Syrie: sur fond d’escalade, appel à une diplomatie internationale constructive, au-delà du volet humanitaire, pour relancer le processus politique
Ce matin, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen, accompagné par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, ont fait le point, avec les membres du Conseil de sécurité, sur l’évolution de la situation en Syrie sur les plans politique et humanitaire. L’escalade à Deraa, notamment, a suscité l’indignation et la pénurie en eau, de vives inquiétudes.
M. Pedersen s’est inquiété de la reprise des hostilités dans plusieurs régions et a fait part de ses efforts pour redynamiser le processus politique, un processus dans l’impasse ces derniers mois alors que la Commission constitutionnelle ne s’est pas réunie depuis janvier dernier. De son côté, M. Griffiths a fait une mise à jour sur l’impact humanitaire des hostilités en cours, de la crise économique, des pénuries d’eau et de la COVID-19 qui ont poussé les besoins humanitaires à des niveaux parmi les plus élevés depuis le début du conflit.
Après des mois d’accalmie, on assiste actuellement à une recrudescence des tensions, a regretté M. Pedersen, notamment dans le sud-ouest du pays, dans la province de Deraa, où il y a eu des déploiements importants de troupes, des pilonnages massifs et des affrontements au sol qui ont fait des victimes civiles et ont causé des déplacements de personnes et des dommages aux infrastructures civiles. L’Envoyé spécial a appelé les parties à mettre immédiatement fin à la violence et à s’acquitter de leurs obligations, en droit international humanitaire, de protéger les civils et les infrastructures civiles. Il a rappelé que l’ONU a demandé un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave à toutes les zones et communautés touchées, y compris à Deraa al-Balad.
Alors que les membres du Conseil ont trouvé un langage de compromis en adoptant à l’unanimité le mois dernier la résolution 2585 (2021) par laquelle ils ont prolongé le mandat du poste frontière de Bab el-Haoua, l’Envoyé spécial a espéré que les États clefs –en particulier la Fédération de Russie et les États-Unis– pourraient coopérer sur le dossier syrien au-delà du volet humanitaire. Il a plaidé pour « une diplomatie internationale constructive ».
En effet, les développements récents n’ont fait que mettre en exergue, selon lui, que le conflit en Syrie est loin d’être terminé, et qu’il faut un processus politique crédible ainsi qu’une coopération internationale plus soutenue. Il a demandé aux États clefs de travailler avec lui sur des discussions exploratoires sur un ensemble d’étapes « concrètes, mutuelles et réciproques » qui seront définies avec « réalisme et précision », et qui seront mises en œuvre en parallèle et de manière vérifiable. De telles mesures sont nécessaires, avant tout, pour aider à sauver des vies syriennes, soulager les souffrances, promouvoir la stabilité régionale et promouvoir la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a-t-il expliqué. L’Envoyé spécial s’est dit prêt à utiliser le pouvoir de mobilisation des Nations Unies à Genève, si cela peut aider à créer des perspectives, et à poursuivre ses consultations.
De son côté, M. Griffiths s’est notamment attardé sur les manifestations humanitaires de la crise économique: les prix élevés des matières premières, la perte généralisée des moyens de subsistance, l’augmentation des mariages précoces, entre autres. Il s’est aussi alarmé des niveaux trop bas de l’eau de l’Euphrate dans le nord-est du pays ainsi que dans les réserves des principaux barrages de la région. Or, plus de cinq millions de personnes dépendent du fleuve pour l’eau potable et l’électricité. Le fleuve approvisionne également les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau, a constaté le Secrétaire général adjoint qui a dit craindre que ces pénuries, exacerbées par la sécheresse, endommagent les récoltes et aggravent une situation alimentaire déjà désastreuse.
Partageant ces inquiétudes, le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien a expliqué que son organisation, avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), travaille jour et nuit pour remplir les réservoirs d’eau dans les villes par camion à partir des quelques sources disponibles. Mais M. Khaled Erksoussi a réclamé une solution durable. Mettant également l’accent sur les difficultés socioéconomiques dans le pays, M. Erksoussi a indiqué que le panier d’aide alimentaire fourni par le CICR ou le Programme alimentaire mondial (PAM) vaut aujourd’hui une fortune. Il a dénoncé les sanctions et autres mesures restrictives qui rendent impossible une vie dans la dignité. Les États-Unis ont pourtant soutenu à nouveau que « les sanctions américaines ne visent que ceux qui volent le peuple syrien par leurs pratiques de corruption et commettent des crimes de guerre, et non les civils ». L’Iran, la Chine et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont aussi dénoncé ces mesures unilatérales, le Niger a réclamé leur allègement tandis que la France a réaffirmé que, sans solution politique, sa position sur la levée des sanctions, la normalisation et la reconstruction demeurera inchangée.
Rétorquant à la demande américaine de faire de la question de « l’assaut du régime d’Assad contre Deraa » une priorité du Conseil, étant donné que le blocus du « régime d’Assad » sur l’aide humanitaire a laissé les habitants lutter pour survivre sans eau, sans nourriture, sans électricité ni médicaments, la Syrie a déclaré qu’il s’agit d’une « manipulation des faits » et que le « régime syrien » n’a fait que répondre à des attaques de groupes non étatiques terroristes « soutenus par la France et le Royaume-Uni » notamment. La Fédération de Russie a renchéri en disant que le Gouvernement a le droit de maintenir l’ordre sur cette partie de son territoire.
Les avis ont aussi divergé en ce qui concerne le passage transfrontalier de l’aide humanitaire. La Turquie, comme l’Estonie, le Kenya et d’autres, s’est félicitée de la décision du Conseil, le 9 juillet dernier, de renouveler pour 12 mois le mécanisme du point de passage de Bab el-Haoua, tandis que la Syrie a estimé qu’il devrait être supprimé et l’Iran a craint que l’aide transfrontalière serve à aider les groupes terroristes en Syrie.
À l’instar de l’Irlande, la plupart des membres du Conseil ont à nouveau affirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise syrienne et que seuls des progrès sur la voie politique pourront transformer la situation, y compris humanitaire, sur le terrain.
LA SITUATION EN SYRIE
On assiste récemment à une escalade dans de nombreuses régions de la Syrie, a constaté à regret l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. GEIR O. PEDERSEN. Dans le sud-ouest, en particulier dans la province de Deraa, il y a eu des déploiements importants de troupes, des pilonnages massifs et des affrontements au sol qui se sont accompagnés de victimes civiles, de déplacements de personnes et de dommages aux infrastructures civiles, a-t-il décrit. M. Pedersen a dit avoir contacté toutes les parties aux combats et engagé un large éventail de Syriens, y compris sur le terrain, ainsi que des acteurs internationaux clefs, ajoutant que les efforts de médiation russes se sont intensifiés ces derniers jours. Appelant toutes les parties à mettre immédiatement fin à la violence et à s’acquitter de leurs obligations en droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles, M. Pederson a également demandé un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave à toutes les zones et communautés touchées, y compris Deraa al-Balad. L’ONU demande instamment un accord durable qui ouvre la voie à la restauration d’un environnement sûr et sécurisé, atténuant les craintes et les griefs de la population locale, répondant aux besoins sociaux, humanitaires et économiques, évitant tout déplacement et permettant aux habitants de Deraa de retourner dans leurs foyers dans la sécurité et la dignité.
