8838e réunion - matin
CS/14607

Le Conseil de sécurité examine le potentiel et les enjeux des nouvelles technologies au service du maintien de la paix au XXIe siècle

Ce matin, à l’initiative de la présidence indienne, grand pays contributeur de contingents aux opérations de paix de l’ONU, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration présidentielle qui met l’accent sur le potentiel des technologies nouvelles dans le contexte du maintien de la paix et sur les menaces qu’elles risquent de poser.

Dans cette déclaration, le Conseil souligne son attachement à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et rappelle que les pays qui fournissent de contingents et les États Membres doivent collaborer pour faire en sorte que les missions bénéficient des ressources dont elles ont besoin.  Or, constate le Conseil, la technologie peut agir comme un multiplicateur de force en améliorant la performance, en économisant les ressources, en simplifiant les méthodes de travail et en aidant les missions de maintien de la paix à mieux comprendre les contextes dans lesquels elles opèrent.  Cela se fait notamment par l’amélioration de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données.  

Surtout, les technologies existantes et nouvelles peuvent, insiste le Conseil, concourir à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus et à la protection des civils, en favorisant des prises de décision efficaces et opportunes, notamment au moyen d’une alerte et d’une réaction rapides. 

Lors du débat ministériel qui a suivi l’adoption de ce texte, le Secrétaire général a déclaré que « le numérique représente l’une des plus grandes opportunités, mais aussi l’un des plus grands défis, de notre temps », appelant la communauté internationale à œuvrer ensemble pour une meilleure gouvernance de l’espace numérique.  Dans le domaine du maintien de la paix, les outils s’appuyant sur les technologies numériques, tels que les caméras à longue portée, les drones et les radars de surveillance au sol, aident les soldats de la paix à protéger les civils et eux-mêmes, a-t-il fait valoir. 

S’il ne fait pas de doute que les nouvelles technologies ont un potentiel important, lorsqu’elles sont utilisées de manière responsable, pour garantir des opérations plus sûres et plus efficaces, M. António Guterres a toutefois mis en garde contre « les menaces inconnues et graves » qu’elles posent, comme en témoignent la prolifération en ligne d’idéologies extrémistes violentes, les cyberattaques de plus en plus répandues et la désinformation mortelle sur les vaccins.  Ces développements créent des défis nouveaux et urgents pour les opérations de paix « qui ont été conçues dans un monde analogique ».  C’est pourquoi le Secrétaire général a appelé à pleinement intégrer le numérique dans le mode de fonctionnement des missions pour améliorer l’agilité, l’anticipation et la réactivité de l’ONU face aux conflits.

Si tous s’accordent à dire qu’il faut un changement dans la culture du maintien de la paix, ainsi qu’un changement systémique, l’ONU a pris les devants en développant sa stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, a expliqué le Chef de l’ONU.  Cette stratégie cherche précisément à utiliser les opportunités offertes par les technologies numériques au maintien de la paix, et à en atténuer les risques.

Pour le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, le maintien de la paix du XXIe siècle doit être ancré dans un solide écosystème de technologie et d’innovation en vue de faciliter la mise en œuvre des mandats des missions de l’ONU qui opèrent souvent dans des environnements complexes.  En tant que pays contributeur de troupes, l’Inde a tenu à mettre l’accent aujourd’hui sur la sécurité des Casques bleus et sur le rôle que peuvent jouer les nouvelles technologies à cet égard.  Le Ministre a proposé un cadre en quatre points pour définir une architecture visant à sécuriser ces troupes face aux menaces contemporaines. 

Ainsi, l’Inde a appelé à pleinement utiliser les technologies éprouvées, rentables, largement disponibles et fiables sur le terrain, mais aussi à développer une solide base d’information, y voyant le seul moyen de garantir une alerte précoce et la mobilisation d’une réponse cohérente et rapide.  L’Inde, tout comme la France et l’Irlande, ont d’ailleurs appelé à soutenir le déploiement de la plateforme UNITE Aware qui vise précisément à utiliser les technologies pour protéger les soldats de la paix dans des environnements de plus en plus complexes.  

L’accent doit aussi être mis sur la formation du personnel de maintien de la paix aux nouvelles technologies.  Pour l’Inde, cela signifie un engagement à long terme avec l’Académie des transmissions des Nations Unies du Centre de services régional d’Entebbe, en Ouganda, alors que le Centre conjoint de formation aux opérations de maintien de la paix du Mexique (CECOPAM) dispense une formation utilisant des éléments technologiques dans le processus d’apprentissage, comme l’a signalé le Mexique. 

Dans son intervention, la France a relevé le besoin pour le maintien de la paix de s’adapter, en faisant valoir le triple potentiel offert par les technologies qui peuvent renforcer la protection des civils, soutenir la performance des missions et contribuer à la protection des Casques bleus.  La Fédération de Russie a toutefois appelé à ne pas perdre de vue que le principal objectif de l’utilisation des nouvelles technologies par les opérations de paix est et doit rester la sécurité des Casques bleus, et que cela ne doit en aucun cas empiéter sur la souveraineté du pays hôte et les droits des populations locales.  Des droits que plusieurs membres du Conseil ont appelé à respecter, notamment celui de la vie privée.

