Financement du développement: l’ECOSOC se penche sur les questions de reprise post-COVID-19 « juste et durable » et de dette extérieure
Retrouver le chemin du développement durable dans le contexte actuel ne sera pas chose facile. Les participants de la réunion spéciale de haut niveau tenue aujourd’hui, à New York, en sont tous convenus à des degrés divers. L’événement réunissait, entre autres, des représentants des institutions de Bretton Woods ‑Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale- accompagnés de ceux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Pandémie, conflit en Ukraine, inflation, augmentation des taux d’intérêt pour endiguer ladite inflation entraînent un cercle vicieux d’appauvrissement des pays et « des arbitrages difficiles », a concédé une représentante du FMI au matin de cette seconde des quatre journées du forum du Conseil économique et social (ECOSOC) consacré au suivi du financement du développement.
Les délégations d’États Membres, composées de nombreux ministres, ont débattu avec des experts et des représentants d’ONG qui se sont succédé pour diagnostiquer les difficultés et tenter d’offrir des réponses à un dilemme: comment consacrer tous les efforts possibles à la reprise économique à court terme, alors même que la pandémie a coupé l’élan des pays en situation particulière et que leurs dettes et leurs intérêts associés s’accumulent, et tout en s’adaptant à la crise climatique, une menace existentielle qui s’étale sur un temps long et réclamera d’immenses efforts d’adaptation? « Œuvrer à une économie mondiale plus résiliente tout en mettant en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques et en accélérant la numérisation des économies nationales pour les rendre plus inclusives », comme l’a formulé le Président du Comité monétaire et financier international du FMI, M. Carlos Cuerpo, semblait pour certains intervenants relever de la quadrature du cercle.
Pour le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile, la relance passe d’abord par une « distribution plus juste et plus équitable des vaccins » contre la COVID-19. En second lieu, les économies en développement doivent toujours lutter pour stimuler l’investissement, ce qui les poussera probablement vers une trajectoire de croissance plus faible à long terme. Il leur sera donc plus difficile de se remettre du recul des gains de développement entraîné par la pandémie, a craint M. Kelapile, en prévoyant avec pessimisme une augmentation persistante du chômage, de la pauvreté et des inégalités. D’autant que des redressements fiscaux et monétaires pourraient accentuer le ralentissement de la croissance et remettre en question la réalisation des ODD, a averti Mme Maimuna Kibenga Tarishi, Présidente du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED.
De l’avis de la Colombie, rapprocher les besoins de financement à court terme (croissance, élargissement de l’assiette fiscale) et les besoins à plus long terme (adaptation aux changements climatiques) s’annonce particulièrement épineux. Les efforts pour combler les écarts en matière de financement face à la pandémie, pour se rétablir et se préparer à de futures crises, requièrent d’abord une prise en main par les pays eux-mêmes, a jugé M. Takuji Tanaka, du FMI. Il faut en particulier que les gouvernements et les parlements budgétisent de manière spécifique le financement des ODD. Ce n’est que dans un second temps que le FMI facilitera l’accès des pays en développement aux marchés de capitaux pour y trouver d’autres ressources complémentaires, qui financeront, à crédits, leur redressement économique postpandémie et leurs services publics.
Le conflit en cours en Ukraine et ses conséquences sur l’économie mondiale ont suscité de nombreux commentaires. Administrateur à la Banque mondiale, M. Koen Davidse a indiqué que la Banque travaille sur une réponse coordonnée face à la hausse des prix des carburants et des produits alimentaires dans les pays touchés directement ou non par le conflit en Ukraine. Du côté du FMI, M. Cuerpo a assuré que la priorité des membres du Fonds est qu’il soit mis fin à la guerre en Ukraine, ainsi que d’assurer la solvabilité macroéconomique et la sécurité alimentaire des pays les plus vulnérables.
Sur la question de la dette extérieure, les participants ont évalué comment celle-ci peut être une source de financement fiable du développement à long terme, et deux visions antagonistes ont semblé s’exprimer. À l’opposé des tenants d’une stratégie visant à rendre positive la dette, les représentants de la société civile ont considéré que la dette était une impasse. Pour eux, les institutions financières ont tort de se focaliser sur les prêts, lesquels n’aboutissent qu’à l’accumulation de toujours plus de dette via l’accès des pays les plus endettés aux marchés financiers. Ils ont reçu sur ce point le soutien du représentant du FMI pour qui le Cadre commun du G20 sur la restructuration de la dette des pays les plus pauvres ne fonctionne pas. Partant de ce constat, ce dernier a proposé de temporiser la recherche d’une refonte du système financier mondial, pour se concentrer dans un premier temps sur des réformes au plan national. Un autre Administrateur à la Banque mondiale, M. Armando Manuel, a, lui, souligné que la dette extérieure, qui avait commencé d’augmenter avant la pandémie, avait atteint en Afrique subsaharienne des niveaux insoutenables, nécessitant des quantités de financement impossibles à lever. En somme, a-t-il ironisé, les pays en développement ont besoin de plus de dette pour faire face au problème de la dette.
Lors du débat général qui a suivi, et qui a entendu une quarantaine d’États Membres, plusieurs pays en développement ont appelé les pays développés à respecter leurs engagements antérieurs. Le Guyana leur a notamment rappelé celui de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), « un moyen essentiel pour les pays vulnérables d’accéder à des fonds constants ». La Norvège a, quant à elle, appelé de ses vœux la tenue d’une nouvelle conférence internationale sur l’APD, dont son pays est l’un des principaux contributeurs.
