En cours au Siège de l'ONU

8840e réunion - matin
CS/14611

Conseil de sécurité: le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient déplore l’absence de progrès du processus politique au Yémen

M. Mohammed K. Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a déploré ce matin au Conseil de sécurité l’absence de nouveaux progrès depuis la dernière réunion du Conseil, le 16 juillet dernier, pour parvenir à un accord fondé sur le plan en quatre points de l’ONU au Yémen.  Tandis que le Coordonnateur des secours d’urgence a fixé comme priorité la lutte contre la famine, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a sonné l’alarme sur le sort des 11,3 millions d’enfants ayant besoin d’aide humanitaire.  Le représentant du Yémen a imputé la responsabilité du conflit et de la situation humanitaire aux rebelles houthistes et à l’Iran.

M. Khiari a rappelé les quatre points du plan présenté par l’ONU, à savoir un cessez-le-feu national, la réouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur la circulation de carburant et d’autres marchandises par le port de Hodeïda et la reprise des négociations politiques entre les parties yéménites.  Dénonçant les conditions posées par les houthistes aux négociations, il a regretté en particulier le blocage des négociations sur le retour du Premier Ministre et des membres de son gouvernement et l’absence de date fixe pour la relance de ces efforts. 

Parallèlement, le Sous-Secrétaire général a regretté la poursuite des activités militaires dans certaines provinces du pays et appelé à cesser ces tentatives de conquêtes territoriales par la force ainsi que les attaques contre les infrastructures maritimes et terrestres dans le sud de l’Arabie saoudite.  Il a aussi noté la reprise des frappes aériennes de la Coalition ces dernières semaines.

Sur le plan économique, le haut fonctionnaire a dressé le constat d’une situation difficile marquée par la baisse de valeur du riyal face à la monnaie américaine, avec 1 dollar pour 1 000 riyals, et l’aggravation des difficultés d’approvisionnement en carburant et en gaz, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes.  

M. Martin Griffiths, Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé que 20 millions de Yéménites ont besoin d’aide humanitaire.  Notant que le financement humanitaire a drastiquement augmenté depuis mars dernier, il a invité les donateurs à accroître leur soutien car l’aide risque de s’arrêter en octobre si des fonds supplémentaires ne sont pas disponibles.

La priorité, a insisté le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, est de sauver de la famine 5 millions de personne au bord de la disette et 10 autres millions d’individus qui risquent de l’être également.  Pour cela, il a recommandé de payer les salaires des fonctionnaires, de protéger les envois de fonds de l’étranger, de renforcer les secteurs de l’agriculture et de la pêche en levant les obstacles au commerce et de mettre fin aux mines terrestres et marines.  Il a insisté sur la lutte contre l’inflation et la nécessité d’injecter des devises par le biais de la Banque centrale afin de stabiliser la monnaie nationale.

Mme Henrietta Fore, Directrice exécutive de l’UNICEF, a pour sa part sonné l’alarme sur le sort des 11,3 millions d’enfants yéménites qui ont besoin d’aide humanitaire et des 2,3 millions qui souffrent de malnutrition aiguë.  « Être un enfant au Yémen est cauchemar », a-t-elle fait remarquer, en assurant que l’UNICEF fait tout son possible pour venir à leur aide en acheminant des denrées alimentaires, des vaccins, des transferts en espèces à 1,5 million de ménages ou encore par la remise en état des écoles, la distribution de fournitures scolaires et le soutien aux centres de soins.  

Elle a exigé notamment la poursuite des activités de déminage et une aide financière pour sauver le système scolaire au Yémen.  L’UNICEF, a affirmé sa Directrice exécutive, est prêt à travailler avec les parties afin de faire en sorte que les salaires des enseignants soient assurés régulièrement. 

Le Gouvernement du Yémen, a déclaré son représentant, a pris en charge les personnes déplacées et attend avec intérêt les actions de la communauté internationale pour alléger la crise humanitaire.  Il s’efforce de rétablir la stabilité économique et d’éviter l’effondrement de la monnaie nationale, a encore avancé le délégué qui a demandé de l’aide pour que la Banque centrale du Yémen puisse stabiliser la valeur du riyal. 

Sur le plan politique, le Yémen a dénoncé la poursuite des hostilités par les houthistes et le soutien de l’Iran aux rebelles qui, a-t-il dit, continuent leurs attaques contre les populations et les infrastructures civiles, y compris en Arabie saoudite.  En revanche, « nous avons accepté les différentes solutions au conflit et sommes prêts à faire des compromis », a-t-il dit à propos du Gouvernement.  

La France a aussi dénoncé le refus des houthistes de toute solution politique.  D’autres membres du Conseil, comme l’Estonie, la Chine, le Kenya, Saint-Vincent-et-les Grenadines et la Norvège, ont confirmé que l’impératif urgent est de parvenir à un cessez-le-feu et de reprendre un processus politique inclusif.  Les États-Unis ont noté que la Coalition, dirigée par l’Arabie saoudite et le Gouvernement du Yémen, s’est montrée ouverte à un cessez-le-feu mais que les houthistes semblent déterminés à poursuivre leur campagne militaire.  « C’est le moment de changer d’avis », a exhorté la déléguée américaine. 

