Assemblée générale: premier débat « révolutionnaire » suite à l’utilisation du veto pour rejeter une résolution du Conseil de sécurité sur la RPDC

Soixante-seizième session,
77e et 78e séances – matin & après-midi
AG/12423

Assemblée générale: premier débat « révolutionnaire » suite à l’utilisation du veto pour rejeter une résolution du Conseil de sécurité sur la RPDC

Neuf jours ouvrables après le recours au veto par la Chine et la Fédération de Russie pour rejeter un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à durcir le régime de sanction contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’Assemblée générale s’est saisie aujourd’hui du dossier au cours d’un débat que son Président, M. Abdulla Shahid, a qualifié de « révolutionnaire ». 

De nombreux États Membres ont eux aussi souligné le caractère historique de cette réunion, la première depuis l’adoption, le 26 avril dernier, de la résolution L.52 par laquelle l’Assemblée générale a décidé que sa présidence convoquera une séance dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, afin de tenir un débat sur la situation au sujet de laquelle le veto a été opposé, sous réserve qu’une session extraordinaire d’urgence ne soit pas tenue sur cette même situation.  Pour le Pérou et d’autres, la tenue de ce débat représente un pas en avant dans la démocratisation des décisions prises par le Conseil de sécurité, ainsi qu’une avancée en faveur de la transparence et la responsabilité.

En venant aux faits, la Chine a déclaré n’avoir pas eu d’autre choix, le 26 mai, que de voter contre le projet de résolution rédigé par les États-Unis, dénonçant le mépris de Washington pour les préoccupations légitimes de la RPDC.  « Le vote de la Chine est simple: va-t-il aider ou non à maintenir la paix et la sécurité internationales », a indiqué la délégation chinoise.  L’ampleur des sanctions du Conseil contre la RPDC étant d’ores et déjà sans précédent, elle a notamment estimé que l’imposition de sanctions supplémentaires n’étaient ni justes ni humaines. 

« Renforcer la pression des sanctions sur Pyongyang est non seulement futile, mais aussi extrêmement dangereux du point de vue humanitaire », a renchérit la Fédération de Russie.  À ses yeux, ce « paradigme des sanctions » n’a pas été en mesure de garantir la sécurité dans la région ou de rapprocher du règlement des problèmes de non-prolifération nucléaire.  Au contraire, l’année dernière a été marquée par une aggravation de la situation et nos collègues occidentaux ont complètement ignoré les appels répétés de Pyongyang aux États-Unis pour mettre fin à leurs activités hostiles, a-t-elle déploré.  La RPDC a d’ailleurs fait valoir que la modernisation de son armement relève de notre droit d’assurer notre légitime défense contre les menaces directes des États-Unis. 

Notant cependant que la RPDC a lancé un nombre record de missiles balistiques ce week-end, le Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon a alerté que Pyongyang profiterait de l’absence de réaction ferme du Conseil pour accélérer ses programmes nucléaires et de missiles.  La République de Corée a en outre relevé que les activités nucléaires de la RPDC représentent un immense défi pour la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, tout en assurant que la porte du dialogue reste ouverte malgré les provocations et les menaces répétées.

Auteur du projet avorté, les États-Unis ont fait observer que depuis 2006, chacune des résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC a été adoptée à l’unanimité, rejetant l’idée que les sanctions soient la cause de l’escalade actuelle.  Tant que la RPDC ne choisira pas la voie de la diplomatie et ne prendra pas de mesures significatives dans le sens de la dénucléarisation, nous ferons tout pour restreindre ses programmes illégitimes, a prévenu le délégué qui a souligné que les vetos de la Chine et de la Fédération de Russie n’ont rien fait pour la sûreté et la sécurité collectives.  La délégation américaine a également indiqué que dans le texte présenté au Conseil, elle avait pris soin d’inclure des dispositions pour appuyer l’aide humanitaire ainsi que la riposte à la pandémie de COVID-19. 

La résolution n’aurait peut-être pas été une réponse idéale aux provocations de la RPDC mais elle aurait certainement été une réponse nécessaire, a estimé pour sa part le Brésil qui, à l’instar de nombreuses délégations, a jugé urgent de rétablir l’unité du Conseil de sécurité.  Il n’a pas non plus caché sa crainte que la réunion d’aujourd’hui ne brouille la séparation des pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, au risque de remettre en question l’autorité et la légitimité de ce dernier et de décourager ses membres de chercher un terrain d’entente.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également fait sienne une résolution (A/76/L.62) présentée par la Géorgie et consacrée à la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie (Géorgie) et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud (Géorgie).  Adopté par 95 voix pour, 12 contre et 56 abstentions, ce texte appelle notamment à fixer un calendrier pour le retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés touchés par les conflits en Géorgie dans leurs foyers.  Il souligne également qu’il faut d’urgence assurer l’accès sans entrave des agents humanitaires à tous les déplacés, réfugiés et autres habitants de toutes les zones touchées par le conflit partout en Géorgie. 

M. Shahid a par ailleurs informé les délégations des résultats des élections à la présidence des six grandes commissions de l’Assemblée générale.  La présidence de la Première Commission, qui est chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a été confiée à M. Magzhan Ilyassov (Kazakhstan).  Les travaux de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, seront dirigés par Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie), et ceux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, par M. José Alfonso Blanco Conde (République dominicaine).  La Quatrième Commission, chargée des questions de politique spéciale et de la décolonisation, sera dirigée par M. Mohamed Al Hassan (Oman) et la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, par M. Philippe Kridelka (Belgique).  La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, aura à sa tête M. Pedro Comissário Afonso (Mozambique).

La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu demain, jeudi 9 juin, à partir de 10 heures pour élire des membres non-permanents du Conseil de sécurité. 

 RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - POINT 124: RAPPORT SPÉCIAL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/76/853)

Débat conformément à la résolution A/RES/76/262

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a salué l’organisation de ce débat « révolutionnaire » sur l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité.  Il a estimé que cette réflexion fait partie du mandat de l’Assemblée générale qui a le droit et la responsabilité d’agir sur la capacité du Conseil de sécurité à s’acquitter de son mandat.  Lorsque le multilatéralisme est menacé, l’Assemblée générale s’engage à défendre la Charte des Nations Unies et le droit international.  Ce sont ces valeurs et ces sentiments qui guident mon travail et ils doivent également guider le multilatéralisme, a déclaré M. Shahid. 

Notant que l’existence et la prolifération des armes nucléaires constituent un danger existentiel pour l’humanité et pour l’ensemble de la vie sur la planète, le Président de l’Assemblée générale a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour réaliser la vision commune d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il faut nous mobiliser avec conviction, et avec énergie pour résoudre les nombreux défis sécuritaires auxquels l’humanité est confrontée -le monde n’attend pas moins de nous, a-t-il souligné.  Et pour cela, il faut nous appuyer sur le rôle essentiel de l’Assemblée générale.  Selon lui, les débats doivent aboutir à un véritable engagement à appuyer la non-prolifération des armes nucléaires et l’utilisation scientifique de l’atome. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la situation s’est améliorée dans la péninsule coréenne, et a regretté que cette évolution positive n’ait pas suscité une « réponse appropriée » des États-Unis.  Ce pays a préféré les pressions, les mots creux et les sanctions, a déploré le délégué, en dénonçant le mépris des États-Unis pour les préoccupations légitimes de la RPDC.  Il a exhorté les États-Unis à agir de manière responsable et à éviter tout mauvais calcul, avant d’indiquer que l’ampleur des sanctions du Conseil contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) sont d’ores et déjà sans précédent.  Des sanctions supplémentaires n’étaient ni justes ni humaines.  Il a souligné la nécessité de promouvoir une solution politique et d’alléger les sanctions, avant d’évoquer le projet de résolution porté par la Chine qui poursuit de tels objectifs.  Il a espéré que la partie américaine se ralliera à ce projet de résolution, en indiquant que l’écrasante majorité des membres du Conseil partage le même point de vue que la Chine sur le dossier de la RPDC.  Ce sont les États-Unis qui ont choisi la confrontation lors du dernier vote, entraînant ainsi un échec du Conseil, a-t-il analysé.  Nous n’avons pas eu d’autre solution que de voter contre, a dit le délégué.  Le représentant a ensuite dénoncé les tensions récentes créées par les États-Unis dans la région du Pacifique avec notamment la vente de missiles de croisière.  Enfin, il a déclaré que son pays veille toujours à agir de manière responsable au sein du Conseil.  Le vote de la Chine est simple: va-t-il aider ou non à maintenir la paix et la sécurité internationales?

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a tout d’abord présenté les condoléances de son pays à la République islamique d’Iran à la suite de la catastrophe ferroviaire de ce matin.  En venant à la réunion du Conseil de sécurité du 26 mai, au cours de laquelle la Russie a voté contre le projet de résolution américain sur la RPDC, elle a indiqué qu’au cours des consultations, « les collègues américains » ont ignoré les avis de sa délégation, notamment le fait que ces nouvelles sanctions aggraveraient la situation humanitaire dans ce pays.  Notre proposition, qui aurait permis d’aboutir à un document consensuel du Conseil, a été rejetée, a-t-elle dit.  La représentante a aussi estimé que l’imposition de nouvelles sanctions contre la RPDC conduiraient à une impasse.  Depuis 2006, a-t-elle indiqué, à l’initiative des États-Unis, il a été adopté un grand nombre de mesures restrictives contre la RPDC, toutes plus sévères les unes que les autres.  Or ce paradigme des sanctions n’a pas été en mesure de garantir la sécurité dans la région ou de rapprocher du règlement des problèmes de non-prolifération nucléaire, a-t-elle constaté.  Au contraire, l’année dernière a été marquée par une aggravation de la situation sur la péninsule.  Nos collègues occidentaux sont habitués à rejeter la faute sur les autorités nord-coréennes, pourtant, a-t-elle affirmé, ils ont complètement ignoré les appels répétés de Pyongyang aux États-Unis pour mettre fin à leurs activités hostiles.  

La déléguée a ensuite relevé que les voies politiques alternatives, comme l’initiative russo-chinoise, à travers un projet de résolution humanitaire, ont été rejetées.  Selon elle, renforcer la pression des sanctions sur Pyongyang est non seulement futile, mais aussi extrêmement dangereux du point de vue humanitaire.  Elle a fait état des conséquences humanitaires des précédentes sanctions sur la RPDC, avant même le début de la pandémie de COVID-19.  Et c’est dans ce contexte que « les collègues américains » ont proposé de nouvelles sanctions.  C’est complètement irresponsable, a-t-elle décrié.  En outre, la création de nouveaux blocs militaires dans la région, comme l’union entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, soulève de sérieux doutes quant aux bonnes intentions de ces pays vis-à-vis de Pyongyang, a-t-elle ajouté.  La représentante a ensuite indiqué que la Russie s’oppose à toute activité militaire susceptible de mettre en danger la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est.  Elle a également appelé à faire participer tous les acteurs de la région au processus de paix, et ne pas recourir à « une utilisation primitive du bâton de sanctions » qui entraîne de graves conséquences secondaires.  

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC), a estimé que la tentative des États-Unis d’obtenir du Conseil de sécurité qu’il adopte une résolution, le 26 mai dernier, est une atteinte à la souveraineté de son pays.  Dénonçant cet acte illégal, le représentant a déclaré que la détermination de la RPDC à renforcer ses capacités de défense répond à la nécessité de se préparer à une situation politique et militaire en mutation rapide et à toutes les futures crises sécuritaires dans la péninsule coréenne et ailleurs dans la région.  La modernisation de notre armement, a-t-il tonné, relève de notre droit d’assurer notre légitime défense et de protéger la sécurité et les intérêts fondamentaux de l’État contre les menaces directes des États-Unis.  C’est dans le cadre de cette modernisation que la RPDC effectue régulièrement des essais sans causer aucun mal aux pays voisins.  

Les sanctions contenues dans la résolution du 26 mai ne sont que le produit, a affirmé le représentant, de la politique hostile et illégale des États-Unis visant à rogner sur la souveraineté, le droit d’exister et le droit au développement de la RPDC.  Les prétendus engagements diplomatiques et appels au dialogue sans conditions préalables de Washington ne sont rien de plus qu’un écran de fumée pour dissimuler la nature hostile de sa politique à l’égard de la RPDC et, ce faisant, induire la communauté internationale en erreur.  Le fait que le Conseil de sécurité soit appelé à remettre en question le droit à la légitime défense d’un État souverain est une négation du principe d’égalité souveraine et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  

Si les essais de missiles balistiques intercontinentaux (MBI) de la RPDC représentent réellement une menace à la paix et à la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit alors dire pourquoi ceux des États-Unis ne seraient pas une menace pour mon pays, a martelé le représentant qui a vu dans la réunion de l’Assemblée générale une autre violation américaine du droit international.  Le renforcement de nos capacités de défense relève d’un choix inévitable face aux menaces des États-Unis, a-t-il insisté.

Mr. KIYOSHI ODAWARA, Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon, s’est inquiété que la RPDC ait à nouveau lancé des missiles balistiques le week-end dernier, et profite de l’absence de réaction ferme du Conseil pour accélérer ses programmes nucléaires et de missiles.  Il a estimé que l’usage du droit de veto a pu encourager la démarche nord-coréenne, faisant par ailleurs observer que le lancement de plus de 60 missiles balistiques depuis 2019 n’a cessé d’augmenter le niveau de menace pour la région et au-delà.  À ses yeux, le projet de résolution qui a fait l’objet d’un veto était bien équilibré et conçu dans le seul but d’honorer l’engagement du Conseil à prendre des mesures importantes pour contenir la menace que pose les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC. 

Rappelant que la RPDC est le seul pays à avoir effectué des essais nucléaires au XXIe siècle, le Ministre d’État s’est particulièrement inquiété que la RPDC ait annoncé son intention de faire progresser ses forces nucléaires « le plus vite possible ».  Il s’est aussi inquiété de l’exportation d’armes et de technologies par la RPDC, avant de prévenir que le manque d’action du Conseil de sécurité ne fait que nuire au régime de non-prolifération, dont le Traité sur la non-prolifération.  Il a appelé le Conseil de sécurité à agir résolument en adoptant une nouvelle résolution en réponse au lancement de missiles, entre autres.  Le Ministre d’État japonais a ensuite exhorté la RPDC à accepter les invitations répétées au dialogue, avant d’affirmer que toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité demeurent pertinentes, malgré les vetos opposés par certains membres permanents. 

M. OLOG SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne, a dénoncé le mépris de la RPDC pour le droit international et l’ONU.  La communauté internationale ne doit pas rester inactive face aux essais de missiles de la RPDC et doit parler d’une seule voix.  Les sanctions sont un instrument essentiel à disposition du Conseil, a dit le délégué.  Il a rappelé que c’est le régime de la RPDC qui ferme les frontières du pays et use de ressources publiques pour financer son programme de missiles, alors que la population se trouve dans une situation critique.  Il a rappelé les efforts de l’Union européenne pour améliorer la situation humanitaire en RPDC.  La RPDC doit cesser son programme d’armes de destruction massive et saisir la main qui lui a été tendue pour négocier, a exhorté le délégué.

Au nom des pays nordiques, M.  MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), a rappelé que la précédente résolution du Conseil de sécurité prévoyait de nouvelles sanctions au cas où la RPDC effectuerait d’autres tirs de missiles balistiques.  Or depuis le début de cette année, ce pays a procédé à de nombreux tirs, dont huit rien qu’au cours du week-end dernier.  Le Conseil, a martelé le représentant, a pour mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales et le droit de veto ne saurait le saper.  Il a aussi relevé que le projet de résolution que les deux membres du Conseil de sécurité ont rejeté, le 26 mai dernier, prévoyait pourtant des dérogations humanitaires, notamment dans le contexte de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Ces deux États membres doivent donc revenir sur leur décision, a estimé le représentant.

Au nom de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg (BENELUX), M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a regretté le résultat du vote du 26 mai 2022 au Conseil de sécurité durant lequel la Russie et la Chine, utilisant le veto, ont non seulement rompu l’unité de longue date du Conseil sur les programmes illégaux d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC, mais également porté un coup au régime international de non-prolifération, sapant ainsi la paix et la sécurité internationales.  Notant que les tirs de missiles balistiques intercontinentaux (MBI) de la RPDC constituent une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, il a appelé l’organe à rester ferme, donner suite à son propre engagement, et prendre les mesures convenues à l’unanimité.  C’est d’autant plus important à l’approche de la dixième Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui aura lieu en août de cette année.  Il est essentiel de faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité pour indiquer clairement que la communauté internationale ne tolère pas qu’un pays prenne le cours de la prolifération nucléaire, a-t-il ajouté. 

Pour le représentant, le débat d’aujourd’hui porte sur la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales, et non sur les sanctions.  Il a appelé la RPDC à cesser ses activités déstabilisatrices et à donner la priorité au bien-être de sa population.  C’est exactement ce qu’aurait fait la résolution qui était sur la table du Conseil de sécurité le 26 mai: ouvrir la voie à une aide humanitaire supplémentaire à un moment où les Nord-Coréens sont durement touchés par la pandémie de COVID-19.  À ses yeux, l’Assemblée générale et tous les États Membres, ont la responsabilité d’agir résolument et de veiller à ce que toutes les résolutions existantes du Conseil de sécurité concernant la RPDC soient entièrement mises en œuvre.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dénoncé le fait que la Chine et la Fédération de Russie aient exercé leur droit de vote, inaugurant ainsi une première pour un projet de résolution sur la non-prolifération.  Un tel message, s’est inquiété le représentant, est particulièrement préoccupant devant une violation flagrante de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La dernière série des tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC créée une situation qui rend encore plus probable le risque d’une catastrophe nucléaire, sans compter que la RPDC ne cesse de consacrer des ressources déjà maigres à la prolifération des armes, au détriment de sa situation humanitaire.  Le représentant a vu dans la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, du 26 avril dernier, un moyen efficace d’éviter que ceux qui exercent leur droit de veto aient le dernier mot.  La résolution a en effet conféré à l’Assemblée le mandat permanent de tenir un débat chaque fois qu’il y a un blocage au Conseil de sécurité. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé le veto récemment opposé par deux membres du Conseil, alors que la RPDC viole les résolutions du Conseil et méprise le droit international avec ses tirs de missiles.  Il a demandé à la RPDC de mettre en œuvre lesdites résolutions.  Ces deux vetos viennent récompenser un régime qui sape la stabilité, a dit le délégué, en s’interrogeant sur la pertinence de ce droit de veto.  Il a constaté que le Conseil, en raison du veto, est paralysé et devient un simple spectateur, comme il est spectateur devant le déclenchement récent d’une guerre.  « Est-ce ce Conseil que nous voulons? »  Le veto ne doit être pas un blanc-seing donnant l’illusion d’une solution rapide, a conclu le délégué, en plaidant pour son usage responsable.

M. CRISTIAN ESPINOSA (Équateur) a rappelé que son pays fut l’un des quatre-vingt-trois coauteurs de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale.  Avec ce mécanisme efficace de transparence et de responsabilité, nous renforçons le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale ainsi que ses relations avec le Conseil de sécurité, a-t-il salué.  L’exercice du veto n’est plus le dernier mot, s’est-il encore félicité, avant de regretter le fait que le mécanisme prévu par la résolution n’ait été activé que 30 jours après son adoption, alors que nous sommes devant un double veto contre un projet de résolution sur la non-prolifération.  Le délégué a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’intensifier ses efforts en vue d’une désescalade immédiate des tensions dans la péninsule coréenne et d’une dénucléarisation définitive et vérifiable.  De même, il a exhorté le Conseil de sécurité à agir dans l’unité pour assurer le respect par la RPDC de ses obligations en vertu du droit international et des résolutions pertinentes. 

Se félicitant d’un débat qui donne à l’Assemblée générale l’occasion de promouvoir la transparence et la responsabilité, M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a insisté sur l’histoire longue et dangereuse de la prolifération en RPDC qui vient pourtant de bénéficier de l’exercice du droit de veto.  Nous devons nous unir, a dit le représentant, pour répondre au programme de missiles et d’armes de destruction massives illégitime de la RPDC qui depuis le début de l’année, a lancé 31 missiles balistiques dont six missiles intercontinentaux, un missile de portée intermédiaire et au moins des éléments dits ultrasoniques.  C’est le plus grand nombre de missiles balistiques jamais lancés par la RPDC en une seule année et nous ne sommes qu’au mois de juin, a fait observer le représentant, en dénonçant une violation flagrante des résolutions consensuelles du Conseil de sécurité. 

Mais en réponse à ces provocations, la Chine et la Fédération de Russie ont choisi d’exercer leur droit de veto, donnant ainsi à la RPDC une approbation tacite.  Or le Secrétaire général a condamné vigoureusement le tir du 24 mai dernier, le Directeur de l’AIEA a signalé que la RPDC prépare son site de lancement et le Président Joe Biden, et son Secrétaire d’État, M. Anthony Blinken, n’ont cessé d’exprimer publiquement leur disposition à dialoguer avec Pyongyang sans conditions préalables, a énuméré le délégué.  Nous avons, a-t-il ajouté, offert une aide humanitaire et des vaccins à la RPDC, après la flambée de la pandémie de COVID-19.  Qu’a fait la RPDC?  Elle a répondu par des essais qui déstabilisent non seulement la région mais le monde entier. 

Depuis 2006, a rappelé le représentant, chacune des résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC a été adoptée à l’unanimité.  Au fil des ans, les sanctions ont eu le mérite de ralentir les programmes illégitimes de missiles balistiques intercontinentaux et d’armes de destruction massive de la RPDC.  Mais, a-t-il concédé, les sanctions ne sauraient remplacer la diplomatie car elles n’ont pas vocation à devenir permanentes.  Nous sommes prêts, a affirmé le représentant, à discuter de leur allègement pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Mais nous rejetons l’idée qu’elles soient la cause l’escalade actuelle.  Tant que la RPDC ne choisira pas la voie de la diplomatie et ne prendra pas de mesures significatives dans le sens de la dénucléarisation, nous ferons tout pour restreindre ses programmes illégitimes, a prévenu le délégué. 

Apporter une aide humanitaire et répondre aux menaces à la paix et à la sécurité internationales ne sont pas contradictoires et une nouvelle résolution aurait été la seule approche possible pour répondre efficacement à tout l’éventail des problèmes urgents.  Dans le texte présenté au Conseil, nous avions pris soin, a souligné le représentant, d’inclure des dispositions sur une aide humanitaire et sur une aide à la riposte contre la pandémie de COVID-19.  Le processus d’élaboration a été inclusif et a tenu dûment compte des points de vue de tous les États membres, issus de toutes les régions du monde. 

Aussi le 26 mai, 13 membres du Conseil se sont-ils engagés à protéger le régime de non-prolifération et ont choisi d’envoyer un message fort sur le caractère illégal et intolérable des programmes d’armement de la RPDC.  Les vetos de la Chine et de la Fédération de Russie n’ont rien fait pour la sûreté et la sécurité collectives.  Ce qu’il faut, c’est mettre fin au programme d’armement de la RPDC, a martelé le représentant, conscient de la responsabilité de son pays vis-à-vis de tous ceux qui sont présents ici à l’Assemblée générale. 

M. CHO HYUN (République de Corée) a rappelé que lors de sa réunion du 26 mai, le Conseil de sécurité a échoué pour la première fois à répondre aux graves provocations de la RPDC.  Le Conseil de sécurité n’a pas tenu ses engagements et a manqué une occasion de répondre aux attentes de la communauté internationale, a-t-il déploré.  Si certains ont avancé que le silence du Conseil encouragerait la RPDC à faire preuve de retenue et de dialogue, on a au contraire assisté au plus grand nombre de tirs balistiques cette année, y compris huit lancements samedi dernier, ce qui représente le plus grand nombre de tirs effectué en une seule journée jusqu’à présent.  Il a jugé cette situation d’autant plus alarmante que la RPDC semble se préparer à un nouvel essai nucléaire.  Bien que la résolution du Conseil de sécurité n’ait pas été adoptée, la position exprimée par 13 membres démontre clairement une convergence de la position de la communauté internationale sur cette affaire, a estimé le représentant qui y a vu la condamnation par la communauté internationale des violations continues par la RPDC des résolutions du Conseil de sécurité. 

Relevant que les activités nucléaires de la RPDC représentent un immense défi pour la prochaine conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le représentant a exhorté ce pays à mettre fin à ces actions provocatrices, à se conformer à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à répondre à l’appel au dialogue et à la paix.  De même, il a appelé la RPDC à coopérer avec la communauté internationale pour atténuer les souffrances humanitaires causées par l’épidémie de COVID-19.  La porte du dialogue reste ouverte malgré les provocations et les menaces répétées de la RPDC, a-t-il assuré, exhortant le pays à changer de cap et à participer à un dialogue constructif en faveur de la dénucléarisation.  Rappelant par ailleurs que les États Membres ont conféré au Conseil de sécurité la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le délégué a appelé à collectivement exhorter, aider et guider le Conseil de sécurité pour qu’il fonctionne correctement, notamment en ce qui concerne la RPDC. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déploré que le veto empêche le Conseil de s’acquitter de ses responsabilités, en dénonçant les violations répétées commises par la RPDC.  Elle a souligné l’importance de cette réunion, alors que le Conseil est paralysé par le veto, jugeant inquiétante l’inaction de ce dernier face aux agissements de la RPDC.  Elle a exigé de ce pays qu’il abandonne ses activités nucléaire et balistique, accepte l’offre de dialogue des Etats-Unis et se joigne à la communauté internationale dans la recherche de solutions diplomatiques.  Le Conseil doit faire appliquer ses propres résolutions et agir de manière unie face aux agissements de la RPDC, a souligné la représentante. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a appelé à la constitution d’un front uni contre la menace posée par un « État nucléaire rebelle », qui en seulement cinq mois a effectué six tirs de missiles balistiques intercontinentaux et vingt-trois autres tirs de missiles balistiques, « en toute impunité », malgré l’engagement que le Conseil de sécurité a pris dans la résolution 2397 (2017).  Quand la communauté internationale est abandonnée par deux membres permanents, elle mérite une explication, a-t-elle argué, en se félicitant de cette réunion de l’Assemblée générale.  La représentante a condamné toutes les démonstrations de force susceptibles d’aggraver les risques sécuritaires dans la péninsule coréenne et de porter atteinte à la stabilité internationale.  Elle a exhorté la RPDC à coopérer sans plus tarder avec la communauté internationale, y compris l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans la mise en œuvre pleine et effective de son accord de garanties prévu par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) duquel Pyongyang s’est retiré en 2003.  Elle a aussi encouragé ce dernier à accepter l’offre du Mécanisme COVAX qui fournit les vaccins contre la COVID-19. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a exhorté la communauté internationale à promouvoir le dialogue en vue d’une solution politique et à garder à l’esprit que le but ultime est de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.  Rappelant que les tirs de la RPDC constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales, il a exhorté le Conseil de sécurité à agir, en s’abstenant d’exercer le droit de veto.  Ce débat, a estimé le représentant, ouvre un nouveau chapitre dans les relations entre les principaux organes de l’ONU.  Dénonçant l’abus qui consiste à ce que deux voix seulement puissent bloquer la majorité, le représentant a voulu que l’on mette un frein au droit de veto par un appui massif à l’initiative franco-mexicaine, à laquelle ont déjà adhéré 106 États. 

Mme GRBA (Türkiye)s’est dit gravement préoccupée par le développement continu des programmes de missiles nucléaires et balistiques de la RPDC.  Le rythme croissant des lancements de missiles depuis le début de cette année est sans précédent et alarmant, a constaté la représentante.  Cette menace manifeste pour la paix et la sécurité régionales et internationales compromet le régime mondial de non-prolifération et viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a exhorté la RPDC à prendre des mesures urgentes pour renoncer son programme d’armes de destruction massive de manière complète, vérifiable et irréversible, à revenir au plein respect de ses obligations au regard du Traité sur la non-prolifération et à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE).  Notant par ailleurs que les conditions humanitaires désastreuses en RPDC se sont aggravées avec la récente apparition de la pandémie de COVID-19, la représentante a encouragé Pyongyang à accepter les offres de vaccins dans le cadre du Mécanisme COVAX et à fournir un accès à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ainsi qu’aux organisations humanitaires.  Il est urgent d’assouplir les restrictions sur les mouvements transfrontaliers afin de permettre la livraison de nourriture et d’autres types d’aide humanitaire aide à la population civile, a-t-elle insisté. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a indiqué qu’il n’a pas été convaincu par les arguments avancés par la Russie et la Chine pour justifier leur veto.  Le Conseil doit faire appliquer ses résolutions et agir lorsque celles-ci sont violées, a dit le délégué.  Il a appelé de ses vœux un « Conseil actif, redevable et transparent », déplorant que le Conseil n’ait pas pu agir alors qu’il s’était engagé à le faire. Toute violation des résolutions du Conseil doit entraîner une réaction, a insisté le délégué, en pointant la responsabilité éminente des membres permanents à cette fin.  Estimant que le monde a besoin d’une ONU capable d’agir, il a salué la tenue de cette réunion car elle montre que l’ONU peut remédier à ses erreurs et ses lacunes.

Mme KRASSIMIRA BESHKOVA (Bulgarie) a fermement condamné les lancements de missiles balistiques par la RPDC.  Elle a appelé la RPDC à s’abstenir de toute autre action qui pourrait accroître les tensions internationales ou régionales, et à se conformer aux dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en abandonnant toutes ses armes nucléaires, tout comme les autres armes de destruction massive.  Alors que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération approche à grands pas, l’inaction face à des violations aussi flagrantes du régime de non-prolifération serait préjudiciable au Traité dans son ensemble, a averti la déléguée.  Selon elle, l’objectif de ce débat est de discuter de la situation dans laquelle le veto a été opposé, mais il est aussi question pour les membres du Conseil de sécurité d’écouter les vues de l’ensemble des États Membres, car, selon l’Article 24 (1) de la Charte des Nation Unies, le Conseil de sécurité agit au nom des Membres de l’ONU dans l’exécution de ses fonctions.  Le lancement de 31 missiles balistiques en moins de six mois est plus qu’un signal d’alarme, et le Conseil de sécurité doit agir maintenant, a-t-elle affirmé. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que sa délégation a vigoureusement milité pour un Conseil de sécurité plus redevable qui puisse répondre rapidement et de manière résolue aux crises mondiales.  Il a souligné que le droit de recourir au veto ne doit pas être pris à la légère, jugeant crucial de garantir davantage de transparence et de redevabilité chaque fois qu’il est utilisé.  S’agissant du projet de résolution le 26 mai 2022 qui aurait visé à imposer des sanctions supplémentaires à la RPDC, il a appelé les membres du Conseil à travailler ensemble et en toute bonne foi autour pour revenir au consensus qui a existé en son sein depuis 2006.  Il s’est inquiété de la fréquence des essais de missiles balistiques effectués par la RPDC depuis le début de l’année, notant que ceux-ci aggravent les tensions dans la péninsule coréenne.  Le délégué a appelé la RPDC à mettre immédiatement terme à ces provocations et à accélérer l’accès à l’aide humanitaire pour la population. 

M. NICOLAS DE RIVIERE (France) a regretté le blocage du Conseil de sécurité du fait de deux membres permanents « qui ont fait le choix de protéger le régime nord-coréen ».  Il a indiqué que cette situation inédite depuis 2006 a déjà, et aura sur la durée, des conséquences néfastes sur le régime de non-prolifération.  Il a regretté que le régime ait abandonné son moratoire de 2018 sur les tirs de missiles balistiques de longue portée et les essais nucléaires et qu’il dise désormais clairement que l’arme nucléaire ne sera plus confinée à une stricte fonction dissuasive.  En parallèle, les activités sur le site d’essais de Punggye-ri se poursuivent et tout laisse à penser qu’un septième essai nucléaire pourrait avoir lieu à très court terme, a prévenu le représentant, avant de fustiger un rythme et une gravité des provocations nord-coréennes sans précédent depuis le début de l’année.  Il a fermement condamné les huit nouveaux missiles balistiques de courte portée tirés quasi-simultanément, il y a quelques jours. 

Face à l’escalade actuelle, le délégué a appelé à une actualisation des sanctions afin de lutter efficacement contre les détournements, en particulier dans le domaine cyber.  C’était d’ailleurs là l’objet du projet de résolution déposé devant le Conseil, a précisé le représentant pour qui l’allègement des sanctions serait incompréhensible au vu des multiples provocations de la RPDC.  Il a appelé à relancer un véritable processus politique, et renouer avec le dialogue afin de progresser vers un désarmement complet, vérifiable et irréversible, conformément aux résolutions du Conseil.  Préoccupé par la situation humanitaire, en particulier la situation épidémique désastreuse en RDPC, le représentant a regretté que le régime continue de consacrer l’essentiel de ses ressources au développement de programmes qui violent le droit international au lieu de pourvoir aux besoins essentiels de sa population.  Ce régime est une menace pour sa population, pour ses voisins, et pour le monde dans son ensemble, a-t-il accusé. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a qualifié la réunion d’aujourd’hui d’avancée historique pour une transparence accrue des travaux de l’ONU, avant de souligner la responsabilité éminente des membres permanents du Conseil.  Si nous sommes présents aujourd’hui, c’est parce que le Conseil a échoué à s’acquitter de ses responsabilités, a tranché le représentant, en dénonçant les violations des résolutions perpétrées par la RPDC et en encourageant le Conseil à progresser dans le règlement de la question à l’examen.  L’Assemblée ne peut se substituer au Conseil dans l’exercice de ses responsabilités, s’est impatienté le représentant.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a fermement condamné la mise au point d’armes de destruction massive par la RPDC.  Il a demandé au pays de prendre des mesures constructives, comme la signature du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE), et de s’investir dans le programme des garanties de l’AIEA.  Il a dénoncé le double veto russo-chinois, soulignant que le fait de ne pas exiger des comptes à la RPDC est un renoncement aux responsabilités du Conseil de sécurité.  L’inaction risque de normaliser le comportement illicite de la RPDC, a-t-il averti, pour ensuite exhorter ces deux membres permanents du Conseil de sécurité à honorer leurs responsabilités.  

Le représentant a ensuite expliqué que la décision de l’Australie de se doter d’un sous-marin à propulsion nucléaire a été prise afin de renforcer la sécurité dans la région.  Il a assuré que l’Australie est attachée à défendre toutes ses obligations en matière de non-prolifération.  De plus, le partenariat dit AUKUS (Australie, Royaume-Uni et États-Unis) se déroule de manière transparente. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a dit avoir pris note des explications de la Chine et de la Fédération de Russie lorsqu’ils ont exercé leur droit de veto.  Il a aussi reconnu la manière inclusive et transparente par laquelle les États-Unis ont mené les négociations, ce qui a permis un texte équilibré et solide reflétant les principales préoccupations des membres du Conseil.  La résolution n’aurait peut-être pas été une réponse idéale aux provocations de la RPDC mais elle aurait certainement été une réponse nécessaire, a estimé le représentant.  Il est crucial et urgent, a-t-il dit, de rétablir l’unité du Conseil, de mettre de côté les différences, les intérêts et les agendas cachés, et de se concentrer sur les objectifs de non-prolifération. 

Le représentant a dit craindre que la réunion d’aujourd’hui ne brouille la séparation des fonctions et des pouvoirs du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et ne donne l’impression que la seconde, compte tenu de sa composition universelle, est en quelque sorte hiérarchiquement au-dessus du premier.  Or l’Article 12 de la Charte, a interprété le représentant, interdit à l’Assemblée de faire des recommandations sur un différend ou une situation dans le cadre duquel ou de laquelle le droit de veto a été exercé.  De même, la transparence et la responsabilité, tant saluées aujourd’hui, voudraient aussi que le Conseil de sécurité vienne systématiquement expliquer à l’Assemblée générale ce qui sous-tend chacune de ses décisions sur un recours à la force. 

Le fait de brouiller ainsi les mandats entre ces deux organes risque de remettre en question l’autorité et la légitimité du Conseil et de décourager ses membres de chercher un terrain d’entente lorsqu’ils sont divisés.  Le veto, a encore estimé le représentant, ne peut être interprété comme un manquement à la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales mais tout ce débat montre qu’il est temps de finaliser la réforme du Conseil de sécurité. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a estimé que le débat d’aujourd’hui marque une étape importante dans la relation entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, une preuve que l’ONU sait se réinventer.  Elle a relevé que la RPDC a rompu son propre moratoire sur les essais de missiles balistiques à longue portée, au mois de mars et transgressé les résolutions du Conseil de sécurité à plusieurs reprises.  Le pays met ainsi au défi le régime mondial de non-prolifération, a—t-elle argué, avant de l’exhorter à réintégrer le TNP rapidement, de se soumettre aux inspections de l’AIEA, et de s’y conformer pleinement.  Elle a également invité le pays à signer et ratifier le TICE et à observer pleinement le moratoire sur les explosions nucléaires expérimentales ou toute autre explosion nucléaire.  La Suisse soutient la population nord-coréenne depuis plusieurs décennies, a-t-elle rappelé, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à ne pas rester muet face à une menace claire contre la paix et la sécurité internationales et le non-respect de ses résolutions. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a souligné le caractère historique de la réunion d’aujourd’hui.  L’usage excessif du droit de veto dans des situations particulièrement graves exige une action rapide et décisive, a déclaré le délégué, en mentionnant l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Il a dénoncé l’emploi du veto par la Russie et la Chine alors que la RPDC viole les résolutions du Conseil et se livre à un comportement irresponsable.  Il a déploré le manque de volonté de la RPDC de s’engager dans des pourparlers pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne, avant d’appeler ce pays à abandonner ses programmes d’armes de destruction massive.  Il a espéré que face aux agissements de la RPDC le Conseil sera de nouveau uni.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a appuyé la position des États qui se sont opposés à des sanctions supplémentaires contre la RPDC.  Il a dénoncé la manipulation politique de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, qu’il avait lui-même appuyée.  Nous voyons aujourd’hui, a constaté le représentant, certains États essayer d’isoler ceux qui s’opposent opposer à eux et d’ignorer leur position.  C’est cette pratique de stigmatisation systématique qui alimente les divisions au Conseil et limite sa faculté à trouver collectivement les moyens de régler pacifiquement les crises, a prévenu le représentant.  Il a qualifié de légitimes les préoccupations de la Chine et de la Fédération de Russie qui n’ont eu d’autre choix que de voter non pour faire entendre leur voix. 

