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Chypre : le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de l’UNFICYP et invite les parties à appliquer de nouvelles mesures de renforcement de la confiance

8827e séance – matin
CS/14589

Chypre : le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de l’UNFICYP et invite les parties à appliquer de nouvelles mesures de renforcement de la confiance

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger jusqu’au 31 janvier 2022 le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), et rappelle qu’il importe de parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique. 

En adoptant à l’unanimité la résolution 2587 (2021), le Conseil de sécurité invite instamment les parties à convenir et à appliquer de nouvelles mesures de renforcement de la confiance pouvant contribuer à un environnement propice au règlement, y compris des mesures liées à la coopération militaire, économique et commerciale et des mesures reposant sur les travaux des comités techniques. 

Il demande notamment aux deux dirigeants de l’île de fournir le soutien politique et l’encadrement nécessaires pour permettre aux comités techniques de travailler efficacement et sans entraves et à intensifier les échanges avec lesdits comités afin de veiller à une coordination et à une coopération efficaces sur les questions qui concernent l’ensemble de l’île. 

Les deux dirigeants sont également appelés à améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit en diffusant des messages « plus constructifs et plus cohérents », notamment en encourageant plus explicitement les contacts et la coopération intercommunautaires. 

Le Conseil de sécurité déplore par ailleurs que les organisations de femmes et les jeunes ne participent toujours pas de manière véritable au processus de règlement, et demande aux dirigeants des deux parties de soumettre au Secrétaire général, avant le 15 décembre 2021, un plan d’action pour renforcer la participation pleine, égale et véritable des femmes aux pourparlers de paix. 

En outre, il recommande instamment que les deux parties et les autres acteurs concernés établissent, avec le concours de l’UNFICYP, une proposition acceptable relative à la création d’un mécanisme efficace en vue de contacts militaires directs, déplorant l’absence de progrès en la matière. 

En vertu de ce texte, le Conseil de sécurité accueille favorablement l’instauration d’un dialogue entre les parties et l’ONU qui a abouti à la réouverture des points de passage le 4 juin, et invite les dirigeants à poursuivre leur coopération dans ce sens et à revenir à la situation opérationnelle qui existait pour les points de passage avant le 29 février 2020. 

Sur le plan militaire, le Conseil de sécurité se déclare vivement préoccupé par les violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, par les empiètements signalés par les deux parties dans la zone tampon et par les risques qui y sont associés, ainsi que par la multiplication des constructions non autorisées qui entravent les activités de la Force et portent atteinte aux pouvoirs qui lui sont dévolus. 

Aux termes de cette résolution, le Conseil de sécurité rappelle par ailleurs le statut de Varosha ainsi que la déclaration de son président qui a déploré vivement les mesures unilatérales qui étaient contraires aux résolutions et déclarations antérieures concernant Varosha et demandé que l’on revienne immédiatement sur les mesures qui ont été annoncées ainsi que sur toutes les mesures qui avaient été prises concernant Varosha depuis octobre 2020. 

LA SITUATION À CHYPRE (UNFICYP) (S/2021/634)(S/2021/635)

Texte du projet de résolution (S/2021/687)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général, en date du 9 juillet 2021, sur sa mission de bons offices à Chypre (S/2021/634) ainsi que son rapport sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2021/635), et soutenant sans réserve le travail accompli par le Secrétaire général et le fait qu’il reste prêt à user de ses bons offices pour aider les parties,

Soulignant que c’est principalement aux Chypriotes qu’il appartient de trouver une solution et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir d’urgence à un règlement global et durable du conflit à Chypre et de la question de la division de l’île,

Accueillant favorablement le travail accompli par le Secrétaire général et son équipe pour organiser la réunion informelle rassemblant les cinq parties plus l’ONU à laquelle les dirigeants des deux communautés chypriotes et les puissances garantes ont participé à Genève du 27 au 29 avril, et notant avec regret qu’il n’a pas été possible de trouver un terrain d’entente suffisant au cours de cette réunion qui aurait permis la reprise des négociations officielles,

Soutenant sans réserve l’action que mène le Secrétaire général, notant qu’il importe de faire preuve d’ouverture et de souplesse et d’être prêt à faire des compromis de sorte qu’un terrain d’entente soit trouvé et que les négociations officielles puissent reprendre et demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, notamment le paragraphe 4 de sa résolution 716 (1991),

Soulignant que le statu quo n’est pas viable, que la situation sur le terrain n’est pas statique et que l’absence d’accord aggrave les tensions politiques et contribue à éloigner les deux communautés l’une de l’autre, risquant ainsi de provoquer des changements irréversibles sur le terrain et de réduire les perspectives d’un règlement,

Prenant note de l’apaisement des tensions en Méditerranée orientale concernant l’exploration d’hydrocarbures, demeurant convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes et pour la région un règlement global et durable, et demandant, comme l’a déjà fait le Secrétaire général, que l’on évite toute nouvelle escalade,

Rappelant la déclaration de son président (S/PRST/2021/13), qui a condamné l’annonce faite le 20 juillet 2021 par les dirigeants turcs et les dirigeants chypriotes turcs sur la question de Varosha et demandé que l’on revienne immédiatement sur les mesures annoncées ainsi que sur toutes celles qui avaient été prises concernant Varosha depuis octobre 2020, réaffirmant le statut de Varosha tel qu’il l’a défini dans de précédentes résolutions, rappelant qu’aucune action contraire à ces résolutions ne devrait être entreprise concernant Varosha, et soulignant qu’il importe d’éviter toute mesure unilatérale susceptible d’attiser les tensions sur l’île et de compromettre les perspectives d’un règlement pacifique,

Rappelant également sa résolution 1325 (2000) et toutes ses résolutions connexes, considérant que la participation active, égale et réelle des femmes et le fait qu’elles jouent un rôle moteur sont essentiels à la consolidation de la paix à Chypre et contribueront à assurer la viabilité de tout règlement futur, se félicitant des efforts déployés pour faire se rencontrer un plus grand nombre de femmes parties prenantes des deux camps, prenant note de l’étude d’impact socioéconomique tenant compte des questions de genre lancée le 17 février 2020, attendant avec intérêt l’application complète et rapide des recommandations issues de ladite étude et encourageant les parties à faire en sorte que les besoins et les perspectives des femmes soient pris en compte dans un règlement futur,

Rappelant en outre sa résolution 2250 (2015) et ses résolutions connexes, dans lesquelles il s’est dit conscient que les jeunes apportaient une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et, singulièrement, pour ce qui était de la stabilisation, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix, et encourageant par ailleurs la participation pleine, égale et véritable des jeunes au processus,

Prenant note des mesures prises par les deux communautés pour enrayer la propagation de la COVID-19 et en atténuer les effets, déplorant les conséquences que les mesures prises par les parties de façon non coordonnée pour l’essentiel ont eu sur les contacts bicommunautaires, accueillant favorablement la réouverture de tous les points de passage et encourageant un retour à la situation qui régnait au 29 février 2020 en ce qui concernait les passages,

Se déclarant préoccupé par la détérioration de l’ordre public à Pyla, et exhortant les deux parties à continuer de collaborer avec la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) afin de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre les activités criminelles,

Réaffirmant l’importance des mesures de confiance et de leur mise en œuvre rapide et encourageant les parties à envisager de nouvelles mesures de renforcement de la confiance en matière militaire,

Demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour promouvoir les contacts intercommunautaires, la réconciliation et la participation active de la société civile, en particulier des femmes et des jeunes et constatant que des contacts et une communication véritables entre toutes les parties améliorent les perspectives de règlement, sont dans l’intérêt de tous les Chypriotes et aident à régler les questions qui intéressent toute l’île, notamment les questions relatives aux migrations, à la santé, à la criminalité et à la protection de l’environnement et les problèmes liés aux effets néfastes des changements climatiques,

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire de maintenir en activité l’UNFICYP au-delà du 31 juillet 2021,

Se félicitant des mesures prises à ce jour pour renforcer les capacités de liaison et de dialogue de la mission, notant que, dans la perspective du règlement de la situation, il importe d’établir des plans de transition et soulignant qu’il est nécessaire d’examiner régulièrement toutes les opérations de maintien de la paix, dont l’UNFICYP, afin d’en assurer l’efficacité et l’efficience,

Remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à l’UNFICYP et prenant note des contributions volontaires que le Gouvernement chypriote et le Gouvernement grec ont continué de verser pour financer la Force,

Remerciant de leurs efforts le Secrétaire général, sa Représentante spéciale, Elizabeth Spehar, et la haute fonctionnaire de l’Organisation, Jane Holl Lute,

1.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier sa résolution 1251 (1999) et rappelle qu’il importe de parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, notamment le paragraphe 4 de sa résolution 716 (1991);

2.    Appuie pleinement l’action menée par le Secrétaire général et la décision prise par les parties d’organiser prochainement une nouvelle série de pourparlers informels et souligne à quel point il importe que les parties et tous les participants concernés abordent ces négociations dans un esprit d’ouverture, de flexibilité et de compromis et fassent preuve de la volonté politique et de la détermination nécessaires pour négocier librement un règlement mutuellement acceptable sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;

3.    Prend note de l’apaisement des tensions en Méditerranée orientale, souligne qu’il convient de régler les différends de façon pacifique et dans le respect du droit international et invite en outre les dirigeants des deux communautés chypriotes et toutes les autres parties à s’abstenir de tout acte ou propos susceptible de compromettre les chances de succès;

4.    Rappelle sa résolution 2561 (2021) et demande aux deux dirigeants:

a)    de fournir le soutien politique et l’encadrement nécessaires pour permettre aux comités techniques de travailler efficacement et sans entraves, de leur donner les moyens de présenter des propositions pour examen afin de renforcer les contacts intercommunautaires et d’améliorer la vie quotidienne de tous les Chypriotes, et de prendre en considération les conseils de la mission de bons offices du Secrétaire général en ce qui concerne les autres moyens de renforcer l’action et d’améliorer les résultats des comités techniques;

b)    d’intensifier les échanges avec les comités techniques afin de veiller à une coordination et à une coopération efficaces sur les questions qui concernent l’ensemble de l’île, notamment en mettant judicieusement à profit les compétences des comités techniques bicommunautaires chargés de la santé, des questions pénales, de la gestion des crises, des affaires humanitaires et des questions économiques;

c)    de veiller à une coordination et à une coopération efficaces en matière pénale;

d)    de promouvoir l’éducation pour la paix sur l’ensemble de l’île, notamment en donnant au Comité technique de l’éducation les moyens d’appliquer les recommandations figurant dans son rapport conjoint de 2017, en particulier celles relatives aux prises de décision, et de lever les obstacles à la paix en procédant à une évaluation conjointe des supports scolaires, dont les manuels, de manière à renforcer la confiance entre les communautés, domaine dans lequel il n’y a toujours pas eu de progrès;

e)    d’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit au moyen de messages publics sur l’avenir, en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents, notamment en encourageant plus explicitement les contacts et la coopération intercommunautaires et en apportant un appui direct aux initiatives individuelles de renforcement des liens entre les populations, et en s’abstenant de tout acte ou discours qui risquerait de faire dérailler le processus de règlement ou d’en entraver la réussite;

f)    d’aider davantage la société civile à participer aux efforts de paix et de lui garantir un rôle véritable, en particulier en renforçant la participation des organisations de femmes et de jeunes au processus, et de faire en sorte que les recommandations issues de l’étude d’impact socioéconomique tenant compte des questions de genre soient appliquées afin de lever les obstacles existants et de garantir que tout accord de paix futur profitera de façon plus égale aux femmes et aux hommes à Chypre;

5.    Déplore que les organisations de femmes et les jeunes ne participent toujours pas de manière véritable au processus de règlement, demande aux dirigeants des deux parties de soumettre au Secrétaire général, avant le 15 décembre 2021, un plan d’action, en coordination avec le Comité technique de l’égalité des sexes, pour renforcer la participation pleine, égale et véritable des femmes aux pourparlers de paix et soutenir directement et encourager les organisations de la société civile de façon à améliorer les contacts intercommunautaires et à renforcer la confiance, prie le Secrétaire général de faire figurer ce plan d’action dans son rapport sur sa mission de bons offices, prend note de la demande du Secrétaire général concernant la présence d’au moins 30 % de femmes dans les délégations et exhorte les parties à s’attacher à garantir la participation pleine, effective et égale des femmes et la prise en compte des questions de genre dans un éventuel processus de reprise des négociations;

6.    Déplore l’absence de progrès dans la création d’un mécanisme efficace en vue de contacts militaires directs entre les deux parties et tous les acteurs concernés, recommande instamment que les deux parties et les autres acteurs concernés établissent, avec le concours de l’UNFICYP, une proposition acceptable relative à la création d’un tel mécanisme et demande qu’il soit mis en œuvre, dans les meilleurs délais;

7.    Demande aux parties de réduire les obstacles existants aux contacts intercommunautaires, souligne l’importance d’une communication effective pour l’atténuation des risques et le renforcement de la confiance entre les communautés, et invite instamment les parties à convenir et à appliquer de nouvelles mesures de renforcement de la confiance pouvant contribuer à un environnement propice au règlement, y compris des mesures liées à la coopération militaire, économique et commerciale et des mesures reposant sur les travaux des comités techniques ;

8.    Accueille favorablement l’instauration d’un dialogue entre les parties et l’Organisation des Nations Unies, qui a abouti à la réouverture des points de passage le 4 juin, invite les dirigeants à poursuivre leur coopération dans ce sens et à revenir à la situation opérationnelle qui existait pour les points de passage avant le 29 février 2020, et note que depuis 2003 l’ouverture des points de passage constitue une importante mesure de renforcement de la confiance entre les deux communautés, qui est essentielle pour parvenir à un règlement;

9.    Salue les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre et engage toutes les parties à continuer de coopérer avec le Comité, notamment en lui donnant immédiatement libre accès à toutes les zones et en répondant sans délai aux demandes d’archives concernant d’éventuels lieux d’inhumation ;

10.   Appuie pleinement l’UNFICYP et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 janvier 2022;

11.   Se déclare vivement préoccupé par les violations du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, par les empiètements signalés par les deux parties dans la zone tampon et par les risques qui y sont associés, ainsi que par la multiplication des constructions non autorisées, dont il est fait état aux paragraphes 12 à 17 du rapport du Secrétaire général, qui entravent les activités de la Force et portent atteinte aux pouvoirs qui lui sont dévolus;

12.   Exhorte les parties et tous les acteurs concernés à respecter les pouvoirs dévolus à l’UNFICYP dans la zone tampon et la délimitation de celle-ci, réaffirme l’importance qu’il y a à ce que les parties appliquent les dispositions de l’aide-mémoire de 2018 de l’Organisation des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans la zone tampon, prie le Secrétaire général de lui signaler, ainsi qu’aux pays fournisseurs de contingents, tous actes privant la Force des moyens de s’acquitter de son mandat, demande aux deux parties de respecter l’intégrité de la zone tampon, de démanteler toutes les constructions non autorisées et d’empêcher les activités militaires ou civiles non autorisées à l’intérieur de cette zone et le long des lignes de cessez-le-feu, et exhorte les deux parties à prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de la Force;

13.   Demande de nouveau à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire qui existait avant le 30 juin 2000 et réaffirme qu’il importe de respecter la liberté de circulation de l’UNFICYP;

14.   Rappelle le statut de Varosha, tel que défini dans les résolutions pertinentes, dont les résolutions 550 (1984) et 789 (1992), ainsi que la déclaration de son président (S/PRST/2021/13), qui a déploré vivement les mesures unilatérales qui étaient contraires aux résolutions et déclarations antérieures concernant Varosha et demandé que l’on revienne immédiatement sur les mesures qui ont été annoncées ainsi que sur toutes les mesures qui avaient été prises concernant Varosha depuis octobre 2020, et réaffirme qu’il importe de respecter la liberté de circulation de l’UNFICYP;

15.   Invite instamment les dirigeants des deux communautés à se mettre d’accord et à continuer d’appliquer un plan de travail pour rendre l’île de Chypre exempte de mines, de façon à progresser rapidement en ce qui concerne le déminage des 29 zones de l’île qui demeurent potentiellement dangereuses;

16.   Prie l’UNFICYP de prendre pleinement en considération les questions de genre dans l’ensemble de son mandat et prie le Secrétaire général et les pays fournisseurs de contingents et de forces de police d’augmenter le nombre de femmes dans la Force et de veiller à la participation pleine, effective et réelle des femmes en uniforme et des civiles aux activités de la Force à tous les niveaux et dans toutes les fonctions, y compris à des postes d’encadrement de haut niveau et de donner suite aux autres dispositions de la résolution 2538 (2020);

17.   Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rappelle que dans ses résolutions 2378 (2017) et 2436 (2018), il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix soient utilisées pour améliorer le fonctionnement des missions, notamment les décisions portant sur le déploiement, la remédiation, le rapatriement et les mesures incitatives, se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en uniforme des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui facilite la pleine exécution des mandats et qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, demande à l’Organisation de l’appliquer à l’UNFICYP comme indiqué dans la résolution 2436 (2018) et note les efforts consentis par le Secrétaire général pour mettre au point un système complet d’évaluation de la performance;

18.   Prie le Secrétaire général de continuer de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour s’assurer que tout le personnel de l’UNFICYP, civil et en uniforme, y compris les membres de l’équipe de direction et le personnel d’appui, respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé des progrès faits par la mission à cet égard, notamment en lui rendant compte du début des mesures prises comme suite aux examens de l’application de sa résolution 2272 (2016), des échéances convenues à cet égard et des résultats obtenus, souligne qu’il faut prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à sa résolution 2272 (2016), et demande instamment aux pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police de continuer de prendre des mesures préventives appropriées, notamment le contrôle des antécédents de tous les membres du personnel et l’organisation d’activités de sensibilisation avant le déploiement et en cours de mission, et de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement, notamment en ouvrant rapidement des enquêtes conjointement avec l’UNFICYP, selon qu’il conviendra, en poursuivant les auteurs et en rapatriant les unités concernées lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation et d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique;

19.   Prie le Secrétaire général de lui présenter d’ici au 3 janvier 2022 un rapport sur sa mission de bons offices, notamment sur les progrès accomplis pour parvenir à un point de départ consensuel en vue de négociations constructives, axées sur les résultats et qui aboutissent à un règlement, engage les dirigeants des deux communautés à tenir la mission de bons offices du Secrétaire général informée, par écrit, des mesures qu’ils ont prises à l’appui des dispositions de la présente résolution après son adoption, en particulier en ce qui concerne les paragraphes 6, 7 et 9, en vue de parvenir à un règlement global et durable, prie également le Secrétaire général de faire figurer les informations ainsi reçues dans son rapport sur sa mission de bons offices et le prie en outre de lui présenter un rapport d’ici au 3 janvier 2022 sur la suite donnée à la présente résolution, en se fondant sur une analyse produite au moyen du Système complet de planification et d’évaluation de la performance qui couvrira toutes les composantes de la mission, et de le tenir informé de l’évolution de la situation, en fonction des besoins;

20.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité face a l’impact des 11 jours de violences du mois de mai dans le Territoire palestinien occupé

8826e séance – matin
CS/14588

Le Conseil de sécurité face a l’impact des 11 jours de violences du mois de mai dans le Territoire palestinien occupé

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, de nombreux appels à l’action urgente au niveau économique, humanitaire et politique dans le Territoire palestinien occupé qui subit les conséquences de l’escalade de 11 jours de violence du mois de mai 2021.  Outre le défi de la reconstruction, une grande majorité de délégations a appelé à saisir l’opportunité qui s’offre pour ouvrir une nouvelle page sur le dossier israélo-palestinien, à condition que les parties s’abstiennent de toute mesure unilatérale, que l’on puisse consolider la cessation des hostilités à Gaza et améliorer la gouvernance palestinienne. 

Illustrant l’impact du conflit du mois de mai, Mme Lynn Hastings, Coordonnatrice spéciale adjointe pour le processus de paix au Moyen-Orient et Coordonnatrice des Nations Unies pour les activités humanitaires dans le Territoire palestinien occupé, a indiqué que les dommages à Gaza sont estimés à entre  290 et 380  millions de dollars, et les pertes économiques à près de 200 millions de dollars, tandis que les besoins de relèvement et de reconstruction à court terme se situeraient entre  345 et 485  millions de dollars.  S’agissant des besoins humanitaires, elle a précisé que seuls 45  millions des 95  millions de dollars sollicités par l’appel éclair humanitaire de l’ONU du mois de mai ont été obtenus. 

Face à ce constat, elle a jugé que le Mécanisme trilatéral de reconstruction de Gaza, qui regroupe le Gouvernement israélien, l’Autorité palestinienne et les Nations Unies - établi en 2014 et géré par le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) reste le mieux placé pour permettre l’entrée et la livraison d’un large éventail d’importations essentielles en provenance d’Israël. 

La Coordonnatrice spéciale adjointe s’est aussi inquiétée de la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne, et a souligné qu’une coopération renforcée entre Israël et l’Autorité palestinienne est cruciale pour relever les défis financiers en suspens sur des dossiers budgétaires et économiques clefs.  À son instar, de nombreuses délégations ont par ailleurs appelé l’Autorité palestinienne à diligenter une enquête sur la mort, le 24 juin, du militant politique Nizar Banat. 

Tout en se disant préoccupée par le niveau record atteint cette année en matière de démolitions et de confiscations de structures palestiniennes –113 structures détruites dans la zone C de la Cisjordanie occupée et 16 à Jérusalem-Est, déplaçant 177 Palestiniens et affectant 1 934 autres- la France s’est voulu confiante en notant que les derniers échanges entre Israéliens et Palestiniens montrent une volonté de reprendre le dialogue de part et d’autre.  La délégation a appelé à matérialiser cette volonté par des « petits pas » réciproques visant à rétablir la confiance et a jugé vital que les parties s’abstiennent de toute mesure unilatérale pour permettre ce nouveau départ et éviter un nouvel embrasement. 

À ce sujet, la Norvège a relevé que la tenue, au début du mois, d’une réunion du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens avait été suivie, pour la première fois depuis plusieurs années, d’un contact direct entre le Gouvernement israélien et le Président Abbas. 

Sur le même ton, la Fédération de Russie a appelé la communauté internationale à « ne pas s’assoupir au milieu du cessez-le-feu en cours », pour relancer au plus vite les négociations directes palestino-israéliennes sur toutes les questions relatives au statut final.  À cette fin, il a plaidé pour une consolidation des efforts internationaux, notamment par le biais du Quatuor pour le Moyen-Orient, avant de saluer le rôle joué par l’Égypte dans la médiation actuelle des problèmes intrapalestiniens 

Après avoir souligné l’attachement de son pays à la solution des deux États et son rejet des initiatives visant à stigmatiser Israël dans les forums des Nations Unies, les États-Unis ont exhorté les deux parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de tout acte de provocation - dont les démolitions de maisons, les expulsions, et toutes formes d’incitation à la violence. 

Militant pour une Jérusalem « équitable et durable », la Directrice exécutive de l’organisation Ir Amim a dénoncé que les droits et libertés dont elle bénéficie en tant que citoyenne israélienne ne sont pas accordés aux 350 000 habitants palestiniens qui représentent 40% de la population de Jérusalem.  Mme  Yudith Oppenheimer a fustigé les politiques de discrimination des autorités israéliennes –dont la confiscation de terres et la construction de colonies, le déni de citoyenneté et de droits politiques– visant à affaiblir la présence palestinienne et déstabiliser les conditions d’un règlement basé sur une solution des deux États. 

Réagissant à ces propos, le représentant d’Israël a estimé que demander à une « militante d’extrême gauche » de faire un exposé devant le Conseil sur la situation à Jérusalem est « aussi absurde que de demander à un représentant des Gilets jaunes de commenter les décisions politiques du Gouvernement français », notant que la population arabe de Jérusalem a augmenté de plus 400% depuis 1967 et que 100 000 musulmans ont pu prier en paix à Al-Aqsa pendant le Ramadan alors que les fidèles juifs ne peuvent pas en faire autant. 

