L’Assemblée générale élit 18 membres de l’ECOSOC et nomme 5 pays au Comité du programme et de la coordination

AG/11446

L’Assemblée générale élit 18 membres de l’ECOSOC et nomme 5 pays au Comité du programme et de la coordination

30/10/2013
Assemblée généraleAG/11446
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                        

Soixante-huitième session                                  

40e séance plénière - matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ÉLIT 18 MEMBRES DE L’ECOSOC ET NOMME 5 PAYS

AU COMITÉ DU PROGRAMME ET DE LA COORDINATION


L’Assemblée générale a élu, ce matin, 18 membres du Conseil économique et social (ECOSOC) après avoir pourvu 5 des 7 sièges vacants au Comité du programme et de la coordination (CPC).


À l’issue du premier tour, les 18 pays suivants ont été élus à l’ECOSOC pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2014: Chine (187 voix); Togo (184 voix); Botswana (182 voix); République démocratique du Congo (182 voix); Serbie (182 voix); Panama (183 voix); Antigua-et-Barbuda (181 voix); Bangladesh (181 voix); Fédération de Russie (180 voix); République du Congo (179 voix); Guatemala (179 voix); Kazakhstan (179); Nouvelle-Zélande (179 voix); République de Corée (179); Suède (176 voix); Royaume-Uni (178 voix); Danemark (175); et Géorgie (175 voix).


La Grèce, qui a obtenu six voix, et l’Italie qui en a obtenu deux, ont été écartées de même l’Allemagne, le Gabon, la Lituanie, le Mexique, le Portugal, le Sénégal et la Suisse qui n’ont obtenu qu’une voix.


L’ECOSOC se compose de 54 membres, dont 18 sont élus chaque année par l’Assemblée générale pour des mandats de trois ans.  Les membres sortants sont immédiatement rééligibles.


Les 18 pays élus aujourd’hui siègeront aux côtés des pays suivants: Afrique du Sud, Albanie, Autriche, Bélarus, Bénin, Bolivie, Brésil, Burkina Faso, Canada, Colombie, Croatie, Cuba, El Salvador, Espagne, États-Unis, Éthiopie, France, Haïti, Inde, Indonésie, Irlande, Japon, Koweït, Kirghizistan, Lesotho, Libye, Maurice, Népal, Pays-Bas, Nigéria, République dominicaine, Saint-Marin, Soudan, Tunisie, Turquie, et Turkménistan.


Outre le Mexique et le Sénégal, qui ont été battus aujourd’hui, les membres sortants sont la Bulgarie, le Cameroun, l’Équateur, la Lettonie, le Malawi, le Nicaragua, le Pakistan et le Qatar.


L’Assemblée générale a suivi la recommandation de l’ECOSOC de nommer le Bénin, la Chine, l’Éthiopie, Haïti et le Japon au Comité du programme et de la coordination (CCP) pour un mandat de trois ans prenant également effet le 1er janvier 2014.  Il manque un candidat pour le Groupe des États d’Afrique et un autre pour le Groupe des États d’Asie-Pacifique.


Le Bénin et le Japon ayant été reconduits, ils remplaceront avec les autres pays élus aujourd’hui, les États suivants: Algérie, Antigua-et-Barbuda, Chine, Érythrée, et République de Corée.  Ils siègeront aux côtés des pays suivants: Argentine, Bélarus, Botswana, Brésil, Bulgarie, Cameroun, Cuba, El Salvador, États-Unis, Fédération de Russie, France, Guinée, Guinée-Bissau, Iran, Italie, Kazakhstan, Malaisie, Pakistan, Pérou, République de Moldova, Royaume-Uni, Tanzanie, Uruguay, et Zimbabwe.


Le Groupe des États d’Europe occidental et autres États est appelé à présenter des candidatures pour pourvoir deux sièges qui seront vacants le 31 décembre 2014 et un autre, le 31 décembre 2015.


Le Comité du programme et de la coordination (CPC) est un organe subsidiaire de l’ECOSOC qui a été établi en 1962 et qui est chargé de la planification, de la programmation et de la coordination.


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, jeudi 31 octobre, à partir de 10 heures, avec l’examen des rapports de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

« Pour être plus efficace, le Conseil de sécurité doit être plus transparent et les États Membres mieux informés », soulignent de nombreuses délégations

CS/11164

« Pour être plus efficace, le Conseil de sécurité doit être plus transparent et les États Membres mieux informés », soulignent de nombreuses délégations

29/10/2013
Conseil de sécuritéCS/11164
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7052e séance – matin & après-midi


« POUR ÊTRE PLUS EFFICACE, LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DOIT ÊTRE PLUS TRANSPARENT

ET LES ÉTATS MEMBRES MIEUX INFORMÉS », SOULIGNENT DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS


La plupart appuie la proposition de la France de suspendre le droit de veto lorsqu’une situation de crimes de masse est constatée


Le Conseil de sécurité s’est penché, aujourd’hui, sur l’amélioration de ses méthodes de travail, lors du sixième débat qu’il consacrait à la question.


Marquée par une cinquantaine d’interventions, la réunion a été l’occasion, pour les États membres élus du Conseil et les autres États Membres de l’ONU, de réaffirmer la nécessité de renforcer la transparence, l’accès à l’information, et, surtout, la représentativité de l’organe exécutif de l’ONU. 


En effet, si la majorité des délégations s’est félicitée de l’augmentation, ces dernières années, du nombre de séances publiques et de l’accès facilité à l’information grâce, notamment, à la version développée du site Web du Conseil, la réforme de la composition et du fonctionnement du Conseil de sécurité a été largement abordée.


Les membres du Conseil étaient saisis d’une note du Président leur demandant de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans un document datant de 2010.  Cette précédente note avait été établie « dans l’optique d’accroître l’efficacité et la transparence des travaux du Conseil de sécurité et de renforcer les échanges et le dialogue avec les États non membres du Conseil ».


Ce sont ces derniers, dont l’Inde et le Brésil, qui se sont montrés les plus audacieux durant le débat. 


« Les membres permanents du Conseil de sécurité doivent reconnaître que le Conseil doit être réformé afin de refléter les réalités contemporaines », a ainsi déclaré le représentant indien.  Déplorant le manque réel de contributions des membres non permanents aux décisions prises par les cinq membres permanents, M. Ashwani Kumar est allé plus loin que ses homologues, en se disant « convaincu que l’amélioration véritable des méthodes de travail du Conseil passe par une réforme de sa composition, à savoir l’élargissement des catégories de membres permanents et non permanents ».


Appuyant ces propos, l’Ambassadeur Guilherme de Aguiar Patriota, du Brésil, a souligné qu’une participation élargie aux délibérations du Conseil de sécurité était la voie à suivre pour renforcer la légitimité, la crédibilité et l’efficacité de son action.  Il est également revenu sur la décision de l’Arabie saoudite, élue par l’Assemblée générale le 17 octobre pour siéger au sein du Conseil de sécurité pendant la période 2014-2015, de renoncer à ce siège tant que le Conseil n’aura pas été réformé pour « répondre aux défis du XXIe siècle ». 


Les interventions de la France et de l’Arabie saoudite sur le fonctionnement et la composition du Conseil de sécurité ont trouvé un large écho auprès des orateurs. 


La plupart des délégations ont, par exemple, soutenu la proposition française concernant l’usage du droit de veto, à l’exception de la Fédération de Russie, qui a fait remarquer que cette question n’entrait pas dans le cadre du débat d’aujourd’hui.


« La crise syrienne a mis en lumière l’impasse dans laquelle se trouvait le Conseil de sécurité face à cet usage », a rappelé l’Ambassadeur Gérard Araud, de la France.  Évoquant l’allocution du Président François Hollande devant l’Assemblée générale le 24 septembre, il a expliqué que la France était favorable à un code de conduite des membres permanents encadrant le droit dont ils disposent.  « Il s’agirait de procéder collectivement à une suspension volontaire du droit de veto lorsqu’une situation de crimes de masse est constatée », a résumé M. Araud.


De son côté, le représentant de l’Arabie saoudite, M.Abdulmohsen F. A. Alyas, a dénoncé l’application d’une politique de « deux poids deux mesures » au Moyen-Orient, laquelle, a-t-il dit, a suscité « des déceptions vis-à-vis du Conseil ».  Il a regretté que le Conseil de sécurité ne soit pas capable de maintenir la paix dans la région, alors que cette question figure à son ordre du jour depuis des décennies.


Par ailleurs, les pays contributeurs de contingents et d’effectifs de police se sont ralliés à la position exprimée par l’Argentine, qui préside le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure du Conseil. 


La représentante de ce pays, Mme María Cristina Perceval, a préconisé la tenue de séances récapitulatives « à la fin de chaque présidence du Conseil de sécurité, de sorte que ces pays puissent disposer d’un résumé mensuel des activités du Conseil faisant ressortir ses priorités ».  Mme Perceval a également reconnu la pertinence d’associer les pays contributeurs aux consultations du Conseil de sécurité sur les situations d’urgence où la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU sont menacées. 


L’initiative ACT -« Responsabilité, Cohérence et Transparence »-, a été exposée par la Suisse.  Pour les 22 pays qui soutiennent l’initiative « ACT », lancée en mai dernier, les décisions du Conseil doivent être respectées par tous les États, « comme le stipule la Charte des Nations Unies ».  « Cela vaut pour les opérations de maintien de la paix, les missions politiques spéciales et les sanctions économiques ou politiques », a précisé le délégué de la Suisse, M. Thomas Guerber.


De manière générale, les délégations ont demandé aux membres du Conseil de coopérer, de manière plus étroite, avec les organismes régionaux impliqués dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et ce, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Le Conseil, trop prompt à intervenir au titre du Chapitre VII concernant le recours à la force, devrait agir plus souvent en vertu du Chapitre VI relatif au règlement pacifique des différends, ont également déclaré certains intervenants.


MISE EN OEUVRE DES DISPOSITIONS DE LA NOTE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PARUE SOUS LA COTE S/2010/507


Méthodes de travail du Conseil de sécurité


Lettre datée du 16 octobre 2013, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Azerbaïdjan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2013/613)


Déclarations


Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine), dont le pays préside le Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure, a rappelé la nécessité de rendre plus transparents et efficaces les travaux du Conseil.  « C’est dans cet esprit que nous avons conduit notre mission au cours de l’année écoulée. »  « L’organisation de débats de ce type donne à tous les États Membres la possibilité de présenter des propositions et de renforcer nos mécanismes de délibérations », a assuré la représentante.  Elle a insisté également sur l’importance d’améliorer les méthodes de travail du Conseil, un effort qu’elle a qualifié de « responsabilité commune qui répond à un appel constant des États Membres ».  La représentante a ensuite précisé que, pendant cette année de présidence, l’Argentine s’était employée à encourager et renforcer le dialogue entre le Conseil et les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police.  « Nous suggérons la tenue de séances récapitulatives à la fin de chaque présidence du Conseil de sécurité, de sorte que ces pays puissent disposer d’un résumé mensuel des activités du Conseil de sécurité faisant ressortir ses priorités. »  « Nous invitons ainsi les membres du Conseil à tenir ce type de séance à la fin de chaque présidence », a déclaré Mme Perceval.  Elle a également reconnu la pertinence d’associer les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police aux consultations du Conseil, en particulier dans le cadre de l’examen de situations d’urgence où la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU sont menacées.  « Le Conseil doit aussi tenir compte des besoins spécifiques des pays dans lesquels sont déployées des opérations de maintien de la paix », a-t-elle souligné, en se disant convaincue que le Conseil doit être plus démocratique dans ses relations avec l’ensemble des États Membres. 


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est félicitée des progrès « tangibles » effectués dans la transparence des méthodes de travail du Conseil de sécurité, notamment une utilisation satisfaisante des technologies à disposition, telles que les vidéoconférences et le recours accru aux réunions selon la formule Arria.  Elle a néanmoins identifié plusieurs domaines d’amélioration, en demandant d’abord que les présidents des formations pays de la Commission de consolidation de la paix soient présents « au cas par cas », et pour les situations qui les concernent, aux séances informelles de consultations du Conseil.


Elle a souhaité aussi que le Conseil intensifie ses actions de prévention des conflits avant de l’inviter à tirer un meilleur profit de l’expertise des représentants spéciaux, en citant notamment la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits armés.  « Le droit de veto ne devrait en outre pas être utilisé dans les situations où des crimes graves, tels qu’un génocide, ont été perpétrés », a-t-elle affirmé, en indiquant que cela renforcerait la légitimité du Conseil.  En conclusion, elle a souhaité que tous les États Membres suggèrent des pistes d’amélioration des méthodes de travail du Conseil, « ce dernier agissant au nom de tous ».


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a tout d’abord apporté son soutien au renforcement du dialogue entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  « Le Conseil peut avoir besoin de tenir des consultations informelles avec les pays contributeurs de troupes », a-t-il souligné.  Le délégué a ensuite estimé que la réunion du Conseil sur la coopération ONU-OCI, qui a eu lieu hier, ferait date et souhaité que le Conseil de sécurité renforcera davantage les partenariats avec les organisations régionales dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a aussi souhaité une plus grande transparence dans les travaux des organes subsidiaires, lesquels, a-t-il dit, devraient prévoir une participation plus active de la société civile.  Le représentant des États-Unis a également plaidé pour un recours accru aux réunions selon la formule Arria.  Enfin, concernant le rapport annuel du Conseil de sécurité, qui sera présenté demain à l’Assemblée générale, il a indiqué que sa délégation, qui en avait assuré la rédaction, avait voulu qu’il soit « détaillé » et « instructif ».


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est réjoui la tenue annuelle d’une réunion qui permet aux États non membres de participer et de contribuer à la discussion sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité.  « Un Conseil transparent et efficace est dans l’intérêt de tous », a-t-il souligné.  Le représentant a ainsi attiré l’attention sur les divers formats des réunions du Conseil qui ont été expérimentés avec succès au cours de ces dernières années.  Le représentant s’est dit favorable à un élargissement du nombre de membres du Conseil « mais qui ne rende pas plus complexe la conduite de nos travaux ».  « Nous devrions réduire la durée des interventions pour qu’il y ait plus de participants aux débats ».  Après avoir souligné la nécessité que la note S/2013/507 soit pleinement mise en œuvre, il a rappelé que le Conseil devrait continuer à renforcer son efficacité en matière de prévention des conflits.  Il a salué, à cet égard, la tenue de séances de veille prospective qui sont, a-t-il dit, très importantes pour le tour d’horizon qu’elles peuvent rapidement donner d’une situation d’urgence.  « Le Conseil doit pouvoir agir plus rapidement, son inaction en Syrie a laissé s’aggraver l’un des conflits les plus violents de ces dernières années », a-t-il regretté.  « C’est pourquoi, a-t-il insisté, le Conseil doit tirer les leçons de ce retard. »


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a salué l’amélioration des méthodes de travail, qu’il a imputée aux contributions tant des membres que des non-membres du Conseil de sécurité.  « Le rythme de changement reste toutefois très lent », a-t-il estimé, tout en reconnaissant que l’accès des non-membres à l’information s’était amélioré.  « Rien ou presque ne mérite d’être classé confidentiel par les membres du Conseil », a-t-il jugé, en se félicitant de la nouvelle version du site Web du Conseil et celle de « Security Council Report ».  Le représentant a ensuite considéré que certains points pouvaient être encore « largement améliorés », en préconisant notamment la tenue plus fréquente de débats publics sur des thèmes qui concernent tous les pays ainsi que l’affermissement de l’interaction entre le Conseil du sécurité et les pays fournisseurs de contingents et effectifs de police, et celle entre les présidents des organes subsidiaires du Conseil et « tous les États Membres ». 


M. WANG MIN (Chine) a recensé les progrès accomplis dans la transparence des méthodes de travail du Conseil de sécurité, notamment l’augmentation des débats publics, la tenue de séances d’information à l’intention des États non membres à la fin de chaque présidence et le recours accru aux réunions selon la formule Arria.  Il a souhaité que le Conseil se concentre davantage sur les questions les plus pressantes, qui ont un impact immédiat, en joutant que certains débats thématiques portaient sur des questions ne relevant pas du mandat du Conseil et, de ce fait, affaibli les compétences des autres organes des Nations Unies.  « Tous les membres du Conseil doivent avoir assez de temps pour examiner les projets de résolution et les projets de déclaration présidentielle », a-t-il rappelé.  Le Conseil de sécurité doit renforcer la coopération avec les organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Avant de conclure, le délégué de la Chine a souhaité une interaction accrue avec les pays contributeurs de troupes, notamment lors des reconfigurations des opérations de maintien de la paix.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que les efforts du Conseil de sécurité pour améliorer la transparence de ses méthodes de travail étaient « indéniables ».  Il a constaté une meilleure organisation et préparation des débats publics, qui ont ainsi permis d’assurer une plus grande participation des États non membres.  « Le choix des thèmes de ces débats doit être diversifié tout en respectant le mandat conféré au Conseil par la Charte des Nations Unies », a-t-il estimé.  Le représentant a aussi indiqué que les séances de consultations devraient s’organiser autour d’un ou deux points de discussion, afin d’en renforcer le caractère interactif.  Il a également souligné l’importance des travaux des organes subsidiaires.  « Une interaction accrue entre ces organes avec les autres États Membres est souhaitable », a-t-il dit.  Le représentant a recommandé que le Conseil de sécurité renforce ses liens avec la Commission de consolidation de la paix et ses formations pays, tout en faisant preuve d’une plus grande créativité.  Les présidents des formations pays de la CCP devraient être davantage associés aux travaux du Conseil », a-t-il estimé. 


M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a noté que les tendances positives récentes ne doivent pas masquer la nécessité de mettre en place des réformes plus marquées pour atteindre les objectifs fixés par les chefs d’État lors du débat présidentiel de 2005 sur les méthodes de travail du Conseil.  « Le Conseil de sécurité doit être plus représentatif, efficace et responsable et ses décisions doivent être mises en œuvre de manière effective pour qu’elles soient mieux acceptées », a-t-il souligné.  « Les Rwandais hier et les Syriens aujourd’hui peuvent dire combien ils ont eu l’impression d’être abandonnés par le Conseil. »  « Un terme doit être mis au privilège du droit de veto dans les cas de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide », a-t-il insisté.  La légitimité du Conseil de sécurité dépendra à l’avenir de la participation de ses membres sur un pied d’égalité, a-t-il estimé.  Sur ce point, le représentant du Rwanda a regretté que le Conseil de sécurité semblait fonctionner de manière déséquilibrée: « certaines résolutions ou déclarations présidentielles sont distribuées bien avant aux membres permanents, alors que les non-permanents ne les reçoivent que quelques jours plus tard ou même quelques heures avant leur adoption ».  Le représentant s’est aussi dit favorable à la tenue de consultations régulières avec les organes régionaux, notamment sur les conflits africains qui, a-t-il rappelé, représentent 70% des questions traitées par le Conseil de sécurité.  « Nous devons nous inspirer des conseils et observations des membres de la Commission de consolidation de la paix », a-t-il déclaré.


M. KIM SOOK (République de Corée) a plaidé pour la tenue d’un nombre accru de réunions du Conseil de sécurité ouvertes à tous les membres, y compris les séances mensuelles récapitulatives.  « Ces réunions publiques doivent se concentrer sur des questions précises afin de faciliter la prise de décisions et rendre ces dernières d’autant plus efficaces », a souhaité le représentant.  Il a aussi plaidé pour un renforcement du dialogue du Conseil avec les non-membres ainsi qu’entre le Président du Conseil et celui de l’Assemblée générale et entre le Conseil, la Commission de consolidation de la paix et les organisations régionales.  « Une vision plus intégrée des questions de paix et de sécurité internationale pourrait alors se dégager de ce dialogue », a-t-il considéré. 


M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé que la publicité des débats du Conseil devrait prévaloir « s’agissant des questions d’intérêt général ».  Il a aussi salué la tenue plus fréquente de débats thématiques et l’usage de la vidéoconférence, ce qui a permis, selon M. Araud, de « fluidifier » l’information.  « Il convient de veiller au caractère multilingue des Nations Unies en assurant la diffusion dans toutes les langues des documents mis en ligne se rapportant aux travaux du Conseil», a-t-il dit.  Concernant le droit de veto, le délégué de la France a plaidé pour la mise en place « d’un code de conduite permettant d’encadrer l’usage du droit de veto, notamment pour les crimes de masse ».  « Il s’agirait d’une démarche volontaire qui n’exigerait pas une réforme de la Charte des Nations Unies », a-t-il précisé.


Le représentant de la France a ensuite détaillé la notion de « crimes de masse », ainsi que « les mécanismes d’alerte pour l’autocadrement du droit de veto, un rôle central étant à cet égard dévolu au Secrétaire général ». « Cinquante membres pourraient en outre interpeler le Conseil lorsque, selon eux, un crime de masse a été commis », a-t-il assuré, en précisant qu’il ne s’agissait pour l’heure que de propositions, mais qui avaient le mérite de nourrir le débat.  En conclusion, M. Araud a indiqué que le Conseil devrait se montrer capable d’innover, « afin de se montrer plus efficace et plus juste ».


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné qu’il était important d’améliorer la transparence des méthodes de travail du Conseil, afin « que les décisions du Conseil soient mieux comprises ».  La recherche de la transparence, a-t-il cependant prévenu, ne devrait pas compliquer la tenue de discussions « substantielles » au sein du Conseil.  « Dans quelle mesure le Conseil s’acquitte-t-il de ses missions est la question que nous devons nous poser », s’est-il interrogé, en faisant remarquer que la fréquence accrue des débats publics n’était pas un élément de réponse à cette question. 


Le représentant a rappelé que les débats thématiques relevaient du mandat de l’Assemblée générale.  Le Conseil de sécurité devrait, quant à lui, se pencher sur les situations « où il est amené à prendre des décisions concrètes ».  « Le droit de veto n’entre pas dans le cadre du débat d’aujourd’hui », a ensuite affirmé M. Churkin, avant de plaider pour le renforcement de l’interaction du Conseil avec l’Assemblée générale et les pays contributeurs de troupes.  Tout en notant l’utilité des débats publics, le délégué de la Fédération de Russie a souligné le caractère crucial des consultations.  Le Conseil de sécurité gagnerait à assurer une démocratisation de ses travaux, notamment grâce à un meilleur équilibre entre les délégations « porte-plume », qui sont chargées d’encadrer la rédaction des projets de résolution et de déclaration présidentielle.  En conclusion, il a jugé « anormal » que les membres du Conseil qui interviennent lors des séances de consultations soient représentés par des experts et non pas par leurs délégués permanents, « ce qui altère le caractère politique de ces consultations ». 


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a demandé que l’accent soit réellement mis sur la mise en œuvre efficace des recommandations relatives à l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité.  « Le Conseil doit intensifier les consultations de suivi d’application des recommandations avec les membres nouvellement élus », a-t-il estimé, en ajoutant que la désignation et l’élection des présidents des organes subsidiaires et des différents groupes de travail devraient être plus transparentes.  Le représentant a ensuite salué la tenue de consultations avec les pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police qui, comme le Pakistan, « sont des parties prenantes importantes du travail concret du Conseil ».  « C’est avec eux qu’il faut aborder les questions transversales. »  Le représentant a plaidé pour une augmentation du nombre de réunions publiques par rapport aux consultations privées, « conformément aux Articles 31 et 32 de la Charte des Nations Unies ».  « Le Conseil doit s’efforcer de recourir davantage à la diplomatie préventive, pour éviter une trop grande dépendance au Chapitre VII de la Charte », a-t-il également estimé.  L’efficacité du Conseil de sécurité doit être évaluée à l’aune de ses résultats, tant en matière de prévention que de règlement des conflits, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a par ailleurs déploré qu’en situation de crise, « la communication est rompue entre membres permanents et les autres »: « la presse en sait parfois plus que nous et avant nous », a-t-il dit, en évoquant des fuites dans les médias après les consultations qui échappent aux membres non permanents.


M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que si le Conseil de sécurité voulait être plus efficace, il faudrait qu’il soit mieux informé.  Sa délégation, a-t-il dit, est favorable à l’organisation accrue de débats publics qui permet au Conseil d’entendre les points de vue des États Membres sur des questions cruciales.  « Les débats organisés selon la formule Arria, auxquels participent les ONG et d’autres acteurs, sont également importants », a-t-il souligné, en préconisant que le Conseil entende plus fréquemment des exposés de dirigeants d’organisations régionales et sous régionales.  Pour le représentant australien, si le Conseil est mieux  informé, il pourra ainsi mieux réagir et de manière rapide aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  M. Quinlan, soulignant l’importance des rencontres régulières avec la presse après les consultations, a ainsi souhaité que les rencontres entre le Conseil et un plus grand nombre de ses 21 organes subsidiaires soient publiques.  « La transparence est une obligation, en particulier lorsqu’il est question d’appliquer les sanctions imposées par le Conseil », a-t-il noté.  Le représentant de l’Australie a par ailleurs souhaité que la voix de pays contributeurs de troupes soit entendue en amont des décisions clefs prises par le Conseil de sécurité. 


M. KOKOU NAYO MBEOU (Togo) a souhaité que les projets de résolution et de déclaration présidentielle, qui sont souvent adoptés au terme d’un débat public, soient adoptés au cours d’une autre séance, « afin de tenir compte des vues exprimées par tous les membres ».  Concernant les consultations, il a souhaité que les membres du Conseil conviennent systématiquement des éléments que le président du Conseil livre aux médias « afin d’assurer que tous les États intéressés disposent des mêmes informations sur les résultats des consultations ».  M. Mbeou a ensuite souhaité une participation plus active de tous les pays à la rédaction du rapport du Conseil présenté à l’Assemblée générale, avant de souligner l’importance d’une interaction accrue avec le Conseil économique et social.  Le délégué a encouragé la tenue des réunions selon la formule Arria et des dialogues interactifs informels car, a-t-il dit, ils favorisent un dialogue avec les experts et spécialistes.  Avant de conclure, M. Mbeou a souhaité que les membres permanents du Conseil se montrent plus disposés à entreprendre une réelle réforme des méthodes de travail du Conseil.


M. THOMAS GUERBER (Suisse), s’exprimant en tant que coordonnateur d’un groupe interrégional d’États, créé en mai dernier sous le nom de « Responsabilité, Cohérence et Transparence (ACT) », a déclaré que le Conseil de sécurité, quelle que soit sa composition peut et devrait améliorer ses méthodes de travail en adoptant une série de mesures concrètes.  En tant que groupe indépendant, ACT ne se prononce pas pour autant sur les questions de réforme, d’élargissement et de composition du Conseil de sécurité.  Les États de ce groupe resteront en dehors du processus, mais encouragent les autres États Membres à déployer toutes leurs énergies et compétences pour améliorer les méthodes de travail du Conseil, a indiqué le représentant. 


Pour les États membres de ce groupe, les décisions du Conseil doivent être respectées par tous les États, comme le stipule la Charte des Nations Unies.  Cela vaut, tant pour les opérations de maintien de la paix, que pour les missions politiques spéciales et les sanctions économiques ou politiques, a encore estimé leur représentant.  Il a également plaidé pour le renforcement des relations entre le Conseil et les autres organes, notamment les organisations sous-régionales, et pour les mesures de transparence dans le processus de saisine et de déferrement à la Cour pénale internationale.


Le représentant s’est également félicité de l’interactivité croissante et de la multiplicité des débats de synthèse de ces derniers mois avec les États Membres.  Cela montre, a-t-il dit, l’intérêt pour ce mécanisme.  Le représentant s’est félicité de l’adoption de la résolution 2118 sur la destruction des armes chimiques syriennes, tout en soulignant que le Conseil avait été paralysé sur d’autres aspects de la crise syrienne.  C’est dans ce contexte que le groupe soutient la proposition française visant à instaurer un code de conduite pour l’usage du droit de veto et invite les autres délégations à la soutenir, a-t-il indiqué. 


Le Groupe a constitué des sous-groupes en vue de développer les idées sur les questions de responsabilité, de transparence, de suivi et d’amélioration des méthodes de travail des opérations de maintien de la paix et de prévention des conflits, a indiqué le représentant de la Suisse, en précisant que certains membres du Groupe ACT présenteront des propositions sur ces questions au cours de ce débat. 


M. ÁLVARO JOSÉ COSTA DE MENDONÇA E MOURA (Portugal) a souhaité que les documents qui sont souvent adoptés au terme des débats publics, le soient ultérieurement, « afin d’y intégrer les vues exprimées par les États Membres ».  Il a ensuite plaidé pour plus d’interactivité de ces débats, en alternant notamment les déclarations d’États membres du Conseil et d’États non membres.  Chaque délégation doit limiter son intervention à cinq minutes, a-t-il souhaité.


Le délégué du Portugal a ensuite demandé que le Conseil continue d’organiser des séances d’information informelles et, à la fin de chaque présidence, des séances récapitulatives.  « Ces séances d’information informelles et récapitulatives doivent permettre plus d’interactivité et un échange accru d’informations ».  Il a aussi indiqué que rien n’empêchait la délégation qui préside le Conseil, après avoir tenu une séance récapitulative sur la fin de sa présidence avec les seuls membres du Conseil, de tenir ensuite, dans une autre salle, une séance informelle avec les États Membres intéressés.


Concernant les délégations « porte-plume » chargées de rédiger les projets de résolution et de déclaration présidentielle, le représentant du Portugal a plaidé pour que cette tâche soit assurée par plusieurs délégations « porte-plume ».  Les positions des pays concernés par la question examinée par le Conseil de sécurité ou ceux qui ont « un intérêt spécifique » pourraient ainsi être prises en compte, a-t-il précisé.  Enfin, il a plaidé pour un processus plus participatif et transparent dans la nomination des présidents des organes subsidiaires, en proposant que plusieurs « cofacilitateurs » soient chargés, au lieu d’un, des consultations afférentes avec les membres du Conseil et de futurs membres.


M. ASHWANI KUMAR (Inde), citant Victor Hugo, a déclaré qu’il n’existait « rien de plus fort qu’une idée dont l’heure est venue ».  « La réforme du Conseil de sécurité est en phase avec les réalités contemporaines. »  « Les membres permanents du Conseil de sécurité doivent reconnaître collectivement que le Conseil doit être réformé pour qu’il puisse refléter les réalités contemporaines du système international », a-t-il renchéri.  Le représentant a soutenu que l’élargissement du Conseil, en prenant en compte les réalités « géopolitiques » contemporaines, serait représentatif et, partant, plus légitime.  Ses décisions seront ainsi plus crédibles, a-t-il ajouté.  M. Kumar est allé plus loin que ses homologues, en se disant « fermement convaincu que l’amélioration véritable des méthodes de travail du Conseil passe par une réforme de sa composition, à savoir l’élargissement des catégories de membres permanents et non permanents ». 


« La pratique actuelle veut que les décisions prises par les cinq membres permanents empêchent les autres membres du Conseil de sécurité d’y contribuer », a-t-il déploré, en rappelant que, durant des années, l’Inde, lors de sa présidence du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure, avait soumis plusieurs recommandations.  Il a notamment mentionné l’amendement des procédures du Conseil afin que certains des points de son ordre du jour n’y figurent pas de manière permanente et la nécessité que les Articles 31 et 32 de la Charte des Nations Unies soient mis en œuvre « en consultations avec les États non membres du Conseil ».  « Les non-membres devraient avoir un accès systématique aux organes subsidiaires du Conseil et le droit de participer à leurs travaux », a également souligné M. Kumar.  Le représentant de l’Inde a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité redouble d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique des différends, en plaçant plus souvent son action sous le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a souligné qu’une participation élargie aux délibérations du Conseil de sécurité était la voie à suivre pour renforcer la légitimité, la crédibilité et l’efficacité de ses décisions.  Il a plaidé pour une coopération nettement renforcée avec l’Assemblée générale, « mais aussi avec l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP) ».  Le représentant du Brésil a estimé que l’établissement de paramètres objectifs préalablement à l’adoption de mesures coercitives permettrait de renforcer la responsabilité et l’efficacité des actions du Conseil et éviter une interprétation vague des mandats des missions.  À son tour, il a souhaité que le Conseil de sécurité recoure davantage à la diplomatie préventive. 


Le représentant a par ailleurs appuyé la proposition française concernant l’usage du droit de veto.  « La décision de l’Arabie saoudite de ne pas siéger au Conseil tant que cet organe ne sera pas réformé est un évènement important », a-t-il estimé.  Les méthodes de travail du Conseil ne pourront pas être entièrement améliorées tant que cet organe n’aura pas été réformé afin de refléter les réalités géopolitiques actuelles et de répondre aux défis du XXIe siècle, a-t-il estimé.  Le représentant brésilien a salué l’initiative du Président de l’Assemblée générale de créer un groupe consultatif pour surmonter, dans le cadre des négociations intergouvernementales de l’Assemblée générale, les « délais artificiels » qui, selon lui, entravent la mise en œuvre effective de la réforme du Conseil de sécurité.


M. ABDULMOHSEN F. A. ALYAS (Arabie saoudite) a exhorté le Conseil de sécurité à agir résolument pour s’acquitter de son mandat et protéger les civils.  Il a souligné qu’il était important que la composition du Conseil reflète les évolutions de la communauté internationale et bénéficie d’une plus grande représentativité géographique.  « Le Conseil doit pouvoir agir avant que les conflits ne dégénèrent », a-t-il insisté.  Tous les États, sans exception, doivent, pour leur part, respecter les résolutions du Conseil.  Le délégué de l’Arabie saoudite a dénoncé l’application de la politique des « deux poids deux mesures » au Moyen-Orient, ce qui, a-t-il dit, a conduit à des déceptions vis-à-vis du Conseil.  Il a regretté que le Conseil ne soit pas à même de maintenir la paix dans la région, en rappelant que cette question était inscrite à son ordre du jour depuis des décennies. 


M. MARTEN GRUNDITZ (Suède), au nom des pays nordiques, a souhaité que le Conseil de sécurité puisse adopter davantage de « mesures concrètes » pour renforcer son interaction avec les États Membres, les autres entités des Nations Unies, ainsi que les organisations régionales.  Il a ensuite souhaité que le Conseil continue de tenir des séances d’information informelles et des séances récapitulatives au bénéfice des États non membres, qui soient « régulières et informatives ».  Concernant les séances récapitulatives, il a suggéré que les États non membres du Conseil y soient invités, en particulier les pays contributeurs de troupes, lorsqu’il examine le mandat des opérations de maintien de la paix.  S’agissant du rôle des délégations « porte-plume », M. Grunditz a affirmé que les membres élus du Conseil devraient avoir un plus grand rôle dans la rédaction et la présentation des projets de résolution et de déclaration présidentielle.  Le Conseil devrait également renforcer ses capacités en matière de prévention des conflits, a-t-il recommandé, en l’encourageant à revenir à la tenue de « séances d’horizon » au début de chaque mois, afin qu’il puisse agir avant même qu’un conflit ne survienne.


M. JORGE MONTAÑO (Mexique) a salué les progrès réalisés au cours de ces dernières années, en notant que de nombreuses questions « font l’objet de résistances de la part de membres permanents qui ne veulent pas établir de nouvelles normes ».  « Le Conseil de sécurité doit être plus transparent. »  Le représentant mexicain a noté qu’historiquement, les membres élus alimentaient la réforme des méthodes de travail.  Tandis qu’ils œuvrent à la transparence, ils sont marginalisés dans les processus de décision, a-t-il regretté.  Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité renforce la coopération avec les organisations régionales pour ce qui est de la gestion des crises, notamment lorsqu’il agit en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  M. Montaño a également préconisé que le Conseil travaille en étroite coopération avec la Cinquième Commission en vue du renouvellement des mandats des missions de l’ONU.  « La paralysie des travaux du Conseil de sécurité sur la Syrie pendant deux ans démontre qu’il est nécessaire d’engager une réforme profonde dans la composition et le fonctionnement de cet organe, afin de lui permettre d’agir de manière opportune, démocratique et efficace », a-t-il souligné.  La délégation du Mexique salue la proposition de la France selon laquelle les cinq membres permanents devraient adopter un code de bonne conduite et renoncer collectivement à exercer leur droit de veto lorsque le Conseil examine des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou de génocide, a-t-il déclaré.


M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte) a également soutenu la proposition française.  Il a rappelé que les pays africains étaient opposés au principe même du droit de veto.  « Nous sommes d’avis que ce droit devrait être aboli. »  « Mais tant qu’il perdurera, il devra être élargi à tous les nouveaux membres du Conseil réformé », a-t-il indiqué.  Le représentant a par ailleurs souhaité que le nombre de séances et consultations privées soit limité et que la tenue d’une réunion mensuelle récapitulative soit établie en tant que norme. 


M. CSABA KOROSI (Hongrie) a souhaité que les débats qui examinent les liens entre la paix, la sécurité et la reddition des comptes, tels que celui qui s’est tenu en octobre 2012 relatif à la Cour pénale internationale (CPI), se tiennent plus régulièrement à l’avenir.  Il a ensuite invité le Conseil, lorsqu’il agit pour maintenir la paix et la sécurité, à développer une stratégie cohérente en matière de reddition de comptes, assortie de critères clairs.  Il a ensuite déploré que le site Internet du Conseil de sécurité ne contienne pas d’informations sur les raisons qui ont présidé à la création des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda.  « Lorsque le Conseil défère une situation à la CPI, il est de sa responsabilité de le faire d’une manière qui soit prévisible et équilibrée, tout en prévoyant la mise en place des mécanismes de suivi appropriés. »


Le représentant a ensuite appuyé la proposition de la France sur la suspension du droit de veto dans les situations où des crimes de masse ont été commis.  Il a souhaité qu’un mécanisme interne permanent soit établi pour mettre en œuvre les recommandations sur la transparence, en précisant que cela pourrait se traduire soit pas la création d’un nouvel organe subsidiaire, soit par le renforcement du mandat du Groupe de travail informel sur les tribunaux internationaux.


M. MARGUS KOLGA (Estonie) a souhaité que les débats thématiques, notamment celui qui s’était tenu en octobre 2012 relatif à la Cour pénale internationale (CPI), se tiennent plus régulièrement à l’avenir.  Il a souhaité qu’un débat public de suivi sur cette dernière thématique soit organisé par le Conseil.  Il a plaidé ensuite pour un recours accru aux réunions selon la formule Arria, ainsi qu’aux séances récapitulatives à la fin de chaque présidence mensuelle.  Le représentant a déploré le manque de transparence qui a marqué l’adoption de la résolution 2118 (2013) sur les stocks d’armes chimiques syriens.  Sa délégation, a-t-il dit, appuie la proposition de la France sur la suspension du droit de veto dans les situations où des crimes de masse ont été commis.  En conclusion, il a exhorté le Conseil à mettre en place des mécanismes de suivi appropriés lorsqu’il défère une situation à la CPI, en rappelant que le manque de coopération des États avec la Cour n’avait pas permis à cette juridiction de jouer son rôle.  Le Conseil de sécurité devrait envisager de faire obligation aux États de coopérer avec la Cour pour les futurs renvois d’une situation.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a souhaité que les États Membres affectés directement par les sanctions du Conseil de sécurité puissent participer aux réunions des comités pertinents du Conseil de sécurité.  Il a ensuite souligné l’importance pour le Conseil de tenir des consultations régulières avec les pays contributeurs de troupes sur les amendements apportés au mandat des opérations de maintien de la paix et autres questions opérationnelles.  M. Percaya a en outre considéré que les débats publics devraient être la norme et les réunions privées « l’exception ».


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a invité les États Membres à dépasser leurs intérêts nationaux afin de régler la question concernant l’adoption des règles de procédure du Conseil et les divergences afférentes entre le Conseil et l’Assemblée générale.  Il a souhaité que les projets de texte du Conseil soient distribués plus tôt aux États qui n’en sont pas membres et d’organiser de manière plus régulière des réunions selon la formule Arria.  « Une interaction renforcée du Conseil et des pays contributeurs de troupes serait appréciée », a-t-il poursuivi, avant de souhaiter que les avis et recommandations de la Commission de consolidation de la paix soient entendus par le Conseil chaque fois qu’il débâte d’une mission de maintien de la paix.  Avant de conclure, il a souhaité que le droit de veto ne soit pas utilisé dans les situations où un génocide, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ont été commis.


M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a souhaité que les projets de résolution et de déclaration présidentielle du Conseil soient distribués avant leur adoption, et chaque fois que cela est possible, aux États non membres du Conseil.  « Ils doivent être adoptés à l’issue des débats et non pas avant. »  Il a ensuite demandé que chaque résolution du Conseil soit assortie d’un plan d’action visant sa mise en œuvre.  Il est d’une importance cruciale de poursuivre les efforts de lutte contre l’impunité.  À cet égard, le représentant a invité le Conseil à déférer à la Cour pénale internationale les situations où sont commis les crimes les plus graves, en prévoyant aussi la mise en place de mécanismes de suivi efficaces.  En conclusion, M. Logar a assuré du soutien de son pays à la proposition de la France sur la suspension du droit de veto pour les situations où des crimes de masse ont été commis.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souligné la nécessité de créer les conditions permettant de réduire l’utilisation du droit de veto. À cet égard, a-t-il dit, l’Ukraine appuie la proposition avancée par la France.  L’Ukraine souligne aussi la nécessité de donner une voix plus forte dans les processus de prise de décisions du Conseil aux États Membres directement impliqués dans la mise en œuvre de ses décisions, plus particulièrement les pays contributeurs de troupes.  À l’instar du Président du Conseil, l’Ukraine souhaite mettre également l’accent sur le renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales, a rappelé le représentant.


M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a d’emblée regretté que dans les travaux du Conseil, les innovations positives étaient difficiles à institutionnaliser.  Il a cité l’exemple de l’absence de coopération des États avec la Cour pénale internationale de la décision du Conseil de suspendre pendant une période de 12 mois les poursuites contre le dirigeant kényan, à la demande du Kenya.  Évoquant ensuite la situation en Syrie, il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été capable de jouer son rôle, pendant deux ans, à l’exception de la résolution sur l’utilisation des armes chimiques qu’il a récemment adoptée.  Le Conseil n’a pas non plus réussi à adopter une résolution sur le principe de responsabilité en ce qui concerne les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés par toutes les parties en Syrie, a déploré le représentant du Liechtenstein.  Toujours concernant la Syrie, il a dénoncé l’usage du droit de veto qui entrave le travail du Conseil et, ce, malgré les appels à la retenue aux membres permanents dans les cas de génocide ou de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. 


M. EDUARDO GÁLVEZ (Chili) a estimé que la transparence et l’ouverture renforçaient la capacité et la légitimité du Conseil de sécurité et, de manière générale, celles de l’ONU.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité continue d’organiser le plus grand nombre possible de réunions publiques afin d’améliorer la qualité des travaux du Conseil, « qui doit tenir compte du plus grand nombre de points de vue ».  Il a souligné la complémentarité des activités des organisations régionales et sous-régionales avec celles du Conseil de sécurité.  « Le Conseil doit coopérer et consulter plus régulièrement ces organisations, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. » 


Mme DRAGANA ANDELIĆ (Bosnie-Herzégovine) a avancé l’idée de tenir des exposés réguliers sur les méthodes de travail du Conseil de sécurité à l’intention des États non membres, avant de plaider pour que le Conseil organise plus fréquemment des réunions selon la formule Arria.  Elle a ensuite invité les États membres du Conseil à maintenir des communications régulières avec la Commission de consolidation de la paix et ses formations pays et à renforcer leur coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le Conseil doit aussi tenir des consultations, en particulier lorsque l’examen d’une question se trouve à un stade critique, avant qu’il ne partage les informations à sa disposition avec les autres États membres de l’ONU.  « L’amélioration des méthodes de travail du Conseil ne doit pas être « considérée comme faisant partie intégrante d’une réforme globale du Conseil », a affirmé en conclusion Mme Andelić.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a déclaré que pour être efficace, la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes était essentielle, et que l'amélioration de la qualité de cette interaction qui doit être dynamique et substantielle demeurait un défi.  Tous les acteurs concernés doivent travailler vers un processus de consultation plus interactif, a suggéré le représentant, pour qui le calendrier et les échanges d'informations, y compris l'accès aux rapports du Secrétaire général en temps opportun, sont des éléments clefs pour bien préparer ces consultations.  Avant de conclure, il a indiqué que les occasions d'évaluer directement la situation sur le terrain demeuraient un outil très utile et précieux qui doit être utilisé aussi souvent que possible.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa-Rica) a estimé que le Conseil devrait tirer un meilleur profit des contributions des pays « directement concernés par les décisions du Conseil », avant de souhaiter, contrairement à la pratique actuelle, que chaque réunion du Conseil soit publique, à moins qu’il n’en soit décidé autrement.  Il a ensuite mentionné certaines recommandations du Groupe ACT, dont le Costa-Rica fait partie, visant à améliorer la transparence des méthodes de travail du Conseil, dont le renforcement du caractère participatif du processus de rédaction du rapport annuel du Conseil.  « Les exposés des hauts responsables des Nations Unies devant le Conseil de sécurité devraient être mis à la disposition de tous les États membres », a-t-il ajouté.  En conclusion, il a encouragé le Conseil à améliorer l’information sur les missions politiques spéciales fournie aux États Membres.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a considéré qu’il faudrait faire davantage pour renforcer l’efficacité du Conseil de sécurité, en particulier ses actions de diplomatie préventive et de règlement pacifique des différends.  Comme le souligne la Nouvelle-Zélande depuis des années, les initiatives de prévention sont plus coûteuses en termes de ressources « mais aussi, et surtout, en vies humaines ».  « La prévention permet en outre de s’attaquer aux causes profondes, y compris économiques et sociales, des conflits. »  « La crise syrienne souligne de manière dramatique ce qui peut se produire lorsque le Conseil de sécurité ne réussit pas à agir de manière unie face à une situation d’urgence », a déploré M. McLay.  Il a considéré que les organes subsidiaires du Conseil de sécurité, en particulier le Groupe de travail sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, pouvaient jouer un rôle plus actif pour aider le Conseil à empêcher l’éclatement des conflits.  « C’est dans un tel cadre, que des initiatives impliquant les organismes régionaux pourraient être élaborées », a-t-il déclaré. 


Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Pays-Bas), qui s’exprimait aussi au nom de la Belgique, a reconnu les « réels progrès » accomplis au cours de ces dernières années, tout en souhaitant des « progrès supplémentaires » dans l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Ces progrès contribueraient à renforcer la responsabilité du Conseil de sécurité vis-à-vis des autres États Membres et à améliorer davantage la transparence, la légitimité et la mise en œuvre effective de ses décisions. 


La représentante a également présenté quelques propositions, notamment la participation des présidents de formations pays de la Commission de consolidation de la paix aux consultations du Conseil.  Il a aussi suggéré la tenue de séances récapitulatives mensuelles, la tenue de débats prospectifs sur une base régulière, la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales compétentes en matière de paix et de sécurité, et la notification de certaines options examinées par le Conseil de sécurité lorsque celles-ci peuvent avoir des conséquences budgétaires.


M. LEVENT ELER (Turquie) a rappelé que l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité faisait intégralement partie de sa réforme globale qui porte en outre sur la composition de ses membres et sa structure.  Sa délégation souhaite voir un Conseil adapté et représentatif à la réalité actuelle tant sur le plan géopolitique qu’économique et sécuritaire.  La crédibilité de cet organe est une responsabilité collective, et il ne faut ménager aucun effort pour le rendre plus efficace, transparent et inclusif a estimé le représentant.  Tout en reconnaissant les progrès réalisés en ce sens au cours des dernières années, le représentant a estimé qu’il restait encore beaucoup à faire en particulier pour ce qui est du dialogue entre le Conseil et les 178 États Membres qui n’en font pas partie.  À cet effet, il a préconisé plus de réunions publiques et de dialogues interactifs informels.  La délégation turque encourage également tous les membres du Conseil à organiser des réunions récapitulatives à la fin de leurs présidences respectives.  Elle souhaite en outre qu’il y ait une meilleure structure pour le dialogue et la communication entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies comme l’Assemblée générale, la Commission de consolidation de la paix et le Conseil économique et social, ainsi qu’avec les organisations régionales comme la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique et le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine.


M. Eler a également abordé la question de la nomination des présidents des organes subsidiaires du Conseil de sécurité et a demandé qu’il y ait plus de transparence dans ce processus.  Avant de conclure, il a estimé que tous les États Membres de l’ONU voudraient un Conseil de sécurité plus démocratique, plus transparent et plus efficace car il y va de la crédibilité de l’Organisation.


M. MARTIN SAJDIK (Autriche) a souligné que les pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix devraient être consultés par le Secrétariat et par le Conseil, sur une base régulière, mais aussi de manière ponctuelle, en fonction des développements sur le terrain.  Il a ensuite indiqué que le Conseil devrait imposer des sanctions bien ciblées, limitées dans le temps en respectant des procédures transparentes et équitables.  « L’état de droit doit s’appliquer à l’extérieur des Nations Unies, mais aussi en leur sein, en particulier dans les situations où les droits individuels sont directement touchés par des actions onusiennes. »  Rappelant que son pays avait présidé en 2009 et en 2010 le Comité des sanctions Al-Qaida/Taliban, il a indiqué que la création du Bureau du Médiateur avait été une mesure décisive dans l’amélioration de la transparence des travaux de ce Comité.  « Nous appelons le Conseil à élargir le mandat du Médiateur à d’autres régimes de sanctions », a-t-il conclu.


M. JUAN MANUEL GONZALEZ de LINARES (Espagne) a souligné qu’il était dans l’intérêt de tout le monde que le Conseil de sécurité soit efficace dans l’exercice des fonctions qui lui ont été assignées.  Il ne fait pas de doute que son autorité et son influence seraient d’autant plus grandes si le Conseil tenait compte des opinions des États Membres au sens large des Nations Unies dans ses méthodes de travail.  Reconnaissant qu’au cours de ces dernières années, le Conseil était devenu plus « perméable », le représentant a cité, à titre d’exemple, la meilleure communication sur les programmes de travail mensuels et les réunions d’information régulières des présidents du Conseil.


Par ailleurs, sa délégation salue le « retour » des réunions récapitulatives de fin de présidence au Conseil de sécurité.  Ces réunions, bien qu’elles soient axées sur un passé récent, permettent de tirer des leçons pour un proche avenir, a noté le représentant pour lequel l’option de réunions interactives ouvertes aux États non membres du Conseil pour marquer la fin de présidence, telle que l’a fait l’Australie, est également intéressante pour renforcer la transparence.


L’Espagne se dit favorable à la pratique de « scruter l’horizon » qui est fondée sur des analyses approfondies menées par le Secrétariat, et demande que ces réunions soient ouvertes à tous les États Membres. 


Pour la délégation espagnole, l’objectif ultime est de renforcer la transparence dans les travaux du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, elle accorde un intérêt particulier à une augmentation du nombre des réunions publiques du Conseil, à l’amélioration de la transparence et du renforcement d’un processus inclusif dans le cadre de son processus de négociation, et à l’augmentation des interactions entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes ainsi qu’avec les organisations régionales et sous-régionales.


Pour ce qui est de la question du droit de veto, le représentant a rappelé que l’Espagne souhaitait des mesures qui limitent ce droit, et qu’elle encourageait la pratique de fournir des explications à chaque fois qu’une résolution est votée au sein du Conseil.  Allant plus loin, le représentant a souhaité que l’on s’abstienne d’utiliser le droit de veto dans des cas où il y a des crimes sérieux comme le génocide, le nettoyage ethnique, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.  Par conséquent, elle salue la proposition de la France visant à instaurer un code de conduite pour l’usage du droit de veto.


M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés (MNA), a estimé que le Conseil de sécurité devrait éviter d’agir en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies lorsque la situation qu’il traite ne menace pas la paix et la sécurité internationales.  « L’invocation du Chapitre VII devrait être une mesure de dernier recours. »  « Le Conseil de sécurité devrait plutôt privilégier les moyens importants dont il dispose pour prévenir les conflits par la négociation et la médiation », a-t-il ajouté.  « Les pays non alignés soutiennent la tenue de réunions récapitulatives à la fin de chaque présidence, les discussions devant, dans ce cadre, porter sur les questions abordées au titre du programme de travail mensuel », a également déclaré M. Deghani.  Il a en outre noté que le Mouvement des pays non alignés saluait le nombre croissant de réunions de formule Arria, qui assure une interaction plus poussée des États non membres du Conseil et des organismes régionaux. 


M. MICHELE TOMMASI (Italie) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, la communauté internationale a besoin d’un Conseil de sécurité efficace qui soit en mesure d’agir rapidement, conformément à son mandat.  C’est pourquoi, la transparence, l’ouverture, l’efficacité et l’interaction avec le reste des États Membres de l’ONU doivent être améliorées pour qu’il y ait un véritable sens d’appropriation des travaux du Conseil de sécurité par la communauté internationale et pour éviter qu’il soit perçu à tort comme une entité autonome.


La délégation italienne apprécie les efforts faits en ce sens, et, en particulier, l’augmentation notable des réunions publiques du Conseil et les réunions d’information informelles des présidents du Conseil sur leur programme de travail, ainsi que la coopération renforcée avec les organisations régionales.


Revenant sur les propositions mentionnées dans la note de synthèse sur les méthodes de travail du Conseil, le représentant italien a mis l’accent sur les engagements pris par le Conseil de sécurité en termes de communication régulière avec la Commission de consolidation de la paix et les présidents de ses formations pays, ainsi que sur l’amélioration des consultations avec les pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.


L’Italie encourage la participation de la Commission de consolidation de la paix et des présidents de ses configurations de pays aux réunions plénières du Conseil de sécurité dans la mesure où ils peuvent jouer un rôle déterminant dans les processus postconflit de stabilisation et peuvent mettre à profit leurs capacités pour les analyses des dynamiques de paix.


Les pays fournisseurs de troupes doivent être consultés davantage, en particulier, au moment de la définition et du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix.  Leur perspective du terrain est fondamentale, a estimé le représentant, en rappelant que l’Italie était un pays contributeur de troupes.


Mme KAREN TAN (Singapour) a observé que sur les 70 États Membres qui n’ont jamais siégé au Conseil, 50 sont des petits États.  La plupart d’entre eux ne pourront être élus qu’après des décennies, alors qu’ils continuent de subir les conséquences de la défaillance du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Dans ce contexte, l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité, en particulier en ce qui concerne la transparence, est essentielle pour eux, a-t-elle dit.


La représentante a ensuite estimé que le Conseil pouvait faire davantage pour accroître l’interactivité avec l’Assemblée générale, le niveau d’analyse et sa réflexion critique.  Au lieu de compiler les données et les informations sur le travail du Conseil, le rapport annuel du Conseil adressé à l’Assemblée générale devrait être plus concis et analytique, a-t-elle suggéré.  Singapour est en outre d’avis que les membres permanents ne devraient pas user du droit de veto lorsqu’il y a des risques de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a tout d’abord souligné la valeur ajoutée des visites du Conseil sur le terrain, avant de déplorer que certaines situations examinées par le Conseil soient parfois considérées par certaines délégations comme faisant partie de leur pré-carré.  Il a aussi souhaité que plus de temps soit donné aux États Membres pour examiner les rapports du Secrétaire général, avant les séances du Conseil qui leur sont consacrées.  Il a ensuite reproché la sélectivité dont fait montre le Conseil, vis-à-vis de certaines situations, en faisant ainsi primer certains intérêts nationaux, « ce qui altère, a-t-il dit, sa capacité à résoudre des conflits, comme en Syrie ou au Sahara occidental ».  Il a également déploré que, s’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, les membres du Conseil ne se soient pas accordés sur une simple déclaration à la presse, à la suite de la décision des Israéliens et des Palestiniens de reprendre des négociations directes.  « La crédibilité du Conseil est, ainsi, clairement remise en cause », a-t-il déclaré, avant de plaider pour une réforme du Conseil afin d’en améliorer notamment la représentativité.


M. KAZUYOSHI UMEMOTO (Japon) a déploré le caractère « exclusif et fermé » de certaines consultations du Conseil, en citant les reproches formulés par certains membres élus du Conseil, selon lesquels la situation en Syrie n’aurait été débattue qu’au sein des cinq membres permanents.  Il a ensuite appelé les membres du Conseil, en particulier les membres permanents, à faire davantage pour améliorer la transparence du Conseil.  M. Umemoto a souligné qu’il était crucial pour les Membres des Nations Unies d’accélérer les négociations en vue d’une réforme du Conseil de sécurité.  « La composition actuelle du Conseil ne reflète pas les réalités géopolitiques de notre siècle », a-t-il poursuivi, en ajoutant que la situation en Syrie avait souligné crûment les dysfonctionnements du Conseil.  En conclusion, il a souhaité que des résultats concrets dans la réforme du Conseil soient atteints en 2015 pour le soixante-dixième anniversaire de la création des Nations Unies.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a salué l’initiative ACT et appuyé la proposition française concernant le droit de veto.  « L’Allemagne a été témoin, en tant que membre du Conseil de sécurité, de trois impasses, dont l’une d’elles a eu les conséquences que l’on sait sur la population syrienne. »  « La proposition française, une initiative de poids émanant d’un membre permanent, devrait contribuer à la discussion globale sur la réforme du Conseil », a-t-il estimé.  « Seule une réforme profonde et structurelle permettra au Conseil de sécurité de répondre aux défis du monde actuel. »  « Cette réforme est attendue depuis longtemps, et alors que le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, qui sera célébré en 2015, approche, le temps est venu d’agir! », s’est exclamé le représentant de l’Allemagne.


M. DAVID DONOGHUE (Irlande) a rappelé que le Groupe ACT, mis en place en mai dernier, et dont l’Irlande fait partie, visait à développer des mesures concrètes pour améliorer la transparence des méthodes de travail du Conseil.  Il a indiqué que ce groupe, qui pourrait tout aussi bien s’appeler le « Groupe des amis du Conseil de sécurité », entendait travailler de manière constructive avec les membres du Conseil, afin d’encourager la réactivité et l’efficacité de cet organe.  « Soyons clairs, nous n’exprimons pas notre position sur les questions relatives à la réforme et à l’élargissement du Conseil. »  Il s’est dit cependant convaincu qu’un partenariat plus interactif et dynamique entre les membres du Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes serait au bénéfice de toutes les parties.


M. AHMED SAREER (Maldives) a souligné le droit de chaque État Membre d’avoir une bonne compréhension des travaux du Conseil, en plaidant notamment pour que les projets de résolution et de déclaration présidentielle du Conseil soient mis à la disposition de tous les États Membres avant leur adoption.  Il a aussi demandé une répartition plus équitable des travaux entre membres permanents et non permanents du Conseil, la « disparité existante étant l’une des déficiences les plus flagrantes du Conseil ».  « La décision du Secrétaire général de faire part des derniers développements en Syrie aux seuls membres permanents du Conseil montre que cette déficience est partagée par le Secrétariat, ce qui est profondément décevant », a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite assuré du soutien de son pays à la proposition de la France visant la suspension du droit de veto dans les situations où des crimes de masse ont été commis.  « L’usage du droit de veto ou l’intention de l’exercer devraient être explicités, en respectant les principes et buts énoncés par la Charte des Nations Unies », a-t-il conclu.


M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a exprimé le souhait que le Conseil de sécurité, fort des discussions qu’il tient depuis des années sur ses méthodes de travail, initie un processus courageux de réformes du Conseil « répondant aux attentes de la communauté internationale ».  Il a noté, à cet égard, la nécessité que les membres permanents se montrent plus audacieux en acceptant de remettre en cause les pratiques existantes qui, selon lui, font obstacle à un accord sur des questions essentielles pour les Nations Unies.  « Nous pensons en particulier à la question soulevée à maintes reprises au cours du débat de la composition du Conseil », a-t-il précisé.  Le représentant a en outre souligné la nécessité que le Conseil examine de manière approfondie la mise en œuvre de ses propres décisions.  « Il est inacceptable que des résolutions du Conseil contenant des demandes expresses d’actions concrètes soient délibérément ignorées », a-t-il déclaré. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: le mandat offensif de la Brigade d’intervention de la Mission de l’ONU en RDC et le déploiement de drones suscitent des craintes

CPSD/541

Quatrième Commission: le mandat offensif de la Brigade d’intervention de la Mission de l’ONU en RDC et le déploiement de drones suscitent des craintes

29/10/2013
Assemblée généraleCPSD/541
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission                                       

16e séance – matin


QUATRIÈME COMMISSION: LE MANDAT OFFENSIF DE LA BRIGADE D’INTERVENTION DE LA

MISSION DE L’ONU EN RDC ET LE DÉPLOIEMENT DE DRONES SUSCITENT DES CRAINTES


Le mandat offensif de la Brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et le déploiement, au printemps prochain, de drones ont continué de susciter des craintes chez les plus grands contributeurs de troupes.  La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation poursuivait aujourd’hui son débat sur l’étude d’ensemble des opérations de maintien de la paix.


Face au concept d’« opérations robustes » qui envisage le recours à la force, plusieurs délégations ont réaffirmé leur attachement aux principes fondamentaux du maintien de la paix dont l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Mécanisme multilatéral, le maintien de la paix ne saurait se transformer en une force d’intervention qui ferait office d’arbitre dans un conflit, a commenté le représentant du Venezuela.


Au nom de la crédibilité et de la légitimité de l’ONU, a renchéri le représentant du Pakistan, il faut veiller à une distinction claire entre maintien et imposition de la paix.  Il a insisté pour que la Brigade d’intervention déployée au sein de la Mission de l’ONU en RDC soit l’exception et non la norme.  Ce doit être une mesure temporaire.  Autre contributeur de troupes, le Rwanda a, par la voix de son représentant, prévenu que le recours à la force peut faire des soldats de la paix des cibles et renforcer les risques encourus par les populations civiles qui seraient ainsi exposées aux représailles.


Son homologue de la Suisse a pris le contre-pied.  Il s’est plutôt réjoui que les opérations de maintien de la paix aient enfin montré leur capacité à réagir « de manière prompte » face aux violences contre les civils.  Il est allé plus loin et a argué que l’emploi prévu de systèmes aériens sans pilote et non armés –drones- pour appuyer les efforts de surveillance de la Mission en RDC n’est qu’un exemple de la manière dont les avancées technologiques de pointe peuvent servir de multiplicateurs de forces lorsqu’elles sont judicieusement mises à profit.


Les premiers résultats que l’ONU tirera de cette expérience « inédite » dans l’histoire des opérations de maintien de la paix seront d’une importance cruciale pour déterminer le rôle que de telles technologies peuvent jouer dans d’autres contextes de maintien de la paix, a estimé le représentant suisse.  Son homologue du Rwanda a dit tenir à un recours « impartial et transparent » à ces nouvelles technologies.


La représentante de l’Indonésie a demandé un débat sur ces questions à la prochaine session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Ce Comité, a insisté son homologue de la Fédération de Russie, reste l’organe central pour les changements stratégiques dans la politique de maintien de la paix de l’Organisation.  L’incapacité dudit Comité à adopter son rapport pour des questions « triviales » de procédure, comme l’a dit le représentant du Pakistan, a, une nouvelle fois, été décriée.


La solution aux blocages actuels, a préconisé le représentant de la Suisse, nécessite avant tout un changement d’attitude de la part des États Membres: le maintien de la paix est un partenariat, basé sur le partage des tâches et des responsabilités, et sur la confiance mutuelle au service d’un objectif commun.  Ce partenariat ne peut exister que si chaque groupe et délégation est capable de comprendre les besoins des autres, de négocier de bonne foi, et surtout de faire des compromis.


Il est grand temps, a renchéri le représentant du Pakistan, que le partenariat prenne sa véritable signification, et pour cela les pays développés et autres qui ont des ressources essentielles doivent partager la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’importance et l’utilité d’un dialogue triangulaire renforcé entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police ont été soulignée aujourd’hui comme hier.


La Quatrième Commission poursuivra son débat sur cette question, demain, mercredi 30 octobre à partir de 10 heures.


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Déclarations


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a dit que les missions de maintien de la paix sont « l’activité phare » de l’ONU.  En tant que participant essentiel de ces activités, a-t-il dit, le Pakistan accorde un intérêt particulier à ce débat.  Les opérations de maintien de la paix fonctionnent dans des contextes de plus en plus complexes et les attentes ne cessent d’augmenter.  Les défis opérationnels sont tels qu’on ne peut les relever que grâce à l’action collective, et au renforcement des capacités régionales.


Le Pakistan, a ajouté le représentant, estime qu’il faut mettre un terme à la tendance de la compartimentation des rôles dans le maintien de la paix, entre pays contributeurs de troupes et décideurs politiques.  Les pays développés et d’autres qui ont les ressources requises doivent aussi assumer la responsabilité du maintien de la paix.  Il faut plus de cohérence entre ceux qui formulent les mandats des missions et ceux qui les mettent en œuvre.  « Il est grand temps que ce partenariat prenne sa véritable signification », a exigé M. Khan.


Compte tenu des défis croissants, il a jugé inacceptable que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas été capable de mener à bien ses travaux pour des questions « triviales » de procédure.  Il espère que ces problèmes seront dépassés pour la prochaine session.


En tant que Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix, le Pakistan a, a déclaré son représentant, mis l’accent sur la participation accrue des pays contributeurs de contingents au dialogue triangulaire du Conseil de sécurité.  Sous la présidence pakistanaise, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2086 qui s’est concentrée sur les démarches multidimensionnelles du maintien de la paix, a rappelé M. Khan.


Parmi les questions fondamentales à clarifier dans le contexte du maintien de la paix il a évoqué celle de l’utilisation de la force.  Afin de maintenir la crédibilité et la légitimité du maintien de la paix, il faut veiller à la distinction claire entre maintien et imposition de la paix.  Le recours à la force n’est autorisé qu’en cas de légitime défense, a tancé le représentant.  Par conséquent, le Pakistan insiste pour que la Brigade d’intervention qui a été déployée en République démocratique du Congo soit l’exception et non la norme.  Ce doit être une mesure temporaire.


Pour garantir leur succès, les opérations de maintien de la paix doivent être dotées des capacités et des ressources adaptées à leurs besoins réels et changeants.  Le Pakistan a condamné la fréquence accélérée des attaques contre le personnel de l’ONU et a même suggéré l’examen de leurs causes pour mieux les contrecarrer.  Il a appuyé le recours aux nouvelles technologies pour contribuer à la sécurité et à la sûreté du personnel.


Le Pakistan est activement engagé dans le travail du Groupe consultatif de haut niveau sur les taux de remboursement des pays contributeurs de troupes, a indiqué le représentant.  Le pays attend un dialogue franc sur la direction stratégique du maintien de la paix de l’ONU, un dialogue sur les questions politiques, opérationnelles, financières et sur les ressources.  Il faut innover er renforcer l’architecture de la paix de l’ONU.


M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a rappelé que les Nations Unies ont comme mission fondamentale le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  C’est pourquoi les opérations de maintien de la paix sont très importantes, a-t-il ajouté, en soulignant qu’elles présentent aujourd’hui un caractère multidimensionnel, incluant le renforcement de l’état de droit ou la protection des civils.  Il est donc indispensable de réaffirmer le principe de l’appropriation nationale et d’accorder l’importance voulue à la consolidation de la paix.


Le Pérou, a relevé M. Velásquez, déplore que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas été en mesure d’adopter un rapport à sa dernière session.  Cet organe intergouvernemental doit continuer de jouer un rôle crucial dans l’élaboration et la réalisation des politiques en la matière.


Le représentant a noté que cette année marque les 40 ans de l’engagement constant du Pérou dans les opérations de maintien de la paix.  Le Pérou contribue à huit opérations, a-t-il indiqué, en jugeant important que le comportement éthique du personnel soit exemplaire.  Il a salué la politique de tolérance zéro du Secrétaire général et encouragé la promotion des femmes dans le maintien de la paix.


M. LAWRENCE MANZI (Rwanda) a regretté que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34)n’ait pas été en mesure de mener à bien son travail lors de la soixante-septième session, indiquant néanmoins que le Rwanda, en tant que contributeur actif aux missions de maintien de la paix, espérait que la soixante-huitième session serait plus productive.


Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de la coopération entre partenaires.  Le Rwanda reconnaît les changements continus intervenus dans le maintien de la paix et les défis qui se présentent, et salue la capacité de l’organe à faire preuve d’adaptation et de souplesse.  Dans notre expérience, cette évolution et la nature instable des conflits ont créé un plus grand nombre d’attentes vis-à-vis de nos soldats de la paix, a ajouté le représentant, soulignant que le nombre croissant d’attaques contre les soldats de la paix était là pour rappeler la responsabilité de tous de réduire les risques qu’ils encourent, renforcer les mesures préventives, et améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.


Le Rwanda reconnaît que l’usage de la force dans les opérations de maintien de la paix peut menacer l’impartialité des opérations de la mission, faire des soldats de la paix des cibles, et renforcer les risques encourus par les populations civiles qui peuvent être la cible de représailles, a précisé le représentant, se disant favorable à l’usage impartial et transparent de nouvelles technologies capables de protéger les civils et le personnel de l’ONU.


En conclusion, le représentant a salué l’augmentation de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix dans le monde, et rappelé que son pays était favorable à un renforcement des liens entre le maintien de la paix et l’édification de la paix.


Mme RINA SOOMARNO (Indonésie) a tout d’abord rendu hommage aux Casques bleus qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions et à ceux qui continuent de remplir leur devoir avec courage, professionnalisme et dévouement.  Tandis que les opérations continuent d’évoluer et que les conflits deviennent de plus en plus complexes, il faut faire en sorte que les ressources nécessaires soient mises à la disposition des Casques bleus et qu’un appui politique et opérationnel soit offert à leurs missions.  « Il en va de la crédibilité des Nations Unies », a-t-elle souligné, avant de déplorer l’incapacité du Comité spécial des opérations de maintien de la paix à adopter son rapport annuel.


L’Indonésie, a déclaré la représentante, réaffirme que les principes fondamentaux des Nations Unies sont des éléments cruciaux du succès des opérations de maintien de la paix.  La planification des opérations et l’organisation de la transition à moyen et long termes sont indispensables.  Un partenariat renforcé entre toutes les parties prenantes est crucial et la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, y compris dans les organes décisionnels, est très importante, car elle participe à l’autonomisation des femmes.  Enfin, la représentante a exprimé sa préoccupation face au recours à des sociétés de sécurité privées et aux drones, qui devrait faire l’objet d’un débat, à la prochaine session du Comité spécial.  Elle a indiqué que son pays a déployé actuellement 1 800 Casques bleus dans neuf opérations de maintien de la paix.


M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a souligné les profonds changements que les opérations de maintien de la paix ont connus au cours des 10 dernières années.  Les mandats de plus en plus complexes et de nouvelles tâches comme la supervision des élections, le renforcement de l’état de droit, les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) et la protection des civils ont apporté des changements dans la doctrine du maintien de la paix, a noté le représentant.  À ce titre, il a cité le concept d’« opérations robustes » qui envisage le recours à la force dans certaines situations différentes de la sphère traditionnelle de la légitime défense.  Face à ces évolutions, il a réaffirmé son attachement aux objectifs et principes fondamentaux du maintien de la paix et de la Charte.  Il a souligné que ce mécanisme multilatéral ne peut se transformer en un élément d’intervention qui ferait office d’arbitre dans un conflit.


Pour sa délégation, il serait nécessaire de mettre l’accent sur l’influence politique et le soutien intégral aux parties qui cherchent une solution aux conflits.  Les opérations de maintien de la paix ne sauraient remplacer les solutions politiques, a-t-il estimé.  Il a déploré les stratégies utilisées par certains États pour entraver les négociations sur le rapport final du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Les efforts de maintien de la paix, a-t-il dit, doivent s’accompagner des efforts de la communauté internationale en faveur de la coopération au développement.  Il ne faut pas considérer « l’État protégé » comme une victime qui a besoin de protection mais plutôt comme un acteur fondamental dans les décisions prises et dans le projet de paix et de développement.


M. BENJAMIN SHARONY (Israël) a déclaré que son pays attache une grande importance à la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et remercie le Conseil de sécurité d’avoir prorogé son mandat pour six mois.  Il a indiqué qu’Israël est en faveur d’un renforcement des forces de la FNUOD, mais pas au détriment des capacités de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), que ce soit en termes de personnel ou de budget.  En effet, la FINUL joue un rôle stabilisateur dans la région et Israël réaffirme son soutien à la résolution 1701.


Le calme relatif dans le sud du Liban est trompeur, a déclaré le représentant, en estimant que le Hezbollah dispose d’une capacité militaire croissante et que son engagement en Syrie peut provoquer un effet « boule de neige » au Liban.  « Il est donc nécessaire de faire cesser les livraisons d’armes au Hezbollah », a dit M. Sharony, en relevant que le Moyen-Orient est secoué par un « tremblement de terre » et qu’il est indispensable de se tenir prêt à défendre la liberté, la démocratie et la paix.  « Le cas échéant, Israël est prêt à se défendre seul », a-t-il conclu.


Les propos du représentant sur la situation en Syrie ont valu à la Commission une motion d’ordre du représentant syrien: « le représentant des forces d’occupation israéliennes est sorti du cadre du point de l’ordre du jour en discussion qui est l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, et non pas la situation interne de pays en particulier.  Le temps de la Commission est précieux et l’on ne devrait pas s’écarter du point à l’ordre du jour. »


M. FRÉDÉRIC MARC-ANDRÉ TISSOT-DAGUETTE (Suisse) a salué le fait que l’ONU ait renforcé l’action de la MONUSCO en République démocratique du Congo.  « Les opérations de l’ONU doivent en effet montrer leur capacité à réagir de manière prompte face aux violences contre les civils. »  Au Mali, la création de la MINUSMA est un élément majeur, selon lui, qui doit contribuer à la paix et la sécurité dans une région qui fait face à de nombreux défis.  Compte tenu de l’importance du mandat de cette Mission, il a estimé qu’il est d’autant plus urgent qu’elle reçoive les ressources financières et humaines nécessaires.  Soulignant que les efforts de maintien de la paix de l’ONU en RDC et au Mali ont souvent été sous le feu des projecteurs ces derniers mois, il a tenu à rappeler que de grandes et de petites missions ont été menées tout au long de l’année à travers le monde, comme au Libéria, en Côte d’Ivoire ou encore en Haïti.  Ces opérations étaient certes moins visibles mais tout aussi importantes et souvent non moins efficaces, a estimé le représentant, qui a appelé les États Membres à leur accorder le même intérêt et le même soutien pour éviter la reprise des hostilités et aider à l’instauration d’une paix durable.


Il est essentiel de soutenir le système des Nations Unies dans ses efforts pour développer des réponses adaptées, à la fois innovantes et souples, aux défis que pose la gestion de la sécurité dans les situations volatiles.  Le représentant a appelé les États Membres, et en particulier les pays hôtes de missions de maintien de la paix, à poursuivre leur action de sensibilisation du public au rôle des soldats de la paix, à contribuer à expliquer les raisons de leur présence et leur mandat et à veiller, au besoin, à ce que les auteurs des attaques contre eux soient traduits en justice, conformément au droit humanitaire international. 


Après une courte période de consolidation, la demande d’opérations progresse à nouveau, a souligné le représentant.  Entre janvier et août, le nombre de soldats de la paix déployés a augmenté de 3 000 militaires, dont quelques 140 femmes.  La Suisse tient à féliciter les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions ainsi que les missions de terrain pour ce résultat remarquable et appelle les États Membres à redoubler d’effort pour favoriser la participation de femmes à ces missions. 


Le représentant a soutenu l’utilisation de technologies modernes dans les opérations de maintien de la paix qui permette de mener les activités de manière plus efficace, plus rapide, plus conséquente et de réduire les coûts.  Cette démarche devrait se concrétiser à tous les niveaux et pour tous les types d’activités de maintien de la paix et impliquer le recours à des technologies de communication bien établies et aux technologies de pointe émergentes.  L’emploi prévu de systèmes aériens sans pilote et non armés pour appuyer les efforts de surveillance de la MONUSCO dans l’est de la RDC n’est qu’un exemple de la manière dont les avancées technologiques de pointe peuvent servir de multiplicateurs de forces lorsqu’elles sont judicieusement mises à profit.  Les premiers résultats que l’ONU tirera de cette expérience inédite dans l’histoire de ses opérations seront d’une importance cruciale pour déterminer le rôle que de telles technologies peuvent jouer dans d’autres contextes de maintien de la paix, a estimé le représentant. 


Avant de conclure, il a invité le Comité spécial des opérations de maintien de la paix à se demander où se trouve son intérêt, face à la crise qu’il traverse car « malgré son incapacité à produire des résultats pertinents pour la conduite des opérations de maintien de la paix, la réalité n’attend pas, et le maintien de la paix se développe sans que nous ayons voix au chapitre ».  La solution aux blocages actuels nécessite avant tout un changement d’attitude: le maintien de la paix est un partenariat, basé sur le partage des tâches et des responsabilités, et sur la confiance mutuelle au service d’un objectif commun.  Ce partenariat ne peut exister que si chaque groupe et délégation est capable de comprendre les besoins des autres, de négocier de bonne foi, et surtout de faire des compromis.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a rappelé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales constituaient l’une des missions essentielles et même l’une des raisons d’être de l’ONU.  À cet égard, dans le préambule de sa Charte fondamentale, l’Organisation affirme avec conviction sa volonté et sa détermination à « préserver les générations futures du fléau de la guerre » après la tragique expérience de laquelle le monde venait de s’extirper, a souligné le représentant.  Il a ajouté que son pays avait, depuis son accession à la souveraineté internationale, décidé de se tenir aux côtés des Nations Unies en contribuant de manière substantielle à l’effort international de promotion de la paix et de la sécurité.  Le représentant a affirmé que cet engagement, reflet et expression d’une ligne de politique étrangère, s’appréciait aujourd’hui à travers la présence de 2 934 soldats et forces de police sénégalais dans les différents théâtres d’opérations, plaçant ainsi le Sénégal au dixième rang du classement mondial des pays contributeurs de troupes et au troisième rang des pays fournisseurs de contingents de police.


Le Sénégal estime que le souci d’efficacité doit constituer le crédo des stratégies de maintien de la paix élaborées et mises en œuvre par l’ONU.  Par conséquent, il importe de prendre en compte plusieurs paramètres importants renvoyant, entre autres, à la définition de mandats clairs, crédibles et réalistes mais aussi au déploiement de ressources humaines de qualité et de moyens logistiques et financiers adéquats.  Le représentant a affirmé que l’exécution des opérations de maintien de la paix devait être respectueuse de certains principes fondamentaux, de manière à préserver l’image de marque des Nations Unies et de consolider sa légitimité au regard des États et des peuples du monde entier.


M. IHAB HAMED (République arabe syrienne) a déclaré que la responsabilité principale du maintien et de la consolidation de la paix repose sur les Nations Unies et que les opérations de maintien de la paix constituent un outil indispensable pour mener à bien cette mission.  Les opérations garantissent un environnement propice à la consolidation de la paix après les conflits, a-t-il ajouté.


Le représentant a rappelé que la Charte des Nations Unies consacre les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires internes des États.  Les opérations de maintien de la paix doivent donc se tenir strictement à ces principes fondamentaux, a-t-il souligné, avant de relever un autre principe qui est le consentement des États hôtes.  La Syrie, a poursuivi M. Hamed, a toujours appuyé le développement des opérations de maintien de la paix, mais réaffirme que ces opérations ne peuvent en aucun cas se substituer à une solution durable d’un conflit.  Le principe de la protection des civils ne doit pas être instrumentalisé pour s’ingérer dans les affaires internes d’un pays, a relevé le représentant, en appelant à une définition juridique commune s’agissant de ce principe.


La Syrie, a noté M. Hamed, réaffirme son engagement et son appui en faveur de la FNUOD et de la FINUL, tout en réitérant que les opérations de maintien de la paix devraient avoir un mandat limité dans le temps.  Malgré le déploiement d’opérations dans la région depuis des décennies, la paix reste hors de portée à cause de la politique israélienne d’agression ainsi que son absence de respect pour le droit international.  Israël doit cesser son agression contre les peuples et les États de la région, a-t-il tranché.


Le représentant a affirmé que les menaces sécuritaires et les agressions dont sont victimes les Casques bleus sont préoccupantes.  Ces agissements constituent l’un des principaux défis au travail des opérations de maintien de la paix sur le terrain.  À cet égard, les Nations Unies doivent mettre fin à l’appui apporté par Israël aux forces terroristes dans le Golan syrien occupé, a-t-il plaidé.  Les forces d’occupation transfèrent les terroristes blessés dans des hôpitaux israéliens avant d’être renvoyés illégalement vers le territoire syrien pour y poursuivre leurs opérations.  Cela constitue non seulement une violation des accords pertinents mais cela met en outre la vie des Casques bleus en danger, a-t-il conclu.


M. ABUZIED SHAMSELDIM AHMED MOHAMED (Soudan), en tant que pays hôte de la MINUAD, a estimé qu’il s’agit d’une expérience édifiante dont on peut tirer des leçons.  Les opérations de maintien de la paix doivent s’en tenir aux principes fondamentaux du maintien de la paix et à la Charte, dont le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, le consentement des parties ou encore le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Le représentant a également insisté sur la nécessité d’examiner les causes profondes des conflits pour y trouver des solutions durables, ce qui suppose une coopération plus étroite entre missions de la paix et gouvernements hôtes.  Les opérations de maintien de la paix ne peuvent se substituer à un processus politique, a-t-il estimé.  Elles doivent avoir un mandat clair et une stratégie de sortie bien définie.  Le représentant a souligné le rôle essentiel des pays contributeurs de troupes qui doivent participer aux processus décisionnels.  À cet égard il a appelé à redoubler d’efforts pour que leur rôle soit renforcé et jugé important que le déploiement des opérations s’accompagne de missions de bons offices et du soutien de la communauté internationale pour faciliter les processus politiques dans les pays.


Mme BATTUNGALAG GANKHUURAI (Mongolie) a souligné que le maintien de la paix, aujourd’hui, était le théâtre de situations ambigües qui confrontent les soldats de la paix à des degrés extrêmes de violence et de tension.  Pour contribuer aux efforts en faveur du maintien de la paix et de la sécurité, la Mongolie a pris différentes mesures.  À ce jour, environ 1 000 officiers militaires de Mongolie servent dans les six missions de la paix qui comptent parmi les plus délicates, notamment en République démocratique du Congo (RDC), au Darfour et au Sud Soudan.


À la lumière de l’aggravation de la situation sécuritaire qui prévaut dans de nombreuses missions sur le terrain, la sécurité du personnel doit figurer parmi les plus hautes priorités.  À cet égard, le représentant a condamné les attaques perpétrées contre les soldats de la paix, et toutes les formes de violences qu’ils subissent.  Il a demandé des mesures pour que les soldats de la paix soient entraînés au mieux et préparés dans les meilleures conditions.  D’un autre côté, les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police, qui ont la responsabilité du succès des missions, doivent être davantage impliqués dans le processus de décision, a souligné le représentant.  Le Comité spécial des opérations de la paix joue un rôle indispensable comme le seul organe des Nations Unies mandaté pour examiner les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Il a donc regretté que le Comité spécial ait été incapable de progresser dans la mise en œuvre de son mandat, cela pour des raisons de procédure.


M. CHARLES WEHBI (Liban) a déclaré que la nature changeante et la complexité des conflits exigent une plus grande coopération, afin de consolider l’expertise, la coordination dans le système des Nations Unies, identifier les besoins spécifiques et aligner efficacement les ressources sur les priorités du terrain.  C’est pour cela que le Liban souligne l’importance du personnel civil, d’autant que les opérations de maintien de la paix ne sont pas une fin en soi, mais un moyen d’instaurer une paix durable.


Dans ce contexte, le Liban, qui accueille une mission de maintien de la paix sur son territoire, la FINUL, salue l’initiative du Département des opérations de maintien de la paix de nommer plus de femmes à des postes à responsabilités.  Il salue en outre les efforts de la communauté internationale pour obtenir le retrait d’Israël, la Puissance occupante, des derniers territoires libanais occupés et pour assurer le respect de la souveraineté territoriale, aérienne et maritime du Liban, a conclu son représentant.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déploré l’impasse dans laquelle se trouve le travail du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui est le seul organe des Nations Unies dont le mandat est d’étudier de façon globale les opérations.  Il s’est dit préoccupé par le peu d’attention accordée à la question des équipements, dont les hélicoptères.  Il a cité d’autres questions de priorités dont les taux de remboursement et la participation des pays fournisseurs de contingents à la planification des opérations.  En tant que pays fournisseurs d’effectifs de police, l’Ukraine, a indiqué M. Kyslytsya, note l’évolution récente du cadre d’orientation stratégique pour normaliser les activités de maintien de la paix dans le domaine de la police.  Il faut former les personnels avant leur déploiement et l’Ukraine se tient prête à appuyer tous les efforts des Nations Unies en la matière, a-t-il conclu.


M. PETR V. ILICHEV (Fédération de Russie) a réaffirmé que les missions de maintien de la paix sont l’instrument le plus important dont dispose la communauté internationale.  Toutefois, il faut veiller à ce qu’elles restent conformes aux principes fondamentaux du maintien de la paix et à la Charte des Nations Unies.  Compte tenu de ce qui précède, il a pris note de la transformation du mandat de la MONUSCO avec la mise en place de la Brigade d’intervention.  Tout en saluant la capacité et la volonté du Conseil de sécurité de l’ONU à réagir à la réalité changeante sur le terrain, il a insisté sur le fait que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix reste l’organe central pour les changements stratégiques dans la politique de maintien de la paix de l’Organisation.  Il a dit espérer que l’année prochaine tous les pays seront prêts à discuter sur le fond du rapport final du Comité spécial.


Le représentant a en outre estimé que toute décision prise par le Conseil de sécurité doit tenir compte des situations dans les pays et qu’il faut coordonner les efforts de tous les programmes, fonds et du Secrétariat pour éviter les doublons.  Il a également noté que les opérations de maintien de la paix avaient des mandats de plus en plus complexes qui couvrent souvent les questions de consolidation de la paix et de protection des civils.  Mais il s’est dit préoccupé par la tendance actuelle à réinterpréter le droit international et en particulier par la notion ambigüe de « responsabilité de protéger ».


Il a insisté sur le fait que les soldats de la paix doivent strictement respecter le principe d’impartialité car il y va de la réputation et de la crédibilité de l’ONU.  Les changements actuels dans l’approche du maintien de la paix exigent des discussions entre États Membres et une démarche politique unifiée, a encore souligné le représentant.  Le succès des opérations suppose une collaboration étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales, comme l’Union africaine.  Compte tenu des ressources limitées du maintien de la paix, il a insisté sur le partenariat entre tous les États Membres d’un côté, et le redéploiement régional des ressources lorsque cela est possible et judicieux.


M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a remercié les Casques bleus actifs à travers le monde, en rendant hommage aux 79 d’entre eux qui ont perdu la vie cette année au service de la paix.  « Il ne fait aucun doute que le monde continue d’avoir besoin du soutien des forces onusiennes de maintien de la paix », notamment pour aider les États fragiles à opérer des transitions vers une stabilité durable, a-t-il souligné.  À cet égard, il a rappelé qu’en 2013, le Conseil de sécurité a autorisé une nouvelle mission au Mali.  Ailleurs, de nouveaux défis sont apparus, comme dans les hauteurs du Golan ou en République démocratique du Congo (RDC).  En RDC, la MONUSCO emploie de nouvelles innovations en matière de maintien de la paix, comme la Brigade d’intervention et le prochain déploiement de drones qui permettront de mieux protéger les populations civiles, a-t-il estimé.


« Le maintien de la paix est un effort collectif qui nécessite la coopération des États concernés et l’expertise et le dévouement de nombreuses personnes, militaires, policiers et civils, au siège et sur le terrain », a souligné M. DeLaurentis.  Les États-Unis, a-t-il indiqué, soulignent que la protection des civils est essentielle dans les activités des opérations de maintien de la paix.  En dépit du dévouement et de la conduite exemplaire de la plupart des Casques bleus, il est décevant que des incidents d’exploitation sexuelle et d’abus soient commis par des « brebis galeuses », a déploré le représentant.  Ainsi, les États-Unis appellent les États Membres et les dirigeants des Nations Unies sur le terrain à prendre les mesures nécessaires pour éliminer les actes répréhensibles commis par ceux qui abusent de leur position de pouvoir.  Le représentant a réaffirmé le soutien continu de son pays aux efforts de maintien de la paix consentis par l’ONU.



Droits de réponse


Le représentant d’Israël a répondu à la Syrie, en soulignant que le Gouvernement syrien semblait penser qu’il peut détourner l’attention des crimes atroces qui ont été commis sur son sol, de la même façon qu’il foule au pied les droits fondamentaux de son peuple.  Ce régime est responsable de la mort de 100 000 de ses propres citoyens, a-t-il affirmé, avant de s’adresser au peuple syrien pour lui dire qu’Israël fait appel à « notre humanité commune en dépit de nos différends politiques » et se tient prêt à offrir une aide humanitaire.


Répondant également au Liban, le représentant a affirmé qu’au cours des derniers mois, les Forces armées libanaises sont restées « les bras croisés » et ont autorisé des violations du droit international.  Comment peut-il avoir l’audace de critiquer Israël alors que le Hezbollah est responsable du massacre de nombreux civils en Syrie? a-t-il demandé.


Le représentant de la République arabe syrienne a souligné qu’il s’exprimerait uniquement sur le point à l’ordre du jour et non sur d’autres sujets comme l’a fait le représentant des forces d’occupation israéliennes.  Les allégations du représentant israélien constituent une tentative désespérée de détourner l’attention et de dissimuler le soutien d’Israël aux terroristes et le fait que l’occupation est la raison de la présence de trois opérations de maintien de la paix dans la région.  « Le représentant de la force d’occupation israélienne aurait dû demander à ses forces de mettre fin à l’occupation, ce qui mettrait un terme aux opérations de maintien de la paix dans la région. »


Il est surprenant, a dit le représentant, d’entendre Israël déclarer qu’il respecte les opérations de maintien de la paix, alors qu’il a la longue histoire d’attaques contre les forces onusiennes, et il ne s’agit pas d’accusations infondées, a-t-il souligné.  En 1996, Israël a ciblé le quartier général de la FINUL au Sud-Liban, tuant 106 civils qui cherchaient protection dans le bâtiment de l’ONU.  En juillet 2006, Israël a bombardé un poste de supervision de la trêve, tuant quatre officiers de la Force internationale.  L’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan, s’était dit préoccupé par le fait qu’Israël avait délibérément ciblé les forces onusiennes, ce qui a été confirmé par un rapport des forces canadiennes en poste.


Outre ce qui vient d’être mentionné, d’autres actes suspects ont été perpétrés par Israël contre les forces onusiennes au Sud-Liban.  Pour conclure, le représentant a estimé que les forces israéliennes prennent le prétexte de l’aide humanitaire pour soutenir les forces terroristes liées à Al-Qaida qui menacent les civils et les opérations de maintien de la paix.


À son tour, le représentant du Liban a réaffirmé ce qu’il avait déclaré dans son intervention par rapport « aux crimes de l’ennemi israélien sur les sites et installations de l’ONU au Sud-Liban ».  « Tout ce que j’ai demandé c’est que ces crimes ne se répètent plus », a indiqué le délégué.  Il a réitéré que les violations systématiques d’Israël de l’espace aérien libanais et de ses eaux territoriales sont au nombre de 1 000 selon l’ONU.  Il est également revenu à l’agression israélienne de 2006 où des bombes à sous-munitions avaient été lâchées sur des populations civiles au Sud-Liban.


Reprenant la parole, son homologue d’Israël a noté que le représentant syrien avait décidé de « faire la leçon » à Israël alors même que son propre régime a tué plus de 100 000 de ses concitoyens.


Le représentant de la Syrie a dit s’être contenté de citer des informations vérifiées par les Nations Unies.  « Le représentant des autorités d’occupation doit sortir de la bulle dans laquelle il vit pour réaliser les violations avérées commises par ses forces d’occupation », a-t-il poursuivi, avant d’estimer que le représentant israélien a tenu des propos vides de sens qui n’ont aucun lien avec le point à l’ordre du jour, ce qui démontre son incapacité à répondre à des faits documentés.  Le représentant des autorités d’occupation sait-il que les forces d’occupation ont tué en 1948 l’Envoyé de la communauté internationale, le Comte Bernadotte, dans une rue de Jérusalem?  Les agressions avérées commises par Israël contre les représentants de la paix sont documentées et durent depuis des décennies, a-t-il accusé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de l’Assemblée générale demande aux États de la Troisième Commission de promouvoir ensemble les droits socioéconomiques.