Les plus grandes victimes des sanctions injustes sont les populations, a-t-il martelé, rappelant au Conseil son incapacité avérée à en atténuer les conséquences catastrophiques.  Les sanctions imposées à la RPDC n’ont fait qu’accélérer la détérioration de la situation, avec des conséquences humanitaires inacceptables.  Il est donc tout simplement « inhumain » de vouloir les renforcer, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Ce sont, a poursuivi le représentant, les hésitations des États-Unis et leur refus de répondre favorablement aux initiatives positives de la RPDC qui ont bloqué le dialogue et érodé la confiance.  Il faut aussi rappeler que les États-Unis et leurs alliés ont eux-mêmes exercé leur droit de veto une dizaine de fois et ce, de manière injuste contre les peuples de « notre région », dont le peuple palestinien.  Respectons la Charte, s’est impatienté le représentant.  Appuyons le droit de la RPDC de protéger son peuple et son intégrité territoriale et admettons que l’imposition de nouvelles sanctions serait moralement inacceptable.   

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a regretté les vetos de la Fédération de Russie et de la Chine, en appelant au respect la résolution 2397 (2017) dans laquelle le Conseil a exprimé à l’unanimité sa détermination à prendre de nouvelles mesures significatives en cas de nouvel essai nucléaire en RPDC ou de tirs de missiles balistiques.  Le délégué s’est dit troublé par les ressources que consacre la RPDC à la mise au point d’armes de destruction massive, au lieu d’investir dans les logements, les produits alimentaires et les vaccins indispensables à son propre peuple.  Le projet de résolution du 26 mai dernier, a-t-il souligné, aurait considérablement élargi les mécanismes de dérogation humanitaire.  Il a encouragé le Gouvernement de la RPDC à changer de trajectoire et à réintégrer le régime international de non-prolifération.  Il a aussi tenu à insister sur le fait que l’exercice du droit de veto a empêché le Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour faire face à une très grave situation sécuritaire et humanitaire.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a exprimé sa préoccupation face au recours de plus en plus fréquent au droit de veto, ces dernières années, y compris dans le cadre de menaces graves à la paix et à la sécurité internationales.  Le veto n’est pas un droit, c’est un privilège, a tranché le représentant, avant de condamner les tirs de missiles balistiques de la RPDC et de souligner que le développement des programmes nucléaires et balistiques de la RPDC constitue une menace et une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  M. Blanco a appelé à la mise en œuvre intégrale des résolutions du Conseil, ainsi qu’à la reprise des négociations en vue d’une dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a invoqué la responsabilité partagée de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, au regard de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de faire respecter le droit international.  Il a appelé au dialogue et au règlement pacifique des différends liés à la péninsule coréenne et à s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, y compris la menace ou l’emploi d’armes de destruction massive.  Il a jugé urgent de faire progresser le désarmement nucléaire et a souligné l’importance de la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Atteindre l’universalité du Traité reste l’objectif stratégique de nos efforts collectifs en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a insisté le représentant pour qui le débat d’aujourd’hui aura un impact positif sur les perspectives de succès de la prochaine conférence d’examen. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a déploré le fait que la RPDC ne respecte pas ses engagements en matière de non-prolifération, violant par là même les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appelé le pays à s’engager de bonne foi dans le dialogue sur cette question.  Le délégué a demandé à tous les membres du Conseil de sécurité d’agir urgemment sur ce point.  Il a indiqué que tant que la RPDC ne se conformera pas à ses engagements, le Gouvernement tchèque plaidera pour le maintien des sanctions qui frappent le pays. 

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a estimé que les deux vetos du 26 mai dernier, ont compromis la résolution 2397 (2017), dans laquelle le Conseil a exprimé sa détermination à prendre d’autres mesures importantes au cas où la RPDC se livrait à d’autres tirs de missiles.  Cette résolution, a souligné la représentante, avait été adoptée à l’unanimité et aujourd’hui le Conseil a trahi ses promesses.  Nous parlons des essais et de l’exposition aux armes nucléaires parce que nous nous souvenons des terribles répercussions des 67 essais qui ont été effectués sur notre territoire entre 1946 et 1958, a dit la représentante.  Elle a estimé que la crise humanitaire en RPDC ne saurait servir d’excuse au Conseil de sécurité pour rendre en quelque sorte acceptable une menace nucléaire.  Cette menace est pour nous plus qu’inacceptable, a tranché la déléguée qui a exhorté les membres permanents du Conseil à exercer leur droit de veto à bon escient et à dépasser les intérêts nationaux et les rivalités stratégiques.  Devant nous et le monde entier, a-t-elle conclu, la RPDC doit être tenue pour responsable de ses propres actes et le Conseil de sécurité, de son leadership ou de son manque de leadership.  En tant que Nations Unies, nous pouvons, et nous devons, faire mieux.

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a constaté que cette année seulement, la Corée du Nord a effectué plus de 30 essais de missiles balistiques, tous explicitement interdits par des résolutions adoptées à l’unanimité par le Conseil de sécurité.  Il a fait part de sa déception face à l’incapacité de ce dernier de réagir adéquatement par l’adoption d’une résolution et de maintenir sa décision antérieure visant à prendre des mesures si la Corée du Nord procède à d’autres essais de missiles balistiques intercontinentaux.  Il a rappelé que les sanctions sont conçues pour cibler le programme d’armes de destruction massive de la Corée du Nord et qu’elles ne sont pas un obstacle à la prestation d’aide humanitaire.  Selon lui, la résolution à laquelle deux membres du Conseil ont opposé leur veto aurait encore simplifié la procédure actuelle pour les exemptions humanitaires en demandant au Comité 1718 de publier une liste de catégories bien définies d’articles qui seraient exemptés du régime pour des raisons humanitaires.  Il s’est dit préoccupé par l’incapacité du personnel humanitaire à fournir de l’aide depuis 2020, et a demandé à la Corée du Nord d’accepter les offres d’aide de la communauté internationale, tant en ce qui concerne sa réponse à la pandémie de COVID-19 que pour l’aider à éviter une famine imminente sur son territoire.   Canada

Le veto n’a fait que paralyser le Conseil de sécurité, s’est alarmé M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït), en parlant d’une situation préoccupante dans la péninsule coréenne.  Il a condamné les tirs de missiles balistiques et exhorté les parties à négocier en vue d’un retour à la stabilité.  Il est crucial de respecter la Charte et le régime de non-prolifération, a conclu le représentant, en espérant que le Conseil recouvra son unité sur ce dossier.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a appelé la RPDC à s’abstenir de procéder à de nouveaux tirs de missiles balistiques et à s’engager dans un dialogue avec les acteurs principaux pour parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  La représentante a aussi exhorté la RPDC à revenir au TNP et à s’acquitter de toutes ses obligations à l’égard de l’AIEA.  Elle a qualifié de judicieux le projet de résolution rejeté au Conseil de sécurité.  Avec un groupe de petits États, a-t-elle dit, la Nouvelle-Zélande s’est toujours opposée au droit de veto, un dispositif antidémocratique et anachronique qui n’a pas sa place à l’ONU, surtout quand il est utilisé pour servir des intérêts nationaux, au détriment de l’intérêt général de la paix et de la sécurité collectives.  La représentante a appuyé le point de vue du Liechtenstein, selon lequel quand le Conseil de sécurité est incapable d’agir, l’Assemblée générale doit pouvoir jouer un rôle constructif dans la recherche de solutions et le renforcement de l’efficacité de l’ONU dans son ensemble. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a demandé que le Conseil de sécurité agisse chaque fois qu’il y a une violation persistante de la paix et de la sécurité internationales avant de regretter que deux membres permanents n’aient pas rempli leurs obligations.  Elle s’est inquiétée des dangers que représentent les essais nucléaires et de missiles balistiques menés de la RPDC.  Elle a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté le projet de résolution condamnant les récents tirs de missiles de la RPDC.  La représentante a ensuite exhorté la RPDC à renoncer à ses armes de destruction massives et à son programme de missile, avant de demander à la Chine et à la Russie d’assumer leurs responsabilités liées à la paix et à la sécurité internationales.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a estimé que cette réunion améliore l’établissement des responsabilités en ce qui concerne l’usage du droit de veto, en attendant l’abolition de ce droit.  Il s’est dit gravement préoccupé par les développements dans la péninsule coréenne et a estimé que les programmes balistique et nucléaire de la RPDC alimentent l’instabilité.  Le délégué a exhorté ce pays à s’abstenir de toute autre provocation et acte illicite, à respecter les résolutions pertinentes du Conseil et à revenir à la table des négociations.  Enfin, il a souligné le besoin d’une action efficace de ce Conseil sur ce dossier, tout en prenant en compte les besoins humanitaires. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a exhorté la RPDC à respecter ses obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité le pays à renoncer à ses programmes de développement d’armes de destruction massive.  Pour le délégué, les actions de la RPDC exigent une réaction résolue de la communauté internationale.

M. MATHU JOYINI (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par le programme nucléaire et de missiles de la RPDC en violation de nombreuses résolutions sur la question.  Il a jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas pu s’entendre sur une réponse unie face aux violations continues de ses résolutions par la RPDC, exhortant ensuite tous les Etats Membres à mettre en œuvre les résolutions pertinentes.  Il a appelé aussi à des mesures humanitaires pour éviter que le peuple de la RPDC souffre en raison des décisions de son gouvernement.  

M. KRISTEL LÕUK (Estonie) a exprimé ses « profonds regrets » que le veto ait été opposé par la Chine et la Russie lors de la réunion du Conseil de sécurité du 26 mai, estimant que l’utilisation de ce droit a permis à une situation « très grave » dans la péninsule coréenne de s'aggraver davantage.  Rien que cette année, la RDPC a effectué 18 séries d'essais de missiles balistiques, dont six lancements de missiles balistiques intercontinentaux, a noté la représentante, ce qui démontre la volonté de ce pays de poursuivre le développement de son programme nucléaire « en rhétorique comme en action ».  Elle a condamné fermement ces activités, ajoutant que lorsque le Conseil ne fait pas respecter ses propres résolutions, il risque de saper l'état de droit et d’affaiblir le régime international de non-prolifération et de désarmement.  Elle qualifié de « manipulation des faits et de la vérité » le prétexte invoqué pour justifier le veto, selon lequel des sanctions supplémentaires ne feraient qu’aggraver la situation de la population.

M. BOSTJAN MALOVRH (Slovénie) a déclaré que son pays a toujours été un fervent partisan du dialogue, tout en ajoutant que les sanctions sont un instrument essentiel à la disposition du Conseil.  Il a rappelé que celles proposées dans le projet de résolution qui a été rejeté prévoyaient des dérogations.  Le régime de la RPDC est celui qui ferme ses frontières, entrave l’accès humanitaire et refuse les livraisons de vaccins contre la COVID- 19, a-t-il accusé, avant d’exhorter le Conseil à agir de manière unie et décisive pour remédier aux risques posés par les agissements de la RPDC.

M. IVAN ŠIMONOVIC (Croatie) a affirmé que l’Assemblée générale a le droit d’agir chaque fois que le Conseil de sécurité ne peut remplir son mandat de maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé la RPDC à renoncer à ses programmes de missiles balistiques et à s’engager, de manière vérifiable, en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a enfin exhorté les membres du Conseil à privilégier l’intérêt commun.

Mon pays a prouvé son attachement à l’édification d’un monde exempt d’armes nucléaires, a affirmé Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) qui a dénoncé l’approche déséquilibrée du Conseil à l’égard de la RPDC et des sanctions graves qui deviennent l’outil de choix pour faire pression sur les pays en développement.  Soulignant les effets délétères de ces mesures restrictives dans son pays, elle a estimé que l’imposition d’un autre train de ces mesures à la RPDC ne peut être de nature à favoriser la stabilité.  Privilégions plutôt le dialogue, a-t-elle conseillé.

M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a fustigé le comportement irresponsable de la RPDC qui se préparerait à un nouvel essai nucléaire.  Elle a rejeté les tentatives visant à dépeindre la RPDC comme une victime, soulignant que c’est le régime de la RPDC qui viole le droit international et agit contrairement aux besoins de son peuple en tenant ses frontières fermées à l’aide humanitaire.  Il a fustigé le comportement irresponsable de la Russie qui brandit sans cesse la menace de l’arme nucléaire avant d’exhorter la RPDC à privilégier le dialogue.   

Mme STANCIU (Roumanie) a appelé le Conseil à retrouver son unité et à faire pression sur la RPDC afin qu’elle renonce à ses actes irresponsables.  Elle a invité cette dernière à accepter les offres de dialogue des États-Unis, à retourner à la table des négociations et à cesser tout acte incompatible avec le droit international.  Ce ne sont pas les sanctions qui sont à l’origine de la situation humanitaire critique en RPDC mais bien la politique de Pyongyang, a-t-elle tranché, avant d’exhorter ce pays à rejoindre le TNP.

M. MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou) a estimé que la tenue de ce débat représente un pas en avant dans la démocratisation des décisions prises par le Conseil de sécurité, et une avancée en faveur de la transparence et la responsabilité dans les décisions de l’organe.  Il a jugé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies, l’usage du veto est un recours extrême qui doit être évité par tous les membres permanents.  Ces derniers se doivent, au contraire, de privilégier la négociation et la recherche de la conciliation des intérêts. 

M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a déclaré que malgré le « succès » de la résolution 76/262, adoptée il y a à peine un mois, nul ne saurait se substituer au Conseil de sécurité et à sa responsabilité première d’intervenir sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est dit gravement préoccupé par l’évolution nucléaire et balistique en RPDC, estimant qu’elle représente une menace pour la région d’Asie-Pacifique et le monde entier.  Selon lui, l’exercice du droit de veto au mépris des résolutions antérieures, adoptées à l’unanimité, ne peut qu’encourager la RPDC à exploiter, à son profit, les divisions du Conseil.  

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a vivement regretté que la Chine et la Russie aient utilisé le droit de veto contre une résolution du Conseil de sécurité sur la RPDC. Bloquer la réponse aux violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité envoie un signal dangereux aux États qui cherchent à saper la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti. Il a observé que la menace que les armes de la RPDC représentent pour la paix et la sécurité internationales n’a fait qu’augmenter et qu’il était donc juste que le Conseil prenne d’autres mesures.  Le représentant a appelé à continuer à faire pression pour que la RPDC revienne à ses engagements au titre du Traité sur la non-prolifération et les garanties de l'AIEA, exhortant la Chine et la Russie à travailler avec les autres membres du Conseil à cette fin.  Le délégué a également indiqué que le projet de texte qui a fait l’objet d’un véto aurait facilité l’octroi de l’aide humanitaire à la RPDC, y compris en réponse à la COVID-19.

Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a rappelé que son pays a été l’un des premiers à adopter une constitution qui interdit les armes nucléaires, après avoir subi 300 essais en cinq décennies.  Maintenant que de nombreuses îles du Pacifique sont irradiées et inhabitables, il faut s’inquiéter de l’impact de nouveaux essais sur l’environnement et surtout sur les stocks halieutiques.  La représentante s’est dite particulièrement préoccupée par la préparation d’un septième essai nucléaire en RPDC et elle a reproché au Conseil de sécurité de n’avoir pas su obtenir le respect de ses résolutions.  Elle a donc exhorté la RPDC à accepter le dialogue et à faciliter l’aide humanitaire pour traiter de la pénurie des produits alimentaires et de la pandémie de COVID-19. 

Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) a dit sa déception devant les tirs balistiques menés par la RPDC au mépris du droit international.  Elle a exhorté ce pays à cesser de tels tirs, à respecter les résolutions du Conseil et à s’engager dans la voie du dialogue.  Enfin, la déléguée a plaidé pour une dénucléarisation irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne.  

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir les efforts internationaux visant l’élimination totale et complète des armes nucléaires, dans le but ultime de l’avènement d’un monde sans armes de destruction massive.  Il a appelé la RPDC à respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et à s’abstenir de prendre des mesures d’escalade qui augmenteraient la tension sur la péninsule coréenne.

M. MANUEL ALCIBÍADES RUIZ DÍAZ (Paraguay) a réaffirmé l’importance pour le Conseil de sécurité de surmonter ses divergences, avant de rappeler que son pays a toujours plaidé pour une réforme de cet organe et l’élimination progressive du droit de veto.  Lorsqu’il ne peut honorer ses obligations, en raison des privilèges accordés à ses membres permanents, le Conseil devient une menace pour le multilatéralisme, a tranché le représentant.  Il a condamné dans les termes les plus fermes les actes de la RPDC qui ne font qu’aggraver les tensions dans la péninsule coréenne et menacent l’intégrité territoriale d’un État Membre de l’ONU, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international. 

Droits de réponse

Réagissant aux accusations de l’Australie, de l’Allemagne et des États-Unis, la Chine a expliqué que son vote au Conseil de sécurité trouve sa justification dans sa détermination à rétablir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne.  Nous avons déjà adopté 10 résolutions sur des sanctions contre la RPDC et il est temps que le Conseil privilégie la prévention du chaos, en s’abstenant d’imposer un autre train de mesures restrictives. 

La RPDC a dénoncé ceux qui essayent « de manière désespérée » de dénaturer la situation dans la péninsule coréenne.  Les aspirations de notre peuple à la paix sont plus grandes que jamais et sans les menaces directes des États-Unis, nous n’aurions pas renforcé nos capacités de défense, s’est-elle expliquée.  Elle a reproché à l’administration américaine de déployer des armes dans la péninsule coréenne et au Conseil de sécurité, de n’avoir pas su trouver les moyens de régler la situation.  C’est la politique de deux poids deux mesures des États-Unis qui sape la paix dans la péninsule, a-t-elle martelé.

CONFLITS PROLONGÉS DANS LA RÉGION DU GROUPE GUAM ET LEURS INCIDENCES SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES ET SUR LE DÉVELOPPEMENT - POINT 36

Rapport spécial du Conseil de sécurité (A/76/828)-Projet de résolution (A/76/L.62)

Débat

M. BJÖRN OLOF SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne, a réitéré son soutien à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie.  Il a indiqué que l’UE demeure engagée à appuyer la consolidation de la paix et le règlement des conflits en Géorgie, y compris au travers de sa coprésidence des discussions internationales de Genève et de la Mission de surveillance de l’Union européenne (MSUE).  Il s’est inquiété des violations des droits humains dans les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et a demandé un accès humanitaire sans entraves aux populations affectées par le conflit.  Le délégué a regretté qu’à ce jour aucun progrès n’ait été réalisé pour assurer le retour volontaire, sûr et digne des réfugiés et des déplacés ainsi que leur capacité d’exercer leurs droits sur leurs biens.  Il a salué les efforts de la Géorgie pour trouver des solutions d’hébergement durables pour les déplacés et promouvoir leur intégration socioéconomique. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie), au nom d’un Groupe de pays, a apporté son soutien à la souveraineté de la Géorgie, dont une partie du territoire est sous occupation russe.  Il a dénoncé la tenue d’élections illégales en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, ainsi que les restrictions aux libertés dans ces territoires, notamment la liberté linguistique.  Il a demandé un accès immédiat à ces territoires pour les mécanismes de surveillance des droits humains, en particulier le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a mentionné la guerre brutale menée contre l’Ukraine et constaté que la Russie perpètre les mêmes violations qu’en Géorgie.  Il a appuyé la délivrance de mandats d’arrêts de la CPI dans le cadre de la guerre de 2008 en Géorgie.  Il a plaidé pour l’instauration de conditions de sécurité propices au retour volontaire, sans entrave, sûr et digne de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.  Il a vivement déploré le manque de volonté de la Russie pour régler la question du retour. 

Au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, M. RICHARD ARBEITER (Canada)s’est inquiété des conséquences humanitaires de la guerre de 2008 en Géorgie qui a entrainé des déplacements forcés dans les régions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  Il a appuyé les droits humains des déplacées forcées et leur droit de rentrer chez eux plus de 14 ans après le conflit.  Il a fustigé les processus consistant à ériger des frontières artificielles avant de regretter que la question des personnes déplacées et des réfugiés ne soit toujours pas réglée.  Il a appelé à adopter le projet de résolution pour soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie. 

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a dénoncé la violation du droit international et les tentatives d’accaparer les territoires d’autres pays.  Il a indiqué que pour faire face à la crise humanitaire en Ukraine, son pays a déboursé quelque 200 millions de dollars.  Il a aussi indiqué que le Japon s’est porté coauteur de la résolution présentée aujourd’hui et entend maintenir son soutien aux États membres du GUAM.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a regretté le manque de progrès sur le front des déplacés en Géorgie et a plaidé pour le retour volontaire, sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés.  Il n’a pas manqué de mentionner la guerre injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et rappelé le caractère inviolable des frontières.  Il a apporté son soutien à la souveraineté de la Géorgie et souhaité une intensification du dialogue avec les régions sécessionnistes.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a déclaré que la présence militaire de la Russie dans les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud est une violation de l’intégrité territoriale de la Géorgie.  Il a appelé la Russie à cesser ces actions et à s’acquitter de ses obligations en vertu de l'accord de cessez-le-feu de 2008.  La Russie doit retirer ses forces pour revenir aux positions d’avant le conflit et permettre un accès sans entrave aux organisations humanitaires.  Il a également engagé la Russie et les autorités de facto d'Abkhazie et d’Ossétie du Sud à prendre des mesures immédiates pour respecter les droits humains, à cesser d'ériger des barrières le long des frontières administratives et à créer les conditions propices au retour volontaire, sûr et digne des déplacés et des réfugiés.  Le représentant a dit être alarmé par le nombre croissant de violations de droits humains et de restrictions à l’accès humanitaire et a appelé à renforcer la protection et l'assistance en faveur des personnes déplacées.  

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a annoncé qu’il votera contre le projet de résolution présenté par la Géorgie, arguant que ce dernier ne vise qu’à saper les efforts de normalisation dans la région et à faire pression sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.  Il a accusé les autorités géorgiennes d’instrumentaliser la question des réfugiés, nuisant ainsi considérablement au règlement des problèmes humanitaires actuels dans la région.  Il a appelé la Géorgie et ses partenaires à cesser d’attaquer de manière irresponsable sur la scène internationale Tskhinvali et Soukhoumi qui ne cessent de démontrer leur engagement en faveur d’une solution constructive aux problèmes humanitaires, sur la base des principes de coexistence pacifique.  Il a enfin appelé à la mise aux voix du projet de résolution, invitant les États à voter comme lui.

M. ROBERTS (Royaume-Uni) a souligné que son discours de cette année est semblable à celui de l’an dernier, étant donné que la situation n’a pas évolué sur le terrain.  Le délégué a salué le fait que la Géorgie respecte l’Accord de cessez-le-feu du 12 août, avant d’appeler la Russie à retirer ses troupes de ces régions.  Il a également demandé à ce pays de revenir sur sa décision de reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  Cette année, il est encore plus pertinent de voter en faveur de ce texte après l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, a-t-il argué.

« Nous tournons en rond » a déclaré M.  SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), fustigeant le « terrible » sentiment d’impunité de certains.  Après avoir rappelé que la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la République de Moldova continuent d’être les pays le plus touchés par des conflits en Europe et que leur intégrité territoriale est violée, le représentant a appelé à la mise en place de mécanismes de sécurité pour mettre un en terme au conflit qui dure depuis 14 ans en Géorgie en raison de la présence illégale des forces russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud.  Il a déclaré que la Russie continue à avoir recourt à des méthodes barbares avec une nouvelle vague d’agressions contre le territoire ukrainien depuis le 24 février 2022.  « Le transfert de force de populations est un élément important du plan démoniaque russe », a insisté le représentant ukrainien avant de dénoncer le transfert de force en Russie d’un million d’Ukrainiens, dont 230 000 enfants.  

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, Observateur du Saint-Siège, a rappelé que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais une entreprise de justice qui doit être menée inlassablement.  Il a souligné le rôle clef que l’ONU devrait jouer dans le règlement des conflits gelés en Europe, notamment en Géorgie et en Transnistrie.  La guerre en Ukraine, a-t-il poursuivi, sape la paix internationale, avec des conséquences alarmantes pour le monde entier.  Il a réclamé un cessez-le-feu, l’ouverture de couloirs humanitaires et un retour de la Fédération de Russie et de l’Ukraine à la table des négociations. L’observateur a enfin espéré qu’une paix durable s’instaurera dans le Haut-Karabagh et que les édifices religieux y seront protégés.

Explication de vote

Le Venezuela s’est dit préoccupé par la tendance croissante à instrumentaliser l’Assemblée générale pour attaquer des membres de plein droit et en faire une plateforme prompte à adopter des résolutions non consensuelles.  Une telle situation, a-t-il prévenu, ne peut que décourager le dialogue et la négociation et exacerber les tensions et les divisions.  Elle peut même compliquer les dynamiques régionales.  Le Venezuela a appelé les auteurs du projet de résolution à éviter toute politisation et à opter plutôt pour des mesures de confiance afin de traiter de manière constructive de la question à l’examen, y compris dans le cadre des pourparlers de Genève.  Ce qu’il faut, c’est le dialogue, la négociation et la coopération dans la recherche des solutions aux défis communs de la région, dont le moindre n’est pas la situation humanitaire.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: L’UNITAD présente les progrès réalisés dans le cadre de ses enquêtes sur les crimes de Daech

9059e séance, après-midi
CS/14928

Conseil de sécurité: L’UNITAD présente les progrès réalisés dans le cadre de ses enquêtes sur les crimes de Daech

Venu présenter au Conseil de sécurité son huitième rapport semestriel, le Conseiller spécial et Chef de l’UNITAD -l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes- a décrit aujourd’hui les progrès réalisés dans le cadre de ses enquêtes sur les crimes commis par Daech au cours des six derniers mois, en privilégiant une approche centrée sur les survivants.

Après plus de deux ans de restrictions et de mesures préventives, l’UNITAD a retrouvé sa pleine capacité et, avec sa présence croissante dans le pays, elle est plus forte que jamais, s’est félicité le Conseiller spécial, M. Christian Ritscher, qui est notamment revenu sur les avancées de l’Équipe en matière de numérisation des éléments de preuve, soit plus de 4,5 millions de pages provenant des tribunaux de l’Iraq.  Cette étape « cruciale » a été saluée par de nombreuses délégations, à l’instar de la France qui y voit le moyen d’éviter la perte ou la dégradation de preuves. 

Parmi les autres progrès significatifs réalisés par l’UNITAD sur le terrain, M. Ritscher a cité les enquêtes menées au niveau de « Bayt Al Mal », la trésorerie centrale de Daech.  L’UNITAD compte fournir au système judiciaire iraquien des rapports stratégiques supplémentaires sur le fonctionnement interne de « Bayt Al Mal », afin d’aider à mieux comprendre les activités financières de l’organisation terroriste.  Il s’agit là d’un domaine prometteur pour la collecte d’éléments de preuve permettant d’en établir la structure, a jugé le représentant russe.

Un autre motif de satisfaction pour l’Équipe d’enquêteurs est l’achèvement d’un premier rapport sur le développement d’armes chimiques et biologiques par Daech en Iraq et l’emploi d’armes chimiques.  Selon la Norvège, le dossier final de cette piste d’investigation critique doit également être considérée en relation avec l’architecture internationale de non-prolifération.  En attendant, les États-Unis ont attiré l’attention sur le fait inquiétant que la chaîne de commandement de Daech est en cours de reconstruction, nécessitant de la part de la communauté internationale de poursuivre la lutte contre une organisation dont il est avéré qu’elle tente de mettre au point des armes chimiques.  Il serait naïf, a ajouté la Russie, de croire que, disposant d’un programme d’armes chimiques en Iraq, les terroristes de Daech n’utiliseraient pas de telles ressources en dehors de ce pays, notamment en Syrie où la coalition occidentale s’affaire au renversement du Gouvernement légitime et lui impute la responsabilité de ces attaques.

Enfin, l’achèvement début mars 2022, en partenariat avec la direction médico-légale iraquienne des fouilles de trois fosses communes situées sur et autour de la jonction de Hardan à Sinjar est une action à mettre à l’actif d’UNITAD.

Toutes ces réalisations ont été rendues possibles grâce au soutien et à la coordination avec le Gouvernement iraquien et des autorités du Gouvernement, a insisté le Conseiller spécial, saluant leur soutien dans la mise en œuvre du mandat de l’UNITAD.  M. Ritscher a dit avoir fait de l’établissement et du maintien d’un dialogue continu avec les autorités iraquiennes une priorité. 

Il est dès lors pertinent pour l’Équipe d’enquête de garder à l’esprit que ce processus doit être dirigé et pris en main par les Iraquiens eux-mêmes, a commenté le représentant du Ghana, pour qui le rôle de l’UNITAD et son travail ne doivent pas chercher à se substituer au travail que fait le système judiciaire iraquien. 

Ce point de vue a été partagé par nombre de ses homologues du Conseil, comme ceux de l’Inde ou du Brésil, et plus encore par le représentant de l’Iraq.  Pour ce dernier, si le mandat de l’UNITAD se limite uniquement au recueil, à la conservation et au stockage des éléments de preuve et ne permet l’utilisation de ces preuves dans des procédures judiciaires au niveau national, il n’est alors pas suffisant.  Revenant sur les quatre affaires où l’UNITAD a parachevé son travail, il a estimé que c’était l’occasion pour l’Équipe de remettre les preuves accumulées à l’Iraq pour les produire devant des procédures judiciaires nationales, afin que des poursuites puissent être engagées contre les auteurs membres de Daech, conformément aux engagements contenus dans le sixième rapport de l’UNITAD.

Tout en reconnaissant les défis exceptionnellement complexes auxquels se heurte l’Équipe, le délégué de l’Iraq a appelé à garder à l’esprit, les pressions de la part des familles et des proches pour établir les responsabilités et assurer l’obligation de reddition des comptes.

Note: Daech est le nom utilisé à l’ONU pour désigner l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), conformément à la résolution 75/291 de l’Assemblée générale.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclaration liminaire

M. CHRISTIAN RITSCHER, Conseiller spécial et Chef de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée d’amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD), qui présentait son huitième rapport semestriel, s’est réjoui des grands progrès réalisés par l’Équipe d’enquêteurs au cours des six derniers mois.   Après plus de deux ans de restrictions et de mesures préventives, l’UNITAD a retrouvé sa pleine capacité et, avec sa présence croissante dans le pays, elle est « plus forte que jamais », s’est-il félicité.

Au cours de la période couverte par le rapport, plus de 4,5 millions de pages de documents de preuves provenant des tribunaux de l’Iraq ont été convertis en format numérique, a fait valoir M. Ritscher.  Cette opération a été réalisée en étroite collaboration avec le système judiciaire et le Gouvernement iraquiens, y compris le Gouvernement régional du Kurdistan.  Une avancée qui a permis d’aider les autorités iraquiennes à utiliser pleinement et plus efficacement leurs données et leurs archives.  Il s’agit d’un travail essentiel pour enclencher des procédures juridiques efficaces et équitables et préserver l’historique des crimes internationaux commis par Daech en Iraq, a insisté M. Ritscher, qui a précisé que tout ce travail était effectué dans le respect des normes juridiques internationales.

Depuis la présentation de son dernier rapport devant le Conseil, l’Équipe a réussi à faire progresser toutes ses activités, a poursuivi le Conseiller spécial, qui a cité les entretiens avec des témoins, l’analyse des preuves et la rédaction de dossiers. 

À cet égard, il a passé en revue « quelques exemples » des progrès réalisés dans le cadre des enquêtes et des approches adoptées pour obtenir justice pour les victimes de Daech en Iraq, qualifiant notamment de progrès significatifs les enquêtes menées au niveau de « Bayt Al Mal », la structure financière de Daech, et son apport matériel et financier essentiel à l’organisation terroriste.  L’UNITAD compte fournir au système judiciaire iraquien des rapports stratégiques supplémentaires sur le fonctionnement interne de « Bayt Al Mal », afin d’aider à mieux comprendre les activités financières de Daech.  Pour M. Ritscher, ceci est particulièrement important, car pour saisir l’argent, il faut connaître l’organisation, comprendre sa structure et identifier la hiérarchie et les personnes chargées de donner les ordres, ce qui nous rapproche de l’identification des individus responsables de l’ensemble des crimes internationaux graves commis en Iraq.

S’agissant des enquêtes en cours sur la mise au point et l’utilisation d’armes chimiques et biologiques par Daech, M. Ritscher a fait état de nouvelles informations.  Grâce à des visites sur le terrain, à des contacts avec les communautés touchées et à la coopération avec les autorités iraquiennes, l’UNITAD a recueilli et conservé des preuves testimoniales, numériques et documentaires concernant la fabrication et l’utilisation de telles armes.  Les enquêtes porteront sur le système d’approvisionnement sous-jacent de ces armes et sur les flux financiers qui y sont liés, ce qui implique de se concentrer sur l’implication d’individus spécifiques.  Les conséquences de ces attaques chimiques sur les survivants et les communautés touchées se font encore sentir aujourd’hui, a-t-il déploré.

Venant ensuite aux crimes commis contre la communauté yézidie, le Conseiller spécial a indiqué que l’UNITAD continue de recueillir les informations auprès des femmes, des filles, des survivants ainsi que d’autres personnes susceptibles de fournir des indications sur leurs auteurs, y compris parmi les combattants terroristes étrangers.  Quant au massacre commis contre le personnel de l’Académie de l’air de Tikrit, également connue sous le nom de camp Speicher, M. Ritscher a précisé que l’enquête a permis l’identification de ceux qui ont joué un rôle majeur en harcelant et terrorisant les populations civiles de Tikrit et d’Al-Alam.  L’enquête a révélé que Daech ciblait systématiquement toutes les personnes qui ne s’alignaient pas sur son idéologie, notamment la communauté chiite, les personnes affiliées aux autorités gouvernementales, les membres de certaines tribus et ceux qui ont aidé le personnel militaire de l’Académie.  M. Ritscher a confirmé au Conseil que l’enquête continue de progresser grâce, notamment, aux fouilles conduites par les autorités iraquiennes en collaboration avec l’appui technique et opérationnel de son équipe.  Les crimes contre les enfants sont également considérés comme une priorité absolue, a-t-il ajouté. 

Le travail se poursuit dans le cadre des six unités dédiées sur le terrain et deux unités thématiques qui font avancer les enquêtes structurelles de l’UNITAD, sur les crimes commis par le groupe terroriste contre des communautés en Iraq, qu’il s’agisse de chrétiens, sunnites, chiites, kaka’i, shabaks et des Turkmènes chiites, a fait valoir le Conseiller spécial.  Insistant sur l’approche de l’UNITAD centrée sur les victimes et les survivants, il a invité les membres du Conseil à examiner le rapport qui couvre de manière très détaillée l’ensemble des progrès réalisés par l’équipe au cours de la période examinée.

M. Ritscher a salué le Gouvernement iraquien et des autorités du Gouvernement régional du Kurdistan pour leur soutien dans la mise en œuvre du mandat de l’UNITAD, soulignant avoir fait de l’établissement et du maintien d’un dialogue continu avec les autorités iraquiennes une priorité.  Pour preuve, l’atelier de discussion stratégique organisé en janvier de cette année avec le Comité national de coordination, au cours duquel les deux parties ont défini conjointement des domaines prioritaires communs.  La coopération de l’UNITAD avec le Ministère iraquien des affaires étrangères a progressé de manière significative au cours des six derniers mois, s’est-il félicité. 

Le Conseiller spécial a précisé que l’UNITAD avait travaillé en coordination avec les ambassades iraquiennes dans différents pays pour organiser une série d’événements spéciaux visant à promouvoir la responsabilité des crimes internationaux commis par Daech.  En avril dernier, l’UNITAD, l’Iraq et l’Allemagne ont renouvelé leur engagement à poursuivre les enquêtes sur les dimensions financières des principaux crimes internationaux commis par l’organisation terroriste.  Des discussions sont en cours en Iraq pour adopter le cadre juridique nécessaire afin de traiter les crimes de Daech comme des crimes internationaux fondamentaux devant les tribunaux iraquiens.  L’UNITAD est prête à fournir des conseils techniques et à travailler avec le Conseil des représentants iraquien, ainsi qu’avec le système judiciaire, pour aller de l’avant.  M. Ritscher a dit espérer des développements positifs dans les mois à venir, appelant la communauté internationale à soutenir l’Iraq dans ces efforts.

Enfin, M. Ritscher a abordé le volet des contributions extrabudgétaires au Fonds d’affectation spéciale de l’UNITAD qui se sont avérées vitales pour les opérations de l’Équipe et la poursuite de nombreuses pistes d’enquête et de projets distincts.  Il a dit compter sur les contributions volontaires des États Membres, saluant les récentes contributions du Danemark, de la France, de l’Inde et de la Slovaquie.  Il a également fait part de sa reconnaissance des récents engagements de fonds supplémentaires pris par les Pays-Bas et les États-Unis.  Jusqu’à présent, 15 États ont fourni des fonds extrabudgétaires à l’UNITAD, a-t-il précisé, avant d’encourager les donateurs à apporter leurs contributions sans affectation particulière, afin de soutenir les opérations générales et permettre de conserver une gestion des fonds agile, flexible et basée sur les besoins.

La contribution la plus notable obtenue dans le cadre de cette assistance est peut-être la condamnation historique, l’année dernière, du membre de Daech Taha Al-J à Francfort pour le crime de génocide, a noté M. Ritscher.  De même, a-t-il rappelé, l’UNITAD a soutenu le ministère public suédois lors du procès d’une femme qui a été accusée et condamnée pour crime de guerre pour avoir enrôlé son enfant comme soldat pendant qu’elle était avec Daech.  En outre, l’Équipe d’enquêteurs continue de soutenir l’équipe d’enquête conjointe créée par la Suède et la France pour juger les principaux crimes internationaux commis en 2015 par Daech contre la communauté yézidie. 

Les crimes du groupe terroriste constituent certains des actes les plus horribles que nous ayons vus dans l’histoire récente, a estimé le Conseiller spécial.  Les individus responsables de ces actes doivent être identifiés, jugés et condamnés pour leurs crimes au niveau national et international.  Ce n’est qu’en poursuivant et en qualifiant ces actes barbares de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide que nous pourrons rendre justice aux nombreuses victimes et survivants et faire en sorte que leurs voix soient entendues, a-t-il conclu.