La Norvège a aussi fait remarquer que l’utilisation de la technologie peut améliorer les processus politiques, ce qui permet un environnement protecteur et profite in fine aux soldats de la paix comme aux civils.  Elle a vu les technologies numériques comme un élément clef pour favoriser un processus politique inclusif, en facilitant une compréhension analytique et sensible au genre.  Il faut une technologie « transformatrice en matière de genre », et non « aveugle au genre », a renchéri l’Irlande.  Dans le sens de l’inclusion, la déléguée irlandaise a aussi plaidé en faveur d’une coopération accrue avec les organisations régionales, le secteur privé et la société civile afin d’utiliser de manière responsable les nouvelles technologies. 

Enfin, les membres du Conseil ont été nombreux à s’appuyer sur la réunion ministérielle de Séoul sur le maintien de la paix, prévue en décembre prochain, qui sera l’occasion de poursuivre la réflexion sur ces questions. 

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité 

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix.

Le Conseil souligne l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour promouvoir et maintenir la paix et la sécurité internationales, et affirme qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des règlements politiques, étant fermement convaincu que de tels règlements devraient inspirer la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat.

Le Conseil constate que les Casques bleus opèrent dans des contextes difficiles et dangereux et, à cet égard, se déclare profondément préoccupé par les menaces à la sécurité et les attaques dont ils font l’objet dans bon nombre de missions de maintien de la paix, condamne avec la plus grande fermeté les meurtres et tous les actes de violence visant les membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, notamment mais non exclusivement leur détention et leur enlèvement, rappelle que les attaques dirigées contre eux pourraient constituer des crimes de guerre, et rend hommage à tous ceux qui ont perdu la vie au service des Nations Unies.

Le Conseil souligne qu’il attache une grande importance à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et que le Secrétaire général, les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police et les États Membres doivent collaborer pour faire en sorte que les missions bénéficient des ressources dont elles ont besoin et que tout le personnel de maintien de la paix sur le terrain soit apte et prêt à s’acquitter efficacement de son mandat dans des conditions de sécurité et dispose des moyens nécessaires à cette fin. 

Le Conseil constate que la technologie peut agir comme un multiplicateur de force en améliorant la performance, en économisant les ressources, en simplifiant les méthodes de travail et en aidant les missions de maintien de la paix à mieux comprendre les contextes dans lesquels elles opèrent, par l’amélioration de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données, insistant sur le fait que les technologies existantes et nouvelles peuvent concourir à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus et à la protection des civils, en favorisant des prises de décision efficaces et opportunes, notamment au moyen d’une alerte et d’une réaction rapides.

Le Conseil, notant que les Casques bleus sont déployés dans des contextes où la situation politique et les conditions de sécurité sont complexes et se dégradent et font face à des menaces asymétriques et complexes, notamment la menace terroriste, souligne qu’il convient de mettre à profit les moyens technologiques disponibles pour contribuer à une meilleure perception de la situation des missions de maintien de la paix et des Casques bleus se trouvant en première ligne, par des mesures, notamment de surveillance et d’observation, visant à améliorer l’acquisition d’informations et l’analyse des capacités, qui renforceront l’aptitude à prendre des décisions éclairées aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique, tout en respectant les limites du mandat et la zone d’opérations, en application des directives et règlementations existantes des Nations Unies et conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire.

Le Conseil encourage une meilleure intégration des technologies existantes et nouvelles, en particulier le numérique, afin d’améliorer l’appui aux missions et de faciliter l’exécution de ses mandats en matière de sécurité et de sûreté et de protection des civils, et engage les pays fournissant des contingents ou du personnel de police et les missions à promouvoir les technologies axées sur le terrain, fiables et économiques, qui répondent aux besoins concrets des utilisateurs finals, en tenant compte notamment des questions de genre, conformément au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire, et souligne à cet égard la nécessité de tenir des consultations avec les États Membres et les pays hôtes, selon qu’il convient.

Le Conseil est favorable à la poursuite des efforts visant à améliorer l’état de préparation opérationnelle et la performance des Casques bleus par l’utilisation de technologies et services standards et note l’élaboration d’une stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à la suite de l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général portant notamment sur la performance, la sécurité et la sûreté et la protection.

Le Conseil prend note des initiatives en cours du Secrétaire général et notamment de la plateforme UNITE Aware, qui vise à intégrer les capacités techniques et d’innovation des États Membres afin de répondre aux besoins spécifiques des missions de maintien de la paix, et encourage la participation des États Membres à l’appui de telles initiatives.

Le Conseil se félicite de l’engagement pris par les États Membres de promouvoir des solutions écoresponsables aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et appuie à cet égard l’action menée par le Secrétaire général et les pays fournissant des contingents ou du personnel de police afin de permettre aux missions de maintien de la paix des Nations Unies d’utiliser de manière plus fréquente les énergies renouvelables qui peuvent accroître la sécurité et la sûreté du personnel des Nations Unies, l’efficience des missions et la durabilité.

Le Conseil engage le Secrétaire général à continuer de s’employer avec les États Membres à envisager les technologies disponibles et futures et les meilleures pratiques pouvant concourir à la sécurité et la sûreté des Casques bleus et à la protection des civils et favoriser des missions de maintien de la paix plus sûres et plus efficaces, en portant son attention sur des solutions techniques qui soient économiques et adaptées aux missions.

