En cours au Siège de l'ONU

9064e séance - matin & après midi
CS/14932

Conseil de sécurité: le rôle des organisations régionales mis en avant dans la réalisation des objectifs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité

Le débat public du Conseil de sécurité tenu aujourd’hui portait sur le rôle des organisations régionales dans l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force.  Une réunion qui a vu se succéder des représentants de l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la Ligue des États arabes, tous venus exposer leurs efforts et leurs plans d’action régionaux et/ou réseaux régionaux sur le sujet, notamment les réseaux de médiatrices.

Le Secrétaire général, en avant d’une cinquantaine de participants, a tout d’abord constaté que la parité femmes-hommes est une question de pouvoir.  Il a donné plusieurs exemples: les Taliban, qui ont réduit au silence près de 20 millions de femmes et de filles afghanes; le Myanmar, qui a contraint une grande partie des organisations de femmes à la fermeture; le Mali, où les femmes sont de plus en plus marginalisées à chaque coup d’État.  De plus, l’invasion russe de l’Ukraine a forcé des millions de femmes et d’enfants à fuir leur pays du jour au lendemain, les exposant à un risque élevé de traite et d’exploitation de toutes sortes.  Et au Soudan, deux ans après la célébration du rôle des femmes dans la Révolution, les réformes clefs sont retardées et la violence à l’égard des femmes continue, a encore noté M. António Guterres.  

Malgré ces constats, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a recensé 125 États ayant pris des engagements nationaux pour réaliser les objectifs de la résolution 1325 (2000), tandis que 12 organisations régionales ont désormais adopté des plans d’action pour les femmes et la paix et la sécurité, contre 5 en 2015.  Les organisations régionales ont par ailleurs joué un rôle clef dans le développement de réseaux de femmes médiatrices comme le Registre des femmes expertes dans la paix et la médiation mis en place dès 2018 par l’ASEAN ou encore le Réseau africain des femmes dirigeantes.  Plus récemment, des réseaux de médiatrices ont été lancés dans le cône Sud des Amériques et dans la région arabe.  

La Commission de l’UA a adopté un cadre continental pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des filles, tandis que l’UE a lancé, en mars dernier, le Forum pour les femmes afghanes dirigeantes afin de favoriser leur participation politique.  L’UE et de nombreuses délégations ont aussi dénoncé, au cours de ce débat public, les conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en indiquant les actions menées pour aider les femmes prises dans ce contexte: l’UE a répondu à l’appel des organisations de femmes sur le terrain pour mener des enquêtes sur les atrocités commises.  L’Irlande a déploré précisément l’utilisation de la violence sexuelle comme technique de guerre en Ukraine, mais la Russie a qualifié de « fake news » ces accusations visant les soldats russes intervenant en Ukraine.  

La Ligue des États arabes a suggéré au Secrétaire général de nommer une envoyée spéciale pour la paix et la sécurité des femmes, avant d’appeler le Conseil de sécurité à adopter une nouvelle résolution sur les femmes et la médiation.  Elle a parlé de sa stratégie régionale pour les femmes, la paix et la sécurité, datant de 2015, qui soutient les efforts déployés par les États pour appliquer au niveau national la résolution 1325, ainsi que du Réseau arabe des femmes médiatrices et du Comité d’urgence pour la protection des femmes pendant les conflits armés dans la région arabe.

Enfin, le Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité et le Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence en Afrique ont appelé à des mesures rapides et concertées pour appliquer pleinement la résolution 1325 et les résolutions ultérieures pour que les femmes et les filles ne soient plus tenues à l’écart des processus politiques et de paix.  

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Tenir les promesses: le rôle des organisations régionales dans l’application du programme sur les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force - S/2022/457

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’alors que l’égalité des sexes ouvre la voie à la paix durable et la prévention des conflits, nous allons dans la direction opposée.  Soulignant le consensus entre les États Membres sur l’importance de l’égalité des sexes, M. Guterres a constaté que la situation est en train de régresser pour une raison simple: la parité femmes-hommes est une question de pouvoir.  Il a ensuite donné des exemples, en décrivant d’abord la situation en Afghanistan, où les Taliban ont nommé un gouvernement d’hommes, fermé les écoles de filles, interdit aux femmes de montrer leur visage en public et restreint leur droit même de quitter leur propre maison.  Près de 20 millions de femmes et de filles afghanes sont réduites au silence et effacées de la vue.  Dans le cas du Myanmar, une grande partie des organisations de femmes ont été contraintes de fermer depuis le coup d’État militaire, sachant que des bureaux ont été perquisitionnés et saccagés et que des militantes ont été arrêtées.  Beaucoup ont fui le pays et les femmes ne peuvent pas s’exprimer ouvertement ni participer à la politique, a constaté le Secrétaire général.

Au Mali, a-t-il poursuivi, les femmes s’appauvrissent et sont de plus en plus marginalisées à mesure que le pays traverse les coups d’État militaires successifs, avec des extrémistes qui constituent une menace encore plus grande.  Il a aussi parlé de l’invasion russe de l’Ukraine qui a forcé des millions de femmes et d’enfants à fuir leur pays du jour au lendemain, les exposant à un risque élevé de traite et d’exploitation de toutes sortes.  Le Conseil a appris la semaine dernière qu’au 3 juin, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme avait reçu 124 signalements de violences sexuelles liées au conflit en Ukraine, principalement commises contre des femmes et des filles, a signalé M. Guterres.  Il a pourtant fait remarquer que les femmes réfugiées assument des rôles de leadership et soutiennent la réponse dans les pays d’accueil.  Toujours en Ukraine, les femmes qui ont choisi de ne pas partir sont à l’avant-garde des soins de santé et du soutien social et elles participent pleinement à tous les efforts de médiation.  Le Secrétaire général a aussi parlé du Soudan où, deux ans après la célébration du rôle des femmes dans la Révolution, les réformes clefs sont retardées et la violence à l’égard des femmes continue.  Dans tous ces conflits, nous avons des hommes au pouvoir et des femmes exclues, les droits et libertés de celles-ci étant délibérément ciblées.  

M. Guterres a estimé que, lorsqu’un conflit éclate, les pays voisins et les organisations régionales peuvent apporter beaucoup au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, en veillant à ce que les engagements soient mis en œuvre.  Il a ainsi mentionné, au Soudan, un mécanisme trilatéral qui est chargé d’orienter le processus politique de retour à un ordre constitutionnel, dans lequel chaque délégation est priée d’avoir au moins 40% de femmes.  Il a aussi noté qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’ONU, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) s’assurent que les femmes soient impliquées dans la médiation et la prévention.  Évoquant ensuite l’Asie du Sud-Est, il a estimé que la collaboration de ce type est cruciale pour trouver une solution à la crise au Myanmar, y compris avec les femmes de la diaspora et les réfugiés rohingya se trouvant dans des camps au Bangladesh. 

En Afghanistan, l’ONU et ses partenaires défendent sans ambiguïté les droits fondamentaux des femmes et des filles, notamment le droit de terminer leur éducation et d’exercer une profession, a rappelé le Chef de l’ONU en mentionnant aussi l’aide aux personnes qui ont subi des violences sexuelles et les partenariats avec des dirigeantes et des artisanes de la paix au niveau local.  M. Guterres a insisté sur le fait que la participation égale des femmes à tous les niveaux est essentielle pour la consolidation et le maintien de la paix, et avant cela pour le règlement des conflits.  Il a fait valoir que leurs analyses sont indispensables pour comprendre la dynamique des conflits et élaborer des stratégies efficaces de prévention et d’intervention.  Des études montrent également que la participation active des femmes à la consolidation de la paix augmente les chances de parvenir à une paix durable, a dit le Secrétaire général. 

C’est ainsi que M. Guterres a plaidé pour la parité totale dans les domaines de la surveillance des élections, la réforme du secteur de la sécurité, du désarmement, de la démobilisation ainsi que dans les systèmes judiciaires, y compris par l’établissement de quotas.  Rappelant son projet de nouvel agenda pour la paix, il a dénoncé le fait que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité continue d’être contesté et subisse des revers à travers le monde.  Il a demandé aux États Membres de réfléchir aux causes de cette tendance et de s’interroger sur les raisons pour lesquelles il existe toujours un écart aussi béant dans la participation ainsi que dans le respect des engagements pris en faveur de la protection des femmes, de leurs droits humains et de leur dignité.  Augmentez votre soutien aux femmes de la société civile ainsi qu’à leurs efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix, a terminé M. Guterres.  « Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité constitue l’un de nos meilleurs atouts pour bâtir un avenir plus pacifique sur une planète viable. » 

Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a constaté que le monde est confronté au nombre le plus élevé de conflits violents depuis 1945 et que ce sont les femmes qui portent le plus lourd fardeau dans les conflits et les coups d’État.  Cela ne peut pas continuer, a-t-elle martelé en faisant valoir que c’est contraire à la résolution 1325 (2000) et que cela va à l’encontre de la promesse collective du Programme 2030 en faveur d’un monde plus durable et d’un avenir plus pacifique.  En mars de cette année, a-t-elle rappelé, la Commission de la condition de la femme s’est pour la première fois accordée sur des conclusions axées sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte du climat, de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe.  Elle a donc demandé de travailler ensemble pour faire avancer ces promesses.  Comme le démontrent les conflits en Ukraine, en Syrie et au Sahel, toute guerre ou tout conflit a un impact sur l’ensemble du cycle de vie des femmes et des filles, a fait observer Mme Bahous.  Dans tous ces conflits, les femmes sont confrontées à des menaces supplémentaires pour leur corps, leurs moyens de subsistance et leur sécurité.  Pourtant, elles risquent également leur vie en tant que dirigeantes de leurs communautés, cheffes de foyers, artisanes de la paix et médiatrices. 