Déclarations

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a réitéré l’appui de son pays aux les efforts de l’UNITAD pour soutenir les poursuites engagées au plan national contre les membres de Daech dans 15 États Membres, notamment celles en cours en Suède et en Allemagne.  Le représentant a également rappelé l’appui du Royaume-Uni au travail de l’Équipe pour renforcer les capacités du système judiciaire iraquien, et il a salué l’accent mis par celle-ci sur le bien-être et la résilience des survivants issus de toutes les communautés, y compris les minorités ethniques et religieuses.  Sur ce dernier point, il a souligné l’importance de veiller à ce que les victimes de violences sexuelles systématiques et liées aux conflits puissent témoigner en toute sécurité, à commencer par les femmes et les filles de la communauté yézidie.  Il a vu en cela « la première étape vers la reddition de comptes pour ces crimes ».

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que la reddition de comptes pour les terroristes de Daech envoie un message fort dans le monde entier.  Il s’est félicité des avancées dans les enquêtes de l’UNITAD, notamment le rapport d’évaluation portant sur le développement et l’utilisation d’armes chimiques ainsi que le financement du terrorisme.  L’UNITAD doit poursuivre ses enquêtes sur les crimes commis contre les yézidis et sur les fosses communes afin que les familles des victimes puissent enterrer leurs êtres chers dans la dignité, a dit le représentant.  

M. Abushahab a souligné que les éléments de preuve recueillis doivent être mis à la disposition des tribunaux iraquiens afin de servir à rendre la justice, notamment au moyen du recoupage de l’ADN.  Il a en outre salué l’utilisation de technologies avancées et la numérisation des éléments de preuve, en souhaitant que de telles techniques puissent être utilisées dans d’autres contextes ailleurs dans le monde.  Les Émirats arabes unis ont en outre alloué un demi-million de dollars à la reconstruction des sites sacrés et historiques détruits par Daech, notamment à Mossoul, a-t-il noté. 

Mme ANNETTE ANDRÉE ONANGA (Gabon) a vu dans les progrès notoires réalisés par l’Équipe d’enquête une saine coopération entre l’UNITAD et les autorités iraquiennes et a appelé à son renforcement, afin d’aboutir à l’établissement des responsabilités des auteurs des crimes.  La représentante a, de même, noté avec intérêt l’appui apporté par l’Équipe aux juges d’instruction et aux enquêteurs iraquiens dans l’élaboration de dossiers en vue de la poursuite des membres de Daech/EIIL pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.  

Mme Onanga s’est également félicitée de l’approche centrée sur les survivants en accordant une attention particulière à l’intégration d’une perspective sexospécifique tout au long du processus d’enquête.  Pour la représentante, l’exigence de reddition des comptes des membres de Daech/EIIL participe tant à la lutte contre le terrorisme qu’à la reconstruction de la nation et de l’État iraquiens.  En conclusion, elle a estimé qu’il appartient, en premier lieu, au Gouvernement iraquien de juger les responsables de crimes commis sur son territoire.  À ce titre, toutes les initiatives doivent être prises dans le respect de la pleine souveraineté de l’Iraq et de sa juridiction.

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) a jugé, compte tenu du volume de preuves recueillies par l’UNITAD, qu’« il est nécessaire de passer d’une phase d’enquête à une nouvelle phase de poursuites ».  En effet, nous ne devons donc pas perdre de vue que l’objectif ultime de toutes ces enquêtes est la poursuite pénale, tant devant les tribunaux nationaux qu’internationaux, des personnes responsables de tous les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis par Daech en Iraq, a-t-il ajouté.  Le représentant a réaffirmé à cet égard « l’importance du rôle que la Cour pénale internationale peut jouer ».  En outre, il a souligné que la participation de bonne foi des autorités nationales est nécessaire pour que les enquêtes en cours puissent être conclues et pour que les familles des victimes puissent avoir accès à la vérité.  C’est à partir de cette vérité qu’il sera possible pour tous les Iraquiens d’avancer sur la voie de la réconciliation et de la reconstruction du tissu social, a-t-il déclaré. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a estimé qu’il serait naïf de croire que, disposant d’un programme d’armes chimiques en Iraq, les terroristes de l’EIIL n’utiliseraient pas de telles ressources en dehors de ce pays, notamment en Syrie où la coalition occidentale s’affaire au renversement du Gouvernement légitime et lui impute la responsabilité de ces attaques.  Le représentant a accusé trois membres permanents du Conseil de sécurité -les États-Unis, le Royaume-Uni et la France- d’avoir ainsi commis un « acte d’agression injustifiée et non provoqué » en frappant avec des missiles de croisière la ville syrienne de Douma en avril 2018.  

Le représentant s’est félicité des progrès réalisés par l’UNITAD dans son enquête sur la trésorerie de l’EIIL, estimant qu’il s’agit là d’un domaine prometteur pour la collecte d’éléments de preuve permettant d’en établir la structure.  Après s’est félicité des enquêtes menées sur les crimes commis contre les chrétiens, les yézidis, les turkmènes chiites et autres minorités, il a souligné que le mandat de l’Équipe d’enquêteurs est de soutenir les efforts de l’Iraq pour traduire en justice les terroristes dans le cadre de son système judiciaire national.  À ce titre, les éléments de preuve doivent être communiqués en priorité aux autorités iraqiennes, comme le veut la résolution 2379 (2021) du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a salué les progrès réalisés par l’UNITAD dans tous les aspects de l’enquête, comme en témoigne son huitième rapport.  Il s’est félicité en particulier de l’achèvement de la compilation des dossiers initiaux et du passage à la phase de constitution de dossiers ciblés contre les auteurs identifiés comme les plus responsables des crimes commis par Daech.  M. Kiboino s’est également dit encouragé par les modalités de collaboration entre l’équipe et les autorités iraquiennes, tout en espérant que le pouvoir judiciaire apportera le soutien nécessaire à cette entreprise.

Le représentant a reconnu les progrès accomplis par l’UNITAD dans l’exécution de son mandat pour soutenir les efforts nationaux visant à tenir Daech pour responsable de ses crimes en Iraq et salué les efforts déployés par le Conseiller spécial, conformément à son mandat, pour promouvoir la responsabilité mondiale des crimes commis par le groupe terroriste et rendre ainsi justice aux survivants, en dépit des importants défis en matière de sécurité, de technologie, d’aspects psychosociaux et de ressources.

Le Kenya soutient les initiatives d’enquête de l’UNITAD visant à mettre au jour les principaux facilitateurs financiers du terrorisme.  Cela contribuera grandement à rendre les agents terroristes et les facilitateurs responsables de leurs crimes, a estimé M. Kiboino.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a notamment attiré l’attention sur le fait inquiétant que la chaîne de commandement de l’EIIL est en cours de reconstruction, nécessitant de la part de la communauté internationale de poursuivre la lutte contre une organisation dont il est avéré qu’elle tente de mettre au point des armes chimiques.  Le représentant a salué la coopération active entre l’UNITAD et les institutions iraquiennes et du Kurdistan, qui laisse entrevoir le passage de la collecte de preuves des travaux de l’Équipe à la phase tant attendue des poursuites pénales de certains individus.  Il a également jugé essentiel le travail de l’Équipe pour la réconciliation en Iraq et l’administration d’une justice réellement équitable.  Nous devons continuer d’appuyer l’Iraq pour que les criminels de l’EIIL rendent des comptes et que leurs sympathisants partout dans le monde comprennent que cette entité n’a pas d’avenir, a encore déclaré le représentant. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a déclaré que la reddition de comptes pour les crimes commis par Daech en Iraq est une condition préalable à l’instauration de l’état de droit et à une paix durable dans le pays.  Elle s’est félicitée du fait que l’UNITAD ait pu terminer son rapport initial d’évaluation de l’utilisation d’armes chimiques et biologiques par Daech et ait réalisé des progrès dans d’autres enquêtes, notamment celles portant sur les crimes commis contre les chrétiens, les yézidis et d’autres minorités.  Ce faisant, l’action de l’UNITAD passe des enquêtes structurelles à la préparation de mémoires en vue de poursuites contre les auteurs de ces crimes, une évolution dans laquelle la représentante a vu un « signe clair » de l’efficacité de son travail.  

Mme Heimerback a salué l’approche centrée sur les victimes adoptée par l’UNITAD, qui tient aussi compte de l’âge et du sexe, notant qu’une telle approche avait permis à l’Équipe d’enquêteurs d’entrer en contact avec des victimes de violences sexuelles et sexistes « en dépit de contraintes sociales difficiles », une priorité de la Norvège.  Elle a toutefois déploré que l’évaluation initiale de l’utilisation d’armes chimiques par Daech ne comporte pas davantage d’informations sur le genre.  Mme Heimerback s’est félicitée, en terminant, du partenariat établi entre l’UNITAD et les autorités iraquiennes, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités et l’assistance technique.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a estimé pertinent pour l’Équipe d’enquête de garder à l’esprit que ce processus doit être dirigé et pris en main par les Iraquiens eux-mêmes.  La prise en main nationale et l’appui aux activités de collecte de preuves et aux objectifs opérationnels et stratégiques de l’UNITAD conformément à son mandat revêt une importance cruciale.  C’est ce qui permettra de faciliter les procédures.  

Le rôle de l’UNITAD et son travail ne doivent pas chercher à se substituer au travail que fait le système judiciaire iraquien, a poursuivi la représentante.  Il faut que ses efforts le complètent en fournissant l’appui institutionnel et les ressources nécessaires pour que les juges et enquêteurs iraquiens puissent s’acquitter de cette tâche, à savoir recueillir et conserver les informations afin d’alimenter ensuite les procédures judiciaires.

La représentante a encouragé les autorités politiques et judiciaires iraquiennes à continuer de coopérer avec l’Équipe d’enquêteurs, les appelant à intensifier leurs efforts pour lever certains obstacles administratifs et bureaucratiques et créer les concessions propices à l’achèvement des tâches importantes de l’UNITAD. 

M. SUN ZHIQIANG (Chine) a réitéré le soutien de son pays à l’UNITAD, « qui aide le Gouvernement iraquien à collecter des preuves, ce qui permettra de lutter contre l’impunité qui autorise encore trop souvent la commission d’actes terroristes ».  L’Équipe doit renforcer sa coopération avec le Gouvernement de l’Iraq afin que les preuves puissent être partagées avec d’autres gouvernements sur une base volontaire et transparente, comme le prévoient les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a ajouté le représentant.  Il a toutefois rappelé que l’Équipe était un dispositif provisoire, qu’à ce titre « elle ne doit pas devenir un organe permanent ».  Il a ainsi appelé à poursuivre le développement de la stratégie de parachèvement de ses travaux qui a débuté l’an dernier. 

Mme ANNE-MARIE O’SULLIVAN (Irlande) a salué l’achèvement du rapport initial d’évaluation sur le développement et l’utilisation d’armes chimiques et biologiques par l’EIIL et a appelé à ce que les responsables soient traduits en justice.  Elle s’est félicitée des progrès « significatifs » accomplis dans les enquêtes sur les violences sexuelles et sexistes perpétrées par l’EIIL, notamment contre la communauté LGBTQI+.  

Alors que les priorités de l’UNITAD en matière d’enquête se sont orientées vers l’identification des responsables d’atrocités et la constitution de dossiers judiciaires, en collaboration avec le système judiciaire iraqien, Mme O’Sullivan a noté que la clef pour assurer la reddition de comptes est d’établir une législation permettant d’intenter des poursuites pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au niveau national.  

La représentante a en outre souligné le rôle important joué par l’Union européenne pour permettre à l’UNITAD de renforcer ses capacités en matière de numérisation et de préservation des éléments de preuve, d’expertise médico-légale, d’excavation de fosses communes et de formation des juges et des enquêteurs iraqiens.  Enfin, elle a félicité les États qui ont exercé leur compétence universelle pour poursuivre les responsables des atrocités commises par des membres de l’EIIL en Iraq.

Mme PAULA AGUIAR BARBOZA (Brésil) a salué les progrès des enquêtes concernant les principaux crimes de droit international commis par Daech à l’encontre de la communauté chrétienne ainsi que d’autres groupes ethniques et religieux en Iraq.  Elle s’est également félicitée des conclusions du rapport de l’Équipe, selon lesquelles l’UNITAD a entamé une nouvelle étape centrale de son action.  Il va sans dire, a fait observer la représentante, que dans l’exécution de son mandat, l’UNITAD doit être impartiale et indépendante, et agir conformément à la Charte des Nations Unies et aux autres normes pertinentes du droit international. 

Mme Aguiar a rappelé l’importance des règles internationales sur la répartition des compétences entre les États et a souligné la nécessité de respecter la souveraineté iraquienne dans la recherche de la responsabilité pour les crimes commis sur son territoire, y compris dans le cadre du partage des informations par l’UNITAD avec des pays tiers.  Elle a également rappelé que le mandat de l’UNITAD est de soutenir les poursuites nationales et que les autorités iraquiennes doivent rester les premières destinataires des éléments de preuve recueillis par l’Équipe d’enquêteurs.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est dit convaincu que la crédibilité de la lutte collective contre le terrorisme ne pourra être renforcée qu’en établissant la responsabilité des auteurs des actes de terreur graves et inhumains, ainsi que celle de ceux qui fomentent ces actes, les appuient et les financent.  Le soutien financier de l’Inde à l’UNITAD pour ces domaines clefs renforcera encore cet objectif, a assuré le représentant.  Après avoir encouragé l’UNITAD à partager les conclusions de son enquête avec le Comité 1540 du Conseil de sécurité, qui a pour mandat d’aider les pays à prévenir l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques, M. Raguttahalli s’est réjoui que les preuves recueillies et partagées par l’UNITAD avec des pays tiers aient abouti à la poursuite et à la condamnation de terroristes de Daech.  « Un partage de preuves similaire avec les autorités iraquiennes devrait avoir lieu au plus tôt pour soutenir les procès et les poursuites devant les tribunaux iraquiens », a-t-il ajouté.  Enfin, il a appelé à ce que l’UNITAD soit en mesure de répondre pleinement aux exigences du Gouvernement iraquien en matière de preuve, le mandat de l’Équipe devant être sans équivoque à cet égard. 

Mme DIARRA DIME LABILLE (France) a salué l’achèvement par l’UNITAD d’un premier rapport sur le développement et l’emploi d’armes chimiques et biologiques par Daech en Iraq, la création d’un laboratoire d’analyse de l’ADN et les progrès de l’enquête sur la trésorerie de Daech.  Estimant que la collecte d’éléments de preuve est au cœur du mandat de l’UNITAD, elle a encouragé l’Équipe d’enquêteurs à poursuivre ses efforts afin d’atteindre, d’ici la fin de 2022, l’objectif de numériser la moitié des éléments de preuve.  

Conformément à la résolution 2379 (2017) du Conseil de sécurité, la représentante a appelé à une « collaboration renforcée » avec le Gouvernement et les autorités judiciaires iraqiens, notamment au moyen de la formation des juges au droit pénal international et de l’élaboration de dossiers d’accusation et de poursuites contre les membres de Daech pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.  « Le sort des victimes doit rester notre principale préoccupation », a poursuivi Mme Dime Labille, en saluant l’approche centrée sur les victimes et la « perspective de genre » adoptée par l’UNITAD dans ses enquêtes.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a souligné que les cellules dormantes et les groupes affiliés à l’EIIL représentent toujours une menace imminente dans différentes régions du monde, en particulier en Afrique.  Plus que jamais, il nous faut renforcer et coordonner nos efforts pour gagner la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que rendre la justice est une obligation là où l’EIIL a commis ses méfaits, en particulier en Iraq, « pour que le peuple iraquien puisse reconstruire un avenir meilleur et pacifique ».  Il a estimé que les travaux de l’UNITAD permettaient de passer à présent de la collecte de preuves aux extraditions et à des procédures judiciaires.  M. Hoxha a par ailleurs indiqué que l’Albanie avait rapatrié des dizaines de femmes et d’enfants des camps de détention en Syrie et en Iraq et leur avait fourni « les moyens de commencer une nouvelle vie ».

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a fait référence à la résolution 2597 (2021), qui comprend l’approbation de la demande du Gouvernement iraquien de prolonger d’une année le mandat de l’UNITAD, et a dit attendre avec impatience le déploiement de nouveaux efforts pour la poursuite des personnes impliquées, des partisans et des financiers de l’organisation terroriste Daech.  Le mandat de l’UNITAD arrive à échéance le 17 septembre 2022, a rappelé le représentant qui s’est félicité du contenu du huitième rapport de l’UNITAD, dont plusieurs points importants sont à un stade avancé, grâce notamment à la participation et à la coopération du Gouvernement iraquien et l’ouverture de nouvelles voies d’enquête pour les crimes commis par l’organisation terroriste à l’encontre de tout le peuple iraquien.

À cet égard, M. Bahr Aluloom a tenu à saluer les efforts de l’Équipe d’enquêteurs et de son chef pour promouvoir la responsabilité dans le monde entier pour les crimes commis par l’organisation terroriste.  Dans le même temps, les victimes en Iraq et leurs familles attendent toujours la responsabilité pénale de Daech, car, a rappelé le représentant, l’UNITAD a été créée afin de rendre justice au peuple iraquien.  Le représentant a estimé que le défi le plus important pour l’Équipe durant la prochaine étape demeure la présentation de toutes les preuves, qu’elles aient été obtenues par l’Équipe ou fournies par l’Iraq et développées à l’aide de technologies innovantes, aux autorités de son pays pour être produites devant les tribunaux nationaux iraquiens.  Rappelant le mandat de l’UNITAD, qui consiste en la collecte, la conservation et le stockage des preuves concernant les crimes commis par l’organisation terroriste, il a déclaré que ces preuves doivent être ensuite remises à l’Iraq, afin que le pays organise des procès équitables avec pour objectif de parachever la réalisation de la justice et de la réparation pour les victimes.

Le présent rapport stipule que l’Équipe a achevé des comptes rendus d’enquête dans quatre affaires importantes, a fait observer le représentant, qui a jugé crucial que l’UNITAD remette ces éléments de preuve aux autorités iraquiennes.  De fait, a-t-il poursuivi, le sixième rapport stipule explicitement la possibilité de mener ces procès fin 2021 ou début 2022.  Cela constitue pour lui une obligation à laquelle il faut contribuer en vue du respect des délais impartis.  C’est pourquoi il a estimé nécessaire et important, aussi bien pour son pays que pour la communauté internationale, d’adopter des mesures rapides, efficaces et pratiques pour fournir les éléments de preuve au Gouvernement iraquien pour la conduite des procès nationaux.

Tout en reconnaissant les efforts déployés par l’UNITAD en matière de collecte, conservation et stockage des éléments de preuve, et sa coopération continue et croissante avec les autorités iraquiennes, M. Bahr Aluloom a expliqué que son gouvernement subissait une grande pression de la rue iraquienne, et des familles des victimes en particulier, qui exigent une reddition des comptes de la part des auteurs des crimes commis par l’organisation terroriste.  Le Gouvernement iraquien suit avec beaucoup d’intérêt la prochaine phase d’évaluation du travail de l’Équipe et souligne la nécessité de préparer un plan stratégique, en coopération avec le Comité national de coordination iraquien, afin d’atteindre des objectifs concrets.

M. Bahr Aluloom a réitéré la volonté du Gouvernement iraquien de coopérer avec l’Équipe d’enquête internationale et de lui fournir une assistance par le biais du Comité national de coordination, dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa juridiction sur les crimes commis sur son territoire et contre son peuple.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité soutient la poursuite des efforts de démocratisation en Afrique centrale dans un contexte de persistance de foyers de violence

9058e séance - matin
CS/14927

Le Conseil de sécurité soutient la poursuite des efforts de démocratisation en Afrique centrale dans un contexte de persistance de foyers de violence

Le Conseil a examiné ce matin le rapport semestriel du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations Unies pour cette région, le BRENUAC, document sur lequel la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique s’est largement appuyée pour évoquer les aspects politiques et sécuritaires les plus marquants des derniers mois.  Son exposé a été complété de ceux du Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et d’une représentante de la société civile, par lesquels ont été abordés la démocratisation de la région et le rôle des femmes.  Le lien entre instabilité et changements climatiques et la présence croissante du « groupe Wagner » dans la région ont également été évoqués, ainsi que les répercussions du conflit en Ukraine sur la sécurité alimentaire dans la région. 

Mme Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, qui a rendu hommage à M. François Lounceny Fall, lequel vient d’achever son mandat de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BRENUAC, a souligné que dans les prochains mois se tiendraient des processus électoraux « cruciaux » en République démocratique du Congo, en Angola, à Sao-Tomé-et-Principe, en Guinée équatoriale ainsi qu’au Tchad.  À cet égard, elle a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties prenantes d’œuvrer à la création de conditions propices à la tenue de ces élections « selon les principes démocratiques fondamentaux ».

La transition au Tchad a été largement évoquée.  Le représentant du Gabon, qui s’exprimait au nom des trois États africains membres du Conseil, s’est félicité de l’organisation du pré-dialogue de Doha « en vue de parvenir à un accord de paix inclusif, y compris un programme de désarmement, démobilisation et réintégration pour les groupes armés présents dans le pays, en particulier ceux originaires de la Libye ».  Dans son intervention, Mme Pobee a indiqué que l’ONU était prête à soutenir la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de la feuille de route adoptée à Doha « quand le dialogue politique sera véritablement de mise ».  S’agissant de la gouvernance politique, le Président de la CEEAC, M. Gilberto Da Piedade Verissimo, a indiqué que tous les États de la région, « à une seule exception », avaient signé le Protocole du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Il s’est aussi félicité du fait que tous les États avaient respecté le calendrier de leurs élections en 2021, y voyant le « signe évident d’une appropriation collective de nos valeurs partagées et de l’enracinement de la démocratie dans la région ».  

Mme Jeanne-Danielle Nicole Nlate, Vice-Présidente de la Coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la préservation de la paix, la prévention des conflits, la résolution et la transformation des crises, a assuré qu’avec « une forte collaboration avec les gouvernements et l’appui des institutions régionales et internationales, la société civile saura relever les défis de l’apaisement », grâce en particulier aux femmes et aux jeunes engagés dans les processus électoraux et les actions de médiation.  Sur ce même thème, Mme Pobee a fait savoir que la collaboration entre le Bureau, ONU-Femmes et le Fonds pour la consolidation de la paix avait donné lieu à un échange sur les possibilités de financer un programme régional pluriannuel qui aiderait à opérationnaliser et à renforcer la mise en œuvre des mesures onusiennes encourageant la participation des groupes de femmes dans les processus en cours de médiation et de consolidation de la paix, ainsi que dans les processus électoraux.

La Sous-Secrétaire générale a également évoqué les conséquences pour la sécurité des changements climatiques, qui « aggravent les défis à la paix et à la sécurité », soulignant notamment l’intensification des heurts entre communautés agricoles au Tchad ou de pêcheurs au Cameroun.  « Le Bureau, le Mécanisme de sécurité climatique et la CEEAC appellent les acteurs régionaux à mieux prévenir, atténuer et gérer les risques de sécurité liés aux changements climatiques », a tenu à indiquer Mme Pobee. 

De leur côté, le Royaume-Uni, l’Albanie et les États-Unis se sont inquiétés des activités « déstabilisantes du groupe Wagner soutenu par le Kremlin » en République centrafricaine, dont les forces auraient commis, selon le représentant américain, « des atteintes atroces aux droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire ».  Pour lui, ce groupe est une menace à la paix et à la sécurité et les soldats de la paix des Nations Unies en République centrafricaine et au Mali et « empêche les missions de l’ONU dans ces pays de protéger les civils ».  

La Fédération de Russie a vivement contesté ces accusations, affirmant qu’au contraire, elle aide les pays africains, notamment la République centrafricaine, à renforcer leur potentiel militaire et ce, dans le strict respect des résolutions du Conseil concernant les livraisons d’armes à la RCA.  S’agissant des activités d’entreprises militaires privées dans ce pays, le choix des partenaires dans ce domaine, tout comme d’autres, relève de la prérogative des autorités nationales, a ajouté la représentante de la Fédération de Russie.  

La Fédération de Russie a également « catégoriquement rejeté » les analyses « politisées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’influence de la situation en Ukraine concernant la sécurité alimentaire mondiale.  Ledit rapport indique notamment que « la guerre en Ukraine a nui au pouvoir d’achat des populations, provoquant par exemple une hausse du prix du pain dans certains pays, en particulier au Congo, en République populaire démocratique du Congo et au Rwanda, pays qui importaient plus de 60% de leur blé de la Fédération de Russie ou d’Ukraine ».  Pour la Russie, il existe une dégradation de la sécurité alimentaire dans le monde bien antérieure au conflit armé en Ukraine, qui tient à la fois au mode de développement socioéconomique mondial et à des défis mondiaux telle la pandémie de COVID-19.  Pour la Russie, les difficultés actuelles de l’acheminement de l’approvisionnement s’expliquent avant tout par l’instauration de sanctions illégales qui lui sont imposées.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE - S/2022/436

Déclarations liminaires

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix, et des opérations de paix, qui a rendu hommage à M. François Lounceny Fall, qui vient d’achever son mandat de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BRENUAC, a souligné que dans les prochains mois se tiendraient des processus électoraux cruciaux en République démocratique du Congo, en Angola, à Sao-Tomé, en Guinée équatoriale ainsi qu’au Tchad.  Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties prenantes d’œuvrer à la création de conditions propices à la tenue de ces élections selon les principes démocratiques fondamentaux.  Mme Pobee a assuré que, conformément à son mandat, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) mène en ce sens ses missions de bons offices, en encourageant en outre la consolidation des acquis démocratiques dans ces pays grâce à l’augmentation de la participation des femmes et des jeunes aux processus politiques, tant comme candidats que comme électeurs. 

Sur les défis sécuritaires à relever en Afrique centrale, Mme Pobee a attiré l’attention sur la crise dans le nord-ouest et le sud-est du Cameroun, où sévissent des groupes dissidents de Boko Haram.  Sur ce point, elle a appelé la communauté internationale à renforcer l’appui aux efforts nationaux en cours de règlement pacifique des conflits.  Au Tchad, a-t-elle ajouté, la transition politique reste sur les rails mais des difficultés importantes attendent les autorités tchadiennes, qui doivent, pour les surmonter, respecter le pré-dialogue de Doha, lequel prévoit l’application d’un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des groupes armés tchadiens présents également en Libye.  Mme Pobee a indiqué que l’ONU était prête à soutenir la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de la feuille de route de la transition, cela « quand le dialogue politique sera véritablement de mise ». 

Concernant la situation humanitaire dans la région, la Sous-Secrétaire générale a souligné que le Bureau et les autorités des pays dans le besoin s’efforçaient d’optimiser l’acheminement de l’aide, tout en leur rappelant la nécessité de s’attaquer aux causes profondes d’instabilité en Afrique centrale.  Après avoir de nouveau exhorté les groupes armés, qui, dans l’est de la RDC, multiplient les exactions en s’en prenant brutalement aux civils comme à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), à déposer les armes et à rejoindre le processus politique du Conclave de Nairobi, elle s’est attardée sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques.  Ceux-ci aggravent les défis à la paix et à la sécurité, a-t-elle expliqué, notant l’intensification des heurts entre communautés agricoles au Tchad et de pêcheurs au Cameroun.  Elle a indiqué à ce propos que le Bureau, le Mécanisme de sécurité climatique et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale appellent les acteurs régionaux à mieux prévenir, atténuer et gérer les risques de sécurité liés aux changements climatiques.

Revenant sur l’insécurité dans la région, Mme Pobee a signalé que le BRENUAC et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel continuaient de soutenir la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones du bassin du lac Tchad.  Les deux bureaux poursuivent également leur plaidoyer de haut niveau auprès des États membres du bassin du lac Tchad pour harmoniser leurs efforts de lutte contre l’extrémisme violent et fournir un soutien technique en matière de DDR.  Après avoir salué l’adoption, le 31 mai, de la résolution 2634 (2022), Mme Pobee a ajouté que, conformément à ce texte, les deux bureaux continueront de soutenir les États et les sous-régions dans leurs efforts de lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée.

À propos des femmes, la Sous-Secrétaire générale a indiqué que la collaboration entre le Bureau, ONU-Femmes et le Fonds pour la consolidation de la paix avait donné lieu à un échange sur les possibilités de financer un programme régional pluriannuel qui aiderait à opérationnaliser et à renforcer la mise en œuvre des mesures onusiennes encourageant la participation des groupes de femmes dans les processus en cours de médiation, de consolidation de la paix et les processus électoraux.

M. GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a qualifié de « globalement stable » la situation politique et sécuritaire en Afrique centrale.  Parmi les récentes « évolutions positives », il a noté l’amélioration de la situation sécuritaire aux frontières du Rwanda avec l’Ouganda et le Burundi, ainsi que des relations diplomatiques entre ces deux pays et le Rwanda, la tenue de la première commission mixte permanente de sécurité transfrontalière entre le Gabon et le Cameroun, de même que la tenue d’une réunion technique de vérification de leur frontière maritime entre l’Angola et la République démocratique du Congo (RDC). 

M. Verissimo a estimé que ces progrès étaient le reflet des efforts déployés en Afrique centrale afin de « faire émerger une conscience d’appartenance à une même communauté de destin, dans laquelle les frontières ne doivent plus être perçues comme des lignes de séparation, mais des ponts reliant les peuples, les ethnies et les cultures forcés à la séparation par la colonisation ».  Il a toutefois déploré la détérioration de la situation sécuritaire à la frontière entre la RDC et le Rwanda à la suite des attaques du mouvement rebelle M23 contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui ont entraîné de nouveaux déplacements de population et aggravé les tensions entre la RDC et le Rwanda.  Il s’est félicité à cet égard de la réunion du Conseil de sécurité du 3 juin dernier sur cette question et du dialogue mené par le Président du Kenya dans le cadre du processus de Nairobi. 

Le Président de la CEEAC a dénoncé la persistance des activités des groupes armés « et autres forces négatives » en RDC, estimant qu’elles sont la cause de déplacements massifs de population, qu’elles causent des dommages aux infrastructures « déjà déficitaires » et entravent le développement de la région.  Ces groupes commettent également des attaques contre la population en République centrafricaine (RCA), malgré la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA) et la proclamation d’un cessez-le-feu unilatéral par le Gouvernement.  « Le terrorisme n’est plus l’exclusivité de la bande sahélo-saharienne », s’est alarmé M. Verissimo, en évoquant les attaques menées par des factions rivales du groupe Boko Haram et l’expansion de groupes terroristes tels que Madina Tauheed Mujaidine (ADF-MTM) en RDC. 

Le Président de la CEEAC estime que l’état de droit continue de se renforcer en Afrique centrale et que la gouvernance démocratique et la promotion et la protection des droits humains font désormais partie du paysage institutionnel des pays de la région, malgré les violations répétées commises par les groupes armés.  Il s’est cependant inquiété de la « résurgence » des conflits intercommunautaires, accompagnés de discours de haine souvent à des fins électorales, qui constituent une menace à la sécurité et la stabilité des États, notamment au Tchad, au Cameroun, en RCA et en RDC.  La transhumance à des fins criminelles et la piraterie maritime figurent aussi au nombre des menaces qui planent sur la région.  

S’agissant de la gouvernance politique, M. Verissimo a indiqué que tous les États de la région, à une seule exception, avaient signé le Protocole du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Il s’est félicité du fait que tous les États ont respecté le calendrier de leurs élections en 2021, y voyant le « signe évident d’une appropriation collective de nos valeurs partagées et de l’enracinement de la démocratie dans la région ».  Il s’est cependant inquiété du report à une date ultérieure du dialogue national inclusif tchadien et des discussions en cours en RCA en vue d’amender la Constitution, notamment l’article 35 sur le nombre de mandats présidentiels, y voyant un risque d’accroitre les tension dans un pays déjà fragile.

Mme JEANNE-DANIELLE NICOLE NLATE, Vice-Présidente de la Coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la préservation de la paix, la prévention des conflits, la résolution et la transformation des crises (COPAC), a cité parmi les causes profondes de l’insécurité dans la région le triple déficit de gouvernance, de droits humains et de démocratie, qui attise les conflits politiques et identitaires ainsi que ceux liés à l’accès aux ressources naturelles.  Les conséquences majeures, a-t-elle ajouté, sont une instabilité des ensembles régionaux avec une faible intégration et coopération régionale, des institutions étatiques faibles, corrompues et répressives, des populations pauvres et désabusées, une insécurité et une instabilité des États avec des effets néfastes, notamment sur les femmes et les minorités.  Notant que la pandémie est venue amplifier ces vulnérabilités régionales, elle a déploré, dans un tel contexte, la faible implication de la société civile, « voire son exclusion des programmes de gestion de la crise sanitaire », alors même qu’elle est reconnue par les organisations internationales comme un acteur important de promotion de la paix, de respect des droits de l’homme, de conscientisation contre les violences basées sur le genre et sexistes. 

À cet égard, Mme Nlate a salué le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) qui, lors de la seizième session ordinaire de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement tenue le 23 novembre 2014 à Ndjamena, a, d’une part, émis une déclaration engageant ses États membres « à considérer les organisations de la société civile comme des acteurs à part entière dans le domaine de la paix et de la sécurité » et, d’autre part, instruit le Secrétariat Général de la CEEAC de définir un cadre formel de collaboration avec les organisations de la société civile et à multiplier les actions en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes dans les conflits armés.   

L’intervenante a assuré qu’avec une forte collaboration des gouvernements et l’appui des institutions régionales et internationales, la société civile saura relever les défis en Afrique centrale, notamment en ce qui concerne la protection des personnes vulnérables, la défense des droits des victimes des violences, notamment les femmes et les jeunes, le soutien aux réfugiés et aux déplacés internes, la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la diffusion des messages haineux sur les réseaux sociaux.  Cela se fera par des campagnes de sensibilisation et des ateliers de formation et d’information ou encore la formation des femmes et des jeunes sur des activités génératrices de revenus pour la promotion de l’entreprenariat, afin de lutter contre les violences économiques. 

Déclarations

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est inquiété de la situation qui prévaut actuellement dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun et requiert une attention urgente.  Il a rappelé qu’au cours des cinq dernières années, le Royaume-Uni avait octroyé 25 millions de dollars d’aide humanitaire pour soutenir les personnes profondément touchées par la crise.  À cet égard, il a appelé toutes les parties à permettre un accès sécurisé aux écoles et à l’aide humanitaire.

Le représentant a jugé essentiel des processus politiques inclusifs, pacifiques et crédibles pour la construction et le maintien de la paix dans la sous-région.  Le BRENUAC et ses partenaires ont certes, un rôle important à jouer dans le soutien de ces processus, mais c’est aux États membres de tirer parti de ce soutien et d’organiser des élections démocratiques et des processus inclusifs, a-t-il insisté.  À cet égard, le Royaume-Uni réitère son soutien au Tchad alors qu’il entreprend sa transition vers un régime civil et constitutionnel.  Si le pré-dialogue entre les autorités de transition et les groupes politico-militaires est bienvenu, une date devrait être fixée dès que possible pour un dialogue national inclusif afin de faire progresser la feuille de route de la transition au Tchad.

M. Kariuki a réitéré son inquiétude face à la violence qui sévit en République centrafricaine, y compris les violations des droits de l’homme documentées commises par les mercenaires du groupe Wagner et qui aggravent une situation humanitaire déjà aiguë.  Les activités de tous les acteurs de la sécurité opérant dans le pays devraient être coordonnées par le Gouvernement centrafricain et soumises aux normes internationales en matière de droits de l’homme, a insisté le représentant.  Il a, toutefois, salué le dialogue républicain de mars dernier entre les parties prenantes et encouragé la poursuite des progrès dans ce domaine.

Enfin, le représentant a déploré que la guerre illégale et injustifiée de la Russie en Ukraine exacerbe les pressions économiques et l’insécurité alimentaire en Afrique centrale et au-delà.  Il a donc appelé la Fédération de Russie à mettre fin à la violence et à permettre l’exportation en toute sécurité du blé ukrainien, afin de contribuer à résoudre les crises alimentaire et énergétique que connaît le continent africain.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), qui s’exprimait au nom des A-3 (Gabon, Ghana et Kenya), a salué les mesures prise par plusieurs pays d’Afrique centrale pour préparer les élections prévues en 2022-2023, estimant qu’elles représentent une occasion pour la région de consolider ses acquis démocratiques.  Il a appelé à cet égard à une plus grande participation des femmes et des jeunes aux processus électoraux.  Il s’est félicité de l’organisation par le Tchad du pré-dialogue de Doha en vue de parvenir à un accord de paix inclusif, y compris un programme de désarmement, démobilisation et réintégration pour les groupes armés présents dans le pays, en particulier ceux originaires de la Libye.

Le représentant a vu dans les accords diplomatiques conclus entre le Burundi et le Rwanda un autre signe encourageant, tout comme la levée des sanctions imposées par l’Union européenne contre le Burundi.  Il s’est en outre félicité de la poursuite du processus de Nairobi visant à mettre un terme à l’insécurité causée par les groupes armés dans l’est de la RDC.  Il a réitéré l’appel de l’Union africaine à la résolution des différends par la voie diplomatique, avec l’appui des mécanismes régionaux et sous régionaux.

Alors que la région demeure confrontée à des défis « complexes et multidimensionnels », M. Biang a plaidé pour le renforcement de l’architecture de paix et de sécurité de la CEEAC, accompagné de mesures visant à promouvoir la « prévention structurelle » des conflits.  S’agissant des la piraterie maritime, le représentant s’est félicité de l’organisation, par la CEEAC, d’une conférence maritime de l’Afrique centrale.  Il a salué la détermination du Cameroun, du Tchad et de la RDC à lutter contre les groupes terroristes tels que Boko Haram et Daech, tout en appelant à des efforts concertés pour mettre fins à leurs attaques.  

Enfin, M. Biang a jugé « impératif » que la communauté internationale respecte ses engagements en faveur du financement des politiques d’adaptation et de mitigation aux changements climatiques.

