Le Conseil de sécurité condamne l’attaque du 26 août contre l’aéroport de Kaboul et exige que le territoire afghan ne soit pas utilisé à des fins terroristes

8848e séance - après-midi
CS/14620

Le Conseil de sécurité condamne l’attaque du 26 août contre l’aéroport de Kaboul et exige que le territoire afghan ne soit pas utilisé à des fins terroristes

Le Conseil de sécurité a condamné dans les termes les plus vigoureux, cet après-midi, les attaques « déplorables » perpétrées, le 26 août 2021, aux abords de l’aéroport international Hamid Karzaï à Kaboul, en Afghanistan, et revendiquées par l’État islamique-province du Khorassan.  En adoptant à 13 voix pour et 2 abstentions (Fédération de Russie et Chine) la résolution 2593 (2021), il exige en outre que le territoire afghan ne soit pas utilisé « pour menacer ou attaquer tout autre pays ni pour abriter ou entraîner des terroristes, ou pour planifier ou financer des actes terroristes ».

Par ce texte, le Conseil de sécurité demande par ailleurs à toutes les parties de permettre l’accès complet, en toute sécurité et sans entrave des organismes des Nations Unies, des institutions spécialisées et des partenaires d’exécution, ainsi que de tous les intervenants humanitaires participant aux activités de secours, pour veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à toutes les personnes qui en ont besoin.

D’autre part, il espère que les Taliban respecteront leurs engagements en ce qui concerne le départ d’Afghanistan, en toute sécurité et en bon ordre, des Afghans et de tous les ressortissants étrangers; et demande que tout soit mis en œuvre afin de permettre la réouverture rapide, en toute sécurité, de l’aéroport de Kaboul et de ses environs.

Les porte-plumes de ce texte -les États-Unis, la France et le Royaume-Uni- y ont vu un message clair du Conseil aux Taliban les sommant de respecter les engagements qu’ils ont pris.

Comme l’ont dit les États-Unis, la résolution d’aujourd’hui prouve à quel point le Conseil de sécurité prend au sérieux l’impératif de demander des comptes aux Taliban, en plus de l’engagement pris de fournir une assistance humanitaire à ceux qui sont en Afghanistan et de lutter contre le terrorisme.  La France, tout en regrettant que la résolution n’ait pas été soutenue par tous les membres du Conseil, a déclaré qu’elle n’en reste pas moins un texte important qui doit maintenant se traduire sur le terrain.  Les Taliban seront jugés par la communauté internationale à l’aune de leurs actes sur le terrain et non pas à celle de leurs paroles, leur a rappelé le Royaume-Uni.

Expliquant son abstention, la Fédération de Russie a regretté que les porte-plumes n’aient pas pris en compte ses considérations et a suggéré qu’en accordant un peu plus de temps, le résultat du vote aurait pu être différent.  Elle a prôné toutefois, à l’instar des autres membres du Conseil, un Afghanistan stable sur le territoire duquel il n’y aura pas de menace terroriste.  Même son de cloche du côté de la Chine, qui a émis des doutes quant à l’urgence d’adopter ce texte dont le projet a été soumis aux membres du Conseil vendredi dernier.  Elle a dit avoir néanmoins fourni des amendements « importants » et « raisonnables ».  Reste que la Chine s’est toujours opposée à imposer une résolution de force, et, par conséquent, elle s’est abstenue de voter sur cette résolution aujourd’hui.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Texte du projet de résolution adopté

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan et les déclarations de sa présidence sur la question,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan,

1. Condamne dans les termes les plus vigoureux les attaques déplorables perpétrées, le 26 août 2021, aux abords de l’aéroport international Hamid Karzaï à Kaboul, qui ont été revendiquées par l’État islamique-Province du Khorassan, entité affiliée à l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), et qui ont fait plus de 300 morts ou blessés parmi les civils et 28 victimes parmi les membres du personnel militaire, et prend note de la condamnation de cette attaque par les Taliban;

2. Exige que le territoire afghan ne soit pas utilisé pour menacer ou attaquer tout autre pays ni pour abriter ou entraîner des terroristes, ou pour planifier ou financer des actes terroristes, et réaffirme qu’il importe de combattre le terrorisme en Afghanistan, y compris les personnes et entités désignées par la résolution 1267 (1999), et note les engagements pris par les Taliban en la matière;

3. Demande le renforcement des efforts visant à fournir une assistance humanitaire à l’Afghanistan, demande à toutes les parties de permettre l’accès complet, en toute sécurité et sans entrave de l’Organisation des Nations Unies, de ses institutions spécialisées et des partenaires d’exécution, ainsi que de tous les intervenants humanitaires participant aux activités de secours, y compris en ce qui concerne les personnes déplacées à l’intérieur du pays, pour veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à toutes les personnes qui en ont besoin, demande à tous les donateurs et aux acteurs humanitaires internationaux d’apporter une aide humanitaire à l’Afghanistan et aux principaux pays accueillant des réfugiés afghans, et souligne que toutes les parties doivent respecter les obligations que leur impose le droit international humanitaire en toutes circonstances, notamment celles ayant trait à la protection des civils;

4. Réaffirme qu’il importe de respecter les droits humains, y compris ceux des femmes, des enfants et des minorités, encourage toutes les parties à rechercher un règlement politique inclusif et négocié qui prévoie la participation entière, égale et véritable des femmes et qui réponde à l’aspiration des Afghans de conserver et de consolider les acquis obtenus par le pays ces 20 dernières années dans le respect de l’état de droit, et souligne que toutes les parties sont tenues de s’acquitter de leurs obligations;

5. Note la déclaration du 27 août 2021, dans laquelle les Taliban se sont engagés à ce que les Afghans puissent se rendre à l’étranger, quitter l’Afghanistan quand ils le souhaitent et le faire par n’importe quel point de passage de la frontière, par voie aérienne ou terrestre, y compris depuis l’aéroport de Kaboul rouvert et sécurisé, sans que personne ne les empêche de voyager, et compte que les Taliban respecteront ces engagements et tous les autres, notamment en ce qui concerne le départ d’Afghanistan, en toute sécurité, en toute sûreté et en bon ordre, des Afghans et de tous les ressortissants étrangers;

6. Prend note de la situation dangereuse en matière de sécurité qui règne autour de l’aéroport international Hamid Karzaï et s’inquiète de ce que, d’après les renseignements, de nouvelles attaques terroristes puissent se produire dans la zone, invite les parties concernées à travailler avec les partenaires internationaux pour prendre des mesures visant à renforcer la sécurité et à éviter toutes nouvelles victimes, et demande que tout soit mis en œuvre afin de permettre la réouverture rapide, en toute sécurité, de l’aéroport de Kaboul et de ses environs;

7. Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné qu’en adoptant ce texte, le Conseil de sécurité dit clairement qu’il attend des Taliban de tenir leurs engagements et de permettre aux Afghans et aux ressortissants étrangers de pouvoir quitter le territoire afghan en toute sécurité et quelles qu’en soit les raisons.  « Malheureusement, les États-Unis ont perdu 13 soldats et des centaines d’Afghans ont connu la mort lors de l’attentat du 26 août à Kaboul. »  Les États-Unis continueront de défendre les droits de ceux qui veulent quitter le pays, a assuré la représentante en rappelant qu’à ce jour, les États-Unis ont assuré l’évacuation de plus de 100 000 personnes - Américains, Afghans et autres.

Cette résolution réaffirme également l’engagement de la communauté internationale en faveur de ceux qui restent en Afghanistan et dont les besoins humanitaires seront immenses, a noté la représentante.  Un demi-million d’Afghans ont été déplacés ne serait-ce que cette année, et, selon l’UNICEF, le taux de vaccination a chuté de plus de 85%.  La résolution réitère en outre plusieurs des appels lancés auparavant par le Conseil de sécurité, notamment qu’il faut traiter de la menace du terrorisme en Afghanistan.  Les États-Unis veulent tout faire pour défendre leur propre sécurité et, en adoptant ce texte, la communauté internationale s’est engagée à faire en sorte que l’Afghanistan ne soit plus jamais un havre de paix pour le terrorisme, a expliqué la représentante qui a également insisté sur l’impératif de préserver les droits des femmes et des filles afghanes.  Un nouveau chapitre commence en Afghanistan, a-t-elle déclaré, et la communauté internationale doit continuer à demander des comptes aux Taliban.  La résolution d’aujourd’hui prouve à quel point le Conseil de sécurité prend cela très au sérieux en plus de l’engagement pris de fournir une assistance humanitaire et de lutter contre le terrorisme, a conclu la représentante.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a regretté d’emblée que ce texte n’ait pas pu recueillir le soutien de tous les membres du Conseil de sécurité.  « Il n’en reste pas moins un texte important qui doit maintenant se traduire sur le terrain. »  Il fixe une série d’exigences vis-à-vis des Taliban, a-t-elle rappelé, et leur demande de respecter les engagements qu’ils ont pris, notamment de créer un couloir sécurisé vers l’aéroport de Kaboul pour permettre aux gens de quitter le pays, de permettre la poursuite des opérations humanitaires sur tout le territoire et de veiller au respect du droit international humanitaire.  La résolution insiste en outre sur l’impératif de la lutte contre le terrorisme et, « là encore », les Taliban ont pris des engagements et doivent les respecter, a martelé la représentante.  Cette résolution rappelle enfin les obligations de tous, notamment celle de préserver les droits des femmes et des filles afghanes.  La France sera attentive à la coordination des efforts de tous sur le terrain dans les prochains jours, pour que cette résolution se traduise en actes, a dit la déléguée.  Elle a dit soutenir le travail de la MANUA et être favorable à un mandat fort lors de son renouvellement.

Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), la priorité immédiate est de permettre à tous ceux qui le veulent de quitter l’Afghanistan en toute sécurité au-delà du 31 août.  L’Afghanistan ne doit pas redevenir un havre de paix pour les terroristes, a-t-elle exigé en appelant à une approche coordonnée pour lutter contre toute menace terroriste émanant d’Afghanistan.  Par ailleurs, la situation humanitaire exige une attention urgente et le Royaume-Uni est en contact avec ses partenaires pour renforcer ses efforts et assurer un accès humanitaire sûr et sans entraves, a-t-elle indiqué.  Les acquis des dernières années doivent être protégés, notamment ceux des femmes, des enfants et des minorités, a encore souhaité la déléguée en soulignant que la résolution d’aujourd’hui reprend toutes ces considérations et représente un pas vers une réponse internationale unifiée.  Les Taliban seront jugés par la communauté internationale à l’aune de leurs actes sur le terrain et non pas à celle de leurs paroles, a-t-elle conclu.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dit avoir voté en faveur de ce texte parce qu’elle croit en l’importance du rôle du Conseil de sécurité pour l’Afghanistan dans les mois à venir.  On ne saurait détourner le regard du sort des Afghans qui doivent pouvoir compter sur une aide humanitaire et dont les droits de l’homme doivent être protégés, a-t-elle lancé.  Il faut en outre veiller à la pleine participation des femmes à tous les niveaux et les Afghans et les ressortissants étrangers doivent être en mesure de quitter le pays, que ce soit par voie terrestre ou aérienne, en toute sécurité, a-t-elle exigé entre autres.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a commencé par condamner les attentats terroristes du 26 août aux alentours de l’aéroport de Kaboul.  Il a expliqué qu’il s’est abstenu lors du vote sur ce texte parce que les considérations de la Fédération de Russie n’ont pas été prises en compte.  Il a notamment reproché aux auteurs de ce texte de passer sous silence les menaces terroristes de certains groupes; de ne pas vouloir aborder la question des conséquences économiques et sociales de l’évacuation; et de ne pas y aborder la problématique des avoirs financiers.  En outre, le texte ne souligne pas que la fourniture de l’aide humanitaire doit se faire dans le strict respect des principes énoncés par l’Assemblée générale, a-t-il commenté.  Il a regretté ne pas avoir disposé de plus de temps car cela aurait pu permettre, selon lui, un vote différent.  Quoi qu’il en soit, la Fédération de Russie prône un Afghanistan stable sur le territoire duquel il n’y aura pas de menace terroriste, a conclu le représentant. 

Pour M.  ANDRE LIPAND (Estonie), compte-tenu de la sécurité défaillante dans l’aéroport de Kaboul, et de la situation humanitaire qui se détériore, l’ONU a besoin d’un accès « sans entrave » et de travailler sans menace.  Et l’aéroport de Kaboul doit fonctionner de nouveau, pour de bon, en toute sécurité.  Les dernières semaines montrent des points d’accord au sein du Conseil, a-t-il noté: tous les membres demandent des efforts sécuritaires importants, des négociations prenant en compte l’inclusion des femmes, le respect des droits de l’homme et l’importance de combattre le terrorisme.  Fort de cela, le représentant estonien a aspiré au succès des négociations, pour l’intérêt de tout le peuple afghan. 

M. GENG SHUANG (Chine) a été d’avis que toute action prise par le Conseil de sécurité devrait aider à faciliter les choses plutôt que de renforcer les tensions.  Concernant le projet de résolution envoyé vendredi dernier, la Chine a émis des doutes quant à l’urgence d’adopter ce texte, et ce néanmoins en fournissant des amendements « importants » et « raisonnables ».  Mais la Chine s’est toujours opposée à imposer une résolution de force, c’est pourquoi elle s’est abstenue de voter sur cette résolution aujourd’hui, a expliqué le délégué.  Le retrait à la hâte et désordonné des forces américaines ne signifie pas la fin de leurs préoccupations, a déclaré le représentant.  Il faut, selon lui, en tirer les leçons, et respecter le droit du peuple afghan à décider de son avenir. 

Le délégué chinois a dit espérer que les États-Unis s’abstiendront à l’avenir « d’imposer leur volonté aux autres et d’utiliser la force ».  Ce pays devrait honorer ses engagements et se soucier du bien-être de la population, au lieu de sanctionner unilatéralement et de geler les avoirs étrangers, tout en prônant le développement économique du pays, a commenté le délégué.  Les « activités criminelles » des pays ayant occupé l’Afghanistan devraient faire l’objet d’enquêtes, et les États-Unis doivent impérativement cesser de mener des attaques où vivent des populations civiles, a-t-il poursuivi.  Il a encore demandé que la communauté internationale fournisse aux Afghans l’aide économique nécessaire pour maintenir le fonctionnement des institutions, éviter la dépréciation de la monnaie et reconstruire le pays. 

Condamnant les attaques terroristes commises à Kaboul et le retrait à la hâte des troupes étrangères, le représentant chinois a regretté que le retrait des troupes américaines ait fourni l’occasion aux terroristes de revenir sur le devant de la scène.  Il a espéré néanmoins que la sécurité de l’aéroport soit rapidement rétablie.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Éthiopie: le Secrétaire général alerte le Conseil de sécurité d’une situation liée au Tigré de plus en plus inquiétante

8843e séance - apres-midi
CS/14614

Éthiopie: le Secrétaire général alerte le Conseil de sécurité d’une situation liée au Tigré de plus en plus inquiétante

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a déclaré aujourd’hui au Conseil de sécurité que la situation en Éthiopie inquiète de plus en plus le continent africain et la communauté internationale dans son ensemble.  La confrontation militaire, qui a débuté il y a une dizaine de mois dans la région septentrionale du Tigré, est en train de s’étendre et d’augmenter le niveau des souffrances humaines, avec de graves implications politiques, économiques et humanitaires pour l’Éthiopie et l’ensemble de la région.

M. Guterres a appelé toutes les parties à reconnaître une vérité simple: il n’y a pas de solution militaire.  Il a réitéré son appel à l’action sur trois fronts: cesser immédiatement les hostilités;  assurer partout un accès humanitaire sans restriction et rétablir pleinement les services publics; et créer les conditions nécessaires pour l’amorce d’un dialogue politique dirigé par l’Éthiopie afin de trouver une solution à cette crise.  Ces étapes sont essentielles pour deux raisons, a expliqué M. Guterres: l’unité de l’Éthiopie et la stabilité de la région sont en jeu.

Il n’a pas non plus manqué de chiffrer le coût humain de la guerre « qui augmente chaque jour »: au moins 400 000 personnes vivent dans des conditions de famine, 100 000 enfants sont confrontés à une malnutrition aiguë, 300 000 personnes ont été déplacées dans les régions d’Afar et d’Amhara.  

« Je suis également profondément préoccupé par les horribles violences sexuelles », a avoué le Secrétaire général.  Qui plus est, le conflit fait payer un lourd tribut économique, illustrant une fois de plus la folie absolue de la guerre comme en atteste la perte de plus d’un milliard de dollars des coffres du pays.  La dette s’accumule, l’accès au crédit se tarit et l’inflation augmente, a énuméré le Chef de l’ONU qui a aussi pointé du doigt la disparition des denrées alimentaires. 

C’est pour toutes ces raisons que le Secrétaire général a appelé les parties à mettre fin immédiatement aux hostilités, sans conditions préalables, et à saisir cette opportunité pour négocier un cessez-le-feu durable en demandant aux forces étrangères de quitter le pays et en prévoyant un accès humanitaire sans restriction et le rétablissement des services publics au Tigré.

Réitérant tous l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général, les membres du Conseil ont unanimement soutenu le dialogue politique national inclusif proposé par M. Guterres afin de s’attaquer aux racines du conflit et de veiller à ce que les voix éthiopiennes dictent la voie vers la paix. 

Le Kenya, qui parlait aussi au nom de trois autres pays (Niger, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Tunisie), les A3+1, a plaidé pour une médiation dans un cadre dirigé par l’Éthiopie et soutenu par l’architecture de paix et de sécurité disponible, en particulier l’Union africaine.  La Chine s’y est montrée favorable en soutenant d’abord les efforts de l’Éthiopie pour préserver son unité et en disant que « ce problème africain doit être réglé par les Africains ».  Mais il faut le faire dans le cadre de la Constitution éthiopienne, a ajouté l’Inde. 

La Fédération de Russie a dit qu’elle miserait plutôt sur une diplomatie bilatérale « plus discrète », dans laquelle elle est prête à jouer son rôle.  

La question des abus et des violations des droits humains, y compris les droits sexuels et ceux des enfants, a également fait réagir les membres du Conseil à l’instar du Royaume-Uni qui a exigé que toutes les parties respectent ces droits fondamentaux.  Nombre de délégations ont soutenu l’enquête conjointe du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de la personne.  Pour la France, les frappes contre des civils, les exécutions extrajudiciaires, les expulsions forcées de populations, les violences sexuelles, motivées par l’origine ethnique ou l’affiliation politique supposée des personnes, ne sauraient rester impunies. 

Préoccupé par les informations faisant état de détentions arbitraires et de disparitions forcées de Tigréens à Addis-Abeba, l’Estonie a appelé les autorités éthiopiennes à enquêter sur ces pratiques potentiellement illégales et discriminatoires. 

Concernant l’assistance humanitaire, elle doit être traitée de la manière la plus urgente, a insisté le Viet Nam.  M. Guterres a informé que l’ONU et ses partenaires humanitaires se sont mobilisés pour apporter à plus de cinq millions de personnes des vivres ou d’autres produits de première nécessité, mais il a déploré que la capacité d’intervention soit gravement limitée par l’insécurité, les retards et toute une série de restrictions imposées au travail des organisations humanitaires.  Or ces organisations ont besoin quotidiennement d’environ 100 camions d’aide et de fournitures.

Tous les membres du Conseil ont voulu, ainsi que le Secrétaire général, un accès sans restriction de l’aide et des travailleurs humanitaires.  L’aide doit respecter la souveraineté de l’Éthiopie, a rappelé la Chine alors que la Fédération de Russie a réclamé la dépolitisation de l’assistance. 

Après les déclarations des membres du Conseil, le représentant de l’Éthiopie a rejeté la faute sur le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) qui a refusé de déposer les armes alors qu’un cessez-le-feu humanitaire unilatéral a été décrété le 28 juin, suivi du retrait des Forces de défense nationale de la région du Tigré.  Nous voyons, a-t-il ajouté, une coordination claire entre ces éléments internes et des acteurs extérieurs qui ont lancé une offensive multidimensionnelle pour entraver le droit de l’Éthiopie d’utiliser ses ressources naturelles.  Si, a prévenu le représentant, le FPLT ne revient pas au respect des lois du pays, le Gouvernement éthiopien actionnera tous les moyens disponibles pour maintenir l’ordre.  Il a fustigé une ingérence étrangère « indue » et encouragé tous les acteurs « bien intentionnés » à travailler avec son pays.

LA SITUATION EN ÉTHIOPIE

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la situation en Éthiopie est une question qui inquiète de plus en plus le continent africain et la communauté internationale dans son ensemble.  La confrontation militaire, qui a débuté il y a une dizaine de mois dans la région septentrionale du Tigré, s’étend et le niveau des souffrances humaines augmente avec de graves implications politiques, économiques et humanitaires pour l’Éthiopie et l’ensemble de la région.  Toutes les parties doivent reconnaître une vérité simple: il n’y a pas de solution militaire, a insisté le Secrétaire général, rappelant son appel à l’action sur trois fronts.

Premièrement, a-t-il réitéré, toutes les parties doivent cesser immédiatement les hostilités, assurer un accès humanitaire sans restriction et rétablir pleinement les services publics, et créer les conditions nécessaires au début d’un dialogue politique dirigé par l’Éthiopie afin de trouver une solution à cette crise.  Ces étapes sont essentielles pour deux raisons, a expliqué M. Guterres, arguant que l’unité de l’Éthiopie et la stabilité de la région sont en jeu.

Les lignes de front militaires du Tigré ont maintenant atteint les régions d’Amhara et d’Afar.  Le cessez-le-feu unilatéral décrété par le Gouvernement éthiopien le 28 juin et le retrait des Forces éthiopiennes de défense nationale de Mekele n’ont pas conduit à un cessez-le-feu global, a déploré le Secrétaire général.  La région du Tigré reste en grande partie sous un blocus humanitaire de facto et coupée des services publics essentiels tels que l’électricité et les communications.  Les forces tigréennes ont depuis étendu leur présence dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar où les combats se sont intensifiés, a-t-il alerté.

D’autres acteurs en Éthiopie ont lancé une mobilisation de masse et activé des groupes armés régionaux, a aussi constaté le Secrétaire général, dénonçant les discours de haine et la discrimination ethnique qui déchirent le tissu social du pays.  L’ensemble de la région est déjà témoin de l’impact politique, économique et social du conflit au-delà des frontières de l’Éthiopie, a prévenu M. Guterres.

Deuxièmement, a-t-il dit, le prix humain de cette guerre augmente de jour en jour.  Une catastrophe humanitaire se déroule sous nos yeux car plus de deux millions de personnes ont fui et des millions d’autres ont un besoin immédiat d’une aide humanitaire vitale, notamment de nourriture, d’eau, d’abris et de soins de santé.  Au moins 400 000 personnes vivent dans des conditions de famine.  Le mois dernier, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a averti que 100 000 enfants sont confrontés à une malnutrition aiguë sévère potentiellement mortelle au cours des 12 prochains mois.  

« Je suis également profondément préoccupé par les informations faisant état d’horribles violences sexuelles et sexistes », a avoué M. Guterres qui a condamné ces actes atroces ainsi que les graves violations des droits de l’homme à l’encontre de civils commises par toutes les parties au conflit.  Soulignant l’obligation de rendre des comptes, le Secrétaire général a mis l’accent sur l’enquête conjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme.

L’ONU et ses partenaires humanitaires se sont mobilisés pour apporter à plus de cinq millions de personnes des vivres ou d’autres produits de première nécessité, a fait savoir M. Guterres, déplorant que la capacité d’intervention soit gravement limitée par l’insécurité, les retards et toute une série de restrictions imposées au travail des organisations humanitaires.  Les organisations humanitaires ont besoin d’environ 100 camions d’aide et de fournitures chaque jour.  Or aujourd’hui, ils n’en ont que 10.  Les travailleurs humanitaires sont harcelés et même tués, s’est indigné le Secrétaire général qui a constaté que le conflit dans les régions d’Afar et d’Amhara aurait déplacé 300 000 autres personnes.

Le conflit fait payer un lourd tribut économique, illustrant une fois de plus la folie absolue de la guerre comme en atteste la perte de plus d’un milliard de dollars des coffres du pays.  La dette s’accumule.  L’accès au crédit se tarit. 

L’inflation augmente.  Les produits alimentaires disparaissent, a-t-il énuméré.  Dans le même temps, l’Éthiopie souffre de la cinquième plus forte incidence de la COVID-19 sur le continent.

« Pour toutes ces raisons », a confié le Secrétaire général, « je réitère mon appel solennel: toutes les parties doivent immédiatement mettre fin aux hostilités sans conditions préalables et saisir cette occasion pour négocier un cessez-le-feu durable.  Les forces étrangères doivent quitter le pays.  L’accès humanitaire sans restriction à toutes les zones dans le besoin doit être garanti et les travailleurs humanitaires doivent être respectés.  Les services publics doivent être rétablis ». 

M. Guterres a appelé à un dialogue politique national inclusif afin de s’attaquer aux causes du conflit et de veiller à ce que les voix éthiopiennes dictent la voie vers la paix.  Il a dit être en contact étroit avec le Premier Ministre éthiopien et avoir reçu une lettre du Président de la région du Tigré.  L’ONU est prête à collaborer avec l’Union africaine et d’autres partenaires pour soutenir un tel dialogue, a indiqué un Secrétaire général « triste » de voir de nombreux jeunes Éthiopiens être instrumentalisés et mobilisés dans la guerre, « victimes ultimes de ce conflit inutile ».  

Face à l’escalade de la situation au Tigré, et à la propagation de la crise dans la région, Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a souligné, à son tour, qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit.  Les partenaires régionaux, et en particulier l’Union africaine, ont un rôle crucial à jouer dans la recherche d’une solution politique, a-t-elle dit.  Aujourd'hui, tous les membres du Conseil ont la possibilité de soutenir l’appel du Secrétaire général, en envoyant trois messages clairs et unis, a –t-elle ajouté.  Compte tenu du spectre « choquant » de la famine, Mme Byrne Nason a martelé qu’il n’y a absolument pas de temps à perdre.  L’heure n’est plus à la réflexion mais à l’action.  Elle a appelé de nouveau les autorités éthiopiennes et tous les autres acteurs à faciliter immédiatement l’accès humanitaire et à rétablir les services publics au Tigré.  La population mérite au minimum l’accès à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation.  C’est leur dignité et leurs droits de l’homme qui sont en jeu.

La représentante a aussi appelé les forces tigréennes à mettre immédiatement fin à leur offensive militaire et à se retirer des régions d’Amhara et d’Afar.  Elle a également lancé un appel au retrait des forces étrangères.  Horrifiée par la violence sexuelle et les atrocités, la représentante a exigé que les responsables de ces violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme rendent des comptes à la justice, arguant que la lutte contre l’impunité est essentielle pour prévenir de futures violations.  Elle a dit attendre les conclusions du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a dit être profondément préoccupé par l’escalade du conflit au Tigré, laquelle aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse et menace de plus en plus la stabilité plus large de la région.  Les rapports faisant état d’un nombre croissant de victimes civiles, en particulier parmi les enfants, sont alarmants et il est essentiel que toutes les parties adhèrent au droit international humanitaire et fassent tout leur possible pour protéger les civils.  Soulignant, à son tour, qu’il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit, il a appelé les parties à cesser les hostilités immédiatement et à entamer des négociations en vue d’un cessez-le-feu permanent.

M. Lipand a appelé les forces du Tigré à arrêter leur offensive, en particulier dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar, et le Gouvernement éthiopien, à obtenir le retrait immédiat des troupes érythréennes du Tigré, à garantir un accès humanitaire sans entrave à la région, à rétablir les services sociaux de base et à faciliter le travail des organisations humanitaires.  Le représentant a réitéré l’importance de l’enquête conjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme.  Les responsables des violations doivent répondre de leurs actes.  Également préoccupé par les informations faisant état de détentions arbitraires et de disparitions forcées de Tigréens à Addis-Abeba, il a appelé les autorités éthiopiennes à enquêter sur ces pratiques potentiellement illégales et discriminatoires.

Pour Mme NATAHLIE BROADHURST ESTIVAL (France), la priorité et la responsabilité du Conseil de sécurité sont de mettre un terme à ce conflit et de préserver l’unité de l’Éthiopie.  L’ensemble des forces en présence doivent prendre leurs responsabilités.  Appeler à la cessation des hostilités, à l’accès humanitaire ou au dialogue n’implique aucune partialité, a souligné la représentante.  Comme le conflit ne se résoudra pas par les armes, elle exhorté l’ensemble des parties à convenir d’un cessez-le-feu, les forces érythréennes à se retirer du territoire éthiopien et les forces tigréennes, à réintégrer les frontières régionales du Tigré.  Un compromis doit enfin être trouvé avec les forces amharas sur le différend frontalier entre les deux régions, dans le cadre de la Constitution. 

La représentante a prévenu que les frappes contre des civils, les exécutions extrajudiciaires, les expulsions forcées de populations, les violences sexuelles, motivées par l’origine ethnique ou l’affiliation politique supposée des personnes, ne sauraient rester impunies.  Elle a réitéré son soutien à l’enquête conjointe, avant d’ajouter que la conclusion d’un cessez-le-feu est indispensable pour faire face à l’urgence humanitaire et de rappeler le Gouvernement éthiopien à ses engagements dont la protection des acteurs humanitaires.  La représentante a conclu en estimant que le lancement rapide d’un dialogue national inclusif est essentiel.  Les représentants tigréens doivent démontrer leur ouverture au dialogue.  Appelant aussi les pays de la région à résoudre leurs différends par un dialogue sincère, s’agissant en particulier du triangle d’El Fashaga et du barrage de la Renaissance, la représentante a exhorté les parties à s’abstenir de toute action qui attiserait les tensions et à répondre de manière constructive aux efforts de médiation de l’Union africaine. 

Pour Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège), mettre fin à la situation humanitaire catastrophique dans le Tigré exige, premièrement, que les autorités fédérales éthiopiennes et tous les autres acteurs garantissent un accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à la région.  Deuxièmement, elles doivent, selon elle, faciliter le travail des organisations humanitaires et de leur personnel et, troisièmement, respecter le droit international humanitaire et assurer la sécurité des travailleurs humanitaires.  Or, les assurances répétées des autorités éthiopiennes quant au respect de leurs obligations humanitaires ne se sont pas concrétisées par un accès sans entrave au Tigré, a dénoncé la représentante indiquant que cette région est placée sous un « blocus hermétique ».  Mme Heimerback s’est dite préoccupée par les allégations de graves violations des droits de l’homme et d’abus dans le Tigré et dans d’autres zones touchées par le conflit, y compris à l’encontre des enfants.  

La destruction systématique d’infrastructures vitales et de centres de santé est tout aussi inacceptable, a-t-elle poursuivi.  Elle a demandé des enquêtes sur les atrocités, les violations et les abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Elle a appelé à poursuivre en justice les responsables de ces violations, y voyant un élément essentiel de la prévention et de la dissuasion.  La Norvège, a poursuivi la représentante, continuera de veiller à ce que la lutte contre l’impunité reste une priorité du Conseil.  Elle a exhorté tous les acteurs du conflit à mettre immédiatement fin à la violence et à engager un dialogue.  L’Érythrée doit se retirer complètement du territoire éthiopien, les forces tigréennes doivent mettre fin à leur expansion dans les régions voisines, et les forces fédérales et les milices amharas doivent se retirer du Tigré occidental, a exigé la représentante soulignant qu’il est essentiel que les États de la région, l’IGAD et l’Union africaine pèsent de tout leur poids pour mettre fin aux hostilités au Tigré et en Éthiopie.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appelé toutes les parties à mettre fin aux hostilités en Éthiopie et à permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave.  La multiplication des combats dans les zones voisines ne fait que pérenniser le conflit, a regretté le représentant, avant d’exiger que les troupes érythréennes se retirent complètement de l’Éthiopie.  Toutes les parties doivent respecter le droit international et les droits de l’homme, et, à cet égard, le représentant a dit soutenir l’enquête conjointe du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne des droits de la personne.  Les responsables des atrocités commises doivent répondre de leurs actes, a-t-il dit, avant d’appeler à une solution politique inclusive pour que l’Éthiopie se remette sur une voie positive.  Il est clair que ce conflit ne se résoudra pas par les armes et que l’ensemble des parties doivent agir pour mettre fin à ce drame, a conclu le représentant.

M. RICHARD MILLS, JR. (États-Unis) a reproché au Gouvernement éthiopien de ne pas avoir répondu positivement aux propositions de négociation et d’avoir même publiquement appelé à la mobilisation des milices.  Pendant ce temps-là, le FPLT a élargi sa propre campagne militaire aux régions d’Afar et d’Amhara, provoquant la fuite de centaines de milliers de civils.  Aujourd’hui, le Forces de défense érythréennes sont revenues dans le Tigré et les informations indiquent que les alliances militaires entre les groupes armés dans d’autres régions risquent de déclencher une guerre plus large en Éthiopie.  Le représentant a appelé le Gouvernement éthiopien et le FPLT, ainsi que les milices régionales associées, à mettre fin aux combats maintenant, à autoriser l’accès humanitaire et à avancer vers un cessez-le-feu négocié sans conditions préalables. 

Contrairement à ses engagements publics, a encore accusé le représentant, le Gouvernement éthiopien et les autorités régionales continuent de limiter l’accès humanitaire dans le Tigré.  Malgré une légère augmentation du nombre des convois et des vols, seulement 7% des fournitures humanitaires nécessaires ont pu y entrer, le mois dernier.  « Alors soyons clairs: cette pénurie n’est pas due à un manque de nourriture.  Elle est due aux restrictions du Gouvernement éthiopien », s’est indigné le représentant, voyant dans ces obstacles une violation du droit international et potentiellement un crime de guerre.  Les négociations sur un cessez-le-feu et les discussions politiques sur la voie à suivre doivent commencer immédiatement, s’est-il impatienté, exhortant le Conseil de sécurité à montrer son unité.  Le représentant a fait sien l’appel du Secrétaire général.

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a estimé que la situation humanitaire au Tigré doit être traitée de la manière la plus urgente et a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités pour garantir un accès humanitaire sans restriction et le rétablissement des services publics, créant ainsi des conditions favorables au démarrage d’un dialogue politique.  La violence, les meurtres contre les civils, y compris les femmes, les enfants et les travailleurs humanitaires, et la destruction d’infrastructures indispensables doivent être condamnés et empêchés.  La représentante a estimé que le conflit a des racines politiques, historiques et ethniques « complexes » mais les autorités éthiopiennes et toutes les autres parties concernées doivent accorder la plus haute priorité aux intérêts de leur peuple, conformément aux principes de base consacrés par le droit international et la Charte des Nations Unies.  Les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et de règlement pacifique des différends doivent également être constamment respectés, a conclu le représentant.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a dit suivre de près l’évolution de la situation politique et militaire en Éthiopie, regrettant l’échec du Gouvernement éthiopien à faire respecter le cessez-le-feu mais le saluant pour ses efforts tangibles visant à remédier à la grave situation humanitaire.  La solution, a souligné la représentante, se trouve dans la dépolitisation de l’aide humanitaire, conformément à la résolution 46/182 de l’Assemblée générale.  Elle a dit soutenir les efforts du Secrétaire général en faveur d’un dialogue politique entre les parties éthiopiennes, sans ingérence étrangère.  Les élections générales de juin, a-t-elle argué, ont prouvé de façon convaincante que les autorités fédérales éthiopiennes sont en mesure d’unir leur peuple éthiopien.  La représentante s’est donc dite consciente qu’elles réussiront à remettre le pays sur la « bonne voie » avec le soutien de l’Union africaine et d’autres pays de la région.  Toute tentative d’exercer des pressions sur le Gouvernement élu d’Éthiopie mènera à une détérioration de la situation, a-t-elle averti, préférant miser sur une diplomatie bilatérale plus discrète dans laquelle la Fédération de Russie est prête à jouer son rôle. 

Constatant que la situation en Éthiopie est difficile, M. DAI BING (Chine) a espéré que toutes les parties parviendront à régler le conflit par un dialogue inclusif.  Il a salué les efforts du Gouvernement éthiopien pour améliorer la situation dans le Tigré et les régions voisines et demandé à ce dernier de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  La communauté internationale, a-t-il dit, doit renforcer son aide dans le plein respect de la souveraineté de l’Éthiopie.  Il a dit fermement soutenir les efforts de l’Éthiopie pour préserver son unité et obtenir la cessation des hostilités.  « Ce problème africain doit être réglé par les Africains », a-t-il dit, avant de saluer la désignation du Haut Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique.  Il a conclu en dénonçant les sanctions unilatérales contre l’Éthiopie qui ne vont pas dans le sens du règlement de conflit.  L’Éthiopie est tout à fait capable de résoudre cette crise, a martelé le représentant. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a jugé préoccupantes les informations selon lesquelles les combats se sont étendus aux régions d’Afar et d’Amhara, impliquant d’autres acteurs, tant au niveau national que régional.  La représentante a appelé toutes les parties au conflit à un cessez-le-feu immédiat, tout en préconisant également le retrait de toutes les forces non éthiopiennes du Tigré et des milices extérieures aux États fédérés voisins.  Elle a appelé les autorités éthiopiennes à garantir la protection de leurs citoyens, quelle que soit leur origine ethnique et leur affiliation politique.  Elle a souhaité que les plaintes concernant la violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les filles, ainsi que les violations graves contre les enfants fassent l’objet d’enquêtes et que les coupables soient traduits en justice.  Il est également essentiel que tous les acteurs coopèrent à l’enquête conjointe en cours du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme, a-t-elle plaidé, avant d’insister sur la nécessité de rétablir les services essentiels et d’assurer un accès humanitaire sans entrave.

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), M. MARTIN KIMANI (Kenya) a plaidé pour une médiation dans le cadre d’un processus dirigé par l’Éthiopie et soutenu par l’architecture de paix et de sécurité disponible, en particulier celle de l’Union africaine.  Il s’est inquiété de la perception croissante selon laquelle l’identité ethnique est la base du conflit.  C’est d’autant plus dangereux compte tenu du risque d’amalgame entre opposition politique et confrontation ethnique.  Avouant qu’il n’est pas facile de passer de la confrontation violente à la table de négociation, le représentant a insisté sur l’implication de l’Union africaine et exhorté tous les dirigeants de la région, et l’ensemble de la communauté internationale, à prêter main forte à l’ancien Président du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, désigné Haut Représentant de l’Union africaine pour la région de la Corne de l’Afrique.  Il a dit attendre un processus de paix qui promeuve les droits de l’homme, qui préserve la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Éthiopie et qui soit véritablement inclusif.