Tous ont réitéré qu’il ne peut y avoir d’issue militaire au conflit au Yémen, mais seulement une solution politique.  Dans les appels à la coopération internationale afin de parvenir à une désescalade à l’échelle régionale, la Fédération de Russie a attiré l’attention sur le concept russe actualisé de sécurité collective dans le golfe Persique.  Les membres du Conseil ont aussi salué la nomination de M. Hans Grundberg, le nouvel Envoyé spécial pour le Yémen, dont la Chine a dit attendre avec intérêt le plan d’action.

Actuellement, a conclu le Kenya, le conflit au Yémen n’a pas de gagnants, seulement des perdants dont les enfants, les jeunes, les femmes et les personnes âgées.  « Ils prient tous les jours pour la fin de la guerre civile, le retour à la paix et, avec elle, la possibilité de reconstruire leur vie pour retrouver la capacité de se débrouiller tout seuls. » 

LA SITUATION AU YÉMEN

M. MOHAMMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil sur le Yémen, il n’y a pas eu de nouveaux progrès pour parvenir à un accord fondé sur le plan en quatre points présenté aux parties.  Ce plan comprend un cessez-le-feu national, la réouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur la circulation de carburant et d’autres marchandises par le port de Hodeïda, et la reprise des négociations politiques en personne entre les parties yéménites.

M. Khiari a annoncé que les houthistes conditionnent leur participation au processus politique à l’ouverture du port de Hodeïda et de l’aéroport de Sanaa, ainsi qu’à la fin de ce qu’ils appellent « l’agression et l’occupation ».  Les négociations facilitées par l’Arabie saoudite sur l’Accord de Riyad axé sur le retour du Premier Ministre et de son gouvernement à Aden, n’ont pas encore repris après la pause de l’Eïd al-Adha début juillet.  Aucune date n’a été fixée pour la relance de ces efforts.  

Le Sous-Secrétaire général estime pourtant que des progrès rapides dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad sont essentiels pour faire face aux tensions dans le sud, d’autant plus que la situation sécuritaire à Aden et dans les provinces du sud continue de se détériorer.  La situation est aggravée par les problèmes persistants de la fourniture de services de base, y compris la fourniture d’électricité, malgré les subventions saoudiennes pour le carburant.  Toutes les parties prenantes doivent coopérer pour éviter une nouvelle escalade, a prié le haut fonctionnaire. 

Il a déploré la poursuite des activités militaires au Yémen avec des combats sporadiques à Jaouf et à Taëz, en particulier à Mareb où les premières victoires des forces yéménites soutenues par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont ensuite été effacées par les houthistes, qui se sont maintenant déplacés plus au nord autour de la frontière entre les provinces de Mareb et de Shaba.  M. Khiari a réitéré son appel aux parties de cesser complètement et immédiatement ces tentatives de conquête territoriale par la force.  Il a aussi informé des attaques contre les infrastructures terrestres et maritimes dans le sud de l’Arabie saoudite ainsi que la poursuite des frappes aériennes de la Coalition ces dernières semaines.

S’agissant de l’économie, le Sous-Secrétaire général a dit que la situation est difficile avec la détérioration de la valeur du riyal yéménite dans les zones contrôlées par le Gouvernement se négociant à 1 000 riyals pour 1 dollar américain.  L’écart de change entre Sanaa et Aden s’est également creusé pour atteindre environ 400 riyals.  Le Conseil de transition du Sud a récemment menacé d’imposer un taux de change local indépendant à Aden et dans d’autres zones sous son contrôle dans le sud du Yémen, une situation qui compliquerait probablement davantage les efforts de reprise économique cohésive, a averti le Sous-Secrétaire général. 

Les houthistes et le secteur privé s’opposent également à l’augmentation par le Gouvernement du prix de la redevance douanière en dollars de 250 à 500 riyals pour les importations.  

Concernant l’aggravation de l’approvisionnement en carburant, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes, seuls trois navires commerciaux de ravitaillement ont reçu l’autorisation d’accoster au port de Hodeïda depuis le début du mois de juillet.  Quatre navires se trouvent toujours dans la zone d’attente de la Coalition.  Une seule station-service de la compagnie pétrolière du Yémen est ouverte dans les provinces contrôlées par les houthistes.  La compagnie de gaz a prévenu du risque de graves pénuries en gaz, ce qui a considérablement fait monter les prix sur le marché parallèle, a encore décrit le haut fonctionnaire. 

M. Khiari a réitéré son appel au Gouvernement du Yémen pour qu’il autorise d’urgence l’entrée sans délai à Hodeïda de toutes les marchandises commerciales essentielles ainsi que les navires de ravitaillement.  Les parties doivent donner la priorité aux besoins des civils et s’abstenir de militariser l’économie, compte tenu en particulier de la situation grave humanitaire dans le pays, a-t-il dit avant de saluer la nomination de M. Hans Grundberg en tant que nouvel Envoyé spécial pour le Yémen.  En conclusion, il a insisté sur l’importance de reprendre un processus politique inclusif, dirigé par les Yéménites, pour parvenir à une solution négociée au conflit. 

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a expliqué que le conflit yéménite a décimé l’économie qui subit aussi les effets néfastes des changements climatiques, comme cela s’est vu ces dernières semaines avec des pluies diluviennes.  Le Secrétaire général adjoint a rappelé que 20 millions de Yéménites, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance humanitaire.  La priorité, a-t-il dit, doit être de lutter contre la famine, étant donné que 5 millions de personnes sont au bord de la famine et 10 millions d’autres risquent de l’être.  Il a expliqué que la famine n’est pas seulement une question alimentaire, mais aussi la résultante d’un ensemble de problèmes du pays.  Il faut donc, en plus de l’aide humanitaire, s’attaquer aussi aux problèmes qui poussent le Yémen vers la famine, a-t-il recommandé.  