Les tensions sont également restées élevées dans le nord-ouest de la Syrie, notamment à Edleb, dans le nord de Lattaquié et à Alep, ainsi que dans l’ouest de Hama, a poursuivi l’Envoyé spécial. Les régions du nord-est de Raqqa et Hassakeh ont aussi connu de nouvelles violences impliquant des groupes armés non étatiques. Ces attaques sont inacceptables et la lutte antiterroriste doit se poursuivre, a tranché l’Envoyé spécial. Dans le même temps, les inquiétudes humanitaires concernant les coupures d’eau répétées dans le nord-est restent critiques et affectent les infrastructures vitales, notamment les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau. M. Pederson a également rappelé l’explosion meurtrière qui a visé un bus militaire à Damas le 4 août et les frappes aériennes importantes attribuées à Israël, notamment un incident notable à Damas le 20 août. Il a constaté qu’en effet, la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie continuent d’être compromises.
Ces développements montrent que le conflit en Syrie est loin d’être terminé, a-t-il affirmé, et qu’il faut un processus politique crédible ainsi qu’une coopération internationale plus soutenue. Pour sa part, l’Envoyé spécial a dit poursuivre ses efforts pour faciliter la convocation d’une sixième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle. Il a rencontré à deux reprises virtuellement le Coprésident nommé par la Commission syrienne des négociations, M. Al-Bahra, et le Chef de son Bureau à Damas a rencontré le Coprésident nommé par le Gouvernement, le Dr Kuzbari. M. Pedersen, qui a d’ailleurs demandé de se rendre à Damas, poursuit ses efforts pour trouver une voie à suivre, « mais ce n’est pas facile », a-t-il concédé en appelant à la flexibilité sur la base de sa proposition de transition pour sortir de l’impasse et convoquer une nouvelle session dès que possible. L’impasse met en lumière, selon lui, à la fois des problèmes de manque de confiance et de manque de volonté politique, qui ont paralysé les efforts pour faire avancer une solution politique. M. Pedersen demande depuis longtemps de travailler sur une plus vaste palette de questions, ce qui pourrait instaurer une certaine confiance, selon lui. Il a cité, à titre d’exemple, l’action essentielle sur le dossier crucial des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues.
Rappelant également que la crise économique continue de présenter de grandes difficultés pour les Syriens dans leur vie quotidienne, allant de graves pénuries d’énergie à la diminution de l’approvisionnement alimentaire, M. Pedersen a réitéré sa préoccupation concernant les moyens de subsistance des Syriens sur fond de conflit, des différents défis qui y sont associés et de la crise au Liban.
Les problèmes auxquels sont confrontés les Syriens sont en effet loin d’être uniquement le fait des Syriens, a-t-il déclaré. « Une diplomatie internationale constructive est manifestement nécessaire. » L’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2585 en juillet a été une mesure humanitaire importante. Pour sa part, l’ONU fera tout son possible pour faciliter la mise en œuvre de tous les aspects de la résolution. Mais la résolution a également envoyé un message selon lequel les États clefs –en particulier la Fédération de Russie et les États-Unis– pourraient coopérer sur la Syrie au-delà de la voie humanitaire. Il est nécessaire de suivre et de tirer parti de l’adoption de la résolution 2585, dans d’autres domaines d’intérêt commun et de préoccupation commune, a-t-il recommandé. Cela sera essentiel si nous voulons faire des progrès modestes pas à pas, a estimé l’Envoyé spécial qui en a parlé avec le Ministre russe des affaires étrangères, M. Lavrov, lors de sa visite à Moscou en juillet et lors de ses contacts avec les États-Unis – et avec de nombreux autres gouvernements.
M. Pedersen a demandé aux États clefs de travailler avec lui sur des discussions exploratoires sur un ensemble d’étapes concrètes, mutuelles et réciproques qui seront définies avec réalisme et précision, et qui seront mises en œuvre en parallèle et sont vérifiables. De telles mesures sont nécessaires, avant tout, pour aider à sauver des vies syriennes, soulager les souffrances, promouvoir la stabilité régionale et promouvoir la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a-t-il expliqué. Si toutes ces questions représentent des intérêts autour desquels les membres du Conseil et d’autres acteurs internationaux clefs sont d’accord, il a souhaité une plus grande adhésion d’acteurs pertinents prêts non seulement à identifier ce qu’ils recherchent, mais aussi ce qu’ils peuvent apporter. Rappelant avoir abordé aujourd’hui plusieurs questions qui pourraient être considérées comme faisant partie d’un ensemble plus large de réciprocité, l’Envoyé spécial s’est dit prêt à utiliser le pouvoir de mobilisation des Nations Unies à Genève si cela peut aider à créer des perspectives d’accommodement et il dit avoir l’intention de poursuivre ses consultations.
En guise de conclusion, il a lancé un appel aux membres du Conseil, « vous qui avez pu vous unir autour de la résolution 2585 en juillet », pour continuer à travailler dans la même direction: contribuer à faciliter une solution politique dirigée et contrôlée par les Syriens qui réponde aux aspirations légitimes des femmes et des hommes de la Syrie et rétablisse la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, comme le prévoit la résolution 2254.
M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que les hostilités en cours, la crise économique, les pénuries d’eau et la COVID-19 poussent les besoins humanitaires de millions de personnes déjà vulnérables à des niveaux parmi les plus élevés depuis le début du conflit. Au sujet de la protection des civils et des infrastructures cruciales dont ils dépendent, il a relevé que 10 ans après le début du conflit, les civils dans toutes les régions de la Syrie continuent de subir de graves difficultés qui durent depuis bien trop longtemps. Les informations sur les familles recourant de plus en plus au mariage précoce comme moyen de subvenir aux besoins de leurs filles en raison de l’incertitude de leur situation se multiplient.
En juin et juillet, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré au moins 153 morts et 280 blessés parmi les civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants, à la suite des hostilités en Syrie. De même, une augmentation des frappes aériennes et des bombardements dans le nord-ouest a tué au moins 53 civils en juin et juillet, endommagé des infrastructures civiles essentielles et déplacé plus de 20 000 personnes. Il s’agit du plus grand déplacement depuis l’annonce d’un cessez-le-feu en mars 2020, a-t-il noté. Les problèmes d’insécurité continuent au camp de Hol où 69 meurtres ont été signalés depuis janvier, ainsi que 12 tentatives de meurtre. Les travailleurs humanitaires, y compris les volontaires de protection et le personnel de gestion du camp, sont également régulièrement menacés.
En outre, le 5 août, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, a tiré la sonnette d’alarme sur le sort des civils dans la récente escalade de la violence dans et autour de la ville de Deraa. Les combats et les bombardements intensifs qui ont commencé fin juillet ont causé le décès d’au moins 8 civils et contraint plus de 35 000 personnes à fuir leurs maisons. Des obus de mortier ont également touché l’hôpital national de Deraa, provoquant la fermeture temporaire de son unité de dialyse. Les civils de Deraa sont confrontés à de graves pénuries de pain, d’eau, d’électricité, de carburant et de gaz de cuisine. Les établissements de santé seraient également à court de fournitures. Dans ce contexte, les agences des Nations Unies et leurs partenaires fournissent une aide d’urgence aux déplacés et aux communautés d’accueil dans la ville de Deraa et ses environs, notamment des rations alimentaires, des médicaments, des fournitures médicales et d’autres articles de première nécessité. M. Griffiths a exhorté les parties à faciliter un accès humanitaire rapide et sans entrave à toutes les communautés touchées, y compris à Deraa.