Avec la résolution 1325, nous avons convenu de protéger les femmes et les filles dans les situations de conflit et de veiller à ce qu’elles soient au premier plan pour trouver la paix, a poursuivi la haute fonctionnaire, ajoutant que ces engagements ont été affinés au travers de neuf autres résolutions.  De nombreux États, 125 très exactement, ont également pris des engagements nationaux, notamment par le biais de plans d’action nationaux sur la résolution 1325, a-t-elle applaudi, saluant à cet égard les plans annoncés l’an dernier par les Émirats arabes unis, le Malawi et le Maroc.  De leur côté, la plupart des organisations régionales se sont aussi engagées sur cette voie, 12 d’entre elles ayant adopté des plans d’action pour les femmes et la paix et la sécurité, contre 5 en 2015, des engagements qui ont servi d’exemples pour leurs États membres.  Ainsi, lorsque la CEDEAO s’est engagée, 12 des 15 États de cette région ont suivi.  Les organisations régionales ont par ailleurs joué un rôle clef dans le développement de réseaux de femmes médiatrices.  Presque toutes les régions et sous-régions sont maintenant dotées d’un tel réseau, a relevé la Directrice exécutive, qui a cité en exemple le Registre des femmes expertes dans la paix et la médiation mis en place dès 2018 par l’ASEAN ou encore le Réseau africain des femmes dirigeantes.  Plus récemment, des réseaux ont été lancés dans le cône Sud des Amériques et dans la région arabe. 

Pourtant, malgré ces progrès institutionnels, on constate encore l’absence des femmes dans les négociations de paix, a déploré Mme Bahous en citant en exemple la région des Grands Lacs où un plan d’action a été adopté au niveau ministériel mais ne s’est pas traduit en actes dans les pourparlers politiques destinés à faire cesser les violences dans l’est de la RDC.  Elle a donc demandé de veiller à ce que les solutions portées par les femmes fassent partie intégrante des solutions politiques et, pour cela, a appelé à honorer les engagements et à inclure pleinement les voix des femmes dirigeantes leaders.  Elle a aussi demandé de faire un meilleur travail pour fournir un soutien, une protection, voire un asile, une relocalisation temporaire ou une protection aux personnes en danger confrontées à des persécutions fondées sur le genre, comme l’a confirmé la récente évacuation des défenseurs des droits humains d’Afghanistan.  Les organisations régionales peuvent stimuler ces réformes à la fois dans la législation et les démarches administratives parmi leurs membres, a affirmé Mme Bahous, saluant la nouvelle recommandation du Conseil de l’Europe, qui vise à protéger les droits des femmes et des filles migrantes, demandeuses d’asile ou réfugiées, dans le sillage du déplacement de millions d’Ukrainiens. 

La société civile est un autre partenaire indispensable dans ces situations, a-t-elle relevé avant de rappeler que, l’an dernier, le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire a soutenu 215 organisations de la société civile, touchant directement 10,6 millions de personnes, y compris les femmes déplacées de force, les femmes et les filles handicapées et les victimes de violences sexuelles et sexistes.  Il a aussi facilité l’évacuation de plusieurs femmes afghanes et les personnes à charge après la prise de contrôle des Taliban, fournissant une aide d’urgence essentielle.  En investissant dans les moyens de subsistance, nous investissons dans l’avenir, a-t-elle conclu, ajoutant que la paix et la sécurité auxquelles nous aspirons ne seront possibles que lorsque les femmes joueront un rôle central. 

Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale sur les femmes, la paix et la sécurité du Président de la Commission de l’Union africaine, a indiqué que l’exclusion des femmes est un indicateur de mauvaise gouvernance.  De plus, les coups d’État aggravent cette situation, a-t-elle relevé.  Elle a assuré qu’en Afrique, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité a continué d’être mis en œuvre, notamment par les 58% des membres de l’Union africaine (UA) qui ont adopté des plans d’action nationaux.  Mme Diop a aussi fait valoir que l’UA a mis en place une architecture de paix et sécurité, en promouvant l’inclusion des femmes dans le cadre des questions de paix et sécurité.  Cela se fait notamment grâce à des programmes de terrain comme celui mené par l’UA au Mali en ce moment.  L’UA a également mis sur pied un cadre continental pour mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Il faut débattre, mais il faut également agir, et obtenir des résultats sur le terrain, a conclu Mme Diop.

Mme STELLA RONNER-GRUBAČIĆ, Ambassadrice pour le genre et la diversité de l’Union européenne (UE), a déclaré que même dans des situations de crise, les femmes continuent d’être tenues à l’écart des processus de dialogue, comme cela est le cas en Afghanistan, au Myanmar, en Syrie et au Soudan.  Appelant à une accélération de l’action en la matière, elle a indiqué que l’UE a lancé en mars dernier le Forum pour les femmes afghanes dirigeantes afin de favoriser leur participation politique.  Ces femmes afghanes ont ainsi ce Forum pour exprimer leurs vues alors qu’elles sont exclues du dialogue politique et sont privées de leurs droits.  Elle a ensuite invoqué la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, en déplorant que la dignité et les droits des femmes soient foulés au pied.  C’est à l’appel des organisations de femmes sur le terrain que l’UE a appuyé les autorités ukrainiennes dans les enquêtes sur les atrocités commises, a-t-elle dit.  Elle a assuré que 85% de l’action extérieure de l’UE aura une dimension de genre d’ici à 2025.  Enfin, elle a proposé de relancer le mécanisme régional prévu par la résolution 1325 (2000) visant à faciliter l’échange de bonnes pratiques entre l’ONU, l’UE, l’Union africaine, l’OTAN et l’OSCE.

Mme HELGA MARIA SCHMID, Secrétaire générale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a souligné qu’en cette époque difficile marquée par la guerre en Ukraine, les femmes et filles sont victimes de violences sexuelles, et que cette guerre a des conséquences économiques sur les foyers les plus pauvres dont beaucoup sont dirigés par des femmes.  Elle a également parlé de la pollution radioactive et de la dépendance des femmes cheffes de famille tributaires de ressources naturelles et des conséquences de la pandémie qui a accru les inégalités hommes-femmes.  En ces temps difficiles, il faut garantir un rôle aux femmes en matière de consolidation de la paix, a-t-elle recommandé, avant de faire valoir que l’OSCE œuvre en ce sens en les associant directement aux processus de paix.  À titre d’exemple, Mme Schmid a cité la mission de l’OSCE en République de Moldova qui travaille en étroite collaboration avec l’ONU et les réseaux de médiateurs/médiatrices.  Parmi les exemples concrets des contributions d’organisations régionales à la participation des femmes à la paix et la sécurité, Mme Schmid a mentionné le réseau de l’OSCE qui soutient les femmes artisanes de paix, y compris en Afghanistan.  Elle a dit vouloir se baser sur l’expérience afghane, notamment pour permettre à ces femmes d’œuvrer en toute sécurité.  Plus d’une dizaine de femmes ont également participé au programme de désarmement de l’OSCE, a-t-elle ajouté.  