M. Griffiths a noté que le financement humanitaire a significativement augmenté depuis la conférence d’annonce de dons de mars dernier.  Le plan de réponse humanitaire du Yémen a reçu 50% des fonds escomptés, un niveau qu’aucun autre plan n’a atteint à travers le monde.  Ce financement permet de soutenir 10 millions de personnes par mois dans les 333 districts du pays alors que la guerre fait rage.  Nous avons comme objectif d’avoir davantage de personnels sur le terrain et davantage de missions terrestres dans des zones de conflit, a-t-il espéré, avant d’inviter les donateurs à accroître leur financement et de veiller à ce que tous les secteurs de l’assistance humanitaire soient financés de manière équitable.  L’aide alimentaire risque de connaître un arrêt en octobre si des fonds supplémentaires ne sont pas disponibles, a averti le Coordonnateur des secours d’urgence, avant de saluer l’initiative de certains pays européens qui tiendront une réunion sur la question en marge du débat général de l’Assemblée générale le mois prochain.

Pour M. Griffiths, il faut aller plus loin, car les Yéménites meurent de faim parce qu’ils ne peuvent acheter les denrées, et non à cause de l’absence de nourriture.  En effet, le quart de la population vit grâce aux salaires de la fonction publique qui ne sont pas payés régulièrement.  Il faut donc veiller à payer ces salaires pour lutter contre famine.  Il faut aussi renforcer les revenus en protégeant les envois de fonds de l’étranger et en renforçant les secteurs de l’agriculture et la pêche.  Pour ce dernier point, il est question, a-t-il suggéré, de lever les obstacles au commerce et de mettre fin aux mines terrestres et marines et à d’autres mesures dissuasives.  De même, il faut lutter contre l’inflation en injectant des devises par le biais de la Banque centrale afin de stabiliser la monnaie nationale.  

Le Secrétaire général adjoint a salué l’octroi de droits de tirage spéciaux (DTS) de 665 millions de dollars au Yémen par le Fonds monétaire international (FMI).  Il a enfin demandé la levée de l’embargo sur certains ports et aéroports du pays, tout en insistant sur le fait que c’est bien la guerre qui a créé cette situation humanitaire catastrophique au Yémen.  Le plus important est donc aujourd’hui de parvenir à un cessez-le-feu afin de s’attaquer aux causes profondes de la crise et reprendre le processus politique.  

Rappelant que la guerre au Yémen en est à sa septième année et qu’elle a causé l’une des pires crises au monde, Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds international des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a expliqué que plus de 1,6 million d’enfants sont aujourd’hui déplacés au Yémen, surtout autour de Hodeïda et de Mareb, et que les services de base comme la santé, l’éducation et l’assainissement sont fragiles et au bord de l’effondrement.  Les coupures d’eau sont fréquentes, l’économie en chute libre avec une baisse de 40% du PIB depuis 2015, a-t-elle dit, en ajoutant qu’un quart de la population dépend de leur salaire de fonctionnaire qui n’est payé que de manière irrégulière, ce qui les empêche d’acheter des denrées alimentaires qui sont pourtant là.  Mme Fore a alerté sur le sort des 11,3 millions d’enfants qui ont besoin d’aide humanitaire et des 2,3 millions qui souffrent de malnutrition aiguë.  La Chef de l’UNICEF a ajouté que plus de 10 millions d’enfants n’ont pas accès aux services de santé alors qu’un enfant meurt toutes les 10 minutes de causes traitables et que l’accès à l’école est terriblement compromis.  Plus de deux millions d’enfants sont déscolarisés, et quatre millions supplémentaires risquent de l’être parce qu’ils doivent travailler pour leur famille ou parce que leurs écoles ont été détruites.  Tous ces enfants risquent de ne jamais pouvoir retrouver le chemin de l’école, s’est inquiétée Mme Fore pour laquelle ces chiffres sont très alarmants.  

Elle a parlé des risques auxquels les enfants yéménites s’exposent ne serait-ce que pour aller à l’école sur des chemins jonchés de mines, mais aussi des mariages précoces et du travail des enfants.  « Être un enfant au Yémen c’est un cauchemar. »  L’UNICEF fait tout son possible pour leur venir en aide, que ce soit en acheminant des denrées alimentaires, des vaccins, des transferts en espèces à 1,5 million de ménages ou la remise en état des écoles, la distribution de fournitures scolaires et le soutien aux centres de soins.  Mais rien de tout cela n’est suffisant étant donné l’ampleur des besoins humanitaires au milieu de la violence en cours, a prévenu Mme Fore. 

Même avec une lueur d’espoir sur le volet politique, elle a regretté qu’il n’y ait pas encore de signes tangibles sur le terrain.  Quand les parties vont-elles enfin donner la priorité aux enfants après six ans de conflit, s’est-elle impatientée.  Elle s’est dite gravement préoccupée par le nombre de menaces et d’attaques contre des établissements scolaires et leur utilisation à des fins militaires.  Les parties n’ont pas pris assez de mesures pour protéger les civils et cela doit cesser, leur a-t-elle asséné.  L’UNICEF exige en outre un accès sans entrave pour l’acheminement de l’aide sur tout le territoire yéménite, y compris pour pouvoir poursuivre les activités de déminage.  La Directrice exécutive a insisté sur la réouverture du port de Hodeïda, principal port pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Mme Fore a également saisi cette occasion pour demander une aide financière à la communauté internationale en vue de sauver le système scolaire au Yémen.  L’UNICEF est prêt à travailler avec les parties pour faire en sorte que les salaires des enseignants soient assurés régulièrement, a-t-elle indiqué.  En guise de conclusion, elle a martelé que les enfants yéménites ont besoin d’une paix pérenne pour pouvoir « tourner la page de ce cauchemar » et réaliser leurs rêves d’avenir.

