Soixante-dix-septième session
25e & 26e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4355

La Troisième Commission débute dans la division sa discussion générale sur la promotion et la protection des droits de l’homme

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, sa discussion générale sur la promotion et la protection des droits de l’homme, un échange qui, comme de coutume, a fait apparaître de profondes lignes de fracture entre États Membres, tant sur les priorités à défendre que sur les modalités de mise en œuvre de ces droits, certains fustigeant leur utilisation à des fins politiques, quand d’autres préconisent des efforts dans des pays spécifiques. 

Les instruments des droits de l’homme sont des outils que nous avons établis ensemble pour protéger et promouvoir ces droits partout dans le monde, a rappelé le Canada.  Les droits humains doivent être respectés, l’impunité combattue et la reddition des comptes assurée, que ce soit en Crimée ou à Kaboul, a soutenu l’Autriche, tandis que l’Union européenne s’alarmait des violations perpétrées contre les défenseurs des droits humains en Afghanistan, au Bélarus, en Chine et en Iran, tout en condamnant l’annexion illégale de régions ukrainiennes par la Fédération de Russie et la répression des populations ouïghoures du Xinjiang. 

Dénonçant à son tour les violations flagrantes du droit international humanitaire et des droits humains dont sont victimes les Ukrainiens depuis février, la Belgique a constaté que certains pays cherchent à « relativiser » les droits humains en expliquant qu’ils ne s’ajustent pas à leurs traditions ou qu’ils correspondent à un agenda occidental.  D’autres préfèrent les instrumentaliser ou les appliquer de façon sélective, a poursuivi la délégation, selon laquelle « ni le relativisme culturel ni la souveraineté nationale ne peuvent être utilisés pour priver certains citoyens d’un pays ou d’une région de leurs droits ». 

« Nous devons œuvrer pour la justice plutôt que de donner des leçons », a rétorqué la Chine, irritée que plusieurs pays, occidentaux pour la plupart, politisent la question des droits humains et s’ingèrent dans les affaires internes d’autres États.  Une position soutenue par le Bélarus, Cuba, la République populaire démocratique de Corée ou encore le Venezuela, ce dernier jugeant « immoral », au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, que certains gouvernements se présentent comme des défenseurs des droits de l’homme alors que, par leurs mesures coercitives unilatérales, ils commettent quotidiennement des violations massives. 

Un petit groupe de pays devrait s’abstenir d’imposer sa volonté aux autres pour assouvir des intérêts « étriqués », a renchéri le Zimbabwe, le Nigéria appelant pour sa part à éviter de faire valoir certaines « préférences idéologiques », surtout lorsqu’elles ne font pas l’objet d’un consensus et ne sont pas sensibles aux différences culturelles entre États.  De fait, a résumé l’Afrique du Sud, la politisation des droits humains affaiblit le multilatéralisme. 

Face à ces points de vue irréconciliables, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a préconisé, par la voix du Belize, d’adopter une approche holistique pour traiter tout à la fois des questions relatives aux droits de l’homme et des objectifs de développement durable.  Regrettant quant à lui que la hiérarchie des droits humains soit devenue « vide de sens », le Cameroun a souhaité que l’on cesse de vouloir reléguer au second plan les droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement.  Cela reviendrait à œuvrer contre tous les droits humains, a-t-il dit, appuyé sur ce point par l’Inde et la Chine. 

Lors de cette discussion générale, organisée à mi-parcours du dialogue avec les titulaires de mandats relatifs aux droits humains, la Troisième Commission s’est aussi penchée sur un éventail de questions aussi variées que la protection des migrants, les effets des changements climatiques sur la jouissance des droits, la peine de mort, la liberté de culte, la promotion des droits des groupes les plus vulnérables ou encore les défenseurs des droits humains. 

Rappelant les tragédies humaines qu’engendre souvent la migration irrégulière, le Panama a dit concentrer ses efforts sur la promotion et la protection des droits humains des migrants, mais dans le cadre d’une « responsabilité partagée ».  Il a ainsi plaidé pour une intensification des échanges d’informations entre pays d’origine, de transit et de destination pour mieux traiter ce phénomène, tout en précisant que ces dispositifs conjoints doivent bénéficier du soutien des ONG, des institutions financières et du secteur privé, sans lesquels « nous ne pouvons rien ».  De son côté, le Honduras a indiqué avoir institué une Commission des affaires migratoires, afin de défendre les droits des migrants honduriens, régulièrement victimes de délits et de disparitions. 

S’agissant, enfin, de la peine de mort, question clivante s’il en est, l’Uruguay a rappelé qu’il l’a abolie dès 1907, considérant que cet acte irréversible pouvait souffrir d’erreurs judiciaires et ne contribuait pas à la diminution des comportements criminels.  La Suisse a, elle, appelé à son abolition universelle, non sans se réjouir que ce mouvement progresse dans le monde et notamment en Afrique, où des pays comme la République centrafricaine et la Guinée équatoriale ont rejoint cette année les rangs des États abolitionnistes.  Elle a aussi invité les États Membres à soutenir la résolution de la Troisième Commission demandant l’établissement d’un moratoire sur l’application de la peine de mort, à l’instar du Saint-Siège, selon lequel il existe d’autres moyens que la peine capitale pour protéger l’ordre public et la sécurité des personnes. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 20 octobre, à partir de 10 heures. 

 PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS HUMAINS  

Suite de la discussion générale

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande), qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a mis en exergue la coopération et l’engagement significatifs des acteurs de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme, sans lesquels les missions et mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies ne peuvent remplir efficacement leurs mandats.  À cette aune, le représentant a condamné sans équivoque tous les actes d’intimidation ou de représailles commis à l’encontre de ceux qui ont coopéré ou qui cherchent à coopérer avec les Nations Unies.  Les cas documentés dans le rapport du Secrétaire général montrent l’ampleur de ce problème, a-t-il relevé, faisant état de représailles perpétrées par des acteurs étatiques et non étatiques, en ligne et hors ligne, et dans de nombreux pays et régions.  Il est, dès lors, essentiel que cette question soit abordée de manière coordonnée, a souligné le délégué, en se réjouissant de pouvoir en discuter à New York comme à Genève.  Pour finir, il a encouragé tous les États à promouvoir un environnement sûr et favorable à la société civile, y compris en ligne.  Les défenseurs des droits de l’homme doivent pouvoir agir dans un environnement sûr et ouvert, à l’abri de la coercition, des menaces de violence et de l’intimidation, a-t-il plaidé, avant de noter que l’ONU a une responsabilité accrue lorsque ceux qui coopèrent avec elle sont pris pour cible. 

Au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a relevé que les violations et les abus systématiques ou généralisés des droits humains et les discours de haine sont souvent les principaux signes avant-coureurs d’éventuels crimes d’atrocité.  Ils peuvent accroître considérablement les risques d’atrocité, a averti la déléguée, précisant que les violations systématiques ou généralisées des droits humains peuvent également constituer des crimes d’atrocité en soi.  La prévention doit donc commencer par la protection et la promotion des droits humains et des libertés fondamentales, en accordant une attention particulière à la protection des femmes et des enfants, et des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-elle appuyé.

Selon la représentante, cela commence par l’adoption et une meilleure mise en œuvre des politiques des droits de l’homme par les États, y compris les lois favorisant l’inclusion sociale.  Par ailleurs, plusieurs mécanismes internationaux de défense des droits humains peuvent jouer un rôle fondamental dans la prévention des atrocités et dans le respect de la responsabilité de protéger, notamment les organes de traités internationaux.  Pour la déléguée, les travaux de la Troisième Commission permettent de démontrer le lien évident entre les risques d’atrocité et les violations des droits humains, ce qui contribue à élaborer des stratégies pour renforcer l’action collective. 

Au nom du Groupe restreint LGBTI, M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a estimé que la mise en œuvre complète et efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est possible qu’avec la dépénalisation totale de toutes les orientations sexuelles et identités de genre à l’échelle mondiale.  Il a déploré à cet égard que 66 pays pénalisent encore les relations consensuelles entre personnes de même sexe « de jure et de facto ».  De même, a-t-il ajouté, 13 États pénalisent explicitement les personnes trans et 36 autres pénalisent ce même groupe par le biais de lois sur le vagabondage, la prostitution, la moralité, les nuisances publiques ou autres. 

Le délégué a ensuite exprimé son plein soutien au mandat de l’expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, récemment renouvelé par le Conseil des droits de l’homme.  Le Groupe restreint LGBTI partage l’avis de l’expert selon lequel l’inclusion sociale exige le démantèlement de toute législation qui nie l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre d’une personne, a poursuivi le représentant, faisant écho à l’appel du Secrétaire général dans ce sens.  Avant de conclure, il a appelé à une dépénalisation totale de l’orientation et de l’identité de genre d’ici à 2030, afin que nul ne soit laissé de côté. 

Au nom de l’Union européenne et d’autres pays, M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a défendu les libertés de croyance et de culte.  Après avoir rappelé l’impact positif de ces libertés sur l’ensemble des droits humains, le délégué a dénoncé le fait que des gouvernements limitent le droit d’expression en ligne et hors ligne, et se livrent à des représailles, à de la torture et à des disparitions forcées à l’encontre de ceux qui veulent faire valoir les droits humains.  Le délégué a également relevé que, bien souvent, les lois en matière de blasphème sont invoquées en vue de procéder à la persécution et à l’intimidation des personnes qui appartiennent à des minorités, enjoignant aux États concernés d’abroger ces législations.  En ce sens, il a salué le Plan d’action de Rabat, qui appelle à rejeter les lois relatives au blasphème.  Le représentant a ensuite condamné la pénalisation de l’apostasie dans 22 États, avant d’exprimer sa ferme opposition au recours à la peine capitale en cas de renoncement public à une religion ou de blasphème. 

