En cours au Siège de l'ONU

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 69 organisations dont le Réseau de formation et de recherche sur les migrations africaines

Session ordinaire de 2023,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
ONG/948

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour 69 organisations dont le Réseau de formation et de recherche sur les migrations africaines

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi aujourd’hui sa session 2023 en recommandant l’octroi du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à 69 ONG, dont le Réseau de formation et de recherche sur les migrations africaines (REFORMAF) (Suisse), qui contribue à la compréhension des questions liées à la problématique des migrations et du développement en Afrique.  Il a reporté sa décision pour 87 organisations en attendant leurs réponses aux questions soulevées par ses membres. 

Le Comité a également recommandé le statut consultatif spécial au Conseil international pour les droits de l’homme (France) qui a pour objet de favoriser, développer et promouvoir la protection et la défense des droits humains en France, Europe et dans le monde entier et attirer l’attention internationale sur les situations où les droits de l’homme sont violés. 

Inclusion Canada, qui vise à la défense des droits des personnes avec des handicaps intellectuels, a également reçu le précieux sésame.  Idem pour Organization of World Leaders (Owl Inc.) (États-Unis) qui forme des individus à devenir des leaders internationaux. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux, mercredi 25 janvier, à partir de 10 heures. 

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF  

Octroi du statut consultatif spécial  

1.    Global Surgery Amsterdam (Pays-Bas)

2.    Gwangju Young Men’s Christian Association (République de Corée)

3.    Inclusion Canada (Canada)

4.    Incorporated Association BYSOnanummaul (République de Corée) 

5.    Insamlingsstiftelsen 2022 Initiative Foundation (Suède) 

6.    Institution of Occupational Safety and Health (Royaume-Uni)

7.    International Federation of Accountants (États-Unis)

8.    International Road Victims’ Partnership Company Limited by Guarantee (Irlande) 

9.    International Student Surgical Network (Belgique)

10.   International Visitors Utah Council (États-Unis)

11.   Korea Women’s Hot-Line (République de Corée)

12.   Le Conseil International Pour Les Droits De L’homme (France)

13.   Le conseil universel des droits de l’homme (France) 

14.   Manitoba Keewatinowi Okimakanak Inc. (Canada)

15.   Nationaal Papoea Vereniging ‘95/West Nieuw Guinea (Pays-Bas) 

16.   Nerds Rule Inc. (États-Unis) 

17.   OM Vishwa Guru Deep Hindu Mandir Mahaprabhuji a Világmindenség Guruja Hindu Vallási Közösség és Szellemi Iskola (Hongrie)

18.   Organization of World Leaders (Owl Inc.) (États-Unis) 

19.   Rapha House International, Inc. (États-Unis)

20.   Research-Aid Networks (États-Unis)

21.   Reseau de Formation et de Recherche sur les Migrations Africaines (REFORMAF) (Suisse)

22.   RightsTech Women (Suisse) 

23.   Roots of Peace (États-Unis)

24.   Sasakawa Health Foundation No Questions Scandinavian Human Rights Lawyers (Japon)

25.   Scandinavian Human Rights Lawyers (Suède)

26.   SciTech DiploHub Association - Science and Technology Diplomatic Hub Assoc.  (Espagne) 

27.   Sintrata (Mexique)

28.   Solidarité Numérique dans le Domaine de l’Education et de la Santé Castres (France) 

29.   Sozialhelden e.V. (Allemagne) 

30.   Street Business School (États-Unis) 

31.   Sustainable Ocean Alliance Inc (États-Unis)

32.   Tamil-Style (France) 

33.   The Inclusivity Project, Inc. (États-Unis)

34.   The Vegan-Organic Network (Royaume-Uni) 

35.   Umu-Okpu Ngwa Association USA and Diaspora, Inc. (UONAUSAAD) (États-Unis) 

36.   WOMENVAI - Women and Men in Environment and Artificial Intelligence (France)

37.   We Are All Human Foundation (États-Unis) 

38.   WealthyGen, Inc. (États-Unis) 

39.   Women in Nuclear Canada Inc. (Canada) 

40.   World Cultural Arts Organization (États-Unis)

41.   World Intangible Cultural Heritage Protection and Development Foundation, Inc. (États-Unis) 

42.   Y30 (Suisse) 

43.   Yemeni Observatory for Human Rights (Yémen) 

44.   Fondation Secours Humanitaire (Suisse)

45.   AKAHATÁ Equipo de Trabajo en Sexualidad y Géneros Asociación Civil (Argentine) 

46.   Aliança Nacional LGBTI (Brésil) 

47.   Asia Pacific Transgender Network (Thaïlande) 

48.   Association Green Crescent (Croissant Vert-Mali) de Sikasso (Mali) 

49.   Dr M Chandrasekhar International Foundation (Inde)

50.   Forum for Development and Human Rights Dialogue (Égypte)

51.   Gramin Vikas Vigyan Samiti (Inde) 

52.   Grs Universe Social Welfare Trust (Inde)

53.   Humanitarian Aid International (Inde) 

54.   India Youth For Society (Inde) 

55.   Institute for Integrated Rural Development (Inde) 

56.   Jan Lok Kalyan Parishad (Inde) 

57.   Life Maker Meeting Place Organization USA (Yémen)

58.   Mediterranean Youth Foundation for Development "MYF" (Égypte)  

59.   Mitraniketan (Inde) 

60.   Mumbai Smiles Foundation (Inde) 

61.   Nagrik Foundation (Inde) 

62.   National Solar Energy Federation of India (Inde) 

63.   Parlamento Internacional para los Derechos Humanos (PIDH) (Venezuela)

64.   Populous Education Foundation (Inde) 

65.   Prashanthi Balamandira Trust (Inde) 

66.   Pro Rural (Inde) 

67.   Supportive Homeland Association for Development (SHAD) (Égypte) 

68.   Wathiqun Foundation for Development (Yémen) 

69.   West Papua Interest Association (Indonésie) 

Examen des demandes de statut consultatif

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reportée suite aux questions soulevées par des membres du Comité.

La Chine a demandé des précisions sur les résultats obtenus par Humanity Diaspo (France).  L’Algérie a noté qu’International Cultural Diversity Organization (Autriche) est financée par deux entreprises et a souhaité en savoir davantage sur celles-ci.  Le Nicaragua a demandé à International Youth Alliance for Family Planning (États-Unis) de mettre à jour ses informations financières, notamment celles se rapportant aux années 2020 et 2021. 

Le Pakistan a souhaité obtenir des précisions sur les projets conduits par Khalsa Aid International (Royaume-Uni) en direction des femmes yézidies réduites en esclavage par Daech. 

De son côté, l’Algérie a demandé des détails sur la durabilité des projets menés par Kite Oxford (Royaume-Uni).  Au sujet de Mamanet Mothers’ Cachibol League in Kfar Saba – for the Community (registered association) (Israël), l’Algérie a souhaité en savoir davantage sur ses liens avec les bénévoles qui participent à ses activités.  Notant que Moscow Helsinki Group (Fédération de Russie) reçoit 80% de ses revenus d’une autre organisation, Cuba a voulu savoir comment elle préserve son autonomie.  L’Inde a noté la modicité du budget de Nithyanandeshwara Paramashiva Hindu Tempel (Pays-Bas) et s’est demandé dans quelle mesure elle peut conduire ses activités. 

À son tour, l’Érythrée a souhaité des précisions sur le plan d’action d’Œuvre d’Orient (France).  Le Nicaragua a demandé à Roosevelt House Public Policy Institute (États-Unis) la liste des projets menés en 2020 et 2021.  Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (Royaume-Uni) mène-t-elle des activités avec des organes gouvernementaux? a demandé l’Érythrée.  La Chine a souhaité des informations détaillées sur les revenus de Southern Poverty Law Center, Inc. (États-Unis).  L’Algérie a demandé des détails sur les relations qu’entretient Stichting Mideast Youth (Pays-Bas) avec les ONG qui contribuent à son budget.  La Türkiye a demandé à Stichting Volunteer Activists (Pays-Bas) des informations sur les projets menés en Iran.  Cuba a noté que 75% des revenus de Stichting White Helmets Foundation (Pays-Bas) proviennent d’un seul gouvernement « Comment, dès lors, préserve-t-elle son indépendance vis-à-vis de celui-ci? » Concernant TMG Research gGmbH (Allemagne), le Nicaragua a voulu savoir si elle perçoit des revenus d’origine gouvernementale. 

L’Algérie s’est interrogée sur le poids des dépenses administratives dans le budget de The Global Imams Council (Australie).  The Global Initiative – Verein gegen transnationale organisierte Kriminalität (Autriche) pourrait-elle nous transmettre des informations plus détaillées sur ses dépenses? a demandé, de son côté, la ChineCuba a noté que The VII Foundation Inc. (États-Unis) ne déclare aucune dépense administrative.  « Comment, dès lors, peut-elle fonctionner? »

La Chine a demandé à Time to Help UK (Royaume-Uni) si elle dispose de bureaux à l’étranger avant d’inviter VIDEA a BC-Based International Development Education Association (Canada) à corriger sa présentation de Taiwan qui est une province chinoise.  Cette même délégation a aussi demandé des précisions sur les projets de World Humanitarian Drive (Royaume-Uni). 

Israël a demandé à Youth4Nature Foundation (Canada) une liste détaillée de ses partenaires.  Quels sont les accords bilatéraux signés par Öz Gida Sanayi Ve Yardimci İşçileri Sendikasi (Türkiye), a demandé l’Arménie.  Au sujet d’Al-Quds University (État de Palestine), Israël a souhaité plus de détails sur son action pour améliorer le statut de la femme.  Cette même délégation a demandé des précisions sur les activités de Al-Rafidain Center for Dialogue (Iraq) 

La Chine a ensuite invité Colegio Colombiano de Psicólogos (Colombie) à corriger sa présentation de Taiwan qui est une province chinoise.  L’Algérie a relevé que les dépenses administratives représentent une part importante du budget de Leaders club de développement des compétences de la vie (Maroc).  Le Pakistan a demandé à Taraqee Foundation (Pakistan) des précisions sur la manière dont elle s’acquitte de ses activités sans membre individuel.  L’Algérie a demandé à The Trustees of Global Peace Mission Trust Foundation (Malaisie) des informations sur les ONG qui contribuent à son budget.  La Chine a invité Asociacion Psicoanalitica De Madrid (Espagne) à corriger sa présentation de Taiwan qui est une province chinoise.  Israël a demandé des précisions sur les sources de revenus de Center for Human Rights Defender Association (France). 

La Chine a noté que les dépenses administratives composent 100% du budget de Fagrådet - Rusfeltets hovedorganisasjon (Norvège).  « Comment peut-elle atteindre ses objectifs? »  La délégation chinoise a aussi voulu obtenir plus de détails sur les objectifs climatiques de Foundation of the National Council of YMCAs of Korea (République de Corée).  Quelles sont les actions menées par Hayrat Humanitarian Aid Association (Türkiye) pour contribuer à la réalisation de l’objectif de développement durable 4, a demandé l’Arménie.  La Chine a invité L.E.S Musulmans (L.M) (France) à produire davantage d’informations sur ses ressources financières.  Une requête également formulée par l’Algérie à l’endroit de MENA Rights Group (Suisse).  Protection International (Belgique) peut-elle indiquer quels sont les revenus de source gouvernementale qu’elle reçoit? a demandé Cuba.  La Chine a noté que les ressources de Stichting InterNations Exchange (Pays-Bas) sont investies en Somalie.  Cela ne nuit-il pas à la portée internationale de cette ONG?

Israël a demandé des détails sur la contribution de Suomalaiset kehitysjärjestöt - Finnish Development NGOs Fingo ry (Finlande) à la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Pakistan a demandé des précisions sur le financement des projets de The Awakening" A Society for Social & Cultural Development (Pakistan).  Bahreïn a demandé des précisions sur les buts d’Arab Organization for Arabization and Communication (Maroc).  Les États-Unis ont voulu savoir à quelles conférences de l’ONU l’Asociación Civil Grupo SURES (Venezuela) compte participer.  L’Algérie a demandé des détails sur l’organe exécutif de l’Association Achbal Maroc culturelle et artistique (Maroc), de même que des détails financiers sur l’Association de la femme saharienne pour le développement intégré (Maroc) et sur l’Association des Marocains victimes d’expulsion arbitraire de l’Algérie (Maroc).  L’Inde a demandé à Association for Social Solidarity and Empowerment Training Trust (ASSET) (Inde) comment elle entend contribuer aux objectifs de l’ECOSOC.  Les États-Unis ont demandé à Beijing People’s Association for Friendship with Foreign Countries (Chine) des informations financières pour l’année 2022.  Ce même pays a demandé des détails sur les travaux de Belarusian Fund of Peace (Belarus) et de Bonyad Jahadi Mehr Alreza Utility (Iran). 

Quelles sont les activités de Centre for Participatory Democracy (Inde), et pourquoi son adresse ne figure-t-elle pas sur le site Internet de l’ONG? a questionné l’Inde qui a également voulu en savoir plus sur les initiatives prises par Chanan Development Association (Pakistan) dans les domaines de la santé, l’hygiène, l’éducation et la jeunesse.  Quels sont les succès et les échecs?  La même délégation a aussi demandé à Child Nurture and Relief Kashmir (Jammu-et-Cachemire) l’origine de ses financements étrangers.  

L’Érythrée a réclamé des éclaircissements sur les recettes et dépenses de Dialogue & Development Forum (Yémen).  L’Inde a voulu en savoir plus sur les futures activités de Direct Focus Community Aid (Pakistan).  La Chine a prié Dr. APJ Abdul Kalam International Foundation (Inde) de lui fournir la liste des dons que l’ONG a reçus.  Quelles sont les organisations qui ont bénéficié de la participation de Fundación Ciudadanía y Desarrollo (Équateur) au forum politique de haut niveau pour le développement durable? a interrogé Cuba.  

Les États-Unis ont demandé à Fundación Venezolana por el Derecho a la Vivienda (Venezuela) de préciser le nombre de son personnel et leur salaire.  Combien de membres font partie de General Union of Arab Experts (Maroc) et quelles sont leurs nationalités? a questionné le Nicaragua.  L’Érythrée a ensuite demandé à connaître le statut de Girija Prasad Koirala Foundation for Democracy Peace and Development (Népal): est-elle une ONG?

Quelles sont les dépenses salariales de Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine)? ont demandé les États-UnisGulf International Center for Legal Business Solutions (Bahreïn) devra fournir à l’Algérie des détails sur ses projets et les pays dans lesquels ils sont menés.  Comment Human Environmental Association for Development– HEAD (Liban) compte contribuer au travail de l’ECOSOC? ont voulu savoir les États-Unis.  

La Chine a demandé des précisions sur les projets que mène Human Rights Initiative (Inde) avec l’ONU.  Human Rights Protection Group and MFP Federation (Inde) est-elle une entreprise ou une ONG?  Que fait-elle pour répondre aux appels en détresse? a demandé l’IndeHuman Rights Protection Organization (Pakistan) a été priée par le Pakistan de fournir des précisions sur ses activités à l’intention des communautés et leurs coûts.  

Institute of Peace and Diplomatic Studies (IPD) (Pakistan) a été invitée par l’Inde à communiquer la liste de ses publications récentes.  Le Nicaragua a demandé à International Anti Terrorism Movement (Inde) de préciser la somme de ses revenus et de fournir une mise à jour des activités de ses membres.  Avec quels organismes des Nations Unies International Human Right Organization (Pakistan) travaille? a questionné le Pakistan.  

Karim Khan Afridi Welfare Foundation (Pakistan) devra préciser à l’Inde la nationalité de ses 30 membres.  Comment Mam Humanitarian Foundation/MHF (Iraq) peut-elle fonctionner sans dépenses d’administration? a demandé la Türkiye.  La Chine a voulu que Non-Governmental Organization « Association Of Wives And Mothers Of Soldiers Participating In Ato » (Ukraine) détaille les 19 branches de l’ONG.  L’ONG L'Ange Gardien (Bénin) a-t-elle pu construire des écoles en 2022? a enfin voulu savoir l’Algérie.  

Quels ont été les projets de l’Organisation Tamaynut (Maroc) durant les dernières années? a demandé l’Inde qui a également souhaité que l’Organization of female conscience renewal (Maroc) fournisse une liste des financements du Gouvernement.  Cette organisation est-elle une ONG indépendante?  L’Inde a également voulu savoir comment PAY-W Clinic (Inde) peut mener ses activités avec 138 dollars comme ressources.  La délégation indienne a également voulu le détail des financements étrangers de Pakistan Press Foundation (Pakistan).  A-t-elle obtenu une autorisation du Gouvernement pour recevoir de l’argent de l’étranger ?  L’étude sur les succès et les échecs de l’ONU effectuée par Peace Justice Humanity and Relief Foundation (Inde) a-t-elle été menée à bien? a encore demandé l’Inde.  Les États-Unis ont prié Public Association "Regional Consumer Protection Society" (PA "Regional Consumer Protection Society") (Bélarus) de fournir la liste de ses membres et le détail de son financement.   

Quels sont les dons reçus par Solidariteit/ Solidarity (Afrique du Sud), et quel est le rôle des bailleurs de fonds ? a questionné l’Algérie.  Que fait un représentant du Gouvernement au sein de Syrian Youth Council (Syrie) ?  Y-a-il d’autres membres du Gouvernement travaillant pour l’ONG ? ont demandé les États-Unis.  Quels ont été les projets de Tamdeen Youth Foundation (Yémen) en 2022 ?  Comment ont-ils été financés ? a interrogé l’Inde.   

The New Woman Foundation (Égypte) a été priée par Bahreïn de fournir une mise à jour de son état financier.  Que fait The Voice Society (Pakistan) pour les minorités religieuses ? a voulu savoir l’Inde.  Le Bahreïn a demandé à Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. (TAOC-IG) (Philippines) des précisions sur ses activités en 2021 et 2022 ainsi que leur financement.  L’Inde a ensuite voulu en savoir plus sur les projets et le financement Welfare Association Jared (Pakistan).

À noter par ailleurs que les membres du Comité ont été informés que ForNGO NGO Legal Research and Service Center, Shanghai (Chine) a retiré sa candidature le 20 janvier.  Au préalable le Nicaragua avait souhaité savoir dans quels pays l’ONG offre des formations et à qui elles ont profité.

Dialogue avec les ONG

Le Comité chargé des ONG consacre une partie de chaque séance de l’après-midi à un dialogue avec les ONG présentes au Siège de l’ONU.

À cette occasion, la représentante de Zam Zam Foundation (Sri Lanka) après avoir présenté ses activités, a précisé que l’ONG compte sept membres statutaires.  L’Érythrée a ensuite souhaité recevoir cette réponse par écrit.  

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC déplace les dates du forum sur le suivi du financement du développement et de celui de la jeunesse

6e séance plénière – matin
ECOSOC/7110

L’ECOSOC déplace les dates du forum sur le suivi du financement du développement et de celui de la jeunesse

Aux termes de la décision qu’a prise aujourd’hui le Conseil économique et social (ECOSOC)*, le forum sur le suivi du financement du développement, initialement prévu cette année, du 24 au 27 avril, aura désormais lieu du 17 au 20 avril, alors que le Forum de la jeunesse, qui devait se dérouler du 18 au 20 avril, se tiendra du 25 au 27 avril 2023.

Après sa brève séance plénière, l’ECOSOC a entamé sa réunion extraordinaire sur les mesures économiques et sociales pour prévenir le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.

*E/2023/L.7

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG ouvre sa session 2023 et recommande le statut consultatif spécial pour 110 organisations

Session ordinaire de 2023,
1re & 2e séances plénières, Matin & après-midi
ONG/947

Le Comité des ONG ouvre sa session 2023 et recommande le statut consultatif spécial pour 110 organisations

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a ouvert aujourd’hui sa session 2023 en recommandant l’octroi du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à 110 ONG.  Il a reporté sa décision pour 46 organisations en attendant leur réponse aux questions soulevées par ses membres. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Durant cette session qui devra se terminer le 1er février, le Comité aura à examiner « un nombre intimidant » de 560 demandes de statut consultatif et de 560 rapports quadriennaux venant de 66 pays, a indiqué sa vice-présidente.  Élue par acclamation en début de séance, Mme Petronellar Nyagura, du Zimbabwe, qui dirigera le Comité en attendant l’élection de son président, a également fait état de 10 demandes de changements de noms d’ONG déjà dotées d’un statut consultatif. 

Avant d’entendre la déclaration liminaire de la Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable, les membres du Comité ont partagé certaines de leurs attentes durant la session comme les États-Unis qui ont appelé à rendre le Comité plus robuste.  Soulignant que son pays continuera d’appuyer le travail des ONG à l’ONU, y compris celles avec lesquelles les États-Unis ne sont pas d’accord, le représentant a déploré les questions répétitives adressées aux ONG travaillant sur la question des droits humains.  Ces « reports injustifiés » ont également été dénoncés par l’Union européenne qui a appelé à y mettre terme, tout en rappelant que l’ECOSOC a le dernier mot en ce qui concerne l’octroi du statut consultatif. 

Il faut continuer les discussions sur la réforme du Comité des ONG sans toutefois affecter négativement son mandat, a estimé la Türkiye, qui a mis en garde contre le contournement du mandat pour examiner de manière sélective des demandes particulières.  Appelant à un examen impartial des candidatures et au respect de l’autorité, des procédures et des méthodes de travail du Comité, la Chine a estimé que la recommandation de l’octroi d’un statut consultatif n’est pas un blanc-seing pour les ONG qui doivent avoir les capacités requises pour contribuer au travail de l’ECOSOC.  La délégation a également dénoncé l’utilisation des ONG pour attaquer certains États Membres et appelé à une réforme consensuelle du Comité tenant compte des besoins des pays en développement. 

« Le travail du Comité est essentiel pour relever les défis actuels, les ONG étant des partenaires importants pour atteindre les plus pauvres et les plus vulnérables, et pour améliorer la vie des populations », a déclaré à son tour la Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable qui a annoncé que la participation des ONG aux réunions et aux conférences à l’ONU a retrouvé son niveau d’avant la pandémie. 

Mme Marion Barthelemy a également rapporté qu’en dépit des difficultés, lors de sa dernière session, le Comité a recommandé l’octroi du statut consultatif à 376 ONG et examiné plus de 1 000 rapports quadriennaux, se félicitant en outre du succès remporté par le deuxième cycle de consultation avec les ONG dotées d’un statut consultatif.  Elle a aussi fait savoir que son bureau envisage d’organiser à l’intention des ONG des séances d’information sur les principaux événements à venir de l’ECOSOC, notamment le forum politique de haut niveau pour le développement durable, et de continuer à discuter de la faisabilité et de l’intégration d’une composante hybride qui permettrait la participation virtuelle d’ONG venant du monde entier. 

Alertant que la charge de travail augmente très fortement, Mme Barthelemy a en outre jugé urgent d’obtenir des ressources supplémentaires pour son bureau afin de lui permettre d’appuyer efficacement les travaux du Comité et de l’aider à achever la mise en place de la plateforme électronique actuellement utilisée et gérée par le Comité des ONG.  Ce travail qui est presque achevé, devrait être lancé au premier trimestre de 2023, a-t-elle précisé.  À ce propos, Cuba a souhaité que tous les membres du Comité puissent recevoir une formation sur l’utilisation de cette nouvelle plateforme électronique. 

Le Comité, qui a aussi adopté son programme de travail pour cette session, se réunira de nouveau mardi 24 janvier à partir de 10 heures.  

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF

Octroi du statut consultatif spécial

1.  Action Protection Mere Et Enfant Pour Le Developpement (A.P.M.E.D.) (Togo)

2.  Action pour le développement communautaire (Cameroun)  

3.  Africa Child Foundation Mission of Tanzania (Tanzanie)

4.  Al Tawasul Wa Al Ekah Human Organization (Iraq)  

5.  Al- Eshraq Foundation For Development (Yémen)

6.  Al-Basher Foundation for Development (Iraq)  

7.  Algilani Foundation (Inde)  

8.  Anabia Charitable Organization (ACO) (Bangladesh)  

9.  Asociación para la Promoción y Protección de los Derechos Humanos Xumek (Argentine)  

10.Association For Life of Africa-Liberia (Libéria)

11.Associação pela Saúde Emocional de Crianças (Brésil)

12.Bachehaye Asemane Kamran Rehabilitation Institute (Iran)  

13.Beijing E-Share Civil Society Information Center (Chine)

14.Centre for International Maritime Affairs, Ghana (Ghana)  

15.Centro de Direitos Economicos e Sociais - CDES (Brésil) 

16.China Foundation for Cultural Heritage Conservation (Chine)

17.Chrix Farms Nigeria (Nigéria)  

18.Coordinadora por los Derechos de la Infancia y la Adolescencia (Paraguay)  

19.Corporación Sisma Mujer (Colombie)   

20.Determined Youths Against Poverty Incorporation (Libéria)  

21.Disaster Resilience Network Ghana (Ghana)  

22.Dromi Women Empowerment Initiative (Nigéria)  

23.Dynamic Paragon Ladies Foundation (Nigéria)

24.Fame Foundation for Girls and Women Empowerment (Nigéria)  

25.Foyer d’Enfant + Femme (République démocratique du Congo-RDC)

26.Fundacion para el Cuidado, Atención de la Salud e Integración Social para Discapacitados (C.A.S.I.D.) (Argentine) 

27.Fundación Derechos & Justicia Asociados (Colombie)  

28.Fundación Gonzalo (Gonchi) Rodríguez (Uruguay)  

29.Garden of Rebirth Ltd (Saint-Kitts-et-Nevis)  

30.Giving Matters Foundation (Inde)  

31.Global Initiative For Food Security and Ecosystem Preservation (Nigéria)  

32.Groupement Agropastoral pour le Développement de Yongoro (République centrafricaine)  

33.Guild of Adjudicators in Nigeria (Nigéria)  

34.Hadhramout Foundation - Human Development (Yémen)  

35.Hope Behind Bars Africa Initiative (Nigéria)  

36.Human Access for Partnership and Development (Human Access) (Yémen)  

37.Human Rights and Forest Brain Africa (HURIFBA) (Cameroun)  

38.Igniting Hope For The Less Privileged Initiative (Nigéria)

39.Initiative for Social Development Organization (Rwanda)

40.Institute for Humanitarian Studies and Social Development Ltd/Gte (Nigéria)

41.Instituto Brasileiro de Direitos Humanos (Brésil)

42.International Foundation For African Children (Nigéria)

43.International Institute for Promotion and Development of Dynamic Peace Ideas (Iran)

44.International Organization for Human Right Development and Environment (Nigéria)

45.Kahrizak Charity Institute for the Disabled & Elderly (Iran)

46.Keen and Care Initiative Ltd/Gte (Nigéria)

47.Legal Rights Council for Awareness of Law (Inde)

48.Mabade’a Society for Human Rights (Bahreïn)

49.Mongolian Remote Sensing Society (Mongolie)

50.New Sunshine Charity Foundation (Chine)

51.Option2world initiative Against Drug Abuse (Nigéria)

52.Organization For Immigrants Peace And Federal Development (Ghana)

53.Palestinian Association of Medical Radiation Technologists - PAMRT (État de Palestine)

54.Patriotic Citizen Initiatives (Nigéria)

55.Pertubuhan Kebajikan Erth Ul Mustafa Johor Bahru (Malaisie)

56.Pioneers of Goodness International Organization (Liban)

57.Public Association « Peace through Spirituality » (Kazakhstan)

58.Rock of Ages Empowerment Foundation (Nigéria)

59.Royal Medico Technical Society, Navi Mumbai (Inde)

60.SOL Agronomies Limited (Nigéria)

61.Sambhav Foundation (Inde)

62.Sergius Oseasochie Ogun Foundation (Nigéria)

63.Shamar Educational Foundation (Nigéria)    

64.Students for Global Democracy Uganda (Ouganda)

65.Somali Aid & Humanitarian Organization (SAAHO) (Somalie)

66.Sustainable Cassava Farmers And Processing Development Association Of Nigeria (Nigéria)

67.The Fundamental and Other Rights Organization Of Sri Lanka (Sri Lanka)

68.Tsao Foundation (Singapour)

69.Vista Organisation for Education and Social Development in Africa (Cameroun)

70.Water4Chad, Inc. (Tchad)

71.Women Education and Afghanistan Rehabilitation Organization (WEARO) (Afghanistan)

72.Women’s Organisation for Dev. & Empowerment of Communities (Nigéria)

73.Women’s Rehabilitation Centre (Népal)         

74.World Youth Summit NPC (Afrique du Sud)

75.ZHONGGUORENKOUFULIJIJINHUI (Chine)

76.A.I.T.D.  - Associazione Internazionale Tutela e Diritti (Italie)

77.AJIS Association Jeunesse Insertion Solidarite (France)

78.Action Sri Lanka (France)

79.African Women’s Health Project International (États-Unis)

80.Agence Suisse pour le développement et les droits de l’homme - ASDH (Suisse)

81.Archconfraternity of Papal Knights (États-Unis)

82.Asociación Mensajeros de la Paz (Espagne)     

83.Associació Stop Violències (Andorre)

84.Association Droit et Talents de Femmes (France)

85.Association Lutte Contre La Violence Faite Aux Femmes (France)

86.Association Pour La Diffusion Des Droits De L’homme Dans L’universite De Lyon (France)

87.Association Pour la Solidarité Internationale (France)

88.Association caritative étudiante pour la jeunesse (France)  

89.Association de Défense et de Promotion des Droits de l’Homme (ADEAGE) (France)

90.Association de Lutte pour le Respect des Droits Humains (Suisse)

91.Association pour la protection de la biodiversité et adoption des gestes marqueurs (France)

92.Association pour le droit de l’homme et le développement durable [Colombes] (France)

93.BBB KOREA (République de Corée)

94.Bel Canto International Society (États-Unis)

95.Bring Hope Humanitarian Foundation (Suède) 

96.Canadian Women for Women in Afghanistan Inc.  (Canada) 

97.Carelle Moukemaha-Niang (France)

98.Centro di Iniziativa Antiproibizionista (Italie)  

99.Corazon Latino Inc (États-Unis)  

100.   Council of Canadians with Disabilities (Canada)

101.   Education Prénatale – Information (Belgique)

102.   Etudiants Pour Une Societe Durable Paris (France)

103.   Federación Indígena Empresarial y Comunidades Locales de México (Mexique)  

104.   Federación Mujeres Jóvenes (Espagne)

105.   File Hills Qu’Appelle Tribal Council Inc. (Canada)  

106.   Fonds ICONEM protect patrimoine menace (France)

107.   Framework Convention on Global Health Alliance (Suisse)

108.   Fundación Mexicana Rene Mey, Asociación Civil (Mexique)

109.   Generation Human Rights Inc. (États-Unis)

110.   Global Initiative for Children’s Surgery (États-Unis)

Examen des demandes de statut consultatif

La Chine a voulu savoir qui prend les décisions au sein de l’Alliance to End Plastic Waste, Inc.  (Singapour).  La République de Moldova, État observateur au Comité des ONG, s’est opposée à la demande de statut consultatif de l’Asociaţia Obştească Centrul de dezvoltare şi susţinere a iniţiativelor cetăţenilor « Resonance » (République de Moldova), affirmant que celle-ci travaille dans la « région non reconnue de Transnistrie » avec une autre association internationale qui sape la souveraineté de la République de Moldova.  L’Érythrée a souhaité discuter en bilatéral du cas de cette ONG avec la délégation moldave.  La Géorgie a voulu savoir comment cette ONG compte contribuer aux travaux de l’ONU, tandis que le Pakistan a demandé si cette ONG est nationale ou internationale. 

Poursuivant, le Pakistan a prié l’Association of Women for Awareness & Motivation (AWAM) (Pakistan) de lui fournir les états financiers des années 2022 et 2023.  La Chine a demandé des détails sur le financement de CARE Egypt Foundation for Development (Égypte).  Centre for Research and Development (Inde) est-elle une ONG alors que 80% de son budget est octroyé par le Gouvernement? a questionné le PakistanCuba a constaté que 100% des ressources de China Group Companies Association (Chine) sont allouées à l’administration et a réclamé les états financiers les plus récents de l’ONG. 

Quels sont les 11 pays où le Council for Sustainable Peace and Development (Inde) assure une présence et quels sont les projets qui y sont menés? a interrogé le Pakistan qui a également demandé des précisions sur les projets de Edufun Foundation Trust (Inde).  La Türkiye a voulu savoir si l’indépendance par rapport au Gouvernement de Egyptian Federation for Development and Social Protection Policies (Égypte) est garantie. 

Le Nicaragua a demandé que Islamic Relief Committee (Sri Lanka) fournisse une liste de projets menés en 2021 et 2022.  Le Pakistan a demandé des détails sur les projets de Keshava Kripa Samvardhana Samiti (Inde) en direction des enfants défavorisés.  L’Inde a relevé que les revenus de Legal Aid Society (Pakistan) proviennent de bailleurs de fonds internationaux et a demandé une copie des autorisations gouvernementales de dons qui lui ont été faits.  Israël a demandé des précisions sur les travaux de National Forum for Human Rights (Yémen).  Le Pakistan a demandé dans quels pays Nature Labs (Inde) travaille.  L’Inde a relevé que les dépenses administratives représentant la totalité des dépenses de la Pakistan Association of Private Medical and Dental Institutions (PAMI) (Pakistan): pourquoi n’y-t-il pas eu de dépenses sur des projets de fond? 

Le Nicaragua a demandé des précisions sur le suivi des projets de Rainbow Volunteer Club (Chine). 

L’Algérie s’est interrogé sur le poids des dépenses administratives de Red Latinoamericana y del Caribe de Personas Trans (RedLacTrans) (Argentine). 

Le Pakistan a demandé un bilan audité à Samajik Yuva Sangthan Sansthan (Inde); a souhaité savoir dans quelles régions spécifiques Sri Sharada Institute of Indian Management Research Foundation (Inde) conduit ses projets; et a interrogé Stella Maris Institute of Development Studies (Inde) sur son autonomie financière.  La Chine a noté que les dépenses administratives représentent la totalité des dépenses de Students for Global Democracy Uganda (Ouganda).  « Comment peut-elle fonctionner? » 

Concernant Water, Environment and Sanitation Society – WESS (Pakistan), le Pakistan a demandé des détails sur sa gestion.  L’Algérie a demandé des précisions sur l’origine gouvernementale des fonds dont bénéficie Yeshua Fellowship (Maurice).  Le Pakistan a demandé les noms des pays dans lesquels opère Youth Parli of Pakistan (YPP) (Pakistan).  L’Érythrée a demandé des précisions sur la structure de Zamzam Foundation (Somalie).  L’Algérie a demandé des précisions sur le nombre de membres que compte A.D.A.M. (Association d’aide aux migrants) (France)L’Érythrée a demandé les noms des huit pays dans lesquels opère Accountability Lab Inc. (États-Unis).  Bahreïn a demandé des précisions sur le financement d’Africa Faith and Justice Network (États-Unis) en se demandant comment elle couvre le déficit constaté de 200 000 dollars.  La Chine a demandé à Amitofo Care Center International (États-Unis) de corriger sa présentation de Taïwan qui n’est pas un pays, mais une province chinoise. 

L’Algérie a demandé une liste des projets menés par l’Association Des Juristes Specialises En Droits Etrangers (France).  La Türkiye a demandé des détails sur les activités de l’Association Femmes Solidaires (AFS) (France).  La Géorgie a demandé quels sont les objectifs poursuivis par l’Association Of Operators For Waste And Animal By-Products Disposal Installations (Bulgarie), et leur compatibilité avec ceux de l’ONU.  Ce même pays a demandé la liste des séminaires organisés par l’Association of Civilians and Organizations for Corporate Learning Development « Mako » (Fédération de Russie).  Bahreïn a souhaité que Best Practices Policy Project, Inc. (États-Unis) fournisse des précisions sur ses sources de financement.  La Chine a demandé des précisions sur les projets de Canadian Lutheran World Relief (Canada). 

De son côté, la Géorgie a demandé au Centre for International Promotion Fund (Fédération de Russie) de fournir les noms des ONG partenaires.  Concernant Centro Intercultural de Estudios de Desiertos y Océanos A.C (Mexique), la Türkiye a demandé des précisions sur ses projets.  Le Nicaragua a demandé des précisions sur la composition du conseil d’administration de Coalition pour l’abolition de la prostitution (CAP) (France).  Concernant Darülaceze Vakfi (Türkiye), l’Arménie a demandé des détails sur la nature de sa coopération nouée avec des organes gouvernementaux. 

L’Inde a demandé des précisions sur le budget de Dünya Etnospor Konfederasyonu (Türkiye) tandis que l’Arménie a souhaité des détails sur son action pour combattre les discriminations.  L’Inde a également demandé à Ensaaf, Inc. (États-Unis) comment elle remédie à son déficit budgétaire. 

La Chine a demandé à Feminist Legal Clinic Inc. (Australie) de procéder à des changements en ce qui concerne la mention de Taïwan qui est une province chinoise. 

La Türkiye a voulu en savoir plus sur la contribution de la Fondazione Pangea ONLUS (Italie) aux travaux de la Commission de la condition de la femme et du Conseil des droits de l’homme. 

Cuba a demandé à Free the Slaves (États-Unis) comment elle finance son déficit budgétaire.  Le Pakistan a voulu savoir comment Geneva Call (Suisse) mène ses opérations alors qu’elle ne compte pas de membres individuels.  Les États-Unis ont souhaité en savoir plus sur les partenariats établis par la Georgian academy of criminology sciences (Géorgie).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale vote pour reconduire le mandat de Mme Inger Andersen, du Danemark, à la tête du Programme des Nations Unies pour l’environnement

Soixante-dix-septième session,
57e séance - matin
AG/12488

L’Assemblée générale vote pour reconduire le mandat de Mme Inger Andersen, du Danemark, à la tête du Programme des Nations Unies pour l’environnement

Le poste de Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a été de nouveau attribué à la danoise Inger Andersen, après un vote ce matin à l’Assemblée générale, qui lui a confié ce nouveau mandat pour quatre années supplémentaires (15 juin 2023-14 juin 2027).  Alors que la pratique veut que les États Membres confirment les choix des hauts fonctionnaires proposés par le Secrétaire général de l’ONU, l’Assemblée a dû recourir à un scrutin à cause d’une requête de la Fédération de Russie de tenir davantage compte des exigences de répartition géographique équitable et de ses réserves sur le processus.  Les délégations n’ont pas fait droit à la proposition russe de surseoir à sa nomination et 136 États Membres ont renouvelé leur soutien à Mme Andersen (avec 31 abstentions). 

Le projet de décision* présenté par la Russie à cette séance était basé sur le paragraphe 3 de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies, relatif au principe de répartition géographique équitable.  Pour remplir ce critère, la Russie voulait que l’Assemblée générale « prie le Secrétaire général d’inviter les États Membres à présenter des candidatures » à la Direction exécutive du PNUE, mais cette initiative n’a été soutenue que par 13 États Membres, tandis que 77 l’ont rejetée et 63 se sont abstenus au cours d’un vote sur la question. 

Avant ces deux votes, la Fédération de Russie avait évoqué l’exigence de transparence dans le processus de sélection, dénonçant « la présentation d’une candidature ne faisant pas consensus, car Mme Andersen est candidate en dépit de réserves présentées par plusieurs États au cours des consultations ».  La délégation a précisé que cette position russe était connue même avant l’opération militaire spéciale russe.  Il n’y a donc pas de lien entre les deux questions, a affirmé le représentant avant de dénoncer le fait que la plupart des postes de direction du PNUE sont détenus par les États occidentaux.  Pour la délégation, un fonctionnaire international se doit de garder son impartialité, ce qui ne serait pas le cas pour Mme Andersen.  C’est pourquoi la Russie souhaitait que d’autres groupes régionaux aient la possibilité de proposer au Secrétaire général d’autres candidatures à ce poste important.  La délégation a fait valoir que les pays de l’hémisphère Sud, notamment, regorgent d’éminentes personnalités ayant le profil de l’emploi.  Le Bélarus a apporté son appui à l’initiative russe en appelant à ouvrir le processus de candidature à la direction du PNUE. 

Réagissant au texte présenté par la Russie, le Danemark a dit soutenir le principe de la représentation géographique équitable.  Cet État a estimé que ce n’est pas seulement la rotation géographique qui est en jeu, mais aussi l’autorité même du Secrétaire général qui est remise en cause.  La Suède a abondé en voyant dans le projet de décision russe une manière de saper l’autorité du PNUE et du Secrétaire général.  Elle a de plus relevé que le travail de Mme Andersen a été largement salué par les États Membres. 

Pour les États-Unis, qui se sont opposés au texte de la Russie, il n’est pas question de déroger à la pratique établie qui veut que l’Assemblée générale soutienne la proposition de nomination du Secrétaire général.  Le Canada a aussi fait référence à la pratique établie selon laquelle le Directeur exécutif de cette agence onusienne se voit attribuer deux mandats.  « Nous sommes tous favorables à la répartition géographique équitable », a assuré la délégation en faisant observer qu’il revient à l’Assemblée générale de soutenir la proposition du Secrétaire général.  Le Canada a en outre qualifié de « douteuse » l’initiative russe, sachant notamment que le processus de consultation des groupes régionaux a été lancé depuis le mois d’octobre 2022, et en a conclu qu’il s’agit tout simplement d’une question de politique. 

Par ailleurs, l’Assemblée générale a pris note de la lettre du Secrétaire général concernant les neuf États Membres en retard dans le paiement de contributions financières à l’Organisation des Nations Unies au sens de l’Article 19 de la Charte.  De ce fait, la Dominique, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Liban, le Soudan du Sud et le Venezuela ont perdu leur droit de vote à l’Assemblée, tandis que les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie restent autorisées à participer à ses votes jusqu’à la fin de sa soixante-dix-septième session. 