Le représentant a donc exhorté le Gouvernement éthiopien à lever tous les obstacles juridiques, administratifs et sécuritaires au dialogue politique.  Aux acteurs armés du Tigré, il a demandé de se retirer des régions voisines et d’arrêter de rallier d’autres acteurs armés.  Le FPLT ne doit laisser planer aucun doute sur son attachement à l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de l’Éthiopie, « que tous les membres de l’Union africaine sont obligés de défendre », a martelé le représentant.

Il a réclamé de tous les dirigeants éthiopiens, des annonces immédiates à tous les citoyens et à toutes les milices et unités armées, sur le fait que prendre pour cible les civils, et en particulier les femmes, est « inacceptable » et doit cesser immédiatement.  Il a aussi souligné à quel point les mouvements militaires au Tigré, à Afar et à Amhara compromettent l’accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Les parties doivent annoncer leur volonté d’arrêter les hostilités et de s’engager dans un cessez-le-feu, a encore martelé le représentant.  La paix n’étant pas possible avec un mouvement politique qualifié de groupe terroriste, il a demandé au Parlement éthiopien de se préparer à supprimer ce qualificatif pour permettre les négociations.

Quant au Gouvernement fédéral, il doit prouver de manière tangible à la population du Tigré qu’elle fait partie intégrante de l’Éthiopie, en reprenant la fourniture des services sociaux de base.  Aux membres du Conseil de sécurité et à la communauté internationale, le représentant a demandé d’appeler le Gouvernement érythréen à retirer ses forces de l’Éthiopie et à assumer un rôle dans la consolidation de la paix.  Il a préconisé la prudence dans le recours à toute mesure coercitive unilatérale qui risquerait de provoquer l’effondrement économique de l’Éthiopie et d’aggraver la crise humanitaire. 

M. T. S. TIMURURTI (Inde) a pris note des efforts du Gouvernement éthiopien pour faire face à la situation, estimant que l’accès humanitaire s’est progressivement amélioré, avec davantage de convois atteignant les zones concernées.  La communication et la coordination entre les autorités éthiopiennes et les organismes humanitaires se sont considérablement améliorées ces dernières semaines, a aussi constaté le représentant.  L’Éthiopie, a-t-il dit, a besoin de tout l’appui qu’elle peut obtenir de la communauté internationale.  Il a demandé au Conseil de traiter la question « avec sensibilité et sérieux » et aux organisations humanitaires, de prendre des mesures pour éviter le détournement de l’aide.  

Le représentant a dûment dénoncé les atrocités commises par des groupes armés contre des civils, y compris des enfants.  Les responsables doivent être poursuivis, a-t-il martelé, avant de rappeler que le cessez-le-feu unilatéral annoncé par le Gouvernement éthiopien le 28 juin dernier a été « une étape importante » pour améliorer la situation humanitaire.  Regrettant par conséquent l’agression et la belligérance d’une partie et l’extension des combats au-delà de la région du Tigré, le représentant a prévenu que cette évolution risque de déstabiliser l’ensemble de la région de la Corne de l’Afrique.  Il a donc voulu que cette réunion du Conseil renforce les efforts en vue d’un cessez-le-feu, « nécessité de l’heure ».  La recherche de la solution au conflit doit être dirigée par les Éthiopiens eux-mêmes, dans le cadre de leur Constitution, a conclu le représentant.

M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE (Éthiopie) a dit apprécier l’appel du Secrétaire général.  La situation actuelle, a-t-il expliqué, ne s’est pas produite du jour au lendemain.  Elle était en préparation bien avant que le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) ne déclenche une attaque contre le commandement nord des forces de défense éthiopiennes, le 4 novembre dernier.  La genèse du conflit remonte à au moins trois décennies car depuis 1991, le FPLT maintient un contrôle hégémonique sur la vie politique, sécuritaire et économique du peuple éthiopien, avant d’être délogé du pouvoir politique en 2018, inaugurant une période de transition prometteuse.  Lorsqu’il a perdu le pouvoir, le FPLT s’est replié sur le Tigré, « prenant notre peuple du Tigré en otage ». 

Au cours des neuf derniers mois, alors que le Gouvernement éthiopien cherchait à faire respecter l’ordre constitutionnel, le FPLT a refusé de déposer les armes alors qu’un cessez-le-feu humanitaire unilatéral a été décrété le 28 juin, suivi du retrait des Forces de défense nationale de la région du Tigré.  Or, l’engagement du Gouvernement en faveur de la paix n’a pas été pris en compte par le FPLT qui a qualifié le cessez-le-feu de « blague » et pendant ce temps-là, les membres de la communauté internationale toléraient, permettaient et autorisaient le FPLT à poursuivre sa voie destructrice.

Le représentant a accusé le Front de bloquer l’aide humanitaire et de s’engager dans des fronts entre acteurs internes et externes déterminés à déstabiliser l’Éthiopie.  Nous voyons une coordination claire entre ces éléments internes et des acteurs extérieurs qui ont lancé une offensive multidimensionnelle pour entraver le droit de l’Éthiopie d’utiliser ses ressources naturelles.  En ce qui concerne l’assistance humanitaire, le représentant a affirmé que son gouvernement continuera de s’acquitter de ses obligations.  Nous nous engageons à réduire le nombre de points de contrôle et à accélérer le passage au scanner des convois humanitaires, a-t-il dit.  La reprise des services publics, a-t-il poursuivi, requiert la paix et l’état de droit au Tigré.  Ces services essentiels ne peuvent pas être reconnectés alors que le FPLT, qui a tué 33 membres du personnel d’entretien des infrastructures, pillé l’aide et confisqué des convois humanitaires, continue de persister sur la voie destructrice de la guerre. 

Le représentant s’est dit surpris par tous ceux qui font pression sur son gouvernement mais tolèrent la violence et le chaos provoqués par le FPLT.  La communauté internationale doit plutôt demander à ce dernier, a-t-il énuméré, d’arrêter ses opérations criminelles, de déposer les armes, de se conformer aux lois du pays et de se désolidariser « de manière irréfutable » des parrains et affiliés internes et externes.  La communauté internationale, doit retirer « son soutien réel ou perçu ».  Si, a prévenu le représentant, le FPLT ne respecte pas les lois du pays, le Gouvernement éthiopien actionnera tous les moyens pour maintenir l’ordre.

Il a critiqué « la mentalité de sauveur » de ceux qui cherchent à saper le droit souverain des États de défendre leur sécurité et le bien-être de leur peuple.  Nous n’avons jamais délégué le façonnement de notre avenir, a souligné le représentant, fustigeant une ingérence étrangère « indue » et rejetée par tous les Éthiopiens.  Par conséquent, nous appelons tous les acteurs concernés et « bien intentionnés » à travailler avec nous, a conclu le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Iraq: prenant à témoin « le monde qui regarde », la Représentante spéciale prévient le Conseil de sécurité que le succès des élections dépend des Iraquiens

8842e réunion - matin
CS/14613

Iraq: prenant à témoin « le monde qui regarde », la Représentante spéciale prévient le Conseil de sécurité que le succès des élections dépend des Iraquiens

Dans un climat sécuritaire et social tendu en Iraq à 46 jours des élections législatives, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq a souligné, ce matin devant le Conseil de sécurité, que la responsabilité du succès des prochaines élections incombe aux parties prenantes et aux autorités iraquiennes.  Mme Jeanine Hennis-Plasschaerts a précisé que le scrutin du 10 octobre est un moyen pour parvenir à une fin: une meilleure gouvernance pour construire un Iraq plus sûr, plus prospère et plus juste.   

La Représentante spéciale a en outre affirmé que des élections réussies ne peuvent pas être de la seule responsabilité de la Haute Commission électorale indépendante.  Elle a donc appelé les représentants du Gouvernement, les partis, les candidats, les forces politiques, les médias, les organisations de la société civile et les électeurs à s’engager pour des élections transparentes et crédibles, « en paroles et en actes ».  Elle a prévenu que les autorités et parties iraquiennes ne devraient pas jeter le doute sur la capacité à fonctionner de la Haute Commission, au risque d’éroder davantage la confiance des électeurs. 

Faisant part des changements importants en cours pour améliorer les processus électoraux, elle a cité notamment un audit informatique indépendant, de nouveaux dispositifs de vérification des électeurs, des mesures pour lutter contre l’utilisation abusive des cartes de vote électroniques et un système d’affichage des résultats des élections en temps réel.  En d’autres termes, « les élections d’octobre ont clairement le potentiel d’être différentes des élections de 2018 ».   Mme Hennis-Plasschaerts a tout de même tancé la désinformation, et même les théories du complot qui visent la Haute Commission, les manifestants, le Gouvernement, les rivaux politiques, et même l’ONU.  Elle a contredit la rumeur selon laquelle la MANUI appellerait à un report de ces élections, avant d’appeler toutes les parties à s’abstenir d’utiliser l’ONU comme bouc émissaire.  Elle a également appelé les médias à fournir des informations fiables et opportunes.

Expliquant le rôle de la Mission, dont elle est la Chef, elle a assuré que la MANUI continue de fournir une assistance technique et intensifie ses efforts de communication stratégique, notamment en informant les électeurs iraquiens sur les préparatifs des élections et les activités connexes de l’ONU, en partageant des faits et des chiffres et en luttant contre la désinformation.  Au sujet des appels au boycott ou au report des élections, elle a fait valoir qu’un boycott ne résoudra rien.   

Sur le plan sécuritaire, le Niger et Saint-Vincent-et-les Grenadines, entre autres, se sont inquiétés des attaques de Daech qui se poursuivent, le Royaume-Uni appelant la communauté internationale à poursuivre son étroite collaboration pour assurer sa défaite durable.  La France a encouragé la coalition internationale à continuer de soutenir les autorités iraquiennes dans cette lutte.  L’Iraq a reconnu les problèmes de terrorisme mais a réitéré l’appel à ne pas utiliser le territoire iraquien à des fins politiques ou sous prétexte de lutter contre le terrorisme.  

La Fédération de Russie et le Kenya ont également souhaité que l’Iraq ne devienne pas « une arène pour régler les conflits régionaux ».  La Chine a aussi invité les parties concernées à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de l’Iraq.  Dans le cadre de cette lutte, le délégué iraquien a insisté sur l’importance pour son pays de fournir un soutien aux victimes du terrorisme, y compris les survivants yézidis pour lesquels le Gouvernement a formé la Direction générale des affaires yézidies au Ministère du travail et des affaires sociales.  Une mesure saluée par les membres du Conseil qui ont aussi appelé à veiller à la bonne participation électorale des femmes, une question soulevée notamment par la Tunisie.  

Les États-Unis ont expliqué que la « mission Defeat ISIS » est toujours en cours, mais que leur relation de sécurité avec l’Iraq allait passer à un « rôle de formation, de conseil, d’assistance et de partage du renseignement ».  Les États-Unis ont en outre affirmé qu’il n’y aurait plus de force américaine avec un rôle de combat en Iraq d’ici au 31 décembre 2021.  Les autorités iraquiennes, qui visent à promouvoir le dialogue et lancer de nouvelles étapes crédibles vers le renforcement des mécanismes de coopération et une stabilité dans la région, organisent la « conférence de Bagdad sur la coopération et le partenariat », qui se tiendra le 28 août, a fait valoir la délégation.  La conférence sera coprésidée par le Premier Ministre iraquien et le Président de la France et sera l’occasion pour l’Iraq de s’affirmer comme un « pôle de stabilité dans la région », a espéré la France qui a souligné qu’un Moyen-Orient prospère et en paix passe par un Iraq souverain et stable.

Au sujet de la prospérité de l’Iraq, nombre d’orateurs ont salué le rapprochement entre les autorités nationales et celles du Kurdistan.  La Fédération de Russie invitant même à améliorer le dialogue pour régler les problèmes existants.  De même, le dialogue renforcé entre les autorités iraquiennes et koweitiennes a été unanimement salué.  La Représentante spéciale a indiqué que depuis son dernier exposé, l’État du Koweït a identifié de manière concluante les restes de 10 autres personnes sur sa liste de personnes portées disparues depuis 1991.  Elle a espéré que l’amélioration de la situation de la COVID-19 et l’assouplissement des restrictions qui en résultera permettront bientôt la reprise des missions sur le terrain et des explorations de sites d’enfouissement potentiels.

Le Royaume-Uni n’a pas manqué de s’inquiéter de la situation humanitaire et en particulier du sort des 1,2 million de déplacés.  La délégation a ainsi exhorté le Gouvernement à travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies pour garantir un accès à l’aide et permettre le retour volontaire de ces personnes, dans la sécurité et la dignité.  Pour d’autres délégations, notamment la Norvège et le Mexique, c’est la question de la répression des manifestants qui préoccupe.  Si l’enquête sur ces incidents et le soutien explicite du Premier Ministre aux manifestations pacifiques sont des signes encourageants, selon le Mexique, il faut néanmoins que le Gouvernement iraquien protège le droit à la liberté d’expression et d’association. 

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ

Mme JEANINE HENNIS-PLASSCHAERTS, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a rappelé qu’il reste 46 jours avant que l’Iraq ne se rende aux urnes, soulignant que la Haute Commission électorale indépendante travaille avec diligence pour préparer le scrutin, conformément à la loi électorale et aux délais pré-approuvés.  Pour sa part, la MANUI continue de fournir une assistance technique partout où elle le peut.  La stratégie de sensibilisation de la Haute Commission a été lancée le 6 juin et couvre plusieurs domaines tels que le nouveau système électoral, le rôle de la Haute Commission, ou encore le processus de dépouillement et l’annonce des résultats.  Les autorités et parties iraquiennes feraient bien de reconnaître publiquement les réalisations de la Haute Commission, a-t-elle dit.  « Jeter le doute sur la capacité de la Haute Commission à fonctionner risque d’éroder davantage la confiance des électeurs.

Parallèlement, et conformément à son mandat renouvelé, la MANUI intensifie ses efforts de communication stratégique visant à informer les électeurs iraquiens sur les préparatifs des élections et les activités connexes de l’ONU, à partager des faits et des chiffres, à lutter contre la désinformation et à gérer les attentes du public, a-t-elle témoigné.  On nous demande souvent: « Ces élections d’octobre seront-elles différentes des élections de 2018? »  Selon la Représentante spéciale, il s’agit d’une question judicieuse, car le manque de confiance dans les pouvoirs publics et les institutions est ancien et généralisé.  « En réponse, je ne peux que souligner les faits », a-t-elle dit en rappelant que la Haute Commission applique les leçons apprises des élections précédentes.  Le fait est que des changements importants sont en cours pour améliorer les processus électoraux, y compris un audit informatique indépendant, de nouveaux dispositifs de vérification des électeurs, de nombreuses mesures pour lutter contre l’utilisation abusive des cartes de vote électroniques et l’affichage des résultats des élections en temps réel.  En d’autres termes, « les élections d’octobre ont clairement le potentiel d’être différentes des élections de 2018. »

Cependant, les élections réussies ne sont pas, et ne peuvent pas être la seule responsabilité de la Haute Commission, a souligné la Représentante spéciale.  Elle a donc appelé toutes les parties prenantes, y compris les représentants du Gouvernement, les partis, les candidats, les forces politiques, les organisations de la société civile, les médias et les électeurs, à s’engager pour des élections transparentes et crédibles, « en paroles et en actes ».  Elle a noté, sans surprise, que la peur de la fraude électorale est exprimée par beaucoup.  En regardant les événements passés, cette peur est bien justifiée.  En même temps, il est juste de souligner que les partis politiques eux-mêmes sont ceux qui peuvent faire ou défaire ces élections, a-t-elle argué.  Quel que soit le nombre de mesures techniques mises en place, il leur appartient donc de s’abstenir collectivement de tenter de forcer ou de fausser les résultats des élections, a-t-elle recommandé en leur demandant aussi d’arrêter l’achat des voix, la suppression des électeurs et/ou d’autres actions intentionnelles et illégales.  « Ce sont eux qui doivent montrer l’exemple, collectivement. »  

La Représentante spéciale a aussi tancé la désinformation, et même les théories du complot, notant que sont visés la Haute Commission, les manifestants, les représentants du Gouvernement, les rivaux politiques et même l’ONU.  Elle a contredit la rumeur selon laquelle la MANUI appellerait à un report de ces élections.  Elle a appelé toutes les parties prenantes à s’en tenir aux faits, à se concentrer sur leurs propres rôles et responsabilités et à s’abstenir d’utiliser l’ONU comme bouc émissaire.  Elle a également appelé tous les médias à fournir des informations précises, fiables et opportunes au peuple iraquien, au lieu d’alimenter de fausses perceptions en fonction de leurs partisans.

Mme Hennis-Plasschaerts a ensuite relevé que les élections ne sont pas un objectif ultime en soi, mais un moyen pour parvenir à une meilleure gouvernance pour construire un Iraq plus sûr, plus prospère et plus juste.  Prenant à témoin « le monde qui regarde », elle a souligné que la responsabilité du succès des prochaines élections incombe aux parties prenantes et aux autorités iraquiennes.  Au sujet des appels au boycott ou au report des élections, elle a évoqué des raisons aussi variées comme la désillusion des Iraquiens, leur manque de confiance, leur colère, leur perte d’espoir face à des actes apparents de manœuvres politiques.  Cependant, a-t-elle argué, un boycott n’est pas une stratégie efficace et ne résoudra rien.  Au contraire, un vote non exprimé est en fait un cadeau à ceux auxquels vous pouvez vous opposer.  Il est donc important, pour les électeurs comme pour les politiciens, de revenir au processus, a-t-elle lancé.  De plus, l’Iraq doit aller au-delà des élections pour passer d’un statu quo politique prolongé à une gouvernance dynamique et réactive.  Au vu de l’homogénéité de la société iraquienne, elle a estimé qu’un boycott signifierait que le résultat des élections pourrait ne pas être celui que les populations espéraient et il donnerait une légitimité à un gouvernement qui ne serait pas leur préférence personnelle.  « Dans une démocratie, on fait entendre sa voix non seulement à travers des manifestations publiques mais aussi, et de manière critique, dans les urnes. »

Aux autorités, fonctionnaires, forces politiques, partis et candidats, elle a demandé de ne pas laisser tomber le peuple iraquien, leur rappelant également que le service aux citoyens devrait être leur priorité.  Il s’agit de faire avancer les choses en combattant la corruption, la négligence, l’incompétence, leur a-t-elle rappelé en les invitant à procéder immédiatement aux réformes et à diversifier l’économie pour réduire la vulnérabilité de l’Iraq aux fluctuations des prix des matières premières.  La Représentante spéciale a ensuite demandé la fin des intimidations, agressions, enlèvements et assassinats, et que cesse l’impunité.  « La responsabilité est essentielle pour restaurer la confiance du public. »

La Représentante spéciale a enfin évoqué la question des Koweïtiens, des ressortissants de pays tiers disparus et des biens koweïtiens disparus, y compris les archives nationales.  Elle a indiqué que depuis son dernier exposé, l’État du Koweït a identifié de manière concluante les restes de 10 autres personnes sur sa liste de personnes portées disparues depuis 1991.  Après 30 longues années, 30 dossiers de personnes disparues ont été formellement clos depuis novembre 2020.  Elle a émis le vœu qu’une amélioration de la situation de la COVID-19 et un assouplissement ultérieur des restrictions permettront bientôt la reprise des missions sur le terrain et des explorations de sites d’enfouissement potentiels pour obtenir de nouveaux résultats positifs.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un Iraq stable, démocratique et prospère, et a déclaré que le nouveau chapitre du partenariat entre les deux pays comprendra un large éventail de questions bilatérales, notamment le développement économique et la résilience climatique.  « C’est l’aide que les Iraquiens nous disent qu’ils veulent, et nous savons que nous sommes particulièrement bien placés pour les aider », a-t-elle déclaré, notant que les États-Unis feront don de 500 000 doses de vaccin Pfizer-BioNTtech au pays. 

La relation de sécurité passera à un « rôle de formation, de conseil, d’assistance et de partage de renseignements », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il n’y aura plus de force américaine avec un rôle de combat en Iraq d’ici au 31 décembre 2021.  Elle a dit que la « mission Defeat ISIS » est toujours en cours.  Mme Thomas-Greenfield a salué les efforts du Gouvernement iraquien pour se préparer à des élections libres et équitables et exprimé sa gratitude aux alliés pour avoir contribué au financement de l’équipe de surveillance des élections.  Elle a appelé le Gouvernement iraquien à prendre toutes les mesures pour protéger l’équipe de surveillance des élections, les observateurs de l’Union européenne et les contrôleurs des risques nationaux déployés dans tout le pays pour dissuader la fraude électorale.  Appelant à la responsabilité judiciaire dans les assassinats d’acteurs de la société civile par les milices, elle a applaudi le travail de la MANUI visant à documenter les abus et les violations des droits humains.

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a salué les efforts menés par les autorités iraquiennes en vue de développer des relations apaisées avec les pays voisins.  Sur le plan de la protection des droits de l’homme, le représentant a déploré les entraves systématiques à l’exercice des droits fondamentaux dont ceux d’association, de manifestation pacifique et de la liberté d’expression.  Les informations faisant état d’arrestations continues et d’actes de violence et d’intimidation à l’encontre de manifestants, de militants de la société civile, de défenseurs des droits de l’homme et de journalistes ne peuvent que saper la construction d’un État démocratique, s’est-il plaint appelant le Gouvernement à protéger et garantir les droits fondamentaux de tous les manifestants pacifiques, militants de la société civile et des défenseurs des droits humains. 

S’agissant des élections, M. Aougi a d’abord salué la MANUI pour les conseils techniques qu’elle donne à la Haute Commission électorale indépendante avant de dire que ces élections doivent être inclusives de toutes les couches sociales iraquiennes.  S’agissant de la question des personnes, des biens et des archives disparus du Koweït et dans des pays tiers, il a félicité les Gouvernements de l’Iraq et du Koweït pour les progrès notables qu’ils ont accomplis tout au long de l’année passée.  En conclusion, il a regretté que la menace transnationale du terrorisme reste présente dans le pays avec les dernières attaques de l’EIIL et de Daech à Bagdad. 

Mme ALICIA BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a salué l’appui de la communauté internationale à l’Iraq, non seulement par le financement de la MANUI, mais aussi par le déploiement de missions d’observation électorale.  Elle a salué la participation croissante des femmes aux prochaines élections et a encouragé les autorités à continuer de garantir la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux de prise de décision dans la vie politique, économique et sociale iraquienne.  La représentante a également salué les progrès réalisés dans le renforcement des capacités institutionnelles, telles que la mise en œuvre de réformes économiques et, surtout, la lutte contre la corruption et la promotion de mécanismes de responsabilité.  

Mme Buenrostro Massieu a noté, avec une grande préoccupation, que les cas de répression contre les manifestants se poursuivent.  Si l’enquête sur ces incidents et le soutien explicite du Premier Ministre aux manifestations pacifiques sont des signes encourageants, selon la représentante, elle a cependant exhorté le Gouvernement iraquien à protéger le droit à la liberté d’expression et d’association.  Elle a aussi condamné les disparitions forcées et le harcèlement des journalistes et des militants des droits de l’homme, exhortant à renforcer la lutte contre l’impunité.  Faisant écho à l’appel du Secrétaire général, elle a exhorté les autres États Membres à suivre les traces de l’Iraq et à faciliter le retour de leurs citoyens qui se trouvent au camp de réfugiés de Hol, en Syrie.  Elle a enfin salué les progrès réalisés dans la livraison des dépouilles de citoyens koweïtiens et de ressortissants de pays tiers, grâce à l’assistance de la MANUI et du Comité international de la Croix-Rouge.  

M. DANG DINH QUY (Viet Nam), qui a souligné la nécessité de sécuriser le processus électoral en Iraq, a appelé toutes les parties iraquiennes à faire tout le nécessaire pour dissiper les préoccupations sécuritaires avant les scrutins.  Il s’est dit encouragé par la main tendue du Gouvernement aux partenaires régionaux et internationaux qui peuvent aider à aller de l’avant sur tous les fronts, par le biais de la coopération et du dialogue.  Les menaces transfrontalières doivent être résolues dans le respect de la souveraineté territoriale des pays concernés, a exhorté M. Dang. 

Sur la question humanitaire, le délégué a appelé les autorités iraquiennes et leurs partenaires internationaux à assurer le retour sûr, volontaire, digne et durable des déplacés et à empêcher une nouvelle crise de déplacement.  Il a pris note des obstructions à l’accès humanitaire dans le pays et appelé les autorités à résoudre cette question et à assurer la sécurité des travailleurs humanitaires nationaux et internationaux.  Rappelant le dix-huitième anniversaire, commémoré la semaine dernière, de l’attaque du siège de l’ONU à Bagdad, M. Dang a appelé le Gouvernement et ceux qui sont aux commandes à travers le monde à n’épargner aucun effort pour protéger les agents humanitaires contre la violence et les menaces sur le terrain.  En conclusion, il a salué la coopération entre les Gouvernements iraquien et koweitien dans la recherche des disparus et le retour des avoirs koweitiens. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a souligné les difficultés économiques en Iraq, dont l’économie est dépendante des exportations de pétrole.  Les problèmes auxquels ce pays est confronté ne pourront être résolus d’un seul coup, a estimé la représentante rappelant que l’Iraq avait commencé à combattre le terrorisme depuis les événements de 2003.  Mme Evstigneeva a émis le vœu que les futures élections se déroulent comme prévu.  Elle a insisté sur l’importance d’un dialogue inclusif entre les composantes diverses de la société iraquienne pour surmonter les difficultés.  S’agissant des divergences entre Bagdad et Erbil, elle a invité à améliorer le dialogue pour régler les problèmes existants.  Cela aiderait à ouvrir des perspectives économiques, a estimé la représentante. 

La déléguée a exhorté la communauté internationale à aider l’Iraq à améliorer la situation socioéconomique et à se reconstruire.  Elle a salué l’excellente relation entre l’Iraq et le Koweït, « une excellente nouvelle pour toute la région » selon elle.  Mme Evstigneeva, qui a rappelé le nouveau concept russe de sécurité dans le golfe Persique, a dit être préoccupée par la menace terroriste dans certaines régions du pays.  Elle a donc appelé à resserrer la coopération et la coordination de lutte contre le terrorisme dans le respect de la souveraineté de l’Iraq.  La présence de forces étrangères dans le pays doit être autorisée soit par les autorités iraquiennes soit par le Conseil de sécurité, car l’Iraq ne doit pas devenir une arène pour régler les conflits régionaux, a conclu la représentante.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a indiqué que la conférence régionale de Bagdad du 28 août, qui sera coprésidée par le Premier Ministre iraquien et le Président de la France, sera l’occasion pour l’Iraq de s’affirmer comme un pôle de stabilité dans la région.  « La France est convaincue qu’un Moyen-Orient prospère et en paix passe par un Iraq souverain et stable. »  Cela nécessite notamment de faire en sorte que les autorités iraquiennes exercent un contrôle effectif sur l’ensemble des groupes armés présents dans le pays.  Cela implique aussi de poursuivre la lutte contre Daech, a précisé la représentante qui a jugé essentiel, pour la coalition internationale, de continuer de soutenir les autorités iraquiennes en adaptant ses modalités d’action à la menace.

Soucieuse des demandes légitimes exprimées par la population iraquienne, la représentante a salué l’organisation des élections anticipées prévues en octobre prochain, auxquelles la France a contribué à hauteur de 1 million d’euros.  Elle a souhaité un taux de participation élevé à ces élections, plaidant pour un climat propice à une campagne apaisée et des garanties concernant la sécurité des candidats, en particulier celles et ceux issus du mouvement d’octobre 2019 et de la société civile.  Elle a vu d’un bon œil les réformes envisagées pour sortir l’Iraq de sa dépendance au pétrole, lutter contre la corruption et assurer des services publics de qualité, tout en appelant à lutter contre l’impunité.  Mme Broadhurst Estival a aussi appelé à soutenir le plan de réponse humanitaire des Nations Unies et demandé que le volet sécuritaire de l’accord concernant la localité de Sinjar soit effectivement mis en œuvre pour permettre le retour des populations yézidies déplacées.  Plus largement, elle a souhaité que le dialogue entre Bagdad et Erbil s’intensifie pour résoudre l’ensemble des questions en suspens.  Enfin, elle a souhaité que la coopération entre l’Iraq et le Koweït se poursuive pour que le tourment des familles de victimes prenne fin.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a appuyé les efforts en cours pour préparer les élections du 10 octobre en Iraq, félicitant la Haute Commission électorale indépendante et la MANUI pour les progrès accomplis à cet égard.  Des élections libres, justes et transparentes avec une large représentation et participation, y compris des personnes déplacées, sont vitales pour l’intégrité du processus électoral et pour la stabilité de l’Iraq, a-t-elle fait remarquer.  Soulignant que des élections réussies nécessitent des environnements électoraux sûrs, exempts de peur et d’intimidation, notamment pour les candidates et les électrices, la représentante a salué le lancement, en juin, du plan de travail visant à promouvoir et à surveiller la participation électorale des femmes.  Elle a aussi appelé à garantir la sécurité et la protection de tous les citoyens iraquiens, y compris leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.  Condamnant les attaques ciblées contre les manifestants, les défenseurs des droits humains, les militants et les journalistes iraquiens, la Norvège a réitéré son appel aux autorités iraquiennes pour qu’elles mettent fin au cycle de l’impunité.  

La représentante s’est dite préoccupée par la poursuite des activités terroristes de l’EIIL, mais toutefois encouragée par les signes de progrès sur les questions de justice et de sécurité, comme l’adoption de la loi yézidie sur les femmes survivantes.  « Il est vital que l’ONU soutienne le Gouvernement iraquien dans la mise en œuvre de cette législation. »  La représentante a aussi salué les efforts du Gouvernement iraquien pour promouvoir la coopération et la stabilité régionale et pour l’organisation de la prochaine « conférence iraquienne et des pays voisins » à Bagdad.  Les menaces, différends et défis régionaux et transnationaux -y compris les problèmes environnementaux- doivent être traités sur la base du principe des relations de bon voisinage et dans le respect de la souveraineté territoriale des États en question, a-t-elle fait valoir.  Tous les acteurs doivent assumer leurs responsabilités en droit international humanitaire pour assurer la protection des civils, a-t-elle aussi exigé.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a appelé les parties iraquiennes à créer un environnement propice à la tenue d’élections inclusives, crédibles et participatives.  Ces élections sont un élément crucial sur la voie de la stabilité et du rétablissement de la confiance du public dans le système politique, a expliqué le représentant.  Pointant du doigt les attaques contre les manifestants, les militants politiques et les journalistes, il a encouragé les autorités iraquiennes à redoubler d’efforts pour que les responsables de violations répondent de leurs actes et pour préserver la liberté d’expression et de réunion pacifique.  En ce qui concerne la loi sur les femmes yézidies survivantes, M. Lipand a exhorté le Gouvernement à la mettre en application et à élaborer des règlements garantissant le retour à la normale pour les survivantes.

Le représentant a dit être préoccupé par les attaques terroristes de l’EIIL, notamment contre les missions diplomatiques et les forces de la Coalition.  Il a demandé au Gouvernement de veiller à ce que les responsables soient tenus responsables.  « La lutte contre l’EIIL est loin d’être terminée et l’Estonie reste prête à soutenir l’Iraq à cet égard. »  Le délégué a apporté son appui à l’engagement constructif de l’Iraq avec ses voisins, y compris la conférence prévue avec les acteurs régionaux à Bagdad le 28 août.  M. Lipand a aussi salué l’action du Gouvernement iraquien sur la question des passages illégaux de migrants du Bélarus vers l’Union européenne.  Il a condamné l’instrumentalisation de l’immigration et l’utilisation de personnes innocentes pour promouvoir des objectifs politiques.  S’agissant des relations entre Bagdad et Erbil, il a encouragé les deux gouvernements à appliquer la loi fédérale sur le budget et à parvenir à des accords sur d’autres questions.  Cela contribuera à la stabilité du pays, a-t-il conclu.

Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a salué l’engagement du Gouvernement iraquien à organiser des élections libres et justes, conformément à la volonté du peuple iraquien.  Le déploiement par la MANUI de conseillers électoraux supplémentaires contribuera à l’intégrité du processus électoral, a-t-elle noté, avant d’encourager les partenaires internationaux de l’Iraq à considérer positivement la demande du Gouvernement d’avoir des observateurs électoraux.  Pour la déléguée, l’intégrité et la légitimité perçue des élections dépendent d’une participation large et authentique de tous les secteurs de la société.  La participation des femmes aux élections et au gouvernement fera progresser la formation d’un Iraq inclusif et prospère, car les femmes jouent un rôle important dans la stabilité, le progrès et le développement à long terme des nations, a souligné la représentante.

Mme Gonsalves a estimé qu’en plus des élections, le respect des droits de l’homme et de la primauté du droit est tout aussi important pour la reconstruction du pays.  Dans ce contexte, elle s’est inquiétée des attaques de Daech qui se poursuivent en faisant des victimes civiles, exigeant que les auteurs rendent des comptes et que justice soit rendue aux victimes.  Dans cet esprit, elle a rappelé l’adoption de la loi phare sur les femmes survivantes yézidies et a salué les progrès qui ont été réalisés depuis, en particulier la création d’une direction générale des affaires yézidies, à laquelle une avocate yézidie a été nommée directrice générale.  Enfin, elle a plaidé en faveur d’une approche régionale collaborative des défis, tels que la pandémie de COVID-19 et le terrorisme, en appelant à surmonter les obstacles sur ce chemin.  En terminant son propos, elle a salué le dévouement des Gouvernements iraquien et koweïtien à régler la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus. 

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a félicité les autorités iraquiennes pour les préparatifs en vue d’élections inclusives, transparentes, libres et crédibles, dont le résultat devra refléter la volonté du peuple.  Saluant les efforts de collaboration de la Haute Commission électorale indépendante, du Comité suprême de sécurité électorale, des responsables électoraux du Gouvernement et des autres parties prenantes, il les a exhortés à continuer à travailler ensemble pour garantir le succès des élections.  Il a également salué l’engagement régulier et continu de la Représentante spéciale avec toutes les parties prenantes et s’est félicité du déploiement continu de conseillers électoraux supplémentaires dans le cadre du projet d’assistance électorale technique renforcée de la MANUI.  Il convient de tout mettre en œuvre pour attirer la participation la plus large possible, a estimé M. Kiboino en dénonçant le ciblage des militants politiques.  Sur une note positive, il a relevé les développements importants réalisés par le biais du Comité suprême pour promouvoir et surveiller la participation électorale des femmes.

Concernant la situation sécuritaire, le représentant a condamné les attaques continues de l’EIIL dans plusieurs provinces et félicité les forces de sécurité iraquiennes qui poursuivent leurs opérations de lutte contre le terrorisme.  Il a appelé à un soutien régional et international coordonné d’une manière qui favorise la sécurité et la stabilité en Iraq grâce à des approches de coopération bilatérales et multilatérales.  « L’Iraq doit être protégé contre le risque de devenir une arène internationale », a dit M. Kiboino, craignant que les États et les acteurs non étatiques règlent leurs comptes au détriment de la sécurité, de la stabilité politique et du progrès socioéconomique du pays et de son peuple.  Enfin, il a réitéré son appel à tous les acteurs pour qu’ils défendent l’indépendance politique, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Iraq.  Il a réaffirmé son soutien à la MANUI qui aide le Gouvernement et le peuple iraquiens à relever les défis prévus et à assurer des élections réussies.

Mme SONIA FARREY (Royaume-Uni) a déclaré que les élections du 10 octobre seront cruciales pour la stabilité et la sécurité de l’Iraq, car elles répondront aux appels à la réforme lancés par les Iraquiens ordinaires à travers le pays en 2019.  La représentante a salué les efforts déployés par l’ONU pour aider la Haute Commission électorale iraquienne à organiser un vote libre, équitable et crédible, tout en exprimant ses préoccupations face aux menaces et violences à l’encontre de candidats et de militants indépendants, ainsi que sur la possibilité d’une faible participation aux élections.  Mme Farrey a exhorté le Gouvernement et la MANUI à redoubler d’efforts pour communiquer les progrès réalisés par la Commission électorale dans la préparation des élections afin d’augmenter la participation et d’accroître leur crédibilité.  Elle a aussi appelé toutes les parties à redoubler d’efforts en faveur d’un processus électoral pacifique auquel les Iraquiens pourront participer sans crainte.

La déléguée a salué les résultats du dialogue stratégique entre les États-Unis et l’Iraq et de la déclaration conjointe, qui confirment une base continue pour le travail de la Coalition mondiale visant à soutenir la lutte contre Daech.  Elle a appelé la communauté internationale à poursuivre son étroite collaboration pour assurer la défaite durable de Daech.  Le Royaume-Uni continue d’aider le Gouvernement de l’Iraq, la Coalition mondiale et l’OTAN à lutter contre la menace de Daech, a assuré la représentante.  Elle s’est ensuite inquiétée de la situation humanitaire et en particulier du sort des 1,2 million de personnes déplacées.  Elle a exhorté le Gouvernement à travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies pour garantir que les déplacés puissent accéder à l’aide et rentrer volontairement, dans la sécurité et la dignité.  Elle a conclu en saluant la coopération entre l’Iraq et le Koweït dans la recherche de ressortissants koweïtiens et d’États tiers portés disparus.  « L’identification des restes de 10 autres Koweïtiens portés disparus est une étape importante. »

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer l’Iraq, notamment dans la perspective des élections d’octobre prochain qui s’avèrent cruciales.  Il a salué le soutien apporté par les Nations Unies pour ce scrutin en insistant pour qu’il soit organisé et mené par les Iraquiens eux-mêmes.  Il a aussi dit appuyer le Gouvernement national et les autorités du Kurdistan dans le cadre des discussions portant sur des dossiers d’intérêt commun.

