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Conseil de sécurité: le rôle des organisations régionales mis en avant dans la réalisation des objectifs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

9064e séance - matin & après midi
CS/14932

Conseil de sécurité: le rôle des organisations régionales mis en avant dans la réalisation des objectifs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

Le débat public du Conseil de sécurité tenu aujourd’hui portait sur le rôle des organisations régionales dans l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force.  Une réunion qui a vu se succéder des représentants de l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la Ligue des États arabes, tous venus exposer leurs efforts et leurs plans d’action régionaux et/ou réseaux régionaux sur le sujet, notamment les réseaux de médiatrices.

Le Secrétaire général, en avant d’une cinquantaine de participants, a tout d’abord constaté que la parité femmes-hommes est une question de pouvoir.  Il a donné plusieurs exemples: les Taliban, qui ont réduit au silence près de 20 millions de femmes et de filles afghanes; le Myanmar, qui a contraint une grande partie des organisations de femmes à la fermeture; le Mali, où les femmes sont de plus en plus marginalisées à chaque coup d’État.  De plus, l’invasion russe de l’Ukraine a forcé des millions de femmes et d’enfants à fuir leur pays du jour au lendemain, les exposant à un risque élevé de traite et d’exploitation de toutes sortes.  Et au Soudan, deux ans après la célébration du rôle des femmes dans la Révolution, les réformes clefs sont retardées et la violence à l’égard des femmes continue, a encore noté M. António Guterres.  

Malgré ces constats, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a recensé 125 États ayant pris des engagements nationaux pour réaliser les objectifs de la résolution 1325 (2000), tandis que 12 organisations régionales ont désormais adopté des plans d’action pour les femmes et la paix et la sécurité, contre 5 en 2015.  Les organisations régionales ont par ailleurs joué un rôle clef dans le développement de réseaux de femmes médiatrices comme le Registre des femmes expertes dans la paix et la médiation mis en place dès 2018 par l’ASEAN ou encore le Réseau africain des femmes dirigeantes.  Plus récemment, des réseaux de médiatrices ont été lancés dans le cône Sud des Amériques et dans la région arabe.  

La Commission de l’UA a adopté un cadre continental pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des filles, tandis que l’UE a lancé, en mars dernier, le Forum pour les femmes afghanes dirigeantes afin de favoriser leur participation politique.  L’UE et de nombreuses délégations ont aussi dénoncé, au cours de ce débat public, les conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en indiquant les actions menées pour aider les femmes prises dans ce contexte: l’UE a répondu à l’appel des organisations de femmes sur le terrain pour mener des enquêtes sur les atrocités commises.  L’Irlande a déploré précisément l’utilisation de la violence sexuelle comme technique de guerre en Ukraine, mais la Russie a qualifié de « fake news » ces accusations visant les soldats russes intervenant en Ukraine.  

La Ligue des États arabes a suggéré au Secrétaire général de nommer une envoyée spéciale pour la paix et la sécurité des femmes, avant d’appeler le Conseil de sécurité à adopter une nouvelle résolution sur les femmes et la médiation.  Elle a parlé de sa stratégie régionale pour les femmes, la paix et la sécurité, datant de 2015, qui soutient les efforts déployés par les États pour appliquer au niveau national la résolution 1325, ainsi que du Réseau arabe des femmes médiatrices et du Comité d’urgence pour la protection des femmes pendant les conflits armés dans la région arabe.

Enfin, le Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité et le Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence en Afrique ont appelé à des mesures rapides et concertées pour appliquer pleinement la résolution 1325 et les résolutions ultérieures pour que les femmes et les filles ne soient plus tenues à l’écart des processus politiques et de paix.  

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Tenir les promesses: le rôle des organisations régionales dans l’application du programme sur les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force - S/2022/457

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’alors que l’égalité des sexes ouvre la voie à la paix durable et la prévention des conflits, nous allons dans la direction opposée.  Soulignant le consensus entre les États Membres sur l’importance de l’égalité des sexes, M. Guterres a constaté que la situation est en train de régresser pour une raison simple: la parité femmes-hommes est une question de pouvoir.  Il a ensuite donné des exemples, en décrivant d’abord la situation en Afghanistan, où les Taliban ont nommé un gouvernement d’hommes, fermé les écoles de filles, interdit aux femmes de montrer leur visage en public et restreint leur droit même de quitter leur propre maison.  Près de 20 millions de femmes et de filles afghanes sont réduites au silence et effacées de la vue.  Dans le cas du Myanmar, une grande partie des organisations de femmes ont été contraintes de fermer depuis le coup d’État militaire, sachant que des bureaux ont été perquisitionnés et saccagés et que des militantes ont été arrêtées.  Beaucoup ont fui le pays et les femmes ne peuvent pas s’exprimer ouvertement ni participer à la politique, a constaté le Secrétaire général.

Au Mali, a-t-il poursuivi, les femmes s’appauvrissent et sont de plus en plus marginalisées à mesure que le pays traverse les coups d’État militaires successifs, avec des extrémistes qui constituent une menace encore plus grande.  Il a aussi parlé de l’invasion russe de l’Ukraine qui a forcé des millions de femmes et d’enfants à fuir leur pays du jour au lendemain, les exposant à un risque élevé de traite et d’exploitation de toutes sortes.  Le Conseil a appris la semaine dernière qu’au 3 juin, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme avait reçu 124 signalements de violences sexuelles liées au conflit en Ukraine, principalement commises contre des femmes et des filles, a signalé M. Guterres.  Il a pourtant fait remarquer que les femmes réfugiées assument des rôles de leadership et soutiennent la réponse dans les pays d’accueil.  Toujours en Ukraine, les femmes qui ont choisi de ne pas partir sont à l’avant-garde des soins de santé et du soutien social et elles participent pleinement à tous les efforts de médiation.  Le Secrétaire général a aussi parlé du Soudan où, deux ans après la célébration du rôle des femmes dans la Révolution, les réformes clefs sont retardées et la violence à l’égard des femmes continue.  Dans tous ces conflits, nous avons des hommes au pouvoir et des femmes exclues, les droits et libertés de celles-ci étant délibérément ciblées.  

M. Guterres a estimé que, lorsqu’un conflit éclate, les pays voisins et les organisations régionales peuvent apporter beaucoup au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en veillant à ce que les engagements soient mis en œuvre.  Il a ainsi mentionné, au Soudan, un mécanisme trilatéral qui est chargé d’orienter le processus politique de retour à un ordre constitutionnel, dans lequel chaque délégation est priée d’avoir au moins 40% de femmes.  Il a aussi noté qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’ONU, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) s’assurent que les femmes soient impliquées dans la médiation et la prévention.  Évoquant ensuite l’Asie du Sud-Est, il a estimé que la collaboration de ce type est cruciale pour trouver une solution à la crise au Myanmar, y compris avec les femmes de la diaspora et les réfugiés rohingya se trouvant dans des camps au Bangladesh. 

En Afghanistan, l’ONU et ses partenaires défendent sans ambiguïté les droits fondamentaux des femmes et des filles, notamment le droit de terminer leur éducation et d’exercer une profession, a rappelé le Chef de l’ONU en mentionnant aussi l’aide aux personnes qui ont subi des violences sexuelles et les partenariats avec des dirigeantes et des artisanes de la paix au niveau local.  M. Guterres a insisté sur le fait que la participation égale des femmes à tous les niveaux est essentielle pour la consolidation et le maintien de la paix, et avant cela pour le règlement des conflits.  Il a fait valoir que leurs analyses sont indispensables pour comprendre la dynamique des conflits et élaborer des stratégies efficaces de prévention et d’intervention.  Des études montrent également que la participation active des femmes à la consolidation de la paix augmente les chances de parvenir à une paix durable, a dit le Secrétaire général. 

C’est ainsi que M. Guterres a plaidé pour la parité totale dans les domaines de la surveillance des élections, la réforme du secteur de la sécurité, du désarmement, de la démobilisation ainsi que dans les systèmes judiciaires, y compris par l’établissement de quotas.  Rappelant son projet de nouvel agenda pour la paix, il a dénoncé le fait que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité continue d’être contesté et subisse des revers à travers le monde.  Il a demandé aux États Membres de réfléchir aux causes de cette tendance et de s’interroger sur les raisons pour lesquelles il existe toujours un écart aussi béant dans la participation ainsi que dans le respect des engagements pris en faveur de la protection des femmes, de leurs droits humains et de leur dignité.  Augmentez votre soutien aux femmes de la société civile ainsi qu’à leurs efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix, a terminé M. Guterres.  « Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité constitue l’un de nos meilleurs atouts pour bâtir un avenir plus pacifique sur une planète viable. » 

Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a constaté que le monde est confronté au nombre le plus élevé de conflits violents depuis 1945 et que ce sont les femmes qui portent le plus lourd fardeau dans les conflits et les coups d’État.  Cela ne peut pas continuer, a-t-elle martelé en faisant valoir que c’est contraire à la résolution 1325 (2000) et que cela va à l’encontre de la promesse collective du Programme 2030 en faveur d’un monde plus durable et d’un avenir plus pacifique.  En mars de cette année, a-t-elle rappelé, la Commission de la condition de la femme s’est pour la première fois accordée sur des conclusions axées sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte du climat, de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe.  Elle a donc demandé de travailler ensemble pour faire avancer ces promesses.  Comme le démontrent les conflits en Ukraine, en Syrie et au Sahel, toute guerre ou tout conflit a un impact sur l’ensemble du cycle de vie des femmes et des filles, a fait observer Mme Bahous.  Dans tous ces conflits, les femmes sont confrontées à des menaces supplémentaires pour leur corps, leurs moyens de subsistance et leur sécurité.  Pourtant, elles risquent également leur vie en tant que dirigeantes de leurs communautés, cheffes de foyers, artisanes de la paix et médiatrices. 

Avec la résolution 1325, nous avons convenu de protéger les femmes et les filles dans les situations de conflit et de veiller à ce qu’elles soient au premier plan pour trouver la paix, a poursuivi la haute fonctionnaire, ajoutant que ces engagements ont été affinés au travers de neuf autres résolutions.  De nombreux États, 125 très exactement, ont également pris des engagements nationaux, notamment par le biais de plans d’action nationaux sur la résolution 1325, a-t-elle applaudi, saluant à cet égard les plans annoncés l’an dernier par les Émirats arabes unis, le Malawi et le Maroc.  De leur côté, la plupart des organisations régionales se sont aussi engagées sur cette voie, 12 d’entre elles ayant adopté des plans d’action pour les femmes et la paix et la sécurité, contre 5 en 2015, des engagements qui ont servi d’exemples pour leurs États membres.  Ainsi, lorsque la CEDEAO s’est engagée, 12 des 15 États de cette région ont suivi.  Les organisations régionales ont par ailleurs joué un rôle clef dans le développement de réseaux de femmes médiatrices.  Presque toutes les régions et sous-régions sont maintenant dotées d’un tel réseau, a relevé la Directrice exécutive, qui a cité en exemple le Registre des femmes expertes dans la paix et la médiation mis en place dès 2018 par l’ASEAN ou encore le Réseau africain des femmes dirigeantes.  Plus récemment, des réseaux ont été lancés dans le cône Sud des Amériques et dans la région arabe. 

Pourtant, malgré ces progrès institutionnels, on constate encore l’absence des femmes dans les négociations de paix, a déploré Mme Bahous en citant en exemple la région des Grands Lacs où un plan d’action a été adopté au niveau ministériel mais ne s’est pas traduit en actes dans les pourparlers politiques destinés à faire cesser les violences dans l’est de la RDC.  Elle a donc demandé de veiller à ce que les solutions portées par les femmes fassent partie intégrante des solutions politiques et, pour cela, a appelé à honorer les engagements et à inclure pleinement les voix des femmes dirigeantes leaders.  Elle a aussi demandé de faire un meilleur travail pour fournir un soutien, une protection, voire un asile, une relocalisation temporaire ou une protection aux personnes en danger confrontées à des persécutions fondées sur le genre, comme l’a confirmé la récente évacuation des défenseurs des droits humains d’Afghanistan.  Les organisations régionales peuvent stimuler ces réformes à la fois dans la législation et les démarches administratives parmi leurs membres, a affirmé Mme Bahous, saluant la nouvelle recommandation du Conseil de l’Europe, qui vise à protéger les droits des femmes et des filles migrantes, demandeuses d’asile ou réfugiées, dans le sillage du déplacement de millions d’Ukrainiens. 

La société civile est un autre partenaire indispensable dans ces situations, a-t-elle relevé avant de rappeler que, l’an dernier, le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire a soutenu 215 organisations de la société civile, touchant directement 10,6 millions de personnes, y compris les femmes déplacées de force, les femmes et les filles handicapées et les victimes de violences sexuelles et sexistes.  Il a aussi facilité l’évacuation de plusieurs femmes afghanes et les personnes à charge après la prise de contrôle des Taliban, fournissant une aide d’urgence essentielle.  En investissant dans les moyens de subsistance, nous investissons dans l’avenir, a-t-elle conclu, ajoutant que la paix et la sécurité auxquelles nous aspirons ne seront possibles que lorsque les femmes joueront un rôle central. 

Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale sur les femmes, la paix et la sécurité du Président de la Commission de l’Union africaine, a indiqué que l’exclusion des femmes est un indicateur de mauvaise gouvernance.  De plus, les coups d’État aggravent cette situation, a-t-elle relevé.  Elle a assuré qu’en Afrique, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité a continué d’être mis en œuvre, notamment par les 58% des membres de l’Union africaine (UA) qui ont adopté des plans d’action nationaux.  Mme Diop a aussi fait valoir que l’UA a mis en place une architecture de paix et sécurité, en promouvant l’inclusion des femmes dans le cadre des questions de paix et sécurité.  Cela se fait notamment grâce à des programmes de terrain comme celui mené par l’UA au Mali en ce moment.  L’UA a également mis sur pied un cadre continental pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il faut débattre, mais il faut également agir, et obtenir des résultats sur le terrain, a conclu Mme Diop.

Mme STELLA RONNER-GRUBAČIĆ, Ambassadrice pour le genre et la diversité de l’Union européenne (UE), a déclaré que même dans des situations de crise, les femmes continuent d’être tenues à l’écart des processus de dialogue, comme cela est le cas en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie et au Soudan.  Appelant à une accélération de l’action en la matière, elle a indiqué que l’UE a lancé en mars dernier le Forum pour les femmes afghanes dirigeantes afin de favoriser leur participation politique.  Ces femmes afghanes ont ainsi ce Forum pour exprimer leurs vues alors qu’elles sont exclues du dialogue politique et sont privées de leurs droits.  Elle a ensuite invoqué la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, en déplorant que la dignité et les droits des femmes soient foulés au pied.  C’est à l’appel des organisations de femmes sur le terrain que l’UE a appuyé les autorités ukrainiennes dans les enquêtes sur les atrocités commises, a-t-elle dit.  Elle a assuré que 85% de l’action extérieure de l’UE aura une dimension de genre d’ici à 2025.  Enfin, elle a proposé de relancer le mécanisme régional prévu par la résolution 1325 (2000) visant à faciliter l’échange de bonnes pratiques entre l’ONU, l’UE, l’Union africaine, l’OTAN et l’OSCE.

Mme HELGA MARIA SCHMID, Secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a souligné qu’en cette époque difficile marquée par la guerre en Ukraine, les femmes et filles sont victimes de violences sexuelles, et que cette guerre a des conséquences économiques sur les foyers les plus pauvres dont beaucoup sont dirigés par des femmes.  Elle a également parlé de la pollution radioactive et de la dépendance des femmes cheffes de famille tributaires de ressources naturelles et des conséquences de la pandémie qui a accru les inégalités hommes-femmes.  En ces temps difficiles, il faut garantir un rôle aux femmes en matière de consolidation de la paix, a-t-elle recommandé, avant de faire valoir que l’OSCE œuvre en ce sens en les associant directement aux processus de paix.  À titre d’exemple, Mme Schmid a cité la mission de l’OSCE en République de Moldova qui travaille en étroite collaboration avec l’ONU et les réseaux de médiateurs/médiatrices.  Parmi les exemples concrets des contributions d’organisations régionales à la participation des femmes à la paix et la sécurité, Mme Schmid a mentionné le réseau de l’OSCE qui soutient les femmes artisanes de paix, y compris en Afghanistan.  Elle a dit vouloir se baser sur l’expérience afghane, notamment pour permettre à ces femmes d’œuvrer en toute sécurité.  Plus d’une dizaine de femmes ont également participé au programme de désarmement de l’OSCE, a-t-elle ajouté.  

Mme HAIFA ABU-GHAZALEH, Secrétaire générale adjointe de la Ligue des États arabes en charge des affaires sociales, a observé que, 21 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), la région arabe connaît toujours des crises et des conflits, rendant inexploité le potentiel des femmes à construire la paix.  Pourtant, des progrès sporadiques ont été constatés, a-t-elle noté.  Afin de mettre un terme aux conflits, des appels sont lancés pour la désescalade des conflits et pour que les femmes participent de manière égale et significative à leur règlement pacifique.  C’est ainsi qu’en 2015, la Ligue des États arabes a formulé la Stratégie régionale pour les femmes, la paix et la sécurité, pour soutenir les efforts déployés par les États pour appliquer au plan national la résolution 1325.  Dans ce même cadre, a-t-elle poursuivi, la Ligue a créé en 2019 le Réseau arabe des femmes médiatrices, en tant qu’instrument régional de médiation.  La Ligue, a encore rappelé Mme Abu-Ghazaleh, a également initié la formation du Comité d’urgence pour la protection des femmes pendant les conflits armés dans la région arabe en réponse aux efforts déployés par les femmes des pays arabes.  Dans ce contexte, plusieurs stratégies connexes ont été adoptées pour soutenir, renforcer et protéger les femmes dans la paix et la sécurité, notamment la Stratégie arabe de prévention et de réponse pour combattre toutes les formes de violence dans les situations de réfugiés, en particulier la violence sexuelle contre les femmes et les filles.  De plus, en coopération avec ONU-Femmes, la Ligue a développé le projet « Femmes, paix et sécurité dans la région arabe », qui s’emploie à fournir l’assistance technique et l’orientation politique nécessaires à tous les aspects des engagements relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Avant de conclure, Mme Abu-Ghazaleh a suggéré au Secrétaire général de l’ONU de nommer une envoyée spéciale pour la paix et la sécurité des femmes, avant d’appeler le Conseil de sécurité à adopter une nouvelle résolution sur les femmes et la médiation.  

Déclarations

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a souligné l’importance des organisations régionales pour mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Commentant l’actualité ukrainienne, elle a noté combien les acquis en matière de droits de la femme et de parité entre les genres ont reculé.  Les femmes qui fuient la guerre se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité aux violences sexuelle et fondée sur le sexe.  En Afghanistan, a-t-elle poursuivi, les femmes sont effacées de la vie publique depuis l’arrivée des Taliban au pouvoir.  Malgré les promesses de ces derniers, les filles sont toujours privées d’éducation.  Insistant sur le rôle important des organisations régionales, elle a jugé qu’elles sont idéalement placées pour restaurer la confiance et promouvoir le dialogue, après un conflit, en mettant au centre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La Ministre s’est dite attachée à plaider pour ce programme auprès de l’OSCE et de l’OTAN.  Lorsqu’elle présidait l’OSCE, en 2020, l’Albanie, a-t-elle affirmé, n’a épargné aucun effort pour accélérer la mise en œuvre du programme.  Après avoir précisé que les femmes représentent 18% des membres des Forces armées albanaises, elle s’est enorgueillie du fait que son pays fait partie des cinq États au monde à avoir 75% de femmes ministres.

Mme LINDA THOMAS-GREENFILED (États-Unis) a dénoncé la situation des femmes en Afghanistan, au Myanmar, en Ukraine, en Éthiopie et ailleurs, avant de rappeler que les régimes de sanctions de l’ONU, notamment pour le Soudan du Sud et le Yémen, prévoient des critères d’inscription sur la liste des auteurs de violences commises contre les femmes.  Elle a recommandé d’utiliser cet outil en Libye et en Afghanistan où les Taliban éliminent la participation des femmes à la vie politique et socioéconomique, en appelant les Taliban à éliminer ces restrictions.  « Mais on ne peut pas parler des femmes et de la paix et de la sécurité sans nous pencher sur les conséquences terribles de l’invasion de la Russie en Ukraine et des retombées sur les femmes », a dit la déléguée annonçant recevoir des informations faisant état d’atrocités odieuses commises contre les civils y compris les femmes et les filles, notamment des violences sexuelles et sexistes dans le cadre du conflit.  « Les auteurs de ces crimes doivent rendre des comptes et ne bénéficier d’aucune impunité. »

Elle a ajouté qu’avec les organisations régionales, il faut utiliser tous les outils disponibles en matière de prévention, promouvoir la justice sous toutes ses formes ainsi que fournir des services d’appui aux rescapés.  Pour la représentante, les femmes ne sont pas de simples victimes passives, mais sont systématiquement en première ligne des actions humanitaires au niveau communautaire et au niveau national.  Elles prennent des mesures pour protéger leur communauté face au conflit et elles ont une compréhension toute particulière des dynamiques régionales et des processus de paix nécessaires pour la conclusion d’accords pérennes.  Donner la priorité aux femmes jettera les bases d’un avenir plus pacifique, a-t-elle assuré en demandant de poursuivre les efforts pour éradiquer les inégalités entre les sexes dans tous les secteurs de la société, dénoncer la misogynie, mettre fin aux atrocités commises contre les femmes, promouvoir leur participation et leur inclusion à la prise de décisions à toutes les étapes des conflits, de la prévention et de la consolidation de la paix.  Les États-Unis sont devenus le premier pays dans le monde à mettre en œuvre la résolution 1325, s’est enorgueillie la déléguée avant d’énumérer les mesures prises par son gouvernement qui s’apprête à présenter son deuxième rapport de mise en œuvre de ladite résolution. 

Mme GRY HAUGSBAKKEN, Secrétaire d’État et Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, a estimé que, pour appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force, les organisations régionales doivent tout d’abord montrer l’exemple.  Depuis des décennies, a-t-elle relevé, l’UA a fait preuve de leadership dans la lutte contre les coups d’État et les prises de contrôle grâce à des réponses rapides et décisives.  Elle s’est également félicitée de la création par l’UA et la CEDEAO de plans d’action régionaux sur les femmes, la paix et la sécurité, avant de saluer la déclaration de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur le droit des filles afghanes à l’éducation.  Mais le véritable test consiste selon elle à traduire ces engagements politiques généraux en actions concrètes lorsque des conflits surgissent.  Les organisations régionales devraient insister sur la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les efforts de médiation, à la résolution des conflits locaux et nationaux et à la reconstruction après les crises politiques, a plaidé la Ministre.  Elles devraient aussi inclure des femmes dans leurs équipes de médiation, a-t-elle ajouté, faisant valoir l’expertise et l’expérience des réseaux régionaux de femmes médiatrices.  

Il convient en outre d’associer les femmes au changement, a poursuivi la Ministre.  En effet, après un coup d’État militaire ou une prise de pouvoir violente, les femmes dirigeantes se retrouvent souvent exclues des espaces politiques et des processus formels, a-t-elle constaté, se faisant l’écho des appels de femmes artisanes de la paix et de représentantes de la société civile en Afghanistan et au Myanmar en faveur de plateformes informelles qui leur permettent d’avoir des échanges avec ceux qui ont pris le pouvoir.  Au Soudan, a-t-elle indiqué, l’UA, l’IGAD et la MINUATS ont soutenu la création d’un groupe de femmes non partisanes pour favoriser leur participation au processus politique, en s’appuyant sur le rôle clef joué par les femmes dans la révolution de 2019.  Enfin, Mme Haugsbakken a souhaité que les organisations régionales appuient la justice et a salué les engagements pris de longue date par l’UA, l’ASEAN et l’UE pour promouvoir l’égalité des sexes.  En tant qu’institutions, ces organisations disposent de nombreux leviers pour réduire les obstacles à la protection et à la participation des femmes, a-t-elle estimé, appelant également au renforcement de la prévention des violences sexuelles et sexistes.  Et quand tout le reste échoue, les arrêts de la Cour interaméricaine des droits de l’homme ont montré qu’il peut aussi exister des outils régionaux de correction de cap et de responsabilité, a-t-elle fait valoir.

Mme ABENA OSEI-ASARE, Vice-Ministre des finances du Ghana, a affirmé que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont incorporé des aspects cruciaux du programme dans leurs objectifs stratégiques et opérations.  En reconnaissance de la contribution des femmes à la construction de sociétés pacifiques et stables, la CEDEAO a notamment élaboré des cadres juridiques pour assurer le rôle des femmes dans la gouvernance, les processus électoraux, la prévention des conflits et leur résolution, ainsi que la consolidation de la paix.  La Vice-Ministre a évoqué le rôle que les groupes de femmes aux niveaux national et régional ont joué dans la résolution de conflits tels que ceux survenus au Libéria, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire au début des années 2000.  L’adoption en 2010 du Plan d’action régional de la CEDEAO pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des résolutions connexes a également vu l’inclusion d’éléments du programme dans des initiatives régionales.  Elle a appelé à des échanges des meilleures pratiques entre les régions et l’approfondissement des partenariats pour combler les lacunes.  Elle a également exhorté le Conseil de sécurité à demander au Secrétaire général d’assurer l’allocation de ressources ciblées pour faciliter les réponses aux menaces contre les femmes.  

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a insisté sur le rôle essentiel des organisations régionales dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Elle a appelé au renforcement des réseaux de femmes et ce, avant qu’un conflit n’éclate.  Ces réseaux ne recevaient que 0,18% de l’aide publique au développement (APD) en 2018, a dit la déléguée, en appelant à remédier à cette situation.  Elle a indiqué que les processus de réforme du secteur de sécurité doivent prendre en compte les spécificités locales, notamment au regard du genre.  Enfin, la déléguée a souhaité la nomination de femmes à des postes clefs.  En 2021, seules 18 délégations sur les 194 que comptent l’ONU étaient emmenées par des femmes.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué le travail du Conseil, ces dernières années, pour renforcer le dialogue avec les organisations régionales en tenant des réunions annuelles qui ont abouti à des documents finaux reconnaissant la pertinence de l’approche femmes-paix-sécurité.  À ce titre il a cité le programme sur ce thème de l’Union africaine et le plan d’action exécutif 2015-2030 pour la protection des femmes arabes de la Ligue des États arabes qui ont poursuivi les objectifs dans des contextes régionaux spécifiques.  Il a aussi fait remarquer que les meilleures pratiques régionales peuvent aider le Conseil à faire avancer cet agenda, en particulier par le biais des femmes « briefers » des organisations régionales qui aident à mieux comprendre les priorités régionales.  S’agissant des violences sexuelles en période de conflit, et notamment en Ukraine, le représentant a exigé que toutes les parties s’engagent à prévenir et à combattre ce problème, à développer une approche centrée sur les victimes et les survivantes et à poursuivre les auteurs.  Il a aussi souligné la grande utilité de la présence de femmes Casques bleus sur le terrain.  Le Brésil continuera d’appliquer une approche sexospécifique à l’aide humanitaire internationale, a-t-il assuré avant de plaider pour que le financement international promeuve l’égalité des sexes comme catalyseur d’une paix durable et se concentre sur le financement d’initiatives visant à assurer la sécurité économique et le bien-être à long terme des femmes.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que ce thème de la réunion pouvait être examiné sous l’angle des conséquences sur les femmes de la désintégration de l’État ukrainien qui, a-t-il affirmé, a commencé en février 2014, quand un coup d’État anticonstitutionnel a renversé le Président légitime, M. Ianoukovitch.  Il a affirmé que les autorités de Kiev ont déclenché une guerre civile contre le Donbass, dont la population n’a pas reconnu le coup d’État et plaidé pour la préservation du « droit de communiquer dans sa langue maternelle et de vivre en paix avec la Russie ».  Après avoir dénoncé les répressions dont sont victimes des journalistes femmes, le représentant a indiqué que les autorités des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk procédaient dans les territoires « libérés » à une documentation des crimes, dont les crimes à caractère sexuel, commis par les nationalistes ukrainiens.  Il a qualifié de « fake news » les accusations de violences sexuelles par des soldats russes en Ukraine, et a reproché aux Forces armées ukrainiennes de créer des boucliers humains, en plaçant des armes lourdes dans des zones urbaines densement peuplées.  

Par ailleurs, le représentant a appelé à mettre en place des mesures supplémentaires au niveau international pour renforcer le rôle des femmes dans le domaine du développement économique et social des pays en conflit ou sortant d’un conflit.  Il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui ont des conséquences disproportionnées sur les intérêts des femmes, ainsi que la persistance, parmi les pays occidentaux, d’une culture néocolonialiste marquée par une intolérance à l’égard des femmes et personnes d’ascendance africaine et asiatique.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a déclaré que son pays offre un modèle unique pour une gouvernance sensible au genre.  Plus de 1,3 million de représentantes élues, qui représentent près de 44% du total des élus, participent au processus de décision politique au niveau local, et 20 États indiens ont prévu un quota de 50% pour les femmes dans les organes législatifs, a-t-il indiqué.  Préoccupé par la stabilité de la région, il a souligné l’importance d’une gouvernance inclusive et représentative en Afghanistan avec une participation significative des femmes conformément à la résolution 2593 (2021).  Il s’est inquiété de la dévalorisation du statut des femmes dans la société afghane notamment l’éducation des filles.  Le délégué a ensuite appelé à la prudence s’agissant de l’utilisation abusive des nouvelles technologies, d’Internet et des réseaux de médias sociaux, notant que des groupes extrémistes et terroristes les exploitent au détriment des femmes.  En outre, il a demandé au Conseil de sécurité d’examiner les conséquences du terrorisme sur les droits des femmes avant de souligner le rôle essentiel que jouent les femmes Casques bleus dans la préservation du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’au mois d’avril, pendant la présidence du Conseil par son pays, a été lancé le Code Murad, un code de conduite « historique » qui vise à recueillir des informations auprès des survivantes de manière sûre et efficace.  Nous nous sommes assurés que le code a été traduit en ukrainien dans le but de demander des comptes aux auteurs de crimes, a-t-elle indiqué.  Dans de nombreux contextes, a-t-elle observé, les organisations régionales ont une influence unique pour défendre les droits des femmes et des filles, comme le fait par exemple l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en Afghanistan.  Pour sa part, le Royaume-Uni soutient et finance les réseaux de femmes médiatrices du Commonwealth, dont les membres ont contribué à résoudre des conflits électoraux en Ouganda, assuré des médiations dans le conflit politique au Myanmar et comblé les divisions communautaires en Irlande du Nord et à Chypre.  Londres s’emploie par ailleurs à appuyer la collaboration régionale pour conduire le changement sur le terrain, notamment en travaillant avec l’ASEAN sur le renforcement des capacités, a-t-elle indiqué.  Pour l’avenir, la déléguée a souhaité que les organisations régionales veillent à garantir le leadership des femmes, à développer des stratégies sur les femmes et la paix et la sécurité qui soient pleinement mis en œuvre et à partager leurs expériences avec d’autres organisations.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a relevé que dans les circonstances de rupture de l’ordre constitutionnel que de nombreux pays dans le monde ont expérimenté à un moment de leur histoire, les femmes ont souvent payé un très lourd tribut.  Il a rappelé que l’Afrique a pris la mesure des enjeux et des responsabilités face au problème de prise du pouvoir par la force en se dotant d’un instrument juridique audacieux qu’est la Charte africaine contre des changements anticonstitutionnels de gouvernement.  Le dernier Sommet extraordinaire de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba y a consacré son agenda au vu de la résurgence du phénomène et son impact sur la gouvernance régionale.  Le Gabon qui est parmi les rares pays africains n’ayant jamais connu de changement anticonstitutionnel de pouvoir mène une politique qui place les femmes au cœur du façonnement du destin de la société, a-t-il affirmé, ajoutant que « les femmes constituent les atouts majeurs de la stabilité et de la paix durables qui sédimentent l’attractivité du Gabon ».  

Plantant le décor, Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a rappelé qu’en plus de la pandémie, le monde connaît une véritable épidémie de coups d’État, de prises de pouvoir par la force et d’occupation de territoires, en violation du droit international et l’état de droit, et au détriment des progrès, annihilés en seulement quelques semaines.  Nous savons que si nous ne reconnaissons pas l’importance du rôle des femmes, la paix et la stabilité resteront illusoires, a-t-elle souligné.  La communauté internationale doit donc accorder la priorité au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, car les femmes sont toujours marginalisées, voire complètement oubliées à la table des négociations, et la violence sexuelle liée au conflit reste une technique de guerre, comme en Ukraine.  Changeons de trajectoire et tirons parti de la nature collaborative des organisations régionales pour faire avancer les choses, a encouragé la représentante.  

Plus d’une dizaine de ces organisations ont des plans d’action ou des stratégies relatives au programme pour les femmes et la paix et la sécurité et l’ASEAN est sur le point de finaliser les siens.  Ces plans d’action sont inestimables mais il faut surtout les mettre en pratique et les doter des ressources nécessaires.  Elle a salué le travail vital de l’Union africaine et de l’Envoyée spéciale Bineta Diop, ainsi que celui du Réseau africain de femmes leaders.  En tant que coprésident, avec le Mexique, du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, l’Irlande a travaillé sans relâche, au cours de ces 18 derniers mois, pour veiller à ce que le programme reste au premier plan des préoccupations des membres du Conseil, a-t-elle assuré.  

M. DAI BING (Chine) a déclaré que la promotion du rôle des femmes va de pair avec un environnement politique stable.  Dans ce contexte, il s’est dit préoccupé par l’érosion des droits des femmes et de la régression de la parité entre les sexes dans de nombreux pays en raison d’instabilités.  Il a jugé essentiel de respecter l’intégrité territoriale de chaque pays en encourageant des programmes régionaux fondés sur les réalités de terrain.  Parvenir à la paix est le meilleur moyen de protéger les femmes qui sont souvent les premières victimes des conflits a souligné le représentant avant d’appeler à s’atteler aux causes profondes des conflits.  Il a appuyé le rôle de la Ligue des États arabes pour la résolution de la question palestinienne.  Face aux conséquences des combats en Ukraine, le représentant de la Chine a salué le rôle de l’Union européenne pour répondre aux besoins des réfugiés dont beaucoup sont des femmes.

Mme SHERAZ GASRI (France) a estimé que de l’Afghanistan à l’Ukraine en passant par le Sahel et le Myanmar, les crises et les conflits actuels nous rappellent que la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité demeure insuffisante.  Les organisations régionales ont un rôle déterminant à jouer pour faire avancer ce programme, a-t-elle soutenu, saluant les stratégies et plans d’action adoptés.  Elle s’est ainsi félicitée de la création par l’Union africaine du Réseau panafricain des femmes pour la prévention et la médiation des conflits, dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité africaine.  De même, elle s’est réjouie de l’action de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sur cette priorité.  Soucieuse de voir ces efforts s’intensifier, la France, a-t-elle dit, soutient les partenariats noués par les Nations Unies avec des organisations régionales et les organisations entre elles.  

La représentante a évoqué le partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine pour l’inclusion des femmes dans les négociations de paix.  Elle a appelé toutes les organisations régionales à multiplier ces initiatives et partager leurs bonnes pratiques.  Nous devons aussi renforcer les synergies entre États Membres, organisations régionales et parties prenantes, dont la société civile, a plaidé la représentante, non sans rappeler le cadre innovant du Forum Génération Égalité organisé avec le Mexique et ONU-Femmes en 2021, qui a permis de mobiliser 40 milliards de dollars pour soutenir un plan mondial d’accélération de l’égalité.  Elle a par ailleurs exhorté les États Membres à rejoindre le Pacte sur les femmes, la paix et la sécurité et l’action humanitaire et à adopter des plans nationaux d’action.  De son côté, la France continuera de promouvoir une diplomatie féministe ambitieuse et fera de la mise en œuvre de son troisième plan national d’action une priorité, a-t-elle assuré.  

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a appelé à des partenariats approfondis avec les réseaux régionaux de femmes, qui jouent un rôle crucial dans la « contextualisation » des solutions à apporter.  Elle a mentionné le réseau des femmes dirigeantes africaines et exhorté le Conseil à s’appuyer sur de tels réseaux.  La déléguée a insisté sur l’importance d’investissements précoces dans la participation et la protection afin de forger des partenariats régionaux durables.  Les coups d’État aggravent le défi de protection des femmes, a-t-elle reconnu, en souhaitant le renforcement des réseaux de femmes dans le domaine du maintien de la paix avant qu’un conflit n’éclate.  Les réseaux régionaux de femmes doivent être dotés de ressources humaines et financières suffisantes, a conclu la représentante.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a relevé que des violences sexuelles et sexistes s’accentuent en cas de rupture de l’ordre constitutionnel.  Le délégué a également appelé à renforcer les capacités nécessaires pour fournir une assistance aux processus politiques électoraux, promouvant la pleine et égale participation des femmes à la vie publique et aux processus politiques de prise de décisions, à tous les niveaux.  Il faut également veiller à leur participation en tant que candidates et électrices, a-t-il ajouté.  Il a jugé nécessaire de promouvoir les compétences en leadership des femmes à travers des technologies numériques, en particulier chez les jeunes femmes et les groupes traditionnellement exclus, comme les femmes autochtones, afrodescendantes, réfugiées, veuves, handicapées ou de la communauté LGBTI.  L’échange de bonnes pratiques entre les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est également crucial.  De même, il faudrait favoriser la création ou le renforcement de réseaux inclusifs de femmes médiatrices dans les différentes sous-régions, a-t-il suggéré.  C’est dans cette optique que le Mexique travaille avec d’autres pays de la région ibéro-américaine pour mettre en place un réseau de femmes médiatrices.  Ce dernier vise notamment à augmenter le nombre de femmes ibéro-américaines impliquées dans la prévention et la médiation des conflits, ainsi que dans les processus de paix, à l’intérieur et à l’extérieur de la région.

S’exprimant au nom des pays nordiques, M. VILLE SKINNARI, Ministre du développement, de la coopération, du commerce extérieur et des affaires étrangères de la Finlande, a constaté que les conflits en cours en Ukraine, en Afghanistan, au Soudan, au Myanmar ou encore au Mali menacent les fragiles acquis du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et le travail des femmes artisanes de la paix.  Dans le contexte des coups d’État et des prises de pouvoir militaires, a-t-il observé, les organisations régionales et sous-régionales sont souvent déterminantes dans le développement d’approches spécifiques et sur mesure.  Dans les crises, elles sont souvent les premières à réagir et à dialoguer avec les parties concernées pour assurer la protection des civils.  De plus, elles aident à instaurer la confiance et offrent un soutien dans la médiation et la réconciliation, tout en plaidant pour la pleine participation des femmes dans tous les aspects de paix et de sécurité, a fait valoir le représentant, pour qui il importe d’intensifier à tous les niveaux les interactions avec la société civile et de soutenir les organisations locales de femmes.  Leur expertise contextuelle est cruciale pour notre succès, a-t-il souligné, avant d’estimer que le réseau de points focaux sur les femmes, la paix et la sécurité, coprésidé par l’Afrique du Sud et la Suisse, offre une plateforme importante pour partager les bonnes pratiques.

Mme RASHA MOHD KHEIR OMAR SHOMAN KHOT (Jordanie) a indiqué que son pays est en train d’élaborer son second plan d’action national visant à une meilleure intégration des femmes aux efforts de paix et de sécurité.  Rappelant que la Jordanie accueille un grand nombre de réfugiés syriens et palestiniens, elle a déclaré que les personnes les vulnérables sont au cœur dudit plan d’action.  Elle a précisé que plus de 12 000 femmes vulnérables ont pu bénéficier en Jordanie de services de protection.  Elle a insisté sur le rôle crucial des organisations de femmes dans l’instauration d’une paix durable.  La déléguée a appelé à une meilleure application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en défendant une vision commune respectant les caractéristiques de chaque État et prévoyant un financement pérenne et flexible.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a mis l’accent sur la situation des femmes et des filles au Myanmar depuis le coup d’État de 2021.  Rappelant la résolution 75/287 de l’Assemblée générale sur la prévention des flux d’armes vers le Myanmar, elle a exhorté les États Membres à la mettre en œuvre de manière prioritaire, jugeant que le Conseil de sécurité doit prendre des mesures additionnelles.  L’ASEAN est également essentielle aux efforts visant à assurer un avenir pacifique au Myanmar et la stabilité de la région, a-t-elle ajouté.  Passant au conflit en Ukraine, elle a rappelé que des millions de femmes et d’enfants sont devenus vulnérables à l’exploitation et à la traite des êtres humains.  Elle a appuyé les directives de l’OSCE et salué ses recommandations pratiques.  L’efficacité des réponses à la traite dépend de l’implication du secteur privé, a souligné la représentante.  L’Initiative du Liechtenstein sur la finance contre l’esclavage et la traite, ou « FAST », qui est un partenariat public-privé engageant le secteur financier dans la lutte contre ces crimes, se consacre aux risques liés aux flux massifs des réfugiés d’Ukraine, y compris pour l’intégration financière de ceux qui sont arrivés au Liechtenstein, a expliqué la représentante.

Au nom du Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité, M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a appelé à des mesures rapides et concertées pour appliquer pleinement la résolution 1325 et les résolutions ultérieures pour que les femmes et les filles ne soient plus tenues à l’écart des processus politiques et de paix.  Le représentant a plaidé pour le renforcement de la collaboration entre les organisations régionales et l’ONU pour améliorer la ventilation des données et les analyses comparatives entre les sexes, partager les meilleures pratiques et coordonner les approches.  Nous pensons que le rôle consultatif et rassembleur de la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle d’appui à ces efforts, a-t-il ajouté.  Enfin, il a jugé essentiel que les partenaires régionaux ménagent un environnement sûr et favorable aux faiseuses de paix, et aux défenseurs des droits de l’homme et de l’égalité des sexes.

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a fait le constat d’une mise en œuvre insuffisante de la résolution historique 1325 (2000) et des résolutions ultérieures, laissées de côté pendant les périodes turbulentes des guerres, des coups d’État militaires ou des prises de pouvoir par la force.  Les événements récents en Ukraine, en Afghanistan ou au Myanmar ont montré comment les gains fragiles du programme pour les femmes et la paix et la sécurité peuvent s’effacer et les droits des femmes et des filles, violés en toute impunité.  La représentante a indiqué que son pays a contribué à l’élaboration des politiques pertinentes de l’OTAN et qu’il maintient la perspective sexospécifique dans la formation de son personnel de sécurité, déployé par exemple dans les missions de l’OTAN, de l’ONU et de l’Union européenne.  Elle a aussi suggéré aux États Membres de nommer des représentantes de haut niveau pour la mise en œuvre régionale du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et de créer des organes consultatifs régionaux de femmes leaders au service de la paix.  Les États Membres peuvent également contribuer au renforcement des capacités régionales en matière de suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme, a conclu la représentante.  

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a salué le travail important accompli par le Bureau de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit pour rendre compte de l’agression russe contre l’Ukraine.  Elle s’est aussi déclarée préoccupée par la montée de la violence au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, où les factions de Boko Haram sont responsables d’attaques brutales contre des femmes et des filles.  En Afghanistan, au Soudan et au Myanmar, les prises de contrôle anticonstitutionnelles ont exacerbé les problèmes sous-jacents, notamment la violence sexuelle, a-t-elle relevé, soulignant la nécessité d’une coopération régionale.  Elle a ensuite assuré que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité sera l’une des priorités de son pays lorsqu’il siégera au Conseil de sécurité en 2023- 2024.  La représentante a ensuite exhorté les organismes régionaux et sous-régionaux à continuer de mettre en œuvre des politiques en faveur des femmes et des filles touchées par les violences sexuelles liées aux conflits.  À ses yeux, les organisations régionales peuvent faire progresser la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité de deux façons: en soutenant les États dans l’élaboration de plans d’action nationaux et en travaillant pour que les femmes soient à la table des négociations.  

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a estimé que les organisations régionales ont un rôle important à jouer en complément des efforts des Nations Unies pour faire avancer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Pour atteindre la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, il a souhaité que la question fasse « partie intégrante de notre travail quotidien », à la fois dans les structures civiles et celles qui sont militaires.  Dans les conflits, les organisations féminines locales sont le plus souvent les premières à intervenir sur le terrain, a-t-il noté.  Ainsi, en travaillant en collaboration avec ces organisations locales, les organisations régionales peuvent jouer un rôle important pour soutenir les efforts des femmes travaillant en première ligne des conflits insolubles, a-t-il conclu.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dénoncé « les mensonges proférés ce matin par la délégation russe ».  Il a indiqué que son pays a adopté un plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité.  Bien que nos capacités aient été entamées par l’agression russe, notre engagement en faveur de la résolution 1325 (2000) reste inébranlable, a assuré le délégué.  Il a dénoncé les violences sexuelles commises par les Russes dans son pays, avant d’indiquer que l’Ukraine va prochainement ouvrir un centre d’appui pour les rescapées.  Les femmes et les filles doivent rester au centre des programmes d’appui à l’Ukraine, a conclu le délégué.

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a plaidé pour une participation pleine, égale et significative des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie, arguant que c’est crucial pour avoir des sociétés pacifiques, fonctionnelles et prospères.  À cet égard, les organisations régionales jouent un rôle déterminant, a relevé Mme Stoeva en félicitant celles d’entre elles qui ont adopté des plans d’action spécifiques sur les femmes et la paix et la sécurité, qui permettent de disposer de données désagrégées et de fournir les meilleures pratiques.  Elle a encouragé ces organisations à jouer un rôle dans le renforcement des capacités des femmes négociatrices, médiatrices et artisanes de la paix.  De plus, les femmes ont besoin de compétences pour être partie intégrante des processus décisionnels en matière de sécurité.  Cette année, la Bulgarie va préparer son rapport de mi-parcours sur la mise en œuvre de son premier plan d’action national 2020-2025 sur les femmes et la paix et la sécurité, a annoncé la déléguée en précisant que ce plan mettra l’accent sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, y compris en Europe du Sud-Est et dans la région de la mer Noire.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné la remise en cause d’acquis durement gagnés par les femmes bâtisseuses de la paix et défenseuses des droits de l’homme, qui sont exposées à des risques accrus lors de prises de pouvoir par la force.  Il a salué dans ce contexte le rôle des organisations régionales pour protéger et soutenir la société civile, avant de préciser que la Suisse appuie le Global Network of Women Peacebuilders réunissant une centaine d’organisations.  Il a appelé à approfondir la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies en renforçant l’expertise en matière de genre et en mettant l’accent sur la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux de décision des processus de paix des mécanismes régionaux.  Il a cité en exemple la publication par l’OSCE, avec le soutien de son pays, d’une « boîte à outils » pour l’intégration des femmes dans des processus de paix formels.  Il a aussi parlé d’une autre initiative régionale: le renforcement du réseau de femmes médiatrices FemWise de l’Union Africaine.  Il a aussi indiqué que six organisations régionales ont participé à la réunion du Réseau des points focaux à Genève.  Plaidant pour que le Conseil de sécurité fasse appliquer la résolution 1325, il a assuré que, en tant que futur membre du Conseil, la Suisse continuera de s’engager en faveur des synergies entre les Nations Unies et les organisations régionales pour traduire ces objectifs en réalité.

M. CHO HYUN (République de Corée) a aussi noté que les acquis du programme pour les femmes et la paix et la sécurité sont effacés dans de nombreuses régions du monde, y compris en Afghanistan et au Myanmar.  Le représentant a avoué être consterné par les allégations d’abus et de violences sexuelles en Ukraine après l’agression de la Russie.  Il a estimé que les organisations régionales devraient être étroitement associées aux travaux du Conseil de sécurité en matière d’alerte rapide en cas de violence sexuelle liée au conflit.  Le Conseil doit tenir dûment compte de la surveillance et de l’analyse par les organisations régionales des signes de violence sexuelle dans des contextes tels que l’instabilité politique, les changements de pouvoir inconstitutionnels et la montée du militarisme dans les régions.  Les organisations régionales doivent également être en mesure de fournir des informations et de guider le Conseil en matière d’atténuation des risques et d’intervention rapide.  En outre, a ajouté le représentant, les organisations régionales doivent renforcer la coopération avec les autorités nationales et locales afin d’améliorer et de réformer les cadres juridiques et institutionnels dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a également appelé à se concentrer sur les causes de la violence sexuelle et à soutenir les approches centrées sur les survivantes.   

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a jugé crucial le rôle des organisations régionales si nous voulons que la paix et la sécurité soient pérennes.  Elle a noté à cet égard que des organisations telles que l’UE, l’UA, la Ligue des États arabes, l’OTAN, l’OSCE et l’ASEAN ont déjà adopté ou sont en passe d’adopter des plans d’action sur les femmes et la paix et la sécurité.  Ces documents, a-t-elle relevé, doivent être mis en œuvre par les organisations elles-mêmes mais aussi par leurs États membres, renforçant ainsi la cohérence politique au niveau régional.  De plus, ces organisations étant dotées de compétences en matière de prévention, de règlement des conflits et de consolidation de la paix, elles peuvent apporter des solutions adaptées à ces enjeux, tout en permettant l’inclusion de la société civile et des organisations de femmes.  La déléguée a recommandé de travailler ensemble pour promouvoir la participation aux processus de paix des femmes et des hommes, sur un pied d’égalité, et générer des politiques systématiques dans l’intégration de cette problématique.  Enfin, elle a estimé que la coopération interrégionale pour le partage des pratiques optimales doit se faire sous la coordination du Conseil de sécurité.

