Conseil de sécurité: débat sur les menaces à la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, 20 ans après le 11 septembre
Présidé pour la deuxième fois cette semaine par le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, le Conseil de sécurité a examiné ce matin « les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme », dans le contexte du basculement du pouvoir entre les mains des Taliban en Afghanistan, et du redéploiement de Daech en Afrique à travers des groupes affiliés.
Venu présenter le treizième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente Daech à la paix et à la sécurité internationales et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à contrer cette menace, le Secrétaire général adjoint Vladimir Voronkov, qui est à la tête du Bureau de lutte contre le terrorisme, s’est inquiété des répercussions considérables sur la paix et la sécurité de l’évolution de la situation en Afghanistan. Faisant écho à l’appel du Secrétaire général à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher que le pays ne devienne un refuge pour les terroristes, M. Voronkov a plaidé pour que l’Afghanistan ne soit plus utilisé comme « rampe de lancement pour le terrorisme mondial ».
Il y a 20 ans, à la suite des attentats terroristes perpétrés le 11 septembre par Al-Qaida, le Conseil de sécurité s’était uni pour adopter une résolution historique, la 1373 (2001) portant création du Comité contre le terrorisme, a-t-il rappelé. Alors que cette année marque aussi les 15 ans de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a appelé les 15 membres du Conseil de sécurité à faire montre de la même unité qu’en 2001.
Une attention particulière a été accordée à l’Afrique au cours de cette séance, le Conseil étant alerté par le Secrétaire général que le développement le plus alarmant au cours des six derniers mois a été la propagation de Daech sur ce continent, depuis le Mali vers le Burkina Faso et le Niger, ainsi que des incursions depuis le Nigéria au Cameroun, au Niger et au Tchad et depuis le Mozambique en République-Unie de Tanzanie. Une réponse mondiale est donc urgente pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales pour lutter contre le terrorisme.
Alarmés, comme la plupart des orateurs, par cette africanisation de Daech, les États-Unis ont promis de neutraliser cette expansion grâce à l’octroi d’une aide spéciale. Cette recrudescence d’attaques terroristes dans les pays africains intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la lutte contre la pandémie de COVID-19, a relevé le Niger qui a particulièrement été affecté par le terrorisme ces derniers mois. « Une calamité ne doit pas en cacher une autre », a dit cette délégation, en identifiant les défis qui rendent ces pays vulnérables au terrorisme: la pauvreté, la famine, la précarité, l’ignorance, le chômage des jeunes, la porosité des frontières, et les conflits intercommunautaires.
Daech a poursuivi la décentralisation de sa gouvernance, a ajouté M. Voronkov en craignant que la capacité et la confiance supplémentaires acquises par ses affiliés régionaux offrent au groupe de nouvelles options, notamment pour orchestrer des attaques internationales et façonner l’impact mondial futur de Daech. Même si les restrictions liées à la pandémie ont réduit le nombre des attaques terroristes, il serait possible que celles-ci reprennent lorsque les restrictions s’assoupliront, a-t-il encore mis en garde.
« Tous ces groupes sont des variants d’un même phénomène, comme les variants alpha et delta du coronavirus », a affirmé le Directeur général de l’Institut afghan d’études stratégiques en évoquant les Taliban. Pour M. Davood Moradian, le fait que le Conseil de sécurité tienne encore des réunions sur Daech atteste du fait que le monde a échoué à traiter la menace terroriste, 20 ans après les attentats du 11 septembre. Il a essayé d’expliquer les raisons de cet échec en commençant par l’absence d’un accord international sur ce que l’on entend par « terrorisme » et par tous les autres noms et étiquettes qui sont utilisés depuis. Il a ensuite jugé responsables les États Membres qui ont toujours cherché à traiter le phénomène du terrorisme comme un phénomène non étatique alors même qu’il est, à bien des égards, étatique, selon lui. Et il a critiqué le fait que nombre de gouvernements ont choisi de se concentrer uniquement sur les menaces terroristes qui les concernent directement plutôt que d’y voir un phénomène mondial.
Il est donc vital que ce Conseil n’adopte pas une vision « sélective, tactique ou complaisante » des problèmes auxquels nous sommes confrontés, a plaidé le Ministre indien des affaires étrangères. « Rappelons-nous toujours que ce qui est vrai pour la COVID-19 est encore plus vrai du terrorisme: aucun de nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous », a-t-il argué. Il faudrait par exemple, a proposé la Tunisie, limiter les mouvements des mercenaires et combattants étrangers vers les zones de conflit et redoubler d’efforts pour réaliser le développement durable et veiller au respect de l’état de droit et des droits de l’homme. Le Kenya a insisté sur l’importance de criminaliser le financement du terrorisme, quand on sait qu’un groupe comme les Chabab a des recettes fiscales qui dépassent celles du Gouvernement fédéral somalien. Plusieurs voix ont aussi demandé plus de collaboration pour couper les terroristes des fonds, y compris des crypto-monnaies.
