81e et 82e séances plénières,
matin & après-midi
AG/12425

L’Assemblée générale poursuit son débat consécutif à l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité et élit des membres de l’ECOSOC

L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui son débat, entamé le 8 juin dernier, en vertu du nouveau mécanisme du 26 avril lui conférant le mandat permanent de tenir un débat public en cas de recours au droit de veto au Conseil de sécurité.  Le 26 mai dernier, la Chine et la Fédération de Russie s’étaient en effet opposées à une résolution sur les sanctions imposées à la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Aujourd’hui, l’Assemblée a aussi adopté sa résolution annuelle sur le multilinguisme et procédé, non sans difficultés, à des élections au Conseil économique et social (ECOSOC).

Conformément à la résolution 76/262, en vertu de laquelle elle peut désormais convoquer une séance dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale a entendu une trentaine de délégations, qui dans leur large majorité, ont condamné les tirs répétés de missiles balistiques et la poursuite du programme nucléaire de la RPDC, l’appelant à renoncer à ses projets et à respecter le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La plupart des délégations ont également plaidé pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne et pour un règlement pacifique et diplomatique de cette situation qui constitue une menace pour la paix et la sécurité régionales et internationales. 

Certains, à l’instar de l’Espagne et du Kenya, ont relevé que les veto russe et chinois ont empêché le vote d’une résolution qui aurait permis de renforcer les sanctions contre la RPDC, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, tout en répondant aux besoins humanitaires, aggravés par la progression de la COVID-19.  Mais, a rétorqué Cuba, l’imposition de sanctions ne peut qu’aggraver la situation économique et humanitaire.  Il a condamné toute mesure coercitive unilatérale et prôné le dialogue et la coopération internationale. 

Une position partagée par la Bolivie et le Nicaragua, selon lesquels les sanctions constituent une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays ciblés.  Le droit de veto, a dit à son tour l’Argentine, est un privilège contraire à l’égalité souveraine des États.  Il faut l’exercer, a ajouté l’Uruguay, de manière responsable.  Le débat a par ailleurs permis à Israël d’alerter sur les relations entre la RPDC et le « régime iranien » aux « activités malveillantes » et à l’Ukraine de dénoncer son agression par la Fédération de Russie. 

L’Assemblée a par ailleurs fait sienne la résolution A/76/L.57 sur le multilinguisme qui note avec préoccupation le décalage entre l’anglais et les cinq autres langues officielles des Nations Unies sur les sites Web administrés par le Secrétariat.  Le texte exhorte ce dernier à encadrer l’action pour remédier à ces disparités et demande à toutes les parties prenantes, y compris au Département de la communication globale (DCG), de poursuivre leur collaboration pour parvenir à l’égalité parfaite. 

Andorre, qui présentait ce projet de texte, a mis l’accent sur les efforts déployés par le DCG et ses centres d’information pour relayer les messages de l’ONU dans les différentes langues du monde.  L’Inde s’est félicitée que, pour la première fois, la résolution mentionne les messages en bengali, hindi ou ourdou.  La Tanzanie a rappelé que le swahili, célébré désormais tous les 7 juillet, est parlé par 200 millions de locuteurs dans le monde. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, le Costa Rica a réclamé des services d’interprétation à toutes les réunions, officielles ou officieuses, en distanciel ou en présentiel.  La Colombie a d’ailleurs fait observer que les pages Web en espagnol comptent 30 millions de visiteurs, soit 26,7% du nombre total des vues sur l’ensemble des sites de l’ONU. 

Enfin, avant d’achever son débat général sur le VIH/sida, l’Assemblée générale à élu 17 membres de l’ECOSOC pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023.  Il n’a toutefois pas été possible de départager la Fédération de Russie de la Macédoine du Nord, au sein du Groupe d’Europe orientale, ni l’un ni l’autre n’ayant obtenu la majorité des deux tiers.  En début de séance, le Liechtenstein a été élu pour terminer le mandat de l’Autriche, qui a cédé son siège. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique mardi 21 juin à partir de 15 heures pour discuter des relations entre les Nations Unies et l’Union interparlementaire.

ÉLECTION DE MEMBRES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Élection de 18 membres de l’ECOSOC pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2023

Ont été élus, ou réélus, à la majorité des deux tiers les 17 États suivants: Botswana (190 voix); Cabo Verde (190 voix); Cameroun (189 voix); Guinée équatoriale (186 voix); Qatar (186 voix); République démocratique populaire lao (181 voix); République de Corée (178 voix); Chine (172 voix); Slovénie (176 voix); Slovaquie (173 voix); Brésil (183 voix), Costa Rica (182 voix); Colombie (180 voix); Grèce 176; Suède (175 voix); Danemark (174 voix) et Nouvelle-Zélande (174 voix).

Pour le dernier siège, même après six tours de scrutin, il n’a pas été possible de départager la Fédération de Russie de la Macédoine du Nord pour siéger à l’ECOSOC pour le Groupe d’Europe orientale, car aucun n’a obtenu la majorité des deux tiers.  Vu l’heure tardive, l’Assemblée a décidé de poursuivre le scrutin à une date ultérieure.

En début de séance, l’Assemblée générale a tenu une élection partielle pour déterminer quel pays d’Europe occidentale finira le mandat de l’Autriche qui a cédé son siège à l’ECOSOC.  C’est le Liechtenstein qui a été élu à la majorité des deux tiers avec 174 voix.  Il finira le mandat de l’Autriche du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2023. 

Les 18 membres de l’ECOSOC dont le mandat finit le 31 décembre 2022 sont: Bangladesh, Bénin, Botswana, Chine, Colombie, République du Congo, Danemark, Gabon, Grèce, Lettonie, Monténégro, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, République de Corée, Fédération de Russie et Thaïlande.  Le Botswana, la Chine, la Colombie et la Nouvelle-Zélande ayant été réélus, ils continueront à être membres de l’ECOSOC pour un nouveau mandat, car l’ECOSOC autorise la réélection immédiate des pays sortants. 