M. HRVOJE ĆURIĆ HRVATINIĆ (Croatie) a relevé que les femmes se voient souvent refuser du travail et une éducation.  Pourtant, même dans des situations dangereuses, les femmes se battent courageusement pour leurs droits.  Il a évoqué le cas de l’Afghanistan où les femmes manifestent depuis des mois.  Au Soudan, les femmes ont été parmi les premiers citoyens à protester contre le coup d’État et jouent toujours un rôle de premier plan dans les revendications de rue, a-t-il dit.  Le délégué a souligné que les femmes sont des agents de changement, ainsi que des bâtisseuses de paix.  Il a rappelé que s’il est vrai que l’inclusion des femmes dans les négociations et les processus de paix produit une paix plus durable, à l’inverse, l’exclusion de celles-ci de la politique affecte négativement le dialogue politique et l’équilibre social, ce qui peut entraîner des troubles.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a appelé à la poursuite de l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et invité les organisations régionales à jouer un rôle accru à cette fin.  Il a prôné une approche axée sur les droits des femmes et plaidé pour leur participation renforcée aux processus de règlement des conflits.  Le délégué a aussi insisté sur l’importance des femmes médiatrices et des réseaux de médiatrices.  Les organisations régionales pourraient échanger leurs bonnes pratiques pour une meilleure formation des femmes médiatrices, a suggéré le délégué.  Il a ensuite souligné que les amnisties pour faits de violence sexuelle ne sont jamais acceptables.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a noté que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité possède l’une des bases normatives et institutionnelles les plus complètes, déplorant que sa mise en œuvre complète et efficace fasse toujours défaut dans des domaines spécifiques tels que la lutte contre la sous-représentation, la marginalisation et l’exclusion des femmes des processus de paix et de prise de décisions, ainsi que des élections.  Les gouvernements nationaux ont la responsabilité principale de mettre en œuvre et de combler les lacunes dans la mise en œuvre de ce programme, a souligné le représentant, tout en concédant que le rôle des organisations régionales et sous-régionales, y compris des institutions financières, est inestimable.  Il a appelé par ailleurs au renforcement des organes électoraux et des institutions judiciaires pour qu’ils puissent assurer la reddition de comptes et lutter contre l’impunité en cas d’atteintes aux droits humains et de violations du droit international.  La responsabilisation et la lutte contre l’impunité peuvent avoir un effet dissuasif pour d’autres formes d’abus, a souligné le représentant.  Il a par ailleurs préconisé des échanges réguliers avec d’autres organisations régionales et sous-régionales et le partage des meilleures pratiques pour résoudre les conflits et prévenir l’escalade ou l’émergence de nouveaux conflits, qui se traduisent souvent par des violences à l’égard des femmes et des filles. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a appelé à placer les femmes au cœur de tous les efforts aux niveaux national, régional et international en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Il a fait part de l’engagement de l’Italie auprès de différents programmes européens de promotion de la femme pour la période 2018-2024, pour ensuite insister sur la nécessité d’engager davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, le représentant a relevé que la pratique et l’expérience montraient que les pourparlers de paix avaient davantage de chance de déboucher sur des résultats positifs et durables lorsque des femmes étaient impliquées. 

Au nom du Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence en Afrique, Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a demandé au Conseil d’intensifier ses efforts en vue de la pleine mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, y compris la participation pleine, égale et significative des femmes sur tous les aspects et à tous les niveaux des processus de paix et de sécurité.  De même, elle a exhorté le Conseil, la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales et sous-régionales, y compris leurs institutions financières régionales, à continuer de soutenir l’appropriation locale des efforts de consolidation de la paix, ainsi que les plans d’action, cadres et mécanismes nationaux et régionaux déjà en place.   

La représentante a ensuite informé que le Groupe a créé 29 chapitres nationaux dans les cinq régions d’Afrique, saluant ensuite la contribution des organisations régionales et sous-régionales de l’Union africaine au renforcement du programme pour les femmes et la paix et la sécurité à l’échelle du continent.  Après avoir appelé les États Membres à assurer un financement adéquat, prévisible, durable et flexible pour la consolidation de la paix, la déléguée a indiqué qu’en 2020 et 2021, le Réseau a organisé des missions de solidarité virtuelles au Mali et au Mozambique, répondant aux défis posés aux femmes et aux filles par les transitions politiques et l’extrémisme violent, respectivement.  

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a indiqué que l’Égypte a joué grand rôle dans la création de l’Alliance mondiale des réseaux de femmes pour la paix.  Dans ce cadre, elle participe aux travaux des réseaux africain et méditerranéen et donne aujourd’hui corps à un réseau arabe.  En outre, l’Égypte s’est jointe au Réseau de points focaux sur le programme « Femmes, paix et sécurité » qu’a lancé l’Espagne.  De l’avis du représentant, l’Afrique a fait de grand pas en avant pour la promotion de ce programme, notamment au travers d’organisations telles que l’UA et la Ligue des États arabes, qui, entre autres action, proposent aux femmes des financements par le truchement des institutions financières internationales.  Il a dit que l’Égypte élabore actuellement son premier plan d’action sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Plaidant ensuite pour la mobilisation des ressources, il a invité la communauté internationale à soutenir les plans africains.  Il a par ailleurs rappelé que le Président égyptien a été l’un des premiers dirigeants à se joindre à l’initiative pour la prévention de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations des Nations Unies. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a indiqué que les organisations régionales jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Un engagement politique de haut niveau est essentiel, non seulement pour la mise en œuvre des plans d’action nationaux, mais également pour l’efficacité des plans régionaux ou sous-régionaux.  À cet égard, les organisations régionales doivent partager les meilleures pratiques avec les organisations sous-régionales et travailler avec la société civile reste essentiel aux niveaux régional, national et local, a conclu la représentante.

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a indiqué que l’autonomisation des femmes et des filles n’est pas une priorité lorsqu’un pays est déchiré par un conflit.  Il a pointé les lacunes dans l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Bien souvent, a-t-il relevé, les organisations de défense des femmes ne bénéficient pas des ressources nécessaires.  Le délégué a déclaré que la communauté internationale a besoin des organisations régionales pour assurer la mise en œuvre dudit programme.  Ces organisations devraient faire un suivi de l’application de ce programme au niveau national.  Enfin, il a appuyé les efforts de l’OSCE visant à mettre un terme à l’agression russe contre l’Ukraine.  

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) s’est félicité de ce que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit de plus en plus présent dans les débats du Conseil de sécurité.  La coopération avec les organisations régionales peut rendre les efforts du Conseil plus efficaces, a-t-il estimé.  Le représentant a insisté sur le fait que la tolérance zéro à l’égard des violences sexuelle et fondée sur le sexe facilite la participation des femmes et renforce la cohésion sociale, le développement et la prévention, aux niveaux local, régional et international.  D’ailleurs, a-t-il relevé, les missions politiques spéciales ont créé des liens avec les organisations régionales pour consolider les plans d’action régionaux.  Pour aller plus loin, le représentant a prôné la volonté politique, laquelle fait souvent défaut.  Il a également plaidé en faveur d’un meilleur établissement des responsabilités pour traduire en justice les responsables des violences sexistes et autres.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a jugé nécessaire de doter les femmes de compétences essentielles qui leur permettent de participer pleinement à tous les processus décisionnels pertinents.  Il a appelé à promouvoir la coopération entre l’ONU et d’autres organisations pour promouvoir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  De même, il a souligné que les plans d’action nationaux ont le potentiel d’être d’importants outils pour guider les efforts de mise en œuvre de ce programme, se félicitant que 98 États Membres et 12 organisations régionales aient mis en place des stratégies ou plans de mise en œuvre.  Il a appelé toutes les parties prenantes concernées à soutenir cette approche afin de favoriser une participation significative des femmes.  Le représentant s’est par ailleurs dit horrifié par les allégations de violences sexuelles perpétrées par les forces russes en Ukraine, y compris des viols collectifs et des viols devant des enfants.  Il a demandé le retrait inconditionnel de toutes les troupes russes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a dit mettre en œuvre son deuxième plan d’action national « femmes, paix et sécurité » pour la période 2021-2025.  Il a demandé une action urgente pour prévenir les violences sexuelles et pour engager des poursuites contre leurs auteurs.  Il a souhaité que les organisations régionales jouent un rôle en matière d’alerte précoce, de protection, de surveillance et de collecte d’éléments de preuve.  « Les survivantes de ces crimes odieux méritent la justice. »  Le représentant a salué les efforts de la CPI, des organisations de la société civile et des acteurs étatiques qui s’efforcent de recueillir des preuves sur les violences sexuelles et fondées sur le genre, qui seraient perpétrées de manière systématique par les Forces armées russes en Ukraine.  En outre, les organisations régionales doivent veiller à ce que les femmes puissent être présentes aux tables de négociations dans tous les processus de paix et de consolidation de la paix, a-t-il ajouté.  Saluant le fait que le Secrétaire général a atteint l’objectif de parité femmes-hommes parmi les hauts représentants de l’Organisation, le représentant a souhaité que toutes les autres organisations fassent de même.   

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a plaidé pour l’autonomisation des faiseuses de paix, des médiatrices, des journalistes, des politiciennes, des défenseuses des droits humains et des travailleuses humanitaires pour créer les cadres politiques qu’il faut en faveur de la paix et de la prospérité.  Aucune solution à un conflit ne sera durable sans l’implication des femmes dans les négociations de paix.  Aucune solution durable non plus, sans l’intégration des droits des femmes et des filles dans les cadres politiques, a ajouté la représentante.  Elle a estimé que les organisations régionales sont des agents essentiels du dialogue avec la société civile laquelle a les connaissances, l’expérience et le capital humain nécessaires à l’amélioration de l’efficacité des politiques publiques sur le programme sur les femmes et la paix et la sécurité.  La représentante a d’autre part estimé que la coopération multilatérale est un catalyseur de la mise en œuvre du programme dans les régions confrontées à des défis spécifiques.  À titre d’exemple, elle a rappelé que l’Espagne a signé en décembre 2020 un protocole d’accord avec la CEDEAO sur l’exécution du programme et versé une enveloppe de 400 000 euros.  Géré par l’Institut de développement du genre de la CEDEAO, ce financement sera en partie affecté aux projets de la Plateforme des femmes du Sahel, contribuant ainsi au développement et à la stabilité de la région, s’est-elle félicitée.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souligné la mise en place d’un réseau de médiatrices de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le délégué a appelé à partager les meilleures pratiques de telles initiatives régionales.  De même, il a estimé que le Conseil de sécurité devrait appuyer les initiatives inter et intra régionales relatives au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, comme le projet bilatéral entre l’Indonésie et l’Afghanistan.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) s’est félicité des efforts de l’UE et de l’OSCE en vue de l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a rappelé que son pays assume cette année la présidence de l’OSCE et vise à accroître le nombre de femmes à des postes à responsabilité.  Il a mentionné le réseau de médiatrices mis sur pied par l’OSCE et rappelé que l’équipe la plus importante de la Mission spéciale d’observation en Ukraine de l’OSCE est dirigée par une femme.  En conclusion, le délégué de la Pologne a jugé essentiel d’établir des liens étroits entre l’ONU et les organisations régionales pour la bonne mise en œuvre du programme précité.

Mme SUDHIDHANEE (Thaïlande) a indiqué que dès 2017, les dirigeants de l’ASEAN ont adopté la Déclaration conjointe sur la promotion des femmes, la paix et la sécurité dans l’ASEAN, qui souligne l’importance de la participation égale, pleine et effective des femmes à toutes les étapes des processus de paix.  Elle reconnaît également leurs rôles indispensables dans la consolidation de la paix, la prévention et le règlement des conflits, ainsi que la reconstruction et la relève après les conflits.  Elle a indiqué que la présidence thaïlandaise de l’ASEAN a été marquée par l’adoption en 2019 d’une déclaration conjointe sur la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La Thaïlande appuie également le registre des femmes pour la paix de l’ASEAN qui a été créé en 2018 en tant que groupe de femmes expertes des processus de paix dans la région, et a joué un rôle notable pour établir les normes et procédures régionales pour répondre aux besoins des victimes de la traite des personnes, a fait savoir la représentante.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a jugé insuffisante la participation des femmes aux efforts de maintien et de consolidation de la paix.  Elle a regretté que les femmes ne représentaient en 2020, que 23% des délégations parties aux conflits dans les processus de paix appuyés par l’ONU.  Elle a souligné le rôle vital du Chili pour mettre en place un réseau de points focaux nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité et a fait savoir que son pays est aussi partenaire et cofondateur d’un réseau régional visant à former les femmes pour leur permettre de participer aux négociations relatives à la résolution des conflits.  La représentante s’est par ailleurs dite choquée par la persistance du recours à la violence sexuelle comme arme de guerre et a estimé que la priorité était de garantir partout la sécurité des femmes et des filles.  

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a rappelé que dans la résolution 1820 (2008), le Conseil de sécurité a exhorté les organisations régionales à élaborer et mettre en œuvre des politiques, activités et actions de plaidoyer en faveur des femmes et des filles affectées par les violences sexuelles liées aux conflits.  De même, la résolution 2106 (2013) prévoit que, le cas échéant, les organisations régionales, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU et les États Membres, doivent veiller à ce que les médiateurs et les émissaires s’engagent à ce que les questions de violence sexuelle liée aux conflits soient dûment reflétées dans les dispositions spécifiques des accords de paix.  Le représentant a appelé la communauté internationale à renforcer la représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et les mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits.

Mme GABRIELA LILIÁN GONZÁLEZ HERNÁNDEZ (Uruguay) a estimé que, de par leur capacité à agir sur le terrain, les organisations régionales peuvent contribuer à une plus grande participation des femmes aux processus de négociation et postconflit, tout en identifiant les problèmes les plus aigus affectant les femmes dans les conflits et autres situations de violence.  De même, ces organisations peuvent compléter les efforts des États et être utiles dans l’élaboration d’approches régionales et le partage des bonnes pratiques.  Pour la représentante, l’UA fait figure d’exemple, dans la mesure où elle a obtenu une plus grande collaboration entre les pays qui la composent mais aussi une participation plus active des femmes à toutes les étapes des processus.  En agissant main dans la main avec les organisations régionales, les Amériques pourraient également bénéficier d’une telle expérience, a-t-elle souhaité, avant de rappeler que, dans le cadre de la coopération régionale en la matière, l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay ont lancé en mars 2021 le Réseau régional des médiatrices du cône Sud.  Ce projet pionnier en Amérique latine et dans les Caraïbes vise à donner de la visibilité au travail important que font les femmes pour la prévention des conflits dans leurs communautés et le renforcement de tissu social, a précisé la déléguée.  Elle a d’autre part indiqué que l’Uruguay est l’un des premiers pays au monde à avoir terminé son étude des obstacles au déploiement des femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, elle a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’Action pour le maintien de la paix et ses stratégies de mise en œuvre afin d’œuvrer à la présence féminine dans les opérations et assurer une participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes des processus de paix.  

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que son pays vient d’adopter un plan d’action national sur les femmes et la paix et la sécurité.  C’est une manifestation concrète de la volonté du Maroc de mettre en œuvre le programme qui est porteur de transformation, a-t-il relevé.  Le Maroc s’est du reste dit engagé à travailler avec l’ONU et les partenaires régionaux pour faire avancer le programme sur les femmes et la paix et la sécurité, étant donné que la contribution des femmes aux processus de paix est un gage de durabilité, a-t-il conclu.

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) a déclaré que les organisations régionales sont des plateformes précieuses d’échanges de bonnes pratiques en ce qui concerne l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Rappelant que l’agression de la Russie contre l’Ukraine se poursuit, le délégué a dénoncé l’emploi par les soldats russes de la violence sexuelle comme arme de guerre.  Il a demandé que soient établies les responsabilités pour les crimes commis et rappelé que cette agression, ainsi que l’occupation russe de régions géorgiennes, violent la Charte des Nations Unies et mettent en péril l’architecture internationale de paix et de sécurité.  Enfin, il a indiqué que son pays applique son quatrième plan d’action national dans le cadre du programme précité.

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a dit que la participation effective et véritable des femmes à tous les processus de paix est la pierre angulaire de toutes les politiques visant à assurer la stabilité des sociétés.  Il a souligné l’importance de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité pour inciter les États à mettre en œuvre des plans nationaux et régionaux qui tiennent compte des spécificités locales.  Il a rappelé la pertinence de la Déclaration de Lomé qui stipule que tout pays qui verra une prise de pouvoir inconstitutionnelle sera suspendu de l’organisation régionale.  

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a déploré le manque de progrès dans l’application de la résolution 1325 (2000).  Dans un contexte de coups d’État militaires et de prises de pouvoir par la force, les organisations régionales peuvent jouer un rôle positif quant à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il estimé.  Il a encouragé l’inclusion de la question des femmes, la paix et la sécurité à l’ordre du jour du Marché commun du Sud (MERCOSUR), ainsi que dans les conférences régionales sur les femmes d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le programme précité doit être une priorité non seulement de ce Conseil, mais de l’ONU dans son ensemble, a estimé le délégué.

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a estimé que la participation active des femmes à l’activité politique à tous les niveaux ainsi que leur contribution à la prévention et à la résolution des conflits doivent constituer une priorité des organisations multilatérales et régionales, comme c’est le cas pour les politiques publiques nationales du Venezuela.  Il a fait valoir à cet égard que l’effort de consolidation de l’unité latino-américaine s’appuie sur un solide engagement pour la promotion et la participation politique, économique et sociale des femmes.  Il a ensuite dénoncé l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales, qui constituent une arme de guerre multidimensionnelle instrumentalisant les droits de l’homme, les systèmes financiers, l’aide humanitaire, les chaînes commerciales, les technologies de l’information et de la communication, l’accès à la santé et à l’éducation, ainsi qu’une infinité d’autres secteurs essentiels pour le développement de tout État.  L’un des résultats les plus désastreux de la politique inhumaine d’agression est le recul des droits acquis, y compris ceux des femmes, a-t-il souligné, avant d’exprimer le soutien de son pays aux efforts des Nations Unies et de toutes les organisations régionales et sous-régionales dans le renforcement du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a également réitéré sa condamnation ferme et catégorique de l’exploitation et des abus sexuels en toute circonstance.  

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a estimé qu’il est temps d’intégrer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les doctrines militaires, les cadres normatifs et les codes de conduite des acteurs étatiques et non étatiques.  Il est important de conscientiser les femmes et les filles dont les droits fondamentaux sont bafoués.  Attirant l’attention sur les situations les plus désastreuses, comme dans l’est de la RDC, au Yémen, en l’Afghanistan, au Myanmar ou encore en Ukraine, Mme Baptista Grade Zacarias a jugé indispensable de lutter contre l’impunité.  Avant, pendant et après les conflits, les femmes doivent être incluses dans les processus de prise de décisions et les organisations régionales, en particulier celles qui sont actives dans le domaine de la paix et de la sécurité, tenir dûment compte de cette préoccupation.  Le Portugal, a-t-elle conclu, en est à la troisième édition de son plan d’action national sur la résolution 1325, basé sur trois objectifs principaux: la prévention, la protection et la participation.  Dans le cadre de sa coopération au développement, il consacre plus d’un tiers de son aide bilatérale, soit environ 35%, à des initiatives favorisant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a précisé la représentante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial des 24: l’impasse politique en Nouvelle-Calédonie risque de compromettre le processus de décolonisation, affirme le Conseiller du Président néo-calédonien

5e séance plénière,
matin
AG/COL/3359

Comité spécial des 24: l’impasse politique en Nouvelle-Calédonie risque de compromettre le processus de décolonisation, affirme le Conseiller du Président néo-calédonien

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité spécial des Vingt-Quatre) a été alertée, ce matin, que la Nouvelle-Calédonie est entrée dans la phase la plus critique de son évolution politique en raison de l’important taux d’abstention lors du référendum du 12 décembre 2021.

Conseiller du Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, M. Charles Wea a prévenu que cette impasse politique et institutionnelle risque de compromettre la sortie du processus de décolonisation prévu par l’Accord de Nouméa.  Selon lui, des difficultés sont notamment à prévoir lors de la reprise des discussions entre Paris et Nouméa, les partis indépendantistes ayant déclaré ne pas reconnaître la légitimité́ politique de cette consultation. 

Qualifiant au contraire d’incontestable la validité de la troisième consultation prévue par l’Accord de Nouméa, la France, évoquant le début d’une période de transition, a appelé à la poursuite du dialogue afin de bâtir un projet commun sur le développement de la Nouvelle-Calédonie.

Ce dialogue portera aussi sur les futures institutions de la Nouvelle-Calédonie dans la République française et c’est ce projet, respectant toutes les communautés et garantissant le vivre-ensemble, qui fera l’objet d’un nouveau référendum, a fait savoir le représentant.

Parmi les pétitionnaires, plusieurs ont fait observer que le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avait demandé le report du scrutin en raison de la pandémie de COVID-19.  La France a pour sa part évoqué un choix politique.

Le Comité spécial a ensuite brièvement examiné la question des Îles Vierges américaines.  Il se réunira à nouveau lundi 20 juin, à partir de 10 heures, pour entendre les pétitionnaires de Porto Rico.

Question de la Nouvelle-Calédonie

M. CHARLES WEA, Conseiller du Président du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a indiqué que la Nouvelle Calédonie est entrée dans la phase la plus critique de son évolution politique, le processus référendaire n’ayant malheureusement pas recueilli la participation attendue de toute la population lors de la dernière consultation, en particulier celle du peuple kanak et des partisans de l’indépendance.  Il a alerté que cette impasse politique et institutionnelle risque de compromettre la sortie du processus de décolonisation comme prévu par l’Accord de Nouméa.  Selon lui, des difficultés sont à prévoir lors de la reprise des discussions entre Paris et Nouméa, les partis indépendantistes ayant déclaré́ ne pas reconnaître la légitimité politique de cette consultation et appelé à un véritable référendum d’autodétermination.

M. Wea a indiqué que son gouvernement a lancé depuis 2021 les grands travaux sur les réformes fiscales, économiques et sociales de la Nouvelle-Calédonie qui, a-t-il affirmé, est quasiment prête à accéder à un statut de pleine souveraineté, à l’exception des cinq compétences dites régaliennes.  Il a ensuite sollicité l’étroite collaboration du Comité spécial pour éclairer les discussions avec la Puissance administrante sur la voie à suivre. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a indiqué que la troisième consultation prévue par l’Accord de Nouméa s’est tenue le 12 décembre 2021, et que pour la troisième fois, les Calédoniens se sont prononcés contre l’accès à la pleine souveraineté et à l’indépendance.  Évoquant le début d’une période de transition, il a appelé à la poursuite du dialogue afin de bâtir un projet commun sur le développement de la Nouvelle-Calédonie.  Ce dialogue portera aussi sur les futures institutions de la Nouvelle-Calédonie dans la République française et c’est ce projet, respectant toutes les communautés et garantissant le vivre-ensemble, qui fera l’objet d’un nouveau référendum, a-t-il ajouté.

Le représentant a estimé que l’appel des indépendantistes à ne pas prendre part à la consultation est un choix politique.  Il a également fait savoir que la juridiction administrative de dernier ressort vient de juger le 3 juin qu’aucun des motifs invoqués ne remet en cause la régularité de la consultation.  Sa validité est donc incontestable, a-t-il souligné, avant de réitérer l’invitation de la France au Comité spécial à se rendre en Nouvelle-Calédonie à l’automne 2022.  La France, a-t-il souligné, est déterminée à poursuivre des discussions apaisées et fructueuses avec l’ensemble des forces vives de la Nouvelle-Calédonie.

Mme MARIE-LAURE UKEIWE, Province du Sud de la Nouvelle-Calédonie, a indiqué que le 12 décembre 2021, des dizaines de milliers de Calédoniens ont choisi de rester français lors du troisième référendum sur la question de la Nouvelle-Calédonie.  Elle a souligné que les Kanaks n’ont pas été mis à l’écart du référendum mais que c’est le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui a choisi d’appeler à ne pas voter.  Elle a appelé à respecter du choix des Calédoniens qui après trois référendums, ont clairement dit qu’ils veulent rester au sein de la République française. 

Pour M. JAMES BHAGWAN, Conférence pacifique des églises, le référendum du 12 décembre 2021 n’est pas conforme à l’Accord de Nouméa.  Il a rappelé qu’un délai raisonnable avait été demandé pour la tenue de celui-ci en raison de la pandémie durant laquelle beaucoup de Kanaks ont fait le deuil de leurs morts, déplorant que la France soit demeurée inflexible.  De nombreux Kanaks n’ont pas pu être enregistrés et plus de 56% des électeurs n’ont pas voté.  Le Forum du Pacifique a dit que le processus n’a pas été respecté. 

Mme FRÉDÉRIQUE MULIAVATO, Congrès de la Nouvelle-Calédonie, a déclaré que le 12 décembre 2021 est une journée de tristesse et de profonde injustice pour le peuple kanak.  À cause de la pandémie, le FLNKS a demandé le report du scrutin mais il n’a pas été entendu.  Appelant à l’abstention, il n’y a eu que 43% de participation au référendum et son résultat n’a donc aucune légitimité politique.  Elle a indiqué que le FLNKS n’a plus d’autre choix que de se tourner vers la Cour internationale de Justice et la Commission des droits de l’homme pour faire entendre sa voix.  Le parti compte aussi poursuivre les discussions avec la France et l’ONU sur la question de la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. 

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée), qui s’exprimait aussi au nom de Fidji, et porte-plume de la résolution sur la Nouvelle-Calédonie, a réaffirmé sa volonté de travailler de la façon la plus constructive avec la France et la Nouvelle-Calédonie sur la voie de l’autodétermination.  S’agissant du projet de résolution, il a indiqué que celui-ci appelle notamment à combler le fossé socioéconomique entre les différents groupes ethniques, notamment les Kanaks.  Appelant à ne pas oublier que la Nouvelle-Calédonie se trouve à une phase cruciale de son processus d’autodétermination suite au troisième référendum d’autodétermination, il a salué la volonté de la France d’amorcer le dialogue et a invité toutes les parties pertinentes à y participer et à veiller à ce que les prochaines étapes du processus d’autodétermination soient justes, transparentes et guidées par la Charte des Nations Unies. 

Question des Îles Vierges américaines

Mme JUDITH BOURNE, pétitionnaire, a indiqué que les Îles Vierges américaines ont été frappées par des ouragans ces cinq dernières années et plus récemment par la COVID-19.  Or les allocations de la Puissance administrante ont été interrompues malgré l’urgence qu’il y avait à réparer les infrastructures.  Les flux de fonds arrivés en retard n’ont pas pu compenser les pertes du tourisme, a-t-elle affirmé en rappelant que ces îles sont un territoire non incorporé aux États-Unis. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: M. Carmel Agius dresse le bilan de sa présidence du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux

9062e séance - matin
CS/14930

Conseil de sécurité: M. Carmel Agius dresse le bilan de sa présidence du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux

Pour sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité, le Président du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, M. Carmel Agius, a dressé le bilan de sa présidence, en soulignant les « progrès remarquables accomplis » malgré d’importants défis, dont la pandémie de COVID-19.  Les délégations lui ont décerné un satisfecit, même si certaines notes dissonantes sont venues de la Fédération de Russie et de la Serbie.

Le Président Agius a rappelé qu’il ne reste plus que trois affaires principales en instance, ce qui représente une réduction importante de la charge de travail par rapport au début de l’année 2019.  « Il n’en restera plus que deux très prochainement, à la suite du prononcé de l’arrêt, le 29 juin 2022, dans l’affaire Fatuma et consorts. »  Dans l’autre affaire en appel, l’affaire Stanišić et Simatović, la procédure est en bonne voie et devrait s’achever dans les délais prévus, à savoir en juin 2023, a-t-il dit.

L’une des priorités de sa présidence a été l’achèvement rapide et efficace des procédures judiciaires dont était saisi le Mécanisme, dans le respect des droits fondamentaux.  M. Agius a fait état d’avancées majeures dans la recherche des fugitifs du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), sachant qu’il n’en reste plus que quatre, tous devant être jugés au Rwanda.  Le Président n’a pas fait mystère des « revers » essuyés par le Mécanisme, en indiquant notamment que la question du devenir des personnes acquittées ou libérées n’a pas été résolue. 

Il a aussi parlé des difficultés rencontrées dans l’affaire d’outrage mettant en cause Petar Jojić et Vjerica Radeta en pointant le manquement persistant de la Serbie à l’égard de ses obligations.  Enfin, à l’instar du Procureur, M. Serge Brammertz, qui s’est également exprimé, le Président a déclaré qu’après 10 ans d’activités, le Mécanisme est sur le point de concrétiser la vision du Conseil de sécurité voulant qu’il soit « une petite institution à vocation temporaire ».

Les délégations ont été nombreuses à saluer les efforts et les succès du Mécanisme sous la présidence de M. Agius, à l’instar du Kenya qui a souligné des « progrès notables » et de l’Inde qui a apprécié cette présidence « tout entière tournée vers l’obtention de résultats ».  De « francs succès dans la lutte contre l’impunité », a renchéri le délégué des États-Unis.  Rappelant que le Mécanisme va revoir ses fonctions à la baisse, ce dernier a exhorté les juridictions nationales à accroître leurs efforts en ce qui concerne l’établissement des responsabilités. 

Un appel repris par de nombreux membres du Conseil, à la suite du Procureur du Mécanisme qui a jugé prioritaire l’assistance aux juridictions nationales chargées de poursuivre les auteurs de crimes internationaux commis dans les deux pays concernés.  Le Gabon, en sa qualité de Président du Groupe de travail informel sur le Mécanisme international résiduel, n’a pas dit autre chose en appelant à renforcer les capacités des systèmes judicaires nationaux.

La Fédération de Russie s’est en revanche livrée à un véritable réquisitoire contre le Mécanisme, en l’accusant de n’avoir « absolument pas avancé dans la conclusion de ses travaux ».  Regrettant que ni le niveau de personnel ni le budget n’aient baissé depuis 2017, le délégué russe a accusé le Mécanisme de faire du « surplace » et de « l’enfumage autocratique » alors qu’il n’y a que trois affaires à gérer.  Enfin, la Ministre de la justice de la Serbie a dénoncé les allégations sur la non-coopération présumée de son pays dans l’affaire Jojić et Radeta et jugé inacceptable le transfert de cette affaire au Mécanisme.  Quant à la Croatie, elle a souhaité que l’affaire Stanišić et Simatović soit examinée en appel en cohérence avec le jugement du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

MÉCANISME INTERNATIONAL APPELÉ À EXERCER LES FONCTIONS RÉSIDUELLES DES TRIBUNAUX PÉNAUX

Déclarations

M. CARMEL AGIUS, Président du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, a précisé qu’il prend la parole devant le Conseil une dernière fois avant de quitter ses fonctions.  Il a souligné les progrès remarquables accomplis tout au long de sa présidence, malgré d’importants défis, et notamment la pandémie de COVID-19.  Il ne nous reste plus que trois affaires principales, ce qui représente une réduction importante de la charge de travail par rapport au début de l’année 2019, a dit le Président.  « Il n’en restera plus que deux très prochainement, à la suite du prononcé de l’arrêt, le 29 juin 2022, dans l’affaire Fatuma et consorts, dont je préside la procédure en appel. »  Dans l’autre affaire en appel, l’affaire Stanišić et Simatović, la procédure est en bonne voie et devrait s’achever dans les délais prévus, à savoir en juin 2023, et une autre conférence de mise en état se tiendra la semaine prochaine, a indiqué le Président. 

Dans l’affaire Kabuga, il a précisé que la Chambre de première instance a, hier, rendu sa décision: la Chambre a conclu que la défense n’avait pas établi que Félicien Kabuga était actuellement inapte à être jugé.  La Chambre de première instance a en outre ordonné, entre autres, que l’accusé reste détenu à la division du Mécanisme à La Haye et que son procès commence sur place, jusqu’à ce qu’il en soit décidé autrement.  Il a rappelé que l’une des priorités de sa présidence a été l’achèvement rapide et efficace des procédures judiciaires en cours au Mécanisme, dans le respect des garanties de procédure et des droits fondamentaux.  Des avancées majeures dans la recherche des fugitifs du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont également eu des conséquences décisives sur les opérations du Mécanisme et ses perspectives, a-t-il fait valoir en signalant qu’il ne reste plus que quatre fugitifs du TPIR, tous devant être jugés au Rwanda.

Le Président a précisé que les responsabilités du Mécanisme en ce qui concerne le suivi des affaires renvoyées aux juridictions nationales ont été considérablement réduites.  « Lorsque j’ai pris mes fonctions de Président, le Mécanisme était chargé de suivre sept affaires, il n’en reste désormais plus que deux. »  Parallèlement à ces résultats, nous avons essuyé quelques revers, a dit le Président.  À « son grand regret », M. Agius a déclaré que la situation des personnes acquittées ou libérées n’a pas été résolue.  L’accord contraignant signé par l’ONU et le Niger en vue de la réinstallation de ces personnes sur le territoire nigérien n’a pas été respecté, a-t-il regretté.  « Par ailleurs, l’affaire d’outrage mettant en cause Petar Jojić et Vjerica Radeta illustre bien les cas où la capacité du Mécanisme à rendre la justice a été mise à mal, dans ce cas précis, du fait du manquement persistant de la Serbie aux obligations internationales imposées à tous les États par ce Conseil dans la résolution 1966 (2010) », a regretté le Président.

Après 10 ans d’activités, le Mécanisme est sur le point de concrétiser la vision du Conseil de sécurité voulant qu’il soit une petite institution à vocation temporaire, un effort qui ne devrait pas être sous-estimé, a déclaré le Président.  Il a tenu à souligner que bon nombre de ses activités —dont un certain nombre de fonctions judiciaires— se poursuivront dans un futur prévisible, et ce, bien après l’achèvement des affaires principales, à moins que le Conseil de sécurité n’en décide autrement.  « Il appartiendra au Conseil de sécurité, qui a lui-même fixé la portée du mandat du Mécanisme, de décider si et quand certaines de nos responsabilités devraient, de manière plus appropriée, être prises en charge par d’autres. » 

M. SERGE BRAMMERTZ, Procureur du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, s’est dit heureux d’informer le Conseil que, durant ces deux dernières années, son Bureau a retrouvé la moitié des fugitifs qui étaient recherchés depuis la fermeture du TPIR.  Il s’agit notamment des trois principaux fugitifs, à savoir Félicien Kabuga, Augustin Bizimina et Protais Mpiranya, ex-commandant de la Garde présidentielle.  Mais, a-t-il relevé, pour les victimes du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis, il est intolérable que l’on ne sache toujours pas où se trouvent ceux qui sont accusés de crimes atroces.  Si rien ne peut effacer la douleur des victimes, nous espérons cependant qu’elles seront satisfaites de savoir que la chasse aux fugitifs se poursuit, a-t-il confié, ajoutant qu’une étape supplémentaire a été franchie par le Mécanisme dans l’accomplissement de ce mandat puisque, pour l’heure, seuls quatre fugitifs sont encore recherchés, dont Fulgence Kayishema.  À ce sujet, il a indiqué qu’avec l’appui du Président sud-africain et de son cabinet, une équipe spéciale opérationnelle a été récemment créée pour aider son Bureau à arrêter et traduire en justice ce fugitif.  Notre but est de retrouver les quatre derniers fugitifs avant que le Conseil de sécurité n’entame son prochain examen des travaux du Mécanisme, a-t-il dit. 

Le Procureur a d’autre part précisé que son Bureau poursuit ses efforts visant à clore les dernières procédures en première instance et en appel, pour que justice soit rendue aux victimes au Rwanda et en ex-Yougoslavie.  Il a qualifié de prioritaire l’assistance aux juridictions nationales chargées de poursuivre les auteurs de crimes internationaux commis dans ces deux pays, rappelant au passage que des milliers d’affaires demeurent pendantes devant les juridictions nationales.  Ainsi, le Procureur général du Rwanda entend toujours poursuivre plus d’un millier de fugitifs accusés d’avoir perpétré le génocide.  En Bosnie-Herzégovine, en Croatie et en Serbie, plus de 3 000 auteurs présumés de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide doivent encore faire l’objet d’enquêtes et de poursuites, a-t-il ajouté, soulignant l’importance de l’aide apportée à cette fin par son Bureau.  Les éléments de preuve qu’il a recueillis représentent plus de 11 millions de pages de témoignages, rapports et comptes rendus nécessaires au travail des parquets nationaux.  De plus, nos employés ont une excellente connaissance des crimes commis et de leurs auteurs, ce qui se reflète dans le nombre de demandes d’assistance que le Bureau reçoit chaque année. 

Pourtant, malgré cet appui, les parquets nationaux continuent de rencontrer des difficultés, a déploré M. Brammertz.  En ex-Yougoslavie, a-t-il expliqué, l’enjeu le plus important demeure la coopération judiciaire dans la région.  Si le Bureau a été à l’origine de nombreuses avancées entre la Bosnie-Herzégovine et la Serbie, notamment dans la lutte contre l’impunité, ces deux pays peinent à obtenir la coopération de la Croatie, a regretté le Procureur du Mécanisme.  Aujourd’hui, nombreux sont ceux à avoir l’impression qu’il existe en Croatie la volonté de rendre justice aux victimes croates mais pas à celles d’autres groupes ethniques, a-t-il alerté, invitant ce pays à envoyer toutes les demandes d’assistance pendantes, actuellement bloquées par le Ministère de la justice, aux autorités judiciaires compétentes et à encourager ces dernières à traiter ces demandes en urgence.  Il a par ailleurs demandé aux pays de l’ex-Yougoslavie de mettre de côté leurs clivages politiques et de renforcer sensiblement leur coopération pour retrouver les personnes disparues.  C’est un impératif humanitaire, a-t-il affirmé.

En ce qui concerne le Rwanda, M. Brammertz a réitéré son appel à redoubler d’efforts pour traduire en justice les génocidaires qui ont fui vers d’autres pays, notamment en Europe et en Afrique.  S’il est compréhensible que les gouvernements donnent l’ordre à la police et aux procureurs de se concentrer sur les crimes commis aujourd’hui, cela ne saurait servir de prétexte pour ne pas enquêter sur les crimes de génocide perpétrés au Rwanda il y a 20 ans, a-t-il martelé, appelant à une détermination « universelle » pour établir les responsabilités pour les crimes internationaux.  S’agissant par ailleurs du processus d’examen en cours concernant le Mécanisme résiduel, il a réaffirmé l’engagement de son Bureau à concrétiser la vision du Conseil voulant que le Mécanisme soit une « petite entité efficace à vocation temporaire ».  Pendant la période considérée, et en dépit de la réduction de ses effectifs et du redéploiement de ses ressources, il est parvenu à des déclarations de culpabilité dans trois affaires importantes, s’est-il félicité, citant les procès en première instance dans les affaires Stanišić et Simatović, et Nzabonimpa et consorts, et la procédure d’appel dans l’affaire Mladić.  Ce sont là des résultats concrets qui contribuent à rendre justice aux victimes et, dans le même temps, marquent la fin prochaine des fonctions résiduelles du Mécanisme, a-t-il conclu, non sans rendre hommage aux accomplissements du Président Agius durant son mandat. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), en sa qualité de Président du Groupe de travail informel sur le Mécanisme international résiduel, a indiqué que l’arrestation de Félicien Kabuga, la traque des fugitifs, la confirmation récente, après de longues investigations, du décès de Protais Mpirania et Phénéas Munyarugarama, qui s’ajoutent aux condamnations de Ratko Mladić, Jovica Stanišić, Franco Simatović ou encore Nzabonipa et consorts, sont autant de faits qui reflètent clairement une mobilisation de la justice pénale contre l’impunité.  Il a jugé cruciale la coopération des États avec les Tribunaux pénaux afin d’optimiser la collecte des éléments de preuve.  Ces preuves sont indispensables pour ouvrir des enquêtes judiciaires en vue de l’établissement des faits pour les crimes présumés, notamment au Rwanda.  À cet égard, il a estimé important de renforcer les capacités des systèmes judicaires nationaux.  Le délégué a estimé que le Mécanisme international résiduel doit aller au bout de son mandat, parce que de nombreux défis demeurent.  Il a ainsi évoqué les chantiers de la recherche active des fugitifs, de la clôture des procédures en instance et en appel, de la réinstallation des personnes acquittées ou condamnées ayant purgé leur peine, de la sensibilisation à la lutte contre la glorification des auteurs d’atrocités et les velléités de négation des crimes graves.  

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a estimé que le Mécanisme n’a absolument pas avancé dans la conclusion de ses travaux avant de regretter que ni le niveau de personnel ni le budget n’aient baissé depuis 2017.  Il a accusé le Mécanisme de faire du « surplace » et de « l’enfumage autocratique » alors qu’il n’y a que trois affaires à gérer.  « Nous ne comprenons pas pourquoi il ait conservé autant de personnel dans ces conditions. »  L’utilisation efficace des ressources n’a jamais été le point fort des Tribunaux pénaux internationaux, a estimé le représentant en rappelant que le Mécanisme avait mis entre 15 et 20 ans pour découvrir que deux fugitifs étaient morts.  Cela témoigne selon lui de l’inefficacité du Mécanisme.

S’inquiétant de la détérioration de l’état de santé de M. Ratko Mladić, le représentant russe a demandé une assistance médicale la plus qualifiée conformément à la résolution 2529 (2020).  Le Mécanisme a suivi la regrettable tendance à la partialité du TPIY en matière de politisation, selon lui, pour donner le sentiment que seul le peuple serbe est coupable des évènements des années 90.  Il a cité un rapport du 7 janvier 2011 du Conseil parlementaire du Conseil de l’Europe sur les abus des forces albanaises du Kosovo, dont la mise en place d’un trafic d’organes.  Le représentant russe a regretté que le Mécanisme n’ait eu aucune question à poser aux auteurs du rapport européen faisant état de monstruosités dont se sont rendus coupables les responsables albanais du Kosovo.  Il a demandé des explications quant à la décision d’abandonner les poursuites relatives à des crimes commis par des Albanais.

Mme KAJAL BHAT (Inde) a salué la présidence de M. Agius, tout entière tournée vers l’obtention de résultats.  Les efforts visant à assurer la continuité de la justice sont d’autant plus louables que le Mécanisme a dû faire face à des circonstances extraordinaires, a-t-elle relevé.  La déléguée a souligné l’importance que le Mécanisme s’acquitte de son mandat dans le respect des principes de justice, d’impartialité et d’équité.  Elle a salué les efforts en vue de régler la situation des personnes acquittées ou libérées.  Le Mécanisme devrait continuer de progresser en ce qui concerne la protection des témoins, l’appréhension des derniers fugitifs et l’aide aux juridictions nationales, a conclu la déléguée de l’Inde.

Mme DIARRA DIME-LABILLE (France) a salué les accomplissements du Mécanisme dans ses activités judiciaires avant de prédire une année majeure pour la justice pénale internationale avec les trois procès en appel ainsi que le jugement de M. Kabuga.  Elle a dès lors plaidé pour que le Mécanisme dispose des ressources financières nécessaires à l’acquittement de son mandat et pour qu’il bénéficie de la pleine coopération des États.  L’arrestation, en France, de M. Kabuga a été possible grâce à la stratégie de recherche des fugitifs du Bureau du Procureur et le soutien de la France et de ses services judiciaires spécialisés, s’est-elle enorgueillie.  Elle a donc exhorté les États à participer à l’arrestation des quatre derniers fugitifs pour que justice soit rendue aux victimes.  S’agissant des affaires renvoyées devant les juridictions nationales, la déléguée a rappelé que le procès de Laurent Bucyibaruta s’est ouvert le 9 mai 2022 à Paris.  Le Mécanisme joue un rôle indispensable de suivi et de conseil aux autorités judiciaires nationales, a-t-elle estimé.  Rappelant que le mandat du Mécanisme est d’être une « petite entité efficace à vocation temporaire, dont les fonctions et la taille iront en diminuant », elle s’est félicitée que le rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) confirme les efforts constants du Mécanisme pour se conformer à sa nature temporaire.  Enfin, elle a pris acte « avec regret » de la décision du Président Agius de ne pas reconduire son mandat à la tête du Mécanisme mais s’est réjouie de savoir qu’il pourra apporter ses compétences et son expérience en tant que juge du Mécanisme.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a abordé la question de la relocalisation des personnes acquittées ou libérées par le Mécanisme, en encourageant ce dernier à poursuivre ses efforts diplomatiques pour trouver une solution à l’amiable avec les États d’accueil.  Il a affirmé le soutien du Ghana à tous les efforts du Mécanisme pour arrêter les fugitifs.  Il a en outre salué la collaboration entre le Bureau du Procureur et les entités chargées des enquêtes nationales, avant de se féliciter de la coopération entre le Mécanisme et le Bureau des services de contrôle interne (BSCI).  Il a conclu en saluant les efforts déployés par le Président et le Procureur du Mécanisme et leur personnel, malgré les contraintes de la COVID-19.

M. CHANAKA LIAM WICKREMASINGHE (Royaume Uni) s’est inquiété de la persistance de la glorification de criminels de guerre et de négations de génocides qui ont eu lieu au Rwanda ou en ex-Yougoslavie.  S’agissant de l’avenir du Mécanisme, il a rappelé que quatre fugitifs sont encore recherchés.  Il a dit attendre avec intérêt le procès de Félicien Kabuga en rappelant qu’au-delà des procès il y a des peines à appliquer, des témoins à protéger et des archives à entretenir.  Il a dénoncé le non-respect par la Serbie de ses obligations en matière de coopération avec le Mécanisme avant d’appeler tous les pays de la région à lever tous les obstacles à cette coopération.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a salué le travail abattu par le Mécanisme, dans des circonstances difficiles.  Il a fait état d’avancées significatives, notamment en ce qui concerne l’affaire Félicien Kabuga.  Il a exhorté la Serbie à transférer au Mécanisme les personnes inculpées, avant de souhaiter la fin de la procédure d’appel dans les affaires Fatuma et consorts et Stanišić et Simatović.  Il a rappelé que son pays a proposé une récompense de 5 millions de dollars pour l’appréhension des fugitifs recherchés par l’ex-TPIR.  Rappelant que le Mécanisme va progressivement revoir ses fonctions à la baisse, il a exhorté les juridictions nationales à accroître leurs efforts en ce qui concerne l’établissement des responsabilités.  Le Mécanisme a engrangé de francs succès dans la lutte contre l’impunité, a salué le délégué avant de rappeler que « les pays sont forts quand ils sont honnêtes avec leur passé ».  Les crimes commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda n’étaient pas des accidents mais bien le fruit d’une volonté politique, a encore rappelé le délégué.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a félicité le Président Agius pour son mandat à la tête du Mécanisme depuis 2019, au cours duquel ce dernier a apporté d’importantes contributions à la justice internationale, malgré des défis importants.  Il a exhorté le Mécanisme à poursuivre la réduction de ses fonctions dans les prochains cycles d’examen.  Prenant note des activités du Mécanisme, notamment de la décision rendue dans l’affaire Kabuga, il a cependant constaté que les affaires Stanišić et Simatović et Fatuma et consorts restent pendantes.  Concernant les fugitifs, il a pris acte des conclusions du Bureau du Procureur faisant état de la mort de deux d’entre eux, avant d’appeler les États impliqués à intensifier leur coopération avec le Mécanisme pour parvenir à la localisation et l’arrestation des quatre fugitifs.  Il a par ailleurs regretté que l’accord de relocalisation conclu avec le Niger pour accueillir des personnes ayant purgé leur peine ou ayant été déclarées non coupables ait été annulé.  Cela démontre la nécessité de trouver des solutions à long terme pour ceux qui se trouvent dans cette situation, ainsi que pour éviter ces situations à l’avenir, a-t-il commenté, avant de réitérer son soutien aux efforts du Mécanisme pour conclure les affaires en attente.

M. SUOOD RASHED ALI ALWALI ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a exprimé son inquiétude face à la situation non résolue des huit personnes acquittées et libérées, exhortant le Mécanisme à continuer de travailler avec toutes les parties concernées pour trouver une solution appropriée.  Il a salué le travail du Mécanisme pour mettre en œuvre les recommandations du Bureau des services de contrôle interne (BSCI).  Il a dit que les Émirats arabes unis soutiennent l’extension du mandat du Mécanisme pour une nouvelle période de deux ans.  Parce que la justice est une entreprise collective, il a appelé tous les États Membres à remplir leurs obligations à coopérer avec le Mécanisme afin de tourner la page de ces sombres chapitres.

M. DAI BING (Chine) a exhorté le Mécanisme à s’acquitter de ses missions conformément au mandat que lui a confié le Conseil de sécurité et aux recommandations du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les tribunaux internationaux.  Il a pris note avec satisfaction de la date prévue, en septembre, pour le démarrage du procès de M. Félicien Kabuga en exhortant le Mécanisme à se concentrer sur la réalisation des activités judiciaires.  Après avoir mis l’accent sur l’importance primordiale de la coopération entre les États Membres et le Mécanisme, le représentant de la Chine a regretté l’insuffisance de communication autour de la situation des personnes jugées ou acquittées.  C’est pourquoi il a invité le Mécanisme à améliorer la communication et la coopération en tirant les enseignements des succès des Tribunaux pénaux.  

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a souligné la nécessité de préserver la prééminence des autorités nationales en ce qui concerne la prévention des conflits et l’établissement des responsabilités.  Les capacités judiciaires des États doivent être renforcées, a-t-elle dès lors plaidé.  Elle a salué les progrès notables du Mécanisme en vue de l’achèvement de son travail, en rappelant l’importance dudit achèvement pour la réconciliation.  Elle a rappelé la vision du Conseil de sécurité voulant que le Mécanisme soit une petite institution à vocation temporaire.  En conclusion, la déléguée a demandé l’achèvement des affaires pendantes, y compris celle relative à Félicien Kabuga, et appelé tous les États à coopérer avec le Mécanisme pour appréhender les derniers fugitifs.

Mme TRINE HEIMERBACK (Norvège) a rappelé que tous les États ont l’obligation de se conformer pleinement aux décisions du Conseil de sécurité.  Elle a regretté l’absence de progrès dans l’affaire Jojić et Radeta, avant de demander à la Serbie de coopérer pleinement avec le Mécanisme.  Elle a également regretté qu’en dépit d’un accord antérieur, le Mécanisme soit toujours confronté à des problèmes pour la relocalisation des huit personnes acquittées ou libérées.  À cet effet, elle a exhorté le Niger à adhérer pleinement à l’accord à ce sujet avec l’ONU.  Avec quatre fugitifs toujours en liberté dans la question du génocide rwandais, elle a prié tous les États à coopérer pleinement avec le Mécanisme et à interpeller et remettre à la justice tous les fugitifs restants.  De même, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités en examinant toutes les mesures possibles pour faciliter l’arrestation des personnes recherchées par le Mécanisme, a-t-elle plaidé.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a salué le succès des travaux du Mécanisme pendant ces deux dernières années, mais rappelé que la coopération est essentielle pour garantir qu’il puisse remplir ses fonctions.  Il a souligné l’obligation des États de coopérer avec les enquêtes et poursuites.  Regrettant l’échec persistant de la Serbie à prendre des mesures en relation avec l’affaire Jojić et Radeta, le représentant a exhorté tous les États à respecter leurs obligations et coopérer pleinement avec le Mécanisme pour l’arrestation des quatre derniers fugitifs.  Il s’est dit par ailleurs préoccupé par les difficultés relatives aux huit personnes acquittées ou libérées qui ont été déplacées d’Arusha à Niamey en décembre 2021.  Enfin, après avoir mis l’accent sur les liens entre justice, réconciliation et consolidation de la paix, le représentant a alerté sur les tendances inquiétantes à la glorification des criminels de guerre.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que le Mécanisme résiduel est un exemple remarquable de la façon dont la communauté internationale peut travailler ensemble au nom de la justice.  Bien qu’il ne puisse exister indéfiniment, il est primordial de juger tous les crimes qui ont été à l’origine de sa création et de l’établissement des anciens Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, a-t-il souligné, jugeant en outre qu’il ne serait pas responsable de croire que les victimes et les témoins peuvent, seuls, rester en sécurité après les procès.  Pour le représentant, le Mécanisme résiduel remplit toujours ses fonctions vitales et doit donc pouvoir poursuivre son action aussi longtemps que nécessaire.  Partisan du renouvellement de son mandat ainsi que celui de ses juges, procureur et greffier, le Brésil est prêt, en tant que membre du Conseil de sécurité, à collaborer aux efforts visant à adopter une résolution à cette fin avant le 30 juin, a-t-il indiqué, avant de saluer le travail de coordination réalisé par le Gabon dans le cadre du Groupe de travail informel sur les tribunaux internationaux. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué le travail abattu par le Mécanisme, malgré les difficultés.  La justice panse les plaies du passé, a-t-il souligné, avant de se féliciter des progrès dans l’affaire Kabuga.  Il est crucial, a-t-il insisté, d’exécuter les mandats d’arrêt car la coopération avec le Mécanisme n’est pas optionnelle.  Il a qualifié d’inacceptable le révisionnisme historique qui a cours dans certaines parties des Balkans occidentaux.  « Ne succombons pas à l’amnésie collective », a-t-il dit, avant de dénoncer la déclaration de la Fédération de Russie en ce qui concerne le rôle de l’Albanie.  Ces allégations sont tout simplement infondées, a-t-il conclu.

