9155e séance - après-midi
CS/15067

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale exhorte Belgrade et Pristina à éviter une escalade des tensions et à poser des actes de bonne volonté

La Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a signalé aux membres du Conseil de sécurité, cet après-midi, que le mois en cours est caractérisé par des échéances cruciales concernant le dialogue entre Belgrade et Pristina, qui ont trait à la feuille de route sur l’énergie et à la question des plaques d’immatriculation, ainsi qu’à de nombreuses discussions sur des dossiers relatifs aux perspectives européennes de la Serbie et du Kosovo.

La Représentante spéciale Caroline Ziadeh était venue présenter au Conseil le dernier rapport du Secrétaire général* couvrant la période du 16 mars au 15 septembre 2022, en application de la résolution 1244 (1999) qui a autorisé un déploiement militaire et civil dans la province serbe du Kosovo dans le cadre d’une opération de maintien de la paix.  Cette période a été marquée par des prises de position politiques sur des questions énoncées dans le dialogue facilité par l’Union européenne (UE) entre Belgrade et Pristina, a-t-elle dit, en citant celles de l’énergie, de la liberté de circulation, de la validité des cartes d’identité et de l’association/communauté à majorité serbe du Kosovo.

Mme Ziadeh a également remarqué une surenchère verbale et une escalade des tensions depuis le printemps dernier.  Ses conversations avec nombre de partenaires et d’interlocuteurs ont mené à la conclusion qu’il faut inciter les protagonistes à se départir des discours clivants.  « Les dirigeants politiques des deux pays auront à prendre de nombreuses décisions et les choix de menaces ou gestes de bonne volonté seront déterminants. »

Le Ministre des affaires étrangères de la République de Serbie, M. Nikola Selaković, a regretté « la conduite irresponsable de Pristina » qui sape non seulement les efforts de Belgrade mais également ceux de l’Union européenne et d’autres parties de la communauté internationale, « dans l’intention avouée d’atteindre deux objectifs »: éviter la mise en œuvre des engagements pris et intimider, marginaliser et persécuter les Serbes.  Il a dénoncé les mesures « unilatérales » de Pristina qui approfondissent « consciencieusement et systématiquement » les différences ethniques et font ainsi subir une discrimination à la population non albanaise.  Le Ministre a soutenu les efforts de la MINUK, de la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR) et de la mission européenne, souhaitant le maintien de la MINUK, sans modification ni de sa portée ni de ses capacités, « compte tenu du fait qu’elle n’a pas encore atteint le principal objectif de son mandat ».

De son côté, Mme Donika Gërvalla-Schwarz, du Kosovo, a fait état de progrès significatifs dans plusieurs domaines, se félicitant que le Kosovo ait gagné 17 places au classement de « Transparency International » (indice de perception de la corruption), tandis que le « World Justice Project » l’a classé au premier rang dans les Balkans occidentaux en matière d’état de droit.  Dans les relations internationales, le Kosovo a fait des progrès significatifs, a-t-elle également affirmé, avant d’annoncer qu’il fera une demande d’adhésion à l’UE cette année et qu’il aspire aussi à « devenir membre de l’OTAN, dès que possible ».  Elle a cependant critiqué l’apologie de criminels de guerre par le Président de la Serbie, M. Aleksandar Vučić, en accusant celui-ci de préparer une agression, militairement et idéologiquement, similaire à celle de M. Putin.

La Fédération de Russie a, pour sa part, dénoncé le « nettoyage ethnique rampant » au Kosovo depuis 1999, sachant qu’il y avait 40 000 Serbes vivant à Pristina avant le conflit et seulement une centaine à présent.  Le représentant russe a aussi qualifié d’« échecs » les efforts de médiation de l’Union européenne, qui a été incapable, selon lui, d’amener Pristina à appliquer les accords conclus sous son patronage, et a taxé les pays occidentaux de se comporter comme si la résolution 1244 n’existait pas.

Comme la situation sur le terrain est bien différentes aujourd’hui de l’année 1999, date de la création de la MINUK, le Royaume-Uni a demandé d’entreprendre une étude approfondie de la forme et du rôle de cette dernière.  Abondant dans ce sens, l’Albanie a martelé que l’objet de la Mission, « coincée dans le pays », et « relique de temps passés », se trouve à l’opposé du contexte politique et national actuel, et qu’il vaudrait mieux investir le budget de la MINUK ailleurs au Kosovo, là où les besoins sont réels.  La Chine a en revanche estimé que la présence des Nations Unies est une garantie de paix et de stabilité dans la région.

La Norvège et les États-Unis ont appuyé les ambitions européennes et euro-atlantiques du Kosovo et des autres pays des Balkans occidentaux, alors que l’Irlande a réclamé du Kosovo plus de réformes et une intensification des efforts de renforcement de la démocratie, de l’administration publique et l’état de droit.

La visite conjointe en août, à Bruxelles, du Président de la Serbie et du Premier Ministre du Kosovo, ainsi que la visite de la Première Ministre désignée de Serbie au Kosovo, en septembre, sont les signes d’un engagement sur la voie de la réconciliation, a voulu voir le Brésil.  La question du retour des personnes déplacées issues des communautés minoritaires a été soulevée par le Gabon, qui a appelé à une accélération du rythme de leur retour pour leur permettre de revenir vivre dans leur région d’origine, « sans peur ni pression ».