MULTILINGUISME

Débat et décision sur le projet de résolution (A/76/L.57)

Présentant le projet de résolution (A/76/L.57) sur le « Multilinguisme », Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a souligné le rôle essentiel qu’il joue dans la communication harmonieuse entre les peuples.  Il est l’un des moteurs de la diplomatie multilatérale, favorise l’unité dans la diversité et sert l’entente, la tolérance et le dialogue entre les pays.  Il est un des piliers qui concourt à la réalisation des objectifs des Nations Unies tout en contribuant à améliorer l’efficacité, les résultats et la transparence de notre organisation.  Le Secrétaire général considère le multilinguisme comme l’une de ses priorités, a rappelé la représentante.  Elle a indiqué que le projet de résolution prie le Secrétaire général de veiller à ce que le multilinguisme ne soit pas affaibli par les mesures prises face aux différentes crises qu’a connues notre organisation.  En ce qui concerne le rôle du Département de la communication globale en matière de multilinguisme, le texte prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les mandats se rapportant à l’information et à la communication dans le domaine du multilinguisme soient pleinement exécutés. 

En même temps, il met l’accent sur le retard pris pour l’élimination de l’écart entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles dans l’archivage des enregistrements et séances.  Le projet de résolution reconnaît les efforts déployés par les Nations Unies et par le Département de la communication globale par le biais des centres d’informations dans les langues officielles et non officielles, selon qu’il convient, dans les limites des ressources existantes pour relayer les messages de l’ONU dans diverses langues à travers le monde.  Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, le site Web de l’Organisation ainsi que les réseaux sociaux sont devenus des outils essentiels pour les États Membres, les médias, les organisations non gouvernementales, les établissements d’enseignement et le grand public, a noté Mme Balmaña.  À cet égard, a-t-elle dit, il importe que le Secrétaire général veille à ce que les normes minimales pour le multilinguisme, élaborées par le Département de la communication globale, garantissent une utilisation équitable de toutes les langues officielles de l’Organisation sur les sites Web, quel que soit le domaine.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) parlant au nom Groupe des Amis de la langue espagnole, a souligné l’importance du multilinguisme, avant de rappeler l’universalité de l’ONU.  Il a demandé au Secrétariat l’élaboration de stratégies pour une application efficace du multilinguisme.  Ces stratégies doivent être cohérentes, a-t-il précisé.  Il a déploré que la parité linguistique n’ait pas été atteinte entre les six langues officielles et demandé l’élimination de la préférence donnée à certaines langues.  Les services d’interprétation doivent bénéficier à toutes les réunions organisées par l’ONU, officielles ou à huis clos, en distanciel ou en présentiel, a aussi réclamé le délégué.

M. FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a estimé que le projet de résolution présenté par l’Andorre accorde les mandats adéquats et définit des actions pertinentes en faveur de la préservation des différentes cultures et langues, en promouvant la tolérance, la culture de la paix et la non-violence.  Il a ajouté qu’en tant que pays hispanophone, la Colombie est heureuse de constater que le site ONU Info en espagnol a connu une augmentation de sa fréquentation de 265% entre 2019 et 2020.  Il a salué le fait que les consultations des pages Web en espagnol atteignent 30 millions de visiteurs et représentent 26,7% du nombre total de requêtes sur l’ensemble des sites de l’ONU dans le monde entier.  Il s’est également réjoui que le site ONU Info en espagnol ait été le plus visité des neuf sites Web d’ONU Info en 2021.  Le représentant a cependant reconnu que ces défis demeurent pour la pleine mise en œuvre du multilinguisme.  Selon lui, la tendance au monolinguisme, la rareté des ressources au sein du Secrétariat pour assurer la parité linguistique, l’avancée de phénomènes tels que la désinformation et l’approfondissement du fossé technologique sont autant de sujets de préoccupation.  En tant que membre du Groupe des Amis de la langue espagnole, la Colombie reste attachée au respect du multilinguisme au nom des principes d’équité et de justice s’agissant de toutes les régions représentées à l’ONU, a-t-il conclu.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est félicité que, pour la première fois, la résolution présentée ce jour à l’Assemblée générale mentionne la langue hindi, de même que le bengali et l’ourdou, qui sont d’autres langues parlées en Inde.  Il a rappelé que son pays encourage de longue date l’ONU à diffuser des contenus dans des langues non officielles.  Dans le cadre des efforts déployés dans ce sens par l’Inde, a-t-il relevé, le projet hindi à l’ONU a été lancé en 2018 afin de sensibiliser sur les questions qui intéressent les personnes parlant hindi dans le monde.  Il a assuré que l’Inde continuera à appuyer l’ONU pour atteindre les objectifs de multilinguisme.

M. RICHARD ARBEITERLE (Canada) a souligné que le multilinguisme à l’ONU a souffert pendant la pandémie.  En effet, a-t-il rappelé, les services d’interprétation n’étaient pas disponibles pour certaines réunions en distanciel.  Il a ensuite rappelé les nombreuses langues qui sont parlées au Canada, notamment des langues autochtones.  Le délégué a conclu en rappelant son attachement au multilinguisme.

