En cours au Siège de l'ONU

9058e séance - matin
CS/14927

Le Conseil de sécurité soutient la poursuite des efforts de démocratisation en Afrique centrale dans un contexte de persistance de foyers de violence

Le Conseil a examiné ce matin le rapport semestriel du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations Unies pour cette région, le BRENUAC, document sur lequel la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique s’est largement appuyée pour évoquer les aspects politiques et sécuritaires les plus marquants des derniers mois.  Son exposé a été complété de ceux du Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et d’une représentante de la société civile, par lesquels ont été abordés la démocratisation de la région et le rôle des femmes.  Le lien entre instabilité et changements climatiques et la présence croissante du « groupe Wagner » dans la région ont également été évoqués, ainsi que les répercussions du conflit en Ukraine sur la sécurité alimentaire dans la région. 

Mme Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, qui a rendu hommage à M. François Lounceny Fall, lequel vient d’achever son mandat de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BRENUAC, a souligné que dans les prochains mois se tiendraient des processus électoraux « cruciaux » en République démocratique du Congo, en Angola, à Sao-Tomé-et-Principe, en Guinée équatoriale ainsi qu’au Tchad.  À cet égard, elle a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties prenantes d’œuvrer à la création de conditions propices à la tenue de ces élections « selon les principes démocratiques fondamentaux ».

La transition au Tchad a été largement évoquée.  Le représentant du Gabon, qui s’exprimait au nom des trois États africains membres du Conseil, s’est félicité de l’organisation du pré-dialogue de Doha « en vue de parvenir à un accord de paix inclusif, y compris un programme de désarmement, démobilisation et réintégration pour les groupes armés présents dans le pays, en particulier ceux originaires de la Libye ».  Dans son intervention, Mme Pobee a indiqué que l’ONU était prête à soutenir la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de la feuille de route adoptée à Doha « quand le dialogue politique sera véritablement de mise ».  S’agissant de la gouvernance politique, le Président de la CEEAC, M. Gilberto Da Piedade Verissimo, a indiqué que tous les États de la région, « à une seule exception », avaient signé le Protocole du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Il s’est aussi félicité du fait que tous les États avaient respecté le calendrier de leurs élections en 2021, y voyant le « signe évident d’une appropriation collective de nos valeurs partagées et de l’enracinement de la démocratie dans la région ».  

Mme Jeanne-Danielle Nicole Nlate, Vice-Présidente de la Coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la préservation de la paix, la prévention des conflits, la résolution et la transformation des crises, a assuré qu’avec « une forte collaboration avec les gouvernements et l’appui des institutions régionales et internationales, la société civile saura relever les défis de l’apaisement », grâce en particulier aux femmes et aux jeunes engagés dans les processus électoraux et les actions de médiation.  Sur ce même thème, Mme Pobee a fait savoir que la collaboration entre le Bureau, ONU-Femmes et le Fonds pour la consolidation de la paix avait donné lieu à un échange sur les possibilités de financer un programme régional pluriannuel qui aiderait à opérationnaliser et à renforcer la mise en œuvre des mesures onusiennes encourageant la participation des groupes de femmes dans les processus en cours de médiation et de consolidation de la paix, ainsi que dans les processus électoraux.

La Sous-Secrétaire générale a également évoqué les conséquences pour la sécurité des changements climatiques, qui « aggravent les défis à la paix et à la sécurité », soulignant notamment l’intensification des heurts entre communautés agricoles au Tchad ou de pêcheurs au Cameroun.  « Le Bureau, le Mécanisme de sécurité climatique et la CEEAC appellent les acteurs régionaux à mieux prévenir, atténuer et gérer les risques de sécurité liés aux changements climatiques », a tenu à indiquer Mme Pobee. 

De leur côté, le Royaume-Uni, l’Albanie et les États-Unis se sont inquiétés des activités « déstabilisantes du groupe Wagner soutenu par le Kremlin » en République centrafricaine, dont les forces auraient commis, selon le représentant américain, « des atteintes atroces aux droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire ».  Pour lui, ce groupe est une menace à la paix et à la sécurité et les soldats de la paix des Nations Unies en République centrafricaine et au Mali et « empêche les missions de l’ONU dans ces pays de protéger les civils ».  

La Fédération de Russie a vivement contesté ces accusations, affirmant qu’au contraire, elle aide les pays africains, notamment la République centrafricaine, à renforcer leur potentiel militaire et ce, dans le strict respect des résolutions du Conseil concernant les livraisons d’armes à la RCA.  S’agissant des activités d’entreprises militaires privées dans ce pays, le choix des partenaires dans ce domaine, tout comme d’autres, relève de la prérogative des autorités nationales, a ajouté la représentante de la Fédération de Russie.  

