Femmes, paix et sécurité: au Conseil de sécurité, les États sont invités à donner aux femmes « le pouvoir de représenter leur communauté »
Les femmes continuent, à ce jour, d’être davantage touchées par les conflits armés dans le monde, et se trouvent encore exclues des décisions concernant la paix et la sécurité, malgré plusieurs résolutions chargées d’y remédier. C’est dans ce contexte que le Conseil s’est réuni, ce mardi, veille de la Journée internationale de la femme, pour un débat de haut niveau ouvert à l’ensemble des États Membres, lors duquel se sont exprimés plus de 90 intervenants, dont une trentaine de ministres.
L’objectif de la présidence mozambicaine du Conseil était de faire le point des mesures prises depuis le vingtième anniversaire de l’historique résolution 1325 (2000) et de se fixer de nouveaux jalons, dans la perspective de son vingt-cinquième anniversaire, en octobre 2025. La résolution 1325 affirme en particulier l’importance de la participation des femmes aux négociations de paix, à la planification humanitaire, aux opérations de maintien de la paix, à la consolidation de la paix et à la gouvernance d’après conflit. Dans son sillage, le Conseil a adopté neuf autres résolutions et tenu plus d’une vingtaine de séances sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.
Malgré cela, les femmes sont encore régulièrement sous-représentées, dans les processus de paix, a souligné la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Sima Bahous. « On parle toujours de paix et de sécurité en laissant de côté 50% de la population. Pourquoi se priver d’une telle ressource? » a renchéri la lauréate du prix Nobel de la paix, Leymah Gbowee.
La parité autour des tables de négociation de paix n’a pas été modifiée de manière significative, a ajouté la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, pour qui les femmes ne doivent pas être présentes à la table seulement pour « remplir des quotas », mais pour obtenir « le pouvoir de représenter leur communauté ». La France a rappelé une statistique d’ONU-Femmes selon laquelle seulement 28% des accords de paix contenaient des stipulations relatives à la place des femmes et que, durant les 25 dernières années, seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes.
De nombreuses délégations, à l’instar du Ghana, ont demandé aux gouvernements, aux organisations régionales et à la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour garantir la participation des femmes aux décisions, et les appels à des engagements plus concrets, notamment financiers, se sont faits entendre. Faute de financements adéquats, le programme est « comme un chien sans dents: un bel outil, mais inefficace », a formulé Mme Gbowee.
La Présidente du CICR a rappelé que « plus de 100 conflits armés » faisaient actuellement rage dans le monde alors même que des gains historiques, durement acquis, en matière d’égalité des sexes étaient réduits à néant. Elle a refusé d’y voir une coïncidence car « les données sont claires: plus le respect de l’égalité des sexes décline, plus la violence augmente ». Des organisations de femmes et des personnes militant pour la cause des femmes signalent que leurs activités font l’objet de restrictions de plus en plus fortes, que la violence sexuelle continue d’être utilisée par des parties belligérantes en violation du droit international humanitaire.
Nombre d’intervenants, surtout occidentaux, auront profité de cette séance pour s’en prendre à la Fédération de Russie. La Lettonie l’a ainsi accusée de s’en « prendre de plus en plus aux femmes et aux filles en utilisant la violence sexuelle comme tactique de guerre ».
Il aura aussi beaucoup été question de l’Afghanistan, l’un des exemples les plus extrêmes de régression des droits des femmes, selon la Cheffe d’ONU-Femmes, et de l’Iran, condamnée pour sa gestion brutale des manifestations en faveur des droits des femmes.
Beaucoup de délégations ont mis en avant leur plan d’action national pour mettre en œuvre la résolution 1325. L’Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité, Bineta Diop, a rappelé que 61% des États membres de l’UA en sont dotés et que l’organisation panafricaine s’est engagée à ce qu’ils soient plus de 70% d’ici à 2025. Mme Diop a aussi appelé de ses vœux l’arrivée au pouvoir d’une « masse critique » de dirigeantes africaines, afin qu’elles n’aient plus à attendre d’être invitées aux processus de prise de décisions puisqu’elles y participeront de fait.
Se remémorant le vingtième anniversaire de l’adoption du texte célébré en 2020 non pas comme une célébration mais comme un « rappel à l’ordre », Mme Bahous a remarqué qu’en plus de 20 ans, des progrès avaient certes été accomplis, mais que l’impunité des auteurs d’atrocités contre les femmes et les filles n’avait pas été entamée. À la veille de la Journée internationale de la femme, il est évident qu’un changement de cap radical est nécessaire, a martelé la dirigeante d’ONU-Femmes, suggérant d’aller plus loin que la mise en place de formations, de conseils ou de renforcement des capacités. Elle a préconisé des « mesures exceptionnelles » pour que les femmes participent aux processus de prise de décisions, sous forme de mandats, de conditions, de quotas, d’affectations de fonds, d’incitations, avec « des conséquences » si elles ne sont pas respectées. Elle a également appelé à financer davantage « le meilleur outil dont nous disposons », à savoir le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire.
À ceux qui s’interrogent sur la pertinence du texte face aux multiples difficultés énumérées ce jour, la Vice-Ministre des affaires étrangères de Colombie a envoyé un message d’espoir. Pour sortir d’une longue et cruelle guerre civile, le pays s’est doté du « premier accord de paix sensible au genre au monde », et prépare aujourd’hui son premier plan d’action sur la base de la résolution 1325, dont l’élaboration, a assuré la dirigeante, suscite « une explosion de participation qui nous a surpris, dépassés et gratifiés ». La résolution 1325 est « un texte vivant » en Colombie, s’est-elle félicitée.
LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ: VERS LE 25E ANNIVERSAIRE DE LA RÉSOLUTION 1325 (2000) - S/2023/146
Déclarations
Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a remarqué qu’au cours des vingt premières années ayant suivi l’adoption par le Conseil de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, plusieurs jalons historiques avaient été franchis en matière d’égalité des sexes. Cependant, le ratio hommes-femmes autour des tables de négociation de paix n’a pas été modifié de manière significative, et l’impunité dont jouissent ceux commettant des atrocités à l’encontre des femmes et des filles n’a pas vraiment été entamée. En fait, « ce vingtième anniversaire n’était pas une célébration, mais un rappel à l’ordre », a lancé la Secrétaire générale adjointe.
Nous étions prévenus, a poursuivi Mme Bahous en interpellant le Conseil: le fait d’ignorer nos propres engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité a eu des conséquences durables, « intergénérationnelles » pour les femmes, ainsi que des conséquences immédiates et dramatiques pour la paix dans le monde. La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que, lors de la réunion du Conseil de sécurité marquant le vingtième anniversaire de la résolution, voici deux ans et demi, le Conseil avait entendu une femme afghane représentant la société civile, Zarqa Yaftali, qui disait sa fierté d’être la dixième femme afghane à être invitée à s’exprimer devant le Conseil. Quelques mois après son passage, ses pires craintes se sont concrétisées: les Taliban ont repris le contrôle de son pays.
L’Afghanistan est l’un des exemples les plus extrêmes de régression des droits des femmes mais il est loin d’être le seul, a fait observer Mme Bahous: cinq jours seulement après la célébration du vingtième anniversaire, des combats ont éclaté dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie. Le nombre de femmes et de filles violées durant ce conflit ne sera jamais connu de manière exacte, mais la Commission internationale d’experts des droits de l’homme sur l’Éthiopie a déclaré que des violences sexuelles avaient été commises à une échelle incommensurable.
Depuis ce fameux vingtième anniversaire, plusieurs coups d’État militaires ont aussi eu lieu dans les pays touchés par les conflits, du Sahel au Soudan en passant par le Myanmar, réduisant considérablement l’espace civique pour les organisations et les activistes des droits des femmes, s’est alarmée Mme Bahous. Elle a cité une étude récente selon laquelle les violences à caractère politique à l’encontre des femmes du Myanmar avaient au moins quintuplé à la suite du coup d’État militaire de février 2021. « Partout, le statut des femmes est assiégé », a-t-elle prévenu.
Les médias sociaux jouent un rôle positif dans le partage d’informations vitales et le ralliement de soutiens, mais propagent aussi de la désinformation et promeuvent la violente misogyne, aggravant les choses, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe. Pour elle, il est dès lors essentiel que les gouvernements et les entreprises privées collaborent pour faire de la technologie un outil de progrès.
Alors que l’invasion de l’Ukraine il y a un an a entraîné la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, les femmes et leurs enfants représentent 90% des quelque 8 millions d’Ukrainiens contraints de quitter le pays, a poursuivi Mme Bahous. Les femmes et les filles représentent 68% des millions de personnes déplacées en Ukraine. La paix est la seule réponse, avec l’engagement des femmes dans le processus.
La pandémie a prouvé l’énorme valeur du personnel soignant, ainsi que l’importance d’investir dans la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire ou la protection sociale, a déclaré la Secrétaire générale adjointe. Elle a dit avoir espéré que les pays tiendraient compte des leçons tirées de « décennies d’activisme des femmes bâtisseuses de paix », et qu’ils repenseraient les dépenses militaires à la baisse. Au lieu de cela, a-t-elle déploré, ces dépenses ont continué à augmenter, « dépassant la barre des 2 trillions de dollars », sans même compter les dépenses de ces derniers mois. Ni la pandémie ni les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement n’ont empêché cette augmentation des ventes d’armes au niveau mondial.
À la veille de la Journée internationale de la Femme, il est évident qu’un changement de cap radical est nécessaire, a martelé Mme Bahous. Elle a tout d’abord suggéré d’aller plus loin que la mise en place de formations, de conseils, et de renforcement des capacités, en imposant des « mesures exceptionnelles » pour que les femmes participent aux processus de décision.
Des mesures devant être caractérisées par des mandats, des conditions, des quotas, des affectations de fonds, des incitations, ainsi que « des conséquences » si elles ne sont pas respectées, a insisté la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.