Le Conseil engage le Secrétaire général à lui présenter, dans ses rapports périodiques, des mises à jour sur l’utilisation de nouvelles technologies à l’appui des missions de maintien de la paix des Nations Unies, selon qu’il conviendra.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a noté que ces dernières décennies les conflits sont devenus de plus en plus inextricables, insolubles et prolongés, tandis que les acteurs se sont multipliés et diversifiés.  Les outils de guerre sont devenus de plus en plus sophistiqués et l’internationalisation croissante des guerres civiles a rendu leur règlement encore plus complexe, a-t-il ajouté avant de citer aussi les effets dévastateurs de la crise climatique sur les terres et les ressources, combinés à des vulnérabilités socioéconomiques croissantes, qui alimentent les conflits et provoquent de nouvelles souffrances.  Ces changements dans les conflits s’accompagnent d’une transformation sociétale plus large mue par les nouvelles technologies, a poursuivi le Secrétaire général en soulignant les grandes opportunités du numérique, mais en relevant qu’il représente aussi l’un des plus grands défis de notre temps.  Comme le prévoit la feuille de route pour la coopération numérique, la communauté internationale doit se rassembler davantage pour mieux gouverner l’espace numérique, tout en relevant ses nombreux défis, a-t-il recommandé.

Dans le domaine du maintien de la paix, les outils s’appuyant sur les technologies numériques, tels que les caméras à longue portée, les véhicules aériens sans pilote et les radars de surveillance au sol, aident les soldats de la paix à protéger les civils et eux-mêmes, a apprécié M. Guterres.  Les nouvelles technologies ont un potentiel important, si elles sont gérées de manière responsable, pour permettre des opérations plus sûres, sans danger et plus efficaces, a fait valoir le Secrétaire général.  Mais les nouvelles technologies posent également des menaces inconnues et profondes, comme en témoignent la prolifération en ligne d’idéologies extrémistes violentes, les cyberattaques de plus en plus répandues et la désinformation mortelle sur les vaccins.  Les technologies émergentes brouillent également les frontières entre la guerre et la paix, a-t-il déploré en constatant que les États et les acteurs non étatiques se livrent à des actes malveillants qui ne dépassent pas les seuils communément admis pour l’usage de la force, mais qui peuvent néanmoins avoir un impact dévastateur.  

Les acteurs anonymes peuvent cibler les infrastructures cruciales telles que les centrales électriques, les hôpitaux, les installations gouvernementales et les systèmes informatiques essentiels au fonctionnement de nos sociétés, a redouté le Secrétaire général ajoutant que l’utilisation clandestine de ces technologies fait courir le risque d’une escalade involontaire, voire d’un conflit généralisé.  Des roquettes et des missiles à longue portée plus précis permettent aux États et aux groupes armés non étatiques de mener des frappes ciblées à grande distance, y compris contre des zones peuplées et l’on assiste également aujourd’hui à une utilisation accrue des systèmes d’armes autonomes, s’est-il inquiété.

Sur toutes ces questions émergentes, le Secrétaire général a appelé les gouvernements à travailler ensemble pour s’assurer qu’un contrôle et un jugement humains suffisants sont conservés dans l’utilisation de la force.  Concrètement, il a souligné que les nouvelles technologies modifient l’échelle et la vitesse des attaques, ainsi que le caractère et la nature de la violence et de la destruction en temps de guerre, avec un impact indélébile sur les populations civiles.  Ces développements créent des défis nouveaux et urgents pour les opérations de paix, qui sont directement confrontées à ces défis.  

Concédant que le maintien de la paix de l’ONU a été conçu dans un monde analogique, le Secrétaire général a estimé qu’il est désormais essentiel qu’il s’intègre pleinement au monde numérique pour améliorer l’agilité, l’anticipation et la réactivité de l’ONU face aux conflits, et pour être en mesure de relever les défis d’aujourd’hui et de demain.  Un changement dans la culture du maintien de la paix, ainsi qu’un changement systémique, sont nécessaires pour que cela se produise, a-t-il reconnu en faisant valoir à cet égard que l’ONU a développé une stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix.  Cette stratégie, a-t-il expliqué, cherche à utiliser les opportunités offertes par les technologies numériques pour le maintien de la paix, à atténuer les risques qu’elles posent et à promouvoir leur utilisation.  La stratégie fait avancer la vision de mon deuxième mandat, a déclaré M. Guterres - une ONU renouvelée, agile, dynamique et évolutive pour anticiper et résoudre des problèmes complexes.

La transformation numérique dans le maintien de la paix contribuera à l’un des objectifs centraux d’Action for Peacekeeping Plus: faire avancer le maintien de la paix fondé sur des données et la technologie.  

La stratégie, a précisé M. Guterres, se concentre sur quatre objectifs: stimuler l’innovation technologique au Siège et sur le terrain; maximiser le potentiel des technologies actuelles et nouvelles pour augmenter la capacité des missions à s’acquitter efficacement de leurs mandats; permettre aux opérations de paix de détecter, d’analyser et de traiter les menaces contre les civils, les soldats de la paix et les missions humanitaires et politiques de manière opportune et intégrée; et enfin veiller à une utilisation responsable des technologies numériques par les opérations de paix en élaborant des principes clairs et en faisant preuve de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme partout où il existe un risque de préjudice.