Concernant la crise économique et son impact sur les civils, le Secrétaire général adjoint a indiqué qu’un tiers des ménages syriens interrogés ont fait part de leurs difficultés d’accès aux marchés. Un ménage sur cinq a signalé un accès réduit aux soins médicaux, et un ménage sur quatre a indiqué avoir perdu au moins une source de revenu au cours du dernier mois. Les prix élevés des matières premières et la perte généralisée des moyens de subsistance ont contraint de plus en plus de ménages à réduire les repas et à adopter d’autres stratégies d’adaptation négatives. Les ménages dirigés par des femmes sont les plus touchés. Les mariages d’enfants et les mariages précoces seraient en augmentation du fait de la crise économique et l’impact de la pandémie.
M. Griffiths a souligné que dans le nord-est, les niveaux d’eau de l’Euphrate, lequel prend sa source en Turquie, ont atteint un point critique. Fin juin, 54 des 73 stations d’eau potable le long de la rive ouest de l’Euphrate et 44 des 126 stations d’eau de la rive est avaient été significativement ou gravement affectées par des niveaux d’eau extrêmement bas. Les réserves des principaux barrages de la région ont également atteint des niveaux historiquement bas. Plus de cinq millions de personnes dépendent du fleuve pour l’eau potable et l’électricité. Le fleuve approvisionne également les infrastructures vitales, notamment les hôpitaux, les réseaux d’irrigation et les stations d’eau. De ce fait, ces pénuries, exacerbées par la sécheresse, devraient endommager les récoltes et aggraver une situation alimentaire déjà désastreuse. Cela va également exacerber les problèmes de santé publique et entraîner la perte de moyens de subsistance à un moment où les gens ne peuvent plus payer même les aliments de base. À la station d’eau d’Alouk dans la province de Hassaké, le pompage est resté limité. Du 23 juin au 30 juillet, la station d’eau a même complètement fermé, ce qui a limité l’accès à l’eau potable à 1 million de personnes, dont 100 000 habitants du camp de Hol et d’autres camps. Les techniciens de l’eau et de l’électricité de Hassaké ont pu obtenir un accès limité à la station d’eau le 30 juillet, après 83 jours sans accès.
Au sujet de la pandémie de COVID-19, le Coordonnateur des secours d’urgence a relevé que les taux de transmission restent élevés et probablement bien au-dessus des chiffres officiels. Des campagnes de vaccination sont en cours dans toute la Syrie, donnant la priorité aux agents de santé. Le premier lot de 256 800 doses délivrées via le Mécanisme COVAX a été distribué. Au 23 août, plus de 218 900 personnes avaient été vaccinées dans les zones contrôlées par le Gouvernement dans le nord-est, tandis que plus de 58 000 personnes étaient vaccinées dans le nord-ouest. Cependant, les vaccins disponibles couvrent moins de 1% de la population et nous devons accélérer l’échelle et le rythme des vaccinations, a plaidé M. Griffiths.
Enfin, le Coordonnateur des secours d’urgence a salué la décision unanime du Conseil de sécurité du 9 juillet d’étendre le mécanisme transfrontalier de l’ONU au nord-ouest de la Syrie. L’aide humanitaire transfrontalière reste une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de personnes dans la région et au-delà, a—t-il expliqué. La nouvelle autorisation contribuera à garantir la continuité de l’aide pour plus de 3,4 millions de personnes dans le besoin, dont 1 million d’enfants, a-t-il affirmé. En plus de l’assistance transfrontalière, l’ONU continue de collaborer avec des partenaires pour accroître l’assistance à travers les lignes de front. Il a annoncé que des progrès ont déjà été accomplis dans ce cadre, même si de nouveaux progrès sont importants pour étendre la réponse globale alors que les besoins humanitaires continuent de croître. Les Nations Unies et leurs partenaires examinent également toutes les possibilités d’établir un accès à travers les lignes de front dans le nord-ouest. M. Griffiths a aussi indiqué qu’au 23 août, l’ONU et ses partenaires n’avaient reçu qu’environ un quart de tous les financements requis dans le cadre du Plan de réponse humanitaire 2021 pour la Syrie. Il a dit vouloir se rendre en Syrie, au Liban et en Turquie pour mieux comprendre les complexités de la crise humanitaire en Syrie, ainsi que les défis et les opportunités pour les mois à venir.
M. KHALED ERKSOUSSI, Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien, a déclaré que dans le nord-est de la Syrie, plus de 1,1 million de personnes sont privées d’eau potable en raison du manque d’électricité pour faire fonctionner la station d’eau d’Alouk, du manque de volonté politique et de la baisse du niveau des eaux de l’Euphrate. Le Croissant-Rouge arabe syrien, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) travaillent jour et nuit pour remplir les réservoirs d’eau dans les villes par camion à partir des quelques sources disponibles, mais nous ne faisons qu’effleurer la surface du problème, a ajouté M. Erksoussi réclamant une solution durable.
À Deraa, a continué le Secrétaire général, nos équipes répondent aux mouvements de population et ont géré le couloir humanitaire dans lequel nous avons sécurisé l’évacuation de plus de 38 619 personnes, principalement des femmes et des enfants. Le Croissant-Rouge arabe syrien a ouvert six camps de réfugiés pour abriter 1 449 personnes, tandis que 406 personnes ont reçu des soins et 9 personnes ont été pris en charge dans les hôpitaux de Damas. Des fournitures médicales ont également été acheminées à l’hôpital national par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le CICR les 3 et 13 août. Actuellement, a poursuivi M. Erksoussi, nous préparons un convoi humanitaire à Deraa avec de la nourriture et d’autres matériaux essentiels utiles pour les personnes qui sont restées dans leurs maisons, qui a été autorisé par le Gouvernement syrien. Le Croissant-Rouge arabe syrien a pu finalement distribuer de l’aide à Deraa al-Balad, le 16 juillet. Nous surveillons la situation de près du point de vue de la sûreté et de la sécurité et nous entrerons dans la région pour fournir l’aide nécessaire lorsque la situation le permettra, a indiqué M. Erksoussi.
Le responsable a par ailleurs dénoncé l’absence de garantie pour envoyer un convoi humanitaire à Atarib, près d’Edleb. Dans le sud, nous avons facilité le départ volontaire de plus de 20 000 personnes sans aucun problème, s’est réjoui le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien tout en signalant qu’entre 10 000 et 12 000 personnes restent à l’intérieur de ce camp dont certains veulent partir. « Nous sommes prêts à faciliter leur sortie vers les zones de leur choix en Syrie. »
Mettant ensuite l’accent sur les difficultés socioéconomiques dans le pays, M. Erksoussi a indiqué que le panier d’aide alimentaire fourni par le CICR ou le Programme alimentaire mondial (PAM) et distribué par nos volontaires vaut aujourd’hui une fortune. « Les prix sur le marché parallèle se trouvent à un niveau sans précédent. » Par ailleurs, nos centres de dialyse risquent de s’arrêter en septembre faute de produits, a-t-il regretté.
Pour M. Erksoussi, les sanctions et les mesures restrictives sur les millions d’hommes, de femmes et d’enfants dépassent tout objectif politique et rendent impossible de reconstruire une vie dans la dignité. Il a également demandé de redéfinir le terme de « travail humanitaire » afin que les activités des organisations humanitaires puissent se poursuivre. « Nous sommes fatigués, les organisations humanitaires sont épuisées et frustrées, les sanctions et les mesures restrictives pèsent sur l’ensemble de la population », a déclaré M. Erksoussi. Il faut arrêter de donner la priorité aux gains politiques et mettre fin aux souffrances humaines. « Travaillons ensemble pour honorer les promesses humanitaires, plus d’accès, plus de soutien et moins de sanctions généralisées et de mesures restrictives afin que les Syriens puissent vivre et reconstruire leur vie dans la dignité », a-t-il conclu.
Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), qui s’exprimait au nom des porte-plumes du dossier humanitaire syrien -la Norvège et l’Irlande- a salué à nouveau « l’approche constructive » du Conseil de sécurité qui a adopté à l’unanimité la résolution 2585 (2021), qui a prolongé le mandat du poste frontière de Bab el-Haoua de six mois avec une prolongation de six mois supplémentaires possible. Depuis l’adoption de cette résolution, les efforts de l’ONU pour réduire la faim, renforcer la résilience et garantir l’accès aux soins de santé ont continué de soutenir les 3,4 millions de Syriens dans le besoin dans le nord-ouest, a-t-elle précisé. De nombreuses ONG opérant dans cette région peuvent continuer à compter sur le soutien opérationnel des Nations Unies pour la logistique et les achats et l’accès aux articles vitaux, tels que les vaccins contre la COVID-19, qui ont été maintenus en conséquence directe de l’opération transfrontalière.
Mais la situation reste désastreuse pour la population qui continue de faire face à des difficultés et à des déplacements, a regretté Mme Byrne Nason en notant que la combinaison des hostilités en cours, de la crise économique, des pénuries d’eau et de la COVID-19 a poussé les besoins humanitaires de millions de Syriens à des niveaux aussi hauts qu’au début du conflit. La représentante a déploré en particulier les conséquences de la pénurie en eau et les effets de la sécheresse qui contribue à l’augmentation des coûts de la nourriture, du carburant et d’autres articles de base, ainsi qu’à des épidémies de maladies d’origine hydrique et à une réduction de la production alimentaire. Mme Byrne Nason a également parlé de la recrudescence de la violence dans le nord-ouest de la Syrie et a appelé les parties à y mettre fin et à garantir la protection des civils et l’accès humanitaire. Ce Conseil a appelé à des efforts pour améliorer les livraisons transfrontières d’aide humanitaire, a-t-elle rappelé. L’Irlande a dit soutenir les efforts visant à finaliser une mission humanitaire transversale dans le nord-ouest de la Syrie et a appelé les parties à soutenir cette mission afin qu’elle puisse avoir lieu sans délai. En conclusion, Mme Byrne Nason a fermement soutenu les efforts menés par l’ONU pour trouver une solution politique arguant que les progrès sur la voie politique sont la clef pour transformer la situation humanitaire sur le terrain.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a demandé que la question de « l’assaut du régime d’Assad contre Deraa » soit une priorité du Conseil, étant donné que le blocus du « régime d’Assad » sur l’aide humanitaire a laissé les habitants lutter pour survivre sans eau, sans nourriture, sans électricité ni médicaments. Les organisations humanitaires sont prêtes à fournir une aide d’urgence, mais le « régime d’Assad » les empêche d’entrer, a-t-elle déploré. Cet assaut est une autre raison de réitérer notre appel à un cessez-le-feu immédiat, conformément à la résolution 2254 (2015), a-t-elle indiqué. Pour elle, ce qui est vrai pour Deraa l’est également dans le nord-ouest de la Syrie où les attaques croissantes du régime et de ses partisans ont fait des dizaines de victimes parmi les civils, dont des enfants et des humanitaires.
Lorsqu’elle se réunira enfin à nouveau, la Commission constitutionnelle devra être autorisée à produire des résultats, a demandé la représentante. Selon elle, il est temps pour le « régime d’Assad » de participer de manière crédible à ces négociations qui sont une étape cruciale dans le processus visant à mettre fin aux combats et à parvenir à une paix durable. Elle a estimé que le régime syrien peut faire un pas en avant en libérant les dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants détenus arbitrairement, et en partageant des informations sur le sort de plus de 130 000 Syriens portés disparus ou détenus après avoir été arbitrairement arrêtés par le « régime ».
Grâce à l’action unanime de ce Conseil, le point de passage transfrontalier de Bab el-Haoua a été restauré, a-t-elle salué. Elle a dit qu’environ 1 000 camions par mois, remplis de nourriture et de médicaments, y compris des vaccins et du matériel pour empêcher la propagation de la COVID-19, continueront à atteindre les plus de trois millions de Syriens qui ont désespérément besoin d’aide dans le nord-ouest pendant encore un an. Pour Mme Thomas-Greenfield, cette résolution adoptée le mois dernier fut un moment important pour ce Conseil, car elle a montré « que nous pouvons faire plus que simplement parler ». Elle a toutefois relevé que les besoins humanitaires en Syrie augmentent parce que le Conseil n’a pas rouvert les points de passage de Yaroubiyé et de Bab el-Salam. De ce fait, les convois de l’ONU sont contraints de franchir davantage de lignes de contrôle, de négocier l’accès avec plus de groupes d’opposition armés, et de subir davantage de retards de livraison. La représentante a donc demandé à la Syrie de supprimer les barrières et les obstacles à l’acheminement de l’aide et de faciliter le travail des organisations humanitaires.
Pour leur part, les États-Unis se sont engagés à soutenir tous les Syriens dans le besoin, quel que soit leur lieu de résidence, y compris sous l’autorité du « régime syrien », a dit la déléguée. Elle a expliqué que les sanctions américaines visent ceux qui volent le peuple syrien par leurs pratiques de corruption et commettent des crimes de guerre, et non les civils. Nous continuerons à travailler avec les ONG et les Nations Unies pour faire en sorte que nos sanctions n’aient pas de conséquences imprévues, a-t-elle promis. De même, les États-Unis ne financeront pas les efforts de reconstruction à grande échelle tant que des progrès irréversibles sur la voie politique n’auront pas été réalisés. La représentante a terminé son discours en demandant à M. Griffiths « de quoi l’ONU a-t-elle besoin pour améliorer l’accès sur le terrain? » « Quels sont les obstacles que vous rencontrez pour apporter une aide transversale au peuple syrien dans le nord-ouest du pays notamment? » a-t-elle encore lancé.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué le travail du Croissant-Rouge arabe syrien qui connaît mieux que personne la situation sur le terrain. Le représentant s’est réjoui que la situation dans l’ensemble soit restée stable, mais s’est dit préoccupé par la situation alarmante à Edleb, dans le nord-est de la Syrie, où se déroulent les activités militaires américaines ainsi que par les frappes aériennes d’Israël. Le délégué a aussi évoqué une situation socioéconomique difficile. Il a dénoncé « la tentative maladroite des États-Unis » de justifier l’occupation du nord-est de la Syrie. Le processus politique doit être dirigé par le Syriens, a insisté M. Nebenzia demandant à M. Pedersen de se contenter de convoquer la sixième session de la Commission constitutionnelle.
S’agissant de la situation à Deraa, le Gouvernement a le droit de maintenir l’ordre sur cette partie de son territoire, a dit le représentant qui a informé que la Russie fait tout pour y améliorer la situation. Tous ceux qui le souhaitent peuvent quitter Deraa, a-t-il indiqué. Abordant la situation humanitaire, le représentant a dit que l’ONU dispose déjà d’un mandat pour acheminer l’aide. Il a estimé que l’OCHA doit démontrer son impartialité, exigeant de trouver des solutions pour acheminer l’aide à Edleb pour lequel un nouveau mandat n’est pas nécessaire. Pour le représentant, ce qu’il faut en Syrie, c’est une aide pérenne pour la reconstruction du pays. « Il ne faut pas pérenniser la vie des Syriens dans les camps ». Le Secrétaire général de l’ONU et M. Griffiths doivent prendre en considération les intérêts des Syriens, a encore déclaré le représentant avant de signaler que la Fédération de Russie a envoyé 250 000 vaccins contre la COVID-19 et plus d’un million de tests PCR.
Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a insisté sur la nécessité d’assurer un accès humanitaire sans entrave et de respecter les règles du droit international humanitaire sur tout le territoire syrien. Faisant écho à l’appel du Secrétaire général, elle a demandé la cessation des hostilités et le respect d’un cessez-le-feu national durable. Si le renouvellement du dispositif d’aide humanitaire transfrontalière représente un soulagement pour la population, d’autres défis d’accès humanitaire restent à relever, a-t-elle noté. Le manque d’entretien des installations d’eau, comme la centrale d’Alouk, affecte leur fonctionnement. Il est donc urgent, a estimé la représentante, d’assurer un accès continu aux équipements techniques pour effectuer les réparations nécessaires, et trouver des solutions durables à long terme. Outre les conséquences sur la santé, les autres aspects inquiétants du manque d’eau sont les effets sur les cultures et la sécurité alimentaire, ainsi que l’impact disproportionné sur les femmes et les filles, qui représentent 70% de la population engagée dans l’agriculture.
Face à l’augmentation de la violence à Hol, la représentante a estimé nécessaire de trouver une solution pour mettre fin aux souffrances de la population vivant dans ce camp. Notant, à cet égard, les rapatriements opérés ces derniers mois par certains pays comme l’Iraq et l’Albanie, la représentante a exhorté les autres États à suivre cette voie en facilitant le retour de leurs ressortissants qui se trouvent toujours à Hol. Elle a aussi insisté sur la nécessité de promouvoir le dialogue politique. Près de deux ans après sa création, la Commission constitutionnelle n’a toujours pas produit de résultats concrets, a-t-elle regretté avant d’exhorter la délégation nommée par le Gouvernement à répondre de manière constructive à la proposition de l’Envoyé spécial de l’ONU pour que la réunion de l’organe restreint de la Commission puisse avoir lieu sous peu afin de permettre au processus de rédaction de la Constitution de se poursuivre. Espérons que M. Pedersen pourra se rendre à Damas dans un proche avenir et que le dialogue avec les homologues concernés sera fructueux, a-t-elle dit en insistant sur les priorités du cessez-le-feu et du processus politique. « Par conséquent, en tant que communauté internationale, nous avons la responsabilité d’assurer la viabilité des deux », a conclu la représentante.
M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015), tout en souhaitant que la communauté internationale poursuive son soutien au pays. Le délégué a invité l’Envoyé spécial à poursuivre les efforts pour tenir une sixième réunion de la Commission constitutionnelle. Il a insisté pour que cette commission mène ses travaux sans ingérence étrangère. Le représentant a aussi demandé à toutes les parties de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie. Il a rappelé que le Gouvernement syrien a le droit souverain de lutter contre le terrorisme sur son territoire, et il a également le droit de subvenir aux besoins de sa population. À cet égard, a-t-il noté, les perturbations dans le fonctionnement de la station de traitement d’eau d’Alouk ont des graves conséquences dans le pays. De même, les mesures de coercition unilatérale aggravent les conditions humanitaires dans le pays, a regretté le délégué avant de demander le renforcement de l’aide pour la lutte contre la COVID-19 en Syrie.
M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit qu’il était préoccupé par les derniers développements sur le terrain avec l’augmentation de la violence un peu partout en Syrie. Il a réitéré qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, la seule issue possible étant une solution politique parrainée par l’ONU. Le représentant a insisté sur l’importance de la désescalade et du retour au clame. Il a encouragé les efforts de médiation pour assoir le cessez-le-feu. Préoccupé par la propagation du terrorisme en Syrie, il a déclaré qu’une Syrie exempte de terrorisme est la base de toute solution politique et de la stabilité dans la région. Le représentant a réitéré son appui aux travaux de la Commission constitutionnelle et salué les efforts de M. Pedersen pour rapprocher les points de vue.
M. Ladeb s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, demandant la protection des populations et infrastructures civiles contre les attaques. Il a souligné la nécessité de protéger l’acheminement de l’aide et du personnel humanitaire ainsi que l’accès humanitaire. Le représentant a mis l’accent sur le besoin urgent d’un cessez-le-feu national. Il a conclu en faisant part de sa préoccupation relative à la question de l’eau et de son impact sur le plan sanitaire et sur la lutte contre la COVID-19.
Pour M. DANG DINH QUY (Viet Nam), seul un processus politique, dirigé et contrôlé par les Syriens, et facilité par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015) et pleinement conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies, pourrait enfin mettre un terme à cette décennie de difficultés pour le peuple syrien. Il a encouragé les parties concernées à s’engager de manière constructive dans le dialogue et la négociation, notamment dans le cadre de la Commission constitutionnelle, en espérant qu’elles parviendront bientôt à un accord sur les méthodes de travail et le calendrier pour pouvoir poursuivre les pourparlers de la Commission. La confiance doit être consolidée entre les interlocuteurs syriens ainsi que les acteurs internationaux, a-t-il estimé. À cet égard, le représentant a dit pleinement soutenir le rôle crucial de transition de l’ONU et de l’Envoyé spécial et a espéré que la proposition de M. Pedersen sur un nouveau format international se concrétisera bientôt et donnera des résultats positifs.
Préoccupé aussi par la montée de la violence, y compris dans le nord-ouest et le sud-ouest, le délégué a appelé toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue afin de préserver le calme sur le terrain, une condition préalable essentielle à la recherche d’une solution politique. Dans le même temps, les efforts de lutte contre les groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité doivent être poursuivis de manière bien coordonnée, a-t-il plaidé. Avant de conclure, le représentant a insisté sur l’importance d’une communauté internationale unie. Il a espéré que l’unanimité que les membres du Conseil ont eue lors de l’adoption de la résolution 2585 sera le point de départ d’une solution globale et à long terme à la crise syrienne.
Mme DIANI JIMESHA PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a encouragé les parties syriennes à s’engager de manière constructive sur toutes les questions qui contribueront à faire avancer le processus de paix, y compris sur des questions critiques telles que les personnes disparues et les détenus et le travail important de la Commission constitutionnelle. Elle a rappelé que la protection des civils et des infrastructures civiles est primordiale. En outre, tous les objectifs militaires, y compris ceux visant à éradiquer le fléau du terrorisme, doivent être pleinement conformes aux principes immuables du droit international, a-t-elle rappelé en citant la distinction, la proportionnalité et la précaution. De plus, un cessez-le-feu national immédiat, comme l’a demandé l’Envoyé spécial, est nécessaire non seulement pour la protection des civils, mais également pour créer un environnement propice à l’avancement du processus politique, a-t-elle plaidé.