La Fédération de Russie a également « catégoriquement rejeté » les analyses « politisées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’influence de la situation en Ukraine concernant la sécurité alimentaire mondiale.  Ledit rapport indique notamment que « la guerre en Ukraine a nui au pouvoir d’achat des populations, provoquant par exemple une hausse du prix du pain dans certains pays, en particulier au Congo, en République populaire démocratique du Congo et au Rwanda, pays qui importaient plus de 60% de leur blé de la Fédération de Russie ou d’Ukraine ».  Pour la Russie, il existe une dégradation de la sécurité alimentaire dans le monde bien antérieure au conflit armé en Ukraine, qui tient à la fois au mode de développement socioéconomique mondial et à des défis mondiaux telle la pandémie de COVID-19.  Pour la Russie, les difficultés actuelles de l’acheminement de l’approvisionnement s’expliquent avant tout par l’instauration de sanctions illégales qui lui sont imposées.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE - S/2022/436

Déclarations liminaires

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix, et des opérations de paix, qui a rendu hommage à M. François Lounceny Fall, qui vient d’achever son mandat de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BRENUAC, a souligné que dans les prochains mois se tiendraient des processus électoraux cruciaux en République démocratique du Congo, en Angola, à Sao-Tomé, en Guinée équatoriale ainsi qu’au Tchad.  Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties prenantes d’œuvrer à la création de conditions propices à la tenue de ces élections selon les principes démocratiques fondamentaux.  Mme Pobee a assuré que, conformément à son mandat, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) mène en ce sens ses missions de bons offices, en encourageant en outre la consolidation des acquis démocratiques dans ces pays grâce à l’augmentation de la participation des femmes et des jeunes aux processus politiques, tant comme candidats que comme électeurs. 

Sur les défis sécuritaires à relever en Afrique centrale, Mme Pobee a attiré l’attention sur la crise dans le nord-ouest et le sud-est du Cameroun, où sévissent des groupes dissidents de Boko Haram.  Sur ce point, elle a appelé la communauté internationale à renforcer l’appui aux efforts nationaux en cours de règlement pacifique des conflits.  Au Tchad, a-t-elle ajouté, la transition politique reste sur les rails mais des difficultés importantes attendent les autorités tchadiennes, qui doivent, pour les surmonter, respecter le pré-dialogue de Doha, lequel prévoit l’application d’un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des groupes armés tchadiens présents également en Libye.  Mme Pobee a indiqué que l’ONU était prête à soutenir la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de la feuille de route de la transition, cela « quand le dialogue politique sera véritablement de mise ». 

Concernant la situation humanitaire dans la région, la Sous-Secrétaire générale a souligné que le Bureau et les autorités des pays dans le besoin s’efforçaient d’optimiser l’acheminement de l’aide, tout en leur rappelant la nécessité de s’attaquer aux causes profondes d’instabilité en Afrique centrale.  Après avoir de nouveau exhorté les groupes armés, qui, dans l’est de la RDC, multiplient les exactions en s’en prenant brutalement aux civils comme à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), à déposer les armes et à rejoindre le processus politique du Conclave de Nairobi, elle s’est attardée sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques.  Ceux-ci aggravent les défis à la paix et à la sécurité, a-t-elle expliqué, notant l’intensification des heurts entre communautés agricoles au Tchad et de pêcheurs au Cameroun.  Elle a indiqué à ce propos que le Bureau, le Mécanisme de sécurité climatique et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale appellent les acteurs régionaux à mieux prévenir, atténuer et gérer les risques de sécurité liés aux changements climatiques.

Revenant sur l’insécurité dans la région, Mme Pobee a signalé que le BRENUAC et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel continuaient de soutenir la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones du bassin du lac Tchad.  Les deux bureaux poursuivent également leur plaidoyer de haut niveau auprès des États membres du bassin du lac Tchad pour harmoniser leurs efforts de lutte contre l’extrémisme violent et fournir un soutien technique en matière de DDR.  Après avoir salué l’adoption, le 31 mai, de la résolution 2634 (2022), Mme Pobee a ajouté que, conformément à ce texte, les deux bureaux continueront de soutenir les États et les sous-régions dans leurs efforts de lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée.

À propos des femmes, la Sous-Secrétaire générale a indiqué que la collaboration entre le Bureau, ONU-Femmes et le Fonds pour la consolidation de la paix avait donné lieu à un échange sur les possibilités de financer un programme régional pluriannuel qui aiderait à opérationnaliser et à renforcer la mise en œuvre des mesures onusiennes encourageant la participation des groupes de femmes dans les processus en cours de médiation, de consolidation de la paix et les processus électoraux.

M. GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a qualifié de « globalement stable » la situation politique et sécuritaire en Afrique centrale.  Parmi les récentes « évolutions positives », il a noté l’amélioration de la situation sécuritaire aux frontières du Rwanda avec l’Ouganda et le Burundi, ainsi que des relations diplomatiques entre ces deux pays et le Rwanda, la tenue de la première commission mixte permanente de sécurité transfrontalière entre le Gabon et le Cameroun, de même que la tenue d’une réunion technique de vérification de leur frontière maritime entre l’Angola et la République démocratique du Congo (RDC). 

M. Verissimo a estimé que ces progrès étaient le reflet des efforts déployés en Afrique centrale afin de « faire émerger une conscience d’appartenance à une même communauté de destin, dans laquelle les frontières ne doivent plus être perçues comme des lignes de séparation, mais des ponts reliant les peuples, les ethnies et les cultures forcés à la séparation par la colonisation ».  Il a toutefois déploré la détérioration de la situation sécuritaire à la frontière entre la RDC et le Rwanda à la suite des attaques du mouvement rebelle M23 contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui ont entraîné de nouveaux déplacements de population et aggravé les tensions entre la RDC et le Rwanda.  Il s’est félicité à cet égard de la réunion du Conseil de sécurité du 3 juin dernier sur cette question et du dialogue mené par le Président du Kenya dans le cadre du processus de Nairobi. 

Le Président de la CEEAC a dénoncé la persistance des activités des groupes armés « et autres forces négatives » en RDC, estimant qu’elles sont la cause de déplacements massifs de population, qu’elles causent des dommages aux infrastructures « déjà déficitaires » et entravent le développement de la région.  Ces groupes commettent également des attaques contre la population en République centrafricaine (RCA), malgré la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA) et la proclamation d’un cessez-le-feu unilatéral par le Gouvernement.  « Le terrorisme n’est plus l’exclusivité de la bande sahélo-saharienne », s’est alarmé M. Verissimo, en évoquant les attaques menées par des factions rivales du groupe Boko Haram et l’expansion de groupes terroristes tels que Madina Tauheed Mujaidine (ADF-MTM) en RDC. 

Le Président de la CEEAC estime que l’état de droit continue de se renforcer en Afrique centrale et que la gouvernance démocratique et la promotion et la protection des droits humains font désormais partie du paysage institutionnel des pays de la région, malgré les violations répétées commises par les groupes armés.  Il s’est cependant inquiété de la « résurgence » des conflits intercommunautaires, accompagnés de discours de haine souvent à des fins électorales, qui constituent une menace à la sécurité et la stabilité des États, notamment au Tchad, au Cameroun, en RCA et en RDC.  La transhumance à des fins criminelles et la piraterie maritime figurent aussi au nombre des menaces qui planent sur la région.  

S’agissant de la gouvernance politique, M. Verissimo a indiqué que tous les États de la région, à une seule exception, avaient signé le Protocole du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Il s’est félicité du fait que tous les États ont respecté le calendrier de leurs élections en 2021, y voyant le « signe évident d’une appropriation collective de nos valeurs partagées et de l’enracinement de la démocratie dans la région ».  Il s’est cependant inquiété du report à une date ultérieure du dialogue national inclusif tchadien et des discussions en cours en RCA en vue d’amender la Constitution, notamment l’article 35 sur le nombre de mandats présidentiels, y voyant un risque d’accroitre les tension dans un pays déjà fragile.

Mme JEANNE-DANIELLE NICOLE NLATE, Vice-Présidente de la Coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la préservation de la paix, la prévention des conflits, la résolution et la transformation des crises (COPAC), a cité parmi les causes profondes de l’insécurité dans la région le triple déficit de gouvernance, de droits humains et de démocratie, qui attise les conflits politiques et identitaires ainsi que ceux liés à l’accès aux ressources naturelles.  Les conséquences majeures, a-t-elle ajouté, sont une instabilité des ensembles régionaux avec une faible intégration et coopération régionale, des institutions étatiques faibles, corrompues et répressives, des populations pauvres et désabusées, une insécurité et une instabilité des États avec des effets néfastes, notamment sur les femmes et les minorités.  Notant que la pandémie est venue amplifier ces vulnérabilités régionales, elle a déploré, dans un tel contexte, la faible implication de la société civile, « voire son exclusion des programmes de gestion de la crise sanitaire », alors même qu’elle est reconnue par les organisations internationales comme un acteur important de promotion de la paix, de respect des droits de l’homme, de conscientisation contre les violences basées sur le genre et sexistes. 