Pour M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) le multilinguisme contribue à la réalisation des buts et principes de l’ONU et fait partie des composantes fondamentales de la diplomatie multilatérale.  Cette résolution souligne que le multilinguisme est crucial pour garantir la pertinence et la viabilité des travaux de l’ONU, a souligné le représentant qui a salué le fait que ce texte mentionne les mesures prises pour préserver le multilinguisme pendant la pandémie.  Il a fini par un appel au respect de la parité des six langues officielles de l’ONU en regrettant que ce principe ne soit toujours pas pleinement respecté.  Il faut que le multilinguisme devienne une question transversale en tant que valeur fondamentale de l’ONU, a exigé le délégué.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a regretté le fait que le multilinguisme continue de souffrir des difficultés avec près de la moitié des langues du monde qui sont menacées de disparaître d’ici au milieu du siècle.  Il faut d’urgence sauver ces langues qui constituent notre patrimoine et notre identité, a-t-elle plaidé.  Le Bangladesh, a dit la représentante, est le seul pays du monde qui a dû verser du sang pour protéger le caractère sacré de sa langue maternelle.  Elle a rappelé à cet égard que le 21 février 1952, un groupe de jeunes hommes et femmes courageux avaient donné leur vie pour établir le bengali comme langue nationale après un mouvement linguistique qui a abouti à l’apparition de l’État indépendant du Bangladesh en 1971.  Le Gouvernement assure la promotion et l’éducation en langue maternelle pour toute la population, a poursuivi l’oratrice en rappelant avoir créé en 2001 l’Institut sur les langues maternelles à Dhaka et l’Institut du travail avec l’UNESCO, pour préserver les langues menacées de disparition.  La représentante a exhorté à effectuer des efforts concertés à tous les niveaux pour préserver le multilinguisme, y compris à l’ONU qui doit assurer l’inclusion de toutes les langues dans son travail.  Elle a inclus les langues des signes dans ces exigences.  Elle a argué que l’ONU doit utiliser tous les outils de communications pour atteindre un public mondial le plus nombreux possible, en diffusant les messages importants dont ceux du Secrétaire général dans les langues non officielles. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a noté la clarté de la vision du projet de résolution pour promouvoir le multilinguisme à l’ONU.  Citant le rapport du Secrétaire général, le représentant a dit que l’Organisation a besoin du multilinguisme comme outil pour atteindre ses objectifs et pour se mettre au service de toutes les populations dans le monde entier.  Il a souligné que sa délégation a toujours défendu le multilinguisme qui contribue notablement à augmenter l’efficacité, l’efficience et la transparence de l’ONU.  Le représentant a souligné l’importance de la parité linguistique pour ce qui est des six langues officielles et demandé un soutien financier pour le multilinguisme à l’ONU.  Il faut en effet que le Secrétariat puisse consolider le multilinguisme, a-t-il souhaité.  Enfin, le représentant a souligné que la société civile et d’autres parties prenantes, y compris les experts universitaires, ont joué un rôle vital pour consolider le bilinguisme à l’ONU.

Mme ZULEIKHA RUTHA TAMBWE (République-Unie de Tanzanie) a souligné l’attachement de son pays au multilinguisme.  Elle a rappelé à cet égard que le swahili fait partie des langues reconnues par l’ONU et que c’est l’une des langues les plus parlées au monde avec 200 millions de locuteurs.  Enfin, elle s’est félicitée que le 7 juillet ait été proclamé Journée mondiale du swahili.  Pour la première fois, cette journée sera célébrée en 2022 aux Nations Unies, a-t-elle conclu en invitant l’ensemble des États Membres à se joindre à cette célébration.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Suite du débat conformément à la résolution 76/262

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) s’est tout d’abord félicité de l’adoption, le 26 avril dernier, de la résolution A/RES/76/262 de l’Assemblée générale, un texte qu’il avait coparrainé et qui, selon lui, consacre la responsabilité et l’obligation qu’ont les membres permanents du Conseil de sécurité de rendre des comptes.  À cet égard, il a réitéré la nécessité d’utiliser de manière responsable le droit de veto en précisant qu’il milite à cette fin au sein du Groupe transrégional ACT.  Sur la question de fond qui avait motivé le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité, le représentant a réaffirmé la position de son pays, qui condamne les tirs de missiles balistiques par la RPDC et appelle au strict respect des résolutions du Conseil en la matière.  De même, a-t-il ajouté, la RPDC doit se conformer aux procédures de contrôle sur la non-prolifération, notamment aux obligations du TNP et aux garanties de l’AIEA.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a condamné les tirs de missiles de la RPDC, un acte irresponsable qui menace la sécurité de tous les pays.  Dans la région Asie-Pacifique, la paix dépend étroitement de la situation dans la péninsule coréenne, a rappelé le délégué, qui a réclamé une dénucléarisation complète et mentionné les efforts de paix de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a exhorté la RPDC à se conformer pleinement à toutes ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité.  Il est de la plus haute importance que ce pays s’engage dans des discussions constructives, avec toutes les parties concernées, en vue de jeter les bases d’une paix et d’une sécurité durables, grâce à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne, a dit le représentant.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a estimé « nécessaire et opportun » que le Conseil de sécurité prenne les mesures qui s’imposent face au développement rapide et illégal des activités nucléaires et balistiques de la RPDC, lesquelles constituent une menace pour l’ensemble de la communauté internationale.  L’exercice contestable du droit de veto sur une question d’une telle importance est regrettable, a déclaré le représentant, pour qui il est inacceptable que la RPDC continue de se livrer à de tels actes, compte tenu de leurs conséquences environnementales et humanitaires « irréversibles ».

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a rappelé qu’en tant que membre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), son pays a signé le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre un génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre.  La représentante a dès lors encouragé les membres permanents du Conseil à ne pas faire usage de leur droit de veto en cas de telles atrocités.  Elle a également indiqué que le Chili soutient l’initiative franco-mexicaine visant à restreindre l’utilisation du droit de veto en cas d’atrocités de masse, de graves violations des droits de l’homme et du droit international.  Invitant les États Membres à faire preuve de « hauteur d’esprit » afin que le nouveau mécanisme adopté par l’Assemblée générale permette un traitement constructif des crises internationales, elle a estimé que, s’agissant du projet de résolution à l’origine de ce débat, les tirs répétés par la RPDC de missiles balistiques, y compris de portée intercontinentale, représentent une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Elle a donc prôné un strict respect des résolutions du Conseil, de la Charte des Nations Unies et des régimes de désarmement et de non-prolifération nucléaires, tout en appelant de ses vœux une solution pacifique et diplomatique.  

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a dit que le droit de veto est un privilège contraire au principe de l’égalité souveraine entre les États.  Il devrait être aboli, selon elle.  Le Conseil doit être plus démocratique, transparent, efficace, représentatif et responsable devant la communauté internationale, a poursuivi la déléguée.  Elle a ensuite fermement condamné les actions et le programme militaire de la RPDC, en exhortant ce pays à respecter ses obligations en vertu des résolutions du Conseil de sécurité.  La situation en RPDC souligne l’importance de parvenir à un désarmement nucléaire général, vérifiable et complet, a conclu la déléguée de l’Argentine.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a dit considérer la résolution 76/262 comme un outil et non pas comme une fin en soi.  En RPDC, les sanctions ne sont pas une solution, a dit le représentant.  Selon lui, si on veut parvenir à la dénucléarisation de ce pays, le moment est venu de changer de méthode et de prendre d’urgence trois mesures concrètes.  Premièrement, le Conseil de sécurité doit jouer un rôle de proposition dans ce dossier.  Deuxièmement, il faut atténuer les souffrances humaines du peuple nord-coréen et élargir les dérogations humanitaires relatives aux sanctions imposées par le Conseil de sécurité.  Troisièmement, il faut mettre fin à l’application illégale de toute mesure coercitive, restrictive, punitive et de nature unilatérale contre la RPDC et promouvoir le dialogue et la négociation entre les parties pour parvenir à des résultats tangibles.  Le délégué a dit avoir compris les motivations qui ont amené la Chine et la Russie à voter contre le projet de résolution présenté le 26 mai dernier au Conseil de sécurité.  Les deux délégations ont participé à la séance de l’Assemblée et ont présenté leur raison pour avoir mis leur veto au texte, a-t-il noté. 