Mme KOKKINAKIS, représentante de l’Union européenne, a fait valoir que les droits civils et politiques vont de pair avec d’autres droits, et qu’aucune raison ne saurait jamais justifier les violations des droits humains.  Se disant alarmée par les violations perpétrées contre les défenseurs des droits humains en Afghanistan, au Bélarus, en Chine et en Iran, elle a aussi condamné l’annexion illégale de régions ukrainiennes par la Fédération de Russie, demandant à cette dernière de se retirer sans conditions de l’Ukraine et de respecter son indépendance et sa souveraineté.  La déléguée s’est également élevée contre les violations des droits humains en Russie et en Afghanistan, où les minorités ethniques et religieuses, les femmes, les journalistes, entre autres, sont persécutés.

La déléguée a d’autre part salué le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) consacré aux violations des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.  Elle a mentionné l’existence d’un large réseau de camps de rééducation dans cette région.  Elle a aussi exprimé son inquiétude au sujet du Tibet et de la Mongolie, avant d’exprimer sa préoccupation face à la répression menée à Hong Kong et au Myanmar, pays où la situation des Rohingya se détériore et où la peine capitale est de nouveau appliquée.  Évoquant ensuite la situation dans le nord de l’Éthiopie, elle a appelé toutes les parties au conflit à mettre fin aux violences et a dit soutenir tous les efforts visant à mettre fin aux hostilités.  Enfin, après avoir dénoncé le maintien de la peine de mort au Bélarus, elle a déploré la répression des manifestants en Iran, appelant les autorités de ce pays à respecter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. CARLOS FULLER (Belize) a réaffirmé la nécessité d’adopter une approche holistique pour traiter les questions relatives aux droits de l’homme et de réaliser les objectifs de développement durable afin d’assurer la pleine mise en œuvre de ces droits pour tous.  À ce propos, il a dit attendre avec intérêt la présentation, prévue cette semaine, du Rapporteur spécial sur la question des obligations relatives aux droits de l’homme se rapportant aux moyens de bénéficier d’un environnement sûr, propre, sain et durable.  De fait, a fait observer le représentant, les effets des changements climatiques pour les petits États en développement constituent un défi unique et continuent d’avoir un impact sur la réalisation de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales. 

La Communauté des Caraïbes, a-t-il ajouté, reste gravement préoccupée par les conséquences négatives des changements climatiques, qui menacent les droits à la vie, à l’eau, à l’alimentation et au logement, et entravent les progrès dans la mise en œuvre et la réalisation des objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la CARICOM se félicite de la récente nomination d’un Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans le contexte des changements climatiques et continuera de soutenir les mesures visant à faire face aux effets négatifs des crises mondiales sur la pleine jouissance des droits humains. 

Mme CECILIA FORGBE MC GILL (Libéria), qui parlait au nom d’un groupe de pays, a mis l’accent sur la grande vulnérabilité des femmes et fillettes, qui s’est encore aggravée durant la période de pandémie.  Elle a déploré à cet égard qu’une femme sur trois dans le monde ait à faire face à la violence dans sa vie.  Pourtant, a-t-elle fait remarquer, les sociétés qui promeuvent les femmes sont souvent les plus solides et les plus prospères.  Pour la déléguée, les femmes doivent non seulement participer à tous les processus décisionnels mais aussi être maîtresses de leurs droits procréatifs.  Estimant que l’inclusion des femmes conditionne la capacité des pays à se remettre du choc de la pandémie, elle a également plaidé pour une plus grande participation de la jeunesse.  Le monde n’a jamais porté une aussi importante génération de jeunes, a-t-elle constaté, jugeant que l’égalité de genre devrait s’établir dès l’adolescence. 

Au nom d’un groupe de pays, M. DAI BING (Chine) a déploré que les pays en développement, malgré les difficultés auxquels ils sont confrontés, continuent d’être victimes de mesures coercitives unilatérales, au mépris du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Malgré l’appel mondial en faveur de leur levée, ces mesures continuent d’être imposées, a-t-il dénoncé, rappelant qu’elles ont des conséquences dévastatrices, notamment pour la survie des populations.  Prises à titre de sanction, elles exacerbent les défis humanitaires et économiques existants, a renchéri le représentant, en pointant leur impact négatif sur les droits humains.  En cette période de pandémie, de telles mesures empêchent les pays ciblés d’obtenir les biens de première nécessité, en particulier les équipements médicaux et les vaccins, a-t-il ajouté.  En outre, ces mesures privent les populations de leur droit au développement, a conclu le délégué, appelant les États à renoncer à ces pratiques.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a dénoncé la guerre d’agression illégitime et injustifiée de la Russie en Ukraine, estimant que cette « guerre illégale » est un défi évident pour les droits de l’homme.  Notant que le Comité des droits de l’homme a abordé le lien entre le recours illégal à la force et le droit à la vie, elle a souhaité que cette relation soit approfondie dans les travaux de la Troisième Commission.  Les actes d’agression entraînent inévitablement d’innombrables violations des droits de l’homme, touchant en particulier les civils et les personnes vulnérables pendant les conflits, comme les personnes handicapées et les enfants, a-t-elle souligné, demandant que les auteurs de tels crimes rendent des comptes pour garantir la justice et dissuader les agressions futures. 

Elle a d’autre part constaté que, depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, la situation des droits de l’homme au Myanmar s’est dramatiquement détériorée.  Les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme et les membres de la société civile qui s’opposent à la junte sont particulièrement exposés aux meurtres, à la torture et à la privation de liberté, a-t-elle relevé, ajoutant que, pour la première fois depuis la fin des années 1980, la junte militaire a appliqué des condamnations à mort pour des délits politiques présumés.  Rappelant à cet égard que le Mécanisme d’enquête indépendant et le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar ont établi que la junte militaire a commis des atrocités à grande échelle, la déléguée s’est félicitée de la reconnaissance de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) par le Gouvernement d’unité nationale, opposé au régime en place.  Elle a également demandé au Conseil de sécurité de mettre en place un embargo sur les armes, conformément à l’appel lancé par l’Assemblée générale en juin dernier, afin de mettre fin aux attaques contre la population civile.

Enfin, concernant la crise du climat, elle a évoqué les récentes affaires portées devant les tribunaux nationaux et internationaux comme autant de moyens d’explorer des voies juridiques pour lutter contre les changements climatiques, en tenant compte des obligations en matière de droits de l’homme.  Ces efforts, y compris l’initiative menée par le Vanuatu en faveur d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour que l’Assemblée générale se prononce sur le droit des générations actuelles et futures à être protégées des effets négatifs des changements climatiques, sont « une expression importante de l’engagement en faveur de l’État de droit », s’est réjouie la déléguée. 

Au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale, Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a rappelé qu’aucun État ne peut faire face seul à la question de la migration.  Ces dernières années, a-t-elle relevé, la migration intrarégionale a considérablement augmenté.  Cette tendance devrait se poursuivre, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a indiqué la représentante, selon laquelle il convient d’aborder la question de la migration, notamment la migration irrégulière, de manière conjointe, par le biais de la coopération et du dialogue.  Elle a également fait valoir que les personnes migrantes contribuent à répondre aux défis de la baisse démographique ainsi que de la pénurie de main d’œuvre. 

La déléguée a ensuite exprimé sa préoccupation face au nombre croissant d’enfants et d’adolescents non accompagnés sur les routes migratoires.  Alertant contre les risques de traite des personnes, elle a plaidé pour une riposte concertée et une coopération renforcée entre les pays d’origine, de transit et de destination.  Elle s’est par ailleurs alarmée de la mobilité accrue des populations en raison des effets des changements climatiques sur les moyens de subsistance, appelant à faire preuve d’une plus grande solidarité, en particulier dans les situations d’urgence.  La représentante a exhorté les États, les organisations et les différents acteurs à se pencher sur les conséquences des urgences humanitaires sur les personnes migrantes, mais aussi à développer des politiques et programmes internationaux incluant la dimension de genre.  Enfin, elle a invité les États à intégrer la migration dans leurs stratégies de développement, en s’acquittant de leurs obligations en matière de protection des personnes migrantes.

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a réitéré son rejet catégorique du « deux poids, deux mesures » dans le domaine des droits de l’homme, estimant qu’une telle approche empêche un environnement harmonieux.  À cet égard, il a exprimé sa vive inquiétude face à la prolifération de mécanismes et de procédures qui, sous couvert d’évaluations « impartiales » de la situation des droits de l’homme dans des États spécifiques, ne bénéficient pas du consentement et de la participation de l’État concerné, s’appuient sur des sources partiales ou manquant de crédibilité, et répondent à des programmes politiques de nature douteuse.  Le délégué a également condamné les mesures coercitives unilatérales et leur impact dramatique sur la pleine jouissance des droits de l’homme pour plus d’un tiers de l’humanité.  Ces mesures empêchent et entravent l’accès aux biens et services fondamentaux, ce qui impacte gravement les politiques sociales, ainsi que la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il dénoncé.

Dans ce contexte, a conclu le représentant, il est non seulement contradictoire mais aussi « immoral » de voir que certains gouvernements se présentent comme des avocats, des défenseurs ou des promoteurs des droits de l’homme alors que, dans le même temps, avec leurs politiques délibérées et systématiques, notamment l’application illégale de mesures coercitives unilatérales, ils commettent quotidiennement des violations massives, voire des crimes contre l’humanité, à l’encontre des droits humains de milliards de personnes dans le monde.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a indiqué que les habitants de Singapour, de toutes ethnies et confessions, sont libres de pratiquer leur culte et de bénéficier du développement économique et social de l’île, de manière harmonieuse.  Ce n’est pas le fruit du hasard, mais dû à une politique « minutieuse » et un respect inébranlable de l’indépendance de la justice, a-t-il dit, soulignant que chaque pays doit choisir la formule qui lui convient le mieux en fonction des circonstances, et en accord avec le droit international humanitaire. 