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a salué les améliorations en matière de gouvernance régionale et de dialogue politique dans certains pays de la région.  Néanmoins, la persistance de foyers de violence appelle la communauté internationale à continuer à faire preuve de solidarité, a-t-il ajouté, soulignant à cet égard le rôle précieux en termes de diplomatie préventive du BRENUAC.  Il a appelé ce dernier à continuer d’accompagner la transition au Tchad « pour y permettre le retour à l’ordre institutionnel », cela par le biais de la mise en œuvre de la feuille de route de la transition, « y compris par les forces d’opposition ».  Concernant la situation en République centrafricaine, il a souhaité que le Bureau continue d’appuyer la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda ainsi que la tenue d’élections municipales.  Le représentant a en outre insisté sur l’importance d’appliquer la Convention de Kinshasa pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, ces dernières étant un des principaux facteurs contribuant à entretenir les conflits dans la région.  Enfin, il a plaidé pour la promotion de l’inclusion de la voix des femmes et des jeunes dans les processus démocratiques en cours dans les États d’Afrique centrale.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a mis l’accent sur deux questions qui causent énormément de tort en Afrique centrale et aggravent les conflits, à savoir la crise climatique et l’insécurité alimentaire.  Le délégué a exhorté le BRENUAC, dans le cadre de son mandat, à évaluer et prendre en compte les incidences de la crise climatique.  De même, il s’est dit préoccupé par les incidences de la crise de sécurité alimentaire en Afrique centrale.  Quelque 2,2 millions de personnes en République centrafricaine devraient connaître des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë entre avril et août 2022, en raison des conflits, des déplacements de population et des prix des denrées alimentaires.  Une situation que le représentant a présentée comme aggravée par l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a des conséquences sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, augmentant ainsi les souffrances de millions de personnes dans le monde, et particulièrement en Afrique.  Il a exhorté la Russie à mettre un terme à sa guerre contre l’Ukraine. 

Face à la situation des pays en Afrique centrale, M. Mills a réaffirmé l’importance d’une transition pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par les civils au Tchad, où un dialogue inclusif national doit démarrer le plus tôt possible et ouvrir la voie à un référendum constitutionnel et des élections libres et régulières.  Au Cameroun, la poursuite des violences demeure un motif de préoccupation, notamment dans le « Grand Nord », le nord-ouest et le sud-ouest, et le représentant a exhorté tous les participants à mettre un terme aux violences.  Un dialogue plus large et sans condition préalable est, selon lui, nécessaire pour un règlement pacifique et durable.  À cet égard, les États-Unis appuient le rôle du BRENUAC visant à promouvoir un dialogue politique inclusif dans le pays.  S’agissant de la RCA, le représentant a salué le dialogue entamé en mars dernier, tout en attendant des progrès concrets concernant la feuille de route de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la revitalisation de l’accord de paix de 2019.  Il a condamné les attaques de Boko Haram et de l’État islamique d’Iraq et du Levant en Afrique de l’Ouest, il a condamné leurs attaques contre les civils et la menace qu’ils font peser sur la paix et la sécurité dans la région.  Les États-Unis appuient les efforts de coordination régionale pour lutter contre ces groupes terroristes, encourageant à la mise en œuvre de stratégies holistiques pour remédier aux causes sous-jacentes du terrorisme.

M. Mills s’est inquiété des activités jugées déstabilisantes du groupe Wagner « soutenu par le Kremlin », dont les forces auraient commis des atteintes atroces aux droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire.  Pour les États-Unis, ce groupe représente une menace pour la paix et à la sécurité et pour les soldats de la paix des Nations Unies en RCA et au Mali et empêche les missions de l’ONU dans ces pays de protéger les civils.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la situation jugée alarmante au Burundi.  Enfin, les victimes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), passées comme présentes, méritent toujours la justice, a-t-il rappelé, ajoutant que les États-Unis offraient plusieurs millions de dollars de récompense pour toute information concernant Joseph Kony, recherché pour crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a appelé au renforcement du soutien apporté aux processus politiques en Afrique centrale, notamment la tenue d’un dialogue inclusif au Tchad.  Elle a exprimé son appui à la médiation et aux réformes afin de résoudre la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, tout en condamnant les attaques perpétrées contre les populations civiles et le personnel humanitaire.  Elle a salué les progrès réalisés au Burundi en matière de respect des droits de l’homme, qui ont conduit l’Union européenne à lever ses sanctions.  

Après avoir condamné la poursuite des attaques terroristes dans le bassin du lac Tchad et au Cameroun, la représentante a plaidé pour une plus grande participation des femmes et des jeunes aux efforts de paix.  Elle a cité le projet « Jeunes, tisserands de la paix » mis en place dans les régions transfrontalières du Gabon, du Cameroun et du Tchad, avec l’appui du BRENUAC, qui vise à promouvoir la consolidation de la paix et la prévention de l’instabilité liée aux trafics illicites.  L’intégration régionale doit se renforcer au service du développement durable de l’Afrique centrale, a fait valoir Mme Gasri, pour qui cette coopération doit s’étendre aux changements climatiques.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a estimé que, pour répondre aux défis politiques et sécuritaires « complexes et persistants » dans la région, la communauté internationale doit répondre à l’appel des pays de la région et soutenir leurs aspirations à la paix et au développement.  Des processus politiques inclusifs, passant notamment par des réformes électorales de fond, sont nécessaires pour renforcer les institutions politiques.  Le représentant a également demandé à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine, au BRENUAC et à la CEEAC de continuer d’accompagner les autorités de ces pays dans ces efforts.  

Concernant la sécurité en Afrique centrale, le représentant a notamment souligné que les pays de la région « sont également touchés par le conflit en Ukraine, en raison de la pénurie de céréales vivrières et de la hausse des prix du pétrole ».  La communauté internationale doit faire davantage pour aider les populations les plus vulnérables à ce péril vivant dans la région, a-t-il ajouté.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a encouragé une coopération et une coordination continues entre le BRENUAC et les acteurs régionaux et sous-régionaux qui cherchent à soutenir la stabilité dans la région, notamment l’Union africaine, la CEEAC, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies. 

S’agissant des défis en matière de sécurité -y compris les menaces transfrontalières et régionales telles que le crime organisé, l’extrémisme, le terrorisme et la piraterie- la communauté internationale doit notamment continuer à aider les pays d’Afrique centrale à lutter contre les groupes terroristes tels que Boko Haram, y compris ceux qui sont affiliés à Daech, à Al-Qaida et à d’autres groupes, a affirmé la représentante.  La poursuite de la mise en œuvre de la « stratégie régionale pour la stabilité, le redressement et la résilience dans le bassin du lac Tchad » pour la période de 2022 à 2024 est essentielle, à ses yeux, pour soutenir la stabilité de la région.  Mme Shaheen a également insisté sur la nécessité de s’attaquer aux activités de piraterie maritime dans les eaux territoriales du golfe de Guinée, qui constituent un enjeu stratégique pour l’économie et la sécurité de la région, qualifiant d’étape décisive la récente résolution 2634 (2022) du Conseil de sécurité sur la question. 

Les Émirats arabes unis apprécient les bons offices du BRENUAC pour soutenir les efforts de médiation et de prévention des conflits en Afrique centrale, notamment par son récent engagement dans le dialogue avec un certain nombre de pays de la région.  En outre, il est nécessaire de maintenir le soutien international à tous les pays touchés en Afrique centrale, en particulier dans le contexte d’une situation humanitaire de plus en plus grave et de l’insécurité alimentaire mondiale actuelle.  Pour leur part, les Émirats arabes unis ont apporté une aide humanitaire et une aide au développement pour soutenir les pays de la région.  Entre 2016 et 2022, ils ont fourni environ 55 millions de dollars américains pour aider à soulager les souffrances des populations de la région, a conclu la représentante.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a vu dans le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale une situation ambiguë dans laquelle les progrès réalisés dans certains pays contrastent avec des défis sécuritaires persistant ailleurs.  Il s’est cependant félicité du transfert pacifique du pouvoir à Sao Tomé-et-Principe, en espérant qu’il serve d’exemple aux autres pays de la région qui doivent organiser des élections dans les mois à venir. 

Parmi les autres développements positifs, le représentant a évoqué la normalisation des relations du Burundi avec ses voisins et la communauté internationale ainsi que les dialogues en cours au Tchad et en République centrafricaine.  Il s’est toutefois inquiété des attaques terroristes qui continuent de secouer le bassin du lac Tchad et le Cameroun, et appelé la communauté internationale à apporter son appui afin d’y remédier.  Après la pandémie de COVID-19, la hausse des prix des denrées alimentaires pourrait plonger un grand nombre de personnes dans une pauvreté extrême, s’est alarmé M. de Almeida Filho, pour qui le mécontentement populaire pourrait avoir un effet déstabilisateur sur les systèmes politiques.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a dressé un tableau sombre de la situation en Afrique centrale, caractérisée par un niveau élevé de menaces terroristes, de conflits en cours et de tensions politiques et sociales.  L’aptitude insuffisante au combat des armées des pays de la région et les problèmes de coordination militaire, l’absence de renseignements fiables ne leur permettent pas de lutter efficacement contre les groupes armés bien organisées qui ont recours aux tactiques de la guérilla et qui souvent jouissent du soutien des populations locales contraintes de coexister avec ces combattants, a affirmé la représentante.  L’idéologie de l’islam radical devient de plus en plus populaire parmi eux, en particulier parmi les jeunes.

Dans la région du bassin du lac Tchad, une menace grave est représentée par les groupes « État islamique en Afrique de l’Ouest » et Boko Haram.  Les combattants ont renforcé leur potentiel, continuent de mener des attaques contre les soldats du Nigéria, du Tchad, du Niger et du Cameroun, et terrorisent la population locale.  La représentante a dit appuyer la décision du commandement de la Force multinationale mixte des armées des pays du bassin du lac Tchad, qui ont lancé en avril la vaste opération « Intégrité du lac » pour éliminer les terroristes sur les îles à la frontière des trois pays (Tchad, Niger, Nigéria).

Mme Evstigneeva a jugé important de renforcer la coopération entre les pays de la région, tant sur une base bilatérale que sur diverses plateformes internationales, y compris l’ONU.  Dans ce contexte, elle a salué les activités du BRENUAC pour sa contribution au processus de maintien de la paix et de renforcement de la sécurité dans la région, notamment grâce à la diplomatie préventive.

Par ailleurs, la représentante a « catégoriquement rejeté » les analyses « politisées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’influence de la situation en Ukraine concernant la sécurité alimentaire mondiale.  Elle a également regretté les accusations « imaginaires » lancées aujourd’hui contre la Russie qui aurait provoqué une crise alimentaire mondiale nuisible aux économies des pays d’Afrique.  Dans plusieurs enceintes internationales, a rappelé la représentante, son pays a expliqué pourquoi, dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale, il existe une dégradation qualitative et ce, depuis bien avant l’intensification du conflit en Ukraine.  « N’essayez pas de rejeter sur la Russie, les problèmes qui relèvent du développement socioéconomique mondial et défis mondiaux telle la pandémie de COVID-19 », a lancé la représentante.  Les difficultés de l’acheminement de l’approvisionnement s’expliquent avant tout par l’instauration de sanctions illégales contre son pays et le Bélarus, a-t-elle martelé. 

La représentante a fait part de sa préoccupation face aux fausses informations diffusées par les États-Unis, selon lesquelles les céréales fournies par la Russie à l’Afrique auraient été volées.  « Cela est totalement hypocrite », a affirmé Mme Evstigneeva.  Les pays africains, avec lesquels nous avons tout tiré au clair lors de la rencontre entre le Président russe et son homologue sénégalais, également Président de l’Union africaine, ne croient pas en vos accusations, a-t-elle ajouté.  

En réalité, a poursuivi Mme Evstigneeva, la Russie aide les pays africains, notamment en RCA, à renforcer leur potentiel militaire.  Le comité des sanctions du Conseil de sécurité a permis la livraison d’armes à ce pays.  Des instructeurs militaires russes travaillent en RCA et la campagne qui vise à les discréditer « nous plonge dans la perplexité ».  La Russie respecte strictement les sanctions décidées par le Conseil de sécurité contre la RCA.  S’agissant des activités d’entreprises militaires privées en RCA, le choix des partenaires dans ce domaine, tout comme d’autres, relève de la prérogative des autorités nationales, a-t-elle tranché. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué le dialogue républicain en République centrafricaine et dit attendre avec intérêt de nouveaux progrès sur le chemin de la paix.  Elle a, de même, salué l’action du BRENUAC, conjointement avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), pour mobiliser le soutien en faveur d’un retour à l’accord de paix de 2019 et de la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda.  Concernant la situation au Tchad, la représentante a considéré le processus de dialogue national comme un élément clef de la transition politique et souhaité que le pré-dialogue préparera le terrain à un accord de paix inclusif.  Cependant, a-t-elle nuancé, des élections et un retour à la gouvernance constitutionnelle sont nécessaires de toute urgence, et la situation sécuritaire ne doit pas être utilisée comme une excuse pour retarder le processus.  Elle a, de même, fait part de sa préoccupation face au manque de participation significative des groupes de femmes dans les négociations de paix en cours.

Mme Byrne Nason s’est inquiétée de la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés les pays d’Afrique centrale, avec une augmentation significative de la vulnérabilité et du déplacement des personnes.  L’insécurité alimentaire augmente elle aussi, exacerbée par la guerre de la Russie en Ukraine et la hausse mondiale des prix alimentaires qui en résulte.  Elle a alerté sur le nombre « stupéfiant » de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et averti sur la situation des femmes et des filles confrontées à des taux plus élevés de violence sexuelle et sexiste.

La représentante s’est dite consternée par le meurtre récent d’un membre de Médecins Sans Frontières en République centrafricaine.  L’Irlande condamne ces attaques et demande que les auteurs de violations du droit humanitaire international et de violations et d’abus des droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes.  Enfin, l’Irlande s’est félicitée des mesures prises dans de nombreux pays de la région pour renforcer leurs institutions nationales des droits de l’homme.  Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle dit, citant les violations des droits de l’homme et les abus contre les civils au Cameroun et la répression violente des manifestations pacifiques, le déclin des libertés de la presse et le rétrécissement de l’espace de la société civile au Tchad.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a fait écho à la liste annuelle des crises de déplacement les plus négligées au monde du Norwegian Refugee Council, dans laquelle figurent trois pays de la région de l’Afrique centrale, soit la République démocratique du Congo, le Cameroun et le Tchad.  À cet effet, elle a estimé que la diplomatie préventive comme celle menée par le BRENUAC peut permettre d’éviter les « manchettes négatives ».  S’agissant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, la représentante a considéré la résolution du Conseil de sécurité adoptée la semaine dernière comme un « appel fort » à l’action avant le dixième anniversaire du Code de conduite de Yaoundé en 2023.  

Mme Heimerback a exprimé son appui à une plus grande coordination maritime régionale entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la CEEAC afin d’établir des systèmes juridiques permettant d’assurer la reddition de comptes.  Enfin, elle a plaidé pour que les auteurs d’attaques brutales contre la population civile du bassin du lac Tchad soient traduits en justice.

M. DAI BING (Chine) a estimé que le maintien de la paix et de la stabilité en Afrique centrale est une des conditions du renforcement de la sécurité dans tout le continent.  Il a appelé le BRENUAC à continuer de fournir ses efforts de renforcement des capacités institutionnelles des pays de la région où se tiendront dans les mois à venir des élections importantes.  Rappelant l’attachement de sa délégation au respect de la souveraineté des États et au règlement des différends par des canaux politiques, le représentant a souligné la nécessité d’appuyer les mécanismes régionaux de sécurité collective qui permettent d’obtenir des succès majeurs contre les groupes terroristes sévissant au Cameroun et au Tchad. 

S’agissant des conséquences des changements climatiques sur la stabilité des pays de la région, M. Dai a jugé que la communauté internationale doit accroître son aide technique et financière pour atténuer à court terme les tensions entre éleveurs et agriculteurs et endiguer l’essor des groupes armés non étatiques.  La communauté internationale doit aussi soutenir les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration pour juguler la propagation du terrorisme et, au-delà, elle doit aider les autorités nationales à s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et tensions qui sapent le développement des sociétés, a conclu le représentant. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite satisfaite de l’amélioration des relations entre le Burundi et ses voisins et des mesures prises pour consolider la démocratie, qui ont mené à la levée des sanctions contre ce pays.  Au Cameroun, toutefois, la poursuite des tensions au nord-ouest et au sud-ouest continue d’entraver le dialogue et d’alimenter les attaques contre les civils, y compris les enfants et le personnel humanitaire.  La représentante s’est réjouie des efforts déployés en vue de renforcer le dialogue national nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel.  

S’agissant de la République centrafricaine, Mme Dautllari a noté que, malgré des progrès, la situation demeure instable, notamment en raison des activités du groupe Wagner dans le pays.  Les changements climatiques constituent une autre source de tensions, exacerbant les tensions entre les communautés et causant de nouveaux déplacements, a poursuivi la représentante.  Enfin, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport, la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine a des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat de communautés entières, a conclu la représentante. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président élu de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale détaille les priorités de son mandat « en ces temps véritablement sans précédent »

Soixante-seizième session,
75e et 76e séances – matin & après-midi
AG/12422

Le Président élu de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale détaille les priorités de son mandat « en ces temps véritablement sans précédent »

L’Assemblée générale a élu aujourd’hui par acclamation M. Csaba Kőrösi, Directeur du développement durable auprès du Président de la Hongrie, en tant que Président de sa soixante-dix-septième session, qui commencera le 13 septembre.  Il remplacera M. Abdulla Shahid, des Maldives.  Toujours pour préparer cette prochaine session, le Secrétaire général, M. António Guterres, a tiré au sort le Belize comme État Membre qui occupera le premier siège dans la salle de l’Assemblée.  Celle-ci a en outre approuvé la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés, qui fait suite au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté le 19 décembre 2018 à Marrakech.

Après avoir été félicité par MM. Guterres et Shahid, le Président élu n’a pas fait mystère des multiples crises auxquelles le monde est confronté.  La crise alimentaire actuelle, marquée par une flambée des prix et une pénurie des denrées alimentaires, s’ajoute à l’urgence climatique, alors que les conflits continuent de faire rage, a déclaré M. Kőrösi, en évoquant la guerre perpétrée en Ukraine.  Dans ce contexte de crises qui se renforcent mutuellement, le Président élu a promis « des réformes pour transformer cette Organisation et renforcer la coopération internationale ». 

L’Assemblée générale doit agir pour changer le monde, a déclaré le Président élu, en ajoutant que les décisions de l’Assemblée doivent être utiles au plus grand nombre.  Au titre de ses priorités, il a promis de défendre la Charte des Nations Unies, de progresser sur la voie de la durabilité et de renforcer le rôle de la science dans les processus de prise de décision.  « La crédibilité de l’ONU est en jeu. »  Ce n’est qu’en unissant nos forces que l’on pourra relever ces défis, a conclu le Président élu.

De la guerre en Ukraine dans toutes ses dimensions à l’aggravation des effets de la crise climatique, de la pandémie de COVID-19 à l’escalade des besoins humanitaires, de la faim et de la pauvreté, « les mois à venir testeront le système multilatéral », a averti le Secrétaire général, en écho à la déclaration du Président élu.  L’Assemblée générale est « au cœur de tout ce que nous faisons », a déclaré M. Guterres, en mentionnant les temps « véritablement sans précédent » que le monde traverse.

Le Secrétaire général a aussi déclaré que le Président élu Kőrösi apporte une large perspective à son nouveau poste: une familiarité avec les Nations Unies liée à son expérience de Représentant permanent de la Hongrie auprès des Nations Unies, une expertise en durabilité environnementale et un engagement inébranlable envers l’action multilatérale.  Appuyé par les représentants des groupes régionaux, M. Shahid a salué la « vision » de M. Kőrösi « fondée sur la solidarité, la durabilité et la science ».

Ce dernier sera épaulé par 21 vice-présidents, dont 19 ont déjà été nommés et sont issus des pays suivants: Australie, Bénin, Burundi, Chine, El Salvador, États-Unis, Fédération de Russie, France, Israël, Jamaïque, Kenya, Malaisie, Mauritanie, Népal, Niger, Royaume-Uni, Tadjikistan, Viet Nam et Zimbabwe.  Les représentants de la République islamique d’Iran et la République arabe syrienne se sont dissociées du consensus en ce qui concerne la désignation d’Israël.

Les Grandes Commissions de l’Assemblée générale ont ensuite tenu des séances respectives pour élire les membres de leurs bureaux.  La présidence de la Première Commission, qui est chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a été confiée à M. Magzhan Ilyassov (Kazakhstan).  Il sera accompagné par les Vice-Présidents suivants: Mme Szilvia Balázs (Hongrie), M. Daniel Rothlin (Canada) et M. Marcelo Zambrana-Torrelio (Bolivie).  Le poste de rapporteur a été attribué à M. Nazim Khaldi (Algérie). 

Les travaux de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, seront dirigés par Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie) à la présidence.  Les sièges de vice-présidents revenant au Groupe des États d’Afrique, au Groupe des États d’Asie-Pacifique et au Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes seront pourvus plus tard.  Mme Francesca Cassar (Malte) occupera les fonctions de rapporteur. 

Le Bureau de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, est composé de M. José Alfonso Blanco Conde (République dominicaine) à la présidence, et de Mmes Almaha Mubarak Al-thani (Qatar) et Marta Paulina Kaczmarska (Pologne), ainsi que de M. Stefano Venancio Guerra (Portugal), aux vice-présidences.  Mme Shalini Gungaram (Maurice) fera office de rapporteur. 

La Quatrième Commission, chargée des questions de politique spéciale et de la décolonisation, sera dirigée par M. Mohamed Al Hassan (Oman), à la présidence, et de MM. Tiyani Raymond Sithole (Afrique du Sud), Klemen Ponikvar (Slovénie) et Iason Kasselakis (Grèce), aux vice-présidences.  Le poste de rapporteur a été attribué à Mme Maria Noel Beretta Tassano (Uruguay). 

À la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, les travaux seront dirigés par M. Philippe Kridelka (Belgique) à la présidence avec M. Carlos Videche Guevara (Costa Rica) à la vice-présidence.  Les deuxième et troisième sièges qui reviennent au Groupe des États d’Afrique et au Groupe des États d’Asie-Pacifique seront pourvus ultérieurement.  M. Marinko Avramović (Bosnie-Herzégovine) occupera le poste de rapporteur. 

Enfin, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, aura à sa tête M. Pedro Comissário Afonso (Mozambique) avec à ses côtés Mmes Anna Pála Sverrisdóttir (Islande) et Tzvety Romanska (Bulgarie) et M. Edgar Daniel Leal Matta (Guatemala) comme Vice-Présidents.  Mme Sarah Zahirah Ruhama (Malaisie) occupera les fonctions de rapporteur. 

L’Assemblée générale a aussi approuvé la Déclaration adoptée par le Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés, dont le texte figure dans l’annexe de la résolution.  Ce Forum s’est tenu du 17 au 20 mai 2022 pour examiner et partager les progrès accomplis dans la mise en œuvre de tous les aspects du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ledit Pacte ayant été adopté le 19 décembre 2018 à Marrakech (Maroc).

« Nous sommes déterminés à atteindre les objectifs et à respecter les engagements pris au titre du Pacte mondial, conformément à sa stratégie à 360 degrés, à ses principes directeurs et à son approche globale », dit le texte, en parlant des « responsabilités communes » et en soulignant « l’importance de la coopération internationale » dans ce domaine.

Cette Déclaration reconnaît « le rôle positif et les contributions des migrants à une croissance sans exclusion et au développement durable dans les pays d’origine, de transit et de destination » ainsi que « la valeur et la dignité du travail de tous les travailleurs migrants dans tous les secteurs ».

Le texte salue le travail accompli par les pays champions du Pacte mondial et le groupe Amis des migrations, ainsi que le travail accompli par le Réseau des Nations Unies sur les migrations à l’appui de la mise en œuvre du Pacte mondial, notamment la création du mécanisme de renforcement des capacités, qui comprend le fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour la migration et le Pôle du Réseau sur les migrations.

Plusieurs pays, dont la Bulgarie, la Lettonie, la Pologne, la Hongrie, la République islamique d’Iran ou bien encore la Libye, ont déclaré, dans des explications de position, qu’ils se dissociaient de cette Déclaration.  La Pologne et la Hongrie ont également tenu à rappeler qu’elles n’ont pas rejoint le Pacte mondial.

L’Assemblée a, enfin, adopté une décision dans laquelle elle approuve la participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la réunion de haut niveau sur l’amélioration de la sécurité routière dans le monde.  Cette réunion se tiendra les 30 juin et 1er juillet prochains.

La prochaine réunion plénière de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

ÉLECTIONS DU PRÉSIDENT ET DES VICE-PRÉSIDENTS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, ET DES PRÉSIDENTS ET BUREAUX DES GRANDES COMMISSIONS (SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME SESSION)

Déclarations

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. ABDULLA SHAHID, a déclaré que M. Csaba Kőrösi, de la Hongrie, a été élu par acclamation à la présidence de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale de l’ONU.  Après avoir félicité M. Kőrösi de son élection, le Président a évoqué sa carrière de diplomate de près de 40 ans, notamment en tant que Représentant permanent de la Hongrie auprès des Nations Unies, où il a présidé le processus intergouvernemental ayant donné naissance aux objectifs de développement durable.  Il a vanté sa vision pour la prochaine session de l’Assemblée générale fondée sur la solidarité, la durabilité et la science, qui représentent un examen pragmatique des travaux de l’Assemblée générale « alors que nous nous relevons de la pandémie de COVID-19, luttons contre les changements climatiques et aspirons à réaliser les objectifs de développement durable ».

M. CSABA KŐRÖSI, Président élu de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a dit son honneur de servir la communauté des membres de l’ONU, avant de remercier M. Shahid.  Il a évoqué les multiples crises auxquelles le monde est confronté.  La crise alimentaire actuelle, marquée par une flambée des prix et une pénurie des denrées alimentaires, s’ajoute à l’urgence climatique, a-t-il rappelé.  Les océans n’ont jamais été aussi chauds qu’en 2022, a-t-il aussi observé, en ajoutant que les conflits font toujours rage.  Il a évoqué la guerre perpétrée en Ukraine qui a créé une instabilité sans précédent.  Dans ce contexte de crises qui se renforcent mutuellement, le Président élu a promis « des réformes pour transformer cette organisation et renforcer la coopération internationale ».

L’Assemblée générale doit agir pour changer le monde, a-t-il déclaré, en ajoutant que les décisions de l’Assemblée doivent être utiles au plus grand nombre.  Au nombre de ses priorités, il a promis de défendre la Charte des Nations Unies, de progresser sur la voie de la durabilité et de renforcer le rôle de la science dans les processus de prise de décision.  « La crédibilité de l’ONU est en jeu. »  Il nous faut être déterminés pour relever les défis qui hypothèquent la sécurité et la durabilité de notre présence sur cette planète, a-t-il martelé.  Enfin, le Président élu a dit avoir bien entendu ceux et celles qui parlent d’une baisse de confiance dans la coopération internationale.  Ce n’est qu’en unissant nos forces que l’on pourra relever ces défis, a-t-il conclu.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a profité de l’élection du Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale pour exprimer sa profonde gratitude au Président actuel, M. Abdulla Shahid, des Maldives, et rendre hommage à sa gestion compétente de l’Assemblée générale en ces temps « véritablement sans précédent ».  Nous saluons son leadership face à tant de fronts ainsi que son travail en faveur de l’égalité des sexes, a dit M. Guterres en assurant aussi apprécier l’accent qu’il a mis sur l’action climatique grâce à sa perspective unique des petits États insulaires.  Le chef de l’ONU a également remercié M. Shahid d’avoir facilité de manière exceptionnelle les consultations sur Notre Programme commun, qui ouvre la voie au progrès, avant de féliciter le Président élu, M. Csaba Kőrösi, de la Hongrie, qui devra diriger l’Assemblée générale dans « un monde en péril ». 

De la guerre en Ukraine dans toutes ses dimensions à l’aggravation des effets de la crise climatique, de la pandémie de COVID-19 à l’escalade des besoins humanitaires, de la faim et de la pauvreté, « les mois à venir testeront le système multilatéral », a averti le Secrétaire général, pour qui l’Assemblée générale est « au cœur de tout ce que nous faisons ».  En effet, a-t-il souligné à l’adresse des États Membres, le monde se tourne vers vous pour débattre, pour forger un consensus et, surtout, pour apporter des solutions.  Rappelant la promesse d’un monde meilleur et plus paisible portée par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et Notre Programme commun, il a souhaité que la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale soit « un moment de transformation », un temps pour « recalibrer le multilatéralisme et renforcer les fondements de la coopération mondiale ». 

Pour le Secrétaire général, le Président élu Kőrösi apporte une large perspective à son nouveau poste:  une familiarité avec les Nations Unies liée à son expérience en tant que Représentant permanent, une expertise en durabilité environnementale et un engagement inébranlable envers l’action multilatérale.  Saluant le fait que M. Kőrösi ait placé sa présidence sous le signe des « solutions grâce à la solidarité, la durabilité et la science », il a dit compter sur lui pour qu’il aide l’ONU à progresser dans tout le spectre de son travail.  Au nom de l’ensemble du système des Nations Unies, je souhaite au Président élu un plein succès dans ses nouvelles fonctions qu’il assumera en septembre, a ajouté M. Guterres, en se disant impatient de travailler avec lui dans la quête de solutions durables, la poursuite de nos objectifs partagés et la défense de nos valeurs communes. 

M. ABDOU ABARRY (Niger), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a exprimé la volonté du Groupe de travailler en étroite collaboration avec le Président élu de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi.  Il a remercié le Président sortant, M. Abdulla Shahid, pour son leadership décisif en cette période difficile de crise.  Il a dit avoir écouté la déclaration de vision du Président élu et pris note de ses priorités qui sont alignées sur celles de l’Union africaine, en particulier la nutrition et la sécurité alimentaire.  Rappelant que le développement de l’Afrique fait partie des priorités de l’ONU depuis la Déclaration du Millénaire, le Groupe des États d’Afrique a dit compter sur le soutien continu de l’ONU et de l’Assemblée générale sur cette voie, y compris pour ce qui est de l’allocation des ressources nécessaires aux programmes cruciaux. 

Pour progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable, il faut créer des partenariats solides en vue de combler le financement de ces objectifs, a souligné le représentant.  Parmi les grands défis à relever, il a cité les changements climatiques, la dégradation et la désertification des sols qui aggravent l’insécurité alimentaire en Afrique et ailleurs.  Dès lors, le Groupe a espéré que cette question restera une priorité de l’Assemblée générale au cours de la prochaine session.  Le représentant a fini sur un appel au multilatéralisme et en demandant au Président élu de s’assurer qu’au sein de l’Assemblée générale aucune forme d’intolérance ou pratique discriminatoire ne soit acceptée.

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique, M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a déclaré que, devant les multiples difficultés auxquelles le monde est confronté, nous avons besoin d’une « révolution » afin de transformer les choses.  La pandémie de COVID-19 et la crise climatique devraient « nous permettre de faire passer le message à tous les pays, riches et pauvres, faibles et puissants, à savoir que leurs destins sont liés », a-t-il estimé.  La solution réside selon lui dans la solidarité internationale.  Il a rappelé notre engagement conjoint à ne laisser personne pour compte, estimant à ce titre que les travaux de l’Assemblée générale sont fondamentaux.  Il a félicité le Président sortant de l’Assemblée générale pour son respect du principe de rotation géographique, qui est au centre du multiculturalisme.

Au nom du Groupe de l’Amérique latine et des Caraïbes, Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama) a noté que l’accession de M. Kőrösi à la présidence de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale intervient à un moment de grands défis pour l’humanité, qui nécessiteront une coopération et une solidarité internationales accrues grâce à un multilatéralisme revitalisé et inclusif.  Pour atteindre les objectifs que les États Membres se sont fixés en matière de développement durable, il importe, selon elle, de mener des actions concrètes, conjointes et décisives qui permettront de surmonter les retards causés par la crise multidimensionnelle déclenchée par la pandémie de COVID-19.  De l’avis de la représentante, l’approche scientifique dans le traitement des questions actuelles et émergentes de l’agenda international est particulièrement cruciale pour répondre aux défis des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire, de la perte de biodiversité et de la révolution numérique.  La région Amérique latine et Caraïbes, a-t-elle dit, attache une grande importance aux questions liées à l’éradication de la pauvreté, à la lutte contre les inégalités et à l’égalité des genres.  À ses yeux, il convient que ces questions soient inscrites de manière transversale à l’ordre du jour des organes de l’ONU afin que la participation pleine, égale et significative de tous dans la réalisation des objectifs de développement durable et des trois piliers de l’ONU soit une réalité incontestable.  Elle s’est déclarée convaincue que, sous la présidence de M. Kőrösi, l’Assemblée générale ira de l’avant pour continuer à construire avec responsabilité une humanité fondée sur le respect, la paix, la sécurité et la solidarité.

M.  PABLO EMILIO GUTIÉRREZ SEGÚ BERDULLAS, (Espagne), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a salué la vision du Président élu, avant d’insister sur l’acuité de la crise multidimensionnelle que le monde traverse.  Notre Assemblée a rejeté l’agression russe contre l’Ukraine et demandé le respect de la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Le représentant a relevé que la loyauté institutionnelle et la conduite d’une transition durable sont au cœur de la vision du Président élu.  Il a salué l’engagement de ce dernier en faveur de la transparence, du multilinguisme et de l’égalité entre les genres.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis), en tant que pays hôte du Siège de l’ONU, a félicité M. Csaba Kőrösi pour son élection au poste de Président de l’Assemblée générale pour la soixante-dix-septième session.  Il a salué le programme ambitieux de M. Kőrösi, notamment ses priorités comme la relève post-COVID-19 et les changements climatiques et leurs impacts.  Le succès de ce programme ambitieux dépendra à la fois de la manière avec laquelle les États Membres vont collaborer, mais il faudra aussi veiller à ce que toutes les voies soient entendues, y compris celles de la société civile, a souhaité le représentant.  Il a salué à cet égard l’annonce faite par le Président élu qui a l’intention de tenir des réunions régulières avec les représentants de la société civile.  À l’avenir, il faudra incorporer de nouvelles méthodes de travail pour tenir compte des leçons des deux dernières années, a-t-il encore recommandé.

Saluant le leadership du Président sortant, M. Abdulla Shahid, en évoquant notamment la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la guerre en Ukraine, le représentant du pays hôte a déclaré à son adresse: « votre direction a jeté les bases de progrès pour les années à venir. »  Il a salué en particulier sa direction pour la mise en œuvre de Notre Programme commun.

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est dissocié de la décision d’élire Israël au poste de vice-président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale au motif que ce pays continue de violer les résolutions de l’ONU et qu’il n’a pas le « droit moralement » d’occuper cette fonction.

Le représentant de la République arabe syrienne s’est lui aussi dissocié du consensus sur l’élection d’Israël au poste de vice-président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.  Il a déclaré douter de la capacité d’Israël à s’acquitter de ces fonctions alors que son occupation de territoires arabes en Palestine, au Golan syrien et dans le sud du Liban se poursuit.  Il a précisé que ses réserves s’appuient sur les agressions à répétition perpétrées par Israël ainsi que sur son appui au terrorisme et son mépris des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE MONDIALE: ADOPTION DU PROJET DE DÉCISION (A/76/L.61)

Par cette décision, adoptée sans vote, l’Assemblée générale, a approuvé la participation des organisations non gouvernementales concernées et des organisations de la société civile et des établissements universitaires et du secteur privé intéressés dont la liste figure en annexe de la décision à la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’amélioration de la sécurité routière, ainsi qu’à ses tables rondes.

SUITE DONNÉE AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: ADOPTION DU PROJET DE RÉSOLUTION (A/76/L.58)

L’Assemblée a approuvé, par une résolution, la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés, qui a été adoptée par le Forum le 20 mai 2022.  Ce Forum a examiné et partagé les progrès accomplis dans la mise en œuvre de tous les aspects du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ledit Pacte ayant été adopté le 19 décembre 2018 à Marrakech (Maroc).

« Nous sommes déterminés à atteindre les objectifs et à respecter les engagements pris au titre du Pacte mondial, conformément à sa stratégie à 360 degrés, à ses principes directeurs et à son approche globale », dit le texte, en parlant des « responsabilités communes » et en soulignant « l’importance de la coopération internationale » dans ce domaine.

Cette Déclaration reconnaît « le rôle positif et les contributions des migrants à une croissance sans exclusion et au développement durable dans les pays d’origine, de transit et de destination » ainsi que « la valeur et la dignité du travail de tous les travailleurs migrants dans tous les secteurs ».

Le texte salue le travail accompli par les pays champions du Pacte mondial et le groupe Amis des migrations, ainsi que le travail accompli par le Réseau des Nations Unies sur les migrations à l’appui de la mise en œuvre du Pacte mondial, notamment la création du mécanisme de renforcement des capacités, qui comprend le fonds d’affectation spéciale pluripartenaire pour la migration et le Pôle du Réseau sur les migrations.

Explications de position après adoption

Le représentant de l’Autriche a fait part de la position inchangée de son pays sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Le représentant de la Hongrie a rappelé sa déclaration du 20 mai 2022 lors de l’adoption de la Déclaration sur les progrès réalisés du Forum d’examen des migrations internationales.  Elle s’est dissociée de l’ensemble du texte de la Déclaration et a indiqué qu’elle ne prendra pas part à la mise en œuvre du Pacte sur les migrations.

Le représentant de Singapour a défendu le droit des migrants à circuler en toute sécurité, sans faire l’objet de trafic.  Il s’est dit convaincu que chaque pays dispose du droit souverain de décider de la manière de mettre en œuvre les principes du Pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Toutefois, a-t-il ajouté, si la Déclaration sur les progrès réalisés est un effort louable, elle n’est pas à même de répondre à toutes nos préoccupations.  Il a donc réitéré les réserves de sa délégation sur les paragraphes 2 et 59 du dispositif de la résolution. 

Le représentant de la Bulgarie a réaffirmé que son pays ne considère comme contraignantes ni les dispositions du Pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ni les conclusions du Forum d’examen des migrations internationales. 

La représentante de l’Éthiopie a rejeté le paragraphe 12 de la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés, qui établit un lien entre migrations et ressources en eaux.  Ce paragraphe ne peut constituer une base pour des négociations à venir, a-t-elle dit.

La représentante de la Pologne a rappelé que son pays s’est désengagé du Forum, avant de se dissocier de la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés.

