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À la Quatrième Commission, les délégations demandent que les bénéfices des programmes spatiaux soient, sans discrimination, mis au service du développement

CPSD/511

À la Quatrième Commission, les délégations demandent que les bénéfices des programmes spatiaux soient, sans discrimination, mis au service du développement

18/10/2012
Assemblée généraleCPSD/511
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

9e séance – matin


À LA QUATRIÈME COMMISSION, LES DÉLÉGATIONS DEMANDENT QUE LES BÉNÉFICES DES PROGRAMMES

SPATIAUX SOIENT, SANS DISCRIMINATION, MIS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi ce matin son débat général sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.


Au cours de ce débat, la majorité des délégations a souligné que l’espace extra-atmosphérique faisait partie du patrimoine commun de l’humanité et, en tant que tel, devait être exclusivement utilisé à des fins pacifiques et au bénéfice des générations présentes et futures.  Dans cet esprit, certaines délégations, comme celle de l’Argentine, ont insisté sur le fait que les retombées de la recherche et de la technologie spatiales devaient être mises au service du bien-être de toute l’humanité, d’où l’importance de l’accès universel aux données spatiales.  Partageant ce point de vue, le représentant des États-Unis a indiqué que depuis 2008, toutes les archives des images du satellite américain Landsat avaient été mises à la disposition du public sur Internet.


La réunion de ce matin a également offert l’occasion à certaines délégations de présenter les développements récemment survenus dans leurs programmes spatiaux nationaux.  Ainsi, les représentants du Nigéria, de l’Inde, de la Malaisie, de la Chine et de l’Argentine ont fait part à la Commission de la mise en orbite, par leurs pays respectifs, de nouveaux satellites au courant de cette année.  Tous ont mis en avant l’intérêt incontestable que présente la conversion des technologies spatiales en applications pratiques qui peuvent être mises au service de la vie quotidienne des populations, notamment dans les domaines de la gestion des ressources naturelles, de la météorologie, des transports, des télécommunications ou encore de la prévention des catastrophes.


De son côté, le représentant de l’Ukraine a mis l’accent sur l’urgence d’établir un instrument juridiquement international contraignant pour renforcer les cadres internationaux pertinents régissant l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.


La Quatrième Commission poursuivra demain, vendredi, le 19 octobre, à 10 heures, son débat sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.


COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE (A/67/20, A/C.4/67/L.2 et A/C.4/67/L.7)


Débat général


M. NAZARI ABD HADI (Malaisie) a indiqué qu’en vertu du dixième plan économique de la Malaisie, son pays avait projeté de lancer le troisième satellite d’observation terrestre « RazakSAT-2 », qui devrait produire une meilleure qualité d’image, comparativement au précédent.  La Malaisie est en passe de devenir la plaque tournante dans la fourniture de satellites dans la région du Sud-Est asiatique.  Sur le front domestique, a ajouté le représentant, le Forum spatial de Malaisie, qui s’est tenu les 6 et 7 mars dernier, avait pour objectif de promouvoir le secteur géospatial.  Il a indiqué que l’année 2012 avait été déclarée « Année des sciences et de l’innovation » en vue de promouvoir la science en tant que culture importante en Malaisie.  Enfin, il a expliqué que la politique spatiale nationale et la loi sur l’espace extra-atmosphérique sont en Malaisie deux documents importants dont les termes commencent à prendre forme.  La loi devrait être finalisée avant la fin de l’année.


M. OLEKSANDR NAKONECHNYI (Ukraine), soulignant le travail fait dans la mise en œuvre des recommandations de la Troisième conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III), a déclaré que les observations spatiales devraient être utilisées dans le cadre des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Le représentant a ensuite estimé que l’espace extra-atmosphérique devrait conserver son caractère pacifique.  La promotion de la transparence des activités spatiales, le partage d’informations entre États et la conformité avec le droit international en matière spatiale sont nécessaires pour garantir la nature pacifique des activités spatiales.  Dans ce contexte, un instrument juridique international est souhaitable pour renforcer les cadres internationaux pertinents, a poursuivi le représentant de l’Ukraine, saluant en cela les discussions en cours sur le sujet.


M. Nakonechnyi a ensuite indiqué que l’Ukraine, tout en mettant en œuvre sa politique spatiale nationale, est très attentive à la question de la prolifération des armes et missiles de haute technologie.  En tant que membre du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, l’Ukraine estime en outre nécessaire de revoir le cadre juridique international en matière spatiale afin d’améliorer les capacités de régulation.  Par ailleurs, a-t-il conclu, les États Membres devraient accorder une attention à la question du financement du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.


M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a estimé que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) a été efficace pour promouvoir la coopération internationale dans le domaine des utilisations pacifiques de l’espace et du partage des bénéfices de ces activités.  Conformément à la politique spatiale américaine arrêtée en 2010, les États-Unis continuent à travailler avec les Nations Unies pour trouver des solutions au problème des débris spatiaux et promouvoir les meilleures pratiques pour l’utilisation durable de l’espace.  Cette politique poursuit également des mesures pragmatiques de transparence et de confiance pourvu qu’elles répondent aux critères de l’équité et de la vérifiabilité, a précisé le représentant.  Depuis le lancement de Landsat en 1972, ce programme a facilité la gestion des catastrophes naturelles et des écosystèmes à l’échelle mondiale, a poursuivi M. Hodgkins.  Il a précisé que, depuis 2008, les archives des images de Landsat ont été mises à la disposition du public sur Internet.


La délégation américaine salue les progrès importants réalisés par le Sous-Comité scientifique et technique du COPUOS sur la viabilité à long terme des activités spatiales, sujet important, étant donné le nombre croissant d’acteurs spatiaux et de débris spatiaux, a indiqué le représentant.  Les États-Unis saluent également la qualité des travaux du Groupe de travail sur l’utilisation des sources d’énergie nucléaire dans l’espace extra-atmosphérique.  Le représentant a également noté que le COPUOS et son Sous-Comité juridique ont joué un rôle clef dans l’établissement des premiers traités internationaux sur l’utilisation de l’espace.  Grâce à ces traités, les technologies spatiales ont pu être mises au service du développement durable de toute l’humanité, a-t-il affirmé.   Enfin, le représentant a noté que la dernière session du COPUOS a abouti à la publication de deux documents importants, à savoir le rapport sur le système mondial de navigation par satellites (GNSS) dans le domaine du développement durable, et le rapport présenté hier par le directeur du COPUOS.


M. FADEL BENHASUR (Libye) a tout d’abord mis l’accent sur le rôle joué par le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et les efforts qui sont déployés pour renforcer la coopération internationale en matière d’espace.  Conscient du rôle joué par les sciences et l’application spatiale, la Libye insiste sur l’importance de renforcer la coopération entre les pays dans l’exploitation des données extra-atmosphériques et ce dans un but pacifique, a-t-il ajouté.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance qu’il y a, aux yeux de sa délégation, de renforcer le droit de l’espace extra-atmosphérique.  Par ailleurs, le représentant a appelé les États à déployer davantage d’efforts pour réduire les risques de débris spatiaux et l’utilisation des sources d’énergie nucléaire dans l’espace.  Enfin, M. Benhasur a estimé que l’exploitation des données depuis l’espace devait permettre de réduire les risques de catastrophe.  C’est pourquoi le travail du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER) est indispensable.  L’espace extra-atmosphérique et les ressources naturelles spatiales sont tous sauf illimités, a-t-il cependant prévenu.


M. JOHN CHIKA EJINAKA (Nigéria) a réaffirmé l’engagement de son pays de pleinement respecter les recommandations de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (UNISPACE III).  Il a rappelé que le Nigéria avait mis trois satellites en orbite, NigeriaSat 2 et NigériaSat X en aout 2011, ainsi que NigComsat-1R en décembre 2011.  Ces satellites d’observation terrestre permettront au Nigéria de renforcer ses capacités de gestion des ressources naturelles et des catastrophes naturelles, et, par conséquent d’améliorer la sécurité alimentaire dans le pays, a précisé le représentant.  Pour aller encore plus loin dans l’utilisation des technologies spatiales au service du développement durable, le Nigéria a mis en place une feuille de route pour son Programme spatial qui couvre les 25 années à venir.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance des partenariats et de la collaboration régionale et internationale dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation de l’espace pour pouvoir faire face aux menaces liées aux problèmes environnementaux, aux catastrophes naturelles et aux effets néfastes des changements climatiques.  Par ailleurs, le Nigéria encourage les nations spatiales à partager les informations relatives à leurs activités spatiales en vue de renforcer la confiance mutuelle, a souligné M. Ejinaka.


M. ANANT KUMAR (Inde) a noté avec satisfaction que le COPUOS restait la seule plateforme dont on dispose au niveau mondial pour promouvoir la coopération internationale dans les activités spatiales et pour utiliser l’espace à des fins pacifiques qui profitent à toute l’humanité.  Il a ensuite présenté les réalisations du programme spatial indien.  Ainsi, en octobre 2011, il a été possible de mettre en place quatre satellites en orbite, grâce au véhicule de lancement polaire de satellites PSLV-C18.  Ces mises en orbite ont concerné le satellite franco-indien MEGHA-TROPIQUES et trois autres satellites auxiliaires.  Puis, en avril 2012, lors du vingtième vol spatial de PSLV-C19, il a été possible de mettre en orbite un satellite de télédétection à micro-onde RISAT-1, qui est consacré à la gestion des ressources naturelles et qui est entièrement produit par l’Inde.  Le satellite de communication avancée indien GSAT 10 a, quant à lui, pu être mis en orbite par la fusée européenne Ariane à partir de Kourou, a indiqué M. Kumar.  Le représentant a expliqué qu’en plus d’agrandir la constellation des satellites de télédétection et de communication, l’Inde s’apprêtait à lancer le premier satellite indien du système régional de navigation par satellite (INRSS).  Il a également rappelé qu’en tant que membre actif du Comité mondial d’observation de la Terre par satellite (CEOS), l’Inde allait accueillir la session plénière de ce Comité cette année, au mois d’octobre, à Bangalore, ville qui est le centre des activités spatiales indiennes.


M. LI LINLIN (Chine) a indiqué que cette année avait été marquée par plusieurs bonnes nouvelles dans le domaine spatial.  La station spatiale internationale a pu accueillir le premier vaisseau spatial commercial, et le satellite chinois Tiangong I a pu être mis en orbite.  M. Li a toutefois fait part de certaines préoccupations concernant les débris spatiaux qui représentent une menace de plus en plus grave.  Il est important de tenir compte de certains principes pour protéger l’espace extra-atmosphérique, a-t-il dit.  Le COPUOS doit jouer un rôle de chef de file, et l’espace doit être utilisé à des fins exclusivement pacifiques, a-t-il ajouté, rappelant la nécessité d’adopter un instrument juridique relatif à cette question.  L’exploration et l’exploitation de l’espace doivent être mises au service du développement durable, a estimé M. Li.  La Chine s’engage à travailler activement avec la communauté internationale et à respecter les règles et la philosophie d’un accès pacifique à l’espace.


M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a expliqué que l’espace extra-atmosphérique était un patrimoine qui nécessitait d’être préservé et utilisé à des fins pacifiques au profit de toute l’humanité.  Son exploration et son utilisation doivent être égales pour tous les États, et ce quels que soient leurs degrés de développement scientifique et économique.  Les bénéfices de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique doivent profiter à tous, notamment lorsqu’il s’agit d’améliorer les conditions de vie et la paix entre les peuples, a ajouté le représentant.


M. Ruiz a noté avec satisfaction les progrès réalisés dans la coopération spatiale internationale et ceux accomplis en matière juridique, qui visent à assurer l’utilisation pacifique de l’espace et à prévenir sa militarisation.  Il revient, a-t-il estimé, au COPUOS de garantir l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques et de favoriser le développement du droit spatial international.  La délégation de la Colombie partage la vision des initiatives liées aux mesures de transparence et de confiance et estime que ces initiatives doivent se conformer pleinement aux règles du droit international.  Enfin, M. Ruiz a rappelé que l’espace extra-atmosphérique était une ressource limitée et qu’il était nécessaire d’en assurer l’accès à tous les États de manière rationnelle, indépendante et équitable et ce indépendamment de la situation géographique ou de l’état de développement d’un pays.


M. GERARDO DÍAZ BARTOLOMÉ (Argentine) a rappelé qu’en tant que membre fondateur du COPUOS, son pays restait attaché au principe que l’espace extra-atmosphérique fait partie du bien commun de l’humanité et, en tant que tel, doit être exclusivement utilisé de manière rationnelle et à des fins pacifiques et au bénéfice des générations présentes et futures.  Il a souligné que, dans cet esprit, le potentiel des applications des technologies spatiales doit être mis au service de toute l’humanité, d’où l’importance de l’accès universel aux données spatiales.  Il a présenté les avancées du programme spatial argentin, notamment la mise en orbite du satellite SAC-D Aquarius, en juin 2011, dont la mission principale est de mesurer la salinité des mers et des océans et les niveaux d’humidité des sols pour élaborer des modèles climatiques.  Ces données sont fondamentales pour pouvoir étudier les changements climatiques, a-t-il expliqué, avant d’ajouter que le principal partenaire de cette mission est la NASA.


Pour l’Argentine, la collaboration régionale et internationale dans ce domaine est cruciale pour favoriser les développements de la science et des technologies spatiales ainsi que de leurs applications, a dit M. Díaz Bartolomé.  Par ailleurs, elle permet de promouvoir les échanges de données et les transferts de technologies entre États, sur une base mutuellement acceptable.  Il a salué le projet commun mené par le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies et la Commission nationale des activités spatiales de l’Argentine en vue de l’ouverture en Argentine d’un nouveau siège du Programme des Nations Unies pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER) pour la région de l’Amérique latine.  La participation de l’Argentine au Programme UN-SPIDER devrait permettre de renforcer les projets futurs et les opportunités de coopération pour l’alerte rapide et la gestion des urgences dans la région.  Le représentant a également souligné que l’accès à l’espace extra-atmosphérique devait être équitable pour toute la communauté internationale et que, pour éviter toute utilisation non rationnelle de cet espace, il était fondamental d’appliquer le droit international et le droit spatial.  À cet égard, il a indiqué que son pays allait organiser un séminaire sur le droit spatial sous le thème « Contribution du droit spatial au développement économique et social », ceci, du 5 au 8 novembre prochain.


M. ROBERT E. A. BORJE (Philippines) a estimé que les sciences et les technologies spatiales représentent une réelle opportunité.  De nombreux défis sont à relever, a estimé M. Borje citant l’utilisation de l’espace à « des fins pacifiques » et « un accès universel des pays à l’espace».  L’espace ne doit pas être le domaine d’une certaine élite, et il nécessaire d’adopter des mesures afin de rendre son accès et son utilisation les plus inclusifs possibles.  Le COPUOS  joue un rôle unique en fournissant un forum pour les discutions qui ont lieu entre un nombre de plus en plus grand d’États impliqués dans les activités spatiales, a-t-il estimé.  Dans le même temps, il est essentiel que la question posée par la sécurité dans l’espace amène le COPUOS à intensifier sa coopération avec d’autres organes et mécanismes au sein du système des Nations Unies, y compris la Première Commission et la Conférence du désarmement.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission propose d’inclure les Principes et Lignes directrices de l’ONU sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale

AG/SHC/4043

La Troisième Commission propose d’inclure les Principes et Lignes directrices de l’ONU sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale

18/10/2012
Assemblée généraleAG/SHC/4043
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission                                      

14e et 15e séances – matin et après-midi                    


LA TROISIÈME COMMISSION PROPOSE D’INCLURE LES PRINCIPES ET LIGNES DIRECTRICES DE L’ONU

SUR L’ACCÈS À L ’ASSISTANCE JURIDIQUE DANS LE SYSTÈME DE JUSTICE PÉNALE


Elle entérine également cinq autres résolutions de l’ECOSOC

dont une sur le réexamen des règles minima pour le traitement des détenus


La Troisième Commission, qui a poursuivi aujourd’hui son débat général sur la promotion et la protection de l’enfance, a également approuvé les Principes et Lignes directrices des Nations Unies sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale, ainsi que les recommandations du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’ensemble de règles minima pour le traitement des détenus.


Au total, la Commission de l’Assemblée générale chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a adopté sans vote six résolutions recommandées par le Conseil économique et social (ECOSOC), dont cinq au titre de la prévention du crime et la justice pénale.


S’agissant de la promotion de la femme, la Troisième Commission a proposé à l’Assemblée générale d’examiner, à sa présente session, la question de l’élimination des mutilations génitales féminines dans le cadre de l’examen des questions liées à la promotion de la femme*. 


De même, elle a invité l’Assemblée générale à adopter les 14 Principes et 18 Lignes directrices des Nations Unies sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale en tant que cadre utile pour fournir aux États Membres des orientations dans ce domaine**.


Dans le souci d’humanisation du système de justice pénale, la Commission a adopté un texte intitulé « Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus »*** par lequel l’Assemblée générale prendrait note du travail accompli par le Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée chargé de l’examen de ces règles et de ses recommandations.


En outre, la Troisième Commission a demandé à l’Assemblée d’inviter les instituts du Réseau du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale à inscrire à leurs programmes de travail la question de l’état de droit, en particulier ses aspects liés à la prévention du crime et à la justice pénale.


Elle a recommandé à l’Assemblée générale de prendre note avec satisfaction de l’offre du Gouvernement du Qatar d’accueillir, en 2015, le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale*****.


Enfin, la Troisième Commission l’a appelée à condamner « énergiquementles actes criminels qui ne cessent de se produire à l’encontre des migrants, des travailleurs migrants et de leur famille dans toutes les régions du monde »******.  L’Assemblée générale mettrait notamment l’accent sur les actes de violence motivés par le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


La Commission a entendu la présentation de quatre autres projets de résolution relatifs au bénévolat, à l’amélioration de la coordination de l’action contre la traite des personnes, à la réalisation pour 2015 et au-delà des Objectifs du Millénaire pour le développement, et au renforcement du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.


Auparavant, au cours de la matinée, la Commission avait dialogué avec la Rapporteure spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, Mme Najat M’jid Maalla.


Celle-ci a insisté sur la nécessité d’institutionnaliser les mécanismes de participation des enfants dans les questions les concernant.


La participation de l’enfant relève d’un « processus qui inclut l’accès à des informations appropriées et établit un lien étroit avec le droit de l’enfant d’être entendu », a-t-elle déclaré, en proposant d’effectuer une cartographie et une évaluation de la participation des enfants, en vue d’identifier les réalisations et lacunes qui subsistent.


Au deuxième jour du débat général sur la promotion et la protection de l’enfance, de nombreuses délégations ont expliqué qu’en dépit des crises actuelles, leurs pays s’étaient efforcés d’accorder la priorité à l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant, seul instrument international qui soit proche de la ratification universelle, et à ses Protocoles.


Plusieurs ont relevé l’importance de l’adoption de mécanismes systémiques de protection des enfants, certaines mettant en garde contre l’utilisation accrue de l’Internet pour la traite des enfants, leur vente, exploitation sexuelle ou encore la prostitution et la pornographie impliquant des enfants.


La Troisième Commission se réunira vendredi 19 octobre, à 10 heures, pour achever son débat général sur la promotion et la protection des droits de l’enfant.


* A/C.3/67/L.2

** A/C.3/67/L.6

*** A/C.3/67/L.7

**** A/C.3/67/L.5

***** A/C.3/67/L.3

****** A/C.3/67/L.4


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT


Promotion et protection des droits de l’enfant (A/67/41, A/67/225, A/67/256, A/67/230 et A/67/291)


Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants (A/67/229)


Déclaration liminaire, suivie de dialogues interactifs


Mme NAJAT M’JID MAALLA, Rapporteurespéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, a présenté son dernier rapport (A/67/291) dans lequel elle décrit ses activités relatives à l’exécution de son mandat.  Elle y analyse également le rôle de la participation des enfants dans la prévention et la lutte contre la vente et l’exploitation sexuelle des enfants, et fournit des conseils pratiques sur les enseignements tirés de la collaboration avec les enfants en tant que partenaires. 


Mme M’jidMaalla a axé sa présentation sur la participation des enfants dans les questions qui les touchent, un élément clef, selon elle, de l’efficacité des systèmes de protection de l’enfance.  Leurs recommandations enrichissent la conception des politiques et l’adoption des lois.  


La participation des enfants est un principe essentiel qui transcende tous les programmes et politiques, et doit être appliqué dans tous les domaines, à la maison comme au niveau de l’État, à l’échelle locale comme à l’échelle internationale.  Il s’agit d’un processus qui inclut l’accès à des informations appropriées et établit un lien étroit avec le droit de l’enfant d’être entendu, comme le prévoit la Convention relative aux droits de l’enfant, a précisé la Rapporteure spéciale. 


Elle souligne, dans le rapport, que la Convention relative aux droits de l’enfant ne prévoit pas expressément un droit de participation, mais contient un groupe d’articles considérés comme étant des « articles sur la participation ».  Cependant, l’article 12 de la Convention précise que chaque enfant qui est capable de discernement a le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant. 


Il est tout aussi essentiel d’associer les enfants victimes ou survivants de la vente et de l’exploitation sexuelle aux efforts de prévention et de protection, y compris dans les situations d’exploitation en ligne.  


En ce qui concerne la participation des enfants dans les procédures judiciaires, dans bon nombre de pays il n’existe pas de mécanismes garantissant aux enfants victimes et témoins la protection, la confidentialité et la « non-revictimisation ».  De même, a-t-elle dit, les enfants victimes d’exploitation sexuelle sont passibles de condamnation bien qu’ils soient âgés de moins de 18 ans. 


Les enfants ayant été consultés dans le cadre d’un suivi d’évaluation ne reçoivent pas systématiquement de retour sur leur participation, a-t-elle également observé.  Par ailleurs, le processus de participation des enfants ainsi que les mécanismes mis en place restent très insuffisamment suivis et évalués, ne permettant pas de mesurer l’impact des initiatives de participation des enfants. 


La participation des enfants est un processus incluant l’accès à une information appropriée, l’écoute, la consultation et la prise en compte des avis et des opinions des enfants ainsi que l’appui aux initiatives et organisations d’enfants.  Pour qu’une telle participation soit efficace, durable et conforme aux principes et normes des droits des enfants, elle a mis l’accent sur la nécessité d’institutionnaliser les mécanismes de participation, en procédant éventuellement à des modifications législatives, de garantir l’accès à tous les enfants, sans discrimination aucune, à une information appropriée et de mettre en place des programmes de sensibilisation en vue de promouvoir la participation des enfants dans les familles, les écoles, les institutions ou les collectivités. 


Le délégué de l’Union européenne a dit souhaiter l’adoption de mécanismes de protection des enfants et a demandé à Mme M’jid Maalla quels seraient, selon elle, les mécanismes qui devraient être développés pour sensibiliser les communautés à la prostitution, la vente d’enfants et la pédopornographie? 


Le représentant du Maroc a souhaité avoir des informations sur la nature des mesures que la Rapporteure spéciale recommandait aux États de prendre pour mettre en place une cartographie des agissements dénoncés par le rapport.  


Sa collègue du Costa Rica a demandé à la Rapporteuse spéciale des informations supplémentaires sur le concept de participation des enfants dont elle fait la promotion dans son rapport.  


À propos des mécanismes développés pour sensibiliser les communautés, Mme M’jid Maalla a observé que les États avaient affirmé avoir mené des campagnes de sensibilisation épisodiques.  « Or, quand on voit les aspects pluridimensionnels de ces agissements et le nombre d’acteurs, il semble important que tous les vecteurs soient utilises et notamment l’accès à l’Internet comme outil d’information et de sensibilisation », a-t-elle dit.  


Par ailleurs, elle a souligné le rôle crucial que les médias peuvent jouer dans l’information et la sensibilisation de l’opinion publique, et a rappelé que l’exploitation sexuelle était sous-tendue par des normes sociales qui doivent évoluer.  Elle a déclaré que le caractère transfrontalier de l’exploitation sexuelle des enfants rendait essentielle l’adoption de cadres légaux harmonisés sur le plan international et la mise en œuvre d’échanges d’informations réguliers et actualisés ainsi que le partage d’expertise.  


En matière de cartographie des agissements d’exploitation sexuelle, elle a évoqué les difficultés rencontrées par les États.  Ces difficultés sont particulièrement dues au manque de ressources et de méthodologie nécessitées par ce « travail long et difficile à réaliser ».  Elle a salué, à ce titre, la participation de l’UNICEF à ces efforts qui doivent, selon elle, être intensifiés.  


Répondant à la représentante du Costa Rica, Mme M’jid Maalla a rappelé qu’un enfant ne pouvait participer que s’il était correctement informé dans un langage qu’il comprend, s’il est entendu, et si son avis est pris en compte dans l’élaboration des stratégies de prévention. 


Suite du d ébat général


M. JOSEPH E. GODDARD (Barbade), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que tous les pays de la CARICOM avaient ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant et le document « Un monde digne des enfants ».  À ce jour, huit États Membres ont adhéré ou ratifié le Protocole sur la vente des enfants, les autres s’étant engagés à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication des enfants dans les conflits armés.  Il a salué l’adoption du troisième Protocole établissant une procédure de communications se rapportant à la Convention, ainsi que la première Journée internationale de la fille.  La tentative d’assassinat contre Malala Yousufzai au Pakistan est odieuse, a-t-il commenté, avant de souhaiter un prompt rétablissement à la jeune pakistanaise.  


Dans la région des Caraïbes, des progrès louables ont été accomplis sur les soins aux enfants, la santé maternelle et infantile, et la lutte contre le VIH/sida.  Le représentant a affirmé que les progrès importants enregistrés dans le secteur de la santé étaient également attribuables à la coopération fructueuse avec plusieurs institutions des Nations Unies, en particulier le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 


En 2012, les enfants seront au cœur des débats du Conseil économique et social (ECOSOC).  Les violences faites aux enfants sont un phénomène terrible qu’il faudrait traiter d’urgence, a-t-il dit, en expliquant que la CARICOM avait tenu une réunion sur le suivi des recommandations relatives à cette question et tendant à la prévention de toutes les formes de violence à l’égard des enfants. 


Lors de la trente-troisième réunion ordinaire des chefs d’État de la CARICOM, ceux-ci ont recommandé une démarche intégrée pour arriver à une protection accrue des enfants, à lutter contre le silence et à leur assurer un développement harmonieux exempt de violence, en particulier sexuelle, physique et psychologique.  Il a assuré que la CARICOM continuerait de s’efforcer de créer une région amie des enfants.  


Intervenant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a précisé que tous les États membres de la SADC avaient ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant et adhéré à la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant, en promulguant diverses lois et autres mesures pour donner effet aux dispositions de ces instruments internationaux. 


Il a salué les progrès réalisés dans le domaine de la protection des enfants dans les conflits armés et a appuyé la proposition de la Représentante spéciale du Secrétaire général concernant l’établissement d’un mécanisme de coordination de haut niveau à ce sujet.  Il a fait état de l’adoption du plan économique de la SADC en faveur des enfants et jeunes orphelins vulnérables pour la période 2009-2015, dans le souci de répondre aux besoins de base de ces orphelins et leur permettre de réaliser leur potentiel.  Il a dit que la mise en œuvre de ce plan avait permis d’améliorer l’accès des enfants à l’éducation primaire ainsi qu’aux soins de santé, mais aussi d’améliorer leur alimentation. 


Le représentant a souligné que les membres de la SADC s’étaient engagés à atteindre les objectifs de la deuxième Décennie pour l’éducation en Afrique 2006-2015 pour assurer l’accès universel à une éducation de base aux garçons et aux filles et renforcer les systèmes d’information et de gestion de l’éducation.  Ils se sont aussi engagés à développer des infrastructures de sport et de promouvoir des activités extrascolaires pour les enfants, a-t-il dit.  Il a précisé que tous les États membres avaient accédé à des accords multilatéraux, régionaux et bilatéraux sur la prévention, la détection et les enquêtes sur les cas d’exploitation sexuelle impliquant des enfants. 


M. Gumende a également noté que, dans la lutte contre le VIH/sida qui affecte les enfants, la SADC avait adopté un cadre stratégique visant à intensifier des mesures concrètes et des actions spécifiques pour faire face de manière exhaustive et coordonnée à l’impact dévastateur de la pandémie. 


Le représentant s’est dit très inquiet du développement du trafic de personnes, notamment des femmes et des enfants.  Il a dit que seules des législations nationales appropriées et une réelle coopération régionale permettraient de prévenir et combattre ce trafic. 


M. OSAMA ABDEL-KHALEK (Égypte), au nom du Groupe des États arabes, a souligné la nécessité de respecter les valeurs éthiques, sociales et religieuses des États, ainsi que leur droit souverain dans la mise en œuvre des programmes nationaux relatifs à la protection des droits des enfants.  Le Groupe arabe rejette toute tentative visant à imposer des concepts, idées ou valeurs relatives à des comportements individuels qui seraient en contradiction avec son système de valeur et se situeraient en dehors du cadre des droits de l’homme universellement accepté, a-t-il affirmé. 


Il a ensuite détaillé les progrès remarquables accomplis par les États arabes dans la protection des droits de l’enfant qui ont notamment visé à assurer la mobilisation des ressources humaines et financières nécessaires à la mise en œuvre des programmes pertinents et à promouvoir l’égalité des genres.  


La Ligue des États arabes encourage les efforts œuvrant à la protection et à la promotion des droits des enfants, par le biais de programmes établis en conformité avec les principes de la Convention relative aux droits de l’enfant ratifiée par les États arabes, a poursuivi M. Abdel-Khalek.  Il a précisé que la Déclaration de Marrakech, adoptée lors du Sommet arabe de Bagdad en mars 2012, constituait une plateforme commune d’actions pour tous les États arabes afin d’améliorer la situation des enfants pour les cinq prochaines années. 


Dans ce contexte, la Ligue va procéder à l’évaluation de la manière dont les droits des enfants sont traités par les médias arabes afin de s’assurer notamment de la qualité des programmes destinés aux enfants, a ajouté M. Abdel-Khalek. 


Affirmant que la religion ne saurait justifier des violences contre les enfants, le délégué égyptien a ensuite condamné l’attaque contre l’écolière pakistanaise Malala Yousufzai.  Enfin, il a appelé de ses vœux la mise en œuvre d’un cadre de protection spécifique pour les enfants arabes vivant sous occupation israélienne.  


M. IOANNIS VRAILAS, délégué de l’Union européenne, a assuré que la promotion, la protection et le respect des droits de l’enfant constituaient l’une des grandes priorités des Vingt-Sept, le Traité de Lisbonne le stipulant explicitement.  Un « Programme de l’Union européenne en matière de droits de l’enfant » a été adopté l’an dernier dont l’objectif est d’accroître les efforts des Vingt-Sept dans tous les domaines d’intervention de l’Union.  Ce programme comprend 11 mesures de nature essentiellement juridique touchant à la justice, à l’exploitation sexuelle, au trafic, au handicap ou aux enfants roms.  


Dix ans après l’entrée en vigueur des deux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant, le délégué de l’Union européenne a souligné l’immense apport de ces instruments internationaux dans le renforcement de la protection de l’enfance.  Il a rappelé que trop nombreux étaient encore les enfants à souffrir des retombées de conflits armés dans plusieurs régions du monde.  M. Vrailas a souligné qu’en 2010, l’Union européenne avait sa stratégie de mise en œuvre de ses orientations sur les enfants face aux conflits armés.  Il a ajouté que les chercheurs estimaient qu’entre 500 millions et 1,5 milliard d’enfants souffraient d’une forme ou d’une autre de violence dans le monde. 


Enfin, M. Vrailas a mentionné particulièrement la surreprésentation des enfants autochtones dans les catégories les plus déshéritées de la population mondiale.  L’Union européenne a décidé d’intégrer les droits des peuples autochtones dans sa politique extérieure, plus particulièrement dans sa stratégie en matière de droits de l’homme. 


Mme NATHALIE HOFFMANN (Liechtenstein) s’est félicitée de l’accent mis par le Secrétaire général, dans son rapport sur les droits des enfants autochtones, qui font face à une marginalisation et des discriminations particulières, notamment dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la protection sociale.  Elle a dit que les autochtones étaient particulièrement frappés par la pauvreté, l’analphabétisme et le chômage, rappelant qu’ils constituaient un tiers des 900 millions de personnes vivant dans la pauvreté absolue.  


Elle a demandé que la perspective des populations autochtones soit intégrée dans l’Agenda pour le développement post-2015.  Elle a espéré que la Conférence mondiale sur les peuples autochtones en 2014 jouera un rôle clef dans ce processus, sur la base de la Déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones. 


Par ailleurs, elle a mis l’accent sur l’importance de l’accès à l’éducation qu’elle a qualifiée d’essentielle pour favoriser l’autonomisation des populations rurales.  Elle a mis l’accent sur les efforts du Liechtenstein pour appuyer des projets d’éducation visant à promouvoir l’autonomisation des femmes et des enfants.  Elle a jugé essentiel de permettre la participation des enfants autochtones aux processus de prise de décisions sur toutes les questions les concernant. 


Mme Hoffmann a précisé que le Liechtenstein avait ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés et était un membre actif du Groupe des amis des enfants touchés par les conflits armés.  Elle a salué la nomination de la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général sur la question, Mme Leïla Zerrougui, tout en s’inquiétant du nombre de personnes figurant toujours sur la liste en annexe du rapport du Secrétaire général sur les enfants en temps de conflit armé.  Elle a estimé que la récente condamnation de Thomas Lubanga  par la Cour pénale internationale (CPI) démontrait le rôle vital de la Cour pour la protection des enfants en temps de conflit armé.  


Mme AMIRA FAHMY (Égypte) a déclaré que l’éducation n’est pas un luxe, mais un droit fondamental qui doit être réalisé pour tous, en tant que solide fondation de nos sociétés.  Dans ce contexte, l’Égypte soutient l’Initiative du Secrétaire général « L’éducation avant tout », lancée en marge du dernier segment de haut niveau de l’Assemblée générale, dans le but d’étendre l’accès à l’éducation à chaque enfant.  La représentante a également déclaré que la violence à l’égard des enfants ne saurait être tolérée.  La loi égyptienne interdit dans ce sens toutes formes de violence à leur encontre, y compris les châtiments corporels, et le Gouvernement a renforcé ses efforts pour mettre fin à l’impunité, a ajouté la représentante.  


Parallèlement l’Égypte attache une grande importance à l’élimination des mutilations génitales.  À ce titre, le projet de résolution soumis par le Groupe des États d’Afrique, intitulé « Intensifier les efforts mondiaux pour l’élimination des mutilations génitales féminines », est le reflet de la détermination des États d’Afrique à lutter contre ce phénomène qui entrave par ailleurs la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


L’Égypte condamne en outre toutes les formes de violence à l’égard des enfant dans les situations de conflit armé et appelle à la criminalisation de tels actes, notamment le recrutement forcé, les viols ou les assassinats touchant les enfants.  L’Égypte condamne également les attaques ou les utilisations à des fins militaires d’écoles par les forces de sécurité et les colons israéliens dans les territoires occupés.  Elle condamne aussi les arrestations et les détentions d’enfants par Israël.  De telles pratiques sont inacceptables, a poursuivi Mme Fahmy, appelant la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé à se pencher sur la situation de ces enfants dans les territoires arabes occupés par Israël et à coopérer avec d’autres titulaires de mandat pertinents. 


Mme JUANA SANDOVAL (Nicaragua) a présenté le programme baptisé « Amour », qui fait partie des initiatives actuellement mises en œuvre par le Gouvernement du Nicaragua, dans le cadre de son Plan national de développement humain.  


Avec près de la moitié de sa population âgée de moins de 18 ans, le Nicaragua est un pays jeune, ce qui fait que la protection des enfants et des adolescents est une priorité pour le pays, a affirmé le représentant du Nicaragua.  Le programme « Amour » met alors l’accent sur les jeunes en situation dite problématique que sont les orphelins, les enfants de mère célibataire et active, ceux des migrants ou en situation d’abandon, a souligné la déléguée.  


Le programme « Amour » enseigne aussi aux familles qu’il existe une autre façon de prendre soin de sa progéniture : « avec amour et respect, et ce, même lorsque l’enfant est encore en gestation, dans le ventre de sa mère », a insisté la représentante.  


Mme PRATANA UDOMMONGKOLKUL (Thaïlande) a affirmé qu’à l’horizon de 2015, il était important que les États à revenu moyen puissent réaliser les engagements concernant les enfants.  Elle a estimé que la santé était particulièrement importante notamment par l’accès universel à des soins gratuits, précisant que la Thaïlande avait créé des hôpitaux gratuits dans tout le pays tournés en particulier vers la nutrition et la vaccination des enfants en bas âge.  


En matière d’éducation, elle a déclaré que la Thaïlande mettait en œuvre des initiatives pour garantir un programme d’éducation gratuit pour tous.  Des écoles multilingues ont par ailleurs été créées pour que « les enfants migrants puissent dépasser la barrière de la langue ». 


Elle a par ailleurs évoqué les mesures prises par son pays en matière de justice juvénile.  À titre d’exemple, elle a cité l’obligation imposée aux autorités de son pays de présenter les enfants auteurs de délits ou de crimes dans un délai de 24 heures ainsi que le recours à la thérapie en substitution aux peines d’emprisonnement.  En outre, elle a exprimé l’engagement profond de son pays en faveur de l’application des instruments internationaux de protection des droits des enfants et a affirmé que des organes juridiques avaient été créés en ce sens. 


Mme MAN ANTING (Chine) a déclaré que, grâce aux efforts de la communauté internationale, des progrès avaient été enregistrés en matière de droits de l’enfant.  Cela, a-t-elle dit, ne doit pas pour autant faire perdre de vue les réalités quotidiennes de millions d’enfants victimes de la pauvreté, de la malnutrition, de la violence et du manque d’accès à la santé et à l’éducation.  Leur bien-être et développement dépendent des mécanismes et des efforts soutenus des États, qui doivent honorer leurs engagements liés aux défis qu’affrontent les enfants, conformément au document « Un monde digne pour les enfants ».  


La Chine s’est efforcée de renforcer sa plateforme législative pour intégrer les droits de l’enfant dans ses mécanismes institutionnels et auprès de l’opinion publique, en prêtant une attention particulière aux groupes vulnérables.  Une législation a également été adoptée sur la santé et sur l’avortement.  Cette année marque le vingtième anniversaire de l’adhésion du pays à la Convention relative aux droits de l’enfant et la Chine saisit cette occasion pour mieux sensibiliser à ses dispositions et pour réaffirmer son engagement pour un monde digne des enfants. 


Mme KELLY RAZZOUK (États-Unis) a exprimé l’émotion de son pays suite à la tentative d’assassinat, au Pakistan, de Malala Yousufzai, qui défendait son droit à l’éducation des filles.  Cet acte tragique rappelle aux États Membres les difficultés rencontrées par les fillettes en matière d’accès à l’éducation.  Elle s’est également dite préoccupée par les mariages forcés qui, selon elle, nuisent à la santé et au développement des filles.  Elle a ainsi cité les conclusions du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran faisant état du mariage forcé de fillettes de 9 ans dans ce pays.  Elle a affirmé que son pays estimait que la solution au phénomène des mariages forcés résidait dans la scolarisation des enfants.  


Elle a rappelé que les États-Unis comptaient deux millions de jeunes filles amérindiennes et œuvraient pour la préservation de leur héritage culturel.  Elle a fait part de la vive émotion de son pays en ce qui concerne « la situation tragique des enfants syriens ».  Elle a déploré le fait que, selon elle, « les enfants syriens sont quotidiennement victimes d’assassinats, de tortures, d’incarcérations et sont utilisés comme boucliers humains ».  Elle a exhorté la communauté internationale à faire davantage pour assurer la transition en Syrie.  


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a mis un accent particulier sur le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) intitulé « L’avenir que nous voulons », lequel se penche sur la problématique des enfants, soulignant le besoin de parvenir à la stabilité économique et l’équité sociale, tout en améliorant la protection, la survie et le développement des enfants, y compris par l’éducation. 


Étant admis par le Brésil que les enfants et les adolescents sont une priorité, le pays a signé cette année les Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant, a déclaré la délégation, encourageant les États Membres qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier ces instruments cruciaux pour les droits de l’homme.  En vue de combattre, notamment la pauvreté extrême, et d’éliminer toutes les formes de violences et d’exploitation sexuelle, la Présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, a lancé un nouveau programme de transfert d’argent devant profiter à environ deux millions de familles pauvres vivant avec des enfants âgés de plus de 6 ans, a-t-elle ajouté.  


Outre cette initiative, le Brésil a mis en place une ligne verte, laquelle permet d’assister les victimes de l’exploitation des enfants et réunir des informations en vue de conduire des enquêtes criminelles.  La délégation a également fait savoir que le Brésil coopérait activement avec les pays voisins dans le cadre du Marché commun du Sud (MERCOSUR) en vue d’apporter une réponse efficace contre la violence et l’exploitation sexuelle.  


Mme MEGA NOPIJA KHALIDI (Malaisie) a fait valoir que la promotion et la protection des droits de l’enfant devaient faire partie des priorités du programme de développement de tous les pays, car «  investir dans les enfants c’est investir dans le capital humain futur ».  Consciente de cette réalité, la Malaisie consacre depuis 1957 la plus grande partie de son budget national à l’éducation et au développement de la formation, des domaines étant des préalables à la prospérité d’un pays et au bien-être du peuple. 


« Pour l’année 2013, le Gouvernement a alloué environ 12 milliards de dollars au Ministère de l’éducation », a souligné la déléguée.  Engagée dans la lutte pour la protection globale des enfants, la Malaisie a promulgué en 2001 une loi inspirée des principes de la Convention relative aux droits de l’enfant, et prévoyant la protection et la réhabilitation de l’enfant sans distinction de race, de couleur, ou de religion.  


À l’approche de l’échéance de 2015 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la représentante a partagé le point de vue du Secrétaire général de l’ONU qui estime, dans son dernier rapport, que la protection des enfants contre les violences contribue au progrès social, ainsi qu’à la réalisation des OMD.  La Malaisie a ainsi accueilli avec satisfaction les verdicts rendus cette année par la Cour pénale internationale (CPI) et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, lesquels placent dans la catégorie des crimes de guerre le recrutement d’enfants soldats.  La représentante a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils soutiennent la candidature de Mme Yasmeen Muhammad Sharif que son pays allait présenter aux prochaines élections du Comité des droits de l’enfant.  Son expérience pratique en matière de promotion et de protection des droits des enfants devrait profiter efficacement au Comité, a-t-elle assuré.  


Mme ANA MARIE LAYUGAN HERNANDO (Philippines) a expliqué que son pays intensifiait ses efforts dans la promotion des droits des enfants, dans une démarche de collaboration et d’implication de toutes les parties concernées.  « Notre Constitution accorde une importance capitale à la protection des droits des enfants, et engage l’État à promouvoir et à garantir leur bien-être physique, moral, spirituel, intellectuel et social », a déclaré Mme Hernando.  


L’arsenal de statuts sur la promotion et la protection des droits des enfants des Philippines comprend, entre autres, le Code de la famille, le Code d’assistance sociale aux enfants et aux jeunes, et la loi de 2006 sur la justice et l’assistance aux jeunes qui a fait passer l’âge minimum de la responsabilité pénale de 9 à 15 ans, a souligné Mme Hernando.  


De plus, « 11% du budget fiscal du Gouvernement des Philippines est réparti entres des initiatives nationales et des programmes liés à la santé et à la protection de l’enfance », a-t-elle précisé, avant de rappeler que le pays était fermement engagé à préserver et à promouvoir la protection des droits des enfants, y compris dans un contexte de conflit armé.  


M. MAHINDA SAMARASINGHE, Envoyé spécial du Président du Comité sri-lankais des droits de l’homme, a indiqué que les principaux succès de son pays résidaient dans la réintégration des enfants dans la société après le conflit armé qui a touché le pays.  Il a affirmé qu’à partir du 1er octobre 2012, 10 985 personnes, dont 594 enfants soldats, avaient été réhabilités.  « Il ne reste pas un seul enfant combattant et tous les enfants soldats libérés ont eu la possibilité de reprendre leur éducation », a-t-il fait valoir.  Il s’est, à ce titre, félicité du fait que son pays ait été supprimé de la liste de l’annexe II de la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés. 


Il a également évoqué la question de la violence domestique et scolaire contre les enfants.  « Nous avons formé des enseignants pour éviter le recours aux châtiments corporels et adopté des lois protégeant les enfants au sein de leur domicile », a-t-il dit.  Par ailleurs, il a salué les efforts mis en œuvre par son pays en matière de travail des enfants.  Il a cité la hausse de l’âge minimum de travail de 12 à 14 ans et le renforcement de la répression des employeurs qui contreviendraient à ces dispositions.  


M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a accusé « les représentants du capitalisme sauvage » de « vouloir faire payer aux plus pauvres, aux vulnérables et à la classe moyenne une crise qu’ils n’ont pas créée ».  Les conquêtes sociales obtenues par le peuple dans leur quête de la justice et de l’égalité sont maintenant désavouées, a déploré le délégué.  Dans ce contexte, « il est urgent de renverser la situation, car le futur de l’humanité est en jeu, surtout que la crise affecte dramatiquement les enfants », a encore déclaré le représentant.  


Les politiques et investissements sociaux du Venezuela sont devenus des priorités stratégiques.  Elles tendent à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Aujourd’hui, le Venezuela a réduit de moitié le pourcentage des mal-logés, passant de 43,7% en 1998 à 26,7% en 2011.  Parallèlement, l’extrême pauvreté a chuté, passant de 25% en 2003 à seulement 7% en 2011. 


Le représentant a cité d’autres succès et mesures sociales mises en œuvre par le Gouvernement du Venezuela, notamment la réduction du taux de malnutrition infantile, la prolongation des congés maternité ou l’adoption d’une loi organique pour la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant. 


M. NICOLAY RAKOVSKIY (Fédération de Russie) a affirmé que le développement mondial était tributaire du respect des droits de l’enfant.  Un dialogue constructif et respectueux au niveau international est primordial pour l’avenir, a-t-il dit, en signalant que son pays avait continué d’intégrer les enfants des groupes vulnérables dans le système de protection sociale.  Il a dénoncé les services, individus et entreprises qui présentent la pornographie, la consommation des stupéfiants et autres jeux de hasard dès le jeune âge comme des manifestations normales.  


Pour ce qui a trait à la défense des droits des enfants, il a posé le problème des enfants d’origine russo-finnoise, dont les parents ont été privés, par la Finlande, de la tutelle.  Ce genre de décision est préjudiciable aux enfants et contrevient à la Convention qui stipule que la famille, structure de base de la société, doit s’occuper de ses enfants et assumer toutes ses responsabilités à cet égard, a-t-il dit.  Il a enfin émis le vœu que la communauté internationale renforce ses efforts en vue de la protection de l’enfance. 


Mme ESTHER O. ADEYEMI, Directrice de la Division chargée des femmes du Ministère des affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que son pays était particulièrement sensible à la question de la vulnérabilité des enfants.  En effet, a-t-elle dit, le Nigéria compte 75 millions d’enfants âgés de 0 à 18 ans dont 17,5 millions sont orphelins ou handicapés.  Elle a souligné que le Gouvernement du Nigéria avait pris des mesures au travers de l’action du Département du développement de l’enfant qui a mis en œuvre des programmes de prise en charge et d’assistance.  


Par ailleurs, elle s’est félicitée des efforts mis en œuvre pour promouvoir la participation des enfants du Nigéria à la vie politique du pays, notamment par la création de parlements des enfants aux niveaux national et local.  Elle a fait état des actions entreprises pour mettre un terme à la traite des personnes, grâce à l’action de l’Agence nationale de répression de la traite des personnes chargée de prévenir le trafic et de réhabiliter les victimes, ainsi que de poursuivre ses auteurs.  Elle a souligné le rôle crucial de la prévention de ces pratiques pour lutter efficacement contre ce phénomène.  


« Pendant que nous discutons à New York de promotion et protection des droits des enfants, d’après vous combien d’enfants sont exposés à des situations insoutenables? », a demandé Mme YAEKO SUMI (Japon).  Selon elle, trop d’enfants sont victimes de violences, d’abus, de travail précoce, d’exploitations sexuelles, de pauvreté et d’enrôlement dans des conflits armés.  


Reprenant le point de vue de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Mme Marta Santos Pais, la délégation du Japon a fait remarquer que la communauté internationale était confrontée aux violations des droits des enfants au-delà des frontières de chaque pays, à cause du développement des technologies de l’information et de la mondialisation.  


Dans ce contexte, le Gouvernement du Japon a renforcé ses mesures et sa coopération pour l’élimination et la prévention du trafic des personnes et la protection des victimes, notamment les femmes et les enfants, a exposé  Mme Sumi.  Ainsi, en décembre 2009, le Japon a lancé son plan d’action pour la lutte contre le trafic des personnes, et s’attaque en même temps à la pornographie infantile, en collaboration avec le secteur privé, a-t-elle souligné.  


Mme VILMA THOMAS (Cuba) a souligné que, chaque année, les données du Fonds des Nations Unies pour l’enfance sur la pauvreté, la faim, la malnutrition de la petite enfance et la santé, montraient à quel point il faut redoubler d’efforts pour sortir des millions d’enfants qui souffrent de par le monde.  Elle a jugé intolérable que 20 millions d’entre eux succombent annuellement à des maladies évitables, et pire encore, à la malnutrition alors que le monde regorge de nourriture.


Grâce à la volonté politique et aux efforts du Gouvernement cubain, l’enseignement est gratuit et prioritaire, 52% du budget a été consacré à la santé, ce qui a conduit à un taux de mortalité infantile quasi nul.  La vaccination des enfants contre 13 maladies transmissibles et la détection précoce de malformation ont également permis à Cuba de dépasser l’Objectif 6 du Millénaire pour le développement, et ce, grâce aux efforts soutenus et inlassables du Gouvernement, « en dépit du blocus économique injuste et sans fin qui lui est imposé ». 