Après avoir salué la nomination du nouvel Envoyé spécial pour le Yémen, M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a fait remarquer qu’une solution militaire ne pourra pas résoudre le conflit au Yémen.  Il a noté la poursuite des offensives des houthistes qui pourtant doivent trouver une solution politique.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de trouver une solution face à la crise économique que traverse le pays notant que la situation humanitaire est due au manque de pouvoir d’achat.  M. Kariuki a indiqué que si l’aide extérieure s’impose, la solution doit être trouvée par le Gouvernement yéménite.  Pour lui, l’intervention humanitaire ne pourra pas être la solution à une crise économique.

Préoccupé par les conséquences de la COVID-19 et de l’arrivée « certaine » de son variant Delta, le représentant a prié le Gouvernement yéménite d’accélérer sa campagne de vaccination.  Le Royaume-Uni, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a annoncé le délégué, vont financer ensemble deux millions de doses de vaccin pour le Yémen.  Pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Royaume-Uni débloquera bientôt la dernière tranche des 16 millions de dollars qu’il donne à l’UNICEF cette année. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a appelé tous les participants à la confrontation au Yémen à abandonner immédiatement et complètement les opérations militaires, à se conformer strictement aux dispositions du droit international humanitaire, ainsi qu’à rechercher des moyens politiques et diplomatiques de règlement de tous les désaccords.  Pour la représentante, la cessation des hostilités doit s’accompagner de la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures de confiance dans les domaines politique, militaire et socioéconomique.  Ce sera une réelle contribution à l’allègement du sort de la population yéménite, alors que l’ONU décrit la situation du pays comme « la plus grande catastrophe humanitaire au monde ».  Elle a appelé les donateurs à accroître le soutien financier nécessaire à l’aide humanitaire par le biais de l’ONU.  Dans le même temps, Mme Evstigneeva a souligné la nécessité d’une levée complète du blocus maritime, terrestre et aérien du Yémen, la levée des restrictions sur la livraison de nourriture, de médicaments, de carburant et d’autres biens essentiels.  Elle a aussi rappelé que l’assistance fournie doit être impartiale et non discriminatoire.

En outre, la représentante s’est dite convaincue que des solutions mutuellement acceptables, dépourvues de connotation politique, peuvent être trouvées pour résoudre le problème du pétrolier Safer.  Dans le même temps, elle a jugé important que d’autres idées nationales pour résoudre ce problème soient exploitées, étant donné que le mouvement Ansar Allah a démontré sa volonté à mener un dialogue avec l’ONU.  Elle a ensuite estimé que la tâche du Conseil de sécurité n’est pas de prendre parti, mais de soutenir l’Envoyé spécial, notamment en créant une atmosphère constructive dans les relations entre les régions.  « Nous appelons à nouveau nos collègues à une coopération internationale collective afin de parvenir à une désescalade à l’échelle régionale, y compris sur la base de la résolution pertinente du Conseil de sécurité 598 (1987) ».  À cet égard, la représentante a attiré l’attention sur le concept russe actualisé de sécurité collective dans le golfe Persique, contenu dans un document récemment distribué au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est attardée sur le sort des enfants dans la crise yéménite, qui vivent dans un contexte d’insécurité alimentaire, de pandémie, d’hostilités et d’une crise humanitaire si grave qu’elle a été désignée comme la pire crise humanitaire au monde.  L’accès restreint à l’éducation a un impact direct sur ces enfants, a-t-elle déploré en soulignant qu’il nuit indirectement aux perspectives de construire une société civile yéménite plus forte et plus stable.  La représentante a saisi cette occasion pour saluer le travail accompli par l’UNICEF et ses partenaires pour lutter contre l’effondrement du secteur de l’éducation, donner accès à l’éducation formelle et non formelle et assurer la croissance saine et durable des enfants yéménites.   

Sur le front humanitaire, la délégation a salué le financement supplémentaire du Plan de réponse humanitaire, ce qui a permis de préserver un certain nombre d’opérations vitales.  Toutefois, sans soutien à l’économie, de nombreux Yéménites sont incapables de s’offrir la nourriture et les services de base nécessaires à leur survie quotidienne, a-t-elle relevé.  Dans ce contexte, Mme King a souligné l’importance des envois de fonds de l’étranger, sur lesquels comptent de nombreux Yéménites.  Ces envois de fonds sont une bouée de sauvetage cruciale pour ceux qui se trouvent au Yémen, dont la perte ne ferait qu’exacerber les situations humanitaire et économique.  De plus, la pandémie touche une population déjà vulnérable, ce qui a provoqué l’effondrement du système de santé déjà fragile au Yémen.  Dès lors, la déléguée a appelé tous les acteurs au Yémen à assurer un accès égal aux soins de santé et à l’aide humanitaire.  Elle a également appelé tous les acteurs sur le terrain, et ceux qui ont une influence sur eux, à concentrer leurs efforts sur la réalisation d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale qui ouvrirait la porte à des négociations politiques crédibles, menées de bonne foi et dans un esprit de compromis.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a appelé les parties à accepter un cessez-le-feu et à reprendre le processus politique inclusif avec la participation des femmes et des jeunes.  Le représentant a appelé le Gouvernement et le Conseil de transition du Sud à s’abstenir d’actions qui pourraient exacerber les tensions et à mettre en œuvre l’Accord de Riyad, une étape importante vers une paix globale.  Le délégué s’est dit gravement préoccupé par les hostilités en cours à Mareb et à Beïda où les houthistes poursuivent leurs attaques.  Plus de 24 500 personnes ont été déplacées cette année et plus de 156 000 depuis janvier 2020, a-t-il déploré. 