Sur les questions concrètes, les membres du Conseil se sont félicités des accords sur les cartes d’identité, sur l’approvisionnement énergétique et sur la liberté de circulation, en formant l’espoir que les négociations se poursuivront sur le dossier des plaques d’immatriculation dont la date butoir est le 30 octobre.  À ce sujet, la représentante du Kosovo a déclaré que la menace la plus imminente est l’escalade menée par le Président serbe.

Enfin, la question de la fréquence des réunions du Conseil sur la situation au Kosovo a suscité des commentaires de l’Albanie et des États-Unis qui ont jugé que le moment est venu de la réduire: une fois par an serait suffisant selon ces délégations et il faudrait « privilégier la création d’accords à Bruxelles plutôt qu’à New York », a dit l’Albanie.

* S/2022/739

MISSION D’ADMINISTRATION INTÉRIMAIRE DES NATIONS UNIES AU KOSOVO (S/2022/739)

Déclarations

Mme CAROLINE ZIADEH, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a déclaré que, dans la région où la MINUK est déployée, ce mois est caractérisé par des échéances cruciales concernant le dialogue entre Belgrade et Pristina.  C’est le cas notamment de la feuille de route sur l’énergie et de la question des plaques d’immatriculation, avec des délais imminents, ainsi que de nombreuses discussions à plusieurs niveaux européens sur de multiples dossiers ayant trait aux perspectives européennes de la Serbie et du Kosovo, qui auront un impact non seulement sur la vie des populations de cette région, mais aussi sur l’environnement politique et sécuritaire dans lequel évolue la Mission.

Elle a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur la MINUK et les derniers événements survenus au Kosovo pendant la période allant du 16 mars au 15 septembre 2022, période marquée par des prises de positions politiques sur des questions énoncées dans le dialogue facilité par l’Union européenne entre Belgrade et Pristina.  Il s’agit de la feuille de route sur l’énergie, de la liberté de circulation, de la validité des cartes d’identité et de l’association/communauté à majorité serbe du Kosovo, entre autres.  Elle a tenu à rappeler que les événements au Kosovo et toutes les questions de la région sont affectés par le climat européen en matière de sécurité.  Mme Ziadeh a assuré qu’elle fournira tout le soutien possible pour favoriser ce dialogue.  Elle a fait part de ses conversations étroites avec nombre de partenaires et de parties prenantes sur le terrain ainsi qu’avec des interlocuteurs de la région: il en résulte qu’il faut éviter l’escalade et inciter les protagonistes à se départir des discours clivants.  Depuis le printemps dernier, en effet, elle a remarqué une surenchère verbale et une escalade des tensions.  Elle a mentionné des interventions diplomatiques et un dialogue de haut niveau qui ont permis de réduire les tensions et d’obtenir des promesses de poursuite du débat.  Elle a mis en garde que, faute de cela, le dialogue risque d’être renvoyé à l’âge de pierre.  Elle a rappelé le rôle clef de la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR) et le partenariat entre la MINUK et cette Force.

Mme Ziadeh a pris acte des efforts déployés par le Gouvernement visant au renforcement de l’état de droit et de la justice, soulignant qu’il importe que les décisions de justice et la primauté des droits humains soient pleinement respectées.  « Les dirigeants politiques des deux pays auront à prendre de nombreuses décisions et les choix de menaces ou gestes de bonne volonté seront déterminants. »  Tant que la communauté internationale restera engagée au Kosovo, elle devra soutenir des choix donnant l’espoir d’une vie meilleure pour les familles et la société, a plaidé la Représentante spéciale.

Elle a reconnu que les initiatives régionales ne sont pas une panacée non plus car une paix durable suppose une meilleure prise en compte des communautés locales.  La MINUK, a-t-elle assuré, continue de s’adapter et d’œuvrer à la mise en œuvre du programme de renouvellement de la confiance et à peaufiner les partenariats avec les organisations locales.  Cela suppose de créer des opportunités permettant une atmosphère reposant sur l’état de droit, a remarqué Mme Ziadeh.  Elle a aussi recommandé une sensibilisation plus grande quant à l’interdépendance des problèmes pour les peuples de la région en se fondant sur le cadre régional et mondial actuel.  Dans le cadre des activités de mise en confiance, elle a indiqué que les efforts sont centrés sur les femmes et les jeunes.  La MINUK a notamment accueilli la Journée portes ouvertes sur les femmes et la paix et la sécurité, et lancé le troisième rapport annuel sur les droits humains.  En conclusion, Mme Ziadeh s’est dite convaincue que tout accord entre Belgrade et Pristina ne sera possible que s’il y a un sentiment d’appartenance du peuple du Kosovo.

M. NIKOLA SELAKOVIĆ, Ministre des affaires étrangères de la République de Serbie, a déclaré hautement apprécier le travail de Mme Ziadeh ainsi que les activités de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) au Kosovo et Metohija, créée par la résolution 1244 (1999).  Il a plaidé en faveur de son maintien sans modification ni de sa portée ni de ses capacités, compte tenu du fait qu’elle n’a pas encore atteint le principal objectif de son mandat: une vie paisible et normale pour tous les citoyens de sa province du Sud.  Sur la situation des derniers mois, le Ministre a déploré qu’elle n’ait pas apporté davantage de stabilité au Kosovo et à Metohija, et que la situation de la province ne soit pas exactement comme elle est présentée dans le rapport du Secrétaire général.  Le Ministre a évoqué des mesures « unilatérales » de Pristina qui continue à approfondir « consciencieusement et systématiquement » les différences ethniques, ce qui est une discrimination contre la population non albanaise.