Selon l’Article 19, un membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.  L’Assemblée générale peut néanmoins autoriser ce Membre à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

* A/77/L.47

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Israéliens et Palestiniens restent sur une « trajectoire de collision », avertit le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient

9246e séance – matin & après-midi
CS/15179

Conseil de sécurité: Israéliens et Palestiniens restent sur une « trajectoire de collision », avertit le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a souligné ce matin, devant le Conseil de sécurité, la persistance d’un dangereux cycle de violence sur le terrain, avec en toile de fond une tension politique accrue et un processus de paix au point mort.  Présentant par visioconférence son rapport trimestriel sur la situation au Moyen-Orient y compris la question palestinienne, M. Tor Wennesland a noté que les tendances dominantes des derniers mois de 2022 continuent de faire des ravages humains.  Israéliens et Palestiniens restent sur une « trajectoire de collision », a-t-il résumé avant de rappeler que l’objectif ultime est de mettre fin à l’occupation, résoudre le conflit et parvenir à la solution des deux États. 

L’incursion du Ministre de la sécurité nationale israélien sur l’esplanade des Mosquées en début d’année, qui a déjà motivé une réunion du Conseil le 5 janvier, et la décision du nouveau Gouvernement israélien de confisquer les recettes fiscales destinées à l’Autorité palestinienne ont été vivement dénoncées par une quarantaine de délégations, en majorité arabes et musulmanes.  Israël attise la colère d’environ deux milliards de musulmans dans le monde par ces agressions à répétition contre l’esplanade des Mosquées , a averti lors du débat public la Jordanie, dont le rôle de gardien des Lieux saints à Jérusalem a été fréquemment évoqué.  Dans cet esprit, la Ligue des États arabes a appelé le Conseil à faire pression sur Israël pour qu’il arrête « ses exactions contre les Palestiniens », et à empêcher de nouvelles provocations à Jérusalem.  Les actions israéliennes sont une insulte faite aux musulmans du monde et accroissent l’instabilité de la région, a renchéri l’Organisation de la coopération islamique.

M. Wennesland a cité la résolution du 30 décembre 2022 par laquelle l’Assemblée générale demande à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif relatif à l’occupation israélienne du territoire palestinien.  « Une résolution toxique », selon Israël qui y a vu un acte unilatéral de la partie palestinienne.  À ses yeux, ce texte fait partie des très nombreuses résolutions « concoctées » par les Palestiniens à l’ONU qui cherchent à enliser la situation et à poser un ultimatum à Israël.  Pour sa part, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a fustigé la décision d’Israël d’imposer des mesures punitives aux leaders et au peuple palestinien après la décision de l’Assemblée.  Il a accusé les représentants israéliens de vivre dans « un monde parallèle où le monde entier a tort et eux seuls ont raison ».  La France a d’ailleurs appelé Israël à revenir sur ces mesures.  Le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a précisé qu’en février prochain, le Comité mettra la dernière main à son étude juridique sur la licéité de l’occupation israélienne sur le Territoire palestinien occupé. 

Les États-Unis s’opposent à toute action unilatérale visant à mettre à mal la stabilité et les caractères envisageables de la solution des deux États, a déclaré leur représentante.  En dépit des difficultés, elle s’est dite optimiste en prenant pour preuve la réunion du groupe de travail sur le forum du Néguev qui s’est réuni à Abou Dhabi.  L’Union européenne a indiqué qu’elle s’efforcera d’encourager et de tirer parti de l’établissement récent de relations diplomatiques entre Israël et un certain nombre de pays arabes, en vue d’améliorer les perspectives de parvenir à un règlement global du processus de paix au Moyen-Orient.  Après avoir souligné l’importance des Lieux saints et du statu quo à Jérusalem, le représentant européen a pleinement appuyé à son tour la CIJ en tant qu’organe judiciaire principal de l’ONU. 

La Fédération de Russie, tout comme la Ligue des États arabes, a demandé la reprise des travaux du Quatuor pour le Moyen-Orient en tant que seul mécanisme internationalement reconnu pour soutenir le processus de paix.  À ce sujet, le délégué russe a dénoncé le gel par les États-Unis des activités du Quatuor et la « privatisation » du dossier du Moyen-Orient.  Les tentatives de décider seuls des solutions au conflit sont vouées à l’échec, a-t-il prévenu.  Craignant « un volcan qui pourrait entrer en éruption à tout instant », la Chine a appelé à déployer tous les efforts pour préserver le statu quo historique des Lieux saints. 

Après une année particulièrement meurtrière, M. Wennesland a demandé que les auteurs de tous les actes de violence soient traduits en justice et exhorté les forces de sécurité israéliennes à faire preuve d’un maximum de retenue et à n’utiliser la force létale que lorsque cela est strictement inévitable afin de protéger la vie.  Toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et demeurent un obstacle important à la paix, a-t-il ensuite rappelé.  Au cours de la période considérée, 126 structures palestiniennes dans la zone C et 7 à Jérusalem-Est occupée ont été démolies déplaçant 127 Palestiniens, dont 60 enfants. 

Nous ne pouvons pas laisser les Palestiniens souffrir en silence, a plaidé la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno Marsudi.  Elle a espéré que 2023 sera l’année du progrès dans la résolution de la question palestinienne.  La responsabilité collective de la communauté internationale est de mettre fin une fois pour toutes à l’occupation israélienne, a-t-elle conclu. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a souligné la persistance d’un dangereux cycle de violence sur le terrain, avec en toile de fond une tension politique accrue et d’un processus de paix au point mort.  Les tendances qui ont dominé les derniers mois de 2022 continuent de faire des ravages humains.  « La violence doit cesser », a-t-il insisté.  Prévenir davantage de pertes humaines et inverser les tendances négatives sur le terrain doit être notre priorité collective.  Dans le même temps, a-t-il ajouté, nous ne devons pas perdre de vue l’objectif ultime: mettre fin à l’occupation, résoudre le conflit et parvenir à la solution des deux États.  Notant l’avènement d’un nouveau Gouvernement, le haut fonctionnaire a exhorté les parties à réduire les tensions et à « prendre des mesures concrètes pour établir un horizon politique conforme aux priorités ».

Au total, a résumé M. Wennesland, entre le 8 décembre et le 13 janvier dernier, 14 Palestiniens, dont 5 enfants, ont été tués et 117 Palestiniens, dont 3 femmes et 18 enfants, ont été blessés par les forces de sécurité israéliennes lors de manifestations, affrontements, perquisitions et arrestations, attaques et attaques présumées contre des Israéliens et autres incidents.  Des colons israéliens ou d’autres civils ont perpétré 63 attaques contre des Palestiniens, faisant 28 blessés, dont 6 enfants, et/ou endommageant des biens palestiniens.

Selon des sources israéliennes, a précisé le Coordonnateur spécial, 5 civils israéliens, dont 3 femmes, et 4 membres des forces de sécurité israéliennes ont été blessés par des Palestiniens lors d’attaques, d’affrontements, de jets de pierres et de cocktails Molotov, et d’autres incidents.  Au total, les Palestiniens ont perpétré quelque 89 attaques contre des civils israéliens, faisant des blessés et/ou causant des dommages à des biens israéliens, dont 57 jets de pierres, a-t-il comptabilisé. 

Poursuivant, il a dit que la violence a continué d’affecter les enfants.  Cinq enfants palestiniens ont été tués au cours de la période considérée.  La violence liée aux colons s’est également poursuivie au cours de la même période considérée.  Les auteurs de tous les actes de violence doivent être tenus pour responsables et rapidement traduits en justice, a demandé le Coordonnateur spécial, exhortant les forces de sécurité israéliennes à faire preuve d’un maximum de retenue et à n’utiliser la force létale que lorsque cela est strictement inévitable afin de protéger la vie.  « Je suis particulièrement consterné que des enfants continuent d’être victimes de violence.  Les enfants ne doivent jamais être la cible de violences ou mis en danger », a-t-il martelé.

En ce qui concerne les colonies, le Gouvernement israélien a informé la Haute Cour de justice qu’il avait l’intention de légaliser l’avant-poste de Homesh.  Toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et demeurent un obstacle important à la paix, a souligné M. Wennesland.  Au cours de la période considérée, 126 structures appartenant à des Palestiniens dans la zone C et 7 à Jérusalem-Est occupée, ont été démolies déplaçant 127 Palestiniens, dont 60 enfants.  Notant les développements préoccupants à Jérusalem, M. Wennesland a évoqué la visite du nouveau Ministre israélien de la sécurité nationale sur les Lieux saints à Jérusalem.  La visite a été condamnée par l’Autorité palestinienne et des responsables jordaniens, entre autres, qui ont déclaré qu’il s’agissait d’une provocation et d’une violation du statu quo.  Le Gouvernement israélien a dit qu’il était déterminé à maintenir le statu quo et a déclaré que la visite ne représentait pas un écart par rapport à celui-ci.  Pour le Coordonnateur spécial, les parties doivent s’abstenir de prendre des mesures susceptibles d’aggraver les tensions à l’intérieur et autour des Lieux saints et maintenir le statu quo, conformément au rôle particulier du Royaume hachémite de Jordanie. 

M. Wennesland a rappelé que le 30 décembre 2022, l’Assemblée générale a adopté une résolution intitulée « Pratiques israéliennes affectant les droits humains du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est » demandant à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif relatif à l’occupation israélienne du territoire palestinien. 

En réponse, le 6 janvier, le cabinet de sécurité israélien a approuvé une série de mesures contre l’Autorité palestinienne, notamment le transfert de quelque 39 millions de dollars de recettes fiscales qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne aux familles des Israéliens tués en Palestine.  « Je suis sérieusement préoccupé par l’impact de telles mesures sur la situation financière de l’Autorité palestinienne », s’est alarmé le Coordonnateur spécial.

S’agissant de la bande de Gaza, la situation socioéconomique reste très préoccupante.  L’aide humanitaire ou économique ne résoudra ni la situation à Gaza ni le conflit, averti M. Wennesland.  « Des solutions politiques sont nécessaires et il n’y a pas de solutions miracles. »  Selon lui, l’objectif final reste de lever complètement les bouclages conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité et de réunir Gaza et la Cisjordanie occupée sous une seule autorité nationale palestinienne légitime, dans le cadre de la solution des deux États.

S’agissant de la situation dans le Golan, le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie a été généralement maintenu malgré les violations continues par les deux parties de l’Accord de 1974 sur le désengagement des forces.  Les parties doivent respecter leurs obligations aux termes de l’Accord et prévenir les risques d’escalade, a sermonné le haut fonctionnaire.  Il a aussi noté que le Liban reste sans président et avec un Gouvernement intérimaire.  À la suite de la réunion qui a eu lieu les 9 et 10 janvier, de hauts responsables de Bahreïn, d’Égypte, d’Israël, du Maroc, des Émirats arabes unis et des États-Unis se sont réunis à Abou Dhabi et ont affirmé que les nouvelles relations régionales « peuvent être exploitées pour créer une dynamique dans les relations israélo-palestiniennes, vers une résolution négociée du conflit israélo-palestinien ».

Selon M. Wennesland, Israéliens et Palestiniens restent sur une « trajectoire de collision » au milieu d’une escalade de la rhétorique politique et incendiaire ainsi que d’une violence accrue en Cisjordanie.  Un leadership politique courageux est requis de toute urgence pour générer l’élan nécessaire pour transformer la dynamique actuelle.  Les deux parties doivent s’abstenir de provocations et de mesures unilatérales y compris sur les Lieux saints à Jérusalem qui compromettent la stabilité et la capacité de parvenir à une paix négociée.  Le Coordonnateur spécial a demandé des mesures concrètes immédiates pour inverser les tendances négatives sur le terrain, renforcer l’Autorité palestinienne et améliorer l’accès et la circulation des Palestiniens, tout en garantissant l’espace nécessaire à l’activité économique palestinienne.

En l’absence d’un effort concerté et collectif de la part de tous, avec le ferme soutien de la communauté internationale, les fauteurs de troubles et les extrémistes continueront de jeter de l’huile sur le feu et nous nous éloignerons encore plus d’une résolution pacifique du conflit, a encore mis en garde M. Wennesland.  L’ONU reste déterminée à soutenir la fin de l’occupation et à établir la solution des deux États, a-t-il conclu. 

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a estimé que la paix est toujours possible.  « La paix est de moins en moins possible jour après jour mais elle reste possible. »  Notre réalité n’est pas une fatalité, a-t-il dit.  Il est possible d’influer sur cette réalité mais seulement si ce Conseil est prêt à agir immédiatement, a tranché le délégué.  Il a dénoncé cette situation « absurde » qui voit ceux qui violent le droit jouir de l’impunité et ceux qui doivent être protégés être punis.

M. Mansour a ensuite fustigé la récente décision d’Israël d’imposer des sanctions contre les leaders et le peuple palestinien.  Ces mesures ont été prises après que l’Assemblée générale a demandé un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il expliqué, en ajoutant que plus de 100 pays ont rejeté ces mesures punitives.  Il a accusé les représentants israéliens de vivre dans « un monde parallèle où le monde entier a tort et eux seuls ont raison ».  Ils ne montrent aucun respect pour personne et pourtant le réclament de chacun, a-t-il ironisé.  M. Mansour a exhorté Israël à renoncer à son occupation coloniale et à respecter le droit.  Ce pays ne doit pas attendre du monde qu’il renonce à ses principes pour accepter une telle occupation.

Israël refuse notre droit à exister en tant que nation, a poursuivi le délégué, en dénonçant la récente interdiction par Israël de déployer le drapeau palestinien dans l’espace public.  « Le drapeau palestinien flotte à l’ONU, il est agité par des millions de personnes dans le monde et il continuera de flotter dans le ciel de la Palestine. »  Il a indiqué qu’Israël pense qu’il existe une voie vers la paix « en écrasant les Palestiniens ».  La paix ne pourra pas découler de la négation même de notre existence mais devra procéder de la reconnaissance de nos droits et de notre condition, a insisté M. Mansour.  La paix est toujours possible si vous vous élevez contre les suprématistes, si vous reconnaissez l’État de Palestine et si vous rejetez l’État des colons en Territoire occupé, a-t-il conclu.  « Faites-le maintenant, pour le bien de tous. »

M. GILAD ERDAN (Israël) a raillé la « prestation cinématographique qui vise à nous faire pleurer » de son homologue palestinien, en affirmant qu’il s’agit d’un tissu de mensonges qui déforme la réalité.  Il a contesté le fait que 2022 aurait été l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens en arguant que les statistiques produites par les Palestiniens et l’ONU sont « biaisées et exagérées » et qu’elles diminuent le nombre des victimes israéliennes.  Le délégué a exigé des missions de vérification et que l’ONU ne prenne pas ces chiffres pour de l’argent comptant.  Contestant également la version palestinienne de la mort de certains « terroristes du Hamas », dont a parlé le représentant palestinien dans son courrier au Conseil de sécurité d’hier, il a expliqué qu’il ne s’agit pas de civils innocents mais bien de terroristes neutralisés.  Dans les rapports des Nations Unies, seuls 20 Israéliens auraient perdu la vie en 2022 alors qu’en réalité ce chiffre s’élève à 31, a-t-il tenu à préciser en appelant à reconnaître la réalité sur le terrain.  Ces rapports ne sont pas présentés de bonne foi, s’est indigné le représentant qui a dit vouloir dénoncer à l’avenir les informations « fabriquées » par la partie palestinienne en la sommant de ne plus se positionner systématiquement comme victime. 

M. Erdan a qualifié de « toxique » la résolution de l’Assemblée générale qui demande à la Cour internationale de Justice (CIJ) de rendre un avis consultatif.  Il y a vu un acte unilatéral de la partie palestinienne, alors que c’est à Israël que l’on reproche de prendre des « mesures unilatérales ».  À ses yeux, ce texte fait partie des très nombreuses résolutions « concoctées » par les Palestiniens à l’ONU qui cherchent à enliser la situation et à poser un ultimatum à Israël.  C’est ainsi que les Palestiniens ont pu instrumentaliser la CIJ, s’est emporté le délégué.  Il a également dénoncé le parti pris de l’ONU, « où l’on a une dent contre Israël », puisque pas moins de 15 résolutions visent son pays, bien moins que celles qui visent la Corée du Nord malgré ses agissements.  Dans sa guerre du jihad, la Palestine manipule les instances internationales afin de faire plier Israël et de le forcer à adhérer à ses exigences, a-t-il affirmé.  En glorifiant le terrorisme, on ne peut pas dire que les Palestiniens recherchent la paix.  « Mais Israël ne pliera pas », a tranché le délégué.  Rappelant qu’il existe en Israël une loi pour lutter contre le terrorisme qui, jusque-là n’a pas été beaucoup utilisée, il a averti que maintenant que la Palestine « nous a poignardés dans le dos en faisant adopter cette résolution », Israël usera de son droit à se défendre y compris contre des mesures unilatérales.  M. Erdan a reproché à la communauté internationale d’aller dans le sens de la Palestine alors que tous les plans de paix ont été rejetés par les Palestiniens.  Par cet appui inconditionnel, la communauté internationale ne fait qu’encourager les Palestiniens à poursuivre sur la voie de la violence, a-t-il conclu.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a insisté sur son attachement à la solution des deux États par laquelle Israéliens et Palestiniens parviendront à restaurer la liberté, la démocratie et l’égalité, et à façonner la paix.  Mais à cette fin, ils doivent s’engager dans des négociations directes.  Toute action qui ne ferait que renforcer les divisions éloigneront les deux parties, a prévenu la représentante exhortant à désamorcer les tensions.  Aujourd’hui plus que jamais, c’est la priorité.  Elle a condamné les attentats terroristes perpétrés en Cisjordanie.  Des mesures urgentes et concrètes doivent être prises pour éviter que davantage de vies ne soient perdues et pour favoriser la croissance économique.  « Les États-Unis s’opposent à toute action unilatérale visant à mettre à mal la stabilité et les caractères envisageables de la solution des deux États. » 

Appuyant le statu quo concernant le mont du Temple/Haram el-Charif, Mme Thomas-Greenfield a demandé que les actes d’annexion, de terrorisme ou d’incitation à la violence cessent.  En dépit des difficultés, elle s’est dite optimiste en prenant pour preuve la réunion du groupe de travail sur le forum du Néguev qui s’est réuni à Abou Dhabi.  Cette réunion s’est efforcée de promouvoir la stabilité et la sécurité et le relèvement de l’économie dans l’ensemble de la région.  Elle devrait améliorer le quotidien des Palestiniens.  Ce forum devrait aussi permettre de faire avancer la cause palestinienne, a espéré la représentante.  Par ailleurs, elle a demandé la restitution des deux prisonniers israéliens à Gaza et la dépouille d’autres israéliens.  Nous sommes à un moment extrêmement épineux, à la croisée des chemins pour la paix et devons tout mettre en œuvre pour juguler les tensions, a-t-elle conclu.  « Gardons l’espoir que la solution des deux États est envisageable.  Mettons tout en œuvre pour faire avancer la paix et l’intégration dans la région et mettons tout en œuvre pour protéger les plus vulnérables de la région. »

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire en Cisjordanie, en soulignant la nécessité de briser le cycle de violence.  Il a rappelé le droit d’Israël à se défendre, le terrorisme étant injustifiable.  La violence commence dans l’esprit des personnes et engendre un cercle vicieux, a dit le délégué, en demandant la fin des discours de haine.  Le Conseil doit rassembler les parties et créer les conditions propices au dialogue, a-t-il estimé.  Le représentant a regretté l’expansion des colonies et appelé au respect du statut quo autour des Lieux saints.  Enfin, il a appuyé la solution des deux États.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété de l’évolution de la situation depuis le 28 décembre, citant notamment l’intention du nouveau Gouvernement israélien d’annexer la Cisjordanie occupée, dans le cadre de la priorité « de faire progresser et développer la colonisation dans toutes les parties de la terre d’Israël ».  Il s’est également préoccupé de l’interdiction du drapeau palestinien dans les espaces publics; des restrictions imposées aux déplacements des responsables de l’Autorité palestinienne, notamment la suspension du permis de voyage du Ministre palestinien des affaires étrangères, M. Riad Maliki, et de trois autres hauts responsables; et de la saisie des recettes fiscales palestiniennes.  Il a espéré que le Gouvernement israélien saura aller au-delà des considérations nationales à court terme pour investir le temps et les efforts nécessaires pour rétablir la confiance avec l’Autorité palestinienne afin de parvenir à une paix durable. 

La paix n’est cependant pas une voie à sens unique, a-t-il poursuivi en exhortant l’Autorité palestinienne à travailler avec tous les acteurs de sa nation pour contrôler le recours non autorisé à la violence par des groupes armés et militants.  Le représentant a ensuite appelé au renforcement des institutions israéliens dont l’indépendance, a-t-il souligné doit être garantie.  Il a également enjoint Israël à respecter ses obligations découlant du droit international, condamnant notamment les raids quasi-quotidiens qui ont conduit à l’arrestation de centaines de Palestiniens, la démolition de domiciles palestiniens et l’augmentation des violations des droits humains.  Il s’est de même inquiété des actes terroristes à l’encontre de citoyens israéliens.

M. ZHANG JUN (Chine) a averti que le conflit israélo-palestinien est un volcan qui pourrait entrer en éruption à tout instant.  Il a appelé à déployer tous les efforts pour préserver le statu quo historique des Lieux saints, qualifiant de préoccupante la récente visite d’un ministre israélien à Haram el-Charif.  Il a appelé les parties à faire montre de calme et de retenue, exhortant notamment Israël à cesser toute mesure unilatérale susceptible d’exacerber les tensions.  Il a affirmé que la décision d’Israël de retenir les recettes fiscales palestiniennes a eu l’effet d’un tremblement de terre, avertissant que de telles mesures ne font qu’attiser les tensions et sapent les perspectives d’une solution politique. 

De même, le représentant s’est inquiété de la situation sécuritaire instable et du grand nombre de victimes parmi les civils en Cisjordanie.  Il a appelé à assurer la sécurité des populations dans les territoires occupés, dénonçant la destruction de 851 structures palestiniennes en 2022 et exhortant Israël à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à cesser l’expansion des colonies de peuplement.  Israël ne doit pas changer de manière unilatérale le statu quo dans les territoires occupés, a tranché le représentant.  Notant que les affrontements entre Israéliens et Palestiniens sont le fruit de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, il a exhorté la communauté internationale à agir avec la plus grande urgence pour faciliter la reprise de pourparlers directs et faire avancer la solution des deux États. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a appuyé la solution des deux États et appelé les parties à la retenue.  Il a dénoncé toute action unilatérale qui pourrait rendre la paix plus difficile encore, en citant notamment les mesures israéliennes prises le 6 janvier contre l’Autorité palestinienne.  Le délégué a demandé le respect du statut quo autour des Lieux saints, avant de souligner le rôle important de la Jordanie.  Israël doit faire montre de la plus grande retenue lorsqu’il recourt à une force létale pour protéger ses intérêts sécuritaires légitimes, a-t-il tranché, en rappelant que 14 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’année.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a exhorté à faire cesser les tensions persistantes dans et autour des Lieux saints à Jérusalem et l’escalade de la rhétorique incendiaire relative à ces sites.  Il a condamné toute violation ou mesure provocatrice visant à modifier le statu quo historique et juridique de la ville de Jérusalem, y compris la prise d’assaut répétée et les menaces de prise d’assaut de la cour de la mosquée Al-Aqsa.  Ces provocations risquent d’alimenter la violence et d’aggraver la situation dans le Territoire palestinien occupé, a-t-il mis en garde. 

Il a également appelé à mettre un terme aux démolitions de propriétés palestiniennes et aux déplacements forcés de personnes dans la zone C, s’inquiétant notamment de la situation de plus de 1 200 Palestiniens de Masafer Yatta qui vivent dans un état d’incertitude et de peur en raison du risque d’expulsion forcée de leurs maisons.  Il a également relevé que selon OCHA, la proportion de structures démolies ou scellées par leurs propriétaires à Jérusalem-Est suite à l’émission d’ordres de démolition a atteint 53% en novembre 2022, comparé à 27% il y a cinq ans.  Il a exigé qu’il soit immédiatement mis fin aux activités de colonisation israéliennes dans les territoires occupés, notant que selon les informations, des dizaines de plans ont été approuvés pour construire des milliers de nouvelles unités de peuplement à Jérusalem, Hébron et dans la vallée du Jourdain, entre autres.  Les deux parties doivent donner la priorité au dialogue et à la désescalade et s’abstenir de toute position extrémiste, a exhorté le représentant qui a insisté sur la nécessité de rétablir une voie pacifique et de créer un horizon politique, accompagné de mesures concrètes pour améliorer la situation sur le terrain. 

Mme ALLEGRA BONGO (Gabon) a fait remarquer que les affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes se sont poursuivis avec un niveau de violence inouïe faisant de l’année 2022 l’année la plus mortelle depuis l’Intifada de 2005.  Elle a jugé « impératif que ce Conseil empêche que ce tragique scénario ne se reproduise en 2023 en s’attaquant aux causes profondes de ce conflit ».  Le respect du statu quo historique et juridique des Lieux saints à Jérusalem est une exigence, a dit la déléguée.  « Il en va de la coexistence pacifique des peuples israéliens et palestiniens. »  La représentante a aussi souligné l’impact « inacceptable » de ce conflit sur les enfants avant de demander, sur le dossier sensible des restitutions respectives des dépouilles humaines aux familles palestiniennes et israéliennes, que les parties privilégient une issue à même de générer un climat de confiance pour une paix durable.  Enfin, elle a réaffirmé son attachement à la solution des deux États, vivant en paix et en sécurité le long de frontières sûres et reconnues sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale.  Pour y parvenir, la ferme volonté des parties, le dialogue et la reprise des négociations de bonne foi sont une exigence, a-t-elle conclu.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur), jugeant la situation dangereuse, a estimé que les auteurs d’actes de violence doivent rendre des comptes.  Il a demandé aux deux parties de faire preuve de retenue et de s’abstenir de toute décision ou mesure unilatérale pouvant exacerber le conflit.  Il a aussi souligné l’importance du respect du statu quo des Lieux saints à Jérusalem et du rôle de la Jordanie à cet égard.  Selon le représentant, des mesures comme l’assouplissement des restrictions à la circulation des personnes et des biens entre Gaza et Israël doivent se poursuivre et s’étendre autant que possible.  En revanche, l’adoption de mesures punitives ou de restrictions supplémentaires ne contribue pas à générer la confiance.  Il a dit attendre avec impatience la mise en œuvre de la Déclaration d’Alger adoptée par 14 factions palestiniennes pour régler leurs différends en vue de la tenue d’élections.  Il a condamné les démolitions de structures civiles palestiniennes y compris les écoles, et s’est dit préoccupé face à la poursuite des activités de colonisation qui rendent plus difficile la reprise des négociations.  Enfin, le représentant a réitéré l’importance de la mobilisation des organismes des Nations Unies et de la communauté internationale pour apporter une aide humanitaire au peuple palestinien. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a jugé que les perspectives ne sont pas encourageantes.  L’année vient à peine de commencer et le Conseil a déjà tenu une session d’urgence, le 5 janvier, après l’incursion du Ministre israélien de la sécurité nationale sur l’esplanade des mosquées.  Quelques jours après, des mesures punitives ont été imposées par le nouveau Gouvernement israélien contre le peuple palestinien, les dirigeants et la société civile, a-t-il rappelé avant de demander aux autorités israéliennes de revenir sur ces décisions et de les annuler sans tarder.  Le fait que de telles mesures aient été apparemment prises en représailles contre une résolution de l’Assemblée générale les rend d’autant plus déplorables.  Le représentant a exhorté les deux parties à faire preuve d’un maximum de retenue, à éviter les provocations et les actions unilatérales qui pourraient aggraver les tensions.  Appelant à ne pas perdre de vue le rôle joué par la pauvreté, l’insécurité alimentaire et le désespoir, qui constituent un terrain fertile pour les forces extrémistes, il a encouragé à prendre des mesures visant à améliorer les conditions de vie des Palestiniens, notamment celles avancées par le Coordonnateur spécial dans son rapport.  Il ne faut pas non plus oublier les réfugiés palestiniens, et pour cela il est indispensable de soutenir davantage l’UNRWA, a estimé le représentant, afin que l’Office puisse surmonter son déficit financier chronique.  Le Brésil reste attaché à la solution des deux États, mais avec chaque jour qui passe, et en l’absence d’action significative, y compris de la part de ce Conseil, la viabilité de cette solution semble s’éloigner, a-t-il constaté.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a déclaré que les mesures unilatérales d’Israël éloignent la perspective de pourparlers directs entre les parties et, à long terme, la solution des deux États, avertissant que cette politique de non-coopération porte atteinte à la sécurité d’Israël et des Palestiniens.  Il a exhorté Israël à répondre de manière constructive à la situation humanitaire en Palestine et à permettre aux organisations de la société civile de travailler librement, sans crainte de représailles.  Le représentant a également appelé à augmenter l’appui à l’UNRWA, avant d’engager Israéliens et Palestiniens à travailler de manière constructive avec le Coordonnateur spécial pour jeter les bases de la paix.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé le Conseil de sécurité à se mobiliser pour éviter une escalade sur le terrain, notant que 2022 a été une année très meurtrière, et que ce début d’année est également marqué par un niveau de violence très élevé dans les territoires palestiniens occupés, et notamment à Jérusalem-Est.  Il a appelé les parties à la retenue et à s’abstenir de toute mesure unilatérale susceptible d’être perçue comme une provocation dans le contexte actuel, réiterant sa préoccupation à la suite de la visite du Ministre de la sécurité nationale israélien sur l’esplanade des Mosquées le 3 janvier dernier.  De même, le représentant a appelé les nouvelles autorités israéliennes à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux violences croissantes perpétrées par les colons, qui visent autant les Palestiniens que la société civile israélienne.  Il a également appelé les nouvelles autorités israéliennes à ne pas légaliser les colonies sauvages en Cisjordanie, qui, a-t-il souligné, sont totalement illégales, y compris au regard de la loi israélienne.  La France condamnera toute mesure unilatérale prise par le nouveau Gouvernement israélien en ce sens, a-t-il signalé. 

De plus, le délégué a dit être vivement préoccupé par les dernières mesures prises par le Gouvernement israélien à l’encontre de la population et des institutions palestiniennes, notamment la retenue de fonds dus à l’Autorité palestinienne, les sanctions mises en place contre des hauts responsables palestiniens et la suspension des projets de construction palestiniens dans la zone C en Cisjordanie.  Comme elle l’a indiqué dans une déclaration signée par plus d’une centaine d’États Membres des Nations Unies issus de différents groupes régionaux, la France appelle Israël à revenir sur ces mesures prises en réponse à l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution demandant un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’occupation israélienne, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite fait part de son appui à la solution des deux États, soulignant que seul un horizon politique crédible permettra d’apaiser les tensions sur le terrain.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a salué la volonté du nouveau Gouvernement israélien de poursuivre les accords de normalisation avec les États arabes.  « Nous appelons à ce que les Palestiniens puissent également bénéficier de cette nouvelle dynamique. »  Elle a encouragé le Gouvernement israélien à poursuivre des mesures économiques positives, en particulier l’augmentation des permis de construction en zone C et des permis de travail en Israël, pour améliorer la situation des Palestiniens.  La représentante s’est cependant inquiétée des intentions affichées du nouveau Gouvernement israélien de développer les colonies, y compris par le biais d’investissement d’infrastructure.  Elle a rappelé que les colonies de peuplement, y compris les avant-postes, constituent une violation du droit international.  La déléguée s’est inquiétée par ailleurs de l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne, notamment suite à la retenue de taxes qui lui sont dues et à l’absence prolongée d’élections.  Mon pays réitère également son appel à la tenue d’élections sur tout le territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, a-t-elle conclu.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit que la situation dans la région y compris le conflit palestino-israélien, demeure explosive.  Il a dénoncé les raids des forces de sécurité israéliennes, le dernier s’étant soldé par l’assassinat de deux Palestiniens dans le sud de Jénine.  Au cours de l’année écoulée, les forces israéliennes ont tué au moins 224 civils palestiniens, dont 61 enfants, a-t-il déploré.  Tel-Aviv continue d’intensifier les sanctions et les mesures économiques unilatérales pour étendre sa politique de colonisation, y compris l’expropriation de biens palestiniens, la démolition de maisons et la construction d’avant-postes, a poursuivi le représentant.  De 1967 à décembre 2022, 243 colonies illégales ont été établies.  Cette situation est exacerbée par la réforme juridique du nouveau Gouvernement d’Israël en vue de légaliser le recours disproportionné à la force et menace d’anéantir les perspectives de mise en œuvre de la solution des deux États.

Le représentant a aussi souligné l’importance d’assurer l’égal accès de tous les croyants aux sanctuaires de Jérusalem, d’empêcher des changements du statu quo et du rôle de la Jordanie sur les Lieux saints.  Selon lui, la scission entre le Fatah et le Hamas, qui affaiblit les positions de négociation du côté palestinien, doit être résolue.  M. Nebenzia a demandé la convocation d’une réunion du Quatuor des médiateurs internationaux au niveau ministériel et souhaité une interaction étroite de ce mécanisme avec les Palestiniens, les Israéliens et les acteurs régionaux.  Il a dénoncé le gel par les États-Unis des activités du Quatuor et la « privatisation » du dossier du Moyen-Orient.  Les tentatives de décider seuls des solutions au conflit sont vouées à l’échec, a prévenu le représentant.  « Les conflits régionaux ne doivent pas devenir les otages de la concurrence géopolitique. »  L’écrasante majorité des acteurs du Moyen-Orient est favorable à la reprise des travaux du Quatuor en tant que seul mécanisme internationalement reconnu pour soutenir le processus de paix, a-t-il conclu. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a demandé le respect du statu quo autour des Lieux saints à Jérusalem, avant de souligner le rôle important de la Jordanie à cet égard.  Elle s’est dit préoccupée par les actions unilatérales visant à punir des acteurs politiques pour avoir recherché des solutions internationales.  La déléguée a condamné les annonces politiques d’une expansion des colonies de peuplement qui sapent la solution des deux États.  Elle a également déploré la situation humanitaire à Gaza et plaidé pour un soutien renforcé en faveur de l’UNRWA.  Enfin, la déléguée a apporté le soutien de son pays à ladite solution.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a appelé à préserver le statu quo historique des Lieux saints, avertissant que toute action unilatérale susceptible d’aggraver une situation déjà tendue serait inacceptable.  Il a relevé que suite à l’adoption, par l’Assemblée générale, d’une résolution demandant un avis consultatif de la CIJ sur les conséquences juridiques de l’occupation par Israël des territoires palestiniens, le nouveau Gouvernement israélien a pris une série de mesures contre l’Autorité palestinienne qui, a-t-il averti, empêcheront les parties de parvenir à une solution pacifique grâce au dialogue.  Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et a exhorté à la retenue.  Le représentant a ensuite fait savoir que le Japon s’est engagé à verser 33 millions de dollars cette année à l’UNRWA, encourageant les membres du Conseil à envisager des contributions financières supplémentaires à l’Office.

Mme RETNO L. P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a constaté que d’année en année, la situation en Palestine s’aggrave.  Elle a dénoncé l’intensification des injustices et de la violence envers les Palestiniens.  En même temps, la situation politique reste plus insaisissable que jamais.  Elle a demandé que soit brisé le cycle de l’inquiétude et de l’inaction et que cessent les deux poids, deux mesures.  Elle a salué l’adoption de la résolution 77/247 par laquelle l’Assemblée générale demande à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif sur les conséquences juridiques de l’occupation illégale des territoires palestiniens par Israël.  Selon la Ministre, la Puissance occupante doit mettre un terme à ses politiques punitives qui empêchent les Palestiniens de réaliser leurs droits économiques.  Elle doit préserver le statu quo des Lieux saints à Jérusalem et reprendre un processus de paix crédible pour parvenir à la solution des deux États.  Elle a aussi appelé à fournir un soutien indispensable à des millions de Palestiniens dans le besoin.  « Nous ne pouvons pas les laisser souffrir en silence. »  L’année 2023 doit être l’année du progrès dans la résolution de la question palestinienne, a insisté la Ministre rappelant la responsabilité collective de la communauté internationale de mettre fin une fois pour toutes à l’occupation israélienne.  « Mon message aux frères et sœurs palestiniens est que cette lutte doit vous unir et ne pas vous diviser », a-t-elle terminé.

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a condamné la récente incursion israélienne sur l’esplanade des mosquées, qui constitue une grave violation du droit.  Il a demandé le respect du statu quo autour des Lieux saints à Jérusalem, avant de souligner le rôle important de la Jordanie à cet égard.  Le Conseil doit prendre des mesures immédiates de protection desdits Lieux saints, a dit le délégué.  Il a fustigé la récente décision d’Israël d’imposer des sanctions contre les Palestiniens après que l’Assemblée générale a demandé un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Enfin, il a demandé le retrait des forces israéliennes de tous les territoires arabes occupés et rappelé l’importance du rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a dénoncé les récentes atteintes israéliennes au statu quo historique des Lieux saints à Jérusalem-Est, y voyant une menace à la paix et à la sécurité de la région.  Il a appelé à la retenue et à la responsabilité et à éviter tout acte qui pourrait entraîner une escalade des tensions israélo-palestiniennes.  En dépit de la détérioration de la situation dans les territoires occupés palestiniens, la communauté internationale reste déterminée à appuyer les droits inaliénables des Palestiniens.  Elle a renouvelé le mandat de l’UNRWA jusqu’en 2026 et adopté une résolution permettant de demander un avis consultatif à la CIJ, a ainsi noté le délégué.  Pour faire avancer la solution des deux États, a-t-il résumé, il faut mettre fin à l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie; respecter le statu quo des Lieux saints; lever le blocus de Gaza; appuyer la reconstruction de Gaza et donner les moyens à l’UNRWA de pleinement s’acquitter de son mandat.  Le délégué a également exigé l’application du principe de responsabilité en cas de violation du droit international et encouragé la revitalisation du Quatuor pour le Moyen-Orient. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a évoqué les conséquences sur les Palestiniens des attaques des forces d’occupation israéliennes et des agressions par les colons extrémistes, et condamné l’incursion du Ministre de la sécurité intérieure israélien sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa au début de ce mois.  Selon lui, ces pratiques illégitimes aggravent le conflit et la violence et privent les peuples de la région de leur droit à la paix et à la sécurité.  Elles menacent également la paix et la sécurité internationales.  Pour le représentant, « Israël attise la colère d’environ deux milliards de musulmans dans le monde par ces agressions à répétition contre l’esplanade des Mosquées ».  Il a craint un conflit religieux avec des répercussions graves pour l’ensemble de la région.  Il a également accusé Israël d’avoir empêché l’Ambassadeur jordanien à Tel-Aviv d’accéder à l’esplanade.  « Israël tente de changer l’identité de la Ville sainte, commettant ainsi un crime de guerre. »  C’est une violation de ses responsabilités en tant que Puissance occupante, a déclaré le représentant exigeant des conséquences juridiques pour Israël.  Par ailleurs, il a dénoncé les mesures punitives adoptées par Israël contre l’Autorité palestinienne, mettant en garde contre leurs graves conséquences pour le peuple palestinien.  Le Conseil de sécurité doit agir rapidement pour stopper les pratiques israéliennes.  La Jordanie n’épargnera aucun effort pour défendre Jérusalem et ses lieux saints, préserver l’identité arabe, musulmane et chrétienne des Lieux saints à Jérusalem occupée, et pour protéger le statu quo historique et juridique, a promis le représentant.  Ceci demeurera la priorité du Roi Abdullah Ibn Hussein de Jordanie.  Il a aussi plaidé pour la réalisation de la solution des deux États et de tous les droits légitimes du peuple palestinien.  La communauté internationale doit trouver un véritable horizon politique par des négociations sérieuses et efficaces, car la situation actuelle est insoutenable, a-t-il conclu. 

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a dénoncé les mesures provocatrices prises par la Puissance occupante et l’incursion de cette dernière sur l’esplanade des Mosquées.  Il a exhorté le Conseil à mettre un terme à de telles actions et à protéger le peuple palestinien.  La communauté internationale garde le silence devant ces actions visant à changer le caractère culturel et religieux de Jérusalem, a déploré le délégué.  Il a fustigé la récente décision d’Israël d’imposer des sanctions contre les Palestiniens après que l’Assemblée générale a demandé un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a insisté sur le rôle clef de cette dernière, avant d’apporter un appui total au peuple palestinien.  Enfin, il a demandé le retrait des forces israéliennes de tous les territoires arabes occupés.

M. KADIR (Maroc) a souligné l’importance pour les parties de s’abstenir de toute mesure unilatérale qui pourrait porter atteinte au statu quo historique des Lieux saints à Jérusalem car à défaut le conflit israélo-palestinien risque de devenir un conflit idéologique, avec des conséquences graves pour toute la région.  Il a dénoncé les dernières mesures punitives israéliennes à l’encontre des Palestiniens.  Le Maroc rejette toute atteinte aux droits légitimes du peuple palestinien, a réitéré le représentant, en apportant également son soutien à la solution des deux États.  En tant que Président du Comité d’Al-Qods, le Roi Mohammed VI, a-t-il souligné, reste attaché au maintien du statu quo historique de Jérusalem en tant que patrimoine de l’humanité.  Attaché au bien-être des Palestiniens, le Roi a mené des négociations sur la création d’un pont entre la Jordanie et la Cisjordanie, a-t-il rappelé, y voyant une des preuves de l’engagement sincère du Maroc en faveur des Palestiniens.  Mon pays, a conclu le représentant, entretient des relations avec toutes les parties prenantes et il continuera à tout faire pour créer les conditions propices au dialogue et à la négociation.

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, préoccupé par la détérioration de la situation sur le terrain et l’augmentation de la violence en Cisjordanie occupée, qui alimentent les tensions et l’animosité, a appelé les parties à des efforts pour désamorcer et mettre fin à ce cercle de violence dans lequel « tout le monde sera perdant ».  L’Union européenne (UE), a-t-il indiqué, s’efforcera d’encourager et de tirer parti de l’établissement récent de relations diplomatiques entre Israël et un certain nombre de pays arabes, en vue d’améliorer les perspectives de parvenir à un règlement global du processus de paix au Moyen-Orient.  Après avoir souligné l’importance des Lieux saints et du statu quo à Jérusalem, le représentant a indiqué que l’UE appuie pleinement la Cour internationale de Justice (CIJ) en tant qu’organe judiciaire principal de l’ONU. 