Sur le plan de la protection civile, la représentante a marqué sa préoccupation devant l’insécurité croissante dans le camp de Hol. Elle a salué les progrès réalisés jusqu’à présent qui ont vu une augmentation des livraisons de fournitures à travers les lignes de front. La crise de l’eau est également une source de vive préoccupation, car les niveaux d’eau extrêmement bas dans l’Euphrate ont des conséquences désastreuses sur la situation socioéconomique globale du pays. Mme Prince a ensuite exhorté la communauté internationale à s’engager de manière pragmatique sur la Syrie. À cet égard, elle a appelé à la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales qui ont été imposées à la Syrie.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a dit que tout doit être fait pour mettre en place une cessation générale des hostilités, sous supervision des Nations Unies, en Syrie. La France a condamné l’offensive meurtrière lancée par le « régime » avec l’appui de ses soutiens sur la ville de Deraa, a ajouté la représentante préoccupée par la hausse de ses attaques dans le nord-ouest. Sur le plan humanitaire, toutes les parties, en particulier le « régime », doivent garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, a exigé Mme Broadhurst Estival demandant au régime d’autoriser sans plus attendre la fourniture de l’aide humanitaire au quartier de Deraa al-Balad. Elle a regretté que les points de passage de Bab el-Salam et de Yaroubiyé n’aient pas été rouverts. « L’absence d’une hausse notable des autorisations du régime aux convois humanitaires des Nations Unies est préoccupante. »
La représentante a estimé que les soulèvements dans le sud-ouest contre le rétablissement de l’appareil sécuritaire du « régime » soulignent une fois encore l’importance de parvenir à une solution politique, conforme à la résolution 2254 (2015). Près de deux ans après la création de la Commission constitutionnelle, les travaux de rédaction d’une nouvelle constitution n’ont même pas commencé en raison du maintien des blocages répétés du « régime », a-t-elle critiqué. Elle a invité à travailler ensemble à la mise en œuvre de toutes les composantes de la résolution 2254, pour accompagner le processus inter-syrien à Genève qui sans cela restera au point mort. Mme Broadhurst Estival a demandé que ce processus se fasse avec la pleine participation des femmes.
Elle a mis l’accent sut la « responsabilité particulière » de la Russie en la matière, espérant que celle-ci sache utiliser son influence pour engager la Syrie sur la voie d’une paix et d’une stabilité durables. Sans solution politique, il n’y aura pas de retour sûr, digne, et volontaire des réfugiés et déplacés, a prévenu la représentante. Pour elle, l’organisation d’une nouvelle conférence sur le retour des réfugiés fin juillet à Damas ne saurait changer les faits et la réalité, car les conditions pour ce retour ne sont pas réunies à ce jour. Sans solution politique, nos positions sur la levée des sanctions, la normalisation et la reconstruction demeureront inchangées, a-t-elle rappelé avant de réitérer son combat inlassable contre l’impunité des crimes commis en Syrie. « Les responsables de ces crimes doivent être tenus responsables de leurs actes. »
M. ANDRE LIPAND (Estonie) a exprimé ses préoccupations face à la récente escalade militaire dans le sud de la Syrie. Malheureusement, les autorités syriennes n’ont pas réussi à assurer la stabilité dans la province de Deraa, a-t-il constaté, notant que plus de 35 000 personnes ont été déplacées dans la région, alors que la violence n’a cessé d’augmenter. L’Estonie a condamné le bombardement de zones urbaines par l’armée syrienne et a exigé la mise en œuvre d’un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale faisant valoir qu’il s’agit là d’une condition préalable à un dialogue pacifique, sur la base de la résolution 2254 (2015). Le niveau de vie continue de se détériorer parce que la corruption et les seigneurs de guerre sont toujours bien présents en Syrie, a poursuivi le représentant qui a regretté que le retour des réfugiés en toute sécurité et dans la dignité ne soit pas possible. À la lumière de ces difficultés et de la pandémie de COVID-19, il a tenu à souligner le travail des organisations humanitaires internationales, qui reste essentiel pour atteindre des millions de personnes sur le terrain. Il a appelé les parties à fournir un accès humanitaire sûr et sans entrave à tous les Syriens dans le besoin, saluant au passage le renouvellement du mécanisme d’aide transfrontalière pour un an.
Constatant que les discussions politiques sont dans l’impasse et que les pourparlers de la Commission constitutionnelle n’ont pas continué, l’Estonie a encouragé l’Envoyé spécial à étudier d’autres mesures de confiance pour renforcer un véritable dialogue. Plus important encore, elle a plaidé en faveur de mesures significatives concernant les personnes détenues arbitrairement, arguant que cela pourrait contribuer à apaiser les tensions. Le représentant a également réitéré l’appel de l’Estonie et de l’Union européenne sur la nécessité de créer un mécanisme international pour localiser les personnes disparues ou leurs dépouilles, avant d’exiger la fin de l’impunité et la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et des prisonniers politiques.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit être préoccupé par la situation à Deraa où 50 000 civils sont assiégés depuis juin avec des bombardements intensifs qui ont entraîné le déplacement de 37 000 personnes et au moins 8 civils tués. Les civils continuent de faire face à des pénuries de carburant, de gaz de cuisine, d’eau et de pain, en raison du comportement du régime, a-t-il dénoncé. Nous appelons toutes les parties à garantir et à accélérer l’accès humanitaire impartial par toutes les modalités, y compris par le biais de partenaires non enregistrés à Damas, a-t-il dit. Le représentant a demandé une mise à jour de l’ONU sur les progrès des efforts visant à sécuriser l’accès humanitaire, à élaborer des plans d’urgence et à garantir une réponse positive à la demande d’un convoi interagences vers Deraa.
Le délégué s’est également dit préoccupé par l’escalade de la violence dans le nord-ouest de la Syrie, en violation de l’accord de cessez-le-feu. Il a donc exhorté toutes les parties au conflit à respecter le cessez-le-feu et à assurer la protection des civils et des travailleurs humanitaires, conformément au droit international humanitaire. Il a demandé que des mesures soient prises afin de remédier à la pénurie d’eau grâce à un plan de réponse inclusif et multisectoriel coordonné au niveau de « l’ensemble de la Syrie », avec le soutien du Bureau régional des Nations Unies pour la Syrie à Amman. Enfin, le représentant a dit que son pays continue de se tenir aux côtés du peuple syrien pour mettre en œuvre les mesures inscrites dans la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir un cessez-le-feu à l’échelle nationale, un accès sans entrave à l’aide, la libération des personnes détenues arbitrairement, les conditions d’un retour sûr des réfugiés et des élections libres et équitables conformément à une nouvelle constitution.
Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a dit que l’escalade de la violence dans le sud et le nord de la Syrie cet été est un rappel cruel de l’urgence de faire renaître la solution politique. Les Syriens doivent se mettre d’accord sur un cessez-le-feu global, a exigé la représentante en apportant son appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour une désescalade. Elle a rappelé l’obligation des parties de protéger toutes les populations civiles. La représentante a réitéré que le vote unanime des membres du Conseil pour adopter la résolution 2585 (2021) doit constituer la base du dialogue politique en Syrie. Elle a exhorté tous les acteurs syriens à participer de manière constructive à ce processus et à trouver des voies concrètes qui pourraient constituer une étape dans la négociation.
Les femmes doivent être incluses dans ce dialogue, a exhorté la représentante avant de rappeler que cette résolution inclut le cessez-le-feu, la libération des personnes arbitrairement détenues et une nouvelle constitution. La Commission constitutionnelle n’est qu’une pièce du puzzle mais elle reste l’unique processus dans lequel toutes les parties se rencontrent, a-t-elle fait remarquer. Elle a conclu en espérant que la prochaine réunion de la Commission apporte des résultats concrets sur la réforme constitutionnelle.