La représentante de la Lettonie a indiqué se dissocier de la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés.

La représentante de la République tchèque a elle aussi renvoyé à sa déclaration du 20 mai 2022 lors de l’adoption de la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés. 

Le représentant de la (Libye) a déclaré que si son pays ne s’oppose pas aux conclusions de la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales sur les progrès réalisés, sa délégation n’a pas changé sa position sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Le représentant de la (République islamique d’Iran) a réitéré sa position concernant la Déclaration du Forum d’examen des migrations internationales, telle qu’exprimée le 20 mai dernier. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 203 organisations, adoptant son rapport de session après un vote précédé d’un âpre débat

Session de 2022,
14e séance plénière – matin
ONG/938

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 203 organisations, adoptant son rapport de session après un vote précédé d’un âpre débat

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) est passé par un débat vif et animé avant d’achever, ce matin, la première partie de sa session en recommandant le statut consultatif spécial à 203 organisations.  On avait d’un côté les tenants de la réouverture de l’examen des demandes de certaines ONG, alors que d’autres estimaient au contraire que la dernière séance de cette session ordinaire, entamée le 17 mai dernier, devait être consacrée exclusivement à l’adoption du rapport.

Au final, sur demande de la Fédération de Russie, le Comité est passé par un vote pour décider de clore ses travaux, avec neuf membres qui y étaient favorables (Bahreïn, Burundi, Chine, Cuba, Inde, Fédération de Russie, Nicaragua, Pakistan et Soudan), tandis que six autres s’y sont opposés (Brésil, Estonie, États-Unis, Israël, Grèce, Mexique).  Auparavant, le Comité s’était penché sur la possibilité de reprendre l’examen des demandes de certaines ONG, puisque le 26 mai dernier, les États-Unis avaient demandé un vote pour décider du sort de cinq ONG dont les demandes restent à l’étude depuis plusieurs sessions.  La délégation américaine avait notamment déploré qu’au cours des deux dernières semaines, certaines délégations avaient posé des questions auxquelles ces ONG avaient déjà répondu.   Cette demande des États-Unis avait alors donné lieu à un débat qui s’était poursuivi à huis clos et sans interprétation, vu que le temps imparti pour la séance était arrivé à son terme.  

Alors que la demande des États-Unis était de nouveau sur la table ce matin, la Fédération de Russie a objecté en proposant une motion de non-décision, appelant plutôt à clore la session ordinaire, en vertu de l’article 50 du Règlement intérieur des commissions techniques du Conseil économique et social (ECOSOC) qui dispose qu’« un représentant peut, à tout moment, demander la clôture du débat sur la question en discussion, même si d’autres représentants ont manifesté le désir de prendre la parole.  L’autorisation de prendre la parole au sujet de cette motion n’est accordée qu’à deux représentants opposés à la clôture, après quoi la motion est immédiatement mise aux voix ».  C’est donc dans ce contexte que la motion russe a été adoptée et le Comité a suspendu ses travaux après avoir adopté son rapport avec des amendements. 

Dans son rapport de session, le Comité a ainsi recommandé le statut consultatif spécial à 203 ONG sur les 586 demandes qu’il a examinées.  En conséquence, 354 demandes seront de nouveaux examinées à sa reprise de session prévue le 29 août prochain.  Il a également pris note de 604 rapports quadriennaux sur les 690 qui lui étaient soumis.  En outre, 28 applications d’ONG ont été closes sans préjudice, ces dernières n’ayant pas répondu aux questions du Comité après deux sessions consécutives.

En début de séance ce matin, les États-Unis ont rappelé qu’à la dernière séance du 26 mai, ils avaient proposé un vote pour établir le sort de certaines ONG, et que le Comité n’avait pas pris de décision sur la question.  La Fédération de Russie a pour sa part déploré les tentatives des États-Unis d’aller à l’encontre des pratiques du Comité des ONG.  Elle a estimé que les demandes renvoyées ont eu des traitements équitables, arguant même que les États-Unis ont pour habitude de rejeter systématiquement les demandes d’ONG de certains pays.  Le délégué russe a en outre insisté sur le fait que la dernière séance de la session ordinaire est toujours consacrée à l’adoption du rapport de session, avant de proposer une motion pour mettre fin aux travaux et renvoyer l’examen de cette question à la reprise de session.

Le Mexique a estimé que cette motion russe devrait être examinée après celle faite par les États-Unis le 26 mai dernier, avant que la Chine ne vienne soutenir la Fédération de Russie, estimant que les ONG pour lesquelles les États-Unis demandent un vote doivent suivre le parcours classique.  De plus, le fait que ces ONG bénéficient du soutien explicite de certaines délégations met en doute leur indépendance, a ajouté la délégation chinoise.  L’Estonie a estimé pour sa part que toutes les suggestions soumises par un État Membre doivent être examinées dans le fond, y compris la motion des États-Unis.

Après la mise aux voix, l’Inde, qui a voté pour la fin des travaux, a estimé que s’écarter des pratiques en vigueur pourrait avoir un impact négatif sur les travaux du Comité.  Le Soudan a de son côté rappelé qu’au cours de la session de 2021, il avait demandé le retrait du statut consultatif à neuf ONG soudanaises dont les accréditations avaient été révoquées par son gouvernement.  Le Comité avait alors demandé du temps afin que les ONG puissent s’expliquer, et le Soudan y avait souscrit de bonne foi, a fait observer la déléguée qui a dénoncé la tentative américaine d’octroyer le statut consultatif à ces cinq ONG en passant par une voie rapide.  Les États-Unis ont rétorqué qu’il s’agissait de deux situations bien différentes.  Pour sa part, l’Observateur de l’Union européenne a vu dans la motion de non-décision russe le symbole des problèmes que connaît le Comité des ONG.

Le Comité, qui est composé de 19 États Membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC.  Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites.

En début de séance, le Comité des ONG a élu son nouveau Vice-Président, M. Alejandro González Behmaras (Cuba).  Les recommandations de la session seront ensuite transmises à l’ECOSOC pour approbation lors du segment de gestion qui se tiendra les 21 et 22 juillet.  Le Comité des ONG devrait se réunir de nouveau à partir du 29 août prochain pour sa reprise de session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le conflit en Ukraine entraîne une crise de la traite des personnes, alerte une Représentante spéciale

9056e séance - matin
CS/14926

Conseil de sécurité: le conflit en Ukraine entraîne une crise de la traite des personnes, alerte une Représentante spéciale

Alors que le conflit en Ukraine vient de passer son centième jour, le nombre des allégations de violences sexuelles à l’encontre de civils, des femmes et des filles en grande majorité, va croissant et la crise humanitaire se transforme désormais en une « crise de la traite des êtres humains », dans le pays et au-delà de ses frontières, a alerté, ce matin, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, lors d’une séance d’information du Conseil de sécurité à laquelle a notamment pris part le Chef de l’exécutif européen.  Mise en accusation par la plupart des délégations, la Fédération de Russie a mis en avant l’absence de « preuves » à son encontre.     

De retour d’une visite effectuée en mai en Ukraine et dans plusieurs pays voisins, Mme Pramila Patten a dit avoir exhorté les parties au conflit à assurer la protection des civils, notamment des déplacés internes et transfrontaliers, contre la violence sexuelle et appelé à des enquêtes rapides afin d’assurer la responsabilisation.  Citant les chiffres de l’équipe de surveillance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, elle a fait état d’au moins 124 actes présumés de violences sexuelles liées au conflit, contre des femmes, des filles, mais aussi des hommes et des garçons dans plusieurs localités.

Selon la Représentante spéciale, la plupart des victimes présumées sont des femmes, avec 56 allégations, contre 49 concernant des enfants et 19 des hommes, y compris des cas de viols, de tentatives de viol, de déshabillage forcé en public et de menaces de violences sexuelles.  La haute fonctionnaire a toutefois reconnu que les données disponibles ne représentent que « la pointe de l'iceberg », un champ de bataille n'étant jamais propice à une « comptabilité » exacte.  Cela étant, elle s’est félicitée que, le 3 mai, les autorités ukrainiennes et l’ONU aient signé un accord-cadre de coopération sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits.  Cet accord, a-t-elle indiqué, servira de base pour une coordination plus efficace de toutes les parties prenantes, en particulier des agences de l’ONU présentes en Ukraine et dans les pays voisins.  

Notant que les défis liés à la protection de près de 14 millions de personnes déplacées, dont 6,8 millions ont traversé les frontières, sont « sans précédent », Mme Patten s’est aussi alarmée du manque de vérification des offres de logements et des arrangements de transport ainsi que de la multiplicité des volontaires, qui n’ont que peu ou pas de formation ou d'expérience.  Elle a cependant salué la création par l’Ukraine d’un groupe de travail temporaire sur la traite des êtres humains afin de renforcer la coordination et favoriser la coopération transfrontalière.  Il conviendra de veiller à ce que des systèmes de protection efficaces soient en place dans tous les pays de transit et de destination, et à tous passages frontaliers, a-t-elle plaidé, appelant de ses vœux un « pacte régional » européen et une attention constante du Conseil de sécurité sur ce problème.    

La violence sexuelle est le crime le plus dissimulé dans le contexte de cette guerre, les viols donnant lieu à un sentiment de culpabilité et à la peur du rejet, a témoigné Mme Natalia Karbowska, Directrice du développement stratégique du Fonds ukrainien des femmes, avant d’accuser la Russie d’utiliser délibérément la violence sexuelle pour contrôler les populations des zones occupées.  Elle a également dénoncé le fait que des femmes et des enfants soient forcés de se rendre en Russie en passant par des camps de filtration.  De son côté, Mme Sherrie Rollins Westin, Présidente du Sesame Workshop, une organisation centrée sur les mineurs en situation de traumatisme, a invité les délégations à considérer ce conflit à travers le prisme d’un enfant qui grandit pendant la guerre et qui est forcé de fuir, loin de la stabilité dont il a besoin.  Selon elle, des solutions existent pour aider ces enfants et elles passent par l’intégration d’un soutien psychosocial dans les réponses humanitaires.  Or, moins de 3% de l’aide est aujourd’hui alloué à ce volet, a-t-elle déploré.  

S’élevant contre les « méthodes barbares » appliquées par l’armée russe dans les territoires qu’elle occupe, le représentant de l’Ukraine s’est particulièrement alarmé du sort de ses compatriotes transférés de force en Russie, dont bon nombre sont des enfants orphelins ou privés de soins parentaux.  Il a dénoncé, à cet égard, le fait que la citoyenneté russe soit donnée à ces enfants, en violation des Conventions de Genève.  Face aux dangers de traite et d’exploitation sexuelle, il a demandé à l’ONU de contribuer à la protection des enfants ukrainiens et de faciliter leur retour rapide et en sécurité.  Quant aux allégations de violences sexuelles, il a indiqué que, selon les données du Ministère ukrainien de l’intérieur, des mineurs et des femmes âgées font partie des victimes présumées.  

Pour tenir les Russes responsables de crimes en Ukraine, « nous avons besoin de preuves », a pour sa part affirmé le Président du Conseil européen.  M. Charles Michel a dit soutenir en cela l’enquête du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) et le travail de la Commission indépendante d’enquête sur l’Ukraine.  Appuyé par les membres occidentaux du Conseil, ainsi que par l’Allemagne, l’Italie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie, également invitées à cette séance, il a rappelé que cette violence imputée aux forces russes constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité.   

Les accusations de crimes sexuels lancés à l’encontre des soldats russes depuis le début de l’« opération militaire spéciale » en Ukraine sont « une technique favorite du régime de Kiev et des collègues occidentaux », a rétorqué la Fédération de Russie, faisant valoir l’absence de preuves à l’appui de ces dires.  Pour la délégation russe, les atrocités sont plutôt à mettre au crédit des « nationalistes ukrainiens » et des « nazis du bataillon Azov ».  Après avoir rejeté catégoriquement toute implication de personnels militaires russes dans des violences sexuelles, au motif qu’ils sont soumis à des « règles strictes », elle a constaté que le conflit a activé l’industrie de l’exploitation des réfugiés ukrainiens en Occident, des pays européens aux États-Unis.  

Soulignant pour sa part que ce n’est qu’en mettant fin au conflit que l’on luttera le plus efficacement contre les viols et la traite des personnes, la Chine a invité les parties à revenir à la table des négociations, non sans avertir que les fournitures d’armes et les sanctions ne feront que perpétuer cette « confrontation entre blocs », que paient les pays en développement.  

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations liminaires

Mme PRAMILA PATTEN, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a indiqué que sa visite en Ukraine en mai lui a fait mesurer le fossé qui existe entre l’aspiration à la prévention exprimée par le Conseil de sécurité, grâce au cadre normatif solide qui a été mis en place au cours de la dernière décennie, et la réalité sur le terrain pour les plus vulnérables.  Bien que l’engagement du Conseil à mettre en œuvre tous les outils pour briser le cycle des violences sexuelles et de l’impunité soit sans équivoque, nous sommes confrontés à des allégations croissantes de telles violences dans le conflit en Ukraine, a-t-elle relevé, affirmant avoir exhorté toutes les parties au conflit à assurer la protection des civils contre la violence sexuelle, y compris les déplacés internes et transfrontaliers, et appelé à des enquêtes rapides et rigoureuses afin d’assurer la responsabilisation, pilier central de la dissuasion, de la prévention et de la non-répétition.  Hélas, a-t-elle expliqué, les voies d’orientation vers les services pertinents ne fonctionnent pas dans de nombreux endroits, en particulier dans l’est de l’Ukraine.  Par exemple, avant le 24 février, les 20 points de prestation de services médicaux et les maternités fournissaient une assistance aux survivantes de violence sexiste, avec le soutien du FNUAP.  Or, au 18 avril, seules 9 installations de ce type étaient opérationnelles en raison des dommages causés par les hostilités et les pénuries de personnel.  

Depuis le 3 juin, a poursuivi Mme Patten, l’équipe de surveillance des droits de l’homme de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a reçu des informations sur 124 actes présumés de violences sexuelles liées au conflit, survenus contre des femmes, des filles, des hommes et des garçons à Tchernihiv, Dnipro, Donetsk, Kharkiv, Kherson, Kiev, Louhansk, Mykolaïv, Vinnytsia, Zaporijia et dans les régions de Transcarpatie et de Jytomyr.  Selon la Représentante spéciale, la plupart des victimes présumées sont des femmes et des filles, avec pas moins de 56 allégations; 49 des allégations concernent des enfants et 19 des hommes, y compris des cas de viols, de tentatives de viol, de déshabillage forcé en public et de menaces de violences sexuelles.  Elle a ajouté que le Procureur général de l’Ukraine l’a informée qu’entre le 24 février et le 12 avril, la ligne nationale d’urgence sur la violence domestique, la traite des êtres humains et la discrimination fondée sur le sexe a signalé des cas de viols, de viol en réunion, de grossesse suite à un viol, de tentatives et de menaces de viol, et de contrainte pour assister à un acte sexuel commis contre un partenaire ou un enfant.  

La haute fonctionnaire a dit craindre que les données disponibles ne représentent que « la pointe de l’iceberg », un champ de bataille actif n’étant jamais propice à une « comptabilité » exacte.  Mais si nous attendons des données concrètes et statistiques, il sera toujours trop tard, a-t-elle averti.  C’est pourquoi nous devons nous mobiliser immédiatement sur la base de notre conviction commune que même un seul cas de violence sexuelle est inacceptable.  À cet égard, elle s’est félicitée que, le 3 mai, soit après sa visite, la Vice-Première Ministre ukrainienne, Mme Olha Stefanishyna, a signé avec l’ONU un accord-cadre de coopération sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits.  Cet accord servira de base pour une prévention globale et multifacettes et une coordination plus efficace de toutes les parties prenantes, y compris les agences des Nations Unies en Ukraine et dans les pays voisins.  Parmi les mesures essentielles, l’accord prévoit de renforcer les capacités de prévention du secteur de la défense et de la sécurité; de donner aux victimes un accès à une assistance juridique, psychologique et socioéconomique, ainsi qu’à des services de santé sexuelle et reproductive, et de soutien à la réintégration.  Il vise aussi à assurer la pleine participation des femmes à tous les processus politiques, notamment aux négociations de paix, et à lutter contre la traite liée aux conflits, y compris l’exploitation et la prostitution.  

Précisant avoir débriefé, la semaine dernière, la mission de la Fédération de Russie au sujet de sa visite en Ukraine, Mme Patten a indiqué que les résolutions 1820, 1888, 1960, 2106 et 2467 du Conseil fournissent une définition claire et unanimement convenue du cadre préventif.  Elle a dit attendre avec impatience d’autres consultations avec la mission russe sur les modalités possibles de coopération dans ce domaine, y compris la facilitation d’accès aux zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement ukrainien.  Elle a d’autre part indiqué qu’outre ses échanges avec les autorités polonaises et moldaves sur la question de la traite et de l’exploitation, elle a pu visiter des centres d’accueil aux points de passage frontaliers de ces deux pays.  À ce sujet, elle a noté qu’au-delà du vaste soutien financier et moral apporté par les pays voisins au peuple ukrainien, la protection de près de 14 millions de personnes déplacées, dont 6,8 millions ont traversé les frontières, est également sans précédent.  Toutefois, a-t-elle ajouté, le manque de vérification cohérente des offres de logements et des arrangements de transport est un grave motif d’inquiétude, de même que la multiplicité des volontaires, qui n’ont que peu ou pas de formation ou d’expérience.  

Mme Patten s’est félicitée qu’un groupe de travail temporaire sur la traite des êtres humains ait été créé par l’Ukraine pour renforcer la coordination et favoriser la coopération transfrontalière, y compris entre acteurs de la justice pénale.  Elle a cependant jugé essentiel de veiller à ce que des systèmes de protection efficaces soient en place dans tous les pays de transit et de destination, et à tous passages frontaliers.  Alors que la crise humanitaire se transforme en une crise de la traite des êtres humains, il faut une réponse transfrontalière concertée, intégrée et holistique des partenaires humanitaires, des forces frontalières, des services de l’immigration et des dirigeants politiques, a-t-elle plaidé, appelant de ses vœux un « pacte régional » européen et une attention constante du Conseil de sécurité sur ce problème, conformément à sa résolution 2331 (2016).  

Mme NATALIA KARBOWSKA, cofondatrice et Directrice du développement stratégique du Fonds ukrainien des femmes, a dit s’exprimer au nom de centaines d’ONG ukrainiennes qui aident les femmes 24 heures sur 24.  Elle a indiqué que la violence sexuelle est le crime le plus dissimulé dans le contexte de la guerre en Ukraine, souvent accompagné de silence, les viols donnant lieu à un sentiment de culpabilité et la peur du rejet.  Elle a affirmé que la Russie utilise la violence sexuelle et le viol pour contrôler les populations dans les zones occupées.  Selon la représentante de la société civile, même si les chiffres exacts ne sont pas connus, des centaines de cas existent.  Dès lors, comment la Russie peut-elle encore faire partie du Conseil de sécurité, a-t-elle lancé.  Elle a salué le travail des bénévoles aux frontières, offrant des contacts et des refuges afin de lutter contre la traite et l’exploitation sexuelle.  Les femmes et enfants ont été également forcés de se rendre en Russie à travers des camps de filtration, a dit la déléguée.  Elle a évoqué le cas d’un jeune homme, Roman, qui s’est échappé à Marioupol et qui est sans nouvelle de sa mère, amenée de force vers un camp de filtration.  L’intervenante a ensuite indiqué qu’en raison de la guerre actuelle, le plan d’action national de l’Ukraine relatif à la résolution 1325 (2000) va devoir être modifié.  Elle a demandé à la communauté internationale d’aider le pays à mettre sur pied de nouveaux outils en ce sens, de maintenir la pression avec les sanctions, et de continuer d’apporter un soutien militaire et humanitaire à l’Ukraine.

Mme SHERRIE ROLLINS WESTIN, Présidente du Sesame Workshop, une organisation liée à Sesame Street qui travaille avec les enfants dans des situations de traumatisme et conflit, a souligné la dimension de genre de la crise en Ukraine où 90% de ceux qui ont fui le pays sont des femmes et des enfants.  Elle a mis l’accent sur l’impact de cette guerre sur les jeunes enfants en exhortant la communauté internationale à leur donner la priorité ainsi qu’à ceux qui en prennent soin afin d’aider à atténuer une crise de propension générationnelle.  Soulignant que le cerveau de l’enfant est très sensible à l’environnent, elle a invité à considérer ce conflit à travers le prisme d’un enfant qui grandit pendant la guerre, sous les bombes et qui est forcé de fuir, loin de la stabilité dont un enfant a tant besoin.  Ces effets sont aggravés en Ukraine parce que tant de femmes et d’enfants ont dû laisser derrière eux leurs pères et leurs frères, a renchéri Mme Westin en appelant à leur apporter l’aide dont ils ont besoin.

Mme Westin a fait valoir que la communauté internationale a des solutions qui peuvent être intégrées dans les réponses humanitaires existantes, et qui ne coûtent pas forcément cher.  Cela peut se faire notamment en fournissant directement un appui de santé mentale et psychosocial aux enfants et en investissant dans le développement de la petite enfance, par exemple à travers l’apprentissage par le jeu.  Il faut également venir en aide aux parents et aidants, a-t-elle recommandé: il faut leur apporter un soutien structuré pour leur apprendre à faire face aux exigences parentales, avec des enfants en bas âge, en situation de conflit.  Ce genre d’interventions axées sur la petite enfance ont des effets bénéfiques pour les enfants, les communautés et les sociétés en général, a affirmé la représentante du Sesame Workshop.  Pourtant, moins de 3% du financement de l’aide humanitaire est alloué à ce volet, a-t-elle regretté en appelant à augmenter ce pourcentage.

Déclarations

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que depuis le début de l’agression russe, l’Union européenne (UE) a mobilisé plus de 4,6 milliards d’euros pour venir en aide aux Ukrainiens.  Son engagement porte sur tous les plans: non seulement budgétaire et humanitaire, mais aussi la lutte contre l’impunité, via notamment la création d’équipes d’enquête conjointes coordonnées par Eurojust.  Les sanctions adoptées par l’UE ont pour seuls objectifs d’amener la Russie à revenir au respect de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré.  La France réitère sa consternation face aux nombreuses allégations crédibles de violences sexuelles, a dit le représentant, ajoutant que ces violences ignobles, si elles sont avérées, constitueraient une tache indélébile sur leurs responsables, à tous les niveaux.  La France soutient pleinement l’action des Nations Unies sur place pour établir les faits, a indiqué le délégué qui a estimé que les responsables de ces violences doivent être jugés et punis, raison pour laquelle la France a mis à disposition de l’Ukraine une expertise pour collecter des preuves et établir les responsabilités.  Il a enfin affirmé qu’il ne pourra y avoir de paix durable sans la pleine participation des femmes.  

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a noté que, selon les données disponibles, 90% des personnes qui ont quitté l’Ukraine sont des femmes, des filles et des garçons, et 60% des déplacés sont des femmes, ce qui, selon elle, montre clairement la forte dimension de genre de ce conflit.  Elle a averti que la situation de vulnérabilité de ces femmes et enfants augmente le risque de traite, notamment à des fins d’exploitation sexuelle.  Alors que les violences contre les femmes et les filles sont clairement en progression, la déléguée a déploré que la stigmatisation, les conventions sociales, les stéréotypes auxquels sont confrontées les victimes et les mécanismes limités de signalement des incidents rendent difficiles les dénonciations et les enquêtes approfondies.  Dans ce contexte, le Mexique est particulièrement attentif à l’enquête que mène le Bureau du Procureur de la CPI et la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine promue par le Conseil des droits de l’homme, a indiqué la représentante.  Elle a également souligné l’importance des travaux du groupe de protection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et du sous-groupe sur la violence sexuelle et sexiste dirigé par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Pour la déléguée, il est urgent de garantir aux victimes et rescapées de violences sexuelles un accès sans discrimination aux services de santé sexuelle et reproductive, mais aussi à ceux de santé mentale.  Saluant la signature du cadre de coopération entre l’ONU et le Gouvernement de l’Ukraine sur la prévention et la réponse à la violence sexuelle liés aux conflits, elle a dit espérer que cela soit un pilier de prévention et de dissuasion.  Enfin, elle a appelé de ses vœux une participation pleine et entière des femmes aux prises de décisions et aux négociations à venir pour mettre fin à cette guerre. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a constaté que la « montagne » d’informations horribles faisant état de violences sexuelles commises par des soldats russes en Ukraine augmente chaque jour.  Les autorités ukrainiennes ont signalé des viols et des meurtres de femmes ukrainiennes par les troupes russes, et les images confirment la présence de charniers dans la ville de Boutcha.  Il y a aussi des indications que des individus ont été torturés et tués, et de multiples rapports de survivants montrent que des actes aussi terribles ont été commis devant des enfants.  « Ce sont des récits effrayants », a-t-elle déclaré, ajoutant que les femmes et les filles sont particulièrement exposées au risque de traite et d’autres formes d’exploitation sexuelle.  Elle a appelé les membres du Conseil à ne pas rester silencieux, exigeant la justice pour les victimes.  La responsabilité incombe d’abord et avant tout à la Fédération de Russie, qui doit veiller à ce que ses forces et ses mandataires respectent les termes de la résolution 1820 (2008), qui reconnaît que le viol et d’autres formes de violence sexuelle peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a rappelé la représentante.  Mais en attendant, le reste de la communauté internationale doit tout faire pour soutenir le cadre signé par la Représentante spéciale du Secrétaire général et les autorités ukrainiennes.  La commission d’enquête lancée par le Conseil des droits de l’homme peut également travailler « pour s’assurer que la Russie ne s’en tire pas en cachant des atrocités », a-t-elle souhaité, notant que tout ce soutien nécessite des ressources.

M. DAI BING (Chine) a exprimé sa préoccupation face aux informations faisant état d’un nombre croissant de cas de violences sexuelles contre des femmes et des enfants au quatrième mois de conflit en Ukraine.  Les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les femmes et les enfants, a-t-il souligné, jugeant indispensable un accès des victimes aux services de soins médicaux et à l’assistance sociale.  Saluant l’accord-cadre signé par l’ONU et le Gouvernement ukrainien pour fournir une protection efficace aux groupes les plus vulnérables, il a qualifié de crime grave l’utilisation de violences sexuelles comme arme de guerre.  Ces crimes doivent faire l’objet d’enquêtes et les auteurs doivent être tenus pour responsables, a plaidé le représentant, avant de se féliciter de l’esprit humanitaire des voisins de l’Ukraine, qui ont offert un refuge à des millions de réfugiés.  Toutefois, les informations sur les atteintes sexuelles à l’encontre de ces personnes sont inquiétantes, a-t-il dit, appelant à un renforcement de la coopération internationale pour faire face à ces crimes.  

Le représentant a appelé le Bureau de la Représentante spéciale et les agences spécialisées de l’ONU à intensifier leurs contrôles et leurs analyses, tout en fournissant un appui technique pour mieux protéger les réfugiés.  Toutefois, a fait valoir le délégué, l’élimination de ces violences ne devrait pas concentrer l’essentiel des efforts du Conseil de sécurité.  Ce n’est qu’en mettant fin au conflit que l’on luttera le plus efficacement contre les viols et la traite des personnes, a-t-il affirmé, enjoignant les parties au conflit à revenir à la table des négociations.  Avertissant que les fournitures d’armes et les sanctions ne feront que perpétuer le conflit, il a estimé que les pays en développement n’ont aucune raison de payer la confrontation entre les blocs.  De même, aucun pays ne peut ou ne doit rechercher sa sécurité aux dépens de la sécurité des autres, a martelé le représentant, pour qui la sécurité internationale et régionale ne peut être garantie en renforçant les blocs militaires et en perturbant les chaînes d’approvisionnement.  

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a rappelé l’obligation de la communauté internationale dans ce dossier de s’assurer que des mesures de prévention et de reddition des comptes soient mises en place.  Elle a également demandé que le débat sur les violences sexuelles ne se réduise pas à de la simple rhétorique.  Le Ghana condamne tout acte de violence sexuelle et de traite des êtres humains en Ukraine, a-t-elle déclaré, assurant que son pays soutient tous les efforts visant à assurer la responsabilité des auteurs de tels actes.  Elle a souhaité que de tels actes soient désignés comme des crimes de guerre, et que des sanctions ciblées soient prises contre leurs auteurs.  La représentante a ensuite appelé à apporter un plus grand soutien aux réfugiés et déplacés, sans discrimination aucune, que ce soit sur la base de la race, du genre ou d’autres facteurs.  Enfin, la déléguée a jugé urgent qu’un cessez-le-feu soit trouvé en Ukraine, afin d’éliminer les conditions créant ces violations du droit international et du droit international humanitaire.

Mme TRINE HEIMERBACK (Norvège) a condamné dans les termes les plus forts la guerre d’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, demandant que la Russie arrête la guerre et retire ses troupes immédiatement.  Elle a exigé que les civils soient protégés et que le droit international humanitaire soit pleinement respecté et appliqué.  Consternée par les déportations forcées de citoyens ukrainiens, y compris d’enfants, vers la Russie, dans les territoires sous contrôle russe et en Biélorussie, elle a appelé au rétablissement des liens familiaux et demandé la libération immédiate des citoyens ukrainiens avec leur relocalisation en lieu sûr dans des zones sous contrôle du Gouvernement ukrainien.  Les attaques contre les établissements et le personnel de santé empêchent les personnes, y compris les femmes enceintes, d’accéder en toute sécurité aux services de santé sexuelle et reproductive, a-t-elle souligné avant de s’indigner face au nombre élevé de viols et d’autres formes de violence sexuelle et sexiste dont il est fait état.  Des enfants naîtront de la guerre, a-t-elle martelé, en demandant que leurs droits et bien-être soient garantis, ainsi que ceux de leurs mères.  Abordant aussi le risque élevé de traite de personnes, Mme Heimerback a insisté sur le fait que toutes ces violations et ces risques soient traités et pris en compte.

La représentante a indiqué que la Norvège a accru son soutien au FNUAP et à d’autres acteurs humanitaires qui fournissent des services de santé sexuelle et reproductive.  Elle a souligné l’importance des réponses différenciées selon le sexe et l’âge pour répondre aux besoins de la population civile, y compris les personnes déplacées et les réfugiés ukrainiens.  Cela doit inclure l’accès à la santé mentale et au soutien psychosocial, et des services de santé sexuelle et reproductive pour tous, quel que soit le sexe indiqué sur leur passeport.  De plus, les enfants ukrainiens non accompagnés étant dans une situation particulièrement vulnérable, elle a insisté pour que les services de protection de l’enfance soient assurés.  Mais avant tout, la Norvège souhaite voir des mesures pour empêcher la violence sexuelle et sexiste, y compris la traite, de se produire.  À cet égard, elle a salué le « Cadre de coopération entre l’Ukraine et l’ONU » sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits.  En outre, elle a insisté sur une approche centrée sur les survivants.  Enfin, elle a exigé que les atrocités fassent l’objet d’une enquête et que leurs responsables soient traduits en justice.  La Norvège soutient donc les enquêtes en cours, y compris le travail de la CPI et de la Commission d’enquête pour l’Ukraine, a précisé la représentante. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a exprimé sa vive inquiétude face aux cas allégués de violences dirigées contre les femmes et les filles dans le cadre du conflit en Ukraine.  Les chiffres rapportés sont alarmants et suggèrent que le viol est systématiquement utilisé comme arme de guerre, a-t-il relevé, avant d’appeler à mener de toute urgence des enquêtes indépendantes.  Les auteurs de tels actes, qu’ils soient agents de l’État ou non, devraient être tenus pour responsables de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a exigé le représentant, selon lequel la poursuite des affaires de violence sexuelle en Ukraine est nécessaire non seulement comme moyen de réparation mais aussi pour rendre la justice, laquelle permettra de consolider la paix une fois le conflit achevé.  Il a ensuite dénoncé les trafiquants d’êtres humains et les réseaux criminels qui profitent des mouvements de population pour abuser des plus vulnérables, notamment des femmes et des enfants.  Saluant à cet égard la campagne de sensibilisation lancée par le HCR à l’attention des réfugiés et des personnes déplacées, il a estimé qu’il est du devoir de la communauté internationale de veiller à ce que ceux qui fuient les hostilités soient convenablement accueillis et pris en charge.  Il a indiqué qu’à cette fin, son pays a mis en place des visas humanitaires pour les ressortissants ukrainiens et les personnes apatrides touchés par le conflit, qui souhaitent vivre et travailler au Brésil.  Cette mesure avait auparavant bénéficié aux ressortissants d’Afghanistan, de Syrie et d’Haïti, a-t-il rappelé.  Le Conseil de sécurité, qui a déjà échoué à empêcher le déclenchement du conflit et à assurer la cessation des hostilités, ne peut s’autoriser un nouvel échec sur la lutte contre les crimes sexuels et la traite des êtres humains, a conclu le délégué.  

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déploré que malgré les efforts de la communauté internationale, la violence sexuelle en temps de conflit se poursuit sans relâche dans une culture d’impunité.  Selon lui, ce sont les gouvernements nationaux qui ont la responsabilité première de poursuivre et dissuader ces crimes sur leur territoire, même s’il est allégué qu’ils ont été commis par des acteurs non étatiques.  De même, l’ONU, à la demande des États Membres, doit aider les autorités nationales à élaborer et renforcer leurs capacités juridiques et les structures connexes pour une enquête rapide et la poursuite des auteurs.  Il s’est dit préoccupé devant l’aggravation de la situation en Ukraine et a réitéré son appel à la cessation immédiate de la violence et à la fin des hostilités.  Il a dit soutenir tous les efforts diplomatiques pour mettre fin aux conflits et atténuer les souffrances du peuple ukrainien.  Il a également appelé le monde développé à faire beaucoup plus pour atténuer l’impact négatif du conflit ukrainien sur la vie quotidienne des habitants des pays vulnérables.  Pour sa part, l’Inde s’est engagée à travailler de manière constructive pour atténuer l’impact négatif du conflit sur la sécurité alimentaire, notamment en fournissant une aide financière ainsi que des céréales vers les pays voisins qui subissent les conséquences du conflit ukrainien.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est préoccupé de l’augmentation inquiétante des cas de viols et de violences sexuelles commis par les Forces armées russes et de l’augmentation significative de la traite des êtres humains.  Il a indiqué que le Royaume-Uni s’est engagé à apporter 500 millions de dollars à l’aide pour l’Ukraine, y compris un financement à l’ONU et aux organisations de la société civile qui aident les survivants de la violence sexiste.  Le Royaume-Uni contribue également à la tâche importante de collecte et de préservation des preuves, y compris sur la violence sexuelle et collabore étroitement avec le Procureur général ukrainien, a ajouté le représentant.  En outre, des experts britanniques spécialisés dans les crimes de guerre et les violences sexuelles liées aux conflits ont été déployés en Pologne en mai pour apporter un soutien.  Le représentant a ensuite rappelé que lors du débat public du 13 avril, le Royaume-Uni a lancé le « code Murad » conçu pour appuyer la collecte de preuves en toute sécurité auprès des survivants de violences sexuelles.  Une version traduite a été partagée avec le Procureur général ukrainien et le Royaume-Uni continue d’examiner toutes les options internationales pour lutter contre ces crimes odieux et demander des comptes aux auteurs, a-t-il fait savoir.  

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit très préoccupé par les allégations de violences sexuelles et sexistes, particulièrement à l’égard de femmes et d’enfants, ainsi que par les témoignages persistants sur le développement de réseaux de traite d’êtres humains.  Il a salué les actions menées par les agences spécialisées des Nations Unies pour prévenir et endiguer ces menaces et atteintes, ainsi que le travail de sensibilisation du Bureau de la Représentante spéciale et les dispositifs mis en place par le FNUAP.  Rappelant que les conventions internationales protégeant les civils dans les conflits et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité engagent toutes les parties belligérantes, il a estimé que la communauté internationale doit s’assurer que les violences sexuelles, la traite des personnes et toutes les autres atteintes aux droits humains durant les conflits armés fassent l’objet d’enquêtes indépendantes et impartiales afin d’établir les responsabilités.  Les réseaux mafieux de traite et d’exploitation sexuelle, qui opèrent sur les routes de l’exode ou sur les lieux d’accueil, doivent être neutralisés et leurs auteurs doivent répondre de leurs crimes, a-t-il plaidé.  À cet effet, la coordination entre les différentes organisations impliquées doit être renforcée et le partage des informations doit être accru, a poursuivi le délégué.  Selon lui, les risques d’exploitation par le travail illégal ou d’enrôlement dans des réseaux pédophiles ou encore d’adoption illégale seront sans doute fortement réduits si les réseaux de communications, les moyens d’actions et les financements de ces derniers sont asséchés.  

Le représentant s’est également fait l’écho de la situation des ressortissants africains qui font face à des discriminations et à des mauvais traitements alors qu’ils fuient la guerre en Ukraine.  II ne s’agit pas seulement d’une question de couleur de peau mais d’humanité, d’universalité de la détresse et du respect que nous avons pour les nobles valeurs des Nations Unies pour les peuples du monde, a-t-il dit, jugeant qu’en temps de guerre, toutes les peines doivent être considérées avec le même sérieux parce que la douleur n’a pas de faciès.  Enfin, après avoir appelé à l’ouverture de couloirs humanitaires dans l’ensemble de l’Ukraine, il a réitéré son appel à des négociations de bonne foi pour mettre fin à la guerre.  II va de soi que le moyen le plus efficace de mettre fin aux risques de violences sexuelles ou sexistes est de mettre fin au conflit.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a d’abord présenté ses condoléances au peuple et au Gouvernement du Nigéria pour le meurtre brutal de dizaines de fidèles à l’église catholique Saint Francis dans la ville d’Owo.  Il a ensuite estimé que les soldats sur le terrain en Ukraine doivent être soumis à une discipline sévère pour avoir abusé de civils ou de combattants capturés.  Il a demandé à toutes les agences des Nations Unies concernées en Ukraine et dans les pays voisins à faire tout leur possible pour fournir des soins médicaux et un soutien psychosocial aux victimes de violences sexuelles et de traite.  Selon lui, la protection la plus efficace serait l’arrêt de la guerre et le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.  