La communauté internationale doit également poursuivre son soutien à l’Iraq dans la lutte contre le terrorisme et dans l’optique de faciliter le retour des combattants étrangers du pays, a plaidé le représentant.  Il a ensuite invité les parties concernées à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de l’Iraq.  Enfin, la communauté internationale doit, a-t-il ajouté, continuer d’aider l’Iraq dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et pour la reconstruction du pays.  Et cette assistance ne doit pas être subordonnée à des intérêts politiques, a-t-il précisé.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a condamné les attaques perpétrées par l’EIIL en Iraq le mois dernier, estimant que cela met en évidence la situation sécuritaire instable dans tout le pays.  Le comportement malveillant des acteurs menace la stabilité de l’Iraq à un moment crucial, avant les élections qui sont importantes pour l’avenir du pays et la sécurité de toute la région, a constaté la représentante qui a saisi cette occasion pour soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriales de l’Iraq.  Dans des circonstances difficiles, marquées notamment par la pandémie de COVID-19, l’Irlande s’est félicitée des progrès réalisés dans les préparatifs en vue des élections libres et équitables du 10 octobre, en particulier le travail entrepris par le Comité suprême pour promouvoir et surveiller la participation électorale significative des femmes.  La représentante est également heureuse de voir que l’Union européenne déploie des observateurs électoraux en Iraq, en vue de renforcer le rôle élargi de la MANUI dans la surveillance des élections, comme mandaté par ce Conseil en mai dernier.

Préoccupée cependant par les développements sur le terrain en termes de rétrécissement de l’espace civique, « avec des attaques honteuses contre des militants, des journalistes, des défenseurs des droits humains et des groupes de femmes », en particulier dans le contexte des prochaines élections, l’Irlande a regretté que ces violations des droits de l’homme ne soient pas suffisamment poursuivies.  Une telle impunité ne fera qu’enhardir les auteurs et contribuera davantage à l’érosion de la confiance dans l’État, a estimé Mme Byrne Nason.  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre du Plan d’action national pour les droits de l’homme, et a plaidé en faveur de la justice, de la responsabilité et de la fin de l’impunité pour les violations et abus des droits de l’homme, demandant aussi des garanties de procès équitable.  La stabilité de l’Iraq étant inextricablement liée à celle de la région en général, l’Irlande a souligné le rôle louable joué par le pays pour faciliter et encourager le dialogue régional au cours des derniers mois.  Elle a dit attendre avec intérêt les résultats du sommet régional proposé par l’Iraq plus tard ce mois-ci.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a salué la tenue des élections en octobre qui devraient, selon lui, ouvrir un nouveau chapitre de stabilité en Iraq.  Il a souhaité une plus grande participation des femmes à ce scrutin.  La communauté internationale doit soutenir l’organisation de ces élections qui doivent être transparentes et crédibles, a-t-il demandé.  Le représentant a noté que les groupes terroristes continuent de déstabiliser le pays et a exigé que les auteurs de ces crimes rendent des comptes.  M. Ladeb a aussi demandé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Iraq dans la lutte contre le terrorisme.  

S’agissant des relations entre Bagdad et Erbil, il a salué l’effectivité des transferts budgétaires entre les deux capitales qui ouvrent la voie à une plus grande stabilité.  S’agissant de la question problématique des déplacés, le représentant a prié les autorités de garantir leur retour sûr dans leurs régions d’origine.  Enfin, il a félicité l’Iraq et le Koweït pour leurs efforts en ce qui concerne les disparus koweitiens et d’États tiers ainsi que le retour des biens et des archives nationales.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a estimé que les prochaines élections législatives en Iraq offrent une occasion précieuse de consolider davantage la démocratie dans le pays.  Il a salué les mesures prises par les autorités iraquiennes et la Haute Commission électorale indépendante pour garantir un processus électoral libre, équitable et inclusif, malgré les contraintes dues à la pandémie.  Il a dit appuyer fermement le mandat supplémentaire confié à la MANUI afin qu’elle puisse déployer une équipe d’observation des élections et aider le Gouvernement iraquien à organiser celles-ci.  L’Inde a contribué au processus démocratique et électoral en Iraq en tant qu’observateur des élections de 2018, et elle espère apporter une contribution similaire lors des prochaines élections, a dit le délégué qui s’est dit encouragé par le nombre croissant de femmes candidates.  

M. Timururti a en outre exprimé sa solidarité avec toutes les victimes du fléau du terrorisme en Iraq, rappelant que l’Inde avait perdu 39 de ses ressortissants à cause du terrorisme de Daech en Iraq.  Il a condamné toute action militaire entreprise sur le territoire iraquien sans le consentement du Gouvernement iraquien sous le prétexte d’opérations antiterroristes.  Il ne peut y avoir de violation de la souveraineté de l’Iraq, et son intégrité territoriale et son indépendance doivent être pleinement respectées, a exigé le délégué.  Il a ensuite salué le dialogue constructif et l’engagement entre le Gouvernement iraquien et le Gouvernement de la Région du Kurdistan sur le budget, le partage des ressources, le partage des revenus et la gestion des frontières, qui ont créé un environnement positif pour parvenir à un accord durable sur toutes les questions en suspens.  Enfin, il s’est félicité des efforts conjoints soutenus des Gouvernements iraquien et koweïtien pour localiser, identifier et rapatrier les Koweïtiens et autres ressortissants disparus ainsi que les biens koweïtiens disparus.

M. SARHAD SARDAR ABDULRAHMAN FATAH (Iraq) a expliqué que le Gouvernement iraquien travaille dur pour répondre aux demandes du public, que ce soit en organisant un scrutin libre et transparent, en maintenant la paix et la sécurité, en combattant la pandémie de COVID-19 et le terrorisme, ou en réalisant des réformes économiques urgentes et en combattant la corruption.  Depuis sa formation, le Gouvernement actuel s’est donné pour mission de renforcer la confiance du peuple, et notamment des jeunes, à travers des actions visant entre autres à écouter leurs voix et respecter les droits constitutionnels de manifestation pacifique et de liberté d’expression.  Il a aussi cité les efforts visant à fournir un soutien aux jeunes en termes d’emploi et de logement, lutter contre l’impunité grâce au travail de l’équipe d’établissement des faits chargée d’enquêter et de prévenir la récurrence de violations de droits de l’homme à l’avenir, imposer la primauté du droit et limiter la possession d’armes.  Le représentant a aussi parlé de la campagne de vaccination nationale contre la COVID-19 lancée mi-août grâce aux doses de vaccin livrées par le Mécanisme COVAX et d’autres partenaires bilatéraux.  

Il a reconnu que les problèmes de sécurité restent importants et affectent les efforts du Gouvernement dans divers domaines, avec au premier plan le terrorisme, « la menace la plus grande et la plus durable » qui entrave le développement du pays puisqu’elle cible, entre autres, des centrales électriques.  

Le représentant a réitéré ses appels à ne pas utiliser son territoire à des fins politiques ou sous prétexte de lutter contre le terrorisme, mettant ainsi en danger sa sécurité et sa stabilité.  Il a souligné la nécessité de respecter les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, en particulier le respect de la souveraineté des autres pays, les principes de bon voisinage et le renforcement des relations de coopération.  Par conséquent, le représentant a demandé au Conseil de sécurité d’examiner sérieusement cette question et d’inviter les États Membres à manifester leur pleine adhésion aux principes énoncés ci-dessus.

Renouvelant sa détermination à poursuivre sa coopération avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, même s’il est prévu que les forces étrangères se retirent d’Iraq d’ici la fin de l’année.  Il poursuivra sa lutte contre l’État islamique et renforcera le partenariat à long terme dans les domaines de la sécurité, de l’économie, de la santé, de l’éducation, de la culture, de l’énergie, de l’environnement et de l’investissement, a assuré le délégué.  L’Iraq, a-t-il ajouté, est également désireux de fournir un soutien aux victimes du terrorisme, y compris les survivants yézidis, pour lesquels le Gouvernement a formé la Direction générale des affaires yézidies au Ministère du travail et des affaires sociales, en mai dernier, et s’est engagé à mettre en œuvre la loi sur les survivants.  

L’Iraq a également démontré son engagement à rapatrier les Iraquiens détenus dans le camp syrien de Hol, a rappelé le représentant en précisant que 93 familles iraquiennes, soit 382 personnes, dont 145 enfants, ont été transférées au camp d’Al-Jada dans la province de Ninive pour y être réhabilitées.  Saisissant l’occasion pour renouveler l’engagement pris par le Gouvernement iraquien à protéger les missions diplomatiques et consulaires accréditées en Iraq ainsi que leur personnel, il a déclaré que ces tentatives de déstabilisation ne seront pas tolérées par son gouvernement.

L’Iraq cherche en outre à contribuer positivement et efficacement aux efforts visant à instaurer la confiance et à promouvoir la stabilité régionale, a continué le représentant.  La « conférence de Bagdad sur la coopération et le partenariat », qui se tiendra le 28 août, s’inscrit dans ce cadre et vise à promouvoir le dialogue et à lancer de nouvelles étapes crédibles vers le renforcement des mécanismes de coopération et une stabilité durable, a-t-il indiqué.

Alors que les prochaines échéances électorales sont un élément essentiel du programme de réforme du Gouvernement iraquien, le délégué a rappelé avoir demandé le soutien de l’ONU pour envoyer une équipe forte et visible pour surveiller les prochaines élections législatives.  Il a remercié les Nations Unies d’avoir accepté, ainsi que l’UE, et a dit attendre l’arrivée de ces équipes sur place. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: sur fond d’escalade, appel à une diplomatie internationale constructive, au-delà du volet humanitaire, pour relancer le processus politique

8841e réunion - matin
CS/14612

Syrie: sur fond d’escalade, appel à une diplomatie internationale constructive, au-delà du volet humanitaire, pour relancer le processus politique

Ce matin, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen, accompagné par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, ont fait le point, avec les membres du Conseil de sécurité, sur l’évolution de la situation en Syrie sur les plans politique et humanitaire.  L’escalade à Deraa, notamment, a suscité l’indignation et la pénurie en eau, de vives inquiétudes.

M. Pedersen s’est inquiété de la reprise des hostilités dans plusieurs régions et a fait part de ses efforts pour redynamiser le processus politique, un processus dans l’impasse ces derniers mois alors que la Commission constitutionnelle ne s’est pas réunie depuis janvier dernier.  De son côté, M. Griffiths a fait une mise à jour sur l’impact humanitaire des hostilités en cours, de la crise économique, des pénuries d’eau et de la COVID-19 qui ont poussé les besoins humanitaires à des niveaux parmi les plus élevés depuis le début du conflit.  

Après des mois d’accalmie, on assiste actuellement à une recrudescence des tensions, a regretté M. Pedersen, notamment dans le sud-ouest du pays, dans la province de Deraa, où il y a eu des déploiements importants de troupes, des pilonnages massifs et des affrontements au sol qui ont fait des victimes civiles et ont causé des déplacements de personnes et des dommages aux infrastructures civiles.  L’Envoyé spécial a appelé les parties à mettre immédiatement fin à la violence et à s’acquitter de leurs obligations, en droit international humanitaire, de protéger les civils et les infrastructures civiles.  Il a rappelé que l’ONU a demandé un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave à toutes les zones et communautés touchées, y compris à Deraa al-Balad. 

Alors que les membres du Conseil ont trouvé un langage de compromis en adoptant à l’unanimité le mois dernier la résolution 2585 (2021) par laquelle ils ont prolongé le mandat du poste frontière de Bab el-Haoua, l’Envoyé spécial a espéré que les États clefs –en particulier la Fédération de Russie et les États-Unis– pourraient coopérer sur le dossier syrien au-delà du volet humanitaire.  Il a plaidé pour « une diplomatie internationale constructive ».

En effet, les développements récents n’ont fait que mettre en exergue, selon lui, que le conflit en Syrie est loin d’être terminé, et qu’il faut un processus politique crédible ainsi qu’une coopération internationale plus soutenue.  Il a demandé aux États clefs de travailler avec lui sur des discussions exploratoires sur un ensemble d’étapes « concrètes, mutuelles et réciproques » qui seront définies avec « réalisme et précision », et qui seront mises en œuvre en parallèle et de manière vérifiable.  De telles mesures sont nécessaires, avant tout, pour aider à sauver des vies syriennes, soulager les souffrances, promouvoir la stabilité régionale et promouvoir la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a-t-il expliqué.  L’Envoyé spécial s’est dit prêt à utiliser le pouvoir de mobilisation des Nations Unies à Genève, si cela peut aider à créer des perspectives, et à poursuivre ses consultations. 

De son côté, M. Griffiths s’est notamment attardé sur les manifestations humanitaires de la crise économique: les prix élevés des matières premières, la perte généralisée des moyens de subsistance, l’augmentation des mariages précoces, entre autres.  Il s’est aussi alarmé des niveaux trop bas de l’eau de l’Euphrate dans le nord-est du pays ainsi que dans les réserves des principaux barrages de la région.  Or, plus de cinq millions de personnes dépendent du fleuve pour l’eau potable et l’électricité.  Le fleuve approvisionne également les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau, a constaté le Secrétaire général adjoint qui a dit craindre que ces pénuries, exacerbées par la sécheresse, endommagent les récoltes et aggravent une situation alimentaire déjà désastreuse. 

Partageant ces inquiétudes, le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien a expliqué que son organisation, avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), travaille jour et nuit pour remplir les réservoirs d’eau dans les villes par camion à partir des quelques sources disponibles.  Mais M. Khaled Erksoussi a réclamé une solution durable.  Mettant également l’accent sur les difficultés socioéconomiques dans le pays, M. Erksoussi a indiqué que le panier d’aide alimentaire fourni par le CICR ou le Programme alimentaire mondial (PAM) vaut aujourd’hui une fortune.  Il a dénoncé les sanctions et autres mesures restrictives qui rendent impossible une vie dans la dignité.  Les États-Unis ont pourtant soutenu à nouveau que « les sanctions américaines ne visent que ceux qui volent le peuple syrien par leurs pratiques de corruption et commettent des crimes de guerre, et non les civils ».  L’Iran, la Chine et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont aussi dénoncé ces mesures unilatérales, le Niger a réclamé leur allègement tandis que la France a réaffirmé que, sans solution politique, sa position sur la levée des sanctions, la normalisation et la reconstruction demeurera inchangée. 

Rétorquant à la demande américaine de faire de la question de « l’assaut du régime d’Assad contre Deraa » une priorité du Conseil, étant donné que le blocus du « régime d’Assad » sur l’aide humanitaire a laissé les habitants lutter pour survivre sans eau, sans nourriture, sans électricité ni médicaments, la Syrie a déclaré qu’il s’agit d’une « manipulation des faits » et que le « régime syrien » n’a fait que répondre à des attaques de groupes non étatiques terroristes « soutenus par la France et le Royaume-Uni » notamment.  La Fédération de Russie a renchéri en disant que le Gouvernement a le droit de maintenir l’ordre sur cette partie de son territoire.

Les avis ont aussi divergé en ce qui concerne le passage transfrontalier de l’aide humanitaire.  La Turquie, comme l’Estonie, le Kenya et d’autres, s’est félicitée de la décision du Conseil, le 9 juillet dernier, de renouveler pour 12 mois le mécanisme du point de passage de Bab el-Haoua, tandis que la Syrie a estimé qu’il devrait être supprimé et l’Iran a craint que l’aide transfrontalière serve à aider les groupes terroristes en Syrie.

À l’instar de l’Irlande, la plupart des membres du Conseil ont à nouveau affirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise syrienne et que seuls des progrès sur la voie politique pourront transformer la situation, y compris humanitaire, sur le terrain.   

LA SITUATION EN SYRIE

On assiste récemment à une escalade dans de nombreuses régions de la Syrie, a constaté à regret l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. GEIR O. PEDERSEN.  Dans le sud-ouest, en particulier dans la province de Deraa, il y a eu des déploiements importants de troupes, des pilonnages massifs et des affrontements au sol qui se sont accompagnés de victimes civiles, de déplacements de personnes et de dommages aux infrastructures civiles, a-t-il décrit.  M. Pedersen a dit avoir contacté toutes les parties aux combats et engagé un large éventail de Syriens, y compris sur le terrain, ainsi que des acteurs internationaux clefs, ajoutant que les efforts de médiation russes se sont intensifiés ces derniers jours.  Appelant toutes les parties à mettre immédiatement fin à la violence et à s’acquitter de leurs obligations en droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles, M. Pederson a également demandé un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave à toutes les zones et communautés touchées, y compris Deraa al-Balad.  L’ONU demande instamment un accord durable qui ouvre la voie à la restauration d’un environnement sûr et sécurisé, atténuant les craintes et les griefs de la population locale, répondant aux besoins sociaux, humanitaires et économiques, évitant tout déplacement et permettant aux habitants de Deraa de retourner dans leurs foyers dans la sécurité et la dignité.

Les tensions sont également restées élevées dans le nord-ouest de la Syrie, notamment à Edleb, dans le nord de Lattaquié et à Alep, ainsi que dans l’ouest de Hama, a poursuivi l’Envoyé spécial.  Les régions du nord-est de Raqqa et Hassakeh ont aussi connu de nouvelles violences impliquant des groupes armés non étatiques.  Ces attaques sont inacceptables et la lutte antiterroriste doit se poursuivre, a tranché l’Envoyé spécial.  Dans le même temps, les inquiétudes humanitaires concernant les coupures d’eau répétées dans le nord-est restent critiques et affectent les infrastructures vitales, notamment les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau.  M. Pederson a également rappelé l’explosion meurtrière qui a visé un bus militaire à Damas le 4 août et les frappes aériennes importantes attribuées à Israël, notamment un incident notable à Damas le 20 août.  Il a constaté qu’en effet, la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie continuent d’être compromises.

Ces développements montrent que le conflit en Syrie est loin d’être terminé, a-t-il affirmé, et qu’il faut un processus politique crédible ainsi qu’une coopération internationale plus soutenue.  Pour sa part, l’Envoyé spécial a dit poursuivre ses efforts pour faciliter la convocation d’une sixième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle.  Il a rencontré à deux reprises virtuellement le Coprésident nommé par la Commission syrienne des négociations, M. Al-Bahra, et le Chef de son Bureau à Damas a rencontré le Coprésident nommé par le Gouvernement, le Dr Kuzbari.  M. Pedersen, qui a d’ailleurs demandé de se rendre à Damas, poursuit ses efforts pour trouver une voie à suivre, « mais ce n’est pas facile », a-t-il concédé en appelant à la flexibilité sur la base de sa proposition de transition pour sortir de l’impasse et convoquer une nouvelle session dès que possible.  L’impasse met en lumière, selon lui, à la fois des problèmes de manque de confiance et de manque de volonté politique, qui ont paralysé les efforts pour faire avancer une solution politique.  M. Pedersen demande depuis longtemps de travailler sur une plus vaste palette de questions, ce qui pourrait instaurer une certaine confiance, selon lui.  Il a cité, à titre d’exemple, l’action essentielle sur le dossier crucial des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues.

Rappelant également que la crise économique continue de présenter de grandes difficultés pour les Syriens dans leur vie quotidienne, allant de graves pénuries d’énergie à la diminution de l’approvisionnement alimentaire, M. Pedersen a réitéré sa préoccupation concernant les moyens de subsistance des Syriens sur fond de conflit, des différents défis qui y sont associés et de la crise au Liban.

Les problèmes auxquels sont confrontés les Syriens sont en effet loin d’être uniquement le fait des Syriens, a-t-il déclaré.  « Une diplomatie internationale constructive est manifestement nécessaire. »  L’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2585 en juillet a été une mesure humanitaire importante.  Pour sa part, l’ONU fera tout son possible pour faciliter la mise en œuvre de tous les aspects de la résolution.  Mais la résolution a également envoyé un message selon lequel les États clefs –en particulier la Fédération de Russie et les États-Unis– pourraient coopérer sur la Syrie au-delà de la voie humanitaire.  Il est nécessaire de suivre et de tirer parti de l’adoption de la résolution 2585, dans d’autres domaines d’intérêt commun et de préoccupation commune, a-t-il recommandé.  Cela sera essentiel si nous voulons faire des progrès modestes pas à pas, a estimé l’Envoyé spécial qui en a parlé avec le Ministre russe des affaires étrangères, M. Lavrov, lors de sa visite à Moscou en juillet et lors de ses contacts avec les États-Unis – et avec de nombreux autres gouvernements. 

M. Pedersen a demandé aux États clefs de travailler avec lui sur des discussions exploratoires sur un ensemble d’étapes concrètes, mutuelles et réciproques qui seront définies avec réalisme et précision, et qui seront mises en œuvre en parallèle et sont vérifiables.  De telles mesures sont nécessaires, avant tout, pour aider à sauver des vies syriennes, soulager les souffrances, promouvoir la stabilité régionale et promouvoir la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a-t-il expliqué.  Si toutes ces questions représentent des intérêts autour desquels les membres du Conseil et d’autres acteurs internationaux clefs sont d’accord, il a souhaité une plus grande adhésion d’acteurs pertinents prêts non seulement à identifier ce qu’ils recherchent, mais aussi ce qu’ils peuvent apporter.  Rappelant avoir abordé aujourd’hui plusieurs questions qui pourraient être considérées comme faisant partie d’un ensemble plus large de réciprocité, l’Envoyé spécial s’est dit prêt à utiliser le pouvoir de mobilisation des Nations Unies à Genève si cela peut aider à créer des perspectives d’accommodement et il dit avoir l’intention de poursuivre ses consultations.

En guise de conclusion, il a lancé un appel aux membres du Conseil, « vous qui avez pu vous unir autour de la résolution 2585 en juillet », pour continuer à travailler dans la même direction: contribuer à faciliter une solution politique dirigée et contrôlée par les Syriens qui réponde aux aspirations légitimes des femmes et des hommes de la Syrie et rétablisse la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, comme le prévoit la résolution 2254.

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que les hostilités en cours, la crise économique, les pénuries d’eau et la COVID-19 poussent les besoins humanitaires de millions de personnes déjà vulnérables à des niveaux parmi les plus élevés depuis le début du conflit.  Au sujet de la protection des civils et des infrastructures cruciales dont ils dépendent, il a relevé que 10 ans après le début du conflit, les civils dans toutes les régions de la Syrie continuent de subir de graves difficultés qui durent depuis bien trop longtemps.  Les informations sur les familles recourant de plus en plus au mariage précoce comme moyen de subvenir aux besoins de leurs filles en raison de l’incertitude de leur situation se multiplient.  

En juin et juillet, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré au moins 153 morts et 280 blessés parmi les civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, à la suite des hostilités en Syrie.  De même, une augmentation des frappes aériennes et des bombardements dans le nord-ouest a tué au moins 53 civils en juin et juillet, endommagé des infrastructures civiles essentielles et déplacé plus de 20 000 personnes.  Il s’agit du plus grand déplacement depuis l’annonce d’un cessez-le-feu en mars 2020, a-t-il noté.  Les problèmes d’insécurité continuent au camp de Hol où 69 meurtres ont été signalés depuis janvier, ainsi que 12 tentatives de meurtre.  Les travailleurs humanitaires, y compris les volontaires de protection et le personnel de gestion du camp, sont également régulièrement menacés.  

En outre, le 5 août, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, a tiré la sonnette d’alarme sur le sort des civils dans la récente escalade de la violence dans et autour de la ville de Deraa.  Les combats et les bombardements intensifs qui ont commencé fin juillet ont causé le décès d’au moins 8 civils et contraint plus de 35 000 personnes à fuir leurs maisons.  Des obus de mortier ont également touché l’hôpital national de Deraa, provoquant la fermeture temporaire de son unité de dialyse.  Les civils de Deraa sont confrontés à de graves pénuries de pain, d’eau, d’électricité, de carburant et de gaz de cuisine.  Les établissements de santé seraient également à court de fournitures.  Dans ce contexte, les agences des Nations Unies et leurs partenaires fournissent une aide d’urgence aux déplacés et aux communautés d’accueil dans la ville de Deraa et ses environs, notamment des rations alimentaires, des médicaments, des fournitures médicales et d’autres articles de première nécessité.  M. Griffiths a exhorté les parties à faciliter un accès humanitaire rapide et sans entrave à toutes les communautés touchées, y compris à Deraa.

Concernant la crise économique et son impact sur les civils, le Secrétaire général adjoint a indiqué qu’un tiers des ménages syriens interrogés ont fait part de leurs difficultés d’accès aux marchés.  Un ménage sur cinq a signalé un accès réduit aux soins médicaux, et un ménage sur quatre a indiqué avoir perdu au moins une source de revenu au cours du dernier mois.  Les prix élevés des matières premières et la perte généralisée des moyens de subsistance ont contraint de plus en plus de ménages à réduire les repas et à adopter d’autres stratégies d’adaptation négatives.  Les ménages dirigés par des femmes sont les plus touchés.  Les mariages d’enfants et les mariages précoces seraient en augmentation du fait de la crise économique et l’impact de la pandémie.

M. Griffiths a souligné que dans le nord-est, les niveaux d’eau de l’Euphrate, lequel prend sa source en Turquie, ont atteint un point critique.  Fin juin, 54 des 73 stations d’eau potable le long de la rive ouest de l’Euphrate et 44 des 126 stations d’eau de la rive est avaient été significativement ou gravement affectées par des niveaux d’eau extrêmement bas.  Les réserves des principaux barrages de la région ont également atteint des niveaux historiquement bas.  Plus de cinq millions de personnes dépendent du fleuve pour l’eau potable et l’électricité.  Le fleuve approvisionne également les infrastructures vitales, notamment les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau.  De ce fait, ces pénuries, exacerbées par la sécheresse, devraient endommager les récoltes et aggraver une situation alimentaire déjà désastreuse.  Cela va également exacerber les problèmes de santé publique et entraîner la perte de moyens de subsistance à un moment où les gens ne peuvent plus payer même les aliments de base.  À la station d’eau d’Alouk dans la province de Hassaké, le pompage est resté limité.  Du 23 juin au 30 juillet, la station d’eau a même complètement fermé, ce qui a limité l’accès à l’eau potable à 1 million de personnes, dont 100 000 habitants du camp de Hol et d’autres camps.  Les techniciens de l’eau et de l’électricité de Hassaké ont pu obtenir un accès limité à la station d’eau le 30 juillet, après 83 jours sans accès.

Au sujet de la pandémie de COVID-19, le Coordonnateur des secours d’urgence a relevé que les taux de transmission restent élevés et probablement bien au-dessus des chiffres officiels.  Des campagnes de vaccination sont en cours dans toute la Syrie, donnant la priorité aux agents de santé.  Le premier lot de 256 800 doses délivrées via le Mécanisme COVAX a été distribué.  Au 23 août, plus de 218 900 personnes avaient été vaccinées dans les zones contrôlées par le Gouvernement dans le nord-est, tandis que plus de 58 000 personnes étaient vaccinées dans le nord-ouest.  Cependant, les vaccins disponibles couvrent moins de 1% de la population et nous devons accélérer l’échelle et le rythme des vaccinations, a plaidé M. Griffiths.

Enfin, le Coordonnateur des secours d’urgence a salué la décision unanime du Conseil de sécurité du 9 juillet d’étendre le mécanisme transfrontalier de l’ONU au nord-ouest de la Syrie.  L’aide humanitaire transfrontalière reste une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de personnes dans la région et au-delà, a—t-il expliqué.  La nouvelle autorisation contribuera à garantir la continuité de l’aide pour plus de 3,4 millions de personnes dans le besoin, dont 1 million d’enfants, a-t-il affirmé.  En plus de l’assistance transfrontalière, l’ONU continue de collaborer avec des partenaires pour accroître l’assistance à travers les lignes de front.  Il a annoncé que des progrès ont déjà été accomplis dans ce cadre, même si de nouveaux progrès sont importants pour étendre la réponse globale alors que les besoins humanitaires continuent de croître.  Les Nations Unies et leurs partenaires examinent également toutes les possibilités d’établir un accès à travers les lignes de front dans le nord-ouest.  M. Griffiths a aussi indiqué qu’au 23 août, l’ONU et ses partenaires n’avaient reçu qu’environ un quart de tous les financements requis dans le cadre du Plan de réponse humanitaire 2021 pour la Syrie.  Il a dit vouloir se rendre en Syrie, au Liban et en Turquie pour mieux comprendre les complexités de la crise humanitaire en Syrie, ainsi que les défis et les opportunités pour les mois à venir.

M. KHALED ERKSOUSSI, Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien, a déclaré que dans le nord-est de la Syrie, plus de 1,1 million de personnes sont privées d’eau potable en raison du manque d’électricité pour faire fonctionner la station d’eau d’Alouk, du manque de volonté politique et de la baisse du niveau des eaux de l’Euphrate.  Le Croissant-Rouge arabe syrien, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) travaillent jour et nuit pour remplir les réservoirs d’eau dans les villes par camion à partir des quelques sources disponibles, mais nous ne faisons qu’effleurer la surface du problème, a ajouté M. Erksoussi réclamant une solution durable. 

À Deraa, a continué le Secrétaire général, nos équipes répondent aux mouvements de population et ont géré le couloir humanitaire dans lequel nous avons sécurisé l’évacuation de plus de 38 619 personnes, principalement des femmes et des enfants.  Le Croissant-Rouge arabe syrien a ouvert six camps de réfugiés pour abriter 1 449 personnes, tandis que 406 personnes ont reçu des soins et 9 personnes ont été pris en charge dans les hôpitaux de Damas.  Des fournitures médicales ont également été acheminées à l’hôpital national par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le CICR les 3 et 13 août.  Actuellement, a poursuivi M. Erksoussi, nous préparons un convoi humanitaire à Deraa avec de la nourriture et d’autres matériaux essentiels utiles pour les personnes qui sont restées dans leurs maisons, qui a été autorisé par le Gouvernement syrien.  Le Croissant-Rouge arabe syrien a pu finalement distribuer de l’aide à Deraa al-Balad, le 16 juillet.  Nous surveillons la situation de près du point de vue de la sûreté et de la sécurité et nous entrerons dans la région pour fournir l’aide nécessaire lorsque la situation le permettra, a indiqué M. Erksoussi. 

Le responsable a par ailleurs dénoncé l’absence de garantie pour envoyer un convoi humanitaire à Atarib, près d’Edleb.  Dans le sud, nous avons facilité le départ volontaire de plus de 20 000 personnes sans aucun problème, s’est réjoui le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien tout en signalant qu’entre 10 000 et 12 000 personnes restent à l’intérieur de ce camp dont certains veulent partir.  « Nous sommes prêts à faciliter leur sortie vers les zones de leur choix en Syrie. » 

Mettant ensuite l’accent sur les difficultés socioéconomiques dans le pays, M. Erksoussi a indiqué que le panier d’aide alimentaire fourni par le CICR ou le Programme alimentaire mondial (PAM) et distribué par nos volontaires vaut aujourd’hui une fortune.  « Les prix sur le marché parallèle se trouvent à un niveau sans précédent. »  Par ailleurs, nos centres de dialyse risquent de s’arrêter en septembre faute de produits, a-t-il regretté. 

Pour M. Erksoussi, les sanctions et les mesures restrictives sur les millions d’hommes, de femmes et d’enfants dépassent tout objectif politique et rendent impossible de reconstruire une vie dans la dignité.  Il a également demandé de redéfinir le terme de « travail humanitaire » afin que les activités des organisations humanitaires puissent se poursuivre.  « Nous sommes fatigués, les organisations humanitaires sont épuisées et frustrées, les sanctions et les mesures restrictives pèsent sur l’ensemble de la population », a déclaré M. Erksoussi.  Il faut arrêter de donner la priorité aux gains politiques et mettre fin aux souffrances humaines.  « Travaillons ensemble pour honorer les promesses humanitaires, plus d’accès, plus de soutien et moins de sanctions généralisées et de mesures restrictives afin que les Syriens puissent vivre et reconstruire leur vie dans la dignité », a-t-il conclu.    

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), qui s’exprimait au nom des porte-plumes du dossier humanitaire syrien -la Norvège et l’Irlande- a salué à nouveau « l’approche constructive » du Conseil de sécurité qui a adopté à l’unanimité la résolution 2585 (2021), qui a prolongé le mandat du poste frontière de Bab el-Haoua de six mois avec une prolongation de six mois supplémentaires possible.  Depuis l’adoption de cette résolution, les efforts de l’ONU pour réduire la faim, renforcer la résilience et garantir l’accès aux soins de santé ont continué de soutenir les 3,4 millions de Syriens dans le besoin dans le nord-ouest, a-t-elle précisé.  De nombreuses ONG opérant dans cette région peuvent continuer à compter sur le soutien opérationnel des Nations Unies pour la logistique et les achats et l’accès aux articles vitaux, tels que les vaccins contre la COVID-19, qui ont été maintenus en conséquence directe de l’opération transfrontalière.

Mais la situation reste désastreuse pour la population qui continue de faire face à des difficultés et à des déplacements, a regretté Mme Byrne Nason en notant que la combinaison des hostilités en cours, de la crise économique, des pénuries d’eau et de la COVID-19 a poussé les besoins humanitaires de millions de Syriens à des niveaux aussi hauts qu’au début du conflit.  La représentante a déploré en particulier les conséquences de la pénurie en eau et les effets de la sécheresse qui contribue à l’augmentation des coûts de la nourriture, du carburant et d’autres articles de base, ainsi qu’à des épidémies de maladies d’origine hydrique et à une réduction de la production alimentaire.  Mme Byrne Nason a également parlé de la recrudescence de la violence dans le nord-ouest de la Syrie et a appelé les parties à y mettre fin et à garantir la protection des civils et l’accès humanitaire.  Ce Conseil a appelé à des efforts pour améliorer les livraisons transfrontières d’aide humanitaire, a-t-elle rappelé.  L’Irlande a dit soutenir les efforts visant à finaliser une mission humanitaire transversale dans le nord-ouest de la Syrie et a appelé les parties à soutenir cette mission afin qu’elle puisse avoir lieu sans délai.  En conclusion, Mme Byrne Nason a fermement soutenu les efforts menés par l’ONU pour trouver une solution politique arguant que les progrès sur la voie politique sont la clef pour transformer la situation humanitaire sur le terrain.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a demandé que la question de « l’assaut du régime d’Assad contre Deraa » soit une priorité du Conseil, étant donné que le blocus du « régime d’Assad » sur l’aide humanitaire a laissé les habitants lutter pour survivre sans eau, sans nourriture, sans électricité ni médicaments.  Les organisations humanitaires sont prêtes à fournir une aide d’urgence, mais le « régime d’Assad » les empêche d’entrer, a-t-elle déploré.  Cet assaut est une autre raison de réitérer notre appel à un cessez-le-feu immédiat, conformément à la résolution 2254 (2015), a-t-elle indiqué.  Pour elle, ce qui est vrai pour Deraa l’est également dans le nord-ouest de la Syrie où les attaques croissantes du régime et de ses partisans ont fait des dizaines de victimes parmi les civils, dont des enfants et des humanitaires.  

Lorsqu’elle se réunira enfin à nouveau, la Commission constitutionnelle devra être autorisée à produire des résultats, a demandé la représentante.  Selon elle, il est temps pour le « régime d’Assad » de participer de manière crédible à ces négociations qui sont une étape cruciale dans le processus visant à mettre fin aux combats et à parvenir à une paix durable.  Elle a estimé que le régime syrien peut faire un pas en avant en libérant les dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants détenus arbitrairement, et en partageant des informations sur le sort de plus de 130 000 Syriens portés disparus ou détenus après avoir été arbitrairement arrêtés par le « régime ».

Grâce à l’action unanime de ce Conseil, le point de passage transfrontalier de Bab el-Haoua a été restauré, a-t-elle salué.  Elle a dit qu’environ 1 000 camions par mois, remplis de nourriture et de médicaments, y compris des vaccins et du matériel pour empêcher la propagation de la COVID-19, continueront à atteindre les plus de trois millions de Syriens qui ont désespérément besoin d’aide dans le nord-ouest pendant encore un an.  Pour Mme Thomas-Greenfield, cette résolution adoptée le mois dernier fut un moment important pour ce Conseil, car elle a montré « que nous pouvons faire plus que simplement parler ».  Elle a toutefois relevé que les besoins humanitaires en Syrie augmentent parce que le Conseil n’a pas rouvert les points de passage de Yaroubiyé et de Bab el-Salam.  De ce fait, les convois de l’ONU sont contraints de franchir davantage de lignes de contrôle, de négocier l’accès avec plus de groupes d’opposition armés, et de subir davantage de retards de livraison.  La représentante a donc demandé à la Syrie de supprimer les barrières et les obstacles à l’acheminement de l’aide et de faciliter le travail des organisations humanitaires.

Pour leur part, les États-Unis se sont engagés à soutenir tous les Syriens dans le besoin, quel que soit leur lieu de résidence, y compris sous l’autorité du « régime syrien », a dit la déléguée.  Elle a expliqué que les sanctions américaines visent ceux qui volent le peuple syrien par leurs pratiques de corruption et commettent des crimes de guerre, et non les civils.  Nous continuerons à travailler avec les ONG et les Nations Unies pour faire en sorte que nos sanctions n’aient pas de conséquences imprévues, a-t-elle promis.  De même, les États-Unis ne financeront pas les efforts de reconstruction à grande échelle tant que des progrès irréversibles sur la voie politique n’auront pas été réalisés.  La représentante a terminé son discours en demandant à M. Griffiths « de quoi l’ONU a-t-elle besoin pour améliorer l’accès sur le terrain? »  « Quels sont les obstacles que vous rencontrez pour apporter une aide transversale au peuple syrien dans le nord-ouest du pays notamment? » a-t-elle encore lancé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué le travail du Croissant-Rouge arabe syrien qui connaît mieux que personne la situation sur le terrain.  Le représentant s’est réjoui que la situation dans l’ensemble soit restée stable, mais s’est dit préoccupé par la situation alarmante à Edleb, dans le nord-est de la Syrie, où se déroulent les activités militaires américaines ainsi que par les frappes aériennes d’Israël.  Le délégué a aussi évoqué une situation socioéconomique difficile.  Il a dénoncé « la tentative maladroite des États-Unis » de justifier l’occupation du nord-est de la Syrie.  Le processus politique doit être dirigé par le Syriens, a insisté M. Nebenzia demandant à M. Pedersen de se contenter de convoquer la sixième session de la Commission constitutionnelle.