Alors que la transformation numérique imprègne déjà les opérations de maintien de la paix de l’ONU et que la plateforme UNITE Aware promet une approche intégrée de la connaissance de la situation qui pourrait être utilisée par les composantes civiles, militaires et policières, le Secrétaire général a également parlé de l’initiative Smart Camp qui permettra des opérations de paix plus intégrées, efficaces et plus écologiques.  Mais, a-t-il concédé, pour réaliser la vision de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix au cours des trois prochaines années, l’ONU a besoin d’un engagement et d’un soutien actifs des États membres.  Elle compte sur l’aide pour le renforcement des capacités et la formation, la fourniture d’équipements et des contributions financières.  La prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix en République de Corée peut faire avancer le processus de transformation numérique, a espéré le Secrétaire général alors que l’initiative « Partenariat pour la technologie dans le maintien de la paix » offre une autre opportunité.

En fin de compte, pour qu’il y ait un changement culturel et une transformation qui auront un impact réel sur le terrain, il faudra pouvoir compter sur l’engagement non seulement des acteurs étatiques, mais aussi de la société civile, du secteur technologique et du monde universitaire, a conclu le Secrétaire général pour lequel ce défi peut être relevé.

Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, a relevé qu’avec la complexité croissante de la nature des missions de maintien de la paix et des menaces, il est vital que nos capacités à sécuriser les soldats de la paix suivent le rythme.  Le maintien de la paix du XXIe siècle doit donc être ancré dans un solide écosystème de technologie et d’innovation qui peut faciliter la mise en œuvre des mandats des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans des environnements complexes, a souhaité le Ministre.  Il a souligné que ces dernières années, les Casques bleus ont été confrontés à un niveau plus élevé de menaces asymétriques, allant des mines terrestres aux engins explosifs improvisés.  Le maintien de la paix de l’ONU ne peut tout simplement pas se permettre de céder l’avantage de l’information aux acteurs déterminés à saper les perspectives de paix en utilisant la technologie moderne pour soutenir leur cause violente, a-t-il plaidé.  

Le Ministre a proposé un cadre en quatre points pour définir une architecture visant à sécuriser les Casques bleus face aux menaces contemporaines.  Premièrement, il a conseillé de se concentrer sur des technologies éprouvées, rentables, largement disponibles, fiables et utilisables sur le terrain.  Celles-ci doivent également privilégier la mobilité, tant au sens de la maniabilité agile des actifs de la mission qu’au sens de l’usage des plateformes numériques.  Lorsqu’elles sont déployées, les technologies doivent être respectueuses de l’environnement grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, ainsi qu’à l’utilisation de matériaux de construction respectueux de l’environnement.  Deuxièmement, nous avons besoin d’une solide base d’information et de renseignement, a demandé le Ministre, y voyant le seul moyen de garantir une alerte précoce et la mobilisation d’une réponse cohérente et rapide.  « C’est dans ce cadre que l’Inde soutient l’ONU dans le déploiement de la plateforme UNITE Aware dans certaines missions de maintien de la paix. »  Nous devons veiller à ce que toute attaque contre un soldat de la paix ou un civil soit prévisible, évitable ou que l’on réagisse immédiatement, a-t-il recommandé. 

Troisièmement, nous devons contribuer à garantir que les améliorations technologiques soient continues et disponibles sur le terrain, dans l’équipement que portent les Casques bleus et les armes et outils qu’ils utilisent pour améliorer leur mobilité, leurs performances, leur endurance, leur portée et leurs capacités de transport, tout en garantissant leur sûreté et sécurité.  Pour M. Jaishanhar, cela comprend également le renforcement de la communication au sein des missions et l’amélioration de la capacité globale de prendre des décisions éclairées aux niveaux tactique et opérationnel.  Son quatrième point a été de prévoir une formation cohérente et le renforcement des capacités des soldats de la paix dans le domaine de la technologie, ce qui nécessite plus d’attention et des investissements.  C’est dans cet esprit que l’Inde s’est engagée dans un engagement à long terme avec l’Académie des transmissions des Nations Unies du Centre de services régional des Nations Unies d’Entebbe, en Ouganda, pour répondre aux besoins de formation, relier celle-ci aux capacités technologiques disponibles et façonner les besoins futurs.  De plus, la transparence maximale doit rester un principe de l’utilisation de la technologie du maintien de la paix, en particulier lorsqu’elle est utilisée pour permettre la collecte et le partage d’informations, a-t-il conclu.

Mme EVA-MARIA LIIMETS, Ministre affaires étrangères de l’Estonie, a salué le fait que les technologies modernes soient de plus en plus intégrées dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies afin d’améliorer leurs performances et la sécurité du personnel.  Les opérations de maintien de la paix ne peuvent être à la traîne des avancées des technologies, a insisté la Ministre.  Mme Liimets a ensuite énuméré des mesures pratiques à prendre pour une meilleure utilisation des innovations dans les missions de maintien de la paix.  Elle a ainsi recommandé de mieux exploiter les connaissances collectives disponibles et a salué la plateforme UNITE Aware du Secrétaire général tout en encourageant une coopération accrue dans ce domaine.  Mme Liimets a aussi jugé essentiel de veiller à ce que des cadres politiques, juridiques et financiers soient en place pour permettre la meilleure utilisation de toutes les connaissances.  L’Estonie attend avec intérêt la publication de la stratégie de transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a dit la Ministre avant de réitérer que les opérations de maintien de la paix devraient utiliser les meilleures technologies qui existent, suivre leur évolution et les utiliser de manière responsable.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que les Casques bleus, qui travaillent jour et nuit dans des environnements complexes, méritent les outils technologiques les plus avancés.  Des technologies adéquates contribuent à leur sécurité et à celle des communautés qu’ils servent, a-t-elle fait valoir.  Soulignant l’importance d’une utilisation appropriée des nouvelles technologies, elle a déclaré que l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix est une priorité de l’initiative des Nations Unies pour le maintien de la paix et de son propre pays.  Se félicitant de ce que la prochaine conférence ministérielle sur le maintien de la paix en République de Corée ait prévu d’aborder la nécessité pour les missions d’améliorer leurs capacités médicales à l’aide de la technologie, la représentante a annoncé que les États-Unis veulent s’engager davantage dans ce domaine.