Concernant l’impact du conflit sur les enfants, sans la fin des hostilités, les organisations humanitaires n’ont que des moyens limités pour aider 400 000 enfants, a rappelé M. Lipand gravement préoccupé par le nombre élevé d’enfants victimes d’attaques de différentes parties au conflit et de la COVID-19.  Les attaques visant les écoles et les hôpitaux ainsi que le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les hostilités violent le droit international humanitaire, a accusé le délégué.  Il est important d’assurer un accès sans entrave des travailleurs humanitaires à ceux qui en ont besoin, a-t-il souligné demandant également l’approvisionnement normal en carburant et en marchandises.  

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a déploré qu’après tant d’années d’une crise multiforme et d’intenses efforts diplomatiques, les parties au conflit au Yémen n’arrivent pas à s’entendre autour du minimum qu’il faut pour le retour de la paix dans le pays.  Et ce minimum, a-t-il précisé, c’est l’arrêt des hostilités sur l’ensemble du territoire afin d’amorcer des réelles avancées dans tous les autres aspects de la crise.  Il a appelé l’ensemble des acteurs à faire preuve de responsabilité et de retenue mais aussi de grande compassion à l’égard de la population du Yémen tant éprouvée, en mettant un terme à cette tragédie qui n’a que trop durée.

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a fait part de sa préoccupation devant les conditions de détresse des populations du Yémen induites, essentiellement, par la poursuite de la guerre dans le pays.  Il a appelé les pays donateurs, et en particulier ceux de la région, à plus de générosité afin d’éviter que de nouvelles vies ne soient encore perdues.  Il a aussi jugé crucial que les entraves liées à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, notamment à travers le port de Hodeïda et l’aéroport de Sanaa, soient levées immédiatement afin d’éviter que le Yémen ne sombre dans une famine à grande échelle.  Enfin, concernant le pétrolier Safer, M. Aougi a souhaité que les autorités d’Ansar Allah assument leur responsabilité pour éviter une marée noire, en accordant sans délai toutes les autorisations et les garanties nécessaires à l’équipe des Nations-Unies.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a souligné l’impératif urgent de parvenir à cessez-le-feu à l’échelle nationale au Yémen pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire, l’ouverture de routes vers de nombreuses régions du pays et l’accès à l’école en toute sécurité des enfants.  Il s’est dit préoccupé par la poursuite de l’offensive dans la région de Mareb et d’autres parties du Yémen, ce qui aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse, ainsi que par les tensions croissantes dans le Sud et le manque de coopération conformément à l’Accord de Riyad.  La rivalité et la fragmentation, que ce soit dans le sud ou sur la côte ouest, ne font que faire dérailler les efforts visant à garantir la paix et la stabilité, a-t-il regretté.

Alors que les besoins humanitaires sont immenses, les restrictions sur les importations via le port de Hodeïda se poursuivent, a constaté le représentant, s’inquiétant que cela contribue, entre autres, à de graves pénuries de carburant et à l’augmentations des prix.  Le représentant s’est dit également préoccupé par les rapports de l’OMS faisant état d’attaques contre des agents de santé et des patients.  Il a aussi dénoncé le manque d’infrastructures et de services de base pour les personnes déplacées.  Compte tenu de tout cela, il a appelé tous les acteurs à assurer immédiatement un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Le délégué s’est félicité de la nomination de Hans Grundberg en tant que nouvel Envoyé spécial en espérant qu’il pourra faciliter les progrès indispensables.  La Norvège continuera à plaider en faveur d’un processus politique inclusif, qui donne la priorité à la participation et au leadership pleins, égaux et significatifs des femmes, a-t-il indiqué, ajoutant que ce processus doit être contrôlé et dirigé par les Yéménites, avec les acteurs régionaux et divers acteurs yéménites jouant également un rôle clef.  Seule une solution politique peut apporter une paix et une prospérité durables au Yémen, a conclu le représentant.

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a dénoncé les houthistes qui refusent toute solution en continuant leurs offensives, contre Mareb et contre le territoire saoudien.  Mme Broadhusrt a rejeté leur « chantage inadmissible » en refusant depuis un an l’accès de la mission d’inspection des Nations Unies au pétrolier Safer.  Les houthistes doivent permettre à l’ONU d’y accéder sans condition préalable et sans plus de délai, a sommé la déléguée avant de dénoncer aussi le recrutement d’enfants dans des camps d’été et sur les champs de bataille.  Il faut y mettre un terme, a demandé la représentante qui a appelé à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, ses conclusions sur les enfants dans les conflits armés et le droit international humanitaire.  Ce Conseil doit se tenir prêt à prendre les mesures nécessaires, a prévenu Mme Broadhurst.  Les houthistes doivent également engager un dialogue de bonne foi sur une solution politique avec le nouvel Envoyé spécial, M. Hans Grundberg.  