Mme HAIFA ABU-GHAZALEH, Secrétaire générale adjointe de la Ligue des États arabes en charge des affaires sociales, a observé que, 21 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000), la région arabe connaît toujours des crises et des conflits, rendant inexploité le potentiel des femmes à construire la paix.  Pourtant, des progrès sporadiques ont été constatés, a-t-elle noté.  Afin de mettre un terme aux conflits, des appels sont lancés pour la désescalade des conflits et pour que les femmes participent de manière égale et significative à leur règlement pacifique.  C’est ainsi qu’en 2015, la Ligue des États arabes a formulé la Stratégie régionale pour les femmes, la paix et la sécurité, pour soutenir les efforts déployés par les États pour appliquer au plan national la résolution 1325.  Dans ce même cadre, a-t-elle poursuivi, la Ligue a créé en 2019 le Réseau arabe des femmes médiatrices, en tant qu’instrument régional de médiation.  La Ligue, a encore rappelé Mme Abu-Ghazaleh, a également initié la formation du Comité d’urgence pour la protection des femmes pendant les conflits armés dans la région arabe en réponse aux efforts déployés par les femmes des pays arabes.  Dans ce contexte, plusieurs stratégies connexes ont été adoptées pour soutenir, renforcer et protéger les femmes dans la paix et la sécurité, notamment la Stratégie arabe de prévention et de réponse pour combattre toutes les formes de violence dans les situations de réfugiés, en particulier la violence sexuelle contre les femmes et les filles.  De plus, en coopération avec ONU-Femmes, la Ligue a développé le projet « Femmes, paix et sécurité dans la région arabe », qui s’emploie à fournir l’assistance technique et l’orientation politique nécessaires à tous les aspects des engagements relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Avant de conclure, Mme Abu-Ghazaleh a suggéré au Secrétaire général de l’ONU de nommer une envoyée spéciale pour la paix et la sécurité des femmes, avant d’appeler le Conseil de sécurité à adopter une nouvelle résolution sur les femmes et la médiation.  

Déclarations

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a souligné l’importance des organisations régionales pour mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Commentant l’actualité ukrainienne, elle a noté combien les acquis en matière de droits de la femme et de parité entre les genres ont reculé.  Les femmes qui fuient la guerre se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité aux violences sexuelle et fondée sur le sexe.  En Afghanistan, a-t-elle poursuivi, les femmes sont effacées de la vie publique depuis l’arrivée des Taliban au pouvoir.  Malgré les promesses de ces derniers, les filles sont toujours privées d’éducation.  Insistant sur le rôle important des organisations régionales, elle a jugé qu’elles sont idéalement placées pour restaurer la confiance et promouvoir le dialogue, après un conflit, en mettant au centre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La Ministre s’est dite attachée à plaider pour ce programme auprès de l’OSCE et de l’OTAN.  Lorsqu’elle présidait l’OSCE, en 2020, l’Albanie, a-t-elle affirmé, n’a épargné aucun effort pour accélérer la mise en œuvre du programme.  Après avoir précisé que les femmes représentent 18% des membres des Forces armées albanaises, elle s’est enorgueillie du fait que son pays fait partie des cinq États au monde à avoir 75% de femmes ministres.

Mme LINDA THOMAS-GREENFILED (États-Unis) a dénoncé la situation des femmes en Afghanistan, au Myanmar, en Ukraine, en Éthiopie et ailleurs, avant de rappeler que les régimes de sanctions de l’ONU, notamment pour le Soudan du Sud et le Yémen, prévoient des critères d’inscription sur la liste des auteurs de violences commises contre les femmes.  Elle a recommandé d’utiliser cet outil en Libye et en Afghanistan où les Taliban éliminent la participation des femmes à la vie politique et socioéconomique, en appelant les Taliban à éliminer ces restrictions.  « Mais on ne peut pas parler des femmes et de la paix et de la sécurité sans nous pencher sur les conséquences terribles de l’invasion de la Russie en Ukraine et des retombées sur les femmes », a dit la déléguée annonçant recevoir des informations faisant état d’atrocités odieuses commises contre les civils y compris les femmes et les filles, notamment des violences sexuelles et sexistes dans le cadre du conflit.  « Les auteurs de ces crimes doivent rendre des comptes et ne bénéficier d’aucune impunité. »

Elle a ajouté qu’avec les organisations régionales, il faut utiliser tous les outils disponibles en matière de prévention, promouvoir la justice sous toutes ses formes ainsi que fournir des services d’appui aux rescapés.  Pour la représentante, les femmes ne sont pas de simples victimes passives, mais sont systématiquement en première ligne des actions humanitaires au niveau communautaire et au niveau national.  Elles prennent des mesures pour protéger leur communauté face au conflit et elles ont une compréhension toute particulière des dynamiques régionales et des processus de paix nécessaires pour la conclusion d’accords pérennes.  Donner la priorité aux femmes jettera les bases d’un avenir plus pacifique, a-t-elle assuré en demandant de poursuivre les efforts pour éradiquer les inégalités entre les sexes dans tous les secteurs de la société, dénoncer la misogynie, mettre fin aux atrocités commises contre les femmes, promouvoir leur participation et leur inclusion à la prise de décisions à toutes les étapes des conflits, de la prévention et de la consolidation de la paix.  Les États-Unis sont devenus le premier pays dans le monde à mettre en œuvre la résolution 1325, s’est enorgueillie la déléguée avant d’énumérer les mesures prises par son gouvernement qui s’apprête à présenter son deuxième rapport de mise en œuvre de ladite résolution. 

Mme GRY HAUGSBAKKEN, Secrétaire d’État et Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, a estimé que, pour appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité face aux troubles politiques et aux prises de pouvoir par la force, les organisations régionales doivent tout d’abord montrer l’exemple.  Depuis des décennies, a-t-elle relevé, l’UA a fait preuve de leadership dans la lutte contre les coups d’État et les prises de contrôle grâce à des réponses rapides et décisives.  Elle s’est également félicitée de la création par l’UA et la CEDEAO de plans d’action régionaux sur les femmes, la paix et la sécurité, avant de saluer la déclaration de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur le droit des filles afghanes à l’éducation.  Mais le véritable test consiste selon elle à traduire ces engagements politiques généraux en actions concrètes lorsque des conflits surgissent.  Les organisations régionales devraient insister sur la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les efforts de médiation, à la résolution des conflits locaux et nationaux et à la reconstruction après les crises politiques, a plaidé la Ministre.  Elles devraient aussi inclure des femmes dans leurs équipes de médiation, a-t-elle ajouté, faisant valoir l’expertise et l’expérience des réseaux régionaux de femmes médiatrices.  

Il convient en outre d’associer les femmes au changement, a poursuivi la Ministre.  En effet, après un coup d’État militaire ou une prise de pouvoir violente, les femmes dirigeantes se retrouvent souvent exclues des espaces politiques et des processus formels, a-t-elle constaté, se faisant l’écho des appels de femmes artisanes de la paix et de représentantes de la société civile en Afghanistan et au Myanmar en faveur de plateformes informelles qui leur permettent d’avoir des échanges avec ceux qui ont pris le pouvoir.  Au Soudan, a-t-elle indiqué, l’UA, l’IGAD et la MINUATS ont soutenu la création d’un groupe de femmes non partisanes pour favoriser leur participation au processus politique, en s’appuyant sur le rôle clef joué par les femmes dans la révolution de 2019.  Enfin, Mme Haugsbakken a souhaité que les organisations régionales appuient la justice et a salué les engagements pris de longue date par l’UA, l’ASEAN et l’UE pour promouvoir l’égalité des sexes.  En tant qu’institutions, ces organisations disposent de nombreux leviers pour réduire les obstacles à la protection et à la participation des femmes, a-t-elle estimé, appelant également au renforcement de la prévention des violences sexuelles et sexistes.  Et quand tout le reste échoue, les arrêts de la Cour interaméricaine des droits de l’homme ont montré qu’il peut aussi exister des outils régionaux de correction de cap et de responsabilité, a-t-elle fait valoir.

Mme ABENA OSEI-ASARE, Vice-Ministre des finances du Ghana, a affirmé que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont incorporé des aspects cruciaux du programme dans leurs objectifs stratégiques et opérations.  En reconnaissance de la contribution des femmes à la construction de sociétés pacifiques et stables, la CEDEAO a notamment élaboré des cadres juridiques pour assurer le rôle des femmes dans la gouvernance, les processus électoraux, la prévention des conflits et leur résolution, ainsi que la consolidation de la paix.  La Vice-Ministre a évoqué le rôle que les groupes de femmes aux niveaux national et régional ont joué dans la résolution de conflits tels que ceux survenus au Libéria, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire au début des années 2000.  L’adoption en 2010 du Plan d’action régional de la CEDEAO pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des résolutions connexes a également vu l’inclusion d’éléments du programme dans des initiatives régionales.  Elle a appelé à des échanges des meilleures pratiques entre les régions et l’approfondissement des partenariats pour combler les lacunes.  Elle a également exhorté le Conseil de sécurité à demander au Secrétaire général d’assurer l’allocation de ressources ciblées pour faciliter les réponses aux menaces contre les femmes.  

