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Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire en adoptant sa 2000e résolution

CS/10342

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire en adoptant sa 2000e résolution

27/07/2011
Conseil de sécuritéCS/10342
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6591e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE D’UN AN LE MANDAT DE L’OPÉRATION DES NATIONS UNIES

EN CÔTE D’IVOIRE EN ADOPTANT SA 2000E RÉSOLUTION


Le Conseil de sécurité a prorogé ce matin le mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) pour un an, soit jusqu’au 31 juillet 2012, aux termes d’une résolution, la deux-millième de son histoire, adoptée sans vote. 


Aux termes de la résolution 2000 (2011) dont le texte a été coparrainé par les délégations de la France et des États-Unis, le Conseil, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide que l’effectif autorisé de la composante militaire de l’ONUCI restera de 9 792 membres, dont 9 600 militaires du rang et officiers, parmi lesquels 2 400 hommes supplémentaires autorisés par les résolutions 1942 (2010) et 1967 (2011) et 192 observateurs militaires.


Le représentant de la Côte d’Ivoire s’est félicité que le Conseil conserve une présence forte et dissuasive de l’ONUCI en Côte d’Ivoire, avec le maintien du personnel militaire et de police actuellement déployé.  Il a apprécié l’appui ainsi manifesté par la communauté internationale à la Côte d’Ivoire en cette période d’après-crise.


« Cette résolution arrive à point nommé pour accélérer le processus de normalisation actuellement en cours », a commenté l’ambassadeur ivoirien.  Cette résolution « historique », qui « consacre le triomphe de la volonté du peuple », porte un « chiffre symbolique », 2000, ce qui « signifie un nouveau départ » pour la Côte d’Ivoire, a-t-il espéré.


Deux mois après la fin de la crise en Côte d’Ivoire, les militaires supplémentaires précédemment autorisés par un autre texte du Conseil « sont nécessaires pour stabiliser la Côte d’Ivoire, notamment pour instaurer un climat de sécurité propice à la tenue des élections législatives », décide le Conseil de sécurité dans la résolution adoptée aujourd’hui.


La composante de police de l’ONUCI restera, elle, de 1 350 agents, tandis que 8 agents des douanes précédemment autorisés sont maintenus.  Le nombre de policiers opérant à titre individuel est en revanche augmenté, à hauteur de 205 conseillers supplémentaires dotés des qualifications requises et spécialisés dans les domaines recensés par le Secrétaire général dans son rapport.


Le texte adopté ce matin décrit sur cinq pages le mandat de l’ONUCI, en précisant ses tâches sous les intitulés « protection et sécurité » et « paix et élections ».  Le représentant de la Côte d’Ivoire a souligné que ce texte salue les initiatives que son pays a prises, notamment dans le domaine de la sécurité et en ce qui concerne le retour des personnes déplacées.  La résolution met aussi en relief l’importance que revêtent les futures élections législatives, a-t-il noté.


Le Conseil réaffirme à cet égard que « le Représentant spécial du Secrétaire général devra garantir que toutes les conditions nécessaires à la tenue d’élections ouvertes, libres, régulières et transparentes sont réunies à toutes les étapes des élections législatives à venir.


Le Conseil accueille par ailleurs avec satisfaction la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, espérant que cette Commission deviendra « pleinement opérationnelle le plus rapidement possible ».


Le Conseil engage aussi le Gouvernement de la Côte d’Ivoire à « prendre les mesures voulues afin d’établir les institutions nécessaires ou de renforcer celles qui existaient, notamment l’appareil judiciaire, les services de police et les services pénitentiaires », ainsi qu’à « garantir la protection des droits de l’homme » et à veiller à ce que tous les auteurs d’exactions et de violations de ces droits en Côte d’Ivoire aient à répondre de leurs actes.


Il demande également au Gouvernement de « s’assurer que les conditions de protection et de détention de l’ancien Président Gbagbo, de son épouse, des anciens responsables et de tous autres détenus sont conformes aux obligations internationales ». 


S’adressant à toutes les parties, le Conseil les exhorte à concourir pleinement à l’action de l’ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent.  En outre, il proroge jusqu’au 31 juillet 2012 l’autorisation qu’il a donnée aux forces françaises de soutenir l’ONUCI « dans la limite de leur déploiement et de leurs moyens ».


Le représentant de la Côte d’Ivoire a assuré que le Gouvernement ivoirien s’attache depuis deux mois à garantir un retour à la normale, afin de pouvoir mettre en œuvre le programme du Président Ouattara, « élu à l’issue de la procédure la plus démocratique qu’ait connue la Côte d’Ivoire ».


Le Président Ouattara est actuellement présent à New York, a-t-il indiqué, pour une réunion avec le Secrétaire général et une séance de travail avec le Président de l’Assemblée générale.


Le représentant de l’Allemagne, qui préside le Conseil en ce mois de juillet, a précisé que la millième résolution du Conseil de sécurité avait été adoptée le 23 juin 1995, et qu’elle portait sur la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP).  Il a souligné la coïncidence qui a voulu que ceci ait également eu lieu sous la présidence de son pays.


Il a enfin invité les membres du Conseil à partager, après la séance, le « gâteau du Millénaire », en l’honneur de la deux-millième résolution.


Texte de la résolution S/RES/2000 (2011)


Le Conseil de sécurité,


Rappelant ses résolutions, en particulier les résolutions 1933 (2010), 1942 (2010), 1951 (2010), 1962 (2010), 1967 (2011), 1968 (2011), 1975 (2011), 1980 (2011), 1981 (2011) et 1992 (2011), et les déclarations de son président concernant la situation en Côte d’Ivoire, ainsi que la résolution 1938 (2010) sur la situation au Libéria,


Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité de la Côte d’Ivoire, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,


Saluant le rapport du Secrétaire général daté du 24 juin 2011 (S/2011/387) et prenant note de ses recommandations, notamment de celles de la mission d’évaluation dépêchée en Côte d’Ivoire du 1er au 14 mai 2011,


Se félicitant des progrès accomplis sur la voie du rétablissement de la stabilité et de la paix en Côte d’Ivoire depuis la prise de fonctions du Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, le 21 mai 2011,


Saluant la volonté du Président Ouattara de promouvoir le dialogue, la justice et la réconciliation, et les mesures qu’il a prises dans ce sens, notamment la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, et demandant à tous les acteurs ivoiriens d’unir leurs efforts en vue de stabiliser et de reconstruire le pays,


Notant que le Procureur de la Cour pénale internationale a demandé à la Chambre préliminaire l’autorisation d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre 2010, sur la base de la déclaration par laquelle la Côte d’Ivoire a reconnu la compétence de la Cour conformément au paragraphe 3 de l’article 12 du Statut de Rome de la Cour,


Notant également que le Président Ouattara a demandé que le Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré (le « Facilitateur »), continue d’aider le Gouvernement ivoirien à mettre en œuvre les derniers volets du processus de paix et les Accords de Ouagadougou,


Constatant avec inquiétude que les conditions de sécurité restent précaires et rappelant qu’il incombe au premier chef au Gouvernement ivoirien d’assurer la paix et la stabilité et de protéger la population civile en Côte d’Ivoire,


Prenant note de la création, sur décret du Président Ouattara en date du 17 mars, des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), qui remplacent les Forces de sécurité et de défense de Côte d’Ivoire (FDSCI), et soulignant que le processus de réforme du secteur de la sécurité doit être ouvert à tous,


Notant que le conflit armé et les attaques menées contre la population civile risquent fort de reprendre, en particulier sous l’impulsion de l’ex-Garde républicaine, des milices, des mercenaires, des prisonniers évadés et d’autres éléments armés hors la loi mentionnés dans le rapport du Secrétaire général (S/2011/387),


Rappelant que les dernières élections législatives se sont tenues le 10 décembre 2000 et soulignant que le rétablissement complet de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire, la réconciliation nationale et la participation de tous à la gouvernance passent par la tenue d’élections législatives crédibles, libres et régulières,


Soulignant qu’il importe de faire participer l’ensemble de la société civile ivoirienne – les femmes comme les hommes – au processus électoral, et de protéger et de faire respecter les droits fondamentaux de toutes les parties prenantes ivoiriennes, sur un pied d’égalité, en matière électorale, et en particulier de faire respecter leur liberté d’opinion et d’expression,


Condamnant fermement les atrocités et les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire perpétrées tout au long de la crise qui a suivi les élections, notamment les exécutions extrajudiciaires, les mutilations, les arrestations arbitraires, les enlèvements de civils, les disparitions forcées, les vengeances, les violences à caractère sexuel ou sexiste – y compris à l’encontre des enfants – et le recrutement présumé d’enfants soldats dans tout le pays, en particulier à Abidjan et dans l’ouest du pays,


Condamnant fermement également les attaques et le harcèlement dirigés contre le personnel des Nations Unies pendant la crise qui a suivi les élections et rappelant que ces actes constituent des violations du droit international,


Soulignant qu’il importe d’enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme et exactions commises par toutes les parties, réaffirmant que leurs auteurs devront en répondre, quelle que soit leur appartenance politique, et saluant à cet égard la détermination du Président Ouattara,


Prenant note du rapport (A/HRC/17/48) et des recommandations de la commission d’enquête internationale créée par la résolution 16/25 (2011) du Conseil des droits de l’homme,


Félicitant l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) des mesures qu’elles ont prises pendant la crise qui a suivi les élections, et les engageant à continuer de contribuer à stabiliser la situation en Côte d’Ivoire et à mener à bien les dernières étapes du processus de paix,


Prenant note avec satisfaction de la contribution des pays fournisseurs de contingents ou d’effectifs de police et des donateurs à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI),


Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2010) sur les femmes et la paix et la sécurité, ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009) et 1998 (2011) sur le sort des enfants en temps de conflit armé et ses résolutions 1674 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils dans les conflits armés, et réaffirmant le rôle vital joué par les femmes dans le règlement des conflits et la consolidation de la paix, et la part essentielle qu’elles prennent à la reconstruction du tissu social dans les pays se relevant d’un conflit,


Constatant que la situation en Côte d’Ivoire continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,


Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,


1.    Décide de proroger le mandat de l’ONUCI jusqu’au 31 juillet 2012;


2.    Décide que l’effectif autorisé de la composante militaire de l’ONUCI restera de 9 792 membres, dont 9 600 militaires du rang et officiers – parmi lesquels 2 400 hommes supplémentaires autorisés par les résolutions 1942 (2010) et 1967 (2011) – et 192 observateurs militaires;


3.    Décide que l’effectif autorisé de la composante de police de l’ONUCI restera de 1 350 agents, et décide en outre de maintenir les 8 agents des douanes précédemment autorisés;


4.    Décide d’autoriser une augmentation du nombre de policiers opérant à titre individuel à hauteur de 205 conseillers supplémentaires dotés des qualifications requises et spécialisés dans les domaines recensés par le Secrétaire général dans son rapport, augmentation qui sera rendue possible en adaptant les effectifs des contingents et des forces de police de la Mission, dans les limites autorisées pour l’ONUCI;


5.    Décide que les 2 000 militaires supplémentaires autorisés par la résolution 1967 (2011) et les 400 militaires et 100 policiers supplémentaires autorisés par la résolution 1942 (2010) sont nécessaires pour stabiliser la Côte d’Ivoire, notamment pour instaurer un climat de sécurité propice à la tenue des élections législatives;


6.    Réaffirme que, en application du paragraphe 4 de la résolution 1933 (2010) et des résolutions antérieures, le Représentant spécial du Secrétaire général devra garantir que toutes les conditions nécessaires à la tenue d’élections ouvertes, libres, régulières et transparentes sont réunies à toutes les étapes des élections législatives à venir, conformément aux normes internationales et aux critères arrêtés d’un commun accord;


7.    Décide que l’ONUCI s’acquittera du mandat suivant:


Protection et sécurité


a)    Protection des civils


– Protéger la population civile du risque imminent de violence physique, sans préjudice de la responsabilité principale des autorités ivoiriennes, et dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement;


– Réviser la stratégie globale de protection des civils et la coordonner avec la stratégie de protection des civils de l’ONU, en liaison avec l’équipe de pays des Nations Unies, de manière à prendre en compte les nouvelles réalités sur le terrain et les besoins particuliers des groupes vulnérables, et y inclure des mesures de prévention de la violence sexiste, conformément aux résolutions 1960 (2010) et 1882 (2009);


– Travailler en étroite collaboration avec les organismes humanitaires, s’agissant en particulier dans les zones de tension et de retour des personnes déplacées, afin d’identifier d’éventuelles menaces contre la population civile et de rassembler des informations à ce sujet, ainsi que des renseignements fiables sur les violations du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme, de les porter à l’attention des autorités ivoiriennes s’il y a lieu, et prendre les mesures voulues conformément à la stratégie de protection à l’échelle du système des Nations Unies et en harmonie avec la stratégie de protection de l’ONUCI;


– Suivre et signaler les violations et les exactions visant les populations vulnérables, les enfants notamment, conformément aux résolutions 1612 (2005), 1882 (2009) et 1998 (2011), et contribuer aux efforts faits en vue de prévenir ces violations et exactions;


b)    Faire face aux menaces qui subsistent en matière de sécurité et aux problèmes d’ordre frontalier


– Continuer d’aider, dans la limite des pouvoirs, des capacités et des zones de déploiement qui sont les siens, les autorités nationales à stabiliser la situation en matière de sécurité dans le pays;


– Continuer de surveiller et de décourager les activités des milices, mercenaires et autres groupes armés illégaux, conformément au mandat qui est le sien de protéger les civils, et tenir régulièrement le Conseil informé de l’évolution de la situation à cet égard;


– Aider le Gouvernement à veiller à la sécurité et à régler les autres problèmes qui se posent le long de ses frontières et dans les zones frontalières, notamment avec le Libéria, en accordant une attention particulière aux mouvements transfrontières d’éléments armés et d’armements et, à cette fin, établir une coordination étroite avec la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) en vue d’approfondir la coopération entre missions, par exemple en établissant conjointement des patrouilles et des plans d’urgence, selon qu’il convient et en fonction de leurs mandats et moyens;


– Assurer la liaison avec les FRCI en vue de favoriser la confiance mutuelle entre tous les éléments qui composent ces forces;


– Aider, en coordination avec le Gouvernement, à assurer la sécurité des membres du Gouvernement ivoirien et des principales parties prenantes politiques, notamment en vue de la préparation et de la tenue des prochaines élections législatives;


c)    Surveillance de l’embargo sur les armes


– Surveiller l’application des mesures imposées par le paragraphe 7 de la résolution 1572 (2004), en coopération avec le groupe d’experts créé par la résolution 1584 (2005), notamment en inspectant, s’ils le jugent nécessaire et le cas échéant sans préavis, toutes les armes et munitions et tout matériel connexe, où qu’ils se trouvent, conformément à la résolution 1980 (2011);


– Recueillir, selon qu’il convient, les armes et tout matériel connexe introduits en Côte d’Ivoire en violation des mesures imposées par le paragraphe 7 de la résolution 1572 (2004), et de les éliminer comme il convient;


d)    Collecte des armes


– Continuer d’aider les autorités nationales, notamment la Commission nationale de lutte contre la prolifération et le trafic illicite d’armes légères, à rassembler, enregistrer, mettre en lieu sûr et éliminer ces armes de manière appropriée, et à détruire les restes explosifs de guerre, le cas échéant, conformément à la résolution 1980 (2011);


– Aider le Gouvernement, en coordination avec d’autres partenaires, à élaborer et mettre en œuvre des programmes communautaires de collecte d’armes, qui doivent établir un lien entre la réduction de la violence et la réconciliation des communautés;


– Veiller, en coordination avec le Gouvernement, à ce que les armes rassemblées ne soient pas dispersées ou réutilisées dans un cadre autre que la stratégie globale concernant la sécurité nationale visée au point f) ci-dessous;


e)    Programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration


– Aider le Gouvernement, en étroite coordination avec d’autres partenaires internationaux et bilatéraux, à élaborer et mettre en œuvre sans tarder un nouveau programme national de désarmement, de démobilisation et de réintégration des combattants et de démantèlement des milices et groupes d’autodéfense, comportant des critères individuels clairs et adaptés au nouveau contexte, compte tenu des droits et des besoins des différentes catégories de personnes à désarmer, démobiliser et réintégrer, notamment les enfants et les femmes;


– Continuer d’aider à l’enregistrement et à la sélection des ex-combattants;


– Concourir au désarmement et au rapatriement des éléments armés étrangers, selon qu’il convient en coopération avec la MINUL et les équipes de pays des Nations Unies dans la région;


Reconstitution et réforme des institutions garantes de la sécurité et de l’état de droit


– Aider le Gouvernement à mener à bien, sans tarder et en étroite coordination avec d’autres partenaires internationaux, un examen de toutes les institutions du secteur de la sécurité et à élaborer une stratégie globale concernant la sécurité nationale et des plans de réforme de ses institutions, en tenant également compte du programme national de désarmement, de démobilisation et de réintégration;


– Sous la direction du Gouvernement ivoirien et en étroite coopération avec les parties prenantes internationales, concourir à la coordination efficace, la transparence et l’harmonisation des efforts, ainsi qu’à une répartition claire des tâches et des responsabilités, de tous les partenaires internationaux appuyant la réforme du secteur de la sécurité, et faire rapport au Conseil, en temps opportun, sur l’état d’avancement de la réforme du secteur de la sécurité;


– Conseiller le Gouvernement ivoirien, selon qu’il convient, sur la réforme du secteur de la sécurité et l’organisation de la future armée nationale, faciliter, dans les limites de ses ressources actuelles, sur la demande du Gouvernement et en étroite coopération avec d’autres partenaires internationaux, la formation aux droits de l’homme, à la protection de l’enfance et à la protection contre la violence sexuelle et sexiste à l’intention des institutions chargées de la sécurité et de l’application des lois, ainsi que le renforcement des capacités par des programmes d’assistance technique, de colocalisation et de mentorat destinés aux agents de police, aux gendarmes et au personnel judiciaire et pénitentiaire, contribuer au rétablissement de leur présence sur tout le territoire de la Côte d’Ivoire et leur apporter un appui concernant l’élaboration d’un mécanisme viable de sélection du personnel appelé à intégrer les institutions chargées du secteur de la sécurité;


– Aider le Gouvernement à élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale pour le secteur de la justice ainsi qu’à élaborer et mettre en œuvre un programme pluriannuel d’appui conjoint des Nations Unies à la justice permettant d’améliorer l’état de la police, de la magistrature et des prisons, ainsi que l’accès à la justice en Côte d’Ivoire, ainsi que de procéder d’urgence à la remise en état initiale de l’infrastructure correspondante et de fournir du matériel, dans les limites des ressources existantes et en coordination avec les partenaires internationaux;


– Soutenir, dans les limites des ressources actuelles et en collaboration avec l’ensemble du système des Nations Unies, la réconciliation, notamment la création et le fonctionnement de mécanismes propres à prévenir, atténuer et résoudre les conflits, en particulier au niveau local, ainsi qu’à favoriser la cohésion sociale;


g)    Appui à la promotion et à la protection des droits de l’homme


– Contribuer à la promotion et la protection des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, en prêtant une attention particulière aux violations et sévices graves commis contre des enfants et des femmes, notamment la violence sexuelle et sexiste, en étroite coordination avec l’Expert indépendant nommé en application de la résolution 17/27 du Conseil des droits de l’homme;


– Suivre la situation des droits de l’homme et du droit humanitaire, aider à enquêter et faire rapport, tant publiquement qu’au Conseil, sur les violations en la matière, afin de les prévenir, d’instaurer un environnement protecteur et de mettre un terme à l’impunité et, à cette fin, renforcer ses moyens de surveillance, d’enquête et d’information sur les droits de l’homme;


– Communiquer au Conseil les noms de toutes les personnes connues pour avoir commis de graves violations des droits de l’homme et tenir le Comité créé par la résolution 1572 (2004) régulièrement informé de tout fait nouveau à cet égard;


– Soutenir les efforts faits par le Gouvernement ivoirien pour combattre la violence sexuelle et sexiste, notamment en contribuant à l’élaboration d’une stratégie multisectorielle prise en charge par la Côte d’Ivoire en coopération avec les entités associées à la Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit, nommer des conseillers pour la protection des femmes et garantir l’existence de compétences et l’organisation d’une formation concernant la problématique hommes-femmes, selon que de besoin, et dans les limites des ressources disponibles, conformément aux résolutions 1888 (2009), 1889 (2009) et 1960 (2011);


h)    Appui à l’aide humanitaire


– Continuer de faciliter la liberté d’accès des organismes humanitaires et aider ceux-ci à apporter leur assistance aux populations vulnérables touchées par le conflit, notamment en créant des conditions de sécurité plus propices à l’apport de cette assistance;


– Aider les autorités ivoiriennes à préparer le rapatriement librement consenti, sûr et durable des réfugiés et des déplacés, en coopération avec les organisations humanitaires compétentes, et créer des conditions de sécurité qui favorisent ce retour;


Paix et élections


i)    Soutien à l’organisation et à la tenue rapide d’élections législatives ouvertes, libres, régulières et transparentes

– Promouvoir un processus politique sans exclusive et aider à l’instauration d’un environnement politique favorable à la tenue des prochaines élections, y compris en coordination avec les efforts déployés par la CEDEAO et l’Union africaine;


– Aider à l’organisation et la tenue d’élections législatives ouvertes, libres, régulières et transparentes, fournir l’aide logistique et technique voulue et aider le Gouvernement à prendre des mesures efficaces pour assurer la sécurité;


– Apporter un appui technique et logistique à la Commission électorale indépendante pour l’aider à mener à bien les tâches qui restent à accomplir avant la tenue des élections législatives et faciliter, en cas de besoin, les consultations entre toutes les parties prenantes politiques ainsi qu’avec la Commission électorale indépendante à cette fin;


– Assumer la coordination des observateurs internationaux et contribuer à leur sécurité, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement;


– Fournir au Représentant spécial du Secrétaire général l’assistance nécessaire à l’accomplissement de son rôle de certification des élections législatives, conformément au paragraphe 6 ci-dessus, en tenant compte de la spécificité des élections législatives;


j)    Information


- Continuer de suivre de près les médias ivoiriens et de faciliter la fourniture d’une assistance, selon qu’il convient, à ces médias et aux organismes de réglementation, conformément à son mandat;


- Continuer d’utiliser les moyens de radiodiffusion de l’ONUCI, par l’intermédiaire d’ONUCI-FM, pour contribuer à l’effort général d’instauration d’un climat de paix, notamment en prévision des élections législatives;


- Encourager les médias ivoiriens et les principaux acteurs politiques à appliquer pleinement le Code de bonne conduite relatif aux élections que les partis ivoiriens ont signé sous l’égide du Secrétaire général, ainsi qu’à signer et à respecter le Code de bonne conduite applicable aux médias;


– Surveiller tous les faits publics d’incitation à la haine, à l’intolérance et à la violence et communiquer au Conseil les noms de toutes les personnes connues pour être à l’origine de violences politiques et tenir le Comité créé par la résolution 1572 (2004) régulièrement informé de tout fait nouveau à cet égard;


k)    Redéploiement par l’État de son administration et extension de son autorité à l’ensemble du territoire


–     Aider les autorités ivoiriennes à étendre et rétablir le pouvoir effectif de l’État et à renforcer l’administration publique dans les domaines essentiels sur l’ensemble du territoire, aux échelons national et local, ainsi qu’à mettre en œuvre les derniers volets des Accords de Ouagadougou qui concernent la réunification du pays;


l)    Médiation


– En coordination avec le Facilitateur et son Représentant spécial à Abidjan, aider le Gouvernement à mener à bien les étapes restantes du processus de paix, en fonction des besoins et dans les limites des moyens disponibles, y compris en apportant un soutien logistique au Bureau du Représentant spécial, le cas échéant;


m)    Protection du personnel des Nations Unies


– Protéger le personnel, les installations et le matériel des Nations Unies et veiller à la sécurité et à la liberté de circulation du personnel des Nations Unies;


8.    Décide de continuer à autoriser l’ONUCI à utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites de ses capacités et dans ses zones de déploiement, conformément aux résolutions 1933 (2010) et 1962 (2010);


9.    Accueille avec satisfaction la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation sur décret du Président Ouattara en date du 13 mai 2011, engage le Gouvernement à faire en sorte que la Commission devienne pleinement opérationnelle le plus rapidement possible, et demande au système des Nations Unies d’appuyer l’action de la Commission, afin de s’assurer de sa conformité avec les obligations internationales de la Côte d’Ivoire;


10.   Engage le Gouvernement à prendre les mesures voulues afin d’établir les institutions nécessaires ou de renforcer celles qui existaient, notamment l’appareil judiciaire, les services de police et les services pénitentiaires, ainsi qu’à garantir la protection des droits de l’homme et à veiller à ce que tous les auteurs d’exactions et de violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire aient à répondre de leurs actes;


11.   Demande au Gouvernement de s’assurer que les conditions de protection et de détention de l’ancien Président Gbagbo, de son épouse, des anciens responsables et de tous autres détenus sont conformes aux obligations internationales, et notamment que les organisations ayant pour mission de surveiller les centres de détention puissent avoir des contacts avec les détenus, et de conduire les poursuites et les procédures à l’encontre de ces personnes dans le respect des obligations internationales relatives aux garanties d’un procès équitable et d’une procédure régulière;


12.   Demande àl’ONUCI, dans la mesure où cela est compatible avec ses attributions et responsabilités, d’appuyer les efforts déployés aux niveaux national et international pour traduire en justice les auteurs de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en Côte d’Ivoire;


13.   Exhorte toutes les parties à concourir pleinement à l’action de l’ONUCI et des forces françaises qui la soutiennent, notamment en assurant leurs sûreté, sécurité et liberté de mouvement et en leur donnant un accès libre et immédiat à tout le territoire de la Côte d’Ivoire, pour leur permettre d’accomplir pleinement leur mandat;


14.   Demande à l’équipe de pays des Nations Unies de participer à la planification et à la mise en œuvre de microprojets, en concertation avec le Gouvernement et en étroite collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les partenaires internationaux intéressés, en vue de donner de nouveaux moyens de subsistance durables à certains ex-combattants, dans le cadre du volet de réinsertion socioéconomique du programme national de désarmement, de démobilisation et de réintégration;


15.   Engage la CEDEAO à concevoir, avec l’appui du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA), une stratégie sous-régionale pour faire face à la menace que constituent les mouvements transfrontaliers de groupes armés et d’armes ainsi que le trafic, avec l’aide de l’ONUCI et de la MINUL, le cas échéant;


16.   Engage le Gouvernement et tous les partenaires internationaux, y compris les entreprises privées, qui l’assistent dans la réforme du secteur de la sécurité, à se conformer aux dispositions de la résolution 1980 (2011) et à coordonner leur action, afin de promouvoir la transparence et une répartition claire des tâches entre tous les partenaires internationaux;


17.   Décide de proroger jusqu’au 31 juillet 2012 l’autorisation qu’il a donnée aux forces françaises de soutenir l’ONUCI dans la limite de leur déploiement et de leurs moyens;


18.   Prie le Secrétaire général de lui présenter au plus tard le 31 décembre 2011 un rapport d’étape et, au plus tard le 30 juin 2012, un rapport final sur la situation sur le terrain et sur l’application de la présente résolution, et prie également le Secrétaire général de l’informer régulièrement des faits nouveaux importants concernant le processus électoral, notamment le concours que l’ONUCI y apporte;


19.   Prie le Secrétaire général de lui soumettre, dans le rapport d’étape mentionné au paragraphe 18 ci-dessus ou dans un rapport spécial, au plus tard le 31 mars 2012, compte tenu des élections législatives à venir ainsi que des problèmes de sécurité existants et des progrès accomplis dans la reconstitution des capacités nationales, des recommandations quant aux ajustements à apporter à la structure et aux effectifs de l’ONUCI;


20.   Décide de rester saisi de la question.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

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inaliénables du peuple palestinien

334e séance – matin


COMITÉ POUR LES DROITS DES PALESTINIENS: L’OBSERVATEUR DE LA PALESTINE PARLE DE LA CAMPAGNE MENÉE POUR LA RECONNAISSANCE DE L’ÉTAT DE PALESTINE À L’ONU EN SEPTEMBRE


Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a entendu, ce matin, un exposé de M. Riyad Mansour, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, sur les développements récemment survenus sur la question palestinienne depuis la dernière réunion du Comité.  


M. Mansour a expliqué qu’il avait tenu le Conseil de sécurité et la communauté internationale informés, par le biais de lettres, sur l’intensification récente de la construction, par Israël, de logements supplémentaires dans ses colonies de peuplement, ainsi que sur la terrible situation dans laquelle sont les prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes.  Il est également revenu sur le blocus « immoral imposé par Israël » à la bande de Gaza et sur la situation humanitaire qui en découle. 


M. Mansour a indiqué qu’il s’est rendu personnellement dans le Territoire palestinien occupé à deux reprises depuis la dernière réunion du Comité.  Il a dit qu’il a pu y rencontrer des hauts responsables du Gouvernement palestinien pour discuter notamment des questions de l’intensification de la répression israélienne et des prisonniers palestiniens.  Lors de ces entretiens, il a assuré à ses interlocuteurs que le Comité faisait son possible pour promouvoir la cause des Palestiniens, et en particulier celle des prisonniers, et il leur a fait part de la possibilité d’organiser une nouvelle réunion internationale sur la question des prisonniers palestiniens, l’année prochaine, à Genève.


Face au Comité, M. Mansour a ensuite évoqué ce matin, les efforts menés par la Palestine, en collaboration avec la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à la veille de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a rappelé les « termes du contrat » passé entre la Palestine et le Quatuor, à savoir que les Palestiniens s’étaient engagés à mettre en place les institutions gouvernementales requises en vue de leur inclusion et adhésion à la communauté des nations et de la fin de l’occupation israélienne.  « Ce plan avait été approuvé et financé par la communauté internationale et le processus qui en a découlé arrive à terme d’ici à la fin du mois d’août 2011 », a rappelé l’Observateur permanent de la Palestine, en ajoutant qu’aujourd’hui, toutes les organisations internationales s’accordent à dire que la Palestine a honoré les obligations qui étaient les siennes sous ce contrat.  « Nous nous sommes dotés des moyens nécessaires pour prendre notre destin en main en tant qu’État indépendant », a déclaré M. Mansour aux membres du Comité, avant de souligner qu’en ce qui la concerne, la Palestine avait tenu ses engagements et qu’elle attendait maintenant que la communauté internationale s’acquitte également de sa principale responsabilité, qui est de mettre un terme à l’occupation israélienne. 


Depuis que cet «accord » a été passé, les Palestiniens ont rallié plus de 125 pays à leur cause, a indiqué M. Ryad Mansour.  Ces pays sont aujourd’hui prêts à reconnaître la Palestine en tant qu’État indépendant avec pour frontières celles qui prévalaient avant 1967, a-t-il poursuivi.  « Le nombre d’États qui reconnaissent à ce jour la Palestine représente ce qu’il faut pour avoir la majorité des deux tiers à l’Assemblée générale », a remarqué l’Observateur permanent de la Palestine auprès de l’ONU.  Ceci justifie le fait que le Gouvernement de la Palestine envisage de demander l’admission de la Palestine en tant qu’État Membre de plein droit aux Nations Unies et à l’Assemblée générale au mois de septembre prochain.  « Si Israël continue à camper sur ses positions actuelles et de refuser aux Palestiniens l’exercice de leurs droits inaliénables nous n’avons d’autre alternative que de demander à devenir membre à part entière de la communauté internationale », a souligné M. Ryad Mansour.  « Nous arrivons à la fin d’une étape de notre lutte, et nous en entamons une autre.  Le moment est venu pour entériner les résultats de cette première phase qui s’achève.  Israël doit revenir à la table de négociations et aborder de bonne foi et sur des bases claires les six questions clefs qui se posent», a poursuivi M. Mansour avant de demander à nouveau qu’Israël s’acquitte des obligations qui lui incombent au titre de la Feuille de route. 


Avant l’intervention de M. Mansour, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. Abdou Salam Diallo, du Sénégal, avait fait un bref exposé sur les activités récentes du Comité et sur les faits nouveaux qui sont survenus depuis sa dernière séance, tenue le 20 juin dernier.  Il a notamment rappelé que le 28 juin, le Sénat des États-Unis avait adopté une résolution dans laquelle il menaçait de suspendre toute assistance financière à l’Autorité palestinienne si elle maintenait sa décision de chercher à obtenir la reconnaissance de l’État de Palestine à l’ONU.  Il a également souligné que le 5 juillet, le Gouvernement d’Israël avait lancé des appels d’offres pour la construction de quelque 400 logements dans des colonies de peuplement en Cisjordanie.  Par ailleurs, le 11 juillet, les membres du Quatuor se sont réunis à Washington.  Mais aucune déclaration n’a été publiée à l’issue de cette rencontre.


De son côté, la direction palestinienne a poursuivi sa campagne visant la reconnaissance internationale la plus vaste possible de la Palestine en tant qu’État situé à l’intérieur des frontières de 1967 et a sollicité l’appui de la communauté internationale en faveur de sa demande d’adhésion aux Nations Unies, a encore rappelé M. Diallo.


La réunion tenue ce matin a également été l’occasion pour M. Diallo de présenter le rapport de la Réunion internationale des Nations Unies à l’appui au processus de paix israélo-palestinien, tenue à Bruxelles les 18 et 29 juin sur le thème: « le rôle de l’Europe dans la promotion d’un État palestinien et l’instauration de la paix entre Israéliens et Palestiniens ».  Cette réunion a été l’occasion de remettre l’accent sur la nécessité de reprendre, de toute urgence, les négociations directes entre les parties. 


S’agissant de la position de l’Union européenne, son représentant a souhaité que le Quatuor adopte comme paramètres les principes énoncés par le Président Obama dans son discours du 19 mai, et que la réconciliation inter-palestinienne aboutisse à la formation d’un gouvernement de transition. 


De nombreux intervenants ont fait remarquer que les négociations ne contredisaient nullement la question de l’adhésion de la Palestine à l’ONU.  Concernant la question de la reconnaissance de la Palestine par les États Membres de l’ONU, la réunion a confirmé qu’il n’existait pas de consensus entre les membres de l’Union européenne, et qu’il appartiendra à chacun d’entre eux de décider d’ici à septembre quelle sera sa position en tant qu’entité nationale.  Les participants ont également souligné le rôle de premier plan des parlements nationaux, du Parlement européen et de la société civile, en vue d’encourager une action politique européenne contre les mesures illégales d’Israël.  À l’issue de la réunion, les organisateurs ont publié des observations finales.


Le rapport de cette réunion sera publié en temps opportun en tant que publication de la Division des droits des Palestiniens.


Avant de conclure sa séance de travail, le Comité a entendu un exposé du Chef par intérim de la Section de la Palestine, de la décolonisation et des droits de l’homme du Département de l’information, M. Hasan Ferdous, sur les résultats du Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, qui a eu lieu à Budapest.


La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal de l’ONU.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’eau et l’assainissement, toujours un besoin de développement urgent pour des millions de personnes dans le monde

AG/11123

Assemblée générale: l’eau et l’assainissement, toujours un besoin de développement urgent pour des millions de personnes dans le monde

27/07/2011
Assemblée généraleAG/11123
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

114e séance plénière – après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT, TOUJOURS UN BESOIN DE DÉVELOPPEMENT URGENT POUR DES MILLIONS DE PERSONNES DANS LE MONDE


« Eau, assainissement, stabilité, prospérité et paix – ces objectifs sont inexorablement liés » a déclaré cet après-midi, le Secrétaire général à l’occasion d’une réunion de l’Assemblée générale consacrée au droit à l’eau et à l’assainissement, à laquelle ont pris part le Président de la Bolivie et le Secrétaire général de l’ONU.  Les États ont souligné que pour des millions de personnes l’accès à l’eau et à l’assainissement demeure un besoin de développement urgent.


Les progrès réalisés depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont insuffisants, a dit le Président de l’Assemblée générale. Il y a encore un milliard de personnes sans accès à l’eau potable et plus de deux milliards sans services d’assainissement de base. 


« Ces chiffres, mais aussi la sécheresse qui sévit à l’heure actuelle dans la Corne de l’Afrique, nous rappellent l’ampleur des inégalités dans le monde s’agissant de la satisfaction des besoins en eau », a ajouté le Président de l’Assemblée. 


La Représentante spéciale des Nations Unies sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement a appelé les États Membres à tenir compte de ce droit dans les négociations sur l’après-2015 date butoir pour la réalisation des OMD. 


C’est essentiel, s’est-elle expliquée, parce que le cadre actuel des OMD ne mesure pas l’impact de la discrimination dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Un État peut devenir le « champion des OMD » sans pour autant avoir réglé le sort des peuples autochtones, des habitants des bidonvilles et ou des personnes handicapées.  La vérité, a-t-elle ajouté, est que nous ne savons toujours pas combien de gens ont accès à une eau et à un assainissement répondant aux normes des droits de l’homme. 


Au mois de juillet dernier, l’Assemblée générale avait adopté une résolution sur le droit humain à l’eau et à l’assainissement, une décision qui, selon le Président de l’Assemblée, a marqué une première quant à la reconnaissance explicite de ce droit comme un droit de l’homme.


Pollution des eaux, irrégularité de la pluviométrie, mauvaises infrastructures ou encore croissance démographique et urbanisation galopante ont figuré au nombre des défis identifiés cet après-midi par les délégations, sans oublier la question de la commercialisation de l’eau.


« Si l’eau est un droit fondamental humain, elle ne devrait plus relever du négoce privé ni être livrée aux entreprises », a tranché le Président de la Bolivie.  L’eau, a-t-il souligné, est un service public.


De nombreuses délégations ont souligné que l’accès à l’eau et à l’assainissement était une condition préalable à l’élimination de la pauvreté et qu’il était de surcroit intrinsèquement lié au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la santé, à l’alimentation et à un logement décent.  La réalisation de ce droit, a souligné la représentante du Brésil, est compatible avec le droit des États à disposer de leurs propres ressources.


Plusieurs délégations ont estimé, à l’instar du représentant de Saint-Vincent-et-les Grenadines, que la question des changements climatiques devait être rapprochée de celle de l’accès à l’eau; le réchauffement planétaire et la désertification menaçant notamment de défaire les progrès réalisés et d’entraver les efforts d’élargissement de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour des centaines de millions de personnes. 


Ce dernier a également appelé les États Membres à évaluer la véritable valeur de l’eau « utilisée, sur utilisée et gaspillée » dans les pays développés, tandis que son homologue d’El Salvador a appelé à l’adoption d’une série de mesures afin d’éviter le gaspillage et la pollution de l’eau.


L’Union européenne a rappelé que l’Allemagne et la France accueilleront respectivement une conférence sur l’eau, l’énergie et la nourriture à Bonn en novembre 2011 et le Forum de l’eau à Marseille en mars 2012.  Pour l’Union européenne comme pour les autres délégations, la Conférence Rio+20, prévue en 2012, offre une occasion unique de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable.


La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu demain, jeudi 28 juillet, à partir de 15 heures.