Rappelant que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible la solution des deux États, l’UE réitère sa ferme opposition à la politique de colonisation d’Israël et aux mesures prises dans ce contexte, a déclaré M. Skoog.  De même, l’UE condamne fermement les récents attentats terroristes en Israël ainsi que toutes les formes de terrorisme et reste attachée à la prévention et à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Elle continuera par ailleurs d’appeler l’Autorité palestinienne à organiser sans plus tarder des élections nationales libres, transparentes et inclusives.  Enfin, la société civile palestinienne doit être autorisée par toutes les parties à s’acquitter librement de son importante tâche, tandis que la liberté d’expression doit être respectée, a insisté le représentant.

S’agissant de la Syrie, M. Skoog a jugé essentiel que la communauté internationale continue de rechercher une solution politique durable.  L’UE reste ferme dans son engagement envers cet objectif, soutenant les efforts continus de l’Envoyé spécial pour progresser sur tous les aspects de la résolution 2254 (2015), y compris son approche « étapes par étapes » pour faire avancer le processus politique et reprendre les travaux de la Commission constitutionnelle.  Aucune normalisation, levée des sanctions ou reconstruction ne sera possible tant que le régime syrien ne s’engagera pas dans une transition politique crédible, a averti le représentant.  Il a estimé qu’en l’absence de processus judiciaires internationaux, la poursuite des crimes de guerre et autres crimes graves relevant de la juridiction nationale, en cours dans plusieurs pays de l’UE, représente une contribution cruciale pour garantir la justice, tout comme l’initiative canado-néerlandaise visant à demander des comptes à la Syrie pour avoir enfreint la Convention des Nations Unies contre la torture.  L’UE continuera de soutenir les efforts visant à rassembler des preuves en vue d’une future action en justice, y compris par le Mécanisme international, impartial et indépendant pour la Syrie et les travaux de la Commission d’enquête.  Enfin, sur le plan humanitaire, M. Skoog a rappelé que L’UE et ses États membres sont le plus grand donateur et ont fourni 27,4 milliards d’euros pour répondre aux besoins découlant de la crise syrienne depuis 2011, dont plus de 4,8 milliards d’euros lors de la sixième Conférence de Bruxelles.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit préoccupé par la détérioration constante de la situation dans les territoires palestiniens occupés, notant que 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens.  Il a dénoncé les actes d’agression et de provocation de la part d’Israël qui touchent les lieux saints musulmans dans les territoires occupés et, à ce titre, a condamné la récente visite d’un ministre israélien à la mosquée Al-Aqsa, précisant que cela a offensé les musulmans du monde entier.  Cela pourrait avoir une incidence gravissime sur la paix et la sécurité régionales, a-t-il mis en garde en exigeant le respect du statu quo historique des Lieux saints à Jérusalem.  Le Conseil de sécurité doit réagir face aux exactions israéliennes et faire appliquer ses propres résolutions, a exigé le représentant.  S’agissant de l’avis consultatif que la CIJ doit rendre, il a espéré que celui-ci engagera la responsabilité d’Israël pour les crimes commis à l’encontre des Palestiniens et mettra fin à l’impunité. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a dénoncé la confiscation des terres palestiniennes.  Il a appelé à respecter le statu quo autour des Lieux saints et à faire face aux provocations israéliennes qui, a-t-il averti, risquent de nourrir un cycle de violence.  Il a fustigé la récente décision d’Israël d’imposer des sanctions contre les Palestiniens après la sollicitation par l’Assemblée générale d’un avis consultatif de la CIJ.  La réponse de la communauté internationale face à Israël est bien trop faible, a regretté le représentant qui a appelé au lancement de négociations sans plus tarder.

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a dénoncé les agressions quotidiennes perpétrées par Israël contre le peuple palestinien et les lieux saints, dénonçant notamment l’acte provocateur sur l’esplanade des Mosquées qui a déclenché l’indignation du monde musulman, de même que la poursuite des agressions contre des Palestiniens innocents sur fond de discours haineux.  Le Conseil doit endosser ses responsabilités afin de mettre un terme à toutes mesures unilatérales illégales provocatrices de la part d’Israël, a-t-il appelé.  Le représentant a également exhorté Israël à cesser ses attaques contre les domiciles palestiniens et à cesser de modifier la composition démographique de Jérusalem.  Israël doit également abroger les punitions collectives et entendre les appels à la fin du conflit et à des négociations en toute bonne foi afin de parvenir à la paix dans le cadre de la solution des deux États. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a condamné la récente incursion israélienne sur l’esplanade des Mosquées.  C’est une provocation pour tous les musulmans, a dit le délégué, en dénonçant les tentatives visant à renforcer le caractère juif de Jérusalem.  Il a fustigé les provocations de la Puissance occupante qui menacent la paix et sapent la solution des deux États.  Il a appelé à tout mettre en œuvre pour mettre un terme à l’occupation israélienne.  Enfin, il a demandé un soutien humanitaire et économique en faveur du peuple palestinien, en rappelant la contribution de plus de 300 millions de dollars du Qatar en 2022.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye), notant la montée en puissance des défis auxquels font face les Palestiniens dans les territoires occupés, a dénoncé les expulsions forcées, les démolitions et l’expansion des colonies de peuplement.  Elle a appelé Israël à revenir sur ses récentes mesures punitives et condamné les provocations et atteintes au statut de Haram el-Charif, un statut qui doit rester au-dessus de toute considération politique selon elle.  Il ne peut y avoir de paix durable au Moyen-Orient sans un État indépendant de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale, a tranché la déléguée en appelant à mettre fin à l’occupation israélienne comme condition préalable à la paix.  Soulignant le rôle de premier plan de l’UNRWA, elle a salué le renouvellement de son mandat jusqu’en 2026 et a appelé à fournir un soutien financier à l’Office pour qu’il puisse dispenser ses services sans interruption.

M. MAGED A ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a dénoncé l’intention d’Israël d’intensifier ses activités de peuplement et de modifier le statut historique et juridique des territoires palestiniens afin, a-t-il affirmé, d’anéantir la solution des deux États.  L’observateur s’est indigné de la prise d’assaut, par un ministre du nouveau Gouvernement israélien, de Haram el-Charif, y voyant une provocation bafouant le statu quo de même qu’une violation du rôle de gardien des Lieux saints de la Jordanie.  Il a appelé le Conseil à faire pression sur Israël pour qu’il arrête ses exactions contre les Palestiniens, et à empêcher de nouvelles provocations à Jérusalem qui, a-t-il averti, auront des effets sur les milliards de musulmans du monde et la stabilité de la région.  Le délégué a aussi fustigé la confiscation par Israël de millions de dollars qui devaient être versés à l’Autorité palestinienne, de même que l’interdiction des drapeaux palestiniens dans les lieux publics.  Il a demandé à respecter l’état de droit et les résolutions du Conseil de sécurité pour régler la question palestinienne et parvenir à la solution des deux États.  Il a terminé en soulignant la nécessité de relancer les activités du Quatuor pour le Moyen-Orient. 

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique d’Iran) a dénoncé la poursuite sans relâche des « pratiques d’apartheid » du régime israélien, de même que sa récente incursion dans la mosquée Al-Aqsa qui a provoqué les musulmans du monde entier, appelant à réagir face à de tels agissements irresponsables.  Fustigeant l’impunité dont bénéficie la poursuite de l’occupation israélienne, le représentant a souligné que ce conflit ne peut être résolu qu’en mettant un terme à cette occupation et en reconnaissant les droits inaliénables du peuple palestinien.  Mais tant que le Conseil de sécurité restera silencieux, cela sera impossible, a-t-il signalé.  Quelle ligne rouge le régime israélien doit-il donc franchir pour que le Conseil de sécurité sorte de son hibernation? a demandé le représentant qui s’est indigné du silence de la communauté internationale face aux actions illégales israéliennes contre le peuple palestinien.  Il a exigé la reddition de comptes et sommé le Conseil de sécurité de respecter le mandat que la Charte lui confère en termes de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le délégué a également soutenu la demande par l’Assemblée générale d’un avis consultatif de la CIJ.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a dénoncé l’escalade de l’agression israélienne, en mentionnant le récent tir israélien contre l’aéroport de Damas.  Il a condamné l’incursion israélienne sur l’esplanade des Mosquées, véritable provocation pour tous les musulmans et évoqué les actes inhumains commis par « l’entité israélienne » à l’encontre des Palestiniens.  Le délégué a demandé au Conseil de mettre fin aux violations de la souveraineté syrienne commises par Israël.  Il a en outre déploré l’impunité dont jouit Israël en raison notamment de l’appui de certains pays, dont les États-Unis.  Le Conseil doit sortir de son silence, a déclaré le délégué, en rappelant que l’annexion israélienne du Golan syrien est nulle et non avenue.  Enfin, il a réfuté les allégations visant son pays, contenues dans le discours de l’Union européenne.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est inquiété de l’aggravation de la situation des Palestiniens, citant notamment l’augmentation de la violence des colons et les conditions de type apartheid.  Cette situation ne peut se poursuivre, a-t-il estimé, appelant le Conseil de sécurité à ne pas rester les bras ballants face aux violations des droits humains et du droit international.  Alors que la communauté internationale a reconnu que la seule solution au conflit israélo-palestinien est la solution des deux États, les Palestiniens vivent toujours sous occupation, a-t-il regretté, notant que cela alimente la violence.  Il a appelé au plein respect du droit international, du droit international humanitaire et des droits humains, saluant à cet égard la demande par l’Assemblée générale d’un avis consultatif de la CIJ sur l’impact des violations du droit international par Israël. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a déclaré que l’agression continue contre le peuple palestinien ne peut pas être tolérée.  Il a plaidé en faveur de la pleine souveraineté et de la continuité géographique de la Palestine avec comme capitale Jérusalem-Est, sur les lignes de 1967, la seule solution pour mettre fin à ce conflit selon lui.  Il a demandé au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités et de mettre en œuvre ses résolution, notamment la 2334 (2016) qui demande à l’autorité occupante de mettre fin à ses activités d’expansion et à ses mesures unilatérales de provocation.  Dénonçant l’escalade, avec l’incursion d’un ministre du Gouvernement israélien sur l’esplanade des Mosquées, il a souligné que la force occupante fait fi de la stabilité et agit comme elle veut.  Il a exprimé son attachement à la paix et demandé une solution juste à la question de Palestine, dans le respect de la légalité internationale, avec le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés.  Le représentant a aussi demandé au Conseil de sécurité d’appuyer la demande d’adhésion de la Palestine comme membre permanent des Nations Unies.

M. AZRIL ABD. AZIZ (Malaisie) a réitéré sa condamnation des atrocités et des abus continus commis contre les Palestiniens par le régime israélien.  Il s’est également dit consterné par la récente incursion d’un ministre israélien sur l’esplanade des Mosquées.  « Cet acte de provocation est tout simplement scandaleux et sape les efforts en vue d’un règlement pacifique de la question de Palestine. »  Dénonçant un nouvel effort d’Israël pour affirmer sa souveraineté sur la ville sainte et changer le statu quo historique et juridique sur les Lieux saints à Jérusalem, le délégué a jugé impératif que le Conseil réagisse.  « Tant que la communauté internationale et ce Conseil resteront paralysés, le régime d’apartheid poursuivra ses actions ignobles contre le peuple palestinien en toute impunité. »  Selon le représentant, la communauté internationale devrait aussi apporter tout son soutien à la Palestine dans sa quête d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ). 

M. JAN AGHA IQBAL, de l’Organisation de la coopération islamique, a indiqué que l’occupation israélienne, illicite et prolongée, a sapé la crédibilité et la légitimité de ce Conseil.  L’observateur a condamné la récente incursion israélienne sur l’esplanade des Mosquées.  Il a rejeté toute tentative visant à modifier le statu quo autour des Lieux saints.  Les actions israéliennes sont une insulte faite aux musulmans du monde et accroissent l’instabilité, a-t-il dit.  Il a exhorté ce Conseil à s’assurer qu’Israël s’acquitte de ses obligations internationales.  Enfin, il a dénoncé l’imposition de sanctions israéliennes contre le leadership palestinien, telles que les retenues d’impôts.

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a constaté qu’Israël continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité et de commettre des violations flagrantes du droit international, du droit international humanitaire et des droits humains.  Alors qu’une nouvelle année commence, le peuple palestinien fait toujours l’objet des pires attaques de la part d’Israël, sans aucune réaction du Conseil de sécurité pour remédier à ces injustices, a-t-il dénoncé.  Il a également pointé la politique d’expansion des colonies de peuplement et les meurtres répétés de civils palestiniens, jugeant impératif d’appliquer le principe de reddition de comptes.  Il a condamné l’incursion d’un ministre israélien dans la mosquée Al-Aqsa ainsi que les récentes mesures punitives imposées aux Palestiniens par Israël, suite à l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution demandant un avis consultatif de la CIJ.  Fustigeant l’arrogance d’Israël qui poursuit ses pratiques criminelles, le représentant a prévenu que l’on ne cesse de s’éloigner d’une solution juste à la question palestinienne.  Il ne saurait y avoir de paix sous occupation, a-t-il tranché, décriant les tentatives d’Israël d’ancrer son occupation illégale en élargissant les colonies de peuplement illégale.  Il a alerté que cette situation mine la solution des deux États avant d’exhorter le Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités pour mettre fin à l’impunité d’Israël. 

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) a dénoncé la récente visite du Ministre israélien de la sécurité nationale à la mosquée Al-Aqsa, accompagné d’un important contingent de forces armées, y voyant une menace pour le statu quo de Haram el-Charif.  Il a appelé le Conseil de sécurité à veiller au respect de ses propres résolutions, citant notamment la 476 (1980), la 478 (1980) et la 2334 (2016), s’inquiétant ensuite de la poursuite des colonies de peuplement et de la violence des colons.  Soulignant que les auteurs de violations du droit international doivent répondre de leurs actes, il a fait part de son appui à la résolution de l’Assemblée générale demandant un avis consultatif de la CIJ sur les conséquences juridiques de la violation des droits des Palestiniens.  De même, il a souligné que la création d’un État palestinien dans les limites des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, est la seule solution viable pour mettre un terme au conflit.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a souligné que 2022 a été l’année la plus meurtrière en près de deux décennies pour le peuple palestinien.  Il a rappelé les nombreux appels de la communauté internationale, notamment à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité, à faire cesser les actes inhumains, jugeant les faits actuels de mauvais augure.  Il a jugé scandaleux que 15 Palestiniens aient été tués par Israël depuis le début de l’année.  Il a aussi noté que, le 3 janvier, Israël a violé le statu quo légal et historique de l’esplanade des Mosquées, jugeant cela insolent face à la position de la communauté internationale envers la solution des deux États.  Le Conseil de sécurité doit prendre des mesures vigoureuses pour contrer Israël, a-t-il exigé en demandant des comptes.  Il a aussi souhaité que le Conseil prenne des mesures pour faire appliquer ses résolutions, dont la 2334, et qu’il fasse respecter le rôle de gardien des lieux saints du Royaume hachémite de Jordanie.  Le représentant a enfin dénoncé le blocus de 15 ans sur Gaza en demandant le rétablissement de l’accès à la bande, pour éviter que la situation humanitaire ne se détériore davantage.  En conclusion, le délégué a réitéré son appui à la solution des deux États.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) s’est déclaré gravement préoccupé par la situation tendue en Cisjordanie ainsi que par le nombre élevé de civils déjà tués cette année, de même que l’an dernier.  Il a dénoncé les récentes mesures punitives annoncées contre l’Autorité palestinienne, avertissant que la saisie par Israël des fonds appartenant aux Palestiniens ne contribuera qu’à affaiblir les institutions et l’économie palestiniennes.  Il a également rejeté le moratoire sur les constructions palestiniennes dans la zone C ainsi que l’annonce des mesures prises à l’encontre des organisations qui effectuent du travail humanitaire en Cisjordanie.  Limiter la liberté de mouvement des représentants de l’Autorité palestinienne est également inacceptable, de même que la décision d’Israël d’imposer ces mesures punitives suite à la demande, par l’Assemblée générale, d’un avis consultatif de la CIJ, a-t-il estimé.  Le représentant a souligné que seuls le dialogue, le renforcement de la confiance et la coopération permettront de trouver une solution au conflit.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a déploré que le Conseil de sécurité soit incapable de freiner l’une des plus grandes violations commises contre un peuple depuis un siècle, et cela en toute impunité pour ses auteurs.  L’occupation a été jugée contraire au droit international, a-t-il rappelé avant de se dire choqué des violations du droit international humanitaire.  Il a dénoncé les expropriations à Jérusalem-Est constituant une pratique de discrimination qui renvoie à l’apartheid.  Il a noté les milliers d’enfants répertoriés qui ont connu des déplacements ainsi que le nombre élevé de destructions depuis 1967.  Le taux de participation des femmes palestiniennes au marché du travail figure parmi les plus faibles au monde, en partie à cause des restrictions imposées par les autorités israéliennes, s’est encore insurgé le représentant qui a aussi parlé des assassinats de civils palestiniens.  Le délégué a condamné le deux poids, deux mesures et accusé les États-Unis de couvrir les crimes atroces commis au quotidien par Israël contre le peuple palestinien.  Il a réitéré son appui à la solution des deux États et à l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l’ONU, demandant le retrait d’Israël de tous les territoires occupés.  Enfin, il a dénoncé les mesures coercitives illégales imposées par les États-Unis contre des États souverains au Moyen-Orient.

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a condamné la récente incursion israélienne sur l’esplanade des Mosquées.  Ces actions ont provoqué la colère des Palestiniens, des musulmans et de la communauté internationale.  Il a demandé le respect du statu quo autour des Lieux saints à Jérusalem, avant de juger inacceptable toute action sapant ledit statu quo.  Il s’est dit préoccupé par le niveau élevé de violence dans le Territoire palestinien occupé et a dénoncé l’expansion des colonies de peuplement.  Le Président a précisé qu’en février prochain, le Comité mettra la dernière main à son étude juridique sur la licéité de l’occupation israélienne sur le Territoire palestinien occupé.  M. Niang a aussi appuyé la demande d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) faite par l’Assemblée générale.  Enfin, il s’est dit préoccupé par la situation à Gaza et a plaidé pour un soutien accru à l’UNRWA.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a déclaré que seules des négociations entre les parties permettront de trouver une solution au conflit entre Palestiniens et Israéliens.  Elle a soutenu la solution des deux États et le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.  Après avoir condamné tant l’expansion des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires palestiniens occupés que les tirs de roquettes palestiniens visant Israël, la déléguée a rejeté toute tentative unilatérale de modifier le statut spécial de Jérusalem.  La Ville sainte doit être un lieu de rencontre et de paix, et les juifs, musulmans et chrétiens doivent avoir un libre accès aux lieux saints, a-t-elle estimé.  Toute tentative visant à nier ou à relativiser le lien historique et la signification profonde de ces lieux avec l’une des trois religions monothéistes est totalement inacceptable et ne contribue pas à l’objectif de trouver une solution au conflit, a mis en garde la représentante.  Concernant les difficultés financières de l’UNRWA, elle a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de développer des réponses adéquates pour s’assurer qu’il dispose des fonds nécessaires pour que ses services ne soient pas interrompus. 

Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam) a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui, a-t-elle estimé, trace une voie viable et effective vers la paix.  Elle a condamné la récente incursion des forces de la Puissance occupante dans la mosquée Al-Aqsa, avertissant que de tels actes risquent d’exacerber les tensions et d’inciter à la violence.  La représentante a de même condamné la poursuite des activités de peuplement qui diminuent les perspectives de paix.  Elle a ensuite fait part de son plein appui à la solution des deux États.

M. KIM DONGJOON (République de Corée) a regretté la récente décision d’Israël d’imposer des sanctions contre les Palestiniens après que l’Assemblée générale a sollicité un avis consultatif à la CIJ.  De telles mesures ne peuvent que saper les efforts visant à créer un environnement propice à la reprise du dialogue, a-t-il averti.  Il a appelé au respect du statu quo autour des Lieux saints et exhorté les parties à faire montre de la plus grande retenue.  Le délégué a regretté l’expansion des colonies de peuplement, avant de condamner toute attaque contre les civils.  Enfin, il a appuyé les efforts internationaux visant à répondre aux besoins humanitaires des Palestiniens.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine les allégations russes d'atteintes à la liberté de culte en Ukraine

9245e séance – après-midi
CS/15178

Le Conseil de sécurité examine les allégations russes d'atteintes à la liberté de culte en Ukraine

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité convoquée à la demande de la Fédération de Russie, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme s’est inquiétée, cet après-midi, des restrictions à la liberté de religion et à la liberté d’association dans toute l’Ukraine, tant sur le territoire contrôlé par le Gouvernement que sur le territoire occupé par la Fédération de Russie. 

Signalant que les tensions entre les communautés orthodoxes en Ukraine se sont détériorées depuis l’attaque armée de la Fédération de Russie, Mme Ilze Brands Kehris a fait savoir qu’en novembre et décembre, le Service de sécurité d’Ukraine a effectué des perquisitions dans les locaux et les lieux de culte de l’Église orthodoxe ukrainienne et qu’au moins trois membres du clergé font désormais face à des accusations criminelles, notamment pour trahison et négation de l’agression armée.  Exhortant au respect du droit international et du droit à un procès équitable, Mme Kehris s’est également inquiétée des conséquences négatives pour la liberté de culte de deux projets de loi en cours d’examen en Ukraine, et a appelé les deux parties à respecter et à garantir que les droits à la liberté d’opinion et d’expression, de réunion pacifique, et de culte puissent être exercés sans discrimination par tous. 

Aujourd’hui, les législateurs ukrainiens ne cachent pas que le but de leurs projets de loi est de porter atteinte aux droits des communautés et des fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne, de saisir par la force ses biens, de la priver de son nom historique et légal, de lui interdire de se qualifier d’orthodoxe et, enfin, d’interdire ses activités sur le territoire de l’Ukraine, a dénoncé le métropolite Anthony de Volokolamsk qui a précisé que l’Église a été privée de son droit d’utiliser la laure de Kiev-Petchersk et que certains membres de son clergé sont accusés « sans fondement » d’activités antiétatiques. 

Le Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou a également fustigé un projet de loi sur l’impossibilité pour les organisations religieuses affiliées à des centres d’influence en Russie d’exercer des activités en Ukraine.  De facto, il est question d’interdire l’Église orthodoxe ukrainienne, s’est-il alarmé, bien que son centre dirigeant soit situé à Kiev, et non à Moscou, et qu’elle soit administrativement indépendante de l’Église orthodoxe russe. 

Fustigeant les actions d’un régime ukrainien autoritaire et despotique, le représentant de la Fédération de Russie a également dénoncé la loi contre l’Église orthodoxe, affirmant qu’on essaye, depuis 2018, de créer une « soi-disant Église orthodoxe ukrainienne artificielle », ce qui s’accompagne de la confiscation de biens et du passage à tabac du clergé orthodoxe.  L’Ukraine est au bord d’un grand conflit interconfessionnel, s’est alarmé le délégué, et les autorités jettent de l’huile sur le feu. 

« La Russie se moque du Conseil lorsqu’elle se déguise en prédicatrice de la bonne parole et explique au Conseil quelle église en Ukraine doit être reconnue comme une institution légale et laquelle doit être considérée comme hérétique », a rétorqué le représentant de l’Ukraine qui s’est dit déconcerté du fait qu’un membre d’une organisation religieuse étrangère a été invité à informer le Conseil sur la situation religieuse en Ukraine.  Il a également cité une déclaration de l’Église orthodoxe ukrainienne dans laquelle elle affirme n’avoir fait appel à aucun État pour l’aider à protéger ses droits, « encore moins à l’État qui a perpétré une attaque perfide contre notre pays », ni autorisé l’Église orthodoxe russe du patriarcat de Moscou à parler en son nom aux Nations Unies. 

La convocation de cette réunion à la demande de la Fédération de Russie a été dénoncée par plusieurs délégations, dont celle de la France qui a reproché à la Russie de tenter de faire diversion en prétendant défendre « la liberté religieuse » alors qu’elle n’a laissé aucun répit à la population civile pendant les fêtes religieuses orthodoxes, évoquant notamment l’attaque contre un immeuble résidentiel à Dnipro qui a provoqué la mort de plusieurs dizaines de civils.  L’Équateur et d’autres se sont en outre déclarés alarmés par le fait que l’agression de l’Ukraine a causé la destruction de plus de 170 lieux de culte. 

La politisation de la religion est un autre signe des dégâts infligés au tissu social par ce conflit, ont commenté les Émirats arabes unis, la Chine soulignant pour sa part qu’une mauvaise gestion des questions religieuses peut être un obstacle à la réconciliation. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les hostilités qui en ont découlé ont entraîné de graves violations des droits humains.  Elle a rappelé le lourd bilan de la récente frappe russe à Dnipro, qui a fait de nombreuses victimes civiles, y compris des enfants.  Elle a aussi mentionné les frappes russes contre des infrastructures énergétiques ukrainiennes qui violent des droits fondamentaux tels que le droit à la santé et le droit à la vie.  Des zones peuplées à Donetsk et Louhansk font l’objet de pilonnages ukrainiens, faisant des victimes civiles, y compris des enfants, a-t-elle indiqué, avant d’appeler les parties à respecter le droit international humanitaire. 

Poursuivant, la Sous-Secrétaire générale s’est inquiétée des restrictions à la liberté de religion et à la liberté d’association dans toute l’Ukraine, tant sur le territoire contrôlé par le Gouvernement que sur le territoire occupé par la Fédération de Russie.  Elle a indiqué que les tensions entre les communautés orthodoxes en Ukraine se sont détériorées depuis l’attaque armée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, évoquant des développements inquiétants.  En novembre et décembre, a-t-elle fait savoir, le Service de sécurité d’Ukraine a effectué des perquisitions dans les locaux et les lieux de culte de l’Église orthodoxe ukrainienne.  Au moins trois membres du clergé font désormais face à des accusations criminelles, notamment pour trahison et négation de l’agression armée.  Elle a exhorté les autorités ukrainiennes à veiller à ce que les perquisitions dans des locaux et des lieux de culte soient pleinement conformes au droit international, à accorder aux personnes faisant l’objet d’accusations pénales le droit à un procès équitable et à veiller à ce que toute sanction pénale soit compatible avec les droits à la liberté d’opinion, d’expression et de religion.  Mme Kehris s’est également inquiétée des conséquences négatives pour la liberté de culte de deux projets de loi en cours d’examen en Ukraine, et a appelé les deux parties à respecter et à garantir que les droits à la liberté d’opinion et d’expression, de réunion pacifique, et de culte puissent être exercés sans discrimination par tous. 

Métropolite ANTHONY DE VOLOKOLAMSK, Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou, s’est dit vivement préoccupé par les violations flagrantes des droits humains des fidèles ukrainiens.  Il a indiqué que le christianisme orthodoxe a formé pendant de nombreux siècles la base spirituelle et culturelle commune de la vie des peuples russe et ukrainien et pourrait servir à rétablir la compréhension mutuelle à l’avenir.  Mais la base même d’un tel dialogue est minée en Ukraine en ce moment, alors que, à l’initiative des autorités ukrainiennes, des tentatives sont faites pour détruire l’Église orthodoxe ukrainienne qui, a-t-il précisé, n’est pas une organisation politique, mais religieuse, unissant plus de 12 000 communautés et des millions de citoyens ukrainiens. 

Il a affirmé que le Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine cherche à restreindre les droits des communautés de l’Église orthodoxe ukrainienne, évoquant la préparation d’un projet de loi sur l’impossibilité pour les organisations religieuses affiliées à des centres d’influence en Russie d’exercer des activités en Ukraine.  Il est en fait question de l’interdiction de l’Église orthodoxe ukrainienne, bien que son centre dirigeant soit situé à Kiev, et non à Moscou, et qu’elle soit administrativement indépendante de l’Église orthodoxe russe, a expliqué l’intervenant.  Il a aussi cité l’activation de « mesures » de contre-espionnage des services spéciaux ukrainiens contre l’Église orthodoxe ukrainienne; la privation du droit de celle-ci d’utiliser la laure de Kiev-Petchersk – son monastère le plus important; et l’introduction de soi-disant « sanctions » contre son clergé.  La décision a été approuvée le même jour par décret du Président de l’Ukraine; et des décrets ultérieurs ont arrêté la liste des évêques de l’Église orthodoxe ukrainienne soumis à des « sanctions », dont la privation de facto du droit de gérer des biens sur le territoire de l’Ukraine, a-t-il indiqué.  De plus, un certain nombre d’évêques de l’Église orthodoxe ukrainienne ont été privés de la citoyenneté ukrainienne, ce qui est susceptible de servir de base à leur expulsion forcée du pays.  Selon le métropolite, les listes de proscription de l’épiscopat et du clergé ukrainiens sont acceptées par le Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine sans procédure d’enquête judiciaire légale et sans possibilité de faire appel de la décision. 

De plus, depuis octobre 2022, sous prétexte d’« activités de contre-espionnage », le Service de sécurité ukrainien a mené des perquisitions massives dans les monastères et les communautés de l’Église orthodoxe ukrainienne dans tout le pays.  Et comme pendant les années de persécution des athées en Union soviétique, les membres du clergé sont accusés sans fondement d’activités antiétatiques, a-t-il expliqué, affirmant que l’objectif ultime est le contrôle total de la vie religieuse par les organes de l’État.  Aujourd’hui, les législateurs ukrainiens ne cachent pas que le but de leurs projets de loi est de porter atteinte aux droits des communautés et des fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne, de saisir par la force ses biens, de la priver de son nom historique et légal, de lui interdire de se qualifier d’orthodoxe et, enfin, d’interdire ses activités et l’éliminer complètement sur le territoire de l’Ukraine, a affirmé le métropolite avant d’exhorter le Conseil de sécurité à répondre aux agissement illicites à l’encontre du plus grand groupe confessionnel en Ukraine. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a regretté que la Secrétaire générale adjointe ait parlé de droits humains, une question qui ne relève pas des prérogatives du Conseil de sécurité, indiquant que ce sont les mesures provocatrices du régime de Kiev qui éloignent d’un règlement pacifique qui sont à l’ordre du jour de la séance d’aujourd’hui, convoquée à la demande de la Fédération de Russie. 

Il a dénoncé les actions d’un régime ukrainien autoritaire et despotique qui lutte contre la liberté de culte et s’en prend à l’opposition politique.  Le régime de Kiev cherche depuis quelques années à détruire tout ce qui touche de près ou de loin au russe, alors même que les Russes sont le deuxième plus important groupe ethnique en Ukraine.  Après avoir passé en revue les articles de la Constitution ukrainienne qui protègent la liberté de culte et les groupes ethniques, ainsi que les traités et conventions internationaux pertinents signés par l’Ukraine, le représentant russe a affirmé que le régime de Kiev a adopté depuis 2016 13 lois ou décisions qui bafouent les obligations découlant de ces textes.  Ces 13 lois ont conduit à une flambée de la russophobie, a-t-il dénoncé, citant des cas concrets d’arrestation et de persécution, parfois simplement pour avoir écouté de la musique russe ou lu des médias russophones.  Après avoir appelé l’ONU à se pencher sur cette question, le représentant a indiqué qu’en décembre 2022, le Président Zelenskyy a promulgué une loi qui place les médias ukrainiens sous le contrôle des autorités ukrainiennes.  Il a également évoqué la loi contre l’Église orthodoxe en expliquant qu’on essaye, depuis 2018, de créer une « soi-disant Église orthodoxe ukrainienne artificielle », ce qui s’accompagne de la confiscation de biens et du passage à tabac du clergé orthodoxe traditionnellement présent en Ukraine.  L’Ukraine est au bord d’un grand conflit interconfessionnel, s’est alarmé le délégué, et les autorités jettent de l’huile sur le feu. 

Le représentant a demandé aux « protecteurs de Kiev », qui parlent toujours de droits humains et de droit de culte, combien de temps encore ils vont ignorer ces agissements des autorités de Kiev qui, a-t-il souligné, menacent directement la paix et la sécurité internationales.  La Fédération de Russie ne s’est jamais fixée pour objectif de détruire l’Ukraine en tant qu’État, mais constate une montée de la russophobie et une dictature anti-chrétienne et haineuse à ses frontières, « et cela nous ne pouvons l’accepter », a-t-il dit. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a dénoncé les attaques russes qui ont frappé des zones résidentielles et des infrastructures énergétiques à Dnipro, ainsi que le bombardement de la ville de Kherson, qui ont endommagé entre autres le bâtiment de la Croix-Rouge ukrainienne.  Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre un acteur humanitaire mais aussi contre les droits des personnes touchées par un conflit à recevoir une assistance et une protection.  Diriger intentionnellement des attaques contre des civils ou biens civils constitue un crime de guerre et les principes de proportionnalité et de précaution doivent également être respectés, a admonesté la déléguée également préoccupée par les graves violations et abus des droits humains commis en Ukraine au cours de cette guerre.  En ce qui concerne la liberté de religion et de conviction, elle a défendu le principe selon lequel la liberté de religion protège l’individu et non les religions ou les communautés religieuses.  Opposée à la propagation et à la diffusion des discours de haine et de toute autre diffamation et de discrimination fondées sur la religion, elle a invité les institutions religieuses et les dignitaires à utiliser leur influence et leur responsabilité en faveur de la désescalade, de l’humanité et de la promotion de la paix.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a rappelé que la tolérance est une vertu et que le dialogue entre les religions est vital pour une coexistence pacifique.  La politisation de la religion est un autre signe des dégâts infligés au tissu social par ce conflit, a dit le délégué, en qualifiant les derniers évènements en Ukraine de très préoccupants.  Il a appelé à préserver la dignité des lieux de culte, avant de déclarer que toute destruction de ces lieux ne peut qu’aggraver le conflit.  Il a indiqué que les communautés et dignitaires religieux peuvent jouer un rôle important dans la restauration de la paix.  Enfin, le délégué a déploré le très lourd bilan de la frappe contre Dnipro samedi dernier et exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire (DIH). 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a reproché à la Russie de tenter à nouveau de faire diversion en demandant cette réunion et en instrumentalisant cette fois-ci la liberté de religion ou de conviction.  La Russie cherche selon lui à détourner l’attention de ce Conseil et de la communauté internationale de sa responsabilité pour la guerre d’agression qu’elle conduit depuis près d’un an et les souffrances causées à la population civile ukrainienne.  La France condamne fermement les nouvelles frappes russes du 14 janvier dernier, qui ont notamment touché la ville de Dnipro et causé la mort de plusieurs dizaines de civils, a déclaré le représentant.  Il a vu cette réunion comme un nouvel exemple de la stratégie de désinformation mise en œuvre avec cynisme par la Russie.  Celle-ci convoque cette réunion en prétendant défendre « la liberté religieuse » alors qu’elle n’a laissé aucun répit à la population civile pendant les fêtes religieuses chrétiennes orthodoxes, s’est-il impatienté.  Il a dénoncé le fait que la Russie a ouvertement violé un cessez-le-feu qu’elle avait unilatéralement décidé.  Il a rappelé l’importance de garantir le droit à la liberté de religion ou de conviction conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, avant d’exprimer la détermination de la France à soutenir l’Ukraine dans sa quête de justice et pour la lutte contre toutes les violations commises à son encontre et contre son peuple.  Il a conclu en assurant soutenir les travaux de la Commission d’enquête internationale et indépendante du Conseil des droits de l’homme et les enquêtes menées par la justice ukrainienne et la Cour pénale internationale.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a dénoncé la convocation de cette réunion par la Fédération de Russie qu’elle a accusée de vouloir détourner l’attention de ses violations de la Charte des Nations Unies en Ukraine.  Elle a déploré la diffusion d’une désinformation par les médias et les chefs religieux russes pour justifier la guerre contre l’Ukraine.  Elle a condamné la destruction des sites du patrimoine historique et spirituel ukrainien à Boutcha, Irpin, Marioupol et Kharkiv.  La représentante a rappelé que le week-end dernier, les frappes de missiles sur l’Ukraine se sont poursuivies sans relâche, y compris sur Dnipro et sur la capitale ciblant des bâtiments résidentiels et faisant des dizaines de morts ou blessés parmi les civils.  Les témoignages et les évaluations présentés par la Commission d’enquête internationale indépendante sont également très préoccupants et mettent en lumière un certain nombre de violations des droits humains corroborées, qui se produisent en Ukraine, a ajouté la représentante pour qui la seule façon de protéger les droits de tous les individus est d’arrêter la guerre.  Elle a insisté pour que tous les responsables d’atrocités soient tenus responsables de leurs actes, conformément au droit international.  Elle a appelé la Russie à mettre fin à cette guerre, à retirer ses forces militaires de tout le territoire ukrainien et à se tourner vers le dialogue et la diplomatie comme outils pouvant réellement apporter la stabilité dans la région. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé la frappe meurtrière contre un immeuble résidentiel à Dnipro samedi dernier.  Cette frappe aurait justifié la tenue d’une réunion de ce Conseil, a-t-il dit avant de dénoncer l’utilisation de ce dernier à des fins de désinformation.  Il a mentionné les nombreux monuments, bibliothèques et lieux de culte endommagés à la suite de frappes russes.  La Russie méprise le droit, a jugé le représentant.  Les tentatives visant à divertir l’attention de ce Conseil des conséquences graves de la guerre en Ukraine ne trompent personne, a dit le délégué.  Il a appelé au respect des lieux de culte, en ajoutant que les dignitaires religieux ne doivent pas appuyer les discours haineux.  L’utilisation de la religion dans le cadre d’un conflit est toujours dangereuse et c’est exactement ce que fait la Russie, a mis en garde le délégué. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a exhorté une nouvelle fois les membres du Conseil de sécurité à être les premiers à défendre et à respecter la Charte des Nations Unies.  Il a reconnu la liberté de pensée et la liberté de culte, et s’est dit inquiet de voir la religion utilisée pour exacerber les conflits.  Il s’est dit en outre alarmé par le fait que l’agression de l’Ukraine a causé la destruction de plus de 170 lieux de culte.  Le représentant a regretté que, malgré les annonces d’un éventuel cessez-le-feu lors du Noël orthodoxe, les attaques se poursuivent en Ukraine et le nombre de victimes civiles augmente.  Il a conclu par un appel à mettre fin à cette agression de l’Ukraine. 