M. NIANDOU AOUGI (Niger) a estimé que le dénouement de la crise syrienne ne saurait venir de la seule force des armes mais d’une solution politique négociée, impliquant les différentes composantes de la société syrienne, sans exclusive. Il a déploré la poursuite des hostilités, faites de frappes aériennes et autres tirs de roquettes sur des zones habitées par des civils, notamment au sud et dans le nord-ouest du pays. Cette escalade continue d’occasionner des pertes en vies humaines, des blessures et de la destruction, et ce, malgré l’accord russo-turc de mars 2020, créant la zone de désengagement, a-t-il déploré. Dès lors, il a appelé toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations en droit international humanitaire et à instaurer un cessez-le-feu général en Syrie. «
Sur le plan politique, le représentant a regretté que le processus politique syrien peine à enregistrer des avancées réelles, malgré la mise en place de la Commission constitutionnelle et ses multiples rounds des négociations, avec l’appui des Nations Unies. Il a souhaité que les parties en présence se ressaisissent et fassent montre d’un minimum de compromis, s’est impatienté le représentant. Sur le plan humanitaire, M. Aougi s’est préoccupé du fait que les populations syriennes continuent de souffrir sous les effets conjugués des difficultés économiques, sécuritaires et de la pandémie de COVID-19. La fourniture sûre, sans entrave et impartiale de l’aide et du soutien humanitaires, conformément au droit humanitaire international, est plus importante que jamais, a souligné le représentant en demandant au Gouvernement syrien de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire au-delà des lignes de démarcation. En dernier lieu, il a plaidé pour l’allègement ou à la suspension des sanctions économiques unilatérales qui pèsent lourdement sur la capacité de la Syrie à faire face à la pandémie et à la crise économique actuelle. Il a conclu en demandant à tous les acteurs externes impliqués dans la crise syrienne de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays, arguant que les progrès réels et tangibles dans les travaux la Commission constitutionnelle ainsi qu’en vue de la cessation des hostilités, sont aussi fonction du niveau de ces ingérences.
M. MARTIN KIMANI (Kenya) a réaffirmé que la seule solution au conflit en Syrie sera politique, invitant les parties à s’engager à briser l’impasse quant à la reprise du travail de la Commission constitutionnelle et à mettre en œuvre la résolution 2254 (2015). Le représentant s’est dit gravement préoccupé par la recrudescence des hostilités et par les niveaux d’insécurité, les attaques aggravant le conflit et mettant en péril toute perspective pour la paix et un retour à la normale.
M. Kimani a déclaré que l’aggravation de la situation humanitaire, à cause de la crise économique et de la pandémie de COVID-19, demeure une grave préoccupation. En outre, les effets des changements climatiques qui ont réduit les niveaux d’eau dans l’Euphrate et la station d’eau d’Alouk ont des implications majeures sur l’eau et la sécurité alimentaire ainsi que l’électricité pour des millions de personnes, a-t-il relevé en appelant à des mesures appropriées pour y faire face. Pour lui, le mécanisme d’aide transfrontalière reste crucial pour l’aide humanitaire, y compris pour l’envoi de vaccins contre la COVID-19. Il s’est dit en outre encouragé par l’augmentation de 10 à 12% des opérations de franchissement régulières et soutenues dans le nord-est, notamment dans la province de Hassaké. Il a terminé en encourageant le Gouvernement syrien et l’ONU à continuer à travailler à la conclusion d’un accord qui permettra les livraisons d’aide à travers les lignes de front dans le nord-ouest du pays.
M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a regretté que les efforts de l’Envoyé spécial n’aient pas encore produit des résultats concrets pour débloquer l’impasse à la Commission constitutionnelle. Le représentant a souhaité que la dernière visite de M. Pedersen à Moscou aide à convoquer la sixième réunion de la Commission dès que possible. Il a appelé les interlocuteurs régionaux et internationaux à soutenir ses efforts afin de faire avancer le processus politique. Il s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire à Deraa, dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie. Les derniers affrontements à Deraa reflètent la fragilité de la situation, a-t-il ajouté en plaidant pour un cessez-le-feu global, qui est d’une importance capitale pour le peuple syrien. Le représentant a montré du doigt la présence d’acteurs étrangers en Syrie et le regain d’activités terroristes dans le pays.
Toutes les parties doivent respecter leurs obligations internationales de lutter contre le terrorisme et les organisations terroristes, a rappelé le délégué. Il a rappelé qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie. M. Tirumurti a souligné la nécessité d’accroître l’aide humanitaire pour tous les Syriens dans tout le territoire, sans discrimination, politisation ou conditions préalables. Il faut en outre des mesures concrètes pour faciliter le passage des opérations humanitaires transfrontalières dans le nord-est de la Syrie, a-t-il souhaité avant de conclure en soulignant l’aide de son gouvernement au développement des ressources humaines de la Syrie.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le retour des réfugiés syriens dans leur pays, ce qui constitue une priorité de son gouvernement. Le Président syrien, le 17 juillet 2021 lors de son discours de ré-investiture, a réitéré l’appel lancé aux Syriens pour qu’ils rentrent chez eux et la Conférence sur les réfugiés, qui s’est tenue à Damas en juillet, a également réaffirmé que le Gouvernement syrien souhaite tout faire pour faciliter ce retour, a-t-il rappelé. Le représentant a déploré que les États-Unis et les alliés occidentaux continuent d’entraver les initiatives en ce sens pour décourager les Syriens à rentrer chez eux en prétendant que les conditions de retour au pays ne sont pas encore réunies à travers « des campagnes de propagandes mensongères ». Il a dit que la Syrie attend la visite de M. Griffiths sur place pour juger de ses propres yeux la situation sur le terrain.
Selon le représentant, il faut faire avancer le processus de reconstruction du pays et lutter contre la COVID-19 pour pouvoir remédier à la situation humanitaire. Dès lors, il a exigé la levée des mesures unilatérales imposées par les États-Unis et d’autres pays occidentaux qui ont eu un impact « catastrophique » sur l’économie et le bien-être de la population, des mesures qu’il a jugées « contreproductives ». Par ailleurs, a-t-il poursuivi, les forces « nocives » qui se trouvent dans certaines zones du pays, et en particulier les forces turques, doivent cesser de priver la population d’eau et d’autres denrées vitales. Ces forces utilisent l’eau comme arme de guerre contre les civils, a affirmé le représentant, faisant remarquer qu’elles ont coupé l’eau qui vient de la station d’Alouk à 26 reprises. De telles actions risquent d’entraîner une catastrophe humanitaire et constituent un crime de guerre, a-t-il mis en garde. Le représentant a d’ailleurs exigé une action immédiate des Nations Unies afin d’obliger le régime turc à rouvrir cette station et faire en sorte que le niveau d’eau dans l’Euphrate soit relevé.
L’aide humanitaire devrait être renforcée depuis l’intérieur du pays, en coordination avec le Gouvernement syrien, a ensuite fait valoir le représentant. C’est la solution la plus efficace, a-t-il estimé en assurant que le régime garantit la sécurité des agents et des convois humanitaires et met à disposition deux ports pour acheminer l’aide.
Le représentant a demandé ensuite au Conseil de sécurité de remédier au problème de violations répétées de la souveraineté syrienne par le mécanisme transfrontière, « un mécanisme qui devrait être supprimé » selon lui. Il y a vu un outil qui sert les intérêts de groupes terroristes. En outre, il a reproché leur attitude néfaste à certains pays occidentaux qui, selon lui, politisent l’aide humanitaire et le développement de la Syrie.
Certaines déclarations décrivent la situation en Syrie de façon erronée notamment à Deraa al-Balad, a-t-il poursuivi en affirmant que la recrudescence des violences dans la région est le fruit d’actes de groupes armés non étatiques auxquels le régime a répondu. Certains suivent aveuglément la propagande terroriste et oublient la sagesse de l’État syrien, a regretté le représentant avant de préciser que le Gouvernement a traité 3 900 dossiers et que plus de 2 500 personnes ont été libérées alors que les terroristes ont assassiné 18 responsables de municipalités et « liquidé » plus de 65 citoyens dont le seul crime était de s’être rangés du côté de l’État syrien. Plus de 500 civils et membres de l’armée ont été blessés à Deraa, or ces chiffres ne figurent dans aucun rapport, s’est indigné le représentant avant de dénoncer ce parti pris. Des pays occidentaux tels que la France et le Royaume-Uni appuient ces terroristes, a-t-il même affirmé. Par conséquent, la Syrie a déploré la « démarche erronée » des acteurs humanitaires dans le sud et la mauvaise représentation de la réalité sur le terrain. Les auteurs de certains rapports ne devraient pas croire ces discours fallacieux, leur a assené le représentant.