À cause du blocus, les enfants cubains sont privés de nombreux médicaments.  Il est également difficile de disposer de trousses de diagnostic du VIH/sida.  La plus grande forme de violence à l’égard des fillettes et des garçons consiste à les priver d’avenir et d’aspirations, a-t-elle conclu.  


M. JALAWI AL SAUD (Arabie saoudite) a affirmé que son pays portait une attention particulière à l’éducation des enfants, notamment par la création d’écoles gratuites de la maternelle jusqu’à l’éducation supérieure.  Il a affirmé que la charia protégeait les enfants contre les atteintes psychologiques, physiques et mentales.  Il a également mentionné la création par son pays de centres spécialités pour accueillir les enfants ayant des besoins spécifiques ainsi que les efforts de vaccination mis en œuvre pour faire reculer la mortalité infantile.  


En matière de violence contre les enfants, il a affirmé que le Gouvernement de son pays avait créé un registre national recensant ces violences et mis en place des centres de réception d’appels recevant les plaintes de victimes de ces violences.  Il a conclu en exprimant la préoccupation de son pays quant au sort des enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne.


M. HASSAN EL MKHANTAR (Maroc) a salué les efforts déployés par l’ONU et en particulier, par le Comité sur les droits de l’enfant, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance en vue d’intégrer la question de la protection des droits de l’enfant dans les stratégies et programmes nationaux par le renforcement des capacités locales et la création de partenariats impliquant tous les acteurs concernés.


Au niveau de la région arabe, a-t-il dit, le Maroc a organisé, les 20 et 21 décembre 2010, à Marrakech, le quatrième Congrès arabe de haut niveau sur les droits de l’enfant, qui a été couronné par l’adoption de la Déclaration de Marrakech.  Adoptée en mars 2012, lors du Sommet de la Ligue des États arabes, la Déclaration recommande la mise en place de législations susceptibles de garantir une protection optimale de l’enfant contre toute forme d’exploitation, de violence et de mauvais traitements. 


Au plan national, le représentant a souligné que, dans le cadre du suivi de l’initiative « Un monde digne des enfants », adoptée à l’issue de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants, en mai 2002, son pays avait adopté un Plan d’action national multisectoriel pour l’enfance 2006-2015, baptisé « Un Maroc digne de ses enfants », structuré en 10 objectifs.  Le suivi des résultats du plan est assuré par l’Observatoire national des droits de l’enfant, a-t-il précisé, en soulignant que, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan national d’action 2009-2012 en matière de scolarisation des filles, des progrès louables avaient été enregistrés, notamment par l’abaissement de l’âge d’accès à l’école et l’obligation de garder les enfants dans les établissements scolaires au moins jusqu’à l’âge de 15 ans. 


Mme TINE MØRCH SMITH (Norvège) a abordé la question du sort des enfants autochtones et a souligné la nécessité, selon elle, de mettre tout en œuvre pour leur assurer un accès à l’éducation et à la santé.  Elle a déploré le fait que les enfants autochtones soient particulièrement touchés par la pauvreté, l’analphabétisme et le chômage.  Elle a estimé que les discriminations dont ces enfants font l’objet devaient être combattues par l’adoption de dispositions constitutionnelles et législatives, en premier lieu par l’éducation. 


La déléguée a ainsi affirmé que le fait de dispenser cette éducation dans la langue maternelle de ces enfants représentait un moyen essentiel pour améliorer leur intégration à long terme.  Elle a néanmoins exprimé l’opposition de son pays à certaines coutumes qui consistent notamment à marier les jeunes filles en bas âge. 


Elle a par ailleurs déclaré que les enfants avaient le droit de participer aux prises de décisions qui les concernent ainsi que de se réunir paisiblement.  « Cette participation contribue à autonomiser les enfants et les jeunes en ce qu’elle les encourage à devenir des citoyens actifs », a-t-elle affirmé en soulignant qu’elle bénéficiait à toute la société. 


DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES ÂGÉES, AUX PERSONNES HANDICAPÉES ET À LA FAMILLE


Présentation des projets de résolution A/C.3/67/L.8 et A/C.3/67/L.10


PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE


Présentationdes projets de résolutionA/C.3/67/L.15 et A/C.3/67/L.16


PROMOTION DE LA FEMME


Décision sur le projet de résolutionA/C.3/67/L.2


Aux termes d’un projet de résolution intitulé« Mettre fin aux mutilations génitales féminines »(A/C.3/67/L.2),l’Assemblée générale prendrait prend notedu rapport du Secrétaire sur cette question et des recommandations qu’il contient.  Elle déciderait d’examiner la question de l’élimination des mutilations génitales féminines à sa soixante-septième session au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Promotion de la femme ».


PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE


Décisions sur les documents A/C.3/67/L.3, A/C.3/67/L.4, A/C.3/67/L.5, A/C.3/67/L.6 et A/C.3/67/L.7


Par le projet de résolution intitulé « Suite donnée au douzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale » (A/C.3/67/L.3), adopté sans vote, l’Assemblée prendrait note avec satisfaction de l’offre du Gouvernement qatari d’accueillir cette réunion en 2015.  Elle déciderait que la durée du treizième Congrès ne dépasserait pas huit jours, y compris les consultations préalables.


L’Assemblée déciderait également que le treizième Congrès comprendrait un débat de haut niveau, et que son thème principal serait: « L’intégration de la prévention de la criminalité et la justice pénale dans la stratégie plus large de l’Organisation des Nations Unies, pour faire face aux problèmes sociaux et économiques et pour promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international et la participation du public ». 


Elle déciderait aussi que le treizième Congrès adopterait une déclaration unique qui serait soumise à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale pour examen. 


Aux termes du projet de résolution intitulé « Promouvoir les efforts visant à éliminer la violence à l’encontre des migrants, des travailleurs migrants et de leur famille » (A/C.3/67/L.4), adopté sans vote, l’Assemblée générale condamneraiténergiquementles actes criminels qui ne cessent de se produire à l’encontre des migrants, des travailleurs migrants et de leurs familles dans toutes les régions du monde, notamment les actes de violence motivés par le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


Elle demanderait aux États Membres de garantir à tous les migrants, indépendamment de leur statut au regard de la législation sur l’immigration, en particulier les femmes et les enfants, un traitement humain et une protection pleine et entière de leurs droits, et de prendre toutes les mesures appropriées en tenant dûment compte de la sécurité et de la dignité de la personne.


Elle demanderait de nouveauaux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’envisager d’adhérer à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et à ses Protocoles et engage les États parties à appliquer pleinement ces traités.


Déclaration avant le vote


M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBUN (Salvador) a déclaré que la lutte contre la violence à l’encontre des migrants était une politique prioritaire de son pays qui en est un des parrains.  Il a affirmé que ce projet de résolution, que son pays appuie, permettait de lutter contre la violence à l’encontre des migrants dans les pays de transit et d’accueil mais ne comprenait pourtant pas des éléments importants. 


Il a notamment déploré le fait que ce texte ne prévoit pas une mise en œuvre plus large à propos des droits des travailleurs.  Il a également souligné qu’il aurait été favorable à une reconnaissance du rôle joué par la société civile pour lutter contre la violence dont souffrent les migrants. 


Il a par ailleurs rappelé le paragraphe 157 du Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) concernant les migrants et du développement durable. 


Aux termes d’un projet de résolution sur le « Renforcement de l’état de droit et réforme des institutions de justice pénale, en particulier dans les domaines qui relèvent de l’approche adoptée à l’échelle du système des Nations Unies pour lutter contre la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogues » (A/C.3/67/L.5), approuvé sans vote, l’Assemblée générale prierait l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de continuer de fournir une assistance technique, dans le cadre de son mandat, aux États Membres qui en font la demande, en matière d’état de droit et de réforme viable à long terme de la justice pénale. 


Elle prierait en outre les États Membres qui apportent une aide au développement aux pays sortant d’un conflit d’accroître, le cas échéant, l’assistance bilatérale en matière de prévention du crime et de justice pénale qu’ils fournissent à ces pays, et recommanderait que cette assistance puisse comprendre, si la demande en est faite, des éléments concernant l’état de droit.


Elle inviterait les instituts du réseau du programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale à inscrire à leurs programmes de travail la question de l’état de droit, en particulier ses aspects liés à la prévention du crime et à la justice pénale.


Par un projet de résolution intitulé « Principes et lignes directrices des Nations Unies sur l’accès à l’assistance juridique dans le système de justice pénale » (A/C.3/67/L.6), adopté sans vote, l’Assemblée générale adopterait ces Principes, en tant que cadre utile pour fournir aux États Membres des orientations sur les principes devant étayer un système d’assistance juridique en matière de justice pénale


Par un projet de résolution intitulé « Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus » (A/C.3/67/L.7), adopté sans vote, l’Assemblée générale prendrait note du travail accompli par le Groupe intergouvernemental d’experts à composition non limitée sur l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, et de ses recommandations.


Elle noterait que le Groupe d’experts a recensé les thèmes provisoires qui pourraient faire l’objet d’un examen, dont la liste figure dans le paragraphe 6 du dispositif du projet de résolution.


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT


Promotion et protection des droits de l’enfant (A/67/41, A/67/225, A/67/256, A/67/230 et A/67/291)

Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants (A/67/229)


Suite du débat général


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a déclaré que les enfants africains étaient ceux qui étaient les plus touchés par la malnutrition, les pandémies, l’analphabétisme, la pauvreté et les conflits armés.  Il a salué le rôle que peut jouer le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), mais a également estimé que l’Afrique ne pouvait « seule faire face à tous les défis » en raison d’un manque de moyens, appelant ainsi la communauté internationale à appuyer plus vigoureusement les efforts de ce continent.


Le représentant a également évoqué l’action menée par le Gouvernement algérien en matière de mortalité infantile qui a fait reculer le taux de 34,7‰ en 2002 à 25,5‰ en 2010.  Il a rappelé par ailleurs les moyens alloués par le Gouvernement au Ministère de l’éducation qui, selon lui, ont permis d’atteindre l’objectif de l’éducation pour tous et de placer l’Algérie, avec un taux de scolarisation de 98%, au même niveau que les pays développés.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a affirmé que son gouvernement avait signé en septembre dernier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications.  Il a souligné les effets néfastes de la crise économique et financière sur le respect des droits accordés aux enfants.  Déplorant ensuite l’implication des enfants dans les conflits armés par des groupes armés, il a noté que leur enrôlement était « facilité par la situation précaire des familles » dans la pauvreté.


Le Sénégal, tout en redoublant d’efforts pour assurer une sécurité alimentaire à tous, a mis en œuvre un programme élargi de vaccination, ainsi qu’un programme de prise en charge intégrée des maladies de l’enfance.  De même, a poursuivi M. Diallo, le « programme national de la case des tous petits », salué par l’UNESCO, assure l’enseignement, la santé et l’alimentation des enfants de 0 à 6 ans issus de milieux défavorisés.  Enfin, le Sénégal a développé la composante « orphelins et enfants vulnérables » de son programme de lutte contre le VIH/sida.


Mme KADRA AHMED HASSAN (Djibouti) a affirmé que son pays accordait une importance capitale à l’épanouissement et à la protection des enfants dans sa mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Gouvernement a conduit une série d’études pour évaluer les besoins de l’enfant djiboutien auquel une journée nationale est consacrée.  Après avoir attiré l’attention des délégués sur la sécheresse chronique dont souffre la région, Mme Hassan a noté que l’accès des enfants à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement était souvent compromis.  Compte tenu de la pauvreté qui touche près de la moitié de la population à Djibouti, 75% des enfants souffrent de malnutrition.


La représentante a souligné les disparités existant entre milieux urbain et rural, notamment en ce qui concerne l’enregistrement des enfants à la naissance et la scolarisation des filles.  Le Code de la famille interdit le mariage avant 18 ans pour les filles et les garçons, mais « des difficultés d’application existent, surtout dans les zones rurales où les filles courent des risques de retrait de l’école et de mariage précoce ».


Ces dernières années, a poursuivi la représentante, la lutte contre les mutilations génitales féminines s’est intensifiée, en coopération avec l’UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Les associations contre l’excision peuvent désormais se porter partie civile à Djibouti.  En outre, le pays œuvre activement à l’adoption d’une résolution destinée à bannir la pratique de ce type de mutilations par l’Assemblée générale à sa soixante-septième session.  


M. MICHAEL FREEMAN (Israël) a annoncé que son gouvernement avait l’intention de mettre en œuvre, cet automne, une loi « historique » qui rendrait l’éducation obligatoire et gratuite pour tous les enfants âgés entre 13 et 18 ans.  Il a ensuite parlé du Programme national pour les enfants et les jeunes à risque, lancé en 2008 et financé à hauteur de 60 millions de dollars, qui met l’accent sur la prévention et qui a permis de décentraliser, entre autres, les processus de prise de décisions concernant les allocations budgétaires pour les enfants à risque.


Le représentant a également mis l’accent sur le travail effectué par plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) israéliennes, notamment « Save a Child’s Heart » (SACH), laquelle a permis aux enfants défavorisés originaires de pays en développement de subir des opérations chirurgicales cardiaques.  Au cours des 15 dernières années, a-t-il précisé, SACH a traité plus de 3 000 enfants venus de 43 pays différents, dont nombre n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël.


M. Freeman a ensuite affirmé qu’en 2013 Israël siègerait pour la première fois au Comité exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Israël accueillera également, au mois de novembre, en coopération avec l’Organisation des États américains (OEA), un programme consacré à la lutte contre la déscolarisation.  Le représentant a ajouté qu’un projet spécial du MASHAV, l’agence israélienne pour la coopération en matière de développement international, avait permis de former plus de 22 000 jeunes à l’entrepreneuriat dans 29 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.


Le représentant de Bélarus a déclaré que le sort des enfants reflétait ce que serait la société de demain, d’où la nécessité de mettre la promotion et la protection des enfants au rang des priorités mondiales.  Le Bélarus a atteint l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à la mortalité infantile, avec 1 décès pour 100 000 naissances.


Le pays figure en outre parmi les 10 premiers au monde pour l’inscription scolaire des enfants âgés de 5 à 10 ans.  Par l’application d’une série d’indicateurs, le pays s’est efforcé d’arriver à une croissance économique équilibrée, malgré les difficultés occasionnées par les crises mondiales.  Il a adopté une gamme de lois pour la prévention et la sensibilisation contre la toxicomanie et le tabagisme parmi les jeunes, et promu l’initiative « Villes amies des enfants », en coopération avec l’UNICEF.


L’obtention des fonds des donateurs serait bienvenue pour protéger les droits des enfants marginalisés, des orphelins et d’autres groupes vulnérables contre des phénomènes asociaux, a-t-il conclu. 


Mme GABRIELA ORTIGOSA (Uruguay) s’est exprimé sur un point qui revêt une importance particulière pour son pays: l’infantilisation de la pauvreté.  « Durant la récente crise économique que l’Uruguay a connue, plus de 60% des moins de 18 ans vivaient en deçà du seuil de pauvreté », a admis la délégation de l’Uruguay.  Pendant les dernières années de cette crise, grâce aux actions entreprises pour remédier à cette situation, la pauvreté infantile a été réduite de 10%, a affirmé la représentante de l’Uruguay, en reconnaissant que beaucoup restait encore à faire.  


L’exploitation sexuelle des enfants, notamment la pornographie et la prostitution, préoccupe aussi le Gouvernement de l’Uruguay. Sa délégation a ainsi rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement comprenaient l’éradication de la pauvreté et la malnutrition des enfants, l’universalisation de l’éducation primaire et secondaire, la promotion de l’égalité des sexes et la réduction de la mortalité infantile. 


La représentante de l’Uruguay a exprimé la consternation de son pays face à la persistance au niveau mondial des cas de violence et d’abus divers.  Pour l’Uruguay, « la violence, peu importe son ampleur, ne se justifie pas et peut être évitée ».


Mme JOSEPHINE OJIAMBO (Kenya) a rappelé que les enfants et les femmes avaient souffert de façon disproportionnée de la sécheresse et de la famine qui ont affecté la corne de l’Afrique en 2011 et au début de cette année.  La faim et la malnutrition ont contribué à la mortalité infantile.  La situation s’est heureusement stabilisée grâce à la réponse conjointe des gouvernements de la région, des agences des Nations Unies et de la communauté internationale.  Toutefois, « la situation en Somalie est loin d’être maîtrisée du fait d’un groupe terroriste vicieux qui entrave continuellement les activités humanitaires dans certaines parties du pays », a noté la déléguée.


Par ailleurs, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans reste trop élevé, a déploré Mme Ojiambo.  Le Gouvernement kenyan travaille avec plusieurs acteurs, dont le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour réduire l’impact de ces maladies.  Deux ans après le lancement de la Stratégie mondiale du Secrétaire général de l’ONU pour la santé des femmes et des enfants, le Kenya peut se vanter d’avoir renforcé son système de santé.


Enfin, Mme Ojiambio a souligné l’importance des projets de résolution visant à éliminer la fistule obstétricale et la mutilation génitale féminine.  Elle a prié la communauté internationale d’appuyer les efforts en ce sens, car « les enfants et les jeunes ne doivent pas être hantés par ce problème ».  De même, il faut donner la priorité à l’éducation des enfants, afin de décourager à terme les pratiques « néfastes » comme les mariages précoces.     


M. ZAHEER JANJUA, Directeur général des affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Pakistan, a affirmé que son pays avait, depuis longtemps, mis l’enfance au centre de ses priorités, notamment en adoptant les principaux instruments internationaux de protection des droits de l’enfant.  Il a par ailleurs évoqué le travail accompli par la Commission nationale pour le bien-être et le développement de l’enfant qui veille à l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant. 


Le représentant a également mentionné les différents projets engagés par son pays pour protéger et réhabiliter les enfants travailleurs, les enfants des rues et les délinquants juvéniles.  Il a également affirmé que des partenariats avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) avaient été noués pour la mise en place d’une base de données relatives à la protection des enfants.


Mme REDMAN (Suriname) a affirmé que son pays avait ratifié le Protocole facultatif relatif à la vente d’enfants, à la prostitution des enfants et à la pornographie mettant en scène des enfants et assuré qu’il allait très prochainement ratifier le Protocolefacultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflitsarmés. 


La représentante a par ailleurs souligné que son pays attachait une attention particulière à l’éducation des enfants, faisant ainsi état d’initiatives qui ont permis, selon elle, d’améliorer la transmission du savoir et le séjour des enfants dans les structures éducatives.  Elle a notamment mis l’accent sur un programme prévoyant des repas, des loisirs, des contrôles médicaux réguliers et une assistance aux devoirs pour 85 000 enfants.


Mme ESTHER M. NKHOMA (Malawi) a estimé que l’examen de la promotion et de la protection de l’enfant, ressource fondamentale de toutes les sociétés, devait se faire par l’adoption de législations nationales, régionales et internationales, suivie de leur application.  En s’attelant à cette tâche, le Malawi a obtenu des résultats tangibles suite à l’amélioration des services communautaires de développement de la petite enfance, de santé, de protection sociale, là où les familles n’ont pas suffisamment de moyens de subsistance et dans les familles dirigées par des enfants.  Des bourses ont également été octroyées au profit des orphelins et d’autres enfants appartenant à des groupes vulnérables.


Un parlement des enfants participe en outre aux systèmes de gouvernance, a-t-elle précisé.  Le plaidoyer pour la protection des droits de l’enfant est chaque fois plus courant dans les différentes régions du pays, avec une sensibilisation pour l’éducation des filles et des mesures d’incitation aux familles pour que celles-ci demeurent dans le système scolaire. 


M. KIM CHAN (République de Corée) a constaté que, 10 ans après la session spéciale de l’Assemblée générale au cours de laquelle ont été adoptés la Déclaration et le Plan d’action intitulé « Un monde digne des enfants », des progrès avaient été enregistrés dans les quatre domaines prioritaires qui avaient alors été définis: la santé, l’éducation, la protection contre la violence et la lutte contre le VIH/sida.  


De nombreux défis demeurent néanmoins, la République de Corée étant particulièrement préoccupée par le nombre grandissant de cas d’exploitation sexuelle et de violence envers les mineurs.  Tous les gouvernements devraient se pencher d’urgence sur ce problème, ce type de violence ayant un impact plus dévastateur et plus durable que les autres, a souligné M. Chan.  Celui-ci a précisé que son pays avait pris tout un train de mesures à cet égard dans le cadre d’une loi sur la protection de l’enfance de l’abus sexuel.  La prévention étant fondamentale, la Corée appelle la communauté internationale à poursuivre son action de sensibilisation sur ce problème.


Son représentant a ensuite donné la parole à M. LEE SANG-MIN, délégué de la jeunesse coréenne, qui a rappelé que, malgré les progrès enregistrés chaque année plusieurs centaines de milliers d’enfants ne dépassaient pas l’âge de 5 ans, succombant à la malnutrition, aux maladies contagieuses ou à la dysenterie.  De trop nombreux enfants, particulièrement dans les familles pauvres, n’ont pas la chance non plus de bénéficier d’une éducation.  


Se félicitant des efforts accomplis par son pays en faveur de l’enfance, il a évoqué la tenue chaque année en Corée d’un Congrès national des enfants.  Cette réunion permet de débattre des sujets concernant les mineurs, les délégués présents adoptant une résolution à l’intention du Gouvernement.  Les enfants sont l’avenir et l’espoir de la société, a rappelé le jeune Lee Sang Min en conclusion.


M. YASSIN DAHAM (Iraq) a souligné que la femme et l’enfant étaient en tête des catégories sociales qu’il incombait aux États de protéger. Évoquant les politiques préjudiciables à la société iraquienne qui ont fortement affecté le développement des familles et des enfants sous l’ancien régime, il a affirmé qu’après 2003, le Gouvernement avait eu à affronter le défi de la terreur aveugle qui a longuement touché les civils, en particulier les femmes et les enfants.  Ceux-ci ont en particulier été privés d’éducation pendant la période difficile de la violence et de l’instabilité quotidienne. 


Aujourd’hui, le Gouvernement œuvre à la mise sur pied de ses mécanismes et institutions, nombre desquels étant destinés à la promotion et à la protection de l’enfant.  Il a souligné, en particulier, les profondes réformes législatives visant à traiter de différents aspects liés aux droits de l’enfant, notamment pour le protéger de diverses formes de violence.  Il a enfin invité la communauté internationale à lui apporter son aide pour poursuivre ses efforts dans ce domaine. 


M. KVAS (Ukraine) a souligné que 2012 marquait le dixième anniversaire de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.  Il a affirmé que son pays accordait une attention particulière aux enfants les plus vulnérables, notamment les victimes d’exploitation sexuelle, d’abus sexuels et de traite ainsi que de violence et de discrimination. 


Le représentant a par ailleurs mis en garde contre le phénomène de la violence sur Internet qui, a-t-il relevé, a un impact notable sur les esprits vulnérables des enfants et des jeunes.  De ce fait, a-t-il dit, l’Ukraine a mis sur pied un mécanisme juridique pour sensibiliser le public et augmenter l’implication des parents.  Le délégué a aussi déclaré, qu’en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’Ukraine avait lancé cette année un nouveau programme axé autour des politiques sociales, de la question du VIH/sida et des jeunes, de la protection des enfants et enfin, de la santé et du développement des enfants.


Mme MOUNIA ALSALEH (République arabe syrienne) a fustigé les groupes armés qui, selon elle, pratiquent des agressions hostiles préméditées contre les structures éducatives du pays.  Elle a également affirmé que ces groupes armés « enrôlent les enfants mineurs et les utilisent pour commettre des actes de violence ».  Le Gouvernement, a-t-elle dit, continue néanmoins d’œuvrer à protéger les droits des enfants.


« Le Gouvernement a eu recours à des méthodes ingénieuses pour apporter les infrastructures sanitaires dans les campagnes », s’est-elle félicitée.  Elle a cependant attribué les difficultés rencontrées par son gouvernement pour protéger efficacement les droits des enfants aux sanctions imposées contre son pays, notamment en matière d’approvisionnement médical.  Elle a en outre dénoncé les « conséquences de l’occupation criminelle israélienne dans le Golan et les territoires palestiniens ».


Elle a conclu en accusant les États-Unis d’être responsables des atteintes aux conditions de vie des enfants syriens par le « financement des groupes armés à l’œuvre dans le pays ».


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a reconnu que son pays avait toujours manifesté son souci constant ainsi que sa volonté déterminée d’assurer les conditions optimales pour permettre à l’enfant de jouir de tous ses droits.  La Tunisie veille à conjuguer les efforts entre la société civile et les secteurs public et privé pour accompagner la famille et l’orienter en matière d’éducation et de protection de l’enfant.


« Grâce à la révolution tunisienne, nos jeunes sont désormais plus engagés à contribuer à la réussite des politiques visant à relever les défis, à poursuivre le dialogue, à s’ouvrir sur le respect de la différence d’opinion et sur la liberté d’opinion, à ancrer les fondements de la démocratie et à en diffuser la culture », a déclaré M. Jerandi.  La Tunisie est déterminée à miser sur le potentiel des jeunes en leur assurant tous leurs droits civiques et politiques et « en leur ouvrant plus de perspectives vers une meilleure participation dans la prise de décisions ».


Le délégué a relevé ensuite la situation particulière des jeunes migrants clandestins qui demeurent les plus exposés aux violations des droits de l’homme et nécessitent, dès lors, une attention plus importante de la part de la communauté internationale. 


M. YOUSSEF N. ZEIDAN, Observateur de la Palestine, a déploré le fait que, malgré les appels répétés de sa délégation à mettre fin à l’occupation israélienne, les enfants palestiniens « continuent d’être les victimes des politiques israéliennes ».  Il a affirmé que l’environnement dans lequel évoluaient les enfants de son pays était de nature à nuire à leur croissance et à leur développement et causait des souffrances psychologiques.  Il a également insisté sur le sort de milliers d’enfants arrêtés ou détenus par Israël pour des causes allant d’une activité politique irrégulière aux jets de pierre.  Il a appelé à la libération de ces enfants et au respect par Israël des dispositions pertinentes du droit international humanitaire.


L’observateur a aussi évoqué la situation des enfants vivant dans la bande de Gaza et des répercussions du siège imposé à ce territoire.  Il a, ainsi, mis l’accent sur l’état des infrastructures et a alerté la Commission sur les conclusions d’un récent rapport des Nations Unies selon lequel la bande de Gaza ne serait plus vivable d’ici à 2020 en raison de l’absence des services essentiels tels que l’eau potable, la santé et l’éducation.  « Quel État représenté ici pourrait imaginer que la plus grande ville de son pays ne soit plus habitable dans sept ans », a-t-il insisté en appelant les États Membres à mettre tout en œuvre pour mettre fin à cette situation.


Mme FRANCOISE BEREMWOUDOUGOU (Burkina Faso) a affirmé que les analyses effectuées par l’UNICEF en 2011, par exemple, avaient fourni des données importantes pour orienter les politiques de réduction de la pauvreté chez les enfants et d’élimination des disparités.  Elle a également relevé que le troisième rapport annuel de la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des enfants mettait l’accent sur la nécessité de faire de cette question un thème transversal à l’ordre du jour du développement.  Elle a souligné que la population burkinabé était en majorité jeune, avec 46,6% de moins de 15 ans, tandis que 63% des enfants et 40% des adultes n’ont jamais entendu parler des droits de l’enfant.


Mme Beremwoudougou a précisé que les droits les moins respectés étaient le droit au respect de l’intégrité physique, le droit à une protection spéciale et celui à l’éducation.  En conséquence, et conformément à sa Constitution, le Burkina Faso s’est doté d’un environnement institutionnel et juridique favorable à l’épanouissement des enfants, garantissant les droits fondamentaux des individus et interdisant les mauvais traitements à l’enfant.


Dans le cadre du respect de l’intégrité physique, elle a cité entre autres la loi d’orientation de l’éducation, adoptée en 2007, qui interdit les châtiments corporels dans l’enseignement, le plan d’action tolérance zéro aux mutilations génitales féminines pour 2009-2013 et le renforcement de la lutte contre le mariage forcé et précoce.  


M. MOHAMED AL NUSUR (Jordanie) a déclaré que son pays avait mis en place un cadre national de lutte contre l’exploitation des enfants pour déterminer le rôle et les responsabilités respectives des différents organismes étatiques.  Il a également insisté sur l’état d’avancement de la banque de données liées à la lutte contre le travail des enfants, de même que du système d’accréditation des personnes chargées de traiter avec des enfants dans les différents secteurs de la vie publique et privée.


Le représentant a attiré l’attention de ses collègues sur le nombre sans cesse croissant d’enfants réfugiés dans son pays, conséquence directe de la situation qui prévaut en Syrie.  Ainsi, le nombre d’élèves syriens inscrits dans les établissements publics jordaniens pour l’année scolaire 2011-2012 s’établit à environ 18 000.  Ces élèves supplémentaires causent une surpopulation scolaire et rendent plus difficile l’application de la réforme du système d’enseignement public, a-t-il observé. 


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a rappelé l’engagement de son pays dans la défense des droits de l’homme, et a souligné que le Chili s’attelait particulièrement à préserver les droits des enfants et des adolescents. 


Actuellement, le Chili mène de front plusieurs projets orientés vers le bien-être de sa population jeune.  M. Errázuriz a ainsi cité la prévention et l’éradication du travail des enfants.  « La couverture de l’enseignement a atteint 100% en matière d’éducation de base, et 90% pour le niveau intermédiaire, sans distinction de sexe », a affirmé la délégation du Chili.  Néanmoins, d’autres défis interpellent le Gouvernement, notamment en ce qui concerne l’éducation des enfants en zones rurales.  


Le Chili apporte aussi son assistance aux enfants vivant dans la rue, à travers des programmes spécialisés, a déclaré M. Errázuriz, qui a également évoqué le système spécial de responsabilité pénale des adolescents.  Instauré en 2007 et s’adressant aux jeunes âgés de 14 à 18 ans, ce système spécial vise à « rendre effective la responsabilité pénale à travers une sanction axée sur la réinsertion sociale des jeunes », a expliqué le représentant du Chili. 


M. ELHAJJ ALI (Soudan) a déploré le fait que la mortalité infantile ait diminué beaucoup moins vite dans les pays en développement par rapport au reste du monde.  « Si on ne fait pas face aux déséquilibres économiques, s’il n’y a pas d’échanges d’informations, de technologies, nous ne pourrons pas construire un monde digne des enfants », a-t-il dit.  Il a également évoqué le lancement de campagnes de vaccination, de protection contre la violence et défense les droits sous l’égide du Gouvernement et de l’UNICEF.


Le représentant a par ailleurs dénoncé l’enrôlement, selon lui, d’enfants par des groupes rebelles dans le sud du pays.  Il a affirmé que son gouvernement avait lancé des campagnes contre l’implication des enfants et s’est montré optimiste quant aux perspectives offertes par la signature d’un mémorandum tripartite sur cette question dans la situation dans les États du Nil Bleu et du Kordofan méridional.


Droits de réponse


Réagissant aux accusations prononcées contre lui durant le débat d’aujourd’hui, Israël a jugé qu’il serait plus utile qu’au lieu de se polariser sur son pays, les États de la région s’attellent davantage à garantir les droits de leurs enfants et de leur population en général.


Il a affirmé qu’aujourd’hui, même un terroriste s’était vu décerner un prix de l’Association des juristes palestiniens.  En outre, le Hamas a interdit l’enseignement de la tragédie de l’Holocauste dans les établissements scolaires à Gaza.  D’autre part, un jeune handicapé mental a été utilisé en tant que kamikaze, tandis qu’au moins 40 roquettes ont été lancées contre Israël.  Il a conseillé aux détracteurs d’Israël de s’intéresser à ce qui se passe chez eux et de veiller au bien-être de leur population.  « Si le régime syrien s’intéressait aux droits des enfants, il devrait commencer par ne pas massacrer les siens », a-t-il dit


L’observateur de la Palestine a répondu que le représentant de la puissance occupante venait de faire une déclaration erronée car les faits qui avaient été décrits auparavant étaient des réalités, étayées par les institutions du système des Nations Unies.  Il a souligné en particulier que la puissance occupante n’était pas intéressée par les enfants mais par le prolongement de l’occupation. 


Il a décrit les différents méfaits de l’occupation et des pratiques israéliennes injustes sur les enfants palestiniens.  D’autre part, il a rappelé que quelque 1 600 enfants étaient détenus par Israël et que bien d’autres souffraient de malnutrition en raison du blocus contre Gaza.


La représentante de la République arabe syrienne a dénoncé les « mensonges éhontés » de la part d’Israël, surtout lors de la présentation de ses développements en matière de promotion et de protection des enfants.  Israël, a-t-elle notamment dit, aurait dû rendre visite aux familles dans le Golan syrien.  Elle a dénoncé le fait que les soldats israéliens tirent à vue sur tout enfant portant un costume traditionnel palestinien.  Le représentant israélien n’est certainement pas le plus indiqué pour porter des jugements sur la situation des enfants syriens et palestiniens, a-t-elle conclu.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Des délégations de la Sixième Commission proposent le renvoi de la question de la compétence universelle à la Commission du droit international (CDI)

AG/J/3442

Des délégations de la Sixième Commission proposent le renvoi de la question de la compétence universelle à la Commission du droit international (CDI)

18/10/2012
Assemblée généraleAG/J/3442
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

13e séance – matin


DES DÉLÉGATIONS DE LA SIXIÈME COMMISSION PROPOSENT LE RENVOI DE LA QUESTION

DE LA COMPÉTENCE UNIVERSELLE À LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL (CDI)


Si le principe de compétence universelle demeure un outil crucial pour combattre l’impunité et renforcer la justice internationale, son usage ne saurait se faire de façon abusive, ont souligné, ce matin, les délégations de la Sixième Commission (chargée des questions juridiques), à l’occasion de l’examen de la question de « la portée et de l’application du principe de compétence universelle ». 


La définition de la notion de compétence universelle a été au centre des débats, compte tenu des divergences profondes exprimées par les délégations.  Le Brésil a plaidé pour une définition claire et acceptable de ce principe, ainsi que de sa portée, afin d’éviter toute sélectivité dans son application. En vertu du droit international, les États ont le droit d’exercer la compétence universelle en matière de piraterie en haute mer.  Mis à part ce cas, a fait remarquer la représentante de la Chine, il existe des divergences notables dans toutes les autres circonstances où le principe de compétence universelle peut s’appliquer.  Les États-Unis ont estimé que le travail mené par la Sixième Commission a mis en lumière de nombreuses questions associées au principe de compétence universelle, telles que sa définition et ses liens avec les dispositions pertinentes des traités et le régime des immunités.  De son côté, le délégué du Sri Lanka a estimé que le développement de la compétence universelle doit être guidé par le consensus, non pas par les « plaidoyers de certains États Membres qui ont des arrières pensées politiques ». 


C’est dans leur majorité que les intervenants ont soutenu que la compétence universelle, qui se veut extraterritoriale, ne devrait être invoquée que lorsque la compétence nationale ne pouvait être exercée.  Pour de nombreuses délégations, dont celle de la Chine, si des textes internationaux prévoient d’une manière ou d’une autre l’obligation « d’extrader et de poursuivre », il ne faut pas confondre cette obligation avec le principe de la compétence universelle.  L’exercice de la compétence pénale doit être objective et se faire de bonne foi.  La Malaisie, comme d’autres, a reconnu que la question de l’exercice de la compétence universelle était une question sensible car elle touche à la question de la souveraineté nationale.  L’exercice du principe de compétence universelle n’intervient que lorsqu’il n’y a pas de lien entre le lieu où les infractions ont été commises et la nationalité de celui qui a perpétré l’infraction, la nationalité des victimes ou les intérêts de l’État.


Certaines délégations ont appelé à mettre fin à la politisation du principe de compétence universelle.  L’ensemble des délégations africaines intervenues ce matin ont dénoncé les demandes répétées des juges « originaires de l’Union européenne » à l’encontre des dirigeants africains.  L’application du principe de compétence universelle ne devrait pas se faire en violation du respect de la compétence nationale, a souligné le délégué de l’Angola.  « Les principes de la Charte des Nations Unies doivent être respectés à la lettre ».


Enfin, peu convaincues des progrès faits à ce jour sur la question de la compétence universelle au sein de la Sixième Commission, des délégations ont estimé qu’il faudrait renvoyer l’examen de cette question à la Commission du droit international (CDI), compte tenu de la nature juridique et des particularités techniques de la compétence universelle.  En raison de son expertise, la CDI pourrait entreprendre une étude approfondie sur la question, ont suggéré certaines de ces délégations.


La Sixième Commission entendra la présentation orale des conclusions des consultations officieuses sur l’administration de la justice aux Nations Unies demain vendredi, 19 octobre, à partir de 10 heures.


PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE (A/67/116, A/66/93, A/66/93/ADD.1 ET A/65/181)


Déclarations


M. ISMAEL ABRAÃO GASPARMARTINS (Angola), s’associant à la déclaration de l’Union africaine, a réaffirmé l’engagement de sa délégation en faveur de l’état de droit.  « Nous sommes convaincus qu’un système international basé sur des règles claires qui s’applique à tous les membres est un préalable à une paix durable au développement universel », a-t-il déclaré.  « Nous sommes très heureux de la qualité du rapport du Secrétaire général et nous partageons les analyses qui y sont contenues », a-t-il dit.  Le représentant a salué la décision consistant à créer un groupe de travail pour poursuivre les discussions clefs concernant cette question.  L’Union africaine est une organisation unique qui a un mandat clairement défini en matière de lutte contre l’impunité.  Au printemps dernier, les ministres des États membres ont examiné le rapport d’étape sur la mise en œuvre de la Cour pénale internationale et en ont approuvé le contenu.  Conformément au paragraphe 3, les États Membres ont été invités à donner des informations sur la portée et l’application du principe de compétence universelle.


Le représentant a estimé que la portée de la compétence universelle devrait être limitée par le respect absolu de la souveraineté des États, conformément à la Charte des Nations Unies.  La compétence universelle ne devrait pas être appliquée en diminuant d’une façon ou d’une autre le respect de la compétence nationale, a-t-il souligné.  « Les principes de la Charte doivent être respectés à la lettre ».  La compétence universelle devrait s’appliquer uniquement dans les situations où on ne peut appliquer un autre principe.  Enfin, elle ne devrait pas s’appliquer pour les fonctionnaires de haut rang.  Il a estimé également qu’il ne faudrait pas confondre la compétence universelle et celles des cours internationales et du Conseil de sécurité.  L’exercice de la compétence universelle ne peut pas être arbitraire, a-t-il déclaré en conclusion.


Après avoir fait siennes les déclarations de l’Égypte, au nom du Groupe des États d’Afrique, et de la République islamique d’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, Mme TANIA STENNKAMP (Afrique du Sud) a déclaré que son pays acceptait le principe de compétence universelle pour certains crimes internationaux extrêmement graves.  La question ne porte pas sur sa validité mais sur sa portée et son application, a-t-elle fait remarquer.  Le principe de compétence universelle devrait être utilisé de manière exceptionnelle et être limité au cas où l’État où les atrocités se sont produites et/ou l’État de la nationalité de l’auteur présumé des crimes ne peut pas ou ne souhaite pas mener les enquêtes et poursuites appropriées.


Pour la représentante, la question essentielle qui mérite une discussion approfondie est celle des immunités juridictionnelles.  Une telle immunité constitue une exception au principe de compétence universelle, a-t-elle rappelé, en citant à cet égard l’avis des juges Kooijmans et Buergenthal dans l’affaire « Mandat d’arrêt du 11 avril 2000 (République démocratique du Congo c. Belgique) » de la Cour internationale de Justice.  « Nous sommes prêts à envisager toutes les options pour accélérer nos travaux et notamment de demander à la Commission du droit international (CDI) d’examiner certains des aspects », a-t-elle informé avant de conclure.


M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique), s’associant à la déclaration de l’Union africaine, a salué le rapport du Secrétaire général sur la portée et l’application du principe de compétence universelle.  Il a assuré que sa délégation suivait avec intérêt la question de la portée et de l’application du principe de compétence universelle car, a-t-il dit, les États africains ont été la cible de certains juges.  Le représentant a noté que la plupart de ces juges étaient issus de l’Union européenne.  « Nous sommes alarmés par ces pratiques », a-t-il déclaré.  « Toute tentative d’application unilatérale de ce principe est un vrai problème », a estimé le représentant, qui a insisté sur la nécessité d’en déterminer clairement l’application au niveau international.  Il a souligné que la détermination de critères doit être compatible avec la Charte des Nations Unies. 


Il est aussi essentiel d’identifier les crimes relevant de la compétence universelle et d’appliquer cette compétence avec la plus grande prudence, a-t-il ajouté.  En outre, l’application de la compétence universelle doit respecter les principes de la Charte des Nations Unies et, tout particulièrement, la souveraineté nationale et l’immunité des chefs d’État.  « Ces principes ne peuvent être négociés », a tenu à rappeler le représentant.  « Nous condamnons fermement l’application du principe de compétence universelle lorsque celui-ci est utilisé à des fins politiques », a-t-il souligné.  En conclusion, le délégué a indiqué que sa délégation était prête à partager des informations concernant l’application du principe de compétence universelle.


M. MIKHAIL PETROSYAN (Fédération de Russie) a reconnu l’importance de la compétence universelle en tant qu’instrument de lutte contre l’impunité.  Tant qu’il n’y aura pas de cadre juridique clair sur ce principe, il est nécessaire de le traiter avec une grande prudence, a-t-il insisté, avant de suggérer de recourir à d’autres instruments, moins controversés, pour lutter contre l’impunité.  Le représentant a mis en garde contre les nombreuses tentatives visant à élargir la portée du principe, et notamment le fait de toucher au régime des immunités.  Ces tentatives, a-t-il fait remarquer, n’avaient généré que des tensions entre États et n’avaient pas fait avancer la question.


Le délégué a par ailleurs regretté l’absence de consensus au sein de la Commission pour définir la portée et les règles concernant son application.  Depuis l’année dernière, nous n’avons pas noté de nouveaux éléments qui pourraient enrichir la discussion et nous avons le sentiment qu’il serait difficile d’avancer sur la question, a-t-il déclaré.  Toutefois, nous pensons que toutes les possibilités de rapprocher les positions ne sont pas épuisées et attendons avec intérêt de discuter plus en avant, a-t-il assuré avant de conclure.


Mme REN XIAOXIA (Chine) a rappelé qu’en 2011, un groupe de travail avait été mis en place pour examiner la question de la portée et de l’application du principe de compétence universelle.  Différentes interprétations et certaines pratiques concernant la portée et l’application du principe de compétence universelle existent dans de nombreux pays, a-t-elle rappelé.  Les échanges de vues doivent se poursuivre sur la question, ce qui permettra de rapprocher les délégations et de parvenir à un consensus sur la voie à suivre, a-t-elle déclaré.  Son gouvernement, a-t-elle dit, avait communiqué ses commentaires écrits à l’Assemblée générale en avril 2010 concernant la position de la Chine sur la portée et l’application du principe de compétence universelle.  À cet égard, l’exercice de la compétence universelle et la règle de juger ou de poursuivre sont deux principes distincts.  L’exercice du principe de compétence universelle n’intervient que lorsqu’il n’y a pas de lien entre le lieu où les infractions ont été commises et la nationalité de celui qui a perpétré l’infraction, la nationalité des victimes ou les intérêts de l’État.


Ensuite, en vertu du droit international, les États ont le droit d’exercer la compétence universelle en matière de piraterie en haute mer.  Mis à part ce cas, a-t-elle fait remarquer, il existe des divergences notables dans toutes les autres circonstances où le principe de compétence universelle peut s’appliquer.  Les États doivent exercer la compétence universelle uniquement pour des infractions prévues par les normes du droit international et les traités internationaux.  La règle de l’immunité des chefs d’État et autres fonctionnaires de haut rang doit être respectée.  Enfin, les principes fondamentaux du droit international, tels que la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures doivent être respectés.  En conclusion, la représentante de la Chine s’est déclarée favorable à l’établissement d’un groupe de travail et s’est dite prête à travailler avec ce groupe.


Mme DIMPHO MOGAMI (Botswana), s’associant à la déclaration faite par l’Égypte au nom du Groupe des États d’Afrique, a noté qu’il ne semblait pas y avoir de définition uniforme du principe de compétence universelle et de son application.  Il ne fait aucun doute que si nous continuons à perdre du temps faute de consensus sur la portée et l’application du principe de compétence universelle, l’état de droit au niveau international s’en trouvera affaibli, a-t-elle mis en garde.  Les États Membres doivent déployer tous les efforts au niveau intergouvernemental pour sortir de l’impasse.


Le Botswana reste ferme contre toute forme de sélectivité dans l’application du principe, a-t-elle souligné.  Il importe de trouver une définition commune et d’éviter une application arbitraire, a martelé la déléguée.  Le Botswana souscrit à l’idée selon laquelle l’impunité ne peut être acceptée et engage vivement tous les États à s’assurer que des enquêtes sérieuses soient menées en cas de crimes commis sur leur territoire pour rendre justice aux victimes, a insisté Mme Mogami.


Mme CATHERINE QUIDENUS (Autriche) a noté qu’il y avait toujours beaucoup de confusions concernant la portée et l’application du principe de compétence universelle.  Elle a estimé que la Sixième Commission n’était pas l’instance appropriée pour discuter de cette question.  Le principe de compétence universelle doit tout d’abord faire l’objet d’une analyse scientifique.  « Nous sommes convaincus que cette question devrait être présentée à la Commission du droit international (CDI) », a déclaré la représentante.


M. MOHAMMAD SARWAR MAHMOOD (Bangladesh), souscrivant à la déclaration prononcée par la République islamique d’Iran au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que la prudence s’imposait dans l’application du principe de compétence universelle, et ce, pour éviter toute utilisation à des fins politiques.  Tout en appliquant ce principe, nous devons respecter les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et, en particulier, les principes de la souveraineté des États, de leur intégrité territoriale, de leur indépendance politique et de la non-ingérence dans les affaires intérieures, a-t-il insisté.  La portée et l’application du principe de compétence universelle devraient également prendre en compte le respect de ces principes et ne pas agir en violation du régime d’immunité dont jouissent les chefs d’État, le personnel diplomatique et les fonctionnaires de haut rang, a souligné le délégué.


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka), s’associant à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que la portée et l’application du principe de compétence universelle étaient un principe unique qui autorise les juridictions pénales à combattre l’impunité et qui est encore en évolution.  C’est une question complexe mais il existe toujours de grandes différences dans l’appréciation par les États, a-t-il noté.  « L’exercice imprudent de ce principe pourrait créer des divisions entre les États, et il pourrait aussi être perçu comme un instrument encourageant l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres États. »  Le droit souverain des États de résoudre les incidents par leurs propres mécanismes doit être respecté, a-t-il rappelé.  Une application sélective de ce principe pour réaliser des objectifs politiques pourrait affaiblir le principe de la souveraineté des États, a-t-il déclaré.


Le délégué a estimé que le développement de la compétence universelle doit être guidé par le consensus, et non par les plaidoyers de certains États Membres qui ont des arrières pensées politiques.  Cette compétence incombe en premier lieu au pays dans lequel les allégations de crimes se sont produites, a-t-il estimé.  Il est troublant que le principe de la compétence universelle est appliqué par un petit nombre de juridictions et par certains juges sans tenir compte de l’avis majoritaire des pays de la communauté internationale.  Pour le représentant, il est choquant également que dans certaines instances, les magistrats aient procédé sur une base unilatérale sans opter pour la coopération avec les pays concernés.  « C’est une question dont la Commission du droit international pourrait être saisie », a-t-il déclaré.


M. STEVEN HILL (États-Unis) a relevé que malgré l’importance du sujet, des questions fondamentales relatives à la portée et à l’application du principe de compétence universelle restaient en suspens.  Le travail mené par la Sixième Commission a mis en lumière de nombreuses questions associées au principe de compétence universelle, telles que la définition et la signification de la notion de compétence universelle, sa portée, ses liens avec les dispositions pertinentes des traités et du régime des immunités, et la nécessité de garantir que les décisions qui appellent à l’application de la compétence universelle soient prises de manière appropriée, a-t-il estimé.


Les questions relatives à son application pratique méritent également d’être approfondies avant d’examiner de nouvelles questions, a souhaité le délégué.  Dans quelles circonstances et à quelle fréquence peut être invoqué le principe de compétence universelle?  Quelles sont les garanties disponibles pour prévenir le lancement de poursuites inappropriées? a lancé le délégué.  Les États-Unis continuent d’examiner les contributions des États Membres et se réjouissent à l’idée de discuter de ces points de la manière la plus pratique possible, a-t-il assuré.


M. RAMIREZ-GASTON (Pérou), s’associant aux déclarations faites au nom du CELAC et du Mouvement des pays non alignés, a estimé que ce point avait été inscrit à l’ordre du jour après un long débat.  Tous les États reconnaissent la compétence universelle comme un système permettant de lutter contre l’impunité, a-t-il déclaré.  Elle ne doit cependant s’appliquer qu’en dernier recours.


Le représentant a noté que la Sixième Commission était le lieu idoine pour traiter de la question de la portée et de l’application du principe de compétence universelle.  Cependant, pour pouvoir poursuivre cette tâche de façon constructive, la délégation du Pérou estime qu’il serait intéressant d’avoir recours à la Commission du droit international.  Les paragraphes 110 et 214 du rapport de la Commission du droit international qui portent sur l’immunité juridictionnelle des fonctionnaires d’État et sur l’obligation d’extrader ou de juger montrent les opinions divergentes des États Membres.