À cet égard, Mme Nlate a salué le rôle de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) qui, lors de la seizième session ordinaire de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement tenue le 23 novembre 2014 à Ndjamena, a, d’une part, émis une déclaration engageant ses États membres « à considérer les organisations de la société civile comme des acteurs à part entière dans le domaine de la paix et de la sécurité » et, d’autre part, instruit le Secrétariat Général de la CEEAC de définir un cadre formel de collaboration avec les organisations de la société civile et à multiplier les actions en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes dans les conflits armés.   

L’intervenante a assuré qu’avec une forte collaboration des gouvernements et l’appui des institutions régionales et internationales, la société civile saura relever les défis en Afrique centrale, notamment en ce qui concerne la protection des personnes vulnérables, la défense des droits des victimes des violences, notamment les femmes et les jeunes, le soutien aux réfugiés et aux déplacés internes, la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la diffusion des messages haineux sur les réseaux sociaux.  Cela se fera par des campagnes de sensibilisation et des ateliers de formation et d’information ou encore la formation des femmes et des jeunes sur des activités génératrices de revenus pour la promotion de l’entreprenariat, afin de lutter contre les violences économiques. 

Déclarations

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est inquiété de la situation qui prévaut actuellement dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun et requiert une attention urgente.  Il a rappelé qu’au cours des cinq dernières années, le Royaume-Uni avait octroyé 25 millions de dollars d’aide humanitaire pour soutenir les personnes profondément touchées par la crise.  À cet égard, il a appelé toutes les parties à permettre un accès sécurisé aux écoles et à l’aide humanitaire.

Le représentant a jugé essentiel des processus politiques inclusifs, pacifiques et crédibles pour la construction et le maintien de la paix dans la sous-région.  Le BRENUAC et ses partenaires ont certes, un rôle important à jouer dans le soutien de ces processus, mais c’est aux États membres de tirer parti de ce soutien et d’organiser des élections démocratiques et des processus inclusifs, a-t-il insisté.  À cet égard, le Royaume-Uni réitère son soutien au Tchad alors qu’il entreprend sa transition vers un régime civil et constitutionnel.  Si le pré-dialogue entre les autorités de transition et les groupes politico-militaires est bienvenu, une date devrait être fixée dès que possible pour un dialogue national inclusif afin de faire progresser la feuille de route de la transition au Tchad.

M. Kariuki a réitéré son inquiétude face à la violence qui sévit en République centrafricaine, y compris les violations des droits de l’homme documentées commises par les mercenaires du groupe Wagner et qui aggravent une situation humanitaire déjà aiguë.  Les activités de tous les acteurs de la sécurité opérant dans le pays devraient être coordonnées par le Gouvernement centrafricain et soumises aux normes internationales en matière de droits de l’homme, a insisté le représentant.  Il a, toutefois, salué le dialogue républicain de mars dernier entre les parties prenantes et encouragé la poursuite des progrès dans ce domaine.

Enfin, le représentant a déploré que la guerre illégale et injustifiée de la Russie en Ukraine exacerbe les pressions économiques et l’insécurité alimentaire en Afrique centrale et au-delà.  Il a donc appelé la Fédération de Russie à mettre fin à la violence et à permettre l’exportation en toute sécurité du blé ukrainien, afin de contribuer à résoudre les crises alimentaire et énergétique que connaît le continent africain.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), qui s’exprimait au nom des A-3 (Gabon, Ghana et Kenya), a salué les mesures prise par plusieurs pays d’Afrique centrale pour préparer les élections prévues en 2022-2023, estimant qu’elles représentent une occasion pour la région de consolider ses acquis démocratiques.  Il a appelé à cet égard à une plus grande participation des femmes et des jeunes aux processus électoraux.  Il s’est félicité de l’organisation par le Tchad du pré-dialogue de Doha en vue de parvenir à un accord de paix inclusif, y compris un programme de désarmement, démobilisation et réintégration pour les groupes armés présents dans le pays, en particulier ceux originaires de la Libye.

Le représentant a vu dans les accords diplomatiques conclus entre le Burundi et le Rwanda un autre signe encourageant, tout comme la levée des sanctions imposées par l’Union européenne contre le Burundi.  Il s’est en outre félicité de la poursuite du processus de Nairobi visant à mettre un terme à l’insécurité causée par les groupes armés dans l’est de la RDC.  Il a réitéré l’appel de l’Union africaine à la résolution des différends par la voie diplomatique, avec l’appui des mécanismes régionaux et sous régionaux.