Notant par ailleurs que les missions de maintien de la paix des Nations Unies dépendent fortement des carburants diesel -qui représentent la plus grande partie de leurs émissions de gaz à effet de serre-, la représentante a estimé que le moment est venu de « perturber » cette dépendance au diesel.  Elle a poursuivi en soulignant que l’innovation et la technologie doivent être utilisées de manière responsable.  Si les véhicules aériens sans pilote sont prometteurs, l’utilisation de ces technologies doit être pleinement conforme aux doctrines et politiques des Nations Unies ainsi qu’au droit international humanitaire et au droit des droits de l’homme, a-t-elle plaidé.  Elle a mis en garde que la technologie peut améliorer la sécurité, mais peut aussi être utilisée comme une arme pour nuire.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé que compte tenu de l’augmentation et de la diversification des menaces traditionnelles et émergentes et des graves défis à la paix et à la sécurité internationales et à la vie de millions de personnes dans les zones de conflit, il n’est pas possible d’y faire face avec des moyens traditionnels.  Ainsi, l’utilisation des technologies modernes est nécessaire, en passant par l’adoption d’une stratégie claire pour les inclure dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix.  Dans ce contexte, le représentant a souhaité que les missions de maintien de la paix développent les moyens de leur travail d’analyse et de terrain en utilisant des applications d’intelligence artificielle pour analyser les informations liées aux conflits, et adopter la cartographie satellitaire et les données.  Cela permettrait, entre autres, de déterminer les zones de présence des personnes déplacées et des réfugiés, ainsi que les moyens de les atteindre, et d’identifier leurs besoins, en plus de la documentation des violations des droits de l’homme et de la surveillance des mouvements des parties au conflit.  

Le représentant a également reconnu que les technologies modernes pourraient renforcer la sécurité et la protection des Casques bleus, telles que des dispositifs de détection d’explosifs improvisés.  Il a souligné en outre la nécessité d’utiliser des drones pour atteindre les zones de conflit difficiles d’accès ou qui présentent un degré élevé de risque pour la vie des soldats de la paix.  Enfin, le délégué a salué l’initiative de l’Inde qui a lancé la plateforme UNITE Aware pour renforcer la sécurité des Casques bleus à l’aide de la technologie moderne.

Saluant l’adoption de la déclaration présidentielle, M. DAI BING (Chine) a souligné que l’utilisation des technologies doit renforcer la sécurité des missions et diminuer les risques posés aux personnels.  Elles doivent notamment renforcer les capacités des missions à s’acquitter de leurs mandats respectifs, a plaidé le représentant.  M. Dai a demandé au Secrétariat de se pencher sur une étude sur les menaces que représentent les engins explosifs improvisés et voir comment les technologies peuvent aider les Casques bleus à se protéger de ces engins.  Le représentant a souligné la nécessité de consulter les pays hôtes avant le déploiement de ces technologies et de respecter leur souveraineté.  Celles-ci devraient être utilisées conformément aux besoins sur le terrain et ne pas hypothéquer la sécurité des pays hôtes, a prévenu la Chine.  

Le délégué a annoncé une initiative de sa délégation relative à l’utilisation des technologies sur les données afin d’améliorer la sécurité des missions.  Il a demandé la mise à jour de la liste des engins explosifs improvisés et l’établissement d’une bonne planification de cette opération.  M. Dai a prié les États Membres de s’acquitter de leurs contributions au budget des missions de maintien de la paix rappelant que la Chine est la plus importante contributrice à ce budget parmi les membres permanents du Conseil.  Le représentant a demandé au Secrétariat, au Conseil de sécurité et aux pays contributeurs de contingents de mettre en œuvre une formation adéquate pour les Casques bleus pour la protection desquels il existe des dispositions très précises.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que la technologie moderne est devenue un outil indispensable du maintien de la paix et notamment de la protection des soldats de la paix.  Dans ce cadre, il a recommandé d’intégrer la technologie dans les mandats des missions et de veiller à ce que les effectifs et le matériel approuvés comprennent les moyens technologiques nécessaires et les crédits budgétaires correspondants.  Cette technologie devrait comprendre des équipements de lutte contre les engins explosifs improvisés et les restes explosifs de guerre, la capacité de détecter et d’exploiter l’espace des médias sociaux pour s’assurer que les Casques bleus sont en avance et la capacité d’exploiter le spectre électromagnétique au profit des missions de maintien de la paix.  M. Kimani a aussi souhaité que les pays fournisseurs de contingents et de forces de police soient encouragés à se déployer avec des équipements technologiques essentiels que l’ONU devrait être prête à rembourser.  