Le délégué israélien a assuré que son gouvernement s’emploie à dépasser un « passé de fondamentalisme et de haine » pour se projeter dans un avenir d’espoir.  Or, a-t-il déploré, le Hamas et l’Iran s’opposent à cet avenir meilleur et font tout pour que le Moyen-Orient reste coincé dans les conflits et la « diabolisation d’Israël ». 

Face à ceux qui veulent faire croire que la paix est possible en marginalisant le peuple palestinien et en maintenant l’occupation de Jérusalem, l’Observateur permanent de la Palestine a exhorté, pour sa part, à maintenir un sentiment d’urgence pour aller de l’avant, prévenant que « la seule alternative à la paix est l’apartheid des deux côtés de la ligne verte ».

« La bataille pour la paix sera gagnée ou perdue sur le terrain en mettant fin à l’annexion et à l’occupation galopantes et en défendant les droits des palestiniens », a martelé l’Observateur permanent qui, parmi les raisons d’espérer, a notamment cité: une administration américaine qui adhère au consensus international; une communauté internationale qui partage la clarté sur l’objectif des deux États; et la multiplication d’acteurs, d’États, d’entreprises, de fonds et d’organisations faisant la distinction entre le territoire de la Puissance occupante et le Territoire occupé. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Mme LYNN HASTINGS, Coordonnatrice spéciale adjointe pour le processus de paix au Moyen-Orient et Coordonnatrice des Nations Unies pour les activités humanitaires dans le Territoire palestinien occupé, a attiré l’attention sur l’impact économique des 11 jours de conflits du mois de mai qui ont exacerbé la crise humanitaire et affaibli gravement l’économie de Gaza.  Elle a indiqué que selon une « Évaluation rapide des dommages et des besoins », publiée le 6 juillet par l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne, les dommages à Gaza sont estimés à entre  290 et 380  millions de dollars, et les pertes économiques à près de 200 millions de dollars.  Les besoins de relèvement et de reconstruction à court terme se situeraient entre  345 et 485  millions de dollars, a-t-elle ajouté, avant de préciser que 45  millions des 95  millions de dollars sollicités par l’appel éclair humanitaire de l’ONU du mois de mai ont été obtenus. 

Mme Hastings a indiqué que les livraisons de carburant ont repris le 28  juin via le point de passage de Kerem Shalom et que l’électricité est désormais disponible 14  heures par jour à Gaza.  En outre, les autorités israéliennes ont étendu la zone de pêche de Gaza de 6 à 12  milles marins et levé des restrictions à l’importation et à l’exportation de certaines marchandises.  Cependant, le 25  juillet, la zone de pêche a de nouveau été restreinte à six milles marins, suite au lancement de ballons incendiaires depuis la bande. 

Face à ce constat, Mme Hastings a jugé essentiel qu’Israël mette en œuvre des mesures supplémentaires pour permettre l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire.  Elle a prévenu que la capacité de l’ONU et de ses partenaires à effectuer des interventions critiques est menacée, tout comme la fourniture de services de base, les moyens de subsistance des populations et l’économie de Gaza au sens large.  Dans ce contexte, elle a estimé que le Mécanisme pour la reconstruction de Gaza, qui regroupe le Gouvernement israélien, l’Autorité palestinienne et les Nations Unies, reste le mieux placé pour permettre l’entrée et la livraison responsable d’un large éventail d’importations essentielles en provenance d’Israël.  

En outre, elle a appelé Israël à assouplir les restrictions sur la circulation des biens et des personnes à destination et en provenance de Gaza.  « Le Hamas et d’autres groupes armés doivent arrêter le lancement d’engins incendiaires, de roquettes et de mortiers et cesser le recrutement de militants », a insisté Mme Hastings.  Elle a par ailleurs prévenu que tout avenir durable à Gaza nécessite des solutions politiques et a souligné la nécessité du retour d’un gouvernement palestinien légitime dans la bande de Gaza. 

Poursuivant, la Coordonnatrice spéciale adjointe s’est inquiétée de la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne, citant un déficit budgétaire escompté de plus d’un milliard de dollars pour l’année budgétaire en cours, alors que les autorités israéliennes ont gelé, le 11  juillet, 600  millions de shekels provenant des recettes de dédouanement qu’Israël collecte au nom de l’Autorité palestinienne.  Une coopération renforcée entre Israël et l’Autorité palestinienne est cruciale pour relever les défis financiers en suspens sur des dossiers budgétaires et économiques clefs, a-t-elle estimé. 

Mme Hastings a ensuite fait le point sur la violence qui s’est poursuivie dans tout le Territoire palestinien occupé lors de la période considérée.  Elle a notamment indiqué que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont tiré 18 missiles contre ce qu’elles ont qualifié de cibles du Hamas dans la bande de Gaza, en représailles du lancement de 13  ballons incendiaires vers Israël.  « En Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, des affrontements, des attaques, des opérations de recherche et d’arrestation et d’autres incidents ont fait quatre morts parmi les Palestiniens, dont un enfant, et blessé 638  Palestiniens, dont 46 enfants et 7  femmes », a dit Mme Hastings en précisant que cinq membres du personnel de sécurité israéliens ont été blessés lors de ces événements. 

Elle a aussi indiqué que le 18 juillet, des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et les FDI dans et aux alentours des lieux saints, avant l’arrivée de centaines de visiteurs juifs observant la commémoration de Tisha Beav.  Pendant ce temps, des colons et d’autres civils israéliens en Cisjordanie occupée ont perpétré quelque 36 attaques contre des Palestiniens, faisant 13  blessés, et les Palestiniens ont perpétré 47  attaques contre des colons israéliens et d’autres civils, faisant huit blessés.  Le 26 juin, des colons ont attaqué des Palestiniens dans le village de Mgheïr, près de Ramallah.  Les forces israéliennes sont intervenues, blessant 18  Palestiniens. 

La Coordonnatrice spéciale adjointe a également indiqué que la mort, le 24 juin, du militant politique Nizar Banat a été suivie de manifestations, certaines ayant été réprimées violemment, notamment le 26  juin et le 5  juillet à Ramallah.  Elle a appelé l’Autorité palestinienne à veiller à ce que la mort de Nizar Banat et toutes les allégations de recours à une force disproportionnée contre des manifestants par les forces de sécurité palestiniennes fassent l’objet d’une enquête approfondie, transparente et indépendante et que les responsables soient tenus de rendre des comptes. 

Passant aux activités de peuplement, Mme Hastings a indiqué que le 2  juillet, une cinquantaine de familles de colons israéliens ont quitté l’avant-poste illégal d’Evyatar.  Selon l’accord conclu avec le Gouvernement israélien, a-t-elle expliqué, l’administration civile israélienne procédera à un relevé du cadastre pour déterminer le statut des terres.  Les zones qui n’appartiennent pas à des Palestiniens seront déclarées « terre de l’État » et mises à disposition pour la construction d’une école religieuse et d’une résidence pour le personnel.  Toutes les structures existantes trouvées en dehors des « terres de l’État » seront démolies. 

En outre, Mme Hastings a indiqué que les autorités israéliennes ont démoli ou saisi 113  structures appartenant à des Palestiniens dans la zone  C de la Cisjordanie occupée et 16 à Jérusalem-Est, déplaçant 177  Palestiniens et affectant 1 934 autres.  « Les démolitions ont été effectuées en raison du manque de permis de construire délivrés par les Israéliens, qui sont presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens », a-t-elle précisé avant de citer aussi la démolition de 31  structures dans la communauté bédouine de Homsa el-Bqaiaa.  Au cours de la période considérée, les forces israéliennes ont aussi confisqué au moins 49 structures dans la communauté d’éleveurs de Ras al-Tin, entraînant le déplacement de 84  Palestiniens.  Face à ce constat, elle a exhorté Israël à cesser la démolition et la saisie de biens palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire. 

En ce qui concerne la région dans son ensemble, Mme Hastings a indiqué que dans le Golan occupé, le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie a été généralement maintenu malgré les violations continues de l’Accord sur le dégagement de 1974 par les parties.  Au Liban, l’ONU réitère la nécessité d’une enquête impartiale et transparente sur l’explosion du port de Beyrouth le 4  août 2020, et attend avec impatience la formation rapide d’un nouveau gouvernement capable de faire face aux crises du pays, suite de la nomination de M. Najib Miqati au poste de Premier Ministre désigné le 26  juillet.  Mme Hastings s’est par ailleurs inquiétée de la crise de trésorerie de l’UNRWA et d’un déficit prévu de 100  millions de dollars.  Elle a exhorté tous les donateurs, y compris ceux de la région arabe, à maintenir les niveaux de financement des années passées afin d’éviter une interruption des services essentiels et de l’aide humanitaire. 

Enfin, Mme Hastings a fait savoir que suite aux violences explosives du mois de mai, quelque 200  organisations féminines et militantes israéliennes et palestiniennes ont publié une déclaration commune appelant à une action immédiate, basée sur les principes de la résolution  1325 du Conseil de sécurité, pour trouver une issue au conflit.  Elle a expliqué que cette déclaration souligne l’importance particulière de protéger les femmes contre toutes les formes de violence et d’assurer leur représentation aux postes de décision, et appelle à des efforts plus larges vers une solution négociée et à long terme, « et pas seulement un calme temporaire ». 

Mme  YUDITH OPPENHEIMER, Directrice exécutive de l’organisation IrAmim, a dit avoir grandi à Jérusalem et y avoir élevé ses enfants.  Elle a expliqué que son éducation juive orthodoxe a approfondi sa compréhension du rôle profond que jouent la religion et la tradition dans le processus d’attachement à la ville.  « Jérusalem est dans tous les sens du terme ma maison, mais aussi la maison des nombreux Palestiniens qui vivent aux côtés d’Israéliens comme moi », a-t-elle confié, estimant que c’est précisément cette diversité qui rend Jérusalem « si extraordinaire », mais aussi ce qui la transforme en une « arène de conflit aigu ».  Elle a dit avoir rejoint pour cette raison Ir Amim, une organisation israélienne qui envisage une Jérusalem équitable et durable.  « Ir Amim » signifie « ville des peuples », a-t-elle indiqué, avant de constater que les droits et libertés dont elle bénéficie en tant que citoyenne israélienne ne sont pas accordés aux 350 000 habitants palestiniens de Jérusalem, qui représentent aujourd’hui près de 40% de sa population. 

Depuis l'occupation de 1967 et l'annexion unilatérale de Jérusalem-Est, les autorités israéliennes ont utilisé un système de politiques discriminatoires pour affaiblir l'emprise palestinienne sur la ville, a souligné Mme Oppenheimer.  Ces politiques, a-t-elle précisé, ont inclus la confiscation de terres et la construction de colonies, le déni de citoyenneté et de droits politiques, les révocations de résidence permanente, la fourniture insuffisante de services et de sévères restrictions sur la planification et la construction à Jérusalem-Est.  À ses yeux, cela viole non seulement les droits individuels et collectifs des Palestiniens à Jérusalem, mais contrevient également aux résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016), et déstabilise les conditions d'un règlement basé sur une solution à deux États, avec deux capitales à Jérusalem. 

Pour Mme Oppenheimer, la récente escalade des tensions dans la région a encore souligné le rôle central de Jérusalem dans le conflit. En effet, le principal déclencheur des affrontements a été la pression continue visant à saper les droits des Palestiniens à Jérusalem, comme en attestent l'érosion du statu quo sur le Mont du Temple/Haram al-Charif, la fermeture arbitraire de la place de la Porte de Damas pendant le Ramadan, les expulsions de familles palestiniennes et les destructions de maisons. Ces dernières années, ces mesures ont considérablement augmenté, entraînant des déplacements d’une ampleur sans précédent, a-t-elle alerté, indiquant que quatre communautés palestiniennes de Jérusalem-Est, à Cheikh Jarrah, Batan el-Haoua, Al Bustan et Al Walajeh, comptant environ 3 000 Palestiniens, sont simultanément sous la menace imminente d'une expulsion massive. Beaucoup de ces familles ayant épuisé leurs recours juridiques, cette situation pourrait conduire à une vague dévastatrice d'expulsions et de démolitions dans les mois à venir, a encore averti la Directrice exécutive d’Ir Amim. 

Au-delà des implications géopolitiques, a poursuivi Mme Oppenheimer, ces mesures violent gravement les droits des Palestiniens au logement et à la vie familiale et communautaire en tant que groupe minoritaire protégé par le droit international. Si le Gouvernement israélien présente ses actions comme légitimes dans le cadre de ses institutions démocratiques et légales, ces mêmes institutions sont largement inaccessibles aux Palestiniens de Jérusalem-Est qui sont dépourvus de droits politiques et du pouvoir de participer aux processus législatifs et politiques qui régissent leur vie, a-t-elle fait valoir. 

Après avoir détaillé l’ampleur des expulsions et démolitions auxquelles sont confrontés les Palestiniens de Jérusalem, Mme Oppenheimer a rappelé que le Ministre israélien des affaires étrangères, M. Yair Lapid, a récemment déclaré que tout doit être fait pour qu’aucune mesure ne soit prise qui empêche la possibilité d'une paix à l'avenir, ce qui passe par l’amélioration de la vie des Palestiniens. En écho à ces propos, elle a souhaité que le Gouvernement israélien soit exhorté à cesser immédiatement toutes les démolitions et expulsions de familles palestiniennes; à faire progresser une planification urbaine appropriée et des politiques de logement équitables à Jérusalem-Est; à assurer la prestation de services justes et adéquats pour tous les résidents de la ville; à sauvegarder les droits des deux peuples à leurs maisons et à la ville; et enfin à s'engager avec l’Autorité palestinienne, soutenue par la communauté internationale, pour favoriser les conditions d'un règlement durable du conflit israélo-palestinien, conformément à la résolution 2334.  Ces éléments, a-t-elle conclu, doivent constituer une base de négociation vers une solution viable, étant entendu que les deux peuples continueront à vivre côte à côte à Jérusalem. 

À ceux qui invitent les Palestiniens à faire fi du passé et à se concentrer sur l’avenir, M. RIYAD H. MANSOUR (État Observateur de Palestine), a déclaré que les dépossessions, les déplacements, les dénis de droits ne pouvaient être acceptés comme une perpétuelle réalité.  Le représentant a dit qu’il ne pouvait accepter une situation qui voit des enfants tués dans leurs maisons, dans leurs écoles, dans les rues, être arrêtés dès l'âge de 5 ou 6 ans, ou craindre d’être expulsés de chez eux dès le jour de leur naissance.  « À Jérusalem, à Gaza, dans tous les coins de notre pays, c’est la réalité à laquelle parents et enfants sont confrontés », a-t-il décrié avant de juger indispensable d’aborder l’avenir en examinant les moyens de changer cette triste réalité des enfants palestiniens.  

« La bataille pour la paix sera gagnée ou perdue sur le terrain en mettant fin à l’annexion et à l’occupation galopantes et en défendant les droits des palestiniens », a-t-il martelé avant d’exhorter les parties à traduire en pratique leur attachement à la paix.  Il a souligné que l’occupation et la paix s’excluent mutuellement et que mettre fin à l’occupation est le seul moyen de faire avancer la paix.  L’alternative à la paix, a-t-il ensuite prévenu, est l’apartheid des deux côtés de la ligne verte. 

Face à la poursuite de l’annexion et aux tentatives de faire croire que la paix est possible en ignorant ou en marginalisant le peuple palestinien et que Jérusalem puisse rester occupée pour toujours, l’Observateur de la Palestine a exhorté à maintenir un sentiment d’urgence et générer une dynamique pour aller de l’avant.  Parmi les raisons d’espérer, M. Mansour a notamment cité la résilience du peuple palestinien; une administration américaine qui adhère au consensus international; une communauté internationale qui partage la clarté sur l’objectif des deux États; et la multiplication d’acteurs, d’États, d’entreprises, de fonds et d’organisations faisant la distinction entre le territoire de la Puissance occupante et le Territoire occupé. 

Il a regretté que le Conseil a montré ses limites en temps d’agression et de guerre, avant d’appuyer la proposition russe de convoquer le Quatuor au niveau ministériel.  Répondant à ceux qui ont dit que la nouvelle génération palestinienne était désespérée et qu’elle pouvait coexister avec l’occupation tant que ses besoins étaient pourvus, M. Mansour a déclaré que cette génération fait preuve de courage et qu’elle a déjà vaincu l’occupation en surmontant la peur et le désespoir.  « Cette génération mérite votre soutien même lorsqu’elle ne s’y attend peut-être plus après des années de déception », a-t-il dit avant de souligner le symbole fort que représentante la participation d’une équipe de la Palestine aux Jeux Olympiques.  Il a ensuite prévenu que le droit à l’autodétermination est un droit auquel le peuple palestinien ne renoncera pas. 

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a commencé par rappeler qu’il y a deux semaines, les Émirats arabes unis ont ouvert une ambassade à Jérusalem.  De plus, a-t-il dit, nous allons bientôt célébrer le premier anniversaire des Accords d’Abraham, qui ont conduit à la normalisation des relations entre Israël et quatre États arabes.  Les temps sont en train de changer, et ce, « même sans l’implication du Conseil de sécurité » et « peut-être parce que le Conseil de sécurité n’est pas impliqué », a observé le représentant, assurant que son pays s’emploie à dépasser un « passé de fondamentalisme et de haine » pour se projeter dans un avenir d’espoir.  Or, le Hamas et l’Iran s’opposent à cet avenir meilleur et font tout pour que le Moyen-Orient reste coincé dans les conflits et la « diabolisation d’Israël », a-t-il constaté.  Selon lui, les milliers de roquettes lancées en mai dernier par le Hamas contre des civils israéliens étaient une réaction à l’annonce de l’annulation des élections par l’Autorité palestinienne.  Le Hamas a trouvé cette « excuse » pour agresser Israël et renforcer sa popularité aux dépens de l’Autorité palestinienne, a-t-il accusé, avant de demander aux membres du Conseil s’ils accepteraient de tels agissements de la part d’une organisation terroriste. 

Dans ce contexte, a poursuivi le délégué, le Conseil de sécurité fait comme si la seule question en jeu concernait les « fausses prétentions palestiniennes » au sujet de Jérusalem.  Si ce n’était pas le cas, pourquoi entendrait-t-il une « militante d’extrême gauche » qui oublie que la population arabe de Jérusalem a augmenté de plus 400% depuis 1967 et que 100 000 musulmans ont pu prier en paix à Al-Aqsa pendant le Ramadan alors que les fidèles juifs ne peuvent pas en faire autant, s’est-il interrogé.  À ses yeux, demander à cette militante de faire un exposé devant le Conseil est « aussi absurde que de demander à un représentant des Gilets jaunes de commenter les décisions politiques du Gouvernement français ». 

De fait, M. Erdan a estimé que les débats d’aujourd’hui pourraient conduire à renforcer l’influence du Hamas à Jérusalem et dans les milieux palestiniens.  S’adressant à l’Observateur de l’État de Palestine, il lui a fait remarquer que son gouvernement « reste bloqué dans le passé ».  Plutôt que de résoudre les problèmes, l’Autorité palestinienne consacre ses efforts à attaquer Israël et à inciter au terrorisme, a-t-il martelé, dénonçant au passage la création par le Conseil des droits de l’homme d’une commission d’enquête internationale sur les violations commises lors des récents affrontements entre son pays et le Hamas. Cette « histoire de commission d’enquête » est non seulement un « gaspillage » mais aussi un « travestissement de la justice ».  Alors que les forces du « régime » s’en prennent brutalement à des manifestants et à des journalistes, l’Autorité palestinienne continue d’accuser Israël, a observé le représentant, regrettant que cette approche ait conduit cette dernière à refuser le transfert de plus d’un million de doses de vaccin contre la COVID-19.  Préférant « la haine plutôt que le bien-être de sa population », l’Autorité palestinienne a prétexté que ces doses allaient expirer, ce qui est faux, a-t-il martelé. 

Le délégué a ensuite demandé au Conseil si une ONG israélienne pourrait venir dénoncer les agissements des dirigeants palestiniens.  Selon lui, le fait d’adopter le point de vue d’extrémistes et de donner une tribune à ceux qui veulent que la région reste bloquée dans le passé est une « erreur ».  Évoquant la crise hydrique qui sévit au Liban et en Iran, il a assuré qu’Israël serait heureux de faire bénéficier ces pays de son expertise en la matière, comme il l’a fait pour d’autres, notamment pour la Jordanie.  Ouvrir des perspectives de coopération présente de grands avantages pour la région, mais certains pays ne s’intéressent pas à la construction d’un avenir meilleur, a-t-il noté, non sans accuser l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire.  Il a rappelé à cet égard que l’AIEA a récemment annoncé que ce pays entend produire de l’uranium métal enrichi jusqu’à 20%.  De surcroît, a-t-il ajouté, l’Iran s’emploie à déstabiliser des pays comme le Yémen et le Liban, mène des attaques aux drones contre la Jordanie et a essayé il y a quelques jours d’enlever une journaliste irano-américaine aux États-Unis.  Que fera-t-il une fois qu’il aura accès à l’arme nucléaire, a interrogé le représentant, s’étonnant que cette question ne figure pas dans les discussions d’aujourd’hui.  L’Iran essaie de kidnapper ses opposants et, avec le Hezbollah, c’est tout le Liban qu’il kidnappe, au mépris des résolutions du Conseil, a-t-il asséné, accusant Téhéran d’aider cette organisation à obtenir des systèmes de guidage précis et d’autres armes avancées.  Dans ces conditions, « pourquoi le Conseil de sécurité et l’Union européenne ne considèrent-ils pas le Hezbollah comme une organisation terroriste? »  Qualifiant d’inacceptable le tir, la semaine dernière, de roquettes depuis le champ opérationnel aérien de la FINUL, il a souhaité que le prochain renouvellement du mandat de cette mission soit l’occasion de contraindre le Hezbollah à cesser ses activités dans le sud du Liban. 

Ces sujets devraient être au centre de la réunion d’aujourd’hui, a-t-il insisté.  Or, le Conseil s’efforce d’encourager l’extrémisme des Palestiniens et de mettre à l’index l’État hébreu.  Ainsi, a-t-il déploré, on incite les ennemis d’Israël à se radicaliser et on encourage le boycott, soi-disant pour des motifs humanitaires.  Revenant à la question de Jérusalem, le délégué a souligné que le lien millénaire entre Israël et sa capitale ne peut être nié.  Israël s’engagera toujours en faveur de la liberté de tous les peuples et religions dans la Ville sainte et maintiendra le statu quo sur les lieux saints, a-t-il affirmé.  « Mais nous n’accepterons jamais la diabolisation de notre droit à Jérusalem ».  Quant au processus de paix, il a jugé que les pressions du Conseil « n’apportent pas solution ».  D’après lui, seules des négociations bilatérales permettront de progresser et Israël aura toujours « une main tendue pour ceux qui veulent la paix et l’amitié ». 

LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné l’attachement de son pays à une solution à deux États ainsi que son rejet des efforts visant à distinguer Israël dans les forums des Nations Unies.  Elle a exhorté les deux parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de tout acte de provocation - y compris les démolitions de maisons, les expulsions, l’incitation à la violence et l’indemnisation des personnes emprisonnées pour des actes de violence.  Nous espérons nous associer avec Israël et l’Autorité palestinienne pour maintenir le calme et éviter que les points chauds, comme Jérusalem, n’attisent la situation.  À mesure que la récente vague de violence s’estompe, elle a appelé à honorer les engagements à fournir une aide humanitaire et à soutenir les efforts de redressement à Gaza. 

