En cours au Siège de l'ONU

Afrique de l’Ouest: Le Conseil de sécurité demande d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel  

8836e réunion - après-midi
CS/14605

Afrique de l’Ouest: Le Conseil de sécurité demande d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel  

En se réunissant brièvement, ce matin, sur le thème de la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest, le Conseil de sécurité a réaffirmé qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  Il a dit attendre à cet effet « des actions humanitaires et de développement significatives », avec la mobilisation des ressources nécessaires.

Dans la déclaration présidentielle qu’il a adoptée, le Conseil s’est déclaré préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité dans certains pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, par la montée du terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest, et par la piraterie dans le golfe de Guinée.  Le Conseil s’est aussi déclaré gravement préoccupé par les répercussions du conflit libyen sur les pays voisins, en particulier au Sahel, et notamment les menaces que font peser le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes, ainsi que l’afflux de groupes armés et de mercenaires. 

Le Conseil s’est également dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire globale dans la région, laquelle est aggravée par les effets de la pandémie de COVID-19.  De même, il s’est dit conscient des effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques et des catastrophes naturelles, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des terres et leurs conséquences en termes d’insécurité alimentaire, entre autres facteurs, sur la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. 

La stabilisation de la situation et la protection des civils dans la région incombent au premier chef aux États, a réaffirmé le Conseil en soulignant qu’elles nécessitent une réponse pleinement intégrée, menée par les autorités respectives de ces pays, avec l’appui du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), des organisations régionales et de la communauté internationale.  À cet effet, il a encouragé la poursuite des efforts menés aux niveaux national et régional pour lutter contre ces menaces, réaffirmant à cet égard qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  Dans cette optique, il a appelé à des actions humanitaires et de développement significatives, notamment par la mobilisation de ressources pour le financement des plans de réponse humanitaire, ainsi que par le décaissement des fonds précédemment annoncés.  

Par ailleurs, le Conseil a condamné énergiquement les attaques constantes dans la région dirigées contre les civils, les représentants des institutions locales, régionales et des États, ainsi que les forces de sécurité nationales, internationales et des Nations Unies.  Il a encouragé la poursuite du soutien international et de la coopération régionale ainsi que la coordination entre la Libye, les pays voisins du Sahel et les organismes compétents des Nations Unies, notamment en vue de prévenir toute nouvelle déstabilisation de la région.  Il a rappelé que le Groupe de cinq pays du Sahel a la responsabilité de fournir à la Force conjointe du G5 Sahel des ressources suffisantes et s’est félicité des contributions nationales à cet égard, tout en soulignant qu’il importe d’assurer un soutien bilatéral et international constant pour lui permettre de parvenir à une mise en œuvre et à une autonomie totales et durables. 

Le Conseil a souligné également l’importance que revêt la participation pleine, égale et véritable des femmes au maintien de la paix et de la sécurité, conformément à sa résolution 1325 (2000) et à toutes ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité.  Il a enfin prié le Secrétaire général de continuer à lui rendre compte des efforts faits par l’ONU dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration présidentielle et sur le mandat de l’UNOWAS.

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et l’exposé qui a été fait le 8 juillet 2021 par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Annadif Khatir Mahamat Saleh, et exprime son plein appui au Représentant spécial dans l’accomplissement de son mandat, y compris dans l’exercice de son rôle de Président de la Commission mixte Cameroun-Nigéria.  Le Conseil considère que, pour être responsable et crédible, la médiation assurée par l’UNOWAS exige, entre autres, une appropriation nationale, le consentement des parties au différend ou au conflit visé et le respect de la souveraineté nationale, comme l’a indiqué l’Assemblée générale dans sa résolution 70/304.

Le Conseil rappelle ses résolutions 2584 (2021), 2512 (2020), 2480 (2019), 2423 (2018), 2391 (2017), 2359 (2017), 2349 (2017) et 2320 (2016), ainsi que les déclarations antérieures de sa présidence sur la question.

Sécurité

Le Conseil se déclare préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité dans certains pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, par la montée du terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest, et par la piraterie dans le golfe de Guinée, et encourage la poursuite des efforts menés aux niveaux national et régional pour lutter contre ces menaces.  Il se dit grandement préoccupé par les actions violentes menées par les acteurs non étatiques, lesquelles entravent le retour de l’autorité de l’État, le rétablissement des services sociaux de base et la restauration de l’état de droit dans certaines zones de la région.

Le Conseil condamne énergiquement les attaques constantes dans la région dirigées contre les civils, les représentants des institutions locales, régionales et des États, ainsi que les forces de sécurité nationales, internationales et des Nations Unies.  Il affirme qu’il est nécessaire de veiller à ce que les auteurs de violations des droits humains et de violations du droit international, notamment du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, répondent de leurs actes.  Il réitère sa ferme condamnation des attaques et des menaces d’attaque dirigées contre les écoles, les enfants et le personnel éducatif, y compris des enlèvements survenus récemment au Nigéria.  Il souligne également qu’il importe de protéger les civils, y compris les enfants en période de conflit armé.

Le Conseil réaffirme que la stabilisation de la situation et la protection des civils dans la région incombent au premier chef aux États et nécessitent une réponse pleinement intégrée, menée par les autorités respectives de ces pays, avec l’appui de l’UNOWAS, des organisations régionales et de la communauté internationale, englobant la poursuite simultanée de progrès dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance démocratique, de l’aide humanitaire, du développement durable, de la réconciliation et des droits humains, afin d’édifier des sociétés pacifiques, justes et inclusives.  Il souligne qu’il importe de s’attaquer aux conditions sous-jacentes qui favorisent la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme en Afrique, notamment en veillant à la reconstruction et au relèvement nationaux, en renforçant la bonne gouvernance et en facilitant le développement socioéconomique en Afrique, en particulier au moyen de la création d’emplois et de la promotion de l’esprit d’entreprise et fournissant des services d’éducation et de soins de santé en vue de contribuer au bien-être des personnes.  Il souligne également l’importance que revêt la participation pleine, égale et véritable des femmes au maintien de la paix et de la sécurité, conformément à sa résolution 1325 (2000) et à toutes ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité.

Le Conseil accueille avec satisfaction l’évaluation de la faisabilité d’un projet civil conjoint visant à lutter contre la violence intercommunautaire dans la région ainsi que les recommandations formulées par le Secrétaire général.  À cet égard, il invite le Secrétaire général à tirer parti des initiatives et mécanismes existants des Nations Unies pour mener des actions concertées et interpiliers en vue de lancer des projets ayant spécialement pour objet d’endiguer la violence intercommunautaire de manière plus tangible, dans la limite des ressources existantes, en étroite coordination avec l’Union africaine, notamment la Mission pour le Mali et le Sahel, la CEDEAO et le G5 Sahel, et demande aux partenaires bilatéraux et aux partenaires de développement, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et autres institutions financières internationales, de prêter leur appui dans ce cadre.  Il encourage également le Secrétaire général à commencer à appliquer les recommandations dans la région du Liptako-Gourma, qui est gravement touchée par la violence intercommunautaire, et à lui rendre compte des progrès accomplis à cet égard dans son prochain rapport sur l’UNOWAS.

Le Conseil est conscient des effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques et des catastrophes naturelles, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des terres et leurs conséquences en termes d’insécurité alimentaire, entre autres facteurs, sur la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, maintient que les gouvernements et les organismes des Nations Unies doivent mettre en place des stratégies à long terme, fondées sur des évaluations exhaustives des risques, pour favoriser la stabilisation et la résilience, et encourage l’UNOWAS à continuer de tenir compte des informations à ce sujet dans ses activités.

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par les répercussions du conflit libyen sur les pays voisins, en particulier au Sahel, et notamment les menaces que font peser le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes, ainsi que l’afflux de groupes armés et de mercenaires.  Il encourage la poursuite du soutien international et de la coopération régionale ainsi que la coordination entre la Libye, les pays voisins du Sahel et les organismes compétents des Nations Unies, notamment en vue de prévenir toute nouvelle déstabilisation de la région.

Organisations et mécanismes régionaux

Le Conseil salue les efforts déployés par les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ainsi que par l’Union africaine et la CEDEAO pour prévenir et régler les problèmes de sécurité, qui sont exacerbés par le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment les flux d’armes illicites, dans la région.  Considérant que la paix est un bien public mondial, il se félicite du rôle crucial que jouent la Force multinationale mixte et la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (FC-G5S) dans la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région.  Il rappelle que le Groupe de cinq pays du Sahel a la responsabilité de fournir à la FC-G5S des ressources suffisantes et se félicite des contributions nationales à cet égard, tout en soulignant qu’il importe d’assurer un soutien bilatéral et international constant pour lui permettre de parvenir à une mise en œuvre et à une autonomie totales et durables.  Il se réjouit également du renforcement de la coopération entre la CEDEAO et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale sur le golfe de Guinée et de l’engagement pris de réactiver les mécanismes de coordination régionale en matière de sécurité maritime.  Il se félicite des efforts que déploie actuellement la CEDEAO pour évaluer ses plans d’action-cadres en matière de prévention des conflits, et demande que le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel renforce son appui politique et son action dans ce cadre en vue d’en assurer la bonne mise en œuvre dans les pays de la région.

Questions politiques

Le Conseil rappelle que le dialogue politique et la recherche du consensus entre toutes les parties prenantes sur les grandes priorités nationales constitue un moyen important de parvenir à une réconciliation durable.  Tout en réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de tous les États de la région et tout en soulignant la nécessité de respecter pleinement le principe de non-ingérence, il souligne que la bonne gouvernance démocratique est indispensable à la paix et à la stabilité à long terme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il salue la transition démocratique intervenue récemment au Niger et les efforts de réconciliation menés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo, et encourage la poursuite de ces dialogues.  Il salue également l’action de bons offices exercée par l’UNOWAS en faveur des pratiques démocratiques ainsi que le rôle de médiation décisif joué par la CEDEAO dans la région.  Il souligne l’importance de la société civile et de la liberté d’expression, et encourage les pays de la région à les favoriser davantage.

Le Conseil salue les efforts déployés par les pays de la région pour promouvoir la participation pleine, égale et véritable des femmes aux processus politiques, notamment en vue d’accroître le nombre de femmes exerçant de hautes responsabilités publiques, conformément aux dispositions constitutionnelles de chaque État et aux engagements pris aux niveaux national, régional et mondial, ainsi que plus largement le nombre de femmes occupant des fonctions électives, se félicite des informations communiquées par le Secrétaire général sur cette question, et encourage l’UNOWAS à continuer de communiquer des informations tenant compte des questions de genre.

Questions humanitaires

Le Conseil se déclare préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire globale dans la région, qui est aggravée par les effets de la pandémie de COVID-19 et résulte pour une grande part des déplacements forcés, de l’extrême pauvreté, de l’insécurité alimentaire, qui est particulièrement grave au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, des inégalités sociales et de la violence, notamment sexuelle et fondée sur le genre, et réaffirme la nécessité d’assurer l’accès à l’éducation et à la santé.  Il demande que soit assurée la fourniture durable, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire et médicale à toutes les personnes qui en ont besoin, y compris l’accès à des services de santé en matière de sexualité et de procréation, de santé mentale et de soutien psychosocial pour les personnes rescapées de violences sexuelles pendant ou après un conflit, sans aucune discrimination.  Il appelle en outre à des actions humanitaires et de développement significatives, notamment par la mobilisation de ressources pour le financement des plans de réponse humanitaire, ainsi que par le décaissement des fonds précédemment annoncés.  Il condamne toutes les formes de violence et d’intimidation contre le personnel humanitaire et médical, et encourage les États de la région à prendre des mesures pour que les auteurs de tels actes soient traduits en justice, comme le prévoient les lois nationales et conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international.

Tout en rappelant sa résolution 2532 (2020) et en ayant conscience des efforts consentis par les pays d’Afrique de l’Ouest pour riposter efficacement à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), le Conseil note que la pandémie a encore exacerbé les facteurs de conflit existants et eu de graves répercussions sur les plans socioéconomique et politique et sur la sécurité, a aggravé la situation humanitaire dans la région et a eu des effets disproportionnés sur les femmes et les filles, les enfants, les réfugiés, les déplacés, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.  Il souligne l’importance de la coopération et de la solidarité internationales, salue les efforts faits et les contributions apportées par l’UNOWAS, l’Union africaine, la CEDEAO et d’autres États Membres, et demande que l’on continue à soutenir et à renforcer la coopération afin de riposter de façon globale et inclusive à la pandémie de COVID-19, notamment en assurant un accès égal et d’un coût abordable au vaccin et aux services de santé essentiels.

Le Conseil réaffirme qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  À cet égard, il se félicite de la collaboration complémentaire nouée entre, d’une part, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, qui a pour mission de mener des activités de sensibilisation et de mobilisation politiques ainsi que de lui rendre compte de la situation au Sahel et de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée, et, d’autre part, le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, qui est chargé de diriger l’action collective, et notamment de mobiliser des ressources, en vue de mettre en œuvre la Stratégie intégrée et le Plan d’appui afin de renforcer la réponse des Nations Unies en matière de développement dans la région.

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer à lui rendre compte des efforts faits par l’Organisation des Nations Unies dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration et sur le mandat de l’UNOWAS, notamment sur l’incidence négative des activités menées par les acteurs non étatiques sur la situation sécuritaire, politique et humanitaire dans la région.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afghanistan: le Secrétaire général demande au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de « ne pas abandonner le peuple afghan »

8834e réunion - matin
CS/14603

Afghanistan: le Secrétaire général demande au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de « ne pas abandonner le peuple afghan »

Réuni d’urgence au lendemain de l’entrée des Taliban à Kaboul, le Conseil de sécurité a été prié, ce matin, par le Secrétaire général de l’ONU, de « ne pas abandonner le peuple afghan ».  M. António Guterres s’est également adressé aux Taliban et à toutes les parties en leur demandant de « faire preuve de la plus grande retenue » pour protéger des vies.  Les membres du Conseil ont égrainé à leur tour des demandes précises, dont des appels à cesser les hostilités, protéger les civils, permettre le départ sécurisé des ressortissants étrangers et autres personnes souhaitant quitter le pays, s’engager à ne pas abriter des groupes terroristes, honorer les promesses relatives aux droits de l’homme, y compris ceux des femmes, des filles et des minorités.

« Nous ne pouvons et ne devons pas abandonner le peuple afghan », a déclaré M. Guterres s’exprimant « le cœur lourd » devant le Conseil de sécurité et demandant aux Taliban de « veiller à ce que les besoins humanitaires puissent être satisfaits ».  Devant les importants flux de déplacés à Kaboul qui ont fui l’insécurité ou les combats dans les provinces, le Secrétaire général a demandé à tous les pays d’accueillir les réfugiés afghans et de s’abstenir de toute expulsion.  

Pour M. Guterres, la communauté internationale doit parler d’une seule voix pour défendre les droits humains dans ce pays.  Il s’est dit « préoccupé par les horribles informations » faisant état de graves restrictions aux droits de l’homme et par les violations croissantes des droits des femmes et des filles qui craignent le retour aux jours les plus sombres du règne des Taliban.  « Les droits âprement obtenus pas les femmes et les filles afghanes doivent être protégés. »

M. Guterres a également prié la communauté internationale de « ne plus jamais permettre que l’Afghanistan soit utilisé comme une plateforme ou refuge pour les organisations terroristes.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent utiliser tous les outils à leur disposition pour éliminer la menace terroriste en Afghanistan, a-t-il pressé.  

L’ONU continue d’avoir du personnel et des bureaux dans les zones sous contrôle des Taliban, a assuré le Secrétaire général en priant ces derniers de respecter l’intégrité des installations de l’Organisation et l’inviolabilité des Envoyés et des locaux diplomatiques.  La présence des Nations Unies dans le pays s’adaptera à la situation sécuritaire et son personnel continuera de soutenir le peuple afghan, a-t-il assuré. 

Le représentant de l’Afghanistan, qui a dit « parler au nom de millions de personnes dont le sort est en jeu et l’avenir incertain », et de « millions de filles et de femmes afghanes qui sont sur le point de perdre leur liberté d’aller à l’école, de travailler et de participer à la vie politique, économique et sociale du pays », s’est inquiété que les Taliban n’aient pas honoré leurs promesses et engagements pris à Doha et ailleurs, en évoquant « des images horribles d’exécutions massives de militaires ».  

Mais ce n’est plus le moment de faire le jeu de blâme, a reconnu le représentant afghan qui demandé aux Taliban de respecter l’amnistie générale, de cesser les assassinats ciblés et les vengeances ainsi que de ne démolir aucune institution publique et infrastructure de prestations de service, y compris les œuvres d’art et les médias.  Aux pays voisins de l’Afghanistan, il a demandé d’ouvrir leurs frontières et de faciliter la sortie des personnes essayant de s’échapper.  M. Ghulam M. Isaczai a enfin appelé à la mise en place d’un cadre de transition inclusif et représentatif, et d’un gouvernement incluant tous les groupes ethniques ainsi que des représentants des femmes. 

L’Inde, « voisine de l’Afghanistan et amie de son peuple », a précisément plaidé pour le respect des voix des femmes afghanes, des aspirations des enfants afghans et des droits des minorités.  Une représentation plus large aiderait les autorités actuelles à gagner en acceptabilité et en légitimité, a-t-elle argué.

Pour les États-Unis, les populations civiles, y compris les journalistes et les non-combattants, doivent aussi être protégés.  La représentante américaine a insisté sur le fait que tous les ressortissants afghans et citoyens internationaux qui souhaitent partir doivent être autorisés à le faire en toute sécurité.  Toute action mettant en danger le personnel américain ou leur mission fera l’objet d’une réponse militaire rapide et forte, a mis en garde la représentante.

Nous devons tous veiller à ce que l’Afghanistan ne puisse « plus jamais, plus jamais », être une base pour le terrorisme, a ajouté la déléguée américaine.  Inquiète, pour sa part, de la présence continue d’une menace terroriste dans le pays, la Fédération de Russie a cité notamment l’EIIL dont l’activité terroriste risque de mettre en danger la sécurité des États voisins en Asie centrale.  En outre, le problème de la drogue est inextricablement lié au terrorisme, a rappelé le représentant russe tout en misant sur « la fin des nombreuses années de guerre sanglante et la réconciliation nationale en Afghanistan ».

Offrir la légitimité politique à des groupes tels que les Taliban, par le biais de négociations de paix, représente un danger « très clair », a mis en garde le groupe des A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines).  « De telles négociations ne devraient avoir lieu que lorsque les extrémistes auront pris des mesures pratiques et vérifiables pour renoncer à leur recours au terrorisme aux niveaux national et international. » 

La Chine a plaidé pour que les Taliban assurent une transition sans heurt et incluent toutes les parties et tous les groupes ethniques dans une structure politique large et inclusive.  Il faudra toutefois respecter le cadre institutionnel de l’Afghanistan et décider démocratiquement de l’avenir du pays, a plaidé le Mexique.  La France et le Viet Nam ont insisté sur l’urgence humanitaire, qui exige un accès pour les personnels médicaux et humanitaires à l’ensemble des personnes dans le besoin, de même que leur protection.  Le délégué de l’Afghanistan a parlé de 18 millions de personnes en Afghanistan en besoin d’assistance humanitaire.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a relevé que le monde suit les événements en Afghanistan « le cœur lourd ».  Le monde est profondément préoccupé quant à ce qui nous attend, a ajouté M. Guterres qui a exhorté toutes les parties, en particulier les Taliban, à faire preuve de la plus grande retenue pour protéger des vies et veiller à ce que les besoins humanitaires puissent être satisfaits.  Le Chef de l’ONU a noté l’important flux de personnes déplacées dans la capitale en provenance des provinces du pays dans lesquelles elles ne se sentent plus en sécurité et ont fui les combats.  Il a demandé à tous les pays d’accueillir des réfugiés afghans et à s’abstenir de toute expulsion. 

La communauté internationale, a continué M. Guterres, doit être unie et utiliser tous les mécanismes disponibles pour parler d’une seule voix afin de défendre les droits humains dans ce pays.  Il a appelé les Taliban et toutes les parties à respecter et à protéger le droit international humanitaire ainsi que les droits et libertés de toutes les personnes.  Le Secrétaire général s’est dit préoccupé par « les horribles informations » faisant état de graves restrictions aux droits de l’homme dans tout le pays et par les récits de violations croissantes des droits des femmes et des filles qui craignent le retour aux jours les plus sombres du règne des Taliban.  Il est important que les droits âprement obtenus par les femmes et les filles afghanes soient protégés, a plaidé M. Guterres.  

Pour lui, la communauté internationale doit également veiller à ce que l’Afghanistan ne soit plus jamais utilisé comme plateforme ou refuge pour les organisations terroristes.  Le Secrétaire général a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble à trouver un accord et à utiliser tous les outils à leur disposition pour éliminer la menace terroriste en Afghanistan et garantir que les droits de l’homme fondamentaux seront respectés.  L’ONU est déterminée à soutenir les Afghans, a promis son Chef qui a fait remarquer que l’Organisation continue d’avoir du personnel et des bureaux dans les zones qui sont sous le contrôle des Taliban.  Exhortant ces derniers à honorer l’intégrité de ces installations et l’inviolabilité des Envoyés et locaux diplomatiques, il a déclaré que la présence des Nations Unies s’adapterait à la situation en matière de sécurité.  Son personnel restera et continuera de soutenir le peuple afghan au moment où il en a le plus besoin, a assuré M. Guterres.  Il a aussi appelé à la fin immédiate de la violence, au respect des droits de tous les Afghans et au respect par l’Afghanistan de tous les accords internationaux auxquels il est partie.  « Nous ne pouvons et ne devons pas abandonner le peuple afghan », a plaidé le Secrétaire général.

M. GHULAM M. ISACZAI (Afghanistan) a dit parler au nom de millions de personnes en Afghanistan dont le sort est en jeu et qui sont confrontées à un avenir particulièrement incertain.  « Je parle au nom de millions de filles et de femmes afghanes qui sont sur le point de perdre leur liberté d’aller à l’école, de travailler et de participer à la vie politique, économique et sociale du pays », a-t-il aussi déclaré.  La situation à Kaboul, une ville d’environ six millions d’habitants, est pour le moins extrêmement préoccupante, a-t-il poursuivi, évoquant ces scènes chaotiques à l’aéroport de Kaboul alors que des citoyens désespérés tentaient de quitter le pays.  Le représentant a dit sa préoccupation devant le fait que les Taliban n’honorent pas leurs promesses et engagements pris à Doha et ailleurs.  Nous avons vu à maintes reprises comment les Taliban ont rompu leurs promesses et engagements dans le passé, a—t-il rappelé, tout en évoquant ces images horribles des exécutions massives de militaires par les Taliban.  « Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise à Kaboul qui a été le dernier refuge de nombreuses personnes fuyant la violence et les attaques de vengeance des Taliban. »  Les habitants de Kaboul rapportent que les Taliban ont déjà commencé le porte-à-porte à la recherche de gens se trouvant sur leur liste, a rapporté le délégué.  Il a parlé de rapports faisant état de meurtres ciblés et de pillages dans la ville où les habitants vivent maintenant dans une peur absolue.

Pour M. Isaczai, ce n’est plus le moment de faire le jeu du blâme.  Nous avons la possibilité d’empêcher que l’Afghanistan ne sombre dans une guerre civile et devienne un État paria, a-t-il plaidé.  Par conséquent, a-t-il suggéré, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l’ONU devraient utiliser tous les moyens utiles pour appeler à la cessation immédiate de la violence et au respect des droits humains et du droit international humanitaire.  Il a également demandé d’appeler les Taliban à respecter pleinement l’amnistie générale qu’ils ont offerte, à cesser les assassinats ciblés et les attaques de vengeance, et à respecter le droit humanitaire.  Il faut, a dit le représentant, exhorter les Taliban à ne démolir aucune institution publique et infrastructure de prestation de services, y compris les œuvres d’art dans les musées, ainsi que les médias.  Il a prévenu que quiconque violera les droits de l’homme des citoyens afghans et le droit international humanitaire sera tenu responsable.  Il a encore appelé à l’établissement d’urgence d’un couloir humanitaire pour l’évacuation de ceux courant le risque de représailles et d’attaques des Taliban.  Aux pays voisins de l’Afghanistan, il a demandé d’ouvrir leurs frontières et de faciliter la sortie des personnes essayant de s’échapper, tout en facilitant l’entrée des marchandises pour les opérations humanitaires.

Le représentant de l’Afghanistan a en outre appelé à la mise en place d’un cadre de transition inclusif et représentatif, et d’un gouvernement qui comprenne tous les groupes ethniques ainsi que des représentants des femmes.  Un gouvernement qui puisse conduire à une solution digne et durable du conflit, apporter la paix et préserver les acquis des 20 dernières années, notamment pour les femmes et filles.  Il a espéré que le Conseil et les Nations Unies ne reconnaîtront aucune administration qui accède au pouvoir par la force ou tout gouvernement qui ne soit pas inclusif et représentatif de la diversité du pays.  Pour le délégué, il est tout aussi important que le Conseil de sécurité déclare qu’il ne reconnaît pas la restauration de l’émirat islamique comme réaffirmé dans les déclarations précédentes du Conseil.  Enfin, il est nécessaire de mobiliser une aide humanitaire d’urgence pour les 18 millions de personnes en Afghanistan, en particulier ceux déplacés par le conflit actuel, a réclamé le représentant.

Alors que les Taliban ont aujourd’hui déclaré leur contrôle sur l’Afghanistan et compte tenu du nombre de victimes civiles, M. ANDRE LIPAND (Estonie) leur a rappelé qu’ils portent maintenant la responsabilité de la sûreté et de la sécurité de tous les Afghans et qu’ils doivent rendre des comptes.  Il a donc appelé ceux qui sont au pouvoir, ceux qui occupent des postes d’autorité en Afghanistan, à adhérer au droit international, en particulier au droit international humanitaire, et à respecter les normes et règles relatives aux droits de l’homme.  Soulignant que la moitié de la population afghane a toujours besoin d’aide humanitaire, le délégué a insisté sur l’importance de garantir un accès humanitaire sans entrave et au personnel humanitaire de pouvoir travailler en toute sécurité.  « C’est le moment de construire, réparer et guérir, pas des représailles, du pillage ou des profits. » 

Une fin durable du conflit en Afghanistan ne peut être assurée que par un règlement politique inclusif qui respecte les protections constitutionnelles des droits de tous les Afghans, en particulier les femmes, les enfants et les personnes appartenant à des minorités, a fait valoir M. Lipand pour lequel seule une solution politique négociée de manière inclusive peut conduire à une paix durable dans le pays, ainsi qu’à la stabilité dans la région.

Tout en réitérant l’engagement de l’Estonie envers le peuple afghan, il a clairement expliqué que sa coopération avec les futurs dirigeants afghans dépendra de leur volonté de respecter les réalisations positives des dernières décennies et d’agir conformément aux normes et règles du droit international, y compris le droit international des droits de l’homme.  Le soutien politique et financier de l’Estonie est donc conditionné à la préservation des droits humains et des acquis démocratiques du pays, a-t-il précisé.  Il a salué par ailleurs les efforts des voisins et partenaires de l’Afghanistan qui ont offert leur aide en fournissant un abri à ceux qui fuient les dangers et les incertitudes qui accompagnent les conflits armés.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a appelé à la cessation immédiate de la violence en Afghanistan, au rétablissement de la sécurité et de l’ordre, ainsi qu’à des pourparlers urgents pour résoudre la crise actuelle de l’autorité constitutionnelle et parvenir à un règlement pacifique.  La réalité à laquelle la communauté internationale doit maintenant faire face est que le mouvement des Taliban exerce un contrôle de facto sur une grande partie du territoire afghan, y compris la capitale Kaboul.  Prenant note des déclarations faites ces derniers jours par des Taliban, le représentant a dit qu’ils ne seront pas jugés sur leurs paroles, mais sur leurs actions dans les jours, les semaines et les mois à venir.

Leur comportement aura beaucoup d’importance pour ce qui est de savoir si, et comment, la communauté internationale sera désireuse de reconnaître un futur gouvernement afghan auquel les Taliban participeront, de coopérer avec lui et de le soutenir, a expliqué le représentant.  Le rétablissement de l’ordre public à Kaboul doit avoir la plus haute priorité, a réitéré M. Kvalheim, préoccupé aussi par les rapports inquiétants de pillages et de chaos dans le pays, notamment à l’aéroport international de Kaboul et aux alentours.  « Les parties doivent veiller à ce que tous les ressortissants afghans et étrangers qui souhaitent quitter le pays puissent le faire de manière sûre et ordonnée.  L’accès sûr aux services de base doit être immédiatement rétabli. »  

Préoccupé aussi par le nombre de violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans les communautés touchées par le conflit armé, le représentant a exigé que leurs auteurs soient traduits en justice.  La fin du conflit ne peut être obtenue que par un règlement politique inclusif, juste, durable et réaliste qui respecte les droits de l’homme, en particulier pour les femmes, les enfants et les minorités, a-t-il déclaré avant d’appeler le nouveau gouvernement à être uni, inclusif, représentatif et participatif, y compris avec la participation pleine, égale et significative des femmes.  M. Kvalheim a conclu en appelant le nouveau gouvernement à respecter les obligations internationales de l’Afghanistan. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a réaffirmé que les populations civiles, y compris les journalistes et les non-combattants, doivent être protégées.  Les attaques contre des civils ou des biens civils doivent cesser, a-t-elle martelé.  Elle a aussi appelé à respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous les citoyens afghans, en particulier les femmes, les filles et les membres des groupes minoritaires.  Nous appelons également toutes les parties à prévenir le terrorisme, a-t-elle ajouté, estimant que « nous devons tous veiller à ce que l’Afghanistan ne puisse plus jamais, plus jamais, être une base pour le terrorisme ».

La représentante a également appelé les Taliban à permettre aux organisations humanitaires de poursuivre leur travail vital en Afghanistan.  En plus de la violence actuelle, le peuple afghan souffre gravement des effets de la COVID-19 et de la sécheresse, a-t-elle rappelé.  Selon elle, ces besoins humanitaires urgents doivent rester une priorité « pour nous tous » dans les heures, jours et semaines à venir, et au-delà.  De même, le personnel et les agences humanitaires doivent avoir un accès sûr et sans entrave pour fournir une assistance vitale au nombre croissant d’Afghans dans le besoin.  Nous sommes profondément préoccupés par le fait qu’à l’heure actuelle, l’aide ne parvient pas aux personnes en crise, a déploré Mme Thomas-Greenfield.  Elle a souligné que selon le Programme alimentaire mondial (PAM), plus de 500 tonnes d’aide se trouvent actuellement aux postes frontaliers repris par les forces talibanes.  Le PAM doit disposer d’un accès sûr, immédiat et durable pour fournir cette aide indispensable, a-t-elle plaidé.

