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Deuxième Commission: le programme de développement pour l’après-2015 doit prendre en compte la question des pays en situation particulière, préconisent les délégations

AG/EF/3373

Deuxième Commission: le programme de développement pour l’après-2015 doit prendre en compte la question des pays en situation particulière, préconisent les délégations

21/10/2013
Assemblée généraleAG/EF/3373
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                        

14e & 15e séances – matin & après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015 DOIT PRENDRE EN COMPTE

LA QUESTION DES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE, PRÉCONISENT LES DÉLÉGATIONS


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné aujourd’hui le point de son ordre du jour relatif à la situation des groupes de pays en situation particulière en matière économique, commerciale, financière et de développement.  Les avis exprimés par les délégations ont convergé sur le fait que les préoccupations spécifiques des pays les moins avancés (PMA), des petits États insulaires en développement (PEID), et des pays en développement sans littoral devraient faire partie des politiques, programmes et recommandations du futur programme de développement pour l’après-2015.


Les débats tenus aujourd’hui ont permis aux délégations de faire une évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020, adopté en mai 2011, et également de parler de la Conférence consacrée à l’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty pour les pays sans littoral, prévue en 2014.


M. Gyan Chandra Acharya, Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté trois rapports* du Secrétaire général sur les questions à l’ordre du jour des travaux de la Commission.  Concernant les pays en développement sans littoral, il a indiqué que le coût moyen d’envoi d’un conteneur est de 3 040 dollars dans ces pays, soit plus de deux fois celui en cours dans les pays ayant un littoral marin, où ce prix est de 1 268 dollars.  Notant que cette donnée est un obstacle majeur à l’intégration des pays enclavés aux échanges mondiaux, il a souhaité que la Conférence consacrée à l’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty puisse aboutir à des résultats concrets et pratiques en faveur des pays sans littoral, notamment la promotion de mesures favorables à la coopération régionale et interrégionale en vue d’améliorer les conditions de transport, les procédures douanières, et de favoriser l’investissement dans les infrastructures pertinentes. 


Le représentant de l’Éthiopie, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a soutenu la promotion de l’intégration régionale, tout en rappelant que la mise en place d’infrastructures à l’échelle régionale a un coût que les pays en développement ne peuvent assumer par eux-mêmes.  À cet égard, il a cité le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) dont la mise en œuvre des projets requiert un investissement de l’ordre de 24,4 milliards de dollars pour le financement de routes et de voies ferrées au cours de la période allant de l’année 2012 à l’année 2020.


Parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la délégation des Fidji a appelé la communauté internationale, notamment les pays industrialisés, à respecter les engagements qu’ils ont pris en termes d’aide publique au développement (APD).  Cette aide reste indispensable, et il faut aussi donner aux produits des PMA un accès sans quota et en franchise de droits aux marchés mondiaux tout en leur offrant une aide au commerce, a plaidé la délégation des Fidji.  Prenant la parole, le représentant de l’Union européenne (UE) a indiqué que l’Union européenne avait pris l’engagement de faire bénéficier les PMA d’un accès sans droits ni quotas aux marchés de l’Union pour tous leurs produits, en dehors des armes et des munitions.  Cette mesure, inscrite dans le cadre du système global des préférences commerciales, entrera en vigueur en janvier 2014, a indiqué le représentant. 


Au nom du Groupe des PMA, le représentant du Bénin a exprimé une grande préoccupation face à la baisse de 12,8% du montant de l’APD destinée aux PMA.  Cette baisse a été de 4% pour le reste des pays en développement, a-t-il relevé.  Sans accès aux technologies modernes et appropriées, les PMA ne seront pas capables d’assurer leur compétitivité sur le marché mondial et d’évoluer pour rejoindre la catégorie des pays à revenus intermédiaires, a-t-il aussi noté, tout en souhaitant la rapide mise en place de la banque des technologies en faveur des PMA évoquée dans le Programme d’action d’Istanbul.  À cet égard, le représentant de la Turquie a rappelé que son pays est prêt à accueillir le siège de cette institution.


Dans son intervention, le représentant de Tuvalu a déclaré qu’alors que l’on s’approche de l’Année internationale des PEID, qui sera célébrée en 2014, et de la tenue de la troisième Conférence internationale sur ces pays qui aura lieu au mois de septembre prochain à Apia, à Samoa, il est impératif et urgent de renforcer la durabilité financière des petits États insulaires en développement.  Il a salué la décision prise par le Conseil économique et social (ECOSOC) de reporter l’examen de la situation de Tuvalu en vue ou non de la prise d’une décision sur son éventuelle sortie de la catégorie des PMA.  Il a rappelé que son pays ne remplissait pas le critère de graduation relatif à l’index de vulnérabilité économique.  Parlant de la graduation des Maldives de la catégorie des PMA, le représentant de ce pays a dit que le passage des Maldives du statut de PMA à celui de pays à revenu intermédiaire n’a pas changé la donne socioéconomique qui y prévaut.  Il a déploré le fait que le changement de statut des Maldives ait été dicté par des critères qu’il a jugés « discutables et problématiques », citant notamment celui ayant trait au niveau du produit national brut par habitant.  On aurait du prendre en compte les indicateurs sociaux des Maldives, avant de prendre cette décision, a-t-il estimé.  Il a, de ce fait, appelé les Nations Unies à établir une nouvelle catégorie comprenant les pays dont l’économie est de petite taille, rappelant que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déjà adopté cette méthodologie et reconnaît une catégorie spécifique de « petites économies vulnérables ».


La Deuxième Commission examinera demain, mardi 22 octobre à 10 heures, le point de son ordre du jour sur « les technologies de l’information et des communications pour le développement ».  Dans l’après-midi, la Commission et le Conseil économique et social organiseront une réunion d’échanges interactifs sur le thème « Inégalités, croissance et perspectives de l’économie mondiale ».


GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE


Rapport du Secrétaire général sur l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (A/68/88–E/2013/81 et A/68/88/Corr.1–E/2013/81/Corr.1)


Le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), qui a été adopté par la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) en 2011, consacre les engagements pris par la communauté mondiale pour éliminer la pauvreté, transformer les structures et atteindre un développement durable dans les pays les moins avancés.  Le Programme est structuré autour de huit domaines d’action prioritaires, avec 47 buts et objectifs qui doivent être atteints d’ici à 2020.


Le Secrétaire général remarque que la première année d’application du Programme d’action a coïncidé avec le ralentissement de la production mondiale, qui s’est répercuté, à certains égards, sur l’économie des PMA.  Avec le relâchement de la croissance économique mondiale, ajoute-t-il, les apports privés, en particulier l’investissement direct extérieur, ont faibli pour la troisième année consécutive et les flux publics d’aide au développement ont stagné après avoir progressé régulièrement pendant des années.


Le rapport indique que le produit intérieur brut (PIB) moyen des pays les moins avancés n’a augmenté que de 4% en 2011 alors que sa croissance moyenne avait atteint 7,3% entre 2001 et 2010.  De même, il relève que le nombre des pays les moins avancés dont la croissance a été égale ou supérieure à 7%, chiffre fixé dans le Programme d’action, a reculé de 15 entre 2001 et 2010 à 11 en 2011.


Le Secrétaire général rappelle ensuite que dans sa résolution 66/213, l’Assemblée générale a prié son président de créer un groupe de travail spécial chargé d’étudier plus avant et de renforcer le processus de transition sans heurt des pays sortant de la catégorie des PMA.  De même, ajoute-t-il, l’Assemblée générale a adopté sa résolution 67/221 dans laquelle elle a souligné la nécessité d’une transition dans le bon ordre et progressive pour les pays qui cessent d’appartenir à la catégorie des PMA sur la base d’une solide stratégie nationale de transition sans heurt appuyée par des mesures internationales.  Dans la même résolution, l’Assemblée générale a invité aussi les partenaires de développement à tenir compte d’indicateurs tels que le revenu national brut, l’indice du capital humain et l’indice de vulnérabilité économique pour déterminer l’octroi de leur aide publique au développement (APD).


M. Ban indique par la suite que pour relever ces nouveaux défis et atteindre les buts et objectifs du Programme d’action d’Istanbul, il faudra que les pays les moins avancés et leurs partenaires dans le domaine du développement agissent résolument dans les huit domaines prioritaires de ce programme.  Il suggère également dans ce rapport qu’une attention particulière soit accordée à l’édification de capacités productives, qui sont indispensables à la croissance, la transformation structurelle et à la création d’emplois décents. 


Il note aussi qu’avec l’approfondissement des relations entre les pays les moins avancés et les pays émergents, et une possibilité sensible qu’elles s’accroissent, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire pourraient se renforcer dans tous les domaines concernés par le Programme d’action d’Istanbul, avec un renforcement des efforts de collaboration institutionnalisée.  De même, des ressources provenant d’un financement novateur devraient être mises à la disposition des pays les moins avancés, conclut-t-il dans ce rapport.


Rapport du Secrétaire général sur la Banque des technologies et mécanisme d’appui à la science, à la technologie et à l’innovation expressément consacrés aux pays les moins avancés (A/68/217)


Le Secrétaire général rappelle que la Déclaration d’Istanbul se félicitait de l’offre généreuse du Gouvernement de la Turquie, qui était prêt à accueillir un Centre international de la science, de la technologie et de l’innovation.  Dans sa résolution 2012/26, le Conseil économique et social a réaffirmé le mandat du Programme d’action d’Istanbul à cet égard.


Selon le Programme d’action d’Istanbul, une banque des technologies et un mécanisme d’appui à la science, à la technologie et à l’innovation expressément consacrés aux pays les moins avancés (PMA) aiderait ceux-ci à progresser dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation, à promouvoir le travail en réseau parmi les chercheurs et les instituts de recherche, à accéder aux technologies essentielles et à les utiliser, ainsi qu’à combiner les initiatives bilatérales et l’appui d’institutions multilatérales et du secteur privé, en s’appuyant sur les initiatives internationales existantes.


Le rapport propose que la banque des technologies comprenne : une banque de brevets pour faciliter l’accès des PMA aux technologies appropriées et les aider à les utiliser; un mécanisme d’appui à la science, à la technologie et à l’innovation pour aider les pays les moins avancés à progresser dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation et un service d’archives de la recherche scientifique et technologique pour promouvoir le réseautage mondial des chercheurs et des établissements de recherche des PMA.  Un soutien mondial solide sera la clef du succès de la banque des technologies, note le Secrétaire général.


M. Ban souligne qu’aucun pays n’a pu s’engager dans une croissance économique rapide sans évolution technologique préalable.  Il se pourrait qu’il faille des dizaines d’années aux PMA pour surmonter leurs contraintes structurelles, à moins qu’ils n’arrivent à renforcer sensiblement leur base en matière de science, technologie et innovation, note-t-il.  Par conséquent, l’évolution technologique est la clef de la croissance et du développement accélérés de ces pays les moins développés et, dans le cadre de ce processus, de leur retrait de cette catégorie, ajoute-t-il. 


À l’échelle mondiale, note le rapport, le nombre total d’articles scientifiques et techniques publiés dans les revues spécialisées s’élevait à 788 333 en 2009, parmi lesquels les contributions des PMA comptaient pour 0,0018% de ce total.  Même s’ils comptent pour environ 12% de la population mondiale, les pays les moins avancés n’ont produit qu’une part presque négligeable d’articles scientifiques et techniques, alors que les États-Unis, avec plus ou moins 4,5% de la population mondiale, ont publié 26,5% de tous les articles scientifiques et techniques, relève le Secrétaire général. 


M. Ban reconnait que de nouvelles consultations sont nécessaires, sous l’égide du Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, pour définir la structure, les fonctions, le mécanisme de gouvernance, le financement et les dispositions en matière de dotation en personnel, ainsi que les autres aspects institutionnels pertinents de la future banque des technologies.  Ces consultations devraient réunir une équipe d’experts issus du pays hôte, des pays les moins avancés et des pays partenaires, des institutions des Nations Unies et d’autres parties prenantes pertinentes, afin de déterminer les modalités institutionnelles dans le but de rendre la banque des technologies opérationnelle dans les plus brefs délais.


Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty: Répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays en développement sans littoral et de transit (A/68/157)


Dans ce rapport le Secrétaire général rappelle que face à la nécessité croissante de traiter les problèmes de développement propres aux 31 pays en développement sans littoral, les Nations Unies ont adopté en 2003 le Programme d’action d’Almaty.  Le présent rapport fait le point sur l’application de ce programme et notamment de ses priorités, ainsi que sur l’état d’avancement des préparatifs de la Conférence d’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty, qui aura lieu en 2014.  Le rapport se termine par des recommandations pratiques et comporte une annexe statistique.


Le Secrétaire général note qu’en l’absence d’accès direct à la mer, l’isolement et l’éloignement des grands marchés internationaux rendent les pays en développement sans littoral fortement dépendants des pays de transit pour leurs échanges par voie maritime.  L’obligation de passer plus souvent les frontières, la lenteur des procédures de transit, l’inefficacité des systèmes logistiques, la faiblesse des institutions et la mauvaise qualité des infrastructures sont autant de problèmes qui accroissent de façon significative le coût global des services de transport et autres frais liés aux transactions commerciales, indique-t-il.  Ces coûts élevés ont pour effet de restreindre sensiblement le commerce et ont une incidence négative directe sur la croissance économique des pays concernés et, partant, sur leur capacité à promouvoir le développement social et la protection de l’environnement.


Le rapport souligne que la Conférence d’examen programmée pour 2014 sera l’occasion de procéder à un examen complet de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty et de définir un programme de développement qui permette aux pays en développement sans littoral de mieux s’intégrer dans le système commercial mondial et de se rapprocher des objectifs de développement convenus au niveau international au cours de la décennie à venir.  La Conférence, ajoute le Secrétaire général dans ce rapport, doit s’attacher à obtenir des résultats ambitieux et pratiques axés sur la réduction du coût des échanges, objectif qui passe par la mise en place de systèmes de transport en transit efficaces, la stimulation de l’industrialisation, le renforcement des capacités de production, la diversification des exportations et l’amélioration de leur résistance aux chocs externes et internes.


M. Ban propose des mesures supplémentaires pour réduire les frais de transport et le coût des transactions commerciales pour les pays en développement sans littoral, notamment en intensifiant la coopération et l’intégration régionales.  La communauté internationale devrait aider les pays en développement sans littoral et de transit à établir des systèmes de transit efficaces, et accroître pour ce faire son soutien financier aux projets centrés sur les transports de transit, sur les aménagements connexes du réseau routier, les infrastructures relatives à l’énergie et aux technologies de l’information et des communications, ainsi que sur la facilitation du commerce, recommande le Secrétaire général.


Échanges de vues


Le représentant du Bénin a salué l’analyse que fait le Secrétaire général dans son rapport sur la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul).  Il a indiqué que sa délégation aurait cependant aimé que le Haut Représentant pour les PMA, les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral crée un lien entre ce rapport et celui publié par son Bureau sur les stratégies visant à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Le Bénin et les autres PMA auraient aussi voulu que ces deux rapports soient examinés à la lumière des objectifs d’élimination de la pauvreté, a dit le représentant.  Il a en outre exprimé le souhait que l’examen des problèmes des PMA ne soit pas complètement séparé de celui à mener sur les problèmes qui se posent aux pays en développement sans littoral.


Le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral a répondu que son Bureau s’était penché en détail sur les contraintes que rencontrent les PMA.  Nous ne pourrons pas continuer à agir comme le passé, a-t-il cependant dit, appelant à procéder à un changement des méthodes et des procédures jusqu’ici en vigueur, afin que « la sortie d’un PMA de cette catégorie ne prenne pas un siècle ».  Il faut accélérer les progrès, sur des bases solides, a-t-il insisté.  Le Haut-Représentant a en même temps souligné que des progrès importants avaient été accomplis par de nombreux pays.  Le problème qui se pose cependant vient du fait que ces progrès ne sont pas également répartis, a-t-il expliqué.  Il a invité les États à adopter une approche holistique dans ce domaine.  Il a émis l’espoir qu’en collaborant sur toutes ces questions, la communauté internationale pourrait offrir une riposte coordonnée et synchronisée dans le cadre des préparatifs des objectifs à atteindre pour l’après-2015.


Débat général


M. PETER THOMSON (Fidji), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a exprimé sa préoccupation de voir les pays les moins avancés (PMA) être confrontés à une pauvreté devenue endémique, à des niveaux de croissance faibles et à une grande vulnérabilité aux catastrophes.  Il s’est aussi inquiété du déclin des investissements directs étrangers (IED) et des montants des envois de fonds de l’étranger à destination des PMA.  Il a donc appelé la communauté internationale à maintenir son aide à destination de ces pays, notamment en respectant les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD).  Il faut aussi donner aux PMA un accès aux marchés en franchise de droits et leur offrir une aide au commerce, a-t-il ajouté.  En retard sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les PMA ont besoin de l’aide des pays développés pour atteindre ces objectifs d’ici à 2015, a plaidé le représentant.  Les PMA sont aussi en retard dans le domaine des technologies, celles-ci faisant défaut à leurs processus de production, a-t-il relevé en rappelant que le transfert des technologies permet à ces pays d’améliorer leur productivité.


Le Groupe des 77 et la Chine félicite le Secrétaire général pour son rapport sur la future banque des technologies et apprécie la promotion d’institutions de recherche dans les PMA, a ajouté le représentant.  Il a appelé à prendre des décisions concrètes à cet égard.  Il a salué la Turquie, qui a accepté d’accueillir cette banque des technologies, avant d’inviter les pays qui le peuvent à soutenir cette institution.  Abordant la situation des pays en développement sans littoral, il a rappelé les obstacles qu’ils doivent encore franchir, comme le manque d’infrastructures, qui entrave le commerce et augmente les coûts des transactions.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer l’assistance offerte à ces pays afin de les mettre sur la voie du développement durable.  Les pays donateurs doivent renforcer leur aide par le biais de partenariats, afin de permettre aux pays sans littoral de mettre en œuvre le Programme d’action d’Almaty, a-t-il précisé.  Il a appelé les partenaires au développement, le secteur privé, ainsi que le milieu universitaire, à étudier les besoins particuliers qui se posent aux pays en développement sans littoral et à préparer un cadre de développement pouvant répondre à ces difficultés pour les 10 années à venir.  Enfin, il s’est réjoui de la tenue de la conférence régionale prévue au Paraguay, en novembre prochain, qui examinera ces questions. 


Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti), intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que deux ans après la quatrième Conférence sur les PMA tenue à Istanbul, la CARICOM constate que le bilan de la première année d’application du Programme d’action en faveur des PMA est mitigé.  De fortes disparités existent, mais dans l’ensemble les PMA ont peu progressé dans les 8 domaines prioritaires à atteindre d’ici à 2020.  En outre, a-t-elle ajouté, la plupart des PMA affichent toujours une pauvreté généralisée, des inégalités croissantes, et une productivité faible.


La CARICOM, a souligné la représentante, se félicite des progrès accomplis au niveau des capacités de production dans les PMA, en particulier s’agissant de l’expansion extraordinaire de la téléphonie mobile.  Malheureusement, a-t-elle poursuivi, ces progrès ne sont pas accompagnés d’une amélioration s’agissant de l’accès à l’Internet.  Par ailleurs, un effort soutenu doit être apporté au développement des réseaux routiers, des infrastructures et de l’énergie.  « Il est honteux de constater que dans les PMA, 79% des gens n’ont toujours pas l’électricité », a déploré Mme Nazaire.


Par ailleurs, il est de la plus haute importance que des pratiques agricoles durables soient adoptées pour accroître la productivité et assurer la sécurité alimentaire de la majorité des habitants des PMA, a-t-elle relevé.  En outre, l’amélioration de l’accès au commerce mondial joue le rôle de moteur du développement, tout comme la diversification des économies des PMA, a-t-elle ajouté.  La CARICOM croit fermement que l’aide publique au développement (APD) doit demeurer une composante essentielle du modèle de développement international et regrette la baisse continue de l’APD au cours des deux dernières années, a-t-elle indiqué. 


Enfin, la représentante a souligné que la CARICOM appelle la communauté internationale à apporter un soutien particulier à Haïti, unique PMA de l’hémisphère des Amériques, « en raison de sa situation particulière et de sa résilience hors du commun ».  Enfin, les PMA doivent être placés au premier plan du programme de développement pour l’après-2015 actuellement en préparation, car comme l’a dit le Secrétaire général, « il y a là non seulement un impératif moral, mais il en va aussi d’un ordre mondial stable et pacifique », a conclu Mme Nazaire.


Mme KAREN TAN, (Singapour), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a relevé que les conditions économiques mondiales actuelles ont des conséquences désastreuses sur les pays en développement, notamment les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).  Elle a ajouté qu’étant donné la situation particulière de ces pays, le fossé entre eux et le reste des pays du monde allait se creuser encore plus si leurs vulnérabilités ne sont pas prises en compte.  Mme Tan a, en outre, souhaité que la banque des technologies voie au plus vite le jour pour accompagner le développement des PMA.  Elle a aussi salué l’initiative visant à lancer une facilité de transferts technologiques Sud-Sud en faveur des pays en développement sans littoral, comme cela a été annoncé au cours d’une exposition qui a lieu à Nairobi, au Kenya, ce mois d’octobre. 


Mme Tan a plaidé pour que le futur programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte les préoccupations particulières des PMA, des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en développement sans littoral.  Elle a rappelé que depuis la création de l’ASEAN en 1967, l’Association a mis en œuvre des programmes visant le renforcement de l’intégration régionale, d’autant plus, a-t-elle noté, que l’Asie du Sud-Est compte en son sein à la fois des PMA, des PEID et des pays en développement sans littoral.  Elle a ainsi évoqué le programme d’intégration de l’ASEAN, qui promeut la coopération et l’assistance mutuelle entre pays de la région afin de combler le fossé qui existe entre eux, et qui vise aussi la réduction des barrières au commerce et à l’investissement, tout en renforçant la productivité et les infrastructures.  Elle a poursuivi son propos en présentant d’autres initiatives, comme celle du programme de connectivité de l’ASEAN, qui vise à améliorer la connectivité intrarégionale en Asie du Sud-Est, notamment par le développement de connections physiques, institutionnelles et de l’amélioration des liens entre les peuples de l’ASEAN.


Intervenant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, M. SALEUMXAY KOMMASITH (République démocratique populaire lao) a noté que le Programme d’action d’Almaty est le premier et l’unique cadre existant au sein de l’ONU qui traite des besoins et des défis spécifiques auxquels font face les pays en développement sans littoral en matière de développement.  Au cours des 10  dernières années, des progrès considérables ont été accomplis dans la mise en œuvre de ce Programme, a-t-il relevé, en particulier s’agissant de l’établissement de systèmes de transport et de transit efficaces, qui contribuent de façon significative au développement et au bien-être des populations des pays concernés, a noté le représentant lao.  Les économies de ces pays restent fragiles et vulnérables aux chocs extérieurs, comme ceux provoqués par la crise financière mondiale, les changements climatiques ou encore la désertification.


Le représentant a relevé que le Groupe des pays en développement sans littoral attache une grande importance à la Conférence consacrée à l’examen de l’application du Programme d’action d’Almaty, qui aura lieu en 2014.  Cette conférence constituera en effet une opportunité unique pour toutes les parties prenantes d’évaluer, de façon critique et complète, la mise en œuvre du Programme d’action, et d’identifier les bonnes pratiques et les contraintes en matière de développement durable, a-t-il souligné.


M. Kommasith a enfin déclaré qu’à la lumière des travaux préparatoires de la Conférence actuellement en cours, la communauté internationale doit développer un nouveau cadre orienté vers l’action pour les pays en développement sans littoral à mettre en œuvre, au cours de la prochaine décennie, en prenant en compte les objectifs du Programme d’action d’Almaty non encore atteints et les défis émergents.  De même, il faut prendre en compte les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral dans le cadre des discussions sur le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il conclu.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA) par les Nations Unies, a déclaré que le rapport du Secrétaire général sur le suivi de l’application du Programme d’action d’Istanbul pour la décennie 2011-2020 met en évidence les progrès réalisés par les PMA.


En dépit du fait que le nombre de PMA est passé de 15 à 11 au cours des deux dernières années, la situation dans la grande majorité de ces pays est restée préoccupante, particulièrement au regard  de la proportion de la population qui continue de vivre en deçà du seuil de pauvreté, a-t-il estimé.  Malgré les efforts notables déployés par les PMA, ils sont restés à la traine dans le domaine du développement humain et social, comme le prouve leur niveau d’accès à la nourriture, aux services de santé, à l’éducation et aux infrastructures physiques, a regretté M. Zinsou.  Les difficultés auxquelles sont confrontés les PMA rendent pus nécessaire que jamais le renforcement de la solidarité mondiale et de la coopération internationale.  Aussi, le Groupe des PMA est-il fort préoccupé, a poursuivi M. Zinsou, que l’on assiste à une baisse de 12,8% du montant de l’aide bilatérale accordée aux PMA, alors que le volume de l’aide dont bénéficient les autres pays en développement n’a connu qu’une baisse de 4%.


Le représentant a par ailleurs souligné que sans accès aux technologies modernes et appropriées, les PMA ne seront pas capables d’assurer leur compétitivité sur le marché mondial et d’évoluer vers le groupe des pays à revenus intermédiaires.  Un modèle complet et pragmatique visant à mettre la science et la technologie au service du développement est nécessaire, a estimé le représentant.  M. Zinsou a, ainsi, préconisé que ce modèle soit fondé sur trois piliers: une banque des brevets, une facilité de dépôt en science et technologies et un mécanisme de soutien à la science, à la technologie et à l’innovation.  La création d’une banque des technologies en faveur des PMA doit être opérationnalisée au cours de la présente session de l’Assemblée générale, a-t-il conclu.


M. IOANNIS VRAILAS, de la délégation de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’Union européenne restait déterminée à mettre en œuvre le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), tant sur le plan politique qu’au plan financier.  Il a précisé que l’Union européenne continuerait à aider les pays les moins avancés (PMA) à mener à bien leurs réformes structurelles en les aidants à renforcer leurs capacités productives et à mobiliser leurs ressources nationales.  Il a également indiqué que l’UE voulait faire usage des outils de la  coopération triangulaire avec des partenaires du Sud.  L’Union européenne continuera à fournir aux PMA une aide en faveur du commerce, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué que les PMA pourront toujours bénéficier d’un accès sans droits ni quotas aux marchés de l’Union pour tous leurs produits, mis à part les armes et les munitions, grâce au système de préférences commerciales qui entrera en vigueur en janvier 2014.  L’Union européenne a également l’intention de poursuivre ses efforts en vue de faire progresser le « programme de développement de Doha », a-t-il dit.


Le représentant a rappelé que, l’an dernier, l’Union européenne avait confirmé l’engagement fort, transparent et prévisible qu’elle a pris afin d’accompagner les PMA dans leurs stratégies nationales de transition visant à sortir de cette catégorie.  Nous réaffirmons cet engagement aujourd’hui, a-t-il annoncé, tout en soulignant l’importance, pour les Nations Unies, de renforcer la prévisibilité du processus de prise de décisions concernant la sortie d’un pays de la catégorie des PMA.  Il a ensuite dit que l’Union européenne était prête à s’engager dans les préparatifs de la Conférence d’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty en faveur des pays en développement sans littoral. 


M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé qu’il y a deux ans, la communauté internationale s’est engagée à mettre en œuvre le Plan d’action d’Istanbul, avec pour objectif de permettre, au bout de 10 ans, que la moitié des PMA s’émancipent de ce statut pour entrer dans le groupe des pays à revenu intermédiaire.  Il a constaté qu’après deux ans de mise en œuvre, le bilan est mitigé.  Il a relevé par ailleurs que l’Éthiopie continue de connaître une croissance de développement à deux chiffres depuis plus de 10  ans, avec notamment de bons résultats obtenus dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a en outre salué les efforts des donateurs, mais a plaidé afin que les pays développés dans leur ensemble puissent respecter leur promesse de consacrer 0,15 à 0,2% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement en direction des PMA. 


Le représentant a rappelé que l’année prochaine, aura lieu la conférence d’examen de la première décennie de mise en œuvre du Programme d’Almaty en faveur des pays en développement sans littoral.  Il a indiqué que l’Éthiopie a mis en œuvre des politiques allant dans le sens du Programme d’action d’Almaty.  Il a ainsi évoqué le développement d’infrastructures, la mise en place de facilités dans le secteur du commerce, la construction de ports secs, de routes, de chemins de fer, et d’infrastructures de télécommunication et électriques le long des routes de transit.  Il a ajouté que l’Éthiopie a signé la Charte africaine des transports maritimes, et a également engagé des accords bilatéraux avec le Soudan, Djibouti et le Yémen dans le cadre de l’utilisation des ports et de la coopération en matière de transport maritime. 


M. Bame a indiqué que les pays en développement sans littoral devraient mettre en place des infrastructures pour faire face aux défis qui les interpellent dans le cadre du développement et de la croissance durable.  Il a noté que la plupart de ces pays travaillent en collaboration avec les pays de transit afin de renforcer la connectivité et créer davantage de corridors de transport, mais, a-t-il rappelé, sans des financements adéquats, il est difficile pour ces pays d’obtenir des résultats probants.  Il a relevé que, par exemple, la mise en place du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) requiert un investissement de l’ordre de 24,4 milliards de dollars pour le financement de routes et de chemins de fer pour la période de 2012 à 2020.  Il a enfin appelé les donateurs à renforcer le soutien qu’ils apportent aux pays en développement sans littoral, et a souhaité que les préoccupations de ces pays soient intégrées dans le programme de développement pour l’après-2015.


M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) s’est félicité de la convocation de la Conférence d’examen de l’application du Programme d’action d’Almaty en faveur des pays en développement sans littoral, en 2014, en vue d’y adopter un nouveau cadre de développement de ces pays pour la prochaine décennie.  Il a aussi salué la convocation de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui se tiendra également en 2014, à Apia (Samoa).  Il a regretté la baisse de l’APD et l’instabilité des cours des produits de base, éléments qui entravent les efforts des PMA dans la voie du développement durable.  Le représentant a demandé à toutes les parties pertinentes d’accorder la priorité aux PMA en mettant en œuvre le Programme d’action adopté en faveur de ces pays pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul).  L’appropriation par les PMA de leurs politiques, en se fondant sur leurs priorités nationales, est très importante pour le succès des mesures prises, a-t-il averti.  Depuis la création du programme de coopération de la Malaisie, en 1981, plus de 10 000 participants provenant de PMA et d’anciens PMA ont bénéficié des cours de renforcement des capacités, a-t-il indiqué.  Il a précisé qu’en 2012, 16 cours ont été dispensés par son pays dans le cadre de la coopération triangulaire.  La Malaisie continuera à soutenir les efforts des PMA et à partager son savoir-faire, a assuré le représentant.


Mme RAJANI PATIL (Inde) a indiqué que le soutien de la communauté internationale aux PMA est important pour leur permettre d’atteindre les objectifs de développement internationalement agréés.  Elle a ajouté que les préoccupations des PMA et des pays en développement sans littoral doivent être prises en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a ensuite regretté que la mise en place du Plan d’action d’Istanbul connaisse des résultats mitigés, car les PMA n’ont pas connu de transformations structurelles, et leur produit intérieur brut faible.  La représentante a également déploré le fait que l’aide publique au développement (APD) ait baissé, alors même qu’elle représente plus de la moitié de l’aide extérieure dont les PMA ont besoin pour leur développement. 


Mme Patil a, en outre, invité la communauté internationale à œuvrer à une conclusion rapide du Cycle de Doha, afin de créer plus de facilités commerciales en faveur des PMA.  Elle a aussi appelé à plus de transferts de technologies en faveur des PMA, ainsi qu’à la prise de mesures en faveur de l’annulation ou du rééchelonnement de la dette de ces pays et de la promotion des transformations structurelles dont leurs économies ont besoin.  Mme Patil a ensuite reconnu que les pays émergents apparaissent désormais comme de solides partenaires commerciaux des pays en développement sans littoral et des PMA.  Elle a noté que l’Inde accorde des accès aux marchés en franchise de droits et hors quota à tous les PMA, et elle a annoncé que l’Inde va contribuer à hauteur de 100 000 dollars à l’organisation de la Conférence d’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, prévue en 2014.


M. SIRODJIDIN M. ASLOV (Tadjikistan) a jugé crucial de tenir compte des intérêts des pays qui sont vulnérables du fait de leur position géographique.  Il a invité la communauté internationale à éliminer les barrières et obstacles artificiels qui nuisent à ces pays, notamment dans les domaines de la coopération et du transport.  Pour soutenir le processus de préparation de la Conférence d’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral, le Tadjikistan a organisé deux conférences, en septembre 2013, dont la Conférence de haut niveau sur le potentiel de transit de l’Asie centrale.  Une décision conjointe entre trois pays de la région a été adoptée à l’issue de cette conférence, qui concerne un projet de « routes modèles », a indiqué le représentant.  Il a aussi parlé des mesures prises sur le plan régional pour simplifier les procédures douanières.  En outre, a-t-il ajouté, le Tadjikistan met en place des mesures visant à améliorer les voies de transit, en vue d’intensifier le commerce intérieur, régional et interrégional.  Il existe à l’heure actuelle quatre zones économiques libres dans la région d’Asie centrale, a-t-il indiqué.  Il a aussi précisé que son pays avait récemment adhéré à l’OMC, ajoutant que le Tadjikistan allait poursuivre la libération de ses échanges commerciaux. 


Mme VANGANSUREN ULZIIBAYAR (Mongolie) a noté que les pays ne disposant pas d’accès à la mer font face à de nombreux défis.  En particulier, les coûts de transports y sont très élevés, et la Mongolie dépense ainsi 6,2% de son PIB pour couvrir ces coûts, a-t-elle précisé.  Les pays en développement sans littoral doivent être proactifs, a-t-elle ajouté, en soulignant l’importance d’adopter des mesures visant à diversifier leurs économies et à en réduire la vulnérabilité.  Ces efforts devraient être soutenus par la communauté internationale, notamment par un soutien financier continu à l’amélioration du transit de marchandises, de l’énergie et du renforcement des technologies de l’information, a préconisé Mme Ulziibayar.


La délégation mongole a par ailleurs appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer l’Accord multilatéral portant création d’un groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral, en vue de la pleine opérationnalisation des activités de ce groupe de réflexion.  Mme Ulziibayar a conclu son intervention en estimant que la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty fournira une excellente occasion à toutes les parties prenantes d’évaluer les besoins et les défis auxquels sont confrontés les pays en développement sans littoral et de développer de nouvelles priorités pour un nouveau cadre commun d’action en faveur de ces pays pour la prochaine décennie.


M. YASAR HALIT ÇEVIK(Turquie) a indiqué que les PMA doivent transformer leurs économies en la diversifiant, et il a également invité les partenaires au développement à continuer d’apporter leur soutien à ces pays, notamment en respectant les promesses qui leur ont été faites en matière d’APD.  Il a révélé que depuis la Conférence d’Istanbul de 2011 sur les PMA, la Turquie a doublé son aide en faveur des pays en développement, qui atteint aujourd’hui à 2,5 milliards de dollars par an.  Il a ensuite appelé au renforcement des capacités structurelles des PMA, afin de combler le fossé qui existe entre les PMA et les pays développés.  Il a ainsi suggéré la mise en place de mécanismes de renforcement des capacités et de transferts technologiques en faveur des PMA.  Dans ce contexte, il a soutenu l’idée de la création d’une banque des technologies sous l’égide des Nations Unies, et il a dit que la Turquie était prête à abriter une telle institution.


Mme IRINA A. MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a salué les efforts entrepris pour appliquer le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul).  Elle a estimé que le processus de graduation de ces pays, destiné à les faire sortir de la catégorie des PMA, devait remplir les conditions prévues par la résolution pertinente de l’Assemblée générale.  Il faut respecter les accords politiques en faveur des PMA, a-t-elle demandé.  La représentante a assuré que la Fédération de Russie contribuait de plus en plus au développement durable, précisant qu’elle avait consacré 460 millions de dollars à l’aide au développement en 2012.  Elle a ajouté que son pays continuait à renforcer le potentiel commercial des PMA, grâce à un système de préférences qui leur permet d’augmenter leurs exportations vers la Fédération de Russie.


Parlant des pays sans littoral, la représentante a espéré que la Conférence d’examen décennal du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral aboutirait à un accord sur des objectifs concrets.  Pour ce qui est de l’espace géographie dont fait partie son pays, elle a indiqué qu’entre 2015 et 2020, la Fédération de Russie avait prévu de mettre en place un corridor transsibérien.  Elle a aussi mentionné d’autres projets favorables au développement des pays sans littoral, comme la construction de l’autoroute Baïkal-Amour, ainsi que celle de trois ports, dont le port ouvrant la voie au corridor transsibérien.


Mme YESHAMAGAMBETOVA (Kazakhstan) a déploré le fait que les coûts des transactions douanières et l’inefficacité des systèmes logistiques en place conduisent à l’augmentation des coûts de transport de marchandises, et partant des coûts des transactions commerciales des pays en développement sans littoral.  Elle a relevé que le Kazakhstan a adopté des politiques qui sont dans la ligne du Programme d’action d’Almaty, et visent à développer les secteurs du commerce et des transports, notamment en améliorant les infrastructures routières existantes, en éliminant les barrières non-physiques qui se posent au secteur des transports et en introduisant le principe de contrôle unique des véhicules de transport de marchandises.  Elle a indiqué que toutes ces mesures sont contenues dans le document intitulé « Kazakhstan 2015 », qui comprend une série de mesures de facilitation des transports dans le pays. 


La représentante a expliqué par la suite que dans l’optique de faire revivre l’historique « route de la soie », le Kazakhstan investit dans la connectivité entre l’Europe et l’Asie, notamment avec la construction en cours de la route internationale de transit « Europe de l’Ouest-Chine de l’Ouest ».  C’est une route qui, à terme, couvrira 8 445 kilomètres de distance et qui traversera les territoires du Kazakhstan, de la Chine, de la Fédération de Russie, et créera des accès à l’Europe de l’Ouest.  Le principal avantage de cette route, a-t-elle précisé, sera la réduction d’un tiers du coût des transports de marchandises allant de la Chine vers l’Europe de l’Ouest, comparé à leur coût de transport par voie maritime.  La représentante a souhaité que la Conférence de 2014 sur l’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty soit un succès.


M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que les Maldives sont le dernier pays à passer du statut de PMA à celui de pays à revenu intermédiaire, une situation qui n’a cependant pas changé la donne socioéconomique du pays.  Il a ainsi expliqué que les Maldives continuent de souffrir de difficultés propres aux économies des petits États insulaires.  Il a relevé que les Maldives vivent leur troisième et dernière année de transition « souple » vers leur nouveau statut de pays à revenu intermédiaire, mais que ce processus n’a pas du tout été souple pour les Maldives.  Il a souhaité que le développement du pays ne connaisse pas de graves contrariétés si les engagements pris de manière bilatérale et multilatérale n’étaient pas tenus en faveur du pays.  M. Sareer a ensuite noté que le changement de statut des Maldives a été dicté par des critères discutables et problématiques, notamment le niveau du produit national brut par habitant, sans que malheureusement on ne prenne en compte les indicateurs sociaux des Maldives.  Il a indiqué que le statut de PMA offre à tout pays de cette catégorie la possibilité de bénéficier notamment de financements pour le développement et d’assistance technique à des conditions préférentielles.  Il a appelé les Nations Unies à établir une nouvelle catégorie comprenant des pays dont l’économie est de petite taille, dans le sillage de ce qui est déjà une réalité avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui reconnait une catégorie spécifique de « petites économies vulnérables ».


M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que la communauté internationale avait dépensé 1 734 milliards de dollars en budgets militaires en 2012, pour illustrer le fait que les ressources sont disponibles en dépit des crises.  M. Momen a souligné l’un des huit domaines prioritaires identifiés à Istanbul concernant les PMA: la capacité productive.  Il a expliqué à cet égard que les PMA avaient besoin du soutien international dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation.  Les partenaires au développement et l’ONU doivent apporter tout leur soutien à la mise en place de la banque de technologies et de ses centres régionaux, a-t-il demandé.  En ce qui concerne le commerce, un autre domaine prioritaire, il a appelé les pays développés à offrir un accès aux marchés sans droits ni quotas à tous les produits en provenance des PMA, ainsi qu’à éliminer toutes les autres barrières commerciales existantes.


M. Momen a également plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme de financement du commerce qui serait mis au point par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il faut aussi que les pays donateurs tiennent leurs promesses en matière d’aide publique au développement (APD) et d’aide au commerce, a-t-il dit, tout en parlant aussi de la nécessité d’une aide pouvant permettre aux PMA de développer des mesures d’adaptation aux changements climatiques.  Le représentant a enfin assuré que les PMA assumaient leurs responsabilités en mettant en œuvre le Programme d’action d’Istanbul.  Le Bangladesh est en bonne voie pour sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2021, a-t-il annoncé, précisant que son pays avait déjà rempli le critère ayant trait à la vulnérabilité économique.


M. ABDELMALEK ACHERGUI (Maroc) a rappelé que depuis la création du Groupe des pays les moins avancés (PMA) en 1971, les problèmes structurels de ces pays n’avaient pas été résolus et que leur nombre avait doublé.  En 2012, a-t-il aussi indiqué, le Conseil économique et social (ECOSOC) a estimé qu’il serait difficile pour les PMA de répondre aux trois critères de graduation, qui conditionnent leur sortie de la liste des PMA, du Programme d’action d’Istanbul, à cause des répercussions de la crise économique et financière.  Le représentant a salué le Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) qui contient des engagements en faveur des PMA.


Expliquant que les PMA sont directement touchés par les effets néfastes des changements climatiques, il a invité les États Membres à réfléchir collectivement aux moyens de renforcer la gouvernance mondiale en matière de préservation de l’environnement.  Il a jugé impératif d’élaborer une stratégie de financement du développement durable dans le cadre du Comité intergouvernemental prévu par la Conférence Rio+20.  Le Maroc estime que les PMA devraient être davantage impliqués dans des programmes de coopération régionale, notamment dans l’utilisation des énergies renouvelables, a dit le représentant.  En ce qui concerne les autres pays en situation particulière, il a noté les difficultés rencontrées par les pays sans littoral et a demandé qu’on les aide à mettre en œuvre les priorités du Programme d’Almaty.


M. JEAN BENGALY (Burkina Faso) a expliqué que le manque d’accès à la mer, l’éloignement des marchés internationaux et les coûts élevés de transport sont autant de facteurs qui pèsent sérieusement sur le développement socioéconomique des pays en développement sans littoral.  Dix ans après la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, on constate que, malgré certains progrès réalisés, plusieurs facteurs endogènes et exogènes ont contribué à freiner le niveau de participation de ces pays au commerce et aux échanges internationaux, a-t-il noté.  Il a, à cet égard, cité par exemple les crises économique et financière internationales, les effets pervers des changements climatiques et la détérioration des infrastructures de transport.


Au Burkina Faso, le Programme d’action d’Almaty a été pris en compte, durant la décennie 2003-2012, dans les référentiels nationaux de développement économique et social, a indiqué M. Bengaly.  Il a fait part des progrès réalisés en matière de transport grâce aux efforts conjugués du Gouvernement et de partenaires techniques et financiers.  Le Burkina Faso a ainsi conclu des accords de transit portuaire et routier avec le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo, a-t-il précisé.  Il a aussi parlé du Programme régional de facilitation des transports et du transit routier en Afrique de l’Ouest.  Le représentant a cependant indiqué que l’appropriation nationale du Programme d’action d’Almaty n’avait pas été à la hauteur des attentes.  Il a suggéré à la communauté internationale d’accorder plus de considération à la situation des pays sans littoral, qui sont des États vulnérables, notamment lors de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.


M. AUNESE MAKOI SIMATI (Tuvalu) a lancé un appel pour que soient mieux reconnus, à l’ONU, les besoins et les spécificités des petits États insulaires en développement (PEID).  Alors que l’on s’approche de l’Année internationale des PEID, qui sera célébrée en 2014, et de la troisième Conférence internationale sur ces pays qui se tiendra à Apia, à Samoa, nous exhortons le Groupe consultatif interorganisations sur les PEID chargé de ces questions de désigner des domaines de partenariat qui permettraient le développement durable des petits États insulaires, a dit M. Simati.  Donnant l’exemple des succès atteints par son pays grâce à son fonds souverain, il a invité les Nations Unies à renforcer la durabilité financière des petits États insulaires en développement.


Tuvalu est sur la bonne voie pour réaliser quatre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) –ceux relatifs à l’éducation primaire, la mortalité infantile, la santé maternelle et les partenariats mondiaux– tandis que trois autres, relatifs au genre, au VIH/sida et à l’environnement, pourraient être atteints, a indiqué M. Simati.  Il a cependant annoncé que l’objectif d’élimination de la pauvreté ne serait probablement pas atteint d’ici à 2015, du fait de la grande dépendance de son pays envers les ressources de l’aide étrangère, des facilités de prêt et des envois de fonds en provenance de l’étranger.  Il a salué la décision du Conseil économique et social (ECOSOC) de reporter l’examen de la situation de Tuvalu en vue d’une décision sur son éventuelle sortie de la catégorie des PMA.  Il a rappelé que son pays n’avait pas rempli le critère relatif à l’index de vulnérabilité économique.  Il a aussi averti que Tuvalu risquait de disparaître sous les eaux du fait des conséquences des changements climatiques, dont notamment la montée du niveau des océans.  Enfin, il a lancé un appel pour que soient réduites les émissions de gaz à effet de serre et pour que l’on fournisse aux PEID des mesures concrètes d’adaptation aux effets du réchauffement de la planète.


M. ANTÓNIO COELHO RAMOS DA CRUZ (Angola) a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés afin de permettre à ces pays de surmonter les défis structurels auxquels ils font face, notamment le manque de diversification de leurs économies et la prévalence de la pauvreté extrême.


L’Angola, a indiqué le représentant, a enregistré des progrès importants en matière d’éducation et de santé, et a pris des mesures efficaces pour diversifier son économie.  Ceci a permis au pays de s’engager sur la voie de la transition en vue d’être retiré de la liste des pays les moins avancés.  La délégation angolaise, a-t-il déclaré en conclusion, invite les partenaires de développement à renforcer leurs engagements.  Il a noté que les pays les moins avancés eux-mêmes doivent poursuivre les efforts qu’ils déploient, conformément à leurs propres stratégies nationales de développement.


M. LIU JIEYI (République populaire de Chine) a appelé la communauté internationale à respecter la souveraineté des PMA et des pays en développement sans littoral en les laissant s’approprier leurs propres programmes de développement.  Il a souhaité que les objectifs et recommandations du Programme d’action d’Istanbul et du Programme d’action d’Almaty soient traduits en action.  La Chine estime que les pays développés doivent améliorer la répartition qu’ils font de leur assistance au développement afin de mieux répondre aux priorités des pays en développement, a dit le représentant.  Il a souligné, à cet égard, les avantages de la coopération Sud-Sud en la matière.  La Conférence d’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral ne fera que renforcer le consensus international sur la question, a prédit M. Liu.  En tant que pays de transit, la Chine apportera tout son soutien au développement des pays en développement sans littoral, comme elle l’a toujours fait, a-t-il assuré.  M. Liu a rappelé que la Chine avait notamment accordé à un grand nombre de ces pays un accès sans taxes douanières à ses marchés.  Il a ajouté que la Chine faisait son possible pour stimuler le commerce dans la région d’Asie.


M. MARCELO SCAPPINI RICCIARDI (Paraguay) s’est félicité des résultats de la douzièmeréunion annuelle des ministres des affaires étrangères des pays en développement sans littoral tenue dans le cadre de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU.  Le Paraguay, a souligné le représentant, invite la communauté internationale à poursuivre ses efforts visant à atteindre les objectifs du Programme d’action d’Almaty, en particulier s’agissant de la prise de mesures concrètes pour favoriser l’intégration des pays en développement sans littoral au sein de l’économie mondiale. 


Plus de 85% des exportations du Paraguay sont composées de produits alimentaires, a ajouté M. Ricciardi, en soulignant que son pays vise à renforcer son secteur des services, moins sensible aux coûts des transports.  Ceci permettra de soutenir les efforts menés afin d’atteindre une croissance économique inclusive et de parvenir à la diversification de la structure économique du Paraguay, a dit le représentant.  En conclusion, il a estimé que la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, qui aura lieu en 2014, permettra d’enrichir le débat sur la situation des pays en développement sans littoral.


M. DURGA BHATTARAI (Népal) a réclamé la prompte création d’une banque des technologies destinée aux pays les moins avancés (PMA) dans le but d’assurer la mise en œuvre effective du Programme d’action d’Istanbul et de pouvoir graduer un certain nombre de pays de la liste des PMA d’ici à 2020.  Il a ensuite indiqué que dans son pays, le manque de connectivité entre la terre et la mer, ainsi que le manque d’accès aux technologies modernes, à l’infrastructure et aux transports, de même que les coûts et les retards rencontrés dans le commerce, ont un effet cumulatif négatif sur le développement du Népal.  De ce fait, s’est-il notamment inquiété, notre commerce devient de plus en plus coûteux et de moins en moins compétitif, tant au plan national qu’international, ce qui entraîne un déficit commercial annuel.


Le représentant a jugé nécessaire d’établir une bonne infrastructure de transports vers et depuis la mer qui soit consolidée et multimodale et de renforcer la coopération régionale, sous-régionale et bilatérale afin d’améliorer le réseau des transports entre les pays sans littoral et les marchés mondiaux.  Sans cela, a-t-il averti, il nous sera très difficile de pouvoir espérer être retiré de la liste des PMA d’ici à 2022.  Le représentant a également estimé qu’il est « impératif » de s’assurer de la création, au cours de la prochaine décennie, d’un cadre international d’appui renforcé à l’intention des PMA dans le but, notamment, de réduire de manière substantielle le coût des transactions et du transit, d’améliorer les capacités de production de ces pays et de diversifier leurs exportations tout en améliorant la compétitivité de leurs économies.  Il a par ailleurs affirmé que la situation des PMA et des pays en développement enclavés doit être examinée de manière prioritaire par l’ONU.  Aucun des objectifs définis ne pourra être atteint si on n’assure pas la pleine participation de ces pays aux échanges mondiaux, a-t-il insisté.


M. HAN WIN NAING (Myanmar) a regretté que malgré les efforts consentis, la plupart des PMA ne vont pas pouvoir réaliser tous les OMD.  Il a appelé à l’accroissement du soutien apporté par la communauté internationale aux PMA, afin que ces derniers puissent s’engager sur la voie des transformations structurelles dont ont besoin leurs économies, conformément aux recommandations du Plan d’action d’Istanbul.  Il a ajouté que le renforcement des capacités productives des PMA leur permettrait d’avoir un taux de croissance annuel de 7%, et de pouvoir ainsi s’affranchir du statut de PMA d’ici à 2020.  M. Naing a rappelé que le Myanmar a été classé dans la catégorie des PMA depuis 1987, mais que le pays n’a pas bénéficié d’avantages commerciaux ou économiques au cours des vingt dernières années.  Il a rappelé, dans ce contexte, que l’aide au commerce est cruciale pour le développement des PMA.  Malgré le fait que l’Union européenne (UE) ait de nouveau institué des mesures relevant du Système généralisé de préférences en faveur du Myanmar en juillet 2013, a regretté le représentant, les produits du pays ne bénéficient toujours pas d’un accès aux marchés européens en franchise de droits et hors quota comme cela devra être le cas pour ses exportations en direction de l’Union européenne.  Le représentant a, en outre, noté que le Myanmar a reçu, en 2012, la plus petite allocation reçue par un PMA en matière d’aide publique au développement (APD). 


M. YESHEY DORJI (Bhoutan) a rappelé que les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral sont les membres les plus pauvres et les plus fragiles de la communauté internationale.  En dépit des progrès significatifs accomplis dans la mise en œuvre des Programmes d’action d’Almaty et d’Istanbul, a-t-il noté, la transformation structurelle a été inadéquate et la vulnérabilité de ces pays aux chocs extérieurs n’a pas été réduite.  En outre, la plupart d’entre eux n’atteindront pas les Objectifs du Millénaire pour le développement, a noté le représentant.


Malgré des progrès mesurables au Bhoutan, dont la baisse du taux de pauvreté, passé de 36% en 2000 à 12% cette année, de nombreux défis subsistent, a relevé M. Dorji.  À cet égard, l’économie du pays reste vulnérable et dépendante de l’aide extérieure et des importations.  En outre, la menace des catastrophes naturelles persiste, tout comme la vulnérabilité du Bhoutan aux changements climatiques.  La Conférence d’examen du Programme d’action d’Almaty devra se concentrer sur l’élaboration d’un cadre complet qui souligne l’importance d’un développement et d’une croissance économique durables, a-t-il estimé, avant d’appeler à la promotion de la diversification des économies et à l’amélioration de leurs capacités de production.  Enfin, le représentant a insisté que le programme de développement pour l’après-2015 devra prendre en compte les besoins spécifiques des PMA.


Mme THERESA CHANDA (Zambie) a demandé que soient créées les infrastructures nécessaires pour réduire la vulnérabilité des PMA.  Il faut répondre aux niveaux élevés de pauvreté et lever les obstacles structurels qui font que nos pays restent à la traîne, a-t-elle dit.  Mme Chanda a appelé les PMA et leurs partenaires de développement à mener des efforts concertés en ce sens.  En Zambie, la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul nous a permis de mettre l’accent sur les infrastructures, a-t-elle indiqué.  Nous soutenons l’appel lancé aux gouvernements, aux organisations gouvernementales et non gouvernementales, ainsi qu’aux entreprises, pour qu’ils contribuent au Fonds d’affectation spéciale pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.


Pour ce qui est des pays en développement sans littoral comme la Zambie, Mme Chanda a noté le coût élevé de leurs transactions commerciales du fait des coûts de transport.  Elle a invité la communauté internationale à résoudre le problème posé par le manque de résilience de ces pays face aux chocs économiques et financiers.  La communauté internationale doit s’efforcer d’appliquer les mesures prévues dans le Programme d’action d’Almaty, a-t-elle exigé.  Elle a enfin assuré que la Zambie visait une croissance économique qui lui permettra de sortir de la catégorie des PMA.