Insistant sur l’importance pour chaque pays d’exercer sa souveraineté sans ingérence, le représentant a recommandé aux délégations de ne pas succomber à la tentation d’utiliser la Commission pour donner des leçons de morale.  Il n’y a pas d’espace au sein de l’ONU pour le sentiment d’arrogance et de supériorité culturelle.  Nous devons nous respecter mutuellement comme il faut respecter le droit international, a-t-il insisté.

Mme WAGNER (Suisse) a appelé à l’abolition universelle de la peine de mort, une sentence incompatible, selon elle, avec le respect des droits humains.  Elle s’est réjouie d’observer que le mouvement en faveur de l’abolition se poursuit partout dans le monde et plus particulièrement encore en Afrique, citant la République centrafricaine et la Guinée équatoriale qui ont rejoint, cette année, les rangs des États abolitionnistes.  Elle a ensuite appelé les États Membres à soutenir la résolution de la Troisième Commission demandant l’établissement d’un moratoire sur l’application de la peine de mort.  Elle a appuyé l’introduction, dans la résolution sur la torture, des Principes de Méndez qui, a-t-elle relevé, permettent de protéger l’individu confronté aux interrogatoires des enquêteurs et des forces de l’ordre et d’assurer le respect des droits humains.  La représentante a ensuite appelé à une politique cohérente en matière d’environnement et des droits humains. 

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) s’est dite profondément consternée par le nombre sans cesse croissant des victimes d’atrocités résultant de la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine.  La Pologne, a-t-elle assuré, fait tout son possible pour soulager les souffrances humaines causées par cette agression, en accueillant quelque 2,3 millions de réfugiés d’Ukraine, principalement des femmes et des enfants à qui elle a fourni un abri, du travail, ainsi que des services éducatifs et des soins de santé gratuits.  Pour la déléguée, il importe de s’attaquer à la cause du problème et d’affirmer clairement que les violations des droits de l’homme cesseront dès que la Russie arrêtera sa guerre et retirera ses troupes.

Évoquant ensuite la situation au Bélarus, la représentante a déploré la détérioration des droits de l’homme dans ce pays, illustrée selon elle par le nombre croissant de prisonniers politiques, qui est désormais supérieur à 1 300 et augmente de jour en jour.  Réitérant sa ferme condamnation des violations massives des droits humains par les autorités bélarusses, elle a demandé au régime de Minsk de procéder à la libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues et emprisonnées pour des motifs politiques, et d’abandonner les poursuites à leur encontre.

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a indiqué que le renforcement des droits des femmes s’inscrit dans la Vision de l’Arabie saoudite à l’horizon 2030 de son pays.  À cette fin, a-t-il ajouté, de nombreux textes juridiques ont été amendés, qu’il s’agisse de la capacité offerte aux femmes de voyager, du droit civil ou du domaine social.  Le but des autorités est d’atteindre 32% de femmes dans le marché du travail d’ici à 2030 et d’augmenter parallèlement le nombre de femmes aux postes à responsabilité, y compris dans la diplomatie et la sphère militaire, a précisé la représentante.  À cet égard, il a souligné l’action du royaume sur la question des femmes au-delà de ses frontières, mentionnant l’aide humanitaire ainsi que les apports financiers dans des zones de conflit et de crise, notamment en Afghanistan.  La situation des femmes est une question importante pour l’Arabie saoudite et les droits humains sont « incarnés dans nos institutions », a-t-il assuré.

Mme ZINCHENKO (Fédération de Russie) a rappelé l’adoption il y a 30 ans de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques.  Ces dispositions restent d’actualité, a-t-elle fait valoir, indiquant que la Russie est le plus grand pays du monde ayant une population multiethnique et multiconfessionnelle.  Dénonçant une russophobie sans précédent, singulièrement dans les pays occidentaux, elle a dénoncé le fait que, depuis la fin du mois de février, les Russes y fassent l’objet de discrimination sur la base de critères ethniques.  Il y a également des appels à exclure le ballet, la littérature et la musique russes, s’est-elle indignée. 

La déléguée a également pointé les restrictions de visas et a affirmé que les figures politiques les plus radicales en Occident ne cachent pas leur objectif de détruire l’identité russe.  Enfin, elle s’est dite particulièrement préoccupée par les discriminations auxquelles font face les enfants russes, notamment une pression psychologique qui rend plus difficile le processus d’apprentissage.  Tout cela montre l’étendue de la russophobie, a-t-elle conclu.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a déclaré que la promotion des femmes est l’une des principales priorités des Philippines, notant que la Constitution du pays met en avant leurs rôles dans la construction de la nation.  Il a également passé en revue les nombreuses lois visant à promouvoir l’avancement des femmes.  Grâce à la mise en place de plusieurs cadres juridiques, programmes et campagnes de sensibilisation, les Philippines restent un pays progressiste en termes d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes et des filles, a-t-il affirmé, s’enorgueillissant en outre que le pays ait conservé sa position élevée dans l’indice mondial d’écart entre les sexes. 

Il s’est cependant préoccupé de la situation des femmes et filles philippines qui, vivant dans la pauvreté ou victimes de catastrophes naturelles, continuent d’être la proie de la traite des êtres humains et du travail forcé.  C’est pourquoi le Gouvernement philippin a fait de la lutte contre la traite des êtres humains l’une de ses principales priorités et s’attèle à ce problème avec la participation de toutes les parties prenantes concernées. 

M. JONATHAN DAVID PASSMOOR (Afrique du Sud) a estimé que certaines vérités ne doivent pas être ignorées dans les discussions de la Troisième Commission, en particulier les liens entre les droits économiques, sociaux et culturels, et les droits civiques et politiques.  Il faut respecter l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Déclaration de Vienne, a-t-il appuyé, rappelant qu’un groupe ne peut pas vivre sans l’autre.  Il a également souligné le besoin de créer un environnement facilitateur pour défendre tous ces droits.

Le délégué a ensuite pris position contre la politisation des droits humains, qui selon lui, affaiblit le multilatéralisme.  Les critiques relatives à ces droits doivent se faire de manière égale, a-t-il plaidé, dénonçant les examens fondés sur des critères politiques.  De même, a-t-il poursuivi, nous continuons à nous opposer à l’imposition de mesures coercitives unilatérales, qui nuisent à l’économie, au développement et à la jouissance des droits humains.  Enfin, il s’est dit préoccupé par le manque de financement du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Mme SONIA MARINA PEREIRA PORTILLA (Colombie) a mis en avant le rapport du HCDH mentionnant de manière positive la manière dont son pays a travaillé main dans la main avec le Haut-Commissariat pour incorporer les droits de l’homme dans ses politiques publiques en matière de santé, de protection sociale, d’alimentation adéquate, d’eau, d’assainissement et d’éducation.  Concrètement, a-t-elle précisé, le Président colombien a présenté un plan de protection des leaders sociaux, des défenseurs des droits de l’homme et des anciens combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC) ayant signé l’Accord de paix.  Pour renforcer son cadre juridique, la Colombie a également ratifié l’Accord d’Escazú, se rapprochant ainsi d’une protection efficace des défenseurs de l’environnement, a fait valoir la déléguée.  La Colombie a d’autre part accepté la compétence du Comité des Nations Unies sur les disparitions forcées pour entendre les pétitions individuelles, conformément à l’article 31 de la convention internationale idoine, a-t-elle indiqué.

Pour la Colombie, les femmes sont un facteur essentiel de changement, a poursuivi la déléguée, soulignant les efforts de son pays en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation intégrale des femmes et des filles dans toute leur diversité.  L’accent a été mis sur la participation et la représentation politiques, l’éducation, l’économie de soins, la prévention et l’élimination de la violence fondée sur le genre, a-t-elle souligné.  Le changement en Colombie s’accompagne aussi de politiques publiques prônant l’inclusion et cherchant à éliminer les dynamiques structurelles qui exacerbent l’exclusion des minorités, a ajouté la déléguée.

M. LUIS GERARDO ELIZONDO BELDEN (Mexique) a indiqué que la collaboration étroite avec le système universel des droits de l’homme a un impact positif sur les transformations que connaît son pays.  À ce sujet, il a réaffirmé la nécessité de continuer à aligner la coopération entre les différents organes et agences des Nations Unies sur les priorités nationales, au bénéfice des populations.  Pour ce faire, la Troisième Commission est, à ses yeux, un forum essentiel pour faire avancer l’agenda international des droits de l’homme. 

Le délégué a d’autre part assuré que son pays continuera d’accorder une attention particulière à la promotion des droits de toutes les personnes en situation de vulnérabilité, qui sont confrontées avec une intensité particulière à des formes multiples et intersectionnelles de discrimination.  Conformément à sa politique étrangère féministe, le Mexique veillera également à ce que les travaux de la Troisième Commission contribuent à la réalisation de l’égalité des sexes, de l’autonomisation des femmes et des filles dans toute leur diversité et de l’éradication de la violence sexuelle et sexiste.  Pour finir, il a appelé à redoubler d’efforts pour mettre fin à la discrimination, aux discours de haine, à la xénophobie, à la désinformation ainsi qu’au racisme systémique

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dénoncé la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, la qualifiant d’« odieuse boucherie ».  La Commission internationale indépendante d’enquête sur l’Ukraine a conclu que des crimes de guerre ont été commis, a-t-il ajouté, accusant la Russie d’avoir déployé des armes explosives dans des zones peuplées, torturé des personnes détenues illégalement et commis des crimes sexuels et sexistes, y compris sur des enfants.  En avril, les images horribles de Boutcha et d’Irpin ont montré jusqu’où la Russie est prête à aller pour réprimer la dissidence, a martelé le représentant, pour qui la Troisième Commission « ne peut ignorer la barbarie de la Russie ».  Les responsables doivent rendre des comptes, a-t-il plaidé, assurant que les violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme et du droit humanitaire international par la Russie sont bien documentées.  Saluant à cet égard la suspension de la Russie au Conseil des droits de l’homme, il s’est aussi félicité de la décision de cet organe d’examiner la répression exercée par la Russie sur ses propres citoyens. 