Au sujet des combattants terroristes étrangers se trouvant en Iraq et en Syrie, M. Voronkov a de nouveau demandé leur rapatriement dans leurs pays respectifs, ce que les États-Unis ont dit faire, tandis que le Royaume-Uni et la France ont préféré que ces combattants soient poursuivis en justice là où ils ont commis ces crimes. La Sous-Secrétaire générale Michèle Coninsx, qui est Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a déploré pour sa part le sort des membres des familles de ces combattants et plaidé pour le respect des droits de l’homme et de l’état de droit dans la lutte mondiale contre le terrorisme. À ce sujet, la Fédération de Russie est revenue sur le cas des prisonniers détenus à Guantanamo en exigeant que leurs droits humains soient respectés. L’Estonie a condamné les tentatives d’utiliser la lutte contre le terrorisme pour violer les droits de l’homme et faire taire les opposants politiques et les membres des minorités religieuses ou ethniques.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME
M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, a déclaré que l’évolution de la situation en Afghanistan a des répercussions considérables sur la paix et la sécurité. Faisant écho à l’appel du Secrétaire général à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher que le pays ne devienne un refuge pour les terroristes, il a plaidé pour que ce pays ne soit plus utilisé comme rampe de lancement pour le terrorisme mondial. Il a indiqué que la menace posée par Daech à la paix et à la sécurité internationales est restée importante et constante au cours des six derniers mois, suscitant de graves inquiétudes au niveau international. En effet, Daech a continué à exploiter les perturbations, les griefs et les revers de développement causés par la pandémie de COVID-19 pour se regrouper, recruter de nouveaux adeptes et intensifier ses activités à la fois en ligne et sur le terrain, a-t-il noté. Son noyau en Iraq et en Syrie a toujours accès à d’importantes réserves financières cachées qui sont estimées entre 25 et 50 millions de dollars. Daech a poursuivi la décentralisation de sa gouvernance, a ajouté M. Voronkov en craignant que la capacité et la confiance supplémentaires acquises par ses affiliés régionaux offrent au groupe de nouvelles options, notamment pour orchestrer des attaques internationales et façonner l’impact mondial futur de Daech.
Même si les restrictions liées à la pandémie ont réduit le nombre des attaques terroristes, il serait possible que celles-ci reprennent lorsque les restrictions s’assoupliront, a mis en garde M. Voronkov. Il a parlé d’une menace accrue à court terme d’attaques par des acteurs isolés ou de petits groupes inspirés et peut-être dirigés à distance par Daech, y compris via Internet. Ce n’est que par des mesures de coopération entre et au sein des pays, y compris la société civile et le secteur privé, qu’il serait possible de contrer la menace terroriste en ligne, a-t-il dit. Pour le moment, Daech reste concentré sur la reconstitution de ses capacités en Iraq et en Syrie, organisées en petites cellules cachées dans le désert et les zones rurales, qui mènent une insurrection contre les forces de sécurité, alors qu’elles longent la frontière entre les deux pays pour éviter la capture. Il a ensuite déploré le sort des combattants étrangers et de leurs proches se trouvant dans des centres de détention et des camps de réfugiés dans ces deux pays. Constatant que cette situation fait le lit de la radicalisation et de la contrebande, M. Voronkov a de nouveau demandé le rapatriement de ces étrangers dans leur pays d’origine.
Le rapport du Secrétaire général décrit que le développement le plus alarmant au cours des six derniers mois a été la propagation de Daech en Afrique, avec des conséquences du Mali au Burkina Faso et au Niger, des incursions du Nigéria au Niger, au Tchad et au Cameroun, ainsi qu’au Mozambique et en Tanzanie. Une réponse mondiale est donc nécessaire de toute urgence pour soutenir les efforts des pays africains et des organisations régionales pour lutter contre le terrorisme et remédier à son interaction avec les conflits, le crime organisé, les lacunes en matière de gouvernance et de développement.
M. Voronkov a déclaré que son bureau avait travaillé avec tous les partenaires pour continuer à répondre aux besoins des États Membres, soutenu par sa nouvelle présence sur le terrain au Maroc et au Qatar. Citant plusieurs projets, tels qu’une initiative de partage des meilleures pratiques, un mécanisme pour enregistrer les noms des passagers des transports aériens et des visites d’étude virtuelles dans les États Membres, il a déclaré que 2021 était une année décisive dans la lutte contre le terrorisme, et a exhorté les États à s’engager de nouveau à mettre fin au fléau. Il y a 20 ans, à la suite des attentats terroristes perpétrés le 11 septembre par Al-Qaida, le Conseil de sécurité s’est uni pour adopter une résolution historique, la 1373 (2001) portant création du Comité contre le terrorisme, a-t-il rappelé. Cette année marque aussi les 15 ans de la Stratégie antiterroriste mondiale, a-t-il noté, en faisant observer que, depuis lors, les groupes terroristes se sont adaptés aux nouvelles technologies. Il a conclu en invitant les 15 membres du Conseil de sécurité à faire montre de la même unité qu’en 2001.
Insistant sur l’évolution rapide de la situation en Afghanistan, Mme MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a réitéré l’appel du Secrétaire général au Conseil pour qu’il prenne toutes les mesures possibles et veille à ce que ce pays ne soit pas utilisé comme refuge pour les terroristes. Elle a ajouté que bien que la pandémie de COVID-19 ait des impacts sur la plupart des domaines d’action contre le terrorisme, c’est quand même un impact « mitigé » dans l’ensemble des zones épargnées par les conflits. Ceci s’explique par le fait que les restrictions liées à la pandémie ont restreint les activités terroristes, y compris dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre. Mais en Afghanistan et en Syrie, les menaces des groupes terroristes ont augmenté, a informé Mme Coninsx.
La Directrice exécutive a dénoncé le sort des membres des familles des combattants terroristes étrangers, dont beaucoup sont laissés dans des zones de conflit, y compris des femmes et des enfants, pointés du doigt pour avoir des liens présumés avec des terroristes. Ils sont bloqués dans des camps surpeuplés et n’ont qu’un accès limité à des procédures régulières. La pandémie de COVID-19 a exacerbée cette situation, a déclaré la Sous-Secrétaire générale évoquant aussi des cas de disparitions forcées et de traitements discriminatoires. Il faut respecter les droits de l’homme et l’état de droit, a prié la haute responsable qui a appelé à renforcer la lutte mondiale contre le terrorisme.