M. ESMAELI BAHAEI HAMANEH (République islamique d’Iran), faisant sienne la déclaration prononcée au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé qu’il importait de définir le principe de compétence universelle, compte tenu des fortes divergences sur cette notion.  Une démarche progressive est nécessaire, mais il ne faut pas oublier les raisons qui l’ont introduite à la Sixième Commission, a-t-il rappelé.  Il s’agit d’une part de savoir s’il faut procéder à une codification ou développer le droit international et, d’autre part, de savoir jusqu’où peut aller la Commission dans cette direction.


En vertu de la législation iranienne, les tribunaux iraniens sont compétents pour les infractions commises sur le territoire iranien, dans leurs eaux territoriales et dans leur espace aérien, a-t-il précisé, avant de citer les articles du Code pénal iranien qui prévoient les cas où les tribunaux iraniens peuvent exercer en cas d’infractions commises par des ressortissants iraniens hors du territoire national.  L’Iran ne dispose pas de législation précise relative à la compétence universelle, mais est partie à un grand nombre d’instruments internationaux, y compris plusieurs traités internationaux sur le terrorisme international, à la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes et à la Convention des Nations Unies contre la corruption de 2003.  Si ces textes prévoient d’une manière ou d’une autre l’obligation « d’extrader et de poursuivre », il ne faut pas confondre cette obligation avec le principe de la compétence universelle, a-t-il insisté.  L’exercice de la compétence pénale doit être objective et se faire de bonne foi, a estimé le délégué.  Elle ne doit pas constituer une violation de l’immunité octroyée aux chefs d’État et fonctionnaires de haut rang conformément au droit international, a-t-il rappelé.


M. LEANDRO VIEIRA SILVA (Brésil) a indiqué que le principe de compétence universelle devrait s’appliquer dans le respect du droit international, venir en complément de la compétence des juridictions nationales et être limité à certains crimes.  Le principe de compétence universelle ne doit pas être appliqué de manière arbitraire et servir d’autres intérêts que ceux de la justice, a-t-il poursuivi, tout en reconnaissant la nécessité de mettre un terme à l’impunité.  Il a ensuite plaidé pour une définition claire et acceptable de ce principe, ainsi que de sa portée, afin d’éviter toute sélectivité dans son application.  Le groupe de travail créé à cette fin devrait se pencher sur la nature des crimes susceptibles de déclencher l’application du principe de compétence universelle, ainsi que sur le caractère subsidiaire de ce principe, a recommandé M. Silva.


Reconnaissant les difficultés soulevées par la nécessité de concilier ce principe avec la nécessité de respecter les immunités reconnues aux représentants des États, le délégué du Brésil a invité les États Membres à faire preuve de flexibilité et à s’accorder sur les éléments clefs des discussions.  Il est prématuré à ce stade d’élaborer des normes internationales, a-t-il dit.  Enfin, le délégué du Brésil a rappelé que le principe de compétence universelle était appliqué par les juridictions de son pays pour les crimes de génocide et ceux visés par des conventions auxquelles le Brésil est partie, comme par exemple la Convention contre la torture.


Mme ADY SCHONMANN (Israël) a affirmé que l’absence de consensus international sur la définition et l’étendue du principe de compétence universelle se reflétait dans un large éventail d’opinions et d’approches présentées dans le présent rapport et les rapports précédents du Secrétaire général, démontrant le besoin d’une étude plus approfondie du sujet.  Elle a en outre indiqué que, comme l’avaient souligné de nombreux autres pays, il faudrait faire une distinction entre la compétence universelle et l’obligation fondée sur un traité d’« extrader ou de poursuivre » car, a-t-elle fait remarquer, cette obligation ne confère pas une compétence universelle.  


La compétence universelle est un mécanisme de dernier recours, a estimé la représentante.  En vertu du droit international, les États ont une obligation d’inclure certaines garanties concernant l’exercice de la compétence universelle pour empêcher les abus potentiels et assurer l’exercice responsable d’une telle compétence, a-t-elle rappelé.  Avant de conclure, la représentante a réaffirmé que l’exercice de la compétence universelle était un instrument important, dans le dispositif de la justice criminelle internationale, qui permet de faire avancer l’état de droit aux niveaux national et international.


M. FARID JAFAROV (Azerbaïdjan) a salué les avancées faites ces dernières années dans la lutte contre l’impunité.  « Il est incontestable qu’aucun statut officiel ou politique ne protège aujourd’hui les personnes ayant une immunité pour les crimes les plus graves aux yeux de la communauté internationale », a-t-il déclaré.  Rappelant que « les activités et la jurisprudence des tribunaux mixtes ou spéciaux ont aidé à façonner le droit international dans ce domaine », en particulier les normes sur les crimes de guerres et les crimes contre l’humanité, le représentant a estimé que « le principe de la compétence universelle était un outil important pour combattre l’impunité et poursuivre les responsables de violations des normes et principes fondamentaux du droit internationaux ». 


Dans ce contexte, il a indiqué que son pays considérait qu’il était la responsabilité première des États de respecter leurs obligations en mettant un terme à l’impunité et en enquêtant et poursuivant les personnes responsables de sérieuses violations du droit international.  « La compétence universelle devrait être considérée comme un outil supplémentaire, lorsque l’État où le crime a été commis, ou bien lorsque l’État dont la victime ou l’auteur sont ressortissants, n’est pas prêt ou n’a pas la volonté d’engager des poursuites », a-t-il expliqué.  En conclusion, il a indiqué que son pays avait intégré le principe de la compétence universelle dans sa législation nationale, en donnant compétence aux juridictions nationales pour certains crimes commis à l’étranger, indépendamment de la nationalité des auteurs et victimes.  « Le domaine d’application inclut notamment les violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme », a-t-il ajouté avant d’appeler le Groupe de travail à poursuivre ses délibérations sur cette question.


M. MOHD DUSUKI MOKHTAR (Malaisie), se ralliant à la déclaration faite par la République islamique d’Iran au nom du Mouvement des pays non alignés, a reconnu que la question de l’exercice de la compétence universelle était une question sensible car elle touche à la question de la souveraineté nationale.  L’exercice de la compétence universelle, a-t-il fait remarquer, peut impliquer un autre État dans l’exercice de sa juridiction extraterritoriale, c’est-à-dire lorsqu’il appréhende des criminels dans un autre État ou lorsque des actes criminels sont commis dans d’autres États.  Le risque est que la compétence universelle empiète sur la souveraineté d’un État par rapport à des actes réciproques.  Le représentant a souligné que même si la Malaisie n’est pas en faveur d’une réglementation internationale, les États doivent faire preuve de prudence dans l’exercice de la compétence universelle. 


Le principe de compétence universelle ne devrait pas être confondu non plus avec le principe « aut dedere aut judicare » , qui, en vertu des traités internationaux pertinents, requiert pour un État d’avoir l’obligation de poursuivre ou d’extrader.  Ce principe n’établit pas la compétence universelle pour cette infraction basée sur les traités, a-t-il déclaré.  Les États doivent mener des enquêtes.  Les cadres juridiques des États doivent en premier prévoir les ressources nécessaires à la pleine application du principe de compétence universelle.  Pour l’instant, les États sont divisés, même d’un point de vue

juridique ou politique, a-t-il fait observer.  « Nous sommes engagés à poursuivre le travail avec des États Membres et nous nous réjouissons d’entendre les différentes positions sur la question », a-t-il assuré.


Mme JOY ELYAHOU, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a estimé que la compétence universelle était un élément important du système mis en place par les principaux textes du droit international humanitaire, pour prévenir et sanctionner les violations les plus graves.  Les quatre Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels prévoient que les États ont l’obligation juridique de rechercher toute personne présumée coupable d’infractions graves se trouvant sur leur territoire, quelle que soit la nationalité de cette personne ou le lieu où elle a commis les infractions.  Cette obligation nécessite une approche active de la part des États, a souligné la représentante.  Les États ont le devoir d’agir dès qu’ils sont informés de l’entrée sur leur territoire de toute personne présumée coupable de crimes graves.


Conscient des défis associés à l’application de la compétence universelle, le CICR est encouragé par l’émergence de pratiques positives, telles que la coopération entre États, qui permettent de surmonter les différents obstacles, a-t-elle poursuivi.  Le Comité ne soulignera jamais assez que la définition d’une stratégie nationale pour améliorer les procédures d’enquêtes et les poursuites relatives à ces crimes, doit inclure une approche globale qui protège également les témoins et les victimes.  Le CICR est convaincu que la compétence universelle n’est pas le seul instrument disponible pour lutter contre l’impunité, a-t-elle ajouté.  Le principe ne doit pas être appréhendé de manière isolée mais comme faisant partie d’un système plus large développé pour dissuader et empêcher que des crimes internationaux soient commis.  Elle ne doit s’exercer qu’en dernier recours, a insisté la représentante, avant de souligner l’importance de renforcer les capacités nationales.  Notant le choix de certains États de poser des conditions à l’application de la compétence universelle, l’observatrice du CICR a exhorté les États Membres et les organisations internationales pertinentes à continuer leurs consultations sur le sujet.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: les délégations réitèrent leur appel en faveur de la réforme de la gouvernance économique mondiale et d’une meilleure gestion de la migration

AG/EF/3343

Deuxième Commission: les délégations réitèrent leur appel en faveur de la réforme de la gouvernance économique mondiale et d’une meilleure gestion de la migration

18/10/2012
Assemblée généraleAG/EF/3343
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                        

11e séance – matin


DEUXIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS RÉITÈRENT LEUR APPEL EN FAVEUR DE LA RÉFORME

DE LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE ET D’UNE MEILLEURE GESTION DE LA MIGRATION


La mutation de l’économie mondiale, frappée par des crises financières et la récession, a conduit aujourd’hui les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) à plaider de nouveau en faveur d’une refonte de la gouvernance économique mondiale, au cours d’une matinée de débats consacrée aujourd’hui à la mondialisation et à l’interdépendance.  La menace supplémentaire que posent les changements climatiques et les défis démographiques, de même que les énormes besoins de financement qu’ils impliquent, confèrent un caractère d’urgence à la création de ce nouvel ordre économique mondial, qui devrait être basé sur les principes de l’équité, de l’égalité souveraine, de l’interdépendance, de l’intérêt commun, de la coopération et de la solidarité entre tous les États, ont souligné les représentants du Bangladesh et du Brésil.


Au rang des priorités, plusieurs délégations ont appelé de leurs vœux une reprise des négociations commerciales engagées dans le cadre du Cycle de Doha afin de créer un système commercial multilatéral plus juste, plus ouvert et moins discriminatoire qui permette à tous les pays de participer aux échanges sur des règles communes mais différenciées.  Comme au cours des sessions précédentes de la Commission, les délégations ont réitéré leurs appels à la réforme des institutions de Bretton Woods, qui devrait se traduire par une redistribution des droits de vote au sein des organes délibérants de ces institutions et, de ce fait, par une meilleure représentativité des pays en développement dans leurs processus de conception de politiques et de prise de décisions, comme l’ont souligné les États membres du Groupe des 77 et de la Chine et ceux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, presque tous les pays sont impliqués dans le processus de migration, que ce soit comme pays d’origine, comme pays de transit ou de destination, a expliqué la représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Les délégations du Brésil, du Sénégal, de l’Inde, du Sri Lanka et les États-Unis ont souligné la richesse que représente la migration des travailleurs, car elle profite à toutes ces catégories de pays et est un facteur de dynamisme et de développement économique.  Les intervenants ont lancé un appel en faveur d’une amélioration des procédures encadrant les flux migratoires.  La délégation du Mexique a regretté que trop peu d’États aient signé la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, rappelant que des millions de migrants continuent d’être victimes de discrimination, de xénophobie et de violence.  


L’organisation d’un Dialogue de haut niveau sur la migration et le développement, en 2013, a été saluée par plusieurs délégations, qui ont émis l’espoir que la discussion se concentre sur le rôle que joue la migration dans le développement économique et social.  Les cadres de travail adoptés en la matière devraient aider les pays du Sud à mobiliser les compétences professionnelles de leur diaspora plutôt que de ne bénéficier que des fonds envoyés par leurs membres, même si ces ressources ont un impact réel sur le développement, a préconisé le représentant de l’Inde.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi, le 22 octobre.  Après une réunion conjointe avec le Conseil économique et social dans la matinée, la Commission examinera dans l’après-midi le point de son ordre du jour relatif au financement du développement.


MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE


Présentation


Mme SHAMSHAD AKHTAR, Sous-Secrétaire générale chargée du développement économique, a présenté le « rapport sur les défis d’ordre international en matière de développement durable: cohérence politique globale et rôle de l’Organisation des Nations Unies ».  Elle a rappelé que les déséquilibres et inégalités persistants en matière de commerce international, de transfert de technologie et de financement international demandent une attention urgente.  « Nous devons nous interroger pour savoir si la création d’un nouvel ordre économique mondial est aujourd’hui possible », a-t-elle déclaré. 


La Sous-Secrétaire générale a précisé que l’économie mondiale est en pleine mutation, de plus en plus interdépendante, et que, de surcroît, elle est frappée par des crises financières, alimentaires, et énergétiques.  Le rythme rapide du développement de l’économie mondiale dévaste l’environnement, et le développement durable n’a pas reçu suffisamment d’attention, a-t-elle dit.  « Dès lors, l’instauration d’un nouvel ordre économique est plus pressant mais aussi plus difficile. »  Elle a souligné l’importance de ce débat qui constituera une occasion de consolider le partenariat mondial pour le développement et d’améliorer la cohérence du système commercial multilatéral.


La Sous-Secrétaire générale a également présenté le rapport sur les migrations internationales et le développement.  Elle a relevé la nécessité d’élaborer des plans d’action pour mieux utiliser les fonds de la diaspora pour le développement et mieux protéger les droits des migrants.  En conclusion, elle a souhaité que le Dialogue de haut niveau de 2013 soit pragmatique et qu’il ouvre la voie à l’intégration de la question des migrations internationales dans le débat sur le développement de l’après-2015.


Rapport du Secrétaire général sur les défis d’ordre international en matière de développement durable: cohérence politique globale et rôle de l’Organisation des Nations Unies (A/67/274)


La crise financière mondiale et la récession ont suscité de nouveaux appels en faveur d’une refonte de la gouvernance économique mondiale, rappelle le Secrétaire général.  La menace supplémentaire que posent les changements climatiques et les défis démographiques, de même que les énormes besoins de financement qu’ils impliquent, confèrent un caractère d’urgence extrême à ces appels.


Parmi les principaux facteurs responsables du déséquilibre de la mondialisation figurent le commerce international, le transfert de technologie et la finance internationale.  Dans ces domaines, la gouvernance mondiale n’a pas suivi le rythme de la mondialisation, ce qui fait que leur expansion n’a pas toujours été bénéfique aux pays en développement.


Depuis le début des années 90, et compte tenu de la lenteur des progrès enregistrés dans le Cycle de négociations en cours à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dit Cycle de Doha, les pays développés cherchent à conclure des accords bilatéraux et régionaux avec les pays en développement.  Dans bien des cas, ces accords imposent des engagements contraignants en ce qui concerne la libéralisation et la protection des investissements, ainsi que la concurrence et les marchés publics, ce qui a pour effet de limiter ou d’interdire les politiques gouvernementales qui encouragent les entreprises locales ou l’économie nationale.  Une transformation s’impose pour mettre en place des structures de production et d’exportation plus diversifiées.  De plus, les règles commerciales multilatérales actuelles sont des entraves aux transferts de technologie.  Or la croissance économique est induite dans une large mesure par les innovations technologiques.


Quant à la libéralisation financière, qui était censée améliorer l’allocation de ressources rares et stimuler ainsi l’investissement et la croissance, elle est au contraire souvent associée à une instabilité macroéconomique plus grande et à une montée des inégalités.  Savoir gérer la volatilité macroéconomique découlant de la libéralisation des marchés financiers pose un défi majeur aux décideurs des pays émergents et des pays en développement.  L’aide publique au développement (APD) et d’autres formes de financement public international restent cruciales, non seulement pour combler les lacunes du financement interne, mais également pour relever des défis mondiaux comme les changements climatiques.  Pourtant, les flux d’aide ont diminué en termes réels en 2011 pour la première fois depuis des années.  Les réformes du système financier international devraient viser à réduire les risques et la volatilité des flux tant privés que publics, tout en laissant aux pays en développement une marge de manœuvre et en garantissant un financement suffisant pour le développement.


Les réformes à envisager devraient aussi assurer une plus grande cohérence entre les programmes de différentes institutions, dont la prolifération engendre une incohérence du système.  Un mécanisme de coordination multilatéral efficace s’impose.  Diverses propositions ont été faites pour la création d’une instance d’un niveau équivalant à celui du Conseil de sécurité, la plus récente concernant un conseil mondial de coordination économique.


Le système des Nations Unies a un rôle fondamental à jouer.  Le défi majeur de ce débat sera de parvenir à un arrangement dotant les organes de l’ONU des facultés dont ils ont besoin pour exercer efficacement leur rôle, y compris un éventuel rôle de coordination mondiale pour les questions économiques, financières, sociales et environnementales.  La ferme décision de renforcer le système du Conseil économique et social permettrait de donner davantage de cohérence au système multilatéral mondial pour faire face aux défis posés par les économies et les sociétés complexes du XXIe siècle.


Rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement (A/67/254)


Durant la période 1990-2010, le nombre de migrants internationaux a augmenté de 59 millions, soit 39%, constate le Secrétaire général.  Cette hausse était principalement due aux migrations du Sud vers le Nord, dont la croissance a provoqué un afflux important des transferts de fonds dans le sens contraire.  Les États Membres devraient redoubler d’efforts pour réduire les coûts de ces transferts et renforcer leurs avantages pour le développement.


Néanmoins, sans ressources supplémentaires pour recueillir des données de référence, la formulation des politiques et le débat public sur la migration demeurent lacunaires.  En ce sens, la Réunion de coordination interinstitutions sur la migration internationale, organisée par la Division de la population du Secrétariat de l’ONU, joue un rôle primordial dans cet échange d’informations.


Par ailleurs, le Secrétaire général note que si l’adoption d’un nouvel instrument de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour défendre les droits des travailleurs domestiques est une étape importante, des millions de migrants continuent d’être victimes de discrimination, de xénophobie et de violence.


Le Groupe mondial sur la migration a initié une étude visant à examiner comment le système des Nations Unies et d’autres parties prenantes peuvent apporter un soutien solide et cohérent aux États Membres pour répondre aux opportunités et aux défis qui découlent des migrations internationales et pour promouvoir une plus large application des instruments et normes appropriés.


Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) mènent une initiative à l’échelle du système afin de formuler des recommandations pour le Dialogue de haut niveau de 2013, basées sur les expériences et les leçons tirées de la mise en œuvre des programmes de migration et de développement réalisés depuis 2006.  L’initiative devrait permettre de produire un ensemble de recommandations concrètes.


En choisissant les politiques adéquates, les avantages des migrations internationales pour les pays d’origine et de destination et pour les migrants et leurs familles peuvent être optimisés et leurs impacts négatifs peuvent être réduits, estime Ban Ki-moon.  Le Dialogue de haut niveau de 2013 est une étape primordiale pour la communauté internationale, laquelle pourra orienter le programme politique pour les migrations internationales, formuler des recommandations concrètes sur la façon dont la migration peut favoriser le développement, et veiller à l’introduction de la question des migrations internationales dans le débat sur le développement de l’après-2015.


Débat général


M. Larbi Djacta (Algérie), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la Déclaration et le Programme d’action pour la création d’un nouvel ordre économique mondial, adoptés en 1974 par l’Assemblée générale, sont plus pertinents que jamais.  Il a souhaité que les efforts nationaux soient renforcés par une plus grande coopération internationale afin de renverser le processus de marginalisation et relever les défis qu’entraine la mondialisation.  Les pays en développement doivent préserver leur droit au développement grâce à des politiques et stratégies basées sur leurs propres conditions sociales, économiques et environnementales, a-t-il dit.  Il a également demandé que les pays en développement participent davantage aux prises de décisions internationales.  En ce qui concerne les Nations Unies, il a estimé qu’elles sont le seul organe mondial universel apte à renforcer la coopération internationale en faveur de la promotion du développement dans le contexte de la mondialisation.


Par ailleurs, le Groupe des 77 et de la Chine appelle de ses vœux un processus de réforme plus ambitieux des institutions de Bretton Woods, a-t-il indiqué.  Cette réforme, a-t-il précisé, doit être basée sur une approche reflétant vraiment le mandat de développement de ces institutions et faisant participer toutes les parties prenantes dans un processus équitable, transparent, consultatif et inclusif.  S’agissant de la question « migration et développement », le représentant a lancé un appel aux États qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils adhèrent à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.  Il a souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD) et des autres sources internationales de financement pour appuyer les efforts des pays en développement visant à éliminer la pauvreté et promouvoir le droit des peuples au développement.  Cela permettra de contrôler les flux de migrations, a-t-il expliqué.


Rappelant le Programme d’action pour l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial de 1974, Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte-Lucie), qui parlait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a jugé que tout restait à faire, au vu de la hausse et de la persistance des inégalités entre pays développés et pays en développement.  La CARICOM reconnaît les avantages de la mondialisation, qui ont aidé à la croissance économique et au développement au cours des 50 dernières années, mais la plus grande interdépendance a aussi accru la vulnérabilité des pays en développement aux chocs externes, comme le souligne le rapport du Secrétaire général, a-t-elle relevé.  La représentante a expliqué que les petits pays de la CARICOM sont particulièrement vulnérables aux crises économiques, financières, énergétiques, alimentaires, sans oublier la menace des changements climatiques.


Aujourd’hui, « la mondialisation doit être inclusive, prévisible et équitable », a préconisé la représentante, précisant que les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans le processus d’élaboration d’une mondialisation responsable et pour s’assurer que tous les pays en respectent les règles du jeu.  La CARICOM s’inquiète de la lenteur du processus de réforme des institutions multilatérales et appelle à une réforme urgente des institutions de Bretton Woods, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.


En conclusion, Mme Rambally a appelé les États Membres à résister, dans le contexte de crise économique mondiale, à la tentation de politiser et limiter l’immigration.  La CARICOM considère que la globalisation ne doit pas se limiter à la liberté de circulation des capitaux, mais qu’elle doit aussi permettre celle des personnes.


M. YUSRA KHAN (Indonésie), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a soutenu pleinement le rôle central que joue l’ONU dans la gouvernance politique mondiale.  Il a demandé de renforcer ce rôle et en particulier dans le contexte changeant du développement durable et de la fragmentation des intérêts nationaux.  Il a proposé des réformes dans le domaine du commerce international, du transfert de technologie et de la finance internationale.  Il a estimé qu’il serait difficile de réformer les cadres existants et les mécanismes institutionnels, mais a souligné que les enjeux sont importants pour les pays en développement.  Il a également appelé à revitaliser le Programme de développement de Doha afin de prendre en compte les besoins et les capacités différentes des pays.  M. Khan a ensuite expliqué que le régime technologique international doit compléter davantage les mécanismes de développement durable des Nations Unies.  Passant au chapitre de la coopération régionale, M. Khan a souligné l’efficacité des mécanismes tels que la Zone de libre échange et la feuille de route pour l’intégration monétaire et financière de l’ASEAN.


Sur la question « migration et développement », il a demandé de la traiter en se basant sur le principe de responsabilité commune et en tenant compte du fait que la migration internationale peut contribuer au développement à la fois des pays d’origine et des pays de destination.  L’ASEAN estime que le capital humain est crucial pour les progrès économique et social.  L’ASEAN a une main-d’œuvre de 285 millions de personnes, a-t-il indiqué.  Il a mentionné la Déclaration de l’ASEAN sur la protection et la promotion des droits des travailleurs migrants et la création d’un comité chargé de ces questions.  Sur le plan multilatéral, il a souhaité que le système des Nations Unies continue de renforcer la coordination des différents programmes et initiatives en matière de migration internationale.  Il a aussi soutenu le Dialogue de haut niveau qui sera organisé sur cette question en 2013.


M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité de l’organisation du Dialogue de haut niveau sur la migration et le développement, programmé pour 2013.  Le premier dialogue de ce type a fourni un cadre utile pour le débat sur cette question et a conduit à la création d’un Forum mondial sur la migration et le développement, a-t-il rappelé.  La réunion de 2013 sera donc une occasion importante de mettre à jour et approfondir la discussion mondiale sur la question de la migration, a-t-il espéré.  Il a mentionné l’Approche mondiale sur la migration et la mobilité de l’Union européenne qui établit le cadre de la politique de l’Union sur la migration.  L’Union européenne a également acquis une bonne expérience dans ce domaine en promouvant la coopération bilatérale et régionale en matière de migration, a-t-il dit.  Ses États membres estiment cependant qu’il faut adopter une approche plus holistique des relations entre migration et développement, notamment du fait du rôle croissant de la migration dans l’économie de nombreux pays en développement et de l’importance de la migration Sud-Sud.


Le représentant a donc proposé que le Dialogue de haut niveau fixe un programme de travail plus étendu dans ce domaine, en tenant compte des changements constatés dans les tendances migratoires.  Il a aussi suggéré que la discussion se concentre davantage sur la migration Sud-Sud et le rôle que joue la migration dans le développement économique et social.  Il faudra aussi promouvoir l’intégration de la migration dans les stratégies de développement, a-t-il dit.  En ce qui concerne les thèmes des tables rondes, il a proposé les sujets suivants: « Promouvoir une migration légale et respectueuse de l’ordre, tout en protégeant les droits des migrants »; « Mécanismes d’intégration de la migration dans le développement et de promotion de la coopération internationale en matière de migration »; « Évaluation des effets de la migration sur le développement économique et social des pays d’origine et de destination et identification des priorités en vue du cadre de développement de l’après-2015 » et enfin, « Promouvoir une bonne gestion de la mobilité régionale de l’emploi ».


M. OLEG O. SENCHENKO (Fédération de Russie) a indiqué que sa délégation voulait coopérer de façon constructive aux discussions sur les modalités du Dialogue de haut niveau de 2013 sur la question de la migration et du développement.  À l’heure de la mondialisation, la migration a un fort impact sur le développement, a-t-il noté. Il a indiqué que la Fédération de Russie a fixé un seuil pour le flux de main-d’œuvre étrangère sur son territoire.  En 2012, les autorités ont délivré 924 000 permis de travail à des citoyens étrangers, a-t-il précisé, ajoutant que de nombreuses institutions organisent des consultations avec les migrants pour les informer sur la législation en vigueur.  Grâce à des méthodes d’enseignement remarquables, la Fédération de Russie fournit une éducation à des migrants dans des domaines comme la programmation et l’ingénierie.  Nous attirons ainsi des experts très qualifiés venant de l’étranger, a-t-il dit, parlant aussi d’un centre d’innovation actuellement en construction.


Le représentant a indiqué que le Président de la Fédération de Russie a approuvé un programme politique migratoire, qui a pour objectif notamment de réglementer les migrations, de légaliser les flux migratoires et de renforcer la responsabilité des employeurs qui attirent les travailleurs migrants par des pratiques malhonnêtes.  Il a détaillé les trois volets de cette politique qui commencera, en 2012-2015, par la création de centres d’aide administrative pour les migrants, puis, de 2016 à 2020, par l’application des principaux volets de la loi.  Enfin, de 2021 à 2025, une évaluation de l’efficacité des programmes sera menée.  Le Gouvernement s’engage aussi dans un programme de simplification des visas avec certains États, a ajouté le représentant.  Il a aussi indiqué que son pays continuerait de lutter contre l’immigration illégale.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a rappelé la situation géographique particulière de son pays, qui est en fait « un pays d’origine, de transit et de destination des migrations internationales ».  Estimant que les migrations internationales sont aujourd’hui « l’une des préoccupations majeures de la communauté internationale », il a souligné « l’importance de trouver les moyens appropriés à une gestion plus efficace de ces flux ».  


Rappelant ensuite que ces flux restent « porteurs de réelles opportunités » et apportent des « avantages macroéconomiques substantiels » aux pays d’origine comme aux pays d’accueil, le représentant a cité en exemple, les bénéfices de l’accroissement de la consommation, la valorisation de métiers ou d’emplois négligés, la disponibilité de la main d’œuvre ou encore les transferts financiers, dont il a rappelé que les montants dépassaient parfois aujourd’hui ceux de l’aide publique au développement. « Au Sénégal, les transferts ont atteint 660 milliards de francs CFA en 2009, soit près de 9% du PIB, ils ont un rôle crucial à jouer dans le développement », a-t-il indiqué, réclamant une amélioration des procédures et une baisse des coûts de transferts.  Dans ce contexte, il s’est félicité de la mise en place d’un « Institut africain pour les transferts de fonds » à l’occasion de la dernière Assemblée des chefs d’État africains. 


Abordant ensuite le problème des flux migratoires irréguliers, il a souligné l’importance de mettre en place des mécanismes performants pour les migrations légales afin d’empêcher « les pratiques illégales qui favorisent le développement de toutes formes de trafics, notamment de drogues, de migrants ou la traite d’êtres humains ».  Le représentant s’est d’ailleurs réjouit du soutien apporté par l’Union européenne à la Stratégie nationale de gestion intégrée des frontières mise en œuvre par le Sénégal, pour contenir les flux clandestins à partir des côtes sénégalaises.


M. PIUS Wennubst (Suisse) a axé son intervention sur les opportunités créées par la migration internationale.  Face à la complexité des flux migratoires dans un monde de plus en plus interconnecté et globalisé, il est dans l’intérêt de tous de créer et de maintenir des mécanismes de collaboration efficaces et d’explorer des partenariats équitables en la matière, ceci dans un esprit de cohérence et de responsabilité commune, a dit le représentant.  La Suisse se réjouit donc de prendre part au Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement qui aura lieu en 2013, a-t-il indiqué.


Mme Arias Orozco (El Salvador) a jugé important de dialoguer pour rechercher des solutions adaptées aux réalités particulières de chaque pays, et que les États Membres fassent preuve de volonté politique et de solidarité afin de remédier aux profonds déséquilibres, aux inégalités, à la crise environnementale et à l’absence de développement engendrés par la mondialisation.  En ce sens, elle a demandé la reprise des négociations commerciales multilatérales menées dans le cadre du Cycle de Doha et a exigé que cela se fasse sur le respect des principes de la non-discrimination des pays au sein du système commercial mondial et de l’adoption de règles communes mais différenciées.  Il faut aussi promouvoir un meilleur cadre de transfert de technologie au profit des pays en développement.  Pour renforcer la gouvernance économique mondiale, il est nécessaire que les pays en développement soient mieux représentés dans le système financier international, a ajouté la représentante.


Pour El Salvador, pays de forte émigration, le thème de la migration est complexe et doit être examiné au niveau international, raison pour laquelle notre pays attend beaucoup du Dialogue de haut niveau prévu en 2013.  Nous en attendons notamment des recommandations concrètes sur la façon dont la migration peut contribuer au développement.  La représentante a ajouté que le respect des droits de l’homme des migrants et la collaboration entre pays d’origine, de transit et de destination ne devaient pas être oubliés des débats.


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a jugé nécessaire de s’engager sur la voie d’une nouvelle structure de gouvernance économique et financière mondiale basée sur les principes de l’équité, de l’égalité souveraine, de l’interdépendance, de l’intérêt commun, de la coopération et de la solidarité entre tous les États.  Il a aussi demandé que les pays en développement participent davantage aux processus de décision sur les questions économiques internationales.  Bien que la mondialisation puisse permettre de renforcer la coopération et d’accélérer la croissance et le développement, elle entraîne des défis tels que la marginalisation de certains pays et des difficultés d’accès aux échanges commerciaux mondiaux, a-t-il relevé.  Pour mieux y faire face, il a plaidé pour que les pays les moins avancés reçoivent une aide internationale prévisible et bénéficient d’un régime commercial qui leur soit favorable.  Le représentant a souligné la nécessité de renforcer le rôle des Nations Unies dans la gouvernance économique mondiale, ce qui permettrait aussi de réformer les institutions financières internationales et la structure de gouvernance mondiale de développement.


Le représentant a ensuite expliqué l’importance du rôle de la migration et des envois de fonds des migrants dans le développement économique.  Avec plus de 7,5 millions de Bangladais vivant à l’étranger, ces envois de fonds dépassent 12% du PIB de notre pays, a-t-il dit.  Cela représente cinq fois le montant de l’aide publique au développement (APD) destinée au Bangladesh.  Après avoir recensé les difficultés auxquelles se heurtent les travailleurs migrants, il a appelé à intensifier les efforts pour éliminer complètement l’exploitation et la discrimination qui les touchent, afin de leur assurer un travail décent et la reconnaissance juridique de leur statut.  Il est aussi important de faciliter les flux d’envois de fonds, a-t-il ajouté.


M. MAURICIO FERNANDO DIAS FAVERO (Brésil) a souligné que la mondialisation n’est pas neutre et que la communauté internationale doit travailler à sa coordination en vertu des principes de l’égalité, de l’interdépendance, de l’intérêt commun, de la coopération et de la solidarité entre les États, de façon à corriger tous les cadres institutionnels qui œuvrent contre le développement.  Le Brésil estime que l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial véhiculerait un message fort, et qu’il est urgent de le transmettre dans le contexte actuel de crise économique et sociale mondiale.  Plutôt que de se tourner vers le protectionnisme et la xénophobie, le Brésil pense qu’il est possible de limiter les excès et de corriger les défauts de la mondialisation tout en préservant son dynamisme et sa vitalité.  Le représentant a affirmé que la dérégulation promue au cours des dernières décennies a ouvert la voie à la crise financière et à la volatilité des capitaux à court terme, ce qui a contribué à l’incertitude économique actuelle.  En conséquence, il a jugé nécessaire une meilleure représentativité des pays en développement dans les institutions financières mondiales.  Le G-20 et les institutions financières des pays émergents du groupe BRICS (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pourraient également jouer un rôle essentiel, a estimé le représentant du Brésil, qui a appelé à un rôle renforcé et élargi des Nations Unies, en coordination avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, pour assurer une politique économique et financière cohérente.


Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti) a rappelé que son pays étant un pays de grande émigration, les migrations internationales et le développement y représentent « un enjeu majeur dans tous les aspects multidimensionnels ».  Elle a attiré l’attention sur les données empiriques qui montrent que le niveau de stigmatisation de l’immigration est fortement corrélé aux conditions économiques existantes.  « La crise financière mondiale risque donc d’accentuer la détérioration des conditions de vie, voire de marginaliser davantage une grande partie des travailleurs migrants », a prévenu Mme Nazaire.


La représentante a dit que la délégation d’Haïti tenait à exposer deux autres points « qui portent un lourd préjudice à de nombreux pays en développement »: le trafic humain incluant les enfants en bas-âge et les adolescents, et le rapatriement forcé des immigrants en infraction avec les lois de leur pays d’accueil.  Parce que les structures de suivi et de réinsertion des pays d’origine sont en général débordées, les rapatriés en manque de repères peuvent « représenter un facteur significatif de grande perturbation sociale et d’instabilité économique », a soutenu Mme Nazaire.


En ce qui concerne l’impact socioéconomique de la migration, le constat de la délégation d’Haïti est ambivalent, a-t-elle indiqué.  Ainsi, si on doit à l’importance de la diaspora haïtienne l’équivalent annuel de 25% du PIB d’Haïti en transferts sans contrepartie, « il n’est pas sûr que l’échange net soit en faveur d’Haïti, car des sommes financent en majorité des besoins primaires et non des projets d’investissement », a relativisé Mme Nazaire.  De plus, la perte de capital humain se ressent considérablement à tous les échelons, a déploré la représentante d’Haïti, qui a jugé qu’il est « impératif de juguler les raisons profondes des mouvements migratoires excessifs entraînant des déséquilibres sociodémographiques et environnementaux incompatibles avec les objectifs de développement durable ».


M. DEREK O’BRIEN, membre du Parlement de l’Inde, a noté que la mondialisation implique une mobilisation sans précédent des idées, des technologies, du capital, des ressources et des personnes, et que les économies les plus dynamiques sont les plus ouvertes aux migrants.  L’Inde se félicite donc de l’organisation du Dialogue de haut niveau en 2013 et en attend un engagement politique fort sur la migration internationale comme paradigme du développement, a dit M. O’Brien.  Les cadres de travail adoptés devraient aussi aider les pays du Sud à mobiliser les compétences professionnelles des migrants plutôt que de ne se reposer que sur les fonds qu’ils envoient, même si ces derniers ont un impact réel sur le développement, a-t-il préconisé.  De plus, les cotisations sociales versées par les migrants dans les pays d’accueil sont généralement perdues quand ils rentrent dans leur pays, et il serait bon d’examiner le transfert de ces contributions de retraite et celle des bénéfices sociaux qui en découlent aux migrants où qu’ils soient, a relevé le représentant.  L’Inde espère aussi que le thème des migrations nationales, qui ont lieu des campagnes vers les zones urbaines, sera pris en considération dans les discussions sur l’Agenda pour le développement de l’après-2015.  En conclusion, le représentant a souligné que l’immigration n’est pas un fardeau mais une richesse pour tous les pays, d’origine comme de destination.


M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) s’est félicité de l’organisation du Dialogue de haut niveau prévu en 2013 sur la migration et le développement, qu’il a estimé être « une manifestation clef ».  L’Autriche se félicite également du concours apporté par l’OIM à la compréhension et à la gestion du thème des migrations, surtout en ce qui concerne la protection des migrants dans les situations de crise. 


M. JACKSON TAN (Singapour) a affirmé qu’en tant qu’île de petite taille sans ressources naturelles, Singapour se devait de maintenir son économie ouverte sur le monde.  Il a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, le commerce extérieur total de Singapour avait cru de près de 120%, tandis que son PIB avait aussi progressé de 83% en termes réels sur la même période.  En même temps, Singapour reste vulnérable aux forces de la mondialisation, comme l’a montré la récession de 2008, et pour faire face aux défis de la mondialisation, Singapour poursuit ses efforts pour doter ses habitants de compétences, d’une mentalité et d’un état d’esprit qui leur permettront d’affronter la compétition mondiale.  Le représentant a ensuite affirmé que la mondialisation et ses conséquences, ainsi que les opportunités qu’elle peut offrir sur le commerce mondial restent des facteurs clefs pouvant aider à sortir les personnes de la pauvreté.  Rappelant que la mondialisation incluait les mouvements transfrontaliers de biens, de services, d’information et de personnes, il a souligné que les migrations internationales avaient eu des conséquences positives pour les migrants et leurs familles, et qu’en plus, les pays de destination et les pays d’origine en tiraient les uns et les autres des bénéfices.  


Mme Terri Robl (États-Unis) a rappelé que la migration est un élément central de l'identité même des États-Unis et qu’elle a toujours joué un rôle central dans la croissance économique et le développement de son pays.  Plus de 40% de la population actuelle des États-Unis peut retrouver la trace d’ancêtres migrants qui sont passés par Ellis Island entre 1892 et 1954, a dit la représentante.  Elle s’est félicitée des progrès mentionnés par le Secrétaire général dans son rapport sur la migration et a relayé son appel à renforcer la protection des travailleurs migrants lorsqu’ils sont victimes de catastrophes naturelles, de conflits civils ou de situation de guerre.  C’est une question d’actualité, a-t-elle relevé, citant les exemples récents d’Haïti et de la Syrie.  Les États-Unis apportent leur aide notamment à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et au Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.  Mme Robl a aussi partagé l’avis du Secrétaire général selon lequel la crise en Lybie a permis de souligner la nécessité pour la communauté internationale de remédier plus systématiquement à la situation des « migrants en détresse ».


Les États-Unis soutiennent le Forum global sur la migration et le développement, qui est un résultat du premier Dialogue de haut niveau sur ce thème, a poursuivi la représentante, expliquant qu’il permet une collaboration entre les pays d’origine et les pays de destination des migrants en vue de résoudre les problèmes que pose la migration dans le contexte actuel.  Elle a souhaité que le Forum mondial continue à offrir un processus informel, non contraignant, à participation volontaire et dirigé par les gouvernements, ceci en dehors des Nations Unies.  Elle a aussi exhorté les participants à la prochaine réunion du Dialogue de haut niveau à se concentrer sur les questions cruciales et à ne pas faire de fixation sur des questions relatives au mandat institutionnel.  Elle a espéré que les États Membres feront en sorte que l’OIM continue à occuper une place de choix dans ce cadre.


Mme DIANA ALI NAHAR Al-HADID (Jordanie) a affirmé que la mondialisation avait influencé le monde dans de nombreux domaines et allait continuer à avoir de nombreuses retombées internationales, notamment sur les économies régionales et nationales.  Elle a ajouté qu’il était important de faire en sorte que la mondialisation inclut davantage de pays, pour que les États et les secteurs de la population laissés pour compte puissent en bénéficier.  Sur la planète mondialisée où nous vivons aujourd’hui, les hommes, les biens et les services sont en perpétuel mouvement, et sans aucun doute, ces mouvements en progression ont des implications et pourraient en soi représenter un réel potentiel de développement dans les pays de destination, de transit, et d’origine des différents flux, a estimé la représentante.  Intégrer les migrations dans les programmes de développement est considéré avec une nouvelle importance dans de nombreux pays, car elles sont considérées comme partie prenante d’une démographie mondiale et d’une dynamique de population en évolution, a ajouté Mme Al-Hadid.  Par conséquent, il est important de développer une compréhension commune des liens entre migrations et développement tout en alignant les politiques relatives aux migrations avec les objectifs de développement.  


M. T. MOLOGE (Nigéria) a invité la communauté internationale à se réengager en faveur d’un nouvel ordre économique mondial, mettant l’accent sur l’importance de la responsabilité partagée mais différenciée.  La communauté internationale devrait renforcer son aide envers les pays en développement pour leur permettre d’augmenter leurs capacités à mener leur propre processus de développement, a-t-il dit.  Le transfert des technologies est un des facteurs clefs du développement, a-t-il remarqué, appelant les pays développés à le favoriser.  Le représentant a souligné le rôle central des Nations Unies dans les efforts de développement menés dans le cadre de la mondialisation.  Les Nations Unies doivent continuer à prôner la cohérence et la mise en œuvre des objectifs internationaux de développement, a-t-il demandé.  Il faut également prendre en compte la culture et la diversité des peuples, a-t-il ajouté.


Le représentant s’est félicité de l’initiative de créativité africaine lancée en 2008 pour faire connaitre cette créativité dans le monde.  Il a demandé la conclusion rapide des négociations commerciales engagées dans le cadre du Cycle de Doha et plaidé en faveur d’un système commercial multilatéral ouvert et non discriminatoire.  Il a aussi souligné l’intérêt des échanges de savoir-faire dans le cadre de la coopération Sud-Sud.  Passant à la question de la migration, M. MOLOGE a proposé un dialogue sur la migration Sud-Sud.  Il a remercié le Secrétaire général d’avoir organisé une réunion de haut niveau sur le Sahel au début de la présente session de l’Assemblée générale.  Il a expliqué les nombreux défis de la région et mentionné la politique nigériane mise en place pour les relever.  Le Nigéria a pénalisé la traite des personnes et signé la convention pertinente, a-t-il dit.  Des accords avec les pays du Nord ont également été signés pour faire respecter les droits de l’homme des migrants nigérians. 


M. MOJTABA ALIBABAEE (Iran) a évoqué la mondialisation et la libéralisation des échanges, qui ont rendu les pays en développement plus vulnérables aux impacts financiers extérieurs et aux crises économiques.  Même si la mondialisation peut entraîner dynamisme et renforcement de la coopération, cette situation de crise et d’instabilité menace d’élargir le fossé entre pays développés et pays en développement, a souligné le représentant.  Dans sa forme actuelle, la mondialisation perpétue ou même accroît la marginalisation des pays en développement, a dit M. Alibabaee.  Son cadre doit donc être modifié pour contribuer à la prospérité de tous les pays, au lieu de maintenir les pays en développement dans la pauvreté et la dépendance, a indiqué le représentant, précisant que le système financier et monétaire mondial devrait être universel, ouvert, équitable, non coercitif, régulé, prévisible et non discriminant.  L’Organisation des Nations Unies doit rester la plateforme principale de discussion, et l’Iran estime que son rôle gagnerait à être renforcé dans la coopération internationale pour le développement pour répondre aux défis de la mondialisation.


M. THALAPITA RALALAGE WARUNA SRI DHANAPALA (Sri Lanka) a expliqué l’importance de la question de la migration pour son pays, qui a ratifié la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.  Le Sri Lanka a aussi été élu comme membre du Comité des Nations Unies sur les droits des travailleurs migrants en 2009.  Si beaucoup de Sri-lankais émigrent, le Sri Lanka accueille aussi beaucoup de travailleurs migrants, a indiqué le représentant.  Il y a d’un coté des migrants qui viennent au Sri Lanka pour travailler ou en tant que réfugiés, et de l’autre des migrants sri-lankais qui quittent le pays et des migrants sri-lankais qui vont travailler à l’étranger.  Les premiers ne posent pas de problème pour le Sri Lanka, a assuré le représentant, expliquant que les expatriés jouissent d’une bonne qualité de vie au Sri Lanka, pays qui attire les investissements étrangers.  En ce qui concerne ceux qui quittent le Sri Lanka, il a expliqué qu’ils invoquent parfois une certaine insécurité dans leur pays, même si la guerre contre le terrorisme au Sri Lanka s’est terminée en 2009.  Le représentant a mentionné l’existence de l’Agence sri-lankaise pour l’emploi à l’étranger, créée en 2007, auprès de laquelle tout Sri-lankais qui quitte son pays doit s’inscrire.  Il a aussi mentionné la politique sur la migration des travailleurs, élaborée en 2009, citant plusieurs mesures prises en leur faveur, comme l’ouverture de crèches pour les enfants de femmes migrantes.  Le représentant a souhaité que la question des migrants figure dans le programme de développement pour l’après-2015.


M. LUIS-ALFONSO DE ALBA (Mexique) a relevé que le Mexique est un pays d’origine, de transit et de destination pour les migrants et, en conséquence, particulièrement concerné par cette question inscrite à l’ordre du jour de la Commission.  Les migrants sont de puissants agents économiques dans leurs pays d’accueil et l’argent qu’ils envoient dans leur pays d’origine soulage beaucoup de gens de la pauvreté, a expliqué le représentant.  Il a exprimé la préoccupation qu’éprouve le Mexique, et constate que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille a été ratifiée par 46 États seulement.  Le représentant a regretté que les Nations Unies n’aient pas d’espace exclusivement consacré à cette question.  Cette session sera essentielle pour préparer le Dialogue de haut niveau de 2013 sur le thème de la migration et du développement, a noté le représentant, qui a précisé que cette question avait besoin de la participation active des organisations de la société civile qui ont beaucoup contribué à la promotion des droits des personnes migrantes.


Mme CHRISSIE SILUMBU (Malawi) a relevé que la capacité des pays à atteindre le développement durable fait face à de nombreux revers.  Elle a expliqué que la réalisation des objectifs de développement dépendait d’un monde stable et de la réforme des institutions internationales clefs, afin notamment de garantir une meilleure confiance dans le système.  Elle a souhaité que l’ONU continue à jouer un rôle important dans la gouvernance économique mondiale.  Les réformes institutionnelles et la coopération au sein des Nations Unies doivent tenir compte pleinement des pays en développement, a-t-elle ajouté.  Elle a plaidé pour que l’ONU réforme les institutions de la mondialisation et a lancé un appel à élaborer des politiques favorisant le développement.


Mme CHEN YINGZHU (Chine) a souligné la complexité du thème de la migration dans le contexte actuel de mondialisation, son impact profond sur les pays d’origine et de destination, et le fait que les migrants se heurtent à des difficultés croissantes.  La représentante a souhaité que le Dialogue de haut niveau prévu en 2013 analyse cette question attentivement.


L’impact de la migration sur les pays d’origine et de destination des migrants doit être évalué de manière objective, a précisé la représentante.  Les envois de fonds jouant un rôle de plus en plus important dans la réduction de la pauvreté, il faudrait en faciliter les transactions, abaisser le coût des envois et rendre les services financiers plus accessibles aux migrants, a préconisé la représentante.  De plus, la migration internationale a compensé le manque de main-d’œuvre dans certains pays, qui devaient reconnaître la contribution positive de ces migrants à l’économie et protéger leurs droits, notamment ceux des femmes et des enfants, a-t-elle souligné.  Enfin, a-t-elle indiqué, la Chine est favorable à un renforcement de la coopération, de manière pragmatique, en ce domaine.


Mgr FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège, a souligné l’importance d’une « alliance élargie de peuples, de gouvernements, de la société civile et du secteur privé, tous travaillant ensemble pour l’avenir que nous voulons », comme le demande le Document final de Rio+20.  Les investissements ont toujours un aspect moral et économique, a-t-il relevé en citant le pape Benoît XVI.  Le marché ne peut pas être régi uniquement par le principe de l’équivalence des valeurs car il doit aussi engendrer une cohésion sociale, a-t-il expliqué.  Il a donc appelé à la solidarité et à la confiance mutuelle, en créant un modèle d’économie de marché auquel toute personne puisse participer.  Si le marché mondial actuel offre une plus grande liberté d’action, il exige aussi une plus grande responsabilité sociale, a-t-il observé.


M. BAKA ZOLAY (République démocratique du Congo) a relevé que les migrations concernent presque tous les pays, et qu’elles ont diverses origines, qu’elles soient économiques, démographiques, politiques, sociales, environnementales, scientifiques, ou même sportives.  Ce phénomène gagne en ampleur, en complexité et en influence, et des millions de migrants sont victimes de discrimination et de violence sous toutes leurs formes, a indiqué le représentant. Une solution durable s’impose, et la République démocratique du Congo souhaite un effort commun et une suite favorable au Dialogue de haut niveau prévu en 2013.  Elle exhorte les pays participant à ce grand forum à tenir compte du contenu des rapports relatifs aux migrations internationales et au développement, a dit le représentant.


Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, Organisation internationale pour les migrations OIM, s’est félicitée de la meilleure prise en compte de la migration depuis une décennie, ce qui permet de refléter ainsi les impacts de la mondialisation et l’interdépendance sur les populations.  Ce phénomène concerne des centaines de millions de personnes dans le monde, que ce soit celles qui migrent ou celles qui restent dans leur pays, et presque tous les pays sont impliqués dans ce processus migratoire, comme pays d’origine, de transit ou de destination, a expliqué la représentante de l’OIM.  Les liens de la migration avec le développement sont également aujourd’hui reconnus, a-t-elle dit, et elle a souligné que la migration n’est ni un obstacle au développement ni une baguette magique pour y parvenir.  Ce constant étant posé, l’OIM juge nécessaire d’aider les gouvernements, comme elle le fait déjà, à intégrer la migration dans leurs politiques de développement, en augmentant son potentiel et en atténuant ses répercussions négatives.  Ainsi, cette année, l’organisation travaille avec ses partenaires sur 2 700 projets focalisés sur la migration internationale et le développement, a indiqué Mme Klein Solomon.


La représentante de l’OIM a transmis aux délégations le fruit de son expérience sur cette thématique et les points clefs à prendre en considération: le respect des droits de l’homme des migrants dans les conventions internationales et lois nationales.  Elle a dit qu’il faut se donner les moyens de les protéger contre la violence, l’exploitation, le trafic, la xénophobie et la discrimination.  Il faut aussi assurer l’intégration de la migration dans les politiques de développement; assurer une meilleure protection des travailleurs migrants, l’accès des migrants aux services de santé, ainsi qu’une meilleure protection et assistance aux migrants dans les situations de crise. Il faut aussi assurer un renforcement de la coopération internationale en matière de migration, a conclu Mme Klein Solomon.


Mme TELMA VIALE, Organisation internationale du Travail-OIT, a précisé les chiffres de la migration, indiquant notamment que 214 millions de personnes vivent aujourd’hui en dehors de leur pays d’origine, chiffre qui a doublé depuis 25 ans.  Sur ces 214 millions, environ 105 millions sont économiquement actifs.  L’OIT œuvre pour que le débat politique mondial et les initiatives prises à ce niveau prennent en compte les questions liées à la migration, a-t-elle dit.  L’OIT a un mandat constitutionnel en la matière, ainsi que des outils pour le réaliser, comme par exemple le fait qu’elle dispose de normes sur la protection des migrants.  Elle a aussi mentionné le Cadre multilatéral de l’OIT sur le travail des migrants, adopté en 2006.  L’approche suivie par l’OIT a des effets positifs sur les politiques nationales relatives aux droits des migrants, sur le renforcement des accords bilatéraux sur les travailleurs migrants et sur les pratiques de recrutement, a-t-elle ajouté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant la Première Commission, les États non dotés d’armes nucléaires demandent de nouveaux efforts de désarmement

AG/DSI/3461

Devant la Première Commission, les États non dotés d’armes nucléaires demandent de nouveaux efforts de désarmement

18/10/2012
Assemblée généraleAG/DSI/3461
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission                                       

10e séance – après-midi                                     


DEVANT LA PREMIÈRE COMMISSION, LES ÉTATS NON DOTÉS D’ARMES NUCLÉAIRES

DEMANDENT DE NOUVEAUX EFFORTS DE DÉSARMEMENT


La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a poursuivi, cet après-midi, son débat thématique consacré aux armes nucléaires en entendant une vingtaine de délégations, dont une écrasante majorité a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à de nouveaux efforts en faveur du désarmement.


« Deux décennies après la fin de la guerre froide, environ 20 500 têtes nucléaires existent encore dans le monde, plus de 5 000 sont déployées et prêtes à l’emploi, et 2 000 d’entre elles sont en état d’alerte élevée », a déclaré le représentant du Venezuela, en résumant ainsi l’état d’esprit des États non dotés d’armes nucléaires qui se sont exprimés au cours de cette séance.


Si ces États ont, la plupart du temps, reconnu les efforts de désarmement entrepris par les puissances nucléaires, ils ont estimé qu’ils étaient « loin d’être suffisants ».  Ainsi, le représentant de la Suisse, à l’instar de ceux de la Thaïlande et de la Roumanie, s’est dit « particulièrement préoccupé par le développement de nouveaux systèmes d’armes » alors même qu’une « responsabilité particulière incombe aux États dotés de l’arme nucléaire ».  De son côté, le représentant du Mexique a qualifié « d’irrationnelle » la persistance des armes nucléaires dans les doctrines militaires et les politiques sécuritaires.


« Seule l’élimination totale des armes nucléaires garantira qu’elles ne seront plus jamais utilisées », a d’ailleurs souligné la Nouvelle-Zélande, alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que « l’humanité ne sera jamais à l’abri d’un holocauste tant que ces armes existent ».  Cette dernière a justifié son propre programme nucléaire par la présence d’armes atomiques américaines dans la péninsule coréenne, sans échapper toutefois à la mise en cause par de nombreuses délégations comme le Royaume-Uni, le Canada, la République de Corée, la Norvège ou les Pays-Bas qui lui ont reproché ses violations répétées du régime international de non-prolifération et des résolutions du Conseil de sécurité.  « Avec l’Iran et la Syrie, la RPDC fait partie des trois cas flagrants de non-respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », a même insisté la représentante du Canada, en appelant ces États à « coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la communauté internationale pour s’acquitter de leurs obligations ».


Mais si pour le Canada, la prolifération nucléaire est « la plus grande menace à la stabilité et la paix mondiales », pour les autres États non dotés, c’est bien l’absence de progrès dans le désarmement qui est problématique.  « Il existe peu de signes indiquant que nous sommes sur le chemin de l’élimination de ces armes », a ainsi déclaré le représentant du Venezuela, avant de réclamer une nouvelle fois, comme la plupart des délégations, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), et d’appeler les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le traité.


La Malaisie a présenté, quant à elle, une résolution sur le suivi de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la licéité de la menace d’utilisation et de l’utilisation de l’arme nucléaire (A/C.1/67/L.9).  Coparrainé par 29 États Membres, le texte est centré sur le projet d’une convention sur les armes nucléaires qui interdirait le développement, la production, l’essai, le déploiement, le stockage, le transfert, l’utilisation et la menace d’utilisation des armes nucléaires, et qui prévoirait à terme leur élimination totale.


Seuls les États dotés de l’arme nucléaire à être intervenus aujourd’hui, la Chine et le Royaume-Uni ont donné des gages de leur engagement en faveur du désarmement.   La représentante britannique a rassuré sur l’engagement de son pays « à obtenir une dissuasion nucléaire minimale ».  « De nouvelles mesures de désarmement ont été mises en place et le Royaume-Uni ne menacera pas ou n’utilisera pas ses armes nucléaires contre les États non dotés », a-t-elle insisté.  Pour sa part, le représentant de la Chine a rappelé les efforts du Groupe P5 pour mettre en œuvre le plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Après avoir cité les Conférences organisées à cet effet à Londres, Paris et Washington au cours de ces trois dernières années, il a souligné les travaux récents de rédaction d’un « Glossaire de définitions de termes nucléaires clefs » destiné à « renforcer la compréhension mutuelle » nécessaire à la poursuite de leur désarmement.


L’obtention de garanties négatives de sécurité de la part des puissances nucléaires, particulièrement vis-à-vis des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) existantes, était une des autres demandes récurrentes des États non dotés.  Dans leurs interventions, la Chine et le Royaume-Uni ont réitéré leur soutien à ces ZEAN, en reconnaissant leurs contributions directes à la non-prolifération.  Le représentant de la Chine a notamment rappelé les efforts du Groupe P5 pour accéder prochainement aux protocoles des traités instaurant ces ZEAN d’Asie du Sud-Est et de la Mongolie.  Son homologue du Royaume-Uni a, quant à elle, réitéré son soutien à la création d’une ZEAN au Moyen-Orient et à la tenue en particulier de la Conférence d’Helsinki, prévue à cet effet en décembre prochain.    


Enfin, autre point de divergence entre États dotés et États non dotés, l’urgence de lancer des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles, bloquées par l’impasse qui paralyse depuis plus d’une décennie la Conférence du désarmement.  La Chine a appelé au maintien du moratoire sur les essais nucléaires en attendant le début de discussions.  Bien qu’il soit non doté, le Canada a indiqué qu’il présenterait bientôt un projet de résolution visant à encourager le lancement de discussions de fond hors de la Conférence du désarmement.  La Lituanie s’est ralliée à sa proposition déjà formulée en 2011 et consistant à créer un « groupe d’experts intergouvernemental » pour lancer le processus.


En fin de séance, la République arabe syrienne, la République de Corée et la République populaire démocratique de Corée ont exercé leur droit de réponse.


La Première Commission poursuivra son débat thématique sur les armes nucléaires demain, vendredi 19 octobre, à 15 heures, en salle de conférence 1. 


DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


Déclarations


S’exprimant en tant que Président du Code de conduite international contre la prolifération des missiles balistiques (HCOC), M. CHO HYUN (République de Corée) a rappelé que l’année 2012 marquait le dixième anniversaire du Code de conduite de La Haye, le seul instrument multilatéral produisant des normes contre la prolifération de missiles balistiques.  Se félicitant que 134 États y aient souscrit, il a estimé que des efforts supplémentaires devraient être déployés par la communauté internationale pour faire du Code de conduite un véritable mécanisme universel efficace pour assurer la transparence dans ce domaine.  Rappelant ensuite l’évolution permanente des technologies et des missiles balistiques, le représentant a reconnu que le Code de conduite n’était « pas la panacée », tout en estimant qu’il avait « un rôle important à jouer dans le contrôle de la prolifération de ces armes ».  Le représentant a ensuite fait la distinction entre, d’un côté, les régimes de non-prolifération qui se concentrent sur la limitation des capacités des États en encadrant les exportations de matériels et de technologies et, de l’autre côté, les régimes qui encouragent les États à s’abstenir volontairement d’acquérir ou de développer des missiles balistiques.  Il a précisé que le Régime de contrôle de la technologie des missiles (RCTM) s’adressait jusqu’à présent au premier cas.  Il a appelé à « combler le fossé » pour que cet instrument soit aussi adapté aux limitations volontaires.


Pour y parvenir, le représentant a indiqué que le Code de conduite international contre la prolifération des missiles balistiques avait développé deux outils destinés à renforcer la transparence.  Le premier impose aux États ayant souscrit au Code de conduite de La Haye, de soumettre au Point de contact une déclaration annuelle faisant état des grandes lignes de leurs programmes de missiles balistiques ou de lanceurs spatiaux.  Il a précisé que cette année, 80 pays avaient soumis ces déclarations.  Le second est le Système de notification préalable ou postérieure de lancement de missiles (SPLN) qui invite les États ayant souscrit au Code de conduite de La Haye à s’engager eux-mêmes à fournir les informations sur les tirs de missiles balistiques ou de lanceurs spatiaux.  En conclusion, après avoir reconnu que le Code de conduite avait été et restait encore la cible de critiques, le représentant a estimé que « ces mesures concrètes pour renforcer la transparence et la confiance entre États représentent des contributions directes au renforcement du régime global de non-prolifération ».


M. ZHANG JUNAN (Chine) a rappelé les efforts déployés au sein du Groupe P5 pour mettre en œuvre leurs engagements contenus dans le plan d’action adopté à l’issue de la Conférence d’examen du TNP de 2010, en citant les Conférences tenues à cet effet à Londres, Paris et Washington.  Il a souligné également la réunion  d’un groupe de travail sur un « Glossaire de définitions de termes nucléaires clefs », à Beijing en septembre dernier, qui, a-t-il dit, doit permettre de « renforcer la compréhension mutuelle ».  Appuyant l’établissement des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) qui contribuent à la non-prolifération, le représentant a passé en revue les progrès faits par son pays et le Groupe P5 pour ratifier les protocoles aux traités instaurant les ZEAN d’Asie du Sud-Est et de Mongolie, en appelant par la même occasion à la tenue de la Conférence d’Helsinki, prévue en décembre prochain, en vue de la création d’une telle zone au Moyen-Orient.


Déplorant toutefois que la perspective de l’élimination totale des armes nucléaires reste lointaine, le représentant a appelé la communauté internationale à renouveler ses efforts dans quatre domaines.  Il a tout d’abord souligné la poursuite d’un désarmement transparent et de bonne fois des puissances nucléaires, avec des réductions drastiques pour les puissances nucléaires aux arsenaux les plus importants, et à terme, l’élaboration par étape d’une Convention d’interdiction totale des armes nucléaires.  Ensuite, il faudrait que toutes les puissances nucléaires abandonnent les politiques et doctrines fondées sur l’usage de l’arme atomique ou la menace d’y recourir, avec l’abandon de la pratique du « parapluie nucléaire » et le retrait de toutes les armes nucléaires sur un autre territoire.  Les États qui ne l’ont pas encore fait doivent signer et ratifier le TICEN, maintenir le moratoire sur les essais nucléaires et lancer les négociations pour un traité sur les matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.  Enfin, il faudrait abandonner le déploiement de missiles qui minent l’équilibre stratégique et la stabilité mondiale et des négociations multilatérales pour prévenir une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.


M. KWONG HAERYONG (République de Corée) a affirmé que les États dotés de l’arme nucléaire devraient poursuivre la dynamique en matière de désarmement en allant plus loin encore pour respecter leurs obligations en vertu du TNP.  La mise en œuvre des obligations en matière de désarmement par les États dotés de l’arme nucléaire en vertu du TNP est essentielle pour encourager les États non dotés à respecter leurs devoirs à l’égard de ce même Traité, a souligné le représentant.  Il a ensuite appelé à engager des négociations en vue de l’élaboration d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Le représentant a appelé les Membres de la Conférence du désarmement à faire preuve de plus de souplesse et de volonté politique pour que les négociations débutent le plus tôt possible.  La République de Corée a, en outre, indiqué que la poursuite, par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), de son programme nucléaire, posait un grave défi au régime de non-prolifération international ainsi qu’à la paix et à la sécurité dans la péninsule coréenne et dans la région.  À cet égard, le représentant de la République de Corée a appelé la RPDC à abandonner toutes ses armes nucléaires et tous ses programmes nucléaires existants de manière complète, vérifiable, et irréversible et à cesser immédiatement toutes ses activités connexes.


M. ROBERTO DONDISCH (Mexique) a indiqué qu’il se félicitait de la Conférence d’examen du TNP de 2010, en ajoutant qu’il existait encore des défis très importants à relever.  Il est irrationnel de continuer à défendre la notion selon laquelle l’arme nucléaire aurait une valeur stratégique intrinsèque et serait nécessaire pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a-t-il souligné.  Pour le Mexique, la seule voie possible est le désarmement nucléaire.  Le représentant a, en outre, indiqué que son pays se félicitait de la relance de l’agenda du désarmement ces dernières années.  Le Mexique n’a jamais essayé d’acheter des armes nucléaires, a affirmé le représentant, en soulignant par ailleurs que son pays était membre de la zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Amérique latine, créée en vertu du Traité de Tlatelolco.  Cette ZEAN, a-t-il rappelé, était la première à avoir été créée dans le monde.  Après avoir insisté également sur l’entrée en vigueur rapide du TICEN, le représentant du Mexique a appuyé l’idée d’une conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


M. PAUL VAN DEN IJSSEL (Pays-Bas) a déclaré qu’après le succès en 2010 de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui avait abouti à un Plan d’action audacieux et novateur, il est temps maintenant d’avancer dans la mise en œuvre rapide de ce Plan d’action.  Si l’AIEA a un rôle essentiel à jouer à cet égard, les Pays-Bas continueront, pour leur part, d’œuvrer à formuler des initiatives pratiques et novatrices, en coopération avec les neuf autres États de l’Initiative de désarmement et de non-prolifération, afin de mettre en œuvre le Plan d’action de 2010, a assuré le représentant.  Les Pays-Bas considèrent que la conclusion d’un traité sur les matières fissiles constitue une étape indispensable dans la voie d’un monde débarrassé des armes atomiques, une contribution importante à la non-prolifération.  Ils soulignent l’importance d’entamer des négociations pour la conclusion d’un traité et appellent les États à surmonter l’impasse qui paralyse les travaux de la Conférence du désarmement.  En l’absence de traité, a indiqué le représentant, les Pays-Bas continueront d’appeler les États à déclarer et à appliquer un moratoire immédiat sur la production de matières fissiles.  Avant de conclure, le représentant s’est dit préoccupé par la poursuite du programme nucléaire iranien et a appelé, par ailleurs, la Syrie à coopérer avec l’AIEA.  Sa délégation, a-t-il ajouté, déplore la non-collaboration de la République populaire démocratique de Corée avec l’AIEA.


M. PAULAUSKAS (Lituanie), souscrivant à la déclaration de l’Union européenne, a déploré que la Conférence du désarmement ait, cette année encore, échoué à engager un travail sérieux.  Dans ce contexte, la Lituanie soutient tous les efforts visant à sortir de cette impasse et, en particulier, les efforts du Canada pour établir un groupe d’experts intergouvernemental qui chercherait à élaborer les dispositions d’un futur traité interdisant la production de matières fissiles.  Ce sujet a atteint un bon niveau de maturité permettant d’entamer des négociations formelles et demeure une étape importante pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement, a ajouté le représentant.


Le représentant a également déclaré que la mise en œuvre des accords bilatéraux et multilatéraux relatifs au contrôle des armes nucléaires en vigueur traçait la voie à suivre pour atteindre l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Dans ce contexte, en tant que pays sans armes nucléaires, la Lituanie considère que les mesures de confiance réciproque, la transparence et la vérification sont essentielles au processus de contrôle et de désarmement.  En conséquence, il a proposé de faire fond des résultats de la première session du Comité préparatoire.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires devrait être renforcé sur la base du Plan d’action de 2010, en tenant compte de ses trois piliers, à savoir le désarmement, la non-prolifération et l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, a estimé le représentant.


M. M’BEOU(Togo) a rappelé les récentes actions de son pays dans le domaine du désarmement, tel que le dépôt en août dernier des instruments d’acceptation des statuts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le Togo, fidèle à sa politique de coexistence pacifique, a toujours fait des questions du désarmement et de la non-prolifération une préoccupation majeure, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite salué les efforts faits par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) pour une plus grande ratification du Traité et a exhorté les États qui ne l’ont pas encore ratifié, à le faire, afin de permettre l’entrée en vigueur dudit Traité.


Faisant part de sa vive préoccupation concernant la menace du terrorisme nucléaire, le délégué du Togo a rappelé que son pays avait adhéré à l’Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire.  « Le Togo voudrait particulièrement insister sur la nécessité d’une coopération agissante entre les États et la mise à leur disposition, surtout ceux d’Afrique, des moyens appropriés pour contribuer à assurer la paix et la sécurité internationales », a-t-il fait valoir.  En conclusion, il a rappelé que la résolution 1540 du Conseil de sécurité était un instrument crucial visant à empêcher que les armes biologiques, chimiques ou nucléaires ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques.


Mme THONGTAN(Thaïlande) s’est également dite préoccupée par l’absence de progrès concernant le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Ces deux questions, a-t-elle souligné, doivent être considérées comme étant étroitement liées et se renforçant mutuellement.  C’est un défi exigeant une ferme volonté politique, de même que des actions concrètes de la part, à la fois, des États possédant l’arme nucléaire et ceux qui en sont dépourvus, a-t-elle relevé.


La Thaïlande, a indiqué sa représentante, reste convaincue que la vision d’un monde débarrassé des armes nucléaires ne pourra se matérialiser tant que les essais de ce type d’armes se poursuivront.  Son pays est fermement engagé à contribuer à faire avancer le processus de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et à promouvoir son entrée en vigueur et, éventuellement, son universalisation.  Notant également l’urgence de l’adoption d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles, la représentante a émis le vœu que la Conférence du désarmement entame au plus vite ses négociations sur la question et l’a exhortée à élargir sa composition.  Concernant la Conférence d’Helsinki consacrée à la création d’une zone sans armes nucléaires et de toutes autres armes de destructions massives en décembre prochain, la Thaïlande a précisé que la mise en place d’une telle zone devrait jouer un rôle essentiel dans le domaine des mesures de confiance et de diplomatie préventive.  Saluant le rôle crucial de l’Agence de l’énergie atomique (AIEA), elle a assuré que la Thaïlande en tant que membre du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, souhaitait travailler en étroite collaboration avec la communauté internationale en vue d’améliorer la sûreté nucléaire mondiale, la sécurité, ainsi que les garanties.


Mme DANIJELA ČUBRILO (Serbie) s’est dite convaincue que les armes de destruction massive et leurs vecteurs représentaient, aujourd’hui, un défi de taille pour la paix et la sécurité internationales.  Elle a en outre jugé que le nouveau cycle d’examen du TNP permettait d’examiner la mise en œuvre du TNP et de définir les manières de progresser sur trois piliers du TNP, à savoir la non-prolifération, le désarmement et l’utilisation pacifique du nucléaire.  La représentante a également appelé à surmonter les blocages de la Conférence du désarmement, en insistant sur l’importance d’entamer les négociations sur un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Elle a également assuré que la Serbie continuait à accorder une grande importance au respect des obligations en vertu de la résolution 1540.  Elle a enfin rappelé que la Serbie avait ratifié le TICEN en 2004.  


M. CORNEL FERUTA (Roumanie) a indiqué que la Première Commission était pour sa délégation l’occasion d’examiner et d’échanger, une fois par an, sur des questions de sécurité internationale, y compris le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  Il s’est dit préoccupé par l’absence de progrès en matière de désarmement, notamment à la suite de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la Conférence du désarmement.  Il a rappelé l’importance d’appuyer toutes les initiatives afin de permettre à cette Conférence de s’acquitter de son mandat, de s’accorder sur un programme de travail et d’entamer des négociations sur les points inscrits à son ordre du jour.  La Roumanie, a poursuivi le représentant, reste fermement attachée aux programmes efficaces de désarmement multilatéral et de non-prolifération et estime que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est l’un des fondements du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération.  Il a appelé la communauté internationale à agir fermement pour renforcer le régime de non-prolifération.  Cette tâche, a ajouté M. Feruta, comprend notamment la mise en œuvre des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de son Protocole additionnel.  Il a souhaité que l’Agence soit dotée des ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat, et surtout, qu’elle puisse bénéficier de l’appui politique de tous les États Membres afin de s’acquitter de ses tâches. 


La Roumanie, a ajouté M. Feruta, a participé au Sommet sur la sécurité nucléaire, qui s’était tenu à Séoul en mars dernier, et au cours duquel son pays avait réaffirmé ses engagements en faveur des objectifs de sécurité nucléaire.  Sa délégation, a-t-il dit, s’était félicitée de la mise en œuvre complète du plan de travail qui avait été adopté au cours du Sommet précédent à Washington.  Par ailleurs, la Roumanie se félicite de la Déclaration ministérielle commune sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et son entrée en vigueur, qu’elle a qualifiée d’étape importante dans la réalisation du désarmement nucléaire et dans le renforcement du régime de non-prolifération.  En conclusion, M. Feruta a rappelé que beaucoup restait à faire et que la Roumanie s’engageait d’une manière souple et constructive sur des questions telles que les armes nucléaires non stratégiques, le contrôle des exportations ou encore en faveur d’une zone exempte d’armes nucléaires et l’universalisation du Protocole additionnel.


Mme YASSEEN (Iraq) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du désarmement et de la non-prolifération, et son attachement à la promotion de l’universalisation du TNP.  Elle a ensuite passé en revue les différentes mesures prises par le Gouvernement iraquien au cours de ces dernières années pour soutenir les efforts internationaux, particulièrement la signature du TICEN en juin dernier et sa ratification par le Conseil représentatif iraquien en octobre.  En conclusion, la représentante a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier ce Traité afin de permettre son entrée en vigueur.


M. BENNO LAGGNER (Suisse) a salué les mesures prises par les États dotés d’armes nucléaires pour se conformer à leurs obligations contenues dans le TNP.  Il a toutefois estimé que ces progrès étaient « loin d’être suffisants », puisque « plusieurs milliers d’armes nucléaires sont encore déployées ».  S’inquiétant de cette situation et du manque de progrès réalisés dans les négociations multilatérales, il a déploré la paralysie des travaux de la Conférence du désarmement.  Sa délégation, a-t-il dit, est « particulièrement préoccupée par le développement de nouveaux systèmes d’armes ou de projets à cet égard ».  Soulignant ensuite qu’il incombait en premier lieu aux États dotés de l’arme nucléaire, le représentant a appelé ceux-ci « à s’abstenir d’étendre ou d’accélérer leurs programmes d’armes nucléaires ou encore de moderniser leurs systèmes actuels ».  Il a plus particulièrement appelé les États-Unis et la Fédération de Russie « à ouvrir un nouveau cycle de négociations sur des réductions plus marquées » de leurs arsenaux.


Par ailleurs, le représentant a assuré que la Suisse poursuivrait les initiatives qu’elle a lancées pour continuer d’avancer vers un monde exempt d’armes nucléaires, à l’instar du soutien apporté à l’Organisation non gouvernementale « Reaching Critical Will » qui assure un suivi de la mise en œuvre du Plan d’action, adopté lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010, ou de son rôle de coordonnateur au sein du groupe « Sortir de l’état d’alerte » (De-alerting Group) qui œuvre à la réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des armes nucléaires.  En conclusion, le représentant a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à conclure un protocole additionnel avec l’AIEA et à lui donner effet.  Il a également demandé aux États qui n’ont pas encore ratifié le TICEN à la faire pour assurer son entrée en vigueur le plus rapidement possible.  Avant de conclure, il a appuyé la création d’une ZEAN au Moyen-Orient, qui fera l’objet d’une conférence à Helsinki, en décembre prochain.


Mme DEBORAH PANCKHURST (Nouvelle -Zélande) a indiqué que seule l’élimination des armes nucléaires permettra que de telles armes ne soient plus jamais utilisées.  Elle a ensuite exhorté tous les États, en particulier ceux dotés de l’arme nucléaire, à mettre pleinement en œuvre les obligations qui découlent du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, y compris les plans d’action des Conférences d’examen.  L’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) serait un pas important vers un monde libéré des armes nucléaires, a-t-elle poursuivi, avant d’exhorter les États qui ne l’ont pas encore fait, en particulier les États visés dans son annexe II, à ratifier le Traité sans délai.


La déléguée de la Nouvelle-Zélande a ensuite encouragé les efforts visant à établir de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires et à renforcer les zones existantes.  Elle a souhaité que le projet de résolution intitulé « Hémisphère Sud et zones adjacentes exemptes d’armes nucléaires », présenté conjointement par la Nouvelle-Zélande et le Brésil, recueille un appui plus important que celui des années antérieures.  « Les armes nucléaires n’ont plus leur place dans le monde d’aujourd’hui», a estimé Mme Panckhurst, qui a conclu son intervention en plaidant pour l’accélération des efforts en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.


M. KANG MYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a estimé que « les puissances nucléaires insistent sur la nécessité de posséder des armes nucléaires pour leur sécurité, mais que l’humanité ne sera jamais à l’abri d’un holocauste tant qu’elles existent ».  Déplorant que certaines puissances nucléaires aient recours à la menace de l’usage de l’arme atomique plus encore qu’auparavant, le représentant a regretté « le silence au niveau international, et, en particulier les débats au sein de l’ONU qui, a-t-il dit, ne s’attaquent pas aux menaces réelles ».  Citant les blocages qui ont marqué, encore cette année, la Conférence du désarmement, il a rappelé que le désarmement nucléaire était « la première priorité » et « la seule solution au problème de la non-prolifération ».  Il a ensuite estimé que les efforts réclamés dans le domaine de la non-prolifération par les puissances nucléaires masquaient en fait leur objectif de conserver le monopole sur ces armes.


Revenant ensuite sur l’impasse qui paralyse les travaux de la Conférence du désarmement, le représentant a indiqué qu’il avait, avec les pays du Mouvement des pays non alignés, donné la priorité au désarmement nucléaire.  Il a rappelé également qu’un désarmement complet impliquait aussi des garanties négatives de sécurité offertes par les puissances nucléaires aux États non dotés, le retrait des armes atomiques déployées sur les territoires d’autres pays et l’élimination total de leurs arsenaux.  Il a ensuite indiqué que l’obstacle principal à une paix et une sécurité durables sur la péninsule coréenne était la politique hostile des États-Unis à l’encontre de son pays qui, a-t-il précisé, a créé le problème nucléaire et contraint la RPDC à posséder la dissuasion nucléaire.  « La RPDC a choisi de posséder la dissuasion nucléaire, non pas parce qu’elle poursuit des ambitions nucléaires, mais pour contrer la menace américaine de la détruire », a-t-il expliqué.  « Le temps des menaces nucléaires américaines contre la RPDC était révolu », a-t-il dit, avant de souligner que « le programme nucléaire destiné à la légitime défense était la meilleure garantie d’éviter une guerre et d’assurer la paix et la stabilité sur la péninsule de Corée ».  « Si les États-Unis font preuve de courage et cessent leur politique hostile à l’encontre de la RPDC, et que cela contribue à la paix dans la péninsule coréenne, alors la RPDC sera prête à améliorer les relations bilatérales fondées sur le respect de la souveraineté, l’égalité et les bénéfices mutuels », a-t-il conclu.


Mme MIRA CHATT (Canada) s’est félicitée de l’atmosphère constructive qui a caractérisé la première session du Comité préparatoire à la Conférence d’examen du TNP de 2015, qui s’est tenue à Vienne en début d’année.  La prolifération nucléaire représente, a-t-elle dit, « la plus grande menace pour la stabilité et la sécurité internationale ».  Le Canada est préoccupé « par trois cas flagrants de non-respect des obligations en matière de non-prolifération nucléaire », qui sont l’Iran, dont « nul ne peut douter que le programme nucléaire vise à acquérir la capacité de fabriquer l’arme nucléaire », la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie.  La représentante a demandé à ces trois États de « respecter les résolutions du Conseil de sécurité et de coopérer pleinement avec l’AIEA et la communauté internationale, pour qu’ils s’acquittent de leurs obligations et engagements internationaux ».


La représentante a insisté aussi sur les deux instruments cruciaux qui devraient être mis en œuvre pour renforcer le régime de non-prolifération.  Le premier est le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, dont les négociations n’ont pas démarré en raison de la paralysie de la Conférence du désarmement depuis plus d’une décennie.  Elle a déploré « l’incapacité de l’unique instance multilatérale de négociation en matière de désarmement et de non-prolifération à adopter et mettre en œuvre un programme de travail ».  Le Canada, a-t-elle annoncé, présentera bientôt un projet de résolution visant à encourager le lancement de discussions de fond hors de la Conférence du désarmement.  Le second instrument crucial pour lutter contre la non-prolifération, a estimé la représentante du Canada, est le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), dont l’entrée en vigueur, a-t-elle regretté, reste bloquée par certains États.  La représentante a donc appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au texte, en particulier ceux de l’Annexe 2, dont la ratification permettra sa mise en œuvre.


M. JORGE VALERO (Venezuela) a affirmé qu’il existait des ambitions mondiales et que cela pouvait entamer les chances d’aller en direction d’un monde multipolaire, équilibré, pacifique et sans armes nucléaires.  Il a ajouté que deux décennies après la fin de la guerre froide, les arsenaux ayant la possibilité de détruire plusieurs fois la planète existaient encore.  Ainsi, environ 20 500 têtes nucléaires existent encore dans le monde, plus de 5 000 sont déployées et prêtes à l’emploi, et 2 000 d’entre elles sont en état d’alerte élevée, a-t-il ajouté.  Il existe peu de signes indiquant que nous sommes engagés pleinement dans la voie de l’élimination des armes nucléaires, s’est-il alarmé.  Pour le Venezuela, il n’existe pas de garantie réelle sur le fait qu’une guerre nucléaire ne se produira pas.  En ce sens, le Venezuela considère que l’adoption d’accords multilatéraux dans le domaine du désarmement est une priorité pour l’humanité, a indiqué le représentant.  Il a ensuite appelé les délégations à se consacrer à des négociations substantielles sur le désarmement au sein de la Conférence du désarmement –forum multilatéral par excellence– visant à une élimination finale des armes nucléaires. 


Mme NYHAMAR (Norvège) a prévenu que les conséquences de toute explosion nucléaire seraient mondiales, qu’elle résulte de la volonté d’un État, d’un acte terroriste ou d’un accident.  La Norvège organisera une conférence à Oslo en mars 2013 sur l’impact humanitaire des explosions nucléaires et sur les mesures à prendre en cas de catastrophe, a indiqué la représentante.  La conférence examinera des questions aussi variées que la préparation, la protection, ou encore les conséquences sanitaires et climatiques.  L’ensemble des États et organisations humanitaires intéressés par la question sont encouragés à y participer, a fait savoir la représentante.  Si l’impact humanitaire des armes s’est de plus en plus imposé comme une question clef, il en a été rarement de même pour les armes nucléaires, a regretté la représentante.  Elle a ainsi exhorté l’ensemble des États Membres à appliquer pleinement la résolution 1540 du Conseil de sécurité.


Soulignant le rôle de l’AIEA en tant que « gardien du régime de non-prolifération », Mme Nyhamar a regretté que beaucoup d’États Membres n’aient pas encore signé et appliqué le Protocole additionnel de l’AIEA.  Elle s’est également dite préoccupée par les défis liés à la prolifération, en particulier, ceux que posent l’Iran, la Syrie et la République démocratique populaire de Corée, avant d’exhorter ces trois pays à respecter les dispositions juridiques pertinentes.  « Quarante-deux ans après l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, nous vivons toujours dans un monde doté d’armes nucléaires.  Seule une application du Plan d’action nous permettra d’atteindre des résultats », a-t-elle lancé.


S’agissant de la sécurité nucléaire, Mme Nyhamar a estimé important de sécuriser toutes les matières nucléaires, de poursuivre les efforts visant à développer des accords de coopération pour la production de combustibles nucléaires pour les réacteurs civils et de réduire de manière significative l’utilisation de l’uranium hautement enrichi dans toutes ses applications.  Il est important, a insisté la représentante, de lancer les négociations relatives au traité pour l’interdiction de la production des matières fissiles, d’accélérer le placement des stocks de matières fissiles sous les garanties de l’AIEA, d’avancer pour parvenir à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de garantir l’efficacité de nos systèmes de vérification.  « Tous les États Membres doivent entreprendre des efforts et proposer des moyens novateurs si nous voulons libérer le monde de la menace des armes nucléaires.  C’est pourquoi la Norvège appelle, comme d’autres délégations, à l’adoption, cette année, d’une résolution qui permettrait de progresser sur le plan des négociations relatives au désarmement nucléaire multilatéral », a conclu Mme Nyhamar.


Mme ADAMSON (Royaume-Uni) a appelé à aller vers un monde plus sûr et plus stable.  Elle a ajouté que le Royaume-Uni restait engagé à obtenir une dissuasion nucléaire minimale.  De nouvelles mesures de désarmement, a-t-elle ajouté, ont été mises en place.  Le Royaume-Uni ne menacera pas ou n’utilisera pas ses armes nucléaires contre les États non dotés.  Toutes les parties au TNP ont des responsabilités sur les trois piliers, a insisté la représentante.  S’agissant de l’élaboration d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles, la représentante a indiqué qu’avec l’adoption d’un tel texte, la communauté internationale se rapprocherait du but d’un monde sans armes nucléaires, a-t-elle dit.  La représentante a indiqué, en outre que le programme nucléaire iranien et celui de la RPDC étaient sources de préoccupations.  Avant de conclure, la représentante a indiqué que le Royaume-Uni soutenait l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et appuyait, dans le cadre des préparatifs de la Conférence d’Helsinki en décembre prochain, les efforts du Facilitateur. 


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a rappelé qu’en 1996, la Cour internationale de Justice avait émis un avis consultatif sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires et que cet avis constituait un jalon important dans les efforts internationaux en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, en conférant un argument moral en faveur de l’élimination totale d’armes aussi destructrices.  Le représentant a ensuite indiqué que sa délégation présentait, cette année encore, au nom de 29 coauteurs, le projet de résolution A/C.1/67/L.9 sur le suivi de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la licéité de la menace d’utilisation et de l’utilisation de l’arme nucléaire.  Les éléments contenus dans ce projet de résolution sont centrés sur le projet d’une convention sur les armes nucléaires qui interdirait le développement, la production, l’essai, le déploiement, le stockage, le transfert, l’utilisation et la menace d’utilisation des armes nucléaires, et qui prévoirait leur élimination.  L’approche progressive et complète, qui serait contenue dans la convention, permettrait aux États parties d’atteindre une mise en œuvre équilibrée du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, a estimé le représentant.


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a ironisé en déclarant que sa délégation s’attendait à ce qu’à l’avenir, certains pays -les Pays-Bas et la Norvège- tiennent la Syrie pour responsable du trou dans la couche d’ozone, des changements climatiques et de l’extinction de certaines espèces, ce qui montre, selon lui, que ces pays ignorent tout simplement la réalité des faits.  Il a déploré une politique de « deux poids deux mesures », qui ignore les programmes nucléaires d’Israël et ses violations du droit national et international.  Il a affirmé que les Pays-Bas avaient agi en violation du TNP car ils possédaient des armes nucléaires sur leur territoire, et qu’ils avaient participé à la prolifération des armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a en effet rappelé qu’en 1992, un avion s’était écrasé près d’Amsterdam, transportant du matériel nucléaire alors qu’il se dirigeait vers Israël.  Il a ensuite dénoncé le bombardement de la Syrie par Israël en 2007, qui avait constitué une violation du droit international et avait montré un mépris total du régime de non-prolifération.


Réagissant aux critiques de la RPDC, le représentant de la République de Corée a réaffirmé que les États avaient le droit de développer le nucléaire à des fins pacifiques.  Il a tenu à rappeler que la RPDC s’était retirée du TNP, ce qui a eu pour effet d’affaiblir la portée de cet instrument.  Le droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ne doit pas servir à masquer les activités permettant de poursuivre un programme nucléaire comme celui de la RPDC, a insisté le représentant.


Répondant à ces commentaires, le représentant de la RPDC a précisé que l’arme nucléaire développée dans son pays était un moyen de défense pour faire face à la menace des États-Unis.  Il a fait savoir que si la « Corée du Sud » se préoccupait vraiment de la sécurité de la région, elle devrait commencer par quitter le parapluie nucléaire des États-Unis. 


Intervenant à nouveau, le représentant de la République de Corée a affirmé que la RPDC avait violé, à de nombreuses reprises, les résolutions du Conseil de sécurité, et avait procédé à des tests nucléaires au mépris de la vie de ses concitoyens.  « Ma délégation demande donc à la RPDC d’améliorer les conditions de vie de sa population et d’accepter que ses programmes nucléaires soient inspectés », a-t-il dit. 


Le représentant de la RPDC lui a répondu que la possession d’armes nucléaires par son pays était liée à la menace des États-Unis.  Cela ne changera pas sauf si États-Unis mettent fin à leur politique hostile à l’égard de la RPDC, a-t-il déclaré.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: augmentation des contributions mais niveau élevé d’arriérés dû à « un contributeur principal »

AG/AB/4044

Cinquième Commission: augmentation des contributions mais niveau élevé d’arriérés dû à « un contributeur principal »

18/10/2012
Assemblée généraleAG/AB/4044
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                       

8e séance – après-midi                                     


CINQUIÈME COMMISSION: AUGMENTATION DES CONTRIBUTIONS MAIS NIVEAU ÉLEVÉ D’ARRIÉRÉS DÛ À « UN CONTRIBUTEUR PRINCIPAL »


Une semaine après l’exposé sur la situation financière des Nations Unies au 5 octobre 2012*,la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a débattu cet après-midi des différents aspects de cette situation, dont une augmentation des contributions mais un niveau élevé d’arriérés dû à « un contributeur principal ».  


La plupart des 15 délégations, qui sont intervenues aujourd’hui, ont relevé que malgré la nette augmentation du nombre de pays, 31 contre 18 en 2011, qui se sont acquittés de la totalité de leurs dettes envers l’Organisation, le montant des contributions non payées reste important, soit 1,85 milliard de dollars pour les opérations de maintien de la paix (OMP) ou 855 millions de dollars pour le budget ordinaire.


Si l’on prévoit, pour la fin de l’année, un solde de trésorerie positif pour les OMP, la couverture des dépenses prévues au budget ordinaire pourrait s’avérer difficile pendant les derniers mois de l’année, l’évolution de la situation dépendantdes contributions qui seront alors payées.


Les difficultés réelles de certains pays à régler leurs contributions ont été comprises par les représentants de l’Algérie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, du Chili, au nom de l’Amérique latine et des Caraïbes, et de Singapour.  Ils ont tout de même souligné que la partie des sommes dues est le fait d’« un contributeur principal », soit les États-Unis qui doivent plus de 500 millions de dollars.  Le représentant de Singapour a jugé « irresponsable » la volonté délibérée de certains États Membres de retenir leurs contributions au risque de compromettre la stabilité financière de l’ONU.     


Pour revenir aux OMP, de nombreuses délégations ont noté que le montant qui sera dû, à la fin de l’année, aux États fournisseurs de contingents, de personnels de police et de matériel, devrait se situer aux alentours de 512 millions de dollars, soit une baisse de 17 millions par rapport à l’année précédente.  Cela ne les a pas empêché d’exhorter le Secrétaire général à faire des efforts pour accélérer les remboursements à des pays qui sont, pour la plupart, en développement.  


Le Secrétariat a aussi été appelé, par le représentant de Singapour, par exemple, à gagner la confiance des États, en faisant preuve de plus de transparence, et en donnant des informations claires et complètes sur la façon dont sont utilisées les ressources.  Le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Yukio Takasu, a promis qu’il fera tout sont possible pour améliorer la discipline budgétaire et démontrer une gestion « prudente et efficace » des fonds.  Il a néanmoins jugé « fondamental » que les États s’acquittent de leurs contributions à temps, intégralement et sans condition, en saluant une tendance positive.


Réagissant à une déclaration de la délégation syrienne dont les comptes ont été bloqués, il y a sept mois, dans une banque américaine, le Contrôleur des Nations Unies, Mme Maria Eugenia Casar, a assuré qu’elle s’occupait au quotidien de cette question, une réunion étant prévue demain entre le pays hôte et la banque.  


La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal. 


*AG/AB/4042


AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES


Rapport du Secrétaire général sur l’amélioration de la situation financière de l’Organisation des Nations Unies (A/67/522)


Le rapport fait le point de la situation financière de l’ONU au 5 octobre 2012, et met à jour les informations figurant dans le précédent rapport du Secrétaire général sur la question (A/66/521/Add.1).


Quatre indicateurs principaux ont été retenus pour dresser l’état des finances de l’Organisation: le montant des contributions mises en recouvrement, le total des contributions non acquittées, la situation de trésorerie et le total de ce que l’ONU doit aux États Membres.


Les indicateurs de la situation financière en 2012 sont généralement bons: les États Membres sont plus nombreux à avoir acquitté intégralement leurs contributions; le montant des contributions non réglées est en baisse, sauf pour le financement des tribunaux internationaux; et l’arriéré des paiements dus aux États Membres a quelque peu diminué.  On prévoit pour la fin de l’année un solde de trésorerie positif pour les opérations de maintien de la paix, les tribunaux internationaux et le plan-cadre d’équipement.


Le montant total des contributions mises en recouvrement pour le financement du budget ordinaire en 2012 (2 412 millions de dollars) est inférieur de 3 millions de dollars à celui des contributions mises en recouvrement pour 2011 (2 415 millions de dollars).  Au 5 octobre 2012, les contributions acquittées totalisaient 2 milliards de dollars, soit 112 millions de dollars de plus que le total des paiements reçus au 5 octobre 2011.  Toujours au 5 octobre 2012, le total des contributions non réglées était de 855 millions de dollars, soit 12 millions de moins que le montant constaté au 5 octobre 2011 (867 millions de dollars).


Au 5 octobre 2012, 129 États Membres avaient payé intégralement leurs contributions au financement du budget ordinaire, soit deux États de moins qu’au 5 octobre 2011.


Débat général


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a salué les changements positifs opérés par rapport aux paiements dus aux États fournisseurs de contingents et d’équipements aux opérations de maintien de la paix.  Le Groupe des 77 et la Chine suivront, « avec une attention particulière », la réduction de cette dette telle que promise par le Secrétaire général adjoint à la gestion, conformément à sa demande de faire en sorte que tout soit mis en œuvre pour s’assurer que les États Membres reçoivent leur dû.


Le Groupe, a poursuivi le représentant, accorde une importance particulière à cette question parce que la plupart des pays fournisseurs de contingents sont des pays en développement, qui ne sont pas en position de subvenir aux besoins de leurs hommes et à la maintenance des équipements sur leurs propres fonds, pendant une longue période.  « Pensons à tous les sacrifices qui sont demandés à ces hommes et femmes sur le terrain, et dont la plupart sont originaires des pays membres du Groupe », a demandé M. Benmehidi.


Le Groupe des 77 et la Chine est aussi préoccupé par certaines interprétations du paragraphe 27 de la résolution 66/246 de l’Assemblée générale, qui a été discutée à la Cinquième Commission.  Le Groupe souligne que ce paragraphe ne peut être interprété comme une décision de ne pas prendre en charge des dépenses survenant, a posteriori, à cause de l’inflation et de la dépréciation du taux de change.  « Ce n’est pas l’accord auquel nous sommes parvenus lors de l’adoption du budget biennal 2012-2013 », a lancé le représentant.  Il ne s’agissait pas non plus de faire absorber le surplus de dépenses occasionné.  L’accord qui a été trouvé demandait, tel que le paragraphe 27 le précise, de « simplement reporter le processus », a rappelé M. Benmehidi.  Il a également émis le souhait que le Secrétariat respecte la résolution 66/246, car « le Groupe ne peut accepter que des coupes arbitraires soient appliquées à un budget déjà limité ».


Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), Mme MANAHI PAKARATI (Chili), s’est félicitée de la légère amélioration de la situation financière de l’ONU, en notant que le solde de trésorerie s’annonce positif pour tous les fonds du budget ordinaire d’ici à la fin de l’année.  Néanmoins, elle a noté des montants non acquittés de 1,85 milliards de dollars au titre du financement des opérations de maintien de la paix, de 855 millions de dollars au titre du budget ordinaire et de 63 millions au titre du financement des tribunaux pénaux internationaux.  Elle s’est inquiétée du niveau de ces sommes dues à l’ONU par les États Membres qui compromettent, selon elle, la stabilité financière de l’Organisation. 


Elle a noté que d’après les nouvelles prévisions, le montant qui sera dû à la fin de l’année aux États Membres fournisseurs de contingents, de personnel de police et de matériel aux opérations de maintien devrait se situer aux alentours de 512 millions de dollars.  Bien que ce montant représente une amélioration par rapport à l’année précédente, la représentante a espéré que davantage d’efforts seront faits par l’ONU pour rembourser les États Membres intégralement et à temps.  Elle s’est dite consciente que la capacité de l’ONU de le faire dépend aussi des efforts réalisés par les États Membres pour régler à temps et intégralement leurs contributions. 


Mme Pakarati a également regretté des arriérés de 7 millions de dollars dans le financement du Mécanisme international nouvellement chargé d’exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux internationaux.  Elle s’est enfin inquiétée des coûts supplémentaires du plan-cadre d’équipement.    


M. IOANNIS VRAILAS de l’Union européenne, s’est félicité de ce que le montant total des contributions au financement des opérations de maintien de la paix (OMP) qui n’avaient pas été acquittées au 5 octobre 2012 soit de 1,85 milliard de dollars, soit un montant inférieur de 775 millions au total des impayés constaté à la fin de 2011.  Il a espéré que cette situation se traduira par des améliorations structurelles en matière de financement des OMP.  Il a aussi souligné que les sommes dues par l’ONU aux pays fournisseurs de contingents ont diminué par rapport à l’année précédente.  S’agissant du plan-cadre d’équipement, le représentant a noté que 149 États Membres avaient réglé la totalité de leurs contributions.  Néanmoins, il s’est inquiété des surcoûts observés, en exhortant le Secrétaire général à identifier toutes les économies possibles dans la réhabilitation du Siège de l’ONU.  Il s’est félicité de ce que 31 États Membres aient réglé la totalité des contributions dues au 5 octobre 2012, alors qu’ils n’étaient que 18 l’année dernière à la même période.    


M. CONRAD SHECK (Canada), parlant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), s’est réjoui de l’amélioration de la situation financière de l’ONU, « notamment à l’heure où l’Organisation et ses États Membres sont confrontés à une conjoncture économique incertaine ».  Après avoir dit sa satisfaction de constater que 31 États Membres contre 18 l’année dernière, à la même période, se sont acquittés de leurs contributions, M. Sheck a cependant noté qu’il « restera peu de ressources de trésorerie à la fin 2012 au titre de budget ordinaire », étant donné les dépenses importantes à engager au cours du dernier trimestre de l’année.


De même, il a pris note de la diminution, en date du 5 octobre 2012, des impayés au titre des opérations de maintien de la paix.  Toutefois, cette diminution des contributions non acquittées résulte en partie d’une baisse du montant des quotes-parts relatives au maintien de la paix pour l’année financière en cours », a relativisé M. Sheck.  Il a exprimé ses craintes que le pourcentage des contributions non acquittées soit, en ce moment, supérieur à celui qu’il était à la fin de l’année 2011.


M. SUL KYUNG-HOON (République de Corée) a trouvé encourageant que la situation financière des Nations Unies semble bonne cette année grâce, notamment, au fait que plus d’États Membres ont payé leurs contributions.  « Cela témoigne de l’engagement ferme des États Membres en faveur des objectifs des Nations Unies », en a déduit M. Kyung-Hoon.  Il a cependant demandé que l’ONU démontre, à son tour, son engagement à être plus efficiente et plus efficace.  Pour l’ONU, il est capital, a-t-il suggéré, de renforcer la politique budgétaire, ce qui permettra de mieux asseoir sa crédibilité.