Mme Bahous a également appelé à financer davantage « le meilleur outil dont nous disposons », le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire. Ce fonds est déjà financé plus de 900 organisations depuis sa création en 2015, dont un tiers au cours de la seule année dernière. Mme Bahous s’est dite particulièrement fière que près de la moitié de ces organisations aient reçu un financement de l’ONU pour la première fois en 2022, et que 90% d’entre elles travaillent à l’échelon infranational.
Jugeant urgent de trouver de meilleurs moyens de soutenir la société civile et les mouvements sociaux dans ces pays, Mme Bahous a appelé à être « beaucoup plus engagés » dans le financement pour de nouveaux groupes défendant en particulier les droits des jeunes femmes. « ONU-Femmes est prête à travailler avec vous pour changer de cap et forger une nouvelle voie vers l’avenir », a-t-elle enfin lancé aux délégations.
Mme MIRJANA SPOLJARIC, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que « plus de 100 conflits armés » faisaient actuellement rage dans le monde et qu’en même temps, « les gains générationnels durement acquis en matière d’égalité des sexes sont réduits à néant ». Elle a refusé d’y voir une coïncidence, car « les données sont claires: plus le respect de l’égalité des sexes décline, plus la violence augmente ». Le CICR, a-t-elle expliqué, constate chaque jour les « effets brutaux » des conflits armés sur les femmes et les filles, aussi bien sur les lignes de front que dans les camps ou les prisons.
Mme Spoljaric a cité différents exemples: violences sexuelles aux mains des porteurs d’armes « à des niveaux choquants »; décès lors d’accouchements dans les sous-sols de bâtiments bombardés, sans accès aux soins médicaux; déplacements qui les exposent à des abus; mais aussi déshumanisation de femmes anciennes combattantes privées de l’égalité de traitement avec leurs homologues masculins et parfois détenues dans des prisons conçues pour les hommes. Les réalités des femmes dans les conflits sont trop souvent invisibles et ignorées, a poursuivi la Présidente du CICR, qui a aussi rappelé leur rôle essentiel pour protéger et diriger leur famille et leur société, y compris pour rechercher leurs proches disparus.
La Présidente du CICR a dit voir trois façons d’avancer. Constatant d’abord que le droit international humanitaire, au cœur de la protection de toutes les victimes de conflits, protège de manière égale femmes, hommes, garçons et filles, elle a estimé que son respect permettrait d’éviter les dommages résultant des violations de ses règles. Elle a rappelé à cet égard que la mise en œuvre effective des obligations issues du droit international humanitaire exigeait la volonté politique des États d’évaluer leur propre conduite, et « d’examiner sérieusement si leurs forces combattantes disposent des ressources et de l’expertise nécessaires pour prendre en compte la protection de l’ensemble de la population civile ». Elle a jugé urgent que les États s’engagent à intégrer une perspective de genre dans l’application et l’interprétation du droit international humanitaire et remédient aux préjugés sexistes dans leur conduite. Suggérant qu’ils se dotent de conseillers ayant une expertise en matière de genre, elle a estimé que de tels engagements pouvaient être pris dans le cadre des plans d’action nationaux « Femmes, paix et sécurité ».
Mme Spoljaric a ensuite appelé les États à veiller à ce que l’interdiction de la violence sexuelle en vertu du droit humanitaire international soit intégrée dans le droit national, la doctrine militaire et la formation, jugeant « inadéquats » les définitions actuelles de la violence sexuelle. Elle a donc réclamé des changements « solides, dotés de ressources et mis en œuvre » dans les législations et politiques nationales. Enfin, elle a jugé essentiel que les États donnent aux femmes des moyens d’action « avant, pendant et après le début d’un conflit armé » afin d’augmenter les chances d’instaurer une paix durable. Les femmes ne doivent pas être présentes à la table seulement pour « remplir des quotas », mais avoir le pouvoir de représenter leur communauté, a-t-elle insisté.
En conclusion, la Présidente du CICR a rappelé que la protection de ceux qui sont confrontés à la plus grande discrimination et déshumanisation –« très souvent, les femmes et les filles »- est au cœur du respect de la loi en tant que voie vers une paix durable. La paix se rapproche lorsque les personnes de tous les sexes sont respectées et protégées de manière égale, qu’elles sont à l’abri de toute atteinte physique et mentale et qu’elles sont économiquement autonomes, a-t-elle conclu.
Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité, a évoqué la situation précaire des femmes et des filles au Sahel, en République démocratique du Congo, dans le bassin du lac Tchad et dans l’est de l’Afrique; situation associée aux changements climatiques et à une situation humanitaire difficile. Un taux de violences sexuelles sans précédent y prive les femmes africaines de leur dignité, a-t-elle expliqué.
S’il faut renforcer les mesures de protection, les femmes ne sont hélas pas suffisamment entendues dans les négociations de paix, a déploré Mme Diop, qui a estimé que les feuilles de route pour revenir à la paix en souffrent. L’Envoyée spéciale a pris pour exemple un groupe de femmes éthiopiennes en retraite à Pretoria, en Afrique du Sud, à la demande de l’ancienne dirigeante d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka. La requête visant à faire participer 50% des femmes aux efforts de paix a été soulignée durant la rencontre. Les femmes africaines ont en quelque sorte créé leur propre table, invitant les autres femmes à se joindre à elles.
Pour accélérer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, Mme Diop a appelé à la multiplication des plans d’action nationaux. Pour le moment, 61% des États membres de l’Union africaine (UA) en sont dotés. Elle s’est engagée à ce qu’ils soient plus de 70% d’ici à 2025. Elle a aussi appelé à la création d’un réseau de femmes africaines dédié aux femmes, à la paix et à la sécurité. Il s’agit de créer une « masse critique » de dirigeantes africaines, de sorte qu’elles n’auront plus à attendre d’être invitées aux processus de décision: elles y participeront de fait, a-t-elle expliqué. Elle a enfin appelé à repenser la structure des tables de négociation pour que les femmes et les filles puissent davantage y participer.
Mme LEYMAH R. GBOWEE, lauréate du prix Nobel de la paix 2011, a affiché sa solidarité avec les femmes partout où leur droit à la vie est l’objet d’une lutte quotidienne. La résolution 1325 a fait naître l’espoir que les femmes deviennent des acteurs de la paix, étant entendu que les hommes ne semblent être capables que de faire la guerre, a-t-elle ajouté. Or, selon elle, 23 ans après l’adoption du texte, la situation n’a guère changé. On parle toujours de paix et de sécurité en laissant de côté 50% de la population. Pourquoi se priver d’une telle ressource? a demandé Mme Gbowee.
Pour Mme Gbowee, à l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325, les nations doivent investir à tous les niveaux dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Cette feuille de route et ces plans sont souvent une couverture aux échecs des États pour féminiser leurs politiques; ils servent aussi à attirer les bailleurs de fonds, a-t-elle affirmé. Elle a invité la communauté internationale à redéfinir la paix, suggérant de l’envisager non pas seulement comme l’absence de guerre, mais comme la présence réelle de conditions permettant à toutes et tous de vivre dans la paix et la sécurité.
La mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité ne peut se passer des ressources vitales des femmes militantes qui, sur le terrain, sont les gardiennes des communautés, a encore déclaré Mme Gbowee. Elle a exhorté les dirigeants politiques et d’organisations internationales à accorder aux femmes un autre statut que celui de simples observatrices. Les femmes, a-t-elle insisté, sont porteuses de solutions. Enfin, elle a estimé que faute de financements adéquats, le programme est comme un chien sans dents, « un bel outil mais inefficace ».
Mme Gbowee a conclu son intervention en répétant qu’il n’est plus possible de refuser à la moitié de la population mondiale une participation pleine et entière à la résolution des plus grands défis mondiaux, notamment l’insécurité climatique et alimentaire. Ce n’est qu’en accroissant la part des femmes à la prise de décisions que nous pourrons progresser vers un monde plus juste et pacifique, a-t-elle affirmé.
Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a salué « l’approche visionnaire » avec laquelle le Secrétaire général dirige l’ONU. La résolution 1325 (2000) a marqué un jalon en vue de la pleine participation des femmes aux efforts de paix, a-t-elle estimé. Elle a dénoncé les violations constantes des droits des femmes en temps de conflit, nonobstant les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil.
La Ministre a redit l’attachement de son pays aux droits des femmes et à l’égalité entre les genres. Elle a détaillé les politiques conduites à cet effet, en mentionnant la lutte contre les mariages précoces. Elle a appelé à la pleine application des instruments internationaux de promotion des droits des femmes. Elle a aussi rappelé que 43% des parlementaires de son pays sont des femmes. Enfin, elle exhorté l’ONU à intégrer davantage la perspective de genre dans les mandats des opérations de paix, avant d’appeler à la pleine application de la résolution 1325.
M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, a expliqué que son gouvernement avait fait de la lutte contre la violence basée sur le genre un axe principal de sa « Stratégie Égalité 2030 ». Pour faire face aux défis émergents, la Suisse soutient également la recherche sur les liens entre la cybersécurité et les femmes, et promeut activement l’intégration de la résolution 1325 (2000) dans sa stratégie nationale de cybersécurité.
Affronter ces obstacles demande également un travail en réseau, a poursuivi M. Berset. C’est pourquoi la Suisse a créé le réseau « Femmes suisses dans les processus de paix ». Ce réseau ne réunit pas seulement l’expertise et les expériences des femmes suisses dans les processus de paix mais collabore aussi avec d’autres réseaux régionaux –africains, du Commonwealth, méditerranéen et nordique– afin de partager les bonnes pratiques.
Pour assurer la participation des femmes, le Chef d’État a appelé à un soutien politique clair ainsi qu’à l’allocation de ressources adéquates: c’est une condition sine qua non pour que les femmes puissent s’exprimer et contribuer à une paix durable – en toute sécurité, librement, et sans peur de représailles. Les mandats de ce Conseil font de plus en plus référence au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a relevé M. Berset. Il a jugé ce fait encourageant, mais ajouté qu’il fallait désormais allier les paroles à des actes concrets en termes de budget, de personnel et de politique.