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a insisté sur le rôle essentiel des organisations régionales dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Elle a appelé au renforcement des réseaux de femmes et ce, avant qu’un conflit n’éclate.  Ces réseaux ne recevaient que 0,18% de l’aide publique au développement (APD) en 2018, a dit la déléguée, en appelant à remédier à cette situation.  Elle a indiqué que les processus de réforme du secteur de sécurité doivent prendre en compte les spécificités locales, notamment au regard du genre.  Enfin, la déléguée a souhaité la nomination de femmes à des postes clefs.  En 2021, seules 18 délégations sur les 194 que comptent l’ONU étaient emmenées par des femmes.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué le travail du Conseil, ces dernières années, pour renforcer le dialogue avec les organisations régionales en tenant des réunions annuelles qui ont abouti à des documents finaux reconnaissant la pertinence de l’approche femmes-paix-sécurité.  À ce titre il a cité le programme sur ce thème de l’Union africaine et le plan d’action exécutif 2015-2030 pour la protection des femmes arabes de la Ligue des États arabes qui ont poursuivi les objectifs dans des contextes régionaux spécifiques.  Il a aussi fait remarquer que les meilleures pratiques régionales peuvent aider le Conseil à faire avancer cet agenda, en particulier par le biais des femmes « briefers » des organisations régionales qui aident à mieux comprendre les priorités régionales.  S’agissant des violences sexuelles en période de conflit, et notamment en Ukraine, le représentant a exigé que toutes les parties s’engagent à prévenir et à combattre ce problème, à développer une approche centrée sur les victimes et les survivantes et à poursuivre les auteurs.  Il a aussi souligné la grande utilité de la présence de femmes Casques bleus sur le terrain.  Le Brésil continuera d’appliquer une approche sexospécifique à l’aide humanitaire internationale, a-t-il assuré avant de plaider pour que le financement international promeuve l’égalité des sexes comme catalyseur d’une paix durable et se concentre sur le financement d’initiatives visant à assurer la sécurité économique et le bien-être à long terme des femmes.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que ce thème de la réunion pouvait être examiné sous l’angle des conséquences sur les femmes de la désintégration de l’État ukrainien qui, a-t-il affirmé, a commencé en février 2014, quand un coup d’État anticonstitutionnel a renversé le Président légitime, M. Ianoukovitch.  Il a affirmé que les autorités de Kiev ont déclenché une guerre civile contre le Donbass, dont la population n’a pas reconnu le coup d’État et plaidé pour la préservation du « droit de communiquer dans sa langue maternelle et de vivre en paix avec la Russie ».  Après avoir dénoncé les répressions dont sont victimes des journalistes femmes, le représentant a indiqué que les autorités des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk procédaient dans les territoires « libérés » à une documentation des crimes, dont les crimes à caractère sexuel, commis par les nationalistes ukrainiens.  Il a qualifié de « fake news » les accusations de violences sexuelles par des soldats russes en Ukraine, et a reproché aux Forces armées ukrainiennes de créer des boucliers humains, en plaçant des armes lourdes dans des zones urbaines densement peuplées.  

Par ailleurs, le représentant a appelé à mettre en place des mesures supplémentaires au niveau international pour renforcer le rôle des femmes dans le domaine du développement économique et social des pays en conflit ou sortant d’un conflit.  Il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui ont des conséquences disproportionnées sur les intérêts des femmes, ainsi que la persistance, parmi les pays occidentaux, d’une culture néocolonialiste marquée par une intolérance à l’égard des femmes et personnes d’ascendance africaine et asiatique.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a déclaré que son pays offre un modèle unique pour une gouvernance sensible au genre.  Plus de 1,3 million de représentantes élues, qui représentent près de 44% du total des élus, participent au processus de décision politique au niveau local, et 20 États indiens ont prévu un quota de 50% pour les femmes dans les organes législatifs, a-t-il indiqué.  Préoccupé par la stabilité de la région, il a souligné l’importance d’une gouvernance inclusive et représentative en Afghanistan avec une participation significative des femmes conformément à la résolution 2593 (2021).  Il s’est inquiété de la dévalorisation du statut des femmes dans la société afghane notamment l’éducation des filles.  Le délégué a ensuite appelé à la prudence s’agissant de l’utilisation abusive des nouvelles technologies, d’Internet et des réseaux de médias sociaux, notant que des groupes extrémistes et terroristes les exploitent au détriment des femmes.  En outre, il a demandé au Conseil de sécurité d’examiner les conséquences du terrorisme sur les droits des femmes avant de souligner le rôle essentiel que jouent les femmes Casques bleus dans la préservation du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’au mois d’avril, pendant la présidence du Conseil par son pays, a été lancé le Code Murad, un code de conduite « historique » qui vise à recueillir des informations auprès des survivantes de manière sûre et efficace.  Nous nous sommes assurés que le code a été traduit en ukrainien dans le but de demander des comptes aux auteurs de crimes, a-t-elle indiqué.  Dans de nombreux contextes, a-t-elle observé, les organisations régionales ont une influence unique pour défendre les droits des femmes et des filles, comme le fait par exemple l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en Afghanistan.  Pour sa part, le Royaume-Uni soutient et finance les réseaux de femmes médiatrices du Commonwealth, dont les membres ont contribué à résoudre des conflits électoraux en Ouganda, assuré des médiations dans le conflit politique au Myanmar et comblé les divisions communautaires en Irlande du Nord et à Chypre.  Londres s’emploie par ailleurs à appuyer la collaboration régionale pour conduire le changement sur le terrain, notamment en travaillant avec l’ASEAN sur le renforcement des capacités, a-t-elle indiqué.  Pour l’avenir, la déléguée a souhaité que les organisations régionales veillent à garantir le leadership des femmes, à développer des stratégies sur les femmes et la paix et la sécurité qui soient pleinement mis en œuvre et à partager leurs expériences avec d’autres organisations.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a relevé que dans les circonstances de rupture de l’ordre constitutionnel que de nombreux pays dans le monde ont expérimenté à un moment de leur histoire, les femmes ont souvent payé un très lourd tribut.  Il a rappelé que l’Afrique a pris la mesure des enjeux et des responsabilités face au problème de prise du pouvoir par la force en se dotant d’un instrument juridique audacieux qu’est la Charte africaine contre des changements anticonstitutionnels de gouvernement.  Le dernier Sommet extraordinaire de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba y a consacré son agenda au vu de la résurgence du phénomène et son impact sur la gouvernance régionale.  Le Gabon qui est parmi les rares pays africains n’ayant jamais connu de changement anticonstitutionnel de pouvoir mène une politique qui place les femmes au cœur du façonnement du destin de la société, a-t-il affirmé, ajoutant que « les femmes constituent les atouts majeurs de la stabilité et de la paix durables qui sédimentent l’attractivité du Gabon ».  

Plantant le décor, Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a rappelé qu’en plus de la pandémie, le monde connaît une véritable épidémie de coups d’État, de prises de pouvoir par la force et d’occupation de territoires, en violation du droit international et l’état de droit, et au détriment des progrès, annihilés en seulement quelques semaines.  Nous savons que si nous ne reconnaissons pas l’importance du rôle des femmes, la paix et la stabilité resteront illusoires, a-t-elle souligné.  La communauté internationale doit donc accorder la priorité au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, car les femmes sont toujours marginalisées, voire complètement oubliées à la table des négociations, et la violence sexuelle liée au conflit reste une technique de guerre, comme en Ukraine.  Changeons de trajectoire et tirons parti de la nature collaborative des organisations régionales pour faire avancer les choses, a encouragé la représentante.  

Plus d’une dizaine de ces organisations ont des plans d’action ou des stratégies relatives au programme pour les femmes et la paix et la sécurité et l’ASEAN est sur le point de finaliser les siens.  Ces plans d’action sont inestimables mais il faut surtout les mettre en pratique et les doter des ressources nécessaires.  Elle a salué le travail vital de l’Union africaine et de l’Envoyée spéciale Bineta Diop, ainsi que celui du Réseau africain de femmes leaders.  En tant que coprésident, avec le Mexique, du Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, l’Irlande a travaillé sans relâche, au cours de ces 18 derniers mois, pour veiller à ce que le programme reste au premier plan des préoccupations des membres du Conseil, a-t-elle assuré.  

M. DAI BING (Chine) a déclaré que la promotion du rôle des femmes va de pair avec un environnement politique stable.  Dans ce contexte, il s’est dit préoccupé par l’érosion des droits des femmes et de la régression de la parité entre les sexes dans de nombreux pays en raison d’instabilités.  Il a jugé essentiel de respecter l’intégrité territoriale de chaque pays en encourageant des programmes régionaux fondés sur les réalités de terrain.  Parvenir à la paix est le meilleur moyen de protéger les femmes qui sont souvent les premières victimes des conflits a souligné le représentant avant d’appeler à s’atteler aux causes profondes des conflits.  Il a appuyé le rôle de la Ligue des États arabes pour la résolution de la question palestinienne.  Face aux conséquences des combats en Ukraine, le représentant de la Chine a salué le rôle de l’Union européenne pour répondre aux besoins des réfugiés dont beaucoup sont des femmes.