La recette de la sortie de crise au Yémen, a indiqué la déléguée, est un cessez-le-feu global, une réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda et des discussions sur une solution politique globale et inclusive, permettant la participation effective des femmes.  Préoccupée par les potentielles atteintes à l’intégrité territoriale du Yémen qui doit être pleinement respectée, elle a invité à tout faire pour alléger les souffrances des 20 millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire, rappelant que le risque de famine à grande échelle s’accroît chaque jour.  « Nous avons une responsabilité collective et un devoir moral d’éviter la poursuite de cette tragédie humanitaire. »  Tout doit également être fait pour accélérer la campagne de vaccination contre la COVID-19 et permettre un accès équitable à ce vaccin, a ajouté Mme Broadhurst réitérant l’importance de garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin, particulièrement dans les zones contrôlées par les houthistes.  Elle a insisté sur l’importance de la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux.  Les détentions arbitraires, les actes de torture, les violences sexuelles basées sur le genre et l’utilisation des enfants dans les hostilités sont intolérables et leurs auteurs ne doivent pas rester impunis, a aussi réclamé la représentante.  

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déploré les nombreuses violations du droit international humanitaire décrites dans le rapport du Groupe d’experts.  Elle a exhorté les parties à respecter leurs obligations en droit international humanitaire, notamment à protéger la population civile, à permettre un accès sans entrave à l’aide humanitaire et à promouvoir le respect des droits humains de la population, en particulier des groupes vulnérables tels que les femmes et les mineurs.  Elle a également exprimé une grande consternation face au fonctionnement de près de 3 500 « camps d’été » et des programmes de recrutement de mineurs par les houthistes, auxquels participent même des enfants de 7 ans.  Le Mexique a donc appelé Ansar Allah à mettre fin à ces pratiques de radicalisation des enfants yéménites.  Notant que le recrutement par les groupes armés touche majoritairement les garçons, et que le nombre de filles victimes de violences sexuelles ou contraintes de se marier à un âge précoce continue de croître rapidement, la déléguée a déclaré que de telles actions mettent non seulement en danger la paix et la prospérité des futures générations yéménites, mais représentent également de graves violations du droit.  Elle a également exhorté à poursuivre les efforts pour renforcer la coopération entre le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2140 (2014), le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, ainsi qu’avec l’UNICEF.

En outre, Mme Buenrostro Massieu a salué les efforts de l’Arabie saoudite et d’Oman, ainsi que de l’Envoyé spécial des États-Unis, à servir de médiateurs entre les parties.  Elle a enfin réitéré sa profonde préoccupation concernant la situation du pétrolier Safer et le risque qu’il représente pour l’environnement, l’accès humanitaire et le commerce mondial.  Elle a donc exhorté Ansar Allah à s’abstenir d’entraver l’inspection du navire par les organes techniques de l’ONU.

Pour Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), l’arrivée du nouvel Envoyé spécial offre une réelle opportunité.  Le conflit au Yémen est un des rares cas où le Conseil et la communauté internationale partagent un large consensus et où tout le monde s’accorde à dire que les combats doivent cesser et que seule une voie politique peut mener vers la paix.  « Profitons de ce moment parce que le temps est précieux et que des vies sont perdues. »  L’offensive des houthistes contre Mareb est au point mort, mais elle n’en est pas moins brutale, et juin a été le mois le plus meurtrier pour les civils depuis près de deux ans, a-t-elle constaté insistant sur l’urgence d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, afin que d’autres régions du Yémen ne subissent pas de violences et de souffrances inutiles.  Notant que la Coalition, dirigée par l’Arabie saoudite et le Gouvernement du Yémen, s’est montrée ouverte à un cessez-le-feu mais que les houthistes semblent déterminés à poursuivre leur campagne militaire, Mme Thomas-Greenfield a déclaré que « c’est le moment de changer d’avis ». 

Seul un accord de paix durable entre les parties yéménites peut commencer à inverser la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés les Yéménites, a plaidé la représentante en soulignant les deux millions de jeunes Yéménites subissent une malnutrition potentiellement mortelle.  Pour remédier immédiatement à cette situation, la représentante des États-Unis a annoncé avoir versé au début du mois près de 165 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire au Yémen.  Ils ont réitéré leur appel aux autres pays, en particulier ceux de la région, à accroître leur soutien au Plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, qui reste gravement sous-financé.  Mme Thomas-Greenfield a également partagé les préoccupations de l’UNICEF relatives au sort des enfants au Yémen, appelant la communauté internationale à les protéger.  En dernier lieu, elle est revenue sur les problèmes économiques au Yémen, qui sont inextricablement liés aux efforts plus larges de paix et d’aide humanitaire.  Nous ne pouvons pas parvenir à une solution durable au conflit ou traiter de manière adéquate l’insécurité alimentaire si les griefs économiques sous-jacents qui ont conduit le conflit depuis son début ne sont pas traités, a-t-elle noté avant de rappeler que cinq millions de personnes sont au bord de la famine au Yémen.  Elle a exhorté à nouveau toutes les parties à l’Accord de Riyad à redoubler d’efforts pour le mettre en œuvre et renvoyer le Gouvernement yéménite à Aden, afin qu’il puisse rétablir les services de base et prendre des mesures pour améliorer la stabilité économique.