M. PHOLOGO GAUMAKWE (Botswana) a relevé que les pays en développement sans littoral ont des difficultés économiques particulières, notamment à cause de leur situation géographique qui les exclut de fait du commerce international.  Il a relevé ensuite que les flux d’APD en faveur de ces pays ont diminué de 3% en 2011, et il a appelé les donateurs à renforcer le soutien en faveur de ces pays.  Il a indiqué qu’une combinaison de facteurs comprenant les effets de la crise économique et de ceux des changements climatiques a eu des conséquences désastreuses sur l’agriculture des pays en développement sans littoral, y exacerbant la pauvreté et la crise alimentaire.  Le représentant a aussi noté que les changements climatiques contribuent à l’augmentation des coûts de construction d’infrastructures dans ces pays déjà vulnérables, ceci à cause des aléas climatiques qui retardent les travaux ou les détruisent.  Le représentant a par la suite plaidé pour un soutien accru en faveur des pays en développement sans littoral dans le secteur du développement des infrastructures régionales.  Rappelant que ces infrastructures sont l’épine dorsale du développement de ces économies, il a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 tienne compte de la situation unique de ces pays.


M. CHARLES MSOSA (Malawi) a rappelé que les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral sont confrontés à des défis considérables en matière de développement.  La communauté internationale doit donc aider ces pays vulnérables à l’aide d’investissements et de programmes de renforcement des capacités, notamment en matière de recherche et développement, a-t-il préconisé.  À cet égard, le Malawi reconnaît les nombreux efforts accomplis par les partenaires au développement jusqu’ici et les appelle à continuer au-delà de 2015, a dit M. Msosa.


Le Malawi, a indiqué le représentant, met en œuvre le Programme d’action d’Istanbul par sa stratégie de développement et de croissance, fondée sur six priorités thématiques: la croissance économique durable, le développement social, l’aide sociale, la gestion des risques de catastrophes, le développement des infrastructures et l’amélioration de la gouvernance.  Enfin, M. Msosa a évoqué la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, en soulignant que les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral doivent être pris en compte dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. 


Mme NOSISI (Afrique du Sud) a déclaré que les objectifs du Programme d’action d’Istanbul doivent être atteints afin que l’ONU puisse ensuite retirer la moitié des pays classés comme PMA de cette liste avant 2020.   En dépit des progrès constatés dans de nombreux PMA, la représentante a relevé que plusieurs autres continuent de faire face à des défis considérables en matière de revenu par habitant, de développement humain, et de structure économique. 

Il est regrettable, a déclaré la représentante, que l’Afrique subsaharienne continue d’être la région la plus représentée au sein des PMA et que seuls trois pays africains aient gradué de la liste des PMA au cours des trois dernières décennies.  À cet égard, l’Afrique du Sud, a-t-elle ajouté, se concentre sur les initiatives visant à développer les infrastructures en Afrique. 


La représentante sud-africaine a par ailleurs déploré la baisse continue de l’aide publique au développement et des flux d’investissements directs étrangers allant vers les PMA, appelant la communauté internationale à renverser cette tendance.  Enfin, elle a noté que les changements climatiques avaient un impact catastrophique sur les PMA, qui n’en sont pourtant quasiment pas responsables.  Elle a appelé, en concluant son intervention, à prendre en compte les intérêts des PMA dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.


Mme TERRI ROBL (États-Unis) a indiqué que les États-Unis avaient consacré 8 milliards de dollars à l’aide aux PMA en 2012 et avaient déployé de grands efforts pour leur venir en aide, en application des Programmes d’action d’Almaty et d’Istanbul.  Le programme de développement pour l’après-2015 devrait contribuer à intégrer ces pays dans le développement mondial, a-t-elle souhaité.  Elle a plaidé en faveur de la création de systèmes de transport efficaces dans les pays en situation particulière.  Les pays de transit et les pays en développement sans littoral devraient collaborer pour élaborer leurs propres réseaux énergétiques, de transports et d’infrastructures, a-t-elle préconisé.  Reconnaissant les avantages tirés de la science et de la technologie, elle a demandé que l’on prévoie l’installation de réseaux de transferts de technologies et de connaissances plus efficaces en faveur des PMA.  La représentante a estimé que des outils de gestion du risque et un environnement favorable aux investissements sont des moyens de développement pour les PMA.  Elle a aussi conseillé d’investir en faveur de la bonne gouvernance et d’inclure les femmes dans les stratégies de développement.  En ce qui concerne le processus de transition destiné aux pays sortant de la catégorie des PMA, elle a recommandé qu’il soit assoupli afin d’atténuer les effets indésirables de ce changement de catégorie sur le pays concerné.


Intervenant au nom du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), Mme GORDANA JERGER (PAM) a déclaré que la communauté internationale avait fait de grands efforts pour réduire la faim dans le monde et pour atteindre le premier Objectif du Millénaire pour le développement.  Cependant, 842 millions de personnes continuent de ne pas disposer de suffisamment de nourriture pour mener une vie active et saine, a-t-elle noté, avant de souligner que des progrès ont été accomplis, mais de manière inégale au sein des PMA.  Elle a estimé que les capacités de production de ces pays ne pourront pas être renforcées sans investir dans les ressources humaines.


La majorité de la population des PMA est rurale et dépend des marchés pour sa survie, a-t-elle relevé.  Par ailleurs, les catastrophes naturelles constituent des menaces constantes pour la sécurité alimentaire et la survie de ces populations rurales.  En outre, les effets de ces catastrophes sont amplifiés par la faiblesse des institutions et les lacunes existant en matière d’infrastructures, a ajouté la représentante. 


Mme Jerger a relevé que de nouveaux défis apparaissent dans les PMA, notamment en ce qui concerne l’urbanisation croissante et l’exode rural.  Il est donc essential de revitaliser et de diversifier la production agricole dans l’ensemble des pays les moins avancés, a-t-elle préconisé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les États réitèrent l’urgence de désarmer et réclament le droit à un usage civil et pacifique du nucléaire

AG/DSI/3483

Première Commission: les États réitèrent l’urgence de désarmer et réclament le droit à un usage civil et pacifique du nucléaire

21/10/2013
Assemblée généraleAG/DSI/3483
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

12e et 13e séances – matin et après-midi


PREMIÈRE COMMISSION: LES ÉTATS RÉITÈRENT L’URGENCE DE DÉSARMER ET RÉCLAMENT

LE DROIT À UN USAGE CIVIL ET PACIFIQUE DU NUCLÉAIRE


La Première Commission, qui a poursuivi cet après-midi son débat thématique sur le désarmement nucléaire, a une nouvelle fois entendu de nombreuses délégations demander un désarmement complet et vérifiable des armes nucléaires.


À l’instar d’autres délégations, le Sénégal a estimé que le désarmement était la seule position raisonnable et rationnelle qui puisse assurer la pérennité de la civilisation humaine.  Cela est d’autant plus urgent et nécessaire qu’il y a des risques de terrorisme nucléaire, d’utilisation accidentelle ou délibérée d’une ogive, voire un dysfonctionnement de la chaîne de commandement ou de la défaillance humaine ou technique, a souligné son représentant.


Il faut dans ce contexte que les puissances nucléaires remplissent entièrement leurs obligations pour l’élimination totale de leurs armes de manière transparente et vérifiable.  Elles peuvent par exemple soutenir la feuille de route présentée par le Mouvement des non-alignés (MNA) qui prévoit le lancement en urgence de négociations pour une convention d’interdiction des armes nucléaires, a estimé la délégation algérienne.  Les États dotés doivent surtout renoncer à la notion de désarmement « étape par étape » et, au contraire, mettre en place un calendrier précis et transparent sur l’élimination et la destruction de tous leurs arsenaux nucléaires, ont demandé pour leur part la Nouvelle-Zélande et les Philippines.   


Si le désarmement n’est pas une fin en soi, c’est tout de même une étape vitale, a ajouté le représentant de l’Australie, avant de demander un moratoire dans l’attente de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant.  De la même manière, la République tchèque et la Suisse ont plaidé pour la mise en œuvre étape par étape du Plan d’action issu de la Conférence d’examen du TNP de 2010, qui a fait l’objet d’un consensus, tandis que l’Équateur et l’Algérie demandaient des garanties de sécurité négatives pour les États non dotés.  Tous les mécanismes sont en place, seule manque la volonté politique des puissances nucléaires, a complété l’Équateur.


Le risque de prolifération est la menace la plus grave pour la paix, a estimé pour sa part la délégation du Canada, qui ne voit dans le programme nucléaire iranien qu’une tentative pour se doter d’une force de frappe nucléaire.  Il en est de même, à son avis, pour les « gestes irresponsables et provocateurs, et des déclarations belliqueuses de la République populaire démocratique de Corée.


Pour la Turquie, les États qui respectent leurs obligations liées au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires doivent pouvoir avoir accès, de manière illimitée à la technologie nucléaire civile.  C’est même un droit inaliénable et conforme aux articles 1; 2; 3 et 4 du TNP, a renchéri le Venezuela.  C’est en effet une demande croissante au sein de la communauté internationale, a observé le représentant de la Roumanie, dont le pays préside la Deuxième Commission préparatoire de la Conférence d’examen du TNP.


En début de séance ce matin, la Première Commission a tenu un débat interactif avec quatre panélistes sur les mécanismes de désarmement.  Ainsi, la Présidente de la Conférence du désarmement a indiqué que, rien que cette année, trois projets de programme de travail avaient été présentés mais aucun n’avait obtenu le consensus requis pour son adoption.  C’est pour cela qu’un Groupe de travail a été établi dans le but de produire un projet de programme de travail plus étoffé, a-t-elle précisé.  La Directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a pour sa part salué l’atmosphère plus positive qui entoure la question du désarmement nucléaire et de la non-prolifération au cours des 12 derniers mois, en rappelant que l’UNIDIR était en première ligne dans l’aide apportée aux États Membres pour sortir la Conférence du désarmement de son état d’hibernation.


Le Président du Comité consultatif du Secrétaire général sur les affaires de désarmement, qui officie également en tant que Conseil d’administration de l’UNIDIR,a estimé que le projet de réforme de l’Institut proposé par le Secrétaire général ne garantissait pas un meilleur fonctionnement après réforme.  Il y a en outre un vrai danger à ce que l’UNIDIR perde son statut de centre d’étude indépendant si l’on place un secrétaire général adjoint à sa tête, a-t-il estimé.  Pour sa part le Président de la Commission du désarmement a expliqué que la Commission avait besoin de s’adapter au regard de l’ampleur de la tâche qui lui est confiée.  La Première Commission devrait lui donner des consignes de délibérations plus précises, a-t-il plaidé. 


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, à 10 heures, et devrait conclure son débat thématique sur les armes nucléaires. 


EXAMEN THÉMATIQUE DES QUESTIONS INSCRITES À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION SOUMIS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITE INTERNATIONALE


Panel sur les mécanismes de désarmement


Mme PATRICIA O’BRIEN, Présidente de la Conférence du désarmement, a déclaré qu’en tant que sixième Président de la session 2013 de la Conférence du désarmement, l’Irlande était consciente de ses responsabilités aux termes du règlement intérieur dudit organe.  Mme O’Brien a ensuite indiqué qu’au cours de la session de 2013, trois projets de programme de travail avaient été présentés mais aucun n’avait obtenu le consensus requis pour son adoption.  C’est pour cela qu’un Groupe de travail a été établi dans le but de produire un projet de programme de travail plus étoffé, a-t-elle précisé.


À la veille de l’ouverture de la session de 2014, la Présidente a estimé qu’il revenait aux États de réfléchir de façon innovante pour permettre l’adoption d’un programme de travail.  Le bilan de la Conférence est impressionnant, mais il exige un renforcement, a conclu la représentante de l’Irlande.


M. CHRISTOPHER GRIMA, Président de la Commission du désarmement, s’est félicité des travaux de la Commission lors de la session écoulée.  Il a indiqué que « pour la première fois depuis 2006, un accord avait permis de produire trois documents de travail qui ne préjugent pas de la position des délégations, mais fixe un cadre de recommandations pour l’année à venir ».


Il a rappelé que la Commission du désarmement était chargée de délibérer, d’une part, et d’adopter des recommandations, d’autre part, cette dernière tâche occupant l’essentiel de son mandat.  « Ses fonctions de délibérations jouent pourtant un rôle important et on ne devrait pas écarter cette possibilité », a estimé le Président de la Commission, avant de défendre cette enceinte « qui permet aux délégations de mieux comprendre leurs positions respectives ».


Qualifiant la Commission de « laboratoire d’idées » et de « plateforme d’initiatives », il a estimé qu’elle avait permis de formuler des propositions qui ont amené d’autres organes à en débattre ensuite.


Le Président a toutefois estimé que la Commission avait « besoin d’ajustement au regard de l’ampleur de la tâche ».  « Il faut trouver de meilleurs moyens pour enregistrer les progrès », a-t-il souligné, déplorant l’incapacité de la Commission de se mettre d’accord sur certaines recommandations faute de disposer d’un ordre du jour plus ciblé et précis.  Dans ce contexte, il a mis en avant une proposition de la Norvège qui verrait désormais la Première Commission lui donner des consignes de délibérations plus précises.


Il a conclu en appelant à l’adoption du rapport annuel de la Commission du désarmement présenté dans le projet de résolution (L5), qui recommande en particulier de continuer à examiner les points de fonds lors de la session de 2014.


M. DESMOND BOWEN, Président du Comité consultatif du Secrétaire général sur les affaires de désarmement, a indiqué que le Comité avait été renouvelé cette année, 10 membres sur les 15 qui le composent étant nouvellement arrivés.  Cela impliquait, a-t-il dit, un délai d’adaptation au fonctionnement du Comité.


En tant qu’organe consultatif, deux sujets de réflexion ont été confiés au Comité, à savoir réfléchir sur la relation entre les différentes zones exemptes d’armes nucléaires, et sur les conséquences du désarmement sur la sécurité des nouvelles technologies.  Sur le premier sujet, M. Bowen a souligné que le Comité a étudié la création de nouvelles zones, notamment en Asie du Sud, et il a été recommandé que les États dotés signent les Protocoles additionnels aux zones existantes.  Le Comité a, par ailleurs, noté les manques de progrès quant à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


S’agissant du deuxième sujet de réflexion, M. Bowen a déclaré qu’il s’agissait d’une question difficile, compte tenu de ses implications civiles et militaires.  Cependant le Comité a établi que l’humain devrait rester maître de la technologie militaire, en particulier garder le contrôle sur les armes autonomes fonctionnant sur des algorithmes.  Il faut davantage de réflexion préventive sur cette question, a-t-il indiqué, ajoutant que les Nations Unies ne devaient pas se retrouver en retard de réflexion, comme ce fut le cas avec les armes à sous-munitions.


Le Comité, qui officie également en tant que Conseil d’administration de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR),s’est également penché sur le projet de réforme proposé par le Secrétaire général.  Pour le Comité, la question est de savoir si cette réforme permettra à l’Institut de mieux faire son travail, compte tenu des problèmes financiers qu’il connaît.  Or pour les membres du Comité, la réforme ne répond pas à cette question.  Il y a, en outre, un vrai danger à ce que l’UNIDIR soit intégré au Secrétariat si l’on place un secrétaire général adjoint à sa tête.  Il perdrait son statut de centre d’étude indépendante, a observé le Président du comité consultatif.


Mme THERESA HITCHENS, Directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a rappelé que son organisme avait été créé dans le sillage de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  L’UNIDIR a pour fonction d’entreprendre des recherches et des études indépendantes, ainsi que des missions éducatives, dans le but de promouvoir une participation informée des États Membres dans leurs efforts en faveur du désarmement, du contrôle des armes, de la paix et de la sécurité.


L’un des thèmes principaux du travail mené cette année par l’Institut a été le renforcement de la coopération substantielle sur les questions de paix et de sécurité conduites avec les membres de la famille des Nations Unies, le monde universitaire et scientifique, et la société civile, a indiqué Mme Hitchens.  Par exemple, un travail a été mené avec les collègues de la Convention sur les armes chimiques pour établir un cadre favorable aux coopérations futures, a-t-elle indiqué.  L’un des projets les plus importants de l’UNIDIR, qui se poursuit cette année, consiste à venir directement en aide aux 26 membres du Groupe de travail interagence sur le désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).


L’UNIDIR salue l’atmosphère plus positive qui entoure la question du désarmement nucléaire et de la non-prolifération au cours des 12 derniers mois, a-t-elle déclaré, en rappelant que l’UNIDIR était en première ligne dans l’aide apportée aux États Membres pour sortir la Conférence du désarmement de son état d’hibernation, favoriser des interactions créatives dans le cadre du Groupe de travail à composition limitée sur le désarmement nucléaire, ou encore favoriser une approche humanitaire des questions de désarmement nucléaire.


L’UNIDIR contribue par ailleurs aux contrôles de la prolifération d’armes conventionnelles, en particulier les armes légères et de petit calibre qui favorisent l’instabilité et les conflits de par le monde, a poursuivi Mme Hitchens, soulignant que l’UNIDIR avait œuvré à l’élaboration, puis aux négociations du Traité sur le commerce des armes.  L’UNIDIR travaille également au développement d’un outil informatique pour venir en aide aux États dans la mise en œuvre de leurs obligations en matière de contrôle des armes légères et de petit calibre, via les normes internationales de contrôle des armes légères.


Mme Hitchens a par ailleurs souligné qu’un grand nombre des activités de l’UNIDIR étaient financées uniquement par des contributions volontaires, exprimant ainsi sa gratitude aux États Membres qui ont apporté un soutien financier aux opérations de l’UNIDIR en cette période de réduction des dépenses.  Aujourd’hui, une grande part des difficultés financières rencontrées par l’UNIDIR tient au changement opéré dans les méthodes de financement des gouvernements, puisque le soutien institutionnel a cédé le pas devant le financement très restreint tourné vers des projets spécifiques, a-t-elle déploré.  À cet égard, l’année dernière, 82% des fonds reçus par l’UNIDIR ont été réservés à des projets.  Ceux-ci sont le plus souvent encadrés par des dispositions qui limitent les dépenses liées aux fonctions administratives pourtant nécessaires à l’administration et à la supervision des projets eux-mêmes, ce qui a provoqué une rupture entre, d’une part, les souhaits des États Membres de l’UNIDIR d’entreprendre de nouvelles activités, et, d’autre part, la capacité de cette institution à développer, évaluer et diffuser les résultats des projets et des activités en question, a conclu Mme Hitchens.


Reprise du débat thématique sur les armes nucléaires


M. CRISTIAN ISTRATE (Roumanie), en tant que Président de la Deuxième Commission préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a observé que le consensus pour la non-prolifération s’accroissait dans le monde.  Il y a également une demande grandissante en faveur d’un usage pacifique du nucléaire pour des garanties de sécurité collectives, a-t-il dit.


À son avis, le TNP restait un élément fondamental du régime de non-prolifération; mais pour assurer le succès de la Conférence d’examen de 2015, il fallait que chacun fasse preuve de détermination.  Les circonstances d’aujourd’hui sont différentes de celles d’il y a six mois, a-t-il encore observé, avant de souhaiter le plein succès à la troisième Commission préparatoire.


M. WALTER DIAMANA (Îles Salomon) s’est félicité de la tenue le 26 septembre dernier de la première Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire.  Il a rappelé la position de son pays pour un monde exempt d’armes nucléaires, réitérant son appel à leur élimination totale, ainsi que toutes les armes de destruction massive.


Rappelant que les Îles Salomon avaient été le théâtre de nombreux essais nucléaires menés par trois puissances nucléaires entre 1940 et 1996, le délégué a souligné les déplacements de populations qu’ils ont entraînés, les conséquences environnementales et sanitaires qu’ils ont infligées, avant d’insister sur la nécessité d’éliminer toutes les armes nucléaires.


Déplorant le fossé entre les engagements oraux et le désarmement réel, le représentant a également souligné que la catastrophe de Fukushima, au Japon, montrait que même l’usage pacifique de l’énergie nucléaire pouvait déboucher sur une catastrophe humanitaire.


En conclusion, il a rappelé le soutien de son pays au TNP et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte pour permettre son entrée en vigueur.


M. DJAMEL MOKTEFI (Algérie) a réaffirmé que le désarmement nucléaire était la première priorité, appelant les puissances nucléaires à remplir entièrement leurs obligations pour l’élimination totale de leurs armes de manière transparente et vérifiable.  Il a apporté son soutien à la feuille de route présentée par le Mouvement des pays non alignés qui prévoit le lancement en urgence de négociations pour une convention d’interdiction des armes nucléaires.  « D’ici là, il faut un instrument juridique contraignant organisant des garanties de sécurité négatives pour les pays non dotés, a-t-il déclaré.

 

Réitérant l’engagement de l’Algérie envers le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le représentant a souligné l’importance de respecter l’équilibre entre les trois piliers du Traité.  « Une approche sélective viderait le Traité de sa substance », a-t-il ajouté, avant de rappeler qu’une majorité d’États avait choisi l’usage civil de l’énergie atomique pour leur développement et leur sécurité énergétique.

 

Déplorant « les progrès lents » dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence d’examen du TNP de 2010, il a exprimé « la déception » de son pays après le report de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient prévue en 2012.  Il a appelé le Secrétaire général des Nations Unies à déployer tous les efforts permettant d’organiser cette Conférence « dans les délais les plus brefs, avec tous les États de la région ».

 

Le représentant a appelé les États qui n’ont pas signé et ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) à le faire pour permettre son entrée en vigueur.  Il a salué l’organisation, cette année et l’année prochaine, en Norvège et au Mexique, des deux premières Conférences sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.

 

Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a rejeté la notion de désarmement « étape par étape » et salué les travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de surmonter l’impasse à la Conférence du désarmement.  Elle a salué l’organisation par la Norvège de la première Conférence sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, se félicitant que ces questions s’imposent dans les futures discussions sur le désarmement nucléaire.  « L’approche humanitaire est à la place qui est la sienne », a-t-elle insisté, avant d’appeler tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) pour permettre son entrée en vigueur.  « La Nouvelle-Zélande est cosignataire d’un projet de résolution dans ce sens », a-t-elle rappelé.  La représentante s’est également associée à la déclaration du Nigéria, au nom du Groupe de réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires.

 

M. ISIDOR MARCEL SENE (Sénégal) a mis en garde contre le risque de terrorisme nucléaire, l’utilisation accidentelle ou délibérée d’une ogive du fait du dysfonctionnement de la chaîne de commandement ou de la défaillance humaine ou technique, et la remise en cause d’une partie des traités ou des mesures de contrôle qui ont pu, à ce jour, ralentir ou prévenir la prolifération des armes nucléaires.


Il a souligné que l’élaboration et la fabrication d’armes atomiques ponctionnaient une part croissante du produit national brut (PNB) mondial, alors que celui-ci aurait pu servir pour la généralisation du bien-être de l’humanité.  Il a, dans ce contexte, plaidé pour « l’éradication totale des activités nucléaires à vocation militaire, et non pas seulement leur réduction.  C’est la seule position raisonnable et rationnelle qui puisse assurer la pérennité de la civilisation humaine », a-t-il ajouté.


Il a également invité les États qui ne l’ont pas encore fait à signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et indiqué que la Conférence du désarmement devait demeurer l’organe unique de négociations multilatérales en matière de désarmement.


En conclusion, le représentant a appelé à la création de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), en particulier au Moyen-Orient.


M. PETER WOOLCOTT (Australie) s’est félicité de l’intérêt croissant de la communauté internationale pour les questions de désarmement qui s’est notamment traduit par l’organisation de la Conférence d’Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires ou encore par la création du Groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire.  Pour l’Australie, a-t-il affirmé, un pas majeur sera franchi avec l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et c’est pour cela que son pays, en partenariat avec la Nouvelle-Zélande et le Mexique, présentera un projet de résolution sur le Traité, qui soulignera l’aspect vital de cette entrée en vigueur.


L’Australie estime par ailleurs que le désarmement est la responsabilité de tous les États, ce qui implique la réalisation de progrès importants vers l’interdiction de production de matières fissiles.  Si cela n’est pas une fin en soi, c’est tout de même une étape vitale qui conduit au désarmement, a ajouté le représentant, avant de demander un moratoire en attendant l’avènement d’un instrument juridiquement contraignant.


L’Australie, qui soutient la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelle à la tenue d’une conférence internationale sur cette question au plus vite, a indiqué le représentant, appelant également la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République islamique d’Iran à se conformer aux exigences de la communauté internationale en ce qui concerne leurs programmes nucléaires.


M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria) a présenté un projet de résolution relatif au Traité de Pelindaba et à l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive en Afrique.  Le Nigéria exhorte tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les Protocoles du Traité sans plus attendre, a lancé le représentant, affirmant que l’établissement de telles zones permettrait de promouvoir la non-prolifération et le désarmement nucléaires.  Le Nigéria appelle à la tenue de la Conférence initialement prévue en 2012 sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, a-t-il précisé.


Le représentant a également souligné l’importance du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, et la nécessité de voir les États non signataires rejoindre ce texte sans délais supplémentaires pour favoriser sa mise en œuvre.  Il a par ailleurs salué le rôle de l’Agence internationale de

l’énergie atomique (AIEA) en matière de surveillance et d’inspection des installations nucléaires et a appelé tous les pays à respecter les garanties de l’AIEA en toutes circonstances.


M. Richards Adejola a aussi rappelé le soutien apporté par son pays à la philosophie qui est inscrite au cœur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), à savoir que les États dotés s’engagent au désarmement nucléaire tandis que les États non dotés adhèrent aux principes de non-acquisition d’armes nucléaires.  À cet égard, le Nigéria appelle tous les États parties au TNP à faire preuve de leur engagement à respecter l’article VI de ce texte, a-t-il conclu.


M. BENNO LAGGNER (Suisse) a souligné le réel besoin d’accomplir des progrès significatifs en matière de désarmement et de non-prolifération.  La Suisse estime que la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire du 26 septembre avait démontré qu’une action collective et systématique serait nécessaire pour faire face aux risques que font peser les armes nucléaires, a-t-il dit.  À cet égard, les obligations et accords existants doivent être fidèlement appliqués et se traduire par des actions concrètes, a-t-il précisé.


Le représentant a par ailleurs rappelé qu’il était essentiel d’assurer le suivi des résultats de la Conférence de 2010 et des précédentes Conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  À cet égard, l’un des facteurs déterminants était la création éventuelle d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.


M. Laggner a appelé à l’entrée en vigueur rapide du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), affirmant que l’actuel régime nucléaire devrait être renforcé et complété par un traité sur l’interdiction de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.


En conclusion, le représentant a rappelé que l’Assemblée générale avait décidé l’année dernière de créer le Groupe de travail à composition non limitée chargé d’élaborer des propositions visant à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.  Il en est ressorti un document substantiel, fruit d’un consensus, contenant un nombre significatif de propositions sur la voie à suivre, a estimé le représentant, soulignant que, pour son pays, les propositions mises en avant devaient faire l’objet de réflexions et de travaux complémentaires.


M. KIMMELL (Canada) a estimé que la prolifération nucléaire représentait la menace la plus grave pour la paix et la sécurité internationales.  Il a relevé que le programme nucléaire iranien ne pouvait être interprété que comme une tentative pour se doter d’une force de frappe nucléaire, au détriment de la stabilité internationale et régionale.  Cette tentative, a-t-il rappelé, était contraire aux obligations imposées à l’Iran par le Conseil de sécurité des Nations Unies et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a salué les pourparlers qui se déroulent en ce moment à Genève, en Suisse, entre l’Iran et le P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne), mais il a précisé que les actions résonnent plus que les paroles.


Le représentant a par ailleurs évoqué les « gestes irresponsables et provocateurs, et des déclarations belliqueuses de la Corée du Nord », appelant ensuite la République populaire démocratique de Corée et la République islamique d’Iran à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a souhaité que ces pays, en plus de la Syrie, puissent coopérer avec l’AIEA et la communauté internationale afin de régler les questions en suspens concernant leurs activités nucléaires respectives.


Le représentant a par ailleurs annoncé que tout le matériel de pointe prévu pour la détection des radiations avait été livré en septembre 2013 à l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE).  Cette contribution canadienne à l’OTICE, a-t-il expliqué, vise à accroître sa capacité à réaliser des inspections sur place.


Il a en outre dit attendre avec intérêt le Sommet sur la sécurité nucléaire de 2014 qui se tiendra à La Haye, au Pays-Bas, et qui devrait permettre à la communauté internationale de réaffirmer sa détermination à sécuriser les matières nucléaires vulnérables à l’échelle mondiale ainsi qu’à prévenir le terrorisme nucléaire.


M. EDUARDO JOSE ATIENZA DE VEGA (Philippines) a exprimé sa préoccupation quant au manque de progrès dans le domaine du désarmement, rappelant le soutien de son pays au projet de résolution annuel présenté par la Malaisie sur le « Suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice rendu sur la licéité des armes nucléaires » (L26).


À deux ans de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, le représentant a déploré que le programme de travail, adopté lors de la précédente Conférence d’examen de 2010, n’ait toujours pas été mis en œuvre.  Il a tout particulièrement insisté sur la nécessité pour les puissances nucléaires de mettre en place un calendrier précis et transparent sur l’élimination et la destruction de tous leurs arsenaux nucléaires.  Il a également déploré le report de la Conférence prévue en 2012 pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN), appelant à son organisation avant la fin de l’année car elle représenterait « une étape importante pour lancer le processus », a-t-il estimé.


Membre de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est établi par le Traité de Bangkok, les Philippines ont appelé également les puissances nucléaires à rejoindre sans réserve les Protocoles du Traité encadrant des garanties de sécurité négatives.


Abordant l’impasse qui règne au sein de la Conférence du désarmement, il a défendu la nomination d’un rapporteur spécial chargé d’examiner la question de l’élargissement de sa composition.  Il a également salué les efforts déployés par le Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales, ainsi que la création du Groupe d’experts gouvernementaux chargé de discuter d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


En conclusion, il s’est félicité de l’organisation à Oslo, en début d’année, de la première Conférence consacrée aux conséquences humanitaires des armes nucléaires.


M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a déclaré que son pays restait favorable à un désarmement nucléaire rapide, complet et variable en raison des dangers que font peser ces armes sur l’humanité.  Le Venezuela réitère donc son appel aux puissances nucléaires, afin qu’ils abandonnent leurs doctrines de sécurité militaire, y compris la menace d’utilisation de ces armes contre des États non dotés, a-t-il dit, se félicitant de la reprise des négociations à la

Conférence du désarmement sur une convention complète interdisant la possession d’armes nucléaires, leur développement, production, acquisition, essais, stockage, transfert, utilisation ou menace d’utilisation et pour leur destruction.  Il a appuyé en outre l’initiative visant à faire du 26 septembre, la Journée internationale de l’éradication complète des armes nucléaires.


Le représentant a également indiqué que son pays défendait le droit inaliénable de chaque État à utiliser le nucléaire pour ses besoins de développement économique et pour un usage pacifique.  Cela est conforme aux articles 1; 2; 3 et 4 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il précisé.


Le Venezuela est de même favorable à la création de zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient et, dans ce cadre, appelle à la tenue d’une conférence internationale sur le sujet le plus tôt possible, a souligné le délégué, avant d’apporter son plein appui à l’Agence internationale de l’énergie  atomique (AIEA).


M. RAJA REZA ZAID SHAH (Malaisie) a présenté le projet de résolution « Suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice rendu sur la licéité des armes nucléaires » (L26), cosignés cette année par 41 délégations.  Il a rappelé que cet avis soulignait « l’existence d’une obligation de poursuivre de bonne foi des négociations menant à un désarmement ».

 

Soulignant le soutien croissant au projet de résolution parmi les pays d’Asie, « y compris d’une puissance nucléaire », le représentant a appelé la Première Commission à adopter le texte par consensus pour « réaffirmer notre engagement dans un processus multilatéral de désarmement ».

 

M. DAVID ČERVENKA (République tchèque) a affirmé que le Plan d’action issu de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2010, qui a fait l’objet d’un consensus, constituait une feuille de route qui devait être mise en œuvre étape par étape pour atteindre ses objectifs.  Il ne s’agit aucunement de s’écarter de cette feuille de route, a-t-il ajouté, soulignant que sa mise en œuvre était la responsabilité collective de la communauté internationale.


En tant qu’État non doté, la République tchèque a toujours défendu vigoureusement le droit de développer, d’étudier et d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et sans discrimination.  À cet égard, il est inadmissible que quelques pays ignorent les normes internationales reconnues et mettent en danger la stabilité dans leur région en accroissant le risque de prolifération, a affirmé le représentant.


Comme la vaste majorité des États Membres des Nations Unies, la République tchèque attache de l’importance à l’ouverture et au succès rapide des négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un instrument juridiquement contraignant interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires.  Le représentant a souligné que le lancement de négociations sur un tel texte ne pourrait être possible que si un consensus se dégage sur l’adoption d’un programme de travail à la Conférence du désarmement.


M. JAMAL AL MUSHARAKH (Émirats arabes unis) a salué l’organisation de la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire le 26 septembre dernier et soutenu la feuille de route du Mouvement des pays non alignés qui prévoit notamment de faire de cette date, une journée internationale du désarmement nucléaire. Exprimant ses préoccupations quant à l’impasse au sein de la Commission du désarmement, le représentant a estimé qu’il y avait « un besoin de démarrer les négociations sur un Traité interdisant la production de matières fissiles ».  Il a également appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) pour permettre son entrée en vigueur, avant de déplorer le report de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient prévue en 2012.


En conclusion, le représentant a estimé que son pays était « un modèle de transparence » dans l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, du fait de sa coopération continue avec l’AIEA.  Il a rappelé que la capitale, Abou Dhabi, accueillera fin octobre la Conférence internationale de l’AIEA sur la sécurité des sources radioactives.


M. YOO YEONCHUL (République de Corée) a souligné les progrès enregistrés ces dernières années dans la réduction des arsenaux nucléaires, avant d’appeler à la mise en œuvre complète du programme d’action de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010.  Soulignant l’importance de l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte pour permettre son entrée en vigueur.


« Lancer des négociations sur un traité sur les matières fissiles est l’une des autres priorités », a-t-il poursuivi, invitant les États de la Conférence du désarmement à faire preuve de plus de souplesse et de volonté politique afin d’entamer des discussions le plus vite possible.  Il a souhaité à ce propos que le Groupe d’experts gouvernementaux chargé de faire avancer les négociations sur le désarmement posent les fondations permettant de lancer des pourparlers.


Rappelant par ailleurs le rôle d’un contrôle robuste pour empêcher la prolifération, le représentant a regretté que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de poser de graves défis au régime de non-prolifération et à la stabilité de la Péninsule coréenne.


Dénonçant les « violations flagrantes » des résolutions du Conseil de sécurité, avec « un tir utilisant la technologie des missiles balistiques » et un troisième essai nucléaire en février dernier, le représentant a rappelé que la RPDC « ne cachait pas ses intentions d’étendre ses capacités nucléaires ».


Dans ce contexte, il a appelé la RPDC « à réaliser qu’elle ne pourrait pas avoir le statut de puissance nucléaire reconnu par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », l’appelant à « écouter les appels de la communauté internationale », à « se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité » et à « abandonner toute ses armes et programmes nucléaires ».


M. VENKATESH VARMA (Inde) a rappelé que si « les armes nucléaires sont aujourd’hui parties intégrantes d’une dissuasion crédible minimum » pour l’Inde, son pays soutient néanmoins l’objectif d’un désarmement global « étape par étape » avec « délégitimation progressive » des armes nucléaires.  « De la réduction des risques nucléaires et du rôle de ces armes dans les doctrines militaires, jusqu’à une convention d’interdiction des armes nucléaires », a-t-il précisé.


Il a rappelé le refus de l’Inde d’adhérer au TNP autrement qu’avec le statut de puissance nucléaire.  L’Inde n’a pas signé non plus le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), mais elle « maintient son moratoire volontaire » sur les essais nucléaires, a-t-il précisé.


Soulignant que la Conférence du désarmement était le seul organe de négociations multilatérales du désarmement, le représentant a soutenu le lancement de négociations pour un traité sur les matières fissiles.


En conclusion, il a présenté trois projets de résolution sur la « Réduction du danger nucléaire » (L20),  une « Convention sur l’interdiction des armes nucléaires » (L21) et sur les « Mesures destinées à empêcher des organisations terroristes d’acquérir des armes de destruction massive » (L23).


S’exprimant au nom d’une centaine de délégations ayant participé à la Conférence d’Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires organisée pour la première fois cette année, Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a fait part des profondes préoccupations de ces États quant aux conséquences de l’explosion intentionnelle ou accidentelle d’un engin nucléaire.  Elle a vanté les mérites de cette Conférence qui a permis de rappeler les « risques inacceptables causés par des armes aux capacités de destruction incontrôlables ».  « L’un des principaux messages délivrés par les experts et les organisations internationales est qu’aucun État n’est en mesure de répondre à une urgence nucléaire immédiate », a-t-elle souligné, qualifiant encore la Conférence d’Oslo « d’essentielle ».


La représentante s’est félicitée de voir ce thème revenir au-devant des débats, soulignant qu’il était déjà au cœur de la première session de l’Assemblée générale consacrée au désarmement nucléaire tenue en 1978.  « Nous sommes très encouragés par le fait que l’approche humanitaire soit désormais bien établie dans l’agenda mondial du désarmement », a-t-elle déclaré, estimant que cette intervention devant la Première Commission « démontrait le soutien politique croissant à cette approche ».


M. VOLKAN OSKIPER (Turquie) a rappelé l’aspiration de son pays à un monde exempt d’armes nucléaires, soulignant le rôle de pièce centrale du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Déplorant le manque de progrès dans le désarmement des puissances nucléaires, il s’est joint aux appels en faveur de nouvelles réductions de leurs arsenaux.


Soulignant le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) comme l’outil fondamental des efforts globaux de non-prolifération, le représentant a appelé à renforcer encore ses pouvoirs, en appelant les États à rejoindre ses différents Protocoles additionnels.


« Nous croyons fermement que les États qui respectent leur obligations liées au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires doivent avoir un accès illimité à la technologie nucléaire civile », a-t-il encore déclaré, rappelant l’équilibre indispensable entre les trois piliers du TNP.


Il a par ailleurs estimé que l’arrêt de tous les tests nucléaires constituait une mesure indispensable pour renforcer la non-prolifération et parvenir à un désarmement complet.  Il a donc insisté sur la centralité du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer ou ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a cité l’essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) l’année dernière pour souligner l’urgence de cette entrée en vigueur.


Se félicitant de l’organisation de la première Conférence sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, à Oslo, cette année, le représentant a en revanche déploré le report de celle prévue en 2012 pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  « C’est une échéance ratée », a-t-il insisté.  Évoquant le programme nucléaire iranien, le représentant a réitéré le soutien de son pays à une solution diplomatique négociée. 


En conclusion, il a souhaité que l’impasse à la Conférence du désarmement soit dépassée et que ses travaux puissent reprendre, estimant qu’elle disposait du mandat et des règles de procédures nécessaires à cet effet.  Il s’est également prononcé pour le lancement, en premier lieu, de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


M. PETER WOOLCOTT (Australie), au nom d’un groupe d’États, a déclaré que l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires exigeait une volonté politique de haut niveau, mais que répondre aux attentes incombait aux États dotés.  Atteindre cet objectif exigera également que tous les États travaillent ensemble pour prévenir une prolifération horizontale et verticale des armes nucléaires et pour achever le désarmement, a-t-il souligné.  Cela passait par le respect des obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et son universalisation, a-t-il encore déclaré.


L’Australie et les 16 autres États au nom desquels elle intervient, saluent en outre le Mexique qui accueillera une conférence de suivi de la Conférence d’Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et invitent tous les États à y participer, a conclu le représentant. 


M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a rappelé que les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) -désarmement, non-prolifération et le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques– sont centraux pour l’équilibre et l’efficacité du régime nucléaire.  Le représentant a précisé que ces trois piliers exigeaient une attention égale et que les progrès effectués sur un pilier ne devaient pas se faire au détriment des autres piliers.


Tant que les armes nucléaires existent, l’humanité restera confrontée à la catastrophe, a-t-il affirmé.  Les graves menaces que représentent les armes nucléaires ont été rappelées lors de la Conférence d’Oslo, de mars 2013, sur l’impact humanitaire de l’usage de telles armes, a souligné le représentant, saluant toutefois l’évolution d’une préoccupation centrée sur des considérations de sécurité nationale vers une préoccupation centrée sur l’humanitaire, s’agissant des armes nucléaires.  Le représentant a ajouté que l’élimination totale des armes nucléaires était le meilleur moyen de garantir leur non-usage.


Au-delà de la mise en œuvre des nouveaux Accords START entre la Fédération de Russie et les États-Unis, l’Afrique du Sud estime nécessaire de rappeler les engagements pris en faveur de réductions accrues d’arsenaux nucléaires, a indiqué le représentant, qui a par ailleurs regretté que les engagements en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) n’aient pas été tenus.


M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche) a affirmé que les armes nucléaires faisaient peser un risque inacceptable sur l’humanité à cause des conséquences dévastatrices auxquelles elles pourraient conduire.  La Conférence d’Oslo de 2013 a été l’occasion de rappeler que les conséquences humanitaires de l’emploi de telles armes dépasseraient largement les capacités de réponse d’un quelconque État ou organe international à apporter une assistance dans de telles circonstances, a-t-il affirmé.


Le représentant a rappelé que l’objectif de la communauté internationale restait celui d’un monde sans armes nucléaires.  À cet égard, l’Autriche salue le travail effectué par le Groupe de travail à composition non limitée pour faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement vers un monde exempt d’armes de destruction massive.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un instrument fondamental pour atteindre cet objectif, a déclaré le représentant.


M. FERNANDO LUQUE (Équateur) a réitéré l’engagement de son pays contre toutes les armes de destruction massives, dont les armes nucléaires, rappelant que son pays considérait leur usage comme un crime contre l’humanité.  Il a rappelé que l’Équateur était membre de la première zone exempte d’armes nucléaires de la planète, celle de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Soutenant la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) - car elles représentent « un pas de plus vers la non prolifération », le représentant a regretté le report de la Conférence prévue en 2012 pour l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient, appelant à son organisation « le plus tôt possible ».


Soulignant l’importance de l’équilibre des trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a estimé que les États non dotés avaient respectés leurs obligations, contrairement aux puissances nucléaires qui n’avaient pas réduit leurs arsenaux de manière suffisamment significative.  Dans ce contexte, il a apporté son soutien à la feuille de route présentée par le Mouvement des pays non alignés, qui vise notamment à lancer immédiatement des négociations sur la convention d’interdiction de la possession, de l’usage, du test d’armes nucléaires.


« D’ici là, les puissances nucléaires doivent offrir des garanties de sécurité négatives », aux États non dotés, a-t-il poursuivi, estimant que les mécanismes étaient en place mais que seul manquait « la volonté politique des puissances nucléaires ».


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a estimé que les Pays-Bas, le Canada et l’Union européenne « s’assoupissent quand il s’agit d’Israël ».  « Pour eux, il n’y a que trois pays au Moyen-Orient qui ne respectent pas l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont la Syrie; mais quand ils regardent Israël, ils ne voient plus rien ».  Et le représentant syrien de dénoncer un « copier-coller » dans les discours de ces délégations.  « Il est temps de cesser de se limiter à la même rhétorique et d’abandonner la politique du deux poids, deux mesures. »


« Nous voulons souligner que placer la Syrie au centre de vos déclarations n’est pas utile et ne fait que limiter le rôle de l’ONU à un rôle unique: prendre en compte vos positions contre la Syrie », a-t-il encore ajouté, avant de souligner que la Syrie n’avait « jamais été une menace à la sécurité et la stabilité régionales ».  « Les appels à la guerre en Syrie lancés par ces quelques États, alors même qu’ils ont commis des massacres et tué des milliers de personnes dans leur histoire, représentent une menace pour les objectifs réels de l’ONU », a-t-il conclu.


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté les commentaires « répétés et provoquants » de la République de Corée, qui sont des « tentatives pour induire les gens en erreur ».


« La situation actuelle est qu’un porte-avion nucléaire américain navigue autour de la Corée et que ces mouvements, comme les exercices avec la Corée du Sud, constituent une menace et traduisent l’existence d’un scénario d’une attaque nucléaire contre la République populaire démocratique de Corée », a-t-il déclaré, appelant la Corée du Sud à « agir de manière raisonnable » et à « réfléchir aux conséquences de ces démarches de confrontation, avant de menacer l’existence de toute la péninsule coréenne.


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République de Corée a rejeté les remarques de la RPDC.  Il a rappelé ses « violations des résolutions du Conseil de sécurité qui imposent l’arrêt immédiat de son programme nucléaire et ses provocations ».  Rappelant le torpillage d’un navire sud-coréen et le bombardement d’une île appartenant à son pays, le représentant a appelé « la Corée du Nord à faire preuve de responsabilité et à éviter les provocations », regrettant également que la RPDC « engage autant de ressources pour ses capacités militaires alors que des pénuries alimentaires frappent une bonne partie de sa population ».


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a estimé que le représentant de la République de Corée n’avait « pas bien compris son intervention ».  « Il parle d’attaque d’un navire et d’une île, mais la Corée du Sud devrait apprendre qu’elle est à l’origine de la question nucléaire sur la péninsule coréenne », a-t-il déclaré, avant d’attribuer la responsabilité de la situation à l’alliance entre la Corée du Sud et les États-Unis, qui constitue « la véritable menace nucléaire contre la RPDC ».


Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République de Corée a déploré « la terrible habitude de la République populaire démocratique de Corée de blâmer les autres pour ses provocations ».  « La tension dans la région a des causes: le lancement de missiles et les essais nucléaires de la Corée du Nord », a-t-il affirmé, précisant que « la dissuasion nucléaire offerte par les États-Unis était exclusivement de nature défensive » et destinée « à réduire les capacités de menace de la RPDC ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: progrès insuffisants dans la représentation des femmes et des pays en développement au sein du personnel de l’ONU

AG/AB/4078

Cinquième Commission: progrès insuffisants dans la représentation des femmes et des pays en développement au sein du personnel de l’ONU

21/10/2013
Assemblée généraleAG/AB/4078
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                             

9e séance – matin                                          


CINQUIÈME COMMISSION: PROGRÈS INSUFFISANTS DANS LA REPRÉSENTATION DES FEMMES ET DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT AU SEIN DU PERSONNEL DE L’ONU


Le Groupe des 77 et la Chine, soutenu par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dénoncé aujourd’hui les progrès insuffisants dans la sous-représentation persistance des femmes et des pays en développement dans le personnel du Secrétariat de l’ONU.  La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, examinait la réforme de la gestion des ressources humaines qui concernait, au 30 juin 2013, 41 273 fonctionnaires de 188 États différents.  


S’il n’a pas remis en question la résolution pertinente de l’Assemblée générale qui stipule que le principe de la répartition géographique équitable ne doit pas aller contre les normes les plus élevées d’efficacité, le représentant de Singapour, au nom de l’ASEAN a appelé le Secrétaire général à présenter des propositions pour assurer l’équité entre les sexes et les pays au sein du personnel, en particulier aux postes de direction.

Nous ne demandons pas de compromettre les normes de recrutement, s’est expliqué son homologue de Fidji, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, mais de sélectionner les meilleurs candidats dans un éventail plus large, de manière à ce que le personnel de l’ONU reflète réellement la diversité de ses États Membres.


Au Secrétariat, les femmes ne représentent que 33,9% des 41 273 fonctionnaires, et à peu près 25% des postes allant de Directeur à Secrétaire général adjoint.  Quant aux États sous-représentés, ils sont au nombre de 32, selon une étude récente, dont le Brésil, la Chine, le Japon et la Norvège.  Aujourd’hui, la représentante japonaise a continué de prôner un « recrutement au mérite » qui permettrait une diversité au sein du personnel. 


Au Secrétariat, 11,28% des postes seulement sont soumis au principe de la répartition géographique équitable, souligne d’ailleurs l’un des 11 rapports dont la Commission a commencé l’examen aujourd’hui.  Le rapport dit que, dans les fonds et programmes de l’ONU, ce principe ne s’applique qu’aux postes d’administrateur et de fonctionnaire de rang supérieur financés au titre du budget ordinaire.  Cette situation pose problème puisque le financement de ces fonds et programmes est presqu’en totalité assuré par des fonds extrabudgétaires. 


Aujourd’hui, la Commission a aussi examiné la question des sommes forfaitaires accordées aux fonctionnaires pour leur congé dans les foyers. « Personne ne s’y retrouve dans cet étrange monde complexe et opaque du coût des transports aériens », a avoué M. Papa Louis Fall, Inspecteur du Corps commun d’inspection (CCI), qui a présenté les rapports de son institution.  Personne, a-t-il dit, ne sait si la politique consistant à verser 75% du coût d’un billet d’avion en classe économique au plein tarif est un bon rapport coût-efficacité. 


Le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a été présenté par son Président M. Carlos Ruiz Massieu et ceux du Secrétaire général ont été présentés par Mme Catherine Pollard, Sous- Secrétaire générale à la gestion des ressources humaines.  Celui du Bureau de la déontologie l’a été par sa Directrice, Mme Joan Dubinski.


La Cinquième Commission examinera, le mercredi 23 octobre à partir de 10 heures, la gestion de la caisse commune des pensions et de l’assurance maladie après la cessation de service.


GESTION DES RESSOURCES HUMAINES(A/68/356, A/68/130, A/68/129, A/68/348, A/68/523, A/68/67, A/68/67/Add.1, A/68/373, A/68/373/Add.1, A/67/888 et A/67/888/Add.1)


Rapports


Pour établir son rapport (A/68/523), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné les rapports du Secrétaire général sur les données démographiques relatives au personnel du Secrétariat (A/68/356); la pratique suivie par le Secrétaire général en matière disciplinaire et délictuelle pour la période du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013 (A/68/130); les modifications à apporter au Statut et au Règlement du personnel (A/68/129); et les activités du Bureau de la déontologie (A/68/348).


S’agissant de la composition du Secrétariat, le CCQAB note que le nombre de pays non représentés, sous-représentés ou surreprésentés n’a que très peu évolué par rapport aux chiffres de 2009.  Pour ce qui est de la pratique suivie en matière disciplinaire et délictuelle, le Comité se dit préoccupé par le temps nécessaire pour régler les affaires.


Comme le Secrétaire général annonce qu’une nouvelle instruction administrative sur les enquêtes et la procédure disciplinaire est en cours d’élaboration, le CCQABconsidère qu’en plus d’accélérer l’élaboration de cette nouvelle instruction, le Secrétaire général pourrait lancer une campagne d’information visant à rappeler aux fonctionnaires qu’ils ont la responsabilité de signaler les fautes ou les méfaits présumés par les voies appropriées.  Le CCQAB insiste aussi sur le fait qu’il importe de mettre en oeuvre toute mesure permettant à l’Organisation de recouvrer le montant des pertes découlant de fautes de ses fonctionnaires, qu’ils soient toujours au service de l’Organisation ou non.


Concernant les modifications du statut et du règlement du personnel, le Comité juge qu’il convient d’aller bien au-delà des simples modifications, pour que l’ensemble des fonctionnaires de l’Organisation respecte scrupuleusement et en toute circonstance la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles.


À propos du Bureau de la déontologie, le Comité souligne qu’il est important de veiller à ce que les activités financées au moyen de contributions volontaires soient conformes aux objectifs, politiques, réglementations et procédures de l’Organisation.  Il considère que le Bureau de la déontologie pourrait jouer un rôle utile en donnant des avis indépendants au Secrétaire général à ce sujet, notamment pour ce qui est des recrutements visant à pourvoir des postes financés au moyen de ressources extrabudgétaires.


Le Comité consultatif rappelle qu’il soutient l’initiative de publication volontaire des déclarations de situation financière et compte que le Secrétaire général incitera les hauts fonctionnaires qui ne l’ont pas encore fait à rendre public l’état récapitulatif de leurs avoirs lors de prochains cycles.


Il recommande aussi au Secrétaire général de fournir à l’Assemblée générale des indications actualisées sur les économies qui seront réalisées grâce au nouveau contrat passé avec l’examinateur externe, ainsi qu’une estimation des coûts afférents à la mise en place de la nouvelle plateforme informatique envisagée, afin qu’une décision puisse être prise en toute connaissance de cause quant au montant des ressources à prévoir pour les activités du Bureau et de la réduction à appliquer aux dépenses opérationnelles pour l’exercice biennal 2014-2015.


La Commission était également saisie d’une note du Secrétaire général sur lerapport du Corps commun d’inspection (CCI) sur l’emploi de consultants individuels (A/68/67  et A/68/67.Add.1)


Le rapport présente une analyse des pratiques liées à l’emploi de consultants individuels.  Il note d’emblée qu’il n’existe pas toujours une distinction très claire entre consultants individuels et certaines autres catégories de personnel non fonctionnaire, deux catégories qui constituent désormais une part importante du personnel des organismes du système des Nations Unies.


L’Organisation internationale du Travail (OIT) montre que le critère essentiel est l’existence ou l’absence d’une « relation de travail ».  Lorsqu’une telle relation existe, la personne concernée devrait être recrutée en tant que fonctionnaire; en revanche, s’il s’agit d’une relation avec un prestataire indépendant, l’individu devrait être recruté en tant que consultant ou dans le cadre d’un autre type de contrat de non-fonctionnaire.


Or, dans la pratique, les contrats de consultants et autres contrats similaires de non-fonctionnaires sont utilisés de manière interchangeable. Surtout, ils sont utilisés pour recruter du personnel chargé d’activités qui devraient être exécutées par des fonctionnaires.  Les politiques actuelles permettent aux organismes d’offrir des contrats de consultants successifs qui reviennent à des affectations à long terme, avec ou sans interruption obligatoire.


Par ailleurs, les rémunérations appliquées, que ce soit au sein de chaque organisme ou à l’échelle du système, ne sont pas uniformes et il n’existe aucune directive en la matière.  De même, les prestations sociales attachées à ces contrats varient sensiblement d’un organisme à l’autre.


Une vision claire des conditions de recours à des consultants et une définition précise des responsabilités en matière de contrôle et d’application effective des politiques contribueraient dans une très large mesure à une bonne utilisation des fonds affectés à ces recrutements.


Compte tenu des conséquences, sur le plan stratégique, du recours de plus en plus important à des consultants et à d’autres types de personnel non fonctionnaire, il est indispensable que les organes délibérants/directeurs exercent leur rôle de contrôle tout en assurant un financement suffisant pour permettre à l’Organisation de disposer du personnel dont elle a besoin.  Le rapport contenant 13 recommandations, le CCI recommande la création d’un groupe de travail ou une équipe spéciale qui aurait pour mandat d’élaborer une approche commune pour l’application des recommandations par les diverses organisations.


