Département de la communication globale contre l’« infodémie » qui a accompagné la pandémie de COVID-19

Au fur et à mesure que la pandémie de COVID-19 se propageait, nous nous retrouvions confrontés à une véritable « infodémie »: un foisonnement de fausses nouvelles et de désinformation et une vague de discours de haine pour saper la santé publique dans le monde, souvent avec des conséquences fatales, et pour nous diviser.  C’est en ces termes que Mme Melissa Fleming, Secrétaire général adjointe à la communication globale de l’ONU, a décrit, à l’ouverture de la session annuelle du Comité de l’information, le contexte dans lequel son Département opère depuis mars 2020.

Pour le Département de la communication globale (DCG), qui venait tout juste de lancer sa nouvelle stratégie, il ne s’agissait pas, a poursuivi Mme Fleming, de se contenter de relayer tout simplement des informations « à sens unique » mais de faire en sorte que l’ONU mène le débat, d’inciter les gens à se saisir des questions évoquées et de les encourager à agir.  Le DCG a maintenu le cap, en s’efforçant toujours de toucher les publics dans les langues qu’ils parlent, sur les plateformes qu’ils utilisent et avec un contenu et des messages adaptés.

« Une ONU qui communique dans plusieurs langues mais d’une seule voix », s’est réjoui le Groupe des Amis de l’espagnol, rejoignant le Groupe des 77 et de la Chine qui a insisté sur la centralité du multilinguisme pour le multilatéralisme.

En utilisant la stratégie de communication globale comme « boussole », le Département, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe, a développé la campagne Verified, une initiative mondiale et multilingue contre la désinformation et l’ignorance, menée avec des partenaires petits et grands, y compris des particuliers, pour partager des informations fiables et fondées sur la science et des histoires de solidarité autour de la COVID-19.  Les résultats en ont été « remarquables », compte tenu de « l’appétit du monde » pour des faits clairs et des histoires positives. 

Plus récente, la campagne Only Together, une des dimensions de Verified, a été conçue pour promouvoir l’équité dans l’accès aux vaccins.  Le DCG a reçu le soutien « direct » de représentants de plus de 60 États Membres.  « Le travail du DCG sur le virus a été crucial pour ce qui est de fournir des informations rigoureuses et dissiper les incertitudes de la population en ce qui concerne la sûreté des vaccins », a commenté l’Union européenne.

Pour la Chef du DCG, adapter la stratégie de communication globale va plus loin qu’une réflexion sur la manière de parler des objectifs de développement durable ou encore des droits de l’homme.  Cela signifie adapter les structures et les processus.  La Secrétaire générale adjointe a donné l’exemple de l’équipe dédiée à la communication sur le climat qui est, soutenue par un « laboratoire du climat ». 

Le Département a l’intention d’adopter cette approche intégrée pour sa communication sur les principaux sommets et conférences des Nations Unies, y compris le Sommet sur les systèmes alimentaires en septembre et les prochaines manifestations de haut niveau sur la biodiversité, les océans, l’énergie et les transports, ou encore pour le Plan d’action de l’ONU pour la lutte contre les discours de haine et la campagne multimédia sur le maintien de la paix.  Cette nouvelle stratégie de communication vise à renforcer et élargir les messages de l’ONU grâce aux moyens de communication numériques et à des collaborations et partenariats plus larges.

Déjà, a indiqué la Secrétaire générale adjointe, nous voyons une augmentation « incroyable » de l’audience multilingue sur toutes les plateformes de l’ONU: les consultations sont montées en 2020 à quelque 41 millions d’utilisateurs et à plus de 70 millions de pages vues dans les neuf langues, par rapport à 10 millions d’utilisateurs l’année précédente et à peu près 25 millions de pages vues.

Tout en applaudissant l’agilité et l’efficacité dont a fait preuve le DCG pendant l’année écoulée, les délégations ont insisté sur la parité linguistique entre les six langues officielles de l’ONU.  Le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a prié le Département de passer d’une « culture de la traduction » à une véritable culture de la production de contenus authentiques.  Le bengali, le hindi et le portugais sont également des langues à soutenir, comme l’a souligné le Groupe des 77 qui a mis en exergue le rôle que peuvent jouer les centres d’information des Nations Unies pour diffuser, dans les langues locales, des informations sur les travaux et les activités de l’Organisation et faire prendre conscience des défis auxquels la communauté mondiale est actuellement confrontée.

En début de séance, le Comité de l’information a élu par acclamation M. Christian Espinosa, de l’Équateur, à sa présidence pour 2021-2022; et MM. Angelito Nayanand, des Philippines, et Darren Camillerito, de Malte, à ses vice-présidences.  Celles qui reviennent au Groupe des États d’Afrique et à celui des États d’Europe seront pourvues ultérieurement.  M. Camillerito assumera aussi les fonctions de rapporteur.  Par ailleurs, la Lettonie est devenue membre du Comité de l’information.

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations liminaires

M. OMAR HILALE (Maroc), Président sortant du Comité de l’information, a indiqué que, lors de son élection voilà deux ans, il s’est attaché à établir une véritable collaboration entre le Comité et le Département de la communication globale (DCG) nouvellement rebaptisé.  « Avec le recul, cela s’est produit », s’est-il félicité avant de reconnaître que nul n’avait prévu la crise sans précédent liée à la pandémie de COVID-19.  Il a salué à cet égard les efforts déployés par la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, et par tout le Département pour s’adapter à ce « nouvel environnement » et atténuer l’impact de la COVID-19.  De son côté, le Comité a dû faire preuve de créativité et de souplesse, notamment pour la tenue de la session de septembre dernier, a expliqué M. Hilale. 

Notant que l’ONU et les gouvernements ont travaillé main dans la main pour faire face à la crise, il a applaudi le fait que les États Membres aient appuyé les efforts du DCG visant à lutter contre les mensonges et les théories du complot.  L’un des aspects les plus dangereux de la crise actuelle est « l’infodémie », cette « floraison d’intox » qui a parfois nui à la santé publique, a-t-il noté, affirmant avoir suivi la ligne imprimée par Mme Fleming dans l’ensemble de l’Organisation pour faire face à ce phénomène.  « Les vainqueurs de la guerre sont ceux qui savent préserver la paix », a-t-il dit en conclusion, remerciant Mme Fleming pour son leadership et son appui au Comité. 

Ouvrant les travaux de la session, le Président élu du Comité de l’information pour 2021 et 2022, M. CHRISTIAN ESPINOSA (Équateur) a mis l’accent sur la lutte contre la désinformation dans le contexte de la pandémie de COVID-19; les mêmes instruments de communication efficaces, flexibles et participatifs pouvant être utilisés à mauvais escient et pervertis pour répandre des mensonges, propager des rumeurs et des peurs injustifiées, voire provoquer de la violence et des troubles.  Le Comité de l’information attend donc du Département de la communication globale (DCG) qu’il continue d’atténuer ces risques, en temps voulu, comme il l’a fait avec la campagne Verified, lancée quelques semaines à peine après le début de la pandémie.

M. Espinosa est aussi revenu sur la résolution 69/324 de l’Assemblée générale qui reconnaît que le multilinguisme favorise la diversité et la compréhension, estimant qu’il est du devoir du Comité d’appuyer pleinement son intégration dans toutes les activités des Nations Unies.  À cet égard, il a remercié le DCG des efforts qu’il déploie pour garantir le multilinguisme dans ses produits et services, « même s’il reste encore beaucoup à faire ».  Le 23 avril dernier, les Journées de la langue anglaise et de la langue espagnole ont été commémorées, a rappelé le Président.  La coïncidence de ces deux journées le même jour nous offre une leçon: « les langues officielles de cette organisation sont destinées à coexister dans l’harmonie et l’équité et non pas de manière séparée ou hiérarchisée ».  De même, le 20 avril, nous avons commémoré la Journée de la langue chinoise, a aussi rappelé le Président, avant de paraphraser Confucius: « La vertu ne va jamais seule, elle attire toujours des imitateurs. »  Il en va de même des langues qui n’ont pas été conçues pour vivre en autonomie, a souligné M. Espinosa.  Il a voulu que cette session soit l’aube du retour de l’espoir après cette année de pandémie. 

La Secrétaire général adjointe à la communication globale, Mme MELISSA FLEMING, a fait le point sur le travail du Département de la communication globale (DCG) « au cours de cette année d’immenses défis, avec cependant aussi des lueurs d’espoir et de possibilités ».  Il y a à peine un an, a-t-elle rappelé, le monde a été collectivement confiné.  Au fur et à mesure que la pandémie se propageait, il est très vite devenu clair que nous étions parallèlement confrontés à une « infodémie »: un foisonnement de fausses informations et de désinformation et une vague de discours de haine pour saper la santé publique dans le monde, souvent avec des conséquences fatales, pour nous diviser.  Cette « infodémie » a immédiatement été un test pour la stratégie de communication globale des Nations Unies, au moment où le Département commençait juste à déployer une approche applicable à n’importe quelle question.