Il a allégué qu’il y avait eu 105 attaques à motivation ethnique depuis le début de l’année.  Il a affirmé que Pristina s’emploie activement à poser des obstacles administratifs et bureaucratiques par la prise de mesures non agréées dans le dialogue en tant que mécanisme de base des négociations pour parvenir à des solutions entre Belgrade et Pristina.  M. Selaković a souligné que cette conduite irresponsable de Pristina sape les efforts de Belgrade mais également de l’Union européenne et d’autres parties de la communauté internationale, dans l’intention avouée d’atteindre deux objectifs : éviter la mise en œuvre des engagements pris; et ce qui est plus alarmant encore, intimider, marginaliser et persécuter les Serbes.  Il a précisé à cet égard que les Serbes font encore l’objet d’intimidations, forcés à quitter leurs foyers, villes et villages.  Les déplacés, quant à eux, sont découragés de retourner à leur lieu de naissance et là où ils ont passé leur vie.

Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a ensuite indiqué que les institutions provisoires s’appliquent à enlever systématiquement et à gommer autant que possible toute la diversité nationale et culturelle qui reste.  Parallèlement, Pristina attise les tensions interethniques en se servant de toutes les méthodes disponibles, a-t-il accusé, soulignant que les cérémonies religieuses semblent être des délits à Kosovo et Metohija alors qu’aucun auteur n’a été tenu juridiquement responsable pour les plus de 1 000 Serbes tués depuis 1999.  Il a également dénoncé le « nettoyage ethnique » de quasiment tous les bourgs et villages au Kosovo et a Metohija et ce, par une intimidation planifiée.  Il a en outre appelé à une volonté politique réelle des acteurs internationaux impliqués et de Pristina pour jeter les bases des conditions à même de faire cesser la discrimination sur une base nationale et de vie commune dans la province.

De son côté, il a dit que Belgrade a participé au dialogue au niveau institutionnel alors que l’engagement de l’autre partie a fluctué avec le temps, en fonction du parti politique au pouvoir.  « Aujourd’hui, nous allons à nouveau entendre la représentante de Pristina dire qu’elle respecte ses engagements. »  Or, ses agissements, comme les mesures imposées par la force, continuent de provoquer la colère de la population serbe, a dit le Ministre prévenant que l’on ne sera pas en mesure de faire taire la révolte et les manifestations des citoyens serbes.  Il a ensuite énuméré une longue liste d’exactions comme la violation de tombes et d’églises, les attaques contre l’Église orthodoxe, le vandalisme humiliant sur des lieux de culte, l’intimidation, les incursions violentes de la part des forces de l’ordre dans des fêtes de villages, sous prétexte de lutte contre la criminalité, entre autres.  Comment justifier des attaques contre des ambulances transportant un patient, a-t-il demandé, appelant également à s’imaginer qu’une personne ne soit pas autorisée à acheter du pain juste parce qu’elle n’est pas albanaise, en expliquant que c’est ce à quoi sont exposés les Serbes qui retournent.

Belgrade ne saurait, à elle-seule, lutter contre les tentatives du « soi-disant Kosovo » de se porter candidat à des organisations internationales, a-t-il ajouté.  Avant de conclure, il a assuré que la Serbie soutient les efforts de la MINUK, de la KFOR et de la mission européenne ainsi que leur présence.  Il a remarqué que, dans tous les forums internationaux, des appels sont lancés à tout va ces derniers temps pour le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays.  « Qu’en est-il de la Serbie? » s’est-il interrogé, en rappelant que l’intégrité territoriale de son pays a été reconnue il y a longtemps.  Le précédent créé avec le Kosovo a « ouvert la boîte de pandore », a insisté le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, en disant attendre des réponses des membres du Conseil.  Il a appelé à un esprit de construction, assurant que la Serbie l’a toujours eu, au nom de la paix, de la stabilité et d’un avenir commun.

Mme DONIKA GËRVALLA-SCHWARZ, du Kosovo, a indiqué que cette année, la croissance économique a de nouveau été importante comme l’an dernier, jusqu’à ce que l’agression russe contre l’Ukraine provoque des perturbations et une crise énergétique et alimentaire pour de nombreuses personnes en Europe et au-delà.  Elle s’est félicitée que le Kosovo ait gagné 17 places au classement de « Transparency International » de l’indice de perception de la corruption.  De même, le « World Justice Project » a classé le Kosovo au premier rang dans les Balkans occidentaux en matière d’état de droit.  Dans les relations internationales, le Kosovo a fait des progrès significatifs, a-t-elle également affirmé, avançant même avoir des raisons d’être optimiste quant au fait que le Kosovo est en passe de devenir le prochain membre du Conseil de l’Europe.  Encouragé par la réponse positive élevée de nombreux membres de l’UE, le Kosovo postulera pour une adhésion à l’UE cette année, a-t-elle annoncé, ajoutant que le pays aspire aussi à devenir membre de l’OTAN, dès que possible.