La Commission était aussi saisie d’une note du Secrétaire général sur le rapport du CCI intitulé « sommes forfaitaires en lieu et place des prestations dues » (A/68/373 et A/68/373/ Add.1).


Parmi leurs cinq recommandations, les Inspecteurs recommandent aux organes délibérants ou directeurs des organismes du système des Nations Unies de demander à leurs chefs de secrétariat respectifs d’établir un rapport sur l’application de la formule du versement d’une somme forfaitaire pour le voyage du congé dans les foyers, rapport qui contiendrait, notamment, une comparaison portant sur une période de deux ans entre les coûts de l’application de la formule et ceux de l’organisation du voyage des fonctionnaires du siège pouvant prétendre au congé dans les foyers.


Ils devraient aussi demander à leurs chefs de secrétariat respectifs de suspendre, si ce n’est déjà fait, le paiement d’une indemnité journalière de subsistance additionnelle (de 15% ou de 40%) aux fonctionnaires voyageant aux frais de l’Organisation.


Le Secrétaire général devrait adopter une méthode uniforme de calcul du coût du paiement des prestations statutaires, lorsque le fonctionnaire concerné opte pour la formule du versement d’une somme forfaitaire.  Quant aux chefs de secrétariat des organismes du système des Nations Unies, il leur est recommandé de veiller à ce que  les taux de l’indemnité journalière de subsistance fixés par la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) soient pleinement respectés.


Ils devraient aussi adopter un montant forfaitaire pour couvrir tous les frais liés au voyage, quand un fonctionnaire et les membres de sa famille autorisés à voyager aux frais de l’organisation voyagent à l’occasion du congé dans les foyers et que l’organisation achète les billets d’avion.


Enfin, la Commission était saisie d’une note du Secrétaire général sur le rapport du CCI sur le recrutement du personnel dans les organismes des Nations Unies (A/67/888 et A/67/888/ Add.1).


Les Inspecteurs ont constaté que les organismes doivent tous améliorer sérieusement leurs procédures de recrutement s’ils veulent prendre au stade de la sélection des décisions qui leur permettent de s’assurer les services de personnes possédant les plus hautes qualités de travail, de compétence et d’intégrité.  Ces améliorations concernent notamment l’utilisation de méthodes d’évaluation plus efficaces ou le recours à des centres d’évaluation pour le recrutement de tous les cadres supérieurs.


Comme la complexité et la lenteur du processus de recrutement restent un problème majeur dans tous les organismes, l’établissement de fichiers de candidats présélectionnés pourrait offrir une solution susceptible d’accélérer le recrutement mais sans doute plus adaptée à des cas spécifiques tels que les situations d’urgence.


La CFPI a un rôle essentiel à jouer pour faciliter l’harmonisation des modalités de recrutement dans les organismes du système.  La plupart de ces organismes ont pris des engagements en vue d’assurer la parité entre les sexes au sein de leur secrétariat, toutefois, les Inspecteurs ont constaté que, dans la plupart des cas, la parité n’a pas été atteinte.  Le déséquilibre persistant, notent-ils, s’explique notamment par le faible nombre des candidatures féminines, en particulier pour les fonctions hautement spécialisées et les emplois sur le terrain, et par les possibilités limitées de recrutement externe.


La plupart des organismes appliquent un système de fourchettes souhaitables afin de parvenir à une répartition géographique équitable parmi le personnel de leur secrétariat.  Les Inspecteurs ont constaté que les autres systèmes, fondés sur les groupements régionaux ou la distinction pays donateurs/pays de programme, donnaient des résultats moins satisfaisants.


Dans la plupart des organismes, le principe de la répartition géographique continue de ne s’appliquer qu’aux postes d’administrateur et de fonctionnaire de rang supérieur financés au titre du budget ordinaire, ce qui ne tient pas compte des changements considérables intervenus dans la composition des secrétariats ces dernières années, notamment du fait de l’évolution des modalités de financement. Il s’ensuit que la répartition géographique s’applique à une petite fraction de l’effectif total.  Au Secrétariat de l’ONU, par exemple, 11,28% des postes seulement sont soumis à ce principe, ce qui est contraire à l’intention et à l’esprit de la Charte des Nations Unies.


Les Inspecteurs estiment que la répartition géographique devrait s’appliquer à tous les postes d’administrateur et de fonctionnaire de rang supérieur créés pour une durée égale ou supérieure à un an.  En outre, les stratégies, politiques et pratiques de recrutement devraient intégrer des mesures destinées à assurer une répartition géographique équitable.


Compte tenu de ce qui précède, les Inspecteurs recommandent aux organes délibérants de demander aux organismes des Nations Unies de se fonder sur les 15 critères proposés dans leur rapport lorsqu’ils recrutent des candidats externes pour des engagements d’une durée d’un an ou plus.


Ils recommandent aux chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies de faire périodiquement rapport aux organes délibérants sur les délégations de pouvoir en matière de recrutement, les mécanismes de responsabilisation qui les accompagnent et les résultats obtenus.  Ces chefs devraient aussi ramener la durée d’affichage des avis de vacance de poste à trente jours maximum.


Quant au Comité de haut niveau du Conseil des chefs de secrétariat sur la gestion, il devrait poursuivre les initiatives visant à harmoniser les modalités de recrutement et élargir le champ de ses activités dans ce domaine.


Débat général


M. LUKE DAUNIVALU (Fidji), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a regretté que « les pays en développement continuent d’être sous-représentés au niveau professionnel et plus haut au sein du personnel des Nations Unies, et a demandé au Secrétaire général de prendre des mesures pour remédier à cette situation.  Nous ne demandons pas de compromettre les normes de recrutement, mais d’élargir le recrutement en sélectionnant les meilleurs candidats dans un éventail plus large, de manière à ce que le personnel des Nations Unies reflète réellement la diversité de ses États Membres, a exhorté M. Daunivalu.


Le représentant a insisté sur la nécessité d’accroître la représentativité des femmes originaires de pays en développement, en particulier à des postes de direction.  Parce que la diversité du personnel est « la clef de l’efficacité de l’Organisation », il a argué qu’il serait difficile de réaliser des progrès dans d’autres domaines si cette dimension critique n’est pas assurée.


M. MARK SEAH (Singapour), au nom de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a mis l’accent sur le fait qu’il existe plusieurs résolutions et rapports du Secrétaire général qui mettent en exergue la nécessité d’une représentation équitable des sexes et des régions.  Or, les pays en développement et les femmes restent sous-représentés au Secrétariat, en particulier, aux postes de direction.  L’Organisation est diversifiée et a une dimension internationale.  En conséquence, la composition du personnel doit en être le reflet.  S’il n’a pas perdu de vue que la résolution A/67/255 indique que le principe de la répartition équitable ne doit pas aller contre les normes les plus élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité, le représentant a appelé le Secrétaire général à présenter des propositions.


Mme CARMEL POWER, Union européenne, a salué les efforts du Secrétariat comme décrits dans le rapport sur la pratique disciplinaire et délictuelle.  Elle s’est réservé le droit d’intervenir plus longuement sur la question de la réforme de la gestion des ressources humaines lorsque tous les rapports pertinents seront disponibles.     


M. XIE XIAOWU (Chine) s’est dit particulièrement préoccupé par la faible concrétisation du principe de répartition géographique équitable, en jugeant particulièrement insuffisant la représentativité des pays en développement dans les postes de direction.  Le représentant a jugé impératif de mettre en œuvre pleinement les résolutions pertinentes.  Il a estimé que le Secrétariat a déployé des efforts colossaux, en matière de gestion des ressources humaines.  Nous encourageons le Secrétariat à essayer de fidéliser le personnel, en employant, de manière intégrée, des outils tels que la gestion des contrats, l’évaluation des résultats, le versement de prestations et allocations appropriées, et l’amélioration de la communication entre l’administration et le personnel qui sont autant de bases nécessaires pour que l’Organisation puisse dûment s’acquitter de ses fonctions, a ajouté M. Xiaowu.  Il a invité le Secrétariat à atteindre les objectifs de mobilité du personnel qui seront de nature à avoir un impact positif sur la gestion des ressources humaines.        


Mme ERIKO YAJIMA KOYAMA (Japon) a relevé que les ressources humaines constituent un élément fondamental dans la gestion efficace de l’Organisation des Nations Unies. « Si elles ne fonctionnent pas correctement, c’est l’Organisation qui en pâtit », a prévenu la représentante, en soulignant la nécessité d’affecter au poste approprié la bonne personne, au bon moment, et de procéder à un « recrutement au mérite » qui permettrait une diversité au sein du personnel.  Consciente que la sous-représentation des États a toujours été un problème à résoudre, elle a, au nom d’un pays sous-représenté, demandé au Secrétaire général de redoubler d’efforts pour arriver à l’équité géographique, en particulier dans les postes de direction.  Pour y arriver, elle a recommandé le recours au programme « Jeunes administrateurs ».


M. KHALIL AL ENEZI (Koweït) a estimé que la réforme de la gestion des ressources humaines constituait un élément crucial pour développer les activités de l’ONU en puisant dans une véritable richesse.  Il a salué la qualité du rapport du Secrétaire général sur la pratique suivie en matière disciplinaire et délictuelle et s’est félicité des efforts déployés par le Secrétariat dans ce domaine.  Il a rendu hommage aux personnels des Nations Unies qui travaillent dans des circonstances difficiles, parfois au péril de leur vie. Il a estimé qu’une meilleure mise en œuvre de la représentation géographique équitable rendra l’ONU plus transparente.  Il a souhaité que les postes de haut niveau cessent d’être le monopole de certains.   


M. STEPHEN LIEBERMAN (États-Unis) a partagé le point de vue général selon lequel les Nations Unies ne peuvent remplir leur mission déterminante sans le dévouement de son personnel.  Par conséquent, il a reconnu que les ressources humaines constituent l’un des points les plus critiques pour le succès de l’Organisation.  En ce qui concerne le statut et le règlement du personnel, il a salué les mesures prises pour renforcer la politique de tolérance zéro au Secrétariat.  Il a aussi demandé au Bureau de la déontologie de commencer à examiner les protections en vigueur contre les représailles, car nous sommes préoccupés par le nombre restreint de témoignages sur la question, d’autant que le rapport révèle que « la politique continue d’être utilisée comme une procédure de recours et un mécanisme de règlement des conflits du travail, les requérants saisissant parallèlement d’autres mécanismes de recours. »


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: un tiers des fonds seulement pour « l’Arche du retour », le Mémorial permanent à la mémoire des victimes de l’esclavage

AG/11443

Assemblée générale: un tiers des fonds seulement pour « l’Arche du retour », le Mémorial permanent à la mémoire des victimes de l’esclavage

21/10/2013
Assemblée généraleAG/11443
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-huitième session

35e séance plénière - matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: UN TIERS DES FONDS SEULEMENT POUR « L’ARCHE DU RETOUR »,

LE MÉMORIAL PERMANENT À LA MÉMOIRE DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE


Jusqu’ici, seul un tiers des 4,5 millions de dollars nécessaires à la construction de « L’Arche du retour » a été effectivement versé.  « L’Arche du retour », de Rodney Leon, architecte américain d’origine haïtienne, est la gagnante du concours international pour le Mémorial permanent en commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  Compte tenu des retards dans le versement des fonds, l’Assemblée générale a encouragé, ce matin, les États Membres « et les autres parties intéressées » à verser des contributions supplémentaires au « Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats-Mémorial permanent ».


Exposée depuis le 23 septembre dernier dans le couloir des salles de conférence du Siège de l’ONU à New York, la maquette de « L’Arche du retour » représente deux impressionnantes parois verticales de couleur blanche, dont l’une prend la forme de la coque de bateau où git le corps d’un homme.  Sur une de ses façades intérieures, l’Arche présente une mappemonde d’où partent de l’Afrique les routes empruntées par les bateaux qui transportaient les esclaves.


« L’Arche du retour », qui aura à peu près 4,5 mètres de long sur 1,8 mètre de large, sera placée sur le côté est de l’esplanade des visiteurs au Siège de l’ONU à New York.  Dans la résolution*, présentée par la Jamaïque, qu’elle a adoptée ce matin, l’Assemblée générale note « avec satisfaction » que c’est l’œuvre de Rodney Leon qui a été choisie, après un concours qui a attiré 310 candidats issus de 83 pays différents.  L’architecte américain d’origine haïtienne est le concepteur du très célèbre « African Burial Ground National Monument », le Monument national érigé, à Manhattan, sur un site où ont été enterrés, au XVIIe et XVIII siècles, quelque 400 esclaves et affranchis africains.


L’œuvre enfin choisie, les fonds continuent à manquer.  Avec un don de 260 000 dollars, l’Inde est le plus grand contributeur au « Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats-Mémorial permanent ».  Son représentant s’est inquiété aujourd’hui du fait que sur les 4,5 millions de dollars nécessaires, seul 1,4 million a été versé.  Aussi, a-t-il exhorté tous les pays, « en particulier ceux qui ont profité du commerce transatlantique », à contribuer généreusement « pour montrer qu’ils reconnaissent qu’ils ont fait du mal et qu’ils ont le sens du repentir ». 


Ce Mémorial doit faire ce grand travail de mémoire pour rappeler qu’au cours de l’histoire de l’humanité, des milliers d’êtres humains ont été traités comme « des choses, des marchandises, taillables et corvéables à merci », a voulu le représentant d’Haïti. 


Une fois achevée, a espéré le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, l’Arche permettra de rendre hommage aux aspirations de l’Assemblée générale, « à savoir la paix, les droits de l’homme, la justice sociale et la dignité de la personne humaine ».


La traite transatlantique a, pendant 400 ans, dépouillé l’Afrique de quelque 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants.  Le Mémorial a pour objet de sensibiliser les gens aux dangers du racisme et des préjugés.


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux ce vendredi 25 octobre avec un débat sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et à la Décennie pour faire reculer le paludisme dans les pays en développement, particulièrement en Afrique.


* A/68/L.7



SUIVI DE LA COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TR ANSATLANTIQUE DES ESCLAVES


Rapport du Secrétaire général sur le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats-Mémorial permanent (A/68/135)


Dans ce rapport, le Secrétaire général indique qu’au 30 juin 2013, un montant total de 1 397 043 dollars avait été enregistré au titre des fonds versés au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les partenariats–Mémorial permanent, dont 1 220 688 dollars au titre de contributions volontaires des États Membres et 108 562 dollars au titre de dons publics et privés.


La ventilation des contributions reçues figure en annexe au présent rapport.


S’agissant des dépenses imputées sur le Fonds d’affectation spéciale, il précise qu’un montant de 171 000 dollars a été prélevé, en grande partie pour financer une subvention de 91 000 dollars accordée à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en vue de l’organisation du concours international pour la conception du mémorial permanent, et pour des services contractuels de 69 400 dollars.


Le Secrétaire général indique également que l’UNESCO a réalisé la première phase du concours en retenant une première liste de 16 projets sur les 310 propositions reçues du monde entier.  En 2013, au cours de la deuxième phase du concours, un jury international indépendant a choisi sept finalistes, avant la sélection du projet gagnant à New York.


Rapport du Secrétaire général sur le Programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage (A/68/291)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte des dispositions prises pour poursuivre l’exécution du Programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage, ainsi que des efforts faits pour faire mieux connaître au public du monde entier les activités commémoratives et le projet de mémorial permanent.


Il indique que l’année 2013 était la date anniversaire de divers grands événements relatifs à l’émancipation, ce qui donnait un sens particulier à la commémoration dont le thème, « Libres à jamais: en célébration de l’émancipation » rendait hommage à l’émancipation des esclaves à travers le monde.


Le Secrétaire général passe en revue les différentes activités de commémoration.  Il explique notamment que du 18 au 25 mars 2013, le Département de l’information a organisé, en étroite collaboration avec les États  membres de la Communauté des Caraïbes et de l’Union africaine, une série  d’activités en vue de célébrer la sixième Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.


Afin de mieux faire connaître la célébration à l’échelle internationale, le Département a collaboré avec son réseau de cntres d’information des Nations Unies, lancé une vaste campagne sur les réseaux sociaux et noué de nouveaux partenariats avec les États Membres et les acteurs de la société civile.


Le Secrétaire général indique également que différents partenariats ont été mis sur pied, notamment avec le Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes.


Il annonce par ailleurs que la commémoration de 2014 aura pour thème « Victoire sur l’esclavage: Haïti et au-delà ».


Déclarations


M. JOHN ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, a indiqué que 310 artistes originaires de 83 pays avaient proposé un projet pour le mémorial permanent et que le jury avait retenu la proposition intitulée « L’Arche du retour » du plasticien haïtien Rodney Leon.  Une fois achevée, a espéré le Président, l’Arche permettra de rendre hommage aux aspirations de l’Assemblée générale, à savoir la paix, les droits de l’homme, la justice sociale et la dignité de la personne humaine.


M. Ashe a rappelé que l’année 2013 marque le 206e anniversaire de l’abolition de la traite esclavagiste transatlantique.  Au nom de l’Assemblée générale, il a nouvelé l’engagement à continuer de renforcer la sensibilisation du public à cette « période noire de notre passé ».  Il a salué les différentes initiatives lancées par les États Membres, les agences de l’ONU et la société civile pour « célébrer l’esprit indomptable » des victimes d’une tragédie qui, a-t-il affirmé, continue d’être infligée à de nombreuses personnes aujourd’hui, « bien que sous des apparences plus subtiles », comme les inégalités sociales et économiques, l’iniquité, la haine, le sectarisme, le racisme et les préjugés. 


Il a également indiqué que les activités lancées dans le cadre de l’application de la résolution 67/108 permettent d’attirer l’attention sur les contributions oubliées des Africains victimes de l’esclavage à leurs communauté et économie.  M. Ashe a dit espérer que cette commémoration des horreurs de l’esclavage et de la traite transatlantique donnera aux États l’élan nécessaire pour lancer des actions concrètes et résolues.


M. ASHWANI KUMAR(Inde) a déclaré que « nous devons prendre toutes les initiatives pour faire en sorte que les générations actuelle et future n’oublient jamais la douleur et la tragédie vécues par les victimes de l’esclavage et du commerce transatlantique des esclaves ».  La communauté internationale doit prendre l’engagement de ne jamais accepter la répétition de ces crimes, a ajouté le représentant.  L’éducation a un rôle important à jouer, en faisant en sorte que les générations actuelle et future prennent conscience des causes et de l’impact de l’esclavage et du commerce transatlantique des esclaves, a-t-il poursuivi.  Une meilleure compréhension de l’histoire donnera une perspective nouvelle des défis actuels, a encore dit M. Kumar qui a salué les différentes activités de sensibilisation et les programmes organisés par le Département de l’information.  L’Inde réclame une allocation régulière et adéquate des ressources au DPI. 


La construction du Mémorial permanent fera office d’hommage aux millions de victimes de l’esclavage, a rappelé M. Kumar.  Avec un don de 260 000 dollars, l’Inde apporte sa contribution au Fonds d’affectation spéciale.  Mais, a relevé le représentant, le Fonds n’a enregistré que 1,4 million de dollars de contribution alors que la construction du Mémorial en nécessite 4,5.  Aussi, a-t-il exhorté tous les pays, en particulier, ceux qui ont profité du commerce transatlantique, à contribuer généreusement pour montrer qu’ils reconnaissent que le mal a été fait et qu’ils ont le sens du repentir.  Le représentant a souhaité que le Mémorial permanent soit construit le plus rapidement possible.


M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rendu hommage à la Jamaïque et à tous ceux qui se sont engagés en faveur de la réalisation du Mémorial permanent.  L’esclavage est le pire des crimes contre l’humanité et l’ampleur et la durée de ce crime, ainsi que la manière dont il a été commis, n’ont aucune comparaison dans l’Histoire.  Les Africains ont souffert pendant des siècles de ce crime horrible et, même après son abolition, ses conséquences continuent d’être une source de préjugés, d’exploitation et de racisme aussi bien sur le continent africain qu’ailleurs. 


Nous reconnaissons la contribution des esclaves à la genèse du panafricanisme, qui a créé l’élan nécessaire pour secouer le joug du colonialisme et donné ensuite naissance à l’Union africaine, a déclaré M. Alemu.


Il est impératif que nous nous souvenions de ceux qui ont péri ou ont été déracinés.  Le souvenir peut être une source d’inspiration pour les générations actuelle et à venir.  L’Éthiopie prend note avec satisfaction des résultats du concours et du choix de « L’Arche du retour ».  Toutefois, elle note que les fonds reçus pour le projet de mémorial ne représentent qu’un tiers des dépenses prévues.  L’Éthiopie invite donc les États à apporter des contributions volontaires et salue les activités commémoratives menées par le Département de l’information. 


M. THEODORE STRICKLAND(États-Unis) a déclaré que son pays continue à progresser dans ​​l’élimination de la discrimination et à contribuer au sein de la communauté internationale à la création d’un monde de liberté et d’égalité pour tous.  Les États-Unis ont soutenu le projet de l’UNESCO « Briser le silence » et demandent aux gouvernements et aux organisations de la société civile de sensibiliser l’opinion publique à l’histoire de la traite des esclaves et à la contribution « inestimable » des personnes d’ascendance africaine dans chaque domaine de l’activité humaine.  Les États-Unis, a-t-il dit, sont fiers que Rodney Leon, un Haïtien-Américain, ait été choisi pour concevoir le Mémorial permanent.  N’oublions jamais cette terrible tragédie humaine qu’est l’esclavage et le commerce transatlantique des esclaves.  « N’oublions pas non plus le courage moral de ceux qui y ont mis fin », a conclu le représentant.


M. AMIRAM MAGID (Israël) a déclaré  que la traite transatlantique des esclaves porte une ombre noire sur notre histoire.  La réduction en esclavage des Africains fut cruelle et déshumanisante.  Trente millions de personnes ont été arrachées à leur foyer, enlevées à leur village et réduites en esclavage. Beaucoup ont raconté les conditions horribles de leur voyage et de leur esclavage.  Les siècles sombres de l’esclavage représentent l’une des agressions les plus durales de l’histoire contre la vie, l’intégrité et la dignité des êtres humains.  Et pourtant, même après l’abolition de l’esclavage, les conditions de vie de nombreuses communautés africaines sont restées abominables durant la première moitié du XIX siècle.


Le peuple juif partage l’histoire des peuples persécutés, a déclaré le représentant. La Bible juive décrit comment le peuple juif est sorti de son esclavage dans l’ancienne Égypte pour devenir une nation sur la terre d’Israël.  En 1948, nous avons enfin obtenu notre indépendance et avons pu reconstruire notre États sur les principes de la liberté, de la tolérance et de la compréhension.  Le peuple juif s’identifie aux souffrances des peuples d’Afrique et des Caraïbes, et de tous ceux qui sont sous le joug.  Israël est fier de sa contribution financière au projet de mémorial permanent et, comme les années précédentes, s’honore d’être coauteur du projet de résolution.  Le Mémorial permanent doit inviter chaque nation, chaque dirigeant et chaque citoyen à agir pour éviter qu’un seul être humain soit réduit en esclavage.  Il n’y a pas de place dans le monde civilisé pour  ceux qui réduisent les autres en esclavage par la haine, le racisme et les préjugés, et alimentent ainsi  la persécution, la guerre et la violence.  Nous devons être des monuments vivants, a déclaré le représentant.  C’est par l’éducation, le souvenir et la vigilance que nous pourrons faire en sorte que les tragédies du passé servent de leçon pour l’avenir.


M. FRITZNER GASPARD (Haïti) a voulu  que le Mémorial soit un « véritable ferment d’unité et de grande réconciliation entre les peuples », contribue à lutter contre l’oubli et fasse « ce grand travail de mémoire » pour rappeler qu’au cours de l’histoire de l’humanité, « des milliers d’êtres humains ont été traités comme des choses, des marchandises, taillables et corvéables à merci ».  M. Gaspard a évoqué la contribution d’Haïti à la « libération de l’humanité de l’ordre esclavagiste ».  Il a indiqué qu’en 1779, à Savannah, des Haïtiens ont combattu aux côtés d’Américains dans leur lutte de libération.  En 2007, la ville de Savannah a d’ailleurs érigé un monument en leur mémoire.  Le représentant a rappelé qu’en 1804, au cours d’une guerre révolutionnaire « sans précédent », l’ordre colonial et esclavagiste établi sur l’île de Saint-Domingue a été renversé pour donner naissance à la « Première république noire du monde ». 


Il a souligné que « l’hospitalité et la nationalité haïtiennes » furent octroyées à tous les Noirs du monde entier qui fuyaient l’ordre esclavagiste et qui arrivèrent sur le territoire haïtien.  Le représentant s’est félicité du fait que la commémoration 2014 aura pour thème « Victoire sur l’esclavage: Haïti et au-delà ».  Citant l’ancien Sous-Directeur de l’UNESCO, M. Pierre Sane, M. Gaspard a affirmé que l’universalité des droits humains a peut-être été conçue à Paris en 1789, mais l’accouchement a bien eu lieu en Haïti, quelques années plus tard.


M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ(Cuba) a déclaré que Cuba s’enorgueillit de ses origines africaines, ajoutant que l’identité cubaine est le résultat d’un processus de « transculturalisation » de différents groupes ethniques dans les temps difficiles de l’époque coloniale puis néocoloniale.  À partir de 1959, a commencé une étape de véritable intégration qui valorise toutes les composantes de Cuba. Nous sommes fondamentalement un mélange d’Africains et d’Hispaniques et nous sommes aussi marqués par des influences asiatiques et des peuples autochtones d’Amérique.  La culture et la nationalité cubaines sont sorties enrichies de cette origine africaine.  Cuba remercie l’Afrique pour son apport, qu’il s’agisse de la musique ou de la lutte pour l’indépendance et la liberté.


L’exploitation inhumaine à laquelle les peuples de trois continents ont été soumis est terrifiante, a déclaré le représentant.  Les pays développés et leur société de consommation, qui sont aujourd’hui responsables de la destruction accélérée de l’environnement, ont été les principaux responsables de la traite transatlantique des esclaves.  Ils se sont également enrichis grâce à l’ordre économique injuste qu’ils ont imposé à l’humanité et à des institutions financières créées exclusivement par eux et pour eux.  Ces pays ont les moyens techniques et financiers de payer leur dette à l’humanité et Cuba soutient la demande d’une indemnisation présentée par la CARICOM.  Elle appuie l’idée que les pays en développement bénéficient d’un traitement spécial dans les relations économiques internationales.


Adoption de la résolution sur le Mémorial permanent et commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves (A/68/L.7)


La représentante du Brésil a affirmé que le moment est venu pour l’ONU de proclamer une décennie des personnes d’ascendance africaine, et a insisté sur l’importance de l’éducation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réaffirme que l’autonomisation des femmes est indispensable au maintien de la paix et de la sécurité internationales

CS/11149

Le Conseil de sécurité réaffirme que l’autonomisation des femmes est indispensable au maintien de la paix et de la sécurité internationales

18/10/2013
Conseil de sécuritéCS/11149
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7044e séance – matin et après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉAFFIRME QUE L’AUTONOMISATION DES FEMMES EST INDISPENSABLE

AU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Le Conseil de sécurité s’est dit conscient, aujourd’hui, de la nécessité de porter une attention « plus systématique » au respect des engagements internationaux en faveur des femmes, la paix et la sécurité.


En ouverture du débat thématique qu’il consacre chaque année à la question, et marqué par les déclarations de près de 70 intervenants, le Conseil a adopté, à l’unanimité de ses 15 membres, sa septième résolution sur les femmes, la paix et la sécurité.


Toutes les résolutions sur ce point découlent de la résolution 1325 (2000) du Conseil, qui appelle régulièrement à son application intégrale afin que soient réalisées l’autonomisation des femmes et leur pleine participation aux processus de paix, à la vie politique et à la reconstruction de leur pays. 


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a salué l’adoption du nouveau texte en rappelant que la participation des femmes était indispensable à la réalisation de la paix durable, du relèvement économique, de la cohésion sociale ainsi qu’au renforcement de la crédibilité politique.  « La résolution 2122 (2013), que le Conseil vient d’adopter, est sans ambiguïté à cet égard », a-t-il affirmé. 


M. Ban a également souligné les efforts de l’ONU pour assurer une représentation accrue des femmes dans ses équipes de médiation, la participation des ONG aux processus de paix dirigés par l’Organisation et l’augmentation du quota de Casques bleus femmes dans les rangs de sa police.  


Constatant qu’en dépit de nombreuses avancées qu’il détaille dans un rapport, la participation des femmes aux processus de paix demeure modeste, il a recommandé de prendre des mesures spéciales pour renforcer la féminisation des activités de maintien et de consolidation de la paix.  Dans cette perspective, il s’est dit encouragé par le fait que, désormais, pas moins de cinq missions de l’ONU sont dirigées par des femmes, en citant le Soudan du Sud, le Libéria, Chypre, Haïti et la Côte d’Ivoire.


En vertu de la résolution 2122 (2013), « le Conseil accueille avec satisfaction les communications périodiques de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes ».  Cette dernière est intervenue pour assurer le Conseil de sa détermination à œuvrer à ses côtés à l’amélioration des résultats.  Sur ce point, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a présenté un bilan mitigé.


Elle a par exemple relevé que, cette année, seulement trois accords de paix sur 10 appuyés par l’ONU, comprennent des dispositions relatives à la participation des femmes.  « Le nombre de femmes qui occupent des postes de haut niveau au sein des missions des Nations Unies stagne », a-t-elle indiqué, avant de se féliciter de l’augmentation des dépenses consacrées à l’égalité des genres dans les mécanismes de consolidation de la paix.


« Ces dépenses restent toutefois en deçà du minimum de 15% requis par le Secrétaire général dans son Plan d’action en sept points sur la participation des femmes à la consolidation de la paix », a nuancé Mme Mlambo-Ngcuka.


Le lien entre autonomisation des femmes et défense de leurs droits fondamentaux a été abordé par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.  Attirant l’attention sur le taux « très élevé » de violences sexuelles dans des pays en crise comme la Syrie et la République centrafricaine, Mme Navi Pillay a estimé que, dans ces contextes, la « restauration de l’état de droit et le renforcement de la justice transitionnelle sont cruciaux pour que justice soit rendue aux victimes et pour empêcher que ces crimes odieux ne soient plus jamais commis ».


En écho à l’allocution du Secrétaire général, Mme Pillay a en outre jugé que les transitions politiques offraient une occasion de transformer « de manière positive » les relations de genre, de combattre les stéréotypes, de réformer les législations et de valoriser la place des femmes dans les sphères publique et privée.


Par ailleurs, les États Membres ont salué le rôle crucial que jouent, sur le terrain, les organisations locales de la société civile en faveur de l’autonomisation des femmes.  La résolution 2122 (2013) souligne précisément leur contribution « à la prévention et au règlement des conflits, au maintien de la paix et de la sécurité et à la consolidation de la paix après un conflit ».


Représentant la société civile, Mme Brigitte Balipou, du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, a déclaré que « nous, les femmes centrafricaines, demandons notre pleine implication dans le processus de négociation de paix ».  Elle a ajouté que cet appel pourrait émaner aussi bien de femmes syriennes, afghanes ou libyennes.  Mme Balipou, qui a demandé que des réparations soient envisagées « pour les victimes des violations du droit international », a déploré que, dans son pays, l’accès à la justice soit actuellement impossible, « l’infrastructure de la justice centrafricaine devant être reconstruite ». 


« En République centrafricaine, il faut que les causes profondes du conflit soient traitées et que les tensions religieuses soient apaisées à travers un dialogue ouvert », a encore plaidé Mme Balipou, qui a souhaité une large participation de la société civile aux élections législatives et présidentielle qui se tiendront en 2015.


Enfin, le Conseil de sécurité, par sa résolution 2122 (2013), déclare « à nouveau » qu’il compte organiser, en 2015, un examen de haut niveau sur l’application de la résolution 1325 (2000), marquant ainsi le quinzième anniversaire de cette adoption historique.  À cet égard, il invite le Secrétaire général à faire réaliser, « en préambule », une étude mondiale indépendante sur l’état de mise en œuvre de ladite résolution. 


LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ


Les femmes, l’état de droit et la justice transitionnelle dans les situations de conflit


Lettre datée du 3 octobre 2013, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Azerbaïdjan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2013/587)


Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité ( S/2013/525)


Dans le présent rapport, le Secrétaire général, qui fait le point sur l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, note, dans les domaines de la prévention et de la protection, « la nette progression de la prise en compte, dans les politiques et les mesures adoptées, de la surveillance, la prévention et la répression de la violence à l’encontre des femmes en période de conflit ».


Il souligne également, qu’au cours de l’année écoulée, une attention accrue a été accordée à la prévention dans le cadre des violences sexuelles en période de conflit.  Il demande ainsi que l’on s’intéresse davantage à toute la gamme de menaces contre la sécurité auxquelles font face les femmes et les filles.


Le Secrétaire général souligne en outre que les études montrent que, « souvent », le lien n’est pas établi entre la participation des femmes à la sécurité et les activités de base des missions de l’ONU.  Il demande donc « à nouveau » à tous les hauts fonctionnaires et les entités sur le terrain chargés de faire rapport au Conseil de sécurité « d’inclure systématiquement des informations sur la situation des femmes et des filles dans leurs rapports et exposés ». 


S’agissant de la participation, M. Ban Ki-moon rappelle que, dans sa résolution 1325, le Conseil de sécurité avait instamment demandé aux États Membres de « faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour la prévention, la gestion et le règlement des différends ».  À cet égard, il se réjouit du fait que de plus en plus de femmes participent aux procédures formelles de règlement des conflits, et il souhaite que, pour poursuivre sur cette voie « prometteuse », les acteurs concernés continuent de déployer des efforts et de se mobiliser. 


Le rapport indique notamment que sur les neuf procédures de négociations actives dirigées par l’ONU en 2012, « six comptaient au moins une représentante ».  Sur les questions spécifiques de la participation des femmes aux processus de paix et aux élections dans les pays sortant d’un conflit, le rapport préconise que des mesures temporaires spéciales soient prises pour faciliter l’accès des femmes à des postes d’élues et appuyer les réformes de la justice transitionnelle et de l’état de droit « tenant compte de la problématique hommes-femmes ». 


« Les périodes de transition peuvent être l’occasion de renforcer le rôle dirigeant, l’autonomisation et les droits des femmes dans les procédures de rétablissement de l’état de droit et des systèmes de gouvernance », note M. Ban.  Ce dernier s’inquiète de ce qu’en Afghanistan, le Parlement ait adopté, en juillet 2013, une loi faisant passer le pourcentage de sièges réservés aux femmes dans les conseils provinciaux de 25 à 20%.


Le rapport indique par ailleurs qu’en décembre 2012, 60% des opérations de maintien de la paix comptaient des spécialistes de la problématiques hommes-femmes, un chiffre comparable à celui de 2011. 


Pour ce qui est de la protection, le rapport indique que sur les concepts stratégiques d’opérations militaires et ordre d’opération promulgués à la mi-2013 dans 8 opérations de maintien de la paix, 67% comportaient des mesures de protection des droits fondamentaux des femmes et des filles.  Cela constitue une augmentation par rapport au chiffre de la mi-2012, qui était de 56%. 


Concernant la consolidation de la paix et le relèvement, le rapport signale entre autres que les mécanismes de justice transitionnelle qui pourraient permettre de s’attaquer aux causes profondes de l’impunité de la violence contre les femmes sont sous-exploités.  M. Ban insiste sur la nécessité de tenir compte du point de vue des femmes dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des mécanismes pertinents, y compris les commissions vérité et réconciliation.


Dans ses observations finales, le Secrétaire général rappelle aux États qu’il faudrait affecter à l’autonomisation des femmes au moins 15% des fonds destinés aux projets de consolidation de la paix après un conflit.  Il prie instamment le Conseil de sécurité de veiller à ce que les  femmes soient dotées des moyens d’agir et de participer au règlement de conflits et à la consolidation de la paix.  Il le prie aussi de faire de la mise en œuvre de ses mandats relatifs aux femmes et à la paix et à la sécurité l’objectif d’une de ses visites périodiques sur le terrain, au cours de la prochaine année.


Enfin, le Secrétaire général de l’ONU recommande qu’une étude mondiale indépendante soit effectuée sur l’application de la résolution 1325 (2000).  C’est sur la base des résultats de cette étude que serait tenu, en 2015 -soit 15 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000)- un examen de haut niveau sur sa mise en œuvre. 


Texte du projet de résolution S/2013/614


Le Conseil de sécurité,


Réaffirmant qu’il tient à ce que ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010) et 2106 (2013) et toutes les déclarations correspondantes de son président continuent d’être appliquées et le soient intégralement, dans toute leur complémentarité,


Rappelant les engagements souscrits dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, réaffirmant les obligations des États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et à son protocole facultatif et exhortant les pays qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier ces instruments ou d’y adhérer,


Ayant présents à l’esprit les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et le fait que la Charte lui confère la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et notant à cet égard que la présente résolution concerne la mise en œuvre du programme en faveur des femmes et de la paix et la sécurité,


Réaffirmant que l’autonomisation des femmes et des filles et l’égalité des sexes sont les éléments indispensables de toute action au service du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver l’application intégrale de la résolution 1325 (2000) ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes ainsi que de l’exercice de leurs droits, grâce à un pilotage concerté et à des informations, des mesures et un appui cohérents visant à accroître la participation des femmes aux prises de décisions à tous les niveaux,


Prenant note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général daté du 4 septembre 2013 et de l’adoption progressive de bonnes pratiques dans plusieurs domaines dont la prévention et la protection, ainsi que du rôle nettement renforcé des politiques et des activités opérationnelles de surveillance, de prévention et de répression des violences faites aux femmes en période de conflit armé et au lendemain d’un conflit, mais demeurant profondément préoccupé par la persistance de lacunes dans la mise en œuvre du programme en faveur des femmes et de la paix et la sécurité, y compris dans des domaines tels que la protection contre les violations des droits fondamentaux, les possibilités offertes aux femmes d’exercer des responsabilités, la mobilisation de ressources pour répondre aux besoins des femmes et les aider à exercer leurs droits, les capacités et l’engagement de tous les acteurs visés par l’application de la résolution 1325 (2000) et des résolutions ultérieures en faveur de la participation et de la protection des femmes,


Se déclarant préoccupé par la vulnérabilité accrue des femmes dans les situations de conflit armé et d’après conflit, notamment en cas de déplacement forcé, du fait de l’inégalité des droits qui leur sont reconnus au regard de la citoyenneté, de l’application biaisée du droit d’asile et des obstacles qui, dans de nombreux cas, entravent l’enregistrement et l’obtention de pièces d’identité,


Se déclarant profondément préoccupé par le fait que, dans les situations de conflit armé et d’après conflit, les femmes sont exposées à toutes sortes de menaces et de violations, et d’atteintes à leurs droits fondamentaux, constatant que les femmes et les filles particulièrement vulnérables ou défavorisées risquent d’être davantage visées ou exposées à la violence et considérant à cet égard qu’il faut faire des efforts plus énergiques pour que la justice transitionnelle s’attaque à l’ensemble des atteintes aux droits des femmes et des violations qu’ils subissent et tienne compte de leurs effets différenciés sur les femmes et les filles, de même qu’aux déplacements forcés, aux disparitions forcées et à la destruction des infrastructures civiles,


Considérant qu’il importe que les États Membres et les entités des Nations Unies cherchent à s’assurer que l’aide et le financement humanitaires prévoient tout l’éventail des services médicaux, juridiques, psychosociaux et d’aide à la subsistance aux femmes touchées par un conflit armé ou une situation d’après conflit, et notant la nécessité de ménager un accès sans discrimination à l’ensemble des services d’hygiène et de santé procréative, y compris en cas de grossesses résultant de viols,


Réaffirmant sa ferme condamnation de toutes les violations du droit international commises dans les situations de conflit armé ou d’après conflit contre les civils, dont les femmes et les filles, ou les affectant directement, notamment les viols et autres formes de violences sexuelles et sexistes, les meurtres et mutilations, les entraves à l’aide humanitaire et les déplacements de masse forcés,


Considérant qu’il incombe au premier chef aux États de respecter et de garantir les droits fondamentaux de toutes les personnes présentes sur leur territoire et qui relèvent de leur juridiction, conformément aux dispositions du droit international, et réaffirmant que c’est aux parties aux conflits armés que revient la responsabilité première d’assurer la protection des civils,


Réaffirmant que l’instauration d’une paix durable exige l’adoption d’une approche intégrée qui se fonde sur la cohérence des activités menées dans les domaines de la politique, de la sécurité, du développement, des droits de l’homme, y compris en ce qu’ils ont trait à l’égalité entre les sexes, de l’état de droit et de la justice et soulignant à cet égard l’importance de l’état de droit en tant qu’élément clef de la prévention des conflits, du maintien de la paix, du règlement des conflits et de la consolidation de la paix,


Conscient dela nécessité de porter une attention plus systématique au respect des engagements en faveur des femmes et de la paix et la sécurité dans son propre travail, notamment afin de renforcer la participation des femmes à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, et notant à cet égard qu’il importe de faire rapport systématiquement et en temps voulu sur les femmes et la paix et la sécurité,


Prenant acte des contributions capitales de la société civile, dont les organisations de femmes, à la prévention et au règlement des conflits et à la consolidation de la paixet soulignant à cet égard l’importance de la concertation et du dialogue entre les femmes et les décideurs nationaux et internationaux,


Constatant la nécessité de remédier aux lacunes et de resserrer les liens entre les missions de paix et de sécurité des Nations Unies, la défense des droits de l’homme et les activités de développement afin de s’attaquer dans le cadre de l’entreprise de paix et de sécurité internationales aux causes profondes des conflits armés et des menaces qui pèsent sur la sécurité des femmes et des filles,


Considérant que l’émancipation économique des femmes contribue considérablement à la stabilisation des sociétés sortant d’un conflit armé et se félicitant de la déclaration faite par la Commission de consolidation de la paix le 26 septembre 2013 sur l’autonomisation économique des femmes aux fins de la consolidation de la paix (PBC/7/OC/L.1),


Prenant acte de l’adoption du Traité sur le commerce des armes et notant que les dispositions du paragraphe  4 de l’article 7 dudit instrument prévoient que les États parties exportateurs doivent tenir compte du risque que des armes classiques ou des biens visés puissent servir à commettre des actes graves de violence fondés sur le sexe ou des actes graves de violence contre les femmes et les enfants, ou à en faciliter la commission,


Attendant avec intérêt l’importante contribution que peut apporter la mise en application du Traité sur le commerce des armes à la diminution des violences faites aux femmes et aux filles dans les situations de conflit armé et d’après conflit,


Se félicitant des efforts faits par les États Membres et constatant les mesures prises par les organisations régionales et sous-régionales pour appliquer la résolution 1325 (2000) et les résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité aux niveaux régional, national et local et pour notamment formuler des plans d’action et des cadres de mise en œuvre, et encourageant les États Membres à poursuivre dans cette voie en intensifiant leur travail de suivi, d’évaluation et de coordination,


1.    Constate qu’il doit appliquer la résolution 1325 (2000) de façon cohérente dans ses propres travaux et prévoit de porter une attention accrue aux initiatives et à la participation des femmes dans le cadre du règlement des conflits et de la consolidation de la paix, notamment en suivant les progrès de l’application et en s’attaquant aux problèmes que posent le manque de données et d’analyses concernant les effets des conflits armés sur les femmes et les filles, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix et la dimension hommes-femmes des processus de paix et du règlement des conflits, et la qualité de celles qui existent;


2.    Constate également qu’il doit disposer en temps voulu de renseignements et d’analyses concernant les effets des conflits armés sur les femmes et les filles, le rôle des femmes dans la consolidation de la paix et les dimensions hommes-femmes dans les situations dont il est saisi, et par conséquent:


a)    Accueille avec satisfaction les communications périodiques de la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes et du Secrétaire général adjoint/Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit au sujet de questions concernant les femmes et la paix et la sécurité;


b)    Prie le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques et les hauts fonctionnaires compétents de le tenir informé de l’état de la question relative aux femmes et à la paix et la sécurité, et notamment de l’application de la résolution, lors de leurs exposés périodiques;


      c)    Prie le Secrétaire général, ses envoyés spéciaux et ses représentants spéciaux auprès des missions des Nations Unies de l’informer, lors de leurs exposés périodiques, des progrès accomplis en ce qui concerne la participation des femmes, notamment dans le cadre de consultations avec la société civile, en particulier les organisations féminines, aux débats consacrés à la prévention et au règlement des conflits, au maintien de la paix et de la sécurité et à la consolidation de la paix après un conflit;


d)    Prie le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques de faire figurer systématiquement dans les rapports qu’ils lui adressent des informations et des recommandations sur les femmes et la paix et la sécurité;


      e)    Invite toutes les commissions des Nations Unies chargées d’enquêter sur les situations dont il est saisi à lui communiquer dans leurs exposés des informations relatives aux effets différenciés des conflits armés sur les femmes et les filles et notamment à formuler des recommandations pour faire prévaloir le principe de responsabilité et promouvoir la justice et la protection des victimes durant et après les conflits armés et dans les situations de transition;


3.    Entend mettre davantage l’accent sur les questions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité dans tous les domaines thématiques pertinents inscrits à son programme de travail, notamment ceux concernant la protection des civils en période de conflit armé, la consolidation de la paix après les conflits, la promotion et le renforcement de l’état de droit dans le cadre des activités de maintien de la paix et de la sécurité internationales, la paix et la sécurité en Afrique, les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, et le maintien de la paix et de la sécurité internationales;


4.    Réaffirme son intention, lorsqu’il créera ou reconduira des missions des Nations Unies, d’inclure dans leur mandat des dispositions sur la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les situations de conflit ou d’après conflit et, selon le cas, de prévoir la nomination de conseillers pour les questions touchant les femmes et entend également prévoir des dispositions qui facilitent la protection des femmes et la participation sans réserve de ces dernières aux préparatifs électoraux, aux mécanismes politiques, aux programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration, aux réformes du secteur de la sécurité et du secteur judiciaire et aux dispositifs plus larges de relèvement après un conflit lorsque ces tâches font partie du mandat de la mission;


5.    Prie la direction des missions de maintien de la paix des Nations Unies d’évaluer les violations des droits des femmes et les atteintes dont ces dernières sont victimes en période de conflit armé ou au lendemain d’un conflit, et prie les missions de maintien de la paix de traiter, en accord avec leur mandat, les menaces qui pèsent sur la sécurité des femmes et des filles et les problèmes que soulève leur protection en période de conflit armé ou au lendemain d’un conflit;


6.    Constate l’importance des échanges de ses membres au Siège de l’Organisation et sur le terrain avec la société civile, notamment les organisations féminines, et s’engage à prévoir des séances de questions-réponses avec les femmes et les organisations féminines locales lors de ses visites périodiques dans les zones de conflit;


7.    Sait qu’il importe de continuer à intensifier la participation des femmes et à mettre l’accent sur les questions relatives à la problématique hommes-femmes dans tous les débats portant sur la prévention et le règlement des conflits armés, le maintien de la paix et de la sécurité et la consolidation de la paix après les conflits et, à cet égard:


a)    Prie les envoyés spéciaux et les représentants spéciaux du Secrétaire général dans les missions des Nations Unies d’organiser, le plus tôt possible après leur déploiement, des consultations périodiques avec des organisations de femmes et de dirigeantes, y compris des groupes de femmes marginalisées sur les plans social ou économique;


b)    Engage les États Membres concernés à mettre au point des mécanismes de financement spécialisés en vue d’appuyer l’action et d’étoffer les moyens des organisations qui soutiennent le renforcement des capacités de direction des femmes et la participation sans réserve de celles-ci à tous les niveaux des mécanismes de prise de décisions relatifs à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), notamment en vue d’augmenter les contributions faites aux organisations locales de la société civile;


c)    Prie le Secrétaire général de renforcer, dans les délégations prenant part aux pourparlers de paix et parmi les membres des équipes d’appui à la médiation, la connaissance de la problématique hommes-femmes en vue de faciliter la consolidation de la paix, en dotant toutes les équipes d’appui à la médiation de compétences relatives à la problématique hommes-femmes ou en mettant des spécialistes de la question à leur disposition, le prie également d’appuyer la nomination de femmes aux postes de médiateur des Nations Unies et à des postes à responsabilité dans les équipes de médiation des Nations Unies et engage toutes les parties à ces pourparlers de paix à faciliter la participation pleine et égale des femmes à la prise de décisions;


8.    Souligne l’importance qu’il y a pour les États Membres menant des activités électorales et des réformes constitutionnelles à l’issue d’un conflit à poursuivre leurs efforts, avec l’appui des entités des Nations Unies, pour veiller à ce que les femmes participent pleinement et dans des conditions d’égalité à toutes les phases de ces activités et note qu’une attention particulière doit être accordée à la sécurité des femmes avant et durant les élections;


9.    Engage les pays qui fournissent du personnel militaire ou des effectifs de police à déployer un plus grand nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et à fournir à tout le personnel militaire et à tous les effectifs de police une formation qui les aidera à s’acquitter de leurs fonctions, et encourage les entités des Nations Unies à formuler des conseils et à élaborer des modules de formation adaptés, notamment des modules de formation avant le déploiement à base de scénarios sur la prévention de la violence sexuelle et des violences sexistes;


10.   Souligne qu’il importe de poursuivre l’action menée pour écarter les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder à la justice dans les situations de conflit et d’après conflit, notamment de réformer le droit, la justice et le secteur de la sécurité et d’adopter d’autres mécanismes en tenant compte de la problématique hommes-femmes;


11.   Exhorte toutes les parties concernées, y compris les États Membres, les entités des Nations Unies et les institutions financières, à appuyer le développement et le renforcement des capacités des institutions nationales, en particulier de l’appareil judiciaire et du système de santé, ainsi que des réseaux locaux de la société civile afin d’apporter durablement une aide aux femmes et aux filles pendant et après un conflit armé;


12.   Engage les États Membres à s’acquitter des obligations qui leur incombent dans la lutte contre l’impunité, à procéder à des enquêtes approfondies et à poursuivre les auteurs de crimes de guerre, de génocide, de crimes contre l’humanité et d’autres violations graves du droit international humanitaire et note que la lutte contre l’impunité pour les crimes les plus graves, au regard du droit international, qui ont été commis contre des femmes et des filles a été renforcée grâce aux travaux de la Cour pénale internationale, des tribunaux spéciaux et mixtes, ainsi que des chambres spécialisées des tribunaux nationaux;


13.   Rappelle les dispositions applicables du droit international concernant le droit à réparation à raison de violations des droits individuels;


14.   Demande instamment aux États Membres et aux entités des Nations Unies de faire en sorte que les femmes puissent participer pleinement et véritablement aux initiatives visant à combattre et éliminer le transfert illicite et le détournement d’armes légères et de petit calibre;


15.   Déclare à nouveau qu’il compte organiser en 2015 un examen de haut niveau visant à faire le point des progrès accomplis aux niveaux mondial, régional et national dans l’application de la résolution 1325 (2000), à renouveler les engagements et à s’attaquer aux obstacles et contraintes qui sont apparus dans la mise en œuvre de ladite résolution, souligne avec préoccupation qu’à moins d’un changement radical, il est à prévoir que les femmes et la perspective des femmes resteront sous-représentées dans la prévention et le règlement des conflits, la protection et la consolidation de la paix, engage les États Membres, les organisations régionales, le cas échéant, et les entités des Nations Unies qui se sont dotés de principes et de plans en vue d’appuyer la mise en œuvre de la ésolution à commencer à examiner leurs plans et objectifs de mise en œuvre et invite les États Membres à évaluer les progrès accomplis, à accélérer la mise en œuvre et à se préparer à formuler de nouveaux objectifs avant la tenue en 2015 de l’examen de haut niveau;


16.   Invite le Secrétaire général, en prélude à l’examen de haut niveau, à faire réaliser une étude mondiale indépendante sur l’application de la résolution 1325 (2000), mettant en évidence les exemples de bonne pratique, les défauts et difficultés de mise en œuvre, ainsi que les nouvelles tendances et les axes d’intervention prioritaires, et l’invite également à lui rendre compte dans son rapport annuel en 2015 des résultats de l’étude et à mettre celle-ci à la disposition de tous les États Membres de l’Organisation des Nations Unies;


17.   Entend faire de l’exécution du mandat relatif aux femmes, à la paix et à la sécurité l’objectif de l’une de ses visites périodiques sur le terrain, en prélude à l’examen de haut niveau de 2015;


18.   Prie le Secrétaire général de continuer à lui présenter des rapports annuels faisant état des progrès accomplis dans l’application de la résolution 1325 (2000), de lui présenter son prochain rapport d’ici à octobre 2014 et d’y décrire tout nouveau progrès dans tous les domaines concernant les femmes, la paix et la sécurité, y compris les défauts et difficultés de mise en œuvre;


19.   Décide de demeurer activement saisi de la question.


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a déclaré que l’état de droit, l’accès des femmes à la justice transitionnelle et la participation des femmes étaient étroitement liés.  « Les femmes doivent être impliquées à chaque étape des efforts engagés pour rétablir l’état de droit et reconstruire les sociétés par le biais de la justice transitionnelle. »  « Leurs besoins en matière de sécurité et de justice doivent être traités. »  « Leur voix doit être entendue et leurs droits protégés », a-t-il ajouté.  Le Secrétaire général a exhorté le Conseil à appréhender toute la gamme des violations des droits pendant un conflit.  À cette fin, il a souhaité que les mandats politiques et de maintien de la paix de l’ONU appuient les procédures pénales nationales sanctionnant les crimes internationaux contre les femmes les plus graves et que des mesures spéciales soient prises pour donner aux femmes l’opportunité de contribuer à l’élaboration et à la fourniture d’une justice transitionnelle. 


L’ONU, a assuré le Secrétaire général, entreprend des efforts pour assurer une représentation accrue des femmes dans ses équipes de médiation, la participation des organisations de la société civile dans tous les processus de paix dirigés par l’Organisation et l’augmentation du nombre de Casques bleus femmes dans les rangs de police de l’ONU.  Il a néanmoins noté qu’en dépit de ces avancées, la participation des femmes aux processus de paix demeurait modeste.  « Des mesures spéciales doivent être prises pour accroître le nombre des femmes à tous les niveaux de médiation, de maintien et de consolidation de la paix », a-t-il insisté, en saluant le fait que, pour la première fois dans l’histoire des opérations de paix de l’ONU, cinq de ces missions sont dirigées par des femmes: au Soudan du Sud, au Libéria, à Chypre, en Haïti et en Côte d’Ivoire.