Mme Coninsx a fait part des récentes mesures prises par la DECT afin de mieux aider au renforcement des capacités des États Membres pour qu’ils puissent adopter des cadres efficaces de lutte contre le terrorisme. En collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la DECT a augmenté son appui aux enquêtes et aux poursuites au niveau national au Nigéria et dans la région du bassin du lac Tchad, a annoncé la Directrice exécutive. Aux Maldives et aux Philippines, des formations sur l’utilisation de l’Internet dans la lutte contre le terrorisme ont été menées.
Une étude récente des activités des groupes terroristes dans le monde, a continué Mme Coninsx, a montré qu’ils cherchent à explorer de nouvelles méthodes alternatives de déplacement et de collecte de fonds dans le contexte de la pandémie de COVID-19, y compris l’utilisation de propagandes sur les médias sociaux. C’est ainsi que la DECT a fourni un appui au Groupe de lutte contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Est et en Afrique australe pour améliorer la collecte de renseignements. Elle a averti que Daech et ses affiliés constituent une menace pour la paix et la sécurité en particulier sur le continent africain, et demandé le renforcement de la coopération internationale pour lutter contre ces menaces.
M. DAVOOD MORADIAN, Directeur général de l’Institut afghan d’études stratégiques, a fait le point sur la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité mondiales en replaçant la tragédie afghane dans ce contexte. Le fait que le Conseil de sécurité tienne toujours des réunions sur Daech atteste, selon lui, du fait que le monde a échoué à traiter la menace terroriste, 20 ans après les attentats du 11 septembre. Il a essayé d’expliquer les raisons de cet échec à commencer par l’absence d’un accord international sur ce que l’on entend par terrorisme et par tous les autres noms et étiquettes qui sont utilisés depuis. D’autre part, le monde musulman n’a pas réussi à assumer sa part de responsabilité et est resté passif face à cette menace, a-t-il remarqué en relevant que la plupart des victimes de Daech sont des musulmans. Il a dénoncé une « stagnation intellectuelle et politique » qui a, selon lui, contribué à l’essor du terrorisme.
M. Moradian a ensuite dénoncé la responsabilité des États Membres, qui ont toujours cherché à traiter le phénomène du terrorisme comme un phénomène non étatique alors même qu’il est, à bien des égards, étatique, selon lui. Daech n’aurait pas pu se maintenir et s’épanouir sans le soutien de certains États Membres, a affirmé M. Moradian, regrettant au passage que ces mêmes États jouissent « malheureusement » de la protection du système des Nations Unies. L’ONU est incapable d’affronter le problème du terrorisme soutenu par les États, en a conclu M. Moradian. Il a aussi critiqué le fait que nombre de gouvernements ont choisi de se concentrer uniquement sur les menaces terroristes qui les concernent directement plutôt que d’y voir un phénomène mondial. « L’Afghanistan en est un bon exemple. » « S’il paraît utile et sage d’adopter une approche politique avec les Taliban, alors pourquoi ne pas le faire avec les autres groupes terroristes ou bien l’inverse », a-t-il demandé. Pour M. Moradian, tous ces groupes sont des variants d’un même phénomène, comme les variants alpha et delta du coronavirus.
Dans l’immédiat, il a appelé la communauté internationale à se concentrer sur la dimension humanitaire et la catastrophe en cours en Afghanistan. Pour avoir été témoin de l’horreur à l’aéroport de Kaboul il y a deux jours, M. Moradian a plaidé la cause des millions d’Afghans de différents milieux auxquels il faut apporter un soutien humanitaire urgent. Il convient de faire de Kaboul une zone sûre, protégée par une force de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il recommandé en espérant que cela permette aux factions politique de parvenir à un accord tout en évitant une catastrophe humanitaire. En conclusion, il a martelé que la crise afghane de ces quatre dernières décennies a montré qu’une solution militaire ne peut apporter qu’une brève pause. « Aujourd’hui, c’est aux Talibans et à leurs alliés de se poser la question de leur responsabilité dans la situation désastreuse en Afghanistan. »
Le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, a rappelé que le monde commémorera après-demain la quatrième Journée internationale de commémoration et d’hommage aux victimes du terrorisme. De plus, le mois prochain marquera le vingtième anniversaire de l’horrible tragédie du 11 septembre à New York, a souligné le Ministre en rappelant que l’Inde a connu en 2008 l’attentat terroriste de Bombay, en 2016 l’attaque de la base aérienne de Pathankot et en 2019 l’attentat-suicide de 2019 contre des policiers à Pulwama. Pour le Ministre, il ne peut y avoir aucune exception ou justification à un acte de terrorisme, quelles que soient les motivations derrière de tels actes. Il a souligné que la menace du terrorisme ne peut et ne doit être associée à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.
Malheureusement, certains pays cherchent à saper ou à renverser notre détermination collective à lutter contre le terrorisme, a-t-il remarqué en y opposant sa détermination: « Cela ne peut pas passer. » Il s’est inquiété que, dans le voisinage immédiat de l’Inde, Daech-Khorassan soit devenu plus énergique et cherche constamment à étendre son empreinte. Selon lui, les événements qui se déroulent en Afghanistan ont naturellement accru les préoccupations mondiales quant à leurs implications pour la sécurité régionale et internationale. « Que ce soit en Afghanistan ou contre l’Inde, des groupes comme Lashkar-e-Tayyiba et Jaish-e-Mohammed continuent d’opérer en toute impunité et avec encouragement. » Il est donc vital que ce Conseil n’adopte pas une vision sélective, tactique ou complaisante des problèmes auxquels nous sommes confrontés, a-t-il plaidé. « Rappelons-nous toujours que ce qui est vrai pour la COVID-19 est encore plus vrai s’agissant du terrorisme: aucun de nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous », a-t-il argué.
