Stockholm+50,
Dialogue de haut niveau 3 - après-midi   
ENV/DEV/2050

Stockholm+50 et « l’avenir en vert »: les participants au troisième dialogue veulent accélérer la mobilisation financière pour l’environnement

STOCKHOLM, 3 juin — À l’ouverture du troisième et dernier dialogue de haut niveau organisé pendant la réunion internationale Stockholm+50, et intitulé « Accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable dans le cadre de la décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable », Mme YASMINE FOUAD, Ministre de l’environnement de l’Égypte, a appelé à honorer les promesses faites en matière de financement et souligné l’importance des transferts de technologie.  Il faut sensibiliser les consciences sur l’importance de la protection de l’environnement, a dit la Ministre en appelant à son inclusion dans les cursus scolaires.  Elle a aussi insisté sur le droit fondamental de chaque pays au développement.

« Nous sommes capables de parvenir à une transition verte rapide », a déclaré la Ministre de l’environnement et des changements climatiques de la Finlande, Mme EMMA KARI, en louant l’esprit de coopération qui prévaut sur ces questions.  « Où va l’argent est la première question que nous devons nous poser. »  Il est crucial que nos investissements soient conformes à nos priorités environnementales, a dit la Ministre, en demandant une amélioration des pratiques d’achat.  Elle a rappelé que ce n’est pas l’argent qui change les choses mais bien les politiques adoptées.  Une autre « idée formidable » est d’inclure les questions environnementales dans les cursus scolaires, a dit la Ministre, se faisant l’écho de son homologue égyptienne.  « Il est temps pour vous d’enrichir nos discussions », a-t-elle lancé aux panélistes. 

Premier orateur à s’exprimer, M. ARUNABHA GHOSH, Fondateur et Président du Conseil sur l’énergie, l’environnement et l’eau, a rappelé que les questions financières sont souvent oubliées.  Il a plaidé pour un écodéveloppement à même de réduire la fracture technologique.  Nous avons besoin d’un mécanisme d’atténuation des risques financiers, a dit M. Ghosh.  « C’est ainsi que nous pourrons nous éloigner des technologies dépassées. »  Il a aussi demandé que l’objectif de développement durable (ODD) 17 sur les partenariats devienne le premier des ODD.

De son côté, M. JOHAN ROCKSTROM, Directeur de l’Institut de recherches de Postdam sur les effets des changements climatiques, a souligné que le point de départ de toute discussion est la science.  « Nous devons reconnaître que nous avons échoué et qu’il y a urgence à agir. »  Il a proposé une nouvelle définition de la justice: chaque enfant qui naît a le droit de vivre sur une planète saine.  Cela signifie d’apporter des financements adéquats et de fonder nos décisions sur la science, a-t-il martelé.  Enfin, il a appelé à conférer une nouvelle « valeur » au temps, à rebours du temps capitalistique que nous vivons.

La philosophie du futur doit naître en dehors de l’Europe ou procéder de contacts entre Européens et non-Européens, a déclaré Mme CATHERINE ODORA HOPPERS, Experte en développement international, en reprenant à son compte une idée de Michel Foucault.  « Sans la conscience des autres, le soi est incomplet. »  Elle a plaidé pour un changement fondamental de mentalités et appelé à intégrer dans nos discussions « ce que la modernité a longtemps négligé ».  Elle a aussi indiqué que les peuples autochtones vivent frugalement mais ne sont pas pauvres. 

M. ROY STEINER, de la Fondation Rockfeller, a déclaré que le monde manque d’imagination face à la crise alimentaire actuelle, en soulignant la gravité de ladite crise.  Nous devons passer à un autre système de production agricole et changer nos comportements, a analysé M. Steiner.  Enfin, il a préconisé d’écouter la voix des jeunes si nous voulons vraiment changer la donne. 

Réagissant aux propos des panélistes, les délégations ont détaillé les mesures prises pour accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable et proposé de nouvelles pistes d’action.

La Bulgarie a plaidé pour des « transformations structurelles et multidimensionnelles » et pour une pleine participation des jeunes, tandis que la déléguée de l’Albanie a parlé de sa fille, celle-ci accusant la génération de sa mère d’avoir pris son avenir en otage.  « Rassurez-vous, elle ne s’appelle pas Greta, mais Sarah. »  La nature parle mais le genre humain n’écoute pas, a poursuivi la déléguée albanaise, en citant Victor Hugo.  Se voulant néanmoins optimiste, la déléguée a déclaré « qu’elle ne voit pas l’avenir en rose mais en vert. »  La Colombie, qui n’émet que 3,6% des émissions de gaz à effet de serre, a rapporté avoir pris des mesures drastiques pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  « Mettons en commun nos forces pour la nature. »  Les jeunes et les femmes doivent être pleinement associées à nos efforts, a rebondi la Jordanie, avant de détailler son action climatique.  Sur la question financière, ce pays a proposé la création d’un « tableau de bord » permettant de tracer les financements.  La Macédoine du Nord a évoqué la question de l’efficience énergétique et indiqué avoir adopté un principe de pollueur-payeur pour une croissance verte.  L’Iraq a détaillé l’action entreprise pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le portefeuille énergétique du pays.  « L’énergie de mon pays est renouvelable à 80% », s’est félicité l’Uruguay.  Son homologue de l’Inde a déclaré que 90 millions de foyers indiens ont été équipés de modes de cuisson économes en combustibles fossiles.  L’Inde a diminué de 24% ses émissions de gaz à effet de serre, a déclaré le délégué en affichant sa confiance quant à la réalisation des ODD par son pays. 