M. ISMAIL BASSEL AYZOUKI (Syrie) a souligné les efforts de la Syrie pour régler à temps, intégralement et sans condition ses contributions aux Nations Unies en dépit de toutes les difficultés rencontrées, en tant que pays en développement et des sanctions économiques et financières imposées illégalement, au mépris des principes de la Charte des Nations Unies.  Il a demandé comment certains pays pouvaient justifier un embargo sur l’énergie, les banques, le transport et la santé en Syrie, alors que des millions de dollars sont versés à des groupes terroristes qui détruisent actuellement le pays.  Il a déclaré que les différends syriens ne pourront être réglés que par un dialogue national et non par une ingérence extérieure. 


« Nous ne pouvons plus recevoir les transferts nécessaires pour payer les frais quotidiens de notre délégation syrienne à New York », a dit le représentant qui a précisé que son pays n’avait plus de comptes aux États-Unis, compte tenu des directives données aux banques par le Département d’État américain.  Il a rappelé la responsabilité du pays hôte de permettre à tous les États Membres d’avoir un compte bancaire sur le territoire américain.  Il a appelé l’Assemblée générale à garantir la pleine application de ses résolutions, plutôt que de favoriser la politique de certains pays qui exercent des pressions contraires à l’intérêt, aux buts et aux principes de l’Organisation. 


M. ÖZGÜR PEHLIVAN (Turquie) s’est félicité d’une situation financière globalement positive dans toutes les catégories budgétaires par rapport à l’année précédente.  Il a salué une « solidité financière » malgré l’impact de la crise économique et noté que le niveau des paiements reçus au titre du budget ordinaire au 5 octobre 2012 est légèrement meilleur que celui de l’année précédente.  Il s’est inquiété de ce que la grande majorité des sommes dues soit le fait d’un petit nombre de pays dont des pays membres permanents du Conseil de sécurité, qui ont une responsabilité permanente en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.


S’agissant du plan-cadre d’équipement, il s’est félicité de ce que presque toutes les contributions dues aient été recouvrées, en estimant que cette situation permettra la fin du projet dans les délais impartis.  Il a aussi salué les progrès observés dans le remboursement des pays fournisseurs de contingents et de matériels aux OMP.  Il s’est dit conscient que le seul moyen d’accélérer le remboursement de ces pays est d’obtenir que tous les États Membres règlent à temps et dans leur intégralité les contributions dues aux différents budgets du système de l’ONU.   


M. JOSEPH YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a confronté la situation « globalement positive et saine » des Nations Unies, telle que présentée par le Secrétaire général adjoint à la gestion, aux difficultés de trésorerie qui pourraient survenir aux derniers mois de l’année, comme le dit le rapport.  En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, il a relevé « avec grande préoccupation » que le montant total des contributions non acquittées au 5 octobre 2012 est inférieur de 775 millions de dollars au total des impayés constatés à la fin de l’année 2011.  M. Bamba a aussi fait observer que le fait de vouloir une décision de l’Assemblée générale sur le barème des quotes-parts des opérations de maintien de la paix, avant de s’acquitter des engagements financiers vis-à-vis de l’Organisation, revient à contraindre le Secrétariat à faire des emprunts aux comptes des opérations de maintien de la paix clôturées.  « Toute chose que nous déplorons. »


M. YE XUENONG (Chine) a regretté un niveau d’arriérés de contributions de 855 millions de dollars au titre du budget ordinaire et de 1,85 milliard au titre du financement des OMP.  Il a noté que la grande majorité de ces arriérés est le fait de quelques contributeurs majeurs qu’il a exhortés à régler leurs contributions à temps, intégralement et sans condition, « comme le font de nombreux autres pays ».  Le représentant a aussi noté que l’ONU devait un milliard de dollars en divers coûts aux pays fournisseurs de contingents et de matériels et salué la volonté du Secrétaire général de les soulager de ce fardeau, d’autant que ces pays sont surtout des pays en développement comme la Chine qui a un revenu par habitant assez bas et de nombreux pauvres.  Malgré sa capacité de paiement limitée, la Chine, en tant que membre responsable, a réglé en un versement unique toutes ses contributions au titre du budget ordinaire, des Tribunaux pénaux, du Plan-cadre d’équipement et des OMP, a tenu à souligner le représentant.        


M. SAHEBZADA A. KHAN (Pakistan) a relevé que malgré des signes de reprise financière au sein de l’ONU, les difficultés connues l’année dernière, dans le recouvrement des contributions, n’ont pas disparu pour autant.  Ainsi, la situation financière des tribunaux internationaux, y compris celle du tout nouveau Mécanisme international, s’est considérablement dégradée à cause du grand nombre de contributions non acquittées qui s’élevaient à 63 millions de dollars au 5 octobre 2012.  En ce qui concerne la dette vis-à-vis des États Membres fournisseurs de contingents et de matériel, il a exprimé son inquiétude face à l’augmentation de cette dette, évaluée à 460 millions de dollars à la mi-octobre 2012.  « Cette situation a non seulement des conséquences négatives sur la santé financière globale de l’Organisation, mais elle menace aussi toute l’architecture du maintien de la paix des Nations Unies et compromet la crédibilité de l’Organisation », a prévenu M. Khan.


Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud) à salué tout particulièrement les 31 États Membres qui se sont acquittés de la totalité de leurs dettes envers l’Organisation au 5 octobre 2012, alors qu’ils n’étaient que 18 l’année précédente.  Elle a rappelé l’obligation des États Membres de l’ONU de s’assurer que leurs contributions soient versées à temps, dans leur intégralité et sans condition, dans le respect des principes de la Charte et de la capacité de payer.  Elle a souligné les difficultés qui peuvent surgir de situations où des États sont dans l’incapacité de régler leurs contributions pour des raisons indépendantes de leur volonté.  Tout en se félicitant de l’amélioration du niveau des contributions versées au 5 octobre 2012, par rapport au 5 octobre 2011, la représentante de l’Afrique du Sud s’est inquiétée du niveau des arriérés et a jugé important de poursuivre les efforts visant à les réduire.  S’agissant du financement des OMP, elle s’est dite encouragée par la diminution des sommes dues par l’ONU aux pays fournisseurs de contingents et de matériels, avant d’encourager le Secrétariat à tout mettre en œuvre pour accélérer les remboursements, en accordant la priorité à cette question.


M. SHO ONO (Japon) a demandé au Secrétaire général d’utiliser les contributions des États Membres de manière plus judicieuse et efficace dans la réalisation de ses missions.  Dans sa recherche d’efficacité, « le Secrétaire général doit prendre en compte les efforts consentis par chaque État Membre », a insisté M. Ono.  Il a aussi requis de l’Assemblée générale qu’elle examine les exigences potentielles et particulières dans le budget actuel et dans le prochain budget biennal, afin de fixer des ressources « réalistes » pour la réalisation des mandats assignés.


M. OSCAR LÉON GONZÁLEZ (Cuba) a déploré les difficultés auxquelles sont confrontés certains États Membres au moment de payer leurs contributions, et a plaidé pour que ces difficultés ne soient pas ignorées.  Il a ainsi argué qu’en respectant simplement ses obligations financières, l’ONU serait en mesure de continuer à réduire sa dette vis-à-vis des pays fournisseurs de contingents et pourrait redistribuer aux États Membres les surplus résultant de la clôture de certaines missions.  Le représentant a déploré que certains essaient de nous amener à nous acquitter des obligations qu’ils refusent d’honorer, en dépit du fait que rien ne les empêche de le faire.


Il a fermement rejeté les mesures coercitives, contraires au droit international, qui gênent et empêchent de cotiser au budget de l’ONU.  Cuba s’est plaint, a-t-il affirmé, qu’à plusieurs occasions, ses paiements à des organisations internationales aient été gelés, même lorsque ceux-ci étaient faits en euros.  « L’agressivité avec laquelle les autorités des États-Unis nuisent à la coopération internationale avec Cuba, y compris à la coopération des organisations multilatérales, s’est accrue », a dénoncé le représentant.


Il a toutefois précisé que Cuba est à jour par rapport au budget ordinaire, aux Tribunaux pénaux au plan-cadre d’équipement.  Cuba, a-t-il promis, ne ménagera pas ses efforts pour s’acquitter également, dans les délais, de ses contributions au titre des opérations de maintien de la paix.


M. ANG WEE KEONG (Singapour) a salué tout particulièrement les 31 États Membres qui se sont acquittés de la totalité de leurs dettes envers l’Organisation au 5 octobre 2012, alors qu’ils n’étaient que 18 l’année précédente.  Il a noté que d’après les nouvelles prévisions, le montant restant à payer aux États Membres par l’ONU devrait se situer à 512 millions de dollars à la fin de cette année, soit une diminution de 17 millions de dollars par rapport à l’année précédente.  Le représentant s’est, à son tour, inquiété du niveau des contributions encore dues, particulièrement au titre du budget ordinaire.  Tout en comprenant les difficultés particulières de certains pays, il a relevé que la grande partie de ces sommes est le fait d’un « contributeur principal ».  Il a rappelé l’obligation des États de s’acquitter de leurs obligations intégralement, sans retard et sans condition.  Il a jugé irresponsable la volonté délibérée de certains États de retenir les contributions dues au risque de compromettre la stabilité financière de l’ONU. 


Tout en appelant les États à assumer leurs responsabilités, le représentant a estimé nécessaire que l’ONU en fasse autant à l’égard des États, en démontrant sa capacité à gérer les sommes qui lui sont confiées avec plus d’efficacité.  L’ONU doit être comptable de ses actes tout comme les États le sont face à leurs citoyens, surtout à un moment où ces derniers serrent la ceinture et appliquent des mesures d’austérité face à une situation économique difficile.  Il a exhorté l’ONU à s’efforcer de gagner la confiance des États Membres, en faisant preuve de plus de transparence, et en donnant des informations claires et complètes sur la façon dont sont utilisées les ressources.  Plus important encore, a-t-il ajouté, le Secrétariat doit faire preuve d’une plus grande prudence et d’une plus stricte discipline budgétaires.  Il doit démontrer son engagement à construire une Organisation forte, efficace et orientée vers les résultats.    


M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’en dépit de la situation financière et économique mondiale complexe, on a constaté qu’un plus grand nombre de pays a pu s’acquitter des contributions dues à l’Organisation cette année, par rapport à l’année 2011.  Il a ensuite invité les États Membres n’ayant pas encore payé leurs contributions à suivre l’exemple de ceux qui sont à jour.  Après avoir observé que l’Organisation a enregistré, au 5 octobre 2012, un déficit de 855 millions de dollars à cause du retard de paiements de certains États, il a rappelé aux retardataires que leurs manquements pourraient négativement affecter l’Organisation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Assemblée générale: l’Argentine, l’Australie, le Luxembourg, la République de Corée et le Rwanda entrent au conseil de sécurité

AG/11303

Assemblée générale: l’Argentine, l’Australie, le Luxembourg, la République de Corée et le Rwanda entrent au conseil de sécurité

18/10/2012
Assemblée généraleAG/11303
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-septième session                                  

27e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: L’ARGENTINE, L’AUSTRALIE, LE LUXEMBOURG, LA RÉPUBLIQUE DE CORÉE ET LE RWANDA

ENTRENT AU CONSEIL DE SÉCURITÉ


L’Assemblée générale a élu aujourd’hui au Conseil de sécurité l’Argentine, l’Australie, le Luxembourg, le République de Corée et le Rwanda, pour un mandat allant du 1er  janvier 2013 au 31 décembre 2014. 


Avant les deux tours de scrutin, la représentante de la République démocratique du Congo (RDC) s’est opposée à la candidature du Rwanda.  Elle a argué que, la Charte des Nations Unies conférant au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, les États qui y siègent doivent être « des pays épris de justice et de paix ».  Or, le Rwanda est « une oasis de paix pour tous les criminels de guerre ».


Dès le premier tour de scrutin, le Rwanda, un des quatre candidats des États d’Afrique et d’Asie, a remporté l’un des deux sièges réservés à son groupe, avec 148 voix sur 193 bulletins, dépassant ainsi la majorité des deux tiers fixée à 129 voix.  L’Argentine a remporté le seul siège réservé aux États d’Amérique latine et des Caraïbes, avec 182 voix et l’Australie avec 140 voix, est entrée au Conseil de sécurité, sur l’un des deux sièges des États occidentaux et autres États. 


Pour le deuxième siège de ce groupe, le deuxième tour du scrutin a été remporté par le Luxembourg avec 131 voix contre 62 pour la Finlande. Au premier tour, le premier avait obtenu 128 voix et la deuxième 108. 


Le deuxième siège vacant des États d’Afrique et d’Asie, a été remporté par la République de Corée contre le Cambodge.  Après avoir obtenu respectivement 116 et 62 voix, au premier tour, ces deux pays ont eu 149 et 43 voix, le Bhoutan ayant été écarté dès le premier tour avec 20 voix.


Des pays non candidats ont tout de même obtenu des voix certes en nombre insuffisant pour siéger au Conseil.  Il s’agit de la Tanzanie avec 3 voix et une voix pour la Barbade, Cuba et la République démocratique du Congo.


Élus aujourd’hui l’Argentine, l’Australie, le Luxembourg, le République de Corée et le Rwanda remplacent l’Allemagne, l’Afrique du Sud, la Colombie, l’Inde et le Portugal, dont le mandat expire le 31 décembre 2012. 


Outre les nouveaux élus, le Conseil de sécurité sera composé dès le 1er  janvier 2013, de l’Azerbaïdjan, du Guatemala, du Maroc, du Pakistan et du Togo qui siègeront aux côtés des membres permanents que sont la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.


L’Assemblée générale commencera sa journée de travail le lundi 22 octobre, à partir de 10 heures, avec une réunion sur « Le sport au service de la paix ». 


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Le Conseil de sécurité débat du rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans la réalisation des objectifs communs de paix et de justice

CS/10793

Le Conseil de sécurité débat du rôle de la Cour pénale internationale (CPI) dans la réalisation des objectifs communs de paix et de justice

17/10/2012
Conseil de sécuritéCS/10793
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6849e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉBAT DU RÔLE DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI)

DANS LA RÉALISATION DES OBJECTIFS COMMUNS DE PAIX ET DE JUSTICE


Les pistes d’un renforcement des liens

du Conseil et de la Cour ont également été explorées


« Ceux qui envisagent de commettre des atrocités heurtant la conscience de l’humanité savent désormais qu’ils devront répondre de leurs crimes », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies devant le Conseil de sécurité lors d’un débat sur le rôle de la Cour pénale internationale dans la promotion de la paix et de la justice.


« Organe judiciaire indépendant et impartial, la Cour, lorsqu’elle est saisie, va au bout de sa mission qui est de rendre la justice, à l’abri des influences politiques », a également affirmé M. Ban au cours d’un débat auquel ont participé une cinquantaine de délégations.


Notant que cela n’était pas sans défi, le Secrétaire général a invité la Cour, « pierre angulaire de la justice pénale internationale », et le Conseil à explorer les pistes d’un renforcement de leurs liens au nom « d’un intérêt commun ».


« Le Conseil, en comprenant et respectant le travail de la Cour, peut s’acquitter de ses responsabilités de manière plus efficace », a-t-il expliqué, tout en l’invitant, lorsqu’il défère une situation devant la Cour, à s’assurer de la coopération nécessaire des États Membres.


En vertu du Statut de Rome, auquel sont maintenant parties 121 États, le Conseil de sécurité est l’une des autorités habilitées à saisir la Cour d’une situation inscrite à son ordre du jour ou pour lui demander de surseoir à enquêter ou à poursuivre.


« La saisine de la Cour concernant la situation au Darfour en 2005 et la situation en Libye en 2011 constitue un signe important de la confiance grandissante de la communauté internationale à l’égard de cette juridiction pénale internationale », s’est félicité le Président de la CPI, M. Sang-Hyun Song.


« Les pires cauchemars de l’humanité se situent à la confluence de nos mandats respectifs », a rappelé M. Song, qui était le premier président à s’exprimer devant le Conseil de sécurité depuis l’entrée en fonctions de la Cour, il y a 10 ans.


Le représentant du Bureau du Procureur de la Cour, M. Phasiko Mochochoko, s’est dit pour sa part conscient des préoccupations qui sont souvent exprimées en ce qui concerne la politique de sélection des affaires dans le cadre de la saisine de la Cour par le Conseil.


« L’influence politique réelle ou supposée du Conseil est cependant limitée parce que les renvois se rapportent à une situation et non à un suspect ou à un groupe de suspects particuliers », a-t-il expliqué.


« L’inexécution par les États des mandats d’arrêt de la Cour se traduit aussi par le non-respect des résolutions du Conseil », a-t-il également fait observer, en insistant sur l’urgence de renforcer le soutien politique et diplomatique du travail du Conseil en faveur de la Cour.  Un tel renforcement a été au cœur de l’intervention de nombreux représentants, à l’instar de celui du Liechtenstein, M. Christian Wenaweser, qui a souhaité « une relation plus symbiotique avec la CPI ».  Il a regretté que le Conseil ne dispose pas d’un mécanisme lui permettant d’intervenir en cas de non-coopération par un État Membre.


Le délégué de la Nouvelle-Zélande, M. Jim McLay, a, à cet égard, invité le Conseil à mettre en place un groupe de travail de suivi des affaires déférées à la Cour, comme il l’a fait pour les Tribunaux spéciaux. 


À l’instar de la Belgique et de la Suisse, le représentant de la France, M. Gérard Araud, a, pour sa part, jugé flagrante l’absence de saisine de la CPI dans une situation comme celle de la Syrie « alors que l’ampleur et la nature des atrocités commises le justifieraient ».


« Le Conseil doit déférer une situation devant le Cour au moment idoine », lui a répondu le délégué de la Fédération de Russie, M. Vitaly Churkin, qui a mis en garde contre toute manipulation du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.


Le délégué de l’Inde, pays qui n’est pas partie au Statut de Rome, s’est interrogé sur l’indépendance de la Cour, en faisant remarquer que trois des cinq membres permanents du Conseil n’étaient pas parties à la CPI.


Enfin, la relation de complémentarité entre la paix et la justice dans les pays émergeant d’une situation de conflit a été abondamment discutée, M. Mochochoko ayant notamment estimé qu’il n’existait aucun dilemme entre ces deux notions.  « La CPI n’a jamais empêché, ni mis un terme à des processus de négociations en faveur de la paix », avait-il fait observer, en écho au Secrétaire général qui a vu dans la possible implication de la Cour un facteur important dans la mise en place de mécanismes judiciaires locaux. 


« Les poursuites judiciaires internationales ne doivent pas entraver les efforts en faveur de négociations de paix », leur a rétorqué le délégué de la Chine. 


PROMOTION ET RENFORCEMENT DE L’ÉTAT DE DROIT DANS LES ACTIVITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Paix et justice – le rôle de la Cour pénale internationale


Lettre datée du 1er octobre 2012, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Guatemala auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2012/731)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué que tous ceux qui envisagent de commettre des atrocités heurtant la conscience de l’humanité savent désormais qu’ils devront répondre de leurs crimes.  « Nous vivons désormais dans une ère de responsabilité, a-t-il affirmé, avant de mettre l’accent sur la responsabilité croissante des États dans la poursuite des auteurs des crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et autres crimes graves.  « Nous vivons à une époque où les représentants spéciaux de l’ONU n’ont plus à tolérer ou à promouvoir l’adoption de lois d’amnisties pour les auteurs de tels crimes lorsqu’ils négocient des accords de paix », a affirmé M. Ban, avant de souligner le rôle du Conseil de sécurité dans la promotion de la justice internationale avec l’établissement des Tribunaux pénaux internationaux. 


La Cour pénale internationale est la pierre angulaire de la justice pénale internationale, a déclaré le Secrétaire général, tout en mettant l’accent sur la concordance des actions du Conseil et de la Cour en cas de commission de crimes graves.  La Cour, a-t-il rappelé, s’est saisie de certaines situations inscrites à l’ordre du jour du Conseil, comme celles en Libye ou au Darfour.  Il a ajouté que la Cour n’était pas seulement une institution internationale autonome mais aussi un organe judiciaire indépendant et impartial, qui dès la saisine, assume sa mission de rendre la justice jusqu’au bout, à l’abri des influences politiques.  Cela ne va pas sans défis, a ajouté M. Ban, qui a invité la Cour et le Conseil à explorer les pistes d’un renforcement mutuel de leurs travaux et de leurs influences.


Le Secrétaire général a indiqué que le Conseil, lorsqu’il défère une situation devant la Cour, pouvait apporter une aide précieuse à la Cour en s’assurant de la coopération nécessaire des États Membres.  Seule la poursuite des auteurs de crimes graves et leur éventuelle condamnation permet de garantir que de tels crimes ne seront plus commis, a affirmé M. Ban, en soulignant le renforcement mutuel des activités des deux organes.  La possible implication de la Cour dans une situation donnée peut, a-t-il dit, être un facteur important dans la mise en place de mécanismes judiciaires locaux.  À cet égard, M. Ban a souligné le rôle crucial du Conseil lors de l’établissement de mandats de missions de la paix ou de missions politiques spéciales visant au renforcement des capacités nationales pour la poursuite des auteurs de crimes graves.  


Le Secrétaire général a ainsi donné l’exemple de la MONUSCO, en République démocratique du Congo, qui a œuvré avec les autorités locales dans la mise en place d’un point d’appui pour enquêter sur les crimes graves commis dans l’est du pays.  La Cour, pour sa part, peut aider au renforcement des capacités nationales en veillant à la transposition des dispositions du Statut de Rome dans les ordres juridiques internes, a affirmé M. Ban, avant de souligner l’importance du travail de sensibilisation du public de la Cour afin de prévenir toute résurgence de la violence.  La Cour et le Conseil partagent un intérêt commun, a assuré le Secrétaire général, en rappelant que la Cour participait à la promotion de la paix et de la sécurité internationales, alors que le Conseil, en comprenant et respectant le travail de la Cour, peut s’acquitter de ses responsabilités de manière plus efficace.  « Faisons de notre possible pour que le Conseil et la Cour travaillent en étroite coopération en faveur du maintien de la justice et de la paix », a conclu M. Ban. 


M. SANG-HYUN SONG, Président de la Cour pénale internationale (CPI), a noté que c’était la première fois en 10 ans d’existence que le Président de cette institution était invité à s’exprimer devant le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que le Statut de Rome, l’acte constitutif de la Cour, établit clairement que la responsabilité première de poursuivre les crimes les plus graves incombe aux États.  La CPI est une juridiction de dernier ressort qui n’intervient que lorsque les États sont dans l’incapacité d’agir, a-t-il rappelé.  Dix ans après sa fondation, la CPI fonctionne pleinement à tous les niveaux, a-t-il assuré, en rappelant qu’un tout premier arrêt avait été rendu cette année.  Un deuxième arrêt devrait avoir lieu prochainement, tandis que plusieurs affaires n’en sont qu’à un stade préliminaire du processus judiciaire.  Au total, ces affaires concernent sept pays, trois d’entre elles ayant été renvoyées par les États eux-mêmes et deux par le Conseil de sécurité.


M. Sang-Hyun Song a constaté que le soutien international à la CPI allait grandissant.  Alors que la ratification de 60 États était requise pour l’entrée en vigueur du Statut de Rome, ce chiffre a plus que doublé une décennie plus tard avec 121 États parties.  Leur nombre augmente année après année, le dernier État partie en date étant le Guatemala.  Chaque pas accompli en direction de l’universalité réduit le potentiel d’impunité, renforçant ainsi la perspective pour les victimes que leur soit rendu justice pour les terribles crimes qu’elles ont subis.  Le Président de la CPI a noté que si la paix et la justice étaient le sujet du débat du jour, celui-ci était en fait l’objet de réflexions depuis des temps immémoriaux dans toutes les cultures du monde.  Un pas en avant a été accompli en reconnaissant qu’il faudrait rechercher les deux à la fois, la paix et la justice, l’une ne devant pas l’emporter sur l’autre.  Alors que la CPI contribue à l’instauration de la justice et non pas à l’établissement de la paix, son mandat est tout à fait pertinent en ce qui concerne cette dernière, a constaté le juge.  Le Statut de Rome, en effet, est basé sur la reconnaissance que les crimes graves dont il a à connaître menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde.


La CPI ne traite pas de crimes ordinaires, a-t-il rappelé, le Statut de Rome ayant trait aux crimes qui sont considérés comme les plus graves aux yeux du monde.  Les victimes ne se comptent généralement pas par centaines mais par milliers.  Quant à leurs auteurs, ils portent particulièrement le lourd fardeau de la responsabilité personnelle de leurs actes.  C’est la raison pour laquelle les rédacteurs du Statut de Rome ont prévu que le Conseil de sécurité, en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, peut renvoyer au Procureur des situations, qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur des limites normales de la juridiction de la CPI.  Cela s’est produit à deux reprises avec le Darfour et la Libye, a-t-il rappelé.  Ces renvois constituent un signe important de la confiance grandissante de la communauté internationale à l’égard de la Cour, a-t-il dit.  Si la Cour et le Conseil sont deux institutions profondément différentes, jouant des rôles distincts, elles ont en commun l’objectif partagé de viser à la paix, la justice, au respect du droit international qui figurent à la fois dans la Charte de l’ONU et dans le Statut de Rome.  Les pires cauchemars de l’humanité se situent à la confluence de leurs mandats respectifs.  Quand des crimes de masse contre des victimes innocentes menacent la paix et la sécurité internationales, le Conseil et la Cour ont chacun un important rôle à jouer.  En adoptant le Statut de Rome, les États ont créé des possibilités importantes pour que le Conseil utilise les pouvoirs dont il dispose en vertu du Chapitre VII dans le cadre de la Cour.  Le Conseil dispose de la prérogative unique de pouvoir créer un mandat judiciaire spécifique pour la CPI, d’élargir la juridiction de la Cour dans des domaines qui seraient hors de portée pour elle, et d’exiger des États non parties qu’ils coopèrent avec la Cour.  En outre, un renvoi par le Conseil de sécurité autorise le procureur de la CPI à ouvrir une enquête sans avoir à attendre un feu vert judiciaire.  En conclusion, le juge Sang-Hyun Song a remercié le Conseil de sécurité pour la confiance qu’il a placée en la Cour, une institution jeune, a-t-il rappelé.


M. PHAKISO MOCHOCHOKO, Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué que la relation entre le Conseil de sécurité et la Cour était parfois complexe en raison de la différence qui existe entre leurs mandats et leurs structures respectifs.  Le Conseil est un organe politique onusien alors que le Bureau du Procureur est un organe indépendant au sein d’une institution judiciaire autonome.  Conscient des préoccupations fréquentes quant à la politique de sélection des affaires dans le cadre d’un renvoi du Conseil, ainsi que des inquiétudes au sujet de la saisine par des États, il a invité à ne pas perdre de vue que le Statut de Rome fournit un cadre juridique précis pour ces deux types de saisine, ce qui protège l’indépendance de la procédure judiciaire.  En d’autres termes, le Conseil peut unilatéralement renvoyer une situation devant la Cour mais il ne peut l’obliger à se déclarer compétente, a rappelé M. Mochochoko.


L’influence politique réelle ou supposée du Conseil est d’autant plus limitée que les renvois se rapportent à une situation et non à un suspect ou à un groupe de suspects particuliers, a poursuivi M. Mochochoko, en rappelant qu’une fois que le Conseil a déféré une situation, le processus judiciaire était entre les mains seules du Procureur et des juges.  Précisant en outre que seule l’invocation de l’article 16 du Statut de Rome pouvait mettre un terme à la procédure, il a affirmé que les tentatives d’ingérence dans l’exercice en toute indépendance du mandat du Bureau ne feraient que remettre en cause la légitimité et la crédibilité de la procédure judiciaire, en ajoutant ainsi foi aux allégations de politisation.  M. Mochochoko a ensuite abordé les points communs aux deux organes, en rappelant que la responsabilité première du Conseil est de maintenir la paix et la sécurité internationales, alors que le Bureau du Procureur est chargé de s’assurer que les crimes les plus graves ne restent pas impunis.  Loin d’être une source de tensions, ces deux mandats nous unissent, a-t-il affirmé.


En deuxième lieu, M. Mochochoko a indiqué que le Conseil et le Bureau avaient tous deux un rôle à jouer dans le renforcement de la relation de complémentarité existant entre la paix et la justice.  Il n’existe aucun dilemme entre ces deux notions, a-t-il poursuivi, en assurant que la CPI n’avait jamais empêché ni mis un terme à des processus de négociations en faveur de la paix, qui peuvent se tenir concomitamment à des enquêtes ou poursuites de la Cour.  Le Bureau ne saurait participer à des initiatives lancées en faveur de la paix mais il informera à l’avance les acteurs politiques de ses actions, de sorte qu’ils puissent tenir compte des enquêtes dans le cadre de leurs activités, a-t-il affirmé.  M. Mochochoko a souligné le rôle commun de prévention du Conseil et de la Cour, avant d’aborder les moyens de renforcer les liens entre le Conseil et le Bureau.  Il a ainsi plaidé pour l’adoption de stratégies plus constructives en vue d’atteindre leurs objectifs communs, en citant à cet égard les efforts encourageants déployés par les organisations régionales et ceux accomplis multilatéralement pour traduire en justice les chefs de l’Armée de résistance du Seigneur.  L’inexécution par les États des mandats d’arrêt de la Cour se traduit aussi par le non-respect des résolutions du Conseil, a-t-il souligné, en insistant sur l’urgence de renforcer le soutien politique et diplomatique du travail du Conseil en faveur de la Cour.


Le Conseil peut y parvenir dans ses propres déclarations en réaffirmant l’importance de respecter les règles du droit international et de traduire les principaux violateurs de ces règles, a-t-il dit, tout en invitant à examiner certaines mesures, comme la nécessité d’éviter tout contact qui ne serait pas indispensable avec des suspects de la CPI, afin de pouvoir appréhender les intéressés.  Un nouveau chapitre doit s’ouvrir quant à notre collaboration, a déclaré en conclusion M. Mochochoko, qui a souligné que la contribution du Bureau pourrait s’avérer fructueuse en recueillant activement des informations et en menant des enquêtes et des poursuites à l’encontre des responsables des crimes les plus graves.  « Nous devons parvenir à un consensus qui montrera que nous prenons au sérieux les crimes graves contre la paix et la sécurité internationales », a-t-il conclu.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que le Président Barack Obama avait assuré que la prévention des génocides et des massacres de masse était une responsabilité partagée par les États-Unis.  Ceux-ci appuient les efforts visant à édifier des systèmes de justice compétents et responsables, a-t-elle dit, en citant notamment le cas du Cambodge.  Alors que les mandats des Tribunaux pénaux internationaux, comme le TPIY, le TPIR et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, sont près de s’achever, la CPI peut constituer un important instrument de responsabilité, a estimé la représentante.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, sont disposés à répondre par l’affirmative à des demandes d’assistance et à coopérer au cas par cas, conformément au droit américain, pour assurer la protection des témoins par exemple.


Évoquant le cas de la Libye, Mme Rice a souligné qu’il était essentiel que celle-ci collabore avec la CPI.  S’agissant du Darfour, elle a déploré que la justice ne soit toujours pas rendue, le Soudan devant respecter ses obligations en vertu de la résolution 1591.  Un appui nécessaire doit être apporté à la Cour dans ce dossier, les États-Unis se félicitant que le Malawi ait refusé de recevoir le Président du Soudan, Omar Al-Bashir.  La justice et le droit international s’appliquent efficacement lorsque le Conseil de sécurité et la CPI agissent chacun dans leur domaine d’intervention, a-t-elle estimé.  La décision de reporter à 2017 l’entrée en vigueur de l’amendement au Statut de Rome concernant le crime d’agression est la bienvenue, a-t-elle dit, en précisant que cela permettra à la réflexion de progresser à ce sujet.  Enfin, la représentante a évoqué la situation en Syrie, en soulignant que les États-Unis aidaient la population syrienne à recueillir les preuves des cas d’exactions et d’atrocités afin que les responsables puissent être un jour traduits en justice.  Elle a enfin redit en conclusion que les États-Unis étaient déterminés à apporter leur concours pour faire en sorte de traduire en justice des responsables des atrocités de masse.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), qui a rappelé que son pays était partie au Statut de Rome, a estimé que le Conseil devrait examiner avec la plus grande prudence le renvoi de nouvelles affaires à la Cour.  Alors que ce mécanisme, prévu par le Statut de Rome, visait à éviter de créer de nouveaux organes judiciaires ad hoc, la Colombie accorde la plus grande importance au principe de complémentarité, qui est, a précisé le représentant, la colonne vertébrale du système de justice pénale internationale créé par le Statut de Rome.  Le représentant, citant les situations au Darfour et en Libye, a constaté que le problème posé à la CPI dans le cas de ces renvois était notamment celui du financement de ces nouvelles procédures.


Alors que plusieurs États parties ont fait part de leurs préoccupations à cet égard, la Colombie estime que celles-ci doivent être débattues de manière franche et ouverte, tant au sein du Conseil que de l’Assemblée générale, ainsi que par l’Assemblée des États parties au Statut de Rome.  La question du financement est un élément supplémentaire que les Membres du Conseil doivent prendre en considération lorsqu’ils doivent décider si la dynamique et la volonté politique nécessaires sont présentes lorsqu’il est question de recourir une nouvelle fois au mécanisme de renvoi de situations à la Cour.  Le mécanisme alternatif prévu à l’article 16 du Statut de Rome a été peu utilisé jusqu’à présent, a déploré le représentant de la Colombie.


Mme PRENEET KAUR (Inde) a déclaré que la paix et la justice étaient indissociables.  « Une application cohérente de l’état de droit à tous les niveaux de gouvernement est essentielle pour éviter les conflits.  Cela s’applique à la fois aux niveaux national et international ».  À cet égard, l’Inde estime que l’avancement de l’état de droit au niveau national est nécessaire pour la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité a besoin de mettre l’accent sur le Chapitre VI de la Charte pour promouvoir les règlements pacifiques davantage que les mesures coercitives.  La Cour internationale de Justice, en tant que principal organe judiciaire des Nations Unies a aussi son rôle à jouer pour régler les différends entre États, a rappelé Mme Kaur, qui s’est en outre fermement opposé à l’impunité en cas de violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme.


La représentante a estimé qu’il y avait une nécessité de promouvoir l’état de droit en tant que valeur fondamentale dans le système de gouvernance des Nations Unies.  Pour cela, nous devons réformer l’architecture de la gouvernance internationale, ce qui inclut le Conseil de sécurité, afin qu’il reflète la réalité contemporaine », a-t-elle déclaré.  Les réserves de l’Inde à l’égard du Statut de Rome et la Cour pénale internationale (CPI) sont bien connues.  Le rôle donné au Conseil de sécurité a empêché la CPI de devenir une institution universelle, et trois des cinq membres permanents du Conseil ne sont pas parties à la CPI.  De plus, les considérations politiques soulèvent aussi des questions concernant l’indépendance de la CPI.  En conclusion, la représentante a estimé que ce Conseil avait besoin de promouvoir le règlement pacifique des différends.  La communauté internationale doit fournir de plus grandes ressources pour promouvoir le renforcement des États afin qu’ils mettent en place des institutions destinées à promouvoir l’état de droit et aider les citoyens à réaliser leurs aspirations légitimes.


M. LI BAODONG (Chine) a indiqué que la paix et la justice étaient deux aspirations qui se renforçaient mais pouvaient être en contradiction lorsqu’elles sont mal interprétées.  Il a ainsi souhaité que les poursuites judiciaires ne doivent pas entraver les efforts dans la mise en place de négociations et de processus de paix.  Le renforcement de l’état de droit doit être fondé sur le respect des principes de la souveraineté nationale et de non-ingérence des affaires intérieures, a-t-il poursuivi, en ajoutant que la Cour ne saurait devenir un instrument à la disposition de certains pays pour défendre leurs intérêts. 


Le représentant a ensuite invité le Conseil à faire preuve de prudence dans l’accomplissement de sa tâche de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les États, a-t-il rappelé, ont pour responsabilité principale de promouvoir la justice.  La Cour ne joue, à cet égard qu’un rôle complémentaire, a-t-il précisé.  C’est pourquoi, la Cour doit respecter les différentes traditions juridiques, a-t-il ajouté.  Enfin, le délégué de la Chine a indiqué que les efforts visant l’élimination de l’impunité devraient s’accompagner d’efforts similaires pour s’attaquer aux causes profondes des conflits.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a jugé l’état de droit essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales.  À cet égard, il est nécessaire de mettre en place une approche globale qui prendrait en compte les impératifs de réconciliation nationale, l’instauration d’un équilibre entre les différentes communautés ethniques et la stabilité sociale, a-t-il recommandé.  L’état de droit doit être intégré dans les activités de renforcement des institutions menées dans les situations postconflit, a-t-il conseillé, avant de souligner l’efficacité d’autres stratégies telles que les commissions de vérité et réconciliation.  Il conviendrait, à cet égard, de prendre en compte les avis des organisations régionales sur ce point, a-t-il dit.  La justice ne devrait pas se limiter à la notion de sanction, mais reconnaître également la dignité des victimes et établir la vérité.  C’est pourquoi, il est important d’assurer la réparation du préjudice subi, a souligné M. Khan.     


Le principe de la complémentarité et le besoin de renforcer les systèmes juridictionnels internes sont importants, a-t-il souligné.  Il revient en premier lieu aux juridictions nationales, a-t-il précisé, d’exercer leurs compétences et de mener les réformes nécessaires au niveau des systèmes juridictionnels, des milieux carcéraux et du secteur de la sécurité si le besoin s’en impose.  L’impunité ne sera vaincue qu’en renforçant les tribunaux, en améliorant les capacités d’enquêtes des forces de police et en améliorant les conditions carcérales, a-t-il estimé.  Si le Pakistan n’est pas signataire du Statut de Rome, il reconnaît toutefois les droits et obligations des États parties au Statut, a indiqué M. Khan.  Aucune action du Conseil de sécurité ne devrait guider le recours à la Cour pénale internationale pour des raisons politiques.  Il serait, à cet égard, approprié de garantir une distance nécessaire entre le Conseil et la Cour pour garantir l’objectivité, la crédibilité et l’indépendance de celle-ci, a-t-il proposé.  Le Pakistan appuie le rôle du Conseil de sécurité et le système judiciaire international pour développer une culture d’état de droit afin de promouvoir la paix et la sécurité internationales, a assuré M. Khan en conclusion.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a déclaré qu’avec 121 États parties, la Cour pénale internationale avait désormais l’appui des deux tiers des Membres des Nations Unies, l’effort de ceux-ci devant se poursuivre pour atteindre l’universalité.  Le rôle premier des États parties est de préserver l’intégrité du Statut de Rome en veillant à ce que la Cour soit en mesure de disposer des ressources adéquates et que la justice soit servie à travers un système judiciaire indépendant reconnu avec des juges des procureurs et des collaborateurs les plus compétents.  Le Conseil de sécurité a néanmoins aussi un rôle à jouer, non seulement avec son pouvoir de renvoyer des affaires mais aussi par le suivi de ces affaires, a rappelé le représentant.  Il est important que la totalité des États Membres au nom desquels ces décisions de renvoi sont prises par le Conseil partagent le fardeau financier qui en résulte, en ne le laissant pas exclusivement à la charge des États parties, comme si la décision ne concernait qu’eux, a également fait observer le représentant du Portugal.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a souligné l’interdépendance de la paix et de la justice avant de se réjouir des récents progrès dans la lutte contre l’impunité.  Rappelant que son pays n’était pas partie au Statut de Rome, il a néanmoins souligné le rôle de la Cour pénale internationale dans la promotion de la justice internationale.  Il s’est en outre réjoui de l’adoption des amendements relatifs au crime d’agression qui permettra à la Cour de poursuivre ces formes les plus dangereuses d’utilisation illégale de la force par les États.  Il a aussi noté les contributions des Tribunaux spéciaux à la jurisprudence pénale internationale.  Détaillant les défis qui demeurent en matière de promotion de l’état de droit au niveau international, il a plaidé pour l’adoption par le Conseil de mesures plus ciblées et pour une meilleure cohérence de ses initiatives avec les efforts régionaux en faveur de la paix et de la justice. 


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud), qui a rappelé les récents débats sur l’état de droit dans les instances onusiennes et souligné à cet égard la pertinence des échanges de ce jour, a déclaré que la relation entre la paix et la justice était essentiellement contenue dans le Statut de Rome.  Il existe une « relation dynamique » entre ces deux notions, a-t-il dit.  Pour l’Afrique du Sud, il est clair que le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) va finir par être reconnu par l’ensemble des États, y compris les États « qui ne sont actuellement que des observateurs ».


Si la CPI et l’ONU doivent collaborer étroitement entre elles, elles demeurent cependant des institutions séparées et indépendantes, a rappelé le représentant sud-africain.  La relation entre le Conseil et la Cour, a-t-il ajouté, doit se baser sur le respect mutuel.  Évoquant la saisine de la Cour par le Conseil de sécurité, le représentant a constaté que l’absence de coopération de la part de certains États n’avait été suivie d’aucune conséquence.  Le Conseil semble en effet se contenter de renvoyer certaines affaires à la CPI sans toutefois assurer un suivi, a-t-il déploré.  Le représentant de l’Afrique du Sud a émis l’espoir que ce débat contribuerait à dresser un bilan honnête de la relation entre les deux institutions.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) s’est dit convaincu de l’universalité et de l’indivisibilité de la paix et de la justice.  Les stratégies pour punir les violations des droits de l’homme dans les pays émergeant de conflits doivent tenir compte du contexte et de la nécessité de promouvoir la réconciliation nationale et de prévenir toute résurgence de la violence, a-t-il affirmé.  La paix est préservée si les causes structurelles des conflits sont traitées et si un système de justice crédible est mis en place, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite rappelé la primauté des systèmes judiciaires nationaux dans la poursuite des crimes les plus graves, la CPI ne jouant qu’un rôle de complément.  Saluant les apports à la jurisprudence internationale des Tribunaux spéciaux, il s’est félicité que l’importance fondamentale de la justice transitionnelle dans les pays émergeant d’une situation de conflit ait été reconnue dans le document adopté lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’état de droit.  Enfin, il a indiqué que l’article 23 de la nouvelle Constitution du Maroc disposait que les crimes plus graves seront punis conformément au droit interne.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a félicité le Guatemala pour la ratification du Statut de Rome, la CPI se rapprochant peu à peu de l’universalité, a-t-il observé.  Toutefois, il convient de bien rester conscient des différences entre le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale, deux organes complémentaires.  En outre, certains États Membres du Conseil ont exprimé leurs doutes sur l’utilité de la Cour.  Par ailleurs, constate l’Allemagne, le Conseil a parfois été incapable de se mettre d’accord sur des renvois à la CPI, le dernier cas en date étant la Syrie.  Pour l’Allemagne, le Conseil doit être prêt à utiliser cet outil du renvoi sans préjuger du fait que c’est à la Cour de juger en dernier ressort de la pertinence des poursuites et des charges éventuelles.


Le représentant a rappelé qu’au sein même de cette instance, le Procureur de la CPI avait exprimé par le passé sa frustration face au manque de résultat concernant la situation au Darfour, sentiment que l’Allemagne partage.  La coopération des États est vitale pour la pleine application du Statut de Rome, a-t-il rappelé.  En ce qui concerne le financement, dans les cas de renvoi par le Conseil devant la CPI, l’Allemagne est convaincue que la responsabilité du coût doit être assumée par l’ONU.  Le représentant a précisé que sa délégation n’était pas d’accord sur le point de vue exprimé par certains selon lequel la justice devrait être gratuite.  Il convient de clarifier les choses à ce sujet, a estimé le représentant, qui s’est dit favorable à la tenue de débats réguliers sur l’état de droit.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé le rôle du Conseil dans le renforcement des principes juridiques des relations internationales.  Les décisions du Conseil doivent être fondées sur la Charte des Nations Unies et ne pas être adoptées de manière précipitée, a-t-il insisté, en mettant en garde contre toute manipulation du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Les décisions du Conseil ne doivent pas ébranler l’édifice du droit international mais bien, au contraire, le renforcer, a-t-il précisé.  Il a ensuite déclaré que le Conseil disposait avec la CPI d’un nouvel instrument pour œuvrer à la paix internationale, tout en soulignant qu’il était important pour ces deux institutions de coopérer entre elles dans le respect de leur mandat respectif.


Les deux institutions doivent harmoniser leurs efforts lorsqu’une situation particulière est examinée à la fois par le Conseil et par la Cour, a souhaité le représentant, qui a plaidé pour la recherche d’un équilibre entre les efforts de maintien de la paix dans les pays émergeant d’une situation de conflit et la poursuite des crimes les plus graves.  L’intervention de la Cour entraîne des conséquences politiques et juridiques importantes, a-t-il poursuivi, en soulignant les incertitudes juridiques qui subsistent en matière de coopération entre la Cour et les États non parties au Statut de Rome.  Le Conseil doit déférer une situation devant le Cour au moment idoine, a-t-il dit, en mettant en garde contre toute décision hâtive, qui risque de fragiliser les perspectives de paix.  Faisant référence aux amendements au Statut de Rome relatifs au crime d’agression, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que ces amendements ne reconnaissent pas la prééminence du Conseil dans la reconnaissance d’une agression commise par un État, en raison de nature politique de ce crime.  La Cour ne verra sa place consolidée dans le système institutionnel international que lorsqu’elle sera devenue un organe pénal véritablement universel, a-t-il conclu.


M. KODJO MENAN (Togo), qui a souligné la complémentarité entre le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale, a estimé que ces deux institutions ne devraient pas entretenir de relations, en vertu de la séparation des pouvoirs.  Toutefois, ces relations sont considérées comme une dérogation à ce principe, autrement dit comme « un mal nécessaire ».  La preuve en est, a estimé M. Menan, que les rédacteurs du Statut de Rome n’ont pas souhaité une trop grande intervention du Conseil de sécurité dans le mandat de la Cour pénale internationale.  Pourtant, le Conseil dispose d’un pouvoir très important face à la CPI, pouvoir qui, pour le Togo, n’est « pas toujours conforme au droit international.  C’est pourquoi, il est nécessaire d’éviter toute extension des relations entre la CPI et le Conseil de sécurité au-delà des termes et de l’esprit du Statut de Rome », a-t-il dit.


Le représentant du Togo a attiré l’attention sur le fait que le Conseil comprenait des États comme le sien qui n’étaient pas encore parties au Statut de Rome « pour des raisons qui leur sont propres ».  Pour lui, le fait que le Conseil de sécurité soit loin d’être représentatif des États membres du Statut de Rome devrait conduire à ce que le Conseil lui-même se déclare incompétent.  Cette situation évoque en effet, a-t-il dit, « un régime dans lequel les organes politiques et exécutifs appliquent aux citoyens des lois contre lesquelles eux-mêmes se protègent ».  Certaines situations « quelque peu équivoques » concourent à cette perception.  « Même si la majorité des situations africaines actuellement devant la CPI a été déférée par les États africains eux-mêmes, il n’en demeure pas moins que les deux seules situations que le Conseil a déférées à la CPI jusqu’à ce jour sont aussi africaines ».  Pour le Togo, se pose alors la question de savoir pourquoi des situations similaires ailleurs dans le monde ne suscitent pas le même intérêt.  Il est donc nécessaire, a insisté le représentant, de fixer des critères clairs que le Conseil devra utiliser pour identifier les situations qui doivent être déférées à la CPI, « indépendamment du lieu où elles se produisent ».


M. GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que la Cour pénale internationale (CPI) est devenue, en quelques années, un acteur central du système multilatéral.  Il a salué le nombre croissant des États parties au Statut de Rome qui est aujourd’hui de 121.  Les États qui avaient menacé de dénoncer le Statut, si la CPI continuait à mener sa politique indépendante pour poursuivre les principaux responsables, s’étaient trompés, s’est-il réjoui.  La CPI, a-t-il souligné, représente une garantie de protection pour toutes les victimes d’atrocités.  À cet égard, il a salué la signature entre l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et la CPI d’un accord de partenariat qui permettra de faciliter des processus de ratification.


Le représentant de la France a mis l’accent sur la densité et la maturité des relations entre le Conseil de sécurité et la CPI qui a vocation à intervenir en période de conflit.  Il a précisé que le Bureau du Procureur Fatou Bensouda mène des analyses préliminaires -dont le potentiel de prévention est immense- dans 8 pays, sur 4 continents différents.  Il poursuit des enquêtes dans 7 pays dont la situation a été abordée par le Conseil de sécurité dans ses discussions au cours de ces deux dernières années, a-t-il précisé.  Il s’est félicité des références de plus en plus nombreuses à la CPI dans les déclarations présidentielles et résolutions thématiques sur la protection des civils, les enfants dans les conflits armés, les violences sexuelles, l’état de droit et des échanges de plus en plus nourris entre la Représentante spéciale du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés et la CPI.  Il a salué la résolution 1970 du 26 février 2011 déférant la situation en Libye à la CPI avant de relever que la France a été auteur ou co-auteur de toutes les résolutions géographiques portant des références positives à la CPI, depuis la résolution 1593 (2005) sur le Darfour à la résolution 2071 (2012) sur le Mali.