Pour arriver à éliminer collectivement et sérieusement le fléau du terrorisme, le Ministre a demandé, entre autres, de faire preuve de volonté politique, d’éviter un double standard et de pas bloquer les demandes d’inscription sans aucune raison, ainsi que de fournir un financement plus important au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme. Il est également important, a-t-il dit, de mettre fin à l’impasse empêchant l’adoption d’une convention mondiale sur le terrorisme international que l’Inde défend depuis si longtemps.
Préoccupée par l’expansion de Daech dans certaines régions d’Afrique, Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dit que son gouvernement veut neutraliser cette expansion grâce à l’octroi d’une aide visant à contrecarrer les activités terroristes perpétrées par ce groupe. Cette aide couvre la formation tactique, les équipements, le renforcement des capacités des forces de l’ordre, de la justice et des communautés dans les pays partenaires. Rappelant l’attaque de Daech-Khorassan qui a tué 10 personnes et visé une organisation humanitaire, la représentante a assuré que son gouvernement tient les Taliban comme responsables vu leur engagement à ne commettre aucun acte terroriste contre les États-Unis et leurs alliés à partir du sol afghan. Mme Thomas-Greenfield a réitéré son appel à travailler ensemble pour faire en sorte que l’Afghanistan ne puisse plus jamais servir de base pour le terrorisme.
La représentante a affirmé avoir trouvé des bonnes nouvelles dans le rapport du Secrétaire général, notamment la trajectoire descendante des réserves financières de Daech. C’est en partie grâce au travail de l’ONU, en coopération avec d’autres organes multilatéraux, a-t-elle souligné appelant à poursuivre ces efforts pour les vaincre. Elle a invité les membres du Conseil à s’attaquer au financement du terrorisme et leurs facilitateurs, y compris les monnaies virtuelles et les nouvelles méthodes de paiement. Saluant l’efficacité des sanctions, elle a dit que c’est « un outil contre les branches, les membres et les soutiens de Daech ». Cet outil peut évoluer mais pas au détriment de sa capacité à exercer une pression efficace sur Daech et Al-Qaida, a ajouté la représentante.
Elle a aussi dit que l’approche antiterroriste la plus efficace doit intégrer des perspectives et des voix des victimes y compris les femmes, les jeunes, la société civile, les chefs religieux, les éducateurs, le secteur privé et les communautés touchées. C’est pourquoi les États-Unis octroient un financement aux réseaux de la société civile et d’autres ONG qui aident à renforcer la résilience communautaire et contre l’extrémisme violent. S’agissant de la question difficile des quelque 2 000 combattants terroristes étrangers dans les centres de détention et des 60 000 membres de leurs familles, la déléguée a déclaré qu’aucun enfant ne devrait souffrir pour les crimes commis par leurs parents. « Cette situation est intenable. » C’est une crise humanitaire, une crise des droits de l’homme et une crise sécuritaire, a reconnu Mme Thomas-Greenfield. Elle a estimé que le rapatriement et les poursuites judiciaires contre ces combattants terroristes étrangers sont le meilleur moyen de les tenir responsables de leurs crimes et d’empêcher leur retour non contrôlé dans des pays d’origine ou ailleurs. Les États-Unis, a-t-elle dit, rapatrient leurs propres combattants étrangers.
Alors que le Conseil se penche sur le treizième rapport du Secrétaire général sur Daech et l’EILL, M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté que ces groupes et d’autres organisations terroristes continuent de menacer la paix et la sécurité dans le monde. Il a exprimé sa plus vive inquiétude quant à la menace terroriste croissante dans la région du Sahel, en Afrique centrale et ailleurs en Afrique, pointant du doigt des groupes qui mobilisent des ressources financières, des drones et d’autres équipements. La croissance de cette menace terroriste est imputable à la décentralisation du noyau de Daech qui s’appuie de plus en plus sur des affiliés régionaux sans renoncer à recouvrir son terrain, a expliqué le représentant. En plus des ressources financières qu’ils tirent du recel d’œuvres d’art, du trafic d’armes et des stupéfiants, Daech et Al-Qaida ont recours à des cybermonnaies et des banques virtuelles, a-t-il souligné en appelant la communauté internationale à continuer d’accorder la priorité absolue au financement du terrorisme en surveillant de près l’utilisation des cybermonnaies. De nombreux groupes terroristes sont transnationaux et la pandémie est utilisée dans la propagande extrémiste, a encore mis en garde le représentant.
La première ligne de défense est le traitement des causes profondes du terrorisme et des facteurs qui le nourrissent, a-t-il fait valoir. Il faut notamment limiter les mouvements des mercenaires et combattants étrangers vers les zones de conflit et redoubler d’efforts pour réaliser le développement durable et veiller au respect de l’état de droit et des droits de l’homme. En guise de conclusion, il a salué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui a été adoptée par consensus, espérant que ce consensus se reflèterait au sein du Conseil de sécurité.