« Enfin et surtout, tous les ressortissants afghans et citoyens internationaux qui souhaitent partir doivent être autorisés à le faire en toute sécurité. »  Le Président Biden a clairement indiqué que toute action mettant en danger le personnel américain ou leur mission fera l’objet d’une réponse militaire rapide et forte, a rappelé la représentante.  Elle a assuré que les États-Unis promettent d’être généreux dans la réinstallation des Afghans en Amérique, et s’est dite encouragée par les engagements d’autres nations à faire de même.  « Nous exhortons les voisins de l’Afghanistan, ainsi que d’autres pays de la région et au-delà, à offrir un refuge, qu’il soit temporaire ou permanent, aux Afghans qui tentent de fuir. »  « Ensemble, nous devons tout faire pour aider l’Afghanistan, pour aider les Afghans qui souhaitent partir et chercher refuge », a-t-elle conclu.

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a partagé la préoccupation du Secrétaire général en disant que « nos yeux sont tournés vers Kaboul où la paix et la sécurité de l’Afghanistan mais aussi de la région sont en péril ».  Elle a tenu à rappeler sa ferme condamnation de la violence et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui se produisent en ce moment même en Afghanistan.  Toutes les parties au conflit doivent respecter leurs obligations, particulièrement en matière de protection des civils, a-t-elle exigé en appelant aussi à un cessez-le-feu immédiat ainsi qu’au respect du droit international.  Contrôler un territoire confère des obligations, les Taliban doivent les respecter, a tranché Mme Broadhurst en appelant à protéger notamment ceux qui ont construit l’Afghanistan moderne d’aujourd’hui.  « Nous ne pouvons accepter que l’Afghanistan retombe dans l’obscurantisme », a-t-elle martelé en exigeant que les responsables d’exactions ne demeurent pas impunis.  Pour elle, le Conseil doit rester attentif à l’évolution de la situation et il tient à sa disposition des moyens, notamment à travers le Comité 1988, qui permettent d’entraver l’action des responsables de ces crimes.   

La paix était un objectif atteignable, elle peut le redevenir, mais sous certaines conditions, a estimé Mme Broadhurst en posant comme première condition la fin de la violence, et comme seconde condition le respect des gains démocratiques de ces 20 dernières années.  Elle a souhaité voir respectés les engagements pris par l’Afghanistan vis-à-vis de la communauté internationale, en n’oubliant pas les civils, notamment les femmes et les enfants.  « Les femmes doivent être protégées et leurs droits respectés. »  Les avancées démocratiques, la lutte contre la criminalité organisée et en particulier la lutte contre la drogue, la protection du patrimoine culturel, toutes ces avancées qui font que l’Afghanistan a rejoint depuis 20 ans le concert des nations, ne doivent pas être effacées, a insisté Mme Broadhurst avant de préciser la troisième condition à la paix, l’unité afghane.  Une paix qui nécessite la participation de tous.  En dernier lieu, la représentante a appelé à veiller à ne pas perdre de vue la situation humanitaire, sachant que le conflit fait augmenter le nombre de déplacés et accroître les besoins déjà immenses de toute une population.  L’aide humanitaire doit parvenir à tous, a-t-elle demandé.  L’accès des personnels médicaux et humanitaires à l’ensemble des personnes dans le besoin, de même que leur protection, doivent être garantis.  

La représentante a assuré que la France se tient aux côtés de la population afghane et de tous ses partenaires pour avancer sur le chemin de la paix.  Le premier de ces partenaires est la MANUA, dont elle a salué le courage et le travail sous la houlette de Deborah Lyons ainsi que l’action de Jean Arnault.  Les Nations Unies ont un rôle essentiel et indispensable à jouer en Afghanistan mais elles ne pourront pas tout faire seules, a mis en garde Mme Broadhurst estimant que l’engagement résolu de la communauté internationale aux côtés du peuple afghan sera tout aussi déterminant dans les mois et les années qui viennent.  

Pour M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), ce qui se passe actuellement en Afghanistan est une tragédie.  Les Taliban se sont engagés à Doha à participer à des pourparlers de paix de bonne foi, a rappelé le représentant en déplorant que leurs actions sur le terrain trahissent cette promesse.  Ils doivent immédiatement faire trois choses, a-t-il ordonné, premièrement, cesser toutes les hostilités et toutes les actions militaires, assurer la protection des civils et permettre le départ en toute sécurité et de manière ordonnée des ressortissants étrangers et des autres personnes qui souhaitent partir.  Deuxièmement, a-t-il ajouté, ils doivent s’engager sans équivoque à ne pas abriter ou donner asile à des groupes terroristes qui mettent en danger d’autres pays.  Troisièmement, a continué M. Kariuki, les Taliban doivent honorer leurs promesses de protéger et de faire respecter les droits de l’homme, y compris ceux des femmes, des filles et des minorités.  Nous avons des preuves de violations des droits de l’homme commises par les Taliban dans des zones dont ils ont pris le contrôle, y compris la persécution des groupes minoritaires, les restrictions sévères imposées aux femmes, les allégations de mariage forcé et l’utilisation de civils comme boucliers humains, a informé le délégué. 

Si les Taliban continuent de porter atteinte aux droits de l’homme, ils ne peuvent espérer jouir d’aucune légitimité aux yeux du peuple afghan ou de la communauté internationale, a encore averti le représentant.  Estimant que l’Afghanistan est aujourd’hui confronté à une crise humanitaire catastrophique, il a appelé les Taliban à respecter le droit international humanitaire et permettre aux organisations humanitaires de poursuivre leur travail avec un accès sans entrave et sûr à ceux qui sont dans le besoin.  M. Kariuki a fait valoir que le Royaume-Uni est l’un des principaux fournisseurs d’aide humanitaire aux Afghans, assurant qu’il continuera de travailler avec ses partenaires au sein de ce Conseil, du Conseil des droits de l’homme et, surtout, de la région, pour offrir un Afghanistan plus stable et plus inclusif à tous ses habitants.  Pour sa part, la communauté internationale doit coordonner ses efforts dans les jours et les semaines à venir et envoyer un seul message sur son engagement avec l’Afghanistan, a-t-il souhaité.  

M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est exprimé au nom des A3+1 (Kenya, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines).  Le groupe a réaffirmé son rejet du principe de toute prise de pouvoir par la force et a indiqué que la seule solution viable à ce conflit est un règlement politique négocié.  Parlant en tant que pays actuellement en lutte historique pour les aspirations démocratiques et l’indépendance contre des groupes actifs et ambitieux liés et inspirés d’Al-Qaida, il a estimé que la façon dont le monde réagit à cette situation a « des liens clairs et directs avec nos propres circonstances ».  Le représentant a relevé que tous les groupes djihadistes inspirés par Al-Qaida se sentent nouvellement enhardis, ce matin, et pensent que la chute de Kaboul est le début de prises de contrôle similaires dans plusieurs pays et régions du monde.  De ce fait, le Conseil doit réagir de manière unie et ferme pour empêcher que cette dernière menace ne se manifeste par de nouveaux succès d’extrémistes du monde entier, a plaidé le groupe. 

Le représentant a ensuite rappelé des faits historiques en rapport aux Taliban.  « Nous nous souvenons et pleurons toujours les vies perdues et de nombreuses autres brisées à Nairobi et à Dar es-Salaam lors des attaques d’Al-Qaida du 7 août 1998 », a-t-il dit.  Il a rappelé que le Conseil avait ensuite énoncé une série de mesures sévères contre les Taliban.  Et moins de deux ans plus tard, sont arrivés les attentats du 11 septembre, « perpétrés par un Al-Qaida accueilli et abrité par les Taliban ».  Nous savons tous ce qui a suivi ces attaques et les efforts de la communauté internationale au cours des années suivantes, a-t-il rappelé.  Il a noté que le douzième rapport transmis au Conseil le 20 mai 2021 par le Président du Comité 1988 montre clairement la présence continue d’Al-Qaida dans les zones contrôlées par le Taliban.  « Nous savons qu’Al-Qaida, Daech et les Taliban partagent un engagement idéologique qui vise à perturber et à renverser l’ordre mondial actuel soutenu par les Nations Unies. »  Pour les A3+1, il importe donc que le Conseil parle d’une seule voix.  Selon eux, la série de mesures énoncées dans la résolution 1267 (1999) et les résolutions ultérieures devraient être adoptées si les Taliban ne prennent pas des mesures immédiates pour arrêter et expulser les dirigeants d’Al-Qaida et de Daech.

Les A3+1 ont aussi alerté du danger, « très clair », d’offrir la légitimité politique à des groupes tels que les Taliban, par le biais de négociations de paix.  De telles négociations ne devraient avoir lieu que lorsque les extrémistes ont pris des mesures pratiques et vérifiables pour renoncer à leur recours au terrorisme aux niveaux national et international, ont-ils exigé.  Leur représentant a appelé à cet égard le Conseil de sécurité à prendre des mesures immédiates pour revitaliser l’architecture mondiale de lutte contre le terrorisme.  Pour commencer, il faudrait déjà énumérer les groupes affiliés à Al-Qaida, tels que les Chabab, dans le cadre de la résolution 1267 (1999), a suggéré M. Kimani.  Il a aussi souhaité que les transitions des missions de maintien de la paix régionales et internationales empêchent la prise de contrôle politique et militaire de régions et de pays entiers par les entités affiliées à Al-Qaida.   

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a constaté à regret la prise de contrôle par la force des villes afghanes par les Taliban, aboutissant à la perte du contrôle du Gouvernement à Kaboul.  Elle s’est souvenue avoir entendu, dans cette salle du Conseil, de nombreuses alertes inquiétantes, notamment le témoignage courageux de membres de la société civile afghane.  Malheureusement, et tragiquement pour beaucoup, nous n’avons pas tenu compte de ces avertissements, a déploré la représentante.  « Il va maintenant falloir affronter les conséquences. »  Aujourd’hui, face à une crise aux proportions tragiques qui se déroule, le Conseil devra assumer ses responsabilités et agir, a-t-elle exigé avant d’appeler à faire cesser la violence et l’intimidation, alors que le pays est clairement entré dans une nouvelle phase.  La paix ne sera possible que grâce à une solution convenue, inclusive et négociée, a affirmé la représentante.  Le respect de l’état de droit et le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme, sont impératifs, a renchéri Mme Byrne Nason avant d’appeler à la plus grande retenue pour protéger les vies et veiller à ce que les besoins humanitaires urgents soient pris en compte. 

Compte tenu de la gravité de la situation, elle a insisté pour que le Conseil et la communauté internationale agissent sans tarder.  La communauté internationale a la responsabilité de réagir, d’agir pour protéger les civils et d’atténuer les souffrances du peuple afghan.  Un accès humanitaire sûr et fiable doit être garanti et protégé, et le travail de toutes les agences des Nations Unies et des partenaires humanitaires concernés doit être facilité sans exception, a-t-elle précisé.  La représentante de l’Irlande a également insisté pour que ceux qui ont œuvré pour la paix, les défenseurs des droits humains qui se sont efforcés sans relâche de promouvoir et de protéger les droits de leurs concitoyens, ne soient pas abandonnés. 

La représentante a ensuite parlé plus spécifiquement de la situation des femmes afghanes, qui ont le plus à perdre alors que le Gouvernement démocratique se dissout et qu’un avenir incertain les attend.  S’adressant directement à celles qui sont en ce moment à l’aéroport avec leurs enfants et leurs familles essayant de trouver une issue; celles qui sont cachées chez elles; celles qui dorment dans les rues; celles qui continuent de lutter pour la paix et les droits humains, même si cela peut risquer leur vie, Mme Byrne Nason a dit haut et fort « Femmes d’Afghanistan - nous vous entendons et nous entendons vos appels à la communauté internationale en cette période sombre.  La peur, l’indignation et le sentiment de trahison que vous ressentez sont compris et justifiés ».  S’adressant ensuite aux autres membres du Conseil, elle leur a demandé à se tenir aux côtés des femmes afghanes en arguant que leurs droits et leur future participation à la société afghane ne peuvent être sacrifiés.

Il est temps de tirer les leçons du passé, ou nous serons condamnés à voir le pire de l’histoire se répéter en Afghanistan, a mis en garde l’Irlande.  Deux décennies de progrès se désintègrent sous nos yeux.  Le peuple afghan a trop travaillé et trop perdu pour voir son avenir répéter son passé.  Des générations sont perdues à cause des conflits.  Une paix forte et durable ne peut être construite que par des négociations inclusives et représentatives.  La future gouvernance de l’Afghanistan ne peut avoir le soutien et l’approbation de la communauté internationale que si elle garantit la participation pleine, égale et significative des femmes, des groupes minoritaires et des jeunes; respecte les droits de l’homme et les libertés fondamentales, et garantit le respect de l’état de droit et de la responsabilité tels qu’énoncés dans la résolution 2513 du Conseil, a conclu la représentante.

À notre avis, le Conseil doit être prêt à envisager d’autres mesures à partir de la boîte à outils à sa disposition au fur et à mesure que cette crise se déroule.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a souligné d’emblée l’importance de respecter le cadre institutionnel de l’Afghanistan.  L’avenir du pays doit être décidé démocratiquement par tous ses citoyens, a insisté la représentante.  Les informations faisant état d’exécutions sommaires, d’attaques contre des femmes, de passages à tabac et de censure sont autant de signes alarmants pour la communauté internationale, a-t-elle rappelé.  Déplorant que ce sont les plus vulnérables qui vont payer le prix le plus élevé, elle a noté que de nombreux Afghans y compris des femmes et des filles sont déjà confrontés à des conditions de plus en plus précaires.  

Mme Buenrostro Massieu a aussi appelé la communauté internationale à surveiller les transferts des armes qui pourraient se retrouver entre de mauvaises mains.  Tant que cette prolifération persiste, les Taliban et d’autres groupes terroristes auront toujours les moyens d’atteindre leurs objectifs par la force, a-t-elle prévenu.  En dépit des efforts internationaux déployés depuis deux décennies, a indiqué Mme Buenrostro Massieu, les portes de l’Afghanistan sont à nouveau ouvertes pour en faire un refuge sûr pour les terroristes.  Il faut garantir que ce scenario ne se produise pas, a demandé la représentante.  Le Conseil de sécurité doit insister sur le fait que le recours à la force est inacceptable et que les pays qui ont des contacts directs avec les Taliban doivent appeler à la reprise rapide de négociations constructives, a-t-elle conclu. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit que la chute rapide de Kaboul a surpris tout le monde, y compris ceux qui, jusqu’à récemment, proclamaient haut et fort le haut niveau d’efficacité au combat des forces de sécurité afghanes entraînées depuis 20 ans.  Il a appelé toutes les parties afghanes concernées à s’abstenir d’hostilités et à promouvoir un règlement pacifique.  « Nous partons du principe que les acteurs les plus puissants capables d’aider l’Afghanistan sont la Fédération de Russie, les États-Unis, la Chine, le Pakistan et l’Iran », a-t-il déclaré.  Le représentant a dit que la Fédération de Russie déterminera ses futurs rapports avec les Taliban en fonction de l’évolution de la situation et de leurs actions spécifiques.  Le délégué a dit espérer que dans les conditions actuelles, le personnel diplomatique et la présence de l’ONU en Afghanistan seront sécurisés, et que ces institutions seront inviolables.  Dans ces conditions, l’ambassade de la Fédération de Russie à Kaboul continue de fonctionner normalement, a-t-il signalé.

Nous restons préoccupés par la présence continue d’une menace terroriste dans le pays, y compris de l’EIIL-Province du Khorassan dont l’activité terroriste risque de déborder d’Afghanistan et de mettre ainsi en danger la sécurité des États voisins en Asie centrale.  En outre, le problème de la drogue est inextricablement lié au terrorisme, a rappelé le représentant qui a aussi souligné la forte détérioration de la situation humanitaire due à la dégradation de la situation en Afghanistan ces derniers mois.  Il a jugé inquiétantes les informations sur le nombre de personnes déplacées dans le pays et les flux de réfugiés à l’extérieur du pays.  Nous sommes convaincus que tout le monde profitera de la fin des nombreuses années de guerre sanglante et de réconciliation nationale, a conclu le délégué.

M. DINH QUY DANG (Vietnam) s'est dit préoccupé par les informations faisant état de victimes civiles et par les répercussions des récents événements survenus en Afghanistan.  La priorité absolue est de protéger les civils, en particulier les groupes les plus vulnérables, tels que les femmes et les enfants, a-t-il souligné, exhortant les Taliban à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Il a également appelé à assurer la sécurité de tout le personnel travaillant pour les Nations Unies et d’autres organisations internationales, ainsi que les travailleurs humanitaires.  Le représentant a appelé toutes les parties à s’engager dans un dialogue et rechercher la réconciliation nationale et une paix à long terme.  Des mesures urgentes sont nécessaires pour éviter une catastrophe humanitaire, a-t-il déclaré, appelant instamment l’ONU et ses partenaires à redoubler d’efforts.

M. GENG SHUANG (Chine) a dit qu’après plus de 40 années de guerre en Afghanistan, la tâche urgente est de rétablir la paix, la stabilité et l’ordre dès que possible, afin d’éviter des nouvelles pertes en vies humaines et des afflux inutiles de réfugiés.  Le représentant a appelé les parties à garantir les droits, les intérêts et la sécurité du personnel diplomatique et des ressortissants étrangers, ainsi que leur évacuation sûre et ordonnée.  La solution politique est la seule voie possible à cette situation, a estimé M. Geng qui a formé le vœu que les Taliban s’engagent à assurer une transition sans heurt.  Il les a aussi exhortés à inclure toutes les parties et tous les groupes ethniques en vue de la mise en place d’une structure politique large et inclusive. 

Rappelant que les groupes terroristes tels que Daech et Al-Qaida ont posé de graves menaces à la paix et à la sécurité au cours des 20 dernières années, le délégué a souhaité que l’Afghanistan ne soit plus un paradis pour les terroristes.  Les Taliban doivent rompre clairement avec les groupes terroristes et les empêcher de profiter du chaos, a plaidé le représentant de la Chine avant d’appeler la communauté internationale à intensifier l’aide humanitaire au pays et à ses voisins et à assurer une meilleure prévention et un meilleur contrôle de la pandémie de COVID-19.  S’agissant du rôle de la MANUA, le Secrétaire général devra prendre les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité du personnel de la Mission et formuler des recommandations sur la présence future des Nations Unies dans le pays, a prié M. Geng.

M. T. S. TIMURURTI (Inde) a estimé qu’il est temps, pour la communauté internationale, en particulier ce Conseil, d’agir et d’assurer une cessation immédiate de la violence ainsi que de contenir toute crise éventuelle et d’en atténuer les conséquences.  En tant que voisine de l’Afghanistan et amie de son peuple, l’Inde est très préoccupée de la situation qui règne dans le pays, a dit le représentant.  Il a plaidé pour le respect des voix des femmes afghanes, des aspirations des enfants afghans et des droits des minorités.  Selon lui, une représentation plus large aiderait les autorités actuelles à gagner en acceptabilité et en légitimité.

Pour le représentant, s’il est garanti que le territoire de l’Afghanistan n’est pas utilisé par des groupes terroristes pour menacer ou attaquer un autre pays, alors les voisins de l’Afghanistan et les pays de la région se sentiront plus en sécurité.  Avant le déclenchement de la crise actuelle, l’Inde avait des projets de développement en cours dans chacune des 34 provinces de l’Afghanistan, a ajouté M. Timururti qui a demandé au « nouveau régime » de maintenir l’ordre public, d’assurer la sûreté et la sécurité de tous, y compris le personnel des Nations Unies, ainsi que le personnel diplomatique et consulaire, et de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, en Afghanistan, et ce en toutes circonstances.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Somalie: Amorce d’une sortie de l’impasse politique avec la reprise du processus électoral sur fond de menace sécuritaire des Chabab

8833e réunion - matin
CS/14601

Somalie: Amorce d’une sortie de l’impasse politique avec la reprise du processus électoral sur fond de menace sécuritaire des Chabab

Depuis la signature de l’accord du 27 mai, « en vue de la tenue d’élections crédibles, transparentes et inclusives et du règlement des questions litigieuses », entre le Premier Ministre somalien, M. Mohamed Hussein Roble, et les dirigeants des États membres de la fédération, le Premier Ministre a fait preuve de leadership, a expliqué ce matin le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), M. James Swan, aux membres du Conseil de sécurité qui se penchaient sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Somalie.

Également présent, le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano Jose Madeira, s’est également réjoui de voir que la récente impasse politique du pays a été remplacée par des progrès certains puisque « les dirigeants somaliens mettent davantage l’accent sur les questions qui les fédèrent et parlent d’une même voix au sujet des élections ».  Saluant le climat constructif entre les dirigeants somaliens, sous la direction du Premier Ministre Roble, la Norvège a plaidé pour un dialogue régulier, constructif et inclusif dans le cadre du Conseil consultatif national en vue de progresser dans la mise en œuvre du modèle électoral.

À ce sujet, M. Swan a indiqué que des organes de gestion des élections ont été créés au niveau fédéral et au niveau des États, tandis que les élections pour pourvoir des sièges à la Chambre haute du Parlement ont commencé dans quatre des États membres dont le Djoubaland.  Un comité de plaidoyer pour favoriser la représentation de femmes à hauteur de 30% lors des élections fédérales de 2021 a été mis en place, a indiqué le Chef de la MANUSOM, estimant que davantage de progrès sont nécessaires pour garantir la sécurité des élections et pour atteindre ce quota.  Abondant en ce sens, Mme Batula Sheikh Ahmed Gaballe, la Présidente de l’Organisation nationale des femmes somaliennes, qui préside aussi le Comité de plaidoyer, a demandé que le nouveau gouvernement et le nouveau parlement travaillent ensemble pour amender la loi électorale fédérale et les lois sur les partis politiques, afin d’avoir des dispositions claires sur la pleine participation des femmes.  De telles dispositions sont également nécessaires dans la révision constitutionnelle, a-t-elle estimé, pour garantir la participation des femmes à la politique et aux fonctions publiques.  Elle a demandé des ressources pour renforcer le rôle de leadership et la protection des femmes en Somalie.

De son côté, l’ONU travaille en étroite collaboration avec le Premier Ministre et les comités de gestion des élections aux niveaux fédéral et des États, à la mise en œuvre de l’accord du 27 mai et à la préparation des élections, notamment par la fourniture d’un appui technique et logistique, a indiqué le Chef de la MANUSOM, ainsi que par la coordination de l’aide financière internationale.  Récemment, un accord a été signé avec le Cabinet du Premier Ministre pour faire en sorte que les fonds versés par les États Membres soient mis à la disposition des organes d’administration des élections, a informé M. Swan. 

S’agissant du soutien de l’AMISOM au processus électoral, le Chef de la Mission a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas uniquement d’un volet sécuritaire puisque l’Union africaine apporte aussi un soutien budgétaire direct et qu’elle s’apprête à déployer des experts électoraux en Somalie.  Le représentant somalien a précisé qu’un compte spécial a été mis en place pour le financement des élections dans lequel le Gouvernement fédéral a déjà versé 1,9 million de dollars et qui recueillera aussi les contributions de la communauté internationale devant atteindre plus de 8 millions de dollars.

Les élections en étant seulement à leur première étape, le Chef de l’AMISOM a espéré que les efforts collectifs permettront d’éviter que les Chabab ne perturbent le processus en cours, un sujet qui a largement préoccupé les membres du Conseil.  Si le Royaume-Uni s’est dit inquiet du risque de nouveaux retards dans le calendrier électoral dont un échec risquerait d’approfondir la division politique et ne servirait qu’aux Chabab, la France a évoqué les questions sécuritaires en regrettant l’absence de progrès dans la mise en œuvre du plan de transition somalien, alors que les Chabab poursuivent leurs attaques meurtrières.  

Appelant à s’engager dès aujourd’hui dans la voie de la transition sécuritaire et du passage de relai aux forces somaliennes, la France a rappelé qu’une décision doit être prise dès cette année sur les évolutions du rôle et du financement de l’AMISOM.  L’Union européenne ayant versé près de deux milliards d’euros depuis 2007 au profit de cette Mission, la France a estimé que cela devait se traduire par une plus grande efficacité dans la conduite de la Mission et rapidement amener d’autres partenaires à contribuer à l’effort commun.  La Somalie a fait valoir son plan de transition révisé, qui prend en compte la transition en matière de sécurité, en y voyant le point de départ de la reconfiguration de l’AMISOM.  À ce sujet, le Chef de la Mission s’est félicité de la capacité croissante des forces de sécurité somaliennes à prendre les choses en main.  À la lumière de cela, l’UA a fait une évaluation indépendante pour déterminer quelle forme devrait prendre sa nouvelle mission en Somalie.  Cette étude a fait ressortir un consensus sur le besoin d’une mission hybride de stabilisation qui devra travailler dans le plein respect du leadership somalien, a précisé M. Madeira, notamment en vue du prochain cycle électoral de 2026.  

Enfin, face à la dégradation de la situation humanitaire dans le pays, qui est autant liée au conflit qu’à la sècheresse, aux inondations et aux criquets pèlerins, certains membres du Conseil, comme l’Inde et la Chine, ont appelé à combler sans tarder le financement de la riposte humanitaire pour la Somalie. 

LA SITUATION EN SOMALIE

M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a noté que depuis la signature de l’accord de mise en œuvre des élections du 27 mai entre le Premier Ministre Mohamed Hussein Roble et les dirigeants des États fédéraux, le Premier Ministre a fait preuve de leadership pour faire avancer le processus en réunissant le comité consultatif national pour des questions liées à la mise en œuvre de l’accord.  Des organes de gestion des élections ont été créés au niveau fédéral et au niveau des États, tandis que les élections pour pourvoir des sièges à la Chambre haute du Parlement ont commencé dans quatre des États membres fédéraux.  

Après avoir énuméré d’autres initiatives du Gouvernement, M. Swan a salué la nomination d’un comité de sensibilisation qui aidera à atteindre le quota de 30% de femmes lors des élections fédérales de 2021.  Des progrès supplémentaires sont nécessaires pour garantir la sécurité des élections et pour atteindre les quotas de femmes, a-t-il analysé en soulignant la nécessité de mesures énergiques pour y parvenir.  Il a aussi plaidé pour une plus grande inclusion des jeunes et des communautés historiquement marginalisées dans le processus électoral.

L’ONU, a-t-il assuré, travaille en étroite collaboration avec le Premier Ministre et les comités de gestion des élections aux niveaux fédéral et des États à la mise en œuvre de l’accord du 27 mai et à la préparation des élections, notamment par la fourniture d’un appui technique et logistique, ainsi que par la coordination de l’aide financière internationale.  Récemment, un accord a été signé avec le Cabinet du Premier Ministre pour faire en sorte que les fonds des donateurs généreusement versés par les États Membres soient mis à la disposition des organes d’administration des élections, a informé M. Swan.  

L’ONU continue d’appuyer les efforts plus larges de consolidation de la paix, y compris le renforcement du fédéralisme, la prévention et la gestion des conflits et la consolidation de la paix, a ajouté le Représentant spécial en rappelant que l’accord du 27 mai comprend une feuille de route pour l’achèvement du processus d’édification de l’État en Somalie.  L’ONU appuie aussi la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur le rôle des femmes dans la consolidation de la paix grâce à un nouveau programme visant à éliminer les obstacles systémiques à la représentation et à la participation des femmes somaliennes à la vie publique.

M. Swan a aussi insisté sur la menace persistante posée par les Chabab qui poursuivent leurs attaques terroristes et opérations, en particulier dans l’État du Sud-Ouest.  La MANUSOM a dénombré, en 2021, 708 victimes civiles dont 321 tués et 387 blessés, principalement par les Chabab.  Il y a également une augmentation alarmante de la violence sexuelle et des violations contre les enfants, a noté le Chef de la Mission.  Saluant le rôle crucial de l’AMISOM, M. Swan a dit que le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie continue de fournir un soutien vital à celle-ci et aux forces de sécurité somaliennes grâce à des contributions volontaires versées au Fonds d’affectation spéciale.  D’autres contributions supplémentaires sont nécessaires d’urgence pour poursuivre cet appui vital aux forces de sécurité somaliennes, a exhorté le Représentant spécial. 

Le plan de transition pour la Somalie continue d’être mis en œuvre, a-t-il informé soulignant que certains objectifs pour 2021 n’ont pas encore été atteints, notamment la consolidation dans le Bas-Chébéli.  « En outre, la situation humanitaire en Somalie reste désastreuse. »  L’impact combiné des conflits et des changements climatiques, y compris les sécheresses et les inondations récurrentes, ainsi que la COVID-19, risquent d’exacerber l’insécurité alimentaire, a-t-il prévenu.  Il a indiqué que le Gouvernement fédéral somalien a mené une campagne nationale de vaccination, avec l’appui du Mécanisme COVAX.

Le Représentant spécial a plaidé pour un accès humanitaire et un financement beaucoup plus importants, si l’on veut continuer à fournir un soutien vital.  Il a alerté du fait que le Plan d’intervention humanitaire 2021 n’est financé qu’à hauteur de 38%.  Il a également dit que les changements climatiques contribuent à l’extrême crise en Somalie, avec des effets négatifs potentiels sur la stabilité et la sécurité, ainsi que sur la situation humanitaire et le développement.  

Après une longue période d’incertitude et de tensions accrues, les élections tant attendues en Somalie avancent bien qu’elles aient pris du retard, a-t-il reconnu.  Pour que ce processus continue de progresser et pour qu’il soit inclusif et crédible, M. Swan a appelé toutes les parties et les signataires de l’accord du 27 mai à l’appliquer.  L’ONU est prête à continuer d’appuyer la Somalie dans ce processus électoral et au-delà, afin que le pays puisse se concentrer à nouveau sur les objectifs fondamentaux de paix, de sécurité et de développement, a-t-il assuré.  

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a affirmé que la récente impasse politique du pays a été remplacée par certains progrès.  « Les dirigeants somaliens mettent davantage l’accent sur les questions qui les fédèrent et parlent d’une même voix au sujet des élections. »  Ils ont annoncé qu’ils avaient atteint un accord, le 27 mai dernier, ce qui a marqué le début du processus électoral qui doit pourvoir quatre sièges à la chambre haute, notamment pour le Djoubaland, a-t-il expliqué.  L’Union africaine (UA) se félicite de voir les efforts menés en ce qui concerne les élections et notamment pour respecter le quota de 30% de sièges à allouer aux femmes et pour promouvoir la réconciliation et l’union nationale, a dit M. Madeira.  Il a aussi noté que les débats constants contribuent à l’amélioration de la bonne foi entre les dirigeants somaliens. 

Pour ce qui est de la contribution de l’AMISOM aux élections, M. Madeira a expliqué que son soutien à la Somalie va au-delà de la sécurité et se traduit notamment par un soutien budgétaire direct.  À la demande de l’équipe fédérale de mise en œuvre des élections, des experts électoraux de l’UA y seront déployés dans les jours à venir, a-t-il indiqué en ajoutant que le centre logistique de Douala donnera du matériel pour permettre à la Somalie d’être mieux outillée pour mener à bien son processus électoral.  M. Madeira a également mis l’accent sur la contribution de la police de l’AMISOM, en citant la sécurisation de la réunion du 27 mai et des élections à la chambre haute.  Cette police continue aussi à appuyer le renforcement de la police nationale au Djoubaland, notamment pour la lutte antiterroriste.