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) a déploré le veto opposé par la Chine et la Russie et condamné les tirs balistiques de la RPDC.  Il a exhorté ce pays à respecter les résolutions du Conseil, avant de dénoncer l’agression de la Russie contre son pays.  La Russie a attaqué l’Ukraine avec des tirs de missiles de croisière et balistiques, causant des pertes civiles considérables, a-t-il déploré en ajoutant que la Russie a également saisi des centrales nucléaires ukrainiennes. Il a appelé la Russie à se conformer strictement au droit de la guerre, y compris en ce qui concerne les installations nucléaires.  L’emploi du droit de veto pour bloquer différents projets de résolution, y compris au sujet de l’Ukraine, montre la nécessité d’une réforme des Nations Unies, a conclu le délégué.

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) s’est déclarée profondément préoccupée par le nombre sans précédent d’essais de missiles menés par la RPDC depuis le début de l’année, voyant dans cette escalade dans l’utilisation de systèmes d’armes illégaux une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité et une grave menace pour la paix et la sécurité internationales et régionales.  Pour la représentante, la RPDC doit se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil et renoncer à ses armes de destruction massive, à ses missiles balistiques et à ses programmes d’armement nucléaire, et ce, de manière complète, vérifiable et irréversible.  En outre, a-t-elle ajouté, la RPDC devrait s’abstenir de toute autre action susceptible d’accroître les tensions dans la région et dans le monde.  Par ses violations flagrantes du droit international, la RPDC détourne des ressources qui pourraient répondre aux besoins de son propre peuple et entrave son propre développement économique, a souligné la déléguée, avant d’exprimer son soutien aux efforts diplomatiques de la République de Corée, des États-Unis et de leurs partenaires pour préserver la paix dans la péninsule coréenne et renforcer la stabilité régionale.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a estimé que ce débat est une manifestation de l’engagement de l’Assemblée générale en faveur du multilatéralisme et du principe de responsabilité.  Il a pris note du rapport spécial du Conseil de sécurité et s’est dit vivement préoccupé par les tirs de missiles balistiques de la RPDC qui avivent les tensions sur la péninsule coréenne et menace la paix et la sécurité internationales.  Attaché au désarmement, le représentant a dit craindre un grave défi au régime de non-prolifération.  Il a lancé un appel à la RPDC pour qu’elle se conforme à ses engagements et obligations internationales.  Il a réaffirmé l’applicabilité du droit international dans le cyberespace et a invité la RPDC à revenir au TNP et à son système de contrôle.

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) a appelé à la prudence.  Nous partageons, s’est-il expliqué, les inquiétudes quant à l’évolution de la situation dans la péninsule coréenne mais nous avons les mêmes inquiétudes quant aux mesures susceptibles d’aggraver les tensions et d’affecter la paix et la sécurité régionales.  Il a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter l’escalade.  Il a encouragé la reprise des négociations sur la base des progrès accomplis ces dernières années, grâce au dialogue.  Les divergences doivent être surmontées par des moyens pacifiques et par la prise en compte des points de vue de toutes les parties, dans l’intérêt de la paix, de la stabilité et du développement de la région.  Le représentant a aussi plaidé pour une aide humanitaire en faveur de la RPDC. 

M MARTIN KIMANI (Kenya) est revenu sur le double veto qui a empêché le Conseil d’envoyer un message clair sur le caractère inacceptable des tirs de missiles de la RPDC.  Le Conseil, a-t-il dit, ne saurait rester inactif face à de telles menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le Conseil, a-t-il ajouté, doit maintenant passer par une réforme pour améliorer l’équilibre des pouvoirs avec l’Assemblée générale.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a estimé que le débat de ce jour porte sur un défi à la fois grave et persistant auquel son pays est lui-même directement confronté.  Face à cette menace, a-t-il souligné, Israël s’emploie à empêcher des régimes extrémistes ou des groupes terroristes d’acquérir des armes de destruction massive.  C’est pourquoi il condamne avec la plus grande fermeté les tirs de missiles balistiques par la RPDC et la mise au point par ce pays d’un programme d’armement nucléaire.  Réitérant son appel à la dénucléarisation complète, totale et vérifiable de la péninsule coréenne, il a jugé que les agissements de la RPDC font courir le risque d’une prolifération des armes de destruction massive dans des « États voyous ».  Il a rappelé à cet égard que la RPDC avait fourni en 2006 une aide à la Syrie en vue de produire du plutonium militaire.  Plus récemment, « et plus alarmant encore », la RPDC a entrepris des relations avec le régime iranien qui représentent une menace critique pour la sécurité d’Israël et de la région, a relevé le représentant, selon lequel ces liens dangereux sont documentés, notamment par le Groupe d’experts mandaté par la résolution 1718 (2006).  En alimentant son programme de missiles balistiques et d’armement nucléaire, la RPDC fait peser une menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il insisté, appelant à ce que cela cesse immédiatement.  Pour cela, le Conseil doit parler à l’unisson pour dénoncer la prolifération inquiétante des armes de destruction massive et réclamer l’arrêt des programmes militaires de la RPDC.  Mais il doit aussi faire preuve de vigilance face aux activités malveillantes du régime iranien, qui a montré son vrai visage en retirant 27 caméras de surveillance de l’AIEA de ses installations nucléaires, a prévenu le délégué.