S’agissant de la situation à Deraa, le Gouvernement a le droit de maintenir l’ordre sur cette partie de son territoire, a dit le représentant qui a informé que la Russie fait tout pour y améliorer la situation.  Tous ceux qui le souhaitent peuvent quitter Deraa, a-t-il indiqué.  Abordant la situation humanitaire, le représentant a dit que l’ONU dispose déjà d’un mandat pour acheminer l’aide.  Il a estimé que l’OCHA doit démontrer son impartialité, exigeant de trouver des solutions pour acheminer l’aide à Edleb pour lequel un nouveau mandat n’est pas nécessaire.  Pour le représentant, ce qu’il faut en Syrie, c’est une aide pérenne pour la reconstruction du pays.  « Il ne faut pas pérenniser la vie des Syriens dans les camps ».  Le Secrétaire général de l’ONU et M. Griffiths doivent prendre en considération les intérêts des Syriens, a encore déclaré le représentant avant de signaler que la Fédération de Russie a envoyé 250 000 vaccins contre la COVID-19 et plus d’un million de tests PCR. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a insisté sur la nécessité d’assurer un accès humanitaire sans entrave et de respecter les règles du droit international humanitaire sur tout le territoire syrien.  Faisant écho à l’appel du Secrétaire général, elle a demandé la cessation des hostilités et le respect d’un cessez-le-feu national durable.  Si le renouvellement du dispositif d’aide humanitaire transfrontalière représente un soulagement pour la population, d’autres défis d’accès humanitaire restent à relever, a-t-elle noté.  Le manque d’entretien des installations d’eau, comme la centrale d’Alouk, affecte leur fonctionnement.  Il est donc urgent, a estimé la représentante, d’assurer un accès continu aux équipements techniques pour effectuer les réparations nécessaires, et trouver des solutions durables à long terme.  Outre les conséquences sur la santé, les autres aspects inquiétants du manque d’eau sont les effets sur les cultures et la sécurité alimentaire, ainsi que l’impact disproportionné sur les femmes et les filles, qui représentent 70% de la population engagée dans l’agriculture. 

Face à l’augmentation de la violence à Hol, la représentante a estimé nécessaire de trouver une solution pour mettre fin aux souffrances de la population vivant dans ce camp.  Notant, à cet égard, les rapatriements opérés ces derniers mois par certains pays comme l’Iraq et l’Albanie, la représentante a exhorté les autres États à suivre cette voie en facilitant le retour de leurs ressortissants qui se trouvent toujours à Hol.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de promouvoir le dialogue politique.  Près de deux ans après sa création, la Commission constitutionnelle n’a toujours pas produit de résultats concrets, a-t-elle regretté avant d’exhorter la délégation nommée par le Gouvernement à répondre de manière constructive à la proposition de l’Envoyé spécial de l’ONU pour que la réunion de l’organe restreint de la Commission puisse avoir lieu sous peu afin de permettre au processus de rédaction de la Constitution de se poursuivre.  Espérons que M. Pedersen pourra se rendre à Damas dans un proche avenir et que le dialogue avec les homologues concernés sera fructueux, a-t-elle dit en insistant sur les priorités du cessez-le-feu et du processus politique.  « Par conséquent, en tant que communauté internationale, nous avons la responsabilité d’assurer la viabilité des deux », a conclu la représentante.

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015), tout en souhaitant que la communauté internationale poursuive son soutien au pays.  Le délégué a invité l’Envoyé spécial à poursuivre les efforts pour tenir une sixième réunion de la Commission constitutionnelle.  Il a insisté pour que cette commission mène ses travaux sans ingérence étrangère.  Le représentant a aussi demandé à toutes les parties de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie.  Il a rappelé que le Gouvernement syrien a le droit souverain de lutter contre le terrorisme sur son territoire, et il a également le droit de subvenir aux besoins de sa population.  À cet égard, a-t-il noté, les perturbations dans le fonctionnement de la station de traitement d’eau d’Alouk ont des graves conséquences dans le pays.  De même, les mesures de coercition unilatérale aggravent les conditions humanitaires dans le pays, a regretté le délégué avant de demander le renforcement de l’aide pour la lutte contre la COVID-19 en Syrie.    

M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit qu’il était préoccupé par les derniers développements sur le terrain avec l’augmentation de la violence un peu partout en Syrie.  Il a réitéré qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, la seule issue possible étant une solution politique parrainée par l’ONU.  Le représentant a insisté sur l’importance de la désescalade et du retour au clame.  Il a encouragé les efforts de médiation pour assoir le cessez-le-feu.  Préoccupé par la propagation du terrorisme en Syrie, il a déclaré qu’une Syrie exempte de terrorisme est la base de toute solution politique et de la stabilité dans la région.  Le représentant a réitéré son appui aux travaux de la Commission constitutionnelle et salué les efforts de M. Pedersen pour rapprocher les points de vue.

M. Ladeb s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, demandant la protection des populations et infrastructures civiles contre les attaques.  Il a souligné la nécessité de protéger l’acheminement de l’aide et du personnel humanitaire ainsi que l’accès humanitaire.  Le représentant a mis l’accent sur le besoin urgent d’un cessez-le-feu national.  Il a conclu en faisant part de sa préoccupation relative à la question de l’eau et de son impact sur le plan sanitaire et sur la lutte contre la COVID-19.

Pour M. DANG DINH QUY (Viet Nam), seul un processus politique, dirigé et contrôlé par les Syriens, et facilité par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015) et pleinement conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies, pourrait enfin mettre un terme à cette décennie de difficultés pour le peuple syrien.  Il a encouragé les parties concernées à s’engager de manière constructive dans le dialogue et la négociation, notamment dans le cadre de la Commission constitutionnelle, en espérant qu’elles parviendront bientôt à un accord sur les méthodes de travail et le calendrier pour pouvoir poursuivre les pourparlers de la Commission.  La confiance doit être consolidée entre les interlocuteurs syriens ainsi que les acteurs internationaux, a-t-il estimé.  À cet égard, le représentant a dit pleinement soutenir le rôle crucial de transition de l’ONU et de l’Envoyé spécial et a espéré que la proposition de M. Pedersen sur un nouveau format international se concrétisera bientôt et donnera des résultats positifs. 

Préoccupé aussi par la montée de la violence, y compris dans le nord-ouest et le sud-ouest, le délégué a appelé toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue afin de préserver le calme sur le terrain, une condition préalable essentielle à la recherche d’une solution politique.  Dans le même temps, les efforts de lutte contre les groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité doivent être poursuivis de manière bien coordonnée, a-t-il plaidé.  Avant de conclure, le représentant a insisté sur l’importance d’une communauté internationale unie.  Il a espéré que l’unanimité que les membres du Conseil ont eue lors de l’adoption de la résolution 2585 sera le point de départ d’une solution globale et à long terme à la crise syrienne.

Mme DIANI JIMESHA PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a encouragé les parties syriennes à s’engager de manière constructive sur toutes les questions qui contribueront à faire avancer le processus de paix, y compris sur des questions critiques telles que les personnes disparues et les détenus et le travail important de la Commission constitutionnelle.  Elle a rappelé que la protection des civils et des infrastructures civiles est primordiale.  En outre, tous les objectifs militaires, y compris ceux visant à éradiquer le fléau du terrorisme, doivent être pleinement conformes aux principes immuables du droit international, a-t-elle rappelé en citant la distinction, la proportionnalité et la précaution.  De plus, un cessez-le-feu national immédiat, comme l’a demandé l’Envoyé spécial, est nécessaire non seulement pour la protection des civils, mais également pour créer un environnement propice à l’avancement du processus politique, a-t-elle plaidé.

Sur le plan de la protection civile, la représentante a marqué sa préoccupation devant l’insécurité croissante dans le camp de Hol.  Elle a salué les progrès réalisés jusqu’à présent qui ont vu une augmentation des livraisons de fournitures à travers les lignes de front.  La crise de l’eau est également une source de vive préoccupation, car les niveaux d’eau extrêmement bas dans l’Euphrate ont des conséquences désastreuses sur la situation socioéconomique globale du pays.  Mme Prince a ensuite exhorté la communauté internationale à s’engager de manière pragmatique sur la Syrie.  À cet égard, elle a appelé à la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales qui ont été imposées à la Syrie.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a dit que tout doit être fait pour mettre en place une cessation générale des hostilités, sous supervision des Nations Unies, en Syrie.  La France a condamné l’offensive meurtrière lancée par le « régime » avec l’appui de ses soutiens sur la ville de Deraa, a ajouté la représentante préoccupée par la hausse de ses attaques dans le nord-ouest.  Sur le plan humanitaire, toutes les parties, en particulier le « régime », doivent garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, a exigé Mme Broadhurst Estival demandant au régime d’autoriser sans plus attendre la fourniture de l’aide humanitaire au quartier de Deraa al-Balad.  Elle a regretté que les points de passage de Bab el-Salam et de Yaroubiyé n’aient pas été rouverts.  « L’absence d’une hausse notable des autorisations du régime aux convois humanitaires des Nations Unies est préoccupante. »  

La représentante a estimé que les soulèvements dans le sud-ouest contre le rétablissement de l’appareil sécuritaire du « régime » soulignent une fois encore l’importance de parvenir à une solution politique, conforme à la résolution 2254 (2015).  Près de deux ans après la création de la Commission constitutionnelle, les travaux de rédaction d’une nouvelle constitution n’ont même pas commencé en raison du maintien des blocages répétés du « régime », a-t-elle critiqué.  Elle a invité à travailler ensemble à la mise en œuvre de toutes les composantes de la résolution 2254, pour accompagner le processus inter-syrien à Genève qui sans cela restera au point mort.  Mme Broadhurst Estival a demandé que ce processus se fasse avec la pleine participation des femmes.  

Elle a mis l’accent sut la « responsabilité particulière » de la Russie en la matière, espérant que celle-ci sache utiliser son influence pour engager la Syrie sur la voie d’une paix et d’une stabilité durables.  Sans solution politique, il n’y aura pas de retour sûr, digne, et volontaire des réfugiés et déplacés, a prévenu la représentante.  Pour elle, l’organisation d’une nouvelle conférence sur le retour des réfugiés fin juillet à Damas ne saurait changer les faits et la réalité, car les conditions pour ce retour ne sont pas réunies à ce jour.  Sans solution politique, nos positions sur la levée des sanctions, la normalisation et la reconstruction demeureront inchangées, a-t-elle rappelé avant de réitérer son combat inlassable contre l’impunité des crimes commis en Syrie.  « Les responsables de ces crimes doivent être tenus responsables de leurs actes. » 

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a exprimé ses préoccupations face à la récente escalade militaire dans le sud de la Syrie.  Malheureusement, les autorités syriennes n’ont pas réussi à assurer la stabilité dans la province de Deraa, a-t-il constaté, notant que plus de 35 000 personnes ont été déplacées dans la région, alors que la violence n’a cessé d’augmenter.  L’Estonie a condamné le bombardement de zones urbaines par l’armée syrienne et a exigé la mise en œuvre d’un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale faisant valoir qu’il s’agit là d’une condition préalable à un dialogue pacifique, sur la base de la résolution 2254 (2015).  Le niveau de vie continue de se détériorer parce que la corruption et les seigneurs de guerre sont toujours bien présents en Syrie, a poursuivi le représentant qui a regretté que le retour des réfugiés en toute sécurité et dans la dignité ne soit pas possible.  À la lumière de ces difficultés et de la pandémie de COVID-19, il a tenu à souligner le travail des organisations humanitaires internationales, qui reste essentiel pour atteindre des millions de personnes sur le terrain.  Il a appelé les parties à fournir un accès humanitaire sûr et sans entrave à tous les Syriens dans le besoin, saluant au passage le renouvellement du mécanisme d’aide transfrontalière pour un an.  

Constatant que les discussions politiques sont dans l’impasse et que les pourparlers de la Commission constitutionnelle n’ont pas continué, l’Estonie a encouragé l’Envoyé spécial à étudier d’autres mesures de confiance pour renforcer un véritable dialogue.  Plus important encore, elle a plaidé en faveur de mesures significatives concernant les personnes détenues arbitrairement, arguant que cela pourrait contribuer à apaiser les tensions.  Le représentant a également réitéré l’appel de l’Estonie et de l’Union européenne sur la nécessité de créer un mécanisme international pour localiser les personnes disparues ou leurs dépouilles, avant d’exiger la fin de l’impunité et la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et des prisonniers politiques.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit être préoccupé par la situation à Deraa où 50 000 civils sont assiégés depuis juin avec des bombardements intensifs qui ont entraîné le déplacement de 37 000 personnes et au moins 8 civils tués.  Les civils continuent de faire face à des pénuries de carburant, de gaz de cuisine, d’eau et de pain, en raison du comportement du régime, a-t-il dénoncé.  Nous appelons toutes les parties à garantir et à accélérer l’accès humanitaire impartial par toutes les modalités, y compris par le biais de partenaires non enregistrés à Damas, a-t-il dit.  Le représentant a demandé une mise à jour de l’ONU sur les progrès des efforts visant à sécuriser l’accès humanitaire, à élaborer des plans d’urgence et à garantir une réponse positive à la demande d’un convoi interagences vers Deraa.

Le délégué s’est également dit préoccupé par l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en violation de l’accord de cessez-le-feu.  Il a donc exhorté toutes les parties au conflit à respecter le cessez-le-feu et à assurer la protection des civils et des travailleurs humanitaires, conformément au droit international humanitaire.  Il a demandé que des mesures soient prises afin de remédier à la pénurie d’eau grâce à un plan de réponse inclusif et multisectoriel coordonné au niveau de « l’ensemble de la Syrie », avec le soutien du Bureau régional des Nations Unies pour la Syrie à Amman.  Enfin, le représentant a dit que son pays continue de se tenir aux côtés du peuple syrien pour mettre en œuvre les mesures inscrites dans la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir un cessez-le-feu à l’échelle nationale, un accès sans entrave à l’aide, la libération des personnes détenues arbitrairement, les conditions d’un retour sûr des réfugiés et des élections libres et équitables conformément à une nouvelle constitution.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a dit que l’escalade de la violence dans le sud et le nord de la Syrie cet été est un rappel cruel de l’urgence de faire renaître la solution politique.  Les Syriens doivent se mettre d’accord sur un cessez-le-feu global, a exigé la représentante en apportant son appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour une désescalade.  Elle a rappelé l’obligation des parties de protéger toutes les populations civiles.  La représentante a réitéré que le vote unanime des membres du Conseil pour adopter la résolution 2585 (2021) doit constituer la base du dialogue politique en Syrie.  Elle a exhorté tous les acteurs syriens à participer de manière constructive à ce processus et à trouver des voies concrètes qui pourraient constituer une étape dans la négociation.  

Les femmes doivent être incluses dans ce dialogue, a exhorté la représentante avant de rappeler que cette résolution inclut le cessez-le-feu, la libération des personnes arbitrairement détenues et une nouvelle constitution.  La Commission constitutionnelle n’est qu’une pièce du puzzle mais elle reste l’unique processus dans lequel toutes les parties se rencontrent, a-t-elle fait remarquer.  Elle a conclu en espérant que la prochaine réunion de la Commission apporte des résultats concrets sur la réforme constitutionnelle. 

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a estimé que le dénouement de la crise syrienne ne saurait venir de la seule force des armes mais d’une solution politique négociée, impliquant les différentes composantes de la société syrienne, sans exclusive.  Il a déploré la poursuite des hostilités, faites de frappes aériennes et autres tirs de roquettes sur des zones habitées par des civils, notamment au sud et dans le nord-ouest du pays.  Cette escalade continue d’occasionner des pertes en vies humaines, des blessures et de la destruction, et ce, malgré l’accord russo-turc de mars 2020, créant la zone de désengagement, a-t-il déploré.  Dès lors, il a appelé toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en droit international humanitaire et à instaurer un cessez-le-feu général en Syrie. « 

Sur le plan politique, le représentant a regretté que le processus politique syrien peine à enregistrer des avancées réelles, malgré la mise en place de la Commission constitutionnelle et ses multiples rounds des négociations, avec l’appui des Nations Unies.  Il a souhaité que les parties en présence se ressaisissent et fassent montre d’un minimum de compromis, s’est impatienté le représentant.  Sur le plan humanitaire, M. Aougi s’est préoccupé du fait que les populations syriennes continuent de souffrir sous les effets conjugués des difficultés économiques, sécuritaires et de la pandémie de COVID-19.  La fourniture sûre, sans entrave et impartiale de l’aide et du soutien humanitaires, conformément au droit humanitaire international, est plus importante que jamais, a souligné le représentant en demandant au Gouvernement syrien de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au-delà des lignes de démarcation.  En dernier lieu, il a plaidé pour l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui pèsent lourdement sur la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie et à la crise économique actuelle.  Il a conclu en demandant à tous les acteurs externes impliqués dans la crise syrienne de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays, arguant que les progrès réels et tangibles dans les travaux la Commission constitutionnelle ainsi qu’en vue de la cessation des hostilités, sont aussi fonction du niveau de ces ingérences. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a réaffirmé que la seule solution au conflit en Syrie sera politique, invitant les parties à s’engager à briser l’impasse quant à la reprise du travail de la Commission constitutionnelle et à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015).  Le représentant s’est dit gravement préoccupé par la recrudescence des hostilités et par les niveaux d’insécurité, les attaques aggravant le conflit et mettant en péril toute perspective pour la paix et un retour à la normale.

M. Kimani a déclaré que l’aggravation de la situation humanitaire, à cause de la crise économique et de la pandémie de COVID-19, demeure une grave préoccupation.  En outre, les effets des changements climatiques qui ont réduit les niveaux d’eau dans l’Euphrate et la station d’eau d’Alouk ont des implications majeures sur l’eau et la sécurité alimentaire ainsi que l’électricité pour des millions de personnes, a-t-il relevé en appelant à des mesures appropriées pour y faire face.  Pour lui, le mécanisme d’aide transfrontalière reste crucial pour l’aide humanitaire, y compris pour l’envoi de vaccins contre la COVID-19.  Il s’est dit en outre encouragé par l’augmentation de 10 à 12% des opérations de franchissement régulières et soutenues dans le nord-est, notamment dans la province de Hassaké.  Il a terminé en encourageant le Gouvernement syrien et l’ONU à continuer à travailler à la conclusion d’un accord qui permettra les livraisons d’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest du pays.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a regretté que les efforts de l’Envoyé spécial n’aient pas encore produit des résultats concrets pour débloquer l’impasse à la Commission constitutionnelle.  Le représentant a souhaité que la dernière visite de M. Pedersen à Moscou aide à convoquer la sixième réunion de la Commission dès que possible.  Il a appelé les interlocuteurs régionaux et internationaux à soutenir ses efforts afin de faire avancer le processus politique.  Il s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire à Deraa, dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie.  Les derniers affrontements à Deraa reflètent la fragilité de la situation, a-t-il ajouté en plaidant pour un cessez-le-feu global, qui est d’une importance capitale pour le peuple syrien.  Le représentant a montré du doigt la présence d’acteurs étrangers en Syrie et le regain d’activités terroristes dans le pays. 

Toutes les parties doivent respecter leurs obligations internationales de lutter contre le terrorisme et les organisations terroristes, a rappelé le délégué.  Il a rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie.  M. Tirumurti a souligné la nécessité d’accroître l’aide humanitaire pour tous les Syriens dans tout le territoire, sans discrimination, politisation ou conditions préalables.  Il faut en outre des mesures concrètes pour faciliter le passage des opérations humanitaires transfrontalières dans le nord-est de la Syrie, a-t-il souhaité avant de conclure en soulignant l’aide de son gouvernement au développement des ressources humaines de la Syrie.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le retour des réfugiés syriens dans leur pays, ce qui constitue une priorité de son gouvernement.  Le Président syrien, le 17 juillet 2021 lors de son discours de ré-investiture, a réitéré l’appel lancé aux Syriens pour qu’ils rentrent chez eux et la Conférence sur les réfugiés, qui s’est tenue à Damas en juillet, a également réaffirmé que le Gouvernement syrien souhaite tout faire pour faciliter ce retour, a-t-il rappelé.  Le représentant a déploré que les États-Unis et les alliés occidentaux continuent d’entraver les initiatives en ce sens pour décourager les Syriens à rentrer chez eux en prétendant que les conditions de retour au pays ne sont pas encore réunies à travers « des campagnes de propagandes mensongères ».  Il a dit que la Syrie attend la visite de M. Griffiths sur place pour juger de ses propres yeux la situation sur le terrain. 

Selon le représentant, il faut faire avancer le processus de reconstruction du pays et lutter contre la COVID-19 pour pouvoir remédier à la situation humanitaire.  Dès lors, il a exigé la levée des mesures unilatérales imposées par les États-Unis et d’autres pays occidentaux qui ont eu un impact « catastrophique » sur l’économie et le bien-être de la population, des mesures qu’il a jugées « contreproductives ».  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, les forces « nocives » qui se trouvent dans certaines zones du pays, et en particulier les forces turques, doivent cesser de priver la population d’eau et d’autres denrées vitales.  Ces forces utilisent l’eau comme arme de guerre contre les civils, a affirmé le représentant, faisant remarquer qu’elles ont coupé l’eau qui vient de la station d’Alouk à 26 reprises.  De telles actions risquent d’entraîner une catastrophe humanitaire et constituent un crime de guerre, a-t-il mis en garde.  Le représentant a d’ailleurs exigé une action immédiate des Nations Unies afin d’obliger le régime turc à rouvrir cette station et faire en sorte que le niveau d’eau dans l’Euphrate soit relevé.

L’aide humanitaire devrait être renforcée depuis l’intérieur du pays, en coordination avec le Gouvernement syrien, a ensuite fait valoir le représentant.  C’est la solution la plus efficace, a-t-il estimé en assurant que le régime garantit la sécurité des agents et des convois humanitaires et met à disposition deux ports pour acheminer l’aide.  

Le représentant a demandé ensuite au Conseil de sécurité de remédier au problème de violations répétées de la souveraineté syrienne par le mécanisme transfrontière, « un mécanisme qui devrait être supprimé » selon lui.  Il y a vu un outil qui sert les intérêts de groupes terroristes.  En outre, il a reproché leur attitude néfaste à certains pays occidentaux qui, selon lui, politisent l’aide humanitaire et le développement de la Syrie.  

Certaines déclarations décrivent la situation en Syrie de façon erronée notamment à Deraa al-Balad, a-t-il poursuivi en affirmant que la recrudescence des violences dans la région est le fruit d’actes de groupes armés non étatiques auxquels le régime a répondu.  Certains suivent aveuglément la propagande terroriste et oublient la sagesse de l’État syrien, a regretté le représentant avant de préciser que le Gouvernement a traité 3 900 dossiers et que plus de 2 500 personnes ont été libérées alors que les terroristes ont assassiné 18 responsables de municipalités et « liquidé » plus de 65 citoyens dont le seul crime était de s’être rangés du côté de l’État syrien.  Plus de 500 civils et membres de l’armée ont été blessés à Deraa, or ces chiffres ne figurent dans aucun rapport, s’est indigné le représentant avant de dénoncer ce parti pris.  Des pays occidentaux tels que la France et le Royaume-Uni appuient ces terroristes, a-t-il même affirmé.  Par conséquent, la Syrie a déploré la « démarche erronée » des acteurs humanitaires dans le sud et la mauvaise représentation de la réalité sur le terrain.  Les auteurs de certains rapports ne devraient pas croire ces discours fallacieux, leur a assené le représentant.

Il a affirmé que le « régime syrien » est favorable au dialogue et fait preuve de retenue pour protéger les civils syriens.  Nous sommes face à des campagnes coordonnées pour colporter des mensonges à l’encontre du Gouvernement syrien, a affirmé le représentant avant d’accuser les forces américaines et turques, ainsi qu’Israël de mener des attaques sur le sol syrien, ce qui est contraire au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui défendent la souveraineté de l’État. 

Avant de conclure, le représentant a salué la déclaration des garants du processus d’Astana, lors de la réunion qui a eu lieu au Kazakhstan en juillet, et a assuré que la Syrie reste attachée à une issue politique à la crise.  Il a appelé à éviter toute ingérence externe dans les travaux de la Commission constitutionnelle et à respecter à la lettre le cahier des charges pour qu’elle puisse reprendre ses travaux sans tarder.

Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie) a indiqué que depuis plus d’un an, face à l’aggravation de la situation humanitaire et à l’impact négatif de la COVID-19, le mécanisme transfrontalier de l’ONU est plus que jamais crucial.  Et avec l’adoption de la résolution 2585 (2021) du Conseil de sécurité le mois dernier, le Conseil a fait un choix entre les besoins urgents du peuple syrien et les calculs politiques du « régime Assad ».  « Nous nous félicitons de la décision du Conseil de renouveler le mécanisme pour 12 mois », a-t-elle dit.  Au moment où nous parlons, des millions de personnes dans le nord-ouest continuent leur lutte pour survivre avec l’aide venant de Turquie via le passage de Bab el-Haoua, a-t-elle témoigné, avant de souligner que la Turquie continue de soutenir et de faciliter les opérations transfrontalières des Nations Unies.  Au sujet de ces opérations, elle a rappelé que la résolution 2585 (2021) met en lumière les besoins de l’ensemble du pays, ce qui implique également des opérations à travers les lignes de front vers le nord-est.  Quant à l’accès transfrontalier au nord-ouest, la Turquie a déjà donné son accord au plan du PAM du 2 juillet qui prévoit une mission d’Alep à Sarmada/Edleb.  

La représentante a espéré que l’élan créé avec la résolution 2585 sur le front humanitaire aura également un impact positif dans le domaine politique.  Malgré les efforts du « régime » pour faire dérailler la Commission constitutionnelle, l’engagement constructif continu de l’opposition est louable, a-t-elle salué, rappelant que ladite Commission reste le seul élément concret du processus politique.  Mme Kocyigit Grba a indiqué que le processus d’Astana fait partie intégrante des efforts visant à parvenir à une solution politique en Syrie.  La seizième réunion du processus d’Astana, tenue à Nour-Soultan le mois dernier, s’est concentrée sur le processus politique et les développements sur le terrain.  La Turquie poursuivra ses efforts pour faire en sorte que le processus d’Astana continue de contribuer au règlement du conflit syrien, a-t-elle promis.

La déléguée a par ailleurs accusé le « régime » d’avoir intensifié ses violations du cessez-le-feu au cours des deux derniers mois.  Tant que ces violations persisteront, mettre fin au conflit par une solution acceptable pour toutes les parties restera insaisissable, a-t-elle argué.  Assiéger des villes, attaquer et opprimer des civils ne donnera aucun résultat, a dit la représentante, ajoutant que les attaques contre les civils à Deraa sont inacceptables et devraient cesser immédiatement.

La déléguée turque a par ailleurs affirmé que les Unités de protection du peuple kurde (PKK/YPG) constituent une autre menace majeure pour la sécurité de la Syrie.  Cette organisation terroriste et sa branche SDF ciblent et oppriment de plus en plus les civils, a-t-elle relevé, avant de réitérer l’appel de la Turquie pour une enquête de l’ONU sur l’attaque du PKK/YPG contre un hôpital d’Afrin le 12 juin dernier.  « La communauté internationale ne doit pas rester silencieuse face aux attaques menées par le PKK/YPG en complicité avec le régime. »

En ce qui concerne la coupure d’eau à Alouk, la représentante a accusé là encore le PKK/YPG d’avoir délibérément coupé la seule source d’énergie électrique de la région.  Mme Kocyigit Grba a estimé que la Syrie est devenue la catastrophe humanitaire la plus grave du siècle.  Elle a relevé que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité du « régime » sont bien enregistrés et nécessitent des mesures immédiates vers une pleine responsabilité, en évoquant, parmi ces crimes, l’attaque aux armes chimiques dans la Ghouta le 21 août 2013 qui est « probablement l’épisode le plus sombre du conflit syrien ».  

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a rappelé les mesures prises par son gouvernement pour contribuer aux efforts humanitaires en Syrie.  Mais cela ne suffit pas, a dit la représentante qui a réclamé des mesures pour la reconstruction du pays.  Elle a aussi demandé la levée immédiate des sanctions unilatérales imposées à la Syrie, arguant que ces mesures restrictives sapent l’efficacité de l’action humanitaire.  La représentante a exigé l’amélioration de l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les passages frontaliers y voyant une manière de lutter contre le manque de transparence.  L’aide transfrontalière ne doit pas servir à aider les groupes terroristes en Syrie, a cependant exhorté la représentante qui a aussi milité pour la dépolitisation de l’aide.  

S’agissant du règlement du conflit, la représentante a demandé que toutes les troupes étrangères qui ne sont pas invitées quittent la Syrie.  Le « régime israélien » doit également mettre un terme à ses frappes aériennes qui constituent une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie, a-t-elle réclamé.  Apportant son appui aux travaux de la Commission constitutionnelle, Mme Ershadi a exigé que la Commission fonctionne sans ingérence extérieure.  Elle s’est opposée à tout calendrier artificiel de son travail. 

Pour répondre aux questions qui lui ont été adressées, l’Envoyé spécial pour la Syrie a déclaré que la situation syrienne est une source de préoccupation croissante.  M. Pedersen a également exprimé l’espoir que la diplomatie offrira des nouvelles prometteuses pour sa prochaine intervention au Conseil de sécurité à la fin du mois de septembre.  Au sujet de la Commission constitutionnelle, il a jugé urgent qu’elle se réunisse et se prépare à rédiger une nouvelle constitution pour le peuple syrien, précisant que cette tâche exige que les deux parties se mettent d’accord sur la manière de procéder.

Le Secrétaire général adjoint Griffiths a réagi à certaines questions soulevées au cours de la séance, notamment celle de l’amélioration de l’accès humanitaire en Syrie.  La priorité, a-t-il dit, devait être l’arrêt des hostilités, mais un allègement des procédures bureaucratiques serait aussi bienvenu.  Soulignant l’utilité de la décentralisation de la présence de l’ONU en Syrie, il a remercié les autorités syriennes d’avoir accepté sa visite sur place la semaine prochaine.  Il a également souligné que le déminage demeure essentiel.  Concernant Deraa, M. Griffiths a espéré simplement que la situation s’améliore dans les semaines à venir.

Le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien a appelé à laisser passer davantage d’aide humanitaire.  M. Erksoussi a toutefois souligné que l’action humanitaire ne pourra pas venir à bout de la crise syrienne et que les efforts de la communauté internationale devraient être axés sur le volet politique, la seule issue selon lui pour mettre fin à la crise. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient déplore l’absence de progrès du processus politique au Yémen

8840e réunion - matin
CS/14611

Conseil de sécurité: le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient déplore l’absence de progrès du processus politique au Yémen

M. Mohammed K. Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a déploré ce matin au Conseil de sécurité l’absence de nouveaux progrès depuis la dernière réunion du Conseil, le 16 juillet dernier, pour parvenir à un accord fondé sur le plan en quatre points de l’ONU au Yémen.  Tandis que le Coordonnateur des secours d’urgence a fixé comme priorité la lutte contre la famine, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a sonné l’alarme sur le sort des 11,3 millions d’enfants ayant besoin d’aide humanitaire.  Le représentant du Yémen a imputé la responsabilité du conflit et de la situation humanitaire aux rebelles houthistes et à l’Iran.

M. Khiari a rappelé les quatre points du plan présenté par l’ONU, à savoir un cessez-le-feu national, la réouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur la circulation de carburant et d’autres marchandises par le port de Hodeïda et la reprise des négociations politiques entre les parties yéménites.  Dénonçant les conditions posées par les houthistes aux négociations, il a regretté en particulier le blocage des négociations sur le retour du Premier Ministre et des membres de son gouvernement et l’absence de date fixe pour la relance de ces efforts. 

Parallèlement, le Sous-Secrétaire général a regretté la poursuite des activités militaires dans certaines provinces du pays et appelé à cesser ces tentatives de conquêtes territoriales par la force ainsi que les attaques contre les infrastructures maritimes et terrestres dans le sud de l’Arabie saoudite.  Il a aussi noté la reprise des frappes aériennes de la Coalition ces dernières semaines.

Sur le plan économique, le haut fonctionnaire a dressé le constat d’une situation difficile marquée par la baisse de valeur du riyal face à la monnaie américaine, avec 1 dollar pour 1 000 riyals, et l’aggravation des difficultés d’approvisionnement en carburant et en gaz, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes.  

M. Martin Griffiths, Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé que 20 millions de Yéménites ont besoin d’aide humanitaire.  Notant que le financement humanitaire a drastiquement augmenté depuis mars dernier, il a invité les donateurs à accroître leur soutien car l’aide risque de s’arrêter en octobre si des fonds supplémentaires ne sont pas disponibles.

La priorité, a insisté le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, est de sauver de la famine 5 millions de personne au bord de la disette et 10 autres millions d’individus qui risquent de l’être également.  Pour cela, il a recommandé de payer les salaires des fonctionnaires, de protéger les envois de fonds de l’étranger, de renforcer les secteurs de l’agriculture et de la pêche en levant les obstacles au commerce et de mettre fin aux mines terrestres et marines.  Il a insisté sur la lutte contre l’inflation et la nécessité d’injecter des devises par le biais de la Banque centrale afin de stabiliser la monnaie nationale.

Mme Henrietta Fore, Directrice exécutive de l’UNICEF, a pour sa part sonné l’alarme sur le sort des 11,3 millions d’enfants yéménites qui ont besoin d’aide humanitaire et des 2,3 millions qui souffrent de malnutrition aiguë.  « Être un enfant au Yémen est cauchemar », a-t-elle fait remarquer, en assurant que l’UNICEF fait tout son possible pour venir à leur aide en acheminant des denrées alimentaires, des vaccins, des transferts en espèces à 1,5 million de ménages ou encore par la remise en état des écoles, la distribution de fournitures scolaires et le soutien aux centres de soins.  

Elle a exigé notamment la poursuite des activités de déminage et une aide financière pour sauver le système scolaire au Yémen.  L’UNICEF, a affirmé sa Directrice exécutive, est prêt à travailler avec les parties afin de faire en sorte que les salaires des enseignants soient assurés régulièrement. 

Le Gouvernement du Yémen, a déclaré son représentant, a pris en charge les personnes déplacées et attend avec intérêt les actions de la communauté internationale pour alléger la crise humanitaire.  Il s’efforce de rétablir la stabilité économique et d’éviter l’effondrement de la monnaie nationale, a encore avancé le délégué qui a demandé de l’aide pour que la Banque centrale du Yémen puisse stabiliser la valeur du riyal. 

Sur le plan politique, le Yémen a dénoncé la poursuite des hostilités par les houthistes et le soutien de l’Iran aux rebelles qui, a-t-il dit, continuent leurs attaques contre les populations et les infrastructures civiles, y compris en Arabie saoudite.  En revanche, « nous avons accepté les différentes solutions au conflit et sommes prêts à faire des compromis », a-t-il dit à propos du Gouvernement.  

La France a aussi dénoncé le refus des houthistes de toute solution politique.  D’autres membres du Conseil, comme l’Estonie, la Chine, le Kenya, Saint-Vincent-et-les Grenadines et la Norvège, ont confirmé que l’impératif urgent est de parvenir à un cessez-le-feu et de reprendre un processus politique inclusif.  Les États-Unis ont noté que la Coalition, dirigée par l’Arabie saoudite et le Gouvernement du Yémen, s’est montrée ouverte à un cessez-le-feu mais que les houthistes semblent déterminés à poursuivre leur campagne militaire.  « C’est le moment de changer d’avis », a exhorté la déléguée américaine. 

Tous ont réitéré qu’il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit au Yémen, mais seulement une solution politique.  Dans les appels à la coopération internationale afin de parvenir à une désescalade à l’échelle régionale, la Fédération de Russie a attiré l’attention sur le concept russe actualisé de sécurité collective dans le golfe Persique.  Les membres du Conseil ont aussi salué la nomination de M. Hans Grundberg, le nouvel Envoyé spécial pour le Yémen, dont la Chine a dit attendre avec intérêt le plan d’action.

Actuellement, a conclu le Kenya, le conflit au Yémen n’a pas de gagnants, seulement des perdants dont les enfants, les jeunes, les femmes et les personnes âgées.  « Ils prient tous les jours pour la fin de la guerre civile, le retour à la paix et, avec elle, la possibilité de reconstruire leur vie pour retrouver la capacité de se débrouiller tout seuls. » 

LA SITUATION AU YÉMEN

M. MOHAMMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil sur le Yémen, il n’y a pas eu de nouveaux progrès pour parvenir à un accord fondé sur le plan en quatre points présenté aux parties.  Ce plan comprend un cessez-le-feu national, la réouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur la circulation de carburant et d’autres marchandises par le port de Hodeïda, et la reprise des négociations politiques en personne entre les parties yéménites.

M. Khiari a annoncé que les houthistes conditionnent leur participation au processus politique à l’ouverture du port de Hodeïda et de l’aéroport de Sanaa, ainsi qu’à la fin de ce qu’ils appellent « l’agression et l’occupation ».  Les négociations facilitées par l’Arabie saoudite sur l’Accord de Riyad axé sur le retour du Premier Ministre et de son gouvernement à Aden, n’ont pas encore repris après la pause de l’Eïd al-Adha début juillet.  Aucune date n’a été fixée pour la relance de ces efforts.  

Le Sous-Secrétaire général estime pourtant que des progrès rapides dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad sont essentiels pour faire face aux tensions dans le sud, d’autant plus que la situation sécuritaire à Aden et dans les provinces du sud continue de se détériorer.  La situation est aggravée par les problèmes persistants de la fourniture de services de base, y compris la fourniture d’électricité, malgré les subventions saoudiennes pour le carburant.  Toutes les parties prenantes doivent coopérer pour éviter une nouvelle escalade, a prié le haut fonctionnaire. 