Les élections en étant seulement à leur première étape, le Chef de la Mission a espéré que les efforts collectifs permettent d’éviter que les Chabab ne perturbent le processus en cours.  Il a en outre fait état d’améliorations dans le plan de transition somalien, en saluant les preuves du renforcement des capacités des forces de sécurité somaliennes.  L’AMISOM progresse aussi dans les plans de reconfiguration nationale en collaboration avec les autorités nationales, a annoncé M. Madeira en se réjouissant que les comités mixtes soient bientôt opérationnels.  C’est la seule voie pour permettre à la Somalie d’assurer la sécurité du pays, a-t-il affirmé en insistant sur l’importance de la mise en œuvre du plan de transition somalien.   

Il a salué les progrès dans la création d’institutions de sécurité nationales avec le soutien des partenaires internationaux de la Somalie, et s’est félicité de la capacité croissante des forces de sécurité somaliennes à prendre les choses en main.  À la lumière de cela, l’UA a fait une évaluation indépendante pour déterminer quelle forme sa nouvelle mission en Somalie devra prendre.  Cette étude a fait ressortir un consensus sur le besoin d’une mission hybride de stabilisation, a indiqué M. Madeira.  Cette mission devra travailler dans le plein respect du leadership somalien, a-t-il précisé, notamment en vue du prochain cycle électoral de 2026.  « L’UA doit pouvoir garantir que ses efforts soient accompagnés de progrès dans le processus politique somalien. »

En conclusion, M. Madeira a dit que l’Union africaine se tourne vers un nouveau chapitre de sa présence en Somalie, ce qui le pousse à renouveler ses partenariats stratégiques, en particulier avec l’Union européenne (UE) et l’ONU.  M. Madeira a dit espérer pouvoir compter sur un financement prévisible et suffisant de la part de l’UE.  Pour ce qui est des Nations Unies, il a appelé à un renouvellement de la résolution 2540 sur la base d’une évaluation approfondie de la situation.  Il faudra également établir des priorités dans le cadre du mandat et fixer des tâches qui devront être adaptées à la nouvelle donne en Somalie, a-t-il soutenu.  En dernier lieu, le Chef de l’AMISOM a mis l’accent sur le consensus régional par rapport au déploiement de l’AMISOM.

Mme BATULA SHEIKH AHMED GABALLE, Présidente de l’Organisation nationale des femmes somaliennes, a précisé parler également en tant que Présidente du Comité de plaidoyer récemment créé pour garantir le quota de 30% de femmes aux élections fédérales de 2021 en Somalie.  Elle a relevé que malgré des promesses répétées, le communiqué du 27 mai 2021, détaillant les accords conclus lors de la réunion au sommet entre le Gouvernement fédéral et les dirigeants des États membres fédérés sur une série de questions, ne contenait qu’une seule phrase confirmant l’engagement collectif des dirigeants à préserver ledit quota dans les deux chambres du Parlement.  L’accord du 27 mai n’a fourni aucun détail sur la façon dont cet engagement sera mis en œuvre, a-t-elle regretté.  « Nous restons profondément préoccupés par l’incertitude tout en poursuivant les campagnes de plaidoyer pour un mécanisme clair pour atteindre le quota de 30%. »  En raison des incertitudes politiques et de la crainte d’une escalade de la crise politique, « même nous, femmes dirigeantes, sommes engagées dans une campagne pour la paix et la réconciliation », a dit Mme Gaballe.  Elle a expliqué que ce rôle de pacificateurs s’est fait au détriment de la demande de quota.  « Nous avons réalisé que sans accords entre les dirigeants et sans stabilité politique, il n’y aura pas d’élections; et sans élections, il n’y aura pas de quota de 30% », a-t-elle justifié.  Ainsi, les femmes ont privilégié la paix et la stabilité au quota de 30%.

Au cours de la Conférence consultative nationale de mai, les femmes dirigeantes ont discuté séparément avec les dirigeants politiques pour garantir leur engagement à atteindre le quota de 30% des femmes élues.  Bien que les femmes aient obtenu une réduction de 50% des frais de candidature, en l’absence d’un mécanisme clair, la voie vers l’atteinte du quota de 30% reste insaisissable et difficile, a—t-elle avoué.  Elle a salué la création par le Premier Ministre, le 25 juillet, du Comité de plaidoyer en faveur du quota de 30%, estimant que cela donne un nouvel élan au plaidoyer des femmes.  Malgré tout, alors que les élections à la Chambre haute sont en cours, aucun État n’a présenté à ce jour 30% de femmes aux élections.  La représentation des femmes varie entre 25% et 27%, et le Djoubaland n’a pas encore élu de femmes, a-t-elle constaté.

Outre les contraintes financières, les femmes aspirant à être candidates sont confrontées à des défis d’insécurité et à la peur d’être intimidées, a poursuivi Mme Gaballe qui a donc plaidé pour le renforcement de la protection, afin de garantir la participation des femmes au processus électoral.  « Pour éviter de voir se répéter ce que vivent les femmes somaliennes aujourd’hui et pour garantir la place qui leur revient dans l’arène politique, nous exigeons des règles du jeu équitables. » 

Mme Gaballe a aussi plaidé pour que le nouveau gouvernement et le nouveau parlement travaillent ensemble pour amender la loi électorale fédérale et les lois sur les partis politiques, afin d’avoir des dispositions claires sur la pleine participation des femmes.  De telles dispositions sont également nécessaires dans la révision constitutionnelle, pour garantir la participation des femmes à la politique et aux fonctions publiques, a souhaité Mme Gaballe en demandant aussi des ressources pour renforcer le rôle de leadership et la protection des femmes.  Le soutien doit être étendu aux femmes parlementaires et sénatrices nouvellement élues pour qu’elles remplissent efficacement leur rôle législatif, a-t-elle ajouté.

Les femmes somaliennes représentent plus de 50% de la population et elles ne peuvent être exclues du rôle politique et décisionnel, a clamé Mme Gaballe.  Elle a rappelé que la participation des femmes est vitale pour l’instauration d’une paix, d’une sécurité et d’une stabilité politique durables en Somalie.  Aux côtés des autorités somaliennes, la communauté internationale, en particulier les Nations Unies, a la responsabilité majeure de veiller à ce que les dialogues politiques, les efforts de réconciliation et les efforts de développement soient inclusifs.  La participation et la protection des femmes contre toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle dans les conflits et les discriminations doivent être une priorité, a-t-elle conclu. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a réaffirmé son appui au Premier Ministre Mohamed Hussein Roble qui travaille avec les États fédéraux à la mise en œuvre de l’accord et à la conclusion du processus électoral.  Toutefois, a nuancé la représentante, le Royaume-Uni est préoccupé par le risque de nouveaux retards dans le calendrier électoral dont un échec risquerait d’approfondir la division politique et ne servirait qu’aux Chabab.  La représentante a donc encouragé les dirigeants somaliens à accélérer le processus électoral et à veiller à ce que les femmes obtiennent au moins 30% des sièges au Parlement.  Les préparatifs en matière de sécurité des élections doivent aussi être accélérés, a exhorté Mme Woodward.  

La déléguée a averti que l’échec du processus électoral ne risquerait pas seulement de saper les gains de sécurité durement acquis mais compromettrait également le processus de transition mené par les Somaliens pour instaurer la sécurité dans le pays.  Elle a insisté sur le fait que la collaboration et la consultation entre le Gouvernement fédéral somalien, l’ONU, l’UA et les donateurs permettront aux parties prenantes de convenir d’un modèle de mission qui remplacera l’AMISOM et permettra à la Somalie d’assumer progressivement une plus grande responsabilité dans sa propre sécurité. 

Le Royaume-Uni continuera d’aider la Somalie à atténuer les effets de la COVID-19 et des changements climatiques, y compris les inondations, la sécheresse et les essaims acridiens, et à renforcer la résilience à long terme, a promis la représentante, appelant la communauté internationale à faire de même.  Notre message est clair, a-t-elle conclu: la mise en œuvre de l’accord du 27 mai et l’achèvement du processus électoral permettront à la Somalie de se recentrer sur ses principales priorités et de rechercher des solutions aux défis auxquels le peuple somalien est confronté.  

M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a formé le vœu que les élections somaliennes se tiendront de manière sûre et pacifique, sur la base du calendrier convenu.  Le processus politique « mené et dirigé par les Somaliens » devra tenir compte des aspirations légitimes de toutes les parties prenantes somaliennes, a-t-il précisé en demandant aussi une représentation équitable des femmes, des minorités et des jeunes.  M. Hai Anh a réaffirmé la nécessité d’un soutien international continu en matière d’assistance financière et technique aux efforts de renforcement de l’État, y compris le renforcement des institutions.  Il faut aussi créer un environnement favorable et renforcer les mesures de protection des civils, a-t-il recommandé en mettant l’accent sur les préparatifs électoraux et sur la protection des groupes vulnérables, des femmes et des enfants.

M. Hai Anh s’est dit préoccupé par l’instabilité persistante de la situation sécuritaire et a condamné la violence et les attaques terroristes contre les civils, les responsables gouvernementaux, les forces de sécurité somaliennes, le personnel de l’ONU et de l’AMISOM.  Il a exhorté le Gouvernement somalien à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre des mesures de sécurité de protection des civils et accélérer les enquêtes sur la violence et les meurtres de civils.  À cet égard, le délégué a plaidé pour un appui à l’armée et aux forces de sécurité somaliennes, par le biais de la formation, de la fourniture de matériel, du renforcement des capacités et de la mise en œuvre d’opérations contre les Chabab.  M. Hai Anh a enfin insisté sur la nécessité de relever les défis et de résoudre les problèmes économiques auxquels la Somalie est confrontée, soulignant les besoins particuliers dans le développement agricole, la pandémie de COVID-19, ainsi que dans le cadre de l’invasion des criquets pèlerins, des inondations et de la sécheresse.  À cet égard, il s’est dit préoccupé par le faible niveau de financement du Plan d’intervention humanitaire 2021 pour la Somalie, et appelé les partenaires internationaux à mobiliser un soutien supplémentaire pour aider le Gouvernement à atténuer les difficultés socioéconomiques. 

M. TAREK LADEB (Tunisie), qui s’est exprimé au nom des A3+1 (Afrique du Sud, Niger, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Tunisie), s’est félicité de l’entame du processus électoral en Somalie à la suite de l’accord conclu entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés sur les questions d’organisation en souffrance.  Le délégué a insisté sur l’importance de la tenue d’élections libres et transparentes ainsi que du respect du quota de 30% de sièges pour les femmes.  Il a toutefois exprimé l’inquiétude des A3+1 face à la situation en matière de sécurité en Somalie alors que les Chabab font toujours planer de graves menaces sur la paix et la sécurité du pays.  D’où son appel à donner les moyens au Gouvernement somalien pour pouvoir assurer la sécurité dans le pays.  Favorables à une mission conjointe UA-ONU, les A3+1 souhaitent voir se poursuivre un travail étroit avec le Gouvernement somalien, a dit le délégué.

Déplorant les victimes civiles à la suite des attaques des Chabab, il a encouragé les autorités somaliennes à adopter les mesures qui s’imposent et à protéger les droits des personnes.  En outre, les A3+1 ont appelé les partenaires internationaux à financer davantage le plan humanitaire pour la Somalie.  En dernier lieu, ils ont dit être prêts à participer de façon constructive aux négociations sur le renouvellement du mandat de la MANUSOM.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a jugé essentiel, en ce moment crucial pour l’avenir politique de la Somalie, de voir se concrétiser la participation pleine, égale et significative des femmes au processus électoral.  Les informations selon lesquelles des candidates ont été intimidées, harcelées, enlevées et tuées, dans le passé, soulignent la nécessité d’assurer la sécurité des femmes candidates et de planifier la protection des femmes pendant les élections, a-t-elle plaidé.  Elle s’est dite préoccupée de constater qu’il n’y a toujours pas de mécanisme établi pour garantir le quota minimum de 30% de femmes dans le processus électoral.  Elle a demandé que cet engagement du Gouvernement fédéral se traduise dans la pratique.

La représentante s’est également dite alarmée par les rapports faisant état d’une augmentation des violences sexuelles liées aux conflits, en particulier contre les femmes et les filles, tout en saluant l’adoption de la politique des droits de l’homme pour les forces armées nationales somaliennes en mai.  Elle a appelé toutes les autorités somaliennes à prendre des mesures immédiates pour protéger les femmes et les filles de toutes les formes de violence sexuelle et sexiste, notamment en promulguant le projet de loi original de 2018 sur les infractions sexuelles.  Pour la représentante, il est également choquant que des enfants continuent d’être tués, enlevés et recrutés en toute impunité. 

Selon Mme Byrne Nason, l’impasse politique récente a détourné l’attention de la lutte contre la menace des Chabab et a aggravé les effets d’une grave crise humanitaire en Somalie.  En outre, l’impact négatif des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19 aggrave encore la situation humanitaire avec un effet disproportionné sur les femmes et les filles.  Alors que les partenaires internationaux doivent intensifier le financement et le soutien en Somalie, il est regrettable de voir la contribution au Plan de réponse humanitaire 2021 pour la Somalie à son plus bas niveau en six ans, a regretté la déléguée, demandant au Gouvernement de se recentrer sur la résolution des contraintes d’accès humanitaire et de relever les défis fondamentaux auxquels le peuple somalien est confronté.  Elle a encouragé le Gouvernement fédéral, l’ONU et l’UA à respecter les délais fixés dans la résolution 2568 (2020) et à continuer de travailler ensemble pour le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM aux forces de sécurité somaliennes.  Cela doit se produire dès que la situation sécuritaire et politique le permet et d’une manière qui donne la priorité à la sûreté et à la sécurité de tous les citoyens somaliens, a-t-elle précisé.  Elle a jugé urgent de trouver un consensus entre tous les partenaires de la Somalie et les dirigeants somaliens sur cette question.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a noté les progrès importants réalisés sur le front politique en Somalie depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité.  La représentante a ensuite appelé toutes les parties prenantes à poursuivre leurs efforts pour mettre en œuvre l’accord du 27 mai.  Saluant le rétablissement des contacts entre la Somalie et le Kenya, elle a dit être préoccupée par la situation sécuritaire et les menaces que font peser les Chabab.    Mme Evstigneeva a appelé le Gouvernement somalien et l’UA à poursuivre leurs efforts en faveur du processus électoral, en soulignant la nécessité d’assurer la sécurité dans les bureaux de vote.  

En ce qui concerne la sécurité, la représentante a souhaité que l’UA et le Gouvernement somalien mettent en place un arrangement mutuellement acceptable pour transférer la responsabilité de la sécurité aux forces armées somaliennes.  La déléguée a insisté pour que ces changements soient soigneusement examinés afin d’éviter tout vide sécuritaire.  Concernant le renouvellement du mandat de la MANUSOM, elle a souligné l’importance de la consolidation de l’État.  Elle a aussi souligné l’importance du fait que la résolution envoie un message clair selon lequel le processus électoral doit être achevé.

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a insisté sur l’importance des élections, tout en encourageant les parties somaliennes à mettre en œuvre sans tarder les engagements qu’elles ont pris en septembre 2020 et mai 2021.  Elle a souligné également l’importance d’un processus électoral qui soit inclusif, avec la pleine participation des femmes comme électrices et candidates, dans le respect du quota de 30%.  Elle a aussi appelé à la participation des jeunes, conformément à la résolution 2535 (2020) sur l’agenda Jeunes, paix et sécurité. 

Mme Broadhurst a ensuite évoqué les questions sécuritaires, regrettant l’absence de progrès dans la mise en œuvre du plan de transition somalien, alors que les Chabab poursuivent leurs attaques meurtrières.  La France condamne les violences commises par ce groupe et dénonce en particulier le recours aux violences sexuelles et aux mariages forcés qui ne cessent d’augmenter.  Pour la délégation, il faut s’engager dès aujourd’hui dans la voie de la transition sécuritaire et du passage de relai aux forces somaliennes.  Dans cette optique, une décision doit être prise dès cette année sur les évolutions du rôle et du financement de l’AMISOM, a dit Mme Broadhurst en rappelant que l’Union européenne a versé près de deux milliards d’euros depuis 2007 au profit de cette Mission.  Cela doit se traduire par une plus grande efficacité dans la conduite de la Mission et rapidement amener d’autres partenaires à contribuer à l’effort commun, a plaidé la déléguée.  À ce titre, la France entend que l’Union européenne réévalue sa contribution au financement de l’AMISOM tout en assurant une meilleure coordination de l’opération avec ses missions déployées en Somalie de politique, de sécurité et de défense commune. 

Enfin, évoquant le devoir commun de venir en aide à la population somalienne dont le sort est aggravé par la pandémie de COVID-19 et les conditions climatiques extrêmes, qu’il s’agisse des criquets pèlerins ou des changements climatiques, la représentante a appelé à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Elle a condamné, de la façon la plus ferme, les attaques contre les personnels humanitaires et de santé, ainsi que les entraves à l’accès humanitaire.  « Le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme n’est pas négociable. »

Pour M. DAI BING (Chine), la situation en Somalie va dans le bon sens avec la relance du processus électoral et les premières élections à la Chambre haute du parlement.  Le représentant a appelé toutes les parties à participer de bonne foi au processus en cours.  Après avoir noté que l’AMISOM a joué un rôle important dans la paix et la sécurité en Somalie, il a salué le rétablissement des relations entre le Kenya et la Somalie.  Le représentant a appuyé l’AMISOM dans ses opérations avec les forces de sécurité nationales de lutte antiterroriste, et a appelé les bailleurs de fonds à pleinement financer l’AMISOM.

Pour ce qui est de la situation humanitaire, « qui a empiré », notamment à cause des inondations et des criquets pèlerins, le représentant chinois a appelé au financement du plan de riposte humanitaire pour la Somalie qui reste gravement sous-financé.  Pour sa part, la Chine a fourni des lots de vaccins à la Somalie, a dit le délégué.

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a salué l’esprit de coopération entre le Gouvernement fédéral somalien et les dirigeants des États membres fédérés pour la mise en œuvre du modèle électoral du 17 septembre.  Cela a conduit à l’accord du 27 mai et aux progrès ultérieurs de sa mise en œuvre, a-t-il noté.  Il a indiqué qu’il reste des aspects du processus qui nécessitent une concentration et une attention continues.  Par exemple, lorsque les élections à la Chambre haute se termineront, les parties prenantes devraient organiser rapidement des élections à la Chambre basse en vue de mener à bien l’élection présidentielle à la date annoncée du 10 octobre, a suggéré le représentant.  M. Mills a jugé également essentiel de finaliser les dispositions pour atteindre le quota de 30% de représentation féminine au Parlement.  Il a salué le travail des ambassadeurs de bonne volonté qui déploient tous leurs efforts pour atteindre cet objectif.  Malgré les signes encourageants de ces dernières semaines, il reste encore beaucoup à faire, a conclu le représentant, avant de promettre que les États-Unis continueront de travailler avec les membres du Conseil et les dirigeants somaliens pour parvenir à une Somalie pacifique, prospère et démocratique.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a dit être préoccupée par la menace sécuritaire posée continuellement par les Chabab, qui entrave le contrôle du Gouvernement sur l’ensemble du territoire somalien, le renforcement des institutions et la mise en œuvre du plan de transition.  La représentante, qui a salué les progrès réalisés dans la gestion des armes et des munitions, a estimé qu’une stratégie véritablement efficace doit tenir compte de l’ensemble du cycle de vie des armes.  À cet égard, elle a souligné la responsabilité partagée des différents acteurs, qu’ils soient producteurs, exportateurs, intermédiaires et destinataires.  Seule une approche globale peut s’attaquer à la prolifération des armes qui continue d’alimenter les forces des Chabab, a plaidé Mme Buenrostro Massieu.  

S’agissant du renouvellement du mandat de la MANUSOM, elle a jugé essentielles les dispositions sur le soutien aux autorités nationales dans la transition sécuritaire et la protection des femmes et des filles contre la violence sexuelle et sexiste, et les enfants dans les conflits armés.  Elle a aussi insisté sur l’importance de mettre l’accent sur la participation des femmes aux processus politiques et sur la nécessité de prendre des mesures pour atténuer les effets néfastes des changements climatiques.

Saluant l’évolution de la situation politique en Somalie, M. ANDRE LIPAND (Estonie) a espéré que cet élan positif se poursuivrait, permettant la tenue d’élections crédibles, transparentes et inclusives et sans nouveaux retards.  Pour ce faire, il faut résoudre toute question en suspens dans un esprit de consensus et de coopération, a insisté le représentant pour lequel il est important de prendre des dispositions solides en matière de sécurité électorale.  En prévision du prochain cycle électoral, et afin de s’assurer que la Somalie progresse dans son processus de démocratisation, il a dit soutenir le développement d’un processus électoral fondé sur le principe « une personne, une voix » en 2025.  M. Lipand a appelé les dirigeants somaliens à identifier d’urgence un mécanisme qui garantirait la mise en œuvre d’un quota de 30% de femmes lors des prochaines élections.  Préoccupé par l’augmentation de la violence sexuelle et sexiste, le représentant a aussi souligné l’importance de réviser la Constitution pour intégrer les droits des femmes.

La situation en matière de sécurité reste un défi majeur, a ajouté le délégué estimant que la situation ne pourra s’améliorer que si toutes les parties prenantes y travaillent ensemble.  Par conséquent, a-t-il dit, dans la planification de la Mission pour l’après-2021, il est de la plus haute importance que les principaux acteurs, y compris le Gouvernement fédéral de la Somalie, l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne, élaborent une vision commune réaliste dans le calendrier, les tâches et les objectifs.  M. Lipand s’est dit impatient de voir la proposition conjointe, mandatée par la résolution 2568 (2020) du Conseil de sécurité, qui constituera la prochaine étape de l’objectif global d’une transition réussie en matière de sécurité.  Il a demandé au Gouvernement fédéral de la Somalie de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le plan de transition.  Enfin, le délégué a exprimé de profondes préoccupations quant à la situation humanitaire désastreuse en Somalie.  

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a noté les nouveaux retards du processus électoral tout en saluant le climat constructif entre les dirigeants somaliens, sous la direction du Premier Ministre Mohamed Hussein Roble.  Un dialogue régulier, constructif et inclusif dans le format du Conseil consultatif national est essentiel pour progresser dans la mise en œuvre du modèle électoral, a-t-il plaidé.  Il a jugé de la plus haute importance que se tiennent des élections opportunes, crédibles et inclusives, pour ramener la Somalie sur la « voie de la réforme » et assurer le développement démocratique.  Il s’est dit profondément préoccupé par le fait que les dirigeants somaliens n’ont pas encore défini de mécanisme clair pour la mise en œuvre du quota de 30% pour l’élection des femmes.  Ce quota n’est pas imposé de l’extérieur, puisqu’il est énoncé clairement dans la Charte des femmes somaliennes, a-t-il fait remarquer.

M. Kvalheim a condamné les niveaux élevés et inquiétants des six violations graves commises contre des enfants, du fait à la fois des Chabab et des forces de sécurité gouvernementales, y compris la police somalienne.  Alors que nous approchons du renouvellement du mandat de la MANUSOM, le Conseil de sécurité devrait envisager que la Mission améliore son analyse et ses rapports sur les risques de sécurité liés au climat, a plaidé le représentant.  Au sujet du calendrier pour le transfert de la responsabilité de la sécurité aux autorités somaliennes et pour la reconfiguration de l’AMISOM, il a encouragé un dialogue constructif sur la voie à suivre entre l’UA, l’ONU, le Gouvernement somalien et d’autres acteurs.  Le succès ou l’échec d’une future AMISOM reconfigurée dépend de l’opportunité et de la qualité d’une telle discussion collective, a-t-il argué.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a salué les récents développements politiques en Somalie et a dit espérer que les dirigeants somaliens et les parties prenantes iront de l’avant avec la convocation d’élections.  L’accord du 27 mai et le calendrier électoral révisé publié par le Conseil consultatif national le 29 juin sont des développements positifs dans cette direction, a-t-il estimé.  Il a souhaité que le calendrier soit largement respecté et que l’élection présidentielle ait lieu comme prévu.  « Nous espérons également que l’accord pour une représentation de 30% de femmes au Parlement soit bientôt une réalité. »  Le représentant a expliqué qu’une démocratie représentative aura une plus grande influence dans la construction de l’État, ce qui à son tour aura un impact positif sur la situation sécuritaire.

Justement, a-t-il déploré, la situation actuelle en matière de sécurité continue d’être un sujet de préoccupation, notamment avec les Chabab qui ont intensifié leurs attaques et continuent d’essayer de perturber le processus électoral.  Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue notre lutte contre le terrorisme alors que nous nous concentrons sur les élections, a dit M. Tirumurti.  Dans ce contexte, il a soutenu un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes à partir de 2021, en vue de transférer l’entière responsabilité d’ici à 2023, si la situation sur le terrain le permet.  Le délégué a en outre jugé préoccupante la situation humanitaire en Somalie, avec notamment la triple menace de la COVID-19, des criquets pèlerins et des inondations persistantes.  Il a appelé la communauté internationale à aider l’ONU à combler le déficit de financement humanitaire et à répondre aux besoins humanitaires.  Pour sa part, l’Inde a été à l’avant-garde pour soutenir la Somalie par divers moyens, notamment en fournissant des installations médicales, des programmes de renforcement des capacités et des bourses, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19.

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a passé en revue les évolutions positives des derniers mois.  Il a rappelé qu’après la signature de l’accord politique du 27 mai entre le Gouvernement fédéral et les dirigeants des États fédérés, le Premier Ministre a été chargé de trouver un consensus sur le processus électoral, y compris sur la sécurité électorale et la représentation de 30% de femmes.  Un compte a été créé, a-t-il dit, sur lequel seront versés les fonds requis pour le financement des élections, dont 1,9 million de dollars provenant du budget national et près de 8 millions supplémentaires qui devront être levés.  

Le Premier Ministre s’est également rendu au Djoubaland dans le but de consolider la réconciliation nationale, a ajouté le représentant avant de mentionner la création du comité national de sécurité des élections, en collaboration avec l’AMISOM.  Ce comité, qui comprend une représentation de tous les États membres de la Fédération, a notamment évalué la sécurité des bureaux de vote dans certains États. 

Alors que la réforme des forces de sécurité nationale va bon train, le Gouvernement somalien a tenu à rendre hommage aux sacrifices consentis par l’AMISOM en Somalie, a dit le représentant.  « Nous sommes bien conscients que l’AMISOM ne peut pas assurer la sécurité du pays à long terme. »  À cet égard, M. Osman a insisté sur la nécessité de respecter le plan de transition, y compris les tâches sécuritaires, pour que la sécurité relève des autorités somaliennes d’ici à la fin de 2021. Le plan de transition révisé prend en compte la transition en matière de sécurité, a expliqué le représentant, en y voyant un point de départ pour la reconfiguration de l’AMISOM.

En guise de conclusion, le représentant a mis l’accent sur les grandes avancées accomplies dans bien des domaines par le Gouvernement fédéral, mais aussi sur les défis qui perdurent comme la lutte contre les Chabab.  Il a assuré que la priorité du Gouvernement fédéral est d’œuvrer à l’instauration de la démocratie dans le pays et à la consolidation de ses institutions nationales.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale en appelle à la communauté internationale face « aux ténèbres imminentes » en Afghanistan dont « l’avenir ne peut être son passé »

8831e séance - matin
CS/14596

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale en appelle à la communauté internationale face « aux ténèbres imminentes » en Afghanistan dont « l’avenir ne peut être son passé »

La Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Deborah Lyons, a exhorté, ce matin, le Conseil de sécurité à agir rapidement pour éviter aux Afghans les « ténèbres imminentes » qui menacent leur pays, la guerre étant entrée dans une phase plus « destructrice » avec l’avancée des Taliban et leur choix de s’attaquer aux centres urbains.  Le bilan humain de cette stratégie est extrêmement préoccupant et le message politique, profondément alarmant.  Les délégations ont prévenu que la communauté internationale ne saurait accepter un gouvernement imposé par la force ou un retour à l’Émirat islamique.  « L’avenir de l’Afghanistan ne peut être son passé », a martelé l’Inde qui préside le Conseil de sécurité au cours de ce mois.

Mme Lyons, qui est aussi Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a alerté du fait que le pays est à un « tournant dangereux » avec devant lui, soit de véritables négociations de paix, soit une série de crises tragiquement imbriquées, à savoir un conflit de plus en plus violent, une situation humanitaire critique et des violations des droits de l’homme de plus en plus nombreuses.  La Représentante spéciale a appelé le Conseil de sécurité à agir pour éviter une « catastrophe sans équivalent ».

Nous sommes, a-t-elle dit, face à « une guerre différente » qui rappelle celle de la Syrie ou bien encore de Sarajevo.  Les Taliban semblent avoir accepté le « probable carnage » que provoquerait leur « décision stratégique » de s’attaquer aux centres urbains comme ils l’ont déjà fait à Kandahar, Hérat et Lachkar Gah.  Ces trois dernières années, a-t-elle avoué, beaucoup d’entre nous avons participé aux discussions de Doha avec les Taliban, en ayant de « sérieuses réserves ».  Illustrant ses propos, Mme Lyons a évoqué les vains espoirs d’une réduction de la violence après l’accord signé en février 2020 entre les États-Unis et les Taliban, les pourparlers entre ces derniers et les autorités afghanes ou bien encore le retrait des troupes internationales.

Une partie véritablement engagée en faveur d’un règlement négocié ne risquerait pas un nombre aussi élevé de pertes civiles, a-t-elle fait observer, parce qu’elle sait que le sang versé rendrait difficile le processus de réconciliation.  Les dérogations à l’interdiction de voyager prévue par la résolution 1988 (2011) et les égards qui ont été témoignés aux Taliban exigeaient de leur part un engagement en faveur de la paix, a martelé la Représentante spéciale.  La résolution 2513 (2020) lie clairement le manque de progrès du côté des Taliban à l’examen de la Liste du Comité des sanctions, ont martelé à leur tour les États-Unis.

La Cheffe de la MANUA a exhorté le Conseil à adopter une déclaration « sans ambiguïté » dans laquelle il appellerait à mettre fin aux attaques contre les centres urbains.  Les pays qui parlent aux Taliban doivent insister sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une reprise des négociations.  Enfin, Mme Lyons a réclamé pour sa Mission un mandat lui conférant un plus grand rôle dans la facilitation des négociations. 

« Beaucoup d’Afghans attendent aujourd’hui les décisions du Conseil de sécurité alors que leurs villes et leurs villages s’embrasent », a confirmé la Présidente de la Commission afghane indépendante des droits de l’homme.  Mme Shaharzad Akbar a parlé de femmes afghanes « terrifiées » car elles n’ont rien oublié des violations qu’elles ont subies des mains des Taliban.  Le pire étant à venir, elle a exhorté le Conseil à actionner tous les outils politiques et humanitaires à sa disposition.  « Vous devez rester à l’écoute des Afghans. »

Au moment où nous poursuivons le retrait de nos troupes, ont souligné les États-Unis, nous voulons que tous les Afghans sachent que nous restons engagés dans un partenariat fort avec leur pays.  La Chine a critiqué ce départ « précipité » alors même que la paix était insaisissable.  Elle a appelé les États-Unis à tenir les engagements qu’ils ont pris vis-à-vis des Afghans, à l’annonce de leur départ.  Notre assistance aux forces afghanes se poursuit, ont affirmé les États-Unis, tout comme notre aide humanitaire et au développement.  Nous poursuivons aussi nos efforts diplomatiques en faveur de la paix.