Pour le Chef de l’ONU, la participation des femmes aux efforts de paix relève de l’égalité de genre et du respect des droits de l’homme universels.  « Elle est cruciale à la réalisation de la paix durable, du relèvement économique, de la cohésion sociale et de la crédibilité politique ».  « La résolution adoptée aujourd’hui est sans ambiguïté à cet égard », a-t-il dit.  Concluant son intervention, le Secrétaire général a soutenu l’appel du Conseil de sécurité d’organiser, en 2015, à l’occasion du quinzième anniversaire de son adoption, une réunion de haut niveau sur l’état de mise en œuvre de la résolution 11325 (2000).


Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a indiqué que la résolution adoptée, ce matin, faisait obligation à tous –le Conseil de sécurité, les Nations Unies, les organisations régionales, les États Membres– de ménager une place pour les femmes à la table des négociations de paix.  Elle s’est dite convaincue qu’il y avait suffisamment de femmes hautement qualifiées pour occuper ce rôle et des postes de haut niveau.  « C’est à nous d’ouvrir les portes pour que les femmes puissent participer pleinement aux processus de paix », a-t-elle affirmé, avant d’indiquer que les équipes de médiation devraient encourager les parties à prévoir une participation accrue des femmes aux négociations et à inclure les questions de genre dans les accords de cessez-le-feu et de paix.


La Directrice exécutive a ensuite souligné qu’il était essentiel que les membres du Conseil demandent des rapports d’information spécifiques sur l’impact des conflits sur les femmes.  Tous les crimes commis contre les femmes sont soumis à l’attention des Comités de sanctions et des commissions internationales d’enquête, a-t-elle dit, avant d’insister sur la nécessité d’appuyer les organisations pour les droits des femmes de manière résolue.


« Nous assistons à l’émergence de nouvelles pratiques de médiation particulièrement sensibles à la problématique hommes-femmes », s’est-elle félicitée.  Désormais, a-t-elle noté, des consultations régulières avec des responsables femmes ont lieu et un conseiller sur l’égalité des genres fait partie intégrante des équipes de médiation.


Mme Mlambo-Ngcuka a indiqué que les gains enregistrés s’agissant de la participation des femmes n’étaient pas encore suffisants.  Relevant que, cette année, seulement 3 accords de paix sur 10, appuyés par l’ONU, comptaient des dispositions relatives à la participation des femmes, ce qui est néanmoins plus que l’année précédente.  « Le nombre de femmes qui occupent des postes de haut niveau au sein des missions des Nations Unies stagne », a-t-elle dit.


Tout en se félicitant de l’augmentation des dépenses consacrées à l’égalité des genres dans les processus de consolidation de la paix, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a déploré que ces dépenses restent en deçà du minimum de 15% requis par le Secrétaire général dans son Plan d’action en sept points.  « Je suis déterminée à œuvrer avec vous à l’amélioration de ces résultats », a-t-elle affirmé.


Abordant le thème de la justice transitionnelle, Mme Mlambo-Ngcuka a indiqué que l’application de la loi dans certains contextes pouvait être biaisée à l’égard des femmes, dans la mesure où pas certaines formes de violence dont elles sont victimes ne sont pas sanctionnées.  « Même lorsque les lois en vigueur sont conformes aux normes du droit international, leur application peut être insuffisante », a-t-elle affirmé.  Ceci contribue à alimenter un climat d’impunité.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a estimé qu’il était utile de rappeler que les formes publiques et visibles des violences faites aux femmes par temps de conflit étaient souvent la conséquence des inégalités entre hommes et femmes.


« Le leadership des femmes est crucial pour que les efforts de réconciliation et de consolidation de la paix se traduisent par des dividendes tangibles pour les familles et les communautés », a conclu Mme Mlambo-Ngcuka.


Mme NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que la protection des droits des femmes restait un défi.  Elle a pris comme exemple la crise syrienne et la situation actuelle en République centrafricaine, des pays où, comme l’ont montré les rapports du Conseil des droits de l’homme, le taux de violence sexuelle contre les femmes est particulièrement élevé.  Elle a estimé que, dans ces contextes, la restauration de l’état de droit et les processus pertinents de justice transitionnelle étaient cruciaux pour assurer que justice soit rendue aux victimes et pour empêcher que ces crimes « odieux » ne puissent se reproduire.  Mme Pillay s’est réjouie de ce que la problématique hommes-femmes soit davantage prise en compte dans les mandats et la composition des commissions vérité et réconciliation et dans les commissions d’enquête. 


Le Haut Commissariat aux droits de l’homme et ONU-Femmes publieront bientôt un guide portant sur la réparation aux victimes de violences sexuelles en période de conflit, a indiqué Mme Navi Pillay.  Elle a ensuite souligné que, dans plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo, des efforts réels ont été engagés pour que les auteurs de crimes sexuels soient traduits en justice.  Le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme de la MONUSCO a mis en place des cliniques accueillant les victimes, et il s’est employé à former des policiers et des magistrats à la problématique complexe du crime sexuel en période de conflit, a indiqué Mme Pillay.  Elle a évoqué la situation dans les pays du Moyen-Orient, notant que les parlementaires femmes y font face à une opposition féroce lorsqu’elles présentent un projet de loi sur les droits des femmes, notamment pour accroitre la visibilité et la participation à la vie publique des citoyennes. 


Pour inverser la tendance, outre l’instauration de quotas et autres mécanismes d’appui à la participation des femmes dans les pays sortant d’un conflit, il faudrait mettre l’accent sur ces « freins » que sont l’illettrisme, la pauvreté, la discrimination et la violence, a insisté la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Elle a ainsi soutenu la recommandation du Secrétaire général de renforcer le lien entre paix et sécurité, droits de l’homme et développement.  L’adoption d’une approche basée sur les droits de l’homme est essentielle si l’on veut s’attaquer efficacement aux racines des conflits et aux menaces à la sécurité des femmes.  Faisant de nouveau référence aux recommandations du Secrétaire général, Mme Pillay a estimé que les transitions politiques offraient une occasion de transformer positivement les relations de genre, de mettre à mal les stéréotypes, de réformer les législations, et d’appuyer l’autonomisation des femmes « dans les sphères publique et privée ».


Mme BRIGITTE BALIPOU, Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité, a tout d’abord indiqué que la situation en République centrafricaine avait basculé dans un véritable conflit, en ajoutant que le recrutement des enfants soldats avait pris une envergure considérable.  « Nous vivons dans la peur et c’est pourquoi, a-t-elle dit, une intervention humanitaire et sécuritaire dans le pays s’impose.


Il est grand temps d’éliminer les obstacles dressés contre la pleine participation des femmes dans tous les secteurs de la société, d’assurer des ressources continues et de démontrer une volonté politique afin de promouvoir les rôles légitimes des femmes pour prévenir et mettre fin aux conflits.  « Nous, les femmes centrafricaines, demandons notre pleine implication dans le processus de négociation de la paix », a-t-elle affirmé, en ajoutant que cet appel résonnait aussi bien auprès des femmes en Syrie, en Afghanistan ou encore en Libye.


En ce qui concerne la justice transitionnelle, Mme Balipou a indiqué qu’une telle justice exigeait que les accords de paix ne prévoient pas d’amnisties pour les violations des droits des femmes.  Cette justice s’obtient notamment par l’assurance d’une participation active des femmes à la vie politique en tant que candidates politiques et électrices, a poursuivi Mme Balipou.  Des réparations doivent être envisagées pour les victimes des violations du droit international.  Elle a ensuite déploré que dans son pays l’accès à la justice était actuellement impossible, « l’infrastructure de la justice centrafricaine devant être reconstruite ».


« La prévention des conflits nécessite un investissement consolidé vis-à-vis des droits des femmes, de l’égalité, de l’éducation et d’une société civile dirigée par les femmes », a-t-elle affirmé.  En République centrafricaine, il est crucial, a-t-elle souligné, que les causes profondes du conflit soient abordées et que les tensions religieuses croissantes soient apaisées à travers un dialogue ouvert.  Mme Balipou a lancé un appel pour une pleine participation des organisations de la société civile œuvrant en faveur des femmes dans le processus de planification des élections législatives et présidentielle qui se tiendront en 2015.


Elle a également estimé que la démilitarisation devrait être une composante essentielle dans la prévention des conflits.  Les domaines traditionnels de la sécurité doivent, a-t-elle dit, s’ouvrir aux femmes.  « Nous demandons que cela soit pris en compte lors de la planification du déploiement des troupes pour le maintien de la paix de l’Union africaine en Centrafrique », a-t-elle lancé.


Mme Balipou a plaidé pour l’adoption de réponses multisectorielles compréhensives, dotées d’un financement adéquat, qui puissent assurer aux femmes des services médicaux, légaux, psychosociaux complets, pendant et au lendemain des conflits.


En conclusion, Mme Balipou a souhaité que les principes de la résolution 1325 (2000) soient intégrés dans les objectifs et les indicateurs pour le développement pour l’après-2015, tout en appelant les membres du Conseil à être des modèles à suivre dans la mise en œuvre de cette résolution.  « Je fais appel au Conseil de sécurité pour que la Centrafrique ne devienne un conflit oublié et je demande des actions rapides en ce sens », a-t-elle affirmé.


M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a salué l’adoption de la résolution 2122 (2013), « qui réaffirme le rôle clef des femmes dans la résolution des conflits et l’établissement d’une paix durable ».  « Le Conseil de sécurité va désormais entendre plus régulièrement des exposés des organes pertinents des Nations Unies », s’est réjoui le représentant.  « Il faut entendre les voix des femmes dans tout processus de résolution de conflit », a-t-il insisté, en précisant que la question de la restauration de l’état de droit et l’efficacité de la justice transitionnelle étaient essentiels  « pour rétablir et pour protéger les droits des femmes et reconstruire des sociétés stables et justes ». 


Concernant l’accès à la justice des femmes victimes de violence en période de conflit, le représentant a évoqué la mise en place de tribunaux mobiles en République démocratique du Congo.  « Le Royaume-Uni a créé une équipe d’experts sur l’état de droit, qui fournit des informations aux pays pour qu’ils renforcent leurs capacités et adoptent des lois adaptés aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », a-t-il également fait observer.   Le représentant a ensuite souhaité que les femmes, « qui ne sont considérées que comme des victimes », deviennent des agents du changement.  « Depuis la fin de la guerre froide, 4% des signataires des traités de paix sont des femmes. »  « On ne peut pas continuer d’exclure 50% de l’humanité si l’on veut atteindre une paix pérenne », a-t-il déclaré, avant de conclure. 


Mme SAMANTHA POWER (États-Unis), puisant dans son expérience de journaliste, a rappelé que les viols avaient été utilisés comme armes de guerre lors du conflit en ex-Yougoslavie.  « En dépit de la création du Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie, il n’a malheureusement pas été possible de rendre justice aux milliers de femmes victimes de ces viols », a-t-elle déploré.  Tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, a-t-elle dit, doivent prévoir une participation accrue des femmes aux efforts de paix.  « Il ne saurait y avoir d’excuses », a-t-elle insisté, avant de détailler les progrès signalés à cet égard par le Secrétaire général dans son rapport.


La représentante des États-Unis s’est ainsi félicitée que 3 accords de paix sur 10, appuyés par l’ONU cette année, comprennent des dispositions relatives à la problématique hommes-femmes, avant de saluer la politique de tolérance zéro concernant les violences sexuelles par le personnel des opérations de l’ONU.  Elle a toutefois regretté que cinq missions de l’ONU seulement soient dirigées par des femmes.


Mme Power s’est ensuite félicitée que 62% des membres du Parlement rwandais soient des femmes, ce qu’elle a qualifié de « remarquable », avant de rendre un vibrant hommage à Malala, l’adolescente pakistanaise agressée par les Taliban pour avoir défendu l’éducation pour les filles.


Pointant la forte corrélation entre les inégalités entre les hommes et les femmes et les troubles sociaux, dont la République démocratique du Congo est un exemple fort, Mme Power a plaidé pour un changement dans la manière dont les défis sécuritaires sont appréhendés.  « La participation accrue des femmes dans la prévention des conflits et les processus de paix ne signifient pas un désengagement des hommes, mais bien au contraire l’union des sexes au service de la paix », a-t-elle conclu.


M. GARY QUINLAN (Australie) a estimé que pour que le Conseil demeure réactif, il est crucial que tous les acteurs du système des Nations Unies lui fournissent des informations et analyses pertinentes en temps voulu.  C’est pourquoi, a-t-il dit, l’Australie salue l’adoption de la résolution 2122 (2013).  En dépit des nombreux appels en faveur de la protection des femmes dans la prévention des conflits, a-t-il noté, 78% des deux millions de réfugiés syriens, 78% sont des femmes et des filles.  Elles ont fui la violence et cherchent maintenant à se protéger contre les violences sexuelles, les discriminations basées sur le genre, les mariages et grossesses précoces ou encore l’exploitation.  Pour l’Australie, ces situations ne doivent en aucun cas les empêcher de participer activement au processus de reconstruction de la société syrienne.  La communauté internationale a le devoir de veiller à ce qu’elles contribuent aux efforts visant à trouver un règlement à la crise dans le pays, a souligné le représentant.


Pour les pays sortant d’un conflit, la participation politique des femmes est également cruciale.  Les processus formels de paix doivent, dans ce contexte, refléter la réalité des femmes qui prennent déjà des initiatives de paix dans leurs communautés.  De même, les mécanismes de justice transitionnelle doivent tenir compte des violences et discriminations dont elles ont été victimes, a insisté le représentant.


Le représentant de l’Australie s’est dit convaincu que la réunion de haut niveau de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, qui se tiendra à l’occasion du quinzième anniversaire de l’adoption de ce texte, offrira l’occasion d’évaluer les progrès enregistrés dans ce domaine et de prendre des engagements pour faire face aux défis qui persistent.  La pleine mise en œuvre de cette résolution ne peut attendre, a dit M. Quinlan.


M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a notamment estimé que l’autonomisation des femmes dans les processus de consolidation de la paix passait par une action collective et coordonnée de tous les acteurs en vue de la mise en œuvre des mesures de protection des femmes « telles que prévues par la résolution 1325 du Conseil de sécurité ».  Il a également souligné le rôle précieux de la société civile dans l’autonomisation des femmes et le renforcement de la bonne gouvernance dans les pays sortant d’un conflit.  Le représentant marocain, qui a salué l’augmentation du nombre de femmes dans les processus de médiation et la prise en compte accrue de la problématique hommes-femmes dans les mandats de maintien et de consolidation de la paix, a évoqué la situation des femmes réfugiées.  « Il faut que les États Membres se conforment à leurs obligations internationales et enregistrent les réfugiées présentes sur leur sol.  Cela facilitera leur autonomisation et leur  participation active dans les institutions nationales et régionales de prévention des conflits », a-t-il dit. 


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que peu de progrès avaient été accomplis pour arriver à une pleine participation des femmes dans les processus de justice transitionnelle.  Il faut aussi améliorer l’analyse de la différence des effets des infractions à la règle de droit sur les femmes et les filles pendant et après les conflits, a-t-il proposé.  Il a plaidé en faveur du renforcement de la lutte contre l’impunité, d’un meilleur accès des femmes à la justice et du renforcement des infrastructures de justice qui sont saisies de ces crimes.  M. Rosenthal a mentionné l’existence d’une loi guatémaltèque qui punit le fémicide et d’une juridiction spécialisée créée pour poursuivre ce type de crime.


M. Rosenthal a soutenu la recommandation du Secrétaire général selon laquelle il faut renforcer les efforts pour répondre aux besoins des femmes et des filles, en particulier celles qui sont devenues chefs de famille.  Il a également salué les travaux menés par ONU-Femmes qui contribuent à l’application de la résolution 1325.  Nous souhaitons aussi que les femmes participent davantage à la consolidation de la paix et au renforcement des capacités après les conflits, a-t-il dit.  Il a invité à reconnaitre que les femmes sont des artisans de paix et de stabilité.  Recevoir des informations à temps est crucial pour sauver des vies, a-t-il souligné, en mettant l’accent sur l’importance de la prévention des conflits.


Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a indiqué qu’il était plus dangereux d’être une femme qu’un soldat en période de conflit.  Les crimes commis contre les femmes ont cessé aujourd’hui, s’est-il cependant félicité, d’être des crimes invisibles grâce à une prise de conscience mondiale.  Les violences sexuelles constituent, en vertu du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale de « crime de guerre », a-t-elle rappelé.  La résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité a marqué une nouvelle étape en faveur des femmes dans les conflits.


La représentante, tout en notant les efforts entrepris dans la lutte contre les violences sexuelles, a regretté que les femmes continuent d’être victimes de ces actes odieux.  Citant les terribles témoignages de victimes de ces violences, recueillis dans des pays africains, elle a notamment fait remarquer que chaque heure, 48 femmes étaient violées.  Elle a ensuite déploré que le code pénal d’un pays d’Asie qualifie le viol comme un acte d’adultère, à moins que la déclaration de la victime ne soit appuyée par quatre témoins.  Elle a cité aussi le témoignage d’une femme d’un pays d’Amérique latine qui ne peut pas dénoncer le viol dont elle a été victime auprès de la police, « ce qui équivaut à un second viol ». 


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a souhaité que les États traduisent les dispositions de la résolution que le Conseil de sécurité vient d’adopter en actions concrètes sur le terrain.  « Notre cadre normatif est solide, que la présente résolution vient renforcer », a-t-il dit.  Le représentant a déploré que les violences faites aux femmes continuent d’être largement utilisées comme arme de guerre.  « Cela doit cesser », a-t-il martelé, avant de rappeler que les Casques bleus pakistanais, « les hommes comme les femmes », étaient sensibilisés à cette question grâce à des programmes de formation bien ciblés. 


Soulignant que l’état de droit et la justice transitionnelle sont des éléments clefs du programme des Nations Unies sur les femmes et la paix et la sécurité, le représentant a estimé qu’il était nécessaire d’examiner de manière approfondie les « véritables causes des conflits chroniques qui maintiennent les pays dans l’instabilité et empêchent ainsi l’autonomisation des femmes ».  Le représentant du Pakistan a par ailleurs déclaré que le rôle des femmes comme agents de la paix devrait figurer expressément dans les mandats de la paix de l’ONU.  Cela ne doit pas pour autant écarter le Conseil de ses priorités principales en matière de paix et de sécurité internationales.


M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) s’est dit convaincu que les violences sexuelles faites aux femmes s’apparentaient à un véritable terrorisme sexuel.  Il a ensuite souligné les efforts déployés par son pays en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, en rappelant que la Chambre basse du Parlement rwandais comprenait plus de 60% de femmes.  Il a ensuite souhaité que tous les mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU prévoient des dispositions relatives à la protection des femmes et à l’égalité des genres, ainsi que la désignation de conseillers pour ces questions.


Le représentant a exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à se doter de plans d’action, en application de la résolution 1325.  La politique de tolérance zéro pour les auteurs de crimes sexuels contre les femmes et les filles doit être pleinement respectée, a-t-il insisté, en rappelant l’expérience douloureuse que son pays avait vécu lors du génocide.  « La communauté internationale devrait renforcer les capacités des pays en matière de justice transitionnelle », a poursuivi le délégué du Rwanda.  Les tribunaux pénaux internationaux doivent, a-t-il dit, jouer un rôle complémentaire à celui des juridictions nationales.  En conclusion, il a indiqué que sa délégation attendait l’étude mondiale indépendante sur l’application de la résolution 1325 dans le monde, recommandée par le Secrétaire général dans son rapport.


M. LIU JIEYI (Chine) a souhaité que les États et la communauté internationale veillent à ce que les femmes jouent un rôle essentiel dans les processus de paix.  « L’ONU et ses organes doivent respecter leurs mandats respectifs et assurer une répartition efficace et coordonnée des tâches », a-t-il demandé, en soulignant qu’il est important pour les parties de tenir compte des besoins spécifiques des pays afin de les aider au mieux à renforcer leurs capacités institutionnelles et techniques.  « Le Conseil de sécurité doit se concentrer sur la prévention, la médiation et le relèvement après les conflits », a-t-il par ailleurs insisté.  Le représentant de la Chine a, à son tour, affirmé que la restauration de l’état de droit après un conflit était « un élément à part entière de la consolidation de la paix et un fondement pour garantir les droits des femmes et défendre leurs intérêts ».  Il est également nécessaire que les femmes participent activement « et sur un pied d’égalité » avec les hommes aux processus de paix dirigés par l’ONU et à la réforme du secteur de la sécurité de leur pays.  « Leur participation à ces efforts et au relèvement peut déterminer l’autonomisation des femmes dans les pays sortant d’une crise », a-t-il conclu.


M. KODJO MENAN (Togo) a estimé que la réhabilitation des institutions judiciaires et leur renforcement en ressources humaines et matérielles pourraient contribuer à dissuader la commission des violations graves des droits des femmes et à punir leurs auteurs.  Il a également noté l’impact positif des commissions Vérité et réconciliation en faveur de l’établissement d’une « justice pour tous, qui établit la vérité et répare les dommages ».  M. Menan a considéré que pour que les femmes participent en nombre et de manière active aux efforts de reconstruction des pays, celles-ci doivent pouvoir exercer, « en temps de paix comme dans les situations de conflit », de tous les droits économiques et sociaux, des droits de succession ainsi que de l’accès aux services de base, notamment l’éducation et la santé.  Le représentant togolais a ensuite encouragé les Nations Unies à accompagner les pays qui ne l’ont pas encore fait « à transposer dans leur système national l’expérience de ceux qui ont réussi à accroître le rôle des femmes dans les processus de paix et de reconstruction après conflit ». 


M. EVGENY ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a déclaré que les violences faites aux femmes ne relevaient pas du seul mandat du Conseil de sécurité, mais aussi de celui de l’Assemblée générale.  Il est important de ne pas examiner des questions qui relèvent de la compétence d’autres organes des Nations Unies, a-t-il rappelé.  La meilleure garantie pour assurer la bonne application de la résolution 1325 réside dans le strict respect du mandat du Conseil, a-t-il dit.  Le représentant, après avoir passé en revue certains indicateurs retenus par le Secrétaire général dans son rapport, a insisté sur le caractère facultatif de l’adoption de plans d’action nationaux en application de la résolution.  « Ces plans, qui doivent être adoptés sur une base volontaire, concernent en premier lieu les pays qui sont en proie à un conflit », a rappelé le délégué de la Fédération de Russie.


Les femmes ne doivent pas être seulement considérées comme les victimes de conflits, a fait remarquer le représentant.  Il faudrait, a-t-il préconisé, renforcer leur participation dans les processus de paix et prévoir dans les mandats des missions de la paix des dispositions sur la problématique hommes-femmes.  « Une approche différenciée doit être retenue en fonction du contexte dans lequel évolue la mission », a-t-il souhaité.  Le représentant a ensuite rappelé que la responsabilité principale dans la protection des femmes incombait aux États.  Avant de conclure, le délégué a estimé qu’il n’était pas nécessaire de créer un mécanisme spécifique sur l’égalité des genres au sein du Conseil, en insistant plutôt sur la meilleure utilisation des procédures existantes.


M. JOON OH (République de Corée) a tout d’abord rappelé qu’en Syrie, les femmes représentaient la majorité des victimes.  Notant que le Conseil intègre de plus en plus des questions relatives à l’égalité des genres dans ses résolutions, il a demandé à poursuivre ces efforts.  Il a souhaité notamment que les rapports soumis à l’attention du Conseil soient plus rapidement mis à jour en qui concerne les violences faites aux femmes et aux filles.  « Les processus de relèvement après un conflit doivent répondre aux priorités des femmes », a-t-il souligné.  Les mécanismes de justice transitionnelle sont axés sur la question de l’égalité entre les hommes et les femmes.  Avant de conclure, le délégué de la République de Corée a salué l’interaction accrue entre le Conseil de sécurité et les organisations de femmes, comme cela a été le cas lors de la récente visite du Conseil en République démocratique du Congo.


M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé qu’« aucun conflit ne peut être réglé, aucune transition ne peut être durable, si l’on ne prend pas en compte la participation de la moitié de l’humanité ».  C’est une évidence pour le Conseil de sécurité qui intègre des références aux résolutions « femme, paix et sécurité » dans les deux tiers de ses résolutions.  Il a aussi noté une meilleure représentation des femmes dans les équipes de médiation et les missions de terrain de l’ONU.  M. Araud a ensuite salué l’action d’ONU-Femmes et son travail pour renforcer la cohérence dans les efforts de promotion des femmes au sein des Nations Unies.  Il a salué la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro vis-à-vis du personnel des Nations Unies déployée dans les opérations de maintien de la paix.  L’adoption du Traité sur le commerce des armes souligne, a-t-il dit, le lien entre la prolifération des armes légères et de petit calibre et les violences sexuelles. 


« Nous ne sommes qu’à la moitié du gué », a cependant averti M. Araud.  Il a fait remarquer que les accords qui découlent des négociations de paix n’incluent généralement pas de dispositions sur les femmes, la paix et la sécurité.  Les femmes doivent être consultées en tant qu’acteurs à part entière, a-t-il exigé, en appelant les Nations Unies à être exemplaires à cet égard.  À New York, la question de la participation des femmes, a-t-il noté, figure plus régulièrement dans les exposés devant le Conseil, y compris lors des réunions informelles avec des femmes actives sur le terrain.  M. Araud a salué à cet égard l’initiative de l’Envoyée spéciale du Secrétaire générale pour la région des Grands Lacs, Mme Mary Robinson de réunir les organisations de femmes de la région des Grands Lacs en juillet dernier, à Bujumbura.  C’est un modèle de consultation inclusive et précoce qui peut servir à tous, ce que le Conseil a réaffirmé lors de sa récente visite en République démocratique du Congo (RDC), a-t-il précisé.


Le représentant de la France s’est ensuite dit choqué par la précarité de la situation des femmes en République centrafricaine.  En Syrie, la vulnérabilité des femmes s’accroît partout, a-t-il déploré.  C’est pourquoi, il a appelé à associer les femmes dans les négociations de paix et, notamment, à faire participer les Syriennes à la Conférence Genève II.  Enfin, il a appelé la Cour pénale internationale à jouer son rôle pour poursuivre les responsables des violences sexuelles.  Il a insisté sur l’accès des femmes à la justice, en indiquant à cet égard que la France menait, en collaboration avec ONU-Femmes, un programme dans ce domaine concernant les Afghanes.  La France a aussi engagé des programmes de coopération en Afrique et dans le monde arabe, notamment au Mali et en RDC, a-t-il ajouté.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a insisté sur l’importance que revêt la justice transitionnelle qui offre, selon elle, la possibilité de « transformer profondément » la condition de la femme.  Elle a estimé que la participation des femmes « à tous les niveaux et en temps utile » est indispensable pour garantir que la société nouvelle qui sortira des décombres de la guerre accordera à la femme la place qui lui revient dans la pleine jouissance de tous ses droits.  Les femmes, a notamment souligné la représentante, doivent être des actrices à part entière et non simplement les spectatrices de la reconstruction et de la consolidation de la paix.


Mme Lucas a ensuite estimé que de toutes les violences dont sont victimes les femmes en période de conflit, les violences sexuelles viennent « inéluctablement » à l’esprit lorsqu’on évoque la justice transitionnelle et la question de réparation.  Il est en effet difficile d’imaginer une société qui aurait la prétention d’être juste et respectueuse des droits de la femme alors même que des milliers de survivantes de violences sexuelles seraient frustrées de leur droit de voir les auteurs de ces violences traduits en justice, s’est-elle notamment indigné.  Elle s’est aussi inquiétée du fait que « dans de nombreux cas », la justice d’après-conflit ignore souvent le cas de ces femmes faute d’expertise et de moyens nécessaires.  La représentante a ensuite salué les efforts du partenariats entre le forum intergouvernemental Justice Rapid Response et ONU-Femmes qui a permis de mettre en place une liste d’experts spécialisés dans les enquêtes sur les actes de violence sexuelle et sexiste.


La représentante du Luxembourg a par ailleurs dénoncé l’écart qui persiste encore, selon elle, entre, d’une part, les déclarations de principes et le soutien unanime du Conseil à la cause des femmes et, d’autre part, l’application concrètes de ces déclarations de principe.  Elle a souscrit à l’appel lancé par le Secrétaire général qui recommande de prendre en compte de façon plus cohérente et systématique les dispositions relatives au genre lorsque les mandats des missions de l’ONU sont établis ou renouvelés.


M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a constaté que si le Conseil de sécurité avait accordé davantage d’attention, ces derniers temps, à la lutte contre l’impunité et au renforcement du domaine judiciaire au lendemain d’un conflit, trop peu d’attention a été accordée aux conséquences de l’effondrement de l’état de droit pendant et après un conflit sur les femmes.  Tandis que de véritables avancées ont été réalisées pour renforcer le cadre juridique international qui traite des cas de violences sexuelles infligés au cours d’un conflit, on a trop peu parlé de l’ampleur des violations que subissent les femmes, notamment les disparitions forcées, l’occupation étrangère, les déplacements de masse, les restrictions à l’aide humanitaire, la traite liée au conflit et la destruction de l’infrastructure civile, a regretté M. Mehdiyev.  Le représentant a souligné, à cet égard, l’importance que revêtent la lutte contre l’impunité et le renforcement de la réaction judiciaire aux niveaux national et international.


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a fait observer que la tendance à vouloir précipitamment trouver une solution militaire à un conflit va l’encontre de la notion même de protection des civils, l’emploi de la force risquant d’aggraver la situation des femmes et, en particulier, des enfants.  Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité à accorder davantage d’attention à la nécessité de renforcer la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Il est également nécessaire, a-t-il ajouté, d’assurer leur pleine participation au sein des institutions gouvernementales et de créer un cadre législatif capable d’assurer leur plein accès à la justice.


M. Patriota a ensuite dénoncé le fait qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant que les femmes ne soient « pleinement et dûment » intégrées dans les efforts d’édification de la paix, tant au plan national qu’au plan multilatéral.  Il a encouragé le Conseil de sécurité à examiner davantage le rôle que jouent les femmes dans la prévention et la résolution pacifique des différends.


Concernant la question de la justice transitionnelle, le représentant du Brésil a relevé que l’établissement de la vérité sur les violations subies par les femmes était essentiel pour réaliser la réconciliation nationale.  Il a également fait observer que les femmes rurales et l’impact de leur travail sur le développement rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et de ce fait la réduction de la pauvreté, contribuaient à assurer le développement économique et social du pays, un des éléments clefs pour l’établissement d’une paix durable.


M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a estimé que les réformes postconflit devraient être sensibles à la problématique hommes-femmes.  Il a plaidé pour que les femmes soient mieux représentées dans le secteur de la justice et pour qu’elles puissent dénoncer les crimes dont elles sont victimes.  L’Union européenne élabore actuellement une politique de justice transitionnelle en vue de mettre en œuvre ses engagements en faveur de la paix, de la sécurité, de l’état de droit et de la lutte contre l’impunité.  Il a parlé de la session 2013 de la réunion annuelle des experts de l’Union européenne sur la question « femme, paix et sécurité », qui a souligné l’influence de la façon dont les questions judiciaires sont traitées dans les négociations de paix sur la justice postconflit.  Il a aussi indiqué que presque toutes les missions civiles et militaires de l’Union européenne étaient dotées, sur le terrain, de conseillers sur les droits de l’homme et la parité entre les hommes et les femmes.


Le Chef de la délégation de l’Union européenne a salué le rapport du Secrétaire général sur les femmes, l’état de droit et la justice transitionnelle dans les situations de conflit et, en particulier, les recommandations concrètes qu’il y a présentées.  Il a souligné l’importance des données et des indicateurs dans ce domaine, ainsi que la nécessité de continuer à présenter au Conseil de sécurité des exposés sur cette question en lien avec les différentes questions à son ordre du jour.  M. Mayr-Harting a cependant estimé qu’il fallait renforcer les liens entre les informations ainsi fournies et les décisions prises par le Conseil.  Il faudrait également que le Conseil continue son interaction avec les organisations de la société civile, notamment les organisations qui se penchent sur les questions relatives aux femmes.  Il s’est félicité par ailleurs de la tendance du Conseil d’inclure la violence sexiste dans les critères des régimes de sanction.  Le représentant a, en outre, salué la contribution du Statut de Rome de la Cour pénale internationale à l’élargissement du concept de violence sexiste.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a observé que les femmes sont les principales victimes des conflits armés et de leurs conséquences.  Le nombre croissant et alarmant de crimes sexuels dans ces conflits doit pousser le Conseil à les reconnaître comme une menace à la paix et à la sécurité internationales, a insisté le représentant.  L’autre défi est la culture de l’impunité qui règne sur ces crimes.  La responsabilité redditionnelle, les droits de l’homme et l’état de droit sont des conditions sine qua non pour une transition politique et un développement réussis.  Or les femmes se voient souvent privées du droit d’accès à la justice, a encore observé le représentant, en appelant les États à remédier à cette situation.  Pour le représentant, là où les systèmes nationaux sont inopérants, la Cour pénale internationale doit jouer un rôle en matière de crimes sexuels. 


Le représentant, tout en se félicitant de l’adoption, ce matin, de la résolution 2122, a déploré que les femmes continuent d’être sous-représentées dans les postes à responsabilité et dans tous les processus de prise de décisions des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Les États doivent tout faire pour qu’elles puissent participer à égalité avec les hommes, a demandé le représentant, en rappelant les engagements pris par l’Équipe d’experts pour l’appui à la médiation des Nations Unies. 


Mme MARI SKÄRE, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour les questions des femmes, a expliqué que la collaboration de l’OTAN avec les États sur les femmes et la paix et la sécurité était axée sur l’appui politique et pratique dans les domaines de la sécurité et de la défense.  « Les réformes de la sécurité et la reconstruction des institutions de sécurité doivent prendre en compte la problématique hommes-femmes et bénéficier de la participation des femmes », a-t-elle dit.  Concernant la situation en Afghanistan et au Kosovo, elle a attiré l’attention sur les efforts conduits par l’OTAN pour intégrer dans toutes les activités de gestion des crises dans ces pays l’expertise des conseillers principaux pour la problématique hommes-femmes.  Cet apport contribue à l’amélioration de l’opérationnalité et de la mise en œuvre de la résolution 1325 et des autres résolutions qui en découlent, a-t-elle assuré. 


« Nous n’avons pas de liberté individuelle si les femmes ne peuvent décider pour elles-mêmes.  La démocratie n’existe pas si les femmes ne sont pas en mesure de participer.  Nous ne respectons pas les droits de l’homme si ceux des femmes ne sont pas respectés et il n’y a pas d’état de droit sans accès des femmes à la justice », a également estimé Mme Skare.  Elle a indiqué que l’OTAN, « organisation régionale politico-militaire », s’efforçait de renforcer l’état de droit et l’égalité de genre dans les pays où elle intervient.  Elle a notamment cité les activités, en Afghanistan, de la Mission d’appui pour l’état de droit déployée par la Force internationale d’assistance à la sécurité.  Pour la Représentante spéciale de l’OTAN, les femmes ne doivent pas être traitées comme des victimes passives: « leur participation aux processus de réconciliation et à la justice transitionnelle relevant du respect des droits de l’homme et de l’application des principes démocratiques », a-t-elle ainsi souligné. 


M. JORGE MONTAÑO (Mexique) s’est félicité que le Secrétaire général de l’ONU recommande qu’une étude mondiale indépendante soit effectuée sur l’application de la résolution 1325 et prescrive la tenue en 2015, sur la base de cette étude, d’un examen de haut niveau sur sa mise en œuvre.  Il a aussi indiqué qu’un projet était en considération dans son pays afin d’aboutir à une représentation équilibrée des deux sexes au sein du Parlement.  En ce qui concerne les Nations Unies, le délégué du Mexique a souhaité que davantage de postes de haut niveau au sein des missions et opérations onusiennes reviennent à des femmes.  Il a ensuite jugé indispensable d’aménager une participation renforcée des femmes dans les efforts de consolidation de la paix et de réconciliation, avant de plaider en faveur de la création programmes de réparation dans les mécanismes de justice transitionnelle.  « Il est essentiel que les dialogues nationaux après un conflit comprennent un chapitre consacré à la lutte contre l’impunité des auteurs de violences faites aux femmes », a-t-il conclu.


M. GERHARD DOUJAK (Autriche) a souligné que davantage d’efforts étaient nécessaires pour éliminer les obstacles « juridiques, institutionnels et sociaux » qui empêchent les femmes d’accéder aux systèmes de justice officiels et informels.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il faudrait engager des réformes visant à assurer la parité entre les hommes et les femmes.  Il a également fait observer que la réparation pour le préjudice subi par les victimes permettait d’améliorer la sécurité économique des femmes après la fin d’un conflit et, plus particulièrement, celle des veuves de guerre.  Les victimes de violences sexuelles et sexistes doivent également en bénéficier, a-t-il ajouté.


M. Doujak a ensuite souligné que l’état de droit impliquait nécessairement que les femmes puissent participer sur un pied d’égalité à la vie sociale et politique.  Il a appelé le Conseil de sécurité à faire le meilleur usage du temps qu’il lui reste avant la tenue, en 2015, de l’Examen de haut niveau de la mise en œuvre de la résolution 1325 et à intégrer des dispositions sur la participation active des femmes aux processus de paix dans les mandats des missions politiques et de maintien de la paix.  Dans l’immédiat, a-t-il dit, il faudrait augmenter le nombre de femmes dans les contingents militaires et de police des missions de maintien de la paix.


Le représentant a par ailleurs indiqué que dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), l’Autriche contribuait activement à fournir un personnel civil et militaire féminin aux missions de maintien de la paix.  Il a précisé qu’un projet pilote de formation sur la protection des civils avait été lancé l’an dernier et que le premier cours officiel en la matière débutera au mois de décembre.  L’Autriche a par ailleurs proposé à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), aux côtés de la Finlande, de la Turquie et du Kazakhstan, un projet de texte qui permettrait aux États de mettre en œuvre la résolution 1325 dans le contexte des mesures lancées par l’OSCE pour améliorer la sécurité et la stabilité dans la région.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que la question de la participation des femmes à la paix et à la sécurité internationale par le Conseil de sécurité demeurait un défi.  « Les femmes doivent participer activement aux efforts de consolidation de la paix et la justice transitionnelle doit veiller à ce que l’ensemble de la population soit prise en compte afin qu’une paix durable puisse être instaurée ».  « Comme l’ont montré les études d’ONU-Femmes, la présence en nombre de femmes au sein de l’institution judiciaire donne confiance aux victimes, qui ont souvent peur de porter plainte lors des conflits », a ajouté le représentant.  Il a ainsi souhaité que le Conseil demande instamment que les femmes participent « au plus haut niveau » aux processus d’établissement et de direction des institutions de justice transitionnelle.  Citant les exemples de l’Ouganda et de l’Afrique du Sud, M. McLay a déclaré que les femmes des communautés pouvaient contribuer à la transformation des systèmes informels et traditionnels en institutions solides, équitables et soucieuses de défendre leurs intérêts.   


Mme EMILIA GATTO (Italie) a souligné qu’il était crucial d’augmenter le nombre de femmes au sein des mécanismes judiciaires nationaux et internationaux.  Les violences perpétrées contre les femmes doivent être réprimées par les législations nationales, a-t-elle estimé.  « Aucune amnistie ne doit être accordée aux auteurs de telles violences », a-t-elle dit, avant de souligner l’importance des mesures de réparation dans les processus de justice transitionnelle.  La représentante de l’Italie a ensuite salué le rôle unique que joue la Cour pénale internationale lorsque les juridictions nationales ne souhaitent pas ou ne peuvent pas poursuivre en justice les auteurs de violences contre les femmes.


Elle a ensuite formulé trois recommandations, la première concernant l’augmentation de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et missions politiques des Nations Unies, en particulier pour les postes de haut niveau.  Au titre des deuxième et troisième recommandations, elle a demandé l’affectation à l’autonomisation des femmes d’au moins 15% des fonds destinés aux projets de consolidation de la paix et l’inclusion systématique de tous les éléments de la résolution 1325 dans les travaux du Conseil.  En conclusion, elle a indiqué que son pays avait ouvert à Bethléem le premier Centre palestinien d’accueil pour les femmes victimes de violences. 


Mme MIROSLAVA BEHAM, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a déclaré que, s’il appartient au premier chef aux États d’assurer la mise en œuvre des résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité, les organisations régionales ont aussi un rôle à jouer.  L’OSCE est l’organisation régionale spécialisée dans la sécurité qui compte le plus de membres, a-t-il noté.  Le fait que les Nations Unies dirigent actuellement un processus de renforcement  du rôle des organisations régionales en application du Chapitre VIII de la Charte offre une bonne occasion de renforcer le rôle des  femmes dans les questions de paix et de sécurité.


Les États membres de l’OSCE ont reconnu l’importance du thème « les femmes, la paix et la sécurité » en adoptant une série de décisions ministérielles, dont une est expressément dédiée au renforcement de la participation des femmes dans la prévention des conflits, la gestion des crises, et la réhabilitation postconflit. Une autre de ces décisions traite des éléments observables dans le cycle des conflits, afin de pouvoir intégrer les engagements pris en application de la résolution 1325.  De ce fait, l’OSCE a pris un certain nombre d’initiatives tant au niveau de son secrétariat que dans les opérations de terrain, a noté Mme Beham.  Certaines de ces activités sont liées à la justice en temps de guerre, au monitoring des jugements, à la réforme de la justice pénale, à l’indépendance de la justice, qui sont des domaines dans lesquels l’OSCE place au centre de ses programmes la participation des femmes.  Par ailleurs, l’OSCE appuie un certain nombre de centres de ressources pour les femmes en Asie centrale et dans le Caucase, ce qui permet de faciliter l’accès des femmes à l’assistance judiciaire, a annoncé Mme Beham.  Évoquant un cadre politico-militaire, le Forum de l’OSCE pour la coopération en matière de sécurité.  Mme Beham a annoncé que l’OSCE lancera le 24 octobre à Istanbul une note directrice sur la médiation tenant compte de la problématique hommes-femmes.  Cette notre sera destinée à renforcer le rôle des femmes dans les initiatives de médiation, de dialogue et de diplomatie discrète.  La représentante a par ailleurs rappelé que l’OSCE joue un rôle moteur dans l’intégration d’une perspective de genre dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation qui mènent au terrorisme.  L’OSCE lancera en 2014 avec le Forum mondial anti-terroriste une série d’initiatives en ce sens, avec des stratégies, des politiques et des mesures sexospécifiques.  Enfin, Mme Beham a mis l’accent sur la bonne coopération au niveau du terrain entre les bureaux de terrain de l’OSCE et ceux d’ONU-Femmes.


Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est félicitée de l’adoption de la résolution de ce jour et s’est associée à la déclaration faite par l’Union européenne.  Il est essentiel de renforcer la réponse judiciaire nationale et internationale aux violences contre les femmes dans les conflits.  Il faut développer les mécanismes de justice transitionnelle et reconstruire l’état de droit pour protéger les droits des femmes dans les périodes d’après conflit, a poursuivi la représentante.  Il faut aussi accorder davantage d’attention au soutien aux victimes, y compris en assurant la protection des témoins, des victimes et des responsables de la justice, ainsi qu’aux mécanismes de réparation.  D’autre part, les femmes doivent être parties prenantes de tous les aspects de la résolution des conflits.  Les représentants spéciaux du Secrétaire général et les agences des Nations Unies ont un rôle beaucoup plus important à jouer, même si leur implication a été accrue pour assurer les droits des femmes, par exemple en soutenant les commissions vérité et réconciliation au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Kenya, a estimé la délégation.  Il faut faire beaucoup plus pour traiter toute la gamme des crimes qui touche particulièrement les femmes, qu’il s’agisse de la traite, des mariages forcés ou précoces, des liens existant entre violences sexuelles et sexistes et l’exploitation des ressources naturelles, ou encore les déplacements forcés.


La délégation de la Lituanie a ajouté que la justice transitionnelle ne peut se substituer à la responsabilisation et ne peut limiter l’accès des victimes aux réparations.  Les amnisties générales ne peuvent être étendues aux violences sexuelles dans les conflits, a-t-elle estimé.  La Lituanie se félicite de la résolution de ce jour, car il est difficile d’imaginer lutter contre l’impunité sans que des rapports soient faits sur la question et sans suivi.  Les entités des Nations Unies doivent donc rapporter plus systématiquement ces aspects au Conseil de sécurité, y compris par des analyses.  La récente réduction du nombre de femmes aux postes dirigeants dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies doit être inversée et les efforts des Nations Unies doivent être complétés par ceux des États Membres, qui doivent proposer davantage de candidates à des postes élevées, a demandé la délégation.


Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a souligné que l’état de droit et la justice transitionnelle dans les questions de genre n’avaient pas encore reçu assez d’attention pendant les périodes postconflit.  Elle s’est toutefois félicitée de l’importance donnée à l’accès des femmes à la justice et a plaidé pour que cet accès soit amélioré.  Il est primordial de soutenir les initiatives facilitant l’accès à la justice des femmes et des filles et d’intégrer la dimension du genre dans les documents sur l’état de droit et la justice transitionnelle.  Elle a accordé la priorité à la lutte contre toutes les formes de violence sexuelle durant et après les conflits armés, avec une attention particulière aux violences sexistes.  La représentante a appelé tous les pays pour qu’ils adhèrent à la définition de la violence sexiste, adoptée par le Cour pénale internationale (CPI).  Elle a exprimé les graves préoccupations de son pays pour les violences sexuelles commises en République démocratique du Congo (RDC), comme le souligne le rapport du Secrétaire général.


M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES (Espagne) a salué les efforts menés par la communauté internationale pour lutter contre l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes contre les femmes.  L’Espagne accorde une attention particulière à cette lutte, en particulier pour les crimes qui visent les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes et les filles handicapées ou autochtones.  Il a assuré que l’Espagne continuera à participer activement aux discussions sur cette question tant que la poursuite en justice des auteurs restera une priorité mondiale.  Les femmes doivent participer pleinement au processus de consolidation de la paix, a-t-il souligné.  C’est le seul moyen, a-t-il dit, de prévenir des troubles civils.


M. González de Linares a ensuite estimé que les initiatives mentionnées par le Secrétaire général dans son rapport avaient contribué à promouvoir le rôle des femmes dans les efforts visant à régler les crises ou les situations postconflit.  Il a ainsi évoqué la Conférence de haut niveau sur la participation politique des femmes dans les situations postconflit, qui s’était tenue à Bruxelles en avril 2013.  L’Espagne a établi, pour sa part, un plan d’action en faveur des femmes, la paix et la sécurité.  Depuis 2007, l’Espagne met ainsi en œuvre des actions de politique étrangère en faveur de la pleine application de la résolution 1325 (2000).  Le représentant a aussi indiqué que le Bureau espagnol de l’aide humanitaire avait élaboré un guide sur le problème de violence sexuelle dans les opérations humanitaires.


M. MARGUS KOLGA (Estonie) a souscrit à la déclaration faite par l’Union européenne, et ajouté que son pays reste attaché à la protection des droits de l’homme au plan national et international.  Membre du Conseil des droits de l’homme, l’Estonie met souvent l’accent sur les droits des femmes et des enfants et sur la perspective du genre dans le règlement des conflits.  Les femmes ont un droit égal à la prise de décisions et à la participation, a souligné M. Kolga.  Leur autonomisation est essentielle à la paix, a-t-il estimé.  La représentation des femmes dans le secteur de la justice joue un rôle significatif et renforce la confiance du public en l’état de droit.  L’Estonie se félicite de l’appel lancé aujourd’hui aux États par le Conseil de sécurité pour qu’ils poursuivent et punissent les auteurs de crimes atroces contre les femmes.  La lutte contre l’impunité, y compris en cas de crimes contre les femmes, a été renforcée par la justice internationale, y compris la Cour pénale internationale (CPI) et les tribunaux internationaux.  Mais il est essentiel que les tribunaux nationaux assument leurs responsabilités, a dit M. Kolga.  Il s’est félicité de l’intérêt suscité par la discussion organisée par son pays en marge de la semaine du segment  haut niveau de l’Assemblée cette année, discussion qui était consacrée au rôle de la CPI.  Il a en outre rappelé que son pays contribue au financement de l’équipe d’experts sur l’état de droit et les violences sexuelles.  Par ailleurs, l’Estonie assiste un certain nombre de pays dans la mise au point de leur plan d’action pour mettre en œuvre la résolution 1325.


M. RAJA REZA ZAIB SHAH (Malaisie) s’est félicité des travaux menés par l’ONU et d’autres acteurs sur la violence sexuelle dans les conflits, qui mettent l’accent sur la primauté du droit et de la justice.  Nous devons remplacer la culture d’impunité par une culture de primauté du droit et de responsabilisation, a-t-il demandé.  La Malaisie a souscrit à la Déclaration d’engagement pour mettre un terme à la violence sexuelle dans les conflits, a-t-il indiqué.  Il a appelé à tirer les leçons apprises des tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie.  Il a demandé de veiller à ce que les tribunaux internationaux et nationaux aient les compétences adéquates pour remplir leurs missions.


Les pays qui le peuvent devraient assister les pays sortant de conflit dans le domaine de la justice, a ajouté le représentant.  Il a insisté sur l’importance de l’amélioration de l’accès des femmes à l’enseignement et à l’emploi.  Il faut également leur donner accès aux services de base et aux soins de santé, a-t-il préconisé.  Se félicitant de l’adoption aujourd’hui d’une résolution par le Conseil, il a également appelé à mettre en œuvre la « résolution jalon » dans ce domaine, qui et la résolution 1325.  Il a par ailleurs jugé nécessaire d’augmenter le nombre de femmes envoyées dans les opérations de maintien de la paix.  Enfin, il a demandé de promouvoir l’égalité entre les sexes en temps de paix, afin de parvenir à enraciner une telle culture dans toutes les sociétés.


M. PAUL SEGER (Suisse) a insisté sur une mise en œuvre des mécanismes de justice transitionnelle qui tienne compte des inégalités entre les sexes, en estimant que les besoins des femmes devraient être fondés sur les quatre principes de l’impunité que sont le droit d’être informé, le droit à la justice, le droit à une réparation et la garantie de non-récidive.  Il a rappelé que les poursuites judiciaires en cas de violences sexuelles et sexistes étaient déterminantes pour parvenir à la réconciliation et à la réintégration dans les situations au lendemain d’un conflit.  Tout en soulignant l’importance capitale de la lutte contre l’impunité et de la prévention des violences sexuelles, il a estimé que ces questions ne devaient pas détourner l’attention des Nations Unies du mandat global sur les femmes, la paix et la sécurité.


Le représentant de la Suisse s’est également félicité de ce que le rapport du Secrétaire général mentionne l’importance de l’accès à l’avortement dans des conditions sûres pour les femmes et les filles victimes de viol, en insistant sur la nécessité de garantir solidement ces droits sexuels et reproductifs.


Dans le contexte des discussions actuelles sur le programme de développement pour l’après-2015, le représentant a défendu l’idée d’un objectif spécifique consacré à l’égalité des sexes, en précisant qu’il pourrait également constituer une thématique transversale intégrée dans tous les autres objectifs.  « La Suisse est convaincue qu’il faudrait assurer aux femmes et aux filles un accès égal à l’éducation et aux opportunités sur le marché de l’emploi, aux actifs de production et aux ressources », a-t-il ajouté, avant d’insister sur le caractère « crucial » du renforcement de leur participation et de leur responsabilité au niveau politique.


En conclusion, M. Seger a soutenu la proposition du Secrétaire général d’élaborer une étude indépendante sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Il a également appelé le Conseil de sécurité à prendre systématiquement en compte toutes les palettes des engagements pris dans le domaine « femmes, paix et sécurité », l’encourageant même à assurer la mise à disposition d’une expertise genre dans toutes les missions de paix.


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a réaffirmé que sa délégation était attachée à la résolution 1325 (2000), qui a permis de faire progresser les femmes dans des postes de direction et leur participation dans les situations au lendemain d’un conflit.  Il s’est dit préoccupé par l’absence des femmes à certains postes de direction et le peu d’opportunités qui leur sont offertes pour y accéder.  De même, la baisse actuelle de la part des femmes dans certains segments de postes dans les missions des Nations Unies est préoccupante.  Le Chili demande une étude mondiale indépendante consacrée à l’état de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Il faudrait renforcer les programmes permettant de former les femmes et accélérer l’accès des femmes à des fonctions politiques et appuyer les efforts concernant la justice transitionnelle.  Le Chili, qui a signé le Traité sur le commerce des armes, exhorte les États Membres à en faire de même.  Le Chili continuera de promouvoir la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).


M. MICHEL SPINELLIS (Grèce) a jugé indispensable que les femmes participent pleinement et sur un plan d’égalité aux processus de maintien et de consolidation de la paix, en soulignant qu’il s’agit là du seul moyen de garantir que les besoins des femmes soient pris en compte.  Les femmes ne doivent pas être considérées seulement comme des victimes mais aussi comme agents de changement, a-t-il estimé.  Il a aussi plaidé en faveur de mécanismes d’alerte précoce dans ce domaine, ce qui implique une collecte de données sur la violence sexuelle.


M. Spinellis a félicité l’ONU pour son travail d’appui aux États Membres qui traitent de questions relatives à l’état de droit dans les conflits.  L’ONU doit continuer à mettre l’accent sur l’assistance dont doivent bénéficier les victimes de violences en période de conflit armé et au lendemain d’un conflit, a-t-il dit.  Le représentant a appelé à prévenir la violence à l’encontre des enfants, en éliminant les pratiques de mariage forcé, les violences sexuelles et les mauvais traitements.  Enfin, il a demandé d’améliorer l’accès aux systèmes judiciaires à tous les individus et tous les groupes, notamment en proposant un système d’aide juridique efficace. 


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a rappelé qu’il était important d’assurer une participation plus active des femmes aux processus de paix et de consolidation de la paix et de reconnaître leurs besoins spécifiques.  Quand une situation de conflit met à mal les droits de l’homme et suspend l’état de droit, le Conseil de sécurité doit accorder une attention particulière à la mise en place de mesures destinées à protéger les femmes victimes de violences sexuelles et à remettre les responsables à la justice, a-t-il estimé.


Le représentant s’est ensuite félicité que les mécanismes de justice transitionnelle soient de plus en plus efficaces et permettent de mettre en œuvre des programmes de protection des témoins en zone de conflit ou postconflit.


M. Sinhaseni a réaffirmé l’engagement de son pays à coopérer avec tous les partenaires régionaux et internationaux pour éliminer les violences sexuelles des conflits et lutter contre l’impunité de leurs auteurs.  Le représentant a conclu en passant en revue les initiatives mise en œuvre dans son pays pour renforcer encore l’accès des femmes à la justice ou aux droits sexuels et reproductifs.


