Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #4, Matin
DEV/3453

LDC5: le renforcement de la participation des pays les moins avancés au commerce international au centre d’un échange thématique de haut niveau

 DOHA, 7 mars -- Au troisième jour de ses travaux, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) s’est penchée ce matin sur les moyens de « renforcer la participation des PMA au commerce international et à l’intégration régionale », thème d’une quatrième table ronde de haut niveau coprésidée par deux grands témoins de la trajectoire des PMA, le Président du Burundi, M. Évariste Ndayishimiye, et la Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina. 

Précisant les enjeux de cette problématique, M. Ndayishimiye a constaté que les PMA continuent de se tenir en marge des flux commerciaux mondiaux, leur part dans les exportations de marchandises étant par exemple restée stable à environ 1% au cours de la dernière décennie.  Dans le même temps, la part des exportations des PMA dans le commerce mondial a oscillé autour de 0,7%, ce qui montre, selon lui, à quel point l’objectif de développement durable visant à doubler cette proportion d’ici à 2020 par rapport à 2011 est loin d’être atteint. 

Au moment où 16 PMA sont en voie de reclassement, il importe de maintenir les mesures de soutien liées au commerce pour les pays reclassés afin de s’assurer que leur trajectoire de développement reste dynamique, a pour sa part plaidé Mme Hasina, avant de céder la parole au Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour qui la priorité est d’abord de sortir les PMA de leur isolement et de stimuler leur intégration commerciale.  « Ce n’est qu’à l’OMC que les PMA peuvent jouer un rôle clef dans l’élaboration des règles commerciales mondiales », a fait valoir M. Xiangchen Zhang, non sans rappeler que l’Organisation leur a offert un accès aux marchés en franchise de droits et de quotas pour stimuler leurs exportations. 

Premier panéliste à s’exprimer, M. Pan Sorasak, Ministre du commerce du Cambodge, a confirmé l’apport de l’OMC pour l’essor commercial des PMA, indiquant que son pays, en tant que membre, a pu obtenir un accès préférentiel aux marchés et bénéficier d’un traitement spécial et différencié.  Dans l’optique du prochain examen triennal de la demande de reclassement du Cambodge, en 2024, il a jugé souhaitable que les PMA dans cette situation continuent de bénéficier d’une assistance technique spécifique et de programmes de renforcement des capacités.  À ses yeux, les mesures d’accompagnement et de soutien devraient même durer 12 ans après la décision de l’Assemblée générale relative à la sortie de la catégorie, comme l’a préconisé le Groupe des PMA.

Les PMA sont aujourd’hui dans « l’œil du cyclone » des crises plurielles, a prévenu le Secrétaire général adjoint de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), selon lequel le renforcement des échanges commerciaux mondiaux est « une opportunité en or » pour ces pays vulnérables, dans la mesure où il offre un accès à des marchés proches, associés à une plus grande création de valeur, à l’instar de la nouvelle zone de libre-échange africaine.  M. Pedro Manuel Moreno a également estimé que la transition mondiale vers une économie peu gourmande en carbone pourrait avoir comme répercussion une augmentation des exportations des PMA, dont le sous-sol est riche en métaux et minerais. 

À sa suite, la Vice-Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas a mis l’accent sur l’importance de l’économie en ligne pour le commerce des PMA, affirmant que ce secteur pourrait à lui seul faire croître l’économie africaine de 180 milliards de dollars d’ici à 2025.  Mme Kitty van der Heijden a cependant constaté que seulement la moitié de la population mondiale a accès à Internet, une proportion qui ne dépasse pas 27% dans les PMA.  Ces derniers ne représentent du reste que 2% du commerce électronique, a-t-elle ajouté, avertissant qu’une aggravation de la fracture numérique mondiale entraverait gravement le développement des PMA.  Un avis partagé par M. Marcelo Olarreaga, professeur à l’Université de Genève, qui a indiqué que le commerce numérique de biens augmentait sept fois plus vite que le commerce hors ligne avant la pandémie et que sa croissance s’est depuis accélérée. 

Intervenant sur la question de l’intégration régionale des PMA, M. David Beer, Directeur général de l’organisation TradeMark East Africa, a salué les progrès réalisés dans la réduction des coûts de transport transfrontalier, y voyant un moyen pour ces pays de gagner en compétitivité et donc d’augmenter leurs volumes d’échanges.  Au-delà de l’aide aux échanges, il convient aussi de rénover le système financier et commercial international pour qu’il appuie les efforts des PMA en matière de transformation structurelle, a soutenu Mme Jane Seruwagi Nalunga, Directrice exécutive de Strengthening Africa in World Trade. 

À la suite de ces présentations, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangère du Turkménistan s’est fait le porte-parole des pays en développement sans littoral en appelant à la création de « corridors de transport » pour augmenter leurs liens commerciaux.  Il a également rappelé que son pays a proposé en août dernier que soit constitué à l’ONU un groupe spécial chargé de défendre les intérêts de ces pays enclavés dans le domaine du transport.  Le Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, autre pays sans littoral, a quant à lui appelé à doubler la part des PMA dans les exportations mondiales afin de soutenir ces pays sur la voie du reclassement, lequel devait selon lui être révisé.  L’évaluation des progrès accomplis en matière de produit intérieur brut (PIB) par habitant sans tenir compte d’autres facteurs critiques pour le développement intensifie le risque de non-durabilité du processus, a-t-il mis en garde. 

L’OMC continue d’être le principal forum multilatéral pour travailler sur des initiatives qui contribuent à une plus grande insertion de ces économies dans le commerce international, a argué à son tour la Vice-Ministre du commerce extérieur de Cuba.  Elle a été rejointe sur ce point par la Ministre en charge de la Mission permanente de la Chine auprès des Nations Unies, qui a rappelé que six PMA ont été accueillis au sein de l’OMC et ont vu cette adhésion leur profiter.  Un bénéfice dont la représentante du Réseau du Tiers-Monde a déclaré douter.  En effet, a-t-elle relevé, ces pays du Sud en quête de compétitivité continuent vainement de réclamer la levée des subventions versées dans les pays du Nord. 

Sur une note plus positive, la Vice-Ministre chargée de la coopération internationale pour le développement de la Suède a indiqué que son pays, actuellement à la tête du Conseil de l’Union européenne (UE), s’emploie à renforcer la participation des PMA au commerce mondial en mettant en place le nouveau schéma de préférences généralisées de l’UE afin de continuer à offrir à ces pays fragiles un accès préférentiel continu au marché européen.  Même son de cloche de la part de la Commissaire européenne aux partenariats internationaux, qui a souligné l’engagement de l’UE en faveur des PMA pour qu’ils puissent trouver leur place dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.  Elle a également fait observer que l’UE contribue grandement à l’intégration régionale des PMA, en particulier en accompagnant à hauteur de 74 milliards d’euros le projet de zone de libre-échange africaine. 

De son côté, le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a exhorté les États Membres à fournir une aide substantielle aux PMA de sorte qu’aucune crise migratoire d’ampleur ne se produise.  Affirmant d’autre part que, du fait de ses racines, son pays a la responsabilité morale de protéger les communautés chrétiennes du monde, il a fait état de l’accueil sur le territoire hongrois de 1,1 million de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre.  La Première Ministre du Bangladesh a fait remarquer que son pays accueille depuis plusieurs années 1,2 million de réfugiés rohingya et qu’il faut apporter une aide à tous ceux dans le besoin, indépendamment de leur origine ou confession. 

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