APPLICATION ET SUIVI INTEGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en juillet dernier, l’Assemblée générale a adopté la résolution sur le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement, une décision qui a marqué une première quant à la reconnaissance explicite de ce droit comme un droit de l’homme.  Par la suite, en septembre 2010, le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution affirmant ce droit comme découlant du droit à une vie digne et à un niveau de vie convenable.  Pour des millions de personnes, a rappelé le Président, l’accès à l’eau et à l’assainissement est un besoin de développement urgent.  Le septième Objectif du Millénaire pour le développement vise la diminution de moitié, d’ici à 2015, de la proportion de la population mondiale dénuée de cet accès. 


Les progrès réalisés après 10 ans sont insuffisants, il y a encore un milliard de personnes sans accès à l’eau potable et plus de deux milliards sans services d’assainissement de base.  Le Président a donc salué l’initiative « Assainissement durable: plus que 5 ans avant 2015 », lancée par le Secrétaire général, le mois dernier.  Ces chiffres, mais aussi la sécheresse qui sévit à l’heure actuelle dans la corne de l’Afrique, nous rappellent l’ampleur des inégalités dans le monde s’agissant de la satisfaction des besoins en eau.  De nombreux défis se posent comme l’absence d’institutions étatiques fonctionnelles et le manque de ressources techniques et financières.  L’échéance de 2015 ne laisse que peu de temps pour faire une avancée décisive, a prévenu le Président, qui a espéré que la Conférence sur le développement durable qui se tiendra à Rio l’année prochaine donnera aussi une impulsion supplémentaire pour réaliser l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué que près de la moitié de la population des pays en développement souffraient de problèmes de santé liés à une mauvaise eau et un mauvais assainissement qui, a-t-il ajouté, sont la deuxième cause de décès chez les enfants.  Il a estimé qu’alors que des progrès étaient réalisés an matière d’accès à l’eau potable, il restait beaucoup à faire dans le domaine de l’assainissement.  Il nous incombe de traduire les engagements en obligations précises, tant au niveau international que national a-t-il ajouté.


Soyons clairs, a poursuivi le Secrétaire général, le droit à l’eau et à l’assainissement ne signifie pas que l’eau doit être gratuite, mais que les services doivent être abordables et mis à la disposition de tous.  Les États, a-t-il ajouté, doivent faire tout leur possible pour que cela devienne possible.  M. Ban a qualifié d’inacceptable le fait que les habitants de bidonvilles paient jusqu’à 10 fois plus leur eau que les habitants des beaux quartiers.  Il a aussi dénoncé la situation du milliard de personnes qui vivent dans des communautés rurales sans accès à des toilettes.  Il a fustigé le fait que les eaux usagées dans les bidonvilles, les fermes et l’industrie polluaient l’environnement.


M. Ban a évoqué les répercussions de cette situation sur la santé et le développement des enfants, ainsi que l’effet d’un bon assainissement sur le renforcement des efforts de lutte contre le VIH/sida et le paludisme.  Une bonne hygiène peut également réduire l’absentéisme scolaire chez les adolescentes notamment, et contribuer ainsi à leur autonomisation et à leur égalité.


Le Secrétaire général a ensuite engagé les gouvernements qui ne l’ont pas encore fait à inclure le droit à l’eau et à l’assainissement dans leur constitution et législation nationales.  Nous devons atteindre tous ceux qui sont privés d’eau et d’assainissement, pourtant nécessaires à leur dignité et à leur bien-être.  Il a évoqué la situation d’urgence qui prévaut actuellement dans la corne de l’Afrique, observant que les efforts de secours à court terme devaient être liés à des efforts à long terme.  Il faut une transformation agricole pour améliorer la résistance des populations pastorales et minimiser ainsi l’ampleur des crises à venir.  Eau, assainissement, stabilité, prospérité et paix – ces objectifs sont inexorablement liés, a-t-il souligné.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, s’est félicité de ce que, grâce à l’Assemblée générale, l’accès à l’eau était devenu un droit fondamental.  Si l’eau est un droit fondamental de l’homme, a-t-il ajouté, elle ne devrait plus relever du commerce privé, ni laissée aux mains des entreprises.  Il a affirmé que le réchauffement climatique était le principal ennemi de l’eau, les sécheresses poussant les communautés à abandonner leurs villages.  Il a appelé à des programmes publics et à des investissements supplémentaires, estimant que les États doivent garantir cette ressource naturelle.


M. Morales a expliqué que la Bolivie avait commencé à établir des programmes prioritaires en matière d’accès à l’eau potable et à l’eau pour l’irrigation et le bétail.  L’eau, a-t-il insisté, est un service public.  Dénonçant le gaspillage de l’eau dans certains pays, il a souligné que l’eau devait être épargnée par la concurrence.  Les multinationales ne doivent pas demander aux États de privatiser l’eau pour leur seul profit.  L’eau, a-t-il tranché, est un droit fondamental de l’homme.


Mme CARINE DE ALBURQUERQUE, Représentante spéciale des Nations Unies sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement, a déclaré qu’au premier anniversaire de la résolution de l’Assemblée générale sur le droit à l’eau potable et à l’assainissement, il faut s’interroger sur la pertinence du texte.  Beaucoup reste à faire, a-t-elle répondu, mais des initiatives sont lancées qui montrent que la reconnaissance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit peut réellement faire la différence.  La résolution de l’Assemblée comme celle du Conseil des droits de l’homme ont donné le sentiment d’urgence que l’on attendait tous. 


Après avoir passé en revue ses activités, la représentante a appelé les États Membres à tenir compte de ce droit dans les négociations sur l’après-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  C’est essentiel, s’est-elle expliquée, parce que le cadre actuel des OMD ne mesure pas l’impact de la discrimination dans l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Un État peut devenir le « champion des OMD » sans pour autant avoir réglé le sort des peuples autochtones, des habitants des bidonvilles et ou des personnes handicapées.  La qualité de l’eau n’est pas surveillée dans le monde entier.  Le prix de l’eau et la distance à parcourir pour s’en procurer ne sont pas mesurés.  La vérité est que nous ne savons toujours pas combien de gens ont accès à une eau et à un assainissement répondant aux normes des droits de l’nomme.  En la matière, elle a souligné l’importance de la volonté politique et d’une gestion saine. 


M. PEDRO SERRANO, Union européenne, a dit l’intention de l’UE d’inscrire la  gestion durable de l’eau comme une priorité de sa politique du développement.  En attendant, il a attiré l’attention sur la Stratégie commune Union européenne-Union africaine lancée en novembre dernier.  Il a ajouté qu’en 2010, l’Union européenne a aussi lancé une initiative visant à fournir un milliard d’euros aux pays de l’ACP pour les secteurs de l’eau et l’assainissement.  Il a aussi indiqué que l’Allemagne et la France vont accueillir respectivement une Conférence sur l’eau, l’énergie et la nourriture à Bonn, en novembre 2011 et le Forum de l’eau à Marseille en mars 2012.  Pour l’Union européenne, la Conférence Rio+20 offre une occasion unique de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), a affirmé que l’accès à l’eau et à l’assainissement était une condition préalable à l’élimination de la pauvreté et qu’il était de surcroit intrinsèquement lié au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la santé, à l’alimentation et à un logement décent.  La réalisation de ce droit, a-t-elle ajouté, est compatible avec le droit des États à disposer de leurs propres ressources en eau.  Elle a affirmé le rôle central que jouent les institutions de l’ONU en la matière.


M. FERNÁNDEZ-ARIAS MINUESA (Espagne), a estimé que la reconnaissance du droit à l’eau devait se faire sous l’angle des droits de l’homme.  Il a engagé les États Membres à élaborer des plans d’action nationaux en la matière et à identifier les pratiques exemplaires dans ce domaine.  Il a évoqué l’importance de la reddition des comptes.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou), a souligné l’importance de l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Il a expliqué que le Pérou accordait une valeur socioéconomique, culturelle et écologique à l’eau.  Il a souligné l’importance qu’il y a à assurer la participation de la population à toutes les décisions concernant l’accès à l’eau.  Il a prôné une répartition des ressources capables de permettre à chacun de jouir de ce droit qui, a-t-il ajouté est intimement lié au droit à la vie.


M. FREDERICK D. BARTON (États-Unis), s’est dit préoccupé par l’importante proportion de la population mondiale qui n’a pas accès à l’eau.  Il a appelé les gouvernements à prendre des mesures pour faire respecter le droit à l’eau et assurer l’accès universel à l’eau potable.  Des ressources budgétaires nécessaires doivent y être accordées.  L’accès à l’eau devrait également être interprété comme étant l’accès à l’eau en qualité et en quantité suffisantes pour cuisiner de même que pour répondre aux besoins d’hygiène personnelle.  Il a également souligné l’importance d’assurer la transparence des services et des politiques et d’appuyer la bonne gouvernance.


M. EMMANUEL BONNE (France), a jugé nécessaire de transcrire en réalité le droit à l’eau potable et à l’assainissement.  C’est dans cet esprit qu’il s’est félicité du travail effectué par la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies qui prépare un guide sur les pratiques exemplaires en matière d’accès équitable à l’eau.  Il a remercié les nombreux pays qui ont défendu la résolution déposée par la France à l’Assemblée mondiale de la santé qui appelle les États Membres, l’OMS en particulier et l’ONU en général, mais aussi les autres parties prenantes, à une meilleure intégration des politiques d’eau, d’assainissement et de santé publique.  Il a précisé que la France accueillera à Marseille le sixième Forum mondial de l’eau, du 12 au 17 mars 2012.  Il a indiqué que le droit à l’eau potable et à l’assainissement est une priorité de l’action internationale de la France et que le Forum doit être l’occasion de renforcer la mobilisation à ce sujet.


M. MAGED ABDEL-FATTAH ABDEL-AZIZ (Égypte), a estimé que la réalisation de l’objectif d’accès universel à l’eau et à l’assainissement exigera une approche globale et intégrée, au niveau international, fondé sur plusieurs piliers, les plus importants étant les défis posés par les changements climatiques, la promotion de la coopération internationale en matière de technologies, l’octroi des ressources financières dont l’aide publique au développement et l’appui aux stratégies nationales de recherche et développement.  Les Nations Unies et la communauté internationale doivent intensifier leurs efforts en la matière, a insisté le représentant.


M. BENITEZ VERSÓN (Cuba), a rappelé que 3,5 millions de personnes mouraient chaque année de maladies véhiculées par l’eau insalubre.  Trois milliards de personnes subiront la conséquence de la pénurie d’eau d’ici à 2025 si nous n’agissons pas avec urgence.  La pénurie d’eau due aux changements climatiques affectera gravement la productivité agricole et la sécurité alimentaire des pays en développement.  Il faut un fonds qui ne soit pas soumis au « diktat » de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).  Il faut un fonds qui pourrait fournir les ressources financières et technologiques nécessaires à une gestion intégrée de l’eau et des écosystèmes.  L’accès à l’eau est un droit fondamental qui ne doit pas être détourné au profit d’activités lucratives.


M. ASKAROV (Ouzbékistan), s’est inquiété de l’impact négatif des sécheresses persistantes dans son pays sur la réalisation des OMD.  Il a cité la dégradation de l’environnement et la chute de la productivité agricole.  Il a aussi cité le cas de la Mer d’Aral qui s’assèche d’année en année.  Il a précisé que l’Ouzbékistan avait déjà consacré un milliard de dollars à l’amélioration de la qualité de 740 hectares de terres arables.  Il a rappelé l’importance des textes de référence de l’ONU qui stipulent que toutes les décisions sur l’utilisation des rivières transfrontières ne doivent en aucun cas porter préjudices aux intérêts et à l’environnement des pays voisins.  Il s’est opposé à toute construction de barrages hydroélectriques en amont des rivières transfrontalières d’Asie centrale


M. MIGUEL BERGER (Allemagne), a souligné la nécessité de penser « grand » et non seulement en termes d’« étude technique de faisabilité ».  Nous devons adopter une approche fondée sur les droits de l’homme si nous voulons créer des solutions durables.  Les questions de la sûreté, de la qualité, de la quantité, de la disponibilité, de l’accessibilité physique et économique de l’eau et de l’assainissement doivent recevoir l’attention requise.  Ignorer ces paramètres, c’est ignorer les besoins réels de ceux qui doivent jouir du droit à l’eau et à l’assainissement.  Il faut aussi reconnaître qu’il n’y pas un modèle unique de mettre en œuvre.  Mais le dénominateur commun demeure la réalisation de ce droit et dans ce contexte, le représentant a dit attendre avec intérêt la liste des pratiques exemplaires que doit présenter la Représentante spéciale.


M. CARLOS ENRIQUE GARCÌA GONZÁLEZ (El Salvador), a souligné que la réalisation de nombreux droits de l’homme était liée à l’accès à l’eau.  Il a indiqué que cet accès dans les zones rurales de son pays était insuffisant, mais que le Gouvernement s’efforçait de réaliser des progrès.  Il a appelé à des mesures pour éviter les gaspillages et la pollution.  On ne doit pas non plus tirer un profit commercial de l’exploitation de l’eau, a-t-il ajouté, avant de souligner le rôle des forêts dans la conservation des eaux et la nécessité de protéger le couvert forestier.


Mme SIGNE BURGSTASLLER (Suède), a souligné qu’une gestion juste et durable des ressources en eau est une condition préalable au développement durable, à une croissance économique inclusive et à la réalisation des OMD.  La future Conférence Rio+20 offre ainsi une occasion « stratégique » de mieux traiter ce défi et de rendre l’eau potable et l’assainissement accessibles à tous, en particulier aux femmes qui jouent un rôle central pour répondre aux besoins en eau des communautés et des ménages. 


M. CAMILLO M. GONSALVES (St Vincent et les Grenadines), a appelé les États Membres à opérationnaliser la résolution adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale.  Notre capacité à répondre à cet appel sera jugée par les 884 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et par les 2,6 milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’assainissement, a-t-il prévenu.  Il a estimé que cette réunion devait reconnaitre la fragilité des avancées réalisées par les pays en développement ainsi que les menaces au droit à l’eau potable.  Il a averti que les changements climatiques et la désertification menaçaient de défaire les progrès réalisés et d’entraver les efforts d’élargissement de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour des centaines de millions de personnes. 


Il a expliqué que dans son pays, des sécheresses inhabituelles avaient contraint son gouvernement à acheminer de l’eau aux autres îles de l’archipel, avec l’impact que l’on sait sur l’agriculture et la production d’hydroélectrique.  M. Gonsalves a indiqué que la coopération au développement et l’augmentation des ressources revêtaient une importance critique.  Il a appelé la communauté internationale à faire figurer la question de l’eau en tête de l’agenda politique, à lier les changements climatiques à l’accès à l’eau, et à évaluer la véritable valeur de l’eau « utilisée, sur-utilisée et gaspillée » dans les pays développés.


Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua), a expliqué que son gouvernement avait consacré de nombreux efforts à l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement et s’était opposé au processus de privatisation de l’eau lancé par les gouvernements précédents.  Elle a rappelé que 80% des maladies dans le monde étaient dues à une mauvaise qualité de l’eau, avant d’appeler la communauté internationale à se mobiliser pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement.  La représentante a affirmé que la coopération au développement doit respecter les droits de l’homme.


Mme ZINA ANDRIANARIVELO-RAZAFY (Madagascar), a souligné que chaque État avait le devoir et l’obligation d’assurer la pleine jouissance du droit fondamental à l’eau et à l’assainissement consacré par l’Assemblée générale.  Évoquant les activités impulsées par le Ministère malgache de l’eau, la représentante a insisté sur le lien entre droit à l’eau et réalisation des OMD afin d’assurer les conditions de croissance économique et de bien-être de la population. 


La politique et les stratégies nationales de l’assainissement, adoptées en novembre 2008, renforcent le cadre législatif et réglementaire mis en place par le Gouvernement, a-t-elle noté, ajoutant que cet effort était axé sur la protection de l’environnement, l’apprivoisement en eau potable et le traitement des eaux usées.  La représentante a aussi mentionné l’initiative « Diorano WASH Madagascar », une plateforme regroupant des entités gouvernementales, des ONG et autres partenaires, et grâce à laquelle des progrès considérables ont été accomplis.  


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a présenté les efforts de son pays pour réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable et à l’assainissement, conformément aux OMD.  Il a cité une reforme législative pour améliorer la gestion de l’eau et l’accès des populations les plus défavorisées.  Il a salué la participation du secteur privé aux progrès enregistrés même si des efforts restent à faire sur la gestion et la distribution de l’eau potable, a-t-il reconnu.  Il a cité des initiatives de gestion des eaux en surface et de ruissellement.  La coopération internationale est indispensable pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, a-t-il rappelé. 


M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) s’est félicité de ce que de nombreux pays s’engagent à reconnaître l’accès à l’eau et à l’assainissement comme un droit de l’homme.  Il a regretté que la communauté internationale n’ait pas réagi plus vite à la catastrophe qui se joue dans la corne de l’Afrique.  Il a dit que Djibouti était l’un des pays les plus déficients en ressources en eau et qu’il risquait de n’avoir plus aucune source d’eau potable dans les 25 prochaines années.  Il a précisé que Djibouti faisant partie des 17 pays décrits comme présentant un risque extrême en matière de disponibilité de l’eau.  Il a dit que la surexploitation de l’eau était aggravée par la croissance démographique, le recours croissant à l’irrigation, la corruption et la mauvaise gestion des ressources.  Il a jugé indispensable pour son pays d’investir dans des centrales de désalinisation et de réservoirs d’eau potable.


M. THEMBELA NGCULU (Afrique du Sud) a précisé que son pays a adopté en 2003 un Cadre stratégique des services liés à l’eau qui vise notamment à permettre à tous les Sud-Africains d’accéder à des services sanitaires de base.  Ce Cadre vise aussi à offrir à toutes les écoles et toutes les cliniques un accès à l’eau potable et à l’assainissement.  L’Afrique du Sud travaille étroitement avec les autres pays africains sur la gestion des ressources en eau pour un développement économique et social durable et la préservation des écosystèmes.  Il a également précisé que son pays utilisait les programmes du NEPAD et de la SADC dans le souci de promouvoir les droits de tous les Africains à l’eau et à l’assainissement.  Il a indiqué que l’Afrique du Sud a atteint dès 2008 l’OMD consacré à l’accès à l’assainissement de base.  Néanmoins, il a regretté que l’accent n’ait pas été mis sur la performance durable des services rendus.


M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie) a dit que la Hongrie souhaitait partager son expérience en matière de gestion d’eau et a jugé indispensable une base juridique solide pour garantir une bonne gestion de l’eau aux niveaux national et international.   


M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a reconnu que la situation actuelle dans le monde requiert un accroissement des finances par et vers les pays à bas revenu.  La taskforce « Sanitation Water for all », soutenue par de nombreux partenaires dont la Suisse, vise à stimuler le dialogue et les engagements sur cette thématique au niveau mondial.  Le Parlement suisse, a indiqué le représentant, a accepté un accroissement de l’aide publique au développement, concentré principalement sur le secteur de l’eau.  La coopération suisse a décidé de soutenir la création et le cofinancement d’un consortium d’ONG suisses qui se focalisera sur les pays où la couverture en eau et assainissement est la plus faible, notamment dans les pays fragiles.  Les progrès enregistrés sur le plan de la reconnaissance du droit à l’eau doivent se traduire en solutions concrètes qui puissent être mises à l’échelle, a insisté le représentant, en arguant que le Protocole sur l’eau et la santé est un bon exemple de solution concrète.   


M. GARY QUINLAN (Australie) a indiqué que son pays était l’un des continents habités les plus sec au monde, reconnaissant dans la foulée que l’accès à l’eau et à l’assainissement était fondamental à la réalisation de tout un éventail de droits de l’homme.  La sécheresse que connait la corne de l’Afrique est un rappel tragique de l’impact que peut avoir une pénurie d’eau, a souligné le représentant.  À moins d’assurer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la communauté internationale ne sera pas en mesure de réaliser les OMD.  Il a jugé improbable qu’un milliard de personnes puissent avoir accès à l’assainissement d’ici à 2015.


M. Quinlan a indiqué que depuis 2008, l’Australie avait contribué à hauteur de 330 millions de dollars à l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans des pays en développement et qu’elle prévoyait de verser un milliard de dollars supplémentaires au cours des quatre prochaines années.  Au titre des défis qui demeurent, il a notamment évoqué la pollution des eaux, les pluviométries capricieuses et une mauvaise infrastructure ainsi que la croissance démographique et une urbanisation galopante.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a indiqué que son gouvernement avait amélioré la gestion du captage des eaux ainsi que les systèmes d’évacuations des eaux usées dans les milieux urbains et semi-urbains.  Ces initiatives nous ont valu le Prix des Objectifs du Millénaire pour le développement, s’est-il enorgueilli.  Il a indiqué que la variabilité de la pluviométrie posait problème et que le Burkina Faso avait donc lancé en coopération avec le Maroc un programme de provocation des pluies.


M. HUSSAIN THILMEEZA (Maldives) a commencé par présenter la politique de son pays en vue de garantir un accès équitable à l’eau « potable ».  La gestion des ressources en eau des Maldives est d’autant plus compliquée que l’eau douce y est rare.  Sur les plus grandes îles de l’archipel, on fait désormais appel aux techniques de désalinisation.   Face au constat que plus de 884 millions de personnes n’ont toujours pas accès à une eau de qualité acceptable et que 2.6 milliards vivent sans accès à l’assainissement, le délégué s’est dit extrêmement « alarmé » et a exigé qu’une « action urgente pour des changements réels ».  Il a souligné que la croissance démographique et le développement économique à l’échelle mondiale mettent une pression supplémentaire pour que l’on s’occupe sérieusement de la question de l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Le fait d’avoir reconnu le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit fondamental est un réel succès car il témoigne de la volonté politique de la communauté internationale de s’engager dans la recherche de solutions concrètes, a conclu le représentant.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a précisé qu’en Afrique et en Asie une femme doit parcourir en moyenne 6 kilomètres chaque jour pour se procurer de l’eau.  Il a accueilli avec satisfaction l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale et salué la création du « Blue Group ».  Il a précisé que le Maroc est engagé depuis les années soixante dans une politique de construction de barrages qui a permis de porter le capacité de stockage à 17 milliards de mètres cubes.  Il a dit que la quasi-totalité de la population urbaine et 60% de la population rurale a accès à l’eau potable au Maroc.  Un effort conséquent a été déployé à travers le programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) au profit de 11 millions d’habitants dans 31 000 localités.  De même, il a cité la création de centaines de stations d’épuration dans les petites et moyennes villes qui ont permis d’enregistrer des résultats significatifs.


M. VALERO BRICEFIO (Venezuela) a déclaré que le faible accès à l’eau et à l’assainissement découle des relations de pouvoirs injustes qui caractérisent le système capitaliste du monde.  Il faut revoir les règles de la concurrence et du marché pour faire triompher les principes de solidarité, a-t-il dit, en précisant que l’accès à l’eau et à l’assainissement était garanti au Venezuela.  La loi précise que l’eau est un bien social et un bien public qui ne peut tomber dans le domaine privé au Venezuela.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: des délégations dont la Chine et la Fédération de Russie ne voient pas d’alternative à la Conférence du désarmement pourtant bloquée depuis plus de dix ans

AG/11120

Assemblée générale: des délégations dont la Chine et la Fédération de Russie ne voient pas d’alternative à la Conférence du désarmement pourtant bloquée depuis plus de dix ans

27/07/2011
Assemblée généraleAG/11120
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

113e séance plénière - matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES DÉLÉGATIONS DONT LA CHINE ET LA FÉDÉRATION DE RUSSIE NE VOIENT PAS D’ALTERNATIVE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURTANT BLOQUÉE DEPUIS PLUS DE DIX ANS


Après la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010, l’Assemblée générale a repris ce matin, ses discussions sur les moyens de surmonter « une paralysie de plus de 10 ans » à la Conférence du désarmement.  Malgré ce blocage, des délégations dont la Chine et la Fédération de Russie n’ont vu aucune alternative à la Conférence. 


« Le problème n’est pas le véhicule mais le conducteur », a diagnostiqué le Secrétaire général des Nations Unies, en ajoutant: » « Ce qui fait défaut, c’est un bon alignement parfait des priorités politiques et des objectifs multilatéraux ».


Outre le discours de M. Ban Ki-moon, l’Assemblée a entendu une vingtaine d’interventions dont celles des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, également puissances nucléaires, de l’Union européenne et du Mouvement des pays non alignés (NAM).


Si toutes les interventions ont reconnu que la persistance du blocage ne peut que nuire à la crédibilité et au statut même de la Conférence du désarmement, seul organisme multilatéral de négociation sur la question, les diagnostics ont divergé.  Abondant dans le sens du Secrétaire général, le Président de l’Assemblée a dénoncé le manque d’une « véritable » volonté politique d’avancer ». 


M. Joseph Deiss a fustigé ceux qui attribuent l’impasse à la « règle du consensus » qui, a-t-il plaidé, fait partie des règles de base du fonctionnement de la Conférence.  Arguant qu’il est toujours souhaitable que les décisions bénéficient d’une large assise, il a voulu que cette règle ne devienne pas un facteur de blocage ou un droit de veto implicite. 


En soulignant que l’absence de consensus ne porte que sur des questions d’organisation, le représentant de l’Italie a attribué l’impasse plutôt plus qu’à un manque de volonté politique, à une « utilisation abusive » du Règlement intérieur.  De nombreuses délégations ont tout de même attribué le blocage au refus d’un « État » d’entamer des négociations sur un traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissibles.  La représentante du Brésil s’est montrée dubitative.  Un tel traité, a-t-elle dit, n’aurait que peu ou pas d’effet du tout sur le désarmement nucléaire.


Comment surmonter la paralysie de la Conférence?  Le Président de l’Assemblée s’est fait le partisan d’« approches informelles » avant que le Secrétaire général ne propose la création d’un panel d’éminentes personnalités, d’un comité ad hoc de l’Assemblée ou d’une conférence de l’ONU.  


Le représentant de Cuba, membre du Mouvement des pays non alignés, a voulu rappeler qu’en matière de désarmement, la Conférence n’est pas la seule en échec; la Commission du désarmement ayant conclu son travail pour la douzième fois sans faire de recommandations substantielles et la Première Commission continuant d’adopter des dizaines de résolutions jamais mises en œuvre. 


Le représentant de Cuba a mis en garde contre la tentation de remplacer la Conférence par des dispositifs « sélectifs et improvisés » en dehors du cadre de l’ONU.


Abondant dans ce sens, le représentant de la Fédération de Russie s’est refusé à toute « thérapie de choc » qui ne ferait qu’étendre le problème aux autres organes de désarmement.  Déplacer les processus de négociation vers des voies parallèles serait contraire à l’universalité des accords, a-t-il dit. 


L’autorité de la Conférence doit être respectée, a renchéri le représentant de la Chine.  L’idée d’un autre cadre de négociation ne débouchera pas sur un traité satisfaisant, a-t-il dit, en appelant les membres de la Conférence à faire preuve de sagesse politique et à mobiliser l’ensemble de leur « créativité diplomatique ». 


Il n’y a pas d’alternative à la Conférence, a prévenu la représentante du Brésil.


Partisan précisément de « voies alternatives », l’Union européenne n’a pu s’empêcher de relever les succès obtenus, ces dernières années, en dehors du cadre de la Conférence, dont l’adoption de la résolution 1887 du Conseil de sécurité, le nouveau traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire et la dernière Conférence d’examen du TNP.   La représentante des États-Unis a reconnu que dans sa « forme actuelle », la Conférence ne s’est pas vraiment montrée capable de mener des négociations.  Elle s’est félicitée de la réunion inédite, comme l’a indiqué son homologue de la France que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, et également puissances nucléaires, ont tenu à parier le 30 juin et le 1er juillet sur les questions de désarmement.


SUIVI DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU DU 24 SEPTEMBRE 2010 DESTINÉE À REVITALISER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET À FAIRE AVANCER LES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES SUR LE DÉSARMEMENT


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a regretté la « paralysie »qui caractérise la Conférence du désarmement depuis plus de 10 ans. Si la Conférence ne retrouve pas son élan, elle est en passe d’être discréditée et de devenir complètement inutile, a-t-il prévenu.


Il a remercié le Secrétaire général pour ses efforts afin de redonner du dynamisme à la Conférence, notamment grâce à l’organisation de la Réunion de haut niveau qui a eu lieu en septembre 2010.  Le fait que le suivi de la Réunion soit désormais inscrit à la fois dans l’agenda de la Première Commission et celui de l’Assemblée générale donne l’opportunité aux États Membres de discuter de la question.  Il a rappelé que L’Assemblée générale est habilitée à faire des recommandations aux États Membres en la matière et a invité les délégations à le faire.  Il a précisé que la Première Commissiona inclus le sujet à l’agenda de la prochaine session et l’a encouragé à donner un « signal fort » à la Conférence, en vue de surmonter son immobilisme.


Afin de revitaliser la Conférence, le Secrétaire général a aussi donné pour mandat au Conseil consultatif sur les affaires de désarmement de se consacrer exclusivement à la situation de la Conférence pendant ses deux sessions de travail de 2011.  Il a espéré que les recommandations contenues dans le rapport élaboré par le Conseil retiendront toute l’attention des membres de la Conférence et de l’ensemble des États membres de l’Assemblée générale.  Il a estimé que la création d’un panel de haut niveau composé de personnalités pourrait être un moyen d’apporter une perspective nouvelle et de revitaliser la Conférence.


Jugeant fondamental d’identifier la vraie source du blocage, M. Deiss a regretté que certains jettent la faute sur la « règle du consensus ».  Celle-ci fait partie des règles de base du fonctionnement de la Conférence, et il est toujours souhaitable que les décisions bénéficient d’une large assise, a-t-il dit, en souhaitant que cette règle ne devienne pas un facteur de blocage ou un droit de veto implicite.


Ce qui manque aujourd’hui c’est une « véritable » volonté politique d’avancer, a estimé M. Deiss en appelant à une approche flexible, utilisant l’ensemble des instruments à disposition pour le désarmement, et se basant sur un renforcement de la diplomatie de négociation et de persuasion pour venir à bout des résistances et créer un climat de confiance.


Il s’est dit convaincu de l’utilité des « approches informelles », non pour contourner la Conférence et lui faire perdre sa légitimité, mais pour lui faire retrouver l’efficacité qu’elle a eue dans le passé.  Il a dit que l’approche intégrée des questions de désarmement et de non-prolifération était une des grandes qualités du programme de travail adopté en 2009, résultat d’un « équilibre subtil » entre les divers intérêts et préoccupations des États Membres.  Je suis confiant que les États membres de la Conférence vont, en définitive, prendre leurs responsabilités, négocier un nouveau programme de travail et surtout, le mettre en œuvre, a conclu le Président de l’Assemblée générale.


« Nous nous réunissons en plein milieu d’une crise grandissante de la confiance », a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies.  Que faire quand l’unique forum multilatéral de négociation en matière de désarmement est incapable de s’acquitter de son mandat?  Comment le monde peut-il relancer le processus d’établissement des normes de désarmement applicables universellement?, a-t-il aussi demandé.


Le Secrétaire général a rappelé qu’à l’issue de la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010, il avait proposé quatre mesures.  Il avait d’abord appelé la Conférence de désarmement à réadopter son programme de travail de 2009, et cet appel est resté vain, a-t-il regretté.  Il a engagé les États Membres à un changement orienté vers l’action dans l’attente du statut final de la session de 2011. 


J’avais ensuite proposé, a rappelé le Secrétaire général, que l’Assemblée générale inscrive le suivi de la Réunion de haut niveau à l’ordre du jour de sa prochaine session, ce qui a été fait.  J’avais aussi demandé, a-t-il encore rappelé, au Conseil consultatif sur les questions de désarmement d’examiner les questions soulevées au cours de la Réunion de haut niveau.  Le Conseil l’a fait et mon rapport est sur la table, a dit le Secrétaire général.


Enfin, j’avais dit que je soumettrai un rapport sur la Réunion de haut niveau et son suivi à la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TNP) prévue en 2015.


Le Secrétaire général a passé en revue les options qui se présentent à ce stade et d’abord le statu quo qui risque de rendre la Conférence du désarmement obsolète et sans pertinence.  La deuxième option serait d’examiner les différentes propositions pour une réforme fondamentale de l’appareil multilatéral de désarmement, mais aucune d’elles ne remporte le consensus.  La troisième privilégie un changement progressif et là encore aucun consensus n’existe.


En tant que Secrétaire général, a confié M. Ban, je ne vois aucun défaut fondamental dans l’appareil de désarmement de l’ONU qui pourrait expliquer l’impasse actuelle.  « Le problème n’est pas le véhicule mais le conducteur », a-t-il lancé, car ce qu’il faut, c’est un alignement parfait des priorités politiques et des objectifs multilatéraux en matière de désarmement.   


Si les différences persistaient, on peut considérer la création d’un panel d’éminentes personnalités et les États Membres pourraient mener des consultations dans un comité ad hoc de l’Assemblée générale ou une conférence de l’ONU.


Il n’y a pas de solution miracle et le chemin ne sera pas facile, a averti le Secrétaire général.  Mais nous ne devons jamais abandonner le multilatéralisme ni notre respect des normes universelles et des idéaux de l’ONU.  En matière de désarmement, comme pour tout « bien public mondial », notre objectif n’est pas de défendre les choix de certains mais l’intérêt commun de tous.


Si la Conférence sur le désarmement reste dans l’impasse, l’Assemblée générale a le devoir d’intervenir.  La Conférence ne saurait éternellement être l’otage d’un ou de deux États Membres, a-t-il dit, rappelant que les préoccupations devraient faire l’objet de négociations.  Mettons fin à ce long cycle de stagnation, a conclu le Secrétaire général.


Intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a réitéré l’importance du multilatéralisme en tant que principe de désarmement.  Il a jugé critique que les États dotés de l’arme nucléaire assument leur responsabilité.  Il a jugé urgent d’entamer des négociations sur un désarmement nucléaire complet dans un cadre et un calendrier déterminés.  Il a souhaité que les initiateurs de la résolution 1995 sur le Moyen-Orient prennent les mesures nécessaires pour convoquer une conférence en 2012 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) et autres armes de destruction massives au Moyen-Orient, et a regretté l’absence de volonté politique de certains États Membres qui est un frein à l’efficacité des organes de désarmement des Nations Unies. 


M. PEDRO SERRANO, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité des progrès observés dans le domaine du désarmement nucléaire ces dernières années, en citant la résolution 1887 du Conseil de sécurité, le nouveau traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire, et la dernière Conférence d’examen du TNP.  Malgré ces avancées, il s’est dit préoccupé par le blocage de certains mécanismes de désarmement.  Il a estimé indispensable de s’entendre sur la négociation d’un traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles.  La règle du consensus ne doit pas être détournée, a-t-il dit en jugeant essentiel d’examiner les méthodes de travail.  Les instances de délibérations de l’ONU sont en deçà de leur objectif depuis une décennie, a-t-il déploré, en invitant la communauté internationale à trouver des voies alternatives pour contourner cette impasse.  Il a exhorté la Conférence à inclure les États observateurs comme membres de plein droit.


Intervenant au nom des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, M. GERARD ARAUD (France) s’est dit gravement préoccupé par l’enlisement de la Conférence et l’absence de tout progrès depuis l’année dernière.  Dix mois après la Réunion de haut niveau, ce débat est l’occasion d’examiner les voies et moyens de progresser.  Il s’est félicité des éléments positifs dont l’adoption d’un Plan d’action sur les trois piliers du TNP.  Il a précisé que les cinq membres permanents sont déterminés à jouer leur rôle.  Le 30 juin et le 1er juillet 2011, ces membres se sont réunis à Paris pour examiner la mise en œuvre des engagements pris lors de la Conférence sur le TNP, lançant ainsi une initiative inédite. 


Le représentant a souligné l’importance de parvenir à une capacité élargie de vérification, à une meilleure protection du pilier de non-prolifération du TNP pour réagir aux menaces de retrait du Traité et de renforcer les garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  En tant que seul organe multilatéral de négociations du désarmement, la Conférence, a-t-il dit, doit adopter un programme d’action global et équilibré pour reprendre ses travaux dans les meilleurs délais.  Un élément clef dans la mise en œuvre de l’article 6 du TNP est la négociation d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles, a-t-il insisté. 


Intervenant en sa qualité nationale, M. Araud a déclaré: « nous devons montrer à ceux qui bloquent la Conférence qu’ils vont à contresens de l’histoire ».  La France a montré l’exemple, a-t-il conclu, lorsqu’elle a démantelé de manière irréversible ses installations de production des matières fissiles.


M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie), intervenant au nom de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération, a déclaré qu’il était urgent de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a noté avec regret que la Conférence n’avait pas été en mesure de mettre en œuvre le Plan d’action du TNP 2010.  Au lieu d’aller de l’avant, la Conférence fait marche arrière, a-t-il déploré, observant que la situation nuit à la crédibilité de la Conférence et menace les intérêts à long terme de la communauté internationale.  Il a appelé la Conférence à lancer immédiatement des négociations sur le traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissiles.


Si la patience est une vertu, la passivité ne l’est pas, a rappelé le représentant.  Il a estimé que si la situation persistait, la soixante-sixième session de l’Assemblée générale devait envisager par quel moyen relancer les négociations.  Il a estimé, à cet égard, que la création d’un groupe d’experts scientifiques serait utile.  Il a ensuite appelé la Première Commission de l’Assemblée générale à améliorer sa visibilité.


M. MICHAEL TATHAM (Royaume-Uni) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a ensuite annoncé que le Royaume-Uni allait convoquer une réunion d’experts et a estimé que le travail de son pays avec la Norvège avait démontré que la coopération des États non dotés d’armes nucléaires était nécessaire pour parvenir à des procédures techniques acceptables en matière de désarmement. 


Il a souligné que le traité relatif à l’arrêt de la production des matières fissiles marquerait un pas décisif et a regretté, en conséquence, qu’un seul État Membre bloque le processus.  Pour M. Tatham, le blocage de la Conférence est très mauvais pour le multilatéralisme.  Elle doit montrer qu’elle est toujours face aux défis du vingt-et-unième siècle.


Mme ROSE GOTTEMOELLER (États-Unis) a affirmé l’engament du Président des États-Unis à voir l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Elle a évoqué certains des succès réalisés en la matière en dehors de la Conférence, se félicitant notamment de l’entrée en vigueur du nouveau traité START.  Évoquant la réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité à Paris, elle a estimé que ce type d’initiative était utile à la mise en place d’un processus de dialogue continu.


La représentante a ensuite souligné que les négociations sur le traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles est une priorité importante pour les États-Unis, regrettant, à son tour, qu’un seul État bloque ce processus.  C’est à cause de cette impasse, que nous avons décidé de lancer des négociations, a-t-elle expliqué.