Le délégué s’est d’autre part alarmé de la situation des Ouïghours et des autres minorités dans la région autonome du Xinjiang.  Il a rappelé que l’ancienne Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, a trouvé des preuves de détention arbitraire, de torture, de violence sexuelle et sexiste, de stérilisations, d’avortements forcés et de destruction de sites religieux, ce qui l’a amenée à conclure que les actions de la Chine pouvaient constituer des « crimes contre l’humanité ».  Plutôt que d’étouffer le débat et de nier les conclusions, il a demandé à la Chine de mettre en œuvre les recommandations du rapport et d’autoriser les experts indépendants des Nations Unies à se rendre sans restriction au Xinjiang.

M. ASHISH SHARMA (Inde) est revenu sur les actions menées par son pays en faveur de la réalisation des droits de l’homme, faisant état de progrès dus à l’interprétation progressive des lois par le pouvoir judiciaire.  En Inde, a-t-il également fait valoir, une série de commissions nationales et étatiques, mais aussi la presse libre et la société civile contrôlent le respect des normes en matière de droits de l'homme. Derrière ces réalisations, plus de 1,3 million de représentants élus participent à la formulation et à la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local, a souligné le représentant, ajoutant que le plus grand programme d’assurance santé du monde, le National Health Protection Scheme, couvre 100 millions de familles et permet à 500 millions de personnes de bénéficier d’un traitement gratuit.  De plus, le plus vaste programme mondial de logements abordables pour les pauvres a permis de construire plus de 23,5 millions de maisons à ce jour, s’est-il enorgueilli, avant d’évoquer les garanties juridiques et institutionnelles instituées en Inde contre le mariage des enfants, la violence domestique et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Sur le plan international, le délégué a émis des observations concernant le cadre des droits de l’homme, soulignant l’importance du droit au développement et le caractère prioritaire de sa mise en œuvre.  Il a également demandé d’éviter de faire de l’Examen périodique universel (EPU) une plateforme qui mette en avant des questions sélectives relatives aux droits de l’homme.  Enfin, le représentant a souhaité que des mesures de protection des droits de l’homme soient envisagées pour contrer l’utilisation abusive des nouvelles technologies.

Mme AVITAL MIMRAN ROSENBERG (Israël) a indiqué que son pays considère l’enseignement numérique comme une composante clé de l’éducation et a engagé des réformes dans ce sens, notamment pour les examens scolaires.  Le droit à une éducation de qualité ne devrait pas se voir entaché par des inégalités, a-t-elle jugé, qualifiant d’essentiel l’accès sur un pied d’égalité aux universités les plus prestigieuses du pays.

L’égalité commence par l’éducation mais ne s’arrête pas là, a-t-elle ensuite fait remarquer.  La représentante a ainsi détaillé les mesures prises par son pays en faveur de l’égalité des droits de la communauté LGBTI, y compris l’offre de services juridiques et de santé mentale.  Elle a également évoqué les mesures en faveur des personnes porteuses de handicap et a insisté sur le besoin de parvenir à de meilleures normes de santé.  Enfin, rappelant qu’il n’y a pas de bonne santé sans eau potable, la déléguée est revenue sur les pénuries d’eau que connaît Israël, estimant que son pays est cependant mieux armé que ses voisins pour faire face à ce problème.  Pour atténuer les effets de ces pénuries, elle a fait état d’un accord passé avec la Jordanie.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a assuré que la politique publique de son pays s’appuie sur le respect des droits de l’homme, douze ans après un coup d’État ayant entraîné une prolifération de la corruption, de la violence et de nombreuses violations des droits humains.  La politique aujourd’hui mise en œuvre prévoit un respect complet de ces droits, a insisté la représentante, faisant état, entre autres exemples, d’un nouveau manuel destiné aux fonctionnaires qui leur explique comment répondre au défi des personnes persécutées et victimes de mauvais traitements.  Elle a d’autre part indiqué que, le Congrès national a créé une commission des affaires migratoires, qui vise à défendre les droits des migrants honduriens, souvent victimes de délits ou d’enlèvements.  Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le Honduras défend le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et s’emploie à donner un espace aux populations marginalisées du pays.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a condamné fermement l’agression militaire russe en Ukraine, ainsi que les violences sexuelles et sexistes commises à grande échelle par les forces russes.  Il a aussi confié sa préoccupation quant aux conséquences de l’invasion russe sur la situation alimentaire dans le monde.  Des milliers de personnes sont confrontées à l’extrême pauvreté et famine, a-t-il déploré, appelant la Russie à permettre les livraisons agricoles.  Il s’est ensuite félicité des initiatives visant à collecter des preuves et à enquêter sur les crimes commis. 

En outre, le délégué a dénoncé la situation des droits de la personne au Bélarus, rappelant le sort des journalistes, des défenseurs des droits humains et des médias indépendants.  Il a appelé à la libération des opposants au régime.  Enfin, il a mentionné l’érosion des droits des femmes et des filles en Afghanistan, y compris le droit à la liberté de circulation et le droit à l’éducation. 

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a regretté que des États qui se présentent comme des promoteurs des droits humains repoussent délibérément les limites minutieusement négociées des cadres existants pour y inclure des concepts qui nécessiteraient pourtant de longues délibérations.  Il a constaté que certaines vies semblent -pour certains- avoir plus de valeur que d’autres, déplorant notamment la situation du peuple palestinien et de la minorité Rohingya.  Il a regretté l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre des mesures décisives pour faire face à la situation au Myanmar.  Cette paralysie exposera toute la population du Myanmar au fléau de la traite et du trafic de personnes, a-t-il alerté.  Après avoir indiqué que la Malaisie a aboli la peine de mort, le représentant a fustigé les mesures coercitives unilatérales imposées à des pays qui continuent de lutter contre la pandémie de COVID-19.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a déclaré que la Thaïlande s’attachait à garantir le droit à la santé, en mettant l’accent sur l’accès aux services de santé sans discrimination, un facteur clef dans le succès dans la lutte contre la pandémie.  Il a appelé les États à examiner et réviser leur législation, politiques et réglementations afin de garantir leur cohérence avec les normes et les standards internationaux en matière de droits humains.  Les recommandations des organes de traités et des procédures spéciales devraient être prises en compte dans la mesure du possible, a-t-il ajouté, prenant pour exemple l’approbation récente par le Parlement national du projet de loi sur la prévention et la répression de la torture et des disparitions forcées. 

Le représentant a également insisté sur l’importance d’une coopération technique efficace et du renforcement des capacités pour aider les pays à renforcer le respect des droits humains sur le terrain.  Dans cet esprit, la Thaïlande s’est engagée à faire progresser le dialogue sur les questions LGBTI et a rencontré au début du mois l’expert indépendant chargé de la question de la protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.

Mme ALMAHA MUBARAK AL-THANI (Qatar) s’est dite fière des progrès réalisés par son pays dans les domaines du droit du travail des enfants, des handicapés et des personnes âgées, entre autres.  Le Qatar est également l’un des cinq pays pionniers dans le domaine de la « transformation de l’éducation », à travers les programmes et projets soutenus par le fonds du Qatar pour le développement qui a débloqué un milliard de dollars en subventions ces dernières années.  La représentante a aussi parlé des réformes engagées concernant la protection et la promotion des droits des travailleurs migrants.  Organisateur de la prochaine Coupe du monde de football, le Qatar s’est de plus engagé à respecter et à promouvoir les droits humains durant cet événement grâce à la mise en œuvre de programmes dédiés, a-t-elle fait savoir. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a regretté que son peuple continue de faire face à une incitation systématique à la haine identitaire et à la violence.  Il a dénoncé à ce propos la rhétorique haineuse qui domine le discours politique en Azerbaïdjan, comme l’ont largement rapporté et documenté les institutions internationales.  Selon lui, l’Azerbaïdjan poursuit son agression contre l’Arménie avec des cas documentés d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre, de mutilations corporelles, de violences sexistes à l’encontre du personnel militaire féminin et la publication ultérieure de vidéos de ces crimes odieux.  Le représentant a déploré l’absence d’une réponse internationale adéquate face à de tels crimes.  Il a donc appelé à une condamnation ferme et sans équivoque de ces actes, suivie de la traduction en justice de leurs auteurs et de la sanction de ceux qui sont complices, y compris au plus haut niveau politique.

Mme GABRIELLA MICHAELIDOU (Chypre) a rappelé que l’écrasante majorité des propriétés situées dans les zones occupées de Chypre appartiennent à des Chypriotes grecs.  À la suite de l’agression armée de la Türkiye, un tiers des Chypriotes grecs ont été déplacés et continuent de se voir refuser le droit de retourner dans leurs foyers ancestraux et de jouir de leurs droits de propriété, a-t-elle dénoncé.  Les Chypriotes grecs déplacés sont en outre témoins de l’exploitation, du développement et de l’utilisation illégale et systématique de leurs propriétés par d’autres, a-t-elle ajouté, accusant la Türkiye de vouloir modifier la composition démographique de l’île, changer son caractère historique et porter ainsi préjudice au règlement du problème chypriote. 