Sur le processus de paix au Yémen, M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a dit qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit.  Le représentant a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties pour qu’elles instaurent un cessez-le-feu global et explorent les possibilités de négociations sur une proposition de paix en collaboration avec le nouvel Envoyé spécial, les partenaires régionaux et la communauté internationale.  Sur le front humanitaire, il a souligné l’importance d’un financement plus important afin que les organisations humanitaires soient en mesure de fournir une aide à ceux qui en ont besoin au cours des derniers mois de cette année.

M. Dang a jugé urgent de lever complètement le blocus maritime afin d’assurer un approvisionnement prévisible en nourriture et en carburant au Yémen.  En outre, il a fait écho aux appels de l’UNICEF à toutes les parties prenantes pour qu’elles protègent le droit des enfants à l’éducation.  Toutes les parties doivent mettre en œuvre la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité sur la protection des infrastructures civiles, a exhorté le représentant qui a demandé l’accès par l’équipe technique des Nations Unies au pétrolier Safer dès que possible.  Enfin, M. Dang a encouragé les parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a réaffirmé qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit au Yémen, exigeant un cessez-le-feu à l’échelle nationale pour ouvrir la voie à des négociations politiques inclusives.  De tels processus nécessitent la participation pleine, égale et significative des femmes, a-t-elle précisé.  La représentante a également appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et a réitéré son ferme soutien au Gouvernement d’unité du Yémen, avant d’appeler les parties à reprendre le dialogue en vue du retour en toute sécurité du Gouvernement à Aden.  Jugeant très regrettable l’absence de femmes au sein du cabinet, elle a espéré que cette question serait abordée dans un très proche avenir.  

Mme Byrne Nason a réitéré l’appel de l’Irlande à toutes les parties pour qu’elles respectent leurs obligations en droit international humanitaire et des droits de l’homme, et pour qu’elles rendent des comptes pour les crimes commis contre le peuple yéménite, ce qui est essentiel à toute paix durable.  La représentante a jugé honteux que plus de deux millions d’enfants yéménites ne soient actuellement pas scolarisés, que plus de 70% des filles yéménites soient mariées alors qu’elles sont encore mineures, et que les écoles au Yémen continuent d’être attaquées et utilisées à des fins militaires.  Enfin, elle a appelé à la levée des restrictions sur les importations dans le port de Hodeïda, au paiement des salaires des fonctionnaires et à l’accès humanitaire pour tous ceux qui en ont besoin.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté la détérioration de la situation économique, humanitaire et sécuritaire au Yémen ainsi que l’impasse de la solution politique.  Face à la gravité de la situation humanitaire, aggravée par la COVID-19 et les inondations, le représentant a souligné que les moyens militaires ne font qu’accentuer les souffrances et que seule une solution politique permettra de parvenir à une paix pérenne à travers un processus politique inclusif auquel les femmes et les jeunes doivent être associés.

Le représentant a dit vouloir soutenir les efforts du nouvel Envoyé Spécial, M. Grundberg.  Elle a condamné les attaques répétées des houthistes contre l’Arabie saoudite et a exigé qu’elles cessent.  En outre, il a appelé toutes les parties à ne pas s’en prendre aux civils, arguant que cela est contraire au droit international.  Alors que la famine menace des millions de Yéménites et que les déplacements internes se poursuivent, le délégué a appelé à un accès sans entrave et sur tout le territoire de l’aide humanitaire, ajoutant que les opérations humanitaires doivent pouvoir compter sur un financement adéquat.  Pour ce qui est des risques environnementaux liés au pétrolier Safer, la Tunisie a demandé aux houthistes de permettre sans tarder à l’équipe d’inspecteurs des Nations Unies d’y accéder.

Pour M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya), le conflit prolongé au Yémen n’a pas de gagnants, seulement de perdants dont les enfants, les jeunes, les femmes et les personnes âgées.  Leur prière quotidienne est pour la fin de la guerre civile, un retour de la paix et, avec elle, la possibilité de reconstruire leur vie pour retrouver la capacité de se débrouiller seuls.  Le représentant a dit aux parties qu’il n’y a pas de solution militaire à leur conflit, leur demandant de s’engager de manière constructive dans un processus inclusif pour parvenir à un cessez-le-feu national dans un délai convenu et à une solution politique durable au conflit.  Troublé par l’escalade des combats, notamment à Mareb, Jaouf, et Taëz, le délégué s’est particulièrement préoccupé du recrutement d’enfants par des parties pour participer à ces batailles.  Il a condamné l’utilisation d’enfants dans des camps d’entraînement militaires ou sur les lignes de front ou même de leur exposition à des armes de guerre.  

Notant le « message de félicitations » envoyé par Al-Qaida dans la péninsule arabique aux Taliban en Afghanistan, M. Kiboino a déclaré que le Conseil doit répondre de manière unie et ferme pour contrer ces menaces à l’échelle mondiale.  Préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire, il a appelé non seulement à l’augmentation de l’aide humanitaire, mais aussi à des garanties pour l’accès humanitaire.  Une attention particulière doit être accordée à la lutte contre la COVID-19, a dit le délégué.  Il a condamné également les attaques contre des écoles et exhorté les parties à permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité.  M. Kiboino a fait remarquer « le nombre croissant d’attaques mystérieuses utilisant des explosifs improvisés et d’autres engins explosifs sur des navires au large des côtes du Yémen ».  Ces actes menacent la sécurité de la navigation internationale et pourraient perturber considérablement le commerce international et affecter la région et au-delà, a-t-il prévenu.  Enfin, le délégué s’est dit « déçu » du manque de progrès pour résoudre la situation du pétrolier Safer appelant les houthistes à s’engager de manière constructive dans la recherche d’une solution et à éviter une catastrophe environnementale. 