Les États-Unis ont prévenu que la communauté internationale n’acceptera pas une prise de pouvoir par la force et « un retour à l’Émirat islamique ».  Les Taliban, ont-ils pronostiqué, seront isolés et deviendront des « parias internationaux » s’ils continuent sur la voie de la violence et de la destruction.  Appuyés par la France, ils ont estimé qu’un règlement juste et durable doit se baser, « au minimum » sur cinq principes: une gouvernance inclusive; le droit des Afghans d’élire leurs dirigeants politiques; la protection des droits de l’homme, dont ceux des femmes, des jeunes et des minorités; l’engagement à combattre le terrorisme et notamment à faire en sorte que l’Afghanistan ne serve plus jamais de refuge aux terroristes internationaux; et l’adhésion au droit international, dont le droit international humanitaire.

Il faut redémarrer de toute urgence les négociations de fond, a poursuivi la Fédération de Russie, en espérant une « contribution positive » de la troïka élargie dont elle fait partie avec la Chine, les États-Unis et le Pakistan, laquelle doit se réunir la semaine prochaine à Doha.  Une paix durable en Afghanistan exige que les sanctuaires terroristes soient démantelés immédiatement, dans toute la région, a insisté l’Inde qui a ajouté, une paix durable, c’est une « double paix »: la paix en Afghanistan et la paix autour de l’Afghanistan.

« L’ampleur de l’offensive militaire des Talibans s’apparente à une invasion sans précédent au cours des 30 dernières années du conflit », a déclaré le représentant de l’Afghanistan.  Ce qui se passe en Afghanistan n’est pas une guerre civile, mais une guerre de réseaux criminels et terroristes contre les Afghans », les Taliban bénéficiant d’un soutien depuis le Pakistan lequel doit, avec nous, a dit l’Afghanistan, mettre en place un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification pour rendre la lutte contre le terrorisme et les efforts de paix « efficaces et crédibles ».  Quant au Conseil, a-t-il encore dit, il doit agir et prévenir « une situation catastrophique ».  « L’avenir de l’Afghanistan ne peut être son passé », a martelé l’Inde.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Mme DEBORAH LYONS, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a prévenu que l’Afghanistan est à un « tournant dangereux ».  « Le pays a, devant lui, soit de véritables négociations de paix, soit une série de crises tragiquement imbriquées, à savoir un conflit de plus en plus violent, une situation humanitaire critique et des violations des droits de l’homme de plus en plus nombreuses. »  Nous avons l’occasion aujourd’hui, a souligné la Représentante spéciale, de démontrer l’engagement de ce Conseil de sécurité et de la communauté internationale à empêcher l’Afghanistan de sombrer dans une catastrophe sans équivalent, dont les conséquences de cette catastrophe se feraient ressentir bien au-delà des frontières du pays.  Si le Conseil peut contribuer à éviter un tel scénario, il devra agir dans l’unité et rapidement, a souligné Mme Lyons.

Ces dernières semaines, a-t-elle expliqué, la guerre est entrée dans une nouvelle phase plus meurtrière et plus destructive, les Taliban ayant engrangé des gains territoriaux significatifs en juin et juillet.  Les capitales de provinces de Kandahar, d’Hérat et de Lachkar Gah sont sous pression et les Taliban ont clairement l’intention de s’emparer des centres urbains par les armes.  « Le bilan humain de cette stratégie est déjà extrêmement préoccupant et le message politique, profondément alarmant. »

La Représentante spéciale a indiqué qu’il s’agit « d’une guerre différente, qui rappelle celle de la Syrie ou bien encore de Sarajevo » puisque les attaques contre les centres urbains causent délibérément des pertes civiles considérables.  La menace que font peser les Taliban sur de larges zones urbaines semble être une décision stratégique: ils ont accepté le « probable carnage » qui va s’en suivre.  Une guérilla urbaine aurait de graves conséquences au quotidien, en endommageant les réseaux d’eau et d’électricité.  De telles tactiques pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité: les souffrances de la guerre viendraient s’ajouter à celles d’une crise humanitaire aigue, puisque 18,5 millions d’Afghans, soit près de la moitié de la population, ont besoin d’une assistance humanitaire.

La Représentante spéciale a rappelé que ces trois dernières années, la communauté internationale, dont ce Conseil, a considéré les Taliban comme un partenaire potentiel pour la paix, comme en attestent les discussions de Doha.  Beaucoup d’entre nous y ont participé, en ayant de sérieuses réserves mais l’ont fait au nom de la paix dont le peuple afghan a désespérément besoin.  Elle a évoqué l’espoir d’une réduction de la violence, suscité par l’accord signé en février 2020 entre les États-Unis et les Taliban et par les pourparlers entre les autorités afghanes et les Taliban.  « Cela ne s’est pas produit. »  Elle a aussi évoqué l’espoir né du retrait des troupes internationales et là encore, il a été déçu.  Malgré les importantes concessions faites au nom de la paix, l’on constate une augmentation de 50% des pertes civiles.  La Représentante spéciale a pointé le doigt sur le contraste saisissant « entre les activités sur le terrain et l’impasse à la table des négociations », alors que ce devrait être l’inverse.

Une partie véritablement engagée en faveur d’un règlement négocié ne risquerait pas la destruction des infrastructures qu’une guerre urbaine génère forcément, parce qu’elle en aurait besoin après la signature d’un accord, a fait observer Mme Lyons.  Une partie engagée ne risquerait pas non plus un nombre aussi élevé de pertes civiles, parce qu’elle saurait que le sang versé rendrait difficile le processus de réconciliation.  Nous devons, a estimé la Représentante spéciale, rappeler à la Commission politique des Taliban que les dérogations aux interdictions de voyager et les égards qui leur ont été témoignés exigeaient un engagement en faveur de la paix.  Elle a mentionné les allégations de violations commises dans les zones contrôlées par les Taliban, dont des exécutions et des bastonnades, tandis que les femmes afghanes ont exprimé leur peur à la MANUA, une peur qui semble corroborée par le grand nombre d’Afghans cherchant à quitter le pays.

« Les Afghans font face à ces ténèbres imminentes, en ayant le sentiment d’être abandonnés par la communauté internationale ».  Ils attendent un soutien accru, a insisté la Représentante spéciale qui a exhorté le Conseil à adopter une déclaration « sans ambiguïté » dans laquelle il appellerait à mettre fin aux attaques contre les centres urbains.  Les pays qui se réunissent avec la Commission politique des Taliban doivent insister sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une reprise des négociations et rappeler que la communauté internationale ne reconnaîtra aucun gouvernement imposé par la force.  Notant que les dérogations aux interdictions de voyager doivent être renouvelées le 20 septembre, la Représentante spéciale a interpelé le Conseil et les pays qui parlent aux Taliban pour qu’ils exhortent ces derniers à assurer un accès humanitaire sans entrave dans les zones qu’ils contrôlent et acceptent des trêves humanitaires dans les zones disputées, à défaut de se rallier au cessez-le-feu général demandé par les Afghans.

Mme Lyons a aussi appelé à remédier au sous-financement de l’Appel humanitaire pour l’Afghanistan et à signaler aux auteurs de violations qu’ils devront rendre des comptes.  Elle a réclamé pour la MANUA un mandat lui conférant un plus grand rôle dans la facilitation des négociations, si les parties en faisaient la demande.  Pour montrer le sérieux du Conseil sur ce dossier, elle a invité chaque membre permanent à nommer un expert au sein de cette équipe de facilitation.  « Nous devons mettre de côté nos divergences et envoyer un signal fort selon lequel il faut mettre fin aux combats et négocier, et ce, dans cet ordre. »

M. GHULAM M. ISACZAI (Afghanistan) a reconnu que sa délégation a été obligée de demander cette réunion d’urgence car la situation se détériore rapidement, en raison de la récente escalade de la violence des Taliban et de leurs offensives militaires brutales contre les grandes villes et les centres urbains dans plusieurs provinces.  Les villes et les infrastructures publiques reconstruites au cours de ces deux dernières décennies sont désormais exposées à des niveaux inimaginables de destruction par les Taliban, avec l’appui de combattants étrangers issus de réseaux terroristes transnationaux.  

Notre responsabilité collective est de les empêcher de détruire l’Afghanistan et de menacer la communauté internationale, a ajouté M. Isaczai.  L’ampleur de leur offensive militaire s’apparente à une invasion sans précédent au cours de ces 30 dernières années de conflit.  Depuis le mois d’avril, les Taliban et les groupes terroristes étrangers ont lancé plus de 5 500 attaques dans 31 des 34 provinces afghanes, avec l’aide de plus de 10 000 combattants terroristes étrangers représentant 20 groupes dont Al-Qaida et Daech.

Dénonçant le renforcement des liens entre les Taliban et les groupes terroristes transnationaux, M. Isaczai a aussi dénoncé leurs liens avec le trafic de drogue, la contrebande, le vol des ressources naturelles.  Ce qui se passe en Afghanistan n’est pas une guerre civile, mais une guerre de réseaux criminels et terroristes contre les Afghans.  Le représentant a également fait savoir que les Taliban bénéficient d’un refuge sûr et d’une ligne d’approvisionnement et de logistique de leur machine de guerre à partir du Pakistan. 

Il a parlé des photos et des vidéos de combattants taliban qui se rassemblent près de la ligne Durand pour entrer en Afghanistan, des collectes de fonds, des charniers et du traitement des blessés dans des hôpitaux pakistanais.  C’est une violation flagrante du régime de sanctions du Conseil de sécurité et cela érode la confiance dans le rétablissement des relations avec le Pakistan, a déclaré le représentant qui a exhorté ce dernier à démanteler les sanctuaires et la ligne d’approvisionnement des Taliban et à mettre en place avec son pays un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification pour rendre efficaces et crédibles la lutte contre le terrorisme et les efforts internationaux en faveur de la paix. 

M. Isaczai a attiré l’attention sur les violations des droits de l’homme commises par les Taliban dans près de la moitié du pays et a noté le contraste avec leur attachement déclaré à la modération et au respect des lois internationales et de la charia.  « Oui, les Taliban ont changé, mais pour le pire », a accusé M. Isaczai, constatant qu’ils sont devenus plus violents dans leur action, plus cruels dans le traitement des populations, plus extrémistes dans leur pensée et plus vengeurs vis-à-vis des sympathisants du Gouvernement.  Il n’y a eu aucun changement positif par rapport à l’idéologie qui dominait la pensée du soi-disant Émirat islamique, des années 90.  

Le niveau de violence a exacerbé la situation humanitaire déjà désastreuse dans le pays, compte tenu de la pandémie de COVID-19 et de la sécheresse.  Depuis le début de l’offensive, plus de 5 300 civils, dont 1 960 femmes et enfants, ont été tués et blessés, tandis que des milliers d’autres ont été déplacés.  Cela alourdit le fardeau d’environ 4,8 millions de déplacés et des 18,4 millions de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire. 

Pour M. Isaczai, le Conseil doit agir et prévenir une situation catastrophique.  La chute de 10 postes frontière aux mains des Taliban a entraîné la suspension du commerce et une flambée des prix des produits de première nécessité.  Les Taliban ont détruit des infrastructures publiques, soit des millions de dollars et des années d’investissements.  Treize millions de personnes sont privées de services publics, les dégâts se chiffrant à plus de 500 millions de dollars.

L’armée, s’est réjoui le représentant, bénéficie du soutien des Afghans à l’intérieur et à l’extérieur du pays.  La défense du pays s’est transformée en un mouvement de résistance nationale à un retour à l’ère sombre des années 1990.  Le représentant a réitéré l’appel de son Président aux Taliban pour qu’ils respectent le cessez-le-feu et s’engagent dans des négociations de paix.  

Or, maintenant que le départ des troupes étrangères s’achève, les Taliban et leurs alliés étrangers préfèrent se battre pour s’accaparer du pouvoir et faire de l’Afghanistan le sanctuaire du terrorisme transnational, a accusé le représentant.  Le Conseil, a-t-il dit, doit utiliser tous les moyens à sa disposition pour contraindre les Taliban à mettre fin à leur campagne de violence et de terreur et obtenir d’eux qu’ils reprennent les pourparlers, y compris la mise en œuvre du régime de sanctions en vertu des résolutions 1988 (2011) et 2513 (2020).  Le représentant a réclamé la convocation d’une session extraordinaire du Conseil de sécurité et du Conseil des droits de l’homme et a prié le Conseil et le Secrétaire général de soutenir les pourparlers de paix en cours à Doha.

Mme SHAHARZAD AKBAR, Présidente de la Commission afghane indépendante des droits de l’homme, a affirmé que beaucoup d’Afghans attendent aujourd’hui les décisions du Conseil de sécurité alors que leurs villes et leurs villages s’embrasent.  Les premiers mois de l’année ont été sanglants, comme en attestent les plus de 1 600 morts parmi les civils.  Si la violence se poursuit à ce rythme, l’Afghanistan va battre un nouveau record d’ici à la fin de l’année.  Les femmes afghanes sont terrifiées car elles n’ont pas oublié les violations qu’elles ont subies aux mains des Taliban par le passé.  Beaucoup d’Afghans cherchent à fuir leur pays, a prévenu la Présidente de la Commission.

Mme Akbar a confirmé l’imposition de restrictions strictes par les Taliban à Spin Boldak, dans la province de Kandahar, ainsi que les exécutions extrajudiciaires qui se déroulent aussi ailleurs.  Elle a mentionné d’autres assassinats perpétrés par les Taliban à Kaboul et ailleurs, signe d’une guerre qui fait rage contre les civils, les fonctionnaires de l’État et d’autres encore.  Les droits les plus fondamentaux des femmes sont réprimés et elles revivent aujourd’hui le cauchemar d’hier.  La situation est tout aussi préoccupante s’agissant de l’accès à l’information et des médias.  Le pire est à venir, a dit craindre Mme Akbar qui a exhorté le Conseil à actionner tous les outils politiques et humanitaires à sa disposition pour répondre à l’urgence de la situation.  « Vous devez rester à l’écoute des Afghans », a-t-elle imploré, en appuyant un processus politique inclusif et indépendant.

Elle a rappelé que le Conseil des droits de l’homme a demandé, plus tôt cette année, la création d’un mécanisme spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, pour établir les faits, préserver les éléments de preuve et envisager à terme le dédommagement des victimes.  L’Afghanistan, a conclu la Présidente de la Commission des droits de l’homme, ne peut pas se permettre de voir l’histoire se répéter.  Terrifiés, les Afghans, qui suivent de près la situation, attendent une aide du Conseil de sécurité et de la communauté internationale.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) s’est dit préoccupé par les pertes en vies humaines et les déplacements de population dans tout l’Afghanistan, ces dernières semaines, principalement à cause de l’offensive militaire des Taliban.  Jugeant les attaques « totalement inacceptables », il a appelé les Taliban à y mettre fin immédiatement ainsi qu’à l’exécution de civils et des prisonniers de guerre.  Soulignant que ces abus peuvent constituer des crimes de guerre, le représentant a aussi critiqué les violations commises par des membres des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes.  Cibler les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes est « tout aussi inacceptable », a-t-il martelé, avant d’appeler toutes les parties à respecter leurs obligations, en vertu du droit international humanitaire et d’exiger un accès humanitaire sûr et sans entrave pour protéger et aider les personnes dans le besoin.

Il n’y a pas d’alternative acceptable à « un règlement politique inclusif, juste et réaliste », comme le Conseil l’a souligné dans sa déclaration à la presse du 3 août, a rappelé le représentant qui a estimé que le Conseil doit exercer une pression politique et diplomatique efficace sur les Taliban pour qu’ils s’engagent dans des négociations.  Personne dans la communauté internationale ne pourrait accepter une victoire par la force militaire et la mise en place d’un nouveau gouvernement, a prévenu le représentant qui a insisté sur le respect des droits de l’homme, en particulier les droits des femmes et des filles.  S’il a salué la complémentarité entre les différents formats en appui au processus de paix, dont les « réunions États-Unis-Europe » ou la « troïka élargie », le représentant a néanmoins estimé que le regroupement des principales parties prenantes internationales et régionales « dans un seul format » pourrait faciliter la coordination des efforts et l’alignement des messages.  À cet égard, il a appelé à une plus grande flexibilité de la part des capitales concernées.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a déploré le niveau sans précédent des pertes civiles depuis l’offensive des Taliban.  La moitié de la population afghane a besoin d’une aide humanitaire, tandis que l’accès humanitaire ne fait que se restreindre.  Il a appelé les parties, en particulier les Taliban, à agréer un cessez-le-feu immédiat, en ajoutant que la seule voie possible pour le pays est une solution politique négociée.  Le délégué a déclaré que le Conseil s’est montré clair dans les messages qu’il a envoyés.  Les parties doivent s’engager en faveur d’un processus de paix inclusif et respecter leurs obligations en vertu du droit international, a dit le délégué, avant de souhaiter une pleine participation des femmes au processus de paix.  Il a émis l’idée d’un assouplissement et d’une levée des sanctions, en appelant les Taliban à démontrer d’abord leur engagement en faveur de la paix.  Enfin, M. Lipand a appuyé les efforts diplomatiques menés à Doha.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a fermement condamné l’augmentation du nombre d’attaques violentes, en particulier celle de la semaine dernière contre un complexe de la MANUA à Hérat et l’attentat-suicide à la bombe contre la résidence du Ministre de la défense par intérim à Kaboul, sans oublier les attaques et les actes de représailles qui seraient menés contre les civils dans les zones contrôlées par les Taliban.  L’offensive militaire des Taliban érode encore plus les avancées qu’ont effectuées les Afghans vers la démocratie et l’état de droit, ces 20 dernières années, a déploré le représentant.  Les Taliban, a-t-il dit, doivent entendre la communauté internationale quand elle dit qu’elle n’acceptera par une prise de pouvoir par la force et un retour à l’Émirat islamique.

Les Taliban, a prévenu le représentant, seront isolés et deviendront des « parias internationaux » s’ils continuent sur la voie de la violence et de la destruction.  Il n’y a pas de solution militaire en Afghanistan, a-t-il martelé.  Seul un règlement politique et inclusif négocié grâce à un processus mené et dirigé par les Afghans mènera à la paix et à la stabilité, et ce processus doit prévoir la participation pleine et entière des femmes.

Le représentant a aussi rappelé la résolution 2513 (2020) du Conseil de sécurité qui lie clairement le manque de progrès du côté des Taliban à l’examen de la Liste du Comité des sanctions créé par la résolution 1988 (2011).  Il a exhorté les Taliban à mettre immédiatement fin à leur offensive, à rechercher un règlement politique global et durable et à respecter leurs engagements de protéger les infrastructures et le peuple afghan, dont les femmes, les filles et autres populations vulnérables.  Il les a aussi appelés à faciliter le travail des organisations humanitaires, d’autant plus que le peuple afghan souffre gravement des effets de la pandémie de COVID-19 et de la sécheresse, en plus de la violence.

Un règlement juste et durable, a professé le représentant, doit se baser, « au minimum » sur cinq principes: une gouvernance inclusive; le droit des Afghans d’élire leurs dirigeants politiques; la protection des droits de l’homme, dont ceux des femmes, des jeunes et des minorités; l’engagement à combattre le terrorisme et notamment à faire en sorte que l’Afghanistan ne serve plus jamais de refuge aux terroristes internationaux; et l’adhésion au droit international, dont le droit international humanitaire.  L’appui international à tout futur gouvernement dépendra, au moins en partie, de l’adhésion à ces cinq éléments, a martelé le représentant.

Il a aussi souligné qu’il y va de l’intérêt de tous les pays voisins de renouveler leur appui à un règlement négocié et a, à cet égard, salué le rôle de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Jean Arnault.  Au moment où nous poursuivons le retrait de nos troupes, a conclu le représentant, nous voulons que tous les Afghans sachent, comme le Président Joe Biden l’a dit lui-même, que nous restons engagés dans un partenariat fort avec leur pays.  L’assistance des États-Unis aux forces afghanes se poursuit tout comme leur aide humanitaire et au développement.  Nous poursuivons aussi nos efforts diplomatiques en faveur de la paix et nous exhortons les Afghans à rester déterminés et convaincus que la communauté internationale est à leur côté, a ajouté le représentant.

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), M. ABDOU ABARRY (Niger) a constaté que les pourparlers de paix sont dans l’impasse et que les hostilités font rage dans tout le pays.  Il a appelé les Taliban et le Gouvernement afghan à cesser immédiatement le feu, afin de donner aux pourparlers de Doha de meilleures chances de succès, avant de réclamer des efforts diplomatiques redoublés.  Plus que jamais, l’Afghanistan a besoin du soutien de l’ensemble de la communauté internationale pour l’aider à traverser cette période critique de son histoire, a souligné le représentant.  L’Afghanistan, s’est-il inquiété, ne doit pas retomber dans une véritable guerre civile, au risque de perdre tous les acquis démocratiques, sociaux et de développement engrangés ces dernières années.  Si le rétablissement de la paix passe par un accord entre les parties en présence, l’on devrait veiller à ce que les processus de paix ne rendent légitimes, par une reconnaissance politique, le recours à des interventions militaires et l’association avec des organisations terroristes.

M. Abarry a invité le Conseil à donner la priorité à des incitations et des lignes rouges qui obligeraient les Taliban à cesser d’utiliser le terrorisme à des fins politiques.  Le Conseil doit exiger de ces derniers qu’ils embrassent la paix, cessent leurs liens avec Al-Qaida et Daech et s’engagent dans un processus de paix qui transformerait l’Afghanistan en un pays de paix.  Quel message enverrions-nous si nous abandonnons l’Afghanistan au moment où il est au bord du gouffre?  Laisser l’Afghanistan retomber dans le chaos pourrait signifier aux terroristes et aux groupes d’insurgés sur place et dans d’autres parties du monde qu’ils peuvent acquérir une légitimité et un pouvoir par le recours à la force, a averti le représentant.  

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a qualifié de « critique » la situation en Afghanistan où la récente avancée militaire des Taliban a eu un impact sans précédent sur la population dont beaucoup ont décidé de quitter leur pays face à un avenir autrement sombre.  Le représentant a déploré les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme, les travailleurs humanitaires, le personnel de santé, les médias et les minorités.  Préoccupé par l’impasse du dialogue interafghan à Doha, il a dit soutenir les efforts de la communauté internationale, aux niveaux bilatéral et multilatéral, pour revitaliser le processus de paix.  Il a dit attendre avec impatience les résultats de la réunion de la Troïka dans les prochains jours, ainsi que ceux des efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Jean Arnault.  La communauté internationale doit rejeter l’idée d’un retour à l’Émirat islamique, a plaidé M. de la Fuente Ramirez qui a ajouté qu’il n’acceptera pas que l’Afghanistan soit à nouveau un sanctuaire pour les groupes terroristes.  Insistant sur le respect et la protection des droits des femmes, des filles et des minorités, il a conclu en soulignant que l’avenir de l’Afghanistan doit être décidé par tous les Afghans et pas imposé unilatéralement par la force. 

M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation en Afghanistan depuis le début du retrait des forces étrangères.  Ce matin même, le Chef du service de communication du Gouvernement afghan a été tué, a indiqué le représentant, avant de prévenir que l’instabilité politique que le pays connaît depuis des années contribue à l’implantation des terroristes, soit une situation qui risque de déborder sur les cinq pays d’Asie centrale, avec lesquels la Fédération de Russie a établi différents mécanismes de coopération régionale.  L’Afghanistan, a dit craindre le représentant, risque de sombrer dans une guerre civile totale.  Il est donc urgent de redémarrer des négociations de fond et d’ailleurs, a-t-il affirmé, nous œuvrons en ce sens.  Le représentant a indiqué que son pays a organisé des réunions distinctes avec le Gouvernement afghan et les Taliban et a espéré que la rencontre prévue demain à Doha apportera une contribution positive au processus de règlement politique.  Tout doit être fait pour trouver des compromis et tenir compte de l’ensemble des minorités ethniques et religieuses du pays.  Le représentant a appelé toutes les parties à mettre « la main à la pâte » et à faire preuve de flexibilité, au-delà des mots.

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est dit vivement préoccupé par la situation en Afghanistan.  Pour y remédier, le délégué a souligné la nécessité d’une assistance humanitaire accrue et d’un renforcement de l’aide au relèvement et à la riposte à la pandémie de COVID-19.  Le délégué a aussi souligné l’importance des efforts de déminage et a insisté sur le rôle de la MANUA pour l’obtention de progrès tangibles en Afghanistan.  Il a appuyé les efforts de la Troïka élargie qui doit se réunir le 11 août prochain et a souhaité une interaction accrue entre l’Envoyé personnel pour l’Afghanistan, les organisations régionales et la MANUA.

M. DAI BING (Chine) a dénoncé le retrait « précipité » des troupes américaines et celles de l’OTAN qui a entraîné la mort et le déplacement des dizaines de milliers, alors que la paix était insaisissable.  « Trois tâches urgentes » s’imposent en Afghanistan, a estimé le représentant, et d’abord « éviter la guerre civile »: les parties doivent faire preuve de retenue, cesser les affrontements militaires et élaborer un plan de paix.  Le représentant a demandé aux États-Unis de respecter les engagements qu’ils ont pris, à l’annonce du retrait de leurs troupes.  La deuxième tâche, a-t-il poursuivi, consiste à accélérer le processus de négociations en cours durant lequel les parties doivent établir une feuille de route pour la réconciliation.  Le représentant a insisté sur la lutte contre le terrorisme, soulignant à son tour que l’Afghanistan ne doit pas devenir un refuge où se rassemblent les groupes terroristes et exhortant les Taliban à rompre immédiatement tous les liens avec ces derniers.  La troisième tâche, a-t-il conclu, consiste à ce que la communauté internationale respecte le principe d’appropriation nationale du processus de réconciliation.

M. BRIAN FLYNN (Irlande) a condamné dans les termes les plus fermes les récentes attaques, dont celle contre le complexe de l’ONU à Herat, vendredi dernier.  L’ampleur de la violence contre les civils est « tout simplement choquante », s’est indigné le représentant, en exigeant des Taliban qu’ils mettent fin à leur offensive militaire et s’engagent en faveur d’un cessez-le-feu global et de négociations constructives pour parvenir à un règlement politique juste et inclusif.  Le processus de Doha bénéficie du soutien de la communauté internationale, a rappelé M. Flynn, et il demeure le meilleur espoir de parvenir à la paix que le peuple afghan exige et mérite si clairement.  Le représentant a souligné qu’il ne peut y avoir de solution militaire.  Toutes les parties doivent s’engager en faveur d’un règlement négocié qui garantisse une gouvernance inclusive, la protection des droits humains, en particulier pour les femmes, les jeunes et les minorités, et le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire.  L’Afghanistan, a ajouté le représentant, ne doit plus jamais être un refuge pour le terrorisme international.  

Insistant sur un processus de paix inclusif, dirigé et contrôlé par les Afghans, il a rappelé qu’avec ses partenaires de l’Union européenne, la position de l’Irlande repose sur le respect des principes énoncés dans le Cadre de partenariat 2020 pour l’Afghanistan.  Il a appelé le Conseil de sécurité à rester aux côtés des femmes et des filles, victimes aujourd’hui de la violence et des actes d’intimidation menaçant leur faculté de participer à tous les aspects de la société afghane.  Avec le Mexique, a annoncé le représentant, mon pays organisera ce mois-ci une réunion du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité afin de faire avancer les efforts du Conseil en faveur des femmes afghanes.

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a qualifié d’« inacceptable » le niveau de violence actuel en Afghanistan.  La paix ne peut se construire au milieu du chaos et de la violence et chaque nouvel attentat amoindrit les chances de paix.  Nous appelons donc les responsables de cette violence, les Taliban, à mettre fin à leur offensive militaire et à réduire la violence, comme ils s’y sont engagés, a déclaré la déléguée.  « La paix ne saurait être possible sans un cessez-le-feu préalable pour garantir des discussions apaisées. »  Elle a indiqué que la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, et des infrastructures civiles doit être une priorité absolue.  Les responsables des exactions commises devront rendre compte de leurs crimes, a-t-elle dit, en rejetant toute impunité face aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  « Nous savons qui sont les responsables de cette barbarie, les Taliban », a martelé la représentante.   

Mme Broadhurst a appelé ces derniers à respecter les engagements qu’ils ont pris, que ce soit en faveur de la réduction de la violence ainsi que de la rupture de tous liens avec les groupes terroristes.  À cet égard, elle a rappelé que la Liste du Comité des sanctions créé par la résolution 1988 (2011) ne saurait être modifiée qu’à l’aune de l’engagement réel en faveur de la paix de ceux qui y sont inscrits.  Enfin, la représentante a souligné que les discussions doivent se dérouler dans un environnement apaisé et confiant, en présence de tous les concernés et sur la base des gains démocratiques de ces 20 dernières années.  « Nous attendons que tous les formats de négociations convoqués permettent la participation pleine et entière des femmes. » 

Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), le Conseil de sécurité ne devrait laisser aucun doute aux Taliban sur les conséquences qu’aura la poursuite de leur offensive militaire meurtrière.  Le Royaume-Uni, a martelé la représentante, ne reconnaîtra pas un gouvernement taliban qui arriverait au pouvoir par la force.  Si c’est le pouvoir qu’ils veulent, ils doivent s’engager de manière significative dans un processus de paix, a conseillé Mme Woodward.  Réitérant les normes que tous les États Membres doivent respecter, elle a rappelé son appui à l’actuel exécutif afghan et à ses forces de sécurité.  La représentante a insisté sur le fait que son pays n’apporterait aucune aide à un État qui ne respecte pas les droits de l’homme, dont ceux des femmes, des enfants et des minorités.  Tout allègement des sanctions, a-t-elle aussi prévenu, dépendra des efforts des Taliban déployés pour promouvoir la paix.  Elle a encouragé toutes les parties au processus de Doha à s’engager et à appuyer, de bonne foi, des pourparlers de paix menés et dirigés par les Afghans.  Les pays voisins de l’Afghanistan et le Conseil de sécurité peuvent jouer un rôle important à cet égard, a estimé la représentante.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a fait part de la préoccupation de son pays, en tant que voisin de l’Afghanistan où la violence ne montre aucun signe de ralentissement, comme en témoigne l’assassinat d’un journaliste indien.  Il est temps, a estimé le représentant, que la communauté internationale, en particulier, le Conseil, se mette d’accord sur des actions qui contribueraient à instaurer un cessez-le-feu permanent et global et une cessation immédiate de la violence.  Une paix durable exige une véritable « double paix »: la paix en Afghanistan et la paix autour de l’Afghanistan.  Le représentant a jugé impératif que les Taliban s’engagent de bonne foi dans les négociations, renoncent à la violence, coupent leurs liens avec Al-Qaida et d’autres organisations terroristes et prouvent leur détermination à parvenir à une solution politique.  La violence et la menace militaire ne sauraient servir à renforcer une position à la table des négociations.  Il faut, a tranché le représentant, une manifestation tangible de l’engagement. 