M. DAI BING (Chine) a déclaré qu’une mauvaise gestion des questions religieuses peut constituer un obstacle à la réconciliation, appelant à la protection et à la promotion de la liberté de culte pour favoriser un règlement politique des conflits.  Le dialogue et la négociation sont la seule manière de régler cette crise, et toutes les parties doivent faire preuve de retenue et s’efforcer de régler leurs problèmes sécuritaires communs par la voix de la négociation, a-t-il encouragé.  De son côté, la communauté internationale doit encourager la Russie et l’Ukraine à reprendre le chemin des négociations pour pouvoir mettre en place un cessez-le-feu.  Toute incitation à la haine et à la violence doit être rejetée.  Dans ce processus, a souhaité le délégué, la religion devrait être une force positive de défense de la paix et de l’unité.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a dit prendre très au sérieux les allégations de violations de la liberté de culte.  Peut-on néanmoins prendre au sérieux la volonté de la Russie de défendre la liberté de culte en Ukraine, a ironisé le délégué, en dénonçant cette nouvelle tentative cynique de la Russie qui, a-t-il ajouté, ne mène pas « une guerre sainte » en Ukraine.  Il a rappelé que la Russie avait tenté de justifier sa guerre en disant « lutter contre le satanisme et vouloir dénazifier l’Ukraine ».  Il a relevé que 104 lieux de culte ont été endommagés dans les zones sous contrôle russe depuis le début de l’invasion.  Le délégué a également dénoncé les violations des droits de minorités, tels les Tatars de Crimée, commises par la Russie qui, a-t-il dit, veut semer le chaos en Ukraine et entend poursuivre sa campagne de désinformation. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné la campagne de persécution de la Russie contre les communautés en Ukraine et en Russie en raison de leur religion ou convictions, citant notamment la répression des Tatars de Crimée, des Témoins de Jéhovah et du clergé de l’Église orthodoxe d’Ukraine, de l’Église gréco-catholique ukrainienne et des églises protestantes dans les régions d’Ukraine contrôlées par la Russie depuis 2014.  Le représentant a également dénoncé les dommages et la destruction de plus de 100 sites religieux résultant de la guerre de la Russie en Ukraine, tels que vérifiés par l’UNESCO.  La Russie n’a pas demandé cette réunion par souci de respect des droits humains, car si elle s’en souciait, elle n’aurait pas lancé son invasion illégale de l’Ukraine, une invasion soutenue par le Chef orthodoxe russe, le patriarche Cyrille, qui a affirmé qu’elle ne laisserait « aucune trace » de l’Église orthodoxe d’Ukraine, a argué le représentant.  Il a affirmé que la Russie a demandé cette réunion pour détourner une fois de plus l’attention de ses propres actions, évoquant notamment l’attaque contre un immeuble résidentiel à Dnipro. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a mentionné les effroyables conséquences humanitaires des combats en Ukraine avant de relever que le clergé se retrouve lui aussi impacté et les églises face à des choix qui débordent du strict domaine du religieux et des croyances.  Très préoccupé par l’absence de perspective de négociations visant la fin du conflit, il a dénoncé les parties qui ne semblent pas prêtes à se mettre autour de la table et qui, bien au contraire, affutent leurs armes, affinent leur tactique et durcissent leur rhétorique.  « Combien de morts faudra-t-il encore?  Combien d’édifices publics, de ponts, d’hôpitaux, d’écoles?  Combien de victimes innocentes et de réfugiés faudra-t-il encore pousser dans l’indigence des camps de déplacés et sur les routes glaciales de l’exode? »  Le délégué a estimé que le Conseil ne peut ni se taire ni se complaire à la logique de la guerre.  « Nous devons nous donner les moyens de mettre fin à cette guerre. »  Il a demandé aux différents acteurs d’envisager sérieusement de faire taire les armes et de donner une chance à la diplomatie, avant de s’adresser au Conseil qui doit sans plus attendre s’investir pour trouver une solution.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a dénoncé la frappe meurtrière qui a touché un immeuble résidentiel à Dnipro samedi dernier.  Plus de 40 personnes, dont des enfants, ont perdu la vie en raison de cet acte haineux, a-t-elle déploré, en rappelant que le droit international interdit les attaques contre les civils.  La représentante a noté que la guerre a aggravé les tensions religieuses entre l’Ukraine et la Russie.  Notant que les autorités ukrainiennes ont adopté des règles pour lutter contre des éventuels actes de subversion de certains membres de l’Église orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Moscou), qui est membre de l’Église orthodoxe russe, la représentante a souhaité que ces mesures soient temporaires et ne recherchent que le maintien de l’ordre.  Elle a rappelé que de nombreuses violations des droits humains ont été commises en raison de l’intolérance religieuse, « même si la religion n’est pas violente en elle-même ».  Enfin, la déléguée a appelé au retrait des forces russes d’Ukraine. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a rappelé que la liberté de religion est un droit fondamental inscrit dans de nombreux instruments multilatéraux et que la religion fait partie du développement des individus et de l’identité culturelle des peuples.  Il a demandé de ne pas exploiter les différences religieuses pour alimenter les tensions.  « Il n’est pas clair, à ce stade, que cela soit le cas en Ukraine. »  Il a dit attendre de ce pays qu’il agisse avec modération et discernement, en s’abstenant d’attitudes pouvant caractériser une persécution religieuse.  Le délégué a rappelé qu’en mars 2020, les dirigeants des trois religions abrahamiques s’étaient réunis à Jérusalem pour prier ensemble pour la fin de la pandémie de COVID-19, une scène qui illustre, à son avis, le potentiel de la religion pour unir les peuples, surmonter les différences et promouvoir la paix.  En ce qui concerne l’Ukraine, il a soutenu les efforts des chefs religieux pour faciliter le dialogue et encourager les parties à tenir compte des appels de la majorité des membres de l’ONU en faveur d’une solution diplomatique au conflit.  Le représentant a regretté qu’il ne semble pas y avoir de volonté de l’une ou l’autre partie pour un cessez-le-feu dans un avenir proche.  Il a donc appelé le Conseil à être à la hauteur des responsabilités qui lui sont assignées par l’Article 33 de la Charte et d’explorer, avec les deux parties, les moyens de mettre fin au conflit sans délai. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a constaté qu’alors que le conflit s’éternise, les droits humains durement acquis ainsi que les libertés fondamentales sont foulés aux pieds.  Le représentant a souligné le contexte difficile dans lequel les fidèles et la population s’adonnent à la réflexion, à la guérison et à la réconciliation.  Pour lui, les premières victimes de la guerre sont la décence humaine et le respect de notre humanité commune.  Nous sommes confrontés à la banalité de l’instrumentalisation de la religion marquée aujourd’hui par la haine croissante, a-t-il déploré.  Il a rappelé que la liberté de religion ou de conviction est garantie par l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et que les attaques dirigées contre ces prémices sapent la coexistence pacifique des peuples et des nations.  Le représentant a demandé aux dirigeants politiques et aux citoyens de faire montre de la plus grande retenue et de s’abstenir de militariser cette question sensible.  Il a dit être préoccupé par l’éloignement d’un règlement négocié du conflit et par la radicalisation des partisans de part et d’autre.  Il a lancé un appel en faveur d’une cessation immédiate des hostilités et du retour aux négociations directes entre les parties.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a appelé la Russie à cesser immédiatement sa guerre d’agression, à se retirer de l’Ukraine et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays.  Rien ne peut justifier les violations flagrantes du droit international et les actes odieux dont nous sommes les témoins, tels que cette frappe contre un immeuble résidentiel à Dnipro, a déclaré le délégué.  « Le Japon exhorte à nouveau la Russie, membre permanent de ce Conseil qui a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité, à cesser immédiatement cette guerre d’agression. »

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour répondre à ceux qui insinuent que tout ce que la Russie présente au Conseil de sécurité est de la désinformation.  Il a reproché à ses « collègues occidentaux » d’avoir parlé de ce qui s’est passé à Dnipro pour éviter de discuter du thème de la réunion, tout en précisant que c’est un missile russe abattu par les forces de défense ukrainiennes qui est tombé sur un bâtiment résidentiel où se trouvaient des armes.  Les autorités ukrainiennes auraient pu éviter cette tragédie, a-t-il estimé, tout en espérant que les autorités ukrainiennes acceptent des négociations.  Le représentant russe leur a également reproché leur silence face aux attaques quasi quotidiennes à Donetsk où des civils meurent presque tous les jours.  Il a ensuite annoncé que des habitants de cette région seront présents lors de la réunion en formule Arria prévue vendredi prochain. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rappelé que le Conseil aurait dû célébrer aujourd’hui le soixante-dix-septième anniversaire de sa première réunion le 17 janvier 1946, à Londres, après avoir comparé les bombardements de la Russie contre son pays à ceux de l’Allemagne contre Church House, en Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale, lesquels avaient fait plus de 40 000 victimes civiles.  Il a dénoncé les divagations de la Fédération de Russie qui obligent le Conseil à dépenser l’argent du contribuable pour essayer de trouver un sens à ses élucubrations, l’exhortant en outre à cesser ses violations de la liberté de culte et des droits humains. 

Selon le représentant ukrainien, le véritable objectif de cette réunion est de protéger une institution religieuse qui fait partie intégrante de la machine idéologique et de propagande russe.  Si la question des droits humains intéresse tant la Fédération de Russie, le moment est peut-être venu de remettre cette question à l’ordre du jour du Conseil et d’examiner en profondeur les rapports du Secrétaire général sur la situation des droits humains en Crimée occupée, en Ukraine, de même que le rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, entre autres.  Le représentant a ensuite proposé d’organiser une réunion du Conseil consacrée aux conséquences de la guerre russe sur la situation des droits humains en Ukraine. 

Il a regretté qu’un représentant du régime de Putin continue de faire l’abus du siège permanent d’un pays qui n’existe plus pour propager sa campagne de désinformation, détourner l’attention de cet organe des véritables menaces à la sécurité découlant de son agression, et créer un écran de fumée.  La Russie se moque du Conseil lorsqu’elle se déguise en prédicatrice de la bonne parole et explique au Conseil quelle église en Ukraine devrait être reconnue comme une institution légale et laquelle doit être considérée comme hérétique.  Il s’est dit déconcerté du fait qu’un ressortissant étranger membre d’une organisation religieuse étrangère a été invité à informer le Conseil sur la situation religieuse en Ukraine.  Il a également cité une déclaration de l’Église orthodoxe ukrainienne dans laquelle elle affirme n’avoir fait appel à aucun État pour l’aider à protéger ses droits, « encore moins à l’État qui a perpétré une attaque perfide contre notre pays », ni autorisé l’Église orthodoxe russe du patriarcat de Moscou à parler en son nom aux Nations Unies. 

Le représentant a également fait lecture d’un message des dirigeants orthodoxes, catholiques, protestants, évangéliques et musulmans de l’Ukraine dans lequel ils affirment qu’en 11 mois, les forces armées russes ont détruit ou pillé plus de 270 églises et lieux sacrés, tué et torturé à mort des dizaines de religieux et que « partout où la Russie va, la liberté religieuse prend fin ».  Il a dénoncé l’attaque qui a visé ce week-end, lors d’une importante fête orthodoxe, un immeuble résidentiel de Dnipro, tuant au moins 45 personnes, précisant que c’est un missile Kh-22 qui s’était abattu sur la structure.  Or l’Ukraine ne dispose malheureusement pas des moyens qui lui permettrait d’abattre ce genre d’engin, a-t-il indiqué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Optimisme prudent au Conseil de sécurité autour d’un règlement du conflit au Yémen

9244e séance – matin
CS/15176

Optimisme prudent au Conseil de sécurité autour d’un règlement du conflit au Yémen

L’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Hans Grundberg, a indiqué aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, que le conflit pourrait cette année connaître un « tournant », en se disant encouragé par l’accalmie qui règne dans le pays et les intenses efforts diplomatiques en vue de son règlement.  La situation humanitaire demeure en revanche extrêmement difficile, comme l’a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths.

À l’entame de son propos, l’Envoyé spécial a noté que la situation militaire est demeurée calme au Yémen, les lignes de front étant inchangées.  Il a loué la retenue des parties, malgré quelques heurts notamment à Mareb et Taëz, avant d’appeler les parties à respecter le droit international humanitaire.  La trêve s’est inscrite dans la durée même si elle a expiré en octobre 2022, a précisé M. Grundberg. 

L’Envoyé spécial a prôné une approche sur le long terme au Yémen, afin que le répit constaté ne soit pas de courte durée.  Saluant l’intensification des efforts diplomatiques au niveau régional en vue d’un règlement du conflit, M. Grundberg a invité les parties à s’engager en faveur du processus de paix.  Sans un accord global, les risques d’escalade perdureront au Yémen, a averti l’Envoyé, en appelant à l’unité du Conseil sur ce dossier.

La tonalité de l’intervention du Coordonnateur des secours d’urgence a été plus sombre.  S’il a également dit son espoir d’un tournant décisif dans le conflit, M. Griffiths a exprimé sa crainte que 2023 ne soit une autre année extrêmement difficile pour les Yéménites.  « Les besoins humanitaires restent alarmants, alors que l’économie du pays continue de s’affaiblir et les services de base ne tiennent qu’à un fil, de plus en plus ténu. »

Le Coordonnateur a en effet estimé que 21,6 millions de personnes auront besoin d’une assistance humanitaire et de services de protection cette année.  Ce chiffre ne reflète pas l’étendue des souffrances endurées par les Yéménites, a-t-il dit.  M. Griffiths a précisé qu’en 2022, les agences d’aide ont fourni chaque mois une aide vitale à près de 11 millions de personnes.  « Nous y sommes parvenus malgré un environnement opérationnel de plus en plus difficile », a-t-il fait remarquer.

Le règlement du conflit au Yémen a été au cœur de toutes les interventions, à l’instar des États-Unis qui ont estimé que seul un règlement permettra de remédier à la situation humanitaire « catastrophique » dans le pays.  Comme une majorité de délégations, le délégué des États-Unis a enjoint les houthistes à s’engager dans la voie des négociations, tout en notant les réels progrès enregistrés au Yémen depuis un an. 

Même son de cloche du côté des Émirats arabes unis qui ont exhorté les milices houthistes à renoncer à leur « logique destructrice » au Yémen.  Le rejet par les houthistes d’un renouvellement de la trêve exige une réponse de fermeté du Conseil, a dit le représentant, en exhortant ce dernier à faire appliquer l’embargo sur les armes.  Le délégué a déclaré que toute agression des houthistes contre des pays limitrophes fera l’objet d’une riposte ferme de la coalition arabe. 

« Le Conseil de sécurité doit considérer les houthistes comme un groupe terroriste », a renchéri le délégué de l’Arabie saoudite, en les accusant de se soustraire à leurs engagements, notamment humanitaires.  Son homologue du Yémen a également appelé le Conseil à aller au-delà des communiqués condamnant les actes terroristes des houthistes et à faire pression sur la « milice terroriste houthiste et le régime iranien qui la soutient ». 

Les efforts de l’ONU pour résoudre le conflit resteront vains tant que « le régime iranien » continuera d’interférer dans les affaires intérieures du Yémen, notamment par un soutien de longue date aux houthistes, a asséné le délégué.  Il a accusé ce « régime » de continuer de transférer des armes et des technologies militaires, y compris des missiles balistiques et des drones, à la milice, en violation flagrante des résolutions du Conseil.

Une note quelque peu dissonante est venue de la Fédération de Russie.  Si elle a encouragé les autorités et les houthistes au dialogue, elle a dénoncé les pays occidentaux dont l’objectif n’est pas le règlement global du conflit mais la garantie d’une exportation ininterrompue d’hydrocarbures yéménites vers les marchés mondiaux.  « Cette approche opportuniste est particulièrement funeste pour la paix durable dans le pays », a tranché le délégué russe.

Enfin, l’Arabie saoudite a demandé qu’un comité international de suivi et de supervision de l’Accord sur Hodeïda soit mis sur pied.  Jusque-là, les milices houthistes empêchent des observateurs d’assurer ce suivi, a tenu à rappeler le représentant.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial pour le Yémen, a indiqué qu’il vient d’avoir des discussions constructives avec les autorités nationales et régionales.  « Faisons de 2023 une année plus radieuse pour le Yémen », a-t-il déclaré avant d’expliquer que la situation militaire est demeurée calme, les lignes de front étant inchangées.  Il a loué la retenue des parties, malgré quelques heurts notamment à Mareb et Taëz, avant d’appeler les parties à respecter le droit international humanitaire (DIH).  Il a mis en garde contre des erreurs de calcul qui pourraient dégénérer en affrontements et appelé les parties à faire fond sur l’accalmie constatée dans le pays.  Il a précisé que 81 pétroliers sont entrés à Hodeïda depuis l’expiration de la trêve et s’est réjoui que la trêve se soit inscrite dans la durée, même si elle a expiré en octobre 2022.  L’Envoyé spécial a prôné une approche sur le long terme au Yémen, afin que le répit ne soit pas que temporaire. 

Il a ainsi invité les parties à s’engager en faveur du processus de paix, en notant une intensification des efforts diplomatiques au niveau régional en vue d’un règlement.  Il a estimé possible que ce conflit connaisse un tournant et exhorté les parties à se montrer responsables.  Les Yéménites doivent s’approprier le processus, a-t-il recommandé.  S’il a jugé la situation complexe et instable, il a affirmé que les efforts de dialogue ont permis de mieux définir les positions des parties, ainsi que la marche à suivre sur le long terme.  Il convient de prendre des mesures concrètes pour garantir que le processus soit inclusif, a prôné M. Grundberg, en se disant encouragé par les « discussions franches » qui ont eu lieu.  Sans un accord global, l’incertitude demeurera et les risques d’escalade perdureront, a-t-il tranché.  Enfin, l’Envoyé spécial a estimé que le Conseil, par son unité, peut envoyer un signal fort pour un avenir de paix au Yémen.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARTIN GRIFFITHS, a dit avoir bon espoir qu’un tournant décisif dans ce conflit reste possible, tout en exprimant ses craintes que 2023 ne soit une autre année extrêmement difficile pour les Yéménites.  En effet, les besoins humanitaires restent alarmants, alors que l’économie du pays continue de s’affaiblir et les services de base ne tiennent qu’à un fil, de plus en plus ténu.  Pendant ce temps, l’accès des populations à l’aide humanitaire est entravé et les agences d’aide sont contraintes de faire face à un environnement opérationnel et à un paysage de financement de plus en plus difficiles, a noté le Coordonnateur.

M. Griffiths a informé qu’on estime à 21,6 millions le nombre de personnes au Yémen qui auront besoin d’une aide humanitaire et de services de protection en 2023.  Bien qu’important, ce chiffre ne reflète pas vraiment la réalité ou l’étendue de la souffrance des gens, a-t-il ajouté.  Ce chiffre ne reflète pas, par exemple, la peur et le risque auxquels les gens sont confrontés -en particulier les femmes et les filles– lorsqu’ils mènent des activités simples, comme aller chercher de l’eau ou aller à l’école à pied.  Il a indiqué que dans les prochaines semaines, la communauté humanitaire publiera son plan pour l’année à venir afin de répondre à ces besoins.

En 2022, grâce au solide soutien des donateurs, les agences d’aide ont fourni une aide vitale à près de 11 millions de personnes chaque mois, a-t-il rappelé en se félicitant de cet accomplissement malgré un environnement opérationnel de plus en plus difficile et des déficits de financement persistants dans un certain nombre de secteurs.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a exhorté la communauté internationale à continuer d’être aux côtés du peuple yéménite cette année, en donnant généreusement et en aidant à réduire les déficits de financement pour sauver des vies. 

Les contraintes d’accès restent un obstacle majeur au Yémen, a-t-il poursuivi en notant que, l’année dernière, les partenaires humanitaires ont signalé plus de 3 300 incidents d’accès, soit près de 10 par jour.  Il a indiqué que les obstacles bureaucratiques sont les contraintes les plus fréquemment signalées, y compris les restrictions de mouvements humanitaires et les retards dans l’approbation des visas et des permis de travail.  Nous devons également faire face à des tentatives d’ingérence à toutes les étapes de la livraison de l’aide, a-t-il aussi indiqué, précisant que ce problème est particulièrement grave dans les zones contrôlées par les houthistes.  Il a dénoncé le fait que les travailleuses humanitaires yéménites ne peuvent pas, en vertu du mahram, voyager sans tuteur masculin, tant à l’intérieur que hors du pays.  Des entraves qui freinent le travail du personnel et limitent l’impact social et économique de la participation des femmes.

M. Griffiths a déclaré que malgré le dialogue continu avec les autorités de facto houthistes, et malgré les engagements pris par ces mêmes autorités pour trouver des solutions, il n’y a pas encore de changement.  Au lieu de cela, les restrictions du mahram ne sont devenues que plus répandues et enracinées.  Il a également dénoncé les violences ciblant les humanitaires et ajouté que deux membres du personnel de l’ONU sont détenus à Sanaa depuis 14 mois, tandis que cinq autres sont toujours portés disparus après avoir été kidnappés à Abyan il y a près d’un an. 

M. Griffiths a appelé toutes les parties au conflit à faciliter le passage sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire en direction de tous les civils dans le besoin, et à protéger le personnel et les biens humanitaires, conformément à leurs obligations en droit international humanitaire.  Il a exhorté les parties à faire tout leur possible pour éviter toute action susceptible de déstabiliser davantage l’économie ou d’avoir un impact négatif sur les besoins ou la réponse humanitaires.  Il a en outre appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour stimuler l’économie et rétablir les services de base, ce qui, bien sûr, servira aussi à réduire les besoins humanitaires ainsi que la taille et le prix des opérations d’aide à long terme.  En fin de compte, ce que le peuple yéménite veut vraiment, ce ne sont pas des appels humanitaires année après année et des descriptions perpétuelles de leur souffrance, a-t-il relevé en rappelant que ce peuple veut surtout une fin durable à ce conflit et la chance de reconstruire ses communautés et son pays.

Pour M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), toutes les étapes vers un règlement politique négocié, dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, sont des étapes vers la paix que les Yéménites méritent depuis longtemps.  C’est le seul moyen de remédier pleinement à la situation humanitaire, qui reste désastreuse dans tout le pays, a souligné le représentant.  Alors que les efforts se poursuivent pour rechercher une solution durable au conflit, il a appelé à intensifier les efforts pour améliorer la situation humanitaire immédiate tout en s’attaquant aux causes profondes de la crise.  Il a reproché aux houthistes d’avoir plongé le Gouvernement du Yémen dans une situation économique difficile en bloquant les exportations de pétrole.  La communauté internationale doit prendre toutes les mesures pour atténuer cet impact et soutenir le Gouvernement yéménite en ce moment critique, a-t-il souhaité.  Évoquant le lancement du plan de réponse humanitaire à la fin de ce mois, le représentant a encouragé tous les donateurs, actuels ou potentiels, à rester déterminés à soulager les souffrances des Yéménites.  Il a également demandé aux autorités du nord et du sud de permettre un accès sans entrave aux partenaires humanitaire à tout le pays. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné les violences des houthistes qui ont attenté à la vie et à la sécurité des fonctionnaires des Nations Unies et de la population civile, y compris des enfants.  Il a également déploré le trafic illicite d’armes et les attaques contre les ports maritimes et les infrastructures pétrolières stratégiques, exigeant ensuite la libération du personnel humanitaire et des prisonniers politiques.  Le délégué a aussi condamné les mesures mises en œuvre par les houthistes pour entraver la libre circulation des femmes et le travail des responsables humanitaires sur le terrain.  Préoccupé par le nombre d’enfants tués et mutilés par des mines, le représentant a appelé à renforcer les efforts de déminage.  Le délégué a noté que depuis octobre 2022, les tensions entre les parties se sont relâchées et la population civile a connu la plus importante période d’accalmie en huit années de conflit.  Il a encouragé l’Envoyé spécial à poursuivre les efforts pour débloquer les négociations entre les houthistes et le Gouvernement yéménite en vue de renouveler l’accord de trêve pour six mois supplémentaires.  Il s’est réjoui des progrès concernant la situation du pétrolier SAFER et a espéré que la première phase de transfert de carburant soit réalisée, comme prévu, au cours du premier trimestre de 2023.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté que depuis la fin de la trêve en octobre 2022, s’est ouvert une nouvelle phase d’incertitude marquée par une reprise d’incidents.  Cela laisse craindre une escalade dont les civils paieraient, une fois de plus, le plus lourd tribut, s’est-il inquiété.  Il a réaffirmé la nécessité de parvenir à une nouvelle trêve et s’est dit convaincu qu’un accord de paix peut encore être conclu entre les parties.  Nous suivons avec la plus grande attention les pourparlers en cours visant à la reconduction de la trêve dans le pays et appelons toutes les parties prenantes à faire preuve de responsabilité, de souplesse et de compromis, a déclaré le délégué.  Il s’est dit très préoccupé par la situation des enfants qui, avec les femmes, sont les premières victimes du conflit qui ravage le pays.  Enfin, il a appelé à une plus grande mobilisation de la communauté internationale afin de pallier le déficit des contributions pour soutenir l’économie et les services publics du Yémen. 

M. HAFIZ ISSAHAKU (Ghana) a imploré les parties à faire preuve de retenue et de continuer à observer les éléments de la trêve qui, a-t-il insisté, doit être renouvelée.  Après près d’une décennie de combats, il est grand temps que les parties au conflit travaillent assidûment vers un cessez-le-feu à long terme qui créera les conditions nécessaires à une solution politique négociée au conflit.  La proposition de l’Envoyé spécial pour une prolongation de six mois de la trêve offre une opportunité propice qui pourrait finalement conduire à une paix durable, a-t-il estimé. 

Le représentant a ensuite souligné que la réponse à la crise humanitaire qui afflige le pays demeure de la plus haute importance et doit continuer à retenir l’attention de la communauté internationale.  Il a réclamé un soutien international pour faire face aux risques posés par les mines terrestres et les restes explosifs de guerre, avant d’appeler à la levée immédiate des goulots d’étranglement bureaucratiques et administratifs qui entravent les efforts de déminage de l’ONU dans le pays.  Il a également dénoncé les restrictions administratives et bureaucratiques aux mouvements du personnel humanitaire, en particulier le personnel féminin, notant que cette situation affecte la livraison de l’aide humanitaire. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué les efforts de l’Envoyé spécial pour le Yémen et a appelé à rétablir la trêve de toute urgence.  C’est possible, a-t-elle insisté, puisque nous avons assisté à la signature d’une trêve négociée par l’ONU l’année dernière en avril, qui a été prolongée jusqu’en octobre.  Ces six mois ont été la plus longue période d’accalmie depuis le début de la guerre au Yémen et ont apporté un certain répit et de l’espoir à la population yéménite, a-t-elle souligné.  Bien que la trêve soit arrivée à expiration, elle a salué le fait que certains éléments de l’accord soient restés valables et qu’il n’y ait pas eu un retour aux hostilités à grande échelle.  Appelant toutes les parties au conflit, en particulier les houthistes, à s’abstenir d’imposer des exigences « maximalistes » et à donner la priorité au peuple yéménite, elle a souligné qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit.  Les parties doivent immédiatement reprendre le processus de négociation, de bonne foi, et œuvrer au rétablissement d’une trêve, a exigé la déléguée.  Face à la détérioration de la situation humanitaire dans le pays, avec plus de 21 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire, soit les deux tiers de la population, la représentante a appelé à réagir collectivement au nom d’un impératif moral.  Elle a demandé aux houthistes d’ouvrir les routes autour de Taëz et de mettre fin au blocus de la ville.  Elle a également appelé à la mise en œuvre rapide de la première phase du plan facilité par l’ONU pour retirer le pétrole du pétrolier SAFER afin d’éviter une catastrophe environnementale potentiellement catastrophique.

Pour M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie), l’absence d’escalade militaire montre la volonté commune des forces politiques de renouveler la trêve dont la mise en œuvre est cependant entravée par des clivages.  Les parties doivent faire preuve d’un maximum de retenue et empêcher les provocations militaires, a-t-il exigé en misant sur un processus inclusif sous l’égide de l’ONU pour établir la paix sur la base des intérêts légitimes de toutes les forces politiques.  Selon le représentant, la stabilisation ne peut passer que par un dialogue direct avec Ansar Allah.  Il a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour contribuer au règlement politique et au retour de la paix au Yémen.  Il a dénoncé les pays occidentaux dont l’objectif n’est pas le règlement global et à long terme du conflit mais la garantie d’une exportation ininterrompue d’hydrocarbures yéménites vers les marchés mondiaux.  Cette approche opportuniste est particulièrement funeste pour la paix durable dans le pays, a-t-il dénoncé.  Le délégué a encouragé les autorités et les houthistes au dialogue, y compris avec l’Envoyé spécial.  Il a également abordé le problème de la situation socioéconomique difficile, qui demande la mobilisation des efforts internationaux pour fournir une assistance aux populations dans le besoin et la levée de toutes les restrictions à la livraison de vivres, de médicaments et d’autres biens vitaux dans toutes les régions du Yémen.  À cet égard, il a également exigé la levée du blocus imposé au Yémen. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a noté les réels progrès enregistrés au Yémen.  Pour preuve, il y a an, le conflit faisait rage et les houthistes attaquaient les civils, alors qu’aujourd’hui, le calme règne, a noté le délégué.  Afin de consolider l’accalmie qui règne actuellement, le représentant a exhorté les houthistes à s’engager dans la voie des négociations.  Il a également espéré une position forte de la communauté internationale s’agissant des attaques des houthistes contre les infrastructures économiques du pays.  De plus, il a déploré que des armes continuent d’être acheminées depuis l’Iran au profit des houthistes.  Seul un accord politique pourra remédier à la situation humanitaire catastrophique, a tranché le délégué, avant de saluer la volonté du Gouvernement yéménite de parvenir à tel accord.  Il a appelé à la concrétisation du plan de l’ONU en ce qui concerne le pétrolier SAFER.  Il a souhaité en conclusion que 2023 soit l’année du retour de la paix au Yémen.

M. DAI BING (Chine) a invité les parties à travailler avec sérieux et à agir avec toute la volonté politique nécessaire pour parvenir à la paix.  Il a dit espérer que les efforts de médiation vont permettre au Yémen de sortir de l’impasse.  Sur le plan humanitaire, il a relevé que près de 21,8 millions de Yéménites auront besoin d’aide humanitaire en 2023.  Il a appelé la communauté internationale à aider le pays à sortir de cette impasse.  Aux acteurs nationaux, il a demandé de permettre que les acteurs humanitaires puissent mener à bien leur mission.  Le représentant a relevé par ailleurs que la situation au Yémen a des conséquences sur la sécurité des pays du Golfe.  Une solution politique doit donc être trouvée à cette crise, a—t-il plaidé en conclusion.

Mme CAMILLA NEVES MOREIRA (Brésil) a noté que le dernier accord de cessez-le-feu a été renouvelé deux fois et s’est traduit par une baisse du nombre de victimes liées à la guerre au plus faible niveau depuis le début de 2015.  Même après sa « regrettable » expiration officielle en octobre, les effets durables du cessez-le-feu représentent une fenêtre d’opportunité unique pour un règlement politique qui ne doit pas être négligée par les parties, a fait valoir la déléguée.  Gâcher cette opportunité reviendrait à aggraver les souffrances des hommes, des femmes et des enfants yéménites, a-t-elle mis en garde ajoutant que même en l’absence d’hostilités à grande échelle, la terrible crise humanitaire dans le pays se poursuit.  Des centaines de milliers de personnes ont déjà péri et, selon OCHA, environ 20 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 2023, a-t-elle rappelé.  Elle a exigé des parties qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et s’abstiennent de prendre des mesures qui compromettent la fourniture de l’aide humanitaire.  Elle a également exhorté les parties belligérantes à faire preuve de la flexibilité nécessaire et à s’engager de manière constructive dans un dialogue constructif, sans conditions préalables, pour ouvrir la voie à un avenir de paix, de stabilité et de développement pour le Yémen.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a exhorté les houthistes à coopérer de bonne foi pour parvenir à un cessez-le-feu durable.  La souffrance de la population yéménite est inacceptable, a dénoncé la représentante qui a appelé les parties à permettre aux acteurs humanitaires de fournir l’aide aux personnes dans le besoin.  Elle a condamné les restrictions imposées aux opérations humanitaires, appelant notamment les houthistes à mettre un terme à leur pratique discriminatoire contre les femmes et à leur permettre de travailler.  Elle a appelé à la libération immédiate des détenus y compris le personnel de l’ONU et de l’ambassade américaine.  Elle a également condamné les attaques des houthistes contre la navigation internationale et les infrastructures portuaires.  La représentante a dénoncé les impacts de leur guerre économique qui retarde le relèvement du pays, de même que les violations de l’embargo sur les armes par les houthistes.  Préoccupée pas la contrebande d’armes depuis l’Iran vers le Yémen, la déléguée a également dénoncé les activités malveillantes de l’Iran dans la région et la détermination des houthistes à prolonger ce conflit. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a remarqué qu’en dépit de l’expiration de la trêve et des atermoiements des houthistes, les autorités et le peuple yéménites sont déterminés à mettre un terme au conflit.  Il a appelé à un cessez-le-feu permanent et à une solution politique globale au Yémen.  Il a loué les efforts de l’Arabie saoudite à cette fin, ainsi que la médiation d’Oman.  Les milices houthistes doivent cesser leur guerre économique et mettre un terme à leur logique destructrice au Yémen, a exigé le délégué, en accusant ces dernières de commettre des violations.  Il a estimé que le rejet par les houthistes d’un renouvellement de la trêve exige une réponse de fermeté du Conseil.  Le Conseil doit faire appliquer l’embargo sur les armes, a-t-il tranché, en déplorant les livraisons d’armes aux houthistes.  Enfin, il a déclaré que toute agression de ces derniers contre des pays limitrophes fera l’objet d’une riposte ferme de la coalition arabe.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a appelé le Conseil de sécurité à tout faire pour éviter une reprise des hostilités sur le terrain, faisant remarquer que la rupture de la trêve a créé une instabilité durable.  La situation est fragile et peut se détériorer rapidement si les parties décident de reprendre les combats, a-t-il mis en garde.  Selon lui, huit ans de conflit au Yémen ont montré que l’option militaire n’est pas une solution.  Il a condamné la stratégie houthiste visant à étouffer économiquement le Gouvernement yéménite.  Le délégué a dit qu’il est de la responsabilité du Conseil de préserver l’espace humanitaire au Yémen qui subit de graves atteintes.  Il a plaidé pour le plein accès humanitaire et de meilleures conditions de travail pour les acteurs humanitaires.  Il a par ailleurs déploré l’imposition de tuteurs masculins avant d’appeler les houthistes à respecter les femmes engagées dans les ONG. 

Concernant le pétrolier SAFER, la France est heureuse d’annoncer une contribution supplémentaire d’un million d’euros au plan de sauvetage piloté par les Nations Unies, a poursuivi le représentant en espérant la mise en œuvre rapide de la première phase du plan, afin d’éviter toute menace imminente d’une catastrophe écologique.  Il a appelé les houthistes, actuellement en contrôle du navire, à pleinement coopérer avec les Nations Unies pour la mise en œuvre du plan de sauvetage.  Il est essentiel, a-t-il souligné en conclusion, que tous les efforts de médiation soient menés en parfaite coordination avec ceux de l’Envoyé spécial.  Il a aussi réitéré l’importance d’une pleine participation des femmes au processus de paix. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a encouragé d’emblée la poursuite des efforts visant à rétablir la trêve entre les autorités yéménites et le mouvement houthiste.  Il a appelé à consolider les avantages tangibles que le répit des combats a apportés au peuple yéménite et a exhorté le Conseil de sécurité à appuyer ces ouvertures, y voyant la seule voie actuellement disponible vers la paix.  Il a dit rester préoccupé par la tragédie humanitaire sans précédent que connaît le pays; les menaces persistantes à la libre circulation des marchandises; et le risque que ce conflit n’offre un sanctuaire aux terroristes et aux extrémistes.  Après avoir appelé à la libération immédiate de tous les travailleurs humanitaires retenus captifs, le représentant s’est dit consterné par les informations faisant état d’un recrutement continu d’enfants soldats, ainsi que par l’utilisation généralisée et aveugle de mines terrestres et d’engins non explosés, qui font de nombreuses victimes civiles.  Constatant que les risques d’une rechute dans la guerre restent toujours élevés, le délégué a appelé à n’épargner aucun effort pour éviter ce scénario et à apporter une réponse urgente et généreuse à l’appel humanitaire de l’ONU pour le Yémen.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé les parties au conflit à rétablir une trêve formelle et d’œuvrer en faveur d’un règlement négocié du conflit, jugeant qu’il est temps de choisir la paix « pour de bon ».  De même, elle a exhorté les parties à poursuivre le dialogue de bonne foi et à faire preuve de retenue.  L’objectif à plus long terme d’un règlement politique intra-yéménite auquel toute la société participe et qui inclut les voix des femmes et des groupes marginalisés doit rester au centre des efforts de paix, a-t-elle souligné, ajoutant que les différents dialogues en cours doivent s’alignent sur les efforts de l’Envoyé spécial. 

La représentante a aussi plaidé pour que l’assistance humanitaire soit dictée par les besoins de la population touchée et fasse abstraction de toutes considérations politiques.  Un accès humanitaire rapide et sans entraves doit être garanti partout dans le pays et par toutes les parties au conflit.  Il faut limiter les restrictions bureaucratiques comme les délais dans l’approbation des visas ou des permis de travail, dès lors que celles-ci empêchent une réponse efficace et conforme aux principes humanitaires, a-t-elle indiqué.  La déléguée a également souligné la nécessité pour les parties au conflit de protéger les enfants et de les libérer immédiatement de leurs rangs.  Elle a également appelé à autoriser l’importation du matériel indispensable pour le déminage humanitaire et à combler les financements manquants à cet égard.  Enfin, s’agissant du pétrolier SAFER, elle a demandé la mise en œuvre rapide de la première phase du plan de sauvetage. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déploré l’instabilité de la situation sécuritaire au Yémen, que les récentes attaques des houthistes, contre le port de Qena notamment, sont venues aggraver.  Il a appelé à une solution politique et exhorté les parties, notamment les houthistes, à prendre les mesures nécessaires en vue d’un renouvellement de la trêve au Yémen.  Il a indiqué que son pays va continuer d’appuyer le Yémen, y compris en soutenant le projet de l’ONU en ce qui concerne le pétrolier SAFER.  Il a aussi estimé que le renforcement des fonctions du port d’Aden jouerait un grand rôle dans la reconstruction de l’économie yéménite.  Enfin, le délégué japonais a de nouveau insisté sur la nécessité du dialogue au Yémen.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a accusé la milice houthiste de continuer d’aggraver l’ampleur de la souffrance humaine en manipulant le marché noir du carburant, en entravant le travail des banques et des institutions financières, en empêchant la circulation de la monnaie nationale dans les zones sous son contrôle ainsi que par ses tentatives de créer une économie parallèle.  Il a appelé le Conseil à aller au-delà des communiqués condamnant les actes terroristes des houthistes et de faire pression sur la milice terroriste houthiste et le régime iranien qui la soutient.  Il a rappelé que si les autorités gouvernementales sont en faveur de la paix, celle-ci ne peut être atteinte sans un véritable partenaire.  Il a donc invité les houthistes à renoncer à l’option de la guerre, à œuvrer en faveur de l’égalité des droits pour tous les Yéménites et à renoncer à la violence comme moyen de faire respecter leurs agendas politiques. 

Le représentant a estimé que les houthistes n’ont aucun désir de paix et qu’ils exploitent les efforts des Nations Unies.  Il a accusé la milice de recruter et d’utiliser des enfants dans les opérations militaires, et de restreindre la participation à la vie publique des femmes, à un moment où l’importance du rôle des femmes et leur participation dans tous les aspects de la vie sociale est mise en évidence.  Il a estimé que tous les efforts du Conseil de sécurité et de l’ONU pour résoudre le conflit resteront vains tant que « le régime iranien » continuera d’interférer dans les affaires intérieures du Yémen, notamment par un soutien de longue date aux houthistes.  Selon le délégué, ce « régime » continue de transférer des armes et des technologies militaires, y compris des missiles balistiques et des drones, à la milice houthiste, en violation flagrante des résolutions internationales, au premier rang desquelles celles du Conseil de sécurité.  Il a relevé que le Conseil de défense nationale a décidé de qualifier les houthistes d’« organisation terroriste ».  Ce qui exige que le Conseil de sécurité et la communauté internationale passent de la simple condamnation à une action collective pour les dissuader.  Il a ainsi appelé à inclure la milice houthiste dans la liste des groupes terroristes du Conseil de sécurité, afin de faire pression sur elle et de contraindre ses membres à reprendre le chemin de la paix et du processus politique. 

En outre, le représentant a dénoncé la complexité de la situation économique imposée par la milice houthiste qui empêche la circulation de la monnaie nationale dans les zones sous son contrôle, ce qui pousse davantage de Yéménites à s’en remettre entièrement ou de manière partielle à l’aide humanitaire.  Au sujet du pétrolier SAFER, le délégué a souhaité que ce dossier soit traité de toute urgence, pour éviter une catastrophe qui coûterait des dizaines de milliards.  Il a mis en garde les milices houthistes qui selon lui exploitent ce dossier à des fins de chantage politique.

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a salué les efforts de l’Envoyé spécial mais reproché aux milices houthistes d’avoir rejeté en octobre 2022 la reconduction de l’accord de cessez-le-feu pour des raisons politiques, alors que les partenaires régionaux et internationaux continuent d’aider le Gouvernement yéménite à aller vers la paix, sous les bons auspices de l’ONU, et des efforts appuyés par l’Arabie saoudite.  Notant que les milices houthistes ont décidé de se soustraire aux engagements qu’elles avaient elles-mêmes endossés, il a affirmé que leurs engagements humanitaires n’ont pas été respectés.  En attendant, les ports continuent de fonctionner et les vols commerciaux vers l’aéroport de Sanaa se poursuivent, a noté le représentant.  D’après lui, les milices houthistes ne manifestent pas de signes ou de volonté politique indiquant vouloir mettre fin à la crise au Yémen, alors qu’elles ont la main mise sur les ressources du pays.  Elles refusent de participer aux négociations et consultations visant la paix, a-t-il constaté en regrettant que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure jusque-là d’adopter une position forte face aux actions des milices houthistes contre les civils.  À ce titre, il a notamment parlé de recrutement de force d’enfants-soldats, de détentions arbitraires de travailleurs humanitaires et d’appropriation, par les milices, de l’aide humanitaire.

Les populations yéménites n’ont pas accès aux services de base dans les territoires sous contrôle de ces milices, a poursuivi le représentant en affirmant que ces dernières exercent un chantage sur la communauté internationale en utilisant la situation humanitaire à son profit.  La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent faire face à ces milices et les considérer comme un groupe terroriste, a exigé le délégué.  Il a également demandé qu’un comité international de suivi et de supervision de l’Accord sur Hodeïda soit mis sur pied.  Jusque-là, les milices houthistes empêchent des observateurs d’assurer ce suivi, a tenu à rappeler le représentant.  Il a conclu en avertissant que les États de la coalition se défendront si les milices houthistes les prennent pour cible ou cherchent à saper leur sécurité.

 

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Ukraine: « il n’y a pas de fin en vue aux combats ou aux souffrances », s’inquiète l’ONU

9243e séance – après-midi
CS/15174

Ukraine: « il n’y a pas de fin en vue aux combats ou aux souffrances », s’inquiète l’ONU

Réuni cet après-midi pour débattre de la situation en Ukraine, le Conseil de sécurité a entendu le bilan macabre du conflit qui aura un an le 24 février prochain.  Ce fut également l’occasion pour la Première Vice-Ministre des affaires étrangères d’Ukraine d’appeler à appuyer la « formule de la paix » du Président Volodymyr Zelenskyy et de plaider pour la création d’un tribunal spécial. 

Il n’y a pas de fin en vue aux combats ou aux souffrances, s’est alarmée la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, qui a déclaré que pendant toute la période des fêtes, les forces russes ont poursuivi leurs frappes sur les principales villes ukrainiennes, malgré l’annonce d’une éventuelle cessation des hostilités à l’occasion du Noël orthodoxe.  S’appuyant sur les chiffres du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Mme Rosemary DiCarlo a indiqué que l’invasion russe aurait fait 18 096 victimes civiles depuis le 24 février 2022, soit 6 952 personnes tuées et 11 144 blessées.  Les chiffres réels sont probablement considérablement plus élevés, a-t-elle signalé, ajoutant que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que près d’un quart de la population serait à risque de développer un problème de santé mentale en raison de cette guerre. 

En près de 11 mois, l’État agresseur a déjà commis plus de 64 000 crimes de guerre enregistrés, a accusé de son côté la Première Vice-Ministre ukrainienne des affaires étrangères qui a appelé à établir un tribunal spécial pour tenir les criminels de guerre russes responsables, une demande appuyée par plusieurs délégations comme la Pologne et la Lituanie. 

Mme Emine Dzhaparova a également appelé toutes les « nations responsables » à promouvoir la « formule de la paix » du Président Zelenskyy.  Basée sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, cette formule se compose de 10 points capables d’apporter la sécurité et la justice à l’Ukraine et vise à assurer la sécurité dans toutes ses dimensions –alimentation, radioprotection et sûreté nucléaire, sécurité énergétique, lutte contre l’écocide– et d’empêcher la répétition de l’agression à l’avenir, a-t-elle expliqué. 

