Conseil de sécurité: l’ONU saluée pour avoir relevé « le défi logistique majeur » du retrait de l’Opération hybride UA-ONU au Darfour
Près de huit mois après l’adoption de la résolution 2559 (2020), qui a mis un terme au mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions a informé, ce matin, le Conseil de sécurité du retrait effectif du personnel militaire et civil de la mission. Seuls restent les effectifs qui participent à la liquidation des actifs et ceux qui ont constitué une unité de garde pour protéger la base logistique d’El-Fasher, a-t-il précisé. Les membres du Conseil l’ont félicité pour avoir relevé ce « défi logistique majeur », alors qu’une mission politique spéciale, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a été créée pour une période étendue jusqu’au 3 juin 2022.
M. Atul Khare a précisé que le retrait de la MINUAD a entraîné la fermeture et la remise de l’ancien quartier général et de 13 bases opérationnelles aux autorités locales dans les États du Darfour central, méridional et septentrional. Ces biens et équipements ont une valeur résiduelle estimée à 41 millions de dollars, a-t-il indiqué, avant de déplorer les destructions et vols signalés dans 10 des 14 sites, qui sont autant de « pertes majeures » pour les communautés concernées. Les États-Unis ont avoué que maintenant que l’Opération hybride entre dans sa phase de liquidation, l’on ne peut s’empêcher d’être préoccupé par les risques sécuritaires pour le personnel de l’ONU et son matériel dans l’ancienne base logistique d’El-Fasher.
Justement, le Secrétaire général adjoint a espéré pouvoir la céder progressivement aux autorités soudanaises à partir de novembre, si les conditions de sécurité sont remplies. Il a ainsi relevé que ces infrastructures permettront à la population du Darfour de disposer de plus de 1 000 unités de logement, d’un établissement hospitalier, d’équipements de stockage, de purification et de distribution d’eau, d’un réseau de production et de distribution d’électricité, d’installations de traitement des eaux usées et d’un important dépôt de stockage de carburant. Notre objectif commun est d’éviter que les 14 sites ne donnent lieu à une autre vague de violence et d’insécurité et de garantir une utilisation, à des fins civiles, des anciens biens de la MINUAD, ont martelé les États-Unis.
Parlant précisément de la liquidation des actifs restants de l’Opération hybride, qui doit être achevée au plus tard le 30 juin 2022, M. Khare a fait état de deux phases distinctes: la première, du 1er juillet au 30 septembre, pour les ventes d’équipements à d’autres entités de l’ONU et à des ONG; la seconde, à partir du 1er octobre, pour les dons aux institutions gouvernementales et aux ONG connexes au Soudan. Si du matériel de la MINUAD a déjà été transféré à d’autres opérations, il a assuré que l’essentiel de ces actifs restera au Soudan pour être remis aux autorités soudanaises. Il a ajouté à cet égard que l’équipe de pays des Nations Unies et la MINUATS se sont engagés à aider le Gouvernement soudanais à identifier les impératifs durables qui profiteraient le mieux aux communautés locales.
Ce processus de retrait a été unanimement salué par les délégations. La France s’est félicitée que l’ONU ait su relever le « défi logistique majeur » que représentait une telle entreprise, tandis que l’Inde et le Mexique se réjouissaient que l’opération ait été achevée dans les délais, en un temps « exceptionnellement court », selon les mots des États-Unis. Au nom des trois membres africains du Conseil (Niger, Kenya et Tunisie) et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie a applaudi la rétrocession de biens et d’installations de la « mission de paix la plus importante de l’histoire des Nations Unies » aux autorités soudanaises, souhaitant que ces derniers soient utilisés conformément à l’Accord-cadre signé le 4 mars dernier.
La Norvège a invité la MINUATS et les autres entités du système des Nations Unies à apporter leur soutien aux autorités du pays pour garantir la protection des civils et la prévention des violations et abus des droits humains. Une position partagée par l’Estonie, qui a insisté sur l’importance de cette protection après le départ de la MINUAD, à commencer pour les femmes, les enfants et les déplacés. Même son de cloche du côté des États-Unis qui ont rappelé que les causes sous-jacentes de la violence au Darfour sont toujours là, comme en atteste la poursuite des violences intercommunautaires et des déplacements massifs. Ils ont donc accueilli avec satisfaction le Plan national de protection des civils et enjoint les autorités soudanaises à entreprendre un examen minutieux de la nouvelle Force mixte de protection pour le Darfour, mandatée par l’Accord de Djouba du 31 août 2020, pour que tous les protagonistes aient confiance en elle.