Tournant ensuite son attention sur l’appareil de désarmement de l’ONU, Mme Rose a estimé qu’une présidence tournante de la Conférence la rendrait plus représentative.  Mais, a-t-elle ajouté, il faut être réaliste quant aux causes sous-jacentes de l’impasse.  L’appareil en soi n’en est pas la cause même si sous sa forme actuelle, la Conférence n’a pas encore fait la preuve de sa capacité à être un instrument de négociation.  Elle a estimé que les appels à la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale étaient « au mieux une distraction ».


M. WANG MIN (Chine) a estimé que l’autorité de la Conférence devait être respectée et maintenue, arguant que pour remplir son double objectif de désarmement nucléaire et de non-prolifération, le traité sur l’arrêt de la production des matières fissiles devait être négocié dans ce cadre.  Il a estimé que les préoccupations légitimes des États devaient bénéficier d’une attention et d’un traitement équitables et être pleinement respectées pendant les négociations.  M. Wang a engagé les États Membres à maintenir leur confiance dans la Conférence et à faire preuve de créativité.  L’idée d’un autre cadre de négociation ne débouchera pas sur un traité satisfaisant, a-t-il notamment argué, appelant les membres de la Conférence à faire preuve de sagesse politique et à mobiliser l’ensemble de leur « créativité diplomatique ». 


Il a voulu que les efforts visent à faire avancer le travail de la Conférence dans le détail.  Outre les négociations sur le traité, elle doit effectuer un travail substantiel sur les questions du désarmement nucléaire, de prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique et des garanties de sécurité aux États non nucléaires.  Le représentant a ensuite fait savoir que la Chine souhaitait lancer les négociations sur le traité dès que possible.  Ma délégation, a-t-il ajouté, espère que toutes les parties respecteront les préoccupations légitimes de chacun et poursuivront le dialogue d’une manière sérieuse, équitable et transparente. 


Intervenant au nom de 41 États Membres de toutes les régions du monde,  M. HERMAN SCHAPER (Pays Bas) a regretté que la Conférence de désarmement ne réponde pas aux besoins urgents de sécurité et affaiblisse le système multilatéral de désarmement.  Il a jugé l’impasse inacceptable et rappelé que la Réunion de haut niveau du 24 septembre 2010 a été l’occasion de souligner la volonté de la communauté internationale de passer des paroles aux actes et sans retard.  Si les mécanismes multilatéraux de désarmement ne parviennent pas à mettre fin à la crise, la communauté internationale et l’Assemblée générale devront imaginer les voies et moyens de surmonter ce problème.  Nous devons assumer nos responsabilités et examiner ces questions sans aucun retard.  La responsabilité des difficultés actuelles incombe aux États Membres, s’est-il impatienté.


M. KIM SOOK, République de Corée, a prévenu que toute paralysie prolongée pourrait remettre en cause le statut même de la Conférence du désarmement.  Il faut que les États Membres fassent preuve de souplesse pour faire redémarrer les travaux.  Il a appuyé la proposition du Comité consultatif pour les questions de désarmement de créer un groupe de personnalités éminentes qui pourrait mener des négociations en coulisse pour faire avancer la cause du désarmement.  Une stimulation extérieure pourrait être très utile, a-t-il insisté.  Il s’est dit persuadé que l’amorce de négociations d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles imprimera un élan à d’autres questions comme la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.


M. NIKITA Y. ZHUKOV (Fédération de Russie) a mis l’accent sur l’importance de la triade du désarmement, à savoir la Conférence du désarmement (CD), la Commission du désarmement et la Première Commission de l’Assemblée générale.  Il a dit que les blocages actuels étaient le fruit et le reflet de divergences dans les priorités des États Membres.  La thérapie de choc ne résoudra pas le problème de la Conférence.  Elle risquera au contraire, a averti le représentant, d’étendre le problème aux autres organes de désarmement.  Il a appuyé les démarches équilibrées du Secrétaire général de la Conférence, en rappelant que le blocage est lié non au cadre mais à la situation géopolitique du monde.  Il s’est dit favorable à l’augmentation du nombre de membres de la Conférence et à une meilleure reddition des comptes. 


Déplacer les processus de négociation vers des voies parallèles serait contraire à l’universalité des accords, a-t-il ajouté en estimant qu’il n’y avait pas d’autres solutions qu’un dialogue patient qui s’appuie sur la prise en compte des préoccupations de tous les membres de la Conférence.  Pour la Fédération de Russie, la priorité est de parvenir à un traité sur l’interdiction du déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique et d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.   


M. SERGE BAVAUD (Suisse) a affirmé que l’absence de tout accord sur de nouveaux instruments multilatéraux de désarmement et de non-prolifération fragilisait le système multilatéral de désarmement.  Il a estimé que les efforts entrepris dans le cadre de la Conférence devaient être prolongés par une mobilisation de la volonté politique et un renforcement des impulsions à l’extérieur de l’ONU.  Il est également nécessaire de disposer d’institutions et de mécanismes qui reflètent les réalités d’aujourd’hui et qui sont à même d’y répondre. 


Il est essentiel de réaliser que les activités de désarmement et de non-prolifération ont un impact sur de nombreuses préoccupations de la communauté internationale, notamment la sécurité humaine et les droits de l’homme, le développement, la défense de l’environnement et la promotion de la santé, a par ailleurs souligné le représentant.


M. Bavaud a poursuivi en affirmant que les institutions ne devaient plus prendre pour référence une « conception clairement périmée » d’un modèle où les considérations de sécurité nationales priment sur tout.  Il a évoqué le risque pour la Conférence de faire prévaloir les intérêts de quelques-uns sur ceux de la grande majorité des pays.  Nous avons besoin d’institutions conçues pour produire des résultats et non pour préserver le statu quo, a-t-il souligné. 


Le représentant a constaté que la situation ne s’était gère améliorée depuis la Réunion du 24 septembre 2010.  Le blocage est même encore plus sévère à bien des égards, a-t-il observé.  Le dialogue, a-t-il ajouté, doit à présent s’accompagner d’une action authentique.  Il a voulu qu’à Genève, pour le reste de l’année en cours et la session 2012, l’amorce d’un travail de substance et le début des négociations soient effectifs.  Il a également appelé les États Membres à envisager, dans le cadre de la Première Commission, d’initier des processus sur des questions spécifiques, ayant Genève pour point d’ancrage. 


« Si la Conférence du désarmement n’existait pas, il faudrait l’inventer tout de suite », a déclaré M. RODOLFO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba).  Il a estimé que la situation actuelle n’avait rien à voir avec les méthodes de travail de la Conférence, affirmant par ailleurs que cette situation n’était pas un cas isolé dans l’appareil du désarmement.  Il a en effet constaté que la Commission du désarmement avait conclu son travail pour la douzième fois sans faire de recommandations substantielles et que la Première Commission continuait d’adopter des dizaines de résolutions chaque année qui ne sont jamais mises en œuvre. 


Cuba s’oppose au remplacement de la Conférence par des dispositifs « sélectifs et improvisés » en dehors du cadre de l’ONU.  Aujourd’hui plus que jamais, il nous incombe à tous d’assurer le maintien et le renforcement de la Conférence, a-t-il dit.  M. Versón a estimé que celle-ci devait adopter aussi rapidement que possible un programme de travail équilibré.


Le représentant de Cuba a par ailleurs estimé que les négociations sur le traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles ne suffiraient pas si les étapes principales nécessaires au désarmement n’étaient pas définies.


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée – RPDC-) a affirmé que les États nucléaires devaient honorer leurs engagements envers les normes internationales existantes, rappelant qu’en 1996, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait indiqué que l’usage d’armes nucléaires était une violation du droit international.  Il a dénoncé les garanties de sécurité négatives envers les États non dotés d’armes nucléaires, avant d’affirmer que les programmes de modernisation des arsenaux nucléaires faisaient penser à la période de la Guerre froide. 


Il a également accusé les systèmes de défense de viser une supériorité nucléaire absolue.  Le plus important détenteur d’armes nucléaires, ayant perdu son autorité morale et juridique, ne peut plus parler de la non-prolifération, a estimé le représentant.  S’il la souhaite réellement, il devrait négocier le traité sur l’interdiction des armes nucléaires.


M. Sin a affirmé que l’élimination complète des arsenaux nucléaires est une politique constante en RPDC.  Il a appelé à la conclusion en temps voulu et de manière « vérifiable, irréversible et juridiquement contraignante » du traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a estimé que pour aller de l’avant, la Conférence devait prendre pleinement en compte les préoccupations de tous les États Membres.


M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a noté que les seuls succès observés ces dernières années en matière de désarmement ont été obtenus dans le cadre de négociations bilatérales.  Continuer de dire que la Conférence ne fonctionne pas à cause d’un manque de volonté politique n’a pas de sens, a estimé le représentant de l’Italie, en rappelant que deux États Membres ont organisé trois événements en marge des mécanismes traditionnels de désarmement dans un cadre très spécifiques pour surmonter l’inertie de la Conférence.  C’est l’utilisation abusive du règlement intérieur qui est source de blocage, a-t-il dit, en soulignant que l’absence de consensus ne porte que sur des questions d’organisation.  Il est essentiel de revoir les méthodes de travail de la Conférence et trouver un modèle où il y aurait deux présidences par an au lieu d’une.  Il a estimé utile de conserver le même programme de travail durant plusieurs années tant que l’on ne s’entendra pas sur un nouveau programme.


M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a dit que l’architecture des procédures de la Conférence est inadaptée aux besoins du XXe siècle.  La prise en otage des procédures sous le prétexte fallacieux du consensus est inacceptable, a dit le représentant de l’Autriche.  Il a regretté que la Conférence ne puisse s’entendre sur des négociations sur un traité relatif à l’interdiction de la production des matières fissiles, à cause de l’opposition d’un seul pays.  Mais le désarmement nucléaire, la question des armes dans l’espace extra-atmosphérique et les garanties de sécurité négatives sont d’autres points qui divisent.  Pour l’Autriche, la Conférence a perdu sa légitimité.  Elle n’a ni avancé sur l’augmentation du nombre des membres ni ouvert la porte à des experts extérieurs et à la société civile.  Il est indispensable que l’on voie ce qui peut être fait en dehors de la Conférence et sous les auspices de l’Assemblée générale, a-t-il dit en regrettant que l’absence de volonté politique de quelques-uns bloque la volonté générale.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a dit qu’il était temps que tous les États nucléaires réalisent leurs obligations en matière de désarmement.  Ce ne sont pas les mécanismes qui font problème, mais l’absence de volonté politique.  Il a dit l’importance de ce débat pour galvaniser l’action politique et éliminer toutes les armes de destruction massives dans le monde.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a regretté que la demande de son pays d’accéder à la Conférence en 1994 n’ait pas eu de réponse favorable.  L’insistance avec laquelle la Conférence a répété les mêmes routines et les mêmes erreurs a compromis sa capacité de faire face aux problèmes émergents en matière de désarmement, a-t-il dit.  Il a ajouté qu’une approche uniquement militaire ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs de désarmement.  Il a fustigé « l’illusion du désarmement » qui consiste à détruire des armes alors qu’elles sont remplacées par de nouveaux arsenaux plus performants.  Il a regretté que la Conférence fonctionne comme un « club privé » dans lequel un tiers seulement des États Membres s’est attribué le privilège de négocier le désarmement. 


Il a aussi regretté que la Conférence ne comprenne aucun des 27 pays qui n’ont pas d’armée et qui sont par conséquent les seuls à avoir su traduire en réalité le désarmement.  Il a indiqué que le budget mondial lié à l’armement était de 1 600 milliards de dollars, en précisant que 10% de cette somme permettrait d’assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015.  Il a en outre jugé important que les organismes de désarmement coopèrent avec les organismes de droits de l’homme. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que tout effort de réforme devait prendre en compte l’ensemble de l’appareil de désarmement de l’ONU et pas uniquement la Conférence du désarmement.  Elle a appuyé l’organisation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement, tout en décourageant les initiatives visant à amender de façon partielle le fonctionnement de l’appareil pour des intérêts étroits.  La représentante a dit attacher la plus haute importance à une convention sur le désarmement nucléaire, mais elle a appuyé des négociations sur d’autres questions clefs à savoir les matériaux fissibles, les garanties de sécurité négatives et la prévention de la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique. 


Le Brésil, a-t-elle ajouté, ne croit pas que seule la question d’un traité sur les matières fissibles est prêt à être négocié, ni qu’un seul État Membre porte la responsabilité de l’impasse à la Conférence du désarmement.  Mme Viotti a notamment affirmé qu’un traité limité à l’interdiction de la production des matières fissiles n’aurait peu ou pas d’effets sur le désarmement nucléaire.  Elle a appuyé l’augmentation du nombre des membres de la Conférence, ainsi qu’une plus grande participation de la société civile au suivi des travaux.  Il n’y a pas d’alternative à la Conférence.  Il ne faut donc pas chercher à la contourner.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat du règlement du conflit israélo-arabe et de la reconnaissance d’un État indépendant de Palestine

CS/10340

Le Conseil de sécurité débat du règlement du conflit israélo-arabe et de la reconnaissance d’un État indépendant de Palestine

26/07/2011
Conseil de sécuritéCS/10340
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6590e séance – matin et après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉBAT DU RÈGLEMENT DU CONFLIT ISRAÉLO-ARABE ET DE

LA RECONNAISSANCE D’UN ÉTAT INDÉPENDANT DE PALESTINE


Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, au cours d’un débat dont la trentaine de participants ont axé leurs commentaires sur la résolution du conflit israélo-arabe et la création d’un État palestinien.  Les situations politiques en République arabe syrienne et au Liban ont également été évoquées. 


Les délégations ont appuyé les propos du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Proche-Orient et Représentant spécial du Secrétaire général qui, s’il a reconnu l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus, qui empêche toute reprise des négociations directes entre les parties, a salué les progrès réalisés par l’Autorité palestinienne vers l’édification d’un État de Palestine « indépendant et souverain ».


Mettant en avant les progrès « sans précédent » accomplis par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, M. Robert Serry a affirmé que, « dans les domaines clefs » -notamment l’amélioration de la gouvernance et de l’économie-, l’Autorité avait démontré sa capacité à assumer les responsabilités qui incombent à un État constitué.  « Nous espérons qu’en septembre prochain, à l’occasion de la tenue de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, la communauté internationale pourra être unie et saura prendre une décision équilibrée permettant aux parties de surmonter leurs différends et de reprendre les négociations », a-t-il indiqué.


Liant le règlement du conflit du Moyen-Orient à la reconnaissance de l’État palestinien, l’Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, M. Riyad Mansour, a, quant à lui, fustigé le comportement d’Israël, dont « les politiques illicites continuent à porter atteinte à la continuité du Territoire palestinien », ce qui bloque la reprise des pourparlers directs de paix.  M. Riyad Mansour a ainsi mentionné « les campagnes illégales de colonisation et les punitions collectives infligées à la population de la bande de Gaza » par Israël, ces actions et provocations démontrant, a-t-il estimé, que le Gouvernement israélien mène une politique d’extrême droite allant à l’encontre de la paix.


M. Mansour, évoquant à son tour la prochaine Assemblée générale de l’ONU, a lancé aux États Membres un appel à la reconnaissance de l’État de Palestine, « sur les bases des frontières d’avant 1967 ».  « Les actions menées par les Nations Unies, que ce soit à l’Assemblée ou au Conseil de sécurité, peuvent contribuer aux efforts de paix, » a-t-il encore estimé.


« Au nom de qui présenterez-vous une résolution en septembre prochain?  Au nom de M. Abbas, ou au nom du Hamas? », a directement demandé à M. Mansour le représentant d’Israël, M. Ron Prosor.  Celui-ci a estimé qu’une paix durable dans la région serait conditionnée par la démilitarisation de tout futur État palestinien, « qui devra remplacer l’enseignement de la haine, de la violence et du martyr par celui de la paix et de la tolérance ». 


Le représentant israélien a par ailleurs reconnu les progrès réalisés par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie sur les plans économique et de la sécurité, tout en estimant qu’en dépit de ces avancées réelles « l’Autorité ne contrôle pas la totalité de son territoire et n’y détient pas le monopole de l’usage de la force ».


De leurs côtés, les délégations ont rappelé les paramètres d’un accord devant permettre la réalisation de la solution à deux États. 


Pour la France et le Royaume-Uni, notamment, le Quatuor doit faciliter un cadre de pourparlers dans lequel seraient trouvés un accord sur les frontières des deux États,« sur la base des lignes du 4 juin 1967 », des arrangements mutuels de sécurité, et une solution juste à la question des réfugiés.  Les représentants de la France et du Royaume-Uni ont souligné qu’une voie doit être trouvée au travers des négociations pour résoudre le statut de Jérusalem en tant que future capitale des deux États. 


S’agissant de la situation en Syrie, les délégations de la France et du Royaume-Uni, ainsi que celle des États-Unis, ont condamné la « répression systématique » de manifestations pacifiques menée depuis plus de quatre mois par le régime syrien, qui ignore les appels de la communauté internationale.  Ils ont réclamé « la fin de la répression contre la population syrienne et la mise en œuvre d’une transition démocratique ».  L’Ambassadeur de la France, M. Gérard Araud, a espéré que « le Conseil de sécurité saura enfin prendre ses responsabilités pour condamner la violente répression que subit le peuple syrien ».


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Déclarations


M. ROBERT SERRY, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Proche-Orient et Représentant spécial du Secrétaire général, a reconnu d’emblée que le processus politique de résolution du conflit israélo-palestinien était dans une impasse « persistante ».  Déplorant un manque flagrant de confiance entre les parties, M. Serry a évoqué la frustration des Palestiniens face à la poursuite de l’occupation qui a débuté en 1967, et le souci d’Israël de garantir la sécurité de ses citoyens.  Il a ajouté que le Président Abbas et le Premier Ministre Netanyahou continuaient de réitérer leur volonté de négocier, mais qu’en l’absence d’un cadre clair permettant la reprise des pourparlers, et du fait de la poursuite par les autorités israéliennes d’activités de peuplement, « les Palestiniens se tournent de plus en plus vers les Nations Unies ».  M. Serry a expliqué que l’arbitrage demandé par l’Autorité palestinienne pour préserver la solution à deux États, était rejeté par Israël, qui estime qu’une telle approche compliquerait la reprise du dialogue.


« Nous espérons qu’en septembre prochain, la communauté internationale pourra être unie et saura prendre une décision équilibrée permettant aux parties de surmonter leurs différends et de reprendre les négociations », a ensuite indiqué M. Serry.  Mettant en avant les progrès « sans précédent » réalisés au plan économique par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, il a affirmé que, « dans les domaines clefs », l’Autorité avait démontré sa capacité à assumer les responsabilités qui incombent à un État constitué.  Il a ainsi souligné que l’amélioration de la gouvernance, ainsi que l’accroissement des investissements et de la liberté d’aller et venir dans la zone avaient contribué à renforcer l’économie locale ces deux dernières années, et ce, dans un contexte de crise internationale. 


Concernant la situation sécuritaire en Cisjordanie, M. Serry a avancé que le déploiement de milliers de membres des Forces de sécurité palestiniennes avait permis le démantèlement de nombreuses cellules terroristes et réduit les activités de recrutement.  « L’ordre est rétabli dans de nombreuses villes de Cisjordanie et moins d’attaques ont été perpétrées contre les Israéliens depuis ce territoire », a-t-il encore constaté.  Le Représentant spécial a toutefois noté que dans la zone C, « les démolitions se poursuivent à un rythme inquiétant ».  Sept cents personnes ont déjà été déplacées depuis le début de l’année, a-t-il indiqué. 


Revenant à la question du droit à l’autodétermination des Palestiniens, M. Serry a indiqué que de plus en plus de groupes de la société civile manifestaient pacifiquement pour demander que ce droit puisse être exercé.  « Ce mouvement intervient alors que l’Autorité palestinienne fait face à une baisse des donations qu’elle reçoit, ce qui pourrait la contraindre bientôt à réduire ses dépenses en matière de sécurité et à reporter le paiement des salaires de ses fonctionnaires ».  « J’exhorte les donateurs à faire en sorte que l’Autorité palestinienne puisse payer ces salaires et répondre à ses autres obligations financières », a-t-il ajouté.


S’agissant de la situation à Gaza, Robert Serry a appelé à la restauration du calme et à la relance de l’économie et des activités de reconstruction.  Ce sont des préalables indispensables, a-t-il dit, pour avancer sur tous les points de contention existant entre les parties. 


« Nous continuons en outre à demander la réouverture de tous les points de passage et à prévenir la reprise des activités de contrebande d’armes dans la bande de Gaza », a dit le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.  M. Serry a, par ailleurs, évoqué la flottille qui a tenté récemment de rallier Gaza depuis différents pays de la région.  « Des violences inutiles ont été évitées », a-t-il simplement relevé. 


M.RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a regretté l’absence de volonté politique dont fait montre le Conseil de sécurité en ce qui concerne l’appui à apporter au respect du droit international et à la mise en œuvre des résolutions pertinentes sur la question du Moyen-Orient et de la Palestine.  Malgré les nombreux efforts régionaux et internationaux, « on n’aboutit à rien à cause des violations incessantes commises par Israël », a-t-il dit.  Nous avons informé le Conseil de sécurité de la situation déplorable prévalant dans le Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, à cause des politiques illicites d’Israël qui continuent à porter atteinte à la continuité du Territoire palestinien, a ajouté M. Mansour.  Donnant une longue liste de ces violations, il a mentionné les campagnes illicites de colonisation, les attaques contre les civils palestiniens par les colons israéliens, les punitions collectives infligées à la population de la bande de Gaza, les bombardements aériens sur les environs de Gaza et sur les bateaux de pêche, les raids militaires et les arrestations de civils palestiniens, ainsi que l’usage excessif de la force contre les Palestiniens.


Toutes ces actions et provocations illégales démontrent que le Gouvernement israélien suit une politique d’extrême droite et qui va contre la paix, a poursuivi l’Observateur permanent.  Il a parlé de ce qu’il a estimé être le sabotage par Israël de tout dialogue réel, qui réduit les chances d’arriver à une solution à deux États.  Il s’est toutefois félicité que ni le peuple palestinien, ni ses frères arabes, ni la communauté internationale n’aient abandonné l’objectif de poursuivre la paix.  Il faut saisir toutes les opportunités qui se présentent pour faire avancer cet objectif, a-t-il dit,  Nous sommes déterminés à faire tomber les obstacles placés sur la voie de la paix, a-t-il ajouté.  Il faut pour cela évaluer la situation de façon honnête et prendre des mesures permettant de lever les obstacles existants.


M. Mansour a regretté l’échec du Quatuor, qui n’a pas su adopter des paramètres clairs, pour pouvoir arriver à une solution qui aurait permis de reprendre des négociations crédibles.  Il a imputé cet échec à Israël, qui a refusé d’accepter les bases légitimes de négociations, notamment les éléments qu’a mentionnés le Président des États-Unis dans son discours du 19 mai et les positions de l’Union européenne et du Quatuor.  Il a rappelé que la partie palestinienne remplit ses obligations et est prête à reprendre des négociations sérieuses, en tenant compte des frontières de 1967 comme base des négociations.  Les décisions qui doivent être prises maintenant sont cruciales pour la revitalisation du processus de paix, a-t-il ajouté.  Il a estimé que ces décisions ne sont pas difficiles à prendre, car elles répondent à la logique, et sont justifiées par le droit international et les résolutions des Nations Unies, ainsi que par le consensus international.


Les mois à venir seront cruciaux, a poursuivi M. Mansour.  Septembre 2011 est la date fixée par le Quatuor pour conclure un accord de paix.  Ceci reste l’objectif à atteindre, a-t-il précisé.  Nos peuples ont des droits légitimes, et il est de notre devoir de les écouter et d’agir de façon responsable, a-t-il ajouté.  Nous sommes impatients qu’Israël négocie de bonne foi, a-t-il dit.  L’Observateur permanent a appelé à la reconnaissance de l’État de Palestine, sur les bases des frontières d’avant 1967.  Il a estimé que les actions menées par les Nations Unies, que ce soit à l’Assemblée générale ou au Conseil de sécurité, peuvent contribuer aux efforts visant la paix.


M. RON PROSOR (Israël) a affirmé que des tentatives ont lieu pour trouver un cadre permettant la relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, ces efforts devant être « consistants » et devant prendre en compte les intérêts vitaux des deux parties.  Il a ensuite noté que « ceux qui défendent les intérêts des Palestiniens étaient toujours moins prompts à reconnaître à l’État d’Israël le droit d’exister à l’intérieur de frontières sûres ».  « La sécurité et la reconnaissance d’Israël sont absolument essentielles pour assurer à notre État un avenir viable», a-t-il insisté, indiquant que depuis le retrait israélien de Gaza et du Sud-Liban, le Hamas et le Hezbollah avaient tiré pas moins de 12 000 roquettes en direction d’Israël. 


« Pas besoin d’avoir inventer la poudre pour savoir que lorsque des roquettes s’abattent sur vos villes, vos écoles et vos citoyens, votre Gouvernement a le droit de se défendre », a ensuite déclaré M. Prosor.  Le représentant a ainsi estimé que sans accords de sécurité clairs entre les parties, il ne peut y avoir de garantie que « les terroristes, leurs armes et leurs munitions n’entreront pas en Cisjordanie après l’éventuelle création d’un État palestinien, comme aujourd’hui les armes parviennent à Gaza ».  Ron Prosor a estimé qu’une paix durable dans la région sera conditionnée par la démilitarisation de tout futur État palestinien, « où l’éducation à la paix devra remplacer l’enseignement de la haine, de la violence et du martyr ». 


Le représentant israélien a ensuite reconnu les progrès réalisés par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie sur les plans économique et de la sécurité, avant d’estimer qu’en dépit de ces avancées réelles « l’Autorité ne contrôle pas la totalité de son territoire et n’a pas le monopole de l’usage de la violence ».  L’organisation « terroriste » du Hamas contrôle de facto Gaza, a-t-il estimé avant d’interpeller directement l’Observateur permanent de la Palestine. « Au nom de qui présenterez-vous une résolution en septembre prochain, au nom de M. Abbas ou au nom du Hamas? », lui a-t-il demandé.


Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a rappelé que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a souligné les éléments sur lesquels devraient être basées les négociations palestino-israéliennes selon la vision qu’il a de la paix au Moyen-Orient.  Elle a estimé que les questions concernant le statut permanent de la Palestine « ne peuvent être réglées qu’au cours de négociations entre les parties et non pas dans des enceintes internationales comme les Nations Unies ».  Elle a mis l’accent sur l’importance de la reprise des négociations directes.  Elle a appuyé le désir qu’a l’Autorité palestinienne de renforcer ses capacités, tout en appelant le Hamas à mettre fin aux actes de terreur.  Le Hamas doit notamment libérer sans condition, Gilad Shalit, le soldat israélien détenu depuis plus de cinq ans, a-t-elle estimé.


La représentante a indiqué que les États-Unis « n’appuieront pas de campagnes unilatérales en septembre prochain », soulignant qu’un accord de paix n’est possible que s’il y a un accord entre les parties elles-mêmes.  Elle a réitéré l’objectif de parvenir à deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité avec leurs voisins.  Elle a appelé les parties à reprendre des mesures constructives, afin d’encourager le retour à la paix.  Comme tout Gouvernement des États-Unis depuis des décennies, nous n’acceptons pas la légitimité des activités israéliennes de construction de colonies de peuplement, cette question devant être traitée comme les autres, a-t-elle dit.  S’agissant de Gaza, elle a souligné les attentes légitimes qu’a Israël en matière de sécurité et a appelé la communauté internationale à fournir une assistance essentielle aux habitants de Gaza.


Passant à la Syrie, la représentante a estimé que le Président Assad ne pourra pas arrêter la « transition en cours » et indiqué que les États-Unis « soutiennent pleinement le peuple syrien ».  Nous demandons au Gouvernement d’arrêter la violence et de respecter les droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression.  Le Conseil de sécurité a des responsabilités dans ce domaine, si la violence continue en Syrie, a-t-elle dit.  S’agissant du Liban, elle a demandé au Gouvernement libanais d’appuyer l’action des tribunaux spéciaux créés sur des questions affectant le pays. 


M. KIO SOLOMON AMIEYEOFORI (Nigéria) a, à son tour, déploré l’absence de confiance entre Israéliens et Palestiniens, notant que les deux parties recourent de plus en plus à des mesures unilatérales.  « Les parties doivent reprendre les négociations sur les questions litigieuses, dans un cadre clair facilité par le Quatuor », a-t-il plaidé, ajoutant que la communauté internationale, « en particulier le Conseil de sécurité », doit être pleinement impliquée pour tracer la voie à suivre.  « Les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement israéliennes doivent cesser », a-t-il également exhorté.  Le représentant a ensuite rappelé que la formation d’un gouvernement palestinien de consensus était nécessaire pour renforcer la sécurité dans la région et « contribuer à accélérer le développement économique en Cisjordanie et au-delà ».  « Nous soutenons fermement l’aide fournie à Gaza par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont la présence est vitale pour améliorer le quotidien des habitants et qui doit, par conséquent, recevoir le plein soutien et appui logistique des États Membres », a-t-il aussi déclaré.  Concernant la situation en Syrie, le représentant a estimé que la situation restait préoccupante et pouvait avoir des conséquences négatives dans toute la région.  « La crise doit être résolue pacifiquement, et s’engager dans le multipartisme, comme viennent de le faire les autorités, est un pas en avant vers de la mise en place de réformes solides », a-t-il dit avant de conclure. 


M. NAWAF SALAM (Liban) a fait remarquer que les négociations n’ont pas repris depuis septembre 2010, date à laquelle le Gouvernement israélien a décidé de ne pas étendre le gel des colonisations.  Il a par ailleurs félicité le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui a réaffirmé, il y a trois jours, que les Palestiniens continuent à choisir la voie de la négociation.  En ce qui concerne la constitution de l’État de la Palestine, il a estimé que ce n’est que l’expression du droit à l’autodétermination, qui fait partie des « droits inaliénables d’un peuple », en l’occurrence du peuple palestinien.  « Un droit inaliénable est par définition un droit qui ne peut être ni abandonné ni négocié ».  Il a cité la résolution 3236 adoptée par l’Assemblée générale en 1974 à cet égard, qui est réaffirmée chaque année.


Le représentant a cité les critères sur la base desquels la Palestine peut demander sa reconnaissance en tant qu’État souverain, à savoir la permanence de sa population, un territoire défini et un gouvernement, avant d’assurer que ces conditions sont remplies.  La capacité à établir des relations avec d’autres États est un autre critère devant être appliqué, a-t-il ajouté, précisant que la Palestine avait ouvert de nombreuses ambassades ou missions dans plus de 100 pays.  M. Salam a également assuré que la demande de reconnaissance de l’État de la Palestine ne constitue pas une violation des accords précédemment adoptés entre Israël et la Palestine, comme les Accords d’Oslo.  Il a enfin souligné l’appui du Groupe des États arabes à la requête de la Palestine et l’espoir de voir une vaste majorité des États Membres des Nations Unies l’approuver également.


M. WANG MIN (Chine) a rappelé l’attachement de son pays à la réalisation de la solution à deux États sur la base des résolutions de l’ONU.  La Chine appuie l’édification d’un État palestinien indépendant et pleinement souverain et vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël, a-t-il ajouté, avant d’enjoindre Israël à cesser ses activités de peuplement pour « restaurer la confiance nécessaire à la reprise du dialogue entre les parties ».  « Le Quatuor devrait proposer un programme complet pour faciliter la reprise des pourparlers de paix », a-t-il également souhaité, demandant en outre que des négociations parallèles soient menées sur les relations entre Israël et le Liban, et entre Israël et la Syrie. 


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a espéré que le statut permanent de la Palestine serait réglé d’ici au mois de septembre.  L’absence de volonté politique semble cependant éloigner le moment où une solution durable sera trouvée pour instaurer la paix dans la région, a-t-il dit.  Il est impératif que le Quatuor agisse d’urgence en se basant sur des paramètres fondamentaux, notamment les frontières d’avant 1967 et les attentes des deux parties.  L’Afrique du Sud est prête à œuvrer pour contribuer au processus de paix, a assuré le représentant.  Il a souhaité que les parties indiquent clairement qu’elles sont résolues à poursuivre ce processus.  Le représentant a par ailleurs estimé que le mépris d’Israël par rapport aux résolutions du Conseil de sécurité et des avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) constitue un obstacle grave à la paix.  Les attaques de roquettes contre Israël et la réponse disproportionnée d’Israël ne facilitent pas non plus la recherche d’une solution, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a appuyé la décision de l’Union africaine, qui a demandé à ses États membres d’appuyer les efforts des Palestiniens en vue d’obtenir le statut de Membre de l’ONU au cours de la prochaine session de l’Assemblée générale.  Avant de conclure, il s’est dit préoccupé par le blocage imposé à Gaza et a appelé Israël à y mettre fin.


M. GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que le statu quo actuel était « intenable ».  Seul le dialogue, a-t-il dit, permettra d’aboutir à la solution « de deux États pour deux peuples », passant par la conclusion d’accords sur les frontières et la sécurité basée sur la fin de l’occupation et assurant sa sécurité à Israël.  Le représentant a aussi appelé à parvenir à une solution juste et agréée de la question des réfugiés palestiniens et du statut de Jérusalem « en tant que future capitale des deux États ». 


M. Araud a ensuite demandé au Quatuor de lancer un appel à la reprise du processus de paix, estimant que, dans l’intervalle, les parties ne doivent pas se résigner à « la dangereuse impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui » et éviter de prendre des mesures unilatérales ou bilatérales.  Poursuivant, le représentant de la France a affirmé que les activités israéliennes liées à l’implantation de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé sapaient la confiance.  Condamnant la poursuite de « la colonisation », il a exhorté Israël à abandonner tous ses projets de construction en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est.


Au sujet du Liban, l’Ambassadeur Araud a condamné l’attaque à l’explosif dont a été victime le contingent français de la FINUL aujourd’hui au Sud-Liban et a jugé en outre essentiel que le nouveau Gouvernement libanais respecte ses engagements internationaux, notamment ceux relatifs au Tribunal spécial pour le Liban et son financement.  Pour ce qui est de la situation en Syrie, il a appelé à la fin immédiate de la répression systématique menée depuis quatre mois contre des manifestants pacifiques et à la mise en œuvre d’une véritable transition démocratique.  « Le Conseil de sécurité doit prendre ses responsabilités en condamnant la violente répression que subit le peuple syrien », a-t-il souligné. 


Concernant la prochaine Assemblée générale, M. Araud, a noté que les attentes croissantes de la société civile palestinienne ne devraient pas être ignorées.  Il a indiqué qu’en septembre, la France prendrait ses responsabilités dans le but unique de faire avancer la paix. 


M. NOËL NELSON MESSONE (Gabon) a déclaré que le Gabon est préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, en dépit des efforts louables déployés par certains acteurs internationaux pour relancer les négociations directes.  Il a regretté que la réunion du Quatuor tenue à Washington le 11 juillet dernier n’ait pas débouché sur un résultat concret.  Il a averti du risque de division entre les États Membres sur les perspectives du processus de paix, soulignant que de nombreux pays ont déjà pris la décision de reconnaître unilatéralement l’État de Palestine.  Il a donc jugé urgent de relancer le processus de paix sur des bases claires et acceptables pour toutes les parties, en instaurant un climat de confiance entre les parties.  Pour ce qui est du Liban, M. Messone s’est félicité de la formation d’un nouveau Gouvernement sous la conduite du Premier Ministre, M. Najib Mikati.  Il a émis l’espoir que ce Gouvernement s’attèlera à résoudre les questions de sécurité.  Quant à la situation en Syrie, il s’est félicité de l’adoption par le Parlement d’un projet de loi autorisant le pluralisme politique et a exhorté le Gouvernement syrien à poursuivre dans cette voie.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a déclaré que sa délégation était préoccupée par l’impasse qui se prolonge dans le processus de négociations israélo-palestiniennes.  Il a regretté que les pourparlers directs entre les deux parties n’aient pas pu être repris et a émis l’espoir que les négociations puissent reposer sur des principes qui font l’objet d’un large consensus.  Il a invité les deux parties à les mener de bonne foi.  Les évènements sur le terrain continuent d’être préoccupants, a-t-il ajouté, signalant notamment les activités de colonisation israélienne dans Jérusalem-Est.  Nous déplorons la poursuite de la détention de Gilad Shalit, a-t-il dit, avant de condamner aussi les tirs de roquettes effectués vers Israël.  Il a également demandé à Israël de mettre un terme au blocus de Gaza.  Notant que les Palestiniens ont durement travaillé pour la constitution de leur État, il a appelé à les soutenir dans leurs efforts.  Il a aussi soutenu les efforts déployés par le Quatuor pour encourager la reprise de négociations directes entre les parties.  Pour ce qui est du Liban, le représentant a condamné les actes terroristes commis contre le convoi de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le 17 mai.  S’agissant de la Syrie, il a regretté que les autorités syriennes ne mettent pas fin à l’usage de la force contre les manifestants et a lancé un appel pour une réforme démocratique dans ce pays.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a regretté que les autres principaux partenaires du processus de paix semblent être dans l’incapacité d’aider les parties au conflit israélo-palestinien à surmonter ces problèmes.  Compte tenu de cela, elle s’est dite « peu surprise » par l’intention annoncée des dirigeants palestiniens de demander aux Nations Unies de reconnaître l’État de Palestine sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.  Pour la délégation brésilienne, ce recours à l’ONU ne constitue en rien une action unilatérale de la part des Palestiniens, car « faire appel à l’Assemblée générale est tout le contraire d’une action unilatérale ».  Allant plus loin, elle a ajouté que cela ne pouvait pas être comparé aux activités illégales de peuplement qui sont en violation flagrante du droit international humanitaire et des multiples résolutions du Conseil de sécurité, sans oublier qu’elles représentent un danger pour la paix. 


La représentante du Brésil a estimé que le moment est venu pour les Nations Unies d’accorder le même vote de confiance au peuple palestinien et de leur permettre de bâtir un État démocratique, pacifique et prospère, comme cela avait été fait lorsque l’Assemblée générale avait reconnue la légitimité de l’État d’Israël.  « À bien des égards, l’État palestinien, bien que le territoire et son peuple soient sous occupation étrangère, est déjà une réalité », a-t-elle fait remarquer.  Revenant aux exigences faites par les résolutions 1850 et 1860 du Conseil de sécurité qui demandaient la réconciliation intra-palestinienne et la formation d’un gouvernement palestinien engagé à respecter les principes du Quatuor, Mme Viotti a estimé que, suite à l’accord de réconciliation palestinien qui a été signé en mai dernier au Caire, un grand pas dans ce sens avait été fait désormais.  Elle a saisi cette occasion pour demander aux dirigeants palestiniens de renoncer à la non-violence, de promouvoir les droits de l’homme et à la démocratie en tant que principes fondamentaux de leur lutte pour mettre un terme à l’occupation. 