Le représentant s’est ensuite déclaré obligé d’évoquer à nouveau le sort des Africains pris au piège de la guerre.  Malheureusement, nous continuons de recevoir des signalements de discrimination raciale contre les personnes d’ascendance africaine qui, comme d’autres Ukrainiens en fuite, recherchent également la sécurité dans les villes européennes, a-t-il indiqué.  Il a évoqué le cas de Gerald Ezeani qui, en traversant la frontière de l’Ukraine vers la Hongrie, puis vers Berlin, a été victime de discrimination dans le train où il a été prié de débarquer par 15 à 20 policiers allemands, sous prétexte qu’il n’était pas né en Ukraine.  De même, toutes les personnes noires du train ont également été priées de débarquer.  Elles ont été détenues pendant 23 heures par les forces de l’ordre et ont enduré des traitements injustes et inhumains.  Le représentant a enfin rappelé que la guerre en Ukraine continue d’aggraver la situation d’insécurité alimentaire dans de nombreux pays, et en particulier dans les pays du Sud.  Il a donc dit soutenir l’appel du Programme alimentaire mondial (PAM) à l’ouverture urgente de ports ukrainiens sur la mer Noire pour permettre l’exportation de vivres.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé qu’avant la crise en Ukraine, le monde traversait déjà la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, une crise qui s’accompagnait de niveaux insondables de violence sexuelle et de traite des êtres humains.  En 2016, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a estimé que 28,7 millions de femmes et de filles dans le monde étaient en situation de travail forcé, de servitude pour dettes, de mariage forcé, d’esclavage et de traite, a-t-elle rappelé, en citant le rapport du Secrétaire général sur la traite des êtres humains de 2020 selon lequel 70% de toutes les victimes de la traite identifiées étaient des femmes et des filles, 77% d’entre elles étant victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle.  Sa région est l’épicentre de cette crise depuis plus d’une décennie, a constaté Mme Nusseibeh, en rappelant les millions de déplacés.  Elle a regretté que le conflit en Ukraine vienne aujourd’hui aggraver une crise mondiale déjà horrible.

La représentante a salué le cadre de coopération que le Bureau de la Représentante spéciale, Mme Patten, a signé avec le Gouvernement ukrainien sur la prévention et la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits.  Elle a jugé essentielle la coopération entre l’ONU et les autorités compétentes en Ukraine et leur comité sur la traite des êtres humains dans des domaines tels que l’amélioration de l’accès des victimes de violences sexuelles aux services de santé et sociaux.  Il faut en outre atténuer l’horrible exploitation des femmes et des enfants dans la région, a plaidé la représentante en soutenant les recommandations de Mme Patten selon laquelle un pacte régional serait nécessaire de toute urgence, avec un soutien nécessaire du Conseil de sécurité.  Sachant à quel point il est essentiel, mais difficile, de collecter des données ventilées par sexe dans les situations de conflit, notamment pour mieux comprendre l’impact du conflit sur la traite des êtres humains et les violences sexuelles liées au conflit, elle a salué des initiatives telles que « l’analyse rapide de genre », menée par ONU-Femmes et CARE International, qui donne un aperçu de la dynamique de genre du conflit en Ukraine.  Ce type d’analyse peut, selon Mme Nusseibeh, guider une réponse meilleure et plus adaptée aux besoins des femmes et des filles ukrainiennes.  Il faut toutefois veiller à correctement les financer, a-t-elle conclu.  

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a rappelé qu’en raison de la guerre illégale menée par la Fédération de Russie en Ukraine, plus de 15 millions de personnes ont désormais fui leurs foyers, en grande majorité des femmes et des enfants.  Nous savons que les conflits et les déplacements exacerbent la traite des êtres humains et qu’ils fournissent des conditions propices aux réseaux criminels organisés qui cherchent à profiter des plus vulnérables.  Tout en saluant la mobilisation de la société civile, des autorités nationales et des agences des Nations Unies pour sensibiliser les réfugiés et former les prestataires de services et la police des frontières, elle a estimé que beaucoup reste à faire pour s’assurer que les efforts de prévention portent leurs fruits.  Nous devons garantir que des procédures de vérification et d’enregistrement rigoureuses sont en place pour prévenir l’exploitation et protéger contre la traite, a préconisé la représentante, estimant que des mesures de protection internationale élargies et une sécurisation des routes migratoires sont également essentielles pour réduire les risques de traite.  En accueillant plus de 30 000 Ukrainiens en Irlande, conformément à la directive de l’Union européenne sur la protection temporaire, nous avons cherché à atténuer de tels risques, a-t-elle précisé.  

Elle s’est déclarée horrifiée par les informations faisant état de viols perpétrés par des soldats russes contre des femmes et des filles, des hommes et des garçons.  Le viol, a-t-elle souligné, « n’est pas un sous-produit inévitable de la guerre ».  C’est un acte qui peut constituer un crime de guerre et qui entraîne des traumatismes à vie pour les victimes et leurs communautés.  Elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que ces crimes ne restent pas impunis, avant d’exprimer son inquiétude face à l’augmentation de la violence domestique en Ukraine.  Les survivantes de la violence sont désormais confrontées à une double crise, car les services ne sont pas pleinement en mesure de les protéger et de répondre à leurs besoins.  Pour la représentante, des services complets centrés sur les survivants doivent être fournis à chaque étape, en Ukraine, aux frontières, dans les pays de transit et par les pays d’accueil.  Elle s’est ensuite adressée directement à la Fédération de Russie en lui demandant, si elle a un peu de compassion pour les millions de victimes et une « once de respect » pour le droit international, d’arrêter cette guerre et cette souffrance insensées.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les accusations de crimes sexuels commis par les soldats russes depuis le tout début de l’opération militaire spéciale en Ukraine ont été une technique favorite du régime de Kiev et des collègues occidentaux.  À ses collègues « aujourd’hui particulièrement zélés », le représentant a plaidé la prudence, « car il n’y a pas de preuve derrière ces déclarations de Kiev ».  Contrairement à ce qui avait été rapporté par certains sites Internet douteux, les autorités de Kherson ont indiqué qu’il n’y avait aucune preuve de l’utilisation par l’armée russe de violences sexuelles contre 11 habitants. 

Disant donner des exemples concrets de crimes des nationalistes ukrainiens, il a parlé d’un fait commis début avril à Marioupol où un militaire ukrainien a violé une femme en présence de son mari.  Quand ce dernier a voulu prendre sa défense, il a été abattu par l’armée ukrainienne, a-t-il dit.  Et le soldat dénommé Batynsky a personnellement avoué l’acte dans une vidéo de son interrogatoire qui est accessible au public.  Le représentant a aussi évoqué le viol et la torture d’une autre femme le 28 mars par les nazis du bataillon Azov dans une école de Marioupol.  Les nationalistes ukrainiens sont connus pour leur cruauté, et même parmi eux, il y a des unités dont les atrocités, de l’avis même des autorités de Kiev, dépassent toutes les limites autorisées.  Ainsi, à l’été 2015, un scandale a éclaté en Ukraine autour du bataillon nationaliste « Tornado » dont les combattants ont été accusées d’avoir commis des viols, des actes de torture, des violences contre des hommes, femmes et enfants.  Or en mars de cette année, tous ces criminels ont été amnistiés par le Président Zelenskyy, a-t-il décrié.  Le délégué a aussi parlé de la découverte à Marioupol d’un lieu de sépulture pouvant contenir jusqu’à 300 corps, où, selon des témoins oculaires, le bataillon Azov aurait déposé les corps des personnes tuées lorsqu’il contrôlait la ville. 

Selon le délégué russe, le conflit en Ukraine a activé l’industrie de l’exploitation des réfugiés ukrainiens dans les pays européens.  Il a évoqué des affiches apparaissant à Las Vegas, aux États-Unis, et invitant au casting des strip-teaseuses ukrainiennes, tandis qu’en Allemagne, le réseau de restauration Kentucky Fried Chicken sur une affiche publicitaire, mentionnait l’accueil des « poules » ukrainiennes, avec en fond d’image un lit.  Pour lui, ces exemples ne sont que la pointe de l’iceberg qui illustre l’ampleur de la menace d’exploitation sexuelle des réfugiés ukrainiens en Occident.  Le représentant a rejeté catégoriquement toute allégation de personnel militaire russe impliqué dans les violences sexuelles.  Il a souligné que les actions de l’armée russe sont soumises à des règles strictes, et que les tentatives de violence contre la population sont sévèrement punies. 

Le représentant a par ailleurs noté la volonté des États-Unis et du Royaume-Uni de fournir à l’Ukraine des systèmes de lance-roquettes multiples de longue portée.  Selon lui, cela est perçu comme une carte blanche par le régime de Kiev pour continuer de bombarder des objectifs civils dans le Donbass.  De fait, les armes américaines sont déjà utilisées dans le Donbass contre des sites civils comme des écoles, faisant des victimes, y compris des enfants.  Il a jugé cynique les déclarations des responsables occidentaux, en particulier le Secrétaire d’État américain Blinken qui a affirmé que Kiev n’utiliserait pas d’armes de longue portée contre des cibles sur le territoire russe.  Le représentant a prévenu que la Russie se réserve le droit de frapper les centres où sont prises les décisions relatives à l’utilisation de telles armes. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé que le conflit en Ukraine a déjà fait 9 000 victimes selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, en ajoutant que le nombre réel est bien plus élevé.  Il a aussi noté que 6,8 millions de personnes ont traversé la frontière ukrainienne.  « Elles n’ont pas demandé à le faire, elles y ont été forcées et ont dû abandonner leurs vies du jour au lendemain », s’est-il indigné avant de mettre en garde sur ce qui se passe à l’est de l’Ukraine en ce moment.  « Nous avons été témoins de la profondeur de l’inhumanité à Marioupol et espérons ne pas la voir ailleurs. »  M. Hoxha a ensuite exprimé sa profonde inquiétude à l’égard des milliers d’enfants qui, selon certaines informations, auraient été déportés vers la Russie et seraient détenus dans des camps de filtration.  Le droit international humanitaire classe la déportation massive forcée de personnes pendant un conflit comme un crime de guerre, a-t-il souligné ajoutant que, selon la médiatrice ukrainienne des droits de l’homme, la Russie aurait déplacé plus de 210 000 enfants pendant le conflit, sur les plus de 1,2 million d’Ukrainiens expulsés contre leur gré.  Nous appelons à une clarté totale et à une enquête indépendante sur cette question, a déclaré le représentant.

M. Hoxha a fait état de menaces à la sécurité physique des femmes et des filles dues aux conflits et aux bombardements continus.  Il a aussi parlé de l’insécurité alimentaire, du manque d’accès aux soins de santé, y compris à la gamme complète de services de santé reproductive, les soins pour les victimes de viol et la santé mentale.  Des cas de viols et de violences sexuelles ont été signalés dans les zones non contrôlées par le Gouvernement ukrainien, a poursuivi le représentant.  Il a à nouveau appelé à une enquête détaillée sur ce qui constitue un élément systématique des attaques contre des civils commises par des soldats.  Il a exigé la reddition de comptes, rejetant toute impunité et disant soutenir le travail de la CPI.  M. Hoxha a souhaité que la documentation et la collecte de preuves de violences sexuelles et sexistes soient standardisées et dit attendre la visite de la Commission d’enquête qui débute demain.  Le représentant a aussi souligné les rapports qui font état d’un risque élevé de traite à des fins d’exploitation sexuelle aux frontières de l’Ukraine, en particulier pour les enfants et les jeunes femmes souvent non accompagnés.  Il a plaidé pour une plus grande collaboration avec les agences frontalières et les partenaires gouvernementaux pour renforcer les mécanismes de prévention.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déclaré que pour garantir la crédibilité du Conseil, il n’existe d’autre option que de régler le problème de « l’occupation par la Russie du siège permanent de l’Union soviétique ».  Toutefois, a-t-il dit, il est important que la délégation russe continue d’apparaître aux séances du Conseil, « comme à des réunions d’avant-procès ».  Grâce aux procès-verbaux, tout ce qu’elle dira sera retenu contre elle devant les tribunaux, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite constaté que l’armée russe continue d’appliquer ses méthodes barbares dans les territoires d’Ukraine qu’elle occupe, semant la souffrance, notamment parmi les plus vulnérables comme les femmes et les enfants.  De fait, la cruauté sauvage des occupants russes a transformé en cauchemar la vie de millions d’Ukrainiens, s’est alarmé le représentant, en se disant particulièrement préoccupé par le sort de ses compatriotes transférés de force en Russie.  Précisant que bon nombre de ces personnes sont des enfants orphelins ou privés de soins parentaux, il a dénoncé la décision russe de leur donner la citoyenneté russe, en violation des Conventions de Genève.  Il s’est également indigné que la Russie refuse de fournir des informations sur le sort des populations transférées de force.  Face aux dangers de traite et d’exploitation sexuelle, il a demandé à l’ONU de contribuer à la protection des enfants ukrainiens et de faciliter leur retour rapide et en sécurité.  Le délégué a indiqué que, selon les données du Ministère ukrainien de l’intérieur, des mineurs et des femmes âgées font partie des victimes de violences sexuelles commises par les forces russes.  Il a également relevé que les enquêtes dans les territoires non contrôlés par le Gouvernement ukrainien sont compliquées, les occupants effaçant les traces de leurs crimes en brûlant les corps.  Il a dit compter beaucoup sur les travaux de la Commission d’enquête internationale qui va se rendre en plusieurs lieux d’Ukraine pour collecter des éléments de preuve en première main.  

Le représentant a d’autre part assuré que son pays est prêt à créer des conditions propices à la reprise des exportations de céréales depuis le port d’Odessa.  La question, a-t-il déclaré, est de savoir comment rendre ces opérations possibles sans mettre en danger Odessa.  « Putin se dit prêt à faciliter les exportations de blé mais c’est loin d’être la vérité », a mis en garde le délégué.  Selon lui, les assurances du Président russe, selon lesquelles il n’utilisera pas les routes commerciales pour attaquer Odessa, sont à rapprocher de celles qu’il avançait avant de lancer son invasion.  Nous continuons d’agir avec l’ONU et ses partenaires afin de permettre ces exportations mais la Russie doit d’abord retirer ses forces navales et offrir des garanties de sécurité, a-t-il ajouté.  Le délégué a ensuite parlé de la situation des populations civiles dans les régions occupées du Donbass, faisant état de raids sur les habitations et de la mobilisation forcée des hommes.  Ces personnes sont lancées en première ligne et servent de chair à canon pour préserver les chars russes, a-t-il dénoncé.  Rappelant que l’Ukraine a été dévastée à maintes reprises depuis plus d’un siècle, des bolcheviques aux militaires russes en passant par les troupes nazies, il a noté qu’aucune autre nation européenne n’a été le théâtre de dévastations d’une telle ampleur en un laps de temps aussi court.  Si l’humanité s’est unie il y a 77 ans pour vaincre le Mal, force est de constater que l’histoire tend à se répéter, a-t-il conclu, en espérant que la « Russie de Putin » sera défaite pour le bien du peuple ukrainien, des peuples du monde qui ont besoin des céréales ukrainiennes, et du peuple russe qui devra revenir à la démocratie « après la députinisation ».  

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a dit qu’aujourd’hui, « la sauvagerie de la Russie » contraste fortement avec l’héritage des brillants artistes russes comme Dostoïevski, Kandinsky, Tchaïkovski, Tolstoï et d’autres qu’il a étudiés à l’école.  Pour tenir les Russes pour responsables de crimes en Ukraine, il a estimé que « nous avons besoin de preuves ».  Il a dit soutenir à cet égard l’enquête du Procureur de la CPI et le travail de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine.  Dans ce contexte, l’Union européenne assiste le Procureur général d’Ukraine et la société civile pour recueillir les preuves des crimes de guerre, a-t-il signalé.

Au moment où nous parlons, nous entendons des rapports sur les forces russes brandissant la violence sexuelle comme arme de guerre, a-t-il poursuivi, rappelant que cette violence constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité.  Il a constaté que cette guerre a également poussé des millions de personnes à fuir leur foyer et à chercher refuge hors d’Ukraine, principalement des femmes et des enfants, ces derniers étant particulièrement vulnérables aux trafiquants d’êtres humains.  Il a dit que l’UE s’est engagée à les protéger et travaille à éradiquer la traite.  Il a relevé que la question de la violence sexuelle et sexiste est une menace mondiale qui est utilisée comme une arme de guerre et à laquelle sont confrontées les femmes du monde entier, y compris en Afghanistan, en Éthiopie, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Myanmar, au Soudan du Sud, au Yémen et dans d’autres pays.  C’est pourquoi la Commission européenne organise avec ONU-Femmes la deuxième conférence sur les femmes dans les conflits dans quelques jours à Bruxelles.

Le Président du Conseil européen a également argué que la Russie utilise les vivres comme « missile furtif contre les pays en voie de développement ».  Il a indiqué que la guerre a fait grimper les prix des denrées alimentaires, plongeant les gens dans la pauvreté et déstabilisant des régions entières.  Des millions de tonnes de céréales et de blé sont bloquées dans des conteneurs et des navires, a-t-il témoigné en affirmant l’avoir vu de ses propres yeux il y a quelques semaines à Odessa.  Le Kremlin cible également les stocks de céréales et vole des céréales des zones qu’il a occupées, a-t-il souligné.  Il a précisé que l’UE n’a pas appliqué de sanctions sur le secteur agricole en Russie et que celles qu’elle a prises n’empêchent pas les navires battant pavillon russe de transporter des céréales, de la nourriture ou des engrais vers les pays en développement.  L’UE, au contraire, fait tout son possible pour aider l’Ukraine à exporter ses produits agricoles, a-t-il assuré avant d’appeler à « déverrouiller la mer Noire ».  Il a dit soutenir les efforts du Secrétaire général pour trouver des solutions afin de rouvrir les routes maritimes pour les exportations de l’Ukraine.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a souligné que les femmes et les mineurs sont particulièrement vulnérables en période de conflit, en particulier pour ce qui est des violences sexuelles et sexistes et de la traite des personnes.  Au quotidien, les images dramatiques en provenance d’Ukraine rappellent avec force les souffrances indicibles des femmes et des enfants.  Il a indiqué qu’en Italie, l’opinion publique avait été particulièrement choquée par le sort de Sofiya, Olena et Svitlana, violées par les soldats russes à Marioupol avant d’être déportées vers la Russie.  Pour éviter le risque d’impunité, le représentant a appelé à accroître le risque de conséquences judiciaires pour tous ceux qui commettent ce crime de guerre barbare.  Or le non-respect flagrant des résolutions du Conseil de sécurité, du droit international humanitaire et des droits humains dans le contexte du conflit ukrainien montre qu’il reste beaucoup à faire.  À cet égard, le travail du Conseil de sécurité, s’il n’est pas entravé par l’abus du droit de veto, pourrait bénéficier d’une implication plus systématique de la justice internationale, a estimé le représentant.  Toutefois, lorsque les enquêtes et les poursuites engagées par des tribunaux nationaux ou internationaux sont impossibles ou inefficaces, l’Assemblée générale devrait, selon lui, envisager de créer des mécanismes internationaux d’établissement des faits afin de mener des enquêtes sensibles au genre et d’assurer la collecte et la conservation des preuves.  

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie), intervenant au nom des États baltes, s’est déclaré profondément alarmé par les informations « choquantes » sur les cas de violences sexuelles brutales et systématiques perpétrées par les Forces armées russes en Ukraine.  Il a appelé la Fédération de Russie à y mettre immédiatement un terme en émettant, par le biais des chaînes de commandement, des ordres clairs interdisant les violences sexuelles et en traduisant les auteurs en justice.  Il a également demandé aux entités concernées de l’ONU de suivre de près la situation liée à la violence sexuelle en Ukraine ainsi que le long de ses frontières grâce aux mécanismes créés par le Conseil de sécurité.  Notant que la situation actuelle fournit un terrain fertile aux trafiquants d’êtres humains, il a appelé à gérer la situation avec soin pour éviter que les prédateurs n’exploitent le chaos.  Il a ensuite condamné dans les termes les plus fermes la déportation de force d’enfants non accompagnés vers la Russie ainsi que les adoptions illégales d’enfants ukrainiens.  Le représentant a jugé de la plus haute importance que les victimes de violences sexuelles liées au conflit en Ukraine aient la possibilité de signaler les cas dès que possible et de recevoir une assistance appropriée, notamment un accès aux services de santé sexuelle et reproductive.  Il a ensuite indiqué qu’afin de faciliter les enquêtes et poursuites devant la Cour pénale internationale, les États baltes ont nommé des experts nationaux et fourni des contributions volontaires.  

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a dit avoir entendu avec stupéfaction et horreur de nombreux récits de cas brutaux de violence sexuelle dans toute l’Ukraine, principalement contre les femmes et les filles, mais aussi contre des hommes et garçons.  Étant donné que le signalement et la surveillance sont essentiels pour tenir les auteurs pour responsables, nous soutenons la demande de la Représentante spéciale, Mme Patten, de renforcer le personnel de la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies et du Bureau du Procureur général d’Ukraine avec du personnel spécialisé sur ces questions, a dit la représentante.  Parce qu’une action rapide et efficace est nécessaire, l’Allemagne entend poursuivre le financement du Bureau de la Représentante spéciale en 2022, a-t-elle ajouté.  La déléguée a jugé essentiel de suivre une approche centrée sur les survivants pour prévenir et répondre aux violences sexuelles liées aux conflits.  Elle a appelé la communauté internationale à renforcer les droits des survivants et à améliorer leur accès à la justice et aux droits reproductifs, ainsi qu’aux mesures de réhabilitation, de réparations et de réintégration.  

Étant donné que ce sont souvent les femmes qui souffrent le plus des conséquences de la guerre, elle a assuré que l’Allemagne entend poursuivre son engagement dans la lutte contre la traite des personnes, y compris en promouvant la résolution sur ce sujet au Conseil des droits de l’homme.  En Allemagne, les autorités ont mis en place plusieurs mécanismes de protection, comme des sites Internet et des affiches publicitaires, en ukrainien, qui informent les réfugiés ukrainiens sur des questions importantes.  Rien qu’en 2021, l’aide humanitaire allemande a financé 26 projets d’importance avec des composantes traitant des violences sexuelles et basées sur le genre, totalisant un montant de plus de 80 millions de dollars américains, a souligné la déléguée.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a expliqué qu’en tant que pays voisin et première destination des réfugiés ukrainiens, la Pologne se concentre désormais sur l’aide humanitaire liée à l’accueil sur le sol polonais du plus grand nombre de réfugiés de l’histoire.  En outre, il a dit que son pays a engagé des efforts considérables pour lutter contre les effets de la traite des êtres humains et des abus sexuels liés au conflit, notamment avec les gardes-frontières et la police polonaises qui ont mis en œuvre de nombreuses mesures visant à prévenir et à atténuer ces effets.  Ils ont eu une formation spécialisée et ont été sensibilisés à ces problématiques, a expliqué le représentant faisant aussi état de campagnes d’information pour les victimes existantes et potentielles.  En Pologne, le signalement de tout incident de traite de personnes ou de crimes sexuels est possible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à des policiers parlant ukrainien et russe, a encore précisé le représentant en assurant que tous les incidents signalés font l’objet d’une vérification rapide et que les victimes potentielles bénéficient d’une assistance spécialisée et de services d’interprétation si besoin.  Les efforts des structures étatiques sont renforcés par ceux de nombreuses ONG actives sur le terrain dès le premier jour, a tenu à préciser M. Szczerski.  Qui plus est, une loi spéciale de mars, qui est entrée en vigueur le 24 février, dispose que les réfugiés ukrainiens peuvent obtenir un numéro d’identification polonais qui leur permet de travailler légalement en Pologne, d’accéder gratuitement au système de santé publique, à la scolarité et aux prestations et aides sociales, y compris les survivants des violences sexuelles liées au conflit qui ont accès aux soins psychologiques, sexuels et de santé génésique au même titre que les Polonais.

Outre l’action immédiate, le représentant a appelé à garantir la responsabilité de ces crimes aux niveaux national et international.  Cela constitue un élément clef de prévention et de justice pour les victimes, sur lequel il faut tenir nos promesses, a-t-il dit.  C’est une question d’urgence non seulement pour les victimes, mais aussi pour la crédibilité de tout le système international avec l’ONU en son cœur.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a relevé qu’en date du 3 juin, le conflit en Ukraine avait fait plus de 9 000 victimes civiles, et que ce chiffre est sans doute bien plus élevé en réalité.  Il a indiqué que les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par la guerre et a condamné les actes de violence sexuelle commis par les forces russes.  Il s’est inquiété de l’impact des viols, des atteintes sexuelles et de la traite des êtres humains sur la santé physique et mentale des victimes qui, a-t-il souligné, doivent avoir accès à un appui psychosocial et à des soins de santé sexuelle et reproductive.  Le représentant a par ailleurs fait savoir que depuis le début de l’agression, plus de 490 000 réfugiés sont entrés en Slovaquie, en majorité des femmes et des enfants.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Stockholm+50 et « l’avenir en vert »: les participants au troisième dialogue veulent accélérer la mobilisation financière pour l’environnement

Stockholm+50,
Dialogue de haut niveau 3 - après-midi   
ENV/DEV/2050

Stockholm+50 et « l’avenir en vert »: les participants au troisième dialogue veulent accélérer la mobilisation financière pour l’environnement

STOCKHOLM, 3 juin — À l’ouverture du troisième et dernier dialogue de haut niveau organisé pendant la réunion internationale Stockholm+50, et intitulé « Accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable dans le cadre de la décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable », Mme YASMINE FOUAD, Ministre de l’environnement de l’Égypte, a appelé à honorer les promesses faites en matière de financement et souligné l’importance des transferts de technologie.  Il faut sensibiliser les consciences sur l’importance de la protection de l’environnement, a dit la Ministre en appelant à son inclusion dans les cursus scolaires.  Elle a aussi insisté sur le droit fondamental de chaque pays au développement.

« Nous sommes capables de parvenir à une transition verte rapide », a déclaré la Ministre de l’environnement et des changements climatiques de la Finlande, Mme EMMA KARI, en louant l’esprit de coopération qui prévaut sur ces questions.  « Où va l’argent est la première question que nous devons nous poser. »  Il est crucial que nos investissements soient conformes à nos priorités environnementales, a dit la Ministre, en demandant une amélioration des pratiques d’achat.  Elle a rappelé que ce n’est pas l’argent qui change les choses mais bien les politiques adoptées.  Une autre « idée formidable » est d’inclure les questions environnementales dans les cursus scolaires, a dit la Ministre, se faisant l’écho de son homologue égyptienne.  « Il est temps pour vous d’enrichir nos discussions », a-t-elle lancé aux panélistes. 

Premier orateur à s’exprimer, M. ARUNABHA GHOSH, Fondateur et Président du Conseil sur l’énergie, l’environnement et l’eau, a rappelé que les questions financières sont souvent oubliées.  Il a plaidé pour un écodéveloppement à même de réduire la fracture technologique.  Nous avons besoin d’un mécanisme d’atténuation des risques financiers, a dit M. Ghosh.  « C’est ainsi que nous pourrons nous éloigner des technologies dépassées. »  Il a aussi demandé que l’objectif de développement durable (ODD) 17 sur les partenariats devienne le premier des ODD.

De son côté, M. JOHAN ROCKSTROM, Directeur de l’Institut de recherches de Postdam sur les effets des changements climatiques, a souligné que le point de départ de toute discussion est la science.  « Nous devons reconnaître que nous avons échoué et qu’il y a urgence à agir. »  Il a proposé une nouvelle définition de la justice: chaque enfant qui naît a le droit de vivre sur une planète saine.  Cela signifie d’apporter des financements adéquats et de fonder nos décisions sur la science, a-t-il martelé.  Enfin, il a appelé à conférer une nouvelle « valeur » au temps, à rebours du temps capitalistique que nous vivons.

La philosophie du futur doit naître en dehors de l’Europe ou procéder de contacts entre Européens et non-Européens, a déclaré Mme CATHERINE ODORA HOPPERS, Experte en développement international, en reprenant à son compte une idée de Michel Foucault.  « Sans la conscience des autres, le soi est incomplet. »  Elle a plaidé pour un changement fondamental de mentalités et appelé à intégrer dans nos discussions « ce que la modernité a longtemps négligé ».  Elle a aussi indiqué que les peuples autochtones vivent frugalement mais ne sont pas pauvres. 

M. ROY STEINER, de la Fondation Rockfeller, a déclaré que le monde manque d’imagination face à la crise alimentaire actuelle, en soulignant la gravité de ladite crise.  Nous devons passer à un autre système de production agricole et changer nos comportements, a analysé M. Steiner.  Enfin, il a préconisé d’écouter la voix des jeunes si nous voulons vraiment changer la donne. 

Réagissant aux propos des panélistes, les délégations ont détaillé les mesures prises pour accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable et proposé de nouvelles pistes d’action.

La Bulgarie a plaidé pour des « transformations structurelles et multidimensionnelles » et pour une pleine participation des jeunes, tandis que la déléguée de l’Albanie a parlé de sa fille, celle-ci accusant la génération de sa mère d’avoir pris son avenir en otage.  « Rassurez-vous, elle ne s’appelle pas Greta, mais Sarah. »  La nature parle mais le genre humain n’écoute pas, a poursuivi la déléguée albanaise, en citant Victor Hugo.  Se voulant néanmoins optimiste, la déléguée a déclaré « qu’elle ne voit pas l’avenir en rose mais en vert. »  La Colombie, qui n’émet que 3,6% des émissions de gaz à effet de serre, a rapporté avoir pris des mesures drastiques pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  « Mettons en commun nos forces pour la nature. »  Les jeunes et les femmes doivent être pleinement associées à nos efforts, a rebondi la Jordanie, avant de détailler son action climatique.  Sur la question financière, ce pays a proposé la création d’un « tableau de bord » permettant de tracer les financements.  La Macédoine du Nord a évoqué la question de l’efficience énergétique et indiqué avoir adopté un principe de pollueur-payeur pour une croissance verte.  L’Iraq a détaillé l’action entreprise pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le portefeuille énergétique du pays.  « L’énergie de mon pays est renouvelable à 80% », s’est félicité l’Uruguay.  Son homologue de l’Inde a déclaré que 90 millions de foyers indiens ont été équipés de modes de cuisson économes en combustibles fossiles.  L’Inde a diminué de 24% ses émissions de gaz à effet de serre, a déclaré le délégué en affichant sa confiance quant à la réalisation des ODD par son pays. 

D’autres intervenants ont néanmoins appelé à aller plus loin, à l’instar de la déléguée du Norwegian Forum for Environment and Development, qui a demandé de mettre fin à la « course au profit » et de privilégier la justice.  Un idéal de justice pleinement partagé par la représentante de Parents for Future Botswana/Global, qui a suggéré l’adoption d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Une jeune activiste de l’organisation nommée Traité de non-prolifération des combustibles fossiles a fustigé la cupidité des industries des combustibles fossiles et le manque de courage des pays pour y remédier.  « Nous avons besoin de ce traité et nous ne devons pas faire de concession parce que si nous suivons les lois du marché, il n’y aura pas de justice. »  Le commerce doit servir le développement durable et la prospérité, a appuyé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en relayant l’appel général à l’action et en saluant « une nouvelle énergie » de ses membres de l’OMC à cette fin.  Les droits de la propriété intellectuelle ne doivent pas primer sur les droits de l’homme, a, de son côté, affirmé le délégué de B-Team.  Pour sa part, LACEMOS, Juventud Unida en Accion a proposé que l’écocide soit reconnu comme crime contre l’humanité au sens du Statut de Rome.

D’autres panélistes ont ensuite pris la parole, à commencer par M. IBRAHIM THIAW, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Nous devons repenser la manière dont nous gérons nos terres, a-t-il insisté, en prenant l’exemple de la Côte d’Ivoire, l’un des principaux producteurs de cacao.  Il a mis en garde contre une surexploitation des sols et souligné l’importance d’améliorer les conditions de vie des plus petits paysans.  Il a invité à mettre fin aux subventions qui nuisent à la planète et à aligner les modes de consommation et de production sur les priorités environnementales.

Nous devons associer toutes les générations à nos efforts, a enchaîné Mme CHRISTIANNE ZAKOUR, du Grand groupe des enfants et des jeunes du PNUE.  Elle a, elle aussi, souligné la nécessité d’élaborer un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Mme Zakour a enfin appelé à dépasser les vieux modèles et à réfléchir de manière ambitieuse.

« Il y a aujourd’hui une prolifération d’engagements mais pas une prolifération d’actions », a alerté M. KARTHIK BALAKRISHNAN, Président d’Actual, en invitant à réfléchir sur les raisons de cette inertie.  Il a appelé à coordonner les efforts entre les différentes générations humaines, mais aussi entre les différentes générations d’institutions.  La mémoire institutionnelle est capitale, a jugé M. Balakrishnan.

De son côté, Mme VALERIE HICKEY, de la Banque mondiale, a rappelé que la pandémie de COVID-19 a été une crise sanitaire mais aussi économique.  Elle a plaidé pour un meilleur partage des risques environnementaux, avant d’appeler à faire de « meilleurs calculs ».  Elle a noté que les subventions aux industries fossiles représentent 600 milliards de dollars, ce qui est précisément la somme nécessaire à investir pour le développement des énergies renouvelables.  Il convient de rester humble face à la crise environnementale, a recommandé Mme Hickey. 

D’autres délégations ont encore pris la parole, à l’instar d’Andorre qui a mentionné la création d’un prix carbone de 30 euros par tonne pour le financement des politiques vertes.  Un projet de loi sur l’économie circulaire est aussi en cours d’élaboration, a dit le délégué, tandis que le Canada a mentionné l’émission par son pays des toutes premières obligations vertes.  La Suisse a appelé à remédier aux subventions qui nuisent à la biodiversité, avant d’évoquer le défi environnemental majeur que constitue le sable.  Nous avons plus que jamais besoin de volonté politique, a martelé la déléguée suisse, à l’instar de la Roumanie.  Le délégué roumain a brandi un Rubik’s Cube en comparant ce jeu à la réalisation des ODD.  La déléguée de l’État de Palestine a détaillé les mesures prises pour réaliser lesdits objectifs, avant de souligner la difficulté supplémentaire que constitue l’occupation de la Palestine.  Il faut renforcer l’appui aux pays en développement et aux pays en proie à un conflit, a-t-elle tranché.  « Que faisons-nous ici alors que des millions de personnes meurent parce que les riches continuent de refuser de partager leurs richesses? » a tempêté le représentant de PUSH Suède.  Il a demandé l’adoption d’un traité à même de débarrasser le monde de « son addiction » au gaz et au pétrole.  « Ce sont des vies qu’il s’agit de sauver! »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Stockholm+50: le deuxième dialogue de haut niveau lance des idées de relèvement post-COVID-19 en tirant partie de l’économie circulaire, du partage des expériences et de l’inclusion des jeunes

Stockholm+50,
Dialogue de haut niveau – matin
ENV/DEV/2049

Stockholm+50: le deuxième dialogue de haut niveau lance des idées de relèvement post-COVID-19 en tirant partie de l’économie circulaire, du partage des expériences et de l’inclusion des jeunes

STOCKHOLM, 3 juin — Au deuxième et dernier jour de Stockholm+50, la réunion internationale qui célèbre le cinquantième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue à Stockholm en 1972, un deuxième dialogue de haut niveau a examiné les différentes pistes favorisant le relèvement post-COVID-19 en lien avec la protection de l’environnement.  « Parvenir à un relèvement durable et inclusif après la pandémie de maladie à coronavirus », le thème choisi pour ce dialogue, se base sur l’importance d’une planète en bonne santé pour le progrès et la prospérité de l’humanité, comme cela est souligné dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La pandémie est toujours là, « bel et bien là », ont rappelé d’entrée les États-Unis en soulignant la nécessité urgente de prévenir et d’empêcher de nouvelles vagues de se propager.  La représentante de ce pays a donc suggéré de renforcer les infrastructures mondiales de santé pour être capable d’endiguer toute nouvelle vague de pandémie.  Welfare Togo, qui a demandé dans ce même esprit la mise en place de la couverture sanitaire universelle, a aussi réclamé la fin de ce qu’elle a appelé la « colonisation vaccinale » qui prive des millions d’individus des pays en développement de la protection nécessaire contre la COVID-19. 

En plus du manque de vaccins, la désinformation sur la COVID-19 a été mentionnée comme un problème à éliminer.  L’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a annoncé qu’au cours des deux prochaines années, l’organisme se focalisera sur la lutte contre ce problème.  Il a aussi prôné l’utilisation du réseau de satellites des Nations Unies pour informer les États Membres de l’évolution de toutes pandémies futures. 

Pour relever les défis de la pandémie, le Premier Ministre de l’Algérie, M. AÏMENE BENABDERRAHMANE, a indiqué que son gouvernement a pris des mesures spécifiques à chaque secteur de l’économie et à chaque région du pays.  Des mesures de justice sociale ont aussi été prises dans le but de préserver le niveau de vie de la population et leurs moyens de subsistance pendant cette période de crise.

Les quatre panélistes de ce deuxième dialogue de haut niveau animé par Mme NOZIPHO TSHABALALA, spécialiste de la stratégie de conversation, ont annoncé une série de mesures pouvant aider à accélérer le relèvement durable et inclusif après la pandémie de COVID-19, à commencer par M. DOMINIX WAUGHRAY, Conseiller spécial au Conseil mondial des entreprises pour le développement durable et au Forum économique mondial, qui a insisté sur l’importance des principes de responsabilité, de transparence et de l’économie circulaire pour les entreprises et en particulier les petites et moyennes entreprises afin qu’elles participent aux efforts de relèvement. 

À sa suite, de nombreux participants ont vanté les mérites de l’économie circulaire.  L’idée d’élaborer une feuille de route mondiale sur la question est venue de Chatam House qui en fait l’essence même de son existence.  Cette idée a été reprise par la Ministre de l’environnement de l’Allemagne, coprésidente du dialogue.  L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.  L’économie circulaire doit commencer dans l’industrie du textile et du vêtement, a plaidé le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh.

Pour que tous les pays soient sur le même pied d’égalité en matière de relèvement après la pandémie de COVID-19, Mme REEM AL-SAFFAR (Iraq), militante environnementaliste, étudiante en biologie et karateka, a estimé qu’il faut d’abord rendre aux pays anciennement colonisés ce que les pays colonisateurs leur ont pris.  Représentante de la jeunesse sur le podium, elle a souligné la nécessité d’investir dans les jeunes qui sont nos principales ressources.  Ils constituent deux tiers de la population du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a rappelé Mme Al-Saffar. 