Cette approche, a expliqué Mme Fleming, se fonde sur la vision de l’ONU d’un monde où chacun prospère dans la paix, la dignité et l’égalité, sur une planète saine.  Cette démarche s’organise autour de ce qu’elle a appelé les « 3 W » en anglais: « What?  Why care?  What now? »  Au DCG, a-t-elle affirmé, nous nous posons ces questions chaque fois que nous sommes confrontés à un problème de communication.  Nous ne nous contentons pas d’une approche qui consiste à relayer tout simplement des informations et à se lancer dans une communication « à sens unique ».  L’objectif est de faire que l’ONU mène le débat, d’inciter les gens à se saisir des questions évoquées et de les encourager à agir. 

Indépendamment du thème, le DCG s’efforce de toucher les publics dans les langues qu’ils parlent et sur les plateformes qu’ils utilisent avec un contenu et des messages adaptés.  Cette personnalisation s’étend même aux segments de la population, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe, en parlant de l’importance qu’accorde son département à la nécessité de cibler les jeunes.  D’ailleurs, a-t-elle rappelé, au début de ce mois-ci, le Forum annuel des jeunes du Conseil économique et social (ECOSOC), coorganisé par le DCG, a offert un espace virtuel permettant à plus de 10 000 jeunes de participer activement à des discussions sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et sur les moyens de se relever au mieux de la pandémie.

En utilisant la stratégie de communication globale comme « boussole », le Département a développé la campagne Verified, une initiative mondiale et multilingue contre la désinformation et l’ignorance, menée avec des partenaires petits et grands, y compris des particuliers, pour partager des informations fiables et fondées sur la science et des histoires de solidarité autour de la COVID-19.  Les résultats, s’est réjouie la Secrétaire générale adjointe, ont été remarquables.  Elle y a vu la preuve de « l’appétit du monde » pour des faits clairs et des histoires positives.  Mme Fleming a promis de montrer cet après-midi aux délégations les retombées de cette campagne, y compris de Only Together, une des dimensions de Verified pour promouvoir l’équité s’agissant des vaccins, pour laquelle le DCG a reçu le soutien « direct » des représentants de plus de 60 États Membres. 

Mme Fleming s’est dite honorée par le fait que plus de 180 États Membres aient appelé à coopérer avec l’initiative Verified, comme le dit la Déclaration politique sur l’accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, lancée le mois dernier.  Elle a salué la résolution de l’Assemblée générale qui proclame une nouvelle Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information et « qui reconnaît nos efforts par le biais de Verified pour contrer la prolifération de la désinformation pendant la pandémie de COVID-19 ».  Elle a également mis en avant le rôle joué par les réseaux des centres d’information des Nations Unies (CINU) et des coordonnateurs résidents pour diffuser auprès des publics locaux des contenus originaux et taillés sur mesure.

Au-delà de la campagne Verified, la communication plus large sur la COVID-19 a cherché à positionner l’ONU comme la principale voix dans la riposte à la pandémie.  Le portail Web sur le coronavirus dans les six langues officielles, la communication interne avec le personnel et la promotion des notes d’orientation du Secrétaire général sur les différentes dimensions de la crise sont trois exemples de la façon dont le DCG a travaillé pour renforcer la crédibilité et la confiance, en créant et en diffusant des contenus exacts et faisant autorité.

Pour la Chef du DCG, adopter la stratégie de communication globale signifie bien plus que repenser la manière dont on pourrait parler d’une question telle que les objectifs de développement durable ou les droits de l’homme.  Cela signifie adapter ses structures et ses processus.  À titre d’exemple, elle a parlé de l’équipe dédiée à la communication sur le climat, soutenue par un « laboratoire du climat ».  Notre stratégie de communication sur le climat répond à trois objectifs principaux: plaider pour des actions nationales plus ambitieuses en faveur du climat, présenter des solutions pour un avenir plus durable et mobiliser l’action individuelle en faveur d’un monde plus vert. 

Pour y arriver, le DCG capitalise sur des moments clefs du calendrier d’ici à la COP26, à Glasgow, au mois de novembre, pour capter l’attention des médias et du public.  La semaine dernière a été le parfait exemple avec la parution du rapport sur l’état du climat dans le monde, le lancement d’une évaluation mondiale des océans, le Sommet des dirigeants convoqué par les États-Unis et la célébration de la Journée de la Terre.  Le Département a profité de ces rendez-vous pour une montée en puissance de sa communication, dans plusieurs langues et sur plusieurs plateformes, dont la parution de l’éditorial du Secrétaire général dans plus de 120 journaux et sites Internet; le contenu ciblé sur le Web et dans les réseaux sociaux de l’ONU sur l’action climatique; et l’entretien virtuel filmé entre le Secrétaire général et de jeunes militants de Madagascar et du Brésil.

Le DCG a l’intention d’adopter la même approche intégrée pour sa communication sur les principaux sommets et conférences des Nations Unies, y compris le Sommet sur les systèmes alimentaires en septembre et les prochaines manifestations de haut niveau sur la biodiversité, les océans, l’énergie et les transports.  Le Département appliquera également cette approche à tous les efforts de communication et au Plan d’action de l’ONU contre les discours de haine et à la campagne multimédia sur le maintien de la paix.  Au moins de juin, le DCG organisera aussi une autre série de formations en communication pour les cadres supérieurs sur le terrain sur la question de l’exploitation et des abus sexuels.  Cette nouvelle approche est également utilisée pour promouvoir un discours axé sur les solutions et l’autonomisation s’agissant des problèmes économiques, politiques et sociaux de l’Afrique et du développement durable sur le continent.  La nouvelle stratégie de communication vise à renforcer et élargir les messages de l’ONU grâce aux moyens de communication numériques et à des collaborations et partenariats plus larges, a résumé la Secrétaire générale adjointe.

Une des méthodes retenues par le DCG pour inciter les gens à se soucier de l’ONU comme de ses valeurs, c’est la production soutenue d’histoires centrées sur les gens qui humanisent les travaux de l’Organisation et de son personnel.  À ce titre, Mme Fleming a cité le cas de son podcast, Awake at Night, et qu’elle avait lancé alors qu’elle travaillait encore au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  Aujourd’hui, les deux millions de nouveaux téléchargements pour les 25 épisodes de la troisième saison confirment le succès du podcast.

Passant au « mal pernicieux du racisme », comme l’a décrit le Secrétaire général le mois dernier, un problème qui existe dans toutes les régions et toutes les sociétés, la Chef du DCG a expliqué que les manifestations mondiales contre le racisme au cours de l’année dernière ont conduit les organisations à réfléchir sur leur propre bilan.  « Personne n’est à l’abri, y compris l’ONU. »  Fort de ce constat, le Secrétaire général a lancé l’an dernier une équipe spéciale pour lutter contre le racisme et promouvoir la dignité pour tous.  Mme Fleming s’est dite fière que son département soit à l’avant-poste de cette initiative, et qu’il travaille en étroite collaboration avec les principaux bureaux pour impliquer le personnel de l’ONU partout dans le monde entier sur la façon de mieux lutter contre ce fléau.  De même, l’égalité des sexes est une autre priorité de la communication du Département.  C’est d’autant plus pertinent que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les femmes, avec des taux plus élevés de chômage, de la violence domestique et de responsabilités familiales. 

Répondant aux nombreux États Membres qui lui ont demandé ce qu’ils peuvent faire pour soutenir le DCG, Mme Fleming leur a proposé de contribuer au financement de la digitalisation de « l’histoire écrite » de l’ONU.  Enfermés dans le sous-sol de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, les archives, publications et autres documents sont dans un état désastreux et cela signifie que la mémoire collective de l’Organisation risque d’être perdue à jamais.  La Secrétaire générale adjointe a rappelé qu’un projet de préservation chiffré a été présenté dans les rapports 2020 et 2021, dont une enveloppe de 10,5 millions de dollars sur cinq ans. 

Heureuse des nombreuses façons dont son département s’est adapté à la pandémie pour continuer de s’acquitter de son mandat, Mme Fleming a cité, entre autres, les visites en ligne offertes au grand public et les différents leviers qui ont permis la couverture de toutes les réunions intergouvernementales, et ce, dans plusieurs langues.  Elle a également parlé des contenus multimédias qui sont quotidiennement mis à jour.  Tous ces efforts ont été récompensés par une incroyable augmentation de l’audience multilingue sur toutes les plateformes de l’ONU.  La consultation des sites d’information sont montées en 2020 à quelque 41 millions d’utilisateurs et à plus de 70 millions de pages vues dans les neuf langues, par rapport aux 10 millions d’utilisateurs de l’année précédente et à peu près 25 millions de pages vues. 

De même, le site Web de l’ONU a connu une augmentation des visites: de juillet à novembre 2020 seulement, le site a comptabilisé plus de 102 millions de pages vues, et entre mars 2020 et mars 2021, les comptes des réseaux sociaux de l’ONU ont gagné 70,1 millions d’engagements organiques, dépassant de loin les objectifs pour la période.  « En bref, les données montrent que de plus en plus de personnes se sont tournées vers nous pour être informées sur les problèmes mondiaux, à un moment où nous vivons une crise mondiale qui affecte tout le monde, partout », en a conclu Mme Fleming. 