« À quiconque aurait cru un instant aux intentions pacifiques du dictateur ukrainien, je voudrais rappeler que depuis le 30 septembre, la possibilité même d’un dialogue avec notre pays a été interdite par la législation ukrainienne », a cependant indiqué le représentant de la Fédération de Russie, qui a notamment pointé le décret 679 sur « l’impossibilité de mener des négociations avec le Président Putin ».  Fustigeant une « provocation législative » qui reflèterait l’intention qu’a le régime de Kiev de continuer à se battre jusqu’au dernier Ukrainien, le délégué a également soutenu que l’Ukraine est devenue une société militaire privée au service de l’OTAN, dénonçant notamment le financement des livraisons d’armes à Kiev par le truchement de la facilité européenne pour la paix (FEP). 

Avec d’autres États, les États-Unis ont dénoncé pour leur part les livraisons de drones iraniens à la Russie, en violation de la résolution 2231 (2015).  La délégation américaine a en outre alerté que Téhéran envisage à présent de lui envoyer des centaines de missiles balistiques, tandis que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) prévoit de son côté de livrer davantage d’équipement militaire au groupe Wagner.  Intervenant au nom des États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), la Lituanie a invité la communauté internationale à aider l’Ukraine à gagner cette guerre et à traverser cet hiver, notamment en fournissant d’urgence des équipements énergétiques spécialisés et en aidant à réparer les infrastructures énergétiques détruites. 

Les livraisons d’armes et autre aide militaire ne feront que compliquer la situation, a mis en garde la Chine qui a appelé la communauté internationale à encourager aussi bien la Russie que l’Ukraine à ouvrir la porte d’une solution politique négociée.  Pour ce faire, il faut créer les conditions du dialogue et des négociations et repenser l’architecture européenne de sécurité car elle est à l’origine de cette crise, a estimé la délégation. 

En attendant, l’Union européenne (UE) intensifie son aide humanitaire et de protection civile ainsi que son soutien à la restauration des infrastructures critiques de l’Ukraine, afin d’aider le pays à passer l’hiver, a indiqué le représentant.  Il a également mentionné les mesures restrictives supplémentaires prises contre la Russie, ainsi que contre l’Iran, en réponse à la livraison de drones et à leur déploiement meurtrier dans la guerre d’agression de la Russie.

Pour sa part, le Japon a réaffirmé vouloir jouer son rôle dans la protection des pays vulnérables qui sont gravement touchés par les répercussions de cette guerre ainsi que par la militarisation de l’énergie et de la nourriture par la Russie.  À cet égard, le représentant s’est félicité de l’accord conclu par toutes les parties pour poursuivre la coopération sur l’Initiative céréalière de la mer Noire.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Alors que la guerre en Ukraine approche de son premier anniversaire, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme ROSEMARY DICARLO, a relevé qu’il n’y a pas de fin en vue aux combats ou aux souffrances.  Elle a déclaré que pendant toute la période des fêtes, les forces russes ont poursuivi les frappes sur les principales villes ukrainiennes.  Loin de célébrer, d’innombrables familles à travers le pays pleuraient la perte d’êtres chers.  Ainsi, le 24 décembre, des bombardements russes auraient fait 10 morts et 68 blessés dans la ville de Kherson.  Le matin du 29 décembre, les forces russes ont lancé plusieurs attaques visant les régions de Dniepr, Kherson, Kirovohrad et Kiev.  Deux jours plus tard, le soir du Nouvel An, les régions du pays étaient de nouveau sous les avertissements de raid aérien.  Et les attaques se sont poursuivies au cours de la nouvelle année, malgré l’annonce d’une éventuelle cessation des hostilités à l’occasion du Noël orthodoxe, une période sainte pour les Russes et les Ukrainiens. 

La Secrétaire générale adjointe a aussi évoqué des combats au sol qui se sont intensifiés, en particulier dans la région de Donetsk.  Dans les zones d’hostilités actives telles que Bakhmout et Soledar, les batailles, y compris les combats de rue, constituent une grande menace pour la population civile.  Rien qu’à Bakhmout, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a documenté 22 civils tués et 72 blessés depuis début décembre.  Le Haut-Commissariat a également indiqué que l’invasion russe aurait fait 18 096 victimes civiles depuis le 24 février 2022.  Ce total comprend 6 952 personnes tuées et 11 144 blessées, mais les chiffres réels sont probablement considérablement plus élevés, a-t-elle argué.  Elle a salué la générosité des pays qui accueillent quelque 7,9 millions de personnes qui ont cherché protection en Europe et a encouragé de nouveaux efforts pour assurer un accès aux droits et aux services pour les réfugiés dans les systèmes nationaux.  En Ukraine, quelque 5,91 millions de personnes, dont 65% de femmes et de filles, sont déplacées.  Elle a indiqué que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé une évaluation des dommages spécifiques par secteur, en collaboration avec la Banque mondiale, afin d’identifier les besoins les plus critiques pour la restauration des infrastructures énergétiques endommagées.  En outre, le nombre d’attaques enregistrées contre des établissements de santé au cours de l’année écoulée a été le plus élevé du monde, avec 745 incidents au 4 janvier, a-t-elle dit. 

Inévitablement, la guerre laisse aussi des cicatrices invisibles, a poursuivi Mme DiCarlo.  Elle a cité l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui estime que près d’un quart de la population serait à risque de développer un problème de santé mentale en raison de cette guerre.  De même, la destruction et la fermeture des écoles auront également un impact durable sur les enfants et les jeunes.  On estime que 5,7 millions d’enfants en âge scolaire ont été directement touchés, dont 3,6 millions en raison de la fermeture des établissements d’enseignement au début du conflit.  Ces derniers mois, a enchaîné la Secrétaire générale adjointe, les organisations humanitaires ont poursuivi leurs efforts pour étendre les opérations de secours à des zones auparavant inaccessibles, y compris dans les régions de Kharkiv et Kherson.  En réponse à la crise énergétique, les partenaires humanitaires ont distribué des centaines de générateurs pour s’assurer que les services critiques comme les hôpitaux et les écoles, ainsi que les centres accueillant les personnes déplacées, puissent continuer à fonctionner. 

Par ailleurs, depuis le 24 février, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a documenté plus de 90 cas de violences sexuelles liées aux conflits, classées en deux catégories principales: la majorité comme méthode de torture et de mauvais traitements en détention, affectant principalement les hommes; ainsi que la violence sexuelle impliquant le viol, y compris le viol collectif, des femmes et les filles dans les zones sous contrôle russe.  Sur la question de la responsabilité, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) poursuit ses travaux en Ukraine, a relevé Mme DiCarlo. 

Sur une note positive, la Secrétaire générale adjointe a salué les contacts en cours et l’engagement des parties à poursuivre les échanges de prisonniers de guerre, ainsi que la réunion organisée par la Türkiye le 11 janvier entre les médiateurs russes et ukrainiens sur cette question.  Malgré le contexte difficile, l’Initiative céréalière de la mer Noire continue de faire la différence, notamment en contribuant à faire baisser les prix des céréales, a indiqué Mme DiCarlo qui a précisé que 17 millions de vivres ont pu être acheminés vers 43 pays.  Et l’ONU poursuit ses efforts pour lever les obstacles aux exportations de grains et d’engrais russes.  Elle a ensuite souligné que l’Ukraine, la Russie et le monde ne peuvent pas se permettre de voir cette guerre continuer. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé les ravages de la guerre en Ukraine et déploré que la Russie ne change pas de cap.  Il a mentionné les conséquences de cette guerre pour les enfants ukrainiens qui n’ont plus de larmes pour pleurer.  La Russie est l’auteur de l’agression, l’Ukraine ne fait que se défendre, la Russie a tort et aucune propagande ne pourra changer cela, a tranché le délégué, en saluant le « génie militaire » des Ukrainiens.  Il a prévenu que ceux qui veulent restaurer « les empires d’hier » ne s’arrêteront pas tant qu’ils ne seront pas arrêtés eux-mêmes.  Malgré ses revers, le Kremlin n’a pas changé d’objectif et il est donc crucial de continuer à aider l’Ukraine.  Le représentant a insisté sur le calvaire dans la ville ukrainienne de Soledar assaillie par les mercenaires du groupe Wagner.  Les auteurs de ces crimes finiront par rendre des comptes parce que cette guerre, comme toutes les guerres, finira un jour, a déclaré le délégué.  En conclusion, il a fustigé cette « folie impérialiste » qui n’a néanmoins pas réussi à « briser » l’Ukraine. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dénoncé les attaques brutales perpétrées par la Russie en Ukraine durant le Nouvel An 2023 détruisant les systèmes d’électricité et de chauffage aux heures les plus froides de l’hiver ukrainien.  Ce ne sont pas des mesures prises par un pays qui est prêt à renoncer à la guerre, a-t-elle déclaré. 

La représentante s’est inquiétée des répercussions de la guerre sur la crise alimentaire mondiale, relevant que les attaques russes contre les ports ukrainiens ont provoqué une réduction de 30% des exportations de nourriture depuis l’Ukraine.  Elle a également indiqué l’Initiative céréalière de la mer Noire ne parvient pas à répondre à la demande en céréales: en raison du ralentissement délibéré des inspections par la Russie, des douzaines de navires attendent de partir, certaines depuis plus d’un mois, et 2,5 millions de tonnes de céréales, dont la majorité est destiné à des pays en développement, attendent d’être acheminées.  La Russie doit renforcer sans plus tarder sa coopération à cet égard, a-t-elle exhorté. 

Après avoir dénoncé les cas de violence sexuelle perpétrés par les forces russes, la déléguée a affirmé que l’Iran, qui a transféré des centaines de drones à la Russie depuis le mois d’août 2022 en violation de la résolution 2231 (2015), envisage à présent de lui envoyer des centaines de missiles balistiques.  La RPDC prévoit de son côté de livrer davantage d’équipement militaire au groupe Wagner, a-t-elle indiqué, exhortant ces deux pays à cesser ces livraisons et à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  L’heure est venue pour tous les pays de joindre leurs forces et d’exiger que la Russie mette un terme à cette guerre insensée, a-t-elle lancé.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé avoir condamné dès le départ l’agression militaire russe contre l’Ukraine et ne pas reconnaître l’acquisition de territoires par la force, conformément à la politique étrangère et à la vocation pacifique de l’Équateur.  Il a regretté que, dans ce contexte, l’Article 27.3 de la Charte des Nations Unies n’ait été appliqué que partiellement en rappelant qu’il prévoit le droit de veto mais également l’obligation pour les parties à un différend « de s’abstenir de voter ».  Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité et ses membres à honorer leur déclaration du 6 mai 2022 sur cette question.  Il a donc instamment demandé qu’il soit mis fin à l’invasion et exhorté le Conseil à examiner les moyens de suspendre immédiatement les hostilités et de rétablir la paix et la sécurité en Ukraine, sur la base du respect de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de son indépendance politique.  Pour sa part, l’Équateur est disposé à appuyer toute initiative qui promeut le dialogue politique et la diplomatie, a indiqué le délégué. 

Le représentant a regretté la récente escalade d’attaques et d’attentats à la bombe en Ukraine, et la détérioration de la situation humanitaire qui en découle, aggravée par les bombardements dirigés contre des infrastructures essentielles affectant l’accès aux services essentiels.  Également préoccupé par les risques d’accidents ou d’incidents dans les centrales nucléaires, il a réitéré son plein soutien à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et a recommandé de faciliter son travail, y compris sur le terrain, en toute sécurité et sans entrave.  Le délégué a conclu en lançant un appel pour que cessent les attaques contre les civils et pour le respect inconditionnel du droit international humanitaire. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) s’est dit profondément préoccupé par le fait que l’Europe, un continent à l’origine de deux guerres mondiales tragiques et l’épicentre d’une longue guerre froide, présente à nouveau au monde une face sombre.  Il a rappelé que le concept de sécurité collective -la sécurité de l’un est la sécurité de tous- a été au centre de la création des Nations Unies.  C’est un concept inscrit dans la Charte et porté par toutes les nations éprises de paix, a-t-il dit.  Il a appelé à une cessation immédiate des hostilités et au retour à des négociations directes entre les parties belligérantes.  Le délégué a également souligné la nécessité et l’importance de renforcer la plateforme qui a conduit à l’Initiative céréalière de la mer Noire, avec le soutien du Secrétaire général de l’ONU. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que l’agression militaire de grande envergure de la Russie contre l’Ukraine constitue une violation grave du droit international et de la Charte des Nations Unies.  La Suisse condamne fermement cette violation et soutient pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a dit la représentante.  « Nous appelons la Russie à entamer immédiatement une désescalade de la situation, à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes de l’entier territoire de l’Ukraine, y inclus des zones déclarées annexées. »  La déléguée a souligné que toutes les parties doivent assurer la protection de la population civile ainsi que des personnes hors de combat, et respecter le droit international humanitaire et les droits humains.  Elle a réitéré l’appel de la Suisse à cesser toute attaque contre les civils et les personnes hors de combat, contre des biens civils et contre des infrastructures essentielles.  Il faut faire un pas en avant vers des solutions pacifiques, justes et durables, a conclu la déléguée, en appelant les membres de ce Conseil à tout mettre en œuvre pour que cette année soit placée sous le signe d’une paix juste. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté qu’à chaque victoire de l’Ukraine sur le terrain, la Russie réagit lâchement en bombardant des infrastructures civiles qui ont pour objectif clair de semer la terreur chez les civils et casser le moral du peuple ukrainien.  L’annonce unilatérale par le Kremlin d’un cessez-le-feu, que la Russie et ses supplétifs n’ont pas respecté, est une preuve supplémentaire de son cynisme, a-t-il ajouté.  Le représentant a également relevé que la Russie cherche à s’approvisionner par tous les moyens, notamment en recourant aux drones fournis par l’Iran, pour frapper de manière indiscriminée.  Il a appelé les Nations Unies à enquêter sur ces transferts qui violent la résolution 2231 (2015). 

Rappelant les conséquences dévastatrices de la guerre sur la sécurité alimentaire mondiale, le représentant a souligné l’efficacité de l’Initiative céréalière de la mer Noire et a dit attendre de la Russie qu’elle assure la pleine mise en œuvre de l’accord.  En poursuivant sa fuite en avant et en multipliant les exactions, la Russie montre avec constance qu’elle ne souhaite pas la paix, portant ainsi seule la responsabilité de la poursuite des hostilités, a accusé le délégué.  Par contre, à travers son plan en 10 points, le Président Zelenskyy dessine le chemin vers une paix juste et durable qui ne pourra advenir sans un retrait total des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien. 

Comme la paix est plus indispensable que jamais cette année, il faut, a pressé M. ZHANG JUN (Chine), redoubler d’effort pour la ramener en Ukraine, ce qui est une responsabilité du Conseil de sécurité.  Il faut, pour ce faire, créer les conditions du dialogue et des négociations et repenser l’architecture européenne de sécurité car elle est à l’origine de cette crise.  Le représentant a voulu que l’on mise sur une approche graduelle pour faire évoluer le processus et a appelé la communauté internationale à encourager aussi bien la Russie que l’Ukraine à ouvrir la porte d’une solution politique négociée.  Les livraisons d’armes et autre aide militaire ne feront que compliquer la situation, a-t-il mis en garde. 

Le représentant a poursuivi en appelant à des efforts redoublés pour améliorer une situation humanitaire en Ukraine, aggravée par les rigueurs de l’hiver.  Kiev doit pouvoir réparer ses infrastructures endommagées et éviter ainsi une crise humanitaire de plus grande ampleur.  Les parties aux conflits doivent respecter le droit international humanitaire et tout faire pour minimiser l’impact du conflit sur les civils.  Il faut aussi, a ajouté le représentant, éliminer tout risque d’accident nucléaire, en particulier à la centrale de Zaporijia et dans ses alentours.  Toute opération militaire susceptible de toucher la sûreté de cette centrale nucléaire doit cesser immédiatement, a-t-il exigé. 

Il faut, a-t-il également insisté, éviter l’effet de contagion de cette crise qui affecte la réalisation des objectifs de développement durable dans de nombreux pays.  Les pays en développement subissent désormais une inflation galopante, un fardeau de la dette insoutenable et la perturbation des chaînes d’approvisionnement, en raison des sanctions unilatérales qui ont un impact sur la sécurité alimentaire.  L’économie mondiale ne devrait pas être utilisée comme une arme pour entraver le développement, a-t-il prévenu avant de saluer l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Il a demandé, à cet égard, au Secrétaire général de tout faire pour lever les restrictions aux exportations de céréales et d’engrais de la Russie. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a regretté que le Noël orthodoxe n’ait pas été l’occasion d’ouvrir la voie à la reprise du dialogue.  Il a exhorté les parties à briser cette dynamique insensée, appelant également les pays directement ou indirectement impliqués à montrer un véritable intérêt pour le dialogue en vue de parvenir à la paix.  Le délégué a dit regretter la dissolution de la mission d’enquête mise en place par les Nations Unies sur l’incident du 29 juillet 2022 à Olenivka, avant même qu’elle n’ait pu entamer ses travaux.  Il a enfin réitéré son attachement à la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à une solution politique au conflit qui tienne compte des préoccupations légitimes en matière de sécurité.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a dénoncé les actes de la Russie qui continue de bafouer le droit international.  Elle a aussi dit craindre que la dernière escalade verbale n’augure d’une guerre plus généralisée.  Ce conflit, s’est-elle expliquée, a aggravé les tensions entre les États.  Il faut tout au moins en atténuer les conséquences pour l’économie mondiale.  Le Conseil, a-t-elle préconisé, devrait envisager un processus de paix clairement défini impliquant toutes les parties et tous les autres acteurs.  Le « fardeau collectif » du Conseil est la recherche de la paix en Ukraine, laquelle dépend en grande partie de la volonté de la Russie.  Elle a appelé au retrait immédiat et sans conditions des forces russes et souligné que le dialogue et la diplomatie sont les voies les plus sûres pour répondre aux préoccupations des parties.  Elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’indépendance et de la souveraineté de l’Ukraine. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que cette réunion du Conseil est une « foire d’hypocrisie », pointant l’Occident et le régime de Kiev.  Il a accusé l’Ukraine d’avoir voulu attaquer Moscou il y a un an, et de présenter à présent l’idée d’un sommet de la paix tout en insinuant que c’est la Russie qui ne veut pas la paix.  L’Ukraine rejette l’une après l’autre toutes les initiatives de médiation pourtant réalistes, a dénoncé le représentant qui a affirmé que derrière le sommet de la paix que prône l’Ukraine se cache la volonté d’obtenir la capitulation de la Russie. 

« À quiconque aurait cru un instant aux intentions pacifiques du dictateur ukrainien, je voudrais rappeler que depuis le 30 septembre, la possibilité même d’un dialogue avec notre pays a été interdite par la législation ukrainienne », a-t-il ajouté, pointant le décret 679 sur « l’impossibilité de mener des négociations avec le Président Putin ».  Cette provocation législative reflète l’intention qu’a le régime de Kiev de continuer à se battre jusqu’au dernier Ukrainien, a-t-il affirmé.  De plus, a ajouté le représentant, en mars 2022, à l’instigation de ses parrains à Londres, à Washington ou à Bruxelles, le pouvoir ukrainien a déjà retiré ses propres propositions d’accord de paix que la Russie était prête à négocier. 

Poursuivant, le représentant russe a affirmé que le régime de Kiev se berce d’illusions s’il pense pouvoir vaincre la Russie sur le champ de bataille, tout en affirmant que les Occidentaux commencent à regarder la situation avec plus de lucidité.  L’Ukraine est devenue une société militaire privée au service de l’OTAN et c’est le peuple ukrainien qui en souffre, a constaté le représentant, qui a dénoncé le financement des livraisons d’armes à Kiev par le truchement de la facilité européenne pour la paix (FEP).  Selon lui, le régime de Kiev veut faire croire que l’objectif de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine est de détruire l’Ukraine et de la russifier.  « Nous ne faisons pas la guerre au peuple ukrainien.  Nous faisons la guerre à un régime nationaliste qui est arrivé au pouvoir de manière illégitime en 2014 et qui a décidé de dérussifier l’Ukraine et de glorifier des personnalités nazies, provoquant une guerre sanglante dans le Donbass », a-t-il affirmé.  Il a estimé que les choses auraient pu se passer différemment en Ukraine si les autorités de Kiev avaient appliqué les accords de Minsk.  Il a assuré que l’objectif de l’opération militaire spéciale est de s’assurer qu’aucune menace n’émanera du territoire ukrainien pour Moscou et que la discrimination contre la population russophone prendra fin.  « Si cela peut être réalisé par des négociations pacifiques, nous sommes prêts à nous engager; sinon, nous y parviendrons par des moyens militaires », a-t-il déclaré, tout en avertissant que le régime de Zelenskyy est devenu une dictature autoritaire qui, en soi, est un obstacle important à la paix. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a appelé une fois de plus les belligérants de la guerre en Ukraine à respecter leurs engagements en droit international humanitaire et à s’abstenir d’utiliser des armes dont les effets indiscriminés infligent des souffrances atroces aux civils.  Alors que l’on s’approche du seuil critique de 12 mois de guerre sans relâche, il a regretté que la rhétorique d’armement à outrance, qui semble prévaloir des deux côtés, augure un durcissement des combats.  Il est temps que les réunions du Conseil de sécurité sur ce conflit soient orientées vers la recherche d’une solution, a-t-il estimé, recommandant à cet effet d’activer les canaux diplomatiques pour mettre fin à cette guerre meurtrière.  Le Gabon appelle l’ensemble des parties à mettre toute leur énergie dans la recherche d’une solution politique, a insisté le représentant en prônant de faire prévaloir la diplomatie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a condamné la « militarisation de l’hiver » au grand détriment des civils en Ukraine.  Relevant que les attaques ont entraîné des pannes d’électricité généralisées et la perturbation des services essentiels en Ukraine, elle a vu là une violation du droit international humanitaire, en particulier les quatre Conventions de Genève et leurs Protocoles.  Elle a dénoncé les assauts contre des infrastructures civiles, y compris les écoles et les systèmes de transport, lesquels ont un impact disproportionné sur les enfants, leur éducation et leur sécurité.  De même, le manque d’accès aux services de base les prive de leurs droits fondamentaux, ce qui conduira à des conséquences de longue durée qui ne seront pas facilement réversibles.  De plus, les enfants sont installés de force en Russie et privés ainsi de leur droit à la vie de famille. 

Nous ne pouvons pas, ne devons pas et ne voulons pas tolérer l’impunité pour les violences sexuelles en période de conflit, a déclaré la déléguée, plaidant pour un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à toute personne dans le besoin en Ukraine.  Elle a estimé que les drones utilisés dans les attaques soulèvent de graves préoccupations auxquelles il faut répondre.  En conclusion, elle a demandé à la Fédération de Russie de cesser toutes les hostilités et de prendre des mesures concrètes pour résoudre les litiges par le dialogue et la diplomatie, et ce, d’une manière conforme à la Charte des Nations Unies. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que le Conseil s’est réuni plus de 40 fois depuis le début de la guerre en Ukraine.  Elle a déclaré que cette guerre alimente l’instabilité des marchés de l’énergie et des denrées alimentaires et impose aux pays du Sud des coûts insoutenables.  Des populations loin de la ligne de front en Ukraine payent un lourd tribut en raison de ce conflit, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a aussi indiqué que cette guerre risque de creuser les divisions internationales et d’aboutir à une paralysie du multilatéralisme en raison du choix fallacieux qui est fait, « avec nous ou contre nous ».  La déléguée a appelé à prévenir, grâce à une diplomatie active, toute escalade supplémentaire et à préserver un espace afin que des contacts positifs soient noués entre les parties.  Nous avons tous intérêt à ce que cette guerre cesse rapidement, a-t-elle conclu. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a accusé la Russie d’avoir bombardé des civils, attaqué des infrastructures essentiels et tenté de s’emparer d’autres territoires, pendant que le monde célébrait les fêtes de fin d’année.  Les Russes l’ont fait avec l’aide du Bélarus et avec des armes d’Iran et de Corée du Nord, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et dans le mépris total de ce dernier.  Des millions d’Ukrainiens ont passé la période des fêtes sous les missiles et les drones, tapis dans le noir et le froid, en tant que réfugiés, déplacés, prisonniers, et parfois à des milliers de kilomètres de chez eux, de leurs familles et de leurs proches.  Paraphrasant le Secrétaire général de l’ONU, la représentante a dit que cette guerre a créé une catastrophe humanitaire et des droits humains, traumatisé une génération d’enfants et accéléré la crise alimentaire et énergétique mondiales.  Des millions de personnes à travers le monde font face à une autre année de faim et de difficultés.  Mais, a dit la représentante, la Russie peut choisir de mettre fin à tout cela immédiatement en arrêtant ses attaques contre l’Ukraine pas seulement pendant 36 heures, mais pour de bon et en retirant ses forces d’Ukraine.  Tant que les assauts russes se poursuivront, l’Ukraine n’aura d’autre choix que d’exercer son droit de légitime défense, a prévenu la déléguée. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné avec la plus grande fermeté l’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, rappelant qu’il s’agit d’une violation claire et flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies par un membre permanent du Conseil de sécurité censé assumer une lourde responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La Russie doit immédiatement mettre fin à sa guerre d’agression, retirer toutes ses troupes et son équipement militaire d’Ukraine et respecter l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, a-t-il exigé en se référant à la série de résolutions adoptées par l’Assemblée générale et à l’ordonnance de la CIJ sur les mesures provisoires.  Le représentant a également condamné les attaques russes contre des infrastructures civiles et énergétiques et contre des villes à travers l’Ukraine.  La poursuite de ces attaques est simplement inacceptable, s’est-il indigné en rappelant que les attaques aveugles contre des populations civiles innocentes constituent un crime de guerre qui excluent toute impunité.  En outre, il a condamné le transfert de drones de l’Iran vers la Russie et indiqué que le Japon soutiendrait les efforts du Secrétariat de l’ONU pour enquêter sur l’utilisation potentielle de ces drones iraniens par la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. 

Le Japon réaffirme vouloir jouer son rôle dans la protection des pays vulnérables qui sont gravement touchés par les répercussions de cette guerre ainsi que par la militarisation de l’énergie et de la nourriture par la Russie.  À cet égard le représentant s’est félicité de l’accord de toutes les parties pour poursuivre la coopération sur l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Il a conclu en rappelant que les tentatives unilatérales visant à modifier le statu quo par la force ébranlent le fondement même de l’ordre international fondé sur l’état de droit et ne doivent se produire nulle part dans le monde.  Pour sa part, a-t-il fait savoir, le Japon poursuivra son assistance dans le but de soutenir la défense de l’Ukraine, sa souveraineté et son intégrité territoriale. 

Mme EMINE DZHAPAROVA, Première Vice-Ministre des affaires étrangères de lUkraine, a réitéré la position ukrainienne selon laquelle il n’est pas juridiquement valide que les représentants de la Fédération de Russie occupent le siège de l’Union soviétique au sein du Conseil de sécurité.  Elle a déclaré que la ligne de front active avec la Russie est de 1 500 kilomètres, tandis que l’ensemble de la ligne de combat est de près de 4 000 kilomètres.  L’Ukraine est devenue le plus grand champ de mines du monde, avec 175 000 km2 minés.  Et la majorité des missiles russes et les attaques de drones ont été dirigés contre des infrastructures civiles.  Elle a aussi évoqué les plus de 7 millions d’Ukrainiens errant partout dans le monde, séparés de leur foyer et de leur famille, alors que plus de 7 millions d’autres sont déplacés. 

La Première Vice-Ministre a indiqué qu’aujourd’hui, la bataille pour le Donbass bat son plein.  Les villes de Bakhmout et Soledar sont désormais les principaux points chauds de l’action.  Elle a rappelé que le Président Volodymyr Zelenskyy a lancé la formule de la paix pour répondre aux défis pressants actuels.  Cette formule, basée sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies, se compose de 10 points capables d’apporter la sécurité et la justice à l’Ukraine et au monde entier.  Elle vise à assurer la sécurité dans toutes ses dimensions –alimentation, radioprotection et sûreté nucléaire, sécurité énergétique, lutte contre l’écocide– et d’empêcher la répétition de l’agression à l’avenir.  La dignitaire a ensuite appelé toutes les nations responsables à faciliter et promouvoir ce plan de paix. 

Mme Dzhaparova a également appelé à renforcer les sanctions dans les secteurs économiquement importants pour la Russie.  L’embargo total sur le pétrole et le gaz, la déconnexion des banques russes du système financier mondial est le prix que l’État agresseur devrait payer, a—t-elle estimé.  Elle aussi réitéré la demande faite plus d’une fois au Secrétariat de l’ONU d’envoyer des experts en Ukraine pour enquêter sur les livraisons de drones par l’Iran à la Russie.  Elle a en outre plaidé pour l’établissement d’un tribunal spécial pour tenir les criminels de guerre russes responsables.  En près de 11 mois, l’État agresseur a déjà commis plus de 64 000 crimes de guerre enregistrés, a-t-elle accusé.  Et la seule façon de rétablir la justice est la création de ce tribunal spécial, a-t-elle martelé.  La Première Vice-Ministre a également fait savoir que selon les dernières estimations, le montant total des dommages causés aux infrastructures civiles et critiques représentent plus de 127 milliards de dollars.  Elle a ensuite décrit l’austérité du quotidien des Ukrainiens contraints de faire leur lessive dans une bassine, ou de lire et faire leurs devoirs à la lueur des bougies.

M. WOJCIECH GERWEL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a indiqué que son pays continuera de prêter assistance à l’Ukraine aussi longtemps que cela sera nécessaire.  Nous sommes la plaque tournante de l’aide apportée à l’Ukraine et nous continuerons de l’être, a assuré le délégué.  Il s’est prononcé en faveur de la création d’un tribunal international spécial pour juger du crime d’agression commis par la Russie contre l’Ukraine et a apporté son appui à la perspective euro-atlantique de l’Ukraine.  Il s’est également dit extrêmement préoccupé par le rôle joué par le Bélarus dans la stratégie ukrainienne du Kremlin.  Comme nous savons que Minsk appuie politiquement et matériellement l’agression russe, le renforcement de la présence militaire russe au Bélarus doit nous alarmer encore davantage, a conclu le délégué. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie), intervenant au nom des États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), a indiqué que les troupes russes continuent leurs attaques systématiques et massives contre les civils, ainsi que la destruction délibérée des infrastructures vitales ukrainiennes.  Si elle n’est pas arrêtée, la Russie continuera de menacer l’ordre international fondé sur les règles et de poursuivre ses ambitions impérialistes et coloniales pour maintenir l’Ukraine dans sa sphère d’influence, et les pays du monde entier continueront de subir les conséquences de cette guerre, notamment à travers l’insécurité alimentaire et énergétique aiguë, a averti le délégué. 

Il a appuyé la création d’un tribunal spécial pour la répression du crime d’agression contre l’Ukraine.  Il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes russes commis sur le sol ukrainien, a-t-il souligné.  Il a invité la communauté internationale à aider l’Ukraine à gagner cette guerre et à traverser cet hiver, notamment en fournissant d’urgence des équipements énergétiques spécialisés et en aidant à réparer les infrastructures énergétiques détruites.  Il a indiqué que les États baltes sont parmi les plus grands soutiens de l’Ukraine par habitant, lui ayant fourni ensemble plus de 1,3 milliard d’euros d’aide publique depuis février 2022, hors initiatives privées.  Avec l’Union européenne, les États baltes continueront en outre de faire avancer les travaux sur la possibilité d’utiliser les avoirs russes gelés pour soutenir la reconstruction de l’Ukraine et à des fins de réparation, conformément au droit international.  Nous devons veiller à ce que le principe « l’agresseur paie les dommages » soit pleinement mis en œuvre dans la pratique, a-t-il estimé.  Le représentant a terminé en saluant la « formule de paix » en 10 étapes proposée par le Président ukrainien, y voyant une base solide pour parvenir à la paix en Ukraine. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a déploré qu’à peine deux semaines après le début de la nouvelle année, la Russie poursuive ses attaques brutales contre des civils et des infrastructures critiques, en plein hiver.  Il a appelé néanmoins à rester solidaires avec l’Ukraine et à défendre les principes fondateurs de l’ONU.  Les membres du Conseil de sécurité doivent assumer leur responsabilité pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a imploré M. Skoog en mettant l’accent sur trois points: la protection des civils; la reddition de comptes; et le soutien à toute initiative significative vers une paix juste.  Après avoir rappelé à tous les États Membres de l’ONU qu’ils sont tenus par le droit international de protéger les civils, il a exigé qu’il soit mis fin à la campagne en cours de frappes aériennes russes contre des cibles civiles et des infrastructures critiques en Ukraine.  La Russie commet des crimes de guerre, comme l’a rapporté la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, a-t-il fait observer. 

En attendant, l’UE intensifie son aide humanitaire et de protection civile ainsi que son soutien à la restauration des infrastructures critiques de l’Ukraine, afin d’aider le pays à passer l’hiver, a indiqué le représentant.  Il a également mentionné ses mesures restrictives supplémentaires prises contre la Russie, ainsi que contre l’Iran, en réponse à la livraison de drones et à leur déploiement meurtrier dans la guerre d’agression de la Russie.  M. Skoog a en outre salué tous les efforts visant à faire jouer la responsabilité des auteurs de crimes de guerre liés à la guerre d’agression de la Russie.  Il a souhaité que ce pays assume les conséquences juridiques de toutes ses violations du droit international et que sa responsabilité -dans son sens le plus large– soit mise en jeu, y compris pour garantir le droit des victimes à la vérité et à des réparations, ainsi que des garanties de non-répétition.  La voie de la paix exige que l’agresseur retire ses troupes et son équipement militaire de l’ensemble du territoire ukrainien et respecte sa souveraineté et son intégrité territoriale, a-t-il plaidé en assurant que l’UE est prête à soutenir l’initiative de l’Ukraine en faveur d’une paix juste.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat public: le Conseil de sécurité et ses membres, appelés à leurs responsabilités pour faire progresser l’état de droit au niveau international

9241e séance – matin & après-midi   
CS/15171

Débat public: le Conseil de sécurité et ses membres, appelés à leurs responsabilités pour faire progresser l’état de droit au niveau international

« La légalité parmi les nations » était le thème du débat ministériel tenu aujourd’hui par le Conseil de sécurité, avec 63 autres États Membres, au titre de la question intitulée « Promotion et renforcement de l’état de droit dans le cadre des activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Un débat basé sur l’idée que l’état de droit est intrinsèquement lié à la responsabilité de ce Conseil.  Le Secrétaire général a souligné à cet égard le rôle essentiel de l’organe pour faire avancer ce principe, appelant à, « ensemble », s’engager à faire progresser l’état de droit afin de créer un monde plus stable et plus sûr.

Présidant la séance, le Ministre japonais des affaires étrangères, Hayashi Yoshimasa, a lancé un même appel à « s’unir pour l’état de droit », c’est-à-dire à coopérer les uns avec les autres pour lutter contre les violations de la Charte, telles que l’agression ou l’acquisition de territoire d’un État Membre par la force.  De nombreux intervenants n’ont d’ailleurs pas manqué de dénoncer l’usage de la force par la Fédération de Russie lors de l’agression de l’Ukraine.

Les principes sur lesquels se base l´état de droit au niveau international ont été cités à plusieurs reprises: la Charte des Nations Unies, la Déclaration historique de l’Assemblée générale de 1970 sur les principes des relations amicales et la Résolution 67/1 de cette même Assemblée sur l’état de droit aux niveaux national et international, datant de 2012.  Le Secrétaire général a rappelé que, en vertu de l’état de droit, toutes les personnes, institutions et entités, publiques et privées, y compris l’État lui-même, doivent répondre de leurs actes devant la justice.

La Cour internationale de Justice (CIJ) occupe une place de choix dans ce contexte, a fait remarquer M. António Guterres, avant que la Présidente de la Cour, intervenant par visioconférence depuis La Haye, invite les États à faire confiance aux tribunaux internationaux pour trancher leurs différends.  Mme Joan Donoghue a rappelé que le concept d’état de droit s’est développé au niveau national, reconnaissant qu’il n’est pas aisément transposable sur le plan international car les États peuvent refuser toute obligation de règlement pacifique d’un différend en ne reconnaissant pas la compétence de la juridiction concernée.

Seuls 73 États ont déclaré reconnaître la compétence de la CIJ, soit seulement un tiers des États Membres de l’ONU, a d’ailleurs relevé M. Dapo Akande, professeur à l’Université d’Oxford.  Il a toutefois constaté que les États sont plus que jamais prêts à soumettre leurs différends à des organes juridiques, tout en soulignant qu’ils doivent aussi être disposés à en appliquer les décisions.  L’état de droit exige le respect par les États des décisions rendues par les tribunaux internationaux, même s’ils sont en désaccord, a confirmé la Présidente de la Cour qui a jugé encourageant le taux élevé de respect des arrêts de cette juridiction.

La juge Donoghue a précisé que l’état de droit au niveau international s’applique non seulement aux États mais aussi aux organisations internationales, y compris la CIJ.  Pour ce qui est du Conseil de sécurité, le professeur Akande a estimé qu’il doit s’assurer que le droit international est respecté en ce qui concerne ses activités, les activités qu’il autorise et les exigences qu’il adresse aux autres.  À cet égard, pour continuer d’être considéré comme légitime, le Conseil doit veiller à ce que des situations similaires soient traitées de la même manière, a-t-il recommandé.

Le professeur d’Oxford a aussi souligné que si le Conseil a l’obligation d’assurer le respect du droit international, cette responsabilité incombe en fin de compte à ses membres pris individuellement.  Et lorsque le Conseil, en tant que collectif, ne remplit pas ses responsabilités, une responsabilité secondaire pèse sur d’autres organes des Nations Unies.  Le rôle de l’Assemblée générale a ainsi été mis en avant.  Singapour, notamment, a préconisé que celle-ci continue à renforcer sa capacité à contribuer à la mise en œuvre des obligations découlant de la Charte et du droit international.

Si la promotion de l’état de droit a été recommandée par la majorité des intervenants à ce débat, la Fédération de Russie a émis des réserves quant à « l’ordre mondial fondé sur des règles » de l’Occident, regrettant aussi que le Secrétariat promeuve des « concepts obscurs » dans sa « Nouvelle vision de l’état de droit », qui à son avis ne prend pas en compte les caractéristiques nationales, culturelles et religieuses de chaque État.  L’Égypte a, pour sa part, dénoncé les tentatives de certains États d’imposer des notions et des mesures qui ne font pas l’objet d’un consensus, comme celles relatives à la peine capitale alors que certaines sociétés considèrent cette peine comme une composante de l’état de droit.

Certains ont saisi cette occasion pour pointer du doigt le « deux poids deux mesures » et l’incohérence de certaines positions, notamment sur l’annexion par la force de territoires, le recours à la force et la violation du droit international humanitaire.  Des arguments qui ont conduit des orateurs à plaider pour une représentation équitable au sein du Conseil de sécurité et à dénoncer le recours abusif au droit de veto.  Parmi les cas de violation de l’intégrité territoriale, l’Arménie s’est plainte de la pratique illégale de l’Azerbaïdjan qui a acquis des territoires par la force.  L’Azerbaïdjan chercherait en outre à mener une politique de nettoyage ethnique au Haut-Karabakh, selon la délégation arménienne qui « aimerait pouvoir croire que ce Conseil sera à la hauteur de son mandat et de ses responsabilités ».

L’ampleur des violations du droit international a remis en question la résilience de l’état de droit mondial et la crédibilité du système des Nations Unies dans son ensemble, a conclu la Roumanie, alors que, comme l’a fait valoir l’Indonésie, le droit du plus fort ne devrait jamais l’emporter sur l’état de droit.  Pour l’Union européenne, ceux qui commettent des violations doivent rendre des comptes, peu importe leur taille.  L’UE a souligné à cet égard le rôle central de la Cour pénale internationale (CPI) et insisté sur celui de la CIJ, tout en déplorant que la décision de celle-ci du 16 mars 2022, demandant à la Russie de cesser ses opérations en Ukraine, n’ait pas été appliquée.

PROMOTION ET RENFORCEMENT DE L’ÉTAT DE DROIT DANS LE CADRE DES ACTIVITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné que l’état de droit est fondamental pour la mission de paix de l’ONU.  Le Conseil de sécurité a un rôle essentiel à jouer pour le faire respecter, a-t-il rappelé insistant que le principe de l’état de droit est que toutes les personnes, institutions et entités, publiques et privées, y compris l’État lui-même, doivent répondre de leurs actes devant la justice.  Du plus petit village jusqu’à la scène mondiale, l’état de droit, gage de paix et de stabilité, est tout ce qui nous sépare d’une lutte violente pour le pouvoir et les ressources, a résumé le Secrétaire général.  Il a ajouté que l’état de droit est « notre première ligne de défense contre les atrocités criminelles, y compris le génocide » et qu’il est aussi à la base de la coopération internationale et du multilatéralisme.

M. Guterres a rappelé la Charte des Nations Unies et la Déclaration de 1970 relative aux principes du droit international pour dire ensuite que le droit international humanitaire sauve des vies et réduit les souffrances dans les conflits.  Les Conventions de Genève de 1949, adoptées après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, montrent que même les guerres doivent obéir à des lois, a-t-il aussi relevé.  Le débat d’aujourd’hui envoie un message fort, selon le Secrétaire général: garantir l’état de droit est notre priorité et tous les pays doivent respecter les normes internationales.  Toutefois, a-t-il regretté, la situation internationale montre que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir.  « Nous ne sommes pas loin de basculer dans l’état de non-droit. »

En effet, selon le Chef de l’ONU, dans toutes les régions du monde, les civils subissent les effets des conflits dévastateurs, de la perte de vies humaines, de l’augmentation de la pauvreté et de la famine.  Du développement illégal d’armes nucléaires à l’emploi illégal de la force, les États continuent de bafouer le droit international en toute impunité, a-t-il déploré.  Il a rappelé que l’invasion russe de l’Ukraine a provoqué une catastrophe sur le plan humanitaire et sur celui des droits humains, traumatisé une génération d’enfants et accéléré les crises alimentaire et énergétique mondiales.  Toute annexion du territoire d’un État par un autre État obtenue par la menace ou l’emploi de la force constitue une violation de la Charte et du droit international, a-t-il rappelé.