Il a déploré la poursuite des activités militaires au Yémen avec des combats sporadiques à Jaouf et à Taëz, en particulier à Mareb où les premières victoires des forces yéménites soutenues par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont ensuite été effacées par les houthistes, qui se sont maintenant déplacés plus au nord autour de la frontière entre les provinces de Mareb et de Shaba.  M. Khiari a réitéré son appel aux parties de cesser complètement et immédiatement ces tentatives de conquête territoriale par la force.  Il a aussi informé des attaques contre les infrastructures terrestres et maritimes dans le sud de l’Arabie saoudite ainsi que la poursuite des frappes aériennes de la Coalition ces dernières semaines.

S’agissant de l’économie, le Sous-Secrétaire général a dit que la situation est difficile avec la détérioration de la valeur du riyal yéménite dans les zones contrôlées par le Gouvernement se négociant à 1 000 riyals pour 1 dollar américain.  L’écart de change entre Sanaa et Aden s’est également creusé pour atteindre environ 400 riyals.  Le Conseil de transition du Sud a récemment menacé d’imposer un taux de change local indépendant à Aden et dans d’autres zones sous son contrôle dans le sud du Yémen, une situation qui compliquerait probablement davantage les efforts de reprise économique cohésive, a averti le Sous-Secrétaire général. 

Les houthistes et le secteur privé s’opposent également à l’augmentation par le Gouvernement du prix de la redevance douanière en dollars de 250 à 500 riyals pour les importations.  

Concernant l’aggravation de l’approvisionnement en carburant, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes, seuls trois navires commerciaux de ravitaillement ont reçu l’autorisation d’accoster au port de Hodeïda depuis le début du mois de juillet.  Quatre navires se trouvent toujours dans la zone d’attente de la Coalition.  Une seule station-service de la compagnie pétrolière du Yémen est ouverte dans les provinces contrôlées par les houthistes.  La compagnie de gaz a prévenu du risque de graves pénuries en gaz, ce qui a considérablement fait monter les prix sur le marché parallèle, a encore décrit le haut fonctionnaire. 

M. Khiari a réitéré son appel au Gouvernement du Yémen pour qu’il autorise d’urgence l’entrée sans délai à Hodeïda de toutes les marchandises commerciales essentielles ainsi que les navires de ravitaillement.  Les parties doivent donner la priorité aux besoins des civils et s’abstenir de militariser l’économie, compte tenu en particulier de la situation grave humanitaire dans le pays, a-t-il dit avant de saluer la nomination de M. Hans Grundberg en tant que nouvel Envoyé spécial pour le Yémen.  En conclusion, il a insisté sur l’importance de reprendre un processus politique inclusif, dirigé par les Yéménites, pour parvenir à une solution négociée au conflit. 

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a expliqué que le conflit yéménite a décimé l’économie qui subit aussi les effets néfastes des changements climatiques, comme cela s’est vu ces dernières semaines avec des pluies diluviennes.  Le Secrétaire général adjoint a rappelé que 20 millions de Yéménites, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance humanitaire.  La priorité, a-t-il dit, doit être de lutter contre la famine, étant donné que 5 millions de personnes sont au bord de la famine et 10 millions d’autres risquent de l’être.  Il a expliqué que la famine n’est pas seulement une question alimentaire, mais aussi la résultante d’un ensemble de problèmes du pays.  Il faut donc, en plus de l’aide humanitaire, s’attaquer aussi aux problèmes qui poussent le Yémen vers la famine, a-t-il recommandé.  

M. Griffiths a noté que le financement humanitaire a significativement augmenté depuis la conférence d’annonce de dons de mars dernier.  Le plan de réponse humanitaire du Yémen a reçu 50% des fonds escomptés, un niveau qu’aucun autre plan n’a atteint à travers le monde.  Ce financement permet de soutenir 10 millions de personnes par mois dans les 333 districts du pays alors que la guerre fait rage.  Nous avons comme objectif d’avoir davantage de personnels sur le terrain et davantage de missions terrestres dans des zones de conflit, a-t-il espéré, avant d’inviter les donateurs à accroître leur financement et de veiller à ce que tous les secteurs de l’assistance humanitaire soient financés de manière équitable.  L’aide alimentaire risque de connaître un arrêt en octobre si des fonds supplémentaires ne sont pas disponibles, a averti le Coordonnateur des secours d’urgence, avant de saluer l’initiative de certains pays européens qui tiendront une réunion sur la question en marge du débat général de l’Assemblée générale le mois prochain.

Pour M. Griffiths, il faut aller plus loin, car les Yéménites meurent de faim parce qu’ils ne peuvent acheter les denrées, et non à cause de l’absence de nourriture.  En effet, le quart de la population vit grâce aux salaires de la fonction publique qui ne sont pas payés régulièrement.  Il faut donc veiller à payer ces salaires pour lutter contre famine.  Il faut aussi renforcer les revenus en protégeant les envois de fonds de l’étranger et en renforçant les secteurs de l’agriculture et la pêche.  Pour ce dernier point, il est question, a-t-il suggéré, de lever les obstacles au commerce et de mettre fin aux mines terrestres et marines et à d’autres mesures dissuasives.  De même, il faut lutter contre l’inflation en injectant des devises par le biais de la Banque centrale afin de stabiliser la monnaie nationale.  

Le Secrétaire général adjoint a salué l’octroi de droits de tirage spéciaux (DTS) de 665 millions de dollars au Yémen par le Fonds monétaire international (FMI).  Il a enfin demandé la levée de l’embargo sur certains ports et aéroports du pays, tout en insistant sur le fait que c’est bien la guerre qui a créé cette situation humanitaire catastrophique au Yémen.  Le plus important est donc aujourd’hui de parvenir à un cessez-le-feu afin de s’attaquer aux causes profondes de la crise et reprendre le processus politique.  

Rappelant que la guerre au Yémen en est à sa septième année et qu’elle a causé l’une des pires crises au monde, Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds international des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a expliqué que plus de 1,6 million d’enfants sont aujourd’hui déplacés au Yémen, surtout autour de Hodeïda et de Mareb, et que les services de base comme la santé, l’éducation et l’assainissement sont fragiles et au bord de l’effondrement.  Les coupures d’eau sont fréquentes, l’économie en chute libre avec une baisse de 40% du PIB depuis 2015, a-t-elle dit, en ajoutant qu’un quart de la population dépend de leur salaire de fonctionnaire qui n’est payé que de manière irrégulière, ce qui les empêche d’acheter des denrées alimentaires qui sont pourtant là.  Mme Fore a alerté sur le sort des 11,3 millions d’enfants qui ont besoin d’aide humanitaire et des 2,3 millions qui souffrent de malnutrition aiguë.  La Chef de l’UNICEF a ajouté que plus de 10 millions d’enfants n’ont pas accès aux services de santé alors qu’un enfant meurt toutes les 10 minutes de causes traitables et que l’accès à l’école est terriblement compromis.  Plus de deux millions d’enfants sont déscolarisés, et quatre millions supplémentaires risquent de l’être parce qu’ils doivent travailler pour leur famille ou parce que leurs écoles ont été détruites.  Tous ces enfants risquent de ne jamais pouvoir retrouver le chemin de l’école, s’est inquiétée Mme Fore pour laquelle ces chiffres sont très alarmants.  

Elle a parlé des risques auxquels les enfants yéménites s’exposent ne serait-ce que pour aller à l’école sur des chemins jonchés de mines, mais aussi des mariages précoces et du travail des enfants.  « Être un enfant au Yémen c’est un cauchemar. »  L’UNICEF fait tout son possible pour leur venir en aide, que ce soit en acheminant des denrées alimentaires, des vaccins, des transferts en espèces à 1,5 million de ménages ou la remise en état des écoles, la distribution de fournitures scolaires et le soutien aux centres de soins.  Mais rien de tout cela n’est suffisant étant donné l’ampleur des besoins humanitaires au milieu de la violence en cours, a prévenu Mme Fore. 

Même avec une lueur d’espoir sur le volet politique, elle a regretté qu’il n’y ait pas encore de signes tangibles sur le terrain.  Quand les parties vont-elles enfin donner la priorité aux enfants après six ans de conflit, s’est-elle impatientée.  Elle s’est dite gravement préoccupée par le nombre de menaces et d’attaques contre des établissements scolaires et leur utilisation à des fins militaires.  Les parties n’ont pas pris assez de mesures pour protéger les civils et cela doit cesser, leur a-t-elle asséné.  L’UNICEF exige en outre un accès sans entrave pour l’acheminement de l’aide sur tout le territoire yéménite, y compris pour pouvoir poursuivre les activités de déminage.  La Directrice exécutive a insisté sur la réouverture du port de Hodeïda, principal port pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Mme Fore a également saisi cette occasion pour demander une aide financière à la communauté internationale en vue de sauver le système scolaire au Yémen.  L’UNICEF est prêt à travailler avec les parties pour faire en sorte que les salaires des enseignants soient assurés régulièrement, a-t-elle indiqué.  En guise de conclusion, elle a martelé que les enfants yéménites ont besoin d’une paix pérenne pour pouvoir « tourner la page de ce cauchemar » et réaliser leurs rêves d’avenir.

Après avoir salué la nomination du nouvel Envoyé spécial pour le Yémen, M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a fait remarquer qu’une solution militaire ne pourra pas résoudre le conflit au Yémen.  Il a noté la poursuite des offensives des houthistes qui pourtant doivent trouver une solution politique.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de trouver une solution face à la crise économique que traverse le pays notant que la situation humanitaire est due au manque de pouvoir d’achat.  M. Kariuki a indiqué que si l’aide extérieure s’impose, la solution doit être trouvée par le Gouvernement yéménite.  Pour lui, l’intervention humanitaire ne pourra pas être la solution à une crise économique.

Préoccupé par les conséquences de la COVID-19 et de l’arrivée « certaine » de son variant Delta, le représentant a prié le Gouvernement yéménite d’accélérer sa campagne de vaccination.  Le Royaume-Uni, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a annoncé le délégué, vont financer ensemble deux millions de doses de vaccin pour le Yémen.  Pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Royaume-Uni débloquera bientôt la dernière tranche des 16 millions de dollars qu’il donne à l’UNICEF cette année. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a appelé tous les participants à la confrontation au Yémen à abandonner immédiatement et complètement les opérations militaires, à se conformer strictement aux dispositions du droit international humanitaire, ainsi qu’à rechercher des moyens politiques et diplomatiques de règlement de tous les désaccords.  Pour la représentante, la cessation des hostilités doit s’accompagner de la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures de confiance dans les domaines politique, militaire et socioéconomique.  Ce sera une réelle contribution à l’allègement du sort de la population yéménite, alors que l’ONU décrit la situation du pays comme « la plus grande catastrophe humanitaire au monde ».  Elle a appelé les donateurs à accroître le soutien financier nécessaire à l’aide humanitaire par le biais de l’ONU.  Dans le même temps, Mme Evstigneeva a souligné la nécessité d’une levée complète du blocus maritime, terrestre et aérien du Yémen, la levée des restrictions sur la livraison de nourriture, de médicaments, de carburant et d’autres biens essentiels.  Elle a aussi rappelé que l’assistance fournie doit être impartiale et non discriminatoire.

En outre, la représentante s’est dite convaincue que des solutions mutuellement acceptables, dépourvues de connotation politique, peuvent être trouvées pour résoudre le problème du pétrolier Safer.  Dans le même temps, elle a jugé important que d’autres idées nationales pour résoudre ce problème soient exploitées, étant donné que le mouvement Ansar Allah a démontré sa volonté à mener un dialogue avec l’ONU.  Elle a ensuite estimé que la tâche du Conseil de sécurité n’est pas de prendre parti, mais de soutenir l’Envoyé spécial, notamment en créant une atmosphère constructive dans les relations entre les régions.  « Nous appelons à nouveau nos collègues à une coopération internationale collective afin de parvenir à une désescalade à l’échelle régionale, y compris sur la base de la résolution pertinente du Conseil de sécurité 598 (1987) ».  À cet égard, la représentante a attiré l’attention sur le concept russe actualisé de sécurité collective dans le golfe Persique, contenu dans un document récemment distribué au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est attardée sur le sort des enfants dans la crise yéménite, qui vivent dans un contexte d’insécurité alimentaire, de pandémie, d’hostilités et d’une crise humanitaire si grave qu’elle a été désignée comme la pire crise humanitaire au monde.  L’accès restreint à l’éducation a un impact direct sur ces enfants, a-t-elle déploré en soulignant qu’il nuit indirectement aux perspectives de construire une société civile yéménite plus forte et plus stable.  La représentante a saisi cette occasion pour saluer le travail accompli par l’UNICEF et ses partenaires pour lutter contre l’effondrement du secteur de l’éducation, donner accès à l’éducation formelle et non formelle et assurer la croissance saine et durable des enfants yéménites.   

Sur le front humanitaire, la délégation a salué le financement supplémentaire du Plan de réponse humanitaire, ce qui a permis de préserver un certain nombre d’opérations vitales.  Toutefois, sans soutien à l’économie, de nombreux Yéménites sont incapables de s’offrir la nourriture et les services de base nécessaires à leur survie quotidienne, a-t-elle relevé.  Dans ce contexte, Mme King a souligné l’importance des envois de fonds de l’étranger, sur lesquels comptent de nombreux Yéménites.  Ces envois de fonds sont une bouée de sauvetage cruciale pour ceux qui se trouvent au Yémen, dont la perte ne ferait qu’exacerber les situations humanitaire et économique.  De plus, la pandémie touche une population déjà vulnérable, ce qui a provoqué l’effondrement du système de santé déjà fragile au Yémen.  Dès lors, la déléguée a appelé tous les acteurs au Yémen à assurer un accès égal aux soins de santé et à l’aide humanitaire.  Elle a également appelé tous les acteurs sur le terrain, et ceux qui ont une influence sur eux, à concentrer leurs efforts sur la réalisation d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale qui ouvrirait la porte à des négociations politiques crédibles, menées de bonne foi et dans un esprit de compromis.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a appelé les parties à accepter un cessez-le-feu et à reprendre le processus politique inclusif avec la participation des femmes et des jeunes.  Le représentant a appelé le Gouvernement et le Conseil de transition du Sud à s’abstenir d’actions qui pourraient exacerber les tensions et à mettre en œuvre l’Accord de Riyad, une étape importante vers une paix globale.  Le délégué s’est dit gravement préoccupé par les hostilités en cours à Mareb et à Beïda où les houthistes poursuivent leurs attaques.  Plus de 24 500 personnes ont été déplacées cette année et plus de 156 000 depuis janvier 2020, a-t-il déploré. 

Concernant l’impact du conflit sur les enfants, sans la fin des hostilités, les organisations humanitaires n’ont que des moyens limités pour aider 400 000 enfants, a rappelé M. Lipand gravement préoccupé par le nombre élevé d’enfants victimes d’attaques de différentes parties au conflit et de la COVID-19.  Les attaques visant les écoles et les hôpitaux ainsi que le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les hostilités violent le droit international humanitaire, a accusé le délégué.  Il est important d’assurer un accès sans entrave des travailleurs humanitaires à ceux qui en ont besoin, a-t-il souligné demandant également l’approvisionnement normal en carburant et en marchandises.  

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a déploré qu’après tant d’années d’une crise multiforme et d’intenses efforts diplomatiques, les parties au conflit au Yémen n’arrivent pas à s’entendre autour du minimum qu’il faut pour le retour de la paix dans le pays.  Et ce minimum, a-t-il précisé, c’est l’arrêt des hostilités sur l’ensemble du territoire afin d’amorcer des réelles avancées dans tous les autres aspects de la crise.  Il a appelé l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité et de retenue mais aussi de grande compassion à l’égard de la population du Yémen tant éprouvée, en mettant un terme à cette tragédie qui n’a que trop durée.

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a fait part de sa préoccupation devant les conditions de détresse des populations du Yémen induites, essentiellement, par la poursuite de la guerre dans le pays.  Il a appelé les pays donateurs, et en particulier ceux de la région, à plus de générosité afin d’éviter que de nouvelles vies ne soient encore perdues.  Il a aussi jugé crucial que les entraves liées à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, notamment à travers le port de Hodeïda et l’aéroport de Sanaa, soient levées immédiatement afin d’éviter que le Yémen ne sombre dans une famine à grande échelle.  Enfin, concernant le pétrolier Safer, M. Aougi a souhaité que les autorités d’Ansar Allah assument leur responsabilité pour éviter une marée noire, en accordant sans délai toutes les autorisations et les garanties nécessaires à l’équipe des Nations-Unies.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a souligné l’impératif urgent de parvenir à cessez-le-feu à l’échelle nationale au Yémen pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire, l’ouverture de routes vers de nombreuses régions du pays et l’accès à l’école en toute sécurité des enfants.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite de l’offensive dans la région de Mareb et d’autres parties du Yémen, ce qui aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse, ainsi que par les tensions croissantes dans le Sud et le manque de coopération conformément à l’Accord de Riyad.  La rivalité et la fragmentation, que ce soit dans le sud ou sur la côte ouest, ne font que faire dérailler les efforts visant à garantir la paix et la stabilité, a-t-il regretté.

Alors que les besoins humanitaires sont immenses, les restrictions sur les importations via le port de Hodeïda se poursuivent, a constaté le représentant, s’inquiétant que cela contribue, entre autres, à de graves pénuries de carburant et à l’augmentations des prix.  Le représentant s’est dit également préoccupé par les rapports de l’OMS faisant état d’attaques contre des agents de santé et des patients.  Il a aussi dénoncé le manque d’infrastructures et de services de base pour les personnes déplacées.  Compte tenu de tout cela, il a appelé tous les acteurs à assurer immédiatement un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Le délégué s’est félicité de la nomination de Hans Grundberg en tant que nouvel Envoyé spécial en espérant qu’il pourra faciliter les progrès indispensables.  La Norvège continuera à plaider en faveur d’un processus politique inclusif, qui donne la priorité à la participation et au leadership pleins, égaux et significatifs des femmes, a-t-il indiqué, ajoutant que ce processus doit être contrôlé et dirigé par les Yéménites, avec les acteurs régionaux et divers acteurs yéménites jouant également un rôle clef.  Seule une solution politique peut apporter une paix et une prospérité durables au Yémen, a conclu le représentant.

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a dénoncé les houthistes qui refusent toute solution en continuant leurs offensives, contre Mareb et contre le territoire saoudien.  Mme Broadhusrt a rejeté leur « chantage inadmissible » en refusant depuis un an l’accès de la mission d’inspection des Nations Unies au pétrolier Safer.  Les houthistes doivent permettre à l’ONU d’y accéder sans condition préalable et sans plus de délai, a sommé la déléguée avant de dénoncer aussi le recrutement d’enfants dans des camps d’été et sur les champs de bataille.  Il faut y mettre un terme, a demandé la représentante qui a appelé à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, ses conclusions sur les enfants dans les conflits armés et le droit international humanitaire.  Ce Conseil doit se tenir prêt à prendre les mesures nécessaires, a prévenu Mme Broadhurst.  Les houthistes doivent également engager un dialogue de bonne foi sur une solution politique avec le nouvel Envoyé spécial, M. Hans Grundberg.  

La recette de la sortie de crise au Yémen, a indiqué la déléguée, est un cessez-le-feu global, une réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda et des discussions sur une solution politique globale et inclusive, permettant la participation effective des femmes.  Préoccupée par les potentielles atteintes à l’intégrité territoriale du Yémen qui doit être pleinement respectée, elle a invité à tout faire pour alléger les souffrances des 20 millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire, rappelant que le risque de famine à grande échelle s’accroît chaque jour.  « Nous avons une responsabilité collective et un devoir moral d’éviter la poursuite de cette tragédie humanitaire. »  Tout doit également être fait pour accélérer la campagne de vaccination contre la COVID-19 et permettre un accès équitable à ce vaccin, a ajouté Mme Broadhurst réitérant l’importance de garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin, particulièrement dans les zones contrôlées par les houthistes.  Elle a insisté sur l’importance de la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux.  Les détentions arbitraires, les actes de torture, les violences sexuelles basées sur le genre et l’utilisation des enfants dans les hostilités sont intolérables et leurs auteurs ne doivent pas rester impunis, a aussi réclamé la représentante.  

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déploré les nombreuses violations du droit international humanitaire décrites dans le rapport du Groupe d’experts.  Elle a exhorté les parties à respecter leurs obligations en droit international humanitaire, notamment à protéger la population civile, à permettre un accès sans entrave à l’aide humanitaire et à promouvoir le respect des droits humains de la population, en particulier des groupes vulnérables tels que les femmes et les mineurs.  Elle a également exprimé une grande consternation face au fonctionnement de près de 3 500 « camps d’été » et des programmes de recrutement de mineurs par les houthistes, auxquels participent même des enfants de 7 ans.  Le Mexique a donc appelé Ansar Allah à mettre fin à ces pratiques de radicalisation des enfants yéménites.  Notant que le recrutement par les groupes armés touche majoritairement les garçons, et que le nombre de filles victimes de violences sexuelles ou contraintes de se marier à un âge précoce continue de croître rapidement, la déléguée a déclaré que de telles actions mettent non seulement en danger la paix et la prospérité des futures générations yéménites, mais représentent également de graves violations du droit.  Elle a également exhorté à poursuivre les efforts pour renforcer la coopération entre le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2140 (2014), le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, ainsi qu’avec l’UNICEF.

En outre, Mme Buenrostro Massieu a salué les efforts de l’Arabie saoudite et d’Oman, ainsi que de l’Envoyé spécial des États-Unis, à servir de médiateurs entre les parties.  Elle a enfin réitéré sa profonde préoccupation concernant la situation du pétrolier Safer et le risque qu’il représente pour l’environnement, l’accès humanitaire et le commerce mondial.  Elle a donc exhorté Ansar Allah à s’abstenir d’entraver l’inspection du navire par les organes techniques de l’ONU.

Pour Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), l’arrivée du nouvel Envoyé spécial offre une réelle opportunité.  Le conflit au Yémen est un des rares cas où le Conseil et la communauté internationale partagent un large consensus et où tout le monde s’accorde à dire que les combats doivent cesser et que seule une voie politique peut mener vers la paix.  « Profitons de ce moment parce que le temps est précieux et que des vies sont perdues. »  L’offensive des houthistes contre Mareb est au point mort, mais elle n’en est pas moins brutale, et juin a été le mois le plus meurtrier pour les civils depuis près de deux ans, a-t-elle constaté insistant sur l’urgence d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, afin que d’autres régions du Yémen ne subissent pas de violences et de souffrances inutiles.  Notant que la Coalition, dirigée par l’Arabie saoudite et le Gouvernement du Yémen, s’est montrée ouverte à un cessez-le-feu mais que les houthistes semblent déterminés à poursuivre leur campagne militaire, Mme Thomas-Greenfield a déclaré que « c’est le moment de changer d’avis ». 

Seul un accord de paix durable entre les parties yéménites peut commencer à inverser la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés les Yéménites, a plaidé la représentante en soulignant les deux millions de jeunes Yéménites subissent une malnutrition potentiellement mortelle.  Pour remédier immédiatement à cette situation, la représentante des États-Unis a annoncé avoir versé au début du mois près de 165 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire au Yémen.  Ils ont réitéré leur appel aux autres pays, en particulier ceux de la région, à accroître leur soutien au Plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, qui reste gravement sous-financé.  Mme Thomas-Greenfield a également partagé les préoccupations de l’UNICEF relatives au sort des enfants au Yémen, appelant la communauté internationale à les protéger.  En dernier lieu, elle est revenue sur les problèmes économiques au Yémen, qui sont inextricablement liés aux efforts plus larges de paix et d’aide humanitaire.  Nous ne pouvons pas parvenir à une solution durable au conflit ou traiter de manière adéquate l’insécurité alimentaire si les griefs économiques sous-jacents qui ont conduit le conflit depuis son début ne sont pas traités, a-t-elle noté avant de rappeler que cinq millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen.  Elle a exhorté à nouveau toutes les parties à l’Accord de Riyad à redoubler d’efforts pour le mettre en œuvre et renvoyer le Gouvernement yéménite à Aden, afin qu’il puisse rétablir les services de base et prendre des mesures pour améliorer la stabilité économique.

Sur le processus de paix au Yémen, M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a dit qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit.  Le représentant a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties pour qu’elles instaurent un cessez-le-feu global et explorent les possibilités de négociations sur une proposition de paix en collaboration avec le nouvel Envoyé spécial, les partenaires régionaux et la communauté internationale.  Sur le front humanitaire, il a souligné l’importance d’un financement plus important afin que les organisations humanitaires soient en mesure de fournir une aide à ceux qui en ont besoin au cours des derniers mois de cette année.

M. Dang a jugé urgent de lever complètement le blocus maritime afin d’assurer un approvisionnement prévisible en nourriture et en carburant au Yémen.  En outre, il a fait écho aux appels de l’UNICEF à toutes les parties prenantes pour qu’elles protègent le droit des enfants à l’éducation.  Toutes les parties doivent mettre en œuvre la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité sur la protection des infrastructures civiles, a exhorté le représentant qui a demandé l’accès par l’équipe technique des Nations Unies au pétrolier Safer dès que possible.  Enfin, M. Dang a encouragé les parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a réaffirmé qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit au Yémen, exigeant un cessez-le-feu à l’échelle nationale pour ouvrir la voie à des négociations politiques inclusives.  De tels processus nécessitent la participation pleine, égale et significative des femmes, a-t-elle précisé.  La représentante a également appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et a réitéré son ferme soutien au Gouvernement d’unité du Yémen, avant d’appeler les parties à reprendre le dialogue en vue du retour en toute sécurité du Gouvernement à Aden.  Jugeant très regrettable l’absence de femmes au sein du cabinet, elle a espéré que cette question serait abordée dans un très proche avenir.  

Mme Byrne Nason a réitéré l’appel de l’Irlande à toutes les parties pour qu’elles respectent leurs obligations en droit international humanitaire et des droits de l’homme, et pour qu’elles rendent des comptes pour les crimes commis contre le peuple yéménite, ce qui est essentiel à toute paix durable.  La représentante a jugé honteux que plus de deux millions d’enfants yéménites ne soient actuellement pas scolarisés, que plus de 70% des filles yéménites soient mariées alors qu’elles sont encore mineures, et que les écoles au Yémen continuent d’être attaquées et utilisées à des fins militaires.  Enfin, elle a appelé à la levée des restrictions sur les importations dans le port de Hodeïda, au paiement des salaires des fonctionnaires et à l’accès humanitaire pour tous ceux qui en ont besoin.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté la détérioration de la situation économique, humanitaire et sécuritaire au Yémen ainsi que l’impasse de la solution politique.  Face à la gravité de la situation humanitaire, aggravée par la COVID-19 et les inondations, le représentant a souligné que les moyens militaires ne font qu’accentuer les souffrances et que seule une solution politique permettra de parvenir à une paix pérenne à travers un processus politique inclusif auquel les femmes et les jeunes doivent être associés.

Le représentant a dit vouloir soutenir les efforts du nouvel Envoyé Spécial, M. Grundberg.  Elle a condamné les attaques répétées des houthistes contre l’Arabie saoudite et a exigé qu’elles cessent.  En outre, il a appelé toutes les parties à ne pas s’en prendre aux civils, arguant que cela est contraire au droit international.  Alors que la famine menace des millions de Yéménites et que les déplacements internes se poursuivent, le délégué a appelé à un accès sans entrave et sur tout le territoire de l’aide humanitaire, ajoutant que les opérations humanitaires doivent pouvoir compter sur un financement adéquat.  Pour ce qui est des risques environnementaux liés au pétrolier Safer, la Tunisie a demandé aux houthistes de permettre sans tarder à l’équipe d’inspecteurs des Nations Unies d’y accéder.

Pour M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya), le conflit prolongé au Yémen n’a pas de gagnants, seulement de perdants dont les enfants, les jeunes, les femmes et les personnes âgées.  Leur prière quotidienne est pour la fin de la guerre civile, un retour de la paix et, avec elle, la possibilité de reconstruire leur vie pour retrouver la capacité de se débrouiller seuls.  Le représentant a dit aux parties qu’il n’y a pas de solution militaire à leur conflit, leur demandant de s’engager de manière constructive dans un processus inclusif pour parvenir à un cessez-le-feu national dans un délai convenu et à une solution politique durable au conflit.  Troublé par l’escalade des combats, notamment à Mareb, Jaouf, et Taëz, le délégué s’est particulièrement préoccupé du recrutement d’enfants par des parties pour participer à ces batailles.  Il a condamné l’utilisation d’enfants dans des camps d’entraînement militaires ou sur les lignes de front ou même de leur exposition à des armes de guerre.  

Notant le « message de félicitations » envoyé par Al-Qaida dans la péninsule arabique aux Taliban en Afghanistan, M. Kiboino a déclaré que le Conseil doit répondre de manière unie et ferme pour contrer ces menaces à l’échelle mondiale.  Préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire, il a appelé non seulement à l’augmentation de l’aide humanitaire, mais aussi à des garanties pour l’accès humanitaire.  Une attention particulière doit être accordée à la lutte contre la COVID-19, a dit le délégué.  Il a condamné également les attaques contre des écoles et exhorté les parties à permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité.  M. Kiboino a fait remarquer « le nombre croissant d’attaques mystérieuses utilisant des explosifs improvisés et d’autres engins explosifs sur des navires au large des côtes du Yémen ».  Ces actes menacent la sécurité de la navigation internationale et pourraient perturber considérablement le commerce international et affecter la région et au-delà, a-t-il prévenu.  Enfin, le délégué s’est dit « déçu » du manque de progrès pour résoudre la situation du pétrolier Safer appelant les houthistes à s’engager de manière constructive dans la recherche d’une solution et à éviter une catastrophe environnementale. 

M. GENG SHUANG (Chine) a déclaré que la solution politique est la seule qui soit possible au Yémen.  Il a dit attendre avec intérêt le plan d’action du nouvel Envoyé spécial.  Il a également invité à écouter les pays de la région, estimant que l’ONU devrait renforcer sa coordination avec eux.  La Chine est prête à poursuivre sa coopération avec toutes les parties au conflit, dans le cadre de la l’initiative de paix en cinq points proposée par la Chine en début d’année, a déclaré le représentant.  Au vu de la situation humanitaire du Yémen, il a appelé la communauté internationale à aider davantage le pays.  Enfin, au sujet du pétrolier Safer, il a invité le houthistes à coopérer davantage avec l’ONU afin d’éviter une catastrophe humanitaire et écologique.

À la lumière de l’escalade militaire à Mareb qui a déclenché des opérations de contre-offensive dans d’autres provinces du Yémen, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a craint pour les perspectives de paix dans le pays.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir d’une action militaire qui pourrait conduire à une nouvelle escalade des hostilités avant de réitérer l’importance de la pleine mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad.  Alors que la situation sécuritaire reste précaire, la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour, a-t-il noté parlant de l’augmentation des infections et des décès liés à la COVID-19, des récentes pluies torrentielles et des inondations généralisées qui ont causé des pertes en vies humaines et matérielles.  Tous ces développements ne font que souligner la nécessité d’une livraison régulière, prévisible et sans entrave de l’aide humanitaire et d’un financement adéquat pour les opérations humanitaires d’urgence, a souligné le représentant souhaitant une aide humanitaire renforcée et efficace pour la population yéménite dans tout le pays et sans aucune discrimination.  Le représentant s’est également inquiété des conséquences graves de cette crise prolongée sur toute une génération d’enfants yéménites dont plus de 1,7 million déjà déplacés, qui sont recrutés dans les camps et déscolarisés.  Le représentant a insisté sur l’urgence de gérer la situation du pétrolier Safer, exigeant un accès immédiat de l’équipe d’inspection de l’ONU.

Le moment est venu pour la communauté internationale, en particulier ce Conseil, d’intensifier ses efforts pour une cessation immédiate des hostilités, a estimé le représentant.  « En tant qu’ami de longue date du Yémen », le délégué a réitéré son appel à un cessez-le-feu urgent à l’échelle nationale suivi d’un processus politique solide et inclusif dans le plein respect de l’unité, de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Yémen.  « Seule une telle approche peut aboutir à une paix durable au Yémen. »  Dans cet esprit, il a exhorté toutes les parties au Yémen à mettre immédiatement fin aux combats et à s’engager de bonne foi avec le nouvel Envoyé spécial, M. Grundberg, sans aucune condition préalable, pour le bien-être du peuple yéménite.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a mis sur le dos des houthistes la poursuite des hostilités au Yémen et a accusé l’Iran de soutenir les rebelles qui refusent toutes les solutions au conflit.  Accusant ces derniers de poursuivre leurs attaques contre les populations et les infrastructures civiles y compris jusque dans le « pays-frère d’Arabie saoudite », le représentant a assuré que le Gouvernement prend en charge la situation des milliers de déplacés.  Il fait face à sa responsabilité, a-t-il assuré.  « Nous avons accepté les différentes solutions à la guerre et sommes prêts à faire des compromis, y compris l’initiative du Conseil du Golfe. »  Il a appelé la communauté internationale à faire pression sur les houthistes pour qu’ils choisissent la paix.  

Le Gouvernement attend avec intérêt les actions de la communauté internationale pour alléger la crise humanitaire, a indiqué le délégué faisant porter l’échec des solutions politiques au conflit au coup d’État des houthistes de 2014.  Ils utilisent aujourd’hui le port de Hodeïda pour lancer des missiles sous-marins et s’attaquent ainsi à la navigation internationale, a dénoncé le représentant y voyant un péril à l’approvisionnement mondial, notamment en carburant.  Il a aussi accusé les houthistes de violer l’Accord de Stockholm.  M. Al-Saadi a souligné la nécessité pour la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) de pourvoir s’acquitter de son mandat. 

Les attaques des houthistes aggravent les déplacements de population en prenant pour cible les civils, a ajouté le représentant.  Ces actes constituent des crimes contre l’humanité, a-t-il averti invitant la communauté internationale à prendre ses responsabilités face à ces violations des droits de l’homme.  Le Conseil de sécurité doit faire cesser ces attaques, a encore prié M. Al-Saadi qui a accusé les houthistes d’utiliser la famine comme arme de guerre.  Il a demandé d’y mettre un terme, réitérant que les rebelles houthistes doivent être empêchés de pouvoir aggraver la crise.  Regrettant que les efforts de la communauté internationale dans ce sens ne suffisent pas, le représentant a demandé à soutenir le Gouvernement qui s’efforce de rétablir la stabilité économique.  Il faut aider l’économie nationale et éviter l’effondrement de la monnaie, a dit le représentant.  Il a demandé d’aider la Banque centrale du Yémen à stabiliser la valeur du rial, avant de tenir une nouvelle fois les houthistes pour responsables de dégâts éventuels que pourrait causer la débâcle du pétrolier Safer.  L’ONU doit s’efforcer de protéger le pétrolier et éviter la catastrophe, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: débat sur les menaces à la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, 20 ans après le 11 septembre

8839e réunion - matin
CS/14608

Conseil de sécurité: débat sur les menaces à la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, 20 ans après le 11 septembre

Présidé pour la deuxième fois cette semaine par le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, le Conseil de sécurité a examiné ce matin « les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme », dans le contexte du basculement du pouvoir entre les mains des Taliban en Afghanistan, et du redéploiement de Daech en Afrique à travers des groupes affiliés.

Venu présenter le treizième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente Daech à la paix et à la sécurité internationales et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à contrer cette menace, le Secrétaire général adjoint Vladimir Voronkov, qui est à la tête du Bureau de lutte contre le terrorisme, s’est inquiété des répercussions considérables sur la paix et la sécurité de l’évolution de la situation en Afghanistan.  Faisant écho à l’appel du Secrétaire général à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher que le pays ne devienne un refuge pour les terroristes, M. Voronkov a plaidé pour que l’Afghanistan ne soit plus utilisé comme « rampe de lancement pour le terrorisme mondial ».     

Il y a 20 ans, à la suite des attentats terroristes perpétrés le 11 septembre par Al-Qaida, le Conseil de sécurité s’était uni pour adopter une résolution historique, la 1373 (2001) portant création du Comité contre le terrorisme, a-t-il rappelé.  Alors que cette année marque aussi les 15 ans de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a appelé les 15 membres du Conseil de sécurité à faire montre de la même unité qu’en 2001.  

Une attention particulière a été accordée à l’Afrique au cours de cette séance, le Conseil étant alerté par le Secrétaire général que le développement le plus alarmant au cours des six derniers mois a été la propagation de Daech sur ce continent, depuis le Mali vers le Burkina Faso et le Niger, ainsi que des incursions depuis le Nigéria au Cameroun, au Niger et au Tchad et depuis le Mozambique en République-Unie de Tanzanie.  Une réponse mondiale est donc urgente pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales pour lutter contre le terrorisme.

Alarmés, comme la plupart des orateurs, par cette africanisation de Daech, les États-Unis ont promis de neutraliser cette expansion grâce à l’octroi d’une aide spéciale.  Cette recrudescence d’attaques terroristes dans les pays africains intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la lutte contre la pandémie de COVID-19, a relevé le Niger qui a particulièrement été affecté par le terrorisme ces derniers mois.  « Une calamité ne doit pas en cacher une autre », a dit cette délégation, en identifiant les défis qui rendent ces pays vulnérables au terrorisme: la pauvreté, la famine, la précarité, l’ignorance, le chômage des jeunes, la porosité des frontières, et les conflits intercommunautaires.    

Daech a poursuivi la décentralisation de sa gouvernance, a ajouté M. Voronkov en craignant que la capacité et la confiance supplémentaires acquises par ses affiliés régionaux offrent au groupe de nouvelles options, notamment pour orchestrer des attaques internationales et façonner l’impact mondial futur de Daech.  Même si les restrictions liées à la pandémie ont réduit le nombre des attaques terroristes, il serait possible que celles-ci reprennent lorsque les restrictions s’assoupliront, a-t-il encore mis en garde.