M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a demandé l’application d’une perspective de genre dans notre réponse pour faire face aux menaces terroristes. Pour sa part, la Norvège a adopté trois principes dans la lutte antiterroriste. Premièrement, en matière de prévention, le représentant a souligné que chaque attaque terroriste évitée permet de sauver des vies humaines et d’éviter la souffrance ainsi que les coûts économiques d’une attaque et les impacts sociétaux plus importants résultant de la peur du terrorisme. Il a expliqué que la prévention englobe un large éventail de mesures, notamment l’éducation, la fourniture de services de base et la sensibilisation proactive et transversale des institutions gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.
Deuxièmement, en matière de protection, il est essentiel d’empêcher les attaques terroristes par le développement d’infrastructures appropriées, telles que des barrières physiques et d’autres obstacles. Troisièmement, le délégué a évoqué la répulsion du terrorisme. En effet, il a appelé à une enquête et une surveillance efficaces par la police et les institutions de sécurité, ainsi que par des informations destinées au public. M. Kvalheim a ensuite insisté pour le renforcement de la coopération internationale, notamment dans la lutte contre le financement du terrorisme. L’utilisation accrue de la technologie de cryptage et de la crypto-monnaie liée au crime organisé rappelle l’importance de la coordination internationale, a-t-il noté. De même, la prévention de l’utilisation abusive du cyberespace et des plateformes Internet par les extrémistes violents doit être une priorité absolue, a plaidé le délégué.
Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est dite préoccupée par l’augmentation du nombre des victimes de Daech de même que par les activités transfrontalières des groupes terroristes au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigéria, au Tchad, au Cameroun, au Mozambique et en Tanzanie. La représentante s’est aussi inquiétée du fait que Daech profite des restrictions posées par la pandémie de COVID-19 pour faire prospérer sa campagne de désinformation, promouvoir la violence et étendre ses opérations et son recrutement, et également de son accès aux financements et aux armes. Il faut s’attaquer d’urgence à leur l’utilisation des crypto-monnaies, a-t-elle exhorté y compris par la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères et le Traité sur le commerce des armes.
Mme Buenrostro Massieu a par ailleurs souligné la nécessité d’un programme sexospécifique pour prendre en charge les femmes et les filles qui sont victimes de Daech. Elle a demandé au Secrétaire général d’intégrer cette dimension dans son prochain rapport. Elle a réitéré la nécessité de tirer des enseignements et de partager les bonnes pratiques pour s’attaquer aux causes structurelles du terrorisme. Les derniers événements ont montré que la guerre contre le terrorisme axée sur l’action militarisée n’est pas le moyen de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-elle observé. « Il est temps d’investir nos ressources et nos efforts dans la prévention et le développement durable. »
Alors que les projecteurs sont braqués sur l’Afghanistan, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit ne pas pouvoir parler de lutte contre le terrorisme sans parler de cette situation. Rappelant que des forces de l’OTAN et des forces américaines avaient été basées en Afghanistan pendant 20 ans, avec des ressources humaines et financières énormes allouées à la lutte antiterroriste et la formation des forces armées afghanes, il s’est interrogé sur la situation actuelle. « Aujourd’hui, où en sommes-nous? Peut-on penser aujourd’hui que l’Afghanistan ne représente plus une menace en termes de narcotrafic et de terrorisme? » Non, a-t-il répondu en faisant remarquer que les forces alliées ont tout de même décidé unilatéralement de se retirer. Pour sa part, la Fédération de Russie n’entend travailler qu’avec ceux des acteurs politiques en Afghanistan qui ne sont en aucun cas liés au terrorisme, a-t-il prévenu.
Le représentant a expliqué que grâce aux efforts de la Russie et des forces syriennes, l’EILL a été affaibli ces dernières années en Syrie et en Iraq. Cependant, le groupe Hayat Tahrir Al Sham compte toujours près de 15 000 personnes, a-t-il concédé en reprochant à certains États Membres d’y voir une force politique. La Fédération de Russie est également alarmée face à l’extension de l’influence de l’EILL sur le continent africain, a ajouté le délégué.
Pour ce qui est du retour des combattants étrangers, la Fédération de Russie s’est dite favorable à ce qu’ils soient jugés de manière irréversible. Ils doivent être rapatriés dans leur pays d’origine où ils doivent être traduits en justice, a estimé le représentant, ou, à défaut, dans le pays où ils ont commis leurs infractions. Enfin, insistant sur l’impératif du respect des droits humains dans le cadre de la lutte antiterroriste, le représentant russe est revenu sur le cas des prisonniers détenus à Guantanamo et a exigé que leurs droits humains soient respectés. La lutte contre le terrorisme est une lutte commune et il faut coopérer, a-t-il conclu.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit que son pays apporte un appui constant à la lutte contre le terrorisme et particulièrement contre Daech. Il a indiqué que la position du Royaume-Uni est claire: « ceux qui ont combattu dans les rangs de ce groupe terroriste doivent être poursuivis en justice sur les sites où ils ont commis ces crimes ». Il a demandé que l’Afghanistan ne devienne pas de nouveau un sanctuaire pour les terroristes. Il a aussi évoqué le soutien du Royaume-Uni aux pays africains en proie au terrorisme. La coopération multilatérale est au cœur de la lutte antiterroriste, a-t-il rappelé, avant d’insister sur la menace issue de l’Internet et l’importance de lutter contre le financement du terrorisme. Le délégué britannique a aussi rappelé l’importance, dans la lutte contre le terrorisme, de veiller au respect des droits et libertés fondamentales. Enfin, il a promis que le Royaume-Uni travaillerait avec ses partenaires dans le cadre du système multilatéral afin de poursuivre la lutte contre le terrorisme.