Le forum poursuivra ses travaux demain, mercredi 27 avril, à 10 heures.
FORUM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la CNUCED
Déclarations liminaires
M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a constaté que le monde est confronté à une accumulation de défis sans précédent: la pandémie, les pressions inflationnistes et les tensions géopolitiques, tout cela pèse sur les efforts de reprise économique. Il a décrit des contraintes budgétaires encore plus strictes, des niveaux de dette publique très élevés, couplés au ralentissement des perspectives de croissance, qui continueront à limiter la marge de manœuvre budgétaire.
Les économies en développement luttent toujours pour stimuler l’investissement et la demande globale, ce qui les poussera probablement vers une trajectoire de croissance plus faible à long terme. Il leur sera donc plus difficile de se remettre du recul des gains de développement entraîné par la pandémie, a craint M. Kelapile en prévoyant une augmentation persistante du chômage, de la pauvreté et des inégalités. En parallèle, les émissions de gaz à effet de serre sont de nouveau en hausse, menaçant la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes, a-t-il ajouté. À son avis, un seul de ces défis suffirait à faire dérailler les efforts mondiaux pour atteindre les objectifs de développement durable.
Pour y faire face, la coopération internationale sera essentielle, a posé le Président de l’ECOSOC en prônant, pour arriver à une croissance mondiale plus équilibrée et plus inclusive, une « distribution plus juste et plus équitable des vaccins ». Il a également recommandé d’adopter de nouvelles approches mondiales et régionales pour répondre aux besoins urgents de liquidités et aux vulnérabilités croissantes en rapport à la dette –notamment, en renforçant l’architecture internationale de la dette- et en tenant bien compte des besoins des pays en développement les plus vulnérables. La création récente du fonds fiduciaire pour la résilience et la viabilité est une évolution bienvenue; sa mise en service devrait être accélérée, a encouragé M. Kelapile. Le Président a aussi jugé crucial de revitaliser le système commercial multilatéral en vue de promouvoir le développement durable, ainsi que de réformer le système fiscal mondial, afin qu’il profite également aux pays en développement. Il a enfin encouragé la promotion des investissements publics dans la sécurité sociale, l’éducation et la résilience climatique, afin de réduire la fragilité face aux chocs futurs.
Mme AZUCENA ARBELECHE, Ministre de l’économie et des finances de l’Uruguay et Présidente du Comité ministériel conjoint des conseils des gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI sur le transfert de ressources réelles aux pays en développement (Comité du développement), a indiqué que lors d’une réunion récente à Washington, le Comité avait encouragé les deux institutions qu’il conseille à élargir l’accès à leurs ressources aux pays en développement les plus durement touchés tant par la pandémie de COVID-19 que par les effets de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire. Notre doctrine est de promouvoir la stabilité économique, y compris dans les contextes les plus troublés, a-t-elle ajouté, rappelant la confiance du Comité dans le multilatéralisme renforcé pour solutionner les divisions à l’origine des tensions. À cet égard, elle a signalé que le Comité avait demandé au Groupe de la Banque mondiale de se coordonner plus avant avec les banques multilatérales mais aussi le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, il est temps de passer d’un engagement de haut niveau à des résultats réels et visibles, cela en développant plus rapidement les marchés de capitaux nationaux et en mettant l’accent sur l’emploi des femmes et des filles afin rendre le relèvement socioéconomique inclusif, a encore recommandé Mme Arbeleche.
Mme MAIMUNA KIBENGA TARISHI, Présidente du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a rappelé que les répercussions de la pandémie peuvent heurter un redressement économique fragile, et que la guerre en Ukraine a eu de grandes répercussions sur les économies, surtout celles des pays en développement. Dans un tel contexte, le redressement fiscal et monétaire peut accentuer le ralentissement de la croissance et remettre en question la réalisation des ODD, a-t-elle mis en garde. Elle a déploré que, en dépit de ces crises multiples, la volonté de reconnaître l’ampleur et les défis des pays en développement manque cruellement. Pour lancer la transition vers un monde décarboné, nous devons joindre l’action à la parole, a-t-elle martelé avant de détailler le plan de travail « ambitieux » de la CNUCED: équité dans l’accès aux vaccins, résilience du système financier, question de la dette, atténuation du fossé numérique. Il s’agit aussi d’encourager l’accès des pays en développement aux outils de financement de la transition climatique, a-t-elle ajouté. S’agissant de la dette souveraine, elle a recommandé une restructuration permanente. Elle a aussi appelé à prêter une attention spéciale aux pays les moins avancés (PMA) et aux autres pays vulnérables, qui n’ont pas accès aux besoins de base et sont victimes de la hausse des taux d’intérêt, entravant leur capacité à rembourser leurs emprunts. Une reprise verte, bleue, des transitions justes, un accès abordable à Internet et à la numérisation pour réduire la fracture numérique: voilà les points sur lesquels il faut insister pour réduire les inégalités entre pays, selon Mme Tarishi. Pour faire sa part, la CNUCED est prête à organiser des réunions consacrées au commerce, aux transports et à la dette.