La Chine a souligné l’importance de cette entente conclue en août dernier entre le Gouvernement de transition soudanais et les principaux groupes armés du Darfour, alors que le Soudan passe d’une opération de maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix. Dans le même ordre d’idées, la Fédération de Russie s’est réjouie de la signature de l’Accord de paix entre le Gouvernement de transition et le Front révolutionnaire soudanais, tout en espérant qu’il sera paraphé par d’autres groupes armés. La Fédération de Russie s’est dite convaincue que le travail de la MINUATS renforcera la capacité de Khartoum à stabiliser le Darfour et à promouvoir l’ordre public.
Le Soudan a promis de poursuivre sa coopération avec l’ONU pendant la période de liquidation et s’appuiera sur la Force mixte mandatée par l’Accord de Djouba pour garantir la protection des civils. Tout en rendant hommage aux contributions et sacrifices du personnel de l’Opération hybride au long de ses 13 ans d’existence, il s’est dit conscient des « défis résiduels » au Darfour. Notre gouvernement de transition travaillera en étroite collaboration avec la MINUATS pour les relever efficacement, a encore promis le Soudan.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD
Déclarations
M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, a annoncé tout d’abord que le Secrétariat a franchi l’étape initiale du retrait de tout le personnel en uniforme de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et du personnel qui n’a pas participé à sa liquidation, à l’exception des effectifs qui ont constitué l’Unité de garde autorisée par le Conseil. Cette tâche a impliqué le rapatriement de près de 6 000 soldats et policiers, ainsi que le départ de près de 1 200 membres du personnel civil, tout en donnant lieu à une consultation avec les parties prenantes concernées pour garantir que le personnel en uniforme qui a exprimé le souhait de ne pas rentrer pour des raisons de protection internationale soit pris en charge par les autorités chargées des réfugiés du Gouvernement soudanais.
M. Khare a précisé que le retrait a aussi entraîné la fermeture et la remise de l’ancien quartier général de la Mission et de 13 bases opérationnelles aux autorités locales, à des fins civiles, dans les États du Darfour central, méridional et septentrional, alors que le matériel de la MINUAD était récupéré et que l’assainissement de l’environnement était achevé. Tout le personnel et les biens restants sont désormais regroupés au sein de la base logistique d’El-Fasher, à l’exception de petites composantes basées à Khartoum et à Port Soudan, a-t-il ajouté, avant de faire état de la visite qu’il a effectuée au Soudan du 6 au 15 juillet, la deuxième depuis la fin du mandat de l’Opération le 30 décembre 2020.
Le Secrétaire général adjoint a indiqué que tous les dirigeants qu’il a rencontrés lui ont fait part de leur satisfaction et ont discuté avec lui des moyens de résoudre les problèmes en suspens liés à la liquidation et aux implications plus larges de la transition. Après avoir détaillé les modalités de retour ou de redéploiement du matériel appartenant aux différents contingents de l’ancienne Opération hybride, il a expliqué que l’Unité de garde, composée de 360 policiers des anciennes unités de police constituées d’Indonésie, du Népal et du Pakistan, est maintenue à El-Fasher pour assurer la sécurité intérieure du personnel et des biens restants des Nations Unies.
M. Khare a ensuite indiqué que, depuis son dernier exposé au Conseil, l’Assemblée générale a approuvé un financement de 79 millions de dollars pour soutenir la liquidation de la MINUAD au plus tard le 30 juin 2022. Il a noté que parmi les tâches les plus urgentes figure la destruction des munitions, dont une grande partie a atteint sa date de péremption. Précisant d’autre part que les installations et équipements remis aux autorités locales, en dehors d’El-Fasher, ont une valeur résiduelle supérieure à 41 millions de dollars, il a fait état des destructions et des vols dans 10 des 14 sites concernés. Bien que les actifs associés n’appartiennent plus aux Nations Unies, ce sont des pertes majeures pour les communautés concernées, a-t-il déploré, avant de s’étendre sur la valeur future des infrastructures d’El-Fasher pour la population du Darfour, qui y trouvera des bureaux, plus de 1 000 unités d’habitation, un établissement hospitalier, des équipements de stockage, de purification et de distribution d'eau, un réseau de production et de distribution d’électricité, des installations de traitement des eaux usées, un important dépôt de stockage de carburant et de grandes capacités d’entreposage.