Mme IRINA VELICHKO  (Bélarus) a déclaré que la lutte contre les violences à l’égard des femmes incombait aussi à ONU-Femmes et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Le Bélarus applique une politique de tolérance zéro contre les violences sexuelles dans les conflits car, a-t-elle dit, il est essentiel de porter en justice tous les cas de violences sexuelles.  Il faudrait, à cette fin, un véritable partenariat entre les États.  La seule question est de savoir comment et par quels moyens nous pouvons unir nos efforts, a fait remarquer la représentante.  Le Bélarus est préoccupé par certaines tentatives récentes visant à remplacer un travail de fond par des « déclarations tonitruantes » faites dans un milieu restreint.  Il est intolérable de mettre en difficulté des États qui ont la sagesse de réfléchir à chaque mot des instruments internationaux qu’ils signent, a-t-il déclaré.  Aucune campagne médiatique ne peut valoir un vrai partenariat, a-t-il dit, car seul un vrai partenariat peut garantir la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et de la résolution 2122 (2013), que le Conseil de sécurité a adoptée aujourd’hui.


M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a regretté le peu d’attention accordé par le passé à la question dont débat aujourd’hui le Conseil de sécurité.  Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables dans les situations de conflit et postconflit et c’est pourquoi, il est essentiel de discuter de l’état de droit et de la justice transitionnelle, sur la base de la participation, la prévention et la protection, les trois aspects de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il faudrait notamment intégrer cette dimension dans la reconstruction de la justice après les conflits, et augmenter la participation effective des femmes.  La justice transitionnelle doit traiter de l’ensemble des violations des droits des femmes liées au conflit.  Par ailleurs, la Slovénie se félicite de la référence faite dans la résolution 2122 (2013), que le Conseil vient d’adopter, à la nécessité de fournir une gamme complète de soins reproductifs.


Il est également essentiel de lutter contre l’impunité des auteurs des crimes odieux contre les femmes et les femmes doivent participer à l’administration de la justice, pour tous, pas seulement pour les femmes.  Si la responsabilité première de la poursuite des crimes liés aux conflits, y compris les violations des droits des femmes, repose sur les États, il doit exister à titre complémentaire un système de justice internationale renforcé, notamment en ce qui concerne l’entraide judiciaire et l’extradition.  La Slovénie, les Pays-Bas et la Belgique travaillent en commun à une initiative tendant à proposer un nouvel instrument international sur l’entraide judiciaire et l’extradition aux fins de faciliter les enquêtes et les poursuites pour les crimes internationaux les plus graves.  Le rôle des tribunaux internationaux et de la Cour pénale internationale reste crucial dans le renforcement de l’état de droit, surtout quand les États sont incapables ou ne souhaitent pas poursuivre les crimes graves. 


En outre, la contribution de cette justice internationale dans le domaine de la discrimination sexuelle et des crimes liés à des violences sexuelles est considérable, a souligné la représentante.  La CPI doit aussi être vue comme un investissement dans l’avenir des femmes et de l’humanité dans son ensemble et la Slovénie, qui la soutient pleinement, exhorte les États à ratifier le Statut de Rome.  La Slovénie juge également important que le thème de ce jour fasse aussi l’objet de l’attention des organisations régionales, acteurs importants de la paix et la sécurité.  Enfin, la Slovénie appuie le renforcement de la justice des mineurs et soutient un projet dans la province afghane d’Hérat pour le renforcement de la justice des mineurs, notamment les filles, a assuré le représentant.


Mme ALYA AHMED SEIF AHMED AL-THANI (Qatar) a déploré que les droits des femmes soient souvent violés de manière abjecte pendant les conflits, notamment dans le monde arabe.  Elle a demandé d’intégrer les femmes dans les négociations de paix et dans les conférences organisées à cette fin.  L’accès des femmes aux systèmes de justice transitionnelle doit être facilité, à la fois pendant un conflit et au lendemain du conflit, a-t-elle dit.  La représentante a fait observer que, souvent, ce sont des obstacles culturels et sociaux qui limitent l’accès des femmes à la justice.


Le Qatar participe à la promotion des droits des femmes, en particulier dans les règlements de conflit, a assuré la représentante.  Elle a appelé à renforcer la protection des femmes par l’adoption de lois appropriées.  Les femmes portent le poids le plus lourd des conflits du fait des violations des droits de l’homme, a-t-elle rappelé, en citant l’exemple des femmes palestiniennes de Gaza qui sont confrontées chaque jour à des restrictions à leur liberté de mouvement.  En Syrie, les femmes deviennent des cibles faciles de la violence, a-t-elle dit, en citant les viols et la torture.  Le régime syrien est responsable de ces violations du droit international et, surtout, du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans le pays, a-t-elle affirmé.


M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a salué l’adoption de la résolution de ce jour.  Les liens entre les femmes, la paix et la sécurité sont bien établis.  Toutefois, il faudrait appliquer de manière plus cohérente et systématique la résolution 1325 (2000) et les suivantes.  L’Irlande estime que la résolution adoptée aujourd’hui est essentielle car elle se démarque des résolutions récentes traitant des souffrances, notamment sexuelles, imposées aux femmes, pour mettre en valeur leur rôle positif.  La paix est plus durable quand les femmes participent à l’édification et au développement du pays, a déclaré le représentant, qui estime que les périodes de transition peuvent donner l’occasion aux femmes de renforcer leur rôle.  Certains accords de paix récents incluent des dispositions pour une meilleure égalité entre les sexes.  C’est encourageant mais de tels textes sont encore rares et souvent le résultat de durs combats.  Il est clair que des progrès seront possibles quand les dirigeants des pays en conflit, le plus souvent des hommes, adopteront une approche tenant compte du rôle des femmes.


Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a fait sienne la position qui prévaut dans les discussions concernant la place de la justice dans les efforts de paix, qui est considérée comme le fondement de la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit.  Elle s’est félicitée de ce que la communauté internationale ait accordé une plus grande attention aux violences à l’encontre des femmes.  Elle a toutefois regretté la faible présence des femmes dans les processus d’établissement et de consolidation de la paix.  Les efforts de lutte contre l’impunité dans ce domaine doivent envisager une assistance aux victimes, a-t-elle estimé.  Il faudrait également mieux coordonner les efforts visant à prévenir les violences et, le cas échéant, à assurer réparation aux victimes.  La paix ne durera que si les femmes seront en mesure de jouer un rôle fondamental dans toutes les étapes du processus de paix, a-t-elle averti.


En Bosnie-Herzégovine, un projet de justice transitionnelle a été mis au point au niveau national, a indiqué la représentante, qui a aussi cité le plan d’action pour la promotion des femmes et le plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000). Outre une augmentation du nombre de femmes dans les forces de police et militaires de son pays, et parmi le personnel fourni aux missions de maintien de la paix, la Bosnie-Herzégovine a aussi renforcé ses capacités dans la lutte contre la traite des femmes.  En outre, a-t-elle ajouté, une agence spécialisée a lancé un plan de mise en œuvre de la résolution 1325 au niveau local, avec l’aide d’une ONG locale et l’appui financier d’ONU-Femmes.  Avant de conclure, la représentante a appelé les États Membres à adopter des mesures concrètes assorties de dates butoirs pour appliquer les résolutions pertinentes.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2122 (2013) et a estimé que la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix était essentielle.  Le coût des conflits, y compris celui qui est imposé à l’Arménie, pèse plus lourdement sur les femmes.  L’Arménie estime également qu’il faudrait investir davantage pour renforcer le rôle des femmes dans la paix et la sécurité.  La justice transitionnelle a un rôle important à jouer dans les sociétés après les conflits et doit assurer une réparation aux femmes victimes de violences pendant le conflit et transformer les inégalités sous-jacentes.  L’ONU a fait des progrès importants dans la défense et la promotion de l’égalité entre les sexes, par exemple en mettant en place un réseau de plus en plus sophistiqué de spécialistes des questions hommes-femmes.  L’Arménie est disposée à travailler avec le Conseil de sécurité, les Nations Unies et les ONG concernées pour renforcer l’autonomisation des femmes et leur participation, a assuré son représentant.


M. KRISHNASSWANY (Inde) a déclaré que le règlement d’un conflit armé suppose l’adoption d’une approche holistique qui prévoit à la fois d’instaurer la paix et de reconstruire la société affectée.  La participation des femmes est nécessaire pour créer les fondements d’une paix durable et, à cet égard, la résolution 1325 et les résolutions suivantes fournissent un cadre pour des arrangements institutionnels.  Si beaucoup a déjà été accompli, il reste encore beaucoup à faire, a fait remarquer le représentant.  L’Inde, qui est un important contributeur de contingents aux opérations de maintien de la paix -puisque plus de 160 000 Casques bleus ont été fournis au cours des six dernières décennies- a été le premier État à déployer une force de police exclusivement composée de femmes dans une opération de maintien de la paix des Nations Unies.  Le déploiement de femmes parmi les effectifs militaires et de police, ainsi que la nomination de conseillères pour la protection des femmes, ont démontré que l’on pouvait encourager l’autonomisation des femmes et faire face aux violences sexuelles dans les conflits armés et jouer, ainsi, un rôle majeur dans la reconstruction postconflit.  L’Inde espère que les États Membres fourniront davantage de femmes militaires et agents et officiers de police dans les opérations de maintien de la paix.


L’Inde estime que les indicateurs proposés dans le rapport du Secrétaire général sont utiles.  Toutefois, il ne faut pas perdre de vue les difficultés qu’il y a à obtenir des informations fiables dans les zones de conflit.  Il conviendrait donc de poursuivre les discussions avant d’adopter de tels indicateurs.  Le renforcement des capacités nationales devrait être au centre des efforts des Nations Unies au cours de la période postconflit car, a-t-il rappelé, il incombe en premier lieu aux gouvernements nationaux de poursuivre les auteurs des crimes commis pendant le conflit et de prévenir les violences contre les femmes, y compris les violences sexuelles.  Ils doivent donc s’approprier le processus de reconstruction.


L’Inde réitère sa position de principe selon laquelle le Conseil de sécurité doit concentrer ses efforts sur les mandats qui lui sont confiés.  Le thème des femmes, la paix et la sécurité est, à l’origine, le résultat de l’impact disproportionné des conflits armés sur les femmes, y compris sous la forme des violences sexuelles contre les femmes en tant qu’armes de guerre.  Une des recommandations du rapport du Secrétaire général vise à intégrer la question des femmes, la paix et la sécurité dans d’autres domaines tels que la lutte contre le terrorisme ou la criminalité transnationale organisée.  De l’avis de la délégation de l’Inde, cela constitue un élargissement du mandat du Conseil, qui impliquerait une répartition nouvelle des tâches entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, et qui risquerait de diluer le travail important réalisé par les Nations Unies en faveur des femmes, la paix et la sécurité.


M. HALIT ÇEVIK (Turquie) s’est félicité de l’attention de plus en plus  grande que porte la communauté internationale à la question de la violence sexuelle dans les conflits.  Le projet de décision du Conseil ministériel sur le plan d’action de l’OSCE pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), dont la Turquie est coauteur, en est un exemple récent, a-t-il déclaré.  Le représentant a aussi indiqué que sa délégation s’était jointe à la Déclaration d’engagement en vue de mettre fin à la violence sexuelle dans les conflits, adoptée lors de la Réunion de haut niveau qui s’était tenue en marge du débat général de l’Assemblée générale.  M. Çevik s’est fait écho de la condamnation du Conseil de sécurité des actes de violence sexiste et sexuelle en Syrie.  Il a dénoncé l’impunité dont jouissent les auteurs de ces violences et l’absence de soutien aux victimes, ainsi que leur manque d’accès à la justice.


M. Çevik a appelé à trouver les modalités adéquates pour parvenir aux objectifs que s’est fixée la communauté internationale dans ce domaine.  La prévention de cette violence passe par la prévention des conflits, a-t-il dit.  Il faudrait aussi disposer de systèmes de justice transparents et non discriminatoires.  Pour cela, le représentant a recommandé de renforcer les compétences des pays qui en ont besoin.  Il a aussi plaidé en faveur de la réinsertion des victimes de ces violences.  Toute la société doit faire front contre ces formes de violence, a estimé M. Çevik, qui a regretté que le manque de participation des femmes aux négociations de paix ne permette pas de tenir compte de leurs besoins.


M. TÉTE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a réaffirmé le soutien de l’Union africaine à une justice holistique pour les femmes en situation postconflit.  L’Union africaine a pris pleinement compte des questions de prévention, de protection et de promotion des femmes dans divers texte, y compris le protocole de Maputo de 2003.  En dépit de toutes ces avancées, chacun reconnaît qu’il reste beaucoup à faire sur le continent africain, notamment en matière de responsabilisation et de lutte contre l’impunité des auteurs de violences contre les femmes.  Les organes de l’Union africaine jouent un rôle important dans la négociation et la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle.  La Commission de l’Union africaine, appuyée par des partenaires de la société civile, joue un rôle dirigeant dans la mise en place d’un cadre de justice transitionnelle.


Un rapport du Groupe des sages de l’Union africaine intitulé « Non-impunité, la vérité, la justice, la paix et la réconciliation en Afrique: opportunités et défis  » est consacré au débat « paix versus justice » qui semble polariser le discours sur la justice internationale en Afrique et cherche à trouver une position qui tienne compte des spécificités du continent.  Ce rapport, a fait observer M. Antonio, montre que l’Union africaine a apporté une importante contribution pour lutter contre l’impunité en Afrique, malgré quelques difficultés de mise en œuvre et de cohérence.  Il cite notamment les cas d’initiatives de justice transitionnelle sur le continent, en Afrique du sud, au Rwanda, en Sierra Leone ou au Libéria, et des situations émergentes comme le Kenya, le Burundi ou le Zimbabwe, a-t-il précisé, en faisant cependant remarquer que ces exemples contrastent avec quelques autres cas anormaux dans lesquels la paix a reçu la priorité sur la justice, comme au Mozambique ou en Angola.  En même temps, le rapport a montré une absence d’approche ou de lignes directrices au niveau du continent, a-t-il fait observer.  C’est pourquoi, il a recommandé la mise en place d’un cadre africain pour la justice transitionnelle, qui doit promouvoir la justice et la responsabilité de garantir une meilleure participation des femmes dans les processus de prise de décisions.


M. HEIKO THOMS (Allemagne), qui s’est associé à la déclaration de l’Union européenne, s’est félicité du rapport du Secrétaire général, qui identifie les nombreux progrès dans le domaine des femmes, la paix et la sécurité.  Il a dit partager les préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport, notamment l’accent que la communauté internationale met sur les femmes victimes des conflits armés plutôt que sur leur rôle en tant qu’acteurs des processus de paix et agents de changement dans tous les secteurs de la société.  C’est pourquoi l’Allemagne soutient la résolution qui vient d’être adoptée et qui met l’accent sur le rôle positif que les femmes peuvent jouer et joueront si elles sont effectivement associées dans tous les aspects de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix.


Pour assurer une meilleure application de l’ensemble de la résolution 1325, l’Allemagne estime que les femmes doivent faire partie intégrante de toute commission du type « vérité et justice » et que leurs préoccupations doivent être traitées par de tels organes.  En outre, les auteurs de violences, crimes et violations des droits de l’homme doivent être contraints de rendre des comptes.  C’est le meilleur moyen de promouvoir une réconciliation durable.  M. Thoms a rappelé que l’Allemagne avait soutenu la mise en œuvre de divers projets au Rwanda et au Burundi, y compris la formation de femmes policiers et la prévention des violences sexuelles et sexistes.  Par ailleurs, 43 pays ont adopté des plans d’action nationaux fondés sur la résolution 1325.  C’est un pas important mais les progrès sur le terrain dépendent de la volonté politique de respecter de tels engagements, a fait remarquer le représentant de l’Allemagne.  Son pays a adopté un plan d’action qui couvre l’ensemble du spectre de la résolution 1325 et les missions diplomatiques allemandes ont reçu pour instruction d’en appuyer la mise en œuvre, a expliqué M. Thoms.  Pour sa part, le Conseil de sécurité devait commencer à incorporer systématiquement les questions liées aux femmes dans l’ensemble de ses travaux.  Enfin, il faudrait déployer au plus vite les conseillers pour la protection des femmes mandatés par le Conseil pour ses missions en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire et au Darfour. 


M. MICHAEL GRANT (Canada) s’est dit fermement convaincu que la participation des femmes à tous les processus de prises de décisions était une condition préalable à l’instauration d’une paix durable.  Il a ensuite affirmé que le mariage précoce et forcé des enfants était une pratique ignoble, particulièrement aggravée par temps de conflit, comme c’est le cas en Syrie.  Il a ensuite encouragé le Conseil à continuer d’exercer un leadership politique et à prendre des mesures visant à garantir une participation concrète des femmes à la prévention et à la médiation des conflits ainsi qu’aux processus de règlement.


« Sous l’impulsion du Canada, le Conseil des droits de l’homme a adopté en juin dernier une résolution sur l’élimination de la violence contre les femmes, qui demande notamment aux États Membres de veiller à ce que les femmes participent activement aux processus décisionnels », a-t-il dit.  Enfin, il a indiqué que son pays œuvrait en faveur de l’autonomisation des femmes dans des situations de conflit, notamment en République démocratique du Congo, où le Canada prête assistance à des femmes ayant survécu à des violences sexuelles.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’une femme avait été vice-présidente en Syrie, alors que certains pays interdisent aux femmes de conduire.  La situation qui règne actuellement en Syrie a entrainé des conséquences qui sont contraires aux valeurs de notre pays, a-t-il regretté.  Il a indiqué qu’il y avait en Syrie des bandes de mercenaires recrutés dans d’autres régions du monde et qui agissent pour imposer aux Syriens des idées et des idéologies injustes qui ne respectent pas les femmes.  Il a dénoncé le financement de ces bandes de combattants par le Qatar et l’Arabie saoudite, et a noté que certains pays soutenant ces terroristes utilisent toute l’influence dont ils disposent par le biais des médias qu’ils contrôlent afin d’entraver le développement socioéconomique de la Syrie.  Il a dit que son pays rejetait ceux qui exploitent ainsi la religion.  Il a aussi signalé qu’une Fatwa a été publiée par des personnes totalement irresponsables qui encourage les femmes musulmanes à commettre l’adultère sous le prétexte qu’elles servent ainsi la religion.


M. Ja’Afari a assuré que les autorités syriennes voulaient traduire en justice tous les auteurs de crimes commis sur le territoire du pays.  Il a expliqué que la Syrie voulait lutter contre l’impunité en faisant pression sur les régimes qui s’attachent à financer et nourrir la rébellion.  Il a de ce fait demandé aux régimes de l’Arabie saoudite et du Qatar d’assumer leurs responsabilités.  Il a déploré que les femmes syriennes soient violées ou obligées de se marier sous la menace.  Des filles de moins de 14 ans se retrouvent exploitées sexuellement par des bandes d’hommes, et ce, au nom de la religion, a-t-il dénoncé.  Indiquant que la Syrie avait notifié ces informations aux organes des Nations Unies dans plusieurs rapports, il a demandé à l’ONU d’exercer une pression auprès des puissances étrangères qui essaient d’intensifier le bain de sang en Syrie.  Il faut aussi améliorer la situation des femmes syriennes du Golan occupé, a-t-il ajouté.  Il a enfin déploré les propos du représentant de la France qui, a-t-il estimé, a parlé de son pays « avec peu de doigté diplomatique ».  Il a regretté que la France méprise les responsabilités qui lui incombent en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et a dénoncé son ingérence dans les affaires syriennes.


Mme AMATLAIN E. KABUA (Îles Marshall), au nom du Forum des Îles du Pacifique, a déclaré que, malgré certaines avancées, y compris la nomination de femmes à des postes gouvernementaux importants, les progrès vers l’égalité des sexes restent très lents dans la région, à l’image de la représentation des femmes dans les parlements des pays de la région, qui est la plus faible au monde.  La région du Pacifique reste affectée par des conflits armés, des troubles civils et des conflits locaux relatifs au partage des ressources, qui affectent de manière disproportionnée les femmes et les enfants.  Les changements climatiques et les catastrophes naturelles risquent de provoquer des déplacements de populations à l’occasion desquels les femmes et les filles seront exposées encore davantage aux violences sexuelles.  Pourtant, les femmes ont amplement démontré, dans la région, leur capacité à contribuer à des solutions en jouant un rôle de médiateur, en améliorant le sort des communautés locales et en offrant des abris pour les victimes.  Les femmes sont souvent les premières à agir en ignorant les clivages ethniques, malgré des risques considérables, a-t-elle fait remarquer.


Les pays de la région du Pacifique travaillent à faire mieux participer les femmes  à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix.  En décembre 2010, dans le cadre du dixième anniversaire d la résolution 1325, un Groupe régional de travail sur les femmes, la paix et la sécurité avait été crée.  Il a adopté un plan d’action et un Groupe régional de référence a été mis en place, au début de cette année, pour en surveiller la mise en œuvre.  Mme Kabua a souligné que le plan d’action régional permettait d’assurer une meilleure intégration de la dimension de genre dans son cadre de sécurité et de répondre aux exigences des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.


Mme EDITA HRDÁ (République tchèque) a déclaré que la communauté internationale devait mettre un accent particulier sur la prévention des violations graves du droit international, en menant des actions qu’elle prendrait dans le cadre du concept de la responsabilité de protéger.  Dans le cadre des activités qu’elle mène pour promouvoir les droits de l’homme, la République tchèque prend en considération le genre et la protection des femmes dans les situations postconflit ainsi que dans les pays en situation de transition, notamment à travers des projets d’appui aux organisations non gouvernementales tchèques et locales, a dit Mme Hrdá.  Elle a ainsi évoqué le projet de renforcement des capacités mis en œuvre en Géorgie par l’ONG tchèque ADRA, et l’appui apporté par le Gouvernement tchèque aux femmes victimes de violence sexuelle en République démocratique du Congo.  La sensibilisation du public, ainsi que celle menée envers le système judiciaire, est la condition sine qua non pour une protection effective des droits des femmes dans les pays en transition ou en situation d’après-conflit, a conclu la représentante de la République tchèque.


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a invité les États Membres et les Nations Unies à renouveler l’engagement qu’ils ont pris de mettre en œuvre le plan d’action du Secrétaire général sur une consolidation de la paix tenant compte du genre.  Il a salué les recommandations concrètes formulées dans ce rapport, qui visent à intégrer les femmes dans les programmes de prévention de conflit et dans les processus de médiation.  Il a jugé important de nommer des femmes pour diriger ces processus et de les inclure davantage dans les processus politiques de prise de décisions ainsi que dans les systèmes de justice.  Il faut également que les femmes participent aux missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il ajouté.  Il a donné l’exemple de son pays qui fournit des contingents de police composés à 16% de femmes.


En Afrique du Sud, où les femmes ont été désavantagées par l’apartheid et la nature patriarcale de la société sud-africaine, les hommes ont longtemps dominé l’espace économique et politique, a-t-il expliqué.  Il a cependant indiqué que depuis 18 ans, le Gouvernement sud-africain a pris des mesures instaurant des quotas pour les femmes candidates aux élections nationales, provinciales et locales.  La situation des femmes a été placée au premier plan des réformes menées dans le pays, a-t-il ajouté.  L’Afrique du Sud compte actuellement 44% de femmes dans son Parlement et 43% des ministres de son gouvernement sont des femmes.  Le représentant a ensuite reconnu l’importance de l’accès des femmes à la justice dans les périodes de conflit et postconflit.


M. KAZUYOSHI UMEMOTO (Japon) a rappelé que son pays envisage de consacrer  dans les trois prochaines années quelque 3 milliards de dollars d’aide publique au développement qui seront orientés vers les domaines liés à la promotion sociale des femmes, à la santé des femmes et à la participation des femmes à la paix et la sécurité et à leur protection.  Il est en particulier indispensable de renforcer l’accès des femmes à la justice afin qu’elles puissent défendre leurs droits, et de les protéger des violences qui accompagnent trop souvent la transition postconflit, a dit M. Umemoto.  Ainsi, le Japon appuie divers efforts  visant à porter assistance aux victimes de violences sexuelles dans les camps de réfugiés au Soudan, en Somalie et en Iraq, a-t-il précisé.  Il est également important de mettre en lumière les bonnes pratiques et de partager les leçons tirées de l’expérience.


Le Japon compte faire tout son possible pour assurer la participation des femmes à chaque phase du cycle de résolution d’un conflit, depuis la prévention jusqu’aux élections organisées dans le cadre de la consolidation de la paix.  Cette participation garantira en outre une meilleure protection des droits des femmes et de leur bien-être, a estimé le représentant.  Le Japon a mis en place un plan d’action reposant sur la résolution 1325, dans le cadre duquel,  en collaboration avec ONU-Femmes et la société civile, il organise les mesures à prendre, a indiqué M. Umemoto.  Il a ensuite déclaré que le Japon a notamment organisé avec le Global Network of Women Peacebuilders  une rencontre dénommée« Résolution 1325 en action: leçons de l’expérience et réflexions », qui est un événement dont le résumé des travaux figure dans le rapport du Secrétaire général et qui pourrait servir de contribution à l’examen mondial de la résolution 1325  en novembre.  Enfin, le Japon continue d’être un des principaux donateurs du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies à l’appui de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, qui soutient directement des organisations de femmes de la société civile, a conclu le représentant.


M. COLLIN D. BECK (Îles Salomon) a rappelé que la mission régionale d’assistance établie en 2003 avait été cruciale pour le relèvement du pays.  « Cette mission avait permis le retour de la stabilité et le bon fonctionnement des institutions », a-t-il affirmé, en ajoutant que le succès de cette mission appartenait au peuple des Îles Salomon et aux partenaires régionaux qui, « ensemble », ont répondu aux défis spécifiques du pays.  Il a ensuite affirmé que la mission était un exemple de coopération Sud-Sud et triangulaire, « ayant fourni un modèle d’instauration, de maintien et de consolidation de la paix ».  « L’autonomisation économique des femmes des zones rurales a été l’un des axes principaux dans la prévention d’un retour du conflit et devrait figurer, à ce titre, dans le programme de développement pour l’après-2015 », a-t-il aussi dit.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a tout d’abord estimé qu’en ce qui concerne la participation des femmes au processus de prise de décisions, il importe non seulement de mettre l’accent sur l’évaluation et les processus de suivi, mais également de promouvoir les succès obtenus en matière de coopération et d’échange des meilleures pratiques.  Il a ensuite annoncé que son gouvernement avait adopté, le 12 mars 2013, la « Politique nationale en matière d’égalité entre les sexes », ainsi que le document appelé: « Plan complet de garantie d’une vie libre de violence: les points de références », dont va se servir la Colombie, a-t-il précisé, pour mettre en œuvre des mesures de protection en faveur des femmes tout en veillant à l’édification de la paix et à la promotion de leur participation au processus de prise de décisions.


M. Osorio a également évoqué l’adoption de la loi 1448 sur les victimes et la restitution des terres, laquelle prévoit des mesures pour la pleine indemnisation des victimes de déplacements forcés et de violences sexuelles subis dans le contexte des conflits armés, notamment ceux qu’a connus la Colombie.  Il a précisé qu’afin de mieux comprendre les structures des organisations criminelles et de déterminer le degré de responsabilités des membres des groupes armés illégaux ainsi que celui de leurs collaborateurs, les cas de violence sexuelle étaient traités en priorité par le Bureau du Procureur de la Colombie.  En outre, le Plan pour l’aide, l’appui et les réparations a versé 339 000 compensations, dont 57% étaient destinés à des femmes.  Le représentant a précisé que son Gouvernement avait investi 750 millions de dollars pour satisfaire ces engagements.


M. Osorio a aussi expliqué que le Gouvernement colombien encourage la participation active des femmes au processus de paix avec les FARC.  Il a notamment fait savoir que ce dernier avait chargé une délégation de cinq personnes, dont deux femmes, de participer aux pourparlers préliminaires, et que les femmes représentent par ailleurs 60% du personnel du Bureau du Haut-Commissaire pour la paix.


M. KAREL J. G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué que le plan d’action national adopté par son pays pour la mise en œuvre de la résolution 1325 met l’accent sur le rôle des femmes en tant qu’acteurs politiques.  Il a également fait savoir que le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas avait organisé un évènement spécial, lors de sa venue à New York, pour entendre le point de vue des femmes syriennes sur la résolution politique du conflit qui sévit dans leur pays.  Le représentant a aussi évoqué la création, par son gouvernement, d’un mécanisme de financement pour les organisations féminines dans les pays en transition du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.  Il s’est par ailleurs félicité du fait qu’au Yémen, les femmes sont en train de participer au dialogue national et revendiquent leur rôle au cours des prochaines étapes de la transition.


Le représentant a aussi insisté sur l’importance, pour les femmes et les filles, d’avoir accès à des services juridiques justes et transparents, mais également pour ces dernières de pouvoir exercer une influence sur les institutions et les politiques judiciaires de leur pays.  Il a ensuite expliqué que les Pays-Bas avaient contribué à la création, dans la province de Maniema, en République démocratique du Congo, d’un système judiciaire sexospécifique.  M. Van Oosterom a par ailleurs annoncé que son pays avait augmenté de deux millions de dollars sa contribution au Fonds d’affectation spéciale à l’appui de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, pour un montant total de huit millions de dollars.  Le Gouvernement néerlandais finance, en outre, à hauteur de quatre millions d’euros son Plan d’action national relatif aux femmes, la paix et la sécurité, a-t-il indiqué.


Mme AMINA SMAILA (Nigéria) a souligné que le manque de données sur les menaces sécuritaires spécifiques auxquelles font face les femmes entravait l’adoption des mesures permettant de leur assurer une plus grande protection.  Elle s’est de ce fait déclarée en faveur de l’inclusion d’informations plus fouillées et détaillées sur la situation des femmes et des filles dans les documents soumis à l’attention du Conseil de sécurité.  Soulignant le besoin d’une surveillance plus systématique des occurrences de violence sexuelle dans les conflits armés, Mme Smaila a jugé impératif le développement, par le Conseil de sécurité, de mécanismes idoines permettant une participation des femmes dans les phases de médiation, de relèvement et de consolidation de la paix après conflit.  Elle a ensuite affirmé qu’une participation accrue des femmes aux efforts de consolidation de la paix permettait en outre de leur ménager un accès plus important aux structures judiciaires, souvent mises en place lors de cette phase de consolidation, afin qu’elles puissent obtenir réparation pour les violences qu’elles ont subies.  En conclusion, la déléguée du Nigéria a plaidé pour la mise en place, chaque fois que nécessaire, de juridictions spéciales, et ce, afin de réduire les délais au terme desquels les victimes pourront obtenir réparation. 


M. DANIJEL MEDAN (Croatie) a déclaré que les périodes de transition peuvent présenter des opportunités pour renforcer les droits, le rôle directeur et l’autonomisation  des femmes.  Sachant que l’égalité des sexes est un principe de base des droits de l’homme, il est essentiel de mettre en place les mesures de justice transitionnelle qui traitent des questions de genre comme faisant partie des éléments fondamentaux du processus de restauration de l’état de droit, a-t-il estimé.  Il faut placer les femmes au cœur des développements politiques, économiques et sociaux car, bien qu’on les reconnaisse largement comme étant des acteurs efficaces de la paix, les femmes  restent sous-représentées d’une manière inacceptable dans les processus de décision relatifs à la paix et la sécurité, a constaté le représentant. Dans ce contexte, la Croatie met particulièrement l’accent sur l’accès à l’éducation des femmes et des filles.


Du fait de cadres juridiques et de pratiques défavorables, les femmes et les filles sont plus vulnérables aux violations de leurs droits lors des conflits, a dit le représentant en citant notamment les violences sexuelles dont elles sont victimes.  Il est donc essentiel de lutter contre la culture de l’impunité qui continue de prévaloir à l’égard de ces crimes, a-t-il préconisé.  Forte de son expérience tragique des années 90, pendant lesquelles le viol a été utilisé dans le pays comme arme de terreur, la Croatie est convaincue qu’on ne peut traiter correctement des violences dans les conflits que par une approche globale.  En Croatie, les droits des victimes et l’accès à des réparations constituent des mesures centrales de la justice transitionnelle en faveur des femmes.  Le Gouvernement croate prépare actuellement une législation complète par laquelle les survivantes des violences sexuelles des années 1990 pourront bénéficier du statut de « victimes civiles de guerre ».


La Croatie a signé en juin le Traité sur le commerce des armes, dont un critère contraignant sur les violences sexuelles contribue à prévenir les effets potentiellement négatifs qu’ont les transferts d’armes sur la situation des femmes et les filles.  Le processus de ratification du Traité est en cours, a indiqué M. Medan.  Par ailleurs, la Croatie estime qu’une meilleure coordination et plus de synergie entre partenaires internationaux pourrait rendre plus efficace la résolution 1325.  Dans le cadre de son propre plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, la Croatie a intégré une perspective de genre dans sa politique étrangère et de sécurité.  Les femmes sont intégrées à tous les niveaux des forces armées nationales, et la Croatie déploiera en décembre sa première femme générale des forces de défense, qui va occuper le poste de  Conseillère pour les questions de genre auprès du commandement conjoint de la FIAS à Kaboul, a annoncé M. Medan.  Par ailleurs, la Croatie soutient les initiatives de l’OSCE concernant les femmes, la paix et la sécurité, et elle a en outre, au mois de septembre, en tant que présidente de la Commission de consolidation de la paix, organisé avec ONU-Femmes l’événement ministériel « Autonomisation économique des femmes pour la consolidation de la paix des femmes », a conclu le représentant croate.  


M. MARTEN GRUNDITZ (Suède) a pris la parole au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Norvège, et a rappelé que l’état de droit doit englober l’ensemble de la population, y compris les femmes, les garçons et les filles.  Les perspectives, les capacités et les besoins des femmes continuent d’être négligés dans les efforts visant à instaurer l’état de droit dans les zones de conflits ou dans les contextes postconflit, a-t-il constaté avec regret.  Réaliser l’état de droit, tout en excluant les femmes n’est pas seulement un paradoxe, mais cela nuit à la recherche d’une paix durable et à la sécurité, a poursuivi le représentant.  Assurer l’accès des femmes à la justice, appliquer l’approche genre aux mécanismes de la justice transitionnelle, et inclure les femmes dans les programmes de réparation dans les contextes après-conflit sont des étapes primordiales pour l’établissement de l’état de droit, et aussi pour la paix et la sécurité, a estimé le représentant.  Les campagnes menées pour améliorer l’accès des femmes à la justice doivent comprendre l’autonomisation économique, les droits civiques, les capacités juridiques, et l’accès sécurisé des femmes aux programmes de protections des victimes et des témoins, a-t-il poursuivi. 


En outre, les crimes liés au genre commis pendant les conflits doivent faire l’objet d’enquête, a préconisé le représentant qui a ajouté que l’égalité des sexes n’est pas seulement un besoin pour les femmes en tant que victimes, mais constitue aussi une source de précieuses contributions à l’instauration de la paix, à la justice transitionnelle et à l’état de droit.  Sur le plan stratégique, la sensibilisation au genre dans l’état de droit et dans la justice transitionnelle est cruciale pour l’accès des femmes à la justice et à la jouissance de leurs droits, a estimé le représentant.  Cette sensibilisation a un impact direct sur leur autonomisation politique et économique, a-t-il soutenu.  Un suivi systématique de ces questions, afin d’assurer l’inclusion des femmes dans l’ordre du jour quotidien du Conseil de sécurité, est donc nécessaire, a-t-il recommandé.  Le nombre, l’influence et le leadership des femmes dans les processus de résolution de conflits, dans la gestion des contextes postconflit et dans les missions de maintien de la paix doivent augmenter, a suggéré le représentant qui a terminé son intervention en déclarant que « nous devons supporter et encourager les organisations de la société civile dirigées par les femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix ».


Mme CRISTINA CARRION (Uruguay) a noté avec satisfaction que la question des femmes et la paix et la sécurité  occupe à présent un espace de choix dans les programmes et débats onusiens.  « La reconnaissance du  lien entre participation et protection est sûrement le concept central hérité de la résolution 1325 », a-t-elle ajouté.  La représentante, se référant au dernier rapport du Secrétaire général sur la question, a souligné qu’il faut encore renforcer la participation des femmes dans tous les processus de paix et de reconstruction dans les sociétés sortant d’un conflit.  À cet égard, nous saluons les efforts d’ONU-Femmes et du PNUD, efforts déployés pour améliorer l’accès des femmes victimes de violence sexuelle pendant les conflits à la justice, a-t-elle dit, ajoutant que la reddition de compte, « qui est une exigence morale », est nécessaire sur la voie de la réinsertion sociale des femmes et filles ayant subi des violations graves de leurs droits fondamentaux.  La représentante a également rappelé que l’Uruguay avait été à l’avant-garde de la féminisation de ses forces armées et de ses contingents de Casques bleus. 


M. ÁLVARO JOSÉ COSTA DE MENDONÇA E MOURA(Portugal) a déploré que l’état de droit soit « la deuxième victime des conflits, après les femmes et les filles ».  Quant à la justice transitionnelle, « elle est l’avant-dernière préoccupation des femmes, la dernière étant la participation des femmes aux processus de paix », a-t-il estimé.  Le représentant a souhaité ardemment que soit réalisé l’objectif de parvenir à 20% de participation de femmes dans les opérations de maintien de la paix d’ici 2014, conformément à la demande du Secrétaire général.  Il a également souligné le rôle majeur que peuvent tenir les femmes dans les processus de réconciliation « notamment si elles sont incluses à cet effort dès les premières phases ».  Enfin, le représentant portugais a plaidé pour que les débats du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité se penchent sur la question de la protection des droits économiques, sociaux et culturels des femmes.  


M. OSAMA ABDEL KHALEK (Égypte) a soutenu le rôle clef des femmes dans la prévention et la résolution des conflits et dans la Commission de consolidation de la paix et a mis l’accès sur la promotion de l’éducation et de l’autonomisation économique des femmes comme moyens de parvenir à une paix durable.  Face aux violences croissantes commises contre les femmes et les filles dans le monde, la justice transitionnelle et l’état de droit ont un rôle indispensable à jouer pour protéger les droits des femmes et lutter contre l’impunité.  Il s’agit là d’éléments clefs de la prévention des conflits, du maintien de la paix, de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix.  La justice transitionnelle doit traiter de toute la gamme des violations des droits des femmes et abus, y compris ceux commis par le personnel des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a souligné M. Khalek.  Dans ce contexte, le représentant a rappelé que l’Égypte  avait adhéré le mois dernier à la Déclaration internationale d'engagement de mettre fin à la violence sexuelle pendant les conflits, lancée lors du Segment de haut niveau de l’Assemblée générale.  L’Égypte soutient également l’inclusion du thème « les femmes, la paix et la sécurité » comme question transversale du programme de développement pour l’après-2015.  Elle appuie aussi le projet d’étude mondiale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 qui mette en lumière les bonnes pratiques et les leçons tirées de l’expérience, dans la perspective du quinzième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 en 2015.


Le représentant a déclaré que les pratiques israéliennes dans les territoires arabes occupés constituent une manifestation évidente de violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales des femmes et filles arabes sous occupation étrangère.  L’Égypte insiste sur la responsabilité du système des Nations Unies et de toutes les organisations internationales concernées et demande qu’on accorde davantage d’attention aux souffrances de ces femmes  et veille au respect de tous leurs droits.  L’Égypte demande à toutes les entités des Nations Unies de faire rapport à ONU-Femmes, au Conseil de sécurité et au Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, et d’inclure systématiquement  des informations sur la situation des femmes et filles des territoires arabes occupés dans leurs rapports et compte-rendu.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) s’est félicité que la résolution adoptée ce matin mentionne le renforcement des capacités des institutions nationales des pays, afin de porter assistance aux femmes et filles en temps de conflit armé.  Il s’est ensuite dit convaincu que le bon exercice par les femmes de leurs droits et responsabilités était l’un des éléments clefs d’une bonne transition vers la paix, la stabilité et le règne de l’état de droit.


Il a ensuite indiqué que l’augmentation du nombre de femmes parmi les soldats de la paix déployés sur le terrain serait un élément positif dans l’application de la résolution 1325.  « Les efforts de réconciliation nationale ne peuvent que bénéficier de la participation active des femmes », a-t-il poursuivi, avant d’indiquer que l’appui fourni par les Nations Unies, y compris par la Commission de consolidation de la paix, devait comprendre une dimension importante sur l’égalité des genres.  « Cet appui devrait de plus être conforme au principe d’appropriation nationale, étant donné les spécificités des besoins dans chaque pays », a conclu M. Percaya.


M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a déploré que, malgré l’adoption de la résolution 1325 (2000), véritable « lueur d’espoir » pour des millions de femmes et de filles, ces dernières continuent d’être la cible de violences en période de conflit.  « La prévention de la violence sexuelle relève tant du respect des droits de l’homme que du maintien de la paix et de la sécurité internationales », a-t-il affirmé, avant de souligner l’importance fondamentale de l’état de droit et de l’accès aux tribunaux pour protéger les droits des femmes au lendemain d’un conflit.  Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts afin de mettre un terme à l’impunité des auteurs de violences à l’encontre des femmes.  « Nous devons faire plus afin que les mécanismes de justice transitionnelle répondent à tous les aspects des violations des droits des femmes commises en période de conflit », a-t-il souligné.  M. Nkoloi s’est ensuite joint aux appels visant à inclure une perspective sexospécifique dans les processus de paix et de médiation, notamment lors de la mise en place des arrangements de sécurité et de justice transitionnelle.  En conclusion, le délégué du Botswana a tenu à exprimer le soutien de son pays aux efforts de la Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.


Mme INES FREIMANE-DEKSNE (Lettonie) a estimé qu’il ne peut y avoir d’avancée réelle sur le terrain dans le domaine des droits des femmes, « si l’ONU et les partenaires internationaux ne montrent pas eux-mêmes l’exemple ».  Elle a ainsi plaidé pour une représentation « adéquate » des femmes aux différents niveaux de prises de décision des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Après avoir salué le renforcement des capacités de l’ONU en matière d’expertise sur la problématique hommes-femmes, la représentante s’est réjouie du déploiement accru de conseillers spécialisés sur le terrain, y compris dans les régions du Sahel et des Grands Lacs.  Commentant la résolution 2122 (2013) que le Conseil de sécurité vient d’adopter, elle a fait sienne la demande du Conseil de renforcer la coordination entre toutes les organisations œuvrant en faveur de l’autonomisation des femmes « présentes sur le terrain ».


M. VAKHTANG MAKHAROBLISHVILI (Géorgie) a indiqué que le Plan d’action national adopté par son pays en application de la résolution 1325 (2000) reposait sur quatre piliers dont l’augmentation de la participation des femmes aux processus de paix, la prévention de toutes formes de violence à leur égard et la prise en compte de leurs besoins spécifiques pendant et après les périodes de conflit.  Il a ensuite tenu à souligner la bonne coopération de son pays avec ONU-Femmes, ce qui a notamment permis le déploiement d’une unité de police spécialement consacrée à la question des femmes dans plusieurs villes du pays.


Le représentant a ensuite indiqué que les femmes représentaient 50% du personnel civil du Ministère géorgien de la défense, 20% d’entre elles occupant des postes de haut niveau.  Le délégué a ensuite insisté sur les défis majeurs auxquels son pays fait face dans les régions occupées de la Géorgie, en expliquant que les restrictions à la liberté de circulation mises en place dans ces régions avaient coûté la vie à trois femmes qui avaient un besoin urgent d’assistance médicale, parce que le passage au poste de contrôle leur avait été refusé.  « En dépit de nos appels répétés à la communauté internationale, près d’un demi-million de réfugiés et de déplacés à l’intérieur du pays, parmi lesquels des centaines de milliers de femmes, continuent d’être privés de leurs droits dans ces régions », a-t-il dit avant de conclure.


M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a tout d’abord salué la récente adoption du Traité sur le commerce des armes, premier instrument international qui prévoit, s’agissant du transfert des armes, un critère concernant la protection des femmes.  Il a ensuite dit que la Namibie faisait partie des pays contributeurs de troupes ayant mis en œuvre avec succès la résolution 1888 (2009) qui exhorte les États Membres à déployer un plus grand nombre de femmes dans le personnel militaire et policier des missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Le délégué a indiqué que les auteurs de violences sexuelles à l’encontre des femmes devraient faire l’objet de poursuites pénales devant les juridictions nationales et, éventuellement, internationales.  « Les capacités judiciaires nationales devraient ainsi être renforcées », a-t-il demandé, tout en plaidant pour mettre fin à la stigmatisation des victimes de violence sexuelle afin qu’elles puissent obtenir réparation devant les tribunaux.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: il faut renforcer les Centres d’information qui sont la voix de l’ONU dans les régions qui les accueillent, préconisent les délégations

CPSD/536

Quatrième Commission: il faut renforcer les Centres d’information qui sont la voix de l’ONU dans les régions qui les accueillent, préconisent les délégations

18/10/2013
Assemblée généraleCPSD/536
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission                                       

11e séance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: IL FAUT RENFORCER LES CENTRES D’INFORMATION QUI SONT LA VOIX DE L’ONU

DANS LES RÉGIONS QUI LES ACCUEILLENT, PRÉCONISENT LES DÉLÉGATIONS


Après ce constat, les membres de la Commission adoptent

sans vote deux projets de résolution sur les questions relatives à l’information


Ce matin, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission), a adopté, sans vote, deux projets de résolution sur les questions relatives à l’information.  La Commission a également achevé son débat général sur ce point de son ordre du jour.


Par le projet de résolution A intitulé « l’information au service de l’humanité », adopté sans vote par les délégations, l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée, afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux, en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement.


Aux termes du projet de résolution B intitulé « politique et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information », également adopté sans vote par les délégations présentes, l’Assemblée générale demanderait de nouveau au Département de l’information et aux services du Secrétariat fournisseurs de contenus de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans toutes les langues officielles, de manière écologiquement rationnelle et sans que cela ait d’incidences financières.  Elle engagerait le Département de l’information (DPI) et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences à se consulter sur la possibilité de fusionner leurs activités de publication, à mettre au point de nouveaux arrangements de collaboration permettant de promouvoir, sans que cela ait d’incidences financières, le multilinguisme dans d’autres produits étant donné qu’il importe de faire en sorte que toutes les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies soient traitées sur un pied d’égalité totale.


Par ce texte, l’Assemblée se déclarerait une nouvelle fois préoccupée par le fait que les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles, conformément à la demande formulée dans des résolutions antérieures et dans le strict respect du principe de l’égalité des six langues officielles, et demanderait de nouveau au Département de l’information d’élaborer, en collaboration étroite avec d’autres départements, une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières.


Une grande partie des délégations qui sont intervenues ce matin, ont mis l’accent sur le rôle essentiel que jouent les 63 Centres d’information des Nations Unies (CINU) répartis à travers le monde pour assurer que les messages et valeurs de l’Organisation soient relayés partout dans le monde.  Plusieurs intervenants, à l’instar des représentants de l’Argentine, des Philippines et de l’Égypte, qui sont tous les trois des pays-hôte d’un CINU, ont insisté sur la valeur ajoutée créée par ces Centres, qui contribuent à mieux faire comprendre le rôle et les activités de l’ONU à un public local ou régional.


Le représentant de l’Argentine a indiqué que le CINU de Buenos Aires est « la voix de l’ONU en espagnol » et le point focal de la communication digitale du système des Nations Unies sur le terrain, puisqu’il gère plusieurs site Web, pages Facebook et comptes Twitter, et qu’il sert de relais entre l’ONU et la société civile, la communauté éducative et d’autres organisations du pays et de la région.


Après avoir rappelé que son pays abrite l’unique CINU de la zone du Sahel, qui couvre le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, le représentant du Burkina Faso a plaidé en faveur du maintien et du renforcement de certains Centres d’information de l’ONU, notamment ceux situés dans les pays les plus vulnérables, où les nouvelles technologies de l’information ne sont pas encore vulgarisées et où les besoins en informations sont réels.  Compte tenu du rôle de « dispensateur d’information de proximité » de ces Centres, qui communiquent souvent dans les langues locales, le représentant de l’Afrique du Sud a demandé au DPI de prendre les mesures nécessaires à la création d’un CINU à Luanda, en Angola, qui servirait les intérêts des populations lusophones en Afrique.


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint à l’information, M. Peter Launsky-Tieffenthal, a remercié les États Membres pour leurs commentaires et suggestions constructives et leur a assuré que son équipe et lui-même en tiendraient compte dans leurs réflexions à venir.  Il a relevé le fait que la question de la parité linguistique entre les six langues officielles de l’ONU, en particulier en ce qui concerne les communiqués de presse, a été soulevée par de nombreuses délégations.  À cet égard, le Secrétaire général adjoint a expliqué que le DPI travaillait avec le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences pour trouver de nouvelles voies créatives afin de donner suite à cette demande.  Il a indiqué qu’il présentera un rapport détaillé, y compris une stratégie pour des communiqués de presse multilingues, lors de la prochaine session du Comité de l’information.  M. Launsky-Tieffenthal a déclaré que le partenariat avec les États Membres, et en particulier avec les membres du Comité de l’information, est un outil précieux et sert de pierre angulaire au travail de communication de son Département.


La Quatrième Commission commencera l’examen du point relatif à l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique mardi, le 22 octobre, à 15 heures.



RAPPORTS SUR LES QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION (A/68/21 et A/68/315)


Fin du débat général


M. GERARDO DÍAZ BARTOLOMÉ (Argentine) a réitéré l’appui de son pays au travail qu’accomplissent les Centres d’information des Nations Unies (CINU) qui sont « vitaux pour diffuser les messages de l’Organisation ».  Il a encouragé le Département de l’information (DPI) à renforcer leur travail et leur rôle.  Le CINU de Buenos Aires est « la voix de l’ONU en espagnol » et le point focal de la communication digitale du système des Nations Unies sur le terrain puisqu’il gère plusieurs sites Web, pages Facebook et comptes Twitter, a expliqué le représentant. Ce CINU est également le relai de l’ONU avec la société civile, la communauté éducative et d’autres organisations, et est devenu le point focal de campagnes de sensibilisation comme « Valiente no es violente ». 


L’Argentine est un fervent défenseur du multilinguisme qui constitue « un principe inhérent à l’existence même des Nations Unies », a indiqué M. Díaz Bartolomé.  Dans ce contexte, l’Argentine est fière d’être à l’origine de l’initiative du « Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies » qui vise à encourager les États Membres à promouvoir le multilinguisme, et l’espagnol en tant que langue de travail de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC).  À cet égard, le représentant a, à nouveau, fait part des préoccupations de ce Groupe par rapport au fait que le rapport du Secrétaire général ne présente pas d’informations détaillées sur le multilinguisme dans la diffusion de l’information, et il a exigé des statistiques ventilées sur l’utilisation des langues officielles dans les différents supports d’information du DPI.  Le représentant a dit que sa délégation appuie l’utilisation de plus en plus marquée par le DPI des médias sociaux dans toutes les langues officielles, même si cela reste une initiative complémentaire au site Web de l’Organisation. 


Rappelant que l’espagnol est devenu la deuxième langue en ce qui concerne le nombre de consultations et visites du site Web de l’ONU, après l’anglais, il a dénoncé le fait que le contenu des pages en espagnol reste toujours inférieur à celui de celles en anglais et que la qualité de la traduction du portail espagnol est « en déclin ».  Il a également dénoncé le fait que les communiqués de presse quotidiens ne soient pas publiés dans toutes les langues officielles, comme cela a également été demandé par le Groupe des 77 et la Chine et les pays du Groupe de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  « Il faut trouver des schémas créatifs et éviter des débats budgétaires qui ne font que nous détourner de la question fondamentale du mandat ayant trait à la parité linguistique » a soutenu le représentant, en indiquant que l’Argentine attend l’adoption du projet de résolution sur cette question et notamment les termes du texte portant sur la répartition équitable des ressources qui devrait se faire en faveur de toutes les langues officielles.


M. DER KODGA (Burkina Faso) a déclaré que la révolution survenue dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC) a fait de notre monde un village planétaire, ce qui a favorisé une meilleure connaissance des missions et des actions de l’ONU.  Il a néanmoins déploré qu’en dépit des progrès accomplis dans ce domaine, le fossé numérique demeure toujours entre pays développés et pays en développement.  La délégation burkinabé salue le rôle joué par le Département de l’information (DPI) dans la maîtrise et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications au service des Nations Unies, a dit M. Kodga.  Il a salué le fait que, malgré la tentation pour un passage au tout numérique, le DPI a toujours privilégié l’exploitation des médias traditionnels tels que la radio, la télévision et la presse écrite qui demeurent encore les sources les plus accessibles pour l’information dans les pays en développement, comme le Burkina Faso.  Le représentant a aussi salué les efforts du DPI visant à préserver et à renforcer le multilinguisme au sein du système des Nations Unies.  Après avoir rappelé le fait que son pays abrite l’unique Centre d’information des Nations Unies (CINU) pour la zone du Sahel, qui couvre le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, M. Kodga a plaidé en faveur du maintien et du renforcement de certains CINU, notamment ceux situés dans les pays les plus vulnérables, où les nouvelles technologies de l’information ne sont pas encore vulgarisées et où les besoins en informations sont réels. 


M. ROBERT E. A. BORJE (Philippines) a relevé que le Département de l’information (DPI) joue un rôle crucial au sein des Nations Unies, à la lumière de l’évolution des relations internationales, des impératifs liés au développement socioéconomique et des progrès accomplis à travers l’usage des technologies de l’information et des communications (TIC), qui dépendent cependant de la disponibilité et du partage d’informations précises.


La délégation des Philippines, a indiqué le représentant, prend note des réalisations et des activités entreprises par le DPI en vue de rendre l’ONU plus accessible et plus compréhensible dans le monde entier.  M. Borje a souligné qu’il est nécessaire de réduire la fracture numérique Nord-Sud, par l’entremise des gouvernements, du secteur privé, des organisations multilatérales, des institutions financières, des organisations non gouvernementales et des individus.  A cet égard, il a indiqué que l’Union internationale des télécommunications (UIT) encourage la diffusion des technologies de l’information et des communications à travers le monde dans le cadre de la Conférence mondiale de développement des télécommunications (Plan d’action de La Valette).  La fracture numérique rappelle l’importance que continuent d’avoir des médias traditionnels comme la radio, la télévision et la presse, a-t-il ajouté, en notant que la radio reste un outil efficace pour atteindre le plus grand nombre de personnes, car elle permet notamment de surmonter le problème de l’analphabétisme.  Par ailleurs, il est nécessaire de prendre en compte les besoins des personnes handicapées en matière d’accès à l’information, a-t-il relevé.