AG/SHC/4080

Le Président de l’Assemblée générale demande aux États de la Troisième Commission de promouvoir ensemble les droits socioéconomiques.

29/10/2013
Assemblée généraleAG/SHC/4080
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

31e et 32e séances – matin et après-midi


LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE AUX ÉTATS DE LA TROISIÈME COMMISSION DE PROMOUVOIR ENSEMBLE LES DROITS SOCIOÉCONOMIQUES


La Commission examine la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, au Myanmar et en Palestine


Le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe, s’est adressé aujourd’hui à la Troisième Commission, en évoquant le « nouveau paradigme du développement pour l’après 2015 » et les écarts socioéconomiques qu’il faut réduire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le mandat de la Commission consiste à promouvoir le progrès social, a-t-il notamment souligné.


À cet égard, M. Ashe a demandé aux États de « veiller à ce que l’Assemblée générale soit une représentation de la communauté internationale dans son ensemble ».


La Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles avait commencé par examiner, ce matin, la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC).


Le 21 mars dernier, le Conseil des droits de l’homme a établi une commission d’enquête pour une durée d’un an, chargée d’enquêter sur les violations graves, systématiques et généralisées des droits de l’homme en RPDC.  Il a prorogé d’un le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC, M. Marzuki Darusman, et l’a nommé membre de la commission d’enquête, qui en compte deux autres.


Le rapport de M. Darusman a été présenté ce matin par la Directrice adjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Maarit Kohonen Sheriff.  Dans ce pays, qui continue de privilégier la militarisation aux dépens du droit de son peuple à l’alimentation, le taux de malnutrition chronique des enfants de moins de 5 ans est de 27,9%.


À son tour, le Président de la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en RPDC, M. Michael Kirby, a expliqué qu’en l’absence d’un accès au territoire, la Commission avait conduit, à Séoul, Tokyo et Londres, des audiences publiques avec des victimes de la prison et de la torture.


« Les terrifiants témoignages ont choqué notre conscience et nous ont émus », a confié M. Kirby, avant d’inciter les délégations à les consulter en ligne.


Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar, M. Vijay Nambiar, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la question.


M. Nambiar a salué la progression des réformes et du processus de réconciliation nationale, grâce aux négociations menées avec les anciens groupes ethniques armés.  Cependant, il s’est interrogé sur l’impact du regain des tensions intercommunautaires et des manifestations de violence dans tout le pays sur les transformations en cours.


Ensuite, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, M. Richard Falk, a présenté son dernier rapport à la Commission.


M. Falk a recommandé que l’Assemblée générale sollicite un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’occupation de la Palestine, si les négociations diplomatiques en cours ne débouchent pas sur un règlement du conflit.


Ayant consacré une partie de son rapport aux entreprises internationales qui réalisent des profits grâce aux colonies de peuplement israéliennes, il a par ailleurs recommandé que la Belgique et la France indemnisent les Palestiniens qui ont été directement lésés par les activités de la banque Dexia Israël.


Pour sa part le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, M. Heiner Bielefeldt, a estimé que « les pratiques néfastes pour les femmes et les filles ne peuvent jamais être justifiés par la liberté de religion ou de conviction ».


Selon lui, les autorités religieuses peuvent jouer un rôle important en clarifiant leur position et en appelant publiquement tous les croyants à mettre fin à des pratiques cruelles.  La question de savoir si celles-ci sont d’origine religieuse reste un grand thème de débat dans les communautés de fidèles et le dialogue interreligieux.


Par ailleurs, l’Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, M. Cephas Lumina, a appelé les États réticents à l’idée de traiter la question de la dette souveraine sous l’angle des droits de l’homme à reconsidérer leur position.


Quant au Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, M. Maina Kiai, il a étudié ce droit dans le contexte des élections démocratiques.  La tenue d’élections, à elles seules, ne saurait être une panacée, le plus important étant la qualité du processus qui inévitablement a un impact sur la légitimité du résultat du scrutin.


La Troisième Commission poursuivra demain, dès 10 heures, son débat général sur les droits de l’homme, après avoir notamment entendu l’exposé de l’Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale.



PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/68/487) [point 69]


--    Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales A/68/290 , A/68/299, A/68/319, A/68/392, A/68/331 , A/68/376


--    Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux


Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs


M. MICHAEL KIRBY, Président de la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, a fait remarquer que le monde avait concentré son attention, jusqu’à présent, sur les armes nucléaires développées par le pays concerné et qu’il était grand temps d’élargir l’examen pour l’orienter vers la performance en termes de respect des droits de l’homme.


Il a fourni un aperçu des travaux de la Commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme visant à faire la lumière sur les violations massives et graves des droits de l’homme, en vue d’une reddition de comptes, en particulier pour les violations assimilées à des crimes contre l’humanité.  Il a souligné que les membres de la Commission avaient bénéficié d’une solide coopération de la part de nombreux États mais que la RPDC n’avait pas coopéré, malgré des efforts répétés tendant à établir une communication avec ses autorités, y compris des lettres adressées au Chef de l’État, M. Kim Jon-Un, et à son représentant permanent des Nations Unies à New York.


M. Kirby a ajouté qu’en l’absence d’un accès au territoire, la Commission avait conduit des audiences publiques incluant des victimes à Séoul, Tokyo et Londres, qui étaient ouvertes également aux médias et à d’autres observateurs.  À la fin de cette semaine, des audiences auront lieu à Washington.  « Les terrifiants témoignages ont choqué notre conscience et nous ont émus, parfois, jusqu’aux larmes », a confié M. Kirby, qui a décrit des témoignages de gens ordinaires torturés et emprisonnés pour rien d’autre que d’avoir visionné des feuilletons étrangers ou d’avoir des croyances religieuses.


D’autres ont été assujettis à des tortures, des actes de violence sexuelle et autres atrocités pour avoir tenté d’exercer leur droit fondamental à quitter leur propre pays.  Une femme rapatriée a raconté comment elle avait été obligée de noyer son propre bébé dans un seau parce qu’il était de père étranger.  « Ceux qui croyaient que la pureté ethnique était une notion du passé devraient le repenser deux fois »,  a-t-il commenté.


Après avoir fait état de nombreux autres témoignages d’horreur, notamment dans les camps de prisonniers politiques, le Président de la Commission d’enquête a invité la République populaire démocratique de Corée à se faire représenter aux audiences publiques, rappelant que toutes les invitations dans ce sens avaient eu une fin de non-recevoir.  Au contraire, la délégation, devant le Conseil des droits de l’homme, avait accusé les membres de la Commission de n’avoir axé leurs informations que sur du « matériel faux, fabriqué de toutes pièces et inventé par les forces hostiles à la RPDC, des dissidents ». 


Le Président de la Commission a encouragé les délégués à visionner les audiences disponibles sur la page Internet pour que l’opinion internationale puisse façonner son propre point de vue sur la crédibilité des témoignages, la transparence, la rigueur et l’objectivité avec lesquelles elles ont été conduites.


Les conclusions et recommandations seront publiées à l’issue de l’enquête mais d’ores et déjà, en l’état de l’enquête, il est évident que des violations systématiques et graves sont commises en RPDC.  En vertu du mandat visant à garantir la redevabilité, la Commission établira quelles institutions étatiques sont responsables en vertu des instruments relatifs aux droits de l’homme. 


Selon leFonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) plus de 27,9% des enfants de ce pays souffrent d’insuffisance pondérale résultant d’une malnutrition chronique, statistique incongrue dans le monde d’aujourd’hui, qui découle d’un choix de régime où on place les « armes avant la nourriture».  Une commission d’enquête ne joue pas le rôle de procureur ou de juge, mais représente les yeux, les oreilles et la voix des Nations Unies et fournira un rapport véridique, équilibré et crédible sur la situation des droits de l’homme en RPDC.  Lorsque le dernier rapport sera soumis, en mars 2014, il sera de l’obligation des États Membres de réfléchir et d’agir pour faire cesser ces violations qui remettent en cause la conscience de l’humanité toute entière et qui ont duré bien trop longtemps.


M. MARZUKI DARUSMAN, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, n’ayant pu être présent ce matin pour des raisons médicales, Mme  MAARIT KOHONEN SHERIFF,Directrice adjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a présenté son rapport (A/68/319), dans lequel elle a annoncé que des changements avaient été opéré dans la façon dont cette situation était analysée, la communauté internationale ayant décidé de lancer une enquête internationale exhaustive pour mener des investigations sur les violations graves, systématiques et généralisées des droits de l’homme dans le pays (cf. résolution 22/13 du Conseil des droits de l’homme portant création de la Commission d’enquête).


Au paragraphe 5 de cette résolution, le Conseil a décidé que celle-ci aurait pour mandat d’examiner la violation du droit à la nourriture, les violations dans les camps pénitentiaires, la torture et les traitements inhumains, de même que la détention arbitraire, la discrimination, les violations de la liberté d’expression, du droit à la vie, de la liberté de circulation, et de disparitions forcées.  Elle a rappelé que pour la première fois, une résolution de l’Assemblée générale avait été adoptée en décembre dernier sur la RPDC, sans vote.


L’établissement de la Commission a lancé un message unanime au Gouvernement nord-coréen.  La communauté internationale doit insister sur la pleine coopération de ce Gouvernement, appuyer la population et, les pays voisins, protéger et ne pas renvoyer les personnes qui se réfugient sur leur territoire.  Le Rapporteur spécial a plaidé en faveur du principe de non-refoulement, notamment par la République démocratique populaire lao. 


Par ailleurs, 2 706 Nord-Coréens ont fui leur pays cette année, ce qui représente une baisse due au renforcement du contrôle frontalier et au refoulement.  Nombre de personnes n’ont pas accès à la nourriture et des millions de citoyens risquent une famine de masse, ce qui signifie des souffrances humaines à grande échelle.  Le Rapporteur spécial a rappelé que le Secrétaire général dans son rapport cette année (A/68/392) avait mis un accent fort sur le fait que l’alimentation ne devrait jamais être utilisée comme moyen de pression économique et politique.


M. Darusman continue de recevoir des allégations de torture, de contrôles sociaux accrus, de limitation et de pénalisation qui ne font qu’exprimer les abus de pouvoir des autorités locales.  Pour qu’un mécanisme de l’ONU soit réellement efficace, les mesures doivent être appliquées d’une manière simultanée car les réalités cruelles sur le terrain montrent à quel point il importe d’agir ensemble.   


Le Rapporteur spécial, qui fait partie de la Commission, a estimé que certaines de ces violations, voire la totalité, pouvaient constituer des crimes contre l’humanité commis dans le cadre d’attaques systématiques ou généralisées contre la population civile. 


Dialogue


Le représentant de la RPDC a catégoriquement rejeté le rapport du Rapporteur car il s’agit d’un complot politique déformant la réalité.  Ne reconnaissant pas le mandat, il a insisté que la position n’avait pas changé et qu’il fallait que l’examen des droits de l’homme repose sur l’universalité, l’impartialité et l’objectivité.  Tout a changé en 2006 parce que l’on a menacé de prendre des sanctions contre la RPDC en raison de soi-disantes atteintes aux droits de l’homme. 


La délégation a, par ailleurs, rejeté le mandat de la Commission d’enquête arguant que son rapport faisait également partie d’un complot.  Cette Commission ne fait que créer une pression politique à l’encontre de la RPDC afin de renverser son système social établie par son peuple.  La législation nationale fait que les droits sont précieux et la Commission d’enquête a été établi par des forces hostiles au pays dans leurs propres intérêts et est appelée à l’échec car ce n’est qu’un outil de plus dans la confrontation politique contre la RPDC.  « Nous poursuivrons notre voie en matière de droits de l’homme de la manière que nous avons choisie », a-t-il conclu avec fermeté.


L’Union européenne a appuyé, tout aussi fermement, l’appel lancé par la Commission d’enquête et par le Rapporteur spécial en vue de la coopération du Gouvernement concerné.  L’Union européenne a, du reste, l’intention de soumettre une nouvelle résolution sur la situation des droits de l’homme en RPDC.  Elle s’est vivement inquiétée de la situation dans les camps dans ce pays, et s’est enquise des abus des droits de l’homme dans lesdits camps ainsi que des personnes ayant subi des traitements cruels et inhumains, y compris lorsqu’elles étaient condamnées à mort.


L’Australie a souligné pour sa part le manque d’accès au pays et a encouragé la mise en œuvre des recommandations du Rapporteur spécial en particulier pour le retour de familles, la peine de mort sans procès équitable, l’accès à l’alimentation et au problème de la discrimination institutionnalisée.


Le Canada a souligné, en revanche, le train de vie luxueux de l’élite en RPDC, alors que la population est affamée.  La délégation a regretté vivement que la Commission et le titulaire de mandat n’aient pas eu accès au territoire de la RPDC mais a salué leurs méthodes novatrices, comme les audiences publiques pour exposer les violations graves des droits de l’homme par le régime de Pyongyang, notamment les avortements forcés, les punitions entre les générations, les cruautés contre les prisonniers politiques et l’absence de liberté d’expression et de circulation.  Elle a dit abhorrer la tyrannie du régime sous toutes ses formes.


La République tchèque s’est félicitée de la décision de création de la Commission d’enquête en tant qu’organe indépendant, ce qui a été une évolution importante pour traiter de la situation des droits de l’homme en RPDC compte tenu de l’inquiétude croissante face aux violations massives et systématiques des droits de l’homme, y compris les enlèvements de ressortissants étrangers et l’existence de camp de prisonniers où prévalent des conditions de vie déplorables.


Elle a sommé la RPDC de fermer ces camps de la mort et l’a invitée au dialogue.  Elle a requis une enquête exhaustive sur toutes les violations et incité le Gouvernement de la RPDC à accorder l’accès aux représentants de la communauté internationale.


La Suisse a souligné l’importance des audiences publiques menées d’une manière transparente et impartiale par la Commission aux fins de sensibiliser l’opinion internationale.  La Suisse demeure résolue à soutenir pleinement son mandat et l’encourage à recueillir le plus d’éléments de preuve en vue d’établir pleinement les responsabilités.


Le Royaume-Uni a demandé à la RPDC de reconnaître et de traiter les préoccupations profondes de la communauté internationale, en particulier en ce qui concerne les camps de prisonniers et les mauvais traitements infligés aux réfugiés après leur retour au pays.  Il a néanmoins noté des améliorations modernes dans le travail des organisations humanitaires dans la lutte contre la malnutrition chronique de la population.


Les Maldives ont appelé à un changement substantiel dans le comportement de la RPDC et ont fait part de leur déception que, depuis la création de son mandat, le Rapporteur spécial n’ait toujours pas eu accès au pays.  Quelles sont les autres possibilités envisagées par la Commission d’enquête pour traiter des cas graves de violations des droits de l’homme?


La Norvège s’est faite l’écho des autres intervenants et a mis l’accent sur l’alimentation de la population et sur le devoir de la communauté internationale de prêter main forte au Rapporteur spécial et la Commission d’enquête.


Le Japon a rappelé que son pays avait accueilli des audiences publiques  et une visite de membres de la Commission d’enquête.  La gravité de la situation a été soulignée à plusieurs reprises par les rapports du Secrétaire général et du Rapporteur spécial.  Le Japon a espéré que le travail de la Commission permettra de faire la lumière sur les « espaces très noirs » de la RPDC, et évoqué le cas d’enlèvement de ressortissants étrangers.


Le délégué a annoncé qu’il soumettra la résolution sur la RPDC, cette année encore. Comment envisager la possibilité d’existence de crimes contre l’humanité dans ce pays?  Il a aussi mentionné la question des exécutions sommaires et arbitraires et de témoignages de familles faisant état d’utilisation de personnes à des fins de tests biochimiques.


Les États-Unis ont relayé les autres délégations pour inviter la RPDC à accorder l’accès au pays aux représentants de l’ONU.  Les restrictions imposées aux citoyens quant aux droits à la liberté d’expression et d’assemblée ont été mises en relief dans les rapports mais que fait la RPDC pour respecter la liberté d’opinion et de réunion, a—t-il demandé en s’interrogeant sur ce que la communauté internationale pourrait, encore, concrètement faire.  Les États-Unis ont aussi indiqué que des audiences publiques seront incessamment organisées à Washington.


La République populaire démocratique lao est préoccupée, pour sa part, par le problème de la traite des personnes et s’emploie à y remédier par les accords bilatéraux.  La question de la situation des droits de l’homme est à examiner dans l’enceinte du Conseil des droits de l’homme, a dit le représentant.


Cuba a rejeté la manipulation des droits de l’homme dans l’arène internationale et affirmé avoir systématiquement voté contre le mandat spécial sur la RPDC.


Le Venezuela a pris acte des rapports avant de rappeler sa position de principe rejetant la politique de « deux poids, deux mesures » dans l’examen de la situation des droits de l’homme de tous les pays.  Il a refusé cette pratique discriminatoire contre certains États.


La République de Corée a indiqué que durant la visite de la Commission d’enquête à Séoul en août dernier, la Corée a coopéré au mieux tout en respectant l’indépendance de ses membres, l’objectif étant de suffisamment sensibiliser la communauté internationale pour mettre fin à la tyrannie.  Le délégué a instamment prié la RPDC de coopérer avec les mandats spéciaux et d’écouter, d’urgence, leurs recommandations notamment en ce qui concerne la libération des personnes dans les camps, le respect du principe de non-refoulement et le respect à la vie des réfugiés et rapatriés. 


La réunion des familles demeure aussi une préoccupation essentielle et il est regrettable que la RPDC ait renoncé à la visite de membres de familles séparées et que les prisonniers de la guerre de Corée soient toujours emprisonnés.


La Chine a incité à la consultation mutuelle, au dialogue et à la concertation et s’est opposée à cette manière de traiter les droits de l’homme. S’agissant du rapport et de l’entrée des fugitifs en Chine, la déléguée a noté que ce ne sont pas des réfugiés mais des personnes qui arrivent illégalement dans son pays pour des raisons économiques. 


La Chine les traite conformément à sa législation en la matière, a-t-elle expliqué, en notant que le rapport stipule que neuf personnes étaient entrées illégalement alors qu’en fait elles avaient des passeports valides et les autorités chinoises n’ont reçu aucune requête officielle pour les renvoyer chez elles.  Au Canada, la représentante a signalé que cette critique à l’égard de la Chine s’inscrivait également dans le cadre de la politique de « deux poids, deux mesures » dans le traitement des migrants.


Répondant à la RPDC, le Président de la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), a rappelé qu’il offrait toujours une opportunité de dialogue de bonne foi au représentant de la RPDC à Genève, sans précondition aucune.  Il n’acceptera pas « qu’on l’accuse d’impartialité ».


Les conditions effroyables dans les camps et prisons de la RPDC sont maintenant révélées dans les témoignages en ligne.  Pour vérifier leur véracité, il suffit de se pencher sur la cohérence des témoignages, qui ont été croisés et recoupés.  M. Kirby a invité les délégués à accéder aux documents collectés « pour juger par eux-mêmes ».  Le premier témoin reçu à Séoul par la Commission est né en détention.


S’agissant de la situation des enfants, la Commission d’enquête poursuit son travail en l’absence d’accès au pays.  Il est envisagé de créer un bureau à Pyongyang pour offrir une assistance technique, à l’instar de ce qui a été fait dans des conditions très difficiles au Cambodge, il y a 20 ans.


Depuis la prise de pouvoir du nouveau dirigeant, il y a eu certains progrès, comme la signature de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.  Malheureusement, il y a eu des évènements négatifs, comme le renforcement des forces frontalières.


Enfin, le Président de la Commission ne peut pas préjuger de la conclusion de son travail et parler de « crime contre l’humanité ».


Il a espéré dialoguer davantage avec la Chine qui, du fait de sa position en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et en tant que région frontalière de la RPDC, « peut initier des changements ».  La Chine, a-t-il rappelé, est partie à la Convention relative au statut des réfugiés et à son Protocole, qui stipulent que les populations ne seront pas refoulées, quand un retour dans le pays d’origine mettrait leur vie en danger, mais protégées.


M. CEPHAS LUMINA, expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, a fait remarquer qu’à l’approche de la fin de son mandat, des tâches lui avaient été confiées par le Conseil des droits de l’homme, notamment l’élaboration d’un commentaire sur les principes directeurs relatifs à la dette extérieure et aux droits de l’homme.  Et ce, en vue d’aider les États et les autres acteurs à s’acquitter de leurs obligations en matière de dette et de droits de l’homme, et à préparer une étude globale sur l’impact du non-rapatriement des fonds illicites dans les pays d’origine. 


Dans l’attente de la conclusion de cette étude, dont les recommandations, a-t-il assuré, seront présentées au Conseil des droits de l’homme l’année prochaine, M. Lumina a souligné que les progrès réalisés dans le cadre de son mandat avaient été mis à mal par la position de quelques pays développés, selon lesquels le Conseil des droits de l’homme n’est pas le cadre approprié pour traiter de la question de la dette souveraine puisque se substituant aux institutions financières internationales. 


Selon l’expert indépendant, cette thèse est indéfendable, entre autres, parce qu’elle est en contradiction avec l’esprit et la teneur de la résolution (60/251) de l’Assemblée générale, laquelle a créé le Conseil des droits de l’homme.  « Dans cette résolution, l’Assemblée générale a reconnu l’importance d’assurer l’universalité, l’objectivité et la non-sélectivité dans l’examen des questions relatives aux droits de l’homme, ainsi que l’élimination de deux poids, deux mesures et de la politisation, en vue de renforcer la promotion et de la protection de tous les droits, y compris le droit au développement », a-t-il rappelé.


En outre, il a fait ressortir l’incapacité des forums, lesquels sont mieux outillés pour traiter des questions de dette souveraine excessive, à trouver une solution durable et équitable au problème de la dette, en grande partie parce que les considérations relatives aux droits de l’homme sont sans importance dans leurs politiques et programmes.


M. Lumina a donc lancé un appel aux pays qui demeurent réticents à l’idée de traiter la question de la dette souveraine sous l’angle des droits de l’homme pour qu’ils reconsidèrent leur position.  À l’en croire, ces nations ont une dette envers les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes, qui continuent d’être privés de leurs droits fondamentaux en raison des fardeaux de la dette supportés par leurs États et les mesures d’austérité adoptées par ceux-ci.


L’expert indépendant a estimé, dans son rapport, qu’en dépit de son rôle crucial en vue du renforcement des efforts internationaux pour la création d’un environnement propice au développement, l’Objectif du Millénaire pour le développement nº8 relatif au partenariat mondial pour le développement a été freiné dans sa pleine réalisation notamment par l’absence d’alignement sur les cadres internationaux relatifs aux droits de l’homme et l’absence d’objectifs et d’indicateurs clairs assortis de délais, ainsi que le déficit important en matière de responsabilité.


« L’omission de l’inclusion de la question des droits de l’homme dans les objectifs et indicateurs a contrecarré les efforts visant à apporter une réponse à deux facteurs majeurs de la pauvreté et aux obstacles au développement, à savoir l’exclusion et la marginalisation », a indiqué M. Lumina.


C’est donc sans équivoque que l’expert indépendant a affirmé que les principes des droits de l’homme étaient d’une grande importance dans les processus de développement, ceux-ci fournissant des paramètres qui permettent d’évaluer le financement et la mise en œuvre des engagements, tout en assurant du respect des engagements. 


Il est par conséquent vital que le programme de développement pour l’après-2015 s’aligne sur les cadres internationaux relatifs aux droits de l’homme, a-t-il conclu.


Le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, HEINER BIELEFELDT, a présenté son rapport annuel qui se concentre sur la liberté de religion ou de conviction et l’égalité entre les hommes et les femmes (A/68/290).


De nombreuses femmes subissent des atteintes complexes à leurs droits en raison à la fois de leur sexe et de leur religion ou conviction, a-t-il constaté.


Les conversions et les mariages forcés constituent une atteinte particulièrement grave qui se produit « à l’intersection de la liberté de religion ou de conviction et de l’égalité entre les hommes et les femmes ».  Dans un certain nombre de pays, des femmes ou des filles appartenant à des minorités religieuses risquent en effet d’être enlevées à cette fin.  Elles sont pénalisées par des codes religieux de la famille discriminatoires qui affectent d’autres droits, dont leur droit à l’éducation.


Stéréotypes sexistes et représentation stéréotypée des croyants vont souvent de pair.  Ayant à l’esprit la formule énoncée à la Conférence mondiale sur les droits de l’homme de Vienne selon laquelle « tous les droits de l’homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés », le Rapporteur spécial préconise une approche intégrée des droits de l’homme afin d’éviter que les mesures prises pour combattre les stéréotypes dans tel domaine en produisent ou les renforcent dans tel autre.


Les programmes de lutte contre la discrimination et autres mesures visant à promouvoir les droits de l’homme ne traitent pas toujours comme il le faudrait les problèmes complexes qui existent à l’intersection de la liberté de religion ou de conviction et du droit des femmes à l’égalité. 


Certaines mesures prises pour combattre la discrimination religieuse procèdent peut-être d’une conception masculine des besoins et des attentes des communautés de croyants, et les programmes visant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes ne sont pas forcément assez sensibles aux questions de diversité religieuse, explique M. Bielefeldt dans son rapport.


Par exemple, des parents peuvent s’opposer à ce que les questions de santé reproductive fassent partie du programme scolaire parce qu’ils craignent que cela n’aille à l’encontre de leurs convictions religieuses ou morales.  Ces phénomènes complexes doivent faire l’objet d’une attention soutenue.


« Les pratiques néfastes aux femmes et aux filles ne peuvent jamais être justifiées par la liberté de religion ou de conviction », a insisté le Rapporteur spécial, « pour éviter tout malentendu ».


Il a cité l’exemple extrême des mutilations génitales féminines, sources de problèmes de santé multiples et durables et de graves traumatismes.  Selon lui, leur origine religieuse reste controversée et en fin de compte douteuse.  « Il n’empêche que les autorités religieuses peuvent jouer un rôle important en clarifiant leur position et en appelant publiquement tous les croyants à mettre fin à des pratiques cruelles ».


La remarque vaut pour les mariages forcés, très répandus et parfois justifiés et parfois dénoncés au nom de la religion.  D’autres exemples de pratiques néfastes incluent la « prostitution sacrée » forcée, l’immolation des veuves par le feu et les diverses formes de maltraitance des veuves, les crimes d’honneur souvent perpétrés dans un climat d’impunité ou de tolérance, les meurtres liés à la dot et beaucoup de manifestations d’un manque de considération absolu.


La question de savoir si elles sont d’origine religieuse reste un grand thème de débat dans les communautés de fidèles et le dialogue interreligieux.  Quoi qu’il en soit, la liberté de religion ou de conviction n’offre manifestement pas de protection contre ces pratiques cruelles.  Si des individus ou des groupes d’individus se mettent à invoquer leur droit à la liberté de religion ou de conviction pour obtenir l’autorisation de s’y livrer, il doit y avoir là matière à restreindre les manifestations de religion ou de conviction, conformément aux critères énoncés au paragrapheº3 de l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.


En conclusion, M. Bielefeldt formule une dizaine de recommandations adressées aux différentes parties prenantes, dont les États, les organisations de la société civile, les communautés de foi ou de convictions, les représentants des médias et les responsables de l’éducation.


Chacun devrait avoir voix au chapitre et pouvoir se faire entendre dans les débats sur les questions religieuses controversées.  La liberté de religion ou de conviction peut être le point de référence normatif de projets qui remettent en cause les schémas patriarcaux présents dans pratiquement toutes les traditions religieuses.  Elle peut favoriser une lecture des sources religieuses plus sensible à la problématique hommes-femmes.


Dialogue


La Libye a rappelé qu’elle était partie à tous les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.  Pays musulman sunnite, la Libye ne connaît pas de pluralisme religieux.  Elle a répondu au Rapporteur spécial que son pays n’avait pas de loi discriminatoire en matière de religion et que les lois avaient été établies pour des personnes ayant insisté pour que la législation corresponde aux enseignements de l’islam.


M. Bielefeldt a donc outrepassé son mandat en affirmant que le Gouvernement n’avait rien à faire avec la religion qui relève du domaine privé de la vie d’une personne.  Que reste-t-il à l’État en conséquence s’il ne peut contrôler les relations entre les hommes et les femmes, a demandé la déléguée, en s’interrogeant sur le cas d’États n’ayant pas de pluralisme religieux ou confessionnel.


Les États-Unis ont appuyé l’analyse du Rapporteur spécial et estimé que les États devaient lutter contre les stéréotypes et les préjugés religieux.  Au chapitre des préoccupations, la déléguée a appelé à l’élimination de pratiques préjudiciables aux femmes et s’est inquiétée de certaines dispositions religieuses qui affectent d’une façon disproportionnée les femmes.


L’Union européenne s’est félicitée des paragraphes 30 et 38 du rapport, qui abordent respectivement les pratiques préjudiciables telles que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les crimes d’honneur, la prostitution rituelle forcée ou le déni du droit des filles à l’éducation, et le rôle central de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  


La déléguée a insisté sur le fait que les violations des droits de l’homme ne sauraient jamais être justifiées par une religion, quelle qu’elle soit.  Les documents adoptés récemment sur la liberté de religion constituent un message très fort contre de telles violations, où qu’elles soient commises.  Il faut encourager une évolution positive dans ce sens, a déclaré la représentante, en demandant au Rapporteur spécial de citer des exemples de synergies utiles à cet égard.  Elle a aussi rappelé les principes de protection.


La Norvège a salué la participation de M. Bielefeldt à la Conférence d’Oslo au mois de mai et a souligné la relation positive entre la liberté de religion et l’égalité des sexes.  Elle a sollicité des conseils sur d’éventuelles stratégies en vue de l’adoption de lois familiales tout en respectant la vaste gamme de liberté de religion ou de conviction.  


Le Royaume-Uni a estimé que la liberté de religion était sous-jacente à d’autres droits et qu’il serait opportun d’avoir une définition plus précise de ce droit.  La déléguée a appuyé le droit des minorités à manifester leur propre croyance et aux individus de critiquer leur propre religion ou de ne pas en avoir.  Elle a dénoncé l’obligation qu’ont certaines femmes de se convertir pour pouvoir se marier, et a plaidé pour leur droit de ne pas se convertir.  Le Royaume-Uni a aussi critiqué les stéréotypes sexistes et religieux, en voulant savoir ce que les États pourraient faire pour que le Rapporteur spécial s’acquitte plus aisément de son mandat, notamment en termes de ressources.


L’Égypte a aussi fait allusion aux synergies entre liberté de religion et égalité des sexes tout en notant que la plupart des exemples contenus dans le rapport sont surtout du ressort du droit de la femme plutôt que des droits religieux, ce qui complique davantage une question d’ores et déjà bien complexe comme celle de la liberté de religion.


À propos des mutilations génitales féminines et de leur justification religieuse, le délégué a affirmé qu’il s’agissait d’une pratique culturelle qui n’avait rien à voir avec la religion, notamment dans certaines régions du bassin du Nil.  Il a recommandé au Rapporteur spécial de s’abstenir de lui donner une connotation religieuse alors que c’est une pratique à l’encontre des droits des femmes.


Le Bélarus a estimé qu’à l’heure actuelle la menace à l’égard de la liberté religieuse n’était pas aussi importante que les tensions et conflits à l’intérieur des religions.  La charte de conscience de chacun doit permettre de vivre en harmonie et de coexister avec les autres.


L’Indonésie a partagé l’idée d’intégrer les questions traitées dans le rapport partant de l’esprit universel des droits de l’homme.  Son représentant s’est interrogé sur la meilleure manière de mettre en pratique les efforts visant à équilibrer la promotion sexospécifique pour qu’elle ne soit pas perçue comme une violation des préceptes religieux.


Répondant aux questions, le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction a noté qu’un grand nombre de pays, dont la Libye, avaient présenté des réserves invoquant la religion.  Il s’agit d’un « malentendu » car l’interprétation de la religion doit être laissée « aux croyants ordinaires » et pas seulement aux dirigeants.


Le pluralisme existant et émergent doit pouvoir évoluer de façon non discriminatoire dans tous les pays, a-t-il dit.


M. Bielefeldt a indiqué que son prochain rapport thématique se pencherait sur les causes de la haine religieuse.


Il a cité en exemple la Sierra Leone qu’il a visitée, un pays pauvre mais avec un riche dialogue interreligieux, dans lequel la question de la mutilation génitale féminine est discutée.  À ce sujet, les dirigeants religieux jouent un rôle actif pour condamner les pratiques qui vont à l’encontre des droits fondamentaux des femmes.


Il faut être prudent avec ce que l’on qualifie de religieux, a-t-il insisté.  Il faut se défaire de tout malentendu quand on parle de religion.


En ce qui concerne les synergies, le Rapporteur spécial a félicité un réseau intercontinental créé par les femmes musulmanes en Malaisie qui traite de la discrimination issue de traditions patriarcales de la société.


Ensuite, il faut établir une priorité pour protéger les voix dissidentes.  « L’État n’a jamais pour mandat de refaçonner les croyances religieuses ».


« La liberté de religion et de conviction protège les croyants plutôt que les croyances et les convictions », a résumé M. Bielefeldt.


Il a reconnu le besoin de refondre le droit de la famille afin de créer un espace suffisant pour permettre au pluralisme de s’exprimer sans discrimination.  Pour surmonter les stéréotypes, il faut investir dans l’éducation et la communication.


Notant que son mandat dure encore trois ans et que les rapporteurs spéciaux travaillent pro bono, il a jugé utile d’avoir accès à des ressources supplémentaires.


Il ne faut pas se détourner des droits des femmes.  Ainsi ne faut-il pas présenter la question des mutilations génitales féminines sous l’aspect religieux.  Il a regretté que l’idée selon laquelle la liberté de religion ou de conviction et l’égalité entre les hommes et les femmes représentent des normes des droits de l’homme contradictoires est très répandue.


Des personnes mues par une certaine perception idéologique veulent pousser la religion dans les sphères privées, a déploré le Rapporteur spécial.  Il s’est dit choqué de l’hostilité qu’il a rencontrée l’année dernière pendant le débat sur la circoncision, y compris dans son pays, l’Allemagne.


Il faut établir un équilibre en se fondant sur les critères énoncés au paragraphe 3 de l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.


Le Canada a organisé hier une manifestation parallèle sur la liberté de religion avec le Rapporteur spécial et il a fait valoir que « la religion n’a pas de droits » et que « les droits appartiennent aux individus ».  Le Canada a créé un bureau sur la liberté de religion.  Comment les Nations Unies peuvent-elles travailler auprès d’entités qui existent au sein d’États Membres?


La Chine a assuré qu’elle appliquait la liberté de religion.  « Le Falun Gong est une secte », a-t-elle déclaré.  Mais 46 000 moines bouddhistes peuvent pratiquer leur croyance.


M. Bielefeldt a rappelé que le plan d’action de Rabat demandait aux États Membres d’éliminer les lois sur le blasphème.  Il a appelé les ceux-ci à nommer des points focaux.


Par ailleurs, il ne s’agit pas de faire une distinction entre religion et secte car la liberté de religion s’applique à toutes les croyances.  Il faut des critères précis pour la restreindre et la charge de la preuve incombe aux gouvernements.


Le Soudan a indiqué certaines mesures prises par son gouvernement pour renforcer les droits des femmes et des filles.  Une campagne contre la mutilation génitale a été lancée.


Le Président de l’Assemblée générale, M. JOHN ASHE, a félicité le Président qui respecte le programme de travail serré de la Troisième Commission.


La mission de la Commission est de protéger la dignité et la valeur de la personne et les droits égaux des hommes et des femmes, de promouvoir le progrès social ainsi qu’une plus grande liberté et tolérance.  En termes pratiques, a-t-il souligné, cela implique une préoccupation quotidienne vis-à-vis des droits fondamentaux.


Les individus doivent se sentir en sécurité au sein de leur société.  « Ils doivent avoir des emplois décents et ne pas se coucher affamés », a dit M. Ashe.


La Troisième Commission est aussi axée sur les peuples dans les domaines environnementaux, sociaux et économiques, dans un monde où les affrontements sectaires et les écarts entre riches et pauvres créent des problèmes au delà des frontières.


Le Président de l’Assemblée générale a évoqué « le nouveau paradigme du développement après 2015 ».  Une démarche plus inclusive doit prendre en compte les plus démunis et vulnérables.  Une nouvelle relation entre les êtres humains doit être établie.


Malgré les progrès réalisés dans bien des régions du monde, le défi est colossal pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a averti M. Ashe.  La tâche essentielle consiste à réduire les écarts socioéconomiques.


Le racisme, la xénophobie et l’intolérance sous-tendent également des conflits.  « Notre réponse doit passer par les engagements déjà pris », a insisté le Président.  « Nous avons des responsabilités communes et partagées ».


Il a attiré l’attention des membres de la Commission sur des points qui ont une répercussion sur ses activités, comme le renforcement des organes conventionnels.  « Conscient de la nature délicate des négociations », il a dit qu’il était important de poursuivre les travaux constructifs.


L’année 2014 sera chargée pour la Commission avec le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, la Conférence sur les peuples autochtones et le lancement d’une décennie pour les personnes d’ascendance africaine.


M. Ashe a compté sur l’appui de la Commission dans le cadre des manifestations qu’il organisera pour préparer le programme de développement pour l’après-2015 avec la contribution des femmes, des jeunes et de la société civile.


« Il est clair que la Troisième Commission ne fonctionne pas dans le vide », a-t-il ajouté.  Les questions inscrites à l’ordre du jour de l’Assemblée générale sont interliées.


Il faut travailler, de concert, pour parvenir à des solutions mutuellement convenues.  Il a demandé aux États de « veiller à ce que l’Assemblée générale soit une représentation de la communauté dans son ensemble ».


En conclusion, M. Ashe a enjoint la Troisième Commission « à rechercher un consensus optimal tout en conservant l’esprit qui la caractérise ».


M. VIJAY NAMBIAR, Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Myanmar, a présenté le dernier rapport de M. Ban Ki-moon (A/68/331) sur la situation des droits de l’homme dans ce pays couvrant la période d’août 2012 à fin juillet 2013.  Il a indiqué que le Myanmar poursuivait vigoureusement son train de réformes en vue du renforcement de ses institutions; de l’adoption de nouvelles législations au sein de sessions actives du Parlement et des assemblées régionales; et de continuer les négociations sur la réconciliation nationale avec les groupes ethniques concernés.


« Nous assistons à des discussions publiques importantes et enrichissantes et à un débat sur différents niveaux autour d’un éventail de sujets, y compris le changement et la restructuration institutionnelle et l’instauration d’une culture politique reposant sur la démocratie, le partage du pouvoir et des ressources entre le centre et la périphérie, entre les parties et les groupes ethniques, entre les autorités civiles et militaires et entre le Gouvernement et la société civile », s’est réjoui M. Nambiar.


Simultanément, le Gouvernement a entrepris une série de réformes tendant à la transformation économique orientée vers le marché, l’ouverture de nouveaux secteurs aux investissements étrangers et au commerce et l’introduction de mesures aux fins de garantir une transparence accrue et à combattre la corruption.


Cependant, les populations locales et les organisations de la société civile ont commencé à sérieusement mettre en cause le bien-fondé des décisions relatives à l’investissement et, à certaines occasions, ont mis l’accent sur leurs effets d’ores et déjà préjudiciables sur l’environnement et sur les communautés locales.


De leur côté, les Nations Unies continuent leur engagement tous azimuts et leur soutien au Myanmar, notamment à travers des interactions entre le Secrétaire général et plusieurs dirigeants politiques du pays.  Le Secrétaire général a, du reste, rencontré le Président Thein Sein le 11 octobre en marge du Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui a eu lieu à Brunéi Darussalam.


Le Conseiller spécial a visité le Myanmar à plusieurs occasions depuis le début de la période considérée en vue de faire progresser les buts et objectifs du mandat confié par l’Assemblée générale, la plus récente visite ayant eu lieu au début de ce mois.  Elle concernait la dernière série de pourparlers de paix entre le Comité de travail de l’Union d’édification de la paix et l’Organisation pour l’indépendance de Kachin (KIO) à Myitkyina, dans cet État.


Dans le cadre de la normalisation du partenariat de l’ONU avec le Myanmar, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a signé, le 8 avril dernier, un programme de trois ans fortement orienté sur la bonne gouvernance.  L’ONU continue d’ailleurs de fournir une large gamme d’assistance programmatique, notamment en aidant le Gouvernement à organiser, en 2014, son premier recensement démographique, et ce, pour la première fois en 30 ans.  


M. Nambiar a indiqué, en outre, que le pays avait élargi son engagement international, traduit par des accords bilatéraux de haut niveau avec différents États Membres.  L’an dernier, a—t-il dit, les États-Unis et l’Union européenne ont levé les sanctions économiques et individuelles en reconnaissance des progrès visibles réalisés dans les réformes.


M. Nambiar a toutefois fait part de l’inquiétude du Secrétaire général face aux tensions dans l’État d’Arakan, qui ont éclaté en mars dernier à Meiktila, ponctuées par des violences communales dans d’autres parties du pays, ce qui risque d’entraver tout le processus de réformes et d’avoir un impact sérieux sur l’image et le prestige du pays alors même qu’il s’efforce de normaliser ses relations avec le reste de la communauté internationale.


Sur le front politique, a-t-il dit, l’ONU a applaudi la libération graduelle des prisonniers politiques et le Président Sein prend des dispositions pour respecter son engagement à libérer tous les prisonniers de conscience d’ici la fin de l’année en cours.  Il a fait remarquer, à ce propos, que certains de ceux qui ont été libérés ce mois-ci étaient des membres de communautés ethniques détenus en vertu de la loi interdisant tout contact avec les groupes ethniques armés, ce qui ne manquera pas d’avoir des retombées politiques en matière de réconciliation nationale.


Parmi d’autres réformes, M. Nambiar a cité l’établissement d’un organe au sein du Parlement chargé de la révision de la Constitution de 2008 et la création d’autres comités parlementaires clefs comme celui sur les droits fondamentaux des citoyens et l’état de droit, présidé par le chef de la Ligue nationale pour la démocratie, Mme Aung San Suu Kyi.  


Le débat politique, pour sa part gagne en ouverture, a-t-il encore relevé, en ajoutant que les pouvoirs exécutifs et législatif étaient également plus distincts.  Il a également souligné la coopération croissante avec la société civile et a déclaré qu’il était crucial que le Myanmar garantisse l’indépendance et l’efficacité des institutions des droits de l’homme, conformément aux normes internationales.


Des progrès ont également été enregistrés dans l’abolition de la pratique du recrutement d’enfants soldats, les groupes ethniques armés ayant aussi fait part de leur engagement à cet égard.  M. Nambiar a précisé que l’événement majeur depuis août a été la représentation du Gouvernement du Myanmar, et ce, pour la première fois, à la réunion du Groupe d’amis du Secrétaire général, le 26 septembre, ce qui a été perçu par ses membres comme le symbole des changements positifs dans le pays.


À cet égard, le Groupe envisage de réviser son propre rôle et ses fonctions pour devenir le Groupe pour le partenariat tendant au développement de la paix et de la démocratie au Myanmar.


Dans cette optique, il est vital que la communauté internationale s’engage d’une manière qui aiderait le Myanmar à sauvegarder la trajectoire essentielle de son processus de démocratisation, de réformes et de réconciliation nationale tout en ayant conscience de la complexité des réalités politiques auxquelles le pays est confronté.     


Dialogue


M. U KYAW TIN (Myanmar) a déclaré que le rapport du Secrétaire général reflétait clairement la manière dont son pays progressait sur la voie de la transformation démocratique pacifique dans son pays depuis l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement.


Le Myanmar a laissé, derrière lui, l’état militaire et est passé à une administration civile démocratique qui, par le truchement d’un Parlement fort et viable, a déjà promulgué 58 nouvelles législations.  Un système politique totalement inclusif a été établi grâce à un processus de réconciliation nationale, renforcé par des dizaines d’amnisties.


Le Comité d’examen des prisonniers s’emploie diligemment à faire en sorte qu’aucun prisonnier de conscience ne demeure emprisonné d’ici à la fin de cette année.  Un comité permanent composé de 105 députés procède, quant à lui, à la révision de la Constitution et soumettra ses recommandations au plus tard le 31 décembre. 


La population jouit de ses nouvelles valeurs démocratiques, notamment de la liberté des médias, d’assemblée et d’association pacifique.  Le monopole de l’État sur les moyens d’information est révolu et chacun peut exprimer ses opinions.


Des vagues de réformes économiques ont également été lancées par une libéralisation économique et financière, avec pour principal objectif la réduction de la pauvreté et le développement équitable.  Il a fait état des grands pas accomplis dans le processus de paix à l’issue de six décennies de conflit et a espéré que cette démarche ouvrirait la voie à la signature d’un cessez-le-feu national dans les meilleurs délais, pour permettre enfin un dialogue politique et une paix permanente.


L’accès humanitaire à l’État du Kachin a été autorisé à la fin août.  Il a fait observer, parmi les réalisations récentes, la levée de toutes les restrictions imposées par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en reconnaissance des efforts du Myanmar visant à l’élimination du travail forcé et de la restauration des droits des travailleurs.


Ces victoires arrachées de haute lutte ne peuvent pas être remises en question par les incidents malheureux de violences communales dans l’État d’Arakan, qui n’ont aucun fondement discriminatoire contre un groupe religieux donné, comme cela a été souvent perçu.


En effet, les causes de cette violence sont complexes et profondément enracinées dans une longue histoire des deux communautés concernées.  Le Gouvernement a pris des mesures sérieuses pour mettre fin à la violence et s’attaquer aux causes profondes, et ce, grâce à des plans à moyen et à long termes. 


De nombreux bouddhistes figurent parmi les personnes arrêtées et jugées, a-t-il dit.  En outre, un comité de haut niveau et des groupes de travail s’emploient avec diligence à la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête indépendante, y compris pour faciliter l’accès de l’assistance aux personnes déplacées, sans discrimination aucune.  Il a insisté sur le fait que le Président Sein avait déclaré qu’une approche tolérance zéro serait appliquée à tous ceux qui attisent la haine.  Le Gouvernement favorise, parallèlement, le dialogue intercommunautaire et interreligieux.