M. CARLOS CUERPO, Secrétaire général du Trésor de l’Espagne et President du Comité monétaire et financier international du FMI, a déploré que la reprise postpandémie connaisse des revers en raison de la guerre en Ukraine, la crise s’aggravant en devenant des crises énergétique et alimentaire à l’échelle mondiale. Il a rappelé que, dans ce contexte, la priorité des membres du FMI est qu’il soit mis fin à la guerre en Ukraine et d’assurer la solvabilité macroéconomique ainsi que la sécurité alimentaire des pays les plus vulnérables. Le FMI plaide également pour le maintien de la viabilité budgétaire à long terme de ces mêmes pays tout en continuant à protéger la santé des populations, a-t-il ajouté. Pour M. Cuerpo, la communauté internationale doit œuvrer à une économie mondiale plus résiliente tout en mettant en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques et en accélérant la numérisation des économies nationales pour les rendre plus inclusives. Enfin, après avoir réaffirmé la nécessité cruciale de doter le FMI des ressources nécessaires au déploiement équitable d’aides et programmes basés sur des quotas, il a estimé que le multilatéralisme « est le seul moyen de relever les défis communs auxquels nous sommes tous confrontés ».
Dialogue interactif
Le dialogue interactif qui débutait sur le thème « Garantir une reprise juste et durable » a été animé par M. DAVID FAIRMAN, Directeur général du Consensus Building Institute, en compagnie de directeurs exécutifs du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
Parvenir à un développement inclusif n’est pas facile dans un tel contexte mondial, a reconnu d’emblée M. MERZA HASAN, Doyen du Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale, pour qui les institutions telles que la Banque mondiale ont un rôle crucial à jouer pour renforcer la stabilité et assurer une riposte solide. Le double effet de la contraction des PIB et de l’augmentation des dépenses des gouvernements du fait de la pandémie, ajouté à l’augmentation du chômage et des inégalités, nous empêche de réaliser les ODD, a-t-il constaté, d’autant que l’augmentation des prix de l’énergie et des biens de base aboutit à une inflation élevée. Ce diagnostic posé, M. Hasan a appelé à ne pas perdre de vue les objectifs à long terme comme l’adaptation aux dérèglements climatiques: il faut tirer parti des réformes structurelles positives comme la transition numérique accélérée par la pandémie. Il a enfin appelé à investir dans le capital humain.
Les mêmes crises et leurs effets ont été constatés par Mme ITA MANNATHOKO, Présidente du Comité de liaison du FMI avec la Banque mondiale et d’autres organisations internationales: pandémie, Ukraine, inflation et augmentation des taux d’intérêt pour endiguer ladite inflation, le tout entraînant un cercle vicieux et « des arbitrages difficiles ». Elle a misé sur ce forum pour « faire des percées » en matière d’innovation, car il faut tenir les promesses en matière d’investissements. Elle a donc appelé à faire preuve d’inventivité, sans perdre de vue les questions à long terme, comme les changements climatiques et les questions de genre. Pour sa part, le FMI fournit 1,4 milliard de dollars de financement pour l’Ukraine et participe à ses efforts de reconstruction, a signalé Mme Mannathoko. Elle a ajouté que le Fonds appuie les 20% des pays les plus fragiles et touchés par les conflits, leur dédiant 300 milliards de dollars pour maintenir leur accès aux liquidités, sans compter l’émission de droits de tirage spéciaux (DTS).
Le modérateur M. Fairman a posé les questions cadre du débat interactif, dont la première, cruciale: Comment les pays peuvent-ils investir dans de meilleures capacités de préparation et de réponse aux crises, tout en répondant aux besoins urgents de dépenses liés à la pandémie?
Élargir l’espace fiscal des pays est une solution, a proposé M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie), Vice-Président de l’ECOSOC, en appelant à tenir compte des réalités et des capacités nationales, et des caractéristiques des pays en situation particulière. Il a estimé que les conditions d’accès au financement devraient être plus favorables pour les pays en situation « particulière », qui devraient aussi bénéficier d’un plus grand accès aux DTS.
Il y a aussi les pays en situation « intermédiaire », tels que la Colombie, pour lesquels les institutions de Bretton Woods devraient jouer un rôle actif d’information précise sur l’accès aux financements, a déclaré le représentant de la Colombie, au nom d’un groupe de pays en situation intermédiaire. Il a évoqué la difficulté de rapprocher les besoins de financement à court terme (croissance) et les besoins à plus long terme (adaptation aux changements climatiques).
Les efforts pour combler les écarts en matière de financement dans la réponse à la pandémie, se rétablir et se préparer à d’autres crises requièrent une prise en main par les pays, a estimé M. TAKUJI TANAKA, Administrateur au FMI. De son côté, le Fonds a mis en place un nouveau mécanisme de prêt, qui pourrait faciliter la participation des institutions financières en accélérant la transition. La Suède, « au nom d’un groupe de pays comprenant la Bulgarie et d’autres pays », a plaidé plus largement pour la participation de « tous », y compris le secteur privé, pour augmenter l’assiette fiscale des pays. M. KOEN DAVIDSE, Administrateur à la Banque mondiale, a indiqué que l’institution avait levé des ressources supplémentaires (93 millions de dollars) en décembre 2021 pour réduire les délais de financement. M. Davidse a aussi indiqué que la Banque travaille sur une réponse coordonnée pour répondre à la hausse des prix du carburant et des produits alimentaires dans les pays touchés directement ou non par le conflit en Ukraine.