Mme SHERAZ GASRI (France) a estimé que de l’Afghanistan à l’Ukraine en passant par le Sahel et le Myanmar, les crises et les conflits actuels nous rappellent que la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité demeure insuffisante.  Les organisations régionales ont un rôle déterminant à jouer pour faire avancer ce programme, a-t-elle soutenu, saluant les stratégies et plans d’action adoptés.  Elle s’est ainsi félicitée de la création par l’Union africaine du Réseau panafricain des femmes pour la prévention et la médiation des conflits, dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité africaine.  De même, elle s’est réjouie de l’action de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sur cette priorité.  Soucieuse de voir ces efforts s’intensifier, la France, a-t-elle dit, soutient les partenariats noués par les Nations Unies avec des organisations régionales et les organisations entre elles.  

La représentante a évoqué le partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine pour l’inclusion des femmes dans les négociations de paix.  Elle a appelé toutes les organisations régionales à multiplier ces initiatives et partager leurs bonnes pratiques.  Nous devons aussi renforcer les synergies entre États Membres, organisations régionales et parties prenantes, dont la société civile, a plaidé la représentante, non sans rappeler le cadre innovant du Forum Génération Égalité organisé avec le Mexique et ONU-Femmes en 2021, qui a permis de mobiliser 40 milliards de dollars pour soutenir un plan mondial d’accélération de l’égalité.  Elle a par ailleurs exhorté les États Membres à rejoindre le Pacte sur les femmes, la paix et la sécurité et l’action humanitaire et à adopter des plans nationaux d’action.  De son côté, la France continuera de promouvoir une diplomatie féministe ambitieuse et fera de la mise en œuvre de son troisième plan national d’action une priorité, a-t-elle assuré.  

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a appelé à des partenariats approfondis avec les réseaux régionaux de femmes, qui jouent un rôle crucial dans la « contextualisation » des solutions à apporter.  Elle a mentionné le réseau des femmes dirigeantes africaines et exhorté le Conseil à s’appuyer sur de tels réseaux.  La déléguée a insisté sur l’importance d’investissements précoces dans la participation et la protection afin de forger des partenariats régionaux durables.  Les coups d’État aggravent le défi de protection des femmes, a-t-elle reconnu, en souhaitant le renforcement des réseaux de femmes dans le domaine du maintien de la paix avant qu’un conflit n’éclate.  Les réseaux régionaux de femmes doivent être dotés de ressources humaines et financières suffisantes, a conclu la représentante.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a relevé que des violences sexuelles et sexistes s’accentuent en cas de rupture de l’ordre constitutionnel.  Le délégué a également appelé à renforcer les capacités nécessaires pour fournir une assistance aux processus politiques électoraux, promouvant la pleine et égale participation des femmes à la vie publique et aux processus politiques de prise de décisions, à tous les niveaux.  Il faut également veiller à leur participation en tant que candidates et électrices, a-t-il ajouté.  Il a jugé nécessaire de promouvoir les compétences en leadership des femmes à travers des technologies numériques, en particulier chez les jeunes femmes et les groupes traditionnellement exclus, comme les femmes autochtones, afrodescendantes, réfugiées, veuves, handicapées ou de la communauté LGBTI.  L’échange de bonnes pratiques entre les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est également crucial.  De même, il faudrait favoriser la création ou le renforcement de réseaux inclusifs de femmes médiatrices dans les différentes sous-régions, a-t-il suggéré.  C’est dans cette optique que le Mexique travaille avec d’autres pays de la région ibéro-américaine pour mettre en place un réseau de femmes médiatrices.  Ce dernier vise notamment à augmenter le nombre de femmes ibéro-américaines impliquées dans la prévention et la médiation des conflits, ainsi que dans les processus de paix, à l’intérieur et à l’extérieur de la région.

S’exprimant au nom des pays nordiques, M. VILLE SKINNARI, Ministre du développement, de la coopération, du commerce extérieur et des affaires étrangères de la Finlande, a constaté que les conflits en cours en Ukraine, en Afghanistan, au Soudan, au Myanmar ou encore au Mali menacent les fragiles acquis du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et le travail des femmes artisanes de la paix.  Dans le contexte des coups d’État et des prises de pouvoir militaires, a-t-il observé, les organisations régionales et sous-régionales sont souvent déterminantes dans le développement d’approches spécifiques et sur mesure.  Dans les crises, elles sont souvent les premières à réagir et à dialoguer avec les parties concernées pour assurer la protection des civils.  De plus, elles aident à instaurer la confiance et offrent un soutien dans la médiation et la réconciliation, tout en plaidant pour la pleine participation des femmes dans tous les aspects de paix et de sécurité, a fait valoir le représentant, pour qui il importe d’intensifier à tous les niveaux les interactions avec la société civile et de soutenir les organisations locales de femmes.  Leur expertise contextuelle est cruciale pour notre succès, a-t-il souligné, avant d’estimer que le réseau de points focaux sur les femmes, la paix et la sécurité, coprésidé par l’Afrique du Sud et la Suisse, offre une plateforme importante pour partager les bonnes pratiques.

Mme RASHA MOHD KHEIR OMAR SHOMAN KHOT (Jordanie) a indiqué que son pays est en train d’élaborer son second plan d’action national visant à une meilleure intégration des femmes aux efforts de paix et de sécurité.  Rappelant que la Jordanie accueille un grand nombre de réfugiés syriens et palestiniens, elle a déclaré que les personnes les vulnérables sont au cœur dudit plan d’action.  Elle a précisé que plus de 12 000 femmes vulnérables ont pu bénéficier en Jordanie de services de protection.  Elle a insisté sur le rôle crucial des organisations de femmes dans l’instauration d’une paix durable.  La déléguée a appelé à une meilleure application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en défendant une vision commune respectant les caractéristiques de chaque État et prévoyant un financement pérenne et flexible.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a mis l’accent sur la situation des femmes et des filles au Myanmar depuis le coup d’État de 2021.  Rappelant la résolution 75/287 de l’Assemblée générale sur la prévention des flux d’armes vers le Myanmar, elle a exhorté les États Membres à la mettre en œuvre de manière prioritaire, jugeant que le Conseil de sécurité doit prendre des mesures additionnelles.  L’ASEAN est également essentielle aux efforts visant à assurer un avenir pacifique au Myanmar et la stabilité de la région, a-t-elle ajouté.  Passant au conflit en Ukraine, elle a rappelé que des millions de femmes et d’enfants sont devenus vulnérables à l’exploitation et à la traite des êtres humains.  Elle a appuyé les directives de l’OSCE et salué ses recommandations pratiques.  L’efficacité des réponses à la traite dépend de l’implication du secteur privé, a souligné la représentante.  L’Initiative du Liechtenstein sur la finance contre l’esclavage et la traite, ou « FAST », qui est un partenariat public-privé engageant le secteur financier dans la lutte contre ces crimes, se consacre aux risques liés aux flux massifs des réfugiés d’Ukraine, y compris pour l’intégration financière de ceux qui sont arrivés au Liechtenstein, a expliqué la représentante.

Au nom du Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité, M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a appelé à des mesures rapides et concertées pour appliquer pleinement la résolution 1325 et les résolutions ultérieures pour que les femmes et les filles ne soient plus tenues à l’écart des processus politiques et de paix.  Le représentant a plaidé pour le renforcement de la collaboration entre les organisations régionales et l’ONU pour améliorer la ventilation des données et les analyses comparatives entre les sexes, partager les meilleures pratiques et coordonner les approches.  Nous pensons que le rôle consultatif et rassembleur de la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle d’appui à ces efforts, a-t-il ajouté.  Enfin, il a jugé essentiel que les partenaires régionaux ménagent un environnement sûr et favorable aux faiseuses de paix, et aux défenseurs des droits de l’homme et de l’égalité des sexes.

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a fait le constat d’une mise en œuvre insuffisante de la résolution historique 1325 (2000) et des résolutions ultérieures, laissées de côté pendant les périodes turbulentes des guerres, des coups d’État militaires ou des prises de pouvoir par la force.  Les événements récents en Ukraine, en Afghanistan ou au Myanmar ont montré comment les gains fragiles du programme pour les femmes et la paix et la sécurité peuvent s’effacer et les droits des femmes et des filles, violés en toute impunité.  La représentante a indiqué que son pays a contribué à l’élaboration des politiques pertinentes de l’OTAN et qu’il maintient la perspective sexospécifique dans la formation de son personnel de sécurité, déployé par exemple dans les missions de l’OTAN, de l’ONU et de l’Union européenne.  Elle a aussi suggéré aux États Membres de nommer des représentantes de haut niveau pour la mise en œuvre régionale du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et de créer des organes consultatifs régionaux de femmes leaders au service de la paix.  Les États Membres peuvent également contribuer au renforcement des capacités régionales en matière de suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme, a conclu la représentante.  