Alors que la région demeure confrontée à des défis « complexes et multidimensionnels », M. Biang a plaidé pour le renforcement de l’architecture de paix et de sécurité de la CEEAC, accompagné de mesures visant à promouvoir la « prévention structurelle » des conflits.  S’agissant des la piraterie maritime, le représentant s’est félicité de l’organisation, par la CEEAC, d’une conférence maritime de l’Afrique centrale.  Il a salué la détermination du Cameroun, du Tchad et de la RDC à lutter contre les groupes terroristes tels que Boko Haram et Daech, tout en appelant à des efforts concertés pour mettre fins à leurs attaques.  

Enfin, M. Biang a jugé « impératif » que la communauté internationale respecte ses engagements en faveur du financement des politiques d’adaptation et de mitigation aux changements climatiques.

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a salué les améliorations en matière de gouvernance régionale et de dialogue politique dans certains pays de la région.  Néanmoins, la persistance de foyers de violence appelle la communauté internationale à continuer à faire preuve de solidarité, a-t-il ajouté, soulignant à cet égard le rôle précieux en termes de diplomatie préventive du BRENUAC.  Il a appelé ce dernier à continuer d’accompagner la transition au Tchad « pour y permettre le retour à l’ordre institutionnel », cela par le biais de la mise en œuvre de la feuille de route de la transition, « y compris par les forces d’opposition ».  Concernant la situation en République centrafricaine, il a souhaité que le Bureau continue d’appuyer la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda ainsi que la tenue d’élections municipales.  Le représentant a en outre insisté sur l’importance d’appliquer la Convention de Kinshasa pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, ces dernières étant un des principaux facteurs contribuant à entretenir les conflits dans la région.  Enfin, il a plaidé pour la promotion de l’inclusion de la voix des femmes et des jeunes dans les processus démocratiques en cours dans les États d’Afrique centrale.

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a mis l’accent sur deux questions qui causent énormément de tort en Afrique centrale et aggravent les conflits, à savoir la crise climatique et l’insécurité alimentaire.  Le délégué a exhorté le BRENUAC, dans le cadre de son mandat, à évaluer et prendre en compte les incidences de la crise climatique.  De même, il s’est dit préoccupé par les incidences de la crise de sécurité alimentaire en Afrique centrale.  Quelque 2,2 millions de personnes en République centrafricaine devraient connaître des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë entre avril et août 2022, en raison des conflits, des déplacements de population et des prix des denrées alimentaires.  Une situation que le représentant a présentée comme aggravée par l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a des conséquences sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, augmentant ainsi les souffrances de millions de personnes dans le monde, et particulièrement en Afrique.  Il a exhorté la Russie à mettre un terme à sa guerre contre l’Ukraine. 

Face à la situation des pays en Afrique centrale, M. Mills a réaffirmé l’importance d’une transition pacifique vers un gouvernement démocratiquement élu et dirigé par les civils au Tchad, où un dialogue inclusif national doit démarrer le plus tôt possible et ouvrir la voie à un référendum constitutionnel et des élections libres et régulières.  Au Cameroun, la poursuite des violences demeure un motif de préoccupation, notamment dans le « Grand Nord », le nord-ouest et le sud-ouest, et le représentant a exhorté tous les participants à mettre un terme aux violences.  Un dialogue plus large et sans condition préalable est, selon lui, nécessaire pour un règlement pacifique et durable.  À cet égard, les États-Unis appuient le rôle du BRENUAC visant à promouvoir un dialogue politique inclusif dans le pays.  S’agissant de la RCA, le représentant a salué le dialogue entamé en mars dernier, tout en attendant des progrès concrets concernant la feuille de route de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la revitalisation de l’accord de paix de 2019.  Il a condamné les attaques de Boko Haram et de l’État islamique d’Iraq et du Levant en Afrique de l’Ouest, il a condamné leurs attaques contre les civils et la menace qu’ils font peser sur la paix et la sécurité dans la région.  Les États-Unis appuient les efforts de coordination régionale pour lutter contre ces groupes terroristes, encourageant à la mise en œuvre de stratégies holistiques pour remédier aux causes sous-jacentes du terrorisme.