L’une des leçons qu’elle a retenues de cette année, c’est qu’il est possible d’atteindre un plus grand nombre de personnes grâce à la communication et à la sensibilisation virtuelle, mais, dans le même temps, elle s’est dite consciente du fait que quelque chose se perd tant que nous ne pouvons pas reproduire les connexions intangibles générées lors de manifestations et réunions en personne.  Mme Fleming a terminé son propos par une citation de Derek Walcott, poète et scénariste de Sainte-Lucie: « Cassez un vase: l’amour qui en assemble à nouveau les morceaux est plus fort que l’amour, qui lorsqu’il était entier, considérait sa perfection symétrique comme allant de soi ».  Nous devons assembler ensemble les morceaux de « notre monde fracturé » et la bienveillance qui sous-tendra cet effort prouvera la validité de ces paroles.  Le DCG, a promis la Secrétaire générale adjointe, y contribuera par des contenus vérifiés, sa lutte contre la désinformation et un concert de réponses possible uniquement si nous restons ensemble.

DÉBAT GÉNÉRAL (A/AC.198/2021/2, A/AC.198/2021/3, A/AC.198/2021/4)

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. AHMED TIDIANE SAKHO (Guinée) s’est félicité des efforts continus du DCG pour s’adapter aux modes de communication virtuels et hybrides pendant la pandémie de COVID-19.  Il a cependant constaté que cette crise a encore aggravé la fracture numérique.  Bien que le mode de communication virtuel ait été largement adopté dans le monde entier, il a relevé que, dans les pays en développement, l’adaptation à la technologie n’a pas encore atteint son plein potentiel.  De fait, a-t-il noté, « les problèmes de capacité ont laissé la moitié du monde déconnectée du numérique ».  Jugeant essentiel de combler les lacunes, le représentant a exhorté le Département à promouvoir et à faciliter la coopération internationale pour le développement des médias, des moyens et des technologies de l’information et des communications dans tous les pays.  Selon lui, il importe aussi de veiller à ce que l’utilisation de ces technologies soit pleinement compatible avec les buts et principes de la Charte de l’ONU et du droit international. 

Le représentant a par ailleurs encouragé le DCG à continuer de promouvoir les conférences, décisions, résolutions et accords marquants et pertinents qui ont été conclus par l’ONU.  À cet égard, il a mis un accent particulier sur les faits nouveaux liés au développement durable, aux changements climatiques, à la lutte contre le terrorisme, au maintien de la paix, au désarmement nucléaire, à la décolonisation, à l’égalité des sexes et à la libre circulation de l’information et des connaissances.  Il s’est notamment félicité des campagnes de promotion et des publications dans le domaine des opérations de maintien de la paix, qui mettent en valeur les pays fournisseurs de contingents. 

Le représentant a ensuite évoqué la prolifération de la désinformation durant la pandémie, soutenant qu’une telle « tendance inquiétante » implique de prendre des mesures pour arrêter ce flux d’informations négatives.  Tout en saluant les efforts du DCG sur ce dossier, il a estimé que le besoin croissant de diffuser des informations factuelles, opportunes, ciblées, claires, accessibles, multilingues et fondées sur la science exige que le Département continue de fournir des informations crédibles provenant de sources faisant autorité au sein du système des Nations Unies.  Il a pris note des nouvelles campagnes de communication du DCG qui contribuent à promouvoir la notion d’équité vaccinale, en particulier l’initiative « COVID-19 Communication Response » des Nations Unies et la campagne Only Together annoncée par le Secrétaire général en 2021.

Le représentant a d’autre part observé que la stratégie de communication globale fournit un cadre utile pour mettre en évidence le travail important de l’ONU.  Dans ce cadre, il a félicité le Département pour son rôle de promotion de la Décennie d’action pour le développement durable via la couverture des trois thèmes prioritaires présentés dans la stratégie.  S’agissant des travaux du DCG, il a souligné l’importance de l’intégration du multilinguisme dans toutes ses activités de communication et d’information, notant à cet égard la demande croissante de contenus dans des langues autres que les langues officielles de l’ONU.  Le G77 encourage le Secrétariat à continuer d’explorer des alternatives pour assurer la publication de divers produits médiatiques dans toutes les langues officielles et non officielles, y compris le portugais, le bengali, l’hindi, le kiswahili, l’ourdou et le persan.  Le Département doit aussi poursuivre ses efforts en faveur du multilinguisme, en mobilisant des ressources adéquates, notamment en explorant des options de financement novatrices ainsi que des contributions volontaires. 

Le représentant a réitéré son appui aux travaux menés par les centres d’information des Nations Unies pour diffuser, dans les langues locales, des informations sur les travaux et les activités de l’Organisation, ainsi que pour faire prendre conscience des défis auxquels la communauté mondiale est actuellement confrontée.  Soulignant la nécessité d’atteindre différents publics grâce à l’utilisation innovante de plateformes numériques, il a encouragé le Département à renforcer sa diffusion numérique en plus des méthodes traditionnelles de distribution et de diffusion de l’information.  Il l’a également invité à établir des partenariats avec les médias nouveaux et traditionnels pour promouvoir les valeurs de tolérance, de non-discrimination, de pluralisme, de liberté d’opinion et d’expression, et pour lutter contre les discours de haine. 

Enfin, tout en reconnaissant certains progrès sur la question, le délégué de la Guinée s’est dit profondément préoccupé par les disparités existant entre les pays développés et les pays en développement et par la disparité entre les langues anglaise et non anglaise.  Nous sommes également préoccupés par les conséquences de ces disparités qui affectent la capacité des médias et des individus à diffuser des informations et à communiquer efficacement, a-t-il dit, réaffirmant en conclusion son attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et aux principes de la liberté de la presse et de la liberté de l’information. 

M. SÉBASTIEN BRABANT, de l’Union européenne (UE), a salué l’agilité avec laquelle le DCG a mené ses campagnes sur plusieurs points de l’ordre du jour onusien, dans des conditions de travail très difficiles.  La campagne Verified est un modèle du genre, s’agissant de la lutte contre la désinformation, tout en faisant appel à notre humanité commune, a dit M. Brabant.  L’UE a participé activement aux campagnes, y compris la plus récente Only Together, qui développe un message positif autour des vaccins et de leur accès équitable comme espoir de se relever de la pandémie, a déclaré le délégué. 

« Le travail du DCG sur le virus a été crucial pour ce qui est de fournir des informations rigoureuses et dissiper les incertitudes de la population en ce qui concerne la sûreté des vaccins.  Nos efforts de communication devraient également promouvoir des solutions multilatérales visant à faire de la vaccination un bien public mondial, a poursuivi M. Brabant.  Il a rappelé que l’Union européenne a versé 2,5 milliards de dollars au Mécanisme COVAX. 

Le délégué a insisté sur l’importance de la lutte contre la désinformation, qui incite à la violence, la haine et les discriminations, en ligne et hors ligne.  Il a appelé à protéger les libertés fondamentales, à reconnaître la contribution fondamentale des journalistes, en particulier dans la lutte contre la désinformation, et à assurer la sécurité de ces derniers. 

Le délégué a déclaré que le multilinguisme est la condition nécessaire pour que l’ONU puisse promouvoir son travail auprès d’une audience mondiale et œuvre ainsi à la transparence du système multilatéral.  Le DCG a la responsabilité d’un traitement équitable de toutes les langues officielles, dans toutes les activités de l’ONU.  Enfin, le délégué a exhorté à saisir toutes les occasions de défendre le multilinguisme en tant que force de l’ONU et de promouvoir la diversité linguistique, y compris au sein du personnel du DCG.

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a souligné que son groupe rassemble 20 États Membres hispanophones de l’ONU pour défendre la langue espagnole et le multilinguisme.  Le respect du multilinguisme, élément inestimable pour le multilatéralisme, est la seule façon de diffuser les messages de l’ONU de manière inclusive, a martelé le représentant, avant de saluer les actions prises en ce sens par le DCG, notamment en tirant la meilleure partie des ressources humaines existantes.  Il s’est réjoui de l’impact des campagnes telles que Verified pour lutter contre la désinformation dans le contexte de la COVID-19.  Il a demandé que les notes d’orientation du Secrétaire général et ses rapports sectoriels sur les conséquences de la pandémie soient disponibles dans les six langues officielles de l’ONU.

Mettant en avant l’importance que l’espagnol a pris dans la demande de services et produits d’information de l’ONU, avec notamment six millions de visiteurs supplémentaires en 2020 sur les sites Web de l’ONU, le représentant a pris note avec satisfaction de la contribution essentielle des CINU qui permettent la traduction et l’adaptation des contenus aux publics locaux.  Il a soutenu l’approche du DCG qui consiste à diffuser des histoires positives centrées sur la personne.  Ces récits suscitent un intérêt plus fort du public.  Le DCG devrait en augmenter la portée en passant d’une culture de la traduction à une culture de la production dans les six langues officielles, a-t-il réclamé.

