Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #6, matin
DEV/3456

LDC5: quels moyens ont les pays les moins avancés pour se relever après la pandémie et renforcer leur résilience en prévision des chocs futurs?

DOHA, 8 mars -- En introduction de cette table ronde intitulée « Reprise durable après la pandémie et renforcement de la résilience des pays les moins avancés face aux chocs futurs », le Premier Ministre des Tonga, qui coprésidait la séance, a souligné qu’un relèvement durable nécessite un financement adéquat des domaines prioritaires du Programme d’action de Doha, en particulier pour les petits États insulaires en développement.  Parmi les autres moyens de renforcer la résilience, les participants à cette sixième table ronde de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tient à Doha (Qatar), ont misé sur les partenariats pour accéder aux technologies et aux vaccins, ainsi que sur l’énergie renouvelable et l’élargissement de la protection sociale.

Le Premier Ministre Siaosi Sovaleni a pris l’exemple de son pays, les Tonga, qui a fait face cette semaine à deux cyclones de catégorie IV, alors qu’il ne s’est pas encore relevé de la pandémie.  « Je compatis avec les besoins des pays les moins avancés (PMA) », a-t-il déclaré en conseillant d’orienter les financements vers les initiatives locales de développement qui bénéficient directement aux populations.  Il a vigoureusement plaidé pour que les PMA soient accompagnés dans les processus d’intégration régionale et pour étoffer leurs financements climatiques.

Si l’on veut rester sur les rails du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faut déjà préserver les acquis, a ajouté la Vice-Première Ministre et Ministre des affaires parlementaires du Lesotho, l’autre Coprésidente de la table ronde.  Mme Motlalentoa Letsosa a témoigné de la grande vulnérabilité de son pays, qui est enclavé, au moindre choc subi par son « grand voisin » et face aux graves crises mondiales.  Pour y résister, le pays a mis en œuvre des programmes agricoles qui lui permettent de garantir la sécurité alimentaire.  En outre, le Lesotho exporte des diamants de haute qualité et a ouvert une banque de développement pour injecter des capitaux dans les entreprises.  La Vice-Première Ministre a aussi parlé de ce que fait son gouvernement pour améliorer la bonne gouvernance.  Faisant le bilan de ce qu’il lui faut pour aller plus loin, elle a signalé que son pays a besoin de partenariats pour obtenir des vaccins et s’équiper en technologie, sans compter l’allégement de sa dette.  De manière générale, elle a insisté sur la nécessité de réduire la vulnérabilité des PMA. 

En réponse à cet appel, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a rappelé qu’après la pandémie, son gouvernement a lancé des programmes à l’international visant le renforcement des capacités de gestion des ressources naturelles ainsi que la consolidation des infrastructures et du capital humain des pays amis.  Il a aussi parlé de l’importance des investissements dans l’élaboration de politiques de protection sociale, avant d’annoncer le déboursement par son pays de 300 millions de dollars pour le renforcement des systèmes de santé dans le monde en coopération avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Nous avons les ressources et les moyens pour nous préparer aux chocs futurs, a rassuré le Ministre.

L’Arabie saoudite a donné 500 millions de dollars à l’ONU pour combattre la pandémie, dans le cadre du G20, a renchéri le Ministre des affaires étrangères saoudien.  Plus généralement, l’aide extérieure offerte par l’Arabie saoudite depuis la COVID-19 a atteint 862 millions de dollars, dont 352 millions dans le cadre de l’Alliance Gavi, l’alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination.  La représentante de l’Indonésie a rappelé avoir coorganisé le sommet de 2022 de l’AMC COVAX de Gavi, qui s’est déroulé à Bali, rappelant que l’objectif était de permettre un relèvement inclusif par la création d’un fonds pour la pandémie.  Ce fonds, s’est-elle réjouie, est aujourd’hui doté de 1,6 milliard de dollars.  Un autre fonds de 20 milliards de dollars a été constitué pour financer les initiatives pour la résilience et la stabilité financière face aux chocs externes, a aussi indiqué la représentante. 