Tout arrangement ou règlement politique doit garantir que les acquis de ces deux dernières décennies soient protégés et non remis en cause.  Ces gains ne sont pas négociables, a martelé le représentant, en insistant sur le cadre démocratique constitutionnel et la protection des droits des femmes, des enfants et des minorités.  Nous ne pouvons pas nous permettre de revenir en arrière car « l’avenir de l’Afghanistan ne peut être son passé ».  La seule voie à suivre, a encore plaidé le représentant, ce sont des négociations qui ouvriront la voie à un compromis acceptable reflétant le processus de Doha, le format de Moscou et le Processus d’Istanbul.  Une paix durable en Afghanistan exige aussi, a ajouté le représentant, que les refuges et sanctuaires terroristes dans la région soient démantelés immédiatement et les chaînes d’approvisionnement des terroristes, interrompues.

Il faut veiller à ce que les voisins de l’Afghanistan et la région tout entière ne soient pas menacés par le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme et que le territoire afghan ne soit pas utilisé par des groupes terroristes pour menacer ou attaquer d’autres pays.  Ceux qui fournissent un soutien matériel et financier aux entités terroristes doivent être tenus pour responsables, a exigé l’Inde, en appelant la communauté internationale à veiller à ce que les engagements pris envers l’Afghanistan, y compris envers ses diverses institutions, soient maintenus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: la rencontre prévue entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères, « pas dans la bonne direction », attendue avec intérêt

8830e séance – matin
CS/14594

Syrie: la rencontre prévue entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères, « pas dans la bonne direction », attendue avec intérêt

Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui sa réunion mensuelle sur le dossier syrien des armes chimiques, certains de ses membres déplorant le peu de progrès et le manque de coopération de la Syrie avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et d’autres reprochant, au contraire, à cette dernière sa « politisation ».  Tous les intervenants ont considéré comme « un pas dans la bonne direction », l’accord du Directeur général de l’OIAC et du Ministre syrien des affaires étrangères sur une éventuelle rencontre en personne pour s’entendre sur la marche à suivre s’agissant des 20 questions toujours en suspens dans la Déclaration initiale de la Syrie sur l’élimination de son arsenal chimique, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité. 

La pandémie de COVID-19 continue de saper la faculté du Secrétariat technique de l’OIAC à se déployer en Syrie, même s’il poursuit ses activités mandatées, a indiqué le Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement. M. Thomas Markram a aussi indiqué que les efforts de l’équipe d’évaluation de la Déclaration initiale de la Syrie se poursuivent.  Le Haut-Représentant a annoncé que le 7 juillet dernier, le Ministre des affaires étrangères de la Syrie a accepté la proposition du Directeur général de l’OIAC de tenir une réunion pour faire le point sur toutes les questions en suspens, à une date qui reste à déterminer. 

Le Mexique a espéré la concrétisation de cette proposition alors que la Tunisie plaidait pour un dialogue « structuré et transparent ».  Il faut espérer, a dit le Royaume-Uni, que ce sera l’occasion d’un engagement renouvelé de la Syrie à honorer ses obligations.  C’est un pas dans la bonne direction, a tranché l’Inde.  Le Haut-Représentant a évoqué un incident que plusieurs délégations ont jugé « préoccupant »: le déplacement par les autorités syriennes de deux cylindres de chlore à Douma, site, d’une « mise en scène », selon la Fédération de Russie, mais d’après la Mission conjointe ONU-OIAC d’établissement des faits, lieu d’une attaque chimique menée par le Gouvernement syrien en 2018. 

Les autorités de la Syrie ont déplacé les cylindres sans informer le Secrétariat technique de l’OIAC, contrairement à la procédure établie, a précisé le Haut-Représentant.   Une nouvelle fois, a commenté le Royaume-Uni, la Syrie a échoué à se conformer à une demande de l’OIAC, en se livrant à  « une ingérence » dans une enquête de premier plan.  Le « régime syrien », a renchéri la France, doit fournir rapidement au Secrétariat technique des informations précises sur cet incident.  Les États-Unis ont rappelé la décision que la Conférence des États parties à la Convention pour l’interdiction des armes chimiques a prise, en avril dernier, de suspendre les droits et privilèges de la Syrie jusqu’à ce que l’OIAC atteste que toutes les interrogations ont été levées.  Cette décision, a ajouté la France, n’est pas « irréversible » et il revient au « régime syrien » d’agir.  Sans sa coopération, les mesures prises resteront en vigueur, a martelé la France.  

Aujourd’hui, la Syrie a expliqué que les cylindres ont été détruits par la dernière frappe aérienne israélienne.  Comme les débris font l’objet d’une enquête criminelle, nous avons refusé, a-t-elle confirmé, leur transfert au siège de l’OIAC.  Maintenant que les évaluations techniques ont été faites, tout est rentré dans l’ordre, a-t-elle affirmé, en invoquant la note du Secrétariat technique de l’OIAC qui a inspecté les cylindres.  Pourquoi, s’est interrogé la Fédération de Russie, les précisions demandées à la Syrie sont si rigoureuses alors que l’OIAC est beaucoup moins stricte quand il s’agit de l’Iraq lequel, contrairement à la Syrie, ne fait l’objet d’aucun « déferlement de critiques ».   

Il a vu dans la frappe aérienne que vient de subir la Syrie, « la tentative d’une force extérieure d’effacer les traces d’une machination ».  La « grande question », s’est inquiétée la Syrie, est que les « pays occidentaux » ne semblent pas vouloir prêter attention au fait que des groupes terroristes, comme Daech et les Casques blancs, tentent d’utiliser des armes chimiques sur le sol syrien. Après que la Fédération de Russie a fustigé « la politisation de l’OIAC » qui n’est plus un gardien impartial de la Convention « mais bel et bien l’instrument politique de certains États », la Syrie a appelé l’Organisation à « revenir sur le droit chemin ». 

Résument un sentiment partagé par plusieurs membres du Conseil de sécurité, le Niger a souligné que la question des armes chimiques syriennes exige des membres du Conseil l’unité sur la direction et les objectifs des travaux de l’OIAC.   Le manque de consensus sur la manière de traiter  ou d’interpréter les incidents survenus et sur l’identification définitive de leurs auteurs, constitue un frein à l’établissement des responsabilités, au détriment des victimes qui attendent que justice leur soit rendue.   Il a appelé le Secrétariat technique à des approches « plus inclusives et plus rigoureuses »  pour faire accepter par tous ses conclusions.  L’Inde a insisté sur des enquêtes « impartiales, crédibles et objectives » et sur le respect des dispositions et de la procédure établie dans la Convention laquelle garantit un équilibre « délicat » des pouvoirs et consacre  la responsabilité d’établir les faits et de parvenir à des conclusions fondées sur des preuves.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT S/2021/692

Déclarations

M. THOMAS  MARKRAM, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a souligné l’impact qu’a eu la pandémie de COVID-19 sur la faculté du Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à se déployer en Syrie, même s’il poursuit ses activités mandatées.  Les efforts de l’équipe d’évaluation de la Déclaration initiale de la Syrie se poursuivent eux aussi; le Secrétariat technique étant toujours convaincu que la Syrie doit déclarer tous ses produits chimiques susceptibles d’être utilisés pour la production d’armes.  À ce jour, a indiqué M. Markram, la Syrie n’a toujours pas autorisé le déploiement des experts de l’équipe d’évaluation, alors que sa Déclaration initiale ne saurait être considérée comme complète et finale sans la validation de l’OIAC.  La confiance de la communauté internationale dans l’élimination complète des armes chimiques dépend de la coopération de la Syrie, a martelé le Haut-Représentant.  

Il a précisé qu’en 2021, le Secrétariat technique entend mener deux enquêtes.  Le 7 juillet dernier, le Ministre des affaires étrangères par intérim de la Syrie a accepté la proposition de l’OIAC de tenir une réunion pour faire le point sur toutes les questions en suspens à une date qui reste à déterminer.  Pour ce qui est de l’attaque qui aurait eu lieu le 8 juin contre un ancien site d’armes chimiques, le Secrétariat technique a demandé aux autorités syriennes plus d’informations sur les dégâts causés.  En outre, ces autorités auraient déplacé deux cylindres de chlore Douma, sans en avoir informé le Secrétariat technique, ce qui est contraire à la procédure établie. 

L’équipe d’enquête et d’identification continue également ses travaux, après la publication de son dernier rapport en avril 2021.  Elle produira de nouveaux rapports en temps voulu, a encore indiqué M. Markram.  Il a également rappelé que la Conférence des États parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques a adopté une décision en avril 2021, levant les droits et privilèges de la Syrie jusqu’à ce que le Directeur général de l’OIAC fasse savoir au Secrétariat de la Convention que le pays a pleinement coopéré avec le Secrétariat technique. Le Haut-Représentant a soutenu que tant que l’utilisation des armes chimiques ou la menace d’en utiliser persistera, il faudra mettre l’accent sur la prévention et pour cela « il faut pouvoir compter sur l’unité du Conseil de sécurité ». 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que le 21 août marquera le huitième anniversaire de l’attaque au gaz sarin et du massacre de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants syriens dans la Ghouta par le « régime d’Assad ».  L’utilisation « effroyable » d’armes chimiques par le régime d’Assad contre son peuple est bien documentée, a dit la représentante, en soulignant que l’OIAC a attribué quatre attaques distinctes à l’arme chimique au « régime d’Assad ».  Ces incidents s’ajoutent aux quatre autres attaques attribuées au « régime d’Assad » par l’ancien Mécanisme d’enquête conjoint ONU-OIAC.  Mme Thomas-Greenfield a accusé « le régime d’Assad », soutenu par la Fédération de Russie, de continuer d’ignorer les appels de la communauté internationale à divulguer et à détruire de « manière vérifiable » ses programmes « d’armes chimiques ».  Au lieu de cela, le « régime d’Assad » retarde délibérément et entrave le travail de l’Équipe d’évaluation de la Déclaration initiale. 

Si les atrocités commises contre le peuple syrien restent impunies, une paix durable en Syrie restera hors de portée, a prévenu la représentante.  Elle s’est dite déçue de voir que l’utilisation par un gouvernement d’une arme de destruction massive contre son propre peuple devienne une source de conflit politique au sein du Conseil de sécurité.  Heureusement, s’est-elle réjouie, de plus en plus de membres de la communauté internationale veulent demander des comptes au « régime d’Assad ».  Elle a rappelé la décision prise en avril dernier par la Conférence des États parties à la Convention de suspendre les droits et privilèges de la Syrie, ce qui envoie un message « clair et sans équivoque » sur les conséquences de l’utilisation d’armes chimiques.  Près de 90 pays ont soutenu la décision et « seul un petit nombre de parrains d’Assad », y compris la Fédération de Russie, ont marqué malheureusement leur opposition.  Il est clair, s’est-elle félicitée, que « la désinformation » de la Fédération de Russie et du « régime d’Assad », dont celle qui est propagée au Conseil de sécurité chaque mois, ne fonctionne pas.  Les États-Unis, a insisté Mme Thomas-Greenfield, continueront d’appuyer le travail de l’OIAC dans ce contexte d’une menace persistante de l’emploi d’armes chimiques. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a souligné la « très grande importance » de la transparence sur ce dossier, compte tenu de l’approche de l’OIAC dont il a rejeté la plupart des analyses.  Il a qualifié d’« incohérents » les propos du Directeur général de l’OIAC devant le Conseil.  Mettant l’accent sur les aspects « les plus criants » de ces incohérences, il a nié catégoriquement que son pays a accepté les conclusions de la Mission d’établissement des faits sur Douma.  Aucun élément, a-t-il contré, ne prouve que des armes chimiques ont été utilisées à Douma.  Nous voyons plutôt « une mise en scène ».  L’OIAC, s’est-il impatienté, doit faire appel à des experts « indépendants », étant donné que le Conseil ne lui a jamais délégué ses prérogatives et encore moins à son Secrétariat technique. 

Le fait que le Directeur général de l’OIAC se vante de recourir à des méthodologies « innovantes » plutôt qu’à celles prévues est tout simplement inacceptable, a martelé le représentant, dénonçant le mépris de ce dernier pour deux inspecteurs de l’OIAC qui ont voulu mettre en lumière les « machinations » à Douma.  Il s’agit pourtant, a affirmé le représentant, de deux inspecteurs « très qualifiés ».  Il s’est demandé pourquoi les précisions demandées sur la Déclaration initiale de la Syrie sont si rigoureuses alors que l’OIAC est beaucoup moins stricte quand il s’agit de l’Iraq lequel, contrairement à la Syrie, n’est l’objet d’aucun « déferlement de critiques ».  La Syrie, a estimé le représentant, a respecté tous ses engagements et la Convention ne donne aucun droit au Secrétariat de l’OIAC de formuler des exigences « politiques ».  « Plus les Syriens répondent aux demandes de l’OIAC, plus ils sont critiqués », s’est emporté le représentant qui a dénoncé la dernière frappe aérienne contre la Syrie, au mépris de son droit de déplacer les deux cylindres évoqués dans le rapport. 

Le rapport de l’OIAC semble justifier cette frappe, s’est indigné le représentant.  À qui une telle frappe profite-t-elle? » s’est demandé le représentant, soupçonnant « la tentative d’une force extérieure d’effacer les traces d’une machination ».  La partie syrienne, a-t-il encore plaidé, est prête au dialogue avec l’OIAC qui doit respecter son rôle de « courtier honnête ». Or, a-t-il conclu, nous vivons le paradoxe selon lequel le Secrétariat technique de l’OIAC viole la Convention plutôt que de la protéger et « au lieu d’y remédier », son Directeur général s’en vante.  Le représentant a fustigé « la politisation de l’OIAC » qui n’est plus un gardien impartial de la Convention « mais bel et bien l’instrument politique de certains États ». 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a réaffirmé son attachement au régime de non-prolifération des armes chimiques qui est basé sur des règles et le multilatéralisme.  Il a appuyé, dans ce cadre, le mandat « vital » de l’OIAC et salué l’accord de principe entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre des affaires étrangères par intérim de la Syrie sur la tenue d’une réunion en présentiel cet été.  Le représentant a plaidé pour un dialogue « structuré et transparent » pour pouvoir trouver des réponses aux questions toujours en suspens et veiller au respect des engagements pris par la Syrie.  Il a insisté sur la nécessité d’enquêter de manière approfondie et neutre sur toute utilisation d’armes chimiques afin de traduire les responsables en justice, conformément à la Convention. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a pris note du récent échange entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères relatif à la proposition d’une rencontre et en a espéré la concrétisation.  Commentant la Déclaration initiale de la Syrie, il a évoqué les questions soulevées lors du troisième tour d’inspection du Centre d’études et de recherches scientifiques de Barzé, lesquelles ne sont toujours pas réglées.  Il a exhorté la Syrie à coopérer avec l’OAIC, en vue de retrouver l’origine des armes chimiques utilisées lors des incidents recensés.  Il a salué le travail de l’OIAC et souhaité des interactions « plus directes et régulières » entre celle-ci et le Conseil.  Les armes chimiques sont proscrites par le droit international et le dialogue est la seule voie à suivre sur ce dossier, a estimé le représentant. 

Pour M. ABDOU ABARRY (Niger), la question des armes chimiques syriennes exige des membres du Conseil l’unité sur la direction et les objectifs des travaux de l’OIAC.   Le  manque de consensus sur la manière de traiter  ou d’interpréter les incidents survenus et sur l’identification définitive de leurs auteurs, constitue un frein à l’établissement des responsabilités, au détriment des victimes qui attendent que justice leur soit rendue.   Le représentant a voulu que tous les incidents fassent l’objet de la même attention et soient traités avec la même diligence, afin de situer les responsabilités.   Il a aussi voulu que l’on évite toute action, autre que celle visant à une pleine mise en œuvre de la résolution 2118 du Conseil de sécurité, du Rapport de l’OIAC et des conclusions qui en sont issues. 

Il est crucial, a estimé le représentant que l’OIAC continue à œuvrer en ce sens, en veillant à  bénéficier pleinement de la confiance des États membres, à travers la transparence et en privilégiant l’esprit de consensus dans ses délibérations.  De même, le Secrétariat technique doit adopter des approches plus inclusives et plus rigoureuses  pour faire accepter par tous ses conclusions.  Le représentant a également invité le Gouvernement syrien à  coopérer  davantage avec les équipes de l’OIAC, s’agissant des informations  complémentaires  sur les points en suspens de la Déclaration initiale et  de  l’octroi de visas  aux experts.    Enfin, M. Abarry a jugé important de garder à l’esprit les allégations selon lesquelles des groupes terroristes armés en Syrie seraient  où voudraient mettre la main sur des produits chimiques.  Il a appelé l’ONU, l’OIAC  et  la Syrie à accorder une attention  particulière  à ces allégations.      

Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a salué les efforts déployés par l’OIAC malgré les obstacles créés par la pandémie de COVID-19.  Elle s’est cependant dite préoccupée par le manque d’avancée sur le long terme.  Les lacunes, les incohérences et les divergences dans la Déclaration initiale de la Syrie ne sont toujours pas résolues et le dialogue est tendu, comme en attestent les divergences et le manque de confiance.  La représentante a appelé toutes les parties au dialogue et à des consultations techniques afin de tracer une voie pratique et constructive pour des progrès tangibles.  À cet égard, elle a salué l’accord de principe entre l’OIAC et la Syrie pour convoquer une réunion en personne.  C’est une étape positive et importante pour combler les lacunes et assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2118, s’est-elle réjouie.  Les divergences politiques doivent être mises de côté au profit d’un engagement à travailler ensemble pour réaliser notre objectif collectif d’un monde exempt d’armes chimiques, a plaidé la représentante. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a constaté que le Conseil discute de ce dossier tous les mois alors qu’il y a très peu de nouveaux développements à commenter. L’emploi d’armes chimiques ne se justifie en aucune circonstance et constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il souligné, avant d’appuyer le mandat de l’OIAC et de souhaiter une coopération accrue entre son Secrétariat technique et la Syrie.  Nous pensons qu’une clôture rapide des enquêtes permettra à ce Conseil d’appuyer de manière plus robuste les Syriens dans leur quête de paix et de stabilité, a dit le représentant qui a invité le Conseil à appuyer les efforts visant à renforcer l’OIAC pour garantir des enquêtes « rigoureuses », fondées sur éléments de preuve « fiables ».  Le travail de l’OIAC doit être au-dessus de tout soupçon, a martelé le représentant. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande), a estimé que l’absence de progrès du côté syrien, dans le traitement de la liste croissante des problèmes liés à sa Déclaration initiale reste un sujet de vive préoccupation.  Il a déploré le manque patent de coopération et souligné que la question « fondamentale » est de savoir si la Syrie est disposée à travailler sérieusement avec l’OIAC et donné l’assurance qu’elle a respecté tous ses engagements, au titre de la Convention.  Le représentant a aussi reproché à la Syrie de ne pas avoir délivrer les visas aux experts, alors que huit cas d’utilisation d’armes chimiques ont été attribués aux autorités syriennes par l’ONU et l’OIAC.  Le représentant a salué l’initiative du Directeur général de l’OIAC de contacter le Ministre syrien des affaires étrangère par intérim de la Syrie au sujet d’une éventuelle réunion pour sortir de l’impasse actuelle.  Le « grand professionnalisme, l’impartialité et l’intégrité » de l’OIAC ont été prouvés tout au long du processus, a estimé le représentant, jugeant que c’est à la Syrie d’honorer ses obligations juridiques, en vertu de la Convention et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a réaffirmé son appui au rôle de l’OIAC dont les travaux, y compris les enquêtes sur les allégations d’emploi d’armes chimiques, doivent être menés de la manière « la plus complète, la plus objective et la plus impartiale possible ».  Le représentant s’est dit troublé par les informations faisant état de la possession et de l’utilisation d’armes chimiques par des groupes armés.  Pour trouver une solution à long terme à ce dossier, il n’y a pas d’autre moyen viable, a-t-il dit, que de promouvoir le dialogue et la coopération entre l’OIAC et la Syrie.  Il a demandé aux autorités syriennes et au Secrétariat technique de l’OIAC d’approfondir leur coopération de la manière « la plus constructive, sans politisation aucune ».  En la matière, le règlement des questions en suspens est un des facteurs déterminants, a souligné le représentant, avant de prier la communauté internationale de soutenir « dans l’unité » les efforts de dialogue et de pleine mise en œuvre de la Convention et de la résolution 2118. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a constaté que la Syrie continue de se soustraire à ses obligations internationales.  Aucune réponse n’a été apportée aux 20 questions toujours en suspens liées à sa Déclaration initiale, a dénoncé la représentante pour laquelle le déplacement et la destruction non-autorisés de deux cylindres de chlore liés aux attaques de Douma est très préoccupant.  Le « régime syrien » doit fournir rapidement au Secrétariat technique des informations précises sur cet incident, a martelé la représentante qui a rappelé la décision prise en avril par la Conférence des États parties à la Convention « n’est pas irréversible ».  Il revient au « régime » d’agir s’il souhaite recouvrer ses droits et privilèges. Sans sa coopération, les mesures prises resteront en vigueur. 

La représentante a aussi noté que les deux dernières demandes de déploiement de l’équipe d’évaluation de la Déclaration initiale sont restées sans réponse.  Le « régime syrien », a-t-elle réclamé, doit délivrer les visas et nous espérons que la rencontre à venir entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères permettra de résoudre cette difficulté et de rétablir le dialogue.  L’emploi de ces armes « choquantes » ne peut rester impuni, a prévenu la représentante, en promettant que les poursuites judiciaires auront lieu, y compris devant les juridictions nationales.  Les preuves, qui continuent à être collectées, seront utilisées car il y va du respect des victimes auxquelles justice doit être rendue.  C’est là, a souligné la représentante, le message que nous défendons avec nos partenaires, notamment au sein du Partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques. 

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a accusé la Syrie d’avoir « de manière répétée » violé ses obligations en vertu de la Charte, de la Convention et des résolutions du Conseil de sécurité.  Aucun progrès n’a été accompli dans les 20 questions en suspens et a rappelé l’obligation de la Syrie d’accorder un accès immédiat et sans entrave au personnel de l’OIAC.  La représentante a qualifié « d’échec très préoccupant » la destruction de deux cylindres de chlore liés à l’attaque chimique de Douma en 2013.  La Syrie, s’est-elle expliquée, a encore échoué à se conformer à une demande de l’OIAC, en se livrant à  « une ingérence » dans une enquête de premier plan.  Elle a pris note de la proposition d’une rencontre entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères relatif et espéré que cela sera l’occasion d’un engagement renouvelé de la Syrie à honorer ses obligations.  Enfin, la déléguée a salué « le professionnalisme et l’intégrité » du Secrétariat technique de l’OIAC. 

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a regretté le peu de progrès qui est une menace pour le peuple syrien et pour la paix et la sécurité internationales.  Il a insisté sur l’établissement des responsabilités et estimé qu’il est de la plus haute importance que le Conseil de sécurité réagisse « clairement et dans l’unité » aux résultats des enquêtes « indépendantes et professionnelles » du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.  Justice, a martelé le représentant, doit être rendue aux victimes et le Conseil de sécurité doit prendre des mesures concrètes pour s’acquitter de son mandat et faire appliquer ses résolutions.  L’utilisation d’une arme de destruction massive par n’importe qui et n’importe où n’est pas et ne peut pas être tolérée, a encore martelé le représentant, avant d’exprimer son plein soutien au travail « professionnel et impartial » de l’OIAC et de son Secrétariat technique.  Il a appelé le « régime syrien » à coopérer pleinement avec ces derniers et leurs mécanismes d’enquête. 

M. SHUANG GENG (Chine) a pris note du rapport du Secrétariat technique qui « malheureusement ne donne pas des réponses claires aux lacunes de l’enquête ».  De nombreuses questions restent en suspens, a ajouté le représentant qui a demandé à ce Secrétariat technique « d’utiliser les faits et de faire preuve d’impartialité dans ses travaux ».  Il a insisté pour que le Secrétariat technique donne des réponses claires à la communauté internationale sur la question des armes chimiques en Syrie.  Il a dit soutenir toute discussion sur les procédures et la rencontre en personne en vue entre l’OIAC et la Syrie.  Déplorant la poursuite des bombardements en Syrie, le délégué a demandé au Secrétariat technique des éclaircissements sur le déplacement des deux cylindres de chlore, en déplorant « la politisation » de l’OIAC.  

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a déploré à son tour le peu de progrès accomplis jusqu’ici, en insistant sur la responsabilité de la Syrie d’honorer ses obligations, en vertu de la Convention et la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  Il a pris note, du dernier échange entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères par intérim de la Syrie, d’une éventuelle réunion.  Il s’est aussi félicité que la question du visa d’un membre de l’OIAC ait été réglée.  Le représentant a jugé troublant que deux cylindres de chlore liées à l’incident de Douma en 2018 aient été déplacés, sans l’accord d’aucune composante de l’OIAC.  Il a appelé la Syrie à coopérer pleinement pour régler les 20 questions toujours en suspens.  Il est crucial que la Syrie prenne les mesures nécessaires si elle veut recouvrer ses droits et privilèges à la Conférence des États parties à la Convention, a souligné le représentant qui a renouvelé son « entière confiance » dans le travail de l’OIAC. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit avoir pris note du rapport mensuel de l’OIAC et l’accord de principe du Ministre des affaires étrangères de la Syrie et du Directeur général de l’OIAC sur une réunion en personne, ce qui est un pas dans la bonne direction.  Il a encouragé la Syrie à poursuivre son engagement et sa coopération avec l’OIAC afin de régler rapidement toutes les questions en suspens.  Les enquêtes, a-t-il martelé, doivent être « impartiales, crédibles et objectives » et suivre « scrupuleusement » les dispositions et la procédure établie dans la Convention laquelle garantit un équilibre « délicat » des pouvoirs et consacre la responsabilité d’établir les faits et de parvenir à des conclusions fondées sur des preuves.  L’Inde, a déclaré son représentant, est préoccupée par les informations faisant état de la résurgence de groupes terroristes dans la région, la communauté internationale ne pouvant se permettre d’ignorer les activités terroristes en Syrie et dans la région.  

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a fait part de sa surprise face à la position de ses « collègues occidentaux » sur la frappe aérienne contre un ancien site chimique à Douma où se trouvaient les deux cylindres de chlore.  Damas, a-t-il dit, n’a aucun intérêt à « détruire ces preuves ».  Il a, en revanche, reproché à l’OIAC la disparition des échantillons dans l’un de ses laboratoires, sans que les causes de cette situation n’aient jamais été établies. 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie), a regretté que les débats du Conseil de sécurité soient devenus une plateforme dont se servent certains États pour « jeter des accusations à la figure de la Syrie », alors même qu’elle a volontairement adhéré à la Convention sur les armes chimiques en 2013 et qu’elle a travaillé au respect de ses dispositions, détruisant la totalité de ses stocks d’armes chimiques.  Le représentant a dit voir une volonté délibérée de la part de ces États d’ignorer la coopération de son pays avec l’OIAC.  Concédant que certains aspects restent en souffrance, il a reproché à ces mêmes États de vouloir exploiter politiquement les 20 questions en suspens.  Nous réitérons notre volonté de coopérer avec le Secrétariat technique de l’OIAC et nous rappelons que notre Ministre des affaires étrangères a accepté l’invitation que lui a adressée par le Directeur général de l’OIAC pour se mettre d’accord sur la voie à suivre pour le respect de nos obligations, a souligné le représentant. 

Il a en outre jugé « ironique » que certains États reprochent à son pays de refuser des visas aux experts de l’équipe d’évaluation, alors qu’elle s’y est rendue à 23 reprises en Syrie.  Comme nous ne sommes pas parvenus à un accord sur la date de la prochaine visite, les visas n’ont pas été émis, a encore expliqué le représentant.  La « grande question », s’est inquiété le représentant, est que les « pays occidentaux » ne semblent pas vouloir prêter attention au fait que des groupes terroristes, comme Daech et les Casques blancs, tentent d’utiliser des armes chimiques en Syrie.  « Cela ne semble pas les préoccuper » alors que ces groupes terroristes continuent de s’en prendre aux civils en Syrie et à y déstabiliser la situation, s’est étonné le représentant. 

Pour ce qui est de l’incident de Douma, il a accusé l’OIAC de chercher à déformer les faits pour s’aligner sur les États-Unis et le Royaume-Uni.  En ce qui concerne les deux cylindres de chlore, le représentant a dit que le 8 juillet dernier, l’un des centres déclarés dans la Déclaration initiale a fait l’objet d’une attaque israélienne qui a détruit lesdits cylindres.  Mais l’OIAC choisit de passer cette attaque sous silence, préférant insister sur l’aspect technique.   En novembre dernier, l’OIAC a en effet demandé que ces cylindres soient déposés à son siège mais comme ils faisaient l’objet d’une enquête criminelle, le Gouvernement syrien lui a répondu par la négative, tant que les évaluations techniques n’étaient pas effectuées.  Ces évaluations ayant été faites, la Syrie a donc parfaitement respecté ses obligations, comme en témoigne la note du Secrétariat technique qui a inspecté les cylindres.  À la lumière de ces éclaircissements, nous regrettons « la politisation » de l’OIAC et nous l’invitons à « revenir sur le droit chemin ». 

Mme ZAHRA ERSHADI (Iran) a plaidé pour une application intégrale, efficace et non discriminatoire de la Convention, avant de souligner l’importance d’un travail « professionnel, indépendant et impartial » de l’OIAC.  Ce dossier, a-t-elle affirmé à son tour, a malheureusement été politisé par un certain nombre de pays, ce qui sape l’autorité de la Convention et la crédibilité de l’OIAC.  Il n’est néanmoins pas trop tard pour y remédier, a-t-elle estimé, en prenant note de la proposition d’une rencontre entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères.  L’objectif d’une telle rencontre, a-t-elle martelé, doit être de se mettre d’accord sur les mesures que la Syrie doit prendre pour s’acquitter de ses obligations en vertu de la Convention.  Elle a souligné le bon degré de coopération de la Syrie avec l’OIAC malgré la guerre, les menaces posées par les groupes terroristes et les restrictions imposées par la pandémie de COVID-19.  Il est évident que le succès de ce processus exige un environnement « calme et dépolitisé », a-t-elle souligné.  Elle a conclu en déclarant que l’Iran, compte de son histoire de victime, condamne l’emploi d’armes chimiques « partout et par quiconque ».  Enfin, la déléguée a demandé une universalisation de la Convention et souligné la nécessité de contraindre le « régime israélien » à y adhérer immédiatement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale crée l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine, organe consultatif du Conseil des droits de l’homme

Soixante-quinzième session,
97e séance – matin
AG/12352

L’Assemblée générale crée l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine, organe consultatif du Conseil des droits de l’homme

Après la tentative avortée de jeudi dernier, faute de temps, l’Assemblée générale a créé aujourd’hui l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine, en adoptant sans vote une version révisée* de la résolution initiale et un amendement** présenté par la Hongrie.  