Il faut communiquer, créer des messages et les diffuser auprès du public hispanophone, en respectant la parité des six langues officielles de l’ONU et cela suppose, a insisté le représentant, l’affectation des ressources nécessaires.  À son tour, il a appelé à des financements novateurs, voire des contributions volontaires.  Il faut, a-t-il conclu, un dialogue plus étroit entre le DCG et les États Membres pour faire en sorte que « l’ONU communique dans plusieurs langues mais d’une seule voix ».

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a souligné que la CPLP, qui a le statut d’observateur à l’Assemblée générale depuis 1999, promeut l’utilisation de la langue portugaise dans le contexte national et international et, ce faisant, contribue au renforcement du multilinguisme.  Bien que le portugais ne soit ni une langue officielle ni un langue de travail des Nations Unies, il joue un rôle dans le renforcement de la communication et du multilinguisme au sein de l’Organisation.  À ses yeux, la diffusion et la promotion du message de l’ONU au-delà des six langues officielles permet d’informer efficacement un public plus large, tout en reflétant le respect du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le monde.

Au moment où toutes les nations sont confrontées à une pandémie sans précédent et à la nécessité d’un vaccin pour tous, disposer d’une information précise et compréhensible est un outil précieux et essentiel pour la recherche de solutions aux problèmes, a fait valoir le représentant, saluant le rôle que jouent les centres d’information des Nations Unies dans l’élaboration de stratégies de communication de crise contre la COVID-19.  Il a notamment applaudi le travail du Centre d’information de Rio de Janeiro qui a activement soutenu la campagne Pledge to Pause, laquelle a obtenu plus de 15,3 millions de vues sur TikTok.  À Cabo Verde, a-t-il ajouté, la plateforme COVID-19, développée avec l’aide de ONU, est la principale chaîne d’information sur les questions liées à la pandémie.  Distinguée comme l’une des meilleures innovations technologiques de la riposte à la COVID-19, elle comprend plusieurs modules d’information intégrés aux sources officielles de l’administration publique et intègre une ligne téléphonique de gestion de la crise. 

En conclusion, le représentant a réitéré la volonté de la CPLP de toucher le public le plus large et le plus de lieux possibles, notamment pour la diffusion d’informations fiables et factuelles sur la pandémie.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, la CPLP entend poursuivre sa collaboration avec le DCG et le Comité de l’information dans la poursuite de l’objectif commun d’une communication multilingue dans le monde. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a appuyé le DCG en tant que « messager responsable » de l’ONU qui fournit une information précise et fiable dans les meilleurs délais.  Il a apporté son soutien aux efforts du DCG et de ce Comité pour établir un lien entre le travail de l’ONU et la communauté internationale, s’agissant de la promotion des trois piliers de la paix et la sécurité, du développement et des droits humains.  Les États Membres et observateurs, en partenariat avec des acteurs clefs tels que la société civile, le secteur privé et les médias, doivent, de manière responsable, mettre le pouvoir de l’information au service de la paix, de l’inclusion et du développement.  Chaque État Membre doit avoir la possibilité de donner son avis sur toute information publiée par l’ONU et ses agences. 

Le représentant a rappelé les quelques exemples où des généralisations ont été faites sur un État Membre, compte tenu des informations « non étayées reçues de certaines sources ».  Au regard des préoccupations soulevées par la désinformation et de l’avènement de cette ère de « post-vérité », le délégué a jugé important que chaque information soit rigoureusement étayée.  La tâche principale de toute communication est de fournir une plateforme propice à un changement transformateur et de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté, dans ces circonstances extraordinaires, a conclu M. Manalo.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a commencé par saluer le travail du Département et de sa Division de la communication stratégique qui, malgré les difficultés présentées par la pandémie, ont su s’adapter et délivrer des messages importants sur la pandémie de COVID-19 et les activités de l’Organisation.  La pandémie est un défi sans précédent, mais c’est aussi l’occasion d’harmoniser les messages et les contenus, et de favoriser la collaboration et la coordination entre tous les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, a-t-elle fait valoir.  Elle a salué la campagne Verified, et estimé que pour lutter contre le fléau de la désinformation, il faut une détermination politique et une action unifiée.  Il a exhorté le Département à continuer d’élaborer des stratégies multilingues, de sensibiliser les utilisateurs par des campagnes médiatiques et de diffuser les informations de manière proactive, accessible, multilingue et basé sur des données scientifiques.

Appelant à prendre en compte la situation des groupes vulnérables, et rappelant notamment que près d’un milliard de personnes –soit 15% de la population mondiale- souffrent d’une forme ou l’autre de handicap, la représentante a estimé que la couverture de toutes les réunions et activités des organes principaux et subsidiaires de l’ONU peut être améliorée par une interprétation simultanée dans les six langues officielles, y compris la langue des signes.  Elle a regretté qu’aucune des vidéos archivées sur UN WebTV ne comporte de sous-titres, ce qui les rend inaccessibles aux malentendants.  De la même manière, elle a souligné la nécessité de continuer à diffuser des informations sous forme écrite, audiovisuelle ou numérique, dans les six langues officielles de l’Organisation. 

Enfin, la représentante a réaffirmé que le multilinguisme est une valeur fondamentale de toutes les activités menées par l’Organisation.  C’est également le cas pour le principe de parité entre les six langues officielles de l’ONU.  La langue espagnole, a-t-elle martelé, est la deuxième la plus consultée sur le site Internet de l’Organisation, ce qui justifie d’investir dans la mise à jour, la création et la diffusion de contenus dans les six langues.  Tous les documents officiels doivent être traduits et publiés dans les six langues officielles, en temps voulu, a encore insisté la représentante.

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a noté les effets négatifs et positifs de la pandémie pour le travail de communication de l’ONU.  Il a ainsi mentionné comme effet positif, les économies qui découlent de la tenue de réunions virtuelles depuis la pandémie, et comme négatif, la diminution des contacts qui ont entravé une compréhension commune des enjeux.  Le représentant a salué les efforts du DCG en ces temps de pandémie, avant de souligner le travail précieux des centres d’information des Nations Unies, en particulier dans les pays qui n’ont pas de coordonnateur résident.  Il a ainsi loué le travail du Centre d’information au Japon, un pays qui compte œuvrer de manière constructive aux débats pendant cette session, a conclu le délégué.

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a noté d’emblée que la désinformation s’est propagée aussi rapidement que le virus lui-même et a salué le DCG pour sa riposte à la crise qui a permis de gagner la confiance de l’opinion publique internationale.  Il a voulu pour preuve de l’autorité de l’ONU pendant la pandémie en tant que source fiable d’informations, le fait que le nombre de visiteurs de son site ait plus que triplé.  Le représentant a salué l’impact de la campagne Verified et les contributions des CINU.

Notant que l’Assemblée générale vient de proclamer la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », du 24 au 31 octobre, pour répondre à la prolifération de la désinformation, en renforçant les capacités d’éducation aux médias, le représentant a encouragé le DCG à travailler avec les États Membres, d’autres organisations des Nations Unies et internationales, ainsi que les entreprises médiatiques nouvelles et traditionnelles, pour organiser des activités éducatives et de sensibilisation du public.  Marquant son soutien à la campagne Only Together du DCG pour réitérer le message selon lequel la vaccination contre la COVID-19 est un bien public mondial et qu’un accès abordable, équitable et juste aux vaccins pour tous est une exigence immuable, le représentant a souligné que ces derniers mois, les conversations à l’ONU et dans le monde entier sont dominées par les questions du genre « Quel vaccin as-tu reçu? », « Est-il fiable? ». 

Le représentant a exhorté le DCG à accorder l’attention voulue à cette question, dans ses stratégies de communication, afin de renforcer la confiance du public dans les vaccins.  Sans cela, notre objectif commun de vacciner l’humanité tout entière ne pourra être atteint, a-t-il mis en garde.  Avant de conclure, il a souligné que la section des nouvelles en hindi a connu un succès « massif », y voyant un motif justifié pour demander au Département de trouver les moyens de promouvoir ses contenus dans des langues non officielles.

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) s’est félicité de ce que le DCG soit parvenu à faire entendre la voix de l’ONU dans les « circonstances exceptionnelles » causées par la pandémie de COVID-19.  Il y a vu un encouragement à redoubler d’efforts dans un domaine « de plus en plus critique ».  Établissant une comparaison entre la crise climatique et la crise de l’information, le représentant a averti que si nous n’agissons pas urgemment pour faire obstacle à la désinformation et aux discours de haine, il est vraisemblable que l’environnement de l’information deviendra « de plus en plus toxique ».  Pour le délégué, l’initiative Verified du Département est, à cet égard, un outil essentiel pour veiller à la fiabilité de l’information, tant en qualité qu’en quantité.  Il en va de même pour la nouvelle campagne Only Together qui souligne l’importance d’un accès égal au vaccin, a-t-il ajouté, qualifiant la tâche du Département de « sisyphéenne ». 