Un soutien budgétaire continu aux activités de communications est donc nécessaire, a dit M. Borje, avant de conclure son intervention en relevant que les Philippines estiment, à l’instar d’autres délégations, qu’il faut continuer à améliorer le fonctionnement du DPI de manière à assurer que des produits et contenus soient disponibles dans les six langues officielles de l’Organisation.


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a rappelé que la réalisation des objectifs assignés au Département de l’information (DPI) relevait d’un processus de longue haleine et d’un ajustement quasi permanent aux événements et à la réalité du terrain liés aux objectifs de paix et de sécurité de l’ONU.  M. Bamba est ensuite revenu sur certains points à l’ordre du jour de la trente-cinquième session du Comité de l’information, notamment la nécessité de promouvoir le multilinguisme, de réduire la fracture numérique persistante entre les pays développés et les pays en développement, le maintien des moyens de communication traditionnels, notamment la radio et la télévision, ainsi que l’importance des 63 Centres d’informations des Nations Unies (CINU).  Le représentant de la Côte d’Ivoire s’est félicité de la collaboration entre son pays et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), et notamment de la mise en place de la radio ONUCI-FM, qualifiée de « radio de la paix », pour l’appui qu’elle apporte au processus de réconciliation et à la campagne de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire.


En 2012, le Président de Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, a lancé deux chantiers visant à moderniser le paysage audiovisuel du pays qui portent sur la migration de la Radio Télévision ivoirienne (RTI), la télévision publique, vers les technologies de télévision numérique terrestre et sur la libéralisation de l’espace audiovisuel, a annoncé M. Bamba.  Il a aussi rappelé le projet de résolution relatif à l’information au service de l’humanité, issu des travaux de la trente-cinquième session du Comité de l’information, en ce qu’il met en exergue tous les freins qui se posent à l’excellence et à l’harmonisation de l’information à travers le monde, d’une part, et met, d’autre part, l’accent sur l’ensemble des voies et moyens qui sont susceptibles de permettre l’éclosion d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication.  À cet effet, le Gouvernement de Côte d’Ivoire s’est engagé, au cours de cette année 2013, à poursuivre le renforcement des capacités des journalistes, à développer la formation locale par un appui constant à l’Institut des sciences et techniques de la communication d’Abidjan, à renforcer la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier et à accélérer la couverture totale du territoire par la Radio Télévision ivoirienne (RTI), a déclaré le représentant.


Mme JOAN THOMAS EDWARDS (Jamaïque) a déclaré que, dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) jouent un véritable rôle « d’égalisateur ».  Ce secteur présente d’énormes opportunités de travail et de mobilisation de revenus, ce qui explique la volonté du Gouvernement de la Jamaïque à s’y investir davantage.  Aujourd’hui le taux de pénétration de l’Internet sur l’île est de l’ordre de 55%, à dit Mme Edwards.  La représentante a également vanté les mérites de ces technologies dans le domaine de l’éducation, en particulier pour les pays en développement où elles constituent un moyen pour progressivement réduire le fossé numérique.  Dans cet esprit la Jamaïque a récemment lancé un programme de tablettes informatiques qui consiste à distribuer des milliers de tablettes dans plus de 30 institutions éducatives, a expliqué la représentante.


Dans cet esprit, la délégation jamaïcaine appuie l’utilisation de plus en plus marquée des TIC et des médias sociaux par le Département de l’information (DPI) des Nations Unies.  Ce sont des instruments efficaces et rentables pour toucher une audience de plus en plus large dans le monde, a souligné Mme Edwards, tout en rappelant les défis liés au fossé numérique et la nécessité, pour le Département, de trouver un juste équilibre entre les TIC et les médias traditionnels.


La Jamaïque salue le travail du DPI pour ce qui est de la sensibilisation aux questions de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ainsi qu’en ce qui concerne le nouveau cadre mondial de développement pour l’après-2015 ou encore les mesures prises pour formaliser la commémoration des victimes de l’esclavage.  Mme Edwards a également remercié le Département pour la page Internet qu’il a dédiée aux petits États insulaires en développement (PEID) dans le contexte des préparatifs de la Conférence prévue au mois de septembre 2014, à Samoa.  Elle a également mis l’accent sur la pertinence et l’importance du travail des Centres d’information des Nations Unies (CINU) en tant que relais de proximité pour faire comprendre les Nations Unies et leurs messages aux différents publics à travers le monde.


M. AL ZAYANI (Bahreïn) a rappelé que la liberté de la presse est indispensable au respect des droits de l’homme, avant de souligner « l’importance de la diffusion d’informations, précises et vérifiées, par les médias du monde entier ».  Les Centres d’information des Nations Unies (CINU) jouent un rôle crucial dans la diffusion de l’information sur les activités de l’ONU, a-t-il ajouté, en notant qu’ils participent ainsi à la réalisation des objectifs des Nations Unies. 


Le représentant a d’autre part estimé qu’il est temps de réduire la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, conformément aux dispositions de la Déclaration du Millénaire relatives à l’accès aux technologies de l’information.  Un nouvel ordre mondial plus équitable et plus efficace, fondé sur le libre-échange des informations, est nécessaire, a-t-il déclaré, avant de relever l’importance du développement des infrastructures de l’information et des ressources humaines dans les pays en développement.  Les progrès immenses accomplis en matière de technologies de la communication facilitent l’accès à l’information et favorisent le rapprochement entre les peuples et les cultures, a-t-il dit.  Mais la persistance de la fracture numérique exige que l’on n’ignore pas les médias traditionnels, comme la presse, la radio et la télévision, qui continuent d’être les médias les plus utilisés dans les pays en développement, a-t-il souligné.  En conclusion, le représentant a salué les nombreuses activités entreprises par le Département de l’information (DPI) de l’ONU, en relevant que le DPI s’est attaché à diffuser des informations importantes sur les principaux sujets débattus au sein de l’ONU, dont les questions relatives au développement durable ou aux missions de maintien de la paix. 


Mme SANCHEZ RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que le Département de l’information (DPI) de l’ONU pourrait et devrait contribuer à faire avancer, entre autres choses, la cause du désarmement nucléaire dans le monde en relayant le contenu des débats tenus sur cette question dans l’enceinte de l’Organisation au grand public.  Il en va de même en ce qui concerne la question de Palestine.


Si la délégation de Cuba reconnaît les mérites des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) pour le développement économique, l’éducation, la médecine et d’autres domaines, elle est également consciente des dangers potentiels que posent les TIC lorsqu’elles sont utilisées à des fins contraires à la Charte des Nations Unies, notamment à des fins d’espionnage au niveau international.  Dans ce contexte, a dit la représentante, Cuba invite l’Assemblée générale à rédiger un document contenant les principes et lignes de conduite qui devraient régir les normes relatives à la sécurité de l’information et au respect de la vie privée des individus et de la souveraineté des États.  La représentante a invité le DPI à sensibiliser le grand public à ces enjeux.


La délégation de Cuba estime que la communauté internationale et le DPI ne doivent pas perdre de vue la réalité prévalant dans le monde actuel.  Avec seulement 35,7% de la population mondiale qui avait accès à l’Internet en 2012, alors que dans le même temps le taux de pénétration de l’Internet dans les pays développés atteint 73,4%, la fracture numérique demeure une réalité bien présente.  « D’autre part, à quoi pourrait bien servir l’accès universel aux TIC pour les 774 millions d’adultes et 57 millions d’enfants qui ne savent pas lire? » s’est, d’autre part, demandée la représentante de Cuba.  Elle a noté que tout ceci se produit alors qu’au niveau mondial, on consacre chaque année 1,75 trillion de dollars, -soit 1 750 milliards de dollars- à l’armement alors qu’une infime partie de ce montant suffirait pour combler le fossé numérique.  Il ne fait pas de doute qu’il faut sans plus attendre favoriser une utilisation plus rationnelle et plus sociale des TIC et promouvoir un nouvel ordre mondial de l’information plus juste, a ajouté la représentante.


Abordant la question des Centres d’information des Nations Unies (CINU) disséminés à travers le monde, la représentante a insisté pour qu’ils puissent continuer à jouer un rôle de diffusion d’une information équilibrée et qui tienne compte des besoins des publics auxquels s’adressent ces CINU.  Ils doivent s’appuyer sur les medias traditionnels, qui restent la principale source d’information dans la plupart des pays en développement, a-t-elle précisé.  Cuba salue en outre la création du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, qui contribue positivement à la promotion du multilinguisme et au respect de la parité linguistique au sein de l’Organisation.


M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a noté que l’accès à l’information est considéré, au Venezuela, comme un droit de l’homme consacré par la Constitution.  Tous les pays doivent avoir un accès égal aux technologies de l’information, et il faut, en ce domaine, tenir compte des spécificités et des besoins de chaque État, a-t-il ajouté.  Ainsi le Venezuela estime que l’accès à l’information renforce la démocratie, et qu’il faut lutter contre les manipulations de l’information.  Le cas de la Syrie démontre les effets néfastes de l’instrumentalisation des médias, qui cause des dommages à la démocratie,  a estimé M. Toro-Carnevali.  Le représentant a ainsi regretté qu’un petit nombre de groupes d’intérêt contrôle la majorité des médias et donc des flux d’information.


Le Venezuela salue les efforts que fait le DPI pour renforcer le multilinguisme, tout en notant cependant qu’il reste beaucoup de travail à accomplir en la matière.  Le représentant a rappelé que le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a été créé afin d’encourager des progrès en matière de diffusion de l’information dans les six langues officielles, dont l’espagnol.  Enfin, il faut lutter contre la privatisation croissante des flux mondiaux d’information et des technologies, a dit M. Toro-Carnevali, en soulignant que le Comité de l’information doit se saisir de la question des inégalités croissantes entre pays développés et pays en développement dans ces domaines.


M. SELIM (Égypte) a souligné le rôle que joue le Département de l’information (DPI) pour faciliter une meilleure compréhension du travail des Nations Unies dans le monde et mettre en avant le fait que l’Organisation est au service de l’humanité.  Il a mis l’accent sur l’importance du réseau des Centres d’information des Nations Unies implantés à travers le monde et a en particulier évoqué celui du Caire, qui fournit des services importants à toute la région dans des circonstances difficiles qui exigent de ses responsables et du DPI un engagement actif.  Pour que le message des Nations Unies atteigne le public mondial, la délégation égyptienne souligne qu’il faut que l’Organisation mette en œuvre le mandat relatif au multilinguisme.  En effet, le recours au plus grand nombre de langues possible ne peut que renforcer le rôle et la portée du travail du DPI, notamment pour ce qui est de promouvoir le dialogue entre les civilisations, a dit le représentant.  La délégation égyptienne encourage en outre le Département de l’information à poursuivre ses efforts d’information sur la question de Palestine.


M. ALEXEY ZAYTSEV (Fédération de Russie) a salué l’utilisation croissante des nouvelles technologies et des médias sociaux par le DPI, ainsi que le maintien de son recours aux médias traditionnels.  « Il est nécessaire d’utiliser tous les outils disponibles pour sensibiliser la population mondiale aux activités de l’ONU », a-t-il ajouté, en se félicitant de la retransmission des débats de l’Assemblée générale par des moyens de retransmission vidéographique sur le site Internet de l’Organisation (webcast) dans les six langues officielles ainsi que dans la langue de l’intervenant.


Il faut continuer à renforcer la présence des Nations Unies dans les médias traditionnels, en particulier la presse et la radio, a préconisé le représentant.  Il a également attiré l’attention du Comité de l’information sur l’importance de respecter strictement l’exigence de parité linguistique au sein de tous les moyens de communication utilisés par le DPI.  Le représentant de la Fédération de Russie a ensuite indiqué que sa délégation soutenait les objectifs assignés au DPI, notamment s’agissant de l’établissement d’un nouvel ordre mondial de l’information.


Mme AL-MUGHAIRY (Oman) a déclaré que « nous ne pouvons pas optimiser le soutien des médias sans un sens stratégique de ce que nous voulons communiquer.  Nous ne pouvons pas mettre en œuvre cette stratégie sans l’implication des nombreux groupes spécifiques pour lesquels nous voulons faire de la sensibilisation, et nous ne pouvons tirer pleinement parti de notre approche si sa dimension et le contenu ne captent pas l’attention du public ».  La représentante a suggéré que le DPI élargisse sa notion de « produits et services » au-delà des produits créés par ses propres services, sections et unités pour inclure ce que les États Membres pourraient lui fournir.  La représentante a aussi proposé le renforcement de la coopération entre le DPI et les autres organes des Nations Unies, notamment les missions opérant sur le terrain, à travers le réseau des Centres d’information des Nations Unies (CINU).  Ces Centres devraient devenir des groupes de communication stratégiques placés dans tous les bureaux et les agences des Nations Unies dans les pays concernés.  


Dans ce processus, les CINU deviendraient des interlocuteurs clefs des gouvernements pour définir les messages qui servent les objectifs communs de l’ONU et des États Membres, a estimé la représentante d’Oman.  Toujours au chapitre de la coopération, elle est revenue sur une proposition concernant la création d’une nouvelle entité dédiée à la facilitation de la propagation des connaissances et à l’apprentissage, et elle a dit que sa délégation attendait que plus de détails soient fournis sur cette proposition pour en discuter dans les différentes grandes Commissions.  La représentante a avancé une troisième suggestion relative à l’éducation.  Les activités du DPI devraient aller au-delà de la diffusion de l’information au public et être élargies aux préoccupations fondamentales de l’ONU que sont la paix et la sécurité, le développement économique et social et les droits de l’homme, a estimé la représentante qui, avant de conclure son intervention, a déclaré que les idéaux de paix entre les États peuvent être efficacement et discrètement supportés par les activités du DPI.


M. MLUNGISI MBALATI (Afrique du Sud) a salué le rôle joué par le DPI dans la préparation et le déroulement de l’événement spécial sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui a eu lieu en septembre dernier.  Les OMD sont une question vitale pour de nombreuses personnes à travers le monde, a-t-il souligné.  La délégation sud-africaine, a dit M. Mbalati, est encouragée par les efforts visant à créer des centres d’information à travers le monde, et elle estime que le DPI doit prendre les mesures nécessaires à la création d’un Centre à Luanda, en Angola, en partenariat avec les autorités angolaises.  Le DPI doit rester conscient de la fracture numérique Nord-Sud et maintenir son utilisation des médias traditionnels, dont la presse, la télévision et la radio, a recommandé M. Mbalati.  Le représentant a également encouragé le DPI à poursuivre la sensibilisation de la communauté internationale sur la question de Palestine et sur la situation au Moyen-Orient.


M. Mbalati a ensuite salué le travail important accompli par le DPI dans le cadre de la commémoration des journées internationales, notamment celles dédiées à la mémoire des victimes de l’Holocauste, du génocide au Rwanda et de la traite transatlantique.  Il a conclu son intervention en se félicitant de la commémoration de la Journée internationale Nelson Mandela, au cours de laquelle les Nations Unies ont organisé un grand nombre d’événements à New York et à travers le monde, afin d’honorer et de célébrer la vie de Nelson Mandela.


M. SÉRGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a déclaré qu’année après année de nombreux États Membres ont souligné l’importance du multilinguisme et l’emploi de médias, nouveaux et traditionnels, comme étant deux paramètres à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs assignés au Département de l’information (DPI).  Le DPI a prouvé que l’ONU peut utiliser de manière efficace des nouveaux médias ayant recours à l’Internet et aux médias sociaux, a noté M. dos Santos.  « Mais nous ne devons pas perdre de vue l’importance fondamentale des médias traditionnels, qui touchent 60% de la population mondiale, soit 4 milliards d’individus », a-t-il ajouté.  À cet égard, le représentant a relevé le rôle de l’information dans les opérations de maintien de la paix.  La réussite des mandats de maintien de la paix requiert des contacts fluides et constants avec la population locale dont le comportement, en retour, dépend de la dissémination efficace de l’information, a-t-il expliqué.  Il a ajouté que les médias traditionnels, en étant une source impartiale d’informations, sont un élément important pour le succès des missions de maintien de la paix.  « Nous devons nous assurer de la bonne combinaison entre les médias traditionnels et les nouveaux médias pour faire face aux problèmes mondiaux, notamment l’accélération de la réalisation des OMD, le suivi du processus de la Conférence Rio+20, et la définition du programme de développement pour l’après-2015 », a plaidé le représentant du Brésil qui a demandé au DPI de proposer des schémas créatifs pour pouvoir combler les lacunes linguistiques et en matière d’information qui sont apparues ces dernières années. 


Il a en outre réitéré l’appui du Brésil au travail des Centres d’information des Nations Unies (CINU) et a suggéré aux États Membres d’envisager d’offrir à titre gratuit les locaux qui les accueillent et les entretiens de ces locaux.  Cette initiative devrait permettre au DPI de consacrer son budget déjà limité à des activités de sensibilisation et d’information du public et à renforcer le réseau des CINU, a-t-il expliqué.  Il a en outre salué le travail qu’accomplit l’Unité de langue portugaise de la Radio de l’ONU ainsi que celui du Programme spécial d’information sur la question de Palestine.  Avant de mettre fin à son intervention, le représentant a tenu à dire que les technologies de l’information et des communications (TIC) devraient servir la paix et la compréhension entre peuple et États, et il a regretté que ces technologies aient été délibérément utilisées pour atteindre des objectifs contraires aux principes de la Charte des Nations Unies.  Il a souligné que « l’interception illégale des communications et des données des citoyens, des hommes d’affaires et des membres des gouvernements d’États Membres constitue une violation grave des droits de l’homme, particulièrement le droit à la vie privée.  Elle constitue une brèche aux principes qui doivent guider les relations entre les États.  Le Brésil exhorte les États Membres à se joindre à lui dans un effort collectif pour prévenir l’utilisation du cyberespace comme une arme d’espionnage, de sabotage et d’attaques contre les systèmes et les infrastructures des autres pays ».


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a rappelé que l’objectif principal du DPI était de diffuser une information correcte, équilibrée, impartiale, compréhensible et en temps réel sur les activités de l’ONU à une audience la plus large possible à travers le monde.  À cet égard, il a souligné le rôle du Comité de l’information, qui devrait valider les politiques adoptées par l’ONU dans le domaine de l’information, et a encouragé une collaboration plus étroite entre le Comité et le DPI. 


Pour faire écho à l’appel lancé par le Président Rouhani lors de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale pour « Un monde sans violence et sans extrémisme », la délégation iranienne encourage le Département à redoubler d’efforts pour promouvoir une culture de la tolérance et de la non-violence à travers tous les organes et programmes de l’ONU, a dit le représentant.  Il a également relevé l’écart substantiel existant entre pays en développement et pays développés dans le domaine de l’information et de la communication.  L’Iran milite en faveur d’un nouvel ordre mondial de l’information qui soit plus juste et basé sur la libre circulation d’une information équilibrée, a-t-il souligné.  Le système des Nations Unies devrait jouer un rôle proactif pour créer un tel environnement qui permette l’accès universel aux TIC à toutes les nations, a préconisé M. Khazaee.  Dans ce contexte, il a dénoncé le fait que certaines puissances développées délibérément portent atteinte au fonctionnement de certains satellites iraniens en essayant de les empêcher de diffuser librement les programmes télévisés et radio en provenance d’Iran.  La délégation iranienne dénonce cette violation flagrante du droit international qui, curieusement, est aussi un acte contredisant les discours de ces pays qui se proclament « défenseurs de la liberté d’expression et de la presse ».  Le DPI devrait assumer son rôle de défenseur et de promoteur de la liberté d’opinion et d’expression face à de telles actions, a dit M. Khazaee.


L’Iran reste convaincu de l’intérêt de la promotion du dialogue entre les cultures et les civilisations pour faciliter la compréhension mutuelle.  Il encourage le DPI à agir en ce sens en trouvant de nouveaux moyens pour incorporer cette notion dans les activités de l’ONU.  Pour ce qui est de l’image de l’ONU dans le monde, le représentant a insisté sur le rôle fondamental que jouent les Centres d’information des Nations Unies (CINU) dans la diffusion des messages clefs de l’Organisation.  Il a encouragé le DPI à renforcer sa coopération avec les pays qui accueillent ces Centres.


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a salué la commémoration de la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, qui rappelle leur professionnalisme, leur dévouement et leur courage, et qui honore la mémoire de ceux qui ont perdu la vie au nom de la paix, dont 112 étaient du Bangladesh.  À ce titre, le représentant a réitéré l’appel de son pays au DPI visant la publication d’un documentaire à ce sujet, ainsi que la proposition faite par le Bangladesh d’ériger un mur au sein du Siège de l’ONU pour commémorer les noms et pays d’origine de chacun des héros qui se sont sacrifiés au service de la paix et de la stabilité mondiale.


Le Bangladesh, a relevé M. Momen, est heureux de poursuivre son appui et sa coopération avec le DPI dans le domaine du changement climatique, dont il est l’une des victimes en dépit de sa contribution, proche de zéro, au réchauffement climatique.  Il est alarmant de constater qu’une élévation d’un mètre du niveau de la mer inonderait 18% du territoire du Bangladesh, ce qui aurait un impact direct sur 20 à 30 millions de personnes, a-t-il souligné.  Le Bangladesh appelle la communauté internationale à soutenir les pays en développement faisant face à ce genre de problèmes et le DPI à participer à la sensibilisation des États Membres et de leurs opinions publiques sur ce sujet.


Le Bangladesh, a ensuite noté le représentant, appuie la commémoration annuelle de la Journée internationale de la langue maternelle, observée le 21 février, qui ne doit pas être un simple événement formel mais constituer un véritable outil de sensibilisation à l’importance du respect de la diversité culturelle et linguistique et du multilinguisme.  M. Momen a noté que la langue Bangla est la septième langue la plus parlée dans le monde, et a demandé que le poste de grade P-3, dont le titulaire était chargé de produire des contenus radiophoniques en langue Bangla, qui avait été supprimé au DPI en 2012, soit rétabli.


Décisions sur les projets de résolution A et B contenus dans le rapport du Comité de l’information (A/68/21)


Par le projet de résolution A intitulé « l’information au service de l’humanité », adopté sans vote par les délégations de la Quatrième Commission, l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes du système des Nations Unies dans son ensemble et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée, afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux, en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement, compte dûment tenu de leurs besoins et du rang de priorité qu’ils confèrent à ces domaines, de manière à leur permettre, ainsi qu’à leurs médias publics, privés ou autres, d’élaborer librement et indépendamment leurs propres politiques d’information et de communication et de faire participer davantage les médias et les particuliers au processus de communication, et à assurer la libre circulation de l’information à tous les niveaux.


Aux termes de ce texte, l’Assemblée demanderait également de faire en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, toute attaque contre leur personne étant résolument condamnée.  Elle demanderait en outre que tous les pays, les organismes du système de l’ONU et tous les acteurs intéressés s’efforcent de fournir aux pays en développement et à leurs médias publics, privés ou autres, en complément de la coopération bilatérale, tout l’appui et toute l’aide possibles.


Aux termes du projet de résolution B intitulé « politique et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière d’information », adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait au Département de l’information (DPI) et à son réseau de centres d’information de porter particulièrement leur attention sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement arrêtés au niveau international, dont ceux du Millénaire, et dans l’application des décisions issues des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies sur des thèmes connexes, et prierait le Département de jouer un rôle actif dans la sensibilisation de l’opinion publique à la crise financière et économique mondiale et à son incidence sur le développement, y compris sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et au défi planétaire que constituent les changement climatiques.  Par ce texte, l’Assemblée réaffirmerait que le DPI doit établir un ordre de priorité dans son programme de travail afin de mieux cibler son message et concentrer ses efforts, et d’adapter ses programmes aux besoins des publics visés, en s’appuyant sur des mécanismes améliorés de retour d’information et d’évaluation.


Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale demanderait de nouveauau Département de l’information et aux services du Secrétariat fournisseurs de contenus de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans toutes les langues officielles, de manière écologiquement rationnelle, et sans que cela ait d’incidences financières, et de continuer à agir en étroite coordination avec les autres entités, y compris tous les autres départements du Secrétariat et les fonds et programmes des Nations Unies, afin d’éviter, chacun pour ce qui concerne son mandat, les doubles emplois lors de la parution des publications des Nations Unies.  Elle engagerait, à cet égard, le Département de l’information (DPI) et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences à se consulter sur la possibilité de fusionner leurs activités de publication, à mettre au point de nouveaux arrangements de collaboration permettant de promouvoir, sans que cela ait d’incidences financières, le multilinguisme dans d’autres produits étant donné qu’il importe de faire en sorte que toutes les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies soient traitées sur un pied d’égalité totale.


L’Assemblée se déclarerait une nouvelle fois préoccupéepar le fait que les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles, conformément à la demande formulée dans des résolutions antérieures et dans le strict respect du principe de l’égalité des six langues officielles, et demanderait de nouveau au Département de l’information d’élaborer, en collaboration étroite avec d’autres départements, une stratégie permettant de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières.


Par ce texte, l’Assemblée générale soulignerait qu’il importe de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’Organisation dans toutes les activités du Département de l’information, qu’elles soient fondées sur des supports traditionnels ou nouveaux.


L’Assemblée générale demanderait au Département de l’information (DPI) de contribuer à la prise de conscience par la communauté internationale de ce qu’il importe de donner suite aux documents issus du Sommet mondial sur la société de l’information, et des possibilités que l’utilisation d’Internet et des autres technologies de l’information et des communications peuvent offrir aux sociétés et aux économies, ainsi que des moyens de réduire la fracture numérique.


L’Assemblée réaffirmerait en outre qu’il est nécessaire de renforcer constamment l’infrastructure technologique du Département de l’information de façon à accroitre son audience et de continuer d’apporter des améliorations au site Web de l’Organisation sans que cela ait d’incidences financières.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’élimination de la pauvreté, un passage obligé pour la protection de l’enfant dans l’après-2015, estiment les délégations

AG/SHC/4073

L’élimination de la pauvreté, un passage obligé pour la protection de l’enfant dans l’après-2015, estiment les délégations

18/10/2013
Assemblée généraleAG/SHC/4073
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

17e et 18e séances – matin et après-midi


L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ, UN PASSAGE OBLIGÉ POUR LA PROTECTION DE L’ENFANT

DANS L’APRÈS-2015, ESTIMENT LES DÉLÉGATIONS


L’élimination de la pauvreté a été désignée comme l’une des priorités majeures pour l’après-2015, aujourd’hui, au dernier jour de l’examen de la promotion et de la protection de l’enfant par la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.


« La pauvreté touche de manière aiguë les enfants, menace leur survie, ainsi que leur développement, et constitue l’un des obstacles majeurs à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », ont ainsi affirmé les Philippines, qui se faisaient l’écho de plusieurs des 57 délégations intervenues dans le débat. 


Partant de la constatation du fait que la pauvreté est à l’origine, entre autres, de la malnutrition, de la mortalité maternelle et infantile, du travail forcé des enfants et des problèmes des jeunes avec la justice, la Zambie a imploré la communauté internationale de bâtir sur les acquis des OMD pour le programme de développement pour l’après-2015. 


« L’Afrique ne peut pas faire face seule à tous les défis », a souligné l’Algérie, en rappelant que « c’est sans doute l’enfant africain qui se trouve le plus touché par la malnutrition, les pandémies, l’analphabétisme, la pauvreté et les conflits armés ».


« Il ne suffit pas de définir des paramètres et des indicateurs pour le programme de développement pour l’après-2015, mais il convient aussi de concevoir des stratégies et de fournir les moyens visant à réaliser les objectifs escomptés », a expliqué, de son côté, la Tunisie. 


Reconnaissant l’importance de briser le cycle de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Malte a par exemple augmenté les allocations familiales pour aider les foyers les plus vulnérables, comme l’a indiqué sa délégation.


L’Inde a, elle, notamment créé les Services intégrés du développement de l’enfant, un programme qui a profité à environ 78 millions d’enfants de moins de 6 ans dans les domaines de la nutrition, de la santé et de l’éducation.


Avec un taux de pauvreté de 29,8%, un enfant sur trois en Mongolie vit dans la pauvreté, essentiellement en zone rurale, a souligné la représentante de ce pays qui a coparrainé, au Conseil des droits de l’homme, la résolution sur la prévention de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. 


Le Pérou s’est doté, pour sa part, d’un programme tendant à prévenir l’exposition des enfants de la rue à des risques et visant à leur développement intégral.


À l’instar d’autres délégations ayant mis l’accent sur la coopération et le rôle irremplaçable des fonds et agences spécialisées de l’ONU, l’UNICEF à leur tête, le Botswana, qui continue de faire face à des contraintes en matière de ressources financières et humaines, a déclaré compter sur des partenariats renforcés avec la communauté internationale.


Certains intervenants ont mis l’accent sur la question des enfants migrants ou de migrants.  « Le système des Nations Unies devrait promouvoir l’intégration de l’intérêt supérieur de l’enfant dans les politiques et programmes nationaux de rapatriement et de réunification familiale, a ainsi proposé l’Équateur.


La Slovénie a exhorté tous les acteurs de l’ONU sur le terrain à s’engager en faveur de la protection des enfants.  Ce pays a notamment fait état des « rapports très inquiétants sur la Syrie, le Mali et la République centrafricaine », soulignant les conséquences durables que les crises dans ces pays risquaient d’avoir sur les populations, mais surtout en termes de « générations perdues ». 


Le Nigéria a indiqué qu’un programme pour les enfants vulnérables pour la période 2013-2020 avait été développé, son système éducatif ayant été réformé pour inclure les enfants avec des besoins spécifiques. 


De même, des succès ont été enregistrés dans la lutte contre la pandémie du VIH/sida, le Swaziland, par exemple, ayant réussi à réduire la prévalence des nouveau-nés ayant contracté le VIH par transmission mère-enfant grâce à un programme national de prévention.  « Cela est d’autant plus remarquable que tous les bébés ne naissent pas dans un environnement médicalisé », s’est félicité le représentant de ce pays. 


Un monde « digne des enfants » est un monde où tous les enfants, dans toutes les sociétés, pourront être en bonne santé, bien nourris et instruits, et totalement à l’abri des risques et dangers environnementaux ainsi que des violences, des mauvais traitements et de l’exploitation, a déclaré, comme dans une synthèse, la Tunisie.


La Troisième Commission reprendra ses travaux lundi 21 octobre à 10 heures pour examiner les questions relatives aux droits des peuples autochtones.


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT [point 65]


--    Promotion et protection des droits de l’enfant ( A/68/257 , A/68/263 , A/68/253 , A/68/267 , A/68/274 , A/68/275 et A/68/487)


--    Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants ( A/68/269 )


Suite et fin du débat général


M. JOHN GANA (Nigéria) a déclaré que son pays avait mis en œuvre une politique nationale pour les enfants afin de faciliter l’application des dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Un programme pour les enfants vulnérables pour la période 2013-2020 a été développé et le système éducatif a été réformé pour inclure les enfants avec des besoins spécifiques.  L’école est gratuite et obligatoire pour tous les enfants pendant neuf années.  Des formations sont prévues pour les nomades, les migrants et les enfants des rues.


Le Nigéria se conforme également à la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale.  Par ailleurs, a expliqué M. Gana, le Gouvernement s’efforce de réduire la mortalité maternelle et infantile et de répondre aux défis posés par la violence à l’encontre des enfants, comme la traite, les mariages forcés, les viols et les enlèvements. 


À ce sujet, le Nigéria a ratifié les deux premiers Protocoles facultatifs à la Convention.  Préoccupé par le travail des enfants, le pays a signé un accord avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour établir des centres de réinsertion pour les enfants exploités et les réunir avec leur famille.


Mme TINE MØRCH SMITH (Norvège) a accueilli favorablement le rapport du Secrétaire général sur l’état de la Convention relative aux droits de l’enfant qui montre les avancées dans des domaines clefs tels que la réduction des taux de la mortalité infantile et l’amélioration de l’accès à l’éducation. 


La promotion des droits de l’enfant a une dimension macroéconomique en ce sens que la crise économique et les mesures d’austérité ont mis à mal les avancées concernant les droits des enfants, a-t-elle dit. 


Selon elle, il n’y a aucun doute sur l’importance d’investir en faveur de la jeune enfance afin de réduire les dépenses liées au décrochage scolaire et garantir une population bien éduquée participant à l’accroissement du revenu national brut d’un pays.  Elle a salué le rapport annuel de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants qui pointe du doigt la peur qui hante les enfants victimes de graves violations les affectant physiquement et mentalement. 


Elle a considéré comme urgente la question de la violence contre les enfants dans les conflits armés, notamment la guerre en Syrie où environ 7 000 enfants ont été tués depuis le début de la crise dans ce pays.  Selon Mme Smith, il est temps d’agir pour aider à la normalisation de la situation en Syrie et dans les autres pays en conflit.


M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a indiqué que les droits des garçons et des filles avaient été inscrits dans la Constitution en 2008.  Il a mis en exergue l’intérêt supérieur de l’enfant, en particulier en cas de situation difficile et de litige familial.  L’Équateur a élaboré des politiques intersectorielles dans le cadre du Plan national du bien-vivre.


À l’occasion de la célébration, le 16 octobre, de la Journée mondiale de l’alimentation, les ministères chargés des questions sociales ont réaffirmé leur engagement à éliminer la malnutrition infantile à l’horizon 2017 à travers la stratégie « Action nutrition ».


De la même façon, le pays s’emploie à l’exécution de la stratégie nationale en faveur de la petite enfance, avec un accent mis sur les zones urbaines et rurales, le multiculturalisme et l’égalité des sexes, de même que sur la couverture universelle et des services qualitatifs et la responsabilisation tant de la famille que de la communauté.


Le représentant a souligné’ par ailleurs, que l’un des effets pervers du néolibéralisme était le travail des enfants qui constitue une violation flagrante des droits des garçons et des filles.  Pour cette raison, une campagne d’envergure a été lancée en 2007 en vue de l’élimination du travail des enfants.


D’autre part, des efforts sont déployés en vue de l’intégration des enfants handicapés et des enfants migrants, notamment ceux dont les parents ont immigré dans un autre pays et se trouvent dans une situation vulnérable, ce qui conduit parfois à des tragédies familiales.  Dans ce contexte, il a plaidé en faveur des enfants migrants non accompagnés.


Le système des Nations Unies devrait promouvoir l’intégration de l’intérêt supérieur de l’enfant dans les politiques et programmes nationaux de rapatriement et de réunification familiale, a-t-il enfin proposé.


M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a estimé qu’il était urgent de mettre fin a la violence contre les enfants et de promouvoir leurs droits tout en créant un environnement propice à leur bien-être.  En sa qualité d’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, le Lesotho se soumet à ses obligations grâce à l’élaboration d’initiatives conçues pour s’attaquer aux questions liées aux enfants et à leur protection. 


M. Maope a réaffirmé la volonté de son pays de s’associer à l’élan international sur l’éducation pour tous puisque nécessaire au développement économique et à la construction de sociétés résilientes.


Dans le domaine de la santé, en particulier l’élimination de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant, le délégué a annoncé que son pays avait mis en 2011 sur pied une stratégie ayant permis à 81% de femmes qui vivent avec la maladie de recevoir un traitement pour freiner sa transmission à l’enfant.


M. ABDULAZIZ AL-FALAH (Koweït) a appelé tous les États à la ratification de tous les instruments relatifs à la traite des personnes et à la mise en place d’un cadre législatif robuste interdisant et pénalisant toutes les formes de vente et d’exploitation sexuelle des enfants, ainsi qu’à l’installation de mécanismes efficaces de lutte contre l’impunité.  Il a également invité au respect et à l’application des engagements politiques pris quant à la protection des enfants dans les situations de conflit armé.


Soucieux de l’équilibre de l’enfant dans tous les cycles de son développement, le Gouvernement du Koweït a adopté des mesures novatrices comme l’harmonisation de sa législation avec les conventions internationales, la création d’une Maison sociale des enfants qui s’occupe notamment des enfants abandonnés et de ceux ayant des difficultés au foyer familial.


L’éducation est gratuite à tous les niveaux, tandis que les services de santé sont axés sur la prévention, la vaccination universelle, le traitement et le suivi.  Le Gouvernement appuie également la recherche scientifique et médicale pour les maladies infantiles et certains handicaps.  Le Koweït sera l’hôte, pour la troisième fois, de la Conférence internationale sur l’autisme, a-t-il encore indiqué.


Il a plaidé par ailleurs pour les enfants syriens qui traversent une période tragique en raison de la crise qui sévit dans leur pays, y compris en tant que réfugiés, ainsi qu’en faveur des enfants palestiniens dans les territoires arabes occupés, avant d’appeler à trouver des solutions durables à ces situations. 


M. MOHAMED IBRAHIM ELBAHI (Soudan) a affirmé qu’en termes de besoins des enfants dans les pays en développement et dans les pays développés, il existait un décalage considérable.  Sans coopération, il ne pourra y avoir d’avenir meilleur pour les premiers.  La législation nationale a évolué et le Soudan a harmonisé ses textes avec la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, ainsi qu’avec la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’élimination des pires formes de travail pour les enfants.  Des unités chargées de protéger les enfants au sein des forces armées veillent à ce qu’ils ne soient pas recrutés.


Des campagnes de sensibilisation aux droits de l’enfant ont été lancées dans les communautés rurales, a ajouté le représentant.  Un Conseil national pour les enfants a été créé et des stratégies nationales pour la famille, contre la violence, et contre la mendicité et le déplacement ont été développées. 


En juillet dernier, le Gouvernement a mis sur pied un plan sur dix ans pour la promotion des droits de l’homme en général.  Une loi contre la traite des êtres humains a été adoptée.  Les efforts déployés avec les agences des Nations Unies, comme l’UNICEF, ont aussi permis une réduction de la mortalité maternelle et infantile.


S’agissant de la situation dans les États du Nil bleu et du Kordofan méridional, la violence a reculé, grâce aux efforts combinés du Gouvernement, de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et des pays voisins.  Alors qu’il s’apprête à lancer, le mois prochain, une campagne d’immunisation contre la polio dans les zones contrôlées par le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord, le Soudan demande à l’ONU de faire pression pour que cette campagne ait bien lieu.


En outre, le représentant a reconnu que les accords signés avec le Soudan du Sud avaient eu un effet positif sur les populations.  Toutefois, il a déploré le fait que des groupes insurrectionnels continuaient d’enlever et de recruter des enfants en violation des accords.  Le Soudan souhaite que les rapports du Secrétaire général à ce sujet incluent toutes les informations disponibles et demande l’adoption d’une approche globale et la levée des sanctions contre son pays.


Mme FOROUZANDEH VADIATI (République islamique d’Iran) a indiqué que son pays avait soumis dernièrement son rapport périodique national sur la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a également annoncé que le point focal national chargé de faire appliquer la Convention en Iran avait été renforcé grâce à l’établissement de quatre groupes de travail intervenant dans les domaines du suivi, de l’évaluation, de la formation et de la protection. 


Au niveau judiciaire, des tribunaux pour mineurs sont mandatés pour organiser des procès à huis clos en vue de préserver les droits des enfants, a expliqué M. Vadiati.  Il a aussi fait savoir qu’un groupe de travail venait d’être créé en vue d’assurer un suivi sur la non-application de la peine capitale pour les enfants et les jeunes.


En dépit des engagements pris lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants en 2010, le monde demeure confronté à des défis, y compris les conflits armés, la crise économique mondiale, la pauvreté et l’exploitation sexuelle.  Pour l’Iran, il est crucial que les droits et le bien-être des enfants, ainsi que l’élimination de la pauvreté soient inscrits dans le programme de développement pour l’après-2015.


Mme MARÍA PAULINA DÁVILA (Colombie) a précisé que la Constitution de son pays donnait la priorité aux droits de l’enfant.  La Colombie a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant ainsi que ses deux premiers Protocoles facultatifs.  Elle a en outre souscrit, en 2007, aux Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés, et, en tant que membre du Conseil de sécurité, elle a appuyé l’adoption de la résolution 1998 (2011) sur la question des enfants dans les conflits armés.


De concert avec l’UNICEF, le Gouvernement colombien a décidé de mettre l’accent sur trois questions: l’égalité des opportunités sociales, la consolidation de la paix et le renforcement de la transparence et de la participation. 


Depuis 2012, a précisé Mme Dávila, l’éducation primaire et secondaire est gratuite pour plus de 8,5 millions d’enfants, soit un taux de couverture de 90%.  De plus, un programme d’alimentation scolaire est en place dans 782 des 1 119 municipalités du pays.  Pour combattre les inégalités, le programme « Familles en action » vient en aide à 2,8 millions de familles.


Dans le contexte de la consolidation de la paix, l’État colombien interdit, depuis 16 ans, le recrutement d’enfants âgés de moins de 18 ans dans les forces armées.  Il a pris des mesures pour empêcher leur recrutement forcé par des groupes armés hors la loi et a contribué à réinsérer plus de 5 320 enfants qui en ont été victimes. 


La politique publique de prévention du recrutement des mineurs, appuyée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), se concentre dans 145 zones du pays, y compris Bogota, a poursuivi la représentante.  Une loi sur les victimes et la restitution des terres vise à garantir les droits des orphelins.


Mme LISANDRA ASTIASARAN ARIAS (Cuba) a mis l’accent sur le travail des enfants, rappelant que selon les données les plus récentes de l’UNICEF, un enfant sur six dans les pays en développement était obligé de travailler et que la plupart le faisaient pour des salaires misérables, sans protection et dans des secteurs comme les mines et l’agriculture.


D’un autre côté, des millions d’enfants sont victimes du trafic d’organes, de la pornographie et de la prostitution infantile, de la violence et de l’exploitation sexuelle.  Les 20 000 décès infantiles quotidiens peuvent être empêchés, a lancé la représentante, en appelant à lutter contre les maladies évitables et la malnutrition, cette dernière tuant un enfant sur trois dans les pays pauvres.


« Il est de notre obligation à tous de lutter pour un monde où les enfants ne meurent pas de faim et de malnutrition, un monde où environ 57 millions d’enfants en âge scolaire pourront effectivement aller à l’école », a-t-elle affirmé.


Au niveau national, après avoir décrit les politiques cubaines relatives à l’enfant, en particulier l’éducation gratuite et l’accès universel à la santé, l’oratrice a rappelé que son pays avait fait des efforts extraordinaires en dépit des graves conséquences du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis.


À cet égard, elle a invité les États Membres à rejeter, à nouveau le 29 octobre prochain, cette politique génocidaire lorsque l’Assemblée devra se prononcer sur un projet de résolution sur cette question. 


Mme ANA MARIE L. HERNANDO (Philippines) a noté que la pauvreté touchait de manière aiguë les enfants, menaçait leur survie, ainsi que leur développement, et constituait l’un des obstacles majeurs à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Les Philippines, a-t-elle dit, mettent en œuvre des programmes de protection et de bien-être des enfants en initiant notamment des campagnes de vaccination, ainsi que des programmes de transferts de fonds destinés aux familles pauvres en vue de garantir la scolarisation de leurs enfants. 


Par ailleurs, elle s’est attardée sur la situation des enfants dans les conflits armés qui exige des décisions et actions concertées et coordonnées de la part des parties prenantes.  La déléguée a également insisté sur le fait que les gouvernements avaient une importante responsabilité dans la protection des enfants et de leurs droits.  Elle a, à cet effet, salué le rôle non négligeable du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.


M. AMINE BELHAJ (Maroc) a expliqué que, depuis la ratification par son pays de la Convention relative aux droits de l’enfant, en 1993, plusieurs lois ont été adoptées ou amendées.  Le Code pénal fixe la majorité pénale à 18 ans et organise les tribunaux pour enfants, tandis que le nouveau Code du travail interdit le travail des enfants de moins de 15 ans. 


Plusieurs institutions de représentation et de protection des enfants ont été créées, comme le Congrès national des droits de l’enfant, le Parlement de l’enfant ainsi que l’Observatoire national des droits de l’enfant.  Un plan d’action national multisectoriel baptisé « Un Maroc digne de ses enfants » a également été mis en place pour la période 2006-2015.


Par ailleurs, a poursuivi le représentant, le Maroc a développé une stratégie annuelle pour l’alphabétisation d’un million d’enfants ainsi que la scolarisation de 60 000 enfants non scolarisés ou ayant abandonné leurs études.  Plusieurs mesures ont été prises en matière d’insertion sociale des enfants handicapés. 


Le 14 juin dernier, le Maroc a également ratifié la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille.  Au niveau de la région arabe, il s’est activement engagé pour l’adoption de la Déclaration de Marrakech, lors du Sommet de la Ligue arabe, en mars 2012.


Au Maroc, le taux de mortalité infantile, actuellement de l’ordre de 36,3 pour 1 000 naissances, prouve que l’objectif de réduction de la mortalité des deux tiers d’ici à 2015 est réalisable.  Enfin, la réforme du secteur de la santé a amélioré l’accès aux soins de santé, notamment pour les personnes les plus démunies à travers le programme d’assistance médicale (RAMED) qui touche 28% de la population marocaine.


Mme REEM JULIA MANSOUR (État de Palestine) a rappelé la tragédie subie par des générations et des générations d’enfants palestiniens qui ont vécu sous une brutale occupation depuis plus de 40 ans, et se sont vu dérober leurs droits les plus inaliénables, avec d’importantes conséquences négatives sur leur développement.


Les enfants palestiniens ont été systématiquement victimes de violations de leurs droits et même de crimes de guerre, a-t-il ajouté.  L’observatrice a en outre affirmé qu’Israël, en tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant, était tenu de respecter ses obligations dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.


Néanmoins, la Palestine regrette que ses enfants ne puissent jouir des droits qui leur sont reconnus par la Convention et appelle la communauté internationale à s’assurer du respect et de la promotion des droits des enfants palestiniens pour qu’ils puissent vivre en paix et en liberté comme tous les autres enfants du monde.


L’observatrice a ensuite évoqué la situation dans la bande de Gaza « occupée », jugeant « insupportable » et « inhumaine » la réalité sur le terrain.  Les enfants palestiniens subissent les effets dévastateurs du blocus qui mine tous les aspects de leur vie et qui est source, chez eux, de nombreuses souffrances physiques et psychologiques, a-t-elle précisé.


L’observatrice a, en outre, fait état du cas des enfants palestiniens qui continuent d’être maltraités dans des centres de détention et des prisons israéliennes.  Il a rappelé à cet égard que, selon un rapport de l’UNICEF publié en février de cette année, Israël était en violation directe de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.


Pour conclure, le représentant a remercié la communauté internationale et les agences des Nations Unies pour tous les efforts accomplis en faveur d’une amélioration du sort des enfants palestiniens, tout en appelant à une assistance plus forte pour garantir le respect de leurs droits.


M. KRISHNASSWAMY (Inde) a soutenu que son pays attachait une importance capitale à la protection, au développement et au bien-être des enfants, affirmant que des dispositions en la matière étaient contenues dans la Constitution indienne.  Il existe cependant un domaine jugé prioritaire par l’Inde, à savoir la jeune enfance, car a-t-il déclaré, c’est la période où se posent les fondations du développement physique, physiologique, social et intellectuel.


En conséquence, l’Inde a créé les Services intégrés du développement de l’enfant, un programme qui a profité à environ 78 millions d’enfants de moins de 6 ans dans les domaines de la nutrition, de la santé et de l’éducation.


Il s’est félicité également de la contribution de son pays à la fabrication de vaccins utilisés à travers le monde en vue d’immuniser les enfants contre les maladies voire la mort.  Concernant l’éducation, l’Inde a, à travers sa Constitution, rendu gratuite et obligatoire l’éducation pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans. 


Estimant que la jeune fille faisait partie des membres les plus vulnérables de la société, le Gouvernement a pris des mesures en vue d’interdire les avortements sélectifs et le mariage des enfants.  À ce titre, l’Inde organise, le 24 janvier de chaque année, la Journée nationale de la jeune fille pour sensibiliser la société sur l’énorme potentiel des filles et souligner les défis auxquels elles sont confrontées.


Mme FATIMA AFARA(Yémen) a déclaré que les enfants constituent l’avenir « pour un nouveau Yémen ».  Le pays a notamment adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant et aux Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés. 


En outre, le Yémen travaille d’arrache-pied pour promulguer et amender des lois en faveur de la promotion et de la protection des droits de l’enfant.  Des mécanismes institutionnels ont été créés pour appuyer la législation, dont un comité national pour les enfants et les jeunes, un comité des droits de l’homme et un comité technique de lutte contre la traite des enfants.


Le Yémen coopère avec l’UNICEF pour suivre la situation des enfants à travers le pays, a ajouté la représentante, ainsi que l’application du plan exécutif de prévention du recrutement des enfants dans les forces armés.  En dépit de ses modestes moyens et d’une situation difficile, il a eu du succès dans le domaine de la santé et est notamment dénué de toute polio depuis 2008.  Malgré des stratégies de protection sociale pour les enfants vulnérables, la pauvreté et la malnutrition restent une réalité pour les enfants du Yémen, a-t-elle conclu.


Mme ANNE SINYANGWE (Zambie) a imploré la communauté internationale à bâtir sur les acquis des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’y intégrer des normes qualitatives dans le secteur de l’enseignement et de réduire le fossé en ce qui concerne l’accès à l’éducation.


Elle a, en outre, estimé qu’il était vital d’élargir et d’intégrer les politiques et programmes relatifs aux enfants handicapés, ce qui a été du reste convenu lors de la Réunion de haut niveau sur les OMD et dans les objectifs de développement adoptés au niveau international pour les personnes handicapées.


Elle a évoqué d’autre part les pratiques culturelles traditionnelles préjudiciables qui continuent de menacer l’existence des filles, en particulier les mutilations génitales féminines et le mariage précoce, dont la prévalence demeure élevée en Zambie, avec de graves conséquences sur la santé, contribuant ainsi à l’accroissement de la mortalité maternelle.


Pour y remédier, le Gouvernement a mis sur pied une campagne musclée à l’adresse de toutes les parties prenantes dans le but de faire cesser les mariages précoces et de mineurs.


M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a remercié l’UNICEF pour son appui continu aux efforts nationaux de promotion et de protection des droits de l’enfant.  Le Botswana a bien progressé depuis la promulgation de la loi de 2009 sur les enfants.  Il s’efforce de garantir une éducation primaire de qualité et de protéger la petite enfance.  Les infrastructures de santé ont également été améliorées pour développer les immunisations et prévenir la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.


Malheureusement, a constaté M. Ntwaagae, le taux de prévalence du VIH/sida entrave la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier ceux relatifs à la santé maternelle et à la mortalité infantile.  Le Botswana, qui continue de faire face à des contraintes en matière de ressources financières et humaines, compte sur des partenariats renforcés avec la communauté internationale.


Mme AMIRA DALI (Tunisie) a déclaré que dans ce monde aux possibilités techniques et économiques sans précédent, il était inacceptable que plus de 100 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérable, et que la malnutrition infantile soit, chaque année, la cause de décès de près de 2,5 millions d’enfants.


« Ces chiffres nous interpellent tous », a-t-elle dit, en encourageant à une approche de développement pour l’après-2015 centrée principalement sur l’être humain et l’enfant en particulier.  Un monde  « digne des enfants » est un monde où tous les enfants, dans toutes les sociétés, pourront être en bonne santé, bien nourris et instruits, et totalement à l’abri des risques et dangers environnementaux ainsi que des violences, des mauvais traitements et de l’exploitation, a-t-elle prédit.


Cet objectif est peut être ambitieux mais pas difficile à atteindre, a souligné la déléguée, en ajoutant qu’il ne suffisait pas de définir des paramètres et des indicateurs pour le programme de développement pour l’après-2015 mais qu’il convenait aussi de concevoir des stratégies et de fournir les moyens visant à réaliser les objectifs escomptés.


La déléguée a souligné, en outre, que l’éducation se présentait aujourd’hui comme l’une des principales composantes de la Tunisie post-révolution qui cible la formation de cadres capables de contribuer à l’émergence et au développement global de la nation.  Elle a aussi indiqué que son pays misait sur le potentiel des jeunes en leur assurant leurs droits civiques et politiques et en leur ouvrant plus d’horizons et de perspectives vers une meilleure participation dans le processus de prise de décisions.


De même, a-t-elle relevé la situation particulière des jeunes migrants clandestins qui demeurent les plus exposés aux violations des droits de l’homme et qui nécessitent, dès lors, une attention plus importante de la part de la communauté internationale.  Celle-ci doit apporter des solutions idoines et surtout durables à ce phénomène qui prend une ampleur croissante et inquiétante.


Elle a souligné l’urgence de la mise en place d’une stratégie concertée entre toutes les parties prenantes dans une optique préventive afin d’arrêter ce fléau.  


M. FRANK CORTORREAL (République dominicaine) a indiqué que son pays avait signé un accord de collaboration avec l’UNICEF, qui appuie son plan 2012-2016 aux fins de l’accélération de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à partir d’une approche égalitaire, centrée sur les enfants et les adolescents des communautés les plus pauvres et les plus exclues.


La République dominicaine dispose d’un programme de solidarité qui fournit un soutien à l’amélioration du revenu et de l’investissement du capital humain des familles vivant dans une pauvreté extrême sur l’ensemble du territoire.


En outre, le Conseil national sur le handicap et le bureau de la Première Dame coopèrent dans la construction du Centre de soins aux handicapés (CAID), une initiative qui vise à fournir un espace de soins complets, d’éducation et de réinsertion aux enfants âgés de 0 à 10 ans souffrant du syndrome de Down, d’autisme et d’affections psychomotrices, entre autres.


Mme SANJA ZOGRAFSKA-KRSTESKA (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré que les enfants et les jeunes constituaient le potentiel qui crée le capital humain.  Une législation solide, une bonne éducation, des soins de santé adéquats et une protection sociale universelle sont les voies et moyens par lesquels les pays façonnent l’avenir de leurs enfants, a-t-elle dit.


Tous les secteurs mentionnés sont inclus dans le Plan d’action pour les droits de l’enfant (2006-2015) dont la priorité majeure réside dans la pleine application de la Convention relative aux droits de l’enfant.  L’objectif, ce faisant, consiste à s’adapter aux réalités sur le terrain et à apporter des réponses aux défis qui se posent en termes de promotion et de protection de l’enfance.


À l’issue d’un amendement à la loi relative à l’enseignement secondaire, en 2007, celui-ci est devenu gratuit et obligatoire, au même titre que l’enseignement primaire.  Pour mieux comprendre les défaillances du système de protection de l’enfance, elle a recommandé aux États Membres de poursuivre la collecte de données pertinentes et de procéder à une analyse constante des tendances existantes et émergentes.