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a salué le travail important accompli par le Bureau de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit pour rendre compte de l’agression russe contre l’Ukraine.  Elle s’est aussi déclarée préoccupée par la montée de la violence au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, où les factions de Boko Haram sont responsables d’attaques brutales contre des femmes et des filles.  En Afghanistan, au Soudan et au Myanmar, les prises de contrôle anticonstitutionnelles ont exacerbé les problèmes sous-jacents, notamment la violence sexuelle, a-t-elle relevé, soulignant la nécessité d’une coopération régionale.  Elle a ensuite assuré que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité sera l’une des priorités de son pays lorsqu’il siégera au Conseil de sécurité en 2023- 2024.  La représentante a ensuite exhorté les organismes régionaux et sous-régionaux à continuer de mettre en œuvre des politiques en faveur des femmes et des filles touchées par les violences sexuelles liées aux conflits.  À ses yeux, les organisations régionales peuvent faire progresser la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité de deux façons: en soutenant les États dans l’élaboration de plans d’action nationaux et en travaillant pour que les femmes soient à la table des négociations.  

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a estimé que les organisations régionales ont un rôle important à jouer en complément des efforts des Nations Unies pour faire avancer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Pour atteindre la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, il a souhaité que la question fasse « partie intégrante de notre travail quotidien », à la fois dans les structures civiles et celles qui sont militaires.  Dans les conflits, les organisations féminines locales sont le plus souvent les premières à intervenir sur le terrain, a-t-il noté.  Ainsi, en travaillant en collaboration avec ces organisations locales, les organisations régionales peuvent jouer un rôle important pour soutenir les efforts des femmes travaillant en première ligne des conflits insolubles, a-t-il conclu.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dénoncé « les mensonges proférés ce matin par la délégation russe ».  Il a indiqué que son pays a adopté un plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité.  Bien que nos capacités aient été entamées par l’agression russe, notre engagement en faveur de la résolution 1325 (2000) reste inébranlable, a assuré le délégué.  Il a dénoncé les violences sexuelles commises par les Russes dans son pays, avant d’indiquer que l’Ukraine va prochainement ouvrir un centre d’appui pour les rescapées.  Les femmes et les filles doivent rester au centre des programmes d’appui à l’Ukraine, a conclu le délégué.

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a plaidé pour une participation pleine, égale et significative des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie, arguant que c’est crucial pour avoir des sociétés pacifiques, fonctionnelles et prospères.  À cet égard, les organisations régionales jouent un rôle déterminant, a relevé Mme Stoeva en félicitant celles d’entre elles qui ont adopté des plans d’action spécifiques sur les femmes et la paix et la sécurité, qui permettent de disposer de données désagrégées et de fournir les meilleures pratiques.  Elle a encouragé ces organisations à jouer un rôle dans le renforcement des capacités des femmes négociatrices, médiatrices et artisanes de la paix.  De plus, les femmes ont besoin de compétences pour être partie intégrante des processus décisionnels en matière de sécurité.  Cette année, la Bulgarie va préparer son rapport de mi-parcours sur la mise en œuvre de son premier plan d’action national 2020-2025 sur les femmes et la paix et la sécurité, a annoncé la déléguée en précisant que ce plan mettra l’accent sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, y compris en Europe du Sud-Est et dans la région de la mer Noire.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné la remise en cause d’acquis durement gagnés par les femmes bâtisseuses de la paix et défenseuses des droits de l’homme, qui sont exposées à des risques accrus lors de prises de pouvoir par la force.  Il a salué dans ce contexte le rôle des organisations régionales pour protéger et soutenir la société civile, avant de préciser que la Suisse appuie le Global Network of Women Peacebuilders réunissant une centaine d’organisations.  Il a appelé à approfondir la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies en renforçant l’expertise en matière de genre et en mettant l’accent sur la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux de décision des processus de paix des mécanismes régionaux.  Il a cité en exemple la publication par l’OSCE, avec le soutien de son pays, d’une « boîte à outils » pour l’intégration des femmes dans des processus de paix formels.  Il a aussi parlé d’une autre initiative régionale: le renforcement du réseau de femmes médiatrices FemWise de l’Union Africaine.  Il a aussi indiqué que six organisations régionales ont participé à la réunion du Réseau des points focaux à Genève.  Plaidant pour que le Conseil de sécurité fasse appliquer la résolution 1325, il a assuré que, en tant que futur membre du Conseil, la Suisse continuera de s’engager en faveur des synergies entre les Nations Unies et les organisations régionales pour traduire ces objectifs en réalité.

M. CHO HYUN (République de Corée) a aussi noté que les acquis du programme pour les femmes et la paix et la sécurité sont effacés dans de nombreuses régions du monde, y compris en Afghanistan et au Myanmar.  Le représentant a avoué être consterné par les allégations d’abus et de violences sexuelles en Ukraine après l’agression de la Russie.  Il a estimé que les organisations régionales devraient être étroitement associées aux travaux du Conseil de sécurité en matière d’alerte rapide en cas de violence sexuelle liée au conflit.  Le Conseil doit tenir dûment compte de la surveillance et de l’analyse par les organisations régionales des signes de violence sexuelle dans des contextes tels que l’instabilité politique, les changements de pouvoir inconstitutionnels et la montée du militarisme dans les régions.  Les organisations régionales doivent également être en mesure de fournir des informations et de guider le Conseil en matière d’atténuation des risques et d’intervention rapide.  En outre, a ajouté le représentant, les organisations régionales doivent renforcer la coopération avec les autorités nationales et locales afin d’améliorer et de réformer les cadres juridiques et institutionnels dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a également appelé à se concentrer sur les causes de la violence sexuelle et à soutenir les approches centrées sur les survivantes.   

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a jugé crucial le rôle des organisations régionales si nous voulons que la paix et la sécurité soient pérennes.  Elle a noté à cet égard que des organisations telles que l’UE, l’UA, la Ligue des États arabes, l’OTAN, l’OSCE et l’ASEAN ont déjà adopté ou sont en passe d’adopter des plans d’action sur les femmes et la paix et la sécurité.  Ces documents, a-t-elle relevé, doivent être mis en œuvre par les organisations elles-mêmes mais aussi par leurs États membres, renforçant ainsi la cohérence politique au niveau régional.  De plus, ces organisations étant dotées de compétences en matière de prévention, de règlement des conflits et de consolidation de la paix, elles peuvent apporter des solutions adaptées à ces enjeux, tout en permettant l’inclusion de la société civile et des organisations de femmes.  La déléguée a recommandé de travailler ensemble pour promouvoir la participation aux processus de paix des femmes et des hommes, sur un pied d’égalité, et générer des politiques systématiques dans l’intégration de cette problématique.  Enfin, elle a estimé que la coopération interrégionale pour le partage des pratiques optimales doit se faire sous la coordination du Conseil de sécurité.

M. HRVOJE ĆURIĆ HRVATINIĆ (Croatie) a relevé que les femmes se voient souvent refuser du travail et une éducation.  Pourtant, même dans des situations dangereuses, les femmes se battent courageusement pour leurs droits.  Il a évoqué le cas de l’Afghanistan où les femmes manifestent depuis des mois.  Au Soudan, les femmes ont été parmi les premiers citoyens à protester contre le coup d’État et jouent toujours un rôle de premier plan dans les revendications de rue, a-t-il dit.  Le délégué a souligné que les femmes sont des agents de changement, ainsi que des bâtisseuses de paix.  Il a rappelé que s’il est vrai que l’inclusion des femmes dans les négociations et les processus de paix produit une paix plus durable, à l’inverse, l’exclusion de celles-ci de la politique affecte négativement le dialogue politique et l’équilibre social, ce qui peut entraîner des troubles.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a appelé à la poursuite de l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et invité les organisations régionales à jouer un rôle accru à cette fin.  Il a prôné une approche axée sur les droits des femmes et plaidé pour leur participation renforcée aux processus de règlement des conflits.  Le délégué a aussi insisté sur l’importance des femmes médiatrices et des réseaux de médiatrices.  Les organisations régionales pourraient échanger leurs bonnes pratiques pour une meilleure formation des femmes médiatrices, a suggéré le délégué.  Il a ensuite souligné que les amnisties pour faits de violence sexuelle ne sont jamais acceptables.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a noté que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité possède l’une des bases normatives et institutionnelles les plus complètes, déplorant que sa mise en œuvre complète et efficace fasse toujours défaut dans des domaines spécifiques tels que la lutte contre la sous-représentation, la marginalisation et l’exclusion des femmes des processus de paix et de prise de décisions, ainsi que des élections.  Les gouvernements nationaux ont la responsabilité principale de mettre en œuvre et de combler les lacunes dans la mise en œuvre de ce programme, a souligné le représentant, tout en concédant que le rôle des organisations régionales et sous-régionales, y compris des institutions financières, est inestimable.  Il a appelé par ailleurs au renforcement des organes électoraux et des institutions judiciaires pour qu’ils puissent assurer la reddition de comptes et lutter contre l’impunité en cas d’atteintes aux droits humains et de violations du droit international.  La responsabilisation et la lutte contre l’impunité peuvent avoir un effet dissuasif pour d’autres formes d’abus, a souligné le représentant.  Il a par ailleurs préconisé des échanges réguliers avec d’autres organisations régionales et sous-régionales et le partage des meilleures pratiques pour résoudre les conflits et prévenir l’escalade ou l’émergence de nouveaux conflits, qui se traduisent souvent par des violences à l’égard des femmes et des filles. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a appelé à placer les femmes au cœur de tous les efforts aux niveaux national, régional et international en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Il a fait part de l’engagement de l’Italie auprès de différents programmes européens de promotion de la femme pour la période 2018-2024, pour ensuite insister sur la nécessité d’engager davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, le représentant a relevé que la pratique et l’expérience montraient que les pourparlers de paix avaient davantage de chance de déboucher sur des résultats positifs et durables lorsque des femmes étaient impliquées. 