Constatant par ailleurs que « les échecs sont mieux communiqués que les succès », le représentant s’est réjoui que les succès de l’ONU soient mis en avant par le Département.  Selon lui, il convient de communiquer sur les succès comme sur les échecs mais cela implique aussi de lutter efficacement contre les « intox » et les fausses informations.  Ce combat contre la désinformation est particulièrement important, s’agissant des opérations de maintien de la paix, a souligné le délégué, citant l’exemple des missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, où les efforts de l’ONU sont « souvent présentés sous un jours négatif ».  Aux yeux du représentant, il est légitime que les griefs des communautés locales soient entendus, mais il faut aussi communiquer sur les accomplissements réels des missions. 

D’une manière générale, a-t-il poursuivi, il importe de continuer à tendre l’oreille pour entendre la voix des femmes et des filles mais aussi de tous les groupes marginalisés.  Pour cela, il faut toucher le plus grand nombre de personnes possible, ce qui passe par le multilinguisme, qui doit être une priorité de l’ONU.  Assurant que fournir une information fiable dans autant de langues que possible « n’est pas une dépense mais un investissement », le représentant a souligné l’importance de la langue portugaise pour « faire connaître notre travail commun sur tous les continents ».  Partisan des partenariats entre l’ONU et les acteurs locaux de l’information, il a salué à cet égard l’action « remarquable » du Centre d’information de l’ONU à Rio de Janeiro.  Il a également souhaité qu’un tel centre soit bientôt mis sur pied à Luanda, en Angola.  Le Portugal, a-t-il conclu, est prêt à travailler avec le Comité et le DCG afin d’atteindre « tous les publics que nous visons ». 

Mme MARIAM SHAIKH (Pakistan) a dénoncé l’« infodémie » qui accompagne la pandémie de COVID-19 et salué les efforts du DCG pour la combattre.  Elle a aussi dénoncé les campagnes de désinformation « sophistiquées » contre l’ONU et contre les États Membres, y compris le Pakistan.  Le dévoiement de certains processus onusiens par de fausses ONG et autres entités en vue de propager la désinformation requiert l’urgente attention du DCG, a estimé la déléguée.  Elle a appelé le Département à promouvoir le multilinguisme, y compris dans ses campagnes sur les réseaux sociaux.  Le DCG devrait aussi renforcer sa coopération technique pour améliorer les capacités de communication des pays en développement, afin de les aider à combler un fossé numérique qui ne cesse de grandir.  Elle a aussi invité le DCG à souligner les contributions des pays contributeurs de troupes, y compris en rendant hommage aux soldats de la paix qui ont fait l’ultime sacrifice pour défendre la paix en ces temps de pandémie.  La couverture des réunions de l’ONU, qui a été très réduite en raison des problèmes de liquidités et de la pandémie, doit être pleinement rétablie, a encore plaidé la représentante, avant d’appeler le DCG à initier un dialogue avec les États Membres pour trouver des solutions « réalistes » à la désinformation et à la prolifération des réseaux qui s’y livrent.

Mme DENIESE AVA-LOU SEALEY (Jamaïque) s’est félicitée de l’approche novatrice adoptée par le DCG pour étendre et intensifier sa capacité à toucher les gens partout dans le monde tout au long de la pandémie, en particulier en gardant à l’esprit la perte de revenus due à la distanciation sociale dans les différents bureaux des Nations Unies.  Elle a pris note des progrès technologiques et des collaborations novatrices qui ont facilité la diffusion en ligne d’informations fiables, dans une multitude de langues.  La représentante a aussi salué les initiatives et les campagnes comme Verified contre la désinformation. 

À cet égard, elle s’est dite fière d’avoir dirigé un groupe restreint d’États Membres qui a présenté une résolution intitulée « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », qui est venue à point nommé.  La représentante a réaffirmé son soutien la Journée internationale à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, ainsi que le programme Remember Slavery.  Elle s’est félicitée de la poursuite de la collaboration entre les États Membres, le système des Nations Unies et le monde universitaire pour éduquer et informer le public sur les horreurs de l’esclavage.  Elle a recommandé la création de partenariats accrus et l’approfondissement de la collaboration avec la diaspora africaine. 

Saluant le rôle joué par les CINU dans la communication stratégique et la riposte à la pandémie, elle a cité notamment le podcast « Reconstruire en mieux » lancé par le Centre d’information de Trinité-et-Tobago qui met en évidence la riposte d’une ONG des Caraïbes à la pandémie.  Pour l’avenir, elle a encouragé une plus grande collaboration entre les CINU, les équipes de pays et les pays hôtes de l’ensemble des Caraïbes, afin de faciliter le partage d’initiatives qui profitent à la fois à l’ONU et au pays hôte.  Enfin, la représentante a estimé qu’il est temps que le Département, en collaboration avec les personnes d’ascendance africaine, promeuve de manière plus significative la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

M. IN CHOL KIM (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé ces médias qui s’ingèrent dans les affaires intérieures des États, en vue de promouvoir des changements de régime.  Ces médias, a-t-il accusé, promeuvent des modes de vie occidentaux, étrangers aux pays qu’ils ciblent, sous le prétexte fallacieux de la liberté d’information.  La diffamation de certains pays à laquelle se livrent les médias occidentaux est un sujet de grave préoccupation pour la communauté internationale, a-t-il dit.  Il a demandé que cesse la diffusion d’informations fausses et leurs objectifs « peu avouables ».  Le DCG, a estimé le représentant, doit œuvrer à un ordre international de l’information équitable, dans le respect des spécificités des pays, et garantir l’accès des pays en développement aux nouvelles technologies de l’information.  Nous sommes, a conclu le représentant, prêts à coopérer avec le DCG pour créer cet ordre international équitable.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a déclaré que toutes les activités de communication de l’ONU doivent respecter la Charte de l’ONU, et rappelé que le multilinguisme est une valeur fondamentale.  Aucun style de communication ou aucun destinataire d’une campagne de communication ne doit être privilégié aux dépens d’un autre.  Il a loué le travail des centres d’information de l’ONU, en particulier celui de Rio de Janeiro, et salué l’ouverture prochaine d’un centre à Luanda.  Il a aussi salué le fait que ces centres aient publié un contenu dans 123 langues, y compris le braille.  Le délégué a indiqué que le site d’information de l’ONU en portugais a vu une augmentation de 120% de son audience.  Il a applaudi la campagne Verified sur la lutte contre la désinformation, en ces temps de pandémie et a insisté sur le respect des spécificités locales en la matière.  Cette campagne a été lancée au Brésil pendant un match de football, opposant les deux équipes les plus populaires du pays et les joueurs ont foulé la pelouse avec des bannières portant des messages de ladite campagne.  Plus de 20 millions de personnes ont vu ce match, a fait observer le délégué.

M. BEN BOURGEL (Israël) a souligné à son tour l’importance de fournir des informations fiables et vérifiées en cette période de pandémie, alors que des semi-vérités et des fausses informations se répandent dans les réseaux sociaux.  Dans ce contexte, a-t-il dit, le rôle du DCG est plus important que jamais, notamment pour la diffusion d’informations axées sur la science.  Toutefois, a relevé le représentant, la désinformation n’a pas commencé avec la crise de la COVID-19.  Depuis la dernière guerre mondiale, certains continuent de nier l’Holocauste, ce qui constitue un danger « non seulement pour les juifs mais aussi pour tout un chacun de par le monde ».  Appelant la communauté internationale à lutter contre ces deux fléaux, le représentant a souligné l’importance de travailler à ce sujet avec la société civile. 

Pour lui, des outils comme les podcasts sont essentiels pour préserver l’histoire des personnes qui ont souffert de l’Holocauste.  Malheureusement, a-t-il déploré, la désinformation règne aussi en ce qui concerne la situation au Moyen-Orient.  Mon pays fait en effet l’objet de campagnes mensongères et est constamment ciblée par des résolutions unilatérales, par lesquelles certains lui nient le droit d’exister.  Face à ces actes hostiles, nous attendons du Secrétariat de l’ONU et du DCG qu’ils fassent respecter les principes fondamentaux de l’Organisation.  Dénonçant la promotion d’informations biaisées sur son pays, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien, il a appelé l’ONU à s’abstenir d’appuyer des histoires à un seul angle.  Les Accords d’Abraham conclus avec plusieurs États arabes « nous ont enseigné que la paix ne peut être favorisée que par le dialogue », a souligné le représentant. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a salué le rôle du DCG dans le contexte de la COVID-19, en estimant qu’il a fait face à cette crise avec beaucoup de professionnalisme.  Il a notamment salué les activités et initiatives lancées pour lutter contre la désinformation dans le contexte de la pandémie.  Le représentant a demandé au DCG de donner les moyens nécessaires aux CINU pour qu’ils puissent continuer de communiquer efficacement sur les autres grands thèmes de l’ONU auprès des publics locaux.  Il a également mis l’accent sur l’importance du multilinguisme dans les activités de communication de l’Organisation, y compris dans des langues non officielles, par le truchement des centres d’information, pour toucher un public plus large encore.