M. DAI BING (Chine) a fait remarquer que le terrorisme, l’extrémisme violent et Daech constituent encore une réalité à la veille du vingtième anniversaire du 11 septembre. La pandémie de COVID-19 rend la lutte contre le terrorisme plus difficile, a ajouté le représentant. Pour y remédier, il a suggéré de renforcer la coopération internationale et de mettre en place des mesures d’alertes précoces, des mécanismes d’échanges d’informations et de restriction des mouvements. L’ONU joue un rôle à cet égard, a continué le délégué. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a dénoncé les deux poids, deux mesures estimant qu’il n’y a pas de bons ou mauvais terroristes.
Les causes profondes du terrorisme doivent être analysées et des solutions pacifiques trouvées, a encouragé M. Dai. Pour lui, il faut éradiquer la pauvreté, renforcer le développement économique, améliorer l’harmonie entre les sociétés, éduquer les jeunes et donner des formations, un outil important. Il a recommandé de tenir compte de la pandémie de COVID-19 dans la lutte contre le terrorisme ainsi que de l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes. Pour ce qui est de la situation en Syrie et en Iraq, des solutions pour le rapatriement des combattants terroristes étrangers doivent être trouvées, a-t-il réclamé. En Afghanistan où la situation évolue rapidement, il faut tout faire pour que ce pays ne devienne pas un refuge pour les terroristes. Les Taliban doivent couper tout contact avec les groupes terroristes, a invité la Chine.
Le rapport du Secrétaire général est clair, a constaté d’emblée Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande). Au premier semestre de cette année, la menace posée par l’EIIL a continué d’augmenter, les activités de l’EIIL se développent en Afrique, et la menace que représente l’EIIL-Khorassan pour le peuple afghan est indéniable. Elle a invité à ne pas perdre de vue cela à mesure que la situation en Afghanistan évolue. Notant également l’accélération de la « transition numérique », impulsée par la pandémie, la représentante a regretté que ce soit également vrai dans le domaine du terrorisme. L’Irlande a donc soutenu l’appel du Secrétaire général qui demande aux États Membres de relever le défi du terrorisme numérique par le biais de la coopération internationale et d’un gouvernement efficace conforme au droit international.
Particulièrement intéressée par le travail effectué par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Burkina Faso, le Kenya et leurs partenaires pour faire face à l’impact différentiel de la menace de l’EIIL et de ses affiliés sur les femmes et les filles, la déléguée a salué le développement d’une série d’outils pour générer des données ventilées par sexe et élaborer une réponse sensible au genre à ces menaces. Plus de détails sur les résultats de ces travaux seraient utiles dans les futurs rapports, a estimé la représentante, y compris sur la manière dont ils pourraient être appliqués plus largement. Passant à la lutte contre le financement du terrorisme en tant qu’élément central de la réponse mondiale, la représentante a expliqué qu’au niveau national, l’Irlande dispose d’un cadre institutionnel solide qui fait l’objet d’un examen afin de refléter les tendances nouvelles et émergentes, ainsi que les exigences de l’UE et les recommandations du GAFI. Mme Byrne Nason a rappelé que ce Conseil a la responsabilité de veiller à ce que les mesures de lutte contre le financement du terrorisme soient appliquées en tenant compte des risques associés et à ce qu’elles soient conformes au droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés. À ses yeux, la surveillance indépendante de la législation antiterroriste permet d’atténuer certains de ces risques et défis.
Alors que les victimes et les survivants du terrorisme continuent de lutter pour faire entendre leur voix, répondre à leurs besoins et faire respecter leurs droits, l’Irlande a plaidé pour une approche holistique de la justice transitionnelle pour faire respecter ces droits.
M. NIANDOU AOUGI (Niger) a fait part de sa préoccupation devant la résilience et la capacité d’adaptation dont fait montre Daech qui, ayant perdu tout contrôle territorial en Iraq et en Syrie, a réussi à exporter ses atrocités dans plusieurs autres régions du monde, dont l’Afrique. En effet, le continent est devenu l’épicentre des activités terroristes mondiales comme l’indique si clairement le treizième rapport du Secrétaire général sur la question. Les statistiques montrent que depuis la fin 2019, plus de deux tiers d’attaques terroristes commises par les combattants de Daech dans le monde ont lieu sur le continent africain, en majorité dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad. Cette expansion rapide de la menace de Daech en Afrique s’est opérée par le biais de plusieurs groupes locaux affiliés à l’organisation terroriste et dont les principaux sont: l’État islamique du Grand Sahara (EIGS), Jama’at Nusr ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), Boko Haram, « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) qui opèrent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, les Chabab et le groupe « Province d’Afrique centrale de l’État islamique » (ISCAP) qui sévissent à l’est et au centre du Continent.
M. Aougi a rappelé que le Niger, confronté à des menaces terroristes depuis quelques années dans au moins trois de ses frontières, à l’ouest, au sud et au nord, connaît depuis le début de cette année 2021 une hausse d’atrocités commises par des groupes terroristes essentiellement affiliés à Daech et dans une moindre mesure à Al-Qaida. Une dizaine d’attaques armées enregistrées au cours du premier semestre de l’année a fait près de 500 morts, dont la plupart sont des civils. La majorité de ces attaques a été perpétrée dans l’ouest du pays, dans la zone dite de trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso). La plus récente attaque a visé lundi le village de Darey-Daye près de la frontière malienne, occasionnant la mort de 37 personnes.