Pour la représentante, ces faits sont constitutifs d’un crime de guerre au sens du droit international humanitaire.  Évoquant ensuite la question des personnes disparues, qui constitue selon elle l’un des aspects les plus déchirants de l’invasion militaire turque de 1974, elle a indiqué que le sort d’environ 50% de ces Chypriotes reste inconnu à ce jour.  En conclusion, la déléguée a exhorté la Türkiye à divulguer pleinement et de manière non sélective toutes les informations en sa possession provenant de ses archives, notamment militaires, et à garantir au Comité des personnes disparues un accès immédiat et sans entrave à toutes les zones militaires de la partie occupée de Chypre. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a appelé au respect des droits humains, à combattre l’impunité et à assurer la reddition des comptes, que ce soit en Crimée ou à Kaboul.  Si les sociétés fondées sur la liberté, le pluralisme et les droits individuels sont remarquablement résistantes, ce n’est pas en dépit, mais grâce aux débats politiques animés, aux opinions divergentes, aux médias critiques et à la société civile, a-t-il analysé.  Pour promouvoir et protéger les libertés fondamentales et les droits humains, le représentant a appelé à discuter collectivement des violations et des abus des droits de la personne, ainsi que de l’incapacité persistante à les protéger.  Nous devons tous être tenus responsables par les mêmes normes et obligations, a-t-il affirmé, faisant part de son appui au dialogue constructif au sein de la Troisième Commission sur les situations des droits humains dans des pays spécifiques.

Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a concédé que des divergences importantes entre États perdurent en matière de droits humains.  Selon elle, la pandémie a montré que toute hiérarchie au sein des droits de l’homme est « vide de sens », les droits civils et politiques n’ayant pas priorité sur les autres.  Néanmoins, certains droits ont un rôle catalyseur sur les autres, a-t-elle nuancé, entre autres exemples, qu’on ne peut accéder à l’éducation si l’on n’est pas en bonne santé.  C’est pourquoi elle a exhorté les États à investir dans des infrastructures de santé, estimant que les hôpitaux, l’accès à l’eau potable et les moyens de production sains et durables sont les fondations d’une vie digne. 

Arrêtons de reléguer au second plan les droits économiques, sociaux et culturels et le droit au développement, car cela reviendrait à œuvrer contre tous les droits de l’homme, a-t-elle encore plaidé, avant de faire état de « signaux positifs » au plan national, notamment le taux d’alphabétisation le plus élevé de l’Afrique subsaharienne et une espérance de vie de 15 ans plus élevée que celle relevée lors de l’indépendance du pays.  Avant de conclure, la déléguée a dit voir dans le projet d’élaboration d’une convention sur le droit au développement une étape importante pour la réalisation collective des droits humains.

M. IGOR PILIPENKO (Bélarus) s’est dit en faveur d’une coopération constructive en matière de droits humains, mais sans ingérence.  Les droits humains tels que présentés dans les documents internationaux sont un idéal non atteignable.  Ceux prétendant le contraire sont hypocrites ou ne se regardent pas assez dans le miroir, a-t-il cinglé.  Notant qu’il n’existe pas de pays idéal, il a estimé que chaque État doit se contenter de respecter au maximum les documents et trouver sa propre voie.  La question des droits humains ne doit pas être utilisée comme arme de politique étrangère, a-t-il insisté.  Le représentant, qui a appelé à mettre fin aux mesures coercitives unilatérales imposées contre son pays, a ensuite indiqué que le Bélarus va publier sur le site de son ministère des affaires étrangères ses propres rapports consacrés aux violations des droits humains de « certains pays ». 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a dénoncé la manipulation des informations sur les droits de l’homme, un phénomène selon lui croissant et inquiétant.  Des informations fausses, déformées et incomplètes sont diffusées afin de présenter une image déformée de la réalité et de justifier au monde des programmes subversifs contre le développement, a-t-il pointé.  À ses yeux, les intérêts qui sous-tendent ces programmes contraires à la Charte des Nations unies et au droit international « n'ont rien à voir avec un véritable souci des droits de l’homme ».  Le représentant a ensuite rappelé que Cuba subit un blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis depuis plus de six décennies.  Cette politique d’hostilité constitue une violation flagrante, massive et systématique des droits de l’homme de tous les Cubains, que nous ne cesserons de dénoncer, a-t-il martelé, jugeant que ce blocus « criminel » a pour objectif déclaré d’étouffer le peuple cubain.

Le délégué s’est également élevé contre la pratique consistant à établir des « listes unilatérales », dont le seul but est d’isoler les pays en développement.  Les listes unilatérales établies par les États-Unis « sans aucune moralité ni mandat international », telles que la liste des États qui parrainent le terrorisme ou celle des pays qui violent la liberté de religion, sont un affront au multilatéralisme, a-t-il lancé.  L’inclusion de Cuba dans ces listes n'a d'autre fondement que l'intérêt d'exercer des pressions sur notre pays, dans le cadre de ses campagnes de discrédit et de sa politique d'hostilité, a-t-il ajouté.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé les plans d’action engagés par son pays pour protéger les enfants et les personnes en situation de handicap.  Elle a également assuré que le respect des droits des migrants et des demandeurs d’asile est à la base de la politique migratoire grecque.  Par ailleurs, la représentante a voulu attirer l’attention sur les violations des droits humains à Chypre, à la suite de l’invasion turque et de l’occupation illégale de l’île.  Évoquant la question sensible des personnes disparues, elle a déploré le traumatisme émotionnel pour les familles.  Ces dernières ont le droit de connaître la vérité, a-t-elle plaidé, rappelant la présence de citoyens grecs parmi les personnes dont on est sans nouvelles.  En outre, elle a signalé le fait qu’un grand nombre de Chypriotes déplacés vivent encore comme des réfugiés, leur droit foncier ayant été violé.  La déléguée a aussi dénoncé l’annonce par la Türkiye de l’ouverture de la zone de Varosha, ce qui est contraire aux résolutions du Conseil de sécurité.  Enfin, elle a jugé que la situation reste préoccupante dans les zones occupées, affirmant attendre avec intérêt le résultat des négociations à ce sujet. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a rappelé que les instruments des droits humains sont des outils que nous avons établis tous ensemble pour protéger et promouvoir ces droits partout dans le monde.  Il a ajouté que, soucieux de renforcer les institutions visant à défendre ces droits, le Canada collabore dans ce sens avec d’autres pays, par exemple avec la Zambie, où il s’emploie à mieux comprendre les ressorts de défis tels que les mariages précoces, en particulier dans le contexte d’une reprise inégale après la pandémie de COVID-19.  Depuis que son pays a présenté une résolution sur cette question, des progrès ont été enregistrés, s’est enorgueilli le délégué.  Les données montrent toutefois que nous n’atteindrons pas la cible 5.3 du Programme 2030 si les efforts ne sont pas intensifiés, a-t-il ajouté.  Pour ce qui est de la résolution de cette année, elle offrira la possibilité aux États Membres de se réengager et sera solidaire des femmes et jeunes filles qui manifestent pacifiquement contre la police de la moralité en Iran, a indiqué le représentant.  De la même manière, a-t-il dit, le Canada continuera à saluer la force et la résilience du peuple ukrainien après l’invasion russe.  Il a enfin assuré que son pays est ouvert à toutes les procédures spéciales et se tient prêt à recevoir leurs commentaires sur les efforts déployés en matière des droits de la personne, s’agissant notamment des peuples autochtones.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a énuméré les différentes réformes législatives lancées par son pays, en phase avec les engagements internationaux destinés à garantir le bien-être des enfants et des adolescents.  El Salvador a ainsi adopté un ensemble de législations en faveur des enfants en tant que « sujets de droits », en renforçant les institutions chargées de les protéger, a indiqué la déléguée, qui a fait mention de la loi « Grandir ensemble » pour la protection intégrale de la petite enfance, de l'enfance et de l'adolescence.  Elle a également cité la réforme éducative « Ma nouvelle école », qui vise à contribuer à la transformation de l’éducation en fournissant des outils didactiques et technologiques de qualité, ainsi que des infrastructures décentes.  Avant de conclure, la représentante a indiqué que, son pays promeut les soins pour l’enfant à naître, depuis la période de gestation jusqu'à la naissance, ainsi que les soins de qualité pour toutes les mères, sans aucune discrimination.

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a assuré que les droits humains sont au cœur de la politique nationale et étrangère de son pays.  Il a rappelé à cet égard que l’Argentine soutient l’universalisation de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et a ratifié tous les instruments internationaux et régionaux existants relatifs à l’abolition de la peine de mort.  Le délégué a cependant estimé que, le cadre juridique international en matière de droits de l’homme n'est pas suffisamment précis et cohérent, plaidant par exemple pour qu’un seul instrument universel, spécifique et contraignant fournisse des normes suffisantes pour garantir la pleine jouissance des droits dans la vieillesse.  Il a également jugé prioritaire de garantir la reconnaissance et la jouissance effective des droits de toutes les femmes, filles et personnes LGBTIQ+ et de lutter plus efficacement pour l’élimination de la torture et des autres traitements cruels.

Le représentant s’est par ailleurs félicité du renouvellement du mandat de l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, rappelant que son pays a contribué à la création ce mandat, convaincu que l’ampleur et la gravité de ce type de violence et de discrimination exigeaient une réponse spécifique du Conseil des droits de l’homme.  « Nous ne nous sommes pas trompés », a-t-il conclu.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que la mise en œuvre correcte des instruments relatifs aux droits de l’homme exige la réaffirmation constante que ces droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine.  Il a ensuite mis en garde contre une mise en concurrence de la solidarité et de la liberté, jugeant que cela ne peut que les affaiblir eu égard aux liens qui les unissent.  Puisque les droits de l’homme doivent être compris comme indivisibles et interdépendants, il faut aussi éviter de promouvoir des concepts nouveaux et controversés, a fait valoir l’Observateur permanent, rappelant que cette pratique, relevée au sein du système des Nations Unies et des organes de traité, a été qualifiée de « colonisation idéologique » par le pape François.  Selon lui, la communauté des nations et les États devraient donc éviter de politiser des droits et de présenter comme des droits des idées qui n’ont pas de fondement conventionnel ou coutumier.  Concentrons plutôt nos efforts sur la garantie que les personnes puissent jouir des droits humains et des libertés fondamentales clairement établis, a-t-il plaidé.