La représentante a ensuite indiqué que les États-Unis ont signé, il y a deux semaines, un cadre pour la coopération avec l’UNRWA lequel définit des attentes et des indicateurs pour renforcer la transparence et la responsabilisation de l’Office.  Les États-Unis ont une tolérance zéro pour les manifestations d’antisémitisme, de racisme ou d’autres formes de haine au sein des agences des Nations Unies, et cela inclut l’UNRWA, a-t-elle dit avant de faire état de la promesse de 136 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire - portant son total pour 2021 à 318 millions de dollars.  Dans ce contexte, elle a appelé les autres États membres, en particulier ceux de la région du Golfe, à accroître leur soutien. 

Mme Thomas-Greenfield s’est par ailleurs déclarée préoccupée par les récentes informations faisant état de l’usage de la force par l’Autorité palestinienne pour restreindre la liberté d’expression parmi les militants et les organisations de la société civile.  Elle a appelé à enquêter sur les circonstances de la mort du militant Nizar Banat.  Elle a par ailleurs plaidé pour la restitution des dépouilles des soldats israéliens tués au combat à Gaza, ainsi que pour le retour des civils israéliens qui y sont détenus. 

M. NAGARAJNAIDU (Inde) a exhorté les parties à faire montre de retenue et souhaité un allègement des mesures de restriction à Gaza.  Il a souligné la nécessité d’un relèvement rapide de Gaza et exhorté les bailleurs de fonds internationaux à l’appuyer.  Le délégué indien a dénoncé les tendances négatives sur le terrain qui sapent les acquis et éloignent toujours plus la solution des deux États.  Il a dénoncé l’expulsion de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, ainsi que les heurts autour de la mosquée Al-Aqsa.  Le statu quo autour des lieux saints doit être préservé, a-t-il souligné.  Enfin, le représentant a exhorté les Palestiniens et les Israéliens à s’atteler à la réalisation de ladite solution, estimant que celle-ci passe nécessairement par la reprise de négociations directes. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a souligné les risques d’affrontement majeurs entre Palestiniens et Israéliens et dénoncé les récentes démolitions par Israël d’habitations palestiniennes qui ont conduit au déplacement de 108 personnes, dont 52 mineurs.  Il a exhorté Israël à respecter les territoires occupés palestiniens et à prendre des mesures pour inverser les tendances négatives sur le terrain.  Le délégué mexicain a par ailleurs appelé l’Autorité palestinienne à garantir la liberté de manifestation et à faire la lumière sur la mort du militant Nizar Banat.  Il a également souhaité que celle-ci fixe une date pour la tenue des élections.  Le représentant a ensuite condamné les lancements de ballons incendiaires en direction d’Israël depuis Gaza, ainsi que les tirs depuis le sud du Liban.  Il a enfin jugé encourageants les contacts récemment noués par Israël avec la Jordanie, l’Égypte et la Turquie et souhaité une reprise des négociations de paix pour briser le cycle de la violence. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a indiqué qu’en sa capacité de Présidente du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, la Norvège avait convoqué, au début du mois, une réunion pour faire le point sur la situation financière critique de l’Autorité palestinienne, ainsi que sur les besoins humanitaires et de développement en Palestine, en particulier à Gaza.  Elle s’est félicitée du fait que l’issue de la réunion a été marquée par un contact direct entre le Gouvernement israélien et le Président Abbas pour la première fois depuis plusieurs années.  Elle a aussi salué l’intention de reprendre les réunions du Comité, notant que celui-ci est le seul forum où les parties et les donateurs se réunissent pour aider à jeter les bases d’un État palestinien dans la perspective de la solution des deux États. 

Notant que la situation économique et financière de la Palestine est particulièrement grave, la représentante a appelé la communauté internationale à travailler avec les parties pour renforcer l’économie palestinienne et améliorer les conditions socioéconomiques.  Une Autorité palestinienne forte est cruciale pour assurer la fourniture de services au peuple palestinien et le développement à la fois en Cisjordanie et à Gaza, a-t-elle souligné.  Et une Autorité palestinienne forte est une Autorité bien financée, qui fonctionne bien, qui est responsable et qui bénéficie d’une légitimité démocratique et d’un soutien populaire. 

La représentante a ensuite pris note des progrès enregistrés par les parties en ce qui concerne le système e-vat, les importations en porte-à-porte, les programmes de travail contre rémunération et l’accès des travailleurs palestiniens à Israël.  Elle a exhorté à résoudre les problèmes techniques qui demeurent en suspens et qui pourraient générer des revenus supplémentaires pour l’Autorité palestinienne.  Mme Juul s’est par ailleurs préoccupée de la poursuite des activités de peuplement, citant notamment les démolitions répétées au sein de la communauté bédouine de Homsa el-Bqaiaa et les projets de construction à Givat Hamatos qui isoleront Bethlehem et le sud de la Cisjordanie de Jérusalem-Est. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est déclaré inquiet par la poursuite des violences dans le Territoire palestinien occupé, en particulier en Cisjordanie.  Dans ce contexte, il a exhorté Israël à s’abstenir de recourir à une force excessive, en particulier à des balles réelles contre des civils.  Il a également appelé à la fin des actes de provocation qui ne font qu’aggraver les divisions entre Israéliens et Palestiniens.  Pour le représentant, il importe également de s’attaquer aux causes profondes de cette situation.  Évoquant l’incident survenu la semaine dernière dans l’avant-poste illégal d’Evyatar, près de Naplouse, il y a vu un exemple typique de la façon dont les activités de colonisation peuvent déclencher la violence.  Il a donc enjoint à Israël de mettre immédiatement fin à ces activités et à défendre et respecter l’importance historique et le statu quo des lieux saints de Jérusalem. 

Le délégué a aussi regretté l’absence de progrès dans le processus de paix.  Après les efforts qui ont permis de parvenir à un cessez-le-feu, il a jugé impératif de maintenir un niveau d’attention similaire pour les mesures à long terme.  Il s’est ainsi félicité des récents signaux positifs ouvrant la voie au dialogue et a exhorté les dirigeants de toutes les parties concernées à agir d’urgence pour revitaliser le processus de paix.  Saluant les initiatives qui tendent vers un règlement juste, global et durable, il a indiqué que le Viet Nam continue de soutenir la solution des deux États.  À ses yeux, les enfants ont le plus souffert de ces décennies de violence sans fin.  Pour éviter que cette tragédie traverse les générations, il a appelé les autorités compétentes et la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre fin à la violence, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et contribuer à la reconstruction pour soulager le sort du peuple palestinien.  

M. ABDOU ABARRY (Niger) a estimé que la perspective d’un retour de la paix semble s’éloigner davantage, laissant toujours planer le spectre de l’instabilité et de la violence.  Les tirs de ballons incendiaires en direction d’Israël, depuis Gaza, sont des actes qui doivent cesser, a-t-il dit.  « Cela est aussi vrai pour la politique effrénée de colonisation menée par Israël, depuis plusieurs décennies, dans les territoires palestiniens avec son lot incalculable de souffrances et de désolations. »  Il a dénoncé les récentes démolitions du 29 juin à Silwan, dans le quartier occupé d’Al-Bustan de Jerusalem-Est, ainsi que celles du 7 juillet dans le village bédouin de Homsa el-Bqaiaa situé dans la vallée du Jourdain.  C’est la poursuite de la colonisation, de l’injustice et de la discrimination à l’égard du peuple palestinien qui engendre le mécontentement, la révolte et la violence, a déclaré M. Abarry.  Le délégué a appelé la communauté internationale, « le Quartet », les membres du Conseil ainsi que les acteurs régionaux à continuer d’exercer la pression nécessaire en vue de parvenir à l’arrêt de tous les actes et pratiques qui mettent en péril la paix et la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens.  Enfin, il a exhorté Israël à plus de compassion à l’égard de la population de Gaza, en assouplissant ses mesures afin d’éviter la catastrophe qui se profile à l’horizon.  

M. SHUANG GENG (Chine) a noté que, deux mois après la fin des derniers affrontements, la situation reste précaire  dans les territoires palestiniens.  Il a également constaté une augmentation des actions violentes commises par Israël, qui ont entraîné la démolition de dizaines de structures palestiniennes et provoqué le déplacement de plus d’une centaine de Palestiniens.  Il s’est par ailleurs alarmé des violences survenues avant la fête de l’Aïd al-Adha près de la mosquée Al-Aqsa, qui ont exacerbé les tensions à Jérusalem.  Dans ce contexte, il a appelé Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, à cesser ses destructions de foyers palestiniens et à renoncer à sa politique de peuplement ainsi qu’à ses mesures de provocation contre les communautés musulmanes. Parallèlement, la communauté internationale doit renforcer son aide aux Palestiniens et soutenir notamment la reconstruction de Gaza, a-t-il plaidé, avant d’exhorter Israël à assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire et à lever son blocus contre Gaza. 

Le délégué a rappelé que son pays a toujours défendu les intérêts du peuple palestinien.  Le mois dernier, a-t-il indiqué, la Chine a formalisé une donation à l’UNRWA d’un million de dollars pour soutenir son programme alimentaire à Gaza. Elle poursuit également son aide directe aux Palestiniens, notamment via un don d’un million de doses de vaccin contre la COVID-19 et un partenariat avec l’Égypte pour la fabrication locale de vaccins destinés à la population palestinienne.  Il a par ailleurs noté que la solution des deux États fait l’objet d’un consensus international reposant sur la justice et l’équité.  Pour que cette solution devienne réalité, il a plaidé pour un renforcement des pouvoirs et des fonctions souveraines de l’Autorité palestinienne, une unification des factions palestiniennes et une reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens.  Il a enfin rappelé que la Chine est favorable à la tenue d’une conférence internationale dirigée par l’ONU avec la participation de toutes les parties prenantes au processus de paix. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a noté qu’en plus du fragile cessez-le-feu, des efforts se poursuivent pour faire avancer le processus de paix, notamment sous l’impulsion du Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies et des envoyés spéciaux du Quatuor pour le Moyen-Orient.  Dans ce contexte, il a exhorté toutes les parties à s’abstenir de la rhétorique et des actes de provocation qui contribuent à la poursuite des violences.  Condamnant fermement tous les attentats terroristes et actes propices au terrorisme commis par le Hamas, le Djihad islamique palestinien et d’autres groupes militants, le représentant a également exhorté le nouveau Gouvernement israélien à faire cesser les expulsions de familles palestiniennes de leurs domiciles à Cheikh Jarrah et Silwan, quartiers de Jérusalem-Est.  Il a par ailleurs estimé que la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) exige d’aborder la question des colonies et de la viabilité de la solution des deux États. 

Le délégué a réitéré en outre que l’isolement de certaines parties de la région de l’économie régionale et mondiale a des implications pour la paix et la sécurité de l’ensemble du Moyen-Orient.  Alors que débute la reconstruction de la bande de Gaza, il a souhaité que des mesures soient prises pour empêcher l’utilisation abusive et le détournement de l’aide par le Hamas et d’autres groupes.  Il a d’autre part souhaité que l’opérationnalisation rapide et sans entrave de l’accès humanitaire aux zones touchées prenne en compte la fragilité économique de Gaza et se fasse en coordination avec l’UNRWA.  Enfin, s’alarmant du faible taux de vaccination à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, alors que le nombre de cas de contaminations au variant Delta augmente, il a salué les efforts visant à assurer l’équité dans l’accès aux vaccins et aux soins médicaux. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que la priorité doit être de renforcer le cessez-le-feu et de fournir une aide humanitaire d’urgence à tous ceux qui en ont besoin.  Il a appelé les Israéliens et les Palestiniens à faire preuve de retenue et à éviter toute action unilatérale, notamment en mettant fin aux démolitions de maisons et aux expulsions.  Le représentant russe a également souligné l’impact continu de la pandémie de COVID-19 et appelé à une assistance globale des agences des Nations Unies au peuple palestinien sans conditions préalables, ni politisation.  Appelant la communauté internationale à ne pas s’assoupir au milieu du cessez-le-feu en cours, il a dit la nécessité de relancer au plus vite les négociations directes palestino-israéliennes sur toutes les questions relatives au statut final.  À cette fin, il a plaidé pour une consolidation des efforts internationaux, notamment par le biais du Quatuor pour le Moyen-Orient.  Il a également salué le rôle de l’Égypte dans la médiation actuelle des problèmes intrapalestiniens et a appelé ses collègues du Quatuor à tenir une réunion au niveau ministériel ainsi que des consultations dans un format élargi, avec la participation des États de la région. 

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a jugé essentiel que les parties au conflit continuent de respecter le cessez-le-feu et fassent tout leur possible pour éviter de nouvelles violences.  Dénonçant le lancement de ballons incendiaires vers Israël, il a rappelé que cet État a le droit de se défendre, tout en assurant la sécurité et la protection de sa population civile.  Le représentant a ensuite réitéré son appui aux efforts internationaux et régionaux visant à garantir une paix à long terme, permettre la reconstruction à Gaza et garantir un accès humanitaire sans entrave dans toute la bande.  Selon lui, les efforts doivent être poursuivis pour créer les conditions d’une reprise des négociations directes sur une solution des deux États fondée sur le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Dans cette attente, le délégué a exhorté le Gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne à prendre des mesures concrètes pour rétablir la confiance.  Il a estimé à cet égard que de nouveaux efforts coordonnés pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et renforcer la coopération économique profiteraient aux citoyens des deux parties.  Appelant par ailleurs toutes les parties à apaiser la situation, notamment en maintenant le statu quo des lieux saints, le représentant s’est dit préoccupé par l’expansion continue des colonies israéliennes, les expulsions et les démolitions de propriétés palestiniennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Celles-ci vont à l’encontre du droit international et aggravent un environnement déjà tendu, a-t-il fait valoir, avant de demander une enquête indépendante sur les circonstances de la mort du militant Nizar Banat, lors de son arrestation par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne à Hébron.  Enfin, il a encouragé toutes les parties concernées à soutenir les efforts visant à fixer une nouvelle date pour les élections palestiniennes et à garantir que ces scrutins soient libres, équitables et inclusifs. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a déclaré que les colons israéliens continuent de violer le statu quo sur les lieux saints, dont la mosquée Al-Aqsa, alors que les démolitions des maisons persistent.  Le représentant a exhorté la communauté internationale et le Conseil de sécurité à obliger Israël à cesser ses violations, ses activités de colonisation expansionnistes et toutes les actions qui compromettent l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient.  À cet égard, il a appelé à la fin de l’impunité.  Le Conseil doit jouer son rôle pour mettre fin à l’impasse dans le processus de paix, a-t-il dit, appelant le Quatuor pour le Moyen-Orient à aider à préparer les conditions de paix de manière à mettre fin à l’occupation et à établir un État palestinien.  

S’interrogeant sur la durée de cette occupation injuste, il a rappelé que le Conseil a clairement dénoncé cette situation il y a 54 ans.  « Le Conseil doit désormais veiller au respect des résolutions internationales, notamment en œuvrant à la réouverture des négociations », a-t-il estimé.  S’agissant de la situation humanitaire, il a déclaré que le niveau d’assistance doit être augmenté, à la lumière des besoins croissants, en particulier pendant la pandémie, et que l’UNRWA et son travail important doivent être soutenus.  Par ailleurs, il a fustigé toute tentative d’imposer un fait accompli qui menacerait la paix et la sécurité internationales. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a souligné qu’en tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de rétablir une vie civile normale pour tous les Palestiniens.  Elle a déploré que ces derniers mois, les tensions au sein de l’État de Palestine aient été attisées depuis l’extérieur, sapant les aspirations de son peuple.  Elle a appelé à consolider les efforts en faveur de la solution des deux États et estimé que l’activation du Quatuor pour le Moyen-Orient pour relancer les pourparlers et les négociations de paix est une priorité urgente. 

La représentante a ensuite rappelé l’illégalité des activités de peuplement et alerté de leur impact sur le « combat quotidien » des Palestiniens, avant de condamner, entre autres, les récentes démolitions dans la communauté bédouine de Homsa el-Bqaiaa.  Elle s’est aussi inquiétée de la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et a appelé à entamer sérieusement la reconstruction de la bande.  La communauté internationale doit fournir des fonds supplémentaires à l’UNRWA et Israël doit lever le blocus imposé à Gaza.  Mme King a ensuite appelé à appuyer l’appel du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 qui demande à la communauté internationale d’engager Israël à démanteler entièrement ses colonies illégales et à garantir la reddition de compte des dirigeants israéliens responsables de violations graves du droit international dans le Territoire palestinien occupé.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a noté à son tour que le cessez-le-feu conclu en mai reste fragile. Réaffirmant que toutes les actions unilatérales qui compromettent les perspectives d'une solution à deux États doivent être évitées, il a également souhaité que l’on s’attaque aux causes profondes du conflit israélo-palestinien. Alarmé par les tendances préoccupantes sur le terrain, il a condamné les démolitions et les saisies opérées dans des communautés de la zone C de la Cisjordanie occupée au début du mois.  Ce cycle inquiétant a de graves implications pour les communautés affectées, notamment les enfants, a-t-il souligné, avant d’exhorter Israël à mettre fin à ces destructions inutiles et à garantir l’accès humanitaire aux communautés dans le besoin, conformément à la quatrième Convention de Genève.  Il s’est par ailleurs déclaré préoccupé par les expulsions possibles de familles à Jérusalem-Est, notamment à Cheikh Jarrah et Silwan, jugeant impératif qu’elles n’aient pas lieu.  

Le représentant a ensuite réitéré l’appel de son pays à Israël pour qu’il cesse toute activité de colonisation dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est.  Il a aussi exprimé le soutien de l’Irlande à la commission d’enquête nommée par le Conseil des droits de l’homme.  S’agissant de la bande de Gaza, il a salué l’évaluation des dommages et des besoins effectuée par la Banque mondiale, l’ONU et l’Union européenne, tout en estimant qu’un programme de soutien intégré est essentiel pour une reconstruction et un relèvement durables.  Il a appelé à cet égard Israël à mettre fin à son blocus de Gaza et a souhaité que l’UNRWA, en tant que plus grande organisation internationale opérant dans ce territoire, soit soutenu.  

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a exhorté les parties à prendre les mesures nécessaires pour une désescalade des tensions.  Elle a condamné fermement les attaques indiscriminées du Hamas contre Israël.  Le Hamas et les autres groupes terroristes doivent cesser leurs tirs de roquette contre Israël.  La déléguée a ensuite indiqué que les activités de colonisation israéliennes sont un obstacle à la paix avant de rappeler l’illicéité des démolitions de structures palestiniennes au regard du droit international.  Elle a aussi déploré les expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, avant de se dire préoccupée par le nombre élevé de Palestiniens tués lors d’affrontements avec les forces israéliennes.  Elle a demandé que tout recours excessif à la force fasse l’objet d’une enquête approfondie afin de déboucher sur un établissement des responsabilités.  Le statu quo autour des lieux saints doit être préservé, a-t-elle insisté.  La déléguée a aussi souligné la nécessité de répondre aux besoins humanitaires à Gaza et de trouver une solution de long terme.  Il n’est pas trop tard pour inverser les tendances négatives et œuvrer à l’instauration d’une paix durable, a-t-elle conclu, en exhortant les parties à réaliser la solution des deux États. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit convaincu que seule la solution des deux États peut répondre aux aspirations des peuples israélien et palestinien et assurer la sécurité de tous et la stabilité de la région.  Il a appelé les membres de ce Conseil à ouvrir une nouvelle page sur le dossier israélo-palestinien.  « Les derniers échanges entre Israéliens et Palestiniens montrent une volonté de reprendre le dialogue de part et d’autre », a estimé le représentant avant d’appeler à matérialiser cette volonté par des « petits pas » réciproques visant à rétablir la confiance.  Pour ce faire, il a jugé vital que les parties s’abstiennent de toute mesure unilatérale pour permettre ce nouveau départ et éviter un nouvel embrasement.  « La France est à cet égard préoccupée par le niveau record atteint cette année encore en matière de démolitions et de confiscations de structures palestiniennes en zone C, dont certaines sont financées par la France et ses partenaires européens » a dit de Rivière, avant de condamner les nouvelles démolitions à Homsa el-Bqaiaa.  Il a aussi appelé Israël à suspendre les procédures d’éviction à Silwan et Sheikh Jarrah et à respecter le statu quo sur les lieux saints. 

En outre, le représentant de la France a estimé que l’apaisement des tensions passe aussi par une consolidation de la cessation des hostilités à Gaza, à travers des arrangements durables de cessez-le-feu qui permettent la reconstruction de Gaza et une plus grande liberté de mouvement des biens et des personnes, dont un plein accès humanitaire à l’ensemble des territoires palestiniens.  Il a aussi jugé nécessaire d’améliorer la gouvernance palestinienne en regrettant la décision du président Abbas de reporter les élections qui auraient permis de renouveler la légitimité démocratique des institutions palestiniennes.  Il a demandé à l’Autorité palestinienne de proposer un nouveau calendrier électoral dans les meilleurs délais.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée évalue les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique dans le cadre d’une pandémie de COVID-19 mettant à nu les fragilités du continent 

Soixante-quinzième session,
94e séance – matin
AG/12350

L’Assemblée évalue les progrès de la lutte contre le paludisme en Afrique dans le cadre d’une pandémie de COVID-19 mettant à nu les fragilités du continent 

L’Assemblée générale a évalué aujourd’hui les progrès dans la Décennie pour faire reculer le paludisme, particulièrement en Afrique, et dans le Nouveau partenariat pour le développement du continent dont les fragilités viennent d’être « mises à nu » par la pandémie de COVID-19, ont reconnu les six délégations qui ont pris la parole. 

Malgré une période de succès sans précédent dans la lutte contre le paludisme au niveau mondial, avec environ 1,5 milliard de cas et 7,6 millions de décès évités au cours des deux dernières décennies, il n’y a guère eu de progrès ces dernières années et de nombreux pays à forte charge de morbidité perdent du terrain, prévient l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le rapport qu’elle a soumis à l’Assemblée générale.  Selon les estimations, la maladie a causé 409 000 décès en 2019, contre 453 000 en 2015. 

L’OMS explique que l’efficacité des mesures visant à lutter contre le paludisme est évaluée sur la base des critères suivants: l’évolution de la charge de morbidité, l’accès aux principaux outils de lutte contre la maladie et les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs énoncés dans sa Stratégie technique mondiale 2016-2030 dont une version actualisée a été publiée au mois de juin dernier, en tenant compte de la pandémie de COVID-19 et des confinements et autres mesures de restriction qui ont entraîné des perturbations majeures des services essentiels de prévention, de dépistage et de traitement du paludisme.

La Stratégie technique mondiale vise à l’horizon 2025, à réduire d’au moins 75% les taux d’incidence et de mortalité et à éliminer le paludisme dans au moins 20 pays.  Il faut « les bons outils », a préconisé le Royaume-Uni, grand contributeur de la lutte contre ce fléau, avec 200 millions de dollars en 2019, après les États-Unis et leur 1,1 milliard de dollars.  L’OMS reconnaît en effet que dans de nombreux pays, cette lutte se heurte à la résistance des moustiques aux insecticides utilisés pour imprégner les moustiquaires et effectuer des pulvérisations intradomiciliaires à effet rémanent. 

L’Organisation donne tout de même une bonne nouvelle: le premier vaccin antipaludique au monde, connu sous le nom de RTS,S, est aujourd’hui administré à des centaines de milliers d’enfants africains au Ghana, au Kenya et au Malawi dans le cadre d’un programme pilote dont les données éclaireront une décision de principe concernant l’éventuel déploiement du vaccin à plus grande échelle en Afrique cette année, promet l’OMS qui n’oublie pas d’alerter sur l’insuffisance des fonds.

Pour pérenniser les acquis, l’OMS souligne qu’une approche multisectorielle du contrôle du paludisme, qui s’appuie sur les synergies avec d’autres priorités de développement, sera nécessaire pour optimiser les interventions, lutter contre les inégalités et s’attaquer aux déterminants plus généraux de la maladie. 