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a fait part de la préoccupation de sa délégation face à l’absence de progrès dans le processus de paix au Moyen-Orient, soulignant que la date butoir fixée pour que les négociations de paix parviennent à l’adoption d’un accord approche à grands pas.  La Bosnie-Herzégovine estime que la seule voie réaliste et responsable pour sortir de cette impasse consiste à reprendre au plus vite les pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens, a dit le représentant.  Parallèlement, le Conseil de sécurité, le Quatuor, la Ligue des États arabes et les autres acteurs internationaux et régionaux doivent poursuivre leurs efforts en ce sens, a-t-il ajouté. Pour sa part, la Bosnie-Herzégovine reste attachée à la solution de deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité.  Prenant note des soulèvements populaires ayant récemment touché les pays du Moyen-Orient, le représentant y a vu un témoignage des aspirations démocratiques de leurs peuples.  Cet environnement nouveau offre des opportunités, elles aussi, nouvelles pour relancer les négociations de paix, a-t-il jugé.


Dans ce contexte, le représentant n’a pas manqué de dénoncer la poursuite des activités illégales de peuplement par Israël qui, a-t-il rappelé, sont également contraires aux obligations qu’a Israël en vertu de la Feuille de route.  Il a ainsi exigé de la part d’Israël de donner suite aux appels multiples de la communauté internationale, qui demande qu’il soit mis fin à ces activités.  Le délégué est également revenu sur la situation difficile qui prévaut dans la bande de Gaza et a demandé qu’Israël ouvre immédiatement, et sans préconditions, les points de passage vers Gaza pour permettre à l’aide humanitaire, aux biens commerciaux et aux personnes de librement entrer et sortir de la zone, y compris ceux en provenance de la Cisjordanie.


M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a estimé que les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens doivent reprendre sans délais sur la base des résolutions des Nations Unies, de la Feuille de route et des initiatives concertées de la Ligue des États arabes, « une organisation régionale clef vers laquelle le Quatuor devrait se rapprocher ».  Le représentant de la Fédération de Russie a ensuite appuyé le droit des Palestiniens à un État indépendant et pleinement souverain avec Jérusalem-Est comme capitale partagée avec Israël.  « Tout accord de paix sera toutefois mis en doute si la réconciliation nationale inter-palestinienne n’est pas achevée », a-t-il ajouté, avant d’appeler à la levée du blocus de la bande de Gaza, qu’il a jugé « stérile ». 


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a d’abord fermement condamné les attaques menées depuis quatre mois par les autorités de Damas contre les manifestants pacifiques et des ambassades occidentales.  « Le Président Assad doit mettre en œuvre les réformes qu’il a lui-même promises et s’engager dans un réel processus de démocratisation », a-t-il ajouté.  Concernant la résolution du conflit israélo-arabe, il a noté que les espoirs des Palestiniens devaient être exaucés, « pour leur bien et la sécurité de la région ».  « Les parties ne doivent pas perdre espoir, elles doivent au contraire redoubler d’efforts pour parvenir, sur la base de paramètres clairement définis par le Quatuor, à des accords de sécurité mutuelle et à une solution juste pour les réfugiés », a poursuivi l’Ambassadeur du Royaume-Uni.  Demandant à son tour que cessent les activités israéliennes « illégales » de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, il a également réclamé que tout soit fait pour améliorer l’accès à Gaza, « où la reprise économique est indispensable pour l’amélioration du sort des habitants et pour la sécurité d’Israël ». 


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a espéré que les parties palestiniennes mettront rapidement en œuvre leur accord de réconciliation et que le Hamas coopérera avec l’Autorité palestinienne pour résoudre les problèmes de sécurité qu’invoque Israël.  M. Puri a cependant regretté l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers, soulignant qu’elle aggrave le désespoir dans le Territoire palestinien occupé.  Les efforts de l’Autorité palestinienne ces dernières années pour construire un État ont atteint leurs limites, a-t-il poursuivi, appelant les parties à reprendre les négociations sur les questions relevant du statut final.  Il a déploré la situation humanitaire dans la bande de Gaza et a appelé au gel des activités de peuplement dans les territoires palestiniens occupés.  Le représentant a également noté les progrès accomplis dans les processus politiques libanais et syriens, en vue d’une paix globale dans la région, tout en rappelant que la situation demeure fragile.  L’Inde soutient de longue date le peuple palestinien et sa lutte pour un État souverain et indépendant, a rappelé M. Puri.  L’Inde apporte une aide matérielle aux Palestiniens pour le renforcement de leurs capacités, a-t-il ajouté.


M. FERNANDO ALZATE DONOSO (Colombie) a lancé un appel en faveur d’une solution structurée et durable au Moyen-Orient, avec la cessation de l’utilisation de la force et des actes de terrorisme.  Il a soutenu la création d’un État palestinien viable, vivant en paix avec Israël, avec des frontières définies, sûres et reconnues internationalement, basées sur celles de 1967 et sur les changements sur lesquels les parties sont d’accord.  M. Alzate Donoso s’est inquiété de la suspension des pourparlers entre les parties et a demandé leur reprise aussi vite que possible.  Soutenant les efforts du Quatuor, il a relayé son appel à lever les obstacles pour reprendre les négociations directes, sans condition préalable.  Il a aussi dénoncé les activités illégales de peuplement d’Israël, qui violent en outre le fond et l’esprit de la Feuille de route.  Le représentant a invité la communauté internationale à soutenir le renforcement de l’Autorité palestinienne, afin qu’elle puisse édifier un État viable en Palestine.  Le Hamas doit aussi renoncer à la violence, reconnaitre Israël et rejeter l’utilisation du terrorisme comme outil politique, a-t-il ajouté.


M. WERNER HOYER, Ministre délégué chargé des affaires étrangères de l’Allemagne, a remarqué qu’alors même que les peuples du Moyen-Orient se soulèvent pour exiger la liberté, la démocratie et une vie meilleure, le processus de paix israélo-palestinien demeure dans l’impasse.  Dans ce contexte volatile au Moyen-Orient, il est plus urgent que jamais de parvenir à une paix durable, car « pour les peuples de la région, tout progrès dans le processus de paix israélo-palestinien enverrait un message fort pour la stabilité et le succès de la diplomatie ».  Ainsi, il a lancé un appel au Premier Ministre d’Israël, M. Benjamin Netanyahou, et au Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, pour reprendre sans plus attendre leurs pourparlers directs.  Des « paramètres clairs » restent une condition préalable au succès de ces négociations, a-t-il souligné, ajoutant que, dans ce contexte, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, avait présenté une approche équilibrée dans son discours du 19 mai, et que l’Union européenne avait également défini ces paramètres clefs.  Aujourd’hui, le Ministre délégué a souhaité voir ces paramètres acceptés au plan international pour qu’ils puissent être la base des négociations de paix.  Prenant note des progrès « remarquables » accomplis par les autorités palestiniennes pour mettre en place les institutions d’un futur État palestinien, le Ministre délégué a souhaité que le processus politique vienne maintenant s’aligner sur ces progrès.  « L’Allemagne est en faveur de la création d’un État palestinien », a tenu à rappeler le Ministre délégué, convaincu que cet État deviendra membre des Nations Unies.  Il est urgent de progresser dans cette direction, a-t-il poursuivi, rappelant qu’il n’existe pas d’alternative viable et acceptable à une solution négociée.  « Toute action qui ne s’inscrit pas dans une logique de solution globale et qui pourrait compromettre la confiance mutuelle des parties devrait être évitée », a encore déclaré le Ministre délégué.


M. Hoyer a réitéré que les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien sont illégales et constituent un obstacle majeur à la paix.  « Ces activités doivent immédiatement cesser », a-t-il insisté.  Sa délégation regrette, a-t-il indiqué par ailleurs, les récents tirs de mortier lancés contre le territoire israélien, jugeant ces actes « inacceptables ».  Tout Gouvernement palestinien, a-t-il rappelé, doit s’abstenir de tout recours à la violence et s’engager en faveur d’une solution négociée du conflit, de la reconnaissance des accords et obligations passés et du droit légitime de l’État d’Israël d’exister.  De leur côté, les autorités israéliennes doivent impérativement adhérer au principe des deux États et créer les conditions nécessaires pour que cela devienne une réalité.  Le Ministre délégué a ensuite évoqué la situation en Syrie, qu’il a qualifiée de « choquante ».  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel au Gouvernement syrien pour qu’il arrête de jouer « la carte de la division sectaire et de justifier le besoin d’un État fort par les divisions au sein de sa société », avant d’exiger un arrêt immédiat de la violence et de la répression à l’encontre du peuple syrien.  « Il n’appartient pas aux étrangers de décider du futur de la Syrie », a-t-il fait remarquer, tout en reconnaissant que les demandes légitimes du peuple syrien doivent être reconnues.  L’Allemagne souhaite que le Conseil de sécurité envoie un signal fort en condamnant la violence et la répression en Syrie.  « Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités », a conclu M. Hoyer.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a rappelé que sa délégation était attachée à l’importance de parvenir à une paix juste et durable qui, a-t-il dit, passe par la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et arabes, l’indépendance de l’État de Palestine sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a regretté que les multiples efforts internationaux n’aient pas permis de reprendre les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.  Par ailleurs, le NAM dénonce la poursuite continue des activités de peuplement illégales dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et des autres pratiques israéliennes qui aggravent, selon lui, les tensions et constituent un obstacle majeur à la reprise des négociations de paix.  Pour M. Abdelaziz, la réalité sur le terrain prouve malheureusement « qu’Israël préfère poursuivre les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement plutôt que de parvenir à la paix ».  À cet égard, le Mouvement des pays non alignés regrette que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté la résolution présentée plus tôt cette année qui exigeait un arrêt immédiat des activités de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé.  Il demande à nouveau au Conseil de sécurité d’exiger de la part d’Israël de respecter ses obligations en vertu du droit international et de la Feuille de route.  La communauté internationale doit demander à Israël de lever le blocus « illégal » de Gaza, afin de reconstruire Gaza, a-t-il insisté.  Cela signifie l’ouverture des points de passage pour assurer la libre circulation des biens et des personnes.


De l’avis de sa délégation, toute négociation sérieuse entre Israéliens et Palestiniens suppose des paramètres clairement définis et un calendrier spécifique.  À cet égard, le représentant a salué les initiatives prises au cours de ces derniers mois visant à relancer ces négociations et, notamment, le discours du 19 mai du Président des États-Unis, M. Barack Obama, l’initiative de la Fédération de Russie d’envoyer une mission du Conseil de sécurité dans la région et de convoquer une conférence internationale pour relancer les négociations et les autres initiatives internationales.  Il a toutefois regretté qu’à ce jour, le Conseil n’ait pas été en mesure de trouver un consensus sur aucune de ces initiatives.  Les membres du NAM souhaitent que le Conseil de sécurité et le Quatuor définissent des paramètres précis et un calendrier pour les négociations de paix.  À défaut, il incombe à la communauté internationale de déployer les efforts nécessaires pour sortir de l’impasse actuelle le processus de paix, notamment en reconnaissant l’État de Palestine en tant que membre des Nations Unies, a estimé le représentant avant de conclure.


M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a déclaré que le Conseil de sécurité ne pouvait demeurer passif face à la question de Palestine, compte tenu du fait qu’il n’existe pas d’autre conflit plus menaçant pour la paix et la sécurité internationales que le conflit israélo-palestinien.  Le Conseil de sécurité est pris en otage par un seul de ses membres qui exerce son droit de veto chaque fois qu’il est saisi d’un projet de résolution sur la question, a-t-il dénoncé.  Israël jouit ainsi d’une véritable impunité pour agir comme bon lui semble dans le Territoire palestinien occupé, a-t-il ajouté.  « Cuba exhorte les États qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître un État palestinien sur les bases des frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est », a-t-il ensuite demandé.  « Nous sommes confiants que le nombre croissant de reconnaissances par d’autres pays ouvrira bientôt la voie à un règlement définitif du conflit israélo-arabe », a également déclaré M. Benítez. 


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a lui aussi demandé aux membres de la communauté internationale qui ne l’ont pas encore fait de reconnaître l’État palestinien.  « Il faut agir vite car la justice n’attend pas », a-t-il clamé, indiquant que, dans moins de deux mois, « la communauté des nations pourrait être le témoin de la naissance d’une nouvelle nation ».  « Un rêve se réaliserait alors », a-t-il dit, avant d’exhorter Israël à accepter la reprise de négociations directes avec la partie palestinienne.  « Seules des négociations de cette nature conduiront à la naissance officielle d’un État Palestinien indépendant et souverain », a noté le représentant, qui a demandé au Conseil de sécurité de ne pas faire obstacle à un progrès « remarquable  qui pourrait transformer le visage du Moyen-Orient ».


M. ABDOU SALAM DIALLO, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a relevé que, deux ans et demi après la fin de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, « nous venons encore une fois d’assister à une flambée de violence à Gaza et dans ses alentours ».  « Cette situation préoccupante requiert une réponse urgente et appropriée du Conseil de sécurité », a-t-il dit.  Il a aussi appelé à lever le blocus économique illégal imposé contre Gaza par Israël et à mettre en place un cessez-le-feu durable.  Il faut également appuyer les efforts visant à réconcilier les Palestiniens rassemblés autour du Président de l’Autorité palestinienne, a-t-il dit.


« L’enlisement du processus de paix est inacceptable au moment où beaucoup d’espoirs sont placés sur le mois de septembre et la soixante-sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies », a poursuivi M. Diallo.  Il a interpellé le Conseil de sécurité afin qu’il agisse résolument en vue du règlement pacifique de la question de Palestine.  Il a estimé que l’appel à reprendre les négociations doit s’accompagner de mesures visant à contraindre Israël à respecter ses obligations en vertu du droit international.  De son avis, « l’inaction dont fait preuve le Conseil est une invitation supplémentaire pour qu’Israël continue à intensifier ses politiques illégales, marquées notamment par un accroissement vertigineux du nombre et de la superficie des colonies juives de peuplement dans le Territoire palestinien occupé».  Il a en outre jugé frustrant que la réunion tant attendue du Quatuor n’ait pas permis de définir des paramètres clairs pour guider les négociations israélo-palestiniennes.


Pour ce qui est du Comité qu’il préside, M. Diallo a indiqué qu’il a tenu un séminaire à Helsinki, en avril dernier, pour mobiliser un soutien international en faveur du programme d’édification d’un État palestinien.  Il a été généralement admis que l’Autorité palestinienne a réussi à mettre en place de solides institutions publiques, a-t-il indiqué.  Il a aussi parlé de la réunion internationale des Nations Unies que le Comité a organisée en juin dernier, à Bruxelles, pour appuyer le processus de paix israélo-palestinien et évaluer les initiatives européennes, internationales et multilatérales dans ce domaine.


M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a appelé à la reprise des négociations directes entre les parties israélienne et palestinienne sur des accords concernant les frontières des deux États, sur des arrangements en matière de sécurité mutuelle, sur une solution juste à la question des réfugiés et sur le statut final de Jérusalem.  Il a ensuite appelé les parties à faire preuve de retenue et à mettre fin aux pratiques sapant la confiance et compromettant ainsi les efforts internationaux menés en faveur de la reprise du dialogue.  « Toutes les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement, y compris dans Jérusalem-Est, doivent cesser immédiatement », a ajouté M. Serrano.  Assurant ensuite que l’Union européenne appuie fermement le processus d’édification d’un État par l’Autorité palestinienne, il a souligné que l’achèvement de la réconciliation nationale intra-palestinienne serait indispensable pour l’unité du futur État palestinien et réaliser la solution à deux États, vivant côte à côte.  S’agissant de la situation en Syrie, M. Serrano a réitéré que l’Union européenne condamnait « dans les termes les plus fermes » la répression du mouvement pacifique, menée par la direction syrienne. 


M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a lancé un appel pour une reprise des négociations israélo-palestiniennes afin de relancer la recherche de la seule solution viable, « celle qui prévoit la coexistence pacifique des deux États ».  « Le Quatuor doit jouer un rôle actif dans l’atteinte d’une solution mutuellement acceptable par les parties, prenant donc en compte leurs intérêts vitaux », a-t-il ajouté, avant de déclarer que la poursuite des projets de construction israéliens en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est était le principal obstacle à la relance du processus de paix.  Il a par conséquent exhorté Israël à mettre un terme à ses activités de peuplement.


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a fait observer que la question palestinienne restait dans l’impasse alors que la région du Moyen-Orient connaît actuellement une vague de protestations irréversibles pour plus de liberté et pour la démocratie.  Il est maintenant urgent d’agir, a estimé le représentant, avant de souligner que le conflit israélo-palestinien se trouvait au cœur même des nombreux problèmes de la région.  « Si la communauté internationale veut gagner les cœurs des peuples arabes et les aider à réaliser leurs aspirations, elle doit leur prouver qu’elle est déterminée à contribuer à la réalisation d’une paix juste et durable dans la région ».  a déclaré M. Çorman.  Regrettant l’impasse actuelle du processus de paix, il a constaté un sentiment « d’abandon et d’incertitude de la part des Palestiniens » qui alimente la frustration des masses.  Pour sa part, la Turquie refuse tout recours à la violence de l’une ou l’autre partie au conflit et maintient qu’il n’existe pas d’autre alternative qu’une solution négociée.  Pour réaliser cet objectif, il faut que l’implantation de colonies de peuplement menée par Israël prenne fin, a souligné le représentant, rappelant à cet égard les obligations d’Israël en vertu de la Feuille de route.  Notant les efforts considérables déployés par les Palestiniens pour jeter les bases institutionnelles de leur futur État, la Turquie considère que le moment est venu de reconnaître l’État palestinien en tant que membre des Nations Unies, sur la base des frontières de 1967, a déclaré son représentant.  « La solution des deux États, qui remonte à 1947, représente la base claire de cette demande et la communauté internationale ne doit plus ignorer les appels légitimes de la Palestine à être reconnue en tant qu’État souverain sur la scène internationale », a déclaré le délégué. 


En l’absence d’un processus de paix crédible, les Palestiniens ne peuvent continuer à vivre indéfiniment sous occupation israélienne, a-t-il ajouté.  La Turquie se félicite du récent accord d’unité palestinienne qui, selon lui, vient à point nommé au moment où toute la région s’engage sur la voie de la transformation démocratique.  Il espère que ce processus de réconciliation nationale pourra culminer rapidement avec la mise en place d’un gouvernement inclusif, représentatif et démocratique qui sera en mesure d’organiser des élections justes et libres.  À cet égard, la communauté internationale devrait, a-t-il dit, accueillir favorablement ce processus de réconciliation et s’abstenir de préjuger de ses résultats.  Le représentant de la Turquie est également revenu sur l’épisode tragique de la flottille humanitaire qui cherchait à gagner Gaza l’année dernière et qui a été attaquée par les forces israéliennes, causant la mort de neuf civils.  Rappelant que la commission d’enquête mise en place par le Secrétaire général avait achevé ses travaux et devrait présenter prochainement son rapport au Secrétaire général, il a expliqué que la Turquie avait proposé une voie de sortie à Israël en lui demandant de présenter des excuses et de payer des dommages et intérêts.  Tant que cette demande ne sera pas satisfaite, la Turquie refuse de normaliser ses relations avec Israël, a assuré M. Çorman avant de conclure. 


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) a demandé aux parties de s’engager, auprès des États-Unis et de la communauté internationale, à prendre les mesures nécessaires pour créer un environnement favorable à la reprise de négociations directes.  « Les parties doivent honorer leurs obligations internationales au titre de la Feuille de route », a-t-il souligné.  Le représentant a ainsi appelé Israël à geler ses activités de peuplement en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est et a demandé à l’Autorité palestinienne de poursuivre ses efforts afin d’améliorer la sécurité dans la région, cela en faisant cesser les violences et les incitations à la haine. 


M. EIHAB SAMI SALEM OMAISH (Jordanie) a noté qu’en refusant toujours d’agir, Israël ne permet pas aux parties de s’acheminer vers la paix.  Il faut nous écarter des positions purement idéologiques pour adopter une nouvelle philosophie, a-t-il préconisé.  La Jordanie demande que les négociations directes soient reprises par les parties, mais, a averti le représentant, ces négociations seront vaines tant que des colonies de peuplement seront construites par la puissance occupante.  Il a déploré les violations commises par Israël à cet égard.  En ce qui concerne les lieux saints, musulmans et chrétiens, il a demandé une intervention internationale pour mettre un terme à la judaïsation de tous ces lieux.  Il s’est par ailleurs félicité de la réunification palestinienne en cours, qui permet d’envisager un leadership unifié et la réalisation des aspirations du peuple palestinien.  Enfin, M. Omaish a demandé la levée du blocus imposé par Israël contre Gaza pour éviter la punition collective de toute une nation.


Mme SHAZELINA ZAINUL ABIDIN (Malaisie) a noté le triste anniversaire de la plus longue occupation militaire étrangère contre un peuple et son territoire, expliquant que juin 2011 marquait 44 années d’occupation israélienne du Territoire palestinien.  Des parties de terres qui constituaient auparavant la Palestine ont fait l’objet d’une appropriation forcée par Israël et ont été vidées de leurs habitants légitimes, a-t-elle noté.  La représentante a aussi dénoncé la construction et l’expansion des colonies de peuplement et du mur de séparation israéliens, ainsi que la démolition des habitations et des infrastructures palestiniennes, et la révocation des droits de résidence des Palestiniens à Jérusalem-Est, actions qui non seulement sont illégales, mais qui rendent aussi la solution de deux États plus incertaine que jamais.  Rappelant aussi le quatrième anniversaire du blocus imposé à la bande de Gaza par Israël, elle a déploré les conditions de vie des 1,6 million d’habitants de la zone et les pertes en vies humaines dues aux agressions militaires israéliennes.  Mme Zainul Abidin a enfin estimé qu’il est crucial que l’on parvienne à la création d’un État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale.


Mme GRETA GUNNARSDOTTIR (Islande) a déclaré que si, en septembre prochain, les Palestiniens se tournent directement vers l’Assemblée générale pour faire reconnaître leur nouvel État, son pays appuierait cette démarche.  « Cela a été clairement indiqué lors de la rencontre entre le Ministre islandais des affaires étrangères et le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, à Ramallah au début du mois », a-t-elle précisé.  La représentante a justifié le soutien de son pays en notant que la reconnaissance de la Palestine aurait pour effet de relancer le processus de paix, corrigeant ainsi l’asymétrie de pouvoir en les deux parties.  « Cela ne peut être effectué qu’à travers une participation accrue de la communauté internationale et en assurant l’application des dispositions du droit international concernant l’occupation étrangère », a souligné la représentante. 


M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a plaidé, au nom du Groupe des États arabes, pour l’exercice du droit légitime et inaliénable du peuple palestinien à un État indépendant et souverain.  « Ce peuple frère souffre depuis plus de 60 ans de l’occupation israélienne et il est temps que la communauté internationale honore ses responsabilités politique, juridique et morale en contraignant Israël à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et à cesser ses activités expansionnistes d’implantation de colonies de peuplement », a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite exhorté Israël à lever le blocus du Gaza, « qui enferme la population palestinienne dans la destruction, l’insécurité, la frustration et le sous-développement, ce qui sape la confiance nécessaire à la reprise des pourparlers de paix ».  « Le Conseil de sécurité doit adopter des mesures pour faire pression sur Israël de se retirer du Golan syrien occupé », a également déclaré le représentant, qui a formé le souhait que, bientôt, la Palestine sera l’État légitime, « la maison qui accueillera un peuple qui a trop souffert pendant des décennies ».


M. ARTHUR KAFEERO (Ouganda) a regretté qu’aucun progrès tangible n’ait été accompli dans le processus de paix israélo-palestinien, malgré les efforts des parties, soutenus par les acteurs régionaux et internationaux.  Il a indiqué que l’Ouganda avait placé beaucoup d’espoir dans la réunion du Quatuor tenue le 11 juillet dernier et celle de la Ligue des États arabes, en date du 14 juillet.  Nous sommes arrivés à un moment décisif, a-t-il ajouté, rappelant aux parties qu’elles ont la responsabilité première de reprendre les négociations directes.  M. Kafeero a également souligné avec inquiétude les récentes autorisations délivrées par les autorités israéliennes concernant la construction de nouveaux logements au profit de colons juifs, avant d’exhorter Israël à geler complètement toutes ses activités de peuplement.  Nous félicitons les dirigeants palestiniens pour leurs efforts en faveur de l’édification d’un État et en faveur de la réconciliation entre Palestiniens, a dit M. Kafeero.  Il s’est enfin dit préoccupé par la situation humanitaire à Gaza et a appelé Israël à lever le blocus imposé à cette enclave.


M. DANILO ROSALES DÍAZ (Nicaragua) a réitéré la condamnation par son pays de l’occupation illégale de tous les territoires palestiniens, syriens et libanais par Israël, dont il a exigé le retrait immédiat de ces territoires.  Il a aussi condamné les politiques et pratiques israéliennes de construction de colonies et de démolition des logements palestiniens, ainsi que le blocus inhumain imposé à Gaza.  On ne peut pas continuer à nier l’existence de l’État palestinien, a-t-il dit.  M. Rosales Diaz a également lancé un appel afin de faire cesser « l’impunité insupportable » dont jouit Israël et qui a été favorisée « de façon irresponsable » par le Conseil de sécurité, en particulier par « l’usage aveugle du droit de veto par un de ses membres permanents ».  « Il est temps pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et d’exiger d’Israël qu’il s’engage en faveur de la paix », a-t-il conclu.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a estimé que les efforts récents qu’a faits l’Autorité palestinienne pour établir des institutions étatiques sont de bons augures pour la paix.  Fort de ce constat, il a estimé que la perspective de la proclamation d’un État palestinien à l’horizon du mois de septembre 2011 semblait désormais possible.  Pour appuyer son propos, M. Tarar a invoqué de nombreux rapports d’organismes internationaux et les déclarations récentes du Quatuor.  « Pour le Pakistan, il est important que la communauté internationale reste activement engagée aux côtés des Palestiniens, afin que cette tendance positive puisse continuer », a-t-il souligné.  À cet égard, il a estimé que les termes de références du Conseil de sécurité et du Quatuor pour une solution négociée au conflit israélo-palestinien jetaient les bases de la route vers la paix au Moyen-Orient.  Cependant, en dépit de la clarté des objectifs communs et de la quasi-unanimité sur les règles d’engagement, il semble que le Conseil de sécurité et le Quatuor ne soient pas en mesure d’agir face à la situation actuelle, a déploré M. Tarar.  Parmi les défis à relever en dehors de celui posé par « l’inaction internationale », le représentant a cité les politiques expansionnistes d’Israël.  « Les activités de peuplement israéliennes sont en violation flagrante du droit international et devraient enfin être traitées pour ce qu’elles sont: des violations du droit international », a exigé M. Tarar, pour qui ces activités représentent un obstacle majeur à toute possibilité de paix. 


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a rappelé l’avertissement lancé récemment par le Coordonnateur des Nations Unies pour les activités humanitaires et de développement dans le Territoire palestinien occupé, M. Maxwell Gaylard, selon lequel des milliers de Bédouins seraient touchés par les démolitions menées par Israël, à Jérusalem, ceci pour étendre des colonies de peuplement illégales.  Selon le Coordonnateur,  il y a eu cette année plus de logements arabes démolis par Israël que pendant les deux dernières années réunies, ce qui a eu pour conséquence de laisser sans abri des réfugiés qui vivaient dans cette zone depuis 1948.  Il a prévenu que cette situation fait courir le risque de déplacement à 80% de la population bédouine.  En outre, il a indiqué que des milliers de familles palestiniennes sont contraintes de quitter leurs lieux de résidence, à cause des démolitions et des activités de peuplement israéliennes.  M. Briceño a aussi réaffirmé le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, et il a appelé Israël à respecter les dispositions de la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils.  Il a ensuite demandé la levée du blocus imposé à Gaza et a appelé Israël à se retirer du Golan syrien et à respecter la souveraineté du Liban.


M. KIM YONG SONG (République de Corée) s’est félicité que la communauté internationale continue de s’attacher à la question palestinienne, « la lutte pour un État souverain palestinien ayant pris une ampleur considérable ces derniers mois ».  L’issue heureuse que recherche la majorité des États Membres des Nations Unies dépendra du degré d’unité des Palestiniens et de la capacité de ces derniers à former bientôt un gouvernement de consensus, a expliqué le représentant.  Après avoir jugé que les « visées expansionnistes » d’Israël dans le Territoire palestinien occupé sont consomptibles avec la reprise des pourparlers directs, il a affirmé que l’appui international à un État palestinien indépendant ne pourra pas s’interrompre.  « Près de 120 pays ont déjà reconnu la Palestine, et l’ONU devra en tenir compte lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, dont les travaux commenceront en septembre », a-t-il dit.


M. MOHAMMAD SARWAR MAHMOOD (Bangladesh) a déclaré que son pays appuyait pleinement l’exercice du droit du peuple palestinien à l’autodétermination.  « Ce soutien qui, historiquement, a permis aux Palestiniens de se relever maintes fois au cours de six décennies d’occupation israélienne, n’a eu de cesse de croître ces derniers mois », a-t-il avancé.  Le représentant a assuré qu’en septembre prochain, le Bangladesh soutiendra la demande que la délégation palestinienne présentera à l’Assemblée générale, par le biais d’un projet de résolution, pour reconnaître l’État palestinien, indépendant et souverain. 


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a exprimé sa profonde préoccupation concernant l’impasse dans laquelle se trouve l’effort international et régional visant la revitalisation des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens.  La communauté internationale doit être stricte et efficace en vue de créer un environnement propice aux négociations, en évitant qu’Israël prenne des mesures unilatérales illégales.  Le représentant s’est inquiété des obstacles qui entravent le processus de négociations entre les parties.  Le Maroc suit avec optimisme les nombreuses initiatives menées dans ce domaine, notamment des États-Unis, du Quatuor et de l’Union européenne, a-t-il dit, espérant que ces efforts aideront à la reprise des négociations.  Il a émis l’espoir que la position de la communauté internationale permettra au peuple palestinien de retrouver son droit légitime à un État indépendant.  Le représentant a aussi dénoncé les activités de peuplement menées par Israël à Jérusalem-Est ainsi que la judaïsation de ce territoire.  Il a invité le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités et à demander à Israël de reprendre les négociations.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan), qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a déploré que les efforts déployés par le Conseil de sécurité en vue de trouver une solution au conflit israélo-palestinien n’aient cessé d’échouer à cause du refus continu d’Israël de respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international et des résolutions des Nations Unies.  Elle a également imputé une part de la responsabilité de cet échec au manque de volonté politique de certains États Membres de l’ONU, qui sont aussi membres permanents du Conseil, pour faire respecter ces résolutions pourtant adoptées par ce même Conseil de sécurité.  Les membres de l’OCI dénoncent en outre l’escalade récente des pratiques « illégales » israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, de même que l’intensification des campagnes de peuplement menées par Israël, y compris à Jérusalem-Est.  Condamnant ces violations flagrantes du droit international, l’OCI exige un arrêt immédiat de ces activités illégales de peuplement, a dit Mme Aitimova.  D’autre part l’Organisation de la coopération islamique est profondément préoccupée par les attaques multiples lancées par les forces d’occupation contre des civils palestiniens et des activistes œuvrant pour la paix, ainsi que contre des volontaires d’ONG internationales.


Lors de sa trente-huitième session, qui a eu lieu en juin, l’OCI a réitéré son plein appui à l’Initiative de paix arabe, et ses membres ont salué les progrès notables réalisés par l’Autorité palestinienne pour mettre en place les capacités institutionnelles requises.  Ainsi, l’OCI demande à la communauté internationale de reconnaître l’État de Palestine sur la base des frontières de 1947.  Elle l’appelle, ainsi que le Conseil de sécurité, à prendre des mesures décisives et immédiates pour pousser Israël à respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international, condition essentielle à la réalisation d’un règlement pacifique de la question du Moyen-Orient sur la base de la solution de deux États vivant côte à côte dans la paix.


M. LOUAY FALOUH (République arabe syrienne) a estimé que certains essayent de détourner l’attention du Conseil de sécurité afin de diluer la question centrale qu’il essaye de prendre en main pour relancer le processus de paix.  Il a dénoncé la tendance d’Israël sur le terrain de contester les éléments de base de la négociation, en essayant de judaïser Jérusalem-Est, de poursuivre la construction du mur de séparation, les démolitions de logements palestiniens et la construction d’unités de logements pour les colons israéliens.  Israël a tiré sur des manifestants palestiniens le 15 juin, date anniversaire de leur occupation par Israël, a-t-il aussi rappelé.  Le représentant a regretté qu’Israël agisse au mépris des résolutions du Conseil de sécurité, citant notamment l’occupation du Golan syrien occupé.  Il a invité le Conseil de sécurité à s’engager pleinement pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien.  En ce qui concerne son pays, le représentant a indiqué que le Président de la Syrie, M. Bachar Al-Assad, avait prévu un programme de réforme pour élargir la participation des citoyens au processus économique et politique.  Un processus politique sera mis en place pour examiner la Constitution et assurer pleinement l’état de droit, a-t-il dit.  Le représentant a par ailleurs rappelé que les ambassades syriennes dans certains pays avaient été attaquées sans que les autorités locales n’aient pris beaucoup de mesures pour les protéger. 


M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que les États qui soutiennent le régime israélien se couvrent de honte, « car d’un côté ils invoquent les droits de l’homme et, de l’autre, ils appuient une occupation illégale et toutes les violations du droit international commises par un régime brutal dans une terre occupée ».  « L’histoire du régime israélien n’est faite que de crimes, de meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants; d’assassinats aveugles et d’utilisation d’armes interdites », a-t-il ensuite souligné.  « Soutenir ce régime, c’est donc bien appuyer l’occupation, les massacres, le meurtre et la violation des droits de l’homme », a accusé le représentant.  Considérant que la paix dans la région ne pourra être instaurée qu’en mettant un terme à l’occupation, il a salué le nombre croissant de pays reconnaissant la Palestine comme un État indépendant.  Concernant la situation en Syrie, le représentant de l’Iran a affirmé que « le peuple syrien sait que la clef de son indépendance et de sa dignité ne pourra être obtenue qu’en se montrant uni et en résistant aux tentatives de subversion ».  M. Al Habib a, en outre, déclaré que la paix et la stabilité au Moyen-Orient ne pourraient être instaurées tant qu’Israël n’aura pas adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à envisager la mise au point d’une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes

AG/11119

Assemblée générale: les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à envisager la mise au point d’une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes

26/07/2011
Assemblée généraleAG/11119
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

Réunion de haut niveau sur la jeunesse

111e séance plénière - matin et après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT S’ENGAGENT À ENVISAGER LA MISE AU POINT D’UNE STRATÉGIE MONDIALE POUR L’EMPLOI DES JEUNES


Dans une ambiance assombrie par la fusillade du 22 juillet dans l’île norvégienne d’Utøya où plus de 70 jeunes ont trouvé la mort, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui, par consensus, le Document final* de la Réunion de haut niveau qu’elle tient depuis hier sur le thème « Jeunesse: dialogue et compréhension mutuelle », pour marquer la fin de l’Année internationale de la jeunesse proclamée le 12 août 2010. 


Les chefs d’État et de gouvernement, ministres et représentants des États envisagent de mettre au point une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes, dans un Document final long de 28 articles qui parle aussi de l’éducation, de l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC), de la santé, des jeunes vivant sous occupation étrangère et de l’efficacité dans la mise en œuvre des programmes des Nations Unies sur la jeunesse.


Leschefs d’État et de gouvernement, ministres et représentants des États, dont plus d’une centaine est montée à la tribune de l’Assemblée générale, réaffirment, dans le Document final, leur détermination à s’attaquer aux problèmes qui font obstacle à l’épanouissement des jeunes, notamment en luttant contre la pauvreté et pour une société assurant un emploi productif et un travail décent à tous. 


Ils s’engagent, par conséquent, à remédieraux taux élevés de chômage et de sous-emploi, ainsi qu’au nombre croissant d’emplois vulnérables et d’emplois informels qui touchent particulièrement les jeunes et à exhorter les États à envisager de mettre au point une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes.


Ils s’engagent aussi à faire des efforts supplémentaires pour améliorer la qualité de l’éducation et promouvoir l’accès universel à l’éducation, en multipliant éventuellement les bourses et autres programmes de mobilité. 


Cette disposition a incité le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Tunisie à fustiger le fait qu’un jeune africain dûment inscrit dans une université occidentale doit soumettre « des kilos de documents » et attendre des jours, voire des semaines pour obtenir un visa.  C’est une négation claire de la mondialisation dans laquelle nous vivons, a-t-il accusé. 


Dans le Document final, les dirigeants du monde s’engagent également à promouvoir un accès aux technologies de l’information et à supprimer les obstacles à la réduction de la fracture numérique, une disposition qui a plu au Vice-Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, issu d’un pays dont la révolution a été initiée par la « génération dot com ». 


Les dirigeants du monde s’engagent aussi à faire en sorte queles jeunes bénéficient d’une santé physique et mentale optimale en leur donnant accès sans discrimination à des systèmes de santé et à des services sociaux.  Le Ministre des sports et de la jeunesse du Suriname a prévenu des dangers d’une jeunesse de plus en plus frappée par les maladies non transmissibles compte tenu de leur régime alimentaire, du manque d’activités physiques et de la consommation de tabac et d’alcool.


Le Document final parle par ailleurs de mesures concertées pour lever les obstacles à la pleine réalisation des droits des jeunes vivant sous occupation étrangère.  Le Ministre de la coopération internationale du Qatar a prévenu que les problèmes du chômage, de la pauvreté et de l’absence de liberté fondamentale étaient « une bombe à retardement » qui risque de détonner à tout moment si les gouvernements arabes n’adoptent pas les réformes politiques et économiques au sein desquelles les jeunes pourront pleinement jouer leur rôle.


Son homologue de la Tunisie a ajouté: « un gouvernement doit savoir écouter les jeunes, les traiter avec respect et dignité, développer leur estime de soi et leur donner de l’espoir.  Un gouvernement doit considérer les jeunes comme des citoyens à part entière et les associer à toutes les décisions concernant leur avenir ».   


Le Document final invite ainsi les donateurs, y compris les États Membres et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales à contribuer activement au Fonds des Nations Unies pour les jeunes.  Il réaffirme le Programme d’action mondial pour la jeunesse et ses 15 domaines prioritaires interconnectés, même si parmi d’autres délégations, la Ministre du sport et de la culture de la Jamaïque a jugé nécessaire de l’adapter aux réalités actuelles.  Le représentant du Bélarus a cité, à cet égard, les problèmes des migrations, des crises financière et économique et de la traite des êtres humains.  De nombreuses délégations ont estimé essentiel d’assortir le Programme d’un mécanisme de suivi et d’évaluation. 


Les chefs d’États et de gouvernements et les représentants demandent d’ailleurs auSecrétaire général de soumettre un rapport sur les réalisations et les défaillances des programmes des Nations Unies en cours concernant la jeunesse et ce faisant, de proposer des recommandations concrètes sur la meilleure façon de résoudre les problèmes qui entravent l’épanouissement et la participation des jeunes. 