L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, a aussi exigé de mettre les jeunes au centre du relèvement parce qu’ils sont des partenaires à part entière.  C’est de cette façon que l’on garantit la prise de décisions durables et inclusives en faveur de la création d’emplois décents pour les jeunes, a-t-elle argué. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Pakistan a fait une série de suggestions pour le relèvement des États membres du Groupe dont une enveloppe de 3 000 milliards de dollars pour le financement des programmes de relèvement.  En outre, le représentant a demandé l’accès aux marchés internationaux pour les produits des pays en développement.  Il a aussi exigé l’arrêt des subventions agricoles dans les pays développés, de même que le Secrétariat of the Convention sur la diversité biologique qui a informé que ces subventions sont estimées à 600 milliards de dollars. 

Donnons la priorité aux investissements durables dans l’agriculture, la pêche, les terres, et mettons l’accent sur les technologies numériques, a prié l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au nom également du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Mme JOSEFA LEONEL CORREIA SACKO (Angola), Commissaire pour l’agriculture, le développement rural, l’économie bleue et le développement durable de l’Union africaine, a plaidé pour une augmentation des investissements dans le développement agricole holistique en Afrique et l’amélioration de la sécurité alimentaire.  À cet égard, le Bangladesh a avancé l’idée de créer des banques alimentaires pour aider les plus vulnérables qui ont doublement pâti des effets néfastes de la pandémie et de la pauvreté.  Les petits exploitants agricoles assurent plus de 80% de nos assiettes, a remarqué à ce sujet le Fonds vert pour le climat de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a recommandé d’aligner les efforts de relèvement postpandémique sur les actions climatiques, en particulier dans le domaine agricole pour les pays en développement.

Revenant au rôle du monde des affaires, M. GONZALO MUNOZ (Chili), champion de haut niveau pour l’action climatique, a jugé urgent de créer un réseau mondial de PME sensibles à l’environnement pour soutenir le relèvement en se basant sur le principe de responsabilité des entreprises.  Dans le même sens, le Ministre de l’environnement de la Lituanie a demandé aux entreprises de faire un effort d’investissement vert pour éviter les conséquences socioéconomiques des activités industrielles traditionnelles.  Il a brandi la mise en place de la taxe carbone en s’interrogeant sur la volonté des gouvernements de faire quelque chose.

Sur le plan de la coopération entre États, le Ministre de la biodiversité de l’Équateur a fait appel à la solidarité internationale.  Il a invité les pays développés à coopérer avec les pays du Sud pour agir au niveau local et renforcer les tissus économiques productifs locaux.  Il a également souhaité que l’on permette aux pays du Sud de partager leurs expériences, « parce que la relation doit être réciproque et non à sens unique ». 

Son homologue de la Libye a insisté sur l’importance du principe de responsabilité des politiques qui, à son avis, ont failli à leur mission.  Il a suggéré la création d’un mécanisme de reddition des comptes pour les tenir responsables de leurs actions et de leurs inactions.  S’appuyant pour sa part sur l’importance de la solidarité générationnelle, Yachaywasi News Peru a insisté sur la nécessité de préserver les écosystèmes et les droits humains.  Il a préconisé de travailler étroitement avec les victimes de la dégradation de l’environnement, surtout les jeunes. 

Sortir de l’énergie fossile et parvenir à la neutralité carbone: c’est le combat notamment de Women for Change (Cameroun), du Portugal et de l’Autriche, pour qui le multilatéralisme est le seul outil permettant de faire face aux crises présentes et futures et au relèvement.  Pour combler le manque de cohérence entre les politiques de relèvement des pays, M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Président du Fonds pour l'environnement mondial, a demandé un nouveau contrat social mondial et souligné l’importance pour les États membres de protéger le capital naturel comme ils le font pour leur capital humain ou financier.  M. DAVID R.  BOYD, Rapporteur spécial sur les droits humains et environnementaux, a lui aussi appelé à préserver l’environnement après avoir comparé le nombre de morts dû à la COVID-19 (6 millions) avec ceux causés par la dégradation environnementale (plus de 18 millions de personnes en 2021).

Mme JOAN CARLING, peuple autochtone des Philippines, a, quant à elle, attiré l’attention sur les peuples autochtones qui sont au nombre de 350 millions dans le monde et qui sont les protecteurs des 95% du capital naturel du monde.  Elle a insisté sur la nécessité d’adopter des modes de production et de consommation dictés par les besoins des humains et non par le profit.  « Il faut assurer l’utilisation durable des ressources d’une génération à l’autre. »  Même son de cloche du côté de M. JANEZ POTOČNIK (Slovénie), Conseiller spécial sur la durabilité du Commissaire européen pour l’environnement, les océans et les pêches qui a recommandé de se focaliser sur des modes de production et de consommation renforçant l’égalité, la transparence et le principe de responsabilité.  « Avant d’agir pour éviter l’extinction des éléphants en Indonésie, il faut d’abord assurer l’extinction des éléphants dans la salle », a conseillé le responsable. 

 

 

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Un demi-siècle après une première édition historique, Stockholm+50 consacre l’« âge de raison » du mouvement proenvironnemental, celui de l’action

Stockholm+50,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
ENV/DEV/2048

Un demi-siècle après une première édition historique, Stockholm+50 consacre l’« âge de raison » du mouvement proenvironnemental, celui de l’action

STOCKHOLM, 3 juin — Au deuxième et dernier jour de la réunion internationale Stockholm+50, organisée sur le thème « Une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance », les délégations qui se sont succédé au pupitre ont rivalisé d’annonces pour répondre à l’urgence climatique alors que leurs pays s’efforcent de se remettre de la pandémie de COVID-19.  Cinquante ans après la conférence historique organisée dans la capitale suédoise, le monde s’est une fois de plus mobilisé pour agir face aux défis environnementaux et aux inégalités croissantes qui compromettent le développement et le bien-être de la population. 

« Ne faisons pas mentir l’adage selon lequel 50 ans, c’est l’âge de raison », a exhorté la Ministre du climat, de l’environnement, du développement durable et du Green Deal de la Belgique, pour qui il est grand temps de passer à l’acte.  Elle a rappelé que son pays plaide pour la reconnaissance du crime d’écocide dans le droit pénal international, en particulier pour qu’il soit inclus dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Elle s’est ensuite opposée au deux poids, deux mesures qui règne au sein de l’Union européenne s’agissant de certains pesticides et produits chimiques nocifs qui continuent d’y être importés.

Son homologue du Ghana a lui aussi souligné les problèmes posés par les déchets chimiques et électroniques aux effets délétères sur la santé et la biodiversité, avant de souligner la nécessité de réajuster les contributions déterminées au niveau national, ces plans non contraignants que les gouvernements veulent mettre en œuvre en réponse aux changements climatiques et pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris.  Vanuatu a rappelé avoir déclaré le 27 mai dernier « l’état d’urgence climatique » et demandé l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences du réchauffement climatique. 

Le Pérou fait partie des États Membres qui se sont prononcés aujourd’hui en faveur d’un traité juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique d’ici à 2024.  Dans l’intervalle, il s'est doté, comme la République de Türkiye ou les Bahamas, d’une loi qui réglemente le plastique à usage unique et les récipients ou emballages jetables.

Face aux retards accusés dans la mise en œuvre des traités, protocoles et accords internationaux, nombreux ont été les États Membres à prendre les devants à l’échelle nationale, en amendant leur législation.  C’est le cas de la République de Corée, dont la Constitution stipule que son peuple a droit à un environnement sain et pur, à une gestion intégrée des eaux et à une expansion des zones protégées.  De même, la Constitution de la Barbade prévoit un droit à un environnement sain.  Plusieurs États, dont la Zambie, l’Azerbaïdjan, la République démocratique populaire lao, le Costa Rica ou la Chine ont par ailleurs vanté des progrès dans leur couverture forestière.

Au-delà des dispositions juridiques pertinentes, plusieurs pays ont fait valoir des mesures qui actent leur transition vers une économie circulaire.  C’est le cas de la République de Moldova, qui a présenté la lutte contre les déchets comme une priorité nationale, de même que le reboisement et l’amélioration de la qualité de l’eau.  Ce dernier aspect a été l’occasion d’évoquer des projets de coopération régionale avec l’Ukraine et la Roumanie voisines, pour améliorer la gestion et le recyclage des eaux usées et des ressources hydriques des fleuves transfrontaliers Dniestr et Prut.

Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bolivie a reproché au système capitaliste sur lequel se fonde la société de consommation actuelle d’être responsable de la dégradation continuelle de la « Terre mère ».  Dans le cadre des préparatifs de Stockholm+50, le Gouvernement bolivien a donc jugé bon de consulter les organisations autochtones et paysannes du pays.  La représentante suédoise du Groupe des peuples autochtones, qui s’exprimait au nom des Sami, a plaidé en faveur d’un partenariat avec ces peuples pour protéger les terres et les moyens de subsistance traditionnels.

Venue du Kenya, une autre représentante des peuples autochtones a demandé aux États Membres d’honorer leurs annonces de contributions financières pour la préservation de la biodiversité.  Outre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, elle a cité la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux, instruments qui doivent être pleinement mis en œuvre. 

La jeunesse et l’enfance ont également demandé à être invitées aux tables des négociations sur l’environnement.  De jeunes intervenants ont ainsi prié les États d’engager des actions immédiates et concrètes en vue de protéger tous les écosystèmes, de renvoyer les crimes environnementaux à la Cour pénale internationale (CPI), de créer des emplois verts, et, en particulier, de mettre un terme à l’utilisation des énergies fossiles.

Trois dialogues multipartites de haut niveau organisés en parallèle ont en outre permis d’identifier les mesures les plus urgentes à prendre pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le mois de juin 2022 sera riche en échéances destinées à galvaniser l’élan proenvironnemental mondial.  En même temps que la Conférence des Nations Unies sur les océans, prévue du 27 juin au 1er juillet à Lisbonne, au Portugal, la onzième édition du Forum urbain mondial (FUM) sur le thème « Transformer nos villes pour un meilleur futur urbain » se déroulera à Katowice, en Pologne.  À ce sujet, le représentant d’ONU-Habitat a souligné que les gouvernements doivent promouvoir sans attendre des zones urbaines saines, à l’heure où leur population pourrait bien doubler d’ici à 2050. 

RÉUNION INTERNATIONALE « STOCKHOLM+50: UNE PLANÈTE SAINE POUR LA PROSPÉRITÉ DE TOUTES ET DE TOUS – NOTRE RESPONSABILITÉ, NOTRE CHANCE »

Suite du débat général

M. ORLANDO HABET, Ministre du développement durable, des changements climatiques et de la gestion des risques de catastrophe du Belize, a appelé à être proactif et à agir maintenant pour les générations futures.  Il a expliqué que le Belize fait partie des petits pays ambitieux qui ont bénéficié de l’aide internationale pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) et lutter contre la triple crise environnementale par le biais de partenariats et de la coopération internationale.  Il a souhaité que le PIB ne soit pas le seul instrument de mesure du bien-être des populations les plus vulnérables.  Le Ministre a, enfin, appelé à reconnaître le droit de la nature. 

M. KWAKU AFRIYIE, Ministre de l’environnement, de la science, de la technologie et de l’innovation du Ghana, a souligné les difficultés rencontrées par son pays pour faire face aux problèmes de déchets chimiques et électroniques qui ont des effets délétères sur la santé et la biodiversité.  « Nous sommes tous d’accord sur la nécessité de repartir sur une bonne dynamique en matière d’agenda climatique en réajustant les contributions déterminées au niveau national. »  Le Ministre ghanéen a aussi indiqué que, face à la menace mondiale de la pollution plastique, son pays a rejoint les nations qui souhaitent faire aboutir d’ici à 2024 un traité juridiquement contraignant pour lutter contre cette pollution. 

Mme ZAKIA KHATTABI, Ministre du climat, de l’environnement, du développement durable et du Green Deal de la Belgique, s’est déclarée convaincue que, 50 ans après la conférence de Stockholm et 30 ans après celle de Rio, des solutions peuvent être trouvées.  Depuis longtemps, nous savons ce qu’il faut faire et il est maintenant temps d’accélérer le rythme de notre action, a-t-elle lancé, en annonçant son intention de faire inclure le crime d’écocide dans la législation belge, mais aussi dans le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) et dans le droit européen.  Elle a également plaidé pour la lutte contre le deux poids, deux mesures s’agissant de certains pesticides et produits chimiques qui continuent d’être importés dans l’Union européenne.  Ne faisons pas mentir l’adage selon lequel 50 ans, « c’est l’âge de raison », a exhorté la Ministre en conclusion.

M. MATTHEW SAMUDA, Ministre au Ministère de la croissance économique et de la création d’emploi de la Jamaïque, a relevé que beaucoup de leçons ont été tirées jusqu’à présent, mais que nous devons encore identifier les liens entre les questions complexes de la consommation et de la production, de l’atténuation des changements climatiques et de la lutte contre la perte en biodiversité et de la pollution extrême.  Pour parvenir à l’objectif zéro émission dans le monde, il a été d’avis que toutes les parties prenantes doivent travailler ensemble et concourir à la recherche de solutions innovantes.  Nous avons besoin de tout un chacun, a-t-il martelé.  Il faut renforcer les compétences humaines pour une économie verte, a ajouté le Ministre.  Il a, enfin, appelé à tenir de véritables discussions sur ces sujets et à forger de véritables partenariats pour avoir des résultats après la COP26 et celle sur la biodiversité, puis la Conférence sur les océans de Lisbonne. 

M. MICHAEL MOUSSA ADAMO, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a déclaré que son pays a été de tous les combats du développement durable et de l’action climatique depuis la réunion de Stockholm de 1972.  Le Gabon a notamment créé 11 parcs nationaux et veille à préserver son capital naturel.  Il a aussi indiqué que son pays s’est engagé à parvenir à la neutralité carbone.  Le Ministre a salué l’engagement collectif pris pour restaurer la planète, tout en ajoutant que la route est encore longue.  Il a demandé la mise en place de mécanismes de financement en appui à cette transition écologique.  À Stockholm, travaillons ensemble à un monde plus durable, a-t-il conclu.

Mme LEILA CHIKHAOUI-MAHDAOUI, Ministre de l’environnement de la Tunisie, a dit qu’elle n’est pas étonnée que ce soit le pays de Dag Hammarskjöld qui montre la voie d’un « avenir vert ».  Il faut sauver la terre, a-t-elle dit.  Elle a précisé que le droit à un environnement sain est un droit constitutionnel en Tunisie.  Nous sommes en train d’élaborer une loi globale sur l’environnement, a déclaré la Ministre.  Elle a appelé à une accélération des efforts internationaux en la matière et souligné la nécessité d’y associer le secteur privé, les femmes et les jeunes.  La Ministre a appelé à honorer les promesses faites en matière de financement afin d’appuyer les efforts d’atténuation et d’adaptation pour un avenir vert. 

M. COLLINS NZOVU, Ministre de l’économie verte et de l’environnement de la Zambie, a déclaré que cette réunion arrive à point nommé pour faire le point sur notre lutte contre la triple crise planétaire –dérèglement climatique, perte de la biodiversité, pollution et déchets- qui menace le bien-être et la survie de millions de personnes dans le monde.  Après avoir souligné la volonté de la Zambie d’augmenter de 5% sa couverture forestière, le Ministre a appelé le monde développé à allouer davantage de moyens au monde en développement pour lui permettre de gagner la bataille de la transition énergétique

M. VAUGHN PETERSON MILLER, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles des Bahamas, a rappelé que les petits États insulaires en développement sont les plus touchés par les changements climatiques alors que leur empreinte carbone est infime.  Il a cité l’adoption d’une loi qui interdit les plastiques à usage unique aux Bahamas.  Pour le Ministre, il est nécessaire de prendre des actions significatives pour permettre aux peuples d’améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.

M. ARAM MEYMARYAN, Ministre adjoint de l’environnement de l’Arménie, a indiqué que les objectifs de développement durable sont inscrits dans la législation nationale de son pays.  Malgré les effets de la pandémie de COVID-19, nous respecterons les engagements pris en vertu des traités et protocoles internationaux, a-t-il assuré.  Après avoir souligné l’existence de plusieurs projets de reforestation dans son pays, le Ministre a annoncé que l’Arménie est prête à coopérer avec les États Membres et les organisations internationales et régionales pertinentes pour inverser les effets irréversibles des dommages des changements climatiques sur l’environnement.

M. NARZULLO OBLOMURADOV, Président du Comité étatique de l’écologie et de l’environnement de l’Ouzbékistan, a déclaré qu’une campagne nationale de reforestation a été lancée par son gouvernement, avec plus de deux millions d’arbres plantés aux abords de la mer d’Aral.  De plus, un fonds d’affectation spéciale pour cette zone constitue une plateforme utile pour le Gouvernement, les bailleurs de fonds et le secteur privé pour faire face aux conséquences dévastatrices des changements climatiques sur cette mer.  En 2021, une initiative verte a été lancée pour planter 200 millions d’arbres au cours des cinq prochaines années, et notamment accroître la couverture des zones vertes des villes, a-t-il également signalé en se félicitant aussi que les zones protégées en Ouzbékistan soient passées de 4 à 13% au cours des cinq dernières années.  D’ici à 2025, le Gouvernement a l’intention d’opérationnaliser des centrales électriques solaires et des éoliennes produisant de l’électricité à hauteur de 2 900 mégawatts, a-t-il encore signalé.

Mme NINO TANDILASHVILI, Vice-Ministre de la protection de l’environnement et de l’agriculture de Géorgie, a déclaré que la protection de l’environnement est une priorité de son pays, doté « de merveilleux paysages ».  Elle a mentionné les menaces pour la sécurité alimentaire posées par la guerre en Ukraine et apporté son soutien au peuple ukrainien.  La Géorgie a franchi une étape historique en demandant son adhésion à l’Union européenne, a dit la Vice-Ministre, en espérant une réponse positive.  Elle a cité les efforts visant à la mise en place d’une économie circulaire en Géorgie.  En conclusion, elle a souligné l’importance d’associer la société civile aux efforts pour un monde plus durable.

Mme ZULFIYA SULEIMENOVA, Vice-Ministre pour l’écologie, la géologie et les ressources naturelles du Kazakhstan, a déclaré que le « verdissement de l’économie » est une priorité de son pays.  Cette priorité a été incluse dans sa stratégie de développement en 2013.  Elle a souligné les effets dévastateurs des changements climatiques pour le Kazakhstan avec notamment une augmentation des températures.  Elle a aussi indiqué que son pays s’est engagé à parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2060.  En conclusion, la Vice-Ministre a plaidé pour une coopération internationale renforcée au service de la transition écologique.

Mme ANIKÓ RAISZ, Secrétaire d’État du Ministère de la technologie et de l’industrie de la Hongrie, a dit que la Constitution de la Hongrie met en exergue l’alliance du passé, du présent et du futur entre les générations de Hongrois.  Elle a vanté une législation environnementale ambitieuse et la création d’un poste d’ombudsman responsable des questions environnementales.  « Nous sommes un des rares pays qui ont diminué leurs émissions de gaz à effet de serre tout en augmentant la croissance économique », a dit la Ministre hongroise avant de préciser que l’équivalent de 1,3% du PIB est consacré au financement des questions environnementales.  Elle a aussi mis l’accent sur les efforts de reboisement en expliquant que la Hongrie s’est engagée à reboiser 30% de ses forêts et de planter chaque année 10 arbres pour chaque nouvelle naissance. 

Mme ILARIA FONTANA, Sous-Secrétaire d’État au Ministère de la transition écologique de l’Italie, a jugé nécessaire de faire « la paix avec la nature », même s’il sera difficile de le faire en un temps aussi court.  Le Vice-Ministre a plaidé pour l’adoption d’un modèle économique circulaire permettant l’autonomisation des acteurs clefs, y compris le secteur privé et la société civile.  L’Italie a fait sienne cette approche dans l’élaboration de sa première stratégie nationale pour une économie circulaire, a-t-il signalé.  Il a aussi mentionné les politiques adoptées par son gouvernement pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, privilégier les énergies renouvelables et remédier à la pollution plastique.  Le délégué a enfin insisté sur l’importance d’un lien plus étroit entre recommandations scientifiques et décisions politiques.  Combler le fossé entre science et politique environnementale est un préalable à toute réponse internationale, a-t-elle conclu.

M. FREDDY MAMANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, a rendu le système capitaliste sur lequel se fonde la société de consommation responsable de la dégradation de l’environnement.  Le temps est venu que tout un chacun s’engage à préserver la Terre nourricière, en œuvrant à la production d’énergies propres.  Dans le cadre des préparatifs de cette réunion de haut niveau, a expliqué le Vice-Ministre, le Gouvernement bolivien a consulté les organisations autochtones et paysannes nationales pour réfléchir à des solutions innovantes profitables à tous.

Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Sous-Secrétaire d’État chargée des affaires multilatérales et des droits humains du Mexique, après avoir rappelé l’attachement de son pays en faveur des ODD, a considéré qu’il faut progresser dans les négociations relatives à un traité mondial pour lutter contre la pollution plastique et dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Elle a par ailleurs souligné l’importance de mieux tenir compte de l’avis des organisations de femmes, pour lesquelles il est impérieux de gérer les ressources naturelles avec parcimonie.

M. RAUF HAJIYEV, Vice-Ministre de l’écologie et des ressources naturelles de l’Azerbaïdjan, a déclaré qu’une croissance verte est une priorité de son pays.  Plus de 10% de la superficie de l’Azerbaïdjan est classée en zones protégées.  Une cible de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre a également été fixée.  Le Vice-Ministre a indiqué que l’occupation par l’Arménie de certaines zones a abouti à leur dégradation écologique.  Mon gouvernement s’est engagé dans la restauration écologique de ces territoires libérés, a-t-il dit.  Leur reconstruction et « leur retour à la vie » sont notre priorité, a-t-il insisté, avant de saluer le rôle du PNUE.

M. MEHMET EMIN BIRPINAR, Vice-Ministre de l’environnement, de l’urbanisation et des changements climatiques de la République de Türkiye, a dit que son pays s’est engagé à parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a longuement détaillé les efforts entrepris pour combattre la pollution plastique, une priorité de son pays.  Les capacités de recyclage ont été augmentées de 23%.  En 2019, les sacs plastiques sont devenus payants, a-t-il précisé, en ajoutant que leur consommation a déjà baissé de 67%.  Nous travaillons aussi à la restriction des sacs plastiques à usage unique.  En conclusion, le Vice-Ministre a appelé à un renforcement de l’action internationale pour remédier à la triple crise planétaire et réaliser les ODD.

Mme SHARON IKEAZOR, Ministre de l’environnement du Nigéria, a souligné les difficultés que rencontre son pays face au dégradations liées aux changements climatiques.  Elle a évoqué en particulier la diminution du niveau de l’eau du lac Tchad dans le nord du pays, ainsi que l’érosion côtière et les inondations dans le sud qui affectent des zones habitées.  Au Nigéria, a-t-elle souligné, il existe déjà 17 parcs nationaux et 32 réserves ou sanctuaires.

M. JAVIER GUTIERREZ RAMIREZ, Secrétaire aux changements climatiques du Nicaragua et Vice-Ministre de l’environnement et des ressources naturelles, a mis la dégradation de « notre Terre mère » sur le compte de modèles « inhumains » de production et de consommation par les grandes économies.  « Si nous continuons à ne pas répondre efficacement à la crise environnementale et climatique, l’humanité pourrait inexorablement faire face à sa propre extinction », a-t-il mis en garde.  Aussi est-il devenu nécessaire de réfléchir et d’agir en fonction du principe de responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives de chaque État Membre.  Cette crise rend urgent pour les nations du monde entier d’adopter un modèle de civilisation où la nature et les êtres humains forment un tout, pour se substituer au modèle anthropocentrique dans lequel la Nature est au service des humains.  Il a donc encouragé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour réaliser un monde de compréhension, de paix, de justice, de solidarité et de développement durable, en équilibre avec la Nature.

M. PHOUVONG LUANGXAYSANA, Vice-Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la République démocratique populaire lao, a déclaré que, comme de nombreux autres pays en développement et pays moins avancés, son pays a souffert des effets des changements climatiques, alors que de nombreux Laotiens sont tributaires des ressources naturelles pour leur subsistance.  Conscient de cette menace, le Gouvernement a systématiquement intégré des mesures de riposte dans la politique nationale et les plans de développement, fixant plusieurs objectifs ambitieux pour parvenir à une croissance économique propre, inclusive, équitable et résiliente et atteindre zéro émission d’ici 2050.  Si par ailleurs le pays a l’intention d’augmenter la couverture forestière de 70% de son territoire d’ici à 2025, le Vice-Ministre a demandé une assistance technique et financière pour protéger sa biodiversité.

M. NATHAN GLASSEY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les mesures préliminaires prises à Stockholm il y a 50 ans et les nombreux efforts internationaux déployés depuis ont démontré que la communauté internationale peut s’accorder collectivement sur la voie à suivre.  Plaidant pour l’élaboration d’un nouveau traité international pour mettre fin à la pollution plastique, il a indiqué que son propre pays l’avait interdite en 2019.  De plus, le Gouvernement néo-zélandais annoncera bientôt ses premiers plans nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux changements climatiques.  L’intervenant a ajouté que les perspectives des communautés autochtones offrent de nouvelles façons de considérer l’environnement et de s’engager, affirmant que la reconnaissance de cette valeur est une étape importante pour relever les défis futurs.

Mme MONICA MEDINA, Sous-Secrétaire pour les océans et l’environnement international et pour les affaires scientifiques des États-Unis, a rendu hommage au peuple ukrainien, avant de rappeler le « moment révolutionnaire » qu’a été la conférence de Stockholm de 1972.  Il faut agir pour que le monde ne se noie pas dans le plastique, a-t-elle dit, en soulignant l’urgence de remédier à la pollution plastique.  Elle a demandé un accord international sur la pêche, ainsi que la fin des subventions aux industries fossiles.  Il nous faut en faire davantage maintenant car nous savons quelles seront les conséquences pour les générations futures, a-t-elle conclu.  « Nous devons agir pour nos enfants et nos petits-enfants. »

Mme BEATRICE ANYWAR ATIM, Ministre d’État pour l’environnement de l’Ouganda, a appelé au renforcement du multilatéralisme s’agissant de l’action environnementale.  La préservation des écosystèmes doit aller de pair avec le développement économique, a-t-elle rappelé.  Ainsi, l’Ouganda a adopté un programme de restauration sur 10 ans pour garantir la résilience tout en poursuivant le développement économique, a-t-elle assuré en parlant notamment de ce qui est fait pour délimiter des réserves forestières et préserver des littoraux et des bords de cours d’eau.  Elle a aussi détaillé l’action de son pays pour promouvoir des énergies renouvelables.  Nous vous demandons votre appui pour préserver aujourd’hui le climat de demain, a conclu la Ministre.

M. ALI ALGHAMDI, Président-Directeur général du Centre national de préservation de l’environnement de l’Arabie saoudite, a exprimé la détermination de son pays à lutter contre la pollution et la désertification et à promouvoir une Arabie saoudite verte par le biais d’un objectif de couverture végétale.  Il a déclaré que l’Arabie saoudite a mobilisé des fonds considérables pour pouvoir réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2040.  Il a aussi souligné les efforts menés pour garantir la fabrication d’énergie propre à partir du recyclage de CO2

M. KOUAKOU PARFAIT KOUADIO, Directeur de cabinet du Ministre de l’environnement et du développement durable de la Côte d’Ivoire, a rappelé que la santé de la planète passe par la stabilisation climatique, la neutralité de la dégradation des terres et l’arrêt de l’érosion de la biodiversité ainsi que de toute forme de pollution.  Pour cela, les solutions basées sur la nature et les approches basées sur les écosystèmes sont une « bouée d’oxygène », a-t-il analysé.  Selon lui, anticiper sur la dégradation des terres pourrait permettre, entre autres, de mieux produire et de produire plus afin de booster la prospérité.  Cette production sera accompagnée de la création d’emplois pour toutes les couches de la population, surtout les jeunes et les femmes.  La Côte d’Ivoire, « pays essentiellement agricole », a pris des mesures en ce sens, avec ses programmes de réhabilitation des forêts et d’agriculture amie de la forêt, a souligné le Directeur.  De plus, sa nouvelle politique forestière prend largement cela en compte, en introduisant le concept d’« agro-forêts ».  Le développement du mécanisme REDD+ constitue également un atout majeur dans ce sens, a-t-il ajouté.  Il a donc invité la communauté internationale, les partenaires au développement, les organisations de la société civile et le secteur privé, à une mobilisation massive et à ne ménager aucun effort pour mettre à disposition les ressources annoncées et celles à venir dans le cadre de l’exécution du Abidjan Legacy Program.

M. ABDULLAH BIN ALI AL AMRI, Président de l’Agence de l’environnement d’Oman, a dit que son pays a mis en œuvre de nombreux projets pour le recyclage des polluants.  Le Sultanat d’OMAN a créé des institutions de protection de l’environnement et des observatoires de suivi des politiques mises en œuvre, a-t-il fait valoir.  Il a également signalé que son pays décerne un prix de la préservation de l’environnement, avant de citer l’existence de 25 réserves naturelles dans son pays qui permettent de protéger toutes les espèces vivantes, particulièrement celles en voie de disparition.  Il a cité notamment la création de sanctuaires pour protéger les baleines à bosses et les dauphins, sans oublier la protection des espaces côtiers de nidification. 

Mme KATRIN SCHNEEBERGER, Secrétaire d’État et Directrice de l’Office fédéral de l’environnement de la Suisse, a recommandé de renforcer la gouvernance mondiale, en vue d’améliorer l’efficacité de l’action de la communauté internationale.  Nous avons aussi besoin d’un multilatéralisme renforcé, a-t-elle plaidé pour que l’intérêt commun prime sur les intérêts particuliers.  Elle a salué à cet égard la décision de lancer les négociations sur un futur instrument interdisant la pollution plastique.  Elle a aussi mis l’accent sur les technologies du rayonnement solaire, en invitant à travailler pour mieux comprendre cette ressource et en gérer les risques afin d’éviter des effets indésirables.  Il faut aussi renforcer le nexus entre la science et l’action politique, a-t-elle ajouté.

M. BEOB-JEONG KIM, Vice-Ministre au Bureau des changements climatiques et de la politique neutralité carbone au Ministère de l’environnement de la République de Corée, s’est félicité de voir que, depuis la tenue en 1972 de la précédente conférence sur l’environnement, la protection de celui-ci est devenue une priorité pour la communauté internationale.  Dans son pays, l’article 35 de la Constitution dispose que les peuples ont droit à un environnement sain et pur, à une gestion intégrée des eaux et à une expansion des zones protégées.  Il a annoncé que son pays avait établi une base solide pour mener une action pluridécennale, en privilégiant les synergies entre secteurs économiques.  Le multilatéralisme doit être la clef pour reconstruire les relations mises à mal par la pandémie, a ajouté le Ministre.

M. PREM KANDEL, Secrétaire du Ministère des forêts et de l’environnement du Népal, a indiqué que son pays est doté de nombreux massifs montagneux et de réserves hydriques, avant de souligner les effets des changements climatiques pour le Népal.  Les glaciers sont en train de fondre, a-t-il alerté.  Il a demandé un soutien financier et technique aux efforts d’adaptation et d’atténuation du Népal face à ces effets délétères.  Bâtissons une planète saine et une prospérité pour toutes et tous, a-t-il conclu.

M. TRAVIS SINCKLER, Secrétaire permanent adjoint au Ministère de l'environnement, de la vérification nationale, de l’économie bleue et verte de la Barbade, a rappelé que la conférence de 1972 avait marqué le début de l’activisme écologique.  La triple crise planétaire exige une action urgente et un nouvel esprit, a-t-il prôné, en appelant à la mise en œuvre des engagements internationaux.  Il a précisé que la Constitution de son pays prévoit un droit à un environnement sain.  La Barbade s’est engagée à parvenir à la neutralité carbone, a-t-il ajouté.  S’agissant des questions financières, il a appelé à honorer les promesses faites.

Au nom de l’Association des États de la Caraïbe, M. GEORGES DE LA ROCHE (Guatemala) a mis l’accent sur la notion de responsabilités communes mais différenciées à tous les niveaux, associée à des solutions basées sur la nature.  La mer des Caraïbes est un bien commun de nos peuples, elle joue un rôle d’unification de l’identité des pays de la région, a fait valoir le représentant.  Il a souligné la vulnérabilité particulière des petits États insulaires et des populations autochtones aux effets des changements climatiques.  « Nous devons augmenter les efforts d’adaptation. » Le représentant a appelé à des financements internationaux pour la mise en œuvre des programmes régionaux et pour associer les populations à la prise des décisions qui s’imposent au niveau local. 

Intervenant ensuite à titre national, il a mis l’accent sur l’importance des programmes d’éducation à l’environnement centrés sur les meilleures pratiques en matière de lutte contre les polluants dangereux, dont les polluants plastiques.  Il a jugé nécessaire de faire face à l’insuffisance des ressources financières au niveau national en promouvant la coopération internationale et des partenariats public-privés.

La Vice-Présidente de la Commission de l’environnement du Parlement de la République de Moldova a présenté les trois priorités 2022 de son pays pour lutter contre les effets négatifs des changements climatiques: la lutte contre les déchets, la protection de la qualité de l’eau et le reboisement.  S’agissant de l’objectif zéro déchets, il a cité leur valorisation grâce à l’économie circulaire et l’intention de réduire significativement les volumes de déchets enfouis.  Pour ce qui est de la qualité de l’eau, il a souligné l’importance d’une gestion efficace des ressources en eau, notamment la gestion des eaux usées et des ressources des fleuves transfrontaliers Dniestr et Prut, dans le cadre d’une collaboration avec les voisins ukrainien et roumain de Moldova.  Enfin, le Ministre a vanté une extension des zones reboisées de 100 000 hectares pour la période 2022-2031, avec 500 millions de nouveaux plants, en accord avec la Déclaration de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres.

Le représentant de Vanuatu a appelé à une transition verte « juste » qui prenne en compte les spécificités et les contributions des États insulaires du Pacifique particulièrement menacés par les effets des changements climatiques résultant de l’activité humaine.  Vanuatu, a-t-il précisé, a déclaré « l’état d’urgence climatique » le 27 mai 2022 en réclamant une protection juridique face aux conséquences climatiques.  À cette fin, le pays mène une campagne diplomatique afin d’obtenir un avis juridique de la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU, sur les conséquences du réchauffement climatique.

Le représentant des Îles Marshall a déclaré que les promesses importantes contenues dans la Déclaration de Stockholm de 1972 ont été trop longtemps négligées par les économies les plus puissantes, une « inertie » dont un pays comme le sien paie le prix sous la forme d’une montée inexorable des eaux.  Il a dénoncé le manque de volonté politique pour traduire dans la pratique les engagements pris au cours des 50 dernières années, en proposant pour y remédier de faire de l’obligation mutuelle de rendre des comptes un principe à l’avenir.

La représentante de l’Érythrée a déclaré qu’aucun pacte ou engagement renouvelé ne peut réparer les dommages causés à la planète « à moins que nous ne commencions à tenir nos promesses », avant de s’interroger sur les progrès réels réalisés au cours des 50 dernières années pour garantir une planète saine pour tous.  Pour sa part, l’Érythrée a interdit l’utilisation des sacs en plastique en 2005 et les habitants utilisent désormais des sacs en nylon ou en paille, dont beaucoup sont fabriqués localement, a indiqué la représentante.  Comme la plupart des pays de la région aux écosystèmes vulnérables, l’Érythrée fait partie de ceux qui sont le plus durement touchés par les changements climatiques.  Les sécheresses récurrentes, la pluviométrie imprévisible, les pénuries d’eau et les mauvaises récoltes qui en découlent éroderont la résilience des communautés et entraveront le développement durable si ces problèmes ne sont pas résolus, a-t-elle averti. 

Le représentant de Sri Lanka a appelé à des partenariats transfrontières afin de remédier à la triple crise planétaire.  Il a indiqué que la pollution et la perte en biodiversité sont des phénomènes bien réels dans son pays.  Il a mentionné les efforts du Sri Lanka pour y remédier, dont un plan d’action environnemental annuel.  Le pays s’est aussi engagé à parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il est crucial de renforcer les capacités des pays pour faire face aux catastrophes maritimes, a ajouté le représentant.  Enfin, il a demandé une réforme des critères d’accès à certains types de financement afin de mieux en prendre en compte la vulnérabilité des pays.

M. TSHERING GYELTSHEN PENJOR (Bhoutan) a souligné l’acuité de la triple crise planétaire, ainsi que la « responsabilité morale » de la communauté internationale d’y remédier.  La biodiversité du Bhoutan est préservée, s’est-il félicité.  Le Bhoutan séquestre davantage d’émissions carbone qu’il n’en émet.  Le délégué a toutefois insisté sur la fragilité de l’écosystème montagneux dans son pays, avant de demander un appui financier pour les pays en développement afin de réaliser les ODD et l’Accord de Paris.  Il nous faut des partenariats plus robustes dans certains secteurs clefs comme celui des transports, a-t-il conclu.

M. YUTAKA SHODA, Vice-Ministre de l’environnement du Japon, a dit l’importance de la coopération entre les secteurs privé et public pour parvenir à zéro émissions d’ici à 2050.  Le Japon, a-t-il assuré, appuie l’objectif 30x30 des Nations Unies, qui vise à protéger 30% des terres et 30% des océans à l’horizon 2030.  Les aires protégées doivent permettre de rééquilibrer la relation de l’humanité à la nature, de préserver la biodiversité et d’inverser la dégradation de l’environnement en restaurant les écosystèmes naturels.  Le représentant a en outre appuyé l’Alliance mondiale pour l’économie circulaire et l’utilisation efficace des ressources, ainsi que la création d’un comité intergouvernemental de négociations en vue d’adopter un accord juridiquement contraignant sur la pollution plastique.