M. Guterres a également pointé du doigt le conflit israélo-palestinien, en soulignant que l’année 2022 a été meurtrière pour les Palestiniens et les Israéliens.  Il a condamné tous les actes et homicides illicites commis par des extrémistes et rappelé que rien ne saurait justifier le terrorisme.

Dans le même temps, l’expansion des colonies par Israël, ainsi que les démolitions de maisons et les expulsions, suscitent colère et désespoir, a-t-il fait remarquer, se disant également très préoccupé par les initiatives unilatérales qui se sont succédé ces derniers jours. 

Le Secrétaire général a aussi relevé que les changements anticonstitutionnels de gouvernement -les coups d’État- sont malheureusement de nouveau à la mode, et que le programme illicite d’armement nucléaire poursuivi par la République populaire démocratique de Corée représente un danger bien réel et immédiat.  Il a aussi parlé de la situation en Afghanistan, de l’effondrement de l’état de droit au Myanmar depuis le coup d’État militaire en 2021, et de la situation en Haïti.  Ces exemples illustrent que le respect de l’état de droit est plus important que jamais et qu’il incombe à tous les États Membres de le faire respecter en toutes circonstances, a-t-il analysé. 

La relation étroite et complémentaire qui unit l’état de droit, le principe de responsabilité et les droits humains est soulignée dans mon appel à l’action en faveur des droits humains, a rappelé M. Guterres en martelant qu’il est crucial de mettre fin à l’impunité.  Il a appelé les États Membres à accepter sans aucune réserve la juridiction obligatoire de la Cour internationale de Justice (CIJ). 

Dans le monde entier, l’ONU se dresse contre l’impunité et est résolue à faire en sorte que les auteurs de crimes répondent de leurs actes dans le cadre de procédures judiciaires équitables et indépendantes, a-t-il poursuivi en rappelant que l’ONU renforce également l’état de droit en soutenant les victimes et les personnes rescapées et en leur donnant accès à la justice, à des recours et à des réparations.  Il a misé sur les cours et tribunaux créés par ce Conseil dans les années 1990, ainsi que sur le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, qui ont permis d’amener un certain nombre de responsables d’atrocités criminelles commises en ex-Yougoslavie et au Rwanda à répondre de leurs actes.  Aujourd’hui, la Cour pénale internationale (CPI) est l’institution centrale du système de justice pénale internationale, et elle a pour vocation de faire en sorte que les auteurs répondent des crimes les plus graves.

Estimant que les États Membres peuvent encore renforcer l’ONU et ses organes en vue de promouvoir l’état de droit, le Secrétaire général les a exhortés à défendre la vision et les valeurs de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et à respecter le droit international, à régler pacifiquement les différends, sans recourir à la menace ou à l’usage de la force, à reconnaître et promouvoir l’égalité des droits de tous les peuples et à s’engager à la non-ingérence dans les affaires intérieures, à l’autodétermination des peuples et à l’égalité souveraine des États Membres.  « Je compte sur les États Membres pour soutenir nos efforts de promotion de l’état de droit dans tous les domaines, y compris au sein de ce Conseil. »  L’état de droit est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité internationales et aux efforts de consolidation de la paix y compris des règles claires régissant la menace ou l’emploi de la force, telles qu’énoncées au paragraphe 4 de l’Article 2 et au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

M. Guterres a aussi exhorté à faire pleinement usage de l’état de droit en tant qu’outil préventif y compris le règlement pacifique des différends, par la négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage et le règlement judiciaire au niveau international.  Au niveau national, l’état de droit renforce la confiance entre les personnes et les institutions, il aide à réduire la corruption et crée des règles du jeu équitables.  À l’inverse, lorsque l’état de droit est faible, l’impunité prévaut, le crime organisé fleurit et le risque de conflit violent est élevé, a prévenu le Secrétaire général lequel a encouragé les États Membres à renforcer l’état de droit pour réaliser le Programme 2030 et les objectifs de développement durable en particulier l’Objectif 16 sur l’accès à la justice pour tous et à des institutions efficaces, inclusives et responsables. 

S’adressant ensuite en français au Conseil, le Chef de l’ONU a rappelé sa Nouvelle vision de l’état de droit contenue dans son rapport sur « Notre Programme commun », qui exposera les liens entre l’état de droit, les droits humains et le développement, et préconisera une approche centrée sur les personnes, qui garantira que les lois et la justice soient accessibles à toutes et à tous.  Il a dit être déterminé à ce qu’elle soit mise en œuvre dans toute l’Organisation, y compris les éléments qui correspondent aux travaux de ce Conseil, réitérant l’importance du respect de l’état de droit qui sera également reflétée dans le Nouvel Agenda pour la paix.  Il a conclu en soulignant le rôle essentiel du Conseil de sécurité pour faire avancer l’état de droit, à travers ses efforts pour maintenir la paix et la sécurité internationales, protéger les droits humains et promouvoir le développement durable.  Ensemble, engageons-nous à faire progresser l’état de droit afin de créer un monde plus stable et plus sûr, pour toutes et pour tous.

Mme JOAN DONOGHUE, Présidente de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui intervenait par visioconférence depuis La Haye, a rappelé que le concept d’état de droit s’est développé au niveau national et qu’il n’est pas aisément transposable au niveau international.  Elle a expliqué qu’au niveau international les États peuvent refuser toute obligation de règlement pacifique d’un différend en ne reconnaissant pas la compétence de la juridiction concernée.  « Le comportement des États est l’élément déterminant du respect de l’état de droit. »  Si l’État indique qu’il respectera l’état de droit au niveau international, il lui incombe alors de faire montre de retenue et d’accepter que la licéité de sa conduite soit évaluée par des tribunaux internationaux, a déclaré la Présidente.  Elle a expliqué que l’état de droit exige des pays qu’ils incluent dans la défense de leurs intérêts des priorités relatives à l’ensemble de la communauté internationale, même s’il peut y avoir des tensions entre ces deux éléments.  Au niveau international, le concept d’état de droit est toujours en conflit avec la propension des États à défendre leur autonomie et leur pouvoir, tandis que les leaders politiques font souvent primer des objectifs triviaux ou de court terme sur des intérêts plus globaux et de plus long terme, a poursuivi Mme Donoghue.  L’état de droit ne doit pas pour autant « agiter le drapeau blanc » et se rendre, a-t-elle tranché.

Elle a fait à ce titre plusieurs recommandations en invitant d’abord les États à faire confiance aux tribunaux internationaux pour trancher leurs différends.  Lorsque les États refusent toute compétence obligatoire d’une partie tierce pour régler leurs différends, leurs invocations de l’état de droit sonnent creux, a-t-elle tranché.  Les États doivent en outre participer aux procédures lancées contre eux et s’ils décident que l’organe chargé de les trancher n’a pas compétence, alors ils doivent présenter cet argument.  La Présidente a aussi rappelé que l’état de droit exige le respect par les États des décisions rendues par les tribunaux internationaux, même s’ils sont en désaccord.  À ce titre, elle a jugé encourageant le taux élevé de respect des arrêts de la Cour.  La Présidente a estimé que les intérêts stratégiques de long terme des États sont mieux défendus grâce au maintien et au renforcement d’un système judiciaire international fort.  Enfin, la Présidente a rappelé que l’état de droit au niveau international s’applique aux États mais aussi aux organisations internationales, y compris la CIJ.

Le professeur DAPO AKANDE, enseignant de droit public international à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), a expliqué que la primauté du droit exige de ceux qui exercent le pouvoir d’agir conformément à la loi.  Cela signifie que tous les sujets de droit ont justement droit à la protection de la loi.  Il a constaté, dans le préambule de la Charte des Nations Unies, la détermination des rédacteurs à établir des conditions dans lesquelles la justice et le respect des obligations découlant des traités et autres sources du droit international peuvent être maintenus. 

Afin d’assurer l’état de droit dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, il faut veiller au respect du droit international par les États et par les Nations Unies, a-t-il poursuivi.  De ce fait, les États ne sont plus autorisés à chercher à imposer leur volonté à d’autres États en utilisant la force.  Et la force ne peut être légalement utilisée que dans deux circonstances: lorsque cela est autorisé conformément à la sécurité collective en vertu de la Charte, ou en cas de légitime défense collective.  En outre, les États ont l’obligation, en vertu de la Charte, de régler leurs différends par des moyens pacifiques et « de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger ».  Aujourd’hui, en plus de la CIJ, nous avons une série d’instances arbitrales et judiciaires susceptibles, en principe, de connaître des différends interétatiques qui soulèvent des questions de droit, a rappelé le professeur Akande.  Il a ensuite insisté sur l’importance pour les États de fournir leur consentement pour ces arbitrages internationaux, tout en déplorant le fait que seuls 73 États ont fait des déclarations reconnaissant la juridiction obligatoire de la CIJ.  Cela représente à peine plus d’un tiers des membres de l’ONU et ce nombre n’a guère augmenté au cours des deux dernières décennies, a-t-il noté.

Le professeur a également relevé qu’alors qu’il était autrefois courant d’inclure dans les traités multilatéraux et bilatéraux des clauses permettant à chaque partie de soumettre un différend à la CIJ, il est devenu relativement rare de voir de telles clauses dans les traités récents.  Pourtant, une acceptation accrue de la juridiction de la CIJ et d’autres tribunaux marquerait un progrès important dans l’état de droit et contribuerait au maintien de la paix, a-t-il argué.

Abordant la question du rôle du Conseil de sécurité et des Nations Unies pour la promotion de l’état de droit dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le professeur a rappelé que la fonction du Conseil de sécurité est de maintenir la paix et la sécurité.  Par conséquent, a-t-il fait valoir, manquer à ces responsabilités compromet l’état de droit, puisque le maintien de la paix crée des conditions dans lesquelles la justice et le droit international sont respectés.  De plus, afin de promouvoir la légitimité de ses propres activités, cet organe doit s’assurer que le droit international est respecté en ce qui concerne ses activités, les activités qu’il autorise et les exigences qu’il adresse aux autres.  À cet égard, pour continuer d’être considéré comme légitime, le Conseil doit veiller à ce que des situations similaires soient traitées de la même manière, a-t-il recommandé.  Enfin, le professeur Akande a souligné que bien que le Conseil ait l’obligation d’assurer le respect du droit international, cette responsabilité incombe en fin de compte aux membres individuels du Conseil.  Et lorsque le Conseil, en tant que collectif, ne remplit pas ses responsabilités, il y a une responsabilité secondaire qui pèse sur d’autres organes des Nations Unies à contribuer au maintien de la paix et la sécurité internationales, et donc à la promotion de l’état de droit. 

M. YOSHIMASA HAYACHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a noté que face à tous les problèmes complexes auxquels le monde est actuellement confronté, les attentes auxquelles le Conseil de sécurité doit répondre sont beaucoup plus élevées qu’auparavant.  Et pourtant, on entend parfois des voix s’interroger sur la pertinence du Conseil, a-t-il relevé, citant les paroles du représentant du Kenya qui a dit dans cette même salle que « le multilatéralisme est sur son lit de mort ».  Le Ministre a appelé à ne pas le laisser mourir et à trouver le chemin pour surmonter les divisions.  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales ne peut être réalisé que si le droit international est respecté et appliqué de bonne foi, a-t-il déclaré ajoutant que l’état de droit est intrinsèquement lié à la responsabilité de ce Conseil.  Ce n’est que grâce au multilatéralisme que nous pouvons faire respecter l’état de droit à l’échelle mondiale, a-t-il ajouté en rappelant que les Nations Unies sont au cœur du multilatéralisme et le Conseil de sécurité son gardien. 

C’est pourquoi le Ministre a lancé un appel à « s’unir pour l’état de droit ».  « Il ne s’agit pas de choisir des camps.  Il ne s’agit pas de prendre le juste milieu entre des camps opposés.  Il s’agit de revenir aux principes inébranlables sur lesquels les États Membres se sont appuyés depuis 1945 ».  Ces principes sont consacrés, avant tout, dans la Charte des Nations Unies, mais également dans la Déclaration historique de l’Assemblée générale de 1970 sur les principes des relations amicales et la résolution de l’Assemblée générale sur l’état de droit de 2012.  Le Ministre a appelé à se concentrer sur trois points en tant qu’éléments essentiels de l’état de droit entre les nations.  Tout d’abord, l’état de droit doit être ancré dans la confiance entre les nations.  Si les accords ne sont pas respectés de bonne foi, alors l’état de droit n’existe pas et le monde devient une jungle de force brute et de coercition, a-t-il mis en garde.  Il en va de même pour la Charte des Nations Unies, les résolutions des Nations Unies, les jugements et les sentences des tribunaux internationaux.  « Ce ne sont pas juste des morceaux de papier. »

Deuxièmement, l’état de droit ne permet à aucun pays de réécrire les frontières par la force ou par la flexion des muscles, a poursuivi M. Hayachi en précisant que cela s’applique à toute contrainte, y compris le déploiement de personnel armé au-delà des frontières internationalement reconnues ou sur un territoire sous administration pacifique d’un autre État pour créer un fait accompli.  De telles actions ne peuvent en aucun cas être justifiées par des interprétations arbitraires de la Charte et du droit international, y compris le droit de légitime défense.  En troisième lieu, le Ministre a appelé les États Membres à s’unir pour l’état de droit et coopérer les uns avec les autres pour lutter contre les violations de la Charte, telles que l’agression ou l’acquisition de territoire par la force d’un État Membre. 

Le Ministre a également insisté sur l’impératif de soutenir le renforcement de l’état de droit dans les États en développement et fragiles, en arguant que l’état de droit est étroitement lié à la gouvernance nationale et au développement.  « Ils se renforcent mutuellement. »  La primauté du droit conduit à une plus grande prévisibilité, transparence et équité dans la société, ce qui à son tour sert de fondement au développement économique et à la sécurité humaine et, en retour, contribue à renforcer l’état de droit.  Il a conclu en appelant à renforcer les fonctions de l’ensemble de l’ONU en tant que rempart du multilatéralisme et de l’état de droit: l’Assemblée générale, le Secrétaire général et d’autres organes, et avant tout la réforme du Conseil de sécurité.  Il a plaidé pour que le Conseil soit élargi en catégories permanentes et non permanentes pour mieux refléter les réalités du monde actuel et pour le renforcement du rôle de la Cour internationale de Justice.

M. IGNAZIO CASSIS, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a rappelé que la communauté internationale est parvenue à construire un système multilatéral fondé sur des règles universelles, dont l’état de droit constitue l’épine dorsale.  La Charte des Nations Unies proscrit l’usage ou la menace de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État et oblige les États à régler leurs différends de manière pacifique, a-t-il encore souligné.  Or, ces principes sont aujourd’hui mis à rude épreuve, violés de manière flagrante dans le cas de l’agression militaire russe contre l’Ukraine, a déploré le Chef de la diplomatie suisse.  Un principe clef de l’état de droit est le respect des garanties de procédure, a-t-il poursuivi.  Afin que le Conseil renforce sa crédibilité, il doit lui-même respecter ces garanties et agir de manière transparente et cohérente.  À ce titre, le Ministre a salué le travail effectué par le médiateur du Comité de sanctions contre Daech et Al-Qaida pour l’application de l’état de droit dans les « sanctions onusiennes ».  Il a annoncé l’intention de son gouvernement de travailler avec tous les membres du Conseil pour que les autres régimes de sanctions bénéficient également d’un tel mécanisme. 

M. JUAN CARLOS HOLGUÍN MALDONADO, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a rappelé que la dernière fois que son pays a occupé un siège au Conseil de sécurité, il vivait un différend frontalier et une guerre contre le Pérou.  Après les négociations et la signature des accords de paix, les relations entre nos deux nations sont désormais fondées sur le respect mutuel, l’amitié, la coopération et l’intérêt commun, s’est réjoui le Ministre.  Regrettant les conflits et les guerres qui continuent de se multiplier dans le monde, il a prôné une coordination des efforts, en particulier au sein du Conseil, pour aider les États à lutter contre la criminalité transnationale organisée et le trafic d’armes.  Les membres du Conseil, a-t-il insisté, doivent être les premiers à défendre et à respecter la Charte des Nations Unies, y compris en s’abstenant de recourir à la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un État. 

Le Ministre a appelé à la fin de l’agression contre l’Ukraine, qui a causé des douleurs, des destructions et des morts, et a exacerbé la menace nucléaire.  Les armes nucléaires n’ont pas leur place dans un ordre mondial fondé sur l’état de droit, a-t-il souligné.  Dans ce cadre, il a appelé le Conseil à rendre plus inclusives, modernes et efficaces ses méthodes de travail.  Il a, à cet égard, attiré l’attention sur les propositions du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) - dont son pays est membre.  Il n’a pas voulu conclure sans marquer son attachement aux mandats de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI). 

L’état de droit est ce qui nous unit et nous préserve de l’enfer, a déclaré Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) en assurant que son pays est engagé en faveur de l’état de droit, notamment la promotion des droits humains.  Elle a dénoncé les États qui violent la Charte, en rappelant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est injustifiable.  Nous devons nous assurer que la Russie rende des comptes, a-t-elle tranché.  Elle a dénoncé les violations du droit commises par l’Iran, la Syrie, le Nicaragua et la RDPC, avant de fustiger la répression de manifestations au Bélarus, au Myanmar et au Soudan.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de disposer d’informations sur la situation des droits humains en Chine.  Les membres permanents du Conseil doivent être à la hauteur de leur responsabilité particulière, servir et non dominer les peuples, a-t-elle ajouté.  Elle a accusé la RPDC de violer les résolutions du Conseil avec ses tirs balistiques et essais nucléaires, faisant remarquer que la Chine et la Russie ont contraint le Conseil à rester silencieux sur ce dossier et ont entravé les tentatives du Conseil d’assumer ses responsabilités.  La représentante a assuré que les États-Unis font leur possible pour promouvoir l’état de droit.  Nous n’avons pas été parfaits mais nous souhaitons défendre les normes les plus élevées d’intégrité, a-t-elle conclu.

M. AHMED ALI AL SAYEGH, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a estimé que ce n’est qu’en appliquant systématiquement les normes et les valeurs inscrites dans la Charte, y compris l’égalité souveraine, l’intégrité territoriale et l’interdiction du recours à la force, que l’état de droit offrira la promesse d’une paix stable comme alternative aux conflits déstabilisateurs.  L’application sélective des dispositions de la Charte ne saurait servir notre objectif commun du respect de l’état de droit.  Pour renforcer cet état de droit, le Ministre a prôné la cohérence, quels que soient les régions et les intérêts en présence.  Le respect de l’état de droit, c’est l’application à tous les États des mêmes standards, s’est-il expliqué.  Le Ministre a conclu en appelant les États à renouveler leur engagement en faveur du règlement pacifique des différends et de l’amélioration de la faculté des États de se conformer à l’état de droit.

M. DAVID RUTLEY, Sous-Secrétaire d’État parlementaire au Bureau des affaires étrangères et du développement du Commonwealth du Royaume-Uni, a indiqué que les articles 1 et 2 de la Charte des Nations Unies revêtent une importance particulière pour le débat d’aujourd’hui au Conseil de sécurité, car ils jettent les bases de la paix et de la sécurité mondiales.  Ils exigent des États Membres à ne pas expressément menacer ou utiliser la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, et obligent en outre les États Membres à régler les différends par des moyens exclusivement pacifiques, a-t-il rappelé.  Et pourtant, alors que de nombreux pays ont démontré à quel point ils prennent au sérieux leurs engagements au titre de la Charte des Nations Unies, une poignée continue de montrer leur mépris des règles de droit, s’est-il indigné en pointant du doigt l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie.  Par son invasion non provoquée, ses référendums fictifs et ses tentatives d’annexion illégales, la Russie a foulé au pied ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies, a-t-il accusé. 

Le dignitaire a également reproché à l’Iran de menacer la paix et la sécurité internationales et de saper le système mondial de non-prolifération avec son programme nucléaire, affirmant que celui-ci n’a jamais été aussi avancé qu’aujourd’hui.  En Corée du Nord, a-t-il poursuivi, le lancement sans précédent de 70 missiles balistiques en 2022 viole plusieurs résolutions du Conseil de sécurité et continue de menacer la paix et la sécurité internationales.  Et en Syrie, le ciblage des écoles, des hôpitaux et des secours par le régime et les forces russes alliées sont des violations flagrantes du droit international et de la décence humaine fondamentale.  Toute violation de la Charte des Nations Unies et de ses principes fondamentaux, qui sous-tendent la paix et la sécurité mondiales, représente une menace pour nous tous, a martelé le représentant.  Maintenant, plus que jamais, a-t-il insisté, la communauté internationale doit se rassembler pour réaffirmer son soutien à la Charte des Nations Unies et à l’état de droit; s’engager à travailler ensemble pour renforcer l’ordre international fondé sur des règles et l’état de droit; et envoyer un signal clair indiquant qu’elle ne tolérera pas les tentatives visant à saper cet ordre international. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que le Conseil doit faire respecter l’état de droit et prendre des mesures concrètes lorsque les principes de la Charte des Nations Unies sont bafoués par des guerres d’agression, des menaces nucléaires, et des attaques contre les civils, en particulier les femmes et les enfants.  Elle a salué l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, y voyant un pas important vers un contrôle accru de l’exercice du droit de veto, avant d’apporter son soutien à la déclaration politique sur la suspension de ce droit dans certaines situations à l’initiative de la France et du Mexique, ainsi qu’au Code de conduite.  Par ailleurs, la déléguée a préconisé de renforcer les partenariats entre le Conseil et d’autres organes du système des Nations Unies, afin de garantir que les droits humains soient respectés.  Restaurer la confiance de nos citoyens dans les institutions, à tous les niveaux, n’est possible que si l’état de droit est garanti et l’accès sans entrave à la vie politique et à l’information assuré, a ajouté la représentante. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que notre prospérité commune dépend du respect de l’état de droit et non pas de l’empire de la force.  C’est un choix rationnel et délibéré selon lequel la raison du plus fort n’est pas la meilleure, a-t-il indiqué.  Il a souligné que l’état de droit s’applique aussi aux membres permanents du Conseil qui ont un privilège sui generis et qui exercent donc des responsabilités spéciales.  C’est la raison pour laquelle l’agression non provoquée de l’Ukraine par la Russie est une aberration flagrante qui incarne un rejet complet des règles communes et de la nécessité de respecter l’état de droit.  C’est notre devoir commun de ne pas accepter le fait accompli, a déclaré le représentant, car en tolérant ces transgressions nous nourrissons la soif d’un pouvoir fort qui peut détruire l’ordre constitutionnel, faire voler en éclats le droit international, menacer la paix internationale et nier les droits élémentaires des citoyens.  Ceux qui violent de façon flagrante et persistante les règles communes ne doivent pas être pardonnés mais condamnés, a-t-il tranché. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que la multiplication des attaques et des remises en cause de l’état de droit doit inciter le Conseil à se mobiliser et à agir davantage.  Le Conseil doit protéger l’état de droit dans ses résolutions, y compris en garantissant la participation de toutes les composantes de la société, notamment les femmes et les jeunes, aux processus de paix et de consolidation de la paix, a-t-il dit.  « Plus largement, il se doit d’agir et d’être à la hauteur des responsabilités qui sont les siennes. »  C’est le sens de notre initiative sur l’encadrement du recours au veto en cas d’atrocités de masse, qui bénéficie déjà de 106 soutiens, a indiqué le délégué.  Il a aussi appelé le Conseil à conforter le rôle de la Cour pénale internationale et a également jugé essentiel que tous les États Membres respectent les décisions de la Cour internationale de Justice.  Enfin, il a appelé à fermement soutenir les entités de l’ONU qui promeuvent l’état de droit. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la Charte et ses buts et principes constituent la pierre angulaire du droit international.  Il a accusé certains États d’appliquer les principes de droit en fonction de leurs intérêts.  Le dialogue entre les parties est la coutume en matière de gestion des différends, a-t-il relevé, appelant à faire plus pour gérer les différends de manière pacifique.  Il a également souligné que tout différend au niveau international doit être réglé selon les normes établies, en accordant un rôle important pour la CIJ.  Le délégué a aussi souhaité que tous les pays contribuent à l’élaboration du droit international, en respectant les principes de démocratie et du multilatéralisme.  Il a appelé à rejeter les sanctions unilatérales qui n’ont aucune fonction en matière de droit international.  De même, aucun pays ne peut prétendre que son droit soit au-dessus de celui des autres, a-t-il indiqué avant d’accuser les États-Unis de déstabiliser les chaînes de valeurs internationales par leurs sanctions. 

On entend parfois parler d’« ordre international fondé sur les règles », a poursuivi le représentant, estimant qu’il s’agit d’un concept ambigu qui n’existe pas dans la Charte ni dans les résolutions onusiennes.  Qui crée donc ces règles? a-t-il lancé, affirmant que cette approche fondée sur les règles, avancée par certains pays, a fait sombrer le monde dans le chaos.  S’il s’agit de règles issues de la Charte, alors il faut clairement le dire, a-t-il martelé en accusant les ténors de ce concept à vouloir imposer leurs intérêts au détriment de ceux d’autres pays.  Et la déclaration de la représentante des États-Unis ce matin vient nous convaincre que nos craintes sont fondées, a-t-il lancé en mettant en garde contre un monde de chaos. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a indiqué que l’interdiction de l’usage de la force, tel que stipulé dans l’Article 2 de la Charte des Nations Unies, est considérée comme une norme de « jus cogens » et, par conséquent, ne laisse aucune place à la dérogation, ni par traité ni par des actes unilatéraux.  La seule exception à cette interdiction, le droit à la légitime défense individuelle ou collective tel que consacré par l’Article 51 de la Charte, doit être interprétée de manière restrictive, comme l’a déjà stipulé la Cour internationale de Justice.  Toute agression contre un État souverain, tout usage individuel ou collectif de la force sans l’approbation de ce Conseil, et tout recours à des mesures coercitives unilatérales sont autant d’expressions du mépris pour les normes et principes de la Charte des Nations Unies, a tranché le représentant, qui s’est inquiété du retour des conflits interétatiques, citant notamment le cas du conflit en Ukraine. 

Le délégué a estimé que le renforcement de l’état de droit à l’ONU dépend en grande partie de la réforme de l’Organisation elle-même, afin de la rendre plus apte à remplir ses fonctions.  Il a regretté le peu de progrès réalisés pour réformer le Conseil de sécurité, notant que le manque de représentativité en son sein se fait ressentir sur sa capacité à faire respecter l’état de droit entre nations et, par conséquent, à s’acquitter de sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Une réforme qui englobe l’élargissement des deux catégories de sièges et la révision de ses méthodes de travail est urgente, a tranché le représentant selon qui il n’y aura pas de respect total de l’état de droit entre les nations si les pays en développement ne sont pas représentés en permanence dans le processus de prise de décisions dans le domaine de la paix et de la sécurité. 

M. PEDRO COMISSARÍO AFONSO (Mozambique) a rappelé que c’est, dans une large mesure, grâce à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux luttes de libération des peuples épris de paix et de liberté que, depuis 1945, l’humanité a fait des progrès significatifs dans l’élargissement du domaine de l’état de droit.  « Nous avons pu définir et atteindre de nouvelles frontières pour notre liberté et affirmer le droit à l’autodétermination des peuples et des pays sous le joug étranger, avec l’adoption capitale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le 14 décembre 1960.  Dans ce contexte, il s’est dit fermement convaincu que pour le rendre plus efficace, l’état de droit doit bénéficier d’une forte culture de multilatéralisme et s’opposer à la sélectivité des actions.  La Charte est un instrument juridiquement contraignant, qui incite les nations à unir leurs forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales, faisant de cette notion un bien commun de l’humanité, a encore souligné le représentant. 

M. VASSILI A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que pour les anciens partenaires occidentaux de la Russie, l’état de droit ne sert qu’à dénoncer la responsabilité présumée de son pays dans les menaces émergentes à la paix et à la sécurité internationales, et à taire leurs propres violations flagrantes de l’état de droit.  Le concept occidental d’un « ordre mondial fondé sur des règles » ne respecte pas les normes du droit international, y compris la Charte des Nations Unies, a-t-il estimé.  Il a aussi dénoncé le discours occidental selon lequel, du point de vue du droit international, l’opération militaire spéciale russe en Ukraine le 24 février 2022, est devenue une sorte de « Rubicon ».  Pour le représentant, la crise ukrainienne est née de l’arrogance de l’Occident et de son refus de tenir compte des intérêts des autres, citant en particulier la volonté de l’OTAN d’étendre le bloc.  La situation difficile actuelle réside aussi dans la volonté de Washington de jouer le rôle du « gendarme du monde », a continué le représentant russe dénonçant l’utilisation par les États-Unis, depuis 1991, de leurs forces militaires à 251 reprises.  Il a également cité les chiffres donnés par le Bureau des recensements américains, selon lequel il y avait en 2022 plus de 16 millions de vétérans aux États-Unis malgré le fait que personne n’a attaqué ce pays depuis deux siècles. 

Selon le délégué, le droit international et l’ordre public ont été brutalement piétinés par l’Occident avec les premières bombes de l’OTAN larguées sur la Yougoslavie.  Ensuite, sous le prétexte de lutte contre le terrorisme, l’OTAN a conduit à la destruction et à l’occupation de l’Afghanistan pendant de nombreuses années.  Il a aussi dénoncé l’interprétation large de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies comme autorisant la légitime défense contre des acteurs non étatiques sur le territoire d’États tiers ou le prétexte fallacieux d’avoir des « armes de destruction massive » comme en Iraq.  En Libye, l’Occident a inventé le concept d’« intervention humanitaire » et de la « responsabilité de protéger », a analysé le représentant en y voyant plutôt une agression et une violation du droit international et de la Charte.  Il a dans la foulée dénoncé l’instrumentalisation de la CPI qui a monté un dossier vide contre Kadhafi. 

En Syrie, a encore dénoncé le délégué, l’agression militaire directe par les États-Unis et l’OTAN, avec l’occupation d’une partie importante du territoire du pays, se poursuit à ce jour, ainsi que le soutien aux combattants terroristes étrangers.  Revenant sur la guerre en Ukraine, le représentant a répété que la crise dans ce pays remonte à février 2014, lorsque l’Occident a financé « un sanglant coup d’État armé anticonstitutionnel » contre les autorités légitimes du pays.  Avant de terminer, il a regretté le fait que le Secrétariat promeuve des concepts obscurs dans sa « Nouvelle vision de l’état de droit », s’inspirant largement sur « l’ordre mondial fondé sur des règles » de l’Occident et ne prenant pas en compte les caractéristiques nationales, culturelles et religieuses de chaque État.  On veut imposer aux États Membres un modèle de comportement et une structure étatique et sociale, en a-t-il conclu. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a appelé à s’engager davantage pour le droit international, sans deux poids, deux mesures.  L’état de droit n’est pas un menu à la carte dont l’application serait à géométrie variable, a-t-il souligné.  Il n’y a pas de contradiction entre souveraineté des États et droit international, a dit le délégué, avant de rappeler notamment les instruments juridiques adoptés entre 1890 et 1926 pour éliminer la cruauté et l’inhumanité propres à l’esclavage.  Il a estimé que tout appel en faveur du renforcement de l’état de droit doit prendre en compte la nécessité de renforcer les capacités économiques des pays fragiles.  Enfin, il a rappelé que l’état de droit au niveau international ne signifie pas promouvoir le statu quo.  La fiabilité de l’édifice de règles internationales doit se densifier constamment par des mises à jour positives, a conclu le délégué, en appelant à une réforme de ce Conseil.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déclaré que l’application de l’état de droit entre les nations a aidé à délivrer plus de 100 nations de l’oppression de la domination coloniale et de la domination étrangère, tout en posant des contraintes au recours à la force, sauf dans des circonstances limitées prévues par la Charte des Nations Unies.  Il a salué la nouvelle vision du Secrétaire général d’une approche de l’état de droit centrée sur les personnes, laquelle est décrite dans « Notre programme commun ».  Il a appelé à renouveler l’engagement en faveur du règlement pacifique des litiges.  Afin de renforcer l’état de droit entre les nations, il a suggéré que les institutions, organes et processus mondiaux clefs, y compris le Conseil de sécurité, qui a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, soient réformés en urgence.  Nous ne pouvons combattre de nouveaux maux avec de vieux outils, a-t-il argué.  Le Conseil de sécurité doit être représentatif de la communauté internationale dans son ensemble et refléter les réalités géopolitiques actuelles.  Enfin, le délégué a insisté sur la responsabilité en tant que principe central de la primauté du droit et la nécessité constante pour le Conseil de sécurité d’appuyer des mécanismes internationaux efficaces de responsabilisation dans la lutte mondiale contre l’impunité. 

M. RUI ALBERTO FIGUEIREDO SOARES, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration régionale de Cabo Verde, a jugé opportun de réfléchir aux défis croissants à la primauté de l’état de droit, à l’échelle globale, de façon à le faire prévaloir, y voyant une condition « sine qua non » pour la consécration de la paix et de la stabilité internationales, du développement durable, des droits humains et de la démocratie.  Il a expliqué qu’à Cabo Verde, la primauté de l’état de droit a été consolidée par l’instauration de la démocratie représentative en 1991, et la Constitution de 1992 qui garantit le respect des droits humains et des libertés fondamentales, la démocratie et le développement durable.  En outre, dans sa politique extérieure, et malgré sa condition de petit État insulaire en développement, Cabo Verde appuie les causes de l’état de droit, tant par sa conduite dans le système des Nations Unies, qu’en étant actif sur son continent, a-t-il indiqué.  Face à l’augmentation de la polarisation et à l’absence de dialogue géopolitique entre les grandes puissances, il a appelé à trouver des solutions transformatrices à court terme.  Il est urgent de déployer tous les efforts nécessaires pour renforcer les réponses à la sauvegarde et au renforcement de l’état de droit dans le monde, tout en assurant la légalité parmi les nations, a-t-il souligné. 

Mme YILL OTERO, Vice-Ministre des affaires multilatérales du Panama, a expliqué que son gouvernement, après la pandémie et les conséquences de la guerre en Ukraine, n’a pu gérer la gouvernance et la stabilité que par le dialogue, ce qui s’est traduit par une paix durable et un redressement progressif du pays.  Brandissant cet exemple, elle a demandé que l’on engage une réflexion sur le processus de dialogue interne au Panama qui a conduit à la pacification des protestations populaires, lesquelles ont commencé par de simples revendications qui résultaient d’une guerre très lointaine.  Ces récents événements nous ont amenés à vivre un moment difficile, et pour y faire face, le Président Laurentino Cortizo Cohen et le Vice-Président José Gabriel Carrizo ont lancé une série de dialogues où ils n’ont jamais succombé aux pressions visant à recourir à la violence contre leur propre population.  Ces échanges inclusifs devraient être reproduits pour l’ensemble du continent et constituent « le meilleur exemple de gouvernance au XXIe siècle », s’est félicitée la Vice-Ministre.  Le Panama, a assuré Mme Otero, a démontré que le dialogue est la seule voie durable de redressement et de développement pour maintenir la paix sociale.  Aussi a-t-elle exhorté les pays de la région à considérer ce processus de négociation et de dialogue comme un élément d’unification face à la polarisation qui prévaut sur le continent. 

Mme EMINE DZHAPAROVA, Première Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a constaté la naïveté d’un monde qui a pris pendant des décennies, l’état de droit pour acquis.  La force barbare que la Russie a utilisée contre l’Ukraine est un signal que plus personne n’est en sécurité.  Lorsqu’un membre permanent du Conseil de sécurité attaque un autre État Membre de l’ONU, cela signifie que la sécurité n’existe pas, la paix internationale est remise en question, et l’état de droit est brutalement bafoué, a-t-elle insisté. 

Elle a signalé qu’en ce moment même, des habitants de Bakhnmout et de Soledar sont en train de mourir et que la population n’a ni électricité, ni eau, ni chauffage, témoignant qu’elle avait elle-même dû faire sa valise à la lueur d’une bougie avant de venir à New York pour un voyage qui aura duré 36 heures alors qu’autrefois il ne fallait en compter que neuf.

Depuis le 24 février, a-t-elle poursuivi, les occupants ont tué 453 enfants pour rien, et notre première tâche est de rétablir la justice pour toutes les victimes.  Elle a rappelé la formule de paix en 10 points du Président Volodymyr Zelenskyy, assurant que ces 10 points, basés sur les principes de la Charte des Nations Unies, peuvent ramener la sécurité et la justice en Ukraine et dans le monde entier.  Elle a ensuite déclaré que la sûreté nucléaire ne sera possible que lorsque la Russie retirera toutes ses troupes de la centrale nucléaire de Zaporijia et achèvera sa démilitarisation. 

Mme Dzhaparova a invité les États Membres à faciliter et promouvoir la mise en œuvre de la formule de paix du Président Zelenskyy dont la clef est le rétablissement de la justice.  La seule façon d’atteindre cet objectif est de tenir les criminels de guerre russes responsables de leurs actes, et pour y parvenir, il faut créer un tribunal spécial pour le crime d’agression, a-t-elle affirmé, appelant les États Membres à soutenir la résolution que l’Ukraine présentera prochainement à l’Assemblée générale à cette fin.

M. WOJCIECH GERWEL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a accusé la Russie d’avoir violé la Charte des Nations Unies en agressant l’Ukraine.  La conduite de la Russie se base sur la force, à mille lieues de l’esprit et de la lettre de la Charte, a-t-il dénoncé.  Il a insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités, en demandant que les auteurs de crimes commis en Ukraine soient traduits en justice.  Évoquant de possibles crimes de guerre dans ce pays, il a salué l’implication de la CPI et indiqué que la Pologne a également lancé sa propre enquête pénale.  Nous sommes engagés dans d’autres efforts visant à un établissement des responsabilités en ce qui concerne le crime d’agression, a-t-il ajouté.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a relevé que la communauté internationale a été témoin à maintes reprises de la violation des buts et objectifs des Nations Unies.  En effet, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est constamment sapé et l’interprétation large du droit à la légitime défense a été un affront à la souveraineté et à la l’intégrité des États.  De même, malgré le développement au cours des dernières décennies d’un régime de droit pénal international, l’application de la justice reste difficile à obtenir et les auteurs de crimes internationaux échappent à la responsabilité.  Le représentant a aussi noté que le deux poids, deux mesures représente un défi central dans l’application de l’état de droit.  En effet, certains qui appellent au respect des principes et objectifs de la Charte oublient ces principes, notamment le droit à l’autodétermination, lorsqu’il s’agit de la question palestinienne, a-t-il constaté. 

Avons-nous besoin de nouvelles règles?  Comment appliquer les règles existantes?  Avons-nous besoin de changements structurels, y compris dans le système de l’ONU pour qu’elle demeure fidèle à son objectif de résoudre les conflits et pas seulement de les gérer?  Ce sont certaines des questions auxquelles il faut répondre, a estimé le délégué. 