M. Mills s’est inquiété des activités jugées déstabilisantes du groupe Wagner « soutenu par le Kremlin », dont les forces auraient commis des atteintes atroces aux droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire.  Pour les États-Unis, ce groupe représente une menace pour la paix et à la sécurité et pour les soldats de la paix des Nations Unies en RCA et au Mali et empêche les missions de l’ONU dans ces pays de protéger les civils.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la situation jugée alarmante au Burundi.  Enfin, les victimes de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), passées comme présentes, méritent toujours la justice, a-t-il rappelé, ajoutant que les États-Unis offraient plusieurs millions de dollars de récompense pour toute information concernant Joseph Kony, recherché pour crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a appelé au renforcement du soutien apporté aux processus politiques en Afrique centrale, notamment la tenue d’un dialogue inclusif au Tchad.  Elle a exprimé son appui à la médiation et aux réformes afin de résoudre la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, tout en condamnant les attaques perpétrées contre les populations civiles et le personnel humanitaire.  Elle a salué les progrès réalisés au Burundi en matière de respect des droits de l’homme, qui ont conduit l’Union européenne à lever ses sanctions.  

Après avoir condamné la poursuite des attaques terroristes dans le bassin du lac Tchad et au Cameroun, la représentante a plaidé pour une plus grande participation des femmes et des jeunes aux efforts de paix.  Elle a cité le projet « Jeunes, tisserands de la paix » mis en place dans les régions transfrontalières du Gabon, du Cameroun et du Tchad, avec l’appui du BRENUAC, qui vise à promouvoir la consolidation de la paix et la prévention de l’instabilité liée aux trafics illicites.  L’intégration régionale doit se renforcer au service du développement durable de l’Afrique centrale, a fait valoir Mme Gasri, pour qui cette coopération doit s’étendre aux changements climatiques.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a estimé que, pour répondre aux défis politiques et sécuritaires « complexes et persistants » dans la région, la communauté internationale doit répondre à l’appel des pays de la région et soutenir leurs aspirations à la paix et au développement.  Des processus politiques inclusifs, passant notamment par des réformes électorales de fond, sont nécessaires pour renforcer les institutions politiques.  Le représentant a également demandé à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine, au BRENUAC et à la CEEAC de continuer d’accompagner les autorités de ces pays dans ces efforts.  

Concernant la sécurité en Afrique centrale, le représentant a notamment souligné que les pays de la région « sont également touchés par le conflit en Ukraine, en raison de la pénurie de céréales vivrières et de la hausse des prix du pétrole ».  La communauté internationale doit faire davantage pour aider les populations les plus vulnérables à ce péril vivant dans la région, a-t-il ajouté.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a encouragé une coopération et une coordination continues entre le BRENUAC et les acteurs régionaux et sous-régionaux qui cherchent à soutenir la stabilité dans la région, notamment l’Union africaine, la CEEAC, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies. 

S’agissant des défis en matière de sécurité -y compris les menaces transfrontalières et régionales telles que le crime organisé, l’extrémisme, le terrorisme et la piraterie- la communauté internationale doit notamment continuer à aider les pays d’Afrique centrale à lutter contre les groupes terroristes tels que Boko Haram, y compris ceux qui sont affiliés à Daech, à Al-Qaida et à d’autres groupes, a affirmé la représentante.  La poursuite de la mise en œuvre de la « stratégie régionale pour la stabilité, le redressement et la résilience dans le bassin du lac Tchad » pour la période de 2022 à 2024 est essentielle, à ses yeux, pour soutenir la stabilité de la région.  Mme Shaheen a également insisté sur la nécessité de s’attaquer aux activités de piraterie maritime dans les eaux territoriales du golfe de Guinée, qui constituent un enjeu stratégique pour l’économie et la sécurité de la région, qualifiant d’étape décisive la récente résolution 2634 (2022) du Conseil de sécurité sur la question. 

Les Émirats arabes unis apprécient les bons offices du BRENUAC pour soutenir les efforts de médiation et de prévention des conflits en Afrique centrale, notamment par son récent engagement dans le dialogue avec un certain nombre de pays de la région.  En outre, il est nécessaire de maintenir le soutien international à tous les pays touchés en Afrique centrale, en particulier dans le contexte d’une situation humanitaire de plus en plus grave et de l’insécurité alimentaire mondiale actuelle.  Pour leur part, les Émirats arabes unis ont apporté une aide humanitaire et une aide au développement pour soutenir les pays de la région.  Entre 2016 et 2022, ils ont fourni environ 55 millions de dollars américains pour aider à soulager les souffrances des populations de la région, a conclu la représentante.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a vu dans le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale une situation ambiguë dans laquelle les progrès réalisés dans certains pays contrastent avec des défis sécuritaires persistant ailleurs.  Il s’est cependant félicité du transfert pacifique du pouvoir à Sao Tomé-et-Principe, en espérant qu’il serve d’exemple aux autres pays de la région qui doivent organiser des élections dans les mois à venir. 