Mme MAJA POPOVIĆ, Ministre de la justice de la Serbie, a dénoncé les allégations sur la non-coopération présumée de son pays dans l’affaire Jojić et Radeta.  Nous avons expliqué dans le détail, a-t-elle dit, les raisons pour lesquelles nous jugeons inacceptable de transférer l’affaire au Mécanisme.  La Cour d’appel de Belgrade a dûment confirmé que les conditions préalables à l’extradition de Mme Radeta et M. Jojić ne sont pas respectées.  La Ministre a en revanche réitéré la demande de la Serbie d’exécuter sur son propre sol les peines de prison prononcées contre les ressortissants serbes, et ce, sous la supervision du Mécanisme.  Elle a aussi reproché à ce dernier de rester sourd aux demandes de libération anticipée des citoyens serbes.  Le Gouvernement de la Serbie se tient prêt à donner des garanties sur le plein respect des conditions de la libération anticipée. 

Se disant surprise de l’insuffisance des progrès dans la restitution des archives, la Ministre a également marqué son étonnement face à l’intensification des activités du Procureur du Mécanisme sur les questions d’outrage.  Le Mécanisme, a-t-elle rappelé, a été créé pour poursuivre les responsables de crimes graves, au regard du droit international et pas pour traiter des violations de la procédure.  La Ministre a par ailleurs relevé que le rapport dont est saisi le Conseil de sécurité tait le fait que son pays a répondu à 5 des 12 demandes soumises par le Bureau du Procureur du Mécanisme.  La Serbie a aussi notifié la convocation pour audition de huit personnes.  De plus, un groupe de travail composé de représentants du Mécanisme et du Bureau du Procureur chargé des crimes de guerre de la Serbie a été créé afin d’améliorer la coopération dans des cas spécifiques.

Dans le rapport, le Bureau du Procureur déclare en outre que la coopération entre la Serbie et le soi-disant Kosovo sur les crimes de guerre ne s’est pas améliorée.  Mais, a répondu la Ministre, l’impunité pour les crimes horribles commis contre la population serbe était au centre des travaux du TPIY.  La Serbie, a-t-elle ensuite affirmé, reste ouverte aux négociations avec la Croatie qui continue d’insister sur l’abolition de la compétence universelle dans le système judiciaire serbe.  La Ministre s’en est étonnée puisque le système croate prévoit la même compétence.  La Serbie, a-t-elle ajouté, a réalisé d’importants efforts pour améliorer la coopération régionale, en particulier avec les parquets de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine.  Chaque crime de guerre doit être puni, quel qu’en soit le responsable.  Il est donc nécessaire que les pays de la région adoptent les mêmes mesures, car « la Serbie est la seule à donner sincèrement un coup de pouce au processus de réconciliation », a-t-elle argué.  

M. SVEN ALKALAJ (Bosnie-Herzégovine) a indiqué que les autorités judiciaires de son pays restent engagées dans la mise en œuvre de la stratégie révisée pour le traitement des crimes de guerre, dont l’un des principaux objectifs est de conclure toutes les affaires de crimes de guerre non résolues d’ici à 2023.  Il s’agit, a-t-il dit, d’envoyer le message fort que l’impunité ne sera pas autorisée, quelles que soient la nationalité et l’ethnie des victimes ou de l’agresseur.  C’est important pour la réconciliation en Bosnie-Herzégovine et dans tous les Balkans occidentaux, mais aussi pour notre adhésion à l’Union européenne, a insisté le représentant.  Dans ce cadre, la coopération de la Bosnie-Herzégovine avec le Mécanisme résiduel a été stable, a-t-il poursuivi, avant de saluer les récentes visites de M. Brammertz à Sarajevo.  Il a également exprimé sa reconnaissance au Bureau du Procureur du Mécanisme pour son assistance aux autorités judiciaires de Bosnie-Herzégovine. 

Réaffirmant la volonté de son pays de poursuivre et punir toutes les personnes responsables de crimes de guerre, tout en protégeant les témoins, il a noté que la coopération avec les pays voisins est essentielle pour l’échange d’informations, alors que des efforts sont menés pour rechercher et identifier environ 7 400 personnes toujours portées disparues en Bosnie-Herzégovine.  À cet égard, tout en se félicitant des discussions fructueuses entre le Bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine et le Bureau du Procureur de la Serbie pour les crimes de guerre, il a regretté l’absence de progrès concernant Novak Dukić et Milomir Savčić, qui se sont enfuis en Serbie alors qu’ils étaient jugés en Bosnie-Herzégovine.  De même, il a estimé que la coopération avec les autorités judiciaires de la Croatie pourrait être améliorée si ces dernières répondaient aux demandes d’entraide judiciaire de la Bosnie-Herzégovine.  Le Bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine a terminé plusieurs enquêtes, mais il n’est pas possible de déposer les actes d’accusation sans interroger les suspects en Croatie, a-t-il expliqué.  Enfin, il s’est félicité de la signature d’un protocole de coopération pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide entre le parquet du Monténégro et le Bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine. 

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a regretté le manque de coopération en temps opportun et efficace de certains États Membres pour localiser les inculpés fugitifs.  Il a précisé à cet égard que le Rwanda a envoyé plus de 1 000 actes d’accusation dans 34 pays du monde, mais que seuls quelques pays se sont conformés à leur obligation de coopération.  Il s’est ensuite félicité que Felicien Kabuga ait été déclaré apte à être jugé, en rappelant qu’il a été l’un des cerveaux du génocide contre les Tutsis au Rwanda.  « Il était temps qu’il soit jugé plus de deux ans après son arrestation. »  Après avoir pris note de la situation des personnes transférées au Niger, il a cité le cas du major Bernard Ntuyahaga qui a purgé sa peine de 20 ans de prison en Belgique et a été renvoyé au Rwanda où il vit maintenant paisiblement.  

Par ailleurs, M. Gatete s’est inquiété de la résurgence des discours de haine ciblant les Tutsis et les rwandaphobes en République démocratique du Congo (RDC), dans les cercles publics et officiels, le grand public et les médias sociaux.  Pour lui, ces discours sont un signe précoce d’intentions de perpétrer un génocide.  Rappelant que le Secrétaire général de l’ONU a lancé, le 18 juin 2019, la Stratégie des Nations Unies contre les discours de haine, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre une action urgente pour y faire face.  Enfin, il a fortement recommandé au Conseil de fournir au Mécanisme les ressources financières nécessaires pour remplir son mandat.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a remercié M. Agius pour ses efforts sans relâche et a dit vouloir appuyer le Mécanisme jusqu’au bout de son mandat.  Il s’est ensuite dit surpris que dans l’affaire Stanišić et Simatović, la Chambre de première instance a établi l’existence d’une entreprise criminelle conjointe de dirigeants serbes avec à sa tête M. Milošević, mais n’a pas inclus ces deux accusés, ce qui va à l’encontre des conclusions du TPIY dans une affaire sur des crimes perpétrés en Croatie.  Il a espéré que la Chambre d’appel reconnaîtra la nécessité d’être cohérent avec le TPIY et condamnera les accusés pour tous les crimes commis en Bosnie-Herzégovine, comme le Procureur l’a demandé.  S’agissant des fugitifs, il a souhaité qu’ils soient appréhendés et jugés, regrettant le refus de transfert par la Serbie de deux personnes.  L’intimidation de témoins est un crime très grave, a-t-il rappelé, avant de souligner que la glorification des criminels de guerre l’est aussi.  Le déni de génocide à Srebrenica est également préoccupant, a-t-il ajouté.

La Croatie, a poursuivi le délégué, est bien décidée à coopérer avec tous les pays concernés dans le domaine judiciaire.  Il a souligné que la coopération ne doit pas être à sens unique, disant attendre d’autres États qu’ils contribuent à améliorer cette coopération.  La Croatie attend la réponse de la Serbie pour finaliser un accord bilatéral sur le traitement des crimes de guerre, a-t-il rappelé.  Il a regretté qu’au lieu de cela, la Serbie ait lancé des poursuites pénales politisées contre des ressortissantes croates.  S’agissant de la coopération bilatérale entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, le représentant a estimé que les deux pays doivent s’efforcer de mettre en œuvre l’accord de coopération bilatérale pour juger les auteurs de crimes de guerre.  Enfin, le représentant a demandé au Mécanisme de redoubler d’efforts pour retrouver les personnes portées disparues, citant les 1 839 ressortissants croates dont on ignore le sort.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la prorogation de deux mois de la trêve au Yémen constitue un espoir de paix après sept ans de conflit, selon l’Envoyé spécial  

9063e séance, après-midi
CS/14931

Conseil de sécurité: la prorogation de deux mois de la trêve au Yémen constitue un espoir de paix après sept ans de conflit, selon l’Envoyé spécial  

La prorogation de deux mois, jusqu’au 2 août, de la trêve conclue entre le Gouvernement yéménite et les rebelles houthistes constitue un véritable espoir de paix après plus de sept années de conflit, à condition cependant que les parties respectent sa mise en œuvre et s’engagent dans un processus politique à plus grande échelle, a indiqué, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour le Yémen.  

Encore « inimaginable » au début de cette année, la trêve entrée en vigueur le 2 avril dernier est très largement respectée, a précisé M. Hans Grundberg.  Si quelques violations ont été signalées dans les provinces de Mareb, de Taëz et de Hodeïda, aucune frappe ni attaque transfrontalière ne s’est produite depuis lors, a-t-il salué, tout en appelant à prévenir les incidents pour qu’ils n’entraînent pas une reprise des combats.

Cette accalmie, a poursuivi M. Grundberg, s’est traduite par une baisse notable du nombre des victimes civiles, même si les décès et blessures imputables aux mines terrestres sont en hausse.  Autres retombées positives de la trêve, les vols commerciaux entre Sanaa, Amman et Le Caire ont repris et l’approvisionnement en carburant est à nouveau assuré depuis le port de Hodeïda.  En revanche, beaucoup reste à faire pour soulager les souffrances des habitants de Taëz, en proie à de graves restrictions en raison du siège des houthistes. 

C’est pourquoi, a-t-il dit, j’ai convoqué les parties à Amman afin de leur soumettre un plan de réouverture progressive des routes dans et autour de la ville.  La proposition a été accueillie favorablement par le Gouvernement yéménite mais j’attends toujours la réponse d’Ansar Allah, le bras politique des houthistes, a-t-il précisé.  Appelant les parties à s’engager dans un processus politique inclusif, il a dit vouloir poursuivre ses efforts sur deux directions: l’application et la consolidation de la trêve, d’une part; la recherche de solutions plus durables pour répondre aux besoins économiques et sécuritaires, d’autre part. 

L’optimisme mesuré de M. Grundberg a été nuancé par le constat de la Directrice par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), selon laquelle la crise humanitaire au Yémen reste aussi grave aujourd’hui qu’elle l’était avant la trêve et pourrait même bientôt s’aggraver.  En effet, a expliqué Mme Ghada Mudavi, les agences d’aide sont particulièrement préoccupées par les besoins croissants, liés à la hausse des prix des produits alimentaires et de base accentuée par les effets de la guerre en Ukraine, mais aussi par la diminution de l’aide humanitaire et la baisse des budgets.  Elle a salué, à ce sujet, les discussions récentes entre les Gouvernements du Yémen, d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sur un soutien financier à l’économie yéménite.  Une fois déboursé, ce soutien pourrait rapidement influer sur le taux de change, augmenter le pouvoir d’achat et réduire la faim, a-t-elle indiqué.  

S’exprimant au nom de la société civile, une représentante de l’ONG « Peace Track Initiative » a fait un ensemble de recommandations qui, outre celles correspondant aux projets développés par M. Grundberg, exhortent la communauté des donateurs à tenir les promesses de reconstruction du Yémen, en se concentrant sur la stabilisation des services de base, le versement des salaires et le renforcement des infrastructures.   Mme Azal Al-Salafi a également demandé la mise en place et le financement d’un centre de lutte contre la violence sexuelle et sexiste, avant d’appeler à des pourparlers de paix inclusifs garantissant la participation des femmes et des jeunes.  

Les délégations ont unanimement salué le signal positif envoyé par la reconduction de la trêve, estimant, à l’instar du Gabon et de l’Albanie, que les mesures qui accompagnent cette accalmie, en particulier la circulation des biens essentiels et des personnes, la reprise des liaisons aériennes commerciales et la facilitation de l’accès humanitaire contribuent à l’amélioration du climat socioéconomique et à la stabilisation du Yémen.  Les membres du Conseil ont cependant enjoint les parties à saisir cette opportunité pour progresser vers la paix, la Chine leur conseillant de faire les compromis nécessaires pour lancer des discussions politiques, avec l’accord de trêve comme point de départ.  

La Fédération de Russie a jugé que le rejet des « provocations unilatérales » contribuera à consolider ces évolutions positives et aidera à passer à un règlement politique définitif.  Un avis partagé par le Brésil, qui s’est inquiété des mesures économiques unilatérales adoptées par certains pays « en relation avec des conflits en cours ailleurs », lesquelles aggravent la situation au Yémen.  Selon lui, ces sanctions ont pour effet d’entraver les flux commerciaux de produits et d’intrants agricoles, de réduire la disponibilité des denrées alimentaires et de faire grimper les prix.  

S’agissant enfin du pétrolier SAFER, en passe de provoquer une catastrophe écologique et humanitaire au large du Yémen, plusieurs délégations ont regretté l’insuffisance des fonds qui empêche le démarrage de l’opération de sauvetage.  La France a appelé les États et le secteur privé à répondre généreusement à l’appel des Nations Unies, tandis que les États-Unis promettaient de verser 10 millions de dollars en soutien au plan onusien.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s’est réjoui de ce premier exposé en personne depuis la conclusion de la trêve au Yémen.  En place depuis deux mois et demi, cette trêve tient, ce qui paraissait inimaginable au début de l’année, a-t-il relevé, ajoutant que sa reconduction jusqu’au 2 août prochain donne une chance à la paix après plus de sept années de conflit.  En termes militaires, la trêve est respectée, ce qui signifie qu’aucune frappe ni attaque transfrontière n’a été menée d’un côté ou de l’autre.  Il a également fait état d’une baisse du nombre des victimes civiles, tout en déplorant que celui des décès et blessures imputables aux mines terrestres soit en hausse.  C’est d’autant plus préoccupant selon lui que de nombreux civils affluent vers des zones contaminées précédemment inaccessibles.  Malgré la trêve, des violations présumées sont signalées à l’intérieur du pays, a indiqué le haut fonctionnaire, selon lequel des pilonnages et des affrontements armés ponctuels ont été rapportés autour de Mareb, Taëz et Hodeïda.  Il importe de prévenir ces incidents pour qu’ils n’entraînent pas une reprise des combats, a-t-il plaidé, avant de rappeler que, sous ses auspices, deux premières réunions du comité de coordination militaire ont pu se tenir.  Selon lui, ces premières rencontres en face à face, qui devraient désormais avoir lieu sur une base mensuelle, sont un pas important vers le rétablissement de la confiance. 

L’Envoyé spécial a ensuite rappelé que son premier exposé devant le Conseil avait coïncidé avec le premier vol commercial depuis Sanaa.  À ce jour, s’est-il félicité, huit vols aller-retour ont transporté plus de 2 000 passagers entre Sanaa, Amman et Le Caire.  Il a également indiqué que le transfert régulier de carburant vers le port de Hodeïda s’est maintenu et que, depuis début de la nouvelle trêve, deux navires pétroliers ont pu être dédouanés, ce qui a permis d’atténuer la pression sur les services essentiels.  Ce sont là des conséquences humanitaires positives de la trêve, a constaté M. Grundberg, pour qui beaucoup reste toutefois à faire pour soulager les souffrances de la population, et en particulier des habitants de Taëz, qui font face à des difficultés d’accès et à des restrictions graves.  C’est pourquoi, a-t-il dit, j’ai convoqué les parties à Amman afin de leur soumettre un plan de réouverture progressive des routes.  La proposition contient aussi un mécanisme d’application et des engagements pour la sécurité des civils, a-t-il précisé, en saluant l’apport à ces discussions de représentants de la société civile.  Saluant l’accueil favorable du Gouvernement yéménite à cette proposition, il a dit encore attendre la réponse d’Ansar Allah, le bras politique des houthistes. 

Soulignant le caractère précaire de la trêve, M. Grundberg a averti que tout retard dans son application risque de la mettre à mal dans son intégralité.  C’est aux parties qu’il incombe de la respecter, a-t-il insisté, avant de noter que ces deux mois et demi d’accalmie leur ont permis de s’impliquer dans des pourparlers.  Or ces derniers ont mis en lumière des discordes sur des questions qui touchent à la politique et à la gouvernance ainsi qu’à l’économie, notamment à la dette publique.  Il a donc prôné une conciliation sur des priorités pour parvenir à un processus structuré à différents niveaux.  Parmi ces priorités, l’Envoyé spécial a cité la transformation de la trêve en cessez-le-feu durable et le versement des salaires des fonctionnaires.  Il importe également que le processus politique soit plus inclusif et permette une participation effective des femmes, a-t-il affirmé.  Au cours des six semaines à venir, il entend poursuivre ses efforts sur deux niveaux: l’application et la consolidation de la trêve, avec notamment la réouverture de routes, d’une part; et la recherche de solutions plus durables pour répondre aux besoins économiques et sécuritaires, d’autre part.  Avant de conclure, M. Grundberg s’est dit reconnaissant au Conseil de sécurité, au Sultanat d’Oman et à l’Arabie saoudite pour leur soutien.  Cet appui restera essentiel dans les prochains mois mais c’est aux parties de négocier de bonne foi et d’accepter les compromis nécessaires, a-t-il souligné. 

Mme GHADA MUDAVI, Directrice par intérim de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a salué la prolongation de la trêve dont les deux premiers mois ont eu un impact considérable: baisse du nombre de victimes civiles et fin des graves pénuries à mesure que davantage de carburant arrivait par Hodeïda.  De même, la reprise des vols commerciaux depuis l’aéroport de Sanaa a permis à davantage de personnes d’entrer et de sortir du pays.  Mme Mudavi a aussi constaté un meilleur accès humanitaire dans plusieurs régions.  Selon elle, l’amélioration de la liberté de mouvement est essentielle pour améliorer la vie des gens et les conditions humanitaires, en particulier à Taëz, la troisième plus grande ville du Yémen.  Elle a néanmoins souligné que la crise humanitaire au Yémen reste aussi grave aujourd’hui qu’elle l’était avant la trêve, pouvant même bientôt s’aggraver.  En effet, a-t-elle expliqué, les agences d’aide sont particulièrement préoccupées par les besoins croissants, la diminution de l’aide humanitaire et la baisse des budgets.  Nous avons besoin d’une action urgente pour résoudre ces trois problèmes, a-t-elle plaidé.

Au sujet des besoins croissants, elle a affirmé que la guerre en Ukraine fait grimper les prix des denrées alimentaires et d’autres produits de base dans le monde entier, tout en mettant à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales.  Le Yémen est particulièrement vulnérable à ces types de chocs parce qu’il dépend des importations pour presque tout ce dont il a besoin, y compris la quasi-totalité de sa nourriture.  Un demi-million d’enfants risquaient de souffrir de dénutrition cette année, alors que 19 millions de personnes souffrent de la faim, dont plus de 160 000 qui sont au bord de la famine.  Depuis février, les prix des denrées alimentaires au Yémen ont encore augmenté d’environ 10%.  Elle a salué les discussions récentes des Gouvernements du Yémen, d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sur le soutien financier à l’économie du Yémen.  Une fois déboursé, ce soutien pourrait rapidement influer sur le taux de change, augmenter le pouvoir d’achat et réduire la faim, a-t-elle dit.  L’action contre les mines devient également urgente, étant donné que la trêve permet à davantage de civils de se déplacer dans les zones de front, dont beaucoup sont malheureusement contaminées par des mines et d’autres restes explosifs de guerre.  Plus de 4 millions de personnes sont également toujours déplacées, dont plus de 7 000 ayant fui au cours des deux derniers mois. 

Mme Mudavi a poursuivi en notant que les agences d’aide sont confrontées à un ensemble croissant de problèmes d’accès et de sécurité.  Nous travaillons avec les autorités et d’autres parties prenantes pour répondre à ces préoccupations aussi vite que possible, a-t-elle révélé, mais ces agences sont également confrontées à des niveaux d’insécurité alarmants: tentatives de détournement de voiture, d’enlèvement et autres attaques se multiplient.  Deux membres du personnel de l’ONU arrêtés à Sanaa en novembre dernier sont toujours en détention, tout comme les cinq enlevés à Abyan en février qui sont portés disparus.  Malgré ces défis, les agences continuent de fournir de l’aide à travers le Yémen, a—t-elle dit en dénombrant plus de 200 partenaires humanitaires –dont les deux tiers sont des organisations yéménites– qui aident 11 millions de personnes chaque mois, dans le cadre du plan de réponse des Nations Unies.  Elle a déploré le fait que ce plan ne soit actuellement financé qu’à hauteur de 26%.  L’aide alimentaire a déjà été réduite pour 8 millions de personnes, et d’autres secteurs essentiels à la prévention de la famine –y compris la nutrition, la santé, l’eau et l’assainissement– sont tous actuellement financés à moins de 25%. 

Pour aggraver les choses, l’aide humanitaire au Yémen devient de plus en plus chère en raison de la hausse des prix mondiaux, a ajouté la Directrice.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que ses coûts de fonctionnement mensuel au Yémen ont augmenté de 30 millions de dollars en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires, du carburant et des transports.  Sur une note connexe, le plan de l’ONU pour faire face à la menace d’une marée noire catastrophique du pétrolier SAFER reste au point mort faute de fonds.  Jusqu’à présent, l’ONU a reçu environ 60 millions de dollars de promesses de dons pour le projet qui a néanmoins besoin de 144 millions de dollars, dont 80 millions de dollars pour démarrer.  Mme Mudavi a annoncé une réunion le 23 juin, organisée par la Suède et la Commission européenne, afin de discuter de l’assistance humanitaire au Yémen.

Mme AZAL AL-SALAFI, Représentante de « Peace Track Initiative », ONG qui rassemble 300 femmes yéménites, a fait sept recommandations qui selon elle auront un impact positif sur le processus de paix.  Elle a d’abord espéré que le Conseil continuera à soutenir la trêve en vue de la transformer en un cessez-le-feu à l’échelle nationale, avec un mécanisme clair de mise en œuvre surveillé.  Ensuite, elle a appelé à soutenir l’ouverture de tous les ports et aéroports d’entrée au Yémen pour permettre les déplacements civils et commerciaux.  Elle a également demandé l’ouverture de toutes les routes à l’intérieur du pays, la levée des points de contrôle et le déminage, à commencer par Taëz, en restreignant le flux d’armes dans le pays et les camps et dépôts militaires dans les villes.  

En outre, elle a exhorté la communauté des donateurs à remplir leurs obligations humanitaires et de développement, et de tenir les promesses de reconstruction au Yémen, en se concentrant sur la stabilisation des services de base, le versement des salaires et le renforcement des infrastructures.  Mme Al-Salafi a demandé la mise en place immédiate et le financement d’un centre de lutte contre la violence sexuelle et sexiste.  Elle a dit l’importance de soutenir la feuille de route pour la paix féministe, en la considérant comme une référence du processus de paix, et d’appeler à des pourparlers de paix inclusifs garantissant la participation des jeunes et de la société civile.  Enfin, elle a invité l’Envoyé des Nations Unies à créer un poste permanent de conseiller du genre et à nommer des experts dotés de robustes valeurs féministes.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué la prolongation de la trêve au Yémen « grâce au leadership de l’ONU », avant d’appeler à miser sur cet élan positif.  Elle a appelé les houthistes à faire preuve de souplesse pour parvenir à un compromis et ouvrir les routes principales vers la ville de Taëz.  Saluant le fait que le nombre de victimes civiles reste bien en deçà des moyennes d’avant la trêve, elle a appelé à tout faire pour que ce chiffre tombe à zéro.  « Les femmes et les hommes du Yémen méritent de vivre leur vie sans craindre d’être tués ou mutilés. »  Elle a fait remarquer à cet égard que les mines terrestres et les munitions non explosées ont été la principale cause de victimes le mois dernier.  La représentante a salué le travail essentiel de la MINUAAH et du général Beary dans l’accélération des efforts de déminage.  Soulignant que le peuple yéménite continue également d’être menacé par une insécurité alimentaire aiguë, avec actuellement 2,2 millions d’enfants yéménites qui risquent de souffrir de déficiences physiques et cognitives à cause de malnutrition aiguë, la représentante a appelé tous les donateurs à veiller à ce que les fonds soient disponibles et décaissés en temps voulu.  Elle a terminé en se félicitant de l’annonce de nouveaux engagements envers l’opération des Nations Unies pour faire face à la menace posée par le pétrolier SAFER.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué la trêve actuelle et a voulu que les parties l’exploitent pour parvenir à une solution politique du conflit.  Elle a salué le rôle moteur de l’Arabie saoudite dans les négociations et les efforts d’Oman.  À ce stade critique, a-t-elle estimé, il faut intensifier les efforts diplomatiques à tous les niveaux, en y impliquant activement les femmes yéménites, garantes d’une paix durable.  Il est tout aussi impératif de tenir compte de la perspective des jeunes pour leur donner la chance de jouer un rôle constructif dans leurs communautés.  Malheureusement, a déploré la représentante, les houthistes continuent de recruter dans toutes les zones qu’ils contrôlent.  Ils endoctrinent les enfants dans leurs prétendus « camps d’été » et les soumettent à une formation, en violation du plan d’action qu’ils viennent de signer avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.  La représentante a conclu en soulignant la nécessité de régler rapidement le problème du pétrolier SAFER pour éviter une grave catastrophe écologique.  Elle n’a pas manqué de rappeler que son pays et l’Arabie saoudite se sont engagés à fournir une aide humanitaire et économique de plus de 3 milliards de dollars au Yémen.  Les solutions politiques sont la seule voie pour mettre fin à la crise humanitaire, a-t-elle martelé.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que la prorogation de la trêve au Yémen pour deux mois supplémentaires permet d’entretenir l’espoir d’une paix durable.  Selon lui, les mesures qui accompagnent cette trêve, en particulier la circulation des biens essentiels et des personnes, la reprise des liaisons aériennes commerciales à l’aéroport de Sanaa, la liberté de mouvement et la facilitation de l’accès humanitaire, contribuent à l’amélioration du climat socioéconomique et à la stabilisation du Yémen.  Cependant, la situation sécuritaire demeure fragile, a-t-il constaté, déplorant à cet égard l’absence d’avancée sur la question de la levée du siège de la ville de Taëz.  Alors que le Gouvernement exige la réouverture des routes principales, les houthistes réclament des arrangements sur le versement des salaires des fonctionnaires ou encore les services de base dans les zones qu’ils contrôlent, a observé le délégué.  Malgré l’échec de la première série de discussions sur cette question centrale, il a dit soutenir les efforts de l’Envoyé spécial en faveur d’une poursuite des pourparlers afin d’obtenir une meilleure circulation des biens et des personnes à Taëz.  Il s’est par ailleurs alarmé de la multiplicité des attaques et des tentatives d’enlèvement à l’encontre des ONG et de travailleurs humanitaires opérant dans différentes parties du pays.  Appelant au respect du droit international humanitaire, il a aussi demandé à la communauté internationale de rester vigilante sur la disponibilité des stocks alimentaires et les chaînes d’approvisionnement au Yémen.  Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, il a appelé à une plus grande mobilisation internationale pour éviter une catastrophe environnementale et humanitaire de grande ampleur.  Il a toutefois salué l’annonce de l’Arabie saoudite de mettre à disposition de l’ONU 10 millions de dollars pour financer le plan de sauvetage.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que cette trêve est un signal encourageant.  Il a dit avoir confiance que les parties respecteront toutes les conditions de la trêve.  Le rejet des provocations unilatérales contribuera à consolider ces évolutions positives de la crise yéménite et aidera à passer à un véritable règlement politique définitif, a-t-il espéré.  Le délégué a estimé qu’un arrêt des combats sur le long terme aiderait à créer une atmosphère favorable au lancement de négociations politiques sérieuses sur l’avenir du pays.  Il a assuré que la Fédération de Russie allait continuer d’utiliser ses relations diplomatiques existantes pour favoriser les interactions entre les parties yéménites.  Au sujet de la situation humanitaire dans le pays, il a jugé nécessaire d’œuvrer à l’abolition des restrictions sur la livraison de nourriture, de médicaments et d’autres marchandises de première nécessité dans toutes les régions du Yémen, sur une base non discriminatoire, quels que soient ceux qui contrôlent le territoire.  

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est réjoui du renouvellement de la trêve et a invité les parties à saisir cette opportunité pour progresser vers un processus de paix global et inclusif.  Il a exhorté les parties à coopérer avec les Nations Unies et les partenaires humanitaires afin d’offrir un accès sûr aux convois humanitaires, enjoignant les houthistes à rouvrir les routes menant à Taëz.  Notant que les ports de Hodeïda sont également une bouée de sauvetage essentielle pour les Yéménites, il s’est félicité de l’engagement constant de la MINUAAH et a invité cette dernière à ramener les parties à des mécanismes conjoints.  Le représentant s’est inquiété de l’augmentation du nombre de victimes que font les mines terrestres et les restes explosifs de guerre.  Il a également souhaité que les engagements pris en avril par les houthistes de ne plus recruter ou utiliser des enfants et de les réintégrer dans la société soient étroitement surveillés.  Il a demandé aux parties de garantir un accès sans entrave aux fonctionnaires de l’ONU, soulignant l’insécurité alimentaire au Yémen.  Il s’est aussi inquiété des mesures économiques unilatérales adoptées par certains pays en relation avec des conflits en cours ailleurs, qui aggravent la situation au Yémen: ces sanctions entravent les flux commerciaux de produits et d’intrants agricoles, réduisent la disponibilité des denrées alimentaires et font grimper les prix, a-t-il dénoncé.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est félicité de la reprise des discussions, le 5 juin, pour parvenir à un accord pour ouvrir des routes menant à Taëz et à d’autres provinces, conformément à la trêve.  Il a invité les parties à examiner favorablement la proposition révisée de l’Envoyé spécial sur la réouverture progressive des routes et le mécanisme de mise en œuvre et s’engager à assurer la sécurité des voyageurs civils.  Il s’est dit persuadé que l’accord intervenu contribuera à atténuer les souffrances des Yéménites et à améliorer la fourniture de l’aide nécessaire à la population vulnérable.  Le représentant du Ghana s’est aussi dit heureux de constater la reprise des vols commerciaux au départ de Sanaa le 16 mai dernier, pour la première fois depuis six ans.  Après avoir noté que la trêve négociée par l’ONU a déjà permis à 2 495 Yéménites de voyager entre Sanaa, Aman et Le Caire, le représentant s’est dit persuadé que davantage de progrès continueront d’être réalisés avec le renouvellement de la trêve.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a salué le prolongement de la trêve pour deux mois ainsi que les efforts de médiation de M. Grundberg et des pays de la région.  Elle a exhorté les parties à pleinement coopérer avec l’Envoyé spécial sur l’ouverture des voies d’accès à la ville de Taëz.  Préoccupée par la situation humanitaire au Yémen et les besoins accrus d’aide, alors que le spectre de la famine plane, elle a appelé à garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel humanitaire.  La représentante a également mis l’accent sur les besoins de soutien psychosocial sur le terrain et a appelé à financer ces services.  Condamnant le recours aux mines terrestres, elle a salué les efforts des organisations humanitaire et de la société civile en termes de déminage, de sensibilisation et de prise en charge des victimes avant de souhaiter voir plus de ressources allouées à ces activités.  S’agissant de la situation du pétrolier SAFER, la représentante a exhorté les partenaires régionaux à continuer de contribuer à la collecte des fonds nécessaires soulignant qu’au fil des mois, le risque d’une catastrophe humanitaire et environnementale ne fait qu’augmenter.  

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué la prorogation de la trêve pour une nouvelle période de deux mois, ce qui est une occasion en or pour le Yémen d’aller de l’avant.  Si elle s’est dite optimiste, elle a tout de même indiqué que le chemin est encore long.  Il faut jeter les bases d’un règlement durable, a dit la déléguée, en louant la souplesse du Gouvernement yéménite et en espérant que les houthistes respecteront leurs engagements, s’agissant, entre autres, de la réouverture des routes vers et à partir de Taëz.  Le règlement politique, avec l’implication des femmes et des jeunes, est le seul moyen de rétablir la paix, a-t-elle déclaré.  Elle a insisté sur les immenses besoins humanitaires et exhorté les bailleurs de fonds à décaisser les sommes promises.  Enfin, la représentante a appelé à relever le défi posé par le pétrolier SAFER et indiqué que son pays a promis une somme de 10 millions de dollars à cette fin.  Toutes les parties au Yémen doivent faire le choix de la paix, a conclu la déléguée.

M. ZHANG JUN (Chine) s’est félicité de la prorogation de deux mois de la trêve au Yémen, saluant cette lueur d’espoir et la baisse du nombre des victimes civiles, ainsi que l’approvisionnement en carburant et la reprise des vols commerciaux depuis Sanaa.  Il a estimé que la tâche principale est de maintenir la trêve et de rouvrir les routes autour de Taëz.  À cette fin, a-t-il noté, l’Envoyé spécial a soumis aux parties des propositions concrètes qui tiennent compte de leurs exigences.  Le représentant a espéré que les parties accepteront de faire les compromis nécessaires pour lancer des pourparlers de paix, avec l’accord de trêve comme point de départ pour mener à un cessez-le-feu global.  Il a dit appuyer les efforts de l’Envoyé spécial qui s’efforce d’améliorer la communication entre les parties pour rétablir la confiance et préserver l’élan imprimé par la trêve.  Il a appelé le Conseil de sécurité à rester uni et à créer des synergies avec les pays qui ont une influence pour promouvoir une solution politique.  Il a aussi invité la communauté internationale à prendre des mesures effectives pour aider le Yémen, notamment pour stabiliser sa devise, remédier aux pénuries et répondre aux besoins de la population.  Il a également invité l’ONU à agir plus urgemment et à se coordonner pour compenser le manque de ressources du pays, avant d’appeler les parties à coopérer pleinement avec les acteurs humanitaires sur le terrain.

M. GIDEON KINUTHIA NDUNG’U (Kenya) a salué l’extension, le 2 juin, de la trêve, pour deux mois supplémentaires.  Il a reconnu les concessions faites par le Gouvernement et espéré que les houthistes s’acquitteront de leurs engagements, notamment en ce qui concerne l’ouverture des routes à Taëz.  Le délégué s’est dit vivement préoccupé par la situation sécuritaire au Yémen, avant de demander que les pourparlers de paix incluent un volet désarmement, démobilisation et réintégration.  Ces pourparlers doivent aussi reconnaître le fait qu’une génération de femmes, de jeunes et de personnes handicapées yéménites n’a pas eu accès à l’éducation et aux services sociaux.  Il a rappelé que le plan de réponse humanitaire pour le Yémen de 2022 est sous-financé, avant de dénoncer le harcèlement des travailleurs humanitaires.  Enfin, il a appelé à remédier au défi posé par le pétrolier SAFER.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a noté que des dizaines de milliers de Yéménites risquent encore la famine ou la mort, malgré les progrès réalisés ces derniers mois.  Illustrant son propos, elle a indiqué que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont, la semaine dernière, identifié le Yémen comme l’un des cinq pays les plus touchés par la faim dans le monde.  Face à cette situation, elle a exhorté la communauté internationale à combler le déficit financier du Plan de réponse humanitaire.  Elle a espéré que l’espace créé par la trêve finira par mener à un cessez-le-feu durable et à un processus inclusif dirigé par les Yéménites, sous les auspices de l’ONU.  Elle a exhorté les parties à veiller à ce que les femmes soient au cœur du processus de paix.  Il ne faut pas perdre de vue, a-t-il prévenu, qu’il n’y aura pas de paix durable sans justice et établissement des responsabilités pour les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Mme TRINE HEIMERBACK (Norvège) a salué les efforts déployés ces dernières semaines par l’Envoyé spécial et les acteurs internationaux pour assurer une reconduction de deux mois de la trêve au Yémen.  Grâce à cette trêve, les pertes civiles ont considérablement diminué, les livraisons de carburant ont augmenté et les vols commerciaux via l’aéroport de Sanaa ont repris, s’est-elle félicitée, avant d’appeler à une poursuite de ces efforts.  La représentante a salué à cet égard la proposition de l’ONU en faveur d’une réouverture progressive des routes de la ville de Taëz, demandant aux houthistes de faire preuve de flexibilité.  Elle a également jugé crucial de profiter des avancées humanitaires de la trêve pour faciliter les progrès vers un règlement politique global.  Sur ce point, elle a salué le dialogue de l’Envoyé spécial avec les parties et un groupe diversifié de Yéménites.  Il est essentiel, à ses yeux, de concevoir un processus qui recevra une crédibilité locale, ce qui implique d’inclure des voix et des intérêts divers, en particulier ceux des femmes et des jeunes.  La déléguée s’est par ailleurs réjouie de la tenue de deux réunions du comité de coordination militaire, voyant dans cette première rencontre entre les parties sous les auspices de l’ONU une étape essentielle vers l’instauration de la confiance.  En revanche, elle s’est déclarée profondément préoccupée par la croissance de l’insécurité alimentaire dans le pays et le grave risque de famine.  De même, elle s’est alarmée du grand nombre de victimes civiles dû aux mines terrestres, aux restes explosifs de guerre et aux engins explosifs improvisés.  Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, elle a appelé à la mise en œuvre du plan de l’ONU dès que possible afin d’éviter une catastrophe humanitaire et écologique.  

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué le renouvellement de la trêve ce mois-ci, estimant que l’accalmie constatée depuis le mois d’avril a permis une nette diminution des victimes civiles et qu’elle doit être mise à profit pour avancer vers une désescalade durable.  Les travaux du comité militaire à Amman vont dans le bon sens et doivent maintenant se concrétiser sur le terrain, a poursuivi la représentante qui a réitéré l’appel de son pays à un cessez-le-feu total.  Elle a salué les importantes concessions du Gouvernement yéménite, ces dernières semaines, tout en notant que le principal point de blocage porte désormais sur Taëz.  Bien que la trêve ait permis d’améliorer la liberté de circulation et l’accès à certaines zones, la représentante s’est dite préoccupée par la situation humanitaire et en particulier, l’insécurité alimentaire.  Elle a appelé à la libération immédiate et sans préconditions du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire retenus par les houthistes.  S’agissant du pétrolier SAFER, elle a regretté l’insuffisance des fonds qui empêche le démarrage de l’opération de sauvetage.  Elle a donc appelé les États et le secteur privé à répondre généreusement à l’appel des Nations Unies.  Il faut agir de toute urgence pour éviter une catastrophe écologique et humanitaire, a-t-elle prévenu.

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a salué l’extension de la trêve pour deux mois supplémentaires.  Il a souligné la souplesse dont le Gouvernement a fait montre et a encouragé les parties à faire de la trêve un cessez-le-feu durable.  Il a demandé l’ouverture des routes menant à Taëz en vue de faciliter les acheminements d’aide humanitaire et de pérenniser la trêve.  Le délégué de l’Inde a préconisé un processus politique inclusif et souhaité que les femmes et les jeunes y soient pleinement associés.  Le délégué a salué l’appui des États-Unis et de l’Arabie saoudite aux efforts visant à remédier au défi posé par le pétrolier SAFER.  Enfin, il a rappelé que seul un règlement politique permettra de restaurer la paix, la stabilité et la prospérité au Yémen.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué la prorogation de la trêve au Yémen, y voyant un regain d’espoir pour le processus politique et l’avenir du pays.  Il s’est félicité de la reprise des vols entre Sanaa, Amman et Le Caire, et de l’entrée de pétroliers dans le port de Hodeïda qui sont autant de « dividendes » de cette accalmie.  Il a appelé les parties à poursuivre leurs échanges en vue de parvenir à la réouverture des routes à Taëz et d’autres provinces.  Il a exhorté les houthistes à la même flexibilité que le Gouvernement yéménite.  La pleine mise en œuvre de la trêve devrait conduire à un cessez-le-feu permanent et dans ce contexte, un processus politique global et inclusif, sous les auspices de l’ONU, reste une nécessité, a souligné le représentant.  Il a ensuite encouragé le Conseil présidentiel à prendre les mesures nécessaires pour faciliter l’accès aux services sociaux de base, jugeant inacceptable que des milliers de Yéménites soient exposés à la famine et aux maladies.  Déplorant les violations des droits de l’enfant et les pertes en vies humaines parmi les plus jeunes, le délégué a appelé les houthistes à libérer les mineurs qu’ils ont recrutés et à mettre en œuvre le Plan d’action qu’ils ont signé en avril dernier.  Il a d’autre part condamné l’incarcération des Yéménites actuellement ou anciennement employés par les États-Unis et les Nations Unies et demandé leur libération immédiate.  Enfin, il a salué les efforts inlassables pour trouver une solution durable au problème du pétrolier SAFER.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a expliqué que la décision du Conseil de commandement présidentiel de renouveler la trêve pour une nouvelle période de deux mois découle de la nécessité de soulager les souffrances du peuple yéménite.  En revanche, les milices houthistes continuent de renier leurs engagements.  Le Gouvernement a fait des concessions sur la réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda mais les houthistes restent intransigeants, s’agissant en particulier de Taëz, une ville de 4 millions d’habitants.  Le représentant a demandé au Conseil de sécurité, aux organisations internationales et celles de la défense des droits de l’homme de faire pression sur ces milices pour qu’elles lèvent sans condition le blocus de Taëz et libèrent les prisonniers.  Demandant aussi à la communauté internationale de contribuer à améliorer la situation humanitaire, compte tenu en particulier de l’envolée des prix des produits alimentaires, le représentant a par ailleurs accusé les houthistes de recruter des dizaines de milliers de mineurs, en violation flagrante des droits de l’enfant et de la législation nationale.  Malheureusement, la communauté internationale reste passive et silencieuse, a-t-il déploré.  Il a enfin évoqué le problème du pétrolier SAFER, soulignant que ce danger n’aurait pas perduré sans l’intransigeance des houthistes et leur exploitation du dossier comme monnaie d’échange politique.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le premier jour de la session de fond du Comité spécial de la décolonisation dominé par l’examen de la question du Sahara occidental

3e et 4e séances plénières,
matin & après-midi
AG/COL/3358

Le premier jour de la session de fond du Comité spécial de la décolonisation dominé par l’examen de la question du Sahara occidental

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité spécial des Vingt-Quatre) a entamé aujourd’hui sa session de fond de 2022 avec une séance qui a été largement dominée par l’examen de la question du Sahara occidental. 

Au préalable, le Comité spécial a adopté sans vote un projet de résolution consacré à la Question de l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires aux termes duquel il prie les puissances administrantes de coopérer pleinement avec lui en étudiant l’éventualité de missions de visite ou de missions spéciales aux fins de l’exécution du mandat de l’Assemblée générale en matière de décolonisation.

Après avoir adopté son programme de travail, le Comité a pris note du rapport annuel du Secrétaire général sur la diffusion d’informations sur la décolonisation.  Ce document indique que de janvier à décembre 2021, les différentes pages du site Web de la décolonisation ont été consultées 417  542 fois au total, ce qui représente une augmentation de +110,4% par rapport à 2020.  Au cours de la période considérée, le Département de la communication globale a également publié 50 communiqués de presse, en anglais et en français, pour rendre compte des réunions et des déclarations dans le domaine de la décolonisation, notamment ceux de l’Assemblée générale et de sa Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission), ainsi que ceux du Comité spécial

Commentant le rapport du Secrétaire général, Cuba a appelé à poursuivre les efforts pour veiller à ce que les peuples des territoires non autonomes connaissent leur droit à l’autodétermination y compris à Porto Rico.  L’Indonésie a appelé à privilégier le dialogue, préconisant une évaluation impartiale et équilibrée de chacun des 17 territoires non autonomes.  L’Iraq a insisté, pour sa part, sur l’importance de diffuser des informations sur la décolonisation et le droit à l’autodétermination par le biais des médias sociaux ainsi que des médias traditionnels comme la radio. 

Outre la question du Sahara occidental, le Comité s’est également penché sur celle de Gibraltar, des Tokélaou, des Bermudes, des Îles Vierges britanniques et de la Polynésie française.

Le Comité spécial poursuivra ses travaux demain, mardi 14 juin, à partir de 10 heures. 

Diffusion d’informations sur la décolonisation

Mme YUMIRKA FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a demandé que les puissances administrantes diffusent les informations nécessaires pour que le Comité puisse examiner, dans les meilleures conditions, la situation dans les 17 territoires non autonomes.  Elle a regretté que le dernier rapport du Secrétaire général sur cette question met en évidence que toutes les puissances administrantes ne remplissent pas leurs obligations. 

Question de Gibraltar

M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, a demandé au Comité des 24 de respecter le droit à l’autodétermination de Gibraltar.  Il a dénoncé le fait que le Comité ne s’est toujours pas rendu au Gibraltar en 30 ans.  Il a demandé que le Comité retire Gibraltar de sa liste des territoires non autonomes.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a déclaré que son pays continue de souffrir d’une situation coloniale anachronique, unique en Europe, et qui porte atteinte à son intégrité territoriale.  La solution définitive à cette question est la restitution définitive du territoire de Gibraltar par le Royaume-Uni à l’Espagne, a-t-il souligné. 

M.RICHARD BUTTIGIEG, Président du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, s’est étonné que les Nations Unies persistent à maintenir Gibraltar sur la liste des territoires à décoloniser alors que la population de Gibraltar ne voit pas la nécessité d’un processus de décolonisation. 

Question des Tokélaou

Prenant la parole en tant que représentant de la Puissance administrante de Tokélaou, M. JUSTIN PETER FEPULEAI (Nouvelle-Zélande) a vanté le succès du programme de vaccination sur les trois atolls du territoire.  Il a expliqué que la campagne de vaccination contre la COVID-19 a démontré la qualité de la coopération entre Tokélaou et la Nouvelle-Zélande dans un esprit de libre association.  L’autodétermination de Tokélaou est une priorité pour le peuple de Tokélaou et celui de la Nouvelle-Zélande, a insisté le représentant.  Il a également passé en revue les efforts déployés par la Nouvelle-Zélande pour renforcer la fourniture de service public et construire des infrastructures critiques à Tokélaou.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souhaité que les faits intervenus depuis juin dernier, concernant le processus d’autodétermination, soient inclus dans le projet de résolution concernant Tokélaou.  Il a salué la manière dont la Nouvelle-Zélande s’est acquittée de ses responsabilités en matière de décolonisation en citant notamment l’Article 73 e) de la Charte des Nations Unies. 

Question du Sahara occidental

Mme GHALLA BAHIYA, Conseil Régional de Dakhla-Oued Eddahab dans le Sahara occidental, a déclaré qu’une solution politique est plus proche que jamais, évoquant l’appui dont bénéficie le plan d’autonomie proposé par le Maroc.  Elle a salué les réformes démocratiques ambitieuses engagées par le Maroc et a rappelé l’engagement du peuple sahraoui lors des récentes élections marocaines.  Elle a par ailleurs noté que si les femmes de la région jouissent de tous leurs droits, celles qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf continuent de subir des abus avec la complicité du pays d’accueil. 

M. M’HAMED ABBA, Conseil Régional de Laâyoune-Sakia El Hamra, a demandé l’organisation de la troisième table ronde sur l’autodétermination du peuple sahraoui avec la participation de la Mauritanie et du Front POLISARIO.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer son appui à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc.

M. SIDI MOHAMED OMAR, Front POLISARIO, « seul représentant légitime du peuple sahraoui », a rappelé la mission de visite du Comité en mai 1975 et les conclusions du rapport rédigé à l’issue de celle-ci.  Il a jugé le moment venu de traduire les engagements en une décolonisation rapide et sans condition du Sahara occidental.

M. AHMED MOHAMED FALL, Collective of Sahrawi human right defenders in Western Sahara Codesa, a exhorté le Conseil de sécurité et les Nations Unies à organiser un referendum qui sera, selon lui, le seul moyen de mettre fin aux souffrances du peuple sahraoui.  Il a également dénoncé les exactions commises par l’armée marocaine contre les populations sahraouies. 

Mme TOURIA HMYENE, Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, a dénoncé les pratiques de viols, tortures et disparitions forcées commises par le Front POLISARIO « avec la bénédiction des autorités du pays hôte ».  L’armée du pays hôte a tiré sur des résidents du camp de Tindouf qui souhaitaient s’échapper, a insisté la pétitionnaire qui a accusé le pays hôte de couvrir les exactions du Front POLISARIO.

Mme KHADIJA EZAOUI, Forum des Compétences Sahraouies à Laayoune, a déclaré que le Maroc a fait de grands efforts pour transformer le Sahara occidental et assurer le bien-être de la population grâce, notamment, à l’accès à l’électricité, l’eau potable et l’éducation.  Elle a salué l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc et appuyée par les États-Unis et l’Allemagne. 