Dans un contexte si difficile, que peuvent faire les institutions pour soutenir les efforts de nos membres afin de lutter contre les inégalités et d’obtenir un financement approprié pour soutenir la reprise et garantir une transition juste? a encore demandé le modérateur du débat.
Le FMI, selon M. Tanaka, mettra davantage l’accent sur les programmes sociaux, après avoir accordé des prêts rapides et sans condition pendant la première vague de la pandémie. Et pour assurer une approche équitable et différenciée de la transition climatique, le FMI propose des planchers différents en matière d’émissions de carbone pour les pays en développement, car un même plancher pour tous pourrait avoir des effets pervers.
L’ONG Forum de politique mondiale a demandé au FMI de se justifier concernant les DTS qui sont attribués aux pays « qui n’en ont pas besoin », notant que « plusieurs milliards de dollars dorment, non utilisés, dans les coffres de ces pays ». L’ONG a jugé que ces DTS pourraient devenir cruciaux pour la transition climatique et qu’ils devraient vraiment revenir aux pays ayant le plus besoin de liquidités. Elle a aussi regretté qu’il y ait des conditions d’accès au fonds fiduciaire pour la résilience et la viabilité du FMI, alors que cela n’était pas prévu au départ.
Quels investissements ou mécanismes fiscaux sont les plus efficaces pour atténuer les impacts négatifs de la transition énergétique sur les populations et les industries vulnérables? La Chine a formulé son propre plan d’action pour le climat et tente de devenir neutre en carbone d’ici à 2060, mais le charbon, a-t-elle reconnu, reste sa principale source n’énergie aujourd’hui. La Chine veut donc arriver à une part d’environ 25% des énergies non fossiles dans sa consommation totale d’énergie d’ici à 2030. « Oui, il faut financer la transition vers les énergies décarbonée », a appuyé le modérateur M. Fairman, qui aimerait voir d’autres pays s’exprimer à ce sujet.
L’Argentine, au nom d’un groupe de pays latino-américains, a plaidé la cause des pays à revenu intermédiaire pour répondre à leurs besoins à court, moyen et long terme. Concernant les approches vertes, le groupe a insisté sur la nécessité d’un débat pour identifier les thèmes qui pourraient contribuer à obtenir la meilleure stratégie possible pour les pays à faible revenu. La Banque mondiale se concentre aussi sur la crise climatique, a ajouté M. Davidse, qui a appelé à une collaboration multilatérale accrue.
La deuxième partie de la discussion a porté sur la dette extérieure, les intervenants se demandant notamment comment la dette peut être une source de financement fiable du développement à long terme. À ces tenants d’une stratégie visant à rendre positive la dette, les représentants de la société civile ont considéré que la dette était une impasse et ont reçu sur ce point le soutien de M. MAHMOUD MOHIELDIN, Administrateur au FMI.
Celui-ci avait d’abord lancé les débats en estimant que le Cadre commun du G20 sur la restructuration de la dette des pays les plus pauvres ne fonctionnant pas, il convient de temporiser la recherche d’une refonte du système financier mondial et se concentrer dans un premier temps sur des réformes au plan national. Pour le représentant du FMI, il faut en particulier que les gouvernements et les parlements budgétisent de manière spécifique le financement des ODD. Ce n’est selon lui que dans un second temps qu’il faudra faciliter l’accès des pays en développement aux marchés de capitaux pour y trouver d’autres ressources complémentaires pour financer, à crédits, leur redressement économique postpandémie et leurs services publics. Lui aussi a plaidé pour la reconnaissance de critères de vulnérabilité aux crises multidimensionnelles favorables aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Il a aussi recommandé une opérationnalisation rapide du Cadre commun du G20, lequel « progresse trop lentement et doit prévoir des mesures claires pour répondre aux besoins réels et fixer un calendrier clair ».
M. ARMANDO MANUEL, Administrateur à la Banque mondiale, a souligné que la dette extérieure, qui avait commencé d’augmenter avant la pandémie, avait atteint en Afrique subsaharienne des niveaux insoutenables, nécessitant des quantités de financement impossibles à lever sur des marchés privés hors d’atteinte financièrement pour les pays de la région ayant besoin de taux préférentiels. En somme, les pays en développement ont besoin de plus de dette pour faire face au problème de la dette! a-t-il ironiquement relevé. Pour le représentant, dans un tel contexte, la « nouvelle dette » doit générer plus de revenus et de croissance économique pour devenir profitable. À cet égard, il a jugé que l’Accord sur la zone de libre-échange en Afrique doit recevoir un appui plus ferme de la Banque mondiale et des banques multilatérales. La croissance économique doit devenir un objectif de ces institutions, a-t-il considéré, comme le financement accru à des taux concessionnaires et l’octroi de subventions pour les pays plus pauvres.
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie), Vice-Président de l’ECOSOC, a réagi en ajoutant qu’il est urgent de redistribuer les liquidités mondiales en faveur de ces pays, les programmes de suspension de service de la dette du G20 devant à cette fin être prorogés pour permettre une restructuration de leur dette et leur ouvrir l’accès aux facilités de crédits les plus favorables.