Cette recrudescence d’attaques terroristes dans les pays africains intervient à un moment où presque toute l’attention de la communauté internationale est tournée vers la lutte contre la pandémie de COVID-19, a poursuivi le délégué. Une calamité ne doit pas en cacher une autre, a-t-il dit, ajoutant que les efforts que nous consentons pour éradiquer la propagation du coronavirus ne doivent pas nous faire oublier la menace du terrorisme international. Il a évoqué ensuite des défis qui rendent ces pays vulnérables au terrorisme: la pauvreté, la famine, la précarité, l’ignorance, le chômage des jeunes, la porosité des frontières, et les conflits intercommunautaires. En plus de ces défis, la faiblesse des systèmes de défense de ces pays, ainsi que les instabilités politiques sont des facteurs aggravants.
Devant une situation aussi dramatique, la communauté internationale a le devoir de prendre urgemment des mesures pour aider, avant qu’il ne soit trop tard, les gouvernements des pays africains affectés, a-t-il plaidé. Le représentant a indiqué que le combat contre le terrorisme ne se gagne pas uniquement au moyen des forces militaires. Il se gagne aussi à travers la mise en œuvre des programmes de développement et des mesures visant à éradiquer les comportements sous-jacents qui facilitent l’émancipation du terrorisme. Il s’agit notamment de la corruption, du commerce illicite des ressources naturelles et du blanchiment d’argent, pour ne citer que ceux-là. Les États doivent, à cet effet, œuvrer au respect des recommandations formulées dans la résolution 2462 (2019) relative à la lutte contre le financement du terrorisme ainsi que de toutes les résolutions pertinentes du Conseil visant à prévenir et à lutter contre l’extrémisme violent, l’émergence et la diffusion en ligne des idées et discours terroristes.
M. ANDRE LIPAND (Estonie) a souligné l’importance de rester vigilants face à, selon les rapports de l’ONU, une menace terroriste accrue et persistante dans les zones de conflit, telles que l’Afghanistan et le Sahel. Préoccupé par la détérioration de la situation en Afghanistan, le représentant a demandé à ceux qui sont au pouvoir à Kaboul d’adhérer au droit international et de respecter les droits de l’homme. Quant aux menaces posées par Daech au Grand Sahara étroitement liées à d’autres formes de violence communautaire, il a demandé de faire baisser les tensions intercommunautaires et de promouvoir la réconciliation politique. Face aux nouveaux défis de sécurité tels que les cybermenaces, les menaces hybrides et des drones, M. Lipand a mis en exergue le rôle joué par EUROJOST et EUROPOL dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme dans l’Union européenne et au-delà.
Le représentant a en outre suggéré des efforts coordonnés pour relever les défis posés par les combattants terroristes étrangers. Il a également prié les États de veiller à ce que toutes les mesures de lutte contre le terrorisme soient conformes aux droits de l’homme, au droit des réfugiés et du droit international humanitaire. Ignorer ces principes peut saper les activités de lutte contre le terrorisme et conduire à une radicalisation accrue alimentée par la violence et un sentiment d’impunité. Il a clos en condamnant toutes les tentatives d’utilisation à mauvais escient de la lutte contre le terrorisme comme prétexte pour des violations des droits de l’homme, qui font taire les opposants politiques et les membres des minorités religieuses ou ethniques.
Pour Mme NATHALIE BROADHURST (France), le premier axe de l’action commune contre le terrorisme doit être de tarir les ressources des groupes terroristes. À ce titre, à l’occasion de la semaine de haut niveau du contre-terrorisme, la France et l’Inde ont organisé le 25 juin dernier, avec 172 participants et les entités compétentes des Nations Unies, un évènement sur la lutte contre le financement du terrorisme. Cette réunion a mis en avant les risques associés aux actifs virtuels et aux nouveaux instruments de financement, mettant notamment en exergue la nécessité que les actuelles obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme s’appliquent de la même manière à toutes les institutions, virtuelles et non virtuelles. Pour sa part, la France continuera d’être engagée dans cette lutte, en encourageant à la tenue d’une troisième conférence No Money for Terror, dès que la situation sanitaire le permettra.
Le deuxième axe de l’effort commun doit être de traiter des causes profondes du terrorisme, a poursuivi Mme Broadhurst, appelant, d’une part, à traiter les causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme, et, d’autre part, à combattre sans relâche l’endoctrinement idéologique en luttant notamment contre le détournement d’Internet à des fins terroristes. La France continue, de manière constante et déterminée, à renforcer la réponse nationale, européenne et internationale pour contrer la diffusion de la propagande de Daech, a assuré la représentante, expliquant travailler en lien avec le secteur privé et en particulier les entreprises d’Internet. Elle s’est réjouie que l’Appel de Christchurch, que la France a lancé en 2019 avec la Nouvelle-Zélande, ait réuni de nombreux États au nombre de 55 aujourd’hui, auxquels s’ajoute la Commission européenne, 2 organisations internationales et 10 entreprises.