Elle a ensuite estimé que la menace la plus imminente est l’escalade menée par le Président serbe, dans le contexte de la proximité de la date butoir du 30 octobre pour le règlement du différend sur les plaques d’immatriculation.  En effet, a-t-elle expliqué, à la fin de ce mois, la période de transition pour le remplacement des plaques d’immatriculation illégales par des plaques légales touche à sa fin.  Déjà 90% des propriétaires de voitures ont remplacé leur plaque illégale par des plaques légales.  Elle a accusé « des Serbes extrémistes » de poursuivre et intimider brutalement leurs concitoyens respectueux des lois, brûlant même les voitures des citoyens serbes du Kosovo qui ont déjà changé leur plaque d’immatriculation.  Nous sommes reconnaissants, a-t-elle dit, à la KFOR, l’OTAN, les États-Unis et d’autres alliés qui sont prêts à aider à atténuer les tensions suscitées par les extrémistes serbes et M. Aleksandar Vučić, comme ils l’ont fait en 2021, et encore en 2022.  Sur les mesures de modification des plaques d’immatriculation prises par le Kosovo, elle a expliqué que le Kosovo a trouvé des solutions constructives, mais qu’elles ont été bloquées par la Serbie tout au long des six mois de négociations, poussant le Kosovo à adopter le principe de réciprocité.  De même, lorsque le Kosovo a annoncé la mise en œuvre de la réciprocité avec les cartes d’identité, M. Vučić a menacé à nouveau de faire usage de la violence.  Et c’est une fois de plus l’OTAN et l’UE qui ont dû intervenir et éviter la violence, a-t-elle rappelé.

Le Kosovo n’a pas provoqué, a affirmé Mme Gërvalla-Schwarz, arguant que le Kosovo a seulement insisté pour que la Serbie, après plus de 10 ans, s’en tienne légitimement à un accord qu’elle avait signé.  Elle a accusé M. Vučić de continuer de célébrer en héros des criminels de guerre.  Les fantômes du passé reviennent, a-t-elle noté, relevant que la société civile et les ONG en Serbie alertent la communauté internationale sur le risque que cette idéologie du « monde serbe » conduise à nouveau à des conflits et à la guerre dans les Balkans.  Elle a fait le parallèle avec l’idéologie du soi-disant « monde russe » ayant conduit à la guerre.  C’est ainsi que la Serbie, avec le soutien de la Russie impériale, est redevenue une menace, a-t-elle avancé, affirmant que M. Vučić prépare une agression, militairement et idéologiquement, similaire à celle de M. Putin.  Elle s’est aussi étonnée du fait que 40 députés serbes aient signé un texte appelant à la « réintégration » du Kosovo à la Serbie, estimant que cela semble dangereusement familier au concept russe de réintégration de l’Ukraine à la Fédération de Russie.  Elle a également accusé la Serbie d’avoir aligné sa politique étrangère sur celle de la Russie.  « Au Kosovo, nous nous sentons menacés mais en sécurité », a-t-elle tranché, soulignant que le récent déploiement de troupes américaines supplémentaires au Kosovo a été une étape importante pour renforcer la paix et la stabilité dans la région.

« Nous avons autorisé, a-t-elle affirmé, la visite du Chef de l’Église orthodoxe serbe, malgré le rôle prépondérant de celle-ci dans la création de l’idéologie de la suprématie serbe, son jeu dans la déstabilisation des pays voisins, et sa culpabilité historique à justifier et à glorifier les campagnes de brutalité et le génocide contre les voisins de la Serbie, y compris la République du Kosovo ».  Mme Gërvalla-Schwarz a rappelé que c’est le Kosovo qui a été la clef pour relancer le dialogue après des années d’interruption, mais elle a prévenu que le Kosovo veut avoir un vrai dialogue.  Pour elle, un vrai dialogue doit placer la question de la reconnaissance mutuelle en son centre.  Tout le monde le sait déjà: l’indépendance du Kosovo est un fait accompli, a-t-elle affirmé, appelant la Serbie aussi à reconnaître la réalité, comme la plupart des voisins de ce pays et tant d’autres pays qui l’ont déjà fait.  Elle a déclaré que le peuple du Kosovo envisage l’avenir avec plein d’optimisme et d’espoir.  Et c’est dans cet esprit qu’il est prêt à s’engager avec ses amis, et même ses ennemis, afin d’aider à rendre ce monde meilleur, a-t-elle conclu.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a appuyé le Kosovo et les autres pays des Balkans occidentaux dans leurs ambitions euro-atlantiques.  La représentante a regretté la surenchère verbale entre Belgrade et Pristina ainsi que l’escalade des tensions sur le terrain, qui impactent la normalisation des relations bilatérales.  Elle a encouragé les parties à renforcer leur dialogue et à s’engager de manière constructive sur la base des accords de Bruxelles.  À cet égard, l’accord sur la feuille de route énergétique conclu en juin avec la Serbie, ainsi que l’accord sur les cartes d’identité, conclu en août dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne, sont des points positifs ayant permis d’améliorer la libre circulation entre le Kosovo et la Serbie.  Dans le même esprit, la représentante a espéré que les parties parviendront à s’entendre sur la question des plaques d’immatriculation.  Elle a appelé les parties à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de provoquer de nouvelles tensions dans la région.  La Norvège est déçue par le manque persistant de coopération au sein du groupe de travail Belgrade-Pristina sur les personnes disparues au cours des événements survenus au Kosovo de 1998 à 2000.  Les responsables des violences sexuelles liées aux conflits doivent être traduits en justice, a poursuivi la représentante.  D’une manière générale, l’application du principe de responsabilité est nécessaire pour la réconciliation et la consolidation de la paix au Kosovo.  À cet égard, la Norvège félicite la commission gouvernementale kosovare ainsi que la MINUK pour leurs efforts; elle note avec satisfaction l’approbation récente par le Gouvernement kosovar d’une législation plus stricte concernant le viol, les agressions sexuelles et la violence domestique.  La pleine intégration des parties dans les structures euro-atlantiques ne sera pas possible sans un accord global sur la normalisation complète de leurs relations, a prévenu la représentante.  « Le statu quo actuel est voué à l’échec. »  Or, les progrès dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne sont encore lents.  Le Kosovo et la Serbie doivent intensifier leurs efforts, a insisté la représentante.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) s’est félicité de l’accord du 27 août entre le Kosovo et la Serbie, qui est un pas dans la bonne direction et qui montre que des solutions acceptables et pragmatiques sont possibles, lorsque les responsables s’engagent de façon constructive dans le dialogue entre Belgrade et Pristina et s’abstiennent de toute rhétorique ou action qui divise.  M. Gallagher a réaffirmé qu’un accord de normalisation complet, définitif et juridiquement contraignant est essentiel à la perspective européenne de la Serbie et du Kosovo, ainsi que pour la stabilité et la prospérité des Balkans occidentaux.  Parvenir à une paix durable n’est possible que si la société est plus égale et inclusive, a fait valoir le représentant, qui a salué l’engagement du Kosovo en faveur de l’égalité des genres.  Il a toutefois reconnu que davantage de mesures doivent être adoptées pour protéger les victimes de la violence sexuelle.  Sachant que le peuple du Kosovo aspire à rejoindre l’Union européenne, le représentant a encouragé le Kosovo à avancer sur la voie des réformes et à intensifier ses efforts pour renforcer la démocratie, l’administration publique et l’état de droit.  Il a également salué le rôle de la MINUK et son travail sur les personnes disparues, ainsi que celui du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) sur le retour des personnes déplacées, qui sont essentiels au processus de réconciliation.  De par son expérience nationale, l’Irlande sait que « la paix est un processus, et non un aboutissement, qui demande du courage afin de surmonter le conflit et les divisions ».