Le problème, a fait observer le Groupe des États d’Afrique, est que la pandémie de COVID-19 a « mis à nu » les fragilités du continent, comme en attestent la chute du PIB et la réduction de la marge de manœuvre budgétaire.  Cette pandémie a entravé les efforts visant à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Au nom du Groupe des 77 et la Chine, la Guinée a plaidé avec les autres pour un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 et la création de capacités de production en Afrique, ce qui requiert la levée des droits de propriété intellectuelle.  Le fossé en matière de vaccination doit être comblé, a martelé la Chine qui a exhorté la communauté internationale à respecter l’indépendance de l’Afrique et son droit de choisir librement son mode de développement.  

Cette année, dans son rapport sur la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, le Secrétaire général examine les difficultés de la prévention des conflits et du maintien de la paix d’un point de vue « souvent négligé », à savoir l’impact de la faiblesse ou de la défaillance des services publics, tant dans leur planification que dans leur prestation, comme source d’instabilité et moteur ou déclencheur potentiel des conflits. 

Il conclut en disant que la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable et la réalisation des aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine nécessiteront des mesures concrètes et audacieuses pour réduire les inégalités.  Il ajoute que la compréhension locale des relations entre la fourniture de services inclusifs et les menaces pour une paix durable doit guider le renforcement des partenariats multisectoriels et multipartites, dans le cadre d’une coordination et d’une hiérarchisation fortes des priorités, afin de concrétiser la vision de « l’Afrique que nous voulons ».

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique demain, jeudi 29 juillet, à partir de 10 heures, pour examiner le rapport de la Commission de consolidation de la paix et se prononcer sur plusieurs textes.

DÉCENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME EN AFRIQUE ET NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE

Pour son débat conjoint, l’Assemblée générale était saisie du rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) intitulé « Consolider les acquis et intensifier l’action menée contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, à l’horizon 2030 » (A/75/854); des Rapports du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/75/917) et (A/75/950); et du Rapport biennal du Secrétariat sur l’examen de la concrétisation des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique (A/75/964).

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LANG YABOU (Gambie) a estimé que ces rapports dressent un tableau pertinent des difficultés de l’Afrique.  Il a salué la meilleure utilisation des données statistiques, avant de mettre l’accent sur les progrès enregistrés par les pays africains sur la voie du développement durable.  Il a aussi attiré l’attention sur les 19 milliards que ces pays ont débloqués pour la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Plaidant pour un accès équitable aux vaccins, le représentant a reconnu l’importance du Mécanisme COVAX.  Estimant néanmoins qu’il ne suffira pas à charrier la quantité nécessaire des vaccins, il a milité pour des capacités de production sur le continent. 

L’Afrique, a-t-il dit, a vu ses fragilités mises à nu par la pandémie: chute du PIB et réduction de la marge de manœuvre budgétaire.  Ces phénomènes ont souligné la nécessité de mettre davantage l’accent sur le capital humain, de lever les droits de douane entre pays africains et d’obtenir l’augmentation de l’aide publique au développement (APD).  À ces impératifs, le représentant a ajouté le renforcement de la coopération fiscale pour lutter contre les flux illicites de capitaux.  « Cela doit être la priorité », a-t-il martelé, avant de plaider pour des efforts collectifs dans la réalisation des objectifs de développement durable et un partenariat plus robuste entre l’ONU et l’Union africaine.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a souligné à quel point les pays africains font des efforts « extrêmes » pour contenir et surmonter les répercussions de cette crise sanitaire mondiale qu’est la pandémie de COVID-19.  Cette crise a directement affecté la capacité de l’Afrique de réaliser les objectifs de développement durable, comme en attestent l’insécurité alimentaire, la pauvreté extrême, le chômage et la vulnérabilité aux changements climatiques dont souffrent plusieurs régions du continent.  L’Afrique, a martelé le représentant, face à des difficultés « nouvelles et émergentes » qui pourraient entraver son chemin vers le développement durable dans ses dimensions socioéconomiques et écologiques.  

La pandémie, a-t-il poursuivi, s’est ajoutée aux difficultés préexistantes liées au paludisme.  Dès le début de la pandémie, a-t-il affirmé, nous avons commencé à craindre que des mesures, telles que le confinement, ne perturbent considérablement les services sociaux, dont la détection et la prévention et le traitement du paludisme.  Nous devons faire plus contre cette maladie et réaliser l’objectif agréé de l’éliminer totalement.  Les entités de l’ONU doivent contribuer au renforcement des systèmes de santé car le bien-être des populations doit être au cœur du développement durable.

M. ERICK THOMAS (Royaume-Uni) a déploré les progrès inégaux dans la lutte contre le paludisme et le nombre important des décès.  Rappelant que son pays est un contributeur important dans cette lutte, il a insisté sur le fait que « chaque centime compte ».  Il a aussi insisté sur « les bons outils » dans la riposte contre le paludisme, notamment pour remédier à la résistance aux insecticides.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a souligné la solidarité entre l’Inde et l’Afrique en raison de leur passé colonial, du combat pour l’indépendance et des défis communs.  Nous sommes des continents très proches, a-t-il affirmé, en s’enorgueillissant du statut de son pays comme « partenaire stratégique » de l’Afrique dans tous les domaines, en particulier le développement économique et la lutte contre les changements climatiques, sans oublier la réforme des institutions internationales pour ménager une plus grande place à l’Afrique.  Le représentant a une nouvelle fois appuyé le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, reflétant la position africaine sur la réforme du Conseil de sécurité.  Il n’a pas manqué de souligner que des milliers de jeunes africains font leurs études en Inde et que l’Afrique reçoit 20% des produits pharmaceutiques fabriqués dans son pays.  L’Inde est aussi le principal pays contributeur de troupes aux missions de l’ONU en Afrique, a conclu le délégué.

À la lecture des rapports, M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a reconnu que beaucoup reste à faire pour que l’Afrique continue d’avancer de manière significative sur la voie de la paix et de la stabilité.  Il s’est attardé sur la défaillance des services sociaux et de la planification qui peuvent être, selon lui, une source d’instabilité et un vecteur potentiel de conflits.  Insistant ainsi sur le lien entre paix, sécurité et développement, le représentant a prévenu que les services publics sont aujourd’hui mis à rude épreuve par la pandémie de COVID-19, de même que tout le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a donc insisté sur un accès équitable aux vaccins et sur des capacités de production en Afrique, grâce à la levée des droits de propriété intellectuelle.  Il a souligné rôle « crucial » de l’Union africaine et de ses agences, insistant sur le principe des « solutions africaines aux problèmes africains » et exprimant son ferme appui au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique.  Il a conclu par un appel à l’allègement de la dette des pays africains parmi les questions « importantes » qui figurent dans deux projets de résolution.

Pour M. DAI BING (Chine), la paix et le développement en Afrique sont essentiels pour la prospérité du monde entier.  Ces dernières années, l’élan de solidarité et la coopération entre pays africains a continué de se renforcer.  Le représentant en a voulu pour preuve la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine.  Il a tout de même reconnu que les pays africains continuent de faire face à des problèmes d’instabilité et que la pandémie de COVID-19 a considérablement affecté leurs économies.  Il est dès lors jugé important d’aider ces pays, en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en favorisant des partenariats pour que l’Afrique puisse atteindre ses objectifs conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda 2063.  À son tour, le représentant a plaidé pour un accès équitable et abordable aux vaccins contre la COVID-19; « le fossé en matière de vaccination devant être comblé ».  Il a conclu en exhortant la communauté internationale à respecter l’indépendance de l’Africain et son droit à choisir librement ses modalités de développement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’ONU saluée pour avoir relevé « le défi logistique majeur » du retrait de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour

8825e séance – matin
CS/14587

Conseil de sécurité: l’ONU saluée pour avoir relevé « le défi logistique majeur » du retrait de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour

Près de huit mois après l’adoption de la résolution 2559 (2020), qui a mis un terme au mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions a informé, ce matin, le Conseil de sécurité du retrait effectif du personnel militaire et civil de la mission.  Seuls restent les effectifs qui participent à la liquidation des actifs et ceux qui ont constitué une unité de garde pour protéger la base logistique d’El-Fasher, a-t-il précisé.  Les membres du Conseil l’ont félicité pour avoir relevé ce « défi logistique majeur », alors qu’une mission politique spéciale, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a été créée pour une période étendue jusqu’au 3 juin 2022. 

M. Atul Khare a précisé que le retrait de la MINUAD a entraîné la fermeture et la remise de l’ancien quartier général et de 13 bases opérationnelles aux autorités locales dans les États du Darfour central, méridional et septentrional. Ces biens et équipements ont une valeur résiduelle estimée à 41 millions de dollars, a-t-il indiqué, avant de déplorer les destructions et vols signalés dans 10 des 14 sites, qui sont autant de « pertes majeures » pour les communautés concernées.  Les États-Unis ont avoué que maintenant que l’Opération hybride entre dans sa phase de liquidation, l’on ne peut s’empêcher d’être préoccupé par les risques sécuritaires pour le personnel de l’ONU et son matériel dans l’ancienne base logistique d’El-Fasher. 

Justement, le Secrétaire général adjoint a espéré pouvoir la céder progressivement aux autorités soudanaises à partir de novembre, si les conditions de sécurité sont remplies.  Il a ainsi relevé que ces infrastructures permettront à la population du Darfour de disposer de plus de 1 000 unités de logement, d’un établissement hospitalier, d’équipements de stockage, de purification et de distribution d’eau, d’un réseau de production et de distribution d’électricité, d’installations de traitement des eaux usées et d’un important dépôt de stockage de carburant.  Notre objectif commun est d’éviter que les 14 sites ne donnent lieu à une autre vague de violence et d’insécurité et de garantir une utilisation, à des fins civiles, des anciens biens de la MINUAD, ont martelé les États-Unis. 

Parlant précisément de la liquidation des actifs restants de l’Opération hybride, qui doit être achevée au plus tard le 30 juin 2022, M. Khare a fait état de deux phases distinctes: la première, du 1er juillet au 30 septembre, pour les ventes d’équipements à d’autres entités de l’ONU et à des ONG; la seconde, à partir du 1er octobre, pour les dons aux institutions gouvernementales et aux ONG connexes au Soudan.  Si du matériel de la MINUAD a déjà été transféré à d’autres opérations, il a assuré que l’essentiel de ces actifs restera au Soudan pour être remis aux autorités soudanaises.  Il a ajouté à cet égard que l’équipe de pays des Nations Unies et la MINUATS se sont engagés à aider le Gouvernement soudanais à identifier les impératifs durables qui profiteraient le mieux aux communautés locales. 

Ce processus de retrait a été unanimement salué par les délégations.  La France s’est félicitée que l’ONU ait su relever le « défi logistique majeur » que représentait une telle entreprise, tandis que l’Inde et le Mexique se réjouissaient que l’opération ait été achevée dans les délais, en un temps « exceptionnellement court », selon les mots des États-Unis.  Au nom des trois membres africains du Conseil (Niger, Kenya et Tunisie) et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie a applaudi la rétrocession de biens et d’installations de la « mission de paix la plus importante de l’histoire des Nations Unies » aux autorités soudanaises, souhaitant que ces derniers soient utilisés conformément à l’Accord-cadre signé le 4 mars dernier. 

La Norvège a invité la MINUATS et les autres entités du système des Nations Unies à apporter leur soutien aux autorités du pays pour garantir la protection des civils et la prévention des violations et abus des droits humains.  Une position partagée par l’Estonie, qui a insisté sur l’importance de cette protection après le départ de la MINUAD, à commencer pour les femmes, les enfants et les déplacés.  Même son de cloche du côté des États-Unis qui ont rappelé que les causes sous-jacentes de la violence au Darfour sont toujours là, comme en atteste la poursuite des violences intercommunautaires et des déplacements massifs.  Ils ont donc accueilli avec satisfaction le Plan national de protection des civils et enjoint les autorités soudanaises à entreprendre  un examen minutieux de la nouvelle Force mixte de protection pour le Darfour, mandatée par l’Accord de Djouba du 31 août 2020, pour que tous les protagonistes aient confiance en elle.  

La Chine a souligné l’importance de cette entente conclue en août dernier entre le Gouvernement de transition soudanais et les principaux groupes armés du Darfour, alors que le Soudan passe d’une opération de maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix.  Dans le même ordre d’idées, la Fédération de Russie s’est réjouie de la signature de l’Accord de paix entre le Gouvernement de transition et le Front révolutionnaire soudanais, tout en espérant qu’il sera paraphé par d’autres groupes armés.  La Fédération de Russie s’est dite convaincue que le travail de la MINUATS renforcera la capacité de Khartoum à stabiliser le Darfour et à promouvoir l’ordre public.  

Le Soudan a promis de poursuivre sa coopération avec l’ONU pendant la période de liquidation et s’appuiera sur la Force mixte mandatée par l’Accord de Djouba pour garantir la protection des civils.  Tout en rendant hommage aux contributions et sacrifices du personnel de l’Opération hybride au long de ses 13 ans d’existence, il s’est dit conscient des « défis résiduels » au Darfour. Notre gouvernement de transition travaillera en étroite collaboration avec la MINUATS pour les relever efficacement, a encore promis le Soudan. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, a annoncé tout d’abord que le Secrétariat a franchi l’étape initiale du retrait de tout le personnel en uniforme de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et du personnel qui n’a pas participé à sa liquidation, à l’exception des effectifs qui ont constitué l’Unité de garde autorisée par le Conseil.  Cette tâche a impliqué le rapatriement de près de 6 000 soldats et policiers, ainsi que le départ de près de 1 200 membres du personnel civil, tout en donnant lieu à une consultation avec les parties prenantes concernées pour garantir que le personnel en uniforme qui a exprimé le souhait de ne pas rentrer pour des raisons de protection internationale soit pris en charge par les autorités chargées des réfugiés du Gouvernement soudanais. 

M. Khare a précisé que le retrait a aussi entraîné la fermeture et la remise de l’ancien quartier général de la Mission et de 13 bases opérationnelles aux autorités locales, à des fins civiles, dans les États du Darfour central, méridional et septentrional, alors que le matériel de la MINUAD était récupéré et que l’assainissement de l’environnement était achevé.  Tout le personnel et les biens restants sont désormais regroupés au sein de la base logistique d’El-Fasher, à l’exception de petites composantes basées à Khartoum et à Port Soudan, a-t-il ajouté, avant de faire état de la visite qu’il a effectuée au Soudan du 6 au 15 juillet, la deuxième depuis la fin du mandat de l’Opération le 30 décembre 2020. 

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que tous les dirigeants qu’il a rencontrés lui ont fait part de leur satisfaction et ont discuté avec lui des moyens de résoudre les problèmes en suspens liés à la liquidation et aux implications plus larges de la transition.  Après avoir détaillé les modalités de retour ou de redéploiement du matériel appartenant aux différents contingents de l’ancienne Opération hybride, il a expliqué que l’Unité de garde, composée de 360  policiers des anciennes unités de police constituées d’Indonésie, du Népal et du Pakistan, est maintenue à El-Fasher pour assurer la sécurité intérieure du personnel et des biens restants des Nations Unies. 

M. Khare a ensuite indiqué que, depuis son dernier exposé au Conseil, l’Assemblée générale a approuvé un financement de 79  millions de dollars pour soutenir la liquidation de la MINUAD au plus tard le 30  juin 2022.  Il a noté que parmi les tâches les plus urgentes figure la destruction des munitions, dont une grande partie a atteint sa date de péremption.  Précisant d’autre part que les installations et équipements remis aux autorités locales, en dehors d’El-Fasher, ont une valeur résiduelle supérieure à 41 millions de dollars, il a fait état des destructions et des vols dans 10 des 14 sites concernés.  Bien que les actifs associés n’appartiennent plus aux Nations Unies, ce sont des pertes majeures pour les communautés concernées, a-t-il déploré, avant de s’étendre sur la valeur future des infrastructures d’El-Fasher pour la population du Darfour, qui y trouvera des bureaux, plus de 1 000 unités d’habitation, un établissement hospitalier, des équipements de stockage, de purification et de distribution d'eau, un réseau de production et de distribution d’électricité, des installations de traitement des eaux usées, un important dépôt de stockage de carburant et de grandes capacités d’entreposage. 

Le Secrétaire général adjoint a déclaré vouloir céder les actifs restants au cours de deux phases de liquidation distinctes: du 1er juillet au 30  septembre pour les ventes d’équipements à d’autres entités de l’ONU et à des ONG; et à partir du 1er octobre, pour les dons d’actifs restants aux institutions gouvernementales et aux ONG connexes au Soudan.  Il a affirmé que la première phase de ce processus est bien engagée, du matériel de la MINUAD évalué à 8,1 millions de dollars ayant déjà été transféré à d’autres opérations, notamment les Missions au Soudan, à Abyei et au Liban.  M. Khare a cependant assuré que l’essentiel des actifs de la MINUAD restera au Soudan pour être remis aux autorités soudanaises à des fins civiles.  Il a relevé, entre autres exemples, que la Mission détient 170  tonnes de sel d’hypochlorite de sodium, qui peuvent être utilisées pour purifier 6,8  milliards de litres d’eau, soit suffisamment pour répondre aux besoins en eau potable et en cuisine de plus d’un million de personnes pendant un an.  C’est pourquoi, a-t-il dit, l’équipe de pays des Nations Unies et la Mission au Soudan se sont engagés à aider le Gouvernement à identifier les impératifs durables qui profiteraient le mieux aux communautés locales. 

Fort du succès de la remise de l’important site de Zalingei, qui a été progressivement remis aux autorités locales pour être utilisé par l’université locale, M. Khare a dit avoir exprimé aux responsables soudanais son intention de procéder à une livraison « progressive » du site d’El-Fasher, à partir de novembre.  Ce transfert permettrait également la réduction progressive de l’Unité de garde, le seul personnel en uniforme des Nations Unies restant au Darfour, à condition que cessent les perturbations causées par les mouvements armés stationnés autour de la base.  Souhaitant que le processus de liquidation se déroule jusqu’à la fin sans heurts dans l’intérêt du Soudan et de son peuple, il s’est engagé en conclusion à continuer à le suivre de près. 

Mme FARREY (Royaume-Uni) a salué le personnel qui a servi sous l’étendard de la MINUAD et a espéré que le partenariat entre l’ONU et l’UA perdurera après le retrait de la Mission.  Il est indéniable que le Darfour est plus stable, grâce à la contribution de la MINUAD, a dit la déléguée, en saluant la coopération du Soudan pendant ce retrait.  Elle a souligné l’importance de la libre circulation des biens et des personnes pendant cette phase de liquidation.  Nous espérons que les sites continueront de servir aux civils, a-t-elle dit, en regrettant profondément la destruction de certains d’entre eux.  La déléguée a voulu que l’on fasse fond sur les gains engrangés et demandé la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba.  Enfin, elle a souligné l’apport de la Mission au Soudan pour consolider la paix au Darfour. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a demandé que la protection des civils reste au cœur de tous les efforts, pendant le retrait de la MINUAD et après.  Notant que le manque de ce type de protection alimente les conflits, les déplacements de population et la méfiance, la représentante a voulu que l’on accorde une attention particulière aux enfants, aux femmes et à la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.  Après s’être félicitée de ce que la MINUAD respecte le calendrier de la fermeture des bases d’opérations et qu’elle a accéléré le processus pour tenir compte des imprévus, la représentante a espéré que les dernières avancées permettront d’éviter tout retard inutile pendant la prochaine saison des pluies.  Nous sommes également ravis d’apprendre la conclusion de l’Accord-cadre sur l’utilisation finale, à des fins civiles, des sites et des équipements, a dit Mme Mona Juul observant les pillages importants dans les anciens camps de la MINUAD, à la fois à Nyala et à El Geneina. 

Elle a exhorté le Gouvernement soudanais à protéger les biens remis par la MINUAD, car ils bénéficieront directement à la population civile du Darfour.  Elle a prévenu, qu’avec le retrait de la MINUAD, une plus grande responsabilité incombe désormais aux autorités soudanaises et à leurs forces.  La Mission au Soudan et les autres entités du système des Nations Unies encore en place doivent apporter leur soutien aux autorités soudanaises dans la protection des civils et la prévention des violations et abus des droits humains, a insisté la représentante. Nous devons également garantir l’achèvement ou le transfert, aux autorités soudanaises des activités résiduelles menées par la MINUAD, a-t-elle ajouté, citant les activités dans les domaines de l’état de droit, de la police de proximité, de la prévention de la violence sexiste et de la stabilisation de la communauté.  Elle a aussi jugé important que la MINUAD explique à la Mission au Soudan et à l’équipe de pays des Nations Unies sur les objectifs stratégiques communs et les priorités au Darfour.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a salué tous ceux qui ont permis le retrait de l’Opération à une « rapidité historique » et souligné la coopération du Soudan avec l’ONU et l’UA, à cette fin.  Il est désormais important, a-t-il estimé, que le processus de liquidation aille à son terme.  Le représentant a appelé le Gouvernement et les autres parties prenantes, y compris les signataires de l’Accord de paix de Djouba, à coopérer avec l’ONU et l’UA pendant cette phase de liquidation.  Il a insisté sur l’importance de protéger les civils après le départ de la Mission et a exhorté le Gouvernement à prendre des mesures supplémentaires pour protéger la population du Darfour, en particulier les femmes, les enfants et les déplacés, et à coopérer avec la Mission au Soudan pour consolider la paix. M. Lipand a exprimé l’appui de son pays à la transition démocratique en cours au Soudan. 

M. NAGARAJNAIDU (Inde) a déclaré que le retrait de la MINUAD met officiellement fin à l’une des opérations de maintien de la paix les plus réussies de l’histoire des Nations Unies.  Saluant les réalisations de la MINUAD, le représentant a salué le soutien à la mise en œuvre du processus de paix, la protection des civils et la stabilisation des communautés.  Pendant un mandat de 13 ans, plus de 100 000 soldats et policiers ont été fournis à l’Opération par des dizaines de pays du monde entier, dont l’Inde, a souligné le représentant, en rappelant qu’à son apogée en 2011, la Mission comptait près de 23 000 soldats et policiers. 

Le représentant s’est félicité que l’exercice de retrait ait été achevé dans les délais.  Il a noté que, depuis février, la MINUAD a remis 14 bases d’opérations au Gouvernement soudanais, qui s’est engagé à les utiliser à des fins civiles, conformément à l’Accord-cadre du 4 mars 2021.  Il a aussi noté avec satisfaction que 6 000 militaires, policiers et civils, sur les 7 000 qui sont restés avec la Mission en janvier 2021, ont été rapatriés dans leur pays.  La MINUAD a également fourni à diverses communautés de la région du Darfour 193 véhicules, dont 27 camions de distribution d’eau et de camions pompes ainsi que 196 groupes électrogènes.  Il a aussi indiqué que la Mission a fait don de sa clinique de Zalingei et des installations médicales à Nyala et Kabkabiya au bénéfice des communautés locales. 

M. BING DAI (Chine) s’est félicité que, conformément à la résolution 2559 (2020), tout le personnel en tenue de la MINUAD se soit retiré du Soudan.  Saluant les efforts et les sacrifices consentis par les membres de cette mission, il a estimé que la MINUAD a joué un rôle important pour le maintien de paix et de la sécurité au Darfour.  Cette opération hybride a été un « succès », a-t-il souligné, souhaitant que les Nations Unies en dressent le bilan dans le rapport attendu en octobre et que le retrait, y compris la liquidation, soit alors complètement achevé dans les temps impartis.  Alors que le Soudan passe du maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix, le délégué a souligné l’importance de la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix de Djouba.  Dans ce cadre, il a jugé que la violence communautaire doit être traitée de manière holistique et a rappelé que le Gouvernement de transition a la responsabilité principale de protéger les civils. 