Il a affirmé que le « régime syrien » est favorable au dialogue et fait preuve de retenue pour protéger les civils syriens. Nous sommes face à des campagnes coordonnées pour colporter des mensonges à l’encontre du Gouvernement syrien, a affirmé le représentant avant d’accuser les forces américaines et turques, ainsi qu’Israël de mener des attaques sur le sol syrien, ce qui est contraire au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui défendent la souveraineté de l’État.
Avant de conclure, le représentant a salué la déclaration des garants du processus d’Astana, lors de la réunion qui a eu lieu au Kazakhstan en juillet, et a assuré que la Syrie reste attachée à une issue politique à la crise. Il a appelé à éviter toute ingérence externe dans les travaux de la Commission constitutionnelle et à respecter à la lettre le cahier des charges pour qu’elle puisse reprendre ses travaux sans tarder.
Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie) a indiqué que depuis plus d’un an, face à l’aggravation de la situation humanitaire et à l’impact négatif de la COVID-19, le mécanisme transfrontalier de l’ONU est plus que jamais crucial. Et avec l’adoption de la résolution 2585 (2021) du Conseil de sécurité le mois dernier, le Conseil a fait un choix entre les besoins urgents du peuple syrien et les calculs politiques du « régime Assad ». « Nous nous félicitons de la décision du Conseil de renouveler le mécanisme pour 12 mois », a-t-elle dit. Au moment où nous parlons, des millions de personnes dans le nord-ouest continuent leur lutte pour survivre avec l’aide venant de Turquie via le passage de Bab el-Haoua, a-t-elle témoigné, avant de souligner que la Turquie continue de soutenir et de faciliter les opérations transfrontalières des Nations Unies. Au sujet de ces opérations, elle a rappelé que la résolution 2585 (2021) met en lumière les besoins de l’ensemble du pays, ce qui implique également des opérations à travers les lignes de front vers le nord-est. Quant à l’accès transfrontalier au nord-ouest, la Turquie a déjà donné son accord au plan du PAM du 2 juillet qui prévoit une mission d’Alep à Sarmada/Edleb.
La représentante a espéré que l’élan créé avec la résolution 2585 sur le front humanitaire aura également un impact positif dans le domaine politique. Malgré les efforts du « régime » pour faire dérailler la Commission constitutionnelle, l’engagement constructif continu de l’opposition est louable, a-t-elle salué, rappelant que ladite Commission reste le seul élément concret du processus politique. Mme Kocyigit Grba a indiqué que le processus d’Astana fait partie intégrante des efforts visant à parvenir à une solution politique en Syrie. La seizième réunion du processus d’Astana, tenue à Nour-Soultan le mois dernier, s’est concentrée sur le processus politique et les développements sur le terrain. La Turquie poursuivra ses efforts pour faire en sorte que le processus d’Astana continue de contribuer au règlement du conflit syrien, a-t-elle promis.
La déléguée a par ailleurs accusé le « régime » d’avoir intensifié ses violations du cessez-le-feu au cours des deux derniers mois. Tant que ces violations persisteront, mettre fin au conflit par une solution acceptable pour toutes les parties restera insaisissable, a-t-elle argué. Assiéger des villes, attaquer et opprimer des civils ne donnera aucun résultat, a dit la représentante, ajoutant que les attaques contre les civils à Deraa sont inacceptables et devraient cesser immédiatement.
La déléguée turque a par ailleurs affirmé que les Unités de protection du peuple kurde (PKK/YPG) constituent une autre menace majeure pour la sécurité de la Syrie. Cette organisation terroriste et sa branche SDF ciblent et oppriment de plus en plus les civils, a-t-elle relevé, avant de réitérer l’appel de la Turquie pour une enquête de l’ONU sur l’attaque du PKK/YPG contre un hôpital d’Afrin le 12 juin dernier. « La communauté internationale ne doit pas rester silencieuse face aux attaques menées par le PKK/YPG en complicité avec le régime. »
En ce qui concerne la coupure d’eau à Alouk, la représentante a accusé là encore le PKK/YPG d’avoir délibérément coupé la seule source d’énergie électrique de la région. Mme Kocyigit Grba a estimé que la Syrie est devenue la catastrophe humanitaire la plus grave du siècle. Elle a relevé que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité du « régime » sont bien enregistrés et nécessitent des mesures immédiates vers une pleine responsabilité, en évoquant, parmi ces crimes, l’attaque aux armes chimiques dans la Ghouta le 21 août 2013 qui est « probablement l’épisode le plus sombre du conflit syrien ».
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a rappelé les mesures prises par son gouvernement pour contribuer aux efforts humanitaires en Syrie. Mais cela ne suffit pas, a dit la représentante qui a réclamé des mesures pour la reconstruction du pays. Elle a aussi demandé la levée immédiate des sanctions unilatérales imposées à la Syrie, arguant que ces mesures restrictives sapent l’efficacité de l’action humanitaire. La représentante a exigé l’amélioration de l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les passages frontaliers y voyant une manière de lutter contre le manque de transparence. L’aide transfrontalière ne doit pas servir à aider les groupes terroristes en Syrie, a cependant exhorté la représentante qui a aussi milité pour la dépolitisation de l’aide.
S’agissant du règlement du conflit, la représentante a demandé que toutes les troupes étrangères qui ne sont pas invitées quittent la Syrie. Le « régime israélien » doit également mettre un terme à ses frappes aériennes qui constituent une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie, a-t-elle réclamé. Apportant son appui aux travaux de la Commission constitutionnelle, Mme Ershadi a exigé que la Commission fonctionne sans ingérence extérieure. Elle s’est opposée à tout calendrier artificiel de son travail.
Pour répondre aux questions qui lui ont été adressées, l’Envoyé spécial pour la Syrie a déclaré que la situation syrienne est une source de préoccupation croissante. M. Pedersen a également exprimé l’espoir que la diplomatie offrira des nouvelles prometteuses pour sa prochaine intervention au Conseil de sécurité à la fin du mois de septembre. Au sujet de la Commission constitutionnelle, il a jugé urgent qu’elle se réunisse et se prépare à rédiger une nouvelle constitution pour le peuple syrien, précisant que cette tâche exige que les deux parties se mettent d’accord sur la manière de procéder.
Le Secrétaire général adjoint Griffiths a réagi à certaines questions soulevées au cours de la séance, notamment celle de l’amélioration de l’accès humanitaire en Syrie. La priorité, a-t-il dit, devait être l’arrêt des hostilités, mais un allègement des procédures bureaucratiques serait aussi bienvenu. Soulignant l’utilité de la décentralisation de la présence de l’ONU en Syrie, il a remercié les autorités syriennes d’avoir accepté sa visite sur place la semaine prochaine. Il a également souligné que le déminage demeure essentiel. Concernant Deraa, M. Griffiths a espéré simplement que la situation s’améliore dans les semaines à venir.
Le Secrétaire général du Croissant-Rouge arabe syrien a appelé à laisser passer davantage d’aide humanitaire. M. Erksoussi a toutefois souligné que l’action humanitaire ne pourra pas venir à bout de la crise syrienne et que les efforts de la communauté internationale devraient être axés sur le volet politique, la seule issue selon lui pour mettre fin à la crise.