Les États-Unis ont donc renoncé à leur proposition de rattacher la résolution au sous-point de l’ordre relatif à l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, plutôt qu’à celui sur l’application intégrale et au suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Jeudi dernier, ils justifiaient leur proposition par la nécessité d’offrir un « parapluie » pour intégrer une instance, « qui a beaucoup de parents », dans le travail de l’Assemblée générale.  Un long débat s’en est suivi jeudi dernier lequel a conduit l’Assemblée générale à reporter sa décision.  Aujourd’hui, les États-Unis ont souligné que leur adhésion à la résolution ne saurait être interprétée comme un changement dans leur position vis-à-vis des textes de Durban.  Le racisme et l’intolérance sont malheureusement des phénomènes universels et « notre approche doit l’être aussi », ont-ils martelé, avant qu’Israël ne se dissocie des mêmes documents « qui politisent la lutte contre le racisme ». 

Aux termes de la résolution qu’a pu adopter aujourd’hui l’Assemblée générale, l’Instance permanente est un mécanisme de consultation pour améliorer la sécurité, la qualité de vie et des moyens de subsistance des personnes d’ascendance africaine.  Elle sera un organe consultatif du Conseil des droits de l’homme qui aura le mandat de faciliter la pleine inclusion politique, économique et sociale, sur un pied d’égalité avec les autres citoyens et sans discrimination aucune, des personnes d’ascendance africaine dans les sociétés dans lesquelles elles vivent et contribuer à garantir l’égale jouissance de tous les droits humains. 

Elle aura à fournir au Conseil des droits de l’homme, aux grandes commissions de l’Assemblée générale et aux organes, programmes, fonds et institutions des Nations Unies, des conseils éclairés et des recommandations en vue de combattre les fléaux que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et toutes leurs formes et manifestations contemporaines.  L’Instance est également chargée d’examiner la question de l’élaboration d’un projet de déclaration des Nations Unies sur la promotion, la protection et le plein respect des droits humains des personnes d’ascendance africaine; recenser et analyser les meilleures pratiques, les difficultés, les possibilités et les initiatives liées au traitement des points soulevés dans la Déclaration et le Programme d’action de Durban concernant les personnes d’ascendance africaine. 

Elle examinera le besoin qui se fait sentir au niveau mondial concernant l’établissement de toute urgence de canaux adéquats pour l’obtention de données ventilées par niveau de revenu, sexe, âge, race, ethnie, statut migratoire, handicap et lieu, et selon d’autres caractéristiques propres à chaque pays, de façon à favoriser l’exécution des politiques publiques relatives aux personnes d’ascendance africaine.  Le mot « genre » a été retiré de l’énumération en vertu de l’amendement de la Hongrie.  L’Instance sera composée de 10 membres dont 5 membres désignés par les gouvernements et 5 désignés par des organisations de personnes d’ascendance africaine, et sera financée par le budget ordinaire de l’ONU et des contributions volontaires.  Le Secrétariat a estimé entre 579 800 et 620 600 dollars la ponction qu’il faudra opérer sur le budget ordinaire en 2022. 

Par la voix de la Slovénie, l’Union européenne (UE) a regretté que ses préoccupations par rapport à la lutte contre les préjugés raciaux n’aient pas été prises en compte.  Elle a aussi estimé que l’élaboration d’un instrument additionnel n’est pas nécessaire.  Le paragraphe 1 c) du dispositif envisageant l’élaboration d’un projet de déclaration sur la promotion, la protection et le plein respect des droits humains des personnes d’ascendance africaine, l’Union européenne a dit comprendre qu’il ne s’agit en aucun cas d’un transfert de la responsabilité de l’Assemblée générale à l’Instance permanente.  Elle a également émis des réserves sur l’amendement au paragraphe 1 h) du dispositif sur la collecte de données.  Elle a conclu en insistant sur le fait que le budget de l’Instance doit être financé par des contributions volontaires.  Vu le nombre des mécanismes sur la question, le Royaume-Uni est allé jusqu’à questionner la nécessité d’une instance permanente et d’une nouvelle déclaration. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes, le Guyana a salué une résolution importante alors que les pays de la Communauté commémorent aujourd’hui l’abolition de l’esclavage.   À leur tour, les États-Unis ont appuyé la création de l’Instance, en rappelant que le démantèlement du racisme systémique est une priorité de l’Administration Biden.  Les Nations Unies ont franchi aujourd’hui un nouveau jalon dans ce combat visant à faire entendre la voix des personnes d’ascendance africaine, se sont-ils réjouis.  Mais, ont-ils nuancé, nous maintenons notre position sur la Conférence de Durban.  Le racisme et l’intolérance sont malheureusement des phénomènes universels et « notre approche doit l’être aussi ». 

Israël s’est dissocié des alinéas 2, 3 et 9 du préambule et des paragraphes 1 et 6 du dispositif qui font référence à la Déclaration et au Programme d’action de Durban, « des textes qui politisent la lutte contre le racisme ».  Le Mexique a critiqué la présentation tardive de l’amendement, laquelle est « un défi » aux méthodes de travail de l’Assemblée générale et ne devrait constituer en aucun cas un précédent.    

Le Chili a espéré que l’Instance sera un forum de coopération, de dialogue et de promotion des droits des personnes d’ascendance africaine partout dans le monde.  La lutte contre la discrimination est plus pertinente que jamais maintenant que l’on observe la montée du racisme et de la xénophobie.  Cofacilitateur de la résolution, le Costa Rica a remercié tous ceux qui ont contribué à l’adoption par consensus de la résolution et qui y ont apporté la « dernière touche ».  L’Assemblée générale a fait un grand pas en avant aujourd’hui, pour entendre la voix des personnes d’ascendance africaine qui ont été victimes du fléau de l’esclavage.  Cette Instance, a-t-il souligné, va travailler dans un monde où la stigmatisation et la discrimination raciale se propagent.  Il s’est dit convaincu que les réserves et les craintes exprimées aujourd’hui vont se dissiper.  Ne mesurons pas notre effort à « l’aune du budget des Nations Unies », a préconisé le Costa Rica. 

L’Iran s’est dissocié de tous « termes non consensuels » de la résolution, avant que l’Indonésie ne souligne que la création de l’Instance répond à la nécessité de faire respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Composée de groupes ethniques multiples et divers, l’Indonésie a estimé que l’Instance est un nouvel espace important qui donne une « protection institutionnelle » à tous les peuples contre la discrimination fondée sur la race, l’ethnicité ou la religion.  Nous sommes arrivés au terme d’un processus extrêmement important dans la marche de l’humanité, s’est réjoui le Tchad, l’autre Cofacilitateur de la résolution.  

Il a affirmé que la résolution reflète un équilibre délicat mais aussi une opportunité unique pour favoriser la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Avec le Costa Rica, a-t-il affirmé, nous nous sommes engagés à mener un processus transparent et ouvert.  Pendant quatre mois, nous avons insisté sur un dialogue ouvert et approfondi, y compris avec la société civile et les personnes d’ascendance africaine.  Cette résolution n’est autre que le fruit des nombreuses discussions entre les États Membres en vue de parvenir à un point de convergence où tous les pays et groupes de pays se retrouvent dans un esprit de consensus et de bonne foi. 

Le Tchad a tenu à saluer le rôle joué par les Nations Unies et le Conseil des droits de l’homme qui ont été les catalyseurs de la promotion des droits des personnes d’ascendance africaine.  Pour le Tchad, cette nouvelle Instance est appelée à servir de plateforme pour générer de nouvelles idées dans la lutte contre le racisme.  Le Japon a mis en garde contre les chevauchements avec d’autres mécanismes existants.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Nigéria a souligné la spécificité de l’Instance qui est « un grand jalon » dans la lutte contre le racisme, la discrimination et les vestiges de l’esclavage.  L’Afrique du Sud a d’ailleurs réclamé des compensations adéquates pour toutes les victimes du racisme et de la discrimination. 

L’Algérie a aussi espéré que l’Instance deviendra le socle pour éliminer les vestiges de la discrimination raciale, de l’esclavage et du colonialisme qui constituent « une plaie » dans l’histoire de l’humanité et qui persistent à ce jour, comme en ont témoigné « les résistances » de certains États Membres au cours de ce processus.  Elle a lancé un appel au Secrétariat pour qu’il se conforme au mandat qui lui est assigné, surtout lorsqu’il s’agit d’apporter son concours à l’Assemblée générale et à ses organes subsidiaires.  Les amendements oraux ne sont pas la règle, mais l’exception, a martelé l’Algérie, en rappelant un autre principe selon lequel, quand une réunion se tient pour adopter un texte, on ne peut l’interrompre et la reporter.  

Qualifiant d’« éloquente » la lettre qu’a fait circuler le Groupe des États d’Afrique, l’Algérie a exigé que les règles de procédure soient dûment respectées car il y va de la crédibilité de l’Assemblée générale.  Le Saint-Siège a déploré que les discussions autour de la résolution aient été marquées par la méfiance et la mauvaise foi, y voyant un objet de vives préoccupations.   

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique jeudi 17 août à partir de 10 heures pour se prononcer sur une résolution relative à la santé mondiale et à la politique étrangère.

*A/75/L.119/Rev.1
**A/75/L.121/Rev.1 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité appelle le Soudan à coopérer pleinement avec l’ONU et l’Union africaine pendant la phase de la liquidation de la Mission au Darfour

8829e séance – matin
CS/14591

Le Conseil de sécurité appelle le Soudan à coopérer pleinement avec l’ONU et l’Union africaine pendant la phase de la liquidation de la Mission au Darfour

Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a appelé aujourd’hui le Gouvernement soudanais, ainsi que les signataires et non signataires de l’Accord de paix de Djouba et les autres mouvements d’opposition armés, à coopérer pleinement avec l’ONU et l’Union africaine pendant la phase de liquidation de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), qui a achevé son retrait le 30 juin 2021.  Toutes les dispositions de l’Accord sur le statut des forces du 9 février 2008 doivent notamment être respectées, insiste le Conseil. 

Dans cette déclaration, le Conseil se félicite en outre de la signature de l’Accord-cadre du 4 mars 2021 entre l’ONU et le Gouvernement soudanais et exhorte ce dernier à veiller à ce que les bases d’opérations restituées par la MINUAD soient utilisées à des fins exclusivement civiles.  Le Conseil prend note des activités que la MINUAD est sur le point d’achever concernant la destruction des munitions périmées, « ce qui réduira assurément les risques de sécurité et la probabilité d’un détournement ».  Le Conseil note également que, pendant cette liquidation, l’ONU se conformera à ses pratiques générales et à son règlement financier. 

Le Conseil dit aussi attendre avec intérêt de recevoir une évaluation des enseignements retenus de la mission, « au plus tard le 31 octobre 2021 ».  Il exprime son intention d’en tenir compte afin d’améliorer l’efficacité globale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en ce qui concerne la transition des missions de maintien de la paix.  Si le Conseil de sécurité note les progrès accomplis au Darfour depuis 2007, il souligne qu’il faut continuer d’œuvrer à la consolidation de la paix, « notamment par l’application intégrale de l’Accord de paix de Djouba ».  

C’est au Gouvernement soudanais qu’il incombe au premier chef de protéger les civils sur l’ensemble de son territoire, poursuit le Conseil, en l’exhortant à mettre en œuvre « rapidement » son plan national de protection des civils.  Enfin, dans cette déclaration, le Conseil souligne le rôle important que joueront la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) et son équipe de pays intégrée des Nations Unies à l’appui des efforts du Gouvernement soudanais.

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

L’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) ayant achevé son retrait le 30 juin 2021, le Conseil de sécurité note les progrès accomplis au Darfour depuis 2007. 

Le Conseil de sécurité prend acte du rapport oral présenté par le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel à sa 8825e séance, le 27 juillet 2021, intitulé « Rapports du Secrétaire général sur le Soudan et le Soudan du Sud », qui comprenait des informations détaillées sur le retrait de la mission et les étapes restantes de la phase de liquidation.  Il attend avec intérêt de recevoir une évaluation des enseignements retenus de la mission, au plus tard le 31 octobre 2021, comme il l’a demandé dans sa résolution 2559 (2020).  Il exprime son intention d’en tenir compte dans le cadre des travaux qu’il continue de mener pour améliorer l’efficacité globale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la démarche en matière de transition des missions de maintien de la paix. 

Rappelant sa résolution 2559 (2020), le Conseil se félicite de la coopération du Gouvernement soudanais avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine pendant le retrait de la mission, et demande de nouveau au Gouvernement soudanais, à tous les niveaux, ainsi qu’aux autres parties prenantes concernées, notamment aux signataires de l’Accord de paix de Djouba, aux non signataires et aux autres mouvements d’opposition armés, de coopérer pleinement avec l’ONU et l’Union africaine pendant la phase de liquidation de la mission, notamment en respectant pleinement toutes les dispositions de l’Accord sur le statut des forces du 9 février 2008. Le Conseil se félicite de la signature de l’Accord-cadre du 4 mars 2021 entre l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement soudanais et, à cet égard, exhorte ce dernier à veiller à ce que les bases d’opérations restituées par la MINUAD soient utilisées à des fins exclusivement civiles. Le Conseil prend note des activités que la MINUAD est sur le point d’achever concernant la destruction des munitions périmées, ce qui réduira assurément les risques de sécurité et la probabilité d’un détournement.  Il note également que, pendant cette liquidation, l’ONU se conformera à ses pratiques générales et à son règlement financier. 

Le Conseil tient à rendre hommage, pour leur action décisive, à la mission et aux membres de son personnel civil et en tenue, en particulier à ceux qui ont perdu la vie au service de la paix et de la stabilité au cours des opérations menées au Darfour pendant les plus de treize années qu’a duré la mission.  Il salue la population du Darfour pour sa résilience et pour sa coopération avec la MINUAD en faveur des efforts de paix au Darfour. Il saisit cette occasion pour remercier le Secrétaire général, le Président de la Commission de l’Union africaine et le Représentant spécial conjoint Union africaine-ONU pour le Darfour, M. Jeremiah Kingsley Mamabolo, ainsi que tous les précédents représentants spéciaux conjoints, pour leurs travaux.  À cet égard, il se félicite du partenariat inédit établi entre l’ONU et l’Union africaine aux fins de la mise en place et du fonctionnement de la mission.  Il remercie les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les donateurs de l’appui qu’ils ont apporté à l’exécution du mandat de la mission. 

Le Conseil prend acte de l’amélioration des conditions de sécurité dans certaines régions du Darfour et souligne qu’il faut continuer d’œuvrer à la consolidation de la paix et de la sécurité, notamment par l’application intégrale de l’Accord de paix de Djouba. Il réaffirme que c’est au Gouvernement soudanais qu’il incombe au premier chef de protéger les civils sur l’ensemble de son territoire, et l’exhorte à mettre en œuvre rapidement son plan national de protection des civils (S/2020/429).  Il encourage l’adoption de nouvelles mesures visant à promouvoir et protéger les droits des femmes et à assurer leur participation pleine, égale et effective à tous les aspects de la vie politique, économique et sociale, ainsi que les efforts visant à associer les jeunes à ces domaines. Il encourage également toute nouvelle mesure prise pour accroître la confiance des populations locales dans la capacité des institutions garantes de l’état de droit de rendre justice et d’appliquer le principe de responsabilité. 

Le Conseil souligne que le soutien des partenaires bilatéraux, régionaux et multilatéraux demeure important et encourage à continuer d’aider le Soudan à consolider la paix et la stabilité au Darfour.  À cet égard, il souligne le rôle important que joueront la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) et son équipe de pays intégrée des Nations Unies à l’appui des efforts du Gouvernement soudanais. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés achève sa deuxième session avec des appels à l’ambition

LDC5, Comité préparatoire, Deuxième session
2e séance plénière – matin
DEV/3443

Le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés achève sa deuxième session avec des appels à l’ambition

Le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés a achevé, ce matin, les travaux de sa deuxième session par des appels à achever les négociations sur le programme d’action d’ici à la fin de l’année « au plus tard » et à le rendre le « plus ambitieux possible ». 

Le programme d’action pour les pays les moins avancés (2022-2031) doit ensuite être adopté lors de la Conférence susmentionnée qui se tiendra à Doha, au Qatar, du 23 au 27 janvier 2022. 

Cette semaine de négociations a été l’occasion de reconnaître les difficultés exceptionnelles auxquelles se heurtent les PMA, en particulier les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, a indiqué la coprésidente du Comité préparatoire, Mme Rabab Fatima (Bangladesh), qui a appelé à faire du programme d’action un point de ralliement consensuel afin de parvenir à un résultat suffisamment ambitieux pour permettre aux PMA d’assurer leur relèvement. 

« Il est essentiel que ce document soit synonyme d’espoir », a renchéri le Népal qui a rappelé que le but est de préparer une feuille de route détaillée pour les 10 ans à venir, axée sur six domaines d’action thématiques qui doivent permettre aux PMA de réduire leurs vulnérabilités et de relever les nombreux défis auxquels ils font face.  Le futur programme d’action de Doha sera l’occasion de renforcer la coopération mondiale avec les PMA, qui sont les économies les plus fragiles au monde, mais aussi de « sceller le sort » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il affirmé, soulignant le rôle central des partenaires de développement. 

Alertant que la pandémie de COVID-19 et d’autres crises risquent de réduire à néant des décennies de progrès et que 2 millions de personnes ont sombré dans une pauvreté extrême, le Groupe des PMA a lui aussi appelé, par la voix du Malawi, à un programme qui permettra aux PMA de se libérer de la crise actuelle. 

« Face à la gravité de la situation des PMA, la communauté internationale ne peut plus se contenter du statu quo ni des mesures de soutien actuelles et habituelles  » a-t-il prévenu, rappelant notamment l’engagement des pays développés à consacrer entre 0,15% et 0,2% de leur revenu national brut à l’APD en faveur des PMA, contre seulement 0,09% actuellement, ainsi que leur obligation « juridique » de faciliter des transferts technologiques aux PMA. 

Pour lutter contre la pandémie, le Groupe des PMA a aussi demandé que les vaccins contre la COVID-19 soient mis gratuitement à la disposition des pays les moins avancés, insistant par ailleurs sur l’importance de l’allégement de la dette et des échanges de dette.  Il a aussi réclamé 5 milliards de dollars pour appuyer la protection sociale et 50 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux.  Il convient également, a enchaîné la délégation, de fournir 12 ans de soutien continu aux pays sortis de la catégorie des « moins développés », pour leur permettre d’être compétitifs sur le marché international après avoir perdu des privilèges spécifiques. 

Le changement de catégorie doit en effet « mener à davantage de succès et non être source de problèmes », a acquiescé M. Bob Rae (Canada), autre coprésident du Comité préparatoire, qui a salué des travaux « intéressants » ayant permis de mettre le doigt sur certains points essentiels du futur programme d’action.  Il a ainsi évoqué les libellés liés au commerce, à la propriété intellectuelle, aux transferts de technologie et à l’aide différenciée pour les PMA, notamment s’agissant du commerce libre de taxe après le reclassement. 

Toutefois, a-t-il fait valoir, « il faut comprendre le contexte dans lequel nous travaillons », qui est « sans précédent depuis 1945 » en raison des impacts de la pandémie de COVID-19.  Dans ces circonstances difficiles, l’avant-projet avance des propositions de fond, destinées à soutenir les pays les plus fragiles. C’est notamment le cas de la demande d’université en ligne, rendue nécessaire par le fait que des millions de personnes ne peuvent plus suivre de cours depuis un an et demi.  D’autres propositions visent à surmonter la fracture numérique, qui est l’une des plus graves aujourd’hui, et de créer un centre d’appui aux investissements internationaux pour combler le fossé entre la quantité d’argent disponible et la proportion de ces sommes qui aboutit à de véritables projets profitant aux pays les plus pauvres. 

Le problème des écarts de financement figurait également parmi les préoccupations du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement qui a relevé que seulement 6% des capitaux privés sont investis dans les PMA, et ce, dans seulement certains pays et secteurs. 

Préoccupé en outre par le fait que près de 65% des personnes sans électricité du monde vivent dans les PMA, M. Courtenay Rattray a aussi appelé à mobiliser le financement pour l’énergie durable, citant un nouveau rapport de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui recommande de prioriser les investissements pour augmenter de 50%, d’ici à 2025, les financements annuels en électricité et en cuisine propres et de les diriger vers les PMA qui n’en reçoivent que 25% actuellement. 

S’agissant du calendrier du processus de finalisation du programme d’action, M. Rae a suggéré la tenue d’une réunion début septembre afin que soient proposés de nouveaux libellés.  La troisième réunion préparatoire du Comité aura ensuite lieu à la mi-décembre, l’objectif étant de produire avant la fin de l’année, un document final qui ne soit « pas simplement des mots sur un papier mais un appel résonnant, fond sur la solidarité et le partenariat avec les PMA  ». 

En fin de séance, le Comité a adopté le projet de rapport de sa deuxième session, présenté par son Rapporteur, M. Julio César Arriola Ramírez (Paraguay), ainsi que le Projet d’organisation des travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la Commission de consolidation de la paix dresse un bilan positif de son action en 2020 et se projette dans l’après-pandémie

Soixante-quinzième session,
95e & 96e séances - matin & après-midi
AG/12351

Assemblée générale: la Commission de consolidation de la paix dresse un bilan positif de son action en 2020 et se projette dans l’après-pandémie

Avant de reporter sa décision sur la résolution relative à la création d’une instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine, l’Assemblée générale a évalué aujourd’hui le travail de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  Par la voix de son Président en exercice et de celui qui l’a précédé, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a dressé, aujourd’hui, devant l’Assemblée générale, un bilan satisfaisant de son action en 2020, année pourtant marquée par les effets déstabilisants de la pandémie de COVID-19, tout en se projetant dans la mobilisation des efforts de redressement et dans l’amélioration de la performance globale du système des Nations Unies pour la réalisation de ses objectifs au service des situations postconflit. 

Présentant le rapport 2020 de la CCP en sa qualité d’ancien Président, M. Bob Rae a précisé qu’au cours de sa quatorzième session, la Commission a tenu 37 réunions, soit le nombre le plus élevé depuis sa création en 2006, et s’est engagée dans le soutien de 15 contextes spécifiques à des pays et régions, également un record.  Il a fait état de nouveaux engagements régionaux avec l’Afrique centrale et les îles du Pacifique, et d’un engagement renouvelé à l’appui de la consolidation de la paix en Somalie et dans la région des Grands Lacs.  Au cours de la phase informelle de l’examen 2020 de l’architecture de consolidation de la paix, a-t-il indiqué, la CCP a convoqué une série de consultations qui ont porté sur les contextes de transition et le rôle des femmes dans la consolidation de la paix, mais aussi sur l’engagement à l'échelle du système des Nations Unies, le renforcement des institutions et les financements et partenariats. 

La quasi-intégralité de ces travaux ont eu lieu sur des plateformes virtuelles, a poursuivi M. Rae, non sans rappeler que la CCP a été le premier organisme onusien à adapter ses méthodes de travail face à la pandémie.  Dans le même temps, a noté M. Rae, la Commission a intensifié son action de conseil auprès de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, tout en renforçant son rôle de passerelle entre les organes intergouvernementaux.  Elle a aussi intensifié ses efforts en faveur du programme « femmes, paix et sécurité » et a usé de son rôle de convocation pour favoriser des partenariats avec les parties prenantes concernées, en particulier les autorités nationales et locales, les organisations régionales et sous-régionales, la société civile, les institutions financières internationales, le secteur privé, le monde universitaire et les groupes de réflexion. 

À sa suite, M. Mohamed Edrees, actuel Président de la CCP, a lui aussi insisté sur les rôles consultatifs, de liaison et de convocation de la Commission, qui, outre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, collabore avec le Conseil économique et social (ECOSOC), l’Organisation mondial du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI).  À l’avenir, a-t-il dit, la CCP continuera de fournir des conseils opportuns, notamment pendant le renouvellement du mandat des opérations de maintien de la paix et à l’appui des transitions.  Concentrée sur les efforts de redressement post-COVID-19, la CCP s’efforcera également d’élargir les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières.  Elle entend à cet égard générer des contributions au Fonds pour la consolidation de la paix lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée à cette question. 

L’importance d’un financement suffisant, prévisible et durable de la consolidation de la paix a été soulignée par un grand nombre de délégations.  Grand contributeur de troupes pour le maintien de la paix, le Bangladesh s’est ainsi félicité de la reconstitution du Fonds, en janvier dernier, mais il a souhaité qu’une solution permanente soit enfin trouvée.  Il a été rejoint sur ce point par des pays comme le Portugal, la Suisse, l’Inde et la Thaïlande qui ont indiqué avoir augmenté leur contribution jusqu’à la fin de la stratégie 2020-2024 de la CCP, tout en appelant de leurs vœux l’exploration de moyens de financement supplémentaires. 

Saluant l’appui accordé par le Fonds à différentes situations africaines, notamment au Libéria, le Groupe des États d’Afrique a pour sa part applaudi les « mesures audacieuses » prises par la CCP au cours de l’année écoulée, en particulier le renforcement de sa coopération avec l’Union africaine et la Banque africaine de développement.  Même son de cloche du côté de l’Union européenne (UE), qui a estimé que 2020 a été une étape importante avec la conformation d’une architecture onusienne du maintien de la paix adaptée aux défis nouveaux et émergents.  La délégation de l’UE a toutefois averti que les menaces liées aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement ne disparaîtront pas du jour au lendemain.  Il est donc crucial de veiller à ce que l’ONU soit à même de prévenir les conflits découlant de ces phénomènes, a-t-elle fait valoir, appuyée par des pays comme le Liechtenstein ou encore la Papouasie-Nouvelle-Guinée. 

De son côté, la Fédération de Russie a jugé impératif que la CCP respecte « strictement » son mandat et que ses actions restent fondées sur le principe d’appropriation nationale des États, en complément des travaux des autres organes intergouvernementaux.  Cette position a été entièrement partagée par la Chine, selon laquelle les pays concernés par les situations postconflit sont les principaux acteurs de la consolidation de la paix et doivent être soutenus pour parvenir au développement durable. 

L’Assemblée a d’autre part adopté deux résolutions sur la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud et sur le lien entre modes de transport et développement durable.  Faute de temps, elle a reporté sa décision sur la résolution relative à la création d’une instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine; les États-Unis ayant déclenché un long débat sur le point de l’ordre du jour auquel doit être rattachée ladite résolution.  

L’Assemblée générale a également fait siennes deux décisions, dont une prévoit un nouveau report de la quatrième Conférence des zones exemptes d’armes nucléaires et de la Mongolie à une date qui sera fixée par l’Assemblée générale à sa soixante-seizième session (L.118).  L’autre décision autorise le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés à tenir une réunion supplémentaire à une date fixée entre la mi-décembre 2021 et le 10 janvier 2022.

COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX, PÉRENISATION DE LA PAIX ET FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX

Pour l’examen de ces questions, l’Assemblée générale était saisie du Rapport de la quatorzième session de la Commission de consolidation de la paix (A/75/747-S/2020/139); et du Rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix (A/75/735). 

En tant qu’ancien Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. BOB RAE a présenté le rapport annuel 2020 de la CCP.  Il a précisé qu’au cours de sa quatorzième session, la Commission a tenu un total de 37 réunions, soit le nombre le plus élevé depuis sa création, et s’est engagée dans le soutien de 15 contextes spécifiques à des pays et régions, également un record.  Il a fait état de nouveaux engagements régionaux avec l’Afrique centrale et les îles du Pacifique, et d’un engagement renouvelé à l’appui de la consolidation de la paix en Somalie et dans la région des Grands Lacs. 

M. Rae a ajouté qu’au cours de la phase informelle de l’examen 2020 de l’architecture de consolidation de la paix, la CCP a convoqué une série de consultations thématiques ouvertes à tous les États Membres.  Ces consultations ont porté sur la consolidation de la paix dans le contexte des transitions, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix, l’engagement à l’échelle du système des Nations Unies, le renforcement des institutions, et les financements et partenariats pour la consolidation de la paix.  La Commission a partagé les principales recommandations issues de ces consultations avec les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, ainsi qu’avec le Secrétaire général. 

Presque tout ce travail a été effectué sur des plateformes virtuelles, a souligné M. Rae, en rappelant que la CCP a été le premier organe des Nations Unies à adapter ses méthodes de travail à la pandémie de COVID-19.  La Commission a ainsi ajusté son programme de travail pour servir de plateforme d’échanges sur les moyens d’atténuer l’impact de cette crise sur le développement et la consolidation de la paix.  Dans ce cadre, un espace a été créé pour que les dirigeants nationaux et régionaux dans des contextes de consolidation de la paix partagent leurs expériences et recherchent un soutien pour leurs efforts visant à « reconstruire en mieux ». 

La CCP a également poursuivi ses efforts visant à améliorer la qualité de ses conseils à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, tout en renforçant son rôle de passerelle entre les organes intergouvernementaux.  Selon M. Rae, la Commission a fourni des avis au Conseil de sécurité à 12 reprises en 2020, en particulier sur le renouvellement des mandats du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), les effets humanitaires de la dégradation de l’environnement, l’impact de la COVID-19 sur les contextes de consolidation de la paix et les défis et opportunités de la consolidation de la paix dans la région du Sahel.

Au cours de la période considérée, qui a coïncidé avec le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, la CCP a aussi intensifié ses efforts en faveur des femmes, de la paix de la sécurité, conformément à sa stratégie de genre.  M. Rae a ainsi signalé que le nombre de femmes artisanes de la paix informant la Commission a augmenté l’an dernier, passant de 6 en 2019 à un record de 25 en 2020.  En outre, a-t-il noté, la Commission a continué d’utiliser son rôle pour favoriser des partenariats avec les parties prenantes concernées, notamment les autorités nationales et les gouvernements locaux, les organisations régionales et sous-régionales, les représentants de la société civile, les institutions financières internationales, les entreprises du secteur privé, le monde universitaire et les groupes de réflexion.  Enfin, a-t-il dit en conclusion, la CCP a constamment demandé des ressources adéquates, prévisibles et durables pour la consolidation de la paix, ce qui se justifie d’autant plus que la pandémie a exacerbé les inégalités et les vulnérabilités, singulièrement dans les zones touchées par les conflits. 

M. MOHAMED EDREES, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a souligné à l’entame de son propos que son pays, l’Égypte, assume la présidence de la CCP alors que le monde reste aux prises avec les effets socioéconomiques déstabilisants de la pandémie de COVID-19.  Il a rappelé qu’en prenant ses fonctions, il avait annoncé son intention d’axer sa présidence sur le renforcement des rôles consultatifs, de liaison et de convocation de la Commission, avec un accent particulier sur l’impact des actions menées sur les efforts nationaux.  Pour atteindre cet objectif, il a dit avoir engagé les parties prenantes et partenaires à explorer toutes les voies possibles pour rendre les efforts collectifs de consolidation de la paix plus efficaces. 

À cette aune, M. Edrees a annoncé qu’au premier semestre 2021, la CCP a renforcé son rôle de passerelle avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).  La Commission a ainsi conseillé pour la première fois le Conseil de sécurité sur la région des Grands Lacs, l’Assemblée générale sur « les causes de conflit et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique » et le Conseil économique et social (ECOSOC) lors du forum politique de haut niveau.  De plus, a-t-il ajouté, dans le cadre de ses efforts de promotion des partenariats, la CCP s’est associée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et a rejoint son réseau « Commerce au service de la paix », qui vise à faciliter l’accession des pays touchés par un conflit à l’OMC.  La Commission a également été informée, ce mois-ci, par le Fonds monétaire international (FMI) de sa nouvelle stratégie destinée à aider les pays touchés par des conflits à atteindre la stabilité macroéconomique. 