Les médias, de leur côté, sont appelés à ne pas alimenter les tensions et la haine en exagérant les faits.  Selon lui, le manque de développement et d’instruction, ainsi que l’absence d’opportunités d’emploi dans l’État d’Arakan ont contribué à l’aggravation de la situation et la solution au conflit nécessite l’inclusion de mesures d’assistance de la communauté internationale visant au développement durable de cet État.


Par cette assistance, la communauté des donateurs gagnera le cœur et les esprits ainsi que la coopération de la population locale, si longtemps privée de toute assistance internationale, a souligné l’ambassadeur, qui a observé que l’assistance humanitaire internationale n’était pas à la mesure des besoins.  


La Suisse a exprimé son appui pour la poursuite de l’assistance du Secrétaire général au Myanmar et a encouragé les changements vers la démocratie et la réconciliation nationale ainsi que l’engagement public du Président Sein de libérer tous les prisonniers politiques à la fin 2013.


La signature d’un cessez-le-feu national sera également une étape majeure.  La Suisse a appuyé la mission de bons offices de M. Nambiar avec les différents groupes ethniques, en particulier en insistant pour que les auteurs des crimes et violences dans l’État d’Arakan et l’État kachin soient dûment jugés pour leurs actes à l’encontre des Rohingyas.  Comment la communauté internationale pourra-t-elle soutenir la négociation et le dialogue politique, a demandé la délégation.


Djibouti, au nom de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), s’est félicité de la future visite, à la mi-novembre, de hauts représentants de l’organisation au Myanmar et des efforts de bons offices du Secrétaire général.  La déléguée a ensuite fait des remarques sur la situation des personnes déplacées dans l’État d’Arakan, les efforts de réconciliation nationale, notamment en s’assurant que tous les groupes ethniques armés soient représentés, la situation humanitaire grave et la nécessité d’un accès libre à l’assistance humanitaire.


L’OCI est prête à fournir une aide à cet égard pour assurer un soutien dans les domaines de l’alimentation, de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.  Les heurts entre bouddhistes et musulmans à Myitkyina, en mars dernier, ont entraîné le déplacement de 12 000 personnes et ont fait environ 7 000 réfugiés depuis les derniers mois.


Plusieurs habitations ont été brûlées, des personnes blessées et d’autres tuées, a-t-elle rappelé, en exigeant la comparution des auteurs devant la justice et l’instauration d’un dialogue intercommunautaire dans les États qui connaissent les mêmes difficultés.


La situation des déplacés dans l’État d’Arakan est de la plus haute importance pour l’OCI car les gens bénéficient de moins d’assistance.   Les camps ne sont pas suffisamment organisés et protégés et il faut trouver des solutions appropriées pour accorder une aide à ceux qui en ont besoin, sans préjugés ni discrimination.


Singapour a salué le processus de réformes et les pourparlers de paix entre le Gouvernement et l’Organisation pour l’indépendance du Kachin, qu’elle a jugés prometteurs, en espérant que le cessez-le-feu national serait mis en place à la fin de cette année.  Dès lors, Singapour est déçue de voir qu’il y a une nouvelle résolution spécifique à un pays cette année encore.      


Le Canada a repris plusieurs points du rapport du Secrétaire général et s’est dit également prêt à poursuivre ses efforts dans la réalisation de la paix et la démocratie.  Le représentant reste préoccupé par les émeutes et les flambées de violence et a appelé à la protection de tous.


Il a condamné les abus et les violences à l’encontre de toute communauté minoritaire, ethnique ou religieuse.  Quelles mesures la communauté internationale doit-elle prendre pour maintenir cet élan Quelles mesures sont nécessaires pour maintenir les accords de paix?  Quelle réponse apporter à la question de citoyenneté, surtout des Rohingyas?


La Norvège a repris les mêmes arguments et a indiqué que son pays avait désormais une représentation diplomatique au Myanmar au niveau d’ambassade.


Le Guatemala a signalé que le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits ferait une visite dans le pays et a demandé ce qu’il devrait prendre en compte au cours de cette mission sans précédent. 


L’Australie a salué la coopération du Gouvernement du Myanmar et les efforts en vue d’une paix durable ainsi que l’application du plan en sept points de la feuille de route pour la démocratisation.  La déléguée a encouragé à poursuivre les efforts et s’est inquiétée des arrestations des manifestants dans l’État d’Arakan.  Elle a incité le Gouvernement à traiter les causes profondes des flambées de violence interreligieuses ou communautaires.


L’Indonésie a aussi pris bonne note des progrès réalisés et a apporté son soutien au processus de réformes en vue des élections générales de 2015, qui exigent le maintien de la paix et la stabilité. La délégation a recommandé, cependant, de régler le problème des Rohingyas.  Le pays a entrepris un vaste processus de démocratisation et, partant de l’expérience de l’Indonésie, il convient de renforcer le dialogue politique entre communautés, confessions et groupes de façon inclusive et participative.  C’est le gage de toute stabilité et prospérité nationale, a affirmé le représentant. 


Répondant aux délégations, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar a salué l’engagement de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à aider le Myanmar à traiter de la situation dans l’État d’Arakan.


Sur la question du statut, il a dit qu’il y avait une déclaration d’intention claire de la part du Gouvernement dans le contexte d’une polarisation forte de la société, qui pourrait permettre de régler les problèmes dans le cadre de la législation existante.


M. Nambiar a préconisé « une démarche progressive pour traiter de la question de la souveraineté dans son ensemble par la suite ».


S’agissant de ses priorités pour les six mois à venir, il a mis l’accent sur le processus de réconciliation nationale, sur les efforts visant à diminuer les tensions communautaires dans certaines régions du pays, et sur l’organisation du recensement qui aura lieu en 2014.


Il faut un dialogue entre les deux camps et un processus d’appropriation nationale par les groupes ethniques, a expliqué M. Nambiar.  Les questions de la réinstallation des personnes déplacées et des débouchés sur le marché du travail doivent être abordées.  À ce sujet, des programmes ont déjà été débattus par le Gouvernement et les pays donateurs.


Le processus « délicat » de la réconciliation nationale pouvant se prolonger pendant une certaine période, l’aide de la communauté internationale sera nécessaire.


Le Conseiller spécial a reconnu qu’un effort avait été déployé par le Gouvernement en faveur d’un dialogue œcuménique, qui doit impliquer également les dirigeants religieux des communautés et la société civile.


En outre, a-t-il conseillé, le dialogue doit passer du niveau national au niveau régional avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  Cela permettrait de créer une meilleure atmosphère.


Dans le contexte du processus de démocratisation, la communauté internationale peut faire beaucoup pour aider la société civile et la réforme politique tout en respectant l’appropriation nationale du Myanmar.


Enfin, une question de cohérence et de coordination se pose au vu du grand nombre d’institutions qui sont prêtes à apporter leur concours.  Il existe, par exemple, un mécanisme au sein de la Banque mondiale pour harmoniser les efforts.


Le pays s’ouvre et intègre des expériences extérieures dans le respect de sa spécificité, a conclu le Conseiller spécial.


M. MAINA KIAI, Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, a précisé que, plus de deux ans après sa prise de fonctions, c’est la première fois qu’il avait le privilège de présenter aux États Membres son rapport (A/68/299), lequel est le fruit notamment de ses rencontres avec la société civile, les délégués, les membres des organisations régionales et internationales, ainsi que les représentants du secteur privé; des entretiens qui, a-t-il dit, ont été l’occasion d’insister sur le rôle crucial des droits de réunion pacifique et d’association en tant que facteur de progrès des objectifs inscrits dans la Charte de l’ONU.


M. Kiai a précisé que l’année 2011 avait été un tournant historique dans le monde, en particulier dans la région arabe où il a pu obtenir une mine d’informations, y compris des expériences et des témoignages de victimes de violations de leurs droits de réunion et d’association.  Il en a résulté de sa part une analyse juridique et politique de fond sur les différents aspects de ces droits, laquelle a été transmise au Conseil des droits de l’homme, a-t-il déclaré.


M. Kiai a expliqué que son rapport mettait largement l’accent sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association dans le contexte des élections car la gouvernance démocratique exige la mise en place de systèmes par lesquels la population peut participer à la conduite des affaires publiques. 


Cependant, il a indiqué que la tenue d’élections à elle seule ne saurait être une panacée, le plus important étant la qualité du processus lequel inévitablement a un impact sur la légitimité du résultat du scrutin.


Conscient des violations du droit de réunion pacifique et de la liberté d’association tout le long du processus des élections, du fait d’un environnement soumis à de fortes tensions, le Rapporteur a reconnu que des manifestations pacifiques étaient une alternative à la violence, à l’usage de la force comme moyens d’expression et de changement.  Une telle démarche ne devrait pas être tolérée mais au contraire, encouragée, a-t-il préconisé.


Il a souligné avoir reçu des plaintes émanant d’individus et de groupes concernant l’usage excessif de la force pour disperser des manifestations prônant des reformes électorales ou celles dénonçant des résultats d’élections. 


« Lors de ces incidents qui ont eu lieu, entre autres, en Guinée et en Iran, des manifestants ont été tués ou blessés, et d’autres ont été arrêtés et placés en détention, comme c’est le cas en Azerbaïdjan et au Venezuela », s’est indigné le Rapporteur spécial.


Il a jugé déplorable l’attitude de certains États qui pénalisent la participation et l’organisation de manifestations pacifiques, les qualifiant de troubles à l’ordre constitutionnel, épinglant ainsi l’Éthiopie, le Bahreïn et la Fédération de Russie.


M. Kiai s’est insurgé contre les « stratégies » employées par d’autres États, y compris les attaques, les commentaires désobligeants, ainsi que la stigmatisation, les agressions sexuelles contre les femmes, les détentions préventives, en vue de dissuader les manifestants d’organiser ou de participer à des rassemblements pacifiques.


« Ces agissements constituent des violations des droits de ces manifestants pacifiques et ne devraient pas être tolérés », a-t-il lancé.


Bien que les rassemblements publics devraient être sujets à des notifications préalables du fait des attroupements susceptibles de causer de grandes perturbations, cela ne doit pas servir de prétexte au refus de la délivrance d’une autorisation par les autorités, a-t-il précisé.


Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par les risques qui pèsent sur les dirigeants de l’opposition et leurs partisans lors des élections, en soulignant que ces derniers étaient victimes de harcèlement, d’arrestations arbitraires et d’emprisonnement dans de nombreux pays tels que le Bélarus ou l’Égypte.


Le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association a déclaré que le pluralisme était la marque de la démocratie.


Il a également plaidé en faveur des organisations de la société civile, lesquelles sont des acteurs clefs dans le processus électoral en ce sens qu’elles sensibilisent sur les préoccupations et les intérêts des principaux bénéficiaires tout en contribuant à garantir l’intégrité des scrutins.


C’est pourquoi, il a exprimé ses inquiétudes au regard de la tendance de certains États à étiqueter les organisations de la société civile comme des acteurs politiques, et ce, en vue de restreindre leurs activités.


Le Rapporteur spécial a lancé un appel aux États pour qu’ils s’abstiennent d’imposer des restrictions injustifiées aux organisations de la société civile surtout en période d’élections, lesquelles sont un moment clef dans la vie d’une nation, a-t-il conclu.


Dialogue


La Norvège a noté que le rapport confirme que ce droit dans le contexte d’élections était de plus en plus menacé car les régimes nouveaux cherchent à s’arroger les pouvoirs à tous prix.  Le droit de réunion et la liberté d’assemblée pacifique et d’association sont-ils suffisamment pris en considération dans les observations des élections?  Dans le même sens, les États-Unis ont indiqué que les citoyens pouvaient se réunir pour dire ce qu’ils voulaient et que ceci n’était pas une valeur occidentale mais bien une valeur humaine.


Les États doivent faire en sorte que nul ne soit violenté pour avoir exprimé son opinion et ce droit doit être particulièrement préservé s’agissant des minorités nationales, ethniques et religieuses, souvent les plus menacées.  Elle a encouragé à la largesse d’esprit et à la tolérance.  La déléguée a appelé à adopter, par consensus, un projet de résolution sur cette question.


L’Union européenne a assuré le nouveau Rapporteur spécial de son plein appui et a mis l’accent sur les actions et initiatives de la société civile.  Le pluralisme est le signe de la démocratie mais il peut aussi entraîner des tensions.  Comment donc traiter ces difficultés d’une manière pacifique, a-t-elle demandé, avant d’évoquer le problème des réparations pour les victimes d’exaction dans ce contexte.


L’Afrique du Sud a estimé que le principe de la non-discrimination était fondamental dans la question examinée dans le rapport et a rappelé les limitations acceptables dans le droit international humanitaire.  Du point de vue législatif sud-africain, les individus doivent être responsables notamment lorsqu’il y a destruction de biens dans des marches ou des manifestations.  Il aurait été davantage utile d’avoir un examen plus complet dans le rapport et plus équilibré.  La délégation a également fait une remarque à propos du paragraphe 45 sur les limites imposées à la liberté d’association en période électorale, et sur le fait que le Rapporteur spécial mette sur un pied d’égalité la société civile et les partis politiques.


Le Royaume-Uni a aussi noté que le terme politique était chaque fois plus employé à tort dans certaines situations.  Il faut voir comment les États sont susceptibles d’organiser et d’encourager l’action des organisations de la société civile en période électorale, a déclaré ce pays qui s’est interrogé sur les autres recours des États quand ils pensent que la sécurité publique est remise en question par l’Internet.


La Suisse a rappelé que les périodes électorales, avant, pendant et après les élections, étaient cruciales d’où le caractère essentiel de toute réunion pacifique dans ce contexte.  Il est particulièrement important que, dans ces situations, la liberté d’assemblée et d’association ne soit pas limitée.  L’obligation de facilitation est en conséquence très importante.


La Fédération de Russie n’a pas accepté, quant à elle, toutes les conclusions et recommandations du Rapporteur spécial, ni certaines références à ce pays, car lorsque des manifestants ignorent les règles établies, cela a des conséquences, a déclaré la déléguée.  En outre, la nouvelle loi russe sur les organisations non gouvernementales ne limite pas leur action ni l’obtention d’un financement provenant de l’étranger, a-t-elle dit.


Il reste qu’elles doivent être dûment enregistrées.  La déléguée a fustigé les États « donneurs de leçons » en la matière et a demandé au Rapporteur spécial de formuler des conclusions sur la base d’une analyse complète des faits.  La Fédération de Russie se réserve le droit d’agir contre les personnes qui détruisent les biens et troublent l’ordre public, a-t-elle conclu.


La République tchèque s’est félicitée, en revanche, des exemples figurant dans le rapport et a rappelé que le processus électoral ne consistait pas uniquement « à glisser un bulletin dans une urne ».  Un gouvernement qui exclut des observateurs indépendants du processus électoral ne garantit pas la liberté d’expression.


Le Bahreïn a signalé que toutes limitations à la liberté de réunion imposées dans ce pays étaient conformes aux normes internationales.  Les manifestations doivent être notifiées au préalable, mais ce n’est que lorsqu’elles deviennent violentes avec des agressions contre des passants ou des jets de cocktails molotov qu’elles deviennent contraires à la loi.  Les auteurs de ces violences sont traités en vertu de la législation, a assuré la représentante.


Les Maldives ont été parmi les premiers à appuyer l’établissement de ce mandat, a déclaré la déléguée, qui a renvoyé à la transition démocratique dans son pays et à la démarche d’appui du dialogue entre les pouvoirs publics et les organisations non gouvernementales par le truchement de la Commission de la police et de celle des droits de l’homme.  La police est également invitée à strictement s’en tenir au protocole opérationnel et il n’y a pas de limitation aux campagnes de financement extérieur.


Pour l’Indonésie, la corrélation entre la réunion pacifique et le processus électoral s’applique lorsque les rassemblements se font dans l’ordre et sans dérapage. 


La République islamique d’Iran a aussi pris bonne note des questions traitées dans le rapport et s’est étonnée des références la concernant, et qui prêtent au Gouvernement iranien le massacre de dizaines de personnes.  La délégation a vivement recommandé au Rapporteur spécial d’adopter une démarche équilibrée à l’avenir.


Le Venezuela a estimé que la garantie de la liberté de réunion et d’assemblée pacifique était vitale quand l’ordre public était préservé.  Le Rapporteur spécial a évoqué les incidents d’avril 2013 au Venezuela et la représentante s’est demandée s’il était au courant du fait que les manifestations avaient coûté la vie à six personnes.  La loi adoptée à l’encontre des organisations terroristes ne cible pas les organisations non gouvernementales, a-t-elle rectifié, en demandant au titulaire quelles étaient ses sources car les informations dans son rapport ne sont nullement crédibles.


L’Égypte a aussi critiqué ses informations la concernant.  Le Gouvernement actuel respecte pleinement ses obligations internationales garantissant les libertés fondamentales.  L’Égypte est réputée pour l’indépendance de son système judiciaire qui traite des affaires de violations des droits des citoyens et des organisations.  Le Gouvernement a enclenché un débat très riche sur la réglementation des manifestions, ce qui reflète son respect de la liberté de réunion et d’assemblée pacifique.  La délégation est disposée à aider le titulaire de mandat en répondant à toutes ses questions dans ce domaine.


Le Zimbabwe a rappelé sa position qui veut que les travaux des mandataires se déroulent avec la pleine coopération des États.  La déléguée s’est offusquée des allégations du Rapporteur spécial concernant son pays.


Enfin, l’Éthiopie a observé, avec peine, que l’exposé du Rapporteur faisait des allégations infondées et que cette présentation était partiale et tout à fait dénuée de véracité.  La délégation a rejeté entièrement ce rapport. 


Répondant aux délégations, le Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association, a fait valoir que l’espace autour des élections devait garantir le libre rassemblement.  Le Rapporteur spécial doit recevoir une invitation officielle des pays


S’agissant des autorisations de réunion, il faut une notification préalable pour aider les autorités à mettre au point des mesures administratives, ayant notamment trait à la circulation.  À cet égard, il a suggéré un délai de 48 heures.


Le droit de réunion pacifique et de libre association n’est pas couvert de façon favorable, a regretté M. Kiai.  Si le droit de suffrage est un droit spécifique, il y a des droits connexes très importants pendant les périodes précédant et suivant les élections.


Les pays du Sud devraient aller observer des élections dans le monde entier, a-t-il recommandé  Il y a des éléments de faiblesse dans la façon dont sont organisées les élections.


S’agissant de la responsabilité des organisateurs dans les manifestations si des personnes ont recours à la violence, il s’agit d’une question de maintien de l’ordre.  M. Kiai a souligné qu’il n’y avait « pas de responsabilité par procuration », c’est à dire que l’on ne peut pas être accusé du délit commis par une autre personne.  À cet égard, la loi nationale doit être conforme au droit international.


M. RICHARD FALK, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a présenté, en l’absence d’Israël, son cinquième et dernier rapport à la Commission (A/68/376).


M. Falk a commencé par rappeler qu’il n’avait pas bénéficié de la coopération du Gouvernement israélien dans l’exercice de son mandat et qu’il n’avait pu visiter la Palestine qu’une seule fois.


Le droit inaliénable à l’autodétermination des Palestiniens a été renforcé lorsque l’Assemblée générale a voté, le 29 novembre 2012, pour conférer à la Palestine le statut d’État observateur non membre.


Il faudrait repenser l’expression « territoires palestiniens occupés », qui est de nature à induire en erreur alors que l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes semble en partie « irréversible », a déclaré M. Falk.


Les violations persistantes par Israël des obligations qui lui incombent en tant que Puissance occupante ont été spécifiées à maintes reprises dans les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.


Le Rapporteur spécial consacre une bonne partie de son rapport aux entreprises internationales qui réalisent des profits grâce aux colonies de peuplement israéliennes.  Il fixe les contours d’un modèle d’analyse juridique en étudiant les cas de deux entreprises choisies pour les façons particulières dont leurs activités peuvent les impliquer dans des infractions internationales.


La première étude de cas porte sur le groupe Dexia, un groupe bancaire européen.  Celui-ci mène ses activités dans les domaines de la banque de détail et commerciale, du financement du secteur public et des activités bancaires de gros, de la gestion d’actifs et des services aux investisseurs. 


Le Rapporteur spécial a déjà parlé des activités de Dexia Israël Bank Limited (Dexia Israël), dont le groupe Dexia est l’actionnaire majoritaire, qui consistent à octroyer des prêts aux Israéliens qui vivent dans des colonies situées en Cisjordanie.


La deuxième étude concerne Re/Max International, une société immobilière privée sise aux États-Unis qui est dotée d’un réseau international d’agences détenues et exploitées par des franchisés.


Promouvoir la vente, par exemple en faisant de la publicité comme c’est le cas de Re/Max International, de biens immobiliers situés sur une colonie de peuplement ou en faisant partie, ou vendre ces biens contribue au crime international qui consiste à transférer des citoyens d’une Puissance occupante dans le territoire occupé.  En fait, a conclu M. Falk, faire de la publicité sur ces biens ou les vendre à des nationaux de la Puissance occupante constituent, par excellence, des cas de participation à ces transferts.


Le Rapporteur spécial a également réitéré sa préoccupation concernant le manque d’eau potable et d’installations d’assainissement adéquates dans la bande de Gaza.  Les colons israéliens vivant en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dont le nombre est estimé à 500 000, consomment environ 6 fois plus d’eau que l’ensemble des Palestiniens qui sont 2,6 millions.


Enfin, si les négociations diplomatiques en cours ne débouchent pas sur un règlement du conflit, M. Falk a recommandé que l’Assemblée générale sollicite un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’occupation de la Palestine.


Il a recommandé également que la Belgique et la France indemnisent les Palestiniens qui ont été directement lésés par les colonies auxquelles Dexia Israël a accordé des prêts hypothécaires ou pour lesquelles elle a géré des subventions.


Dialogue


La Palestine, après avoir remercié M. Falk pour tous ses efforts, a évoqué les myriades de violations des droits de l’homme commises par Israël et son refus de respecter ses obligations internationales.  Le Rapporteur spécial a-t-il reçu une correspondance supplémentaire, en plus de ce qui figure dans son rapport, sur les entreprises multinationales qui contribuent à perpétrer l’occupation?


Cuba a demandé quelles mesures nouvelles pourraient être prises par les instances et mécanismes de droits de l’homme pour que la Puissance occupante observe les obligations qui sont les siennes en vertu du droit international.


La Mauritanie a souhaité des exemples concrets.  Quelle est la situation humaine sur place?  À quoi ressemble Gaza en raison du blocus qui lui est imposé?  Qu’est-ce qui empêche les Nations Unies d’agir concrètement?


L’Union européenne a assuré qu’elle ne perdait pas de vue l’évolution de la situation sur le terrain.  Elle a réitéré sa position que les colonies et les évictions sont illégales et font obstacle à la paix.  Il faut régler le statut de Jérusalem en tant que capitale future des deux États.  Elle n’appuie pas les appels au boycott.


La Fédération de Russie a condamné la création et l’élargissement des colonies israéliennes en territoire palestinien et a évoqué la responsabilité sociale des entreprises à cet égard.


La Norvège a rappelé qu’Israël devait protéger la population civile sur le territoire qu’elle contrôle.  Il ne faut pas que les colons israéliens intimident et harcèlent les Palestiniens en toute impunité.  De son côté, l’Autorité palestinienne n’a toutefois pas protégé les femmes qui risquent une peine d’honneur.


La République arabe syrienne a souhaité que les États respectent le droit international et le droit humanitaire.  Israël doit cesser ses crimes contre l’humanité.  Quelle est la possibilité d’appliquer les recommandations du rapport de M. Falk?


Le Qatar a voulu connaître la taille des activités des entreprises étrangères.  Il s’est dit préoccupé par la violation du droit à l’eau des Palestiniens.


Le Brésil a déploré le nombre croissant de personnes détenues et de grèves de la faim.  « Le gel de la construction ne suffit pas, les colonies doivent être démantelées ».  De même, il faut mettre en œuvre l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) à ce sujet.


L’Afrique du Sud a dit qu’Israël devait revenir aux frontières de 1967 sans porter atteinte à la viabilité de l’État palestinien futur.


La Libye a condamné les violations commises par la Puissance occupante et demandé aux Nations Unies d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien.  La Palestine doit devenir un membre à part entière de cette Organisation.


La République islamique d’Iran a défendu les droits fondamentaux des Palestiniens privés de leur droit de retour et parlé de « crimes de guerre », face aux violations commises par Israël.


Les Maldives ont appuyé la solution à deux États et le droit à l’autodétermination des Palestiniens.  Malheureusement, les abus continuent sur place, d’autant plus que des entreprises contribuent à la destruction des propriétés palestiniennes.


L’Indonésie a condamné les colonies illégales qui violent le droit international humanitaire.  « Israël cherche peu à résoudre le conflit », ce qui porte atteinte à la confiance de la communauté internationale.  Quant à la situation socioéconomique des Palestiniens, elle n’a pas évolué.


Le Pakistan a remercié le courage du Rapporteur spécial et a partagé sa préoccupation quant au risque de perdre un créneau pour protéger le droit d’un peuple.  « Il s’agit là d’un énorme trou noir qui doit être résolu », a dit la délégation.


Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, M. Falk a affirmé qu’il allait prendre en compte toutes les remarques et les questions en se félicitant, en l’absence d’Israël dans la salle, de l’unanimité quant à la nécessité de résoudre la question palestinienne, qui est devenue un affront à la communauté internationale.  


Il a prévenu que si l’ONU ne répondait pas comme il se doit à sa tâche par la diplomatie, alors les Nations Unies perdraient totalement le peu de crédibilité qui leur reste sur ce dossier.  C’est un défi majeur que celui de la Palestine, a-t-il poursuivi, car la solution de partition est le produit de cette organisation même et, des millions de personnes vivent encore et depuis des décennies, sans ressources et sans droits.


C’est l’un des échecs les plus cuisants de la communauté mondiale, qui a atteint un degré proche de la catastrophe d’où l’urgence d’aller plus loin que les effets de manches et les belles paroles, a estimé M. Falk.  Il s’agit d’agir, notamment en solidarité avec la société civile, qui perçoit la situation en Palestine comme l’une des plus grandes injustices de notre temps.


La protection des Palestiniens est un défi que tous les gouvernements se doivent de relever, a-t-il encore dit, en invitant à l’application du droit international par des mesures tangibles. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: l’immunité des représentants de l’État ne saurait être invoquée pour échapper à des poursuites pénales

AG/J/3466

Sixième Commission: l’immunité des représentants de l’État ne saurait être invoquée pour échapper à des poursuites pénales

29/10/2013
Assemblée généraleAG/J/3466
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Sixième Commission

18e séance – matin


SIXIÈME COMMISSION: L’IMMUNITÉ DES REPRÉSENTANTS DE L’ÉTAT NE SAURAIT

ÊTRE INVOQUÉE POUR ÉCHAPPER À DES POURSUITES PÉNALES


Au deuxième jour des discussions consacrées au rapport annuel de la Commission du droit international (CDI), la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a abordé la question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État.


La CDI a en effet consacré un chapitre de son rapport aux conditions de mise en œuvre de cette immunité et, plus particulièrement, aux personnes jouissant de cette protection.  Le projet d’article 3 rédigé par la Commission prévoit une telle immunité pour les représentants de l’État dits de la « troïka ».  Il est, ainsi, communément admis que les chefs d’État, les chefs de gouvernement ainsi que les ministres des affaires étrangères puissent être exempts de poursuites engagées par des juridictions pénales étrangères.


Cette approche, reprise notamment par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire des Mandats d’arrêt, rencontre l’assentiment de la plupart des délégations.  Le représentant de l’Allemagne a cependant estimé que bien qu’il existe de bonnes raisons pour limiter l’immunité ratione personae aux seules personnes de la « troïka », un nombre très limité de hauts fonctionnaires pourraient aussi en bénéficier. 


Cette position a été partagée par le Royaume-Uni dont le délégué a déclaré que son pays avait accordé dans le passé cette immunité à un ministre de la défense ou encore à un ministre du commerce extérieur en visite.  Son homologue de la Grèce a, en revanche, affirmé que la pratique des États dans ce domaine n’était ni répandue, ni suffisamment claire pour étendre cette immunité à d’autres membres du gouvernement que ceux de la « troïka ».


À ce critère fonctionnel, des délégations ont souhaité ajouter celui du cadre dans lequel des fonctionnaires autres que ceux de la « troïka » pourraient être inquiétés par des poursuites.  La déléguée des Pays-Bas a notamment affirmé qu’en vertu du droit international coutumier, tous les membres en « mission officielle » ont besoin de cette immunité. 


En dépit de ces divergences de vues, un consensus a fait jour au sujet du caractère procédural de cette immunité.  Le délégué du Chili a notamment déclaré: « Nous pensons que l’immunité de juridiction pénale étrangère a un caractère de procédure et non de fond et qu’elle ne peut être invoquée pour échapper à des dispositions du droit pénal ».


La question des accords et pratiques ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités a également été largement débattue par les délégations.  Ces accords et pratiques ultérieurs permettent en effet de modifier le sens ou la portée de termes contenus dans un traité afin de répondre à l’évolution des conditions économiques et sociales depuis la conclusion de ce traité.  La plupart des délégations ont estimé que la CDI devait fonder ses travaux sur les articles 31 et 32 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités.  Le délégué de la Slovaquie a rappelé que la CDI établissait une distinction entre le caractère obligatoire des règles générales d’interprétation et le caractère discrétionnaire des moyens complémentaires d’interprétation des traités.  Il a, ainsi, souhaité que la CDI précise sa position en la matière afin de déterminer dans quelle mesure les pratiques ultérieures à la conclusion d’un traité permettaient de modifier l’intention originale des rédacteurs de ce traité. 


Le représentant de la République de Corée a, à cet égard, souligné que le projet de conclusion 1 rappelait qu’il n’existait pas de hiérarchie entre les moyens d’interprétation des traités et que cette interprétation constituait une seule opération complexe.  Il incombe, a-t-il estimé, aux juridictions nationales de déterminer les moyens d’interprétation qui devraient être privilégiés. 


La déléguée des Pays-Bas a, pour sa part, considéré que les travaux de la CDI sur cette question étaient encore à un stade embryonnaire.  La Commission, a-t-elle souhaité, devrait recueillir la pratique des États en la matière. 


Certaines délégations ont par ailleurs réagi à la volonté affichée par la CDI d’inclure dans ses travaux le thème des crimes contre l’humanité et, en particulier, sa recommandation d’adopter une convention internationale.  Le délégué de l’Afrique du Sud s’est ému de cette perspective en affirmant que son pays tenait à mettre en garde contre l’idée de poursuivre une étude qui pourrait saper le système établi par le Statut de Rome en permettant à des États qui n’y sont pas partie de se contenter de ratifier une future convention sur les crimes contre l’humanité plutôt que d’adhérer au Statut de Rome, dont il faut au contraire promouvoir l’universalité.


La Sixième Commission poursuivra l’examen du rapport annuel de la CDI demain, mercredi 30 octobre à 10 heures.


RAPPORT DE LA COMMISSION DU DROIT INTERNATIONAL SUR LES TRAVAUX DE SES SOIXANTE-TROISIÈME ET SOIXANTE-CINQUIÈME SESSIONS((A/66/10, A/66/10/Add.1 et A/68/10)


Déclarations


M. ANDREI N. POPKOV (Bélarus) a déclaré que sa délégation partageait la méthodologie de travail mise en place par la Commission du droit international (CDI) pour examiner la  question des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités ».  Il a approuvé les projets de conclusions 1 à 4, tout en proposant des précisions.  « La question la plus complexe est celle de la délimitation de la pratique ultérieure comme moyen d’interprétation ».  Une étude de la spécificité de chaque situation contribuerait à mieux comprendre la pratique des traités internationaux en règle générale, a-t-il déclaré.


Sa délégation, a-t-il dit, a pris connaissance avec intérêt des définitions de la Commission sur les accords ultérieurs et des moyens d’interprétation des traités.  « Cela apportera une plus grande précision. »


Le représentant a formulé des commentaires généraux sur l’interprétation des traités internationaux, en estimant que l’examen de cette question pourrait enrichir la connaissance en la matière.  Il a souligné le rôle exclusif de l’État en ce qui concerne les traités internationaux.  Le représentant du Bélarus s’est dit préoccupé par le fait que les organes internationaux se placent au même niveau que les États pour interpréter les traités sans avoir été mandatés pour le faire.  C’est pourquoi, a-t-il dit, cette interprétation n’est pas suffisamment légitime.  Les résultats des travaux des organisations non gouvernementales (ONG) en la matière n’ont qu’une valeur consultative, a-t-il dit.


En ce qui concerne la question de l’« immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État », le représentant a approuvé la compilation faite par la CDI, laquelle, a-t-il dit, constitue une base utile pour les travaux de la Commission sur ce sujet.  Tout en reconnaissant le problème que pose l’immunité, notamment en ce qui concerne la portée rationne personae, le représentant a regretté que les normes existantes ne tiennent pas suffisamment compte des différences de statut de ces personnes.  Compte tenu du dynamisme propre aux relations internationales modernes, il serait utile d’identifier les autres représentants de l’État en dehors de la « troïka » établie par la CDI.  Une liste exhaustive est impossible à faire, a-t-il concédé.  « Nous pourrions cependant identifier des critères, comme l’octroi de fonctions étatiques ou dans le domaine de la défense afin de réaliser la souveraineté ou garantir la sécurité de l’État ».  Le Bélarus, a-t-il assuré, partage les positions selon lesquelles l’immunité de fonctionnaire d’État doit être systématique, que ce soit lors d’une visite à l’étranger à titre privé ou officiel, car en vertu de ce statut, il représente son État.


M. IAIN MACLEOD (Royaume-Uni) a appuyé l’approche de la Commission du droit international concernant les « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités » et notamment la rédaction de projets de conclusions soutenus par des commentaires.  Ces derniers donnent l’occasion de présenter des exemples concrets de principes qui sous-tendent les projets de conclusion.  Le Royaume-Uni s’en félicite et invite la Commission à en présenter davantage lorsque cela est nécessaire.  Pour le Royaume-Uni, la Commission doit fonder son travail sur les articles 31, 32 et 33 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités et rien d’autre.  Il est donc important, a-t-il souligné, de maintenir une approche souple des différents moyens d’interprétation d’un traité et les travaux de la Commission du droit international devraient mieux montrer que les règles d’interprétation s’appliquent aussi, sous forme de droit international coutumier, aux traités conclus avant la Convention de Vienne.  Par ailleurs, la Commission devrait éviter de parler de « moyens authentiques d’interprétation » dans ses projets de commentaires car le terme « authentique » tend à avoir dans le langage des traités une acception technique particulière.  Le Royaume-Uni soutient l’approche de la Commission concernant la question de l’interprétation « contemporaine » ou « évolutive » des traités, a indiqué son représentant.


M. Macleod a estimé que la question des immunités de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État était de la plus haute importance dans la conduite des relations internationales.  C’est aussi un thème qui suscite de plus en plus de commentaires et attire de plus en plus d’attention.  Les règles spéciales en matière d’immunité de juridiction pénale étrangère peuvent dériver tant du droit international coutumier que de dispositions incluses dans des traités.  En outre, la liste proposée doit être considérée comme non exhaustive car certaines formes de coopération internationale peuvent être établies de manière spontanée, tout en exigeant des immunités additionnelles, par exemple des conférences internationales ou encore des procédures d’arbitrage.


Le Royaume-Uni, a-t-il dit, est d’accord avec la Commission pour exclure du champ de l’étude les immunités devant les tribunaux pénaux internationaux mais note, néanmoins, qu’il peut surgir des questions quant à l’applicabilité des immunités en relation avec des procédures nationales dans le cadre de la coopération avec un tribunal international, par exemple des arrestations ou saisies d’éléments de preuve.  La Commission devra se pencher sur cette question dans la suite de ses travaux.  Par ailleurs, le représentant a fait observer que, s’il est clair que les personnes appartenant à la « troïka » - chefs d’État, chefs de gouvernement et ministres des affaires étrangères – jouissent d’une immunité ratione personae, comme l’a confirmé la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire du Mandat d’arrêt, on peut interpréter l’arrêt comme ne limitant pas ce type d’immunité aux seuls titulaires des trois fonctions indiquées.  Certains hauts fonctionnaires aussi devraient en bénéficier et le Royaume-Uni l’a parfois accordée à un ministre de la défense ou encore à un ministre du commerce extérieur en visite.


Le représentant a déclaré que le Royaume-Uni n’était pas convaincu de l’utilité d’une étude de la Commission sur la protection de l’atmosphère car il estime que la question est déjà bien traitée dans des arrangements juridiques existant.  Sa délégation prend note de la décision de la Commission d’inclure les crimes contre l’humanité dans ses futures études en vue de la préparation d’une convention.  En tant qu’État partie au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), il a insisté sur le fait que toute nouvelle convention dans ce domaine devrait être à la fois conforme au Statut de Rome et complémentaire à celui-ci.


M. HUGH ADSETT, Directeur général affaires étrangères, commerce et développement du Canada, a abordé la question de l’expulsion des étrangers.  Il a souligné que, malgré l’acceptation par une part importante de la communauté internationale de principes tels que le non-refoulement, les projets d’articles élaborés par la CDI comportent également des normes tirées de la vaste gamme d’instruments internationaux et régionaux qui ne jouissent pas d’une adhésion universelle, ainsi que des dispositions nationales et des éléments de jurisprudence régionale.  En conséquence, son pays continuera à examiner minutieusement les projets d’articles et fournira des commentaires par écrit à ce sujet.  Il a en outre insisté sur la nécessité d’assurer l’équilibre du droit international entre la promotion et la protection des droits de la personne, tel que le droit de demander asile et la souveraineté des États concernant leurs frontières.


M. GUSTAVO MEZA-CUADRA(Pérou) s’est dit satisfait de l’inclusion dans le programme de travail de la « Protection de l’environnement en rapport avec les conflits armés », qui répondent à des besoins concrets de la communauté internationale et pour lequel il existe de la part de certains États un niveau de pratique qui permet le développement progressif du droit international et sa codification.  Le Pérou estime que l’environnement a un besoin urgent de davantage de régimes juridiques qui lui permettront d’être mieux protégé de manière durable, conformément aux décisions prises lors de la Conférence Rio+20, a indiqué son représentant.  Sa délégation, a-t-il ajouté, est également satisfaite de l’inclusion dans le programme de travail du thème des « Crimes contre l’humanité », qui pourra compléter d’autres travaux en cours comme l’obligation de juger ou d’extrader et l’« immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État ».  Le travail de la Commission du droit international en sera plus systématique.


Mme LIESBETH LIJNZAAD (Pays-Bas) a noté que les travaux de la CDI sur la question des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », se trouvent encore à un stade embryonnaire.  « Les premiers projets de conclusion présentent une analyse précieuse ».  En tant qu’organe composé d’experts, la Commission doit recueillir la pratique des États en la matière.  La représentante a émis l’espoir qu’il sera possible à la Commission de diffuser les positions exprimées par les États sur la question, en proposant une valeur ajoutée.


En ce qui concerne le thème de « L’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État », la représentante des Pays-Bas a souligné que « cette question revêt une importance particulière pour son pays où siège la Cour pénale internationale ».  La portée de ces projets d’articles laisse en suspens une question de terminologie importante.  Le terme de représentant de l’État agissant à ce titre mérite d’être précisé.  « Mon gouvernement estime qu’en vertu du droit coutumier international, tous les membres en « mission officielle » ont besoin de jouir de l’immunité.  Le commentaire de la Commission nous rappelle à juste titre que les représentants de l’État en mission officielle ne perdent pas cette immunité après la fin de leur mandat. 


Avant de conclure, la représentante a demandé à la CDI d’examiner la question des « Crimes contre l’humanité », sur la base du Statut de Rome portant création de la CPI.  Elle a estimé que ce n’est pas la définition du crime qui fait défaut mais plutôt les instruments pour poursuivre.


M. THEMBILE JOYINI (Afrique du sud) a rappelé que sur la question des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », la Commission du droit international ne devrait pas perdre de vue que la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités reste la principale source pour l’interprétation des traités.  Le travail de la Commission doit permettre de clarifier et soutenir les règles fixées dans la Convention de Vienne et ne pas chercher à en créer de nouvelles ou qui soient concurrentes.  C’est pourquoi un travail sous forme de conclusions commentées est le plus adapté pour cette étude.  L’Afrique du Sud soutient notamment l’idée que c’est au cas par cas que l’on doit déterminer si les dispositions d’un traité sont susceptibles d’être interprétées de manière évolutive, a précisé son représentant.  Cela doit être dit clairement dans les commentaires qui accompagnent le projet de conclusion.


La question de l’« immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État » touche des principes fondamentaux du droit international et peut avoir des conséquences importantes sur la stabilité des relations internationales, a fait observer le représentant.  C’est pourquoi, sa délégation insiste sur la nécessité d’un équilibre prudent entre la protection de normes bien établies en matière d’immunités juridictionnelles et la prévention de l’impunité pour les crimes graves.  Un tel équilibre n’est possible que si l’on étudie attentivement l’état actuel du droit.  Le représentant a souligné qu’il faudrait évaluer de façon critique, et non pas simplement supposer, l’existence du droit et la pratique des États en matière d’immunité, l’étendue de ces immunités et les exceptions éventuelles.  Il est également difficile de déterminer la base juridique des immunités, qui touchent de nombreux domaines complexes tels que la responsabilité et les immunités des États, la levée implicite ou explicite de l’immunité, la dynamique du droit international pénal et le développement de la compétence universelle pour certains crimes internationaux graves. 


M. Joyini a constaté une évolution du droit international allant de l’immunité juridictionnelle absolue vers une approche plus restrictive.  Il a cependant appelé la CDI à la prudence et à veiller à ce que la question des immunités de juridictions ne soit pas examinée à des fins politiques.  Il a par ailleurs rappelé que l’Afrique du Sud n’avait pas dit l’an passé que, pour elle, les ministres des affaires étrangères ne bénéficient pas de l’impunité ratione personae, mais qu’elle avait simplement demandé une clarification sur ce point, sachant que plusieurs membres de la Commission avaient exprimé une opinion en ce sens, alors que l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire Mandat d’arrêt accorde cette immunité aux ministres des affaires étrangères.  L’Afrique du Sud n’entend pas exprimer un avis sur cette question mais juge important que la Commission fasse une recherche approfondie sur la pratique des États et ne se fie pas seulement à la rhétorique ni à la théorie.


Le représentant de l’Afrique du Sud a exprimé des réserves sur le projet d’étude de la Commission consacré aux crimes contre l’humanité, lequel est envisagé dans la perspective de l’élaboration future d’une convention relative à ces crimes qui, contrairement aux crimes de guerre et au génocide, ne font pas l’objet d’un traité qui en définisse l’infraction et oblige les traités à la pénaliser.  Pour l’Afrique du Sud, il est vrai que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) n’oblige pas expressément les États à adopter une loi pour lui donner effet et prévoir les sanctions pour les infractions.  Mais il existe dans le Statut de Rome une obligation implicite pour les États de pénaliser, dans leur droit interne, les crimes les plus graves pour remplir effectivement leurs obligations aux termes de la Convention.  Le système créé par le Statut de Rome implique que les États se mettent en situation de pouvoir enquêter et poursuivre les crimes graves, y compris les crimes contre l’humanité, qui sont clairement et suffisamment définis dans le Statut.  L’Afrique du Sud l’a fait, comme de nombreux États qui ont utilisé le Statut de Rome comme base juridique de pénalisation des crimes contre l’humanité.  Il n’y a donc pas d’insuffisance juridique dans le Statut de Rome et la vraie question est celle de la volonté politique des États. 


Dès lors, une nouvelle convention consacrée aux crimes contre l’humanité n’apporterait pas nécessairement de remède à la préoccupation face au nombre insuffisant d’États qui pénalisent ce type de crimes graves, a estimé le représentant.  Une nouvelle convention n’est pas non plus nécessaire pour garantir le nécessaire renforcement de l’assistance juridictionnelle entre États dans la lutte contre ce type de crimes.  S’il est vrai qu’il faudrait renforcer la coopération entre l’État et les poursuites au niveau national, il faudrait également étudier le rôle de la CPI dans ce domaine.  L’Afrique du Sud tient à mettre en garde contre la poursuite d’une étude qui pourrait saper le système établi par le Statut de Rome en permettant à des États qui n’y sont pas partie de se contenter de ratifier une future convention sur les crimes contre l’humanité plutôt que d’adhérer au Statut, dont il faut au contraire promouvoir l’universalité, a déclaré son représentant.


M. CSABA PÁKOZDI, Conseiller juridique du ministère des affaires étrangères de la Hongrie, s’exprimant sur la question des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », a soutenu la décision de la Commission d’inclure une conclusion distincte en ce qui concerne la possibilité de faire évoluer l’interprétation de certains termes des traités.  Les États Membres doivent pouvoir s’ils le souhaitent indiquer qu’un des termes d’une convention est susceptible d’évoluer quant à son interprétation.  Toujours en ce qui concerne ce thème, la Hongrie considère que l’expression « Accords et pratique ultérieurs » se réfère à des évènements ayant lieu entre l’adoption et l’entrée en vigueur du traité.  Il a également affirmé que l’expression « fait en lien avec la conclusion du traité » devrait être comprise de telle manière à y inclure des accords conclus dans une proximité temporelle avec le traité considéré.


Concernant le thème de l’« immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État », le représentant s’est félicité que la Commission du droit international ait réduit le champ d’application de cette immunité aux seules personnes représentant ou agissant au nom de l’État en raison de leur fonction.  En ce qui concerne les travaux de la CDI sur la protection des personnes en cas de catastrophe, il a réaffirmé qu’il appartenait en premier lieu aux États Membres d’assurer la protection des personnes se trouvant sur leur territoire tout en reconnaissant qu’il était nécessaire de prévoir une nécessité de coopération internationale.  Il a encouragé la Commission à tenter de trouver un équilibre entre la souveraineté et la nécessaire coopération internationale. 


En matière de formation et d’identification du droit international coutumier, la Hongrie considère que le jus cogens devrait être inclus dans ce thème dans la mesure où ce dernier est étroitement lié au droit international coutumier.  Il a également réitéré la position de son pays selon laquelle les juridictions et autorités de son pays doivent se tourner vers les ministères de la justice et des affaires étrangères avant de prendre en compte ce qui leur est présenté comme une norme faisant partie du droit coutumier.  Le représentant a indiqué que les lois de son pays rendaient possible l’application provisoire des traités uniquement, lorsque l’entité autorisée à engager le pays dans un traité décidait de le faire.  En Hongrie, seuls le parlement et le gouvernement sont habilités à décider de l’application provisoire des traités, a-t-il précisé.