La loi sur la justice des mineures, également adoptée en 2007,  au centre de la réforme de la législation relative à la jeunesse, repose sur les principes de protection des mineurs et de leurs droits à la socialisation et à l’assistance, à la justice restauratrice et à la prévention de la délinquance juvénile.


Elle a mis en exergue l’importance cruciale de la participation des enfants, citant comme exemple l’histoire de Malala Yousafzai, preuve a-t-elle dit, que beaucoup reste encore à faire pour rendre aux enfants un monde qui leur est digne.  Malala est devenue un symbole de courage et de détermination pour une cause juste, a-t-elle ajouté. 


M. CHITSAKACHIPAZIWA (Zimbabwe) a reconnu qu’un investissement substantiel pour le bien-être, l’éducation, ainsi que la protection contre la violence et des abus des enfants était crucial pour l’avenir de son pays.  En conséquence, il a initié diverses politiques de protection et mis en place des programmes et des instruments législatifs en vue d’assurer le respect des droits des enfants au niveau national, a-t-il déclaré. 


C’est dans cet élan que le Zimbabwe a lancé, entre autres, un système visant à apporter un soutien aux survivants des violences sexuelles et des abus, lequel permet aux femmes et aux enfants victimes de ces actes de bénéficier d’un traitement approprié grâce à un personnel qualifié. 


M. Chipaziwa a déploré le trafic des êtres humains et toutes les autres formes d’exploitation économique et sexuelle des enfants et a indiqué que son pays avait démontré sa volonté de lutter contre ces phénomènes en ratifiant le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.


M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a indiqué qu’une Commission nationale de politique et de stratégie pour les droits de l’enfant a été créée en juin dernier par le Ministère de la famille et de la solidarité sociale.  Son travail est centré sur la participation et les droits des enfants, notamment en matière d’adoption et de placement familial. 


Par ailleurs, Malte met l’accent sur les soins aux petits enfants, y compris les garderies qui sont gratuites et accessibles à tous les enfants depuis la naissance jusqu’à l’âge de 3 ans.  Des services d’étude après l’école sont ensuite offerts aux enfants âgés de 3 à 16 ans.


Reconnaissant l’importance de briser le cycle de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Malte a augmenté les allocations familiales pour aider les foyers les plus vulnérables, a continué M. Grima.  En janvier dernier, le congé de maternité est passé de 16 à 18 semaines.  Par ailleurs, la Commission nationale pour la promotion de l’égalité œuvre à sensibiliser les enfants à la parité et à éliminer les stéréotypes et la discrimination.


M. ZWELETHU MNISI (Swaziland) a rappelé que son pays avait accédé, en 2012 au Protocole sur la vente des enfants et, en 2000, à celui sur l’implication des enfants dans les conflits armés.  Une politique nationale sur l’enfance a été formulée en 2009 et contient des directives visant à l’amélioration des soins, de la protection de l’enfance et du renforcement des initiatives axées sur la fillette.


D’autre part, la gratuité de l’enseignement est inscrite dans la Constitution et l’éducation primaire est gratuite pour tous les élèves inscrits aux établissements publics, a-t-il indiqué, en reconnaissant que l’application de ce principe était un processus mais pas encore un fait.  Le Gouvernement prend également à sa charge l’éducation des orphelins et des enfants vulnérables à travers une bourse aux pupilles de la nation.  À cet égard, le Roi Maswati III vient d’annoncer l’accroissement des allocations au fonds de bourses.


Le délégué a réaffirmé que la famille était la composante naturelle et fondamentale de la société et a regretté que le concept de famille au sens large du terme, qui constituait jusqu’ici un filet de sécurité sociale pour les orphelins, fût en difficulté du fait de l’impact dévastateur de l’épidémie du VIH/sida.


Il a indiqué que le Gouvernement discutait avec les chefs traditionnels, les institutions religieuses, les communautés et la société civile pour que, collectivement, ils mettent les enfants au centre de la politique publique et veillent à ce que tous leurs droits soient protégés.


Il s’est réjoui du fait que le Swaziland ait réussi à réduire la prévalence des nouveau-nés ayant contracté le VIH par transmission mère-enfant.  Cela est d’autant plus remarquable que tous les bébés ne naissent pas dans un environnement médicalisé, a-t-il expliqué, en attribuant ce succès au programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.


M. ANDREJ LOGAR (Slovénie), qui s’exprimait également au nom de l’Autriche et de la Croatie, a lancé un appel pressant en faveur de la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant et à tous les Protocoles facultatifs s’y rapportant.  Il s’est félicité de la coopération des entités des Nations Unies chargées de la protection de l’enfance avec les institutions régionales et nationales.


Après avoir brossé un tableau des difficultés auxquelles les enfants sont confrontés dans beaucoup de pays, il a souligné la nécessité de soustraire les enfants à toute forme de violence, y compris des conflits armés, en leur garantissant leur droit élémentaire à la sécurité humaine. 


Tous les acteurs de l’ONU sur le terrain doivent aussi s’engager en faveur de la protection des enfants, a-t-il insisté, en mentionnant les rapports très inquiétants sur la Syrie, le Mali et la République centrafricaine, ainsi que les conséquences durables que les crises dans ces pays risquent d’avoir sur les populations, mais surtout en termes de générations perdues. 


Mme FATMA-ZOHRA MANSOURI (Algérie) a fait remarquer que « c’est sans doute l’enfant africain qui se trouve le plus touché par la malnutrition, les pandémies, l’analphabétisme, la pauvreté et les conflits armés ».  Cependant, l’Afrique, a-t-elle averti, ne peut pas faire face seule à tous les défis. 


Pour leur part, les pouvoirs publics algériens ont adopté une Stratégie nationale de la famille, un Plan national de protection de l’enfance (2008-2015) et une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’encontre des enfants en collaboration avec l’UNICEF.  À cet égard, l’un des acquis majeurs est l’amendement en 2005 du Code de la nationalité algérienne par la mère à son enfant.


L’Algérie lutte contre le travail des enfants et leur exploitation à des fins de prostitution, et contre toutes les formes de traite, notamment celle des filles, ainsi que l’utilisation de moyens informatiques permettant de diffuser la pornographie mettant en scène des enfants, a assuré la représentante.  Le Code pénal sanctionne sévèrement ces pratiques.  Dans le domaine de la santé, l’intervention de l’État a permis de faire reculer la mortalité infantile de 34,7‰ en 2005 à 25,5‰ en 2012.


En ce qui concerne l’éducation, a poursuivi la déléguée, la scolarisation gratuite et obligatoire des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans demeure une priorité pour le Gouvernement algérien.  Plus de huit millions d’enfants ont rejoint les bancs des écoles en 2011-2012, avec un taux de scolarisation de 97,96%.  Ce taux, qui place l’Algérie au même niveau que certains pays développés, signifie que l’objectif de l’éducation pour tous a été atteint.


M. MARIO VON HAFF (Angola) a estimé que la pauvreté demeurait l’une des principales entraves à la protection et à la promotion des droits de l’enfant.  La pauvreté affecte la vie des enfants, menace leur survie, leur développement et leur droit à la santé, à une alimentation adéquate, à la nutrition et à l’éducation.  La pauvreté a aussi un impact négatif sur le droit des enfants à la participation et sur leur droit à la protection contre la violence, les abus et l’exploitation.


Pour cette raison, l’Angola a accordé la priorité à la lutte contre la pauvreté grâce à un plan national d’action sur le développement dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Cependant, les plans et programmes envisagés nécessitent des ressources et des engagements, ainsi qu’un flux constant de fonds pour améliorer d’une manière durable les conditions de vie des enfants et mieux intégrer les indicateurs les concernant dans les processus de planification et de programmation nationaux.


Un Comité national sur les enfants a été établi, dont le mandat a été défini par décret présidentiel, de même qu’un plan national d’action de lutte contre l’exploitation sexuelle et la traite des enfants.


L’Angola investit lourdement dans l’infrastructure éducative, avec une attention particulière portée aux programmes de développement de la petite enfance et à la formation d’enseignants et d’assistantes sociales dans les 18 provinces du pays.


D’autre part, l’enregistrement à la naissance est une grande priorité car il devrait devenir libre et universel.  À cet effet, un décret sur l’enregistrement gratuit a été pris.


Mme ULZIIBAYAR VANGANSUREN (Mongolie) a indiqué que son pays venait de signer le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications.  Une série de lois, ainsi que des stratégies, des programmes et un fonds spécial, servent à promouvoir et protéger les droits de l’enfant.  Il existe actuellement 34 projets mis en œuvre par 19 agences des Nations Unies, dont l’UNICEF, et d’autres organisations internationales.  De plus, un réseau de cinq organisations nationales et de 98 organisations non gouvernementales œuvrent à améliorer le sort des enfants en Mongolie.


Les enfants représentent 37% de la population en Mongolie, a expliqué Mme Vangansuren.  Toutefois, avec un taux de pauvreté de 29,8%, un enfant sur trois vit dans la pauvreté, essentiellement en zone rurale. 


La Mongolie arrive tout de même à couvrir la scolarité de base de 92,9% des enfants, et s’appuie à cet effet sur un programme de cantine scolaire.  Une étude récente ayant révélé que plus de la moitié des enfants enrôlés dans les temples et les églises du pays avaient un accès limité à l’éducation, l’UNICEF a aidé 120 jeunes moines à recevoir un enseignement.


Par ailleurs, le taux de mortalité infantile est passé à 26‰, mais il reste encore des efforts à faire pour atteindre l’objectif de 21‰ en 2015.  À ce sujet, la Mongolie a coparrainé au Conseil des droits de l’homme la résolution sur la prévention de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. 


La Représentante du Costa Rica a reconnu que la pauvreté chronique demeurait l’obstacle majeur à la satisfaction des besoins et à la protection et la promotion des droits de l’enfant.  Pour « Un monde digne des enfants », le développement durable doit tenir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant.  Ce principe est réaffirmé dans le document de Rio intitulé « L’avenir que nous voulons ». 


Les filles et les garçons, en particulier s’ils sont autochtones, d’ascendance africaine, migrants et handicapés, sont davantage vulnérables à la pauvreté, aux inégalités économiques et sociales, à la dégradation de l’environnement et aux changements climatiques.  Pour rompre le cycle de la pauvreté et l’exclusion sociale, a poursuivi la représentante, il faut améliorer l’accès égal et sans discrimination des enfants aux services publics, en particulier à l’éducation.  À cet égard, le Costa Rica se félicite de l’appui de l’UNICEF.


Le Costa Rica a réalisé d’importants progrès en la matière mais il est confronté à des défis comme la criminalité transnationale organisée et le trafic de stupéfiants en Amérique centrale.  En coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le pays a formulé une politique dite de sécurité citoyenne et de promotion de la paix, qui s’efforce d’offrir des opportunités aux enfants et aux adolescents. 


Dans le même esprit, un programme d’éducation civique vise à renforcer la culture de paix.  En 2012, le Gouvernement a lancé un programme d’éducation sexuelle visant à promouvoir le bien-être, la santé reproductive et les droits de l’homme.


Par ailleurs, a ajouté la représentante, le Costa Rica a coorganisé il y a un peu plus d’un mois la Conférence mondiale sur la jeunesse et les technologies de l’information et de la communication, avec l’Union internationale des télécommunications (UIT).  La « Déclaration du Costa Rica » contient des idées pour le programme de développement pour l’après-2015.


La Représentante du Sri Lanka a indiqué que son pays avait obtenu des résultats très honorables en termes de santé, d’éducation et de protection des enfants.  Ceci est, selon la déléguée, le fruit de mesures et de politiques engagées par son pays au travers de campagnes de sensibilisation et de lois répondant aux Objectifs fixés par les Nations Unies et leurs diverses agences. 


Elle a notamment évoqué la mise en place de dispositifs policiers et judiciaires chargés de poursuivre et de réprimer les abus sexuels contre les enfants.  Dans ce cadre, des groupes d’alertes ont été instaurés dans des communes du pays. 


Elle a mis en avant les « conditions socioéconomiques relativement bienveillantes » dues à la mise en œuvre de politiques se concentrant sur les zones rurales.  Cette politique de couverture médicale a notamment permis de faire reculer drastiquement les taux de mortalité infantile et maternelle. 


Elle a également rappelé que les mères sri-lankaises bénéficiaient de 84 jours de congés payés intégralement et de 84 jours de congés supplémentaires payés à hauteur de 50% de leur salaire.  Elle a aussi précisé que la pauvreté absolue avait baissé de 15,2% en 2006 à 6,5% en 2012, dépassant ainsi les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).   


La Représentante du Liban a axé son intervention sur tous les enfants au Liban et pas uniquement les Libanais, puisque la moitié de ceux qui vivent dans le pays aujourd’hui ne sont pas de nationalité libanaise.  Ce sont des Syriens et Palestiniens venus au Liban en quête de sécurité loin de tragédies dont ils n’ont aucune responsabilité ni contrôle, a-t-elle expliqué.  


Il en résulte que le pays a placé la priorité sur les droits de l’enfant et en a fait le socle d’une société plurielle, ouverte et reposant sur le respect, la justice, l’également et l’état de droit.


Des jalons significatifs ont été posés à travers les stratégies et politiques nationales axées sur la solidarité, l’entraide mutuelle et la coopération entre les institutions étatiques et la société civile en vue d’adapter les normes nationales aux dispositions des traités internationaux.


Il reste pourtant que plus de 250 000 enfants ne sont pas scolarisés.  Une attention spéciale est accordée aux initiatives visant à la sensibilisation et à la lutte contre la traite des personnes et la violence ou les négligences à l’encontre des enfants, par le biais notamment de la formation du personnel chargé des enfants et d’une prise de conscience par rapport à la violence sexuelle.


La déléguée a rappelé que son pays avait payé un lourd tribut à la démocratie et avait subi le joug de l’occupation et de la guerre, de la menace et du terrorisme permanent.


Le Liban connaît trop bien les affres de la guerre et les répercussions du conflit armé sur la population et l’infrastructure, et sait, par expérience l’impact sur les enfants, groupe vulnérable spécifique et principales victimes, a-t-elle rappelé.     


Le Représentant du Monténégro a indiqué que son pays continuait de renforcer son cadre législatif et institutionnel pour promouvoir et protéger les droits de l’enfant, conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant et à ses Protocoles facultatifs et en s’alignant sur les normes européennes. 


Les ministères du travail et de l’éducation ont lancé la première banque de données sur la situation des enfants.  Le Monténégro est reconnaissant à l’UNICEF pour son appui « vital » qui se manifeste dans un programme de coopération pour la période 2012-2016.  Grâce à ce partenariat, par exemple, le nombre d’enfants handicapés scolarisés dans le primaire est passé de 67 à 3 600 et le nombre de jeunes enfants handicapés dans des jardins d’enfants est passé de 46 à 670.


Dans le cadre d’une autre campagne intitulée « Chaque enfant a besoin d’une famille », le nombre d’enfants institutionnalisés parce que sans parents a été réduit de moitié entre 2007 et 2013 et les familles d’accueil se sont développées.  En matière de justice pour mineurs, le Monténégro est reconnu comme « chef de file » dans la région pour ses efforts de médiation. 


Enfin, le Représentant a annoncé que son pays accueillera, du 28 octobre au 1er novembre, la première Réunion régionale pour les directeurs des bureaux de l’UNICEF dans les pays d’Europe centrale et de l’Est.


La Représentante du Pérou a affirmé que son pays avait obtenu des résultats importants dans la reconnaissance, la promotion et la protection des droits des enfants et adolescents.  Le pays a approuvé il y a un an le Plan national d’action pour l’enfance (2012-2021), instrument phare de la politique publique et de la société civile en vue du développement intégral des garçons et filles.


D’autre part, chaque année, le deuxième dimanche d’avril a été proclamé « Journée du petit péruvien », et le Programme national Yachay a été établi pour les enfants de la rue, en particulier afin de prévenir leur exposition à des risques et favoriser leur développement intégral.  Ce programme s’est fixé comme but d’atteindre, en 2013, environ 6 365 garçons et filles et adolescents de la rue.


Un autre programme d’alimentation scolaire intitulé « Qali Warma » offre un service alimentaire de qualité, conforme aux pratiques alimentaires locales et conjointement géré avec les communautés, durable et nutritif.  De son côté, le Bureau de défense de l’enfant et de l’adolescent est chargé de veiller au respect des droits consacrés par la législation.


Dans la région amazonienne, des stratégies sont en cours d’exécution en vue du développement durable des zones rurales avec des investissements importants pour les programmes orientés vers les enfants et une éducation de qualité.


Le Représentant du Viet Nam a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant.  Les dispositions de la Convention sont incorporées dans sa législation nationale, y compris la loi sur la protection et l’éducation des enfants, la loi du travail, les Codes pénal et civil. 


Des politiques ont été mises au point pour appuyer les enfants pauvres et désavantagés, les enfants handicapés, ceux qui appartiennent à des minorités ethniques, ou encore ceux qui vivent dans des régions isolées.  Cette année, le « Mois d’action pour les enfants » a mis l’accent sur ces enfants vulnérables. 


Des projets spéciaux sont aussi consacrés aux enfants orphelins et sans abris, aux enfants infectés par le VIH/sida, ou des victimes de l’agent Orange ou de catastrophes naturelles.


Par ailleurs, a expliqué le Représentant, le Viet Nam organise tous les deux ans un forum des enfants qui peuvent exprimer leurs opinions sur les sujets qui les intéressent.  Leurs recommandations sont prises en compte dans l’élaboration des politiques de la jeunesse. 


En conclusion, la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) concernant les enfants, qu’il s’agisse de la parité, de l’éducation ou du taux de mortalité infantile, seront réalisés en 2015.


L’Observateur Permanent du Saint-Siège, a rappelé que le rapport du Secrétaire général sur l’état de la Convention relative aux droits de l’enfant avait judicieusement attiré l’attention cette année sur la mortalité infantile qui est au cœur de l’article 6 de cet instrument international.


Il a salué le fait que le rapport constate que l’objectif d’en finir avec les décès infantiles évitables est désormais à portée de main.  Il a ainsi mis l’accent sur la santé maternelle.  Dès lors, tout enfant doit avoir le droit de naître, sans discrimination ou sélection d’aucune sorte, y compris fondée sur le sexe ou le handicap ou encore par des politiques dictées par l’eugénisme.  Le fœtus n’appartient pas à une « sous-catégorie d’êtres humains », a-t-il lancé.


Poursuivant son analyse, il a décrété que le diagnostic prénatal effectué dans le but de décider, ou non, de garder l’enfant, était incompatible avec la Convention.  Dans ce contexte, il a invité le Comité des droits de l’enfant à réviser ses observations générales Nos  14 et 15 qui, a-t-il dit, ne reflètent que les vues des membres du Comité, ne constituent pas un langage agréé et ne jouissent pas d’un précédent juridique. 


Le Représentant du Myanmar a informé que son pays a introduit l’éducation primaire gratuite et obligatoire pour tous au début de l’année scolaire 2011-2012.  Grâce à cette initiative, plus de 5 millions d’enfants ont été scolarisés.  Le secteur privé a récemment été autorisé à opérer des établissements d’enseignement et une loi sur l’enseignement privé a été promulguée à cet effet. 


Dès 2004, l’éducation aux droits de l’homme a été introduite dans le programme académique des écoliers.  En outre, le système éducatif du Myanmar est mixte et le nombre d’étudiantes augmente d’une année à l’autre.


Par ailleurs, a ajouté le Représentant, un plan national d’action pour les enfants (2006-2015) met l’accent sur la santé et l’alimentation, l’eau et l’assainissement, l’épanouissement et l’éducation des enfants.  Un programme d’immunisation mis en œuvre en partenariat avec le Comité japonais pour les vaccins et l’UNICEF a contribué à faire baisser le taux de mortalité infantile.


Le représentant a évoqué ensuite le plan d’action signé par le Myanmar et l’équipe de pays des Nations Unies en juin 2012 qui prouve l’engagement du Gouvernement à mettre fin au recrutement de mineurs dans ses forces armées.  Ce sont 538 enfants qui ont ainsi échappé au service militaire en 2012.  En outre, l’armée a libéré 176 enfants qui ont retrouvé leurs familles.


Le Représentant de la Géorgie a déclaré que son pays prenait une part active à l’harmonisation de la législation nationale avec la Convention relative aux droits de l’enfant et s’impliquait dans la réforme du système de la protection de l’enfance.  Cette démarche prend en compte l’optimisation des institutions, la réhabilitation des victimes de la violence, de même que la mise en place des services adaptés pour les enfants sans-abris, a-t-il affirmé. 


Parallèlement, le Parlement géorgien a voté une loi qui considère comme circonstance aggravante toute violence domestique contre des mineurs ou contre les familles de mineurs, a indiqué le Représentant.  La Géorgie a également ouvert des centres de crise chargés d’apporter l’assistance nécessaire aux enfants sans-abris en vue de leur réintégration dans la société.


Pour autant, ces avancées sont mises à mal notamment par la détérioration de la situation humanitaire et des droits de l’homme du fait de l’installation de barbelés le long de la ligne d’occupation de la région de Tskhinvali, a-t-il déploré.  Il a également dénoncé la privation des droits des enfants des régions occupées de Géorgie à l’éducation en langue maternelle, alors que la Constitution et la Convention relative aux droits de l’enfant l’autorisent.


À cela s’ajoute d’autres entraves au droit à l’éducation, notamment des cas d’enfants qui sont battus afin de les empêcher de se rendre à l’école, de l’autre côté de la ligne d’occupation.  À la lumière de tous ces incidents, le délégué a pressé la communauté internationale à agir de manière adéquate pour mettre fin à ces activités illégales dans les régions occupées de Géorgie et aux violations des droits de l’homme.


La Représentante du Cameroun a notamment affirmé que la situation des filles était plus préoccupante car celles-ci couraient souvent de plus grands risques d’être exposées et confrontées à diverses formes de violence et de discrimination que les garçons.  La représentante a jugé impératif de maintenir une attention particulière sur la protection des enfants contre la violence, l’exploitation économique et la traite, en particulier celles des petites filles.


Concernant spécifiquement la pratique des mutilations génitales féminines, survivance culturelle de certaines populations, un plan national a été adopté et la déléguée a remarqué que cette pratique était en net recul dans son pays.


Les mesures prises pour éradiquer cette pratique consistent à impliquer de plus en plus les autorités traditionnelles, religieuses et les exciseuses dans la lutte contre les mutilations géniales féminines.  À cet effet, 16 comités locaux ont été mis en place et ont bénéficié de dons en matériel du Gouvernement, tandis que des appuis matériels, financiers et techniques ont été fournis aux exciseurs et exciseuses pour leur apporter des alternatives à cette pratique.


Parmi d’autres initiatives, la représentante a indiqué que 20 animateurs de radios communautaires et communales avaient été formés dans le cadre de la prévention et de la gestion des violences fondées sur le sexe, la prévention en matière de santé de reproduction, y compris en situation d’urgence.   


Le Représentant du Rwanda a dit que son pays avait mis en place des lois et des politiques clefs pour promouvoir les droits de l’enfant, dont une loi de 2001 sur la protection des droits de l’enfant, une politique nationale pour les orphelins et les autres enfants vulnérables et une politique nationale pour l’élimination du travail des enfants. 


Les enfants vulnérables incluent: les enfants vivant dans des ménages dirigés par des enfants; les enfants dans des familles d’accueil; les enfants des rues; les enfants délinquants; les enfants handicapés; les enfants sexuellement exploités; les enfants qui travaillent; les enfants infectés par le VIH/sida; les enfants très pauvres; les enfants réfugiés et déplacés, ou les enfants de mères célibataires.


Le Rwanda a établi une Commission nationale pour les droits de l’enfant chargée de coordonner toutes les activités liées à la promotion et à la protection de leurs droits.  De plus, a ajouté le représentant, l’Observatoire des droits de l’enfant suit la situation des enfants aux niveaux des districts et des villages.  Depuis 2004, le Rwanda organise un sommet annuel des enfants. 


Pour ce qui est des Objectifs du Millénaire pour le développement, le taux de mortalité infantile est passé de 86 à 30‰ et le combat contre la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans produit des résultats.  Enfin, le but de l’éducation primaire et secondaire universelle devrait être atteint d’ici à 2015.


La Représentante de l’Égypte a fait le constat selon lequel des défis subsistaient à environ 800 jours de la date d’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment en ce qui concerne la réduction de la mortalité des moins de 5 ans, la violence contre les enfants, ainsi que le travail des enfants qui représente une grave menace à la protection des enfants dans le monde. 


À cet égard, l’Égypte souligne l’importance de placer le statut des enfants au centre du programme de développement pour l’après-2015.  En matière d’éducation, elle a insisté sur le fait qu’il s’agit là d’une obligation internationale et d’un droit fondamental devant être réalisé pour tous les enfants. 


Elle a appelé au renforcement des partenariats stratégiques entre gouvernements, organisations régionales et institutions en vue de consolider les actions nationales en faveur des enfants.  Mme Fahmy s’est également inquiétée des conflits armés qui gagnent du terrain et a condamné l’implication des enfants dans ces conflits, appelant à la fin de l’impunité contre leurs recruteurs.


Elle a reconnu les nombreux défis auxquels est confronté son pays, mais elle a assuré qu’il était en voie de réaliser les OMD, en particulier dans les domaines de l’éducation primaire universelle, de la réduction de la mortalité infantile et de l’amélioration de la santé maternelle.


Le Représentant de la Libye a noté qu’en dépit des efforts de la communauté internationale et de la large gamme de conventions et traités relatifs aux droits de l’enfance, beaucoup restait à faire.  Les enfants libyens n’ont certainement pas été épargnés sous l’ancien régime, surtout ceux vivant dans des zones reculées.


La souffrance des enfants avait atteint son paroxysme d’horreur lors de la guerre révolutionnaire.  Ils ont en effet été utilisés comme boucliers humains, détenus arbitrairement et torturés pour leur appartenance ethnique ou autre.


Aujourd’hui, le Gouvernement intérimaire bénéficie d’une assistance importante de l’ONU en matière de renforcement des capacités, a-t-il indiqué, en faisant état de la mise en place d’un plan de réforme des cursus scolaires et de la création d’un département de l’enfant et la famille au sein du Ministère des affaires sociales.


Le Représentant du Sultanat d’Oman a évoqué les problèmes liés à l’ignorance et aux violences à l’encontre des enfants, et a dit qu’il restait encore beaucoup à faire au niveau mondial.  Pour sa part, Oman s’efforce d’intégrer les droits de l’enfant dans sa législation nationale.  Un comité créé en 2009 est chargé du suivi de la Convention relative aux droits de l’enfant. 


En outre, un projet de loi sur les droits de l’enfant est dans la dernière phase avant son adoption.  Il porte sur la sécurité sociale des enfants, leur statut personnel, la citoyenneté, l’intégration des enfants handicapés, la réhabilitation des mineurs, entre autres.


En coordination avec divers ministères, dont celui du développement social, et avec pas moins de 56 organisations actives sur tout le territoire, le Royaume fait son possible pour répondre aux besoins des enfants. 


La santé physique et émotionnelle de l’enfant motive la politique du Ministère de la santé qui a adopté un programme global de sensibilisation aux droits de l’enfant en collaboration avec les médias.  Il faut tout faire pour que la prochaine génération soit à même d’exercer ses droits, a conclu le représentant.


Le Représentant de la Côte d’Ivoire a considéré que la non-identification des enfants à la naissance dans certaines régions du monde constituait un grave problème.  Il a ensuite avoué qu’il lui était difficile de comprendre, encore moins d’accepter, que l’on voulût placer la priorité sur la sexualité et les choix sexuels de l’enfant, lorsque l’on sait que la faim et la pauvreté, les maladies et le handicap, l’accès difficile à l’éducation et aux soins de santé, sont les maux auxquels l’enfant doit chaque jour faire face, notamment dans les pays en développement.


L’impératif pour l’enfant doit être avant tout de vivre et de voir ses droits fondamentaux respectés car, à leur âge, la question des droits sexuels et reproductifs n’a, en réalité, aucune pertinence, a-t-il dit.


De l’avis du représentant, les enfants ne sont pas la propriété de leurs parents, pas plus qu’ils ne sont des bénéficiaires passifs de notre charité.  Ce sont des êtres humains et ils sont, à ce titre, sujets de leurs propres droits.


À ce titre, la législation ivoirienne condamne fermement l’avortement, étant donné la place centrale qu’occupent le respect et le droit à la vie humaine dans la Constitution, qui, par voie de conséquence, abolit la peine de mort.


Suite à la crise postélectorale de 2010 et 2011, la situation sociopolitique connaît une embellie, et de nombreux progrès ont été réalisés dans les domaines de l’identité, la santé, l’éducation, la protection contre la traite et le travail des enfants.    


Le Représentant du Bangladesh a noté que les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement avaient été lents et insignifiants, précisant que de nombreux enfants dans les régions les plus pauvres n’ont toujours pas accès aux services de santé de base, à l’éducation et que de nombreux autres meurent de causes évitables.  Au niveau national, les droits des enfants sont garantis par la Constitution car, a indiqué le Représentant, le Gouvernement du Bangladesh reconnaît que les enfants, en bénéficiant de soins appropriés dès leur plus jeune âge, assureront un capital humain efficace pour l’avenir du pays.  Les droits des enfants seraient pleinement exercés à travers l’accès aux services de santé et à l’éducation, a-t-il souligné.  Toutefois, les efforts modestes entrepris par les pays en développement doivent être appuyés par leurs partenaires pour le développement.  Des efforts visant à assurer les droits des enfants devraient également mettre l’accent sur l’éradication de la pauvreté et des politiques davantage axées sur la famille, a-t-il conclu.


La Représentante de la République démocratique du Congo a indiqué que son gouvernement avait adopté, en 2008, une stratégie de protection sociale des groupes vulnérables complétée, en 2009, par un plan d’action national en faveur des orphelins et des enfants vulnérables.  Le Gouvernement congolais mène une campagne continue pour l’enregistrement des enfants à l’état civil.


En outre, la Constitution rend l’éducation primaire obligatoire et gratuite pour tous les enfants sans discrimination.


Ensuite, la Représentante a déploré la persistance des conflits à l’est de la RDC et le recrutement des enfants par les forces « négatives » du M23 et par les autres groupes armés.  Elle a salué les efforts du Secrétaire général pour son implication dans l’adoption de la résolution 2098 du Conseil de sécurité qui a accéléré la signature, le 24 février dernier, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba autorisant le déploiement de la brigade d’intervention dans l’est du pays. 


Celle-ci « pourra soulager les souffrances des enfants victimes de viols et de violences sexuelles perpétrées par les groupes armés ».  De plus, le Gouvernement congolais a signé avec l’Unité spéciale des Nations Unies sur les enfants dans les conflits armés un plan d’action pour lutter contre le recrutement, l’utilisation d’enfants et les violations graves des droits de l’enfant.


Le Représentant de l’Azerbaïdjan a indiqué avoir déployé des efforts soutenus pour aligner sa législation avec les dispositions juridiques des instruments internationaux relatifs aux droits de l’enfant, d’une part, et pour répondre aux besoins des enfants réfugiés et déplacés à l’intérieur, un groupe vulnérable qui se retrouve dans une situation de déplacement massif de longue durée, d’autre part.


Le représentant a affirmé que son pays n’épargnera aucun effort pour assurer leur droit inaliénable au retour sur leur terre natale.


Il a catégoriquement condamné toutes les violations du droit international humanitaire commises à l’encontre des enfants dans les situations de conflit armé.  Il a relevé cependant quelques progrès dans la réduction des souffrances des enfants au cours des dernières années écoulées.


Plusieurs plans d’action visant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation des enfants ont été signés et des milliers d’enfants ont été relâchés par les forces armées et les groupes armés, a-t-il noté.


En conclusion, il a exhorté à traiter des causes profondes des conflits armés afin de mettre un point final aux souffrances des civils, notamment des enfants partout dans le monde. 


Le Représentant de l’Érythrée a expliqué que son pays avait établi un comité interministériel chargé de coordonner l’action gouvernementale en faveur des enfants.  S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le taux de mortalité infantile a baissé de 57,4% entre 1990 et 2010 et des progrès ont été enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida et dans le cadre de la Déclaration d'Abuja sur le projet « Faire reculer le paludisme en Afrique ». 


La polio et le tétanos maternel et néonatal ont été éradiqués et la rougeole est contrôlée.  En 2009, l’Érythrée a été récompensée pour ses campagnes d’immunisation par l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI).


L’Érythrée a également remporté des victoires contre la malnutrition, dont le taux se situe entre 7 et 11%, comparé au seuil de 10% fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Par ailleurs, l’éducation est gratuite pour tous.  L’Érythrée étant une société multiethnique, composée de neuf groupes ethniques, les enfants reçoivent un enseignement primaire dans leur langue maternelle. 


Une attention spéciale est accordée aux enfants nomades et aux enfants handicapés.  Le Code pénal contient des dispositions pour protéger les enfants vulnérables et un plan d’action a été mis en place pour combattre l’exploitation commerciale des enfants, de même que la traite.  La mutilation génitale féminine et les châtiments corporels sont bannis.


Enfin, l’âge minimum pour le travail des enfants a été fixé à 14 ans, et les enfants de moins de 18 ans ne peuvent pas être recrutés dans les forces armées.


Le Représentant de l’Ukraine a fortement plaidé en faveur de l’application pleine et entière des obligations des États Membres en vertu des documents adoptés dans le domaine des droits de l’enfant.  Cette mise en œuvre doit constituer une priorité nationale, régionale et internationale, a-t-il préconisé.


L’Ukraine œuvre, au niveau national, à faire primer les instruments internationaux et européens sur sa législation par une réforme systématique.  Un certain nombre de programmes ont été exécutés en vue de la protection des droits des enfants sans abris et négligés; du soutien aux familles; de la lutte contre la traite des personnes; de la réforme du système des orphelinats et des enfants privés des soins de leurs parents.


Le représentant a fait état d’une augmentation du nombre d’enfants ukrainiens adoptés par des Ukrainiens et de l’établissement d’un bureau du médiateur des enfants en août 2011 pour garantir la mise en œuvre adéquate des dispositions constitutionnelles sur les droits de l’enfant.


En outre, 2013 a été proclamée Année de l’enfance afin d’encourager la créativité et le développement intellectuel, spirituel et physique, ainsi que d’appuyer les enfants talentueux et doués.  


En tant que présidente en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Ukraine a fait de la protection des droits de l’enfant une priorité et organisé le Sommet de la jeunesse de l’OSCE (juillet-août 2013, à Artek, en Crimée), afin de contribuer à la promotion de la tolérance et de la non-discrimination ainsi que du respect de la diversité.


La Représentante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que, dans les conflits armés, les enfants étaient à la fois victimes, témoins et auteurs d’atrocités, comme le viol et d’autres formes de violence sexuelle, qu’ils sont parfois contraints de commettre contre leurs propres familles et communautés.


Le recrutement et l’utilisation illicites d’enfants dans les forces armées ou des groupes armés, ou toute autre association illicite d’enfants avec des forces armées ou des groupes armés ont des séquelles graves, complexes, et qui perdurent.  Or, la plupart des souffrances endurées pourraient être évitées ou atténuées si le droit international en vigueur était mieux respecté.


Le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge promeut le principe de non-participation des enfants de moins de 18 ans dans les hostilités et leur non-enrôlement dans des structures armées.  Le recrutement ou l’utilisation illicite d’enfants dans le cadre d’hostilités doit faire l’objet de poursuites et les responsables, quelle que soit leur position dans la chaîne de commandement, doivent répondre des actes commis par les enfants lors de leur association avec des forces ou des groupes armés.


Selon l’expérience du CICR, prévenir le recrutement et l’utilisation illicites des enfants est le meilleur moyen de les protéger contre les hostilités.  Il soutient également les approches communautaires visant à réduire le risque d’enrôlement, notamment le ré-enrôlement et l’utilisation des enfants.


Ces approches vont de pair avec les efforts visant à la réintégration des enfants ayant connu ce sort.  Le CICR a appelé les États à prendre toutes les mesures nécessaires pour que le droit international se rapportant à la protection des enfants dans les conflits armés soit respecté et scrupuleusement mis en œuvre.  


La Représentante de l’Office international pour les migrations (OIM), a réaffirmé le besoin de protéger en particulier les droits des enfants migrants estimés à 35 millions au nombre desquels 11 millions dont l’âge varie entre 15 et 19 ans.  Au regard du rapport de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l’égard des enfants, qui fait la lumière sur le phénomène galopant du trafic d’enfants, la Représentante a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils inversent cette tendance en renforçant les capacités et la formation des parties prenantes y compris les agents de l’immigration et des services frontaliers, ainsi que la police. 


L’OIM est également préoccupée par la persistance des conflits armés et les crises humanitaires qui sont toujours à la base des déplacements de nombreux enfants, a-t-elle constaté, en encourageant les partenaires à mettre tout en œuvre pour faciliter le retour, dans leur pays, des enfants qui ont fui la guerre. 


Elle s’est déclarée extrêmement préoccupée par la situation des enfants non accompagnés qui sont parmi les plus vulnérables dans le monde, car très souvent abandonnés par leurs parents.  « Sans parents et dépourvus d’un statut légal, ils ne sont pas en mesure d’exercer leurs droits les plus fondamentaux », a-t-elle déclaré.


La Représentante de l’Ordre de Malte a souligné que l’accès à des maternités sûres et aux soins néonataux était crucial pour réduire le taux de mortalité des moins de 5 ans ainsi que celui de la mortalité infantile.  À ce titre, l’Ordre de Malte gère des centres de soins à travers le monde, notamment en Argentine, au Tchad et dans les Territoires palestiniens occupés, a-t-elle déclaré.


L’Ordre de Malte, a relevé l’observatrice, poursuit ses efforts pour favoriser l’accès aux services de prévention de la transmission mère-enfant du sida, efforts qui ont été couronnés de succès en Argentine, en Angola, en Afrique du Sud, au Cambodge et ailleurs.


En outre, l’Ordre de Malte salue le travail accompli sur cette question par l’UNICEF et d’autres agences onusiennes.  Enfin, l’observatrice a affirmé qu’il est de la responsabilité de la communauté internationale de garantir la santé et le développement des enfants.  Des efforts supplémentaires sont ainsi nécessaires pour réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle, a-t-elle conclu.


Le Représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé qu’en 1919, la première action de l’OIT avait consisté en l’adoption d’une norme internationale sur le travail des enfants, en l’occurrence la Convention nº 5 fixant un âge minimal du travail dans l’industrie.  L’élimination du travail des enfants demeure au cœur de la mission de l’OIT par les activités et projets dans 90 pays.


Le représentant a indiqué qu’on estime à 17,2 millions le nombre d’enfants dans le monde, dont la plupart dès le plus jeune âge, qui sont des travailleurs domestiques chez des ménages et que nombre d’entre eux travaillent dans des conditions assimilables à l’esclavage.  Environ 7,5 millions de ces enfants ont entre 5 et 11 ans et 67% d’entre eux sont des filles.


Le Représentant a regretté que, dans un grand nombre de pays, cette forme de travail ne soit pas reconnue comme une forme de travail des enfants en raison des rapports tronqués avec la famille qui les emploie.  Cette forme supposée de prise en charge soins cache en vérité un arrangement d’exploitation souvent caractérisé par de longues heures de travail, une absence de liberté personnelle et parfois des conditions dangereuses de travail. 


Droits de réponse


La représentante d’Israël a reproché à la délégation palestinienne de propager de fausses allégations au sujet de son pays.  Elle a dénoncé les messages d’intolérance et déploré l’endoctrinement des enfants palestiniens.


La représentante de l’Arabie saoudite a répondu aux accusations, selon elle fausses, portées par la délégation syrienne concernant un décret religieux, une « fatwa », sur les relations sexuelles en temps de conflit.  Elle a dit qu’aucune preuve n’existait quant à ces accusations et a conseillé à son homologue de se concentrer sur les atrocités perpétrées contre la population syrienne.


La représentante de la Palestine a accusé Israël, en tant que Puissance occupante depuis 46 ans, de chercher à détourner l’attention de ses violations flagrantes du droit international.  Elle a évoqué les nombreux rapports des rapporteurs spéciaux des Nations Unies à ce sujet.  Au lieu d’affirmer que les Palestiniens incitent leurs enfants à la violence, Israël ferait mieux de reconnaître que la seule façon de protéger les enfants palestiniens et israéliens est de mettre fin à son occupation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: les clivages persistent sur la portée et l’application de la compétence universelle

AG/J/3462

Sixième Commission: les clivages persistent sur la portée et l’application de la compétence universelle

18/10/2013
Assemblée généraleAG/J/3462
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

14e séance – matin


SIXIÈME COMMISSION: LES CLIVAGES PERSISTENT SUR LA PORTÉE ET L’APPLICATION

 DE LA COMPÉTENCE UNIVERSELLE


Les États africains rejettent l’application sélective de la compétence universelle


La Sixième Commission (chargée des questions juridiques) a repris, ce matin, son débat sur la portée et l’application du principe de compétence universelle.  Si le principe de compétence universelle demeure un outil fondamental pour combattre l’impunité et renforcer la justice internationale, son usage ne saurait se faire de façon abusive, ont prévenu de nombreuses délégations.


Ces États Membres, parmi lesquels le Kenya, la Guinée équatoriale, le Mozambique et Cuba, ont mis en garde la façon dont la portée et l’application de la compétence universelle peut être appliquée.  « L’utilisation abusive de ce principe par certains États constitue une violation du droit international », a déclaré la Guinée équatoriale.  Pour le Burkina Faso, le principe de la compétence universelle devrait se limiter aux crimes internationaux qui interpellent la conscience collective: le génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, la piraterie, l’esclavage et la traite des personnes, les prises d’otages ou le faux monnayage.  Le Lesotho, Cuba et le Kenya ont estimé que ce principe est utilisé de façon sélective par certains pays développés à l’encontre de dirigeants ou hauts fonctionnaires de pays en développement.


M. Henrique Banze, du Mozambique, s’est dit préoccupé par la tendance consistant pour les juridictions de certains pays à poursuivre les chefs d’État de pays africains en « violation flagrante des normes du droit international ».  Le délégué kenyan, citant son Président, M. Uhuru Kenyatta, a dit: « Nous aimerions voir la Cour pénale internationale (CPI) agir de manière juste et équitable, mais que pouvons-nous faire lorsque tout le monde, à l’exception de l’Afrique, est exempté de l’obligation de rendre des comptes? »  Le représentant de la Guinée équatoriale s’est insurgé contre les mandats d’arrêts lancés par la France en 2011, par le biais d’Interpol, contre le Président de son pays.  « La justice française a agi en violation du droit international », a-t-il affirmé, en s’interrogeant sur les crimes -de guerre ou contre l’humanité– reprochés au chef de l’État de Guinée équatoriale.


Peu convaincues des progrès faits à ce jour sur la question de la compétence universelle au sein de la Sixième Commission, des délégations ont estimé qu’il faudrait renvoyer l’examen de cette question à la Commission du droit international (CDI), compte tenu de la nature juridique et des particularités techniques de la compétence universelle.  En raison de son expertise, la CDI pourrait entreprendre une étude approfondie sur la question, ont suggéré certaines de ces délégations, dont l’Albanie et l’Italie, qui a fait référence aux déclarations de la veille du Liechtenstein et de la Suisse.  L’Ouganda et le Lesotho, pour leur part, ont estimé que c’est au sein de la Sixième Commission que la question de la compétence universelle doit être examinée.  En raison des diverses interprétations de ce principe, le délégué d’Israël a considéré qu’il serait prudent de solliciter davantage de rapports sur la pratique des États Membres en la matière.


La Sixième Commission reprendra ses travaux lundi, 21 octobre à 10 heures.  Elle examinera la responsabilité des États et la protection diplomatique.


PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE (A/68/113)


Débat général


M. OHAD ZEMET (Israël) a constaté que les États Membres ne partageaient pas les mêmes positions en ce qui concerne le type de crime tombant sous le coup de la compétence universelle.  Ces approches différentes se traduisent par des définitions incohérentes de la compétence universelle.  Il a cité, à titre d’exemple, la tendance consistant, selon lui, à confondre le principe d’universalité avec d’autres éléments constitutifs de la compétence juridictionnelle.  Israël, a-t-il réaffirmé, est engagé à lutter contre l’impunité des auteurs de crimes odieux.  À cet égard, il a rappelé que de nombreux États considéraient, d’une part, la compétence universelle comme un principe subsidiaire et, d’autre part, que sa mise en œuvre était conditionnée à l’intervention des autorités politiques afin d’éviter que des juridictions soient tentées d’abuser de ce principe.  En raison de cette grande diversité d’approches, Israël considère qu’il serait prudent de solliciter davantage de rapports sur la pratique des États Membres en la matière.


Mme ADMIRA JORGJI (Albanie) a souhaité que la Sixième Commission continue à débattre de la question de l’application de la compétence universelle au sein du Groupe de travail, qui est créé à cette fin.  Elle a déclaré que son pays avait établi la juridiction territoriale comme étant la principale source de compétence sur les étrangers ayant commis des crimes sur le territoire albanais.  Le Code pénal définit cette compétence.  L’Albanie considère le principe de la compétence universelle comme un outil supplémentaire pour lutter contre l’impunité.  Il établit un lien entre l’impunité et la quête pour que la justice soit rendue, a souligné la représentante.


Cette question, a-t-elle rappelé, a été discutée depuis de nombreuses années au sein de la Sixième Commission.  La représentante a estimé que la Commission devrait reconnaître ses limites en la matière.  À l’instar d’autres délégations, elle a recommandé que l’examen de la question de la compétence universelle soit renvoyé à la Commission du droit international.

M. HOSSEIN GHARIBI (République islamique d’Iran) a estimé qu’il était nécessaire d’harmoniser les diverses interprétations concernant la compétence universelle.  La question à laquelle la Commission est confrontée est celle de savoir s’il faut opérer une codification ou, au contraire, élaborer un texte international.  Il a, par ailleurs, rappelé l’opinion de certains juges de la Cour internationale de Justice (CIJ) soulignant qu’un procès en vertu de la compétence universelle par contumace ne pouvait avoir lieu.  C’est un avis important, a-t-il estimé, car cela signifie que cette compétence ne trouve à s’appliquer qu’en présence de l’auteur des actes sur le territoire de l’État souhaitant la mettre en œuvre.  Il a réaffirmé les principes de territorialité et d’égalité souveraine des États.  Il a en outre expliqué que le système judiciaire iranien ne reconnaissait pas cette compétence universelle.  En Iran, les tribunaux sont habilités a poursuivre les crimes commis par des étrangers s’ils sont prévus par des traités internationaux et si l’auteur de ces crimes se trouve sur le territoire iranien, a-t-il insisté. 


Pour son pays, la préoccupation principale est que l’application du principe de compétence universelle peut aller à l’encontre de l’immunité des hauts fonctionnaires qui découle de l’égalité souveraine des États.  Cette compétence universelle a souvent été appliquée de manière sélective, ce qui pose, pour sa délégation, la question de la nature des crimes pour lesquels elle est susceptible d’être exercée.  La compétence universelle doit être exercée de bonne foi, de manière non sélective et ne pas constituer une violation de l’immunité des hauts fonctionnaires.  Les tribunaux nationaux, a-t-il ajouté, ne peuvent être habilités à mettre en œuvre ce principe car cela encouragerait une fragmentation du droit international.


Mme TANIERIS DIEGUEZ LAO (Cuba), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et faisant sienne la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non alignés, a déclaré que Cuba attachait une grande importance à la question de l’application du principe de compétence universelle.  La représentante s’est dite cependant préoccupée par le recours non justifié par certains États à l’application de ce principe.  « Nous condamnons les mesures unilatérales prises par certains États contre les dirigeants d’autres États. »  Elle a rappelé la nécessité de respecter les principes fondamentaux consacrés par la Charte des Nations Unies, notamment la non-ingérence dans les affaires intérieures et le respect de la souveraineté nationale. 


L’application de la compétence universelle doit se limiter à des circonstances exceptionnelles et ne doit pas être exercée en violation du système juridique d’un pays, a-t-elle insisté.  En outre, l’immunité absolue des chefs d’État en exercice doit être incontestée.  Il s’agit d’un principe universel, a-t-elle rappelé.  La représentante s’est félicitée des avancées réalisées au sein du Groupe de travail de la Sixième Commission.  Elle a néanmoins considéré que l’application de la compétence universelle doit être limitée à des crimes contre l’humanité et uniquement s’il n’y a pas d’autres moyens de procéder.


M. HENRIQUE BANZE, Ministre adjoint des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, s’est dit préoccupé par la tendance croissante consistant pour les juridictions de certains pays à poursuivre les chefs d’État africains en « violation flagrante des principes du droit international ».  Il a, ainsi, rappelé la décision de l’Assemblée des chefs d’État de l’Union africaine condamnant l’application du principe de compétence universelle, en violation des principes fondamentaux du droit international ou à des fins politiques.  Il a affirmé que les interprétations unilatérales de ce principe par des juridictions nationales mettaient en danger le système juridique international et a enjoint les États Membres à limiter sa mise en œuvre dans le respect de la Charte des Nations Unies et des principes d’égalité souveraine des États, de non-ingérence et d’immunité des chefs d’État et de gouvernement.  Tout en condamnant l’usage de la compétence universelle, le délégué a reconnu que ce principe était essentiel pour mettre fin à l’impunité en matière de crimes les plus graves.


M. SIMPLICE HONORÉ GUIBILA (Burkina Faso) a estimé que le principe de la compétence universelle devrait s’exercer sur les crimes internationaux les plus graves qui interpellent la conscience individuelle et collective des États, à savoir le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, la piraterie, l’esclavage et la traite des personnes, les prises d’otages ou le faux monnayage.  Chaque État devrait adopter une loi définissant les conditions d’incrimination, l’organisation des compétences, les procédures et la répression de ces crimes.  « Notre pays a promulgué une loi le 10 février 2010 qui incorpore les dispositions du Statut de Rome dans le droit interne. »


Le représentant a noté que les divergences de vues sur le principe de la compétence universelle « ne doit pas nous empêcher de travailler pour lutter résolument contre l’impunité à l’échelle internationale ».  À cet égard, le principe « aut dedere  » (le principe de juger ou d’extrader) devrait servir de principe complémentaire à celui de la compétence universelle pour surmonter les difficultés liées à la poursuite et à la répression de crimes internationaux commis hors des frontières nationales d’un État par des étrangers.


Mme PHAM THI THU HUONG (Viet Nam) a estimé que la juste poursuite des crimes les plus graves opérée par la compétence universelle devrait être clairement définie afin de ne pas remettre en cause la souveraineté, l’indépendance politique des États ainsi que la Charte des Nations Unies.  La déléguée a, par ailleurs, estimé qu’il était nécessaire de faire une distinction claire entre la compétence universelle et l’obligation d’extrader ou de poursuivre.  Elle a également souligné le lien qui existe entre compétence universelle et l’immunité des hauts fonctionnaires.  En ce qui concerne la nature des crimes tombant sous le coup de ce principe, elle a estimé que seuls les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre devraient faire partie de cette catégorie. 


La représentante a réaffirmé que la compétence universelle devrait jouer un rôle complémentaire aux juridictions nationales.  Cette compétence nationale repose sur les principes de territorialité et de la nationalité puisqu’il incombe en premier lieu à l’État d’engager les poursuites contre les auteurs de ces crimes.  En outre, la déléguée a déclaré qu’un État ne pouvait exercer sa compétence que lorsque l’auteur présumé du crime poursuivi se trouvait sur le territoire de cet État.  Elle a enfin jugé qu’en raison des nombreuses divergences subsistant sur cette question de plus amples discussions étaient nécessaires.


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO (Guinée équatoriale) a estimé que le recours par certains États à l’application du principe de compétence universelle était abusif et contraire au droit international lui-même.  « Je pense aux événements de 2011 et les mandats d’arrêts lancés par la France, par le biais d’Interpol contre le Président de mon pays.  La justice française a agi en violation du droit international », a-t-il soutenu.  Le droit international reconnaît au Président et au Vice-Président une immunité, a-t-il rappelé.  « Nous aimerions savoir sur quels textes la France se fonde pour agir en violation flagrante du droit international.  Nous aimerions savoir de quel crime de guerre ou de crime contre l’humanité il s’agit », s’est-il interrogé, avant de souligner qu’il incombe à tous les États de respecter les principes fondamentaux du droit international.


M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a estimé qu’en l’absence de définition claire de la compétence universelle, il existait un risque d’abus et d’application unilatérale, sélective et arbitraire de ce principe, créant ainsi des risques pour la stabilité, la démocratie et la paix internationales.  Le Kenya reconnaît et respecte la primauté des juridictions nationales en toutes circonstances et considère que la compétence extraterritoriale ne doit être invoquée que dans les cas où les juridictions nationales refusent ou ne sont pas en mesure d’exercer leur compétence.  Selon lui, certains États ne se préoccupent pas tant de combattre l’impunité en matière de crimes internationaux que d’user de la compétence universelle à des fins politiques et à l’aune du deux poids deux mesures.  Il a poursuivi en appelant à l’élaboration d’une vision commune en matière de compétence universelle afin de couper court aux suspicions de sélectivité qui sont de nature à remettre en cause l’état de droit au niveau international.


Le représentant a par ailleurs appelé à opérer une distinction entre le principe de compétence universelle et le travail de la Cour pénale internationale (CPI).  À cet égard, a-t-il indiqué, le Statut de Rome reconnaît la primauté des juridictions nationales dans la poursuite des auteurs de crimes d’une exceptionnelle gravité.  Il s’est élevé contre ce qu’il considère comme une application superficielle et erronée de ce Statut à l’égard du Kenya et a estimé que cette application était inappropriée à la qualité d’État partie à ce Statut.  Il serait malhonnête de prétendre que seule la morale a guidé la CPI dans l’examen de l’« affaire kényane », a-t-il jugé.  « Nous aimerions que la CPI agisse de manière juste et équitable dans le monde entier mais que pouvons-nous faire lorsque tout le monde, à l’exception de l’Afrique, est exempté du devoir de rendre des comptes? », a-t-il dit en citant le Président Uhuru Kenyatta.  Est-ce que la Cour est capable de rendre justice quand elle ne tient nullement compte des positions africaines? s’est-il interrogé avant de conclure.


