Stockholm+50,
Dialogue de haut niveau – matin
ENV/DEV/2049

Stockholm+50: le deuxième dialogue de haut niveau lance des idées de relèvement post-COVID-19 en tirant partie de l’économie circulaire, du partage des expériences et de l’inclusion des jeunes

STOCKHOLM, 3 juin — Au deuxième et dernier jour de Stockholm+50, la réunion internationale qui célèbre le cinquantième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue à Stockholm en 1972, un deuxième dialogue de haut niveau a examiné les différentes pistes favorisant le relèvement post-COVID-19 en lien avec la protection de l’environnement.  « Parvenir à un relèvement durable et inclusif après la pandémie de maladie à coronavirus », le thème choisi pour ce dialogue, se base sur l’importance d’une planète en bonne santé pour le progrès et la prospérité de l’humanité, comme cela est souligné dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La pandémie est toujours là, « bel et bien là », ont rappelé d’entrée les États-Unis en soulignant la nécessité urgente de prévenir et d’empêcher de nouvelles vagues de se propager.  La représentante de ce pays a donc suggéré de renforcer les infrastructures mondiales de santé pour être capable d’endiguer toute nouvelle vague de pandémie.  Welfare Togo, qui a demandé dans ce même esprit la mise en place de la couverture sanitaire universelle, a aussi réclamé la fin de ce qu’elle a appelé la « colonisation vaccinale » qui prive des millions d’individus des pays en développement de la protection nécessaire contre la COVID-19. 

En plus du manque de vaccins, la désinformation sur la COVID-19 a été mentionnée comme un problème à éliminer.  L’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a annoncé qu’au cours des deux prochaines années, l’organisme se focalisera sur la lutte contre ce problème.  Il a aussi prôné l’utilisation du réseau de satellites des Nations Unies pour informer les États Membres de l’évolution de toutes pandémies futures. 

Pour relever les défis de la pandémie, le Premier Ministre de l’Algérie, M. AÏMENE BENABDERRAHMANE, a indiqué que son gouvernement a pris des mesures spécifiques à chaque secteur de l’économie et à chaque région du pays.  Des mesures de justice sociale ont aussi été prises dans le but de préserver le niveau de vie de la population et leurs moyens de subsistance pendant cette période de crise.

Les quatre panélistes de ce deuxième dialogue de haut niveau animé par Mme NOZIPHO TSHABALALA, spécialiste de la stratégie de conversation, ont annoncé une série de mesures pouvant aider à accélérer le relèvement durable et inclusif après la pandémie de COVID-19, à commencer par M. DOMINIX WAUGHRAY, Conseiller spécial au Conseil mondial des entreprises pour le développement durable et au Forum économique mondial, qui a insisté sur l’importance des principes de responsabilité, de transparence et de l’économie circulaire pour les entreprises et en particulier les petites et moyennes entreprises afin qu’elles participent aux efforts de relèvement. 

À sa suite, de nombreux participants ont vanté les mérites de l’économie circulaire.  L’idée d’élaborer une feuille de route mondiale sur la question est venue de Chatam House qui en fait l’essence même de son existence.  Cette idée a été reprise par la Ministre de l’environnement de l’Allemagne, coprésidente du dialogue.  L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.  L’économie circulaire doit commencer dans l’industrie du textile et du vêtement, a plaidé le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh.

Pour que tous les pays soient sur le même pied d’égalité en matière de relèvement après la pandémie de COVID-19, Mme REEM AL-SAFFAR (Iraq), militante environnementaliste, étudiante en biologie et karateka, a estimé qu’il faut d’abord rendre aux pays anciennement colonisés ce que les pays colonisateurs leur ont pris.  Représentante de la jeunesse sur le podium, elle a souligné la nécessité d’investir dans les jeunes qui sont nos principales ressources.  Ils constituent deux tiers de la population du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a rappelé Mme Al-Saffar. 

L’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, a aussi exigé de mettre les jeunes au centre du relèvement parce qu’ils sont des partenaires à part entière.  C’est de cette façon que l’on garantit la prise de décisions durables et inclusives en faveur de la création d’emplois décents pour les jeunes, a-t-elle argué. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Pakistan a fait une série de suggestions pour le relèvement des États membres du Groupe dont une enveloppe de 3 000 milliards de dollars pour le financement des programmes de relèvement.  En outre, le représentant a demandé l’accès aux marchés internationaux pour les produits des pays en développement.  Il a aussi exigé l’arrêt des subventions agricoles dans les pays développés, de même que le Secrétariat of the Convention sur la diversité biologique qui a informé que ces subventions sont estimées à 600 milliards de dollars. 