À ses yeux, la Mission au Soudan peut multiplier les chances de succès, en apportant son soutien aux autorités soudanaises et en les aidant à renforcer leurs capacités.  Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité reste attentif à la transition au Soudan, soit soucieux de l’embargo sur les armes et tienne compte de la situation précaire du pays, aggravée par la pandémie de COVID-19 et les effets des changements climatiques.  Avant de conclure, il a rappelé que la Chine a fourni 5 000 Casques bleus à la MINUAD et que deux d’entre eux ont fait le sacrifice suprême. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué le rôle fondamental joué par la MINUAD au Darfour et rendu hommage aux soldats de la paix qui ont consenti au sacrifice ultime.  Il a souligné l’importance d’une transition fluide entre la MINUAD et la Mission au Soudan et salué le rapatriement du personnel de la MINUAD dans les délais fixés.  Le représentant a appelé le Soudan à respecter toutes les dispositions de l’accord sur le statut des forces et à préserver le caractère civil des biens et des sites de la MINUAD.  Il a insisté sur l’importance des tâches de la Mission au Soudan et appelé à la mise en œuvre du Plan national de protection des civils.  Enfin, il a espéré que le Conseil appuiera de façon dynamique le processus de transition démocratique au Soudan. 

M. ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que le Soudan est confronté à de nombreux défis, avec un impact sur des pays voisins, comme en Libye, entraînant un grand nombre de réfugiés et favorisant la propagation de la COVID-19.  Face à ce constat, il a jugé important de maintenir des contacts équitables avec les autorités soudanaises et de les aider à mettre en œuvre la Déclaration constitutionnelle de 2019 pour parvenir à la stabilisation.  Le représentant s’est félicité de la signature de l’accord de paix entre le Gouvernement de transition et le Front révolutionnaire soudanais, qui contribuera à résoudre les problèmes socioéconomiques urgents.  Il a espéré qu’il sera signé par d’autres groupes armés soudanais. 

Il a noté que les affrontements intercommunautaires observés dans plusieurs États n’ont pas eu une mauvaise influence sur la situation d’ensemble, notamment grâce à la réponse rapide des autorités et à la mise en œuvre du Plan national de protection des civils.  Il a estimé que le moment est venu de donner la priorité au développement économique de la région.  Rappelant que son pays a facilité l’adoption de la résolution 2524 (2020) et a soutenu le renouvellement du mandat de la Mission au Soudan, il s’est dit convaincu que le travail de cette dernière renforcera la capacité de Khartoum dans les domaines du maintien de la paix, de la stabilisation au Darfour et de la promotion de l’ordre public. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a estimé que le passage de la MINUAD au mandat politique spécial de la Mission au Soudan a été « l’une des transitions les plus complexes et les plus difficiles » que l’ONU ait entreprises.  Ce processus a démontré la nécessité de planifier et d’exécuter le retrait, la reconfiguration et la stratégie de sortie des missions d’une manière qui aide à maintenir les progrès vers une paix durable, a-t-il relevé.  Le représentant a salué à cet égard la coopération des autorités soudanaises avec le Secrétaire général adjoint chargé de l’appui aux missions.  À cette aune, il a noté que la MINUAD est sur la bonne voie pour achever sa fermeture d’ici au 30 juin 2022.  Jusqu’à cette date, a-t-il ajouté, toutes les parties prenantes doivent se conformer aux dispositions de l’Accord sur le statut des forces afin d’assurer la sécurité de tout le personnel restant et la protection des civils. 

Le délégué a cependant noté que ce retrait n’a pas été sans incident.  Après avoir condamné le pillage d’anciens sites de la MINUAD, il a enjoint le Soudan à garantir le retrait de tous les éléments armés positionnés autour du site d’El-Fasher et à s’assurer que les actifs de l’Opération ne soient pas utilisés pour alimenter l’insécurité.  Malgré les progrès de la transition politique du Soudan vers la démocratie, le représentant s’est déclaré préoccupé par la situation sécuritaire au Darfour, constatant que, ces six derniers mois, le vide créé par le retrait et les retards enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba ont alimenté de nouvelles luttes de pouvoir et pour les ressources.  Dans ce contexte, il a appelé à la mise en œuvre intégrale et immédiate du Plan national de protection des civils, souhaitant que le travail de la Force conjointe de protection s’accompagne de mécanismes efficaces pour garantir l’établissement des responsabilités pour les crimes commis contre les civils.  Enfin, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la protection des femmes du Darfour contre les violences sexuelles. 

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a rappelé que la MINUAD a été la première opération conjointe ONU-UA et souligné le rôle crucial qu’elle a joué pour la stabilité au Darfour.  C’est le meilleur exemple d’une bonne coopération ONU-UA, a-t-elle estimé.  Elle a souligné la fluidité du retrait de la MINUAD et appelé à une bonne coopération entre les parties prenantes pendant la phase de liquidation.  Elle a souligné l’importance de protéger les sites de la MINUAD, avant de passer en revue les progrès accomplis au Darfour.  Au regard des défis qui demeurent, la déléguée a appelé les parties soudanaises à mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix de Djouba et exhorté le Soudan à s’acquitter de sa responsabilité de protéger les civils.  Enfin, la représentante a espéré que la Mission au Soudan fera fond sur les enseignements tirés du fonctionnement de la MINUAD. 

S’exprimant au nom de l’A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé qu’avec la fin du mandat de la MINUAD, la communauté internationale est le témoin de la fermeture de la mission de paix « la plus importante de l’histoire des Nations Unies ».  Durant 13 ans, la MINUAD a associé plus de 100 000 militaires venant de 12  États Membres, a-t-il rappelé, ajoutant que cette « mission exemplaire » va laisser une série de réalisations importantes au Darfour, notamment pour ce qui concerne le processus de paix, la protection des civils, la stabilisation des communautés et l’appui à l’état de droit.  Remerciant les personnels en tenue et civils de la MINUAD pour leur contribution précieuse à la paix au Darfour, le représentant a jugé que l’évaluation de la mission devrait permettre de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, tout en aidant à l’élaboration des futures stratégies de sortie. 

Le délégué a salué les efforts du Gouvernement de transition soudanais et son rôle dans le retrait ordonné de la MINUAD.  Applaudissant la rétrocession de biens et d’installations de la mission aux autorités soudanaises, il a souhaité que ces derniers soient utilisés pour des services sociaux et communautaires.  S’agissant de la phase de liquidation, il a souligné le rôle crucial que doit jouer le Soudan, notamment en déployant l’Unité de garde chargée de protéger la base d’El-Fasher.  Il a également jugé important que, dans ce cadre, l’ONU dépollue l’environnement et se débarrasse du matériel dangereux. 

Le représentant s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis par le Soudan ces dernières années et a estimé que le soutien de la Mission de l’ONU sera essentiel pour assurer le succès de la transition politique et la consolidation de la paix au Darfour.  Il s’est cependant alarmé de la poursuite des heurts communautaires et a demandé la mise en œuvre immédiate du Plan national de protection des civils, tout en souhaitant que les mouvements armés s’engagent à participer à des négociations pour garantir une paix durable au Soudan.  Enfin, il a invité les bailleurs de fonds à aider le Soudan à renforcer sa résilience et la communauté internationale à soutenir les efforts humanitaires dans ce pays par ailleurs confronté à la pandémie de COVID-19, aux effets des changements climatiques et aux invasions de criquets pèlerins. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a remercié le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions pour un leadership qui a permis le retrait de la MINUAD en un temps « exceptionnellement » court, compte tenu des contraintes logistiques « extrêmes ».  Le représentant a aussi remercié tout le personnel de l’Opération pour leur engagement en faveur de la paix et de la sécurité, de 2007 à 2020.  Il a salué le leadership des Nations Unies et de l’Union africaine et aussi le service rendu par les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police qui ont protégé les civils et fait avancer la paix au Darfour. 

La Mission, a-t-il dit, a connu beaucoup de problèmes mais elle a surtout joué un rôle critique dans la protection des civils et la stabilisation de la région, a ajouté le représentant.  Les causes sous-jacentes de la violence au Darfour, a-t-il diagnostiqué, sont toujours là, comme en attestent les nombreuses régions qui continuent de vivre des violences intercommunautaires et des déplacements massifs.  Il a donc accueilli avec satisfaction le Plan national de protection des civils et a exhorté les autorités soudanaises à le mettre pleinement en œuvre, en développant des initiatives en faveur des déplacés.  Les autorités soudanaises, a-t-il poursuivi, doivent aussi entreprendre un examen minutieux de la nouvelle Force mixte de protection pour le Darfour pour que tous les protagonistes aient confiance en elle. 

La responsabilité première de la protection des civils incombe au Gouvernement du Soudan, a martelé le représentant qui a fermement appuyé l’idée que la Mission au Soudan utilise pleinement son autorité pour aider les autorités soudanaises dans cette protection et établir un certain niveau de confiance entre les habitants du Darfour et la Force conjointe.  Le Gouvernement du Soudan doit tirer parti de cette assistance et coopérer activement avec la Mission, a ajouté le représentant, en avouant que maintenant que l’Opération entre dans sa phase de liquidation, l’on ne peut s’empêcher d’être préoccupé par les risques sécuritaires pour le personnel de l’ONU et son matériel dans l’ancienne base logistique d’El-Fasher. 

Il a encouragé l’ONU à actionner ses bons offices auprès des leaders du Darfour pour veiller à ce que le personnel de l’ONU puisse poursuivre la liquidation et que les autorités soudanaises puissent protéger ces sites maintenant qu’ils ont été remis et pourraient servir de centres de santé, de centres de formation ou autres centres pour les communautés.  Notre objectif commun est d’éviter que ces sites ne donnent lieu à une autre vague de violence et d’insécurité et de garantir une utilisation, à des fins civiles, des anciens biens de la MINUAD. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est félicitée que l’ONU ait su relever le « défi logistique majeur » que représentait le retrait de la MINUAD.  Elle a également salué la coopération des autorités soudanaises, souhaitant qu’elle se poursuive tout au long de la période de liquidation de l’Opération afin d’assurer la liberté de mouvement et la sécurité du personnel des Nations Unies, ainsi que la protection des emprises et du matériel.  Toutefois, a-t-elle observé, si ce retrait résulte de la volonté politique du Soudan d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité des populations au Darfour, cette seule volonté n’est « pas suffisante », comme le rappellent les affrontements intercommunautaires intervenus de janvier à avril et le pillage de plusieurs sites rétrocédés par la MINUAD aux autorités soudanaises. 

La représentante a donc encouragé les autorités soudanaises à accélérer la mise en œuvre des Accords de Djouba, avec le soutien de la Mission au Soudan, et à déployer le plus rapidement possible la Force conjointe prévue par ces accords.  Elle a également appelé l’ensemble des groupes armés signataires à regagner le Soudan et les groupes non-signataires à rejoindre le processus de paix.  Enfin, elle a assuré que la France restera particulièrement attentive à la transition de la MINUAD à la Mission au Soudan, ce processus étant essentiel pour le succès de la transition démocratique et porteur d’enseignements pour les transitions en cours ou à venir des opérations de maintien de la paix.  

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a indiqué qu’à la suite de l’achèvement du mandat de la MINUAD par le Conseil de sécurité, conformément à la résolution 2559 (2020), ses autorités fédérales et locales ont pleinement coopéré avec l’Opération pour assurer un retrait ordonné et sûr des troupes, du personnel et des équipements.  Il a également rappelé qu’un accord-cadre a été signé en mars entre le Soudan et le Secrétariat de l’ONU afin de superviser ce processus.  La phase de retrait étant arrivée à son terme, le pays s’est engagé à coopérer avec le Secrétariat pendant la période de liquidation, a ajouté le représentant, précisant qu’à cette occasion, la base de la MINUAD à El-Fasher sera protégée par des unités soudanaises pour assurer la bonne évacuation des biens et équipements appartenant aux contingents.  De plus, a-t-il indiqué, les anciens sites de la MINUAD au Darfour seront protégés et utilisés à des fins civiles, notamment pour la santé, l’enseignement et autres services sociaux identifiés par les communautés locales. 

Soulignant l’engagement pris par le Gouvernement de transition de protéger le peuple du Darfour après le départ de la MINUAD, le représentant a estimé qu’avec l’Accord de paix de Djouba, la protection des civils a été considérablement renforcée, avec un accent particulier placé sur les déplacés, les enfants, les femmes et autres groupes vulnérables.  Il a ajouté que la Force conjointe mandatée par l’Accord, composée des forces armées soudanaises et d’anciens combattants de groupes armés, est actuellement déployée à cette fin. 

Après avoir salué les contributions et les sacrifices des membres de l’Opération hybride tout au long de ses 13  années d’existence, le délégué s’est dit conscient de l’existence de « défis résiduels » au Soudan en général et au Darfour en particulier.  Il a assuré le Conseil que son gouvernement travaillera en étroite collaboration avec la Mission au Soudan et autres partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux pour relever efficacement ces défis.  Il a demandé au Conseil d’appuyer les travaux de la Mission, tout en promettant le soutien de son pays à la mise en œuvre des objectifs stratégiques. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence sur les pays les moins avancés entame l’examen de l’avant-projet du programme d’action 2022-2031

LDC5, Comité préparatoire, Deuxième session,
1ere séance plénière – matin
DEV/3442

La deuxième session du Comité préparatoire de la Conférence sur les pays les moins avancés entame l’examen de l’avant-projet du programme d’action 2022-2031

L’avant-projet du programme d’action pour les pays les moins avancés (2022-2031) est « ambitieux, tourné vers l’avenir et axé sur une structure simple » et reflète fidèlement les priorités qui permettront aux PMA d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré, ce matin, M. Courtenay Rattray à l’ouverture de la deuxième session du Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés qui se tient au siège de l’ONU, à New York, du 26 au 30 juillet 2021. 

Le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a aussi rappelé l’importance que revêt cette deuxième et dernière session préparatoire pour assurer le succès de la Conférence qui se tiendra du 23 au 27 janvier 2022 au Qatar, parce qu’elle sera « l’occasion de regagner le terrain perdu vers la réalisation des ODD et de monter une réponse efficace à la pandémie de COVID-19 ». 

En leur qualité de coprésidents du Comité préparatoire, Mme Rabab Fatima, du Bangladesh, et M. Robert Rae, du Canada, ont rappelé que le bilan et l’analyse étant maintenant terminé, les discussions de fonds de la première session préparatoire devaient faire place à la finalisation du « projet zéro ». 

Cet avant-projet est articulé autour de six domaines d’action prioritaire pour faire face aux défis des PMA pendant les 10 prochaines années, à savoir l’élimination de la pauvreté; l’utilisation de la science, des technologies et de l’innovation pour réaliser les ODD ; la transformation structurelle; le renforcement des échanges avec les PMA; la lutte contre les changements climatiques et la reprise post-COVID-19; et, enfin, la mobilisation de la solidarité international. 

Notant que le Programme d’action d’Istanbul n’a pas atteint ses objectifs, et préoccupé par les conséquences dévastatrices de la pandémie de COVID-19 pour les PMA, l’Observatoire PMA a notamment plaidé pour des mesures extraordinaires qui rompent avec les politiques économiques actuelles, ainsi que pour un nouveau cadre de coopération en faveur des PMA. 

Si le « projet zéro » est accepté tel que proposé par notre groupe, nous avancerons à grand pas vers la résolution des défis des PMA », a insisté le Malawi qui intervenant au nom du Groupe des PMA, a expliqué que le but recherché était de trouver « un équilibre entre ambition et réalisme ». 

Le projet zéro, a détaillé la délégation, appelle notamment à la promotion des investissements pour les PMA et les pays qui changent de catégorie, inclut des ambitions en matière de connectivité à large bande et préconise d’autre part de doubler la part des fonds d’adaptation aux changements climatiques.  Il recommande en outre d’atteindre les critères de changement de catégorie pour 15 pays supplémentaires, de fournir 15  milliards de dollars pour les systèmes de protection sociale des PMA, de prévoir l’émission de 50 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) et d’augmenter le volume d’aide publique au développement pour les PMA. 

En outre, alors qu’un nombre croissant de PMA arrivent à l’étape de changement de catégorie et risquent par conséquent de ne plus bénéficier d’une aide spécifique à leur statut, le projet de programme d’action demande de conserver une aide spécifique pendant 12 ans après le passage à une autre catégorie, tout en appelant à une surveillance de ce processus. 

Prenant par ailleurs note des préoccupations exprimées par certains quant à la longueur du document, le Groupe des PMA a appelé les délégations à ne « pas sacrifier le fond de ce texte ambitieux pour le rendre plus bref ».  « Il faut bien comprendre que c’est un projet de programme d’action de 10 ans pour 46 pays », a-t-il notamment fait valoir. 

Si la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a salué la structure du texte dont elle a souhaité l’adoption d’ici la fin 2021, l’Union européenne, a souhaité un texte court, avec des objectifs précis et des mesures concrètes pour les atteindre.  « Ce n’est pas la longueur, mais le contenu du texte qui importe », a souligné Antigua-et-Barbuda, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), tandis que le Maroc a souhaité un soutien international robuste aux PMA, dont un accès équitable aux vaccins et des investissements à la hauteur des défis liés aux changements climatiques. 

La Turquie a appelé à se concentrer sur la mise en œuvre des engagements sur le terrain et la définition d’un meilleur processus de sortie de la catégorie des PMA.  Pour ce faire, l’Indonésie a estimé que la clef était l’accès aux ressources complétées par la coordination des coopérations Sud-Sud et Nord-Sud. 

Par ailleurs, au cours de cette séance d’organisation, le Comité préparatoire a adopté le règlement intérieur provisoire de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés (A/CONF.219/2021/IPC/L.4) et les modalités d’organisation des tables rondes thématiques de haut niveau prévues à cette occasion (A/CONF.219/2021/IPC/L.5). 

La deuxième session du Comité préparatoire devrait conclure ses travaux le vendredi 30 juillet à partir de 15 heures. 

ADOPTION DE L’ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DES TRAVAUX DE LA DEUXIÈME SESSION DU COMITÉ PRÉPARATOIRE

Déclarations liminaires

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), Coprésidente du Comité préparatoire de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, a souligné les graves difficultés que traversent les PMA confrontés aux effets multiples de la pandémie de COVID-19 et de la crise climatique.  Elle a mentionné les dépenses occasionnées par la crise sanitaire, l’endettement croissant des PMA et le tarissement des envois de fonds dont dépend leur économie.  Elle a également rappelé que 16 de ces pays sont à différents stades de changement de catégorie. Dans ce contexte, le Comité préparatoire se trouve à une phase critique de ses travaux. Le bilan et les analyses effectués, les délégations abordent désormais la phase de négociations du prochain programme d’action sur les PMA et de ses six domaines thématiques.  Les discussions de fond qui ont eu lieu pendant la première session préparatoire constituent, selon elle, une base solide pour préparer le projet zéro de la nouvelle décennie d’action pour les PMA.  Ce projet doit être une feuille de route ambitieuse pour les PMA et les partenaires de développent, a plaidé Mme Fatima, avant d’appeler les délégations à le rendre plus fort pour aider les PMA à se redresser et à progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada),coprésident du Comité préparatoire de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, a rappelé que la pandémie a souligné les vulnérabilités des PMA mais aussi les lacunes de la solidarité internationale.  « C’est au moment où nous avons le plus besoin de solidarité internationale que celle-ci fait défaut », a-t-il regretté.  Nous devons remédier à cela, a poursuivi M. Rae, en plaidant pour des mesures concrètes pour aider les PMA. Enfin, il a souhaité des débats constructifs à cette fin. 

M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a estimé que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, qui se tiendra du 23 au 27 janvier 2022 au Qatar, est l’occasion de regagner le terrain perdu vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et de faire des progrès importants dans la Décennie d’action.  Cette conférence sera aussi l’occasion d’établir une réponse efficace et renforcée à la COVID-19 et de mieux reconstruire.  

Il a estimé que les actions suggérées dans le projet de document final sont importantes pour reconstruire en mieux et renforcer la résilience aux chocs futurs.  Illustrant son propos, il a mis l’accent sur l’importance d’intensifier les mesures de protection sociale de manière ciblée et opportune en s’appuyant sur des données actualisées et désagrégées et celle de promouvoir la numérisation pour l’éducation et la capacité de production.  Il a aussi fait observer que la nécessité de se concentrer sur les personnes les plus vulnérables, dont les femmes, les migrants et les personnes handicapées, a été soulevée lors du forum politique de haut niveau pour le développement durable. 

Après avoir mis l’accent sur l’importance cruciale que revêt l’adaptation aux risques climatiques pour la résilience des PMA, M. Rattray a jugé que le « projet zéro  » du programme d’action « ambitieux, tourné vers l'avenir et axé sur une structure simple », reflète fidèlement les priorités qui permettront aux PMA d’atteindre les ODD. 

Il a indiqué que les préparatifs de la cinquième Conférence progressent, citant notamment la tenue, le 18 juin 2021, d’un événement thématique conjoint de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC sur « La mise en œuvre accélérée du programme 2030 dans les PMA pour ne laisser personne de côté dans le contexte de la COVID-19 ».  Il a expliqué que cette réunion a appelé à un nouvel accord mondial pour établir une nouvelle génération de partenariats mondiaux afin d’aider les PMA à se remettre plus rapidement de la pandémie tout en accélérant le développement durable.  Des appels ont également été lancés en faveur d’un régime commercial international équitable; d’un transfert de technologie pour renforcer les capacités de recherche et de développement dans les PMA; et d’un accès rapide aux vaccins et aux traitements. 

Les participants ont aussi appelé à l’élaboration d’un système financier internationale plus à même d’appuyer les PMA.  L’allégement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) a également été identifié comme une étape importante afin de créer l’espace budgétaire nécessaire pour répondre à leurs besoins à court terme et investir dans le renforcement de la résilience à long terme et la transformation structurelle.  Il faut également, a-t-il ajouté, assurer la viabilité de la dette pour permettre aux PMA d’attirer davantage d’investissements privés. 

M. Rattray a ensuite indiqué que l’examen régional Asie-Pacifique, qui aura lieu du 30 août au 2 septembre 2021 à Genève, devrait déboucher sur des recommandations concrètes sur la manière de rendre le reclassement durable et irréversible, et d’en faire un tremplin pour la réalisation du Programme 2030.  Les multiples processus mondiaux prévus d’ici à janvier 2022, notamment la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la COP26, offriront d’autres opportunités de créer un élan vers la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés. 

Par ailleurs, M. Rattray a indiqué que son Bureau organisera un Forum pour l’avenir des PMA à Helsinki, du 5 au 7 octobre 2021, pour solliciter de nouvelles perspectives en matière de recommandations politiques pour les PMA pour la prochaine décennie.  Il s’est félicité de la contribution de 40 articles universitaires qui identifient des recommandations politiques pour aider les PMA à atteindre les ODD, concurrencer efficacement dans l’économie mondiale et éventuellement évoluer vers la convergence avec d’autres économies plus développées. 

Le Haut-Représentant a aussi indiqué qu’un forum du secteur privé sera organisé dans le cadre de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés dans le but de mobiliser des investissements privés à long terme dans les PMA et soutenir leurs efforts en faveur du développement durable. 

M. Rattray a ensuite encouragé tous les États Membres à assurer leur participation à la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés au niveau des chefs d’État ou de gouvernement et à y annoncer des partenariats et des nouvelles initiatives qui soutiendraient la mise en œuvre du nouveau programme d’action pour les 10 ans à venir. 