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a rappelé avoir soutenu la résolution 76/262.  Il a estimé que ce texte vise à restreindre le recours au droit de veto par les membres permanents du Conseil de sécurité, un droit qui leur a été donné il y a plus de 60 ans lorsque le monde était très différent de celui d’aujourd’hui.  Il faut aujourd’hui une réforme globale du Conseil de sécurité, a argué le représentant en plaidant notamment pour une représentation de l’Afrique en son sein.  Il faut également restreindre le droit de veto, a-t-il ajouté en exhortant les membres permanents à tout faire pour dégager un consensus sur les projets de texte du Conseil avant même qu’ils soient mis aux voix.  Le représentant a ensuite appelé tous les pays à ne pas faire deux poids, deux mesures pour ce qui est des armes de destruction massive et à ne pas avoir une approche sélective.  À ce titre, il a rappelé que le Moyen-Orient devrait être une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive depuis longtemps.  En outre, il faut sortir la Conférence du désarmement de l’impasse actuelle, a poursuivi le représentant, y voyant un moyen pour pouvoir avancer sur ces points.  Des négociations s’imposent pour que les puissances nucléaires présentent des garanties aux États qui ne disposent pas de ces armes, a-t-il exigé en précisant que cela inclut les pays qui en ont mais qui ne les ont pas déclarées.  Revenant au sujet du Conseil de sécurité, il a regretté qu’il soit devenu un « champ de bataille politique ».

Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a jugé bon que l’Assemblée générale tire profit d’un mécanisme dont l’objectif est de renforcer le système des Nations Unies et de s’assurer que des comptes sont rendus entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  Le résumé de ce débat devrait être inclus dans le prochain rapport annuel du Conseil de sécurité, a-t-elle suggéré.  La représentante a ensuite condamné les programmes nucléaire et balistique de la RPDC, se disant préoccupée par les essais qui représentent une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  La communauté internationale a un rôle à jouer dans la mise en œuvre des sanctions, selon elle.  Elle a expliqué que ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’empêcher les activités de la RPDC.  La représentante a également plaidé pour que la communauté internationale offre une assistance humanitaire au peuple de la RPDC, ajoutant que le Gouvernement de ce pays doit permettre cette assistance.  Elle a dit que la RPDC doit respecter les dispositions des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, abandonner tout programme d’armes nucléaires ainsi que tout autre programme d’armes de destruction massive.  L’Assemblée générale est une enceinte qui permet à toutes les voix d’être attendues, s’est-elle félicitée en espérant qu’elle s’exprime à l’unisson. 

M. MOHAMED ESSA SAIF BOAUSAIBAH AL-ALI (Émirats arabes unis) a salué la convocation de ce débat dans le cadre du mécanisme établi par la résolution 76/262 et son objectif de renforcer la transparence des travaux du Conseil de sécurité.  Il a ensuite constaté que, depuis le début de cette année, la RPDC a procédé à au moins 26 tirs de missiles balistiques, dont certains à portée intercontinentale, chacun en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a condamné fermement ces violations et provocations répétées de la RPDC, qui, selon lui, menacent la paix et la sécurité régionales et internationales.  Le représentant a rappelé que, pour ces motifs, son pays a soutenu, le 26 mai dernier, le projet de résolution présenté par les États-Unis au Conseil de sécurité.  Il est maintenant temps de trouver un terrain d’entente afin que le Conseil puisse s’acquitter de sa responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité et répondre aux menaces posées par les actions de la RPDC, a conclu le représentant. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République populaire démocratique lao) a constaté à son tour que la situation de la péninsule coréenne demeure sensible et a exhorté toutes les parties concernées à consentir des efforts concertés pour parvenir à une solution pacifique et diplomatique.  Il a rappelé que son pays, qui est partie à plusieurs instruments de désarmement et de non-prolifération, notamment le TICE et la Zone exempte d’armes nucléaire en Asie du Sud-Est, est partisan d’une élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Dans le même esprit, a ajouté le représentant, la République populaire démocratique lao soutient de manière indéfectible le principe d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne.  C’est pourquoi elle appelle la communauté internationale à continuer de créer un environnement propice à des avancées diplomatiques supplémentaires et à s’abstenir de mesures qui pourraient exacerber les tensions.  À cette fin, a-t-il conclu, tous les instruments internationaux doivent être mis en œuvre, à commencer par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Mme ALEKSANDRA SHMAT (Bélarus) a estimé que la réunion d’aujourd’hui est le fruit de problèmes profonds et de contradictions entre les membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle s’est dite extrêmement sceptique quant à la possibilité avec cette réunion de résoudre la situation dans la péninsule coréenne ou même de se rapprocher d’une solution.  Au lieu d’examiner les causes profondes des contradictions, nous sommes réunis aujourd’hui pour donner notre avis sur l’ordre du jour du Conseil de sécurité, s’est-elle emportée.  Rappelant s’être dissociée de l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, la représentante a dit être convaincue que dupliquer à l’Assemblée générale le thème de l’organe principal habilité à maintenir la paix et la sécurité internationales ne conduirait qu’à l’érosion du mandat du Conseil de sécurité et à l’affaiblissement de son rôle.  Soyons réalistes, a-t-elle lancé à la salle en soulignant que le mécanisme nouvellement créé nécessitera inévitablement le « détournement » de temps, de financements et de ressources humaines du système des Nations Unies.  De plus, la résolution 76/262 a été élaborée sans une discussion ouverte, inclusive et transparente, a regretté la représentante. 

En ce qui concerne la question du droit de veto, elle a souligné qu’il s’agit d’un élément exclusif de la responsabilité des membres permanents du Conseil qui est inscrit dans la Charte des Nations Unies et constitue un outil important pour l’élaboration de décisions équilibrées dont dépendent la paix et la sécurité dans le monde.  Quant au sujet d’aujourd’hui, la représentante a noté les explications détaillées des délégations de la Russie et de la Chine, qui ont usé de leur droit de voter contre le projet de résolution du Conseil.  Les questions de non- prolifération et de désarmement continuent d’occuper une place centrale dans le thème du maintien de la paix et de la sécurité, a-t-elle rappelé en disant partager les préoccupations de la communauté internationale suscitées par la situation dans la péninsule coréenne.  Elle a cependant estimé que les tentatives de résoudre ce conflit par le durcissement du régime des sanctions sont manifestement futiles.  Il est nécessaire de rechercher des solutions globales à ce conflit prolongé et de désamorcer la situation dans la région, a-t-elle conclu.