Le Secrétaire général adjoint a déclaré vouloir céder les actifs restants au cours de deux phases de liquidation distinctes: du 1er juillet au 30 septembre pour les ventes d’équipements à d’autres entités de l’ONU et à des ONG; et à partir du 1er octobre, pour les dons d’actifs restants aux institutions gouvernementales et aux ONG connexes au Soudan. Il a affirmé que la première phase de ce processus est bien engagée, du matériel de la MINUAD évalué à 8,1 millions de dollars ayant déjà été transféré à d’autres opérations, notamment les Missions au Soudan, à Abyei et au Liban. M. Khare a cependant assuré que l’essentiel des actifs de la MINUAD restera au Soudan pour être remis aux autorités soudanaises à des fins civiles. Il a relevé, entre autres exemples, que la Mission détient 170 tonnes de sel d’hypochlorite de sodium, qui peuvent être utilisées pour purifier 6,8 milliards de litres d’eau, soit suffisamment pour répondre aux besoins en eau potable et en cuisine de plus d’un million de personnes pendant un an. C’est pourquoi, a-t-il dit, l’équipe de pays des Nations Unies et la Mission au Soudan se sont engagés à aider le Gouvernement à identifier les impératifs durables qui profiteraient le mieux aux communautés locales.
Fort du succès de la remise de l’important site de Zalingei, qui a été progressivement remis aux autorités locales pour être utilisé par l’université locale, M. Khare a dit avoir exprimé aux responsables soudanais son intention de procéder à une livraison « progressive » du site d’El-Fasher, à partir de novembre. Ce transfert permettrait également la réduction progressive de l’Unité de garde, le seul personnel en uniforme des Nations Unies restant au Darfour, à condition que cessent les perturbations causées par les mouvements armés stationnés autour de la base. Souhaitant que le processus de liquidation se déroule jusqu’à la fin sans heurts dans l’intérêt du Soudan et de son peuple, il s’est engagé en conclusion à continuer à le suivre de près.
Mme FARREY (Royaume-Uni) a salué le personnel qui a servi sous l’étendard de la MINUAD et a espéré que le partenariat entre l’ONU et l’UA perdurera après le retrait de la Mission. Il est indéniable que le Darfour est plus stable, grâce à la contribution de la MINUAD, a dit la déléguée, en saluant la coopération du Soudan pendant ce retrait. Elle a souligné l’importance de la libre circulation des biens et des personnes pendant cette phase de liquidation. Nous espérons que les sites continueront de servir aux civils, a-t-elle dit, en regrettant profondément la destruction de certains d’entre eux. La déléguée a voulu que l’on fasse fond sur les gains engrangés et demandé la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba. Enfin, elle a souligné l’apport de la Mission au Soudan pour consolider la paix au Darfour.
Mme MONA JUUL (Norvège) a demandé que la protection des civils reste au cœur de tous les efforts, pendant le retrait de la MINUAD et après. Notant que le manque de ce type de protection alimente les conflits, les déplacements de population et la méfiance, la représentante a voulu que l’on accorde une attention particulière aux enfants, aux femmes et à la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits. Après s’être félicitée de ce que la MINUAD respecte le calendrier de la fermeture des bases d’opérations et qu’elle a accéléré le processus pour tenir compte des imprévus, la représentante a espéré que les dernières avancées permettront d’éviter tout retard inutile pendant la prochaine saison des pluies. Nous sommes également ravis d’apprendre la conclusion de l’Accord-cadre sur l’utilisation finale, à des fins civiles, des sites et des équipements, a dit Mme Mona Juul observant les pillages importants dans les anciens camps de la MINUAD, à la fois à Nyala et à El Geneina.