L’Observateur permanent a ensuite rappelé le soutien du Saint-Siège à l’abolition de la peine de mort, faisant valoir que, compte tenu des améliorations apportées aux différents systèmes pénaux, il existe des moyens suffisants pour protéger l’ordre public et la sécurité des personnes sans recourir à la peine capitale.  Un criminel, quelle que soit l’horreur du crime commis, ne perd jamais la dignité inhérente à l’être humain, a-t-il ajouté, s’alarmant que le droit à la vie soit menacé par une « culture de la mort ».  L’autorité de la justice et de l’État face au crime est fondamentale pour le prévenir, mais il y a toujours la possibilité d’une erreur judiciaire ou d’une utilisation du châtiment comme d’un moyen de répression, a-t-il mis en garde.  Enfin, il a appelé tous les États à adopter une position cohérente en ce qui concerne la protection de la vie humaine et le respect de la dignité de la personne humaine, y compris en adoptant un moratoire sur l’application de la peine de mort.

M. GILLES BAUWENS (Belgique) a dénoncé les violations flagrantes du droit humanitaire international et des droits humains dont sont victimes les citoyens ukrainiens depuis février, suite à l’agression de la Russie.  Elles devront être dûment poursuivies, a-t-il plaidé.  Le délégué a par ailleurs relevé que, certains pays cherchent à relativiser les droits humains, en expliquant qu’ils ne s’ajustent pas à leurs traditions ou qu’ils correspondent à un agenda occidental.  D’autres, a-t-il observé, préfèrent instrumentaliser les droits humains ou les appliquer de façon sélective.  Mais ni le relativisme culturel ni la souveraineté nationale ne peuvent être utilisés pour priver certains citoyens d’un pays ou d’une région de leurs droits, a-t-il fait valoir.

Le délégué a ensuite évoqué la situation des droits humains des femmes et des jeunes filles en Afghanistan et fait écho aux préoccupations du Secrétaire général concernant la répression continue des défenseurs des droits humains des femmes en Iran.  Les Nations Unies disposent d’instruments qui, ensemble, forment un cadre très puissant des droits humains, a-t-il souligné, avant d’appeler au dialogue, notamment entre pays et titulaires de mandat des droits de l’homme au sein de la Troisième Commission.  Il a également jugé impératif de garantir l’indépendance et les capacités de visites de ces titulaires de mandat.  Enfin, il a salué l’élection de la Belgique au Conseil des Droits de l’homme, assurant que son pays entend dialoguer et coopérer avec tous les États Membres ainsi qu’avec la société civile.

M. MYKOLA PRYTULA (Ukraine) a déclaré soutenir fermement le mandat du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme dans la lutte contre les violations des droits humains dans le monde, y compris ceux commis par la Russie en Ukraine.  Le délégué a ajouté que son pays attache une grande importance au rôle du Conseil des droits de l’homme et de ses mécanismes dans la prévention de l’impunité.  Les activités de la Commission internationale indépendante d’enquête sur l’Ukraine s’inscrivent dans le cadre de ces efforts, a-t-il relevé, précisant que cette structure a trouvé des motifs raisonnables de conclure qu’une série de crimes de guerre ont été commis en Ukraine.  La Commission internationale indépendante d’enquête a notamment documenté des bombardements indiscriminés et des attaques contre les civils tentant de fuir, a-t-il précisé, citant également des schémas d’exécutions sommaires, de tortures et de viols.  La violence sexuelle touche des victimes de tous âges, a-t-il ajouté, avant de souligner le besoin impératif de responsabilisation et de traduction en justice des auteurs de ces crimes.

Rappelant ensuite que l’Ukraine a ratifié la grande majorité des traités et accords internationaux dans le domaine des droits humains, le représentant a dit attendre avec impatience les visites des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme pour documenter les violations commises par la Russie.  Il est crucial, selon lui, de maintenir une présence de surveillance des droits humains en Ukraine à cause de la guerre d’agression russe.  À cet égard, il a dit attendre de la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies, qu’elle continue à surveiller de manière régulière, objective et crédible la situation dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine. 

M. JAKUB KULHANEK (République tchèque) a de nouveau condamné dans les termes les plus forts, la guerre d’agression non provoquée, injustifiée et illégale de la Russie contre l’Ukraine.  Son pays ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale des oblasts de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson en Ukraine, tout comme il n’a pas reconnu l’annexion illégale de la Crimée. La Russie doit immédiatement cesser ses attaques militaires et retirer ses forces de tout le territoire de l’Ukraine, a martelé le délégué, horrifié par les atrocités commises par les troupes russes contre les civils à Marioupol, Boutcha, Izioum et ailleurs en Ukraine. Les responsables de ces innombrables violations des droits de l’homme doivent rendre des comptes, a-t-il poursuivi.

Soutenant fermement la création d’un tribunal spécial pour les crimes commis contre l’Ukraine, le délégué a condamné l’escalade de la répression contre les oppositions politiques, la société civile, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes indépendants en Russie. Il s’est par ailleurs félicité de la publication du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme concernant les préoccupations relatives aux droits de l’homme dans le Xinjiang, en Chine, et a regretté la décision de ne pas tenir une discussion approfondie sur le contenu du rapport lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme.  Se disant gravement préoccupé par l’existence de camps de rééducation politique, il a demandé instamment aux autorités chinoises de les fermer.

Mme SOUEDA EL GUERA (Mauritanie) a expliqué que son pays est toujours confronté à des défis entravant la pleine jouissance des droits humains, défis exacerbés par la pandémie qui a eu des répercussions socioéconomiques énormes sur la population mauritanienne.  Elle a par ailleurs indiqué qu’en matière de droits de l’homme, la Mauritanie dispose d’une stratégie nationale pour accroître la coopération avec le HCDH et travaille à différents projets pour défendre les droits des citoyens et accroître leur possibilité d’accéder à l’emploi.  Le pays a aussi lancé un plan de lutte contre le phénomène de l’esclavage, avec une formation du personnel judiciaire visant à mieux sanctionner ce type de pratique.  La déléguée a précisé que son gouvernement compte sur l’aide de la société civile dans ce domaine.

M. SONG KIM, République populaire démocratique de Corée (RPDC), a déploré que les États-Unis et d’autres pays occidentaux essaient d’imposer leurs modèles sous couvert de protection des droits humains.  Fustigeant la discrimination raciale qui, selon lui, sous-tend cette politique, il a estimé que les pays en développement font l’objet d’une attaque collective, quelle que soit la situation des droits humains sur leur territoire.  Si les Nations Unies veulent rester fidèles à leurs valeurs, elles devraient traiter tous les pays sur un pied d’égalité, a-t-il plaidé.  Le délégué a enfin rappelé que « Le peuple en premier » est la devise du Président Kim Jong-un et que celui-ci a fait de la promotion des droits de l’homme une priorité constante, en dépit des catastrophes et d’un environnement hostile.

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme aura 75 ans en décembre 2023.  Dans cette perspective, il a jugé opportun de lancer un appel à la communauté internationale en vue d’un moratoire sur l’application de la peine de mort.  L’Uruguay, a-t-il indiqué, a aboli la peine capitale en 1907 parce qu’il considérait que cet acte irréversible pouvait souffrir d’erreurs judiciaires et ne contribuait pas à la diminution des comportements criminels.  Le délégué a également condamné les exécutions extrajudiciaires, considérant que la lutte contre cette pratique criminelle devrait inclure une dimension de genre et analyser quels groupes humains sont les plus ciblés.  Avant de conclure, il a exhorté les États à mieux protéger les plus vulnérables de leurs sociétés, notamment les personnes âgées durement frappées par la COVID-19 et l’actuelle crise alimentaire mondiale.

M. JOEL ARISTIDE DJIGUEMDE (Burkina Faso) a rappelé que la mise en œuvre de la politique nationale « justice et droits humains » est intervenue dans un contexte national marqué par la recrudescence des attaques terroristes ainsi que la montée de l’extrémisme violent.  Le représentant a également pointé le manque d’accès à l’eau potable du fait de l’insécurité dans les zones à fort défi sécuritaire.  Cette situation a engendré une grave crise humanitaire à laquelle s’ajoutent des défis sécuritaires croissants, a-t-il souligné.

Malgré ce contexte difficile, a poursuivi le représentant, le pays a pris des mesures pour renforcer la promotion et la protection des droits humains, notamment en matière de prise en charge des déplacés internes.  Le Burkina Faso entretient en outre un dialogue continu avec le Conseil des droits de l’homme et ses mécanismes, dont les Procédures spéciales.  Évoquant ensuite la question de la justice, il a mentionné la tenue des premiers procès de terroristes présumés ainsi que l’intensification de la répression pénale contre les discours haineux et de stigmatisation des communautés.  Il a également indiqué que, des juridictions indépendantes mènent des investigations sur les allégations de violations des droits humains imputées aux forces de défense et de sécurité.  Enfin, le délégué a averti que son pays ne pourra pas faire face aux défis sécuritaires et humanitaires sans une coopération franche entre les États.