Parmi les autres développements positifs, le représentant a évoqué la normalisation des relations du Burundi avec ses voisins et la communauté internationale ainsi que les dialogues en cours au Tchad et en République centrafricaine.  Il s’est toutefois inquiété des attaques terroristes qui continuent de secouer le bassin du lac Tchad et le Cameroun, et appelé la communauté internationale à apporter son appui afin d’y remédier.  Après la pandémie de COVID-19, la hausse des prix des denrées alimentaires pourrait plonger un grand nombre de personnes dans une pauvreté extrême, s’est alarmé M. de Almeida Filho, pour qui le mécontentement populaire pourrait avoir un effet déstabilisateur sur les systèmes politiques.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a dressé un tableau sombre de la situation en Afrique centrale, caractérisée par un niveau élevé de menaces terroristes, de conflits en cours et de tensions politiques et sociales.  L’aptitude insuffisante au combat des armées des pays de la région et les problèmes de coordination militaire, l’absence de renseignements fiables ne leur permettent pas de lutter efficacement contre les groupes armés bien organisées qui ont recours aux tactiques de la guérilla et qui souvent jouissent du soutien des populations locales contraintes de coexister avec ces combattants, a affirmé la représentante.  L’idéologie de l’islam radical devient de plus en plus populaire parmi eux, en particulier parmi les jeunes.

Dans la région du bassin du lac Tchad, une menace grave est représentée par les groupes « État islamique en Afrique de l’Ouest » et Boko Haram.  Les combattants ont renforcé leur potentiel, continuent de mener des attaques contre les soldats du Nigéria, du Tchad, du Niger et du Cameroun, et terrorisent la population locale.  La représentante a dit appuyer la décision du commandement de la Force multinationale mixte des armées des pays du bassin du lac Tchad, qui ont lancé en avril la vaste opération « Intégrité du lac » pour éliminer les terroristes sur les îles à la frontière des trois pays (Tchad, Niger, Nigéria).

Mme Evstigneeva a jugé important de renforcer la coopération entre les pays de la région, tant sur une base bilatérale que sur diverses plateformes internationales, y compris l’ONU.  Dans ce contexte, elle a salué les activités du BRENUAC pour sa contribution au processus de maintien de la paix et de renforcement de la sécurité dans la région, notamment grâce à la diplomatie préventive.

Par ailleurs, la représentante a « catégoriquement rejeté » les analyses « politisées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’influence de la situation en Ukraine concernant la sécurité alimentaire mondiale.  Elle a également regretté les accusations « imaginaires » lancées aujourd’hui contre la Russie qui aurait provoqué une crise alimentaire mondiale nuisible aux économies des pays d’Afrique.  Dans plusieurs enceintes internationales, a rappelé la représentante, son pays a expliqué pourquoi, dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale, il existe une dégradation qualitative et ce, depuis bien avant l’intensification du conflit en Ukraine.  « N’essayez pas de rejeter sur la Russie, les problèmes qui relèvent du développement socioéconomique mondial et défis mondiaux telle la pandémie de COVID-19 », a lancé la représentante.  Les difficultés de l’acheminement de l’approvisionnement s’expliquent avant tout par l’instauration de sanctions illégales contre son pays et le Bélarus, a-t-elle martelé. 

La représentante a fait part de sa préoccupation face aux fausses informations diffusées par les États-Unis, selon lesquelles les céréales fournies par la Russie à l’Afrique auraient été volées.  « Cela est totalement hypocrite », a affirmé Mme Evstigneeva.  Les pays africains, avec lesquels nous avons tout tiré au clair lors de la rencontre entre le Président russe et son homologue sénégalais, également Président de l’Union africaine, ne croient pas en vos accusations, a-t-elle ajouté.  

En réalité, a poursuivi Mme Evstigneeva, la Russie aide les pays africains, notamment en RCA, à renforcer leur potentiel militaire.  Le comité des sanctions du Conseil de sécurité a permis la livraison d’armes à ce pays.  Des instructeurs militaires russes travaillent en RCA et la campagne qui vise à les discréditer « nous plonge dans la perplexité ».  La Russie respecte strictement les sanctions décidées par le Conseil de sécurité contre la RCA.  S’agissant des activités d’entreprises militaires privées en RCA, le choix des partenaires dans ce domaine, tout comme d’autres, relève de la prérogative des autorités nationales, a-t-elle tranché. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué le dialogue républicain en République centrafricaine et dit attendre avec intérêt de nouveaux progrès sur le chemin de la paix.  Elle a, de même, salué l’action du BRENUAC, conjointement avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), pour mobiliser le soutien en faveur d’un retour à l’accord de paix de 2019 et de la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda.  Concernant la situation au Tchad, la représentante a considéré le processus de dialogue national comme un élément clef de la transition politique et souhaité que le pré-dialogue préparera le terrain à un accord de paix inclusif.  Cependant, a-t-elle nuancé, des élections et un retour à la gouvernance constitutionnelle sont nécessaires de toute urgence, et la situation sécuritaire ne doit pas être utilisée comme une excuse pour retarder le processus.  Elle a, de même, fait part de sa préoccupation face au manque de participation significative des groupes de femmes dans les négociations de paix en cours.