Mettant l’accent sur les désaccords et des lacunes, le représentant a jugé flagrante l’absence de saisine de la CPI dans une situation comme celle de la Syrie.  Il a estimé que l’ampleur et la nature des atrocités commises en Syrie justifieraient que ce Conseil saisisse le Procureur en vertu de l’article 13 b du Statut.  Il a déclaré que le silence et l’incapacité du Conseil à démontrer son unité contre les crimes de masse sont une incitation à la violence.  M. Araud a rappelé que le Ministre français des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, s’est prononcé pour l’établissement d’un code de conduite entre membres permanents du Conseil par lequel ceux-ci s’engageraient de concert à ne pas recourir au veto dans les situations où des crimes massifs sont commis.  La seconde lacune, plus insidieuse, c’est l’absence de suivi, par ce Conseil, de ses propres résolutions, a-t-il ajouté, en regrettant que le Conseil de sécurité ne garantisse pas à la CPI un soutien politique cohérent, et ne réagisse pas aux instances de non-coopération, sur lesquelles la CPI appelle notre attention.  Jugeant anormal que les directives diffusées par le Bureau du Procureur de la CPI sur les contacts avec les inculpés ne soient pas appliquées strictement, M. Araud a estimé que ce débat offrait une opportunité pour aller de l’avant et réfléchir aux moyens concrets de rendre l’interaction entre le Conseil et la CPI plus efficace.


Dans un souci de cohérence, il a appelé à contribuer davantage au rôle de prévention de la CPI en soulignant que les représentants du Secrétaire général ne doivent pas rencontrer les personnes inculpées par la CPI.  Dans le cadre du régime de sanctions, il a suggéré un listage plus automatique des individus qui font l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, mais aussi une clause d’exemption de l’interdiction de voyager dans les cas de transfert d’un inculpé vers La Haye.  Dans le domaine de la coopération, il a mis l’accent sur les questions de gel des avoirs et de planification des arrestations en appelant à mieux structurer notre dialogue, sur le modèle de ce que nous avons fait dans le passé avec les tribunaux ad hoc, dans le cadre du groupe de travail informel du Conseil de sécurité.


M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a souligné le rôle central de la CPI dans la lutte contre l’impunité.  Le Conseil doit souligner davantage encore la nécessité de la coopération des États lorsqu’il défère une situation devant la Cour, a-t-il ajouté, en se félicitant qu’un nombre croissant de résolutions fasse référence à la Cour telles que la résolution 2033 sur la République démocratique du Congo ou bien encore la résolution 2071 sur le Mali.  Il a également invité le Conseil à remédier aux facteurs de ralentissement des travaux de la Cour, en mettant l’accent sur le problème particulier posé par la non-exécution des décisions de la Cour.  Le représentant a en outre exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome.


« Le Conseil et la Cour doivent continuer de transmettre un message clair aux dirigeants qui envisagent de commettre des crimes: vous serez tenus responsables par la CPI, si ce n’est par vos propres tribunaux », a-t-il insisté.  Évoquant la situation en Syrie, il a rappelé l’importance cruciale de poursuivre les responsables du bain de sang qui a cours dans ce pays.


M. HAROLD CABALLEROS, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a émis l’espoir que ce débat permettra de rapprocher le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale (CPI).  Il a ajouté que la stabilité de la relation entre les deux institutions ne devrait pas être conditionnée par la question de savoir quels pays siégeaient pour un mandat de deux ans au sein du Conseil lorsqu’une affaire est déférée devant la Cour.  À l’inverse, elle doit se baser sur la conviction universelle que certains crimes sont si atroces qu’ils ne doivent pas rester impunis.  Le Guatemala estime que trois principes, à savoir la complémentarité, la coopération et l’universalité, vont dans l’intérêt du Conseil, a déclaré le Ministre.  La complémentarité repose sur le fait que les juridictions pénales nationales ont la primauté pour enquêter et traduire en justice les responsables des délits prévus par le Statut de Rome.  La triste réalité est que la Cour n’a pas la capacité de s’occuper de toutes les violations graves qui se produisent dans le monde, de même que le Conseil ne peut faire face à toutes les crises.  La Cour reste une instance de dernier ressort, a-t-il rappelé.


Quant à la coopération entre le Conseil et la Cour, il convient de prendre les mesures nécessaires pour l’intensifier à tous les niveaux afin d’en finir avec l’impunité, a estimé le Ministre.  Le Conseil doit faire preuve de volonté pour promouvoir l’universalité du Statut de Rome, a-t-il ajouté.  Plus le nombre de ratifications sera élevé, moins fréquente sera la procédure de renvoi à la Cour par le Conseil, ce qui contribuera ainsi à limiter le nombre d’affaires dont la Cour aura à connaître.  Les États parties se montreront plus responsables de prendre eux-mêmes les mesures qui s’imposent.  En conclusion, le Ministre a lancé un appel aux États Membres de l’ONU pour qu’ils maximisent les avantages que présente la CPI en tant qu’outil de diplomatie préventive.


M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a déclaré que la Cour pénale internationale (CPI) joue un rôle crucial dans la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves, dont le crime de génocide, le crime contre l’humanité, le crime de guerre et, à l’avenir, le crime d’agression.  Il a ajouté que le Statut de Rome offrait des options importantes au Conseil de sécurité, surtout lorsqu’il est confronté à des situations caractérisées par des atrocités de masse.  Il a rappelé que les cas du Darfour en 2005 et de la Libye en 2011 avaient démontré que l’exercice, à bon escient, par le Conseil de sécurité de sa compétence pour saisir la CPI étendait de manière significative la responsabilisation pour les crimes les plus graves.  Il a estimé que la lutte contre l’impunité aura fait un nouveau pas en avant lorsque la CPI sera compétente pour juger les auteurs de crimes d’agression.  Il a indiqué que le Luxembourg avait inscrit le crime d’agression dans son Code pénal.  « D’ici au début 2013 et, conformément à l’engagement pris le 24 septembre dernier lors de la Réunion de haut niveau sur l’état de droit aux niveaux national et international, le Luxembourg aura ratifié l’ensemble des amendements apportés au Statut de Rome par la Conférence de révision de Kampala en juin 2010, y compris en ce qui concerne le crime d’agression ». 


S’agissant des suggestions pour renforcer l’interaction entre le Conseil de sécurité et la CPI, le représentant a jugé essentiel que le Conseil dispose d’une information adéquate sur les crimes commis sur le terrain.  Saluant la participation de plus en plus fréquente de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme aux délibérations du Conseil, il a exhorté ce dernier à tirer pleinement profit aussi d’autres sources d’information comme les rapports d’enquête.  À titre d’illustration, il a noté que les informations recueillies par le Conseil de sécurité sur les crimes commis ces derniers mois en Syrie étaient accablantes, avant d’assurer que les responsables de ces violences devront en rendre compte.  Il a mis l’accent sur la complémentarité de la CPI avec les juridictions nationales qui, a-t-il insisté, constituent la première ligne de défense contre l’impunité.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à veiller à ce que les opérations de maintien de la paix disposent des capacités nécessaires pour soutenir le renforcement de l’état de droit et des juridictions nationales dans des situations postconflit.  Il a précisé que c’est pour renforcer le principe de complémentarité que le Luxembourg a engagé depuis plusieurs années un partenariat avec le Centre international pour la justice transitionnelle et appuyer l’initiative « Action rapide pour la justice/Justice Rapid Response » qui vise à former des experts nationaux pour enquêter sur des crimes internationaux.


M. ERKKI TUOMIOJA (Finlande), s’exprimant au nom des pays nordiques, a fait remarquer que depuis sa création en 2002, la Cour pénale internationale (CPI) était devenue une pièce maîtresse de la justice criminelle internationale, et un acteur clef dans la lutte contre l’impunité pour les crimes internationaux les plus graves. « À travers la CPI, le Conseil de sécurité peut envoyer le message fort selon lequel « le crime ne paie pas, la justice triomphe », a souligné M. Tuomioja.  Dans ce contexte, il a demandé au Conseil de soutenir la CPI dans l’accomplissement de sa mission.  Pour M. Tuomioja, ce soutien est d’autant plus nécessaire que le mandat de la CPI est limité: la Cour ne peut exécuter des mandats d’arrêt, ni prendre des mesures en cas d’absence de collaboration.  Mettant en lumière la conséquence de cette situation, le représentant a déploré le fait que plusieurs mandats d’arrêt soient en souffrance depuis des années, et a exigé que ces mandats d’arrêts soient exécutés.


« Les pays nordiques ont toujours affirmé que l’impunité ne peut être tolérée face aux crimes internationaux les plus graves », a rappelé M. Tuomioja.  Il s’est dit horrifié par les atrocités qui sont toujours perpétrées en Syrie, et a exhorté le Conseil à prendre des mesures décisives afin que les responsables puissent rendre des comptes.


Mme TIINA INTELMANN (Estonie), s’exprimant également en qualité de Présidente de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, a souligné que les résolutions 1593 (2005) et 1970 (2011) avaient permis à la Cour pénale internationale (CPI) de franchir des étapes décisives dans la lutte contre l’impunité par rapport au Darfour et à la Libye.  « Après avoir reconnu ces accomplissements, nous devons aussi être conscients des autres défis qui interpellent la CPI dans ces deux cas, et qui continuent à alimenter les discussions entre les États parties », a avisé Mme Intelmann.  Plaidant pour une coordination entre les comités des sanctions et la CPI, la représentante de l’Estonie a demandé que les biens confisqués aux personnes poursuivies soient mis à la disposition de la Cour pour financer la défense de ces personnes devant la CPI et, au besoin, les réparations aux victimes.


Mme Intelmann a aussi proposé que la CPI mette à contribution le Conseil de sécurité, pour régler les cas de non-coopération.  À ce sujet, elle a cité en exemple l’Assemblée des États parties qui a mis en place ses propres mécanismes de poursuites dans les cas de non-coopération des États parties.  « Le fait que le Conseil de sécurité saisisse la CPI crée un fardeau financier qui a, jusqu’ici, été supporté par les États parties au Statut de Rome.  Cette situation n’a pas été prévue par le Statut de Rome qui stipule, en son article 115, que les Nations Unies rembourseront à la Cour les coûts générés par les saisines du Conseil », a affirmé Mme Intelmann.


M. ENRIQUE ROMÁN-MOREY (Pérou) a souligné qu’il était important que la saisine de la Cour par le Conseil à la Cour ne soit pas exercée de manière sélective: le renvoi d’une situation ne doit pas impliquer que le Conseil de sécurité se décharge de certaines de ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  C’est l’inverse qui est vrai pour le Pérou: la Cour épaule le Conseil dans cette tâche, dans le cadre de ses compétences.


Le représentant du Pérou a aussi évoqué la question du financement des renvois de situations devant la Cour, en précisant que le Conseil suggérait de l’imputer au budget de l’ONU.  Il a rappelé cependant que les décisions budgétaires relèvent de la compétence de l’Assemblée générale et non pas de celle du Conseil de sécurité.  En outre, le renvoi de situations découle de l’application du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, celles-ci étant induites par le système créé par le Statut de Rome.  Il ne s’agit donc pas d’un élément étranger à l’Organisation puisque, précisément, on ne recourt plus à la création de tribunaux spéciaux depuis l’entrée en vigueur du Statut de Rome.  Il est donc plus qu’opportun pour le Pérou que le financement du dispositif relatif à la relation entre la Cour et le Conseil soit viable.


S’exprimant au nom des Représentants permanents de la Jordanie et du Costa Rica qui ont assumé comme lui la présidence de l’Assemblée des États parties au Statut de Rome, M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a rappelé que cette position était privilégiée pour observer l’évolution des relations entre la Cour Pénale internationale et le Conseil de sécurité au cours des 10 dernières années.  Revenant d’abord sur les deux cas de saisine de la CPI par le Conseil de sécurité -en 2005 concernant la situation au Darfour et en 2011 concernant la Lybie-M. Wenaweser a indiqué qu’elles avaient provoqué un sentiment mitigé dans la mesure où elles étaient dictées par des motifs politiques.  « Pour faire avancer avec sincérité le principe de la responsabilité, plusieurs aspects des pratiques du Conseil de sécurité devront être revue dans les prochains cas de renvois », a-t-il indiqué, avant de regretter que ces deux affaires aient valu à la CPI d’être accusée « de politisation, de parti pris contre une région particulière, de manipulation par des puissances qui ont décidé, elles, de rester hors du Statut de Rome ».


« Évidemment, ce n’est pas dans l’intérêt de la Cour, ni dans celui du Conseil de sécurité », a-t-il poursuivi, en réclamant que le Conseil de sécurité prenne un certain nombre d’initiatives pour corriger cette tendance et s’achemine vers « une relation plus symbiotique avec la CPI, en tant qu’institution judiciaire indépendante ».  Parmi les éléments les plus importants, M. Wenaweser a souligné qu’il était nécessaire pour le Conseil de sécurité d’appuyer ses décisions de renvois sur des mesures qui imposent la coopération de l’État mis en cause.  Déplorant que le Conseil de sécurité ne dispose même pas de mécanisme pour intervenir sur les cas de non-coopération d’État dont peut l’informer la CPI, il a appelé « à palier à cette insuffisance de toute urgence ».


Abordant ensuite le financement des opérations lancées par la CPI après qu’elle a été saisie par le Conseil de sécurité, le représentant du Lichtenstein a souligné que ces procédures devraient être prises en charge par le budget des Nations Unies, validé par l’Assemblée générale, dans la mesure où elles évitent au Conseil de sécurité « l’alternative très coûteuse de tribunaux spéciaux ».  À l’avenir, le Conseil de sécurité devrait éliminer de ses résolutions saisissant la CPI les formulations qui exonèrent certains individus de la compétence de la CPI, a-t-il estimé.  Pour M. Wenaweser, elles créent des soupçons quant à une sélection des individus qui ont, ou n’ont pas, à répondre de leurs actes.  « Outre la nécessité de revoir fondamentalement le langage utilisé, le Conseil doit traiter aussi des problèmes liés aux règles de complémentarité », a-t-il ajouté, en demandant au Conseil de les clarifier dans les résolutions qu’il adopte pour saisir la Cour.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé qu’une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité ne doit pas être une procédure systématique lorsqu’une violation est constatée.   Les circonstances politiques de tout conflit et les conséquences éventuelles à recourir à la CPI doivent minutieusement être étudiées par la Cour, a recommandé Mme Ribeiro Viotti.  « La paix et la justice seront mieux servies si l’implication de la CPI est bien planifiée », a-t-elle insisté.


La prérogative d’invoquer l’Article 13 (b) du Statut de Rome doit être utilisée en dernier ressort, après épuisement de tous les autres recours, a souligné la représentante du Brésil.  « Dans la mesure où la décision de saisir la CPI est basée sur des considérations politiques, le Conseil doit éviter d’appliquer la politique des « deux poids, deux mesures » et agir de manière sélective », a précisé Mme Ribeiro Viotti.  Elle a insisté sur la nécessité pour le Conseil, lorsqu’il décide de saisir la Cour, de veiller au respect de certaines conditions qui pourraient contribuer au renforcement de la paix et la sécurité internationales.  La représentante du Brésil a aussi réaffirmé son opposition à toute forme de soustraction, de certaines catégories d’individus, à la juridiction de la CPI.  « La notion de responsabilité criminelle sélective est étrangère aux valeurs sur lesquelles nous fondons la justice », a tranché Mme Ribeiro Viotti, après avoir rappelé que le Brésil était membre fondateur de la Cour. 


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a indiqué que l’instauration de la paix n’était possible sans la poursuite de la justice.  Il a invité le Conseil à veiller systématiquement à l’application de la justice et utiliser pleinement à cette fin les mécanismes à sa disposition.  Lorsque le Conseil décide de déférer une situation devant la Cour, il doit veiller au suivi de cette décision et s’assurer que la Cour reçoive le niveau de coopération nécessaire, a-t-il insisté.  Il doit, a-t-il ajouté, mettre en place un groupe de travail à cette fin comme il l’a fait pour les Tribunaux spéciaux.  Le Conseil ne doit pas déférer une situation devant la Cour en raison de l’indignation politique ou parce qu’il n’a pas d’autre stratégie, pas plus qu’il ne doit utiliser ses prérogatives en vertu du Statut de Rome pour protéger des États non parties, a-t-il poursuivi.


Ces deux institutions entameraient leur crédibilité si les décisions de déférer une situation étaient vues comme étant motivées politiquement, a estimé le représentant.  Il a en conséquence réitéré son appel aux membres permanents du Conseil afin de ne pas exercer leur droit de veto lorsque des atrocités de masse sont commises.  Enfin, il a invité le Conseil à se pencher sur un certain nombre de questions en suspens, afin notamment de déterminer si une décision de déférer une situation devant la Cour a contribué ou non à faciliter la mise en place d’un processus de paix.


Mme PHILIPPA KING (Australie) a considéré que la notion de responsabilité pour les cas de crimes internationaux était un élément clef de la consolidation de la paix et la prévention des conflits, en soulignant que la paix et la justice étaient fondamentales pour créer les conditions d’une sécurité durable dans toutes les sociétés.  Consciente des divergences de vues sur les conditions de l’application de la responsabilité, en particulier pour régler des situations politiques complexes, elle a estimé que la lutte contre l’impunité et la reconnaissance des erreurs du passé pouvaient contribuer à l’établissement d’une paix durable, comme l’a également souligné le rapport 2011 du développement mondial. 


Mme King a encouragé la coopération fructueuse entre le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale pour envoyer un message clair aux auteurs de crimes internationaux, soulignant qu’ils seraient tenus responsables de leurs actes.  Partant, elle a insisté sur la nécessité des membres du Conseil de sécurité de parler d’une seule voix en ce qui concerne la responsabilité, les pressant donc de saisir la CPI sur la situation en Syrie.  Pour autant, a-t-elle recommandé, le Conseil ne doit pas se limiter à saisir la Cour mais appuyer de manière continue ses travaux, surtout lorsque par exemple, cette dernière lui notifie qu’un État a failli à son obligation de coopérer avec elle.


M. KAZUO KODAMA (Japon) a jugé qu’il était temps d’évaluer les réalisations de la CPI et d’aborder ses développements futurs à l’occasion du dixième anniversaire de l’entrée en vigueur du Statut de Rome.  Il a précisé que le Gouvernement du Japon accueillait, aujourd’hui, un symposium à Tokyo sur la CPI en présence de son Procureur, Mme Fatou Bensouda.  Il s’est félicité que la CPI ait conclu son premier jugement en mars 2012 avec la condamnation de Thomas Lubanga, tout en soulignant les difficultés rencontrées par la CPI ces 10 dernières années en vue de traduire en justice les auteurs de crimes commis sur le territoire d’États non parties au Statut de Rome.  Il s’est félicité de la collaboration positive du Conseil de sécurité avec la CPI.  C’est parce que les actes de violence contre des civils innocents ne sont plus tolérables que le représentant du Japon a souhaité que le Conseil de sécurité saisisse la CPI sur la question de la situation en Syrie. 


Le représentant a noté que si le rôle de la CPI était d’apporter la justice en s’appuyant sur la primauté du droit, les décisions du Conseil de sécurité étaient, elles, souvent politiques.  Il a estimé que le Conseil de sécurité ne saisissait pas uniquement la CPI pour des raisons juridiques en appelant le Conseil de sécurité à ne pas considérer la CPI uniquement sous l’angle du maintien de la paix, mais aussi comme un moyen de prévenir les futurs crimes en apportant la justice.  Il a souligné qu’il était essentiel que le Conseil de sécurité continue d’être engagé sur une question bien après avoir saisi la CPI, en prévenant que l’insuffisance de coopération du Conseil de sécurité risque non seulement de freiner la capacité de la CPI de poursuivre les auteurs de crimes, mais aussi de miner la crédibilité du Conseil de sécurité et de la CPI.  « Une fois que le Conseil de sécurité a décidé de saisir la CPI, les membres de ce Conseil de sécurité portent la responsabilité morale de coopérer avec la CPI », a insisté le représentant du Japon.  M. Kodama a aussi appelé à un dialogue et une collaboration approfondies entre le Conseil de sécurité et la CPI en général, en particulier sur les conséquences financières des saisines.  Il a indiqué qu’en tant que principal contributeur de la CPI, le Japon espérait que cette Cour pourra contribuer d’une manière plus efficace et universelle à la paix et à la sécurité internationales.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, s’est félicité de l’annonce faite par Haïti et la Côte d’Ivoire d’adhérer au Statut de Rome, avant de souligner l’apport de la Cour pénale internationale dans la poursuite des responsables de génocides, de crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  Pour le représentant, l’année 2012 représente une étape importante pour la Cour, d’autant qu’elle vient de rendre son premier verdict dans l’affaire Thomas Lubanga, l’ancien chef rebelle en République démocratique du Congo, déclaré coupable de recrutement d’enfants soldats. 


Après avoir rappelé les liens entre le Conseil de sécurité et la Cour, le représentant a salué la décision du Conseil de saisir la Cour de la situation au Darfour et de la situation en Libye, en ajoutant que la lutte contre l’impunité ne sera effective que s’il y a une coopération individuelle et collective avec la Cour.  Sans la coopération des États, la Cour ne pourra remplir sa mission, a prévenu M. Mayr-Harting.  La coopération avec la CPI concerne non seulement tous les États parties au Statut de Rome mais aussi les membres du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.  Le refus de coopérer avec la Cour, notamment concernant les mandats d’arrêt lancés par celle-ci, constitue une violation des obligations internationales et même de certaines dispositions de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné.  À ce jour, a-t-il fait remarquer, sur les 23 personnes recherchées par la Cour, 12 n’ont toujours pas été arrêtées.


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), réaffirmant que la paix et la justice étaient complémentaires, a souligné que les processus de paix qui tiennent compte de la justice ont plus de chances de réussir et de s’inscrire dans la durée.  Il a d’ailleurs suggéré que lors des négociations de ces processus, il faudrait prendre en compte les points de vue des victimes parce que « dans un premier temps les victimes veulent obtenir justice et ensuite, elles la réclament ».  Pour sa délégation, la mise en place de la Cour pénale internationale a marqué une étape importante dans la lutte contre l’impunité.  Le représentant a salué le fait qu’à ce jour, 121 États aient ratifié le Statut de Rome.  Toutefois, à la lumière de la situation récente en Libye, le Bangladesh estime que la CPI devrait « être mieux équipée » pour servir de véritable instrument de diplomatie préventive, de manière à pouvoir assister le Conseil de sécurité dans son mandat de faire respecter l’état de droit, maintenir la paix et la sécurité et combattre l’impunité.


« Les victimes réclament justice, peu importe le temps écoulé depuis les atrocités dont elles ont été frappées », a affirmé le représentant, en attirant l’attention du Conseil de sécurité sur les efforts entrepris par le Bangladesh.  Il a indiqué que son pays avait mis en place en 2010 un tribunal pour connaître de crimes internationaux qu’auraient commis des individus ou membres des forces armées, quelle que soit leur nationalité », y compris dans le contexte de la guerre de libération du Bangladesh de 1971.  Cet effort continu est « l’expression naturelle » de la volonté du Gouvernement du Bangladesh de mettre un terme à la culture de l’impunité dans les cas de crimes contre l’humanité, a expliqué le représentant.  Il a assuré que toutes les mesures avaient été prises pour que ce processus national soit conforme aux normes internationales.  Ce processus enverra, selon lui, un message fort « à ceux qui pourraient commettre ce type de crimes dans le monde » et il montrera qu’il possible pour « le système judiciaire national d’un pays en développement de traduire les responsables de crimes de guerre en justice même bien après que ces crimes aient eu lieu ». 


Mme SIMONA LESKOVAR (Slovénie) a appelé le Conseil de sécurité à organiser régulièrement des débats publics sur la Cour pénale internationale.  Tout en se félicitant du premier jugement prononcé par celle-ci et de sa première décision sur les réparations pour les victimes, la représentante a mis l’accent sur le rôle préventif de la Cour pénale internationale.  Alors qu’il est maintenant bien établi que les crimes les plus graves représentent une menace à la paix et à la sécurité internationales, un système de justice pénale internationale joue un rôle fondamental en matière de prévention.  Tout individu doit être conscient qu’il n’y a pas d’impunité lorsque de tels crimes sont commis.  En conclusion, la représentante s’est dite très préoccupée par l’escalade de la situation en Syrie.  Elle a souligné que le Conseil devrait renvoyer la situation en Syrie à la Cour pénale internationale.


M. MATEO ESTREME (Argentine) a estimé que l’adoption du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale était une des réalisations les plus notables de la diplomatie multilatérale, sa contribution étant évidente dans la lutte contre l’impunité en matière de crimes contre l’humanité, de génocide et de crimes de guerre.  La coopération entre les Nations Unies et la CPI est essentielle, a-t-il rappelé, en soulignant cependant la nécessité de respecter l’indépendance de la Cour.  La question des « contacts non essentiels » avec des personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt doit s’inscrire dans le cadre de la coopération entre la Cour et les Nations Unies, comme le stipule l’Accord sur la coopération entre ces deux institutions.  En ce qui concerne la saisine de la Cour par le Conseil, l’Argentine estime que celui-ci se doit d’assurer un suivi des affaires dont la Cour est saisie.  L’Argentine est convaincue que l’établissement d’un mécanisme de suivi des situations renvoyées à la Cour contribuerait grandement à consolider une collaboration responsable entre le Conseil et la CPI.


Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a souligné que la relation entre le Conseil et les institutions créées dans le cadre des Nations Unies devrait toujours être constructive et transparente.  Un dialogue permanent doit s’établir afin de favoriser la diplomatie préventive en exerçant des mécanismes concrets et efficaces qui puissent se montrer dissuasifs lorsque règne un climat d’hostilité et de violence quel qu’en soit le lieu.  Le Honduras estime que des mesures plus précises sur les méthodes de travail du Conseil, s’inscrivant dans le processus de réforme de celui-ci, sont essentielles pour la confiance des États Membres.  De même, les instances juridictionnelles doivent coopérer avec les États Membres en leur fournissant l’information la plus complète sur les rapports et enquêtes en cours, afin de garantir la véracité et l’objectivité des processus, a souligné la représentante.


Mme RITA KAZRAGIENĖ (Lituanie) a déclaré que la paix et la justice, telles qu’elles sont associées dans le Statut de Rome, devraient être considérées comme des impératifs se renforçant mutuellement.  Toutefois, ce lien est souvent mis à l’épreuve par des dilemmes pratiques et moraux, a-t-il dit.  La Lituanie, elle-même partie au Statut de Rome, soutient de toutes ses forces la Cour pénale internationale dans son rôle d’arbitre impartial de la justice internationale.  L’existence de la Cour traduit une détermination collective à mettre fin à l’impunité et à tenir pour responsables les auteurs des crimes internationaux les plus graves.  Elle dynamise en outre le droit international humanitaire et les droits de l’homme en jouant un rôle important dans leur interprétation et leur application.  Elle peut et doit être un outil efficace de la diplomatie préventive vers lequel le Conseil de sécurité peut se tourner dans l’exécution de son mandat.  Ainsi, la nature complémentaire de la CPI nous rappelle que le meilleur investissement à long terme consiste à édifier des capacités nationales pour enquêter et poursuivre les crimes internationaux.  La Lituanie est d’avis que lorsque le Conseil renvoie une situation à la Cour, il doit continuer d’exercer sa responsabilité en faisant en sorte que ce renvoi aboutisse à une décision de la Cour.  Le Conseil pourrait aussi envisager d’étendre à tous les États Membres l’obligation de coopérer, a ajouté la déléguée de la Lituanie.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) s’est félicité de la condamnation de Thomas Lubanga, premier verdict en 10 ans d’existence de la Cour pénale internationale, en marquant ainsi « le début de la fin de l’impunité internationale ».  Le représentant a ensuite appelé à la ratification rapide des amendements au Statut de Rome, adoptés lors de la Conférence d’examen à Kampala, en soulignant que son Gouvernement a, pour sa part, déjà lancé le processus de ratification de ces amendements.  Le représentant s’est également félicité du nombre croissant d’États parties à la CPI, en précisant que cela représentait désormais les deux-tiers des États Membres des Nations Unies.


Le représentant a ensuite dit comprendre qu’aux termes de l’article 115 b du Statut de Rome, les Nations Unies doivent contribuer au financement du processus de transfert par le Conseil de sécurité à la CPI.  « Nous espérons que, sur la base de l’article 13 de l’Accord de coopération entre les deux institutions, que des arrangements seront pris pour mettre en œuvre cette coopération », a poursuivi M. Cancela.


Par ailleurs, M. Cancela s’est félicité des deux situations déférées à la Cour par le Conseil et espéré que cette pratique se poursuive.  Son pays, a-t-il dit, est préoccupé par les conséquences tragiques des conflits armés et par le nombre croissant des auteurs de graves violations des droits de l’homme.  Dans ce contexte, l’Uruguay rejoint les États qui en appellent au Conseil pour agir face aux graves violations des droits de l’homme en Syrie, a conclu le représentant. 


M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a exprimé l’appui de son pays à la Cour pénale internationale qui est devenue une institution irremplaçable.  Mettant en garde contre toute tentative de politisation de la relation entre le Conseil et la Cour, il a indiqué que cette relation complémentaire devait être renforcée.  La CPI est la pierre angulaire de la justice pénale internationale, a-t-il souligné, en réaffirmant la nécessité de respecter le principe de complémentarité.  Enfin, il a affirmé que toute pression sur ces deux organes était préjudiciable à la poursuite de la justice. 


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a déclaré que l’histoire nous enseignait que la paix et la sécurité, si l’on voulait qu’elles se traduisent durablement dans la réalité, devraient s’appuyer sur la justice et les droits de l’homme.  C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité, s’il entend exercer pleinement son mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales, a le devoir d’impulser l’exercice plein et entier de la justice internationale et de l’état de droit.  Bien que la Cour soit une juridiction indépendante issue d’un traité, le Statut de Rome donne au Conseil des prérogatives sur elle, en particulier celle de lui déférer des situations, a également noté le représentant.  Le Conseil de sécurité a un rôle politique tandis que celui de la Cour est juridique, ce qui explique que leur relation sera toujours complexe.  Le Conseil doit agir en étant convaincu que la justice pénale internationale n’est pas un moyen d’amadouer les despotes mais bien un devoir essentiel de l’humanité dans le cadre d’un ordre international plus pacifique et plus sûr reposant sur des critères établis, a souligné le représentant.


M. MAFIROANE MOTANYANE (Lesotho) a demandé que le Conseil de sécurité adopte une attitude conséquente par rapport aux saisines.  « Des paramètres précis doivent définir le cadre dans lequel le Conseil saisit la Cour pénale internationale (CPI) », a souhaité le représentant du Lesotho.  Les aspirations du Conseil de sécurité l’emportent sur les intérêts nationaux particuliers des membres du Conseil et doivent, par conséquent, être bien précisées, a-t-il dit.  M. Motanyane a aussi constaté que, depuis l’adoption du Statut de Rome en 1998, 121 États y ont adhéré.  Il a invité le Conseil à redoubler d’efforts pour amener d’autres États Membres à ratifier ce Statut.


M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a noté que la Cour pénale internationale (CPI) et le Conseil de sécurité œuvrent, tous les deux, à la paix et à la justice.  Mais, à certaines occasions, la communauté internationale et le Conseil ont eu à composer avec le défi d’établir un équilibre entre les deux institutions, en particulier lorsque l’une semble prendre le pas sur l’autre, a regretté le représentant.  « La collaboration entre le Conseil et la CPI, ainsi qu’avec les États, est primordiale », a plaidé M. Manongi.  La délégation a ainsi mis l’accent sur les points communs entre le Conseil de sécurité et la CPI, dont le plus évident est que les deux entités ont une compétence internationale, mais privilégient les activités en Afrique.


En Afrique, la CPI est confrontée à de sérieuses difficultés, même lorsque les affaires dont la Cour est saisie concernent la justice et la paix, a annoncé M. Manongi.  Il en résulte que « le travail de la CPI est, malheureusement, l’objet de bien des inquiétudes de la part de nombreux gouvernements du continent.  Ces inquiétudes créent un vrai malaise », a-t-il déclaré.  L’adage en droit anglais selon lequel « la justice ne doit pas seulement être rendue, mais doit également être perçue comme étant rendue » est aussi valable pour la CPI.  La Cour doit être préservée de toute influence politique, même d’une influence qui viendrait du Conseil », a préconisé M. Manongi.


M. PAUL SEGER (Suisse) a déclaré que la décision de déférer une situation à la Cour devait être prise de manière cohérente car « il ne peut y avoir deux poids deux mesures si l’on entend avoir un effet dissuasif significatif et garantir la crédibilité de la Cour et des Nations Unies dans la lutte contre l’impunité ». 


Évoquant la situation en Syrie, l’orateur a déploré que ce pays n’eût pas réagi jusqu’à présent aux appels répétés de la communauté internationale l’invitant à mettre en place un mécanisme national crédible, équitable et indépendant qui permette de demander des comptes aux auteurs des crimes commis actuellement.  La Suisse appelle le Conseil à déférer la situation en Syrie à la Cour afin que toutes les allégations de crimes graves puissent être examinées, indépendamment de l’identité de leurs auteurs.  « À tout le moins, le Conseil de sécurité devrait envoyer un avertissement clair à toutes les parties au conflit », estime la Suisse.  « Nous notons, a dit son représentant, qu’un nombre croissant d’États Membres soutiennent notre démarche et encourageons tous les autres États à appuyer notre initiative qui consiste à adresser une lettre sur la Syrie au Conseil de sécurité. »


Par ailleurs, sur un plan général, la délégation helvétique a souligné la nécessité que « les saisines ne soient pas faites sans conviction mais de manière forte et cohérente ».  Et il serait logique que l’ONU contribue aux coûts des saisines de la Cour pénale internationale.  En outre, le déferrement d’une situation ne devrait pas prévoir d’exemptions pour les ressortissants des États non parties.  Enfin, il importe que le Conseil de sécurité donne « énergiquement » suite aux résolutions découlant des saisines, la coopération des États étant l’un des défis majeurs posés à la Cour.  « La saisine de la Cour ne devrait pas marquer la fin de l’engagement du Conseil de sécurité dans sa lutte contre l’impunité, elles devraient en marquer le début », a souligné la délégation suisse.


M. JAN GRAULS (Belgique) a jugé positif que le Conseil de sécurité intègre de façon croissante des dispositions relatives à la CPI dans ses résolutions avant de rappeler que la coopération des États était indispensable au bon fonctionnement de la Cour.  Il a ensuite tenu à rappeler combien son pays regrettait que le Conseil fasse porter la charge financière des enquêtes et poursuites découlant de ses deux renvois aux seuls États parties, en appelant les États Membres à assumer collectivement cette responsabilité.  Il a ensuite indiqué que le principe de complémentarité ne sera pleinement mis en œuvre que si les États promulguent des lois nationales réprimant les crimes les plus graves.  Avant de conclure, M. Grauls a appuyé l’initiative de la Suisse visant à demander au Conseil d’enclencher des enquêtes au sujet de toutes les allégations de crimes graves commis en Syrie.


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a déclaré que 10 ans après sa création, il apparaissait clairement que l’un des défis les plus importants que rencontre la Cour est l’absence de coopération des États.  En effet, 13 des 19 mandats d’arrêt émis jusqu’à présent attendent toujours leur mise en œuvre, alors que dans certains cas la localisation des suspects est connue du monde entier.


Le Mexique déplore le manque de coopération ouverte qu’ont montré certains États.  Il estime que le Conseil a un rôle indispensable à jouer pour appuyer l’action de la Cour.  De par son pouvoir de déférer des cas à la Cour, il dispose d’un outil utile pour maintenir la paix et la sécurité internationales, dont il doit user de manière responsable et efficace, guidé par des critères objectifs qui ne soient ni sélectifs ni politisés, estime le Mexique.


Par ailleurs, à la veille de l’élection de neuf nouveaux membres du Conseil, la délégation mexicaine constate que sept des 15 sièges sont actuellement occupés par des États qui ne sont pas parties au Statut de Rome, parmi lesquels trois membres permanents sur cinq.  Si le Conseil agit au nom de tous les Membres des Nations Unies, comme le stipule sa Charte, alors tous les États doivent ratifier le Statut de Rome.  Le Mexique lance un appel en ce sens aux États qui n’ont pas encore ratifié ledit Statut.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a rappelé que son pays était partie au Statut de Rome et a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à lui emboîter le pas.  Il a ensuite invité le Conseil de sécurité à développer une approche intégrée pour saisir la Cour d’une situation, afin d’éviter qu’il ne soit accusé d’adopter une approche sélective.  Se félicitant des contributions de la Cour à l’instauration de la justice internationale, il a souligné l’importance de prévenir les crimes graves appartenant au champ de compétence de la CPI.  Le délégué a enfin proposé la création d’un organe, composé notamment de membres d’organisations non gouvernementales, qui examinerait la compatibilité des constitutions et des législations nationales avec le droit international.


M. FRANTIŠEK RUŽIČKA(Slovaquie) a reconnu le rôle unique de la Cour pénale internationale (CPI) en tant que dernier recours en l’absence d’une réelle action menée par les autorités au niveau national.  Il a donc salué la coopération entre le Conseil de sécurité et la CPI en matière de maintien de la paix et de sécurité, ainsi que dans la lutte contre l’impunité en vue de se pencher sur les crimes les plus graves qui préoccupent la communauté internationale.  M. Ruzicka s’est donc réjoui de l’adoption par le Conseil de sécurité de résolutions saisissant la Cour pénale internationale sur les situations au Soudan et en Libye. 


« Le Conseil de sécurité agissant sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies a, ainsi, requis l’action de la Cour lorsque des crimes tombant sous sa juridiction ont été commis », a-t- il déclaré.  Néanmoins, au-delà de toute saisine, il y a lieu de s’assurer d’un suivi adéquat de la mise en application par les parties concernées des résolutions du Conseil de sécurité.  Il faut éviter, a-t-il dit, que le manque de coopération observé dans certains cas vienne mettre à mal les activités de la Cour, ainsi que les principes fondamentaux de l’ONU.


M. FERNANDO ARIAS (Espagne) a déclaré que l’efficacité du multilatéralisme ne pouvait se concevoir sans le respect de l’état de droit et de la justice.  Le jugement des crimes qui préoccupent et affectent le plus la communauté internationale est un élément complémentaire et constitutif du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit.  Les situations au Darfour et en Libye que le Conseil avait déférées à la Cour sont de bons exemples de la coopération entre ces deux institutions, estime le représentant.  Le dialogue demeure essentiel pour contribuer à une meilleure compréhension entre les États, ainsi qu’à une meilleure compréhension du rôle de la Cour.  C’est la seule façon d’éviter toute polarisation des États élus au Conseil de sécurité et de les aider à rapprocher les points de vue qui soient compatibles et constructifs, a estimé le représentant de l’Espagne.  La tenue de réunions régulières en la matière permettrait, a-t-il estimé, de combler le fossé qui sépare les États face à la notion de justice internationale.  À cet égard, les États parties au Statut de Rome peuvent jouer un rôle pédagogique envers ceux qui ne l’ont pas ratifié, a-t-il dit.


Pour M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka), le concept de l’état de droit contribue à maintenir la paix et le respect de la loi à l’échelle internationale.  Ce concept a longtemps été appliqué aux droits individuels, mais, selon le représentant, il faudrait également l’appliquer dans le contexte des progrès économiques des individus et des sociétés.  Il part du principe que l’élargissement de la portée du concept d’état de droit au développement, aux progrès économiques, à la protection de l’environnement et à l’utilisation durable des ressources naturelles aux plans national et international permettrait de désamorcer des sources de conflit potentiel. 


La codification du droit international et des obligations juridiques est essentielle, et, le Bureau des affaires juridiques des Nations Unies devrait, selon lui, jouer un rôle central dans ce domaine.  Il a souligné que le respect des traités internationaux par les États parties était un domaine d’activité où les Nations Unies pourraient assumer un rôle important en aidant les États à développer leurs propres capacités.


Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance de la coopération dans l’application de la loi, aux plans national, régional et international dans le cadre de la lutte contre le crime transnational organisé et le terrorisme.  Ces deux fléaux sont une réelle menace pour la paix internationale et un facteur de déstabilisation économique et sociale.  Il a également rappelé que le principe de l’égalité souveraine, qui est consacré dans la Charte des Nations Unies, doit être maintenu lorsque les réglementations internationales sont développées et mises en œuvre.  Il en va de même pour le principe de la non-ingérence dans les affaires internes des États. 


Le représentant a ajouté qu’il redoutait une application unilatérale et sélective des règles du droit international qui, selon lui, saperait le principe même de l’état de droit.  Sa délégation a toujours soutenu l’idée du règlement des conflits internes et internationaux par des moyens pacifiques comme la négociation et la médiation.  Elle est cependant consciente de la difficulté de trouver un juste équilibre entre les intérêts sécuritaires des États et le respect des droits dans les situations de conflit ou postconflit.


Les pays qui avaient des bases juridiques anciennes sont plus à même de restaurer et de revitaliser les institutions démocratiques, a-t-il noté.  De plus, il faudrait, selon lui, leur permettre de trouver leurs propres mécanismes de consolidation de la paix et de réconciliation nationale tout en facilitant le renforcement de leurs institutions démocratiques.


M. EDUARDO JOSE DE VEGA (Philippines) a estimé que l’état de droit, s’il doit être considéré comme essentiel dans des situations postconflit ou de transition, doit être considéré avant tout comme un moyen de prévention des conflits et de lutte contre l’impunité.  Aux Philippines, l’état de droit a renforcé les institutions et processus démocratiques et a contribué à la croissance économique du pays.  Cela a notamment été démontré dans l’Accord-cadre signé le 15 octobre dernier entre le Gouvernement des Philippines et le Front Moro islamique de libération, en présence de l’Organisation pour la coopération islamique.  Cet Accord-cadre établit la cessation des hostilités et la paix dans la région de Mindanao, a précisé le représentant. 


Dix ans après l’entrée en vigueur du Statut de Rome et un an après son entrée en tant qu’État partie à cet instrument, les Philippines prennent note du besoin de développer une approche systématique dans la relation entre le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale, en particulier au regard des situations auxquelles la CPI fait référence dans l’article 13(b).  Cela nécessite une meilleure compréhension de la manière dont cet article, ainsi que les 16 prérogatives attribuées au Conseil de sécurité par le Statut de Rome peuvent être mieux utilisés dans des situations spécifiques de pays dont le Conseil est saisi.  Il est important d’explorer les voies par lesquelles la CPI peut assister le Conseil en tant qu’outil préventif pour faire respecter l’état de droit et préserver la paix et la sécurité, a souligné le représentant.  Toute amélioration future de ladite relation, a-t-il dit, doit préserver l’intégrité du Statut de Rome. 


M. OCTAVIO ERRAZURIZ (Chili) a invité le Conseil à exercer son pouvoir de saisir la CPI concernant une situation inscrite à son ordre du jour, ainsi que son pouvoir de demander à cette dernière de surseoir à enquêter ou à poursuivre, sur la base de critères clairs, afin d’agir en toute transparence.  Le Conseil devrait accorder une attention accrue aux cas de refus de coopérer avec la Cour, a-t-il poursuivi, tout en l’invitant à assurer un suivi plus étroit de ses renvois à la Cour.  Soulignant que le principe de complémentarité était la pierre angulaire du Statut de Rome, le délégué chilien a rappelé l’engagement pris par son pays dans le cadre de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale le 24 septembre dernier en ce qui concerne le renforcement de sa coopération avec la Cour.


M. ANDREAS RIECKEN (Autriche) a rappelé que le Conseil de sécurité avait joué un rôle moteur dans la promotion de la responsabilité pénale individuelle, en particulier en créant des tribunaux ad hoc qui ont eux-mêmes inspiré la création de la Cour pénale internationale.  Dix ans après sa création, la CPI est bien partie pour atteindre l’universalité, deux États Membres sur trois étant maintenant parties au Statut de Rome. 


En outre, le consensus atteint lors de la Conférence d’examen de Kampala, en juin 2010, sur le crime d’agression et d’autres amendements du Statut, a constitué un succès remarquable dans l’évolution de la Cour qui a démontré le fort attachement des États parties au Statut de Rome.  La CPI est désormais généralement reconnue comme un instrument clef de lutte contre l’impunité, de la prévention des crimes futurs et de la promotion d’un ordre international basé sur l’état de droit, estime l’Autriche.


Sur le cas syrien, M. Riecken a déclaré que l’on ne pouvait fermer les yeux sur les meurtres de masse qui sont en train d’être commis.  Le déferrement de la Syrie à la CPI enverrait un signe clair confirmant que les auteurs et commanditaires de ces crimes devraient rendre des comptes et qu’ils auraient tout intérêt à reconsidérer leurs choix.  Enfin, l’Autriche estime que les Nations Unies doivent assumer les coûts supplémentaires liés aux renvois d’affaires à la Cour par le Conseil.


M. PATRICIO TROYA (Équateur) a rappelé qu’il n’y avait pas de paix sans justice et pas de justice sans paix.  La Cour pénale internationale contribue à la paix et à la sécurité internationales en punissant les responsables de crimes graves, a-t-il rappelé.  Il a ensuite plaidé pour que la CPI dispose d’un financement suffisant et prévisible afin qu’elle puisse s’acquitter au mieux de ses tâches, en invitant dans un second temps les Nations Unies à prendre à leur charge le financement des renvois du Conseil à la Cour.  Le délégué a aussi souhaité que la Cour soit en mesure d’exercer sa compétence sur le crime d’agression à partir de 2017.  Aucun retard ne serait acceptable, a-t-il prévenu.  En conclusion, il a exhorté le Conseil à établir des critères clairs pour déterminer dans quels cas il saisira la Cour afin de préserver sa crédibilité. 


M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a rappelé que si la Cour pénale internationale fonctionnait en vertu d’un cadre juridique, en l’occurrence le Statut de Rome, le Conseil de sécurité demeure un organe purement politique.  Promouvoir l’état de droit ne doit pas être utilisé comme prétexte pour politiser la justice internationale, avertit le représentant du Soudan.  De nombreux pays, notamment ceux du Groupe des États arabes, avaient d’emblée mis en garde contre cet écueil, a-t-il dit.  Il y a un risque, a-t-il dit, d’agir en contradiction avec le droit international et, en particulier, la Convention de Vienne sur les traités.  Il faut établir un socle de paix sur le terrain, par la promotion de la réconciliation, a estimé le représentant, qui a cité le succès de la Commission vérité et réconciliation, créée en Afrique du Sud après l’abolition de l’apartheid.


Le Soudan a l’intention de persévérer dans la voie qu’il a commencé d’emprunter, avec la signature de l’Accord de paix de Doha, et il attend du Conseil qu’il l’appuie dans ce choix.  Le respect des principes du droit international implique le respect de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, a souligné son représentant.  Tout en notant que la compétence de la Cour et la coopération entre la Cour et le Conseil de sécurité restent des questions de désaccord, que le débat d’aujourd’hui a de nouveau démontré, il a réaffirmé que la paix et la justice sont indissociables.


Mme EDITA HRDÁ (République tchèque) a rappelé que son pays, qui avait connu de graves violations du droit international et des droits de l’homme pendant la Seconde Guerre mondiale et la période communiste, la République tchèque est très attachée au principe de la justice internationale et en particulier à la Cour pénale internationale.  De tels crimes ne devraient plus jamais se reproduire, a poursuivi la représentante, en ajoutant que cela doit être l’objectif de la CPI.  Elle a ensuite observé qu’avant que l’universalité du Statut de Rome ne soit réalisée, la CPI ne pourra se saisir de tous les crimes sans bénéficier de la coopération des États parties, soit pour les crimes commis sur leur territoire, soit pour les crimes commis par leurs ressortissants.  En attendant, il revient au Conseil de sécurité de combler ce vide en saisissant lui-même directement la CPI, lorsque ce genre de crimes est commis.  Par ailleurs, la représentante s’est félicitée de l’adoption des résolutions 1593 et 1970 du Conseil de sécurité et ce, même si la CPI n’a pas reçu du Conseil tout le soutien qu’elle mérite.


Mme Hrdá s’est aussi félicitée que le Conseil ait référé de certaines situations à la Cour pénale internationale, en déplorant toutefois que deux saisines au cours des 10 ans d’existence de la Cour ne peuvent être considérées comme un usage abusif de cet instrument, alors que durant cette même période, il y a eu des crimes graves qu’avaient été commis, notamment dans des situations de conflit.  De l’avis de sa délégation, ces situations, y compris celles qui se poursuivent encore aujourd’hui auraient pu être renvoyées à la CPI.  La pratique des « deux poids deux mesures » a un impact négatif sur la promotion de l’état de droit, a estimé Mme Hrdá, en rappelant qu’il ne peut y avoir autorité sans responsabilité.


Mme SOFIA BORGES, au nom du Timor-Leste et de Samoa, a indiqué que les mandats du Conseil et de la Cour étaient complémentaires par nature, puisque le maintien de la paix et de la sécurité internationales doit aller de pair avec la promotion de l’état de droit.  La coopération entre la Cour et le Conseil est unique, a-t-elle dit, en insistant sur la nécessité de renforcer cette coopération.  La confiance croissante de la communauté internationale envers la Cour est marquée par l’augmentation du nombre de ratifications du Statut de Rome, s’est-elle félicitée, en encourageant les pays qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le Statut.  Elle a également souhaité que le renvoi de situations à la Cour par le Conseil prévoie un mécanisme financier pour permettre à la Cour de s’acquitter de son rôle.  En conclusion, elle a rappelé que Samoavenait de ratifier les amendements au Statut de Rome relatifs au crime d’agression. 