Mme REEM MOHAMED SALEH YESLAM ALAMERI (Émirats arabes unis) a affirmé que son pays entend moderniser ses lois pour promouvoir les droits économiques, sociaux et culturels de ses citoyens.  Plusieurs textes ont déjà été adoptés, notamment sur la famille, a-t-elle indiqué, faisant également état d’une modernisation des outils législatifs concernant les travailleurs, afin d’améliorer leur environnement de travail.  S’agissant des mécanismes nationaux relatifs aux droits humains, elle a signalé l’adoption en 2021 d’un dispositif qui a sa propre indépendance financière et dont le rôle est de mettre en application les droits humains et de sensibiliser à ces droits, via des forums et des séminaires.  Sur le plan international, la déléguée a évoqué la situation des femmes en Afghanistan, tout en précisant que les Émirats arabes unis aident ce pays dans le domaine humanitaire.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a mis l’accent sur la protection des défenseurs des droits humains.  En ces temps de contraction de l’espace civique, ce sont les premiers à sonner l’alarme.  À ce titre, ils sont confrontés à des formes intersectionnelles et multiples de discrimination, et ce, souvent à cause de leur genre.  « Nous leur devons beaucoup », a appuyé le délégué.  Ils prennent des risques, subissent des menaces et continuent sans relâche leur mission, a-t-il ajouté, relevant que « sans critiques, il est impossible de faire progresser la démocratie ».

Le représentant a ensuite souligné l’importance du droit à la liberté d’expression lors des conflits armés.  À l’heure où la propagande est transformée en arme de guerre, le pluralisme des médias est devenu plus important que jamais, a-t-il fait valoir, avant d’appeler à soutenir les journalistes et « ceux qui donnent une voix aux sans-voix ».

M. ALABHOUL (Koweït) a déclaré que, depuis son indépendance, son pays a renforcé les droits humains via des amendements à sa Constitution et poursuit aujourd’hui ses efforts dans ce domaine.  Soulignant la détermination du Koweït à poursuivre l’adaptation de sa législation, il a assuré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est conforme à la vision du pays.  Le délégué a ainsi noté que la stratégie nationale 2020-2025 met l’accent sur les personnes en situation de handicap et sur la promotion des femmes.  Le Koweït lutte en outre contre le trafic sexuel et les disparitions durant les conflits armés grâce à des lois spécifiques, a indiqué le représentant.

Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) s’est émue du charnier humain découvert à Izioum, en Ukraine, où gisaient des centaines de corps, dont ceux d’enfants, aux membres brisés, organes génitaux mutilés, mains liées dans le dos.  On considère parfois les droits humains comme de simples vœux politiques, mais l’actualité a montré ce qu’est un monde sans droits, a analysé la représentante selon qui les droits humains constituent la réussite la plus brillante de l’humanité depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.  Lorsqu’ils sont respectés, les droits humains nous permettent de fonder des sociétés plus justes avec moins de peur et de colère.  Et des structures nous permettent de débattre pacifiquement au lieu de recouvrir à la violence.  Mais ce qui est construit peut-être détruit, a-t-elle nuancé, exprimant sa préoccupation au sujet de nombreuses régions du monde où reculent dangereusement les droits humains.  Face aux défis des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, il vaut mieux faire, a-t-elle dit. 

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a appelé à utiliser les institutions et instruments internationaux des droits humains conformément aux principes d’objectivité, d’impartialité, de non-sélectivité et de non-politisation.  Évitons de faire valoir certaines préférences idéologiques, surtout lorsque celles-ci ne font pas l’objet d’un consensus et ne sont pas sensibles aux différences culturelles des États Membres, a-t-il indiqué.  Il a estimé que les questions des droits humains spécifiques à un pays sont mieux traitées par le biais de l’EPU qui, selon lui, permet d’éviter la démagogie.  Il convient en outre d’éviter la hiérarchisation des droits et ou de créer de nouveaux droits inconnus du droit international des droits de l’homme, a-t-il ajouté.  Le représentant a également appelé à éviter la politisation des questions relatives aux droits humains et la langue de bois que l’on retrouve souvent dans le système international des droits humains et dans les activités de plaidoyer.

Mme UMULISA (Rwanda) a vu dans l’Examen périodique universel un instrument puissant de changement et reconnu le rôle important joué par les organes de traités.  Le processus de surveillance et de protection des droits humains est un engagement permanent, a-t-elle rappelé, indiquant qu’il ne fait aucun doute que les violations doivent être traitées par la coopération, le dialogue et la consultation. 

Indiquant que 41 articles de la Constitution rwandaise sont consacrés à la garantie des libertés humaines fondamentales, elle a confié attacher une grande importance à une approche du développement fondée sur les droits humains.  Des progrès durables à cet égard nécessitent des politiques de développement efficaces au niveau national ainsi que des relations économiques équitables aux niveaux international et régional, a-t-elle fait valoir.  Par ailleurs, elle a signalé la mise sur pied d’une commission indépendante des droits humains qui conseille le Gouvernement, le Parlement et d’autres organes compétents sur les questions liées entre autres à la législation.

M. DAHMANE YAHIAOUI (Algérie) a appelé les États Membres à éviter de politiser les questions relatives aux droits humains.  Les principes de neutralité et d’indépendance restent de la plus haute importance, a-t-il souligné.  Le délégué a également appelé à respecter le mandat du Conseil des droits de l’homme et à éviter d’appliquer un système de deux poids deux mesures à cet égard.  Il a aussi réaffirmé l’importance d’une coopération technique qui réponde aux besoins spécifiques de chaque pays et la nécessité de renforcer les différents mécanismes, internationaux et régionaux. 

Rappelant qu’une modernisation des institutions est nécessaire, le représentant a détaillé une série de réformes prises par son gouvernement, y compris la mise sur pied d’un observatoire pour la société civile.  Il s’est ensuite réjoui de l’élection de l’Algérie au Conseil des droits de l’homme, rappelant que le multilatéralisme doit jouer un rôle important dans la protection des droits humains.

Mme LIGIA JOVELINA MAVALE (Mozambique) a regretté le recul des droits humains dans le monde, dû selon elle à la pandémie et à des tensions politiques persistantes.  Elle a indiqué que son pays continue cependant de progresser en la matière, citant notamment la tenue récente d’une conférence nationale pour mieux faire connaître les recommandations du CDH, ainsi que sa participation à l’EPU.  Le Mozambique a également mis en place plusieurs plans d’action, notamment contre la violence de genre, la traite des personnes, et le handicap.  Il reste cependant des défis à surmonter, a concédé la représentante, notamment celui d’améliorer la situation des droits humains dans la province de Cabo Delgado, au nord du pays. 

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a déclaré que son pays avait lancé son nouveau plan d’action en 2021, un document politique clef pour l’amélioration des droits humains dans le pays.  Le pays accueillera également la prochaine réunion du Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie » sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, qui lutte entre autres contre l’intolérance religieuse.  La déléguée a ensuite appelé à ce que les migrants soient traités avec dignité.  Elle a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine, et promu les droits des Tatars de Crimée à vivre dignement dans le pays, de même que les droits des minorités turcophones de Chine, dont les Ouïghours.  Elle a indiqué que le récent rapport du HCDH confirme ses craintes à ce sujet.

Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama) a fait part de la crise humanitaire que traverse son pays en raison de flux migratoires irréguliers.  Panama concentre ses efforts sur la promotion et la protection des droits humains des migrants, mais dans le cadre d’une responsabilité partagée, a-t-elle précisé.  Rappelant à cet égard que son pays a l’une des frontières les plus dangereuses du monde, elle a indiqué que plus de 330 000 personnes ont tenté de la traverser depuis 2021.  Pour répondre à ces tragédies humaines, 40 millions de dollars sont alloués chaque année à la protection des migrants, notamment à la fourniture des services et soins de base à ces populations, a-t-elle expliqué.

La déléguée a ensuite détaillé les dispositifs et mécanismes mis en place par son pays pour assurer la prise en charge globale des migrants, sur le plan humanitaire comme sécuritaire.  Elle a relevé que les programmes éducatifs et sociaux, y compris ceux adoptés pour minimiser l’impact de la pandémie, ne font pas l’objet de discrimination sur la base de la nationalité ou du statut migratoire.  Elle a d’autre part plaidé en faveur de l’échange d’informations entre pays d’origine, de transit et de destination pour mieux traiter la migration irrégulière, conformément aux accords internationaux qui garantissent la protection des droits de l’homme des personnes en déplacement.  Ces dispositifs conjoints doivent aussi bénéficier du soutien des ONG, des institutions financières et du secteur privé, a ajouté la représentante, selon laquelle « seuls nous ne pouvons rien ».

M. AZMI MOHAMAD (Brunéi Darussalam) s’est inquiété d’une « pandémie silencieuse » en matière de santé mentale, citant une étude de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) selon laquelle un milliard de personnes dans le monde souffrent de troubles ou de maladies mentales.  Soulignant le poids financier énorme que représente ce problème, il a relevé que, selon l’OMS, le traitement de l’anxiété, qui frappe particulièrement les plus jeunes, coûterait quelque 1 000 milliards de dollars chaque année.  Le délégué a exhorté les États Membres à accroître la sensibilisation à ce fléau grandissant.  C’est l’un des combats de Brunéi Darussalam, a-t-il assuré, précisant qu’au niveau national, plusieurs mesures ont été prises à l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale, le 10 octobre, notamment une ligne téléphonique d’urgence.  Le pays œuvre aussi avec la communauté internationale en ce sens, notamment dans le cadre de l’ASEAN, de l’OMS et à un niveau bilatéral avec l’Australie. 

Mme PAOLA ANDREA MORRIS GARRIDO (Guatemala) a jugé essentiel de traiter les migrations de manière intégrale.  Les droits de toutes les personnes, quelle que soit leur situation migratoire, doivent être respectés, a-t-elle fait valoir, jugeant particulièrement urgent de garantir la sécurité des personnes migrantes, même lorsqu’elles voyagent en situation irrégulière.  Il est aussi nécessaire d’avoir des mécanismes efficaces de recours à la justice en cas d’abus, a-t-elle poursuivi, avant d’appeler les États à trouver des solutions coordonnées car la responsabilité est partagée entre les différents pays. 