M. GENG SHUANG (Chine) a déclaré que la solution politique est la seule qui soit possible au Yémen.  Il a dit attendre avec intérêt le plan d’action du nouvel Envoyé spécial.  Il a également invité à écouter les pays de la région, estimant que l’ONU devrait renforcer sa coordination avec eux.  La Chine est prête à poursuivre sa coopération avec toutes les parties au conflit, dans le cadre de la l’initiative de paix en cinq points proposée par la Chine en début d’année, a déclaré le représentant.  Au vu de la situation humanitaire du Yémen, il a appelé la communauté internationale à aider davantage le pays.  Enfin, au sujet du pétrolier Safer, il a invité le houthistes à coopérer davantage avec l’ONU afin d’éviter une catastrophe humanitaire et écologique.

À la lumière de l’escalade militaire à Mareb qui a déclenché des opérations de contre-offensive dans d’autres provinces du Yémen, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a craint pour les perspectives de paix dans le pays.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir d’une action militaire qui pourrait conduire à une nouvelle escalade des hostilités avant de réitérer l’importance de la pleine mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad.  Alors que la situation sécuritaire reste précaire, la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour, a-t-il noté parlant de l’augmentation des infections et des décès liés à la COVID-19, des récentes pluies torrentielles et des inondations généralisées qui ont causé des pertes en vies humaines et matérielles.  Tous ces développements ne font que souligner la nécessité d’une livraison régulière, prévisible et sans entrave de l’aide humanitaire et d’un financement adéquat pour les opérations humanitaires d’urgence, a souligné le représentant souhaitant une aide humanitaire renforcée et efficace pour la population yéménite dans tout le pays et sans aucune discrimination.  Le représentant s’est également inquiété des conséquences graves de cette crise prolongée sur toute une génération d’enfants yéménites dont plus de 1,7 million déjà déplacés, qui sont recrutés dans les camps et déscolarisés.  Le représentant a insisté sur l’urgence de gérer la situation du pétrolier Safer, exigeant un accès immédiat de l’équipe d’inspection de l’ONU.

Le moment est venu pour la communauté internationale, en particulier ce Conseil, d’intensifier ses efforts pour une cessation immédiate des hostilités, a estimé le représentant.  « En tant qu’ami de longue date du Yémen », le délégué a réitéré son appel à un cessez-le-feu urgent à l’échelle nationale suivi d’un processus politique solide et inclusif dans le plein respect de l’unité, de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Yémen.  « Seule une telle approche peut aboutir à une paix durable au Yémen. »  Dans cet esprit, il a exhorté toutes les parties au Yémen à mettre immédiatement fin aux combats et à s’engager de bonne foi avec le nouvel Envoyé spécial, M. Grundberg, sans aucune condition préalable, pour le bien-être du peuple yéménite.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a mis sur le dos des houthistes la poursuite des hostilités au Yémen et a accusé l’Iran de soutenir les rebelles qui refusent toutes les solutions au conflit.  Accusant ces derniers de poursuivre leurs attaques contre les populations et les infrastructures civiles y compris jusque dans le « pays-frère d’Arabie saoudite », le représentant a assuré que le Gouvernement prend en charge la situation des milliers de déplacés.  Il fait face à sa responsabilité, a-t-il assuré.  « Nous avons accepté les différentes solutions à la guerre et sommes prêts à faire des compromis, y compris l’initiative du Conseil du Golfe. »  Il a appelé la communauté internationale à faire pression sur les houthistes pour qu’ils choisissent la paix.  

Le Gouvernement attend avec intérêt les actions de la communauté internationale pour alléger la crise humanitaire, a indiqué le délégué faisant porter l’échec des solutions politiques au conflit au coup d’État des houthistes de 2014.  Ils utilisent aujourd’hui le port de Hodeïda pour lancer des missiles sous-marins et s’attaquent ainsi à la navigation internationale, a dénoncé le représentant y voyant un péril à l’approvisionnement mondial, notamment en carburant.  Il a aussi accusé les houthistes de violer l’Accord de Stockholm.  M. Al-Saadi a souligné la nécessité pour la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) de pourvoir s’acquitter de son mandat. 

Les attaques des houthistes aggravent les déplacements de population en prenant pour cible les civils, a ajouté le représentant.  Ces actes constituent des crimes contre l’humanité, a-t-il averti invitant la communauté internationale à prendre ses responsabilités face à ces violations des droits de l’homme.  Le Conseil de sécurité doit faire cesser ces attaques, a encore prié M. Al-Saadi qui a accusé les houthistes d’utiliser la famine comme arme de guerre.  Il a demandé d’y mettre un terme, réitérant que les rebelles houthistes doivent être empêchés de pouvoir aggraver la crise.  Regrettant que les efforts de la communauté internationale dans ce sens ne suffisent pas, le représentant a demandé à soutenir le Gouvernement qui s’efforce de rétablir la stabilité économique.  Il faut aider l’économie nationale et éviter l’effondrement de la monnaie, a dit le représentant.  Il a demandé d’aider la Banque centrale du Yémen à stabiliser la valeur du rial, avant de tenir une nouvelle fois les houthistes pour responsables de dégâts éventuels que pourrait causer la débâcle du pétrolier Safer.  L’ONU doit s’efforcer de protéger le pétrolier et éviter la catastrophe, a-t-il conclu. 

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