M. MARTIN NEY (Allemagne) a estimé que le travail du Comité de rédaction sur les accords et la pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités fournit d’ores et déjà d’excellentes lignes directrices pour l’interprétation des dispositions des traités.  Il s’est félicité de l’équilibre trouvé entre la notion de pratique ultérieure aux termes de l’article 31 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités et celle des « autres pratiques ultérieures ».  Cette différenciation permet aussi d’utiliser une pratique large mais non consensuelle dans l’interprétation d’un traité, et en même temps de ne l’utiliser que comme moyen supplémentaire d’interprétation.


Concernant l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, l’Allemagne se félicite du travail équilibré de la Rapporteuse spéciale, Mme Concepción Escobar Hernández.  Toutefois, s’il existe de bonnes raisons pour limiter l’immunité ratione personae aux seules personnes de la « troïka », un nombre très limité de hauts fonctionnaires pourrait aussi en bénéficier.  Des voyages fréquents ne sauraient constituer un critère suffisant pour faire bénéficier une personne de ce type d’immunité mais, en revanche, une exposition juridique particulière pourrait être prise en compte.  L’Allemagne appuie aussi la distinction que la CDI a établie entre immunité de juridiction pénale et immunité de juridiction civile étrangère.  Tandis que la Rapporteuse spéciale estime que l’étude devrait être approchée du double point de vue du droit existant et du développement du droit, l’Allemagne estime que les règles d’immunité, qui sont pour l’essentiel inscrites dans le droit international coutumier, et qui sont en outre politiquement très sensibles car elles touchent à la délimitation et au respect mutuel des relations souveraines entre États, doivent relever du seul droit existant, a indiqué son représentant.  Dans la perspective du prochain rapport sur la question, qui sera consacré aux éléments d’immunité ratione materiae et aux exceptions aux immunités, M. Ney a rappelé que la doctrine et la pratique des États sont des éléments essentiels à prendre en compte.


M. PETER KLANDUCH, représentant du Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a axé son intervention sur la question des « Accords et pratiques ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », en souhaitant que la Commission du droit international assiste les États Membres en ce qui concerne notamment les articles 31 et 32 de la Convention de Vienne sur l’interprétation des traités.  Les praticiens du droit rencontrent de grandes difficultés pour pondérer les différentes méthodes d’interprétation des traités.  Il a admis que les accords conclus ultérieurement entre les parties pourraient servir de guide à l’interprétation des traités, tout en estimant que la CDI devrait poursuivre l’examen de cette question afin de mieux définir les termes d’accords et pratiques ultérieurs. 


La CDI a établi une distinction entre le caractère obligatoire des règles générales d’interprétation et le caractère discrétionnaire des moyens complémentaires d’interprétation des traités, a-t-il rappelé.  Il a, ainsi, souhaité que la CDI précise sa position en la matière afin de déterminer dans quelle mesure les pratiques ultérieures à la conclusion d’un traité permettaient de modifier l’intention originale des rédacteurs de ce traité.  Le représentant s’est interrogé sur la capacité d’un groupe d’États à façonner ce qui sera amené à constituer la pratique ultérieure.  À cet égard, il a évoqué les termes de « vaste majorité d’États européens » dans un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme et des « exemples tirés de la législation des pays d’Amérique » en ce qui concerne la jurisprudence de la Cour interaméricaine des droits de l’homme.  Selon lui, ces termes ne permettent pas de lever les doutes existant sur ce sujet.


M. HERNÁN SALINAS BURGOS (Chili) a estimé qu’il était nécessaire de définir avec plus de précision les concepts de représentants de l’état, d’actes officiels et de juridiction.  Il a également affirmé que la proposition d’articles devait définir la portée de cette immunité en définissant les représentants de l’État concernés, et ce, quelle que soit la terminologie qui sera choisie dans l’avenir.  En ce sens, étant donné que l’expression change selon la langue utilisée, il serait approprié, selon lui, de disposer d’une définition du concept.  Dans la version espagnole, a-t-il fait observer, le terme « fonctionnaires » reflète au mieux ce qui semble avoir été l’intention de la Commission. 


Le représentant a fait le même constat pour le terme « juridiction pénale étrangère ».  Il ne s’agit pas, à ses yeux, d’ajouter de nouvelles dispositions au projet de l’article 1er mais, a-t-il dit, il est indispensable que certains éléments relevant de la juridiction pénale figurent dans le texte afin de disposer d’instructions précises en la matière.  « On ne peut comprendre l’immunité sans la relier à celle de juridiction étrangère », a-t-il estimé.  En outre, pour ce qui est du champ d’application du projet d’articles, il a déclaré qu’il était nécessaire de le restreindre à la juridiction pénale d’autres États en excluant la compétence de tribunaux internationaux établis par des traites spécifiques.  Il serait utile, selon lui, de formaliser ce dernier point.  « Nous pensons que l’immunité de juridiction pénale étrangère a un caractère de procédure et non de fond et qu’elle ne peut être utilisée pour échapper à des dispositions du droit pénal », a-t-il souligné.


En outre, le projet d’article 3 stipule que l’immunité personnelle bénéficiait aux représentants officiels que sont les chefs d’État, les chefs de gouvernement et les ministres des affaires étrangères, a fait observer le représentant.  Cette notion, a-t-il précisé, couvre ces personnes exclusivement et que l’article 3 ne contenait pas d’ambigüités.  Ces personnes, du simple fait de l’exercice de leurs fonctions ou de leur mandat, sont des représentants de l’État dans les relations internationales et ont, notamment, autorité pour conclure des traités.  Cela justifie qu’ils jouissent d’une immunité, a-t-il estimé.  Son pays, a-t-il réaffirmé, s’oppose à l’idée d’étendre cette immunité à d’autres représentants de l’État. 


Le Chili appuie la proposition de la Commission d’étendre l’immunité ratione personae tant sur le plan temporel que matériel, tout en estimant qu’afin d’être précis, il serait souhaitable que ces éléments apparaissent dans le titre du projet d’article.  L’alinéa 2 pourrait être amélioré afin de lever les confusions entre l’immunité dont les membres de la « troïka » jouissent pendant la durée de leur mandat et celle dont ils jouissent pour les actes conclus pendant ou antérieurement à leur mandat.


Mme MARIA TELALIAN (Grèce) a déclaré que sa délégation appuyait pleinement comme point de départ de l’examen de la question des « Accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités », la Convention de Vienne sur le droit des traités (« Convention de Vienne ») et particulièrement ses articles 31 et 32.  « Ces dispositions constituent une source essentielle de l’identification des lacunes possibles dans les règles établies par la Convention et qui ont été délibérément laissées ouvertes à négociations », a-t-elle déclaré.  Le rôle des accords ultérieurs à la pratique est une des questions qui doit être examinée dans ce contexte.  Tous ces éléments sont de nature obligatoire et ne peuvent être interprétés comme des normes d’interprétation, a-t-elle souligné.  S’agissant des deux paragraphes restant qui définissent la pratique ultérieure, « nous saluons la distinction proposée dans le rapport », a-t-elle déclaré.  La représentante a cependant exprimé des doutes en ce qui concerne le projet de conclusion 3, relatif à « l’évolution dans le temps ».  Pour sa délégation, tenter d’identifier l’intention des parties lors de la conclusion d’un traité pourrait avoir comme conséquence des conclusions déroutantes.


S’agissant de la question de l’« immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État », la représentante s’est félicitée de ce que le texte ait pris compte des évolutions récentes faites notamment à la Sixième Commission en 2012.  Le paragraphe 2 du projet d’article 1er stipule que les articles n’affectent pas les immunités de la juridiction pénale.  Il est important de clarifier cette liste pour préciser qu’elle n’est pas exclusive, a souhaité Mme Telalian.  Pour ce qui est du projet d’article 3, elle a estimé que l’immunité rationne personae devrait être accordée pleinement aux membres de la « troïka », à savoir les chefs d’État, les chefs de gouvernement et les ministres des affaires étrangères.  La pratique des États dans ce domaine n’est ni répandue, ni suffisamment claire pour étendre cette immunité à d’autres membres du gouvernement que ceux de la « troïka ».  Au sujet de la question des « exceptions possibles à l’immunité », la délégation de la Grèce estime sincèrement que les crimes graves comme les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ou le génocide, sont déjà clairement définis en droit international et il n’est donc pas nécessaire que la CDI prévoie un projet d’article précisant à nouveau leur définition.


M. PETR VÁLEK (République tchèque) a concentré son intervention sur l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État.  Il s’est félicité des trois projets d’articles relatifs à la portée du sujet et au champ d’application du projet d’articles, des notions d’immunité et de juridiction, la distinction entre immunité ratione personae et immunité ratione materiae, ainsi que la définition des normes de base du régime de l’immunité ratione personae.  Il serait utile d’établir une distinction entre l’immunité « absolue » et l’immunité ratione personae dont jouissent les représentants de l’État, ce qui inclut les représentants de haut rang lorsqu’ils sont en mission à l’étranger, a-t-il précisé.  « Cela doit aussi couvrir les visites à titre privé ».  L’immunité ratione personae assurée par le régime des missions spéciales protège les représentants de l’État « dans le cadre de leur mandat », tel que mentionné dans les commentaires du projet d’article 3.  « Cette différence devrait être élucidée dans l’ensemble du texte élaboré par la CDI », a-t-il souhaité.


En ce qui concerne le programme de travail à long terme, le représentant a estimé que la question de l’« immunité juridictionnelle des organisations internationales », inscrite à l’ordre du jour de la Commission en 2006 était d’une grande importance et qu’elle devrait être maintenue dans le programme de travail de la Commission.  Le représentant a également apprécié que la Commission du droit international ait délimité l’examen de la question de la « Protection de l’atmosphère », afin que les travaux de la Commission n’empiètent pas sur les négociations politiques qui ont lieu dans ce domaine.  Il a en outre salué l’inclusion du thème des « crimes contre l’humanité » dans le programme.


M. KIM IN-CHUL, Directeur général adjoint du Département des affaires juridiques internationales au Ministère des affaires étrangères de le République de Corée, a abordé la question des accords et pratiques ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités.  Il a notamment souligné que le projet de conclusion 1 rappelait qu’il n’existait pas de hiérarchie entre les moyens d’interprétation des traités et que cette interprétation constituait une seule opération complexe.  Il incombe, a estimé le représentant, aux juridictions nationales de déterminer les moyens d’interprétation qui devraient être privilégiés.  En outre, l’interprétation des traités devrait être susceptible d’évoluer, a-t-il dit, tout en estimant que cette évolution ne devrait pas dépasser l’intention originale des rédacteurs du traité. 


En ce qui concerne la question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, le délégué a soutenu la rédaction du projet d’article 1.  Il a émis l’espoir que la CDI poursuivra ses travaux sur la question et définisse plus précisément les représentants bénéficiaires de cette immunité ainsi que la portée de la juridiction pénale afin de pouvoir apporter des réponses concrètes à ces questions.  Cette immunité devrait être exclusivement procédurale comme cela a été affirmé par l’affaire Mandat d’arrêt de la Cour internationale de Justice.  Le représentant a indiqué que sa délégation ne pouvait appuyer l’idée d’étendre cette immunité à d’autres représentants de l’État que ceux de la « troïka », à savoir chefs d’État, chefs de gouvernement et ministres des affaires étrangères.  Il a enfin souhaité que soit levée l’incertitude résultant de la contradiction entre l’immunité dont jouissent les représentants de l’État pour les « actes officiels » et celle dont ils jouissent pour les « actes réalisés à titre officiel ».


Mme ALINA OROSAN (Roumanie) a estimé qu’en ce qui concerne les accords et pratique ultérieurs dans le contexte de l’interprétation des traités, une approche plus ciblée telle celle proposée par la CDI est positive.  Sa délégation estime que le projet de conclusion 1 faisant référence aux articles 31 et 32 de la Convention de Vienne sur le droit des traités reflète le droit international coutumier et que les mêmes conclusions s’appliquent à l’article 33.  La représentante a cependant suggéré de placer différemment le paragraphe 5 de la conclusion 1 et de le placer après le paragraphe 1 du même projet de conclusion prenant en compte les caractères généraux.


En ce qui concerne l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État, la représentante de la Roumanie a noté que les trois projets d’articles sont basés sur une analyse de la portée du sujet, du champ d’application de l’ensemble du texte de la CDI et des notions d’immunité et de juridiction.  Elle a estimé que l’utilisation du terme « représentant » devrait être analysé avec prudence, non seulement parce qu’il a des significations différentes en fonction des pays, mais aussi parce qu’il fait référence à des domaines différents en fonction des systèmes nationaux.  Bien que la Commission considère que les conditions par lesquelles une personne acquiert le statut de chef d’État, chef du gouvernement ou ministre des affaires étrangères ne relèvent pas du texte qu’elle a élaboré, la représentante a souhaité qu’un débat soit engagé sur le cas où des événements exigent le remplacement d’un de ces trois représentants de l’État.


Dans l’ensemble, « nous estimons que le travail réalisé jusqu’ici par la Commission est précis et contribue à refléter la pratique nationale et internationale du droit ».  Nous trouvons des mérites à ce que l’analyse de l’exercice de la juridiction pénale par un État sur les hauts fonctionnaires d’un autre État prévoit l’arrestation de ces représentants de l’État en vue d’être remis à la Cour pénale internationale (CPI), sur la base de l’obligation d’un État à coopérer avec la Cour, a-t-elle déclaré en conclusion.


M. JAMES KINGSTON (Irlande) a soutenu le projet de conclusion 1 proposé par le rapport de la Commission du droit international portant sur les accords et pratiques ultérieurs dans le contexte de l’application des traités.  Il a notamment soutenu l’idée de reprendre l’article 31 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités.  Il s’est toutefois opposé à l’inclusion d’une référence à la nature des traités concernés.  Par ailleurs, il a salué le travail de la Commission concernant la définition des accords et pratique ultérieurs susceptibles de modifier l’interprétation des traités et a dit espérer qu’elle poursuive ses travaux en la matière.  Il a en outre appelé à accorder plus de latitude aux juridictions nationales dans la détermination des pratiques ultérieures constituant des moyens authentiques d’interprétation. 


Par ailleurs, le représentant a abordé la question de l’immunité de juridiction pénale étrangère des représentants de l’État.  Selon lui, cette immunité est uniquement d’ordre procédural et ne peut en aucun cas signifier que ces représentants de l’État puissent être dispensés les lois du pays où ils se trouvent.  À cet égard, il a souhaité que le projet d’article 1 précise qu’il s’agit d’une immunité contre l’exercice de la compétence uniquement.  Il a soutenu l’exclusion d’autres immunités accordées unilatéralement par un État à des représentants d’un autre État.  En matière d’immunité ratione materiae, il s’est prononcé pour l’utilisation du terme « tant à titre privé qu’officiel », conformément à la décision des mandats d’arrêt rendue par la Cour internationale de Justice.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission examine l’impact de la promotion de politiques agricoles durables sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle

AG/EF/3378

La Deuxième Commission examine l’impact de la promotion de politiques agricoles durables sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle

29/10/2013
Assemblée généraleAG/EF/3378
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                        

24e & 25e séances – matin & après-midi


LA DEUXIÈME COMMISSION EXAMINE L’IMPACT DE LA PROMOTION DE POLITIQUES AGRICOLES DURABLES

SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE


Les délégations débattent également des moyens qui permettraient

d’encourager et de renforcer les partenariats mondiaux en faveur du développement


Le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition sont des dimensions essentielles du développement durable.  C’est ce qu’ont réaffirmé, ce matin, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), en achevant un débat entamé hier et auquel ont pris part une cinquantaine d’intervenants.  Dans l’après-midi, la Commission a examiné le point de son ordre du jour relatif aux partenariats mondiaux, une occasion pour ses membres de souligner que le développement durable dépendait de l’engagement actif du secteur privé et public dans la conception, le financement et l’exécution des projets et des politiques.


Alors que 868 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique à travers le monde, l’élimination de la faim demeure un grave défi à relever globalement.  Cette question est directement liée à celle de la pauvreté, ont souligné les intervenants qui ont appelé à veiller à ce que la sécurité alimentaire et la nutrition demeurent au centre du programme de développement pour l’après-2015.


Les délégations ont examiné les progrès réalisés et les défis qu’il reste à relever pour instaurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau mondial.  Elles ont mentionné l’impact positif que peuvent avoir, une fois mises en œuvre, les politiques agricoles durables adoptées en application du Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 ».


Parmi les mesures recommandées au niveau national, des délégations ont mentionné l’importance de l’investissement dans le secteur de l’agriculture.  Ce genre d’investissement est, en moyenne, deux fois plus efficace que ceux faits dans d’autres secteurs en termes de lutte contre la pauvreté, ont observé des intervenants.  Beaucoup ont aussi conseillé de renforcer les exploitations familiales, car elles favorisent la production agricole et la création d’emplois.  Ceci devrait aller de pair avec l’autonomisation des communautés locales et des femmes, ont argué des intervenants.


Les problèmes qui affectent l’agriculture proviennent aussi des marchés, a-t-il été relevé au cours du débat.  Lutter contre l’instabilité des prix des aliments est donc une mesure indispensable.  Des appels ont été lancés aux pays développés pour qu’ils mettent fin au versement de subventions agricoles à leurs agriculteurs, ces subventions créant des distorsions sur le marché et faussant les prix des produits agricoles, tout en inhibant le développement de l’agriculture dans les pays en développement.


La coopération internationale en faveur de la sécurité alimentaire et du développement agricole doit être placée au rang des priorités, ont d’autre part estimé un certain nombre d’États Membres.  Dans un monde globalisé, la sécurité alimentaire ne peut être instaurée et garantie par les seuls gouvernements, ont fait remarquer les délégations.  Elles ont souhaité que les pays en développement bénéficient d’une aide financière et technique, le transfert de technologies étant particulièrement utile dans le secteur agricole.


Plusieurs exemples de ce qui peut être fait au niveau international ou régional ont été présentés, comme le programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, et la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée en 2012 par les pays du G-8 afin de soutenir le financement du secteur de l’agriculture dans les pays africains.  Le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans ce domaine a, en outre, été souligné par les délégations.  À cet égard, elles ont été nombreuses à se féliciter du succès de l’initiative « Renforcer la nutrition », dans le cadre de laquelle 40 gouvernements se sont engagés à donner la priorité aux mesures favorables à la nutrition.  Les intervenants ont également salué l’initiative « Défi Faim zéro » lancée par le Secrétaire général de l’ONU, à Rio, en 2012.


Au cours du débat de l’après-midi, la Deuxième Commission a entendu M. Georg Kell, Directeur exécutif du Pacte mondial, présenter le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et tous les partenaires concernés, qui propose notamment de créer un mécanisme des Nations Unies pour la promotion des partenariats.  Parmi la dizaine d’intervenants à la discussion, plusieurs ont soulevé la question de la responsabilité sociale des entreprises et ont appelé les États et autres acteurs du développement à tirer parti des réseaux locaux du Pacte mondial.


La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, mercredi 30 octobre, à 10 heures, pour une réunion spéciale sur la réalisation des objectifs de la Convention sur la diversité biologique.  Dans l’après-midi, la Commission examinera la question de la « souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles ».


DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/C.2/68/3, A/68/73–E/2013/59 et A/68/311)


Suite et fin du débat général


Mme SHRUTI CHOUDHRY, Membre du Parlement de l’Inde, a appelé à veiller à ce que la sécurité alimentaire et la nutrition demeurent au centre du programme de développement pour l’après-2015.  L’Inde a pris de nombreuses mesures pour accroître la sécurité alimentaire, a-t-elle dit, mentionnant la récente adoption d’une loi sur la question qui vise à garantir cette sécurité pour tous.  Cette question est directement liée à celle de la pauvreté, a-t-elle souligné, invitant la Commission à examiner ces questions de manière connexe.  Nous devons aussi tenir compte du problème de la malnutrition et de la sous-alimentation, a-t-elle préconisé.  Elle a signalé que 26% des enfants du monde présentent des retards de croissance et que 2 milliards d’enfants souffrent de carences en micronutriments.  Elle a ensuite souligné que, dans un monde globalisé, la sécurité alimentaire ne pouvait être instaurée par les seuls gouvernements.


Il faut lutter contre l’instabilité des prix des aliments, a recommandé Mme Choudhry.  Elle a aussi demandé que soient résolus les problèmes que posent, à l’agriculture des pays en développement, les subventions agricoles versées aux agriculteurs dans les pays développés.  Les agriculteurs des pays en développement doivent continuer à recevoir les ressources nécessaires pour pouvoir produire les quantités d’aliments nécessaires aux populations, a-t-elle souligné.  Elle a aussi plaidé en faveur de l’utilisation des technologies nouvelles dans l’agriculture grâce au partage des connaissances.  La représentante a, en outre, demandé d’apporter une réponse mondiale au gaspillage alimentaire, qui touche un tiers de la nourriture produite dans le monde, soit 100 kilogrammes d’aliments jetés par habitant et par an dans les pays développés.  L’approche de la sécurité alimentaire doit aussi tenir compte de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, a-t-elle ajouté.


Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a déclaré qu’environ 21% de la population de la Jordanie vivent dans les zones rurales.  Cette population est très dépendante de l’importation de nourriture et de combustible, a-t-elle relevé.  En outre, le défi que représente la réponse aux besoins de la population, en matière de nourriture et d’eau, est bien connu à tous les niveaux, a-t-elle indiqué.  Il est d’autre part prévu que les changements climatiques auront des impacts significatifs sur l’approvisionnement en eau et sur la production agricole en Jordanie, a noté la représentante.  Cependant, a-t-elle dit, une série de projets et initiatives de développement ont été lancés et donnent de bons résultats menant vers l’instauration d’une agriculture plus moderne et orientée vers l’exportation. 


M. CHRIS BACK (Australie) a estimé que la croissance économique doit être la priorité de la communauté internationale, car de solides économies aident à sortir les populations de la pauvreté et leur permettent ainsi d’améliorer leur vie, a-t-il noté.  Il a indiqué que, dans la région d’Asie et du Pacifique, 528 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, mais, s’est-il félicité, le taux de pauvreté de la région est passé de 54% en 1990 à 22% aujourd’hui.  Il a expliqué que ces progrès ont été rendus possibles grâce à des politiques économiques adéquates et une solide responsabilisation nationale dans des pays comme la Chine, l’Indonésie, les Philippines et le Viet Nam. 


M. Back a ensuite relevé que le manque d’infrastructures est un frein qui empêche les pays en développement de se lancer dans le commerce international.  Il a en outre noté que l’Asie seule a besoin de 750 milliards de dollars par an pour la prochaine décennie pour combler son retard en infrastructure, mais que le continent ne reçoit que 130 milliards chaque année pour la mise en place des infrastructures dans le cadre de l’aide publique au développement (APD).  Il a indiqué que le secteur privé a les capacités de mobiliser les financements nécessaires pour ces investissements.  Il a ensuite relevé que selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de nombreux pays font face à la fois au fléau de la malnutrition et au problème de l’obésité.  Il a noté qu’en tant que président du G-20 en 2014, l’Australie compte mettre l’accent sur la question du développement agricole pour faire face à l’insécurité alimentaire.


Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a invité les États Membres à s’attaquer à l’instabilité des prix sur les marchés des produits de base, afin d’améliorer la sécurité alimentaire dans le monde.  Elle a aussi conseillé de remédier à la perte en biodiversité et de lutter contre les changements climatiques.  La production de biocarburant pose elle aussi des problèmes qu’il faut résoudre, a-t-elle ajouté.  Il faut placer ces questions au cœur du futur programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle recommandé.  La représentante a suggéré de perfectionner les mécanismes de gouvernance mondiale en matière de sécurité alimentaire.  L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) peuvent jouer des rôles très importants dans ce domaine, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro ».  La représentante a ensuite donné plusieurs chiffres concernant les contributions que verse son pays en soutien aux efforts visant la sécurité alimentaire dans le monde.  Entre 2011 et 2013, nous avons apporté 60 millions de dollars d’aide alimentaire à d’autres pays, dans le cadre du PAM, a ainsi indiqué Mme Medvedeva.  Elle a également parlé de l’aide versée par la Fédération de Russie pour fournir des repas dans les écoles à des pays de la Communauté d’États indépendants (CEI), de l’Asie et de l’Afrique, à hauteur de 55 millions de dollars.  Elle a, en outre, indiqué que, dans le cadre de l’initiative de L’Aquila sur la sécurité alimentaire mondiale, son pays avait fourni 330 millions de dollars. 


Mme KYLA BROOKE (États-Unis) a dit que le Président américain, M. Barack Obama, avait indiqué que les États-Unis ont l’obligation morale de prendre la tête de la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde.  Elle a relevé que c’est dans ce cadre que les États-Unis ont lancé, il y a quatre ans, le programme « Feed the future » visant à lutter contre la faim dans le monde.  Elle a ensuite noté que de nombreux résultats positifs ont été atteints dans la lutte contre la faim et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Elle a néanmoins souligné que beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015 qui devra être basé sur une approche holistique du développement agricole et dont les mesures devront être orientées vers la garantie de la sécurité alimentaire. 


Mme Brooke a, par ailleurs, indiqué que les changements climatiques ont un impact sur la production agricole, et elle a ajouté que l’accroissement de la population mondiale requiert que la production agricole augmente d’au moins 60% d’ici à 2050.  Pour faire face à ce défi, elle a déclaré que les États-Unis, en collaboration avec d’autres partenaires, ont lancé le projet « Climate-Smart Agriculture Alliance » en décembre dernier en Afrique du Sud, avec comme objectif d’établir des communautés plus résilientes en matière de changements climatiques à l’horizon 2030.  Mme Brooke a, en outre, déploré le fait que les effets des changements climatiques viennent s’ajouter au phénomène du gaspillage alimentaire.  Elle a rappelé que le tiers de la production agricole mondiale est perdue, notamment à cause du gaspillage alimentaire dans les pays développés, et par des pertes consécutives au transport et au mauvais stockage des aliments dans les pays en développement.  Elle a plaidé pour que la recherche technologique aide à trouver des solutions face à ces pertes, notamment par le biais des transferts de connaissance et des échanges technologiques.  Aucun pays ne peut gérer seul ces questions, a dit Mme Brooke.  Elle a ajouté que la responsabilisation nationale est cruciale pour faire face à la malnutrition, tout en appelant à un partenariat international impliquant les donateurs, les organisations internationales, le secteur privé, la société civile et les petits exploitants agricoles.


M. CHARLES MSOSA (Malawi) a salué l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » qui a soutenu les efforts du Malawi en matière de sécurité alimentaire.  Cette question et celle de la pauvreté sont au cœur des priorités du Gouvernement malawite, a-t-il indiqué.  Si notre pays est riche en terres arables et en eau, ces ressources ne sont pas utilisées au mieux et de manière durable à cause du manque de technologies agricoles abordables et adaptées, a-t-il regretté.  De plus, la population du Malawi a augmenté au cours de la dernière décennie, ce qui crée une pression sur les ressources naturelles.  Malgré les efforts déployés au Malawi et en Afrique subsaharienne en général, la faim reste un grand défi à relever dans la région, a regretté M. Msosa.  Il a parlé du plan de redressement économique du Malawi dont les priorités sont, entre autres, le secteur agricole qui est vu comme un moyen d’arriver à la sécurité alimentaire et comme un moteur de croissance.  Certaines régions du Malawi vont de nouveau connaître des problèmes d’insécurité alimentaire, du fait de l’arrivée tardive des pluies ou de leurs insuffisances, a relevé M. Msosa.  Il a ensuite vanté les mérites du programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, dont son pays a déjà appliqué les principes.  Il a aussi apprécié que son pays bénéficie de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée par le G-8 en 2012.


M. MOHAMAD H. AL AJMI (Koweït) a déclaré que le Koweït a contribué au Fonds arabe pour le développement économique et social à hauteur de 198 milliards de dollars depuis sa mise en place en 1967.  Le Koweït, a-t-il noté, a augmenté sa contribution volontaire au financement des agences onusiennes, notamment celles en charge de la lutte contre la pauvreté et la malnutrition.  Le représentant a indiqué que les questions de malnutrition seront évoquées au cours du Sommet afro-arabe qui aura lieu le mois prochain au Koweït.  Il a ensuite relevé que les changements climatiques réduisent la capacité des pays en développement à mettre en place une agriculture durable, tout en menaçant l’existence même de certains pays insulaires.  Il a également souhaité que la question de la malnutrition soit parmi les priorités du futur programme de développement pour l’après-2015.


M. HAN WIN NAING (Myanmar) a noté le consensus qui a émergé au sein de la communauté internationale selon lequel garantir la sécurité alimentaire exige que des mesures soient prises sur divers plans.  Il a apprécié que certains pays et organisations multilatérales aient adopté des programmes alignés sur l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro ».  Le représentant a estimé que les problèmes de sécurité alimentaire et de développement agricole, y compris la nécessité d’augmenter la productivité agricole dans les pays en développement, étaient des questions à inclure dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il a noté que l’agriculture était devenue un secteur influencée par les marchés plutôt que par les politiques, ce qui offre aux pays en développement des occasions d’investissement et de profits économiques.  M. Naing a dès lors plaidé pour que les marchés soient ouverts aux produits agricoles des pays en développement, appelant à cet égard à conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Le Myanmar a la chance d’avoir des ressources naturelles, notamment de l’eau et des terres arables, a-t-il indiqué, ajoutant que le Gouvernement avait entrepris des réformes dans le domaine agricole.  Il a aussi pris des mesures pour améliorer l’accès des exploitants agricoles au microfinancement.


Mme EDEL DWYER (Irlande) a relevé que mettre fin à la faim est le plus grand défi qui interpelle la communauté internationale, et que cette question est au cœur de la politique étrangère de l’Irlande.  Elle a indiqué que la recherche de solutions à cette question nécessite la mise sur pied d’une approche intégrée et l’adoption de politiques solides sur les plans national et international.  Elle a ensuite déclaré que l’Irlande a consacré 20% de son budget à la lutte contre la faim ces dernières années.  De même, a-t-elle annoncé, l’Irlande compte doubler la part qu’elle consacre à la nutrition dans son budget d’aide d’ici à 2020.  Elle a par ailleurs préconisé l’autonomisation des communautés locales pour faire face à la famine et à la malnutrition.  La représentante a notamment suggéré que plus de soutien soit apporté aux petits exploitants agricoles, notamment des femmes, ainsi qu’à la lutte contre la malnutrition infantile et maternelle.


Mme DINA MARTINA (Ukraine) a indiqué que sa délégation appréciait les efforts menés par les organisations internationales, comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) pour aider les pays à parvenir à un monde exempt de la faim.  Elle a aussi salué l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » et l’initiative « Renforcer la nutrition ».  La représentante s’est en outre félicitée de la mise en place du système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) du G-20, en ce qu’il a beaucoup amélioré la transparence des marchés agricoles.  L’Ukraine a posé sa candidature à la présidence d’AMIS en 2014, a-t-elle annoncé.  L’Ukraine est un des donateurs du PAM, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle avait aussi contribué aux activités de ce Programme en Afrique.  Nous produisons 55 millions de tonnes de grains par an, dont la moitié est exportée, et ce chiffre devrait passer à 72 millions de tonnes d’ici à 2020, selon la FAO.  Avec sa stratégie du développement agricole pour 2020, l’Ukraine espère donner à sa population une alimentation de qualité et à des prix abordables, a-t-elle précisé.  La représentante a ensuite plaidé en faveur d’un commerce ouvert basé sur des marchés qui fonctionnent pour tous.


Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a relevé que la production agricole de la Jamaïque a baissé, et le pays dépend aujourd’hui de l’importation de produits alimentaires pour nourrir sa population.  Elle a salué l’adoption, le 1er mai dernier, du programme jamaïcain de nutrition et de sécurité alimentaire.  Le nouveau programme, a-t-elle expliqué, vise à assurer que toute la population a un accès continu à une nourriture saine, notamment en stimulant la production agricole nationale.  Elle a également indiqué que la lutte contre la malnutrition et la faim dans le monde demande l’adoption de mesures visant à assurer la disponibilité alimentaire, ainsi que la mise en place d’une agriculture durable.


M. PENDAPALA NAANDA (Namibie) a parlé du plan de développement national de la Namibie (NDP4) pour l’application duquel le Gouvernement a lancé des programmes et projets visant la sécurité alimentaire.  Pays vulnérable aux pénuries alimentaires, la Namibie dépend de l’agriculture pour faire vivre une majorité de sa population, a-t-il expliqué.  Il a souligné les difficultés auxquelles son pays doit faire face du fait des effets des changements climatiques, de la rareté de l’eau, de la dégradation des terres et des sécheresses chroniques.  Le Ministère de l’agriculture, de l’eau et des forêts de la Namibie promeut la diversification des pratiques et produits agricoles, la création d’emplois, une plus grande compétitivité, le développement des marchés, ainsi que la fourniture en eau potable et des services d’assainissement, a dit M. Naanda.  Il a rappelé que la Namibie était un des pays les plus arides au monde, ce qui a des incidences négatives sur l’agriculture.  Le représentant s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » et a espéré que le programme de développement pour l’après-2015 ferait figurer en bonne place la question de la sécurité alimentaire.  Le Ministre de la défense de la Namibie, M. Nahas Angula, est l’un des dirigeants mondiaux impliqués, en tant que membre du Groupe de direction, dans l’initiative « Renforcer la nutrition », a-t-il ajouté.  Il a aussi souligné l’importance du transfert des technologies en matière d’agriculture et du rôle que jouent les femmes dans ce domaine.


M. EDJEOU ESSOHANAM (Togo) a relevé que l’agriculture reste le secteur prioritaire qui offre le plus de possibilités pour accélérer la croissance et assurer la sécurité alimentaire, accroître les revenus des couches les plus défavorisées, et contribuer à la création d’emplois et à l’amélioration de la balance commerciale.  Il a indiqué que le Togo a mis en place une politique nationale de développement à moyen terme dénommée « Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi » (SCAPE).  Il a noté que le Togo commence à bénéficier de cette stratégie comme le prouve les excédents céréaliers qu’il a connus ces derniers temps, notamment concernant la production nationale de maïs qui a connu un excédent de 500 000 tonnes à l’issue de la campagne agricole 2012-2013.  Ceci permet au pays de constituer un filet de sécurité alimentaire en mettant en place des stocks céréaliers. 


Pour stimuler davantage le secteur agricole, le représentant a dit que le Gouvernement togolais envisage de prendre des mesures telles que l’accroissement des superficies des exploitations agricoles, la mécanisation de l’agriculture, l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de l’agriculture togolaise, la réhabilitation des infrastructures de transport, la création d’opportunités pour l’exportation et la promotion de l’agro-industrie.  M. Essohanam a souligné que la mise en place de toutes ces mesures demande des ressources financières et techniques que le Togo espère avoir grâce au soutien des partenaires au développement.


M. JEAN BENGALY (Burkina Faso) a expliqué que le Burkina Faso, pays en développement sans littoral situé dans la région du Sahel, était confronté à d’importants aléas climatiques qui ont des répercussions sur sa production agricole.  Il a indiqué que le Gouvernement avait défini des politiques agricoles visant à créer les conditions propices aux investissements.  Le pays s’est doté d’une politique nationale de sécurisation foncière avec l’appui de partenaires tels que les États-Unis, dont l’objectif est de contribuer de manière durable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à une croissance économique forte et à la réduction de la pauvreté.  M. Bengaly a mentionné plusieurs projets qui ont ainsi été lancés, comme l’« Opération 100 000 charrues », qui vise à soutenir les producteurs en les aidant à acquérir des équipements agricoles.  Le Gouvernement burkinabé a aussi adopté le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) pour la période 2008-2015, qui vise à réduire d’un tiers, d’ici à 2015, la proportion de la population souffrant de la faim.  D’autres mesures ont été prises pour faire face aux déficits céréaliers récurrents grâce à la constitution d’un stock national de céréales.  M. Bengaly a ensuite plaidé en faveur de la coopération bilatérale et multilatérale, se félicitant notamment de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition lancée par le G-8 en mai 2012 pour soutenir les pays africains en matière de financement du secteur de l’agriculture.


M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a estimé que les causes structurelles des problèmes majeurs que connaît le monde sont dues à l’ordre économique injuste actuellement en vigueur.  Il a invité la communauté internationale à adopter des mesures adéquates pour lutter contre la faim, notamment en favorisant la création d’emplois, l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, les innovations technologiques et le partage des technologies.  Il est d’autre part important de mener une lutte efficace contre les changements climatiques.  Le Nicaragua, a relevé le représentant, a mis en place des mesures pour assurer sa sécurité alimentaire, avec comme résultat probant la diminution de moitié du nombre de personnes souffrant de la malnutrition dans le pays.  Il a également évoqué les mesures prises au Nicaragua en faveur des petits exploitants agricoles, notamment des femmes, qui bénéficient de microcrédits et d’autres mesures participant à leur autonomisation.


M. FRANÇOIS GAVE (France) a plaidé pour que le soutien aux agriculteurs et aux agricultrices soit au cœur de la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.  Il a souligné que, en matière de lutte contre la pauvreté, un investissement dans le secteur de l’agriculture est en moyenne deux fois plus efficace que dans d’autres secteurs.  Il a appelé à renforcer les exploitations familiales, qui représentent les meilleurs potentiels de production et de création d’emplois.  M. Gave a demandé la promotion d’une agriculture familiale et respectueuse des écosystèmes.  Il a aussi invité la Commission et les États à contribuer à une dynamique mondiale vers un nouveau modèle agricole, une « révolution doublement verte » qui concerne aussi bien les agricultures conventionnelles hautement productives, comme l’agriculture européenne, que les agricultures familiales des pays en développement.  Le représentant a également recommandé la réduction des pertes alimentaires. 


Enfin, il a rappelé que la malnutrition maternelle et infantile constituait un obstacle au développement pour des sociétés entières.  Notant le succès de l’initiative « Renforcer la nutrition », il a appelé à la soutenir.  L’agriculture a, en outre, besoin d’investissements publics et privés, a ajouté le représentant.  Il a demandé que l’on veille à ce que ces investissements améliorent effectivement la situation des petits agriculteurs.  Les négociations en cours dans le cadre du Comité de la sécurité alimentaire mondiale pour élaborer des principes d’investissements agricoles responsables sont fondamentales, a-t-il estimé à cet égard.  M. Gave a souligné le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans ce domaine, exprimant en particulier le soutien de la France à l’initiative « Défi Faim zéro ».


M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a parlé des mesures que le Mozambique envisage de mettre en place pour lutter contre la malnutrition et la faim.  Il a ainsi cité, entre autres, le renforcement de la sécurité alimentaire et de la gouvernance nutritionnelle, la stimulation de la recherche pour l’amélioration des semences, l’amélioration de l’accès à l’eau, une meilleure gestion de l’irrigation, et l’amélioration du stockage des produits agricoles.  Pour faire face à ces défis, a-t-il noté, le Mozambique a adopté le plan stratégique de développement du secteur agraire pour la période 2011-2020.  C’est un plan dont la mise en œuvre, a indiqué M. Gumende, produit des résultats probants tels que l’augmentation globale de la production agricole nationale, qui a connu une hausse de 6% au cours des deux dernières années.  Le représentant a cependant déploré le fait que le Mozambique souffre toujours de la malnutrition, qui y touche 43% des enfants de moins de 5 ans.  Il a suggéré qu’un soutien particulier soit accordé aux jeunes, aux femmes et aux communautés locales dans le cadre de la lutte contre la malnutrition.


M. MATEO ESTREME (Argentine) a invité la Commission à tenir compte du fait que les marchés agricoles sont, en soi, très volatiles.  La solution à ce problème n’est pas une réduction artificielle des prix des produits de base, a-t-il dit.  Il a estimé que la faim dans le monde était le résultat d’une distribution injuste des richesses.  Le maintien de prix bas dans le cadre de mesures protectionnistes a été l’une des principales causes des crises qui ont touché les pays de certaines régions comme l’Amérique latine, décourageant les producteurs et exportateurs agricoles.  Le problème de la spéculation financière doit aussi être traité, a demandé le représentant qui a invité à réglementer les marchés.  La communauté internationale ne doit pas continuer à encourager des politiques injustes et arbitraires, a-t-il insisté.


L’Argentine lutte contre les mesures protectionnistes qui rendent difficile l’accès aux marchés, a assuré M. Estreme.  Il a appelé la communauté internationale à achever les négociations agricoles menées dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha.  À Bali, en décembre prochain, lors de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les membres de l’OMC devront commencer à mettre en œuvre le mandat agricole du Cycle de Doha, a-t-il soutenu.  Il a aussi plaidé en faveur du transfert des technologies nouvelles pour que les exploitants agricoles de terres familiales puissent en bénéficier.  Pour augmenter la productivité agricole, il a aussi conseillé de stimuler les investissements dans ce domaine. 


M. FELIPE GARCÍA LANDA (Mexique) a souligné que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est un partenaire stratégique des efforts de lutte contre la faim.  Dans le but de réduire la volatilité des prix des produits agricoles, il a proposé le renforcement de la transparence des marchés financiers et la mise en place d’un système commercial plus ouvert et stable, et qui contribue véritablement à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté.  Il a, en outre, déclaré que le Gouvernement du Mexique a mis en place une campagne nationale contre la faim qui vise à soulager 7,4 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans 400 municipalités mexicaines désignées.  Il a noté que la sécurité alimentaire ne peut être garantie sans que des mesures soient prises dans des secteurs tels que le développement des infrastructures, la diversification des semences, une gestion durable des terres et de l’eau, ainsi que l’autonomisation des femmes.  Il a également plaidé en faveur du renforcement de la coopération internationale en matière agricole, notamment dans le cadre de la coopération Sud-Sud.


M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) a indiqué que le Gouvernement zimbabwéen avait mis en place un système de mécanisation de l’agriculture.  Nos efforts sont cependant entravés par plusieurs facteurs, a-t-il dit, citant entre autres les changements climatiques, des ressources financières limitées, les sanctions économiques qui pèsent sur son pays, ainsi que la sécheresse et les inondations.  Il a exhorté tous les partenaires internationaux à respecter leurs engagements pour appuyer le développement durable dans les pays en développement.  Cet appui doit être dépolitisé, a-t-il précisé.  Il s’est ensuite plaint du maintien des subventions agricoles dans les pays développés et a espéré, à cet égard, que les négociations agricoles du Cycle de négociations commerciales de Doha allaient aboutir.  Il faut supprimer les barrières douanières, a-t-il ajouté.


M. DO HUNG VIET (Viet Nam) a estimé que la sécurité alimentaire ne peut être atteinte que si les États investissent dans la recherche agricole et créent des mesures incitatives pour des investissements dans l’agriculture, notamment en faveur des petits agriculteurs.  Il a ensuite souligné que l’accès à la nourriture est une question cruciale.  Il a indiqué que le Viet Nam est en faveur de la mise en place d’un véritable système de distribution alimentaire, aux niveaux national et international, afin de permettre que les produits alimentaires parviennent effectivement à ceux qui en ont le plus besoin.  M. Do a également proposé que des mesures soient prises dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et dans celui de l’amélioration du système commercial international.  Il a indiqué que l’agriculture du Viet Nam fait face à des obstacles tels que la volatilité des prix des produits agricoles, et les mesures protectionnistes mises en place par certains pays développés.  Le représentant a en outre relevé que près de 70% de la population du Viet Nam, soit 90 millions de personnes, vivent dans des zones rurales.  Il a évoqué les mesures et politiques mises en place au Viet Nam, et qui ont contribué à faire que le pays passe d’une situation d’importateur à un statut d’exportateur de produits alimentaires.


M. TLHALEFO MADISA (Botswana) a estimé que les questions de développement agricole, de sécurité alimentaire et de nutrition devaient rester au cœur des initiatives de développement mondial, en particulier dans la phase actuelle d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Le Botswana a toujours été tributaire de l’agriculture irriguée par les pluies, a-t-il indiqué.  Ces pluies étant devenues plus irrégulières du fait des changements climatiques, il a expliqué que cela avait eu des conséquences sur la production agricole.  Les changements climatiques ont aussi eu des effets sur les sources d’alimentation naturelle et traditionnelle, qui ont de grandes valeurs nutritionnelles et médicinales.  En 2008, le Gouvernement du Botswana a lancé un programme de soutien au développement de l’agriculture, a-t-il dit, avant de parler d’un autre programme qui cible l’élevage.  Nous avons besoin de l’aide internationale pour pouvoir poursuivre ces initiatives, a-t-il fait remarquer.


Mme ADRIANNA PACHECO (Bolivie) a appelé la communauté internationale à réduire le gaspillage alimentaire et à rendre meilleure la qualité de l’alimentation des populations, tout en améliorant la nutrition et l’éducation alimentaire pour réduire le nombre de personnes obèses.   Il faut lutter contre la pauvreté rurale et promouvoir le développement à travers tout le territoire de chaque pays pour éviter que les campagnes ne se vident et que les villes ne suffoquent sous le poids des populations migrantes venues des zones rurales, a-t-elle ajouté.  La Bolivie propose de prendre des mesures pour notamment renforcer le droit à l’alimentation, a indiqué la représentante.  La Bolivie suggère aussi à chaque pays de garantir à sa population l’accès à des aliments de base, grâce au renforcement des systèmes économiques, productifs, sociaux, culturels, politiques et écologiques.  Il faut encourager les producteurs agricoles, en mettant l’accent sur l’agriculture familiale et communautaire.  Il faut en outre sanctionner la spéculation financière sur les produits alimentaires, a préconisé la représentante de la Bolivie.  Elle s’est réjouie que l’année 2013 ait été déclarée Année internationale du quinoa, une céréale qui a une forte valeur nutritionnelle.  Elle a aussi parlé des politiques menées par son pays pour assurer une alimentation saine à la population, notamment la création d’une « Banque du développement productif » et du « Fonds de développement pour les peuples autochtones originaires des zones rurales ».