« Tous ces groupes sont des variants d’un même phénomène, comme les variants alpha et delta du coronavirus », a affirmé le Directeur général de l’Institut afghan d’études stratégiques en évoquant les Taliban.  Pour M. Davood Moradian, le fait que le Conseil de sécurité tienne encore des réunions sur Daech atteste du fait que le monde a échoué à traiter la menace terroriste, 20 ans après les attentats du 11 septembre.  Il a essayé d’expliquer les raisons de cet échec en commençant par l’absence d’un accord international sur ce que l’on entend par « terrorisme » et par tous les autres noms et étiquettes qui sont utilisés depuis.  Il a ensuite jugé responsables les États Membres qui ont toujours cherché à traiter le phénomène du terrorisme comme un phénomène non étatique alors même qu’il est, à bien des égards, étatique, selon lui.  Et il a critiqué le fait que nombre de gouvernements ont choisi de se concentrer uniquement sur les menaces terroristes qui les concernent directement plutôt que d’y voir un phénomène mondial.   

Il est donc vital que ce Conseil n’adopte pas une vision « sélective, tactique ou complaisante » des problèmes auxquels nous sommes confrontés, a plaidé le Ministre indien des affaires étrangères.  « Rappelons-nous toujours que ce qui est vrai pour la COVID-19 est encore plus vrai du terrorisme: aucun de nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous », a-t-il argué.  Il faudrait par exemple, a proposé la Tunisie, limiter les mouvements des mercenaires et combattants étrangers vers les zones de conflit et redoubler d’efforts pour réaliser le développement durable et veiller au respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  Le Kenya a insisté sur l’importance de criminaliser le financement du terrorisme, quand on sait qu’un groupe comme les Chabab a des recettes fiscales qui dépassent celles du Gouvernement fédéral somalien.  Plusieurs voix ont aussi demandé plus de collaboration pour couper les terroristes des fonds, y compris des crypto-monnaies.

Au sujet des combattants terroristes étrangers se trouvant en Iraq et en Syrie, M. Voronkov a de nouveau demandé leur rapatriement dans leurs pays respectifs, ce que les États-Unis ont dit faire, tandis que le Royaume-Uni et la France ont préféré que ces combattants soient poursuivis en justice là où ils ont commis ces crimes.   La Sous-Secrétaire générale Michèle Coninsx, qui est Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a déploré pour sa part le sort des membres des familles de ces combattants et plaidé pour le respect des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte mondiale contre le terrorisme.  À ce sujet, la Fédération de Russie est revenue sur le cas des prisonniers détenus à Guantanamo en exigeant que leurs droits humains soient respectés.  L’Estonie a condamné les tentatives d’utiliser la lutte contre le terrorisme pour violer les droits de l’homme et faire taire les opposants politiques et les membres des minorités religieuses ou ethniques.   

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, a déclaré que l’évolution de la situation en Afghanistan a des répercussions considérables sur la paix et la sécurité.  Faisant écho à l’appel du Secrétaire général à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher que le pays ne devienne un refuge pour les terroristes, il a plaidé pour que ce pays ne soit plus utilisé comme rampe de lancement pour le terrorisme mondial.  Il a indiqué que la menace posée par Daech à la paix et à la sécurité internationales est restée importante et constante au cours des six derniers mois, suscitant de graves inquiétudes au niveau international.  En effet, Daech a continué à exploiter les perturbations, les griefs et les revers de développement causés par la pandémie de COVID-19 pour se regrouper, recruter de nouveaux adeptes et intensifier ses activités à la fois en ligne et sur le terrain, a-t-il noté.  Son noyau en Iraq et en Syrie a toujours accès à d’importantes réserves financières cachées qui sont estimées entre 25 et 50 millions de dollars.  Daech a poursuivi la décentralisation de sa gouvernance, a ajouté M. Voronkov en craignant que la capacité et la confiance supplémentaires acquises par ses affiliés régionaux offrent au groupe de nouvelles options, notamment pour orchestrer des attaques internationales et façonner l’impact mondial futur de Daech. 

Même si les restrictions liées à la pandémie ont réduit le nombre des attaques terroristes, il serait possible que celles-ci reprennent lorsque les restrictions s’assoupliront, a mis en garde M. Voronkov.  Il a parlé d’une menace accrue à court terme d’attaques par des acteurs isolés ou de petits groupes inspirés et peut-être dirigés à distance par Daech, y compris via Internet.  Ce n’est que par des mesures de coopération entre et au sein des pays, y compris la société civile et le secteur privé, qu’il serait possible de contrer la menace terroriste en ligne, a-t-il dit.  Pour le moment, Daech reste concentré sur la reconstitution de ses capacités en Iraq et en Syrie, organisées en petites cellules cachées dans le désert et les zones rurales, qui mènent une insurrection contre les forces de sécurité, alors qu’elles longent la frontière entre les deux pays pour éviter la capture.  Il a ensuite déploré le sort des combattants étrangers et de leurs proches se trouvant dans des centres de détention et des camps de réfugiés dans ces deux pays.  Constatant que cette situation fait le lit de la radicalisation et de la contrebande, M. Voronkov a de nouveau demandé le rapatriement de ces étrangers dans leur pays d’origine.

Le rapport du Secrétaire général décrit que le développement le plus alarmant au cours des six derniers mois a été la propagation de Daech en Afrique, avec des conséquences du Mali au Burkina Faso et au Niger, des incursions du Nigéria au Niger, au Tchad et au Cameroun, ainsi qu’au Mozambique et en Tanzanie.  Une réponse mondiale est donc nécessaire de toute urgence pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales pour lutter contre le terrorisme et remédier à son interaction avec les conflits, le crime organisé, les lacunes en matière de gouvernance et de développement.  

M. Voronkov a déclaré que son bureau avait travaillé avec tous les partenaires pour continuer à répondre aux besoins des États Membres, soutenu par sa nouvelle présence sur le terrain au Maroc et au Qatar.  Citant plusieurs projets, tels qu’une initiative de partage des meilleures pratiques, un mécanisme pour enregistrer les noms des passagers des transports aériens et des visites d’étude virtuelles dans les États Membres, il a déclaré que 2021 était une année décisive dans la lutte contre le terrorisme, et a exhorté les États à s’engager de nouveau à mettre fin au fléau.  Il y a 20 ans, à la suite des attentats terroristes perpétrés le 11 septembre par Al-Qaida, le Conseil de sécurité s’est uni pour adopter une résolution historique, la 1373 (2001) portant création du Comité contre le terrorisme, a-t-il rappelé.  Cette année marque aussi les 15 ans de la Stratégie antiterroriste mondiale, a-t-il noté, en faisant observer que, depuis lors, les groupes terroristes se sont adaptés aux nouvelles technologies.  Il a conclu en invitant les 15 membres du Conseil de sécurité à faire montre de la même unité qu’en 2001.

Insistant sur l’évolution rapide de la situation en Afghanistan, Mme MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a réitéré l’appel du Secrétaire général au Conseil pour qu’il prenne toutes les mesures possibles et veille à ce que ce pays ne soit pas utilisé comme refuge pour les terroristes.  Elle a ajouté que bien que la pandémie de COVID-19 ait des impacts sur la plupart des domaines d’action contre le terrorisme, c’est quand même un impact « mitigé » dans l’ensemble des zones épargnées par les conflits.  Ceci s’explique par le fait que les restrictions liées à la pandémie ont restreint les activités terroristes, y compris dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre.  Mais en Afghanistan et en Syrie, les menaces des groupes terroristes ont augmenté, a informé Mme Coninsx. 

La Directrice exécutive a dénoncé le sort des membres des familles des combattants terroristes étrangers, dont beaucoup sont laissés dans des zones de conflit, y compris des femmes et des enfants, pointés du doigt pour avoir des liens présumés avec des terroristes.  Ils sont bloqués dans des camps surpeuplés et n’ont qu’un accès limité à des procédures régulières.  La pandémie de COVID-19 a exacerbée cette situation, a déclaré la Sous-Secrétaire générale évoquant aussi des cas de disparitions forcées et de traitements discriminatoires.  Il faut respecter les droits de l’homme et l’état de droit, a prié la haute responsable qui a appelé à renforcer la lutte mondiale contre le terrorisme.  

Mme Coninsx a fait part des récentes mesures prises par la DECT afin de mieux aider au renforcement des capacités des États Membres pour qu’ils puissent adopter des cadres efficaces de lutte contre le terrorisme.  En collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la DECT a augmenté son appui aux enquêtes et aux poursuites au niveau national au Nigéria et dans la région du bassin du lac Tchad, a annoncé la Directrice exécutive.  Aux Maldives et aux Philippines, des formations sur l’utilisation de l’Internet dans la lutte contre le terrorisme ont été menées. 

Une étude récente des activités des groupes terroristes dans le monde, a continué Mme Coninsx, a montré qu’ils cherchent à explorer de nouvelles méthodes alternatives de déplacement et de collecte de fonds dans le contexte de la pandémie de COVID-19, y compris l’utilisation de propagandes sur les médias sociaux.  C’est ainsi que la DECT a fourni un appui au Groupe de lutte contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour améliorer la collecte de renseignements.  Elle a averti que Daech et ses affiliés constituent une menace pour la paix et la sécurité en particulier sur le continent africain, et demandé le renforcement de la coopération internationale pour lutter contre ces menaces. 

M. DAVOOD MORADIAN, Directeur général de l’Institut afghan d’études stratégiques, a fait le point sur la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité mondiales en replaçant la tragédie afghane dans ce contexte.  Le fait que le Conseil de sécurité tienne toujours des réunions sur Daech atteste, selon lui, du fait que le monde a échoué à traiter la menace terroriste, 20 ans après les attentats du 11 septembre.  Il a essayé d’expliquer les raisons de cet échec à commencer par l’absence d’un accord international sur ce que l’on entend par terrorisme et par tous les autres noms et étiquettes qui sont utilisés depuis.  D’autre part, le monde musulman n’a pas réussi à assumer sa part de responsabilité et est resté passif face à cette menace, a-t-il remarqué en relevant que la plupart des victimes de Daech sont des musulmans.  Il a dénoncé une « stagnation intellectuelle et politique » qui a, selon lui, contribué à l’essor du terrorisme.

M. Moradian a ensuite dénoncé la responsabilité des États Membres, qui ont toujours cherché à traiter le phénomène du terrorisme comme un phénomène non étatique alors même qu’il est, à bien des égards, étatique, selon lui.  Daech n’aurait pas pu se maintenir et s’épanouir sans le soutien de certains États Membres, a affirmé M. Moradian, regrettant au passage que ces mêmes États jouissent « malheureusement » de la protection du système des Nations Unies.  L’ONU est incapable d’affronter le problème du terrorisme soutenu par les États, en a conclu M. Moradian.  Il a aussi critiqué le fait que nombre de gouvernements ont choisi de se concentrer uniquement sur les menaces terroristes qui les concernent directement plutôt que d’y voir un phénomène mondial.  « L’Afghanistan en est un bon exemple. »  « S’il paraît utile et sage d’adopter une approche politique avec les Taliban, alors pourquoi ne pas le faire avec les autres groupes terroristes ou bien l’inverse », a-t-il demandé.  Pour M. Moradian, tous ces groupes sont des variants d’un même phénomène, comme les variants alpha et delta du coronavirus.

Dans l’immédiat, il a appelé la communauté internationale à se concentrer sur la dimension humanitaire et la catastrophe en cours en Afghanistan.  Pour avoir été témoin de l’horreur à l’aéroport de Kaboul il y a deux jours, M. Moradian a plaidé la cause des millions d’Afghans de différents milieux auxquels il faut apporter un soutien humanitaire urgent.  Il convient de faire de Kaboul une zone sûre, protégée par une force de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il recommandé en espérant que cela permette aux factions politique de parvenir à un accord tout en évitant une catastrophe humanitaire.  En conclusion, il a martelé que la crise afghane de ces quatre dernières décennies a montré qu’une solution militaire ne peut apporter qu’une brève pause.  « Aujourd’hui, c’est aux Talibans et à leurs alliés de se poser la question de leur responsabilité dans la situation désastreuse en Afghanistan. »

Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, a rappelé que le monde commémorera après-demain la quatrième Journée internationale de commémoration et d’hommage aux victimes du terrorisme.  De plus, le mois prochain marquera le vingtième anniversaire de l’horrible tragédie du 11 septembre à New York, a souligné le Ministre en rappelant que l’Inde a connu en 2008 l’attentat terroriste de Bombay, en 2016 l’attaque de la base aérienne de Pathankot et en 2019 l’attentat-suicide de 2019 contre des policiers à Pulwama.  Pour le Ministre, il ne peut y avoir aucune exception ou justification à un acte de terrorisme, quelles que soient les motivations derrière de tels actes.  Il a souligné que la menace du terrorisme ne peut et ne doit être associée à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  

Malheureusement, certains pays cherchent à saper ou à renverser notre détermination collective à lutter contre le terrorisme, a-t-il remarqué en y opposant sa détermination: « Cela ne peut pas passer. »  Il s’est inquiété que, dans le voisinage immédiat de l’Inde, Daech-Khorassan soit devenu plus énergique et cherche constamment à étendre son empreinte.  Selon lui, les événements qui se déroulent en Afghanistan ont naturellement accru les préoccupations mondiales quant à leurs implications pour la sécurité régionale et internationale.  « Que ce soit en Afghanistan ou contre l’Inde, des groupes comme Lashkar-e-Tayyiba et Jaish-e-Mohammed continuent d’opérer en toute impunité et avec encouragement. »  Il est donc vital que ce Conseil n’adopte pas une vision sélective, tactique ou complaisante des problèmes auxquels nous sommes confrontés, a-t-il plaidé.  « Rappelons-nous toujours que ce qui est vrai pour la COVID-19 est encore plus vrai s’agissant du terrorisme: aucun de nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous », a-t-il argué.

Pour arriver à éliminer collectivement et sérieusement le fléau du terrorisme, le Ministre a demandé, entre autres, de faire preuve de volonté politique, d’éviter un double standard et de pas bloquer les demandes d’inscription sans aucune raison, ainsi que de fournir un financement plus important au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.  Il est également important, a-t-il dit, de mettre fin à l’impasse empêchant l’adoption d’une convention mondiale sur le terrorisme international que l’Inde défend depuis si longtemps.

Préoccupée par l’expansion de Daech dans certaines régions d’Afrique, Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dit que son gouvernement veut neutraliser cette expansion grâce à l’octroi d’une aide visant à contrecarrer les activités terroristes perpétrées par ce groupe.  Cette aide couvre la formation tactique, les équipements, le renforcement des capacités des forces de l’ordre, de la justice et des communautés dans les pays partenaires.  Rappelant l’attaque de Daech-Khorassan qui a tué 10 personnes et visé une organisation humanitaire, la représentante a assuré que son gouvernement tient les Taliban comme responsables vu leur engagement à ne commettre aucun acte terroriste contre les États-Unis et leurs alliés à partir du sol afghan.  Mme Thomas-Greenfield a réitéré son appel à travailler ensemble pour faire en sorte que l’Afghanistan ne puisse plus jamais servir de base pour le terrorisme.

La représentante a affirmé avoir trouvé des bonnes nouvelles dans le rapport du Secrétaire général, notamment la trajectoire descendante des réserves financières de Daech.  C’est en partie grâce au travail de l’ONU, en coopération avec d’autres organes multilatéraux, a-t-elle souligné appelant à poursuivre ces efforts pour les vaincre.  Elle a invité les membres du Conseil à s’attaquer au financement du terrorisme et leurs facilitateurs, y compris les monnaies virtuelles et les nouvelles méthodes de paiement.  Saluant l’efficacité des sanctions, elle a dit que c’est « un outil contre les branches, les membres et les soutiens de Daech ».  Cet outil peut évoluer mais pas au détriment de sa capacité à exercer une pression efficace sur Daech et Al-Qaida, a ajouté la représentante. 

Elle a aussi dit que l’approche antiterroriste la plus efficace doit intégrer des perspectives et des voix des victimes y compris les femmes, les jeunes, la société civile, les chefs religieux, les éducateurs, le secteur privé et les communautés touchées.  C’est pourquoi les États-Unis octroient un financement aux réseaux de la société civile et d’autres ONG qui aident à renforcer la résilience communautaire et contre l’extrémisme violent.  S’agissant de la question difficile des quelque 2 000 combattants terroristes étrangers dans les centres de détention et des 60 000 membres de leurs familles, la déléguée a déclaré qu’aucun enfant ne devrait souffrir pour les crimes commis par leurs parents.  « Cette situation est intenable. »  C’est une crise humanitaire, une crise des droits de l’homme et une crise sécuritaire, a reconnu Mme Thomas-Greenfield.  Elle a estimé que le rapatriement et les poursuites judiciaires contre ces combattants terroristes étrangers sont le meilleur moyen de les tenir responsables de leurs crimes et d’empêcher leur retour non contrôlé dans des pays d’origine ou ailleurs.  Les États-Unis, a-t-elle dit, rapatrient leurs propres combattants étrangers. 

Alors que le Conseil se penche sur le treizième rapport du Secrétaire général sur Daech et l’EILL, M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté que ces groupes et d’autres organisations terroristes continuent de menacer la paix et la sécurité dans le monde.  Il a exprimé sa plus vive inquiétude quant à la menace terroriste croissante dans la région du Sahel, en Afrique centrale et ailleurs en Afrique, pointant du doigt des groupes qui mobilisent des ressources financières, des drones et d’autres équipements.  La croissance de cette menace terroriste est imputable à la décentralisation du noyau de Daech qui s’appuie de plus en plus sur des affiliés régionaux sans renoncer à recouvrir son terrain, a expliqué le représentant.  En plus des ressources financières qu’ils tirent du recel d’œuvres d’art, du trafic d’armes et des stupéfiants, Daech et Al-Qaida ont recours à des cybermonnaies et des banques virtuelles, a-t-il souligné en appelant la communauté internationale à continuer d’accorder la priorité absolue au financement du terrorisme en surveillant de près l’utilisation des cybermonnaies.  De nombreux groupes terroristes sont transnationaux et la pandémie est utilisée dans la propagande extrémiste, a encore mis en garde le représentant. 

La première ligne de défense est le traitement des causes profondes du terrorisme et des facteurs qui le nourrissent, a-t-il fait valoir.  Il faut notamment limiter les mouvements des mercenaires et combattants étrangers vers les zones de conflit et redoubler d’efforts pour réaliser le développement durable et veiller au respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  En guise de conclusion, il a salué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui a été adoptée par consensus, espérant que ce consensus se reflèterait au sein du Conseil de sécurité.  

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a demandé l’application d’une perspective de genre dans notre réponse pour faire face aux menaces terroristes.  Pour sa part, la Norvège a adopté trois principes dans la lutte antiterroriste.  Premièrement, en matière de prévention, le représentant a souligné que chaque attaque terroriste évitée permet de sauver des vies humaines et d’éviter la souffrance ainsi que les coûts économiques d’une attaque et les impacts sociétaux plus importants résultant de la peur du terrorisme.  Il a expliqué que la prévention englobe un large éventail de mesures, notamment l’éducation, la fourniture de services de base et la sensibilisation proactive et transversale des institutions gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.

Deuxièmement, en matière de protection, il est essentiel d’empêcher les attaques terroristes par le développement d’infrastructures appropriées, telles que des barrières physiques et d’autres obstacles.  Troisièmement, le délégué a évoqué la répulsion du terrorisme.  En effet, il a appelé à une enquête et une surveillance efficaces par la police et les institutions de sécurité, ainsi que par des informations destinées au public.  M. Kvalheim a ensuite insisté pour le renforcement de la coopération internationale, notamment dans la lutte contre le financement du terrorisme.  L’utilisation accrue de la technologie de cryptage et de la crypto-monnaie liée au crime organisé rappelle l’importance de la coordination internationale, a-t-il noté.  De même, la prévention de l’utilisation abusive du cyberespace et des plateformes Internet par les extrémistes violents doit être une priorité absolue, a plaidé le délégué.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est dite préoccupée par l’augmentation du nombre des victimes de Daech de même que par les activités transfrontalières des groupes terroristes au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigéria, au Tchad, au Cameroun, au Mozambique et en Tanzanie.  La représentante s’est aussi inquiétée du fait que Daech profite des restrictions posées par la pandémie de COVID-19 pour faire prospérer sa campagne de désinformation, promouvoir la violence et étendre ses opérations et son recrutement, et également de son accès aux financements et aux armes.  Il faut s’attaquer d’urgence à leur l’utilisation des crypto-monnaies, a-t-elle exhorté y compris par la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères et le Traité sur le commerce des armes.  

Mme Buenrostro Massieu a par ailleurs souligné la nécessité d’un programme sexospécifique pour prendre en charge les femmes et les filles qui sont victimes de Daech.  Elle a demandé au Secrétaire général d’intégrer cette dimension dans son prochain rapport.  Elle a réitéré la nécessité de tirer des enseignements et de partager les bonnes pratiques pour s’attaquer aux causes structurelles du terrorisme.  Les derniers événements ont montré que la guerre contre le terrorisme axée sur l’action militarisée n’est pas le moyen de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-elle observé.  « Il est temps d’investir nos ressources et nos efforts dans la prévention et le développement durable. »

Alors que les projecteurs sont braqués sur l’Afghanistan, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit ne pas pouvoir parler de lutte contre le terrorisme sans parler de cette situation.  Rappelant que des forces de l’OTAN et des forces américaines avaient été basées en Afghanistan pendant 20 ans, avec des ressources humaines et financières énormes allouées à la lutte antiterroriste et la formation des forces armées afghanes, il s’est interrogé sur la situation actuelle.  « Aujourd’hui, où en sommes-nous?  Peut-on penser aujourd’hui que l’Afghanistan ne représente plus une menace en termes de narcotrafic et de terrorisme? »  Non, a-t-il répondu en faisant remarquer que les forces alliées ont tout de même décidé unilatéralement de se retirer.  Pour sa part, la Fédération de Russie n’entend travailler qu’avec ceux des acteurs politiques en Afghanistan qui ne sont en aucun cas liés au terrorisme, a-t-il prévenu.  

Le représentant a expliqué que grâce aux efforts de la Russie et des forces syriennes, l’EILL a été affaibli ces dernières années en Syrie et en Iraq.  Cependant, le groupe Hayat Tahrir Al Sham compte toujours près de 15 000 personnes, a-t-il concédé en reprochant à certains États Membres d’y voir une force politique.  La Fédération de Russie est également alarmée face à l’extension de l’influence de l’EILL sur le continent africain, a ajouté le délégué.

Pour ce qui est du retour des combattants étrangers, la Fédération de Russie s’est dite favorable à ce qu’ils soient jugés de manière irréversible.  Ils doivent être rapatriés dans leur pays d’origine où ils doivent être traduits en justice, a estimé le représentant, ou, à défaut, dans le pays où ils ont commis leurs infractions.  Enfin, insistant sur l’impératif du respect des droits humains dans le cadre de la lutte antiterroriste, le représentant russe est revenu sur le cas des prisonniers détenus à Guantanamo et a exigé que leurs droits humains soient respectés.  La lutte contre le terrorisme est une lutte commune et il faut coopérer, a-t-il conclu.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit que son pays apporte un appui constant à la lutte contre le terrorisme et particulièrement contre Daech.  Il a indiqué que la position du Royaume-Uni est claire: « ceux qui ont combattu dans les rangs de ce groupe terroriste doivent être poursuivis en justice sur les sites où ils ont commis ces crimes ».  Il a demandé que l’Afghanistan ne devienne pas de nouveau un sanctuaire pour les terroristes.  Il a aussi évoqué le soutien du Royaume-Uni aux pays africains en proie au terrorisme.  La coopération multilatérale est au cœur de la lutte antiterroriste, a-t-il rappelé, avant d’insister sur la menace issue de l’Internet et l’importance de lutter contre le financement du terrorisme.  Le délégué britannique a aussi rappelé l’importance, dans la lutte contre le terrorisme, de veiller au respect des droits et libertés fondamentales.  Enfin, il a promis que le Royaume-Uni travaillerait avec ses partenaires dans le cadre du système multilatéral afin de poursuivre la lutte contre le terrorisme.

M. DAI BING (Chine) a fait remarquer que le terrorisme, l’extrémisme violent et Daech constituent encore une réalité à la veille du vingtième anniversaire du 11 septembre.  La pandémie de COVID-19 rend la lutte contre le terrorisme plus difficile, a ajouté le représentant.  Pour y remédier, il a suggéré de renforcer la coopération internationale et de mettre en place des mesures d’alertes précoces, des mécanismes d’échanges d’informations et de restriction des mouvements.  L’ONU joue un rôle à cet égard, a continué le délégué.  S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a dénoncé les deux poids, deux mesures estimant qu’il n’y a pas de bons ou mauvais terroristes.

Les causes profondes du terrorisme doivent être analysées et des solutions pacifiques trouvées, a encouragé M. Dai.  Pour lui, il faut éradiquer la pauvreté, renforcer le développement économique, améliorer l’harmonie entre les sociétés, éduquer les jeunes et donner des formations, un outil important.  Il a recommandé de tenir compte de la pandémie de COVID-19 dans la lutte contre le terrorisme ainsi que de l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes.  Pour ce qui est de la situation en Syrie et en Iraq, des solutions pour le rapatriement des combattants terroristes étrangers doivent être trouvées, a-t-il réclamé.  En Afghanistan où la situation évolue rapidement, il faut tout faire pour que ce pays ne devienne pas un refuge pour les terroristes.  Les Taliban doivent couper tout contact avec les groupes terroristes, a invité la Chine. 

Le rapport du Secrétaire général est clair, a constaté d’emblée Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande).  Au premier semestre de cette année, la menace posée par l’EIIL a continué d’augmenter, les activités de l’EIIL se développent en Afrique, et la menace que représente l’EIIL-Khorassan pour le peuple afghan est indéniable.  Elle a invité à ne pas perdre de vue cela à mesure que la situation en Afghanistan évolue.  Notant également l’accélération de la « transition numérique », impulsée par la pandémie, la représentante a regretté que ce soit également vrai dans le domaine du terrorisme.  L’Irlande a donc soutenu l’appel du Secrétaire général qui demande aux États Membres de relever le défi du terrorisme numérique par le biais de la coopération internationale et d’un gouvernement efficace conforme au droit international. 

Particulièrement intéressée par le travail effectué par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Burkina Faso, le Kenya et leurs partenaires pour faire face à l’impact différentiel de la menace de l’EIIL et de ses affiliés sur les femmes et les filles, la déléguée a salué le développement d’une série d’outils pour générer des données ventilées par sexe et élaborer une réponse sensible au genre à ces menaces.  Plus de détails sur les résultats de ces travaux seraient utiles dans les futurs rapports, a estimé la représentante, y compris sur la manière dont ils pourraient être appliqués plus largement.  Passant à la lutte contre le financement du terrorisme en tant qu’élément central de la réponse mondiale, la représentante a expliqué qu’au niveau national, l’Irlande dispose d’un cadre institutionnel solide qui fait l’objet d’un examen afin de refléter les tendances nouvelles et émergentes, ainsi que les exigences de l’UE et les recommandations du GAFI.  Mme Byrne Nason a rappelé que ce Conseil a la responsabilité de veiller à ce que les mesures de lutte contre le financement du terrorisme soient appliquées en tenant compte des risques associés et à ce qu’elles soient conformes au droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés.  À ses yeux, la surveillance indépendante de la législation antiterroriste permet d’atténuer certains de ces risques et défis.

Alors que les victimes et les survivants du terrorisme continuent de lutter pour faire entendre leur voix, répondre à leurs besoins et faire respecter leurs droits, l’Irlande a plaidé pour une approche holistique de la justice transitionnelle pour faire respecter ces droits.

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a fait part de sa préoccupation devant la résilience et la capacité d’adaptation dont fait montre Daech qui, ayant perdu tout contrôle territorial en Iraq et en Syrie, a réussi à exporter ses atrocités dans plusieurs autres régions du monde, dont l’Afrique.  En effet, le continent est devenu l’épicentre des activités terroristes mondiales comme l’indique si clairement le treizième rapport du Secrétaire général sur la question.  Les statistiques montrent que depuis la fin 2019, plus de deux tiers d’attaques terroristes commises par les combattants de Daech dans le monde ont lieu sur le continent africain, en majorité dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad.  Cette expansion rapide de la menace de Daech en Afrique s’est opérée par le biais de plusieurs groupes locaux affiliés à l’organisation terroriste et dont les principaux sont: l’État islamique du Grand Sahara (EIGS), Jama’at Nusr ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), Boko Haram, « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) qui opèrent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, les Chabab et le groupe « Province d’Afrique centrale de l’État islamique » (ISCAP) qui sévissent à l’est et au centre du Continent.

M. Aougi a rappelé que le Niger, confronté à des menaces terroristes depuis quelques années dans au moins trois de ses frontières, à l’ouest, au sud et au nord, connaît depuis le début de cette année 2021 une hausse d’atrocités commises par des groupes terroristes essentiellement affiliés à Daech et dans une moindre mesure à Al-Qaida.  Une dizaine d’attaques armées enregistrées au cours du premier semestre de l’année a fait près de 500 morts, dont la plupart sont des civils.  La majorité de ces attaques a été perpétrée dans l’ouest du pays, dans la zone dite de trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso).  La plus récente attaque a visé lundi le village de Darey-Daye près de la frontière malienne, occasionnant la mort de 37 personnes.  

Cette recrudescence d’attaques terroristes dans les pays africains intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la lutte contre la pandémie de COVID-19, a poursuivi le délégué.  Une calamité ne doit pas en cacher une autre, a-t-il dit, ajoutant que les efforts que nous consentons pour éradiquer la propagation du coronavirus ne doivent pas nous faire oublier la menace du terrorisme international.  Il a évoqué ensuite des défis qui rendent ces pays vulnérables au terrorisme: la pauvreté, la famine, la précarité, l’ignorance, le chômage des jeunes, la porosité des frontières, et les conflits intercommunautaires.  En plus de ces défis, la faiblesse des systèmes de défense de ces pays, ainsi que les instabilités politiques sont des facteurs aggravants.

Devant une situation aussi dramatique, la communauté internationale a le devoir de prendre urgemment des mesures pour aider, avant qu’il ne soit trop tard, les gouvernements des pays africains affectés, a-t-il plaidé.  Le représentant a indiqué que le combat contre le terrorisme ne se gagne pas uniquement au moyen des forces militaires.  Il se gagne aussi à travers la mise en œuvre des programmes de développement et des mesures visant à éradiquer les comportements sous-jacents qui facilitent l’émancipation du terrorisme.  Il s’agit notamment de la corruption, du commerce illicite des ressources naturelles et du blanchiment d’argent, pour ne citer que ceux-là.  Les États doivent, à cet effet, œuvrer au respect des recommandations formulées dans la résolution 2462 (2019) relative à la lutte contre le financement du terrorisme ainsi que de toutes les résolutions pertinentes du Conseil visant à prévenir et à lutter contre l’extrémisme violent, l’émergence et la diffusion en ligne des idées et discours terroristes.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a souligné l’importance de rester vigilants face à, selon les rapports de l’ONU, une menace terroriste accrue et persistante dans les zones de conflit, telles que l’Afghanistan et le Sahel.  Préoccupé par la détérioration de la situation en Afghanistan, le représentant a demandé à ceux qui sont au pouvoir à Kaboul d’adhérer au droit international et de respecter les droits de l’homme.  Quant aux menaces posées par Daech au Grand Sahara étroitement liées à d’autres formes de violence communautaire, il a demandé de faire baisser les tensions intercommunautaires et de promouvoir la réconciliation politique.  Face aux nouveaux défis de sécurité tels que les cybermenaces, les menaces hybrides et des drones, M. Lipand a mis en exergue le rôle joué par EUROJOST et EUROPOL dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme dans l’Union européenne et au-delà.  

Le représentant a en outre suggéré des efforts coordonnés pour relever les défis posés par les combattants terroristes étrangers.  Il a également prié les États de veiller à ce que toutes les mesures de lutte contre le terrorisme soient conformes aux droits de l’homme, au droit des réfugiés et du droit international humanitaire.  Ignorer ces principes peut saper les activités de lutte contre le terrorisme et conduire à une radicalisation accrue alimentée par la violence et un sentiment d’impunité.  Il a clos en condamnant toutes les tentatives d’utilisation à mauvais escient de la lutte contre le terrorisme comme prétexte pour des violations des droits de l’homme, qui font taire les opposants politiques et les membres des minorités religieuses ou ethniques.

Pour Mme NATHALIE BROADHURST (France), le premier axe de l’action commune contre le terrorisme doit être de tarir les ressources des groupes terroristes.  À ce titre, à l’occasion de la semaine de haut niveau du contre-terrorisme, la France et l’Inde ont organisé le 25 juin dernier, avec 172 participants et les entités compétentes des Nations Unies, un évènement sur la lutte contre le financement du terrorisme.  Cette réunion a mis en avant les risques associés aux actifs virtuels et aux nouveaux instruments de financement, mettant notamment en exergue la nécessité que les actuelles obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme s’appliquent de la même manière à toutes les institutions, virtuelles et non virtuelles.  Pour sa part, la France continuera d’être engagée dans cette lutte, en encourageant à la tenue d’une troisième conférence No Money for Terror, dès que la situation sanitaire le permettra. 

Le deuxième axe de l’effort commun doit être de traiter des causes profondes du terrorisme, a poursuivi Mme Broadhurst, appelant, d’une part, à traiter les causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme, et, d’autre part, à combattre sans relâche l’endoctrinement idéologique en luttant notamment contre le détournement d’Internet à des fins terroristes.  La France continue, de manière constante et déterminée, à renforcer la réponse nationale, européenne et internationale pour contrer la diffusion de la propagande de Daech, a assuré la représentante, expliquant travailler en lien avec le secteur privé et en particulier les entreprises d’Internet.  Elle s’est réjouie que l’Appel de Christchurch, que la France a lancé en 2019 avec la Nouvelle-Zélande, ait réuni de nombreux États au nombre de 55 aujourd’hui, auxquels s’ajoute la Commission européenne, 2 organisations internationales et 10 entreprises.  

Enfin, la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le respect « de nos principes », a déclaré Mme Broadhurst en citant les droits de l’homme, le droit international et le droit international humanitaire.  Elle a aussi misé sur la lutte contre-terroriste qui doit permettre une action humanitaire indispensable et la justice pour les victimes.  À ce sujet, elle a estimé que les combattants terroristes étrangers adultes ayant rejoint les rangs de Daech doivent être jugés au plus près du lieu où ils ont commis leurs crimes.  « C’est une question de sécurité et de justice, une obligation morale vis-à-vis de leurs victimes. »

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a attiré l’attention sur les victimes de violences sexuelles perpétrées par Daech et les enfants nés de ces abus, qui continuent d’être confinés dans des camps en Iraq et en Syrie.  Ce qui est encore plus regrettable, c’est que ces centres de confinement deviennent non seulement des terrains fertiles pour le recrutement et la radicalisation, mais aussi des incubateurs d’éléments terroristes ardents, a-t-il dit.  « Une action décisive est donc nécessaire pour mettre fin à ce cercle vicieux. »  M. Kimani s’est dit alarmé par l’expansion de Daech dans de nombreuses régions, en particulier en Afrique où ses provinces et ses ramifications se retranchent dans des situations de conflit aux implications de grande envergure.  De même, Daech est ses groupes affiliés ou inspirés et ceux liés à Al-Qaida en Afrique s’intègrent dans la politique intérieure de pays qui luttent pour établir des institutions démocratiques.  En Somalie par exemple, les élections en cours ont donné lieu à des intimidations de la part des Chabab et de leurs soutiens politiques. 

Extrêmement préoccupé par l’augmentation des activités de financement du terrorisme des Chabab et par le niveau de leurs recettes fiscales qui rivalisent et dépassent même celles du Gouvernement fédéral somalien, M. Kimani a encouragé une collaboration accrue entre les agences dans le domaine du partage d’informations.  Il a aussi appelé à la protection des processus démocratiques et a plaidé pour qu’un appel mondial uni soit lancé pour dénoncer toute tentative de prise de contrôle des aspirations politiques légitimes des citoyens par des éléments de Daech et Al-Qaida.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de placer sous le régime des sanctions des groupes affiliés à ces deux grands groupes terroristes, y compris les Chabab.  En outre, il a plaidé en faveur d’efforts mondiaux pour soutenir les pays africains, notamment le renforcement des capacités, le financement de la lutte contre le terrorisme, et la promotion de contre-discours pour endiguer la propagation de l’idéologie terroriste.  Il a enfin appelé à la criminalisation du financement du terrorisme.

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a fait trois suggestions pour contrer efficacement les menaces posées par Daech qui sont actuellement exacerbées par les retombées socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.  En premier lieu, la solidarité et la coopération sont selon lui la réponse la plus efficace y compris l’assistance technique visant à renforcer les capacités régionales et nationales afin de ne laisser aucun maillon faible à exploiter par les terroristes.  La coopération opérationnelle permet de mieux surveiller les mouvements des terroristes, de détecter les attaques imminentes et d’y réagir, ainsi que de lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux, a fait valoir le délégué.  

Le représentant a, en deuxième lieu, appelé à traiter de toute urgence et de manière durable la situation humanitaire et sécuritaire que posent les milliers de combattants de l’EIIL, y compris les combattants terroristes étrangers, et les membres de leur famille en Iraq et en Syrie.  Il a recommandé à cet égard de renforcer le partage des meilleures pratiques en matière de réinsertion et de réadaptation, tout en garantissant l’intérêt supérieur de l’enfant.  Troisièmement, a proposé le délégué du Viet Nam, le Conseil de sécurité doit être résolu à utiliser tous les outils à sa disposition pour détecter et prévenir de nouvelles menaces du terrorisme, y compris pour dissuader l’utilisation terroriste de l’Internet et des nouvelles technologies pour collecter des fonds, recruter et propager leurs programmes.  Enfin, M. Pham a attiré l’attention du Conseil sur l’évolution récente de la situation en Afghanistan qui exige une vigilance et une coopération accrues pour lutter contre le terrorisme dans la région.