Pour M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte), la promotion de l’état de droit et de la légalité parmi les nations est la garantie principale pour réaliser les buts et principes de l’ONU, et en particulier la paix et la sécurité.  S’agissant du rôle de la légalité entre les nations, il a estimé qu’il fallait tout d’abord définir cette légalité, en renvoyant à l’Article 2 de la Charte des Nations Unies et à la Déclaration sur les principes du droit international, qui représentent un consensus qui n’a jamais été questionné.  Il revient aux pays de promouvoir l’état de droit en veillant au respect des principes et résolutions de Nations Unies, a fait valoir le représentant.  Il a dénoncé les tentatives répétées de certains États d’imposer des notions et des mesures qui ne font pas l’objet d’un consensus, citant comme exemple la peine capitale, que certaines sociétés considèrent comme une composante de l’état de droit mais pas d’autres.  Le représentant a également pointé du doigt le deux poids deux mesures en matière de mise en œuvre de la légalité à l’échelle internationale en faisant références aux votes sur différentes résolutions qui changent en fonction de considérations politiques et objectifs connus.  Beaucoup d’États, par exemple, ont adopté des positions peu cohérentes, notamment sur l’annexion par la force de territoires, le recours à la force et la violation du droit international humanitaire alors même que les principes en question sont les mêmes dans tous les cas.  Cela risque d’engendrer une érosion de la crédibilité du système multilatéral, a mis en garde le représentant.  Il faut, selon lui, procéder à une promotion véritable de l’état de droit et assurer une représentation équitable au sein du Conseil de sécurité en veillant à réparer l’injustice historique infligée à l’Afrique. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a considéré que la guerre en Ukraine lance un défi direct au système multilatéral fondé sur la Charte des Nations Unies.  Cependant, la réponse internationale à l’invasion de ce pays montre clairement que le monde l’a massivement rejetée, comme en témoigne l’adoption, à une majorité écrasante, de résolutions à l’Assemblée générale condamnant la Russie.  Le représentant a ensuite affirmé que chaque État Membre a la responsabilité de se conformer à tout moment à ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international, en soulignant qu’il n’y a pas de sélection possible: nous ne pouvons permettre que des pays, en particulier puissants, choisissent les obligations de droit international qui leur conviennent.  « Le multilatéralisme à la carte n’est pas le multilatéralisme », a tranché le délégué.  Outre prioriser la diplomatie préventive, il a préconisé que l’Assemblée générale, qui est le principal organe délibérant, décisionnel et représentatif des Nations Unies, continue à renforcer sa capacité à contribuer à la mise en œuvre des obligations découlant de la Charte et du droit international.  Ce faisant, cette enceinte peut contribuer matériellement au maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment lorsque le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de le faire.  C’est pourquoi Singapour a fortement soutenu « l’initiative veto », a rappelé le représentant. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a déclaré que le respect du droit international est une condition préalable solide à une paix stable entre les nations.  Le contraire déclenche des conséquences dévastatrices, a-t-il mis en garde, citant en exemple le grave manquement à ses responsabilités de la Russie qui, depuis près d’un an, mène une agression brutale et non provoquée contre l’Ukraine.  L’ampleur des violations du droit international a remis en question la résilience de l’état de droit mondial et la crédibilité du système des Nations Unies dans son ensemble.  Bien qu’il reste beaucoup à faire pour faire face à l’impact de ces violations, il est encourageant de voir l’attention renouvelée de la communauté internationale pour la responsabilité et la justice, a-t-il déclaré.  Le représentant a dit avoir confiance dans la capacité de la CPI et de la CIJ à rendre justice en Ukraine.  Il a rappelé qu’en 2021, la Roumanie a présenté une initiative promouvant une reconnaissance plus large de la compétence de la CIJ, avec un groupe de pays.  Le respect des arrêts et ordonnances de la CIJ est primordial.  Il a encouragé les États à reconnaître et rendre obligatoire la compétence de la Cour.  Il a aussi plaidé pour l’universalité du Statut de Rome et un soutien politique et financier continu à la CPI compte tenu de son rôle vital dans la lutte contre l’impunité. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a dénoncé l’agression perpétrée par un membre permanent du Conseil contre son voisin.  Il a rappelé que le respect du droit international n’est pas un choix mais une obligation.  Les violations du droit commises par les États, notamment en ce qui concerne les normes impératives du droit, ne doivent pas rester sans conséquences, a-t-il affirmé.  Il a appelé à poursuivre en justice les auteurs de violations graves, en appelant à une coopération efficace entre le Conseil de sécurité et la CPI.  La CIJ joue un rôle fondamental dans le règlement pacifique des différends, a ajouté le délégué, en appelant à la poursuite de la codification du droit international. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a dit que le droit du plus fort ne doit jamais l’emporter sur l’état de droit et que l’état de droit doit s’appliquer de la même manière pour tous les États.  Il a appelé à un multilatéralisme fort pour promouvoir l’état de droit.  En tant que gardien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit veiller au respect de l’état de droit, a-t-il rappelé.  Il a enfin plaidé pour que la légalité soit toujours de mise sur la scène internationale. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche), qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis de l’état de droit composé de 51 États Membres, a déclaré que 2022 a été une année difficile pour ceux qui croient en l’état de droit.  Il a indiqué que la principale différence entre un engagement politique et une norme de droit international est précisément le caractère contraignant et obligatoire de cette dernière, ajoutant que lorsqu’un État viole une obligation découlant du droit international, il doit en assumer les conséquences juridiques.  Par le biais de la Charte des Nations Unies -un traité juridiquement contraignant- les États Membres ont accepté le principe d’égalité souveraine et de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, a rappelé le représentant qui a relevé que l’an dernier, plusieurs résolutions de l’Assemblée générale ont réaffirmé la validité de ces principes, citant notamment les textes sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les violations du droit international au Myanmar, le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et les obligations de l’Afghanistan en vertu du droit international.

Le délégué s’est dit persuadé que de nombreux conflits pourraient être évités si les États respectaient l’état de droit et s’acquittaient de leurs obligations en vertu du droit international, rappelant que si les États ne règlent pas pacifiquement un conflit, le Conseil de sécurité a la responsabilité de maintenir ou de rétablir la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, il a dénoncé l’usage abusif du droit de veto et le non-respect de l’Article 27 (3) de la Charte.  Il a estimé que l’ONU ne doit pas rester les bras croisés lorsque le Conseil de sécurité ne tient pas ses promesses, citant la résolution de l’Assemblée générale « union pour la paix », et saluant l’usage dont il en a été fait en février 2022.  Il a appelé à envisager d’autres moyens de renforcer l’adhésion à la Charte, exhortant en outre tous les États à remplir leur obligation de respecter et de mettre en œuvre les arrêts de la CIJ.  Il ne faut pas succomber à la tentation du pouvoir et de la force, mais construire sur la force de la loi, a-t-il ajouté

À titre national, le représentant a déclaré que depuis son adhésion à l’ONU en 1955, la contribution de l’Autriche a toujours été guidée par les objectifs de la Charte et les intérêts de l’ONU dans son ensemble. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a plaidé pour que la souveraineté et l’intégrité territoriale des États soient protégées de toute agression, dont le terrorisme, en particulier transfrontalier.  Les États qui ont recours à la terreur transfrontalière pour défendre des objectifs politiques étroits doivent répondre de leurs actes, a averti l’oratrice selon laquelle cela ne sera possible que si les pays font front, ensemble, contre les menaces terroristes.  Il faut aussi éviter le « deux poids, deux mesures » qui sert des intérêts politiques, a-t-elle demandé.  Elle a estimé que pour renforcer l’état de droit, il faut réformer les institutions internationales de gouvernance mondiale, y compris celles chargées de la responsabilité de préserver la paix et la sécurité internationales.  La représentante a encouragé des débats sur le renforcement de l’état de droit mais pas dans le cadre de structures anachroniques qui ne sont pas représentatives.  Elle a fait remarquer que comme les objectifs et la pertinence des organisations multilatérales ne cessent d’être remises en question, la communauté internationale a la responsabilité et l’obligation collective de les rendre plus crédibles pour que l’ordre international existant soit plus légitime.  « Attelons-nous à réaliser cette aspiration avant qu’il ne soit trop tard », a exhorté la déléguée. 

M. REIN TAMMSAAR (Estonie) a déclaré que le respect de l’état de droit est encore plus important en temps de conflit.  La guerre d’agression « barbare » de la Russie contre l’Ukraine représente la violation la plus flagrante de la Charte des Nations Unies, depuis la Seconde Guerre mondiale.  La Charte adoptée à l’unanimité, la Déclaration de 1970 et les résolutions de l’Assemblée générale affirmant l’importance de l’état de droit seront toutes jetées aux orties si la communauté mondiale ne réagit pas et ne demande pas des comptes aux responsables, a averti le représentant, regrettant que l’on n’établisse pas les responsabilités.  En droit international, a-t-il poursuivi, le crime d’agression est la « mère de tous les crimes », car il prépare le terrain aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanité voire au crime de génocide. 

La Fédération de Russie a déclenché les hostilités en Ukraine et il est temps, a martelé le représentant, de créer un tribunal international pour faire en sorte que les auteurs mais aussi les cerveaux de l’agression n’échappent pas à la justice.  Un tel tribunal enverrait à tous les agresseurs potentiels un signal clair: la guerre peut coûter cher, elle ne sera pas tolérée, la justice sera assurée et le droit international ainsi que l’état de droit prévaudront.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a dénoncé l’agression perpétrée par un membre permanent de ce Conseil contre son voisin.  L’agression est l’une des attaques les plus graves contre un ordre international basé sur des règles, a-t-elle argué.  Elle a estimé que ce Conseil a l’obligation d’agir, tout en notant qu’il en a délégué la responsabilité à l’Assemblée.  Le Conseil n’a pu aboutir à une décision en raison du droit de veto, a-t-elle en effet rappelé.  La déléguée a appuyé le travail de la CIJ, avant de rappeler que ce Conseil peut, s’il le souhaite, lui demander un avis consultatif.  « La justice et la paix marchent main dans la main et elles doivent être au centre de nos efforts, en particulier cette année. »

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a indiqué que le non-respect du droit international peut menacer l’état de droit et saper la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé le Conseil à agir face aux violations de ses résolutions en matière de non-prolifération par la République populaire et démocratique de Corée (RPDC).  Il a également appelé le Conseil à surveiller de près les cas flagrants de violations des droits humains et les atrocités criminelles perpétrées en violation flagrante de l’état de droit.  Compte tenu de l’ordre international fondé sur des règles, la communauté internationale doit être vigilante face aux défis à la paix et la sécurité dans de nouvelles sphères, y compris le cyberespace, l’espace extra-atmosphérique et les nouvelles technologies, a-t-il ajouté.  

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a rappelé avoir alerté à maintes reprises la communauté internationale sur les cas de violations flagrantes du droit international dans sa partie du monde.  Le représentant a précisé avoir porté à plusieurs reprises à l’attention de ce Conseil que l’Azerbaïdjan s’est livré à la pratique illégale de l’acquisition de territoires par la force.  L’Azerbaïdjan cherche maintenant à normaliser la violence et l’agression pour imposer des solutions unilatérales et mener la politique de nettoyage ethnique au Haut-Karabakh, a-t-il affirmé.  Il a apprécié les appels exprimés par les membres du Conseil, lors de la séance du 20 décembre 2022, pour rétablir la circulation libre et sûre dans le corridor de Latchine et pour respecter les accords précédemment conclus et résoudre les différends par des moyens pacifiques, mais a regretté que l’incapacité d’adopter un résultat à l’unanimité à la suite de cette réunion ait incité l’Azerbaïdjan à poursuivre ses violations du droit international.  Le délégué a cité ceux qui l’ont qualifié de « succès diplomatique de l’Azerbaïdjan » et de « cadeau du Nouvel An du Président de l’Azerbaïdjan à son peuple », y voyant un affront à la conscience collective de cet organe. 

Le représentant a déploré que, depuis plus de 30 jours, le passage sûr et sans entrave des personnes et des biens continue d’être refusé, les enfants restent séparés de leur famille, l’électricité et Internet sont coupés, tandis que des coupons alimentaires sont distribués pour répondre aux besoins immédiats de 120 000 personnes.  Il a appelé l’ONU à agir de manière décisive et opportune pour répondre à la dictature brutale et aux plans d’étouffement et de nettoyage ethnique du peuple arménien du Haut-Karabakh.  L’Arménie aimerait pouvoir croire que ce Conseil sera à la hauteur de son mandat et de ses responsabilités et qu’il saura surmonter les différences idéologiques et les désaccords conceptuels, au profit de la justice, de l’état de droit et des droits humains et au nom de la liberté, de la paix et de la sécurité, a conclu le représentant.

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a déclaré que le Conseil de sécurité doit s’élever face aux mesures « iniques » prises parce qu’une majorité d’États Membres a décidé de se tourner vers le droit international et la Cour internationale de Justice, en soumettant à cette juridiction une demande d’avis consultatif.  Il a également souligné qu’on ne peut prétendre à une paix et une sécurité durables si les droits humains continuent d’être bafoués.  Alors que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il convient de réaffirmer avec force son caractère fondamental et d’affirmer que les droits de la personne doivent guider les processus de prise de décisions des Nations Unies.  Cela implique, a-t-il estimé, de garantir la participation pleine et entière des femmes, de renforcer celle des jeunes et de la société civile, leurs contributions à la prévention et à la résolution des conflits n’étant plus à prouver.

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) s’est plaint que 77 ans après l’adoption à l’unanimité de la Charte des Nations Unies, l’on assiste encore à plusieurs crises, dont récemment l’agression contre l’Ukraine.  La seule voie à suivre en matière de règlement des différends est de respecter l’état de droit au lieu de l’usage de la force, a conseillé le représentant.  À cette fin, le processus de prise de décisions à l’ONU doit être plus efficace et transparent, a-t-il estimé.  Il a ensuite promis que si la Grèce est élue membre non permanent du Conseil pour la période 2025-2026, elle contribuera à la promotion du plein respect des règles et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies et des valeurs qui les sous-tendent.  Le représentant a par ailleurs relevé que la désinformation est devenue un défi à l’état de droit, aux droits humains et au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a également souligné le lien entre la paix, la sécurité et le développement durable, en particulier l’ODD 16.

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), au nom du Groupe des pays nordiques, a déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est une violation flagrante du droit international, avant de se dire « horrifié » par l’action de la Russie.  La Russie et les auteurs de violations graves doivent rendre des comptes, a dit le délégué, avant de qualifier d’inacceptable l’usage du veto par la Russie qui a empêché le Conseil de s’acquitter de son mandat.  Enfin, il s’est dit encouragé par les récents efforts en vue d’un établissement des responsabilités de la Russie, y compris les enquêtes actuellement menées par la CPI.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déploré le fait que le Conseil n’ait pas été en mesure de mettre en œuvre les principes de la Charte, encore moins de prévenir les conflits au Moyen-Orient.  Il n’a pas non plus été en mesure d’assurer la mise en œuvre de ses propres résolutions, notamment sur la Palestine et le Jammu-et-Cachemire.  Il a appelé au respect du droit à l’autodétermination de manière universelle.  Dans la même veine, le représentant a estimé qu’aucune partie en conflit ne devrait pouvoir rejeter les bons offices du Secrétaire général de l’ONU. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a dénoncé la guerre insensée de la Russie contre l’Ukraine, avant d’appeler à ne pas user du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  Il a estimé que le droit international ne peut être une « toile d’araignée qui attrape les petits mais laisse échapper les puissants ».  Ceux qui commettent des violations doivent rendre des comptes, peu importe leur taille, a dit le délégué, en soulignant le rôle central de la CPI.  Il a aussi insisté sur le rôle de la CIJ, avant de déplorer que sa décision du 16 mars dernier, par laquelle elle a demandé à la Russie de cesser ses opérations en Ukraine, n’ait pas été appliquée.  Enfin, le délégué a mentionné la menace que représente la désinformation pour l’état de droit.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a indiqué que le plan directeur 2025 de la « communauté politique et de sécurité » de l’ASEAN vise à promouvoir une communauté fondée sur des règles et sur le respect de l’état de droit aux niveaux national et international.  À cette fin, le renforcement des capacités des États membres de l’Association, notamment par la fourniture d’une assistance technique et l’utilisation des technologies numériques, reste essentiel pour la promotion de l’état de droit ainsi que pour garantir des institutions judiciaires efficaces, inclusives et responsables.  De telles institutions contribueront naturellement à un plus grand développement socioéconomique, à la paix, à la justice et à la prospérité pour tous, a affirmé le représentant. 

S’exprimant ensuite en sa qualité nationale, le délégué des Philippines a affirmé que son pays a redoublé d’efforts pour renforcer le droit international – « ce grand égalisateur entre les États ».  Il a cité en exemple la participation des Philippines aux négociations ayant abouti à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, emblématique de la manière dont les États doivent résoudre leurs différends: « par la raison et par le droit ».  Le délégué a également cité la Déclaration de Manille de 1982 sur le règlement pacifique des différends internationaux.

M. ANIL KAYALAR (Türkiye) a dit qu’un multilatéralisme fort et efficace s’appuyant sur la Charte des Nations Unies est une condition préalable à la sécurité, la stabilité et la paix.  L’état de droit est là pour éviter l’arbitraire, et la justice, le dialogue et la confiance entre les nations facilitant une bonne gestion des problèmes sécuritaires.  Le représentant a donc regretté que le Conseil de sécurité ne parvienne pas à s’affirmer dans son rôle de protecteur de l’état de droit.  Alors qu’ils devraient agir au nom de tous les États, les membres du Conseil usent de leur droit de veto pour protéger leurs intérêts nationaux étroits, malgré les atrocités de masse.  Le représentant a salué les initiatives visant à limiter le recours au veto.  Il a ensuite souligné que l’état de droit ne peut être dissocié de l’établissement des responsabilités.  C’est la seule manière pour la communauté internationale de montrer que l’état de droit l’emporte sur la loi du plus fort, face aux crimes les plus graves.  Notre responsabilité, a-t-il martelé, est de faire en sorte que des poursuites et des enquêtes judiciaires soient lancées chaque fois que cela s’avère nécessaire, a conclu le représentant, après avoir rappelé le rôle qu’assume désormais l’Assemblée générale chaque fois que le droit de veto est exercé au Conseil de sécurité. 

Pour Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne), un ordre mondial fondé uniquement sur l’exercice de la force permet à ceux qui détiennent le plus de pouvoir de l’emporter.  Elle a prôné une approche profondément différente en faisant valoir que l’état de droit et l’égalité souveraine des États imposent des limites à l’exercice de la force.  Le droit permet de créer de la paix, a-t-elle fait valoir, en saluant le recours de plus en plus fréquent par un plus grand nombre de pays à la CIJ.  Le multilatéralisme ne fonctionne que si tous les États s’appuient sur l’égalité parmi les nations et non pas sur la loi du plus fort, a-t-elle insisté.  Le développement récent du recours à la loi du plus fort, rappelle, selon elle, l’impératif de réformer le Conseil de sécurité.  À cet égard, la déléguée a dénoncé le recours au veto qui est un instrument pour saper l’état de droit en appelant à une nouvelle vision de l’état de droit telle qu’évoquée dans « Notre Programme commun ».  Pour sa part, l’Allemagne travaille avec ses partenaires à promouvoir l’état de droit ainsi qu’une approche judiciaire centrée sur la personne, a-t-elle expliqué en précisant que son pays a débloqué des financements combinés de plus de 50 millions d’euros à cet effet cette année.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a indiqué qu’au cœur de notre ordre juridique international, se trouvent deux principes cardinaux: le droit des peuples à l’autodétermination et l’inadmissibilité de l’acquisition de terres par la force.  La Palestine illustre la violation de ces deux principes, a-t-il dit, ajoutant que l’agression, l’annexion et l’apartheid sont en cours en Palestine en ce moment même.  Ils méritent l’attention et l’action immédiates de ce Conseil.  Où est la primauté du droit international en ce qui concerne la Palestine? s’est-il enquis.  Le rôle de ce Conseil se termine-t-il avec le diagnostic ou son rôle est-il de traiter la maladie une fois diagnostiquée?  Selon l’Observateur permanent, il n’y a pas de règle de droit international si les règles changent en fonction de l’identité des auteurs et des victimes.  Si vous voulez que l’état de droit international prévale, il faut mettre fin à l’exception de la Palestine et à l’exceptionnalisme israélien qui perdurent, a-t-il conclu. 

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a déploré le manque de volonté politique à respecter l’état de droit, tant au niveau national qu’international.  La meilleure mesure de l’engagement envers l’état de droit est de se réengager envers les valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies, a-t-il estimé, avant de saluer la confiance croissante de la communauté internationale dans l’indépendance, l’équité, l’impartialité et l’efficacité de la CIJ.  En tant que famille mondiale, nous devons reconnaître que l’avenir dépend de notre solidarité, de notre confiance et de notre capacité à travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs fondés sur le respect mutuel, a fait valoir le délégué.  Pour sa part, a-t-il indiqué, le Rwanda s’est engagé à être un pays caractérisé par l’état de droit qui promeut l’égalité souveraine de tous les États Membres et le bon voisinage tel qu’énoncé dans la Charte des Nations Unies et la Charte de l’Union africaine, en particulier le règlement pacifique des différends. 

S’agissant de la promotion de l’état de droit par le biais de processus judiciaires, le représentant a dénoncé l’ingérence de certains pays développés dans les affaires et processus judiciaires des pays en développement.  Il a exhorté à mettre un terme à ce comportement alarmant et d’agir de manière décisive pour sauvegarder les institutions démocratiques rwandaises et celles des pays en développement.  En outre, le représentant a jugé décourageant que certains États Membres continuent de ne pas honorer leurs obligations en vertu du droit international de coopérer pour traduire en justice les fugitifs du génocide rwandais.  Pendant longtemps, le parquet rwandais a eu du mal à obtenir la coopération des États Membres pour appréhender les fugitifs, même lorsqu’il existait des pistes claires et des preuves de leur présence dans ces pays, a-t-il regretté. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a déclaré que son pays accorde une grande importance au respect de l’état de droit, se félicitant du recours de plus en plus fréquent aux moyens pacifiques en vue de régler les différends, y compris en sollicitant les juridictions internationales, en particulier la CIJ.  La CIJ, a-t-il estimé, a joué un rôle déterminant dans le règlement des différends de nature juridique qui lui ont été soumis par les États.  Notant l’augmentation du nombre de demandes d’avis consultatifs, le représentant n’y a pas vu de judiciarisation des différends politiques, mais plutôt une confiance croissante dans l’architecture judiciaire internationale pour résoudre pacifiquement les différends de nature juridique.  Cela fait partie, selon lui, du fait que les États sont « guidés par la règle de droit ». 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a reconnu que l’année 2022 a posé des défis à la communauté internationale, en particulier à ceux qui croient en l’état de droit, soulignant que les actions contraires à la Charte des Nations Unies ne peuvent être acceptées.  Les États Membres ont convenu par un accord international contraignant de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tout État, a-t-il rappelé, avant de souligner que l’état de droit est dans l’intérêt de tous les États, grands ou petits.  Ses principes doivent être respectés et appliqués par tous.  Et si un traité ou d’autres normes internationales sont violés, les conséquences doivent être assumées par l’État qui ne s’y conforme pas.  Le représentant a souligné que de nombreux conflits pourraient être évités si les États respectent leurs obligations de règlement pacifique des différends.  Il a ensuite dénoncé l’usage abusif du droit de veto en cas de violations massives des droits humains et a rappelé les propositions visant à limiter l’usage du veto dans certains cas.  Il a aussi soutenu la CIJ et réaffirmé le devoir commun de respecter et de mettre en œuvre ses décisions et arrêts.  Les États ne peuvent pas non plus se soustraire à leurs obligations envers le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a appelé au respect du droit international et de la Charte, lesquels doivent guider les actions des États Membres.  Le Conseil doit jouer un rôle prééminent pour assurer un tel respect et trouver des solutions pacifiques à tous les conflits, a-t-il estimé, ajoutant que les membres du Conseil doivent, à ce titre, montrer l’exemple.  Il a précisé que son pays a été, en 2021, l’un des fondateurs du Groupe des Amis de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Ce groupe, qui compte près de 120 membres, vise à renouveler l’engagement collectif en faveur de la bonne compréhension et de l’application de ce texte, a expliqué le délégué. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a rappelé que la Slovénie a toujours appelé au respect total et inconditionnel du droit international et a été un ardent défenseur de toutes les cours et tribunaux internationaux.  La responsabilité de protéger contre les atrocités de masse et lutter contre les processus qui y conduisent reste l’un des domaines d’action prioritaires de la Slovénie, a-t-il indiqué.  Il a dit soutenir les propositions visant à limiter l’usage du droit de veto dans certains cas, comme le propose l’initiative franco-mexicaine sur la suspension du droit de veto en cas d’atrocités de masse. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a demandé des garanties pour la sécurité des petits États, la survie des économies les plus fragiles et le bien-être des plus vulnérables, en notant que l’état de droit est essentiel pour cela.  Il faut en effet un cadre juridique international pertinent qui doit s’appliquer à tous les pays sans aucune discrimination.  L’état de droit doit être enraciné dans l’inclusivité, a martelé le représentant, et toute nation doit avoir voix au chapitre.  Il a encouragé à recourir aux moyens pacifiques pour le règlement des conflits en assurant que la Thaïlande restera aux côtés des États Membres pour promouvoir la sécurité, la paix et le développement dans le respect de la Charte des Nations Unies, notamment en continuant d’appuyer le renforcement des capacités juridiques des pays.  Il a également appelé à renforcer le multilatéralisme, la coopération et les relations pacifiques, ajoutant que pour cela, l’état de droit changera la donne. 

M. MITCH FIFIELD (Australie) a déclaré que, depuis plus de 75 ans, la Charte des Nations Unies sous-tend le droit international et soutient la stabilité mondiale, et que la CIJ a joué un rôle essentiel en facilitant le règlement pacifique des différends.  Pourtant, l’ordre juridique international est mis à rude épreuve, a constaté le représentant, en dénonçant l’invasion « illégale et immorale » de l’Ukraine par la Russie.  Il s’est dit favorable à ce que Moscou réponde de ses actes par le biais des procédures juridiques établies, se conforme à l’avis juridiquement contraignant rendu par la CIJ, et retire immédiatement ses forces militaires d’Ukraine. 

Dans l’Indo-Pacifique, l’Australie s’efforce de soutenir une région ouverte, stable, prospère et respectueuse de la souveraineté, a poursuivi le délégué, en affirmant que le règlement des différends y est guidé par le droit international, et non par la puissance et la taille.  Il a réaffirmé la nature universelle et unifiée de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer en tant que cadre juridique dans lequel toutes les activités dans les océans et les mers doivent être menées: « Nous maintenons que tous les différends maritimes, y compris ceux en mer de Chine méridionale, doivent être résolus pacifiquement conformément au droit international, en particulier cette convention ».  Le représentant a ensuite annoncé que l’Australie rejoindra le Groupe des Amis de l’état de droit, encourageant les autres États à soutenir cette initiative. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a déclaré qu’en dépit de progrès, certaines populations vivent toujours dans des conditions d’occupation étrangère et ne peuvent pas jouir de leurs droits à l’autodétermination.  Après avoir soutenu le droit international, qui constitue la base d’un ordre mondial caractérisé par des relations prévisibles entre États, la représentante a souligné l’importance de l’Article 2.4 de la Charte des Nations Unies, qui demande aux États Membres de s’abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’usage de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.  Elle a également insisté sur l’importance de l’indépendance de la justice.

M. AMIR SAIED JALIL IRAVANI (République islamique d’Iran) a accusé certains États Membres, en particulier les États-Unis, d’abuser régulièrement de l’autorité et du pouvoir de l’ONU, pour en faire un instrument de pression au service de leur agenda politique « illégal » et de leurs actions unilatérales, au détriment de la paix et de la sécurité internationales.  Cela est particulièrement vrai quand il s’agit du Moyen-Orient et des violations commises par le « régime israélien » dans le Territoire palestinien occupé, a estimé le représentant.  Citant aussi les cas de la Syrie et de l’Afghanistan, il a prévenu que l’unilatéralisme constitue une grave menace à l’état de droit et à la Charte. 

Le retrait des États-Unis du Plan d’action conjoint, l’imposition de mesures coercitives, les violations flagrantes de la résolution 2231 du Conseil de sécurité, la mesure illégale pour priver l’Iran de ses droits de membre élu de la Commission des droits de l’homme et le mépris évident de l’arrêt de la CIJ sur la levée des sanctions frappant les biens humanitaires sont des exemples clairs de la manière dont les États-Unis compromettent l’état de droit au sein du système des Nations Unies, a dit le représentant.  Il a conclu en rejetant les revendications injustifiées et infondées du Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis s’agissant des trois îles iraniennes du golfe Persique. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a indiqué que l’invasion russe en Ukraine souligne la nécessité d’un réengagement en faveur de l’état de droit au niveau international.  Elle a invité le Conseil à faire un meilleur usage de la CIJ et à jouer un rôle proactif s’agissant du respect de ses décisions.  Elle a indiqué que l’état de droit est un élément essentiel de la réponse à apporter aux futurs défis, y compris afin que les technologies émergentes et les innovations soient compatibles avec la défense de la dignité humaine, la promotion de la paix et le renforcement des institutions internationales.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg), intervenant au nom des pays du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), a déclaré que l’état de droit est précaire, comme l’illustre la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, provoquant d’immenses souffrances, rendant le monde moins sûr et aggravant l’insécurité alimentaire.  Il a appelé la communauté internationale à se manifester face aux graves violations de la Charte des Nations Unies, jugeant inacceptable qu’un membre permanent du Conseil de sécurité utilise son droit de veto pour défendre ses propres actes d’agression.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution qui autorise l’Assemblée générale à se réunir chaque fois que le veto est utilisé.  Il a également appuyé la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, de même que les enquêtes de la CPI sur de possibles crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actes de génocide commis en Ukraine.  Le représentant a soutenu la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression, et a exhorté la Fédération de Russie à respecter les ordonnances de la CIJ.

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a déclaré que la Charte des Nations Unies est le rempart de la paix et la sécurité internationales.  Au niveau national, le Guatemala partage les principes de l’état de droit qui est la base de l’existence d’une société juste et équitable.  Le pays attache aussi une grande importance au règlement des différends par des moyens pacifiques et c’est parce qu’il a confiance dans la justice internationale qu’il a soumis le différend territorial, maritime et insulaire l’opposant au Belize à l’avis de la CIJ.  La déléguée a également salué le travail important de la CPI dans la lutte contre l’impunité, en complément du travail des systèmes nationaux de justice. 

N’oublions pas, a déclaré M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka), que l’état de droit est un moteur crucial des objectifs de développement durable et qu’il faut établir un équilibre adéquat entre les trois branches du gouvernement, judiciaire, exécutif et législatif.  Dans ce monde, s’est-il interrogé, l’état de droit est-il une simple rhétorique ou un principe universel?  L’expérience récente doit nous conduire à réfléchir aux méthodes mises en œuvre pour assurer le règlement pacifique des différends.  Tout ce que nous ferons échouera si nous ne mettons pas en place des outils d’ajustement, d’arbitrage et de conciliation, agréés par tous, pour offrir une alternative honorable à la guerre. 

L’on ne peut, a poursuivi le représentant, coopérer avec succès avec le reste du monde au renforcement de l’état de droit si l’on n’accepte pas, au préalable, que la loi peut s’avérer contraire à notre position nationale.  Nous devons approcher les décisions des tribunaux internationaux comme la meilleure alternative à la guerre.  Le système judiciaire mondial subit-il trop de pression?  Faut-il envisager de nouvelles solutions?  L’efficacité de tout nouveau traité multilatéral, a estimé le représentant, dépendra de son inclusivité et de sa transparence.  Le représentant a plaidé pour des systèmes judiciaires qui garantissent une application juste et équitable des lois et des principes, y compris la Charte des Nations Unies. 

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a déclaré que l’état de droit tel que nous le connaissons aujourd’hui est attaqué, principalement par un État Membre, qui est également membre permanent du Conseil de sécurité.  La Fédération de Russie promeut une autre conception de l’état de droit, a-t-il affirmé, une conception selon laquelle une agression est prétendument de la légitime défense et les décisions de la Cour internationale de Justice peuvent être ignorées, simplement parce qu’elles ne favorisent pas les appétits impérialistes.  Cette conception alternative représente le défi le plus préoccupant à l’ordre juridique international, s’est alarmé le représentant qui a appelé à réaffirmer avec force les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international non seulement dans les déclarations, mais aussi dans les actes.  Autrement, ce qui est une question essentiellement existentielle pour l’Ukraine aujourd’hui, peut facilement devenir une question existentielle pour n’importe quel autre État demain, a-t-il averti.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a jugé indispensable de renforcer tous les principaux organes de l’ONU dans leur rôle préventif et de règlement pacifique des différends.  À cet égard, le représentant a estimé que la CIJ représente la force de la raison et du droit international, et que son travail est crucial pour résoudre les différends et prévenir l’escalade des conflits, que ce soit son rôle judiciaire ou consultatif.  À cet égard, le représentant a réitéré qu’il serait avantageux d’autoriser le Secrétaire général à demander des avis consultatifs à la Cour, ce qui profiterait à sa capacité de médiation.  De même, a-t-il noté, l’Assemblée générale, malgré ses limites, a un grand impact en tant qu’organe à représentation universelle.  La résolution 76/262 est un exemple clair de la façon dont la relation, la transparence et la responsabilité entre l’Assemblée et le Conseil peuvent être renforcées et améliorées, a-t-il souligné en appelant à ne pas sous-estimer l’impact de la participation collective dans des situations qui mettent en péril la paix et la sécurité internationales.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a constaté que la mise en œuvre du droit international est plus que jamais remise en question.  Il a dénoncé à cet égard l’agression continue de la Russie contre l’Ukraine comme une grave violation du droit international.  Le changement des frontières par la force militaire représente une menace qui va au-delà de l’Ukraine, a-t-il noté, le qualifiant d’ « assaut éhonté » contre l’ordre juridique international et la Charte.  Il a regretté que le Conseil de sécurité, qui dispose essentiellement de tous les outils nécessaires pour répondre et maintenir la paix, ne soit pas en mesure de le faire car il a été détourné par la Russie et son abus du droit de veto.  Il a exhorté à nouveau la Russie à suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine, comme l’a ordonné la CIJ, et a appuyé l’ouverture d’une enquête par le Procureur de la CPI concernant les atrocités présumées commises en Ukraine.  Il a réitéré son attachement à renforcer le principe de responsabilité et à lutter contre l’impunité en soutenant la création d’un tribunal spécial ad hoc pour le crime d’agression.  La réponse de la communauté internationale à cette agression, ce crime, est d’une importance cruciale pour le rétablissement de la justice et l’avenir de l’ordre juridique international, a conclu le délégué. 

M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a indiqué que la promotion et le respect de l’état de droit reposent sur l’acceptation progressive et universelle du droit international par les États et une exécution de bonne foi des obligations internationales.  Pour le Chili, l’état de droit au niveau international a un lien intrinsèque avec l’état de droit au niveau national, a dit le délégué.  Il s’est dit préoccupé par le non-respect par certains États des principes de la Charte, en rappelant que les États ont l’obligation de recourir au règlement pacifique des différends.  Enfin, il a dit apprécier le rôle joué par la CIJ, qui est l’une des pierres angulaires de l’état de droit au niveau international. 

Compte tenu des nombreuses crises inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, il est clair, a déclaré M. FERGAL MYTHEN (Irlande), que la promotion de l’état de droit demeure une urgence.  Dans ce cadre, nous ne pouvons ignorer le veto.  Il est temps, a plaidé le représentant, que tous les membres permanents du Conseil s’abstiennent d’exercer ce droit lorsqu’il s’agit d’atrocités criminelles.  L’Irlande, a-t-il conclu, encourage le Conseil et tous les États à défendre un ordre international fondé sur le droit.  C’est un élément véritablement vital si nous voulons relever efficacement les défis sécuritaires mondiaux auxquels notre monde fait face. 

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a rappelé qu’en 1989, son pays avait proposé la résolution 43/69 sur la protection et la sécurité des petits États, fort de sa conviction que tous les États sont égaux et que la Charte des Nations Unies doit être respectée sans conditions ni sélectivité.  Elle a souligné que l’état de droit doit s’appliquer de manière similaire à tous les pays, et que tous les auteurs de violations flagrantes du droit international doivent rendre des comptes.  Aussi la représentante a-t-elle apporté son soutien à la réforme du Conseil de sécurité, afin de mettre fin à la situation qui voit un petit groupe d’États Membres concentrer le pouvoir s’agissant des questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a indiqué que le Népal est un fervent partisan d’un ordre international fondé sur des règles.  Il a souligné que la Charte des Nations Unies fournit un fondement normatif pour établir un ordre multilatéral fondé sur des règles, l’égalité souveraine, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique, la non-agression et le règlement pacifique des différends.  Il est regrettable que des acteurs puissants des relations internationales choisissent de jouer par le pouvoir des armes, et non par le pouvoir des règles, a-t-il décrié. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a dit que le dixième anniversaire de la Déclaration de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’état de droit aux niveaux national et international offre une occasion opportune de renouveler notre attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies ainsi que de réfléchir sur l’importance et les défis de l’ordre international fondé sur l’état de droit.  La Lituanie soutient les efforts du Secrétaire général pour promouvoir l’état de droit et l’intégrer dans les activités de l’ONU, a assuré le représentant.  Il a souligné le rôle de la CIJ et appelé les États Membres qui ne l’ont pas encore fait, à accepter la compétence de la Cour et à renforcer sa portée universelle.  La guerre non provoquée et brutale contre l’Ukraine menée par la Russie en violation flagrante de la Charte des Nations Unies a clairement révélé les faiblesses structurelles et procédurales du Conseil de sécurité, a estimé le délégué.  Avec cette guerre, a-t-il dit, la Russie non seulement méprise cyniquement ses devoirs de membre permanent, mais continue également d’empêcher le Conseil de sécurité de mettre en œuvre son mandat en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La Cour pénale internationale joue un rôle crucial dans les enquêtes sur les atrocités commises par la Russie en Ukraine et la communauté internationale doit se préparer à créer un tribunal spécial pour le crime d’agression en Ukraine.  Il a exhorté, en conclusion, la Russie à se conformer à l’ordonnance juridiquement contraignante de la CIJ du 16 mars 2022 de cesser immédiatement ses actions militaires en Ukraine.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déclaré que l’érosion de l’état de droit, au niveau international, affecte l’ordre national à plusieurs niveaux.  Dans mon pays, a-t-il dit, les leaders militaires fascistes ont commis un acte de trahison en février, avec leur coup d’État contre un Gouvernement démocratiquement élu et son lot de violations massives des droits de l’homme.  La détérioration de la situation au Myanmar montre des signes probants de preuves de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis par la machine militaire.  Cette violence qui se répand devient la plus grande source de préoccupations dans la région.  Le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant, a traité par le passé de l’établissement des responsabilités pour les crimes internationaux les plus graves, ce qui a eu un impact positif à long terme sur le terrain.  Le Conseil a donc les moyens de faire de même s’agissant du Myanmar, a dit le représentant qui a remercié ce dernier pour sa toute première résolution sur la situation dans son pays.  Il a souligné que le Conseil a désormais une opportunité unique de contribuer à rétablir l’état de droit dans son pays.  J’exhorte le Conseil, a-t-il conclu, à mettre en œuvre sa propre résolution et à prendre des mesures concrètes et décisives pour prévenir les atrocités et l’impunité du régime militaire. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a appelé les États à s’unir en faveur de la défense de la Charte des Nations Unies.  Nous devons nous unir pour rappeler à chaque État qu’il doit s’engager en faveur d’un règlement pacifique des différends, a dit le délégué.  Il a encouragé la codification progressive du droit international, en appelant à des efforts accrus afin de définir clairement la responsabilité des États dans l’émergence de nouvelles menaces comme celles découlant des changements climatiques.  Enfin, le délégué a plaidé pour une réforme du Conseil pour le rendre plus représentatif.  L’Afrique doit avoir la place qu’elle mérite, a-t-il conclu.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a indiqué que sans état de droit, il n’y a pas de sociétés justes, il n’y a pas de paix et il n’y a pas de développement.  Un pilier de l’état de droit dans l’ordre international est le règlement pacifique des différends, a-t-il rappelé.  Le représentant a souligné que la Cour internationale de Justice joue un rôle central en tant qu’organe judiciaire pour le règlement des différends interétatiques.  En conclusion, le renforcement de l’état de droit aux niveaux national et international est une obligation pour tous les États et est essentiel pour parvenir à une croissance économique soutenue et inclusive, ainsi qu’au développement durable, à l’éradication de la pauvreté et à la pleine réalisation des droits humains et des libertés fondamentales.

Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a dénoncé le fait que la promotion de l’état de droit est compromise par les politiques et les mesures arbitraires de certaines grandes puissances contre ceux qui ne se conforment pas à un ordre prétendument fondé sur le droit.  Au grand mépris de la Charte, ces acteurs interviennent dans les affaires intérieures de nations souveraines et fomentent le chaos.  Ils imposent des sanctions unilatérales, mènent des guerres par procuration, intensifient les tensions géopolitiques, manipulent les droits humains et exacerbent les inégalités.  Les pays en développement comme l’Érythrée, a poursuivi la représentante, ne cessent de payer le prix de politiques biaisées et injustes.  Cette situation doit être corrigée, a-t-elle plaidé, et la communauté internationale doit collectivement garantir un ordre mondial sûr et stable et un avenir commun fondé sur l’état de droit et l’adhésion aux principes de la Charte. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que seul un système international où les États peuvent compter les uns sur les autres pour respecter leurs engagements, se conformer de bonne foi à leurs obligations et respecter les décisions des institutions judiciaires communes sera à même de relever les défis auxquels nous sommes tous confrontés.  Le respect de l’état de droit au niveau international n’est possible que lorsque les États s’engagent à respecter l’état de droit au niveau national, a-t-elle poursuivi.  Notant que malgré l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en violation flagrante de la Charte, l’Assemblée générale est restée ferme dans son engagement à défendre l’état de droit international et à condamner les actions de la Russie, la représentante a encouragé le Conseil à ne ménager aucun effort pour s’acquitter de ses responsabilités en matière de paix et de sécurité internationales.  De même, elle a exhorté les membres permanents à s’abstenir d’utiliser leur droit de veto intrinsèquement antidémocratique.  Le renforcement des institutions juridiques internationales, en particulier la CIJ, reste essentiel pour faire respecter l’état de droit et faciliter le règlement pacifique des différends, a également fait valoir la déléguée avant d’appeler tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à accepter la juridiction obligatoire de la CIJ et à se conformer aux décisions de la Cour.

Mme NORDIANA BINTI ZIN ZAWAWI (Malaisie) a estimé que la cohérence est une condition préalable pour mieux promouvoir et renforcer l’état de droit.  Malheureusement, le plus souvent, c’est l’application de l’état de droit uniquement « là où cela convient » qui prévaut, principalement pour répondre à l’ordre du jour de quelques pays triés sur le volet.  Cette pratique « malsaine » du deux poids deux mesures doit cesser, a tranché la représentante, sous peine d’encourager une culture d’impunité, qui est contraire à la culture de paix.  Elle menace également la réalisation de l’Objectif de développement durable 16, qui concerne la promotion de sociétés pacifiques et inclusives, l’accès à la justice pour tous et la mise en place d’institutions judiciaires efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.  Le délégué a également demandé au Conseil de sécurité de veiller au respect et à la pleine application de ses propres résolutions. 

Mme DAKWAK (Nigéria) a insisté sur le lien entre état de droit et démocratie, comme en atteste la politique étrangère de son pays.  Elle a appelé la communauté internationale à décourager tout respect sélectif du droit international.  Il faut, s’est-elle expliqué, assurer un traitement égal à tous les États Membres parce que le respect de l’état de droit à tous les niveaux est essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’édification d’un système mondial fondé sur l’état de droit et dans lequel l’établissement des responsabilités et la justice sociale sont les piliers d’une paix durable doit être une source d’inspiration pour tous.  L’état de droit au niveau international doit être la priorité des communautés nationale et internationale, a conclu la représentante. 