Mme ERLYNE ANTONELA NDEMBET DAMAS, Ministre de la justice en charge des droits humains du Gabon, a déclaré que non seulement les femmes ne doivent plus payer le lourd tribut des conflits armés, mais qu’elles doivent de plus en plus faire partie de la réponse en participant pleinement à tous les processus de paix et de prise de décisions. Cela permet également de créer un environnement propice à la prévention des conflits et au règlement pacifique des différends, a-t-elle souligné.
Dans cette perspective, le Gouvernement gabonais a fait de la réduction des inégalités hommes-femmes un paramètre saillant de sa politique, avec pour levier la promotion de la participation des femmes dans tous les processus de prise de décisions, a assuré la Ministre. Ce cap stratégique se traduit par la présence de femmes à des fonctions de premiers plans comme vice-présidente de la République, présidente du Sénat et présidente de la Cour constitutionnelle, y compris à la tête des départements ministériels de souveraineté, dont celui de la défense nationale ou encore le Ministère de la justice.
Pour pérenniser la représentativité des femmes dans la sphère de gouvernance, le Gabon a l’intention de mettre en place un « programme de mentoring politique pour les jeunes femmes » dont l’objectif est de les inciter à s’engager dans l’action politique, afin d’accroître de manière significative leur représentation dans toutes les instances de prise de décisions.
Mme PAOLA FLORES, Ministre de la femme et des droits humains de l’Équateur, a déclaré que son pays s’était engagé à inclure les femmes dans les espaces stratégiques pour le maintien de la paix, notamment en veillant à avoir toujours plus de femmes dans ses forces armées et dans sa police « pour intégrer une logique de respect et de protection des droits de l’homme ». L’Équateur, a-t-elle ajouté, travaille « avec enthousiasme et engagement » sur le plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, avec le soutien d’ONU-Femmes et la contribution substantielle des organisations de la société civile, ce qui, dans un pays plurinational, inclut une mobilisation active des femmes indigènes, d’ascendance africaine ou encore rurales.
Signataire des « Engagements partagés » du programme pour les femmes et la paix et la sécurité du Conseil de sécurité dont il est membre élu, l’Équateur fait de l’intégration de ce programme dans les processus et les produits du Conseil une priorité, a poursuivi la Ministre. Elle a toutefois dit avoir constaté avec inquiétude ces derniers mois que la violence sexuelle et sexiste était « une caractéristique constante de presque tous les conflits ». Le recours systématique à la violence politique, aux discours de haine et à la violence sexuelle comme tactiques de guerre ne sert qu’à déshumaniser les acteurs, a-t-elle lancé.
Mme Flores a mis l’accent sur le rôle transformateur des femmes dans les processus de transition politique et de consolidation de la paix, citant en exemple la Colombie où, a-t-elle dit, les femmes ayant survécu à la violence ont contribué de manière substantielle aux processus de médiation, de négociation et d’établissement d’une paix durable. Rendant hommage aux « femmes médiatrices et bâtisseuses de paix », elle a souhaité que ces expériences se multiplient pour le bien des sociétés en général et a dit son admiration pour les travailleuses humanitaires.
Rappelant en conclusion que le chemin vers une paix durable commence par l’identification des racines du conflit, la Ministre a appelé le Conseil à continuer à faire pression sur les acteurs, étatiques ou non, par le biais de tous les mécanismes possibles pour qu’ils respectent les dispositions des résolutions sur la violence sexuelle liée aux conflits.
Mme LARIBA ZUWEIRA ABUDU, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a demandé aux gouvernements, aux organisations régionales et à la communauté internationale dans son ensemble de prendre des mesures concrètes pour protéger les droits des femmes et garantir leur participation à la prise de décisions. Elle a salué « l’immense courage » et « la résilience » dont ont fait preuve les femmes de la société civile et les artisanes de la paix en Afrique, leur capacité à réaliser des progrès considérables en dépit des difficultés financières, culturelles, techniques et sécuritaires.
En Afrique de l’Ouest et au Sahel, les groupes de femmes ont joué un rôle essentiel dans la promotion de la paix et de la réconciliation, a ensuite illustré la Ministre. Au Mali et au Nigéria, des réseaux de femmes travaillent sans relâche pour promouvoir le dialogue et la compréhension entre les différents groupes ethniques et religieux, secourir les femmes et les filles enlevées dans les territoires occupés et fournir aux survivantes secourues assistance et soutien. Ces organisations, et bien d’autres comme elles sur le continent, « font une réelle différence dans la vie des femmes en Afrique », a-t-elle souligné.
Au niveau national, sous la coordination du Ministère du genre, de l’enfance et de la protection sociale, le Gouvernement ghanéen poursuivra la mise en œuvre effective de la résolution 1325, par le biais de son deuxième programme d’action national couvrant la période 2020-2025, a précisé la Ministre.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD, Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies et membre du Cabinet du Président Biden, a parlé de ses nombreuses rencontres avec des femmes qui, dans les régions les plus difficiles, font chaque jour la différence pour faire advenir le changement et la paix, que ce soit en Afrique ou ailleurs. Aider les femmes c’est, selon elle, contribuer partout à un monde plus pacifique et prospère.
Si elle a salué les efforts louables de l’ONU en faveur des femmes, la représentante n’a pas manqué de souligner la nécessité d’assortir de mesures concrètes l’appropriation nationale du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. En Afghanistan, les Taliban privent les femmes du doit de travailler dans des ONG, signe d’une crise qui, si elle continue de s’aggraver, empêchera le pays de s’engager sur la voie de la liberté et du développement, a ensuite dit Mme Thomas-Greenfield. Le Conseil de sécurité doit continuer à faire pression sur les Taliban pour qu’ils reviennent sur leurs décisions inacceptables, a-t-elle ajouté.
Mme Thomas-Greenfield a ensuite évoqué un déplacement marquant à Kiev l’an dernier. Sur place, j’ai rencontré des femmes violées et torturées par les soldats russes dont le regard ne me quittera jamais, a-t-elle raconté, assurant le Conseil que ces crimes atroces ne resteront pas impunis. Pour la représentante, une paix pérenne, une société inclusive et prospère dépendent de la capacité des femmes à être des chefs de file. « C’est forts de cette conviction que les États-Unis ont institué des programmes de soutien aux femmes au Kenya, en Ouganda et au niveau le plus local, celui des communautés, au Mali ou encore au Niger », a-t-elle expliqué. Elle a également indiqué que son pays qui, en 2023, copréside avec la Roumanie le Réseau des points focaux pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, s’attachera à aider les États Membres désireux d’inscrire à tous les niveaux juridiques et politiques de leur droit national la résolution 1325.
M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement et Représentant spécial du Premier Ministre pour la prévention des violences sexuelles dans les conflits, a indiqué que son pays était fermement engagé à réaliser des progrès dans le domaine de la paix et de la sécurité des femmes. En février, le Royaume-Uni a lancé son cinquième plan d’action national. Il s’agit d’un nouveau plan pour un nouveau contexte mondial reflétant les événements en Ukraine et en Afghanistan, ainsi que les menaces transnationales, telles que le climat et la cybernétique. Mais il ne s’agit pas seulement de l’engagement britannique à l’étranger: le pays a intégré ces mêmes principes dans ses systèmes nationaux, sa coopération militaire et sa diplomatie.
L’un des principaux objectifs du nouveau plan est de prévenir la violence basée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, et d’aider les survivants à se rétablir et à obtenir justice, a poursuivi M. Ahmad. Une récente conférence sur la prévention de la violence sexuelle dans les conflits a démontré une volonté internationale soutenue de mettre fin à ces crimes odieux: 53 pays et le Représentant spécial du Secrétaire général ont signé la déclaration politique; 40 pays ont pris des engagements nationaux concrets sur les mesures qu’ils entendent prendre. Le Ministre britannique des affaires étrangères a également annoncé une nouvelle stratégie triennale de lutte contre la violence sexuelle à l’égard des femmes, soutenue par un nouveau financement de plus de 12 millions de livres sterling.
Mme MARLÈNE SCHIAPPA, Secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative de la France, a remarqué que, dans le domaine de la participation des femmes, seulement 28% des accords de paix contenaient des stipulations relatives à la place des femmes et que, durant les 25 dernières années, seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes. Or, a rappelé Mme Schiappa, selon une statistique d’ONU-Femmes, l’association des femmes aux pourparlers de paix augmente de 35% les chances d’aboutir à un accord de paix durable. Le Conseil doit travailler à mettre en œuvre le principe du « jamais sans elles » dans ses travaux, a-t-elle donc souligné.
La France soutient les organisations de la société civile dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, à travers notamment son fonds de soutien aux organisations féministes, « qui a mobilisé depuis 2019 plus de 120 millions d’euros pour financer les activités des mouvements féministes dans le monde », a soutenu la Secrétaire d’État.
Mme REBECCA BUTTIGIEG, Secrétaire parlementaire aux réformes et à l’égalité de Malte, après avoir dénoncé les violences contre les femmes dans de nombreux pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil, notamment l’Afghanistan, l’Ukraine, le Myanmar, le Yémen, la Syrie, Haïti, la République centrafricaine, le Mali, le Soudan et la Somalie, a appelé à se recentrer sur les défis de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Les Nations Unies doivent montrer l’exemple, a-t-elle martelé, en veillant à ce que les femmes participent pleinement, sur un pied d’égalité, et de manière significative, à tous les processus de paix et de sécurité, en commençant par ceux qui sont autorisés et dirigés par les Nations Unies.
Quant au financement, Mme Buttigieg a estimé qu’il devait être orienté de manière à inverser le déficit de financement pour l’égalité des sexes dans les situations de crise. Les actions de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent doivent permettre de répliquer face à la misogynie et à la violence patriarcale utilisées par les groupes terroristes dans leur propagande et leurs tactiques de recrutement. Pour lutter contre l’impunité, le Conseil devrait faire un usage plus proactif des sanctions ciblées à l’encontre des auteurs de violences sexuelles dans les conflits et, le cas échéant, faire de la violence sexuelle comme un critère de désignation autonome.
Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAAB, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a identifié trois objectifs qui soutiennent selon elle la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Ce programme doit d’abord être un prisme à travers lequel les États examinent les menaces émergentes et nouvelles. Les changements climatiques, par exemple, qui constituent la plus grande menace à laquelle ce monde est confronté, affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles. Nous devons donc soutenir leur participation et amplifier leurs voix dans les efforts visant à atténuer les impacts du réchauffement planétaire et à s’y adapter, a préconisé la représentante. En outre, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité doit être mis en œuvre dans son intégralité, de manière cohérente, avec des partenaires de toutes les composantes de la société. Enfin, les États et les parties au conflit doivent mettre en place un cadre de responsabilisation solide et cohérent pour lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits, notamment en renforçant les capacités des institutions concernées et en promouvant une approche centrée sur les survivantes.
Mme MARIA LUISA ESCOREL DE MORAES, Ministre de l’Europe et de l’Amérique du Nord au Ministère des affaires étrangères du Brésil, a estimé que les Nations Unies devaient intensifier leurs efforts pour protéger les femmes soldats de la paix contre le harcèlement sexuel et d’autres menaces à leur intégrité physique et morale. Elle ajouté que son pays avait toujours œuvré à l’intégration d’une perspective féministe dans les pratiques du Conseil de sécurité, en encourageant notamment l’audition en séances plénières d’exposés de représentantes de la société civile.
Nous devons également trouver des moyens d’accroître le financement et les ressources des organisations dirigées par des femmes œuvrant à la consolidation de la paix et à la résolution des conflits, a ensuite plaidé la Ministre. Elle a salué les efforts déployés en ce sens par la Commission de consolidation de la paix. Mme Escorel de Moraes a en outre souhaité que les données agrégées par ONU-Femmes contribuent réellement à assurer que les expériences et le point de vue des femmes sont pleinement intégrées dans les efforts internationaux de paix.
M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a rappelé la spécificité de la contribution du Conseil s’agissant du rôle des femmes par temps de conflit, avant de souligner la nécessité d’éviter les doublons. D’autres organes, tels que l’Assemblée générale, sont compétents. Le Conseil doit s’attacher à combattre les violences perpétrées contre les civils par temps de conflit, a dit le représentant, avant de rappeler l’importance de protéger les familles. Enfin, il a rappelé que le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) aurait lieu en octobre 2025, estimant que ce sera l’occasion d’évaluer la contribution du Conseil sur cette question.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a estimé qu’avec la résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité avait créé un cadre normatif d’envergure, renvoyant de plus en plus aux femmes, à la paix et à la sécurité dans ses autres travaux. Mais, a ajouté la représentante, « la réalité nous rattrape »: un fossé énorme demeure entre théorie et pratique, car les femmes demeurent sous-représentées, voire marginalisées, dans les négociations ayant trait à la paix et la sécurité. Quant aux auteurs de violences sexuelles, ils demeurent impunis. En Ukraine, en Afghanistan, des millions de femmes voient leurs vies déchirées, tout comme en Iran, où la lutte contre le régime brutal contre les femmes ne faiblit pas. La liste est longue, a relevé la représentante.
Pour Mme Dautllari, très peu de progrès ont été réalisés dans le contexte du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Les femmes bâtisseuses de paix l’ont parfois payé de leur vie. Il faut donc redoubler d’efforts pour qu’un cadre normatif devienne réalité, en commençant par les zones de conflit. La représentante a appelé les acteurs pour la paix et la sécurité à jouer un rôle davantage proactif et à rallier les femmes à leur cause, avant de se féliciter que 75% des ministres de son pays soient des femmes.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que la mise en œuvre intégrale de la résolution 1325 (2000) tient avant tout à l’opérationnalisation des plans d’action nationaux par les États Membres. Le Japon a ainsi annoncé son premier plan d’action national femmes, paix et sécurité en 2015 et l’a révisé après la période de mise en œuvre initiale de trois ans. « Nous sommes actuellement en train de formuler le troisième, et notre expérience a montré que trois éléments sont particulièrement importants: l’exhaustivité, l’inclusivité et les révisions », a précisé le représentant. En effet, le plan doit être complet et couvrir un large éventail de questions, mais aussi être inclusif, en misant sur la coopération internationale et le partage des pratiques optimales.
Ainsi, a fait observer le représentant, le Japon a été un contributeur majeur au Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit. Le Japon a, de même, soutenu leurs équipes d’experts dans le renforcement des capacités dans les secteurs judiciaire et de la sécurité.
M. LUKA MESEC, Ministre des affaires familiales et sociales de la Slovénie, a notamment indiqué que son pays, convaincu du rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la construction et le maintien de la paix, a établi un centre de formation aux opérations de paix consacré à l’égalité des sexes et l’intégration du genre dans les missions et opérations internationales. Ce centre, a-t-il ajouté, organise aussi des formations sensibles au genre autour des changements climatiques.
M. Mesec a également attiré l’attention sur la nécessité de renforcer la protection des femmes de la société civile contre les représailles auxquelles elles s’exposent pour avoir partagé des informations sur des sujets et des situations spécifiques avec le Conseil de sécurité. Ces femmes courageuses sont de véritables agents du changement, et toute tentative de faire taire leur voix est répréhensible, a-t-il lancé.
M. MARIAN JUREČKA, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a jugé urgent de promouvoir le programme sur les femmes et la paix et la sécurité, alors que l’agression russe contre l’Ukraine se poursuit. La guerre de la Russie est une violation grave de la Charte et du droit et entrave la réalisation dudit programme. Il a rappelé qu’un demi-million de réfugiés en provenance d’Ukraine se trouvent dans son pays, dont 80% de femmes et d’enfants. Les femmes doivent s’asseoir à la table des négociations à chaque étape des processus de paix, a-t-il tranché. « C’est très simple. » Et cela inclut les représentantes des organisations de la société civile et les défenseuses des droits.
Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’intégration sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que son pays avait suivi une approche globale et intégrée dans la mise en œuvre de son plan d’action national pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires qui se posent aujourd’hui. Il constitue une plateforme d’action sur la base des axes de la diplomatie préventive que sont la médiation, le maintien de la paix, le renforcement de la culture de la paix, l’égalité, et la participation économique de la femme. Par ailleurs, depuis 1992, a relevé la Ministre, 2 100 Marocaines ont travaillé sans relâche au sein des opérations de maintien de la paix en contribuant à lutter contre la violence à l’égard des femmes et au respect de leurs droits lors des conflits et après les conflits. La participation des Marocaines aux opérations de la paix a trait à de nombreux domaines, parmi lesquels la santé, les télécommunications, la logistique, l’administration, l’aide sociale et les opérations militaires, a-t-elle précisé.
Mme TAINA BOFFERDING, Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg, a déclaré qu’à l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325, il restait beaucoup à faire, les femmes et les filles continuant de faire face à de multiples défis en ce qui concerne leur participation aux processus décisionnels et aux efforts de prévention et de résolution des conflits. Ceci est d’autant plus vrai pour les personnes LGBTIQ+ ainsi que les femmes en situation de handicap, a-t-elle ajouté, notant que les femmes, y compris les migrantes, doivent être habilitées politiquement et économiquement et être représentées de manière égale à tous les niveaux de décision.
Le Luxembourg continue de financer des initiatives visant à promouvoir l’autonomisation et la participation des femmes et des filles, notamment dans le cadre de son aide publique au développement, a indiqué la Ministre. Par son adhésion au Pacte sur les femmes, la paix, la sécurité et l’action humanitaire, et guidé par sa nouvelle stratégie humanitaire, le Luxembourg accorde une attention particulière aux questions de genre et contribue aux efforts de nos partenaires humanitaires pour prévenir et répondre aux violences sexuelles et sexistes, y compris dans les crises oubliées et sous-financées, a-t-elle encore dit. Elle s’est par ailleurs félicitée du renforcement, en 2022, du libellé relatif aux femmes et la paix et la sécurité dans les résolutions portant sur les missions de l’ONU en Afghanistan et au Yémen.
Mme WAFA BANI MUSTAFA, Ministre du développement social de la Jordanie, a annoncé que la Jordanie avait déployé davantage d’efforts pour inclure les femmes dans les processus décisionnels, et voté une loi contre les violences domestiques et contre la traite d’êtres humains. La Jordanie a été l’un des premiers pays arabes à se doter d’un plan d’action national pour les femmes, la paix et la sécurité, notamment pour protéger les femmes réfugiées victimes de violences et pour améliorer les infrastructures qui leur sont destinées. Concernant la réponse à la crise syrienne, la Jordanie a mis en place un plan d’action visant à renforcer la protection sociale des réfugiées syriennes.
Mme LIN YI, Vice-Présidente du Comité national de travail sur les femmes et les enfants de la Chine, a déclaré que les femmes ont des rôles cruciaux à jouer dans les efforts de règlement des conflits. Elles ont toute leur place à la table des négociations. Elle a souligné l’importance de la Déclaration de Beijing, avant d’appeler à l’autonomisation des femmes. Il est temps de tenir nos engagements en vertu du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-elle tranché, en insistant sur l’attachement de la Chine aux droits des femmes. Elle a détaillé les politiques menées à cet effet, en indiquant que les femmes représentent 55% des entrepreneurs dans le domaine des nouvelles technologies en Chine. Enfin, elle a souligné l’apport de son pays à la promotion de la santé maternelle et infantile en Afrique.