De plus, selon le représentant, des normes communes devraient être strictement respectées par toutes les missions.  Il a aussi appelé à partager les solutions technologiques et le matériel entre les missions.  Le délégué kenyan a jugé en outre essentiel de gagner et maintenir la confiance des pays hôtes en veillant à ce que les informations recueillies à l’aide de cette technologie moderne ne soient utilisées que pour protéger le mandat de l’ONU, son personnel et ses installations, ainsi que les civils du pays hôte.  Enfin, a-t-il conclu, la technologie doit entrer en jeu en tant que catalyseur du mandat.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que la technologie et l’innovation, ainsi qu’une formation solide peuvent aider à la sécurité des soldats de la paix.  Le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Inde, participe aux initiatives onusiennes de numérisation du maintien de la paix, a dit le délégué.  Il a signalé que le personnel britannique au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) se sert de la technologie pour la protection des civils et des soldats de la paix.  Pour le délégué, il faut que tous les Casques bleus soient formés et aient toutes les compétences requises, ainsi qu’un équipement adéquat pour leur défense.  C’est pourquoi le Royaume-Uni offre des formations sur des domaines tels que la gestion des engins explosifs improvisés et la sécurisation des frontières.  Enfin, le délégué a déploré la forte empreinte écologique des missions de maintien de la paix, notant par exemple que l’utilisation de gazole par la MINUSMA ne cesse d’augmenter.

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a dit que dans un contexte marqué par des attaques terroristes meurtrières fréquentes contre les Casques bleus, les populations civiles et les forces armées des pays hôtes, l’utilisation de la technologie dans le maintien de la paix apparaît sans nul doute indispensable, en tant que multiplicateur de performance, surtout avec les contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  Face aux capacités croissantes des forces hostiles de se doter régulièrement de nouvelles technologies pour renforcer leur capacité de nuisance, il a conseillé de ne plus attendre dans la mesure où l’on ne peut pas gagner la bataille d’aujourd’hui avec les mêmes moyens que l’on utilisait hier.  Il a vivement encouragé l’utilisation des technologies dans ces opérations afin d’améliorer les performances des missions, faciliter la réalisation rapide et efficace des actions de stabilisation ainsi que la sureté et la sécurité des Casques bleus, la protection des civils sans lesquelles l’accomplissement effectif des mandats serait inachevé. 

Pour M. Aougi, l’utilisation des nouvelles innovations technologiques offre la possibilité d’améliorer significativement la portée, la couverture et l’exactitude des observations sur le terrain et d’aider à combler le fossé qui existe entre les mandats et les capacités.  Elle permettra de réduire les crimes sur les théâtres et ainsi accroître la protection des civils et la sécurité et la sureté des Casques bleus, a continué le diplomate nigérien.  Les nouvelles technologies pourront suppléer le manque de ressources adéquates dont souffrent souvent les missions pour être plus actives dans l’accomplissement efficace de leurs mandats, a-t-il estimé.  Il a toutefois mis en garde que la recherche de la performance ne doit pas occulter la conformité de l’utilisation des nouvelles technologies au respect du droit international et au respect de la vie privée des populations locales.  « Les règles de leur utilisation doivent être clairement énoncées et définies pour éviter les travers. » 

Mme NATHALIE BROADHURST (France) a mis l’accent sur le potentiel des technologies pour améliorer l’efficacité du maintien de la paix.  Condamnant les attaques de groupes armés qui ont, ces derniers jours, fait de nombreuses victimes civiles au Mali, en République centrafricaine ou en République démocratique du Congo, la France a noté que les méthodes des assaillants évoluent avec l’emploi croissant d’engins explosifs improvisés et de mines.  Elle a dès lors plaidé pour que le maintien de la paix s’adapte, en faisant valoir le triple potentiel offert par les technologies qui peuvent renforcer la protection des civils, soutenir la performance des missions et contribuer à la protection des Casques bleus.  En affinant les analyses et les mécanismes d’alerte précoce, les technologies rendent les missions plus réactives, a-t-elle noté.  En permettant des économies d’échelle et la rationalisation des moyens, elles renforcent leur efficience.  En modernisant la défense des camps ou en les dotant d’énergies durables réduisant la fréquence des convois logistiques, elles sécurisent l’action des Casques bleus, a encore fait remarquer Mme Broadhurst.  Elle a recommandé d’adapter l’outil technologique aux besoins du terrain et des Casques bleus et de mener une réflexion sur le niveau approprié de technologies à mettre en œuvre, pour qu’elles répondent à des besoins opérationnels précis.

L’exploitation des technologies suppose aussi l’amélioration des équipements et des capacités, a poursuivi Mme Broadhurst en mentionnant entre autres le potentiel des drones, des systèmes intelligents de détection des roquettes, des outils de protection contre les cyberattaques.  Cela suppose des moyens humains et financiers ainsi qu’une formation préalable et adaptée des Casques bleus, qui incombe au premier chef aux pays contributeurs de troupes.  L’information recueillie par la technologie ne sera utile que si nous sommes en mesure de la traiter, a-t-elle argué avant de demander de partager entre contingents et opérations les méthodes et bonnes pratiques.  Au Mali, les leçons apprises sur la détection et la lutte contre les engins explosifs improvisés gagneraient à être diffusées, a remarqué la représentante à cet égard.  Elle a insisté sur l’impératif d’employer la technologie dans un cadre responsable au service de solutions politiques, en l’utilisant au service de la mise en œuvre des mandats, en pleine conformité avec les principes du maintien de la paix, avec le droit international humanitaire et avec les droits de l’homme.  En dernier lieu, elle a appelé à promouvoir l’insertion numérique de tous, notamment des femmes et des jeunes. 