En tant que représentant du pays hôte de la Conférence de Doha, M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a réaffirmé la volonté de son pays de déployer tous les efforts nécessaires pour faire en sorte que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés atteigne ses objectifs.  Dans le cadre des préparatifs, a-t-il indiqué, une équipe onusienne s’est rendue à Doha pour inspecter les locaux de la conférence qui se tiendra au Centre national des conférences, l’une des plus importantes enceintes de ce genre au Moyen-Orient.  Le représentant a ensuite remercié le Groupe des PMA d’avoir élaboré l’avant-projet du programme d’action qui devra être adopté à Doha en janvier 2022.  Soulignant le fait qu’il s’agira du premier programme d’action depuis le début de la pandémie de COVID-19, il a souhaité qu’il aide les PMA à se remettre de ce choc mondial.  Il a également déclaré attendre des délibérations des prochains jours qu’elles permettent d’appuyer les pays les moins avancés dans la mise en œuvre du Programme 2030 et les aide à sortir de la catégorie des PMA. 

M. DEMBA MOUSSA DEMBELE, l’Observatoire PMA, a indiqué que cet observatoire, qui a été lancé en 200, est en train de mobiliser les organisations de la société civile comme il l’a fait lors de la Conférence d’Istanbul de 2011.  Face aux conséquences dévastatrices de la pandémie pour les PMA, il a plaidé pour des mesures extraordinaires qui rompent avec les politiques économiques actuelles, ainsi que pour un nouveau cadre de coopération en faveur des PMA. Il a indiqué que le Programme d’action d’Istanbul n’a pas atteint ses objectifs, y compris la sortie de 24 pays de la catégorie des PMA en 2020. Il a par ailleurs souhaité un réexamen des critères et de la qualité des données déterminant le seuil de sortie de ladite catégorie. Enfin, il s’est dit vivement préoccupé par la sous-représentation des PMA dans les processus de prise de décision mondiaux. 

Mme FAHMIDA FAIZA, International Coordination Meeting of Youth Organisations (ICMYO), a indiqué que les discussions ne peuvent être fructueuses que si les jeunes y sont associés.  Elle a déclaré que la pandémie a touché les jeunes de plusieurs manières, les gouvernements n’ayant pas apporté de réponses satisfaisantes.  Alors que la pandémie a fermé les écoles, la plupart des jeunes dans les PMA n’ont pas accès à Internet –ou celui-ci est trop coûteux- pour suivre les enseignements dispensés en ligne.  Un fossé entre jeunes urbains et jeunes ruraux s’est ainsi creusé, tandis que la marginalisation des jeunes handicapés ou autochtones s’est accrue, s’est-elle inquiétée.  Mme Faiza a ensuite souligné l’acuité du défi de la santé mentale des jeunes, précisant que l’an dernier au Bangladesh, il y a eu 70% de plus de décès par suicide que dus à la COVID-19.  « Il est temps que nous remédions à cette pandémie silencieuse. »  Elle a plaidé pour une déclaration sur les jeunes se faisant l’écho de leurs préoccupations, avant d’affirmer qu’il est temps pour les jeunes de s’attaquer aux défis mondiaux tels que les changements climatiques.  « Le bon moment, c’est maintenant. »

M. MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire (UIP), a constaté que non seulement les objectifs du Programme d’action d’Istanbul sont loin d’être atteints, mais en outre les PMA sont parmi les plus vulnérables aux effets des changements climatiques et les plus exposés à la pandémie de COVID-19. Selon lui, la promesse des ODD de ne laisser personne de côté doit s’appliquer en premier aux PMA et cela nécessite de mobiliser une plus grande volonté politique au sein des pays. A cette fin, a-t-il précisé, l’UIP organise l’action parlementaire en vue de la Conférence de Doha, comme elle l’avait fait il y a 10 ans avant la Conférence d’Istanbul, afin que les membres de parlement partout dans le monde puissent s’approprier le nouveau programme d’action sur les PMA.  

En mai dernier, les 179 parlements membres de l’UIP ont été informés du processus, l’objectif étant de faciliter l'implication de parlementaires dans les délégations nationales participant aux examens régionaux, aux deux sessions préparatoires et à la conférence proprement dite.  Le 15 juin, nous avons organisé une séance d’information virtuelle à laquelle 80 parlementaires ont participé et nous produirons trois rapports dans les prochains mois rapports pour attirer l'attention sur le rôle des parlements des PMA, notamment en matière d'égalité des sexes, de coopération au développement et de bonne gouvernance, a encore indiqué M. Chungong, avant d’annoncer la tenue d’un forum parlementaire à Doha le 22 janvier prochain.  Cette réunion, a-t-il dit, aidera à catalyser l'attention de nos membres sur le programme d'action de Doha nouvellement adopté et sur ce qu’il conviendra de faire dans les années à venir. Dans cette perspective, l’UIP arrivera à Doha avec une déclaration de la communauté parlementaire mondiale.  

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi), Président du Groupe des pays les moins avancés, a présenté le projet zéro de programme d’action en précisant qu’il tient compte de la résolution 73/242 de l’Assemblée générale et des rapports disponibles, notamment ceux du Haut Représentant pour les PMA.  Le projet de texte examine l’état de mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul tout en fixant des cibles qui vont au-delà de celles du Programme 2030, a-t-il précisé, expliquant que le but recherché était de trouver « un équilibre entre ambition et réalisme ».  L’introduction de ce projet zéro énonce les domaines où les PMA ont des difficultés à avancer.  Elle évoque aussi les impacts en cascade dont souffrent ces pays du fait de la pandémie de COVID-19 avant de présenter les potentiels dont jouissent les PMA grâce à leur population jeune et à leurs ressources naturelles, mais aussi par le biais des sciences, technologies et innovations.  Elle présente par ailleurs le spectre des partenariats qui pourraient appuyer le prochain programme d’action. 

Le projet de texte définit ensuite six domaines d’action prioritaires, à commencer par les investissements dans la population, l’élimination de la pauvreté et le renforcement des capacités.  Les cinq autres domaines recensés sont l’utilisation du pouvoir de la science, des technologies et de l’innovation pour réaliser les ODD; la transformation structurelle comme moteur de développement durable; le renforcement des échanges avec les PMA et l’intégration régionale; la lutte contre les changements climatiques, la reprise post-COVID-19 et la résilience à construire; et, enfin, la mobilisation de la solidarité internationale, la relance des partenariats et l’application d’outils novateurs pour le développement durable des PMA. 

Dans ce contexte, a poursuivi M. Ligoya, le Groupe des PMA a soumis des propositions concrètes au Secrétaire général et lui a demandé de présenter ses recommandations à l’Assemblée générales.  Parmi celles-ci figurent la création d’une banque alimentaire, sur une base régionale et sous-régionale, et d’une université en ligne pour les PMA.  Les autres recommandations concernent la promotion des investissements pour les PMA et les pays qui changent de catégorie, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de résilience et d’atténuation des risques. 

Le projet zéro reprend ces recommandations et inclut aussi des ambitions en matière de connectivité à large bande, a noté M. Ligoya.  Il préconise d’autre part de doubler la part des fonds d’adaptation aux changements climatiques pour les PMA, d’atteindre les critères de changement de catégorie pour 15  pays supplémentaires, de fournir 15 milliards de dollars pour les systèmes de protection sociale des PMA, de prévoir l’émission de 50 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) et d’augmenter le volume d’aide publique au développement pour les PMA. 

Le Président du Groupe des PMA a averti à cet égard qu’un nombre croissant de PMA arrivent à l’étape de changement de catégorie et risquent par conséquent de ne plus bénéficier d’une aide spécifique à leur statut.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le projet de programme d’action demande de conserver une aide spécifique pendant 12 ans après le passage à une autre catégorie, tout en appelant à une surveillance de ce processus.  La dernière section du projet zéro met l’accent sur la mise en œuvre, le suivi et la supervision, aux niveaux sous-régional, régional et mondial, a encore indiqué M. Ligoya.  Cette phase essentielle exige, selon lui, un travail analytique puissant et le renforcement de l’action des coordonnateurs régionaux et de leurs réseaux. 

Assurant enfin que ce projet zéro bénéficie du plein appui du G77 et de la Chine, le Président du Groupe des PMA a pris note des préoccupations exprimées par certains quant à la longueur du document.  « Il faut bien comprendre que c’est un projet de programme d’action de 10 ans pour 46 pays », a-t-il fait valoir, ajoutant que ce document couvre la période 2022-2031 et va donc au-delà de celle prévue pour le Programme 2030.  Il a donc appelé les délégations à ne « pas sacrifier le fond de ce texte ambitieux pour le rendre plus bref » et leur a demandé de faire preuve de patience, de compréhension et de souplesse pour parvenir à une adoption par consensus. 

À l’issue de ces interventions, la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a salué la structure du texte et souhaité une adoption d’ici à la fin de l’année ainsi que la réussite de ce processus qui va culminer à Doha en 2022. L’Union européenne a toutefois regretté que les négociations se déroulent cet été, en période de vacances, et espéré que cela n’aura pas de conséquences sur la qualité du texte.  Celui-ci, a-t-elle ajouté, doit être court, incluant des objectifs précis et des mesures concrètes pour les atteindre. 

Ce plan zéro est une très bonne base de discussion, s’est félicité le Maroc qui a souhaité un programme d’action ambitieux pour remédier aux vulnérabilités des PMA qui ont été accentuées par la pandémie.  La délégation a notamment plaidé pour un accès équitable aux vaccins pour les PMA, et une augmentation des investissements au profit des PMA pour atténuer les conséquences graves des changements climatiques.  Les défis rencontrés par les PMA pour accéder aux ressources figuraient parmi les préoccupations de l’Indonésie qui a jugé essentiel de poursuivre le renforcement de la coordination dans ce domaine.  La coopération Sud-Sud peut compléter la coopération Nord-Sud, mais ne doit pas la remplacer, a-t-elle ajouté. 

Au nom de l’Alliance des petits états insulaires (AOSIS), Antigua-et-Barbuda a insisté sur l’importance de maintenir les objectifs de développement définis par les PMA.  La délégation a également souhaité que le programme d’action soit un point de rencontre entre les Orientations de Samoa et le Programme 2030 et que celui-ci soit décidé avant la fin de l’année.  Ce n’est pas la longueur, mais le contenu du texte qui importe, a-t-elle souligné. 

Enfin, notant que ce processus jettera les bases des engagements collectifs en faveur des PMA pour les 10 prochaines années, la Turquie a appelé les délégations à se concentrer sur la manière de mettre en œuvre les engagements sur le terrain de façon pratique et de définir un meilleur processus de sortie de la catégorie des PMA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dans deux résolutions, l’Assemblée invite les États à intensifier la lutte contre la déficience visuelle et le trafic des espèces sauvages

Soixante-quinzième session,
93e séance plénière – matin
AG/12349

Dans deux résolutions, l’Assemblée invite les États à intensifier la lutte contre la déficience visuelle et le trafic des espèces sauvages

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sans vote deux résolutions exhortant les États à intensifier la lutte contre la déficience visuelle, compte tenu de son importance pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et celle contre le trafic illicite des espèces sauvages qui a atteint des « niveaux extrêmement préjudiciables ». 

Dans le préambule du texte intitulé « Vision pour toutes et tous: accélérer l’action menée pour atteindre les objectifs de développement durable »*, l’Assemblée générale note qu’au moins 2 milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité, que 1,1 milliard de personnes présentent une déficience qui aurait pu être évitée ou qui n’est toujours pas traitée et que les besoins mondiaux en soins oculaires devraient augmenter considérablement, dans la mesure où l’on s’attend à ce que d’ici à 2050, la moitié de la population mondiale vive avec des déficiences visuelles. 

Elle invite les États à mobiliser les ressources et l’aide nécessaires afin de contribuer aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour que, d’ici à 2030, au moins 1,1 milliard de personnes ayant une forme de déficience visuelle reçoivent les soins oculaires dont elles ont besoin.  L’Assemblée invite aussi les institutions financières internationales et les donateurs à accorder des moyens financiers suffisants et ciblés, en particulier en faveur des pays en développement, afin que l’on puisse mettre en place une campagne internationale sur la santé oculaire visant à atteindre les objectifs de développement durable et à ne laisser personne de côté d’ici à 2030.  Elle note en effet que la promotion de la santé oculaire peut grandement contribuer à accélérer l’action menée pour atteindre ces objectifs. 

L’Assemblée engage donc les États Membres à envisager de traiter de la question de la santé oculaire dans les examens nationaux volontaires qu’ils présentent au forum politique de haut niveau pour le développement durable et invite le Groupe d’experts chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable, à prendre en considération, à la prochaine session de la Commission de statistique, en 2025, les indicateurs relatifs aux buts mondiaux atteignables en matière de santé oculaire évoqués dans la résolution 73.4 de l’Assemblée mondiale de la santé. 

Quelque 90% des 1,1 milliard de personnes qui ont des déficiences visuelles vivent dans les pays en développement sans accès aux soins oculaires primaires, a insisté le Bangladesh qui a présenté la résolution.  Les millions de personnes qui ne peuvent s’offrir une simple paire de lunettes représentent une perte de la productivité de 400 milliards de dollars par an.  Nous ne pourrons mettre fin ni à la faim ni à l’analphabétisme si la santé oculaire n’est pas au cœur de nos politiques de santé, a prévenu le Bangladesh.  Précurseur de la microchirurgie oculaire dès le XIXe siècle, la Fédération de Russie a particulièrement souligné l’importance de la détection précoce des déficiences visuelles.  

L’accent mis, dans la résolution, sur certains groupes au détriment d’autres a été critiqué par la Hongrie qui a relevé la mention des migrants parmi les personnes en situation vulnérables.  Les gouvernements ont le droit de s’occuper d’abord de leurs propres populations et la communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour empêcher des migrations qui aggravent les dangers encourus par des populations déjà à risque, a argué la Hongrie. 

Par sa résolution de 43 paragraphes de fond sur la lutte contre le trafic d’espèces sauvages**, l’Assemblée générale se déclare, dans le préambule, gravement préoccupée par « les niveaux extrêmement préjudiciables » qu’atteint le braconnage de rhinocéros, le nombre alarmant de massacres d’éléphants en Afrique, l’augmentation notable du trafic de pangolins et le commerce illicite d’autres espèces sauvages protégées, dont les tortues terrestres, les tortues de mer et d’eau douce, les iguanes terrestres et marins, d’autres reptiles, les requins, les poissons d’ornement, les grands singes, les perroquets, les oiseaux de proie, le calao à casque rond et les grands fauves, y compris la panthère des neiges.  

Elle se dit consciente des incidences économiques, sociales et environnementales de ce trafic, contre lequel des mesures plus vigoureuses doivent être prises en ce qui concerne l’offre, le transit et la demande.  Elle souligne nouveau à cet égard l’importance d’une coopération internationale efficace entre les États Membres, les secrétariats des accords multilatéraux sur l’environnement applicables et les organisations internationales. 

Elle demande aux États d’ériger en infraction grave, au sens de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et en conformité avec leur législation interne, le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages protégées, de sorte que, dès lors que l’infraction est de nature transnationale et qu’y participe un groupe criminel organisé, une coopération internationale efficace puisse prendre forme sous le régime de la Convention.  Les États Membres sont aussi priés de modifier leur législation nationale, de manière que, dans les poursuites pour blanchiment d’argent engagées sur le plan national, les infractions se rapportant au commerce illicite d’espèces sauvages soient considérées comme des infractions principales pouvant faire l’objet de poursuites. 

En l’occurrence, ils sont invités à renforcer les capacités des autorités de police, y compris par la criminalistique numérique, et à mesurer l’importance de la recherche sur les causes du braconnage et de l’abattage illégal du bois d’œuvre, et sur les moteurs du marché.  Ils sont priés de réprimer toute forme de corruption qui facilite le trafic d’espèces sauvages. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique jeudi 29 juillet à partir de 10 heures pour examiner le rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix et se prononcer sur plusieurs résolutions. 

A/75/L.108  

A/75/L.116

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: M. Collen Vixen  Kelapile, du Botswana, élu Président du Conseil économique et social pour la session de 2022, dans un contexte de relèvement post-COVID-19

Session de 2022,
1re réunion
ECOSOC/7064

ECOSOC: M. Collen Vixen  Kelapile, du Botswana, élu Président du Conseil économique et social pour la session de 2022, dans un contexte de relèvement post-COVID-19

À l’ouverture de sa session 2022, le Conseil économique et social (ECOSOC) a élu à sa tête le Représentant permanent du Botswana auprès des Nations Unies, M. Collen Vixen Kelapile.  Conformément au principe de rotation géographique parmi les groupes régionaux, la présidence de la session 2022 revenait au Groupe des États d’Afrique.  Le nouveau Président a promis de poursuivre le travail entamé en pleine pandémie par son prédécesseur, M. Munir Akram (Pakistan) à qui les délégations ont rendu hommage.  

Pour sa session 2022, le débat de haut niveau aura pour thème: « Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  M. Kelapile a dit être pleinement conscient des lourdes responsabilités associées à la présidence de l’ECOSOC et des attentes légitimes, en particulier de « ceux que nous servons dans le monde et qui se tournent vers les Nations Unies pour obtenir de l’aide ».  Selon lui, les circonstances difficiles auxquelles nous sommes confrontés exigent que l’ECOSOC se montre à la hauteur et joue le rôle qui lui revient en menant une guerre énergique contre la maladie, la pauvreté et les inégalités, les impacts des changements climatiques, ainsi qu’en œuvrant pour une mobilisation efficace de l’action mondiale et des ressources au cours de la Décennie d’action pour accélérer la mise en œuvre de tous les objectifs de développement durable (ODD).  Malgré les ravages de la pandémie, il a dit continuer de croire que la nature ambitieuse du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses 17 objectifs reste un formidable modèle pour que toutes nos nations travaillent encore plus dur pour tenir leur promesse. 

Selon le nouveau Président, la pandémie nous a montré que la solidarité mondiale, le multilatéralisme et la coopération sont « nos plus grands atouts ».  En effet, nous sommes plus forts en tant que collectif et nous devons immédiatement nous attaquer à toutes les différences entre nos nations, a lancé le nouveau Président de l’ECOSOC.  Selon lui, ne pas le faire ne fera qu’aggraver les tensions géopolitiques et socioéconomiques, et affectera profondément nos générations présentes et futures.  Et même si le chemin à parcourir restera difficile, il existe des domaines évidents où, en travaillant ensemble, nous pouvons faire des progrès rapides.  

Se tournant vers les grands piliers qui sous-tendront sa présidence de l’ECOSOC, il a évoqué la reprise rapide après la COVID-19 grâce à un accès urgent aux vaccins pour tous, lesquels doivent être traités comme un bien commun mondial.  C’est pour cette raison qu’il a prévu d’organiser en juillet prochain une réunion spéciale de l’ECOSOC pour faire le point sur les progrès accomplis dans le cadre de la vaccination contre la COVID-19.  M. Kelapile a aussi plaidé pour un espace budgétaire adéquat pour une reprise post-COVID-19 qui soient également alignée sur la réalisation des ODD.  À l’heure actuelle, moins de 20% des fonds de relance et de relèvement ont été dépensés dans les pays en développement alors que les besoins y sont beaucoup plus importants, a—t-il constaté.  

Le nouveau Président de l’ECOSOC, inquiet de voir que la pandémie a frappé plus durement les plus pauvres et les plus vulnérables de nos sociétés, et en particulier les femmes, aggravant ainsi les inégalités entre les sexes, a aussi souhaité que l’ECOSOC promeuve le dialogue sur la façon de s’attaquer aux causes profondes des inégalités persistantes.  L’ECOSOC devrait également poursuivre l’exploration des liens entre les inégalités, le racisme structurel et les ODD, a—t-il souhaité.  C’est selon lui une bonne occasion pour mieux utiliser la réunion nouvellement mandatée sur la transition des secours au développement, en particulier sur les situations au Sahel et en Haïti.

Autres domaines d’action qu’il a privilégiés, le transfert de technologies, le partage des connaissances et le soutien renforcé à l’innovation et à la technologie sont des moyens de renforcer la résilience et de surmonter les défis urgents.  M. Kelapile a aussi mis l’accent sur l’action climatique et espéré un cadre ambitieux pour la biodiversité pour l’après-2020 lors de la quinzième réunion des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP-15), ainsi qu’une forte ambition pour l’utilisation durable des océans par le biais de la Conférence sur les océans.  M. Kelapile a dit avoir entamé un échange de vues informel avec le futur Président de l’Assemblée générale sur la manière dont les deux organes de la Charte peuvent faire avancer conjointement l’agenda climatique.  

Enfin, le nouveau Président a estimé que le Conseil devrait continuer à servir de plateforme pour un dialogue inclusif et favoriser des partenariats impliquant également les points de vue des organisations non gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.  Il a aussi proposé de limiter le nombre d’examens nationaux volontaires au cours de la prochaine session du forum politique de haut niveau pour le développement durable, afin de laisser suffisamment de temps à une interaction significative lors de chaque examen. 

Le Président sortant, M. Munir Akram, a fait le bilan de son mandat qui fut pour lui une expérience unique, étant donné qu’elle s’est déroulée au milieu de la plus grande crise économique et sociale à laquelle le monde ait été confronté depuis un siècle.  L’an dernier, a-t-il relevé, l’ECOSOC a été au centre d’un intense discours international sur les moyens de répondre à la pandémie de COVID-19 et de ses conséquences, tout en persistant dans ses efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030 et les ODD et éviter la menace existentielle d’une catastrophe climatique.  L’ECOSOC a apporté sa contribution à la construction des réponses à ces défis et a défini les actions nécessaires pour fournir « un vaccin pour tous ». 

Néanmoins, en dépit de notre consensus, le monde en développement n’a pas encore trouvé le financement nécessaire pour se remettre de la récession et du ralentissement économique déclenchés par la pandémie, a relevé M. Akram.  Il a expliqué que le poids de la dette provoque l’effondrement des économies les plus faibles.  Et tandis que les riches se rétablissent, les pauvres s’enfoncent davantage dans la pauvreté alors même que de nouvelles souches du virus se propagent aux populations non vaccinées.  Les promesses d’unité vaccinale et la réaffectation de droits de tirage spéciaux (DTS) doivent donc être tenues en urgence, ainsi que la promesse de fournir 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique.  Pour M. Akram, l’ECOSOC a la responsabilité fondamentale, conformément au mandat de sa Charte, de mobiliser la solidarité mondiale et la coopération internationale pour surmonter les défis du monde.

Pour sa part, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a rappelé que le dernier forum politique de haut niveau avait souligné l’urgence de répondre à la pandémie de COVID-19 tout en luttant contre l’augmentation de la pauvreté, de la faim et des inégalités.  Dans le contexte actuel, les ODD sont plus importants que jamais, car ils servent de boussole pour construire des sociétés équitables et durables qui peuvent être plus résilientes face aux crises futures, a-t-il indiqué.  Il a ajouté que sans accès universel et équitable aux vaccins contre la COVID-19, « reconstruire mieux » et « ne laisser personne de côté » ne seront que des vœux pieux.

L’ECOSOC a également élu trois de ses Vice-Présidents: MM. Diego Pary Rodríguez de la Bolivie, Jukka Salovaari de la Finlande et Vitivas Srivihok de la Thaïlande.  Le Vice-Président issu du Groupe des États d’Europe de l’Est sera désigné ultérieurement.

M. Srivihok a demandé que le Conseil renforce ses efforts pour améliorer la coordination et la cohérence du travail de ses organes subsidiaires, lesquels sont mieux outillés pour aider les pays à reconstruire en mieux.  Son homologue de la Bolivie, M. Diego Pary Rodríguez, a promis que la région dont il est originaire allait apporter sa contribution à la bonne marche du Conseil, tandis que leur collègue de l’Indonésie a rendu hommage au Président sortant qui a œuvré à la réussite de la session ayant pris fin hier.  La Chine a également salué le travail fait au cours de la session qui vient de s’achever sous la direction du Président Akram, suivi en cela par la délégation des États-Unis qui a promis une franche collaboration au nouveau Bureau.