M. HAMMADA EL BAIHI, Ligue du Sahara pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, a salué le développement par le Maroc d’un modèle de développement des provinces du Sud avant de fustiger le discours de guerre froide du Front POLISARIO.

M. ANDRES RODRIGUEZ, International Criminal Justice, a demandé au Comité spécial de mener des enquêtes sur les prétendus crimes évoqués par d’autres pétitionnaires.  Il a proposé de rédiger une résolution demandant l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. 

M. MOHAMED H RADOUI, pétitionnaire, a insisté sur l’importance de soutenir l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc pour résoudre les différends et trouver des compromis qui respectent le droit international. 

M. NAAMA SGHAYER, pétitionnaire, a dénoncé l’occupation du Sahara occidental qui est la dernière colonie du continent africain et a rappelé le droit inaliénable des Sahraouis à l’autodétermination.  Il a estimé que le Comité spécial n’aide pas à résoudre la question, l’exhortant à se montrer audacieux et brave et à dénoncer l’occupation.  Nous avons perdu notre confiance envers les Nations Unies, a-t-il affirmé.

Mme AGAILA ABBA PETERSON, Western Sahara Multi Services, a dénoncé le fait que le Maroc contrôle 80% du territoire.  Elle a pourfendu le mur de séparation qui est gardé par plus de 100 000 soldats marocains et le fait que des millions de mines infestent le territoire sahraoui et les risques qu’elles posent aux populations.  Le Maroc ne doit pas être autorisé à continuer d’occuper le Sahara occidental. 

M. TALEB ALI SALEM, Sahrawi Political Activist, a demandé à l’ONU de rendre aux Sahraouis leurs terres et leurs maisons et parvenir à un Sahara occidental indépendant appuyé par 17 résolutions du Conseil de sécurité.   

Mme KAREN BAEZ, pétitionnaire, a dénoncé le fait que le Gouvernement marocain incite des Marocains à s’installer au Sahara occidental où il n’y a maintenant plus qu’un Sahraoui pour cinq Marocains.  Elle a affirmé que le Maroc et le Sahara occidental sont deux pays distincts et que la Maroc doit respecter ces frontières.  

Mme ADRIENNE KINNE, Veterans For Peace, a dit s’être rendue au Sahara occidentale pour y lancer une enquête internationale sur la violation des droits humains.  Elle a indiqué avoir documenté l’empoisonnement d’un puit, des destructions, des mutilations, des entraves persistantes à la liberté de mouvement, et des cas de détention d’enfants par les « forces d’occupation marocaines », expliquant ensuite avoir été expulsée par les autorités marocaines en raison de ses activités.

M. MOHAMED AYAD SALECK, Khat Achahid, a dénoncé la torture exercée par le Front POLISARIO dans les camps de réfugiés, affirmant que lui et d’autres en portent encore les cicatrices.  Il a dénoncé l’instrumentalisation de la question des réfugiés et a dit croire dans le rêve marocain.

M. MOHAMMED ELAISSAOUI, Organisation for ending Human Rights Violations in the Tindouf Camps, a accusé le Front POLISARIO de menacer tous les pays du monde et de former des terroristes dans ses camps.  L’initiative d’autonomie proposée par le Maroc doit être prise au sérieux, a dit le pétitionnaire.

Mme JANET LENZ, Not Forgotten International, a regretté que les Sahraouis n’exercent toujours pas leur droit à l’autodétermination.  Elle a dénoncé la violence de l’occupation exercée par le Maroc, pour ensuite souligner que l’identité sahraouie n’est pas celle du Maroc.  Elle a demandé au Comité spécial de faire respecter le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. 

M. CHRIS SASSI, pétitionnaire, a appelé à restaurer le dialogue entre la Puissance occupante et le peuple sahraoui sur la question de l’indépendance.  Il a jugé urgent d’obtenir que la Puissance occupante cesse de violer les droits du peuple sahraoui, avant de rappeler que le Front POLISARIO reste l’unique représentant du peuple sahraoui depuis 40 ans. 

M. SAAD BENNANI, pétitionnaire, a condamné la détention contre leur volonté de nombreuses personnes dans les camps de Tindouf.  Il a également dénoncé les formes d’esclavage et de servitude observées dans ces camps ainsi que les abus dont sont victimes des femmes et des enfants aux mains du Front POLISARIO. 

Déclarations générales

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a réitéré son appui à l’indépendance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et a regretté que le peuple sahraoui n’a toujours pas exercé son droit à l’autodétermination.  Il a appelé au dialogue direct entre la RASD et le Maroc.  Il faut aussi préserver le cessez-le-feu et trouver une solution pacifique juste à cette question. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a réaffirmé son attachement au processus mené par l’ONU sur la question du Sahara occidental.  Le représentant a exhorté les parties à rester engagées afin de parvenir à un règlement pacifique de la région du Sahara.  Il a loué le plan de large autonomie du Maroc qui, a-t-il relevé, consulte souvent les populations sahraouies par des élections locales.  Il a aussi salué le plan de développement du Maroc et le respect par ce pays du cessez-le-feu.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a déclaré que le Sahara occidental est un territoire autonome.  La communauté internationale doit respecter les résolutions de l’ONU sur cette question.  Il a dit qu’il est opposé à toute initiative qui ne respecte pas le droit du peuple sahraoui.  Le représentant a ensuite indiqué que Cuba a offert son aide au peuple sahraoui dans le domaine de la santé et de l’éducation, citant notamment la livraison de 450 000 doses de vaccin contre la COVID-19 en février 2022.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a appelé à intensifier les efforts pour éliminer le colonialisme avant de regretter que la situation du Sahara occidental n’ait pas évoluée depuis 40 ans.  Il a jugé indispensable que le processus de négociation reprenne de bonne foi entre les parties sans condition préalable conformément à la résolution 1514 de l’Assemblée générale 

Mme NERISSA WILLIAMS (Grenade) a salué le processus politique en cours mené sous les auspices du Secrétaire général et visant à parvenir à une situation mutuellement acceptable comme le recommande la résolution 2602 (2021).  Elle a salué la proposition marocaine, se félicitant des efforts sérieux et crédibles réalisés par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement de la question. 

Mme KAREN JEAN BAIMARRO (Sierra Leone) a rappelé l’importance de la résolution 2602 (2021) qui prend note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007.  Elle a souligné que cette résolution du Conseil de sécurité demande au Maroc, au Front POLISARIO, à l’Algérie et à la Mauritanie de coopérer plus intensément les uns avec les autres, notamment en renforçant davantage la confiance, et avec l’ONU, ainsi que de participer davantage au processus politique pour progresser sur la voie d’une solution.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a estimé que le Comité peut aider le Sahara occidental à exercer son droit à l’autodétermination comme il l’a fait pour le Timor-Leste.  Il a appelé à la tenue du référendum sur l’autodétermination et à accélérer le processus sous les auspices de l’ONU.  S’agissant des tensions des deux dernières années, il a demandé aux parties de préserver les droits fondamentaux du peuple sahraoui. 

M. BUSTAMENTE (Chili) a appelé à régler la question du Sahara occidental de manière pacifique conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Les progrès réalisés par le Maroc ne doivent pas être sous-estimés par le Comité, a exhorté le représentant. 

M. SPENCER (Antigua-et-Barbuda) a appelé à trouver une solution de compromis.  Il a demandé aux parties de participer en toute bonne foi au processus de table ronde dont il a appuyé la reprise.  Il a soutenu l’initiative d’autonomie du Maroc, pour ensuite appeler au respect du cessez-le-feu.

M. GULED ABDO MOHAMMED (Éthiopie) a dit soutenir une solution pacifique au Sahara occidental.  Il a appelé à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ainsi qu’au respect du cessez-le-feu.  Le délégué a demandé aux parties de s’engager de bonne foi dans le processus politique en vue d’une solution mutuellement acceptable et à s’abstenir de toutes déclarations et actions qui pourraient exacerber la tension. 

M. BUCARO FLORES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a fait part de son appui à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc, voyant une base réaliste pour parvenir à une solution négociée entre les parties.  La résolution de cette question est nécessaire pour la population du Sahara occidental, ainsi que pour la stabilité et l’intégration du Maghreb.

M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (Iran) a demandé que la décolonisation reste une des grandes priorités des Nations Unies.  Il a exhorté les parties concernées au Sahara occidental à favoriser le dialogue pour relancer le processus de décolonisation sans conditions préalables et en toute bonne foi conformément à la Charte des Nations Unies et aux résolution pertinentes. 

M. KELVER DWIGHT DARROUX (Dominique) a appuyé la participation des Nations Unies au processus visant à parvenir à une solution réaliste pour le Sahara occidental.  Il a appuyé la pertinence du plan d’autonomie proposé par le Maroc, qu’il a qualifié de meilleure solution pour une paix et stabilité durable dans les provinces du sud. 

Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte Lucie) a rappelé l’obligation des puissances administrations de mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes relatives à la décolonisation.  Elle a souligné la pertinence du plan d’autonomie proposé par le Maroc qui a obtenu un appui international avant de saluer les recommandations de la résolution 2602 (2021) du Conseil de sécurité. 

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a exhorté les parties concernées au Sahara occidental à favoriser le dialogue pour relancer le processus de décolonisation sans conditions préalables, en toute bonne foi et dans un esprit de compromis pour laisser au peuple sahraoui la possibilité de choisir son avenir. 

M. TEODORO SANTIAGO DURÁN MEDINA (Équateur) a réaffirmé le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes à l’autodétermination, préconisant d’appliquer au cas par cas les instruments internationaux conçus pour faire respecter le droit à l’autodétermination.  Il a souligné l’importance d’une solution politique mutuellement acceptable conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale y compris la tenue d’un référendum au Sahara occidental. 

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a appelé à la tenue d’un dialogue inclusif en vue d’un règlement pacifique du différend sur la base du plan d’autonomie proposé par le Maroc.  Il faut tenir compte du soutien international dont celui-ci bénéficie, a ajouté le représentant qui a également fait part de son appui au processus de table ronde dans le cadre du format existant.

Mme S. KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a soutenu la demande du Conseil de sécurité adressée aux quatre parties prenantes d’être fermement engagées au processus de table ronde à savoir l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et le Front POLISARIO.  La représentante a réitéré son soutien à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc pour trouver une issue à la question du Sahara marocain.  Préoccupée par le sort des femmes et des enfants dans les camps de Tindouf, elle a demandé leur enregistrement dans l’état-civil. 

Mme ARIAS ORLOWSKA (République dominicaine) a réaffirmé son appui aux efforts du Maroc pour une solution juste et durable au Sahara occidental. 

M. EDGAR SISA (Botswana) a appelé à permettre la réalisation du droit à l’autodétermination des peuples des 17 derniers territoires non autonomes dont le Sahara occidental.  Il a regretté la détérioration de la situation après la fin du cessez-le-feu de 2020 et a exhorté le Comité spécial à mener une mission d’évaluation dans le Sahara occidental afin d’évaluer la situation sur le terrain.

Mme SALMAN (Bahreïn) a salué les efforts « sérieux et crédibles » du Maroc en faveur de l’autonomie du Sahara occidental, en ajoutant que cette proposition constitue la meilleure solution pour assurer un règlement durable de la situation.  C’est dans ce contexte que Bahreïn a ouvert un consulat à Laayoune dans la Sahara marocain, a-t-elle fait savoir.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a regretté que la dernière colonie en Afrique n’a pu encore faire aboutir son processus de décolonisation parce que ce processus a été mal mené.  Elle a appelé à un dialogue entre sahraouis et marocains tenant compte des intérêts des habitants du territoire et en phase avec l’Acte constitutif de l’Union africaine (UA) et de la Charte des Nations Unies 

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a appelé à une solution juste, durable et mutuellement acceptable de la situation au Sahara occidental sur la base des résolutions adoptées depuis 2007.  Il a estimé que l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc était la solution la plus pertinente, notamment parce qu’elle prend en compte la situation des camps de réfugiés.  Il a expliqué que le Sénégal vient d’ouvrir un consulat général au Sahara occidental où il compte 6 000 ressortissants.  Il a par ailleurs salué le succès des élections locales et législatives de septembre 2021.

M. MOHANNAD ADNAN MOUSA SHADDAD (Jordanie) a indiqué que les relations entre son pays et le Maroc sont stables, marquées notamment par l’ouverture d’un consulat jordanien à Laayoune en février.  Il a soutenu l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc au Sahara marocain. 

M. WAJDI HASSAN M. MOHARRAM (Arabie saoudite) a soutenu les efforts du Maroc pour parvenir à une solution pacifique au Sahara marocain.  Il a salué les deux tables rondes de Genève et la participation des quatre parties prenantes afin de résoudre ce conflit.  Il a soutenu l’initiative pour l’autonomie proposée par le Maroc et appelé au respect de la souveraineté du Maroc. 

M. MARC HERMANNE GNINADOOU ARABA (Bénin) a indiqué qu’il soutient les initiatives des Nations Unies y compris les deux tables rondes de Genève avec la participation des quatre parties prenantes pour trouver une issue à ce conflit.  Il a aussi apporté son appui à l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc ainsi qu’à son plan de développement du Sahara marocain. 

M. ALASSANE CONTE (Guinée) a fait part de son appui au dialogue et s’est félicité de l’organisation des deux tables rondes entre les parties prenantes à Genève.  Les acteurs doivent faire preuve de flexibilité et de souplesse et trouver une résolution acceptable pour tous.  Le représentant a salué les efforts du Maroc pour trouver une solution durable et a soutenu son initiative d’autonomie pour la stabilité de la région. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a appelé à protéger les droits économiques, sociaux et culturels du peuple sahraoui, y compris sur ses ressources naturelles.  Il a jugé urgent d’organiser une mission d’évaluation au Sahara occidental. 

M. SEYDOU SINKA (Burkina Faso) a salué les avancées notables enregistrées lors des deux tables rondes organisées à Genève avec la participation de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du Front POLISARIO.  Il a réaffirmé son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc avant de souligner la pertinence de la résolution 2602 (2021) du Conseil de sécurité.  Il a exhorté toutes les parties au respect du cessez-le-feu. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a salué le renouvellement du mandat de la MINURSO en octobre 2021 tout en regrettant que sa mission n’a pas encore été réalisée.  Elle a invité les Nations Unies à se prononcer sur l’appel du Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine (UA) concernant la pertinence de l’ouverture de consulats dans la Sahara occidental.  Elle a estimé que le lancement d’une mission de visite permettrait d’approcher d’une démarche plus conforme à la réalité au Sahara. 

M. LAMIN FAATI (Gambie) a demandé que toutes les parties prenantes et les pays voisins restent engagés à trouver une solution à la situation du Sahara occidental.  Il a expliqué que la Gambie vient d’ouvrir un consulat au Sahara occidental pour soutenir le plan d’autonomie proposé par le Maroc. 

Mme ZEINAB ISMAËL ASSOWEH (Djibouti) a soutenu le processus mené sous l’égide du Secrétaire général ainsi que le plan d’autonomie proposé par le Maroc, y voyant une base excellente de discussion.  Elle a déploré la détérioration de la situation dans les camps gérés par le Front POLISARIO qui affecte la sécurité et la stabilité régionales. 

M. MANUEL ALCIBÍADES RUIZ DÍAZ (Paraguay) a réitéré son appui aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale sur le Sahara occidental. 

M JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a réitéré la position de sa délégation sur le conflit au Sahara marocain.  Il a encouragé les parties à trouver une solution juste conformément à la résolution 2602 (2021).  Pour lui, l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc doit être la base du processus politique. 

Mme AL DAH (Émirats arabes unis) a dit qu’elle appuie le plan d’autonomie proposé par le Maroc au Sahara marocain.  C’est une solution conforme à la Charte des Nations Unies qui permet de préserver l’unité territoriale du Maroc, a-t-elle noté, insistant sur l’importance de trouver une solution de compromis au conflit. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a dit l’importance de la MINURSO comme garant de la stabilité et du cessez-le-feu.  Il a exhorté le Comité spécial à contribuer à un ordre international plus juste basé sur le droit international et le respect de la Charte des Nations Unies. 

M. ZÉPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a salué le nouvel élan insufflé par le processus de tables rondes à Genève avant de saluer la pertinence de la résolution 2602 (2021).  Il s’est dit convaincu qu’une solution peut être trouvée par le biais d’un dialogue fondé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

M. FRANCISCO MENDES (Guinée-Bissau) a félicité le Maroc pour avoir développé des infrastructures dans le domaine de la santé et de l’éducation au Sahara occidental avant de préciser que son pays a ouvert des représentations à Laayoune.

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a déploré l’inertie des Nations Unies au Sahara occidental, affirmant que celle-ci a créé des tensions dans la région ainsi qu’un sentiment de défaite et d’impatience chez les Sahraouis.  Le peuple sahraoui doit pouvoir faire valoir son droit à l’autodétermination, a insisté le représentant.  Il a dénoncé la politique du fait accompli colonial imposé par le plan d’autonomie et qui constitue à ses yeux l’annexion d’un territoire imposé par la force.  Le référendum d’autodétermination doit se tenir, a tranché le délégué dénonçant l’incapacité de la MINURSO à surveiller la situation des droits humains au Sahara occidental.  Le représentant a par ailleurs fait savoir que les efforts de l’Algérie dans le camp de Tindouf ont été salués par le HCR.

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a dénoncé les tentatives de porter atteinte à la souveraineté du Maroc au Sahara marocain. 

M. DARLINGTON MASHOKO KADYAUTUMBE (Zimbabwe) a demandé au Conseil de sécurité d’effectuer son travail pour mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes.  Le peuple sahraoui doit pouvoir exercer son droit à l’autodétermination et à choisir son propre destin.  Le représentant a souhaité que les bons offices du Secrétaire général porte leurs fruits. 

M.ALCÍNIO CRAVID E SILVA (Sao Tomé-et-Principe) a salué les réformes institutionnelles et économiques menées par le Maroc au Sahara marocain.  Cette initiative constitue une alternative crédible au processus politique en cours. 

M. FAHAD M. E. H. A. MOHAMMAD (Koweït) a appuyé le plan d’autonomie proposé par le Maroc, y voyant le meilleur moyen d’aller vers l’avant. 

Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria) a renouvelé son appui au plan d’autonomie proposé par le Maroc, y voyant une solution de compromis conforme au droit international.  Elle a estimé que la participation de plus de 60% des électeurs aux élections de septembre 2021 démontre la confiance accordée par la population à cette initiative. 

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a appelé à respecter le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination avant de souligner le rôle déterminant de l’Union africaine (UA) pour favoriser la tenue d’un référendum au Sahara occidental. 

M. OUSSEIN (Union des Comores) a partagé la nécessité d’une solution réaliste, pragmatique, durable et de compromis.  Il a appuyé l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc qu’il a jugée conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Il a salué les investissements marocains qui ont permis d’augmenter l’indice de développement humain de la population locale avant d’annoncer l’ouverture d’un consulat comorien au Sahara occidental.   

M. OMAR HILALE (Maroc) a indiqué que le Maroc demeure engagé envers le processus politique de l’ONU, y compris les tables rondes avec la participation des autres parties prenantes.  L’initiative d’autonomie marocaine est la seule solution crédible, a-t-il insisté.  Il n’y a ni guerre ni conflit au Sahara marocain qui accueille des investisseurs, des touristes et des sportifs internationaux.  En outre, la population a librement participé aux élections de 2021 avec un taux de participation élevé.  Le représentant a ensuite accusé l’Algérie de soutenir le conflit en refusant de retourner aux tables rondes en violation des résolutions du Conseil de sécurité. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Algérie a dit que l’exposé du Maroc est hors sujet étant une négation claire des résolutions du Conseil de sécurité y compris les travaux du Comité spécial.  Le Maroc tente de détourner l’attention du Comité en évoquant un sujet qui n’est pas prévu à l’ordre du jour du Comité. 

Le représentant du Maroc a accusé l’Algérie de faire du terrorisme intellectuel.  L’Algérie ne respecte pas le droit international en imposant un conflit pendant 30 ans à son voisin. 

Le représentant de l’Algérie a accusé son homologue marocain de diversion, suite à quoi le représentant du Maroc a invité l’Algérie à appliquer le droit à l’autodétermination pour les Kabyles, affirmant que la Kabylie est une prison à ciel ouvert.

Question des Bermudes

Mme KATHY LYNN SIMMONS, Procureure générale et Ministre des affaires juridiques et de la réforme constitutionnelle des Bermudes, a indiqué que la volonté des Bermudes à gérer ses affaires internes va à l’encontre des intérêts du Royaume-Uni et que les Bermudes n’ont pas de voix au sein du système politique britannique.  Elle a indiqué que la délégation des pouvoirs est injuste et que la décolonisation a peu de chance de se concrétiser, d’où la nécessité d’un arrangement constitutionnel.  Les Bermudes mèneront une analyse à court terme pour que les options en matière d’autogouvernance puissent être concrétisées.  Elle a également appelé à établir un nouvel arrangement avec le Royaume-Uni qui, a-t-elle affirmé, ne respecte pas la volonté de la population.

Question des Îles Vierges britanniques 

M. NATALIO WHEATLEY, Premier Ministre et Ministre des finances des Îles Vierges britanniques, a indiqué que le 8 juin, le Gouverneur et la Ministre des affaires étrangères britanniques ont annoncé que le Royaume-Uni suspendrait temporairement la Constitution des îles Vierges britanniques pour permettre au Gouvernement de mettre en œuvre les recommandations figurant dans le rapport d’enquête.  Il fait part de son engagement à revoir la manière dont les affaires du peuple sont gérées afin de répondre aux besoins de tous.  Il s’est dit convaincu que les réformes renforceront la gouvernance et rendront le territoire plus autonome.  Des réunions publiques seront menées à partir du 23 juin afin de s’assurer que la population participe au processus de réformes.

M. WILLY, pétitionnaire, a salué les efforts de réforme du Gouvernement des Îles Vierges britanniques.  Il a estimé que l’analyse de la Constitution doit porter sur le transfert des prérogatives du gouverneur au gouvernement. 

M. SPENCER (Antigua-et-Barbuda) s’est déclaré convaincu que les Îles Vierges britanniques peuvent assurer une bonne gouvernance et a appelé à l’élimination totale du colonialisme.

Mme NERISSA WILLIAMS (Grenade) a appuyé les représentants élus des Îles Vierges britanniques qui présentent des objections à la suspension de la Constitution.

Question de la Polynésie française

M. ENGEL RAYGADAS, Délégué adjoint aux affaires internationales de la Polynésie française, a indiqué que le niveau d’autonomie dont bénéficie la Polynésie française n’est pas la pleine souveraineté mais lui confère suffisamment de compétences pour se forger son avenir comme bon lui semble.  Ce niveau d’autonomie satisfait aux besoins de la majorité de la population, a-t-il ajouté, évoquant les récentes élections.  Il s’est ensuite interrogé sur les résultats d’une étude qui affirme que son pays ne jouit pas d’un niveau d’autonomie suffisant, y voyant une insulte pour les élus.  Il a appelé à modifier certains libellés des résolutions concernant la Polynésie française.

M. CORBIN, pétitionnaire a déploré le peu d’informations transmis par la Puissance administrante à l’ONU.  Les méthodes de travail du Comité spécial ne permet pas une analyse approfondie de la situation, aussi une étude au cas par cas serait souhaitable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Mali: inquiétudes au Conseil de sécurité face à l’augmentation des violations des droits humains, alors que le renouvellement du mandat de la MINUSMA se profile

9061e séance - matin
CS/14929

Mali: inquiétudes au Conseil de sécurité face à l’augmentation des violations des droits humains, alors que le renouvellement du mandat de la MINUSMA se profile

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, M. El-Ghassim Wane, a fait part aux membres du Conseil de sécurité, ce matin, d’une forte augmentation des violations des droits de l’homme dans le pays, dont les auteurs présumés seraient des membres tant des groupes extrémistes que des forces de sécurité maliennes positionnées dans le centre du Mali.  

En outre, comme le dernier rapport sur les droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) mentionne des « éléments militaires étrangers », les délégations occidentales ont souligné cette présence en y voyant une référence explicite au groupe Wagner « soutenu par la Fédération de Russie », selon le Royaume-Uni.  Les forces du groupe Wagner auraient commis de terribles atteintes aux droits de l’homme partout où elles sont passées, ont déclaré les États-Unis.  Plusieurs délégations ont décrié le laxisme des autorités maliennes en ce qui concerne les enquêtes relatives à ces violations et ont insisté sur la nécessité, pour les opérations antiterroristes, de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire. 

« Nous n’avons reçu aucune plainte de nos partenaires africains », a objecté la Fédération de Russie qui n’a pas manqué de dénoncer les insinuations des pays occidentaux sur les prétendues violations perpétrées par l’armée malienne avec l’appui d’instructeurs russes.  Elle a dit qu’aucune preuve n’a été produite quant à l’existence alléguée de charnier au Mali. 

À l’avenir, le succès des opérations dirigées par le Mali dépendra de deux facteurs, a prévenu le Représentant spécial: une approche globale qui réponde aux enjeux institutionnels, de gouvernance et socioéconomiques; et le respect des droits humains et du droit international humanitaire.  Ce n’est pas seulement une question d’éthique mais aussi d’efficacité opérationnelle, car le soutien des populations est une condition sine qua non pour le succès de la contre-insurrection, a-t-il argué. 

M. Wane a d’ailleurs relevé que le manque de confiance entre les parties signataires a compliqué les efforts visant à faire avancer le processus de paix et que le Comité de suivi de l’Accord ne s’est pas réuni depuis octobre 2021.  Il a toutefois fait part de deux décrets pris par le Président de la Transition, les 6 et 10 juin, étendant de 24 mois la transition à partir du 26 mars 2022 et créant une commission de rédaction d’un avant-projet de constitution qui doit finaliser son travail dans un délai de deux mois.

Sur le plan sécuritaire, M. Wane s’est inquiété de l’instabilité, particulièrement le long de la zone des trois frontières et dans le centre du Mali.  Il a parlé d’attaques dans la région de Ménaka qui ont fait des centaines de morts et de déplacés, face à quoi la MINUSMA a établi des plans d’urgence pour renforcer temporairement sa présence grâce à la relocalisation de troupes et à des capacités supplémentaires.  Cela démontre la nécessité de veiller à l’allocation de ressources et de capacités nécessaires à la Mission, y compris des hélicoptères armés, a-t-il commenté. 

La Directrice de l’ONG Mali Muso, l’écrivaine Sadya Touré, a, elle, alerté sur la fermeture de nombreuses écoles, ce qui affecte plus de 400 000 enfants, et plaidé pour que l’emploi des jeunes soit une priorité.  M. Wane a d’ailleurs résumé la situation humanitaire du Mali en citant les 7,5 millions de personnes qui auront besoin d’assistance humanitaire en 2022 selon les estimations, contre 5,9 millions en 2021.  Or jusqu’à présent, seuls 11,1% des 686 millions de dollars demandés pour 2022 ont été mobilisés.

Le mandat de la MINUSMA, qui arrive à échéance à la fin du mois et que le Secrétaire général a recommandé de renouveler pour un an de plus, a suscité de nombreux commentaires des membres du Conseil.  D’après le Représentant spécial, les opérations terrestres et aériennes de la Mission ont été entravées ces derniers mois, tandis que la rotation du personnel en uniforme d’Afrique de l’Ouest a été retardée.  Porte-plume sur le Mali, la France a proposé, lors du renouvellement du mandat, de soutenir la revue interne envisagée par le Secrétaire général pour clarifier les relations avec l’État hôte et modifier éventuellement la configuration de la Mission.  La France continuera à apporter un soutien sur le plan aérien, a assuré le représentant, notamment pour la sécurité des soldats de la paix.

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali a pour sa part jugé essentiel de centrer le mandat de la MINUSMA sur la protection des populations civiles et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire.  M. Abdoulaye Diop a aussi demandé que le mandat renouvelé tienne compte de la montée en puissance des forces maliennes, qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes, assurant par ailleurs que le Gouvernement malien n’a pris aucune mesure restrictive visant particulièrement la Mission.  Les A3 (Gabon, Ghana et Kenya) ont plaidé pour une MINUSMA qui soit soutenue notamment en matière de contingents et de renforcement des capacités sur les mesures antiterroristes.  Mais pour l’Inde, les opérations antiterroristes sont de la responsabilité des forces de sécurité nationales et ne doivent pas être confiées à la Mission.  La Fédération de Russie a, elle, jugé que ce n’est pas le moment d’ajuster le mandat de la MINUSMA et de lui assigner de nouvelles missions. 

Le Ministre malien a également plaidé pour la levée prochaine des sanctions contre son pays, soutenu par Mme Touré ainsi que la Chine, le Brésil, le Mexique et la Russie, notamment.  Il a également saisi cette occasion pour exprimer son « opposition ferme » à l’intervention sur son territoire de la force de l’opération française Barkhane, après la décision unilatérale de retrait de ladite force et la dénonciation par le Mali des accords de défense avec la France.  M. Diop a, enfin, expliqué que le retrait du Mali du G5 Sahel est une décision souveraine, ce que plusieurs membres du Conseil ont regretté, dont les A3 et l’Irlande.  Le G5 Sahel n’a plus vocation à intervenir sur le territoire malien, a déclaré le Ministre.

LA SITUATION AU MALI - S/2022/446, S/2022/448

Déclarations

M. El-GHASSIM WANE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a relevé qu’au cours des trois derniers mois, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a continué à mettre en œuvre son mandat, sur la base de ses trois priorités stratégiques.  Depuis janvier, la Mission est restée impliquée dans les efforts visant à surmonter l’impasse liée à la durée de la transition.  Le 4 juin, à Accra, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a examiné de nouveau la situation et a demandé au Médiateur de poursuivre le dialogue pour parvenir à un accord d’ici son Sommet ordinaire du 3 juillet prochain.  Subséquemment, le Président de la Transition a pris deux décrets, respectivement les 6 et 10 juin, formalisant une extension de 24 mois de la transition à partir du 26 mars 2022, et créant une commission de rédaction d’un avant-projet de constitution qui doit finaliser son travail dans un délai de deux mois.  L’adoption du projet de loi électorale, un processus également appuyé par la MINUSMA, est prévue au cours de ce mois, a dit le Représentant spécial en notant que cela permettra de prévoir l’opérationnalisation de l’organe indépendant unique de gestion des élections.  Il a précisé que l’incertitude liée à la durée de la transition a rendu plus difficile la réalisation d’avancées dans certains domaines, dont l’engagement soutenu en faveur de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015.

M. Wane a relevé que les efforts pour faire avancer le processus de paix ont été compliqués par le manque de confiance entre les parties signataires, et que le Comité de suivi de l’Accord ne s’est pas réuni depuis octobre 2021.  Dans ce contexte, la MINUSMA et l’Algérie, en tant que chefs de file de la médiation internationale, ont mené des efforts soutenus pour encourager la mise en œuvre effective de l’Accord de paix. 

M. Wane a indiqué que la situation sécuritaire reste instable et est particulièrement préoccupante le long de la zone des trois frontières et dans le centre du Mali.  Il a parlé d’attaques dans la région de Ménaka qui ont fait des centaines de morts et de déplacés.  Et bien que ces développements aient des liens avec des dynamiques locales de traite, ils se déroulent également dans le contexte du redéploiement des forces de l’opération Barkhane et Takuba.  À Ménaka, la MINUSMA a établi des plans d’urgence pour renforcer temporairement sa présence grâce à la relocalisation de troupes et de capacités supplémentaires.  M. Wane a rendu hommage à la mémoire de tous les soldats de la paix qui ont perdu la vie depuis le début de la Mission, expliquant que leur sacrifice ultime illustre les défis et les complexités de la situation.  De même, cela souligne la nécessité de veiller à ce que la Mission dispose de ressources et capacités nécessaires, y compris des hélicoptères armés.  Dans le centre du pays, l’insécurité continue d’être alimentée par une combinaison de conflits intercommunautaires, de problèmes de gouvernance de longue date et des groupes d’extrémistes violents ciblant des civils et leurs moyens de subsistance, ainsi que des attaques contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA.

À l’avenir, le succès des opérations dirigées par le Mali dépendra de deux facteurs, a prédit le Représentant spécial: une approche globale qui réponde aux enjeux institutionnels, de gouvernance et socioéconomiques; et le respect des droits humains et du droit international humanitaire.  Ce n’est pas seulement une question d’éthique mais aussi d’efficacité opérationnelle, car le soutien des populations est une condition sine qua non pour le succès de la contre-insurrection, a-t-il argué.  Il a indiqué que, de janvier à mars 2022, les violations des droits de l’homme ont fortement augmenté, entraînant la mort de 543 personnes contre 128 au trimestre précédent.  La liste des auteurs présumés de ces violations inclut non seulement des groupes extrémistes, mais aussi les forces de sécurité maliennes dans le centre du Mali.

L’environnement sécuritaire a aggravé la situation humanitaire dans le pays, a déploré M. Wane.  En 2022, 7,5 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire, contre 5,9 millions en 2021.  Le nombre total de déplacés s’élève à 370 000 et plus de 1,8 million de personnes auront un besoin immédiat d’aide alimentaire d’ici au mois d’août, soit le plus haut niveau enregistré depuis 2014.  Jusqu’à présent, seuls 11,1% des 686 millions de dollars demandés pour 2022 ont été mobilisés, a-t-il déploré.  Il a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU a appelé à la prorogation du mandat de la MINUSMA pour une autre année.  Il a constaté, ces derniers mois, que la MINUSMA a été entravée dans ses opérations terrestres et aériennes, et qu’elle a connu d’importants retards dans la rotation du personnel en uniforme d’Afrique de l’Ouest.  Il a souligné à quel point la liberté de mouvement est essentielle à la réalisation du niveau d’efficacité souhaité.  Si les défis au Mali sont nombreux et complexes, ils sont loin d’être insurmontables, a-t-il conclu.

Mme SADYA TOURÉ, Directrice de l’ONG Mali Muso et écrivaine, a souligné que la population malienne est aujourd’hui confrontée à des défis à la fois sécuritaires, politiques, sociaux, institutionnels et économiques.  Dans ce contexte de crise de la protection pour les civils, elle s’est déclarée préoccupée par la dégradation des relations diplomatiques entre le Mali et ses partenaires internationaux, souhaitant que son pays ne devienne pas un terrain de confrontation entre grandes puissances.  Alors que les autorités de transition ont fixé la période de transition à 24 mois à partir de mars 2022, la représentante de la société civile a fait état d’une fragmentation de la scène politique et d’un rétrécissement de l’espace démocratique.  Elle s’est également dite inquiète de la situation sécuritaire, notamment dans le centre et le nord du pays, où des groupes armés et terroristes commettent de graves violations contre les civils. 

Constatant que les confrontations entre ces groupes et les Forces armées maliennes ont provoqué des déplacements massifs de population, elle a averti que les femmes et les filles sont de plus en plus victimes de violences sexuelles et ne sont plus en sécurité nulle part.  Elle a par ailleurs alerté sur la fermeture de nombreuses écoles, ce qui affecte plus de 400 000 enfants.  Ces derniers ont grandi dans un environnement violent et ont pour seul choix de partir, au péril de leur vie, ou de rester, au risque d’être enrôlés dans des groupes armés.  Mme Touré a donc plaidé pour que l’emploi des jeunes soit une priorité, car le développement durable et la consolidation de la paix en dépendent.  De même, a-t-elle ajouté, il ne faut pas que l’augmentation du budget de la défense impacte des secteurs comme l’éducation, la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité.  Le manque d’accès à ces services de base aggrave les conflits, a mis en garde la représentante, avant de dénoncer les sanctions imposées à son pays par la CEDEAO, regrettant que les résolutions du Conseil de sécurité concernant le Mali n’aient que peu d’effets sur le terrain.  Avant de conclure, Mme Touré a demandé au Conseil de faire en sorte que la MINUSMA soit capable d’opérer aux côtés des Forces armées maliennes pour combattre les terroristes.  Elle a aussi appelé la communauté internationale, l’Union africaine, la CEDEAO et le Gouvernement de transition à se pencher sur l’urgence sécuritaire et humanitaire et à travailler ensemble à la levée immédiate des sanctions.  Enfin, elle a souhaité que les partenaires du Mali continuent d’accompagner son pays pour contribuer à la mise en œuvre des réformes et à la tenue des élections. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a parlé de situation « dramatique » au Mali, où près de 2 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire, alors que les actions meurtrières des groupes terroristes se poursuivent et que les violences contre les civils atteignent des niveaux inégalés.  Favorable à une prolongation d’un an du mandat de la MINUSMA, il a prévenu que les autorités de transition maliennes doivent prendre leurs responsabilités et ne pas entraver les activités de la Mission.  La MINUSMA doit pouvoir accéder aux zones concernées pour mener ses enquêtes et publier ses rapports dans des délais raisonnables, a-t-il notamment souhaité.  De son côté, la MINUSMA doit faire mieux, en particulier pour protéger plus efficacement les civils, a demandé le délégué qui a proposé, lors du renouvellement du mandat, de soutenir la revue interne envisagée par le Secrétaire général.  Les objectifs sont notamment de clarifier les relations avec l’État hôte et de déterminer les modifications éventuelles à apporter à la configuration de la Mission, a-t-il rappelé avant de préciser le soutien qu’entend poursuivre la France sur le plan aérien à la MINUSMA, un soutien nécessaire à la sécurité des Casques bleus notamment.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est exprimé au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya).  Il s’est inquiété de la situation politique au Mali, tant de la lenteur des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger que de l’absence de calendrier de transition.  Il a exhorté les autorités de transition à continuer de s’engager positivement avec la CEDEAO sur cette dernière question avant son prochain sommet de juillet.  Prenant note de la décision des autorités maliennes, le 6 juin, de prolonger la période transitoire de 24 mois, il a dit espérer que cela ne compromettra pas les efforts visant à rechercher une solution acceptable par toutes les parties. 

Concernant le renouvellement du mandat de la MINUSMA, il a plaidé pour qu’il soit adapté à ses objectifs.  Il a ainsi demandé un soutien plus important en matière de contingents, de renforcement des capacités sur les mesures antiterroristes et de soutien logistique, y compris pour le transport aérien.  Mais même avec un mandat approprié donné par le Conseil, il n’y aura pas de résultats positifs sans la coopération des autorités hôtes, a-t-il prévenu.  Le délégué s’est dit également préoccupé par la sûreté et la sécurité des troupes de maintien de la paix de l’ONU au Mali.  Il a appelé à une évaluation détaillée des différences de capacité entre les troupes de l’ONU et celles de l’armée malienne pour déterminer les stratégies à déployer afin de combler les lacunes.  Il a aussi noté le retard dans la rotation des contingents, sachant que certaines troupes ont passé plus d’un an avec la MINUSMA par suite du non-octroi des autorisations de vol.  Cela affecte la discipline, le contrôle et l’efficacité opérationnelle, a-t-il souligné en craignant un impact sur les objectifs de la Mission.  Il a demandé au Secrétaire général de résoudre ce problème le plus tôt possible avec les autorités de transition.

Le délégué a ensuite exprimé le regret des A3 quant à la décision du Mali de se retirer de la Force conjointe du G5 Sahel, après les décisions de retrait des forces françaises et autres partenaires du Mali.  Il a souligné la nécessité d’une coopération, d’une coordination et d’une complémentarité des efforts entre les acteurs opérant dans la région tels que la MINUSMA, la Force multinationale mixte, le Processus de Nouakchott et l’Initiative d’Accra, ainsi que les États Membres agissant individuellement et les communautés et mécanismes économiques régionaux.  Le représentant a encouragé une plus grande attention aux causes profondes du terrorisme au Sahel.  Pour cela, le Gouvernement malien doit gagner la confiance des populations en embrassant la diversité ethnique, régionale et politique du Mali.  De même, pendant et après la transition vers un régime civil, il est essentiel que l’État prenne des mesures militaires contre les groupes terroristes, en même temps qu’il promeuve la diversité.  Les A3, a-t-il poursuivi, encouragent les autorités maliennes à mener des enquêtes rapides de manière à permettre la poursuite des auteurs des crimes atroces contre les populations.  Le délégué s’est aussi préoccupé de la détérioration de la situation humanitaire, du fait de l’insécurité accrue, des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire et de la pandémie de COVID-19.  Il a réitéré l’appel lancé par le Secrétaire général pour un soutien urgent des donateurs afin de combler le déficit de 651 millions de dollars pour l’aide humanitaire au Mali.

M. ZHANG JUN (Chine) a jugé urgent d’appuyer les efforts antiterroristes du Mali et dit soutenir le droit qu’a le Gouvernement malien de mener une action avec ses partenaires régionaux pour « construire un mur contre le terrorisme ».  Le G5 Sahel est un instrument important et peut pleinement jouer son rôle s’il limite les influences extérieures, a-t-il dit.  Il a également plaidé pour que les mesures antiterroristes soient conduites dans le respect des droits humains, tout en mettant en garde contre une politisation de ces questions.  Prenant note du nouveau calendrier annoncé pour la période de transition et la tenue d’élections, il a rappelé que la Chine a toujours soutenu le principe d’un règlement des question africaines par les Africains eux-mêmes.  Il a donc encouragé le Gouvernement malien à poursuivre ses échanges avec la CEDEAO afin de parvenir à un accord sur la transition et à une levée des sanctions.  Il importe aussi, selon lui, que la communauté internationale aide au renforcement des capacités de l’État malien afin qu’il puisse étendre son autorité et surmonter ses difficultés politiques, sécuritaires et humanitaires.  Dans ce contexte, la MINUSMA doit assumer ses responsabilités et maintenir le rétablissement de l’autorité de l’État dans le nord et dans le centre, a plaidé le représentant.  La Mission doit en outre renforcer sa coordination avec les pays concernés et utiliser au mieux ses ressources.  Enfin, après les lourdes pertes qu’elle a essuyées, tout doit être fait pour minimiser les risques sécuritaires qu’elle encourt, a-t-il conclu. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a appuyé les efforts de l’armée malienne contre les groupes terroristes.  Il a estimé que les autorités de transition devraient reprendre leur coopération avec le G5 Sahel et cesser toute entrave aux activités de la MINUSMA et aux relèves des contingents.  Il a jugé encourageante la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et exhorté les autorités à achever la transition en définissant notamment un calendrier électoral réaliste.  Ces autorités devraient coopérer avec la CEDEAO en vue d’une levée des sanctions, a prôné le délégué, en souhaitant une normalisation des relations du Mali avec les pays voisins.  Il a déploré les violations des droits humains commises par l’armée malienne et les combattants étrangers et demandé une enquête.  Enfin, concernant le renouvellement du mandat de la MINUSMA, le délégué a indiqué que son pays est prêt à jouer un rôle constructif afin que la Mission soit à la hauteur des défis.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a rappelé que ceux qui attaquent les civils et les forces de maintien de la paix sont passibles de sanctions du Conseil de sécurité.  Il a souligné l’importance de la MINUSMA qui est installée depuis une dizaine d’années dans le pays et averti que le succès de toute mission de maintien de la paix dépend de la volonté des parties à parvenir à une paix durable.  Or, il a constaté que le Comité de suivi de l’Accord d’Alger ne s’est pas réuni depuis octobre dernier.  Il a aussi regretté que les autorités de transition n’aient pas annoncé la date des prochaines élections.  Il a pris note en revanche de l’annonce d’une transition de 24 mois, même si les États-Unis ne l’approuvent pas.  Le délégué a demandé la mise en œuvre d’un mécanisme de suivi de la transition.  Il s’est inquiété de l’augmentation spectaculaire d’exactions contre les civils de la part des groupes terroristes, des forces de sécurité nationales et des forces extérieures connues comme le groupe Wagner.  Il a déploré que les autorités refusent depuis des mois l’accès au site des crimes de Moura, alors que la Mission doit y mener des enquêtes sur le massacre qui s’y est déroulé.  Les forces du groupe Wagner auraient commis de terribles atteintes aux droits de l’homme partout où elles sont passées, a-t-il confié, affirmant que « le groupe Wagner n’apportera pas la paix au Mali ».  Les autorités doivent en outre permettre à la MINUSMA de mener à bien son mandat au Mali, en évitant par exemple les restrictions de déplacement, a plaidé le représentant.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré les retards importants dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Prenant note de la décision des autorités maliennes d’effectuer la transition dans un délai de 24 mois, il a exhorté le Gouvernement à intensifier ses contacts avec la CEDEAO afin de garantir la tenue d’élections à l’issue de cette période.  Il a également souhaité qu’un accord intervienne avec la CEDEAO pour lever progressivement les sanctions régionales.  Le représentant a ensuite salué les efforts des autorités maliennes pour lutter contre le terrorisme, avant de réitérer son appel au respect des droits humains et du droit international humanitaire.  À ce sujet, il s’est dit préoccupé par les allégations d’abus et de violations des droits de l’homme, rappelant au Gouvernement son obligation d’enquêter et de sanctionner les coupables d’actes tels que ceux signalés à Moura.  Il a aussi rappelé que la MINUSMA peut contribuer à cette tâche et a demandé aux autorités de coopérer à cette fin avec la Mission.  Face à la violence des groupes armés, une réponse militaire ne suffit pas, a-t-il souligné, estimant que le développement des services de base par l’État et la participation régionale sont également indispensables.  La coopération régionale est ainsi le seul moyen d’améliorer les contrôles aux frontières et de mettre fin au trafic illicite d’armes au Sahel, a-t-il insisté, non sans regretter la décision du Mali de se retirer du G5 Sahel.  Pour finir, le délégué a appelé le Conseil à renouveler unanimement le mandat de la MINUSMA et au renforcement de ses capacités.  Il a conclu en demandant aux autorités maliennes de respecter l’accord sur le statut de la force et de garantir la liberté de mouvement de la Mission.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a dit attendre avec intérêt l’analyse du Secrétaire général sur l’adaptation de la MINUSMA.  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et exhorté le Conseil à agir pour éviter une famine au Mali, compte tenu de l’impact des changements climatiques.  Elle a d’ailleurs regretté l’insuffisance des fonds concédés aux pays vulnérables à ce phénomène.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a exprimé ses condoléances à la MINUSMA et aux familles des Casques bleus morts récemment au Mali.  Elle a appelé les autorités maliennes à faciliter le travail crucial de la MINUSMA, s’inquiétant à ce sujet des restrictions imposées à la Mission, notamment à ses actions d’enquête, alors que des civils sont attaqués par des djihadistes, des milices, des groupes d’autodéfense et des membres des Forces armées maliennes.  Constatant que l’augmentation des violations attribuées aux Forces de défense et de sécurité maliennes a eu lieu depuis la récente mise en place de partenariats avec des personnel de sécurité, notamment avec le groupe Wagner, elle a exhorté les autorités maliennes à prendre des mesures pour résoudre ce problème.  De même, alors que le nombre de civils tués au premier trimestre de cette année a été multiplié par trois, elle a demandé des enquêtes rapides et transparentes, pour que les auteurs soient jugés.  Pour voir des progrès durables dans la lutte contre le terrorisme, elle a recommandé de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  La déléguée a également plaidé pour qu’un accès humanitaire sans entrave soit garanti dans tout le Mali et que les travailleurs humanitaires soient protégés.  Enfin, après avoir souhaité qu’un accord de calendrier permette le retour à l’ordre constitutionnel et la tenue des élections libres, équitables et inclusives, elle a encouragé les autorités maliennes à s’engager constructivement avec la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU, tout en regrettant que le pays soit sorti du G5 Sahel.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a constaté que deux ans après que les militaires ont pris le pouvoir par la force, les crises politiques, sécuritaires et humanitaires persistent, dénonçant les violations des droits humains et autres exactions commises, y compris par les Forces armées maliennes et le groupe Wagner.  Conformément à son mandat, la MINUSMA devrait pouvoir enquêter sur ce qui s’est passé à Moura.  Pour avancer, le Mali doit d’abord trouver de toute urgence un accord avec la CEDEAO sur le retour à l’ordre constitutionnel.  Il doit ensuite assurer des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et enfin, rétablir la présence de l’État et les services de base partout, y compris dans le nord.  Quant au Conseil de sécurité, il doit consolider le mandat de la MINUSMA, a dit le représentant qui a aussi appuyé la mise en place d’un bureau d’appui des Nations Unies à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il a aussi appelé à une évaluation stratégique conjointe ONU-Union africaine sur la sécurité au Sahel pour avoir des recommandations claires.  Il faut, s’est-il expliqué, une discussion approfondie sur une force antiterroriste robuste, dirigée au niveau régional. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a souligné la nécessité de protéger la population et de restaurer l’ordre constitutionnel.  Elle a pris note de la durée de transition fixée par les autorités de transition et encouragé la CEDEAO à lever les sanctions.  Le peuple malien doit garder le contrôle en ce qui concerne la transition, a dit la déléguée, en mettant en garde contre toute tenue hâtive d’élections qui ne ferait que déstabiliser la situation.  « La sécurité est la priorité absolue. »  L’intention des Maliens de chercher un soutien technique auprès d’autres partenaires comme la Russie s’explique aisément, a dit la déléguée, en ajoutant que ladite coopération a déjà produit des résultats: les régions du centre et du nord sont en train d’être libérées.  Elle a rappelé l’ancienneté de la coopération entre la Russie et le Mali et d’autres pays africains.  « Nous n’avons reçu aucune plainte de nos partenaires africains. »

La représentante russe a dénoncé les insinuations des pays occidentaux sur les prétendues violations perpétrées par l’armée malienne avec l’appui d’instructeurs russes.  Elle a dit qu’aucune preuve n’a été produite quant à l’existence alléguée de charnier au Mali.  Tout État a le droit de choisir comment il entend assurer la sécurité, a tranché la déléguée.  Elle a déclaré que la vulnérabilité des pays africains est à chercher dans le colonialisme.  Celui-ci n’a pas disparu et a été remplacé par une « domination par contrat », a déclaré la déléguée, en demandant que des solutions africaines soient apportées aux défis africains.  Enfin, elle a dit que ce n’est pas le moment d’ajuster le mandat de la MINUSMA et de lui assigner de nouvelles missions.