Elle a exhorté le Gouvernement soudanais à protéger les biens remis par la MINUAD, car ils bénéficieront directement à la population civile du Darfour. Elle a prévenu, qu’avec le retrait de la MINUAD, une plus grande responsabilité incombe désormais aux autorités soudanaises et à leurs forces. La Mission au Soudan et les autres entités du système des Nations Unies encore en place doivent apporter leur soutien aux autorités soudanaises dans la protection des civils et la prévention des violations et abus des droits humains, a insisté la représentante. Nous devons également garantir l’achèvement ou le transfert, aux autorités soudanaises des activités résiduelles menées par la MINUAD, a-t-elle ajouté, citant les activités dans les domaines de l’état de droit, de la police de proximité, de la prévention de la violence sexiste et de la stabilisation de la communauté. Elle a aussi jugé important que la MINUAD explique à la Mission au Soudan et à l’équipe de pays des Nations Unies sur les objectifs stratégiques communs et les priorités au Darfour.
M. ANDRE LIPAND (Estonie) a salué tous ceux qui ont permis le retrait de l’Opération à une « rapidité historique » et souligné la coopération du Soudan avec l’ONU et l’UA, à cette fin. Il est désormais important, a-t-il estimé, que le processus de liquidation aille à son terme. Le représentant a appelé le Gouvernement et les autres parties prenantes, y compris les signataires de l’Accord de paix de Djouba, à coopérer avec l’ONU et l’UA pendant cette phase de liquidation. Il a insisté sur l’importance de protéger les civils après le départ de la Mission et a exhorté le Gouvernement à prendre des mesures supplémentaires pour protéger la population du Darfour, en particulier les femmes, les enfants et les déplacés, et à coopérer avec la Mission au Soudan pour consolider la paix. M. Lipand a exprimé l’appui de son pays à la transition démocratique en cours au Soudan.
M. NAGARAJNAIDU (Inde) a déclaré que le retrait de la MINUAD met officiellement fin à l’une des opérations de maintien de la paix les plus réussies de l’histoire des Nations Unies. Saluant les réalisations de la MINUAD, le représentant a salué le soutien à la mise en œuvre du processus de paix, la protection des civils et la stabilisation des communautés. Pendant un mandat de 13 ans, plus de 100 000 soldats et policiers ont été fournis à l’Opération par des dizaines de pays du monde entier, dont l’Inde, a souligné le représentant, en rappelant qu’à son apogée en 2011, la Mission comptait près de 23 000 soldats et policiers.
Le représentant s’est félicité que l’exercice de retrait ait été achevé dans les délais. Il a noté que, depuis février, la MINUAD a remis 14 bases d’opérations au Gouvernement soudanais, qui s’est engagé à les utiliser à des fins civiles, conformément à l’Accord-cadre du 4 mars 2021. Il a aussi noté avec satisfaction que 6 000 militaires, policiers et civils, sur les 7 000 qui sont restés avec la Mission en janvier 2021, ont été rapatriés dans leur pays. La MINUAD a également fourni à diverses communautés de la région du Darfour 193 véhicules, dont 27 camions de distribution d’eau et de camions pompes ainsi que 196 groupes électrogènes. Il a aussi indiqué que la Mission a fait don de sa clinique de Zalingei et des installations médicales à Nyala et Kabkabiya au bénéfice des communautés locales.
M. BING DAI (Chine) s’est félicité que, conformément à la résolution 2559 (2020), tout le personnel en tenue de la MINUAD se soit retiré du Soudan. Saluant les efforts et les sacrifices consentis par les membres de cette mission, il a estimé que la MINUAD a joué un rôle important pour le maintien de paix et de la sécurité au Darfour. Cette opération hybride a été un « succès », a-t-il souligné, souhaitant que les Nations Unies en dressent le bilan dans le rapport attendu en octobre et que le retrait, y compris la liquidation, soit alors complètement achevé dans les temps impartis. Alors que le Soudan passe du maintien de la paix à une phase de consolidation de la paix, le délégué a souligné l’importance de la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix de Djouba. Dans ce cadre, il a jugé que la violence communautaire doit être traitée de manière holistique et a rappelé que le Gouvernement de transition a la responsabilité principale de protéger les civils.
À ses yeux, la Mission au Soudan peut multiplier les chances de succès, en apportant son soutien aux autorités soudanaises et en les aidant à renforcer leurs capacités. Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité reste attentif à la transition au Soudan, soit soucieux de l’embargo sur les armes et tienne compte de la situation précaire du pays, aggravée par la pandémie de COVID-19 et les effets des changements climatiques. Avant de conclure, il a rappelé que la Chine a fourni 5 000 Casques bleus à la MINUAD et que deux d’entre eux ont fait le sacrifice suprême.