Au nom du Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence en Afrique, Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a demandé au Conseil d’intensifier ses efforts en vue de la pleine mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, y compris la participation pleine, égale et significative des femmes sur tous les aspects et à tous les niveaux des processus de paix et de sécurité.  De même, elle a exhorté le Conseil, la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales et sous-régionales, y compris leurs institutions financières régionales, à continuer de soutenir l’appropriation locale des efforts de consolidation de la paix, ainsi que les plans d’action, cadres et mécanismes nationaux et régionaux déjà en place.   

La représentante a ensuite informé que le Groupe a créé 29 chapitres nationaux dans les cinq régions d’Afrique, saluant ensuite la contribution des organisations régionales et sous-régionales de l’Union africaine au renforcement du programme pour les femmes et la paix et la sécurité à l’échelle du continent.  Après avoir appelé les États Membres à assurer un financement adéquat, prévisible, durable et flexible pour la consolidation de la paix, la déléguée a indiqué qu’en 2020 et 2021, le Réseau a organisé des missions de solidarité virtuelles au Mali et au Mozambique, répondant aux défis posés aux femmes et aux filles par les transitions politiques et l’extrémisme violent, respectivement.  

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a indiqué que l’Égypte a joué grand rôle dans la création de l’Alliance mondiale des réseaux de femmes pour la paix.  Dans ce cadre, elle participe aux travaux des réseaux africain et méditerranéen et donne aujourd’hui corps à un réseau arabe.  En outre, l’Égypte s’est jointe au Réseau de points focaux sur le programme « Femmes, paix et sécurité » qu’a lancé l’Espagne.  De l’avis du représentant, l’Afrique a fait de grand pas en avant pour la promotion de ce programme, notamment au travers d’organisations telles que l’UA et la Ligue des États arabes, qui, entre autres action, proposent aux femmes des financements par le truchement des institutions financières internationales.  Il a dit que l’Égypte élabore actuellement son premier plan d’action sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Plaidant ensuite pour la mobilisation des ressources, il a invité la communauté internationale à soutenir les plans africains.  Il a par ailleurs rappelé que le Président égyptien a été l’un des premiers dirigeants à se joindre à l’initiative pour la prévention de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations des Nations Unies. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a indiqué que les organisations régionales jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Un engagement politique de haut niveau est essentiel, non seulement pour la mise en œuvre des plans d’action nationaux, mais également pour l’efficacité des plans régionaux ou sous-régionaux.  À cet égard, les organisations régionales doivent partager les meilleures pratiques avec les organisations sous-régionales et travailler avec la société civile reste essentiel aux niveaux régional, national et local, a conclu la représentante.

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a indiqué que l’autonomisation des femmes et des filles n’est pas une priorité lorsqu’un pays est déchiré par un conflit.  Il a pointé les lacunes dans l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Bien souvent, a-t-il relevé, les organisations de défense des femmes ne bénéficient pas des ressources nécessaires.  Le délégué a déclaré que la communauté internationale a besoin des organisations régionales pour assurer la mise en œuvre dudit programme.  Ces organisations devraient faire un suivi de l’application de ce programme au niveau national.  Enfin, il a appuyé les efforts de l’OSCE visant à mettre un terme à l’agression russe contre l’Ukraine.  

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) s’est félicité de ce que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit de plus en plus présent dans les débats du Conseil de sécurité.  La coopération avec les organisations régionales peut rendre les efforts du Conseil plus efficaces, a-t-il estimé.  Le représentant a insisté sur le fait que la tolérance zéro à l’égard des violences sexuelle et fondée sur le sexe facilite la participation des femmes et renforce la cohésion sociale, le développement et la prévention, aux niveaux local, régional et international.  D’ailleurs, a-t-il relevé, les missions politiques spéciales ont créé des liens avec les organisations régionales pour consolider les plans d’action régionaux.  Pour aller plus loin, le représentant a prôné la volonté politique, laquelle fait souvent défaut.  Il a également plaidé en faveur d’un meilleur établissement des responsabilités pour traduire en justice les responsables des violences sexistes et autres.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a jugé nécessaire de doter les femmes de compétences essentielles qui leur permettent de participer pleinement à tous les processus décisionnels pertinents.  Il a appelé à promouvoir la coopération entre l’ONU et d’autres organisations pour promouvoir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  De même, il a souligné que les plans d’action nationaux ont le potentiel d’être d’importants outils pour guider les efforts de mise en œuvre de ce programme, se félicitant que 98 États Membres et 12 organisations régionales aient mis en place des stratégies ou plans de mise en œuvre.  Il a appelé toutes les parties prenantes concernées à soutenir cette approche afin de favoriser une participation significative des femmes.  Le représentant s’est par ailleurs dit horrifié par les allégations de violences sexuelles perpétrées par les forces russes en Ukraine, y compris des viols collectifs et des viols devant des enfants.  Il a demandé le retrait inconditionnel de toutes les troupes russes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a dit mettre en œuvre son deuxième plan d’action national « femmes, paix et sécurité » pour la période 2021-2025.  Il a demandé une action urgente pour prévenir les violences sexuelles et pour engager des poursuites contre leurs auteurs.  Il a souhaité que les organisations régionales jouent un rôle en matière d’alerte précoce, de protection, de surveillance et de collecte d’éléments de preuve.  « Les survivantes de ces crimes odieux méritent la justice. »  Le représentant a salué les efforts de la CPI, des organisations de la société civile et des acteurs étatiques qui s’efforcent de recueillir des preuves sur les violences sexuelles et fondées sur le genre, qui seraient perpétrées de manière systématique par les Forces armées russes en Ukraine.  En outre, les organisations régionales doivent veiller à ce que les femmes puissent être présentes aux tables de négociations dans tous les processus de paix et de consolidation de la paix, a-t-il ajouté.  Saluant le fait que le Secrétaire général a atteint l’objectif de parité femmes-hommes parmi les hauts représentants de l’Organisation, le représentant a souhaité que toutes les autres organisations fassent de même.   

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a plaidé pour l’autonomisation des faiseuses de paix, des médiatrices, des journalistes, des politiciennes, des défenseuses des droits humains et des travailleuses humanitaires pour créer les cadres politiques qu’il faut en faveur de la paix et de la prospérité.  Aucune solution à un conflit ne sera durable sans l’implication des femmes dans les négociations de paix.  Aucune solution durable non plus, sans l’intégration des droits des femmes et des filles dans les cadres politiques, a ajouté la représentante.  Elle a estimé que les organisations régionales sont des agents essentiels du dialogue avec la société civile laquelle a les connaissances, l’expérience et le capital humain nécessaires à l’amélioration de l’efficacité des politiques publiques sur le programme sur les femmes et la paix et la sécurité.  La représentante a d’autre part estimé que la coopération multilatérale est un catalyseur de la mise en œuvre du programme dans les régions confrontées à des défis spécifiques.  À titre d’exemple, elle a rappelé que l’Espagne a signé en décembre 2020 un protocole d’accord avec la CEDEAO sur l’exécution du programme et versé une enveloppe de 400 000 euros.  Géré par l’Institut de développement du genre de la CEDEAO, ce financement sera en partie affecté aux projets de la Plateforme des femmes du Sahel, contribuant ainsi au développement et à la stabilité de la région, s’est-elle félicitée.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souligné la mise en place d’un réseau de médiatrices de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le délégué a appelé à partager les meilleures pratiques de telles initiatives régionales.  De même, il a estimé que le Conseil de sécurité devrait appuyer les initiatives inter et intra régionales relatives au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, comme le projet bilatéral entre l’Indonésie et l’Afghanistan.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) s’est félicité des efforts de l’UE et de l’OSCE en vue de l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a rappelé que son pays assume cette année la présidence de l’OSCE et vise à accroître le nombre de femmes à des postes à responsabilité.  Il a mentionné le réseau de médiatrices mis sur pied par l’OSCE et rappelé que l’équipe la plus importante de la Mission spéciale d’observation en Ukraine de l’OSCE est dirigée par une femme.  En conclusion, le délégué de la Pologne a jugé essentiel d’établir des liens étroits entre l’ONU et les organisations régionales pour la bonne mise en œuvre du programme précité.

