Soixante-quinzième session,
93e séance plénière – matin
AG/12349

Dans deux résolutions, l’Assemblée invite les États à intensifier la lutte contre la déficience visuelle et le trafic des espèces sauvages

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sans vote deux résolutions exhortant les États à intensifier la lutte contre la déficience visuelle, compte tenu de son importance pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et celle contre le trafic illicite des espèces sauvages qui a atteint des « niveaux extrêmement préjudiciables ». 

Dans le préambule du texte intitulé « Vision pour toutes et tous: accélérer l’action menée pour atteindre les objectifs de développement durable »*, l’Assemblée générale note qu’au moins 2 milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité, que 1,1 milliard de personnes présentent une déficience qui aurait pu être évitée ou qui n’est toujours pas traitée et que les besoins mondiaux en soins oculaires devraient augmenter considérablement, dans la mesure où l’on s’attend à ce que d’ici à 2050, la moitié de la population mondiale vive avec des déficiences visuelles. 

Elle invite les États à mobiliser les ressources et l’aide nécessaires afin de contribuer aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour que, d’ici à 2030, au moins 1,1 milliard de personnes ayant une forme de déficience visuelle reçoivent les soins oculaires dont elles ont besoin.  L’Assemblée invite aussi les institutions financières internationales et les donateurs à accorder des moyens financiers suffisants et ciblés, en particulier en faveur des pays en développement, afin que l’on puisse mettre en place une campagne internationale sur la santé oculaire visant à atteindre les objectifs de développement durable et à ne laisser personne de côté d’ici à 2030.  Elle note en effet que la promotion de la santé oculaire peut grandement contribuer à accélérer l’action menée pour atteindre ces objectifs. 

L’Assemblée engage donc les États Membres à envisager de traiter de la question de la santé oculaire dans les examens nationaux volontaires qu’ils présentent au forum politique de haut niveau pour le développement durable et invite le Groupe d’experts chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable, à prendre en considération, à la prochaine session de la Commission de statistique, en 2025, les indicateurs relatifs aux buts mondiaux atteignables en matière de santé oculaire évoqués dans la résolution 73.4 de l’Assemblée mondiale de la santé. 

Quelque 90% des 1,1 milliard de personnes qui ont des déficiences visuelles vivent dans les pays en développement sans accès aux soins oculaires primaires, a insisté le Bangladesh qui a présenté la résolution.  Les millions de personnes qui ne peuvent s’offrir une simple paire de lunettes représentent une perte de la productivité de 400 milliards de dollars par an.  Nous ne pourrons mettre fin ni à la faim ni à l’analphabétisme si la santé oculaire n’est pas au cœur de nos politiques de santé, a prévenu le Bangladesh.  Précurseur de la microchirurgie oculaire dès le XIXe siècle, la Fédération de Russie a particulièrement souligné l’importance de la détection précoce des déficiences visuelles.  

L’accent mis, dans la résolution, sur certains groupes au détriment d’autres a été critiqué par la Hongrie qui a relevé la mention des migrants parmi les personnes en situation vulnérables.  Les gouvernements ont le droit de s’occuper d’abord de leurs propres populations et la communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour empêcher des migrations qui aggravent les dangers encourus par des populations déjà à risque, a argué la Hongrie. 

Par sa résolution de 43 paragraphes de fond sur la lutte contre le trafic d’espèces sauvages**, l’Assemblée générale se déclare, dans le préambule, gravement préoccupée par « les niveaux extrêmement préjudiciables » qu’atteint le braconnage de rhinocéros, le nombre alarmant de massacres d’éléphants en Afrique, l’augmentation notable du trafic de pangolins et le commerce illicite d’autres espèces sauvages protégées, dont les tortues terrestres, les tortues de mer et d’eau douce, les iguanes terrestres et marins, d’autres reptiles, les requins, les poissons d’ornement, les grands singes, les perroquets, les oiseaux de proie, le calao à casque rond et les grands fauves, y compris la panthère des neiges.  

Elle se dit consciente des incidences économiques, sociales et environnementales de ce trafic, contre lequel des mesures plus vigoureuses doivent être prises en ce qui concerne l’offre, le transit et la demande.  Elle souligne nouveau à cet égard l’importance d’une coopération internationale efficace entre les États Membres, les secrétariats des accords multilatéraux sur l’environnement applicables et les organisations internationales. 

Elle demande aux États d’ériger en infraction grave, au sens de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et en conformité avec leur législation interne, le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages protégées, de sorte que, dès lors que l’infraction est de nature transnationale et qu’y participe un groupe criminel organisé, une coopération internationale efficace puisse prendre forme sous le régime de la Convention.  Les États Membres sont aussi priés de modifier leur législation nationale, de manière que, dans les poursuites pour blanchiment d’argent engagées sur le plan national, les infractions se rapportant au commerce illicite d’espèces sauvages soient considérées comme des infractions principales pouvant faire l’objet de poursuites. 

En l’occurrence, ils sont invités à renforcer les capacités des autorités de police, y compris par la criminalistique numérique, et à mesurer l’importance de la recherche sur les causes du braconnage et de l’abattage illégal du bois d’œuvre, et sur les moteurs du marché.  Ils sont priés de réprimer toute forme de corruption qui facilite le trafic d’espèces sauvages. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique jeudi 29 juillet à partir de 10 heures pour examiner le rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix et se prononcer sur plusieurs résolutions. 

A/75/L.108  

A/75/L.116

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