M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué le rôle fondamental joué par la MINUAD au Darfour et rendu hommage aux soldats de la paix qui ont consenti au sacrifice ultime. Il a souligné l’importance d’une transition fluide entre la MINUAD et la Mission au Soudan et salué le rapatriement du personnel de la MINUAD dans les délais fixés. Le représentant a appelé le Soudan à respecter toutes les dispositions de l’accord sur le statut des forces et à préserver le caractère civil des biens et des sites de la MINUAD. Il a insisté sur l’importance des tâches de la Mission au Soudan et appelé à la mise en œuvre du Plan national de protection des civils. Enfin, il a espéré que le Conseil appuiera de façon dynamique le processus de transition démocratique au Soudan.
M. ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que le Soudan est confronté à de nombreux défis, avec un impact sur des pays voisins, comme en Libye, entraînant un grand nombre de réfugiés et favorisant la propagation de la COVID-19. Face à ce constat, il a jugé important de maintenir des contacts équitables avec les autorités soudanaises et de les aider à mettre en œuvre la Déclaration constitutionnelle de 2019 pour parvenir à la stabilisation. Le représentant s’est félicité de la signature de l’accord de paix entre le Gouvernement de transition et le Front révolutionnaire soudanais, qui contribuera à résoudre les problèmes socioéconomiques urgents. Il a espéré qu’il sera signé par d’autres groupes armés soudanais.
Il a noté que les affrontements intercommunautaires observés dans plusieurs États n’ont pas eu une mauvaise influence sur la situation d’ensemble, notamment grâce à la réponse rapide des autorités et à la mise en œuvre du Plan national de protection des civils. Il a estimé que le moment est venu de donner la priorité au développement économique de la région. Rappelant que son pays a facilité l’adoption de la résolution 2524 (2020) et a soutenu le renouvellement du mandat de la Mission au Soudan, il s’est dit convaincu que le travail de cette dernière renforcera la capacité de Khartoum dans les domaines du maintien de la paix, de la stabilisation au Darfour et de la promotion de l’ordre public.
M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a estimé que le passage de la MINUAD au mandat politique spécial de la Mission au Soudan a été « l’une des transitions les plus complexes et les plus difficiles » que l’ONU ait entreprises. Ce processus a démontré la nécessité de planifier et d’exécuter le retrait, la reconfiguration et la stratégie de sortie des missions d’une manière qui aide à maintenir les progrès vers une paix durable, a-t-il relevé. Le représentant a salué à cet égard la coopération des autorités soudanaises avec le Secrétaire général adjoint chargé de l’appui aux missions. À cette aune, il a noté que la MINUAD est sur la bonne voie pour achever sa fermeture d’ici au 30 juin 2022. Jusqu’à cette date, a-t-il ajouté, toutes les parties prenantes doivent se conformer aux dispositions de l’Accord sur le statut des forces afin d’assurer la sécurité de tout le personnel restant et la protection des civils.
Le délégué a cependant noté que ce retrait n’a pas été sans incident. Après avoir condamné le pillage d’anciens sites de la MINUAD, il a enjoint le Soudan à garantir le retrait de tous les éléments armés positionnés autour du site d’El-Fasher et à s’assurer que les actifs de l’Opération ne soient pas utilisés pour alimenter l’insécurité. Malgré les progrès de la transition politique du Soudan vers la démocratie, le représentant s’est déclaré préoccupé par la situation sécuritaire au Darfour, constatant que, ces six derniers mois, le vide créé par le retrait et les retards enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba ont alimenté de nouvelles luttes de pouvoir et pour les ressources. Dans ce contexte, il a appelé à la mise en œuvre intégrale et immédiate du Plan national de protection des civils, souhaitant que le travail de la Force conjointe de protection s’accompagne de mécanismes efficaces pour garantir l’établissement des responsabilités pour les crimes commis contre les civils. Enfin, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée à la protection des femmes du Darfour contre les violences sexuelles.
Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a rappelé que la MINUAD a été la première opération conjointe ONU-UA et souligné le rôle crucial qu’elle a joué pour la stabilité au Darfour. C’est le meilleur exemple d’une bonne coopération ONU-UA, a-t-elle estimé. Elle a souligné la fluidité du retrait de la MINUAD et appelé à une bonne coopération entre les parties prenantes pendant la phase de liquidation. Elle a souligné l’importance de protéger les sites de la MINUAD, avant de passer en revue les progrès accomplis au Darfour. Au regard des défis qui demeurent, la déléguée a appelé les parties soudanaises à mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix de Djouba et exhorté le Soudan à s’acquitter de sa responsabilité de protéger les civils. Enfin, la représentante a espéré que la Mission au Soudan fera fond sur les enseignements tirés du fonctionnement de la MINUAD.
S’exprimant au nom de l’A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé qu’avec la fin du mandat de la MINUAD, la communauté internationale est le témoin de la fermeture de la mission de paix « la plus importante de l’histoire des Nations Unies ». Durant 13 ans, la MINUAD a associé plus de 100 000 militaires venant de 12 États Membres, a-t-il rappelé, ajoutant que cette « mission exemplaire » va laisser une série de réalisations importantes au Darfour, notamment pour ce qui concerne le processus de paix, la protection des civils, la stabilisation des communautés et l’appui à l’état de droit. Remerciant les personnels en tenue et civils de la MINUAD pour leur contribution précieuse à la paix au Darfour, le représentant a jugé que l’évaluation de la mission devrait permettre de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, tout en aidant à l’élaboration des futures stratégies de sortie.
Le délégué a salué les efforts du Gouvernement de transition soudanais et son rôle dans le retrait ordonné de la MINUAD. Applaudissant la rétrocession de biens et d’installations de la mission aux autorités soudanaises, il a souhaité que ces derniers soient utilisés pour des services sociaux et communautaires. S’agissant de la phase de liquidation, il a souligné le rôle crucial que doit jouer le Soudan, notamment en déployant l’Unité de garde chargée de protéger la base d’El-Fasher. Il a également jugé important que, dans ce cadre, l’ONU dépollue l’environnement et se débarrasse du matériel dangereux.
Le représentant s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis par le Soudan ces dernières années et a estimé que le soutien de la Mission de l’ONU sera essentiel pour assurer le succès de la transition politique et la consolidation de la paix au Darfour. Il s’est cependant alarmé de la poursuite des heurts communautaires et a demandé la mise en œuvre immédiate du Plan national de protection des civils, tout en souhaitant que les mouvements armés s’engagent à participer à des négociations pour garantir une paix durable au Soudan. Enfin, il a invité les bailleurs de fonds à aider le Soudan à renforcer sa résilience et la communauté internationale à soutenir les efforts humanitaires dans ce pays par ailleurs confronté à la pandémie de COVID-19, aux effets des changements climatiques et aux invasions de criquets pèlerins.
M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a remercié le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions pour un leadership qui a permis le retrait de la MINUAD en un temps « exceptionnellement » court, compte tenu des contraintes logistiques « extrêmes ». Le représentant a aussi remercié tout le personnel de l’Opération pour leur engagement en faveur de la paix et de la sécurité, de 2007 à 2020. Il a salué le leadership des Nations Unies et de l’Union africaine et aussi le service rendu par les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police qui ont protégé les civils et fait avancer la paix au Darfour.
La Mission, a-t-il dit, a connu beaucoup de problèmes mais elle a surtout joué un rôle critique dans la protection des civils et la stabilisation de la région, a ajouté le représentant. Les causes sous-jacentes de la violence au Darfour, a-t-il diagnostiqué, sont toujours là, comme en attestent les nombreuses régions qui continuent de vivre des violences intercommunautaires et des déplacements massifs. Il a donc accueilli avec satisfaction le Plan national de protection des civils et a exhorté les autorités soudanaises à le mettre pleinement en œuvre, en développant des initiatives en faveur des déplacés. Les autorités soudanaises, a-t-il poursuivi, doivent aussi entreprendre un examen minutieux de la nouvelle Force mixte de protection pour le Darfour pour que tous les protagonistes aient confiance en elle.