À l’avenir, a indiqué M. Edrees, la CCP s’emploiera à renforcer son action de mobilisation des efforts de redressement post-pandémie.  Elle entend également générer des contributions pour la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix, qui doit avoir lieu à la prochaine session.  Elle prévoit par ailleurs de faire progresser son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité, en particulier pendant le renouvellement du mandat des opérations de paix et les transitions vers et depuis différents types de formation. 

Selon son Président, la CCP continuera d’autre part à promouvoir et à élargir les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi qu’avec les institutions financières, en vue d’assurer plus d’efficacité et de cohérence dans les efforts de consolidation de la paix.  À cet égard, a précisé M. Edrees, une attention particulière sera accordée au partenariat ONU-Union africaine (UA) pour la consolidation de la paix afin de soutenir l’UA dans ses efforts évolutifs de reconstruction et de développement post-conflit, ainsi que dans ses efforts de prévention. 

Améliorer la cohérence et la performance globale du système des Nations Unies dans la consolidation de la paix restera également l’une des priorités de la CCP, de même que la promotion du rôle des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix.  Enfin, M. Edrees a assuré que la Commission continuera à faire avancer les priorités de consolidation de la paix des États hôtes, y compris par le biais du renforcement des institutions aux niveaux national et local. 

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) s’est félicitée de l’appui accordé par la CCP à 15 pays et régions en 2020, en citant particulièrement la Somalie et la région des Grands Lacs.  Elle a salué l’accent par la Commission sur les incidences socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.  Elle s’est aussi félicitée de ce que la Commission entende remédier à la fragmentation de ses différentes actions et renforcer son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité, de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale.  Il faut, a-t-elle acquiescé, des réponses multilatérales coordonnées, s’appuyant sur une bonne identification des différentes causes et sources économiques et sociales des conflits. 

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a invité la Commission à continuer d’exploiter son rôle de passerelle pour faciliter la coordination entre les acteurs clefs de la consolidation de la paix au sein et à l’extérieur des Nations Unies.  Il a rappelé que l’objectif ultime de la CCP est de faire en sorte que les pays sortant de conflit puissent être indépendants et en l’occurrence, il a jugé important de financer le développement des institutions nationales.  La Commission et le Fonds doivent, a ajouté le représentant, privilégier les secteurs sur lesquels ils peuvent avoir une réelle valeur ajoutée, dont les projets transfrontaliers comme celui entre le Tadjikistan et le Kirghizistan.  Le représentant a d’ailleurs suggéré de convoquer une réunion de la CCP sur le financement et le développement des capacités institutionnelles avec les institutions financières internationales.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a indiqué que son pays a grandement bénéficié de ses interactions avec la CCP au cours des deux dernières années.  Nous avons accueilli deux réunions de la Commission en 2019 et 2020 ainsi qu’une réunion régionale avec la CCP, le 28 juillet 2020, axée sur l’impact de la COVID-19 sur la consolidation et le maintien de la paix dans la région, a-t-il précisé, estimant que cet engagement continu avec la CCP a renforcé l’Accord de paix de Bougainville et la deuxième initiative de consolidation de la paix dans deux provinces de la région des Highlands.  Dans ce contexte, il a informé l’Assemblée générale que, le 6 juillet dernier, son gouvernement et les représentants du gouvernement autonome de Bougainville ont tenu la deuxième consultation postréférendaire et la réunion du Comité conjoint de supervision pour faire avancer le processus de paix. 

Si les deux parties reconnaissent qu’il reste encore beaucoup à faire dans cette phase critique et qu’un dialogue constructif est crucial pour un règlement politique durable sur le statut futur de la région autonome de Bougainville, la phase postréférendaire est désormais abordée par le Comité de supervision et par le biais du processus parallèle de soutien, dirigé par le coordonnateur résident des Nations Unies, s’est félicité le délégué.  Saluant l’Australie, l’Union européenne, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, les Îles Salomon, le Royaume-Uni et les États-Unis pour leur participation aux consultations, il a aussi remercié le Japon pour sa récente aide financière de 2,73 millions de dollars destinée à soutenir les efforts de développement économique postréférendaire de Bougainville, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

S’agissant de la récente deuxième initiative de consolidation et de maintien de la paix dans les Highlands, le représentant a fait état de premiers résultats positifs, notamment en matière de dialogue pacifique entre les différents groupes tribaux en conflit, d’efforts de développement et d’autonomisation des femmes et des filles, et de leadership des femmes dans la résolution des conflits.

Le délégué a ensuite indiqué que son pays se réjouit d’être rééligible au poste de secrétaire général du Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a remercié le Secrétaire général de l’ONU pour son approbation ainsi que pour l’allocation de 5 millions de dollars versée l’an dernier pour soutenir le processus postréférendum de Bougainville et le travail effectué dans les deux autres provinces.  Cela n’aurait pas pu arriver à un moment plus opportun, compte tenu des défis engendrés par la pandémie de COVID-19 et des contraintes financières, a-t-il confié, ajoutant que ces défis sont aussi liés aux menaces existentielles posées par les effets néfastes des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer.

Pour M. ARND DIETMAR BECK, de l’Union européenne, l’UE et l’ONU sont des partenaires stratégiques naturels dans la prévention et le règlement des conflits.  En l’occurrence, 2020 a été une étape importante avec l’adoption d’une nouvelle résolution qui confirme l’engagement en faveur des principes fondamentaux approuvés en 2016 et promeut une architecture onusienne du maintien de la paix adaptée aux défis nouveaux et émergents.  Les questions comme les changements climatiques et la dégradation de l’environnement ne vont pas disparaître du jour au lendemain et il est donc crucial de veiller à ce que l’ONU soit à même de prévenir les conflits découlant de ces phénomènes.  L’ONU doit aussi accorder une attention particulière à la façon dont la pandémie de COVID-19 crée et amplifie des problèmes s’agissant du développement socioéconomique, des inégalités entre les sexes ou encore de l’accès à la santé.

Des progrès ont certes été réalisés en 2020 pour renforcer l’efficacité de la prévention des conflits dans tout le système des Nations Unies mais il faut faire plus pour pouvoir relever les défis nouveaux et émergents, a estimé le représentant.  La consolidation et la pérennisation de la paix, a-t-il conclu, sont inextricablement liées au développement et au respect des droits de l’homme.  Les meilleurs garants de la paix et du développement sont, a-t-il martelé, des sociétés pacifiques et inclusives, la bonne gouvernance, le respect de l’état de droit, un système judiciaire indépendant et de bonnes institutions publiques.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a estimé que le développement durable, la coopération Sud-Sud et le renforcement des capacités sont des outils cruciaux pour la consolidation de la paix et pour le règlement et la prévention des conflits.  Selon lui, les efforts de consolidation de la paix doivent être fondés sur l’appropriation nationale grâce à une planification cohérente à l’échelle du système et à des partenariats avec toutes les parties prenantes, en particulier les femmes, les jeunes et les institutions financières internationales.  Une identification claire des priorités permet à tous les partenaires de participer à des processus de paix non séquentiels, sur la base de leur expertise et mandat, a-t-il professé. 

À la lumière des fragilités existantes et des défis émergents, le représentant a jugé indispensable de mettre l’individu au centre des réponses.  La couverture santé universelle, les filets de sécurité sociale et un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 permettraient aux institutions nationales d’être mieux à même de répondre aux problèmes de santé publique et aux urgences humanitaires, a-t-il fait valoir, avant d’appeler à un financement suffisant de la consolidation de la paix.  Il a indiqué à cet égard que son pays s’est engagé à hauteur de 100 000 dollars lors de la Conférence de reconstitution du Fonds pour la consolidation de la paix en janvier.  Cependant, a-t-il noté, il est devenu évident que, même si le Fonds a reçu des contributions plus importantes pour la stratégie 2020-2024, ses besoins sont aussi devenus plus importants.  La Thaïlande, a conclu le représentant, appuie par conséquent les efforts visant à explorer des financements supplémentaires et attend avec impatience la réunion de haut niveau sur le financement de la consolidation de la paix, l’année prochaine. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LANG YABOU (Gambie) a salué les mesures audacieuses prises par la Commission, s’agissant en particulier de la coopération avec les organisations régionales pour soutenir sa stratégie 2020-2024.  Il a particulièrement appuyé la coopération entre la CCP et l’Union africaine et la Banque africaine de développement.  Il a appelé au respect de la position commune issue de l’examen du dispositif de consolidation de la paix de 2020.  Il a salué l’appui accordé par le Fonds à différentes situations, notamment au Libéria, en soulignant l’importance du système de suivi de la mise en œuvre des programmes.   

Nous sommes au cœur d’une des étapes les plus complexes de notre histoire, a affirmé M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), jugeant indispensable d’aborder « très clairement » les causes des conflits.  L’avenir de la consolidation de la paix dépendra, selon lui, d’un multilatéralisme plus efficace et plus démocratique, fondé sur un ordre international « multipolaire » impliquant l’ensemble des membres des Nations Unies.  Pour ce faire, tous les États doivent renouveler leur engagement politique vis-à-vis de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a conclu en soulignant les liens inextricables entre consolidation de la paix, droits de l’homme et développement durable. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est félicitée que la Commission, sous les présidences successives du Canada et de l’Égypte, ait rapidement adapté ses travaux à la réalité de la pandémie de COVID-19.  Le rapport annuel démontre, selon elle, que la Commission a joué son rôle de rassembleur et que le Fonds pour la consolidation de la paix a apporté un soutien crucial à la réponse à cette crise.  Dans ce contexte, elle a noté que les résolutions jumelles de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de 2020 ont confirmé le concept central de la pérennisation de la paix pour des initiatives inclusives au niveau national, soutenues par un engagement international cohérent.  À ses yeux, la pleine mise en œuvre de ces résolutions est primordiale pour rendre les efforts de paix de l’ensemble du système onusien plus efficaces et pour assurer une action globale cohérente de la part de l’ONU, de ses États Membres et de ses partenaires sur le terrain. 

Pour la représentante, un financement prévisible et suffisant de l’ensemble de ces efforts est également essentiel.  C’est pourquoi, en janvier, la Suisse a augmenté sa contribution annuelle au Fonds jusqu’à la fin de la stratégie 2020-2024.  Afin de maximiser le potentiel catalyseur du Fonds, il est nécessaire d’explorer des modes de financement innovants ainsi que de nouveaux partenariats dans le domaine de la consolidation de la paix, a-t-elle plaidé, avant d’appeler la Commission à poursuivre ses efforts en faveur de la participation des femmes œuvrant pour la paix, y compris par la mise en œuvre de sa stratégie pour l’égalité des sexes et de ses plans d’action consacrés au programme « femmes, paix et sécurité ».  En conclusion, elle a indiqué que son pays continuera à s’engager pour consolider la paix, notamment en tant que Président de la formation Burundi, donateur du Fonds et candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a estimé qu’une paix durable ne peut être atteinte que si la consolidation de la paix est mise en œuvre en partenariat avec les communautés locales, y compris les femmes et les jeunes.  Saluant le fait que la Commission ait été en pointe dans la réalisation du programme « femmes, paix et sécurité » et dans la promotion de la participation des femmes à tous les niveaux des efforts de consolidation de la paix, il a souhaité que la perspective genre soit appliquée aux formations spécifiques et que les réunions annuelles de la Commission consacrées à ces questions soient ouvertes au plus grand nombre d’États Membres. 

Pour le représentant, les formations spécifiques sont le meilleur exemple de la mise en œuvre du mandat de la CCP, dans la mesure où elles permettent une rétroaction permanente entre le siège et les acteurs sur le terrain.  Il a cependant souhaité que la Commission travaille à la promotion d’une autre perception des formations spécifiques, qui soulignerait leur ultime but qui est l’appropriation nationale et effacerait l’idée que ce sont des structures lourdes.  Il s’agit selon lui de l’outil le plus concret et le plus efficace de la CCP, « un outil que les États Membres peuvent utiliser lorsqu’ils recherchent un soutien à leurs efforts de consolidation de la paix ». 

De même, a-t-il poursuivi, dans le contexte particulier des transitions des présences onusiennes, l’action de la CCP est cruciale pour développer des approches taillées sur mesure.  D’après lui, les plans de transition et les cadres de développement bénéficieraient d’un accent renouvelé sur la façon dont la promotion de la résilience climatique peut soutenir les efforts de consolidation de la paix.  En effet, la CCP peut mobiliser les connaissances sur les liens entre changements climatiques, prévention des conflits et maintien de la paix, et les intégrer dans tout le système des Nations Unies. 

Il importe aussi, a poursuivi le représentant, de profiter du rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité pour attirer davantage l’attention sur les interconnexions entre les risques climatiques et sécuritaires.  La CCP doit continuer à développer ce rôle consultatif, ainsi que son interaction avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC), a ajouté le délégué, avant de plaider pour un financement prévisible et durable de la consolidation de la paix.  À cette fin, a-t-il dit, le Portugal a décidé de s’engager sur une base pluriannuelle et sa contribution cumulée dépassera 1,1 million de dollars d’ici à la fin du cycle en cours. 

Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) a d’entrée souligné le fait que l’impact de la pandémie et ses conséquences indirectes représentent des défis « très importants » pour la pérennisation de la paix dans le monde.  C’est une piqûre de rappel sur l’importance des approches fondées sur les partenariats.  Il est essentiel que la CCP et le Fonds continuent d’examiner les risques les plus importants pour la consolidation de la paix, dont les risques liés aux changements climatiques.  La réalité du terrain doit être prise en compte ainsi que le programme « femmes, paix et sécurité ».  La représentante a estimé que la stratégie de la CCP et le plan d’action sont certes à saluer mais ils ne sont pas une fin en soi.  Ce sont des outils qui doivent faire l’objet d’une évaluation constante.  Pour finir, elle a reconnu que le financement de la consolidation de la paix reste un défi, alors qu’un financement adéquat, prévisible et durable est crucial.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a salué le rapport annuel qui reflète de manière très claire les engagements de la Commission.  Nombreux sont les objectifs qui ont été atteints, s’est-il félicité, saluant l’adoption des résolutions jumelles dans le cadre de l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix au sein des Nations Unies.  Il est important, a-t-il estimé, de poursuivre le travail afin que les différents organes du système des Nations Unies puissent travailler de concert à de meilleurs résultats.  La CCP, a-t-il aussi estimé, est indubitablement une plateforme indispensable pour faire face aux défis de la pandémie de COVID-19 et cela de manière plus inclusive.  Comme les objectifs de développement durable sont ceux que nous partageons tous, la tâche de la CCP doit se poursuivre.

Pour avoir bénéficié du Fonds, la Colombie, a conclu le représentant, estime qu’un travail organisé et coordonné entre la Commission et le Fonds est essentiel.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a appelé à une lutte renforcée contre la discrimination et les discours de haine et pour l’engagement d’un large éventail d’acteurs, dont les dirigeants politiques et religieux, les femmes et les jeunes, afin de maintenir un « front uni » face à la pandémie de COVID-19.  Elle a dit l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix en notant que son pays a reçu un soutien substantiel, ces 10 dernières années.  Les investissements, pour lesquels nous sommes reconnaissants, a précisé la représentante, ont contribué à renforcer la cohésion sociale, renforcé la capacité du pays à prévenir l’extrémisme violent, et plus encore.  En 2020, le pays a finalisé le deuxième Plan prioritaire de consolidation de la paix axé sur les capacités institutionnelles, aux niveaux national et local, pour prévenir l’extrémisme violent, améliorer le système pénitentiaire et réduire le risque de radicalisation et renforcer la résilience des communautés locales à la radicalisation.  

La représentante a précisé que le centre d’appels des services pénitentiaires financé a fourni des services consultatifs à plus de 4 600 détenus et à leurs familles.  Grâce à une initiative mise en œuvre par « Saferworld », en 2020, les jeunes kirghizes ont publié leur premier rapport national qui décrit leur perception des progrès dans la réalisation de l’objectif 16 relatif aux sociétés pacifiques du Programme de développement de développement durable à l’horizon 2030.  Saluant la décision du Fonds de continuer de soutenir les projets de son pays au cours des cinq prochaines années, la représentante a jugé important de procéder à une évaluation qualitative des besoins des zones frontalières et se concentrer sur l’aspect socioéconomique, le commerce, l’éducation et la coopération culturelle et humanitaire.  

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a salué la capacité de la CCP de s’adapter aux contraintes de la pandémie de COVID-19 et l’évolution positive de ses travaux qui mettent l’accent sur la protection des femmes et des enfants et sur les changements climatiques.  Le représentant a appelé la CCP à poursuivre son rôle consultatif auprès du Conseil de sécurité, en notant qu’elle a fourni un nombre record de recommandations au Conseil en 2020.  S’agissant de l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix en 2020, il s’est réjoui que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité se soient engagés à appuyer le concept global de la pérennisation de la paix.  Il a milité pour un financement durable, pluriannuel, efficace et fiable de la consolidation de la paix et s’est réjoui de la Conférence ministérielle de reconstitution, au cours de laquelle l’Allemagne a annoncé une contribution de 50 millions de dollars.  À son tour, le représentant a plaidé pour des financements innovants dont les financements mixtes. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a salué le travail de la CCP et du Fonds dans le monde en 2020, malgré les contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  L’appropriation nationale est une condition essentielle du succès de la consolidation de la paix, a martelé le représentant.  Il a salué la contribution de la CCP à la pleine mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité », grâce à des dialogues plus systématiques avec les femmes.  Il a aussi salué l’appui de la CCP au programme « jeunes, paix et sécurité ».  Il s’est dit heureux de constater que son pays ait été nommé comme le premier coordonnateur officieux entre la CCP et l’Assemblée générale.  Il a appuyé toutes les initiatives visant à garantir la durabilité des moyens du Fonds pour la consolidation de la paix et milité pour une ponction du budget ordinaire de l’ONU et la mobilisation du secteur privé.  Le représentant a dit attendre avec impatience la réunion de haut niveau sur le financement de la consolidation de la paix.  

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a salué les efforts déployés par la CCP pour renforcer son rôle consultatif auprès de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Le maintien de cet effort mandaté par les résolutions jumelles sur l’examen en 2020 de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, renforcera non seulement la pertinence de la CCP mais garantira également le caractère « prioritaire » de la consolidation de la paix à l’ONU.  Le représentant a aussi plaidé pour la recherche de différentes options afin d’assurer un financement adéquat, prévisible et durable de la consolidation de la paix et à la stratégie 2020-2024.  Après avoir salué les généreux dons de tous les contributeurs au Fonds pour la consolidation de la paix, lors de la Conférence de haut niveau sur sa reconstitution, le représentant a jugé important que le Fonds renforce les partenariats avec les institutions financières internationales afin d’obtenir des financements mixtes.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) s’est félicitée des travaux menés par la CCP au cours de la quatorzième session, qui ont notamment permis à la Sierra Leone de sortir des formations.  Relevant qu’à 15 ans, la Commission est « encore adolescente », comparée aux autres organes de l’ONU, elle a néanmoins salué les progrès accomplis ces dernières années et a assuré que son pays appuie une optimisation de son impact.  La CCP a déjà parcouru beaucoup de chemin mais nous pouvons faire davantage pour améliorer le dialogue qu’elle noue avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC, ainsi qu’avec les institutions financières internationales et la société civile. 

Se disant satisfaite de la relève opérée par l’Égypte et par l’orientation de sa présidence sur l’action, la déléguée a également souligné l’importance d’un financement adéquat du Fonds pour la consolidation de la paix.  En tant que donateur important, le Royaume-Uni, a-t-elle dit, se réjouit de la priorité donnée aux femmes et aux jeunes.  Elle a rappelé que son pays a versé cette année 14 millions de dollars au Fonds, ce qui porte à 220 millions ses contributions depuis 2006.  Appelant en conclusion à un renforcement du Fonds, en cette période de fragilisation des situations due à la pandémie de COVID-19, elle a souhaité que les résultats enregistrés dans les pays soient au cœur des efforts et que les pays donateurs aient accès à des données actualisées pour se décider. 

Malgré la pandémie de COVID-19, la Commission a eu un nombre très important de réunions, s’est réjouie Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), estimant, à son tour, que les travaux de la CCP demeurent une plateforme importante pour l’analyse des mesures contre les effets de la pandémie.  Nous pensons, a-t-elle dit, que l’élargissement de la portée géographique de la Commission est un élément important.  En attendant, elle a salué l’intensification des efforts de la Commission en faveur du programme « femmes, paix, sécurité » qui permet l’intégration de la perspective genre dans la consolidation de la paix.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a d’emblée reconnu que malgré les défis et circonstances rencontrés au cours de l’année 2020, la CCP a poursuivi son travail et est parvenue à décider d’un plan d’action axé notamment sur l’implication de la jeunesse dans la consolidation de la paix. 

Il a également salué la poursuite des travaux et du partenariat entre la Commission et les représentants nationaux, notamment les pays bénéficiaires du fonds.  Le représentant s’est attardé sur la question du financement, rappelant que l’architecture de la consolidation de la paix, le rapport du Secrétaire général et la position commune de l’Afrique ont toujours souligné l’importance d’un financement adéquat et prévisible.  Le Fonds continue d’apporter un financement rapide et souple dans les phases de transition mais les besoins surpassent ses capacités.  Le représentant a donc placé ses espoirs sur la prochaine réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement au service de la consolidation de la paix, prévue au cours de cette session.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) s’est félicitée que la CCP s’engage de manière utile dans différents régions et pays avec des approches générales ou thématiques.  Elle a salué l’élargissement des synergies entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix, l’intégration plus importante du programme « femmes, paix et sécurité » et le rôle de passerelle que joue la Commission avec les autres organes de l’ONU.  À cet égard, elle s’est réjouie de l’implication renforcée de la CCP avec des partenaires non onusiens comme les acteurs locaux.  Malgré les défis engendrés par la COVID-19, la CCP a assuré la continuité de ses travaux et investissements, a-t-elle applaudi, en rappelant que son pays, en tant que grand contributeur de troupes, apprécie tout particulièrement les efforts sur les phases de transition.  

Pour la représentante, le principe d’appropriation nationale doit continuer de rester la règle des travaux de la CCP, comme le précisent les résolutions jumelles du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  La prévention est la clef et il faut mettre l’accent sur le renforcement des capacités, a-t-elle ajouté, avant d’appeler à un financement prévisible de la consolidation de la paix.  Selon elle, la reconstitution du Fonds, en janvier dernier, a été une étape positive mais il faut trouver une solution permanente.  Elle a donc dit attendre avec impatience la réunion de haut niveau prévue à la prochaine session de l’Assemblée générale.  Elle a par ailleurs réitéré l’urgence de l’intégration des programmes en faveur des femmes et des jeunes, conformément aux stratégies de la CCP.  Enfin, elle a souhaité que les travaux de la Commission soient adaptés aux nouvelles réalités des pays en conflit, en appuyant en particulier la lutte contre la pandémie, grâce à la coopération et à l’équité vaccinale, et les efforts de reconstruction post-COVID-19.   

M. ALEXANDER MURUGASU (France) a salué le travail de la CCP en citant les réalisations des projets nationaux, notamment les efforts déployés pour lutter contre la pandémie et aborder des questions aussi critiques que le rôle des femmes.  Il a estimé que le renforcement des partenariats avec la Banque mondiale et les organisations régionales doit être une priorité et précisé que la France a quadruplé son soutien aux efforts de consolidation de la paix en 2021 et qu’elle s’est engagée à continuer d’aider à rendre « plus durable et plus fiable » la consolidation de la paix.

Mme JIANG HUA (Chine) a salué les travaux menés par la CCP au cours de l’année écoulée, marquée par les effets de la pandémie de COVID-19.  Pour renforcer la paix, a-t-elle fait valoir, il est indispensable de respecter le principe d’appropriation nationale.  Les pays concernés par les situations post-conflit sont les principaux acteurs de la consolidation de la paix, a ajouté la représentante, appelant au renforcement de leurs capacités afin qu’ils soient en mesure de parvenir au développement durable.  À cette fin, l’élimination des déficits de développement est essentielle pour assurer une meilleure prévention des conflits et obtenir des résultats en matière de consolidation de la paix, a-t-elle plaidé, avant d’encourager les synergies entre la CCP et les organisations régionales et les institutions financières internationales, notamment pour briser le cercle vicieux de la pauvreté et des conflits. 

Pour la déléguée, la CCP doit également élargir son rôle de conseiller du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Saluant les avis qu’elle a fournis au Conseil à différentes occasions, en particulier sur le Sahel, elle a rappelé que, lors de sa présidence de cet organe, la Chine a établi un dialogue avec la Commission sur la question de la reconstruction post-COVID-19.  Enfin, compte tenu des bouleversements qu’engendre la pandémie pour les efforts de maintien et de consolidation de la paix, la représentante a souhaité que la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix coordonnent leurs actions avec la communauté internationale pour soutenir efficacement les pays en situation postconflit.  

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné la pertinence des activités de la CCP et du Fonds et salué particulièrement les innovations apportées s’agissant de la promotion des efforts régionaux.  Il a insisté sur la dimension « prévention des conflits » et sur l’importance qu’il y a à réaliser l’objectif 16 du Programme 2030 pour le succès de la CCP et du Fonds pour la consolidation de la paix.  À son tour, il a mis l’accent sur les liens entre climat et sécurité, comme en atteste la situation des petits États insulaires à faible élévation.  

M. PRATIK MATHUR (Inde) a souligné que grâce à un vaste partenariat avec les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, l’Inde a toujours joué un rôle constructif et significatif dans la consolidation de la paix.  Il a saisi cette occasion pour évoquer le Fonds Inde-ONU pour le partenariat au développement qui a été créé en 2017.  En l’espace de quatre ans, ce Fonds a développé un portefeuille de 64 projets de développement en partenariat avec 48 pays en développement, dont 17 pays en Afrique.  Dans le domaine de la formation, le représentant a évoqué les initiatives ciblées dans les domaines de l’administration électorale et de la bonne gouvernance.

En Afghanistan, l’Inde contribue aux efforts de consolidation de la paix, a-t-il dit, précisant que ce partenariat comprend plus de 550 projets de développement communautaire couvrant les 34 provinces du pays.  Cependant, a-t-il nuancé, au milieu de la pandémie, alors que les fonds sont de plus en plus affectés à l’aide humanitaire au détriment de la consolidation de la paix, il est nécessaire de réaffirmer notre engagement en faveur du Programme 2030, a estimé le représentant.  Il a voulu que l’on se concentre en priorité sur les aspects spécifiques de la consolidation de la paix qui auront le plus grand impact dans les situations postconflit, pour assurer une utilisation « optimale » des fonds.

En gage de son engagement, a rappelé le représentant, l’Inde a annoncé en janvier dernier, lors de la Conférence de reconstitution du Fonds pour la consolidation de la paix, une nouvelle promesse de contribution de 150 000 dollars.

Pour Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), 2020 a été une autre année très importante pour la CCP qui a eu l’occasion de façonner une architecture pertinente et efficace dans l’intérêt des États Membres.  En tant que cofacilitateur pour l’examen de cette architecture de consolidation de la paix en 2020, nous nous félicitons, a dit la représentante, de l’engagement de la CCP, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et de tous les États Membres.  Le maintien et la consolidation de la paix doivent être poursuivis dans la complémentarité dans le cadre du tryptique « paix et sécurité et développement humanitaire » car il ne peut y avoir de paix sans développement et vice-versa.  Les deux sont intimement liés et aucun ne peut prospérer sans l’autre.  Pour finir, la représentante a préconisé le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres principaux organes du système des Nations Unies, comme l’Assemblée générale et l’ECOSOC.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a jugé impératif que la CCP respecte « strictement » son mandat et que ses actions restent fondées sur le principe d’appropriation nationale des États, en complément des travaux des autres organes intergouvernementaux.  Seules les actions collectives ciblées qui ne créent pas de « conflit de compétences » peuvent conduire aux résultats souhaités, a insisté la représentante qui a jugé tout aussi impératif de bien comprendre quel organe ou quelle structure des Nations Unies est chargé de faire avancer tel ou tel domaine.  Elle a reconnu la valeur ajoutée des recommandations de la CCP pour le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC.  

Elle a par ailleurs estimé que le Fonds pour la consolidation de la paix s’est avéré un outil fiable pour un financement opportun et ciblé.  Elle a salué la capacité du Fonds à continuer des programmes dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19.  Le Fonds, s’est-elle félicitée, s’est avéré être un partenaire « digne de confiance » qui peut apporter une contribution majeure aux processus de paix et de développement durable, même en pleine crise.  La représentante a néanmoins jugé important d’augmenter le niveau de coordination et de complémentarité entre la CCP et le Fonds pour remédier à la fragmentation de l’aide à la consolidation de la paix, éviter les chevauchements et à rendre les activités du Fonds lui-même plus transparentes.  La transparence et la responsabilité dans l’utilisation des fonds auront un impact positif sur les projets de consolidation de la paix, a martelé la représentante. 

M. QASIM AZIZ BUTT (Pakistan) a souligné l’importance de l’approche régionale de la consolidation de la paix, en estimant que les projets ayant une dimension transfrontalière ont une valeur ajoutée « unique ».  Il a salué le contenu du rapport du Secrétaire général qui appelle à explorer les possibilités de renforcer le rôle consultatif de la CCP dont la diversité des membres lui confère une compétence et une pertinence particulières.  Elle est en effet à même de rassembler des informations d’une importance cruciale pour aider le Conseil de sécurité à mettre en place les missions le plus efficaces.  Notant, à son tour, l’importance d’un financement prévisible et durable, le représentant a plaidé pour des modes de financement innovants.  L’on pourrait, a-t-il proposé, demander aux donateurs de consacrer 20% de leur aide publique au développement (APD) à la consolidation de la paix.

M. MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) a dit que la CCP est une plateforme de coordination souple et essentielle et a demandé un financement adéquat des efforts de consolidation de la paix; les sommes engagées pour remédier aux conséquences des conflits étant bien plus importantes.  Il a indiqué que son pays a contribué à hauteur de 4 millions d’euros au Fonds pour la consolidation de la paix en 2020 et a invité les pays à en faire de même.  Il a salué l’accent mis par le Fonds sur la santé mentale, la paix ne pouvant advenir lorsque les esprits sont « brisés ». 