Mme AISHA JUMWA K. KATANA, Secrétaire permanente aux services publics, au genre et à la discrimination positive du Kenya, a souligné combien, dans les faits, les femmes jouent un rôle préventif dans les processus de paix, en tant que premières intervenantes de terrain, de gardiennes de la paix acquise, de médiatrices ou encore de défenseuses des droits humains. Pour la Ministre, compte tenu de l’impact négatif que les conflits armés et les normes culturelles non inclusives continuent d’avoir sur l’émancipation des femmes, il demeure important d’améliorer leurs moyens de subsistance et surtout de renforcer leur rôle dans la construction, la négociation et le maintien de la paix. Nous devons rendre leur travail, leurs expériences et leurs réalisations visibles et faire en sorte que leur voix soit entendue à tous les niveaux, a encore déclaré Mme Katana. Par ailleurs, elle a demandé au Conseil de rester déterminé à intégrer l’égalité des sexes dans ses travaux et de s’attaquer aux vulnérabilités accrues des femmes et des filles dans les contextes de conflit, de postconflit et d’intervention humanitaire. Autant de points reflétés dans l’initiative des engagements partagés que le Kenya a eu l’honneur de cofonder aux côtés du Mexique et de l’Irlande, a-t-elle ajouté. Au plan régional, Mme Katana a salué l’action de l’Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’UA pour les femmes, la paix et la sécurité en faveur du dialogue intergénérationnel et de la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix en Afrique. Enfin, la Ministre a signalé les efforts déployés par son pays pour intégrer la dimension du genre dans des mécanismes nationaux d’alerte précoce tels que les comités locaux de paix et réseaux locaux de médiation.
Mme MAI JASEM AL-BAGHLI, Ministre des affaires sociales du Koweït, a demandé des efforts supplémentaires pour autonomiser les femmes et protéger leurs droits aux niveaux national et international. Elle a souligné l’importance de réaliser l’objectif 5 de développement durable sur l’égalité entre les genres. Le programme est un outil essentiel, a continué la Ministre, en rappelant que les femmes sont toujours les premières victimes des conflits. Mais elles ont aussi des rôles cruciaux à jouer dans la prévention et le règlement des conflits, a-t-elle déclaré. Elle a rappelé que la participation des femmes permet la pérennisation des processus de paix. Je suis un exemple vivant de l’engagement de mon pays en faveur des femmes, a conclu la Ministre, avant de rappeler la résistance des femmes koweïtiennes face à « l’occupation ».
M. RODERIC O’GORMAN, Ministre des enfants, de l’égalité, des personnes handicapées, de l’intégration et de la jeunesse de l’Irlande, a déclaré que son pays s’était toujours efforcé d’amplifier la voix des femmes directement touchées par la guerre et les conflits. Aux côtés du Kenya et du Mexique, l’Irlande, lorsqu’elle siégeait au Conseil, a ainsi lancé une série d’engagements, notamment pour assurer la participation des femmes et la représentation de la société civile dans le cadre des délibérations de cet organe. Et au niveau national, a précisé le Ministre, son pays s’est engagé à faire progresser le programme pour les femmes et la paix et la sécurité par le biais de plans d’action nationaux et d’une approche pangouvernementale, même si « nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé entre le discours et la réalité ».
Mme LINDIWE ZULU, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a souligné que les freins persistants au développement durable ont un effet déstabilisateur sur l’émancipation les femmes, au point de pouvoir inverser certains des progrès réalisés ces dernières années dans la promotion des droits des femmes et des filles dans les situations de conflit et de postconflit. Reconnaissant que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité avaient permis d’améliorer la participation et la représentation des femmes dans les processus de paix, la consolidation de la paix et le maintien de la paix, la Ministre a toutefois rappelé que beaucoup reste à faire sur la voie de l’égalité entre les sexes. À ses yeux, le Nouvel Agenda pour la paix proposé par le Secrétaire général des Nations Unies, le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et la pleine application des résolutions du Conseil offrent encore des opportunités d’accélérer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.
Concernant la politique de son gouvernement, Mme Zulu a assuré qu’il continuera de renforcer les mécanismes nationaux existants qui se concentrent sur la formation et le renforcement des capacités des femmes en matière de prévention des conflits et de médiation, cela en déployant notamment davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix et en promouvant les droits des femmes.
Mme ANA PAULA DA SILVA DO SACRAMENTO NETO, Ministre de action sociale, de la famille et de la promotion des femmes de l’Angola, qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a déclaré que cette dernière était particulièrement attachée à la pleine réalisation de l’objectif 5 de développement durable, relatif à l’égalité de genre et la promotion des femmes et filles, et de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, laquelle manifeste depuis près d’un quart de siècle la sensibilité de la communauté internationale au sort des femmes et des filles dans les conflits armés et souligne l’importance de la participation des femmes aux processus de rétablissement de la paix.
Mme da Silva do Sacramento Neto a mis l’accent sur l’approbation et la conduite, par une majorité d’États membres de la CPLP et conformément à la résolution 1325, de plans d’action nationaux du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Nous devons trouver des moyens de soutenir les organisations locales de femmes, car elles sont souvent en première ligne pour répondre aux défis et peuvent avoir un impact efficace sur le terrain, a-t-elle également indiqué. Elle a en outre pris l’engagement que ces pays continueront d’envoyer davantage de femmes pour les représenter dans les missions de maintien de la paix afin que « non seulement celles-ci, mais tous nos Casques bleus puissent continuer à œuvrer pour une mise en œuvre efficace des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes et la paix et la sécurité ». À cette fin, elle a appelé au renforcement de la synergie entre plans d’action nationaux et mécanismes onusiens. Nous devons également nous concentrer sur la diplomatie préventive et assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes des processus de paix, a conclu Mme da Silva do Sacramento Neto.
Mme AYANNA WEBSTER-ROY, Ministre au sein du cabinet du Premier Ministre responsable du genre et de l’enfance de Trinité-et-Tobago, a rappelé que, convaincu de la nécessité de faire progresser l’égalité des sexes dans les initiatives de paix et de sécurité des Nations Unies, Trinité-et-Tobago avait présenté en 2010 la première résolution de l’Assemblée générale sur les femmes, le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements. Cette résolution, a-t-elle ajouté, fut présentée à l’occasion du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325, son objectif stratégique restant d’inciter la communauté internationale à adopter et institutionnaliser des formules de représentation équitable des femmes, à tous les niveaux, y compris donc dans les processus décisionnels liés à la paix et à la sécurité.
La Ministre a fait également savoir qu’il y a quelques semaines, Trinité-et-Tobago avait nommé sa première femme commissaire de police et que, pour la première fois il y a cinq ans, son pays avait élu sa première femme chef d’État et commandant en chef des forces armées.
Mme DILIA LETICIA JORGE MERA, Vice-Ministre pour l’innovation, la transparence et les services aux citoyens de la République dominicaine, a rappelé que l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est la responsabilité de tous. La violence sexuelle en temps de conflit est un affront intolérable, a-t-elle dit, en souhaitant que les missions de paix soient mieux outillées pour faire face à ce fléau. Enfin, elle a rappelé que son pays est candidat à un siège au sein du Conseil des droits de l’homme et fera de la promotion des droits des femmes une priorité.
M. VLADIMIR FRANCO, Vice-Ministre des relations extérieures du Panama, a appelé à prendre ses distances par rapport aux points de vue qui perçoivent et justifient la violence à l’égard des femmes comme une manifestation de certaines cultures ou comme le privilège incontesté de groupes ou d’individus dans l’exercice du pouvoir. La violence à égard des femmes est une violation des droits humains, a-t-il rappelé, avant de dénoncer le fait que, même en l’absence de bombes et d’obus, les corps des femmes et des filles soient devenus « des champs de bataille pour des miliciens armés sans scrupules et pour ceux qui profitent du chaos de la guerre pour déchaîner la violence contre les membres les plus vulnérables de leurs communautés ».
Dénonçant les exclusions subies par les femmes, le Vice-Ministre a expliqué que le Panama reconnaît la résolution 1325 dans ses deux perspectives: la condition de victimes des femmes dans les conflits armés et leur rôle de premier plan dans la prise de décisions en matière de prévention des conflits et dans les négociations pour l’établissement et la consolidation de la paix. Le Panama soutient les actions adoptées par le Conseil de sécurité dans le but de protéger et de garantir les droits des femmes et des filles, renforçant ainsi la démocratie et l’état de droit. Pour M. Franco, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que l’autonomisation des femmes expertes participant aux délégations gouvernementales a donné lieu à une véritable approche de la résolution des conflits, avec un visage plus humain. De même, le soutien aux femmes dans les zones de conflit a été déterminant pour la mise en œuvre des accords de paix. L’autonomisation des femmes est un gage de réussite dans l’établissement d’une paix durable, a-t-il ajouté, et c’est pourquoi, si nous voulons garantir des sociétés pacifiques, inclusives et démocratiques, nous devons défendre les droits des femmes dans tous les contextes.
Mme MARIE BJERRE, Ministre du gouvernement numérique et de l’égalité de genre du Danemark, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a rappelé que les femmes étaient toujours en première ligne dans les conflits et les crises, y compris au cœur de la réponse humanitaire, citant notamment le cas de l’Ukraine. Mais, a-t-elle dénoncé, cette participation des femmes aux efforts de maintien de la paix et de la sécurité se fait, en Ukraine et ailleurs, sous la menace constante et inacceptable de violences sexuelles liées aux conflits. Elle a donc appelé toutes les parties aux conflits armés à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, à prévenir les violences sexuelles liées aux conflits et à rendre compte de celles qui sont commises, « partout et toujours ».
Les pays nordiques appellent le Conseil de sécurité à veiller à ce que les opérations de paix des Nations Unies soient dotées d’un mandat global Femmes, paix et sécurité ». Au-delà du travail du Conseil, ils demandent que les femmes participent pleinement et sur un pied d’égalité aux processus de prise de décisions et de consolidation de la paix: ils estiment que les organisations dirigées par des femmes devraient avoir accès à un financement flexible - pour le renforcement des capacités, la participation et la protection contre les représailles. Ils appellent en outre à « défendre les “défenseurs” » pour mettre fin aux intimidations, attaques et représailles à l’encontre de toutes les femmes défenseuses des droits humains, artisanes de la paix et dirigeantes de la société civile. Le Conseil de sécurité, et l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies dans son ensemble, ont besoin d’être informés par un groupe diversifié de présentateurs, a fait valoir la Ministre, qui a appelé à garantir une « tolérance zéro » pour les représailles.