En conclusion, Mme Broadhurst a souhaité que la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, qui vient d’être finalisée, permette de maximiser le potentiel des technologies, en complément des opérations déjà menées par les Casques bleus et qui doivent se poursuivre.  Elle s’inscrit dans le cadre des priorités de l’initiative A4P+ du Secrétaire général que la France soutient pleinement, a-t-elle ajouté.  

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a estimé que les soldats de la paix peuvent être protégés par l’utilisation des technologies.  Il a précisé toutefois que le déploiement de ces dernières doit s’appuyer sur des besoins concrets et des études préalables.  Les efforts pour le recours aux technologies et à la transformation numérique du maintien de la paix sont louables, a-t-il dit.  Néanmoins, il ne faut pas oublier les inconvénients qu’elles impliquent et il convient de les déployer de manière prudente, afin de garantir la confidentialité des données recueillies, a ajouté le représentant.  Il a invité les États Membres à poursuivre la discussion avec le Secrétariat dans l’optique de l’utilisation des technologies dans le maintien de la paix, aussi bien au sein du Conseil de sécurité que dans d’autres instances onusiennes. 

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a relevé qu’alors que les progrès technologiques se poursuivent à un rythme époustouflant, il est plus que temps que le Conseil de sécurité discute du rôle de la technologie pour le maintien de la paix de l’ONU.  La Norvège est tout à fait d’accord avec l’accent mis sur la technologie en tant que question transversale dans les préparatifs de la conférence ministérielle de Séoul, a-t-il dit avant de saluer la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix.  Selon lui, il s’agit d’une contribution importante à l’énoncé de la vision du Secrétaire général dans laquelle il a identifié la transformation numérique comme un impératif pour les cinq prochaines années.  La Norvège entend donc financer un projet entrepris par le Département des opérations de paix qui utilise les données et la technologie pour améliorer les performances de protection des civils par les opérations des Nations Unies.  Cela inclut la base de données SAGE et la plateforme UNITE Aware.  

Le représentant a également souligné l’importance d’utiliser activement la technologie pour améliorer les processus politiques, étant donné que ces derniers sont propices à l’établissement d’un environnement protecteur, ce qui profite à la fois aux soldats de la paix et aux civils.  Les technologies numériques peuvent aussi jouer un rôle clef pour favoriser un processus politique inclusif, en facilitant une compréhension analytique, sensible au genre et prospective des environnements de conflit.

Cependant, on ne peut pas simplement supposer que l’utilisation active des technologies numériques et autres changera tout pour le mieux, a-t-il averti.  Il a salué les principes directeurs de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix, dont ceux qui prescrivent de « ne pas nuire, l’inclusion et la transparence, ainsi que la durabilité et l’évolutivité ».   Ces principes sont tout aussi pertinents en ce qui concerne l’utilisation d’autres technologies, a-t-il ajouté en demandant que la dignité numérique des personnes concernées soit préservée en protégeant leurs données personnelles.  Dans l’avenir, il a souhaité que les discussions sur l’utilisation de la technologie soient intégrées dans tous les aspects du processus de planification du maintien de la paix.  De plus, l’utilisation des différentes technologies doit être continuellement évaluée et adaptée au fur et à mesure de l’avancement des missions et des enseignements tirés.  « Nous devons nous engager dans le partenariat et la coopération, non seulement au sein de l’ONU et entre les États Membres, mais aussi avec ceux qui développent de nouvelles technologies, les groupes de réflexion, le secteur privé, les universités et les ONG », a-t-il conclu.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a condamné les dernières attaques qui ont visé des soldats de la paix dans le nord du Mali et les installations de la MANUA en Afghanistan, appelant à enquêter rapidement et à traduire en justice les auteurs.  S’agissant des technologies, Mme King a dit qu’il faut faire en sorte qu’elles soient largement mises à la disposition de chaque opération de maintien de la paix.  À cet égard, a-t-elle indiqué, il est essentiel que toutes les parties prenantes, y compris les pays fournisseurs de contingents et de police, les États Membres et le Secrétariat travaillent en étroite collaboration pour doter chaque mission de ressources suffisantes ainsi que de mandats clairs, ciblés et réalisables afin de veiller à ce que les soldats de la paix soient en mesure de s’acquitter de leurs tâches en toute sécurité et efficacement. 

Le renforcement de la coopération triangulaire est essentiel à la mise en œuvre des résolutions 2436 (2018) et 2518 (2020) qui traitent de la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a rappelé la représentante.  Les technologies modernes doivent faciliter la détection, la gestion et l’élimination des engins explosifs improvisés dans toutes les missions, a insisté encore Mme King estimant que chaque fois que c’est possible, elles doivent être transférées aux pays hôtes qui sont aux prises avec les risques résiduels des engins explosifs improvisés et autres restes de guerre.  Il est également essentiel que les Casques bleus reçoivent des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 pour les protéger, ainsi que les communautés d’accueil dans lesquelles ils sont déployés, a déclaré la représentante. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné d’emblée la contribution inestimable des Casques bleus à la paix et a exigé des enquêtes sur toute attaque les visant avec la coopération des pays hôtes des missions.  La résolution adoptée aujourd’hui est venue combler certaines lacunes dans ce domaine, s’est réjoui le représentant.