Pour les représentants de la société civile, les institutions financières ont tort de se focaliser sur les prêts, lesquels n’aboutissent qu’à l’accumulation de toujours plus de dette via l’accès des pays les plus endettés aux marchés financiers. Ils ont ainsi déploré que les nouveaux emprunts aillent dans la poche des créditeurs en l’absence de mécanismes fonctionnels pour régler pour de bon le problème structurel de la dette extérieure. Pour eux, le FMI et les créanciers doivent fournir une protection juridique aux emprunteurs qui choisissent de faire défaut par rapport aux créanciers récalcitrants. Ils doivent aussi faciliter le déploiement de financements publics à taux préférentiels. La dette n’est pas soutenable si son remboursement empêche les pays de s’adapter au climat et de promouvoir le rôle social des femmes, ont-ils encore convenu.
Le représentant du Brésil a reconnu que pour échapper au piège de la dette, il faut plus de liens entre économie financière et économie réelle, seul moyen de renforcer les capacités productives, d’intensifier les créations d’emplois et de dégager davantage de ressources budgétaires.
Les représentants de la Banque mondiale et du FMI ont repris la parole pour plaider en faveur de solutions innovantes viables et de réformes nationales propices au financement des ODD via des fonds privés.
Suite du débat général
M. ASHNI SINGH, Ministre des Finances du Guyana, a déclaré que l’accumulation de volumes de dettes publiques sans précédent pour faire face à la pandémie de COVID-19 conjuguée à la guerre en Ukraine a causé un ralentissement de la croissance mondiale et une hausse nette de l’inflation. Ce sont les plus vulnérables qui accusent le coup, a-t-il noté, appelant à investir dans la diversification économique pour assurer la sécurité alimentaire, comme s’efforce de le faire son pays. Enfin, il a appelé les pays développés à honorer leur engagement de consacrer 0,7% du PIB à l’APD, un moyen essentiel pour les pays vulnérables d’accéder à des fonds constants nécessaires à leur développement.
Mme ALEXANDRA HILL TINOCO, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a indiqué que son gouvernement s’attache à relancer le commerce local et le secteur du tourisme pour attirer des investissements étrangers stables. Nous devons nous montrer audacieux en nous ouvrant au monde de l’économie numérique, a reconnu la Ministre. Elle a cité à cet égard le bitcoin, qui doit être intégré à l’économie, une nouvelle forme de monnaie qui permet d’impliquer des acteurs autrefois en marge de l’économie régulière parce qu’ils ne pouvaient pas financer leurs innovations.
Mme ÞÓRDÍS KOLBRÚN REYKFJÖRÐ GYLFADÓTTIR, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a appelé à redoubler d’efforts pour s’acquitter des engagements pris il y a sept ans lors de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Concernant la pandémie, elle a jugé essentiel que chaque pays arrive à un fort taux de vaccination et que la distribution gratuite des vaccins soit une priorité.
Mme TAKAKO SUZUKI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a sévèrement condamné l’agression russe en Ukraine. Elle s’est dite préoccupée par les retards que la pandémie a entraînés dans la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Japon va doubler son assistance pour aider les pays à lutter contre les changements climatiques d’ici à 2025, a-t-elle annoncé avant d’exhorter tous les États Membres à coopérer pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs.
Mme ANTONETTE TIONKO, Sous-Secrétaire au Ministère des finances des Philippines, a plaidé pour la conduite de « bonnes politiques fiscales » pour s’assurer que les programmes de développement durable aient les moyens d’être mis en œuvre. Elle a mentionné que le Gouvernement des Philippines a adopté des taxes sur des produits nuisibles pour simplifier le système fiscal tout en le rendant plus efficace. Elle a appelé au renforcement de l’assistance financière et technique de développement aux pays les moins avancés et à revenu intermédiaire, en particulier dans le domaine des liquidités et du développement vert et inclusif, « conformément aux ODD ».
M. FRANCISCO ANDRÉ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a estimé vital de répondre aux crises par un engagement commun dans un esprit de solidarité internationale. Un tel effort passe par des dispositifs de réponse à ces crises qui doivent être portés par l’ONU, a-t-il précisé. Le Secrétaire d’État a signalé, pour ce qui concerne son pays, que 60% de l’APD portugaise, laquelle a augmenté de 4% en 2021, ont été alloués aux PMA.
M. WEIPING YU, Vice-Ministre des finances de la Chine, a plaidé pour réduire les inégalités entre pays et trouver un consensus en matière de développement, en respectant le système international avec l’ONU en son centre. Il faut selon lui s’en tenir au dialogue et promouvoir un développement commun en poursuivant la coopération Nord-Sud avec la coopération Sud-Sud comme complément. Il a aussi recommandé de remobiliser des ressources, les pays développés devant respecter leurs engagements en matière d’APD. Il a appelé à respecter un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’OMC.
M. CLEMENCE CHIDUWA, Ministre adjoint des finances et du développement économique du Zimbabwe, a évoqué les répercussions de la COVID-19 sur la mise en œuvre des ODD. Le pouvoir, les richesses devraient être mieux partagés, a-t-il souhaité en témoignant que le Zimbabwe, comme d’autres pays africains, a enregistré de faibles recettes et a vu se tarir les sources de financement externes. Les dépenses pour le service la dette grèvent ses capacités à développer des filets de protection sociale, a-t-il reconnu.