Plus de deux mois se sont écoulés et la MINUSMA n’a toujours pas accès à Moura, s’est impatienté M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni).  Invoquant le dernier rapport de la Mission sur les droits de l’homme, il a souligné que l’incident n’est pas isolé et que l’on voit une augmentation significative du nombre des violations des droits par les Forces de défense et de sécurité maliennes, avec l’implication de soi-disant « éléments militaires étrangers ».  Il est clair qu’il s’agit du groupe Wagner soutenu par la Fédération de Russie, a accusé le délégué, insistant sur le fait que les opérations antiterroristes doivent obéir aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.  Le représentant a conclu, en encourageant les autorités maliennes à poursuivre le dialogue avec la CEDEAO.  Il a soutenu le renouvellement du mandat de la MINUSMA et la proposition du Secrétaire général d’examiner la meilleure façon pour la MINUSMA de réaliser les actions prioritaires de son mandat.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde), s’alarmant de l’augmentation des attaques contre les Casques bleus au Mali, a appelé à une action rapide de toutes les parties prenantes pour mettre en œuvre la résolution 2589 (2021), traduire les coupables en justice et établir la responsabilité de ces crimes.  Il a estimé que l’absence d’accord sur la feuille de route transitoire a un impact négatif sur les activités de la MINUSMA, ainsi que sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.  Il s’est inquiété de la grave menace posée par les groupes terroristes qui étendent leurs opérations dans la région du Sahel et dans d’autres régions du continent.  Selon lui, la région tri-frontalière (Mali, Niger et Burkina Faso) concentre ces groupes terroristes en raison du vide sécuritaire créé par le départ des forces internationales et du manque de coopération entre les acteurs internes de la Force conjointe du G5 Sahel.  Dans ce contexte, il a enjoint les pays du G5 Sahel à surmonter leurs différends pour permettre à cette force de reprendre ses opérations.  Il a ensuite souhaité qu’un accord sur la transition ouvre la voie à mise en œuvre effective de l’Accord de paix et conduise à des élections dans le délai convenu.  Invitant les autorités maliennes à surmonter la crise politique à travers un dialogue inclusif et des processus démocratiques, il a jugé essentielle la contribution de la MINUSMA à ces efforts.  Il a cependant estimé que la Mission ne doit pas être chargée d’opérations antiterroristes, celles-ci étant de la responsabilité des forces de sécurité nationales, qui ont une meilleure connaissance du terrain.  Enfin, il a plaidé pour une augmentation des effectifs de la Mission, comme proposé par le Secrétaire général en juillet 2021, afin qu’elle soit en mesure de protéger son personnel, ses convois et ses camps, ce qui suppose des ressources supplémentaires. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a condamné les récentes attaques perpétrées contre la MINUSMA et le personnel de la Croix-Rouge au Mali, avant d’appeler les autorités maliennes à enquêter sur ces attaques et à établir les responsabilités.  Constatant que la poursuite de l’offensive des groupes djihadistes a amplifié la crise humanitaire dans le pays, elle a jugé crucial qu’une solution soit rapidement trouvée à l’impasse politique entre Bamako et la CEDEAO pour envisager une levée des sanctions lors du sommet du 3 juillet prochain.  À ses yeux, le Mali a besoin d’une feuille de route claire vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la société civile doit être associée à tout plan de transition élaboré par les autorités maliennes.  S’agissant de la nette augmentation des violations des droits humains et du droit international humanitaire documentées par la MINUSMA, la représentante a relevé que cette tendance alarmante s’est accentuée avec la présence du groupe Wagner et les opérations conjointes qu’il a menées avec les Forces armées maliennes.  Enfin, considérant que la présence de la MINUSMA demeure plus nécessaire que jamais, elle a souhaité qu’à l’approche du renouvellement de son mandat, l’accent soit mis sur la protection des civils et la promotion des dividendes de la paix de l’Accord d’Alger.  À cet égard, elle a exhorté les autorités maliennes à autoriser pleinement et sans restriction l’action de la MINUSMA pour qu’elle s’acquitte de son mandat.

M. ABDOULAYE DIOP, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a déclaré que son gouvernement reste pleinement engagé dans la mise en œuvre « diligente et intelligent » de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui a connu des avancées notoires, notamment sur les plans politique, sécuritaire, du développement, de la justice et de la réconciliation.  Il a fait valoir que la montée en puissance des Forces armées maliennes avait produit des résultats probants sur le terrain: la neutralisation d’importants membres de katibats terroristes, la récupération des matériels, la libération des localités du joug des terroristes, la destruction des sanctuaires terroristes et le retour de populations déplacées. 

Concernant le renouvellement du mandat de la MINUSMA, le Ministre a jugé essentiel de le centrer sur la protection des populations civiles et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Il a jugé à cet égard indispensable de mieux définir la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique.  M. Diop a aussi demandé que le mandat de la MINUSMA prenne obligatoirement en compte la montée en puissance des forces maliennes, qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes.  Le Ministre a ensuite exprimé son « opposition ferme » à l’intervention sur son territoire de la force de l’opération française Barkhane, après la décision unilatérale de retrait de ladite force et la dénonciation par le Mali des accords de défense avec la France.  « Nous en appelons au respect de la souveraineté du Mali et des décisions prises par les autorités maliennes à cet égard. »

Après avoir déclaré que le Gouvernement malien n’a pris aucune mesure restrictive visant particulièrement la MINUSMA, le Ministre a espéré une levée très prochaine des sanctions.  Enfin, M. Diop a expliqué que le retrait du Mali du G5 Sahel est une décision souveraine, en réponse aux violations des traités fondateurs de l’Organisation, à la politique de deux poids, deux mesures et aux ingérences extérieures hostiles à l’égard d’un État membre fondateur.  « J’invite le Conseil de sécurité à prendre acte de cette décision et à en tirer toutes les conséquences dans la mise en œuvre du mandat de la MINUSMA », a-t-il conclu, en ajoutant que le G5 Sahel n’a plus vocation à intervenir sur le territoire malien.

à suivre...

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale poursuit son débat consécutif à l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité et élit des membres de l’ECOSOC

81e et 82e séances plénières,
matin & après-midi
AG/12425

L’Assemblée générale poursuit son débat consécutif à l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité et élit des membres de l’ECOSOC

L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui son débat, entamé le 8 juin dernier, en vertu du nouveau mécanisme du 26 avril lui conférant le mandat permanent de tenir un débat public en cas de recours au droit de veto au Conseil de sécurité.  Le 26 mai dernier, la Chine et la Fédération de Russie s’étaient en effet opposées à une résolution sur les sanctions imposées à la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Aujourd’hui, l’Assemblée a aussi adopté sa résolution annuelle sur le multilinguisme et procédé, non sans difficultés, à des élections au Conseil économique et social (ECOSOC).

Conformément à la résolution 76/262, en vertu de laquelle elle peut désormais convoquer une séance dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale a entendu une trentaine de délégations, qui dans leur large majorité, ont condamné les tirs répétés de missiles balistiques et la poursuite du programme nucléaire de la RPDC, l’appelant à renoncer à ses projets et à respecter le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La plupart des délégations ont également plaidé pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne et pour un règlement pacifique et diplomatique de cette situation qui constitue une menace pour la paix et la sécurité régionales et internationales. 

Certains, à l’instar de l’Espagne et du Kenya, ont relevé que les veto russe et chinois ont empêché le vote d’une résolution qui aurait permis de renforcer les sanctions contre la RPDC, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, tout en répondant aux besoins humanitaires, aggravés par la progression de la COVID-19.  Mais, a rétorqué Cuba, l’imposition de sanctions ne peut qu’aggraver la situation économique et humanitaire.  Il a condamné toute mesure coercitive unilatérale et prôné le dialogue et la coopération internationale. 

Une position partagée par la Bolivie et le Nicaragua, selon lesquels les sanctions constituent une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays ciblés.  Le droit de veto, a dit à son tour l’Argentine, est un privilège contraire à l’égalité souveraine des États.  Il faut l’exercer, a ajouté l’Uruguay, de manière responsable.  Le débat a par ailleurs permis à Israël d’alerter sur les relations entre la RPDC et le « régime iranien » aux « activités malveillantes » et à l’Ukraine de dénoncer son agression par la Fédération de Russie. 

L’Assemblée a par ailleurs fait sienne la résolution A/76/L.57 sur le multilinguisme qui note avec préoccupation le décalage entre l’anglais et les cinq autres langues officielles des Nations Unies sur les sites Web administrés par le Secrétariat.  Le texte exhorte ce dernier à encadrer l’action pour remédier à ces disparités et demande à toutes les parties prenantes, y compris au Département de la communication globale (DCG), de poursuivre leur collaboration pour parvenir à l’égalité parfaite. 

Andorre, qui présentait ce projet de texte, a mis l’accent sur les efforts déployés par le DCG et ses centres d’information pour relayer les messages de l’ONU dans les différentes langues du monde.  L’Inde s’est félicitée que, pour la première fois, la résolution mentionne les messages en bengali, hindi ou ourdou.  La Tanzanie a rappelé que le swahili, célébré désormais tous les 7 juillet, est parlé par 200 millions de locuteurs dans le monde. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, le Costa Rica a réclamé des services d’interprétation à toutes les réunions, officielles ou officieuses, en distanciel ou en présentiel.  La Colombie a d’ailleurs fait observer que les pages Web en espagnol comptent 30 millions de visiteurs, soit 26,7% du nombre total des vues sur l’ensemble des sites de l’ONU. 

Enfin, avant d’achever son débat général sur le VIH/sida, l’Assemblée générale à élu 17 membres de l’ECOSOC pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023.  Il n’a toutefois pas été possible de départager la Fédération de Russie de la Macédoine du Nord, au sein du Groupe d’Europe orientale, ni l’un ni l’autre n’ayant obtenu la majorité des deux tiers.  En début de séance, le Liechtenstein a été élu pour terminer le mandat de l’Autriche, qui a cédé son siège. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mardi 21 juin à partir de 15 heures pour discuter des relations entre les Nations Unies et l’Union interparlementaire.

ÉLECTION DE MEMBRES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Élection de 18 membres de l’ECOSOC pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023

Ont été élus, ou réélus, à la majorité des deux tiers les 17 États suivants: Botswana (190 voix); Cabo Verde (190 voix); Cameroun (189 voix); Guinée équatoriale (186 voix); Qatar (186 voix); République démocratique populaire lao (181 voix); République de Corée (178 voix); Chine (172 voix); Slovénie (176 voix); Slovaquie (173 voix); Brésil (183 voix), Costa Rica (182 voix); Colombie (180 voix); Grèce 176; Suède (175 voix); Danemark (174 voix) et Nouvelle-Zélande (174 voix).

Pour le dernier siège, même après six tours de scrutin, il n’a pas été possible de départager la Fédération de Russie de la Macédoine du Nord pour siéger à l’ECOSOC pour le Groupe d’Europe orientale, car aucun n’a obtenu la majorité des deux tiers.  Vu l’heure tardive, l’Assemblée a décidé de poursuivre le scrutin à une date ultérieure.

En début de séance, l’Assemblée générale a tenu une élection partielle pour déterminer quel pays d’Europe occidentale finira le mandat de l’Autriche qui a cédé son siège à l’ECOSOC.  C’est le Liechtenstein qui a été élu à la majorité des deux tiers avec 174 voix.  Il finira le mandat de l’Autriche du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2023. 

Les 18 membres de l’ECOSOC dont le mandat finit le 31 décembre 2022 sont: Bangladesh, Bénin, Botswana, Chine, Colombie, République du Congo, Danemark, Gabon, Grèce, Lettonie, Monténégro, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, République de Corée, Fédération de Russie et Thaïlande.  Le Botswana, la Chine, la Colombie et la Nouvelle-Zélande ayant été réélus, ils continueront à être membres de l’ECOSOC pour un nouveau mandat, car l’ECOSOC autorise la réélection immédiate des pays sortants. 

MULTILINGUISME

Débat et décision sur le projet de résolution (A/76/L.57)

Présentant le projet de résolution (A/76/L.57) sur le « Multilinguisme », Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a souligné le rôle essentiel qu’il joue dans la communication harmonieuse entre les peuples.  Il est l’un des moteurs de la diplomatie multilatérale, favorise l’unité dans la diversité et sert l’entente, la tolérance et le dialogue entre les pays.  Il est un des piliers qui concourt à la réalisation des objectifs des Nations Unies tout en contribuant à améliorer l’efficacité, les résultats et la transparence de notre organisation.  Le Secrétaire général considère le multilinguisme comme l’une de ses priorités, a rappelé la représentante.  Elle a indiqué que le projet de résolution prie le Secrétaire général de veiller à ce que le multilinguisme ne soit pas affaibli par les mesures prises face aux différentes crises qu’a connues notre organisation.  En ce qui concerne le rôle du Département de la communication globale en matière de multilinguisme, le texte prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les mandats se rapportant à l’information et à la communication dans le domaine du multilinguisme soient pleinement exécutés. 

En même temps, il met l’accent sur le retard pris pour l’élimination de l’écart entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles dans l’archivage des enregistrements et séances.  Le projet de résolution reconnaît les efforts déployés par les Nations Unies et par le Département de la communication globale par le biais des centres d’informations dans les langues officielles et non officielles, selon qu’il convient, dans les limites des ressources existantes pour relayer les messages de l’ONU dans diverses langues à travers le monde.  Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, le site Web de l’Organisation ainsi que les réseaux sociaux sont devenus des outils essentiels pour les États Membres, les médias, les organisations non gouvernementales, les établissements d’enseignement et le grand public, a noté Mme Balmaña.  À cet égard, a-t-elle dit, il importe que le Secrétaire général veille à ce que les normes minimales pour le multilinguisme, élaborées par le Département de la communication globale, garantissent une utilisation équitable de toutes les langues officielles de l’Organisation sur les sites Web, quel que soit le domaine.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) parlant au nom Groupe des Amis de la langue espagnole, a souligné l’importance du multilinguisme, avant de rappeler l’universalité de l’ONU.  Il a demandé au Secrétariat l’élaboration de stratégies pour une application efficace du multilinguisme.  Ces stratégies doivent être cohérentes, a-t-il précisé.  Il a déploré que la parité linguistique n’ait pas été atteinte entre les six langues officielles et demandé l’élimination de la préférence donnée à certaines langues.  Les services d’interprétation doivent bénéficier à toutes les réunions organisées par l’ONU, officielles ou à huis clos, en distanciel ou en présentiel, a aussi réclamé le délégué.

M. FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a estimé que le projet de résolution présenté par l’Andorre accorde les mandats adéquats et définit des actions pertinentes en faveur de la préservation des différentes cultures et langues, en promouvant la tolérance, la culture de la paix et la non-violence.  Il a ajouté qu’en tant que pays hispanophone, la Colombie est heureuse de constater que le site ONU Info en espagnol a connu une augmentation de sa fréquentation de 265% entre 2019 et 2020.  Il a salué le fait que les consultations des pages Web en espagnol atteignent 30 millions de visiteurs et représentent 26,7% du nombre total de requêtes sur l’ensemble des sites de l’ONU dans le monde entier.  Il s’est également réjoui que le site ONU Info en espagnol ait été le plus visité des neuf sites Web d’ONU Info en 2021.  Le représentant a cependant reconnu que ces défis demeurent pour la pleine mise en œuvre du multilinguisme.  Selon lui, la tendance au monolinguisme, la rareté des ressources au sein du Secrétariat pour assurer la parité linguistique, l’avancée de phénomènes tels que la désinformation et l’approfondissement du fossé technologique sont autant de sujets de préoccupation.  En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, la Colombie reste attachée au respect du multilinguisme au nom des principes d’équité et de justice s’agissant de toutes les régions représentées à l’ONU, a-t-il conclu.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est félicité que, pour la première fois, la résolution présentée ce jour à l’Assemblée générale mentionne la langue hindi, de même que le bengali et l’ourdou, qui sont d’autres langues parlées en Inde.  Il a rappelé que son pays encourage de longue date l’ONU à diffuser des contenus dans des langues non officielles.  Dans le cadre des efforts déployés dans ce sens par l’Inde, a-t-il relevé, le projet hindi à l’ONU a été lancé en 2018 afin de sensibiliser sur les questions qui intéressent les personnes parlant hindi dans le monde.  Il a assuré que l’Inde continuera à appuyer l’ONU pour atteindre les objectifs de multilinguisme.

M. RICHARD ARBEITERLE (Canada) a souligné que le multilinguisme à l’ONU a souffert pendant la pandémie.  En effet, a-t-il rappelé, les services d’interprétation n’étaient pas disponibles pour certaines réunions en distanciel.  Il a ensuite rappelé les nombreuses langues qui sont parlées au Canada, notamment des langues autochtones.  Le délégué a conclu en rappelant son attachement au multilinguisme.

Pour M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) le multilinguisme contribue à la réalisation des buts et principes de l’ONU et fait partie des composantes fondamentales de la diplomatie multilatérale.  Cette résolution souligne que le multilinguisme est crucial pour garantir la pertinence et la viabilité des travaux de l’ONU, a souligné le représentant qui a salué le fait que ce texte mentionne les mesures prises pour préserver le multilinguisme pendant la pandémie.  Il a fini par un appel au respect de la parité des six langues officielles de l’ONU en regrettant que ce principe ne soit toujours pas pleinement respecté.  Il faut que le multilinguisme devienne une question transversale en tant que valeur fondamentale de l’ONU, a exigé le délégué.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a regretté le fait que le multilinguisme continue de souffrir des difficultés avec près de la moitié des langues du monde qui sont menacées de disparaître d’ici au milieu du siècle.  Il faut d’urgence sauver ces langues qui constituent notre patrimoine et notre identité, a-t-elle plaidé.  Le Bangladesh, a dit la représentante, est le seul pays du monde qui a dû verser du sang pour protéger le caractère sacré de sa langue maternelle.  Elle a rappelé à cet égard que le 21 février 1952, un groupe de jeunes hommes et femmes courageux avaient donné leur vie pour établir le bengali comme langue nationale après un mouvement linguistique qui a abouti à l’apparition de l’État indépendant du Bangladesh en 1971.  Le Gouvernement assure la promotion et l’éducation en langue maternelle pour toute la population, a poursuivi l’oratrice en rappelant avoir créé en 2001 l’Institut sur les langues maternelles à Dhaka et l’Institut du travail avec l’UNESCO, pour préserver les langues menacées de disparition.  La représentante a exhorté à effectuer des efforts concertés à tous les niveaux pour préserver le multilinguisme, y compris à l’ONU qui doit assurer l’inclusion de toutes les langues dans son travail.  Elle a inclus les langues des signes dans ces exigences.  Elle a argué que l’ONU doit utiliser tous les outils de communications pour atteindre un public mondial le plus nombreux possible, en diffusant les messages importants dont ceux du Secrétaire général dans les langues non officielles. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a noté la clarté de la vision du projet de résolution pour promouvoir le multilinguisme à l’ONU.  Citant le rapport du Secrétaire général, le représentant a dit que l’Organisation a besoin du multilinguisme comme outil pour atteindre ses objectifs et pour se mettre au service de toutes les populations dans le monde entier.  Il a souligné que sa délégation a toujours défendu le multilinguisme qui contribue notablement à augmenter l’efficacité, l’efficience et la transparence de l’ONU.  Le représentant a souligné l’importance de la parité linguistique pour ce qui est des six langues officielles et demandé un soutien financier pour le multilinguisme à l’ONU.  Il faut en effet que le Secrétariat puisse consolider le multilinguisme, a-t-il souhaité.  Enfin, le représentant a souligné que la société civile et d’autres parties prenantes, y compris les experts universitaires, ont joué un rôle vital pour consolider le bilinguisme à l’ONU.

Mme ZULEIKHA RUTHA TAMBWE (République-Unie de Tanzanie) a souligné l’attachement de son pays au multilinguisme.  Elle a rappelé à cet égard que le swahili fait partie des langues reconnues par l’ONU et que c’est l’une des langues les plus parlées au monde avec 200 millions de locuteurs.  Enfin, elle s’est félicitée que le 7 juillet ait été proclamé Journée mondiale du swahili.  Pour la première fois, cette journée sera célébrée en 2022 aux Nations Unies, a-t-elle conclu en invitant l’ensemble des États Membres à se joindre à cette célébration.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Suite du débat conformément à la résolution 76/262

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) s’est tout d’abord félicité de l’adoption, le 26 avril dernier, de la résolution A/RES/76/262 de l’Assemblée générale, un texte qu’il avait coparrainé et qui, selon lui, consacre la responsabilité et l’obligation qu’ont les membres permanents du Conseil de sécurité de rendre des comptes.  À cet égard, il a réitéré la nécessité d’utiliser de manière responsable le droit de veto en précisant qu’il milite à cette fin au sein du Groupe transrégional ACT.  Sur la question de fond qui avait motivé le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité, le représentant a réaffirmé la position de son pays, qui condamne les tirs de missiles balistiques par la RPDC et appelle au strict respect des résolutions du Conseil en la matière.  De même, a-t-il ajouté, la RPDC doit se conformer aux procédures de contrôle sur la non-prolifération, notamment aux obligations du TNP et aux garanties de l’AIEA.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a condamné les tirs de missiles de la RPDC, un acte irresponsable qui menace la sécurité de tous les pays.  Dans la région Asie-Pacifique, la paix dépend étroitement de la situation dans la péninsule coréenne, a rappelé le délégué, qui a réclamé une dénucléarisation complète et mentionné les efforts de paix de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a exhorté la RPDC à se conformer pleinement à toutes ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité.  Il est de la plus haute importance que ce pays s’engage dans des discussions constructives, avec toutes les parties concernées, en vue de jeter les bases d’une paix et d’une sécurité durables, grâce à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne, a dit le représentant.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a estimé « nécessaire et opportun » que le Conseil de sécurité prenne les mesures qui s’imposent face au développement rapide et illégal des activités nucléaires et balistiques de la RPDC, lesquelles constituent une menace pour l’ensemble de la communauté internationale.  L’exercice contestable du droit de veto sur une question d’une telle importance est regrettable, a déclaré le représentant, pour qui il est inacceptable que la RPDC continue de se livrer à de tels actes, compte tenu de leurs conséquences environnementales et humanitaires « irréversibles ».

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a rappelé qu’en tant que membre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), son pays a signé le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre un génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre.  La représentante a dès lors encouragé les membres permanents du Conseil à ne pas faire usage de leur droit de veto en cas de telles atrocités.  Elle a également indiqué que le Chili soutient l’initiative franco-mexicaine visant à restreindre l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse, de graves violations des droits de l’homme et du droit international.  Invitant les États Membres à faire preuve de « hauteur d’esprit » afin que le nouveau mécanisme adopté par l’Assemblée générale permette un traitement constructif des crises internationales, elle a estimé que, s’agissant du projet de résolution à l’origine de ce débat, les tirs répétés par la RPDC de missiles balistiques, y compris de portée intercontinentale, représentent une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Elle a donc prôné un strict respect des résolutions du Conseil, de la Charte des Nations Unies et des régimes de désarmement et de non-prolifération nucléaires, tout en appelant de ses vœux une solution pacifique et diplomatique.  

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a dit que le droit de veto est un privilège contraire au principe de l’égalité souveraine entre les États.  Il devrait être aboli, selon elle.  Le Conseil doit être plus démocratique, transparent, efficace, représentatif et responsable devant la communauté internationale, a poursuivi la déléguée.  Elle a ensuite fermement condamné les actions et le programme militaire de la RPDC, en exhortant ce pays à respecter ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité.  La situation en RPDC souligne l’importance de parvenir à un désarmement nucléaire général, vérifiable et complet, a conclu la déléguée de l’Argentine.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a dit considérer la résolution 76/262 comme un outil et non pas comme une fin en soi.  En RPDC, les sanctions ne sont pas une solution, a dit le représentant.  Selon lui, si on veut parvenir à la dénucléarisation de ce pays, le moment est venu de changer de méthode et de prendre d’urgence trois mesures concrètes.  Premièrement, le Conseil de sécurité doit jouer un rôle de proposition dans ce dossier.  Deuxièmement, il faut atténuer les souffrances humaines du peuple nord-coréen et élargir les dérogations humanitaires relatives aux sanctions imposées par le Conseil de sécurité.  Troisièmement, il faut mettre fin à l’application illégale de toute mesure coercitive, restrictive, punitive et de nature unilatérale contre la RPDC et promouvoir le dialogue et la négociation entre les parties pour parvenir à des résultats tangibles.  Le délégué a dit avoir compris les motivations qui ont amené la Chine et la Russie à voter contre le projet de résolution présenté le 26 mai dernier au Conseil de sécurité.  Les deux délégations ont participé à la séance de l’Assemblée et ont présenté leur raison pour avoir mis leur veto au texte, a-t-il noté. 

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a déploré le veto opposé par la Chine et la Russie et condamné les tirs balistiques de la RPDC.  Il a exhorté ce pays à respecter les résolutions du Conseil, avant de dénoncer l’agression de la Russie contre son pays.  La Russie a attaqué l’Ukraine avec des tirs de missiles de croisière et balistiques, causant des pertes civiles considérables, a-t-il déploré en ajoutant que la Russie a également saisi des centrales nucléaires ukrainiennes. Il a appelé la Russie à se conformer strictement au droit de la guerre, y compris en ce qui concerne les installations nucléaires.  L’emploi du droit de veto pour bloquer différents projets de résolution, y compris au sujet de l’Ukraine, montre la nécessité d’une réforme des Nations Unies, a conclu le délégué.

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) s’est déclarée profondément préoccupée par le nombre sans précédent d’essais de missiles menés par la RPDC depuis le début de l’année, voyant dans cette escalade dans l’utilisation de systèmes d’armes illégaux une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité et une grave menace pour la paix et la sécurité internationales et régionales.  Pour la représentante, la RPDC doit se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil et renoncer à ses armes de destruction massive, à ses missiles balistiques et à ses programmes d’armement nucléaire, et ce, de manière complète, vérifiable et irréversible.  En outre, a-t-elle ajouté, la RPDC devrait s’abstenir de toute autre action susceptible d’accroître les tensions dans la région et dans le monde.  Par ses violations flagrantes du droit international, la RPDC détourne des ressources qui pourraient répondre aux besoins de son propre peuple et entrave son propre développement économique, a souligné la déléguée, avant d’exprimer son soutien aux efforts diplomatiques de la République de Corée, des États-Unis et de leurs partenaires pour préserver la paix dans la péninsule coréenne et renforcer la stabilité régionale.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a estimé que ce débat est une manifestation de l’engagement de l’Assemblée générale en faveur du multilatéralisme et du principe de responsabilité.  Il a pris note du rapport spécial du Conseil de sécurité et s’est dit vivement préoccupé par les tirs de missiles balistiques de la RPDC qui avivent les tensions sur la péninsule coréenne et menace la paix et la sécurité internationales.  Attaché au désarmement, le représentant a dit craindre un grave défi au régime de non-prolifération.  Il a lancé un appel à la RPDC pour qu’elle se conforme à ses engagements et obligations internationales.  Il a réaffirmé l’applicabilité du droit international dans le cyberespace et a invité la RPDC à revenir au TNP et à son système de contrôle.

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) a appelé à la prudence.  Nous partageons, s’est-il expliqué, les inquiétudes quant à l’évolution de la situation dans la péninsule coréenne mais nous avons les mêmes inquiétudes quant aux mesures susceptibles d’aggraver les tensions et d’affecter la paix et la sécurité régionales.  Il a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter l’escalade.  Il a encouragé la reprise des négociations sur la base des progrès accomplis ces dernières années, grâce au dialogue.  Les divergences doivent être surmontées par des moyens pacifiques et par la prise en compte des points de vue de toutes les parties, dans l’intérêt de la paix, de la stabilité et du développement de la région.  Le représentant a aussi plaidé pour une aide humanitaire en faveur de la RPDC. 

M MARTIN KIMANI (Kenya) est revenu sur le double veto qui a empêché le Conseil d’envoyer un message clair sur le caractère inacceptable des tirs de missiles de la RPDC.  Le Conseil, a-t-il dit, ne saurait rester inactif face à de telles menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le Conseil, a-t-il ajouté, doit maintenant passer par une réforme pour améliorer l’équilibre des pouvoirs avec l’Assemblée générale.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a estimé que le débat de ce jour porte sur un défi à la fois grave et persistant auquel son pays est lui-même directement confronté.  Face à cette menace, a-t-il souligné, Israël s’emploie à empêcher des régimes extrémistes ou des groupes terroristes d’acquérir des armes de destruction massive.  C’est pourquoi il condamne avec la plus grande fermeté les tirs de missiles balistiques par la RPDC et la mise au point par ce pays d’un programme d’armement nucléaire.  Réitérant son appel à la dénucléarisation complète, totale et vérifiable de la péninsule coréenne, il a jugé que les agissements de la RPDC font courir le risque d’une prolifération des armes de destruction massive dans des « États voyous ».  Il a rappelé à cet égard que la RPDC avait fourni en 2006 une aide à la Syrie en vue de produire du plutonium militaire.  Plus récemment, « et plus alarmant encore », la RPDC a entrepris des relations avec le régime iranien qui représentent une menace critique pour la sécurité d’Israël et de la région, a relevé le représentant, selon lequel ces liens dangereux sont documentés, notamment par le Groupe d’experts mandaté par la résolution 1718 (2006).  En alimentant son programme de missiles balistiques et d’armement nucléaire, la RPDC fait peser une menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il insisté, appelant à ce que cela cesse immédiatement.  Pour cela, le Conseil doit parler à l’unisson pour dénoncer la prolifération inquiétante des armes de destruction massive et réclamer l’arrêt des programmes militaires de la RPDC.  Mais il doit aussi faire preuve de vigilance face aux activités malveillantes du régime iranien, qui a montré son vrai visage en retirant 27 caméras de surveillance de l’AIEA de ses installations nucléaires, a prévenu le délégué.

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a rappelé avoir soutenu la résolution 76/262.  Il a estimé que ce texte vise à restreindre le recours au droit de veto par les membres permanents du Conseil de sécurité, un droit qui leur a été donné il y a plus de 60 ans lorsque le monde était très différent de celui d’aujourd’hui.  Il faut aujourd’hui une réforme globale du Conseil de sécurité, a argué le représentant en plaidant notamment pour une représentation de l’Afrique en son sein.  Il faut également restreindre le droit de veto, a-t-il ajouté en exhortant les membres permanents à tout faire pour dégager un consensus sur les projets de texte du Conseil avant même qu’ils soient mis aux voix.  Le représentant a ensuite appelé tous les pays à ne pas faire deux poids, deux mesures pour ce qui est des armes de destruction massive et à ne pas avoir une approche sélective.  À ce titre, il a rappelé que le Moyen-Orient devrait être une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive depuis longtemps.  En outre, il faut sortir la Conférence du désarmement de l’impasse actuelle, a poursuivi le représentant, y voyant un moyen pour pouvoir avancer sur ces points.  Des négociations s’imposent pour que les puissances nucléaires présentent des garanties aux États qui ne disposent pas de ces armes, a-t-il exigé en précisant que cela inclut les pays qui en ont mais qui ne les ont pas déclarées.  Revenant au sujet du Conseil de sécurité, il a regretté qu’il soit devenu un « champ de bataille politique ».

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a jugé bon que l’Assemblée générale tire profit d’un mécanisme dont l’objectif est de renforcer le système des Nations Unies et de s’assurer que des comptes sont rendus entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Le résumé de ce débat devrait être inclus dans le prochain rapport annuel du Conseil de sécurité, a-t-elle suggéré.  La représentante a ensuite condamné les programmes nucléaire et balistique de la RPDC, se disant préoccupée par les essais qui représentent une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  La communauté internationale a un rôle à jouer dans la mise en œuvre des sanctions, selon elle.  Elle a expliqué que ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’empêcher les activités de la RPDC.  La représentante a également plaidé pour que la communauté internationale offre une assistance humanitaire au peuple de la RPDC, ajoutant que le Gouvernement de ce pays doit permettre cette assistance.  Elle a dit que la RPDC doit respecter les dispositions des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, abandonner tout programme d’armes nucléaires ainsi que tout autre programme d’armes de destruction massive.  L’Assemblée générale est une enceinte qui permet à toutes les voix d’être attendues, s’est-elle félicitée en espérant qu’elle s’exprime à l’unisson. 

M. MOHAMED ESSA SAIF BOAUSAIBAH AL-ALI (Émirats arabes unis) a salué la convocation de ce débat dans le cadre du mécanisme établi par la résolution 76/262 et son objectif de renforcer la transparence des travaux du Conseil de sécurité.  Il a ensuite constaté que, depuis le début de cette année, la RPDC a procédé à au moins 26 tirs de missiles balistiques, dont certains à portée intercontinentale, chacun en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a condamné fermement ces violations et provocations répétées de la RPDC, qui, selon lui, menacent la paix et la sécurité régionales et internationales.  Le représentant a rappelé que, pour ces motifs, son pays a soutenu, le 26 mai dernier, le projet de résolution présenté par les États-Unis au Conseil de sécurité.  Il est maintenant temps de trouver un terrain d’entente afin que le Conseil puisse s’acquitter de sa responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité et répondre aux menaces posées par les actions de la RPDC, a conclu le représentant. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République populaire démocratique lao) a constaté à son tour que la situation de la péninsule coréenne demeure sensible et a exhorté toutes les parties concernées à consentir des efforts concertés pour parvenir à une solution pacifique et diplomatique.  Il a rappelé que son pays, qui est partie à plusieurs instruments de désarmement et de non-prolifération, notamment le TICE et la Zone exempte d’armes nucléaire en Asie du Sud-Est, est partisan d’une élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Dans le même esprit, a ajouté le représentant, la République populaire démocratique lao soutient de manière indéfectible le principe d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne.  C’est pourquoi elle appelle la communauté internationale à continuer de créer un environnement propice à des avancées diplomatiques supplémentaires et à s’abstenir de mesures qui pourraient exacerber les tensions.  À cette fin, a-t-il conclu, tous les instruments internationaux doivent être mis en œuvre, à commencer par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Mme ALEKSANDRA SHMAT (Bélarus) a estimé que la réunion d’aujourd’hui est le fruit de problèmes profonds et de contradictions entre les membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle s’est dite extrêmement sceptique quant à la possibilité avec cette réunion de résoudre la situation dans la péninsule coréenne ou même de se rapprocher d’une solution.  Au lieu d’examiner les causes profondes des contradictions, nous sommes réunis aujourd’hui pour donner notre avis sur l’ordre du jour du Conseil de sécurité, s’est-elle emportée.  Rappelant s’être dissociée de l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, la représentante a dit être convaincue que dupliquer à l’Assemblée générale le thème de l’organe principal habilité à maintenir la paix et la sécurité internationales ne conduirait qu’à l’érosion du mandat du Conseil de sécurité et à l’affaiblissement de son rôle.  Soyons réalistes, a-t-elle lancé à la salle en soulignant que le mécanisme nouvellement créé nécessitera inévitablement le « détournement » de temps, de financements et de ressources humaines du système des Nations Unies.  De plus, la résolution 76/262 a été élaborée sans une discussion ouverte, inclusive et transparente, a regretté la représentante. 

En ce qui concerne la question du droit de veto, elle a souligné qu’il s’agit d’un élément exclusif de la responsabilité des membres permanents du Conseil qui est inscrit dans la Charte des Nations Unies et constitue un outil important pour l’élaboration de décisions équilibrées dont dépendent la paix et la sécurité dans le monde.  Quant au sujet d’aujourd’hui, la représentante a noté les explications détaillées des délégations de la Russie et de la Chine, qui ont usé de leur droit de voter contre le projet de résolution du Conseil.  Les questions de non- prolifération et de désarmement continuent d’occuper une place centrale dans le thème du maintien de la paix et de la sécurité, a-t-elle rappelé en disant partager les préoccupations de la communauté internationale suscitées par la situation dans la péninsule coréenne.  Elle a cependant estimé que les tentatives de résoudre ce conflit par le durcissement du régime des sanctions sont manifestement futiles.  Il est nécessaire de rechercher des solutions globales à ce conflit prolongé et de désamorcer la situation dans la région, a-t-elle conclu.

Mme MATILDA BARTLEY (Samoa) a encouragé la RPDC à respecter les principes de paix et de sécurité internationales.  L’Assemblée générale doit agir collectivement pour le bien de tous et pas uniquement pour une poignée, a-t-elle rappelé.  Elle a insisté en disant que le bien de la majorité doit l’emporter dans les mesures prises par notre système multilatéral.  La représentante a aussi encouragé tous les membres du Conseil de sécurité à respecter les décisions de celui-ci et à s’acquitter de leurs obligations.  Ils doivent agir en conformité avec leurs engagements et en toute transparence, a-t-elle exigé. 

M. SOVANN KE (Cambodge) a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait conduire à une escalade.  Les parties doivent reprendre le dialogue afin de trouver une solution au conflit et d’instaurer les conditions propices à une dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne, a-t-il recommandé.  Le délégué s’est aussi dit très préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en RPDC en raison des effets délétères des sanctions et de la pandémie de COVID-19.  Les sanctions ne contribuent pas au règlement des conflits mais affectent des vies innocentes, a conclu le délégué.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a condamné les tirs de missiles balistiques par la RPDC à proximité de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, estimant que ces agissements mettent en danger la paix et la sécurité de la région en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La déléguée a donc appelé la RPDC à répondre positivement à l’appel au dialogue pour instaurer la paix dans la péninsule coréenne.  Elle lui a aussi demandé de coopérer avec la communauté internationale pour atténuer les conséquences humanitaires résultant de l’épidémie de COVID-19 et de fournir l’aide dont son peuple a besoin.  La représentante a ensuite rappelé que les États Membres ont confié au Conseil de sécurité la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À ce titre, le droit de veto doit être exercé en tenant dûment compte de cette responsabilité, a-t-elle plaidé à l’adresse des membres permanents de cet organe.

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a condamné la série sans précédent d’essais de missiles balistiques menés par la RPDC depuis le début de 2022.  Ces tirs de missiles violent les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité sur les questions y afférentes et démontrent clairement les efforts continus de la RPDC pour étendre et développer davantage ses capacités balistiques.  Inquiet pour la paix et la sécurité internationales, il a estimé que les agissements de la RPDC dans ce domaine vont à l’encontre des efforts internationaux visant à reprendre le dialogue et à s’engager dans des actions au profit de son peuple.  Pour la Slovaquie, il est nécessaire que le Conseil de sécurité prenne des mesures par le biais d’une nouvelle résolution à la lumière du développement rapide et illégal des activités nucléaires et de missiles de la RPDC, a indiqué le représentant avant de regretter que le veto ait été exercé contre le dernier projet de résolution.  Il a souligné l’importance de l’unité de la communauté internationale face à ce défi.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que les actions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité doivent contribuer à la désescalade de toute situation mettant en danger la paix et la sécurité internationales et éviter que cette situation ne s’aggrave.  Ces deux organes doivent aussi prendre des mesures pour réduire les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 en commençant par l’arrêt immédiat des mesures coercitives, unilatérales et illégales qui touchent des pays avec plus de 2 milliards d’habitants.  Ces mesures imposées en temps de pandémie ne sont pas seulement illégales mais relèvent du crime contre l’humanité, a-t-il tranché.  Le représentant a rappelé que le peuple de la RPDC a un droit à la souveraineté, à la culture et à la vie.  Il a estimé que le pays a le droit de protéger leur sécurité et de défendre la paix.  Le représentant a ajouté que son gouvernement appuie la dénucléarisation de la péninsule coréenne par le dialogue et la communication. 

M MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a rappelé que son pays a toujours soutenu l’objectif de la paix et de la sécurité dans la péninsule de Corée, comme envisagé dans les accords bilatéraux soutenus par le Conseil de sécurité.  Il a ajouté que son gouvernement soutient sans réserve le principe d’une péninsule coréenne dénucléarisée et met en garde contre toute action déstabilisatrice dans la région.  Le Pakistan appelle par conséquent à un règlement pacifique des tensions et à une reprise rapide des discussions entre les parties, a souligné le représentant.  Par ailleurs, il a pris note de la situation humanitaire alarmante en RPDC, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19, et considéré que les défis sécuritaires et humanitaires peuvent être examinés de manière constructive grâce à la diplomatie. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a indiqué que le 26 avril dernier, sa délégation avait fait part de ses préoccupations face à la résolution 76/262.  En effet, a-t-il argué, le Conseil de sécurité semble être autorisé à attendre d’être bloqué par l’exercice d’un droit de veto pour venir expliquer son action à l’Assemblée.  C’est une approche sélective et restrictive qui ne va pas dans le sens de la réforme urgence et profonde de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a aussi prévenu que l’imposition de sanctions ne peut qu’aggraver la situation économique et humanitaire des pays concernés.  En RPDC, elles ne feraient qu’approfondir une crise humanitaire déjà grave. Il a fermement condamné ces mesures coercitives unilatérales, prônant plutôt le dialogue et la coopération internationale.  Il a réaffirmé l’appui de son pays à la dénucléarisation de la péninsule coréenne mais « sans ingérence extérieure ». 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn), observant les essais nucléaires et les tirs de missiles nucléaires effectués par la RPDC, a souligné l’importance de faire respecter le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les parties à parvenir à une solution pacifique et diplomatique pour la dénucléarisation et le désarmement complet et vérifiable de la péninsule de Corée et de parvenir ainsi à une paix durable entre les deux Corée.  Le délégué a appelé la communauté internationale à adopter une stratégie globale et unie afin de dénucléariser et d’adopter des mécanismes efficaces.  Ceux-ci doivent permettre de procéder au désarmement régional et international afin de préserver la sécurité au niveau international.

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) s’est félicitée de la convocation à ce premier débat qui donne la possibilité aux États Membres d’exprimer leur position consécutivement à l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale, a-t-elle fait valoir, ne peut rester les bras ballants alors que l’on assiste à des menaces pour la paix et la sécurité internationales et que le Conseil est empêché d’agir en raison du veto d’un ou plusieurs membres permanents.  Revenant à la situation à l’origine du double veto du 26 mai, la représentante a rappelé que la RPDC a procédé à une trentaine de tirs de missiles balistiques jusqu’à présent en 2022, n’a cessé de développer son programme nucléaire et prépare même un nouvel essai, tout cela en violation flagrante des résolutions du Conseil.

Les veto de la Russie et de la Chine ont empêché le vote d’une résolution qui aurait permis de renforcer les sanctions contre la RPDC, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a déploré la déléguée, non sans relever que le texte envisageait aussi les besoins humanitaires et la lutte contre la COVID-19 dans ce pays.  L’absence d’une réaction du Conseil n’est pas restée sans conséquence puisque Pyongyang a lancé le 5 juin pas moins de huit missiles en une seule journée, a relevé la représentante qui a donc enjoint la RPDC à réexaminer sa position en mettant fin à ses programmes nucléaire et balistique qui sont contraires aux traités de non-prolifération.  La poursuite de cette politique ne contribuerait qu’à isoler davantage la RPDC, a-t-elle prévenu en appelant de ses vœux une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.  L’Espagne appuie une réforme de la Charte qui éliminerait le droit de veto, a-t-elle ajouté, jugeant que le recours au veto constitue l’échec du Conseil dans sa fonction première et dans sa capacité d’action en vertu de la Charte et du droit international.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé que le nouveau mécanisme consacré par la résolution 76/262 permet de renforcer la transparence et la redevabilité tout en donnant la possibilité à tous les États Membres de participer à la prise de décision.  Il s’agit d’un pas dans la bonne direction pour améliorer la relation entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, a soutenu le représentant.  Il a tenu à réaffirmer l’attachement de la Tunisie à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la situation en RPDC et sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Ladeb a saisi cette occasion pour exhorter la RPDC à pleinement respecter ses engagements et obligations en droit international et à s’engager sur la voie du dialogue, y compris sur la question des ressortissants enlevés.  Il a émis l’espoir de voir le Conseil de sécurité adopter un document consensuel sur la situation en RPDC.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a dit que nul ne peut ignorer que le veto ou la menace d’utilisation du veto a bien souvent sapé les tentatives de règlement de conflits et empêché les progrès vers la paix.  Il a salué le fait que ce débat donne la possibilité à tous les États Membres d’examiner des questions urgentes portant sur la paix et la sécurité internationales, en particulier dans un contexte où le veto a été utilisé.  L’importante participation des États Membres à ce débat prouve qu’ils souhaitent participer à ce dialogue nécessaire, a observé le représentant qui a réitéré défendre le règlement pacifique des différends.  Il a appelé à donner la priorité à la diplomatie et à une solution politique sur la péninsule coréenne sur la base du droit international, notamment des résolutions du Conseil de sécurité. 

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a salué la tenue de cet « événement historique », avant d’appeler à l’abandon par la RPDC de ses programmes nucléaire et balistique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a également demandé aux parties de ne rien faire qui puisse contribuer à aggraver les tensions dans la péninsule coréenne.  Il s’est par ailleurs élevé contre les sanctions qui représentent une violation flagrante du droit international dans la mesure où elles foulent au pied la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Pour le délégué, le Conseil doit s’acquitter de son mandat et convoquer un dialogue sur un règlement pacifique et diplomatique.  La Bolivie, a-t-il conclu, rejette toute solution militaire et encourage des discussions débouchant sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse suite à la déclaration d’Israël, en trouvant ironique qu’un « régime d’apartheid » se permette de faire de fausses accusations à l’égard d’autres pays.  En tant que l’un des premiers signataires du Traité de non-prolifération, l’Iran a proposé en 1974 de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et œuvre en ce sens depuis, a-t-il rappelé.  Il en revanche fait remarquer que les arsenaux nucléaires et biologiques israéliens ne sont couverts par aucun régime de non-prolifération ou Traité, et qu’Israël persiste à refuser le régime d’inspection de l’AIEA.  Dès lors, il a catégoriquement rejeté « les fausses accusations faites à son encontre par Israël » et appelé la communauté internationale à condamner le « régime israélien » et à le forcer à se soumettre au régime de non-prolifération des armes de destruction massive.

Le représentant de la République arabe syrienne a dénoncé le fait qu’Israël ait bénéficié de nombreux veto des pays occidentaux dans le passé.  À son avis, Israël vise à détourner l’attention de la vraie menace contre la paix et la sécurité internationales.  Il a en effet argué qu’Israël est un pays doté d’un arsenal d’armes biologiques et chimiques de destruction massive.  « Israël est le dernier à pouvoir parler de questions de désarmement. »  Ce pays ne fait que violer le régime de non-prolifération et fait preuve de mépris à l’égard de la volonté de la communauté internationale parce que couvert par le parapluie d’immunité que lui accorde certains pays occidentaux au sein du Conseil de sécurité, a ajouté le représentant.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a repris la parole pour rejeter catégoriquement « les allégations non fondées d’Israël » contre son pays.  La RPDC, a-t-il dit, reste engagée en faveur de la non-prolifération.  « Les allégations non responsables d’Israël visent à détourner l’attention de ses crimes haineux. »  Selon le représentant, les États-Unis sont de connivence avec les actes perpétrés par Israël, lequel est un « État voyou » qui sape le régime de non-prolifération et commet toutes sortes d’actes terroristes. 

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Déclarations (suite)

M. FNU IMANUEL (Indonésie) a appelé à redoubler d’effort pour faire baisser le taux d’infection et de décès du VIH/sida à travers un engagement politique au plus niveau.  En Indonésie, le plan d’action national 2020-2024 a permis de contribuer à la mise en œuvre de politiques concrètes et d’innover sur le plan technologique, notamment à travers des services en ligne pour les traitements antirétroviraux, a expliqué le représentant.  La mobilisation des secteurs universitaire et privé continue à faire partie intégrante des efforts de lutte contre le VIH/sida en Indonésie, a indiqué le représentant alors que la Commission nationale sur le VIH/sida oriente tous ces efforts.  Le représentant a terminé en mettant l’accent sur l’importance de la solidarité internationale dans le contexte du VIH/sida.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a admis que dans son pays, le nombre de cas de VIH/sida est sans doute plus élevé, puisque peu de gens se font tester.  Le nombre des décès par an a augmenté légèrement, passant de 4 en 2011 à 13 en 2021.  Les jeunes sont comme partout les plus exposés, en raison du manque d’information.  Le représentant a ensuite énuméré les actions gouvernementales, dont l’élaboration du Plan stratégique national sur la santé 2011 à 2030 et le renforcement de la Commission nationale sur le VIH/sida.

M. IVAN G. KONSTANTINOPOLSKIY (Fédération de Russie) a estimé que le respect des objectifs de lutte contre le VIH/sida sont particulièrement importants pendant la pandémie de COVID-19 car les personnes vivant avec le VIH sont prioritaires pour la vaccination.  Mon pays, a-t-il dit, a redoublé d’efforts, conformément à sa Stratégie d’élimination du VIH d’ici à 2030.  Il a ainsi multiplié le nombre des centres de dépistage et créé un registre national des personnes séropositives, dont 80% bénéficient désormais d’une thérapie.  Grâce à cette politique, la Fédération de Russie a réussi à réduire le nombre des cas de VIH/sida au niveau national, s’est enorgueilli le représentant, ajoutant qu’elle verse aussi des ressources pour aider les pays d’Asie centrale et orientale à améliorer leurs systèmes de prévention et de surveillance, notamment chez les migrants.  Cette année, 3 millions de personnes ont pu être été testées et les campagnes d’information ont touché plus de 6 millions d’individus.  La Fédération de Russie continuera à fournir une aide financière et matérielle aux pays partenaires en 2023 et 2024, a assuré le représentant, avant de préciser que les réfugiés d’’Ukraine reçoivent un dépistage gratuit.  Enfin, s’agissant du rapport du Secrétaire général, il a dit soutenir la cible 95-95-95 ainsi que les modèles proposés pour les femmes et les jeunes.  En revanche, il a regretté que les auteurs du rapport aient fermé les yeux sur la lutte contre les stupéfiants et la protection de la famille. 

M. TIGRAN GALSTYAN (Arménie) a expliqué que le programme national de prévention du VIH/sida n’a cessé d’évoluer, élargissant sa portée et sa couverture et veillant à ce que les interventions soient fondées sur des données probantes et sur les droits de l’homme et répondent aux besoins des populations clefs.  Conformément aux recommandations de l’OMS, l’Arménie poursuit avec succès la politique « Treat All ». En janvier 2022, le nouveau programme national 2022-2026 a été adopté, avec pour objectif d’ouvrir la voie à l’éradication du sida d’ici à 2030. Ce programme veut relever les défis prioritaires de la prévention, du dépistage et du traitement des populations clefs et des sous-groupes spécifiques tels que les travailleurs migrants ou les jeunes.  Des mesures sont actuellement prises pour décentraliser et intégrer les services au niveau des établissements de santé primaires pour optimiser l’accessibilité et relever les nouveaux défis émergents, a encore indiqué le représentant.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a assuré que son pays fait partie des États les plus engagés de sa région dans la lutte contre le VIH/sida.  L’Iran fait partie des rares pays de la région à fournir un accès sûr à la santé aux personnes vivant avec le VIH/sida lesquelles bénéficient d’un traitement gratuit, en particulier pour éliminer la transmission mère-enfant.  La déléguée a espéré que les nouveaux médicaments et technologies de dépistage et de prévention, y compris un éventuel vaccin, seront rapidement rendus accessibles aux pays en développement.  Elle en a profité pour dénoncer les sanctions qui empêchent son pays de se procurer les médicaments, les équipements médicaux ou la technologie dont les personnes vivant avec le VIH/sida ont besoin. 