Revenant sur les causes profondes des migrations, la représentante a noté l’impact majeur des changements climatiques, y compris dans son pays.  C’est pourquoi nous défendons un monde qui protège pleinement l’environnement, a-t-elle souligné.  Enfin, elle a plaidé en faveur du respect de la dignité des personnes migrantes, rappelant qu’elles contribuent au développement économique et social des États. 

M. GHEORGHE LEUCĂ (Moldova) a rappelé que, depuis le début de l’agression militaire russe en Ukraine, environ 585 000 réfugiés sont entrés sur le territoire moldave, dont 77 000 qui y sont restés.  Un cadre juridique a été mis en place pour protéger ces réfugiés et les intégrer, a-t-il signalé, ajoutant que la lutte contre la traite des êtres humains est devenue une priorité pour la Moldavie en raison des risques liés au conflit. 

Évoquant ensuite les mesures prises au niveau national, le représentant a cité les efforts pour lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent.  Comme exemple éloquent de l’engagement de son pays à cet égard, il a cité la récente ratification de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe.  Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à la répression des droits humains dans la région de Transnistrie, évoquant le cas d’un citoyen privé de liberté en raison de ses critiques à l’encontre de cette république autoproclamée.  Il est alarmant de constater que les appels internationaux visant à faire cesser les violations des droits humains restent négligés par le régime de Tiraspol, a regretté le délégué, qui a dit compter sur le soutien actif et l’implication des structures et mécanismes internationaux des droits humains. 

Mme FIONA WEBSTER (Australie) a expliqué qu’avec 1,8 milliard de personnes âgées de 18 à 24 ans actuellement dans le monde, soit la génération la plus nombreuse de l’histoire, les jeunes jouent un rôle déterminant dans la promotion des droits humains.  Il est essentiel d’entendre leur voix pour parvenir aux ODD, car ce sont ceux qui pâtiront le plus du manque d’efforts pour y parvenir, a pointé la déléguée.  Observant que les jeunes veulent participer au débat, elle a cité en exemple le mouvement des jeunes autochtones contre les changements climatiques, actif en Australie, ainsi que l’alliance des jeunes leaders climatiques, dans le cadre du Forum des îles du Pacifique. 

M. GARIKAI MANYANGA (Zimbabwe) a fait valoir qu’un petit groupe de pays devrait s’abstenir d’imposer sa volonté aux autres.  La confrontation et les accusations n’ont jamais aidé qui que ce soit, a-t-il ajouté, jugeant que les « desseins politiques » que l’on cherche à assouvir par le biais des droits humains sont critiquables.  Le représentant a, en revanche, fait l’éloge du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), créé en 2003 pour promouvoir la stabilité politique, l’intégration économique au niveau de l’Afrique, la croissance économique et le développement durable. 

Le représentant a par ailleurs estimé que la crédibilité des organes de traité est en jeu.  Le Zimbabwe, a-t-il dit, réaffirme qu’il faut respecter les principes de non-politisation et de neutralité face à ceux qui veulent manipuler les droits humains pour assouvir des « volontés politiques étriquées ». 

Mme THOA THI MINH LE (Viet Nam) s’est inquiétée de voir l’extrême pauvreté augmenter pour la première fois depuis 1998.  Si tous les droits humains doivent être traités sur un pied d’égalité, l’accent doit être mis sur les droits économiques, sociaux et culturels et sur le droit au développement, a-t-elle plaidé.  La déléguée a également défendu les principes de non-ingérence, d’impartialité et de non-politisation des droits humains.  Pour faire progresser les droits humains, les pays développés et les organisations de l’ONU devraient fournir une assistance accrue en termes de financement, d’expertise et de renforcement des capacités aux pays en développement, a-t-elle encore exhorté.

Sur le plan national, la représentante a fait état d’une réforme juridique liée aux droits humains et de politiques nationales donnant la priorité à la protection des groupes vulnérables.  Cette approche holistique a permis au Viet Nam de réaliser des progrès significatifs, s’est enorgueillie la déléguée, rappelant qu’un récent rapport du PNUD classe le pays au cent-quinzième rang sur 189 dans l’Indice de développement humain.  De plus, selon un rapport de la Banque mondiale, le pourcentage de ménages pauvres au Viet Nam a diminué de 5%, a-t-elle ajouté, avant de se féliciter de l’élection de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025. 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a signalé que son pays a ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées, ce qui porte à huit le nombre de conventions sur les droits humains qu’il a ratifiées sur les neuf existantes.  Il s’est par ailleurs déclaré préoccupé par la « guerre par procuration » qui a lieu en Ukraine et ses répercussions sur les droits humains.  Il a cependant rappelé que d’autres crises gravissimes ont lieu dans le monde, notamment au Yémen ou au Soudan du Sud.  Le délégué s’est également alarmé de la détérioration de la situation des femmes et des jeunes filles afghanes, ainsi que celles des droits humains au Myanmar.  S’agissant de ce pays, il a appelé les parties à suivre la voie proposée par le Consensus en cinq points de l’ASEAN.  Enfin, constatant que les changements climatiques ont des incidences sur les droits humains, il a rappelé qu’il incombe aux États d’adopter des obligations sur les droits humains pour contrecarrer leurs effets.  Des effets dont son pays fait l’amère expérience, puisqu’il a été touché par une kyrielle de phénomènes climatiques extrêmes, lesquels font baisser la productivité agricole et aggravent les difficultés de la population.

M. KRISHNA ARYAL (Népal) a indiqué que la Constitution garantit des droits spécifiques, tels que le droit à la sécurité sociale, ainsi que la participation des femmes en politique.  Elle permet également aux femmes d’exercer leur droit à l’héritage et accorde des droits égaux pour ce qui est de la famille et de la propriété.  Par ailleurs, il a expliqué que les violences sexuelles, le harcèlement au travail, les violences sexistes sont punissables par la loi, et une législation a été mise en place pour prévenir les violences basées sur le genre.  Le représentant a également indiqué que la Commission nationale des droits humains du Népal dispose d’un éventail de pouvoirs de supervision et d’enquête pour la protection et promotion des droits de la personne.  Il a aussi rappelé que le Népal est membre du Conseil des droits de l’homme. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a dénoncé l’impact du terrorisme et des mesures coercitives unilatérales sur plusieurs secteurs.  Nous ne sommes plus en relation avec le système bancaire international et des organisations étrangères arrêtent de financer les entreprises syriennes, a-t-il déploré.  Il a également regretté que les entreprises internationales ne fournissent plus d’équipements électriques nécessaires aux contrats conclus avec les ministères syriens.  Les investissements privés dans l’électricité et les énergies renouvelables ne sont pas possibles à cause des sanctions, a-t-il appuyé.  Le représentant a par ailleurs dénoncé les difficultés notoires provoquées par la politisation dont se rend coupable un certain bailleur de fonds, les mesures coercitives de l’Union européenne et des États-Unis, et la présence d’un pays d’occupation sur le territoire syrien. 

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili), relevant le caractère universel des droits humains, a jugé nécessaire de renforcer les capacités du système multilatéral, avec l’apport de la société civile.  Elle a également souligné que la Troisième Commission porte une responsabilité toute particulière dans le renforcement du respect des droits humains.  Elle a expliqué que la protection des droits humains est un axe essentiel de la politique étrangère du Chili qui s’attèle notamment à combattre les violences sexuelles et sexistes et à promouvoir le respect des droits des personnes âgées, un des groupes les plus touchés par la pandémie.  La situation de violence et de discrimination extrêmes vécue partout par les LGBTI est aussi une source d’inquiétude, a ajouté la représentante qui a fait savoir qu’outre une loi sur le mariage pour tous, le Chili a mis sur pied la première cellule d’identification non-binaire de l’histoire du pays. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la République populaire démocratique de Corée a rejeté les allégations de l’UE, les qualifiant d’actes hostiles à l’encontre du système social du pays qui n’ont rien à voir avec la promotion des droits humains.  Leur but est juste d’entacher la réputation de la RPDC, a-t-elle affirmé, accusant dans la foulée l’UE de violer les droits humains des minorités. 

Le représentant de la République arabe syrienne s’est érigé contre l’emploi du terme « régime » par l’UE, rappelant à « ceux qui aurait perdu l’usage de la vue » que le nom de son pays inscrit sur son pupitre est « République arabe syrienne ».  Nous sommes ici aux Nations Unies et non aux régimes unis, a-t-il ironisé.  Il a qualifié d’étrange que l’UE juge d’autres pays pour la situation des droits humains chez eux, alors que ces pays se trouvent justement être ceux avec qui elle est en mauvais termes diplomatiques.  « Ce n’est pas parce qu’on dit quelque chose 100 fois qu’il existe des preuves » a-t-il ajouté, critiquant par ailleurs les remarques du Saint-Siège et l’UE au sujet de la peine de mort. 

La Türkiye a souhaité répondre aux allégations infondées contre son pays concernant la situation à Chypre, en rappelant quelques faits.  C’est comme si les personnes disparues étaient seulement des Chypriotes grecs, a-t-elle par exemple ironisé.  Elle a dénoncé une politique visant à éradiquer l’héritage culturel de Chypre ainsi que la destruction de mosquées, regrettant en outre que la voix des Chypriotes turcs ne puisse être entendue dans cette instance. 

La délégation de Chypre a souligné que la République de Chypre est le seul état reconnu sur l’île au titre du droit international.  Elle a rejeté les remarques de la Türkiye, dénonçant les violations des droits humains indéniables commises suite à l’invasion turque et l’occupation illégale.  La Türkiye n’a réussi à entraîner que le chaos, a-t-elle accusé, regrettant le grand nombre de Chypriotes encore disparus. 

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