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a salué les progrès continus réalisés par le Gouvernement du Kosovo sur un certain nombre de questions importantes, notamment son engagement continu en faveur de la réforme, un travail important sur l’état de droit et la lutte contre la criminalité organisée et la corruption.  Il a aussi salué les efforts en vue d’améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles et de la violence basée sur le genre et l’intégration de la Convention d’Istanbul dans sa Constitution, ainsi que le travail sur la justice transitionnelle, notamment pour les survivants de violences sexuelles liées aux conflits, tout comme le travail de la Commission gouvernementale pour les personnes disparues.

Le délégué a déclaré que le dialogue entre les communautés est vital pour la stabilité du Kosovo en tant qu’État multiethnique, et il a encouragé le Gouvernement kosovar à poursuivre cet engagement.  La normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie reste vitale pour la stabilité régionale, a-t-il indiqué, en réitérant le soutien du Royaume-Uni au dialogue facilité par l’UE.  Selon lui, le moment est venu pour les deux parties de s’engager dans le dialogue de bonne foi, à honorer leurs engagements dans le cadre du dialogue et à éviter des actions ou la rhétorique qui pourraient réduire les chances d’atteindre un accord de normalisation global et durable qui profite aux peuples des deux pays.  Le délégué a dit son inquiétude face à la montée des tensions le 31 juillet sur la mise en œuvre des décisions gouvernementales sur les plaques d’immatriculation et les cartes d’identité.  Tout en notant que les conditions sur le terrain sont bien différentes aujourd’hui de l’année 1999, il a estimé qu’il serait temps maintenant d’entreprendre une étude approfondie de la forme et du rôle de la MINUK.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a mis l’accent sur la situation « particulièrement turbulente » en Europe et encouragé à prévenir toute escalade des tensions entre Belgrade et Pristina.  Il a espéré que les parties feront preuve de la souplesse nécessaire et continueront à travailler pour revenir à la table de négociations.  S’agissant de l’évolution de la situation au Kosovo, il a conseillé de veiller à une réduction de la tension dans la région Nord et s’est alarmé de la profanation de sites religieux et de cimetières ainsi que de la propagation de discours de haine sur les réseaux sociaux.  Il a encouragé les programmes de la MINUK axés sur les jeunes, qui couvrent toutes les strates de la société, ainsi que le soutien à l’égalité pleine et entière des femmes dans tous les dialogues au Kosovo.  Il a cité, à cet égard, la neuvième Conférence de la Journée portes ouvertes sur les femmes et la paix et la sécurité, organisée par les Nations Unies, avec la participation du Président du Kosovo.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a, lui aussi, regretté qu’aucune avancée significative n’ait été enregistrée dans la normalisation du dialogue politique entre Belgrade et Pristina, malgré les efforts déployés par les États-Unis et l’Union européenne pour atténuer les tensions.  Le représentant a estimé que les autorités provinciales doivent renforcer les mesures visant à éradiquer les violences sexuelles et sexistes.  « Le viol présumé d’une jeune fille mineure à Pristina, le mois dernier, a suscité une grande consternation.  Nous demandons aux autorités de mener des enquêtes afin que les responsables soient traduits en justice, ainsi que pour assurer la protection et le soutien des victimes », a déclaré le délégué.  Or, la mission EULEX a noté que si les incidents de violence sexuelle, en particulier ceux impliquant des mineurs, sont souvent signalés, les réparations sont rares, a relevé le délégué, qui a demandé instamment la mise en œuvre des recommandations sur le traitement des cas de violence sexuelle, conformément à la Convention d’Istanbul.  Il a ensuite appelé Pristina à mobiliser les ressources nécessaires pour préserver le monastère de Visoki Decani, désigné par l’UNESCO comme un site en péril.  Il a demandé une action urgente pour empêcher sa détérioration et mettre en œuvre les décisions relatives à sa protection et à sa préservation.  Le délégué a enfin appelé les parties à éviter toute rhétorique susceptible de faire monter les tensions et à s’engager dans un dialogue constructif afin que la MINUK puisse continuer à remplir son mandat.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a évoqué « un processus de violation systématique des droits de la population serbe du Kosovo démarré en 1999 », qu’il a qualifié d’« épuration ethnique rampante ».  En vingt 20 ans, a-t-il noté, le nombre de Serbes au sud de la rivière Ibar a considérablement diminué, ne laissant que de petites enclaves serbes, qui n’ont pas la capacité de faire valoir leurs droits.  Il a ajouté qu’avant le conflit, quelque 40 000 Serbes vivaient à Pristina et qu’aujourd’hui, ils sont à peine une centaine.  La seule région où les Serbes sont encore majoritaires est le nord du Kosovo mais les autorités de Pristina créent là-bas des conditions de vie insupportables pour la population serbe autochtone, a déploré le représentant.  Il a évoqué des actes d’intimidation: plus de 20 attaques contre des Serbes, leurs biens, des cimetières et des sanctuaires religieux, ont été enregistrées au Kosovo depuis le début de l’année 2022, soit près de deux fois plus que l’année précédente.