D’autres intervenants ont néanmoins appelé à aller plus loin, à l’instar de la déléguée du Norwegian Forum for Environment and Development, qui a demandé de mettre fin à la « course au profit » et de privilégier la justice.  Un idéal de justice pleinement partagé par la représentante de Parents for Future Botswana/Global, qui a suggéré l’adoption d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Une jeune activiste de l’organisation nommée Traité de non-prolifération des combustibles fossiles a fustigé la cupidité des industries des combustibles fossiles et le manque de courage des pays pour y remédier.  « Nous avons besoin de ce traité et nous ne devons pas faire de concession parce que si nous suivons les lois du marché, il n’y aura pas de justice. »  Le commerce doit servir le développement durable et la prospérité, a appuyé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en relayant l’appel général à l’action et en saluant « une nouvelle énergie » de ses membres de l’OMC à cette fin.  Les droits de la propriété intellectuelle ne doivent pas primer sur les droits de l’homme, a, de son côté, affirmé le délégué de B-Team.  Pour sa part, LACEMOS, Juventud Unida en Accion a proposé que l’écocide soit reconnu comme crime contre l’humanité au sens du Statut de Rome.

D’autres panélistes ont ensuite pris la parole, à commencer par M. IBRAHIM THIAW, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Nous devons repenser la manière dont nous gérons nos terres, a-t-il insisté, en prenant l’exemple de la Côte d’Ivoire, l’un des principaux producteurs de cacao.  Il a mis en garde contre une surexploitation des sols et souligné l’importance d’améliorer les conditions de vie des plus petits paysans.  Il a invité à mettre fin aux subventions qui nuisent à la planète et à aligner les modes de consommation et de production sur les priorités environnementales.

Nous devons associer toutes les générations à nos efforts, a enchaîné Mme CHRISTIANNE ZAKOUR, du Grand groupe des enfants et des jeunes du PNUE.  Elle a, elle aussi, souligné la nécessité d’élaborer un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Mme Zakour a enfin appelé à dépasser les vieux modèles et à réfléchir de manière ambitieuse.

« Il y a aujourd’hui une prolifération d’engagements mais pas une prolifération d’actions », a alerté M. KARTHIK BALAKRISHNAN, Président d’Actual, en invitant à réfléchir sur les raisons de cette inertie.  Il a appelé à coordonner les efforts entre les différentes générations humaines, mais aussi entre les différentes générations d’institutions.  La mémoire institutionnelle est capitale, a jugé M. Balakrishnan.

De son côté, Mme VALERIE HICKEY, de la Banque mondiale, a rappelé que la pandémie de COVID-19 a été une crise sanitaire mais aussi économique.  Elle a plaidé pour un meilleur partage des risques environnementaux, avant d’appeler à faire de « meilleurs calculs ».  Elle a noté que les subventions aux industries fossiles représentent 600 milliards de dollars, ce qui est précisément la somme nécessaire à investir pour le développement des énergies renouvelables.  Il convient de rester humble face à la crise environnementale, a recommandé Mme Hickey. 

D’autres délégations ont encore pris la parole, à l’instar d’Andorre qui a mentionné la création d’un prix carbone de 30 euros par tonne pour le financement des politiques vertes.  Un projet de loi sur l’économie circulaire est aussi en cours d’élaboration, a dit le délégué, tandis que le Canada a mentionné l’émission par son pays des toutes premières obligations vertes.  La Suisse a appelé à remédier aux subventions qui nuisent à la biodiversité, avant d’évoquer le défi environnemental majeur que constitue le sable.  Nous avons plus que jamais besoin de volonté politique, a martelé la déléguée suisse, à l’instar de la Roumanie.  Le délégué roumain a brandi un Rubik’s Cube en comparant ce jeu à la réalisation des ODD.  La déléguée de l’État de Palestine a détaillé les mesures prises pour réaliser lesdits objectifs, avant de souligner la difficulté supplémentaire que constitue l’occupation de la Palestine.  Il faut renforcer l’appui aux pays en développement et aux pays en proie à un conflit, a-t-elle tranché.  « Que faisons-nous ici alors que des millions de personnes meurent parce que les riches continuent de refuser de partager leurs richesses? » a tempêté le représentant de PUSH Suède.  Il a demandé l’adoption d’un traité à même de débarrasser le monde de « son addiction » au gaz et au pétrole.  « Ce sont des vies qu’il s’agit de sauver! »

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