M. THOMAS de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, (FICR), a d’abord plaidé pour que les communautés et les organisations locales soient placées au centre des stratégies de lutte contre le VIH/sida.  Les organisations locales sont non seulement les mieux équipées pour identifier et répondre aux défis et opportunités spécifiques, mais elles ont aussi la faculté d’atteindre les personnes les plus éloignées.  L’expérience montre qu’un bon accès aux services nécessite l’engagement des organisations locales, des agents de santé, des bénévoles et des personnes vivant avec le VIH.  Le représentant a ensuite prévenu qu’il est impossible d’éliminer le VIH/sida sans atteindre efficacement toutes les communautés, y compris les déplacés et les migrants.  Les programmes de soutien aux personnes vivant avec ou affectées par le VIH/sida, y compris dans des contextes humanitaires et fragiles, doivent tenir compte des besoins des migrants, des réfugiés, des populations touchées par la crise et des autres populations mobiles dans toute leur diversité, a martelé le représentant de la Fédération.

En dernier lieu, il a souligné que les services liés au VIH doivent être renforcés par de solides systèmes de protection sociale et de santé publique qui réduisent la vulnérabilité au VIH, luttent contre la stigmatisation et la discrimination et tiennent compte des besoins des populations les plus exposées.  Cela comprend des services de soutien psychosocial adaptés à chaque culture et favorisant des traitements et des services adaptés aux survivants des violences sexuelles et fondées sur le sexe.  La santé mentale est souvent laissée de côté dans les interventions de lutte contre le VIH/SIDA, a-t-il conclu, alors qu’elle est essentielle, car les troubles mentaux peuvent être la cause des comportements à risque.

M. MICHAEL M. ESPIRITU de l’Ordre souverain de Malte, a indiqué que face à une situation alarmante, l’Ordre reste attaché à une communication agressive à l’égard des groupes les plus à risque.  Il propose des programmes d’éducation, conscient des besoins psychosociaux des personnes touchées et de leurs familles.  En Afrique du Sud, a indiqué le représentant, l’Ordre fournit des services de dépistage, des conseils et des traitement antirétroviraux.  Dans ce pays, l’Ordre aide aussi les orphelins du sida.  Le représentant a fait état d’autres actions du même ordre au Kenya, au Mexique et au Myanmar, précisant que l’Ordre a déployé du personnel de soutien dans 120 pays.  Jugeant qu’une approche holistique intégrant les traitements et la prévention est essentielle, il a assuré que l’Ordre reste engagé à coopérer avec les États Membres pour éliminer le VIH d’ici à la fin de cette décennie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’Équateur, le Japon, Malte, le Mozambique et la Suisse font leur entrée au Conseil de sécurité

Soixante-seizième session,
79e & 80e séances, matin & après-midi
AG/12424

Assemblée générale: l’Équateur, le Japon, Malte, le Mozambique et la Suisse font leur entrée au Conseil de sécurité

L’Assemblée générale a élu, ce matin, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans qui commence le 1er janvier 2023 pour se terminer le 31 décembre 2024.  L’Équateur y fait ainsi son entrée avec 190 voix, le Japon avec 184 voix, Malte avec 185 voix, tandis que le Mozambique et la Suisse ont récolté 192 et 187 voix respectivement.  Ayant obtenu seulement 3 voix, la Mongolie n’a pas été élue.  L’Assemblée générale a également fait le point sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida après avoir examiné le rapport annuel du Conseil de sécurité, l’occasion pour de nombreuses délégations de plaider, comme chaque année, pour un document plus complet, plus substantiel et plus analytique.

Intervenant au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), l’Équateur a notamment suggéré d’y inclure davantage de détails sur les projets de résolution qui ont été rejetés, ainsi que des informations sur les paramètres qui ont entravé la bonne application des résolutions du Conseil.  Il a également espéré que le Conseil considérera dans son prochain rapport toutes les réunions qui se sont déroulées en virtuel, nonobstant le fait qu’elles ont été présentées comme des visioconférences ou des séances informelles dans le programme du travail.

Le Portugal, tout en reconnaissant des améliorations notables dans les méthodes de travail du Conseil ces derniers temps, a appelé à améliorer la transparence et l’efficacité de cet organe, appuyant notamment la proposition du Groupe ACT de tenir un débat public en janvier, afin d’évaluer les travaux du Conseil avant la rédaction de l’introduction du rapport.  De son côté, le Liechtenstein a regretté le peu d’éléments sur l’action du Conseil visant à remédier aux tendances préoccupantes en ce qui concerne les violations des droits humains et la protection des civils.

Déplorant elle aussi que le rapport ne mentionne pas les cas où le Conseil a échoué à agir, l’Italie a souhaité un contenu plus analytique pour favoriser un débat sur les raisons de l’inaction de l’instance.   À ce sujet, de nombreuses délégations ont salué la tenue hier, en vertu de la résolution 76/262, du premier débat de l’Assemblée générale sur l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale a un rôle clef à jouer en débattant de questions touchant à la paix et à la sécurité et en formulant des recommandations à l’intention des États ou du Conseil de sécurité, a notamment affirmé son Président, M. Abdulla Shahid. 

On retiendra également l’intervention de l’Ukraine selon laquelle le rapport 2022 devra indiquer que la Russie, qui occupe un siège permanent au Conseil de sécurité, a attaqué l’Ukraine au moment même où le Conseil se réunissait sous présidence russe dans un dernier effort afin de prévenir la guerre.   

Dans l’après-midi, l’Assemblée générale a organisé un débat sur la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et était saisie d’un rapport du Secrétaire général qui informe que le sida cause plus de 13 000 décès par semaine, une crise à laquelle vient s’ajouter la pandémie de COVID-19.

Il y est également indiqué qu’un an après l’adoption de la Déclaration politique sur le VIH et le sida, le nombre d’infections à VIH et de décès liés au sida ne diminue pas assez rapidement pour que la pandémie se termine d’ici à 2030.  Si les cibles fixées pour 2025 dans la Déclaration ne sont pas atteintes, on devrait compter 7,7 millions de décès liés au sida pendant la décennie en cours.  

Rappelant que 10 millions de personnes vivent avec le VIH sans bénéficier de soins, le Président de l’Assemblée générale a appelé à veiller au bien-être de ces personnes en leur fournissant les soins dont elles ont besoin, sans discrimination aucune.  Il a également appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour combler le déficit de financement de la lutte contre le VIH/sida, afin d’éliminer la maladie d’ici à 2030.  

De son côté, le Chef du Cabinet du Secrétaire général a appelé à s’attaquer à la discrimination et à la marginalisation des communautés, souvent exacerbées par des politiques et des lois punitives.  Ce sont ces inégalités qui augmentent les risques d’infection chez les femmes et les filles d’Afrique subsaharienne, s’est notamment inquiété M. Courtney Rattray, le Groupe des États d’Afrique ayant relevé que sur le continent, le VIH/sida est la principale cause de décès parmi les adolescentes et femmes âgées entre 15 et 49 ans.

Par la voix de la Namibie, le Groupe a également appelé à mettre l’innovation au service de la production de meilleurs médicaments antirétroviraux, vaccins et traitements, y compris pour les infections courantes telles que la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite.  La prophylaxie doit également être disponible et abordable pour tous les pays, y compris ceux d’Afrique, a ajouté la délégation  

Relevant par ailleurs que 29 milliards de dollars par an seront nécessaires pour combattre le VIH/sida dans les pays à bas revenu d’ici à 2025, le Chef de cabinet a souligné que les contributions aux autres crises, dont celle de l’Ukraine, ne sauraient se faire au détriment de la lutte contre le VIH/sida.  

L’Assemblée générale se réunira de nouveau demain, vendredi 10 juin, à partir de 10 heures.

ÉLECTION DE MEMBRES NON PERMANENTS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Communication faite par le Secrétaire général en vertu du paragraphe 2 de l’Article 12 de la Charte des Nations Unies - Note du Secrétaire général (A/76/300) - Rapport du Conseil de sécurité - A/76/2

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a salué la réouverture progressive du Conseil de sécurité à l’ensemble des États Membres tout au long de l’année 2021.  L’année écoulée a en effet montré l’importance de la diplomatie en présentiel.  Le Président a ensuite rappelé les grands défis de l’heure que sont les changements climatiques, le terrorisme, la désertification, les cybermenaces et la prolifération nucléaire.  Le conflit en Ukraine est venu s’ajouter à ces crises qui menacent d’ébranler les fondements de notre système multilatéral toujours plus fragile.  Ce conflit, s’est-il inquiété, a eu des répercussions majeures sur l’économie mondiale et a mis à mal les chaînes d’approvisionnement des denrées alimentaires et en énergie.  Ce sont les plus vulnérables qui continueront de payer le plus lourd tribut de ces catastrophes, a déploré le Président. 

M. Shahid a ensuite rappelé que l’objectif premier de l’ONU est de préserver les générations futures du fléau de la guerre et de maintenir la paix et la sécurité internationales.  C’est une responsabilité partagée avec le Conseil de sécurité qui a été créé précisément pour maintenir la paix et qui, selon l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, agit au nom des États Membres.  L’Assemblée générale a aussi un rôle clef à jouer en débattant de questions touchant à la paix et à la sécurité et en formulant des recommandations à l’intention des États ou du Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit être tenu comptable de ses actes ou de son inaction, a souligné le Président qui a exhorté à renforcer la coopération entre l’Assemblée générale et d’autres organes, y compris le Conseil de sécurité.  Notre priorité doit être de travailler ensemble dans la cohésion en étant mutuellement comptables de nos actes pour remplir nos mandats.  Le Président a souligné l’importance du débat sur la résolution 76/262 qui prévoit une réunion de l’Assemblée générale dès lors qu’un veto est opposé au Conseil de sécurité.  Il s’agit d’une résolution majeure qui encourage la responsabilisation de l’Organisation, s’est-il félicité. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), a recommandé la tenue d’un débat public, ou de consultations, en préparation du rapport annuel en janvier afin d’évaluer les travaux du Conseil avant la rédaction de l’introduction du rapport.  Il a souligné l’importance de préserver la mémoire institutionnelle s’agissant des méthodes de travail du Conseil et encouragé la codification des bonnes pratiques.  Il a souhaité que le rapport soit plus complet, plus substantiel et plus analytique et suggéré d’inclure davantage de détails sur les projets de résolution qui ont été rejetés.  Des informations sur la mise en œuvre des résolutions pourraient également être incluses avec une mention des paramètres qui ont empêché leur bonne application. 

Afin d’améliorer la transparence, il a également suggéré d’inclure dans le rapport des informations sur les principales délibérations qui se sont tenues à huis clos.  Il s’est félicité des efforts entrepris pour améliorer la transparence des activités du Conseil avec la tenue notamment de séances introductives et récapitulatives par les présidences en direction de tous les membres de l’ONU.  Le délégué a aussi salué l’approche innovante adoptée par des membres élus afin de faire du programme pour les femmes et la paix et la sécurité une priorité du Conseil.  Il a appelé le Conseil à détailler dans l’introduction du rapport l’incidence de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur les méthodes de travail du Conseil.  Nous espérons que le Conseil considérera dûment dans son rapport 2022 toutes les réunions qui se sont déroulées en virtuel, nonobstant le fait qu’elles ont été présentées comme des visioconférences ou des séances informelles dans le programme du travail du Conseil, a conclu M. Espinosa. 

Intervenant en sa capacité nationale, le représentant a évoqué l’attente des résultats de l’élection des membres non permanents du Conseil de sécurité et a remercié les délégations pour le soutien apporté à l’Équateur.

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a reconnu des améliorations notables dans les méthodes de travail du Conseil ces derniers temps, notamment pour permettre une continuité efficace des activités pendant la pandémie.  Néanmoins, des progrès peuvent encore être réalisés pour améliorer la transparence et l’efficacité.  Elle a appuyé la proposition du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) de tenir un débat public en préparation du rapport annuel en janvier, afin d’évaluer les travaux du Conseil peu après la fin de l’année et avant la rédaction de l’introduction du rapport. 

La représentante a également appelé à prendre en compte les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19, pour se préparer aux éventualités futures et préserver la mémoire institutionnelle des méthodes de travail.  Elle a aussi suggéré d’inclure une analyse plus approfondie des projets de résolution qui n’ont pas été adoptés par le Conseil, y compris, le cas échéant, l’utilisation du droit de veto.  À cet égard, elle a salué l’adoption de l’important mécanisme de l’Assemblée générale pour garantir la responsabilité face à l’utilisation du veto, en vertu de la résolution 76/262. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a fait remarquer qu’après l’agression russe contre l’Ukraine, les États Membres ont des attentes très spécifiques à l’égard du Conseil de sécurité: la protection des plus vulnérables, la prévention des atrocités et la contribution à la recherche de solutions pacifiques.  Or ces derniers temps, le Conseil n’a pas toujours fait preuve de détermination et d’ambition dans ces domaines, a tranché le représentant, en s’inquiétant du recours répété et alarmant au droit de veto.  S’agissant des méthodes de travail du Conseil, il a voulu que les réunions récapitulatives mensuelles, certes plus régulières, soient au moins plus interactives, puisque certains membres du Conseil ne souhaitent pas les ouvrir aux non-membres.  À ce propos, le représentant a estimé que les échanges avec ces non-membres ont le mérite de multiplier les points de vue sur lesquels le Conseil peut s’appuyer pour mieux comprendre les questions à l’examen.  Concluant sur la nature du rapport annuel, le représentant l’a jugé trop factuel et a réclamé des informations sur le processus de prise de décisions et les raisons de certaines mesures controversées. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a plaidé pour un rapport plus analytique et plus incisif, en lieu et place d’une simple énumération des activités annuelles du Conseil de sécurité.  Le rapport devrait refléter la polarisation entre les membres du Conseil et expliquer les raisons de son inaction régulière.  Chaque président du Conseil, a-t-il ajouté, doit présenter son évaluation mensuelle à tous les autres États Membres de l’ONU.  Le délégué a conclu en plaidant pour une plus grande coopération entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité et s’est réjoui du mandat permanent qui permet désormais à la première de tenir un débat public chaque fois que le droit de veto est exercé.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a salué la session qui s’est ouverte hier, conformément à la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, y voyant une étape importante ayant permis aux membres permanents de Conseil de sécurité de présenter les raisons de leur recours au veto.  Pour la première fois, les membres ont pu se prononcer sur un sujet d’intérêt pour la communauté internationale, ce qui est d’autant plus pertinent que la question du veto n’est pas entièrement reflétée dans le rapport annuel, a noté le représentant.  Ce dernier a réaffirmé la nécessité de limiter le recours au veto car « le veto est un acte de pouvoir qui ne résout rien ».  Afin de renforcer le lien entre l’Assemblée et le Conseil, il a également suggéré que le Président de l’Assemblée générale convoque un dialogue à mi-parcours à la fin de chaque année, sur les divers aspects des activités et des résolutions du Conseil de sécurité, sans préjudice sur le débat relatif au rapport du Conseil de sécurité.  De même, le délégué a appelé à améliorer la transparence sur les communications adressées au Conseil en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies invoquant les questions de légitime défense, qui ne sont pas explicitement identifiées dans le rapport.   

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) s’est félicité de l’adoption du rapport du Conseil dès le 20 mai, bien avant la date limite du 30 mai stipulée dans la note présidentielle S/2019/997, ajoutant que la convocation de ce débat dès début juin permet aux États Membres de l’Assemblée générale de procéder à un examen réfléchi du travail et de la performance du Conseil.  Il a relevé que seulement 7 rapports mensuels sur 12 ont été soumis l’année dernière.  Ces rapports, a-t-il souligné, ne doivent pas être ignorés car ils permettent à l’Assemblée générale de suivre les progrès et les performances du Conseil sur une base plus régulière et constituent un élément clef du travail de redevabilité du Conseil vis-à-vis des États Membres.  

Le représentant a également regretté l’absence, dans le rapport annuel, d’une analyse de ce que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de réaliser.  Ceci est important pour fournir une image complète de la performance du Conseil, a insisté le représentant.  Il a appelé à plus de transparence et de responsabilité dans l’utilisation du droit de veto, déplorant notamment que celui-ci ait été utilisé pour bloquer l’adoption d’un projet de résolution sur les risques sécuritaires des changements climatiques.  Il a ensuite salué la tenue, hier à l’Assemblée générale, du premier débat sur l’emploi du veto au Conseil de sécurité.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a réclamé un rapport qui décrit sur le fond l’état d’avancement de chaque question inscrite à l’ordre du jour, l’impact que l’action privilégiée a eu sur un conflit, l’état d’application des décisions ou encore la performance générale du Conseil dans l’accomplissement des aspects essentiels de son mandat.  Le rapport, s’est-il impatienté, doit aussi présenter des informations stratégiques sur les tendances et les schémas des conflits, y compris leurs causes profondes et les moyens de les traiter globalement, mais aussi d’atténuer les conséquences des conflits, tels que le déplacement de populations ou les violations des droits humains.  Le rapport devrait contenir un chapitre spécial sur la paix et la justice pour déterminer les niveaux d’impunité dans les conflits armés et les stratégies de riposte.  La question de Chypre, s’est-il expliqué, est l’une des plus anciennes de l’ordre du jour du Conseil et elle l’est parce que les nombreuses résolutions et décisions n’ont pas été respectées, et ce, sans conséquence aucune.  Le Conseil de sécurité doit tout faire pour obtenir des parties concernées le respect de ses décisions car il y va de son leadership.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a jugé crucial de renforcer la coopération et la communication entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Il s’agit d’assurer la transparence des travaux du Conseil et de renforcer la responsabilité du Conseil envers l’ensemble des États Membres, a-t-il expliqué.  À cet égard, il a salué l’adoption de la résolution 76/262 qui a établi un mandat permanent à l’Assemblée générale afin qu’elle tienne un débat en cas de recours au droit de veto au Conseil de sécurité. 

Le représentant a ensuite souligné que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité reste un impératif.  Seule une approche inclusive permettra de renforcer l’efficacité et la légitimité du Conseil, a-t-il indiqué, appelant à la participation en personne des États Membres et observateurs aux débats publics.  Il a encouragé le Conseil à inclure dans son rapport des éléments et réflexions plus analytiques et substantiels et à évoquer les résolutions qui n’ont pas pu être adoptées.  Il a enfin salué le fait que les membres élus du Conseil se sont engagés en 2021 à renforcer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des résolutions subséquentes, en veillant à garantir la pleine participation des femmes aux réunions et activités du Conseil. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que le rapport offre une image imprécise de l’efficacité avec laquelle le Conseil s’est acquitté de son mandat, en omettant notamment les cas où il a échoué à agir.  En Syrie, la décision de réduire au strict minimum les acheminements d’aide transfrontalière était un compromis politique incompatible avec les besoins humanitaires.  Le Conseil a aussi échoué à adopter une résolution sur l’agression de l’Ukraine.  Il a également regretté le peu d’éléments dans le rapport sur l’action du Conseil visant à remédier aux tendances préoccupantes en ce qui concerne les violations des droits humains et la protection des civils.  

Le représentant a ensuite détaillé le Code de conduite du Groupe ACT, une initiative qui vise à améliorer l’action du Conseil dans le domaine de la protection des civils.  Ce Code de conduite est appuyé par 123 États, y compris les deux tiers des membres actuels du Conseil.  Ces États, a-t-il expliqué, s’engagent en faveur d’une action rapide et décisive du Conseil afin de prévenir et mettre un terme aux atrocités de masse.  Le représentant a ensuite salué l’importance de la résolution 76/262, en ajoutant que l’État qui aura exercé son veto n’aura désormais plus le dernier mot.  Enfin, le délégué a souhaité que les décisions permettant aux États de s’exprimer devant le Conseil soient prises de manière transparente et ouverte, avant de demander une participation accrue de la société civile aux travaux du Conseil. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a tout d’abord remercié les États Membres qui ont permis à son pays d’être élu pour la première fois aujourd’hui en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité.  S’inspirant de la maxime d’Albert Einstein, « au cœur de toute crise se cache une opportunité », le représentant a engagé le Conseil de sécurité à exercer son mandat en toute circonstance en gardant à l’esprit le devoir de transparence, d’inclusion et de redevabilité.  Il a exhorté l’organe à mettre l’accent sur la protection des civils, la préservation de l’espace humanitaire et le respect du droit international humanitaire (DIH) en toute circonstance.  Il a notamment appelé à renouveler la résolution sur l’aide transfrontalière en Syrie, avant de regretter que le projet de résolution sur les liens entre les changements climatiques et la sécurité n’ait pas pu être adopté.  Des progrès sont nécessaires afin que la prévention des conflits devienne une réalité, a insisté le représentant pour qui le rapport 2021 du Conseil de sécurité démontre que tous ses membres ont un rôle à jouer pour être à la hauteur des défis globaux. 

Plaidant en faveur du renforcement des liens entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité pour améliorer l’efficacité de l’ensemble du système des Nations Unies, M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) s’est réjoui que l’on soit sur la bonne voie, compte tenu du mécanisme permanent autorisant désormais l’Assemblée à tenir un débat public chaque fois que le droit de veto est exercé au Conseil.  Aujourd’hui, a-t-il aussi estimé, notre réunion est un autre outil pour briser des silos enracinés.  Le représentant a salué un rapport pertinent et rappelé qu’en 2021, sa délégation a participé à 20 débats publics du Conseil.  Il a salué les efforts du secrétariat et des présidences respectives du Conseil pour permettre aux non-membres du Conseil de faire leur déclaration en personne, après les restrictions liées à la pandémie de COVID-19.  La participation de ces non-membres renforce non seulement la légitimité du Conseil lui-même, mais elle préserve également les fondements mêmes du multilatéralisme.  Le représentant a conclu en souhaitant que le rapport annuel du Conseil comprenne aussi des informations sur les réunions en formule Aria pour donner un aperçu encore plus complet des travaux et de la dynamique des dossiers respectifs. 

M. PAYMAN GHADIRKHOMI (République islamique d’Iran) a rappelé que la plupart des États Membres avaient demandé un rapport annuel du Conseil de sécurité qui soit plus analytique.  Il a dénoncé les sanctions illégales ciblant certains pays, avant de plaider pour plus de transparence et au respect de la primauté du droit au sein du Conseil.  Il a estimé que le Conseil se penche parfois sur des questions n’ayant rien à voir avec les menaces à la paix et la sécurité internationales, ainsi que sur des questions en lien avec la sécurité intérieure des États.  Il a vu dans la question palestinienne le symbole de l’inefficacité du Conseil de sécurité « qui ne bouge pas » alors que le peuple palestinien est opprimé et qu’Israël ne respecte pas ses résolutions.  Étant donné que le Conseil agit au nom des États Membres, les membres du Conseil doivent défendre les droits de toute l’Organisation, et non pas privilégier leurs intérêts nationaux, a-t-il souligné.  

M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a demandé un renforcement de l’interaction entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, notant que celle-ci a un rôle crucial à jouer pour faire en sorte que le Conseil soit transparent et responsable de ses actions devant tous les membres de l’ONU.  Le délégué a estimé que le rapport devrait être plus analytique et fournir une vision d’ensemble des succès et des échecs du Conseil.  Cela contribuerait à faire du Conseil un organe plus efficace et plus efficient.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays siégera au Conseil en 2023 et 2024 et qu’il compte favoriser les efforts déployés par l’Assemblée générale pour évaluer l’efficacité avec laquelle le Conseil s’est acquitté de son mandat. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a regretté que cette année encore, le rapport annuel du Conseil de sécurité se limite à dresser une liste des réunions, activités et résolutions de l’organe, malgré les nombreux appels lancés par la plupart des États Membres pour obtenir des rapports exhaustifs et analytiques.  Il a notamment déploré que le rapport 2021 continue d’omettre la stagnation sur la réponse à la question palestinienne, alors que les colonies illégales israéliennes continuent de s’étendre en toute impunité.  Le rapport n’évalue pas non plus l’impact du travail extraordinaire réalisé par le Conseil de sécurité depuis la mi-mars 2020 dans le contexte de la COVID-19.  La présentation des rapports annuels du Conseil de sécurité doit cesser d’être un exercice descriptif, formel et non critique, a dit le délégué.  Il a de ce fait appelé à une réforme globale du Conseil de sécurité, y compris de ses méthodes de travail, pour en faire un organe transparent, démocratique et représentatif.  Il a enfin dénoncé la manipulation sélective des méthodes et des pratiques du Conseil de sécurité pour en faire un outil de pression contre les États souverains, ainsi que pour lui permettre d’empiéter sur le mandat de l’Assemblée générale.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que le Conseil agit au nom de tous les membres de l’Organisation.  Il s’est donc impatienté devant un rapport qui ne fait que consigner les activités et a réclamé un document plus analytique pour avoir une vision réaliste des travaux du Conseil.  Le représentant a souligné l’importance de l’unité au sein du Conseil dont l’absence explique d’ailleurs la paralysie, entre autres sur la question palestinienne.  Mais aujourd’hui, s’est-il réjoui, le Conseil est plus comptable de ses actes, compte tenu de la résolution 76/262.  Pour aller plus loin, le représentant a défendu l’idée de convoquer des négociations « dignes de ce nom » sur la réforme du Conseil et rappelant la place de l’Afrique dans les travaux du Conseil, il a plaidé pour une coopération plus étroite avec l’Union africaine.  À ce stade, la réforme du Conseil doit être notre priorité, a martelé le représentant.

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a regretté qu’en 2021, le Conseil de sécurité ait échoué à de multiples reprises à respecter son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales en raison de divisions qui ont eu de terribles conséquences en matière de souffrances des populations.  Il a exhorté les présidences mensuelles du Conseil de sécurité à continuer de convoquer des séances d’information.  Il a regretté que le rapport 2021 du Conseil de sécurité se contente de décrire de manière générale les réunions et documents, sans fournir une analyse qui permettrait de mieux mesurer la pertinence de ses activités.  Il a ajouté que la réforme de la composition du Conseil de sécurité reste d’actualité afin de parvenir à un Conseil de sécurité plus transparent, plus démocratique et plus représentatif.   

M. SANDRO INASHVILI (Géorgie) a estimé que l’agression brutale de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies, souligne très clairement le caractère vital de la réforme du Conseil de sécurité qui doit revenir à sa première raison d’être, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La réforme du Conseil est urgente, a insisté le représentant, en en voulant pour preuve l’incapacité d’adopter une résolution réclamant la fin de l’agression en Ukraine.  Rappelant qu’il y a plus de 10 ans, la Géorgie elle-même a subi les conséquences de l’abus du droit de veto, le représentant a dit ne pas comprendre pourquoi on ne priverait pas de ce droit tout État membre permanent impliqué dans une situation ou un conflit.  Il en a profité pour annoncer que la Cour européenne des droits de l’homme vient de donner raison à son pays, jugeant illégale la détention par le régime d’occupation russe de 71 citoyens géorgiens.  À la lumière de la grave situation des droits de l’homme dans les régions géorgiennes occupées et leur militarisation, il est de la plus haute importance, a souligné le représentant, que le Conseil reste saisi de cette question.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a relevé que face aux défis multidimensionnels actuels, les actions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ont de nombreux points de convergence.  Une bonne communication entre les deux organes est donc vitale.  Il a de ce fait encouragé une interaction régulière entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, au-delà de la discussion relative à la présentation du rapport annuel.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil à rapidement adapter ses méthodes de travail.  Pour être plus efficace sur le théâtre des conflits, il a également invité l’organe à tenir davantage compte des avantages comparatifs des instances régionales ou sous-régionales.  Il a en outre appelé à redoubler d’efforts pour assurer l’unité du Conseil de sécurité, déplorant son incapacité à parvenir à une réponse unifiée face aux violations de ses propres résolutions par un État Membre de l’ONU.  

Le Conseil agissant au nom de tous les membres de l’ONU, M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a estimé qu’une meilleure communication entre lui et l’Assemblée générale permettraient de mieux faire comprendre ses travaux.  Il a par exemple déploré que le rapport ne mentionne pas les cas où le Conseil a échoué à agir.  Il a donc souhaité un contenu plus analytique pour favoriser un débat sur les raisons de l’inaction de l’instance.  Il a en profité pour souligner que c’est bien le droit de veto qui paralyse le Conseil.  Il a donc appuyé toutes les initiatives qui visent à en limiter l’exercice.  Le délégué s’est dûment félicité de la résolution 76/262 et a salué la tenue du débat d’hier sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC) après que la résolution pertinente s’est heurtée aux veto de la Chine et de la Fédération de Russie au Conseil de sécurité, le 26 mai dernier.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a souhaité que les prochains rapports annuels du Conseil de sécurité soient adoptés plus tôt dans l’année pour permettre aux discussions d’être moins éloignées de la date des réunions.  Il a souhaité que le rapport contienne des informations plus analytiques et plus substantielles sur les activités du Conseil de sécurité, notamment sur les résolutions non adoptées.  Il a souhaité que conformément à l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, des futures discussions se tiennent régulièrement en cas de recours au veto par un membre permanent du Conseil de sécurité.  Il a particulièrement salué la démarche de l’Irlande, du Kenya et du Mexique visant à constituer un trio présidentiel sur les femmes et la paix et la sécurité, y voyant une mesure novatrice importante pour faire progresser le programme du même nom.  

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a prédit que le prochain rapport du Conseil en 2022 sera marqué par l’échec de cet organe à prévenir l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Ce futur rapport devra indiquer que la Russie qui occupe un siège permanent au Conseil de sécurité a attaqué l’Ukraine, pays pacifique, au moment même où le Conseil se réunissait sous présidence russe dans un dernier effort afin de prévenir la guerre.  Cette situation montre quelles peuvent être les conséquences de l’inefficacité du Conseil, a dénoncé le représentant.  Il a appelé à la préparation d’un rapport plus analytique, déplorant l’absence de substance et de perspective stratégique.  Le représentant a aussi regretté que le rapport donne l’opportunité à l’agresseur de promouvoir des faux récits sur le Donbass et de dissimuler son rôle d’instigateur du conflit en Ukraine.  En outre, le rapport est présenté plus de trois mois après le début de l’invasion russe, suffisamment de temps pour pouvoir amender le texte afin de refléter cette réalité.  Le représentant a ensuite encouragé les membres du Conseil à continuer d’explorer de nouveaux moyens pour améliorer la préparation du rapport annuel du Conseil ainsi que les méthodes de travail de l’organe.   

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a demandé la codification des meilleures pratiques visant à améliorer la transparence des travaux du Conseil.  Il a déploré le contenu insuffisamment fouillé du rapport.  Il a donc demandé un rapport plus analytique afin de mieux cerner les obstacles qui s’opposent à une action du Conseil.  Le Conseil maintient les membres de l’ONU dans l’ignorance s’agissant de la teneur de ses travaux, a dénoncé le représentant pour qui les séances à huis clos doivent être l’exception.  Il a fustigé la structure hégémonique au sein du Conseil qui permet à certains membres d’élaborer des résolutions reflétant leur point de vue.  Le délégué a regretté l’absence des membres permanents du Conseil au débat d’aujourd’hui et encouragé le Président de l’Assemblée à rédiger un rapport récapitulant ce qui a été dit aujourd’hui et à le transmettre au Conseil.  Enfin, le délégué a regretté le manque d’unité du Conseil.  Ce dernier est chaque jour de moins en moins capable de s’acquitter de son mandat, s’est-il inquiété.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que les rédacteurs du rapport annuel du Conseil de sécurité se sont appuyés sur une terminologie obsolète, faisant référence à tort à l’inexistant « Haut-Karabakh ».  Pourtant, par son décret du 7 juillet 2021, le Président azerbaïdjanais a créé le Karabakh et le Zangazur oriental qui sont des régions économiques.  Le délégué a rappelé que, conformément au principe d’exclusivité et de compétence de l’État à l’égard de son propre territoire et les principes de normalisation internationale des noms géographiques établie au sein des Nations Unies, seuls les noms géographiques normalisés par les autorités nationales compétentes doivent être reconnus et utilisés au sein des Nations Unies.  

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a regretté que les préoccupations humanitaires figurent rarement parmi les priorités des capitales.  Il a également constaté que les membres du Conseil de sécurité sont rarement assez unis pour défendre le droit international humanitaire et les droits humains.  Il a dénoncé les contradictions du Conseil de sécurité qui promeut un jour un principe avant de le contester le lendemain.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de falsifier les causes du conflit au Haut-Karabakh, de présenter des arguments juridiques « trompeurs » et de présenter le Haut-Karabakh comme une entité fantoche.  L’Azerbaïdjan ignore les demandes du Conseil de sécurité de s’abstenir du recours à la force, de rétablir les liens énergétiques et les transports dans la région, de garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire et de s’engager en faveur d’un règlement politique dans le cadre du processus de Minsk.  Selon lui, l’Azerbaïdjan continue de poser des actes agressifs accompagnés d’une rhétorique violente de menace militaire ouverte, dénonçant notamment les agressions qu’il mène contre l’intégrité territoriale de l’Arménie depuis mai 2021.  L’Azerbaïdjan continue en outre d’ignorer les appels de la communauté internationale en faveur d’un retour immédiat des prisonniers de guerre, refuse la libération d’otages civils et empêche l’accès humanitaire au Haut-Karabakh.  Le délégué de l’Arménie a aussi attiré l’attention sur la destruction et le détournement du patrimoine culturel et religieux arménien et a fustigé le fait que l’Azerbaïdjan refuse l’accès à la mission indépendante d’établissement des faits de l’UNESCO pour procéder à un inventaire du patrimoine très riche de la région.  

Le délégué de l’Azerbaïdjan a rappelé que l’Arménie a envahi un territoire qui ne lui appartenait pas et que ce pays est auteur de violations persistantes du droit international.  Il a fustigé le caractère illicite de la tentative de sécession du territoire occupé, ce que le Conseil a confirmé.  Il a qualifié d’erronées les revendications mentionnées par l’Arménie.  Ce pays a nettoyé ses minorités de son territoire, notamment azerbaidjanaise.  Enfin, le délégué a dénoncé l’obstruction de l’Arménie au processus de paix.  Nous n’avons agressé personne, a conclu le délégué. 

Dans un deuxième exercice de droit de réponse, le délégué de l’Arménie a affirmé qu’en niant l’existence du Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan témoigne d’une intention génocidaire envers son peuple.  Il a accusé le pays de propager des discours de haine au plus haut niveau, s’appuyant sur des rapports du Conseil de l’Europe.  

Le représentant de l’Azerbaïdjan a ensuite accusé l’Arménie d’utiliser le débat de ce jour pour soulever des questions sans lien avec le thème de la réunion.  Il a regretté que le règlement intérieur de l’Assemblée générale ne limite pas la prise de parole pour la pratique du droit de réponse.    

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Rapport du Secrétaire général (A/76/783)

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la COVID-19 a illustré à quel point la préparation est importante, de même que l’accès aux services de santé.  Il a souligné que des services de santé dédiés à la lutte contre le VIH/sida sont importants pour renforcer les capacités des pays.  Sachant que 10 millions de personnes vivent avec le VIH sans bénéficier de soins, il a appelé à veiller au bien-être de ces personnes en leur fournissant les soins dont elles ont besoin, sans discrimination aucune.  Selon le Président de l’Assemblée générale, personne ne sera à l’abri du VIH tant que tout le monde ne le sera pas.  Il a déploré que le nombre de morts dû au VIH ne diminue pas assez vite pour faire reculer la pandémie.  Il a estimé que l’imbrication entre les deux pandémies, VIH et COVID-19, invite à faire face à ces deux problèmes ensemble.  Il a ainsi appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour combler le déficit de financement de la lutte contre le VIH/sida, afin d’éliminer la maladie d’ici à 2030. 

Après avoir survolé les derniers chiffres du VIH/sida, M. COURTNEY RATTRAY, Chef du Cabinet du Secrétaire général, a déclaré que nous pouvons y mettre fin si nous travaillons ensemble dans un effort très précis pour éliminer les inégalités en trois étapes.  Il faut d’abord s’attaquer à la discrimination et à la marginalisation des communautés, souvent exacerbées par des politiques et des lois punitives, les différences entre les sexes et la violence basée sur le sexe.  Ce sont ces inégalités qui augmentent les risques d’infection chez les femmes et les filles d’Afrique subsaharienne, montrant toute la valeur de leur éducation et de leur autonomisation.  Les gouvernements et leurs partenaires ne doivent pas non plus oublier de lutter contre la stigmatisation et la marginalisation des travailleurs du sexe, des toxicomanes ou des transgenres.  La solidarité sociale peut protéger tout le monde, a insisté le Chef de cabinet.

M. Rattray a aussi plaidé pour l’accès de tous aux innovations sanitaires.  Les nouveaux traitements doivent être disponibles dans les pays du Sud et, en l’occurrence, il faut se garder de répéter les erreurs du passé.  Nous savons maintenant que 12 millions de personnes ont perdu la vie par manque d’accès aux traitements.  Les innovations sanitaires doivent donc être partagées, a insisté le Chef de cabinet.  Éliminer le VIH/sida, c’est l’éliminer partout.  Le Chef de cabinet a également plaidé pour l’accroissement des ressources, en particulier les investissements dans la sécurité sanitaire et l’économie mondiales.  

L’Assemblée générale, a-t-il rappelé, a estimé à 29 milliards de dollars par an, les investissements qu’il faut pour combattre le VIH/sida dans les pays à bas revenu d’ici à 2025.  Les contributions aux autres crises, dont celle de l’Ukraine, ne sauraient se faire au détriment de la lutte contre le VIH/sida.  Si nous travaillons ensemble contre les inégalités qui perpétuent l’épidémie, nous pourrions sauver des millions de vies, prévenir d’autres pandémies et réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu le Chef de cabinet. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a rappelé que la pandémie de COVID-19 frappe toujours certaines parties du monde.  Si l’on ajoute à cela la guerre en Ukraine, nous constatons que nous parons au plus pressé, l’épidémie de VIH/sida paraissant oubliée.  Le représentant a insisté sur la pleine mise en œuvre de la Déclaration politique et a plaidé pour l’accès de tous aux traitements existants, la lutte contre la stigmatisation des malades et le renforcement de la prévention.  Il y a trop de nouvelles infections, a-t-il alerté, avant de confirmer la détermination de l’Union européenne à éliminer le virus et à protéger les droits de l’homme.  Il a déploré que la dernière stratégie de l’OMS ait été adoptée pour la première fois non par consensus mais par vote.  Il y a 40 ans, a-t-il souligné, le virus paraissait imbattable mais le monde a fait de grands progrès.  Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH peuvent mener une vie normale.

M. FRANÇOIS JACKMAN (Barbade), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté que, malgré la diminution du taux d’infection à VIH, cette baisse n’est pas assez importante pour mettre fin au sida d’ici à 2030.  Il a salué le fait que les régions des Caraïbes et d’Afrique subsaharienne aient connu les plus fortes réductions des infections depuis 2010.  Il a évoqué des mesures prises par la CARICOM dans ce domaine.  Au cours de la dernière année en particulier, la région des Caraïbes a élargi les services liés au VIH, tout en améliorant la collecte et la qualité des données et en renforçant la surveillance.  La CARICOM est également focalisée sur la lutte contre les inégalités, y compris dans le financement de la santé et des systèmes de santé, les inégalités d’accès aux médicaments et aux technologies de santé, entre autres.

Au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama) a indiqué que dans sa région, 69% des personnes diagnostiquées ont reçu un traitement, grâce à la mobilisation de ressources et au mécanisme régional de négociation du prix des médicaments.  Intégrant les directives de l’OMS dans leur système de santé, les pays de la région ont par exemple mis sur pied des cliniques de contrôle du VIH/sida et autres maladies sexuellement transmissibles.  Toutefois, a reconnu la représentante, il existe un fossé entre eux et à ce stade, le plus important est de maintenir le niveau des ressources pour la prévention.  L’objectif du Système est de parvenir à une couverture de 95%, ce qui exigera la levée des obstacles juridiques et sociaux.  Le Panama, qui traverse une crise avec 31 000 personnes vivant avec le VIH/sida dont 70% d’hommes, assure désormais un accès universel et gratuit aux antirétroviraux.  Plusieurs stratégies ont été mises en place pour maintenir les séropositifs dans le système de santé et le Plan stratégique multisectoriel pour le VIH/sida 2022-2024 a été mis à jour.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit préoccupé par le fait qu’à ce jour, la pandémie du VIH/sida est responsable de plus de 13 000 décès par semaine, sapant les efforts déployés pour atteindre la couverture sanitaire universelle et les objectifs mondiaux en matière de santé.  Il a constaté que la pandémie du sida se heurte également à celle de la COVID-19, car le monde ne parvient pas à lever les obstacles sous-jacents à l’accès équitable aux services de soins de santé et reste dangereusement sous-préparé.  Il a dénoncé le manque de ressources pour faire face aux pandémies émergentes et existantes.  Cette situation va à l’encontre de l’objectif principal de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2021, a déploré le délégué.  

Il s’est alarmé de la persistance d’importants écarts de traitement dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, où vivent plus de la moitié (57%) des femmes enceintes séropositives qui ne reçoivent pas de traitement antirétroviral, avec des systèmes de santé publique qui ne répondent pas aux normes.  L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée, les cas de VIH augmentent en Afrique du Nord et la lutte contre le VIH/sida continue de laisser de côté les enfants et les jeunes en Afrique, a déploré le représentant qui a noté que le VIH/sida est la principale cause de décès parmi les adolescentes et femmes âgées entre 15 et 49 ans.  Il a estimé que l’innovation est nécessaire pour produire de meilleurs médicaments antirétroviraux, vaccins et traitements, y compris un traitement efficace et abordable pour les infections courantes telles que la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite.  La prophylaxie préexposition préventive doit également être disponible et abordable pour tous les pays, y compris ceux d’Afrique.

Le représentant s’est également dit préoccupé par la persistance de la stigmatisation et de la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH/sida.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour encourager les gens à s’abstenir de consommer des opioïdes, avant de se déclarer convaincu qu’il sera possible d’atteindre l’objectif de zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès dû au sida avant même l’échéance fixée.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a rappelé l’ambition du monde d’éliminer l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030.  Mais nos objectifs « 95-95-95 » demeurent hors d’atteinte, a-t-il dit.  Dans la région Pacifique, seulement 75% des personnes connaissent leur séropositivité et, parmi celles-ci, 80% bénéficient d’un traitement.  La pandémie de COVID-19 a aussi entravé la réponse à l’épidémie de VIH/sida, a poursuivi le délégué, en rappelant que le nombre de personnes se faisant tester a baissé de 22%.  Il a appelé à des efforts accrus et à des engagements financiers et politiques renouvelés.  Enfin, il a rappelé que son pays a contribué à hauteur de 920 millions de dollars australiens au Fonds mondial. 

Mme NICHAMON MAY HSIEH (Thaïlande) a appelé à la fin des inégalités, qui passe assurément par la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/sida.  Par peur de la discrimination, beaucoup de gens hésitent à se faire tester, ce qui est un obstacle à la prévention et aux soins, essentiels pour mettre fin à l’épidémie.  La Thaïlande, s’est réjouie la représentante, est l’un des pionniers du partenariat mondial pour l’action visant à éliminer toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH.  Elle a confirmé que la couverture sanitaire universelle reste la clef et qu’en tant que Présidente du Conseil de coordination d’ONUSIDA, la Thaïlande compte promouvoir les progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration politique et de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a partagé l’expérience « louable » de son pays en matière de lutte contre le VIH/sida, qui grâce à ses efforts coordonnés a réussi à réduire de 57% le nombre de nouveaux cas et de 56% le nombre de décès liés au sida par rapport à 2010.  La Sri Lanka a également éliminé la transmission verticale du VIH et de la syphilis congénitale depuis 2020 et a atteint le niveau zéro pour les cas de transmission du VIH de la mère à l’enfant depuis 2017, s’est enorgueilli le délégué.  Le nombre de nouveaux cas signalés chaque année est inférieur à 200 et le taux de prévalence chez les adultes (15 à 49 ans) est inférieur à 0,1%, a-t-il ajouté.

Pour M. Pieris, le thème de la Déclaration politique adoptée en 2021 visant à « mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 » est un défi en soi car le monde entier se remet actuellement de l’impact de la pandémie de COVID-19.  Les priorités des pays ont changé, tout comme l’allocation de leurs ressources, a fait remarquer le délégué.

Mme ROZELIN ROCHETTE DE JESUS SOL (Philippines) a expliqué qu’aux Philippines, la priorité est donnée à l’élargissement de l’accès à la prévention, aux tests et aux traitements de qualité pour les personnes touchées par le VIH et au renforcement de l’appui multisectoriel afin d’élaborer des politiques plus inclusives.  La prévalence croissante des cas dans le pays a exigé des lois pour assurer un accès non discriminatoire aux soins pour les personnes touchées par le VIH/sida, a indiqué la représentante, en expliquant notamment que désormais les adolescents peuvent se faire tester sans consentement des parents.  Les Philippines vont continuer de travailler à rechercher les meilleurs résultats possibles pour les populations vivant avec le VIH, a-t-elle assuré.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est inquiété du déclin trop lent des infections à VIH et les décès liés au sida dans le monde et du déficit de financement de ces efforts.  Si les barrières sociétales ralentissent les progrès, force est de constater que les interventions fonctionnent, a-t-il relevé, observant que le dépistage et le traitement du VIH sont efficaces de même que la prévention du VIH fondée sur des données probantes.  Selon lui, une leçon clef de la COVID-19 a été d’intégrer les services contre le VIH avec le traitement d’autres maladies.  Ces stratégies font partie de la riposte de l’Afrique du Sud au VIH/sida, a-t-il indiqué, précisant que son pays met actuellement en œuvre un plan stratégique 2017-2022 qui est sa feuille de route pour l’élimination de la pandémie de VIH au niveau national.  De plus, compte tenu du nombre élevé de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud, nous avons le programme de traitement antirétroviral le plus important au monde, avec des résultats en matière de durée de vie des populations touchées et de réduction du taux de morbidité liée au VIH, a-t-il ajouté.  

Le délégué a indiqué que, face à la propagation continue des infections à VIH parmi les jeunes, surtout les filles, l’Afrique du Sud continue de promouvoir une réponse multisectorielle fondée sur les principes des droits de l’homme et de l’égalité d’accès, qui inclut l’autonomisation économique des jeunes femmes et des filles, en veillant à ce qu’elles aient accès aux services de santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à une éducation sexuelle complète.  Notre politique est de fournir un traitement à tous ceux dont le test est positif afin d’obtenir une suppression virale et réduire la transmission.  Rappelant à cet égard que l’Afrique du Sud a été le premier pays africain à approuver l’utilisation de la prophylaxie préexposition (PrEP), qui a été la clef de son programme de prévention, il a précisé qu’en termes d’objectif 90-90-90, le pays avait en juin 2021 un score de 93-76-89.  Il a assuré que le pays met en œuvre des stratégies novatrices pour rattraper son retard et atteindre l’objectif 95-95-95 d’ici à 2025.

Pour le représentant, l’engagement des parties prenantes et des communautés a été la clef de la lutte contre le VIH/sida en Afrique du Sud.  Nous avons reconnu très tôt que les populations touchées, la société civile et les organisations communautaires devaient être les piliers centraux de notre système d’intervention, a-t-il expliqué, avant d’indiquer que son pays continue de faire d’importants investissements dans cette lutte en utilisant ses ressources intérieures.  Il a également salué les investissements dont bénéficie l’Afrique du Sud via le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui, depuis 2003, a rapporté au pays 1,3 milliard de dollars.  Alors que le Fonds a augmenté sa dotation pour la période 2022-2025 à 546 millions de dollars, contre 369 millions de dollars pour 2019-2022, il a assuré que l’Afrique du Sud honorera ses engagements financiers pendant la période de reconstitution en cours.  Enfin, il a réitéré son appel à plus de flexibilité dans le cadre de l’Accord sur les ADPIC afin de permettre la production locale de produits médicaux et d’encourager le partage des technologies.  

Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria) a indiqué que son pays a ciblé son action sur des groupes de population clefs.  Selon les chiffres de 2019, 39 000 personnes vivent avec le virus au Libéria, 19 000 nouvelles personnes sont infectées chaque année, les décès liés au virus sont de 1 800 par an et 93% des femmes enceintes nécessitant un traitement antirétroviral en bénéficient.  Le taux de prévalence du virus chez les femmes enceintes est de 2,4%.  Elle a précisé que le Traitement Post-Exposition (TPE) est accessible dans tout le pays.  Le Libéria a aussi lancé un plan d’action zéro discrimination visant à remédier à la stigmatisation et aux discriminations.  Mon pays vise à faire en sorte que toute personne vulnérable vivant avec le virus ait accès à la justice pour remédier à une violation de leurs droits, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a déclaré que son pays combat la violence sexuelle et tient des consultations avec des leaders d’opinions afin de combattre les discriminations touchant les personnes vivant avec le virus.

M. ALEJANDRO GONZÁLEZ BEHMARAS (Cuba) a estimé que la communauté internationale a des ressources suffisantes pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé et de bien-être des personnes.  Pourtant, le manque de volonté politique entrave ces efforts et des millions de dollars partent en dépenses militaires alors que des personnes manquent d’accès aux soins de santé élémentaires.  Pour le représentant, la riposte à la pandémie de COVID-19 ne doit pas faire oublier les efforts nécessaires pour vaincre celle du VIH/sida.  Dans ce contexte très complexe pour les pays en développement, il est crucial, selon lui, de mettre l’accent sur la coopération internationale et sur la mise en œuvre effective de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.  Assurant que Cuba est attachée aux efforts menés par l’ONU dans cette lutte, il a indiqué que son pays apporte sa pierre à l’édifice au travers de son action nationale.  Le système de santé publique s’emploie à répondre aux besoins de chaque groupe de population, la mortalité liée au VIH/sida recule et le taux d’incidence semble indiquer une stabilisation, s’est-il enorgueilli.  De plus, les personnes de moins de 15 ans ne sont pratiquement pas infectées et, en 2015, Cuba a réussi à éliminer la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant.  Pour atteindre ces résultats, fruits de l’efficacité de ses programmes de prévention et de traitements antirétroviraux, Cuba a dû faire face au blocus imposé par les États-Unis depuis plus de six décennies, a dénoncé le délégué.  Ce blocus, qui lui occasionne des pertes de plus de deux milliards de dollars par an, entrave aussi les projets financés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, gérés par le PNUD.  Malgré cela, rien ne nous empêchera d’ériger une société plus juste et plus inclusive pour ceux qui vivent avec le VIH/sida, a-t-il conclu, estimant que la solution réside dans la solidarité et le multilatéralisme.  