Le Conseil a aussi adopté l’ordre du jour provisoire de sa session de 2022 (E/2022/1), avant d’adopter une résolution (E/2022/L.1) sur l’organisation de ses travaux tout en gardant à l’esprit qu’il faudra peut-être l’adapter compte tenu de l’incidence que la pandémie de COVID-19 continue d’avoir sur ses activités.

En 2022, les dates à retenir sont les suivantes:

  • 2 février: Forum des partenariats 
  • 3 et 4 février: Débat consacré aux questions de coordination
  • 8 avril: Réunion spéciale sur la coopération internationale en matière fiscale
  • 13 avril: Réunion de gestion consacrée aux élections
  • 19 et 20 avril 2022: Forum de la jeunesse
  • 25 au 28 avril: Forum sur le suivi du financement du développement, y compris la réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la CNUCED
  • 5 et 6 mai: Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable 
  • 17 au 19 mai: Débat consacré aux activités opérationnelles de développement
  • 8 et 9 juin: Premier débat consacré à la gestion
  • 20 juin: Réunion consacrée au passage de la phase des secours aux activités de développement
  • 21 au 23 juin: Débat consacré aux affaires humanitaires
  • 5 au 12 juillet: Sommet sur les objectifs de développement durable, organisé sous les auspices du Conseil économique et social
  • 13 au 15 et le 18 juillet: Débat de haut niveau, y compris la réunion ministérielle de trois jours du forum politique de haut niveau pour le développement durable 
  • 21 et 22 juillet: Second débat consacré à la gestion
  • 25 juillet: Séance d’organisation relative à son programme de travail pour la période allant de juillet 2022 à juillet 2023.

En fin de séance, l’Allemagne a été tirée au sort pour occuper le premier siège dans la salle de l’ECOSOC au cours des réunions de 2022.  Les autres membres du Conseil seront donc installés à sa suite selon l’ordre alphabétique en anglais. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: le Conseil de sécurité condamne l’annonce par la Turquie et les chypriotes turcs de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de Varosha

8824e séance – matin
CS/14586

Chypre: le Conseil de sécurité condamne l’annonce par la Turquie et les chypriotes turcs de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de Varosha

Dans une déclaration  présidentielle rendue publique aujourd’hui par la France, le Conseil de sécurité « condamne » l’annonce faite à Chypre, le 20 juillet dernier, par les dirigeants turcs et chypriotes turcs  de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de Varosha, un secteur de l’agglomération de Famagouste sur la côte est de l’île.  

Réaffirmant la déclaration faite par la présidence russe le 9 octobre 2020, le Conseil « déplore vivement » cette mesure unilatérale qui est « contraire à ses résolutions et déclarations précédentes ».   Il répète que toute tentative d’installation, dans une partie quelconque de Varosha, de personnes autres que les habitants de ce secteur est « inadmissible ». 

Dans ce contexte, le Conseil demande que l’on revienne immédiatement sur cette mesure ainsi que sur toutes celles qui ont été prises concernant Varosha depuis octobre 2020.   Il souligne en outre la nécessité d’éviter toute nouvelle mesure unilatérale  susceptible d’accroître les tensions sur l’île et  de  nuire aux perspectives de règlement.  

La France préside les travaux du Conseil de sécurité pendant le mois de juillet. 

Déclaration du Président du Conseil de sécurité 

Le Conseil de sécurité réaffirme la déclaration faite par son président sur Varosha le 9 octobre 2020 (S/PRST/2020/9). 

Le Conseil réaffirme le statut de Varosha, tel qu’il l’a défini dans de précédentes résolutions, notamment les résolutions 550 (1984) et 789 (1992). Il déclare une fois de plus que toute tentative d’installation, dans une partie quelconque de Varosha, de personnes autres que les habitants de ce secteur est inadmissible et qu’aucune action contraire à ses résolutions ne devrait être entreprise concernant Varosha.  

Le Conseil condamne l’annonce faite à Chypre le 20 juillet 2021 par les dirigeants turcs et les dirigeants chypriotes turcs de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de Varosha. Il déplore vivement cette mesure unilatérale qui est contraire à ses résolutions et déclarations précédentes. 

Le Conseil demande que l’on revienne immédiatement sur cette mesure ainsi que sur toutes celles qui ont été prises concernant Varosha depuis octobre 2020. Il souligne la nécessité d’éviter toute nouvelle mesure unilatérale non conforme à ses résolutions et qui soit susceptible d’accroître les tensions sur l’île et de nuire aux perspectives de règlement.  

Le Conseil rappelle qu’il importe que ses résolutions soient pleinement respectées et appliquées, notamment pour ce qui est du placement du secteur de Varosha sous l’administration de l’Organisation des Nations Unies, et que la liberté de mouvement de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) soit respectée.  

Le Conseil se dit une nouvelle fois déterminé à parvenir à un règlement durable, global et juste, conformément aux souhaits de la population chypriote, qui serait fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, et renouvelle son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général.  

Le Conseil reste saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: une vingtaine de résolutions, décisions et recommandations adoptées au second jour du « débat consacré à la gestion », dont un texte sur le VIH/sida

Session de 2021,
13e séance - matin
ECOSOC/7063

ECOSOC: une vingtaine de résolutions, décisions et recommandations adoptées au second jour du « débat consacré à la gestion », dont un texte sur le VIH/sida

Au second jour de son « débat consacré à la gestion », le Conseil économique et social (ECOSOC) a examiné ce matin en mode hybride les rapports de 11 de ses organes subsidiaires et adopté une vingtaine de résolutions, décisions et recommandations y afférentes, notamment celle qui demande instamment au Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) de soutenir la mise en œuvre efficace de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et de la Déclaration politique sur le VIH et le sida de 2021.

Présenté par le Pakistan, ce texte encourage également les gouvernements, la société civile, les communautés locales et le secteur privé à atteindre les objectifs fixés pour 2025 en prenant en considération les politiques et priorités nationales, en tant que facteur important pour la réalisation des objectifs de développement durable, notamment de la cible 3.3.  Il demande en outre que des mesures soient prises d’urgence pour combler le déficit de ressources en matière de lutte contre le VIH et le sida, compte tenu de la nécessité d’investir 29 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de 2025.

Ces recommandations font écho aux propos de Mme Winifred Karagwa Byanyima, Directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), qui a rappelé, lors de la présentation de son rapport 2020, que la lutte mondiale contre le VIH est « loin d’être gagnée ».  C’est particulièrement vrai en Afrique subsaharienne, où les filles et les jeunes femmes sont 2,6 fois plus exposées au risque d’infection à VIH que leurs pendants masculins.  À l’heure actuelle, 62% des nouvelles infections à VIH dans le monde concernent les membres de populations clefs et leurs partenaires sexuels, a-t-elle précisé, avant de constater que les communautés touchées par le VIH ont particulièrement souffert de la pandémie de COVID-19 qui a entravé leur accès aux services et aux traitements.

L’ECOSOC a également adopté une résolution présentée par la Fédération de Russie intitulée « Équipe spéciale interorganisations des Nations Unies pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles ».  Ce texte demande aux donateurs bilatéraux et multilatéraux de mobiliser des ressources humaines et financières pour aider les États Membres à favoriser une riposte durable à ces maladies qui sont responsables de 70% des pathologies dans le monde, ainsi qu’aux problèmes de santé mentale.  Par cette résolution, l’ECOSOC demande par ailleurs aux membres de l’Équipe spéciale de prêter une attention particulière aux besoins des États Membres dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et du relèvement.

Autre texte traitant d’une question d’actualité, la résolution présentée par le Mexique sur la « Suite donnée à l’Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes » a permis à l’ECOSOC de prendre acte de l’entrée en vigueur de l’« Accord d’Escazú », le 22 avril dernier.  Le Secrétariat de l’ECOSOC a toutefois indiqué que l’adoption de ce texte impliquerait des dépenses supplémentaires importantes au titre du budget-programme 2022, ce qui a suscité la réprobation d’un grand nombre de délégations. 

Au nom de l’Union européenne, la Slovénie a ainsi souhaité que la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) trouve d’autres ressources pour financer ces besoins d’une manière acceptable par tous.  Le Royaume-Uni a quant à lui demandé que les contributions volontaires soient utilisées à cette fin.  À l’instar du Japon, la Fédération de Russie s’est inquiétée des conséquences de ce texte pour le budget ordinaire de l’ONU, estimant toutefois que cet « accord régional » n’entraîne pas d’obligations pour les pays non signataires.

Sur la même ligne, les États-Unis se sont alarmés des ressources additionnelles demandées, tout en exprimant des réserves sur le texte de l’accord lui-même, et plus particulièrement sur le terme « droits humains » utilisé au premier paragraphe de son article 4.  De l’avis de la mission américaine, il n’existe pas de droits humains reconnus en matière environnementale, notamment pas de droit à un environnement propre.

Ce débat a aussi été l’occasion d’entendre pour la première fois un exposé devant l’ECOSOC de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI), l’un des six instituts de recherche et de formation de l’ONU.  Sa Directrice, Mme Antonia Marie De Meo, a fait état de travaux sur les activités émergentes des groupes terroristes, extrémistes et criminels cherchant à capitaliser sur les effets déstabilisateurs de la pandémie de COVID-19.  Selon son rapport, les acteurs non étatiques violents ont augmenté leur utilisation des médias sociaux pendant la pandémie pour renforcer leurs narratifs extrémistes et leurs stratégies de recrutement.  Pour prévenir et contrer la montée de l’extrémisme violent, a indiqué Mme De Meo, l’UNICRI a travaillé avec les communautés et la société civile, tout en élargissant son programme de renforcement des capacités. 

Au cours de la discussion interactive qui a suivi sa présentation, l’Allemagne s’est étonnée que l’UNICRI présente pour la première fois publiquement ses travaux à l’ECOSOC, alors même qu’il mène des recherches depuis des décennies.  Elle a donc émis l’espoir que ce type d’exposé soit plus régulier à l’avenir, une demande reprise par les États-Unis, qui ont souhaité que l’institut fasse rapport à l’ECOSOC tous les ans.

L’ECOSOC a également procédé à des nominations dans neuf de ses organes subsidiaires et arrêté les dates de la session de 2022.  Du 5 au 12 juillet aura lieu notamment un Sommet sur les objectifs de développement durable, organisé sous ses auspices, avant son débat de haut niveau annuel.

DÉBAT CONSACRÉ À LA GESTION

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme 

Prévention du crime et justice pénale 

M. ALESSANDRO CORTESE (Italie), Président de la trentième session de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, a présenté le rapport de la Commission (E/2021/30) en se félicitant qu’en ces temps de pandémie, 1 115 participants aient pu prendre part à la session, laquelle a donné lieu à 84 manifestations en ligne.  Il a d’autre part indiqué que le débat interactif sur l’ODD 16 aura lieu à la reprise de la session.  

Mme ANTONIA MARIE DE MEO, Directrice de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI), l’un des six instituts de recherche et de formation de l’ONU, a ensuite présenté les principaux points du rapport annuel 2020 de l’UNICRI (E/2021/74).  Elle a notamment fait état de travaux sur les activités émergentes des groupes terroristes, extrémistes et criminels cherchant à capitaliser sur les effets déstabilisateurs de la pandémie de COVID-19.  Selon le rapport, les acteurs non étatiques violents ont augmenté leur utilisation des médias sociaux pendant la pandémie pour renforcer leurs narratifs extrémistes et leurs stratégies de recrutement.  Pour prévenir et contrer la montée de l’extrémisme violent, a indiqué Mme De Meo, l’UNICRI a travaillé avec les communautés et la société civile, tout en élargissant son programme de renforcement des capacités.  

Au cours de la discussion interactive qui a suivi, l’Italie s’est déclarée fière d’accueillir l’UNICRI, voyant dans cet institut un « bien important » des Nations Unies dans le domaine de la recherche et de la formation.  Les travaux de l’UNICRI permettent d’analyser les phénomènes criminels en renforçant la primauté du droit pour assurer le développement, ce qui est d’autant plus important en cette année où l’ODD 16 a été l’objet d’une conférence d’examen en mai dernier, a-t-elle relevé. 

L’Allemagne a noté pour sa part que bien que l’UNICRI fasse des recherches depuis des décennies, c’est la première fois que sa direction expose ses travaux à l’ECOSOC.  Elle a donc émis l’espoir que ce type d’exposé de l’UNICRI soit plus régulier à l’avenir, une demande reprise par les États-Unis, qui ont souhaité que l’institut fasse rapport à l’ECOSOC tous les ans. 

La délégation de Cuba a quant à elle appelé à davantage de coopération internationale pour la prévention du crime et la justice pénale, non sans s’élever contre les mesures coercitives unilatérales prises par certains pays.  Elle a ainsi dénoncé le blocus économique, commercial et financier qu’imposent les États-Unis à Cuba, empêchant le pays d’obtenir de meilleurs résultats en matière de développement durable.  L’objectif est, selon elle, de créer des désordres internes, ce qui est confirmé par les mensonges répandus sur Cuba dans le cyberespace.  Face à cette opération de déstabilisation, le Gouvernement cubain continue de défendre l’ordre constitutionnel, a-t-elle assuré, entraînant une motion d’ordre des États-Unis, qui se sont interrogés sur le lien entre la déclaration de la délégation cubaine et le point à l’ordre du jour. 

Suite à ces interventions, l’ECOSOC a entériné cinq projets de résolutions recommandées pour adoption par l’Assemblée générale dans le Chapitre I, section A du rapport E/2021/30

Par la résolution I, intitulée « Quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale », l’Assemblée générale inviterait les États à s’inspirer de la Déclaration de Kyoto adoptée par le quatorzième Congrès pour élaborer des lois et des directives et demanderait à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale d’adopter les mesures stratégiques et opérationnelles appropriées au suivi de la Déclaration. 

En vertu de la résolution II, intitulée « Réduction de la récidive grâce à la réadaptation et à la réinsertion », l’Assemblée générale encouragerait les États Membres à élaborer des stratégies ou des plans d’action globaux propres à réduire la récidive grâce à des interventions efficaces en faveur de la réadaptation et de la réinsertion des personnes délinquantes. 

Avec la résolution III, intitulée « Intégration du sport dans les stratégies de prévention de la criminalité et de justice pénale ciblant les jeunes », l’Assemblée générale engagerait les États Membres à mettre à disposition des équipements et programmes sportifs et récréatifs afin de promouvoir la prévention primaire, secondaire et tertiaire de la délinquance juvénile et la réinsertion sociale des jeunes délinquantes et délinquants. 

Par la résolution IV, intitulée « Renforcer les systèmes de justice pénale pendant et après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) », l’Assemblée générale recommanderait aux États Membres de tenir compte des enseignements tirés de cette crise afin de rendre les systèmes de justice pénale plus efficaces, plus responsables, plus transparents, plus inclusifs et mieux préparés à relever des défis similaires à l’avenir.

Enfin, au titre de la résolution V, intitulée « Prévenir et combattre les crimes qui portent atteinte à l’environnement », l’Assemblé générale prierait instamment les États Membres d’adopter des mesures efficaces pour prévenir et combattre les crimes qui portent atteinte à l’environnement, comme le trafic d’espèces sauvages, de bois, de déchets dangereux et de pierres, métaux et autres minerais et minéraux précieux, ainsi que le braconnage, en tirant le meilleur parti des instruments internationaux pertinents et en renforçant la législation, la coopération internationale, le développement des capacités, les mesures de justice pénale et celles de détection et de répression. 

Passant au Chapitre I, section B du rapport, l’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « Mise en œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes », ainsi que la décision intitulée « Rapport de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale sur sa trentième session et ordre du jour provisoire de sa trente et unième session ». 

Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme 

Stupéfiants 

Mme DOMINIKA KROIS (Pologne), Présidente de la soixante-quatrième session de la Commission des stupéfiants, a présenté le rapport de la Commission (E/2021/28).  

À sa suite, Mme JAGJIT PAVADIA, Présidente de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), a présenté le rapport 2020 de l’OICS (E/INCB/2020/1) en précisant que le chapitre thématique est centré cette année sur la consommation de drogues chez les personnes âgées, qui augmente plus rapidement que chez les jeunes.  Au titre de ses recommandations, l’OICS encourage les gouvernements à travailler avec le Programme mondial d’interception rapide des substances dangereuses (GRIDS) et son initiative de partenariat public-privé afin d’empêcher l’exploitation de l’industrie légitime pour le trafic d’opioïdes synthétiques non médicaux dangereux et de nouvelles substances psychoactives.  L’OICS appelle également les gouvernements à surveiller le détournement potentiel vers le trafic, partout où des cannabinoïdes à des fins médicales sont utilisés.

Dans le prolongement de ces présentations, l’ECOSOC a adopté deux décisions contenues dans le chapitre I, section A du rapport de la Commission des stupéfiants et intitulées respectivement « Rapport de la Commission des stupéfiants sur sa soixante-quatrième session et ordre du jour provisoire de sa soixante-cinquième session » et « Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants ». 

Coordination, programme et autres questions  

Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)

Mme WINIFRED KARAGWA BYANYIMA, Directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a présenté son rapport 2020 (E/2021/64) en rappelant que les premiers cas de VIH/sida ont été diagnostiqués il y a 40 ans et que l’épidémie a depuis fait plus de 35 millions de morts.  Toutefois, a-t-elle relevé, des progrès considérables ont été réalisés, plus de 37 millions de personnes vivant désormais avec le VIH et plus de 27 millions ayant accès à des traitements antirétroviraux.  Beaucoup de travail reste néanmoins à faire puisque l’on compte 1,5 million de nouvelles infections et 680 000 morts supplémentaires chaque année, une tendance favorisée selon elle par les inégalités, la stigmatisation et les lois punitives.  De plus, a-t-elle alerté, les vaccins contre la COVID-19 n’arrivent pas assez vite dans de nombreux pays et les personnes atteintes du VIH risquent d’être plus atteintes que les autres.   

La lutte mondiale contre le VIH est donc loin d’être gagnée, surtout en Afrique subsaharienne, où les filles et les jeunes femmes sont 2,6 fois plus exposées au risque d’infection à VIH que leurs pendants masculins.  À l’heure actuelle, 62% des nouvelles infections à VIH dans le monde concernent les membres de populations clefs et leurs partenaires sexuels, a-t-elle précisé, avant de constater que les communautés touchées par le VIH ont particulièrement souffert de la pandémie de COVID-19 qui a entravé leur accès aux services et traitements.  L’ONUSIDA, les pouvoirs publics et les populations se sont mobilisés rapidement, en exploitant la nature multisectorielle des mesures de lutte contre le VIH, en accélérant la mise en place de solutions novatrices axées sur l’être humain et en mobilisant de nouvelles ressources financières pour remédier aux effets de la pandémie, a souligné Mme Byanyima.  Assurant que le Programme commun adapte en permanence son modèle opérationnel afin d’accroître son efficacité et sa coordination, elle a indiqué que le prochain budget-plan de travail sera établi de manière à ce que la présence, les capacités, les méthodes de travail et la stratégie de mobilisation des ressources d’ONUSIDA correspondent aux priorités de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et aux mandats définis par les États Membres dans l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies de 2020. 

Mme KALUMBI SHANGULA (Namibie), Présidente du Conseil de coordination d’ONUSIDA, a ensuite présenté son rapport (E/2021/67) en mettant l’accent sur les investissements effectués, en lien avec l’accès aux médicaments, la réponse des communautés, la relation du VIH avec les coinfections et comorbidités, et la prévention.    

Après ces présentations, l’ECOSOC a adopté la résolution intitulée « Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida » (E/2021/L.30) présenté par le Pakistan.  Par ce texte, l’ECOSOC demande instamment au Programme commun de soutenir la mise en œuvre efficace de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 et de la Déclaration politique sur le VIH et le sida de 2021.  Il encourage les gouvernements, la société civile, les communautés locales et le secteur privé à atteindre les objectifs fixés pour 2025 en prenant en considération les politiques et priorités nationales, en tant que facteur important pour la réalisation des objectifs de développement durable, notamment de la cible 3.3.  Il demande en outre que des mesures soient prises d’urgence pour combler le déficit de ressources en matière de lutte contre le VIH et le sida, compte tenu de la nécessité d’investir 29 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de 2025. 

Le Secrétariat de l’ECOSOC a indiqué qu’après consultation avec le Conseil de coordination d’ONUSIDA, l’examen des incidences budgétaires de ce texte a été reporté à l’Assemblée générale, conformément aux procédures budgétaires. 

Au nom de la Thaïlande et d’elle-même, la Namibie s’est félicitée que le projet de résolution reconnaisse l’importance des objectifs et des engagements contenus dans la Déclaration politique de l’Assemblée générale sur le VIH et le sida et dans la Stratégie mondiale de lutte contre le sida.  Alors que les objectifs fixés pour 2020 n’ont pas été atteints, elle a souligné la nécessité d’agir d’urgence pour atteindre les objectifs de 2025, comme condition préalable à la fin de l’épidémie de sida d’ici à 2030. 

S’exprimant au nom d’un groupe de pays, les États-Unis ont salué le rôle dévolu à la société civile dans l’organe de direction de l’ONUSIDA depuis sa création voilà plus de 25 ans.  La société civile continue d’être « les yeux et les oreilles » de ce programme et offre des perspectives critiques, notamment sur l’impact des lois discriminatoires et les services essentiels fournis à la population, a souligné la délégation en regrettant les tentatives visant à limiter sa participation au Conseil de coordination d’ONUSIDA.  Pour les États-Unis, cette résolution confirme l’importance de cette participation, qui enracine l’action dans la réalité des communautés affectées par le VIH/sida.  Un avis pleinement partagé par le Portugal

Après l’adoption de la résolution, la Fédération de Russie a dit s’être associée au consensus, en se félicitant que le texte mentionne les nouveaux objectifs concernant les traitements et la diminution de la charge virale chez les enfants.  Elle a cependant émis des réserves sur la terminologie « droits humains » utilisée dans le préambule et le dispositif.  Elle a également appelé à un dialogue plus ferme avec les États pour favoriser l’unité de la coopération internationale et l’efficacité des efforts mondiaux contre le VIH/sida.    

L’Égypte a elle aussi rejoint le consensus, tout en estimant que les formes de violence évoquées par le texte peuvent s’entendre différemment selon les contextes.  La stratégie de l’Égypte définit les violences sexuelles comme étant commises contre les femmes et les filles, a-t-elle fait valoir, ajoutant que chaque forme de violence est soumise au droit national.  Relevant d’autre part que le terme « population clef » ne fait pas l’objet d’un consensus, elle a dit lui préférer la formulation du Programme d’action de Durban.

Coordination, programme et autres questions

Prévention et contrôle des maladies non transmissibles

M. WERNER OBERMEYER, Représentant du Bureau de New York de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a présenté le rapport du Directeur général de l’OMS sur l’Équipe spéciale interorganisations des Nations Unies pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (E/2021/48/Rev.1).  Selon lui, la pandémie de COVID-19 a montré l’importance de ne pas négliger ces maladies dont les facteurs de risque augmentent.  Il a également mis l’accent sur le financement de l’Équipe spéciale, rappelant que l’OMS, le PNUD et l’UNICEF se sont associés pour créer un fonds d’affectation spécial qui vise à lever 250 millions de dollars pendant cinq ans, notamment pour aider les pays à revenu faible ou intermédiaire.  À l’horizon 2030, ce fonds permettra de sauver 8 millions de vies et 20 millions d’années en bonne santé, a-t-il noté, y voyant un bon moyen de « reconstruire en mieux ».

La Fédération de Russie a ensuite présenté le projet de résolution intitulé « Équipe spéciale interorganisations des Nations Unies pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles » (E/2021/L.35) en faisant observer que ces maladies sont responsables de 70% des pathologies dans le monde.  Elle a noté que ce texte souligne la nécessité de faire en sorte que les services sanitaires soient généraux et qu’ils accordent une place importante à la santé psychique. 