Enfin, la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le respect « de nos principes », a déclaré Mme Broadhurst en citant les droits de l’homme, le droit international et le droit international humanitaire. Elle a aussi misé sur la lutte contre-terroriste qui doit permettre une action humanitaire indispensable et la justice pour les victimes. À ce sujet, elle a estimé que les combattants terroristes étrangers adultes ayant rejoint les rangs de Daech doivent être jugés au plus près du lieu où ils ont commis leurs crimes. « C’est une question de sécurité et de justice, une obligation morale vis-à-vis de leurs victimes. »
M. MARTIN KIMANI (Kenya) a attiré l’attention sur les victimes de violences sexuelles perpétrées par Daech et les enfants nés de ces abus, qui continuent d’être confinés dans des camps en Iraq et en Syrie. Ce qui est encore plus regrettable, c’est que ces centres de confinement deviennent non seulement des terrains fertiles pour le recrutement et la radicalisation, mais aussi des incubateurs d’éléments terroristes ardents, a-t-il dit. « Une action décisive est donc nécessaire pour mettre fin à ce cercle vicieux. » M. Kimani s’est dit alarmé par l’expansion de Daech dans de nombreuses régions, en particulier en Afrique où ses provinces et ses ramifications se retranchent dans des situations de conflit aux implications de grande envergure. De même, Daech est ses groupes affiliés ou inspirés et ceux liés à Al-Qaida en Afrique s’intègrent dans la politique intérieure de pays qui luttent pour établir des institutions démocratiques. En Somalie par exemple, les élections en cours ont donné lieu à des intimidations de la part des Chabab et de leurs soutiens politiques.
Extrêmement préoccupé par l’augmentation des activités de financement du terrorisme des Chabab et par le niveau de leurs recettes fiscales qui rivalisent et dépassent même celles du Gouvernement fédéral somalien, M. Kimani a encouragé une collaboration accrue entre les agences dans le domaine du partage d’informations. Il a aussi appelé à la protection des processus démocratiques et a plaidé pour qu’un appel mondial uni soit lancé pour dénoncer toute tentative de prise de contrôle des aspirations politiques légitimes des citoyens par des éléments de Daech et Al-Qaida. Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de placer sous le régime des sanctions des groupes affiliés à ces deux grands groupes terroristes, y compris les Chabab. En outre, il a plaidé en faveur d’efforts mondiaux pour soutenir les pays africains, notamment le renforcement des capacités, le financement de la lutte contre le terrorisme, et la promotion de contre-discours pour endiguer la propagation de l’idéologie terroriste. Il a enfin appelé à la criminalisation du financement du terrorisme.
M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) a fait trois suggestions pour contrer efficacement les menaces posées par Daech qui sont actuellement exacerbées par les retombées socioéconomiques de la pandémie de COVID-19. En premier lieu, la solidarité et la coopération sont selon lui la réponse la plus efficace y compris l’assistance technique visant à renforcer les capacités régionales et nationales afin de ne laisser aucun maillon faible à exploiter par les terroristes. La coopération opérationnelle permet de mieux surveiller les mouvements des terroristes, de détecter les attaques imminentes et d’y réagir, ainsi que de lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux, a fait valoir le délégué.
Le représentant a, en deuxième lieu, appelé à traiter de toute urgence et de manière durable la situation humanitaire et sécuritaire que posent les milliers de combattants de l’EIIL, y compris les combattants terroristes étrangers, et les membres de leur famille en Iraq et en Syrie. Il a recommandé à cet égard de renforcer le partage des meilleures pratiques en matière de réinsertion et de réadaptation, tout en garantissant l’intérêt supérieur de l’enfant. Troisièmement, a proposé le délégué du Viet Nam, le Conseil de sécurité doit être résolu à utiliser tous les outils à sa disposition pour détecter et prévenir de nouvelles menaces du terrorisme, y compris pour dissuader l’utilisation terroriste de l’Internet et des nouvelles technologies pour collecter des fonds, recruter et propager leurs programmes. Enfin, M. Pham a attiré l’attention du Conseil sur l’évolution récente de la situation en Afghanistan qui exige une vigilance et une coopération accrues pour lutter contre le terrorisme dans la région.
Mme DIANI JIMESHA ARIANNE PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a constaté que Daech et d’autres groupes terroristes ont profité des perturbations actuelles dans le monde, des griefs et des reculs du développement causés par la crise mondiale, à la fois en ligne et sur le terrain. Notant avec une préoccupation particulière les conclusions du rapport du Secrétaire général relatives au continent africain, où des affiliations régionales à des groupes terroristes ont été renforcées, en particulier en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en Afrique de l’Est et en Afrique centrale, Mme Prince a également regretté que l’EIIL-K (État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan) ait étendu sa présence dans plusieurs provinces d’Afghanistan et que les affiliés de Daech en Asie du Sud-Est continuent de perturber les opérations de lutte antiterroriste avec un rythme soutenu d’attentats. Elle a toutefois appelé à veiller à ce que toutes les actions antiterroristes soient menées conformément au droit international, à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. De plus, les États Membres devraient partager les informations de manière efficace et efficiente avec leurs partenaires régionaux et internationaux.
En réponse aux préoccupations liées au terrorisme et dans un effort pour améliorer et garantir une région des Caraïbes sûre et libre, Saint-Vincent-et-les Grenadines reste attachée à la Stratégie antiterroriste de la CARICOM, a poursuivi la représentante. Notant que la lutte contre le financement du terrorisme reste un élément essentiel de la lutte mondiale contre le terrorisme, elle a souhaité que ces efforts s’inscrivent dans l’application stricte de la résolution 2462 (2019), qui exige des États Membres qu’ils empêchent et criminalisent le financement du terrorisme à quelque fin que ce soit. De plus, toutes les initiatives de lutte contre le financement du terrorisme doivent être conçues de manière à protéger toutes les activités financières légitimes et bien gérées, y compris dans les juridictions off-shore, a-t-elle insisté.
Réaffirmant son attachement à la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents, de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité et de toutes les résolutions ultérieures, la représentante a insisté sur l’impératif pour le Conseil de sécurité de continuer de jouer un rôle de premier plan dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales. Il faut rester déterminés à renforcer l’alliance mondiale contre le terrorisme, a conclu Mme Prince.