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a indiqué que la pandémie de COVID-19 a augmenté considérablement les risques que connaissent les personnes vivant avec le VIH/sida, citant notamment les pénuries de fournitures nécessaires à la riposte au VIH et la pénurie de personnel soignant par suite de décès ou de réaffectation à la lutte contre la COVID-19.

Malgré ces défis, le programme national VIH/sida de la Zambie a fait preuve de résilience.  Le Gouvernement zambien, en collaboration avec tous les partenaires concernés, a mis au point des approches et des interventions novatrices qui lui ont permis de faire face à la pandémie jusqu’à présent.  Le représentant a aussi indiqué que son pays est en train d’élaborer un nouveau cadre stratégique de lutte contre le VIH pour les cinq prochaines années.  

Mais malgré ces efforts, la Zambie continue de faire face à des défis tels que l’augmentation des nouvelles infections, en particulier chez les adolescentes et les jeunes femmes.  Pour finir, il a alerté sur la menace de l’épuisement des dons qui risque d’impacter négativement les gains engrangés en matière de contrôle de l’épidémie de VIH/sida.  

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a constaté que malgré des réalisations dans de nombreuses régions du monde, la riposte internationale au VIH/sida nous rappelle également à quel point les progrès peuvent être fragiles si nous retombons dans la complaisance ou la perte de vue.  La pandémie de COVID-19 continue de mettre à rude épreuve les systèmes de santé publique et perturbe les services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH dans le monde entier, a-t-elle regretté en demandant que nos efforts concertés pour mettre fin à une pandémie ne se fassent pas au détriment de l’engagement de plusieurs décennies à mettre fin à une autre.  Au lieu de cela, pour y faire face efficacement et prévenir de futures pandémies, il faut renforcer les systèmes de santé publique conformément à l’ODD 3 et promouvoir des institutions efficaces, responsables et inclusives conformément à l’ODD 16, a-t-elle martelé en rappelant que la lutte contre le VIH/sida ne concerne pas seulement la santé et le bien-être, mais aussi des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Elle a estimé crucial d’éliminer les obstacles sociétaux aux services pour les communautés qui en ont le plus besoin.  Elle a aussi dénoncé les lois discriminatoires ciblant les populations LGBTQI dans de nombreux pays qui entravent la lutte contre la pandémie.  La marginalisation économique et sociale des groupes les plus exposés au risque d’infection par le VIH, tels que les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe, les prisonniers, les personnes transgenres et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les empêche souvent de jouir pleinement de leurs libertés fondamentales et de leurs droits humains, et surtout de leur droit à la santé, a souligné Mme Oehri.  Une réponse appropriée au VIH/SIDA doit donc nécessairement prendre en compte et pleinement reconnaître tous les éléments fondamentaux des risques et vulnérabilités liés au VIH.  Constatant aussi que les femmes et les filles sont encore disproportionnellement vulnérables à la pandémie, elle a appelé à prendre en compte leur situation particulière.

M. GEOFFREY BLACK (Canada) a estimé que l’approche axée sur les droits humains est la clef de la lutte contre le VIH/sida, tout comme l’approche genre.  Pour de nombreuses filles, s’est-t-il expliqué, l’école est la clef pour acquérir des connaissances et se mettre à l’abri des fléaux comme le mariage et les grossesses précoces.  Au Canada, a-t-il avoué, la COVID-19 est venu exacerber les tendances dévastatrices de la consommation de stupéfiants.  Il a appelé à plus de volonté politique contre le VIH/sida, exhortant les États à privilégier les plus vulnérables.  Il a aussi annoncé qu’au mois de juillet de cette année, le Canada organisera une conférence internationale sur la pandémie de VIH/Sida, laquelle mettra justement l’accent sur la question des données, cruciale pour mieux cerner les enjeux.

M. JOHN KYOVI MUTUA (Kenya) a insisté sur l’importance qu’il y a à mettre l’accent sur la prévention et la lutte contre la stigmatisation.  Il a détaillé l’action de son pays en la matière, dont l’offre de tests et de médicaments aux groupes clefs.  Il a plaidé pour des dérogations aux droits de propriété intellectuelle et pour un appui à la réalisation de la couverture sanitaire universelle.  Agissons ensemble pour vaincre l’épidémie, a conclu le délégué, avant de souligner l’engagement du Kenya en faveur de l’application de la Déclaration.

Pour M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde), il est essentiel de faire preuve d’une véritable volonté politique au plus haut niveau pour lutter contre le VIH/sida et combler les fossés.  Dès que la pandémie de COVID-19 a commencé, l’Inde, a dit son représentant, n’a pas hésité à impliquer les communautés, la société civile et les partenaires au développement pour atténuer les conséquences de la COVID-19 sur les services voués au VIH/sida.  Le représentant s’est enorgueilli du modèle « unique » de son pays en matière de prévention du VIH/sida.  Il a aussi vanté les mérites du « contrat social » qui consiste, avec l’aide de la société civile, à mettre en œuvre un programme sur les changements de comportement, la communication, le plaidoyer, la prestation de service, le dépistage et le traitement.  Dans tous ses efforts, l’Inde est restée attachée à la coopération internationale, en particulier avec l’Afrique, a conclu le représentant. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a estimé que pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030, il faut lutter contre les inégalités, placer les personnes et les communautés au centre de la riposte, mobiliser des ressources et des financements, promouvoir l’égalité des sexes, garantir les droits sexuels et reproductifs et autonomiser les femmes et les filles dans toute leur diversité, en tirant les leçons de cette expérience pour mieux se préparer aux futures urgences.  Les États doivent continuer à travailler pour garantir un accès équitable à la prévention, au diagnostic, au traitement et aux soins.  Pour cela, il est essentiel de mettre en œuvre une approche basée sur les droits humains et l’égalité des sexes, tout en garantissant la dignité des personnes vivant avec le VIH/sida.  

Il est également essentiel de tenir compte, en particulier, des besoins de toutes les personnes identifiées comme populations clefs, c’est-à-dire celles qui sont en situation de vulnérabilité et privées d’accès.  Travailler à réduire la stigmatisation, la discrimination et la criminalisation est sur quoi les États Membres doivent se concentrer.  En Argentine, un nouveau projet de loi sur le VIH/sida, l’hépatite virale, les MST et la tuberculose est en cours d’élaboration, avec la participation des organisations de la société civile et des populations clefs, ce qui constitue un progrès vers une réponse globale appuyée sur une approche fondée sur les droits, a précisé la déléguée.

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a rappelé qu’en 1994, son pays a créé le Programme national de lutte contre le VIH/sida, avec 20 unités réparties dans toutes les régions.  En 2018, une réglementation a été adoptée pour protéger les droits des personnes infectées et garantir leur prise en charge médicale et psychosociale, dans le respect de leurs droits.  L’article 6 de cette réglementation proscrit par exemple l’avortement forcé des femmes infectées et bien que l’Arabie saoudite soit l’un des pays au taux d’infection le plus faible au monde, des lois contre la discrimination à l’égard des personnes infectées ont été néanmoins adoptées.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a voulu que l’on redouble d’efforts pour vaincre le VIH/sida d’ici à 2030.  Le représentant a prévenu que dans son pays, ces efforts sont entravés par les sanctions.  Malgré tout, la sensibilisation des jeunes et un bon accès aux traitements sont restés au cœur de l’action nationale.  Près de 6 200 personnes reçoivent un traitement antirétroviral, financé à hauteur de 84% par le Gouvernement.  Des soins psychologiques sont aussi dispensés, en particulier aux personnes qui viennent d’apprendre leur séropositivité.  Le représentant s’est tout de même étonné qu’il n’y ait toujours pas de vaccin contre le VIH alors que ceux contre la COVID-19 ont été élaborés en moins d’un an.  Déployons les mêmes efforts contre le VIH/sida, a-t-il pressé.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a estimé à quelque 340 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dans son pays, dont 7 sur 10 connaissent leur diagnostic et 6 sur 10 sont sous traitement antirétroviral.  C’est pourquoi son pays concentre ses efforts sur la réduction des inégalités qui augmentent le risque de contracter la maladie, notamment parmi les populations vulnérables.  Le Mexique promeut, en outre, des politiques publiques avec des stratégies de prévention combinées.  C’est ainsi, a-t-elle dit, que des programmes ciblant les populations clefs ont été mis en place en même temps que des formations en faveur pour les agents de santé.  Ces initiatives visent la prévention au niveau communautaire tout en fournissant des soins aux personnes vivant avec le virus.  Conformément aux meilleures pratiques internationales, nous accordons une attention particulière à la population la plus exposée, a insisté la déléguée.

Afin d’atteindre l’objectif international d’éviter les cas de transmission verticale, son pays a développé en 2021 un nouveau modèle, également applicable à la syphilis, à travers cinq piliers essentiels, notamment l’accès en temps utile au diagnostic et au traitement, l’accompagnement et encore la création d’un observatoire pour la prévention de la transmission verticale.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a expliqué que dans son pays, environ 340 000 adultes et 30 000 enfants vivent avec le VIH/sida, dont 100 000 sont sous contrôle; les régions du sud et de l’est connaissant la prévalence la plus élevée.  Quelque 800 unités de traitement ont été mises en place dans tout le pays, lequel mène également des programmes de sensibilisation des jeunes.  Le Gouvernement a aussi augmenté le nombre des laboratoires de dépistage, améliorant ainsi la connaissance du virus et la prise en charge des patients.  Pour ce qui est de l’achat des médicaments, le Gouvernement angolais assume 30% et le Fonds mondial, 70%.  L’Angola s’est aussi joint au Programme de l’Union africaine « Born Free to Shine », une initiative visant à prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  En outre, le Gouvernement continue de développer des programmes pour protéger les personnes vivant avec le VIH/SIDA contre la stigmatisation, la discrimination et l’intolérance.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a affirmé que son pays a fait d’énormes progrès dans la prévention et le contrôle de l’infection de VIH/sida, au cours des dernières décennies.  La Pologne est en bonne voie pour parvenir à l’éradication du VIH/sida d’ici à 2030.  Son nouveau programme national 2021-2026 met l’accent sur la prophylaxie et cible en priorité les personnes à risque.  Dans tout le pays, le dépistage est gratuit, y compris pour les étrangers, dont ceux qui affluent en raison de l’agression russe contre l’Ukraine.

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a précisé que plus de 700 000 personnes bénéficient d’un traitement antirétroviral au Brésil.  Dans un but de détection précoce, plus de 13 millions de tests rapides ont été distribués en 2021, de même que 342 millions de préservatifs masculins et 13 millions de préservatifs féminins.  Le traitement PrEP a été intégré en 2018 dans la politique publique en faveur des personnes ayant le plus grand risque de contracter le virus.  Le délégué a aussi indiqué que les personnes vivant avec le virus ont fait partie des groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19.  En 2014, une loi fédérale a érigé en infraction toute discrimination contre les personnes vivant avec le virus.  Enfin, rappelant que le chemin est encore long pour vaincre l’épidémie, le délégué a redit son engagement en faveur de l’application de la Déclaration.

M. JASON MACK (États-Unis) a salué la mémoire des 36 millions de personnes qui ont tragiquement perdu la vie à cause du VIH/sida et renouvelé la détermination de son pays à rester aux côtés des 38 millions qui vivent avec le VIH aujourd’hui.  Il a plaidé pour l’accès de tous aux services, en particulier les personnes les plus durement touchées par la pandémie, la communauté LGBTI, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogue, les minorités ethniques, les femmes et les filles.  Il a salué l’action de la société civile, en insistant sur le rôle central des communautés.  S’agissant de la politique nationale, il a cité le plan d’urgence de la présidence américaine qui fête cette année son dix-neuvième anniversaire et qui depuis sa création, a permis d’investir 100 milliards de dollars dans la riposte mondiale contre le VIH/sida.  Il a aussi rappelé l’annonce faite en décembre 2021 par le Président Joe Biden, sur l’organisation prochaine de la septième Conférence de promesse de contribution au Fonds mondial.

M. RODRIGO ANDRÉS MÉNDEZ BOCANEGRA (Colombie) a parlé de la mise à jour, dans son pays, des guides cliniques, des schémas de traitement et de l’accent mis sur la prophylaxie.  Il a insisté sur les efforts nationaux pour garantir l’accès à la santé de tous, y compris des migrants venus du Venezuela.  Il a aussi évoqué la nouvelle stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida, les hépatites et les MST.  En guise de conclusion, il a fait valoir que la lutte contre le VIH/sida doit s’inscrire dans les efforts visant la réalisation des objectifs de développement durable et de la couverture sanitaire universelle.

Mme VICTORIA MANGAY SULIMANI (Sierra Leone) a relevé que les inégalités exacerbées par la pandémie de COVID-19 ont aggravé celles qui existaient déjà et qu’elles continuent d’alimenter de nouveaux cas d’infection au VIH, en particulier chez les adolescentes, les jeunes femmes et certaines populations cibles.  En Sierra Leone, l’épidémie se féminise, avec des infections parmi les femmes, deux fois plus élevées que chez les hommes.  Les filles âgées de 15 à 24 ans sont trois fois plus susceptibles d’être infectées que les garçons de la même tranche d’âge.  Protéger nos filles des mariages et des grossesse précoces ainsi que de la violences sexuelle et fondée sur le sexe reste une priorité essentielle, a affirmé la représentante.  L’accès égal des hommes, des femmes, des garçons et des filles aux services reste le fondement de la riposte nationale contre le VIH/sida.  Mettre fin aux inégalités est le moyen le plus sûr de mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030, a insisté la représentante.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a rappelé que 13 000 personnes meurent chaque année du VIH/sida et que le nombre des décès et des infections ne décline pas.  Le représentant a confirmé l’engagement de son pays en faveur de l’élimination du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose.  Il a plaidé pour un meilleur accès aux traitements et pour une prévention renforcée.  Prévenir vaut toujours mieux que guérir, a-t-il rappelé, préconisant de cibler les groupes clefs, d’améliorer l’accès aux préservatifs féminins et masculins et de renforcer l’action dans le domaine de la pédiatrie.  Le représentant a aussi plaidé pour un appui financier à ONUSIDA et au Fonds mondial.

Mme ANDERSON (Royaume-Uni) a indiqué que son pays a publié son plan d’action 2022 et qu’il a atteint pour la troisième année consécutive la cible 90-90-90.  Si ces résultats positifs se confirment, le Royaume-Uni pourrait devenir la première nation au monde à parvenir au taux zéro de transmission d’ici à 2030, a-t-elle souligné, avant de se prononcer pour une éducation sexuelle complète pour tous et ce, pour régler les problèmes de violence et d’abus sexuels.  Dans ce contexte, a poursuivi la représentante, la communauté internationale doit continuer d’appuyer ONUSIDA pour parvenir à l’objectif de 90% de jeunes bénéficiant d’une éducation sexuelle complète d’ici à 2026.  Nous devons également adopter une approche globale et intégrée qui tienne compte des populations les plus à risque, en particulier les détenus, les transgenres et les homosexuels.  Enfin, a-t-elle conclu, nous devons rattraper le retard provoqué par la pandémie de COVID-19 et mesurer les conséquences de cette crise sanitaire mondiale sur les soins et traitements du VIH/sida. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de gestion de l’ECOSOC: une plus grande interaction est prônée avec les organes subsidiaires, pour une « fertilisation croisée » de leurs travaux

22e séance plénière,
matin
ECOSOC/7088

Réunion de gestion de l’ECOSOC: une plus grande interaction est prônée avec les organes subsidiaires, pour une « fertilisation croisée » de leurs travaux

Le deuxième jour de la réunion consacrée à la gestion s’est tenue ce matin, au Conseil économique et social (ECOSOC), avec une série de messages clefs de ses organes subsidiaires et de tout le système des Nations Unies.  Pour que l’ECOSOC puisse jouer son rôle d’ensemble plus efficacement, les orateurs ont prôné une bonne –voire meilleure- coordination avec ses organes subsidiaires. 

Le rôle clef de l’ECOSOC se manifeste dans l’intégration équilibrée des trois dimensions du développement durable et en tant qu’organe principal de coordination, de dialogue politique et de recommandations sur les questions de développement économique et social, a rappelé la représentante Mme Rebeca Grynspan, qui est la Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Elle a recommandé un renforcement de la coordination selon un processus à double sens, en suggérant notamment de donner plus d’occasions aux organes subsidiaires de rendre compte de leur travail à l’ECOSOC.  La Thaïlande a repris cette formulation en exprimant le souhait de voir des interactions « dans les deux sens » entre le Conseil et ses organes subsidiaires.

Avec quelque regret, Mme Grynspan a rappelé que l’ECOSOC alternait autrefois ses sessions de fonds entre Genève et New York, ce qui lui permettait une interaction plus étroite avec ses organes basés à Genève.  Mais déjà, la session de coordination nouvelle formule permet à l’ECOSOC de mieux intégrer les résultats de ses organes subsidiaires dans ses travaux, a-t-elle salué.  M. Jamil Hamad, Directeur des affaires intergouvernementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a signalé pour sa part qu’il existe une forte tradition des présidents de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale de contribuer à l’Assemblée des Nations Unies sur l’environnement afin de renforcer les synergies entre ces organes.  Cependant, il a estimé que l’ECOSOC pourrait encore améliorer sa contribution en partageant les meilleures pratiques d’alignement national des politiques de sécurité énergétique sur les objectifs de sécurité climatique.

L’ECOSOC a d’ailleurs un rôle important à jouer dans le dialogue sur la voie à suivre face aux défis environnementaux et la coordination du système des Nations Unies à ce sujet, a estimé M. Hamad en notant l’ampleur de la tâche au moment où l’environnement se dégrade rapidement.  « Face au risque de franchir des seuils de non-retour, entraînant des menaces telles que de nouvelles pandémies et l’insécurité alimentaire, il est important d’avoir ce sentiment d’urgence dans nos délibérations. »

L’ECOSOC n’a pas été le seul à être appelé à la coordination.  Les États Membres ont reçu ce même conseil pour leurs efforts menés au niveau national.  L’expérience récente a montré que les gouvernements ne pourront pas fournir les services et la protection nécessaires aux personnes s’ils continuent à travailler en vase clos, a en effet noté la Chancelière de l’Université Nelson Mandela, qui a présidé la dernière session du Comité d’experts de l’administration publique.  Elle a donc conseillé de créer des espaces institutionnalisés de collaboration entre tous les niveaux de gouvernement et avec différentes parties prenantes.

Dans le dialogue avec les délégations sur les travaux de tous ces organes, plusieurs, comme la République tchèque et la Colombie, ont insisté sur les questions de genre, en recommandant la pleine participation des femmes et en soulignant l’importance des données fiables et comparables, en particulier des données ventilées.  Les commissions techniques et les organes subsidiaires du Conseil ont un rôle important à jouer à ce sujet, notamment pour intégrer les questions de genre et les traduire dans des mandats concrets, a expliqué l’Union européenne.  C’est notamment dans les plans de reprise que l’on doit incorporer les questions de genre, a ajouté la Thaïlande.  Une recommandation appréciée par la Présidente de la soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme.

Même son de cloche pour les peuples autochtones, qui continuent d’être « les laissés-pour-compte du développement durable », a rappelé le Président de la vingt et unième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones en demandant un « nouveau contrat social ».  Il a souhaité que ce contrat leur donne accès aux ressources et offre une justice pour tous, après avoir fait remarquer que ces peuples ont une « longueur d’avance » pour ce qui concerne la protection de la nature et de la biodiversité.

Les orientations de l’ECOSOC sont essentielles pour aider les États à progresser sur la voie du développement durable, a conclu l’Italie en se félicitant que les négociations sur la déclaration du forum politique de haut niveau « avancent bien ».  Cela reflète selon lui l’envie qu’ont les États Membres de relever les défis liés au Programme 2030, en dépit des différentes crises qui les frappent. 

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a annoncé que la prochaine réunion du Conseil se tiendra le 20 juin et sera consacrée à la transition de l’aide d’urgence au développement.  Elle sera suivie par un débat sur les questions humanitaires organisé du 21 au 23 juin. 

Déclarations liminaires

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie), Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que, dans sa résolution 75/290, l’Assemblée générale a convoqué cette discussion dans le cadre du débat de juin sur les questions de gestion afin d’intégrer les messages clefs des organes subsidiaires de l’ECOSOC et du système des Nations Unies sur le thème principal du Conseil, élaborer des recommandations pour le suivi et ainsi nourrir le forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Elle a indiqué que les échanges de cette matinée s’appuient sur le récent débat de l’ECOSOC sur la coordination, au cours duquel le Conseil a fait le point sur les impacts de la pandémie de COVID-19 dans le processus de mise en œuvre des ODD.  À cette occasion, a-t-elle relevé, les États Membres ont souligné l’importance de l’ECOSOC, de ses organes subsidiaires et des commissions techniques pour répondre à la COVID-19 et promouvoir une reprise durable et équilibrée.  Le Conseil a aussi identifié les domaines clefs où l’ECOSOC, ses organes subsidiaires et le système des Nations Unies pourraient approfondir la réflexion politique et identifier des solutions innovantes, a précisé Mme Stoeva, évoquant l’intégration des perspectives de genre, la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’éducation, la transformation numérique, l’accès à la technologie, l’économie verte, la résilience climatique et les approches basées sur la sécurité humaine.  Ces discussions ont une résonnance particulière alors que le monde est témoin d’une augmentation de l’insécurité, de pénuries de carburant, d’une flambée de l’inflation et d’une crise des réfugiés, a-t-elle souligné, avant de se faire l’écho de l’avertissement lancé par le Groupe de réponse aux crises, selon lequel environ 1,7 milliard de personnes dans le monde vivent dans 107 économies exposées à une grave crise dans le domaine de l’alimentation, de l’énergie ou de la finance. 

Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire générale adjointe et Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale de l’ONU pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a indiqué que, lors de sa soixante-dix-huitième session, la CESAP a adopté la Déclaration de Bangkok, qui constitue un programme commun pour l’Asie et le Pacifique.  Elle a ajouté que les membres de la Commission se sont engagés à renforcer la connectivité et le commerce, à renforcer la résilience et à stimuler les partenariats.  La Commission a également entériné un plan d’action sur les tempêtes de sable et de poussière.  La Secrétaire exécutive a ensuite exposé les points saillants des différents forums régionaux, avant de souhaiter que leurs conclusions alimentent les discussions du forum politique de haut niveau pour le développement durable qui se tiendra en juillet.

Mme Carpentier, qui s’exprimait au nom de Mme Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a mis l’accent sur l’importance à donner aux processus et initiatives visant à renforcer l’ECOSOC, en reconnaissant son rôle clef dans la réalisation d’une intégration équilibrée des trois dimensions du développement durable et en tant qu’organe principal de coordination, d’examen des politiques, de dialogue politique et de recommandations sur les questions de développement économique et social.  Toutefois, pour que l’ECOSOC puisse jouer ce rôle plus efficacement, la coordination avec ses organes subsidiaires devrait être renforcée, conformément à la résolution de l’année dernière, a-t-elle estimé.  Elle a donc conseillé à l’ECOSOC, lors du segment de coordination, de renforcer sa coordination avec ses organes subsidiaires pour établir plus de synergies entre leurs travaux, à la fois pour que ces organes trouvent un écho au sein du Conseil mais également pour que les membres de celui-ci puissent interagir davantage avec eux et leur donner des orientations générales tout en tenant compte de leur optique spécialisée.  Dans ce contexte, la haute responsable s’est dit ravie que le projet de recommandations -qui doit être adopté au cours de cette session- reconnaisse que le renforcement de la coordination doit être un processus à double sens.

À l’avenir, elle a dit attendre que, d’une part, il ait plus d’opportunités pour l’ECOSOC de donner des orientations et des recommandations aux travaux de ses organes subsidiaires, afin d’assurer leur alignement sur les travaux du Conseil et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  D’autre part, il faudrait également veiller à ce que l’ECOSOC puisse s’appuyer plus efficacement sur les conseils techniques spécialisés de ses organes d’experts.  Cela pourrait inclure davantage de possibilités pour ces organismes de rendre compte de leur travail à l’ECOSOC, a-t-elle suggéré.  Illustrant son propos par quelques exemples concrets, basés sur l’expérience de la CNUCED en tant que secrétariat de la Commission de la science et de la technologie pour le développement (CSTD) et du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication, elle a rappelé que ces organes subsidiaires se réunissent à Genève.  Elle a rappelé qu’auparavant, les sessions de fond de l’ECOSOC alternaient entre Genève et New York, ce qui permettait une interaction plus étroite et une plus grande exposition de l’ECOSOC aux organes subsidiaires basés à Genève et à leurs travaux et résultats.

À cet égard, la CNUCED, en tant que secrétariat du CSTD et coorganisateur de l’équipe de travail inter-institutions du Mécanisme de facilitation des technologies, travaille avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA) pour assurer une plus grande complémentarité et une « fertilisation croisée » entre la CSTD et le forum multipartite sur la science, technologie et innovation (STI) du Mécanisme de facilitation des technologies.  Cela a déjà été reflété dans les recommandations du résumé du Vice-Président, notamment en trouvant d’autres moyens pour que le CSTD présente son travail et ses conclusions à l’ECOSOC et aux parties prenantes de New York, et pour que le forum sur la science, technologie et innovation contribue au processus intergouvernemental du CSTD.  C’était l’occasion également pour elle de saluer la sagesse des États membres pour la nouvelle formule de la session de coordination, qui permet de mieux intégrer les résultats de ses organes subsidiaires dans ses travaux.  En fait, la CNUCED attend avec impatience l’examen pratique de la session de coordination ou même l’approbation des résultats des organes subsidiaires, a-t-elle dit estimant que l’approbation serait l’occasion pour le Conseil d’émettre un avis et de fournir des orientations à ses organes subsidiaires.

Comme la Secrétaire générale Grynspan l’a mentionné en février dernier, le Pacte de Bridgetown donne un nouveau mandat à la CNUCED, qui la charge de revitaliser le Conseil du commerce et du développement. Les questions commerciales sont traitées au niveau des experts à Genève, cependant, très peu de cette expertise est apportée ici à l’ECOSOC et à l’Assemblée générale, a-t-elle noté en espérant que la session de coordination se révèlera être l’un des moyens d’amener le leadership éclairé sur le commerce et les questions connexes, y compris la chaîne d’approvisionnement et les perturbations logistiques engendrées par la pandémie, les conflits et les changements climatiques, de Genève à New York.

Mme MATHU JOYINI, Représentante permanente de l’Afrique du Sud et Présidente de la soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, a constaté que les répercussions de la pandémie de COVID-19 ont entraîné des reculs dans la réalisation du Programme 2030.  L’ODD 5 ne fait pas exception, a-t-elle déploré, précisant que l’analyse de cet objectif de développement durable fait apparaître que les femmes et les filles restent les plus frappées et font face à des pertes disproportionnées en matière d’emploi et de moyens de subsistance.  En dépit de leur rôle central dans la riposte, les femmes demeurent privées des postes à responsabilité qu’elles méritent, a observé Mme Joyini.  De plus, leurs droits à la santé sexuelle et reproductive ont été sapés tandis qu’elles sont confrontées à une hausse des violences, notamment dans le cercle intime, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi observé que les changements climatiques imposent un lourd tribut aux femmes, notamment dans les pays pauvres qui ne sont en rien responsables de ce phénomène.  Il importe donc de placer les femmes au centre de tous les aspects de la riposte et de la reconstruction, en adoptant des politiques qui tiennent compte des questions de genre, a plaidé la représentante. 

À l’occasion de sa soixante-sixième session, a-t-elle poursuivi, la Commission de la condition de la femme a entendu un large éventail d’États Membres qui ont fait part de leurs expériences positives dans l’atténuation des impacts des crises sur les femmes et les filles et dans la lutte contre les inégalités structurelles.  Mme Joyini a souhaité que la communauté internationale s’appuie sur cet élan pour façonner un avenir durable intégrant la participation effective des femmes et des filles.  Il faut pour cela que les institutions économiques et politiques donnent voix au chapitre aux plus marginalisées, en impliquant par exemple les organisations de femmes, a-t-elle préconisé, avant de reconnaître que le monde est en mauvaise voie pour assurer l’égalité des genres d’ici à 2030.  Toutefois, s’est-elle empressée d’ajouter, cette tendance peut être inversée si l’on met en œuvre les recommandations du Programme d’action de Beijing et les conclusions de la Commission de la condition de la femme.  À ses yeux, l’impératif de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles doit demeurer une priorité absolue des travaux de l’ECOSOC. 

Pour M. JAMIL AHMAD, Directeur des affaires intergouvernementales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la pandémie de COVID-19 a été un signal d’alarme à plusieurs niveaux et la reprise représente une opportunité unique de faire la transition entre le paradigme du développement mondial et une économie à faible émission de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources, favorable à la nature et socialement inclusive.  Les données sur les plans de relance montrent cependant que nous échouons jusqu’à présent à saisir cette opportunité pour stimuler cette transition, a-t-il déploré. Alors que nous luttons contre la pandémie et les défis environnementaux, les changements climatiques, la perte de biodiversité ainsi que la pollution et les déchets n’ont fait qu’empirer, a-t-il rappelé.

Alors que l’environnement se dégrade rapidement, le risque de franchir des seuils de non-retour, entraînant des menaces telles que de nouvelles pandémies et l’insécurité alimentaire, il est important d’avoir ce sentiment d’urgence dans nos délibérations, a estimé le directeur en soulignant que l’ECOSOC a un rôle important à jouer dans le dialogue sur la voie à suivre et la coordination du système des Nations Unies sur la réponse nécessaire.  De plus, rappelant que l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement fait rapport à l’ECOSOC, il a estimé qu’un engagement fort de cette Assemblée pourrait apporter une contribution importante au rôle de l’ECOSOC dans l’amélioration d’une reprise inclusive et résiliente.  D’ailleurs, a rappelé M. Ahmad, l’Assemblée a adopté plusieurs résolutions et une déclaration ministérielle qui revêt une grande pertinence pour l’ECOSOC et une reprise inclusive et durable. 

Parmi les priorités avancées par l’Assemblée pour l’environnement figurent la promotion de la mise en œuvre d’une approche « Une seule santé » afin de mieux détecter, prévenir, préparer et répondre aux risques sanitaires; la sauvegarde de la vie sous-marine et le retour à des océans propres, sains, résilients et productifs; le renforcement des politiques et approches d’économie circulaire; la mise en place d’infrastructures résilientes; le renforcement de la gouvernance environnementale et de l’état de droit; et l’amélioration de l’éducation et de la formation environnementales, a précisé M. Ahmad.  Faisant part d’une définition convenue des solutions fondées sur la nature, le Chef du PNUE a constaté un mouvement croissant à travers le monde pour protéger et restaurer les écosystèmes dans le cadre de la décennie sur la restauration des écosystèmes.  Les investissements dans des solutions basées sur la nature représentent une opportunité importante pour les emplois verts, de meilleurs moyens de subsistance, l’atténuation des changements climatiques et la protection de la nature.  Ces contributions sont également pertinentes pour le prochain forum politique de haut niveau et les ODD en cours d’examen, a-t-il fait remarquer aux membres de l’ECOSOC.

Mentionnant aussi qu’il existe une forte tradition des présidents de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale d’assister et de contribuer à l’Assemblée sur l’environnement afin de renforcer les synergies importantes entre ces organes, M. Ahmad a estimé que l’ECOSOC pourrait améliorer sa contribution en partageant les meilleures pratiques en matière d’alignement national des politiques de sécurité énergétique sur les objectifs de sécurité climatique, en insistant pour supprimer les distorsions du marché telles que les subventions aux combustibles fossiles et en améliorant l’accès aux technologies à faible et à zéro carbone.  Il pourrait aussi aider à identifier des options pour financer une transition vers des économies à faible émission de carbone, économes en ressources, positives pour la nature et socialement inclusives, le tout permettant d’accroître la résilience.  Il faut en outre identifier les voies permettant aux pays de créer les conditions nécessaires au déploiement de solutions de financement pour réduire le fardeau de la dette, a-t-il ajouté avant de parler aussi de la nécessité d’assurer des transitions justes et équitables pour passer des économies linéaires aux économies circulaires.  Il a encouragé l’ECOSOC à contribuer à définir une voie pour aligner le système financier international conformément à l’article 2.1.C de l’Accord de Paris.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Professeur à l’École des affaires internationales et publiques de la Columbia University et Président de la vingt-quatrième session du Comité des politiques de développement, a précisé qu’à l’occasion de cette plénière, le Comité s’est concentré sur les politiques utilisées pour relever les défis simultanés auxquels sont confrontés les gouvernements, des effets de la COVID-19 aux changements climatiques en passant par les inégalités.  Le Comité est arrivé à la conclusion que les politiques industrielles devraient non seulement contribuer au développement des capacités productives et d’infrastructures adéquates, mais aussi soutenir fortement l’intégration des micro, petites et moyennes entreprises dans des processus productifs plus larges, a-t-il indiqué.  Selon lui, les politiques industrielles postpandémie devront prendre en compte les nouvelles réalités, notamment celles associées aux économies verte et bleue.  Elles devront en même temps s’intégrer dans une stratégie de transformation structurelle et prévoir des mécanismes de responsabilisation et des processus décisionnels inclusifs.  Le Comité recommande donc à l’ECOSOC d’encourager les États Membres à adopter des politiques industrielles fondées sur des données probantes.  Ces politiques devront viser le développement des capacités productives comme moyen de sortir des différentes crises.  Il recommande en outre à l’ECOSOC de faire appel aux entités des Nations Unies pour soutenir les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA).  L’ECOSOC devrait aussi, selon lui, appeler les partenaires commerciaux et de développement à placer le développement des capacités productives au centre de leur soutien à ces pays.

Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Chancelière de l’Université Nelson Mandela et Présidente du Comité d’experts de l’administration publique à sa vingt et unième session, comme déjà souligné dans son exposé d’hier au Conseil, a estimé que pour mieux sortir de la pandémie de COVID-19, tout en faisant progresser la mise en œuvre complète du Programme 2030, il va falloir mettre en place des institutions publiques plus fortes, plus efficaces, résilientes et crédibles à tous les niveaux.  Cela suppose, entre autres, une volonté politique, un changement des mentalités, un leadership transformationnel et une bonne gestion des ressources publiques.  Aucun des ODD ne peut être atteint sans s’attaquer au sort des pays les plus faibles et des pauvres, a-t-elle souligné, rappelant qu’ils ont été touchés de manière disproportionnée par les impacts économiques de la pandémie.  Elle a préconisé des mesures de relance concentrées sur la réouverture et la reconstruction des économies de manière durable, notamment en aidant les pays à gérer les niveaux d’endettement et l’inflation et en investissant dans les services publics essentiels.  L’expérience récente a montré que les gouvernements ne seraient pas en mesure de fournir les services et la protection nécessaires aux personnes s’ils continuaient à travailler en vase clos.  La création d’espaces institutionnalisés de collaboration entre tous les niveaux de gouvernement et avec différentes parties prenantes fait partie de l’équation.  Certains pays ont créé des comités multiniveaux ad hoc ou d’autres formes de collaboration pour répondre à la pandémie, tout en déployant des capacités supplémentaires.  Dans une optique de renforcement de la résilience, il peut être avantageux de maintenir ces mécanismes institutionnels en mode veille, prêts à être réutilisés en cas de besoin, a-t-elle recommandé.

Sur la dégradation de l’environnement et l’incohérence institutionnelle, elle a rappelé que les objectifs environnementaux du Programme 2030 ont stagné ou se sont même détériorés dans toutes les régions et que les systèmes planétaires sont menacés.  Cette mauvaise performance est due en grande partie à des facteurs institutionnels.  Par exemple, dans la plupart des pays, il n’y a pas de rôle de leadership clair assigné à un ministère ou département gouvernemental spécifique pour la coordination entre les institutions, a-t-elle noté en soulignant les difficultés particulières dans les systèmes fédéraux.  Mme Fraser Moleketi a aussi observé que les conflits politiques sont fréquents lors de l’allocation des ressources et que les changements sont difficiles à mettre en place même lorsqu’il y a une forte volonté politique.  De plus, les limites des écosystèmes et les accords de financement institutionnel sont souvent mal alignés sur les juridictions nationales, a-t-elle regretté. 

Abordant ensuite la technologie et les modèles hybrides de prestation de services publics pour ne laisser personne de côté, elle a noté que le développement rapide de la science et de la technologie a créé les conditions préalables à une réduction potentielle des inégalités socioéconomiques, notamment en réduisant le temps et le coût pour les citoyens d’accéder aux services.  Elle a donné l’exemple de l’apprentissage en ligne et de l’éducation numérique dans les écoles, comme en témoignent les solutions matérielles et logicielles proposées pendant la pandémie.  Mais l’accès reste problématique puisque quelque 3 milliards de personnes n’ont pas accès à Internet.  Ceux qui n’ont pas facilement accès à la technologie risquent d’être encore plus laissés pour compte, a-t-elle mis en garde.  Selon elle, les modèles hybrides de prestation de services publics devraient être considérés comme une solution par défaut afin de ne laisser personne de côté.

Passant à la gestion des finances publiques en temps de crise, le Conseil a convenu qu’il était nécessaire d’améliorer la coordination et le suivi efficace des réponses à la pandémie par les organisations internationales et régionales.  Il a été demandé des efforts accrus pour élaborer et adopter des normes et standards internationaux sur la gestion des plans de relance budgétaire et la politique budgétaire en temps de crise, en particulier pour garantir des niveaux adéquats de transparence, de responsabilité et de participation.  Préparer la main-d’œuvre du secteur public aux défis à venir est pour cela essentiel, a estimé Mme Fraser-Moleketi en recommandant aussi une sensibilisation aux ODD.

M. DARÍO JOSÉ MEJÍA MONTALVO, Politologue à l’Université nationale de Colombie et Président de la vingt et unième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a indiqué que ce forum a mené en 2022 une série de dialogues régionaux centrés sur la reconstruction post-COVID-19.  Ces dialogues, a-t-il dit, ont donné aux peuples autochtones la possibilité de faire part de leurs préoccupations et des défis auxquels ils sont confrontés, notamment les campagnes de vaccination et la prise en charge des questions de terres et de sécurité.  Selon M. Montalvo, il a aussi été question des mesures économiques prises par les gouvernements, dont bon nombre ont accentué les violations des droits humains à l’encontre des peuples autochtones.  Il a d’autre part estimé que les difficultés d’accès aux services de santé, les inégalités sociales et l’absence d’infrastructure et d’éducation numérique renforcent les désavantages dont souffrent ces peuples.  De surcroît, les plans de développement menacent souvent leurs terres ancestrales, au point que certains peuples autochtones se retrouvent menacés d’expropriation.  Rappelant que ces peuples ont exhorté les États à garantir leur droit à l’autodétermination, il a souligné l’importance de disposer de données ventilées les concernant afin de mettre en valeur leurs besoins et défis, conformément à l’ODD 17.  Il a également appelé à une plus grande participation des peuples autochtones aux plans de reprise, avant de souhaiter que leurs contributions dans la mise en œuvre des ODD apparaissent dans les documents finaux des forums politiques de haut niveau.  Enfin, il a encouragé les États à inclure ces questions dans leurs examens nationaux volontaires afin de déterminer les efforts consentis en vue de la réalisation du Programme 2030.  

Dialogue interactif

À la suite de ces exposés, la parole a été donnée aux délégations.  Se félicitant de la tenue de ce dialogue, le représentant de l’Italie a noté que les organes liés à l’ECOSOC constituent le principal atout du Conseil en tant que plateforme pour l’échange d’idées et la prise de décisions en vue de la réalisation du Programme 2030.  Il a toutefois constaté que le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les ODD en raison des différentes crises et de leurs répercussions régionales et mondiales.  Les orientations de l’ECOSOC sont donc essentielles pour aider les États à progresser.  À cet égard, il a indiqué que les négociations sur la déclaration du forum politique de haut niveau « avancent bien », ce qui reflète selon lui l’envie qu’ont les États Membres de relever les défis liés au Programme 2030, en dépit des différentes crises qui les frappent. 

La représentante de la République tchèque a souhaité que, dans le cadre des travaux de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires, une place plus grande soit accordée aux groupes marginalisés, qui sont les premiers touchés par les différentes crises.  Il importe aussi d’assurer la pleine participation des femmes et de veiller à ce que tous aient accès à une éducation de qualité, a-t-elle plaidé.  En tant que membre de la Commission de la statistique, elle a d’autre part souligné l’importance des données fiables et comparables, en particulier des données ventilées.  Elle a, enfin, appelé l’ECOSOC et ses organes subsidiaires à s’intéresser davantage aux liens entre les différents ODD, lesquels peuvent aider à atteindre les transformations souhaitées. 

Le représentant de l’Union européenne a, pour sa part, plaidé pour une approche systémique en vue de réaliser les ODD.  À ses yeux, le système de l’ECOSOC et les États membres doivent préserver l’élan imprimé par le forum politique de haut niveau.  Il a également estimé que les commissions techniques et les organes subsidiaires du Conseil ont un rôle important à jouer, notamment pour intégrer les questions de genre et les traduire dans des mandats concrets.  D’une façon générale, leurs contributions devraient être davantage prises en compte car elles seront essentielles pour le sommet sur les ODD de 2023, a-t-il relevé. 

Le représentant de l’Indonésie a, lui aussi, appelé à tirer davantage parti de l’ECOSOC dans le cadre de la reprise.  Les pays ne peuvent agir seuls, a-t-il dit, avant de rappeler que la crise de la COVID-19 a considérablement perturbé l’avancement vers les ODD, qui était déjà en mauvaise voie avant la pandémie.  Ce n’est qu’en nous relevant ensemble que nous pourrons éviter les crises futures, a-t-il insisté, non sans préciser que ce thème est celui qu’a retenu son pays pour sa présidence du G20. 

De son côté, le représentant de la Colombie a souhaité que l’ECOSOC continue d’intégrer les questions de genre dans ses recommandations et qu’il s’appuie à cette fin sur des données ventilées.  Selon lui, la pandémie a montré que la santé des personnes dépend de celle des écosystèmes, ce qui implique d’adopter des approches globales sur le plan environnemental.  Il faut aussi relever les défis liés à la dette et à l’organisation de l’espace budgétaire, a-t-il ajouté, appelant à revoir les critères des agences de crédit.  Il s’est également dit favorable aux demandes des pays à revenu intermédiaire, avant d’espérer que le système de cartographie voulu par le Secrétaire général bénéficiera d’un large appui dans le cadre d’une stratégie de long terme. 

Pour la représentante de la Thaïlande, l’ECOSOC doit demeurer la principale plateforme d’échanges et d’opinions pour la réalisation des ODD.  À cette fin, elle a souhaité que les interactions entre le Conseil et ses organes subsidiaires fonctionnent dans les deux sens.  Sur le fond, elle a plaidé pour que les groupes les plus vulnérables soient au centre des politiques de transformation et que les plans de reprise incorporent les questions de genre sous tous leurs aspects.  Enfin, elle a estimé que les partenariats avec les institutions financières internationales et les groupes régionaux sont essentiels pour s’assurer que l’ECOSOC contribue efficacement à une reconstruction résiliente. 

En réponse à ces observations, la Cheffe du Bureau de New York de la CNUCED a estimé que le monde ne pourra se relever de la crise du coût de la vie s’il ne s’attaque pas à la crise financière.  Appelant à un soutien urgent aux pays en développement, notamment pour le renforcement de leurs capacités techniques, elle a noté que des recommandations sur des politiques intégrées ont été présentées aux organes subsidiaires de l’ECOSOC.  Face à la crise multidimensionnelle, il est essentiel de protéger les plus vulnérables, a-t-elle ajouté, avant de constater un tarissement de cette aide: « Il y a une forte demande et peu de ressources .» 

Le Président de la vingt-quatrième session du Comité des politiques de développement a, lui, mis l’accent sur la situation des pays à revenu intermédiaire, notamment en Amérique latine.  Pour ces pays, il a jugé crucial que soient adoptées des politiques industrielles pertinentes.  Il a également constaté que le traitement du problème de la dette est incontournable.  Toutefois, il a invité à tenir compte des différences de points de vue: certains pays ont besoin d’un allégement tandis que d’autres réclament une restructuration de leur dette sans allègement, a-t-il expliqué.  Il a par ailleurs rappelé que son Comité assure le suivi des processus de reclassement des PMA et formule à ce sujet des recommandations à l’endroit de l’ECOSOC.  Ces pays, a-t-il dit, jouissent de capacités limitées et ont donc besoin d’un plus large soutien sur le plan industriel. 

Revenant aux questions environnementales, le Directeur du Bureau de New York du PNUE a constaté que les objectifs dans ce domaine accusent un grave retard et que la pandémie de COVID-19 a endigué les progrès en matière de lutte contre les changements climatiques.  C’est pourtant une question centrale car les plus durement frappés sont les pays pauvres et les communautés marginalisées, a-t-il souligné, avant de souligner l’importance d’une transition sobre en carbone, « plus encore aujourd’hui qu’avant la pandémie ». 

La Présidente de la vingt et unième session du Comité d’experts de l’administration publique a insisté sur le rôle de coordonnateur de l’ECOSOC à l’égard de questions qui se posent à l’échelon infranational, en particulier celle de la gouvernance en matière de développement durable.  Selon elle, les travaux menés par son comité dans le cadre des examens nationaux volontaires ont montré la nécessité d’avoir des institutions publiques robustes pour parvenir aux ODD.  Notant à cet égard que l’ODD 16 est transversal à tous les travaux du Comité, elle a indiqué que ces derniers constituent un « laboratoire institutionnel » pour la mise en œuvre du Programme 2030 et une reprise plus juste et plus verte. 

À la suite du débat sur la coordination, cette table ronde joue un rôle important pour permettre des synergies en matière d’action politique, s’est réjouie la Présidente de la soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme.  Elle a cependant relevé que, contrairement à la discussion de ce jour, le segment sur la coordination n’avait donné lieu à aucune intervention sur le rôle central des femmes et des filles dans le cadre de la reprise.  Or il faut non seulement que les plans de relèvement soient axés sur les plus vulnérables mais aussi qu’ils intègrent les questions de genre, a-t-elle fait valoir, jugeant cette approche essentielle pour tous les objectifs de développement durable, en particulier les ODD 5 et 16. 

À son tour, la Secrétaire exécutive de la CESAP a rappelé que les ODD étaient mal engagés avant même la pandémie, en particulier dans les pays en développement.  Avec la multiplication des conflits et des crises, la situation s’est encore dégradée, a-t-elle observé, avant de noter que cette discussion témoigne d’une préoccupation commune pour les groupes marginalisés.  Elle a aussi relevé que le besoin de financement se fait aujourd’hui plus pressant pour les pays en développement, dont bon nombre font aussi face à un risque croissant lié à leur dette.  Dans ce contexte, elle s’est félicitée de la reconnaissance par les délégations du rôle joué par la collaboration régionale, notamment dans le renforcement des capacités des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement (PEID).  Elle a souhaité qu’il soit tiré parti de cet élan en s’alignant sur les propositions de « Notre Programme commun ». 

Moins optimiste, le Président de la vingt et unième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones a constaté qu’à l’approche de la date butoir de 2030, les peuples autochtones continuent d’être les laissés-pour-compte du développement durable.  Pourtant, ces peuples ont une « longueur d’avance » pour ce qui concerne la protection de la nature et de la biodiversité, a-t-il souligné, souhaitant que le débat sur la transition énergétique et le financement de la transformation soit aussi l’occasion de prévenir l’aggravation des injustices et des inégalités à leur encontre.  Rappelant les engagements pris par les États lors du forum politique de haut niveau de 2021 en faveur de stratégies de protection sociale et de lutte contre la dégradation de l’environnement, il a plaidé pour un « nouveau contrat social » qui donne accès aux ressources et à la justice pour tous, en veillant à ne laisser personne de côté, en particulier les peuples autochtones. 

Concluant cette table ronde, la Vice-Présidente de l’ECOSOC a annoncé que la prochaine réunion du Conseil se tiendra le 20 juin et sera consacrée à la transition de l’aide d’urgence au développement.  Elle sera suivie par un débat sur les questions humanitaires organisé du 21 au 23 juin. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC entame son débat de deux jours consacré à la gestion et adopte une série de recommandations de ses organes subsidiaires

20e et 21e séances plénières,
matin & après-midi
ECOSOC/7087

L’ECOSOC entame son débat de deux jours consacré à la gestion et adopte une série de recommandations de ses organes subsidiaires

Le « débat consacré à la gestion » du Conseil économique et social (ECOSOC), qui se tient sur deux jours, a permis d’examiner aujourd’hui les rapports de 12 de ses organes subsidiaires et d’adopter les décisions et résolutions y afférentes, dont celle sur les « Dimensions sociales du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » qui prie notamment les gouvernements africains d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée (2016-2030).  Les partenaires de développement y sont invités à continuer de soutenir les efforts que font les pays d’Afrique pour renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé. 

L’autre résolution adoptée par l’ECOSOC sur recommandation de la Commission du développement social a trait au « Relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour les moyens de subsistance, le bien-être et la dignité pour tous: éradiquer la pauvreté et la faim sous toutes ses formes et dimensions pour réaliser le Programme 2030 ».  Elle demande notamment aux États Membres et, s’il y a lieu, aux organisations internationales compétentes, de mener des politiques et programmes visant à réduire et à éliminer la mortalité et la morbidité évitables (car dues à la malnutrition) des enfants de moins de 5 ans.  Les États Membres sont aussi invités à diffuser le guide technique élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Au total, ce sont 6 résolutions et 11 décisions qui ont été adoptées ce matin au cours de la séance présidée par la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie) et au cours de laquelle les intervenants s’exprimaient avec des interventions soit de la salle soit par visioconférence.  L’après-midi était consacrée à l’examen de la mise en œuvre et du suivi des grandes conférences des Nations Unies dont la Conférence internationale sur le financement du développement, et au Programme d’action pour les pays les moins avancés pour la décennie 2022-2031 (Programme d’action de Doha). 