L’ECOSOC a adopté ce texte qui demande aux donateurs bilatéraux et multilatéraux de mobiliser des ressources humaines et financières pour l’application des programmes de l’Équipe spéciale et pour aider les États Membres à favoriser une riposte durable aux maladies non transmissibles, ainsi qu’aux troubles mentaux et autres problèmes de santé mentale.  Par cette résolution, l’ECOSOC demande par ailleurs aux membres de l’Équipe spéciale de continuer à collaborer pour recenser les ressources techniques supplémentaires dont ils ont besoin, conformément à la stratégie de l’Équipe spéciale pour la période 2019-2021, en prêtant une attention particulière aux besoins des États Membres dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et du relèvement.  

Questions économiques et environnementales 

La science et la technologie au service du développement

M. PETER MAJOR (Hongrie), Président de la Commission de la science et de la technologie pour le développement (CSTD), a présenté les travaux des six segments de la vingt-quatrième session de la CSTD, organisée en mai dernier.  Il a notamment indiqué que, lors du segment de haut niveau sur « Le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans une reprise durable et résiliente après la pandémie de COVID-19 », les participants ont noté avec inquiétude l’accès inégal des pays aux avantages de la STI dans le contexte de la COVID-19 et les fractures numériques persistantes qui peuvent exacerber les inégalités.  Selon lui, la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer pour garantir l’égalité d’accès aux STI dans les soins de santé et dans d’autres domaines des ODD, notamment en encourageant le transfert de connaissances, la science ouverte et les technologies open source. 

L’ECOSOC s’est ensuite prononcé sur les recommandations contenues dans le rapport de la Commission de la science et de la technologie au service du développement. 

Il a tout d’abord adopté deux résolutions mentionnées au chapitre I, section A dudit rapport, intitulées respectivement « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information » et « Science, technologie et innovation pour le développement ». 

Puis il a entériné cinq projets de décision mentionnés au chapitre I, section B du rapport. 

La décision I est intitulée « Prorogation du mandat du Conseil consultatif pour l’égalité des sexes de la Commission de la science et de la technique au service du développement ».

La décision II est intitulée « Participation des organisations non gouvernementales et des entités de la société civile aux travaux de la Commission de la science et de la technique au service du développement ».

La décision III est intitulée « Participation des milieux universitaires et techniques aux travaux de la Commission de la science et de la technique au service du développement ».

La décision IV est intitulée « Participation des entités du secteur économique, notamment le secteur privé, aux travaux de la Commission de la science et de la technique au service du développement ».

La décision V est intitulée « Rapport de la Commission de la science et de la technique au service du développement sur les travaux de sa vingt-quatrième session et ordre du jour provisoire et documentation de la vingt-cinquième session de la Commission ». 

Dans la foulée de ces adoptions, le Pakistan a présenté le projet de résolution intitulé « Les technologies libres au service du développement durable » (E/2021/L.27), qui a été adopté par l’ECOSOC, en précisant qu’il invite le Secrétaire général à mettre au point des propositions concernant le renforcement de l’utilisation des technologies libres aux fins du développement durable.  Ces propositions, a-t-il ajouté, consisteraient notamment à regrouper les informations et à les rendre plus aisément accessibles au moyen de la plateforme en ligne 2030 Connect et des initiatives et bases de données qui y sont liées. 

Gestion géospatiale 

M. PIERRE JAILLARD, Président du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques (UNGEGN), a présenté le rapport du Groupe (E/2021/69) en indiquant que sa session de 2021 a porté sur le thème « Noms géographiques à l’appui du développement durable et de la gestion de la pandémie ».  L’un de ses principaux résultats est la recommandation qui demande l’adoption par l’ECOSOC du plan stratégique et du programme de travail 2021-2029, lesquels soulignent que « le suivi des ODD devrait être adéquatement étayé par des analyses thématiques fondées sur un ensemble de données géospatiales, dont les noms sont un élément central », a-t-il indiqué.  M. Jaillard a également annoncé que l’UNGEGN renforcera sa contribution à la cible 11.4 qui vise à « renforcer les efforts pour protéger et sauvegarder le patrimoine culturel et naturel mondial », à travers le patrimoine culturel et la reconnaissance de la langue parmi les noms géographiques.  Il a rappelé à cet égard que, dès 1972 mais surtout depuis 2002, l’UNGEGN a reconnu la valeur patrimoniale des noms de lieux et a encouragé l’enregistrement des noms utilisés localement reflétant les langues et les traditions d’un pays.  Enfin, le Président de l’UNGEGN a fait état de l’ouverture de trois nouveaux thèmes de travail, axés sur l’environnement, sur l’inclusion et sur les exonymes, c’est-à-dire les noms de lieux dans des langues qui ne sont pas parlées dans ces lieux.

L’ECOSOC a ensuite adopté trois recommandations présentées au chapitre I, section A du rapport. 

La recommandation 1 encourage le Bureau du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques à évaluer sa structure d’organes subsidiaires afin de permettre une mise en œuvre efficace du plan stratégique et du programme de travail pour la période 2021-2029. 

Par la recommandation 2, l’ECOSOC décide que le Groupe d’experts examinera les liens qui existent et ceux qui pourraient exister entre les noms géographiques et l’environnement et intégrera des exemples de pratiques, de recherches ou de relations de travail pertinentes dans ses activités et ses délibérations.

Avec la recommandation 3, l’ECOSOC décide que la session de 2023 du Groupe d’experts se tiendra du 1er au 5 mai 2023 et approuve son ordre du jour provisoire. 

Coopération régionale

L’ECOSOC a adopté la résolution présentée par le Mexique et intitulée « Suite donnée à l’Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes » (E/2021/L.23/Rev.1).  L’ECOSOC prend ainsi acte de l’entrée en vigueur de cet accord, dit « Accord d’Escazú », le 22 avril 2021, 90 jours après que les conditions établies dans l’article 22 de l’Accord ont été remplies, date qui a coïncidé avec la Journée internationale de la Terre nourricière. 

Le Secrétariat de l’ECOSOC a indiqué que l’adoption de ce texte impliquerait des dépenses supplémentaires importantes au titre du budget-programme 2022.  

Au nom de l’Union européenne, la Slovénie s’est félicitée de l’entrée en vigueur de cet accord mais a exprimé son inquiétude quant aux ressources supplémentaires demandées au titre du projet.  Saluant le fait que d’autres moyens de financement soient prévus dans l’accord, notamment des contributions volontaires, elle s’est déclarée surprise par le montant estimatif présenté par le Secrétariat de l’ECOSOC, et ce, alors que le budget-programme pour 2022 est déjà mis à l’épreuve.  Elle a espéré que la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) trouvera d’autres ressources pour financer ces besoins de manière acceptable par tous. 

Le Royaume-Uni s’est lui aussi déclaré préoccupé par les ressources additionnelles présentées tardivement par l’ECOSOC au titre de ce projet de résolution.  Il a demandé que les contributions volontaires soient utilisées à cette fin. 

Sur la même ligne, les États-Unis se sont alarmés des ressources demandées.  Ils ont par ailleurs exprimé des réserves quant au terme « droits humains » utilisé au premier paragraphe de l’article 4 de l’accord.  Selon eux, il n’existe pas de droits humains reconnus en matière environnementale, notamment pas de droit à un environnement propre. 

La Bolivie a pour sa part salué l’entrée en vigueur de l’accord et souhaité que la CEPAL dispose des moyens nécessaires à l’exercice de ses fonctions. 

À son tour, le Japon s’est dit préoccupé par la procédure budgétaire suivie pour cette résolution.  Les besoins supplémentaires auraient dû faire l’objet de discussions lors de l’accord, a-t-il soutenu, ajoutant que les coûts auraient dû être demandés dans le cadre des procédures budgétaires régulières.  

La Fédération de Russie s’est également inquiétée des conséquences de ce texte pour le budget ordinaire.  Elle a demandé des chiffres exacts quant aux fonctions de secrétariat de l’accord assurées par la CEPAL.  Pour la délégation, il s’agit en outre d’un accord régional qui n’entraîne pas d’obligations pour les pays non signataires. 

L’ECOSOC a ensuite annoncé le nouveau report de l’examen du projet de résolution 6 intitulé « Mandat révisé du Comité des transports intérieurs », tel que recommandé par la Commission économique pour l’Europe au chapitre I du document E/2019/15/Add.2.  D’autres consultations sur cette question sont nécessaires pour parvenir à une conclusion définitive concernant le mandat révisé du Comité, a précisé le Président de séance, proposant que le Conseil se prononce sur cette question dans les meilleurs délais lors de sa session de 2022. 

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement 

Coopération Sud-Sud pour le développement 

Le Directeur par intérim du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, M. ADEL ABDELLATIF, a présenté le rapport de la vingtième session du Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud (A/76/39).

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions  

Calendrier des conférences et des réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes 

L’ECOSOC a ensuite adopté une décision (E/2021/L.34) en vertu de laquelle il a fixé les dates des réunions et débats du Conseil économique et social en 2022.  Ainsi, la séance d’organisation de la session de 2022 aura lieu dès demain, vendredi 23 juillet.  

En 2022, les dates à retenir sont les suivantes:

  • 2 février: Forum des partenariats 
  • 3 et 4 février: Débat consacré aux questions de coordination
  • 8 avril: Réunion spéciale sur la coopération internationale en matière fiscale
  • 13 avril: Réunion de gestion consacrée aux élections
  • 19 et 20 avril 2022: Forum de la jeunesse
  • 25 au 28 avril: Forum sur le suivi du financement du développement, y compris la réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la CNUCED
  • 5 et 6 mai: Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable 
  • 17 au 19 mai: Débat consacré aux activités opérationnelles de développement
  • 8 et 9 juin: Débat consacré à la gestion
  • 20 juin: Réunion consacrée au passage de la phase des secours aux activités de développement
  • 21 au 23 juin: Débat consacré aux affaires humanitaires
  • 5 au 12 juillet: Sommet sur les objectifs de développement durable, organisé sous les auspices du Conseil économique et social
  • 13 au 15 et le 18 juillet: Débat de haut niveau, y compris la réunion ministérielle de trois jours du forum politique de haut niveau pour le développement durable 
  • 21 et 22 juillet: second débat consacré à la gestion

Application des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B, 60/265, 61/16, 67/290, 68/1 et 72/305 de l’Assemblée générale 

Aucune documentation n’était disponible pour cette question de l’ordre du jour.

Élections, présentations de candidatures, confirmations et nominations 

Comité d’experts de l’administration publique

L’ECOSOC a approuvé la nomination par le Secrétaire général de 24 membres du Comité d’experts de l’administration publique, pour un mandat de quatre ans (1er août 2021-31 juillet 2025).

Ces nouveaux membres qui vont siéger à titre personnel sont: Mme Marta Eugenia Acosta Zúñiga (Costa Rica); Mme Yamini Aiyar (Inde); M. Rolf Alter (Allemagne); Mme Linda Bilmes (États-Unis d’Amérique); M. Augustin K. Fosu (Ghana); Mme Geraldine Joslyn Fraser-Moleketi (Afrique du Sud); M. Paul Jackson (Royaume-Uni); Mme Aigul Kosherbayeva (Kazakhstan); M. Ronald U. Mendoza (Philippines); M. Louis Meuleman (Pays-Bas); Mme Lamia Moubayed Bissat (Liban); M. Juraj Nemec (Slovaquie); Mme Katarina Ott (Croatie); Mme Soonae Park (République de Corée); Mme Alketa Peci (Brésil); M. Mauricio Rodas (Équateur); M. Devon Rowe (Jamaïque); M. Carlos Santiso (France); M. Henry Sardaryan (Fédération de Russie); M. David Moinina Sengeh (Sierra Leone); Mme Sherifa Fouad Sherif (Égypte); Mme Aminata Touré (Sénégal); M. Lan Xue (Chine); et Mme Najat Zarrouk (Maroc).

Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale

Le Conseil économique et social a également a entériné le choix des 25 personnes nommées par le Secrétaire général au Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, siégeant à titre personnel pour un mandat expirant le 30 juin 2025.   

Il s’agit de: M. Muhammad Ashfaq Ahmed (Pakistan); M. Rasmi Ranjan Das (Inde); M. Matthew Olusanya Gbonjubola (Nigéria); Mme Liselott Kana (Chili); Mme YoungJoo Lee (République de Corée); M. Waziona Ligomeka (Malawi); Mme Nana Akua Achiaa Amoako Mensah (Ghana); M. Enrique Bolado Muñoz (Mexique); Mme Kapembwa Elizabeth NamuyembaSikombe (Zambie); Mme Marlene Patricia Nembhard-Parker (Jamaïque); M. Eamonn O’Dea (Irlande); Mme Pande Putu Oka Kusumawardani (Indonésie); Mme Mya Mya Oo (Myanmar); M. El Hadramy Oubeid (Mauritanie); M. Carlos Protto (Argentine); Mme Elisângela Rita (Angola); M. Aart Roelofsen (Pays-Bas); M. Alexander Smirnov (Fédération de Russie); Mme Stephanie Smith (Canada); Mme Trude Steinnes Sønvisen (Norvège); Mme Titia Stolte-Detring (Allemagne); M. José Troya (Équateur); M. Mario Visco (Italie); Mme Ingela Willfors (Suède); et M. Yan Xiong (Chine).

Commission de la condition de la femme

Ensuite, l’ECOSOC a élu l’Algérie à la Commission de la condition de la femme, pour un mandat de quatre ans commençant à la première réunion de la soixante-septième session en 2022 et prenant fin à la fin de la soixante-dixième session en 2026.  

Commission pour la prévention du crime et la justice pénale

Le Conseil économique et social a également élu le Nigéria à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, pour un mandat de trois ans prenant effet le 1er janvier 2022.

Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication

Poursuivant dans cette lancée, l’ECOSOC a élu le Kazakhstan pour trois ans, à partir du 1er janvier 2022, comme membre du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication.

Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance

Le Conseil a aussi élu l’Allemagne, l’Australie, la France et Monaco au Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour un mandat de trois ans qui commence le 1er janvier 2022.  Il a ensuite élu la Suède qui va terminer le mandat de la Nouvelle-Zélande au sein du même Conseil d’administration, prenant ainsi fonction le 1er janvier 2022 jusqu’au 31 décembre 2023.  Pour sa part, le Danemark va remplacer la Suisse du 1er janvier au 31 décembre 2022.

Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets

Par la suite, l’ECOSOC a élu l’Allemagne, la Grèce et les Pays-Bas au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets.  Ces pays vont y siéger pendant trois ans à partir du 1er janvier 2022.  De même, il a élu la Suisse qui terminera le mandat du Danemark du 1er janvier au 31 décembre 2022.

Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population

Le Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population aura pour sa part deux nouveaux membres, puisque l’Indonésie et le Liban y ont été élus pour un mandat de trois ans débutant le 1er janvier 2022.

Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix

Enfin, l’ECOSOC a élu la Nouvelle-Zélande qui va terminer le mandat de la Suisse durant toute l’année 2022 au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution fixant au 31 juillet 2022 la fermeture du Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine

8823e séance – après-midi
CS/14585

Le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution fixant au 31 juillet 2022 la fermeture du Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine

Le Conseil a rejeté, cet après-midi, un projet de résolution présenté par la Chine et la Fédération de Russie qui fixait au 31 juillet 2022 la fermeture du Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine.  Le texte a recueilli 2 voix pour et 13 abstentions. 

Le 27 mai dernier, le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix a nommé M. Christian Schmidt, de l’Allemagne, au poste de Haut-Représentant pour succéder à  M. Valentin  Inzko, démissionnaire après 12 années de service.  Le 29 juin, la Chine et la Fédération de Russie étaient les seuls à contester la procédure de nomination  qui, de leur avis, aurait dû être entérinée par le Conseil. 

Aujourd’hui, la Fédération de Russie a, une nouvelle fois, critiqué un processus qui « contourne les prérogatives » du Conseil et qui s’apparente à une « forme de tutelle déstabilisatrice » de nature à nuire au processus de paix.  Elle a prévenu des conséquences « dangereuses » d’une telle situation aux relents de « colonialisme ».  C’est « tout simplement intolérable », a renchéri la Chine, en ajoutant que les différentes parties bosniennes ont une perception différente de l’utilité du Bureau du Haut-Représentant.  « Il est temps de se réadapter à la situation et aux réalités de terrain, dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine », a asséné la Chine. 

Les États-Unis, la France, l’Irlande ou encore le Royaume-Uni ont défendu le caractère « légitime » de la nomination de M. Schmidt, arguant que rien dans l’Accord de Dayton ne dispose que le Conseil de sécurité doit entériner cette nomination.  Le Royaume-Uni a justifié son abstention par la nécessité de s’opposer à toutes les tentatives de restreindre les prérogatives du Haut-Représentant.  

Aux termes du projet de résolution, le Conseil aurait décidé que les pouvoirs du Haut-Représentant décrits dans les conclusions de la Conférence de mise en œuvre de la paix en 1997 « ne sont plus nécessaires », au vu des progrès accomplis par les parties bosniaques.  Il aurait maintenu le Bureau jusqu’au 31 juillet 2022, « après quoi il fermera ».  Avec d’autres, l’Irlande a rappelé que le rapport le plus récent du Secrétaire général note qu’aucun progrès n’a été accompli dans la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 » dont la finalisation est une condition préalable à la fermeture du Bureau.  M. Christian Schmidt doit prendre ses fonctions le 1er août prochain. 

Explications de vote

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que la nomination de M. Christian Schmidt au poste de Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, dans le cadre d’un processus qui « contourne les prérogatives » du Conseil de sécurité s’apparente à une « forme de tutelle déstabilisatrice » de nature à nuire au processus de paix.  Les conséquences de cette nomination peuvent être « dangereuses », a averti le représentant, soulignant que l’Accord de Dayton et la pratique établie témoigne du rôle « prédominant » du Conseil dans une telle nomination puisqu’il est impliqué en Bosnie-Herzégovine en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. 

Avec la Chine, nous avons donc décidé, a poursuivi le représentant, de présenter un projet de résolution pour surmonter les obstacles juridiques et nous appelons les membres du Conseil à faire preuve de sagesse et à mettre un terme à une situation qui n’est qu’une « forme de colonialisme ». 

À son tour, M. SHUANG GENG (Chine) a estimé que la procédure utilisée pour nommer M. Christian Schmidt remet en cause l’autorité du Conseil de sécurité et la légitimité même du Bureau du Haut-Représentant.  Chercher à imposer une nomination, en contournant le Conseil est « tout simplement intolérable » a insisté le représentant.  Il a d’ailleurs affirmé qu’à ce jour, les différentes parties bosniennes ont une perception différente de l’utilité ou de la pertinence dudit du Bureau.  Il est temps, a conclu le représentant, de se réadapter à la situation et aux réalités de terrain, dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine. 

Reprenant la parole après le vote, le représentant de la Fédération de Russie a déploré le rejet du projet de résolution et jugé « illégitime et dangereux » le contournement du Conseil dans la nomination du Haut-Représentant.  Pour nous, a-t-il martelé, « le poste demeure vacant » et la nomination de M. Schmidt n’ a aucune base juridique.  Il a mis en garde les membres du Conseil contre toute autre nomination « illégitime ».  

À son tour, son homologue de la Chine a exprimé ses regrets devant le rejet du texte.  Ce candidat, a-t-il dit, n’a pas reçu le soutien du Conseil et n’a donc pas de légitimité.  Dans le contexte actuel, a-t-il ajouté, le mandat du Haut-Représentant est « devenu anachronique ». 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a expliqué que son abstention par le fait qu’il faut se féliciter de la décision du Comité directeur de nommer M. Christian Schmidt, au poste de Haut-Représentant.  Le soutien du Conseil à une telle décision n’est pas juridiquement nécessaire, a-t-il estimé, avant de critiquer un projet de résolution qui aurait limité les pouvoirs du Haut-Représentant et imposé un délai pour la fermeture de son Bureau, « ce que nous ne pouvons accepter ».  M. Flynn a enfin rappelé que le rapport le plus récent du Secrétaire général note qu’aucun progrès n’a été accompli dans la mise en œuvre de l’Agenda 5+2 dont la finalisation est une condition préalable à la fermeture dudit Bureau. 

M. RICHARD M. MILLS, JR.(États-Unis) a accusé la Fédération de Russie et la Chine de vouloir mettre à jour les divisions du Conseil, à l’aide d’un projet de résolution qui affaiblit l’Accord de Dayton.  Cet Accord, a-t-il souligné, prévoit que le Haut-Représentant soit nommé par le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix.  Tous les pays réunis ici étaient d’accord sur la nomination de M. Schmidt sauf la Fédération de Russie, a révélé le représentant.  Or, aucune règle juridique ne dispose que le Conseil de sécurité doit approuver une telle nomination.  Il a aussi rappelé que la fermeture du Bureau du Haut-Représentant dépend de l’achèvement du programme « 5 plus 2 », ce qui n’est pas encore le cas, compte tenu des tensions en Bosnie-Herzégovine. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré que le projet de résolution ne répondait pas aux attentes des membres du Conseil de sécurité et qu’il n’aurait résolu aucun problème.  Le fait que 13 membres du Conseil aient décidé de s’abstenir montre que l’initiative n’a pas été menée de manière constructive, a estimé le représentant, avant d’insister sur le fait que l’avenir de la Bosnie-Herzégovine se trouve sur la voie euro-atlantique. 

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a expliqué son abstention, en arguant qu’il ne revient pas au Conseil de sécurité de poser des conditions à la nomination du Haut-Représentant ni de décider de la fermeture de son Bureau.  Cette fermeture ne peut être envisagée qu’à l’aune de la mise en œuvre complète du programme « 5 plus 2 », a-t-elle martelé à son tour. 

Mme FARREY (Royaume-Uni) a justifié son abstention par la nécessité d’appuyer le Bureau du Haut-Représentant et de s’opposer à toutes les tentatives de restreindre les prérogatives de ce haut fonctionnaire.  Elle a qualifié de « parfaitement légitime » la décision du Comité directeur de nommer M. Schmidt, ajoutant, à son tour, que la fermeture du Bureau ne peut être envisagée tant que tous les critères du programme « 5 plus 2 » ne seront pas remplis. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a souligné la persistance des divisions en Bosnie-Herzégovine et exhorté la communauté internationale à œuvrer au bien-être du peuple bosnien. L’application de l’Accord de Dayton, a-t-il ajouté, doit se faire dans l’intérêt de l’indépendance et de la souveraineté du pays et les membres du Conseil doivent éviter d’afficher leurs divisions sur cette question, a dit le représentant qui a souligné son attachement au consensus. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué la nomination de M. Schmidt, arguant à son tour que la fermeture du Bureau du Haut-Représentant aurait été prématuré. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a aussi souligné qu’il ne revient pas au Conseil de sécurité de poser des conditions à la nomination du Haut-Représentant ni d’ailleurs de décider de la fermeture de son Bureau.  Elle a estimé que, malgré les progrès enregistrés par la Bosnie-Herzégovine ces 25 dernières années, la situation demeure fragile.  Face aux dynamiques très préoccupantes, dont les tensions communautaires et certains appels à la sécession qui remettent en cause l’intégrité territoriale du pays et sont contraires à l’Accord de Dayton/Paris, la représentante s’est dite convaincue que les institutions post-conflits demeurent plus que jamais nécessaires, notamment le Bureau du Haut-Représentant.  

L’objectif, défini en 2008, a-t-elle rappelé, est que le Bureau fermera quand les conditions fixées par le programme « 5 plus 2 » seront remplies.  Jugeant que la procédure a été respectée, elle a annoncé que M. Schmidt prendra ses fonctions le 1er août prochain.  Nous sommes disposés à travailler avec les membres du Conseil à une résolution qui se féliciterait de cette nomination, a conclu la représentante, en voyant dans un tel texte « un signal politique bienvenu mais pas juridiquement requis ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.