Revenant sur les crises qui ont frappé le Moyen-Orient et le mauvais usage des réseaux sociaux pour propager des fausses informations et promouvoir des discours de haine et le terrorisme, le représentant a estimé que les conséquences de la liberté d’expression sur la sécurité des communautés doivent être prises en compte.  Elles exigent des mesures pour barrer l’accès des groupes extrémistes et terroristes aux nouveaux médias.  En la matière, le représentant a réclamé le respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  L’information est une arme à double tranchant et l’utilisation abusive des technologies de l’information et des communications (TIC) le prouve. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a estimé que la communauté internationale a l’obligation de rechercher des solutions communes aux problèmes mondiaux tels que les pandémies.  Elle a aussi la responsabilité de renforcer la confiance et d’informer sur les efforts menés conjointement, ce qui implique de lutter contre la désinformation.  Si l’essor du numérique a ouvert la porte à des opportunités sans précédent, il a également augmenté la vitesse avec laquelle la désinformation se propage.  Il faut donc rester vigilant et faire en sorte que nos citoyens aient accès à des informations factuelles et exactes, a plaidé la représentante.  Elle a jugé essentiels les partenariats avec la société civile, le secteur privé et les géants des médias sociaux.  De même, a-t-elle ajouté, nous devons redoubler d’efforts pour réduire la fracture numérique et nous efforcer de faire de l’accès sûr et abordable à Internet une réalité pour tous. 

La représentante s’est dite convaincu que le Département, en étroite collaboration avec le reste du système des Nations Unies, continuera de jouer un rôle clef dans la lutte contre la désinformation liée au vaccin contre la COVID-19 et à ses effets.  Elle s’est par ailleurs déclarée préoccupée par la montée du racisme et des crimes de haine pendant la pandémie, appelant les États à redoubler d’efforts pour résoudre ce problème.  Elle a ensuite rappelé l’attachement de son pays au multilinguisme, saluant les efforts visant à atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans leur propre langue.  Elle s’est félicitée à cet égard que l’ONU mène des actions de sensibilisation dans d’autres langues que les six langues officielles de l’Organisation.  Elle a également souligné la nécessité d’investir dans l’accessibilité pour garantir l’accès des personnes handicapées à des informations vérifiées et factuelles.  Enfin, rappelant que Malte est candidate à un siège au Conseil de sécurité pour 2023-24, elle a indiqué qu’en cas d’élection, l’alphabétisation sera une des priorités du pays. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a observé que l’agilité de la réponse du DCG aux défis posés par la pandémie peut être mesurée grâce aux chiffres impressionnants de son engagement médiatique et numérique entre juillet et novembre 2020.  Ces chiffres font apparaître une augmentation de deux millions du nombre d’abonnés sur tous les comptes des médias sociaux de l’ONU; une hausse jamais enregistrée du nombre de visites sur le site Web des Nations Unies; une progression du nombre des utilisateurs d’ONU-Info de 5,6 millions à 15,6 millions; et un visionnage des réunions et des manifestations virtuelle atteignant de 62 millions de vues.  À cela s’ajoute « l’énorme tâche de transformation » du débat général de l’Assemblée générale, en 112 997 minutes de contenus téléchargeables. 

Jugeant que cet engagement accru est dû en grande partie à la demande mondiale d’informations précises, impartiales, complètes et multilingues sur la pandémie, le représentant a salué le travail du Département dans le cadre de sa campagne Verified contre la prolifération de la désinformation.  Le Royaume-Uni, a-t-il indiqué, a également été ravi de défendre les messages des initiatives Pledge to Pause et Only Together en faveur de la solidarité et l’équité vaccinales.  Le pays participe d’autre part à la lutte contre les récits faux et trompeurs sur le coronavirus, comme en témoignent ses 700 000 dollars d’aide supplémentaire au Réseau humanitaire-à-humanitaire (H2H) afin de combattre la désinformation en Asie du Sud-Est et en Afrique. 

Le représentant s’est également réjoui de constater que le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat sont au cœur de la communication de l’ONU en vue d’un relèvement post-COVID-19.  En revanche, il a constaté une montée de l’intolérance, du racisme et de la xénophobie résultant de la pandémie.  Exhortant le Département à poursuivre son appui aux efforts menés contre ces fléaux dans l’ensemble du système des Nations Unies, il a estimé que la société civile et le secteur privé sont des partenaires importants dans cette lutte contre l’intolérance et dans les défis de communication plus larges liés à la pandémie. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a salué le travail du DCG qui a été « empreint de sérieux » pendant la pandémie.  Il a souligné le rôle fondamental qu’ont joué les centres d’information qui se sont notamment impliqués dans la campagne Verified laquelle a touché plus d’un milliard de personnes dans le monde.  Cuba s’est félicitée de ce que l’on reconnaisse l’importance du multilinguisme et à cet égard, le travail des CINU est essentiel.

Le représentant a aussi noté les efforts du DCG pour que les nouvelles technologies de l’information et des communications n’éclipsent pas les médias traditionnels.  Il s’est réjoui de la « soif d’information » de l’opinion publique et de la confiance qu’elle place dans les informations relayées par l’ONU, comme en témoigne l’augmentation importante des visites de son site Internet.

Cuba, a affirmé le représentant, a misé sur l’informatisation et la connectivité malgré le blocus qui lui est toujours imposé par le États-Unis et qui a un impact significatif sur son développement.  Le représentant a passé en revue les dégâts causés par ces sanctions pendant les quatre années de l’Administration du Président Donald Trump et a condamné à nouveau la politique américaine qui consiste à diffuser des émissions radio sur 22 fréquences pour appeler à la chute de l’ordre constitutionnel cubain.  Il a rejeté la décision du Département d’État américain de créer un groupe pour Internet à Cuba qui n’a d’autre motivation que de faire des réseaux sociaux des outils de subversion. 

Au nom du dernier État membre du Comité, M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a salué en particulier les efforts que le DCG déploie depuis le début de la pandémie.  Ces efforts « proactifs », « ciblés », « multilingues » et « concrets » ne sauraient cacher la nécessité pour renforcer la communication dans les langues « de faible densité ».  Le représentant a évoqué à son tour le besoin grandissant de combattre la désinformation, en ligne et hors ligne, tout en promouvant les droits fondamentaux, y compris la liberté d’opinion et d’expression.  Il a surtout appelé à remédier à l’« infodémie » qui accompagne la pandémie de COVID-19, y compris au niveau du Secrétariat.  Il a attiré l’attention sur le fait qu’avec l’Australie, la France, l’Inde et l’Indonésie, son pays a organisé une manifestation sur l’échange des bonnes pratiques dans la lutte contre la désinformation.  Le délégué a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale sur la « Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information », adoptée le 29 mars dernier « à l’unanimité ».

Comme l’a dit le journaliste et présentateur américain Chris Hardwick: « Nous ne sommes plus à l’ère de l’information.  Nous sommes à l’ère de la gestion de l’information », a déclaré M. SERHII DVORNYK (Ukraine).  D’innombrables sources et divers canaux ont rendu l’accès à l’information presque instantané et bon marché.  Les coûts sont cependant élevés, car les capacités accrues de manipuler les gens sont devenues l’autre face de la médaille, a-t-il mis en garde.  La théorie et la pratique de la « guerre de l’information » se sont profondément développées dans cette guerre « hybride ».  Les tentatives de « militariser » l’information sont désormais des éléments courants du paysage de la sécurité internationale, a fait valoir la délégation, estimant que la tâche principale de l’ONU est de contrer ces tentatives et de prévenir les effets de l’information en tant qu’arme. 

La pandémie COVID-19 n’a fait qu’accroître l’urgence de mettre à jour les politiques d’information des Nations Unies.  Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons observé des tentatives d’utiliser la pandémie comme une nouvelle voie pour la désinformation dans notre pays et au-delà, a déclaré le représentant.  La vaccination étant déjà bien engagée, elle est devenue à son tour la nouvelle cible des attaques et doit être protégée de la méfiance du public.  Dès lors, l’Ukraine a salué les efforts déployés par le DCG et notamment les campagnes Verified et Only Together pour promouvoir la solidarité mondiale pour un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19 dans le monde.

Alors qu’aujourd’hui marque le trente-cinquième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le représentant a remarqué que là encore, parallèlement à une histoire de courage et de solidarité mondiale, il s’agit aussi de tentatives de désinformation et des efforts désespérés des autorités d’alors pour cacher la vérité.  « L’histoire de Tchernobyl et la réponse des autorités soviétiques sont un puissant rappel que la désinformation, tout comme les radiations, sont des tueurs invisibles. »

Le représentant a salué la résolution de l’Assemblée générale sur la Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information.  Il faut miser sur l’amélioration des capacités de vérifier les faits et de procéder à une réflexion critique pour permettre aux gens de faire la part de choses entre informations crédibles, désinformation, propagande, discours de haine et récits extrémistes.  Le représentant a appelé l’ONU à s’attaquer de manière globale à toutes les tentatives de falsification de l’information.  La désinformation et ceux qui s’y livrent doivent être clairement dissociés du journalisme professionnel, a conclu le représentant.