Mme DIANI JIMESHA ARIANNE PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a constaté que Daech et d’autres groupes terroristes ont profité des perturbations actuelles dans le monde, des griefs et des reculs du développement causés par la crise mondiale, à la fois en ligne et sur le terrain.  Notant avec une préoccupation particulière les conclusions du rapport du Secrétaire général relatives au continent africain, où des affiliations régionales à des groupes terroristes ont été renforcées, en particulier en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en Afrique de l’Est et en Afrique centrale, Mme Prince a également regretté que l’EIIL-K (État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan) ait étendu sa présence dans plusieurs provinces d’Afghanistan et que les affiliés de Daech en Asie du Sud-Est continuent de perturber les opérations de lutte antiterroriste avec un rythme soutenu d’attentats.  Elle a toutefois appelé à veiller à ce que toutes les actions antiterroristes soient menées conformément au droit international, à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  De plus, les États Membres devraient partager les informations de manière efficace et efficiente avec leurs partenaires régionaux et internationaux.

En réponse aux préoccupations liées au terrorisme et dans un effort pour améliorer et garantir une région des Caraïbes sûre et libre, Saint-Vincent-et-les Grenadines reste attachée à la Stratégie antiterroriste de la CARICOM, a poursuivi la représentante.  Notant que la lutte contre le financement du terrorisme reste un élément essentiel de la lutte mondiale contre le terrorisme, elle a souhaité que ces efforts s’inscrivent dans l’application stricte de la résolution 2462 (2019), qui exige des États Membres qu’ils empêchent et criminalisent le financement du terrorisme à quelque fin que ce soit.  De plus, toutes les initiatives de lutte contre le financement du terrorisme doivent être conçues de manière à protéger toutes les activités financières légitimes et bien gérées, y compris dans les juridictions off-shore, a-t-elle insisté.

Réaffirmant son attachement à la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents, de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité et de toutes les résolutions ultérieures, la représentante a insisté sur l’impératif pour le Conseil de sécurité de continuer de jouer un rôle de premier plan dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales.  Il faut rester déterminés à renforcer l’alliance mondiale contre le terrorisme, a conclu Mme Prince.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine le potentiel et les enjeux des nouvelles technologies au service du maintien de la paix au XXIe siècle

8838e réunion - matin
CS/14607

Le Conseil de sécurité examine le potentiel et les enjeux des nouvelles technologies au service du maintien de la paix au XXIe siècle

Ce matin, à l’initiative de la présidence indienne, grand pays contributeur de contingents aux opérations de paix de l’ONU, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration présidentielle qui met l’accent sur le potentiel des technologies nouvelles dans le contexte du maintien de la paix et sur les menaces qu’elles risquent de poser.

Dans cette déclaration, le Conseil souligne son attachement à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et rappelle que les pays qui fournissent de contingents et les États Membres doivent collaborer pour faire en sorte que les missions bénéficient des ressources dont elles ont besoin.  Or, constate le Conseil, la technologie peut agir comme un multiplicateur de force en améliorant la performance, en économisant les ressources, en simplifiant les méthodes de travail et en aidant les missions de maintien de la paix à mieux comprendre les contextes dans lesquels elles opèrent.  Cela se fait notamment par l’amélioration de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données.  

Surtout, les technologies existantes et nouvelles peuvent, insiste le Conseil, concourir à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus et à la protection des civils, en favorisant des prises de décision efficaces et opportunes, notamment au moyen d’une alerte et d’une réaction rapides. 

Lors du débat ministériel qui a suivi l’adoption de ce texte, le Secrétaire général a déclaré que « le numérique représente l’une des plus grandes opportunités, mais aussi l’un des plus grands défis, de notre temps », appelant la communauté internationale à œuvrer ensemble pour une meilleure gouvernance de l’espace numérique.  Dans le domaine du maintien de la paix, les outils s’appuyant sur les technologies numériques, tels que les caméras à longue portée, les drones et les radars de surveillance au sol, aident les soldats de la paix à protéger les civils et eux-mêmes, a-t-il fait valoir. 

S’il ne fait pas de doute que les nouvelles technologies ont un potentiel important, lorsqu’elles sont utilisées de manière responsable, pour garantir des opérations plus sûres et plus efficaces, M. António Guterres a toutefois mis en garde contre « les menaces inconnues et graves » qu’elles posent, comme en témoignent la prolifération en ligne d’idéologies extrémistes violentes, les cyberattaques de plus en plus répandues et la désinformation mortelle sur les vaccins.  Ces développements créent des défis nouveaux et urgents pour les opérations de paix « qui ont été conçues dans un monde analogique ».  C’est pourquoi le Secrétaire général a appelé à pleinement intégrer le numérique dans le mode de fonctionnement des missions pour améliorer l’agilité, l’anticipation et la réactivité de l’ONU face aux conflits.

Si tous s’accordent à dire qu’il faut un changement dans la culture du maintien de la paix, ainsi qu’un changement systémique, l’ONU a pris les devants en développant sa stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, a expliqué le Chef de l’ONU.  Cette stratégie cherche précisément à utiliser les opportunités offertes par les technologies numériques au maintien de la paix, et à en atténuer les risques.

Pour le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, le maintien de la paix du XXIe siècle doit être ancré dans un solide écosystème de technologie et d’innovation en vue de faciliter la mise en œuvre des mandats des missions de l’ONU qui opèrent souvent dans des environnements complexes.  En tant que pays contributeur de troupes, l’Inde a tenu à mettre l’accent aujourd’hui sur la sécurité des Casques bleus et sur le rôle que peuvent jouer les nouvelles technologies à cet égard.  Le Ministre a proposé un cadre en quatre points pour définir une architecture visant à sécuriser ces troupes face aux menaces contemporaines. 

Ainsi, l’Inde a appelé à pleinement utiliser les technologies éprouvées, rentables, largement disponibles et fiables sur le terrain, mais aussi à développer une solide base d’information, y voyant le seul moyen de garantir une alerte précoce et la mobilisation d’une réponse cohérente et rapide.  L’Inde, tout comme la France et l’Irlande, ont d’ailleurs appelé à soutenir le déploiement de la plateforme UNITE Aware qui vise précisément à utiliser les technologies pour protéger les soldats de la paix dans des environnements de plus en plus complexes.  

L’accent doit aussi être mis sur la formation du personnel de maintien de la paix aux nouvelles technologies.  Pour l’Inde, cela signifie un engagement à long terme avec l’Académie des transmissions des Nations Unies du Centre de services régional d’Entebbe, en Ouganda, alors que le Centre conjoint de formation aux opérations de maintien de la paix du Mexique (CECOPAM) dispense une formation utilisant des éléments technologiques dans le processus d’apprentissage, comme l’a signalé le Mexique. 

Dans son intervention, la France a relevé le besoin pour le maintien de la paix de s’adapter, en faisant valoir le triple potentiel offert par les technologies qui peuvent renforcer la protection des civils, soutenir la performance des missions et contribuer à la protection des Casques bleus.  La Fédération de Russie a toutefois appelé à ne pas perdre de vue que le principal objectif de l’utilisation des nouvelles technologies par les opérations de paix est et doit rester la sécurité des Casques bleus, et que cela ne doit en aucun cas empiéter sur la souveraineté du pays hôte et les droits des populations locales.  Des droits que plusieurs membres du Conseil ont appelé à respecter, notamment celui de la vie privée.

La Norvège a aussi fait remarquer que l’utilisation de la technologie peut améliorer les processus politiques, ce qui permet un environnement protecteur et profite in fine aux soldats de la paix comme aux civils.  Elle a vu les technologies numériques comme un élément clef pour favoriser un processus politique inclusif, en facilitant une compréhension analytique et sensible au genre.  Il faut une technologie « transformatrice en matière de genre », et non « aveugle au genre », a renchéri l’Irlande.  Dans le sens de l’inclusion, la déléguée irlandaise a aussi plaidé en faveur d’une coopération accrue avec les organisations régionales, le secteur privé et la société civile afin d’utiliser de manière responsable les nouvelles technologies. 

Enfin, les membres du Conseil ont été nombreux à s’appuyer sur la réunion ministérielle de Séoul sur le maintien de la paix, prévue en décembre prochain, qui sera l’occasion de poursuivre la réflexion sur ces questions. 

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité 

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix.

Le Conseil souligne l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour promouvoir et maintenir la paix et la sécurité internationales, et affirme qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des règlements politiques, étant fermement convaincu que de tels règlements devraient inspirer la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat.

Le Conseil constate que les Casques bleus opèrent dans des contextes difficiles et dangereux et, à cet égard, se déclare profondément préoccupé par les menaces à la sécurité et les attaques dont ils font l’objet dans bon nombre de missions de maintien de la paix, condamne avec la plus grande fermeté les meurtres et tous les actes de violence visant les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, rappelle que les attaques dirigées contre eux pourraient constituer des crimes de guerre, et rend hommage à tous ceux qui ont perdu la vie au service des Nations Unies.

Le Conseil souligne qu’il attache une grande importance à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et que le Secrétaire général, les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police et les États Membres doivent collaborer pour faire en sorte que les missions bénéficient des ressources dont elles ont besoin et que tout le personnel de maintien de la paix sur le terrain soit apte et prêt à s’acquitter efficacement de son mandat dans des conditions de sécurité et dispose des moyens nécessaires à cette fin. 

Le Conseil constate que la technologie peut agir comme un multiplicateur de force en améliorant la performance, en économisant les ressources, en simplifiant les méthodes de travail et en aidant les missions de maintien de la paix à mieux comprendre les contextes dans lesquels elles opèrent, par l’amélioration de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données, insistant sur le fait que les technologies existantes et nouvelles peuvent concourir à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus et à la protection des civils, en favorisant des prises de décision efficaces et opportunes, notamment au moyen d’une alerte et d’une réaction rapides.

Le Conseil, notant que les Casques bleus sont déployés dans des contextes où la situation politique et les conditions de sécurité sont complexes et se dégradent et font face à des menaces asymétriques et complexes, notamment la menace terroriste, souligne qu’il convient de mettre à profit les moyens technologiques disponibles pour contribuer à une meilleure perception de la situation des missions de maintien de la paix et des Casques bleus se trouvant en première ligne, par des mesures, notamment de surveillance et d’observation, visant à améliorer l’acquisition d’informations et l’analyse des capacités, qui renforceront l’aptitude à prendre des décisions éclairées aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique, tout en respectant les limites du mandat et la zone d’opérations, en application des directives et règlementations existantes des Nations Unies et conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire.

Le Conseil encourage une meilleure intégration des technologies existantes et nouvelles, en particulier le numérique, afin d’améliorer l’appui aux missions et de faciliter l’exécution de ses mandats en matière de sécurité et de sûreté et de protection des civils, et engage les pays fournissant des contingents ou du personnel de police et les missions à promouvoir les technologies axées sur le terrain, fiables et économiques, qui répondent aux besoins concrets des utilisateurs finals, en tenant compte notamment des questions de genre, conformément au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire, et souligne à cet égard la nécessité de tenir des consultations avec les États Membres et les pays hôtes, selon qu’il convient.

Le Conseil est favorable à la poursuite des efforts visant à améliorer l’état de préparation opérationnelle et la performance des Casques bleus par l’utilisation de technologies et services standards et note l’élaboration d’une stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à la suite de l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général portant notamment sur la performance, la sécurité et la sûreté et la protection.

Le Conseil prend note des initiatives en cours du Secrétaire général et notamment de la plateforme UNITE Aware, qui vise à intégrer les capacités techniques et d’innovation des États Membres afin de répondre aux besoins spécifiques des missions de maintien de la paix, et encourage la participation des États Membres à l’appui de telles initiatives.

Le Conseil se félicite de l’engagement pris par les États Membres de promouvoir des solutions écoresponsables aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et appuie à cet égard l’action menée par le Secrétaire général et les pays fournissant des contingents ou du personnel de police afin de permettre aux missions de maintien de la paix des Nations Unies d’utiliser de manière plus fréquente les énergies renouvelables qui peuvent accroître la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies, l’efficience des missions et la durabilité.

Le Conseil engage le Secrétaire général à continuer de s’employer avec les États Membres à envisager les technologies disponibles et futures et les meilleures pratiques pouvant concourir à la sécurité et la sûreté des Casques bleus et à la protection des civils et favoriser des missions de maintien de la paix plus sûres et plus efficaces, en portant son attention sur des solutions techniques qui soient économiques et adaptées aux missions.

Le Conseil engage le Secrétaire général à lui présenter, dans ses rapports périodiques, des mises à jour sur l’utilisation de nouvelles technologies à l’appui des missions de maintien de la paix des Nations Unies, selon qu’il conviendra.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a noté que ces dernières décennies les conflits sont devenus de plus en plus inextricables, insolubles et prolongés, tandis que les acteurs se sont multipliés et diversifiés.  Les outils de guerre sont devenus de plus en plus sophistiqués et l’internationalisation croissante des guerres civiles a rendu leur règlement encore plus complexe, a-t-il ajouté avant de citer aussi les effets dévastateurs de la crise climatique sur les terres et les ressources, combinés à des vulnérabilités socioéconomiques croissantes, qui alimentent les conflits et provoquent de nouvelles souffrances.  Ces changements dans les conflits s’accompagnent d’une transformation sociétale plus large mue par les nouvelles technologies, a poursuivi le Secrétaire général en soulignant les grandes opportunités du numérique, mais en relevant qu’il représente aussi l’un des plus grands défis de notre temps.  Comme le prévoit la feuille de route pour la coopération numérique, la communauté internationale doit se rassembler davantage pour mieux gouverner l’espace numérique, tout en relevant ses nombreux défis, a-t-il recommandé.

Dans le domaine du maintien de la paix, les outils s’appuyant sur les technologies numériques, tels que les caméras à longue portée, les véhicules aériens sans pilote et les radars de surveillance au sol, aident les soldats de la paix à protéger les civils et eux-mêmes, a apprécié M. Guterres.  Les nouvelles technologies ont un potentiel important, si elles sont gérées de manière responsable, pour permettre des opérations plus sûres, sans danger et plus efficaces, a fait valoir le Secrétaire général.  Mais les nouvelles technologies posent également des menaces inconnues et profondes, comme en témoignent la prolifération en ligne d’idéologies extrémistes violentes, les cyberattaques de plus en plus répandues et la désinformation mortelle sur les vaccins.  Les technologies émergentes brouillent également les frontières entre la guerre et la paix, a-t-il déploré en constatant que les États et les acteurs non étatiques se livrent à des actes malveillants qui ne dépassent pas les seuils communément admis pour l’usage de la force, mais qui peuvent néanmoins avoir un impact dévastateur.  

Les acteurs anonymes peuvent cibler les infrastructures cruciales telles que les centrales électriques, les hôpitaux, les installations gouvernementales et les systèmes informatiques essentiels au fonctionnement de nos sociétés, a redouté le Secrétaire général ajoutant que l’utilisation clandestine de ces technologies fait courir le risque d’une escalade involontaire, voire d’un conflit généralisé.  Des roquettes et des missiles à longue portée plus précis permettent aux États et aux groupes armés non étatiques de mener des frappes ciblées à grande distance, y compris contre des zones peuplées et l’on assiste également aujourd’hui à une utilisation accrue des systèmes d’armes autonomes, s’est-il inquiété.

Sur toutes ces questions émergentes, le Secrétaire général a appelé les gouvernements à travailler ensemble pour s’assurer qu’un contrôle et un jugement humains suffisants sont conservés dans l’utilisation de la force.  Concrètement, il a souligné que les nouvelles technologies modifient l’échelle et la vitesse des attaques, ainsi que le caractère et la nature de la violence et de la destruction en temps de guerre, avec un impact indélébile sur les populations civiles.  Ces développements créent des défis nouveaux et urgents pour les opérations de paix, qui sont directement confrontées à ces défis.  

Concédant que le maintien de la paix de l’ONU a été conçu dans un monde analogique, le Secrétaire général a estimé qu’il est désormais essentiel qu’il s’intègre pleinement au monde numérique pour améliorer l’agilité, l’anticipation et la réactivité de l’ONU face aux conflits, et pour être en mesure de relever les défis d’aujourd’hui et de demain.  Un changement dans la culture du maintien de la paix, ainsi qu’un changement systémique, sont nécessaires pour que cela se produise, a-t-il reconnu en faisant valoir à cet égard que l’ONU a développé une stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix.  Cette stratégie, a-t-il expliqué, cherche à utiliser les opportunités offertes par les technologies numériques pour le maintien de la paix, à atténuer les risques qu’elles posent et à promouvoir leur utilisation.  La stratégie fait avancer la vision de mon deuxième mandat, a déclaré M. Guterres - une ONU renouvelée, agile, dynamique et évolutive pour anticiper et résoudre des problèmes complexes.

La transformation numérique dans le maintien de la paix contribuera à l’un des objectifs centraux d’Action for Peacekeeping Plus: faire avancer le maintien de la paix fondé sur des données et la technologie.  

La stratégie, a précisé M. Guterres, se concentre sur quatre objectifs: stimuler l’innovation technologique au Siège et sur le terrain; maximiser le potentiel des technologies actuelles et nouvelles pour augmenter la capacité des missions à s’acquitter efficacement de leurs mandats; permettre aux opérations de paix de détecter, d’analyser et de traiter les menaces contre les civils, les soldats de la paix et les missions humanitaires et politiques de manière opportune et intégrée; et enfin veiller à une utilisation responsable des technologies numériques par les opérations de paix en élaborant des principes clairs et en faisant preuve de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme partout où il existe un risque de préjudice.

Alors que la transformation numérique imprègne déjà les opérations de maintien de la paix de l’ONU et que la plateforme UNITE Aware promet une approche intégrée de la connaissance de la situation qui pourrait être utilisée par les composantes civiles, militaires et policières, le Secrétaire général a également parlé de l’initiative Smart Camp qui permettra des opérations de paix plus intégrées, efficaces et plus écologiques.  Mais, a-t-il concédé, pour réaliser la vision de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix au cours des trois prochaines années, l’ONU a besoin d’un engagement et d’un soutien actifs des États membres.  Elle compte sur l’aide pour le renforcement des capacités et la formation, la fourniture d’équipements et des contributions financières.  La prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix en République de Corée peut faire avancer le processus de transformation numérique, a espéré le Secrétaire général alors que l’initiative « Partenariat pour la technologie dans le maintien de la paix » offre une autre opportunité.

En fin de compte, pour qu’il y ait un changement culturel et une transformation qui auront un impact réel sur le terrain, il faudra pouvoir compter sur l’engagement non seulement des acteurs étatiques, mais aussi de la société civile, du secteur technologique et du monde universitaire, a conclu le Secrétaire général pour lequel ce défi peut être relevé.

Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, a relevé qu’avec la complexité croissante de la nature des missions de maintien de la paix et des menaces, il est vital que nos capacités à sécuriser les soldats de la paix suivent le rythme.  Le maintien de la paix du XXIe siècle doit donc être ancré dans un solide écosystème de technologie et d’innovation qui peut faciliter la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans des environnements complexes, a souhaité le Ministre.  Il a souligné que ces dernières années, les Casques bleus ont été confrontés à un niveau plus élevé de menaces asymétriques, allant des mines terrestres aux engins explosifs improvisés.  Le maintien de la paix de l’ONU ne peut tout simplement pas se permettre de céder l’avantage de l’information aux acteurs déterminés à saper les perspectives de paix en utilisant la technologie moderne pour soutenir leur cause violente, a-t-il plaidé.  

Le Ministre a proposé un cadre en quatre points pour définir une architecture visant à sécuriser les Casques bleus face aux menaces contemporaines.  Premièrement, il a conseillé de se concentrer sur des technologies éprouvées, rentables, largement disponibles, fiables et utilisables sur le terrain.  Celles-ci doivent également privilégier la mobilité, tant au sens de la maniabilité agile des actifs de la mission qu’au sens de l’usage des plateformes numériques.  Lorsqu’elles sont déployées, les technologies doivent être respectueuses de l’environnement grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, ainsi qu’à l’utilisation de matériaux de construction respectueux de l’environnement.  Deuxièmement, nous avons besoin d’une solide base d’information et de renseignement, a demandé le Ministre, y voyant le seul moyen de garantir une alerte précoce et la mobilisation d’une réponse cohérente et rapide.  « C’est dans ce cadre que l’Inde soutient l’ONU dans le déploiement de la plateforme UNITE Aware dans certaines missions de maintien de la paix. »  Nous devons veiller à ce que toute attaque contre un soldat de la paix ou un civil soit prévisible, évitable ou que l’on réagisse immédiatement, a-t-il recommandé. 

Troisièmement, nous devons contribuer à garantir que les améliorations technologiques soient continues et disponibles sur le terrain, dans l’équipement que portent les Casques bleus et les armes et outils qu’ils utilisent pour améliorer leur mobilité, leurs performances, leur endurance, leur portée et leurs capacités de transport, tout en garantissant leur sûreté et sécurité.  Pour M. Jaishanhar, cela comprend également le renforcement de la communication au sein des missions et l’amélioration de la capacité globale de prendre des décisions éclairées aux niveaux tactique et opérationnel.  Son quatrième point a été de prévoir une formation cohérente et le renforcement des capacités des soldats de la paix dans le domaine de la technologie, ce qui nécessite plus d’attention et des investissements.  C’est dans cet esprit que l’Inde s’est engagée dans un engagement à long terme avec l’Académie des transmissions des Nations Unies du Centre de services régional des Nations Unies d’Entebbe, en Ouganda, pour répondre aux besoins de formation, relier celle-ci aux capacités technologiques disponibles et façonner les besoins futurs.  De plus, la transparence maximale doit rester un principe de l’utilisation de la technologie du maintien de la paix, en particulier lorsqu’elle est utilisée pour permettre la collecte et le partage d’informations, a-t-il conclu.

Mme EVA-MARIA LIIMETS, Ministre affaires étrangères de l’Estonie, a salué le fait que les technologies modernes soient de plus en plus intégrées dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies afin d’améliorer leurs performances et la sécurité du personnel.  Les opérations de maintien de la paix ne peuvent être à la traîne des avancées des technologies, a insisté la Ministre.  Mme Liimets a ensuite énuméré des mesures pratiques à prendre pour une meilleure utilisation des innovations dans les missions de maintien de la paix.  Elle a ainsi recommandé de mieux exploiter les connaissances collectives disponibles et a salué la plateforme UNITE Aware du Secrétaire général tout en encourageant une coopération accrue dans ce domaine.  Mme Liimets a aussi jugé essentiel de veiller à ce que des cadres politiques, juridiques et financiers soient en place pour permettre la meilleure utilisation de toutes les connaissances.  L’Estonie attend avec intérêt la publication de la stratégie de transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a dit la Ministre avant de réitérer que les opérations de maintien de la paix devraient utiliser les meilleures technologies qui existent, suivre leur évolution et les utiliser de manière responsable.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que les Casques bleus, qui travaillent jour et nuit dans des environnements complexes, méritent les outils technologiques les plus avancés.  Des technologies adéquates contribuent à leur sécurité et à celle des communautés qu’ils servent, a-t-elle fait valoir.  Soulignant l’importance d’une utilisation appropriée des nouvelles technologies, elle a déclaré que l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix est une priorité de l’initiative des Nations Unies pour le maintien de la paix et de son propre pays.  Se félicitant de ce que la prochaine conférence ministérielle sur le maintien de la paix en République de Corée ait prévu d’aborder la nécessité pour les missions d’améliorer leurs capacités médicales à l’aide de la technologie, la représentante a annoncé que les États-Unis veulent s’engager davantage dans ce domaine.

Notant par ailleurs que les missions de maintien de la paix des Nations Unies dépendent fortement des carburants diesel -qui représentent la plus grande partie de leurs émissions de gaz à effet de serre-, la représentante a estimé que le moment est venu de « perturber » cette dépendance au diesel.  Elle a poursuivi en soulignant que l’innovation et la technologie doivent être utilisées de manière responsable.  Si les véhicules aériens sans pilote sont prometteurs, l’utilisation de ces technologies doit être pleinement conforme aux doctrines et politiques des Nations Unies ainsi qu’au droit international humanitaire et au droit des droits de l’homme, a-t-elle plaidé.  Elle a mis en garde que la technologie peut améliorer la sécurité, mais peut aussi être utilisée comme une arme pour nuire.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé que compte tenu de l’augmentation et de la diversification des menaces traditionnelles et émergentes et des graves défis à la paix et à la sécurité internationales et à la vie de millions de personnes dans les zones de conflit, il n’est pas possible d’y faire face avec des moyens traditionnels.  Ainsi, l’utilisation des technologies modernes est nécessaire, en passant par l’adoption d’une stratégie claire pour les inclure dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix.  Dans ce contexte, le représentant a souhaité que les missions de maintien de la paix développent les moyens de leur travail d’analyse et de terrain en utilisant des applications d’intelligence artificielle pour analyser les informations liées aux conflits, et adopter la cartographie satellitaire et les données.  Cela permettrait, entre autres, de déterminer les zones de présence des personnes déplacées et des réfugiés, ainsi que les moyens de les atteindre, et d’identifier leurs besoins, en plus de la documentation des violations des droits de l’homme et de la surveillance des mouvements des parties au conflit.  

Le représentant a également reconnu que les technologies modernes pourraient renforcer la sécurité et la protection des Casques bleus, telles que des dispositifs de détection d’explosifs improvisés.  Il a souligné en outre la nécessité d’utiliser des drones pour atteindre les zones de conflit difficiles d’accès ou qui présentent un degré élevé de risque pour la vie des soldats de la paix.  Enfin, le délégué a salué l’initiative de l’Inde qui a lancé la plateforme UNITE Aware pour renforcer la sécurité des Casques bleus à l’aide de la technologie moderne.

Saluant l’adoption de la déclaration présidentielle, M. DAI BING (Chine) a souligné que l’utilisation des technologies doit renforcer la sécurité des missions et diminuer les risques posés aux personnels.  Elles doivent notamment renforcer les capacités des missions à s’acquitter de leurs mandats respectifs, a plaidé le représentant.  M. Dai a demandé au Secrétariat de se pencher sur une étude sur les menaces que représentent les engins explosifs improvisés et voir comment les technologies peuvent aider les Casques bleus à se protéger de ces engins.  Le représentant a souligné la nécessité de consulter les pays hôtes avant le déploiement de ces technologies et de respecter leur souveraineté.  Celles-ci devraient être utilisées conformément aux besoins sur le terrain et ne pas hypothéquer la sécurité des pays hôtes, a prévenu la Chine.  

Le délégué a annoncé une initiative de sa délégation relative à l’utilisation des technologies sur les données afin d’améliorer la sécurité des missions.  Il a demandé la mise à jour de la liste des engins explosifs improvisés et l’établissement d’une bonne planification de cette opération.  M. Dai a prié les États Membres de s’acquitter de leurs contributions au budget des missions de maintien de la paix rappelant que la Chine est la plus importante contributrice à ce budget parmi les membres permanents du Conseil.  Le représentant a demandé au Secrétariat, au Conseil de sécurité et aux pays contributeurs de contingents de mettre en œuvre une formation adéquate pour les Casques bleus pour la protection desquels il existe des dispositions très précises.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que la technologie moderne est devenue un outil indispensable du maintien de la paix et notamment de la protection des soldats de la paix.  Dans ce cadre, il a recommandé d’intégrer la technologie dans les mandats des missions et de veiller à ce que les effectifs et le matériel approuvés comprennent les moyens technologiques nécessaires et les crédits budgétaires correspondants.  Cette technologie devrait comprendre des équipements de lutte contre les engins explosifs improvisés et les restes explosifs de guerre, la capacité de détecter et d’exploiter l’espace des médias sociaux pour s’assurer que les Casques bleus sont en avance et la capacité d’exploiter le spectre électromagnétique au profit des missions de maintien de la paix.  M. Kimani a aussi souhaité que les pays fournisseurs de contingents et de forces de police soient encouragés à se déployer avec des équipements technologiques essentiels que l’ONU devrait être prête à rembourser.  

De plus, selon le représentant, des normes communes devraient être strictement respectées par toutes les missions.  Il a aussi appelé à partager les solutions technologiques et le matériel entre les missions.  Le délégué kenyan a jugé en outre essentiel de gagner et maintenir la confiance des pays hôtes en veillant à ce que les informations recueillies à l’aide de cette technologie moderne ne soient utilisées que pour protéger le mandat de l’ONU, son personnel et ses installations, ainsi que les civils du pays hôte.  Enfin, a-t-il conclu, la technologie doit entrer en jeu en tant que catalyseur du mandat.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que la technologie et l’innovation, ainsi qu’une formation solide peuvent aider à la sécurité des soldats de la paix.  Le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Inde, participe aux initiatives onusiennes de numérisation du maintien de la paix, a dit le délégué.  Il a signalé que le personnel britannique au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) se sert de la technologie pour la protection des civils et des soldats de la paix.  Pour le délégué, il faut que tous les Casques bleus soient formés et aient toutes les compétences requises, ainsi qu’un équipement adéquat pour leur défense.  C’est pourquoi le Royaume-Uni offre des formations sur des domaines tels que la gestion des engins explosifs improvisés et la sécurisation des frontières.  Enfin, le délégué a déploré la forte empreinte écologique des missions de maintien de la paix, notant par exemple que l’utilisation de gazole par la MINUSMA ne cesse d’augmenter.

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a dit que dans un contexte marqué par des attaques terroristes meurtrières fréquentes contre les Casques bleus, les populations civiles et les forces armées des pays hôtes, l’utilisation de la technologie dans le maintien de la paix apparaît sans nul doute indispensable, en tant que multiplicateur de performance, surtout avec les contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  Face aux capacités croissantes des forces hostiles de se doter régulièrement de nouvelles technologies pour renforcer leur capacité de nuisance, il a conseillé de ne plus attendre dans la mesure où l’on ne peut pas gagner la bataille d’aujourd’hui avec les mêmes moyens que l’on utilisait hier.  Il a vivement encouragé l’utilisation des technologies dans ces opérations afin d’améliorer les performances des missions, faciliter la réalisation rapide et efficace des actions de stabilisation ainsi que la sureté et la sécurité des Casques bleus, la protection des civils sans lesquelles l’accomplissement effectif des mandats serait inachevé. 

Pour M. Aougi, l’utilisation des nouvelles innovations technologiques offre la possibilité d’améliorer significativement la portée, la couverture et l’exactitude des observations sur le terrain et d’aider à combler le fossé qui existe entre les mandats et les capacités.  Elle permettra de réduire les crimes sur les théâtres et ainsi accroître la protection des civils et la sécurité et la sureté des Casques bleus, a continué le diplomate nigérien.  Les nouvelles technologies pourront suppléer le manque de ressources adéquates dont souffrent souvent les missions pour être plus actives dans l’accomplissement efficace de leurs mandats, a-t-il estimé.  Il a toutefois mis en garde que la recherche de la performance ne doit pas occulter la conformité de l’utilisation des nouvelles technologies au respect du droit international et au respect de la vie privée des populations locales.  « Les règles de leur utilisation doivent être clairement énoncées et définies pour éviter les travers. » 

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a mis l’accent sur le potentiel des technologies pour améliorer l’efficacité du maintien de la paix.  Condamnant les attaques de groupes armés qui ont, ces derniers jours, fait de nombreuses victimes civiles au Mali, en République centrafricaine ou en République démocratique du Congo, la France a noté que les méthodes des assaillants évoluent avec l’emploi croissant d’engins explosifs improvisés et de mines.  Elle a dès lors plaidé pour que le maintien de la paix s’adapte, en faisant valoir le triple potentiel offert par les technologies qui peuvent renforcer la protection des civils, soutenir la performance des missions et contribuer à la protection des Casques bleus.  En affinant les analyses et les mécanismes d’alerte précoce, les technologies rendent les missions plus réactives, a-t-elle noté.  En permettant des économies d’échelle et la rationalisation des moyens, elles renforcent leur efficience.  En modernisant la défense des camps ou en les dotant d’énergies durables réduisant la fréquence des convois logistiques, elles sécurisent l’action des Casques bleus, a encore fait remarquer Mme Broadhurst.  Elle a recommandé d’adapter l’outil technologique aux besoins du terrain et des Casques bleus et de mener une réflexion sur le niveau approprié de technologies à mettre en œuvre, pour qu’elles répondent à des besoins opérationnels précis.

L’exploitation des technologies suppose aussi l’amélioration des équipements et des capacités, a poursuivi Mme Broadhurst en mentionnant entre autres le potentiel des drones, des systèmes intelligents de détection des roquettes, des outils de protection contre les cyberattaques.  Cela suppose des moyens humains et financiers ainsi qu’une formation préalable et adaptée des Casques bleus, qui incombe au premier chef aux pays contributeurs de troupes.  L’information recueillie par la technologie ne sera utile que si nous sommes en mesure de la traiter, a-t-elle argué avant de demander de partager entre contingents et opérations les méthodes et bonnes pratiques.  Au Mali, les leçons apprises sur la détection et la lutte contre les engins explosifs improvisés gagneraient à être diffusées, a remarqué la représentante à cet égard.  Elle a insisté sur l’impératif d’employer la technologie dans un cadre responsable au service de solutions politiques, en l’utilisant au service de la mise en œuvre des mandats, en pleine conformité avec les principes du maintien de la paix, avec le droit international humanitaire et avec les droits de l’homme.  En dernier lieu, elle a appelé à promouvoir l’insertion numérique de tous, notamment des femmes et des jeunes. 

En conclusion, Mme Broadhurst a souhaité que la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, qui vient d’être finalisée, permette de maximiser le potentiel des technologies, en complément des opérations déjà menées par les Casques bleus et qui doivent se poursuivre.  Elle s’inscrit dans le cadre des priorités de l’initiative A4P+ du Secrétaire général que la France soutient pleinement, a-t-elle ajouté.  

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé que les soldats de la paix peuvent être protégés par l’utilisation des technologies.  Il a précisé toutefois que le déploiement de ces dernières doit s’appuyer sur des besoins concrets et des études préalables.  Les efforts pour le recours aux technologies et à la transformation numérique du maintien de la paix sont louables, a-t-il dit.  Néanmoins, il ne faut pas oublier les inconvénients qu’elles impliquent et il convient de les déployer de manière prudente, afin de garantir la confidentialité des données recueillies, a ajouté le représentant.  Il a invité les États Membres à poursuivre la discussion avec le Secrétariat dans l’optique de l’utilisation des technologies dans le maintien de la paix, aussi bien au sein du Conseil de sécurité que dans d’autres instances onusiennes. 

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a relevé qu’alors que les progrès technologiques se poursuivent à un rythme époustouflant, il est plus que temps que le Conseil de sécurité discute du rôle de la technologie pour le maintien de la paix de l’ONU.  La Norvège est tout à fait d’accord avec l’accent mis sur la technologie en tant que question transversale dans les préparatifs de la conférence ministérielle de Séoul, a-t-il dit avant de saluer la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix.  Selon lui, il s’agit d’une contribution importante à l’énoncé de la vision du Secrétaire général dans laquelle il a identifié la transformation numérique comme un impératif pour les cinq prochaines années.  La Norvège entend donc financer un projet entrepris par le Département des opérations de paix qui utilise les données et la technologie pour améliorer les performances de protection des civils par les opérations des Nations Unies.  Cela inclut la base de données SAGE et la plateforme UNITE Aware.  

Le représentant a également souligné l’importance d’utiliser activement la technologie pour améliorer les processus politiques, étant donné que ces derniers sont propices à l’établissement d’un environnement protecteur, ce qui profite à la fois aux soldats de la paix et aux civils.  Les technologies numériques peuvent aussi jouer un rôle clef pour favoriser un processus politique inclusif, en facilitant une compréhension analytique, sensible au genre et prospective des environnements de conflit.

Cependant, on ne peut pas simplement supposer que l’utilisation active des technologies numériques et autres changera tout pour le mieux, a-t-il averti.  Il a salué les principes directeurs de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, dont ceux qui prescrivent de « ne pas nuire, l’inclusion et la transparence, ainsi que la durabilité et l’évolutivité ».   Ces principes sont tout aussi pertinents en ce qui concerne l’utilisation d’autres technologies, a-t-il ajouté en demandant que la dignité numérique des personnes concernées soit préservée en protégeant leurs données personnelles.  Dans l’avenir, il a souhaité que les discussions sur l’utilisation de la technologie soient intégrées dans tous les aspects du processus de planification du maintien de la paix.  De plus, l’utilisation des différentes technologies doit être continuellement évaluée et adaptée au fur et à mesure de l’avancement des missions et des enseignements tirés.  « Nous devons nous engager dans le partenariat et la coopération, non seulement au sein de l’ONU et entre les États Membres, mais aussi avec ceux qui développent de nouvelles technologies, les groupes de réflexion, le secteur privé, les universités et les ONG », a-t-il conclu.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a condamné les dernières attaques qui ont visé des soldats de la paix dans le nord du Mali et les installations de la MANUA en Afghanistan, appelant à enquêter rapidement et à traduire en justice les auteurs.  S’agissant des technologies, Mme King a dit qu’il faut faire en sorte qu’elles soient largement mises à la disposition de chaque opération de maintien de la paix.  À cet égard, a-t-elle indiqué, il est essentiel que toutes les parties prenantes, y compris les pays fournisseurs de contingents et de police, les États Membres et le Secrétariat travaillent en étroite collaboration pour doter chaque mission de ressources suffisantes ainsi que de mandats clairs, ciblés et réalisables afin de veiller à ce que les soldats de la paix soient en mesure de s’acquitter de leurs tâches en toute sécurité et efficacement. 

Le renforcement de la coopération triangulaire est essentiel à la mise en œuvre des résolutions 2436 (2018) et 2518 (2020) qui traitent de la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a rappelé la représentante.  Les technologies modernes doivent faciliter la détection, la gestion et l’élimination des engins explosifs improvisés dans toutes les missions, a insisté encore Mme King estimant que chaque fois que c’est possible, elles doivent être transférées aux pays hôtes qui sont aux prises avec les risques résiduels des engins explosifs improvisés et autres restes de guerre.  Il est également essentiel que les Casques bleus reçoivent des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 pour les protéger, ainsi que les communautés d’accueil dans lesquelles ils sont déployés, a déclaré la représentante. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné d’emblée la contribution inestimable des Casques bleus à la paix et a exigé des enquêtes sur toute attaque les visant avec la coopération des pays hôtes des missions.  La résolution adoptée aujourd’hui est venue combler certaines lacunes dans ce domaine, s’est réjoui le représentant.