Le Secrétaire général est aussi prié de proposer un ensemble d’indicateurs possibles liés au Programme d’action mondial pour la jeunesse.  Plusieurs intervenants, dont le Ministre de la jeunesse, du service national, du sport et de la culture de la Namibie, au nom de la SADC, ont recommandé la création d’un organisme spécialisé des Nations Unies calqué sur ONU-Femmes et spécifiquement consacré à l’initiation, au financement et à la promotion des priorités de développement des jeunes. 


Son homologue du Sri Lanka a rappelé que le temps presse comme en témoigne le fait que son pays accueillera en 2014, la Conférence mondiale de l’ONU sur la jeunesse, au moment même où la communauté internationale sera en train de formuler les objectifs de développement pour l’après-2015, date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le « printemps arabe » inspiré par la jeunesse révèle, le rôle important que peuvent jouer les jeunes dans leur société et à tous les niveaux, a argué la jeune représentante égyptienne.  Sa jeune homologue de Monaco s’est donc félicitée d’un Document final qui marque une étape décisive vers une meilleure prise en considération de la place centrale que doivent occuper les jeunes.


Nous devons réaliser, a renchéri le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, que les jeunes sont fatigués d’entendre des résolutions et des déclarations qui n’apportent rien à leur quotidien.  Ils attendent ce qui peut faire la différence dans leur vie.


L’Assemblée générale conclura, jeudi 28 juillet, sa Réunion de haut niveau.


*A/65/L.87


RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA JEUNESSE


Déclarations


M. BONI YAYI, Président du Bénin, a affirmé que les jeunes portent « l’exigence tenace » de plus de démocratie, de plus de justice sociale, de plus de participation et de plus d’intégration.  Une aspiration profonde qui s’affirme, selon lui, aux antipodes d’une tendance au fondamentalisme et à l’extrémisme.  M. Yayi a qualifié la jeunesse de force motrice du changement dans toute société humaine et a engagé les États Membres à répondre à leurs aspirations par l’intensification du dialogue inclusif, de la culture de la paix et de la coopération internationales.


Commentant ensuite la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) « qui rendent encore plus criardes les inégalités », M. Yayi a appelé les États Membres à montrer plus de détermination à combler ces clivages.  La jeunesse doit être prise en compte dans toutes nos politiques, stratégies et programmes de développement car, a-t-il souligné, seules les sociétés qui donnent des chances valorisantes à la jeunesse pourront surmonter les défis à venir.


Le Président du Bénin a ensuite évoqué la tenue, du 30 juin au 1er juillet, de la dix-septième session ordinaire de l’Union africaine qui été consacrée à l’accélération de l’autonomisation des jeunes en vue du développement durable.  Il a fait savoir qu’au Bénin, les jeunes occupent d’importants postes de responsabilité et prennent un réel pari sur l’avenir du pays.  Le vingt-et-unième siècle, a-t-il ajouté, sera celui du capital humain incarné par les jeunes.


Se penchant ensuite sur la question de l’emploi, M. Yayi a estimé que le développement d’une stratégie mondiale de l’emploi accordant une attention particulière à l’élimination du chômage des jeunes et de leur sous-emploi était d’une nécessité urgente.  Il a souhaité que l’Assemblée générale proclame une Décennie de la jeunesse et qu’un Groupe des Amis de la jeunesse soit créé au niveau des représentants permanents.


M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a salué le fait que le projet de déclaration finale réaffirme la pertinence du Programme d’action mondial pour la jeunesse.  Parmi les priorités identifiées dans le Document final, le Ministre a mis l’accent sur l’insertion professionnelle des jeunes; l’accès des jeunes aux services sociaux de base, dont l’éducation et la santé; et la promotion et la protection efficaces des droits et des libertés fondamentales des jeunes, y compris dans les situations de conflit.  Il a précisé qu’au Luxembourg, la politique de la jeunesse se fonde sur la loi-cadre de 2008.  Le Parlement des jeunes permet à la jeunesse de faire entendre sa voix dans le débat politique national.  Un plan d’action national est en voie d’être finalisé, qui se concentrera sur un nombre limité de priorités, les deux premières étant d’accompagner les jeunes dans les transitions entre le monde de l’éducation et le monde du travail et de soutenir les jeunes familles.  Le Ministre a également souligné que la politique de coopération au développement et d’action humanitaire du Luxembourg, au Cap Vert, au Sénégal, au Nicaragua, au Viet Nam ou dans les Territoires palestiniens occupés, accorde une grande importance à la formation professionnelle et technique des jeunes.


M. PAUL ABENA, Ministre des sports et de la jeunesse du Suriname, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a attiré l’attention de l’Assemblée sur la « Déclaration de Paramaribo sur l’émancipation des jeunes » adoptée en janvier 2010 au Sommet des chefs de gouvernement de la CARICOM sur la jeunesse.  Il a aussi parlé du programme des Ambassadeurs de la jeunesse qui est un mécanisme dont se sert la CARICOM depuis 2003 pour renforcer la participation des jeunes, les partenariats en faveur de l’intégration régionale et les processus régionaux de développement socioéconomique.  Comme les jeunes sont de plus en plus frappés par les maladies non contagieuses compte tenu de leur régime alimentaire, du manque d’activités physiques et de la consommation de tabac et d’alcool, la priorité régionale est aussi d’atteindre les normes les plus élevées en matière de santé.  L’autre priorité est la lutte contre le chômage élevé chez les jeunes, et ses corollaires la criminalité et la violence.  Le Ministre a conclu en estimant urgent que la politique définie par les institutions de l’ONU en faveur des jeunes soit assortie d’un mécanisme de suivi.


Intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. KAZENAMBO KAZENAMBO, Ministre de la jeunesse, du service national, du sport et de la culture de la Namibie, a indiqué que les États membres de la SADC en tant que membre de l’Union africaine étaient engagés à faire face aux défis et à la vulnérabilité de la jeunesse dans le cadre des objectifs de la « Décennie de l’autonomisation des jeunes et du développement durable 2009-2019 ».  Il a précisé qu’au dernier Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est tenu en Guinée le 30 juin et le 1er juillet, les dirigeants africains ont débattu de l’accélération des efforts pour l’autonomisation des jeunes, en décidant de donner la priorité aux politiques favorisant la création d’emploi.  Il a dit que la SADC recommande la création d’un organisme spécialisé des Nations Unies pour la jeunesse qui pourra financer les initiatives des États. Il a estimé que le Programme d’action de la jeunesse devait être revu.  Il a appelé à la création de mécanismes de mise en œuvre et d’évaluation.   


M. MONCEF BELKHAYAT, Ministre de la jeunesse et du sport du Maroc, a relevé que les jeunes sont devenus une force essentielle avec pour instrument de choix l’Internet.  Ceci pose, a-t-il estimé, la problématique des moyens modernes de communication et en particulier du recours à l’Internet dans le travail des institutions, de l’impact de ces effets sur la communication avec les jeunes et de la disposition à appliquer rapidement les politiques publiques voulues par les jeunes.  Après avoir fait part des efforts consentis par son pays en faveur des jeunes, dont le Code national de la jeunesse de 2009, le Ministre s’est aussi attardé sur l’élaboration de la nouvelle Constitution plus réactive aux aspirations du peuple marocain, y compris les jeunes. 


En effet, a dit le Ministre, le 1er juillet 2011 est une date historique du processus démocratique, dans le sens où plus de 10 millions de Marocains ont adhéré à une nouvelle Constitution qui honore la jeunesse en l’impliquant véritablement dans le développement des institutions politiques, sociales et économiques et ce, dans le contexte de sa contribution active au processus électoral.  Au niveau du monde arabe, le Ministre a cité la proclamation de 2010-2011 comme Année internationale de la jeunesse et l’élaboration d’un Document politique sur la jeunesse arabe.  Il a conclu sur la création récente à Rabat d’un Observatoire de la jeunesse arabe, un mécanisme pour prédire les futures tendances parmi la jeunesse.


M. KHALID MOHAMMAD AL-ATTIYAH, Ministre de la coopération internationale du Qatar, a indiqué que la Fondation Silatek ambitionnait de répondre au problème du chômage chez les jeunes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  Notre objectif est de créer 100 millions d’emplois d’ici à 2020.  Au Qatar, les jeunes représentent 30% de la population et sont dûment pris en compte dans la « Vision du Qatar 2030 ».  Tournant son attention sur la situation des jeunes dans le monde arabe, le Ministre a affirmé que les problèmes du chômage, de la pauvreté et de l’absence de liberté fondamentale étaient « une bombe à retardement » qui risque de détonner à tout moment si les gouvernements arabes n’adoptent pas les réformes pour édifier un système politique et économique au sein duquel les jeunes pourront pleinement jouer leur rôle. 


M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a indiqué que la question des jeunes était une des priorités depuis l’indépendance du pays en 1980.  Le pays n’a pas seulement un Ministère de la jeunesse, des sports et des loisirs mais il s’est aussi doté d’une politique d’éducation pour tous.  M. Mugabe a cependant reconnu que comme tous les pays africains, son pays est confronté au chômage et au sous-emploi des jeunes.  Il a expliqué que cette année, son gouvernement avait lancé un Programme national pour le service des jeunes dont l’objectif est d’insuffler un sentiment de patriotisme et d’identité nationale tout en autonomisant les jeunes en formant leur caractère et en leur dotant des qualités de leadership. 


M. Mugabe a également souligné que la réforme agraire a permis aux jeunes de former des coopératives.  Le Gouvernement encourage également les jeunes à produire de la richesse grâce à la politique « de nationalisation et d’autonomisation » qui promeut la gestion et le contrôle des moyens de production par les Zimbabwéens.  Des fonds pour le développement et l’autonomisation des jeunes octroient un appui financier aux micros, petites et moyennes entreprises.  Le Président du Zimbabwe a cependant reconnu les ressources limitées de ces fonds et a invité ses partenaires au développement à leur apporter une aide.


Le Président Mugabe a ensuite parlé de la fuite des cerveaux qui a vu son pays perdre ses talents jeunes au profit du monde développé.  Il a appelé les Nations Unies et les partenaires au développement à fournir aux pays en développement les formations scientifiques et techniques nécessaires à un monde caractérisé par des progrès constants.  M. Mugabe a rappelé que la pandémie du VIH/sida continuait d’être un danger pour les jeunes.  Il a fait appel à l’aide internationale, en arguant qu’il est temps pour la communauté internationale de mettre sur pied un cadre international bien structuré doté de plans d’actions et ciblant le développement des jeunes. 


Le Zimbabwe, a-t-il conclu, condamne d’être victime de machinations néocoloniales sinistres servies par des sanctions illégales et des ingérences constantes dans ses affaires intérieures.  De telles initiatives, qui doivent être condamnées, ont un impact négatif sur le développement et retarde l’émancipation des jeunes.


Mme XIMENA PONCE, Ministre de l’économie et de l’intégration sociale de l’Équateur, a présenté les efforts de l’Équateur pour promouvoir des programmes en faveur de la jeunesse.  Elle a jugé essentiel que la jeunesse puisse être entendue et puisse s’exprimer au sujet des politiques mises en œuvre.  Elle a dit que la  Constitution de l’Équateur reconnait les jeunes comme les principaux acteurs de leur développement ainsi que l’objection de conscience comme une liberté d’expression.  Nous avons aussi progressé dans le domaine du travail décent pour les jeunes grâce à un programme intitulé « Mon premier emploi » qui aide les jeunes à s’insérer dans la vie professionnelle, a-t-elle ajouté.


M. MARCO ANTONIO MIDENCE, Ministre de la jeunesse du Honduras, a dit que les jeunes se trouvaient dans une grave situation d’exclusion au Honduras.  Il a précisé que seuls 35% des jeunes finissent leurs études secondaires et seulement 4% sont diplômés d’université.  Il a ajouté que 60% des personnes qui se rendent à l’étranger pour travailler sont des jeunes.  Il s’est félicité des progrès dans le domaine de la formation professionnelle des jeunes et de la création d’entreprises par les jeunes au Honduras.  Il a estimé qu’il fallait dépasser ce cliché consistant à dire que les jeunes représentaient le futur, car les défis des jeunes, c’est aujourd’hui et maintenant qu’ils doivent être relevés. 


M. DULLAS ALAHAPPERUMA, Ministre de la jeunesse du Sri Lanka, a précisé que 26% des 20 millions d’habitants du Sri Lanka étaient des jeunes.  Il a ajouté que le Parlement des jeunes était composé de 335 membres âgés de 15 à 26 ans représentatifs de toutes les communautés ethniques du pays. Il a insisté sur le fait que 25% des membres de ce Parlement étaient originaires des zones tamoules du nord du pays.  Il a dit l’importance de ce Parlement qui donne naissance à des futurs dirigeants capables de renforcer les idéaux de paix, de solidarité, de tolérance, de justice et d’harmonie.  Le Sri Lanka qui a connu deux soulèvements violents de jeunes en 1971 et 1988 encourage sa jeunesse à être innovante et créatrice.  Le Gouvernement fournit une formation à 1 300 jeunes, issus du mouvement des Tigres de libération de l’Îlam Tamoul (LTTE). 


Le Ministre a ajouté que le Conseil national des jeunes qui coordonne les activités de toutes les associations de jeunes a lancé un programme d’apprentissage des langues étrangères, à savoir l’anglais, le chinois, le japonais, le coréen et le français.  Des arrangements sont en cours pour inclure l’allemand et l’espagnol.  Le Ministre a rappelé que son pays aura l’honneur en 2014 d’accueillir la Conférence de l’ONU sur la jeunesse mondiale, au moment même où la communauté internationale sera en train de formuler les objectifs de l’après-OMD.  Il a souligné l’importance du transfert des technologies pour permettre au Sri Lanka de combler le fossé numérique et mettre ces outils au service du développement de sa jeunesse.  


M. GUY NZOUBA NDAMA, Président de l’assemblée nationale du Gabon, a rappelé que c’est parmi les jeunes d’aujourd’hui que seront sélectionnés les leaders de demain.   Il a estimé que la situation actuelle au Moyen-Orient montre à quel point il faut prêter attention à la situation des jeunes et souligne l’importance qu’il y a à les faire participer au processus de prise de décision.  M. Ndama a ensuite expliqué que les jeunes figuraient au cœur de la politique de développement du Gabon.  Il a notamment précisé que les crédits consacrés à l’éducation, à la formation et à l’insertion socioéconomique des jeunes avaient été augmentés et que le Gouvernement tenait régulièrement un dialogue avec les jeunes.


M. ADOUM GAROUA, Ministre de la jeunesse du Cameroun, a, dans un pays dont les jeunes représentent 60% d’une population de 20 millions d’habitants, parlé du Document de la politique nationale de la jeunesse opérationnalisée par le Plan jeunesse, décliné en 13 projets et programmes qui visent la participation pleine, effective et efficace des jeunes à la construction nationale et au développement durable, en même temps qu’ils proposent des réponses adéquates aux préoccupations et aux fléaux qui minent la jeunesse.  Ils s’arriment aux 10 domaines prioritaires identifiés pour les jeunes dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le Programme d’action pour la jeunesse et le Plan d’action de la Décennie africaine de la jeunesse.


Le Ministre s’est attardé sur les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle, de la santé, de l’emploi et de la participation des jeunes au processus décisionnel.  Il a donc attiré l’attention sur le Conseil national de la jeunesse, partenaire de son ministère, qui fédère plus de 80 000 associations et qui représente la jeunesse devant les institutions étatiques, le secteur privé et les institutions internationales.  Le Ministre a conclu en rappelant la nécessité d’une coopération internationale « franche et soutenue », en vue d’offrir à la jeunesse une plateforme d’épanouissement durable.


M. SHAW KGATHI, Ministre de la jeunesse, des sports et de la culture du Botswana, a affirmé que les jeunes occupaient une place centrale dans l’agenda national pour le développement.  Le développement des jeunes est un investissement socioéconomique, culturel et politique stratégique pour l’avenir du Botswana, et une politique de développement des jeunes occupe une place stratégique au sein de la politique nationale.  Le Botswana s’est également doté d’un Plan d’action national révisé pour la jeunesse pour la période 2010-2016 qui cible l’élimination de la pauvreté.


M. GLENROY PHILLIP, Ministre de la jeunesse de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que son pays travaillait à la défense de sa jeunesse dans les 10 domaines prioritaires identifiés par la communauté internationale.  Il a dit le souci de son pays de promouvoir un accès universel à l’éducation et à une scolarisation précoce.  Il a exprimé le souci de promouvoir un accès équitable de tous les jeunes à l’éducation et à l’emploi, dans le cadre de la mise en œuvre des programmes d’élimination de la pauvreté et de la faim.  Par le biais de l’information, de la communication et des nouvelles technologies et en appuyant les organisations de jeunes au niveau local, a-t-il dit, le Gouvernement prépare les jeunes à affronter les défis d’aujourd’hui et les incertitudes de demain.  Le Ministre s’est particulièrement inquiété de l’impact du trafic des armes légères et de la drogue sur les jeunes des Caraïbes en général et de Saint-Kitts-et-Nevis en particulier, en notant que les Caraïbes ne produisent ni drogue, ni arme.  Il a insisté sur le fait que son pays n’a pas les moyens techniques et financiers de faire face à ces fléaux.       


M. PAUL OTUOMA NYONGESA, Ministre de la jeunesse et des sports du Kenya, a expliqué que son pays s’efforçait de se mettre en conformité avec les objectifs de la Charte de la jeunesse africaine.  Au nombre des défis que connait la jeunesse, il a cité le chômage, le manque d’accès aux crédits, le VIH/sida, la toxicomanie et la criminalité, et la dégradation de l’environnement entre autres.  Il a passé en revue les diverses initiatives lancées par le Kenya pour aider les jeunes.  La loi sur le Conseil national des jeunes a été adoptée en 2009 pour assurer une meilleure représentation politique.  Des centres d’autonomisation des jeunes ont été créés et un plan de volontariat national permet aux jeunes de participer à des initiatives de développement communautaire.  Le Ministre a également parlé d’un programme tendant à développer l’esprit d’entreprise chez les jeunes.


M. ZACHARIE KIMPOUNI, Ministre de l’éducation civique et de la jeunesse de la République du Congo, a indiqué qu’avec une population estimée à 3,6 millions d’habitants, son pays dispose d’une population essentiellement juvénile qui représente 60%.  Partant, la politique nationale est axée fondamentalement sur l’éducation, la formation et l’emploi.  Dans le cadre de la lutte contre les comportements déviants, l’attention porte sur l’élaboration des programmes d’éducation civique et l’organisation de rencontres citoyennes dans tous les départements.


En dépit des efforts, il reste cependant beaucoup à faire, a avoué le Ministre pour qui, la réunion de l’Assemblée générale est une excellente opportunité pour cerner les problèmes afin de bien agir en faveur de la jeunesse.  Après avoir cité les décisions du dix-septième Sommet de l’Union africaine et celles du Forum des ministres de la jeunesse, le Ministre a prévenu: « nous sommes condamnés à nous unir dans l’action, le dialogue et la compréhension mutuelle ». 


M. AJAY MAKEN, Ministre des affaires de la jeunesse et des sports de l’Inde a rappelé que 70% des 1,2 milliard d’Indiens étaient des jeunes âgés de moins de 35 ans.  Il a dit qu’il était prioritaire pour l’Inde de se concentrer sur le développement de ses jeunes en tant qu’agents fondamentaux du développement social, économique et technologique et de l’innovation.  Il a précisé que le Premier Ministre préside une Mission nationale de développement des compétences qui vise 500 millions de personnes d’ici à 2022.  Nous avons aussi lancé un programme de développement des capacités des jeunes intitulé « YES » pour faire correspondre les aspirations des jeunes aux besoins de la communauté.  Il a cité l’existence du programme de Service National (NSS) et le Nehru Yiuva Kendra Sangathan (NYKS) qui se concentrent sur le développement de la jeunesse en s’appuyant sur les 125 000 associations de jeunes réparties dans le pays.  Il a précisé que le NSS comptait 3,2 millions de membres répartis entre 251 universités, 15 000 collèges et 8 000 lycées.  Il a également cité le Rajiv Gandhi National Institute pour le développement de la jeunesse, une agence de ressources professionnelles, qui sert de « think tank » au Ministère des affaires de la jeunesse.  


M. ALISBEK ALYMKULOV, Ministre de la jeunesse du Kirghizistan, a indiqué que les jeunes âgés de moins de 35 ans représentaient la moitié de la population du Kirghizistan.  L’application de notre politique en faveur des jeunes aborde une nouvelle étape depuis avril 2010 alors que tous les programmes sont confiés désormais au Ministère de la jeunesse.  Les jeunes sont le principal moteur de la société, car ils ne cessent de rechercher la réforme démocratique et le développement économique et social.  Il a dit le souci de son pays de promouvoir la participation des jeunes à tous les processus de décisions relatifs au développement durable.  Notre avenir dépend de la façon dont nous répondons aux attentes de la jeunesse aujourd’hui, a-t-il insisté.   


M. ZEFERINO MARTINS, Ministre de l’éducation du Mozambique, a expliqué que son gouvernement avait adopté des politiques et un cadre juridique centrés sur les jeunes pour répondre à leurs besoins spécifiques afin qu’ils puissent faire face aux défis actuels et à venir.  L’accent est mis sur l’unité nationale, la culture de paix, le dialogue, la solidarité, le respect mutuel, l’estime de soi, la liberté d’expression, la démocratie et la participation inclusive.  Il a également indiqué que le Mozambique avait mis sur pied un Comité intersectoriel pour le développement des jeunes et des adolescents et un Comité parlementaire des jeunes.  De plus, la législation relative aux jeunes sera révisée prochainement afin de prendre en compte les questions multidisciplinaires et multisectorielles qui affectent les jeunes.


M. FRANKLIN RODRIGUEZ, Ministre de la jeunesse de la République dominicaine, a indiqué que depuis 2002 son pays avait mis sur pied un programme de jeunes délégués auprès de l’ONU.  Il s’est enorgueilli du fait que la République dominicaine avait le seul programme Simul’ONU d’Amérique latine.  Il a également fait savoir que trois jeunes Dominicains avaient franchi le Sommet de l’Everest et qu’un groupe de jeunes s’était lancé dans une lecture marathon pour figurer dans le Livre Guinness des records.  Le Ministre a jugé que l’ONU devrait créer une institution consacrée aux problèmes des jeunes calquée sur ONU-Femmes.  Il a également réclamé la création d’une banque mondiale de bourses d’étude.


Mme MALLAM BOLAJI ABDULLAHI, Ministre du développement de la jeunesse du Nigéria, a déclaré que son Ministère créé en 2007 a mis en place des structures et programmes variés pour l’autonomisation des jeunes et la création d’entreprises, dont des centres d’acquisition des compétences, un parlement des jeunes et un conseil national de le jeunesse.  Le Gouvernement réfléchit à la possibilité de créer des bureaux de la jeunesse dans tous les ministères, départements et agences qui faciliteraient l’intégration des questions de la jeunesse dans le programme national de développement.  Le Gouvernement organise des ateliers de jeunes qui servent à la formulation de politiques qui tiennent compte du point de vue des jeunes.  Des programmes encouragent la participation des jeunes au niveau communautaire dans tout le pays, a-t-elle dit.  Elle a ajouté que le Nigéria était l’un des principaux contributeurs du Corps des jeunes volontaires de l’Union africaine (UA) dont le mandat est de promouvoir la mise en œuvre de la Charte de la jeunesse de l’UA.


Mme OLIVIA GRANGE, Ministre du sport et de la culture de la Jamaïque, a dit que son pays avait fait de sérieux progrès dans la promotion de programmes de développement économique et social en adoptant une démarche intégrée.  Elle a indiqué que la célébration de l’Année internationale de la jeunesse a été l’occasion d’engager les jeunes de différentes façons.  Elle a mis l’accent sur des initiatives visant à faciliter le dialogue entre les représentants des jeunes et les enfants de la rue.  Elle a aussi cité un recensement national des jeunes pour mieux utiliser leur potentiel, une analyse institutionnelle de la jeunesse pour mieux comprendre leurs attentes et une nouvelle stratégie de création d’entreprises par les jeunes.  Elle a jugé nécessaire de revoir le Programme d’action mondial sur la jeunesse pour l’adapter aux réalités actuelles.  


M. DJIGUIBA KEITA, Ministre de la jeunesse et des sports du Mali, a invoqué une société qui trouve sa cohésion et son ciment dans la parole, l’écoute et la compréhension mutuelle.  Dans cette dynamique, les politiques et les orientations stratégiques ont été essentiellement axées sur le bien-être des communautés en tenant compte de la richesse culturelle.  Ainsi, les espaces traditionnels de rencontres et les regroupements de jeunes ont permis de cultiver un certain nombre de vertus et de valeurs comme le courage, la dignité, le respect de l’autre dans la différence, la tolérance, la loyauté, la solidarité, toutes choses nécessaires à l’émergence de l’ordre social et la consolidation de la paix.  Ces « normes sociales », a tenu à préciser le Ministre, n’abolissent pas l’identité individuelle.  Au contraire, elles mettent en évidence la personnalité de chaque membre, révélée à la fois à lui-même et aux membres de son groupe, conditions nécessaires à la bonne marche de la communauté.


M. CLEMENT KOFI HUMADO, Ministre de la jeunesse et des sports du Ghana, a  évoqué le lancement, en 2010, d’une politique et d’un plan d’action pour la jeunesse, ainsi que la ratification de la Charte africaine de la jeunesse.  Il a expliqué que l’autorité nationale pour les jeunes mettait l’accent sur le leadership des jeunes, leur santé et leur sexualité, leur éducation et la gestion des ressources.  Il a ajouté que dans le but de promouvoir le dialogue, cette autorité allait organiser 30 camps de travail bénévole afin d’aider les jeunes à apprécier la diversité culturelle et à contribuer à la construction d’infrastructures rurales.  Un Parlement des jeunes a été organisé et un Programme national d’emploi des jeunes existe depuis 2006, lequel a répondu aux attentes de quelque 111 000.


Le Ministre a cependant indiqué qu’il fallait pouvoir ouvrir aux bénéficiaires de ces programmes l’accès au microcrédit.  Il faut aussi évaluer régulièrement l’impact de ces programmes et utiliser les technologies de la communication pour promouvoir la participation massive des jeunes à la recherche de solutions aux questions qui les concernent.


M. RADHOUAN NOUICER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a rappelé que le peuple tunisien a, dans un laps de temps très court, et armé de sa seule conviction démocratique, mené une révolution pacifique et spontanée sans leader politique, sans orientation idéologique et sans influence extérieure.  Les slogans chantés par la « génération dot com » trouvaient leur racine dans les valeurs universelles de liberté, de dignité et de démocratie.  Les jeunes qui ont envahi les rues tunisiennes appartenaient à toutes les couches de la société: pauvre, riche, hommes, femmes, entrepreneurs, chômeurs, éduqués, illettrés.  Ils ont tous dit: trop c’est trop, la Tunisie méritant une meilleure gouvernance et un gouvernement qui écoute et qui travaille à leur bien-être et à la prospérité, et ce, en étant transparent et comptable de ses actes.  Aujourd’hui, le peuple tunisien doit à ses jeunes la liberté d’expression et les perspectives démocratiques.  


Les organisations non gouvernementales (ONG) dirigées par les jeunes sont très actives dans la promotion des principes de tolérance, d’égalité et de parité.  Elles sensibilisent le public à l’importance qu’il y a à faire participer les jeunes dans le dialogue politique national.  Aujourd’hui, la Tunisie est à un tournant de son histoire.  Le pays est au début d’un processus fondamental de démocratisation et parmi ses nombreux atouts, le plus grand est peut-être le dynamisme de sa jeunesse et son degré élevé d’engagement.  La jeunesse est l’atout principal du pays et sera la clef d’une transition réussie, a insisté le Ministre qui a parlé de l’initiative articulée sur quatre domaines prioritaires qui a été mise en place. 


Il a prévenu qu’on ne peut parler de dialogue ou de compréhension mutuelle quand un jeune africain dûment inscrit dans une université occidentale doit soumettre « des kilos de documents » et attendre des jours voire des semaines pour obtenir un visa.  C’est une négation claire de la mondialisation dans laquelle nous vivons, a-t-il accusé.


La Tunisie, a conclu le Ministre, a tiré de nombreuses leçons de sa révolution: un gouvernement doit savoir écouter les jeunes, les traiter avec respect et dignité, développer leur estime de soi et leur donner de l’espoir.  Un gouvernement doit considérer les jeunes comme des citoyens à part entière et les associer à toutes les décisions concernant leur avenir.  Nous devons réaliser, a insisté le Ministre, que les jeunes sont fatigués d’entendre des résolutions et des déclarations qui n’apportent rien à leur quotidien.  Ils attendent ce qui peut faire la différence dans leur vie.


M. URGAMAL BYAMBASUREN, Secrétaire d’État de la Mongolie, a déclaré que la Mongolie mettait en œuvre des politiques pour aider les jeunes à suivre le rythme mondial en matière d’éducation et d’emploi.  Il a estimé que les jeunes ne bénéficiaient pas suffisamment de la croissance économique.  Bien que le taux de croissance soit de 6% en Mongolie depuis des années, le taux de chômage ne baisse pas, s’est-il inquiété en jugeant important une répartition plus équitable des ressources.  Il a cité le problème de l’absence des jeunes dans les tâches traditionnelles comme l’élevage.  Il a souhaité une politique mondiale qui reconnaisse la contribution importante des migrations internationales.  Il faut encourager les jeunes à migrer avec leur famille pour éviter les conséquences négatives de la destruction des familles dont l’alcoolisme et la drogue.


M. ZHOU CHANGKUI (Chine) a souhaité que l’ONU continue de jouer son rôle de leader dans le domaine du développement de la jeunesse.  Il a déclaré que le développement de la jeunesse est devenu une partie intégrante du développement mondial.  La jeunesse doit contribuer au dialogue sur la civilisation pour parvenir à une nouvelle ère de la coexistence, a-t-il insisté. 


Mme SUSANNE FRIES GAIER, représentante des jeunes de l’Allemagne, a mis l’accent sur l’importance de la pleine participation des jeunes au processus de prise de décisions et du potentiel de la migration pour les jeunes.  Il s’agit d’aller au-delà du dialogue en intégrant les jeunes dès la définition des objectifs, a-t-elle insisté.  Des indicateurs mesurables font toujours défaut au programme d’action mondial de la jeunesse, a-t-elle regretté en estimant que le talent des jeunes représentait la plus importante ressource du monde.  


Mme MALIN JOHANSEN, Conseil national des jeunes de la Suède, a espéré que les États Membres mettront en œuvre le Programme mondial d’action pour la jeunesse.  C’est une excellente base sur laquelle nous pouvons travailler, a-t-elle dit en souhaitant que toute modification à venir soit le fruit d’un dialogue approfondi avec les jeunes.  Elle a mis l’accent sur les attentes particulières des jeunes handicapés en souhaitant que tous les jeunes aient les mêmes droits.  Les organisations de jeunes doivent être encouragées et renforcées, a-t-elle dit, en souhaitant que les jeunes soient représentés dans tous les organismes internationaux.   


M. DANIEL SUPPLICE, Conseiller spécial du Président d’Haïti, a attiré l’attention de l’Assemblée sur le Fonds national de l’éducation, lancé le 26 mai, par son Président.  Dans un pays où plus de la moitié de la population est âgée de moins de 21 ans, a-t-il souligné, l’éducation reste l’un des secteurs pouvant garantir un avenir meilleur à nos jeunes.  Aussi, le Gouvernement harmonise-t-il les interventions des acteurs nationaux et internationaux en vue d’élaborer un cadre légal et institutionnel apte à garantir l’insertion socioéconomique des jeunes dans le but de les écarter des tentations de la drogue, du crime organisé et de la prostitution.  La création d’un environnement porteur d’espoir et créateur d’opportunités est « essentiel », a insisté le Conseiller spécial.  Il s’est dit convaincu de la nécessité d’une coopération internationale pour éliminer l’exploitation et l’utilisation de la main d’œuvre enfantine.  Il a invité les États à multiplier leurs efforts non seulement en matière d’élaboration de textes légaux mais « aussi et surtout » pour le suivi de leur application.


M. YABA PEDRO ALBERTO, Vice-Ministre de la jeunesse de l’Angola, a expliqué que plus de 40% de la population de son pays était âgée de moins de 30 ans, et que pendant la période de conflit armé qu’a connu le pays, les problèmes auxquels ils faisaient face étaient devenus de plus en plus complexes.  Il a expliqué qu’en 2006, le Gouvernement a adopté un Plan d’appui exécutif à l’intention des jeunes afin de répondre aux problèmes en matière de logement, de formation professionnelle, d’emploi, d’accès au crédit, de l’entreprenariat et de l’intégration des femmes.  Il a également évoqué la prévention des maladies endémiques et les loisirs.


M. Alberto a ensuite appelé l’ONU à créer une institution spécialisée consacrée aux jeunes, ainsi qu’une cour juvénile pour coordonner les questions concernant les jeunes au sein de l’Assemblée générale.  Il a également estimé qu’il importait d’encourager la professionnalisation du travail avec les jeunes.  Le Vice-Ministre a aussi voulu la révision du Programme d’action mondiale pour la jeunesse, notamment ses mécanismes de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation, ainsi que l’établissement de mécanismes d’évaluation de la mise en œuvre du Document final.


M. SORIN MOLDOVAN, Sous-Secrétaire d’État et Vice-Président de l’Autorité nationale pour les sports et la jeunesse de la Roumanie, a estimé que la tragédie qu’a connue la Norvège qui, selon lui, a pris pour cible les possibles dirigeants de demain donnait un sentiment d’urgence à la réunion actuelle.  Il a signalé que les jeunes étaient particulièrement vulnérables par temps de crise.  Évoquant la complexité croissante des liens entre les différents pays du monde, le représentant a affirmé que les jeunes permettaient de développer des moteurs de compréhension supplémentaires entre les différentes cultures. 


De plus en plus de jeunes profitent des fruits de la mondialisation qui leur permet notamment d’obtenir les formations dont ils ont besoin, a-t-il ajouté.  Le représentant a également évoqué l’importance d’une bonne maîtrise des technologies de l’information et de la communication, avant de souligner l’importante responsabilité qui repose sur l’ONU en ce qui concerne l’appui aux jeunes.  La Roumanie, a-t-il conclu, accorde une attention particulière à l’intégration des jeunes dans le secteur privé.


Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MITALI PROTAIS, Ministre de la jeunesse, des sports et de la culture du Rwanda, a déclaré que les chefs d’État de l’Afrique ont pris des décisions pour rendre accessibles les technologies de l’information et de la communication (TIC) en vue de faire participer les jeunes aux efforts de développement de leur pays.  Il a mis l’accent sur le renforcement des programmes nationaux et de la coopération régionale dans le souci d’améliorer la connectivité, en synergie avec les secteurs du transport et de l’énergie.  Parmi les autres avancées enregistrées sur le continent africain, il a cité des progrès en matière d’accès universel à l’éducation, d’autonomisation des jeunes filles, de sensibilisation au VIH/sida et de réinsertion économique et sociale des anciens enfants soldats.  Compte tenu des défis qui subsistent, a-t-il dit, il est indispensable d’analyser et d’évaluer le programme d’action mondial pour la jeunesse pour déterminer les moyens les plus efficaces d’offrir un emploi décent aux jeunes. 


Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a précisé que les jeunes âgés de moins de 29 ans représentaient 70% de la population.  Elle a précisé que 58% des emplois sont occupés par des jeunes âgés de moins de 30 ans, se félicitant de ce que la campagne d’alphabétisation ait permis de faire passer le taux d’analphabétisme de 60% à 12%.  Le plan de développement pour la période 2012-2016 accorde la priorité aux politiques économiques et sociales permettant de créer des emplois décents pour tous, notamment les jeunes, a indiqué la Vice-Ministre.  Les jeunes nicaraguayens sont déjà engagés à la construction de leur avenir, en participant au développement des infrastructures, la reforestation, la promotion de l’identité culturelle et la préservation des ressources naturelles, a-t-elle insisté, en déclarant que « chaque année est une année de la jeunesse ».


Mme NICOLE AMELINE, Députée française et Vice-Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, s’est dite convaincue que l’avenir des jeunes passe d’abord et avant tout par une éducation de qualité pour tous.  La France, a-t-elle affirmé, est l’un des premiers bailleurs de l’aide publique internationale dans le domaine de l’éducation avec un montant total d’environ 1,5 milliard d’euros en 2009.  La France a accueilli cette année 278 000 étudiants étrangers dans ses universités, ce qui représente environ 12% de l’ensemble des étudiants.  La France intervient aussi en matière de formation et d’insertion professionnelles, comme en témoignent ses actions au Mali et en Côte d’Ivoire.  La représentante a conclu en soulignant que dans le monde, près deux tiers des 790 millions d’analphabètes sont des femmes et qu’en 2010, seuls 9 des 151 chefs d’Etat élus étaient des femmes.  « Ces chiffres sont éloquents.  Nous devons donner la priorité à notre jeunesse et particulièrement aux jeunes filles pour construire un développement durable dans un monde plus juste et sans pauvreté ».


M. ANDILE LUNGISA, Président de l’Agence nationale pour le développement des jeunes de l’Afrique du Sud, a affirmé que la jeunesse devait être mise au service du changement et du développement et figurer en première ligne des efforts consacrés à la réalisation des OMD.  Les États Membres, a-t-il ajouté, doivent dépasser les engagements et privilégier une action centrée sur les résultats.   M. Lungisa a expliqué que l’agence qu’il préside avait été établie en 2009.  La Journée nationale des jeunes a été célébrée le 16 juin et l’Afrique du Sud a ratifié la Charte africaine pour la jeunesse.  Ma délégation, a-t-il ajouté, appuie également la proposition d’accélérer le développement des jeunes grâce à une institution de l’ONU spécifiquement consacrée à l’initiation, au financement et à la promotion des priorités de développement des jeunes.


M. ULADZIMIR SHCHASTNY (Bélarus) a expliqué que le Programme de politique nationale pour les jeunes visait à renforcer la responsabilité des jeunes.  Il met l’accent sur le respect des droits de l’homme, la promotion des intérêts des jeunes, la participation des jeunes au développement social et l’autonomisation des jeunes.  M. Shchastny a estimé que le moment était venu de créer un partenariat mondial consacré à la situation des jeunes.  Seuls des efforts concertés et coordonnés de la part de toutes les parties prenantes déboucheront sur une mise en œuvre efficace des politiques au niveau national et international.  Le représentant a également estimé qu’il serait pertinent de mettre à jour la liste des priorités du Programme d’action mondiale pour la jeunesse afin de prendre en compte les problèmes de la migration, des crises financière et économique et de la traite des personnes.


M. RONAN FARROW (États-Unis) a rappelé que plus de 60% de la population du monde a moins de 30 ans et que ce groupe constituait à la fois un immense potentiel et un défi.  Il a rappelé que les jeunes sont aussi les cibles privilégiées des organisations criminelles et a jugé indispensable de donner aux jeunes les moyens de remodeler le monde.  Nous avons besoin de changements institutionnels importants au plus haut niveau, a-t-il dit, en soulignant la nécessité d’explorer de nouvelles façons d’écouter les jeunes.  C’est pourquoi, les États-Unis ont lancé un Bureau des jeunes au Secrétariat d’État.  Le pays continuera à appuyer les activités des jeunes après cette Réunion de haut niveau, a promis le représentant en se disant encouragé par les nouvelles manifestations, dont la première Réunion des jeunes en Afrique accueillie par le Nigéria alors que le Brésil vient de conclure une campagne de 18 mois sur les aspirations des jeunes.