Mme SUDHIDHANEE (Thaïlande) a indiqué que dès 2017, les dirigeants de l’ASEAN ont adopté la Déclaration conjointe sur la promotion des femmes, la paix et la sécurité dans l’ASEAN, qui souligne l’importance de la participation égale, pleine et effective des femmes à toutes les étapes des processus de paix.  Elle reconnaît également leurs rôles indispensables dans la consolidation de la paix, la prévention et le règlement des conflits, ainsi que la reconstruction et la relève après les conflits.  Elle a indiqué que la présidence thaïlandaise de l’ASEAN a été marquée par l’adoption en 2019 d’une déclaration conjointe sur la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La Thaïlande appuie également le registre des femmes pour la paix de l’ASEAN qui a été créé en 2018 en tant que groupe de femmes expertes des processus de paix dans la région, et a joué un rôle notable pour établir les normes et procédures régionales pour répondre aux besoins des victimes de la traite des personnes, a fait savoir la représentante.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a jugé insuffisante la participation des femmes aux efforts de maintien et de consolidation de la paix.  Elle a regretté que les femmes ne représentaient en 2020, que 23% des délégations parties aux conflits dans les processus de paix appuyés par l’ONU.  Elle a souligné le rôle vital du Chili pour mettre en place un réseau de points focaux nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité et a fait savoir que son pays est aussi partenaire et cofondateur d’un réseau régional visant à former les femmes pour leur permettre de participer aux négociations relatives à la résolution des conflits.  La représentante s’est par ailleurs dite choquée par la persistance du recours à la violence sexuelle comme arme de guerre et a estimé que la priorité était de garantir partout la sécurité des femmes et des filles.  

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a rappelé que dans la résolution 1820 (2008), le Conseil de sécurité a exhorté les organisations régionales à élaborer et mettre en œuvre des politiques, activités et actions de plaidoyer en faveur des femmes et des filles affectées par les violences sexuelles liées aux conflits.  De même, la résolution 2106 (2013) prévoit que, le cas échéant, les organisations régionales, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU et les États Membres, doivent veiller à ce que les médiateurs et les émissaires s’engagent à ce que les questions de violence sexuelle liée aux conflits soient dûment reflétées dans les dispositions spécifiques des accords de paix.  Le représentant a appelé la communauté internationale à renforcer la représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et les mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et de règlement des conflits.

Mme GABRIELA LILIÁN GONZÁLEZ HERNÁNDEZ (Uruguay) a estimé que, de par leur capacité à agir sur le terrain, les organisations régionales peuvent contribuer à une plus grande participation des femmes aux processus de négociation et postconflit, tout en identifiant les problèmes les plus aigus affectant les femmes dans les conflits et autres situations de violence.  De même, ces organisations peuvent compléter les efforts des États et être utiles dans l’élaboration d’approches régionales et le partage des bonnes pratiques.  Pour la représentante, l’UA fait figure d’exemple, dans la mesure où elle a obtenu une plus grande collaboration entre les pays qui la composent mais aussi une participation plus active des femmes à toutes les étapes des processus.  En agissant main dans la main avec les organisations régionales, les Amériques pourraient également bénéficier d’une telle expérience, a-t-elle souhaité, avant de rappeler que, dans le cadre de la coopération régionale en la matière, l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay ont lancé en mars 2021 le Réseau régional des médiatrices du cône Sud.  Ce projet pionnier en Amérique latine et dans les Caraïbes vise à donner de la visibilité au travail important que font les femmes pour la prévention des conflits dans leurs communautés et le renforcement de tissu social, a précisé la déléguée.  Elle a d’autre part indiqué que l’Uruguay est l’un des premiers pays au monde à avoir terminé son étude des obstacles au déploiement des femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, elle a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’Action pour le maintien de la paix et ses stratégies de mise en œuvre afin d’œuvrer à la présence féminine dans les opérations et assurer une participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes des processus de paix.  

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que son pays vient d’adopter un plan d’action national sur les femmes et la paix et la sécurité.  C’est une manifestation concrète de la volonté du Maroc de mettre en œuvre le programme qui est porteur de transformation, a-t-il relevé.  Le Maroc s’est du reste dit engagé à travailler avec l’ONU et les partenaires régionaux pour faire avancer le programme sur les femmes et la paix et la sécurité, étant donné que la contribution des femmes aux processus de paix est un gage de durabilité, a-t-il conclu.

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) a déclaré que les organisations régionales sont des plateformes précieuses d’échanges de bonnes pratiques en ce qui concerne l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Rappelant que l’agression de la Russie contre l’Ukraine se poursuit, le délégué a dénoncé l’emploi par les soldats russes de la violence sexuelle comme arme de guerre.  Il a demandé que soient établies les responsabilités pour les crimes commis et rappelé que cette agression, ainsi que l’occupation russe de régions géorgiennes, violent la Charte des Nations Unies et mettent en péril l’architecture internationale de paix et de sécurité.  Enfin, il a indiqué que son pays applique son quatrième plan d’action national dans le cadre du programme précité.

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a dit que la participation effective et véritable des femmes à tous les processus de paix est la pierre angulaire de toutes les politiques visant à assurer la stabilité des sociétés.  Il a souligné l’importance de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité pour inciter les États à mettre en œuvre des plans nationaux et régionaux qui tiennent compte des spécificités locales.  Il a rappelé la pertinence de la Déclaration de Lomé qui stipule que tout pays qui verra une prise de pouvoir inconstitutionnelle sera suspendu de l’organisation régionale.  

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a déploré le manque de progrès dans l’application de la résolution 1325 (2000).  Dans un contexte de coups d’État militaires et de prises de pouvoir par la force, les organisations régionales peuvent jouer un rôle positif quant à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il estimé.  Il a encouragé l’inclusion de la question des femmes, la paix et la sécurité à l’ordre du jour du Marché commun du Sud (MERCOSUR), ainsi que dans les conférences régionales sur les femmes d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le programme précité doit être une priorité non seulement de ce Conseil, mais de l’ONU dans son ensemble, a estimé le délégué.

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a estimé que la participation active des femmes à l’activité politique à tous les niveaux ainsi que leur contribution à la prévention et à la résolution des conflits doivent constituer une priorité des organisations multilatérales et régionales, comme c’est le cas pour les politiques publiques nationales du Venezuela.  Il a fait valoir à cet égard que l’effort de consolidation de l’unité latino-américaine s’appuie sur un solide engagement pour la promotion et la participation politique, économique et sociale des femmes.  Il a ensuite dénoncé l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales, qui constituent une arme de guerre multidimensionnelle instrumentalisant les droits de l’homme, les systèmes financiers, l’aide humanitaire, les chaînes commerciales, les technologies de l’information et de la communication, l’accès à la santé et à l’éducation, ainsi qu’une infinité d’autres secteurs essentiels pour le développement de tout État.  L’un des résultats les plus désastreux de la politique inhumaine d’agression est le recul des droits acquis, y compris ceux des femmes, a-t-il souligné, avant d’exprimer le soutien de son pays aux efforts des Nations Unies et de toutes les organisations régionales et sous-régionales dans le renforcement du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a également réitéré sa condamnation ferme et catégorique de l’exploitation et des abus sexuels en toute circonstance.  

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a estimé qu’il est temps d’intégrer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les doctrines militaires, les cadres normatifs et les codes de conduite des acteurs étatiques et non étatiques.  Il est important de conscientiser les femmes et les filles dont les droits fondamentaux sont bafoués.  Attirant l’attention sur les situations les plus désastreuses, comme dans l’est de la RDC, au Yémen, en l’Afghanistan, au Myanmar ou encore en Ukraine, Mme Baptista Grade Zacarias a jugé indispensable de lutter contre l’impunité.  Avant, pendant et après les conflits, les femmes doivent être incluses dans les processus de prise de décisions et les organisations régionales, en particulier celles qui sont actives dans le domaine de la paix et de la sécurité, tenir dûment compte de cette préoccupation.  Le Portugal, a-t-elle conclu, en est à la troisième édition de son plan d’action national sur la résolution 1325, basé sur trois objectifs principaux: la prévention, la protection et la participation.  Dans le cadre de sa coopération au développement, il consacre plus d’un tiers de son aide bilatérale, soit environ 35%, à des initiatives favorisant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a précisé la représentante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.