M. DAVID BAKRADZE (Géorgie) a regretté que les grands principes du droit international, notamment les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, d’inviolabilité des frontières et de non-ingérence dans les affaires intérieures, continuent d’être violés de manière flagrante.  La liste des défis auxquels les États sont confrontés est longue, a déclaré le représentant prenant l’exemple de son pays, où les « régions géorgiennes » d’Abkhazie et de Tskhinvali sont sous l’occupation illégale de la Russie, et ses habitants continuent d’être confrontés à divers types de violation des droits humains et de discrimination.  Le grave mépris des normes et principes du droit international persiste également dans le contexte de l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, a déploré le délégué.  Il a appelé la Russie à se conformer aux mesures provisoires de la CIJ du 16 mars 2022, à cesser immédiatement l’agression et à retirer toutes ses troupes et son équipement militaire de l’ensemble du territoire ukrainien.

M. ALAJAMI (Koweït) a rappelé que son pays a connu, il y a 33 ans, l’invasion et la libération.  Cette expérience amère n’a fait que renforcer l’attachement de notre pays à l’état de droit, a dit le délégué.  Il a précisé que le Koweït est doté d’un système constitutionnel démocratique et promeut la liberté et l’égalité de chacun.  Il a dénoncé les violations persistantes du droit, en mentionnant l’occupation israélienne du Territoire palestinien occupé.  L’occupant cherche à modifier la composition démographique de Jérusalem, a-t-il accusé.  Enfin, il a indiqué que le monde vit une phase critique, le multilatéralisme étant plus que jamais mis au défi. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a déclaré que l’état de droit permet d’assoir la paix, la sécurité et le développement.  Il faut appuyer les organisations internationales qui promeuvent l’état de droit comme l’ONU et la CIJ, a exhorté le représentant.  Il s’est réjoui de la résolution qui oblige l’Assemblée générale de se réunir lorsque que le veto est utilisé au Conseil de sécurité.  Le Qatar contribue à l’état de droit et à la lutte contre la corruption notamment grâce au Centre de lutte contre la corruption à Doha, a ajouté le délégué. 

M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a rappelé que la Serbie a vécu une expérience amère ses dernières décennies et est aujourd’hui confrontée à des manquements permanents et lourds à la Charte des Nations Unies.  Il a affirmé que la Serbie a constamment respecté inconditionnellement la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États.  Insistant constamment sur le rôle de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et d’autres présences internationales au Kosovo-Metohija, le représentant a dit accorder une grande importance à la conduite des réunions régulières du Conseil de sécurité sur le travail de la Mission, car c’est le moyen le plus approprié de tenir la communauté internationale informée de l’évolution politique et de la situation sécuritaire dans la province, notamment en ce qui concerne le statut des Serbes et autres communautés non majoritaires.  Selon lui, la Charte des Nations Unies a la capacité de rester l’instrument clef de règlement des différends internationaux et de ralliement pour la communauté internationale, atténuant ainsi les périls de nouveaux conflits armés et d’autres menaces et défis de notre civilisation.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a souligné l’attachement indéfectible à l’état de droit et à la Charte des Nations Unies qui regroupent des principes essentiels pour son pays, un État sans littoral.  Il a salué l’application, à l’échelon régional, de l’état de droit qui est consacré dans la Constitution de la Mongolie.  Notre politique étrangère, a-t-il dit, reconnaît les principes universels de la Charte des Nations Unies.  Pour nous, a-t-il souligné, la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité fait partie intégrante de l’état de droit.  Le représentant a parlé de la table ronde d’Oulan-Bator où les questions de non-prolifération et de stratégies ont été discutées.  La Mongolie, a-t-il dit, déploie aussi des troupes dans les opérations de paix des Nations Unies, conformément au programme femmes et la paix et la sécurité. 

L’état de droit, a insisté le représentant, est un préalable à la paix et à la sécurité internationales.  Une initiative a d’ailleurs été lancée pour un dialogue en Asie du Nord-Est, dans laquelle s’inscrit la troisième Conférence internationale sur la sécurité organisée, en juin 2022.  Nous sommes un État membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) et à ce titre, nous nous acquittons de notre obligation en termes de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Avant de conclure, le représentant a prôné la réforme du Conseil de sécurité pour qu’il reflète la réalité géopolitique actuelle car le monde a les yeux rivés sur les Nations Unies et ses États membres.

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc) a déclaré que la paix et la sécurité se trouvent renforcées lorsque la prééminence de la Charte des Nations Unies est respectée, ajoutant que l’état de droit va de pair avec la primauté du rôle des Nations Unies dans le règlement pacifique des différends.  Les opérations de maintien de la paix sont, à ses yeux, un outil fondamental pour consolider l’état de droit et ainsi la paix durable.  La représentante a également soutenu la Nouvelle vision de l’état de droit du Secrétaire général telle que présentée dans « Notre Programme commun ».  Dans leurs actions individuelles et collectives visant à faire face aux défis à la paix et à la sécurité, les États Membres doivent être guidés par la volonté de régler pacifiquement leurs différends en œuvrant pour des solutions politiques et pacifiques qui soient pragmatiques et réalisables, a conclu la déléguée. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a expliqué qu’au moment de son adhésion aux Nations Unies en mai 1992, l’Azerbaïdjan était déjà confronté depuis plusieurs années à l’agression armée de l’Arménie voisine, qui agitait une idéologie « ethno-nationaliste », des récits historiques « inventés de toutes pièces » et des revendications territoriales sans fondement.  Contrairement à son engagement solennel à respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, l’Arménie a saisi et maintenu sous occupation pendant près de 30 ans une partie importante du territoire souverain de l’Azerbaïdjan, a accusé le représentant.  L’absence de réaction adéquate de la part des institutions internationales compétentes, la politique de deux poids, deux mesures et la sélectivité à l’égard des obligations universellement reconnues n’ont fait qu’encourager l’Arménie à camper sur ses positions, a-t-il ajouté. 

Pour que les auteurs de violations du droit international aient à répondre de leurs actes, l’Azerbaïdjan a engagé des poursuites devant la CIJ et la Cour européenne des droits de l’homme, a fait savoir le représentant.  Parallèlement, le pays a entamé un processus de normalisation des relations interétatiques avec l’Arménie, fondé sur la reconnaissance mutuelle et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chacun à l’intérieur de leurs frontières internationalement reconnues, a indiqué le délégué.  Le délégué ensuite a dénoncé la déclaration « fallacieuse » de l’Arménie, s’insurgeant d’entendre cet État « coupable de purge ethnique et de crimes odieux durant la guerre », renvoyer à la Charte de l’ONU.  Il serait douteux que l’Arménie ait revu sa copie stéréotypée, a-t-il commenté.  

Il a regretté que les approches et actions de l’Arménie pour promouvoir les engagements convenus n’aient pas été fidèles et directes.  Ce pays, a dit le représentant, doit retirer complètement ses forces armées et ses formations armées illégales du territoire de l’Azerbaïdjan, cesser et renoncer à ses revendications territoriales et à ses activités illégales, mettre fin au terrorisme des mines, faire la lumière sur le sort de plusieurs milliers d’Azerbaïdjanais disparus pendant le conflit, et se concentrer sur des négociations directes en vue de trouver le plus rapidement possible des solutions diplomatiques concernant les relations interétatiques. 

Mme BEATRICE MAILLE (Canada) a estimé que cette réunion qui se poursuit tard dans la soirée montre l’intérêt de la communauté internationale pour le respect de l’état de droit qui sous-tend un système fondé sur des règles, indispensable à la paix et à la sécurité internationales.  Notre vision commune, a dit la représentante, est que le respect du droit international nous permette de vivre à l’abri de la loi du plus fort.  L’ordre international exige que l’on fasse entendre sa voix en faveur de l’état de droit.  Il faut renforcer les liens entre les nations pour parvenir à notre objectif de paix.  Soulignant, en la matière, le rôle du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la représentante a insisté sur un système de justice équitable au cœur duquel règne l’individu, ses droits et ses libertés fondamentales.  Dans un monde où le terrorisme ne connaît pas de frontières, où le danger climatique se précise et où un membre permanent du Conseil de sécurité agresse un État, le Canada, a souligné la représentante, entend défendre les règles façonnées au fil des générations. 

Nous tenons au règlement pacifique des conflits, comme en atteste l’accord signé avec le Danemark qui est un jalon historique.  Nous promouvons, a ajouté la représentante, les droits individuels partout dans le monde ainsi que l’établissement des responsabilités pour les violations des droits humains, qu’il s’agisse des acteurs étatiques ou non étatiques.  Le Canada, a-t-elle poursuivi, soutient la Cour pénale international (CPI) et les autres Tribunaux internationaux.  Avec les Pays-Bas, il vient de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) de l’affaire Fédération de Russie contre Ukraine.  Nous soutenons les mécanismes d’enquête qui collectent des preuves fiables pour éliminer l’impunité.  Notre objectif, c’est la paix, et nous insistons sur la protection des civils en temps de guerre.  Le respect du droit international, des droits humains et du droit des réfugiés est absolument essentiel.  Le Conseil va-t-il enfin agir à l’unisson pour défendre l’état de droit? s’est-elle demandé. 

M. LJUBOMIR DANAILOV FRCHKOSKI (Macédoine du Nord) a dénoncé l’agression russe de l’Ukraine qui fait en outre courir le risque de l’effondrement du système multilatéral.  Comment traiter ce crime pour garantir la mise en œuvre de l’état de droit? s’est interrogé le représentant en insistant pour que ce crime d’agression ne reste pas impuni.  Il a salué l’unité de la communauté internationale dans la condamnation de l’agression russe en Ukraine avant de prévenir que la reddition de comptes dans ce crime ne doit pas faire l’objet de compromis à la fin de la guerre.  Cela définira l’état de droit pour l’avenir, a-t-il prédit. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Conseil de sécurité élargit le mandat de la Mission de vérification à la réforme rurale et au chapitre ethnique de l’Accord de paix final

9240e séance – après-midi  
CS/15170

Colombie: le Conseil de sécurité élargit le mandat de la Mission de vérification à la réforme rurale et au chapitre ethnique de l’Accord de paix final

Cet après-midi, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 2673 (2023) par laquelle il a décidé que la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie contrôlera désormais l’application de la clause première sur la réforme rurale intégrale et de celle portant sur le chapitre ethnique de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable dans le pays.  Cette adoption a eu lieu au lendemain d’une nouvelle tentative d’attentat perpétrée contre la Vice-Présidente, Mme Francia Márquez Mina, venue s’exprimer aujourd’hui devant les membres du Conseil.

Ces nouvelles prérogatives viennent compléter les dispositions du mandat actuel de la Mission défini dans la résolution 2655 (2022).  Le texte adopté précise qu’il s’agit d’une demande commune du Gouvernement colombien et des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP).

Lors du débat qui s’est ensuivi, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission, M. Carlos Ruíz Massieu, s’est dit optimiste quant au potentiel de l’année 2023 pour la Colombie, saluant notamment la création récente du Ministère de l’égalité, une institution chargée de remédier aux profondes inégalités qui touchent en particulier les femmes, les peuples autochtones et les Afro-Colombiens.

Combler les disparités au sein de la société colombienne contribuera à promouvoir la paix durable, a-t-il espéré.  En effet, a acquiescé le représentant de l’Organe spécial de haut niveau sur les populations ethniques de Colombie, M. Armando Wouriyu Valbuena: après cinq siècles de décimation et de maltraitances, a observé ce dernier, la lutte pour une vie digne de ces peuples continue et la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord reste à la traîne. 

À ce propos, la Vice-Présidente colombienne, Mme Márquez Mina, elle-même « fille d’un territoire ancestral », a déclaré que l’un des principaux défis est la conception d’indicateurs contribuant au développement d’actions réparatrices au profit des communautés ethniques -autochtones, afro-descendants, Raizal et Palenqueras- qui ont souffert de manière disproportionnée du conflit armé et du racisme structurel en Colombie.  Des politiques de justice raciale ont été mises au point afin de remédier aux inégalités dont elles sont victimes et restaurer leurs droits, a expliqué Mme Márquez Mina.

M. Ruiz Massieu a également salué les mesures récentes prises par le Gouvernement concernant la réforme rurale globale, telles que l’accord sur l’achat de terres et l’augmentation des budgets pour l’agriculture ainsi que la convocation de la toute première convention nationale des paysans en décembre dernier. 

Face à la persistance de la violence générée par les groupes armés illégaux contre les communautés, les leaders sociaux et les anciens membres des FARC-EP, plus de six ans après la signature de l’Accord, M. Ruiz Massieu a espéré que les mesures audacieuses prises dans le cadre de sa politique de « paix totale » du Gouvernement du Président Petro, notamment par la Commission nationale des garanties de sécurité, permettront d’avancer sur cette voie.  Il a placé beaucoup d’espoirs dans les pourparlers en cours entre l’Administration Petro et l’Armée de libération nationale, ainsi qu’avec d’autres groupes armés.  Le second tour des négociations devrait avoir lieu dans les semaines à venir au Mexique, a annoncé le Représentant spécial, qui y participera à la demande des deux parties pour accompagner ce processus. 

Pour la Fédération de Russie, le nouveau Gouvernement Petro a fait plus en six mois pour la réconciliation dans le pays que l’Administration précédente en quatre ans.  Dans un monde marqué par les conflits et les divisions, la Colombie demeure un exemple de paix pour la communauté internationale, a quant à elle déclaré la France.

Porte-parole d’un Gouvernement déterminé à changer le cours des choses, la Vice-Présidente colombienne a insisté sur la volonté démocratique de faire face à la violence, à l’injustice sociale et aux inégalités structurelles qui oriente des politiques pour le peuple, des politiques pour faire de la Colombie une puissance mondiale de la vie.  Elle a rappelé que les inégalités dans l’accès aux terres et l’abandon des populations rurales avaient été l’un des principaux moteurs de la guerre dans son pays.  Le Gouvernement a donc défini une politique claire de démocratisation et de répartition de trois millions d’hectares pour le développement agricole, industriel et économique du pays, a-t-elle dit, en insistant sur l’importance de la souveraineté alimentaire.

Mme Márquez Mina a rappelé que près de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population, sont des victimes directes de la guerre.  Les peurs, les haines et les désirs de vengeance se sont transmis de génération en génération.  Elle a donc plaidé pour une vision globale de la paix, -appelée « paix totale » par son gouvernement– qui remédierait à cette « guerre absurde » et ferait fond sur les avancées déjà obtenues grâce aux accords antérieurs.  Progresser vers cette paix totale requiert un engagement sans faille en faveur de l’égalité, de l’équité, de la justice sociale, de la justice de genre et de l’approfondissement de la démocratie, a-t-elle insisté.

Les membres du Conseil ont unanimement salué l’engagement clair et les initiatives récentes prises par les nouvelles autorités colombiennes pour mettre en œuvre l’Accord de paix de manière intégrale.  Alors que la violence a été perçue comme l’une des principales menaces à la paix en Colombie, les négociations en cours entre les autorités, l’Armée de libération nationale et d’autres groupes armés ont été encouragées par la plupart des délégations.

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53) - S/2022/1004

Texte du projet de résolution S/2023/30

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son attachement sans réserve au processus de paix en République de Colombie,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence et ses déclarations à la presse concernant le processus de paix en Colombie,

Rappelant en particulier sa résolution 2655 (2022), par laquelle il a renouvelé le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie jusqu’au 31 octobre 2023,

Prenant note de la lettre datée du 17 octobre (S/2022/787) par laquelle le Ministre colombien des affaires étrangères lui a demandé d’envisager de charger la Mission de vérification de contrôler l’application de la clause première sur la réforme rurale intégrale et de la clause 6.2 sur le chapitre ethnique de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (Accord final), précisant qu’il s’agissait d’une demande commune du Gouvernement colombien et des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire,

Ayant examiné les recommandations et propositions faites par le Secrétaire général dans sa lettre du 9 décembre 2022 (S/2022/940) concernant ces tâches supplémentaires;

1.    Décide que la Mission de vérification contrôlera l’application de la clause première et de la clause 6.2 de l’Accord final, comme il est indiqué dans la lettre du Secrétaire général (S/2022/940), en plus des dispositions de son mandat actuel défini dans la résolution 2655 (2022);

2.    Se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en ce qui concerne le mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties.

Déclarations

Pour M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, les faits nouveaux décrits dans le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la Colombie témoignent du potentiel de l’année à venir pour la consolidation de la paix.  La semaine dernière, le Président Petro et la Vice-Présidente Márquez Mina se sont rendus à Chocó, l’une des régions les plus délaissées du pays, pour signer la loi portant création du Ministère de l’égalité.  Il s’agit d’un développement passionnant pour la Colombie, s’est-il réjoui, en expliquant que cette nouvelle institution a pour vocation de remédier aux profondes inégalités qui touchent en particulier les femmes, les peuples autochtones et les Afro-Colombiens.  Il peut, selon lui, s’agir d’un instrument important pour faire avancer les objectifs de l’Accord de paix en aidant à combler les disparités au sein de la société colombienne.  Il a également salué les mesures récentes prises par le Gouvernement concernant la réforme rurale globale, telles que l’accord sur l’achat de terres et l’augmentation des budgets pour l’agriculture et la convocation, par les autorités, de la première convention nationale des paysans en décembre dernier, à laquelle il a assisté.  La réforme rurale est clairement en train de se placer au cœur des efforts pour construire une Colombie plus pacifique et prospère, a-t-il relevé.

Il a également rappelé que le dialogue constructif entre les parties, ainsi qu’entre le Gouvernement et la société civile, est essentiel.  M. Ruiz Massieu s’est dit encouragé par l’environnement positif qui a caractérisé ces derniers mois les travaux de la Commission de suivi, de promotion et de vérification de la mise en œuvre de l’Accord final et d’autres enceintes créées par l’Accord, émettant l’espoir que cet esprit se traduira prochainement en actions communes pour surmonter les défis pressants afin de progresser. 

Le succès du processus de réintégration des anciens combattants est un élément essentiel de la construction d’une paix stable et durable, a poursuivi M. Ruiz Massieu, soulignant que cela est prévu par le Gouvernement et l’ex-FARC-EP dans l’Accord final.  En ce sens, il a salué la nomination récente d’Alejandra Miller, une ancienne commissaire à la vérité et défenseuse des droits des femmes, au poste de directrice de l’agence pour la réinsertion.  Le haut fonctionnaire a également salué la récente prolongation, jusqu’au 30 juin, du revenu de base intégré, qui garantit l’accès de milliers d’ex-combattants à un revenu mensuel de base en attendant que les parties finalisent l’adoption de mesures à moyen et long terme pour assurer la pérennité de leur réinsertion. 

Pour M. Ruiz Massieu, il est regrettable que, plus de six ans après la signature de l’Accord, la violence générée par les groupes armés illégaux se poursuive envers les communautés, les leaders sociaux et les anciens membres des FARC-EP.  Ces dernières semaines, de nombreux actes de violence ont été perpétrés, notamment dans les zones prioritaires pour la mise en œuvre de l’Accord, a-t-il regretté, en citant notamment la province de Nariño, où la mise en œuvre des dispositions ethniques de l’Accord final pose toujours un problème.  Alors que le Gouvernement prend des mesures audacieuses pour réduire la violence dans le cadre de sa politique de « paix totale », une mise en œuvre coordonnée des dispositions de l’Accord sur les garanties de sécurité est également nécessaire.  Le Représentant spécial a espéré que les récentes mesures prises par la Commission nationale des garanties de sécurité permettront d’avancer sur cette voie.  Prenant note des avancées dans le Système intégral de Vérité, Justice, Réparation et Non-Répétition, l’un des axes fondamentaux de l’Accord, et en particulier de la publication par la Juridiction spéciale pour la paix de ses premières résolutions, « une étape décisive vers les premières sanctions », il a assuré que la Mission continuera à soutenir la juridiction spéciale et les entités gouvernementales alors qu’elles se préparent à garantir les conditions de mise en œuvre de ces sanctions.

M. Ruiz Massieu a également rappelé que le mois dernier, le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN) ont conclu le premier cycle de dialogue de paix, qui s’est tenu au Venezuela, dans un environnement constructif.  Ils prévoient d’organiser un nouveau round au Mexique dans les semaines à venir, a-t-il annoncé.  La décision des parties de relancer les discussions est largement soutenue dans la société colombienne, a indiqué le Représentant spécial, et particulièrement appréciée par les communautés touchées par le conflit dans plusieurs régions.  À la demande des deux parties, le Secrétaire général a accepté d’« accompagner en permanence » ce processus de dialogue par sa présence, en tant que Représentant spécial aux pourparlers.  M. Ruiz Massieu a dit avoir rempli ce rôle au sein d’un groupe de soutien qui comprend le garant et les pays accompagnateurs, ainsi que l’Église catholique.  Les parties ont également décidé de partager avec le Conseil de sécurité les documents convenus lors des négociations.  Il veillera à ce que le premier document de ce type, axé sur les règles et l’architecture du processus de négociation, parvienne au Conseil par l’intermédiaire du Secrétariat. 

Saluant l’annonce du début d’année, par le Président, d’un cessez-le-feu de six mois avec plusieurs acteurs armés illégaux opérant dans diverses régions du pays, M. Ruiz Massieu a espéré que ces mesures de désescalade, si soigneusement mises en œuvre, contribueront à réduire considérablement la violence et les souffrances des communautés touchées par le conflit tout en renforçant la confiance dans les processus de dialogue naissants.  Il a tenu à rappeler que le succès durable de l’Accord de paix colombien dépend de la capacité des autorités colombiennes à faire face à la violence persistante.  Le Gouvernement fournit un effort admirable pour y parvenir, en partie grâce à des dialogues différenciés avec les groupes armés illégaux dans le but de mettre fin à la violence, a-t-il souligné.  Si ces dialogues aboutissent, cela contribuerait grandement à créer les conditions de sécurité nécessaires à la concrétisation des différentes dispositions de l’Accord de paix final, a encore noté le Représentant spécial.  Il a conclu en remerciant le Conseil de sécurité pour avoir autorisé l’élargissement du mandat de la Mission afin d’y inclure la réforme rurale globale et le volet ethnique de l’Accord dans ses tâches de vérification.

Le représentant de l’Organe spécial de haut niveau sur les populations ethniques de Colombie, M. ARMANDO WOURIYU VALBUENA, a précisé qu’il est lui-même membre du peuple autochtone du Pueblo Wayuu, peuple du désert de l’extrême nord de la Colombie.  Il a salué l’inclusion de ces peuples autochtones dans l’Accord de paix, arguant que cela est une bonne chose pour modifier la réalité de discrimination qui a prévalu durant des siècles.  Il a relevé que la mise en œuvre de l’Accord de paix pour les peuples et les communautés ethniques est à la traîne.  Le représentant a donc appelé à un budget spécifique et concret pour combler ces lacunes, tout en œuvrant à l’institutionnalisation de l’approche ethnique.  En effet, nous avons vécu pendant des siècles devant un État qui ne nous voit pas, a regretté M. Wouriyu Valbuena.  Il a aussi appelé à renforcer le dialogue avec les peuples autochtones, notamment dans le nord du pays. 

Il a ensuite relevé que la question foncière contenue dans l’Accord de paix est fondamentale pour les peuples autochtones.  L’existence de cultures de coca et de cannabis dans leurs territoires se justifient parce que ce sont des plantes sacrées, a-t-il expliqué.  Il a déploré le fait que le précédent Gouvernement ait ignoré cette réalité, avant de saluer la volonté des États-Unis et du Mexique d’accompagner les groupes ethniques qui constituent une incitation.  Après cinq siècles de décimation et de maltraitances, la lutte pour une vie digne continue, a-t-il lancé, avant de conclure en espérant avoir d’autres opportunités de s’exprimer devant le Conseil de sécurité.

M. DAVID RUTLEY (Royaume-Uni) a salué l’élargissement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, afin de soutenir les progrès réalisés sur la réforme rurale et les questions autochtones de l’Accord de paix.  Les progrès dans ces deux domaines sont essentiels, a insisté le représentant.  Il a aussi salué l’action décisive du Gouvernement pour renforcer les forces de sécurité publique dans les nouvelles zones de réintégration, et l’annonce par la Vice-Présidente d’un financement accru pour protéger les femmes dirigeantes et les défenseurs des droits humains.  Il s’est inquiété des attaques contre les défenseurs des droits humains, de l’environnement et autres militants de la société civile et a appelé à lutter contre ces menaces afin d’assurer un avenir meilleur au peuple colombien.  Le représentant s’est ensuite félicité de la poursuite de l’étroite coopération entre la Colombie et ses partenaires internationaux dans la lutte contre la drogue et le crime organisé, de même que des efforts déployés par le Gouvernement pour obtenir un cessez-le-feu, afin de réduire l’insécurité et alléger les souffrances des populations touchées par le conflit.  La Colombie, a-t-il ajouté, est un exemple pour le monde du potentiel transformateur du dialogue et du leadership.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a dénoncé la tentative d’attentat dont a été victime la Vice-Présidente colombienne.  Il s’est réjoui de l’adoption de la résolution sur l’élargissement du mandat de la Mission de vérification à la surveillance de la mise en œuvre de la réforme rurale et des chapitres ethniques à l’Accord de paix, comme demandé par le Gouvernement colombien.  Il a salué l’engagement du Gouvernement en vue de garantir la sécurité des anciens combattants et de renforcer les politiques concernant les femmes et les populations autochtones et d’ascendance africaine.  L’Administration colombienne a, en quatre mois, déjà initié des actions importantes afin d’avancer dans la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix.  Il a estimé que le déploiement des capacités de l’État dans toutes les parties du territoire colombien, en particulier les zones historiquement négligées, est essentiel pour la consolidation de la paix en Colombie.  Enfin, le délégué a espéré que le cessez-le-feu avec l’ELN pourra être annoncé prochainement, avant de réitérer sa confiance dans le succès du processus de paix en Colombie.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) s’est dite encouragée par les mesures prises par le Gouvernement colombien pour promouvoir la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2016.  Elle s’est notamment félicitée de l’engagement très clair de l’Administration Petro à faire avancer le chapitre ethnique de cet accord, et a salué le leadership de la Vice-Présidente Márquez Mina à cet égard, ainsi que la création du Ministère de l’égalité.  Ce chapitre expose une vision pour une paix inclusive qui remédie aux inégalités historiques, a souligné la représentante en arguant qu’il ne saurait y avoir de paix durable sans garantir les droits des Afro-Colombiens et des peuples autochtones.  Elle a appuyé les efforts en faveur de la réforme rurale, notamment la redistribution des terres, ainsi que le processus de justice transitionnelle.  Toutes les victimes du conflit en Colombie méritent la justice, point, a-t-elle insisté.  Encouragée par les efforts de la Colombie visant à étendre la participation politique, elle a appelé à ne pas perdre de vue l’importance de la participation des anciens combattants à ce processus.  La représentante s’est inquiétée de la persistance de la violence et des niveaux record de culture de la coca, notant qu’il s’agit d’obstacles majeurs au progrès et à la paix auxquels le Gouvernement doit répondre.  Elle a également appelé à tenir les groupes armés illégaux pour responsables, ajoutant que le Conseil de sécurité peut jouer un rôle significatif en restant solidaire avec la Colombie. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), s’exprimant au nom des trois pays africains membres du Conseil de sécurité, les A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a dit être horrifié par la tentative d’assassinat par explosif visant la Vice-Présidente Francia Márquez Mina.  Cet attentat survenu hier est le second depuis 2019 la ciblant, a—t-il rappelé, avant de condamner cet acharnement lâche et abject dont elle est l’objet, « sans doute en raison de son engagement politique et sûrement en raison de ses origines ethniques ».  Selon lui, cet acte souligne une fois de plus l’urgence de renforcer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord de paix final. 

Le délégué a ensuite relevé que la promulgation de la loi permettant la poursuite du dialogue avec l’ELN et les autres groupes armés est un signal encourageant pour l’avenir.  De même, la décision de l’ELN d’analyser les propositions du Gouvernement et d’accepter la discussion sur un cessez-le-feu constituent des signes positifs pour la conclusion d’un accord de paix.  Nous espérons que le deuxième cycle de négociations, prévu au mois de février prochain, sera un pas en avant dans cette direction, a-t-il souhaité.  Concernant la participation des femmes, le représentant a insisté sur la nécessité de leur accorder la place qu’elles méritent en tant qu’agent de paix.  Il a salué l’annonce du Gouvernement d’accroître le financement des initiatives et programmes qui combattent les violences sexistes et sexuelles. 

Pour le représentant des A3, la réintégration durable des anciens combattants est tributaire d’une réforme agraire efficiente.  Il a également salué l’engagement du Gouvernement colombien à poursuivre la mise en œuvre des programmes de développement à visée territoriale.  Il est primordial que les efforts de paix s’appuient sur des actions concrètes visant à combattre les causes profondes de la pauvreté, a—t-il plaidé.  En ce qui concerne le Système intégral de Vérité, Justice, Réparation et Non-Répétition, le délégué s’est réjoui de voir des avancées significatives, même s’il a fustigé la persistance des violences envers les ex-combattants réinsérés hors des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration.  Les attaques visant les leaders sociaux, les promoteurs des droits humains, et les membres des partis politiques sont particulièrement préoccupantes, a-t-il ajouté.  Une société colombienne pacifique ne peut être envisagée à long terme sans corriger les injustices historiques faites aux Afro-Colombiens et aux populations autochtones, a-t-il conclu. 

M. DAI BING (Chine) a noté les progrès réalisés dans le cadre du dialogue politique et du processus de paix en Colombie.  Il s’est félicité de l’application de l’Accord de paix par les différents acteurs colombiens.  Cette mise en œuvre doit s’inscrire dans la durée et exige une attention constante, a rappelé le représentant qui a demandé à la communauté internationale de n’épargner aucun effort pour soutenir politiquement les parties colombiennes dans cette entreprise.  Rappelant en outre les derniers accords entre le Gouvernement et les groupes armés sur le cessez-le-feu et d’autres sujets d’importance, le représentant a insisté sur l’importance des négociations, du développement durable et inclusif, et de la lutte contre la pauvreté pour parvenir à la paix. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a salué les efforts importants du Gouvernement colombien pour faire avancer la mise en œuvre intégrale et effective de l’Accord de paix.  « La reprise des négociations avec l’ELN et la poursuite du dialogue avec les autres groupes armés, y inclus en vue de l’obtention d’un cessez-le-feu, sont des plus encourageantes. »  La bonne communication entre les autorités colombiennes et le parti COMUNES est elle aussi un gage de sérieux et d’engagement clair en faveur de la paix, a dit la déléguée. 

Elle s’est réjouie de l’adoption de la résolution sur l’élargissement du mandat de la Mission de vérification à la surveillance de la mise en œuvre de la réforme rurale et des chapitres ethniques à l’Accord de paix.  Si les récents efforts du Gouvernement colombien pour lutter contre les activités criminelles sont louables, nous demeurons préoccupés par le niveau de violence auquel sont confrontés les membres de partis politiques, les dirigeantes et dirigeants sociaux, les défenseuses et défenseurs des droits humains, les anciens combattants, ainsi que les communautés indigènes et afro-colombiennes, a-t-elle déclaré.  Enfin, elle a rappelé que la Suisse a répondu à l’appel des parties au conflit et soutiendra les négociations de paix en cours avec l’ELN. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué l’engagement clair et les initiatives récentes prises par les autorités colombiennes, à travers leur politique de « paix totale », pour mettre en œuvre l’Accord de paix de manière intégrale.  La Colombie est sur la bonne voie, a-t-elle dit en citant notamment la recherche de la paix par le dialogue.  Elle a qualifié les négociations en cours avec l’Armée de libération nationale ainsi qu’avec les groupes armés d’encourageantes et a espéré qu’elles se poursuivront et permettront d’aboutir à un cessez-le-feu durable.  Elle a salué l’engagement clair du Gouvernement en matière d’accès à la terre et de réforme rurale, jugeant en outre positifs le budget accru qui y sera consacré et l’accord trouvé avec les acteurs de la filière agraire.  La nouvelle approche des autorités en matière de substitution des cultures illicites est également bienvenue.  La représentante a encouragé le Gouvernement à poursuivre sur cette voie afin d’offrir de nouvelles opportunités socioéconomiques viables aux populations qui ont souffert du conflit.  Il s’agit d’un aspect essentiel pour parvenir à une paix durable, a-t-elle souligné. 

La déléguée a également salué les progrès constants accomplis par la Juridiction spéciale pour la paix, notant que la publication des résolutions finales ouvre la voie à l’édiction des peines restauratrices et à un nouveau chapitre sur le chemin de la réconciliation.  Toutes les parties à ce conflit doivent s’engager dans ces efforts de justice et de vérité, étape indispensable au retour d’une paix durable dans le pays, a-t-elle insisté.  La représentante s’est en revanche dite préoccupée par le haut niveau de violence qui touche de nombreuses régions en Colombie arguant que les garanties de sécurité en faveur des anciens combattants, des défenseurs des droits humains et dirigeants sociaux sont actuellement insuffisantes.  Elle a également estimé que le plan d’urgence déployé, fondé sur une présence renforcée au niveau local, doit s’accompagner d’un renforcement de la présence de l’État dans les zones historiquement négligées par l’Accord.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a rappelé que la réforme agraire et l’accès à la terre sont particulièrement pertinents pour une Colombie pacifique et prospère.  Le récent accord pour l’achat de trois millions d’hectares de terres qui seront distribuées sont une contribution en ce sens.  Pour le délégué, une paix durable ne peut être atteinte sans justice et égalité pour tout le pays, y compris les Afro-Colombiens et les peuples autochtones.  Il a salué le fait que la Colombie accorde de l’importance à une plus grande participation des femmes, surtout autochtones et afro-colombiennes, dans le mécanisme de dialogue, et en général, dans chaque processus de rétablissement de la paix.  Il a en outre souligné que la Juridiction spéciale pour la paix est un élément clef dans l’application de la justice transitionnelle en Colombie.  Le délégué a enfin rappelé qu’il existe un cadre historique de fraternité et de coopération bilatérale pour faire face aux défis actuels à la frontière commune entre la Colombie et l’Équateur, ainsi que dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, dans toutes ses manifestations, et en particulier les trafics de drogue et d’armes qui ont un impact sur la paix et la sécurité.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est dite encouragée par les négociations de paix entre le Gouvernement colombien et l’ELN à Caracas le mois dernier.  Elle a dit attendre avec impatience le prochain cycle de négociations au Mexique ce mois-ci, disant soutenir le travail du Gouvernement pour un cessez-le-feu global et prolongé avec les combattants.  Elle a appelé tous les groupes armés à déposer les armes et à engager le dialogue.  La violence continue de représenter une menace existentielle pour le processus de paix en Colombie, a-t-elle averti, et les informations faisant état d’une tentative d’attentat contre la Vice-Présidente reflètent la nécessité de rester prudents et de reconnaître que la situation peut facilement se détériorer. 

La représentante a demandé à tenir pour responsables les auteurs des crimes contre les femmes dirigeantes et les défenseurs des droits humains.  Elle a également encouragé le Gouvernement à renforcer les mécanismes de protection des victimes et des témoins de la violence liée au conflit et à redoubler d’efforts en faveur d’une réforme rurale globale.  Les progrès du processus de paix en Colombie progressent à pas de géant, et le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale est plus important que jamais, a-t-elle affirmé. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué la détermination du peuple colombien afin que soit mis un terme définitif à la guerre.  Il a également salué les négociations de paix en cours avec l’ELN.  Le délégué s’est félicité de l’adoption de la résolution sur l’élargissement du mandat de la Mission de vérification à la surveillance de la mise en œuvre de la réforme rurale et des chapitres ethniques à l’Accord de paix.  Il a insisté sur les efforts « nobles » consentis en Colombie afin de ne laisser personne de côté et mettre un terme à la violence.  Le délégué de l’Albanie a dénoncé dans les termes les plus forts la tentative d’attentat dont a été victime la Vice-Présidente colombienne.  La Colombie a besoin d’une paix totale, a conclu le délégué, en ajoutant que son pays est à ses côtés.

Mme AMEIRAH ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a salué les progrès continus dans les principaux mécanismes de mise en œuvre de l’Accord de paix final en Colombie, notamment la Commission nationale des garanties de sécurité, le Conseil national de réintégration et la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’application de l’Accord de paix.  Elle a également cité la priorisation par le Gouvernement d’éléments vitaux de l’Accord, tels que les dispositions ethniques et de genre, et la réforme rurale.  Préoccupée par la persistance des menaces et de la violence contre les civils, les anciens combattants et les dirigeants politiques et communautaires, la représentante a plaidé pour une coordination accrue entre le Gouvernement national et les autorités locales.  Elle a aussi appelé à augmenter le nombre de policiers et de forces de sécurité publique dans les zones de réintégration et de conflit. 

Poursuivant, la représentante a salué les progrès récents réalisés dans le cadre du dialogue entre les parties concernées, estimant qu’ils peuvent contribuer à une réduction significative de la violence entre les communautés en Colombie, et à d’éventuels futurs accords de cessez-le-feu.  Elle a aussi souligné le rôle que le garant et les autres pays partisans ont joué et continueront de jouer dans les efforts de paix à mesure que les négociations se poursuivent.  Pour garantir le succès de ces pourparlers, ces derniers doivent, selon elle, être complétés par un engagement continu de la part des parties à mettre en œuvre les principales dispositions de l’Accord, y compris la réussite des processus de réintégration et de désarmement, les garanties de sécurité et la fin de la violence.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que les nouvelles autorités colombiennes ont mené plus d’actions pour la réconciliation en six mois que ne l’ont fait les précédentes en quatre ans.  Une attention particulière doit être portée pour assurer la sécurité des militants sociaux et des anciens rebelles des FARC, a-t-il dit.  Pour assurer la paix et le développement socioéconomique durable en Colombie, il est important que ce pays améliore sa relation historique avec le Venezuela, a ajouté le représentant.  Nous sommes sûrs que la normalisation des relations entre les deux pays contribuera au règlement de la situation migratoire dans la région, a-t-il annoncé.  Il a expliqué que cela permettrait aussi de renforcer le contrôle aux frontières, de contrer la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants.  Un facteur essentiel de la paix dans le pays, a-t-il encore noté, est la mise en œuvre des accords entre Bogota et le groupe rebelle Armée de libération nationale (ELN). 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que l’élargissement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie lui permettra de contribuer davantage à la consolidation du processus de paix dans le pays.  Il a espéré que les questions ethniques seront mises en œuvre de manière systématique et institutionnalisée.  Le représentant a salué l’adoption du projet de loi portant création du Ministère de l’égalité et de l’équité en tant qu’étape concrète dans la réalisation de la justice sociale pour tous les Colombiens, y compris les minorités ethniques ainsi que d’autres populations vulnérables telles que les femmes et les jeunes. 

Les dialogues en cours avec les populations rurales devront permettre d’accélérer des progrès tangibles pour assurer un accès équitable à la terre dans les zones rurales, a poursuivi le représentant, qui a aussi noté les efforts de la Colombie pour faire avancer le processus de paix d’une manière institutionnalisée et inclusive basée sur l’état de droit.  De même, il a salué le récent cessez-le-feu avec différents groupes armés qui n’en avaient pas encore conclu. 

Mme FRANCIA MÁRQUEZ MINA, Vice-Présidente de la Colombie, a pris la parole en tant que « fille de territoires ancestraux » et porte-parole d’un Gouvernement colombien déterminé à changer le cours des choses.  Elle a insisté sur la volonté démocratique de son gouvernement de faire face à la violence, à l’injustice sociale et aux inégalités structurelles et de faire de la Colombie « une puissance mondiale pour la vie ».  La politique de mort a prévalu pendant trop longtemps, a-t-elle dit: « Notre engagement fondamental est de garantir la vie de toute la population colombienne. »  Elle a rappelé que les inégalités dans l’accès aux terres et l’abandon des populations rurales ont été l’un des principaux moteurs de la guerre dans son pays.  Le Gouvernement a défini une politique claire de démocratisation et de répartition de trois millions d’hectares de terres productives pour le développement agricole, industriel et économique du pays, a-t-elle dit, en insistant sur l’importance de la souveraineté alimentaire afin qu’aucun enfant ne souffre de la faim dans le pays.  Elle a ajouté que cette politique profitera notamment aux personnes déplacées, aux peuples autochtones et d’ascendance africaine, aux femmes, aux jeunes et aux paysans.  Elle a aussi insisté sur l’importance de conclure des accords de cessez-le-feu avec tous les groupes armés.

S’agissant de la dimension ethnique de l’Accord de paix, la Vice-Présidente a déclaré que l’un des principaux défis est la conception d’indicateurs contribuant au développement d’actions réparatrices au profit des communautés ethniques -indigènes, afro-descendants, Raizal et Palenqueras- qui ont souffert de manière disproportionnée du conflit armé et du racisme structurel en Colombie.  Des politiques de justice raciale ont été conçues afin de remédier aux inégalités dont sont victimes ces communautés et de restaurer leurs droits.  Elle a en outre souligné l’importance que la lutte contre la drogue inclut également une approche de justice raciale et de genre.  Elle a exhorté l’Assemblée générale des Nations Unies à appuyer le Gouvernement colombien afin de faire en sorte que les communautés, les jeunes et les femmes, dans toute leur diversité, puissent vivre en paix et en sécurité en Colombie.  « Nous devons mettre en place des changements structurels en Colombie. »

Mme Márquez Mina a rappelé que près de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population, sont des victimes directes de la guerre.  Les peurs, les haines et les désirs de vengeance se sont transmis de génération en génération.  Elle a donc plaidé pour une vision globale de la paix, -appelée « paix totale » par son gouvernement– qui remédierait à cette « guerre absurde », tournerait la page des paix fragmentaires et ferait fond sur les avancées déjà obtenues grâce aux accords antérieurs.  Avancer vers cette paix totale requiert un engagement sans faille pour l’égalité, l’équité, la justice sociale, la justice de genre et l’approfondissement de la démocratie, a-t-elle tranché.

La Vice-Présidente s’est réjouie de l’adoption de la résolution sur l’élargissement du mandat de la Mission de vérification à la surveillance de la mise en œuvre de la réforme rurale et des chapitres ethniques à l’Accord de paix.  En conclusion, elle a exhorté l’ONU à continuer de soutenir les efforts de son gouvernement pour une paix totale, avant de proposer la tenue d’une réunion du Conseil en Colombie.

 

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