Le Burundi a exhorté les PMA à s’approprier ces mécanismes et fonds pour éviter un relèvement inégal comme ce fut le cas durant la pandémie au cours de laquelle le monde a été témoin d’une lutte à deux vitesses contre la COVID-19.  Il faut aussi que les mécanismes de règlement de crise et de résilience tiennent compte des vulnérabilités des petites nations, a ajouté le Ministre des finances des Tuvalu.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a insisté sur l’importance de l’allégement de la dette pour un relèvement durable.

Intervenant principal de cette table ronde, M. Yero Baldeh, Directeur du Département de coordination des États en transition de la Banque africaine du développement, a déclaré que le développement des PMA en Afrique figure en tête des priorités de l’institution.  À cet effet a été créé, dès 1971, le fonds de développement africain qui a déjà déboursé plus de 45 milliards de dollars en prêts préférentiels.  Plus tard, en 2018, le mécanisme de soutien aux pays en transition a vu le jour pour aider à la stabilité institutionnelle.  La Banque accompagne également le renforcement de la résilience des PMA en élaborant une stratégie d’inclusion qui encourage la participation des capitaux et des entreprises privées au développement, parce que ce sont les moteurs de la création de richesse.  Maintenant, en réponse à la pandémie, la Banque appuie la Stratégie africaine de la santé 2016-2030 et a aidé au lancement de la plateforme africaine pour l’acquisition des matériels médicaux, l’accélération des tests COVID-19 et la fabrication de vaccins et de médicaments.  Le Directeur a attiré l’attention sur l’importance de surmonter la dépendance africaine sur la question et de préparer le continent à affronter les crises futures. 

La question de l’indépendance énergétique a été abordée par Mme Rabia Ferroukhi, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), qui a plaidé pour l’utilisation des énergies renouvelables par les PMA pour leur relèvement et leur transition énergétique.  Elle a regretté que ces pays attirent moins de 1% des investissements dans le secteur alors que c’est une industrie qui crée des millions d’emplois et permet d’atteindre la sécurité énergétique.  L’utilisation des énergies renouvelables peut ajouter plus 3% de PNB et créer quelques 26 millions d’emplois dans les PMA, a-t-elle précisé.  L’autre avantage de ces énergies est qu’elles permettent de ne plus dépendre des énergies fossiles polluantes.  Selon l’intervenante, 11 milliards de dollars d’aide ont été promis pour la transition énergétique des PMA, dont 3 milliards ont été déjà décaissés.  La technologie existe mais il manque la volonté politique, a-t-elle regretté rappelant que le débat d’aujourd’hui a commencé il y a 30 ans. 

Mme Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a pour sa part préconisé quatre axes pour le relèvement.  D’abord, les gouvernements doivent être en première ligne pour insuffler la reprise.  Ensuite, elle a vivement encouragé la mise en place de programmes permettant d’évaluer les risques de catastrophe et les mécanismes d’alerte précoce, tout en renforçant la résilience des infrastructures.  Cela passe par une amélioration de la collecte de données sur les risques de catastrophe.  Les PMA ont besoin de partenariats dans ces domaines, a alerté la Représentante spéciale qui a conseillé aux gouvernements d’appliquer en parallèle le Programme d’action de Doha et la Déclaration de Sendai.  Améliorer la résilience, c’est plutôt bâtir sur l’existant que de bâtir à nouveau, a conclu la haute fonctionnaire. 

Résumant le sentiment général à la fin de la table ronde, la Vice-Première Ministre du Lesotho a énoncé les priorités pour le relèvement durable des PMA: l’accès rapide aux financements, l’allégement de la dette, la disponibilité des vaccins, une meilleure gestion des risques de catastrophe et la mise en œuvre du Programme d’action de Doha pour les PMA.  Lui emboîtant le pas, le Premier Ministre des Tonga a souligné la nécessité de financer les six domaines prioritaires de ce programme d’action même pour les petits États insulaires en développement qui n’y figurent pas, à l’instar des Tonga.

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