Abordant ensuite la question des équipements des Casques bleus, le représentant a défendu le point de vue que les technologies utilisées doivent avoir pour principal objectif d’assurer leur sécurité et qu’elles ne doivent pas représenter des menaces pour le pays hôte ou pour les populations civiles.  Dans un contexte d’adaptation de l’ONU aux nouveaux défis, le maintien de la paix reste un instrument efficace de règlement des conflits, a estimé le représentant.  Dans le même temps, il a noté que certaines missions sont déployées depuis des décennies sans avoir eu un impact notable sur le règlement des conflits et que le renouvellement de leurs mandats se fait au détriment de la responsabilité des États concernés.  La Fédération de Russie a dès lors insisté sur l’importance de la coopération avec les pays hôtes en appelant à ne pas perdre de vue le plus important, à savoir qu’il faut trouver des solutions politiques aux conflits.  Il ne s’agit pas seulement de traiter les symptômes, a estimé le représentant, sans quoi le règlement de la crise ne peut être que temporaire. 

Pour Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique), la disponibilité et l’utilisation efficace des technologies sont des impératifs dans le cadre du maintien de la paix au XXIe siècle.  Dans le contexte d’une évolution technologique rapide, il est possible de résoudre les défis opérationnels et tactiques, a noté la représentante, notamment en améliorant un déploiement efficace, en appuyant l’accomplissement des mandats et en renforçant la sécurité du personnel sur le terrain et des communautés d’accueil.  Ces technologies peuvent également être un élément essentiel pour les mécanismes d’alerte précoce qui permettent d’éviter de graves crises humanitaires, des atrocités de masse et d’autres violations des droits humains, a-t-elle remarqué en appelant les États Membres à soutenir les efforts de l’ONU pour renforcer les capacités technologiques qui répondent aux besoins sur le terrain. 

Prenant note de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies « qui est conforme à la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique », le Mexique a salué le travail de coordination entre les différentes entités du système des Nations Unies sur ces questions.  Les enseignements tirés de la pandémie ont montré que l’échange d’informations à distance peut également bénéficier de l’implication d’autres organisations, fonds et programmes des Nations Unies, des acteurs humanitaires sur le terrain et des représentants de la société civile, a remarqué la représentante en appelant à en tenir compte lors de l’ajustement des mandats des opérations de paix, ainsi que des recommandations faites par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C-34) et les pays qui fournissent des troupes et du personnel.

Pour le Mexique, le prochain sommet ministériel sur le maintien de la paix qui se tiendra à Séoul en décembre sera l’occasion d’approfondir les questions transversales des technologies numériques et du développement des capacités médicales.  La représentante a réitéré le soutien du Mexique aux engagements de l’initiative Action for Peacekeeping Plus, en ce qui concerne l’utilisation de la technologie pour améliorer la détection en temps voulu et l’assistance médicale de routine et d’urgence.  Conscient du fait qu’une formation et une éducation constantes sont des aspects essentiels de la sécurité des Casques bleus, le Centre conjoint de formation aux opérations de maintien de la paix du Mexique (CECOPAM) dispense une formation utilisant des éléments technologiques dans le processus d’apprentissage, tels que des laboratoires et des simulateurs qui permettent de reproduire les conditions complexes auxquelles est confronté le personnel déployé.  De même, le Mexique soutient les innovations technologiques pour réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a relevé que la période de reconfiguration et de transition des missions de maintien de la paix élève le risque de menaces tant pour les soldats de la paix que pour les civils.  C’est pourquoi l’Irlande entend tenir une réunion ministérielle sur le sujet le mois prochain au cours de sa présidence du Conseil de sécurité.  Nous avons appris par une expérience amère que les technologies peuvent être utilisées pour déstabiliser ou exacerber les conflits, a-t-elle relevé.  Elle a reconnu que les technologies peuvent également offrir une aide précieuse pour l’accomplissement des mandats des missions.  La manière dont nous exploitons et gérons les nouvelles technologies sera donc cruciale, a estimé la représentante en faisant valoir que la technologie peut jouer un rôle important en tant que multiplicateur de force.  Elle a le potentiel d’offrir aux soldats de la paix des Nations Unies une meilleure connaissance de la situation et une meilleure analyse des données, améliorant ainsi la sûreté et la sécurité des missions tout en augmentant leur efficacité, en particulier en ce qui concerne la protection des civils.  

Mme Byrne Nason a salué la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, laquelle soutient l’utilisation de la technologie dans tous les thèmes de l’Action pour le maintien de la paix, y compris la performance, la sûreté et la sécurité, la politique, la protection et la consolidation de la paix.  Afin d’exploiter au maximum les possibilités offertes par la technologie, les missions de maintien de la paix doivent disposer de ressources suffisantes, a-t-elle plaidé.  La formation doit également être conçue pour tirer parti des capacités de la technologie, a également suggéré la déléguée.  Elle a plaidé pour que tous les pays fournisseurs de contingents aient un accès égal aux technologies d’autoprotection.  Elle a reconnu l’importance particulière des véhicules aériens non armés et sans pilote, tout en soulignant que leur utilisation doit toujours être conforme au droit international et respecter les principes et valeurs fondamentaux des Nations Unies.  Elle a appelé à une coopération accrue avec les organisations régionales, le secteur privé et la société civile afin de développer et d’utiliser de manière responsable les nouvelles technologies.  Elle a enfin insisté pour une technologie qui ne fait pas de laissés-pour-compte; une technologie « transformatrice en matière de genre », et non « aveugle au genre ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité rend hommage aux membres du personnel tués dans les opérations de paix et demande la fin de l’impunité des auteurs de ces meurtres et violences

8837e réunion - matin
CS/14606

Le Conseil de sécurité rend hommage aux membres du personnel tués dans les opérations de paix et demande la fin de l’impunité des auteurs de ces meurtres et violences

Le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité, ce matin, une résolution* qui rend hommage à l’ensemble des membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment ceux qui ont fait le sacrifice ultime, dans l’exercice de leurs fonctions, au service de la paix.  Ce texte insiste surtout sur les mesures à prendre, tant par le Secrétaire général que par les États Membres, pour que les responsables de ces morts ne restent pas impunis.

Le Conseil présidé en personne par le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, a ainsi prié les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix de prendre, conformément à leur législation nationale et au droit international applicable, toutes les mesures appropriées visant à faire traduire en justice les auteurs de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel de l’ONU. 

Dans le texte adopté, le Conseil demande aussi aux États hôtes de collaborer avec les missions de maintien de la paix au renforcement de la sécurité et de la sûreté du personnel, conformément aux dispositions de la résolution 2518 (2020), et de prendre toutes les mesures nécessaires pour enquêter sur ces actes et arrêter et en poursuivre les auteurs.  Soucieux que ces États remédient à l’impunité dont jouissent ces auteurs, il les engage en particulier à renforcer les capacités de leurs institutions policières, judiciaires et pénitentiaires.

Le Conseil de sécurité s’adresse aussi au Secrétaire général qu’il « prie instamment » d’établir une base complète de données en ligne, accessible aux États Membres concernés, et à prendre des mesures appropriées pour protéger des informations sensibles, relatives à des affaires de meurtres et à tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel de l’ONU servant dans les opérations de maintien de la paix.  Il engage les États Membres à appuyer volontairement cette initiative, en particulier sous forme de ressources financières. 

Pour sa part, le Conseil se déclare résolu à prendre des mesures effectives pour renforcer davantage le partenariat existant entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, dont l’Union africaine, afin d’aider au renforcement des capacités des États hôtes en vue de la prévention, de l’investigation et de la poursuite, dans les affaires de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies. 

Sur la demande du Conseil, le Secrétaire général devra notifier les autorités nationales compétentes immédiatement après avoir été informé d’un meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel de l’ONU servant dans les opérations de maintien de la paix, tandis que les États hôtes sont exhortés à entretenir des communications régulières pour tenir le Secrétaire général informé des progrès accomplis sur le plan des enquêtes et des poursuites concernant ces cas.

Enfin, le Conseil demande instamment que chaque Mission de maintien de la paix désigne une personne référente pour toutes les questions ayant trait à la prévention, aux enquêtes et aux poursuites en cas de meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel de l’ONU servant dans les opérations de maintien de la paix. 

*S/2021/730

Texte du projet de résolution S/2021/730

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et réaffirmant qu’il a pour responsabilité principale, en vertu de la Charte, le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions ayant trait aux opérations de maintien de la paix,

Réaffirmant les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat,

Soulignant l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et affirmant qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des règlements politiques, et fermement convaincu que de tels règlements devraient inspirer la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Notant avec satisfaction les efforts entrepris par le Secrétaire général pour mobiliser tous les partenaires et les parties prenantes à l’appui d’un maintien de la paix des Nations Unies plus efficace dans le cadre de ses initiatives « Action pour le maintien de la paix » et « Action pour le maintien de la paix Plus », qui souligne l’importance d’amener notamment les auteurs des crimes dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix à répondre de leurs actes,

Notant que le personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix est déployé dans des conditions politiques et de sécurité complexes qui se dégradent, se déclarant profondément préoccupé par les menaces à la sécurité et les attaques dirigées contre les membres du personnel des Nations Unies, qui constituent un grave problème pour ces opérations, notamment les menaces que représentent les mines terrestres, les restes explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés, et rappelant les sacrifices que consent le personnel civil et en tenue dans l’exécution des mandats de maintien de la paix des Nations Unies dans des contextes difficiles,

Condamnant avec la plus grande fermeté les meurtres et tous les actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, et rappelant que ces actes perpétrés contre les Casques bleus pourraient constituer des crimes de guerre,

Condamnant les violations des accords sur le statut des forces ou de la mission commises par toute partie à ces accords, constatant que de telles violations peuvent mettre gravement en danger la sûreté et la sécurité des membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix et affirmant que l’entrée de personnel ou de matériel dans le pays et la libre circulation dans le cadre du mandat ne doivent pas être entravées,

Se déclarant profondément préoccupé par la difficulté de faire traduire en justice les auteurs de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, et par le très faible taux de poursuites engagées contre les auteurs de ces crimes, ce qui a accentué le climat d’impunité et compromis la sécurité et la sûreté du personnel, et notant à cet égard l’engagement énoncé par les États Membres de prendre toutes les mesures appropriées pour faire traduire en justice les auteurs de ces actes dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix,

Soulignant qu’il importe que les missions de maintien de la paix coopèrent étroitement avec les États Membres et les entités des Nations Unies concernés, afin d’atténuer les risques de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement,

Notant le rôle important que peut jouer l’aide fournie par les Nations Unies aux institutions policières, judiciaires et pénitentiaires, selon les mandats accordés, dans le renforcement de l’état de droit et la réforme du secteur de la sécurité, réaffirmant que c’est aux autorités nationales qu’il revient de conduire l’action visant à faire avancer la réforme de ces institutions, dans le cadre plus large des activités relatives à l’état de droit et à la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en allouant à ces institutions des ressources nationales, et en surveillant les retombées de la réforme dans les domaines de la police, de la justice et de l’administration pénitentiaire, et considérant que l’initiative et la volonté politiques des autorités nationales sont essentielles à cet égard et que le succès passe nécessairement par l’appropriation nationale,

Constatant le rôle essentiel des membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix dans la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies, sachant qu’il incombe au premier chef à l’État hôte d’assurer la sûreté et la sécurité du personnel et des biens des Nations Unies et convenant que les efforts visant à renforcer la sûreté et la sécurité doivent s’intensifier à tous les niveaux, au Siège comme sur le terrain, dans le cadre d’une action commune,

Réaffirmant qu’il existe une corrélation essentielle entre, d’une part, la sûreté et la sécurité et, d’autre part, la performance des membres du personnel civil et en tenue du maintien de la paix et que l’instauration d’une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies favorisera une meilleure exécution des mandats et permettra de renforcer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, notant à cet égard l’élaboration du cadre intégré de responsabilité et de gestion de la performance dans les missions de maintien de la paix et soulignant l’importance de l’évaluation de la performance et de la responsabilité à tous les niveaux,

1.    Rend hommage à l’ensemble des membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment ceux qui ont fait le sacrifice ultime, dans l’exercice de leurs fonctions, au service de la paix;

2.    Prie instamment les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix des Nations Unies de prendre, conformément à leur législation nationale et au droit international applicable, toutes les mesures appropriées visant à faire traduire en justice les auteurs de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, exhorte toutes les parties aux conflits armés à respecter pleinement les obligations que leur impose le droit international, demande aux États hôtes de collaborer avec les missions de maintien de la paix au renforcement de la sécurité et de la sûreté du personnel, conformément aux dispositions de la résolution 2518 (2020), et de prendre toutes les mesures nécessaires pour enquêter sur ces actes et arrêter et en poursuivre les auteurs, conformément à leur législation nationale et aux obligations internationales applicables, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et aux accords pertinents sur le statut des forces ou de la mission, selon qu’il conviendra;

3.    Demande aux États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix des Nations Unies d’amener les auteurs de meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, à répondre de leurs actes, conformément à leur législation nationale et aux obligations internationales applicables, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, et engage les États Membres accueillant ou ayant accueilli une opération de maintien de la paix des Nations Unies à remédier à l’impunité dont bénéficient les auteurs de tels actes, en particulier par la voie du renforcement des capacités des institutions policières, judiciaires et pénitentiaires de ces pays, convient, à cet égard, de la nécessité d’accroître le soutien apporté aux États Membres accueillant des opérations de maintien de la paix, selon qu’il conviendra, en vue de la mise en place de mesures d’enquêtes et de poursuites effectives et efficaces, notamment au moyen d’un appui technique et logistique, pour remédier à l’impunité et veiller à ce que les auteurs de tels actes aient à en répondre, et engage le Secrétaire général, par l’entremise des entités compétentes des Nations Unies, selon qu’il conviendra, à la demande de l’État hôte, agissant dans les limites de leur mandat et de leurs moyens, à épauler et à faciliter le renforcement des capacités et l’assistance technique apportés aux autorités de l’État hôte, dont les institutions policières, judiciaires, pénitentiaires et de maintien de l’ordre compétentes, la collecte et la conservation des preuves, la protection des victimes et des témoins, la criminalistique et les arrangements de sécurité et de sûreté concernant les tribunaux et les centres de détention, selon qu’il conviendra;

4.    Prie instamment le Secrétaire général de continuer d’encourager les efforts faits par les États Membres accueillant des opérations de maintien de la paix pour veiller à demander des comptes aux auteurs de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement, leur détention et leur enlèvement, et d’inclure selon qu’il conviendra des mises à jour sur les tâches essentielles suivantes dans les rapports qu’il lui soumet sur chaque opération de maintien de la paix et dans le cadre de l’exposé annuel complet qu’il lui a demandé de présenter dans sa résolution 2378 (2017) sur les cas relatifs à des missions de maintien de la paix des Nations Unies dont le mandat est terminé;

a)    les progrès accomplis par les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix sur le plan de la prévention, de l’investigation et de la poursuite des cas de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment, mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, et des mesures prises par les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix pour demander des comptes aux auteurs de tels actes, dans le cadre de leurs systèmes de justice et conformément à leurs obligations internationales applicables, y compris au regard du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme;

b)    les mesures prises par l’Organisation pour donner suite à des affaires de meurtres et à tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment, mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, pour aider les États hôtes, à leur demande, et agissant dans les limites de leur mandat et de leurs moyens, à accompagner les mesures prises par l’État hôte pour veiller à amener les auteurs de tels actes à en répondre;

5.    Prie instamment le Secrétaire général d’établir une base complète de données en ligne, dans la limite des ressources existantes, qui soit accessible aux États Membres concernés, dont les États hôtes, les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police, les pays de nationalité du personnel civil, tout en prenant, selon qu’il conviendra, des mesures appropriées pour protéger des informations sensibles relatives à des affaires de meurtres et à tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment, mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, et d’informations sur l’aide au renforcement des capacités offerte par les États Membres accueillant des opérations de maintien de la paix, et les progrès accomplis par les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix, pour ce qui est de traduire en justice les auteurs de tels actes, et engage les États Membres à appuyer volontairement cette initiative, en particulier sous forme de ressources financières;

6.    Engage les États Membres, dont les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police dont les membres ont fait l’objet de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement de leur détention et leur enlèvement, à se mobiliser activement et à communiquer des informations au Secrétaire général, conformément à leur législation nationale, et d’aider le cas échéant les États Membres accueillant ou ayant accueilli des opérations de maintien de la paix, à faire traduire en justice les auteurs de tels actes;

7.    Se déclare résolu à prendre des mesures effectives pour renforcer davantage le partenariat existant entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, dont l’Union africaine, afin d’aider au renforcement des capacités des États hôtes en vue de la prévention, de l’investigation et de la poursuite, dans les affaires de meurtres et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment, mais non exclusivement de leur détention et leur enlèvement;

8.    Demande au Secrétaire général de notifier les autorités nationales compétentes immédiatement après avoir été informé d’un meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement de leur détention et leur enlèvement, et exhorte les États hôtes à entretenir des communications régulières pour tenir le Secrétaire général informé des progrès accomplis sur le plan des enquêtes et des poursuites concernant ces cas, selon qu’il conviendra;

9.    Demande instamment que chaque mission de maintien de la paix des Nations Unies désigne, dans la limite des capacités et des ressources existantes, une personne référente pour toutes les questions ayant trait à la prévention, aux enquêtes et aux poursuites en cas de meurtre et de tous actes de violence dirigés contre les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement, de leur détention et leur enlèvement; 

10.   Décide de demeurer saisi de la question

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale convoque en 2023 à New York une réunion sur la couverture sanitaire universelle

Soixante-quinzième session,
98e séance plénière – matin
AG/12353

L’Assemblée générale convoque en 2023 à New York une réunion sur la couverture sanitaire universelle

L’Assemblée générale a décidé* ce matin, sans vote, que la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle convoquée par son Président se tiendra à New York le troisième jour du débat général de sa soixante-dix-huitième session, en 2023.  Elle a aussi adopté, toujours sans vote, une résolution** sur l’incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs (ODD) et cibles du développement durable. 

Selon le Guyana, coauteur avec le Japon du texte sur la couverture sanitaire universelle, adopté après un amendement présenté par le Royaume-Uni, la réunion de haut niveau vise à accélérer les efforts pour parvenir à la couverture sanitaire universelle avant 2030.  Bien avant la pandémie de COVID-19, cette couverture sanitaire était déjà une urgence vu les millions de personnes dans le monde qui sont privées de soins de santé abordables, a expliqué la représentante.  

La représentante du Guyana a présenté ce texte comme une résolution de procédure ayant pour objectif de fixer le format de la réunion de haut niveau qui comportera un débat général et des tables rondes thématiques.  Les thèmes en seront arrêtés lors de la session précédente de l’Assemblée générale en 2022.  L’Assemblée a également décidé que les participants approuveront une déclaration politique « concise et pragmatique ». 

La participation des organisations non gouvernementales (ONG) prévue par les paragraphes 10 et 11 du dispositif de la résolution a poussé le Royaume-Uni à présenter un amendement*** tendant à supprimer le paragraphe 11 au motif qu’il « veut retirer le pouvoir de prise de décisions des membres de l’Assemblée générale au profit d’une ou de deux délégations sans transparence aucune ».  Selon cette délégation, ce paragraphe sème le trouble et la confusion, ajoutant aussi un supplément de travail pour le Secrétariat tout en minant la crédibilité de l’Assemblée générale.  Ce paragraphe aurait permis à d’autres de prendre une décision à notre place, s’est inquiété le Royaume-Uni.

La Slovénie, au nom de l’Union européenne (UE), a abondé.  Elle a compris que le paragraphe 11 aurait créé un nouveau rôle pour le Secrétariat en filtrant la participation des ONG tout en étant vague sur les critères de sélection.  Or, pour l’UE, limiter la participation des ONG est inacceptable.  « Les ONG représentent le point de vue des plus vulnérables et des plus marginalisés. » 

Adopté par 64 voix contre 43 avec 33 abstentions, cet amendement supprimant le paragraphe 11 a quand même été contré par la Fédération de Russie qui, au nom de cinq autres États Membres (Bélarus, Chine, Iran, Syrie et Venezuela), a déclaré que ce paragraphe n’imposerait pas de restrictions à la participation des ONG à la session de haut niveau, et qu’il n’introduirait pas de procédures ou de critères de sélection supplémentaires.  

Après l’adoption de l’amendement, la Chine a soulevé une motion d’ordre pour présenter son propre amendement oral consistant à supprimer le dernier passage du paragraphe 10, mais l’Assemblée a rejeté sa demande de vote enregistré qui n’a recueillie que 23 voix contre 82 avec 28 abstentions.  

« S’il était passé, cet amendement aurait constitué un veto à la participation de la société civile à la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle », a déclaré le Royaume-Uni. 

Le Bélarus, la Chine et la Syrie « soucieux que leurs préoccupations n’aient pas été prises en compte », se sont « dissociés » du paragraphe 10 de la résolution.  La Namibie s’est abstenue, se déclarant préoccupée par le manque de clarté du paragraphe 11.  Elle a souligné l’importance pour l’Assemblée générale de parler d’une seule voix. 

Les États-Unis ont salué l’adoption de la résolution amendée convoquant la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle tout en insistant sur le fait que chaque pays suit son propre rythme en fonction de ses réalités pour y parvenir.  Et sans la voix de la société civile, les progrès seront moins efficaces, a insisté la délégation américaine. 

Le Secrétariat de l’Assemblée a annoncé que 46 700 dollars supplémentaires seront nécessaires dans le budget ordinaire de 2023 pour couvrir les frais occasionnés par la tenue de la réunion de haut niveau.

Puis l’Assemblée générale a adopté, sans vote, la résolution intitulée « Incidence de l’évolution rapide de la technique sur la réalisation des objectifs et cibles de développement durable » qui engage les États Membres à élaborer des stratégies nationales et des politiques publiques, ainsi que des documents d’orientation relatifs à la science, à la technologie et à l’innovation, et des activités de renforcement des capacités et la participation du milieu scientifique.  

Le Mexique, présentant le texte, a rappelé que 57% de la population mondiale n’a pas accès à Internet.  « Il est nécessaire que tous et toutes aient accès à Internet à un coût abordable d’ici à 2030. »  Le texte exhorte les États Membres à combler la fracture numérique et le fossé des connaissances, dans le cadre d’une démarche pluridimensionnelle et de la coopération internationale.  

La résolution réaffirme que les droits dont les personnes jouissent hors ligne doivent également être protégés en ligne, y compris le droit à la vie privée, et qu’une attention particulière doit être accordée à la protection des enfants.  Par ce texte, l’Assemblée demande aux États Membres d’adopter ou de maintenir des lois, des règlements et des politiques de protection des données, y compris celles relatives aux communications numériques, qui soient conformes à leurs obligations internationales en matière de droits humains.  

L’Assemblée générale prie le Mécanisme de facilitation des technologies et la Commission de la science et de la technique au service du développement de poursuivre leur étude de l’incidence qu’ont les principales évolutions rapides de la technique et la technologie d’avant-garde sur la réalisation des ODD.

Enfin, l’Assemblée générale réitère son appel en faveur du versement de contributions volontaires, par le secteur public comme par le secteur privé, afin que toutes les composantes du Mécanisme de facilitation des technologies soient pleinement opérationnelles, pour promouvoir l’accès des populations marginalisées à la science, à la technologie et à l’innovation. 

Le Royaume-Uni a souligné le rôle des technologies numériques pour permettre aux femmes et aux filles de participer pleinement à la vie économique et culturelle.  La délégation a dit qu’elle aurait aimé voir dans le texte une plus grande reconnaissance des droits à la liberté d’opinion et d’expression, et à la liberté de réunion et d’association pacifiques.  Les efforts visant à protéger les enfants en ligne doivent être pleinement conformes aux droits de l’homme, a-t-elle ajouté.

Les États-Unis se sont dissociés de l’alinéa 13 du préambule qui encourage le transfert de technologie ou la distribution de droits de propriété intellectuelle qui n’est pas volontaire et à des conditions convenues d’un commun accord.  La délégation a argué qu’une protection et une application rigoureuses de la propriété intellectuelle sont essentielles pour stimuler l’innovation dans les domaines de la santé, de l’environnement et du développement.  Elle a souligné l’importance d’un environnement réglementaire et juridique qui soutienne l’innovation.  

S’agissant du droit à la vie privée dans le paragraphe 4, pour les États-Unis il s’agit d’une référence au droit de ne pas faire l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans la vie privée d’une personne.  Concernant enfin le paragraphe 8, la délégation américaine n’a pas vu comme exhaustive la liste des plateformes, technologies ou objectifs spécifiques, mais cette liste décrit avec précision les priorités de la communauté internationale.

En début de séance, la Vice-Présidente de l’Assemblée générale, Mme Amal Mudallali, du Liban, a annoncé que la République centrafricaine avait effectué le paiement nécessaire pour réduire ses arriérés en deçà du montant spécifié à l’article 19 de la Charte des Nations Unies. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu le 27 août 2021 à partir de 10 heures. 

*A/75/L.120
**A/75/L.123
***A/75/L.124 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afrique de l’Ouest: Le Conseil de sécurité demande d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel  

8836e réunion - après-midi
CS/14605

Afrique de l’Ouest: Le Conseil de sécurité demande d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel  

En se réunissant brièvement, ce matin, sur le thème de la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest, le Conseil de sécurité a réaffirmé qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  Il a dit attendre à cet effet « des actions humanitaires et de développement significatives », avec la mobilisation des ressources nécessaires.

Dans la déclaration présidentielle qu’il a adoptée, le Conseil s’est déclaré préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité dans certains pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, par la montée du terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest, et par la piraterie dans le golfe de Guinée.  Le Conseil s’est aussi déclaré gravement préoccupé par les répercussions du conflit libyen sur les pays voisins, en particulier au Sahel, et notamment les menaces que font peser le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes, ainsi que l’afflux de groupes armés et de mercenaires. 

Le Conseil s’est également dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire globale dans la région, laquelle est aggravée par les effets de la pandémie de COVID-19.  De même, il s’est dit conscient des effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques et des catastrophes naturelles, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des terres et leurs conséquences en termes d’insécurité alimentaire, entre autres facteurs, sur la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. 

La stabilisation de la situation et la protection des civils dans la région incombent au premier chef aux États, a réaffirmé le Conseil en soulignant qu’elles nécessitent une réponse pleinement intégrée, menée par les autorités respectives de ces pays, avec l’appui du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), des organisations régionales et de la communauté internationale.  À cet effet, il a encouragé la poursuite des efforts menés aux niveaux national et régional pour lutter contre ces menaces, réaffirmant à cet égard qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  Dans cette optique, il a appelé à des actions humanitaires et de développement significatives, notamment par la mobilisation de ressources pour le financement des plans de réponse humanitaire, ainsi que par le décaissement des fonds précédemment annoncés.  

Par ailleurs, le Conseil a condamné énergiquement les attaques constantes dans la région dirigées contre les civils, les représentants des institutions locales, régionales et des États, ainsi que les forces de sécurité nationales, internationales et des Nations Unies.  Il a encouragé la poursuite du soutien international et de la coopération régionale ainsi que la coordination entre la Libye, les pays voisins du Sahel et les organismes compétents des Nations Unies, notamment en vue de prévenir toute nouvelle déstabilisation de la région.  Il a rappelé que le Groupe de cinq pays du Sahel a la responsabilité de fournir à la Force conjointe du G5 Sahel des ressources suffisantes et s’est félicité des contributions nationales à cet égard, tout en soulignant qu’il importe d’assurer un soutien bilatéral et international constant pour lui permettre de parvenir à une mise en œuvre et à une autonomie totales et durables. 

Le Conseil a souligné également l’importance que revêt la participation pleine, égale et véritable des femmes au maintien de la paix et de la sécurité, conformément à sa résolution 1325 (2000) et à toutes ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité.  Il a enfin prié le Secrétaire général de continuer à lui rendre compte des efforts faits par l’ONU dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration présidentielle et sur le mandat de l’UNOWAS.

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et l’exposé qui a été fait le 8 juillet 2021 par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Annadif Khatir Mahamat Saleh, et exprime son plein appui au Représentant spécial dans l’accomplissement de son mandat, y compris dans l’exercice de son rôle de Président de la Commission mixte Cameroun-Nigéria.  Le Conseil considère que, pour être responsable et crédible, la médiation assurée par l’UNOWAS exige, entre autres, une appropriation nationale, le consentement des parties au différend ou au conflit visé et le respect de la souveraineté nationale, comme l’a indiqué l’Assemblée générale dans sa résolution 70/304.

Le Conseil rappelle ses résolutions 2584 (2021), 2512 (2020), 2480 (2019), 2423 (2018), 2391 (2017), 2359 (2017), 2349 (2017) et 2320 (2016), ainsi que les déclarations antérieures de sa présidence sur la question.

Sécurité

Le Conseil se déclare préoccupé par la détérioration des conditions de sécurité dans certains pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, par la montée du terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest, et par la piraterie dans le golfe de Guinée, et encourage la poursuite des efforts menés aux niveaux national et régional pour lutter contre ces menaces.  Il se dit grandement préoccupé par les actions violentes menées par les acteurs non étatiques, lesquelles entravent le retour de l’autorité de l’État, le rétablissement des services sociaux de base et la restauration de l’état de droit dans certaines zones de la région.

Le Conseil condamne énergiquement les attaques constantes dans la région dirigées contre les civils, les représentants des institutions locales, régionales et des États, ainsi que les forces de sécurité nationales, internationales et des Nations Unies.  Il affirme qu’il est nécessaire de veiller à ce que les auteurs de violations des droits humains et de violations du droit international, notamment du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, répondent de leurs actes.  Il réitère sa ferme condamnation des attaques et des menaces d’attaque dirigées contre les écoles, les enfants et le personnel éducatif, y compris des enlèvements survenus récemment au Nigéria.  Il souligne également qu’il importe de protéger les civils, y compris les enfants en période de conflit armé.

Le Conseil réaffirme que la stabilisation de la situation et la protection des civils dans la région incombent au premier chef aux États et nécessitent une réponse pleinement intégrée, menée par les autorités respectives de ces pays, avec l’appui de l’UNOWAS, des organisations régionales et de la communauté internationale, englobant la poursuite simultanée de progrès dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance démocratique, de l’aide humanitaire, du développement durable, de la réconciliation et des droits humains, afin d’édifier des sociétés pacifiques, justes et inclusives.  Il souligne qu’il importe de s’attaquer aux conditions sous-jacentes qui favorisent la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme en Afrique, notamment en veillant à la reconstruction et au relèvement nationaux, en renforçant la bonne gouvernance et en facilitant le développement socioéconomique en Afrique, en particulier au moyen de la création d’emplois et de la promotion de l’esprit d’entreprise et fournissant des services d’éducation et de soins de santé en vue de contribuer au bien-être des personnes.  Il souligne également l’importance que revêt la participation pleine, égale et véritable des femmes au maintien de la paix et de la sécurité, conformément à sa résolution 1325 (2000) et à toutes ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité.

Le Conseil accueille avec satisfaction l’évaluation de la faisabilité d’un projet civil conjoint visant à lutter contre la violence intercommunautaire dans la région ainsi que les recommandations formulées par le Secrétaire général.  À cet égard, il invite le Secrétaire général à tirer parti des initiatives et mécanismes existants des Nations Unies pour mener des actions concertées et interpiliers en vue de lancer des projets ayant spécialement pour objet d’endiguer la violence intercommunautaire de manière plus tangible, dans la limite des ressources existantes, en étroite coordination avec l’Union africaine, notamment la Mission pour le Mali et le Sahel, la CEDEAO et le G5 Sahel, et demande aux partenaires bilatéraux et aux partenaires de développement, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et autres institutions financières internationales, de prêter leur appui dans ce cadre.  Il encourage également le Secrétaire général à commencer à appliquer les recommandations dans la région du Liptako-Gourma, qui est gravement touchée par la violence intercommunautaire, et à lui rendre compte des progrès accomplis à cet égard dans son prochain rapport sur l’UNOWAS.

Le Conseil est conscient des effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques et des catastrophes naturelles, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des terres et leurs conséquences en termes d’insécurité alimentaire, entre autres facteurs, sur la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, maintient que les gouvernements et les organismes des Nations Unies doivent mettre en place des stratégies à long terme, fondées sur des évaluations exhaustives des risques, pour favoriser la stabilisation et la résilience, et encourage l’UNOWAS à continuer de tenir compte des informations à ce sujet dans ses activités.

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par les répercussions du conflit libyen sur les pays voisins, en particulier au Sahel, et notamment les menaces que font peser le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes, ainsi que l’afflux de groupes armés et de mercenaires.  Il encourage la poursuite du soutien international et de la coopération régionale ainsi que la coordination entre la Libye, les pays voisins du Sahel et les organismes compétents des Nations Unies, notamment en vue de prévenir toute nouvelle déstabilisation de la région.

Organisations et mécanismes régionaux

Le Conseil salue les efforts déployés par les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel ainsi que par l’Union africaine et la CEDEAO pour prévenir et régler les problèmes de sécurité, qui sont exacerbés par le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment les flux d’armes illicites, dans la région.  Considérant que la paix est un bien public mondial, il se félicite du rôle crucial que jouent la Force multinationale mixte et la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (FC-G5S) dans la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région.  Il rappelle que le Groupe de cinq pays du Sahel a la responsabilité de fournir à la FC-G5S des ressources suffisantes et se félicite des contributions nationales à cet égard, tout en soulignant qu’il importe d’assurer un soutien bilatéral et international constant pour lui permettre de parvenir à une mise en œuvre et à une autonomie totales et durables.  Il se réjouit également du renforcement de la coopération entre la CEDEAO et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale sur le golfe de Guinée et de l’engagement pris de réactiver les mécanismes de coordination régionale en matière de sécurité maritime.  Il se félicite des efforts que déploie actuellement la CEDEAO pour évaluer ses plans d’action-cadres en matière de prévention des conflits, et demande que le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel renforce son appui politique et son action dans ce cadre en vue d’en assurer la bonne mise en œuvre dans les pays de la région.

Questions politiques

Le Conseil rappelle que le dialogue politique et la recherche du consensus entre toutes les parties prenantes sur les grandes priorités nationales constitue un moyen important de parvenir à une réconciliation durable.  Tout en réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de tous les États de la région et tout en soulignant la nécessité de respecter pleinement le principe de non-ingérence, il souligne que la bonne gouvernance démocratique est indispensable à la paix et à la stabilité à long terme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il salue la transition démocratique intervenue récemment au Niger et les efforts de réconciliation menés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Togo, et encourage la poursuite de ces dialogues.  Il salue également l’action de bons offices exercée par l’UNOWAS en faveur des pratiques démocratiques ainsi que le rôle de médiation décisif joué par la CEDEAO dans la région.  Il souligne l’importance de la société civile et de la liberté d’expression, et encourage les pays de la région à les favoriser davantage.

Le Conseil salue les efforts déployés par les pays de la région pour promouvoir la participation pleine, égale et véritable des femmes aux processus politiques, notamment en vue d’accroître le nombre de femmes exerçant de hautes responsabilités publiques, conformément aux dispositions constitutionnelles de chaque État et aux engagements pris aux niveaux national, régional et mondial, ainsi que plus largement le nombre de femmes occupant des fonctions électives, se félicite des informations communiquées par le Secrétaire général sur cette question, et encourage l’UNOWAS à continuer de communiquer des informations tenant compte des questions de genre.

Questions humanitaires

Le Conseil se déclare préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire globale dans la région, qui est aggravée par les effets de la pandémie de COVID-19 et résulte pour une grande part des déplacements forcés, de l’extrême pauvreté, de l’insécurité alimentaire, qui est particulièrement grave au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, des inégalités sociales et de la violence, notamment sexuelle et fondée sur le genre, et réaffirme la nécessité d’assurer l’accès à l’éducation et à la santé.  Il demande que soit assurée la fourniture durable, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire et médicale à toutes les personnes qui en ont besoin, y compris l’accès à des services de santé en matière de sexualité et de procréation, de santé mentale et de soutien psychosocial pour les personnes rescapées de violences sexuelles pendant ou après un conflit, sans aucune discrimination.  Il appelle en outre à des actions humanitaires et de développement significatives, notamment par la mobilisation de ressources pour le financement des plans de réponse humanitaire, ainsi que par le décaissement des fonds précédemment annoncés.  Il condamne toutes les formes de violence et d’intimidation contre le personnel humanitaire et médical, et encourage les États de la région à prendre des mesures pour que les auteurs de tels actes soient traduits en justice, comme le prévoient les lois nationales et conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international.

Tout en rappelant sa résolution 2532 (2020) et en ayant conscience des efforts consentis par les pays d’Afrique de l’Ouest pour riposter efficacement à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), le Conseil note que la pandémie a encore exacerbé les facteurs de conflit existants et eu de graves répercussions sur les plans socioéconomique et politique et sur la sécurité, a aggravé la situation humanitaire dans la région et a eu des effets disproportionnés sur les femmes et les filles, les enfants, les réfugiés, les déplacés, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.  Il souligne l’importance de la coopération et de la solidarité internationales, salue les efforts faits et les contributions apportées par l’UNOWAS, l’Union africaine, la CEDEAO et d’autres États Membres, et demande que l’on continue à soutenir et à renforcer la coopération afin de riposter de façon globale et inclusive à la pandémie de COVID-19, notamment en assurant un accès égal et d’un coût abordable au vaccin et aux services de santé essentiels.

Le Conseil réaffirme qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel.  À cet égard, il se félicite de la collaboration complémentaire nouée entre, d’une part, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, qui a pour mission de mener des activités de sensibilisation et de mobilisation politiques ainsi que de lui rendre compte de la situation au Sahel et de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée, et, d’autre part, le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, qui est chargé de diriger l’action collective, et notamment de mobiliser des ressources, en vue de mettre en œuvre la Stratégie intégrée et le Plan d’appui afin de renforcer la réponse des Nations Unies en matière de développement dans la région.

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer à lui rendre compte des efforts faits par l’Organisation des Nations Unies dans les domaines mentionnés dans la présente déclaration et sur le mandat de l’UNOWAS, notamment sur l’incidence négative des activités menées par les acteurs non étatiques sur la situation sécuritaire, politique et humanitaire dans la région.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.