Le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés achève sa deuxième session avec des appels à l’ambition
Le Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés a achevé, ce matin, les travaux de sa deuxième session par des appels à achever les négociations sur le programme d’action d’ici à la fin de l’année « au plus tard » et à le rendre le « plus ambitieux possible ».
Le programme d’action pour les pays les moins avancés (2022-2031) doit ensuite être adopté lors de la Conférence susmentionnée qui se tiendra à Doha, au Qatar, du 23 au 27 janvier 2022.
Cette semaine de négociations a été l’occasion de reconnaître les difficultés exceptionnelles auxquelles se heurtent les PMA, en particulier les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, a indiqué la coprésidente du Comité préparatoire, Mme Rabab Fatima (Bangladesh), qui a appelé à faire du programme d’action un point de ralliement consensuel afin de parvenir à un résultat suffisamment ambitieux pour permettre aux PMA d’assurer leur relèvement.
« Il est essentiel que ce document soit synonyme d’espoir », a renchéri le Népal qui a rappelé que le but est de préparer une feuille de route détaillée pour les 10 ans à venir, axée sur six domaines d’action thématiques qui doivent permettre aux PMA de réduire leurs vulnérabilités et de relever les nombreux défis auxquels ils font face. Le futur programme d’action de Doha sera l’occasion de renforcer la coopération mondiale avec les PMA, qui sont les économies les plus fragiles au monde, mais aussi de « sceller le sort » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il affirmé, soulignant le rôle central des partenaires de développement.
Alertant que la pandémie de COVID-19 et d’autres crises risquent de réduire à néant des décennies de progrès et que 2 millions de personnes ont sombré dans une pauvreté extrême, le Groupe des PMA a lui aussi appelé, par la voix du Malawi, à un programme qui permettra aux PMA de se libérer de la crise actuelle.
« Face à la gravité de la situation des PMA, la communauté internationale ne peut plus se contenter du statu quo ni des mesures de soutien actuelles et habituelles » a-t-il prévenu, rappelant notamment l’engagement des pays développés à consacrer entre 0,15% et 0,2% de leur revenu national brut à l’APD en faveur des PMA, contre seulement 0,09% actuellement, ainsi que leur obligation « juridique » de faciliter des transferts technologiques aux PMA.
Pour lutter contre la pandémie, le Groupe des PMA a aussi demandé que les vaccins contre la COVID-19 soient mis gratuitement à la disposition des pays les moins avancés, insistant par ailleurs sur l’importance de l’allégement de la dette et des échanges de dette. Il a aussi réclamé 5 milliards de dollars pour appuyer la protection sociale et 50 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux. Il convient également, a enchaîné la délégation, de fournir 12 ans de soutien continu aux pays sortis de la catégorie des « moins développés », pour leur permettre d’être compétitifs sur le marché international après avoir perdu des privilèges spécifiques.
Le changement de catégorie doit en effet « mener à davantage de succès et non être source de problèmes », a acquiescé M. Bob Rae (Canada), autre coprésident du Comité préparatoire, qui a salué des travaux « intéressants » ayant permis de mettre le doigt sur certains points essentiels du futur programme d’action. Il a ainsi évoqué les libellés liés au commerce, à la propriété intellectuelle, aux transferts de technologie et à l’aide différenciée pour les PMA, notamment s’agissant du commerce libre de taxe après le reclassement.
Toutefois, a-t-il fait valoir, « il faut comprendre le contexte dans lequel nous travaillons », qui est « sans précédent depuis 1945 » en raison des impacts de la pandémie de COVID-19. Dans ces circonstances difficiles, l’avant-projet avance des propositions de fond, destinées à soutenir les pays les plus fragiles. C’est notamment le cas de la demande d’université en ligne, rendue nécessaire par le fait que des millions de personnes ne peuvent plus suivre de cours depuis un an et demi. D’autres propositions visent à surmonter la fracture numérique, qui est l’une des plus graves aujourd’hui, et de créer un centre d’appui aux investissements internationaux pour combler le fossé entre la quantité d’argent disponible et la proportion de ces sommes qui aboutit à de véritables projets profitant aux pays les plus pauvres.
Le problème des écarts de financement figurait également parmi les préoccupations du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement qui a relevé que seulement 6% des capitaux privés sont investis dans les PMA, et ce, dans seulement certains pays et secteurs.
Préoccupé en outre par le fait que près de 65% des personnes sans électricité du monde vivent dans les PMA, M. Courtenay Rattray a aussi appelé à mobiliser le financement pour l’énergie durable, citant un nouveau rapport de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui recommande de prioriser les investissements pour augmenter de 50%, d’ici à 2025, les financements annuels en électricité et en cuisine propres et de les diriger vers les PMA qui n’en reçoivent que 25% actuellement.
S’agissant du calendrier du processus de finalisation du programme d’action, M. Rae a suggéré la tenue d’une réunion début septembre afin que soient proposés de nouveaux libellés. La troisième réunion préparatoire du Comité aura ensuite lieu à la mi-décembre, l’objectif étant de produire avant la fin de l’année, un document final qui ne soit « pas simplement des mots sur un papier mais un appel résonnant, fond sur la solidarité et le partenariat avec les PMA ».
En fin de séance, le Comité a adopté le projet de rapport de sa deuxième session, présenté par son Rapporteur, M. Julio César Arriola Ramírez (Paraguay), ainsi que le Projet d’organisation des travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.