Abordant ensuite la question des équipements des Casques bleus, le représentant a défendu le point de vue que les technologies utilisées doivent avoir pour principal objectif d’assurer leur sécurité et qu’elles ne doivent pas représenter des menaces pour le pays hôte ou pour les populations civiles.  Dans un contexte d’adaptation de l’ONU aux nouveaux défis, le maintien de la paix reste un instrument efficace de règlement des conflits, a estimé le représentant.  Dans le même temps, il a noté que certaines missions sont déployées depuis des décennies sans avoir eu un impact notable sur le règlement des conflits et que le renouvellement de leurs mandats se fait au détriment de la responsabilité des États concernés.  La Fédération de Russie a dès lors insisté sur l’importance de la coopération avec les pays hôtes en appelant à ne pas perdre de vue le plus important, à savoir qu’il faut trouver des solutions politiques aux conflits.  Il ne s’agit pas seulement de traiter les symptômes, a estimé le représentant, sans quoi le règlement de la crise ne peut être que temporaire. 

Pour Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique), la disponibilité et l’utilisation efficace des technologies sont des impératifs dans le cadre du maintien de la paix au XXIe siècle.  Dans le contexte d’une évolution technologique rapide, il est possible de résoudre les défis opérationnels et tactiques, a noté la représentante, notamment en améliorant un déploiement efficace, en appuyant l’accomplissement des mandats et en renforçant la sécurité du personnel sur le terrain et des communautés d’accueil.  Ces technologies peuvent également être un élément essentiel pour les mécanismes d’alerte précoce qui permettent d’éviter de graves crises humanitaires, des atrocités de masse et d’autres violations des droits humains, a-t-elle remarqué en appelant les États Membres à soutenir les efforts de l’ONU pour renforcer les capacités technologiques qui répondent aux besoins sur le terrain. 

Prenant note de la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies « qui est conforme à la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique », le Mexique a salué le travail de coordination entre les différentes entités du système des Nations Unies sur ces questions.  Les enseignements tirés de la pandémie ont montré que l’échange d’informations à distance peut également bénéficier de l’implication d’autres organisations, fonds et programmes des Nations Unies, des acteurs humanitaires sur le terrain et des représentants de la société civile, a remarqué la représentante en appelant à en tenir compte lors de l’ajustement des mandats des opérations de paix, ainsi que des recommandations faites par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C-34) et les pays qui fournissent des troupes et du personnel.

Pour le Mexique, le prochain sommet ministériel sur le maintien de la paix qui se tiendra à Séoul en décembre sera l’occasion d’approfondir les questions transversales des technologies numériques et du développement des capacités médicales.  La représentante a réitéré le soutien du Mexique aux engagements de l’initiative Action for Peacekeeping Plus, en ce qui concerne l’utilisation de la technologie pour améliorer la détection en temps voulu et l’assistance médicale de routine et d’urgence.  Conscient du fait qu’une formation et une éducation constantes sont des aspects essentiels de la sécurité des Casques bleus, le Centre conjoint de formation aux opérations de maintien de la paix du Mexique (CECOPAM) dispense une formation utilisant des éléments technologiques dans le processus d’apprentissage, tels que des laboratoires et des simulateurs qui permettent de reproduire les conditions complexes auxquelles est confronté le personnel déployé.  De même, le Mexique soutient les innovations technologiques pour réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a relevé que la période de reconfiguration et de transition des missions de maintien de la paix élève le risque de menaces tant pour les soldats de la paix que pour les civils.  C’est pourquoi l’Irlande entend tenir une réunion ministérielle sur le sujet le mois prochain au cours de sa présidence du Conseil de sécurité.  Nous avons appris par une expérience amère que les technologies peuvent être utilisées pour déstabiliser ou exacerber les conflits, a-t-elle relevé.  Elle a reconnu que les technologies peuvent également offrir une aide précieuse pour l’accomplissement des mandats des missions.  La manière dont nous exploitons et gérons les nouvelles technologies sera donc cruciale, a estimé la représentante en faisant valoir que la technologie peut jouer un rôle important en tant que multiplicateur de force.  Elle a le potentiel d’offrir aux soldats de la paix des Nations Unies une meilleure connaissance de la situation et une meilleure analyse des données, améliorant ainsi la sûreté et la sécurité des missions tout en augmentant leur efficacité, en particulier en ce qui concerne la protection des civils.  

Mme Byrne Nason a salué la stratégie pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, laquelle soutient l’utilisation de la technologie dans tous les thèmes de l’Action pour le maintien de la paix, y compris la performance, la sûreté et la sécurité, la politique, la protection et la consolidation de la paix.  Afin d’exploiter au maximum les possibilités offertes par la technologie, les missions de maintien de la paix doivent disposer de ressources suffisantes, a-t-elle plaidé.  La formation doit également être conçue pour tirer parti des capacités de la technologie, a également suggéré la déléguée.  Elle a plaidé pour que tous les pays fournisseurs de contingents aient un accès égal aux technologies d’autoprotection.  Elle a reconnu l’importance particulière des véhicules aériens non armés et sans pilote, tout en soulignant que leur utilisation doit toujours être conforme au droit international et respecter les principes et valeurs fondamentaux des Nations Unies.  Elle a appelé à une coopération accrue avec les organisations régionales, le secteur privé et la société civile afin de développer et d’utiliser de manière responsable les nouvelles technologies.  Elle a enfin insisté pour une technologie qui ne fait pas de laissés-pour-compte; une technologie « transformatrice en matière de genre », et non « aveugle au genre ».

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