M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho), s’associant aux déclarations du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des États d’Afrique, a noté qu’au cours de ces dernières années, le droit international s’est employé à faire avancer la lutte contre l’impunité.  Il a noté que la portée et les conditions d’application de la compétence universelle ont suscité de nombreuses discussions, mais qu’il n’existait toujours pas de définition précise sur la question.  « On a l’impression que ce principe est utilisé de façon sélective ».  La compétence universelle est un principe qui doit s’appliquer à titre exceptionnel.  « Nous estimons qu’il est important d’établir des normes internationales claires en la matière ».  Le principe de la compétence du droit légitime à l’immunité, a-t-il rappelé, en appelant à faire preuve de prudence en invoquant ce principe.


Pour le Lesotho, le principe de compétence universelle autorise les États à prendre des mesures pour poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, sans égard pour le lieu où le crime a été commis, ni de la nationalité du criminel ou de la victime.  De plus, aucun État ne saurait exercer cette compétence pénale pour un crime commis sur le territoire d’un autre État.  C’est pourquoi, a estimé le représentant, il faudrait faire une distinction claire entre ces crimes.  Il a ainsi salué les efforts réalisés par la Commission du Droit international (CDI) en ce qui concerne le lien qui pourrait exister entre la compétence universelle et l’obligation de poursuivre ou d’extrader.  Le représentant s’est déclaré en faveur de la poursuite des débats au sein de cette Commission.  «Nous devons recenser les questions sur lesquelles il existe un consensus et celles qui doivent continuer à être débattues ».  Le représentant du Lesotho a suggéré de poursuivre le dialogue au sein du Groupe de travail de la Sixième Commission.


M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a constaté que les États Membres n’avaient pas dans leur majorité cherché à mettre en œuvre le principe de compétence universelle pour des crimes différents, des crimes de guerre, des crimes contre la paix et des crimes contre l’humanité.  Pour le délégué, c’est aux juridictions nationales qu’il revient en premier lieu de poursuivre ces crimes.  La compétence universelle, en tant que principe subsidiaire, ne doit s’appliquer qu’en cas de défaillance des autorités judiciaires des États sur le territoire desquels ces crimes ont été commis.  Le représentant a estimé que le principe de compétence universelle était particulièrement important dans les populations touchées par des conflits armés ou sous occupation étrangère.  L’impunité peut, selon lui, être un obstacle à la paix et à la réconciliation et provoquer l’éruption de nouveaux conflits.  Avant de conclure, il a indiqué que sa délégation prenait note de la proposition de renvoyer l’examen de cette question devant la Commission du droit international.


M. SALVATORE ZAPPALA (Italie) a déclaré que la compétence universelle était un outil fondamental pour lutter contre l’impunité, ce qui en fait un instrument positif.  Un autre aspect positif est que certains États, tout en critiquant le principe de la compétence universelle qu’ils jugent inappropriée, semblent par ailleurs être en faveur d’une plus grande application de ce principe comme alternative à l’extradition par exemple.  « La coopération judiciaire est un aspect clef dans ce domaine. »  Le représentant a noté qu’en dépit des divergences de vues, un consensus large semble se dégager sur l’idée que ce principe pourrait avoir un rôle important à jouer lorsque les valeurs fondamentales de la communauté internationale ne sont pas respectées.  Il y a un nombre très important de crimes pour lesquels les traités codifiant le droit international ont incorporé le principe de la compétence universelle.


Le représentant a déclaré que la discussion très riche qui a eu lieu montre le grand besoin de procéder à un examen approfondi de la question de la compétence universelle.  « C’est un sujet qui implique des principe directeurs, à savoir le droit international, le droit pénal et la procédure pénale.  Le représentant de l’Italie a souligné que les suggestions faites par les délégations de la République du Liechtenstein et de la Suisse d’impliquer la Commission du droit international (CDI) pour l’examen de cette question sont positives.  La Sixième Commission en décidera en temps voulu, a-t-il dit.


Mme ATHIKARN DILOGWATHANA (Thaïlande) a estimé que la mise en œuvre de la compétence universelle était sans aucun doute un moyen efficace de lutter contre l’impunité.  Les actes de piraterie constituent le seul crime sur lequel il existe un consensus sur l’applicabilité de cette compétence universelle.  Cette absence de consensus laisse une marge de manœuvre aux États Membres et à une ambiguïté sur la définition de ces crimes qui peuvent offrir à leurs auteurs une impunité.  Elle a estimé que les auteurs de crimes de grande gravité doivent être poursuivis par les États sur le territoire sur lequel ces crimes ont été commis ou sur le territoire où se trouvent leurs auteurs. 


Par ailleurs, la représentante a affirmé qu’il était nécessaire d’opérer une distinction entre la compétence des tribunaux internationaux sur les crimes prévus par des traités tels que le génocide, la torture et l’esclavage et celle des tribunaux nationaux sur les crimes que le droit international coutumier considère comme tombant sous le coup de la compétence universelle.  Sa délégation se a cité une affaire rendue par la Cour international de Justicequi avait provoqué l’inquiétude de la communauté juridique internationale quant à la requalification de la portée et de l’application de l’immunité des hauts fonctionnaires.  La représentante a enfin rappelé que son pays attachait une grande importance à ce que la compétence universelle soit mise en œuvre sur le fondement de principes juridiques rationnels et non sur le fondement de considérations politiques.


M. DUNCAN LAKI MUHUMUZA (Ouganda), s’associant à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non alignés et celle faite au nom du Groupe des États d’Afrique, faisant référence aux déclarations prononcées jusqu’ici, a reconnu que le principe de compétence universelle était important en droit international.  De précisions doivent être apportées à l’application de ce principe au sein de la Sixième Commission  Le Lesotho estime que le groupe de travail chargé de l’examen de cette question au sein de la Sixième Commission doit poursuivre ces discussions, a-t-il déclaré.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les États dotés d’armes nucléaires défendent un désarmement étape par étape

AG/DSI/3482

Première Commission: les États dotés d’armes nucléaires défendent un désarmement étape par étape

18/10/2013
Assemblée généraleAG/DSI/3482
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

11e séance – après-midi


PREMIÈRE COMMISSION: LES ÉTATS DOTÉS D’ARMES NUCLÉAIRES

DÉFENDENT UN DÉSARMEMENT ÉTAPE PAR ÉTAPE


La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi cet après-midi son débat thématique sur les armes nucléaires en entendant une vingtaine de délégations.  Toutes ont rappelé l’objectif ultime d’une élimination totale des armes nucléaires.  Trois États dotés de l’arme nucléaire ont cependant insisté sur la nécessité d’un processus par étape, parallèle à la poursuite des efforts de non-prolifération.


« Seule une approche équilibrée du désarmement permettra de parvenir à l’objectif visé d’un monde exempt de ces armes », a souligné le représentant des États-Unis, tout en rappelant les initiatives bilatérales prises avec la Fédération de Russie qui ont mené à la réduction de leurs arsenaux nucléaires respectifs.  Se disant « conscient des appels de la communauté internationale », il a estimé que l’objectif d’un désarmement complet « ne pourra pas être réalisé du jour au lendemain, ni au cours d’une seule négociation ».


Dans son intervention, le représentant de la France a lui aussi défendu une approche graduelle.  Il a rappelé que le Programme d’action adopté par consensus lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 prévoyait cette évolution étape par étape. Conscient des obligations qui pèsent sur les puissances nucléaires, il a souligné que la France avait réduit de moitié le nombre de ses têtes nucléaires et maintenait son arsenal à son niveau le plus bas possible.  De manière « unilatérale et irréversible », elle a aussi fermé ses sites d’essais nucléaires et ses installations de production de matières fissiles, a-t-il encore précisé.


Comme son homologue des États-Unis, le représentant de la France a toutefois estimé que c’est la prolifération des armes nucléaires qui constituait aujourd’hui la menace la plus grave à la paix mondiale.  Les deux pays ont d’ailleurs appelé la République populaire démocratique de Corée à se conformer à ses obligations internationales, saluant par ailleurs les déclarations optimistes du nouveau Gouvernement iranien, mais attendant maintenant des actions concrètes pour les confirmer.


Autre puissance nucléaire, la Chine a également défendu une approche par étape, mais en estimant qu’il fallait d’abord créer des conditions favorables à cette fin.  Elles incluent en particulier le renoncement aux doctrines militaires de la dissuasion et la poursuite de la réduction des arsenaux américains et russes.  En matière de non-prolifération, la Chine a indiqué qu’elle poursuivrait aussi ses efforts en vue de ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), tout en respectant d’ici là le moratoire international existant.  Elle soutient également la création d’un instrument juridiquement contraignant sur la production de matières fissiles, a insisté son représentant. La France a défendu aussi le lancement de négociations pour un traité d’interdiction de production de matières fissiles, soulignant que le débat sur l’ordre des priorités avait déjà été tranché par le Plan d’action du TNP adopté en 2010 par consensus.


Dans son intervention, le Pakistan a contesté cette grille de lecture, estimant que la non-prolifération et le désarmement nucléaire allaient « de pair » et devaient « être poursuivis simultanément ».  « Se limiter à une approche dite graduelle n’est qu’un subterfuge visant à entraver la poursuite du désarmement nucléaire », a-t-il précisé, rejetant l’idée que des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles étaient prioritaires par rapport à celles concernant les trois autres points à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement (CD): convention d’interdiction des armes nucléaires, instrument juridique encadrant les garanties négatives de sécurité données aux États non dotés et limitation d’une course aux armements dans l’espace.


Contrastant avec les positions des États dotés, une quinzaine de délégations ont réaffirmé que la seule garantie contre l’usage intentionnel ou accidentel d’armes nucléaires était leur élimination totale.  Organisatrice de la première Conférence internationale sur les conséquences humanitaires de l’usage des armes nucléaires, à Oslo, en mars dernier, la Norvège a salué la création d’un Groupe d’experts intergouvernementaux chargé de lancer des discussions sur un traité sur les matières fissiles, en dépit de l’impasse qui règne à la Conférence du désarmement.


Le représentant du Bangladesh a pour sa part souligné le lien entre désarmement et développement humain, déplorant que des milliards de dollars soient dépensés dans l’entretien ou la modernisation des armes nucléaires, alors que deux tiers de la population mondiale vivent dans la pauvreté.  


De leurs côtés, les Pays-Bas, l’Espagne, le Kazakhstan, la Lituanie et le Bélarus, qui intervenait au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective, ont reconnu le caractère progressif du désarmement, estimant qu’il devait prendre en compte les impératifs stratégiques de toutes les parties. Tous ont néanmoins appelé à de nouvelles avancées, notamment via l’entrée en vigueur du Traité d'interdiction des essais nucléaires et la création d’un Traité d’interdiction de production des matières fissiles.


S’exprimant au nom du Groupe de réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, le Nigéria a plaidé quant à lui pour une diminution des capacités opérationnelles des armes nucléaires dans l’attente de nouvelles avancées sur la voie du désarmement.


Enfin, le Maroc, l’Iraq, la Thaïlande, Costa Rica et Surinam, qui s’exprimait au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), ont défendu, quant à eux, la création des zones exemptes d'armes nucléaires.  Ils ont souligné l’importance de voir la conférence initialement prévue en 2012 pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient se tenir dans les plus brefs délais.  La Thaïlande et le Surinam, qui font partie des ZEAN d’Asie du Sud-Est et d’Amérique Latine/Caraïbes, ont pour leur part insisté sur l’importance pour les États non dotés d’obtenir des garanties négatives de sécurité des puissances nucléaires, via un instrument juridique contraignant négocié au sein de la Conférence du désarmement et l’adhésion des États dotés aux protocoles et traités instaurant les ZEAN. 


La Première Commission reprendra ses travaux lundi 21 octobre, à 10 heures, en salle de conférence 3.


EXAMEN THÉMATIQUE DES QUESTIONS INSCRITES À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION SOUMIS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITE INTERNATIONALE


Déclarations


Mme KITTY SWEEB (Suriname), s’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a exprimé sa vive préoccupation devant les conséquences humanitaires de l’usage des armes nucléaires.  À cet égard, l’UNASUR salue les résultats de la Conférence d’Oslo sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, qui s’est tenue en mars 2013, et appelle tous les États à participer à la seconde Conférence organisée par le Mexique en février 2014, a-t-elle déclaré.


L’UNASUR estime qu’il est de l’intérêt légitime des États non dotés de voir les États dotés leur fournir des garanties claires et juridiquement contraignantes indiquant qu’ils n’utiliseront pas ou ne menaceront pas d’utiliser de telles armes.  À cet égard, le représentant a appelé à la négociation et à l’adoption, dans les plus brefs délais, d’un instrument universel et juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité.


L’UNASUR a par ailleurs réaffirmé que tous les États n’ayant pas signé le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), et plus particulièrement les puissances nucléaires, devaient le faire pour manifester leur volonté politique et leur engagement en faveur de la paix et de la sécurité.


En conclusion, le représentant a souligné que les pays membres de l’UNASUR, qui appartiennent à la première zone exempte d’armes nucléaires établie dans une région densément peuplée, exhortaient tous les États dotés à retirer leurs déclarations interprétatives concernant les Protocoles du Traité de Tlatelolco et souhaitaient la tenue de la conférence sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, qui n’a pas pu se tenir en 2012.


M. MANUEL B. DENGO (Costa Rica) a présenté, en sa qualité de Président, le rapport du Groupe de travail à composition non limitée chargé d’élaborer des propositions visant à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, aux fins de l’avènement définitif d’un monde sans armes nucléaires.  Le Groupe de travail, a-t-il rappelé, a été créé l’an dernier par la résolution 67/56 de l’Assemblée générale, qui avait notamment exprimé, par ce texte, sa profonde préoccupation au sujet des conséquences humanitaires catastrophiques de l’usage éventuel d’armes nucléaires.  Conformément aux dispositions de la résolution, le Groupe de travail s’est réuni en mai, juin et août 2013, à Genève, au cours d’une série de séances informelles, ainsi que d’un échange général de vues qui a fourni l’occasion aux délégations qui le souhaitaient de faire des déclarations formelles.  Le Groupe de travail a ainsi fait le bilan des engagements et des propositions en matière de désarmement, ainsi que des perspectives et des défis en la matière, a relevé M. Dengo, en précisant que le rapport, adopté par consensus, contenait une description factuelle du déroulement des réunions.


Le représentant du Costa Rica a estimé, à titre personnel, que le Groupe de travail n’a pas vocation à remplacer ou à constituer une alternative aux organes existants en matière de désarmement nucléaire. Le Groupe de travail a cependant eu un dialogue franc, ouvert à tous et transparent, sur la question du désarmement nucléaire et au sujet des négociations multilatérales ayant trait à cette question.  En outre, la réunion du Groupe de travail a permis un échange d’idées fructueux entre les participants, a-t-il souligné, en notant que la polarisation et les confrontations habituelles dans ce domaine ont pu être évitées.

En conclusion,  M. Dengo a salué la participation de représentants des organisations internationales, de la société civile et du monde académique qui ont contribué constructivement aux débats du Groupe de travail.


Mme JOY OGWU (Nigéria), au nom du Groupe de réduction du niveau de disponibilité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, a chiffré à 20 000 le nombre d’ogives nucléaires encore opérationnelles aujourd’hui dans le monde, constatant que, malgré une atténuation du climat tendu qui a prévalu pendant la guerre froide, les capacités opérationnelles des armes nucléaires n’avaient pas suivi.


Des États ont néanmoins déjà adopté des mesures initiales de réduction des taux d’alerte, a-t-elle précisé, saluant les mesures de révision annoncées par les États-Unis en début d’année.  Pour le groupe qui présente traditionnellement une résolution sur la réduction du taux d’alerte opérationnelle, des progrès dans la réduction des systèmes de ciblage et d’alerte opérationnelle serait un pas important, a indiqué la représentante, avant d’annoncer que cette année le groupe ne présenterait pas de projet de résolution. 


M. VLADIMIR GERASIMOVICH (Bélarus), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a déclaré que le retrait d’armes nucléaires des territoires du Bélarus, du Kazakhstan et de l’Ukraine était une contribution significative au désarmement nucléaire.  Cependant ces trois pays estimaient que le désarmement constituait un processus progressif qui devrait s’opérer dans le cadre d’une large consultation qui prendrait en considération les impératifs stratégiques de toutes les parties.    


M. JEAN-HUGUES SIMON-MICHEL (France), s’alignant sur la déclaration de l’Union européenne, a indiqué que la France estimait important de mettre en œuvre le plan d’action adopté par consensus à la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010.  Ce plan d’action est la « feuille de route » de la communauté internationale.  Cela signifie que les États dotés doivent être à la hauteur de leurs engagements, a-t-il assuré, précisant que la France avec ses partenaires du P5(les cinq puissances nucléaires) travaillaient en ce sens.


M. Simon-Michel a également affirmé que les P5 étaient résolus à promouvoir l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et continuaient de soutenir les négociations sur un Traité  interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.  La France soutient par ailleurs la création de zones exemptes d’armes nucléaires et a, dans ce cadre, déjà offert des garanties négatives de sécurité à plus d’une centaine d’États, a-t-il dit, soulignant qu’elle signera en outre, dès que possible, le Protocole au Traité de Bangkok, établissant une telle zone en Asie du Sud-Est.


Pour mettre en œuvre la feuille de route, en tant qu’État doté, la France est consciente de ses responsabilités particulières, a-t-il poursuivi.  Elle a unilatéralement et irréversiblement démantelé des sites d’essais nucléaires ainsi que des installations de production de plutonium et d’uranium.  Elle a également réduit de moitié le nombre de ses têtes nucléaires et d’un tiers sa composante océanique.  La France, qui n’a jamais participé à quelque course aux armements nucléaires, applique le strict principe de suffisance, c’est-à-dire qu’elle maintient son arsenal au plus bas possible, compatible avec le contexte stratégique, a expliqué le représentant. 


Par ailleurs, a estimé M. Simon-Michel, la mise en œuvre de la Feuille de route constituait également une responsabilité collective, qui engage tous les États parties au TNP.  Pour lui, le temps des discussions sur l’ordre des priorités pour les négociations sur le désarmement est passé, ce débat ayant été tranché par le Plan d’action du TNP adopté en 2010 par consensus.  Ce Plan est très clair  à cet égard, a-t-il ajouté, estimant de fait qu’il était urgent que la Conférence du désarmement adopte un programme de travail.  Remettre en cause la priorité accordée à la négociation sur un traité interdisant la production de matières fissiles revient à dévier de la voie tracée par la feuille de route, et donc prendre le risque d’une nouvelle perte de temps, a-t-il encore dit. 


De l’avis de la délégation française, le désarmement dépendait de la confiance mutuelle et de la perception générale de la sécurité et ne pouvait pas être décidé en faisant abstraction du contexte stratégique dans lequel le monde évolue.  Or, a affirmé M. Michel-Simon, la prolifération demeurait la menace la plus grave à la paix et à la sécurité internationales, assurant que son pays engagera tous les efforts pour renforcer la lutte contre la prolifération.  Dans ce contexte, la France a demandé à la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC) de mettre un terme à l’escalade et à sa rhétorique belliqueuse et s’est félicitée des déclarations du nouveau Président iranien, qui, selon lui, marquent une ouverture qui exige maintenant des gestes concrets pour ramener la confiance. 


M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a affirmé que l’on assistait à une érosion progressive du consensus sur le contrôle des armes et la non-prolifération, ainsi que sur les normes et les mécanismes de désarmement.  Il a cité notamment le refus exprimé par la plupart des États dotés de s’engager dans un désarmement complet, d’abandonner les doctrines militaires fondées sur les armes nucléaires, ou encore de sortir de l’impasse au sein de la Conférence du désarmement.


Pour le Pakistan, la non-prolifération et le désarmement nucléaire vont de pair et doivent être poursuivis simultanément.  « Se limiter à une approche dite graduelle n’est qu’un subterfuge visant à entraver la poursuite de l’objectif du désarmement nucléaire », a-t-il ajouté, rejetant ainsi l’idée selon laquelle la Conférence du désarmement doit d’abord lancer des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires, puis sur les trois autres points à son ordre du jour –convention d’interdiction des armes nucléaires, garanties négatives de sécurité aux États non dotés et limite à une course aux armements dans l’espace.


Rappelant l’existence d’un consensus sur le désarmement nucléaire et l’élimination totale des armes nucléaires, exprimé en particulier le 26 septembre dernier, à l’occasion de la première Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire au sein de l’Assemblée générale, le représentant s’est rangé derrière le Mouvement des non-alignés pour réclamer l’organisation d’une quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement nucléaire (SSO4). Il a conclu en indiquant que son pays présenterait un projet de résolution intitulée « Conclusion effective d’arrangements internationaux » pour assurer les États non dotés contre l’utilisation ou la menace d’utiliser l’arme nucléaire.


M. ABDUL HANNAN (Bangladesh) a réitéré la position « sans ambiguïté » de son pays sur les armes nucléaires: « elles ne rendent pas la vie des peuples plus sûres, elles les mettent en danger; elles sont incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies ».


Déplorant la poursuite d’une course aux armements des puissances nucléaires et le maintien d’arsenaux en dépit des efforts de désarmement de ces dernières décennies, le représentant a souligné que la seule garantie contre l’usage accidentel ou intentionnel des armes nucléaires était leur destruction totale.


Dans ce contexte, le représentant a exigé des garanties négatives de sécurité de la part des puissances nucléaires, soulignant qu’elles devaient être encadrées par un instrument juridique international contraignant négocié au sein de la Conférence du désarmement.  Il a regretté que l’impasse qui y règne empêche également le lancement de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


Au titre de la non-prolifération, le représentant a plaidé pour la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires, appelant à la création de telles zones en Asie du Sud et au Moyen-Orient.  Il s’est par ailleurs prononcé pour une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité à cette fin.


En conclusion, le représentant a souligné le lien entre désarmement et développement social et économique, déplorant que des milliards de dollars soient dépensés dans l’entretien ou la modernisation des armes nucléaires, alors que deux tiers de la population mondiale vivait dans la pauvreté.  


M. JEFFREY EBERHARDT (États-Unis) a déclaré que seule une approche équilibrée sur le désarmement nucléaire permettrait de parvenir à l’objectif visé d’un monde exempt de ces armes, comme l’a souligné le Président Barack Obama en début de l’année à Berlin.  Cela exige un renforcement du régime global de non-prolifération, ainsi que des progrès sur les questions de désarmement, a-t-il dit.


La méthode « étape par étape » a prouvé son efficacité en matière de désarmement, de stabilité et de respect des obligations internationales, a souligné le représentant, se déclarant conscient des appels à un changement de paradigme sur cette question.  Pour les États-Unis, toutefois, qui poursuivent un objectif de désarmement, la vérité est qu’il ne pourra pas être réalisé du jour au lendemain, ni au cours d’une seule négociation.  Les appels à un désarmement immédiat et total, en dépit de leur sincérité, ne sont pas réalistes, a-t-il précisé, de même que la création d’un nouveau mécanisme de désarmement au sein des Nations Unies n’est pas soutenable.  Cet organe serait confronté aux mêmes défis politiques que ceux que connaissent les mécanismes actuels, a estimé M. Eberhardt.


En tant que puissance nucléaire, les États-Unis reconnaissent pleinement leurs responsabilités.  Avec leurs homologues de la Fédération de Russie, ils continuent avec succès de mettre en œuvre le Traité START sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs et ils entendent poursuivre, avec leurs alliés de l’OTAN, la réduction en Europe des armes non stratégiques déployées ou non.


Le délégué a assuré que son pays ne développait pas de nouvelles armes nucléaires et ne poursuivait aucune mission nucléaire; au contraire, il avait œuvré à la création de zones exemptes d’armes nucléaires et comprenait le besoin de garanties de sécurité négatives pour les pays non dotés.


Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, les États-Unis travaillent à la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de son programme d’action.  Ils travaillent aussi avec la République islamique d’Iran, la République arabe syrienne et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour résoudre  les questions en suspens conformément aux dispositions du TNP.  Les États-Unis travaillent également à la réduction de leurs stocks de matières fissiles, notamment avec les autres pays détenteurs d’armes nucléaires.  C’est ainsi que, suite à un accord avec la Fédération de Russie, mon pays s’est engagé à détruire de façon vérifiable 34 tonnes métriques de plutonium, permettant de fabriquer 17 000 armes nucléaires, a conclu le représentant. 


M. STEN ARNE ROSNES (Norvège) a rappelé que son pays avait organisé une Conférence à Oslo sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, à laquelle 128 États avaient participé conjointement avec des organisations humanitaires, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les représentants de la société civile.  La principale conclusion de cette Conférence a été qu’aucun État ou organe international ne pouvait à lui seul être capable de répondre de manière adéquate ou significative à une urgence humanitaire causée par une détonation d’arme nucléaire, a expliqué le représentant.  Il a ajouté que les conséquences de l’emploi de telles armes traverseraient les frontières et auraient des conséquences régionales et mondiales.


La Norvège salue la création d’un Groupe d’experts intergouvernementaux sur un traité visant l’interdiction de la production de matières fissiles, a-t-il indiqué, affirmant que l’interdiction de la production de matières fissiles tournée vers la production d’armes serait un message fort pour faire comprendre que le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité doit être fortement réduit.


S’agissant du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, le représentant a souligné le paradoxe consistant à ce que ce texte soit soutenu par 150 États mais toujours pas entré en vigueur.  La Norvège maintient qu’un régime hautement crédible de non-prolifération est essentiel pour aller vers un monde exempt d’armes nucléaires, et appelle à cet égard à une adhésion universelle aux garanties globales et au Protocole additionnel de l’AIEA, a-t-il poursuivi.


En conclusion, le représentant a exhorté l’Iran à résoudre toutes les questions en suspens qui concernent son programme nucléaire passé ou présent, et d’honorer pleinement ses obligations au regard du TNP.


M. ISRAIL TELIGEN (Kazakhstan) a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires restait la pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération.  Il a déploré toutefois que le désarmement nucléaire reste « une aspiration plus qu’une réalité », citant le blocage au sein de la Conférence du désarmement, la poursuite de la modernisation des arsenaux nucléaires, la persistance de doctrines militaires fondées sur l’arme nucléaire ou encore le manque de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) qui empêchent son entrée en vigueur.


Réitérant l’engagement de son pays dans le désarmement et la non-prolifération, le représentant a rappelé que le Kazakhstan proposait d’accueillir une banque internationale de matières fissiles.  Fervent opposant aux essais nucléaires, il a souligné que son pays avait accueilli quatre exercices de simulation de détection d’essai menés par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, en 1999, 2002 et 2005.  Fort de cette expérience, il a offert l’assistance de son pays aux autres États qui participent au développement du système de surveillance international.


Le représentant a conclu en rappelant la création par le Traité de Semipalatinsk de 2006 d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Asie centrale incluant aussi le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan.  Qualifiant ces ZEAN d’outils indispensables à la non-prolifération, le représentant a demandé de nouveaux efforts pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient, souhaitant que la Conférence prévue en 2012 mais reportée se tienne au plus vite, avant la fin de 2013.


M. RAIMONDA MURMOKAITÉ (Lituanie) a rappelé qu’en tant qu’État non doté, son pays considérait les mesures de confiance, la transparence réciproque et les mécanismes de vérification effective comme faisant partie intégrante du contrôle des armes nucléaires et du processus de désarmement.  Le représentant a en outre plaidé en faveur d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, tout en rappelant l’importance du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires.  À cet égard, la Lituanie appelle tous les États parties qui ne l’ont pas fait à  signer et ratifier ce Traité sans conditions et sans plus attendre, a-t-il dit.


Le représentant a par ailleurs évoqué la question de la non-prolifération nucléaire.  Cette question et le désarmement nucléaire constituent deux faces d’une même pièce, a-t-il précisé.  La Lituanie souligne que le terrorisme représente la menace la plus sérieuse à la sécurité internationale dans la mesure où le risque de voir des acteurs non étatiques s’emparer de matériel nucléaire et de sources radioactives ne va pas en diminuant.


En conclusion, le représentant a souligné que son pays resterait activement impliqué dans la coopération avec ses partenaires pour renforcer la coopération internationale et faire progresser la sécurité nucléaire dans la région et à travers le monde.


M. BOUCHAIB EL OUMNI (Maroc) a rappelé que les armes nucléaires étaient « les seules armes de destruction massive qui n’ont pas fait l’objet d’une interdiction via un instrument juridique international ».


Il a déploré que les mécanismes de désarmement n’aient pas permis de progrès dans ce sens, ajoutant encore que le Traité de non-prolifération des armes nucléaires n’était pas complètement appliqué et que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’était pas entré en vigueur.


Revenant sur le Programme d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010, le représentant a regretté là encore sa non-application.  Il a cité en particulier l’absence de mécanismes pour vérifier le désarmement nucléaire des États dotés qui doit être à son avis transparent, irrévocable et vérifiable.  Il a également déploré le report de la conférence prévue en 2012 pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


Rappelant qu’un consensus sur le désarmement nucléaire complet avait été atteint lors de la première réunion de haut niveau sur le désarmement organisée le 26 septembre par l’Assemblée générale, le représentant du Maroc a estimé que « le statu quo n’était pas tolérable ».  Il a appelé à de nouvelles avancées vers l’objectif ultime de l’élimination totale des armes nucléaires au travers de négociations pour une convention d’interdiction des armes nucléaires.


Le représentant a toutefois salué les progrès enregistrés dans la non-prolifération, en particulier « les efforts herculéens de l’Agence internationale de l’énergie atomique ».  Il a appelé les États à poursuivre leur coopération avec l’Agence, soulignant aussi son travail pour empêcher que des armes nucléaires ne tombent aux mains d’organisations terroristes.


M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas), citant Albert Einstein, a déclaré ne pas savoir avec quelles armes les hommes se battront dans la troisième guerre mondiale. Mais pour la Quatrième, ils utiliseront des lances et des pierres. Einstein faisait ainsi allusion à la puissance dévastatrice des armes nucléaires, a précisé le représentant.  C’est cela qui rend le désarmement un processus important, a-t-il dit, estimant qu’il pouvait être progressif et prendre des aspects bilatéraux ou multilatéraux. Tout en se félicitant que les grandes puissances se réunissent désormais plus régulièrement pour examiner cette question, le représentant a demandé que les autres États soient informés sur les progrès obtenus lors des  négociations informelles à la Conférence du désarmement. 


Il s’est également félicité des négociations en cours sur le programme nucléaire iranien.  C’est à la République islamique d’Iran de jouer maintenant, a-t-il dit.  Il a aussi condamné le troisième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), invitant les autorités de ce pays à assurer le retour des inspecteurs de l’AIEA sur leur territoire.  Ces situations montrent l’urgence de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a conclu le représentant des Pays-Bas.


Mme KARNTIMON RUKSAKIATI (Thaïlande) s’est félicitée de la tenue de la première Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire à l’Assemblée générale, le 26 septembre.  Elle a souhaité que le consensus qui s’en est dégagé revitalise les engagements de la communauté internationale vers un désarmement nucléaire total et des avancées dans la négociation d’un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


Qualifiant le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « d’élément clef » dans la progression vers un monde sans armes nucléaires, la représentante a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte pour permettre son entrée en vigueur.


Soulignant que la Conférence du désarmement était le seul organe de négociations multilatérales du désarmement, elle a salué les efforts déployés par le Groupe de travail à composition non limitée chargée de relancer les travaux de la CD.  Elle a plaidé pour le lancement immédiat de négociations en vue de la création d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


Estimant que les mécanismes régionaux, dont la création de zones exemptes d’armes nucléaires, jouaient un rôle important dans la réalisation de l’objectif ultime de désarmement nucléaire, elle a appelé à l’organisation de la Conférence initialement prévue en 2012 pour l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient. Évoquant la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est à laquelle la Thaïlande appartient, elle a appelé les puissances nucléaires à adhérer au Protocole du Traité de Bangkok organisant les garanties négatives de sécurité offertes aux membres de la ZEAN.


M. OBAY N. AL-TAII (Iraq) a estimé que les armes nucléaires ne pouvaient assurer la sécurité de personne et affirmé que son pays était conscient du fait que la création de zones exemptes d’armes nucléaires pouvait représenter une étape transitoire vers le désarmement nucléaire.  C’est la raison pour laquelle la création d’une telle zone au Moyen-Orient passerait aussi par des étapes, comme l’adhésion d’Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a souligné le représentant. 


Cette étape est d’autant plus importante que la création de cette zone bénéficie du soutien de la grande majorité des États Membres de l’ONU, a observé le représentant, indiquant que la paix et la sécurité au Moyen-Orient supposaient l’élimination complète des armes de destruction massive, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et avec le Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Toute tentative et effort de s’y opposer ne fait que saper l’autorité du régime de non-prolifération dans son ensemble, a-t-il conclu.  


Mme MARIA VICTORIA GONZÁLEZ ROMÁN (Espagne) a défendu « une démarche pragmatique » dans le désarmement nucléaire, avec « des mesures graduelles, prudentes et constantes, qui favorisent la confiance mutuelle et permette d’avancer l’objectif ultime du désarmement complet ».


Elle a rappelé l’engagement de son pays pour application totale du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, défendant son caractère universel et réclamant la mise en œuvre du Programme d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010.


Abordant l’enjeu de la non-prolifération, elle a estimé qu’il existait aujourd’hui « des défis importants », avec les crises au Moyen-Orient et en Asie, qui « ont exacerbé les tensions et créé un climat de méfiance ».


Dans ce contexte, elle a rappelé le rôle essentiel joué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour vérifier la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, appelant la République islamique d’Iran et la République populaire démocratique de Corée à respecter leurs obligations internationales.  Se félicitant des déclarations encourageantes du nouveau Gouvernement iranien, elle a souhaité que « ces premiers pas permettent d’avancer sur la voie des négociations afin de créer un climat de confiance propice » à la résolution diplomatique de cette crise.  Elle a en revanche regretté que l’AIEA n’ait pas été en mesure de faire le point sur les capacités nucléaires exactes de la Syrie.


Soutenant un renforcement du régime de non-prolifération, la représentante a plaidé pour une entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires, appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte à cette fin.  Quant au Traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires, elle a apporté son appui au Groupe d’experts gouvernementaux constitué pour lancer des discussions de manière informelle dans la perspective de négociations.


Enfin, qualifiant « d’essentielle » la création des zones exemptes d’armes nucléaires pour renforcer le régime de non-prolifération, elle a appelé à l’organisation de la conférence initialement prévue en 2012 pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient.


M. ZHANG JUNAN (Chine) a observé que la communauté internationale mettait progressivement en œuvre le document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010.  Le processus pour parvenir à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires est encore long, a-t-il reconnu, mais c’est un processus qu’il faut respecter.  Les États dotés ont une responsabilité particulière en la matière, a-t-il poursuivi.


Afin d’atteindre cet objectif ultime, la communauté internationale devrait mettre sur pied un programme, comportant des étapes précises, a-t-il indiqué, estimant qu’il fallait d’abord créer des conditions favorables au désarmement, renoncer à la doctrine de la menace ou de la première utilisation de l’arme nucléaire, en particulier sur des États non dotés, et enfin tendre vers une universalisation des instruments internationaux relatifs au désarmement.


En ce qui la concerne, la Chine a renoncé à la doctrine de la première utilisation ou de menace sur un État non doté, a-t-il affirmé.  La Chine, qui n’a jamais participé à la course aux armements, ni déployé des armes nucléaires hors de son territoire maintient ses capacités nucléaires au plus bas niveau possible, a assuré son représentant.  La Chine est en outre en faveur d’un instrument juridiquement contraignant concernant l’interdiction de production de matières fissiles et a toujours soutenu la création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment en Asie du Sud-Est, en Asie centrale et au Moyen-Orient.


La Chine, qui organisera la prochaine réunion des cinq puissances nucléaires (P5) en avril prochain, reste disposée à travailler avec ses partenaires pour atteindre l’objectif ultime de la communauté internationale, a conclu son représentant. 


M. ALVARO MENDONCA E. MOURA (Portugal) a déclaré que l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et sa mise en œuvre complète étaient les seules voies pour parvenir à un désarmement complet.  Malheureusement, la menace de la prolifération reste réelle, notamment en raison des doutes sur les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, a-t-il observé.  Les négociations sur le programme nucléaire iranien qui ont lieu à Genève sont encourageantes, a-t-il néanmoins reconnu, précisant qu’il était plus important que jamais de garantir les mesures de vérification de l’AIEA.


Le représentant a également estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires était, dans ces conditions, une étape importante.  En attendant cette entrée en vigueur, les États doivent adopter un moratoire sur les essais nucléaires et sur la production de matières fissiles et des essais, a-t-il dit. 


Droit de réponse


Exerçant son droit de réponse, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a observé que les États-Unis ont une fois de plus omis dans leur déclaration d’évoquer la nucléarisation de la péninsule coréenne. La RPDC souhaite pour sa part de dénucléariser la région, mais la position agressive américaine l’en empêche, a-t-il affirmé.  Le représentant a également déclaré que la péninsule coréenne ne constituait pas un précarré de l’Union européenne.  Par conséquent, la RPDC rejette toutes les résolutions politiquement motivées déposées par ce groupe d’États, a conclu son représentant.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: le nombre de cas traités par le système de justice interne de l’ONU traduit une mauvaise gestion des relations entre supervisés et superviseurs

AG/AB/4077

Cinquième Commission: le nombre de cas traités par le système de justice interne de l’ONU traduit une mauvaise gestion des relations entre supervisés et superviseurs

18/10/2013
Assemblée généraleAG/AB/4077
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                             

8e séance – après-midi                                     


CINQUIÈME COMMISSION: LE NOMBRE DE CAS TRAITÉS PAR LE SYSTÈME DE JUSTICE INTERNE DE L’ONU TRADUIT UNE MAUVAISE GESTION DES RELATIONS ENTRE SUPERVISÉS ET SUPERVISEURS


Le nombre élevé des affaires traitées par le nouveau système d’administration de la justice à l’ONU traduit une mauvaise gestion des relations entre les supervisés et les superviseurs, a prévenu aujourd’hui le représentant de Fidji devant la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires. 


La Commission examinait l’efficacité d’un système mis en place le 1er juillet 2009 pour les quelque 75 000 fonctionnaires de l’ONU.  Le système dit formel comprend le Tribunal du contentieux administratif et le Tribunal d’appel.  Mais avant de saisir les Tribunaux, tout fonctionnaire, qui souhaite contester telle ou telle décision non disciplinaire, doit demander un contrôle hiérarchique auprès du Groupe du contrôle hiérarchique, qui peut vider un grief et éviter les contentieux inutiles.


Or en 2012, le Tribunal du contentieux administratif a été saisi de 258 nouvelles affaires, même si c’est une baisse par rapport à 2011, et le Tribunal d’appel, de 142 nouvelles affaires, une hausse par rapport à l’année précédente.  Pourtant, s’est étonnée la représentante du Japon, la solution consistant à régler les conflits par un mécanisme informel comme le Bureau de l’Ombudsman a l’avantage d’être moins pénible, moins passionnée et moins stressante. 


Son homologue de Fidji a tenté une explication: le nombre élevé des affaires traitées traduit une mauvaise gestion des relations entre les supervisés et les superviseurs, a-t-il dit, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Son homologue des États-Unis a imputé cette « culture procédurière » au fait que l’ONU ne dispose pas d’un système efficace pour évaluer la performance d’un employé. 


C’est le système d’évaluation des performances qui doit être complété par un système d’administration de la justice et non l’inverse, a insisté le représentant, en craignant qu’à terme l’ONU ne devienne complètement ingérable.  Le représentant a cité les problèmes qui émergent de l’évaluation des performances comme un sentiment d’injustice et d’abus chez les supervisés et l’impression, chez les superviseurs, qu’ils n’ont pas les outils nécessaires pour faire des évaluations honnêtes.  


L’idée de réexaminer tout le système formel d’administration de la justice, qui, selon les mots du représentant fidjien, ne réussit pas à apaiser les tensions entre superviseurs et supervisés, a été appuyée par le représentant américain.  Avec son homologue de la Suisse, il a appelé à une évaluation indépendante, en doutant d’emblée des compétences en la matière du Corps commun d’inspection et du Comité des commissaires aux comptes.  Le représentant américain a dit attendre du Secrétaire général une proposition sur un panel indépendant qui pourrait être financé dans les limites des ressources disponibles.


À propos des contraintes budgétaires, les représentants américain et suisse ont soutenu l’idée de financer le Bureau d’aide juridique au personnel par un prélèvement sur le salaire mensuel des fonctionnaires.  Cette structure dédiée au personnel doit être financée par le personnel, a insisté le représentant américain, en disant ne pas comprendre pourquoi le Secrétaire général affirme qu’il serait dans l’intérêt des États Membres de prendre en charge cette structure.  Son homologue du Japon s’est dit prêt à parler du financement et du mandat du Bureau qu’il a trouvé essentiels.


La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


ADMINISTRATION DE LA JUSTICE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (A/68/346, A/68/158, A/68/306 et A/68/530)


Présentation et débat général


La Commission était saisie du Rapport du Secrétaire général sur l’administration de la justice à l’ONU ( A/68/346), du Rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies (A/68/158), du Rapport du Conseil de justice interne sur l’administration de la justice à l’ONU ( A/68/306), et du Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur ces trois derniers rapports(A/68/530).


Ces différents rapports rappellent que l’Assemblée générale a institué un système d’administration de la justice indépendant, transparent, professionnalisé, doté de ressources suffisantes et décentralisé, qui obéisse aux règles applicables du droit international ainsi qu’aux principes de la légalité et du respect des formes régulières, et qui permette de faire respecter les droits et obligations du fonctionnaire et d’amener responsables et fonctionnaires à répondre également de leurs actions.


Le système, qui est devenu opérationnel le 1er juillet 2009, comprend le Tribunal du contentieux administratif et le Tribunal d’appel, épaulés tous deux par le Bureau de l’administration de la justice.  Mais avant de saisir les tribunaux, tout fonctionnaire qui souhaite contester telle ou telle décision non disciplinaire doit demander un contrôle hiérarchique auprès du Groupe du contrôle hiérarchique du Département de la gestion ou auprès de l’entité compétente en la matière au sein des fonds et programmes administrés séparément.  Le contrôle hiérarchique est l’occasion pour l’administration de vider tel grief si possible et d’éviter tout contentieux inutile.


Pour garantir l’indépendance, le professionnalisme et la responsabilisation du système d’administration de la justice, l’Assemblée a aussi institué le Conseil de justice interne qui établit chaque année un rapport sur ce système et des listes de candidats au poste de juge. Le Conseil réfléchit aussi à la manière de renforcer la contribution qu’il apporte au système.  Il est composé de cinq membres, à savoir deux éminents juristes externes (nommés l’un par le personnel et l’autre par l’Administration), un représentant du personnel, un représentant de l’Administration et un éminent juriste choisi par les quatre autres membres pour présider le Conseil.  Les personnes appelées à siéger sont officiellement nommées par le Secrétaire général.


Enfin le Bureau des services d’ombudsman et de médiation est perçu comme un système informel de règlement des différends.  L’Ombudsman a pour vocation de rendre compte des grands problèmes d’ordre structurel qu’il décèle ou qui sont portés à son attention, afin de promouvoir l’harmonie sur le lieu de travail.  Il détecte ces problèmes structurels de manière suivie, en informe les principaux intervenants et partenaires au sein de l’Organisation et, sur la base des observations effectuées, il formule des recommandations.


Dans ses conclusions, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB)constate que depuis la création du nouveau système d’administration de la justice, le nombre de dossiers dont ses différentes composantes ont été saisies a augmenté d’année en année mais que les statistiques pour 2012 pourraient laisser supposer une inversion partielle de cette tendance.  Le Comité compte sur le Secrétaire général pour continuer de recueillir des données afin de suivre les évolutions.


En attendant, il constate une disparité du nombre de recours accueillis en tout ou partie, selon qu’ils sont formés par le Secrétaire général ou par des fonctionnaires.  Comme ils semblent plus nombreux à être accueillis lorsqu’il s’agit du Secrétaire général, le CCQB demande à ce dernier de déterminer les causes de cette disparité.


S’agissant de l’institutionnalisation des bonnes pratiques de gestion qu’a demandée l’Assemblée générale, le CCQABmet en avant l’importance des recueils pratiques établis à l’intention des membres du personnel d’encadrement concernant la jurisprudence du Tribunal et espère qu’ils auront des répercussions concrètes sur le comportement de ces derniers.


Quant aux évaluations indépendantes intermédiaires de la procédure formelle d’administration de la justice, suggérées par l’Assemblée générale, le CCQAB se dit d’avis qu’une évaluation indépendante intermédiaire du système est souhaitable.  Il précise que toute évaluation sur le fonds doit inclure un examen de l’évolution de la jurisprudence des tribunaux, ainsi qu’une analyse du développement de cette jurisprudence. L’évaluation doit également inclure une analyse de la façon dont les activités des Tribunaux sont organisées et menées dans les différents lieux d’affectation.


Quant à l’organe chargé de mener l’évaluation, le CCQAB juge qu’en l’état actuel de son programme de travail et de ses ressources, le Corps commun d’inspection risque d’avoir des difficultés à mener cette évaluation.  Il relève par ailleurs, en ce qui concerne le Comité des commissaires aux comptes, que celui-ci n’a sans doute pas un mandat assez large pour être à même de traiter tous les aspects de l’évaluation envisagée.  Il estime qu’un cadre d’évaluation incluant des juristes serait considéré comme plus crédible et mieux fondé mais il reconnaît qu’une évaluation de ce type aurait des conséquences financières.


Ayant examiné les diverses formules envisagées pour le financement du Bureau d’aide juridique au personnel, le CCQAB se dit d’avis que la formule consistant à prélever une cotisation chaque mois sur le traitement, assortie d’une « clause dérogatoire », est la plus réaliste, étant donné qu’elle prévoit des cotisations du personnel au titre de la représentation juridique, tout en laissant auxdits fonctionnaires, s’ils le souhaitent, la possibilité de ne pas cotiser et celle de rétablir ultérieurement leur participation.


S’agissant du projet pilote sur la possibilité de déléguer des pouvoirs en matière disciplinaire hors du Siège, le CCQAB convient qu’il est préférable de différer de deux ans sa mise en oeuvre pour voir si d’autres initiatives en cours permettraient d’atteindre des objectifs similaires.


Enfin, le CCQAB trouve qu’il serait avisé d’accorder aux juges les privilèges et immunités prévus à la Convention des Nations Unies pour leur permettre de s’acquitter sans entrave des devoirs de leur charge.  Par contre, compte tenu de leurs conditions d’emploi, il estime qu’il n’y a pas lieu de recommander une modification de leur rang, de Directeur à Sous-Secrétaire général.


M. PETER THOMSON (Fidji), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que le règlement informel des conflits reste essentiel dans le système d’administration de la justice pour « éviter d’avoir inutilement recours aux phases contentieuses proprement dites ».  Pour le Groupe des 77 et la Chine, a-t-il dit, le paramètre essentiel d’un bon fonctionnement du système formel d’administration de la justice est la forte réduction des délais de règlement des affaires.  Le temps moyen de traitement des affaires par le Tribunal du contentieux administratif est passé de 5 ans dans l’ancien système à peu près 12 mois, a dit M. Thomson.


La diminution partielle des nouvelles affaires reçues par le Groupe du contrôle hiérarchique et le Tribunal du contentieux « indique que le nouveau système d’administration de la justice atteint ses objectifs et qu’il bénéficie de la confiance de ses clients », a souligné le représentant.  Il a nuancé ses propos en estimant que « le succès du système actuel, qui pourrait expliquer la hausse des demandes soumises, traduit aussi une mauvaise gestion des relations entre les membres du personnel et les administrateurs », alors que l’Assemblée n’a cessé d’insister sur le fait que le nouveau système doit « avoir un impact positif sur ces rapports ».


Intervenant aussi au nom du Liechtenstein, M. MATTHIAS DETTLING (Suisse) a estimé que la séparation des pouvoirs et l’indépendance des tribunaux étaient indispensables pour garantir un système d’administration de la justice fonctionnel et efficace.  Il a jugé important de garantir des voies de recours efficaces à tout moment, et un niveau et une répartition appropriés des ressources au sein du système, tout comme un juste équilibre entre les mesures incitatives et dissuasives.  L’efficacité des systèmes formel et informel d’administration de la justice est étroitement corrélée à une saine gestion des ressources humaines, a ajouté le représentant suisse avant de rappeler que la plupart des dossiers dont sont saisis ces systèmes ont trait à des questions de nominations et de cessation de service. 


Il va sans dire que les améliorations apportées dans ce secteur doivent s’accompagner d’autres améliorations dans le domaine de la gestion des ressources humaines, a-t-il ajouté.  Le représentant a noté qu’après quatre années d’existence, ce nouveau système mériterait d’être soumis à une évaluation indépendante intermédiaire.  Il a ajouté que le cahier de charge de cette évaluation devrait aussi prendre en compte l’étendue du système actuel, la relation entre le système formel et informel, ainsi que la jurisprudence des tribunaux.  Nous devrons également nous assurer que les personnes qui réaliseront l’évaluation disposent des compétences requises, a-t-il prévenu, précisant que ni le Corps commun d’inspection, ni le Comité des commissaires aux comptes ne seraient idéalement équipés pour cette tâche. 


Le représentant a par ailleurs relevé que la nécessité de maintenir en poste les juges ad litem pour une année supplémentaire a toujours été justifiée par le nombre de dossiers traités.  Il a souhaité que la Commission puisse effectuer une prorogation de deux ans, afin de donner davantage de stabilité au système, tout en soulageant un peu plus les États Membres.  Il a rappelé que les poursuites abusives avaient un impact négatif sur l’administration de la justice puisqu’elles accaparent des ressources destinées aux procédures légitimes.  Il a, de ce fait, salué les trois options proposées par le Conseil de justice interne pour éviter les demandes futiles qui aboutissent à un détournement du système. 


Il a en outre évoqué les attributions inhérentes au Bureau de l’aide juridique au personnel et a suggéré que les fonctionnaires partagent les coûts du Bureau avec les États Membres, notamment par des retenues automatiques sur leur salaire mensuel.  Il a enfin dit la préoccupation de la Suisse et du Liechtenstein face aux différends impliquant des non-fonctionnaires.  Notant qu’elles sont rares, il a tout de même souhaité apprendre davantage sur la nature de ces différends ainsi que sur les pratiques en place pour les éviter ou les atténuer, notamment en l’absence de voies de recours efficaces.


Mme ERIKO YAJIMA KOYAMA (Japon) a estimé que la solution consistant à régler les conflits par un mécanisme informel et à un stade précoce a l’avantage d’être moins pénible, moins passionné et moins stressant pour les membres du personnel et les administrations.  Elle a particulièrement salué les activités de sensibilisation du Bureau de l’Ombudsman et encouragé le Secrétaire général à diffuser plus largement les pratiques de référence pour prévenir sur les lieux de travail.  Elle a fait sien l’avis du CCQAB sur la nécessité de mener une évaluation indépendante intermédiaire du système formel d’administration de la justice.  Elle a exprimé sa volonté de débattre non seulement du financement du Bureau de l’aide juridique au personnel mais aussi de son mandat. 


M. THEODORE STRICKLAND (États-Unis) a déclaré que le système d’administration de la justice est un élément essentiel de la gestion des ressources humaines, en particulier dans la mesure où il est lié à l’évaluation des performances.  Après avoir cité des améliorations notables du nouveau système depuis sa mise en œuvre il y a quatre ans, il a dit que ce système a permis à l’ONU d’appliquer des normes du XXIe siècle qui devraient avoir des incidences positives sur la transparence, l’équité, l’efficacité et la responsabilisation du personnel.  Malgré les progrès constatés, le représentant a fait plusieurs critiques.  Il a d’abord voulu que les deux Tribunaux ne s’arrogent des pouvoirs que leur mandat ne leur donne pas. 


Il a ensuite voulu que leur recours aux principes généraux du droit et de la Charte des Nations Unies demeure conforme aux mandats de l'Assemblée générale.  Il a enfin demandé que l’on essaie de régler les questions liées à l’évaluation des performances avant leur envoi au système d’administration de la justice.  Malheureusement, a-t-il dit avoir constaté, une culture procédurière s’est imposée aux Nations Unies, compte tenu de l’absence d’un système efficace d’évaluation des performances. 


Mais le représentant s’est surtout dit intéressé par une évaluation indépendante de tout le système formel d’administration de la justice, de ses performances et de ses impacts sur la responsabilisation et la transparence à l’ONU.  Sans pour autant nier l’importance du CCI pour le contrôle des activités de l’ONU, il a émis de sérieux doutes sur la capacité du CCI de mener une telle évaluation indépendante.  Nous voudrions, a-t-il dit, voir comment le Secrétaire général pourrait créer un panel indépendant tout en restant dans les limites des ressources disponibles.  


Il a aussi voulu savoir pourquoi le Secrétaire général estime qu’il est dans l’intérêt de l’Organisation qu’elle continue de prendre entièrement à sa charge le financement du Bureau d’aide juridique au personnel.  Cette structure dédiée au personnel devrait être financée par ledit personnel.  Il a donc appuyé l’idée de le financer par un prélèvement sur le traitement de base des fonctionnaires.   


Le représentant s’est dit particulièrement inquiet des questions liées à l’évaluation des performances: un manque de directives, unereconnaissance insuffisante du travail du personnel, un sentiment d’injustice et d’abus et une impression que les superviseurs n’ont pas les outils pour donner un avis ouvert et honnête aux supervisés.  Un bon système d’administration de la justice doit être un système qui résout, de manière constructive, les différends liés au travail entre les supervisés et les superviseurs et qui complète un système efficace d’évaluation des performances. 


Il a ajouté qu’un tel système est indispensable pour une gestion des ressources humaines efficace de nature à ragaillardir le personnel et à améliorer le rendement de l’Organisation.  Or, le système actuel compromet la réalisation de cet objectif.  Si les insuffisances du nouveau système ne sont pas corrigées l’Organisation risque de devenir difficile à gérer, a estimé M. Strickland.


Mme NOEMI TAN DIAZ (Philippines) a dit attendre du nouveau système d’administration de la justice une « meilleure clarté » dans la résolution des conflits et une réduction des délais dans le traitement des affaires.  La clarté et la simplicité du langage dans les règles, règlements et termes des contrats sont essentielles, a-t-elle insisté, pour éviter les conflits.  Préoccupée par le financement du Bureau de l’aide juridique au personnel et par les questions liées à l’accès des personnes handicapées au lieu de travail, elle a exigé du Secrétariat un environnement de travail conforme à la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Elle s’est aussi inquiétée du manque apparent de spécialisation du Bureau de l’ombudsman et face à toutes ces lacunes, elle s’est prononcée en faveur d’une évaluation indépendante intermédiaire du système formel, qui serait d’autant plus opportune que l’année prochaine marquera le cinquième anniversaire du nouveau système.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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