Mme MARIA LAURA BRAIZA, Directrice du Département de la jeunesse de l’Argentine, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné la nécessité de consacrer davantage d’efforts à l’appui des jeunes.  Le développement des jeunes incombe en premier lieu aux États qui se doivent de mettre sur pied des politiques détaillées et des plans d’actions qui répondent aux intérêts des jeunes, a-t-elle notamment estimé.  Elle a également appelé la communauté internationale à honorer ses engagements en matière d’aide publique au développement afin d’éliminer la pauvreté et de réaliser le plein emploi et l’intégration sociale. 


Selon elle, les problèmes qu’affronte la jeunesse actuelle exigent une approche holistique qui prenne en compte leurs aspects multidimensionnels, notamment l’éducation, l’emploi, l’alimentation et la nutrition, la création d’un bon environnement physique et social, le respect des libertés fondamentales et la participation au processus de prise de décisions.  Mme Braiza a appelé en particulier les États Membres à consacrer des efforts à la création d’une stratégie mondiale pour répondre de manière efficace au problème du chômage chez les jeunes.


La représentante a également souligné la nécessité de protéger les jeunes de la violence et du crime et à prévenir leur participation à des activités criminelles, notamment aux activités liées à la drogue.  Elle a appelé à la levée des obstacles qui entravent la pleine réalisation des droits des jeunes vivant sous occupation étrangère.  Ma délégation condamne par ailleurs le recrutement et l’utilisation des jeunes dans les conflits armés et engage les États Membres à prendre des mesures concrètes pour assurer une réintégration sociale et économique effective des jeunes démobilisés.


Intervenant ensuite à titre national, Mme Braiza a évoqué les efforts que déploie l’Argentine en faveur des jeunes, dont l’édification d’un pays plus inclusif et solidaire, y compris aux Malvinas.


« Sans espoir dans l’avenir, on ne peut s’attendre à ce que la jeunesse contribue à la viabilité de nos sociétés », a déclaré M. BERHANE GEBRE-CHRISTOS, Ministre d’État des affaires étrangères de l’Éthiopie, pour qui, il est « impossible d’assurer la paix et la stabilité si le désespoir caractérise la vie de nos jeunes ».  M. Gebre-Christos a indiqué que la jeunesse africaine avait un accès limité à un emploi décent et à un revenu durable, ajoutant que le manque d’intégration de la croissance du continent avait donné lieu à des progrès qui ne parvenaient pas à donner espoir aux jeunes.  Outre leur bien-être économique et leur intégration sociale, a ajouté le Ministre, la participation des jeunes aux réformes politiques et au processus de démocratisation est également critique.  On ne peut, a-t-il dit, adopter une série de mesures distinctes pour répondre aux défis auxquels font face les jeunes si ces mesures ne répondent pas avant tout aux défis fondamentaux de nos sociétés.  Il a également affirmé que les mesures adoptées au niveau national ne porteraient pas de fruits si elles ne bénéficient pas d’un appui international adéquat.


Mme FAMY HERMENIER, Jeune représentante au sein du Comité de l’éducation nationale de Monaco, a estimé que le projet de Document final marque une étape décisive vers une meilleure prise en considération de la place centrale que doivent occuper les jeunes dans la réalisation des OMD tant aux niveaux national qu’international.  Elle a rappelé que le « printemps arabe » n’aurait pu voir le jour sans la jeunesse.  Les mouvements de contestation reflètent la ferme volonté de la jeunesse de participer activement à tous les niveaux de prise de décision, y compris dans les organisations internationales.  Les droits des enfants et des jeunes ne doivent pas être des droits de l’homme au rabais, a-t-elle prévenu avant de rappeler que Monaco accueille les 20 et 21 novembre prochain, la Conférence « Construire une Europe pour et avec les enfants » sous l’égide du Conseil de l’Europe, qui portera principalement sur la définition d’une nouvelle stratégie européenne des droits de l’enfant. 


Nous sommes de la génération de l’Internet et grâce aux réseaux sociaux, nous connaissons les injustices, la détresse et la déchéance auxquelles doivent faire face ceux de notre génération.  Nous devons prendre conscience de cette interdépendance irréversible et développer le dialogue entre les cultures.


M. PIERRE MAUDET, Président de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse et maire de Genève, Suisse, a souligné que la participation des jeunes aux décisions les concernant constitue la garantie de leur intégration sociale ainsi que d’un avenir et d’un développement durable pour la société.  L’intégration durable des jeunes et leur participation passent aussi, a-t-il estimé, par l’accès à une formation de qualité et la lutte contre le chômage et les emplois précaires.  Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), a-t-il poursuivi, représentent un nouvel et fantastique outil de participation et d’intégration des jeunes à la société.  La collaboration des différents acteurs et la participation des jeunes et des organisations de jeunes sont essentielles pour mettre tout spécialement en œuvre le Programme d’action mondiale pour la jeunesse.  En période de crise, a prévenu le représentant, il faut se garder de reléguer les politiques de la jeunesse au second plan.  Il faut au contraire leur allouer des ressources suffisantes et procéder à des évaluations régulières des progrès accomplis.


Mme SEVERINE MACEDO, Secrétaire d’État à la jeunesse du Brésil, a déclaré que la consolidation du développement économique, social et environnemental est inséparable des politiques publiques en faveur de la jeunesse.  Au Brésil, pays de 190 millions d’habitants, 50 millions de jeunes forment un avantage démographique qui peut augmenter la production, le revenu par habitant, l’épargne et l’investissement.  L’Année internationale de la jeunesse a démontré que cette catégorie méritait plus d’attention dans l’agenda multilatéral.  Elle a dit l’importance des jeunes en tant que sujets de droits et la nécessité de progresser dans l’exercice du droit des jeunes à la participation politique, à la mobilité, au loisir, à la culture, à la qualité de vie, à la diversité et à la sécurité. 


Mme LILI FOUAD ATTALLAH (Égypte) a souligné que le printemps arabe inspiré par la jeunesse révèle le rôle important que peuvent jouer les jeunes dans leur société et à tous les niveaux.  Il révèle aussi la nécessité urgente d’intensifier les efforts pour relever les défis qui font obstacle au développement socioéconomique et à la participation politique des jeunes.  La révolution égyptienne qui a été entièrement lancée par les jeunes gens est devenue l’une des plus réussies, des plus puissantes et des plus pacifiques de l’histoire.  Elle a démontré que la jeunesse est l’instrument principal d’un meilleur avenir et d’une nouvelle Égypte, a dit la représentante en citant plusieurs initiatives que son gouvernement doit prendre dont le renforcement de la participation politique, la lutte contre la corruption, l’élimination de la pauvreté, le renforcement des capacités, l’égalité des chances devant l’emploi et le financement adéquat des programmes pour les jeunes.


M. MIGUEL ANGEL CARREON SANCHEZ, Directeur général de l’Institut de la jeunesse du Mexique, a rappelé que 200 millions de jeunes vivent avec moins d’un dollars par jour, 160 millions souffrent de la faim et 10 millions vivent avec le VIH/Sida.  Il a jugé urgent que nous adaptions nos stratégies de développement pour qu’elles perçoivent les jeunes comme des agents actifs du développement de nos sociétés.  À l’ère du savoir, a-t-il ajouté, il est indispensable de garantir l’accès à l’information pour tous les jeunes et partout.  Il a indiqué que le Gouvernement du Mexique a contribué à l’Année internationale de la jeunesse en accueillant du 23 au 27 aout 2010, en collaboration avec l’ONU, une conférence sur la jeunesse avec la participation de 4 000 jeunes de 106 organisations.  Une conférence, a-t-il insisté, qui a été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité des politiques publiques de développement qui intègrent la jeunesse de manière transversale.


Mme SOFIA PAIN (Italie) a déclaré que le Programme mondial d’action de la jeunesse était important pour le développement du potentiel de la jeunesse.  Elle a dit que le chômage, la pauvreté et l’exclusion liés à la crise financière internationale étaient des obstacles importants à la participation des jeunes à la vie sociale.  Elle a cité l’adoption par l’Italie de mécanismes de financement pour aider les jeunes à créer des entreprises dans le domaine de l’environnement et des nouvelles technologies.  Elle a souligné l’importance de l’apprentissage formel ou informelle comme un moyen d’épanouissement.


Mme BIANCA PAULA HERNANDEZ, Directrice du Conseil national de la jeunesse du Guatemala, a indiqué que l’économie nationale ne créait pas suffisamment d’emplois pour tous les jeunes du pays.  Le Gouvernement accorde donc une priorité notable à la situation des populations les plus vulnérables, ainsi qu’à la promotion des petites et moyennes entreprises.  Des programmes d’écoles ouvertes et de bourses d’études permettent aux jeunes de prendre part à des activités pédagogiques non formelles.  Elle a appelé les États Membres à travailler de manière collective afin d’adopter des mesures pour assurer une plus grande participation des jeunes.


M. JAN VANHEE, Directeur du Centre de soutien pour la politique de la jeunesse de la Belgique, a appelé au renforcement des mesures tendant à renforcer la participation des jeunes.  Elle a cité les mérites des conseils indépendants de jeunes et estimé que la reconnaissance des ONG de jeunes, et le travail des jeunes dans le secteur informel notamment, mérite davantage d’attention, de même que la situation de jeunes qui risquent l’exclusion sociale.


M. BENSON SAULO, Ambassadeur de la jeunesse de l’Australie, a expliqué que la stratégie nationale de l’Australie pour les jeunes ciblait huit domaines prioritaires, notamment la santé, l’éducation et l’autonomisation des jeunes.  Il a estimé que l’accès à une éducation pertinente, aussi bien formelle qu’informelle était essentiel pour aider les jeunes à surmonter les défis et leur permettre d’influer sur la direction du pays.  L’accès à une éducation pertinente aussi bien formelle qu’informelle revêt une importance particulière, a-t-il ajouté.  M. Saulo a ensuite annoncé que l’Australie créerait prochainement un poste de commissaire national pour les enfants.


Mme LEE BOC SIL, Vice-Ministre de la jeunesse et de la politique familiale de la République de Corée, a dit que la participation complète des jeunes aux processus des décisions contribuait à la capacité politique mais aussi au développement économique et social durable d’un pays.  Elle a déclaré que la République de Corée facilitait la participation des jeunes par le biais de 430 comités de participation au niveau local.  Elle a estimé que le rôle de la société civile en général, et des associations de jeunes, en particulier, était indispensable pour protéger les jeunes de la violence et du crime et pour promouvoir une société ouverte. 


M. IGNACIO NAUDON, Directeur national de l’institut national pour la jeunesse du Chili, a relevé que les jeunes enregistraient la plus faible participation dans les différents organes de prise de décisions, constatant l’existence d’un « divorce croissant » entre les jeunes et les systèmes politiques.  Ce divorce, a-t-il ajouté, est dû en partie à la méfiance profonde des jeunes envers des systèmes qui les considèrent de manière purement instrumentale, les réduisant au statut de simples bénéficiaires des politiques publiques sans les considérer comme des participants.  Il a également dénoncé les politiques centrées sur la protection de leurs faiblesses plutôt que sur la promotion de leurs capacités. 


Selon M. Naudon, tant que les jeunes resteront en marge de la société, la priorité continuera d’être donnée aux questions qui concernent les adultes.  Par conséquent, a-t-il ajouté, toute initiative sociale doit être accompagnée d’une politique agressive visant à encourager la participation des jeunes.  On ne peut continuer de prétendre accorder la priorité aux jeunes si on n’encourage pas vivement leur participation, notamment dans la conception, la mise en œuvre, et l’évaluation des politiques publiques.


M. MATHIAS RODRIGUEZ, Directeur national de la jeunesse au Ministère du développement social de l’Uruguay, a déploré un taux de chômage très important chez les jeunes de 18 à 24 ans malgré un fort taux de croissance.  Il a indiqué que ce taux de chômage commençait à diminuer grâce à une réorientation des politiques sociales.  Il a mis l’accent sur quatre priorités qui sont la réinsertion et la formation continue, l’amélioration de la formation et de l’insertion professionnelle, la promotion de la participation des jeunes, et celle de la coordination qui inclut la jeunesse dans toutes les politiques sectorielles.


M. MIGUEL ANGEL PEREIRA, Directeur exécutif du Conseil national de la jeunesse d’El Salvador, a cité une politique nationale pour la jeunesse élaborée avec la participation de milliers de jeunes de nombreuses municipalités.  La plus grande richesse de l’Amérique latine, n’est ni l’or ni le pétrole, mais les jeunes qui constituent un véritable atout démographique que nous devons apprendre à mieux utiliser et valoriser.  Il a jugé nécessaire d’agir de façon plus décisive, notamment dans le domaine de l’éducation.  C’est pourquoi, il a demandé à l’ONU de créer un programme international de bourses d’étude pour les étudiants des pays les plus pauvres.  


M. AMOS ISSAC, Sous-Secrétaire général au Ministère de la jeunesse, des sports et de la culture du Niger, a indiqué que la jeunesse était une ressource fondamentale pour assurer un développement durable.  Il a évoqué la création en 2006 du Conseil national de la jeunesse et la mise en place d’un Comité technique sur les questions concernant la jeunesse.  La nouvelle politique de la jeunesse du Niger affirme la volonté du Gouvernement de se doter d’un instrument d’orientation sur le long terme pour promouvoir l’avènement d’une jeunesse véritable moteur de son avenir.  Le Gouvernement prévoit également de créer 50 000 emplois par an d’ici à 2015.


M. RICARDO IBARRA, Conseiller auprès de l’Institut national pour la jeunesse de l’Espagne, a invité les gouvernements à réviser leurs politiques des jeunes.  Le développement de l’apprentissage et de la pratique permettra aux jeunes de participer activement à la vie publique, a-t-il notamment estimé.  Il a cité les mérites de l’éducation informelle, avant d’appeler à la création d’une culture de la participation dès la plus jeune enfance.  Les conseils nationaux de jeunes ont également un rôle à jouer, a-t-il ajouté, en appelant au respect d’une réelle égalité entre garçons et filles.


M. TEDDY MULOGAN, Secrétaire permanent du Ministère des sports, de la jeunesse et du développement des enfants de la Zambie, a indiqué que 68% de la population de son pays avait moins de 35 ans et qu’elle faisait face à des problèmes liés à des perspectives d’emplois limités, un accès limité au financement, à l’abus de drogue, au VIH/sida et à des opportunités de formation inadéquates.  Il a expliqué que son gouvernement avait mis sur pied une politique d’appui aux micros, petites et moyennes entreprises afin de favoriser la création d’emplois. 


L’entrepreneuriat des jeunes est appuyé, tandis que le Centre national pour le commerce technologique octroie aux jeunes diplômés des institutions techniques des outils et des équipements et un espace de travail afin de leur permettre de créer leur propre entreprise.  Il a également évoqué la création d’un fonds de développement pour la jeunesse, ainsi que les initiatives lancées par le Gouvernement dans le domaine de la santé.  M. Mulogan a appelé à la création d’une institution de l’ONU spécialisée dans les questions concernant les jeunes et au renforcement des structures gouvernementales à tous les niveaux pour renforcer la mise en œuvre des programmes pour les jeunes.


M. IMAN USMAN (Indonésie) a jugé indispensable de renforcer la coopération pour le développement des capacités des jeunes.  Il a dit que les jeunes représentaient une énergie sans limite et jugé indispensable de leur garantir une éducation de qualité. 


M. PEDRO SERRANO (Union européenne) a dit que trop de jeunes vivent dans la pauvreté, souffrent de la faim et n’ayant pas accès à une éducation de base.  Il a appelé à la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour la jeunesse aux niveaux international, national et local.  Il a mis l’accent sur l’importance qu’il y a à garantir la pleine jouissance par les jeunes de leurs droits.  Il a mis l’accent sur le programme « Jeunes en action » qui encourage la mobilité et le travail des jeunes.  Il s’est aussi attardé sur le Programme Erasmus qui vise à améliorer l’éducation supérieure grâce à des bourses d’étude.


M. KAZUO KODAMA (Japon) a estimé qu’il fallait augmenter la participation des jeunes dans la société.  Il a expliqué qu’au niveau international, le Japon avait mis en œuvre plusieurs programmes d’échange, afin d’améliorer la compréhension mutuelle entre les jeunes japonais et la communauté internationale.  Il a souligné la nécessité de répondre au problème du chômage des jeunes et se référant au « printemps arabe », il a affirmé que l’emploi donne un sentiment de sécurité et de fierté permettant aux jeunes de devenir des membres à part entière des sociétés dans lesquelles ils vivent.  Le Japon, a-t-il ajouté, appuie le développement social et humain, la création d’emplois et la croissance économique dans les pays en développement.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a affirmé que les jeunes étaient des acteurs clefs pour l’intégration, le pluralisme et la diversité, notamment en matière de lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination.  Il a rappelé que l’Autriche avait organisé l’an dernier à Vienne, avec la Ligue des États arabes, le premier forum des jeunes dirigeants arabes et européens, et que les préparatifs d’un deuxième forum étaient actuellement en cours.  Il a souligné qu’une participation pleine et effective des jeunes était essentielle, appelant notamment au renforcement du dialogue entre les jeunes et les décideurs et à la participation des jeunes au processus de prise de décisions, aux niveaux national, régional et international.  Le représentant a par ailleurs indiqué que toute politique destinée à améliorer la situation des jeunes exigeait le plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau sur la jeunesse: les participants invitent à responsabiliser les jeunes tout en tirant parti de leur dynamisme pour faire avancer le développement

AG/11117

Réunion de haut niveau sur la jeunesse: les participants invitent à responsabiliser les jeunes tout en tirant parti de leur dynamisme pour faire avancer le développement

25/07/2011
Assemblée généraleAG/11117
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

110e séance plénière - matin et après-midi


RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA JEUNESSE: LES PARTICIPANTS INVITENT À RESPONSABILISER LES

JEUNES TOUT EN TIRANT PARTI DE LEUR DYNAMISME POUR FAIRE AVANCER LE DÉVELOPPEMENT


« Il faut travailler avec les jeunes et pour les jeunes », a été, en résumé, le message des travaux de la première journée de la Réunion de haut niveau sur la jeunesse, qui s’ouvrait aujourd’hui à l’Assemblée générale de l’ONU, à New York.  Plus de 500 jeunes se sont déplacés pour participer à cette Réunion, qui se tient les 25 et 26 juillet 2011 dans le cadre de l’Année internationale de la jeunesse dont le thème est « dialogue et compréhension mutuelle ».


En début de séance, les participants ont observé une minute de silence en soutien au Gouvernement et au peuple norvégiens, à la suite de la tragédie qui les a endeuillés vendredi dernier.  Parmi les 700 jeunes qui s’étaient réunis le 22 juillet sur l’île d’Utøya, où s’est déroulée une partie du drame qui a endeuillé le pays, les personnes assassinées faisaient partie de l’avenir de la politique en Norvège, a indiqué le représentant de ce pays qui a reçu les condoléances de chaque intervenant.


Aujourd’hui, à travers le monde, les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentent plus d’un milliard de filles et de garçons, soit « 18% de la population mondiale, dont 87% vivent dans les pays en développement », a indiqué le Ministre des affaires de la jeunesse de l’Inde.  « Il est temps de nous engager réellement pour améliorer le sort des jeunes dans le monde, notamment celui des plus marginalisés », a déclaré avec fermeté un représentant brésilien de l’Alliance universelle des unions chrétiennes de jeunes gens.


Ouvrant la Réunion de haut niveau, le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss, a noté que, malgré les avancées réalisées dans la mise en œuvre des objectifs de développement agréés au niveau mondial, de nombreux jeunes vivent dans des zones où la pauvreté reste encore un défi majeur à relever.  Les jeunes n’ont bien souvent qu’un accès difficile aux services sociaux de base, à une éducation, à une formation professionnelle ainsi et à des soins de santé de qualité, a-t-il observé.


Ces constatations ont aussi été celles des participants à la première table ronde, tenue ce matin.  Ils ont notamment plaidé pour une meilleure coopération en vue de donner une formation aux jeunes qui soit mieux adaptée aux besoins du marché du travail.  Les taux de chômage chez les jeunes sont de 3 à 6 fois supérieurs à ceux des adultes, et les emplois qui leur sont attribués sont en général mal payés et dangereux, a indiqué le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général a invité les États Membres à répondre à l’appel légitime des jeunes pour la dignité et le travail décent.  Il leur a demandé d’investir dans la jeunesse « qui est synonyme de plus de richesses pour tous ».


Au cours de la matinée, les intervenants ont relevé les qualités propres à la jeunesse, telles que le dynamisme, l’audace, le dévouement aux idéaux de paix, d’amitié et d’ouverture à l’autre.  « L’expérience nous a montré aussi comment les jeunes participent à la lutte contre le VIH/sida et comment ils peuvent contribuer à faire une différence dans le combat contre la faim et la pauvreté », a noté M. Deiss.


Beaucoup d’intervenants ont aussi souligné l’attirance des jeunes pour les nouvelles technologies, notamment les réseaux sociaux, « autant de facteurs d’inclusion et d’intégration sociale », a relevé le Président de l’Assemblée générale.  « Les jeunes sont prêts à adopter des modes de vie alternatifs, plus verts et plus durables », a-t-il aussi constaté.  À cet égard, M. Ban Ki-moon a insisté pour que les jeunes jouent un rôle central dans la réponse aux effets des changements climatiques, en insufflant plus d’énergie au programme de travail de la Conférence Rio+20.


Invitée d’honneur de la matinée, Mme Alek Wek, mannequin international, qui est une « source d’inspiration », selon les mots du Secrétaire général, a fait référence à son pays natal, le Soudan du Sud, avant d’expliquer que sa destinée aurait pu être tout autre si elle n’avait pas été à la fois soutenue et responsabilisée par ses parents.


Le Secrétaire général a également rendu hommage à Mohamed Bouazizi, un jeune de 27 ans, dont l’immolation est l’étincelle qui, à partir de la Tunisie, aura contribué à la chute de deux régimes d’autocratie.


Au cours de la deuxième table ronde, tenue dans l’après-midi et coprésidée par le Vice-Premier Ministre du Luxembourg et le Ministre de la jeunesse et des sports de la Bulgarie, les panélistes et les participants ont engagé les gouvernements à aller au-delà de la rhétorique et à adopter des mesures concrètes.  Ils ont suggéré d’établir des partenariats pour intégrer les jeunes au développement de leurs pays respectifs et leur permettre ainsi de devenir « non pas les dirigeants de demain, mais ceux d’aujourd’hui ».


« Il faut aider les jeunes à être des décideurs, et pas uniquement des consommateurs », a renchéri le représentant de la Jordanie.  Certaines délégations, comme celles de la Suisse et de l’Italie, ont proposé de revoir à la baisse l’âge minimum légal pour voter.


La Réunion de haut niveau se poursuivra en séance plénière demain, mardi 26 juillet, à partir de 10 heures.


RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA JEUNESSE


Après avoir exprimé ses condoléances au Gouvernement et au peuple norvégiens, à la suite de la tragédie qui les a endeuillés vendredi dernier, le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. JOSEPH DEISS, a demandé aux participants à la Réunion de haut niveau d’observer une minute de silence.


Le représentant de la Norvège a rappelé que 700 jeunes s’étaient réunis vendredi dernier, pour exercer leur droit de parole dans la vie politique, « poussés par leur foi en la démocratie ».  Cette attaque terroriste semble être l’acte d’un seul homme, de nationalité norvégienne.  Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière que le pays n’ait jamais connue depuis la Deuxième Guerre mondiale, a-t-il précisé.  Il a expliqué que les personnes tuées faisaient partie de l’avenir de la politique en Norvège.  Il a conclu en exprimant la détermination de son pays à défendre la démocratie, l’ouverture et davantage d’humanité.


Ouvrant ensuite la Réunion de haut niveau, le Président de l’Assemblée générale a indiqué que plus de 500 jeunes se sont déplacés du monde entier pour l’occasion.  Aujourd’hui, les jeunes de 15 à 24 ans représentent plus d’un milliard de filles et de garçons, dont la grande majorité vit dans les pays en développement, a indiqué M. Deiss.  Malgré les avancées réalisées dans les objectifs de développement, a-t-il ajouté, de nombreux jeunes vivent dans des zones où la pauvreté reste encore un défi majeur, comme en Somalie.  Les jeunes n’ont bien souvent qu’un accès difficile aux services sociaux de base, à une éducation et à une formation professionnelle ainsi qu’à des soins de santé de qualité, a-t-il ajouté.


Le Président a rappelé que l’Assemblée générale a adopté, en décembre 2009, la résolution proclamant l’année commençant le 12 août 2010 comme l’Année internationale de la jeunesse.  Cette Année a été placée sous le thème du « dialogue et de la compréhension mutuelle », en vue de promouvoir des idéaux de paix, de respect des droits de l’homme et de solidarité entre générations, cultures, religions et civilisations.  Les événements récents dans le monde arabe nous ont montré à quel point les jeunes sont des acteurs majeurs dans nos sociétés, a observé M. Deiss, soulignant qu’ils sont mus par des idéaux de paix, d’amitié et d’ouverture à l’autre et à ses différences et qu’ils sont « souvent plus tolérants que leurs aînés ».


Les jeunes sont des adeptes enthousiastes des nouvelles technologies et de la nouveauté en général, autant de facteurs d’inclusion et d’intégration sociale, a relevé M. Deiss.  Les jeunes sont prêts à adopter des modes de vie alternatifs, plus verts et plus durables.  L’expérience nous a montré aussi comment les jeunes participent à la lutte contre le sida, comment ils peuvent contribuer à faire une différence dans le combat contre la faim et la pauvreté.


« Nous devons mieux tirer parti de cette énergie et de cet enthousiasme des jeunes », a-t-il plaidé, invitant à créer les conditions qui permettent aux jeunes d’exercer pleinement leurs droits, de s’épanouir et de satisfaire leurs aspirations.  « Nous devons travailler pour les jeunes et avec les jeunes. »


Le Président a souhaité que l’Année de la jeunesse laisse, à travers la déclaration finale qui sera adoptée à l’issue de cette Réunion, un héritage à la hauteur de ces ambitions.  Il a appelé au renforcement des partenariats entre les gouvernements, les organisations dirigées par les jeunes et les autres partenaires de la société civile et du secteur privé.  Il a aussi appelé les États Membres à s’engager pour mettre en œuvre les politiques et les programmes en ligne avec les objectifs de la déclaration.  En ce qui concerne les entités des Nations Unies, il les a invitées à renforcer leur coordination dans ce domaine.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a tout d’abord fait part de son choc après les attaques commises en Norvège et a condamné cette violence dans les termes les plus fermes.  Il a fait part de sa tristesse, notamment parce que « cet assassin avait pris pour cible des jeunes mus par l’avenir de leur pays ».  Cet acte, a-t-il ajouté, va à l’encontre de l’objectif de cette Réunion.


Tournant ensuite son attention aux autres participants de cette Réunion, il fait valoir que Mme Alek Wek était une source d’inspiration, d’autant plus que son destin aurait pu être entièrement différent.  Se référent à la naissance du Soudan du Sud, son pays natal, il a affirmé que ce pays aurait besoin de l’appui de l’ensemble de la communauté internationale.  Il a également évoqué le sort des jeunes qui vivent dans les favelas du Brésil sans grandes perspectives d’avenir.  Les taux de chômage chez les jeunes sont de 3 à 6 fois supérieurs que pour les adultes, et les emplois mal payés et dangereux sont la norme.


En Tunisie, a-t-il enchaîné, les jeunes se sont trouvés au cœur du souffle qui a changé le Moyen-Orient.  Il a notamment évoqué l’immolation de Mohamed Bouazizi, un jeune de 27 ans, « lassé par l’avenir et la vie ».  Son destin était tragique, mais l’étincelle qu’il a allumée a permis de faire tomber deux régimes autocrates, a-t-il commenté. 


Pour le Secrétaire général, la « génération Facebook » a montré sa détermination à changer le monde et sa capacité à le faire bouger.  Les jeunes, a-t-il ajouté, s’élèvent pour dénoncer la discrimination sur la base de la l’orientation sexuelle et du sexe.  Ils prônent un mode de développement et comprennent bien à quel point il faut transcender nos différences religieuses et culturelles pour le bien commun.


Nous devons travailler pour eux et avec eux afin de créer le monde qu’ils souhaitent, a enchaîné le Secrétaire général.  Il faut répondre à leur appel légitime de dignité et de travail décent.  S’ils ne voient pas un avenir positif, a prévenu M. Ban, ils risquent de se retrouver sur la pente glissante de l’échelle sociale.  Il a appelé les États Membres à « investir dans notre jeunesse qui est synonyme de plus de richesses pour tous ».


Le Secrétaire général a affirmé que l’ONU faisait tout son possible pour impliquer les jeunes dans ses décisions.  « En faisons-nous assez? », a-t-il lancé aux jeunes qui participaient à cette Réunion et qui ont répondu « non ».  « Pouvons-nous en faire davantage? », a-t-il enchaîné, suite à quoi l’auditorium a retenti d’un « oui » assourdissant.


M. Ban a ensuite prévenu que la Conférence Rio+20 était une de ses priorités les plus importantes.  Le développement durable, a-t-il affirmé, doit être une question déterminante pour notre époque.  C’est la seule manière de répondre aux effets des changements climatiques.  Le Secrétaire général a souligné que les jeunes avaient un rôle central à jouer afin d’insuffler plus d’énergie au Programme de Rio+20.


Il a également appelé les États Membres à intégrer davantage de jeunes gens au sein de leur délégation, avançant qu’ils pourront ainsi mieux comprendre les perspectives et les points de vue des jeunes.  Selon le Secrétaire général, le programme des jeunes délégués est une occasion importante pour permettre aux jeunes de se présenter sur la scène internationale.  « Nous avons besoin des jeunes à nos côtés.  Profitons de leur créativité et de leur idéalisme pour le bien de tous, mais surtout des jeunes eux-mêmes ».


Mme ALEK WEK, Mannequin de renommée internationale, a indiqué qu’avec sa famille, elle avait dû quitter le Soudan du Sud, son pays natal, à l’âge de 12 ans.  Arrivée ensuite à Londres en tant que réfugiée, elle n’a pas vu sa mère pendant deux ans, ce qui était « très dur », a-t-elle avoué, malgré les bons souvenirs de son enfance au Soudan du Sud, qui ont contribué à la construction de sa personnalité.  Mon père, a-t-elle dit, m’a inculqué le principe selon lequel il faut tout faire pour devenir soi-même.  Elle s’est dite convaincue que les enfants ne sont pas l’avenir mais « le présent », invitant les États Membres à investir dans l’éducation.  Il ne faut pas seulement éduquer les jeunes, il faut aussi les prendre par la main.


M. ROMULO DANTAS, Secrétaire pour le renforcement de la capacité d’action des jeunes à l’Alliance universelle des unions chrétiennes de jeunes gens, a évoqué Sao Paulo, sa ville d’origine, « une des plus violentes au monde », faisant notamment référence au sort de ses camarades, dont nombre sont morts ou dont la vie semble être sans perspective.  Il a exprimé les craintes de certains jeunes par rapport à leur orientation sexuelle, au respect du droit de la fille à disposer de son corps et au ravage de la violence et de la guerre, sans parler du VIH/sida et de l’analphabétisme.


M. Dantas a affirmé qu’il sera impossible de trouver des solutions à la situation des jeunes tant qu’il n’y aura pas de réel partenariat entre les différentes parties prenantes.  Il a souligné à quel point le dialogue était indispensable et a estimé qu’il était temps de « nous engager réellement pour améliorer le sort des jeunes dans le monde, notamment celui des plus marginalisés.  Soyons partenaires et faisons preuve de confiance mutuelle plus que par le passé », a-t-il affirmé.


Le représentant a expliqué que son organisation avait pour rôle d’autonomiser les jeunes et leur permettait d’être de véritables acteurs du changement.  Il a notamment encouragé les États Membres à consacrer plus de ressources aux jeunes.  Nous sommes très actifs, alors rendez les choses moins bureaucratiques ».


M. Dantas a attiré l’attention sur la situation des jeunes marginalisés.  Rien ne peut se faire pour les jeunes sans la participation des jeunes, a-t-il prévenu, en concluant son discours par quelques vers chantés.


Table ronde thématique 1 : « Renforcement de la coopération internationale en faveur de la jeunesse et amélioration du dialogue, de la compréhension mutuelle et de la participation active des jeunes, en tant qu’éléments indispensables des mesures à prendre pour réaliser l’insertion sociale, parvenir au plein emploi et éliminer la pauvreté »


Axée sur l’insertion sociale des jeunes, notamment par le biais de l’emploi, cette première table ronde a été l’occasion de souligner l’importance d’une éducation et d’une formation professionnelle qui soient de meilleure qualité et plus adaptées au marché du travail.  Les intervenants à la discussion ont également plaidé en faveur d’un meilleur accès des jeunes aux services de santé reproductive et à l’éducation sexuelle.


Les jeunes constituent 18% de la population mondiale, dont 87% vivent dans les pays en développement, a indiqué le Ministre des affaires de la jeunesse de l’Inde, M. AJAY MAKEN, qui coprésidait la table ronde.  En Inde, a-t-il précisé, 70% de la population ont moins de 35 ans, ce qui fait de l’Inde le pays où il y a le plus de jeunes au monde.  Il a souligné l’importance du dialogue avec les jeunes dans le renforcement des démocraties, notant avec satisfaction que chaque pays a pris des mesures importantes en ce sens.  Mais les jeunes se heurtent souvent au problème de la migration internationale, a-t-il dit, invitant les participants à débattre de cette question.


Les jeunes migrants recherchent de meilleures conditions de vie ou veulent élargir leur horizon, a expliqué sur ce point l’autre coprésident de la table ronde, le Directeur de l’Institut national de la jeunesse du Mexique, M. MIGUEL ANGEL CARREON SANCHEZ.  Si les centres de recherche et d’éducation à la haute technologie reçoivent chaque année des millions de jeunes étrangers, les jeunes qui en sortent ne trouvent cependant pas toujours un emploi à la hauteur de leurs attentes, a-t-il remarqué, en invitant les États et la communauté internationale à renforcer les efforts d’insertion déployés à leur égard.  En Amérique latine et dans les Caraïbes, une personne sur trois a entre 12 et 29 ans, a-t-il également indiqué.


« Les jeunes ont beaucoup changé depuis les 10 dernières années, avec l’arrivée notamment de la parabole de la télévision par satellite et d’Internet », a observé le Ministre de la jeunesse et des sports du Maroc, qui a parlé de la naissance d’un véritable « village planétaire ».  Dans son pays, a-t-il expliqué, soit les enfants quittent l’école très jeune, vers l’âge de 15 ans, pour suivre une formation professionnelle technique et obtenir un travail de type manuel, soit ils poursuivent leurs études très longtemps, jusqu’à 28 ou 30 ans.  Ces derniers, qui sont très actifs sur les réseaux sociaux, restent cependant souvent célibataires et vivent chez leurs parents, a-t-il remarqué, notant pourtant leur désir de quitter le foyer familial et d’obtenir un emploi plus rapidement.  Le Ministre de la jeunesse et des sports du Maroc a rappelé les changements politiques importants ayant eu lieu récemment au Maroc, qui ont conduit à l’adoption d’une nouvelle Constitution et bientôt à la tenue d’élections législatives.  À cette occasion, il a espéré que l’âge minimum limite des parlementaires serait rabaissé à 35 ans.


Le Ministre de l’Inde a, lui aussi, rappelé le problème de la pénurie de travailleurs qualifiés, qui touche différentes régions du monde.  En Inde, a-t-il assuré, nous faisons notre possible pour que les jeunes soient formés et puissent trouver un emploi.  L’objectif est d’améliorer le niveau de qualification de plus de 500 millions de personnes d’ici à 2022, a-t-il précisé.


Intervenant en qualité d’expert, M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné l’importance de placer les adolescentes et les jeunes femmes au cœur des activités de développement.  Tout jeune a droit à une éducation, notamment sexuelle, et à un accès aux services de santé, a-t-il dit, relevant en particulier l’importance de la santé procréative.  Les jeunes filles doivent être mieux protégées contre le VIH/sida et contre les grossesses précoces, a-t-il indiqué, car cela leur permet de jouer un rôle plus actif dans la société.  Les jeunes doivent aussi participer à l’économie verte, a-t-il ajouté.  Il faut, en outre, former les jeunes et leur permettre de choisir le nombre d’enfants qu’ils veulent avoir, a dit M. Osotimehin, en lançant un avertissement contre une croissance démographique trop rapide.


De son côté, Mme GEETA RAO GUPTA, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a invité à ne pas oublier « la cohorte des adolescents », c’est-à-dire le groupe des 15 à 18 ans, qui font face à des problèmes particuliers.  Ces jeunes doivent se voir garantir les droits de l’homme, notamment le droit de vivre dans un monde libre et sans violence.  Nous ne pouvons plus continuer à compter uniquement sur les ministères de la jeunesse pour les encadrer, a-t-elle dit.  Elle a donc invité les États Membres à intégrer les programmes pour les jeunes dans les activités de tous les ministères et dans tous les secteurs.  Mme Gupta a regretté le manque de données plus détaillées sur ce groupe de la population, avant d’appeler à investir dans le renforcement des capacités des jeunes.  Les formations doivent être adaptées aux marchés du travail et à la demande, a-t-elle également estimé.  Mme Gupta a enfin mentionné les activités menées par l’UNICEF pour permettre aux jeunes de participer à la marche de la société dans laquelle ils vivent.


Un autre panéliste, M. FAKO MOHRS, du Forum européen de la jeunesse, organisation basée en Allemagne, a fait valoir que les jeunes sont prêts à coopérer à la promotion du développement.  Il a estimé que l’éducation est un instrument indispensable pour assurer la cohésion de la société.  En tant qu’organisation de jeunes, nous sommes prêts à vous aider dans le cadre de la Conférence Rio+20, notamment au niveau de l’élaboration de programmes de formation et d’études, afin qu’ils répondent mieux aux exigences du marché du travail, a-t-il annoncé.  Le taux de chômage des jeunes est trois fois plus élevé que pour le reste de la population, a-t-il rappelé à cet égard.


De son côté, Mme LEILA YASMIN MUCARSEL, de « CIVICUS » (Alliance mondiale pour la participation citoyenne, de l’Argentine), a noté que, 25 ans après la première Année internationale de la jeunesse, la question de la jeunesse a été introduite dans de nombreux programmes nationaux.  En outre, des services spéciaux concernant les jeunes ont été créés.  Mais il est encore difficile de faire accéder les jeunes au marché de l’emploi, à une éducation de qualité, aux services de santé reproductive et à l’éducation sexuelle, a-t-elle regretté.  Appelant les gouvernements à renforcer leurs efforts dans ces domaines, elle a aussi reconnu que les jeunes font partie de la solution à mettre en œuvre, en tant que citoyens.  De son avis, les gouvernements doivent notamment renforcer leurs institutions dédiées aux jeunes.  Ceux-ci peuvent jouer un rôle central pour un monde plus juste, a-t-elle conclu.