M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a salué la « mobilisation exemplaire » et la « capacité d’adaptation » du DCG malgré les nombreux défis rencontrés en cette période de pandémie, à commencer par la désinformation.  Par temps de crise, le besoin d’informations fiables est plus important encore lorsque celles-ci émanent des Nations Unies, a-t-il souligné, se félicitant du rôle clef joué par le Département aux côtés de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des autres agences onusiennes dans le cadre d’une communication unifiée.  En outre, le Département a proposé une riposte innovante et robuste à la désinformation, matérialisée par les initiatives Verified et Pledge to Pause, s’est-il réjoui, tout en appelant à rester vigilant à cet égard. 

Malgré les difficultés, le Département a pu s’acquitter de son mandat « avec professionnalisme » et couvrir toutes les thématiques de l’Organisation en adaptant ses méthodes, a encore applaudi le représentant.  Le Département s’est ainsi employé à promouvoir des valeurs comme la paix, la tolérance et le développement durable, tout en s’ouvrant à de nouvelles thématiques comme les changements climatiques ou l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  Dans ce contexte, a poursuivi le délégué, le Centre d’information de l’ONU à Rabat, fondé en 1962, a participé à la promotion des activités de l’ONU auprès du public marocain.  Il s’est notamment mobilisé pour informer sur l’action de lutte contre la pandémie, traduisant ses contenus dans des dizaines de langues locales. 

À cet égard, le représentant a souhaité qu’une page dédiée à la Journée internationale de l’arganier, désormais célébrée le 10 mai, apparaisse sur le site Web de l’ONU, conformément à la pratique établie.  En tant que contributeur de troupes majeur aux missions de l’ONU, le Maroc, a-t-il dit, salue l’engagement du Département en faveur de la promotion du maintien de la paix.  Il a précisé que le Centre d’information de Rabat organise actuellement une exposition sur la participation des troupes marocaines aux opérations de paix onusiennes.  Enfin, après avoir constaté que l’une des conséquences positives de la pandémie est l’augmentation des visites sur le site de l’ONU, il a souhaité que cette tendance n’ait pas un effet aggravant sur la fracture numérique. 

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a dénoncé la prolifération d’informations erronées depuis le début de la pandémie et salué les efforts du DCG pour la combattre.  Elle a appelé à des efforts accrus pour combler le fossé numérique entre les pays et souhaité la préservation des moyens de communication traditionnels pour les populations qui n’ont pas accès à Internet, en particulier dans les pays en développement.  Elle a rejeté les informations « partiales » concernant son pays sur les réseaux sociaux de l’ONU, estimant que cela sape la crédibilité de l’Organisation.  Elle a mis en garde contre tout « sensationnalisme médiatique » et l’utilisation des plateformes onusiennes pour dresser les États les uns contre les autres.  Le DCG a un rôle fondamental pour lutter contre la désinformation, a-t-elle dit, en soulignant l’importance des centres d’information de l’ONU.  Elle a, pour finir, demandé un traitement équilibré des six langues et le respect de la diversité linguistique au sein de l’Organisation.  L’espagnol est la deuxième langue la plus parlée au monde et la deuxième langue sur Internet, a-t-elle tenu à préciser.

Pour Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), mettre l’information au service des communautés a pris un nouveau sens avec la pandémie.  La COVID-19 a démontré l’importance fondamentale des activités de communication stratégique des Nations Unies.  Elle a donné lieu à des messages localisés et à des campagnes innovantes comme Verified et Pledge to Pause.  La représentante a toutefois plaidé pour plus de contenus multilingues pour pouvoir toucher davantage les populations locales.  Elle a salué le travail de communication accompli par le DCG dans le contexte des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris.  À l’avenir, a-t-elle suggéré, le DCG devrait tirer les enseignements de cette expérience pour garantir un accès plus juste aux vaccins par des campagnes ciblées.  La représentante a également encouragé le Département à renforcer ses partenariats avec la société civile, le monde universitaire et les artistes qui ont pris une importance particulière au cours de l’année écoulée.  Elle n’a pas manqué de souligner que le fossé numérique est toujours réel à l’intérieur des pays et entre eux.  Elle a insisté sur l’importance pour le DCG de continuer d’utiliser les supports traditionnels de communication en plus des nouvelles technologies.

Prenant acte de la croissance exponentielle des réseaux sociaux de l’ONU et de l’augmentation marquées des visites sur le site Internet en espagnol, la représentante a souligné que le Service des nouvelles en espagnol compte actuellement plus de six millions d’utilisateurs dans le monde.  Avant de conclure, elle a appelé le DCG à respecter le principe de parité entre les six langues officielles des Nations Unies sur tous ses supports et produits médiatiques, notant qu’il reste toujours du travail à faire à cet égard. 

M. MAXIMILIANO JAVIER ALVAREZ (Argentine) a relevé à son tour que, comme l’a douloureusement démontré la pandémie, « la désinformation tue ».  Dans ce contexte, le représentant a appuyé les efforts du DCG visant à produire et diffuser du contenu multilingue sur la pandémie et ses impacts.  Jugeant à cet égard que la pleine intégration du multilinguisme dans toutes les activités de l’ONU est indispensable, il a réaffirmé sa conviction que le Département doit sortir d’une « culture de la traduction », qui prend l’anglais comme langue de base, et tendre vers une « authentique culture multilingue ».  Cela suppose, selon lui, que les particularités de chacune des langues soient prises en compte à tous les stades de la communication. 

Le représentant s’est également félicité de la croissance continue des consultations sur le site Web et les médias sociaux en espagnol, qui en font l’une des langues les plus demandées.  Nous exhortons le Secrétariat à prendre en compte cette tendance lors de l’allocation des ressources existantes, notamment en termes de personnel.  Il a salué le travail du Centre d’actualités en espagnol et applaudi le partenariat des centres d’information en Amérique latine, y compris le Centre de Buenos Aires, qui permet de produire des contenus traitant de l’agenda mondial, en mettant l’accent sur les problématiques régionales. 

Le délégué argentin a ensuite exprimé sa préoccupation face à la disparité dans l’utilisation des six langues officielles sur le site Web de l’ONU: tout le matériel n’est pas disponible dans les six langues officielles et certaines pages ne sont pas mises à jour dans toutes les langues avec la même fréquence.  De même, s’agissant de la couverture multilingue des réunions des principaux organes, il a souligné la valeur des communiqués de presse, qui fournissent des informations quasi instantanées sur les activités de l’ONU et constituent souvent le « seul moyen d’assurer la mémoire institutionnelle ».  Or, a-t-il déploré, ces communiqués ne sont encore disponibles que dans deux des six langues officielles, sans justification et malgré le renouvellement du mandat conféré par l’Assemblée générale en faveur de parité entre les six langues.  Enfin, il a demandé à l’ONU de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les archives audiovisuelles des réunions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de leurs organes subsidiaires soient disponibles dans les six langues officielles avec des titres et des descriptifs dans les langues correspondantes.

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur) a insisté sur l’importance de la perception que le monde a de l’action de l’ONU.  Beaucoup de gens ne savent en effet rien du multilatéralisme et de l’ONU, a déclaré le délégué.  Il a donc salué les efforts de communication visant à ancrer l’ONU dans le monde et à atteindre un public plus large.  Le représentant a appelé l’ONU à continuer d’user de moyens de communication traditionnels, tels que la presse, qui sont privilégiés par les populations qui n’ont pas accès à Internet, en particulier dans les pays en développement.  Il a mentionné l’attachement de son pays aux droits des peuples autochtones et salué le travail de communication autour de ces peuples fait par le Centre d’information de l’ONU à Rio de Janeiro.  Le délégué a souligné l’importance du multilinguisme pour le travail de l’Organisation et estimé que l’espagnol n’est pas traité sur un pied d’égalité avec l’anglais et le français.  Le DCG doit prendre en compte les chiffres communiqués par le Secrétariat sur les consultations des pages en langue espagnole quand il mène ses campagnes de communication, a-t-il dit.  Enfin, le délégué a dénoncé la prolifération d’informations erronées et insisté sur la nécessité de les contrer.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a estimé qu’en cette période de crise mondiale, le DCG a un rôle d’autant important qu’il permet une couverture de l’information même quand les journalistes sont absents.  Face à la tendance actuelle à la désinformation, il a souligné le besoin de données scientifiques, fiables et précises, avant de féliciter les Nations Unies pour leur communication sur la COVID-19, en particulier la campagne Verified annoncée par le Secrétaire général en avril 2020. 

Se félicitant de la stratégie de communication globale des Nations Unies, le représentant a tout de même alerté d’une fracture numérique qui a considérablement augmenté pendant la pandémie, notamment entre pays développés et en développement.  Il a souhaité que le DCG prenne des mesures pour combler cet écart.  Il l’a aussi exhorté à continuer de communiquer activement sur l’importance de la solidarité pour lutter contre les impacts socioéconomiques de la pandémie et générer une coopération internationale efficace, avec un accent particulier sur les besoins des plus vulnérables.  De même, a-t-il ajouté, nous encourageons le Département à continuer d’utiliser une approche inclusive pour relever les défis posés par la désinformation. 