Donnons la priorité aux investissements durables dans l’agriculture, la pêche, les terres, et mettons l’accent sur les technologies numériques, a prié l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au nom également du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Mme JOSEFA LEONEL CORREIA SACKO (Angola), Commissaire pour l’agriculture, le développement rural, l’économie bleue et le développement durable de l’Union africaine, a plaidé pour une augmentation des investissements dans le développement agricole holistique en Afrique et l’amélioration de la sécurité alimentaire.  À cet égard, le Bangladesh a avancé l’idée de créer des banques alimentaires pour aider les plus vulnérables qui ont doublement pâti des effets néfastes de la pandémie et de la pauvreté.  Les petits exploitants agricoles assurent plus de 80% de nos assiettes, a remarqué à ce sujet le Fonds vert pour le climat de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a recommandé d’aligner les efforts de relèvement postpandémique sur les actions climatiques, en particulier dans le domaine agricole pour les pays en développement.

Revenant au rôle du monde des affaires, M. GONZALO MUNOZ (Chili), champion de haut niveau pour l’action climatique, a jugé urgent de créer un réseau mondial de PME sensibles à l’environnement pour soutenir le relèvement en se basant sur le principe de responsabilité des entreprises.  Dans le même sens, le Ministre de l’environnement de la Lituanie a demandé aux entreprises de faire un effort d’investissement vert pour éviter les conséquences socioéconomiques des activités industrielles traditionnelles.  Il a brandi la mise en place de la taxe carbone en s’interrogeant sur la volonté des gouvernements de faire quelque chose.

Sur le plan de la coopération entre États, le Ministre de la biodiversité de l’Équateur a fait appel à la solidarité internationale.  Il a invité les pays développés à coopérer avec les pays du Sud pour agir au niveau local et renforcer les tissus économiques productifs locaux.  Il a également souhaité que l’on permette aux pays du Sud de partager leurs expériences, « parce que la relation doit être réciproque et non à sens unique ». 

Son homologue de la Libye a insisté sur l’importance du principe de responsabilité des politiques qui, à son avis, ont failli à leur mission.  Il a suggéré la création d’un mécanisme de reddition des comptes pour les tenir responsables de leurs actions et de leurs inactions.  S’appuyant pour sa part sur l’importance de la solidarité générationnelle, Yachaywasi News Peru a insisté sur la nécessité de préserver les écosystèmes et les droits humains.  Il a préconisé de travailler étroitement avec les victimes de la dégradation de l’environnement, surtout les jeunes. 

Sortir de l’énergie fossile et parvenir à la neutralité carbone: c’est le combat notamment de Women for Change (Cameroun), du Portugal et de l’Autriche, pour qui le multilatéralisme est le seul outil permettant de faire face aux crises présentes et futures et au relèvement.  Pour combler le manque de cohérence entre les politiques de relèvement des pays, M. CARLOS MANUEL RODRIGUEZ, Président du Fonds pour l'environnement mondial, a demandé un nouveau contrat social mondial et souligné l’importance pour les États membres de protéger le capital naturel comme ils le font pour leur capital humain ou financier.  M. DAVID R.  BOYD, Rapporteur spécial sur les droits humains et environnementaux, a lui aussi appelé à préserver l’environnement après avoir comparé le nombre de morts dû à la COVID-19 (6 millions) avec ceux causés par la dégradation environnementale (plus de 18 millions de personnes en 2021).

Mme JOAN CARLING, peuple autochtone des Philippines, a, quant à elle, attiré l’attention sur les peuples autochtones qui sont au nombre de 350 millions dans le monde et qui sont les protecteurs des 95% du capital naturel du monde.  Elle a insisté sur la nécessité d’adopter des modes de production et de consommation dictés par les besoins des humains et non par le profit.  « Il faut assurer l’utilisation durable des ressources d’une génération à l’autre. »  Même son de cloche du côté de M. JANEZ POTOČNIK (Slovénie), Conseiller spécial sur la durabilité du Commissaire européen pour l’environnement, les océans et les pêches qui a recommandé de se focaliser sur des modes de production et de consommation renforçant l’égalité, la transparence et le principe de responsabilité.  « Avant d’agir pour éviter l’extinction des éléphants en Indonésie, il faut d’abord assurer l’extinction des éléphants dans la salle », a conseillé le responsable. 

 

 

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