M. MARCEL VAN DEN BOGAARD (Pays-Bas) a déclaré que depuis 10 ans, le Conseil de sécurité avait développé une relation constructive avec la Cour pénale internationale.  La délégation néerlandaise se félicite du fait que le Conseil ait déféré à la Cour les situations au Soudan et en Libye.  Il est important en effet que le Conseil fasse preuve de cohérence en saisissant la Cour.  Par ailleurs, les Pays-Bas accueilleraient favorablement un débat sur le financement des affaires renvoyées à la Cour par le Conseil.  Pour que celle-ci puisse fonctionner correctement, il est essentiel que les États soient pressés de coopérer dans les enquêtes et la poursuite des suspects.  S’agissant par ailleurs de la Syrie, le représentant a déploré la persistance de désaccords au sein du Conseil.  Le monde a besoin d’un Conseil de sécurité qui soit fort, uni et déterminé, a-t-il rappelé.  Les Pays-Bas sont partisans du renvoi de la Syrie à la Cour pénale internationale, ce qui n’exclut en rien des poursuites au niveau national, a-t-il assuré.


M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a indiqué que la Cour pénale internationale devrait viser à atteindre l’objectif d’une compétence véritablement universelle.  Il a ensuite regretté que certains pays aux intentions belliqueuses, et qui cherchent à contrôler le Conseil de sécurité, n’aient pas encore rejoint le Statut de Rome.  Les Nations Unies doivent s’engager dans une réforme profonde avant de vouloir changer le monde, a-t-il insisté, en pointant l’archaïsme des structures onusiennes.  Le délégué bolivien a ainsi plaidé pour la réforme du Conseil et son adaptation aux nouvelles réalités géopolitiques.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les délégations défendent une utilisation inclusive, pacifique et bénéficiant à toute l’humanité de l’espace extra-atmosphérique

CPSD/510

Quatrième Commission: les délégations défendent une utilisation inclusive, pacifique et bénéficiant à toute l’humanité de l’espace extra-atmosphérique

17/10/2012
Assemblée généraleCPSD/510
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

8e séance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS DÉFENDENT UNE UTILISATION INCLUSIVE, PACIFIQUE

ET BÉNÉFICIANT À TOUTE L’HUMANITÉ DE L’ESPACE EXTRA-ATMOSPHÉRIQUE


Elles adoptent un projet de résolution sur l’Université pour la paix


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a débuté, ce matin, l’examen du point de son ordre du jour relatif aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Auparavant elle a également examiné le point relatif à l’Université pour la paix.


Dans le cadre du débat général sur la coopération pacifique touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, de nombreuses délégations ont défendu le concept d’un développement inclusif des activités spatiales.  Elles ont soutenu l’idée que les avantages offerts par l’exploration et l’exploitation des bénéfices tirés de l’exploitation pacifique de l’espace extra-atmosphérique doivent être mis au profit de toute l’humanité.  La représentante du Brésil, parlant au nom des pays du bloc régional du MERCOSUR, a insisté sur le fait que l’utilisation de cet espace devait se faire de manière exclusivement pacifique et être mise au service du développement durable de l’humanité toute entière.  De son côté, le représentant de l’Union européenne a indiqué que « l’espace est un moteur de croissance et de développement pour tous les peuples ».


S’agissant des moyens pour mettre les utilisations de l’espace extra-atmosphérique au service du développement durable de toute la planète, les délégations ont souligné le rôle du multilatéralisme et notamment de la  coopération internationale et régionale.  Ainsi le représentant d’Israël a noté que la coopération internationale était l’une des solutions aux problèmes de coûts et de maîtrise des technologies dans le domaine de la recherche et de l’exploration spatiales.  Il a indiqué que l’Agence spatiale israélienne (ISA) poursuivait une mission pacifique dans l’espace atmosphérique en promouvant la coopération internationale sur une base collaborative.


L’une des difficultés relevées par certains intervenants a été celle relative aux moyens à mettre en œuvre  pour que les activités spatiales soient entreprises de manière durable.  Certaines délégations ont préconisé la mise en place de mesures de transparence et de confiance pour garantir une meilleure sureté et plus de sécurité et de viabilité dans les activités menées dans l’espace extra-atmosphérique qui doivent s’inscrire dans un cadre juridique ferme et contraignant.  La majorité des délégations se sont opposées à toute tentative de militarisation de l’espace extra-atmosphérique.


L’Union européenne a proposé, en 2010, un projet de code de conduite international sur les activités spatiales, a indiqué son représentant.  Ce code se base sur trois principes: la liberté pour tous d’utiliser l’espace extra-atmosphérique, la préservation de la sécurité de l’intégrité des objets spatiaux mis en orbite, ainsi que la préservation de la sécurité légitime et des besoins de défense légitimes des États. L’Union européenne a engagé un processus de consultations en vue de parvenir à un accord sur ce texte qui soit acceptable par tous les États intéressés.


Par ailleurs, la Quatrième Commission a entendu M. John Maresca, Recteur de l’Université pour la paix, avant de recommander à l’Assemblée générale, aux termes d’un projet de résolution adopté sans vote, d’encourager les États Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales, les personnes intéressées et les philanthropes à contribuer aux programmes et au budget de base de cette institution créée il y a près de 30 ans, sous les auspices des Nations Unies.  L’Université pour la paix, dont le campus est installé au Costa Rica, assure des programmes d’enseignement sur tous les continents, a rappelé M. Maresca qui a demandé au Secrétaire général d’élargir la possibilité de faire appel à l’Université dans le cadre de l’action qu’il mène pour régler les différends et consolider la paix en formant le personnel du système des Nations Unies , en particulier celui qui s’occupe du maintien et de la consolidation de la paix. 


La Quatrième Commission se réunira demain, jeudi, le 18 octobre, à 10 heures pour poursuivre son débat général sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.


UNIVERSITÉ POUR LA PAIX


Rapport du Secrétaire général sur l’Université pour la paix (A/67/272)


Ce rapport explique que l’Université pour la paix, principal établissement d’enseignement au monde consacré à la paix, poursuit son expansion en remplissant le mandat dont l’Assemblée générale l’a investie en 1980.  Elle suit actuellement une stratégie visant à accroître le nombre de ses inscriptions, en mettant en place de nouveaux programmes en ligne plus souples et en faisant appel aux établissements apparentés à travers le monde.  Ces cinq dernières années, elle a pu conserver un budget équilibré malgré les conséquences qu’a entraîné le ralentissement de l’économie mondiale sur les inscriptions d’étudiants et les subventions.


Parmi les principaux événements qui ont marqué la période 2010-2012, le Secrétaire général cite la donation d’un second campus à l’Université au Costa Rica, le lancement d’une nouvelle maîtrise de cours en espagnol, entièrement en ligne, ainsi que l’ouverture d’un programme de doctorat.  L’Université pour la paix et le Centre de la Charte de la Terre, son partenaire sur le campus, ont accueilli une chaire UNESCO.  Le Centre de la Charte de la Terre a en outre construit un nouveau bâtiment sur le campus, qui vient s’ajouter aux installations existantes.  L’Université a ouvert un nouveau centre à La Haye, mis en place un programme conjoint avec l’Université de Californie à Berkeley, et accueilli les premiers étudiants inscrits au Centre pour l’Asie et le Pacifique, basé à Séoul.  De nouvelles maîtrises ont été lancées en Management responsable et développement économique durable, en Administration et paix urbaines durables et en Paix durable par le sport, cette dernière étant délivrée à l’Université internationale de Monaco.  L’Université pour la paix a lancé une formation sur le désarmement à Genève qui connaît un certain succès, ainsi qu’un nouveau programme sur la problématique hommes-femmes en coopération avec l’Université Cheikh Anta Diop, à Dakar.  Dans le cadre des programmes de renforcement des capacités réputées menés par l’Université pour la paix en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud, 26 universités de ces régions ont mis en place des programmes d’irénologie.  Deux nouveaux pays, à savoir la République de Corée et la Principauté de Monaco, ont signé la Charte de l’Université, et d’autres envisagent de faire de même.


Néanmoins, l’Université pour la paix rencontre des difficultés pour financer ses programmes et faire reconnaître son statut.  Rares sont les États Membres à avoir apporté leur soutien à l’institution, qui doit faire des économies et reporter certaines améliorations, pourtant nécessaires, pour rester dans les limites de son budget.  La crise économique mondiale a eu d’importantes répercussions sur la capacité des étudiants à poursuivre leurs cursus, touchant également l’Université.  Le Secrétaire général a également indiqué dans ce rapport que les États Membres pouvaient soutenir l’Université pour la paix en signant sa Charte, en lui apportant directement des contributions, en parrainant les programmes de renforcement des capacités qu’elle met en place, ou encore en délivrant des bourses à leurs ressortissants qui souhaitent s’inscrire à l’Université.


Déclaration liminaire


M. JOHN J. MARESCA, Recteur de l’Université pour la paix, a déclaré que l’éducation était l’une des forces les plus puissantes dans le monde aujourd’hui, et qu’elle devait être une force positive et contribuer à renforcer les valeurs communes de l’humanité comme la paix, le règlement pacifique des conflits, la tolérance et la compréhension mutuelle.  Il s’agit d’un véritable défi à relever par l’Université pour la paix, mais qui contribuera à rapprocher les peuples à une planète réellement pacifique.  Le travail de l’Université pour la paix est plus pertinent que jamais, a estimé M. Maresca, parce que le monde est de plus en plus interconnecté.  Malgré les difficultés financières que connaît l’Université, elle a réussi à toucher de plus en plus de jeunes, chaque année, avec son message en faveur de la paix par le biais de nouveaux cours en ligne, de nouvelles universités affiliées, dont 26 sont en Afrique, ainsi que par la création de nouveaux centres de l’Université pour la paix comme ceux de la Haye et de la République de Corée.  M. Maresca a affirmé que l’Université est devenue une institution académique dynamique et de pointe pour promouvoir la paix dans le monde.  Il a saisi cette occasion pour rappeler aux États Membres la responsabilité qui leur incombe pour appuyer la mission et les travaux de l’Université par le biais de leurs contributions financières ou encore simplement par la signature de la Charte de l’Université pour la paix.  Enfin, M. Maresca a annoncé son départ prochain de la direction de l’Université après y avoir passé cinq ans et a indiqué que le nouveau recteur devra prendre ses fonctions en février prochain.


Débat général


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica), dont le pays accueille depuis 30 ans l’Université pour la paix, a rappelé que cette institution internationale d’éducation supérieure avait pour objectif de promouvoir entre les personnes et les nations un esprit de tolérance, de compréhension mutuelle et de cohabitation pacifique et d’éliminer les menaces à la paix dans le monde.  L’Université contribue à cela à travers ses recherches et ses enseignements.  Le Costa Rica est honoré de pouvoir accueillir cette Université sur son sol, et continuera à soutenir son développement académique, a indiqué M. Ulibarri.  Il a souligné que, malgré les difficultés financières des trois dernières années, l’Université avait réussi à renforcer son « empreinte académique », qu’il s’agisse de la mise en place d’un doctorat sur la paix et la sécurité dans le monde, ou de nouveaux programmes de maîtrise ainsi que de cours en ligne.  Le représentant a demandé au Secrétaire général des Nations Unies d’accentuer ses efforts afin de renforcer la coopération du système des Nations Unies avec cette institution universitaire qui, a-t-il rappelé, ne reçoit pas de fonds du budget ordinaire des Nations Unies. 


M. MARTIN VIDAL (Uruguay) a salué les progrès réalisés par l’Université au cours de ces trois dernières années, ainsi que l’appui qu’apporte le Costa Rica, pays hôte, aux travaux de l’Université.  Il a indiqué que l’Université recevait des étudiants du monde entier et qu’il était positif que son siège se situe dans un pays en développement.  L’Uruguay, a-t-il ajouté, soutient et continuera de soutenir cette institution.  Mon pays fut l’un des premiers signataires de la charte en faveur de la création de l’Université pour la paix, en 1985 et nous saluons les récentes actions menées par le Secrétaire général pour revitaliser l’Université.  Nous soutenons l’ensemble des activités et des actions menées par l’Université.  Concluant son propos, il a rappelé la nécessité d’adopter la résolution présentée par le Costa Rica. 


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a mis l’accent sur la quête de la paix, initiée par les Nations Unies, à travers la création de l’Université pour la paix et qui contribue à favoriser « la coopération entre les peuples tout en réduisant les obstacles et les menaces à la paix et au progrès dans le monde », et ce, conformément aux nobles aspirations proclamées dans la Charte des Nations Unies. 


Rappelant la situation de crise qu’a traversée son pays, et qui a provoqué la suspension des cycles scolaires et la fermeture des universités, le représentant a appuyé sans réserve les convictions qui sous-tendent la mise en place de l’Université.  Il a, par ailleurs, insisté sur la coopération qui existe depuis quelques années entre l’Université pour la paix et certains États africains.  Enfin, il a noté qu’au moment où le Gouvernement ivoirien procédait à la réouverture des universités victimes des affres de la crise postélectorale, il était opportun d’envisager un rapprochement des programmes techniques avec ceux de l’Université de la paix dans l’optique de parvenir, à terme, à l’avènement d’une société ivoirienne imprégnée à nouveau des vertus de la paix et du « vivre ensemble ».


Projet de résolution relatif à l’Université pour la paix (A/C.4/67/L.6)


Aux termes de ce projet de résolution, présenté par le représentant du Costa Rica et adopté sans vote par les membres de la Quatrième Commission, l’Assemblée générale prendrait note avec satisfactiondu rapport du Secrétaire général faisant état des progrès remarquables accomplis par l’Université pour la paix en ce qui concerne la création de programmes novateurs sur des questions critiques touchant à la paix et à la sécurité.  Elle prierait le Secrétaire général, compte tenu de l’œuvre importante de l’Université et du rôle qu’elle peut jouer en élaborant de nouveaux concepts et de nouvelles approches en matière de sécurité fondés sur l’éducation, la formation et la recherche pour apporter une réponse efficace aux nouvelles menaces à la paix, d’envisager de nouveaux moyens de renforcer la coopération entre le système des Nations Unies et l’Université.  Elle le prierait en outre d’élargir la possibilité de faire appel à l’Université dans le cadre de l’action qu’il mène pour régler les différends et consolider la paix en formant le personnel, en particulier, celui qui s’occupe du maintien et de la consolidation de la paix, de manière à renforcer ses capacités dans ce domaine, ainsi que pour promouvoir la Déclaration et le Programme d’action en faveur d’une culture de paix.  Par ce texte, l’Assemblée encouragerait les États Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales, les personnes intéressées et les philanthropes à contribuer aux programmes et au budget de base de l’Université, afin qu’elle puisse poursuivre son précieux travail dans le monde entier.


COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE


Rapport du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (A/67/20)


Ce rapport dresse le bilan de sa cinquante-cinquième session, qui s’est tenue à Vienne, du 6 au 15 juin 2010.  Il fait également la synthèse des travaux de ses organes subsidiaires, le Sous-Comité scientifique et technique et le Sous-Comité juridique.


Ce rapport met l’accent sur la nécessité de soutenir les efforts visant à faire progresser l’exploration spatiale et à apporter à la Terre les avantages qu’offrent les techniques spatiales, en particulier pour relever les défis existant dans les domaines du changement climatique et des catastrophes naturelles, ainsi que dans ceux de la sécurité alimentaire et de la santé de la population mondiale. 


Par ailleurs, au cours de sa cinquante-cinquième session, le Comité a noté avec satisfaction que certains États appliquaient déjà des mesures de réduction des débris qui allaient dans le même sens que ses Lignes directives relatives à la réduction des débris spatiaux (IADC). 


Déclaration liminaire


M. YASUSHI HORIKAWA, Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), a débuté son propos en rappelant que l’année 2011 avait été marquée par le cinquantième anniversaire du premier vol habité dans l’espace et de la création du Comité.  À cet égard, il a souligné l’importance attachée par le COPUOS à l’exploration, la science, l’application des technologies et la diplomatie spatiales.  La recherche et le développement dans la science et la technologie spatiales doivent permettre que leurs progrès bénéficient au développement humain sur la terre, à la protection et la préservation de l’espace terre, ainsi qu’à celui de l’environnement spatial.  Afin de répondre à ces exigences, le Comité a consenti de nombreux efforts pour promouvoir et augmenter la sensibilisation et le renforcement des capacités dans l’utilisation des applications technologiques spatiales. 


M. Horikawa a noté que le monde était aujourd’hui confronté à des défis très importants, notamment lorsqu’il s’agit de faire face aux changements climatiques.  Les catastrophes naturelles continuent d’affecter plusieurs régions du globe et montrent à quel point il est important de renforcer les capacités du COPUOS pour en atténuer les effets désastreux, a-t-il indiqué.  Il a saisi cette opportunité pour remercier les pays qui ont soutenu le Japon, son pays, après le terrible tsunami qui l’a frappé en 2011.  À cet égard, il a insisté sur l’utilisation intégrée et coordonnée des technologies spatiales et de leurs applications qui jouent un rôle crucial dans la gestion des risques de catastrophe en fournissant des informations précises et rapides.


M. Horikawa a indiqué que, l’an passé, le COPUOS avait soumis sa contribution à la Conférence Rio+20 et avait fourni un ensemble de recommandations quant aux moyens de renforcer les données géospatiales.  Le Document final de la Conférence, dans son paragraphe 274, reconnaît l’importance des données issues des technologies spatiales en faveur du développement durable.  Depuis plus d’un demi-siècle, le COPUOS travaille et examine un certain nombre de questions complexes qui ont un réel impact sur le développement d’un certain nombre de pays, a indiqué M. Horikawa. 


Les efforts déployés par les deux Sous-Comités du COPUOS, à savoir le Sous-Comité scientifique et technique et le Sous-Comité juridique, pour mettre en œuvre les directives relatives à la réduction des débris spatiaux sont louables.  Des progrès ont été également réalisés dans la mise en œuvre du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER).  Cette plateforme a pour but de faciliter l’utilisation des technologies d’origine spatiale pour la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence.  Enfin, M. Horikawa a mis l’accent sur le rôle important joué par les centres régionaux pour les sciences spatiales et l’éducation en matière de technologie spatiale.


Débat général


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande), s’exprimant au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est déclaré convaincu que l’application des sciences et technologies spatiales peut significativement contribuer au développement durable.  Dans ce contexte, l’ANASE  encourage le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique à intégrer les technologies spatiales dans la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial sur le développement durable et dans les recommandations de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’exploration et les utilisations spécifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Le Comité devrait en outre continuer à discuter de technologies spatiales et des données dans le cadre  de l’agenda du développement après-2015, a encore souligné le représentant.


Pour leur part, les pays membres de l’ANASE, aux côtés des Nations Unies et de leurs autres partenaires, prennent très au sérieux leur rôle dans le domaine de la promotion et de l’amélioration des applications des sciences et technologies spatiales.  Beaucoup d’efforts ont par exemple été déployés pour l’organisation de conférences régionales, dont la dernière s’est tenue en décembre 2011, à Singapour, a indiqué M. Sinhaseni.  Par ailleurs, en tant que régions très concernées par les catastrophes naturelles, le Sous-Comité de l’ANASE sur les technologies spatiales et leurs applications a lancé un satellite d’observation de la planète Terre dans le but de développer des systèmes de prévention et de gestion des catastrophes naturelles, a encore indiqué le représentant.   M. Sinhaseni a également déclaré que l’ANASE est très préoccupée par la question des déchets spatiaux, estimés à plus de 10 millions, soulignant les risques de chute de ces engins sur des zones terrestres peuplées.  C’est dans ce contexte que l’ANASE appuie le travail du Sous-Comité scientifique et technique, a conclu le représentant.


En sa capacité nationale, le représentant de la Thaïlande, a ensuite souligné qu’en tant que membre du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, la Thaïlande a organisé bon nombre de séminaires, rencontres et conférences pour promouvoir la connaissance de l’application des sciences et technologies spatiales.  Dans le domaine de la communication, la Thaïlande a lancé des satellites qui diffusent notamment des programmes éducatifs dans plus de 3 000 écoles dans le pays.  Enfin, la Thaïlande prend note de l’accord de coopération signé entre le Bureau des affaires spatiales de l’ONU et les bureaux régionaux du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER).


Mme MARIA TERESA MESQUITA PESSÔA (Brésil), qui s’exprimait au nom des États du MERCOSUR, a réaffirmé l’importance qu’accordent ces pays à la thématique de la coopération pacifique touchant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Elle a déclaré que ces utilisations devaient se faire au profit de toute l’humanité.  Pour les pays du MERCOSUR, les activités spatiales devraient être un outil pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales et doivent être mises au service du développement durable.  Rappelant que, lors de la première Conférence de Rio (Sommet de la Terre), il y a 20 ans, les États avaient reconnu qu’au travers du développement durable il fallait promouvoir la dignité et le bien-être de tous les peuples sans porter atteinte aux ressources naturelles, pour le bénéfice des générations à venir, elle a noté que ce principe était toujours valable aujourd’hui.  À ce titre, la représentante a salué l’événement parallèle qui a eu lieu au cours de la Conférence Rio+20, de 2012, et qui a été organisé par le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies et portait sur l’espace et le développement durable.  Compte tenu de l’importance accrue des données et des applications des données qui proviennent de l’espace atmosphérique pour le bien-être des peuples, la représentante a insisté sur le fait que cela ne pouvait se faire sans une gouvernance adéquate et démocratique de l’espace extra-atmosphérique.  Ainsi, les pays du MERCOSUR sont en faveur de la construction progressive d’un ordre juridique applicable à l’espace qui tient compte des besoins spécifiques des pays en développement.  Abordant la question de la menace posée par une course aux armements dans l’espace, la représentante a prôné la mise en place de mesures de confiance et le multilatéralisme pour la contrecarrer.  Le bloc régional du MERCOSUR a un engagement ferme en faveur du multilatéralisme, a-t-elle rappelé, avant de souligner que l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique ne devait se faire qu’à des fins exclusivement pacifiques et que les activités spatiales devaient être conformes à la Charte des Nations Unies.  Pour veiller au respect de ces deux principes, la représentante a déclaré qu’il fallait un cadre normatif approprié.


Elle a mis en exergue les conclusions du COPUOS relatives à l’importance de la coopération internationale et régionale pour renforcer les activités spatiales à des fins pacifiques et préserver l’espace extra-atmosphérique.  Le MERCOSUR salue la proposition de créer un nouveau siège de UN-SPIDER en Argentine et félicite le Venezuela pour le lancement du satellite Miranda en 2012.


M. CARL HALLERGARD, au nom de l’Union européenne (UE), a souligné la contribution importante du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), au cours des dernières décennies, qui a mis en place une base juridique solide pour toutes les activités spatiales sur la base de l’application du droit international et de la promotion de la coopération internationale pour les utilisations pacifiques de l’espace et la diffusion et l’échange d’informations satellitaires.  Il a mis l’accent sur deux domaines de progrès dans lesquels le COPUOS est activement impliqué: à savoir le rapport final de son Groupe de travail sur les législations nationales relatives à l’exploration et l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, qui a été adopté lors de la dernière réunion de son Sous-Comité juridique.  Ce rapport est, selon le représentant, une « analyse excellente » du statut actuel et des développements en termes de législations spatiales nationales relatives à l’espace, ainsi que des cadres règlementaires existants dans ce domaine.  L’Union européenne est en faveur de l’idée de soumettre ce rapport à l’Assemblée générale pour examen au cours de sa soixante-septième session.  L’autre domaine mentionné par le représentant de l’Union européenne est celui de la mise en place effective du Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales.  Elle estime que les travaux de ce Groupe de travail seront d’une importance capitale pour les prochaines sessions.  L’Union européenne attend également les discussions futures des premiers résultats présentés par les quatre groupes d’experts qui ont travaillé sur le développement durable des activités spatiales; les débris spatiaux et les opérations spatiales; les réglementations et la météorologie spatiale.  L’Union européenne souhaiterait que l’organisation et les méthodes de travail du COPUOS soient améliorées et plus rationnelles et se dit prête à explorer des propositions concrètes en ce sens. 


Le représentant a indiqué qu’au cours des 50 dernières années, l’Europe avait développé des capacités spatiales uniques et solides, si bien qu’elle occupe aujourd’hui une place importante parmi les nations qui utilisent l’espace.  L’Agence spatiale européenne (ESA) se concentre sur la recherche et le développement de systèmes spatiaux alors que l’UE se consacre aux applications des activités spatiales et comment elles peuvent être mises au profit des citoyens européens.  L’UE accorde également des ressources financières aux programmes spatiaux.  À ce titre, le représentant a évoqué le lancement de deux nouveaux satellites en octobre dernier dans le cadre du programme européen Galileo.  L’exploration spatiale est aujourd’hui une entreprise mondiale et politique, a noté le représentant, qui a assuré que l’UE menait ses actions dans ce domaine dans le cadre d’un programme mondial.  Elle se félicite de la mise en place de la plateforme internationale de haut niveau pour permettre d’identifier les domaines de l’exploration spatiale qui sont ouverts à la coopération internationale.


« L’espace est un moteur de croissance et de développement pour tous les peuples », a remarqué le représentant.  La difficulté consiste à veiller à ce que les activités spatiales soient entreprises de manière durable.  Par conséquent, il faudrait mettre en place des mesures de transparence et de confiance pour garantir une meilleure sûreté, de la sécurité et de la viabilité aux activités menées dans l’espace extra-atmosphérique.  À ce titre, il a notamment évoqué la problématique des débris spatiaux.  À cet effet, l’Union européenne a soumis un projet de code de conduite, pour les nations spatiales, qui se base sur trois principes qui sont: la liberté pour tous d’utiliser l’espace extra-atmosphérique, la préservation de la sécurité et de l’intégrité des objets spatiaux mis en orbite et la préservation de la sécurité légitime et des besoins de défense légitimes des États.  Depuis 2010, l’UE mène des consultations larges sur ce projet en vue de son adoption future, et se félicite du soutien dont il jouit de la part de grandes nations spatiales.


Mme YESSIKA COMESAÑA PERDOMO (Cuba) a estimé qu’il était important de s’unir et de redoubler d’efforts pour prévenir la course aux armements de l’espace extra-atmosphérique et que le régime juridique actuel applicable à l’espace était bien insuffisant.  À cet égard, Mme Comesaña Perdomo a souhaité que la Conférence du désarmement joue un rôle et parvienne à un accord multilatéral pour prévenir une telle course aux armements dans l’espace.  Le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) doit également prendre son rôle au sérieux concernant la diffusion et la promotion de l’utilisation pacifique de l’espace, ainsi que l’amélioration des principes éthiques et des instruments juridiques qui garantissent un usage pacifique et non discriminatoire de toutes les applications spatiales.


Malgré ses difficultés économiques, liées au cruel blocus économique, commercial et financier qui lui a été imposé, Cuba a continué à développer la recherche spatiale, notamment l’utilisation de cette technologie en lien avec la météorologie, a expliqué Mme Comesaña Perdomo.  L’utilisation d’images satellitaires à forte résolution a permis d’améliorer les méthodes de prévision des conditions météorologiques et la prévention des ouragans et autres phénomènes météorologiques, a-t-elle ajouté.  Mme Comesaña Perdomo a souligné la nécessité d’accroître la coopération régionale et internationale, en particulier, à travers l’échange d’expérience et de technologie dans les domaines très importants surtout pour les pays en développement.  Enfin, elle a salué la contribution du COPUOS à la Conférence sur le développement durable de Rio+20 et a espéré que ces contributions seront prises en considération.


M. GABRIEL ORELLANA (Guatemala) a constaté le travail déployé par le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), et ses sous-comités, dans les initiatives visant à promouvoir l’exploration spatiale et la recherche, ainsi que l’utilisation des avantages des technologies ainsi mises au point dans l’espace terrestre.  Ce comité, a-t-il poursuivi, joue un rôle important en faveur de la promotion de la paix et de la sécurité mondiales et doit continuer d’appuyer de manière pacifique toutes les mesures prises relatives à l’espace.  Il a plaidé en faveur d’une meilleure coopération régionale dans le domaine des activités spatiales.  Il a estimé que l’actuel régime juridique devait être consolidé afin d’éviter une course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique et une militarisation de l’espace.


La question relative aux débris spatiaux est également un sujet de préoccupation pour le Guatemala, a indiqué le représentant, en souhaitant une réduction drastique de ces débris.  L’espace, a-t-il rappelé, est une « ressource naturelle limitée ».  Les traités des Nations Unies doivent être respectés et appliqués par chaque État, afin de prévenir et de réduire les litiges possibles en matière d’activités spatiales.  Enfin, M. Orellana a également souligné la difficulté, pour de nombreux pays en développement, d’obtenir des données spatiales.  Il convient à cet égard d’augmenter les échanges de données et d’informations sur des questions primordiales relatives aux technologies spatiales, a-t-il préconisé.


M. AARON RAM (Israël) a déclaré que la coopération internationale est une des solutions aux problèmes de coûts et de maîtrise de la technologie dans le domaine de la recherche et de l’exploration spatiales.  « Joindre nos efforts est le meilleur moyen de réaliser des avancées significatives et de faire des percées technologiques, cela étant surtout vrai dans le contexte de crise économique actuelle », a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite indiqué que l’Agence spatiale israélienne (ISA) poursuit une mission pacifique dans l’espace atmosphérique en promouvant notamment la coopération internationale sur une base collaborative, parce qu’elle permet notamment un échange des pratiques et des savoirs.  Dans ce cadre, cette Agence a signé des partenariats avec d’autres agences similaires dans le monde et cherche encore à en signer d’autres.


À ce titre, Israël et la France coopèrent déjà sur le projet « Venus » pour la surveillance de la faune et de l’environnement par satellite.  L’ISA est en outre un partenaire de l’Agence spatiale américaine (NASA), en particulier dans le cadre de la mission Columbia lancée en 2003.  D’autres partenariats existent aussi avec l’Agence spatiale italienne et l’Agence spatiale européenne (ESA), a encore indiqué M. Ram.  Par ailleurs, le secteur privé joue également un rôle significatif dans l’industrie spatiale en Israël, notamment avec le réseau de satellites Gilat, ou encore les satellites Amos.  Depuis 1988, Israël a lancé 15 satellites, dont 11 sont encore en orbite, a conclu le représentant.


Mme NAGAHARA (Japon) a déclaré que le tremblement de terre et le tsunami qui ont frappé l’est du Japon ont rappelé au pays l’importance des technologies spatiales en matière de prévention et de gestion des catastrophes naturelles.  Le Japon est donc d’avis qu’une coopération internationale efficace est la clef pour le développement et le maintien d’activités spatiales utiles, a poursuivi la représentante.  La délégation japonaise reconnaît le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique comme étant la seule plateforme à utiliser pour mettre en œuvre et accroître cette coopération internationale.  En échangeant leurs vues et informations en son sein, les États peuvent garantir la transparence et promouvoir une confiance mutuelle tout en trouvant des positions communes sur différentes questions, a poursuivi la représentante, soulignant par ailleurs la contribution dudit Comité aux travaux de la Conférence Rio+20.


Dans le but d’améliorer la compréhension de la question de la durabilité à long terme des activités spatiales, le Japon se prépare à organiser à Kuala Lumpur, en Malaisie, un atelier sur la protection de l’environnement spatial en décembre prochain, a indiqué la représentante.  Poursuivant son intervention, la représentante a encore indiqué que le Japon a mis en place un office de la politique spatiale nationale, dont le but est de coordonner les activités des ministères pertinents.  De plus, le Japon a réalisé le mois dernier sa troisième mission de livraison vers la station spatiale internationale (ISS) grâce au cargo spatial japonais « Kounotori-3 » et s’apprête l’an prochain, à prendre le commandement de l’ISS, a-t-elle conclu.


M. VICTOR MANUEL GENINA (Mexique) a mis l’accent sur le travail du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) afin de favoriser la coopération internationale au profit de l’utilisation de cet espace.  Il a estimé que l’espace extra-atmosphérique devait rester ouvert et accessible à tous afin que tous les États puissent l’utiliser, et ce, à des fins pacifiques, et « seulement pacifiques ».  M. Genina a par ailleurs mis l’accent sur l’utilisation de l’espace en faveur du développement, notamment dans les domaines de la santé, des télécommunications, de l’environnement, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire.  Il convient de réduire le fossé numérique au travers d’une meilleure coopération régionale, a estimé M. Genina. 


Le Mexique, a-t-il poursuivi, encourage la coopération internationale pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, ainsi que l’amélioration du système juridique pour réglementer les aspects de ces utilisations.  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel aux États Membres pour que ces derniers respectent leurs engagements d’adhérer aux traités des Nations Unies relatifs à l’espace et de répondre aux engagements pris dans le domaine de l’espace.  Le Mexique est favorable à la prévention d’une course aux armements dans le domaine extra-atmosphérique et à une meilleure coopération internationale, a conclu M. Genina.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Directeur exécutif de l’UNICEF invite les États Membres à ne pas oublier les réalités derrière des statistiques encourageantes

AG/SHC/4042

Le Directeur exécutif de l’UNICEF invite les États Membres à ne pas oublier les réalités derrière des statistiques encourageantes

17/10/2012
Assemblée généraleAG/SHC/4042
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission                                       

12e et 13e séances – matin et après-midi                    


LE DIRECTEUR EXÉCUTIF DE L’UNICEF INVITE LES ÉTATS MEMBRES À NE PAS OUBLIER LES RÉALITÉS DERRIÈRE DES STATISTIQUES ENCOURAGEANTES


Les arrêts contre Lubanga et Taylor sont des « précédents historiques »,

selon la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé


Brandissant des statistiques encourageantes, comme la réduction de moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans dus à la malnutrition, passant ainsi de 12 millions en 1999 à 6 millions en 2011, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), M. Anthony Lake, a néanmoins invité les États Membres, aujourd’hui devant la Troisième Commission, à « ne pas oublier les réalités derrière les statistiques ».


Le sort des enfants en temps de conflit armé, la violence à l’encontre des enfants et le sort des enfants autochtones en particulier, ont été les thèmes qui ont articulé le début de l’examen, par la Troisième Commission, des questions liées à la promotion et à la protection des droits des enfants. 


Auparavant, la Commission, qui est chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, avait achevé son débat général sur la promotion de la femme. 


Dans son exposé, M. Lake a affirmé que l’UNICEF éprouvait « beaucoup de difficultés » à porter assistance à de nombreux enfants vivant dans des zones isolées ou touchées par des conflits armés.


Présentant le rapport du Secrétaire général sur l’état de la Convention relative aux droits de l’enfant*, centrésur les enfants autochtones, il a affirmé que ceux-ci avaient des droits au même titre que les autres enfants et devaient donc recevoir, sans discrimination, toutes les garanties nécessaires à leur survie, leur épanouissement et leur protection.


Parmi les autres statistiques encourageantes, au 1er juillet 2012, 193 États ont ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant ou y ont adhéré, tandis que deux États l’ont signée mais sans l’avoir ratifiée.  En outre, le Protocole facultatif concernant l’implication des enfants dans les conflits armés a été ratifié par 147 États, alors que le Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution d’enfants et la pornographie mettant en scène des enfants l’a été par 158 États.


La Convention dispose aussi, depuis l’année dernière, d’un troisième Protocole, ouvert à la signature le 28 février 2012, et permettant au Comité des droits de l’enfant de recevoir des plaintes.


Le Président de cet organe chargé du suivi de la Convention, M. Jean Zermatten, a qualifié cette adoption d’« événement majeur », précisant qu’à ce jour, il avait reçu la signature de 35 États et que le texte avait été ratifié par deux pays, le Gabon et la Thaïlande.


Quant à la Convention elle-même, « trois États manquent encore à l’appel: la Somalie, les États-Unis et le Soudan du Sud, pour aboutir à une ratification universelle ». 


La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Leïla Zerrougui, a mis en exergue les jugements rendus à l’encontre de Thomas Lubanga, « seigneur de guerre » de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), et de l’ancien Président du Libéria Charles Taylor, jugé coupable de complicité des crimes commis par le Revolutionary United Front (RUF) durant la guerre civile en Sierra Leone de 1991 à 2002.


« Il s’agit de procès historiques et d’arrêts sans précédent, deux événements qui ont créé de nouveaux paramètres dans la lutte contre la violence à l’égard des enfants », a déclaré Mme Zerrougui, qui intervenait pour la première fois devant la Commission. 


Thomas Lubanga a été jugé par la Cour pénale internationale (CPI) et Charles Taylor par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.


Enfin, la Représentante spéciale sur la question de la violence à l’encontre des enfants, Mme Marta Santos Pais, a lancé un appel aux États sur l’utilisation des armes explosives, et des drones qui leurs servent de vecteurs.  Elle a appelé à des mesures urgentes et soutenues dans la lutte contre la violence faite aux enfants.


« Si nous n’accélérons pas nos efforts, d’autres priorités risquent de prendre le pas sur le combat contre cette forme de violence », a-t-elle mis en garde, en établissant l’inclusion de la protection de l’enfant comme priorité de l’Agenda pour le développement au-delà de 2015. 


Par ailleurs, la trentaine d’intervenants au dernier jour du débat sur la promotion de la femme, dont plusieurs observateurs et organisations du système des Nations Unies, ont mis en relief le travail normatif aux niveaux national, régional et international.


Certains, et notamment des représentants issus de pays sortant d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle, comme Haïti, le Népal ou la Géorgie, ont plaidé pour le maintien d’une assistance technique de qualité et pour un apport de ressources financières supplémentaires, en dépit des crises mondiales actuelles.


Israël et l’Arabie saoudite ont exercé leur droit de réponse.


La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, jeudi 18 octobre, à 10 heures, pour poursuivre son débat général sur la promotion et la protection des enfants.  Elle se prononcera aussi sur des projets de résolution. 


*A/67/225


PROMOTION DE LA FEMME (A/67/220, A/67/227  et A/C.3/67/L.2)


Promotion de la femme (A/67/38, A/67/170, A/67/258 et A/67/261)


Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/67/185 et A/67/347)


Suite et fin du débat général


Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a rappelé que les changements politiques survenus dans son pays, en 2006, s’étaient traduits par l’adoption de lois et de mesures destinées à assurer l’égalité entre hommes et femmes.  La Constitution népalaise garantit la participation des femmes à la vie politique et proclame leur droit à l’éducation et à la santé.  Elle a également évoqué la loi contre les violences domestiques adoptée en 2009, qui prévoit des mécanismes de contrôle et de répression de ces violences.  La Commission des droits de l’homme permet, selon elle, de garantir l’application des dispositions législatives népalaises de protection des femmes issues de la ratification des principales conventions internationales en la matière.


Elle s’est par ailleurs émue de la persistance du phénomène de la traite des personnes contre laquelle elle a réitéré l’engagement de son pays.  Le Népal a en effet adopté des conventions régionales et pris des mesures nationales pour éradiquer ces agissements dont la cause réside dans la « pauvreté, l’analphabétisme, l’ignorance et l’absence d’opportunités d’emploi ».  Elle a appelé les États Membres à intensifier leurs efforts dans cette lutte en apportant une aide financière et technique accrue, notamment vers les pays sortant de conflits armés.


M. MATEO ESTREME (Argentine) a félicité la Directrice exécutive d’ONU-Femmes et son équipe pour l’excellent travail accompli depuis la création de l’Entité pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en rappelant que celle-ci avait été créée sous le principe d’universalité et, qu’en conséquence, il importait de prendre en compte les pays à revenu intermédiaire dans la formulation des programmes et les différentes initiatives conduits par l’Entité. 


Le représentant a également appelé à l’adoption de normes qui donnent un élan à des politiques publiques tendant à garantir l’exercice par les femmes de tous leurs droits et l’élimination de toutes les formes de discrimination à leur égard.  L’égalité des sexes et la non-discrimination sont en effet des conditions indispensables à la réalisation de la pleine protection et du respect des droits de l’homme, a-t-il affirmé. 


L’Argentine a à son actif de nombreuses années de discrimination positive qui ont, non seulement garanti l’accès des femmes à la haute magistrature du pays et à des postes au plus haut niveau du pouvoir exécutif, mais aussi permis à l’Argentine de connaître un des taux les plus élevés, à l’échelle mondiale, de représentation féminine au parlement.


M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a reconnu que la situation de la femme restait très difficile en Bolivie, notamment pour les femmes autochtones.  Il a salué, à cet égard, la contribution des femmes au travail domestique qui, selon lui atténue les conséquences néfastes de la crise.  « Nos efforts sont difficilement visibles.  C’est pourquoi il faut revaloriser le travail domestique, il faut le voir comme une activité partagée entre hommes et femmes », a-t-il expliqué, en soulignant qu’aux yeux de son pays, le travail rémunéré n’était pas le seul indicateur de la contribution et du développement des femmes.


« Notre Constitution proclame la pleine égalité hommes-femmes à travers 25 articles pour permettre la participation des femmes à la politique notamment », a-t-il déclaré.  Il a en outre mis l’accent sur les mesures prises en faveur de l’autonomisation des femmes.  La législation foncière a été réformée pour permettre aux femmes d’être copropriétaires.  La loi sur la réforme agraire de 2006 prévoit que les femmes doivent participer au processus de distribution des terres.  Il a par ailleurs évoqué l’élection de femmes au tribunal constitutionnel et à des fonctions de la magistrature. 


Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a estimé que la promotion et la protection des droits de la femme étaient au cœur même du dispositif juridique international en matière des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Elle a constaté que les progrès vers l’autonomisation politique, économique et sociale des femmes demeuraient relatifs.  Pour cette raison, le plan stratégique « Gabon émergent » inclut des actions et des programmes qui renforcent l’engagement du pays en faveur de la promotion de la femme. 


D’autre part, le Gouvernement a institué un prix qui récompense, chaque année, les femmes qui se distinguent dans leur domaine d’activité.  Depuis 2003, un projet d’appui au développement du microcrédit a été mis en place afin d’encourager l’entreprenariat féminin dans les divers secteurs de la société et lutter contre la pauvreté, a-t-elle précisé.  Mme Ngyema Ndong a rappelé que son pays avait été le principal initiateur de la résolution 65/189 de l’Assemblée générale sur la proclamation d’une Journée internationale de la veuve.


Depuis, le Gouvernement a mis en place des politiques sociales qui contribuent à lutter contre la spoliation des veuves et à l’amélioration de leur prise en charge dans les domaines financier et matériel.  Enfin, elle a encouragé au renforcement de l’aide internationale pour le financement des programmes nationaux en faveur de l’autonomisation des femmes.   


M. KHUSRAV NOZIRI (Tadjikistan) a réaffirmé que l’égalité hommes-femmes était importante pour le Tadjikistan en particulier en ce qui concerne la représentation des femmes dans les organes gouvernementaux, la violence contre les femmes, l’accès à l’emploi et à la santé.  Un décret présidentiel garantit des opportunités d’accès dans les domaines social, économique et sanitaire, a-t-il assuré.  Il a également souligné qu’un projet de loi contre les violences domestiques était actuellement à l’examen dans le pays, conformément à un plan d’action s’étalant sur près de 10 ans. 


Le représentant a par ailleurs insisté sur le rôle crucial joué par l’éducation, ajoutant qu’afin de permettre aux jeunes filles de recevoir une instruction satisfaisante, l’âge du mariage avait été reculé de 17 à 18 ans.  Il a également déploré le fait que de nombreux problèmes persistent tels que la féminisation de la pauvreté, la mortalité infantile, les divorces et les mariages précoces.  Le Gouvernement tadjik cherche des solutions notamment par la sensibilisation et des programmes d’action, a-t-il déclaré, avant d’appeler les États Membres à lui apporter leur assistance afin de faire tomber les barrières sociales et politiques qui subsistent. 


Mme NGUYEN CAM LINH (Viet Nam) a estimé que l’intensification des efforts en vue de l’amélioration de la condition de la femme dans le monde avait créé, au cours des dernières années, un climat favorable à l’accès des femmes à l’éducation, aux services de santé, à la propriété et permis leur participation active dans les activités et la planification des politiques dans les domaines économique et social. 


Toutefois, la discrimination et les comportements négatifs continuent d’entraver la promotion de la femme et il est nécessaire, pour atteindre la parité, d’entreprendre des activités économiques intelligentes par une participation accrue des femmes au marché du travail.  L’expérience a prouvé que ce type de politique avait contribué à la réduction de la pauvreté et à une meilleure croissance économique.


Mme Nguyen a également souligné que l’intégration de la dimension sexospécifique était l’une des mesures les plus efficaces pour favoriser la participation des femmes au développement.  En outre, les législations et politiques nationales doivent s’attaquer aux causes profondes des écarts entre les sexes et, à cet égard, la communauté internationale a également un rôle essentiel à jouer en épaulant les efforts nationaux à travers des ressources financières, une assistance technique pour améliorer la collecte de données, une évaluation des résultats et un échange des bonnes pratiques. 


Mme MANAL RADWAN (Arabie saoudite) a déclaré que le Gouvernement de son pays accordait une grande importance à la condition des femmes dans les zones occupées.  Elle a affirmé que ces femmes étaient victimes d’arrestations et de tortures et a déploré le fait que la situation des femmes palestiniennes ne soit pas abordée dans les rapports de l’ONU.  De même, elle a fustigé la situation des femmes syriennes.  « Les femmes syriennes sont également victimes de viols, de meurtres et de tortures; et nous demandons à la Troisième Commission de se pencher spécifiquement sur le sort des femmes syriennes. »


La déléguée a, par ailleurs, salué l’action de son gouvernement pour favoriser l’éducation des femmes et des jeunes filles.  « Mon gouvernement encourage l’inscription des jeunes filles dans l’enseignement supérieur, notamment en leur accordant des bourses leur permettant d’étudier dans des universités étrangères. » 


Elle s’est également réjouie que, pour la première fois, les femmes peuvent devenir avocates.  Elle a ajouté que le Gouvernement saoudien avait adopté une série de législations et de mesures qui contribuent à aider les femmes à participer à l’activité économique et à réduire les entraves qu’elles pourraient rencontrer.


Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a déclaré qu’investir dans les femmes contribuait à l’élimination de la pauvreté, à une croissance économique durable et à la réalisation du développement à long terme.  Elle a insisté sur le rôle essentiel joué par les femmes dans la prévention, le règlement des conflits et la consolidation de la paix et, par conséquent, sur l’importance de placer les femmes et les filles au centre des stratégies de développement.  La violence généralisée contre les femmes est intolérable, a-t-elle affirmé, mettant l’accent sur la nécessité de faire de la lutte contre ce phénomène endémique une priorité absolue.


La Principauté de Monaco s’est dotée d’une loi récente en matière de prévention et de répression des violences particulières, cette dernière étant étendue aux violences domestiques entre conjoints ou entre personnes vivant sous le même toit.  Ce dispositif est également applicable aux auteurs de mutilations génitales féminines, de crimes d’honneur, de viols entre époux ou de viols domestiques, de l’esclavage domestique et du harcèlement, a précisé Mme Picco. 


Dans le cadre de la coopération internationale, elle a rappelé que son pays finançait des activités liées à la construction d’infrastructures hospitalières et de dispensaires, à la recherche et à la formation de personnel soignant afin de fournir des services de santé adéquats en vue de prévenir, lutter et traiter les maladies comme la drépanocytose, le paludisme et le VIH/sida.  En conclusion, elle a jugé important de renforcer l’action de la communauté internationale quant à l’intégration des femmes et des filles dans le cadre de stratégies de développement.  Elle a espéré que la volonté politique continuerait de s’affirmer.  


M. WILFRIED INOTIRA. EMVULA (Namibie) a rappelé que l’engagement de son pays en faveur de l’égalité des genres était énoncé dans la Constitution, qui indique que « toutes les personnes doivent être égales devant la loi, qu’aucune personne ne peut être discriminée en raison de son sexe, de sa race, de sa couleur, de son origine ethnique, de sa religion, de sa croyance, ou de son statut économique et social ».


Le représentant a en outre affirmé qu’un nombre significatif de ressources avait été alloué à des réformes juridiques nationales pour faire en sorte que les questions de genre soient intégrées dans toutes les lois, les politiques et les programmes.  Rappelant que la fréquence des viols contre les femmes avait fortement augmenté au cours des dernières années, ceux-ci étant devenus un sérieux problème au niveau national, le représentant a souligné que le Gouvernement avait fait passer plusieurs lois, parmi lesquelles une loi en faveur de la prévention du crime organisé, une loi pour combattre les violences domestiques et une loi pour combattre les viols d’enfants.


Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a affirmé que son pays avait renforcé le cadre juridique et mis en place des stratégies nationales de prévention de la violence.  Elle a évoqué l’adoption, le 14 décembre 2011, d’une loi contre le trafic des personnes qui touche particulièrement les femmes et les jeunes filles.  Par ailleurs, la révision en cours du Code pénal va permettre, notamment, de réprimer la mutilation génitale féminine.  Elle a également abordé le phénomène du « cybermariage » qui est, selon elle, une nouvelle forme de traite des femmes à laquelle le Gouvernement du Cameroun s’attaque.


Elle a également assuré qu’un vaste programme de lutte contre les violences faites aux femmes était en cours avec l’aide de la France et d’ONU-Femmes.  Selon elle, un examen minutieux de ce phénomène est nécessaire.  « Les contraintes économiques et sociales, l’analphabétisme rendent la femme vulnérable et la maintiennent dans la dépendance », a-t-elle expliqué.  C’est pour cette raison que l’autonomisation des femmes représente un enjeu central que son pays entend défendre. 


La déléguée a jugé essentiel de permettre aux femmes de participer pleinement à l’activité économique et politique.  Elle a mis l’accent, à cet égard, sur la mise en œuvre par le Cameroun d’initiatives de microcrédit et de soutien aux petits exploitants agricoles afin de contribuer à l’émancipation économique des femmes.


M. HABIB MIKAYILI (Azerbaïdjan) a exprimé la fierté de son pays d’être la première nation islamique à avoir accordé le droit de vote aux femmes, et ce, depuis 1918.  « Ce geste historique, effectué pendant la première République, témoigne de notre engagement à promouvoir et à préserver les droits des femmes », a assuré le représentant.


Après avoir obtenu son indépendance, le pays a continué sur la même lancée en ratifiant des traités internationaux sur les droits de l’homme, et donc de la femme.  La délégation de l’Azerbaïdjan a démontré la force de son engagement en citant la loi sur l’égalité des sexes de 2006, qui protège les droits des femmes en combattant les stéréotypes et en proscrivant toutes formes de discrimination liée au sexe.  « Plusieurs amendements ont été apportés au Code du travail pour l’application de cette loi », a précisé le représentant.