M. JONATHAN TITUS-WILLIAMS, Ministre adjoint de la planification et du développement économique de la Sierra Leone, a indiqué que son pays a été moins touché que d’autres par la pandémie, mais que son PIB s’est tout de même contracté de 2%. Il a dit que l’économie été maintenue à flot grâce à l’aide et à des mesures budgétaires et fiscales, notamment la mise en place d’un système d’administration fiscale numérisé. La priorité a été donnée à l’inclusion financière des femmes, des jeunes et des microentreprises, a-t-il ajouté.
Mme Cindy RODRIGUEZ, Vice-Ministre de la coopération et de la promotion internationale du Honduras, a indiqué que les ouragans ayant frappé son pays ces dernières années avaient causé 2 milliards de dollars de pertes pour l’économie nationale. Cette véritable vulnérabilité climatique creuse les inégalités et exige des réponses rapides, a-t-elle ajouté, plaidant pour que soient trouvées des ressources de financement par le biais de processus d’attribution d’aides simplifiés. La Vice-Ministre a jugé vitale la résilience des pays en développement pour qu’ils conservent toutes leurs chances de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Sous-Secrétaire chargée des affaires multilatérales et des droits humains du Mexique, a appelé à remédier aux asymétries qui règlent de façon injuste l’obtention des financements du développement. Les progrès technologiques qui améliorent les conditions de vie de chacun doivent être mieux partagés et devenir un bien commun, a-t-elle demandé, notant que les outils technologiques assurent en outre une mise en œuvre harmonieuse et universelle des ODD.
M. RUBÉN MOLINA, Vice-Ministre chargé des affaires multilatérales du Venezuela, a noté que la guerre en Ukraine déséquilibre une économie mondiale et interconnectée déjà affectée par la pandémie de COVID-19. Nos pays ne pourront pas atteindre les ODD si de nouvelles conditions de financement du développement ne sont pas réunies, a-t-il averti, prônant dans ce contexte l’annulation d’une partie de la dette des principaux pays du Sud producteurs d’énergies et de matières premières.
Selon M. ALEXANDER PANKIN, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, les ODD sont tout bonnement irréalisables en l’état. La cause des perturbations actuelles réside dans l’injustice perpétrée par les pays occidentaux, a-t-il argué en s’adressant aux pays en développement. À son avis, les modèles financiers proposés ne fonctionnent plus. Il a noté qu’« un pays » tente d’imposer un monopole en matière de télécommunications et que 54 États Membres se trouvent en situation de crise de la dette. Il a regretté que les pays développés soient « loin de fournir les efforts nécessaires ». M. Pankin a décrit un système dominé par des pays privilégiés.
Selon M. YURI AMBRAZEVICH, Ministre adjoint des affaires étrangères du Bélarus, les pays développés sapent les progrès en ne tenant pas leurs engagements, que ce soit envers les PMA ou les pays en situation intermédiaire. Les pays donateurs violent leurs obligations internationales, a-t-il même déclaré avant de dénoncer le fait que le système commercial international soit « floué par des sanctions iniques ». Il a estimé que les sanctions visant les exportations d’engrais au potassium produits par son pays contribuent à la hausse de la faim dans le monde.
M. STANISLAV RAŠČAN, Secrétaire d’État et Ministre de la coopération au développement de la Slovénie, a dit que son pays a augmenté son aide publique au développement aux PMA. La Slovénie a également fait don de nombreux vaccins aux pays qui en ont besoin, a-t-il ajouté avant de mentionner aussi son aide humanitaire accrue pour contribuer à faire reculer les crises.
Mme BJØRG SANDKJÆR, Secrétaire d’État au développement international de la Norvège, a appelé de ses vœux la tenue d’une nouvelle conférence internationale sur l’APD, dont son pays est l’un des principaux contributeurs. Pour renforcer le cadre multilatéral de coopération en matière de développement, elle a recommandé de donner la priorité à la lutte contre le détournement des flux financiers, à la levée du secret financier et à la lutte contre la fraude fiscale, qui sapent la confiance des populations envers leurs dirigeants politiques et économiques.
M. AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre du Royaume-Uni pour l’Asie du Sud, l’Afrique du Nord, les Nations Unie et le Commonwealth, a rappelé que son pays avait consacré au cours de l’année 2021 quelque 11 milliards de dollars au titre de l’assistance technique au développement et à la relance durable après la COVID-19 dans les pays en développement. Dans « le monde d’après », il nous faudra changer les modes de financement du développement en prévoyant des investissements de meilleure qualité et en renforçant le rôle des marchés de capitaux dans le financement des initiatives vertes, a-t-il préconisé.
M. MILTON REIS, Ministre de la planification de l’Angola, a reconnu les difficultés persistantes de son pays pour trouver des financements adaptés à la mise en œuvre au plan national des ODD, qui plus est dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Celle-ci a accentué la crise due à la chute du prix du pétrole au plan intérieur, au point que nous avons dû reporter à 2024 l’adoption de lois environnementales articulées au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il confié.
M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL, Secrétaire général du Ministère fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a condamné « l’horrible guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine », « grenier à pain du monde ». Il s’est félicité des efforts entrepris pour lutter contre les répercussions mondiales de ladite guerre. Appelant à ne pas baisser la garde dans la lutte contre la pandémie, il a appelé à réduire la fracture vaccinale. Déplorant le fardeau de la dette qui empêche d’investir dans les ODD, il a salué tous les efforts déployés pour alléger ce fardeau, que ce soit la suspension du service de la dette ou le cadre commun du G20.