À ce sujet, dans la matinée, la Vice-Présidente de la vingt-quatrième session du Comité des politiques de développement, qui présentait le rapport de cette session, avait expliqué que son comité s’était concentré notamment sur les impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 sur les pays les moins avancés (PMA).  Pour relever les défis de ces pays de manière simultanée, il importe que les politiques industrielles contribuent au renforcement des infrastructures de production, a-t-elle préconisé, avant de constater des progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) au vu des examens nationaux volontaires présentés en 2021.  Un effort notable est observé dans la lutte contre les inégalités et la protection de l’environnement, mais des lacunes subsistent s’agissant du potentiel transformateur, a noté Mme Sakiko Fukuda-Parr.  En ce qui concerne les PMA, le Comité suit ceux qui ont été reclassés ou qui sont en passe de l’être, et il est préoccupé par les capacités limitées de ces pays pour faire face aux différents défis, notamment la soutenabilité de leur dette, a souligné la Vice-Présidente du Comité en appelant de ses vœux une stratégie de transition « en douceur » ainsi qu’un meilleur suivi du reclassement. 

Les activités du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS) s’inscrivent dans la même voie.  En effet, ses membres ont reconnu les limites du PIB en tant que seul indicateur du progrès et du bien-être social, poussant le CCS à examiner les effets qu’auraient des mesures autres que le PIB sur le suivi et la réalisation d’une reprise équitable et inclusive après la pandémie de COVID-19 et la réalisation du Programme 2030.  En conséquence, le CCS a chargé le Comité de haut niveau sur les programmes d’élaborer une contribution à l’échelle du système des Nations Unies qui va au-delà du PIB. 

L’ECOSOC a également pris note des rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.  Le Directeur du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a salué la décision de l’Assemblée pour l’environnement de convoquer un comité intergouvernemental de négociation pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin, au cours du second semestre 2022, avec l’ambition d’achever ses travaux d’ici à fin 2024.

En fin de séance, l’ECOSOC a procédé à des élections par acclamation pour pourvoir des postes vacants au sein des conseils d’administration du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS, ainsi que d’ONU-Femmes.

L’ECOSOC poursuivra les travaux de son débat consacré à la gestion demain, jeudi 9 juin, à 10 heures.

QUESTIONS ÉCONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES

Statistiques

Le Vice-Président de la cinquante-troisième session de la Commission de statistique, M. Georges-Simon Ulrich (Suisse), a présenté le rapport (E/2022/24) de ladite session, dont l’ECOSOC a pris note en adoptant la résolution proposée au chapitre I, qui demande de veiller à ce que les travaux dans le domaine des statistiques et des données soient adaptés aux évolutions de l’écosystème statistique.  Par ce texte, l’ECOSOC prie notamment la Commission de statistique, avec l’appui de la Division de statistique qui en assure le secrétariat, de jouer le rôle de forum de haut niveau pour les délibérations, les échanges de connaissances et la mise en commun des pratiques optimales en matière de statistiques et de données.

De même, l’ECOSOC a pris une décision pour entériner l’ordre du jour provisoire et les dates de la cinquante-quatrième session de la Commission. 

Après l’adoption de la résolution, l’Inde a réitéré ses réserves quant à l’approche scientifique suivie pour évaluer la mortalité excédentaire liée à la pandémie de COVID-19.  Jugeant que les résultats obtenus par la Commission manquent de fiabilité, elle a regretté que lors des consultations de pays, seuls 113 de ces derniers aient désigné des points focaux.  Elle a également déploré qu’il n’ait pas été tenu compte des dispositifs existants de dépistage dans la méthodologie.  Sur cette base, elle a estimé que la résolution ne répond pas aux préoccupations qu’elle avait exprimées lors de la session. 

COORDINATION, PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS

Intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes du système des Nations Unies

La Directrice de la Division de la coordination d’ONU-Femmes, Mme Aparna Mehrotra, a présenté le rapport du Secrétaire sur l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes du système des Nations Unies (E/2022/62).

Ce rapport se concentre sur les efforts déployés au sein du système des Nations Unies pour renforcer l’intégration des questions de genre et l’égalité des sexes dans les activités opérationnelles, la mise en œuvre de l’approche intégrée du cadre de responsabilisation pour l’égalité entre les sexes, et l’ONU-SWAP (Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies) au niveau des entités onusiennes et des équipes pays de l’ONU. 

La pandémie en cours continue de faire des ravages qui affectent plus les femmes et les filles, a noté Mme Mehrotra, en citant notamment l’augmentation de la violence à l’égard des femmes et des mariages précoces, alors que l’emploi des femmes a diminué.  Selon le Forum économique mondial, il faudra maintenant plus de 13 décennies pour combler l’écart entre les sexes dans le monde.

Par conséquent, le système des Nations Unies a continué de se concentrer sur la production de données solides pour éclairer des réponses sensibles au genre à la suite de la COVID-19.  ONU-Femmes, en partenariat avec le Département des affaires économiques et sociales (DESA), les gouvernements et d’autres partenaires, a mené des enquêtes d’évaluation rapide sur le genre dans plus de 70 pays.  Les résultats ont confirmé qu’alors que les femmes et les filles ont subi de manière disproportionnée les impacts socioéconomiques de la pandémie, elles ont reçu beaucoup moins d’aide ou de protection sociale contre la COVID-19.

Parmi d’autres initiatives inter-institutions dans ce contexte, une menée par ONU-Femmes et le PNUD a permis de mettre en place un outil mondial de suivi des réponses sexospécifiques aux mesures politiques en cas de pandémie qui a été adopté par les gouvernements.  Il y a également eu une note technique sur l’intégration des perspectives de genre dans la réponse des équipes de pays des Nations Unies à la COVID-19 et, en partenariat avec l’Organisation mondiale du tourisme, la mise en place de lignes directrices pour les secteurs public et privé comme le secteur du tourisme. 

Mme Mehrotra a ensuite passé en revue une série d’avancées dans l’intégration d’une perspective de genre dans les activités opérationnelles du système des Nations Unies.  Pour ce qui est des domaines où des progrès sont possibles et nécessaires, elle a parlé de la couverture universelle par le tableau de bord UNCT-SWAP.  Elle a aussi indiqué qu’ont été renforcés les groupes thématiques sur le genre au niveau des pays ainsi que les capacités de programmation et l’application du marqueur d’égalité des sexes par les équipes de pays. 

Enfin, une enquête du système des Nations Unies sur l’architecture de genre des entités a révélé que 49% des entités ayant répondu ont noté une extension des attributions des unités de genre pour inclure des programmes plus larges, mais la plupart du temps sans que cela s’accompagne d’allocation de ressources proportionnellement plus importantes.  Cela entraîne une dilution des ressources pour l’intégration d’une perspective de genre et de la parité et cette tendance doit être contrée par une plus grande concentration des ressources suffisantes sur ces questions, a conclu Mme Mehrotra.

Examen conjoint des points suivants de l’ordre du jour

Point 12: Prise en compte des questions de genre dans l’ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies -(E/2022/62)

Point 18: Questions économiques et environnementales: Femmes et développement

Point 19: Questions sociales et questions relatives aux droits humains: Promotion des femmes (E/2022/27), (A/77/38)

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Promotion de la femme

La Présidente de la soixante-seizième session de la Commission de la condition de la femme, Mme Mathu Joyini (Afrique du Sud), a fait le point sur les travaux de la Commission dont elle a présenté le rapport (E/2022/27).  Conformément à son programme de travail pluriannuel, la Commission a considéré son thème prioritaire « Réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles dans le contexte des politiques et programmes relatifs aux changements climatiques, à l’environnement et à la réduction des risques de catastrophe ».  Ce thème prioritaire, qui reconnaît que l’inégalité entre les sexes associée aux changements climatiques, à la dégradation de l’environnement et aux catastrophes pose un défi pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a permis de formuler des recommandations politiques à l’intention des gouvernements et d’autres parties prenantes, notamment pour le renforcement des cadres normatifs, juridiques et réglementaires et pour l’intégration des perspectives de genre dans les politiques et programmes de réduction des risques liés aux changements climatiques, à l’environnement et aux catastrophes et l’élargissement de la finance sensible au genre. 

Les conclusions concertées ont envoyé un message important sur l’impératif de mettre pleinement en œuvre les engagements et obligations existants en ce qui concerne la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles et la jouissance pleine et égale de leurs droits humains et libertés fondamentales, sans discrimination aucune.  Ils ont également souligné le rôle essentiel que jouent les femmes dans les interventions en cas de catastrophe et les efforts de rétablissement liés à la COVID-19. 

La Présidente de la Commission a annoncé que les conclusions concertées répondent directement à la demande exprimée par l’Assemblée générale dans sa résolution 72/305.  Ces conclusions concertées apportent une contribution importante aux travaux de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau pour le développement durable, a estimé la Présidente qui a également indiqué que la Commission a revu ses méthodes de travail et formulé une recommandation en ce sens.  À la suite de négociations fructueuses, la Commission a adopté deux projets de résolution pour les soumettre au Conseil pour examen, et qui figurent dans son rapport.

L’ECOSOC a ainsi adopté sans vote la résolution 1 qui porte sur « l’Organisation future et méthodes de travail de la Commission de la condition de la femme ».  En vertu de ce texte, la Commission examinera notamment des questions nouvelles, les tendances, les domaines d’intervention et les approches novatrices en vue d’aborder les problèmes ayant une incidence sur la situation des femmes et des filles.  L’ECOSOC invite en outre tous les États membres à faire véritablement intervenir les organisations de la société civile et les autres parties prenantes concernées dans les processus préparatoires des travaux de la Commission, notamment en envisageant d’organiser avec elles des consultations au niveau national sur le thème prioritaire et le thème de l’évaluation.

Il a adopté de même la résolution 2 relative au « Trentième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes ».  L’ECOSOC, parmi les dispositions de ce texte, prie la Commission de la condition de la femme d’arrêter, à sa soixante-neuvième session, son futur programme de travail pluriannuel.

Enfin, il a adopté la décision sur le « Rapport de la Commission de la condition de la femme sur les travaux de sa soixante-sixième session et ordre du jour provisoire et documentation de la soixante-septième session de la Commission ». 

En outre, l’ECOSOC a pris note du rapport (A/77/38) des travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes pour ses soixante-dix-neuvième, quatre-vingtième et quatre-vingt-unième sessions.

Le développement social

M. DANIELA BAS, Directrice de la Division de l’inclusion et du développement social au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’application des objectifs de l’Année internationale de la famille et de ses processus de suivi (A/77/61-E/2022/4) qui, face aux bouleversements engendrés dans les familles par la COVID-19, recommande un appui aux parents qui travaillent, un aménagement des conditions de travail, un effort mondial en matière de connectivité et un développement des compétences numériques des membres de la famille. 

Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF, (Argentine), Présidente de la soixante-sixième session de la Commission du développement social, a pour sa part présenté les conclusions du rapport de ladite session de la Commission du développement social (E/2022/26) en soulignant l’importance du multilatéralisme dans les mesures de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans le contexte de la pandémie.  Elle a précisé que, lors de cette session, la Commission a adopté deux projets de résolution pour approbation par l’ECOSOC.  Selon elle, il est de la responsabilité de la Commission d’assurer le suivi de la Déclaration de Copenhague sur le développement social à la lumière des défis actuels et des besoins des plus vulnérables. 

L’ECOSOC a ensuite adopté les deux résolutions recommandées.

La résolution I intitulée « Dimensions sociales du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » contient 60 paragraphes dans son dispositif.  Elle prie notamment les gouvernements africains d’accélérer la mise en œuvre de la Stratégie africaine pour la santé révisée (2016-2030).  L’ECOSOC engage en outre les partenaires de développement à continuer de soutenir les efforts que font les pays d’Afrique pour renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé.

La résolution II est intitulée « Relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour les moyens de subsistance, le bien-être et la dignité pour tous: éradiquer la pauvreté et la faim sous toutes ses formes et dimensions pour réaliser le Programme 2030 ».  L’ECOSOC demande notamment aux États Membres et, s’il y a lieu, aux organisations internationales compétentes, de mener des politiques et programmes visant à réduire et à éliminer la mortalité et la morbidité évitables, car dues à la malnutrition, des enfants de moins de 5 ans.  À cet égard, il les engage vivement à diffuser le guide technique élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé.

Le Conseil a par ailleurs suivi les recommandations de la Commission en adoptant deux décisions.  La première précise le thème prioritaire de la soixante-et-unième session de la Commission du développement social: « créer des conditions décentes pour accélérer le relèvement post-COVID-19 et la pleine application du Programme 2030 »; la seconde prend note du rapport de la Commission lors de sa soixantième session ainsi que de l’ordre du jour provisoire et de la documentation de sa soixante-et-unième session. 

Les stupéfiants

Le Président de la soixante-cinquième session de la Commission des stupéfiants, M. Ghislain D’Hoop (Belgique), a présenté le rapport de la Commission des stupéfiants (E/2022/28) sur cette session qui s’est tenue du 14 au 18 mars 2022 dans un format hybride, à la fois en personne et en ligne via une plateforme événementielle personnalisée.  Malgré les défis persistants posés par la pandémie de COVID-19, la session a réuni plus de 1 300 participants représentant 132 États Membres, 7 organes et agences des Nations Unies, 16 organisations intergouvernementales et 80 organisations non gouvernementales.  La Commission a adopté quatre résolutions portant sur un large éventail de sujets, ainsi que six décisions.  Les résolutions adoptées abordent différents aspects du problème mondial des stupéfiants, a expliqué le Président, tels que les liens entre le trafic illicite de drogues et le trafic illicite d’armes à feu ou encore le détournement de produits chimiques non classifiés.

La prochaine réunion intersessions de la Commission se tiendra le 28 juin 2022, a annoncé M. D’Hoop qui a invité à commémorer avec la Commission des stupéfiants la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues.  Lors de cette manifestation, le Rapport mondial sur les drogues 2022 sera lancé.  Ce rapport annuel présente un aperçu des tendances actuelles sur les marchés mondiaux des stupéfiants et les dernières informations sur la consommation, la production et le trafic de drogue.  En 2022, il analysera également des questions telles que l’impact de la pandémie de COVID-19, la relation entre les drogues et les conflits, et l’impact des drogues sur l’environnement, a précisé le Président de la Commission.

M. D’Hoop a ensuite fait le point sur le travail des organes subsidiaires de la Commission des stupéfiants en particulier sur les réunions des « HONLEA » –les chefs des services chargés au plan national de la lutte contre le trafic illicite des drogues pour l’Europe, l’Afrique, l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine et les Caraïbes– et de la Sous-Commission sur le trafic illicite de drogues et les questions connexes au Proche et au Moyen-Orient.  Ces réunions rassemblent des experts de ces régions pour des discussions interactives sur la politique et les problèmes d’application dans leurs régions ainsi que sur les mesures recommandées pour relever ces défis.  En raison de la volatilité de la situation de la COVID-19 dans le monde, les réunions 2021 des organes subsidiaires de la Commission des stupéfiants se sont tenues en ligne.  La prochaine réunion se tiendra à nouveau en personne entre septembre et novembre 2022, a annoncé le Président de la Commission.

L’ECOSOC a ensuite adopté les deux projets de décisions qui lui ont été recommandés par la Commission des stupéfiants et qui portent respectivement sur le « Rapport de la Commission des stupéfiants sur les travaux de sa soixante-cinquième session et ordre du jour provisoire de sa soixante-sixième session » et sur le « Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants ».  Ces deux projets de textes figurent dans le rapport de la Commission.

Mme JAGJIT PAVADIA, Présidente de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), a présenté le rapport annuel 2021 de l’organe technique en précisant qu’il contient des recommandations aux États membres, aux Nations Unies et aux autres organisations internationales et régionales sur la base de l’examen de la mise en œuvre des trois conventions internationales relatives au contrôle des drogues.  À cette aune, elle a constaté que, bien que certains progrès aient été accomplis, il existe encore d’importants déséquilibres s’agissant de la consommation de stupéfiants et de substances psychotropes à des fins licites.  Dans son chapitre II, a-t-elle indiqué, le rapport relève notamment que la quasi-totalité de la consommation des analgésiques opioïdes restent concentrée dans les pays développés d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie.  À l’autre extrême, les régions les moins consommatrices du monde comprennent l’Afrique, l’Amérique centrale et les Caraïbes, ainsi que l’Asie du Sud, de l’Est et du Sud-Est.  En 2020, 82,6% de la population mondiale, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, n’ont consommé que 17% de la quantité totale de morphine utilisée pour la gestion de la douleur, a souligné la Présidente de l’OICS.  De plus, alors que certaines substances psychotropes sont indispensables au traitement de l’anxiété et de l’épilepsie, leur disponibilité est encore limitée dans les pays à revenu élevé, indépendamment du fait qu’un nombre beaucoup plus élevé d’habitants de pays à revenu faible ou intermédiaire vivent avec ces conditions. 

Le rapport 2021 réitère le besoin urgent d’augmenter les niveaux de consommation et d’améliorer la prescription et l’utilisation des antalgiques opioïdes à des fins médicales, a poursuivi Mme Pavadia, qui a appelé à des politiques ciblées, avec le soutien des gouvernements, des systèmes de santé, de la société civile, de l’industrie pharmaceutique et de la communauté internationale.  Elle a d’autre part noté que la pandémie de COVID-19 et les crises humanitaires récentes ont démontré la nécessité de veiller à ce que la disponibilité et l’accès à des médicaments s’étendent aux situations d’urgence.  En collaboration avec des partenaires, parmi lesquels l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’OICS a sensibilisé sur la possibilité d’appliquer des procédures simplifiées de contrôle à l’exportation et de fourniture de médicaments sous contrôle dans les situations d’urgence. 

Évoquant ensuite les flux financiers illicites liés au trafic de drogue et leur impact sur le développement et la sécurité, Mme Pavadia a indiqué qu’en raison de ces flux, générateurs de corruption, de violence, d’instabilité et de recul du développement, l’Afrique perd environ 88,6 milliards de dollars, soit 3,7% de son PIB, chaque année, soit presque l’équivalents de l’aide au développement et de l’investissement étranger direct.  Elle a donc encouragé l’ECOSOC à prendre en compte cette question dans l’examen des priorités de développement.  La Présidente de l’OICS a également rappelé que l’utilisation d’alternatives à la condamnation et la peine peuvent faire partie intégrante d’une politique en matière de drogue fondée sur les droits humains, avant de regretter que des lacunes importantes existent dans le contrôle; au niveau national, de la fabrication, du commerce et de la distribution, y compris via Internet, de précurseurs chimiques.  Elle a ajouté que le Programme mondial d’interception rapide des substances dangereuses (GRIDS) de l’OICS renforce la capacité des États Membres à prévenir le trafic de nouvelles substances psychoactives et d’opioïdes de synthèse non médicaux, en étroite collaboration avec l’ONUDC, l’Union postale universelle (UPU), l’OMD et d’autres organisations internationales et régionales. 

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Population et développement

Le rapport de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquante-cinquième session, tel qu’il figure dans le document E/2022/25, a été présenté par M. Enrique Manalo (Philippines) qui présidait cette session.  Il a indiqué que la Commission a pu adopter par consensus sa résolution qui figure dans son rapport.

La Commission a aussi décidé de revenir à un cycle quinquennal pour évaluer la mise en œuvre du programme d’action de la Commission de la population et du développement.  Cette année le Bureau a organisé une réunion multipartite pour promouvoir ce programme d’action ainsi que les objectifs de développement durable 4 et 5, a précisé M. Manalo. 

L’ECOSOC a ensuite adopté deux décisions sur recommandation de la Commission et qui portent respectivement sur le « Rapport de la Commission de la population et du développement sur les travaux de sa cinquante-cinquième session et l’ordre du jour provisoire de cinquante-sixième session » et le « Cycle d’examen et d’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement ».

Le développement durable

Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, Vice-Présidente de la vingt-quatrième session du Comité des politiques de développement, a présenté le rapport (E/2022/33) de cette session, qui s’est notamment concentrée sur les impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 sur les pays les moins avancés (PMA).  Pour relever les défis de ces pays de manière simultanée, il importe que les politiques industrielles contribuent au renforcement des infrastructures de production, a-t-elle préconisé, avant de constater des progrès en matière d’avancée vers les ODD au vu des examens nationaux volontaires présentés en 2021.  Un effort notable est observé dans la lutte contre les inégalités et la protection de l’environnement mais des lacunes subsistent s’agissant du potentiel transformateur, a noté Mme Fukuda-Parr.  Pour ce qui concerne les PMA, le Comité suit ceux qui ont été reclassés ou qui sont en passe de l’être.  À cet égard, il est préoccupé par les capacités limitées de ces pays pour faire face aux différents défis, notamment à la soutenabilité de leur dette, a souligné la Vice-Présidente en appelant de ses vœux une stratégie de transition « en douceur » ainsi qu’un meilleur suivi du reclassement. 

Lors de la discussion sur ce rapport, le Bhoutan a salué les recommandations qui concernent les PMA, précisant que lui-même se prépare au reclassement.  Il s’est félicité que le Comité appelle à utiliser des politiques industrielles basées sur des faits afin de prévenir une inversion des procédures de reclassement.  Pour la délégation, il est essentiel d’appuyer les efforts consentis par les PMA pour accélérer la réalisation des ODD, ce qui passe par un soutien au Programme d’action de Doha.  Mais il faut aussi que la communauté internationale s’emploie à rendre le reclassement irréversible, a-t-elle plaidé, estimant que ce processus doit être vécu comme un succès par les pays concernés et non comme un « châtiment ».

Le Chili s’est félicité que, dans son suivi des pays reclassés ou en cours de reclassement, le Comité ait fait usage de trois critères qui tiennent compte des désavantages structurels des intéressés.  Cette démarche tient compte de la dimension multidimensionnelle du développement et ne s’appuie pas exclusivement sur le PIB, a-t-il applaudi. 

La Colombie a noté que le Comité rassemble l’expertise du système des Nations Unies pour examiner les progrès dans les procédures de reclassement.  À cet égard, elle a salué le fait que, dans ses décisions, le Comité ait donné la priorité à des mesures allant au-delà de la seule appréciation du PIB.  Il est crucial, selon elle, de continuer à fournir une assistance aux pays en situation particulière, en particulier aux pays à revenu intermédiaire. 

La Vice-Présidente du Comité a répondu à ces interventions en réaffirmant que son instance continuera à déployer des efforts pour soutenir une transition « en douceur » des PMA.  Elle a cependant fait valoir que le reclassement est un processus à étapes multiples et non un événement unique.  Elle a ajouté que le Comité continuera à analyser les examens nationaux volontaires dans le cadre du développement durable à la lumière du Sommet sur les ODD prévu l’an prochain.  Notre travail ne se limite pas aux PMA, a-t-elle encore relevé, rappelant que le Comité analyse également les politiques de développement, ce qui s’applique à tous les pays.  Des questions comme la transition juste et la reconstruction en mieux représentent des défis universels, a-t-elle affirmé.  

L’ECOSOC a ensuite adopté la décision intitulée « Rapport du Comité des politiques de développement lors de sa vingt-quatrième session » (E/2022/L.10), présenté par la Vice-Présidente de l’ECOSOC sur la base de consultations informelles.

Administration publique et développement

Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Présidente de la vingt-et-unième session du Comité d’experts de l’administration publique, a présenté le rapport (E/2022/44) de ladite session.  Elle a indiqué que le Comité s’est concentré sur la transformation des institutions en vue de permettre la réalisation du Programme 2030.  Parmi les messages clefs de ce rapport, elle a cité la nécessité d’avoir des institutions publiques plus robustes à tous les niveaux, mais aussi le besoin d’une volonté politique forte et d’une bonne gestion des ressources publiques.  À son avis, il sera impossible d’atteindre les ODD sans prendre en compte la situation des pauvres, qui ont été touchés plus que tout autre groupe par la pandémie de COVID-19.  De même, les mesures de reprise devraient se concentrer sur la réouverture des économies en fournissant une aide aux pays endettés, a-t-elle recommandé, avant de s’alarmer des performances médiocres des pays en matière de protection des ressources naturelles, ce qu’elle a imputé aux lacunes institutionnelles.  En effet, a-t-elle noté, il n’y a souvent pas de coordination des activités des différentes institutions et, en outre, les conflits politiques entravent régulièrement la mise en œuvre de changements.  Une distribution claire des prérogatives entre tous les niveaux de gouvernement et une responsabilité renforcée dans la gestion du capital naturel font partie de la solution, a-t-elle assuré, non sans regretter que les progrès soient ralentis par des politiques à court terme et une dépendance à l’égard d’acteurs extérieurs.  Pour les pays en situation post-conflit, la pérennisation de la paix exige aussi de bâtir des institutions sur le long terme, tout en renforçant les capacités fiscales et en adoptant des mesures de prévention des conflits, a expliqué la Vice-Présidente, qui a précisé en conclusion que les aspects institutionnels de l’ODD 16 sont reflétés dans les projets de texte recommandés à l’ECOSOC par le Comité.

Avant l’examen de ces textes, les États-Unis ont noté que le texte est contraignant, notamment dans le paragraphe 1 de son dispositif. 

L’ECOSOC a ensuite adopté la résolution contenant le rapport du Comité lors de sa vingt-et-unième session, avant d’entériner le projet de décision intitulé « Dates et ordre du jour provisoire de la vingt-deuxième session du Comité d’experts sur l’administration publique ». 

Examen conjoint des points suivants de l’ordre du jour

Point 10: Le rôle du système des Nations Unies dans l’intégration des trois dimensions du développement durable dans la mise en œuvre et le suivi de l’Agenda 2030 pour le développement durable

Point 11: Mise en œuvre et suivi des grandes conférences et sommets des Nations Unies

Point 13: Application des résolutions 50/227, 52/12B, 57/270B, 60/265, 61/16, 67/290, 68/1, 72/305 et 75/290A et B de l’Assemblée générale

Le Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, M. Gabriel Ferrero y de Loma-Osorio (Espagne), a présenté, au titre du point 11, le rapport du Comité de la sécurité alimentaire mondiale sur les principales décisions, résultats et recommandations de politique générale du Comité, qui ont été transmis dans une note du Secrétaire général figurant dans le document E/2022/49

Les conflits dans le monde menacent les efforts pour éliminer la faim et la malnutrition dans le monde, a-t-il constaté en soulignant la crise alimentaire et l’augmentation du coût de la vie déclenchée par la guerre en Ukraine.  Il ne faut ménager aucun effort et la meilleure stratégie reste la paix, a-t-il tranché.

Saluant les nombreuses initiatives qui ont été lancées au cours des derniers mois par différents États Membres, institutions et forums politiques, mobilisant les dirigeants, les finances, la politique et proposant un large éventail de réponses politiques utiles à la crise alimentaire, il a souligné les leçons de la dernière crise alimentaire et des efforts de relance de la COVID-19 plus récemment.  Ces leçons ont montré qu’une coordination politique mondiale significative et fondée sur des principes, qui écoute les voix des personnes les plus touchées et des principales parties prenantes, est vitale.  Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous résoudrons ce problème, a-t-il déclaré, en assurant que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale est prêt à soutenir ces efforts.

Passant au rapport annuel des contributions du Comité en 2021, il s’est concentré sur quatre points principaux.  Un compte rendu plus détaillé des travaux du Comité est disponible dans le rapport complet soumis à l’ECOSOC, a-t-il rappelé.  Le Comité a convoqué deux sessions extraordinaires en 2021, la quarante-septième en février qui a permis d’approuver les directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition, et la quarante-huitième en juin qui a convenu des recommandations politiques sur les « approches agroécologiques et autres approches innovantes ».

En octobre 2021, le CSA a convoqué sa quarante-neuvième session plénière, qui, entre autres, a porté sur la sécurité alimentaire et la nutrition, et leurs implications politiques.  En conséquence, le Comité travaille actuellement à l’identification des options clefs et sur des actions potentielles pour qu’il puisse remplir son mandat de manière plus efficace et réactive, compte tenu de l’élan créé par le Forum des Nations Unies sur les normes de durabilité aux niveaux mondial et national.  Ce sera l’objet d’une manifestation parallèle spéciale du forum politique de haut niveau, organisée par le Comité et le centre de coordination des systèmes alimentaires des Nations Unies, et d’une manifestation spéciale lors de la cinquantième session du Comité en octobre. 

Le Comité a examiné et mis à jour son Programme de travail pluriannuel pour 2020-2023 en mettant l’accent sur les directives volontaires sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte de la sécurité alimentaire, qui, a espéré M. Ferrero, seront convenues lors de la cinquantième session du CSA en octobre 2022.  Le Programme inclut aussi la nutrition, la réduction des inégalités pour la sécurité alimentaire et la nutrition, et les « Problèmes critiques, persistants et émergents » pour la sécurité alimentaire et la nutrition.

Répondant à une question du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur ce que fait le Comité en coopération avec d’autres processus des Nations Unies pour lutter contre la désertification notamment, et sur ses priorités pour les mois à venir, M. Ferrero a expliqué que le Comité redouble d’effort pour se connecter à d’autres mécanismes onusiens qui examinent des questions fondamentales en lien avec la sécurité alimentaire et la nutrition, comme par exemple la Convention sur la lutte contre la désertification, la directive sur la gestion responsable des pêches et des forêts, notamment à grâce aux lignes directives volontaires des COP 14 et 15.  Le Comité a pour priorité de servir au mieux les efforts visant à contrer la crise alimentaire mondiale tout en respectant son mandat et son domaine d’action spécifique.  Il crée un espace intergouvernemental qui accueille toutes les parties du système des Nations Unies et fait entendre la voix des plus concernés.  Le Comité travaille également à consolider les éléments nécessaires pour tendre à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment le deuxième, en passant des accords avec les gouvernements pour transformer les systèmes agroalimentaires.

Lui succédant, Mme Naoko Yamamoto, Présidente d’ONU-Nutrition et Sous-Directrice générale pour la couverture sanitaire universelle et les populations en meilleure santé auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a présenté le rapport d’ONU-Nutrition transmis dans une note du Secrétaire général sous la cote E/2022/48.

Elle a souligné que la santé planétaire et humaine sont interconnectées.  L’un des principaux objectifs d’ONU-Nutrition est d’aider à faire ce lien, grâce à la promotion d’une alimentation saine à partir de systèmes alimentaires durables et résilients.  L’année 2021 n’a pas été une année douce pour l’humanité, a constaté Mme Yamamoto.  Tout au long de 2021, la pandémie de COVID-19 a continué de toucher des centaines de millions de personnes dans le monde, affectant leur santé, leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et leur nutrition.  Elle a également accentué les inégalités.  L’année 2022 n’a pas mieux commencé, a-t-elle regretté, en citant le conflit russo-ukrainien et ses graves conséquences pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale.  La Fédération de Russie et l’Ukraine représentent ensemble près de 30% des exportations mondiales de blé et environ 80% des exportations mondiales de tournesol.  Les prix des denrées alimentaires ont atteint un niveau record en mars, selon la FAO. 

Avec la hausse parallèle des prix de l’énergie, les consommateurs mondiaux, et surtout les plus pauvres, en font les frais, a-t-elle souligné.  Cette situation entraînera potentiellement encore plus de personnes sous-alimentées, ce qui confirme l’importance fondamentale de continuer à travailler avec tous les partenaires pour parvenir à créer des systèmes alimentaires durables et résilients. 

2021 a été la première année complète d’activité d’ONU-Nutrition, a précisé Mme Yamamoto.  Tout au long de l’année, ses membres ont travaillé comme une force collective pour soutenir les pays et les différents processus mondiaux clefs.  Les agences des Nations Unies dans les pays ont apporté aux gouvernements un soutien stratégique et efficace ainsi qu’une assistance conjointe chaque fois que possible.  De plus, la collaboration entre les États Membres pour garantir une alimentation saine et durable et une bonne nutrition était au cœur du Sommet des Nations Unies sur le système alimentaire et de la COP26, a rappelé Mme Yamamoto.

Le Sommet de Tokyo sur la nutrition pour la croissance s’est tenu en décembre galvanisant un nombre sans précédent d’engagements de gouvernements et autres parties prenantes, a-t-elle encore rappelé.  Cette même année, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale a approuvé ses directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition.  ONU-Nutrition a soutenu ce travail, assurant une plateforme de coordination efficace permettant à l’ONU d’éclairer les négociations par des conseils techniques et fondés à l’échelle du système.  La collaboration inter-institutions de 2021 a également conduit à l’élaboration du Plan stratégique des Nations Unies pour la nutrition 2022-2030, a expliqué Mme Yamamoto.

Comme 2022 est l’Année de la nutrition de l’Union africaine, ONU-Nutrition renforcera son soutien au continent africain, a-t-elle ajouté.  Mme Yamamoto a terminé en rappelant à tous la nécessité fondamentale d’assurer deux positions éthiques pour la santé et la nutrition planétaires: l’équité et le respect de la nature et des cultures locales.

Au titre du point 13, l’ECOSOC a adopté une décision (E/2022/L.9) intitulée « Examen des commissions techniques et des organes d’experts du Conseil économique et social », présentée par sa vice-présidente.

Assistance aux États tiers touchés par l’application de sanctions

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a rappelé que, dans sa résolution 2000/32, le Conseil a réaffirmé le rôle important de l’Assemblée générale, du Conseil et du Comité de programme et de coordination dans la mobilisation et le suivi de l’aide économique de la communauté internationale et du système des Nations Unies aux États confrontés à des difficultés économiques particulières résultant de l’exécution de mesures préventives ou de mesures coercitives imposées par le Conseil de sécurité, ainsi que dans l’identification de solutions aux problèmes économiques de ces États.

Elle a informé le Conseil qu’aucun projet de texte n’a été présenté pour ce point de l’ordre du jour. 

APPLICATION ET SUIVI DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES

Suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement

L’ECOSOC a pris note du rapport (E/FFDF/2022/3) du forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement lors de sa session de 2022, y compris les conclusions et recommandations convenues au niveau intergouvernemental. 

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a précisé que la synthèse du Président de l’ECOSOC sur le forum sur le suivi du financement du développement, y compris la réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), sera publiée sous la cote E/2022/64.  Elle a ajouté que le projet de recommandation sera transmis au forum politique de haut niveau pour développement durable réunis sous l’égide de l’ECOSOC. 

Examen et coordination de la mise en œuvre du Programme d’action pour les pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020

M. SANDAGDORJ ERDENEBILEG, Chef de la coordination des politiques de suivi et du service des rapports du Bureau de la Haute Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/77/73-E/2022/53).  Il a rappelé qu’en mars dernier, la première partie de la Conférence a entériné le Programme d’action de Doha 2022-2031, lequel englobe une série de nouveaux engagements des pays les moins avancés (PMA) et des partenaires de développement.  Par ses objectifs ambitieux, a-t-il relevé, ce Programme d’action doit permettre d’œuvrer au relèvement durable des PMA, de renforcer leur résilience face aux chocs et d’aider ces pays à progresser vers une sortie de catégorie.  À ce sujet, le but du Programme d’action est que 15 PMA supplémentaires parviennent à remplir les critères d’ici à 2031, a expliqué M. Erdenebileg, selon lequel le succès du texte de Doha est tributaire de son application intégrale et en temps voulu.  À cette fin, le Bureau de la Haute Représentante s’est lancé dans cette entreprise sans tarder afin de préserver l’élan de la première partie de la Conférence, a-t-il ajouté, avant de faire état d’une réunion, la semaine prochaine, de l’ensemble des composantes du système des Nations Unies pour le développement en vue de coordonner les plans d’action des six domaines prioritaires.  

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a déclaré avoir été informée par le Secrétariat qu’un projet de texte pourrait être présenté au titre de ce sous-point.  Nous y reviendrons donc lors du débat de l’ECOSOC sur les questions de gestion en juillet, a-t-elle indiqué.

COORDINATION, PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS

Rapports des organes de coordination

La Secrétaire du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), Mme Simona Petrova, a présenté le rapport annuel 2021 du Conseil, qui figure dans le document E/2022/13Elle a fourni un aperçu de la façon dont le système des Nations Unies travaille ensemble pour exécuter les mandats intergouvernementaux. 

Sous la présidence du Secrétaire général, ce Conseil est un moteur d’intégration et de cohérence au service des États Membres.  Il s’efforce de favoriser la transformation systémique grâce à une plus grande orientation vers la performance et les résultats; de meilleures données, analyses et communications; de l’innovation et une transformation numérique; une prospective stratégique; et une culture de travail qui réduit la bureaucratie inutile et amplifie la collaboration, a expliqué Mme Petrova.  En tant que forum unique de haut niveau, le Conseil a continué de servir d’espace politique stratégique et de plateforme pour les chefs de secrétariat lorsqu’ils examinent les moyens de concilier les besoins financiers urgents à court terme à cause de la crise de la COVID-19 avec des objectifs de relance à plus long terme et leur impact sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) dans cette décennie d’action.  En 2021, la CCS et ses comités de haut niveau ont maintenu le cap en plaçant le développement durable au cœur de la relève en vue d’aider à rendre le monde plus résilient aux menaces futures et orienter les ressources des organisations respectives vers des efforts de collaboration. 

La pandémie a accéléré le changement transformationnel dans l’ensemble du système et a souligné davantage l’urgence de l’appel du Secrétaire général à un leadership de l’ONU fondé sur des principes et visionnaire et la géographie.  Ils l’ont fait en pleine conformité avec les engagements de la haute direction, élaborés par le Comité de haut niveau sur la gestion pour aider les dirigeants du système des Nations Unies à orienter la transition de leurs organisations et de leurs effectifs vers l’avenir.  Il s’agit de revigorer la culture organisationnelle en s’éloignant d’une approche descendante pour inviter un leadership proactif et inclusif, a expliqué Mme Petrova avant de passer en revue les travaux des membres du CCS en 2021, et en particulier leur réflexion ciblée sur l’évolution des causes profondes actuelles et émergentes des conflits, et sur le lien inextricable entre les conflits et la réalisation des ODD. 

Les membres du CCS ont souligné l’importance d’un engagement continu en faveur du multilatéralisme et du renforcement de la confiance, tout en identifiant les mégatendances telles que les transitions démographiques, la numérisation et les changements climatiques comme aggravant les vulnérabilités existantes.  Reconnaissant les limites du PIB en tant que seul indicateur du progrès et du bien-être social, le CCS a également examiné l’impact potentiel que des mesures autres que le PIB peuvent avoir sur le suivi et la réalisation d’une reprise équitable et inclusive après la pandémie de COVID-19 et la réalisation du Programme 2030.  En conséquence, le CCS a chargé le Comité de haut niveau sur les programmes d’élaborer une contribution à l’échelle du système des Nations Unies qui va au-delà du PIB. 

Le Groupe de travail inter-agences du Comité de haut niveau sur la gestion sur l’Intelligence artificielle (IA), formé en 2020, maintient l’élan au sein du système des Nations Unies et rassemble l’expertise technique et éthique sur l’IA de 39 entités du système afin d’améliorer la cohérence des politiques et la coordination des programmes dans ce domaine.  Le Groupe cherche à renforcer la contribution de l’IA à la réalisation des ODD et à s’assurer qu’elle soit fondée sur les droits de l’homme et qu’elle soit digne de confiance, sûre et durable. 

Tout au long de 2021, le système des Nations Unies a continué d’accélérer l’application d’outils, de techniques et de compétences modernes et a renforcé la réflexion systémique et la collaboration en vue de réponses anticipées intégrées, a poursuivi Mme Petrova.  La pandémie a poussé le système à démontrer sa capacité à changer de vitesse du jour au lendemain en utilisant principalement des outils numériques et un projet d’identification numérique des Nations Unies est actuellement en phase de conception et sera développé plus en avant en 2022.  Mme Petrova a également fait valoir de meilleures capacités d’analyse des données et de narration qui permettent au système des Nations Unies de renforcer ses politiques fondées sur des données probantes, de transformer la prise de décision, de mieux communiquer les impacts et les résultats et de justifier les efforts de plaidoyer et de collecte de fonds. 

À cet égard, elle a rappelé que les normes UN data pour l’établissement de rapports financiers à l’échelle du système –également appelées Cube de données du système des Nations Unies– sous-tendent les données financières actuelles.  À l’avenir, le Comité de haut niveau sur la gestion augmentera ses ambitions pour la période 2022-2025 afin de garantir que le système des Nations Unies dispose d’un cube de données à part entière avec des données financières désagrégées pour chaque ODD dans chaque pays. 

Mme Petrova a conclu sa présentation en assurant que le CCS et ses comités de haut niveau continueront de fournir un leadership, des solutions et de l’espoir dans les mois et les années à venir pour aider la communauté mondiale à construire des sociétés et des économies plus pacifiques, inclusives, justes, résilientes et durables.

QUESTIONS RELATIVES À L’ÉCONOMIE ET À L’ENVIRONNEMENT

Environnement

Le Directeur du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), M. JAMIL AHMAD, a présenté le rapport (A/77/25) de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à l’occasion de la reprise de sa cinquième session.  Précisant que 166 États Membres ont pris part à cette reprise de session, dont 79 au niveau ministériel, il s’est également félicité de la participation de représentants de la société civile, du monde universitaire et de la communauté scientifique.  Les échanges, a-t-il dit, ont porté sur les moyens d’utiliser le PNUE concrètement et de prévenir les dégradations de la nature, conformément à l’esprit de la décennie pour la restauration des écosystèmes.  Cette reprise de la cinquième session a permis d’adopter une déclaration ministérielle et cinq résolutions, a-t-il relevé, avant de rappeler que la première session extraordinaire de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui marquait le cinquantième anniversaire du PNUE, a aussi donné lieu à l’adoption d’une déclaration politique.  Selon lui, l’Assemblée générale se saisira de ce rapport pour prendre note de ces déclarations et résolutions, et saluera la décision de l’Assemblée pour l’environnement de convoquer un comité intergouvernemental de négociation pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin, au cours du second semestre 2022, avec l’ambition d’achever ses travaux d’ici à fin 2024.  Elle se félicitera également de la décision de l’Assemblée pour l’environnement d’établir un groupe scientifique et politique pour contribuer davantage à la gestion rationnelle des produits chimiques et des déchets, tout en saluant la convocation d’une sixième session du 26 février au 1er mars 2024. 

L’ECOSOC a pris note du rapport de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à l’occasion de la reprise de sa cinquième session. 

QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR)

Dans la présentation du rapport du UNHCR, Mme Ruven Menikdiwela, la Directrice du Bureau de New York, a mis l’accent sur le fait que le monde a maintenant atteint le chiffre stupéfiant de 100 millions de personnes déplacées de force.  Alors que des crises prolongées, comme en Syrie ou au Sahel, restent non résolues, de nouvelles vagues de violence dans des pays comme l’Éthiopie, le Burkina Faso, le Myanmar, le Nigéria, l’Afghanistan et la République démocratique du Congo nous ont propulsés à 90 millions de déplacés à la fin 2021.  Avec la guerre en Ukraine, on a vu ce nombre franchir la barre des 100 millions.  Les besoins humanitaires sont fortement aggravés par les conflits, la sécheresse et d’autres manifestations des changements climatiques, l’impact résiduel de la pandémie de COVID-19 et maintenant l’effet d’entraînement de la crise ukrainienne, a-t-elle souligné.  L’inflation croissante et la hausse des prix des aliments et de l’énergie signifient que nous accomplirons moins avec les mêmes niveaux de financement, a-t-elle mis en garde en martelant que maintenant plus que jamais, il est essentiel de mettre en pratique l’esprit du Pacte mondial sur les réfugiés, afin de maximiser les ressources pour la protection et les solutions pour les personnes déplacées. 

Le HCR, tel qu’affirmé par l’Assemblée générale, est encouragé à poursuivre son mandat en partenariat avec des agences sœurs, des acteurs du développement, le secteur privé, des universités et des organisations confessionnelles, et en soutien aux gouvernements hôtes.  Au titre de ces partenariats stratégiques, Mme Menikdiwela a parlé de la collaboration avec l’UNICEF sur le « Plan directeur pour une action conjointe » qui a atteint quelque 10 millions de réfugiés et de communautés d’accueil avec des programmes et des services dans les domaines de l’éducation, de la protection de l’enfance, de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.  Le centre d’excellence et de ciblage du programme conjoint HCR-PAM a permis de hiérarchiser l’aide alimentaire et les besoins essentiels des réfugiés.  Cependant, l’aide alimentaire aux réfugiés reste une préoccupation, parce qu’environ 50% des réfugiés dans le monde reçoivent moins que le panier alimentaire standard.  De plus, reconnaissant la question de plus en plus importante de l’accès à la technologie, le HCR a signé un nouvel accord avec l’Union internationale des télécommunications. 

Le HCR continue aussi de soutenir activement la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  En 2021, nous avons fourni 2,5 millions de dollars au système des coordonnateurs résidents, conformément à l’accord de partage des coûts, et contribué au Manuel pour les coordonnateurs résidents sur le système humanitaire.  Le HCR et le Bureau de coordination du développement des Nations Unies ont également publié une lettre conjointe décrivant les domaines de travail communs pour les coordonnateurs résidents et les représentants du HCR. 

Les partenariats du HCR ont été renforcés et diversifiés en 2021, afin de poursuivre son engagement de longue date avec la société civile, a poursuivi Mme Menikdiwela.  L’accent est passé d’une réponse purement humanitaire à une réponse qui favorise l’inclusion et les solutions, et reconnaît les capacités des acteurs locaux et des personnes déplacées elles-mêmes.  En reconnaissance du travail mené par la communauté, un accord pilote a été lancé, accordant pour la première fois des subventions à petite échelle directement aux organisations dirigées par des réfugiés, tandis que les prix de l’innovation des ONG ont reconnu le travail des organisations dirigées par des femmes.  En ce qui concerne les organisations confessionnelles, le HCR a créé en 2021 un Conseil de leaders multiconfessionnel pour s’attaquer aux causes profondes du déplacement, en partenariat avec Religions for Peace.  Le HCR a également renforcé ses partenariats avec des entités sportives.  En 2021, il a soutenu la participation des équipes olympique et paralympique de réfugiés aux Jeux de Tokyo, et un nouvel accord de coopération a été signé avec l’Union des associations européennes de football (UEFA), ce qui a facilité la diffusion de messages sur les problèmes des réfugiés à un large public lors des Jeux européens et des championnats de foot.

Droits de l’homme

Le Président des soixante-neuvième et soixante-dixième sessions du Comité d’experts sur les droits économiques, sociaux et culturels, M. MOHAMMED EZZELDIN ABDEL-MONEIM, a présenté les grandes lignes du rapport du Comité (E/2022/22).  Il a rappelé que le Comité est le seul organe conventionnel du système des Nations Unies à être aussi un organe subsidiaire de l’ECOSOC.  Cela découle du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a-t-il expliqué, ajoutant que, pour cette raison, le Comité dépend des ressources disponibles, de la coopération internationale et des évolutions socioéconomiques.  Le Comité interagit avec d’autres organes conventionnels des droits de l’homme mais il a besoin de davantage d’échanges avec l’ECOSOC, a précisé M. Abdel-Moneim, pour qui il importe de mettre à profit ces liens pour déboucher sur l’action.  Saluant le fait que la page COVID-19 soit tournée et que les échanges se fassent à nouveau en présentiel, il a fait observer que le rapport du Comité ne comprend pas de recommandations.  Toutefois, elles sont implicites, a-t-il nuancé.  Il a ensuite fait le point sur les réunions des organes conventionnels, dont l’objectif était de réduire sensiblement le fardeau des rapports et d’éliminer les redondances dans les travaux des comités.  Le Comité d’experts sur les droits économiques, sociaux et culturels a été le premier à s’être débarrassé de son arriéré de rapports, s’est-il enorgueilli.  Il a néanmoins regretté que, bien que libéré de cet arriéré, le Comité ne bénéficie que d’un temps limité de réunion, sans rapport avec son large mandat interdisciplinaire. 

Lors de la discussion sur le rapport, le Chili a souligné l’importance du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et de sa supervision par le Comité.  Ce dernier, a-t-il estimé, doit pouvoir aider les États membres à atteindre une reprise axée sur les droits humains et sur l’assistance aux plus vulnérables.  Il a par ailleurs réitéré sa demande de création d’un instrument juridiquement contraignant pour faire face aux nouvelles urgences sanitaires.  Il a enfin rappelé qu’il a proposé sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025. 

En réponse à cette intervention, le Président du Comité d’experts sur les droits économiques, sociaux et culturels a estimé nécessaire de tirer les enseignements de la pandémie afin qu’on ne soit plus confronté à une telle crise aux effets socioéconomiques dévastateurs.  Il s’est dit d’accord avec le principe d’un instrument juridiquement contraignant pour y répondre efficacement.  Alors que la montée de l’inflation dans le monde conduit à des carences dans la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels, tout ce qui permettra d’appliquer ces droits profitera aux droits de l’homme dans leur ensemble, a-t-il argué. 

La Vice-Présidente de l’ECOSOC a ensuite indiqué que le rapport de la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sera publié en temps voulu sous la cote A/77/36

Mise en œuvre intégrale de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

Point 2: Adoption de l’ordre du jour et autres questions d’organisation

Au titre de ce point, l’ECOSOC a adopté une décision intitulée « Rapport de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice au Conseil économique et social ».  Il décide que le Conseil de direction de l’Institut doit lui rendre compte périodiquement par l’intermédiaire de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, sans préjudice du mandat actuel qui consiste à ce qu’il lui soit rendu compte par l’intermédiaire de la Commission.  En outre, l’ECOSOC invite le Directeur ou la Directrice de l’Institut à lui présenter oralement tous les deux ans, à compter de sa session de 2023, un rapport sur les activités de l’Institut au titre de la question intitulée « Instituts de recherche et de formation des Nations Unies », la question étant inscrite à l’ordre du jour tous les deux ans.

L’Italie a remercié les États membres de l’ECOSOC pour le soutien apporté à cette décision.

Point 4: Élections, nominations, confirmations et nominations

L’ECOSOC a également procédé à une série de nominations par acclamation.  Ainsi l’Éthiopie a été nommée aux conseils d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) et de Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2023.

Pour ONU-Femmes -l’Entité des Nations Unies pour Égalité des genres et autonomisation des femmes-, l’ECOSOC a élu par acclamation la France, le Gabon, la Nouvelle-Zélande et la Suisse au Conseil d’administration pour un mandat de trois ans prenant effet le 1er janvier 2023, alors que l’Irlande et l’Italie ont été retenues pour compléter les mandats inachevés respectifs de l’Australie et de Monaco à partir du 1er janvier 2023 et jusqu’au 31Décembre 2024.  Enfin, les quatre sièges vacants du Conseil exécutif d’ONU-Femmes, parmi les candidats du top 10 des principaux contributeurs volontaires, vont aller à la Finlande, l’Allemagne, la Norvège et les États-Unis pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023.

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