Toujours actif sur le chantier des droits des femmes, le représentant de l’Azerbaïdjan a souligné que le pays avait adopté, en 2011, une loi sur la prévention des violences domestiques.  De plus, les femmes sont présentes dans les organes législatif, exécutif et judiciaire du pays, et participent à la vie publique et politique, à telle enseigne que « les femmes composent l’Assemblée nationale à 16% », a affirmé le délégué.


L’Azerbaïdjan a aussi rappelé son engagement dans la lutte contre le trafic des personnes, en particulier les femmes et les enfants.


Mme NICOLE ROMULUS (Haïti) a déclaré  que « l’égalité des sexes n’est pas quelque chose que nous pouvons reporter car les femmes constituent la véritable force de la société en tant que chefs de file des familles ».  « Leur autonomisation n’est pas optionnelle: elle est essentielle. »


L’intégration de plus de femmes dans les espaces de prise de décisions des États est très importante pour la démocratie dans les pays comme Haïti, a-t-elle considéré, en mettant l’accent sur le contraste entre le poids démographique des femmes (52% dans son pays) et la faiblesse de leur représentation dans les sphères décisionnelles.


Par ailleurs, les femmes dans les forces de maintien de la paix jouent un rôle exemplaire mais leur pourcentage par rapport aux hommes reste également faible, a-t-elle observé.  En ce qui concerne Haïti, bien qu’un contingent de 110 membres composé de femmes venues du Bangladesh ait été affecté à ces forces, au début de cette année, la composante policière de 3 547 membres compte 324 femmes, soit 9,1% et du côté militaire, sur un effectif de 8 069, seulement 154 femmes, soit moins de 2%. 


Mme Romulus a salué le courage des femmes en uniforme qui s’adonnent quotidiennement à la protection des femmes, surtout dans les camps de déplacés.  En outre, compte tenu de la persistance des tabous sociaux qui découragent les femmes victimes de violence sexuelle de porter plainte, ou même de recevoir des soins, elle a jugé que la présence de policières était très importante car, a-t-elle dit, elle favorise des échanges, les victimes se sentant ainsi plus à l’aise pour parler de leur situation. 


M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a annoncé que, pour améliorer la participation des femmes à la vie politique et leur représentativité dans les institutions étatiques et locales, le Gouvernement du Monténégro avait initié le processus d’adoption d’un plan d’activités pour parvenir à l’égalité des sexes pour la période 2012-2016.  « Dans les représentations consulaires et diplomatiques du Monténégro, les femmes sont maintenant présentes à plus de 30% », a affirmé le représentant.


M. Šćepanović a souligné qu’ONU-Femmes menait, actuellement, le projet « Promouvoir les droits économiques et sociaux des femmes » au Monténégro.  Le but de ce projet est d’éliminer la discrimination liée au sexe dans le marché du travail.  Ce projet porte aussi sur le renforcement des capacités de la société civile à encourager et à veiller à l’inclusion de la parité dans les lois, les stratégies, les politiques et les budgets.  « Le but principal de ce projet est d’amener les femmes à créer leurs propres entreprises, et par conséquent d’augmenter le nombre de femmes entrepreneurs », a précisé le délégué.


En ce qui concerne les violences faites aux femmes, M. Šćepanović a souligné que les violences domestiques étaient inscrites au registre des crimes dans le Code pénal du Monténégro, adopté en 2002.


Mme MELAINE AURESTIE NSATOUNKAZI MPOMBO (Congo) a dressé le constat selon lequel la condition de la femme s’était améliorée au fil des ans à travers le monde.  Cette avancée résulte, a-t-elle dit, des efforts conjugués de la communauté internationale, de l’ONU, des organisations non gouvernementales (ONG), ainsi que de la société civile, en faveur de la promotion et la protection des droits de l’homme.  Des progrès restent toutefois à consolider car, a-t-elle dit, ils sont mis à mal par des défis majeurs parmi lesquels figurent la condition de la femme en milieu rural, mais également celle des travailleuses migrantes, sans oublier la problématique de l’égalité des genres. 


Sur ces questions, Mme Mpombo a souligné que son pays disposait d’instruments tels que des textes et des mécanismes institutionnels, lesquels garantissaient l’égalité et la promotion de la femme, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’accès à la propriété foncière et de l’emploi.  Outre l’action du Gouvernement congolais en vue de lutter contre la discrimination à l’égard des femmes et devant se traduire par l’adoption prochaine d’un projet de loi sur la parité hommes-femmes, des actions de sensibilisation en langues nationales sur l’élimination des violences faites aux femmes et la lutte contre le VIH/sida sont entreprises dans les principales villes du pays, a-t-elle affirmé.


Mme Mpombo a, par ailleurs, lancé un appel vibrant à la communauté internationale pour qu’elle se montre plus solidaire en faveur des droits de la femme, en appuyant les initiatives et les actions multiformes de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).


M. ALYAQOOBI (Oman) a présenté les grandes lignes de la politique de son pays en faveur de la promotion de la femme omanaise au cours des 40 années écoulées, notamment la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la soumission du rapport initial en 2009.  Il a également mis l’accent sur l’amélioration de la scolarisation des filles à tous les niveaux de l’enseignement, l’augmentation de l’âge du mariage, l’espacement entre les naissances, qui représentent les résultats les plus positifs des politiques mises en place.


En outre, des mesures spéciales sont prévues dans le Code du travail aux fins d’encourager les femmes à s’intégrer harmonieusement dans le monde du travail, et à concilier cette responsabilité avec leur vie familiale.  Le Sultanat a également proclamé le 17 octobre de chaque année Journée nationale de la femme omanaise, et a inscrit l’égalité des sexes dans ses principaux textes législatifs.


Mme NELI SHIOLASHVILI (Géorgie) a réaffirmé le profond attachement de son pays à la cause de l’égalité hommes-femmes et a cité, comme exemple de cet attachement, l’adoption d’un plan national d’action répondant, selon elle, aux exigences des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle a, par ailleurs, évoqué l’adoption de lois réprimant la violence domestique contre les femmes.


La représentante a néanmoins reconnu l’ampleur des efforts restant à accomplir et a expliqué les difficultés rencontrées par son gouvernement consécutives à la « présence militaire étrangère occupant 20% du territoire de la Géorgie ».   Selon elle, cette présence empêche le Gouvernement de remplir sa mission et a appelé la « force occupante » à remplir ses obligations humanitaires.  Elle a également assuré que son pays poursuivrait ses efforts pour assurer aux habitants de ces zones le plein bénéfice des droits qui leur reviennent en se concentrant particulièrement sur les femmes.


Mme MARINA IVANOVIĆ (Serbie) a remarqué que les discriminations persistaient contre les groupes vulnérables comme les femmes roms, les réfugiées, les déplacées, les minorités, les handicapées et les femmes rurales.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de se concentrer sur la prévention de toutes formes de discrimination dont la plus flagrante est la violence, un phénomène qui ne connaît pas de frontière.  La Serbie est pleinement engagée dans la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des recommandations du Comité s’y rapportant. 


Le pays a aussi élaboré un cadre institutionnel solide, y compris aux niveaux provincial et local, comme il a promu le dialogue en vue de développer des mécanismes de parité au niveau local.  La violence à l’égard des femmes doit être combattue d’une manière globale et sous toutes ses formes, d’où l’importance de l’établissement de mécanismes locaux solides en vue de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.


La représentante a ajouté que, consciente de l’importance de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, la Serbie avait adopté en 2010 un plan d’action national de mise en œuvre du texte. 


M. ANTONIO PEDRO MONTEIRO LIMA (Cap-Vert) a souligné que son pays avait élaboré divers programmes politiques pour réduire les écarts entre hommes et femmes.  Par ailleurs, a-t-il rappelé, la Constitution réaffirme l’égalité de tous et établit des dispositions visant à améliorer la situation des femmes.  Il a évoqué à ce titre l’obligation pour toutes les autorités publiques de créer les conditions propices à la participation des femmes et celle pour les employeurs de respecter l’égalité des salaires entre hommes et femmes. 


Le représentant s’est également félicité de la composition paritaire du Gouvernement.  Il a également exprimé la préoccupation de son pays en ce qui concerne la violence sexiste et a fait état de la création d’un réseau de diverses institutions destinées à la fourniture d’aide psychologique et sociale aux victimes de violences sexistes.


M. SEMERE AZIZI (Érythrée) a affirmé que les efforts du Gouvernement de son pays en matière de protection des femmes et de promotion de l’égalité concernaient des domaines très variés tels que l’éducation, la santé, l’eau potable et le microcrédit rural.  Il s’est également félicité de la réduction de moitié de la mortalité maternelle en moins de 20 ans dans le pays, le plaçant en position de remplir le cinquième Objectif du Millénaire pour le développement.  La violence contre les femmes fait également l’objet de mesures spécifiques, notamment en ce qui concerne la pratique de la mutilation génitale féminine.  Il a expliqué la réduction du taux d’excision de 88% à 83% par l’adoption de lois réprimant cette tradition.


Le représentant a par ailleurs souligné la nécessité pour son pays de venir en aide aux femmes dans les milieux ruraux.  Assurer la sécurité alimentaire et offrir aux femmes des moyens de subsistance passe par la construction d’infrastructures à même de moderniser le pays, a-t-il dit.  Il a notamment fait état du lancement d’une campagne nationale pour la construction de barrages et de systèmes d’irrigation dans les délais les plus courts.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a affirmé que son gouvernement avait mis en place des mécanismes ayant permis un changement profond des mentalités en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes et l’élimination des discriminations à l’égard des femmes.  Il a, ainsi, fait état de l’action de la Commission nationale pour la promotion de l’égalité qui a permis à davantage de femmes d’accéder à l’emploi dans les secteurs privé et public.


Le représentant a également abordé la question de l’avortement.  Tout en souscrivant à la déclaration de l’Union européenne devant la Troisième Commission, il a réaffirmé avec force l’opposition totale de son pays à l’avortement.  « La législation maltaise considère l’interruption de grossesse par le biais de procédures d’avortement illégale », a-t-il déclaré.


Mme ALJASIM (Bahreïn) a déclaré que, dans le cadre du plan de réforme royale, la femme avait bénéficié d’une attention particulière à tous les égards.  La vision économique du Royaume à l’horizon 2030 est fondée sur trois axes: la durabilité, la concurrence et la justice, pour que tous les citoyens, quel que soit leur sexe, puissent subsister à leurs besoins et mener une vie digne et prospère, conformément aux articles 4 et 5 de la Constitution qui consacrent l’égalité des chances entre les femmes et les hommes dans les secteurs politique, économique, social et culturel.


En guise de suivi de ces textes, les femmes ont pu participer aux élections et le pays compte actuellement 4 députées, et 10 au Conseil de la Choura, tandis que les portefeuilles du développement social, de la culture et de l’information sont tenus par des femmes.  Soucieux d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier ceux relatifs à la promotion de la femme, le Bahreïn a établi une Banque de la famille et mis en oeuvre une série de programmes de formation et de cours professionnels pour le lancement et l’exécution efficace de projets dans les secteurs social et économique.  


M. JOHN DÉKALÈGA FINTAKPA LAMEGA (Togo) a déclaré que, depuis l’année dernière, le Gouvernement avait inscrit l’autonomisation et l’accès de la femme à la terre et au crédit dans la mission du Ministère de la promotion de la femme.  Dans cet esprit et en collaboration avec les associations et organisations non gouvernementales qui s’occupent de la question, le Ministère a entrepris des actions ciblées à l’endroit des chefs traditionnels, des préfets et des femmes pour les convaincre que les femmes ont le droit d’hériter la terre, au même titre que les hommes. 


Le pays a aussi célébré pour la première fois la Journée internationale de la veuve, occasion de rappeler que des millions de femmes dans le monde se trouvent, avec leurs enfants, dans des situations de détresse après avoir perdu leur conjoint.  Dans ce contexte, le Fonds d’aide aux veuves et orphelins (FONDAVO), créé en 2010, a organisé une conférence consacrée aux mécanismes pour protéger les veuves.


Le représentant a en outre expliqué que l’absence de planification familiale dans les pays en développement constituait un véritable problème de santé publique car, chaque année, de nombreuses femmes meurent de causes liées à la grossesse.  Or, un grand nombre de ces décès aurait pu être évité s’il y avait eu une prise en charge en amont. 


M. DJIBO BARIKOYE (Niger) a affirmé que dans son pays, 54 organisations non gouvernementales et 4 coalitions d’ONG et d’associations intervenaient dans la promotion des droits de la femme et de son autonomisation à travers l’éducation, la santé et l’appui financier.  À cet égard, un cadre de concertation a été mis en place en 2004 pour renforcer l’action gouvernementale sur les questions liées au genre et à la promotion de la femme. 


Plusieurs réformes ont vu le jour en vue de l’élimination de la discrimination, de la promotion de l’égalité des sexes dans l’éducation, la santé et la justice, a-t-il encore déclaré, en précisant que la question de la sexospécificité était prise en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies, programmes et projets de développement, tant au niveau national que sous-régional. 


Il a admis, cependant, que beaucoup restait à faire, notamment en raison de la persistance défavorable de traditions et de pesanteurs socioculturelles et de la situation économique du pays.  La volonté politique existe au Niger pour aller de l’avant, a-t-il dit, mais sans la mobilisation de ressources financières conséquentes, les Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment celui relatif aux femmes, risquent de ne pas être atteints à l’horizon 2015, a prévenu M. Bariyoke.


M. ZWELETHU MNISI (Swaziland) a évoqué les efforts de son pays pour assurer la pleine égalité entre hommes et femmes.  Le lancement, en 2010, de la Politique nationale du genre vise à réduire les écarts existant entre hommes et femmes par la mise en œuvre de programmes aux niveaux national, régional et sectoriel.  Il a également réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des femmes vivant en milieu rural par leur participation au projet industriel, « Swazi Secrets », parrainé par la reine du Swaziland. 


Le délégué a néanmoins reconnu l’ampleur de la tâche restant à accomplir et a déploré les effets conjugués de la crise économique et du dérèglement climatique sur les efforts déployés en faveur de l’élimination des discriminations à l’encontre des femmes.


Il a par ailleurs souligné que son pays avait adopté des lois pour lutter contre la traite des personnes, un fléau qui selon lui nécessite une concertation étroite entre les États Membres.  Il a estimé que ces crimes étaient similaires à de l’esclavage moderne et a réaffirmé l’engagement de son pays dans les efforts de l’ONU pour leur éradication.


Mme XAREAL (Timor-Leste) a affirmé que la Constitution entérinait les droits des femmes, comme elle reconnaissait leur rôle dans l’indépendance obtenue par le pays il y a 10 ans.  Elle a souligné l’impact des femmes dans les efforts de transformation politique et de paix.  Les élections législatives de cette année ont permis aux femmes de passer de 29% à 38% de sièges occupés au Parlement, ce qui dépasse l’Objectif du Millénaire pour le développement fixé à 35%, s’est-elle félicitée.  Elle a attribué ce progrès aux activités de sensibilisation effectuées durant la campagne électorale, avec l’appui d’ONU-Femmes.  La participation des électeurs a atteint 49% pour les femmes contre 51% pour les hommes aux élections présidentielle et législatives.


La déléguée a en outre mis l’accent sur la nécessité de déployer, au niveau international davantage d’efforts pour s’assurer que les organes intergouvernementaux intègrent la dimension sexospécifique dans tous les travaux et dans tous les secteurs.  Dans cette optique, elle a vivement conseillé d’inclure un nouvel objectif relatif à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans la perspective du développement au-delà de 2015.   


Mme AMY MUEDIN, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que les femmes représentaient la moitié des 214 millions de migrants dans le monde.  Ces femmes sont sujettes à des dangers spécifiques tels que l’exploitation et la violence sexistes.  Elle a affirmé que les migrantes devaient pouvoir bénéficier des droits de l’homme dont le respect incombe aux États Membres en toutes circonstances et en tout lieu.  « Les droits des migrants sont des droits de l’homme », a-t-elle dit.


À cet égard, elle a insisté sur l’obligation de combattre la traite des personnes, une activité qui procure à ses auteurs des profits considérables.  Elle a rappelé les recommandations du Secrétaire général en matière de formation des acteurs de cette lutte que sont les agents des services de l’immigration, les officiers de police et les inspecteurs du travail.  Elle a salué les progrès réalisés et le renforcement de la coopération internationale en la matière, tout en appelant le secteur privé à prendre sa pleine part à cette lutte en imposant notamment des normes de conduite permettant de mieux maîtriser ce phénomène.


Mme ANN KYUNG UN DEER, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que les conséquences des conflits armés pouvaient être dévastatrices pour les femmes, car elles sont vulnérables face à des risques spécifiques, comme la violence sexuelle, et ont des besoins particuliers, notamment dans le domaine de la santé.  Elle a rappelé que le droit international humanitaire, en sus de la protection générale des femmes et des hommes, contenait également des dispositions fournissant aux femmes une protection supplémentaire.


Le viol, la prostitution forcée et d’autres formes de violence sexuelle sont ainsi prohibées par le droit humanitaire tant dans les conflits internationaux que civils.  Ces pratiques relèvent souvent de crimes de guerre ou d’autres crimes internationaux et leurs auteurs doivent répondre de leurs actes devant la justice, a-t-elle précisé.


L’observatrice a ajouté que le CICR s’efforçait d’adopter une approche exhaustive et multidisciplinaire pour répondre aux problèmes de la violence sexuelle.  Une telle approche inclut des mesures de prévention, des stratégies de protection axées sur les causes et les conséquences de la violence sexuelle, un appui médical et psychosocial en temps voulu pour les victimes et des activités favorisant leur réinsertion au sein de la société. 


Mme ANNE CHRISTENSEN, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a appelé à mieux prendre en compte les besoins spécifiques des femmes en matière de développement durable, notamment au-delà de 2015.  Elle a également abordé le sujet des inégalités en matière d’accès à la santé.  Elle a rappelé aux 164 gouvernements qui se sont engagés en novembre 2011 à réduire les obstacles subsistant à l’accès à la santé reproductive qu’il était impératif qu’ils remplissent leur promesse. 


Elle a réaffirmé la disponibilité des 13 millions de volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en matière de facilitation de l’accès à la santé.  Leur expérience montre, selon elle, que les communautés jouent un rôle crucial pour améliorer l’accès à la santé reproductive.  En outre, elle a enjoint les États Membres à créer des bases statistiques permettant de mieux évaluer les besoins et la situation en la matière.


Sur le thème des violences commises contre les femmes, elle a souligné la nécessité de mettre tout en œuvre pour les éradiquer.  Elle a, à ce titre, évoqué en particulier les situations d’urgence humanitaire.  Ces situations, a-t-elle expliqué, entraînent une hausse de la violence domestique et des autres violences auxquelles les femmes sont sujettes.  Elle a rappelé que la violence contre les femmes peut être résolue grâce à des approches coordonnées, globales et préventives.


M. MIGUEL BERMEO-ESTRELLA, de l’Union interparlementaire, a noté un bilan positif dans la participation des femmes aux prises de décisions politiques depuis la tenue de la Conférence de Beijing en 1995.  « À ce jour, les femmes occupent un cinquième des sièges des parlements du monde.  Cette proportion n’est pas loin du double de ce qu’elle était en 1995 », a-t-il fait savoir, estimant néanmoins que les progrès étaient au ralenti.  « Nous progressons de seulement 0,5% par an.  À ce rythme, il faudra plusieurs décennies de travail acharné avant de réaliser l’objectif d’au moins 30% de femmes au sein des parlements », a déploré M. Bermeo-estrella.


Parallèlement, il a observé, non sans regrets, le fait qu’un nombre important de parlements, en particulier dans les États arabes et les îles du Pacifique, n’aient pas en leur sein des femmes.  Selon M. Bermeo-estrella, les processus de démocratisation dans plusieurs pays arabes devaient être une opportunité à saisir en vue d’une meilleure participation des femmes dans le microcosme politique.  D’autant plus, a-t-il expliqué, que leur rôle au sein des parlements est indispensable dans la mesure où elles étaient un moteur plus puissant, en termes de prise de décisions politiques visant à l’amélioration de la situation des autres femmes.  Aussi, a-t-il recommandé que les parlements soient plus sensibles à la question de l’égalité des sexes en vue de répondre aux besoins et intérêts des hommes et des femmes, tant dans ses structures que dans ses opérations et ses méthodes de fonctionnement.


En prélude à la cent vingt-septième Assemblée de l’Union interparlementaire, qui doit se tenir à Québec, au Canada, l’observateur a affirmé qu’un nouveau plan d’action en faveur de l’égalité des sexes serait adopté, ce qui devrait marquer l’engagement des parlements « à devenir des institutions qui s’intéressent au genre et qui disposent, à cet égard, d’une feuille de route ».


Mme SARAH DUNAWAY, de l’Ordre souverain de Malte, a souligné que l’Ordre avait toujours soutenu les droits des populations rurales mal desservies, avant de présenter les activités auquelles il avait participé, en particulier au lendemain des inondations de 2010 au Pakistan par le biais de Malteser International, qui est son organisation humanitaire mondiale.


Évoquant le pouvoir de l’égalité dans l’accès à l’éducation et à l’emploi pour améliorer les conditions de vie des femmes rurales, Mme Dunaway a donné l’exemple de Nafees Masud, qui supervise les activités relatives à la santé dans le sud du Punjab et coordonne une quinzaine d’unités.  En juillet 2011, l’organisation Malteser International a offert à Masud son premier emploi dans le secteur maternel et néonatal, a expliqué l’observatrice.  Par ricochet, le travail qu’elle exerce aide à l’amélioration de la situation des mères et des enfants en milieu rural et a une résonnance positive sur toute la communauté.  Le travail de Masud est une inspiration pour la future génération de femmes au Pakistan, a estimé Mme Dunaway.


M. KEVIN CASSIDY, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a affirmé que la politique de l’OIT en matière d’égalité des sexes reposait sur deux piliers: la notion d’équité fondée sur les droits et celle de l’efficacité économique, en vertu de laquelle les femmes peuvent jouer un rôle critique en tant qu’agents économiques capables de transformer les sociétés et les économies.  


Le droit des femmes à l’indépendance économique, sur un pied d’égalité avec leurs homologues masculins, a été reconnu en juin 2007 lors de la Conférence internationale du Travail par l’adoption de conclusions concernant la promotion d’entreprises durables.  Cette reconnaissance est déterminante pour l’autonomisation économique des femmes et pour la réduction de la pauvreté, ce qui figure d’ailleurs dans les conclusions de 2009 sur l’égalité des sexes au cœur du travail décent.


Cette année, le même message a émané de la Conférence de l’OIT lorsque les 185 États membres ont adopté les conclusions sur la crise de l’emploi des jeunes.  M. Cassidy a assuré que l’OIT continuerait de consolider et d’élargir systématiquement son approche d’intégration de la sexospécificité grâce à une analyse et une réponse adaptées aux besoins spécifiques des femmes et des hommes. 


Israël a réagi aux propos de l’Arabie saoudite qui, selon elle, a lancé des accusations non fondées sur le respect du droit des femmes par son pays.  La déléguée a déclaré que les femmes en Arabie saoudite n’étaient pas autorisées à voter ni conduire et étaient obligées d’être accompagnées par des hommes dans leurs déplacements.  Elle a en outre affirmé que l’Arabie saoudite était le seul pays à avoir obtenu dans les index internationaux un résultat nul en matière d’émancipation politique des femmes.  Les lesbiennes ne peuvent être employées et des mesures de criminalisation de ces femmes sont prises, a-t-elle assuré.


La représentante de l’Arabie saoudite a répondu en réitérant que son pays s’attachait à renforcer la condition de la femme.  Elle a ajouté que de nombreux rapports des Nations Unies démontraient que les femmes palestiniennes souffraient de l’occupation israélienne.


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT


Promotion et protection des droits de l’enfant (A/67/41, A/67/225, A/67/256, A/67/230 et A/67/291)


Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants (A/67/229)


Déclarations liminaires, suivies de dialogues interactifs


M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), s’est félicité des progrès réalisés et démontrés par des statistiques encourageantes.  M. Lake a néanmoins précisé qu’il ne fallait pas « oublier la réalité derrière les statistiques » et a alerté les États Membres sur le fait qu’il reste beaucoup à faire pour mettre fin à la pauvreté, à la malnutrition et aux discriminations dont souffrent les enfants.  Il a également souligné que l’UNICEF éprouvait beaucoup de difficultés à porter assistance à de nombreux enfants vivant dans des zones isolées ou touchées par des conflits armés.


Il a déploré le fait que trop d’enfants meurent de causes qui auraient pu être évitées, notamment parce qu’ils manquent de nourriture appropriée dans les premiers jours de leur vie.  Il a évoqué le programme de nutrition comme un exemple de coopération entre les secteurs privé et public pour améliorer la nutrition.  Trente pays sont concernés par ce programme qui vise à réduire de 40% le nombre d’enfants qui ont faim d’ici à 2025.  Il s’est par ailleurs réjoui des progrès réalisés en matière de lutte contre la malnutrition et a affirmé que le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans dus à la malnutrition était passé de 12 millions en 1999 à 6 millions en 2011.


Le Directeur exécutif a également fait état d’une initiative menée conjointement par l’Éthiopie et les États-Unis qui a rassemblé en juin 156 pays, 85 organisations non gouvernementales et 220 responsables de groupes religieux.  Cet « Appel à l’action pour la survie de l’enfant » est une initiative, selon M. Lake, qui démontre l’action de la communauté internationale en la matière.


M. Lake s’est aussi attardé sur la question des enfants autochtones, précisant que le rapport qu’il présentait aujourd’hui détaille les discriminations dont ils souffrent.  Il a par ailleurs déploré le fait que les enfants handicapés qui vivent dans des pays en conflit subissent des souffrances supplémentaires.  « L’éducation est difficile par manque de professeurs ou de structures, et est parfois un luxe que les familles ne peuvent se permettre. »  Les difficultés rencontrées par les enfants peuvent se traduire par des taux d’alcoolisme et de suicide élevés, a-t-il relevé, en déplorant que certains de ces enfants soient victimes d’exploitation par les adultes.


Restant sur la question des enfants autochtones, il s’est félicité des conclusions du rapport qui, selon lui, démontrent que leur bien-être est une cause à la portée de l’ONU.  Il a salué l’action de pays tels que la Bolivie, l’Équateur et le Pérou qui ont intégré la médecine traditionnelle dans leurs systèmes de santé.  En matière d’éducation, il s’est félicité de l’adoption par le Congo de la méthode bilingue dans plusieurs écoles, une mesure qui favorise l’accès progressif des enfants autochtones à une éducation normale.  


La représentante de Cuba a salué le travail coordonné de l’UNICEF dans son pays.  Le délégué du Pérou a rappelé l’importance de la coordination et de la manifestation parallèle organisée par l’Amérique latine et les Caraïbes sur la violence à l’égard des enfants.


Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé,a présenté le dernier rapport (A/67/256)de son prédécesseur, Mme Radhika Coomaraswamy, couvrant la période allant d’août 2011 à août 2012.  Elle a ensuite mis en exergue deux événements qui ont créé de nouveaux paramètres dans la lutte contre la violence à l’encontre des enfants.  Il s’agit des procès historiques et arrêts sans précédent, selon elle, rendus par la Cour pénale internationale (CPI), d’une part, et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, d’autre part.  En effet, l’affaire Le Procureur c. Thomas Lubanga Dyilo, a été jugée par la CPI, etl’ancien Président du Libéria Charles Taylor a été jugé coupable de complicité des crimes commis par le Revolutionary United Front (RUF) durant la guerre civile en Sierra Leone de 1991 à 2002.


Pour Mme Zerrougui, ces verdicts ont repoussé les limites de la responsabilité pour violations commises contre des enfants en temps de conflit armé et établi une jurisprudence inédite en matière de crimes de guerre pour enrôlement et utilisation d’enfants dans l’affaire Le Procureur c. Thomas Lubanga Dyilo.


La Représentante spéciale a mis l’accent sur la prévention du recrutement et de l’utilisation des enfants, et souligné que la manière la plus durable de prévenir le phénomène des enfants soldats était certainement l’application de la primauté du droit.  Elle a salué la Réunion de haut niveau tenue par l’Assemblée générale sur l’état de droit au cours de la présente session. 


D’autre part, la Représentante spéciale a exhorté les États Membres à prendre des mesures pour réduire l’impact des armes explosives sur les enfants et à réfléchir à l’utilisation des drones servant de vecteurs de ces armes.


Grâce à ses efforts de collaboration avec le Bureau de la Représentante spéciale, l’Union européenne a développé des lignes directrices sur la violence avec les enfants.  Elle a émis le vœu de développer cette collaboration également avec l’Union européenne.


Mme Zerrougui a par ailleurs jugé cruciale la coopération avec les autres titulaires de mandats et avec tous ceux qui oeuvrent à l’état de droit.  Il convient, a-t-elle dit, que chaque mandat veille à coopérer en matière d’assistance technique, de travail sur le terrain et de collecte et d’échange d’informations.


À l’avenir, elle compte notamment se concentrer sur le renforcement des mandats et leur mise en œuvre avec un suivi, une évaluation et une redevabilité.


Des mesures concrètes sont nécessaires et le fait de parvenir à un consensus permettra de transmettre un message fort à ce propos, a-t-elle conclu.


Le représentant de l’Allemagne, s’exprimant en tant que Président du Groupe du Conseil de sécurité sur les enfants en temps de conflit armé, a demandé à Mme Zerrougui quelles étaient les mesures supplémentaires qu’elle recommandait pour la poursuite des auteurs de ces crimes, y compris dans le cadre de la justice transitoire.  En outre, les systèmes de justice locaux peuvent-ils être associés et de quelle façon?


Son homologue de la Norvège a exprimé son souhait que le Comité des opérations de maintien de la paix recommandât que les dispositions de protection des enfants soient intégrées dans les mandats de maintien de la paix.  


Le délégué de l’Union européenne a salué les verdicts ayant condamné Thomas Lubanga et Charles Taylor en République démocratique du Congo (RDC) et au Libéria et a demandé à Mme Zerrougui comment les mécanismes de protection pouvaient être renforcés.


Le représentant du Canada a estimé que les succès enregistrés par l’ONU en matière de protection des enfants en temps de conflit armé étaient dus à la collaboration entre les institutions de l’ONU.  Que compte-t-elle faire pour renforcer le réseau de collaboration entre agences onusiennes et structures régionales, a-t-il demandé.


Le délégué du Japon a salué le travail et l’action de Mme Zerrougui et a réaffirmé l’engagement de son pays à continuer à l’appuyer.


Le représentant de la Slovénie a exprimé la préoccupation de son pays concernant les répercussions sur les enfants de l’utilisation d’armes explosives.  Le représentant a demandé à Mme Zerrougui comment elle avait l’intention de traiter cette question.


Sa collègue de l’Iran a posé deux questions à Mme Zerrougui.  La première concernait les répercussions éventuelles des groupes terroristes sur son action et sur les enfants.  La seconde portait sur les répercussions de l’occupation sur les enfants.


Le délégué de la Suisse a exprimé son souhait d’ajouter deux autres types de violation grave, à savoir les enlèvements et le déni d’accès à l’action humanitaire.  De plus, a-t-il déclaré, la poursuite des acteurs non étatiques devrait être renforcée.  Comment les Nations Unies et les Tribunaux pénaux internationaux pourraient-ils renforcer leur collaboration, a-t-il demandé.


Son homologue de l’Autriche a souhaité savoir si Mme Zerrougui avait l’intention de rassembler des données statistiques permettant d’évaluer les souffrances éprouvées par les enfants et causées par l’utilisation d’armes explosives.


La représentante des États-Unis a d’abord demandé à Mme Zerrougui quelle était la meilleure manière d’assurer la poursuite des auteurs de violations contre les enfants en temps de conflit armé.  Elle a également souhaité savoir si Mme Zerrougui avait une idée des moyens d’encourager les gouvernements à participer à la poursuite des infractions en temps de conflit, notamment celles qui concernent le recrutement d’enfants.  Sur le même thème de l’enrôlement, elle a demandé à Mme Zerrougui comment intégrer une perspective de genre dans son action contre l’enrôlement des enfants.


Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, a réponduque tant le rapport du Secrétaire général que sa présentation montraient bien à quel point il était important de sensibiliser les autorités et les institutions nationales dans le contexte de la lutte contre l’impunité.  Ceux qui persistent dans la violence forcée contre des enfants en temps de guerre doivent savoir qu’il y a un prix à payer pour ces agissements.  Elle a déclaré que, venant du terrain, à l’évidence elle avait constaté un manque cruel de capacités.


D’autre part, les victimes doivent aussi faire partie de la solution dans le processus de réparation, de désarmement et de réinsertion.  Il importe donc de ne pas stigmatiser ou diaboliser les enfants et de réfléchir plus encore à la manière de les réintégrer dans la période postconflit.  Cela pourrait se faire par l’inclusion de spécialistes de l’enfance dans les opérations de maintien de la paix.  Il est essentiel de bénéficier de cette expérience sur le terrain malgré les difficultés issues de la crise financière.


En ce qui concerne l’enregistrement, les enfants ne bénéficient pas encore de registres dans certains pays et régions.  Elle a ainsi mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser les gens pour que les enfants ne subissent pas de discrimination à l’heure de l’enregistrement ou, à défaut, de rechercher et d’appliquer des solutions de rechange ou des alternatives.  Une nouvelle jurisprudence va aider les juges nationaux à résoudre les problèmes qui se posent.  Parfois, cela n’est pas possible car les capacités nécessaires n’existent pas ou le système de justice n’arrive pas dans les régions reculées ou instables.


La problématique de l’utilisation des armes explosives incombe d’abords aux États, lesquels doivent les enregistrer et recueillir des informations.  


Mme MARTA SANTOS PAIS, Représentante spéciale sur la violence à l’encontre des enfants, a présenté son troisième rapport annuel (A/67/230), donnant un aperçu des résultats stratégiques obtenus grâce à l’appui critique des États Membres et des partenariats développés entre les agences des Nations Unies et les mécanismes des droits de l’homme, les organisations régionales, la société civile et les enfants eux-mêmes.  


Elle a souligné le fait que ces dernières années ont marqué un engagement coordonné à prévenir et éliminer la violence à l’encontre des enfants.  L’Étude du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des enfants a fourni une occasion unique pour traduire dans la pratique le principe essentiel promu par l’Étude: aucune violence à l’encontre des enfants n’est justifiable et toute violence peut être prévenue.


Parlant de la consolidation du socle des droits de l’homme à travers la ratification et l’application des traités relatifs aux enfants, ainsi que la promotion de nouvelles normes internationales, Mme Pais a mis en exergue le rôle catalyseur de la campagne des Nations Unies en vue de la ratification universelle des protocoles facultatifs se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant, lancée en 2010. 


Depuis cette date, 23 nouveaux États ont adhéré au Protocole sur la vente des enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, et plus des deux tiers des États qui n’étaient pas encore parties se sont formellement engagés à la ratification dans le contexte de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme ou devant les mécanismes des droits de l’homme.  « Nous approchons de la ratification universelle et je compte sur votre appui pour en faire une réalité pour tous », a déclaré la Représentante spéciale en s’adressant aux États Membres. 


Mme Pais a également fait état d’actions stratégiques entreprises pour garantir efficacement la protection des enfants; et d’importantes avancées ont été réalisées dans les domaines normatif, politique et institutionnel.  La violence contre les enfants ne connaît pas de limites géographiques, culturelles ou sociales, raison pour laquelle la Représentante spéciale a instauré un système de coopération étroite à travers des consultations régionales.


Elle a cité l’exemple des consultations en République dominicaine, en Jamaïque et au Sri Lanka, alors que des réunions d’examen ont eu lieu avec le Marché commun du Sud (MERCOSUR) et la Ligue des États arabes.  Elle a également témoigné de ses échanges extraordinaires qu’elle a eus avec des enfants lors de ses 17 missions sur le terrain, aspect fondamental de son travail.


Mme Pais a conclu que les prochaines années seraient stratégiques pour avancer dans la lutte contre la violence à l’égard des enfants, mais que la réalisation de progrès dépendrait de la prise de mesures urgentes et soutenues.  « Si nous n’accélérons pas nos efforts, d’autres priorités risquent de prendre le pas sur le combat contre cette forme de violence », a-t-elle encore souligné, en appelant à l’inclusion de la protection de l’enfant en tant que priorité de l’Agenda pour le développement au-delà de 2015.  « C’est une occasion qu’il ne faut pas rater! »


La représentante de la Jordanie a souhaité savoir quelles seraient les priorités de Mme Santos Pais dans le cadre du renouvellement de son mandat.  Elle a également abordé la question du financement de son mandat qui s’appuie sur les contributions volontaires des États Membres.  Dans cette optique, comment envisage-t-elle son mandat?


La déléguée du Japon a affirmé que le rapport présenté par Mme Santos Pais affirmait que la recherche et les données statistiques étaient essentielles pour analyser l’impact des violences contre les enfants et les prévenir.  La représentante s’est inquiétée de l’absence de méthodologie statistique commune sur le plan international et a souhaité savoir si Mme Santos Pais allait mener des actions concrètes pour surmonter ces difficultés méthodologiques.  Elle a par ailleurs évoqué la situation des pays ne disposant que de moyens très limités.  Elle a demandé comment ces pays pouvaient renforcer leur lutte malgré leur manque de moyens.


Le représentant d’El Salvador a encouragé Mme Santos Pais à s’attaquer aux raisons profondes de la violence.  En ce qui concerne les filles, a-t-il ajouté, il est nécessaire d’avoir une présence sur place et il a réitéré l’invitation adressée à Mme Santos Pais à se rendre à El Salvador en 2013.


Le délégué de l’Union européenne a demandé à Mme Santos Pais quelles étaient ses recommandations pour protéger les enfants dans les systèmes judiciaires pour mineurs, notamment en ce qui concerne la formation des professionnels qui leur sont affectés.  Il a également évoqué la recommandation formulée par le rapport de Mme Santos Pais en matière d’information des enfants afin qu’ils puissent connaître leurs droits et ainsi être mieux protégés contre des abus éventuels.  Il a souhaité savoir quelles avaient été les actions concrètes qu’elle avait menées pour assurer l’information des enfants. 


« Dans votre rapport, vous parlez des alternatives à l’emprisonnement. Pouvez-vous nous donner des exemples », a demandé pour sa part le représentant de l’Autriche.


Le représentant de la Slovénie a estimé que la violence contre les enfants devait être traitée dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement après 2015.  Il a demandé si la Représentante spéciale pouvait revenir sur les objectifs des États après 2015.


Répondant au Salvador, Mme MARTA SANTOS PAIS, Représentante spéciale sur la violence à l’encontre des enfants, a remercié ce pays pour l’invitation qu’il lui a adressée.  Dans les liens entre la violence et la criminalité transnationale organisée, elle a fait remarquer que, parfois, les jeunes devenaient otages d’une situation de violence alors qu’ils ne sont pas réellement responsables, car il n’existe pas de système de protection des enfants.  De là, la nécessité d’institutions offrant des alternatives viables pour empêcher que des enfants et des jeunes soient embrigadés de force ou détenus pour de petits délits.


Généralement le personnel des centres de détention n’est pas dûment formé et souvent, les enfants partagent les mêmes cellules que des adultes.  Parfois l’amputation, la lapidation, l’emprisonnement à perpétuité et d’autres sévices graves sont appliqués dans certains pays.  Il faut alors établir un dialogue avec eux pour changer cet état de choses.  Elle a mis l’accent sur la nécessité de sanctions alternatives, de restauration ou d’autres formules.


Par ailleurs, la Représentante spéciale a affirmé que le mandat n’était financé que par des contributions volontaires, ce qui entrave son efficacité.  Elle a appelé à placer ce mandat au même niveau que d’autres mandats dans le système des Nations Unies. 


M. JEAN ZERMATTEN, Président du Comité des droits de l’enfant, s’est réjoui de l’adoption du troisième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et de sa signature par 35 États ainsi que de sa ratification par le Gabon et la Thaïlande.  Ce Protocole donne compétence au Comité pour recevoir et examiner les plaintes d’enfants, ainsi que pour organiser des visites de pays en cas de violations systématiques et récurrentes de leurs droits.  Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants a été ratifié par 160 pays et le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés par 150 pays, a-t-il dit, appelant les pays à ratifier ces deux instruments.


« Notre Comité enregistre des progrès significatifs dans la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant et constate que de nombreux États ont adopté des mesures législatives », a-t-il rappelé.  Il a néanmoins déploré le fait que la crise actuelle touche en priorité les enfants.  « Les enfants sont les victimes des coupes drastiques des budgets publics, notamment dans les pays en développement », a-t-il dit, demandant aux Etats Membres de déterminer des lignes budgétaires protégées en cas de crise économique.


Il a également abordé l’impact que les changements climatiques ont et auront selon lui sur les enfants.  Il a exprimé ses craintes en matière d’accès à l’eau potable, de malnutrition, de déforestation et de propagation de maladies, conséquences susceptibles de pousser les enfants à migrer et à être mis dans des positions de vulnérabilité évidentes à l’exploitation de la part d’adultes.


Il a dressé une liste des défis et des zones potentielles de régression.  La justice juvénile en est un, celle-ci étant mise à mal par de nombreux pays qui privilégient les mesures sévères et se détournent des mesures alternatives.  L’abaissement de la majorité pénale, les privations de liberté, le recours à des politiques sécuritaires sont autant de mesures qui constituent des dangers pour les droits des enfants, a-t-il estimé avant de rappeler qu’« un enfant auteur d’infractions est aussi un enfant en danger ».


Le Président s’est aussi penché sur la question du retard pris par son Comité.  Il a déploré le fait que le travail du Comité ne se déroulait plus en deux chambres, ce qui cause des délais pouvant aller jusqu’à trois ans entre la remise d’un rapport par un État Membre et la considération de ce rapport par le Comité.  Le Comité demande donc à l’Assemblée générale de pouvoir siéger en deux chambres lors d’une des trois sessions annuelles de travail à partir de 2013.  Cette décision donnerait au Comité la possibilité d’étudier huit rapports supplémentaires, a-t-il justifié, en appelant les États Membres à augmenter leurs contributions afin que le Comité puisse élargir l’étendue de ses actions.


Le représentant de la Malaisie, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a salué le fait que l’UNICEF et les deux Représentantes spéciales accordent la plus haute importance à la coordination dans la promotion et à la protection des droits des enfants dans le monde et réduisent les chevauchements dans les activités relevant de leurs mandats respectifs. 


Le rapport sur la justice pour les jeunes en est un bon exemple.  Une approche coordonnée doit être développée par les États Membres et les différents acteurs de l’ONU.  L’ANASE souhaite poursuivre sa collaboration fructueuse à cet égard pour la promotion et la protection des droits de l’enfant.  Il a dit sa satisfaction de voir une référence faite par Mme Zerrougui dans le rapport sur la protection des enfants dans les situations de conflit armé, notamment le manque de capacités des pays.  Il a également encouragé à redoubler d’efforts dans la coordination, dans la perspective de l’adoption de l’Agenda pour le développement au-delà de 2015.


S’adressant aux quatre intervenants, le délégué du Pakistan a pris bonne note des positions exprimées et assuré de la coopération de son pays.  Il a également recommandé d’éviter les chevauchements et rappelé une résolution de la soixante-sixième session à ce propos.  Il a insisté pour que l’on ne désignât pas nommément les pays mais qu’on utilisât une approche centrée sur la protection de l’enfance.  Les États Membres ont montré leur volonté politique et engagement collectif en adoptant la Convention relative aux droits de l’enfant, a-t-il dit, en encourageant à travailler d’une manière consensuelle sur le sort des enfants en temps de conflit armé.


La représentante de la Norvège a sollicité des informations sur le rapport sur le handicap et a voulu savoir s’il y a eu un suivi des recommandations.


D’autre part, les méthodes de travail et le retard pris dans l’examen des rapports périodiques par le Comité des droits de l’enfant ont été abordés par le Liechtenstein, le Chili et Cuba, qui ont demandé quelles mesures pouvaient être envisagées autres que celle autorisant les membres du Comité à se réunir en deux chambres.


Le délégué du Chili a affirmé que, lors de la présentation de son dernier rapport au Comité, son pays avait aussi associé des enfants, lesquels ont pu s’exprimer.  Il a mis l’accent sur la nécessité de trouver des solutions rapides pour que le travail se fasse d’une manière efficace et pour trouver des solutions permanentes.  Comment le Comité pourrait également améliorer la diffusion de ses travaux dans les pays?


La Suisse s’est penchée sur l’obligation aussi bien des États que des entreprises à respecter les droits de l’enfant et a voulu savoir comment le Comité envisageait de coopérer avec le Groupe de travail sur les sociétés privées. 


L’Union européenne a exprimé son inquiétude face à la violence xénophobique, également citée dans le rapport du Comité des droits de l’enfant.  Comment le Comité peut-il appliquer la pratique d’examen de plaintes qui concerne le troisième Protocole à la Convention relative aux droits de l’enfant, a demandé le représentant.


Le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), M. Lake, a répondu aux déclarations du Pakistan et de la Malaisie en soulignant notamment sa volonté de mettre en exergue la complémentarité et le non-recoupement des mandats.  « C’est une question de ressources mais aussi d’efficacité », a-t-il réaffirmé.  Concernant le programme d’après-2015, il s’est montré optimiste sur les perspectives de collaboration entre l’UNICEF et la Troisième Commission en matière d’Objectifs du Millénaire pour le développement.  En réponse à la Norvège, il a déclaré qu’il souhaitait que les recommandations qu’il formule à propos des enfants autochtones s’appliquent aussi aux enfants handicapés et a souligné que les enfants handicapés feraient l’objet du prochain rapport de l’UNICEF.


M. Zermatten a estimé que le Comité des droits de l’enfant avait noué des collaborations avec des groupes régionaux et s’est montré disponible pour une collaboration de ce type avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.  En ce qui concerne le manque de capacités et la difficulté d’appliquer tout le corpus d’instruments internationaux relatifs aux enfants, il a recommandé de procéder à des formations.  « Nous devons former toutes les personnes qui travaillent avec et pour les enfants », a-t-il insisté.


Sur la question de la mise en place des conclusions du rapport sur les enfants handicapés, il a rappelé que le Comité avait déjà fixé comme critère de discrimination le handicap et placé cette question sous un angle de santé publique.


À la question de la Suisse, il a répondu que, depuis peu, le Comité traitait de la question de la relation des enfants, des États et du secteur privé et allait rédiger un rapport sur ce sujet.  Il a ajouté que cette question était difficile à traiter car l’État pouvait être acteur de la vie économique et les entreprises pouvaient être de type et de taille divers.  Il a recommandé l’ouverture d’un dialogue national entre tous ces acteurs.  Dans un contexte international, le Comité recommande parfois aux États d’étendre leur juridiction à des cas qui tombent sous le coup du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.


Débat général


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, a souligné l’importance des progrès vis-à-vis des enfants appartenant aux groupes vulnérables.  Afin d’accélérer les efforts visant au bien-être social des enfants et de la famille, l’ANASE a adopté un cadre stratégique en 2010 et un Plan d’action 2011-2015 comportant toutes ces dimensions.  


La protection des droits de l’enfant est une condition préalable au développement durable et les États de la région ont consenti des efforts significatifs en termes normatifs, de justice réparatrice des enfants en conflit avec la justice, et des enfants dans les conflits armés.  L’accent a été mis sur l’examen et l’évaluation de la situation des enfants, dans le but d’arriver à des résultats qui soulageraient les enfants des souffrances et les préserveraient de la violence et de toutes les formes de discrimination.


Une stratégie multisectorielle des interventions a été mise au point à l’occasion d’ateliers qui guident les États Membres dans la formulation de politiques de systèmes dûment ciblés et rentables.  Des projets ont été mis en place pour établir un environnement plus propice au développement de l’enfant, des services spécialisés et un système intégré pour prendre en considération tous les aspects de la protection de l’enfance.  


L’ANASE partage la préoccupation du Secrétaire général sur la nécessité d’intervenir sur la cybercriminalité ciblant les enfants.  La question de l’exploitation sexuelle et la cybercriminalité est également abordée dans le cadre d’ateliers et dans les différents forums régionaux et sous-régionaux traitant des enfants.  Ceux-ci ont d’ailleurs l’opportunité d’exprimer leurs difficultés et aspirations, comme de mieux les informer sur leurs droits dans le cadre du Forum LEAD.   


Mme CHAHIN (Chili), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a déclaré que son groupe soutenait un nouveau mandat de trois ans de la Représentante spéciale sur la question de la violence à l’encontre des enfants.  Elle a également souligné que son groupe continuerait de participer de façon active au projet de résolution « omnibus » sur les droits des enfants présenté par l’Uruguay. 


Elle a par ailleurs exprimé l’engagement de son groupe en faveur de la défense des droits des enfants autochtones qui souffrent de formes graves de discriminations et d’exclusions ».  Il faut satisfaire leurs besoins élémentaires, les intégrer dans les législations nationales, a-t-elle insisté, en estimant que l’accès aux services sociaux serait de nature à permettre à ces enfants de mieux s’intégrer.


Elle a également reconnu le fait que les contributions privées et de la société civile pouvaient faire la différence et a rappelé le rôle que les médias pouvaient jouer pour promouvoir et protéger les droits des enfants.  Elle a dit la vive émotion suscitée au sein de son groupe concernant la traite d’enfants qui « peut s’accompagner de la prostitution, de l’exploitation sexuelle et de cyberprostitution ».  Elle a estimé que les ripostes à ces violences devaient adopter des approches sexospécifiques pour prendre en compte les fragilités spécifiques de chaque enfant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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