Mme ÁNGELES MORENO BAU, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Espagne, a préconisé de dénoncer publiquement les violences sexuelles liées aux conflits et de prendre des mesures plus décisives pour les prévenir et pour s’assurer que leurs auteurs soient traduits en justice.
Au niveau national, la représentante a annoncé avoir présenté devant le Congrès des députés espagnols en décembre 2022 le plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité. Ce suivi a non seulement permis de faire le point sur ce qui a été réalisé, mais a également montré la nécessité d’améliorer la qualité de la vie des femmes et de réfléchir au prochain plan, qui devrait être élaboré d’ici à la fin de l’année, et pour lequel Mme Moreno Bau s’est engagée à ce que la société civile participe cette fois encore.
M. BILAWAL BHUTTO ZARDARI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a axé son intervention sur les femmes vivant dans les territoires sous occupation étrangère, comme au Jammu-et-Cachemire ou dans les territoires palestiniens occupés, où, a-t-il affirmé, les crimes les plus graves peuvent être commis. Il doit être fait clairement et spécifiquement mention dans les textes des femmes vivant sous occupation étrangère, et les forces d’occupation doivent être tenues pour responsables, a souligné le Ministre. Il a aussi demandé que les femmes jouent sur un pied d’égalité leur rôle dans la prévention des conflits, dans leur règlement, ainsi que dans la mise en place d’une paix durable.
Mme LAURA GIL SAVASTANO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a constaté la période difficile que traverse le monde et le sort qu’y subissent les femmes, qui peut faire s’interroger sur la pertinence du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. « Nous sommes ici pour délivrer un message de réconfort », a-t-elle lancé, affirmant que ce programme a besoin d’une mise à jour –« d’une infusion de contemporanéité »- mais que, « malgré cela, il est actuel, pertinent et porte ses fruits ».
La Vice-Ministre a ensuite cité en exemple le processus de paix colombien, dans lequel les femmes jouent un rôle fondamental en tant qu’agents de changement, ajoutant: « Nous voulons être une référence internationale pour la paix et la vie et nous sommes convaincus que le changement passe par les femmes. » Si elle a mis en avant le fait que le plan de paix colombien est « le premier accord de paix sensible au genre au monde », elle a aussi reconnu que des « dettes » à l’égard des femmes en matière de paix et de sécurité persistent, avant d’annoncer que son pays élaborait actuellement, « 23 ans plus tard », son premier plan d’action national pour la résolution 1325. Elle a particulièrement insisté sur le fait que l’élaboration de ce plan suscitait « une explosion de participation qui nous a surpris, dépassés et gratifiés ». « La résolution 1325 est un texte vivant en Colombie », s’est-elle félicitée.
Désireuse de présenter au Conseil quelques conclusions fondées sur l’expérience en cours, la Vice-Ministre a d’abord estimé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité souffre d’une « absence flagrante d’approche intersectionnelle » et a demandé au Conseil de prendre en compte les multiples identités -race, ethnicité, classe sociale, nationalité orientation sexuelle- qui se croisent pour aggraver la discrimination car « aucune femme colombienne n’est seulement une femme ». Elle a de même souhaité davantage d’accent sur la diversité, citant la communauté LGBTI. Enfin, elle a estimé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité pourrait être enrichi par une approche holistique telle que celle développée par le Gouvernement du Président Petro à travers le concept de « paix totale ». Annonçant son intention de revenir devant le Conseil en septembre pour présenter le plan d’action national des femmes colombiennes, « fait par elles et pour elles », Mme Savastano a conclu en lançant aux femmes du monde: « Ne perdez pas courage et, comme le dit notre vice-présidente Francia Márquez, n’abandonnez pas. »
Mme KALYPSO GOULA, Secrétaire générale pour l’égalité entre les sexes, la démographie et la famille de la Grèce, a souligné l’impact disproportionné des conflits armés sur les femmes journalistes, qui sont souvent victimes de violences sexuelles liées aux conflits, ainsi que de discrimination et de harcèlement sexuel en ligne et hors ligne. Elle a ensuite considéré que combler le fossé numérique entre les sexes et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans l’économie et la société numériques de demain est essentiel non seulement pour parvenir à un développement durable, mais aussi pour promouvoir des sociétés pacifiques, sûres et égales en termes de genre.
Mme IRINA VELICHKO, Secrétaire générale pour l’égalité des genres, la démographie et la famille du Bélarus, a indiqué qu’en tant que président de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), son pays a l’intention d’organiser, cette année, à Minsk, une conférence internationale sur les perspectives de sécurité en Eurasie. Nous comptons sur la participation active des femmes à la conférence, compte tenu de leur rôle positif avéré en matière de paix et de sécurité, a-t-elle dit.
Mme Velichko a ensuite demandé au Conseil de s’interroger sur la situation paradoxale voulant que des sanctions « destructrices » aient pu faire l’objet, dans cette enceinte, d’un lobbying actif de la part des femmes. Certaines femmes constituent une menace directe pour la sécurité mondiale, tandis que d’autres en sont les victimes, a-t-elle avancé. En outre, elle a jugé qu’au lieu de plaider, comme cela se fait à l’ONU, pour la participation accrue des femmes aux dispositifs de désarmement et de non-prolifération, mieux vaudrait lutter contre les facteurs qui conduisent à la course aux armements, à l’escalade des tensions et « au déchaînement des conflits ».
Mme HANNA VSEVIOV, Secrétaire générale pour les affaires sociales de l’Estonie, a indiqué que le monde est encore incapable aujourd’hui de protéger les droits des femmes par temps de conflit, avant de dénoncer la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. Des femmes et des mères sont violées par les soldats russes, a-t-elle dénoncé, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer davantage encore l’Ukraine. Elle a ensuite rendu hommage aux femmes iraniennes et à leur courage, avant de s’alarmer pour la situation des femmes dans l’Afghanistan des Taliban.
Mme AMAL HAMAD (État de Palestine) a déclaré que l’Autorité palestinienne avait mis en place un plan d’action sur l’application de la résolution 1325 (2000) et toutes les résolutions suivantes pertinentes. Élaboré en coopération avec la société civile, le plan d’action doit permettre de tirer parti des contributions de toutes les parties prenantes favorable aux droits humains. Mme Hamad a ensuite rejeté l’occupation du territoire palestinien, avant d’appeler tous les pays à reconnaître l’État de Palestine et à demander des comptes aux auteurs d’actes criminels. Elle a ainsi appelé à mettre un terme à l’impunité qui règne dans le cadre de l’occupation israélienne et notamment celle des colons, avant de réclamer une meilleure protection pour les femmes et les filles palestiniennes, qui font l’objet de menaces de meurtre au quotidien et voient leur maison démolie, alors qu’elles n’aspirent qu’à vivre dans la sécurité, la paix et la prospérité.
Mme KATERYNA LEVCHENKO, Commissaire du gouvernement pour la politique d’égalité de genre de l’Ukraine, a indiqué que la violence sexuelle était une caractéristique de l’envahisseur russe. L’ordre de commettre une telle violence est venu de tout en haut et est appliqué à la lettre pour humilier, a affirmé la représentante, en mentionnant le viol d’une femme de 62 ans par un soldat russe dans la région de Kherson. Elle a précisé que les femmes ukrainiennes ne sont pas seulement des victimes mais aussi des combattantes, puisque 61 000 d’entre elles ont rejoint les rangs des forces armées du pays, 5 000 étant sur la ligne de front. Enfin, elle a appelé à la prise de mesures concrètes en vue de la pleine application du programme.
Mme STELLA RONNER-GRUBAČIĆ, de l’Union européenne, a déploré que les femmes défenseuses des droits humains et artisanes de la paix continuent d’être la cible d’attaques et de menaces dans de nombreuses régions du monde. C’est inacceptable, a-t-elle lancé, rappelant le devoir moral de la communauté internationale de s’attaquer à l’effet disproportionné que les conflits armés continuent d’avoir sur les femmes et les filles dans le monde, ainsi qu’à la prévalence de la violence sexuelle et sexiste, y compris la violence sexuelle liée aux conflits.
Pour contrer ces phénomènes, l’UE plaide pour une coopération étroite entre l’ONU, les États membres de l’Union, les organisations régionales, les universités, les groupes de réflexion, la société civile, les défenseuses des droits de l’homme, les militantes, les journalistes et les professionnels des médias qui couvrent de première main, « avec professionnalisme et dévouement », la réalité dévastatrice des conflits.
L’Union européenne aborde le vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 dans cet état d’esprit, a assuré Mme Ronner-Grubačić, qui a exhorté en outre les pays à mettre en œuvre une politique de tolérance zéro envers les auteurs de représailles prenant pour cible les femmes défenseuses des droits humains et les artisans de la paix.
Mme Ronner- Grubačić a ensuite attiré l’attention sur les contributions de l’UE en matière de droits des femmes, citant notamment l’intégration de la dimension de genre dans les 21 missions et opérations civiles et militaires de l’UE, « qui déploient actuellement 5 000 femmes et hommes dans le monde au service de la paix et la sécurité ». Enfin, elle a souligné que la recherche d’une « paix globale, juste et durable en Ukraine » exige toute la force de la Charte et du droit international pour faire face aux différents types de violence auxquels sont confrontées les femmes et les filles.
Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a jugé regrettable que, dans de nombreuses régions du monde, la participation égale, pleine et significative des femmes reste l’exception, alors que les presque 25 années qui se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 1325 ont largement démontré que les femmes soldats de la paix, médiatrices, avocates, journalistes et défenseuses des droits de l’homme ont été des agents clefs du changement politique, ont contribué de manière significative à la mise en place d’un environnement durable et ont joué un rôle essentiel dans les mouvements de paix et les efforts de désarmement. Pour le Liechtenstein, permettre aux femmes d’être des agents de changement en éliminant les modèles patriarcaux de prise de décisions n’est donc pas seulement une obligation découlant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, c’est aussi une nécessité pour un monde sûr et pacifique.