Mme MATILDA BARTLEY (Samoa) a encouragé la RPDC à respecter les principes de paix et de sécurité internationales.  L’Assemblée générale doit agir collectivement pour le bien de tous et pas uniquement pour une poignée, a-t-elle rappelé.  Elle a insisté en disant que le bien de la majorité doit l’emporter dans les mesures prises par notre système multilatéral.  La représentante a aussi encouragé tous les membres du Conseil de sécurité à respecter les décisions de celui-ci et à s’acquitter de leurs obligations.  Ils doivent agir en conformité avec leurs engagements et en toute transparence, a-t-elle exigé. 

M. SOVANN KE (Cambodge) a appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait conduire à une escalade.  Les parties doivent reprendre le dialogue afin de trouver une solution au conflit et d’instaurer les conditions propices à une dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne, a-t-il recommandé.  Le délégué s’est aussi dit très préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en RPDC en raison des effets délétères des sanctions et de la pandémie de COVID-19.  Les sanctions ne contribuent pas au règlement des conflits mais affectent des vies innocentes, a conclu le délégué.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a condamné les tirs de missiles balistiques par la RPDC à proximité de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, estimant que ces agissements mettent en danger la paix et la sécurité de la région en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La déléguée a donc appelé la RPDC à répondre positivement à l’appel au dialogue pour instaurer la paix dans la péninsule coréenne.  Elle lui a aussi demandé de coopérer avec la communauté internationale pour atténuer les conséquences humanitaires résultant de l’épidémie de COVID-19 et de fournir l’aide dont son peuple a besoin.  La représentante a ensuite rappelé que les États Membres ont confié au Conseil de sécurité la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À ce titre, le droit de veto doit être exercé en tenant dûment compte de cette responsabilité, a-t-elle plaidé à l’adresse des membres permanents de cet organe.

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a condamné la série sans précédent d’essais de missiles balistiques menés par la RPDC depuis le début de 2022.  Ces tirs de missiles violent les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité sur les questions y afférentes et démontrent clairement les efforts continus de la RPDC pour étendre et développer davantage ses capacités balistiques.  Inquiet pour la paix et la sécurité internationales, il a estimé que les agissements de la RPDC dans ce domaine vont à l’encontre des efforts internationaux visant à reprendre le dialogue et à s’engager dans des actions au profit de son peuple.  Pour la Slovaquie, il est nécessaire que le Conseil de sécurité prenne des mesures par le biais d’une nouvelle résolution à la lumière du développement rapide et illégal des activités nucléaires et de missiles de la RPDC, a indiqué le représentant avant de regretter que le veto ait été exercé contre le dernier projet de résolution.  Il a souligné l’importance de l’unité de la communauté internationale face à ce défi.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que les actions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité doivent contribuer à la désescalade de toute situation mettant en danger la paix et la sécurité internationales et éviter que cette situation ne s’aggrave.  Ces deux organes doivent aussi prendre des mesures pour réduire les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 en commençant par l’arrêt immédiat des mesures coercitives, unilatérales et illégales qui touchent des pays avec plus de 2 milliards d’habitants.  Ces mesures imposées en temps de pandémie ne sont pas seulement illégales mais relèvent du crime contre l’humanité, a-t-il tranché.  Le représentant a rappelé que le peuple de la RPDC a un droit à la souveraineté, à la culture et à la vie.  Il a estimé que le pays a le droit de protéger leur sécurité et de défendre la paix.  Le représentant a ajouté que son gouvernement appuie la dénucléarisation de la péninsule coréenne par le dialogue et la communication. 

M MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a rappelé que son pays a toujours soutenu l’objectif de la paix et de la sécurité dans la péninsule de Corée, comme envisagé dans les accords bilatéraux soutenus par le Conseil de sécurité.  Il a ajouté que son gouvernement soutient sans réserve le principe d’une péninsule coréenne dénucléarisée et met en garde contre toute action déstabilisatrice dans la région.  Le Pakistan appelle par conséquent à un règlement pacifique des tensions et à une reprise rapide des discussions entre les parties, a souligné le représentant.  Par ailleurs, il a pris note de la situation humanitaire alarmante en RPDC, notamment à la lumière de la pandémie de COVID-19, et considéré que les défis sécuritaires et humanitaires peuvent être examinés de manière constructive grâce à la diplomatie. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a indiqué que le 26 avril dernier, sa délégation avait fait part de ses préoccupations face à la résolution 76/262.  En effet, a-t-il argué, le Conseil de sécurité semble être autorisé à attendre d’être bloqué par l’exercice d’un droit de veto pour venir expliquer son action à l’Assemblée.  C’est une approche sélective et restrictive qui ne va pas dans le sens de la réforme urgence et profonde de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a aussi prévenu que l’imposition de sanctions ne peut qu’aggraver la situation économique et humanitaire des pays concernés.  En RPDC, elles ne feraient qu’approfondir une crise humanitaire déjà grave. Il a fermement condamné ces mesures coercitives unilatérales, prônant plutôt le dialogue et la coopération internationale.  Il a réaffirmé l’appui de son pays à la dénucléarisation de la péninsule coréenne mais « sans ingérence extérieure ». 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn), observant les essais nucléaires et les tirs de missiles nucléaires effectués par la RPDC, a souligné l’importance de faire respecter le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les parties à parvenir à une solution pacifique et diplomatique pour la dénucléarisation et le désarmement complet et vérifiable de la péninsule de Corée et de parvenir ainsi à une paix durable entre les deux Corée.  Le délégué a appelé la communauté internationale à adopter une stratégie globale et unie afin de dénucléariser et d’adopter des mécanismes efficaces.  Ceux-ci doivent permettre de procéder au désarmement régional et international afin de préserver la sécurité au niveau international.

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) s’est félicitée de la convocation à ce premier débat qui donne la possibilité aux États Membres d’exprimer leur position consécutivement à l’exercice du droit de veto au Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale, a-t-elle fait valoir, ne peut rester les bras ballants alors que l’on assiste à des menaces pour la paix et la sécurité internationales et que le Conseil est empêché d’agir en raison du veto d’un ou plusieurs membres permanents.  Revenant à la situation à l’origine du double veto du 26 mai, la représentante a rappelé que la RPDC a procédé à une trentaine de tirs de missiles balistiques jusqu’à présent en 2022, n’a cessé de développer son programme nucléaire et prépare même un nouvel essai, tout cela en violation flagrante des résolutions du Conseil.