M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué que l’augmentation de la malnutrition va de pair avec l’augmentation de la violence, des crimes et des troubles sociaux à travers le monde et au sein des différentes sociétés.  Il a salué l’initiative « Défi Faim zéro » du Secrétaire général des Nations Unies qui vise l’élimination de la malnutrition infantile et préconise une meilleure gestion des ressources alimentaires, entre autres objectifs.  M. Van Oosterom a en outre relevé que le renforcement des flux d’investissements privés, notamment dans le secteur de l’agro-industrie, est une étape majeure à franchir pour résoudre la question de l’insécurité alimentaire.  Il a, dans ce cadre, proposé que la mise en place par le Gouvernement des Pays-Bas d’un partenariat dénommé « Approche en diamant des Pays-Bas », qui met en commun les efforts des gouvernements, du secteur privé, des universités et de la société civile serve d’exemple à de nouvelles initiatives.  Il a relevé que cette approche a donné des résultats satisfaisants dans le secteur agricole et dans le domaine de la nutrition.


M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a indiqué que la promotion d’une agriculture durable et la mise en place de systèmes d’alimentation durables sont parmi les priorités stratégiques du Monténégro.  Il a relevé que le pays a mis en place un certain nombre de mesures afin de permettre à son agriculture de s’aligner sur les normes et les standards en vigueur dans l’Union européenne.  Il a ensuite déclaré que le Gouvernement du Monténégro, reconnaissant l’importance de l’agriculture organique, a mis en place un plan d’action national de la production organique pour la période 2012-2017, qui met l’accent sur une agriculture respectueuse des normes écologiques.  M. Šćepanović a, en outre, souligné l’importance des petits exploitants agricoles dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, et il a noté que l’agriculture et les questions relatives à la faim et à l’insécurité alimentaire devraient avoir une place centrale dans le futur programme de développement pour l’après-2015.


Mgr FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a rappelé que le droit à l’alimentation était un droit de l’homme fondamental, comme cela est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a donc jugé important de promouvoir l’intégration pour arriver à éliminer la pauvreté et l’insécurité alimentaire.  Il a invité les États Membres et la communauté internationale à aborder ces questions sous l’angle des droits de l’homme, en s’assurant que les politiques agricoles respectent ces droits et la dignité de l’être humain.  Soulignant que les niveaux actuels de production alimentaire suffiraient à nourrir la population de la planète, il a jugé important de garantir la sécurité alimentaire en changeant les structures sociales actuelles et en faisant preuve de plus de solidarité envers les populations souffrant de la faim.  Il s’est ensuite élevé contre le gaspillage des denrées alimentaires qui reste très important dans le monde développé.  Il a également fait le lien entre le problème de l’accès à l’alimentation et celui de la discrimination.  Enfin, il a souligné l’utilité du principe de subsidiarité, qui recommande d’engager le plus de personnes possible à chaque niveau de responsabilité.  Il a indiqué que le Saint-Siège préconisait l’implication des populations locales dans le processus de lutte contre l’insécurité alimentaire.


M. AJAY MADIWALE, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge(FICR) a relevé que c’est un scandale moral de voir que le monde gaspille le tiers de sa production agricole.  Il a estimé que les causes de l’insécurité alimentaire, au niveau mondial, sont le manque d’autonomisation économique et social des populations, la dégradation des ressources naturelles, la variabilité des conditions climatiques, les conflits et les catastrophes naturelles, ainsi que les insuffisances existant dans les systèmes commercial et financier internationaux.  Pour résoudre ces problèmes, il a proposé qu’un soutien accru soit accordé aux petits exploitants agricoles, notamment les femmes.  Il a également proposé qu’une attention particulière soit portée aux groupes les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire, notamment les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de handicaps.  Il a en plus invité la communauté internationale à agir en amont, avant que les crises alimentaires ne se transforment en situation de famine.


M. ZACHARY BLEICHER, s’exprimant au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), a noté les différences qui persistent entre les régions du monde en termes de progrès accomplis vers la réduction de la faim.  L’Afrique sub-saharienne reste la région la plus touchée par la malnutrition, tandis que l’Asie occidentale n’a fait aucun progrès dans ce domaine.  Les progrès accomplis par l’Asie du Sud et l’Afrique du Nord ont été faibles, a-t-il ajouté.  En revanche, la majorité des pays de l’Asie de l’Est et du Sud, ainsi que de l’Amérique latine, ont vu le nombre de personnes souffrant de la faim être réduit de manière significative.  M. Bleicher a expliqué que la hausse des prix alimentaires entraînait une baisse de la qualité des aliments consommés par les pauvres.  Il faut également mettre en place un système qui résiste aux catastrophes naturelles, a-t-il dit, avant de parler de la nécessité de mettre en place des planchers de protection sociale.  Comme mesures à prendre pour renforcer la sécurité alimentaire, il a suggéré d’augmenter les investissements et d’améliorer les politiques visant le renforcement de la productivité agricole.


M. Bleicher a également conseillé de s’attaquer aux autres formes de malnutrition, comme l’obésité, qui provient de déséquilibres alimentaires et s’accroît rapidement.  Il a précisé que 1,4 milliard d’adultes soufrent de surpoids.  Il a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance de l’autonomisation des femmes dans les zones rurales, car elles jouent un rôle important de soutien aux ménages et à leurs communautés.  Le représentant a ensuite parlé de ce qui est fait par les organisations onusiennes basées à Rome –le PAM, le FIDA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)- pour aider les gouvernements et les communautés à traiter de ces questions.  Ces organisations soutiennent notamment les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) en matière alimentaire et agricole.  En ce qui concerne l’initiative « Renforcer la nutrition », il a indiqué que plus de 40 gouvernements se sont engagés à donner la priorité aux mesures favorables à la nutrition.  Il a annoncé que la Conférence internationale sur la nutrition, qui se tiendra en  014, permettrait d’examiner les progrès enregistrés en la matière depuis 1992.


VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX


Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et tous les partenaires concernés, en particulier le secteur privé (A/68/326)


Dans ce rapport, le Secrétaire général note que l’Organisation des Nations Unies a fait des progrès considérables dans la réalisation d’objectifs organisationnels et de développement grâce à des partenariats avec le secteur privé.  Le Secrétaire général relève aussi que l’Organisation devient plus habile à maîtriser les risques inhérents à des partenariats avec le secteur privé, en améliorant les mesures de diligence raisonnable et d’intégrité et en se servant de sa réputation et de ses capacités normatives pour amener le secteur privé à s’aligner sur ses valeurs.


En outre, l’expansion et l’évolution du Pacte mondial des Nations Unies et de ses réseaux locaux lui offrent de nouvelles possibilités de s’associer au secteur privé au niveau local.  De plus, souligne M. Ban, les partenariats avec le secteur privé devenant plus courants et plus importants, il est indispensable que l’ONU adopte des mesures d’intégrité et améliore les mesures déjà existantes à toutes les interfaces principales avec ce secteur, afin de protéger sa marque et sa réputation, de promouvoir des pratiques responsables dans les entreprises et ses propres valeurs et d’assurer une plus grande cohésion entre ses propres agendas et ceux des entreprises.


Le rapport note, par ailleurs, qu’au vu de l’importance et l’accroissement du rôle que jouent les réseaux locaux du Pacte mondial pour favoriser de nouvelles relations entre l’Organisation et le secteur privé, il est nécessaire d’évaluer leurs progrès et les difficultés qu’ils rencontrent.


Le rapport rappelle aussi qu’en droite ligne des débats sur un cadre de développement pour l’après-2015, qui se poursuivent, l’accent a été mis à nouveau sur les partenariats.  À cet égard, l’ONU est exceptionnellement bien placée pour nouer des liens avec divers secteurs, en particulier le secteur privé, et les inciter à contribuer à la réalisation des objectifs de développement. 


L’ONU doit continuer à proposer des formes nouvelles, améliorées et diversifiées de collaboration avec le secteur privé pour obtenir des résultats durables et promouvoir ses objectifs, suggère le Secrétaire général.  Cela suppose qu’elle tire profit des possibilités de partenariat à fort impact résultant de nouvelles tendances, ainsi que du rôle évolutif et de l’importance croissante des réseaux locaux du Pacte mondial au niveau national. 


Le rapport conclut qu’afin de tirer pleinement avantage des possibilités qui s’offrent actuellement à elle de s’associer plus efficacement au secteur privé, l’ONU doit impérativement appliquer les meilleures pratiques et les enseignements de l’expérience de ses partenariats dans tout le système onusien. 


Débat général


M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-et-Nevis), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souhaité que la question des partenariats mondiaux soit intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a noté que les nouveaux partenariats conclus devraient être tournés vers l’instauration d’un nouvel esprit de solidarité, de coopération et de responsabilité mutuelle.  Il a relevé que ces partenariats devraient impliquer les gouvernements et leurs partenaires de développement, mais également d’autres acteurs tels que les pauvres, les handicapés, les femmes, la société civile, le monde des affaires, le secteur académique, ainsi que les communautés locales et autochtones.  Le représentant a souhaité qu’une évaluation des partenariats actuels soit menée, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Objectif du Millénaire pour le développement numéro 8, qui prescrivait le développement de systèmes commerciaux et financiers ouverts qui devraient permettre de gérer durablement la question de la dette des pays en développement.  M. Bart a ensuite précisé que ces partenariats mondiaux devraient également prendre en compte la collaboration avec le secteur privé, afin de rendre disponibles aux populations les médicaments dont elles ont besoin, et de favoriser l’usage de nouvelles technologies, notamment dans le secteur médical, et dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC).


M. Bart a par ailleurs relevé qu’une décennie après l’adoption du Consensus de Monterrey en 2002, le monde fait face à un déficit de partenariat pour le développement.  Il a ajouté qu’une meilleure collaboration est nécessaire afin d’augmenter le montant de l’aide publique au développement (APD), ainsi que pour améliorer l’accès aux marchés en faveur des produits des pays en développement.  Il en est de même dans le domaine de la durabilité de la dette.  Il a en outre appelé la communauté internationale à reconsidérer le paradigme concernant le classement des pays et définissant lesquels peuvent ou non bénéficier de l’APD.  Il a regretté que le classement actuel soit basé sur la norme du produit national brut (PNB) par habitant, et ne tienne pas compte du fait qu’une région comme les Caraïbes est lourdement endettée, et que des millions de personne y vivent sous le seuil de pauvreté.  M. Bart a également demandé qu’un terme soit mis aux 10 années d’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Le représentant a en outre appelé à la restructuration de la dette des pays des Caraïbes, et il a précisé que la question des partenariats sera à l’ordre du jour de la prochaine Conférence internationale de l’ONU sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui aura lieu en 2014.


M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a dit que l’ONU était un partenaire unique pour la Communauté économique européenne, désireuse de contribuer au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.  Même si la notion de responsabilité sociale des entreprises a gagné du terrain, des incidents observés cette année nous montrent que cet objectif est encore loin de s’être imposé partout, a dit le représentant.  Il a rappelé que le secteur privé avait d’importantes obligations et responsabilités envers les employés, les gouvernements et les communautés au sens large, notamment afin d’assurer que les partenariats dans lesquels il est impliqué bénéficient à tous.  Le représentant de l’Union européenne a salué les progrès réalisés au cours des dernières années en matière de création de partenariats avec le secteur privé en citant la tenue, du 15 au 18 juin 2012, du Forum sur le développement durable des entreprises Rio+20, ainsi que les initiatives lancées par le Secrétaire général de l’ONU, comme celles nommées « Énergie durable pour tous », « Toutes les femmes, tous les enfants », « L’éducation avant tout », et « Défi Faim zéro ».  Le représentant a indiqué que les États membres de l’Union européenne préparaient un projet de résolution intitulé « Vers des partenariats mondiaux » dont le but est d’encourager et renforcer des partenariats autour des objectifs de développement de la période pour l’après-2015. 


M. THULAMI NYEMBE (Afrique du Sud) a demandé que l’appropriation nationale soit au cœur du partenariat mondial en faveur du développement.  Il a lancé un appel pour que soient mis en œuvre de façon urgente tous les engagements pris dans le cadre de ce partenariat, de façon à pouvoir réaliser tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a dit que l’Afrique du Sud insiste pour que les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD) soient respectés.  De son côté, l’ONU doit favoriser une coopération novatrice avec le secteur privé, a ajouté le représentant.  Comme le souligne le Document final de Rio+20, l’ONU reste l’institution la plus à même d’impliquer le secteur privé dans les efforts de développement, a-t-il rappelé.  Le représentant a ensuite placé beaucoup d’espoir dans le Pacte mondial et ses réseaux locaux, notant que ces réseaux avaient permis de soutenir les objectifs nationaux de développement, en favorisant notamment les échanges de meilleures pratiques.  Il a appelé à élargir le rôle du Pacte mondial afin de le faire agir au niveau des pays par le biais de ses réseaux locaux. 


Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KHAM-INH KHITCHADETH (République démocratique populaire lao) s’est dit persuadé que l’amélioration des partenariats entre les secteurs privé et public et de la collaboration entre l’ONU et le secteur privé, était de nature à favoriser la réalisation des OMD.  Il a dit que les partenariats avec le secteur privé devaient se conclure dans le respect des priorités de développement.  Dans ce contexte, il a salué le rôle assigné au Pacte mondial des Nations Unies et à la politique de responsabilité sociale des entreprises.  Le représentant de l’ASEAN a salué la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme des Nations Unies pour la promotion des partenariats.  Il a félicité l’équipe spéciale des Nations Unies chargée du programme de développement pour l’après-2015 pour la qualité de ses rapports. 


M. Khitchadeth a, par ailleurs, dit que la mise en œuvre, d’ici à l’année 2015, des textes créant la Communauté économique de l’ASEAN permettra de promouvoir les partenariats entre les secteurs public et privé dans l’intérêt du développement.  Il a ajouté que la contribution du secteur privé n’était pas seulement utile à la définition d’initiatives et stratégies régionales, mais aussi pour identifier les difficultés qui se posent à la réalisation de l’intégration régionale.  Il a cité la tenue de réunions régulières entre les ministres de l’économie des pays de l’ASEAN et le Conseil consultatif des entreprises de l’Association.  Il a également parlé du lancement en 2010 du réseau de la responsabilité sociale des entreprises de l’ASEAN et du développement de règles et procédures encadrant l’intervention du secteur privé. 


M. ABDULLAH AHMED AlSHARRAH (Koweït) a salué les efforts consentis par le Groupe de haut niveau sur le financement du développement, qui vient de publier un rapport dont il a jugé le contenu « très pertinent » dans le cadre de l’éradication de la pauvreté et pour aller vers le développement durable.  Le représentant a exprimé la disponibilité du Koweït à s’engager dans tout partenariat mondial, et il a rappelé que le Koweït participe au financement du Fonds arabe pour le développement économique et social.  Il a ajouté que le Koweït apporte également son appui à des pays en développement dans d’autres continents que l’Asie.  Le représentant a en outre souligné l’importance du secteur privé dans le partenariat mondial, et a dit que sa délégation souhaite qu’émerge un véritable partenariat mondial pour le développement.  Il a indiqué que le Koweït est prêt à jouer un rôle majeur dans ce partenariat, notamment en matière d’assistance humanitaire et pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD).


Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a estimé que l’ONU était l’instance idéale pour nouer des partenariats multilatéraux, en toute transparence et dans le cadre de la responsabilisation.  Toute innovation dans la manière dont sont conclus ces partenariats doit passer par une consultation des États Membres, afin de faire en sorte que les partenariats conclus répondent à leurs besoins, a-t-elle demandé.  Coopérer avec le secteur privé est essentiel, a-t-elle ajouté, soulignant que ce secteur participait déjà pleinement au fonctionnement des relations internationales.  La Fédération de Russie soutient la proposition faite par le Secrétaire général en matière de coopération avec le secteur privé, a dit la représentante.  Elle a indiqué que sa délégation appréciait les initiatives menées dans le cadre du Pacte mondial et a invité les entreprises russes à l’utiliser pour mettre en place des pratiques plus efficaces, afin notamment de mieux lutter contre la corruption.  Cela permettrait d’améliorer la réputation de ces entreprises, a-t-elle argué.  Concernant la création d’un nouveau mécanisme de partenariat à l’ONU, elle a souhaité que cette question soit étudiée plus en profondeur, notamment pour en examiner les mécanismes de responsabilisation.


M. VITALY MACKAY (Bélarus) a souligné que ce n’est qu’en adoptant une approche inclusive que la communauté internationale pourra résoudre les problèmes qui l’interpellent, notamment celui de l’éradication de la pauvreté.  Il a ensuite relevé que les partenariats entre les secteurs public et privé sont cruciaux dans l’optique du développement.  Le représentant a également suggéré que les partenariats internationaux soutenant des programmes menés au niveau national soient respectueux des réalités et des priorités nationales des pays bénéficiaires.  Il a relevé que les partenariats thématiques mondiaux peuvent devenir des outils très importants pour la réalisation des objectifs de développement internationalement agréés.


M. EMMANUEL OLUWADARE OGUNTUYI (Nigéria) a rappelé que, dans le Document final de Rio+20, les États Membres avaient réitéré leur engagement et leur foi envers les partenariats en faveur du développement.  Le développement durable dépend de l’engagement actif du secteur privé et public, a-t-il observé.  Ainsi, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nécessite une participation active des gouvernements et des sociétés civiles.  Les Nations Unies ont reconnu l’obligation de s’engager davantage avec le secteur privé pour atteindre les objectifs de développement, a constaté le représentant.  Le Nigéria pense que l’ONU peut jouer un rôle essentiel dans le développement de partenariats visant à soutenir les stratégies de développement.  Mais la volonté des pays bénéficiaires des actions de ces partenariats doit être respectée, a-t-il posé comme condition.  En ce qui concerne le Pacte mondial, il a noté qu’il avait reçu un large appui.  Le Pacte a joué le rôle de catalyseur dans la coopération avec le secteur privé, a-t-il souligné, remarquant aussi qu’il permettait de partager entre États et entre différents secteurs les meilleurs enseignements en termes de promotion du développement.  Le représentant a enfin indiqué que le Nigéria voulait discuter de cette question dans le cadre des préparatifs concernant la définition du programme de développement pour l’après-2015.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a relevé que le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, appelé « Programme d’action d’Istanbul », est un document clef pour le développement des PMA.  Il a précisé que le Programme d’action d’Istanbul vise essentiellement à créer dans les PMA une masse critique de capacités de production viables et compétitives dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et des services. 


Il a noté que les PMA souhaitent que les partenaires au développement honorent leurs engagements au plus vite et de façon prévisible, notamment leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement, dont une part irait aux PMA.  Il a souligné que les nouvelles sources d’APD ne devraient pas altérer l’APD traditionnelle.  Il a également souhaité que des aides régionales et internationales viennent accompagner les efforts des PMA afin qu’ils résistent mieux aux chocs économiques. 


M. Zinsou a, par ailleurs, rappelé que les PMA se sont réunis le 27 septembre dernier à New York, et ont adopté une déclaration ministérielle dans laquelle il est dit qu’il est impératif de renforcer le partenariat mondial pour le développement en mobilisant tous les acteurs concernés, notamment les donateurs traditionnels, les pays du Sud, la société civile, le secteur privé et les fondations, entre autres acteurs.  Le représentant a par la suite salué les initiatives prises par certains pays pour accorder un accès aux marchés en franchise de droits et hors quota à tous les produits en provenance de tous les pays les moins avancés, et il a dit que les PMA souhaitent la conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de Doha.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Première Commission les délégations appelent à l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes

AG/DSI/3489

À la Première Commission les délégations appelent à l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes

29/10/2013
Assemblée généraleAG/DSI/3489
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

19e séance – après-midi


À LA PREMIÈRE COMMISSION LES DÉLÉGATIONS APPELENT À L’ENTRÉE

EN VIGUEUR DU TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES


La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, qui poursuivait cet après-midi son débat thématique sur les armes classiques, a entendu la quasi-totalité des délégations saluer l’adoption du Traité sur le commerce des armes et appeler à son entrée en vigueur. 


     Qualifié par la Thaïlande d’« accord phare » pour réglementer le commerce illicite des armes, le Traité sur le commerce des armes devrait améliorer non seulement la vie des populations victimes de la mauvaise utilisation des armes légères, mais favoriser aussi la paix dans le monde en réduisant l’importance du commerce illicite des armes et les violences sexistes, ont souligné plusieurs délégations dont la Colombie, Israël et la Finlande. 


C’est « un instrument clef », « une plate-forme concrète », une « remarquable avancée pour réduire le commerce illicite et la disponibilité de ces armes », ont affirmé d’autres délégations dont la Croatie, la Grèce, la Lituanie ou le Lesotho.  Il est « remarquable » que 114 États aient déjà signé le Traité six mois seulement après son adoption; cela indique le fort et large soutien de la communauté internationale, s’est pour sa part félicité le délégué du Japon. 


Fort de ce vif soutien, il est maintenant temps que le traité entre en vigueur, ont estimé les intervenants, d’autant que les armes légères sont la principale cause de mortalité par armes dans le monde, avec plus de 700 000 personnes tuées tous les ans, ont précisé l’Espagne et la Lituanie.


Cette entrée en vigueur doit être universelle et intégrale, ont jugé bon nombre de délégations, à l’instar de l’Égypte, de l’Équateur et de la Suisse.  En dépit de son caractère imparfait et partiel, ont noté le Pakistan, la Norvège ou encore le Lesotho et le Paraguay, le TCA a néanmoins la capacité de devenir un instrument puissant s’il est appliqué judicieusement, et s’il couvre toutes les armes classiques.


Il faut parallèlement mettre en œuvre le Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères, la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur le trafic illicite de ces armes et élargir les catégories d’armes incluses dans le Registre des armes conventionnelles de l’ONU, en y faisant figurer les armes légères et de petit calibre, ont en outre demandé une majorité de délégations.


Pour la Colombie et Israël, il faut cependant faire une différence entre acteurs étatiques et non étatiques et éviter que ces armes tombent dans de mauvaises mains, notamment celles de terroristes.  La Chine, acteur important du commerce international d’armements, n’exporte jamais vers des pays sous embargo des Nations Unies ou qui risquent d’en faire mauvais usage, a assuré son représentant.  Autre grand acteur de ce marché, les États-Unis ont déclaré attendre avec impatience l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.


Cuba a pour sa part déploré que la communauté internationale ignore les causes profondes de l’utilisation de ces armes, à savoir la pauvreté.  En tant que pays touché par le commerce illicite de ces armes, l’Algérie a, quant à elle, prié les pays développés et les organisations internationales d’offrir une assistance technique et un renforcement des capacités aux pays de la sous-région du Sahel leur permettant de lutter contre le transfert illicite des armes.


Par ailleurs, la Première Commission a entendu Mmes Mary Warcham, Anna McDonald, Alexandra Hiniker et MM. Ray Achenson, Cesar Jaramillo, Mattew Bolton, Zach Hudson, Hans Herbert Keugsen, Richard Patterson, représentants des organisations non gouvernementales venus s’exprimer dans le cadre de ses travaux. 


La Première Commission se réunira demain, 30 octobre, à 10 heures, pour entendre les dernières délégations dans le cadre du débat thématique sur les armes classiques avant de commencer à se prononcer sur les projets de résolution qui lui sont présentés.  


EXAMEN THÉMATIQUE DES QUESTIONS INSCRITES À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION SOUMIS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITE INTERNATIONALE


Groupe de questions relatives aux armes classiques


M. Mohamed Refaat Farghal (Égypte) a appelé tous les États qui ont adhéré au Traité sur le commerce des armes à le mettre intégralement en œuvre, sans réserves.  Alors que l’Égypte reconnaît les problèmes en matière de commerce illicite de ces armes, elle n’en estime pas moins que les États devraient avoir le droit de s’armer pour se défendre, notamment contre des mouvements terroristes, a-t-il déclaré.


L’Égypte est en outre préoccupée par la présence de mines terrestres posées sur son sol et en Libye pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce qui continue de causer des problèmes, et invite les pays qui en sont responsables à prendre toutes les mesures pour débarrasser ces deux pays de ces explosifs.


M. KNUT LANGELAND (Norvège) a affirmé que la sécurité pour tous était réalisable, sans le nombre d’armes présentes aujourd’hui.  Pour sa délégation, la dimension humanitaire de l’utilisation des armes classiques doit également être prise en compte et des mécanismes internationaux sont nécessaires pour tenir les engagements pris dans ce domaine. 


Le représentant a également estimé que le Traité sur le commerce des armes n’était pas parfait, mais pourrait devenir un instrument puissant s’il est mis en vigueur de manière judicieuse, et s’il couvre toutes les armes classiques.  Il s’est déclaré satisfait du fait que le Traité interdise des transferts précis, en particulier d’armes pouvant causer des génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, et invité les pays qui ont les capacités nécessaires à aider les pays dépourvus pour parvenir à l’universalité du Traité.


M. TOSHIO SANO (Japon) a qualifié de « remarquable » le fait que 114 États aient signé le Traité sur le commerce des armes, six mois après son adoption.  « Cela montre le solide et large soutien de la communauté internationale », s’est-il félicité, avant de rappeler l’importance de l’entrée en vigueur du Traité pour que le commerce des armes devienne transparent.


À ce titre, il a appelé tous les États à soutenir le projet de résolution sur le Traité sur le commerce des armes (L.4) coprésenté avec l’Argentine, l’Australie, le Costa Rica, la Finlande, le Kenya et le Royaume-Uni.


En conclusion, il a réaffirmé le soutien de son pays au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères, le qualifiant d’outil essentiel, avec l’Instrument de traçage international créé en 2005.


M. Alexandros Andreas Yennimatas (Grèce) a souligné que le Traité sur le commerce des armes offrait « une plate-forme concrète pour réguler le commerce des armes et un outil pour endiguer le trafic illicite ».  Il a appelé les États Membres à signer et ratifier le texte au plus vite afin de permettre son entrée en vigueur.


Se félicitant des résultats de la Conférence d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères, le représentant a souligné la nécessité de renforcer sa mise en œuvre.


Il a également réitéré le soutien de son pays à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques et ses cinq Protocoles, estimant qu’elle représentait la meilleure arène pour discuter d’un nouveau protocole sur les armes à sous-munitions, ainsi que sur les armes létales autonomes.


En conclusion, il a rappelé l’attachement de la Grèce à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et souligné que son pays avait respecté ses obligations de destruction de ses stocks de mines avec quatre années d’avance sur le calendrier prévu.


M. MAFIROANE EDMOND MOTANYANE (Lesotho) a affirmé que l’adoption du Traité sur le commerce des armes n’était pas une fin en soi, car il s’agissait maintenant de le mettre en œuvre.  Même si cet instrument n’est pas une panacée, il est essentiel à la collaboration entre États et entraînera des réductions majeures dans le commerce illicite et le détournement des armes classiques, a estimé le représentant. 


Mme YADIRA LEDESMA Hernández(Cuba) a estimé déplorable que la communauté internationale porte toute son attention sur les manifestations de l’utilisation des armes légères et de petit calibre, au lieu de se pencher sur les causes profondes de l’utilisation de ces armes, dont la pauvreté.  La représentante a également regretté que la communauté internationale ne soit pas parvenue à un consensus lors de l’adoption du Traité sur le commerce des armes. 


M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes, estimant toutefois que la tâche de la communauté internationale était « loin d’être achevée », tant que le Traité n’est pas entré en vigueur et n’a pas une portée universelle.  Il a également souligné l’importance de la contribution du Traité à la lutte contre les violences basées sur le genre, en imposant aux États Parties de les prendre en compte avant d’autoriser des transferts d’armes.


Saluant la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur les armes légères, il a estimé qu’elle rappelait à la communauté internationale « la nécessité d’agir sur le commerce illicite des armes qui déstabilisent des régions, alimentent les conflits et anéantissent l’avenir ».


Sur la question de la Convention d’Oslo sur les armes à sous-munitions, le représentant s’est félicité de la création d’une Unité d’appui lors de la Conférence des États Parties qui s’est tenue à Lusaka en septembre.  Soulignant l’engagement de son pays envers la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, il a rappelé l’assistance offerte à plusieurs États pour des opérations de déminages ou de destruction de débris de guerre.


En conclusion, il a réaffirmé le soutien du Royaume-Uni à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques et au lancement de discussions sur les armes létales autonomes dans le cadre de ce texte.


M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) a salué l’inclusion dans le Traité sur le commerce des armes d’une clause interdisant les transferts d’armes en cas de risque de violences basées sur le genre.  Appelant « vigoureusement » les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte le plus vite possible pour permettre son entrée en vigueur, il a recommandé aux pays ayant des difficultés avec les normes fixées par le Traité à se tourner vers le Mécanisme de fonds internationaux des Nations Unies d’appui à la coopération en matière de régulation des armes (UNSCAR).


Insistant par ailleurs sur la transparence dont les États doivent faire preuve, le représentant a réitéré son soutien au Registre des armes classiques et à la Base de données statistiques sur les transferts d’armes, qui feront l’objet de deux projets de résolution présentés par les Pays-Bas.


« La Convention d’Ottawa est aussi importante aujourd’hui que lorsqu’elle a été mise en place », a poursuivi le représentant, avant de souligner les progrès enregistrés avec la destruction de 44,5 millions de mines et la réalisation par 25 États Parties de leurs programmes nationaux d’élimination de leurs stocks.  Il a également réitéré son soutien à la Convention d’Oslo, condamnant au passage l’usage d’armes à sous-munitions en Syrie.  Concernant la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, il a soutenu le lancement de discussions informelles en son sein pour une régulation éventuelle des armes létales autonomes.


Le représentant a rappelé en conclusion l’importance de la mise en œuvre complète et effective du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères.


M. CAMILO LOUIS (Colombie) a déclaré que le Traité sur le commerce des armes était un instrument nécessaire qui améliorera la vie des victimes de leur mauvaise utilisation.  L’adoption de ce Traité montre qu’il est possible de progresser au niveau international sur un instrument de désarmement, a-t-il poursuivi soulignant le besoin de progresser sur d’autres questions de désarmement.


La Colombie, en tant que parrain d’une résolution annuelle sur les armes légères et de petit calibre, estime cependant qu’il faut faire une différence entre acteurs étatiques et non étatiques.  Pour elle, les États ont le droit légitime de s’armer pour se défendre, a déclaré le représentant. 


M. DJAMEL MOKTEFI (Algérie) a rappelé que son pays était directement touché par le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. « L’Algérie ne cesse de déployer d’intenses efforts pour juguler au niveau de ses frontières le trafic organisé par des réseaux qui alimentent le terrorisme dans la région », a-t-il affirmé, avant d’appeler les pays développés et les organisations internationales à offrir une assistance conséquente afin de renforcer les capacités des pays de la sous-région du Sahel à lutter contre le transfert illicite des armes.


Réitérant l’attachement de son pays au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères, et estimant qu’il a contribué à une prise de conscience réelle des conséquences humanitaires et politiques néfastes, le représentant a appelé à sa mise en œuvre complète, en particulier pour ce qui a trait à la coopération régionale et sous-régionale pour assurer un contrôle effectif des frontières.


Il a également rappelé le rôle de l’Instrument de traçage international, adopté en 2005, que l’Algérie a mis en œuvre dans ces trois volets –marquage, enregistrement des armes et coopération pour le traçage.  Le représentant a également souligné l’importance du Protocole relatif aux armes à feu de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  Il a également salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes, précisant que son entrée en vigueur renforcerait encore l’architecture multilatérale dans le domaine du désarmement.


En conclusion, le représentant a rappelé qu’en tant que pays touché par les mines antipersonnel, l’Algérie attachait beaucoup d’importance à la Convention d’Ottawa, dont elle présidera en décembre la treizième Conférence des États Parties.  À ce titre, elle a coprésenté un projet de résolution avec la Slovénie et le Cambodge sur la « Mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel » (L.3).


Mme KARAVIKAR SVETASRENI (Thaïlande) a qualifié le Traité sur le commerce des armes d’accord-phare pour réglementer le commerce illicite des armes.  Pour la représentante, le programme d’action restait le document fondamental à mettre en œuvre, même si des problèmes persistent, notamment en matière de traçage de ces armes.  La Thaïlande reste en outre très attachée à la question du déminage et de l’assistance aux victimes, a assuré sa représentante.


M. BREIFNE O’REILLY (Irlande), au nom de l’Union européenne, a souligné que le commerce illicite et irresponsable d’armes conventionnelles pouvait avoir des conséquences dévastatrices.  Nous avons la responsabilité de nous assurer que le commerce des armes ne met pas en danger la stabilité et ne facilite aucunement les entorses au droit humanitaire international, aux droits de l’homme, et qu’il ne contribue pas à alimenter la violence contre les femmes, a-t-il dit.


L’Irlande encourage tous les pays qui n’ont pas encore signé et ratifié le Traité sur le commerce des armes à le faire aussi rapidement que possible, a déclaré le représentant, précisant que les procédures internes de ratification du texte étaient à un stage avancé, et que son pays restait engagé à aller au terme de cette procédure dans les délais les plus brefs.


Le représentant a salué l’adoption de la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur les armes légères et de petit calibre, affirmant qu’elle contribuerait à maintenir l’attention de la communauté internationale sur cette question cruciale, et à nous concentrer sur les préparatifs de la prochaine réunion biennale des États sur l’application du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre.


En présentant la résolution intitulée « Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » (A/C.1/68/L.3), M. BOŠTJAN JERMAN (Slovénie) a indiqué qu’il s’agissait là d’une résolution classique, introduite chaque année depuis 1997.  Ce texte vise à susciter un soutien politique pour l’interdiction universelle des mines antipersonnel, a-t-il précisé, rappelant que certains acteurs non étatiques continuaient à utiliser des mines antipersonnel, que certaines régions du monde détenaient encore ces mines, que d’importants stocks de mines restaient à détruire et que certains États n’avaient pas adhéré à la Convention.


Le représentant a par ailleurs salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes, estimant qu’il s’agissait d’un texte robuste permettant de réguler le commerce des armes conventionnelles.  Toutefois, a-t-il dit, la Slovénie estime que, si les signatures et les ratifications constituent des étapes importantes, la mise en œuvre du texte est essentielle.


En conclusion, le représentant a souligné l’importance de la transparence dans le contexte du Traité sur le commerce des armes, rappelant que son pays avait soutenu, dès le départ, le Registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles et la résolution présentée devant la Première Commission par les Pays-Bas sur cette question.


M. THOMAS GUERBER (Suisse) a souligné que la conclusion et l’adoption du Traité sur le commerce des armes représentaient des victoires importantes pour les Nations Unies.  Ce Traité est un instrument solide, robuste et équilibré qui devrait permettre de renforcer la sécurité internationale et régionale, en favorisant un commerce responsable des armes au niveau international, a-t-il précisé.  La Suisse entend poursuivre sa contribution et œuvrer activement pour l’universalisation et l’application intégrale du Traité, a-t-il affirmé.


Le représentant a par ailleurs rappelé que l’Assemblée générale avait établi le Registre des armes classiques en 1991, convaincue qu’une franchise et une transparence accrues dans le domaine des armements renforceraient la confiance et la stabilité, aideraient les États à faire preuve de retenue, réduiraient les tensions et contribueraient à consolider la paix et la sécurité internationales et régionales.


La Suisse souligne que les armes légères et de petit calibre (ALPC) continuent de constituer une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité dans de nombreuses régions du globe, a-t-il affirmé, se déclarant favorable à une gestion efficace des arsenaux nationaux d’armes légères pour freiner la prolifération et l’utilisation abusive de ces armes et des munitions.


M. Raimonda Murmokaitė(Lituanie) a affirmé que l’adoption du Traité sur le commerce des armes en avril dernier représentait une remarquable avancée et son pays, qui l’a signé le 3 juin, s’était engagé pour son ratification rapide.


Le représentant a rappelé que le commerce illicite des armes légères et de leurs munitions avait un effet dévastateur sur tous les aspects de l’existence humaine, avec des conséquences en termes de sécurité et de développement.  Plus de 700 000 personnes ont été tuées lors de violences armées, a-t-il précisé.


Le représentant a par ailleurs estimé que l’inclusion des armes légères et de petit calibre (ALPC) dans la portée du Traité représentait un accomplissement.  À cet égard, il a salué le résultat de la Conférence d’examen du texte organisée en 2012 ainsi que l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2117 sur les armes légères.


La Lituanie reste par ailleurs fermement engagée en faveur de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, précisant que les protocoles relatifs à ce texte permettraient de renforcer le droit humanitaire international, a-t-il conclu.


Mme Maria Victoria González Román (Espagne) a estimé que les armes classiques étaient la principale cause de mortalité par armes dans le monde.  C’est pour cela que l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes était de première importance, a-t-elle affirmé.  En ce qui la concerne, l’Espagne a déjà entrepris des mesures d’assistance avec ses partenaires d’Amérique du Sud, d’Afrique et des Caraïbes pour la mise en œuvre dudit traité et de la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur les armes légères et de petit calibre, a assuré la représentante. 


M. Sarmad Muwafaq Mohammed Al-Taie(Iraq) a rappelé que son pays était l’un des pays les plus touchés par les mines antipersonnel, les débris de guerre et les armes à sous-munitions, précisant que 4 000 zones étaient aujourd’hui contaminées par de tels engins, représentant une menace directe pour les populations civiles, empêchant le retour des populations réfugiées et déplacées et ralentissant le développement économique.


Rappelant l’adhésion de son pays à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, en 2007, il a indiqué que les autorités iraquiennes étaient « sincèrement engagées à décontaminer l’ensemble du territoire, en dépit des ressources techniques limitées à disposition ».  Dans ces conditions, et pour renforcer l’assistance aux victimes, le représentant a demandé un soutien accru de la part de la communauté internationale, pour « permettre à l’Iraq de remplir ses obligations de déminage et de destruction de ses stocks », comme l’ont fait, dans le cadre des programmes de coopération au déminage, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Japon, la République de Corée, certaines organisations non gouvernementales (ONG) et agences de l’ONU, comme le Service de la lutte antimines des Nations Unies (SLAM), a-t-il précisé.


M. CHRISTOPHER L. BUCK (États-Unis) a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes cette année, estimant qu’il impose aux États le respect de standards plus élevés en matière de transferts d’armes, renforce la sécurité nationale des pays et celle de la communauté internationale, et fait progresser les priorités humanitaires.  « Les États-Unis attendent avec impatience son entrée en vigueur », a-t-il déclaré, avant d’appeler à l’adhésion universelle à ce texte.


Le représentant a déploré que le Groupe d’experts gouvernementaux chargé du Registre des armes classiques n’ait pas pu trouver un accord permettant d’intégrer au Registre les armes légères et de petit calibre.  Il a cependant salué l’adoption de la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur le trafic illicite de ces armes, appelant également les États Membres à mettre pleinement en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères.  « Beaucoup plus doit être fait par la communauté internationale pour assurer la pleine application de l’ensemble des engagements », a-t-il insisté.


Abordant la question des risques de voir des systèmes portables de défense anti-aérienne non sécurisés (MANPADS) tomber aux mains d’acteurs non étatiques ou d’organisations terroristes, le représentant a indiqué que son pays avait participé depuis 2003 à la destruction de quelque 33 000 d’entre eux dans une quarantaine de pays.


Rappelant en conclusion que les États-Unis étaient Parties à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, il a estimé que celle-ci était le cadre adéquat pour discuter des armes létales autonomes.


M. KHALIL HASHMI (Pakistan) a indiqué que les dépenses militaires mondiales avaient diminué en 2012 pour la première fois depuis 1998, relevant cependant que les États dépensaient collectivement près de 3% du PIB mondial en budget militaire. « Ironiquement, les armes qui nourrissent les conflits proviennent de régions en paix », a-t-il noté.

Par ailleurs, l’utilisation de drones en dehors des zones de conflit ou des champs de bataille pose de sérieux problèmes juridiques, humanitaires et de droits de l’homme, a affirmé M. Hashmi, avant d’appeler à leur interdiction.

Il a par ailleurs salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes tout en déplorant son approche partielle.  En effet, l’on ne saurait séparer la production d’armes de leur commerce, a-t-il fait remarquer, se prononçant pour la prise en compte de la question de l’offre et de la demande en matière d’armes conventionnelles.


M. MARKKU VIRRI (Finlande) a déclaré que le Traité sur le commerce des armes n’aurait de valeur que si les États producteurs et importateurs le signent et le ratifient.  Pour la Finlande, a-t-il précisé, ce Traité contribuera non seulement à réduire l’ampleur du commerce illicite des armes, mais aussi à réduire le nombre de violences sexistes.


Il faut maintenant mettre en œuvre le Programme d’action, a estimé le représentant, pour lequel les normes internationales sur le contrôle des armes légères (ISACS) sont des normes claires en matière d’armes légères et de petit calibre.


Mme MARITZA CHAN (Costa Rica) a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes et l’inclusion des armes légères et de petit calibre (ALPC) dans le cadre de cet instrument juridique.  Toutefois, le Costa Rica estime impératif d’élargir les catégories d’armes incluses dans le Registre des armes conventionnelles de l’ONU, en y faisant figurer les ALPC, a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité d’intensifier les efforts dans le cadre du Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre.


Elle a rappelé la situation à laquelle sont confrontés les civils dans de nombreux conflits actuels estimant que, malgré des progrès palpables, la réalité du terrain continuait de faire apparaître de nombreux manquements des parties aux conflits à respecter leurs obligations de protection des civils, conformément au droit humanitaire international et au droit international relatif aux droits de l’homme.


Le Costa Rica est profondément préoccupé par l’usage croissant de drones à des fins militaires, et l’intensification des échanges commerciaux autour de ce type d’armes, a précisé la représentante, exhortant les États Membres à prendre en compte les problèmes de transparence, de responsabilité et de risques de prolifération qui se posent avec l’utilisation d’armes de ce type.


La représentante a estimé qu’il importait d’échafauder un cadre international adéquat permettant d’apporter une réponse adaptée aux défis actuels et futurs représentés par l’usage de drones, de sorte à pouvoir protéger les populations civiles conformément au droit humanitaire international.


M. FERNANDO LUQUE Márquez (Équateur) a déclaré que la communauté internationale devait approfondir le débat sur les armes autonomes létales et les drones dans le cadre des armes classiques.  Pour le représentant, l’efficacité du Traité sur le commerce des armes reposait sur son universalisation et son équilibre.  L’absence de consensus sur le Traité a cependant entraîné des difficultés pour son adoption, a-t-il observé.


M. Marcelo Eliseo Scappini Ricciardi (Paraguay) a déclaré que les divergences des points de vue ne devaient pas faire oublier l’intérêt commun de la communauté internationale de réguler le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Le Paraguay, qui a signé le Traité, a pour sa part tenu compte de tous les aspects du Traité, a assuré le représentant.


M. ZORAN JOKOVIC (Croatie) a salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes et indiqué que son pays le ratifierait probablement avant la fin de l’année.  Il a plaidé pour l’adoption de politiques intégrées pour sa mise en œuvre au plan régional et sous-régional, à l’instar du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères.


Qualifiant le Traité « d’instrument clef pour réduire le trafic et la disponibilité de ces armes », il a mis en avant l’expérience de la Croatie en matière de maîtrise des armements.  Rappelant que la circulation illicite des armes légères et de petit calibre « attise l’insécurité, ralentit la reconstruction et le retour des populations civiles dans les pays sortant de conflit » comme la Croatie il y a quelques années, le représentant s’est prononcé pour le partage d’expériences et a proposé son expertise dans ce domaine.


M. EYAL PROPPER (Israël) a estimé que le Traité sur le commerce des armes était un instrument important de lutte contre le transfert illicite des armes, notamment dans le cas d’activités terroristes.  La prévention du commerce illicite contribuera à la paix, non seulement dans le Moyen-Orient, mais aussi dans toutes les régions du monde, a-t-il affirmé, précisant que son pays, qui a signé le Traité, attachait une grande importance au Plan d’action des Nations Unies pour prévenir le commerce illicite de ces armes et à la question du traçage, marquage de ces armes.  Il faut éviter que ces armes ne tombent dans de mauvaises mains, a-t-il conclu. 


M. WU JIANJIAN (Chine) a affirmé que la Chine, État partie à la Convention sur les armes classiques, a aidé plus d’une quarantaine de pays, en Afrique, en Asie de l’Est et au Moyen-Orient, à procéder à des opérations de déminage.  La Chine, qui n’exporte jamais d’armes vers des pays sous embargos par les Nations Unies, ou qui risquent d’être utilisées à mauvais usage, n’a pas de problème particulier avec le Traité sur le commerce des armes et examine actuellement sa signature.  Mon pays estime cependant qu’il faut renforcer l’universalité et la transparence du Registre des Nations Unies, a conclu le représentant. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: face à des ressources extrabudgétaires de 14,1 milliards de dollars, le Cameroun alerte l’ONU contre « une gestion à la carte » au lieu d’une « gestion à la Charte »

AG/AB/4082

Cinquième Commission: face à des ressources extrabudgétaires de 14,1 milliards de dollars, le Cameroun alerte l’ONU contre « une gestion à la carte » au lieu d’une « gestion à la Charte »

29/10/2013
Assemblée généraleAG/AB/4082
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                             

12e séance – matin


CINQUIÈME COMMISSION: FACE À DES RESSOURCES EXTRABUDGÉTAIRES DE 14,1 MILLIARDS DE DOLLARS, LE CAMEROUN ALERTE L’ONU CONTRE « UNE GESTION À LA CARTE » AU LIEU D’UNE « GESTION À LA CHARTE »


Le représentant du Cameroun s’est dit inquiet aujourd’hui de l’explosion des ressources extrabudgétaires estimées à 14,1 milliards de dollars, donnant trop de pouvoir aux donateurs et faisant courir à l’ONU le risque d’une « gestion à la carte » au lieu d’une « gestion à la Charte ».  Le représentant s’exprimait devant la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires qui terminait son débat sur le projet de budget de 5,562, milliards de dollars présenté hier par le Secrétaire général de l’ONU, pour la période 2014-2015.


Budget ordinaire, 5,562 milliards; ressources extrabudgétaires, 14,1 milliards.  Si ce phénomène se conjugue avec la base contractuelle « assez instable » des ressources humaines, a dit craindre le représentant du Cameroun, les Nations Unies s’orienteraient vers une « gestion à la carte », au lieu d’une « gestion à la Charte », favorisant certains pays au détriment d’autres dans le contrôle des structures, des ressources, des programmes voire simplement du leadership au sein des Nations Unies.  Quelque 80% du budget ordinaire est absorbé par les salaires et autres dépenses liées aux 10 076 fonctionnaires repris dans ce projet de budget, a rappelé le représentant du Pakistan.