M. Nebenzia a mentionné une interdiction faite aux Serbes du Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation « neutres », avec la menace de confiscation des véhicules en cas de désobéissance, et qualifié le 31 octobre, date à laquelle expirera le délai prévu par les nouvelles règles pour le remplacement des plaques d’immatriculation, d’« étape dangereuse ».  Il a poursuivi, en évoquant des problèmes liés à la restitution des propriétés serbes usurpées par les Albanais du Kosovo à leurs propriétaires légitimes, ainsi qu’un « climat de haine » à l’égard des Serbes.  D’une manière générale, le délégué a qualifié d’« échecs » les efforts de médiation de l’UE, incapables, selon lui, d’amener Pristina à appliquer les accords conclus sous son patronage.

Dans le même temps, la création d’une armée du Kosovo se poursuit, en violation de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, et Pristina continue d’exiger une nouvelle aide militaire de la part de l’Occident, a enchaîné le représentant, évoquant le déploiement d’une base américaine supplémentaire et la fourniture de systèmes radio-électronique et d’artillerie.  « Le budget militaire du Kosovo a atteint un volume record, dépassant 100 millions d’euros pour l’année en cours », a déclaré la déléguée, trahissant le bellicisme de Pristina et la volonté d’entraîner l’Albanie voisine dans cette spirale, en l’invitant à signer un traité de défense commune en août dernier.

Les pays occidentaux se comportent comme si la résolution 1244 n’existait pas, s’est indigné M. Nebenzia, en remarquant qu’ils concoctent des options « alternatives » favorables à Pristina.  Un autre exemple clair, selon la Russie, de ce « nihilisme juridique » est le projet franco-allemand, lancé en septembre, qui vise à forcer Belgrade à accepter le statut d’État du Kosovo.

« Washington et Bruxelles s’efforcent de contraindre les Serbes à renoncer à leurs intérêts nationaux, à leur souveraineté et à leur intégrité territoriale », a aussi relevé le représentant, en dénonçant l’utilisation de menaces, de chantage et d’ultimatums par ces deux pays.

M. Nebenzia a enfin évoqué une série de décisions visant à expulser du Kosovo le personnel du bureau de Pristina de l’ambassade de Russie en Serbie, ainsi que le personnel russe de la MINUK et de la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kosovo, en demandant à la MINUK de ne pas ignorer ces épisodes scandaleux et d’en informer régulièrement le Conseil: « L’absence de réaction du Secrétariat crée un sentiment de permissivité parmi les autorités de facto », a conclu l’orateur, pour qui la seule solution viable et mutuellement acceptable entre Belgrade et Pristina repose sur la base de la résolution 1244.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a réaffirmé son attachement au maintien de la sécurité dans les Balkans occidentaux, en particulier en cette période de grandes tensions en Europe provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Les États-Unis, a-t-il assuré, continueront à œuvrer avec leurs partenaires européens pour promouvoir une société multiethnique et prospère et afin de renforcer la démocratie et l’état de droit.  Les États-Unis apportent leur soutien au Kosovo vers l’intégration européenne et euro-atlantique, a poursuivi le représentant.  Évoquant la feuille de route adoptée sur l’énergie, il a espéré qu’un consensus semblable sera trouvé entre la Serbie et le Kosovo sur la question des plaques d’immatriculation et la circulation.  Le représentant a insisté sur la nécessité de la stabilité dans les Balkans occidentaux, pour laquelle le dialogue facilité par l’UE est essentiel, appelant les parties à éviter les tensions.  Étant donné le rôle de l’UE pour régler les différends entre les voisins de la région, le rôle de la MINUK est de plus en plus redondant, a-t-il estimé, ce qui n’enlève rien au rôle qu’elle a pu jouer par le passé.  Il a invité le Conseil de sécurité à tenir cette séance tous les ans et non tous les six mois, et à envisager le retrait de la MINUK.

M. MICHEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a estimé que la nécessité d’une stabilité durable au Kosovo est devenue urgente alors que l’Europe est confrontée à d’importants défis de sécurité.  « Nous sommes préoccupés par la rhétorique persistante entre Belgrade et Pristina et l’escalade des tensions », a dit le délégué.  Il a indiqué que l’état de droit est un élément essentiel de la gestion de la diversité.  En effet, une véritable réconciliation et une paix durable ont de meilleures chances d’être atteintes dans un environnement où existe un état de droit fort.  Le représentant a félicité la MINUK pour la promotion de la coopération intercommunautaire; la promotion de l’égalité des sexes au Kosovo, notamment par le biais du programme pour les femmes et la paix et la sécurité; et l’engagement avec les jeunes.  Il a appelé au renforcement de la participation des femmes, des jeunes et de la société civile dans les processus de prise de décisions et le dialogue intercommunautaire.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé le rôle important joué par la MINUK dans la prévention de certains discours susceptibles de mener à une nouvelle vague de violence au Kosovo.  Le risque d’escalade est réel comme le prouvent les incidents du 31 juillet, a-t-il mis en garde, appelant tous les acteurs à la retenue nécessaire.  L’impasse au sujet des plaques d’immatriculation des véhicules et le manque de progrès depuis juin dans la mise en œuvre des accords énergétiques sont particulièrement inquiétants.  Le délégué a encouragé les décideurs à faire preuve de souplesse et à rechercher des solutions prenant en compte les sensibilités locales.  Il a salué la poursuite du dialogue entre les parties, ajoutant que la visite conjointe en août, à Bruxelles, du Président de la Serbie et du Premier Ministre du Kosovo, ainsi que la visite de la Première Ministre désignée de Serbie au Kosovo, en septembre, sont les signes d’un engagement sur la voie de la réconciliation.  Le Brésil loue la MINUK pour ses initiatives tendant au renforcement institutionnel et à la promotion de l’état de droit, le Kosovo étant engagé dans la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, ainsi qu’en faveur de la protection des groupes et minorités vulnérables.  Le délégué a souhaité des progrès dans la mise en œuvre des accords de Bruxelles, notamment la mise en place de l’association/communauté des municipalités à majorité serbe du Kosovo.  Après avoir pris note de l’organisation de la neuvième Journée de l’ONU sur les femmes et la paix et la sécurité, en juin, au Kosovo, il a appuyé les recommandations visant à garantir la participation des femmes dans la prise de décisions et à combattre le harcèlement.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a relevé avec inquiétude les questions non résolues comme la liberté de circulation, les défis liés à l’énergie dans le Nord du Kosovo ainsi que les agitations dans les urnes au Kosovo au cours des élections générales en Serbie en avril dernier.  Il a toutefois remarqué que le dialogue au plus haut niveau politique, appuyé par un sincère engagement des dirigeants à régler leurs différends, soulignant que cela aura un impact positif sur les efforts tendant à un règlement pacifique et global des questions en suspens depuis longue date.  Dans ce contexte, il a salué les discussions tenues le 18 août entre les représentants au plus haut niveau des deux parties et retenu les engagements pris en vue d’une désescalade des tensions.  Il a exhorté à la retenue tant dans la rhétorique que les actions et appelé à nouveau les deux parties au respect de leurs obligations respectives au titre des accords antérieurs et futurs dans le contexte du dialogue facilité par l’UE.  La souplesse et la disposition au compromis seraient précieuses à cet égard, a souligné le représentant, qui a demandé, dans l’immédiat, que les parties reprennent la mise en œuvre de la feuille de route énergétique pour garantir le chauffage en hiver, et qu’elles sortent de l’impasse concernant les plaques d’immatriculation des véhicules par le biais de mesures pratiques.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé la position de principe de l’Inde, qui soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Serbie.  Il a salué la signature de l’accord du 21 juin relatif à l’énergie et a jugé important que les réunions se tiennent sans condition préalable et de bonne foi.  Le représentant s’est également félicité des efforts menés par le Quint (Allemagne, États-Unis, France, Italie et Royaume-Uni) et l’Union européenne pour la reprise du dialogue et a encouragé les deux parties à éviter toute rhétorique susceptible d’accroître les tensions.  L’Inde considère par ailleurs que la question des personnes disparues doit être résolue en priorité, avec le soutien de la MINUK, de même que celle du retour volontaire et sûr des personnes déplacées dans d’autres pays de la région.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a félicité la République du Kosovo pour ses progrès effectués lors de ces six derniers mois, se disant cependant surpris que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas mention de l’agression russe en Ukraine.  Les efforts déployés pour lutter contre la corruption et œuvrer à l’établissement de l’état de droit au Kosovo méritent d’être davantage reconnus, a poursuivi le représentant, en faisant valoir que la démocratie y est renforcée, l’indépendance du judiciaire également.  L’objet de la Mission, « coincée dans le pays », « relique de temps passés », se trouve à l’opposé du contexte politique et national actuel, a formulé le délégué albanais.  Pour lui, la situation au Kosovo ne relève plus de la paix et de la sécurité: la région a avancé, s’est transformée, et « la MINUK a fait son temps ».  Toute une série de questions se posent quant à la présence de la MINUK et de l’OSCE au Kosovo, selon le délégué, pour qui il vaudrait mieux investir le budget de la MINUK ailleurs au Kosovo, là où les besoins sont réels.  Il a poursuivi, en assurant que l’Albanie soutient pleinement le dialogue facilité par l’UE entre le Kosovo et la Serbie, y compris la feuille de route dans le secteur de l’énergie et la question des plaques d’immatriculation.  L’orateur a espéré un accord d’ensemble sur la normalisation des relations.  Le moment est venu de réduire la fréquence des réunions du Conseil de sécurité à une fois par an et à « privilégier la création d’accords à Bruxelles plutôt qu’à New York », a-t-il conclu.  Il a enfin condamné les attaques à l’encontre de la police du Kosovo et salué les déclarations de la Représentante spéciale sur la question.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité de l’accord auquel les deux parties sont parvenues sur la question des pièces d’identité.  Il a espéré que les négociations se poursuivront sur le dossier des plaques d’immatriculation, sous les auspices de l’Union européenne.  Le représentant a également estimé que la présence des Nations Unies est une garantie de paix et de stabilité dans la région.  Elle permet d’aider au dialogue.  La Chine a toujours été d’avis que les deux parties doivent dialoguer dans le cadre de la résolution 1244 (1999).  La Chine demande que soient respectées la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie, a-t-il conclu.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est inquiétée des incidents survenus dans le Nord du Kosovo, le 31 juillet, qui rappellent qu’il n’existe pas d’autre voie, ni pour la Serbie ni pour le Kosovo, que de parvenir à un accord global, définitif et juridiquement contraignant pour régler de manière durable le différend entre les deux pays.  À cet égard, la représentante a salué l’accord sur la libre circulation conclu, en août, dans le cadre du dialogue facilité par l’UE.  « La France encourage la Serbie et le Kosovo à normaliser leurs relations dans un esprit de compromis. »  Les deux parties y ont un intérêt mutuel et la France les appelle à mettre en œuvre les accords déjà conclus, à s’abstenir de toute mesure unilatérale susceptible d’accroître les tensions et à faire preuve d’esprit constructif sur les questions en suspens, comme celle des plaques d’immatriculation, a précisé la déléguée.  Elle a exprimé son soutien aux efforts de réformes entrepris par le Gouvernement du Kosovo, qui sont indispensables au rapprochement européen.  Elle a également salué les efforts de la MINUK pour promouvoir l’état de droit et soutenir le dialogue intercommunautaire.  La France reste engagée pour la stabilisation des relations dans les Balkans occidentaux, a conclu la déléguée.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a demandé qu’une solution urgente soit trouvée en ce qui concerne la libre circulation et la question des plaques d’immatriculation, pour éviter davantage de crispations.  Les incidents et les violences visant les communautés minoritaires au Kosovo sont de nature à constituer des sources permanentes d’antagonisme, a—t-il indiqué.  Le représentant a souligné que ces tensions ne peuvent pas être réglées par des initiatives unilatérales, mais par le dialogue, en s’attaquant à leurs racines afin de bâtir une paix durable.  Et, cet objectif ne peut être atteint que par la mise en œuvre des accords existants, notamment l’Accord de Bruxelles.  M. Biang a mentionné la question du retour des personnes déplacées issues des communautés minoritaires: il faut accélérer le rythme de ces retours pour leur permettre de revenir vivre dans leur région d’origine, « sans peur ni pression ».  Il a, à cet égard, souligné la nécessité d’une pleine mise en œuvre de la résolution 1244 (1999) du Conseil, de même que le respect par les parties du droit international pour mettre en place toutes les garanties pour la paix et la sécurité des populations au Kosovo.  Un autre domaine dans lequel des défis persistent est celui de la coexistence pacifique des religions, a poursuivi le représentant.  À cet égard, la décision de la Cour constitutionnelle de 2016 visant l’enregistrement des terres du Monastère de Visoki Decani doit être mise en œuvre.  Il a par ailleurs exhorté les autorités du Kosovo à adopter les lois protégeant la liberté de religion et garantissant la protection contre les violences domestiques, la violence à l’égard des femmes et la violence sexiste.

M. SELAKOVIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a repris la parole pour réagir à l’intervention de Mme Gërvalla-Schwarz, du Kosovo, en se demandant d’abord comment un pays qui se présente comme une démocratie peut-il ne pas laisser des personnes voter.  Il a estimé que Mme Gërvalla-Schwarz est « obsédée par le Président de la Serbie », qu’elle a nommé à neuf reprises, et a fait remarquer qu’elle s’est bien gardée de parler des mensonges alléguant que Belgrade serait en train de préparer une invasion, alors que Pristina, elle, construit quatre bases dans des lieux à majorité serbe.  Ce fait ne peut que présager une expulsion des Serbes, en a-t-il déduit.  Le Ministre a ensuite longuement dénigré le Président du Kosovo, avant d’inviter Mme Gërvalla-Schwarz à s’inspirer plutôt du Président de la Serbie.  Il l’a renvoyée, à cet égard, au fait qu’un ancien Président du Kosovo se trouve actuellement à La Haye pour être jugé pour terrorisme, comme cela avait été demandé par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.

Reprenant à son tour la parole, Mme GËRVALLA-SCHWARZ, du Kosovo, a qualifié d’attaque gratuite l’intervention du Ministre serbe.  Elle a tenu à préciser qu’elle ne s’appelait pas simplement « Schwarz », comme il l’a dit, mais « Gërvalla », le nom de son père.  « C’est Belgrade qui a chassé mon père vers l’Allemagne.  Il était journaliste, écrivain, musicien.  Il a été tué par les services de sécurité de Belgrade derrière notre maison », a-t-elle déclaré.  Cet assassinat, un « trou béant » dans la conscience collective de la Serbie, explique, selon elle, que le Ministre serbe n’ait pas prononcé son nom correctement.  Il est difficile, quand on vient du Kosovo, quand on connaît son histoire et sa réalité, d’écouter des mensonges, a-t-elle ajouté.  À ceux qui ne sont pas convaincus, elle a conseillé de lire les rapports de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l’Union européenne et des organisations internationales sises au Kosovo.  « Ne vous laissez pas tromper, lisez les sources », a-t-elle insisté.  Au Kosovo, le droit de vote est garanti pour tous, sans distinction d’origine ethnique, a conclu Mme Donika Gërvalla-Schwarz.

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