Mme Byrne Nason s’est inquiétée de la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés les pays d’Afrique centrale, avec une augmentation significative de la vulnérabilité et du déplacement des personnes.  L’insécurité alimentaire augmente elle aussi, exacerbée par la guerre de la Russie en Ukraine et la hausse mondiale des prix alimentaires qui en résulte.  Elle a alerté sur le nombre « stupéfiant » de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et averti sur la situation des femmes et des filles confrontées à des taux plus élevés de violence sexuelle et sexiste.

La représentante s’est dite consternée par le meurtre récent d’un membre de Médecins Sans Frontières en République centrafricaine.  L’Irlande condamne ces attaques et demande que les auteurs de violations du droit humanitaire international et de violations et d’abus des droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes.  Enfin, l’Irlande s’est félicitée des mesures prises dans de nombreux pays de la région pour renforcer leurs institutions nationales des droits de l’homme.  Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle dit, citant les violations des droits de l’homme et les abus contre les civils au Cameroun et la répression violente des manifestations pacifiques, le déclin des libertés de la presse et le rétrécissement de l’espace de la société civile au Tchad.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a fait écho à la liste annuelle des crises de déplacement les plus négligées au monde du Norwegian Refugee Council, dans laquelle figurent trois pays de la région de l’Afrique centrale, soit la République démocratique du Congo, le Cameroun et le Tchad.  À cet effet, elle a estimé que la diplomatie préventive comme celle menée par le BRENUAC peut permettre d’éviter les « manchettes négatives ».  S’agissant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, la représentante a considéré la résolution du Conseil de sécurité adoptée la semaine dernière comme un « appel fort » à l’action avant le dixième anniversaire du Code de conduite de Yaoundé en 2023.  

Mme Heimerback a exprimé son appui à une plus grande coordination maritime régionale entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la CEEAC afin d’établir des systèmes juridiques permettant d’assurer la reddition de comptes.  Enfin, elle a plaidé pour que les auteurs d’attaques brutales contre la population civile du bassin du lac Tchad soient traduits en justice.

M. DAI BING (Chine) a estimé que le maintien de la paix et de la stabilité en Afrique centrale est une des conditions du renforcement de la sécurité dans tout le continent.  Il a appelé le BRENUAC à continuer de fournir ses efforts de renforcement des capacités institutionnelles des pays de la région où se tiendront dans les mois à venir des élections importantes.  Rappelant l’attachement de sa délégation au respect de la souveraineté des États et au règlement des différends par des canaux politiques, le représentant a souligné la nécessité d’appuyer les mécanismes régionaux de sécurité collective qui permettent d’obtenir des succès majeurs contre les groupes terroristes sévissant au Cameroun et au Tchad. 

S’agissant des conséquences des changements climatiques sur la stabilité des pays de la région, M. Dai a jugé que la communauté internationale doit accroître son aide technique et financière pour atténuer à court terme les tensions entre éleveurs et agriculteurs et endiguer l’essor des groupes armés non étatiques.  La communauté internationale doit aussi soutenir les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration pour juguler la propagation du terrorisme et, au-delà, elle doit aider les autorités nationales à s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits et tensions qui sapent le développement des sociétés, a conclu le représentant. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite satisfaite de l’amélioration des relations entre le Burundi et ses voisins et des mesures prises pour consolider la démocratie, qui ont mené à la levée des sanctions contre ce pays.  Au Cameroun, toutefois, la poursuite des tensions au nord-ouest et au sud-ouest continue d’entraver le dialogue et d’alimenter les attaques contre les civils, y compris les enfants et le personnel humanitaire.  La représentante s’est réjouie des efforts déployés en vue de renforcer le dialogue national nécessaire au retour à l’ordre constitutionnel.  

S’agissant de la République centrafricaine, Mme Dautllari a noté que, malgré des progrès, la situation demeure instable, notamment en raison des activités du groupe Wagner dans le pays.  Les changements climatiques constituent une autre source de tensions, exacerbant les tensions entre les communautés et causant de nouveaux déplacements, a poursuivi la représentante.  Enfin, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport, la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine a des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat de communautés entières, a conclu la représentante. 

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