Avec ses 5,562 milliards de dollars, ledit projet a essuyé les critiques de plusieurs délégations.  Ce projet semble ne pas être définitif, car il ne tient pas compte d’un certain nombre de besoins, a commenté le représentant de la Fédération de Russie.  Un budget à croissance nulle affectera immanquablement l’exécution des mandats, a dit son homologue du Pakistan qui a prévenu qu’« un budget qui n’augmente pas manque de flexibilité et nuit à la transparence fiscale ».


Pour assurer une croissance zéro, le Secrétariat a réduit les coûts dans 73 domaines d’activités, dont la suppression de 261 postes.  Des initiatives qui ont été jugées pénalisantes par les délégations aujourd’hui, après les applaudissements des États-Unis, de la République de Corée, du Japon ou encore de l’Union européenne hier. 


La suppression des postes proposée, a relevé aujourd’hui le représentant du Pakistan, touche surtout les jeunes administrateurs, alors qu’on augmente le nombre de postes de responsabilité.  Cette situation, a-t-il alerté, restreindra la capacité de l’ONU à attirer les jeunes talents pour se rajeunir et se revitaliser. 


Tout comme hier, les délégations ont douté de la méthodologie employée pour le projet de budget, et la question de l’actualisation des coûts prenant de plus en plus d’ampleur, le Contrôleur des Nations Unies, Mme Maria Eugenia Casar, s’est dit disposée à revoir sa méthodologie.


Retenu à la plénière de l’Assemblée générale pour un vote sur la levée de l’embargo imposé à son pays par les États-Unis, le représentant de Cuba n’a pas prononcé sa déclaration qui sera néanmoins publiée sur le site web de la Cinquième Commission.


La prochaine réunion de la Cinquième Commission aura lieu jeudi 31 octobre à partir de 10 heures. 



PROJET DE BUDGET-PROGRAMME BIENNAL 2014-2015


Débat général


M. SAHEBZADA A. KHAN (Pakistan) a dit la préoccupation de son pays face à un projet de budget à croissance nulle, sans décision formelle de l’Assemblée générale.  Un budget qui n’augmente pas manque de flexibilité et nuit à la transparence fiscale, a-t-il prévenu.  Il a dit redouter particulièrement qu’une augmentation effective de 0,2% par rapport au précédent exercice biennal desserve la mise en œuvre des mandats de l’Organisation, notamment ceux liés au développement.  


Préoccupé par le fait que le Compte de développement ne soit toujours pas suffisamment approvisionné, M. Khan a regretté que les quelque 200 millions de dollars qu’il avait été convenu d’y verser n’aient « malheureusement » pas encore été atteints.  Au contraire, on note une réduction de 2,9%, soit 844 400 dollars dans les ressources allouées au Compte, ce qui affectera la mise en œuvre des projets qui dépendent de ce Compte dans les pays en développement.


En écho aux remarques du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), il a jugé qu’en l’absence d’une étude d’impact fiable, les réductions proposées dans 73 domaines d’activités auront des conséquences néfastes sur la capacité de l’Organisation à remplir ses mandats.  De même, la proposition de supprimer 261 postes de grade inférieur alors que le nombre des postes de direction augmentent, restreindra la capacité de l’ONU à attirer les jeunes talents pour rajeunir et revitaliser l’Organisation, a insisté M. Khan.


Parce que la suppression de postes proposée ne comble pas le vide créé par les emplois qui vont de toute façon disparaître, il a relevé qu’il s’agit en fait d’un transfert des coûts du budget ordinaire aux ressources extrabudgétaires, estimées à 14,1 milliards de dollars pour l’année 2014-2015, a précisé le représentant.  Il a dit comprendre que le recours à ces ressources se justifie par le fait que 80% du budget ordinaire est absorbé par les charges salariales et les dépenses du personnel.


Comme la majorité des États Membres, le Pakistan, a dit son représentant, condamne le fait que la préparation du projet de budget ne respecte pas comme il se doit les critères établis, sans compter qu’elle déroge à la règle 102.2 du Règlement financier et des règles de gestion financière de l’ONU.  « Comme l’ont exigé la grande majorité des États Membres, il faut apporter des éclaircissements sur la méthodologie employée », a réclamé le représentant du Pakistan.


M. ASHWANI KUMAR (Inde) a espéré que l’adoption du budget se traduira par une affectation équilibrée des ressources aux priorités clefs de l’Organisation.  Il a précisé que la Commission devra assumer le fardeau des décisions passées qui ne peuvent plus être repoussées et qui se traduiront par des coûts supplémentaires de 170 millions de dollars.  Il a noté l’augmentation rapide du budget des missions politiques spéciales, au cours de la dernière décennie, dans un contexte de croissance nulle, au cours des derniers exercices biennaux.  Il s’est dit inquiet de l’impact croissant sur le budget ordinaire du financement de ces missions dont le budget est passé de 200 millions à 1,2 milliard de dollars en une décennie. 


Le représentant a déclaré que notre capacité à changer la vie des gens est liée à notre capacité d’utiliser nos ressources de la manière la plus efficace.  Il a dénoncé les initiatives de reforme onéreuse, dont la mise en œuvre du progiciel de gestion intégré- Umoja qui a couté 360 millions de dollars et la rénovation du Siège qui a couté 2 milliards de dollars.  Il a aussi dénoncé le fait que la branche logistique et d’appui aux missions de maintien de la paix se trouve « dans des terres lointaines, loin du regard des États Membres » et qu’elle est donc devenue le théâtre des dépassements de coûts « cachés » et des retards.


Le représentant a jugé plus urgent que jamais d’assurer un contrôle strict et une plus grande transparence dans les activités de l’ONU.  Il a souhaité que l’ambition de transformer l’ONU ne fasse pas dérailler les projets à cause d’un manque de contrôle administratif.  Une démarche budgétaire dominée par quelques grands donateurs et exclusivement portée sur la réduction des coûts nuit à l’espace de délibération et au contenu des mandats, a-t-il averti.  Le processus budgétaire ne concerne pas seulement les ressources et les mandats, mais aussi la façon dont nous délibérons pour que les choses fonctionnent.


M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a invité le Secrétariat à appliquer une politique budgétaire disciplinée en ces temps où la communauté internationale lutte toujours contre la crise financière ambiante.  Dénonçant le fait que le Secrétariat ait dérogé à la règle 102.2 du Règlement financier et des règles de gestion financière de l’ONU, qui dispose notamment que le projet de budget-programme doit comporter « un état détaillé des ressources », le représentant a appuyé la suppression des postes proposée par le Secrétariat.  Il a toutefois déploré que cette suppression de poste vise surtout les jeunes administrateurs, tout en augmentant les postes de direction. 


Cette tendance présente des risques et aura un impact sur l’efficacité de l’ONU, a prévenu le représentant, épousant ainsi le point de vue du CCQAB qui a estimé que toutes les propositions de réduction de postes ne pourront se faire sans porter préjudice à la réalisation de mandats de l’Organisation.


Conscient de ce que le projet de budget respecte les exigences en termes de coûts, il a exprimé son scepticisme par rapport au fait que ce budget puisse être respecté.  Ce projet « semble ne pas être définitif, car il ne tient pas compte d’un certain nombre de besoins ».  Dans cette perspective, il a rappelé la nécessité de contenir la croissance budgétaire.  Pour économiser, « il est nécessaire de réduire les postes vacants depuis longtemps, d’éviter le recrutement de consultants et de limiter le nombre des voyages».


M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a salué le rôle du CCQAB qui depuis sa création le 13 février 1946 procède à un examen technique, critique et indépendant du projet de budget soumis par le Secrétaire général à l’Assemblée générale.  Il a noté que le Secrétaire général s’est écarté de la méthodologie habituelle telle que prescrite par les résolutions 41/213, 42/211, 47/212 et 58/269.  Si les 66e et 67e sessions de l’Assemblée générale n’ont pas actualisé les crédits en y incluant les montants découlant de l’inflation et des taux de change, compte tenu des difficultés conjoncturelles de nombreux pays, le représentant du Cameroun a estimé que cela ne devrait pas servir de prétexte au Secrétaire général pour déroger aux règles méthodologiques d’établissement du budget. 


Comme l’indique le CCQAB, M. Monthe a noté que la nouvelle base choisie par le Secrétaire général comporte des éléments qui n’ont pas été approuvés par l’Assemblée générale.  Il a donc souscrit à la recommandation de demander au Secrétaire général de revenir à l’orthodoxie méthodologique.


Il a rappelé que la méthodologie utilisée, dont le cadre offert par les résolutions 41/213 et 42/211, avait passé l’épreuve du temps, et demeurait pertinente pour ce qui est de la manière de gérer les dépenses supplémentaires découlant des nouveaux mandats et l’épineux problème de l’actualisation des coûts due à l’inflation et à la variation des taux de change.  Sur le même ton, il a rappelé que l’esquisse budgétaire représentait une estimation préliminaire et une base provisoire et non pas un plafond comme certains le prétendent aujourd’hui.  Le représentant a aussi souligné la pertinence du fonds de réserve, qui s’est révélé être un outil efficace pour faire face aux dépenses nouvelles.


S’agissant de l’inflation et des fluctuations des taux de change, M. Monthe a jugé tout aussi pertinent le mécanisme de leur actualisation.  Il a rappelé que toutes les études menées après les adoptions des résolutions 41/213 et 42/211 ont débouché sur des alternatives qui n’ont pu être mises en œuvre.  


S’agissant du contenu programmatique du budget, il a relevé des distorsions par rapport au texte figurant dans le plan-programme examiné par le Comité du programme et de la coordination (CPC).  Il a regretté que certains descriptifs de programme n’aient pas été soumis au processus intergouvernemental, ce qui pose la question de leur conformité avec les décisions prises par les organes délibérants et les règlements régissant la planification des programmes.


Le représentant a, à l’instar du CCQAB, dit craindre que les ressources et le temps n’aient pas été consacrés à l’initiative de la gestion du changement lancée par le Secrétaire général.  Il a rappelé que l’Assemblée générale par sa résolution 66/257 du 9 avril 2012, a demandé au Secrétaire général de lui soumettre un rapport complet sur cette initiative.  Il est préoccupant de constater que le Secrétaire général a d’ores et déjà intégré divers éléments du plan de gestion du changement dans ses propositions budgétaires contournant ainsi les recommandations de l’Assemblée générale.    


Quant aux gains d’efficacité, il a estimé que l’impact des réductions sur les programmes a été néfaste et qu’il n’était pas toujours certain que les gains obtenus seraient dirigés vers le Compte de développement.


Par ailleurs, il a regretté l’impact négatif de la suppression de  261 postes sur la pyramide des âges. Pour ce qui est du montant de 6 millions de dollars demandés au titre des activités de « continuité des opérations », il a jugé très pertinentes les remarques du CCQAB. 


S’agissant des ressources extrabudgétaires estimées à 14,1 milliards de dollars pour l’exercice 2014-2015, il a dit que leur rapport avec le budget ordinaire pose l’éternel problème de l’influence et de l’impact qu’elles ont sur les priorités fixées par les États Membres.  « Si l’on n’y prend garde, ces ressources risquent de changer les orientations et l’exécution du contenu programmatique du budget » a-t-il alerté.  Si ce phénomène se conjugue avec la base contractuelle assez instable des ressources humaines, les Nations Unies s’orienteraient vers une « gestion à la carte » au lieu d’une « gestion à la Charte » favorisant certains pays au détriment d’autres dans la gestion de structures, des ressources et des programmes.          


En ce qui concerne la cohérence de la nomenclature des services du Secrétariat, il a dit que les directives existantes doivent être systématiquement appliquées dans toutes les entités du Secrétariat et que les écarts à la règle doivent être justifiés de façon claire.


Il a rappelé que lorsque l’Assemblée générale adopte le budget, elle approuve explicitement les ressources financières, matérielles et humaines ventilées à travers les titres, les chapitres, les programmes et les sous-programmes.  Elle approuve aussi les structures administratives – Départements, Bureaux, Service, Divisions, Sections, Unités, etc.- qui se doivent d’être des plus cohérents, si elles veulent encadrer avec efficacité toutes les ressources et leur exécution.  Le projet de budget est le produit d’un processus à la fois administratif et intergouvernemental.


Le représentant a précisé que l’ensemble des observations et recommandations du CCQAB, en particulier le récapitulatif au paragraphe 150, ouvrent la voie et montre l’ampleur des négociations que les États Membres doivent engager pour permettre au Secrétaire général de disposer à compter du 1er janvier 2014 de l’ensemble des ressources matérielles, financières et humaines ainsi que des mesures et procédures administratives adéquates pour une gestion efficace de l’ONU pour les deux prochaines années.    


M. TINE MORCH SMITH (Norvège) a demandé qu’il y ait un équilibre entre les ressources allouées aux Nations Unies et les tâches que les États Membres lui confient.  Après avoir appelé l’Organisation à « trouver des moyens moins coûteux de s’assurer de ses mandats », il a dit apprécier qu’en décembre dernier, l’Assemblée générale se soit accordée sur un budget biennal 2014-2015 « qui présente une diminution nominale et réelle ».


S’il a dit apprécier les coupes budgétaires qui permettent de réduire les dépenses, il a cependant appelé à de la « stratégie ».  Les coupes ne doivent pas s’appliquer systématiquement à tous les programmes, a-t-il mis en garde. Autrement, « cela impliquerait par exemple que les sommes allouées aux questions des droits de l’homme, déjà bien modestes, soient disproportionnellement affectées ».  Il a aussi demandé que la procédure budgétaire soit simplifiée, pour la rendre plus efficace.  Elle doit fournir des orientations stratégiques, a-t-il voulu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale condamne pour la vingt-deuxième fois le blocus américain contre Cuba, décrété « à une époque où la majorité de la population actuelle n’était pas née »

AG/11445

L’Assemblée générale condamne pour la vingt-deuxième fois le blocus américain contre Cuba, décrété « à une époque où la majorité de la population actuelle n’était pas née »

29/10/2013
Assemblée généraleAG/11445
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Assemblée générale

Soixante-huitième session

38e & 39e séances plénières

matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONDAMNE POUR LA VINGT-DEUXIÈME FOIS LE BLOCUS AMÉRICAIN CONTRE CUBA,

DÉCRÉTÉ « À UNE ÉPOQUE OÙ LA MAJORITÉ DE LA POPULATION ACTUELLE N’ÉTAIT PAS NÉE  »


Pour la vingt-deuxième année consécutive, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui une résolution* sur « la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique », décrété après « un différend qui a vu le jour alors que la majorité de la population actuelle n’était même pas née », a dit le représentant de la Zambie.  Le texte a été présenté par le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Bruno Rodriguez Parilla, qui a affirmé que le blocus avait été encore renforcé sous la présidence de M. Barack Obama, « particulièrement dans le secteur financier ».


Adoptée par 188 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël et les abstentions des Palaos, des Îles Marshall et de la Micronésie, la résolution exprime la préoccupation de l’Assemblée générale face à l’adoption et à l’application de nouvelles mesures pour durcir et élargir le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba.  Elle « exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer » de telles mesures et « demande de nouveau instamment » à tous les États de faire le nécessaire pour les abroger ou pour en annuler l’effet dès que possible.


Le Ministre cubain des affaires étrangères a confirmé que le blocus a été renforcé sous la présidence de M. Barack Obama, particulièrement dans le secteur financier.  Les États-Unis, a-t-il expliqué, ont utilisé l’énorme capacité technologique de leur système d’espionnage massif, dénoncé récemment, pour persécuter et contrôler les transactions financières et les relations économiques de Cuba. 


Entre janvier 2009 et septembre 2013, les amendes imposées à 30 entités américaines et étrangères pour leurs relations avec Cuba ont atteint 2,446 milliards de dollars, a affirmé M. Bruno Rodriguez Parilla.  Le blocus économique s’est resserré et se ressent sur les conditions de vie des familles cubaines.


Le Ministre a affirmé que Cuba ne représente en aucun cas une menace à la sécurité de « la superpuissance américaine ».  Il a rappelé que son pays était disposé à établir un dialogue sérieux et constructif dans le respect de la pleine indépendance de Cuba.  La reprise récente de certaines discussions sur la migration, le rétablissement de services postaux directs ou les discussions sur la lutte contre la pollution maritime ou les recherches et secours en mer montrent que cela est possible.


Les États-Unis se sont, une nouvelle fois opposés à la résolution.  Leur représentant a expliqué cette position par une volonté d’appuyer le désir de la population cubaine de déterminer son propre avenir.  La politique de sanction est une « mesure d’encouragement » en faveur du respect des droits civils et humains.  Le représentant a affirmé qu’en 2012, plus de 2 milliards de dollars ont transité vers Cuba et que les États-Unis sont le plus grand fournisseur de produits alimentaires et agricoles de l’île.


Selon les époques, a ironisé le représentant de l’Argentine, les Gouvernements américains ont mis en avant, devant l’opinion publique, une variété d’arguments pour justifier le blocus, mais les documents des différentes administrations montrent la raison réelle de ce blocus: augmenter le désarroi du peuple cubain et transformer son désespoir en opposition au Gouvernement.  Le projet a échoué, a tranché le représentant.


Les autres intervenants ont tous condamné l’embargo comme contraire à la Charte et aux relations commerciales internationales et qui a eu pour effet de ralentir fortement le développement économique de Cuba.  Selon les chiffres cités par Cuba dans le rapport du Secrétaire général et repris par certains intervenants, le blocus aurait coûté depuis son origine, en 1960, 1 126 milliards de dollars à Cuba.


Les délégations ont également dénoncé la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton qui oblige le Gouvernement américain à prendre des sanctions contre les entreprises et personnes qui font du commerce avec Cuba.  Le représentant de l’Union européenne a ainsi rappelé que la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba était par essence une question bilatérale mais que les effets extraterritoriaux de la législation américaine sont « inacceptables ». 


Le représentant de la Zambie a argué que l’embargo n’a pas sa place dans ce XXI siècle, ni de rôle à jouer alors que la communauté internationale s’apprête à « préparer le terrain » du programme de développement pour l’après-2015.  Le moment est venu pour Cuba et les États-Unis de « se libérer » d’un différend qui a vu le jour pendant une époque révolue où la majorité de leur population actuelle n’était même pas née. 


Certains États ont voulu voir « une lumière au bout du tunnel » dans les relations entre les États-Unis et Cuba.  Ont ainsi été cités les assouplissements récents des États-Unis sur les transferts de fonds et les visites familiales à Cuba.


La prochaine réunion plénière de l’Assemblée générale aura lieu demain, mercredi 30 octobre à partir de 10 heures.  Elle sera consacrée à l’élection de membres du Conseil économique et social (ECOSOC) et du Comité du programme et de la coordination (CPC).



NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE


Rapport du Secrétaire général (A/68/116)


Déclarations


M. DMITRY MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) s’est félicité de la présence du Ministre des affaires étrangères de Cuba, avant de demander la levée immédiate de l’embargo qui perdure depuis de nombreuses années et malgré les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale.  Cet embargo « inacceptable » cause de nombreux dommages aux Cubains et à leur économie, a-t-il dénoncé, en mettant aussi en garde contre le fait qu’au plan des relations internationales, il favorise les confrontations.  Le Parlement de la Fédération de Russie, a souligné le représentant, a dûment condamné l’embargo.


M. PETER THOMSON (Fidji) au nom du Groupe des 77 et la Chine, a exprimé la profonde préoccupation du Groupe face au blocus imposé depuis plus d’un demi-siècle à Cuba, un blocus contraire aux principes de la Charte et au droit international, y compris le droit international humanitaire.  Ce blocus est un grave obstacle au développement socioéconomique de Cuba et a des conséquences graves pour le peuple cubain.  Les mesures imposées par les États-Unis, de manière extraterritoriale, ont une incidence négative sur la coopération régionale, a-t-il ajouté, avant d’appeler de nouveau les États-Unis à y mettre fin.  L’année dernière, a-t-il rappelé, 188 États Membres ont voté en faveur de la résolution présentée par Cuba, soit une majorité « écrasante ».  Le Groupe des 77 et la Chine appuiera cette année encore la résolution.


M. JORGE MONTAÑO (Mexique) a rappelé que depuis 20 ans, son pays a dénoncé l’embargo américain contre Cuba et s’oppose à toutes mesures de coercitions qui ne s’appuient pas sur le droit.  Pour autant, il s’est félicité des progrès que Cuba a faits dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en dépit de l’embargo.  Cette situation nuit au progrès de Cuba, a compati le représentant qui a ajouté que tout type de sanctions contre un État Membre doit être fondé sur des résolutions du Conseil de sécurité.


Le Mexique, a-t-il dit, préconise des relations de confiance entre les États.  Lors de sa récente visite à Cuba, le Ministre des affaires étrangères du Mexique a reconnu et salué les efforts de Cuba, notamment en matière économique.  Aujourd’hui, le représentant a donc dénoncé l’isolement politique et économique de Cuba imposé par les États-Unis, et a demandé l’intégration de Cuba dans les organisations régionales afin de soutenir ses progrès.  Le Mexique votera pour la résolution pour rejeter cet embargo « lamentable » et en vigueur depuis plus de 50 ans, a conclu le représentant.


M. EDUARDO GÁLVEZ (Chili), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a rappelé que, depuis 1992, l’Assemblée générale adopte chaque année une résolution qui demande la fin de l’embargo commercial et économique imposé par les États-Unis à Cuba.  Depuis 21 ans, l’organe le plus démocratique et le plus représentatif du système des Nations Unies, l’Assemblée générale, renouvelle cette demande.  En 2012, l’Assemblée générale a ainsi adopté à une majorité écrasante la résolution 67/4.  Aujourd’hui, nous examinons de nouveau la même question.  La CELAC, a dit le représentant, estime que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba est contraire à la lettre, à l’esprit et aux buts de la Charte ainsi qu’au droit international.  Les États Membres doivent aligner leur comportement national et international sur les principes et obligations de la Charte.  La CELAC rappelle certains de ces principes: l’égalité souveraine des États, la non-intervention et la non-ingérence dans les affaires intérieures, la liberté du commerce et de navigation et le principe de règlement pacifique des différends.


Or aujourd’hui, a dénoncé le représentant, l’embargo imposé en 1959 s’est transformé en un système strict de mesures unilatérales qui causent de grandes pertes économiques au peuple cubain.  La CELAC exprime sa vive préoccupation face au renforcement de la dimension extraterritoriale de l’embargo, notamment la loi Helms-Burton, et face à cette manière de contrer par tous les moyens les transactions financières de Cuba, ce qui va à l’encontre de la volonté politique de la communauté internationale.  Lors de son dernier Sommet, en janvier 2013, la CELAC a demandé la levée du blocus et la fin de l’application de la loi Helms-Burton.  La CELAC, a souligné le représentant, appuie la résolution présentée aujourd’hui, insiste sur l’incohérence des mesures unilatérales coercitives qui ne sont pas conformes au droit international et aux principes de la Charte, et demande le respect de la souveraineté de Cuba.


M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) intervenant au nom du Mouvement des non-alignés, a fait observer qu’une majorité écrasante d’États Membres réclame la levée du blocus imposé à Cuba.  Il a dit être préoccupé par la multiplication des mesures extraterritoriales et par les mesures qui viennent d’être prises pour resserrer encore l’embargo.  Les sanctions imposées par les États-Unis représentent un embargo extraterritorial qui entrave les relations entre Cuba et les autres États, et nuit aux relations commerciales internationales.  Ces initiatives sont caractéristiques d’une époque où l’anarchie prévalait, a-t-il lancé, avant d’appeler les États-Unis à respecter les dispositions des 21 résolutions adoptées, année après année, par l’Assemblée générale.


M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que l’Assemblée générale a adopté depuis plus de 20 ans des résolutions contre l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba.  Malheureusement, elles n’ont jamais été mises en œuvre, a regretté le représentant, et l’embargo continue de causer inutilement du tort à Cuba et à son peuple.  Dans le monde d’aujourd’hui, a encore ajouté le représentant, le dialogue et les négociations restent le seul moyen de résoudre de manière pacifique les différends entre les États.  À ce titre, l’Afrique espère que les États-Unis mettront fin à cet embargo.  Elle espère aussi que les relations entre les deux pays s’en trouveront améliorées de façon significative.  Une telle éventualité contribuera à promouvoir la stabilité et le développement dans la région, a justifié le représentant qui a tenu à rappeler que le 26 mai 2013, les dirigeants africains ont demandé au Gouvernement des États-Unis de lever l’embargo.  Les États-Unis devront entendre cette position pour créer un nouveau chapitre dans leurs relations avec Cuba, a-t-il plaidé. 


M. ROBLE OLHAYE (Djibouti), intervenant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a insisté sur le fait que les mesures unilatérales qui sont appliquées dans le cadre de l’embargo imposé à Cuba ont un effet délétère sur de nombreuses entreprises qui entretiennent des liens commerciaux avec Cuba, en vertu du droit international.  Cette situation, a-t-il ajouté, a un grave impact économique et commercial pour ce pays.  La normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba n’a que trop tardé et la situation actuelle est « intenable ».  L’embargo, a insisté le représentant, est un anachronisme qui ne saurait se justifier, tant sur le plan politique que sur le plan moral, et encore moins dans le contexte de la coopération internationale.


M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), s’exprimant d’abord au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a estimé que le blocus contre Cuba viole les principes de la Charte et le droit international et constitue une violation du droit à la paix, à la sécurité et au développement des États souverains.  Le blocus est aussi contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il limite et retarde les progrès économiques et sociaux, y compris la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le MERCOSUR rejette par principe les mesures unilatérales et leurs effets extraterritoriaux et condamne les mesures de coercition.  Le MERCOSUR réaffirme son attachement au multilatéralisme et son soutien à la résolution.


Reprenant son rôle de représentant du Venezuela, il a condamné le blocus, ajoutant que ses effets extraterritoriaux violent le droit commercial international.  Ce blocus illégal n’a pas empêché la solidarité entre les peuples et notamment avec le peuple du Venezuela, s’est-il réjoui.  Cuba et le Venezuela ont conclu, il y a 13 ans, un accord dans le domaine de la santé qui a contribué à améliorer les services de santé vénézuéliens.  Le Venezuela juge particulièrement « inique » le fait que le Gouvernement des États-Unis châtie le peuple cubain pour faire plier son Gouvernement.  Doutant que ce soit là la volonté du peuple nord-américain, le représentant a dit souscrire « avec enthousiasme » à la résolution.


M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-et-Nevis) intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que la sécurité et le rythme de redressement de Cuba sont gravement mis à mal par les effets directs et indirects de l’embargo.  Compte tenu de la générosité de Cuba envers d’autres États qui se trouvaient dans le besoin, l’application unilatérale de l’embargo est particulièrement détestable, a-t-il dit.  Le représentant a salué le fait qu’en dépit de ces défis, Cuba continue d’être un partenaire et un acteur régional et international important.  Il s’est félicité des programmes de coopération élaborés avec Cuba au sein de la CARICOM, qui porte sur les sciences naturelles et la médecine, par exemple.  M. Bart a également fait savoir que Cuba a construit de nombreux hôpitaux dans les Caraïbes et que des étudiants de la région ont pu être inscrits gratuitement dans les universités cubaines.  Il a appelé la communauté internationale à réclamer la levée de l’embargo.


M. MOHAMMED ADEEB (Inde) a aussi rappelé que c’est la vingt-deuxième fois que l’Assemblée générale délibère sur l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis.  Toutes ces années, l’Assemblée générale a rejeté l’imposition de lois et règles ayant un impact extraterritorial et toutes formes de mesures coercitives qui hypothèquent le progrès et la prospérité d’autres peuples dans le monde.  Le représentant a regretté que ces appels et recommandations ne fussent pas suivis d’effets.  Un tel mépris de la volonté de la communauté internationale porte un coup à la crédibilité des Nations Unies et affaiblit le multilatéralisme, a-t-il dénoncé. 


L’Inde rejette catégoriquement l’imposition de lois nationales à effet extraterritorial, a précisé le représentant d’autant que l’embargo imposé à Cuba a causé d’immenses souffrances au peuple cubain alors qu’il s’agit d’une violation de la souveraineté d’un État, une violation de son droit au développement, de sa liberté d’entreprendre et de naviguer.  Le caractère extraterritorial de cet embargo a découragé les investissements, le transfert de technologies et toutes autres formes de coopération entre Cuba et les pays tiers, a dénoncé le représentant.  Il a ajouté que diverses organisations internationales comme la FAO, le PNUD ou encore la CARICOM ont souligné les impacts négatifs de cet embargo.  Les différends entre pays, a-t-il tancé, doivent être résolus par le dialogue et les négociations, dans le respect des principes d’indépendance et de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internes des États.     


M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a fait savoir que la Constitution de son pays condamne l’ingérence dans les affaires intérieures d’un État, avant de rejeté la loi Helms-Burton, « essence même du blocus immoral contre la République sœur de Cuba ».  Il s’est dit troublé de constater que l’on débat du programme de développement pour l’après-2015, dans le contexte d’un blocus aux effets délétères sur l’économie cubaine.  Il a fait part de sa frustration de voir que les États-Unis restent sourds à un appel lancé, tous les ans, depuis 22 ans.


M. MOOTAZ AHMADEIN KHALIL (Égypte), a affirmé que les États-Unis violent depuis 53 ans l’« objectif noble » des Nations Unies en imposant un embargo unilatéral à l’encontre de Cuba.  Il a dit être troublé de constater que malgré le rejet quasi unanime de l’embargo par les États Membres, « ses vis continuent d’être serrées ».  Le représentant a insisté sur les dommages causés par l’embargo à l’économie cubaine.  M. Khalil a regretté que les paroles encourageantes de l’administration américaine n’aient pas été traduites en actions.  « Termina el bloqueo ahora », a-t-il lancé en espagnol.


M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a dénoncé le fait que les États-Unis imposent de manière unilatérale un embargo injuste et illégitime à Cuba et s’est inquiété de son impact sur, entre autres, le développement, la santé et les investissements étrangers.  Le représentant a affirmé que le maintien de ce blocus illustre le comportement des États-Unis dans le monde et a vivement dénoncé « cette plaie ouverte qui défigure la famille de l’humanité toute entière », en violant notamment le principe de souveraineté.  Il a brandi une copie de l’ensemble des résolutions réclamant la levée de l’embargo, en promettant que sa délégation votera une fois de plus pour y mettre fin. « Que viva Cuba! », a-t-il lancé, avant de conclure.


M. WANG MIN (Chine) a rappelé à son tour que depuis 22 ans, l’Assemblée générale a adopté des résolutions contre cet embargo.  Malheureusement, ces résolutions n’ont jamais été mises en œuvre et les États-Unis continuent de prendre des mesures contre Cuba, a dénoncé le représentant.  Les chiffres sont pourtant éloquents, a-t-il expliqué, puisqu’en avril 2013, l’embargo a causé une perte économique directe de 1,175 milliard de dollars à Cuba.  Il est clair que cet embargo est un obstacle au développement économique qui l’empêche Cuba de réaliser les OMD.  L’embargo viole aussi les droits de l’homme de Cuba, notamment le droit à l’éducation et à la santé et a des impacts négatifs sur les relations entre Cuba et les pays tiers, a poursuivi le représentant pour qui il s’agit d’une violation flagrante des valeurs de la Charte des Nations Unies.  Il a indiqué que le Gouvernement chinois est opposé à toute sanction unilatérale contre des pays tiers.  Respectueux du droit international et des résolutions de l’Assemblée générale, la Chine et Cuba ont maintenu des relations commerciales et économiques, a dit le représentant, qui a rappelé que le dialogue et les négociations restent les seules voies pour résoudre les différends.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a affirmé que le maintien de l’embargo contre Cuba viole le principe de l’égalité souveraine entre États.  Ces sanctions ont eu un impact indirect sur les pays qui entretiennent des liens économiques et commerciaux avec Cuba.  Leur impact délétère sur les plans économique, commercial et financier ne saurait être justifié du point de vue humanitaire, a estimé M. Percaya, avant de souligner que le moment est venu de transformer les relations entre les deux parties en un dialogue constructif.   Alors que le climat international est marqué par la coopération, a-t-il ajouté, l’embargo est devenu une politique anachronique.  Il faut le lever immédiatement, a-t-il martelé. 


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a réitéré le fait que l’adoption quasi unanime et annuelle par l’Assemblée générale de résolutions contre l’embargo imposé à Cuba, reflète la profonde détermination de la communauté internationale à mettre fin à cette situation.  À travers ces résolutions, la communauté internationale réaffirme que Cuba a le droit à la liberté de commercer et d’échanger avec d’autres partenaires.  Pour sa part, l’Algérie a toujours condamné cet embargo qui contredit les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a dénoncé les effets négatifs de l’embargo sur le peuple et sur le développement de Cuba.  Il a rappelé la position du Mouvement des non-alignés et du Groupe des 77 et de la Chine contre cet embargo. 


M. WALUBITA IMAKANDO (Zambie) a dit être préoccupé par le fait que l’Assemblée générale débat depuis plus de 20 ans d’une question qui jouit d’une majorité écrasante.  L’embargo n’a pas sa place dans ce XXIe siècle, ni de rôle à jouer alors que la communauté internationale s’apprête à « préparer le terrain » du programme de développement pour l’après-2015.  Le moment est venu pour Cuba et les États-Unis de « se libérer » d’un différend qui a vu le jour pendant une époque révolue où la majorité de leur population actuelle n’était même pas née. 


M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) a constaté que l’embargo imposé à Cuba a eu des implications significatives sur les relations internationales et les principes fondamentaux de la Charte.  Il a insisté sur la nécessité de résoudre les différends entre les États par le dialogue et les négociations.  Il a également évoqué les « dégâts énormes » causés par l’embargo au développement socioéconomique de Cuba et au bien-être de sa population, les femmes et les enfants en particulier.  Il a estimé que cet obstacle doit être retiré dans ce contexte de promotion des OMD. 


M. ANTONIO PATRIOTA (Brésil) a réaffirmé son opposition à l’embargo et à l’application de lois nationales à effet extraterritorial.  En tant que pays fondateur de l’ONU, le Brésil exhorte les gouvernements à rester attachés à la démocratie et aux valeurs de la Charte dans les relations internationales.  L’impact de cet embargo est « inacceptable » car il fait aussi des victimes humaines, a expliqué le représentant qui a dénoncé le fait que son pays avait dû attendre l’autorisation des États-Unis pour débloquer une aide de 100 000 dollars aux Cubains après le passage de la tempête Sandy, l’année dernière.  Il a souligné « le consensus » qui existe en Amérique latine et dans les Caraïbes sur le fait qu’« il n’y a pas d’Amérique sans Cuba ». 


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a réaffirmé la nécessité de mettre fin à cet embargo car il est « inacceptable » qu’au XXIe siècle, une décision unilatérale prive d’autres pays de jouir des libertés fondamentales et d’exercer librement leurs droits politiques, économiques et commerciaux.  L’Angola dénonce le fait que l’embargo perdure après les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale.  Cet embargo est une manifestation claire du manque de volonté politique.  Il est « anachronique et inamical ».    


M. MANIEMAGEN GOVENDER (Afrique du Sud) a affirmé que le maintien du blocus est un mépris du droit international et qu’il va à l’encontre des principes de la Charte.  Il a vu dans ce maintien une tentative d’empêcher Cuba de décider librement de son système de gouvernement politique.  Il s’est inquiété du fait que le blocus freine le développement économique et les activités commerciales de Cuba, faisant notamment observer que de nombreuses entreprises hésitent à tisser des liens commerciaux avec Cuba par crainte de souffrir des représailles.


Présentant le projet de résolution A/68/L.6, M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA, Ministres des affaires étrangères de Cuba, a illustré le blocus par les contraintes imposées à la fourniture de quelque équipement que ce soit au Centre William Soler de La Havane, spécialisé en cardiologie et en cardiochirurgie pédiatrique.  Un long questionnaire est imposé pour s’assurer que le matériel ne servira pas à la production d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou encore de missiles.  En conséquence, les enfants cubains sont privés de la technologie « Amplatzer », des médicaments contre les insuffisances cardiaques ou des antibiotiques de dernière génération.  Les enfants sont donc condamnés à subir des opérations thoraciques qui auraient pu être évitées.  Les 102 enfants qui souffrent d’hypertension pulmonaire n’ont pas accès à l’oxyde nitrique, l’une des meilleures thérapies disponibles.  Le Ministre a donné plusieurs autres exemples d’hôpitaux qui ne peuvent acheter ni remplacer certains équipements.


Les dommages causés par le blocus sont « incalculables », a affirmé le Ministre, qui a rappelé que le blocus est qualifié d’acte de génocide dans la Convention de 1948 sur le génocide et d’acte de guerre dans la Déclaration de 1909 sur le droit de la guerre maritime.  Il a également accusé le Département d’État américain de mentir et de manipuler les données sur les transferts de fonds et les dons limités des ONG à Cuba.  Les États-Unis entravent l’aide, tout en se présentant comme un pourvoyeur d’aide humanitaire à la nation cubaine.  En fait, 50 ans plus tard, le Gouvernement des États-Unis continue d’appliquer une politique définie par un mémorandum de 1960 qui vise à affaiblir l’économie cubaine et à aliéner ainsi le soutien du peuple cubain à ses dirigeants.  Cette constance a quelque chose « d’extraordinaire et de barbare ».


Les dégâts accumulés depuis plus d’un demi-siècle, atteignent 1 126 milliards de dollars, a affirmé M. Parilla, qui a énuméré les résultats obtenus malgré tout par Cuba en matière d’éradication de la faim et de la pauvreté, ou encore dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Il a ajouté que les mêmes progrès s’appliquent à la promotion de la femme, au consensus social ou à la démocratie participative, à la lutte contre la détérioration de l’environnement et à la coopération internationale avec une centaine d’États dans le monde.


Ce blocus a été encore renforcé sous la présidence de M. Barack Obama, particulièrement dans le secteur financier, a déclaré M. Parilla, qui a ajouté que les États-Unis avaient utilisé l’énorme capacité technologique de leur système d’espionnage massif, dénoncé récemment, pour persécuter et contrôler les transactions financières et les relations économiques de Cuba.  Entre janvier 2009 et septembre 2013, les amendes imposées à 30 entités américaines et étrangères pour leurs relations avec Cuba ont atteint 2,446 milliards de dollars, a affirmé M. Parilla.  Le blocus économique s’est resserré et se ressent sur les conditions de vie des familles cubaines.


Notre petite île ne présente aucune menace à la sécurité nationale d’une superpuissance, a affirmé le Ministre.  Pourquoi alors les Nord-Américains ne peuvent-ils avoir accès à des produits cubains de première qualité? Pourquoi les hommes d’affaires américains n’ont-ils pas accès aux opportunités économiques que présente Cuba?  Il ne s’agit pas là d’une question bilatérale, a affirmé M. Parilla, qui a rappelé la nature extraterritoriale du blocus unilatéral, auquel il doit être mis fin unilatéralement.  Certes, les États-Unis ont autorisé sur certains échanges mais ils restent très limités et les citoyens américains ne peuvent pas se rendre à Cuba.  L’émigration cubaine reste l’objet de fortes restrictions aux États-Unis, qui continuent en revanche à encourager une émigration illégale et peu sûre et la contrebande, qui provoque des pertes en vies humaines.  Les flux d’informations sont très limités, a encore dénoncé le Ministre qui a qualifié d’« inculte » le blocus américain.


Le Président Obama, a-t-il dit, pourrait utiliser ses grands pouvoirs constitutionnels sans même passer par le Congrès, pour pratiquer une politique de changement.  N’a-t-il pas été élu pour pratiquer une telle politique, plutôt que de continuer une politique qui échoue depuis 50 ans? s’est interrogé le Ministre.  Pourquoi ne pas accepter Cuba comme une nation souveraine et indépendante et renoncer de manière pragmatique à une obsession idéologique?  M. Parilla n’a pas manqué d’accuser les États-Unis d’abriter le terroriste Luis Posada Carriles tout en maintenant en prison cinq Cubains « combattants antiterroristes » qui pourraient être libérés dans le cadre d’un geste humanitaire.


Les bases de la politique américaine contre Cuba restent ancrées dans la guerre froide.  Certes, il existe de grandes différences entre nos Gouvernements mais la seule manière civilisée de procéder consisterait à nous reconnaître comme des États différents mais voisins, a déclaré M. Parilla.  Le Ministre a rappelé la disposition de son pays à établir un dialogue « sérieux et constructif » dans le respect de la pleine indépendance de Cuba et du droit de son peuple à choisir son modèle politique et économique.  La récente reprise des discussions sur la migration, le rétablissement d’un service postal direct et le développement de contacts sur d’autres questions d’intérêt commun comme la lutte contre les marées noires et les opérations de recherche et de secours en mer témoignent que de telles relations sont possibles et utiles.  Le Ministre a conclu en demandant aux États de voter pour la résolution.


Explications de vote


Le représentant des États-Unis a assuré que son gouvernement appuie le désir de la population cubaine de déterminer son propre avenir et a accusé le Gouvernement cubain d’entraver cette aspiration.  Il a expliqué que la politique de sanctions qui est appliquée par les États-Unis est une « mesure d’encouragement » en faveur du respect des droits civils et humains.  Il a appelé les États Membres qui appuient le peuple cubain à s’opposer à la résolution.


Le représentant a argué que les citoyens américains qui se rendent à Cuba pour des « raisons justifiées » sont les meilleurs ambassadeurs des idéaux démocratiques des États-Unis.  Il a accusé le Gouvernement cubain de se servir de la résolution comme excuse pour justifier la situation économique actuelle de l’île alors que celle-ci, a-t-il soutenu, est le résultat des politiques économiques que le régime cubain met en œuvre depuis plus d’une demi-siècle.  Des politiques qui ont créé « un des systèmes économiques les plus fermés au monde ».  Il est insensé de penser que l’économie de Cuba puisse éclore sans respect des droits de priorité intellectuelle, sans accès à l’Internet et sans des mesures macroéconomiques saines, a-t-il ajouté.


Le représentant a fait savoir qu’en 2012, plus de 2 milliards de dollars et plus ont transité vers Cuba.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont le plus grand fournisseur de produits alimentaires et agricoles de l’île où ils ont exporté 465 millions de dollars de produits agricoles et d’équipements médicaux, y compris l’aide humanitaire.  Le Gouvernement cubain a lui-même reconnu que les États-Unis sont un de ses principaux partenaires commerciaux, a-t-il ajouté, avant de se féliciter du fait que les entreprises américaines sont en première ligne pour coopérer avec Cuba « tout en respectant le programme de sanctions de leur Gouvernement ».


Le représentant a insisté sur l’importance pour la population cubaine de recevoir des informations librement et appuyé l’aspiration de cette dernière à naviguer sur Internet.  Or, le Gouvernement cubain continue d’imposer sa politique d’isolement, en rejetant la faute sur le blocus.


Le représentant a réclamé la libération de l’Américain Alan Gross qui a été, a-t-il expliqué, condamné par les autorités cubaines à 15 ans de prison pour avoir cherché à faciliter l’accès de la « petite communauté juive de Cuba » à Internet.  Le représentant a aussi condamné le fait que le Gouvernement cubain entrave toute forme de journalisme indépendant et qu’il empêche, « malgré l’adoption récente de certaines réformes », certains citoyens cubains de quitter le territoire.  Il a aussi dénoncé la violence policière à l’encontre des « Dames en blanc » qui manifestent pour la libération des prisonniers politiques.  Cette résolution, a-t-il enchaîné, ne sert qu’à détourner l’attention des véritables problèmes auxquels fait face la population cubaine et c’est pour cette raison que les États-Unis s’y opposeront.


La représentante du Nicaragua a salué l’intervention du Ministre des affaires étrangères de Cuba sur un embargo qui est le principal obstacle au développement de Cuba et qui cause des dommages sur tous les aspects de la vie des Cubains.  Nous ne comprenons pas l’insistance des États-Unis à poursuivre cette politique, s’est-elle étonnée.  Il s’agit d’une politique indéfendable et immorale.  Chaque jour, a-t-elle insisté, des ONG, des chercheurs et autres dans toute l’Amérique, y compris aux États-Unis, demandent la levée de cet embargo.   Les États-Unis ne feront jamais plier le peuple de Cuba, a prévenu la représentante, en espérant que l’administration américaine réexamine sa position, ce qui devrait conduire à la restitution des territoires occupés de Guantanamo et à la libération des cinq Cubains.  Ici, a-t-elle tranché, les États-Unis n’ont aucun allié et apparaissent comme l’obstacle à une résolution de l’Assemblée générale.     


La représentante de la Lituanie, au nom de l’Union européenne, a déclaré que la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba est par essence une question bilatérale.  Néanmoins, la législation des États-Unis, notamment la loi de 1992 sur la démocratie à Cuba et la loi Helms-Burton de 1996, ont étendu les effets de l’embargo américain à des parties tierces.  L’Union européenne s’est toujours opposée à cette dimension extraterritoriale.  Elle apprécie la décision du Gouvernement des États-Unis de lever les restrictions sur les transferts d’argent et les voyages familiaux vers Cuba mais ne peut accepter que des mesures imposées unilatéralement entravent ses relations commerciales avec Cuba.  À cette fin, le Conseil des ministres de l’Union européenne a adopté en 1996 une action commune pour protéger les intérêts des personnes physiques ou morales résidant en Europe contre les conséquences de la législation américaine. 


La politique commune de l’Union européenne envers Cuba a été décidée en 1996, a souligné la représentante.  L’Union européenne a levé ses mesures restrictives contre Cuba et a repris sans condition le dialogue avec La Havane.  L’Union européenne réitère son appel à Cuba pour qu’il accorde à ses propres citoyens les droits et libertés politiques, économiques, sociaux et culturels internationalement reconnus et pour qu’il ratifie les deux Pactes des Nations Unies sur les droits civils et politiques et sur les droits économiques, sociaux et culturels.  Après la visite du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, l’Union européenne appelle Cuba à inviter d’autres rapporteurs spéciaux.