La responsabilité première de la protection des civils incombe au Gouvernement du Soudan, a martelé le représentant qui a fermement appuyé l’idée que la Mission au Soudan utilise pleinement son autorité pour aider les autorités soudanaises dans cette protection et établir un certain niveau de confiance entre les habitants du Darfour et la Force conjointe. Le Gouvernement du Soudan doit tirer parti de cette assistance et coopérer activement avec la Mission, a ajouté le représentant, en avouant que maintenant que l’Opération entre dans sa phase de liquidation, l’on ne peut s’empêcher d’être préoccupé par les risques sécuritaires pour le personnel de l’ONU et son matériel dans l’ancienne base logistique d’El-Fasher.
Il a encouragé l’ONU à actionner ses bons offices auprès des leaders du Darfour pour veiller à ce que le personnel de l’ONU puisse poursuivre la liquidation et que les autorités soudanaises puissent protéger ces sites maintenant qu’ils ont été remis et pourraient servir de centres de santé, de centres de formation ou autres centres pour les communautés. Notre objectif commun est d’éviter que ces sites ne donnent lieu à une autre vague de violence et d’insécurité et de garantir une utilisation, à des fins civiles, des anciens biens de la MINUAD.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est félicitée que l’ONU ait su relever le « défi logistique majeur » que représentait le retrait de la MINUAD. Elle a également salué la coopération des autorités soudanaises, souhaitant qu’elle se poursuive tout au long de la période de liquidation de l’Opération afin d’assurer la liberté de mouvement et la sécurité du personnel des Nations Unies, ainsi que la protection des emprises et du matériel. Toutefois, a-t-elle observé, si ce retrait résulte de la volonté politique du Soudan d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité des populations au Darfour, cette seule volonté n’est « pas suffisante », comme le rappellent les affrontements intercommunautaires intervenus de janvier à avril et le pillage de plusieurs sites rétrocédés par la MINUAD aux autorités soudanaises.
La représentante a donc encouragé les autorités soudanaises à accélérer la mise en œuvre des Accords de Djouba, avec le soutien de la Mission au Soudan, et à déployer le plus rapidement possible la Force conjointe prévue par ces accords. Elle a également appelé l’ensemble des groupes armés signataires à regagner le Soudan et les groupes non-signataires à rejoindre le processus de paix. Enfin, elle a assuré que la France restera particulièrement attentive à la transition de la MINUAD à la Mission au Soudan, ce processus étant essentiel pour le succès de la transition démocratique et porteur d’enseignements pour les transitions en cours ou à venir des opérations de maintien de la paix.
M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a indiqué qu’à la suite de l’achèvement du mandat de la MINUAD par le Conseil de sécurité, conformément à la résolution 2559 (2020), ses autorités fédérales et locales ont pleinement coopéré avec l’Opération pour assurer un retrait ordonné et sûr des troupes, du personnel et des équipements. Il a également rappelé qu’un accord-cadre a été signé en mars entre le Soudan et le Secrétariat de l’ONU afin de superviser ce processus. La phase de retrait étant arrivée à son terme, le pays s’est engagé à coopérer avec le Secrétariat pendant la période de liquidation, a ajouté le représentant, précisant qu’à cette occasion, la base de la MINUAD à El-Fasher sera protégée par des unités soudanaises pour assurer la bonne évacuation des biens et équipements appartenant aux contingents. De plus, a-t-il indiqué, les anciens sites de la MINUAD au Darfour seront protégés et utilisés à des fins civiles, notamment pour la santé, l’enseignement et autres services sociaux identifiés par les communautés locales.
Soulignant l’engagement pris par le Gouvernement de transition de protéger le peuple du Darfour après le départ de la MINUAD, le représentant a estimé qu’avec l’Accord de paix de Djouba, la protection des civils a été considérablement renforcée, avec un accent particulier placé sur les déplacés, les enfants, les femmes et autres groupes vulnérables. Il a ajouté que la Force conjointe mandatée par l’Accord, composée des forces armées soudanaises et d’anciens combattants de groupes armés, est actuellement déployée à cette fin.
Après avoir salué les contributions et les sacrifices des membres de l’Opération hybride tout au long de ses 13 années d’existence, le délégué s’est dit conscient de l’existence de « défis résiduels » au Soudan en général et au Darfour en particulier. Il a assuré le Conseil que son gouvernement travaillera en étroite collaboration avec la Mission au Soudan et autres partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux pour relever efficacement ces défis. Il a demandé au Conseil d’appuyer les travaux de la Mission, tout en promettant le soutien de son pays à la mise en œuvre des objectifs stratégiques.