Les veto de la Russie et de la Chine ont empêché le vote d’une résolution qui aurait permis de renforcer les sanctions contre la RPDC, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a déploré la déléguée, non sans relever que le texte envisageait aussi les besoins humanitaires et la lutte contre la COVID-19 dans ce pays.  L’absence d’une réaction du Conseil n’est pas restée sans conséquence puisque Pyongyang a lancé le 5 juin pas moins de huit missiles en une seule journée, a relevé la représentante qui a donc enjoint la RPDC à réexaminer sa position en mettant fin à ses programmes nucléaire et balistique qui sont contraires aux traités de non-prolifération.  La poursuite de cette politique ne contribuerait qu’à isoler davantage la RPDC, a-t-elle prévenu en appelant de ses vœux une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.  L’Espagne appuie une réforme de la Charte qui éliminerait le droit de veto, a-t-elle ajouté, jugeant que le recours au veto constitue l’échec du Conseil dans sa fonction première et dans sa capacité d’action en vertu de la Charte et du droit international.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a estimé que le nouveau mécanisme consacré par la résolution 76/262 permet de renforcer la transparence et la redevabilité tout en donnant la possibilité à tous les États Membres de participer à la prise de décision.  Il s’agit d’un pas dans la bonne direction pour améliorer la relation entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, a soutenu le représentant.  Il a tenu à réaffirmer l’attachement de la Tunisie à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la situation en RPDC et sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Ladeb a saisi cette occasion pour exhorter la RPDC à pleinement respecter ses engagements et obligations en droit international et à s’engager sur la voie du dialogue, y compris sur la question des ressortissants enlevés.  Il a émis l’espoir de voir le Conseil de sécurité adopter un document consensuel sur la situation en RPDC.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a dit que nul ne peut ignorer que le veto ou la menace d’utilisation du veto a bien souvent sapé les tentatives de règlement de conflits et empêché les progrès vers la paix.  Il a salué le fait que ce débat donne la possibilité à tous les États Membres d’examiner des questions urgentes portant sur la paix et la sécurité internationales, en particulier dans un contexte où le veto a été utilisé.  L’importante participation des États Membres à ce débat prouve qu’ils souhaitent participer à ce dialogue nécessaire, a observé le représentant qui a réitéré défendre le règlement pacifique des différends.  Il a appelé à donner la priorité à la diplomatie et à une solution politique sur la péninsule coréenne sur la base du droit international, notamment des résolutions du Conseil de sécurité. 

M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a salué la tenue de cet « événement historique », avant d’appeler à l’abandon par la RPDC de ses programmes nucléaire et balistique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a également demandé aux parties de ne rien faire qui puisse contribuer à aggraver les tensions dans la péninsule coréenne.  Il s’est par ailleurs élevé contre les sanctions qui représentent une violation flagrante du droit international dans la mesure où elles foulent au pied la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Pour le délégué, le Conseil doit s’acquitter de son mandat et convoquer un dialogue sur un règlement pacifique et diplomatique.  La Bolivie, a-t-il conclu, rejette toute solution militaire et encourage des discussions débouchant sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. 

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse suite à la déclaration d’Israël, en trouvant ironique qu’un « régime d’apartheid » se permette de faire de fausses accusations à l’égard d’autres pays.  En tant que l’un des premiers signataires du Traité de non-prolifération, l’Iran a proposé en 1974 de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et œuvre en ce sens depuis, a-t-il rappelé.  Il en revanche fait remarquer que les arsenaux nucléaires et biologiques israéliens ne sont couverts par aucun régime de non-prolifération ou Traité, et qu’Israël persiste à refuser le régime d’inspection de l’AIEA.  Dès lors, il a catégoriquement rejeté « les fausses accusations faites à son encontre par Israël » et appelé la communauté internationale à condamner le « régime israélien » et à le forcer à se soumettre au régime de non-prolifération des armes de destruction massive.

Le représentant de la République arabe syrienne a dénoncé le fait qu’Israël ait bénéficié de nombreux veto des pays occidentaux dans le passé.  À son avis, Israël vise à détourner l’attention de la vraie menace contre la paix et la sécurité internationales.  Il a en effet argué qu’Israël est un pays doté d’un arsenal d’armes biologiques et chimiques de destruction massive.  « Israël est le dernier à pouvoir parler de questions de désarmement. »  Ce pays ne fait que violer le régime de non-prolifération et fait preuve de mépris à l’égard de la volonté de la communauté internationale parce que couvert par le parapluie d’immunité que lui accorde certains pays occidentaux au sein du Conseil de sécurité, a ajouté le représentant.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a repris la parole pour rejeter catégoriquement « les allégations non fondées d’Israël » contre son pays.  La RPDC, a-t-il dit, reste engagée en faveur de la non-prolifération.  « Les allégations non responsables d’Israël visent à détourner l’attention de ses crimes haineux. »  Selon le représentant, les États-Unis sont de connivence avec les actes perpétrés par Israël, lequel est un « État voyou » qui sape le régime de non-prolifération et commet toutes sortes d’actes terroristes. 

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Déclarations (suite)

M. FNU IMANUEL (Indonésie) a appelé à redoubler d’effort pour faire baisser le taux d’infection et de décès du VIH/sida à travers un engagement politique au plus niveau.  En Indonésie, le plan d’action national 2020-2024 a permis de contribuer à la mise en œuvre de politiques concrètes et d’innover sur le plan technologique, notamment à travers des services en ligne pour les traitements antirétroviraux, a expliqué le représentant.  La mobilisation des secteurs universitaire et privé continue à faire partie intégrante des efforts de lutte contre le VIH/sida en Indonésie, a indiqué le représentant alors que la Commission nationale sur le VIH/sida oriente tous ces efforts.  Le représentant a terminé en mettant l’accent sur l’importance de la solidarité internationale dans le contexte du VIH/sida.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a admis que dans son pays, le nombre de cas de VIH/sida est sans doute plus élevé, puisque peu de gens se font tester.  Le nombre des décès par an a augmenté légèrement, passant de 4 en 2011 à 13 en 2021.  Les jeunes sont comme partout les plus exposés, en raison du manque d’information.  Le représentant a ensuite énuméré les actions gouvernementales, dont l’élaboration du Plan stratégique national sur la santé 2011 à 2030 et le renforcement de la Commission nationale sur le VIH/sida.