Le représentant du Pérou a déclaré que son pays est l’un des plus vulnérables aux changements climatiques.  C’est pourquoi il se concentre sur le développement durable, en s’efforçant de réduire sa vulnérabilité, en cherchant à tirer le meilleur parti de sa biodiversité, à atteindre la neutralité carbone et à évoluer vers une économie circulaire, a expliqué le Ministre.  Ainsi, en janvier 2022, le Pérou a adopté une « déclaration d’urgence climatique » qui invoque l’urgence des mesures d’atténuation et d’adaptation faisant partie des contributions déterminées au niveau national, en mettant l’accent sur l’agriculture, les forêts, l’industrie, les déchets, l’énergie et la santé.  Son gouvernement promeut également l’utilisation durable de la biodiversité terrestre et marine, et encourage les écoentreprises et les bioentreprises à conserver des richesses naturelles, avec une distribution équitable des bénéfices générés pour réaliser notre viabilité économique et sociale.  Le représentant s’est félicité de la résolution visant à l’élaboration d’un accord international juridiquement contraignant d’ici à 2024 pour combattre la pollution plastique dans le monde, présentée par le Pérou et le Rwanda, réitérant son engagement en faveur de la négociation de cet important accord, sachant que depuis 2018, son pays dispose d’une loi qui réglemente le plastique à usage unique et les récipients ou emballages jetables. 

M. ALMAZ ISANOV, Chef du Département des affaires politiques, économiques et de la recherche du Gouvernement du Kirghizistan, a déclaré que son pays a l’intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  2022 sera l’année des écosystèmes montagneux dans son pays, qui a lancé une campagne de reforestation, a-t-il annoncé.  Il a plaidé pour des transferts de technologies plus systématiques aux pays en développement, tout en notant qu’il faut d’abord miser sur des moyens de transport plus propres. 

M. JAMES LARSON, Secrétaire adjoint au Ministère australien de l’agriculture, de l’eau et de l’environnement, reconnaissant la menace économique et sécuritaire que représentent les changements climatiques, a déclaré que son pays sait qu’il doit agir maintenant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, développer les technologies d’énergie propre et renforcer les efforts de résilience.  L’Australie prévoit de réduire ses émissions de carbone de 43% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, afin de devenir une « superpuissance » de l’énergie propre.  Il a déclaré que le Gouvernement s’efforcera de protéger l’avenir de la Grande Barrière de corail en investissant dans des mesures de restauration et de préservation du site, ainsi que dans des « actions concrètes » en matière de changements climatiques.  En outre, à la lumière des impacts des modes de consommation et de production non viables, le Gouvernement s’attachera à réduire les déchets et à stimuler le recyclage, a assuré M. Larson.  Il a ajouté que, les peuples des Premières Nations ayant une relation particulière avec l’environnement, leur voix est essentielle aux discussions dans ce domaine.

M. CUI AIMIN (Chine) a dit que le développement écologique est au cœur des efforts de son pays, la couverture forestière ayant notamment été augmentée de 20%.  Nous veillons aussi à améliorer la qualité de l’air, a dit le délégué.  Trois milliards de renminbis ont été consacrés à la préservation des écosystèmes en Chine.  Il a prôné des modèles de développement durable et appelé au respect des instruments internationaux.  Il est crucial de mobiliser les ressources nécessaires et de nouer des partenariats plus étroits, a conclu le délégué.

Le représentant du Paraguay a appelé à des mesures supplémentaires pour répondre à la triple crise planétaire qui menace l’existence même de l’humanité.  Nous devons gagner cette course contre la montre, a-t-il plaidé.  Il a détaillé les politiques de son pays en la matière, avec notamment un renforcement du cadre institutionnel chargé de promouvoir le développement durable.  Le Paraguay est ainsi l’un des principaux producteurs d’énergies renouvelables.  Le délégué a appelé à des responsabilités communes mais différenciées pour répondre à la crise climatique et demandé une aide financière accrue aux efforts d’atténuation et d’adaptation des pays en développement.

M. YOUSSOUPH DIALLO, Directeur des organisations internationales et de la mondialisation du Sénégal, a cité en exemple le Plan Sénégal Émergent Vert qui vise notamment à la reforestation durable du territoire national.  Mettant l’accent sur les liens entre changements climatiques et pauvreté, nutrition et migration, le représentant a appelé à une vision claire de la gestion de ces défis dans le temps.  « Plus qu’un cadre, l’Accord de paris est une espérance pour progresser vers une économie neutre en carbone et vers la résilience aux changements climatiques », a-t-il conclu. 

Le représentant de la Grèce a vanté l’importance du programme régional de protection de la mer Méditerranée avant de souligner les efforts de la Grèce pour transformer son économie afin de parvenir à une émission zéro nette en 2040.  « La Grèce va déclarer 30% de ses terres et de ses mers comme zone protégées d’ici à 2030 », a annoncé le représentant. 

La représentante de la Pologne, après avoir évoqué les difficultés que subit son pays du fait de la guerre en Ukraine, a parlé des plans d’adaptation urbaine qui ont été prévus pour ses 44 plus grandes villes.  Nous avons préparé un ensemble d’instruments financiers pour l’éducation des villes qui doivent se transformer, a-t-elle expliqué.  L’objectif est d’augmenter l’utilisation des ressources énergétiques renouvelables et de mettre au point un système de transports publics et individuels qui ne polluent pas.  La représentante a, enfin, rappelé que se tiendra en Pologne, à Katowice, du 26 au 30 juin 2022, le Forum urbain mondial sur le thème « Transformer nos villes pour un meilleur futur urbain ».

M. AHMED YOUDSSOUG HAMED, Directeur des changements climatiques et de l’environnement de la Somalie, a attiré l’attention sur le fait que son pays connaît l’une des pires sécheresses depuis 40 ans, une situation d’autant plus difficile qu’elle survient après trois sécheresses des plus importantes.  Il a prévenu que six millions de personnes ont actuellement besoin d’une aide d’urgence sur les plans humanitaire et alimentaire: « nous sommes proches d’une famine ».  Il a évoqué les inondations dévastatrices qui entraînent des pertes en récoltes et en vies.  Des conflits s’ajoutent à ces difficultés et viennent renforcer l’urgence d’agir pour l’action climatique, a-t-il plaidé.  Faisant remarquer que son pays contribue peu aux émissions de gaz à effet de serre, il a milité pour un financement climat plus accessible aux États en situation fragile.  Il a donc demandé aux pays émetteurs d’agir.

M. SINIŠA GRGIĆ (Croatie) a appelé à une action commune face à la triple crise du réchauffement climatique, de la perte en biodiversité et de la pollution.  Il a souligné la difficulté de bien saisir les conséquences à long terme de la pandémie de COVID-19 et plaidé pour la pleine application de l’approche « Une seule santé » afin de répondre à de futures pandémies.  Nous avons besoin d’ambition et d’unité dans la mise en œuvre des accords internationaux agréés sur la voie du développement durable, a déclaré le représentant.  Il s’est dit optimiste quant à l’issue des réunions du comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique.  En outre, M. Grgić a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en rappelant les milliers de civils tués et les très lourds dommages environnementaux qui en résultent.  La Russie doit immédiatement cesser son agression et retirer ses forces de l’Ukraine, a-t-il conclu.

Le représentant de la Slovénie a salué la contribution du PNUE à la protection de l’environnement.  Il a dénoncé « l’effroyable agression » de l’Ukraine par la Russie, avant d’appeler à remédier à la triple crise planétaire.  Réalisons les ODD avant que ceux-ci ne soient hors de portée, a dit le délégué.  En conclusion, le délégué de la Slovénie a plaidé pour une action climatique ambitieuse et pour des politiques de développement qui soient en harmonie avec la nature.

Le représentant des Tuvalu a averti que le monde est en passe d’échouer dans la réalisation de ses objectifs climatiques.  Les Tuvalu ont interdit les exportations et les importations de plastique à usage unique et ont annulé des permis accordés pour des extractions dans les fonds marins.  Les combustibles fossiles sont la plus grave menace environnementale, a déploré le délégué, en appelant à régler la crise climatique à sa racine.  Il a ainsi demandé une élimination progressive des énergies fossiles.  « Les pays riches doivent être les premiers à agir et fournir des financements aux pays en développement », a-t-il conclu, en insistant sur l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées.

La représentante du Costa Rica a expliqué que son pays a aboli son armée pour réorienter les dépenses militaires vers le développement durable, dont le financement des systèmes d’éducation et de sécurité sociale universels.  Elle a indiqué que son pays a inversé dans les années 80 la tendance à la déforestation pour atteindre aujourd’hui une couverture forestière de 52% du territoire national, avec un objectif de 70% de couverture forestière d’ici à 2030.  Après avoir dit la nécessité de protéger 30% des océans mondiaux d’ici à 2030, elle a cité la mise en place d’un plan national de décarbonisation 2018-2050 et d’un plan national d’adaptation 2018-2050.

La représentante du Yémen a mis l’accent sur les conséquences des insuffisances alimentaires sur la santé.  Le Yémen, a-t-elle fait valoir, a besoin du soutien du monde pour faire face à « l’arrogance » des milices qui menacent son environnement marin et sa biodiversité.  Elle a mis en garde contre les risques de pollution majeure liés à la destruction de navires par des groupes armés.

Mme ILZE RŪSE (Lettonie) a indiqué que son pays présentera cet été au Conseil économique et social (ECOSOC) son deuxième examen national volontaire sur la mise en œuvre des ODD.  Elle a reconnu l’importance de promouvoir l’économie circulaire.  Au cours des dernières années, a expliqué la déléguée, la Lettonie a déployé de grands efforts pour mettre en œuvre le Pacte vert pour l’Europe, faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 et renforcer la coopération au niveau mondial.  Sachant qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix, « la Lettonie condamne fermement l’agression militaire non provoquée de la Russie contre l’Ukraine et exprime sa profonde préoccupation quant à ses conséquences mondiales ».

La représentante de l’Afrique du Sud s’est inquiétée des dégâts croissants causés par les conséquences de changements climatiques non maîtrisés avant de citer les défis liés à la triple crise environnementale.  Elle a préconisé des solutions multilatérales pour aider les pays en développement à réussir leur transition verte et à mener à bien un développement sobre en carbone. 

Le représentant de la Fédération de Russie a invité le PNUE à travailler plus étroitement avec les pays en développement et les pays les moins avancés en tenant compte de leurs spécificités nationales.  Le PNUE doit faire avancer la culture de la production et de la consommation viables, a estimé le représentant en dénonçant « le mode de consommation de l’Occident ».  Il a demandé le respect du principe de la représentation juste des pays en développement au sein du PNUE avant de critiquer la « politisation » du Programme qui manque de ressources pour réaliser son mandat.  « Le PNUE ne doit pas être transformé en un instrument de protectionnisme vert », a-t-il averti. 

La représentante du Conseil de l’Europe, a appelé à poursuivre le travail entamé à Stockholm en 1972.  Elle a salué la jurisprudence récemment développée par la Cour européenne des droits de l’homme dans le domaine de l’environnement.  De plus, a-t-elle rappelé, le Conseil de l’Europe a adopté la Convention européenne sur le paysage, d’après laquelle le paysage est une composante essentielle du cadre de vie harmonieux des populations.  Elle a évoqué à ce sujet un programme d’éveil des jeunes aux questions de l’environnement, aux beautés et aux richesses naturelles qui les entourent.

La représentante de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (CEMN), a rappelé que celle-ci avait, en 2012, adopté la Déclaration conjointe de Belgrade sur les changements climatiques et l’économie verte, en tant que contribution à Rio+20.  L’idée est d’assurer le développement durable et la sécurité énergétique de la sous-région, a-t-elle indiqué. 

La représentante de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a plaidé en faveur d’une action climatique renforcée.  Pour cela, a-t-elle précisé, il faut une démarche intégrée découlant d’une approche axée sur le respect de la nature.  Le financement d’une telle action doit devenir plus prévisible et plus souple, a-t-elle exhorté, avant de conclure qu’il est temps d’agir.

Le représentant de l’Université de la paix, a déclaré que l’Université met l’accent sur l’éducation des jeunes dans le domaine de la conservation et de la gestion durable des ressources naturelles, en coopération avec d’autres agences pertinentes des Nations Unies.  Selon lui malheureusement, l’éducation est un outil sous-utilisé pour sensibiliser la jeunesse aux enjeux de la crise environnementale et de la dégradation de nos ressources.

La représentante du Secrétariat de la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone et du Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, a évoqué le travail de son secrétariat qui a permis d’éliminer l’utilisation de plus de 99% des produits ayant menacé la couche d’ozone.  La Convention de Vienne, s’est-elle félicitée, a montré qu’il était possible de passer en trois décennies d’une menace existentielle à la réparation du trou de la couche d’ozone grâce à un multilatéralisme réussi et une coopération exemplaire entre secteurs public et privé et avec le monde universitaire et la société civile. 

Le représentant de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré que les voix des citoyens doivent être entendues lors des débats sur la transition socioéconomique et sur l’équité intergénérationnelle.  Il a indiqué que les démocraties sont plus efficaces contre les changements climatiques lorsqu’elles font le choix de la liberté d’expression, d’une société civile active et de processus électoraux transparents.  Le renforcement de la gouvernance démocratique est crucial pour la réalisation des ODD, a-t-il dit, tout en reconnaissant le défi sérieux pour les démocraties que posent les changements climatiques.  Les efforts pour protéger et appuyer les institutions démocratiques doivent être renforcés afin de s’assurer que la prochaine décennie d’action climatique soit inclusive, juste et couronnée de succès, a-t-il conclu.

La représentante du Secrétariat de la Convention de Minamata sur le mercure, a vanté le plus récent traité mondial sur l’environnement.  La Convention de Minamata traite du mercure dans de nombreux secteurs et à chaque étape du cycle de vie, a-t-elle expliqué.  Cet instrument est « intelligemment conçu et entièrement réalisable ».  L’intervenante a dit s’attendre à ce que dans une vingtaine d’années, il n’y ait plus de nouvelle pollution au mercure.  Elle a rappelé que des victimes de la maladie de Minamata, causée par un empoisonnement au méthylmercure provenant des rejets d’usines chimiques, avaient envoyé leur représentant à Stockholm en 1972 avec pour mission d’être vus et entendus.  Ils ont joint leurs voix à celles d’autres groupes de la société civile et des peuples autochtones pour appeler à une action fondée sur des preuves, axée sur l’équité et sensible au genre.  Le mercure est si nocif pour la santé humaine et l’environnement qu’il n’y a qu’une seule voie plausible: éliminer progressivement son utilisation et ses émissions.

Le représentant de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE), a souligné l’importance de l’engagement des États Membres à dialoguer entre eux et avec leurs partenaires socioéconomiques sur les questions relatives à l’environnement.  Nous devons fournir une aide technique à nos partenaires, fondée sur des données scientifiques, a-t-il dit en demandant plus de synergie transversale, notamment entre les institutions des Nations Unies.  Le délégué s’est réjoui de la tenue de la neuvième Conférence ministérielle de la CEE cette année sur les thèmes des infrastructures durables et de l’économie touristique durable, qui aura lieu à Chypre.  Il a demandé aux États Membres de renforcer les politiques fondées sur des données scientifiques. 

Le représentant d’ONU-Habitat, a rappelé que le parc immobilier de nos villes et villages pourrait bien doubler d’ici à 2050.  Malheureusement, a-t-il observé, les modèles de développement favorisent de plus en plus l’étalement urbain, la ségrégation et la privatisation, aggravant les émissions, réduisant l’habitat naturel et reléguant les pauvres des villes dans des établissements informels.  Faire les choses correctement offre de nombreuses synergies, a-t-il plaidé, en exhortant les gouvernements à adopter les politiques nationales et les programmes internationaux nécessaires pour promouvoir des systèmes et des dynamiques urbains sains.  Il doivent œuvrer de concert à l’élimination de subventions perverses, a-t-il ajouté. 

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a fait valoir les programmes et les normes établis par la FAO dans les domaines relatifs à l’alimentation et à l’agriculture, qui ont été mis en œuvre.  Notant que ces deux domaines ressentent de manière disproportionnée l’impact négatif de la crise environnementale, elle a estimé que les systèmes agroalimentaires doivent également être considérés comme une partie de la solution.  Il est essentiel d’accroître leur viabilité et leur résilience pour lutter contre la faim et la sous-alimentation dans un monde qui comptera bientôt 10 milliards d’habitants, a-t-elle souligné, ajoutant qu’il n’est pas possible de bâtir un avenir économiquement sûr ou d’imaginer un développement durable sur une planète en mauvaise santé.  Elle a donc appelé à des solutions scientifiques centrées sur l’homme pour soutenir les petits exploitants agricoles, les populations autochtones, les femmes et les jeunes.

La représentante de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a jugé indispensable que les 2,9 milliards de personnes qui n’ont pas accès aujourd’hui à Internet puissent bénéficier demain de moyens de communication.  « Car nous aurons besoin de davantage de ressources si cette question n’est pas traitée », a averti la représentante.  Elle a évoqué les efforts de l’UIT pour promouvoir l’économie circulaire et aider le secteur de la télécommunication à réaliser les objectifs de Paris et les objectifs de développement durable (ODD). 

La représentante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rapporté que le PNUD et ses partenaires avaient facilité des consultations nationales dans plus de 50 pays dans le cadre des préparatifs de Stockholm+50.  Ces consultations ont abouti à une série de recommandations, dont un appel à des partenariats plus solides et à de meilleurs moyens de mise en œuvre, y compris le renforcement des capacités, le transfert de technologie, la numérisation et la coopération Nord-Sud et Sud-Sud.  De même, l’accent a été mis sur le renforcement de la gouvernance environnementale pour améliorer la participation, l’accès à l’information, la connaissance des risques et la confiance.  Enfin, la représentante a reconnu l’importance d’améliorer les connaissances des femmes, des jeunes, des peuples autochtones, des communautés locales, des personnes handicapées et d’autres groupes.

La représentante du Secrétariat de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, s’est réjouie de la création de normes internationales de conservation de l’environnement y compris des espèces migratrices.  La Convention sur la conservation des espèces migratrices a été élaborée en vue de protéger les espèces qui sont menacées alors qu’elles contribuent à l’économie mondiale et locale, a-t-elle observé.  Elle a jugé la situation actuelle insatisfaisante parce que les hommes continuent la destruction des habitats naturels et surexploitent les ressources naturelles.

Le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a demandé une action urgente en faveur du droit à un environnement sain, durable et propre.  Il a exigé la protection des défenseurs des droits et de l’exercice de ces droits.  Nous avons besoin d’engagements et d’actions fondés sur le droit, a-t-il martelé avant de demander également un financement suffisant pour préparer l’adaptation et pour réparer les pertes et les dommages. 

La représentante du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a rappelé qu’un engagement supplémentaire avait été pris en faveur de la biodiversité, un cadre mondial post-2020 qui sera présenté pour adoption lors de la quinzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique plus tard cette année.  Il s’attaquera non seulement aux facteurs directs de la perte de biodiversité, mais aussi aux causes sous-jacentes qui résident dans des modes de production et de consommation non viables.  En l’absence d’un cadre ambitieux pour la biodiversité, assorti de moyens de mise en œuvre adéquats, la réalisation des objectifs mondiaux sera compromise, a mis en garde l’intervenante.

La représentante de l’Organisation internationale de droit du développement, a reconnu que l’esprit de la Déclaration de Stockholm est toujours présent au sein de la communauté internationale.  La justice, les droits humains et l’équité sont intimement liés aux causes des changements climatiques et aux solutions pour les atténuer.  Soulignant le rôle fondamental de l’état de droit dans la construction d’un avenir plus vert, l’intervenante a déclaré qu’il favorise la gouvernance inclusive des ressources naturelles et donne davantage de pouvoir aux communautés locales et à celles et ceux qui sont le moins en mesure de défendre leurs droits.  L’état de droit est essentiel pour donner aux femmes et aux filles les moyens de participer aux actions en faveur du climat, a-t-elle ajouté, précisant qu’il constitue également une base efficace pour la coopération nécessaire aux niveaux international et régional et au sein de la société civile. 

La représentante d’un premier groupe de jeunes a fait passer des messages provenant de six régions du monde en mettant l’accent sur la nécessité de développer l’économie circulaire ainsi qu’un « indice du bonheur » pour mesurer le bien-être des populations.  Elle a dit que les activités minières ne doivent être menées que dans les conditions les plus strictes en tenant compte de l’avis éclairé des populations locales concernées.  Il faut faire du droit à un environnement propre une réalité, a-t-elle résumé. 

Dans le même esprit, le représentant équatorien d’un autre groupe de jeunes a mis l’accent sur l’importance d’une éducation verte avant de souhaiter que les messages clefs du rapport des consultations régionales des jeunes figurent aux conclusions de la réunion Stockholm+50.

Le représentant du Groupe interconfessionnel a fait remarquer que la crise actuelle est une crise humaine et existentielle, qui est alimentée par la cupidité et l’apathie.  Il a affirmé le rôle crucial que les chefs religieux doivent jouer dans la gouvernance et l’élaboration des politiques mondiales.  Les traditions religieuses ont des capacités uniques pour convaincre et rassembler, a-t-il déclaré, appelant la communauté internationale à reconnaître le rôle des valeurs spirituelles dans la lutte pour la sauvegarde de l’environnement.  Il a, enfin, demandé que « l’écocide » soit reconnu comme un crime.

La représentante du Groupe des femmes et de l’égalité des genres a réclamé une place pour les femmes à la table des négociations sur les questions environnementales et climatiques, sur un pied d’égalité avec les hommes.  Elle a aussi appelé à l’élaboration de plans d’action nationale sur les genres et les climats.  Elle a aussi recommandé de prévoir des systèmes de protection sociale en faveur des femmes.

La représentante suédoise du Groupe des peuples autochtones, représentant les jeunes du peuple Sami, a estimé que les actions pour la protection de la vie sur Terre n’ont pas été suffisantes, même après 50 ans d’action climatique.  Elle a appelé à changer de paradigme en matière de conservation et a demandé de reconnaître le rôle des peuples autochtone pour conserver nos terres.  Les États doivent agir pour tenir leurs engagements au titre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle recommandé, demandant que l’on respecte notamment leurs systèmes alimentaires.  Elle a prôné un partenariat avec les peuples autochtones pour élaborer et mettre en œuvre les plans et mesures d’action en faveur de l’environnement, notamment pour protéger les terres.

Une autre représentante du Groupe des peuples autochtones, du Kenya, a jugé essentiel de respecter toutes les exigences énoncées par plusieurs peuples, pour le cadre de la biodiversité.  Elle a demandé aux États Membres d’honorer leurs annonces de contributions financières à cet égard.  Elle a appelé à respecter la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ainsi que la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux.  Nous allons continuer à veiller à ce que les droits de l’homme soient respectés, a-t-elle conclu en assurant vouloir travailler avec les autres groupes importants sur ces questions.

Le représentant des autorités locales a mis l’accent sur l’importance de la prise de décisions au niveau local en citant en exemple le statut d’autonomie des îles Aland de la Finlande, un archipel peuplé de 30 000 habitants.  « Il faut penser globalement, mais agir localement », a-t-il déclaré, en demandant que les populations locales soient dotées des capacités de décider.

Le représentant de la communauté des scientifiques a jugé nécessaire de redéfinir les liens que nous entretenons avec la nature en surmontant les obstacles structurels qui empêchent les progrès.  La science est indispensable pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il insisté.

Deux représentantes du Groupe des jeunes et des enfants ont demandé que les jeunes soient présents autour des tables de négociations sur l’environnement, en particulier les jeunes issus du Sud.  Elles ont demandé des actions immédiates aux États en vue de protéger tous les écosystèmes, de soumettre les crimes environnementaux à la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI), de créer des emplois verts, et de mettre un terme l’utilisation de l’énergie fossile.

Le représentant du Groupe des entreprises et des industries a appelé à faire face aux mesures d’incitation négatives et à arrêter les subventions dans les énergies fossiles, pour au contraire garantir le droit à un environnement sain, propre et équitable, et la justice climatique.  Il a demandé une transparence accrue sur les marchés des capitaux. 

Le représentant norvégien du Groupe du consortium et des collections s’est remémoré avoir participé en tant que stagiaire à la conférence de 1972, première conférence intergouvernementale à avoir permis à la société civile de s’adresser à la plénière quotidiennement pour améliorer la performance environnementale.  Il a rappelé à cette occasion que le droit de participation de la société civile doit être protégé.  Il a parlé du « Récit environnemental des peuples » qui sera rendu public en septembre, grâce au soutien de la Norvège, de la Suède et des Nations Unies, un rapport structuré autour de sept thèmes dont la justice environnementale et l’éducation à l’environnement.  Il a demandé que ce rapport soit adjoint à celui de la présente conférence.  Après avoir présenté ce document qui contient 20 pages de recommandations pour renforcer le PNUE, cet historien a demandé de ne pas se reposer sur nos lauriers.

La représentante de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a prôné des solutions basées sur la nature telles que définies en 2016 et attiré l’attention sur l’importance de la collaboration, de l’adaptation et de l’innovation.  Elle a plaidé pour le multilatéralisme, la paix et l’environnement.  Elle a dit être inspirée par le thème retenu en 1972 –« nous n’avons qu’une planète »- et a souligné que, un demi-siècle plus tard, tout cela est encore vrai.  Nous avons besoin d’actions courageuses pour changer de modes de production et de consommation, et pour dépenser moins en combustibles fossiles, a-t-elle plaidé en demandant de rediriger les ressources vers des solutions basées sur la nature.

Droits de réponse

Le représentant de l’Arménie a répondu à la déclaration de son homologue de l’Azerbaïdjan à cette réunion, jugeant malheureux que celui-ci utilise cette opportunité pour exprimer une propagande anti-arménienne.  La situation en Arménie est très difficile, surtout depuis deux ans, a-t-il fait valoir en parlant, en plus de la pandémie de COVID-19, de la guerre au Haut-Karabakh et de l’utilisation d’armes interdites en droit international.  Cela a causé des dommages à l’environnement, notamment aux sols et à l’air, a-t-il fait remarquer.  L’utilisation de la force ne peut pas être légitime, a-t-il martelé.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a protesté contre l’exercice du droit de réponse de l’Arménie en y voyant une « tentative ratée de nier les faits ».  Il a demandé à l’Arménie de ne plus utiliser le nom « Haut-Karabakh » mais de parler de territoire de l’Azerbaïdjan.  Nous avons souffert des effets dévastateurs de la guerre de l’Arménie dans les années 90, a-t-il témoigné en rappelant qu’il a été demandé un retrait complet des forces des territoires occupés d’Azerbaïdjan.  La fin de l’occupation des territoires de l’Azerbaïdjan a mis en évidence l’écocide mené par l’Arménie pendant l’occupation, a-t-il affirmé en dénonçant « l’exploitation barbare des ressources naturelles ».  Il a conclu en plaidant pour une coopération dans le Sud Caucase et des relations de bon voisinage.

Clôture de la réunion internationale Stockholm+50

La cérémonie de clôture de Stockholm+50 a entendu la présentation du rapport de la Commission de vérification des pouvoirs par la Présidente de cet organe, Mme ANNA KARIN ENESTRÖM, dont elle a adopté le projet de résolution, ainsi que des résumés des trois dialogues multipartites de haut niveau tenus sur les thèmes suivants: Réfléchir au besoin urgent d’agir en faveur d’une planète saine et de la prospérité de toutes et de tous; Parvenir à un relèvement durable et inclusif après la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19); Accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable dans le cadre de la Décennie d’action et de réalisations en faveur des objectifs de développement durable. 

Ces résumés ont été présentés par les coprésidents des dialogues, respectivement M. GUSTAVO MANRIQUE, Ministre de l’environnement, de l’eau et de la transition écologique de l’Équateur, M. TRI THARYAT, Directeur général de la coopération multilatérale de l’Indonésie; et Mme YASMINE FOUAD, Ministre de l’environnement de l’Égypte.

Sous des applaudissements nourris, la conférence a adopté le projet de rapport de ses délibérations en gardant à l’esprit que ce rapport sera finalisé ultérieurement conformément à la pratique établie par les Nations Unies.

La réunion internationale a ensuite entendu les résumés des discussions des séances plénières, par ses deux coprésidents.

Mme ANNIKA STRANDHÄLL, Ministre du climat et de l’environnement de la Suède, a présenté la première partie du résumé au nom de la Secrétaire générale de Stockholm+50, Mme INGER ANDERSEN.  Elle a rappelé que ce que nous avons commencé à construire en 1972 n’a cessé de se renforcer au cours des décennies.  Elle a dit que les droits fondamentaux de la personne à un environnement sain ne peuvent plus attendre parce que les crimes contre la nature sont des crimes contre les générations futures.  Dans ce contexte, elle s’est dit attristée de voir que plus de 200 défenseurs de l’environnement ont été tués en 2022 parce qu’ils défendaient les droits de l’eau, de l’air et de la terre.  Elle a aussi déclaré que la décarbonisation ne peut plus attendre et que si tout le monde ne peut pas prendre le train en même temps, tout le monde devrait pouvoir mener ce voyage pour arriver à destination.  Elle a mis l’accent sur le potentiel de la jeunesse en précisant que le nombre de jeunes, estimé à un milliard aujourd’hui, augmentera de 70% d’ici à 2050.  Elle a plaidé pour que nous nous engagions à faire ce que nous devons faire afin d’éviter que la triple crise environnementale ne s’accélère avec le risque de rendre notre monde moins équitable et moins prospère.

M. KERIAKO TOBIKO, Secrétaire de cabinet au Ministère de l’environnement et des forêts du Kenya, et Coprésident de Stockholm+50, a rappelé que nous n’avons pas de planète B.  Les préparatifs de la conférence se sont concentrés d’abord sur les chances, les possibilités et la confiance dans le renforcement de la solidarité, a-t-il indiqué.  Les deux autres thèmes étaient le rétablissement après la pandémie et la connexion pour construire des ponts au-delà des programmes et repenser les mesures du bien-être.  Il faut un nouveau bien-être commun, a-t-il dit, soulignant donc que cette conférence n’était pas seulement pour commémorer mais aussi pour construire en mieux.  Sur la base des leçons apprises depuis 1972, nous sommes venus ici avec l’esprit ouvert, prêts à accélérer la réalisation des engagements communs et la réalisation des sociétés, a-t-il dit.  Il s’est félicité du processus préparatoire, avec des groupes de travail informels, des consultations régionales ainsi que la réunion préparatoire tenue à New York.  Avec le pouvoir du multilatéralisme, il a appelé à investir dans un monde meilleur.  L’autre moteur est l’inclusion, a-t-il poursuivi en félicitant l’équipe spéciale de la jeunesse.  Les dirigeants de demain et ceux d’aujourd’hui doivent être écoutés quand ils prennent une décision qui affecte l’avenir, a-t-il conclu.

Mme INGER ANDERSEN, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui est également Secrétaire générale du Stockholm+50, a fait remarquer que beaucoup de chemin a été parcouru en 50 ans et que le temps est venu d’agir.  Elle a cité les actions qui ne peuvent pas attendre, dont en premier lieu garantir le droit humain à un environnement sain.  Elle a regretté à cet égard que de nombreux défenseurs des droits environnementaux aient été tués ces dernières années.  Elle a ensuite appelé de ses vœux la mise en place d’une économie circulaire et de solutions fondées sur la nature.  La décarbonisation ne peut pas attendre non plus, a ajouté la Directrice exécutive qui a exhorté à respecter l’engagement de financement.  Elle a rappelé que le monde compte plus de un milliard de jeunes dont la voix doit être entendue.  Un environnement malade ne peut pas être bénéfique pour les jeunes, a-t-elle argué.  « Si nous ne changeons pas, la triple crise ne fera que s’accélérer », a averti la Directrice exécutive.  Rappelant que la conférence de 1972 était à l’origine de la création du PNUE et du multilatéralisme environnemental, elle a misé sur ce qui peut être fait à partir de Stockholm en 2022 et averti que cela est « entre nos mains ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité condamne tous les groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo et les exhorte à participer au dialogue interne

9055e séance - matin
CS/14922

Le Conseil de sécurité condamne tous les groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo et les exhorte à participer au dialogue interne

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle adoptée ce matin, a exhorté tous les groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo à participer sans condition au dialogue interne à la République démocratique du Congo ouvert par le Président Félix Tshisekedi et le Président Uhuru Kenyatta.

Préoccupé par l’intensification de l’activité de ces groupes armés dans les provinces orientales du pays, le Conseil condamne notamment le M23, la Coopérative pour le développement du Congo, les Forces démocratiques alliées, les Forces démocratiques de libération du Rwanda, la Résistance pour un état de droit (RED Tabara), les groupes Maï-Maï et plusieurs autres groupes armés nationaux et étrangers. 

Il condamne également les attaques récemment perpétrées contre les Forces armées de la République démocratique du Congo et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), et demande instamment à tous les groupes armés nationaux de mettre immédiatement fin à toute forme de violence, de se dissoudre définitivement, de déposer les armes et de participer au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  De même, il exhorte tous les groupes armés étrangers présents en République démocratique du Congo à se désarmer et à retourner immédiatement et sans condition dans leurs pays d’origine respectifs. 

Le Conseil se déclare également préoccupé par la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo, qui est aggravée par l’insécurité généralisée, notamment les activités déstabilisatrices des groupes armés et les attaques prenant les camps de personnes déplacées pour cible.

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Texte de la déclaration présidentielle S/PRST/2022/4

Le Conseil de sécurité se félicite de l’évolution positive de la situation politique en République démocratique du Congo et de la tenue du deuxième conclave des chefs d’État de la région sur la République démocratique du Congo à Nairobi, le 21 avril 2022.  Il salue également l’engagement des chefs d’État de la région à suivre une approche à deux volets pour instaurer une paix durable en République démocratique du Congo et le soutien apporté à ce processus par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs.

Le Conseil se déclare préoccupé par l’intensification de l’activité des groupes armés dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo et condamne derechef tous les groupes armés opérant dans le pays, notamment le M23, la Coopérative pour le développement du Congo, les Forces démocratiques alliées, les Forces démocratiques de libération du Rwanda, la Résistance pour un état de droit (RED Tabara), les groupes Maï-Maï et plusieurs autres groupes armés nationaux et étrangers. Il condamne également à nouveau les attaques récemment perpétrées contre les Forces armées de la République démocratique du Congo et la MONUSCO.

Le Conseil exhorte tous les groupes armés opérant dans l’est de la République démocratique du Congo à participer sans condition au dialogue interne à la République démocratique du Congo ouvert par le Président Félix Tshisekedi et le Président Uhuru Kenyatta.  Il demande instamment à tous les groupes armés nationaux de mettre immédiatement fin à toute forme de violence, de se dissoudre définitivement, de déposer les armes et de participer au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  Il exhorte en outre tous les groupes armés étrangers présents en République démocratique du Congo à se désarmer et à retourner immédiatement et sans condition dans leurs pays d’origine respectifs.  Il souligne que l’élimination de la menace posée par les groupes armés étrangers nécessitera une approche intégrée à l’échelle régionale et une forte volonté politique et demande la mise en œuvre des mesures non militaires prévues par le Groupe de contact et de coordination.

Le Conseil est d’avis que le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation est un important outil de consolidation de la paix et engage tous les partenaires internationaux, y compris la communauté internationale, les organismes des Nations Unies, conformément à leurs mandats, ainsi que les institutions financières internationales, à fournir d’urgence un soutien adéquat et opportun à l’exécution rapide et efficace de la démobilisation, du désarmement et de la réintégration des ex-combattants éligibles, coordonnée dans le cadre du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  Il demande que les besoins et le vécu des femmes et des jeunes ainsi que la protection des droits de l’enfant continuent d’être pris en considération comme un aspect incontournable de ces processus.

Le Conseil se déclare préoccupé par la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo, qui est aggravée par l’insécurité généralisée, notamment les activités déstabilisatrices des groupes armés et les attaques prenant les camps de personnes déplacées pour cible.  Il demande au Gouvernement de la République démocratique du Congo de s’attaquer aux facteurs sous-jacents qui contribuent à la situation humanitaire actuelle et aux partenaires d’accroître leur soutien au Gouvernement dans cet effort.  Il engage la République démocratique du Congo et les États Membres de la région à mettre en place des solutions durables pour les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, notamment leur retour volontaire, sûr et digne et leur réintégration dans leur communauté d’origine.

Le Conseil demeure profondément préoccupé par le grand nombre de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire dans certaines parties du pays et exhorte le Gouvernement de la République démocratique du Congo à amener les personnes responsables de violations du droit international humanitaire ou de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits à répondre de leurs actes, y compris en cas de violences sexuelles et fondées sur le genre perpétrées de façon systématique.

Le Conseil constate les progrès accomplis dans la réalisation des engagements nationaux et régionaux pris au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région et engage les pays de la région à tirer parti de l’élan actuel pour avancer encore dans le règlement des problèmes qui font obstacle à la paix et au développement durable.  Il engage les parties à poursuivre leurs efforts visant à désamorcer les tensions et à s’abstenir de toute déclaration incendiaire et de toute incitation à la violence et se félicite de la contribution des mécanismes régionaux existants, notamment le Mécanisme conjoint de vérification élargi, pour ce qui est de faire la lumière sur les allégations d’activités militaires transfrontières non autorisées.

Le Conseil souligne que l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles contribuent à alimenter les conflits dans le pays et la région.  Il encourage une application rapide des recommandations formulées lors l’atelier de haut niveau tenu à Khartoum, afin de lutter contre le financement des groupes armés par l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles.  Il engage en outre les États Membres de la région à instaurer des systèmes internes de contrôle, de surveillance et de vérification des ressources naturelles dans la région, ainsi qu’à intégrer les dispositions des accords régionaux dans leurs lois et pratiques nationales afin d’éliminer le commerce illicite de minéraux.  Le Conseil réaffirme qu’il existe un lien entre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles et l’acquisition et le trafic illicites d’armes légères et de petit calibre et que ce lien alimente et exacerbe les conflits armés dans la région.

Le Conseil souligne l’importance du développement socioéconomique pour le maintien de la paix en République démocratique du Congo et réaffirme qu’il reste attaché, en collaboration avec les acteurs régionaux et les partenaires internationaux, à la promotion de la paix, de la stabilité et du développement dans le pays et la région.

Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.  Il réitère tout son soutien à l’action de stabilisation menée par la MONUSCO, dans le respect des principes de base du maintien de la paix et de son mandat tel que défini dans la résolution 2612 (2021) du Conseil, et exprime sa profonde reconnaissance aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à la Mission.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.