Le représentant a jugé que le multilinguisme contribue à la réalisation des objectifs de l’ONU, tels qu’énoncés à l’Article 1 de la Charte.  À cet égard, il a encouragé une couverture multilingue de l’information et des initiatives favorisant la diffusion universelle de la langue portugaise.  À ses yeux, il est primordial de garder à l’esprit que le multilinguisme est un catalyseur de la diplomatie multilatérale et qu’il participe à la promotion des valeurs des Nations Unies.  Dans cet esprit, il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur de l’installation d’un centre d’information de l’ONU à Luanda, en tant que contribution aux besoins des pays africains de langue portugaise. 

Mme YUANCHUN MA (Chine) a noté qu’au cours de l’année écoulée, la pandémie de coronavirus s’est doublée d’une pandémie de désinformation.  Face à cette menace, s’est-elle félicitée, le DCG a riposté activement aux fausses nouvelles et aux discours de haine et racistes, tout en faisant entendre la voix de l’ONU.  Pour la représentante, cette année 2021 est cruciale pour assurer la reprise économique et faire face aux retombées de la crise.  Elle a donc espéré que la communauté internationale renforcera sa solidarité et sa coopération afin de mettre la vie et la science au premier plan. 

S’agissant des travaux du Département dans la période à venir, la déléguée a souhaité qu’ils portent sur les programmes prioritaires des Nations Unies.  Selon elle, la communication onusienne doit se centrer sur la mise en œuvre de la riposte à la COVID-19 et en particulier sur la distribution équitable des vaccins et le relèvement durable des économies.  De plus, le Département doit continuer de faire montre de professionnalisme dans sa communication et lutter contre les fausses nouvelles, la haine et le racisme.  Il doit en outre approfondir sa coopération avec les États Membres afin de mieux informer le grand public.  Enfin, a-t-elle ajouté, le Département doit renforcer le multilinguisme en promouvant l’utilisation sur un pied d’égalité des six langues officielles de l’ONU, y compris le chinois.  À cet égard, elle a appelé à une augmentation des moyens de communication en chinois afin de permettre aux publics sinophones de mieux connaître les activités de l’ONU. 

Pour Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), il ne fait pas de doute que la peur, l’incertitude et la prolifération de fausses nouvelles, dans de nombreux cas, ont sapé les réponses nationales et mondiales à la pandémie.  Cela a alimenté les théories de la conspiration et fourni des opportunités à ceux qui cherchent à exploiter ce moment sans précédent pour promouvoir la haine et aggraver les divisions sociales.  Cette « infodémie » n’est pas seulement un défi pour la lutte contre la pandémie, mais aussi un défi mondial qui met en péril la sécurité et le développement de nombreux pays et sociétés.  C’est la raison pour laquelle la représentante a salué l’initiative du DCG pour renforcer la confiance et lutter contre la désinformation par le biais de sa campagne Verified.  Malgré les effets néfastes de la désinformation, la valeur de la communication stratégique ne peut être sous-estimée, a poursuivi la représentante expliquant que le Bangladesh en a fait l’expérience: alors que sa campagne de vaccination avançait lentement aux premiers stades, une campagne médiatique et des activités de sensibilisation continues ont permis de vacciner environ 11 millions de personnes à ce jour.

Passant ensuite aux recommandations relatives au travail du DCG, la représentante a commencé par l’inviter à collaborer davantage avec la communauté scientifique et intellectuelle.  Il devrait également collaborer davantage avec les organisations sociales et les médias sociaux pour lutter contre toute « infodémie », en particulier dans les situations de crise.  Le Bangladesh a aussi demandé au DCG d’intensifier davantage la campagne Verified et de la promouvoir localement avec l’aide des bureaux de pays des Nations Unies.  Les milieux d’affaires et autres acteurs doivent être encouragés à donner une nouvelle vie à cette campagne, a estimé la représentante.  Dans le même ordre d’idées, elle a soutenu l’expansion de la campagne Only Together qui cherche à promouvoir un accès équitable aux vaccins.  Elle a suggéré au Département d’étendre sa portée numérique à différents publics grâce à une utilisation innovante de plateformes numériques. 

La représentante a également demandé au DCG de développer des stratégies de communication plus efficaces et intégrées en vue de mettre en évidence les contributions individuelles des pays contributeurs de troupes et de police de manière équitable, et lutter contre la propagande anti-ONU, en coordination avec les départements et missions sur le terrain.

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a salué la « démarche créative » adoptée par le DCG afin de continuer son travail dans les conditions difficiles imposées par la pandémie.  Elle s’est félicitée de l’axe de communication retenu s’agissant de l’accès équitable au vaccin et a souligné l’importance de la campagne Verified.  Le fossé numérique s’est creusé pendant la pandémie, a-t-elle dit, en appelant à le combler.  Elle a encouragé la DCG à mettre l’accent, dans ses campagnes de communication, sur l’apport des pays contributeurs de troupes.  Elle a salué les campagnes de communication du DCG visant les jeunes, estimant aussi que la publication de contenus dans 123 langues, y compris le braille, est digne d’éloges.  Elle a reconnu que les difficultés budgétaires peuvent entraver le plein respect du multilinguisme mais le DCG devrait néanmoins trouver des moyens de financement innovants.  Elle a suggéré l’idée de solliciter des contributions volontaires, avant d’appeler de ses vœux un système de l’information plus juste et plus équitable.

M. DANIEL PRADA JIMÉNEZ DE CISNEROS (Espagne) s’est réjoui que le DCG ait été en mesure de transformer son travail en un temps record pour se positionner comme « référent communicationnel » face à une crise sanitaire sans précédent, et ce, sans négliger ses autres priorités, notamment la promotion du Programme 2030.  Il a estimé à cet égard que le multilinguisme, valeur fondamentale de l’ONU, joue un rôle clef dans la communication de cette feuille de route.  Il a également exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général pour le message qu’il a prononcé vendredi dernier à l’occasion de la Journée de la langue espagnole, dans lequel il a présenté l’espagnol comme un outil de travail essentiel de l’Organisation et un élément indispensable au succès du multilatéralisme. 

Tout en reconnaissant les bonnes pratiques du Département en matière de multilinguisme, le représentant a jugé qu’il y a « moyen de les améliorer ».  Prenant des exemples récents, il a déploré que les informations sur le concert virtuel organisé pour la célébration de la Journée de la langue espagnole et de la langue anglaise n’aient été disponibles qu’en anglais sur le site de l’ONU.  Également la semaine dernière, a-t-il encore regretté, les informations sur le débat de haut niveau consacré à la sécurité urbaine et à la bonne gouvernance, organisé par le Président de l’Assemblée générale et auquel des États Membres hispanophones, dont l’Espagne, ont participé, étaient uniquement en anglais et continuent de l’être sur le site de l’Organisation. 

À la lumière de ces exemples, a-t-il souligné, nous rappelons que le multilinguisme au sein du Département doit être « transversal et intégral ».  Il ne s’agit pas de traduire des informations, mais bien d’avoir des équipes multilingues reflétées sur le site et sur les réseaux sociaux, qui constituent la « véritable porte d’entrée » pour ceux qui essaient de savoir ce que les Nations Unies apportent au monde. 

Évoquant ensuite les rapports du Secrétaire général sur l’activité du Département, le représentant s’est félicité de l’évolution des outils de communication, observant notamment avec un intérêt particulier les données relatives à la langue espagnole, qui continuent d’afficher une « tendance très positive ».  Il a donc réitéré sa demande au Département de « corriger » l’écart entre la demande et l’offre de contenus en espagnol.  Il a également appelé à une répartition plus équilibrée des ressources allouées à chacune des langues officielles afin que l’ONU puisse mieux s’adapter à ses publics.

M. SUPRIYANTO SUWITO (Indonésie) a dénoncé la prolifération d’informations erronées depuis le début de la pandémie et salué les efforts du DCG pour la combattre.  « L’infodémie », qui peut être aussi dangereuse que la pandémie, exige une réponse collective, a-t-il dit, en saluant la campagne Verified pour y faire pièce.  Le délégué a souligné l’importance du multilinguisme et invité le DCG à l’intégrer dans toutes ses activités.  Le DCG devrait également user des langues locales pour se rapprocher des populations locales.  Il a rappelé que la langue indonésienne est parlée par 270 millions de personnes et encourager le DCG à nouer des contacts plus étroits avec les organisations régionales.  Il a ainsi indiqué qu’un partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pourrait permettre d’atteindre 650 millions de personnes.  Le délégué a aussi encouragé le DCG à mettre l’accent, dans ses campagnes de communication, sur l’apport des pays contributeurs de troupes.  Il faut lutter contre la propagande anti-ONU qui peut conduire à des attaques contre les Casques bleus, a dit le délégué, avant de plaider également pour une solution au fossé numérique qui s’est creusé pendant la pandémie.

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