La représentante a rappelé le rôle joué par les femmes du Myanmar dans la résistance pacifique au coup d’État militaire. Elle a donc déploré qu’elles restent largement exclues de la prise de décision politique officielle et soient confrontées à des attaques et des représailles. Tout effort visant à mettre fin à l’escalade de la violence et à parvenir à une résolution politique durable et à une transition démocratique au Myanmar nécessite une participation égale, significative et efficace des femmes à tous les stades de la prise de décisions, a-t-elle affirmé. En conclusion, Mme Oehri a demandé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit non seulement mieux appliqué mais aussi étendu à l’ensemble des points figurant à l’ordre du jour du Conseil. Elle s’est félicitée de la promotion d’une forte représentation des femmes parmi les briefers du Conseil, ainsi que de l’inclusion plus significative des perspectives de genre dans les rapports de celui-ci.
Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a appelé à mettre l’accent sur la participation pleine et entière des femmes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux, y compris dans les processus de paix. Il est indispensable selon elle de surmonter les obstacles structurels qui entravent l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment sur le marché du travail. Elle s’est également inquiétée de la discrimination dans l’accès aux ressources financières ou aux terres. La représentante s’est félicitée de la contribution de son pays à la création du réseau latino-américain des femmes médiatrices, saluant les 10 pays des Amériques qui ont manifesté leur intérêt pour rejoindre cette initiative.
Mme KHATANA TOTLADZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a dénoncé l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine, avant de dire son horreur devant la violence sexuelle perpétrée par les soldats russes dans ce pays. Elle a aussi dénoncé l’occupation illégale par la Russie de deux régions géorgiennes, occasionnant des reculs pour les droits des femmes. Mon pays va faire de son mieux pour intégrer la perspective de genre dans toutes ses politiques, a affirmé la représentante.
M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a notamment indiqué que son pays prenait à cœur la promotion de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, dont les principes ont été intégrés dans le droit national égyptien, y compris ceux relatifs à une politique de tolérance zéro envers les auteurs d’abus et d’atteintes sexuelles. Il a ajouté que les forces égyptiennes de maintien de la paix étaient formées aux problématiques du genre avant leur déploiement sur le terrain dans les opérations de la paix. Enfin, le représentant a souligné qu’investir dans le rôle de chef de file des femmes était indispensable pour permettre l’avènement d’une société inclusive, pacifique et durable.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) a indiqué que son pays fait face aujourd’hui encore aux conséquences des attaques perpétrées par l’Azerbaïdjan en 2020, lesquelles ont d’abord affecté les femmes et les filles. Ces attaques, menées en violation du droit international, ont en particulier endommagé des centres de soins médicaux, y compris une maternité. Le représentant a indiqué que 120 000 personnes subissent à l’heure actuelle un blocus imposé par l’Azerbaïdjan dans le corridor de Latchine. « Ce blocus est médiéval et barbare », a-t-il accusé. Enfin, il a rappelé que ce pays n’a pas mis en œuvre la décision de la Cour internationale de Justice l’invitant à restaurer la circulation des personnes dans ledit corridor.
M. HARI PRABOWO (Indonésie), s’exprimant d’abord au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné le rôle clef, transformateur, des femmes pour la paix et la réconciliation. Il a appelé à rationaliser les efforts dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et à inclure les problématiques des changements climatiques dans le programme. Le plan d’action de l’ASEAN tire parti des nouvelles technologies, qui ont un effet démultiplicateur pour la participation des femmes au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il expliqué. En 2022, un site Internet a été créé à ce sujet. Il s’agit d’un pôle de connaissances permettant de repérer les pratiques optimales pour les membres de l’ASEAN. Les plateformes régionales telles que celle de l’ASEAN, et le dialogue entre elles, sont des éléments clefs pour la promotion du programme, a-t-il ajouté.
S’exprimant ensuite à titre national, le représentant a souhaité que les femmes soient associées à la prévention des extrémismes et au maintien de la paix. Il a estimé que le rôle des femmes dans le processus de paix n’était pas une simple vue de l’esprit, mais une véritable force permettant de changer la donne.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a appelé tous les États à veiller au respect comme à l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ajoutant que la participation pleine et entière et sur un pied d’égalité des femmes est bien l’objectif à atteindre pour établir des sociétés pacifiques, stables et prospères. Elle a en outre souligné la nécessité de renforcer la complémentarité des organisations régionales dans la mise en œuvre du programme, comme l’indiquent chacune des neuf résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité. À son sens, les plans nationaux et les activités de la société doivent accompagner cet effort commun.
Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) s’est dite horrifiée par les récits de plus en plus nombreux attestant de l’utilisation, par des soldats russes en Ukraine, des violences sexuelles comme tactique de guerre et comme moyen délibéré de déshumaniser les victimes. Les rapports, dont celui de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, décrivent les cas épouvantables de viols commis par des soldats des Forces armées russes, dont les victimes étaient âgées de 4 à plus de 80 ans, a-t-elle précisé. Ainsi a-t-elle jugé crucial de redoubler d’efforts pour lutter contre toutes les formes de violences sexuelles liées aux conflits, d’aborder de front la question de l’impunité des auteurs de tels crimes et de renforcer le soutien aux victimes.
La représentante a ensuite mis l’accent sur les quelque 100 millions de personnes contraintes de fuir leur domicile l’an dernier, notant que les situations d’urgence en Ukraine, en Éthiopie, en Afghanistan et ailleurs avaient précipité le phénomène. Le déplacement augmente les risques de toutes les formes de violences sexuelles, nous devons donc apporter un plus grand soutien à ceux qui fuient la guerre et les conflits, a souligné Mme Skoczek. En conclusion, elle a rappelé l’importance d’accroître la participation des femmes aux prises de décisions politiques pour accélérer leur autonomisation et l’instauration d’une culture de paix.
Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a indiqué que le plan d’action national de son pays prescrit des objectifs et des mesures spécifiques selon plusieurs axes de travail. La semaine dernière, la Ministre des affaires étrangères, Mme Annalena Baerbock, a présenté nos lignes directrices sur la politique étrangère féministe, a-t-elle expliqué, ajoutant que le Gouvernement allemand s’efforce de cultiver des principes clairs pour générer un « réflexe féministe ». Pour y parvenir, elle a attiré l’attention sur l’importance d’assurer une budgétisation sexospécifique systématique pour ouvrir la voie à un accès égal aux ressources pour tous les genres et groupes marginalisés.
La représentante a par ailleurs plaidé pour le renforcement de la féminisation des instruments internationaux existants, comme les missions de maintien de la paix, mais aussi des processus politiques, pour qu’ils puissent accueillir les femmes et les groupes marginalisés en tant qu’acteurs potentiels de la paix. Elle a demandé à veiller à ce que la question des femmes, de la paix et de la sécurité soit plus présente dans divers documents politiques de la communauté internationale, à commencer par le Nouvel agenda pour la paix.
Mme RAWA ZOGHBI (Liban) a constaté que les dernières statistiques disponibles démontrent que nous sommes très loin d’être parvenus à la mise en œuvre de l’objectif 5 de développement durable, à savoir l’égalité entre les sexes. C’est pourquoi la résolution 1325 du Conseil de sécurité revêt une importance capitale à ses yeux: depuis l’adoption de ce texte pionnier en 2000, les États Membres, dont le Liban, ont consenti des efforts considérables pour se doter de plans d’action nationaux. Le nôtre date de 2019 et depuis lors, mon pays a pris de nombreuses mesures malgré les défis auxquels il est confronté, a fait valoir la déléguée. Elle a par ailleurs souhaité qu’à l’avenir, le nombre de femmes officiers au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) soit plus important, en particulier dans la composante militaire de la mission.
M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a dénoncé les obstacles structurels qui empêchent la pleine participation des femmes aux processus de paix onusiens. Il a ainsi prié les missions de paix d’y remédier, avant d’exhorter les organisations régionales et les Etats à appuyer ces efforts. Il est temps de faire les choses différemment, a-t-il dit, en mentionnant les conséquences insupportables de la guerre en Ukraine. Nous devons promouvoir des solutions à même de mettre un terme aux souffrances des femmes et des filles par temps de conflit, a-t-il insisté.
M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a indiqué que son pays, qui est parvenu au terme de son plan d’action national, est en train d’en formuler un autre pour la période 2023–2028. Les Philippines, a dit le représentant, continuent de promouvoir la participation et le leadership des femmes et des filles, comme agents de changement, dans le règlement des conflits et le développement, grâce à l’intégration du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les politiques, les plans et programmes aux niveaux local, régional et national. Le futur plan d’action sera mis en œuvre parallèlement au plan d’action régional de la région autonome de Bangsamoro du Mindanao musulman. Ces deux plans seront soutenus par celui de l’ASEAN, lancé au mois décembre 2022. Les Philippines se félicitent d’ailleurs du registre des femmes de paix de l’ASEAN visant à faire d’elles des consolidatrices de la paix et contributrices au maintien et à la promotion de la paix dans l’ASEAN.
Les Philippines ont déployé des femmes Casques bleus et des observatrices dans les opérations de paix de l’ONU et à ce titre, elles ne sauraient trop insister sur l’importance d’analyser tous les aspects de la prévention des conflits, de la paix et de la reconstruction sous l’angle sexospécifique. Nous devons, a ajouté le représentant, autonomiser les jeunes gens, en particulier les jeunes femmes, pour en faire des agents des processus de consolidation de la paix et de sécurité. Il est tout aussi important de renforcer le leadership des femmes dans les institutions de défense. En améliorant l’efficacité des plans d’action nationaux, grâce à des approches participatives fondées sur des indicateurs éprouvés, il sera possible, a conclu le représentant, d’obtenir des objectifs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité qu’ils fassent vraiment la différence dans la vie des gens.