Au cours du débat interactif qui a suivi, le maire de Genève, âgé de 33 ans, représentant la Suisse, a reconnu que « donner la parole aux jeunes, c’est prendre des risques », mais c’est aussi l’occasion de prendre des décisions concrètes et d’agir sur le terrain.  Il a notamment proposé d’utiliser les villes et les communes, premier échelon de la démocratie, pour octroyer le droit de vote aux citoyens qui sont plus jeunes que l’âge de la majorité légale, afin de les faire participer plus tôt à la vie publique.


Le représentant de l’Algérie a espéré que les jeunes des pays en développement se verraient donner plus d’espoir au cours des années à venir, grâce à une plus grande autonomisation.  Il a mentionné la Déclaration de Malabo sur la jeunesse, adoptée par l’Union africaine, espérant que sa mise en œuvre aurait pour effet de renforcer la dynamique économique qui a permis au continent africain d’émerger en tant que nouveau pôle de croissance de l’économie mondiale.


Plaidant aussi en faveur d’une plus grande autonomisation des jeunes, le représentant des États-Unis a signalé l’existence d’un site Internet, www.findyouthinfo.org, qui donne des informations sur les jeunes dans le monde et sur les stratégies visant à les impliquer dans des activités civiques, ainsi que des informations portant sur les violences perpétrées à leur égard.


D’autres délégations ont expliqué ce que faisaient leurs gouvernements pour favoriser le dialogue avec les jeunes et les aider à mieux s’intégrer socialement, comme celle du Mozambique, pays qui a adopté des réglementations garantissant un meilleur accès à l’éducation des jeunes.  Le représentant du Suriname a, quant à lui, indiqué que son pays est connu pour son fort taux de participation des jeunes dans les prises de décisions nationales.  Un représentant de la jeunesse égyptienne a apporté son témoignage direct concernant les fruits du volontarisme des jeunes, grâce auquel beaucoup de changements ont eu lieu en Égypte.


Une jeune Américaine, membre de la Nation navajo, a plaidé quant à elle en faveur d’une meilleure représentation des jeunes autochtones.  Elle a aussi souligné les problèmes particuliers dont souffrent les jeunes Navajos, comme un fort taux de diabète.  Les jeunes handicapés représentent 180 millions de personnes, a indiqué pour sa part le représentant de ce groupe.  Il a expliqué les difficultés que rencontrent les jeunes aveugles en matière d’éducation dans tous les domaines.


De son côté, un représentant sénégalais de l’organisation Afrique Action a demandé une plus grande participation des jeunes aux activités menées par les Nations Unies, plaidant pour une institutionnalisation des programmes pour la jeunesse au sein de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC). 


Table ronde thématique 2: « Obstacles au développement des jeunes et possibilités qui s’offrent en matière d’élimination de la pauvreté, de création d’emplois et de réalisation d’un développement durable »


Cette table ronde était coprésidée par M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, et M. CLÉMENT KOFI HUMADO, Ministre de la jeunesse et des sports de la Bulgarie.  Ils étaient accompagnés de Mme IRINA BOKOVA, Directrice générale de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO); M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires économiques et sociales, M. AHMAD AL HINDAWI, de l’organisation Leaders of Tomorrow, de la Jordanie, et Mlle MONIQUE COLEMAN, première porte-parole des jeunes pour les Nations Unies.


D’une manière générale, les panélistes et les participants ont engagé les gouvernements à aller au-delà de la rhétorique, à adopter des mesures concrètes et à établir des partenariats pour intégrer les jeunes au développement de leurs pays respectifs, tout en leur permettant ainsi de devenir « non pas les dirigeants de demain, mais ceux d’aujourd’hui ».


« Depuis le début de la crise économique et financière, le taux moyen de chômage chez les jeunes a augmenté de 7%, et même quand ils ont un emploi, les jeunes sont exposés à des conditions de travail que l’on résume souvent par le terme diplomatique de « précaires », a dit d’emblée M. ASSELBORN, qui a également évoqué les discriminations dont souffrent les jeunes femmes dans le monde du travail.  « Nous sommes encore loin de l’égalité des sexes en ce qui concerne l’éducation et l’emploi », a-t-il notamment noté.


Une représentante de l’Association mondiale des filles guides et des filles scoutes a cité les mérites de l’enseignement informel dispensé par des organisations comme la sienne et elle a estimé que ce type d’éducation et de formation méritait davantage d’appui de la part des États Membres.


Réagissant à ce commentaire, le représentant de la Suisse a indiqué que si beaucoup de jeunes étaient dotés de compétences techniques, nombre d’entre eux n’avaient cependant pas suffisamment « d’intelligence sociale », notamment la capacité de travailler en groupe.  Ce genre d’enseignement se fait souvent de manière informelle, a-t-il observé.  Il a également souligné la nécessité pour chaque jeune d’aboutir à un processus éducatif ou de formation certifiée et de trouver des passerelles entre la voie de l’apprentissage et la voie académique ou universitaire. 


« On ne parle plus simplement d’éducation, mais plutôt d’éducation de qualité », a commenté pour sa part Mme BOKOVA, évoquant notamment l’importance des formations professionnelles et la nécessité pour les jeunes et les autres professionnels d’être en conformité avec les exigences du marché du travail.


Le représentant du Japon a parlé des mérites du bénévolat, tandis que son homologue de la Jordanie a estimé que l’éducation et la formation professionnelle doivent se faire en parallèle.  De son côté, la représentante des États-Unis a prôné la création de réseaux mondiaux de jeunes afin qu’ils puissent s’épauler mutuellement.


Allant plus loin, une représentante de la société civile originaire de Fidji a réclamé l’imposition de quotas de jeunes sur le marché du travail et ailleurs, observant que leur participation dans diverses sphères de la société remettait souvent en cause de vieilles traditions.  « Il faut aider les jeunes à être des décideurs et pas uniquement des consommateurs », a préconisé pour sa part le représentant de la Jordanie.


Abondant dans ce sens, le représentant de l’Italie a lancé un appel pour que l’âge minimum pour voter soit en général revu à la baisse, tandis que son homologue du Guatemala a réclamé le respect du principe d’égalité des chances.  Le représentant de la Belgique a souligné l’importance de prêter une attention particulière aux changements climatiques et d’intégrer par ailleurs des jeunes dans les délégations des États Membres.  « Êtes-vous prêts à nous inclure à la table des négociations sur un pied d’égalité? », a demandé à ce sujet le jeune délégué de Suriname.


À l’instar du représentant des Philippines, le Ministre du Ghana a prôné la création d’emplois verts, estimant par ailleurs que des efforts étaient nécessaires pour créer des emplois destinés aux jeunes afin de leur permettre de contribuer eux aussi à l’élimination de la pauvreté.  « Mais la triste réalité est que dans de nombreux pays d’Afrique et d’ailleurs, la croissance économique n’est pas assez rapide pour pouvoir donner un emploi aux jeunes », a cependant observé une représentante du secteur privé.


Consciente de ce problème, la représentante d’Haïti a engagé les gouvernements à appuyer les activités entrepreneuriales des jeunes et à leur octroyer des crédits afin de leur permettre de suivre des études universitaires.


Évoquant pour sa part la tenue prochaine et les enjeux de la Conférence Rio+20, M. SHA ZUKANG a souligné qu’il était important de respecter le droit des jeunes à hériter d’une planète en bonne santé et d’assurer un développement durable afin de pouvoir leur assurer un avenir.  « Il faut créer les conditions nécessaires leur permettant de jouer le rôle de moteur du changement qui leur revient.  Un développement durable, a-t-il affirmé, c’est l’intégration des jeunes dans l’environnement économique et social ».


M. AL HINDAWI, quant à lui, a appelé les gouvernements à créer un environnement propice à la participation des jeunes en révisant les lois nationales afin de les rendre plus favorables à cette classe d’âge.  Les organisations de jeunes qui « montrent comment fonctionne la démocratie sur le terrain » doivent bénéficier d’un financement direct du budget de l’État et l’éducation informelle doit être davantage appuyée, a estimé ce panéliste qui a par ailleurs appelé l’ONU à établir un mécanisme de coordination plus important pour les jeunes, voire même à créer une institution qui leur soit spécialement destinée.


« Il faut travailler avec les jeunes en les considérant comme un atout et non pas comme un problème », a-t-il notamment estimé, tandis que Mlle COLEMAN appelait les entreprises du secteur privé à faire preuve de responsabilité sociale.


Les répercussions des conflits sur les jeunes ont également été évoquées à plusieurs reprises au cours de cette table ronde.  « Les conflits ont fait qu’on n’entend plus la voix des jeunes, d’où l’importance d’adopter des politiques pour aider les jeunes à sortir du cycle de la violence et des crises récurrentes », a notamment estimé un représentant de la société civile originaire du Liban, tandis que Mme BOKOVA attirait l’attention sur le fait que 28 millions d’enfants sont privés d’éducation à cause des conflits, mais que seulement 2% de l’aide humanitaire destinée aux zones de conflit est consacrée à l’éducation.


Le Ministre de la défense de l’Australie a estimé que les jeunes victimes de conflit avaient une perspective précieuse à offrir aux efforts d’édification de la paix et de reconstruction.  « Leur participation permettrait d’établir une paix plus juste et plus durable », a affirmé la représentante de l’Arménie.


Le représentant de la Mongolie a évoqué, de son côté, les répercussions de l’exode rural sur la cellule familiale et les dissolutions de mariages qui en résultent souvent.  Il a notamment appelé à une meilleure gestion des flux migratoires internationaux afin de permettre aux jeunes d’y participer sans souffrir des effets néfastes du phénomène.  « L’Europe, a renchéri M. ASSELBORN, se doit de mettre sur pied une politique d’immigration qui tienne la route. »


La représentante de la République de Corée a indiqué, quant à elle, que son pays connaissait une augmentation du nombre de fugues chez les jeunes, et elle a estimé qu’il fallait faire davantage pour enrayer la violence domestique.


Enfin, l’Observateur permanent du Saint-Siège a fait lecture d’une déclaration de la Coalition de jeunes qui souligne l’importance de la famille, du droit à la vie, ainsi que celle de lutter contre la traite des personnes, entre autres.


La Charte africaine de la jeunesse a par ailleurs été citée en mérite à plusieurs reprises au cours de cette table ronde.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les experts de la CEDAW dénoncent une définition « étroite » de la traite des êtres humains à Singapour et l’absence d’une commission des droits de l’homme

FEM/1875

Les experts de la CEDAW dénoncent une définition « étroite » de la traite des êtres humains à Singapour et l’absence d’une commission des droits de l’homme

22/07/2011
Assemblée généraleFEM/1875
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité pour l’élimination de la                            

discrimination à l’égard des femmes                        

Quarante-neuvième session                      

993e et 994e séances – matin et après-midi


LES EXPERTS DE LA CEDAW DÉNONCENT UNE DÉFINITION « ÉTROITE » DE LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS À SINGAPOUR ET L’ASBENCE D’UNE COMMISSION DES DROTS DE L’HOMME


L’examen, aujourd’hui, du quatrième rapport périodique de Singapour sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a suscité de nombreuses questions de la part des 23 experts du Comité du même nom qui ont, entre autres, dénoncé une définition « étroite » de la traite des êtres humains et l’absence d’une commission nationale des droits de l’homme.


Devant une délégation singapourienne conduite par la Ministre du développement communautaire, de la jeunesse et des sports, l’experte de la Suisse s’est étonnée de ce que Singapour, qui a ratifié la Convention, il y a maintenant 16 ans, ne l’ait toujours pas intégrée dans la législation nationale.  D’où, a commenté l’experte du Bangladesh, une définition « étroite » de la traite des êtres humains qui ne s’élargit au travail forcé.


La délégation, qui s’est enorgueillie de ce que bien avant la ratification de la Convention, les principes de l’égalité entre les sexes étaient consacrés par l’article 12 de la Constitution et la Charte des droits de la femme de 1961, a pourtant reconnu la « gravité » du problème de la traite à Singapour, « un phénomène important qui se développe », a prévenu l’experte du Bangladesh.


Son homologue de l’Espagne a dénoncé les annonces des agences matrimoniales du type « femme jeune, presque enfant, s’offre comme épouse », avant que l’experte de la Turquie ne s’inquiète de l’importance attachée à la chirurgie esthétique.


La délégation singapourienne a tenu à préciser que plus de 40% des cas de traite sur lesquels la police a enquêté ont fait l’objet de mesures « proactives ».  En 2010, 94 personnes ont été arrêtées alors que la police avait mené 3 600 opérations sur le marché du sexe.  « Tout est mis en œuvre pour réduire la demande des activités commerciales à caractère sexuel, le but étant de gêner l’offre aussi bien que la demande », a affirmé la délégation.   


La situation des travailleurs migrants et domestiques a été commentée à maintes reprises; l’experte de l’Espagne s’étant notamment inquiétée du fait que le travail domestique ne semblait pas être régi par la loi.


La délégation a argué d’unnouveau cadre régulateur pour les agences de l’emploi afin de limiter les abus et les mauvaises pratiques.  Toute personne qui exploite un travailleur étranger encoure dorénavant des peines plus sévères qu’auparavant, et un plafond a été imposé aux frais de recrutement que les travailleurs étrangers versent aux agences.


Les critiques sur l’absence d’une commission nationale des droits de l’homme ont valu aux experts cette réponse de la délégation: « créer une commission pour suivre l’application de la Convention est une pure formalité, ce qui importe c’est d’examiner ce qu’a accompli le pays ».    


Comme les experts ont reproché à Singapour de ne pas intégrer automatiquement les traités et les conventions dans la législation nationale et de priver, à ce titre, une partie lésée, du droit d’invoquer les dispositions de la CEDAW devant les tribunaux, la délégation a assuré que des efforts concrets sont déployés pour incorporer la Convention, malgré l’absence de lois ponctuelles. 


Les experts l’ont tout de même félicitée pour le retrait partiel des réserves émises aux articles 2 et 16 de la CEDAW relatifs aux mesures politiques, au mariage et à la vie de famille.


La prochaine réunion du Comité CEDEF aura lieu vendredi 29 juillet, à partir de 16 heures.


Présentation du quatrième rapport périodique de Singapour (CEDAW/C/SGP/4)


Mme HALIMAH YACOB, Ministre du développement communautaire, de la jeunesse et des sports de Singapour, a expliqué qu’afin d’assurer une meilleure coordination s’agissant des mesures législatives et autres relatives à la mise en œuvre de la CEDAW, le Gouvernement avait établi un Comité appuyé par le Bureau pour le développement des femmes du Ministère qu’elle dirige.  Elle a signalé que Singapour figurait au dixième rang de l’indice de disparité entre les sexes de l’ONU.  L’espérance de vie des Singapouriennes est de 84 ans et le taux de mortalité maternelle compte parmi les plus faibles au monde.


La Ministre a ensuite expliqué que grâce aux possibilités en matière d’éducation, de nombreuses femmes choisissaient de travailler et de garantir ainsi leur indépendance économique.  En 2010, les femmes représentaient 56,5% de la population active, comparé à 30% pendant les années 1970.  Mme Yacob a également indiqué qu’un nombre croissant d’entreprises avaient adopté des initiatives relatives à l’aménagement des horaires de travail afin d’aider leurs employées à concilier vie professionnelle et vie familiale.  Le Gouvernement a aussi renforcé son système d’allocations pour les crèches et les gardes d’enfants.


La chef de la délégation a par ailleurs signalé que les femmes représentaient 25,3% des employeurs du pays, comparé à 16,8% en 1999, et qu’elles occupent 59% des places dans les hautes sphères de la fonction publique.  Un peu moins de 20% des juges de la Cour suprême sont des femmes.


Mme Yacob a cependant indiqué que des efforts constants étaient nécessaires pour assurer l’accès des femmes aux emplois dans les nouvelles technologies.  Il faut également aider les femmes à mieux concilier vie professionnelle et vie familiale et améliorer les infrastructures destinées à aider les femmes âgées.


Après avoir fait savoir que Singapour avait ratifié l’amendement à l’article 20 de la CEDAW, la Ministre s’est attardée sur l’application de la charia à Singapour.  Elle a annoncé que son pays avait partiellement retiré ses réserves aux articles 2 et 16 de la CEDAW, avant de signaler que la loi sur le droit musulman avait été amendée en 2008 de manière à faire passer l’âge minimum de mariage de 16 à 18 ans pour les deux époux. 


La même année, une fatwa a été émise reconnaissant le conjoint survivant comme propriétaire légal des biens du couple à condition qu’une « nuzriah » ou legs ait été établi entre les époux de leur vivant.  Une autre fatwa permet dorénavant aux détenteurs d’un fonds central de prévoyance de nommer leur conjoint ou personnes à charge comme bénéficiaire du montant du compte.


Revenant sur le maintien de réserve à l’égard des articles 2 et 16, Mme Yacob a argué que la minorité musulmane devait pouvoir respecter son droit familial et personnel.  La Ministre a ensuite fait savoir que les femmes occupaient désormais 22,2% des sièges au Parlement.  Depuis 2008, elles bénéficient d’un congé-maternité de 16 semaines, par rapport à 12 précédemment; les femmes enceintes sont protégées de tout licenciement abusif.  La subvention des crèches et les allocations familiales ont également été augmentées.  Les mères qui travaillent bénéficient d’une aide fiscale tandis que les femmes chefs de famille peuvent maintenant déclarer leur mari comme personne à charge.  Mme Yacob s’est également félicitée de ce que depuis 2009, 30% des pères avaient profité des nouveaux congés payés pour parents d’un enfant en bas âge.


Pour ce qui est des femmes vulnérables, la Ministre a indiqué que les lois du pays avaient été renforcées de manière à protéger les femmes et les jeunes filles du commerce du sexe.  Le tourisme pédophile est punissable, comme toute promotion de l’exploitation sexuelle de mineurs.  Par ailleurs, la Charte des femmes a été renforcée pour les protéger des conséquences du divorce.


Mme Yacob a également fait savoir qu’une équipe interagences de lutte contre la traite des personnes avait été mise sur pied en mars 2011.  La politique met l’accent sur la coopération avec les pays voisins, les ONG et le secteur privé et encourage les dénonciations, la protection des victimes ainsi que le partage d’informations.  Singapour envisage par ailleurs d’adhérer au Protocole sur la traite des personnes.


Les lois relatives aux travailleurs migrants sont régulièrement révisées, a poursuivi la chef de la délégation.  Le Ministère du travail a créé un nouveau cadre régulateur pour les agences d’emplois dans le but de limiter les abus et les mauvaises pratiques.  Toute personne qui exploite un travailleur étranger encoure des peines plus sévères qu’auparavant.  Un plafond a été imposé aux frais de recrutement que les travailleurs étrangers versent aux agences.  Ce point est d’autant plus significatif que pratiquement tous les travailleurs étrangers arrivent à Singapour par l’intermédiaire d’une agence de recrutement.


La Ministre a ensuite fait savoir que la population de Singapour vieillissait et que son pays améliorait, par conséquent, ses services de soins préventifs et de soins de santé primaire.  Elle a notamment indiqué que le dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus était fortement subventionné.  Par ailleurs, la nouvelle loi sur la retraite et la reprise de travail permet aux personnes de travailler au-delà de l’âge minimum de la retraite qui est de 62 ans.  Une loi relative aux parents à charge permet en outre aux personnes âgées qui se trouvent dans le besoin d’obtenir une aide financière de la part de leurs enfants.


Articles 1, 2 et 3 relatifs à la discrimination, aux mesures politiques et à la garantie des droits de l’homme et des libertés fondamentales


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, experte de la Croatie, a demandé des précisions sur le rôle du Parlement dans la rédaction du rapport.  Elle a regretté l’absence de précisions sur la non-ratification du Protocole facultatif de la Convention.  Les tribunaux peuvent-ils invoquer la Convention?  Avez-vous l’intention d’interdire explicitement la discrimination fondée sur le sexe? 


Mme PATRICIA SCHULZ, experte de la Suisse, a demandé si Singapour souhaitait ratifier les autres sept traités internationaux en matière de droits de l’homme.  Elle a estimé que le paragraphe 2 de l’article 12 de la Constitution limitait la protection des Singapouriennes et semblait exclure les femmes migrantes.  Elle a demandé des précisions sur le cadre juridique relatif aux homosexuels et transgenres.  


Mme VICTORIA POPESCU, experte de la Roumanie, a invité Singapour à créer un mécanisme indépendant pour les droits de la personne.  Elle a regretté qu’il n’y ait toujours pas de médiateur ou d’ombudsman ni de loi globale sur la lutte contre la discrimination.  


Mme YOKO HAYASHI, experte du Japon, a demandé des précisions sur le fonctionnementduComité de coordination pour la mise en œuvre de la Convention.  Elle a demandé si le « Service des affaires féminines » offrait des cours de sensibilisation aux juges, policiers ou agents de la fonction publique, en général.


Réponse de la délégation


La délégation a précisé que l’article 12 de la Constitution stipule que « toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit à une protection égale de la loi ».  Ces principes s’appliquent naturellement aux femmes qui sont ainsi protégées de la discrimination fondée sur le sexe.  Elle a aussi précisé que les conventions et traités internationaux ne sont pas automatiquement intégrés dans la législation nationale.


Toute personne s’estimant victime de discrimination ne peut invoquer que les dispositions nationales conformes à la « Convention » mais pas la « Convention » en tant que telle.  Le Gouvernement continue d’étudier la possibilité d’adhérer au Protocole facultatif de la « Convention ».  Il ne l’a pas encore fait parce qu’il estime que les dispositions nationales permettent déjà de lutter contre toutes les formes de discrimination dont seraient victimes les femmes.


Une enquête a montré que seules 0,02% des personnes ont indiqué avoir été l’objet de discrimination sur le lieu de travail.  La délégation a avoué que certaines dispositions du droit musulman rendaient obligatoire le maintien de certaines réserves à la Convention, dont l’article 16 de la Constitution relatif au mariage.  Aussi, la loi permet-elle la polygamie mais, au cours des six dernières années, les mariages polygames représentaient moins de 1% des unions; la femme pouvant s’opposer à ce que son mari prenne une deuxième femme.  À ce jour, il n’y a pas de mariage de filles de moins de 18 ans, même si cela est encore légal.


Singapour ne veut pas seulement ratifier des conventions pour la forme.  Créer une commission des droits de l’homme pour suivre l’application de la Convention est une pure formalité, ce qui importe c’est d’examiner ce qu’a accompli le pays, a argué la délégation.  Le Gouvernement a décidé de mobiliser toutes les ressources des différents ministères pour faire avancer l’égalité entre les sexes.


Articles 4, 5 et 6 relatifs aux mesures spéciales, aux rôles stéréotypés par sexe et préjugés, et à la prostitution


Mme VIOLETA NEUBAUER, experte de la Slovénie, a demandé des précisions sur la structure du Gouvernement.  Il semblerait qu’un certain nombre de ministères ne soient pas représentés dans le Comité interministériel, notamment celui des finances.  Singapour est encore loin d’une représentation équitable des femmes aux postes de direction; les efforts du Gouvernement en la matière n’étant pas tous conformes à la Convention. 


Garantir un traitement égal des femmes ne suffit pas, il faut opérer un changement culturel et politique, a-t-elle souligné.  Il revient au Gouvernement de supprimer les privilèges dont bénéficient les hommes dans la vie publique et privée.  Les mesures temporaires spéciales ne doivent pas être considérées comme une aide aux femmes, mais comme un instrument de correction du déséquilibre entre les sexes, a tranché l’experte.


Mme AYSE FERIDE ACAR, experte de la Turquie, s’est dite préoccupée par l’importance de l’industrie de la beauté à Singapour, notamment la chirurgie esthétique.  L’exagération de la beauté féminine est un stéréotype traditionnel et le faire par la médecine moderne est préoccupant, a-t-elle estimé.


Elle a par ailleurs observé que la société singapourienne continuait d’adhérer à l’idée que l’homme est le chef de famille.  Pourquoi en est-il ainsi, a-t-elle demandé, et que fait le Gouvernement pour lutter contre cela?  L’égalité se traduit par une égalité de résultat et pas uniquement par une égalité des chances, a prévenu l’experte.


Mme NAELA MOHAMED GABR, experte de l’Égypte, a rappelé que Singapour était un pays de destination pour la traite et a engagé le pays à ratifier la nouvelle Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur le droit des travailleurs domestiques.  Elle s’est inquiétée d’une législation nationale qui donne une définition très limitée de la traite.


Quelles sont les mesures de protection de témoins?  Nos sources indiquent que les victimes sont refoulées vers leur pays d’origine et que leur nombre ne fait qu’augmenter, a dit l’experte.


Mme SOLEDAD MURILLO DE LA VEGA, experte de l’Espagne, a voulu savoir si le Conseil national de la famille reconnaît la responsabilité des parents s’agissant des soins à donner aux enfants?  Elle a relevé que des inégalités découlaient du fait que les femmes ne font pas le service militaire.  Elle s’est par ailleurs inquiétée du contenu des annonces des agences matrimoniales qui, a-t-elle affirmé, décrivent souvent un rôle d’esclavage et d’asservissement.  Elle a notamment fait lecture d’une annonce pour « femme jeune, presque enfant, s’offre comme épouse ».


L’experte a aussi observé que pratiquement tous les ménages avaient un employé domestique et que ce travail n’était pas considéré comme « normal », ni réglementé par le droit.  Que fait l’État pour protéger les travailleurs domestiques victimes d’abus, dont d’abus sexuels?


Mme SILVIA PIMENTEL, experte du Brésil,a demandé si Singapour comptait intégrer dans sa législation nationale les principes de l’article 5 de la Convention relatif aux «  rôles stéréotypés des sexes et préjugés ».  Elle a invité Singapour à mettre fin à la censure touchant les homosexuels dans les médias et à s’appuyer sur les récentes initiatives du Brésil concernant les homosexuels.


Mme ISMAT JAHAN, experte du Bangladesh, a estimé que la législation nationale contre la traite des êtres humains est loin de répondre aux attentes du CEDAW, car elle ne protège pas assez les victimes.  Si l’État partie prétend que les cas de traite sont très rares, il semble au contraire qu’il s’agit d’un phénomène important qui se développe.  Il semble, a-t-elle ajouté, que cette perception soit le fait d’une définition insuffisante de la traite qui ne prend pas en compte la question du travail forcé.  Comptez-vous adopter une loi générale de lutte contre la traite ayant une dimension sexospécifique?  Votre politique de l’immigration est trop restrictive et peut favoriser la traite.


Mme ZOHRA RASEKH, experte de l’Afghanistan, a demandé des précisions sur le mandat de l’Équipe interinstitutions de lutte contre la traite des êtres humains.  Elle a souhaité des informations sur les efforts menés en termes de prévention et d’information sur les droits et recours des travailleuses migrantes.  Quels financements avez-vous fourni aux ONG qui peuvent sensibiliser le public ou les autorités?


Mme VIOLET TSISIGA AWORI, experte du Kenya, s’est aussi attardée sur la question de la définition de la traite.  Avez-vous mis en place une formation pour les agents de police et les services judiciaires?


Réponse de la délégation


La délégationa reconnu la gravité du problème de la traite à Singapour.  Elle a précisé qu’une femme victime de la traite ne peut être poursuivie.  Toute personne arrêtée pour prostitution bénéficie d’une protection et est considérée comme une victime si elle a été forcée.  Des cours de formation sont prévus pour les policiers.  Des installations spéciales ont été créées pour limiter le traumatisme des victimes durant l’enquête.  Le taux d’occupation des trois abris dont le pays dispose est de 80%.  Un des problèmes auxquels Singapour se heurte est le manque de suivi des ambassades qui ne répondent pas toujours aux demandes de renseignements.


Plus de 40% des cas de traite sur lesquels la police a enquêté ont fait l’objet de mesures proactives, a précisé la délégation, en assurant que l’Équipe interinstitutions essaye d’aligner ses politiques sur les dispositions de la « Convention ».  Elle travaille actuellement à l’élaboration d’un plan d’action national qui comprendra une mission de sensibilisation.  Tout est mis en œuvre pour réduire la demande des activités commerciales à caractère sexuel.  Le but est de gêner l’offre aussi bien que la demande.  En 2010, 94 personnes ont été arrêtées et la police a mené 3 600 opérations sur le marché du sexe.  


Naturellement, a poursuivi la délégation, les employeurs qui maltraitent leurs travailleurs domestiques sont passibles de poursuites.  Ils doivent assurer l’hébergement et la couverture médicale de leurs travailleurs.  L’année dernière, cinq personnes ont été poursuivies pour mauvais traitement.


La prime payée à l’agence de recrutement ne peut dépasser un ou deux mois de salaire, l’agence devant rembourser 50% si la personne est licenciée dans les six mois suivant son entrée en service.  La majorité des travailleurs, a affirmé la délégation, est satisfaite de sa situation et est consciente de ses droits.  La loi sur l’emploi des étrangers doit être révisée l’année prochaine.


Le Gouvernement a lancé des cours d’éducation sur l’amour propre et l’importance d’avoir une image positive de soi.  Les médecins sont passibles de peines disciplinaires s’ils ne respectent pas les directives mais rien n’a été imposé aux instituts de beauté si ce n’est que toutes les informations doivent se fonder sur les faits, conformément au mécanisme mis en place sur l’éthique dans la publicité.


Rien n’empêche les Singapouriennes de faire le service militaire, a aussi précisé le représentant, en soulignant que les femmes touchent un salaire plus élevé que les hommes dans le secteur tertiaire.


Les agences matrimoniales ne sont régies par aucune loi mais leurs annonces doivent respecter certaines normes, dont l’intégrité de la personne.


La délégation a argué que, le fait que le Ministère des finances ne soit pas représenté au Comité interministériel ne signifie pas que la question du financement soit délaissée.  Singapour estime aussi que les mesures temporaires spéciales ne sont nécessaires que dans les situations où les violations sont très graves.  Or, les politiques du pays encouragent la pleine participation des femmes à tous les aspects de la société.


Questions de suivi


Si Singapour respecte les droits de l’homme, pourquoi ne ratifie-t-il pas les conventions pertinentes?, a demandé l’experte de la Suisse.  Elle est revenue sur la situation des homosexuelles et a demandé des précisions sur le fonctionnement de l’aide judiciaire.  La Convention a été ratifiée il y a 16 ans, mais n’est toujours pas intégrée à la législation nationale, s’est-elle étonnée.


L’experte de la Croatie a demandé des explications sur les réserves de Singapour.


L’experte de la Turquie,a souhaité des précisions sur la définition du chef de famille.  Quel est le pourcentage de chefs de famille hommes, a-t-elle insisté.


L’experte de l’Espagne,a souhaité des précisions sur la lutte contre les dérives des agences matrimoniales.


Mme RUTH HALPERIN-KADDARI, experte d’Israël,a jugé nécessaire que Singapour poursuive ses efforts pour adapter la charia aux principes de la Convention.  Elle a demandé si des femmes étaient membres du Conseil de la religion islamique et si des femmes occupaient des postes de direction au sein de la communauté musulmane, en général. 


L’experte de la Roumanie a voulu savoir comment Singapour donnait effets aux lois spéciales visant à intégrer la Convention dans la législation nationale.  Quelles mesures ont été adoptées pour permettre aux plaignants d’invoquer la Convention devant les tribunaux?  Quelles sont les garanties pour le respect des droits de l’homme à Singapour?  Des déclarations d’engagement ont été prises, mais la mise en œuvre fait encore défaut, a-t-elle estimé.


Réponse de la délégation


La délégation a assuré que des efforts concrets étaient déployés pour incorporer la Convention au droit national, malgré l’absence de lois ponctuelles.  Le principe d’égalité sérieusement considéré et l’article 12 de la Constitution est invoqué devant les tribunaux du pays.  Les recommandations du Comité sont dûment prises en compte, de même que les observations générales.  Les tribunaux tiennent dûment compte des instruments internationaux.  La loi protège la femme contre la violence; toute personne coupable est passible d’une peine de prison d’au moins six mois, conformément au Code pénal. 


Les femmes sont au nombre de 21 au Conseil de la religion islamique.  L’élite religieuse se montre d’ailleurs très sensible au fait que les femmes doivent participer à l’élaboration des fatwas les concernant directement.  De plus, 14,7% des administrateurs des mosquées sont des femmes.


À ce stade, le Gouvernement pense que ses objectifs en matière de parité peuvent être atteints grâce aux instruments dont il dispose déjà.  Aucune loi ne spécifie que l’homme doit assumer le rôle de chef de famille.  Le reste tient des préjugés dont l’élimination participe d’un processus continu.  La délégation a tout de même reconnu que le fonctionnement des agences matrimoniales peut parfois poser problème.


Articles 7 et 8 relatifs à la vie politique et publique, et à la représentation


Mme OLINDA BAREIRO-BOBADILLA, experte du Paraguay, a demandé si les organisations de femmes avaient les moyens d’influencer la budgétisation des ministères impliqués dans la promotion des droits de la femme.  Le Comité interministériel compte-t-il accroître la présence des femmes en son sein?  Après avoir exhorté Singapour à prendre des mesures temporaires pour renforcer la présence des femmes dans la vie politique, elle a voulu en savoir sur le pouvoir des femmes au sein du Conseil de la religion islamique de Singapour.    


Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES, experte du Timor-Leste, a demandé combien de femmes siégeaient au Parlement et quel était leur niveau de représentativité au sein des partis politiques.  Elle a demandé des précisions sur la représentation des femmes appartenant à des minorités sexuelles. 


Article 9 relatif à la n ationalité


Mme ZOU, experte de la Chine, s’est félicitée que Singapour ait en avril 2004 permis aux enfants nés à l’étranger de mère singapourienne d’acquérir la nationalité de leur mère.  Mais qu’advient-il des enfants nés avant 2004? 


Réponse de la délégation


La délégation a précisé qu’il y avait deux femmes de moins au Parlement depuis les élections générales de mai 2011.  Elle a aussi parlé d’un réseau d’assistance aux femmes étrangères qui reçoivent une protection égale à celle des femmes singapouriennes.  Elle a ajouté que 90% des demandes de naturalisation présentées par les femmes étrangères reçoivent une réponse positive.  


Article 10 relatif à l’éducation


Mme ZOU, experte de la Chine, a demandé si les centres de formation professionnelle sont ouverts aux femmes ayant peu de qualifications.  Elle a demandé des précisions sur les politiques menées en faveur des enfants handicapés. 


Article 11 relatif à l’emploi


M. NIKLAS BRUUN, expert de la Norvège, a regretté que Singapour ait émis une réserve à l’article 11, qu’il a attribuée à une mauvaise compréhension dudit article, car Singapour a ratifié la Convention 100 de l’OIT sur le principe du « salaire égal pour un travail égal ».  Le Gouvernement a-t-il l’intention d’adopter de nouvelles lois sur le harcèlement sexuel sur le lieu du travail et la discrimination fondée sur le sexe? a demandé l’expert.  


L’experte du Japon, a demandé combien de travailleurs domestiques étrangers ont soumis une procédure de conciliation et combien ont obtenu réparation.  Elle a demandé ce qu’il advenait des femmes, travailleuses domestiques et enceintes risquant d’être expulsées?


Mme PRAMILA PATTEN, experte de Maurice, a dénoncé le fait que les femmes étrangères ne peuvent bénéficier d’un congé-maternité et doivent quitter le territoire à moins de se marier dans les 12 semaines suivant l’accouchement.  Singapour pousse-t-il toujours les hôtesses de l’air à démissionner en cas de grossesse?  Pourquoi de nombreuses multinationales n’ont-elles pas encore de politique d’aménagement du temps de travail?


Mme MAGALYS AROCHA DOMINGUEZ, experte de Cuba, a voulu en savoir plus sur les politiques relatives aux femmes migrantes.  Ont-elles le même droit à la santé?  Qu’en est-il des migrantes malades du sida?  Comment sont gérer les plaintes pour discrimination fondée sur l’orientation sexuelle?  Qu’en est-il de la situation des femmes souffrant d’une incapacité grave?


L’experte du Brésil a voulu savoir si une femme sans assurance médicale pouvait accoucher gratuitement.


Articles 15 et 16 relatifs à l’égalité devant la loi, et au mariage et à la vie de famille.


Pourquoi le Code de la famille s’appelle Charte des femmes? s’est étonnée l’experte d’Israël.  Le fait que la polygamie soit légale ne constitue-t-il pas une discrimination à l’égard des femmes musulmanes?  Pourquoi ne pas tout simplement interdire aux hommes de prendre une seconde épouse?


L’experte a ensuite qualifié d’« alarmant » le fait que Singapour pénalise uniquement le viol conjugal lorsque mari et femme n’habitent plus ensemble.  Elle a également voulu des précisions sur la situation des unions de fait.


Réponse de la délégation


La délégation a précisé que des centres de formation professionnelle ont été ouverts pour les travailleuses domestiques étrangères.  Depuis 2010, 217 000 travailleurs ont suivi une formation, dont la moitié était des femmes.  S’agissant du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, elle a souligné qu’au titre du Code pénal, les auteurs de harcèlement risquent des amendes allant jusqu’à 2 000 dollars américains et des peines de prison allant jusqu’à deux ans.


La délégation a aussi présenté les initiatives en matière de dépistage du VIH/sida, insistant sur le fait que Singapour assure une couverture médicale à tous.  Singapour progresse sur le front de l’aménagement du temps de travail mais s’agissant du viol entre époux, le consensus manque toujours.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Darfour: des « progrès considérables » ont été faits dans les négociations de Doha, mais de nombreux défis se posent encore, affirme le Chef de la MINUAD

CS/10336

Darfour: des « progrès considérables » ont été faits dans les négociations de Doha, mais de nombreux défis se posent encore, affirme le Chef de la MINUAD

22/07/2011
Conseil de sécuritéCS/10336
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6589e séance – matin


DARFOUR: DES « PROGRÈS CONSIDÉRABLES » ONT ÉTÉ FAITS DANS LES NÉGOCIATIONS DE DOHA,

MAIS DE NOMBREUX DÉFIS SE POSENT ENCORE, AFFIRME LE CHEF DE LA MINUAD


Le Représentant spécial conjoint de l’Union africaine et de l’ONU au Darfour, M. Ibrahim Gambari, a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité que des « progrès considérables » avaient été enregistrés dans les négociations de Doha sur le Darfour, tout en soulignant que de nombreux défis subsistaient.


M. Gambari présentait au Conseil de sécurité le rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), Mission qu’il dirige.


Dans son plus récent rapport sur la question, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, qui note que le processus de paix au Darfour est parvenu à un point critique, indique son intention de présenter dans son prochain rapport une feuille de route actualisée concernant la paix au Darfour, recommandant ainsi au Conseil de sécurité d’étudier la possibilité de proroger d’un an le mandat de la Mission.