Mme SAMANTHA POWER, Administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a dénoncé les régimes autoritaires empoisonnant les démocraties ainsi que l’invasion russe en Ukraine, qu’elle a jugée responsable de la hausse de l’inflation dans le monde. Elle a évoqué des fonds de pension des États-Unis qui investissent dans des pays en développement et a encouragé de tels investisseurs privés, « non traditionnels ».
Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que son gouvernement s’attache à la bonne réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en renforçant notamment sa politique de réduction des risques de catastrophe. Améliorer l’accès aux options financières pour le développement demeure un défi pour les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), y compris les pays à revenu intermédiaire tels que la Jamaïque, a-t-elle fait observer.
M. JOEL SAITOTI TOROME, Secrétaire principal pour la trésorerie nationale et la planification au Département d’État de la planification du Kenya, a souhaité que les pays en développement disposent de l’espace fiscal leur permettant de tenir leurs engagements internationaux et régionaux en matière de mise en œuvre des ODD mais aussi d’offrir à leurs populations éprouvées par les crises sanitaire et climatique des services publics qui les protègent efficacement.
M. LUIS MADERA, Directeur de la planification économique et sociale au Ministère de l’économie, de la planification et du développement de la République dominicaine, a déclaré que l’emploi des jeunes est le premier moteur de reconstruction économique permettant d’accroître l’espace fiscale et de moderniser et verdir le fonctionnement des sociétés. Le secteur privé doit être impliqué plus avant dans cet effort de reconstruction et de modernisation, a-t-il ajouté.
M. CHRISTIAN FRUTIGER, Sous-Directeur général à l’Agence pour le développement et la coopération de la Suisse, a qualifié le Programme 2030 de cadre approprié pour relever les défis à l’ordre du jour du forum. Nous devons créer ensemble un environnement propice à des investissements durables et canaliser les fonds dans les pays et secteurs où les besoins sont les plus aigus, a-t-il préconisé.
M. MICHEL MIRAILLET, Directeur général de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international de la France, a appelé à une lutte accrue contre les flux financiers illicites, qui pèse dans la constitution d’un espace fiscal des pays en développement, et à un renforcement des systèmes de santé mobilisant tant l’aide internationale que les ressources domestiques. La France a fourni 100 millions d’euros au Mécanisme COVAX en 2020, et de nouveau en 2021, et s’est engagée à fournir 100 millions de doses de vaccin. Il a appelé à mobiliser davantage de capitaux privés pour développer la finance durable.
M. CHARLES BANDA, Directeur au Département Population et développement au Ministère de la finance et de la planification nationale de la Zambie, s’est dit préoccupé par les effets de la pandémie et des changements climatiques. Il a cité comme réformes la planification des politiques nationales zambiennes, une stratégie de gestion de la dette à moyen terme (2023-2025), une réforme des secteurs énergétiques et agricoles, la mise en œuvre de modèles de financement mixtes et la gestion stricte du secteur public. Il a espéré, ce faisant, pouvoir disposer de davantage de ressources de la part de la communauté internationale.
Pour Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL, Directrice des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères de Cuba, l’APD devrait être le principal axe de développement international, mais les pays développés n’honorent pas leur promesse de lui consacrer 0,7% de leur PIB. Elle a aussi dénoncé un blocus « criminel » des États-Unis à l’encontre de son pays depuis plus de 60 ans.
M. IOANNIS SMYRLIS, Secrétaire général aux affaires économiques et à l’ouverture au Ministère des affaires étrangères de la Grèce, a fait état des turbulences subies par l’économie mondiale avant de déplorer la diminution des fonds alloués au développement et au développement durable en particulier. Les gouvernements doivent faire leur possible pour créer un environnement propice aux investissements en développant le secteur privé et l’accès à l’emploi des femmes et des jeunes, a-t-il recommandé.
M. ELHADI ISMAIL, Directeur général du Département de la finance extérieure au Ministère des finances et de la planification économique du Soudan, a indiqué que son pays avait lancé un train de mesures économiques qu’un allégement de la dette permise par des programmes de la banque mondiale a rendu possibles. L’engagement ferme à nos côtés des institutions financières internationales, de l’ONU et de pays partenaires devrait permettre leur mise en œuvre d’ici à 2023, a-t-il ajouté, précisant que ces mesures concernent notamment l’assistance aux familles pauvres et des initiatives de développement dans les domaines de l’eau, de l’agriculture et du numérique.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie), au nom des pays en développement sans littoral, a souligné les problèmes majeurs que rencontrent ces pays pour réaliser les ODD. Nous avons besoin de ressources massives compte tenu des effets ravageurs de la pandémie et de la crise climatique sur les actions de redressement économique, a-t-il noté, appelant à des mesures complémentaires « clefs pour l’essor de nos pays ». Celles-ci visent la viabilité de la dette, l’APD et les échanges de dettes pour pérenniser l’investissement dans une relance durable, a ajouté le délégué.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a notamment plaidé pour la reconnaissance du droit des pays en développement à utiliser les droits de propriété intellectuelle pour protéger leurs populations, les actifs dérobés devant retourner dans les pays d’origine. Il a aussi demandé un renforcement des mesures de contrôle de l’intégrité financière sur le plan international. À cet égard, il a considéré que les questions fiscales devraient être à l’ordre du jour d’un groupe d’experts gouvernementaux désigné par le Secrétaire général et établi par un vote de l’Assemblée générale.