M. RICHARD ARBEITER (Canada), au nom des 65 membres du Groupe des amis des femmes et de la paix et de la sécurité, a appelé à la pleine participation des femmes aux processus de paix onusiens. Il a souhaité que les voix des femmes journalistes, défenseuses des droits humains et responsables de la société civile soient amplifiées et que les attaques contre elles soient condamnées sans équivoque. Il a appelé à l’établissement des responsabilités pour les cas de violence sexuelle et exhorté le Conseil à combattre l’impunité par tous les moyens à sa disposition. Il a ainsi suggéré que la violence sexuelle en temps de conflit devienne un critère d’inscription sur les listes de sanction.
Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a déclaré que dans son pays, qui prépare actuellement la troisième version de son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, la mise en œuvre de la résolution 1325 avait conduit à l’intégration de la dimension de genre dans les Forces armées portugaises, avec la création d’un plan d’action de la défense pour l’égalité" qui décrit les mesures visant à stimuler la participation des femmes aux missions de maintien de la paix. Le pays intègre aussi la perspective de genre dans son programme de coopération en matière de sécurité et la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes est considérée comme une priorité transversale dans la stratégie portugaise de coopération pour les 23 prochaines années, récemment adoptée.
La représentante a ajouté qu’à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ministère portugais de la défense accueillera, le 26 avril à Lisbonne, un séminaire international pour discuter des leçons préliminaires de la guerre dans une perspective de genre. Elle a conclu en affirmant que la promotion et la protection des droits humains des femmes et filles constituent non seulement un impératif moral, mais aussi un investissement stratégique dans la promotion d’une paix durable.
M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a rendu hommage au rôle de premier plan joué par les femmes dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment dans la reconstruction d’après conflit. Toutefois, de nombreux défis perdurent, en particulier dans certaines régions déchirées par les conflits et la pauvreté, où de nombreuses filles ne peuvent aller à l’école et où des femmes sont marginalisées. Il a appelé à mieux coordonner les actions en faveur de l’égalité des sexes. Les Vietnamiennes sont aujourd’hui déployées au quatre coins du monde dans le cadre des opérations de maintien de la paix, et le Viet Nam continuera d’œuvrer partout dans le monde pour que les femmes apportent le changement dans les années à venir.
Mme STEPHANIE COPUS CAMPBELL, Ministre déléguée à la santé et aux Australiens autochtones, a indiqué qu’avec des ressources suffisantes, nous serions plus efficaces dans la mise en œuvre des quatre piliers du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Cela inclut la participation pleine et égale et le leadership des femmes et des filles, ainsi que des personnes ayant une autre identité de genre, dans le secteur de la sécurité, les contingents militaires et les forces de maintien de la paix. Cela nécessite également une intégration cohérente et concertée de la dimension de genre dans tous les processus de paix et de sécurité, a-t-elle poursuivi, estimant qu’il fallait également reconnaître les impacts de la crise climatique disproportionnés pour de nombreuses femmes et filles.
Pour faire progresser cette mise en œuvre, il faut également s’attaquer à toutes les formes de violence fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle dans les conflits, en associant la société civile et en soutenant les défenseurs des droits de l’homme, a poursuivi Mme Campbell. L’Australie, a-t-elle expliqué, s’y emploie par le biais de son travail avec le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire et les réseaux régionaux de négociatrices de paix, ainsi qu’en soutenant l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux et régionaux.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a indiqué que, selon « l’ethos culturel indien », la Terre est une mère. Les progrès accomplis par les femmes sont la base même de la puissance d’une nation, a ajouté la représentante, qui a appelé à une pleine application du programme. Elle a plaidé pour une augmentation du nombre de femmes Casques bleus, en rappelant que son pays avait déployé un contingent de femmes à Abyei. Enfin, elle a prôné une politique de tolérance zéro pour toutes les formes de terrorisme.
M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a indiqué que, dès 2006, son pays avait commencé à envoyer des femmes officiers dans les contingents d’opérations de maintien de la paix, la Mongolie figurant depuis parmi les plus importants promoteurs de la féminisation de ces opérations onusiennes. Nous nous sommes également engagés à répondre à l’appel du Département des opérations de paix d’augmenter de 15% le nombre de femmes servant dans ses opérations d’ici à 2027, a-t-il fait savoir. Le représentant a ensuite signalé que son pays avait accueilli une conférence internationale sur le renforcement du rôle des femmes dans le maintien de la paix en juin 2022, un événement marqué par la participation de femmes soldats de la paix issues de plus de 30 pays. Nous prévoyons d’accueillir cette conférence tous les cinq ans et nous espérons faire de ce rassemblement une plateforme pour que les femmes Casques bleus et les parties prenantes au maintien de la paix puissent partager et échanger les connaissances et les leçons tirées de leurs expériences, a expliqué M. Vorshilov.
Enfin, le représentant a annoncé que la Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, Mme Battsetseg Batmunkh, organisera en juin prochain une réunion de femmes exerçant les mêmes fonctions sur le thème des solutions à apporter à certaines crises internationales. Nous croyons fermement que cette réunion sera l’occasion de discuter des pratiques les plus efficaces en matière de politiques étrangères féministes, a-t-il dit.
Mme IOANA-CRISTINA MIHAIL (Roumanie) a déclaré que son pays avait adopté en 2020 la stratégie nationale et le plan national d’action « femmes, paix et sécurité », avec pour piliers: l’intégration de la perspective de genre dans les politiques de sécurité et de défense; l’accroissement de la représentation et de la participation des femmes dans les négociations de paix, les processus de médiation et au sein des missions de maintien de la paix; la prévention et la lutte contre toutes les formes de violence fondées sur la discrimination, le harcèlement, et la violence sexuelle; et la collaboration avec la société civile à cet égard. Le deuxième plan d’action met l’accent sur le soutien médical, psychologique et social apporté aux victimes de violences sexuelles. Enfin, a indiqué la représentante, afin d’encourager la coopération internationale pour la mise en œuvre de cet agenda en 2023, la Roumanie et les États-Unis sont les Coprésidents du Réseau des points focaux pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.
Mme JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a déclaré que nous devons faire davantage pour mettre mieux en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité tel que prévu par la résolution 1325 (2000). Il a rappelé que son pays est l’un des principaux pour ce qui est de l’aide humanitaire fournie sur la base du PIB, précisant que son pays a déboursé un demi-million d’euros d’assistance humanitaire en faveur des Afghanes en 2022, des fonds qui ont été utilisés pour créer des crèches et mettre sur pied un groupe consultatif au sujet de leur situation. En outre, a indiqué la représentante, les forces armées autrichiennes sont déterminés à intégrer des perspectives sexospécifiques dans leurs rangs et opérations militaires.
Mme NORDIANA ZIN ZAWAWI (Malaisie) a indiqué que la rhétorique en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité avait, pour l’instant, excédé les réalisations accomplies. Elle a appelé à une promotion de ce programme allant de pair avec la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a indiqué que 11,5% des soldats de la paix malaisiens sont des femmes, avant de plaider pour une participation renforcée des femmes aux processus de paix: « Nous devons encore en faire plus pour arriver à une parité entre les genres. »
M. IVARS LIEPNIEKS (Lettonie) a estimé que, dans les années à venir, l’un des principaux indicateurs de la réussite du programme pour les femmes et la paix et la sécurité serait la réponse internationale aux crimes commis par la Fédération de Russie en Ukraine. Alors que la résolution 1325 et de nombreuses autres résolutions adoptées depuis 20 ans par le Conseil ont reconnu l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et déclaré que la violence sexuelle était un crime de guerre, un membre de ce même Conseil, la Fédération de Russie, s’en prend de plus en plus aux femmes et aux filles en utilisant la violence sexuelle comme tactique de guerre, a-t-il accusé. Pour les crimes commis, la Fédération de Russie doit être et sera tenue responsable, y compris par le biais d’un tribunal spécial pour le crime d’agression, a-t-il lancé. Il a précisé que son pays avait, dès les premiers jours de la guerre, alloué des fonds supplémentaires à la réhabilitation physique et émotionnelle des victimes, et en particulier des femmes et des filles qui ont souffert de violences sexuelles commises par les soldats russes.
Le représentant a ensuite dénoncé la répression des droits des femmes en Afghanistan et en Iran en insistant sur le rôle central des femmes dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan.
Pour la Lettonie, a-t-il rappelé les femmes et les filles ne doivent pas être considérées uniquement comme des victimes des conflits et de l’instabilité. Des mesures doivent être prises pour qu’elles aient un siège à la table et que leurs voix soient entendues et prises en compte dans les processus de prise de décisions liés à la paix et à la sécurité.
M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leone) a appelé à renforcer la participation significative et les possibilités de leadership des femmes dans la lutte contre les causes profondes et les conséquences des conflits et autres crises émergentes. Reconnaissant les progrès significatifs réalisés jusqu’à présent dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, le représentant a expliqué que son gouvernement se concentre actuellement sur le renforcement des mécanismes institutionnels et de prestation de services afin notamment d’autonomiser les femmes et transformer leur vie. Un projet de loi en ce sens a été adopté en novembre dernier, qui, a-t-il affirmé, constitue une « victoire » sans précédent pour les femmes de Sierra Leone, car il doit notamment garantir une augmentation de leur participation politique et un meilleur accès au financement.
Le représentant a demandé que les évaluations et les interventions en matière de sécurité climatique intègrent des considérations sexospécifiques à tous les stades. Il a dit apprécier les déclarations politiques sur les violences sexuelles perpétrées dans les situations de conflit mais a demandé qu’elles soient traduites dans des actions concrètes, notamment en matière de responsabilité, de réparation et d’assistance aux victimes. Il a imploré le Conseil de sécurité de réitérer son appel aux États Membres pour qu’ils intègrent la résolution 1325, élaborent des plans d’action nationaux et mettent en place un suivi et une évaluation efficaces.
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