M. ANGELITO AYONG NAYAN (Philippines) a souligné que son pays bénéficie du Fonds depuis plusieurs années, avec de nombreux partenaires tels que le PNUD et ONU-Femmes et ce, en vue de renforcer les capacités de l’État, conformément à l’engagement du Président Duarte d’apporter une paix durable dans le sud du pays.  Le représentant a noté que depuis 2005, le concept de l’architecture de la consolidation de la paix a beaucoup évolué pour devenir aujourd’hui une des principales composantes du travail de l’ONU.  « Nous voulons contribuer à cet effort », a souligné le représentant, convaincu que les opérations de paix doivent être axées sur les orientations définies aux plans régional et national.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a rappelé l’importance que revêt pour son pays le règlement des causes profondes des conflits.  Il a souligné l’appui de la CCP aux programmes onusiens sur les jeunes, avant d’inviter la CCP à accentuer ses efforts face aux conséquences des changements climatiques.  Il a réclamé, à son tour, un financement adéquat et prévisible des efforts de consolidation de la paix et souhaité une augmentation des contributions au Fonds.  Il a aussi préconisé un recours au secteur privé, avant de conseiller audit Fonds de mieux communiquer sur ses activités.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine, a estimé que, compte tenu du rôle de la CCP qui se limite aux phases de transition, il y a une nécessité urgente de fonds accrus et durables à moyen et à long terme pour le développement et la finalisation des projets et programmes financés par le Fonds pour la consolidation de la paix.  Elle a appuyé l’idée du Secrétaire général de diversifier les sources de financement, grâce à la mobilisation des États Membres, des fondations et du secteur privé, attribuant le déficit actuel au manque de volonté politique.  La représentante a salué les contacts que la CCP a su établir avec différents partenaires, dont la société civile, les organisations régionales et sous-régionales et les institutions financières internationales; la pandémie de COVID-19 ayant renforcé la nécessité d’une approche multilatérale de la consolidation et la pérennisation de la paix.

ADOPTION DE RÉSOLUTIONS

Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud (A/75/L.113)

En tant que Président de la zone, l’Uruguay a expliqué que la résolution n’est qu’une actualisation technique des trois résolutions précédentes que l’Assemblée générale a adoptées par consensus.  Le texte réaffirme le rôle de la zone, en tant que forum permettant une plus grande interaction entre ses États membres pour développer des opportunités de coopération dans les domaines identifiés dans le Plan d’action de Montevideo de 2013, dont la cartographie et l’exploration des fonds marins, la protection et la préservation du milieu marin et de ses ressources, le transport aérien et maritime, la lutte contre la criminalité organisée, le maintien de la paix et la facilitation du commerce. 

Le Brésil a estimé que l’Assemblée générale, en adoptant cette résolution, appuiera les priorités qui ont présidé à la création de la zone et a mis l’accent sur la promotion de la navigation responsable dans les eaux de ladite zone.  Les échanges d’informations font partie des outils les plus efficaces pour garantir la protection de l’environnement marin, a-t-il souligné.  

L’Argentine a rappelé que la zone a été créée en 1986 à l’initiative du Brésil avec son soutien.  Elle a mis l’accent sur la Déclaration de Montevideo de 2013 qui reflète la convergence de vues entre les États membres sur la nécessité de mettre une fin, rapidement et inconditionnellement, au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  La zone est en effet l’illustration de la préoccupation de ses États membres face aux situations qui portent atteinte à leur souveraineté et à leur intégrité territoriale, dont la question des îles Malvinas.  

L’Argentine a insisté sur le règlement pacifique et les solutions négociées aux différends territoriaux, conformément au droit international, dont la Charte des Nations Unies, les résolutions de l’Assemblée générale et le Comité spécial sur la décolonisation.  Notant que sa région est une zone exempte d’armes nucléaires, l’Argentine a attiré l’attention sur la résolution 41/11 qui exhorte tous les États de toutes les autres régions, en particulier les États militairement importants, à respecter scrupuleusement la Région de l’Atlantique Sud en tant que zone de paix et de coopération, en particulier par la réduction et l’élimination éventuelle de sa présence militaire dans la région et la non-introduction d’armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive.

Le Royaume-Uni a regretté que l’Argentine ait saisi cette occasion pour remettre en cause la situation et la souveraineté des Îles Falkland.  Un tel débat est infondé puisque la population de ces îles tiennent à leur souveraineté, comme ils l’ont montré lors du dernier référendum où 99% de la population s’est prononcée pour le maintien de leur statut politique de territoire d’outre-mer britannique.   

Reprenant la parole, l’Argentine a rappelé que son Président a déclaré devant l’Assemblée générale, le 22 septembre dernier, que les îles Malvinas, de la Géorgie du Sud et de Sandwich du Sud ainsi que les espaces avoisinants font partie de l’espace maritime argentin et sont occupés illégalement par le Royaume-Uni.  L’Assemblée, a-t-elle aussi rappelé, a adopté 10 résolutions sur cette question reconnaissant l’existence d’un conflit de souveraineté et invitant le Royaume-Uni à reprendre des discussions pour trouver une solution pacifique.   

Renforcer les liens entre tous les modes de transport pour garantir des transports internationaux stables et fiables aux fins du développement durable pendant et après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) (A/75/L.117)

Dans ce texte, présenté par le Turkménistan, l’Assemblée générale demande aux États Membres d’assurer la continuité opérationnelle et du renforcement du système et des infrastructures de transport sous tous les aspects requis pour réaliser le développement durable.  Elle suggère, dans le cadre du développement d’infrastructures de qualité, fiables, durables et résilientes et de couloirs de transport multimodal, d’envisager d’avoir recours à des documents de transport électroniques unifiés, fondés sur la transmission numérique des données pertinentes, dans la mesure où ils offrent la possibilité de réduire au minimum l’intervention humaine dans les procédures de transport et de passage des frontières et de renforcer ainsi la résilience des chaînes de transport et de soutien logistique.

L’Assemblée demande aussi de renforcer la résilience du transport de passagers face aux épidémies et autres menaces pour la santé publique et rappelle la nécessité de mobiliser des ressources financières suffisantes en vue d’accroître la résilience des systèmes de transport et de lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19, notamment en encourageant la collaboration en matière de recherche et les partenariats entre les secteurs public et privé, lorsque cela est envisageable et réalisable, de façon à garantir une reprise après catastrophe complète, inclusive et durable et à reconstruire en mieux, en mettant l’accent sur les trois dimensions du développement durable.  Elle souligne qu’il importe d’accompagner le renforcement constant des capacités institutionnelles, juridiques, techniques et administratives des pays en développement afin de garantir l’application systématique des normes arrêtées au niveau international, selon qu’il convient, et la mise en place d’un système de transport multimodal efficace.

Les États-Unis ont nié à l’ONU le droit de promouvoir les initiatives individuelles de tel ou tel État.

L’Inde a parlé de ses initiatives avec ses pays voisins.  La connectivité, a-t-elle dit, doit être basée sur la viabilité économique et financière et le respect des règles de bonne gouvernance, d’équité, d’état de droit et de transparence.  Elle doit aussi, a-t-elle ajouté, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  La connectivité doit promouvoir la coopération et non les conflits.

Décision recommandée par la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières sur la revitalisation de ses travaux (A/75/467/Add.1)

Par ce texte, l’Assemblée générale décide de continuer à examiner et à améliorer les méthodes de travail de la Deuxième Commission lors de ses prochaines sessions, et d’axer les travaux de fond de la Commission sur les résolutions qui auront, entre autres, le plus d’impact sur l’exécution du Programme de développement durable à l’horizon 2030 au cours de la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable.

Création de l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine (A/75/L.119)

La proposition de reporter l’examen de cette résolution a été rejetée par 66 voix contre, 47 voix pour et 19 abstentions.  Les États-Unis ont en effet fait observer que des amendements oraux ont été transmis ce matin-même et que les délégations n’ont pas eu le temps nécessaire pour les examiner.  Ils ont donc souhaité un report de la décision, conscients que les questions soulevées sont « substantielles ».  Au nom de l’Union européenne, la Slovénie a appuyé cette position, tout comme le Royaume-Uni et le Japon qui se sont inquiétés des modifications « de dernière minute ».  Personne ne veut s’opposer au texte mais nous avons besoin de plus de temps pour étudier les amendements, a argué le Royaume-Uni.

Nous travaillons sur ce dossier depuis quatre mois, s’est impatienté le Nigéria qui a estimé qu’un report ne serait dans l’intérêt de personne.  Il a dit craindre « une tactique » pour saborder la résolution.  Ce texte, a renchéri le Costa Rica, a déjà fait l’objet de plusieurs moutures et il est arrivé « à maturité ».  La soixante-quinzième session arrive à sa fin et il est temps, a-t-il martelé, de se prononcer sur un projet « important » qui s’inscrit dans une discussion plus large sur le racisme.

Les États-Unis ont ensuite proposé un « parapluie » pour intégrer le travail d’une instance, « qui a beaucoup de parents », dans le travail de l’Assemblée générale.  Il s’agit de placer la résolution sous le sous-point 70 a) de l’ordre du jour relatif à l’élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, plutôt que sous le sous-point 70 b) relatif à l’application intégrale et au suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Quelles seraient les implications d’une telle décision? a demandé Cuba.  La réouverture du point 70 a), a répondu le Secrétariat.  Ce texte, a souligné l’Algérie, a été présenté, négocié et approuvé dans le cadre du point 70 b).  Changer tout à ce stade serait « un grand changement » que l’Assemblée ne saurait accepter.  Le Nigéria a appuyé cette position et demandé un vote sur la proposition américaine, soutenu en cela par Cuba qui a dit craindre des conséquences potentielles pour la Déclaration et le Programme d’action de Durban. 

Nous sommes attachés à ces questions, a affirmé le Royaume-Uni, et il est clair que nous sommes devant une polémique qui devrait empêcher l’Assemblée de prendre une décision car il est toujours bon de s’arrêter et de prendre le temps de réfléchir.  Ce qui est frappant, a dit le Royaume-Uni, c’est que nous parlons de la proposition américaine comme d’un amendement.  Il s’agit bien au contraire de décider à quel point de l’ordre du jour la résolution doit être rattachée.  Beaucoup de délégations, un peu troublées, demandent plus de temps avant de prendre une décision.  Or, nous avançons vers un vote sur une question « très délicate ».  Avant d’aller à un vote que nous pourrions regretter, soyons sûrs de ce dont nous discutons. 

Il nous faudrait, a estimé le Royaume-Uni, un avis juridique sur les implications liées au changement du point auquel doit être rattachée la résolution car nos capitales seraient « très mécontentes » de nous voir « voter à l’aveugle ».  Le Bureau des affaires juridiques ne se prononce pas à la demande d’un État mais seulement après une résolution ou une décision de l’Assemblée générale, a répondu le Secrétariat.  Nous voilà devant une autre tactique pour reporter une décision sur la résolution, s’est impatienté le Nigéria.  Non, a rétorqué le Royaume-Uni, ce que nous voulons c’est être sûr que nous savons ce que nous faisons.  Peut-on, dans ce cas, adopter une résolution ou une décision très courte pour solliciter l’avis du Bureau des affaires juridiques? a-t-il demandé, soutenu par les États-Unis.  Une fois qu’un vote a été demandé, il faut mettre la résolution aux voix, a martelé Cuba, avant que la Présidente ne lève la séance pour faute de temps et ne reporte la décision à une date qui reste à déterminer.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

République centrafricaine: le Conseil de sécurité renouvelle d’un an l’embargo sur les armes et crée une dérogation pour les mortiers de 60 millimètres

8828e séance – matin
CS/14590

République centrafricaine: le Conseil de sécurité renouvelle d’un an l’embargo sur les armes et crée une dérogation pour les mortiers de 60 millimètres

En adoptant, ce matin, la résolution 2588 (2021) par 14 voix pour et une abstention (Chine), Le Conseil de sécurité a décidé de proroger d’un an l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine (RCA), tout en créant une nouvelle dérogation pour les mortiers d’un certain calibre.  Il renouvelle également le mandat du Groupe d’experts jusqu’au 31 août 2022. 

En adoptant ce texte, le Conseil de sécurité décide que, jusqu’au 31 juillet 2022, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects d’armements à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux. 

Dans ses neuf dérogations, le Conseil inclut pour la première fois les livraisons de mortiers de 60 mm et de munitions spécialement conçues pour ces armes.  Cet assouplissement a été salué par la Fédération de Russie et le Kenya, la première indiquant que les livraisons de ce type de mortier est un « nouveau pas » pour soutenir les Centrafricains. 

Notant que les groupes armés ont accès à des mortiers d’un calibre allant de 16 mm jusqu’à parfois 120 mm, le Kenya a estimé que la présente résolution permettra aux forces de sécurité centrafricaines de renforcer leur posture, rappelant en outre que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs a invité le Conseil de sécurité à lever l’embargo pour permettre aux forces de sécurité de combattre efficacement les groupes armés.  La Fédération de Russie a, pour sa part, espéré que dans un an le Conseil de sécurité aura « toutes les raisons » de le lever. 

« Un renouvellement purement technique aurait été plus approprié », a réagi le Royaume-Uni, en regrettant que certains États aient demandé des dérogations pour la livraison de tels mortiers.  Leur manipulation n’est pas sans risque et exige une formation, a expliqué la délégation.  L’assouplissement prévu de l’embargo sur les armes ne doit pas porter préjudice à la sécurité des civils et des soldats de la MINUSCA, ont appuyé les États-Unis, préoccupés par les nombreuses violations commises en RCA. 

La Chine a fait état d’une « déconnexion » entre l’amélioration de la situation sécuritaire en RCA et le maintien de l’embargo sur les armes, qui, a-t-elle estimé, est devenu un obstacle aux efforts du Gouvernement visant à promouvoir la paix et la réconciliation.  La levée de cet embargo est une question de souveraineté et correspond aux vœux de la RCA et des pays de la région, a insisté la délégation. 

Une demande balayée par la Norvège qui a observé que toutes les demandes d’exemptions à l’embargo formulées par les autorités centrafricaines ont été accordées.  « Il aurait été prématuré de lever l’embargo », a tranché la délégation norvégienne à l’instar du Royaume-Uni qui a pointé les graves risques que la circulation d’armes fait peser sur la population centrafricaine. 

Texte du projet de résolution (S/2021/686)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse sur la situation en République centrafricaine,

Se félicitant des efforts faits par les autorités centrafricaines, en coordination avec leurs partenaires régionaux et internationaux, pour faire avancer la réforme du secteur de la sécurité, notamment le déploiement en cours des forces de défense et de sécurité centrafricaines, et les encourageant à mettre en œuvre leur plan national de défense, le concept d’emploi des forces et la politique nationale de sécurité, et sachant que les autorités centrafricaines ont besoin de former et d’équiper de toute urgence leurs forces de défense et de sécurité pour être en mesure d’apporter une réponse proportionnée aux menaces contre la sécurité de l’ensemble des citoyens de la République centrafricaine, et pour protéger et promouvoir les droits de l’homme et prévenir les violations et les atteintes,

Se déclarant préoccupé par le fait que certains signataires de l’Accord de paix continuent de ne pas respecter leurs engagements, exhortant tous les signataires à appliquer l’Accord de paix de bonne foi et sans délai, exhortant également toutes les parties prenantes en République centrafricaine à dialoguer afin de poursuivre les progrès accomplis en vue de parvenir à la paix, la sécurité, la justice, la réconciliation, l’inclusion et le développement, et soulignant la nécessité pour les partenaires internationaux de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix et de continuer à coordonner leur action avec celle du Gouvernement centrafricain en vue de l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables en République centrafricaine,

Prenant note de la demande de levée de l’embargo sur les armes formulée par les autorités centrafricaines dans leurs lettres datées du 5 janvier 2021 et du 12 janvier 2021, prenant note également du soutien apporté à cette demande par les chefs d’État de l’Angola et du Congo au nom de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) lors de sa réunion publique du 23 juin 2021,

Rappelant que le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2127 (2013) concernant la République centrafricaine (« le Comité ») a approuvé toutes les demandes d’exemption présentées par les autorités centrafricaines dans le cadre de l’embargo sur les armes,

Se déclarant de nouveau disposé à réexaminer les mesures d’embargo sur les armes, notamment à apprécier s’il convient de les suspendre ou de les lever progressivement, en fonction des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de référence définis à cette fin, qui ont été exposés dans la déclaration de son président datée du 9 avril 2019 (S/PRST/2019/3) (« les objectifs de référence »), et soulignant la nécessité pour les autorités centrafricaines d’assurer la protection physique, le contrôle, la gestion et la traçabilité des armes, des munitions et du matériel militaire placés sous son contrôle, et de rendre des comptes à leur sujet,

Se félicitant de la détermination dont font preuve les autorités centrafricaines et leurs partenaires régionaux et internationaux en vue d’atteindre certains objectifs de référence, et des avancées réalisées dans cette perspective, notant en particulier les progrès accomplis dans l’opérationnalisation de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, saluant l’adoption de la loi portant sur le régime général des armes classiques, leurs pièces, composantes et munitions en République centrafricaine et la création, par le Président de la République, d’un comité de coordination des mécanismes de contrôle et de gestion des armes et des munitions en République centrafricaine,

Encourageant les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts visant à la réforme de leurs forces de sécurité, à mettre en œuvre le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR), conformément à l’Accord de paix, et à se doter d’un système efficace de gestion des armes et des munitions, appelant les autorités centrafricaines et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à se coordonner efficacement, et appelant également les autorités centrafricaines à prendre toutes les mesures appropriées pour renforcer la sûreté et la sécurité du personnel et du matériel des Nations Unies,

Soulignant qu’il importe pour les autorités centrafricaines d’atteindre les objectifs de référence afin de contribuer à faire avancer le processus de réforme du secteur de la sécurité, le processus de DDRR et les réformes nécessaires en matière de gestion des armes et des munitions, encourageant les autorités centrafricaines à poursuivre leurs progrès à cet égard, appelant les partenaires régionaux et internationaux de la République centrafricaine à appuyer de manière coordonnée les efforts déployés par les autorités centrafricaines à ces fins, notant à cet égard le rôle de la MINUSCA, en vertu de son mandat, de la mission militaire de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) et de la Mission d’observation de l’Union africaine en République centrafricaine (MOUACA), ainsi que celui des commissions bilatérales conjointes, et appelant l’attention sur la nécessité pour les autorités centrafricaines de faciliter au Groupe d’experts et à la MINUSCA l’accès aux armes et au matériel connexe exportés en République centrafricaine conformément à l’embargo sur les armes, d’établir un protocole pour l’enregistrement et la gestion des armes, et de commencer à assurer le marquage et le traçage des armes,

Saluant le travail d’enquête réalisé par le Groupe d’experts sur les violations de l’embargo sur les armes, et déclarant son intention d’amener les auteurs de ces violations à rendre des comptes,

Rappelant que les livraisons d’armes, de munitions et de matériel militaire et la fourniture d’une assistance technique ou d’une formation à l’intention des forces de sécurité centrafricaines et exclusivement destinées à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine ou à être utilisées dans le cadre de celui-ci, de la part des États Membres et des organisations internationales, régionales et sous-régionales devront être affectées uniquement à l’usage indiqué dans les notifications et les demandes de dérogation pertinentes, et soulignant leur contribution au renforcement des institutions du secteur de la sécurité centrafricaines, à la réponse aux besoins spécifiques des forces de défense et de sécurité centrafricaines et à l’appui à l’extension progressive de l’autorité de l’État,

Soulignant également que les mesures imposées par la présente résolution n’ont pas pour objet d’avoir des conséquences humanitaires négatives pour la population civile de la République centrafricaine,

Rappelant la nécessité pour les États Membres de faire en sorte que toutes les mesures prises pour mettre en œuvre la présente résolution soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient,

Se félicitant du rapport du Secrétaire général du 16 juin 2021 (S/2021/571), présenté en application de la résolution 2552 (2020),

Prenant note de la lettre du Secrétaire général datée du 15 juin 2021 adressée au Président du Conseil de sécurité (S/2021/573) conformément au paragraphe 13 de la résolution 2536 (2020) et des rapports des autorités centrafricaines adressés au Comité le 11 janvier 2021 et le 16 juillet 2021 conformément au paragraphe 12 de la résolution 2536 (2020),

Prenant note également du rapport final (S/2021/569) du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé en application de la résolution 2127 (2013) (« le Groupe d’experts »), dont le mandat a été élargi par la résolution 2134 (2014) et prorogé en application de la résolution 2536 (2020), et prenant note en outre des recommandations du Groupe d’experts,

Constatant que la situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide que, jusqu’au 31 juillet 2022, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs nationaux, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes, ainsi que de toute assistance technique ou formation et de toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériel connexe, y compris la mise à disposition de mercenaires armés venant ou non de leur territoire, et décide également que ces mesures ne s’appliquent pas:

a)    aux fournitures destinées exclusivement à l’appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et aux missions de formation de l’Union européenne déployées en République centrafricaine, aux forces françaises dans les conditions prévues au paragraphe 52 de la résolution 2552 (2020), et aux forces d’autres États Membres qui assurent une formation ou prêtent assistance sur notification préalable conformément à l’alinéa b) du paragraphe 1 ci-après, ou à leur utilisation par ces missions et forces;

b)    aux livraisons de matériel non létal et à la fourniture d’une assistance, y compris les activités de formation opérationnelle et non opérationnelle dispensée aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, exclusivement destinés à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine, ou à être utilisés dans le cadre de celui-ci, en coordination avec la MINUSCA, et sur notification préalable au Comité, et demande à la MINUSCA de lui faire rapport sur la contribution de cette dérogation au processus de réforme du secteur de la sécurité, dans le cadre des rapports périodiques qu’elle lui soumet;

c)    aux fournitures apportées en République centrafricaine par les forces soudanaises ou tchadiennes pour leur usage exclusif dans le cadre des patrouilles internationales de la force tripartite créée le 23 mai 2011 à Khartoum par la République centrafricaine, le Soudan et le Tchad, pour renforcer la sécurité dans leurs zones frontalières communes, en coopération avec la MINUSCA, telles qu’approuvées préalablement par le Comité;

d)    aux livraisons de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection et à l’assistance technique ou à la formation connexes, sur notification préalable au Comité;

e)    aux vêtements de protection, dont les gilets pare-balles et les casques militaires, temporairement exportés en République centrafricaine, pour leur usage personnel uniquement, par le personnel des Nations Unies, les représentants des médias, les agents humanitaires et d’aide au développement et le personnel associé;

f)    aux livraisons d’armes légères et autre matériel connexe destinés exclusivement à être utilisés dans le cadre des patrouilles internationales qui assurent la sécurité dans l’aire protégée du Trinational de la Sangha et par les gardes forestiers armés du Projet Chinko et du Parc national de Bamingui-Bangoran afin de lutter contre le braconnage, la contrebande d’ivoire et d’armes, et d’autres activités contraires au droit interne de la République centrafricaine ou aux obligations que lui impose le droit international, dont le Comité aura préalablement reçu notification;

g)    aux livraisons d’armes de calibre égal ou inférieur à 14,5 mm et de munitions et composants spécialement conçus pour ces armes, de véhicules militaires terrestres non armés et de véhicules militaires terrestres montés d’armes de calibre égal ou inférieur à 14,5 mm et leurs pièces détachées, de lance-roquette de type RPG et de munitions spécialement conçues pour ces armes, et de mortiers de 60 mm et 82 mm de munitions spécialement conçues pour ces armes, et à la fourniture d’une assistance connexe, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci, dont le Comité aura préalablement reçu notification;

h)    aux livraisons d’armes et autre matériel létal connexe qui ne sont pas énumérés à l’alinéa g) du paragraphe 1 de la présente résolution, et à la fourniture d’une assistance connexe, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci, sous réserve de l’approbation préalable du Comité; ou

i)    aux autres ventes ou livraisons d’armes et de matériel connexe, ou à la fourniture d’une assistance ou de personnel, sous réserve de l’approbation préalable du Comité;

2.    Décide qu’il incombe au premier chef à l’État Membre fournisseur de donner notification au Comité et que cette notification doit avoir lieu au moins 20 jours avant la livraison de tout matériel autorisé en application des alinéas d), f) et g) du paragraphe 1 de la présente résolution, et déclare qu’il incombe au premier chef à l’organisation internationale, régionale ou sous-régionale fournisseuse de donner notification au Comité et que cette notification doit être donnée au moins 20 jours avant la livraison de tout matériel autorisé en application des alinéas d), f) et g) du paragraphe 1 de la présente résolution;

3.    Décide de reconduire jusqu’au 31 juillet 2022 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 4 et 5 de la résolution 2488 (2019) et au paragraphe 2 de la résolution 2399 (2018), et rappelle les paragraphes 8 et 9 de la résolution 2488 (2019);

4.    Décide également de reconduire jusqu’au 31 juillet 2022 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 9, 14 et 16 à 19 de la résolution 2399 (2018) et prorogées par le paragraphe 4 de la résolution 2536 (2020), et rappelle les paragraphes 10 à 13 et 15 de la résolution 2399 (2018);

5.    Réaffirme que les mesures énoncées aux paragraphes 9 et 16 de la résolution 2399 (2018) s’appliquent aux personnes et entités désignées par le Comité, conformément aux dispositions des paragraphes 20 à 22 de la résolution 2399 (2018), prorogées par le paragraphe 5 de la résolution 2536 (2020), notamment pour le fait de préparer, de donner l’ordre de commettre, de financer ou de commettre, en République centrafricaine, des actes qui violent le droit international humanitaire, y compris des attaques contre le personnel médical ou le personnel humanitaire;

6.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2022 le mandat du Groupe d’experts, tel qu’il l’a énoncé aux paragraphes 30 à 39 de la résolution 2399 (2018) et reconduit au paragraphe 6 de la résolution 2536 (2020), exprime son intention de réexaminer le mandat et de faire le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction le 31 juillet 2022 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les dispositions administratives voulues pour reconduire le Groupe d’experts, en consultation avec le Comité, en faisant au besoin appel aux compétences des membres actuels du Groupe d’experts;

7.    Prie le Groupe d’experts de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport à mi-parcours d’ici au 31 janvier 2022, et un rapport final d’ici au 30 juin 2022, et de lui adresser au besoin des rapports d’étape;

8.    Se déclare particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, et demande au Groupe d’experts de prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux dans le cadre de l’exécution de son mandat, en coopération, selon que de besoin, avec les autres groupes d’experts qu’il a créés;

9.    Exhorte toutes les parties et tous les États Membres, ainsi que les organisations internationales, régionales et sous-régionales, à coopérer avec le Groupe d’experts et à assurer la sécurité de ses membres;

10.   Exhorte tous les États Membres et tous les organismes compétents des Nations Unies à permettre au Groupe d’experts de consulter toutes personnes et d’accéder à tous documents et sites, afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat, et rappelle qu’il est utile que la MINUSCA et le Groupe d’experts mettent en commun les informations dont ils disposent;

11.   Réaffirme les dispositions relatives au Comité et les dispositions concernant la présentation de rapports et la révision des mesures prises énoncées dans la résolution 2399 (2018) et prorogées par la résolution 2536 (2020);

12.   Prie les autorités centrafricaines de faire rapport au Comité, d’ici au 15 juin 2022, sur les progrès accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement, et la gestion des armes et des munitions;

13.   Prie le Secrétaire général, en étroite consultation avec la MINUSCA, y compris le Service de la lutte antimines, et le Groupe d’experts, de procéder, au plus tard le 15 juin 2022, à une évaluation des progrès accomplis par les autorités centrafricaines quant aux principaux objectifs de référence;

14.   Affirme qu’il continuera de suivre l’évolution de la situation en République centrafricaine et se tiendra prêt à réexaminer l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, à tout moment selon les besoins, à la lumière de l’évolution de la situation en matière de sécurité dans le pays, des progrès réalisés quant au processus de réforme du secteur de la sécurité, au processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement et à la gestion des armes et des munitions, en particulier la gestion et le traçage d’armes et d’autre matériel connexe ayant fait l’objet de notifications et de dérogations, notamment en ce qui concerne le rapport et l’évaluation demandés aux paragraphes 12 et 13 de la présente résolution, et du respect de la présente résolution;

15.   Décide de rester activement saisi de la question.

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2021/569) (S/2021/573)

Déclarations

Le délégué de la Chine a dit que la situation sécuritaire s’améliore en RCA, avant de souligner la « déconnexion » entre cette amélioration et le maintien de l’embargo sur les armes, qui est devenu un obstacle aux efforts du gouvernement visant à promouvoir la paix et la réconciliation.  La levée de cet embargo est une question de souveraineté et correspond aux vœux de la RCA et des pays de la région.  Ce texte ne répond pas aux préoccupations de ces derniers, a déclaré le délégué, en regrettant que les observations de la Chine n’aient pas été prises en compte lors des négociations. 

Le délégué des États-Unis a jugé que l’embargo reste essentiel en RCA et exhorté les autorités centrafricaines à rester concentrées sur la réforme du secteur de la sécurité.  L’assouplissement prévu de l’embargo sur les armes ne doit pas porter préjudice à la sécurité des civils et des soldats de la MINUSCA, a-t-il dit, en demandant que les nombreuses violations constatées en RCA cessent. Le délégué a appelé tous les membres du Conseil à respecter le droit humanitaire en RCA.  Le délégué a enfin souligné la nécessité pour les Casques bleus de se défendre en dénonçant le « harcèlement » dont ils sont victimes. 

La déléguée du Royaume-Uni a déclaré que l’objectif de l’embargo est d’empêcher que des groupes armés aient accès à des armes.  Un renouvellement purement technique aurait été plus approprié, a-t-elle déclaré.  Il est regrettable que certains États aient demandé des dérogations pour l’emploi de certains mortiers, qui nécessite une formation, la manipulation de ces mortiers n’étant pas sans risque.  Elle s’est dite très troublée par les violations commises par les groupes armés, les forces de sécurité centrafricaines et les instructeurs.  Elle a estimé que les conditions pour la levée de l’embargo ne sont pas remplies, en pointant les graves risques que la circulation d’armes fait peser sur la population. 

La déléguée de la Norvège a jugé essentiel de préserver le régime des sanctions et s’est prononcée contre toute levée à ce stade, tout en prenant note des appels en ce sens de la RCA et des pays de la région.  « Il aurait été prématuré de lever l’embargo », a-t-elle dit, en insistant sur la lenteur des progrès en RCA.  Elle a fait observer que toutes les demandes d’exemptions à l’embargo demandées par les autorités centrafricaines ont été accordées.  Elle s’est dite préoccupé par les violations commises par les forces de sécurité centrafricaines, les groupes armés et les instructeurs.  Elle a enfin condamné les violences contre la MINUSCA et demandé que des enquêtes soient menées pour faire la lumière sur lesdites violences. 

Le délégué de la Fédération de Russie a estimé que le régime de sanctions simplifié concernant la fourniture de mortier est un nouveau pas pour soutenir les Centrafricains.  Il a estimé que l’appel des autorités de Bangui à la levée totale de l’embargo est tout à fait justifié, étant donné que celui-ci complique l’armement des forces de sécurité, tandis que les groupes armés renouvellent leurs stocks d’armes grâce à la contrebande.  Il a espéré que dans un an le Conseil de sécurité aura « toutes les raisons » de lever l’embargo. 

Le délégué du Kenya a indiqué que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) avait invité le Conseil de sécurité à lever l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine pour permettre aux forces de sécurité de combattre efficacement les groupes armés.  Notant que ces derniers ont accès à des types de mortiers allant de 16 mm jusqu’à parfois 120 mm, il a estimé que la présente résolution permettra aux forces de sécurité de renforcer leur posture.  Le représentant a ensuite appelé la République centrafricaine à redoubler d’efforts pour consolider les arguments en faveur de la levée totale de l’embargo. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.