Au cours de sa présentation devant le Conseil, M. Gambari a rappelé que la Conférence de toutes les parties prenantes s’était tenue à Doha, au Qatar, du 27 au 31 mai dernier, rassemblant environ 500 représentants des parties au conflit, des groupes de la société civile, des partis politiques, des réfugiés et de la diaspora darfourienne, ainsi que des élus.


Le principal résultat de la Conférence fut, a-t-il dit, l’adoption d’un communiqué prévoyant que le projet de « document de Doha pour la paix au Darfour » formerait le socle d’un cessez-le-feu permanent, d’un accord de paix global et sans exclusive, et d’une paix et d’une stabilité durables au Darfour.


M. Gambari a ajouté avoir participé, en tant que représentant du Secrétaire général, le 14 juillet à Doha, à la signature du Document par le Mouvement pour la libération et la justice et le Gouvernement du Soudan, en présence de l’Émir du Qatar, qui présidait la cérémonie, ainsi que des Présidents du Tchad, de l’Érythrée, du Burkina Faso et du Soudan, et des hauts représentants de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).


Si cette signature « représente une étape importante dans la recherche d’une paix et d’une stabilité durables au Darfour », il n’en demeure pas moins que « de nombreux défis subsistent », a estimé M. Gambari, qui, depuis le 6 juillet, assume la fonction de Médiateur en chef conjoint par intérim.


Il est nécessaire que soit poursuivi l’engagement du Mouvement pour la justice et l’égalité, de l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ASL-AW), de l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ASL-MM) et celui du Gouvernement du Soudan à accepter une cessation des hostilités, puis à discuter de bonne foi, de la réalisation d’un accord de paix inclusif et global, a dit M. Gambari. .


Il faudra également garantir une « appropriation du processus de paix par les Darfouriens au niveau local » grâce à un « processus politique crédible, transparent et libre », a-t-il ajouté.  Il a enfin mis l’accent sur l’importance d’instaurer un environnement propice au déroulement du processus politique.


« La MINUAD et le Gouvernement du Soudan continuent de travailler en étroite consultation sur tous les sujets qui sont une préoccupation pour la paix et la stabilité dans la région », a déclaré M. Gambari, après avoir fait le point sur l’évolution du processus politique, des conditions de sécurité et de la situation humanitaire.


La MINUAD, a-t-il dit, « continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir dans le cadre de son mandat pour faciliter le retour de la paix et de la stabilité au Darfour ».  « Des patrouilles accrues et robustes resteront la règle de la Mission, de même que la poursuite de la collaboration avec l’Équipe de pays des Nations Unies et les acteurs humanitaires en vue de faciliter la fourniture d’une assistance humanitaire aux communautés vulnérables ».


Comme l’a souligné le Conseil de sécurité dans sa déclaration du 23 juin, « tous les efforts devraient être entrepris pour obtenir un cessez-le-feu permanent et un accord de paix global dès que possible, sur la base du Document de Doha », a conclu le Chef de la MINUAD.


RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2011/422)


Le Secrétaire général note que le processus de paix au Darfour est parvenu à un point critique.  Les négociations entre le Gouvernement du Soudan et le Mouvement pour la libération et la justice sont sur le point d’aboutir.  Toutefois, étant donné que l’ALS-faction Abdul Wahid et l’ALS-faction Minni Minawi continuent d’essayer d’atteindre leurs objectifs par des moyens militaires, et que les négociations entre le Gouvernement et le Mouvement pour la justice et l’égalité semblent bloquées, les résultats des négociations ne constitueront pas un règlement global du conflit, prévient-il.


Selon le Secrétaire général, les discussions au sein de la Conférence de toutes les parties prenantes à la question du Darfour et le projet d’accord, établi pour l’essentiel sur la base des résultats des négociations entre le Gouvernement et le Mouvement pour la libération et la justice, représentent un pas en avant.  Il estime que le projet d’accord approuvé par la Conférence constitue une base permettant de faire progresser le processus de paix.  Une nouvelle feuille de route qui énonce les prochaines étapes du processus de paix au Darfour est donc en cours de préparation.


Un règlement véritable du conflit au Darfour suppose toujours une large adhésion de toutes les parties, ainsi que celle de tous ceux touchés par le conflit, prévient M. Ban Ki-moon.  Le Secrétaire général exhorte à cet égard la communauté internationale à demander au Gouvernement, à l’ALS-faction Minni Minawi, à l’ALS-faction Abdul Wahid, et au Mouvement pour la justice et l’égalité, de mettre fin aux hostilités et d’engager des négociations sans conditions préalables.


M. Ban se félicite des préparatifs engagés par la MINUAD et le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine en vue d’organiser le processus politique interne au Darfour.  Pour préserver un environnement favorable, il exhorte le Gouvernement à respecter l’engagement pris de lever l’état d’urgence au Darfour.


Au cours des prochains mois, la MINUAD, l’Union africaine, l’ONU et, d’une façon générale, la communauté internationale, doivent être prêtes à aider le Gouvernement du Soudan à remédier aux diverses causes d’instabilité du pays, préconise le Secrétaire général.  Il juge indispensable de mettre fin aux offensives armées et d’engager un dialogue politique.  Il constate avec satisfaction que l’Union africaine et l’ONU ont engagé des consultations au sujet des prochaines étapes du processus de paix.


M. Ban note par ailleurs que les affrontements sporadiques entre forces gouvernementales et forces des divers mouvements au cours des trois derniers mois ont déstabilisé les zones concernées et gêné les activités de protection et d’assistance humanitaires.  Il répéter aux belligérants qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit au Darfour.


Il se dit encouragé par les rapports faisant état de retours volontaires de personnes déplacées dans leurs villes et villages d’origine, et il félicite la MINUAD et les organisations humanitaires de la priorité qu’elles accordent à la protection et à l’assistance en faveur des rapatriés, en plus de la protection et de l’assistance qu’elles assurent déjà aux déplacés et aux communautés d’accueil.


M. Ban Ki-moon félicite également la MINUAD, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et les autres organismes participant à l’« Opération panier de printemps » des efforts qu’ils ont déployés pour faciliter l’accès des organismes humanitaires à la partie orientale du Djebel Marra et à d’autres régions auxquelles on ne pouvait précédemment accéder que de façon limitée.  Par ailleurs, M. Ban Ki-moon demande une nouvelle fois au Gouvernement et aux différents mouvements de ne plus imposer de restrictions aux déplacements de la Mission et des organisations humanitaires.


Le Gouvernement et le peuple soudanais auront également à faire face aux conséquences des changements en cours au Soudan, relève M. Ban.  Au Darfour, il considère que la MINUAD a réalisé d’importants progrès pour ce qui est d’assurer la protection des civils, et qu’elle a un rôle significatif à jouer, en coopération avec le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, à l’appui des initiatives locales en matière de consolidation de la paix et de réconciliation.


Le Secrétaire général indique qu’il a l’intention de présenter dans son prochain rapport au Conseil de sécurité une feuille de route actualisée concernant la paix au Darfour.  C’est pour cela qu’il recommande au Conseil d’étudier la possibilité de proroger d’un an le mandat de la Mission.


En matière de sécurité, M. Ban condamne dans les termes les plus énergiques l’agression contre la patrouille de la MINUAD qui a provoqué la mort tragique d’un conseiller de la police de la Mission.  Il demande au Gouvernement d’en traduire les auteurs devant les organes judiciaires.  Il est cependant soulagé par la libération des trois membres du personnel travaillant pour les services aéronautiques humanitaires des Nations Unies qui avaient été enlevés à Um Shalaya, dans le Darfour-Ouest, le 13 janvier 2011.


M. Ban Ki-moon se dit enfin profondément préoccupé par l’incarcération, par le Service national du renseignement et de la sécurité, sans inculpation ou procès, de deux membres de la Mission recrutés au plan national, alors que tous les membres de la Mission jouissent d’une immunité contre toute arrestation ou détention pour les actes effectués dans le cadre du mandat de la Mission.  Il prévient que cette détention constitue une grave violation de l’accord sur le statut des forces, et exige que le Gouvernement du Soudan les libère immédiatement et présente toute preuve éventuelle de leur comportement répréhensible.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les experts du CEDEF saluent les progrès à Djibouti mais relèvent un déficit dans l’application des lois, compte tenu des « pesanteurs sociales »

FEM/1874

Les experts du CEDEF saluent les progrès à Djibouti mais relèvent un déficit dans l’application des lois, compte tenu des « pesanteurs sociales »

21/07/2011
Assemblée généraleFEM/1874
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité pour l’élimination de la                            

discrimination à l’égard des femmes                        

Quarante-neuvième session                      

991e et 992e séances – matin et après-midi


LES EXPERTS DU CEDEF SALUENT LES PROGRÈS À DJIBOUTI MAIS RELÈVENT UN DÉFICIT DANS L’APPLICATION DES LOIS, COMPTE TENU DES « PESANTEURS SOCIALES »


Les 23 experts du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ont examiné aujourd’hui, pour la première fois, les efforts de Djibouti en matière d’égalité entre les sexes et ont relevé, ce faisant, un déficit dans l’application des lois.


L’ensemble des experts ont salué les progrès considérables engrangés depuis 1999, dans un pays de près de 700 000 habitants qui n’a accédé à l’indépendance qu’en 1977.  Mais devant leur impatience, la Ministre de la promotion de la femme et du planning familial, qui a présenté les rapports de son pays sur la mise en œuvre de la CEDAW*, a reconnu des « pesanteurs sociales » persistantes malgré l’évolution juridique et les mesures de discrimination positive. 


Ce n’est pas par manque de volonté politique, mais l’État doit relever tellement de défis que dans certaines situations, les droits de l’homme reviennent à garantir le droit à l’alimentation.  Certains droits sont prioritaires, a plaidé la Ministre. 


Elle a argué que lors de la ratification de la CEDAW en 1998, la représentation des femmes dans la vie politique et publique était quasi inexistante.  « Il n’y avait aucune femme au Parlement, aucune femme dans les représentations communales, aucune femme ministre ou secrétaire générale, ni présidente de commune ou de parti ».


En 2003, pour la première fois, 7 femmes sont entrées au Parlement et en 2009, elles sont au nombre de 9 sur 65 députés, soit 14%.  En 2008, Djibouti a mis en place des quotas imposant 20% de femmes dans les fonctions électives. 


Que fait le Gouvernement pour contenir les incidences négatives des us, coutumes et traditions en matière des droits de la femme ont demandé les experts; celle de l’Égypte invitant Djibouti à s’appuyer sur les expériences d’autres pays musulmans quant à l’intégration de la charia dans la législation nationale, d’une manière conforme à la CEDAW.


Notant que 42% de la population vit avec moins de deux dollars par jour, l’experte de la Suisse s’est étonnée que le taux de croissance moyen de 5%, observé à Djibouti depuis 2006, ne se soit pas traduit par une évolution concrète puisque 68% des femmes sont encore sans emploi. 


La Ministre de la promotion de la femme s’est défendue en citant le Fonds social de développement (FSD) ainsi que la Caisse populaire d’épargne et de crédit (CPEC), dont la création a été motivée par le souci de promouvoir l’émancipation économique des femmes.  Elle a aussi parlé des efforts en matière d’alphabétisation, dont la proclamation de la Journée nationale de la scolarisation des filles; l’octroi de « bourses pour jeune fille »; la distribution de nourriture aux familles rurales qui scolarisent leur fille et la mise en place de cantines et dortoirs pour les élèves d’origine rurale.


La Ministre s’est enorgueillie du fait que le 3 juillet dernier, 33 communautés ont renoncé publiquement à la pratique de l’excision après trois années d’intenses efforts de sensibilisation. 


Le Comité poursuivra ses travaux demain, vendredi 22 juillet, à partir de 10 heures, avec l’examen du quatrième rapport périodique de Singapour.


* Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes


Présentation du rapport initial et des deuxième et troisième rapports périodiques de Djibouti (CEDAW/C/DJI/1-3)


Madame HASNA BARKAT DAOUD, Ministre de la promotion de la femme et du planning familial de Djibouti, a déclaré que son pays a ratifié la quasi-totalité des instruments fondamentaux ayant trait à l’égalité pour la dignité et les droits de tous les êtres humains.  Outre la CEDAW ratifiée en 1998, Djibouti a ratifié, en février 2005, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que le Protocole facultatif relatif aux droits des femmes en Afrique.  Elle a aussi adhéré à la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants et à la Déclaration solennelle des chefs d’État et de gouvernement africains sur l’égalité entre les hommes et les femmes. 


La Ministre a précisé que le rapport, présenté aujourd’hui et couvrant la période 1999-2009, a été élaboré sous la coordination de son ministère et la supervision du Comité interministériel de coordination, et ce, en étroite collaboration avec la Commission nationale des droits de l’homme.  Elle a rappelé que lors de la ratification de la « Convention » en 1998, la représentation de la femme dans les sphères politique et de prise de décisions était alors quasi inexistante.  « Il n’y avait aucune femme au Parlement, aucune femme dans les représentations communales, aucune femme ministre ou secrétaire générale, aucune présidente de commune ou de parti ».


Les réformes entreprises ont permis entre autres: l’adoption de la loi instituant des quotas d’au moins 10% dans les fonctions électives et hautes fonctions de l’État; l’adoption de la Stratégie nationale pour l’intégration de la femme dans le développement en 2002; et l’adoption du décret d’application pour les hautes fonctions de l’État à au moins 20%.


En 2003, pour la première fois, 7 femmes sont entrées au Parlement et en 2009, elles sont au nombre de 9 sur 65 députés, soit 14%.  Depuis 1999, elles occupent des postes ministériels, 3 en 2011, et depuis 2006, elles ont accès aux conseils régionaux et municipaux.  On dénombre 14 conseillères municipales, 7 conseillères régionales, une maire adjointe, une femme présidente de commune, une femme présidente de parti politique et une femme ambassadrice en 2011.


Sur le plan de l’éducation, en dépit de la volonté affichée, le pourcentage des filles ne dépassait guère 39% dans les cycles primaire et secondaire en 1999 avec un taux de déperdition conséquent par la suite.  Malgré la réforme du système éducatif en 1999, qui a rendu obligatoire la scolarité jusqu’à 16 ans, un comportement discriminatoire relatif à la scolarité de filles persiste encore.  Parmi les mesures correctives adoptées, la Ministre a cité la proclamation de la Journée nationale de la scolarisation des filles célébrée le 11 décembre; l’offre de « bourses pour jeune fille »; la distribution de vivres pour les familles rurales qui scolarisent leur fille; et la mise en place de cantines et de dortoirs pour les élèves originaires de localités rurales.


Dans le contexte de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Djibouti a mis en place de vastes programmes d’alphabétisation fonctionnelle en langues arabe et française, destinée uniquement aux femmes accompagnées enrôlées dans les programmes postalphabétisation. 


Dans le domaine de la lutte contre la violence faite aux femmes, l’accent est mis sur l’information et la sensibilisation aux droits et aux procédures.  La Ministre a annoncé la vulgarisation prochaine d’un guide juridique.  Elle a précisé qu’en date du 3 juillet 2011, 33 communautés ont déclaré publiquement l’abandon de toute forme d’excision après trois années d’intenses efforts de sensibilisation menées conjointement par le Ministère de la promotion de la femme, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’ONG Tostan.


La Ministre a également parlé d’une carte sanitaire pour décentraliser l’offre de soins gratuits sur l’ensemble du territoire national et la construction du Centre de référence en santé de reproduction (CRSR Housseina).  Elle s’est inquiétée de la féminisation de la pandémie de VIH/sida, comme en témoigne le nombre de 1 859 femmes parmi les 3 309 cas notifiés.  Elle a attiré l’attention sur la mise en place d’un Programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PYME) 2003-2007, d’un Plan stratégique national de lutte contre les IST/VIH/SIDA 2008-2012 et de l’adoption en avril 2007 d’une loi de protection des personnes vivant avec le VIH/sida. 


Par ailleurs, elle a indiqué que la création de nouvelles institutions publiques dirigées par des femmes telles que le Secrétariat d’État chargé de la solidarité nationale et de la lutte contre la pauvreté ainsi que le Secrétariat d’État chargé du logement participera au renforcement des capacités économiques des femmes.  Elle a précisé que toutes les actions ont été menées grâce à l’appui déterminant des médias.


Articles 1 et 2 relatifs à la discrimination et aux mesures politiques


Mme AYŞE FERIDE ACAR, experte de la Turquie, a salué le fait que Djibouti s’acquittait de ses obligations à un moment qui n’est « pas très propice ».  Elle a engagé la délégation à ratifier le Protocole facultatif, ainsi que l’amendement à l’article 20 de la CEDAW.  Elle a estimé que la visibilité de la Convention dans la législation nationale pose problème.  La législation sur la famille et le statut personnel fait référence au droit coutumier, a-t-elle relevé. 


Elle a encouragé le Gouvernement à suivre les « éléments créatifs » de la région qui indiquent comment incorporer des éléments de la charia à un droit familial conforme à la CEDAW.  L’experte a également observé que si la limite d’âge pour le mariage était fixée à 18 ans, le mariage à tout âge était possible moyennant l’accord d’un gardien.  Elle a par ailleurs relevé que les auteurs de mutilations génitales féminines n’encouraient aucune poursuite.


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, experte de la Croatie, a demandé des précisions sur le rôle du Parlement dans la préparation du rapport, ainsi que sur la participation des ONG.  Le texte de la Convention a-t-il été traduit dans les langues locales?  Qu’en est-il de l’interdiction de la discrimination dans la législation nationale? 


Réponse de la délégation


La délégation a fait savoir que le processus de ratification du Protocole facultatif était en cours.  La Convention s’intègre directement dans le droit positif djiboutien et les dispositions de la législation nationale sont conformes à la CEDAW.  Cette législation considère les mutilations génitales féminines comme une forme de violence à part entière.  Les autorités s’efforcent en outre d’améliorer l’accès des femmes à la justice, pour faire en sorte que la Convention soit davantage invoquée par les tribunaux.


Elle a ensuite fait savoir que le Code de la famille de 2002 n’avait pu être promulgué que 10 ans après son élaboration à cause des « pesanteurs socioculturelles » considérables.  Il sera sans doute révisé à l’avenir, mais arriver à ce compromis s’était déjà avéré difficile, a commenté la délégation.  Le fait que le statut personnel des femmes soit dorénavant reconnu par le droit national est une avancée considérable.


La délégation a reconnu que les dispositifs relatifs à l’âge du mariage prêtaient à confusion.  S’agissant des mutilations génitales, elle a expliqué qu’une cellule avait été mise sur pied pour recevoir les plaintes.  Certaines affaires ont été réglées à l’amiable et d’autres ont été transférées au parquet, mais, a avoué la délégation, elles n’ont pas abouti; certaines plaintes ayant été retirée ou classées sans suite. 


La délégation a indiqué que la Commission des droits de l’homme était composée de membres d’ONG et qu’elle comptait six femmes.  Oui, a-t-elle affirmé, les parlementaires ont participé à la rédaction du rapport et la traduction de la CEDAW dans les langues nationales est actuellement en cours.  Elle a précisé que le Code la famille avait été traduit et était l’objet d’une grande vulgarisation au sein de la société djiboutienne.


Article 3 relatif à la garantie des droits de l’homme et aux libertés fondamentales


Pour Mme NICOLE AMELINE, experte de la France, la réponse aux principaux défis de la société djiboutienne passe par la reconnaissance du statut de la femme.  Elle a demandé des précisions sur le droit relatif au statut personnel.  Relevant que la stratégie de lutte contre la pauvreté n’avait pas marché, elle a voulu savoir si le Gouvernement avait pu en déterminer la cause. 


Comment va-t-on intégrer la stratégie de l’égalité?  La mobilisation financière est-elle parfaitement ciblée sur ces questions?  Djibouti dispose-t-elle de moyens suffisants pour répondre au problème des mutilations génitales féminines?


Réponse de la délégation


La délégation a reconnu que l’autonomisation économique des femmes laissait à désirer.  Une politique nationale du genre a donc été mise sur pied pour permettre aux femmes de se prendre en main sur le plan professionnel et socioéconomique.  La femme étant très présente dans le secteur informel, un département a été chargé de formaliser les petites et très petites entreprises. 


La délégation a ensuite évoqué les nombreux défis que connaît Djibouti, dont l’absence de ressources et la sécheresse notamment.  Malgré tout, la dimension genre est au centre de la révision de l’Initiative nationale de développement social.


La Commission nationale des droits de l’homme a été créée en 2008 après un atelier de réflexion initié par le Ministère de la justice, en collaboration avec la société civile.  Cette Commission, composée de 40% de femmes, est chargée de donner son avis aux pouvoirs publics sur toutes les questions relatives aux droits de l’homme.  La Commission a participé à la stratégie nationale d’intégration de la femme dans le développement.  Elle est chargée d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les mesures qui lui paraissent de nature à favoriser la protection et la promotion des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la ratification des instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, ou l’adhésion aux textes, ainsi que leur mise en œuvre au plan national.


Article 4 relatif aux mesures spéciales


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, experte de la Croatie,a demandé des exemples demesures temporaires spéciales mises en place pour promouvoir les femmes et accélérer l’égalité entre hommes et femmes. 


Réponse de la délégation


La Ministre de la promotion de la femme a cité l’importance de la loi sur les quotas qui a permis de passer d’une femme ministre en 1999 à trois en 2011.  Malgré la loi de 2008 imposant un minimum de 20% de femmes dans les plus hautes fonctions, il n’y a que 14% de femmes au Parlement, a-t-elle regretté. 


Article 5 sur relatifs aux rôles stéréotypés par sexe et aux préjugés


Mme SOLEDAD MURILLO DE LA VEGA, experte de l’Espagne, a demandé des précisions sur les initiatives de lutte contre les stéréotypes.  Comment Djibouti fait-t-elle face au problème de la polygamie?  La violence domestique est-elle punie?  Les femmes ont-elles recours à des moyens pour dénoncer cette violence et obtenir justice?


Mme NAELA GABR, experte de l’Égypte, a invité Djibouti à s’appuyer sur les expériences d’autres pays musulmans en matière de respect de la femme.  Elle a précisé, à titre d’illustration, que l’Égypte autorisait l’interruption volontaire de grossesse en cas d’inceste ou de viol.  S’agissant de la traite des êtres humains, elle a jugé indispensable de parler de l’identification de la victime, dans un souci de réparation. 


Réponse de la délégation 


La délégation a rappelé que si les mesures temporaires spéciales étaient importantes, il était aussi très utile de parvenir à une autonomisation des femmes par l’éducation.  Elle a précisé que sur cinq présidents de facultés, trois étaient des femmes.  Elle a dit que l’alphabétisation des femmes et de 100% des fillettes au primaire sera déterminante.  En ce qui concerne la polygamie, les mesures correctives du Code de la famille permettent d’espérer que le juge saisi procédera à une enquête sociologique sur l’époux qui veut prendre une seconde épouse, a-t-elle dit. 


La délégation a dit le souci de Djibouti de renforcer sa cellule chargée de la lutte contre la violence conjugale.  Elle a cité des insuffisances en matière de prise en charge psychologique en espérant que Djibouti sera en mesure, prochainement, de construire un centre d’accueil pour les femmes victimes de violences qui serait chargé du suivi psychologique.  S’agissant de l’excision, elle a dit que l’éducation et les médias ont été déterminants pour lutter contre ces pratiques. 


Article 6 relatif à la prostitution


Mme YOKO HAYASHI, experte du Japon, a relevé que Djibouti avait adopté en 2007 une loi sur la traite des personnes.  Qu’en est-il de la situation des personnes victimes de la traite?  Elle a également voulu connaître les dispositifs concernant les migrantes. 


Mme VIOLET TSISIGA AWORI, experte du Kenya, a salué le cadre législatif de Djibouti relatif à la lutte contre la traite.  Elle a observé que Djibouti était un pays d’origine, de destination et de transit et qu’en 2010, 30 000 Djiboutiens, dont un cinquième de femmes, avaient été victimes de la traite.  La peine de 30 ans de prison prévue par la loi est-elle minimale ou maximale?


Réponse de la délégation


La délégation a indiqué que la traite était le résultat de l’importante émigration que connaît le pays, vers les pays du Golfe notamment.  Les professionnels de la lutte contre la traite ont reçu une formation spéciale, notamment en matière d’assistance aux victimes et de techniques d’enquête.  Djibouti travaille avec les pays de la région ainsi qu’avec diverses organisations internationales, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), notamment.  Des centres ont été créés dans les principales villes d’émigration pour orienter les candidats et des cellules d’écoute ont également été mises sur pied dans les camps de réfugiés, où les femmes sont encore plus vulnérables. 


La délégation a ensuite expliqué que la loi sur la traite prévoyait l’élaboration d’un plan d’action national et la mise en place d’une coopération au niveau sous-régional, avec l’Éthiopie notamment, ainsi que la prise en charge des victimes.  Un comité chargé de sa mise en place a été créé au sein du Ministère de la justice.


La loi prévoit des peines allant de deux à cinq ans de prison pour les auteurs et les complices de traite.  Des personnes ont déjà été condamnées par les autorités.


Questions de suivi


L’experte de l’Égypte est revenue sur la ratification des conventions sur les droits de travailleurs migrants, les personnes handicapées et sur les travailleurs domestiques.


Mme ISMAT JAHAN, experte du Bangladesh, a voulu des précisions sur les mécanismes de collaboration régionale en matière de migration.  Qu’en est-il de la ratification de la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale? a-t-elle par ailleurs demandé.


Mme VIOLETA NEUBAUER, experte de la Slovénie, s’est interrogée sur la coordination concernant les politiques et mesures tendant à assurer l’avancement de femmes, notamment l’intégration de la dimension genre aux politiques officielles.


Comment aller plus loin pour qu’il y ait une pleine application des lois? a demandé à son tour l’experte de la France qui a prôné un renforcement des dispositifs judiciaires.  Jusqu’où comptez-vous aller pour assurer l’engagement des magistrats?


Réponse de la délégation


La délégation a indiqué que les conventions sur les personnes handicapées et l’élimination de la discrimination raciale avaient été ratifiées en 2009, et que celle sur les travailleurs migrants avait été ratifiée en 2011. 


S’agissant du mécanisme du suivi, la délégation a cité la mise en place de points focaux ou cellules sectorielles genre au niveau des institutions publiques.  Elle a dit l’importance de ces points focaux pour intégrer les objectifs de parité dans la formulation des politiques.


En matière judiciaire, deux guides relatifs à la violence à l’encontre des femmes ont été publiés, l’un pour les victimes et l’autre pour les professionnels de la justice. 


Question de suivi


L’experte de l’Égyptea invité Djibouti à adhérer à la nouvelle Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur le travail domestique.


Articles 7, 8 et 9 relatifs à la vie politique et publique, à la représentation et à la nationalité


Mme OLINDA BAREIRO-BOBADILLA, experte du Paraguay,a demandé s’il existait en pratique une égalité de fait dans la vie politique.  Lorsqu’un pays se trouve en deçà des quotas, il doit prendre des mesures plus ambitieuses.  Outre les quotas, il doit s’efforcer d’atteindre la parité dans tous les secteurs de la société, a-t-elle insisté.  Elle a demandé si les femmes participent à l’élaboration des politiques officielles.  Quelle est leur place dans les syndicats?  Qu’en est-il des organisations féminines qui luttent pour l’égalité entre les sexes?


Mme  MERIEM BELMIHOUB-ZERDANI, experte de l’Algérie,a salué les progrès « extrêmement importants » réalisés dans le domaine de la représentation des femmes dans la vie publique, durant la jeune existence de Djibouti qui n’est devenue indépendante qu’en 1977.  Vous avez su, malgré toutes les difficultés de l’histoire, du colonialisme et de la pauvreté, en l’espace de 33 ans, adhérer à de nombreux traités internationaux.  Vous avez beaucoup de courage et beaucoup d’idées, a-t-elle insisté, en précisant que la CEDAW était à la disposition de Djibouti pour avancer encore.


Réponse de la délégation


La délégation a concédé que les lois sur les quotas étaient insuffisantes, mais qu’elles constituaient un passage indispensable en direction de la parité de fait.  Elle a dit que les femmes étaient présentes à tous les niveaux de l’administration publique et du secteur privé.  Elle a rappelé que sur les quatre partis politiques djiboutiens, un était présidé par une femme.  Le Département de la promotion de la femme travaille avec de nombreuses ONG féminines, a-t-elle dit, en saluant l’importance des ONG dans la promotion de l’alphabétisation et de la lutte contre les mutilations génitales.  Les femmes représentent près de 40% du personnel judiciaire, a-t-elle précisé.


Article 10 relatif à l’éducation


Mme BARBARA EVELYN BAILEY, experte de la Jamaïque,a demandé des précisions sur les progrès en matière de scolarisation des jeunes filles des zones rurales, en notant qu’il n’y avait depuis 2008, qu’une augmentation de 4,4% du taux de scolarisation.  Elle a jugé indispensable de s’attaquer aux traditions, comme les mariages précoces, qui empêchent les filles d’aller à l’école.  Envisagez-vous de former les filles à des métiers traditionnellement occupés par les hommes, comme celui de la construction? 


Réponse de la délégation


La délégation a convenu qu’il restait encore beaucoup à faire dans le domaine de l’éducation, affirmant en outre que la généralisation du préscolaire permettra de capter, dès le plus jeune âge, les enfants et de sensibiliser les parents.  De plus, la séparation du Ministère de l’éducation et celui de l’enseignement supérieur permettra d’allouer un budget plus important à l’éducation de base. 


La délégation a également évoqué les centres spécialisés pour former les femmes à des métiers agricoles et à l’industrie touristique.  Les jeunes filles sont également formées à la conduite d’engins lourds.  La délégation s’est félicitée de ce que les étudiantes raflent de nombreux prix dans les filières scientifiques.


Article 11 relatif à l’emploi


L’experte de la France a estimé que l’édification d’une agriculture durable au sein de laquelle les femmes avaient toute leur place, s’imposait.  Elle a par ailleurs observé que les femmes travaillaient souvent de nuit dans des conditions difficiles et a par ailleurs regretté que la législation nationale ne contienne pas de dispositions pour lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.


M. NIKLAS BRUUN, expert de la Finlande, a observé que le taux d’emploi des femmes était de moins de 30%, et que la majorité des femmes travaillaient dans le secteur informel.  Quel est le plan d’action envisagé pour accroître l’emploi des femmes?  L’expert a, par ailleurs, relevé que l’OIT avait critiqué Djibouti pour le non-respect du principe « à salaire égal, travail égal ».


Il a également demandé des éclaircissements sur les congés-maternité.  L’expert a estimé que le travail des filles dans le secteur informel et leur manque de scolarisation étaient intimement liés au problème de la prostitution et de la traite.  Quel est le plan d’action du pays en ce qui concerne le travail des enfants?


Réponse de la délégation


La délégation a indiqué que Djibouti était une société de service et que l’eau était le principal problème rencontré dans le domaine agricole.  Des familles ont été installées autour des puits afin de les sédentariser et leur permettre de développer une activité agropastorale.  La délégation a reconnu que le dispositif concernant le harcèlement sexuel était une faiblesse.  En revanche, le partenariat fait dorénavant partie des initiatives relatives à l’entreprenariat féminin comme en témoigne la formalisation du secteur informel.  Pour ce qui est du travail de nuit, le pays ne dispose pas de données précises.  Il est interdit de faire travailler les jeunes de moins de 16 ans dans les métiers de nuit et les métiers domestiques, et leur emploi est réglementé entre l’âge de 16 et de 18 ans.


Article 12 relatif à la santé


Mme MAGALYS AROCHA DOMÍNGUEZ, experte de Cuba, a estimé qu’il fallait mettre l’accent sur les dangers des mutilations génitales.  Les hémorragies sont une des principales causes de mortalité maternelle, a-t-elle notamment indiqué.  Elle a mis l’accent sur l’importance de la sensibilisation de la population et a engagé les autorités à revoir l’efficacité des mesures de lutte contre cette pratique.  Il faut faire plus en la matière, a-t-elle tranché.


L’experte a également voulu des données sur la mortalité des femmes nomades.  Elle s’est par ailleurs inquiétée du faible taux d’utilisation de moyens contraceptifs.  L’utilisation de la pilule prédomine, mais elle ne protège pas du VIH/sida, a-t-elle notamment observé.


Réponse de la délégation


La délégation a affirmé que les conséquences des mutilations génitales faisaient partie de toutes les activités de sensibilisation.  De plus, une stratégie quinquennale de lutte contre l’excision a été mise sur pied en 2006.  Le Gouvernement réagit par ailleurs à la « croissance démographique galopante » du pays et entend mettre en place des politiques de communication effective en ce qui concerne la planification familiale.


La délégation a aussi cité un programme lancé en 1997 pour lutter contre les mutilations génitales, appuyé par les partenaires au développement, dont le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Elle a dit que l’accent a été mis sur la décentralisation des soins, notamment obstétriques, pour faire face à la mortalité maternelle et infantile.  Une centaine d’agents communautaires travaillent sur l’ensemble du territoire en menant des activités de sensibilisation.  Elle a cité un taux d’utilisation des contraceptifs de 33% en 2011 contre 22% en 2008.


Article 13 relatif aux prestations économiques et sociales


Mme PATRICIA SCHULZ, experte de la Suisse, s’est inquiétée de la situation de la famille dans la corne de l’Afrique qui complique encore la tâche de Djibouti pour atteindre les objectifs de promotion de la femme.  Elle a noté que 42% de la population vivait avec moins de deux dollars par jour et que seulement 12% des femmes sont alphabétisées en zone rurale et 40% en zone urbaine. 


Elle a regretté que le taux de croissance moyen de 5% que Djibouti connaît, depuis 2006, ne se soit pas traduit par des évolutions concrètes puisque 68% des femmes sont encore sans emploi.  Elle a demandé ce que Djibouti souhaitait entreprendre pour stimuler la création de microentreprises.  Y a-t-il concurrence entre les diverses institutions de crédit, a-t-elle demandé, en mettant l’accent sur les financements informels comme les tontines, à côté des financements institutionnels.


Réponse de la délégation


La délégation a parlé de la création du Fonds social de développement (FSD) et celle de la Caisse populaire d’épargne et de crédit (CPEC).  Ces institutions permettent aux femmes d’avoir accès aux microcrédits, à la microfinance et aux activités génératrices de revenus.  Elle a dit que la CPEC a pour but de formaliser la « tontine » et de permettre aux femmes de se regrouper pour bénéficier de garanties collectives.  Elle a précisé que la CPEC offre une formation en gestion des microcrédits.  La délégation a vanté la création de petites unités génératrices de revenus.   Elle a dit qu’en raison des besoins immenses, il n’y avait pas de concurrence entre la caisse nationale d’épargne et la caisse populaire.  Elle a souligné le rôle de l’Initiative de développement social (INDS).   


Article 14 relatif aux femmes rurales


MmeZOU XIAOQIAO, experte de la Chine, a souhaité obtenir des données précises sur le pourcentage de femmes rurales par rapport à la population totale et le nombre d’exploitantes agricoles parmi elles.  Ce n’est que lorsque l’on aura toutes ces données que l’on pourra avoir une image précise, a-t-elle insisté.  Notant que trois quarts de la population rurale vit dans la pauvreté, elle a demandé si les personnes âgées et vulnérables bénéficiaient de projets particuliers.  Quelles sont les initiatives prises pour encourager la participation des femmes aux caisses de crédit?


Réponse de la délégation


La délégation a regretté de ne pas pouvoir donner de statistiques sur la situation des femmes en général et des femmes rurales en particulier.  Elle a dit que 80% de la population vivait dans la capitale et 20% dans les zones rurales.  Elle a cité des projets menés avec l’appui de partenaires au développement en matière d’irrigation et de gestion rationnelle de l’eau.  Elle a précisé qu’une vingtaine de puits cimentés ont été installés, l’année dernière, en précisant que la présence de l’eau permet l’ouverture d’écoles et de centres de santé communautaires. 


Articles 15 et 16 relatifs à l’égalité devant la loi et au mariage et vie de famille


Mme RUTH HALPERIN-KADDARI, experte d’Israël, a estimé qu’elle n’avait pas entendu de réponses satisfaisantes sur les initiatives gouvernementales pour limiter les incidences négatives des us, coutumes et traditions sur les droits de la femme.  Elle a jugé urgent d’adapter la charia et la loi islamique avec les préceptes de la Convention.  Elle a demandé des précisions sur les conditions de divorce.


Réponse la délégation


La délégation a évoqué les pesanteurs sociales qui persistent malgré l’évolution juridique et les mesures de discrimination positive.  Ce n’est pas le résultat d’une mauvaise volonté politique, mais l’État doit relever tellement de priorités que dans certaines situations, les droits de l’homme reviennent à garantir le droit à l’alimentation, a reconnu la délégation, en soulignant que certains droits sont prioritaires. 


Elle a souligné que la polygamie était très réglementée; un mari ne pouvant prendre une autre épouse à l’insu de sa première épouse, et la répudiation n’existe plus depuis 2002.


Questions de suivi


L’expert de la Finlande est revenu sur la question du travail informel.


L’experte d’Israël a voulu savoir s’il est possible d’appliquer le processus de consultation qui a entouré les mutilations génitales féminines à d’autres questions concernant les femmes.  Elle a par ailleurs demandé des précisions sur le fonctionnement du Conseil constitutionnel.


L’experte de la Croatie a commenté l’impact des stéréotypes, relevant que dans certains foyers, les femmes avaient tendance à reléguer les tâches ménagères à leurs filles et à leur préférer les garçons.  De quel type d’appui a besoin Djibouti pour que les progrès soient plus rapides?  Les autorités envisagent-elles, par ailleurs, de poursuivre les exciseuses?


Mme ZOHRA RASEKH, experte de l’Afghanistan, a voulu des éclaircissements sur l’accès des femmes à la justice.


De son côté, l’experte de la Suisse a demandé des précisions sur la sédentarisation des populations nomades.  Elle a également voulu connaître le taux d’intérêt des microcrédits destinés aux femmes.


Réponse de la délégation


La délégation a fait savoir que le pays compte des femmes juges.  Leur nomination avait provoqué un tollé à l’époque, mais leur présence permet d’assurer une implication complète des femmes dans ce domaine.  Pour lutter contre les stéréotypes, le Gouvernement a prévu de réformer les programmes scolaires, en éliminant les images négatives des manuels scolaires.  Des campagnes médiatiques sont également prévues.


Les auteurs de mutilations génitales sont poursuivis lorsqu’ils sont dénoncés mais les autorités continuent de privilégier la sensibilisation et la prévention. 


La délégation a confirmé la politique de sédentarisation de Djibouti et a indiqué que le taux d’intérêt est de 1% pour la microfinance, et qu’aucun taux d’intérêt n’était imposé pour les microcrédits.  Par contre, ceux-ci sont uniquement accordés à des groupes d’au moins cinq femmes.


La délégation a ensuite fait savoir que le Conseil constitutionnel existait depuis 1992, et que les modes de saisine étaient multiples.  Elle a précisé que celui-ci s’était prononcé à plusieurs reprises sur des cas de violation fondamentale des droits de la personne.  Les décisions du Conseil sont sans appel, a-t-elle ajouté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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