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a appelé à ne pas réduire à néant les gains difficilement acquis durant la pandémie. À cet égard, il a indiqué que son pays a mis en place un fonds d’affectation spéciale à la réalisation des ODD, avec une contribution initiale de 20 millions de dollars. Ce fonds démontre la détermination totale du Gouvernement de la Malaisie dans ce domaine, a-t-il souligné. Il a appelé à s’intéresser au système de financement islamique mis en place dans son pays et à ses certificats sur 10 ans, qui constituent la première obligation de ce type émise pour des projets environnementaux et pour atteindre les ODD.
M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda), au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a déclaré que la reconstruction économique de ces pays devait être inclusive et se fonder sur leurs capacités de résilience. Il a souligné l’importance, dans cette optique, de mettre en œuvre le Programme 2030 pour les pays menacés dans leur existence même par les changements climatiques. L’objectif de 100 milliards de dollars de fonds climatiques est à notre portée, a-t-il assuré, ces fonds étant essentiels pour concrétiser le pilier environnemental du développement durable.
M. ONCU KECELI (Turquie), au nom des pays du groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), a appelé à accélérer les efforts pour mettre en œuvre les ODD, et à assurer la cohérence et l’harmonie des actions engagées en matière de développement par les institutions financières internationale. Il a plaidé pour un commerce mondial ouvert et fondé sur des règles contraires au protectionnisme, cela dans le cadre d’une OMC réformée.
M. IBRAHIM ZUHAREE (Maldives) a appelé à permettre un accès équitable aux vaccins et aux équipements de santé, sachant que les Maldives ont dépensé des sommes colossales dans ce domaine tout en souffrant de la disparition subite du tourisme pendant la pandémie. Il a appelé à l’aide via des prêts à faibles taux d’intérêt notamment, afin de construire une économie autonome et de nouveau en croissance. Il a ramené les pays développés à leur responsabilité quant à la délivrance des 100 milliards de dollars prévus chaque année pour aider les pays en développement, et notamment les petits États insulaires en développement (PEID), à financer leurs actions de lutte contre les changements climatiques.
La représentante d’Oman a souligné la nécessité de soutenir les pays en développement et les PMA dans leurs efforts de développement. Convaincue du rôle de l’ONU et de « son écosystème », elle a souligné l’importance de la lutte contre la fracture numérique et de la collecte, de la supervision et de l’analyse de données. Le sultanat, guidé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est engagé à encourager l’entrepreneuriat, la cohésion sociale et l’approche participative dans ses axes de développement, a témoigné la représentante.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) a jugé urgent de combler les lacunes en matière de financement pour le développement et d’harmoniser les politiques de financement. Il s’est prévalu d’un cadre de financement intégré adopté pour l’Arménie, qui permettra de renforcer l’architecture de financement. Il a aussi évoqué un environnement propice pour le secteur privé en Arménie grâce au développement de son secteur numérique.
M.EMIL BEN NAFTALY (Israël) a dit que son pays s’est engagé pour la réalisation pleine et entière du Programme d’action d’Addis-Abeba. Il s’est dit préoccupé par la hausse de l’inflation et par les différentes entraves aux efforts de relance. Il a encouragé à suivre l’approche israélienne d’une « collecte fiscale plus efficace ». Le représentant a insisté sur la nécessité de trouver des solutions pour l’adaptation aux changements climatiques, ajoutant qu’Israël se tient prêt à partager son expertise en matière de gestion de l’eau et de développement numérique. Le pays s’est engagé à abandonner totalement l’utilisation du charbon comme source d’énergie d’ici à 2025, a-t-il aussi fait valoir.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a estimé nécessaire de renforcer la coopération internationale pour réaliser l’équité vaccinale, surmonter les défis liés à la dette souveraine qui étranglent des pays en développement et pour que l’engagement de consacrer 0,7% du PIB des pays développés à l’APD à « nos pays » soit efficacement respecté. Sans ressources, nous ne pourrons agir, a-t-il dit.
M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) s’est demandé s’il était possible de « reconstruire en mieux sans laisser personne de côté ». Il faudrait, pour y parvenir, faire de la crise et des tensions internationales une occasion stratégique où l’allégement de la dette serait le levier de la relance économique, a-t-il estimé.
M. DESIRE WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a appelé à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, « dans un esprit de partenariat global soucieux des dimensions sociale et environnementale du développement durable ». La lutte contre la fraude fiscale devrait être érigée en priorité absolue, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que la période 2021-2025 sera celle de l’accélération de la transformation économique et sociale de son pays. Le représentant a par ailleurs réaffirmé l’engagement de la Côte d’Ivoire à contribuer au renforcement de la coopération internationale en vue de bâtir un monde de paix durable.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé l’attachement de son pays à la mise en œuvre juste et équitable du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030, c’est-à-dire « en fonction des priorités nationales ». À cet égard, elle a estimé que l’innovation peut aider à éliminer la pauvreté dans les pays en développement, et que la coopération Sud-Sud a les moyens de gommer les inégalités au plan régional, et ce, « dans le respect des spécificités culturelles locales ».