L’Union européenne, a poursuivi la représentante, salue l’adoption d’une nouvelle loi sur la migration comme un pas important du Gouvernement cubain en faveur de la liberté de mouvement.  Elle estime que les restrictions encore imposées par le Gouvernement de Cuba à sa population sapent les succès du pays en matière d’éducation et de santé.  De même, la politique économique de Cuba nuit gravement à son propre développement.  L’Union européenne espère que la série de réformes économiques et sociales adoptées en 2011 par Cuba sera étendue et appliquée de manière à répondre aux problèmes de la population.  L’embargo imposé par les États-Unis contribue aux difficultés du peuple cubain et sa levée faciliterait l’ouverture de l’économie cubaine pour l’intérêt du peuple cubain, a souligné la représentante.  L’Union européenne réitère son rejet de toute mesure unilatérale dirigée contre Cuba contraire aux règles communément acceptées du commerce international.  C’est pourquoi, malgré toutes ses préoccupations relatives à la situation des droits de l’homme à Cuba, l’Union européenne a appuyé la résolution.


La représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines a rappelé que lors de son premier discours à l’ONU, en 2009, le Président Obama avait notamment affirmé qu’aucune nation ne devait chercher à dominer une autre et que les clivages de la guerre froide ne font plus sens.  Elle a également fait observer que la résolution qui réclame la levée de l’embargo jouit d’un appui quasi unanime depuis des années et qu’il n’existe aucun autre exemple où la communauté internationale s’est exprimée d’une manière aussi « accablante et constante ».  Elle a formulé l’espoir que l’esprit et l’action des États-Unis changeront.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit que cet embargo imposé à Cuba est un legs de la guerre froide pour renverser le système social de Cuba et le transformer en arrière-cour des États-Unis.  Non content de l’embargo, le Congrès américain a voté une loi pénalisant les pays ayant des relations avec Cuba, a rappelé le représentant, alors qu’il s’agit pourtant d’une violation des principes de la Charte des Nations Unies.  La levée de l’embargo est une exigence unanime des États Membres, a-t-il réitéré, avant de condamner les États-Unis et d’exiger l’application immédiate de la résolution. 


Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a déclaré que les sanctions imposées contre Cuba et son peuple depuis plus de 50 ans n’ont pas eu les effets escomptés.  C’est pourquoi la Tanzanie appelle ses amis des États-Unis à y mettre fin.  Les seuls effets évidents de 50 ans de sanctions ont été de priver les Cubains de leurs droits élémentaires au développement et au bonheur.  La levée des sanctions aurait des effets positifs évidents tant pour Cuba que pour les États-Unis.  La Tanzanie voit toutefois une lumière au bout du tunnel et est encouragée par les mesures prises par les États-Unis depuis 2009, telles que la levée des restrictions aux voyages familiaux et aux transferts de fonds vers Cuba ou encore l’augmentation des exportations à caractère humanitaire.  Comme l’a dit le Président George W. Bush en 2002, le commerce est le meilleur moyen d’encourager des sociétés plus ouvertes.  Mettre fin à l’embargo américain contre Cuba constituerait une grande victoire pour les valeurs que nous cherchons à renforcer ensemble et qui sont inscrites dans la Charte des Nations Unies.


La représentante de l’Argentine a expliqué le vote positif de son pays comme la réaffirmation du refus d’une mesure unilatérale illégale et illégitime.  Le blocus a bien un objectif politique à l’encontre de Cuba et du libre choix de son Gouvernement.  Les Gouvernements américains ont, selon les époques, mis en avant, devant l’opinion publique, une variété d’arguments pour justifier le blocus, mais les documents des différentes administrations américaines montrent la raison réelle de ce blocus: augmenter le désarroi du peuple cubain et transformer son désespoir en opposition au Gouvernement.  Le projet a échoué, a tranché la représentante et le blocus n’a fait que multiplier les différends.  Il est contraire au droit international et à la Charte et empêche un peuple libre d’avoir accès à un minimum de biens.  L’exercice disproportionné du pouvoir économique d’une nation contre une nation plus faible est incompatible avec le libre échange.  Cuba souffre d’une agression unilatérale et il revient au multilatéralisme de défendre la démocratie réelle.  La liberté n’est pas seulement celle du marché, a dit la représentante en réaffirmant sa solidarité avec Cuba et en appuyant la résolution.


Le représentant des Îles Salomon a déclaré que, ces 22 dernières années, le monde a appelé les États-Unis à mettre fin au blocus contre Cuba, qui a entravé le développement économique.  Le monde change vite, respectons le droit de chaque État à adopter son propre système politique et débarrassons-nous de l’unilatéralisme, a-t-il dit.  Les Îles Salomon continuent de développer leurs relations tant avec les États-Unis qu’avec Cuba et en appellent à la pleine mise en œuvre de la résolution adoptée aujourd’hui.


Le représentant du Bélarus a déclaré que la grande majorité des États viennent aujourd’hui encore d’envoyer un message clair pour la levée du blocus qui ne participe pas d’une manière civilisée de régler les problèmes dans les relations internationales.  Le Bélarus est favorable au droit inaliénable des peuples de définir leur propre mode de développement et les pressions d’un État pour les obliger à changer ce mode sont tout simplement « inacceptables ».  Le Bélarus est fier de soutenir le peuple frère de Cuba et de voter pour la résolution.


Le représentant du Zimbabwe a fait part de la profonde préoccupation que lui inspire le maintien de l’embargo qui entrave le droit de Cuba au développement.  Toutes les explications justifiant son maintien sont « indéfendables et hypocrites », a-t-il tranché, en dénonçant les tentatives d’imposer des sanctions aux pays en développement qui, a-t-il affirmé, cherchent à établir leurs propres stratégies de développement.  Cet embargo est en outre contraire aux règles commerciales multilatérales.


Son homologue de la République arabe syrienne a vu dans l’embargo un précédent « inacceptable » qui place les États-Unis en opposition directe avec l’appel universel à sa levée.  Il a dénoncé le fait que l’embargo ait entrainé plus de 1 000 milliards de dollars de pertes pour Cuba.  Il a vu dans le fait qu’Israël ait voté contre cette résolution, la preuve que ce dernier ne respecte pas le droit international.  Il a condamné les mesures coercitives qui ont été imposées par les États-Unis et l’Union européenne au peuple syrien et a affirmé que c’était là une violation collective des droits de ce peuple.


La représentante d’El Salvador a expliqué son vote positif par le fait que le blocus est un vestige du passé.  Le peuple frère de Cuba a le droit, comme tous les peuples du monde, à un développement économique et social servi par une pleine intégration dans la communauté internationale.  La portée extraterritoriale de la loi américaine outrepasse les principes des relations commerciales internationales, ceux de la Charte et de nombreuses autres organisations internationales.  La cause cubaine est une cause juste et l’anachronisme du XX siècle que représente le blocus doit disparaître.


Le représentant du Myanmar a déclaré que son pays s’était toujours efforcé de promouvoir l’intégrité territoriale et l’égalité souveraine des États.  Le Myanmar, qui a subi dans le passé des pressions comparables à celles que continue de subir Cuba, est opposé aux pressions économiques exercées sur un État membre du Groupe des 77 et la Chine, pour concrétiser des visées politiques.  Le dialogue est indispensable pour la compréhension mutuelle entre les peuples et c’est pour cette raison que le Myanmar a voté en faveur de la résolution. 


Le représentant de la République démocratique populaire lao a souligné que le blocus est une violation du droit international et du droit d’un État souverain à la paix, au développement et à la sécurité.  Il a estimé que n’importe quel État Membre doit pouvoir participer librement au système économique et commercial international et choisir son propre système politique et de développement.  Cuba doit recouvrer son droit légitime de participer à l’économie mondiale, a-t-il insisté.


Le représentant du Soudan a souligné que l’organe le plus représentatif des Nations Unies n’a cessé de demander la levée du blocus unilatérale.  Il a déploré que cet appel soit vain et a rappelé que son pays est également victime d’un blocus unilatéral imposé par les États-Unis qui, a-t-il avancé, ont alimenté le conflit au Soudan.  Dans le cadre d’un embargo, tout est hors de portée, que ce soit les ressources ou les pièces détachées.  Le représentant a appelé le Secrétaire général à rejeter toutes mesures susceptibles de compromettre les relations internationales, soulignant que l’embargo empêche aussi des chefs d’État de prendre part aux travaux de l’ONU, faute de visas.


Le représentant de l’Uruguay a réclamé la levée des mesures unilatérales coercitives, y voyant une forme de pression pour qu’il n’y ait pas de dialogue entre les parties.


Droit de réponse


Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a accusé le représentant américain de mentir quand il prétend que les États-Unis, par leurs sanctions, veulent promouvoir les droits de l’homme à Cuba.  Il a répété que le blocus constitue un acte de génocide et a nié aux États-Unis tout droit moral de s’ériger en accusateur.  Les États-Unis recourent à la torture et aux assassinats par les drones.  Ils ont torpillé la Commission des droits de l’homme et boycottent aujourd’hui le Conseil des droits de l’homme.  Les États-Unis, a encore accusé le Ministre, mentent quand ils prétendent fournir du matériel médical à Cuba.  Où sont les preuves? Car, si était vrai, a dit le Ministre, pourquoi les États-Unis empêchent-ils les livraisons de matériel médical à Cuba et pourquoi entravent-ils le droit à l’information?  Les États-Unis, a insisté le Ministre, mentent quand ils prétendent fournir une assistance humanitaire à Cuba, alors qu’il s’agit d’activités de subversion de l’USAID.  La vraie aide humanitaire est entravée.  Les États-Unis, a conclu le Ministre, empêchent leurs ressortissants de se rendre à Cuba.  Ils préfèrent y envoyer des saboteurs.  Les choix économiques relèvent de la souveraineté de Cuba et ce qu’en pense le Gouvernement des États-Unis ne nous intéresse pas, a tranché le Ministre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil souligne que le partenariat ONU-OCI doit être renforcé pour maintenir la paix et la sécurité internationales

CS/11161

Le Conseil souligne que le partenariat ONU-OCI doit être renforcé pour maintenir la paix et la sécurité internationales

28/10/2013
Conseil de sécuritéCS/11161
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7050e séance – matin


LE CONSEIL SOULIGNE QUE LE PARTENARIAT ONU-OCI DOIT ÊTRE RENFORCÉ

POUR MAINTENIR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Le Secrétaire général de l’ONU se félicite des efforts conjoints menés « dans les domaines vitaux

de la prévention des conflits, de la lutte contre le terrorisme et du dialogue interculturel »


Dans une déclaration présidentielle lue par son Président, le Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, le Conseil de sécurité s’est dit, ce matin, conscient « de l’importance qu’il y a à renforcer la coopération avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI) en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales », en notant les objectifs partagés que constituent le règlement global du conflit israélo-arabe et la recherche d’une solution politique au conflit syrien.


Par cette déclaration, la première qu’il ait jamais adoptée sur le sujet, le Conseil prend également acte du « dialogue continu » qu’entretiennent les deux organisations dans les domaines de la diplomatie préventive et de l’instauration de la paix et encourage l’OCI –la deuxième organisation intergouvernementale la plus importante après l’ONU avec 57 membres répartis sur quatre continents-, « à continuer de contribuer activement aux travaux menés par l’ONU ».  


À l’ouverture de ce débat auquel participaient plusieurs ministres, M. Ban Ki-moon, a rappelé qu’il avait été, en 2012, le premier Secrétaire général de l’ONU à se rendre au siège de l’OCI et a émis l’espoir que les deux organisations continueront à renforcer leur partenariat dans les années à venir.  M. Ban s’est félicité des efforts menés conjointement par l’ONU et l’OCI « dans les domaines vitaux comme la prévention des conflits, la lutte contre le terrorisme et le dialogue interculturel ».  De nombreuses délégations ont ainsi salué l’étroite collaboration entre les deux organisations pour rétablir la paix en Afghanistan, en Somalie et au Soudan/Darfour.


Le Secrétaire général de l’OCI, M. Ekmeleddin İhsanoğlu, qui s’est réjoui de l’initiative de l’Azerbaïdjan d’organiser ce débat unique et à point nommé, a appelé l’ONU à renforcer son engagement en faveur des capacités de l’OCI, sur la base de ses besoins et de ses stratégies prioritaires afin de faire de cette dernière un partenaire robuste de l’ONU.


Les crises et les tensions qui traversent actuellement le monde musulman ont été largement soulignées par les délégations, à l’instar du Secrétaire général de l’ONU qui avait noté que la crise en Syrie avait conduit à une escalade des tensions entre la communauté sunnite et la chiite.  « Nous avons assisté à des manifestations tragiques et violentes de ces divisions dans de nombreuses parties du monde musulman », a déploré M. Ban.


La violence terroriste a affecté de manière disproportionnée des pays membres de l’OCI, du Sahel à l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient à l’Asie du Sud, a noté avec préoccupation M. Ban, qui s’est dit convaincu que l’OCI, dont le Programme d’action décennal lancé en 2005 visait la modernisation dans le monde musulman, pourrait être, aux côtés des Nations Unies, l’un des instruments permettant de résoudre ces divisions.  « Ce phénomène est extrêmement préoccupant », a-t-il dit.


M. İhsanoğlu a souligné la « vigilance » de l’OCI au sujet de la radicalisation religieuse et son engagement en faveur du dialogue interculturel, ce que n’a pas manqué de saluer la représentante des États-Unis, qui a rappelé que l’OCI avait condamné les violences perpétrées contre les minorités dans le monde musulman.


Si les délégués de la France et du Royaume-Uni ont salué la suspension de la Syrie des travaux de l’OCI en août 2012, leur homologue du Togo a souhaité, quant à lui, que l’OCI œuvre à unir ses membres sur les questions importantes afin de mettre fin aux rivalités qu’exploitent certains d’entre eux.


Si la déclaration présidentielle réaffirme l’attachement du Conseil à « l’instauration d’une paix, juste et durable au Moyen-Orient », M. İhsanoğlu a rappelé que l’élément clef pour réaliser cet objectif résidait dans l’établissement d’un État palestinien souverain.  « C’est pourquoi, a-t-il dit, nous devons mettre à profit l’ouverture qui s’est récemment dessinée avec la reprise de négociations de paix directes. »  


Le Secrétaire général de l’ONU a également exhorté le Gouvernement du Myanmar à faire cesser les discriminations à l’encontre de la communauté musulmane de ce pays.  « Je salue, à cet égard, la visite prochaine d’une délégation de l’OCI au Myanmar et l’engagement de cette organisation pour réduire les tensions », a-t-il aussi déclaré.  Comme l’a souligné son Secrétaire général, l’OCI entend apporter une aide constructive aux États non membres qui comprennent des minorités musulmanes importantes pour régler des tensions et renforcer des liens entre ces pays et le monde musulman.


Partageant à cet égard les préoccupations du Ministre azerbaidjanais des affaires étrangères, M. İhsanoğlu a aussi déploré la poursuite de l’occupation des territoires azerbaidjanais du Nagorno-Karabakh par l’Arménie.  « J’appelle à la résolution de ce conflit sur la base du respect de la souveraineté et de l’inviolabilité des frontières de l’Azerbaïdjan, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil », a-t-il déclaré.


Par la déclaration présidentielle, les membres du Conseil de sécurité prient le Secrétaire général de formuler, dans son prochain rapport sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, des recommandations pour améliorer le partenariat entre l’ONU et l’OCI.  Si M. İhsanoğlu a suggéré de suivre l’exemple du partenariat qui existe entre l’ONU et l’Union africaine, le représentant du Rwanda a souhaité, quant à lui, que l’OCI travaille en étroite coopération avec l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’ASEAN, « en faisant valoir l’expertise de ses membres dans le domaine du dialogue interculturel et religieux ».


M. Iya Madani, qui succèdera prochainement à M. İhsanoğluà la tête de l’Organisation de la coopération islamique, était présent à cette séance.


COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES


Renforcer le partenariat synergique entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation de la coopération islamique


Lettre datée du 3 octobre 2013, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Azerbaïdjan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2013/588)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a indiqué que, l’an dernier, il avait eu l’honneur d’être le premier Secrétaire général de l’ONU à se rendre au siège de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Il a émis l’espoir que les deux organisations continueront à renforcer leur partenariat dans les années à venir.  Un seul État ou une seule organisation ne peut faire face aux défis en matière de paix et de sécurité internationales, a-t-il rappelé, en précisant que ces défis étaient trop complexes et étroitement liés.  Le Secrétaire général s’est félicité des efforts menés conjointement par l’ONU et l’OCI dans les domaines vitaux de la prévention des conflits et de la lutte contre le terrorisme, des droits de l’homme, du dialogue interculturel et du développement durable.  M. Ban a ensuite abordé la crise syrienne, en notant qu’elle avait entraîné une escalade des tensions entre la communauté sunnite et la chiite.  « Nous avons assisté à des manifestations tragiques et violentes de ces divisions dans de nombreuses parties du monde musulman », a-t-il dit avec préoccupation.  Pour M. Ban, l’OCI pourrait être, aux côtés des Nations Unies, l’un des instruments de résolution de ces divisions, qui ont causé la mort de nombreux civils et constituent une menace à la sécurité au sens large.


Le Secrétaire général a exhorté l’OCI et tous les dirigeants à faire leur possible pour restaurer la confiance entre les communautés musulmanes et à réduire l’influence des groupes armés radicaux et des extrémistes violents.  Il a également exhorté le Gouvernement du Myanmar à faire cesser les discriminations à l’encontre de la communauté musulmane de ce pays.  « Je salue à cet égard la visite prochaine de l’OCI au Myanmar, dont je me félicite de l’engagement constructif à réduire les tensions », a-t-il aussi déclaré.  S’agissant de la situation en Afghanistan et au Mali, M. Ban a noté avec satisfaction les efforts de réconciliation, de promotion du dialogue et de protection des droits de l’homme conduits sous l’égide de l’OCI dans ces pays.  « Je compte sur l’OCIpour continuer d’encourager le Gouvernement du Soudan à œuvrer avec l’ensemble des parties au rétablissement de la paix au Darfour », a également déclaré le Secrétaire général.


Pour ce qui est du terrorisme, le Secrétaire général a insisté sur le fait qu’il n’est associé à aucune religion, aucune culture et aucun peuple en particulier.  « Cependant, au cours des dernières années, la violence terroriste a affecté de manière disproportionnée des pays membres de l’OCI, du Sahel à l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient à l’Asie du Sud », a-t-il rappelé, en considérant que l’OCI avait contribué de façon significative à réduire la menace terroriste dans ces zones.  Il a souligné la nécessité de traiter les causes à l’origine de la diffusion de l’extrémisme et du terrorisme, en renforçant la promotion de l’état de droit, la bonne gouvernance et la protection des droits de l’homme.  Le dialogue interculturel entre les différentes religions, a-t-il estimé avant de conclure, est plus important aujourd’hui que jamais.


M. EKMELEDDIN İHSANOĞLU, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a indiqué que le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OCI permettrait de promouvoir le multilatéralisme et de renforcer les mécanismes en matière de sécurité collective.  Soulignant le rôle de l’OCI dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le règlement des crises humanitaires concernant ses États membres, il a assuré que l’OCI se tenait prête à développer un partenariat efficace avec l’ONU pour renforcer la coopération dans tous les domaines et élaborer des réponses aux conflits.


« L’OCI, qui est la deuxième organisation intergouvernementale la plus importante après l’ONU, a été fondée sur la base des principes de la paix, de l’harmonie, de la tolérance et de l’égalité de tous les êtres humains, tels qu’ils sont enseignés par l’Islam », a affirmé le Secrétaire général de l’OCI, en rappelant que la Charte de cette dernière réaffirmait l’engagement de ses États membres en faveur de la Charte des Nations Unies.  L’OCI a pour objectif principal la réalisation des principes et buts des Nations Unies, a précisé M. İhsanoğlu.  Il a ensuite rappelé que l’OCI avait adopté en 2005 un Programme d’action sur 10 ans visant à promouvoir la modération et la modernisation dans le monde musulman et à renforcer les capacités de l’OCI dans la prévention et le règlement des conflits.


Le Secrétaire général de l’OCI a ensuite indiqué, au titre des efforts visant à renforcer le rôle de l’OCI dans le maintien de la paix et de la sécurité, qu’un centre pour le développement des femmes, une commission des droits de l’homme indépendante et une unité de médiation avaient été créés, « ce qui témoigne de notre compréhension de l’importance du développement socioéconomique, des droits de l’homme et de l’aide humanitaire dans la promotion de la paix et de la sécurité. »


Insistant sur les contributions de l’OCI aux efforts de l’ONU, dans les domaines notamment de la prévention des conflits et la promotion des droits de l’homme, le Secrétaire général de l’OCI a indiqué que la réunion consultative biennale entre les deux organisations était une bonne occasion pour identifier tous les domaines possibles de coopération.  « Nous sommes engagés dans un processus visant à une action commune en faveur du développement humain en Somalie », a assuré M. İhsanoğlu, avant d’appeler l’ONU à s’engager plus fermement en faveur des capacités de l’OCI « sur la base de ses besoins et ses stratégies prioritaires afin de faire de cette dernière un partenaire robuste de l’ONU ».  « Le partenariat ONU-Union africaine est, a-t-il dit, un bon exemple à suivre à cet égard. »


Rappelant que de nombreuses questions à l’ordre du jour du Conseil de sécurité avaient un lien avec le monde musulman, « et que l’OCI avait vocation naturelle à s’en emparer », M. İhsanoğlu a souligné qu’il était nécessaire d’accélérer la réforme du Conseil de sécurité, en promouvant « la transparence, la reddition de comptes, une représentation adéquate et une pleine démocratisation » en son sein.  « La réforme du Conseil de sécurité doit assurer la représentation adéquate des États membres de l’OCI dans toutes les catégories de membres, étant donné que notre organisation représente 57 États membres et 1,6 milliard d’êtres humains à travers le monde. »


Le Secrétaire général de l’OCI a souligné que le processus de paix au Moyen-Orient était de la plus haute importance, en précisant que l’élément clef pour parvenir à une paix durable résidait dans l’établissement d’un État palestinien souverain et indépendant.  « Nous devons mettre à profit l’ouverture qui s’est récemment dessinée avec la reprise de négociations de paix directes », a-t-il insisté.  L’OCI est prête à bâtir un partenariat robuste avec l’ONU pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, a-t-il déclaré.


Concernant le conflit en Syrie, M. İhsanoğlu a rappelé la responsabilité qui incombe au Conseil de sécurité pour assurer la protection du peuple syrien.  Il s’est dit aussi préoccupé par l’occupation des territoires azerbaidjanais du Nagorno-Karabakh que poursuit l’Arménie.  « J’appelle à la résolution de ce conflit sur la base du respect de la souveraineté et de l’inviolabilité des frontières de l’Azerbaïdjan, en conformité avec les résolutions pertinentes du Conseil », a-t-il souligné, en rappelant que la non-application de ces résolutions en affaiblissait l’autorité.


M. İhsanoğlu a souhaité un renforcement du partenariat OCI-ONU en Somalie et au Mali, avant de détailler les efforts humanitaires de l’OCI au Myanmar, pays dans lequel il se rendra le mois prochain.  « L’OCI vise à jouer un rôle constructif dans l’aide aux États non membres qui comprennent des minorités musulmanes importantes, afin de régler les défis auxquels ces dernières sont exposées. »


Mettant l’accent sur le défi que pose pour le monde la radicalisation religieuse, encouragée par les agents extrémistes, M. İhsanoğlu a souligné la vigilance de l’OCI à ce sujet, ainsi que ses efforts pour combattre l’intolérance religieuse et la stigmatisation.  Convaincu de l’importance d’un engagement politique en faveur du dialogue et de la coopération entre les cultures, les religions et les civilisations, il a indiqué que la résolution du Conseil des droits de l’homme 16/18 visant à combattre l’intolérance religieuse constituait à cet égard un développement positif.  « L’OCI poursuivra ses efforts pour combattre la radicalisation qui conduit au terrorisme », a-t-il affirmé, en assurant, avant de conclure, que l’OCI se concentrait sur les domaines clefs du développement et de l’autonomisation des femmes afin de remédier aux défis du sous-développement et du radicalisme.


M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a indiqué qu’au mois de juin, son gouvernement avait accueilli la Conférence des ministres des affaires étrangères de l’OCI qui portait sur la création d’une « Filet de sécurité financière islamique » pour appuyer la Palestine, ainsi que sur la tenue d’une Conférence de donateurs pour appuyer la ville d’Al-Qods.  Le Ministre a ensuite rappelé les résolutions 822, 853, 874 et 884 du Conseil de sécurité qui, a-t-il expliqué, réaffirment le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.


Le Ministre a souligné que l’OCI avait « explicitement » conclu que « les actions de l’Arménie dans le territoire de l’Azerbaïdjan étaient une agression », avant de saluer les décisions prises par l’OCI dans le but d’assurer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  M. Mammadyarov s’est également félicité de ce que le Conseil de sécurité, dans la déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui, mette l’accent sur les objectifs que partagent les Nations Unies et l’OCI dans le domaine de la résolution de conflit.


Le Ministre s’est par ailleurs inquiété du phénomène de l’islamophobie et a qualifié d’inacceptables les tentatives de créer un « lien conceptuel » entre l’Islam et la terreur.  La lutte contre le terrorisme ne doit pas prendre pour cible une religion ou une culture, a tenu à rappeler le représentant, qui a jugé indispensable de renforcer la coopération entre l’ONU et l’OCI pour une meilleure compréhension entre les pays, cultures et civilisations.


Mme MBARKA BOUAIDA, Ministre déléguée aux affaires étrangères et à la coopération du Maroc, a rappelé que son pays avait aidé à la création de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), il y a 44 ans.  « Nous avons, depuis cette date, continué à renforcer l’OCI en vue d’en faire un outil efficace de coopération et de dialogue. »  La Ministre déléguée a souligné qu’il était important pour l’ONU et l’OCI de mettre en œuvre les engagements pris à Genève en 2012 pour renforcer les initiatives de paix conduites sous l’égide des Nations Unies en Somalie, en Afghanistan et au Soudan.  Abordant l’angle humanitaire, elle a noté que dans la région du Sahel, la mission commune ONU-OCI avait permis d’alléger les souffrances des populations dans le nord du Mali.  « Nous appuyons la poursuite de cette initiative afin d’accompagner la transition politique du Mali dans le contexte fragile postélectoral actuel », a-t-elle assuré.   Après avoir rappelé que l’OCI avait été créée pour contribuer au règlement de la question palestinienne, Mme Bouaida a indiqué que le Maroc soutenait cette cause par divers moyens en vue de parvenir à une solution juste et durable.  « Il faut que les parties respectent le calendrier de négociations proposé par l’administration américaine », a-t-elle dit, avant d’appeler au renforcement d’un partenariat commun stratégique de l’ONU et de l’OCI qui tienne compte des caractéristiques des deux entités.  Elle a conclu en plaidant pour le respect de la diversité culturelle et religieuse, « qui aide, a-t-elle dit, à prévenir les conflits confessionnel et idéologique ». 


Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF, Secrétaire délégué aux affaires étrangères de l’Argentine, a souligné le rôle positif de l’Union des Nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) dans le règlement de récents conflits en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Il est important, a-t-elle estimé, que l’ONU définisse davantage les contours de sa coopération avec les organisations régionales.


Mme Squeff a ensuite mis l’accent sur le rôle positif que pourrait jouer l’OCI pour instaurer une paix durable au Moyen-Orient.  La coopération entre l’ONU et l’OCI doit être renforcée afin de mieux répondre aux défis mondiaux que sont la protection des libertés fondamentales, la lutte contre le terrorisme et les changements climatiques, a-t-elle estimé.  Citant la Présidente de l’Argentine, Mme Cristina Kirchner, elle a rappelé que la paix et la sécurité n’étaient pas seulement des notions militaires, mais également des valeurs et des idéaux qui forment le ciment des sociétés.  « Le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OCI contribue à promouvoir les principes et les objectifs des Nations-Unies », a-t-elle déclaré, avant d’inviter ces deux organisations à renforcer également leur coopération avec les autres organisations régionales.


M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a noté que le débat du jour permettait de réfléchir aux modalités de coopération entre les deux organisations « dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales ».  Il a plaidé pour un renforcement des capacités de l’OCI afin de permettre à cette organisation de réagir plus rapidement.  Il a salué les efforts que l’OCI mène, en coopération avec l’ONU et d’autres organisations régionales ou sous-régionales, notamment en Afghanistan et en Somalie.  Le représentant a estimé que la coopération entre les deux organisations pourrait être développée plus avant, en particulier en matière de médiation et de règlement des conflits internationaux.  Le représentant du Rwanda a ensuite souhaité que l’OCI travaille en étroite coopération avec l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’ASEAN, en faisant valoir l’expertise de ses membres dans le domaine du dialogue interculturel et religieux et de la connaissance approfondie des cultures locales.  « L’OCI a un rôle de choix à tenir pour atténuer les divisions au sein même de la communauté musulmane », a-t-il souligné avant de revenir sur la situation en Somalie.  Sur ce dernier point, l’Ambassadeur Gasana a rappelé que sa compréhension de la culture somalienne avait permis à l’OCI d’obtenir du groupe Al-Chabab qu’une de ses délégations achemine une aide humanitaire dans les zones contrôlées par ce groupe islamiste.  L’OCI pourrait tenter d’en faire de même en Syrie, a-t-il suggéré.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a estimé que la réunion, qui s’est tenue en mai 2012 à Genève, entre le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire général de l’OCI avait montré que la coopération entre les deux organisations était essentielle dans les domaines de la prévention des conflits et la médiation, les droits de l’homme, l’assistance humanitaire, le dialogue interculturel et la lutte contre le terrorisme.  Elle a encouragé l’OCI à poursuivre et à intensifier sa coopération pratique avec l’ONU dans le domaine de la diplomatie préventive, notamment en appuyant l’équipe de médiation du Département des affaires politiques.  Dans le domaine du règlement des conflits, il est important que l’OCI et ses États membres restent pleinement engagés pour encourager un règlement juste, global et durable du conflit israélo-palestinien ainsi que les négociations directes entre les parties, a-t-elle souligné.


Mme Lucas a ensuite mis l’accent sur le « rôle de premier ordre » que jouent souvent les autorités religieuses dans la réconciliation nationale.  La coopération entre l’ONU et l’OCI « ne pourrait être que bénéfique » à la consolidation de la paix en Guinée, a-t-elle estimé, avant de noter « avec intérêt » l’intention de la Guinée d’accueillir, du 9 au 11 décembre 2013, la quarantième session du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OCI.


Rappelant la demande faite par la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, au Conseil de sécurité, vendredi dernier, Mme Lucas a insisté, à son tour, pour que le Conseil puisse peser de tout son poids sur les parties au conflit en Syrie afin qu’elles assurent sans délai un accès humanitaire sans conditions à la population civile dans le besoin.  À l’approche de l’hiver, toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, doivent respecter les exigences de la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité le 2 octobre dernier.  Dans ce contexte, le Luxembourg compte sur le soutien actif de l’OCI, a-t-elle indiqué.


M. GARY QUINLAN (Australie) a indiqué qu’un certain nombre de questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité avaient un lien avec le monde musulman et souligné le rôle que l’OCI pouvait jouer pour contribuer à leur règlement, car, a-t-il rappelé, elle dispose d’une bonne compréhension du contexte culturel et peut exercer son autorité morale ».  Le représentant a ensuite loué les efforts de l’OCI dans le règlement des crises, en saluant ses efforts de médiation au Darfour, son appui au processus de réconciliation interafghan, et son implication en Syrie pour parvenir à une solution politique.  Alarmé par la gravité sans précédent de la crise syrienne et par ses conséquences sur la population civile, avec notamment l’apparition de nouveaux cas de poliomyélite, le représentant de l’Australie a exhorté le Conseil de sécurité à faire tout son possible pour protéger les civils.  Avant de conclure, il a encouragé le renforcement de la coopération entre l’OCI et l’ONU afin de promouvoir le dialogue entre les cultures et d’œuvrer à la résolution des conflits.


M. MASOOD KHAN (Pakistan) a rappelé que l’OCI, qui représente 1,6 milliard de personnes, était la deuxième organisation internationale la plus importante après l’Organisation des Nations Unies.  « Il est ainsi naturel que les deux organisations unissent leurs efforts pour mettre en œuvre les principes de la Charte de l’ONU, par le biais d’une coopération positive dans le domaine de la paix. »  « L’OCI est en soi un interlocuteur du Conseil de sécurité mais aussi de l’Union africaine dans les secteurs déterminants de la médiation et du règlement des conflits », a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite salué le rôle clef que l’OCI a joué en contribuant à rétablir la paix et l’état de droit en Somalie, en Afghanistan et plus récemment au Mali. 


« Nous saluons en outre l’adoption, chaque année, d’une résolution de l’OCI demandant la réalisation du droit à l’autodétermination de la population du Cachemire ainsi que ses appels au cessez-le-feu le long de la ligne de contrôle. »  Concernant le terrorisme, le représentant a appuyé l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’une meilleure coopération entre l’ONU et l’OCI pour renforcer le dialogue entre les cultures, le développement économique et social et la dissuasion pour lutter contre ce fléau.  Enfin, il a souhaité que la collaboration entre l’OCI et l’Alliance des civilisations débouche sur l’établissement de mécanismes juridiques permettant de mieux lutter contre l’incitation à la violence religieuse, « tout en assurant la protection de la liberté de cultes ».


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a assuré que son pays accordait une importance particulière aux accords régionaux pris en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  « Chaque partie a des atouts qui lui sont propres en matière de paix et de sécurité internationales », a-t-il estimé, en ajoutant que les organisations régionales, parce qu’elles ont une connaissance intime des pays qui les composent, sont des partenaires stratégiques de premier plan.  Après avoir salué les efforts de paix de l’OCI en Somalie, en Afghanistan ou encore au Darfour, M. Rosenthal s’est dit convaincu qu’une OCI renforcée pourrait contribuer à la réalisation d’une solution durable au conflit au Moyen-Orient.  À cette fin, il a souligné qu’il était essentiel d’améliorer les rapports entre ONU et OCI en définissant des priorités.


Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a tout d’abord détaillé les efforts de l’OCI dans le règlement des crises, en particulier en Somalie et au Darfour, avant de se féliciter de l’attention portée par l’OCI sur les questions des droits de l’homme, en ce qui concerne notamment le mariage forcé des enfants.


Elle a ensuite noté que l’OCI était devenue une voix forte et respectée dans le débat portant sur la tolérance religieuse et la lutte contre l’extrémisme et s’est réjouie qu’elle ait condamné les violences perpétrées contre les minorités dans le monde musulman.  La représentante des États-Unis s’est ensuite félicitée que l’OCI se soit prononcée en faveur de la convocation de la Conférence de Genève II, afin de trouver une solution politique en Syrie, et qu’elle ait en outre appuyé l’Initiative de paix arabe au Moyen-Orient.  En conclusion, elle a souligné le rôle croissant que l’OCI est amenée à jouer dans les affaires mondiales, en raison du poids de la confession musulmane, l’une des principales au monde.


M. SUL KYUNG-HOON (République de Corée) a indiqué que la complexité croissante des récents conflits soulignait la nécessité d’une coopération et d’une interaction plus vigoureuse entre et le Conseil de sécurité et l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Il a mis l’accent sur les immenses défis auxquels font face les pays du Maghreb et du Levant en matière d’édification d'une nation, à la suite du « printemps arabe ».  Il a constaté avec inquiétude que les fondamentalistes et extrémistes aient occupé le vide politique laissé par les processus de transition.  Il a ainsi souligné qu’il était important pour l’OCI, en collaboration étroite avec la communauté internationale, de promouvoir une authentique paix islamique.  Depuis que l’OCI a adopté sa nouvelle charte en 2008, elle a travaillé étroitement avec l’ONU pour rétablir la paix et la sécurité dans diverses régions, a assuré le représentant.  Illustrant son propos, il a salué le rôle du Bureau des affaires humanitaires de l’OCI en Somalie.  Il a aussi souligné le rôle de l’OCI pour faciliter la transition de l’Afghanistan vers un pays plus démocratique et prospère et celui des ses institutions financières pour aider le Soudan à faire face à ses difficultés. 


Par ailleurs, le représentant de la République de Corée a salué la contribution de l’OCI à la lutte contre le terrorisme, tout en appelant à renforcer la coopération entre l’OCI et l’ONU dans ce domaine.  Il a estimé que la réunion conjointe biennale entre les secrétariats de l’ONU et de l’OCI offrait une bonne occasion pour améliorer cette coopération au niveau institutionnel.  Dans ce contexte, le représentant a souligné l’utilité de la « Matrice des activités conjointes dans le cadre de la collaboration ONU-OCI » adoptée en mai 2012.  Faisant siennes les recommandations du Secrétaire général de l’ONU, M. Sul Kyung-Hoon a souhaité que les deux organisations respectent leur mandat respectif dans le cadre de leur coopération.  Cette collaboration devrait être encouragée sur la base des engagements pris lors des précédentes réunions de haut niveau du Conseil de sécurité.  Il a précisé que le Conseil de sécurité avait une responsabilité première en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales.  Il est nécessaire, a-t-il ajouté, que l’ONU et ses partenaires fassent preuve de cohérence et d’impartialité.  En outre, il a estimé qu’il serait utile pour l’OCI de préciser les avantages qu’elle tire de cette coopération.  De l’avis de sa délégation, l’OCI pourrait jouer un rôle clef dans la promotion du dialogue entre les civilisations.


M. GÉRARD ARAUD (France) a indiqué que son gouvernement avait renforcé ses relations avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI), notamment, en désignant un Envoyé spécial auprès de l’OCI et en organisant des consultations politiques régulières sur des sujets d’intérêt commun.  Alors que le monde arabe et musulman est traversé par des crises majeures, a-t-il souligné, le dialogue entre les Nations Unies et l’OCI est essentiel sur des sujets tels que la prévention de conflits et la médiation, les droits de l’homme, l’aide humanitaire et la situation des réfugiés, la lutte antiterroriste et le dialogue interculturel.


M. Araud a également souligné « l’engagement courageux » de l’OCI dans le conflit syrien, en insistant notamment sur sa « décision courageuse » de suspendre l’adhésion de la Syrie en août 2012.  L’OCI a également tenu le Gouvernement syrien d’être pleinement responsable des attaques chimiques perpétrées, le 21 août à Al-Ghouta, contre le peuple syrien.  Le représentant de la France a également souligné, à l’instar du Secrétaire général, que l’OCI était un partenaire important des Nations Unies dans le domaine humanitaire.  M. Araud s’est ensuite félicité de ce que l’OCI soit aussi un interlocuteur central de l’initiative des Nations Unies pour l’Alliance des civilisations.  Le représentant a par ailleurs dit espérer que la Commission des droits de l’homme mise en place par l’OCI contribuera efficacement à la promotion et à la protection des droits de toutes les personnes au sein des pays membres de l’Organisation.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a souligné que son pays avait signé un accord bilatéral avec l’OCI, visant le renforcement de leur coopération.  Il a ensuite salué la « perspective unique » que pourrait fournir l’OCI pour le règlement de certaines questions, dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


« La décision de l’OCI de suspendre la Syrie des travaux de l’organisation est un message clair selon lequel les actes du Gouvernement d’Assad ne peuvent plus être tolérés », a-t-il déclaré.  Le représentant britannique s’est également félicité de l’appui de l’OCI en faveur de la Conférence de Genève II, en vue de trouver une solution politique à la crise syrienne.  S’agissant de la situation globale au Moyen-Orient, il a indiqué que le processus de paix était une question centrale et s’est félicité du rôle que joue l’OCI pour contribuer aux efforts en cours.  Avant de conclure, l’Ambassadeur Lyall Grant a souhaité le renforcement de la coopération entre l’OCI et l’ONU et dit attendre avec intérêt les recommandations que le Secrétaire général formulera à cet égard dans son rapport sur la coopération avec les organisations régionales.


M. KODJO MENAN (Togo) s’est félicité de la participation active de l’OCI, en tant que porte-voix du monde musulman, aux efforts internationaux pour résoudre les crises qui surviennent à la fois à l’intérieur ou autour du monde musulman, en citant notamment sa médiation entre les mouvements armés du Darfour et le Soudan et son appui au processus de réconciliation interafghan.  « Mon pays exhorte l’OCI à poursuivre ce rôle constructif en s’investissant davantage dans la prévention des conflits », a-t-il affirmé, en soulignant qu’il était essentiel que l’OCI œuvre davantage à l’unité de ses États membres, afin d’éliminer les « rivalités préjudiciables de certains membres à la recherche de solutions négociées de ces conflits ».


Le représentant a ensuite invité l’OCI à mettre en œuvre son Programme d’action décennal, en particulier le volet relatif à la bonne gouvernance et à la promotion des droits de l’homme, en mettant l’accent sur les droits de l’enfant et de la femme.  « Le développement, ces dernières années, dans des États membres de l’OCI, africains en particulier, du phénomène du terrorisme reste une source de grande préoccupation », a-t-il déclaré.  C’est pourquoi, l’OCI doit renforcer sa coopération avec l’ONU pour lutter contre ce fléau.  En conclusion, il a indiqué que l’une des priorités de cette coopération devrait viser à faciliter un processus politique qui puisse mettre fin aux violences en Syrie.


M. LIU JIEYI (Chine) a salué l’importance de la déclaration présidentielle que vient d’adopter le Conseil de sécurité, en ajoutant que si les Nations Unies étaient sur le devant de la scène, les organisations régionales jouaient un rôle croissant dans le maintien et la consolidation de la paix.  « Elles promeuvent le développement comme instrument de réconciliation et de reconstruction », s’est-il réjoui.  Le représentant a également souligné que la coopération entre l’ONU et l’OCI devrait être régie par les principes de la Charte des Nations Unies, y compris le respect de la souveraineté et la recherche d’un règlement pacifique des différends.  Il a souhaité que le renforcement des capacités de l’OCI se concentre sur la médiation et les missions de bons offices qui contribuent, a-t-il dit, à la stabilité des sociétés postconflit où les divisions religieuses restent fortes.  À cet égard, il a mis en exergue les connaissances culturelles approfondies de l’OCI pour contribuer au relèvement des pays.  Le représentent a par ailleurs indiqué que la Chine avait noué des relations amicales avec les pays membres de l’OCI, ce dont témoignent différents partenariats basés sur les échanges et la coopération.  Il a conclu son intervention en appelant à la consolidation des relations entre l’OCI et le Conseil de sécurité en vue de l’avènement d’un monde plus sûr et prospère. 


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a relevé que, de plus en plus souvent, « on se tourne vers les organisations régionales et sous-régionales pour résoudre les questions de maintien et de consolidation de la paix ».  À son tour, il a souligné le rôle de l’OCI, « dont la proximité culturelle et historique avec certains de ses membres est un facteur de rapprochement des points de vue, d’unification dans la de solution aux conflits ».  « La contribution de l’OCI dans la prévention des conflits et dans la médiation est tout à fait évidente et nécessaire. »  « Son rôle est précieux et doit être renforcé pour éviter le glissement de situations fragiles vers des tensions interconfessionnelles potentiellement très graves », a également souligné M. Churkin.  Pour l’Ambassadeur Churkin, l’efficacité de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’OCI peut être un test de cohésion de la communauté internationale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.  Il a appuyé, à cet égard, les efforts de l’OCI pour atténuer, grâce au dialogue entre les cultures, l’intolérance religieuse, « dans le respect de la souveraineté des États ».  La Fédération de Russie, qui compte 20 millions de musulmans, a un statut d’observateur auprès de l’OCI, a-t-il rappelé, avant d’ajouter que le Ministre russe des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, et le secrétariat de l’OCI avaient récemment signé un accord-cadre.  « Nous souhaitons que la déclaration présidentielle que vient d’adopter le Conseil de sécurité donne un nouvel élan au renforcement de la coopération entre les deux organisations », a conclu M. Churkin. 


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité rappelle les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et réaffirme que celle-ci lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil réaffirme que la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et structures régionales et sous-régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, menée conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, peut améliorer la sécurité collective.


Le Conseil rappelle ses résolutions et les déclarations de son président qui soulignent combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations régionales et sous-régionales, des partenariats efficaces entre l’ONU et ces organisations.


Le Conseil remercie le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique, Ekmeleddin İhsanoğlu, des exposés qu’ils lui ont présentés.


Le Conseil salue l’Organisation de la coopération islamique pour sa contribution active aux travaux de l’ONU et l’engage à poursuivre sur cette voie aux fins de la réalisation des buts et principes consacrés par la Charte des Nations Unies.


Le Conseil prend acte du dialogue continu qu’entretiennent l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique dans les domaines de l’instauration de la paix, de la diplomatie préventive et du maintien et de la consolidation de la paix. Il sait gré aux États membres de l’Organisation de la coopération islamique de faire preuve d’un engagement sans faille en faveur du maintien et de la consolidation de la paix, et notamment de fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.


Le Conseil réaffirme son attachement à l’instauration d’une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient et à un règlement global du conflit israélo-arabe, et rappelle à cet égard ses résolutions sur la question. Il note que l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique ont toutes deux pour objectif de promouvoir et de faciliter le règlement du conflit israélo-palestinien, de trouver une solution politique au conflit syrien, dans le droit fil du communiqué de Genève du 30 juin 2012, et de favoriser le règlement d’autres conflits conformément à la Charte des Nations Unies et à ses résolutions pertinentes.


Le Conseil note qu’une réunion générale sur la coopération entre les secrétariats de l’ONU, de l’Organisation de la coopération islamique et de leurs institutions spécialisées s’est tenue à Genève du 1er au 3 mai 2012. Il prend acte du fait que les représentants des deux organisations ont exprimé l’intention de renforcer la coopération dans les domaines d’intérêt commun, notamment la prévention des conflits et la médiation, les droits de l’homme, l’assistance humanitaire et les questions liées aux réfugiés, le dialogue interculturel et la lutte contre le terrorisme.


Le Conseil note que l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique sont toutes deux déterminées à favoriser un dialogue mondial visant à promouvoir la tolérance et la paix et les engage à coopérer plus encore afin d’améliorer la compréhension entre les pays, les cultures et les civilisations.


Le Conseil considère qu’il importe de renforcer la coopération avec l’Organisation de la coopération islamique en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


Le Conseil prie le Secrétaire général de formuler, dans son prochain rapport semestriel sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et autres qu’il lui adressera, de même qu’à l’Assemblée générale, des recommandations sur les moyens de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Organisation de la coopération islamique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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