M. IVAN G. KONSTANTINOPOLSKIY (Fédération de Russie) a estimé que le respect des objectifs de lutte contre le VIH/sida sont particulièrement importants pendant la pandémie de COVID-19 car les personnes vivant avec le VIH sont prioritaires pour la vaccination.  Mon pays, a-t-il dit, a redoublé d’efforts, conformément à sa Stratégie d’élimination du VIH d’ici à 2030.  Il a ainsi multiplié le nombre des centres de dépistage et créé un registre national des personnes séropositives, dont 80% bénéficient désormais d’une thérapie.  Grâce à cette politique, la Fédération de Russie a réussi à réduire le nombre des cas de VIH/sida au niveau national, s’est enorgueilli le représentant, ajoutant qu’elle verse aussi des ressources pour aider les pays d’Asie centrale et orientale à améliorer leurs systèmes de prévention et de surveillance, notamment chez les migrants.  Cette année, 3 millions de personnes ont pu être été testées et les campagnes d’information ont touché plus de 6 millions d’individus.  La Fédération de Russie continuera à fournir une aide financière et matérielle aux pays partenaires en 2023 et 2024, a assuré le représentant, avant de préciser que les réfugiés d’’Ukraine reçoivent un dépistage gratuit.  Enfin, s’agissant du rapport du Secrétaire général, il a dit soutenir la cible 95-95-95 ainsi que les modèles proposés pour les femmes et les jeunes.  En revanche, il a regretté que les auteurs du rapport aient fermé les yeux sur la lutte contre les stupéfiants et la protection de la famille. 

M. TIGRAN GALSTYAN (Arménie) a expliqué que le programme national de prévention du VIH/sida n’a cessé d’évoluer, élargissant sa portée et sa couverture et veillant à ce que les interventions soient fondées sur des données probantes et sur les droits de l’homme et répondent aux besoins des populations clefs.  Conformément aux recommandations de l’OMS, l’Arménie poursuit avec succès la politique « Treat All ». En janvier 2022, le nouveau programme national 2022-2026 a été adopté, avec pour objectif d’ouvrir la voie à l’éradication du sida d’ici à 2030. Ce programme veut relever les défis prioritaires de la prévention, du dépistage et du traitement des populations clefs et des sous-groupes spécifiques tels que les travailleurs migrants ou les jeunes.  Des mesures sont actuellement prises pour décentraliser et intégrer les services au niveau des établissements de santé primaires pour optimiser l’accessibilité et relever les nouveaux défis émergents, a encore indiqué le représentant.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a assuré que son pays fait partie des États les plus engagés de sa région dans la lutte contre le VIH/sida.  L’Iran fait partie des rares pays de la région à fournir un accès sûr à la santé aux personnes vivant avec le VIH/sida lesquelles bénéficient d’un traitement gratuit, en particulier pour éliminer la transmission mère-enfant.  La déléguée a espéré que les nouveaux médicaments et technologies de dépistage et de prévention, y compris un éventuel vaccin, seront rapidement rendus accessibles aux pays en développement.  Elle en a profité pour dénoncer les sanctions qui empêchent son pays de se procurer les médicaments, les équipements médicaux ou la technologie dont les personnes vivant avec le VIH/sida ont besoin. 

M. THOMAS de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, (FICR), a d’abord plaidé pour que les communautés et les organisations locales soient placées au centre des stratégies de lutte contre le VIH/sida.  Les organisations locales sont non seulement les mieux équipées pour identifier et répondre aux défis et opportunités spécifiques, mais elles ont aussi la faculté d’atteindre les personnes les plus éloignées.  L’expérience montre qu’un bon accès aux services nécessite l’engagement des organisations locales, des agents de santé, des bénévoles et des personnes vivant avec le VIH.  Le représentant a ensuite prévenu qu’il est impossible d’éliminer le VIH/sida sans atteindre efficacement toutes les communautés, y compris les déplacés et les migrants.  Les programmes de soutien aux personnes vivant avec ou affectées par le VIH/sida, y compris dans des contextes humanitaires et fragiles, doivent tenir compte des besoins des migrants, des réfugiés, des populations touchées par la crise et des autres populations mobiles dans toute leur diversité, a martelé le représentant de la Fédération.

En dernier lieu, il a souligné que les services liés au VIH doivent être renforcés par de solides systèmes de protection sociale et de santé publique qui réduisent la vulnérabilité au VIH, luttent contre la stigmatisation et la discrimination et tiennent compte des besoins des populations les plus exposées.  Cela comprend des services de soutien psychosocial adaptés à chaque culture et favorisant des traitements et des services adaptés aux survivants des violences sexuelles et fondées sur le sexe.  La santé mentale est souvent laissée de côté dans les interventions de lutte contre le VIH/SIDA, a-t-il conclu, alors qu’elle est essentielle, car les troubles mentaux peuvent être la cause des comportements à risque.

M. MICHAEL M. ESPIRITU de l’Ordre souverain de Malte, a indiqué que face à une situation alarmante, l’Ordre reste attaché à une communication agressive à l’égard des groupes les plus à risque.  Il propose des programmes d’éducation, conscient des besoins psychosociaux des personnes touchées et de leurs familles.  En Afrique du Sud, a indiqué le représentant, l’Ordre fournit des services de dépistage, des conseils et des traitement antirétroviraux.  Dans ce pays, l’Ordre aide aussi les orphelins du sida.  Le représentant a fait état d’autres actions du même ordre au Kenya, au Mexique et au Myanmar, précisant que l’Ordre a déployé du personnel de soutien dans 120 pays.  Jugeant qu’une approche holistique intégrant les traitements et la prévention est essentielle, il a assuré que l’Ordre reste engagé à coopérer avec les États Membres pour éliminer le VIH d’ici à la fin de cette décennie. 

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